CADRE DE REINSTALLATION DU DEUXIEME PROJET DU SYSTEME D’ALIMENTATION ELECTRIQUE E ENTRE L’ETHIOPIE ET - PARTIE

DJIBOUTIENNE

Février 2021

Cadre de Politique de Réinstallation du second projet de ligne d’interconnexion entre l’Ethiopie et Djibouti /Semera-Nagad

Partie Djiboutienne – -Nagad Version finale

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CADRE DE REINSTALLATION DU DEUXIEME PROJET DU SYSTEME D’ALIMENTATION ELECTRIQUE E ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI - PARTIE

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Cadre de Réinstallation du Deuxième Projet d’Alimentation Electrique entre l’Ethiopie et Djibouti / Semera-Nagad – Partie Djiboutienne Partie Djiboutienne – Galafi-Nagad Version finale Février 2021

2 CADRE DE REINSTALLATION DU DEUXIEME PROJET DU SYSTEME D’ALIMENTATION ELECTRIQUE E ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI - PARTIE

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Table des matières

1 Acronymes ...... 8

2 Glossaire ...... 9

3 Résumé exécutif ...... 11

4 Executive summary ...... 21

5 Introduction ...... 30

5.1 Contexte de l’étude et conception du projet ...... 30 5.2 Objectifs du CPR ...... 30 5.3 Démarche méthodologique ...... 31

6 Description du projet et du contexte de réinstallation ...... 32

6.1 Gestion du foncier ...... 32

6.1.1 Ressources juridiques pour stabiliser ou garantir les droits fonciers dans les zones rurales ...... 32

6.1.2 Principes coutumiers de la gestion foncière ...... 33 6.2 Caractéristiques et composantes du projet ...... 35

6.2.1 Acquisition permanente du terrain pour le poste de Nagad ...... 36

6.2.2 Acquisition permanente de terres sur l’emplacement des pylônes ...... 38

6.2.3 Restrictions d’usage des terrains dans le corridor de la ligne de transmission ...... 38

6.2.4 Acquisition permanente de terres sur l’emplacement des pylônes ...... 39

6.2.5 Acquisition temporaire de terres durant la phase de construction ...... 39 6.3 Justification du Cadre de Politique de Réinstallation ...... 40 6.4 Conditions démographiques et socio-économiques dans la zone d’influence sociale du projet ..... 41

6.4.1 Démographie ...... 42

6.4.2 Profil socio-économique ...... 43

6.4.3 Caractéristiques de l’habitat ...... 44 6.5 Impacts potentiels – Personnes et biens affectés ...... 44

6.5.1 Impacts du projet sur les personnes, les biens et les moyens de subsistance...... 44

6.5.2 Estimation des besoins en terres et du nombre de personnes affectées par le projet ...... 45

6.5.3 Catégories de personnes affectées ...... 46

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7 Cadre juridique et institutionnel de la réinstallation ...... 47

7.1 Le cadre juridique national ...... 48

7.1.1 Régime foncier à Djibouti ...... 48

7.1.2 Cadre législatif et réglementaire de la République de Djibouti ...... 49

7.1.3 Mécanisme légal d’atteinte à la propriété privée à Djibouti ...... 50 7.2 Politiques de sauvegarde de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de Développement .... 52

7.2.1 Politique de gestion des risques environnementaux et sociaux de la Banque Mondiale ...... 52

7.2.2 Politique de sauvegarde de la Banque Africaine de Développement ...... 55 7.3 Conformités et divergences entre la législation nationale et les politiques de la BM et de la BAD .. 56 7.4 Cadre institutionnel de la réinstallation ...... 61

7.4.1 Acteurs institutionnels ...... 61

7.4.2 Évaluation des capacités en matière de réinstallation des acteurs institutionnels...... 64

8 Principes et critères de réinstallation ...... 65

8.1 Principes et objectifs régissant le processus de réinstallation ...... 65

8.1.1 Objectifs de la politique en matière de réinstallation ...... 65

8.1.2 Fondement du cadre en matière de réinstallation ...... 65 8.2 Critères d’éligibilité des personnes affectées ...... 66

8.2.1 Eligibilité à la compensation ...... 66

8.2.2 Date limite d’éligibilité ...... 68

9 Elaboration et mise en œuvre du PAR ...... 68

9.1 Phase préliminaire ...... 69

9.1.1 Validation et appropriation du Cadre de Politique de Réinstallation ...... 69

9.1.2 Finalisation du design du projet ...... 69 9.2 Elaboration du PAR ...... 70

9.2.1 Consultation et Participation Publiques ...... 70

9.2.2 Réalisation des recensements et inventaires ...... 71

9.2.3 Annonce de la date butoir ...... 73

9.2.4 Validation des listes de PAP par zone et consolidation de la liste définitive ...... 73

9.2.5 Elaboration et validation du Plan d’Action de Réinstallation (PAR) ...... 73 9.3 Mise en œuvre du PAR ...... 74

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9.3.1 Distribution des compensations ...... 74

9.3.2 Assistance aux groupes vulnérables ...... 75

9.3.3 Suivi et clôture du processus de réinstallation ...... 75

10 Evaluation des biens et taux de compensation ...... 76

10.1 Compensation des terres ...... 76 10.2 Compensation des arbres ...... 76 10.3 Compensation des enclos ...... 77 10.4 Compensation des points d’eau ...... 77 10.5 Compensation des tombes ...... 77 10.6 Allocation de déménagement ...... 78 10.7 Compensation pour perte de revenus liés à l’élevage ...... 79

11 Mécanisme de gestion des plaintes ...... 79

11.1 Mise en place de Comités de médiation pour le traitement des plaintes ...... 80 11.2 Principes de la gestion des plaintes ...... 80 11.3 Mécanisme de gestion des plaintes ...... 81

11.3.1 Divulgation de la procédure de gestion des plaintes ...... 82

11.3.2 Réception et enregistrement des plaintes...... 82

11.3.3 Enquête et consultation ...... 83

11.3.4 Communication de la réponse et clôture ...... 83

11.3.5 Suivi ...... 83

11.3.6 Délai de traitement de la plainte ...... 83 11.4 Partage du registre des plaintes ...... 84

12 Modalités de mise en œuvre de la réinstallation et chronogramme ...... 86

12.1 L’EDD, l’entité responsable du processus de réinstallation ...... 86 12.2 La maitrise d’œuvre sociale, une assistance technique en réinstallation ...... 86 12.3 Montage organisationnel et répartition des responsabilités ...... 87 12.4 Chronogramme estimatif de la réinstallation ...... 89

13 Suivi et évaluation ...... 91

13.1 Suivi ...... 91

13.1.1 Objectifs ...... 91

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13.1.2 Responsables du suivi ...... 92 13.2 Evaluation ...... 92

13.2.1 Objectifs ...... 92

13.2.2 Responsable de l’évaluation ...... 93

14 Budget et sources de financement ...... 93

14.1 Budget du processus de réinstallation ...... 93 14.2 Sources de financement ...... 94

15 Participation communautaire et diffusion de l’information ...... 95

15.1 Consultation sur le Cadre de Politique de Réinstallation...... 95

15.1.1 Objectif et méthodologie ...... 95

15.1.2 Synthèse des préoccupations exprimées ...... 96

15.1.3 Synthèse des principales suggestions et recommandations ...... 97 15.2 Diffusion de l’information au public ...... 98

16 Annexes ...... 99

16.1 Certificat d’inscription pour la concession foncière du poste de Nagad ...... 99 16.2 Cartes de l’occupation des sols de la zone de projet ...... 103

Table des figures Figure 1- Tracé de la ligne entre Nagad et Galafi à Djibouti...... 36

Figure 2- Terrain du futur poste de Nagad ...... 37

Figure 3- Ensemble du poste de Nagad ...... 38

Figure 4- Zone d’influence sociale du projet ...... 42

Figure 5- Schéma du mécanisme de gestion des plaintes ...... 85

Table des tableaux Tableau 1- Impacts sociaux négatifs liés à la restriction d’usage et à l’acquisition de terres ...... 44

Tableau 2- Comparaison entre la législation Djiboutienne et les politiques de sauvegarde sociale de la BM et la BAD ...... 57

Tableau 3- Population de la zone d’influence du projet ...... 62

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Tableau 4- Matrice de compensation ...... 67

Tableau 5- Matrice de compensation complémentaire si déplacé physique ...... 68

Tableau 6- Délai de traitement de la plainte ...... 84

Tableau 7 : Arrangements institutionnels de mise en œuvre - Charte des responsabilités ...... 87

Tableau 8- Chronogramme de préparation et de mise en œuvre du PAR ...... 90

Tableau 9- Indicateurs de suivi du processus de réinstallation ...... 91

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1 Acronymes

Acronyme Signification

CR Cadre de Réinstallation (RF en anglais) EDAM Enquêtes djiboutiennes auprès des ménages EDD Electricité de Djibouti FJD Franc Djiboutien FPI Financement de projets d’investissement NES Normes Environnementales et Sociales Office National de l’Eau et de l’Assainissement ONEAD de Djibouti PAP Personne Affectée par le Projet PR Plan de Réinstallation

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2 Glossaire

Acquisition (forcée ou involontaire) de terre : processus par lequel l’Etat peut retirer une terre aux particuliers ou aux collectivités pour raison d’utilité publique. La politique de réinstallation involontaire est déclenchée parce que l’activité envisagée nécessite une acquisition par l’Etat à travers une déclaration d’utilité publique de terres occupées ou exploitées par des personnes pour divers besoins ou activités.

Aide ou assistance à la réinstallation : mesures prises pour garantir aux personnes affectées par le Projet une aide sous forme pécuniaire (indemnités financières) ; en nature (terrain ou acquisition de matériaux pour la reconstruction des habitations) ; pour le déplacement des personnes et de leurs biens du lieu impacté vers le nouveau site d’accueil ; pour l’appui à l’accès au microcrédit.

Bénéficiaires : toute personne affectée par le Projet et qui, de ce seul fait, a droit à une compensation.

Compensation : paiement en espèces ou en nature pour un bien ou une ressource acquise ou affectée par le Projet.

Date limite, date butoir (cut-off date) : date d'achèvement du recensement et de l'inventaire des personnes et des biens affectés par le projet. Les personnes occupant la zone du Projet après la date butoir ne peuvent pas faire l’objet d’une indemnisation, ni demander une assistance à la réinstallation. De même, les biens immeubles (tels que les bâtiments, les cultures, les arbres) mis en place après la date limite ne sont pas concernés.

Groupes vulnérables : personnes qui, à cause de leur sexe, de leur ethnie, de leur âge, de leurs handicaps physiques ou mentaux, ou de facteurs économiques ou sociaux, peuvent se trouver affectées de manière plus importante par le processus de déplacement et de réinstallation ; ou dont la capacité à réclamer ou à bénéficier de l'assistance à la réinstallation et autres avantages peut se trouver limitée.

Impenses : évaluation des biens immeubles affectés par le projet.

Plan de Réinstallation (PR) : plan détaillé qui décrit et définit tout le processus de réinstallation de personnes à la suite d’un déplacement forcé. Ce plan est généralement confectionné après finalisation des études techniques, là où les implantations précises des investissements sont définies.

Personne Affectée par le Projet (PAP) : toute personne affectée de manière négative par le Projet. Des personnes perdent des droits de propriété, d'usage, ou d'autres droits sur un bâtiment, des terres (résidentielles, agricoles), des cultures annuelles ou pérennes, ou tout autre bien meuble ou immeuble, en totalité ou en partie et de manière permanente ou temporaire. Les PAP ne sont pas forcément toutes déplacées du fait du Projet. Parmi les PAP, certaines sont des Personnes Physiquement Déplacées, d'autres sont des Personnes Economiquement Déplacées.

Réinstallation involontaire : ensemble des mesures entreprises de façon concertée et consensuelle en vue de procéder à la relocalisation physique des personnes déplacées et/ou à l’assistance des personnes économiquement déplacées/impactées.

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Valeur intégrale de remplacement ou coût intégral de remplacement : cette expression est relative au taux de compensation des biens perdus qui doit être calculé selon la valeur intégrale de remplacement, c'est à dire la valeur du marché des biens plus les coûts de transaction.

Populations Hôtes : ce sont les populations qui accueillent de façon temporaire ou définitive les activités ou personnes qui sont affectées par la mise en œuvre du Projet.

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3 Résumé exécutif

 Objectifs du CR

L'objectif du Cadre de Réinstallation est de décrire les objectifs, principes et procédures qui encadrent les impacts associés aux acquisitions des terrains pour la mise en place d’infrastructures d’utilité publique. Le CR clarifie les règles applicables à l’identification des personnes qui sont susceptibles d’être affectées par la mise en œuvre des activités du côté djiboutien du Second projet de ligne d’interconnexion entre l’Ethiopie et Djibouti. Il prend en compte les exigences du cadre légal djiboutien relatif aux processus d’acquisition involontaire de terres, les pratiques de droit coutumier, ainsi que les exigences du Cadre Environnemental et social de la Banque Mondiale de 2018 et celles du Système de Sauvegarde intégré de la Banque Africaine de Développement de 2013. Le CR inclut aussi l’analyse des conséquences économiques et sociales qui résultent de la mise en œuvre des activités du projet pouvant entraîner le retrait des terres aux populations, notamment les plus vulnérables.

 Justification du CR

En ce qui concerne la construction de la ligne, à ce stade du projet, l’EDD a défini un corridor de 100 mètres de large et 190 km de long (1.900 ha) à l’intérieur duquel pourront avoir lieu les restrictions d’usage et les acquisitions de terres. La zone d’emprise du projet mesure 762 hectares mais la zone d’étude détaillée de l’emprise est de 1900 hectares et correspond à la zone sur laquelle a été réalisée l’étude d’occupation des sols. Pour cette composante du projet, il est donc nécessaire de définir un processus d’acquisition involontaire de terres en accord avec la NES 5 du Cadre Environnemental et Social de la Banque Mondiale. Cependant l’information disponible au niveau du design technique n’est pas suffisamment précise pour permettre la formulation d’un PR. C’est pourquoi, pour cette composante du projet potentiellement financée par la Banque Mondiale, il est proposé la formulation d’un CR qui devra être complété par la formulation d’un PAR qui sera réalisé lors de la définition du design final par le constructeur.

Le CR confirme des impacts potentiels sur les tombes et les campements (voir tableau ci-dessous). Le plan de réinstallation devra confirmer si les impacts sur les tombes, campements et enclos seront matérialisés ou pourront être évités par l’avant-projet détaillé propose par l’entreprise responsable de la construction de la ligne de transmission (l’absence d’impact pour le poste étant confirmé dans ce document). dans le cadre du projet. Dans le cas d’absence d’impact, une documentation écrite de cette absence sera préparée par l’EDD et publiée sur son site internet.

 Impact du projet sur les personnes, les biens et les moyens de subsistance

Source d’impact Superficie Impacts sociaux négatifs

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Source d’impact Superficie Impacts sociaux négatifs

Acquisition 8 ha Aucun impact identifié car le terrain utilisé est propriété de l’EDD permanente du terrain et n’a aucun autre usager actuellement. pour le poste de Nagad

Restrictions d’usage 672,11 ha Déplacement potentiel de camps nomades hors de la zone. des terrains dans le Dommage potentiel des enclos, des tombes ou des arbres durant corridor de la ligne de la phase de câblage de la ligne. transmission

Acquisition 68,74 ha Perte potentielle temporaire de terres. permanente de terres Perte potentielle permanente de biens (enclos, arbres). sur l’emplacement des Déplacement potentielle de sites d’héritage culturel (tombes). pylônes

Acquisition temporaire 21,15 ha Perte potentielle temporaire de terres. de terres durant la Perte potentielle temporaire de biens (enclos, arbres). phase de construction Déplacement potentielle de sites d’héritage culturel (tombes).

La zone d’étude de l’emprise de la ligne de transmission dans laquelle se concentrera la totalité des impacts en relation avec l’acquisition et les restrictions d’usage se trouve dans la concession provisoire attribuée à l’EDD. Les impacts sociaux négatifs potentiels seront principalement liés à :

 la perte temporaire et permanente de terres.

 la perte de biens (enclos, arbres).

 la perte de moyens d’existence liés à l’élevage (si des enclos devaient être détruits).

 le déplacement de sites d’héritage culturel (tombes).

 le déplacement de camps nomades hors de la zone de restrictions d’usage.

 Estimation des besoins en terre et du nombre de personnes affectées par le projet

Les besoins en terre devraient être les suivants :

 68,74 hectares de terres avec une acquisition permanente et correspondant à l’emplacement des 547 pylônes qui soutiendront les câbles électriques entre Nagad et Galafi.

 21,15 hectares de terres avec une acquisition temporaire et correspondant aux espaces de stockage, d’accès et de logement des travailleurs.

Il faut rappeler que ces terres se trouveront dans la zone d’étude de l’emprise du projet dans laquelle il n’y a actuellement aucun logement fixe. Les acquisitions de terres ne mèneront donc pas à des déplacements physiques involontaires.

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L'estimation précise du nombre de personnes ou d'activités qui seront affectées est difficilement réalisable à ce stade de l’étude puisque la localisation des pylônes, des campements et des sites de stockage n’est pas encore définie de manière précise. Il est tout de même important de souligner que ce nombre devrait être fortement limité au vu du faible nombre de biens identifiés dans la zone d’étude de l’emprise du projet. L’étude d’occupation des sols de la zone d’étude (1.900 hectares) a ainsi permis de détecter 47 d’enclos, 517 tombes, des hectares de végétation arbustive, aucun logement fixe, aucune parcelle agricole ni plantation fruitière. Si on extrapole ces chiffres aux besoins d’acquisition de terres (87,89 ha), cela représente le déplacement potentiel de 24 tombes et la perte potentielle de 2 enclos et cela sans considérer aucune mesure d’évitement. On resterait ainsi en dessous de la trentaine de PAP pour l’ensemble du projet.

 Comparaison entre la législation Djiboutienne et les politiques de sauvegarde sociale de la BM et la BAD

En général les normes internationales sont plus explicites que le cadre national de Djibouti. En effet elles reconnaissent les usages informels ainsi que les occupants irréguliers mais accordent aussi une attention particulière aux populations vulnérables.

Le cadre national n’explicite pas le processus d’inclusion et d’exclusion de nouveaux arrivants. La NES 5 de la banque mondiale prévoit dans ce cas une date butoir d’installation à partir de laquelle il n’est plus possible d’obtenir une compensation.

La NES 5 de la BM prend en compte le cout intégral de remplacement alors que le cadre national prévoit une dépréciation du bien selon son état. Or les populations doivent obtenir une compensation du cout de remplacement au prix du marché ou bien une compensation en nature pour compenser leurs moyens d’existence impactés et ce cout ne saurait dépendre de l’état du bien. La compensation devra même permettre, dans la mesure du possible, de proposer une amélioration par rapport à la situation avant remplacement (meilleur cadre économique, meilleur accès à l’eau, etc.).

De plus le cadre national ne prévoit pas une évaluation des opportunités de travail au cas où les moyens de subsistance des populations devaient être modifiés par manque de terres agricoles par exemple. Ces modifications doivent être évaluées et les populations doivent se voir proposer des alternatives au moins équivalentes.

A Djibouti, la terre appartient à l’Etat mais le droit coutumier sur le foncier coexiste avec la législation foncière moderne. En cas de conflit, seule la législation foncière moderne a un pouvoir juridique, mais en pratique, les autorités de l’Etat tiennent compte des usages coutumiers dans la gestion foncière. Ainsi, en milieu rural, les autorités coutumières restent très présentes dans la gestion des conflits fonciers et l'utilisation des terres, notamment des parcours et des forêts reliques. Dans ce sens, le cadre de la Banque Mondiale explicite la nécessité de mobiliser les différentes parties prenantes et de mettre en place un plan de gestion des litiges. Enfin l’emprunteur, l’EDD dans le cas de ce projet, est responsable de la mise en œuvre, du suivi et de l’évaluation des activités énoncées dans le PAR et tient la Banque informée des progrès accomplis.

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 Objectifs du cadre de réinstallation

Les objectifs poursuivis par la politique de réinstallation sont les suivants :

 L’acquisition des terres et la réinstallation involontaire seront évitées autant que possible, ou minimisées en explorant toutes les alternatives viables possibles.

 Lorsque l’acquisition des terres et la réinstallation involontaires sont inévitables, les activités de réinstallation et de compensation seront planifiées et exécutés en tant que programmes durables, en offrant des ressources d’investissement suffisantes aux personnes déplacées par le projet pour qu’elles puissent partager les bénéfices.

 Au cas où il y aurait des déplacements involontaires, les agents de EDD, des chefs coutumiers, des chefs religieux, etc… devront organiser des campagnes de sensibilisation et expliquer aux potentiels PAP des avantages du projet et expliquer que tous les dommages qui seront causés durant la mise en œuvre du projet, seront payés par EDD (Ministère des Finances)

 Les personnes déplacées et compensées se verront expliciter clairement le projet et seront dûment consultées et auront l’occasion de participer à la planification et à l’exécution des programmes de réinstallation et de compensation.

 Les personnes déplacées et compensées recevront une aide financière et un soutien technique dans leurs efforts d’amélioration de leurs moyens d’existence et de leur niveau de vie ou tout au moins de les ramener, en termes réels, au niveau d’avant le déplacement ou au niveau qui prévalait au début de l’exécution du projet, en prenant le niveau le plus élevé.

 Eligibilité à la compensation

Sont éligibles à la compensation, toutes les personnes physiques ou morales qui sont installées sur les sites devant faire l’objet de déplacement et dont les biens seront partiellement ou totalement affectés par les travaux et qui auraient été recensées lors de l’enquête socio-économique. Les trois catégories suivantes sont éligibles aux bénéfices de la politique de réinstallation du Projet :

1. Les détenteurs d'un droit formel sur les terres (y compris les droits coutumiers et traditionnels reconnus)

2. Les personnes qui n'ont pas de droit formel sur les terres au moment où le recensement commence, mais qui ont des revendications qui sont reconnues par la loi Djiboutienne, ou qui sont susceptibles d’être reconnues

3. Les personnes qui n'ont ni droit formel ni titres susceptibles d'être reconnus sur les terres qu'elles occupent.

Dans le cadre de ce projet, aucun titre de propriété ou résidence n’a été recensée dans l’étude d’occupation de terrain. Tous les terrains du corridor sont la propriété de l’Etat mais certains usages coutumiers ont été identifiés.

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 Matrice de compensation

Impact Eligibilité Droit à compensation

Perte de terrains Communautés locales selon les droits Compensation au niveau communautaire non cultivés coutumiers et traditionnels reconnus

Perte d’arbres Communautés locales selon les droits Compensation au niveau communautaire ligneux spontanés coutumiers et traditionnels reconnus

Perte d’enclos Être reconnu par le voisinage et les Remplacement de l’enclos en nature avec la autorités comme propriétaire d’un enclos remise d’un nouvel enclos de même superficie fonctionnel1 et de même qualité sur un site proche OU Compensation monétaire à la valeur intégrale de remplacement

Déplacement de Être reconnu par le voisinage et les Prise en charge du déplacement de la tombe tombes autorités comme propriétaire par l’EDD sur un site proche approuvé par la PAP (à moins de 100 mètres) + compensation monétaire à la famille pour la cérémonie de déplacement

Déplacement de Être installé dans le corridor de la ligne Information sur les dangers dans la zone campements lors du recensement d’emprise du projet + allocation nomades déménagement + appui pour trouver un nouveau site proche (à moins de 100 mètres)

Perte de moyens Être reconnu par le voisinage et les Compensation de la perte de revenu durant la d’existence liés à autorités comme utilisant les enclos période de transition sur un autre site + appui l’élevage détruits pour trouver un nouveau site

 Date limite d’éligibilité

Une date limite devra être déterminée, sur la base du calendrier d'exécution probable du projet. La date limite est celle :

 de fin des opérations de recensement destinées à déterminer les ménages et les biens éligibles à compensation, à laquelle les ménages et les biens observés dans les emprises à déplacer sont éligibles à compensation.

 après laquelle les ménages qui arriveraient pour occuper les emprises ne seront pas éligibles.

 Evaluation des biens et taux de compensation  Compensation des terres privées: Les terres reconnues comme ayant une propriété privées seront compensées par un appui financier dont les montants seront définis en suivant la

1 Les populations rencontrées lors des groupes de discussion nous ont confirmé que de nombreux enclos ne sont plus utilisés. Ils sont reconnaissables par le fait qu’ils montrent de fortes dégradations et leurs murs ne dépassent pas 50 cm de hauteur, ce qui est insuffisant pour retenir les animaux.

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formule suivante : C = S x P avec S = superficie affectée et P = prix de la terre selon le marché existant dans le district.  Compensation des arbres : Ces arbres font partie des parcours collectifs et peuvent être utilisés par les éleveurs comme source d’ombrage et de fourrage pour leur bétail. S’agissant de biens collectifs, ils seront compensés financièrement sur la base de la production fourragère des principales espèces affectées et du nombre d’arbres et arbustes impactés.  Compensation des enclos : Si des enclos fonctionnels devaient être détruits, la PAP aurait l’option de recevoir une compensation en nature avec la remise d’un nouvel enclos de même superficie et de même qualité sur un site proche ou de recevoir une compensation monétaire. L'évaluation de la compensation monétaire se ferait sur la base des coûts de remplacement à neuf des biens affectés par le projet, en suivant les prix du marché et en intégrant le coût du transport et la livraison des matériaux au site de remplacement ainsi que le coût de la main d'œuvre requise pour la construction du nouvel enclos.  Compensation des tombes : Si des tombes devaient être impactées, l’EDD se responsabiliserait de leur déplacement sur un site proche (à moins de 100 mètres). Une compensation monétaire devrait également être accordée avec la famille de la personne enterrée pour conduire une cérémonie de déplacement du défunt et les autorités coutumières (okals) devraient être activement consultées lors du processus. Le calcul de la compensation correspondrait donc aux coûts encourus par l’EDD pour déplacer la tombe et à la compensation monétaire remise à la famille.  Allocation de déménagement : Il est prévu de demander à ces personnes de déplacer leur campement hors du corridor de la ligne afin d’être conforme aux restrictions d’usage et, ce, avant même de débuter les travaux de construction de la ligne. Pour ce faire, il est prévu de les informer sur les dangers dans la zone d’emprise du projet, de les appuyer pour trouver un nouveau site proche (à moins de 100 mètres) et de leur remettre une compensation monétaire d’allocation déménagement. Celle-ci sera calculée sur la base suivante :

C = T x HJ x P avec T = nombre de daboyta / buul affectés

P = prix de la main-d’œuvre journalière dans la zone affectée

HJ = nombre d’hommes-jours pour démonter, transporter et remonter un daboyta / buul

 Compensation pour la perte de revenus liés à l’élevage : La destruction d’enclos fonctionnels n’impactera pas uniquement la famille propriétaire de l’enclos mais également les familles utilisant l’enclos. Ces familles souffriront de la perte de ce site pour parquer leurs animaux : cela peut être considérée comme négligeable mais il faut rappeler que la population locale est extrêmement vulnérable et n’a pas forcément d’alternatives rapides pour substituer les enclos détruits. Il est donc prévu de proposer à ces familles une compensation pour la perte de revenus liés à l’élevage. Celle-ci se calculera de la manière suivante :

C = M x R x A avec M = nombre de mois de transition/ ajustement du système d’élevage

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R = perte de revenu moyen mensuel par tête de cheptel

A = nombre d’animaux en pondérant les petits ruminants comme la moitié des bovins/camelins.

 Mécanisme de gestion des plaintes :

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 Arrangement institutionnel de mise en œuvre

Acteurs Responsabilités

EDD Désignation de l’expert social de l’EDD chargé de la supervision de la réinstallation

Diffusion du CR

Recrutement de la maitrise d’œuvre sociale en charge du processus de réinstallation

Validation et diffusion du design final du projet et du PR

Financement du PR

Supervision des actions de réinstallation réalisées par la maitrise d’œuvre sociale

Suivi de la procédure d’expropriation et d’indemnisation

Recrutement de l’entreprise responsable de l’évaluation et l’audit final et à mi- parcours (intégrant les aspects de sauvegarde sociale)

Information vis-à-vis de la BM

Direction des Déclaration d’utilité publique domaines Validation du plan parcellaire des terrains affectés déposé au bureau du préfet de la région

Mise en place des Commissions d’Evaluation au niveau des districts

Commissions Evaluation des impenses et des personnes affectées d’évaluation Validation des taux de compensation Libération des emprises

Préfectures, Appui à l’identification des sites devant faire l’objet d’expropriation sous- Validation et diffusion du PR au niveau local préfectures et Participation au suivi de la réinstallation et des indemnisations autorités coutumières Enregistrement des plaintes et réclamations et traitement selon le mécanisme de gestion des plaintes

Participation au suivi de proximité

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Acteurs Responsabilités

Maitrise Dimensionnement et implantation précises des ouvrages d’œuvre Participation au suivi de la réinstallation et des indemnisations technique (entreprise contractante et ingénieur conseil)

Maitrise Participation à la finalisation du design du projet d’œuvre Mise en place et formation des comités locaux de réinstallation sociale Réalisation des études socioéconomiques et des inventaires des biens affectés

Elaboration et partage du PAR

Renforcement de capacités des parties prenantes

Mise en œuvre du PR (distribution des compensations, suivi des PAP, etc.)

Comités locaux Relais de communication entre le projet et avec les PAP : diffusion de l’information sur les enquêtes socio-économiques des PAP, l’inventaire des biens et des terres, la date butoir, l’organisation des distributions de compensations individuelles et la mise en œuvre des projets de compensation collectives

Vérification des listes des PAP

Enregistrement des plaintes et réclamations

Justice Jugement et résolution des conflits (en cas de désaccord à l’amiable)

Bureau Evaluation à mi-parcours du processus d’études Evaluation et audit finales du processus

 Suivi et évaluation

Action Indicateur Source de vérification

Création des comités Nombre de comité locaux mis en PV de réunions, liste de participants, locaux place et formés photos, accords de création des comités

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Action Indicateur Source de vérification

Organisation Nombre de séances d'information et PV de réunions, liste de participants, d’espaces de consultation (par localité et type photos d’information/ d’acteurs) consultation

Gestion des plaintes % de plaintes clôturées (nb de Base de suivi, fiches de suivi des plaintes reçues par rapport au nb de plaintes, PV de clôture des plaintes clôtures)

Recensement des Nombre de PAP recensées et de Questionnaire, base de suivi en PAP et inventaire des biens inventoriés (par localité et type ligne, rapport de mission biens de biens)

Vérification et % de vérification de la liste (nb de Listes de PAP, PV de réunions avec finalisation des listes pers. validées par rapport au nb les comités, liste de participants, de PAP d’enquêtées) photos

Montant total des compensations

Signature des % d'accords signés (nb d’accords Copies des contrats de contrats de signés par rapport au nb de PAP) compensation individuelle, base de compensation suivi Montant contractualisé en compensation

Distribution des % de compensations payées (nb de Chèques/transferts et reçus, base de compensations paiements par rapport au nb de PAP) suivi individuelles Montant payé en compensation

Assistance aux Nb de visites personnalisées Base de suivi, PV des visites, photos groupes vulnérables réalisées auprès des ménages vulnérables

Mise en œuvre des Nb de bénéficiaires directs des Contrats de compensation collective, projets de projets PV de réunions, liste de participants, compensation photos, rapport de suivi financier Montant engagé et déboursé en collective compensation collective

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4 Executive summary

 Objectives of RF The objective of this Resettlement Framework is to describe the objectives, principles and procedures that frame the impacts associated with the land acquisition policy for the establishment of public utility infrastructures. The RF clarifies the rules applicable to the identification of persons who are likely to be affected by the implementation of activities on the Djibouti side of the Second Interconnection Line Project between and Djibouti. It takes into account the requirements of the Djibouti legal framework relating to the involuntary land acquisition process, customary law practices, as well as the requirements of the Environmental and Social Framework of the World Bank of 2018 and those of the Integrated Safeguard System of the African Development Bank in 2013. The RF also includes the analysis of the economic and social consequences resulting from the implementation of project activities that could lead to the withdrawal of land from local populations, especially the most vulnerable.

The objectives pursued by the Resettlement Framework are as follows: • Land acquisition and involuntary resettlement will be avoided as much as possible, or minimized by exploring all possible viable alternatives. • Where involuntary land acquisition and resettlement are unavoidable, resettlement and compensation activities will be planned and executed as sustainable programs, providing sufficient investment resources to those displaced by the project to enable them to share the benefits. • Displaced and compensated persons will be duly consulted and have the opportunity to participate in the planning and execution of resettlement and compensation programs. • Displaced and compensated people will be assisted in their efforts to improve their livelihoods and standard of living or at least give them back, in real terms, to pre-displacement level or to the level that prevailed at the start of project execution, taking into account the highest level.

 Justification of the RF Regarding the construction of the line, at this stage of the project, EDD has defined a corridor 100 meters wide and 190 km long (1,900 ha) within which usage restrictions and acquisitions of land may occur. The project right-of-way area measures 762 hectares but the detailed study area is 1900 hectares and corresponds to the area on which the study on land use was carried out. For this component of the project, it is therefore necessary to define an involuntary land acquisition process in accordance with ESN 5 of the Environmental and Social Framework of the World Bank. However, the information available at this stage on the technical design level is not enough to allow the formulation of a complete Resettlement Action Plan. This is why, for this component of the project potentially financed by the World Bank, it is proposed the formulation of a RF to be completed by the formulation of a RP to be carried out during the definition of the final design by the builder.

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 Impact of the project on people, assets and livehoods

Source of impact Area Negative social impacts

Permanent acquisition No impact identified as the land used is owned by EDD and has 8 ha of land for Nagad currently no other user. Usages restrictions of Potential displacement of nomadic camps outside the area. 672,11 land of the transmission Potential damage to paddocks, graves or trees during the wiring ha line’s corridor phase. Permanent land Likely loss of land 68,74 acquisition on pylon Likely permanent loss of goods (paddocks, trees). ha sites Likely relocation of cultural heritage sites (graves). Temporary acquisition Likely temporary loss of land. 21,15 of lands during Likely temporary loss of goods (paddocks, trees). ha construction phase Likely relocation of cultural heritage sites (graves).

The transmission line right-of-way study area in which all acquisition-related impacts and usage restrictions will be concentrated is in the provisional concession granted to EDD. The potential negative social impacts will be mainly related to:  Temporary and permanent loss of land.  Loss of goods (enclosures, trees).  Loss of livelihoods linked to breeding (if paddocks were to be destroyed).  Relocation of cultural heritage sites (graves).  Relocation of nomadic camps outside the zone of use restrictions.

 Estimation of land needs and number of people affected by the project The land requirements should be as follows: • 68.74 hectares of land with permanent acquisition corresponding to the location of the 547 pylons that will support the power cables between Nagad and Galafi. • 21.15 hectares of land with temporary acquisition corresponding to storage, access and housing spaces for workers. It should be remembered that these lands will be in the study area of the project in which there is currently no fixed housing. Land acquisitions will therefore not lead to unintentional physical displacement. A precise estimate of the number of people or activities that will be affected is difficult to achieve at this stage of the study since the location of the pylons, camps and storage sites has not yet been precisely defined. It is still important to stress that this number should be severely limited given the small number of properties identified in the study area of the project right-of-way. The land use study of the study area (1,900 hectares) thus detected 47 enclosures, 517 graves, hectares of bush vegetation, no fixed housing, no agricultural plot, fruits plantation nor water point. If we extrapolate these figures to the land acquisition needs (87.89 ha), this represents the potential displacement of 24 graves and the potential loss of 2

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DJIBOUTIENNE paddocks, without considering any avoidance measures. We would thus remain below thirty affected persons for the entire project.

 Comparison between Djiboutian legislation and the social protection policies of the WB and the AfDB

In general, international standards are more explicit than Djibouti’s national framework. Indeed, they recognize informal uses as well as irregular occupants and pay particular attention to vulnerable populations.

The national framework does not mention any process for including and excluding newcomers. The World Bank’s ESN 5 provides in this case an installation deadline from which it is no longer possible to obtain compensation.

Full replacement cost is proposed by the ESN 5 of the World Bank while the national framework provides for a depreciation of the property according to its condition. Thus, the populations must obtain compensation for the replacement cost at market price or else compensation in nature to compensate for their impacted livelihoods, cost of the good shall not depend on its condition. The compensation should even allow, as much as possible, to propose an improvement regarding the situation before replacement (better economic condition, better access to water…).

In addition, the national framework does not provide for an assessment of work opportunities in the event that the livelihoods of the populations should be modified due to a loss of agricultural land for instance. These modifications must be valuated, and the affected population be offered at least equivalent alternatives.

In Djibouti, land belongs to the state, but customary land law is very real and it coexists with modern land legislation. In the event of conflict, only modern land legislation has legal power, but in practice state authorities take into account customary uses in land management. Thus, in rural areas, the customary authorities remain very present in the management of land conflicts and the use of land, especially on transhumance and relict forests. The WB standards provide explicit management plans for the mobilization of stakeholders and the implementation of a management of disputes plan.

Finally, the borrower, EDD for this project, is responsible for the implementation, monitoring and evaluation of the activities set out in the RAP and keeps the Bank informed of the progress made.

 Eligibility for compensation

Under this project, the PAPs will be exclusively economically displaced persons as no residence has been identified in the land use study. Also, are eligible for compensation, all natural or legal persons who are installed on the sites to be relocated and whose property will be partially or totally affected by the works and who would have been identified during the economic and social survey. The following three categories are eligible for the benefits of the Project's resettlement policy:

1. Holders of formal land rights (including recognized customary and traditional rights)

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2. People who do not have a formal right to the land at the time survey begins, but who have claims that are recognized by Djiboutian law, or who are likely to be recognized

3. People who have neither formal rights nor titles likely to be recognized over the land they occupy.

As part of this project, no title or residence title was identified in the land use study. All the land in the corridor is owned by the State, but some customary uses have been identified.

 Compensation matrix

Impact Eligibility Compensation right

Loss of Local communities according to Compensation at community level uncultivated land recognized customary and traditional rights

Perte d’arbres Local communities according to Compensation at community level ligneux recognized customary and traditional spontanés rights

Loss of paddocks Be recognized by the neighborhood Replacement of the enclosure in kind with and the authorities as the owner of the delivery of a new enclosure of the functional paddocks same size and of the same quality on a nearby site OR Monetary compensation at the replacement integral value

Graves’s Be recognized by the neighborhood Support for the relocation of the tomb by displacement and the authorities as the owner the EDD to a nearby site approved by the PAP (within 100 meters) and monetary compensation to the family for the ceremony of shifting

Displacement of Be installed in the corridor of the line Information on the dangers in the area of nomadic camps during the survey the project + moving allowance + support to find a new site nearby (within 100 meters)

Loss of Be recognized by the neighborhood Compensation for loss of income during lovehoods linked and the authorities as using the the transition period to another site + to livestock destroyed paddocks support to find a new site

 Eligibility deadline

A deadline will have to be determined, based on the probable implementation schedule of the project. The deadline is:

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- end of survey operations intended to determine the households and property eligible for compensation, to which the households and property observed in the rights-of-way to be moved are eligible for compensation.

- after which the households arriving to occupy the rights-of-way will not be eligible.

 Property valuation and compensation rate

- Land compensation:

Private land recognized will be compensated by the amounts of which will be defined according to the following formula:

C = S x P with S = affected area

and P = price of land according to the existing market in the district.

- Compensation of trees:

These trees are part of collective routes and can be used by pastoralists as a source of shade and fodder for their livestock. As these are collective goods, they will be offset by financial amounts of which will be defined on the basis of the fodder production of the main species affected and the number of trees and shrubs affected.

- Compensation for paddocks:

If functional paddocks were to be destroyed, the PAP would have the option of receiving compensation in kind with the delivery of a new paddock of the same area and of the same quality on a nearby site or of receiving monetary compensation. The monetary compensation would be assessed on the basis of the costs of replacing the goods affected by the project as new, following market prices and integrating the cost of transport and delivery of materials to the replacement site as well as the cost of labor required to build the new paddock.

- Tomb compensation:

If graves were to be impacted, EDD would take responsibility for moving them to a nearby site (within 100 meters). Monetary compensation should also be given with the family of the buried person to conduct a ceremony for the removal of the deceased and customary authorities (okals) should be actively consulted during the process. The computation of the compensation would therefore correspond to the costs incurred by the EDD to move the grave and the monetary compensation given to the family.

- Relocation allowance:

It is planned to ask to people to move their camp out of the line corridor in order to comply with usage restrictions, even before starting construction work on the line. To do this, it is planned to inform them of the dangers in the project area, to support them in finding a new site nearby

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DJIBOUTIENNE

(within 100 meters) and to give them monetary compensation for moving allowance. This will be calculated on the following basis:

C = T x HJ x P with T = number of affected daboyta / buul

P = price of daily labor in the affected area

HJ = number of man-days to dismantle, transport and reassemble a daboyta / buul

- Compensation for the loss of income related to livestock: The destruction of functional paddocks will not only impact the family who own the padoock but also the families using the paddock. These families will suffer the loss of this site to park their animals: this can be considered negligible but it must be remembered that the local population is extremely vulnerable and does not necessarily have quick alternatives to replace the destroyed paddocks. It is therefore planned to offer these families compensation for the loss of income related to breeding. This will be calculated as follows:

C = M x R x A with M = number of months of transition / adjustment of the breeding system R = loss of average monthly income per head of herd A = number of animals by weighting small ruminants as half of cattle / camels.

Complaints management mechanism

The complaints mechanism applies to those affected by the project and is a structured way to receive and resolve a concern raised by an individual or community who feel they have been harmed by the project. Complaints and grievances are dealt with promptly in an understandable and transparent process, culturally appropriate, free of charge and without reprisal.

In the absence of an amicable agreement between the complainants and the project, the complainants will be informed by EDD, the contracting company and its subcontractors of the procedure to be followed to express their dissatisfaction and present their complaints.

The EDD will set up Mediation Committees at the level of each region for the monitoring of complaints These committees will deal with complaints relating to the acquisition of land and restrictions on use.

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DJIBOUTIENNE

 Institutionnal implementation arrangements

Stakeholders Responsabilities

EDD Appointment of the EDD social expert responsible for supervising resettlement

Disclosure of the RF

Recruitment of the social work manager in charge of the resettlement process

Validation and dissemination of the final design of the project and the RP

RAP funding

Supervision of resettlement actions carried out by the social project management

Monitoring of the expropriation and compensation procedure

Recruitment of the company responsible for the evaluation and the final and mid-term audit

Information to the WB

Domanial Declaration of public utility Direction Validation of the plot plan of the affected land submitted to the office of the prefect of the region

Establishment of Evaluation Commissions at the district level

Assessment Assessment of expenses and affected persons commissions Validation of the compensation rates proposed by the social project management

Clearance of rights-of-way

Prefectures, Support for the identification of sites to be subject to expropriation sub-prefectures Validation and disclosure of the RP at the local level and customary Participation in the monitoring of resettlement and compensations authorities Registration of complaints and claims and follow-up with the complaint’s mechanism

Participation in close monitoring

Technical Precise sizing and location of structures project Participation in the monitoring of resettlement and compensation management

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DJIBOUTIENNE

Stakeholders Responsabilities

Social project Participation in the final design of the project management Establishment and training of local resettlement committees assistance Socio-economic studies and inventories of affected properties

Preparation and disclosure of the RP

Capacity building of stakeholders

Implementation of the RP (distribution of compensation, monitoring of PAPs, etc.)

Final evaluation and audit of the process

Local Relay between the project and the PAPs: disclosure of information on the socio- committees economic surveys of the PAPs, inventory of goods and land, fixing of the deadline, organization of individual compensation distributions and implementation of collective compensation projects

Verification of PAP lists

Registration of complaints and claims

Justice Judgment and conflict resolution (in the event of an amicable disagreement)

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DJIBOUTIENNE

 Monitoring and evaluation

Action Indicator Verification sources

Creation of local Number of local committees and Meetings minutes, lists of committes trainings participants, pictures, committee creation agreements Organisation of Number of information and Meeting minutes, list of participants, information / consultation sessions (by locality and photos consultation spaces type of actor) Complaints % of complaints closed (number of Monitoring base, complaint management complaints received compared to the monitoring sheets, complaint closure number of closings) report PAPs survey and Number of identified PAPs and goods Questionnaire, online monitoring inventory of goods inventoried (by locality and type of database, mission report goods) Verification and % of verification of the list (number of Lists of PAPs, minutes of meetings finalization of PAPs’ people validated compared to the with the committees, list of lists number of respondents) participants, photos Total amount of compensation Signature of % of agreements signed (number of Copies of individual compensation compensation agreements signed compared to the contracts, basis for monitoring contracts number of PAPs) Contractual amount in compensation Distribution of % of compensation paid (number of Checks / transfers and receipts, individual payments compared to number of monitoring basis compensation PAP) Amount paid in compensation Assistance to Number of personalized visits carried Monitoring base, report of visits, vulnerable groups out to vulnerable households photos Implementation of Number of direct beneficiaries of the Collective compensation contracts, collective projects meeting minutes, list of participants, compensation Amount committed and disbursed in photos, financial monitoring report projects collective compensation

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DJIBOUTIENNE

5 Introduction

5.1 Contexte de l’étude et conception du projet

Le fort potentiel hydroélectrique de l'Éthiopie et les énormes investissements réalisés dans le développement de la mise en service des centrales permettent d'exporter l'hydroélectricité vers les pays voisins. Une première ligne de double- circuit 230kV entre l'Ethiopie et Djibouti est terminée et, depuis mai 2011, Djibouti est reliée au réseau éthiopien.

Pour accroître la fiabilité de l'approvisionnement en électricité de Djibouti, des discussions ont été organisées entre l’Ethiopie et Djibouti afin de développer un itinéraire supplémentaire. Le Deuxième Projet d’Interconnexion du Système d’Alimentation Electrique entre l’Ethiopie et Djibouti a ainsi pris forme avec comme objectif la mise en place d’une ligne Haute Tension double circuit de 230kV entre Semera en Ethiopie et Nagad à Djibouti. Les unités d’exécution du projet sont l’Ethiopian Electric Power (EEP) du côté de l’Ethiopie et l’Electricité de Djibouti (EDD) du côté de Djibouti. Il est estimé que le budget total du projet pour la partie djiboutienne est de l’ordre de 75 millions USD. Il est prévu que la construction du poste de Nagad se réalise avec des fonds koweitien/saoudien en 2021, l’extension du poste de Nagad se réalise avec un financement de la Banque Africaine de Développement et que la construction de la ligne de transmission soit possible avec l’appui d’un financement de la Banque Mondiale.

Une EIES a été réalisée en 2020 sur la partie djiboutienne du projet pour répondre aux exigences nationales de Djibouti et aux exigences de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de Développement. Elle incluait l'extension du futur poste 230/63/20Kv à Nagad et la construction de la ligne double circuit de 230 kV entre Nagad et Galafi, à la frontière éthiopienne (190 km), en considérant les infrastructures construites en Ethiopie comme des installations associées ou connexes. L’EIES a mis en lumière des impacts liés à l’acquisition et à la restriction d’usage de terres qui demandent la formulation d’un Cadre de Politique de Réinstallation.

5.2 Objectifs du CR

L'objectif du Cadre de Réinstallation est de décrire les objectifs, principes et procédures qui encadrent le régime de l’acquisition des terrains pour la mise en place d’infrastructures d’utilité publique. Le CR clarifie les règles applicables à l’identification des personnes qui sont susceptibles d’être affectées par la mise en œuvre des activités du côté djiboutien du Second projet de ligne d’interconnexion entre l’Ethiopie et Djibouti. Au stade du CR la localisation exacte des pylônes n’est pas connue et il n’est pas possible par conséquent de dresser la liste exacte des personnes affectées. Cependant la localisation de ces pylônes pourra aussi varier pour minimiser l’impact de leur emprise.

Il prend en compte les exigences du cadre légal djiboutien relatif aux processus d’acquisition involontaire de terres, celles du Cadre Environnemental et social de la Banque Mondiale de 2018 et celles du Système de Sauvegarde intégré de la Banque Africaine de Développement de 2013. Le CR inclut aussi

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DJIBOUTIENNE l’analyse des conséquences économiques et sociales qui résultent de la mise en œuvre des activités du projet pouvant entraîner le retrait des terres aux populations, notamment les plus vulnérables.

5.3 Démarche méthodologique

La méthodologie utilisée dans le cadre de cette étude a été basée sur une approche participative et interactive qui a impliqué les acteurs et partenaires concernés par le projet au niveau national et local du pays. Il s’agit notamment de l’Entreprise Electricité de Djibouti (EDD) ; du Ministère de l'Urbanisme, de l'Environnement et du Tourisme, du Ministère des Finances, du Ministère de l'Agriculture, de l'Eau, de la Pêche, de l'Elevage et des Ressources Halieutiques, du Ministère de l'Energie et des Ressources Naturelles et du Ministère de l'Equipement et des Transports ; mais aussi les autorités régionales d’ et de et des représentants (hommes et femmes) de la population affectée le long du tracé de la ligne. Cette démarche a permis de favoriser une compréhension commune de la problématique avec les différents partenaires et de capitaliser les expériences des différents acteurs sur la conduite des opérations de réinstallation menées durant la construction de la première ligne d’interconnexion électrique entre l’Ethiopie et Djibouti.

Cette démarche a été articulée autour des axes d’intervention suivants :

 Echanges avec l’EDD sur les conditions du présent projet, sur l’expérience vécue durant le projet de la première ligne d’interconnexion électrique entre l’Ethiopie et Djibouti et sur la procédure d’acquisition des droits de concession nécessaires. Les informations relatives à la propriété des terrains ont été données par l’EDD et sont majoritairement déclaratives.

 Entretiens avec les représentants des Ministères en relation avec le présent projet sur le contexte local, l’expérience vécue dans des projets similaires et des recommandations institutionnelles.

 Analyse de la documentation du projet et de documents législatifs et règlementaires notamment en matière de foncier, d’accès à la terre et de la gestion de la propriété. A Djibouti, la plupart des terrains sont la propriété de l’Etat avec des droits coutumiers à prendre en considération.

 Analyse via photo-interprétation de l’occupation des sols de la zone d’étude de l’emprise du projet en s’appuyant sur l’observation des images satellites disponibles sur Google Earth. L’occupation des sols ne varie pas selon la saison dans cette zone désertique cependant les parcours des nomades, étant donné leur nature peu prédictible, n’ont pas pu être repérés à l’aide de ces photos.

 Visites sur le terrain entre avril et septembre 2020 visant à compléter l’étude d’occupation des sols via des observations in situ de la zone d’emprise.

 Entretiens et groupes de discussion avec les autorités locales et la population d’Arta, Dikhil, Ali Sabieh, et Galafi pour collecter des données sur l’histoire de la zone, les droits fonciers coutumiers et les systèmes traditionnels de gestion des conflits.

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DJIBOUTIENNE 6 Description du projet et du contexte de réinstallation

L’EIES présente les caractéristiques du projet et une étude de base sociale de la zone d’influence du projet. La présente section du CR se centre sur une brève description des composantes du projet pour lesquelles l’acquisition de terres et la réinstallation sont requises, sur les raisons pour lesquelles un cadre de politique de réinstallation est préparé au lieu d’un plan de réinstallation et sur une présentation des principales caractéristiques de la population de la zone d’influence devant être pris en compte dans le processus de réinstallation.

6.1 Gestion du foncier

6.1.1 Ressources juridiques pour stabiliser ou garantir les droits fonciers dans les zones rurales

En 1991, plusieurs lois ont été votées par l’Assemblée nationale, modifiant sensiblement le système domanial et foncier2. Cependant, ces dispositions ne concernent que le périmètre urbain de l’agglomération de Djibouti. L’ancienne législation formalisée entre 1909 et 1939 doit donc continuer, en principe, à s’appliquer dans le reste du pays, en particulier dans la zone d’emprise du présent projet3.

La situation domaniale et foncière demeure largement marquée par la présence de l’État. Cela est dû à la présomption de domanialité qui profite à celui-ci et qui concerne tous les terrains non appropriés privativement. Le domaine public de l’État, inaliénable et imprescriptible, est composé d’éléments naturels (rivages, cours et points d’eau, etc.) et artificiels (zones et équipements déterminés par la loi ou ayant fait l’objet d’une procédure de classement, ainsi que les servitudes y attenantes). Le domaine privé de l’État est constitué de tous les terrains immatriculés au nom de l’État mais aussi de l’ensemble des terrains qui ne font pas partie du domaine public, et qui n’appartiennent pas de manière claire (existence d’un titre foncier), à des tierces personnes, publiques ou privées, ce qui inclut notamment les terrains dits vacants et sans maître. Finalement il existe une troisième catégorie de terres qui sont les terres immatriculées au nom de particuliers ou de personnes morales ou de l’Etat. Ces terres se concentrent principalement dans l’agglomération de Djibouti et, en moindre mesure, dans les autres chefs-lieux de région.

2 Loi n° 171/AN/91 2eL du 10 octobre 1991, portant fixation et organisation du domaine public ; loi n° 172/AN/91 2eL du 10 octobre 1991, réglementant l’expropriation pour cause d’utilité publique ; loi n° 173/AN/91 2eL du 10 octobre 1991, portant organisation du domaine privé de l’État ; loi n° 176/AN/91 2e L du 10 octobre 1991, portant création d’un cahier des charges spécial applicable aux Anciens quartiers et à Balbala ; loi n° 177/AN/91 2eL du 10 octobre 1991, portant organisation de la propriété foncière ; loi n° 178/AN/91 2eL du 10 octobre 1991, fixant les modalités d’application des lois relatives au régime foncier

3 Cf. loi n° 178/AN/91 2eL. Cette ancienne législation consiste essentiellement dans des textes coloniaux, certains remontant parfois à près d’un siècle. Ce dispositif instauré par l’Administration française consistait de manière assez classique dans l’immatriculation pour les biens appropriés et pour des modes d’accès domaniaux associant droit d’occupation provisoire et mise en valeur dans un délai de temps limité.

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DJIBOUTIENNE

En principe, la gestion domaniale et foncière demeure presque exclusivement de la compétence des services de l’Etat. Le processus de décentralisation initié en 20002 qui a créé la collectivité locale régionale n’a pas réellement changé cet état de fait. Cependant depuis 2005 les conseils régionaux sont associés au contrôle des activités dans les aires terrestres et marines protégées que la loi a créées et il donne son avis sur toute implantation des équipements publics s’effectuant sur sa circonspection. Chaque district est placé sous l’autorité d’un commissaire de la République, le chef de district ou préfet, chargé de délivrer les permis de construire, il est autorisé à délivrer les permis d’occuper provisoire. Dans la pratique, les districts sont aussi étroitement associés aux opérations de déguerpissement.

Toute personne ou entité désirant un terrain rural doit adresser une demande au Directeur des Domaines de l’Etat, par l’intermédiaire du préfet de la région où se trouve le terrain. Le préfet établit alors un cahier des charges après consultation des services administratifs compétents. Le cahier des charges est basé à la fois sur l'exploitation projetée et sur les conditions locales, et fixe le délai d'aménagement des terres et la durée de la concession. Le document doit être approuvé par le Directeur des Domaines avant d’être présenté pour décret en conseil des Ministres après avis d’une commission foncière mise en place au niveau centrale.

Après publication de l’arrêté stipulant le bénéficiaire de la concession provisoire et l’usage du terrain, le concessionnaire a la possibilité d’accéder à la propriété du terrain si la parcelle est mise en valeur, si elle est d’un seul tenant et si elle ne dépasse pas cent hectares. Si le terrain excède cette superficie, le concessionnaire peut tout de même se voir attribuer la parcelle mise en valeur sous la forme d’un bail emphytéotique. L'administration garde toujours la possibilité de récupérer à tout moment le libre usage des terres qui seraient nécessaires pour les besoins des services de l'Etat ou pour tout travail d'intérêt public.

6.1.2 Principes coutumiers de la gestion foncière

A Djibouti, la terre appartient à l’Etat mais le droit coutumier sur le foncier est bien réel et il coexiste avec la législation foncière moderne. En cas de conflit, seule la législation foncière moderne a un pouvoir juridique, mais en pratique, les autorités de l’Etat tiennent compte des usages coutumiers dans la gestion foncière. Ainsi, en milieu rural, les autorités coutumières restent très présentes dans la gestion des conflits fonciers et l'utilisation des terres, notamment des parcours et des forêts reliques.

Le présent projet intervient dans deux contextes : des zones principalement habitées par la communauté somalie depuis Nagad jusqu’à Dikhil (voir figure 1 depuis le pylône d’angle 1 ou AP1 à AP22) et des zones principalement habitées par la communauté Afar entre Dikhil et Galafi (de AP22 à AP29). L’organisation sociopolitique de ces communautés est hiérarchisée et structurée en confédération.

La communauté somalie de la zone d’influence du projet fait majoritairement partie de la confédération des Issas qui se subdivisent en clans. Tous les clans issas reconnaissent l’autorité d’un Ougas qui réside à Dire Dawa en Ethiopie. Son autorité traditionnelle s’exerce sur tous ses sujets qu’ils soient en Éthiopie, à Djibouti ou en Somalie. Il dispose du pouvoir coutumier pour protéger et sauvegarder les modes de vie

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DJIBOUTIENNE et les règles de cette communauté. Au niveau des clans, les décisions sont prises par des assemblées de notables. L'appartenance à ces assemblées ne résulte pas d'élection, mais d'un consensus toujours révocable accordé à chacun par sa fraction ou son groupe familial. C'est une de ces assemblées qui choisit l'Ougas.

La communauté Afar de la zone d’influence du projet fait majoritairement partie de la confédération des Debnés qui se subdivisent également en clans. Elle s’organise en sultanats, unités territoriales et politiques, coiffées par un sultan nommé à vie. Celui-ci est secondé par un vizir, son héritier présomptif. Le principal sultanat de la zone d’influence du projet est le Sultanat de Gobaad correspondant à la région de Dikhil. Selon les droits coutumiers, le sultan dispose du territoire se trouvant sous son influence et dont il se considère le propriétaire. Il en concède la jouissance en accordant aux différents chefs de clan des terrains de parcours. Contrairement à d'autres régions où les droits de pâturage sont soumis à une taxe qui revient au sultan, dans la zone Debné ces pratiques ne semblent pas avoir lieu. Les chefs de clan sont responsables de leur « sous-parcours » (au sein du parcours commun de la confédération), qui devient un lieu privilégié de rassemblement, d’attache et de séjour pour leur clan. Ils se doivent de faire respecter les espaces de mise en repos, l’itinéraire transhumance et les accords avec les autres clans.

Les accords avec les autres clans sont d’ailleurs multiples et difficiles à comptabiliser que ce soit en zone Afar ou Somali. Ils sont fondés sur un principe de base de solidarité entre éleveurs au sein d’une même confédération. Chaque clan peut se rendre sur un territoire qui n’est pas le sien, mais faisant partie du territoire de sa confédération. Sur les territoires d’influence du projet (Issa entre AP1 et AP22 et Debné entre AP22 et AP29), tous les membres des clans d’une même confédération jouissent ainsi d'un large éventail de droits dont :

 La libre circulation des personnes et des troupeaux

 Le libre accès aux pâturages sur le territoire

 Le droit de s'installer et de créer des camps temporaires sur tout le territoire

 Le libre accès aux points d'eau et aux enclos (avec néanmoins l'obligation morale d'informer les autorités coutumières les plus proches de son intention d'abreuver les animaux ou d’utiliser l’enclos)

 Le droit de collecter des ressources sur le territoire en fonction de ses besoins (par exemple le bois de chauffage et le bois de construction) et d'en tirer librement profit (par exemple en vendant des fagots de bois).

Les membres d’une même confédération peuvent ainsi circuler librement et jouir des ressources communes, sans que les délimitations des sous-parcours (au niveau clanique) n’aient d'implications majeures en termes de principes et de pratiques de l'espace pastoral. En revanche, si des enjeux plus importants apparaissent, comme par exemple de grands investissements et des projets d'infrastructure, un discours local peut apparaitre faisant valoir la proximité géographique et la longue occupation

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DJIBOUTIENNE historique de la zone par un clan spécifique comme justification d'un accès privilégié aux bénéfices du projet.

Ce système de libre circulation et d'accès aux ressources sur l'ensemble du territoire offre aux éleveurs une grande liberté de mouvement entre les différentes zones afin de trouver les meilleurs pâturages. Les choix se font en fonction des conditions agroécologiques et de la répartition des pluies, avec toutes les informations disponibles. La diffusion des téléphones portables a d’ailleurs grandement facilité la prise de décision des personnes qui se déplacent avec leurs troupeaux.

Toutefois, le libre accès aux ressources ne signifie pas qu'il n'y ait pas de réglementation, et les autorités coutumières locales veillent à ce que les principes de base de la gestion des ressources soient respectés. En pratique, elles interviennent dans deux types de situations : en cas de conflit lié à l'utilisation des ressources pastorales (auquel cas elles peuvent décider de sanctions), et lorsque des « étrangers » accèdent au territoire. Sont considérés comme « étrangers » les membres de clans qui n'appartiennent pas à la confédération. Ils peuvent avoir accès au territoire, mais cet accès est conditionné par un accord verbal donné par une autorité représentant la confédération : l'Okal général, ou l'un des notables locaux qui se référera à l'Okal général.

La gestion pastorale entre les confédérations se soucie avant tout de la survie du bétail et est modulée en fonction de l’état des ressources. En période normale (de non-sécheresse), l’utilisation des parcours est strictement réglementée au sein de chaque confédération, afin de les gérer durablement. En temps de crise et de coups durs le parcours peut être ouvert aux éleveurs « étrangers », mais les cheptels des voisins ne sont admis dans les pâturages qu’en vertu d’accords de réciprocité. En cas de conflit, le droit coutumier régie l’autorégulation sociale. La peur de la honte est une valeur centrale relevée dans les différentes sociétés pastorales dont les règles et les codes sont transmis d’une génération à l’autre exclusivement par l’oralité. Le respect de ces règles assure la cohésion sociale. Sous peine d’exclusion, l’individu se doit de craindre le jugement social et d’en supporter le poids.

6.2 Caractéristiques et composantes du projet

Le projet inclut l'extension du futur poste 230/63/20Kv à Nagad et la construction de la ligne double circuit de 230 kV entre Nagad et Galafi, à la frontière éthiopienne (190 km) qui demanderont des restrictions d’usage et acquisitions de terres détaillées à continuation. La phase de construction devrait durer 24 mois et la phase d’opération devrait suivre la phase de construction et durer 40 ans.

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Figure 1- Tracé de la ligne entre Nagad et Galafi à Djibouti

Les titres fonciers du corridor ont été vérifiés lorsqu’il était possible de les obtenir et tous les terrains dont le poste de Nagad sont la propriété de l’Etat. Les terrains ruraux publics peuvent être attribués en concessions avec mise en valeur en attendant une attribution définitive. Pour obtenir cette concession, l’EDD a entamé les procédures auprès de la direction des domaines et de la conservation foncière pour obtenir les terrains de façon permanente ou une concession provisoire suivant les besoins du projet.

6.2.1 Acquisition permanente du terrain pour le poste de Nagad

Le poste de Nagad sera situé à environ 5 km de l'aéroport international de Djibouti, à proximité d'une route goudronnée menant vers la frontière éthiopienne en direction du sud-ouest. La superficie du terrain disponible pour la construction est de 8 hectares (240 x 340 m), ce qui est considéré comme suffisant pour le poste de 230 kV prévu et les futures extensions.

La procédure pour obtenir les droits de concession permanente de ce terrain est en cours et l’inscription a été déposées auprès du service des Domaines en décembre 2015. Le certificat d’inscription est en annexe de cette étude.

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Le terrain du poste n’est pas occupé, seuls sont présents quelques bâtiments possédés par l’EDD en vue des premiers travaux nécessaires au poste et ses futures extensions. Les impacts sociaux et environnementaux du projet au niveau du poste de Nagad feront l’objet d’une étude complémentaire spécifique.

Figure 2- Terrain du futur poste de Nagad

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Figure 3- Ensemble du poste de Nagad

6.2.2 Acquisition permanente de terres sur l’emplacement des pylônes

La ligne devrait comprendre 547 pylônes le long du tracé avec une portée moyenne de 350 mètres entre les pylônes. Cependant le nombre de pylônes à construire pourrait changer en fonction du résultat de l'inspection détaillée du site qui sera effectuée par l'entrepreneur. L’implantation des pylônes demandera l’acquisition permanente de 1.256 m2 par pylône, correspondant à 68,74 hectares pour la totalité du tracé. Le corridor où seront installés les pylônes sont des terrains publics et qui resteront publics mais l’EDD en deviendra le concessionnaire au titre de la mise en valeur de ces terrains. L’Etat supporte particulièrement l’EDD et ses projets pour l’amélioration du réseau électrique dans le pays et l’acquisition des concessions ne posera pas problème.

6.2.3 Restrictions d’usage des terrains dans le corridor de la ligne de transmission

Le corridor retenu pour la ligne de transmission part du poste de Nagad, prend la direction sud-ouest puis longe la ligne existante de 230 kV OHL Nagad - Holhol, près de la ville de Holhol. Le tracé proposé contourne ensuite Holhol par le nord et continue près de l'ancienne voie ferrée jusqu'à Da’Asboyo, d'où la ligne part en direction de l'ouest pour trouver son chemin vers le désert du Grand Bara. En entrant dans le désert, le tracé de la ligne prend une direction sud-ouest, traverse les lignes électriques

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DJIBOUTIENNE existantes, la route nationale 5 et la route nationale 1 et continue parallèlement à la route nationale 1 jusqu'à Dikhil. La ville de Dikhil est contournée au nord et la ligne change de direction pour se diriger vers le nord-ouest, et continue parallèlement à la route nationale 1 jusqu'à Yoboki. À Yoboki, après le croisement de la route nationale 1, la ligne change de direction vers l'ouest en suivant parallèlement la route nationale 1 jusqu'à Galafi à la frontière éthiopienne.

Le corridor mesurera 40 mètres de large conformément aux distances de dégagements nécessaires pour une ligne de transmission de 230 kV ce qui correspondra à une superficie de 760 hectares4. Les restrictions d’usage dans le corridor seront les suivantes :

 Aucun logement ne devra se trouver dans la zone d’emprise.  Ne pourront être maintenus que les arbres ne dépassant pas 4 mètres de hauteur à leur maturité. .  Il sera possible de pratiquer l'agriculture et l’élevage.  Il sera possible de continuer à se rendre sur les sites d’héritage culturel, en particulier les tombes.  Les caravaniers, et transhumants pourront passer librement dans la zone.

6.2.4 Acquisition permanente de terres sur l’emplacement des pylônes

La ligne devrait comprendre 547 pylônes le long du tracé avec une portée moyenne de 350 mètres entre les pylônes. Cependant le nombre de pylônes à construire pourrait changer en fonction du résultat de l'inspection détaillée du site qui sera effectuée par l'entrepreneur. L’implantation des pylônes demandera l’acquisition permanente de 1.256 m2 par pylône, correspondant à 68,74 hectares (687.400 m2) pour la totalité du tracé. Selon les informations déclaratives données par l’EDD la totalité des terrains sur le corridor sont publics.

6.2.5 Acquisition temporaire de terres durant la phase de construction

Le constructeur aura besoin d’occuper temporairement 350m2 d'espace supplémentaire au niveau de chaque pylône pour le stockage, le stationnement, l'assemblage des pylônes et d'autres activités. Pour ce faire l’EDD doit obtenir un droit de concession provisoire sur ces terrains publics auprès des chefs de district. Les terrains ruraux publics peuvent faire l’objet d’une concession temporaire si cela permet de valoriser leur utilité. Pour obtenir cette concession, l’EDD doit déposer une demande auprès du chef de district qui remontera à la Direction des domaines, cette procédure est en cours mais non finalisée.

Cet espace supplémentaire nécessaire au constructeur représentera l’acquisition temporaire de 19,15 hectares pour la totalité du tracé. Des routes seront également nécessaires pour permettre l'accès aux

4 Dans le cadre de l’EIES, l’EDD a choisi de définir un corridor de 100 mètres de large comme zone d’étude d’occupation des sols afin de laisser une marge de manœuvre à l’entrepreneur en charge de la construction pour ajuster l'emplacement final des pylônes.

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DJIBOUTIENNE pylônes et à la ligne de transmission, principalement durant la construction. Au fur et à mesure que l’entrepreneur élaborera le projet final, les routes et les pistes seront identifiées et marquées pour éviter la conduite hors route et les perturbations inutiles du terrain. Finalement le constructeur aura besoin d'espace pour les bureaux, le stockage, les petits travaux d'entretien et l'hébergement de la main- d'œuvre, ce qui représenterait environ 2 hectares. L’emprise des terres sera étudiée pour limiter au maximum l’impact sur les usages coutumiers des terrains.

L'effectif total de travailleurs devrait osciller entre 250 et 400 personnes. Durant la phase de construction, l’entrepreneur construira des camps temporaires à des différents endroits qui seront démolis à la fin des travaux.

6.3 Justification du Cadre de Réinstallation

Le projet comprend deux situations distinctes en termes d’acquisition foncière :

 En ce qui concerne le poste de Nagad, l’EDD a reçu en 2015 un droit de concession provisoire de l’Etat pour une parcelle urbaine non bâtie de 8 hectares (240 x 340 m)5 à Nagad, à environ 5 km de l'aéroport international de Djibouti. Il s’agit d’une terre vacante appartenant à la République de Djibouti sans aucun usager identifié autre que l’EDD. Cet espace sera utilisé pour la construction et l’extension du poste de Nagad. Sa superficie est considérée comme suffisante pour le poste de 230 kV et les futures extensions. Pour le poste de Nagad, l’EDD possède donc la parcelle nécessaire sans avoir à mener de processus d’acquisition involontaire de terrains. Cette composante du projet serait financée par la Banque Africaine de Développement ne demandera donc pas l’élaboration d’un CR ni d’un PR mais devrait suivre les lignes directrices de bonnes conduites pour éviter tout impact négatif.

 En ce qui concerne la construction de la ligne, à ce stade du projet, l’EDD a défini un corridor de 100 mètres de large et 190 km de long (1.900 ha) à l’intérieur duquel auront lieu les restrictions d’usage et les acquisitions de terres. A l’intérieur de cette zone, il n’est pas possible de préciser le tracé exact du corridor de 40 mètres de large dans lequel les usages seront restreints, ni l’emplacement des acquisitions permanentes pour les pylônes ou les acquisitions temporaires pour les zones de stockage, les routes d’accès et les campements des travailleurs. Ce sera l’entrepreneur retenu pour mener la construction de la ligne qui devra élaborer le design final en précisant l’emplacement précis des pylônes et des structures temporaires, après avoir réalisé une analyse in situ des conditions. Pour cette composante du projet, il est donc nécessaire de définir un processus d’acquisition involontaire de terres en accord avec la NES 5 du Cadre Environnemental et Social de la Banque Mondiale. Cependant l’information disponible au niveau du design technique n’est pas suffisamment précise pour permettre la formulation d’un PAR. C’est pourquoi, pour cette composante du projet potentiellement financée par la Banque

5 Titre foncier numéro 20149 inscrit le 3 décembre 2015

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Mondiale, il est proposé la formulation d’un CR qui devra être complété par la formulation d’un PAR qui sera réalisé lors de la définition du design final par le constructeur.

6.4 Conditions démographiques et socio-économiques dans la zone d’influence sociale du projet

Il est présenté une information démographique et socioéconomique pour la population vivant dans la zone d’influence sociale du projet : celle-ci englobe un territoire plus vaste que le corridor de 100 mètres de largeur dans lequel seront circonscrites les restrictions d’usages et les acquisitions de terre.

Sur l’ensemble de la zone d’étude de l’emprise du projet les terrains sont propriété de l’Etat mais soumis à un usage coutumier notamment pour des enclos, des tombes et cimetières et des routes de passage de populations nomades. La majorité des terrains sont vacants, mais des utilisations ponctuelles par des populations nomades qui n’ont pas été identifiée lors de cette étude sont à prévoir.

Il est possible de donner une estimation approximative de l’occupation des sols du corridor telle que : - 80% sont des sols nus ou du désert, - 16% présentent de la végétation arbustive clairsemée pouvant être utilisés comme pâturages, - 2% sont occupés par des enclos utilisés ou abandonnés et - 2% sont occupés par des tombes ou des cimetières.

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Figure 4- Zone d’influence sociale du projet

6.4.1 Démographie

Selon les données de recensement 2017 disponibles de la DISED6, 50.250 habitants habiteraient dans une ville ou localité se trouvant dans la zone d’influence du projet. De manière plus précise, 1.000 habitants se trouvent dans la région de Arta, 21.050 habitants se trouvent dans la région d’Ali Sabieh et 28.200 habitants vivent dans la région de Dikhil. De plus, une proportion non négligeable de la population de ces trois régions resterait nomade. Il est donc probable que la population vivant de manière permanente ou temporaire dans la zone d’influence du projet soit comprise entre 60.000 et 90.000 personnes, avec entre 17% et 45% de nomades. Cependant aucune localité ne se trouve dans la zone d’emprise du projet où auront lieu les acquisitions de terres.

En ce qui concerne les aspects ethniques, on retrouve deux groupes principaux : les Somali-issas qui représentent la majorité de la population depuis Nagad jusqu’à Dikhil et les Afars qui représentent la majorité de la population à partir de Dikhil jusqu’à Galafi.

6 Direction de la Statistique et des Etudes Démographiques, annuaire 2017

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6.4.2 Profil socio-économique

En termes d’éducation, la zone montre de forts taux d’analphabétisme, ce qui devra être pris en compte dans les stratégies de mise en œuvre du processus de compensation du PAR : il sera en particulier nécessaire de proposer différents mécanismes pour que les personnes affectées analphabètes comprennent et adhèrent au processus d’acquisition et de compensation. Selon l’EDAM7 de 2017 les taux d’analphabétisme chez les personnes ayant 15 ans et plus sont de 58% dans la région d’Ali Sabieh, de 74% dans la région de Dikhil et de 70% dans la région d’Arta. De plus il persiste des inégalités de genre avec un taux d’alphabétisation bien inferieure chez les femmes que chez les hommes (43% versus 63%).

L’enquête menée par Insuco a également permis d’identifier les ménages comprenant des personnes à charge ou des personnes handicapées, qui représentent des ménages plus vulnérables à un processus de réinstallation. Ainsi, 14% des ménages enquêtés par Insuco déclarent s’occuper de personnes à charge (parents demandant une attention particulière du fait de leur âge avancé). La situation est significativement différente entre Yoboki et Holhol : alors qu’à Holhol (région d’Ali Sabieh) seuls 8% des ménages ont des personnes à charge, à Yoboki (région de Dikhil) cette situation touche 19% des ménages. 8% des ménages ont également déclaré inclure des personnes porteuses de handicap avec des chiffres similaires entre Yoboki et Holhol. Il peut s’agir de personnes avec un handicap mental ou physique mais également souffrant de maladies chroniques les handicapant dans la vie de tous les jours.

En ce qui concerne les activités économiques, la population se trouvant dans la zone d’influence du projet est une population rurale qui peut générer des revenus à travers l’agriculture, l’élevage, une activité libérale (commerce, artisanat, restauration, etc.) ou une activité salariée. L’agriculture n’est pratiquement pas présente. Elle se trouve autour de la ville de Dikhil, et en moindre mesure à Ali Sabieh, Doudoub Bololé, Mouloud, Ab Aïtou, Yoboki et Tewo ; cependant l’étude d’occupation des sols n’a pas détecté de parcelles agricoles dans la zone d’étude de l’emprise du projet. L’élevage est extensif de type pastoral, dépendant du milieu naturel, et pratiqué sur des parcours collectifs. Bovins, ovins et caprins sont élevés pour le lait, la viande et les peaux alors que les asins et les camelins assurent le transport. En ce qui concerne les activités libérales et salariées, les trois quarts des ménages ont au moins un membre travaillant comme journalier, salarié ou en profession libéral pour générer des revenus pour le reste de l’unité familiale. Les journaliers gagnent en moyenne 178.375 FJD/an, les professions libérales atteignent 275.222 FJD/an et les salariés accèdent à 734.671 FJD/an. Il faut souligner que 68% de la population active reste sans emploi, et il s’agit principalement des femmes.

Finalement la vulnérabilité des ménages est élevée : ainsi selon l’EDAM de 2017, le taux d’extrême pauvreté dans la région d’Ali Sabieh serait de 27,2% et atteindrait 52,9% dans la région de Dikhil.

7 Enquête Djiboutienne Auprès des Ménages (EDAM) 2017, DISED.

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6.4.3 Caractéristiques de l’habitat

Les conditions de logement semblent être en lien direct avec le niveau de revenu des ménages. La majorité des ménages de Holhol (et plus largement de la région d’Ali Sabieh), représentatifs de la partie est de la zone d’influence du projet ont des logements avec les murs en briques et le sol cimenté et possèdent des infrastructures sanitaires, signe d’un niveau d’investissement relativement important ; alors que les ménages de Yoboki (et plus largement de la région de Dikhil), représentatifs de la partie ouest de la zone d’influence du projet ont le plus souvent des logements avec les murs en paille et bois et le sol en terre et ne possèdent pas toujours d’infrastructure sanitaire, montrant un niveau d’investissement significativement inférieur. Dans cette région, les buuls8 représentent plus de la moitié des logements. De manière générale, une part importante de la population est nomade ou a été sédentarisée depuis peu et continuent à vivre dans des buuls ou daboytas. Dans la région d’Ali Sabieh, les buulss représentent 25,1% des logements, dans la région d’Arta ils représentent 28,5% des logements et dans la région de Dikhil, ce pourcentage s’élève à 57,5% des logements9.

6.5 Impacts potentiels – Personnes et biens affectés

La présente section présente une estimation des effets des restrictions d’usages et de l’acquisition de terres permanente et temporaires en termes de nombre de biens et de personnes affectées.

6.5.1 Impacts du projet sur les personnes, les biens et les moyens de subsistance

Tableau 1- Impacts sociaux négatifs liés à la restriction d’usage et à l’acquisition de terres Source d’impact Superficie Impacts sociaux négatifs

Acquisition Aucun impact identifié car le terrain utilisé est propriété de l’EDD permanente du terrain 8 ha et n’a aucun autre usager actuellement. pour le poste de Nagad Restrictions d’usage Déplacement potentiel de camps nomades hors de la zone. des terrains dans le 672,11 ha Dommage potentiel des enclos, des tombes ou des arbres durant corridor de la ligne de la phase de câblage de la ligne. transmission Acquisition Perte potentielle temporaire de terres de passage et de pâturage permanente de terres pendant la construction 68,74 ha sur l’emplacement des Perte potentielle permanente de biens (enclos, arbres). pylônes Déplacement potentielle de sites d’héritage culturel (tombes).

8 Il s’agit de logements démontables semi-sphériques.

9 Source : Enquête Djiboutienne Auprès des Ménages (EDAM) 2017, DISED

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Source d’impact Superficie Impacts sociaux négatifs

Acquisition temporaire Perte potentielle permanente de terres. de terres durant la 21,15 ha Perte potentielle permanente de biens (enclos, arbres). phase de construction Déplacement potentielle de sites d’héritage culturel (tombes).

La zone d’étude de l’emprise de la ligne de transmission dans laquelle se concentrera la totalité des impacts en relation avec l’acquisition et les restrictions d’usage se trouve dans la concession provisoire attribuée à l’EDD. Les impacts sociaux négatifs potentiels seront principalement liés à :

 la perte temporaire et permanente de terres.

 la perte de biens (enclos, arbres).

 la perte de moyens d’existence liés à l’élevage (si des enclos devaient être détruits).

 La perte temporaire de terrain de pâturage pendant la construction

 le déplacement de sites d’héritage culturel (tombes).

 le déplacement de camps nomades hors de la zone de restrictions d’usage.

L’étude d’occupation des sols a détecté deux daboyta d’un campement nomade dans la zone d’étude de l’emprise du projet entre AP28 et AP29. Cependant il faut rappeler qu’il s’agit de camps temporaires et que les nomades pourraient ne plus résider au même endroit durant le recensement du PAR, de même que de nouveaux campements pourraient être identifiés à ce moment. Lors de la définition du design final, l’opérateur en charge de l’élaboration du PAR travaillera avec la maitrise d’œuvre technique du projet pour essayer d’éviter que des zones utilisées fréquemment comme campement par les nomades ne se trouvent dans le corridor de la ligne.

6.5.2 Estimation des besoins en terres et du nombre de personnes affectées par le projet

6.5.2.1 Estimation des besoins en terres

Bien que l’emplacement des terrains impactés ne soit pas encore connu, il est possible à ce stade du projet d’estimer les superficies nécessaires. Les besoins en terre devraient donc être les suivants :

 68,74 hectares de terres avec une acquisition permanente et correspondant à l’emplacement des 547 pylônes qui soutiendront les câbles électriques entre Nagad et Galafi.

 21,15 hectares de terres avec une acquisition temporaire et correspondant aux espaces de stockage, d’accès et de logement des travailleurs.

Il faut rappeler que ces terres se trouveront dans la zone d’étude de l’emprise du projet dans laquelle il n’y a actuellement aucun logement fixe. Les acquisitions de terres ne mèneront donc pas à des déplacements physiques involontaires.

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6.5.2.2 Estimation du nombre de biens affectés et de PAP

L'estimation précise du nombre de personnes ou d'activités qui seront affectées est difficilement réalisable à ce stade de l’étude puisque la localisation des pylônes, des campements et des sites de stockage n’est pas encore définie de manière précise. Le nombre de PAP ne sera connu que lorsque le constructeur aura identifié l’emplacement des acquisitions et qu’une enquête de recensement sera faite.

Il est tout de même important de souligner que ce nombre devrait être fortement limité au vu du faible nombre de biens identifiés dans la zone d’étude de l’emprise du projet. L’étude d’occupation des sols de la zone d’étude (1.900 hectares) a ainsi permis de détecter 47 d’enclos, 517 tombes, quelques hectares de végétation arbustive pouvant être utilisé comme pâturages mais aucun logement fixe, aucune parcelle agricole ni plantation fruitière. Si on extrapole ces chiffres aux besoins d’acquisition de terres (87,89 ha), cela représente le déplacement potentiel de 24 tombes et la perte potentielle de 2 enclos et cela sans considérer aucune mesure d’évitement. On resterait ainsi en dessous de la trentaine de PAP pour l’ensemble du projet.

6.5.3 Catégories de personnes affectées

L’acquisition de terres pour les besoins du projet pourrait affecter négativement différentes catégories de personnes. Ce sont : les communautés, les ménages, les individus et certains groupes vulnérables.

 Communautés affectées : la construction de la ligne de transmission va induire l’acquisition de terres qui font l’objet d’une gestion partagée entre l’Etat et les autorités claniques coutumières.

 Ménage affecté : Le ménage s’entend par l’ensemble des personnes vivant sous le même toit avec le même centre de décision. Le ménage peut être impacté directement ou indirectement par le projet. Directement par le déplacement/démolition d’un enclos, d’un arbre ou d’une tombe, ou indirectement par les dommages causés à un membre de famille et qui peuvent porter préjudice à tout le ménage. C’est généralement le cas pour les personnes exerçant une activité affectée par le Projet et qui répondent aux besoins alimentaires de leur ménage grâce à l’exercice de leurs activités, qui dans le cas du présent projet serait l’élevage.

 Individu affecté : C’est une personne qui risque de perdre des biens ou un accès à des ressources naturelles ou économiques du fait de la mise en œuvre des activités du projet. Ceci pourrait être un éleveur qui perdrait un enclos ou l’accès à certains arbres servant de fourrages.

 Ménages ou personnes vulnérables : ce sont des personnes qui, du fait de leur sexe, de leur ethnie, de leur âge, des handicaps physiques ou mentaux, ou des facteurs économiques ou sociaux, peuvent se trouver affectées de manière plus importante par le processus de déplacement et de réinstallation, ou dont la capacité à réclamer ou à bénéficier de l'assistance à la réinstallation et autres avantages peut se trouver limitée.

Ces groupes vulnérables comprennent principalement :

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 Les femmes : leur vulnérabilité serait associée à des caractéristiques physiques ou à des besoins spécifiques (exemple- femmes enceintes ou allaitantes, chef de ménage ou femmes âgées vivant seules ou en couples mais physiquement très inactives,). Les besoins spécifiques de ces femmes seront considérés dans le cadre du PAR que le Projet aurait à développer

 Les personnes handicapées ou âgées : Il s’agit de personnes, qui en raison de leur condition sont dépendantes d’autres personnes ou ménages pour leur subsistance

 Les ménages vivant en-dessous du seuil de pauvreté : il s’agit de ménages avec des conditions de logement précaire et une vulnérabilité alimentaire importante c’est-à-dire vivant sous le seuil de pauvreté de la BM de 1,90 USD/jour soit 400 FDJ/jour, calculé sur la base du nombre d’équivalents adultes (ou Unité de Consommation). Leur capacité d’adaptation est fortement limitée du fait de la précarité de leur situation. C’est pourquoi toute modification de leur environnement peut avoir des conséquences dramatiques sur leurs conditions de vie.

L’enquête socio-économique réalisée pour l’élaboration du PAR déterminera de façon plus précise les catégories et le nombre exact de personnes concernées par un déplacement. Le PAR devra également détailler les dispositions à prévoir pour les personnes vulnérables qui se concentreront principalement sur un accompagnement renforcé avant, durant et après la compensation, et l’identification d'institutions susceptibles de prendre le relais à la fin des interventions du projet. L'assistance apportée peut prendre les formes suivantes, selon les besoins et demandes des personnes vulnérables concernées :

 Assistance dans la procédure d'indemnisation (par exemple procéder à des explications supplémentaires sur le processus, veiller à ce que les documents soient bien compris, accompagner la personne à la banque pour l'aider à percevoir le chèque d'indemnisation).

 Assistance au cours de la période suivant le paiement afin que l'indemnité soit sécurisée.

Assistance médicale si nécessaire à des périodes critiques, notamment durant la transition.

7 Cadre juridique et institutionnel de la réinstallation

Le contexte légal du CR a trait à la législation foncière (les textes applicables au foncier, le statut des terres), la participation du public, les mécanismes d’acquisition de terrain, de réinstallation et de compensation. Il contient également une analyse comparée de la législation nationale Djiboutienne en matière de réinstallation, de la Politique de la Banque Mondiale en l’occurrence la NES5- Acquisition de terres, restrictions à l’utilisation de terres et réinstallation involontaire et la NES10- Mobilisation des parties prenantes et information et de la Politique de la Banque Africaine de Développement en l’occurrence la SO2- Réinstallation involontaire : Acquisition de terres, déplacement et indemnisation des populations. Le cadre légal est composé des textes nationaux traitant du sujet, de la politique et des procédures qui encadrent la réinstallation involontaire et les indemnisations qui sont associées.

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DJIBOUTIENNE

7.1 Le cadre juridique national

7.1.1 Régime foncier à Djibouti

A Djibouti la loi N°171/AN/91/2e L portant fixation et organisation du domaine public classe tous les biens sur le territoire Djiboutien comme faisant partie du domaine public. Ainsi, l'article premier dispose "le domaine public est constitué de l'ensemble des biens de toutes natures, immobiliers ou mobiliers, classés ou délimités dans le domaine public, affectés ou non à l'usage public".

Le domaine de l'Etat ainsi structuré comprend deux parties : le domaine naturel et le domaine artificiel. Le domaine naturel comprend les sites naturels déterminés par la loi tandis que le domaine artificiel comprend les aménagements et ouvrages réalisés pour des raisons d'intérêt général ou d'utilité publique, ainsi que les terrains qui les supportent, déterminés par la loi ou ayant fait l'objet d'une procédure de classement.

Le domaine privé de l'Etat est organisé par la loi n°178/AN/91/2eL. Cette loi porte régime de base du domaine privé de l'Etat, dont font partie les terres vacantes et sans maître et celles acquises par l'Etat ou provenant de donations, héritages ou d'autres manières légales. Ces terres sont réparties en deux catégories : terrains urbains et terrains ruraux, et leur aliénation est soumise aux règles suivantes : les terres acquises par l'Etat déjà mises en valeur et dûment immatriculées sont soumises à la règlementation de droit commun en matière de propriété et de contrats ; les terres vacantes et sans maître, et de manière générale, toutes les terres non immatriculées ou non mises en valeur peuvent :

 avant l'immatriculation au nom de l'Etat être l'objet de permis d'occupation provisoire, s'il s'agit de terrains urbains à usage de construction, ou d'autorisation d'exploiter s'il s'agit de terrains agricoles,

 après l'immatriculation au nom de l'Etat être cédées de gré à gré ou par adjudication publique s'il s'agit de terrains urbains à usage de construction ; être concédés à titre provisoire s'il s'agit de terrains urbains à usage industriel ou agricole ou de terrains ruraux ; être affectés gratuitement à des établissements publics.

La propriété foncière quant à elle relève de la loi n°177/AN/91/2eL. Cette loi porte organisation de la propriété foncière. A cette fin elle institue un service dit de la conservation foncière, chargé d'assurer aux titulaires la garantie des rôles réels qu'ils possèdent sur ces immeubles, et ce au moyen de l'immatriculation de tous les immeubles aux livres fonciers et la publication sur les livres fonciers de tous les droits réels qui s'y rapportent. L'immatriculation est obligatoire et définitive. Sont considérés immeubles par l'objet auquel ils s'appliquent : les droits réels immobiliers et les actions qui tendent à revendiquer un immeuble.

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DJIBOUTIENNE

7.1.2 Cadre législatif et réglementaire de la République de Djibouti

Ce cadre fait référence aux lois, décrets, arrêtés qui organisent les différentes opérations à l'accès et au retrait de terre qui concernent la république de Djibouti.

7.1.2.1 Cadre législatif

Les principaux textes sont les suivants :

 Loi nº 171/AN/91/2eL portant fixation et organisation du domaine public. Cette loi abroge le décret du 29 juillet 1924 portant fixation et organisation du domaine public et des servitudes d'utilité publique à la Côte française des Somalis ainsi que ses textes d'application.

 Loi nº 172/AN/91/2e L règlementant l'expropriation pour cause d'utilité publique. Cette loi abroge le décret du 21 février 1939 réglementant l'expropriation pour cause d'utilité publique à la Côte française des Somalis.

 Loi nº 173/AN/91/2eL portant organisation du domaine privé de l'Etat. Cette loi abroge le décret du 29 juillet 1924 portant fixation et organisation du domaine public et des servitudes d'utilité publique à la Côte française des Somalis ainsi que ses textes d'application.

 Loi nº 177/AN/91/2eL portant organisation de la propriété foncière. Cette loi abroge le décret du 1er mars 1909 portant organisation de la propriété dans la Côte française des Somalis.

 Loi nº 178/AN/91/2eL fixant les modalités d'application des lois relatives au régime foncier. Cette loi abroge le décret du 1er mars 1909 portant organisation de la propriété dans la Côte française des Somalis.

7.1.2.2 Cadre réglementaire

Les textes suivants constituent le cadre réglementaire.

 Décret n°2001-0184/PR/MHUEAT portant création d’un Fonds de l’Habitat et la Gestion des Établissements Humains.

 Décret n°2002-0252/PR/MHUEAT portant retenue à la source en faveur du Fonds de l’Habitat.

 Décret n°2004-0230/PR/MHUEAT portant création d'un conseil national de l'aménagement du territoire (CNAT).

 Arrêté n°2010-0409/PR/MHUEAT portant obligation de conception des projets de construction par des bureaux d’architecture et d’études agrées.

 Arrêté n°2010-0061/PR/MHUEAT complétant l'arrêté n°2007-0645/PR/MHUEAT modifiant et complétant l'Arrêté n°73-1580/SG/CG du 31 octobre 1973 portant organisation de la procédure d'instruction et de délivrance du Permis de construire.

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DJIBOUTIENNE

 Arrêté n°2007-0645/PR/MHUEAT modifiant et complétant l'Arrêté n°73-1580/SG/CG du 31 octobre 1973 portant organisation de la procédure d'instruction et de délivrance du Permis de construire.

 Arrêté n°2006-0515/PR/MHUEAT portant obligation pour les Départements Ministériels, les Établissements Publics et les Unités de projet de recourir à l'assistance des Services Techniques de l'État lors de la réalisation de travaux d'aménagement urbain et de construction et lors des demandes d'autorisation de construire.

 Arrêté n°2000-0555/PR/MHUEAT portant création d’un Comité national de l’habitat.

7.1.3 Mécanisme légal d’atteinte à la propriété privée à Djibouti

A Djibouti la loi N°172/AN/91/2e L du 10 octobre 1991 règlement l'expropriation pour cause d'utilité publique. Cette loi stipule en son article premier que l'expropriation pour cause d'utilité publique s'opère par autorité de justice.

La procédure comporte quatre phases :

1. la déclaration d'utilité publique

2. l’arrêté de cessibilité, lequel a pour but essentiel de déterminer les propriétés à exproprier et de donner aux intéressés la possibilité de faire valoir leurs droits et de produire leurs titres

3. le prononcé de l'expropriation par autorité de justice

4. la fixation de l'indemnité d'expropriation par une commission arbitrale.

7.1.3.1 Déclaration d'utilité publique

Selon l’art. 2 de la loi n°172 "la faculté d'exercer le droit d'expropriation résulte pour la puissance publique (Etat, commune, ou pour tout établissement public et société ou particulier concessionnaire de services ou de travaux publics à qui ce droit a été expressément délégué), d'une loi, d'un décret ou d'un arrêté pris en conseil des ministres, déclarant d'utilité publique les opérations ou travaux entreprendre tels que: construction de routes, chemins de fer ou ports, travaux urbains, installation de services publics, travaux d'assainissement etc.

Une enquête administrative précède toujours l'acte portant déclaration d'utilité publique. La forme et la durée de cette enquête sont fixées par arrêté du ministre chargé des domaines, pris en conseil des ministres.

7.1.3.2 Mesures d'administration - arrêté de cessibilité

Les mesures d’administration consistent à l'identification et au levé du plan parcellaire des terrains ou édifices dont la cession est nécessaire. Ces plans de terrains et des établissements recensés sont

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DJIBOUTIENNE déposés pendant huit jours au bureau du commissaire de la République10 dans le ressort duquel se situent les terrains afin que chacun puisse en prendre connaissance. Ce plan doit indiquer pour chaque parcelle expropriée, le nom du propriétaire porté au registre foncier, s'il concerne des immeubles immatriculés ou dans le cas contraire, le nom du propriétaire notoire ou présumé. Si le propriétaire est inconnu, il en est fait mention.

A l'expiration du délai de huitaine, une commission se réunit aux bureaux du district, suivant la situation des biens en vue de formuler un avis sur les propriétés à exproprier.

Cette commission est composée d'un délégué du ministre chargé des domaines et de six membres, qui sont :

 le commissaire de la République/préfet

 un représentant du service des domaines

 un représentant du service des travaux publics, choisi autant que possible parmi ceux qui sont chargés de l'exécution des travaux

 trois contribuables de nationalité Djiboutienne, inscrits au rôle de l'impôt foncier

 le Président du Conseil Régional

7.1.3.3 Règlement des indemnités

Le règlement des indemnités dues au titre de l'expropriation comporte deux phases.

 Une phase préparatoire qui donne l'opportunité au propriétaire de fixer dans la quinzaine par mémoire et avec toutes justifications à l'appui les sommes qu'il demande à titre d'indemnité d'éviction. La même invitation est adressée aux intéressés que le propriétaire à fait connaître à l'administration (fermiers, locataires, titulaires d'usufruit, d'habitation ou d'usage) de faire valoir leur droit. Les expropriés notifient directement à l'administration expropriante leur mémoire, par exploit d'huissier ou sous pli recommandé avec avis de réception.

 une phase de réception des mémoires par l'Administration expropriante. Dès réception des mémoires l'administration expropriante est tenue de déclarer son acception ou son refus. Si elle n'accepte pas ou si les propriétaires et autres intéressés n'ont pas présenté leurs demandes dans les délais prescrits, l'administration expropriante les sites devant la commission arbitrale d'évaluation pour qu'il soit procédé au règlement des indemnités.

7.1.3.4 Fixation de l’indemnité par la Commission d'Evaluation

L'indemnité est fixée par la commission arbitrale d'évaluation siégeant au chef-lieu du district/région. La commission arbitrale est composée des membres suivants :

10 Le commissaire de la République est également le chef de district et le préfet de la région.

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 Un magistrat, président  Deux fonctionnaires  Un notaire  Et un contribuable représentant la propriété foncière.

7.1.3.5 Le paiement des indemnités

L'administration peut prendre possession moyennant versement d'une indemnité au moins égale aux propositions faites par elle et s'il y a lieu, consignation du surplus de l'indemnité telle qu'elle a été fixé par la commission : ce surplus doit lui-même être versé à l'exproprié lorsque celui-ci l'accepte et lorsque l'administration n'en conteste pas le montant.

7.1.3.6 Mécanisme de compensation/indemnisation

La règle de fixation des indemnités en République Djiboutienne prévoit que l'indemnité d'expropriation ne doit comprendre que le dommage actuel et certain causé par le fait même de l'éviction ; elle ne peut s'étendre au préjudice incertain et éventuel qui ne serait pas la conséquence directe de l'expropriation. Les indemnités sont, en principe, fixées d'après l'état et la valeur des biens, à la date de l'ordonnance du président du tribunal. Toutefois les améliorations de toute nature telles que construction, plantations diverses etc., qui auraient été faites à l'immeuble ou au fonds de commerce même antérieurement à l'ordonnance du président ne donnent à aucune indemnité si, en raison de l'époque à laquelle les améliorations ont eu lieu ou de toutes autres circonstances, il apparaît qu'elles ont été faites en vue d'obtenir une indemnité plus élevée.

7.2 Politiques de gestion des risques environnementaux et sociaux de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de Développement

7.2.1 Politique de gestion des risques environnementaux et sociaux de la Banque Mondiale

Le cadre environnemental et sociale de la Banque Mondiale comprend notamment la Politique environnementale et sociale relative au financement de projets d’investissement et les Normes environnementales et sociales. La Politique environnementale et sociale relative au financement de projets d’investissement énonce les exigences auxquelles la Banque doit satisfaire lorsqu’elle appuie des projets au moyen d’un Financement de projets d’investissement (FPI).

Les Normes environnementales et sociales (NES) énoncent les obligations des Emprunteurs et matière d’identification et d’évaluation des risques et effets environnementaux et sociaux des projets appuyés par la Banque au moyen du FPI.

Servant de point de référence à tout projet de réinstallation, la NES n°5 définit clairement les objectifs :

 Éviter la réinstallation forcée ou, lorsqu’elle est inévitable, la minimiser en envisageant des solutions de rechange lors de la conception du projet.

52 CADRE DE REINSTALLATION DU DEUXIEME PROJET DU SYSTEME D’ALIMENTATION ELECTRIQUE E ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI - PARTIE

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 Éviter l’expulsion forcée.

 Atténuer les effets sociaux et économiques néfastes de l’acquisition de terres ou des restrictions à l’utilisation qui en est faite, grâce aux mesures ci-après : a) assurer une indemnisation rapide au coût de remplacement des personnes spoliées de leurs biens et b) aider les personnes déplacées à améliorer, ou au moins rétablir en termes réels, leurs moyens de subsistance et leur niveau de vie d’avant leur déplacement ou celui d’avant le démarrage de la mise en œuvre du projet, l’option la plus avantageuse étant à retenir.

 Améliorer les conditions de vie des personnes pauvres ou vulnérables qui sont déplacées physiquement en leur garantissant un logement adéquat, l’accès aux services et aux équipements, et le maintien dans les lieux.

 Concevoir et mettre en œuvre les activités de la réinstallation forcée comme un programme de développement durable, en fournissant suffisamment de ressources d’investissement pour permettre aux personnes déplacées de tirer directement parti du projet, selon la nature de celui- ci.

 Veiller à ce que l’information soit bien disséminée, que de réelles consultations aient lieu, et que les personnes touchées participent de manière éclairée à la planification et la mise en œuvre des activités de réinstallation ».

Il est précisé que :

 Le « coût de remplacement » est défini comme une méthode d’évaluation qui établit une indemnisation suffisante pour remplacer les actifs, plus les coûts de transaction nécessaires associés au remplacement desdits actifs. (NES n°5 - point objectifs) ;

 La « sécurité de jouissance » signifie que les personnes ou les communautés déplacées sont réinstallées sur un site qu’elles peuvent occuper en toute légalité, d’où elles ne peuvent être expulsées et où les droits fonciers qui leur sont attribués sont adaptés à leurs us et coutumes. Les personnes réinstallées ne peuvent en aucun cas se voir attribuer des droits de jouissance inférieurs à ce dont elles bénéficiaient sur les terres ou les actifs dont elles ont été déplacées. (NES n°5 - point objectifs).

Pour atteindre ces objectifs, la NES n°5 apporte de nombreuses précisions, au premier rang desquelles, la nécessaire distinction, parmi les personnes affectées, entre les déplacés physiques et les déplacés économiques.:

A propos des déplacés physiques :

 « Dans le cas de déplacements physiques, l’Emprunteur élaborera un plan couvrant au minimum les dispositions applicables de la présente Norme, quel que soit le nombre de personnes touchées » (NES n°5, para 26) ;

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 « Dans le cas de déplacements physiques […], l’Emprunteur offrira aux personnes concernées le choix entre un bien de remplacement d’une valeur égale ou supérieure, avec sécurité de jouissance, des caractéristiques équivalentes ou meilleures, et des avantages en matière d’emplacement ou une indemnisation financière au coût de remplacement. Une indemnisation en nature devrait être envisagée en lieu et place d’un versement d’espèces » (NES n°5, para 28).

A propos des déplacés économiques :

 « Dans le cas de projets ayant un impact sur les moyens de subsistance ou la création de revenus, l’Emprunteur mettra au point un plan contenant des mesures pour aider les personnes touchées à améliorer, ou tout au moins rétablir leurs revenus ou moyens de subsistance » (NES n°5, para 33) ;

 « Les déplacés économiques pourront améliorer ou, au moins, rétablir leur capacité à générer un revenu, leurs niveaux de production et leurs niveaux de vie grâce aux dispositions suivantes : […] les personnes qui vivent de la terre [notamment] se verront octroyer des terres de remplacement, dont la combinaison du potentiel productif, de l’emplacement avantageux et d’autres caractéristiques est, dans la mesure du possible, au moins équivalente à celle des terres perdues […] » (NES n°5, para 35).

Surtout, la NES n°5 exige les obligations suivantes :

 « Lorsque l’acquisition des terres ou les restrictions à leur utilisation (qu’elles soient temporaires ou permanentes) ne peuvent être évitées, l’Emprunteur offrira aux personnes touchées une indemnisation au coût de remplacement, ainsi que d’autres aides nécessaires pour leur permettre d’améliorer ou, au moins, de rétablir leurs niveaux de vie ou moyens de subsistance, sous réserve des dispositions des paragraphes 26 à 36 de la présente NES15 ». (NES n°5, para 12) ;

 « L’Emprunteur consultera les communautés touchées par le projet, y compris les communautés d’accueil, au moyen du processus de mobilisation des parties prenantes décrit dans la NES n°10. Les processus de décisions concernant la réinstallation et le rétablissement des moyens de subsistance incluront des options et des solutions de substitution que les personnes touchées pourront choisir. » (NES n°5, para 17) ;

 « L’Emprunteur veillera à ce qu’un mécanisme d’examen des plaintes soit en place le plus tôt possible pendant la phase de préparation du projet, conformément aux dispositions de la NES n°10, pour gérer en temps opportun les préoccupations particulières soulevées par les personnes déplacées (ou d’autres) en lien avec les indemnisations, la réinstallation ou le rétablissement des moyens de subsistance ». (NES n°5, para 19) ;

 « Lorsque l’acquisition des terres ou les restrictions à l’utilisation qui en est faite ne peuvent être évitées, l’Emprunteur procédera, dans le cadre de l’évaluation environnementale et sociale, à un recensement pour identifier les personnes qui seront touchées par le projet, faire l’inventaire des

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DJIBOUTIENNE

terres et des biens concernés, identifier les personnes admises à bénéficier d’une indemnisation et d’une aide […] L’évaluation sociale traitera également des revendications des communautés ou des groupes qui, pour des raisons légitimes, peuvent être absents de la zone du projet pendant la période du recensement, comme les exploitants de ressources saisonnières. Dans le contexte du recensement, l’Emprunteur fixera une date limite d’admissibilité. L’information concernant cette date butoir sera suffisamment détaillée et diffusée dans toute la zone du projet à des intervalles réguliers, sur des supports écrits et (le cas échéant) non écrits et dans les langues parlées par les populations concernées. Il s’agira notamment d’afficher des mises en garde en vertu desquelles les personnes qui s’installeront dans la zone du projet après la date butoir seront susceptibles d’en être expulsées ». (NES n°5, para 20) ;

 L’Emprunteur prendra « Des dispositions pour le suivi des déplacements et des activités de réinstallation par l’organisme d’exécution, complétées par des contrôles indépendants jugés opportuns par la Banque, pour garantir une information complète et objective ; des indicateurs de suivi de la performance pour mesurer les apports, les prestations et les résultats associés aux activités de réinstallation ; la participation des personnes déplacées au processus de suivi ; l’évaluation des résultats dans un délai raisonnable après la fin de toutes les activités de réinstallation ; en utilisant les résultats du suivi des activités de réinstallation pour orienter la mise en œuvre ultérieure du projet » (NES n°5, Annexe 1, para 15).

7.2.2 Politique de sauvegarde de la Banque Africaine de Développement

La Banque Africaine de Développement compte avec une politique spécifique pour encadrer les processus de réinstallation involontaire. Il s’agit de la Sauvegarde opérationnelle 2 intitulée « SO2- Réinstallation involontaire : acquisition des terres, déplacements de populations et indemnisation ».

Cette sauvegarde opérationnelle vise à garantir que les personnes qui doivent être déplacées soient traitées de façon juste et équitable, et d’une manière socialement et culturellement acceptable, qu’elles reçoivent une indemnisation et une aide à la réinstallation de sorte que leur niveau de vie, leur capacité à générer un revenu, leurs niveaux de production et l’ensemble de leurs moyens de subsistance soient améliorés, et qu’elles puissent bénéficier des avantages du projet qui induit leur réinstallation.

Les objectifs spécifiques sont :

 Éviter la réinstallation involontaire autant que possible, ou minimiser ses impacts lorsque la réinstallation involontaire est inévitable, après que toutes les conceptions alternatives du projet ont été envisagées

 Assurer que les personnes déplacées sont véritablement consultées et ont la possibilité de participer à la planification et à la mise en œuvre des programmes de réinstallation

 Assurer que les personnes déplacées bénéficient d’une assistance substantielle de réinstallation sous le projet, de sorte que leur niveau de vie, leur capacité à générer des revenus, leurs

55 CADRE DE REINSTALLATION DU DEUXIEME PROJET DU SYSTEME D’ALIMENTATION ELECTRIQUE E ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI - PARTIE

DJIBOUTIENNE

capacités de production, et l’ensemble de leurs moyens de subsistance soient améliorés au-delà de ce qu’ils étaient avant le projet.

La SO 2 couvre toutes les composantes d’un projet, y compris les activités résultant de la réinstallation involontaire qui sont directement et significativement liées à un projet appuyé par la Banque et nécessaires pour la réalisation de ses objectifs – qu’il s’agisse d’une réinstallation menée par le gouvernement ou par un promoteur privé ou par les deux, et réalisées ou prévues pour être réalisées simultanément avec le projet. Elle vise à clarifier toutes les questions liées aux acquisitions foncières, les questions liées au déplacement physique et économique et s’assurer qu’un processus de consultation ouverte, inclusive et efficace avec les communautés locales a été mené tout au long de la préparation et la mise en œuvre des activités de réinstallation. Le processus de consultation comprend les éléments suivants :

 Avis approprié à toutes les personnes susceptibles d’être touchées, informant que la réinstallation est envisagée et qu’il y aura des assemblées publiques sur les plans et les alternatives proposés ;

 Diffusion efficace à l’avance, par les autorités, de l’information pertinente, notamment les registres fonciers et les plans complets de réinstallation proposés abordant spécifiquement les efforts visant à protéger les groupes vulnérables ;

 Délai raisonnable pour l’examen public du plan proposé, les commentaires ou les oppositions à toute option s’y rapportant ; et

 Tenue d’audiences publiques qui donnent aux personnes affectées ou à leurs représentants légalement désignés l’occasion de contester la conception et le processus d’éviction, ou qui permettent de présenter et discuter des propositions alternatives et d’articuler leurs perceptions et priorités de développement. La participation communautaire permet de s’assurer que les mesures d’indemnisation, les programmes de développement et les prestations de services reflètent les besoins et les priorités des personnes affectées et leurs communautés.

La Banque considère le large soutien de la communauté comme un principe fondamental qui démontre que les parties prenantes au projet assurent la transparence, le respect des droits des personnes déplacées et l’inclusivité dans la prise de décision et la conduite des activités de réinstallation.

7.3 Conformités et divergences entre la législation nationale et les politiques de la BM et de la BAD

Le tableau suivant présente une comparaison entre la législation nationale en matière de réinstallation et les politiques de sauvegarde sociale de la Banque Mondial et de la Banque Africaine de Développement.

56 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Tableau 2- Comparaison entre la législation Djiboutienne et les politiques de sauvegarde sociale de la BM et la BAD Thème Cadre juridique national du Djibouti Cadre de la BM et la BAD Conclusions

Eligibilité à Le propriétaire ainsi que les autres intéressés Trois types de personnes touchées : celles qui ont des droits légaux Discordance entre les normes internationales et une devront formuler les sommes qu'il demande dans un formels, celles qui ont des revendications sur ces terres qui sont ou la législation Djiboutienne car le cadre national compensation délai de quinze jours à l'administration expropriante. pourraient être reconnus et celles qui occupent ou utilisent les ne prend pas clairement en compte les droits (Loi N°172/AN/91/2e L du 10 octobre 1991, article terres sans avoir ni droit ni revendications sur celles-ci mais qui, par d’usage informels. 24) eux-mêmes ou via d’autres témoins, peuvent prouver qu’ils Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale occupent le site (NES5 et SO2) et la SO2 de la banque Africaine de Développement seront appliquées parce qu’elles sont plus explicites que la législation nationale.

Réalisation Le cadre national ne prévoit pas l’élaboration d’un Un PAR d’envergure proportionnelle aux impacts doit être élaboré Discordance car le cadre national ne prévoit des PAR PAR. lorsque des impacts de réinstallation sont identifiés dans un projet pas de PAR. financé en partie ou dans sa totalité par la Banque. (NES5 et SO2) Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale et la SO2 de la banque Africaine de Développement seront appliquées

Date limite Après le recensement des biens affectés, les L’Emprunteur doit fixer une date limite d’éligibilité à la fin du Concordance partielle entre les deux cadres d’éligibilité intéressés disposent de huit jours pour formuler des recensement des PAP afin d’identifier les personnes éligibles et de normatifs. Les normes internationales sont plus réclamations. Passé ce délai, aucune réclamation ne décourager l’arrivée massive de personnes inéligibles. Les explicites. sera acceptée (Loi N°172/AN/91/2e L du 10 octobre populations s’installant après la date butoir seront exclues du droit à Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale 1991, article 4). La loi n’explicite pas le processus compensation. Cette date doit être diffusée largement dans la zone et la SO2 de la banque Africaine de d’admission et d’exclusion de nouveaux arrivants. d’influence du projet. Développement seront appliquées

57 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Thème Cadre juridique national du Djibouti Cadre de la BM et la BAD Conclusions

Occupants La notion d'occupants irréguliers ne figure pas dans Les personnes occupant irrégulièrement une terre reçoivent une Discordance car les occupants irréguliers ne irréguliers la législation Djiboutienne. assistance à la réinstallation en lieu et place de l’indemnisation pour sont pas formellement reconnus par la la terre afin d’améliorer leur niveau de vie antérieur. Les occupants législation nationale. irréguliers déplacés physiquement doivent bénéficier d’une aide Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale telle que des indemnités de déplacement durant la réinstallation et la SO2 de la banque Africaine de Développement seront appliquées

Compensation La compensation se fait en espèce Les indemnités La NES5 et la SO2 autorisent un paiement en espèces d’une Discordance car la législation Djiboutienne en espèces - sont fixées selon l'état et la valeur des biens, à la compensation pour perte de biens. Les compensations en espèces réalise une dépréciation du bien selon son état Valeur date de l'ordonnance du Président du Tribunal. (Loi doivent être suffisantes pour financer le remplacement des actifs Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale N°172/AN/91/2e L du 10 octobre 1991, Chapitre 3). perdus au coût intégral de remplacement sur les marchés locaux. et la SO2 de la banque Africaine de Développement seront appliquées

Compensation La législation nationale ne prévoit la compensation La NES5 et la SO2 demandent de minimiser les compensations en Discordance entre les normes internationales et en nature – en nature. espèces et de privilégier les compensations en nature, en particulier la législation Djiboutienne Critères de pour des pertes de logements et des pertes de terres lorsque les Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale qualité moyens d’existence des personnes affectées sont tirés de la terre. et la SO2 de la banque Africaine de Développement seront appliquées

Compensation Les indemnités sont en principe fixée d'après l'état et La NES n°5 requiert la prise en compte du coût de remplacement Discordance car la législation Djiboutienne - Infrastructure la valeur des biens, à la date de l'ordonnance du réalise une dépréciation du bien selon son état

Président du Tribunal. Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale et la SO2 de la banque Africaine de Développement seront appliquées

Alternatives de La procédure nationale ne prévoit pas d'alternative S’il n’y a pas suffisamment de terres disponibles à un coût Discordance sur les alternatives autour de compensation de compensation en nature ou sous forme de travail. raisonnable, il faut proposer des options non foncières fondées sur perspectives d’emploi, de travail indépendant. des perspectives d’emploi, ou de travail indépendant qui Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale s’ajouteront à une indemnisation en espèces pour la terre et les et la SO2 de la banque Africaine de autres moyens de production perdus. Développement seront appliquées

58 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Thème Cadre juridique national du Djibouti Cadre de la BM et la BAD Conclusions

Evaluation des La législation nationale ne précise pas les conditions La NES5 requiert la prise en compte du coût de remplacement sur Discordance entre les normes internationales et terres d'acquisition des terres dans le contexte la base des prix du marché par m2 la législation Djiboutienne d'expropriation pour cause d'utilité publique. Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale et la SO2 de la banque Africaine de Développement seront appliquées

Evaluation des Les indemnités sont en principe fixée d'après l'état et La NES5 requiert la prise en compte du coût de remplacement à Discordance car la législation Djiboutienne structures la valeur des biens, à la date de l'ordonnance du neuf sur la base des prix du marché par m2 réalise une dépréciation du bien selon son état. Président du Tribunal. Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale et la SO2 de la banque Africaine de Développement seront appliquées

Participation La procédure nationale indique qu’une enquête doit La BM a développé la NES10 pour encadrer le processus de Discordance car les normes internationales être menée pour déterminer les ayants-droits à la « mobilisation des parties prenantes ». Les populations déplacées exigent que les PAP soient consultées suite de la déclaration d’utilité publique. Les doivent être consultées et avoir la possibilité de participer à tout le Conclusion : La NES10 de la Banque intéressés sont informés par publicité, par affichage processus de réinstallation, selon la SO2 et la NES10. Mondiale sera appliquée ou publication dans la presse

Groupes La procédure nationale ne reconnait pas les groupes Une attention particulière doit être accordée aux groupes Discordance entre les normes internationales et vulnérables vulnérables et ne prévoit aucune disposition pour vulnérables, notamment les personnes vivant en deçà du seuil de la législation Djiboutienne eux. pauvreté, les travailleurs sans terre, les femmes, les enfants, les Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale populations autochtones et les minorités ethniques. et la SO2 de la banque Africaine de Développement seront appliquées

Litiges La procédure nationale prévoit de favoriser l’accord à L’emprunteur doit mettre en place un mécanisme de gestion des Concordance entre les normes internationales l’amiable. En cas de désaccord, les deux parties litiges accessible aux PAP, approuvé par toutes les parties et la législation Djiboutienne. Mais les normes saisissent la commission d'évaluation et si la prenantes et qui évite bien souvent le recours légal. Ce mécanisme internationales sont plus explicites. commission n’arrive pas à un accord, les parties permet une gestion rapide et efficace des conflits. En cas d’échec Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale saisissent le Tribunal civil. du règlement amiable, le plaignant peut saisir la justice et la SO2 de la banque Africaine de Développement seront appliquées

59 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Thème Cadre juridique national du Djibouti Cadre de la BM et la BAD Conclusions

Suivi et Non mentionné dans la législation nationale L’emprunteur est responsable de la mise en œuvre, du suivi et de Discordance entre les normes internationales et évaluation l’évaluation des activités énoncées dans le PAR et tient la Banque la législation Djiboutienne informée des progrès accomplis Conclusion : La NES5 de la Banque Mondiale et la SO2 de la banque Africaine de Développement seront appliquées

60 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Sur nombre de points, il y a une convergence entre la législation Djiboutienne et les politiques de sauvegarde sociale de la BM et de la BAD, en particulier en ce qui concerne les personnes éligibles à une compensation, la date limite d'éligibilité ou la gestion des litiges. Cependant les points suivants ne concordent pas ou ne sont pas pris en compte dans la législation Djiboutienne :

 La législation Djiboutienne propose une dépréciation de la valeur des biens affectées en fonction de leur état ce qui ne concorde pas avec les principes internationaux de compensation au prix de remplacement à neuf.

 Les alternatives à la compensation en espèce ne sont pas prévues dans le droit Djiboutien.

 Les occupants irréguliers ne sont pas pris en charge par le droit national.

 Les groupes vulnérables ne sont pas identifiés dans la législation Djiboutienne.

 La participation est plus large et plus inclusive dans les normes internationales.

 Les procédures de suivi et d'évaluation ne sont pas incluses dans la législation Djiboutienne.

Il apparaît que ces points non pris en compte dans la législation nationale ne sont pas en contradiction avec les politiques de sauvegarde internationale : ils relèvent plutôt d’une insuffisance dans la législation nationale. Par conséquent rien n'empêche l’application des directives de la NES5 et de la NES10 par les pouvoirs publics Djiboutien au nom du principe de compatibilité. Pour ce qui est de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de Développement, là où il y a une divergence entre le cadre environnemental et social de la BM et la législation Djiboutienne, c'est le cadre environnemental et social de la BM qui aura prévalence et ses principes qui seront appliqués.

7.4 Cadre institutionnel de la réinstallation

7.4.1 Acteurs institutionnels

Différentes institutions interviennent dans les activités domaniales et foncières à Djibouti. Elles sont principalement actives dans l’agglomération de Djibouti qui compte l’essentiel de la population du pays (environ les deux tiers) et concentrent la majorité des enjeux fonciers. Elles sont également actives mais dans une très moindre mesure, à la périphérie de Djibouti, et un peu dans les autres chefs-lieux de régions.

Dans le cadre du présent rapport, ne sont présentés que les acteurs institutionnels intervenant dans les zones rurales hors de Djibouti-Ville qui représentent la situation de la zone d’emprise du projet.

7.4.1.1 La Direction du Domaine et de la Conservation foncière au sein du Ministère de l’Économie et des Finances

Le Ministère de l’Économie et des Finances est chargé de l'instruction de l'acte déclaratif d'utilité publique. En outre, le ministère veille à l’application et à la vulgarisation de la législation foncière et immobilière ; à la mise en œuvre de la politique de l’État en matière d’affectation et de distribution des

61 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

terres ; au notariat en matière foncière et cadastrale par la régularisation des différents titres qui lui sont soumis.

Les opérations domaniales et foncières sont plus spécifiquement de la compétence de la Direction du Domaine et de la Conservation foncière et de ses services déconcentrés, qui sont chargés « d’assurer la gestion du domaine privé et public de l’État et d’apurer la situation juridique de ce patrimoine, d’encaisser les fruits du domaine de l’État et d’assurer la conservation foncière et la conservation des hypothèques maritimes ».

7.4.1.2 Les Régions d’Arta, Ali Sabieh et Dikhil

Le pays est divisé en six circonscriptions administratives, les districts (autrefois les cercles), ayant pour chef-lieu : Djibouti, Arta, Ali-Sabieh, Dikhil, et Tadjourah. Chaque district est placé sous l’autorité d’un commissaire de la République, chef de district, dépendant du ministère de l’Intérieur, et nommé par le président de la République. Les districts sont divisés en postes administratifs dirigées par des chefs de poste11.

Tableau 3- Population de la zone d’influence du projet Région Localité Population Ethnie majoritaire

Arta Chabellei 1.000 Somali

Ali Sabieh Ali Sabieh (préfecture) 14.000 Somali

Holhol (sous-préfecture) 4.000 Somali

Da’Asboyo 1.750 Somali

Goubetto 700 Somali

Doudoub Bololé 600 Somali

Dikhil Dikhil (préfecture) 12.000 Somali

Yoboki (sous-préfecture) 7.000 Afar

Mouloud (sous-préfecture) 6.000 Somali

Galafi 1.800 Afar

Dagguirou 500 Afar

Tewo 400 Afar

Ab Aïtou 250 Afar

11 Le district de Djibouti est doté d’un statut particulier qui n’est pas décrit dans le présent document car ne faisant pas partie des parties prenantes du projet.

62 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Gour’Obbous 250 Afar

TOTAL 50.250

Source : Conseils régionaux de Arta, de Dikhil et de Ali Sabieh et mindat.org

Le commissaire de la République représente dans son district tous les ministères ; il assure l’ordre public, la salubrité publique et l’hygiène. Il cumule en même temps les fonctions de maire de l’agglomération, chef-lieu de district. À ce titre il délivre les permis de construire et assure la mise en application du décret d’utilité publique. Dans le cadre d’un processus d’expropriation pour cause d’utilité publique, il garde également les plans de terrains et des établissements recensés afin que chacun puisse en prendre connaissance et participe à la commission responsable de formuler un avis sur les propriétés à exproprier.

Dans le cadre du processus de déconcentration initié en 2002, les districts ont été dotés d’un statut hybride de collectivité territoriale en tant que région. Les représentants de l'Etat auprès des collectivités territoriales ont alors changé de dénomination en maintenant leurs compétences : le chef de district est appelé préfet de la région et le chef de poste est appelé sous-préfet12. Ce sont ces dernières dénominations qui seront utilisées dans le reste du présent document.

Chaque région a actuellement un conseil délégué, un budget d’investissement propre, et le transfert d’une série de compétences jusque-là gérées par l’État (voirie, ordures, assainissement et hygiène, parcs et jardins, justice coutumière, aménagement urbain, etc.). Cependant les compétences sur le foncier relèvent toujours de l’État, les régions devant être « associées à la mise en œuvre des compétences de l’État » et « donner leur avis toutes les fois que cet avis est requis par les lois et règlements ou qu’il est demandé par le représentant de l’État13 ».

7.4.1.3 Le Ministère Délégué au Logement (MdL)

Il identifie et réalise l'ensemble des actions concourant à mettre en œuvre la politique générale en matière de sécurité foncière, d’accès au logement, de mise en place de mesures de financement de l’habitat, de valorisation des matériaux locaux, de rénovation urbaine des anciens quartiers et de résorption de l’habitat indigne. Sachant qu’il n’est pas prévu que le présent projet mène à des déplacements physiques, ce ministère ne devrait pas être impliqué dans le processus de compensation et réinstallation.

7.4.1.4 Les ministères en charge du déplacement des tombes

Au niveau national, le déplacement d’un corps ou des ossements d’une dépouille d’une tombe, seule ou située dans un cimetière, lors de la mise en œuvre d’un PAR obéit à une procédure bien établie qui est

12 Décret n°2007-0100/PR/MID relatif aux Pouvoirs des Préfets

13 Loi du 2 juillet 2002 portant sur la décentralisation et le statut des régions

63 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

déclenchée par la Direction des affaires religieuses du Ministère des Affaires Religieuses, des biens Waqfs et de la Culture après avoir été saisi par demande écrite de la partie en charge du projet, dans le cas de ce projet : le bureau des projets d’interconnexions électriques de l’EDD.

Suite à cette saisie, les agents du service des affaires religieuses se rendent sur les lieux de la tombe en question accompagnés par les membres de la famille de la dépouille qui sera déplacée dans un autre cimetière ou lieu sélectionné en lien avec la famille et validé par les autorités religieuses du ministère, avec application et respect des préceptes du rite funéraire musulman.

Par ailleurs, les membres de la famille perçoivent une indemnité de la part de l’unité de gestion de projet qui exécute le PAR.

7.4.2 Évaluation des capacités en matière de réinstallation des acteurs institutionnels

Les structures chargées des opérations de réinstallation à Djibouti ont souvent eu à conduire ou à participer à des opérations de recasement donnant lieu à une indemnisation des personnes affectées. C’est le cas de l’EDD et du service des Domaines, lors notamment de la construction de la première ligne de transmission entre l’Ethiopie et Djibouti. Ces institutions ont une expérience en matière de réinstallation et sont familières des principes et procédures d’expropriation. Toutefois cette expérience semble limitée à l'application de la législation nationale.

Concernant les services techniques (agriculture, urbanisme, hydraulique, etc.), leurs expériences portent beaucoup plus sur l’évaluation des biens affectées dans leur secteur respectif, selon les barèmes nationaux.

Les opérations de réinstallation sont ensuite mises en œuvre par les services en charge de l'Urbanisme (Ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Environnement, Direction de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat) puis du Cadastre et des Domaines (Ministère de l’Économie et des Finances). Ces services ont une expérience certaine en matière de réinstallation et sont familiers des principes et procédures de la NES5 dans le cadre des projets déjà financés par la Banque Mondiale en République de Djibouti (y compris à l’extérieur de Djibouti-ville).

S’agissant des autorités locales, les régions concernées (Dikhil, Ali Sabieh et Arta) n’ont pas de compétence en matière de réinstallation. Toutefois, ces entités jouent un rôle important dans la sensibilisation et l’information et la gestion des conflits. Dans ce contexte, il est nécessaire que le projet développe un programme de renforcement des capacités avec le recrutement d’une maitrise d’œuvre sociale pour permettre aux acteurs impliqués de bien maîtriser les enjeux de la réinstallation et les procédures de la NES5 de la Banque mondiale pour optimiser leur intervention.

64 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

8 Principes et critères de réinstallation

8.1 Principes et objectifs régissant le processus de réinstallation

8.1.1 Objectifs de la politique en matière de réinstallation

Les objectifs poursuivis par la politique de réinstallation sont les suivants :

 L’acquisition des terres et la réinstallation involontaire seront évitées autant que possible, ou minimisées en explorant toutes les alternatives viables possibles.

 Lorsque l’acquisition des terres et la réinstallation involontaires sont inévitables, les activités de réinstallation et de compensation seront planifiées et exécutés en tant que programmes durables, en offrant des ressources d’investissement suffisantes aux personnes déplacées par le projet pour qu’elles puissent partager les bénéfices.

 Les personnes déplacées et compensées seront dûment consultées et auront l’occasion de participer à la planification et à l’exécution des programmes de réinstallation et de compensation.

 Les personnes déplacées et compensées recevront une aide dans leurs efforts d’amélioration de leurs moyens d’existence et de leur niveau de vie ou tout au moins de les ramener, en termes réels, au niveau d’avant le déplacement ou au niveau qui prévalait au début de l’exécution du projet, en prenant le niveau le plus élevé.

Ici, conformément au Cadre Environnemental et Social de la Banque Mondiale, les personnes affectées sont celles qui sont directement socialement et économiquement affectées par les projets d’investissements assistés par la Banque Mondiale et par la Banque Africaine de Développement et en particulier la saisie de terres et autres biens qui aboutit à :

 La perte de biens ou d’accès à des biens

 La perte de moyens d’existence, même si les personnes affectées ne doivent pas déménager

 La restriction involontaire ou la suppression de l’accès à des terres qui ont des impacts adverses sur les moyens d’existence des personnes déplacées.

8.1.2 Fondement du cadre en matière de réinstallation

La politique de la réinstallation s’applique à toutes les composantes situées dans le cadre du projet, qu’elles soient ou non directement financées, en totalité ou en partie, par la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement.

La politique s’applique à toutes les personnes affectées, quel qu’en soit le nombre, la gravité de l’impact et si elles ont ou non un titre légal à la terre. Une attention particulière sera portée aux besoins des personnes vulnérables parmi ces groupes déplacés et en particulier celles qui sont en dessous du seuil de pauvreté, les personnes âgées, les femmes, les enfants et les minorités ethniques ou autres

65 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

personnes affectées qui pourraient ne pas être protégées dans le cadre de la législation nationale sur la compensation pour la terre.

La politique exige aussi que l’exécution des plans de réinstallation et de compensation soit une condition préalable à l’exécution des activités qui sont la cause de la réinstallation, par exemple l’acquisition des terres, pour assurer que le déplacement ou la restriction à l’accès n’aient pas lieu avant que les mesures nécessaires à la réinstallation et à la compensation soient en place.

Le CR et le PR veilleront à ce que les communautés affectées soient consciencieusement consultées, participent au processus de planification et reçoivent une compensation adéquate afin que leurs revenus d’avant le déplacement soient restaurés et que tout ce processus soit juste et transparent.

Finalement, l’étude d’occupation des sols n’a pas détecté de logements fixes dans la zone d’emprise du projet : le processus de restriction d’usages et d’acquisition de terres ne devrait donc pas conduire à des déplacements physiques. Cependant si l’inventaire du PAR identifiait des logements devant être déplacés, il serait exigé que les mesures nécessaires à la réinstallation et à la compensation incluent l’offre d’une compensation et autre assistance nécessaire pour le relogement avant le déplacement, et la préparation et l’offre de sites de réinstallation avec des installations adéquates si besoin. En particulier la saisie d’une terre et de biens afférents ou l’empêchement d’accéder ne se feront qu’après que la compensation ait été payée et, le cas échéant, que les sites de réinstallation, les nouveaux logements, l’infrastructure, les services publics et les allocations de déménagement aient été fournis aux personnes déplacées. De plus, lorsqu’il y a relogement ou perte d’abri, la politique exige que les mesures visant à aider les personnes déplacées soient exécutées conformément au plan d’action de réinstallation et de compensation. Il importe tout particulièrement de neutraliser, dans la mesure du possible, toutes les pressions socioéconomiques dans les communautés qui seraient probablement exacerbées par la réinstallation involontaire, en encourageant les personnes affectées par les activités du projet d’y participer. C’est pourquoi les communautés affectées devront être consultées et être intégrées au processus de planification.

8.2 Critères d’éligibilité des personnes affectées

8.2.1 Eligibilité à la compensation

Dans le cadre de ce projet, les PAP seront exclusivement des personnes déplacées économiquement. Aussi, sont éligibles à la compensation, toutes les personnes physiques ou morales qui sont installées sur les sites devant faire l’objet de déplacement et dont les biens seront partiellement ou totalement affectés par les travaux et qui auraient été recensées lors de l’enquête socio-économique. Les trois catégories suivantes sont éligibles aux bénéfices de la politique de réinstallation du Projet :

1. Les détenteurs d'un droit formel sur les terres (y compris les droits coutumiers et traditionnels reconnus)

66 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

2. Les personnes qui n'ont pas de droit formel sur les terres au moment où le recensement commence, mais qui ont des revendications qui sont reconnues par la loi Djiboutienne, ou qui sont susceptibles d’être reconnues

3. Les personnes qui n'ont ni droit formel ni titres susceptibles d'être reconnus sur les terres qu'elles occupent.

Les personnes relevant des points 1 et 2 reçoivent une compensation pour les terres et autres biens qu'elles perdent. Les personnes du point 3 reçoivent une aide à la réinstallation en lieu et place de la compensation pour les terres qu'elles occupent, une compensation pour perte d’autres biens que les terrains et toute autre aide permettant d'atteindre les objectifs énoncés dans le présent CR, à la condition qu'elles aient occupé les terres dans la zone du projet avant la date limite d’éligibilité définie dans la section suivante du CR.

Tableau 4- Matrice de compensation Impact Eligibilité Droit à compensation

Perte de terrains Communautés locales selon les droits Compensation au niveau communautaire

non cultivés coutumiers et traditionnels reconnus et Demande des populations locales d’une ayant-droits légaux baisse du cout du kwh et d’emploi des jeunes sur la construction

Perte d’arbres Communautés locales selon les droits Compensation au niveau communautaire ligneux spontanés coutumiers et traditionnels reconnus

Perte d’enclos Être reconnu par le voisinage et les Remplacement de l’enclos en nature OU autorités comme propriétaire d’un enclos Compensation à la valeur intégrale de fonctionnel14 remplacement

Perte de points Communautés locales selon les droits Remplacement du point d’eau en nature OU d’accès à l’eau coutumiers et traditionnels reconnus Compensation à la valeur intégrale de remplacement

Déplacement de Être reconnu par le voisinage et les Prise en charge du déplacement de la tombe tombes15 autorités comme propriétaire par l’EDD sur un site proche approuvé par la PAP (à moins de 100 mètres) + compensation monétaire à la famille pour la cérémonie de déplacement

Déplacement de Être installé dans le corridor de la ligne Information sur les dangers dans la zone campements lors du recensement d’emprise du projet + allocation nomades déménagement + appui pour trouver un nouveau site proche (à moins de 100 mètres)

14 Les populations rencontrées lors des groupes de discussion nous ont confirmé que de nombreux enclos ne sont plus utilisés. Ils sont reconnaissables par le fait qu’ils montrent de fortes dégradations et leurs murs ne dépassent pas 50 cm de hauteur, ce qui est insuffisant pour retenir les animaux.

15 Dans le cas de tombes Somali-Issa

67 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Impact Eligibilité Droit à compensation

Perte de moyens Être reconnu par le voisinage et les Compensation de la perte de revenu durant la d’existence liés à autorités comme utilisant les enclos période de transition sur un autre site + appui l’élevage détruits pour trouver un nouveau site

Aucun logement fixe n’a été identifié dans la zone d’étude de l’emprise du projet où auront lieu la totalité des acquisitions de terres. Cependant si le recensement réalisé lors du PAR devait identifier des logements fixes affectés par le projet, il serait nécessaire d’inclure dans la matrice de compensation les pertes suivantes :

Tableau 5- Matrice de compensation complémentaire si déplacé physique Eligibilité Droit à compensation

Impact

Perte de Propriétaire résident, reconnu Compensation du bâtiment à la valeur intégrale de remplacement bâtiment comme propriétaire par le + Prise en charge du coût du déménagement

voisinage OU réinstallation dans un bâtiment de caractéristiques et de surface équivalentes ou supérieures + Prise en charge du coût du déménagement

Propriétaire non-résident, reconnu Compensation du bâtiment à la valeur intégrale de remplacement par le voisinage

Locataire, reconnu comme Compensation des frais encourus pour louer un logement similaire locataire par le voisinage (trois mois de loyer de dépôt de garantie) + Prise en charge du coût du déménagement

8.2.2 Date limite d’éligibilité

Une date limite devra être déterminée, sur la base du calendrier d'exécution probable du projet. La date limite est celle :

 de fin des opérations de recensement destinées à déterminer les ménages et les biens éligibles à compensation, à laquelle les ménages et les biens observés dans les emprises à déplacer sont éligibles à compensation.

 après laquelle les ménages qui arriveraient pour occuper les emprises ne seront pas éligibles.

Toutefois, une dérogation pourra être autorisée exceptionnellement concernant les cas d’omission ou d’erreur du fait d’un déficit du processus de recensement.

9 Elaboration et mise en œuvre du PAR

Le plan de réinstallation devra être préparé, revu et approuvé par tous les acteurs impliqués et/concernés par le processus de mise en œuvre du projet.

68 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

9.1 Phase préliminaire

9.1.1 Validation et appropriation du Cadre de Réinstallation

Le CR présente les principes généraux qui serviront de guides pour la formulation du PR et sa mise en œuvre. Il doit être revu et validé par les principales entités parties prenantes de la mise en place du projet. La validation du CR engage formellement les parties sur les modalités de mise en œuvre spécifique à ce projet. Toutes les parties prenantes devront s’y référer à l’heure de développer et mettre en œuvre le PR. Le CR devrait en particulier être visé par les acteurs suivants :

 Electricité de Djibouti (EDD)

 Préfets de Dikhil, Arta et Ali Sabieh

 Banque Mondiale

9.1.2 Finalisation du design du projet

La maitrise d’œuvre technique et l’entreprise de supervision des travaux devront s’engager à respecter les principes énoncés dans le présent CR, et ce dès la phase de finalisation du design du projet. Il est ainsi prévu que la maitrise d’œuvre technique finalise le tracé des lignes et l’emplacement des différentes structures (pylônes, zones de stockages, campements de travailleurs, etc.).

Pour ce faire, elle devra travailler en étroite collaboration avec la maitrise d’œuvre social qui sera l’entreprise retenue pour l’élaboration du PR. Cela permettra de s’assurer que les considérations sociales sont incluses dans le design et que l'exigence de minimisation du déplacement et de la réinstallation est prise en compte dans le tracé et l’implantation de la ligne. Les deux entreprises coordonneront leurs actions afin :

 d’éviter tout logement fixe dans l’emprise du projet (corridor de 40 mètres de large et 190 km de long). Aucun logement fixe n’a été recensé dans le corridor mais des campements de populations nomades pourront s’y trouver.

 d’éviter toute tombe dans la zone d’implantation des pylônes et des zones de stockage. Rappelons que la population Issa rencontrée a considéré qu’il n’y aurait pas de problème pour déplacer les tombes, tant que la famille de la personne enterrée est compensée et que les autorités coutumières (appelées okals) participent au processus. En revanche, la population Afar a considéré que les tombes ne devaient pas être déplacées.

 de minimiser la destruction d’enclos et la destruction de végétation arbustive dans la zone d’implantation des pylônes et des zones de stockage.

69 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

9.2 Elaboration du PR

9.2.1 Consultation et Participation Publiques

La maitrise d’œuvre sociale doit veiller à informer, consulter et donner l’opportunité aux Personnes Affectées par le Projet (PAP) de pouvoir participer de manière constructive à toutes les étapes du processus de réinstallation. Elle doit également inclure dans le processus de consultation et participation l’ensemble des parties prenantes au Projet au niveau national (Ministères concernés par le projet : Domaine, Environnement, Energie, etc.) et au niveau local (préfets, sous-préfets, autorités coutumières, services techniques déconcentrés, ONG, population en particulier jeunes et femmes).

La consultation doit s’inscrire dans une approche participative. Outre la consultation des parties prenantes, les populations affectées par le projet seront particulièrement informées à travers des campagnes d’information/sensibilisation. Pour l’élaboration du PR, l’enquête socio-économique sera une occasion d’information et de consultation des populations affectées.

Durant la phase de développement des PR, les mesures opérationnelles suivantes doivent être mises en place pour assurer une bonne communication entre les parties prenantes :

 La présentation et explication aux parties prenantes du CR et du processus à mettre en œuvre pour le développement du PR puis sa mise en œuvre.

 La mise en place d’une dizaine de comités locaux16 le long du tracé qui serviront de relais de communication avec les PAP, permettront l’intégration des acteurs au niveau local et faciliteront la diffusion de l’information. Ces comités recevront des formations de la part de la maitrise d’œuvre sociale pour leur transmettre les connaissances nécessaires à leur participation active dans la mise en œuvre du processus, depuis la réalisation des inventaires jusqu’à la clôture des compensations.

 Le processus de consultation doit permettre aux femmes de faire valoir leurs points de vue et faire en sorte que leurs intérêts soient pris en compte dans tous les aspects de la planification et la mise en œuvre de la réinstallation. Pour faire face aux répercussions du projet sur les moyens de subsistance, il peut s’avérer nécessaire d’analyser la situation au sein des ménages lorsque ces répercussions ne sont pas les mêmes pour les femmes et les hommes. Les préférences des hommes et des femmes en termes de mécanismes d’indemnisation ou d’autres modes d’accès aux ressources naturelles seront étudiées.

 La participation des populations nomades fera partie prenante de la préparation du RP. Leurs perspectives sur les impacts, déplacements, et mesures d’atténuation et d’assistance seront intégrées au RP.

16 Il semble pertinent de proposer la constitution de comités au niveau des localités suivantes : Chabellei, Goubetto, Holhol, Da’Asboyo, Ali Sabieh, Mouloud, Dikhil, Gour’Obbous, Yoboki et Galafi. Chaque comité comprendra le préfet ou le sous-préfet selon le statut de la localité, un représentant des autorités coutumières (okals), un représentant des hommes affectés, une représentante des femmes affectées et un représentant des personnes vulnérables.

70 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

 Les communautés ou individus vulnérables affectés (PAP cheffe de ménage, PAP avec handicap, PAP de plus de 60 ans) seront intégrées au processus de consultation et leurs points de vue et préoccupations les impacts, déplacements, et mesures d’atténuation et d’assistance seront intégrées au RP.

 Les usages informels des terrains impactes, y compris les us et coutumes des populations nomades, seront clarifiées dans la préparation du PR.

 La mise en place du système de gestion des plaintes : dès le début du processus, le système doit être mis en place afin de collecter à temps les plaintes. Un traitement rapide et efficace d’une plainte permet d’éviter son aggravation et élargissement.

 L'intégration aux TDR de la maitrise d’œuvre technique des éléments indispensables en matière de gestion sociétale et de réinstallation. En particulier, l’entreprise de supervision doit s’assurer que les terrains sur lesquels elle autorise des travaux font effectivement l’objet d’un accord d’expropriation et/ou de compensation.

 La mise en place de consultations spécifiques pour le déplacement de chaque tombe (ou groupement de tombes) pour assurer que la gestion de l’impact soit conforme à la volonté des propriétaires des tombes. A noter que les tombes afars devront être évitées par le tracer car la communauté refuse leur déplacement.

9.2.2 Réalisation des recensements et inventaires

Le PR devra confirmer si les impacts sur les tombes, campements et enclos seront matérialisés ou pourront être évités par l’avant-projet détaillé propose par l’entreprise responsable de la construction de la ligne de transmission (l’absence d’impact pour le poste étant confirmé dans ce document). dans le cadre du projet. Dans le cas d’absence d’impact, une documentation écrite de cette absence sera préparée par l’EDD et publiée sur son site internet.

Une fois le projet clairement défini, il doit être physiquement délimité sur le terrain et son empreinte transmise sur support électronique (préférablement sous forme de KML) à la maitrise d’œuvre sociale. Le recensement des PAP et l’inventaire des biens et des terres doit être réalisé immédiatement après l’implantation. Il s’agit de faire un recensement exhaustif de la population affectée par le projet dans le cadre d’acquisition involontaire de terres (sexe, âge, nombre d’enfants, niveau d’instruction, activité, nombre de personnes dans le ménage, groupes vulnérables, etc.) et d’inventorier les impacts physiques et économiques du projet en termes de déplacements involontaires ou de pertes de constructions, de terres ou d’activités productives.

En particulier les points suivants seront développés dans le PR:

 Des séances d’information doivent être organisées dans chaque localité avant les opérations d’inventaire. La participation de toutes les PAP au processus d’inventaire sera sollicitée afin de faciliter leur enregistrement.

71 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

 L’élaboration des outils de collecte doit faire l’objet d’une attention particulière. Ils doivent être testés sur le terrain, de même que la méthodologie complète d’inventaire et de recensement.

 Les inventaires et recensement doivent être exhaustifs. L’implication des comités locaux, des autorités locales et des PAP en général est essentielle.

 Les PAP absentes pourront être représentées par un parent, un voisin ou toute personne capable de répondre au questionnaire. Toutefois ces informations seront vérifiées ultérieurement afin de les valider avec l’intéressée.

 L’usage formels et informels des terrains autour des 14 villes et villages de la zone du projet seront développés dans le PR.

 Les inventaires devront prendre en compte les impacts sur les ressources naturelles ou les infrastructures communautaires, en particulier les points d’eau ou puits qui pourraient être affectes par le projet.

En ce qui concerne l’inventaire des biens, conformément au cadre légal djiboutien, le plan parcellaire des terrains affectés sera déposé pendant huit jours au bureau du préfet de chaque région (Arta, Ali Sabieh ou Dikhil) afin que chacun puisse en prendre connaissance. Ce plan indiquera pour chaque parcelle expropriée, le nom du propriétaire porté au registre foncier, ou par défaut, le nom du propriétaire notoire ou présumé. A l'expiration du délai de huit jours, une commission se réunira aux bureaux du district et formulera un avis sur les propriétés à exproprier. Cette commission sera composée d'un délégué du ministre chargé des Domaines, du préfet de la région, d’un représentant du service des Domaines, d’un représentant du ministère des Travaux publics et de trois contribuables de nationalité djiboutienne, inscrits au rôle de l'impôt foncier.

En ce qui concerne le recensement, les enquêtes doivent comprendre les indicateurs socio-économiques suffisants pour dresser un profil socio-économique des PAP (groupe d’appartenance ethnique, religieux, culturel ou social, occupation principale, sources de revenus et moyens de subsistance, statut foncier, liens temporels et sociaux avec le territoire concerné, niveau d’accessibilité aux infrastructures et services) et ainsi réaliser un suivi de la restauration des moyens d’existence des PAP. Leur relevé au début et en fin de projet permettra de vérifier l’impact du projet sur les conditions de vie et de travail des personnes affectées.

La collecte de données devra également permettre de construire un indice de vulnérabilité afin de détecter les groupes vulnérables demandant une attention particulière durant le processus de réinstallation. Les groupes vulnérables devraient inclure les personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté, les personnes dont l’habitat n’est constitué que de matériaux très sommaires, les réfugiés, les demandeurs d’asile, les migrants, les femmes chefs de ménage, les membres de clans minoritaires et les personnes vivant avec un handicap.

72 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

9.2.3 Annonce de la date butoir

Dès les enquêtes de recensement et d’inventaire achevées, une date butoir doit être déclarée. Cette date butoir doit faire l’objet d’une annonce publique, il s’agit d’une date au-delà de laquelle la liste des personnes affectées et leurs inventaires ne pourront plus être contestés.

La date butoir doit être affichée là où les PAP peuvent la lire. Elle doit être annoncée à la radio et au travers des comités locaux mis en place par le projet. La date butoir sera fixée à un mois à compter de la date de finalisation des recensements.

Lors de l’annonce de la date butoir, des séances de travail doivent être organisées avec les comités locaux afin de réviser les listes des personnes et des terrains impactés, prendre en compte les plaintes et commentaires reçus et de valider localement les listes.

9.2.4 Validation des listes de PAP par zone et consolidation de la liste définitive

Au niveau local, les listes des PAP seront imprimées et distribuées aux membres de chaque comité. Les membres du comité ne feront pas une large diffusion des listes mais réaliseront un contrôle avec chacune des PAP affectées sur la zone qu’ils connaissent le mieux. Chaque comité se chargera de la révision d’un tronçon de la ligne, puis l’information sera consolidée avec l’information également fournie par les commissions de révision du plan parcellaire au niveau de chaque district. Toutes les PAP du tracé seront regroupées en une seule liste qui sera un élément-clé du PAR.

La validation des listes doit être effectuée durant la période allant jusqu’à la date butoir. Au-delà, la révision des listes ne sera plus possible (sauf cas de décès).

9.2.5 Elaboration et validation du Plan de Réinstallation (PAR)

Le PAR est un document-clé qui sera préparé par la maitrise d’œuvre sociale. Il se base sur le CR et indique précisément quelles sont les personnes impactées, fixe un budget détaillé et établit un chronogramme précis de mise en œuvre.

Sur la base des listes des PAP et de l’inventaires des pertes, un calcul des compensations pour chaque PAP sera réalisé et consolidé dans une base de données. La base peut être programmée sur un logiciel, être géoréférencée, etc. Toutefois afin de s’assurer de la simplicité du dispositif et de sa transmissibilité, il est conseillé de développer un outil simple sur Excel. Conformément au cadre légal djiboutien, les montants des indemnités devront être révisées et validées par la Commission d'évaluation siégeant au chef-lieu du district. La maitrise d’œuvre sociale sera en charge de s’assurer que les décisions de la commission sont bien en ligne avec la méthodologie « remplacement des couts » préconisée par la BM.

L’importance des exigences et le niveau de détail du plan de réinstallation varient selon l’ampleur et la complexité de la réinstallation. Cependant il devra inclure les éléments de base suivants, tels que présentés dans la NES5 :

 Description du projet

73 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

 Identification des impacts potentiels et des personnes affectées par le projet

 Objectifs du programme de réinstallation

 Recensement et études socio-économiques de référence

 Cadre juridique et institutionnel de l’acquisition des terres et des compensations

 Cadre des compensations et définition des critères d’admissibilité

 Evaluation des pertes et calcul des indemnisations

 Cadre de participation communautaire des personnes déplacées

 Calendrier de mise en œuvre du PAR

 Coûts et budget détaillé du PAR

 Description du mécanisme de gestion des plaintes

 Dispositif de suivi-évaluation et production de rapports

Les éléments clés du PAR doivent être rendus accessibles aux PAP afin de s’assurer de leur participation et compréhension du processus. De manière général, le PAR devra être présenté et validé par les parties prenantes au niveau central (EDD, Direction des Domaines et de la Conservation Foncière) et au niveau local (préfets, sous-préfets, autorités coutumières, comité locaux, PAP). Sa validation par les parties prenantes les engage à son respect et sa mise en œuvre en toute bonne foi.

9.3 Mise en œuvre du PAR

9.3.1 Distribution des compensations

La mise en œuvre du PAR sera réalisée par une maitrise d’œuvre sociale qui assumera la responsabilité du processus dans son ensemble. Afin de simplifier le processus de réinstallation, il est recommandé de sélectionner la même entreprise pour l’élaboration et la mise en œuvre du PAR. La maitrise d’œuvre sociale travaillera avec les commissions prévues par la loi, en particulier la Commission d’Evaluation mais aussi avec les comités locaux mis en place par le projet.

Les compensations individuelles seront mises en œuvre comme suit :

 La maitrise d’œuvre sociale préparera un contrat de compensation à signer avec chaque PAP sur la base des calculs des compensations détaillés dans le PAR. Le contrat signalera l’abandon par le PAP de ses droits sur les éléments compris sur les terres impactées. Les signatures des contrats seront organisées dans chaque localité importante le long du tracé avec l’appui des comités locaux. Durant les séances de signature, des institutions bancaires pourront être conviées et auront l’occasion de présenter leurs institutions mais également de diffuser une information simple sur les concepts de gestion financière et d’épargne.

74 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

 Les contrats seront ensuite signés par le responsable du projet au niveau de l’EDD. La liste des noms corrigés sera compilée et transmise à une banque qui réalisera les chèques conformément aux contrats. Les chèques seront distribués au cours de séances organisées pour chaque localité. Les frais bancaires seront pris en charge sur le budget du PR, en addition des compensations.

Les compensations à caractère collectif seront mises en œuvre comme suit :

9.3.2 Identification des usagers des biens affectés et leur remplacement en nature (i.e. reconstruction des puits, forages, etc…). En ce qui concerne les arbres, le montant des compensations sera divisé et distribué a tous les usagers. Assistance aux groupes vulnérables

Les ménages ayant été définis comme vulnérables lors de l’analyse des données du recensement des PAP feront l’objet d’une attention particulière. L'assistance apportée pourra prendre les formes suivantes, selon les besoins et demandes des personnes vulnérables concernées :

 Assistance dans la procédure d'indemnisation (par exemple procéder à des explications supplémentaires sur le processus, veillé à ce que les documents soient bien compris, accompagner la personne à la banque pour l'aider à percevoir le chèque d'indemnisation)

 Assistance au cours de la période suivant le paiement afin que l'indemnité soit sécurisée

 Assistance durant la période suivant le déplacement

 Assistance médicale si nécessaire à des périodes critiques, notamment durant le déménagement et la transition qui vient immédiatement après.

 Mise en relation avec des institutions susceptibles de prendre le relais à la fin des interventions du projet.

9.3.3 Suivi et clôture du processus de réinstallation

L’ensemble du processus fera l’objet d’un suivi rigoureux des PAP, des bases de données, des actes engageant les parties prenantes entre elles et des montants engagés et versés à chaque étape. Le suivi interne sera réalisé par la maitrise d’œuvre sociale et supervisée par l’EDD.

Un outil de suivi technique et financier unique sera proposé à partir de la base de données des PAP recensés et permettra à tout moment de vérifier l’état de chaque dossier, les montants dus et versés à chaque PAP et le taux d’exécution des compensations et expropriations. Les outils de suivi seront dotés d’une interface cartographique qui permettra de visualiser l’état de libération des espaces le long de la ligne. Une enquête de suivi des PAP ayant perçu leurs chèques sera réalisée afin de vérifier leur bonne réinstallation.

Au niveau individuel, le processus sera considéré comme provisoirement clos lorsque les PAP auront perçu l’ensemble des montants dus et que la reconstruction des structures communautaires affectées

75 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

aura démarré. Les travaux du projet ne pourront pas démarrer avant la clôture provisoire du processus de réinstallation.

Le processus sera considéré comme définitivement clos à l’issue de l’enquête de suivi et de l’approbation d’une enquête externe d’évaluation et d’audit démontrant que les conditions de vie des PAP ont été maintenue ou ont été améliorées suite au processus de réinstallation.

10 Evaluation des biens et taux de compensation

Il est prévu que la restriction d’usages et l’acquisition de terres ait pour conséquence des impacts en termes de perte de terrains non cultivés, perte d’arbres spontanés, perte d’enclos, déplacement de tombes, déplacement de campements nomades et pertes de moyens d’existence liés à l’élevage.

Aucune parcelle agricole, plantation fruitière ni logement fixe n’ont été détectés dans la zone d’étude de l’emprise du projet. C’est pourquoi la présente section ne propose pas de taux de compensation pour les terres cultivées, les cultures annuelles, les arbres fruitiers ou les bâtiments. De même, les points d’eau ou les ouvrages hydrauliques tels que forages et fontaines seront évités dans la mesure du possible ou remplacés.

10.1 Compensation des terres

Seules les terres privées, dont aucune n’a été identifiées dans l’étude d’occupation des sols, sont éligibles a compensations en suivant la formule suivante :

C = S x P avec S = superficie affectée

P = prix de la terre selon le marché existant dans le district.

Les barèmes du prix de la terre par district seront proposés par l’opérateur en charge de la formulation du PR et validés par la Commission d’évaluation et les parties prenantes du projet.

10.2 Les terres publiques ne feront pas l’objet de compensation, bien que les biens ou ressources sur ces terrains qui seront affectées feront l’objet de compensation. Compensation des arbres

Il est possible que des arbustes et des arbres spontanés soient abattus lors des travaux, donnant lieu à une indemnisation. Ces arbres font partie des parcours collectifs et peuvent être utilisés par les éleveurs comme source d’ombrage et de fourrage pour leur bétail. S’agissant de biens collectifs, ils seront compensés et le montant distribues a tous les usagers.

Les barèmes de compensation de chaque espèce seront proposés par l’opérateur en charge de la formulation du PR et validés par les parties prenantes du projet.

76 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

10.3 Compensation des enclos

L’étude d’occupation des sols a permis de conclure que des enclos pourraient être impactés. Lors de la définition du design final, l’opérateur en charge de l’élaboration du PAR travaillera avec la maitrise d’œuvre technique du projet pour essayer d’éviter de détruire les enclos fonctionnels17 qui sont peu nombreux le long du tracé. Les enclos sont la propriété d’une famille qui permet également à d’autres membres du clan d’utiliser l’enclos s’ils le souhaitent.

Si des enclos fonctionnels devaient être détruits, la PAP aurait l’option de recevoir une compensation en nature avec la remise d’un nouvel enclos de même superficie et de même qualité sur un site proche ou de recevoir une compensation monétaire. L'évaluation de la compensation monétaire se ferait sur la base des coûts de remplacement à neuf des biens affectés par le projet, en suivant les prix du marché et en intégrant le coût du transport et la livraison des matériaux au site de remplacement ainsi que le coût de la main d'œuvre requise pour la construction du nouvel enclos.

Les barèmes de compensation seront proposés par l’opérateur en charge de la formulation du PAR et validés par la Commission d’évaluation et les parties prenantes du projet. L’EDD et la maitrise d’œuvre sociale s’assureront que la méthodologie de la Commission d’évaluation est conforme aux normes de la Banque Mondiale.

10.4 Compensation des points d’eau

La photo-interprétation et les visites de terrain n’ont pas permis d’identifier la présence de points d’eau ou de puits utilisés par les populations locales et nomades dans la zone d’emprise. De plus, les points d’eau situés dans la zone d’emprise pourront continuer d’être utilisés normalement. Dans le cas où un point d’eau se trouverait directement sur le positionnement d’un pylône et que sa destruction ne pourrait être évitée, ce point devra être remplacé avant sa destruction au moins de façon équivalente tout en essayant d’améliorer l’accès à l’eau en le rapprochant des zones habitées ou en mettant en place un système plus facile d’utilisation par exemple.

Les barèmes de compensation des points d’accès à l’eau seront proposés par l’opérateur en charge de la formulation du PAR et validés par les parties prenantes du projet.

10.5 Compensation des tombes

L’étude d’occupation des sols a également permis d’identifier que des tombes pourraient être impactées. Lors de la définition du design final, l’opérateur en charge de l’élaboration du PAR travaillera avec la maitrise d’œuvre technique du projet pour essayer d’éviter que des pylônes soient implantés sur des tombes. L’EDD a de l’expérience en termes de déplacement et compensation des tombes et ils l’ont

17 Les populations rencontrées lors des groupes de discussion nous ont confirmé que de nombreux enclos ne sont plus utilisés. Ils sont reconnaissables par le fait qu’ils montrent de fortes dégradations et leurs murs ne dépassent pas 50 cm de hauteur, ce qui est insuffisant pour retenir les animaux.

77 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

déjà mis en œuvre dans d’autres projets18. Rappelons que la population Issa rencontrée a considéré qu’il n’y aurait pas de problème pour déplacer les tombes, mais que la population Afar a considéré que les tombes ne devaient pas être déplacées. Ainsi les emplacements des tombes afars devront être évités pour l’embase des pylônes. Si des tombes Issa devaient être impactées, l’EDD se responsabiliserait de leur déplacement sur un site proche (à moins de 100 mètres). Une compensation monétaire devrait également être accordée avec la famille de la personne enterrée pour conduire une cérémonie de déplacement du défunt et les autorités coutumières (okals) doivent être activement consultées lors du processus afin d’assurer que la gestion de l’impact soit conforme à la volonté des propriétaires des tombes. Les procès-verbaux de ces consultations seront inclus dans le PAR.

L’EDD suivra la procédure officielle de déplacement des tombes en saisissant le Ministère des Affaires Musulmanes, de la Culture et des Biens Waqfs.

Le déplacement des corps ou ossements seront effectués après la venue sur site des agents du service des affaires religieuses accompagnés par les membres de la famille de la dépouille qui sera déplacée dans un autre cimetière ou lieu sélectionné en lien avec la famille et validé par les autorités religieuses du ministère, avec application et respect des préceptes du rite funéraire musulman.

Par ailleurs, les membres de la famille perçoivent une indemnité de la part de l’unité de gestion de projet qui exécute le PAR.

Le calcul de la compensation correspondrait donc aux coûts encourus par l’EDD pour déplacer la tombe et à la compensation monétaire remise à la famille.

Le calcul de ces montants sera proposé par l’opérateur en charge de la formulation du PAR, après échange avec les autorités coutumières et l’EDD, et il sera validé par les parties prenantes du projet.

10.6 Allocation de déménagement

Aucun logement fixe ne se trouve dans la zone d’emprise du projet. Cependant l’équipe en charge de l’élaboration du PAR pourrait identifier des campements nomades temporaires dans la zone inventoriée. Il s’agira de logements buuls ou daboytas qui sont des structures mobiles qui permettent aux nomades de voyager en suivant les disponibilités en fourrage. Lors de la phase de construction il est prévu de demander à ces personnes de déplacer leur campement hors du corridor de la ligne afin d’être conforme aux restrictions d’usage et, ce, avant de débuter les travaux de construction de la ligne. Pour ce faire, il est prévu de les informer sur les dangers dans la zone d’emprise du projet, de les appuyer pour trouver un nouveau site proche (à moins de 100 mètres) et de leur remettre une compensation monétaire d’allocation déménagement. Celle-ci sera calculée sur la base suivante :

C = T x HJ x P avec T = nombre de buuls affectés

P = prix de la main-d’œuvre journalière dans la zone affectée

18 Selon l’EDD, des tombes auraient été déplacées en 2019 pour un projet de centrale thermique. Les propriétaires des tombes ont été compensés.

78 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

HJ = nombre d’hommes-jours pour démonter, transporter et remonter un buul

Le calcul de ces montants sera proposé par l’opérateur en charge de la formulation du PAR et sera validé par les parties prenantes du projet.

Lors de la phase d’exploitation des campements temporaires pourront être installés dans le corridor.

10.7 Compensation pour perte de revenus liés à l’élevage

La destruction d’enclos fonctionnels n’impactera pas uniquement la famille propriétaire de l’enclos mais également les familles utilisant l’enclos. Ces familles souffriront de la perte de ce site pour parquer leurs animaux : cela peut être considérée comme négligeable mais il faut rappeler que la population locale est extrêmement vulnérable et n’a pas forcément d’alternatives rapides pour substituer les enclos détruits. Il est donc prévu de proposer à ces familles une compensation pour la perte de revenus liés à l’élevage.

Celle-ci se calculera de la manière suivante :

C = M x R x A avec M = nombre de mois de transition/ ajustement du système d’élevage

R = perte de revenu moyen mensuel par tête de cheptel

A = nombre d’animaux en pondérant les petits ruminants comme la moitié des bovins/camelins.

Le calcul de ces montants sera proposé par l’opérateur en charge de la formulation du PAR et sera validé par les parties prenantes du projet.

11 Mécanisme de gestion des plaintes

Plusieurs types de mécontentements peuvent apparaître dans un processus de réinstallation qui sont les suivants : erreurs dans l'identification des PAP, désaccord sur des limites de parcelles, conflit sur la propriété d'un bien, désaccord sur l'évaluation des biens, successions et autres problèmes familiaux ayant pour résultat des conflits entre héritiers ou membres d'une même famille. C’est pourquoi il est nécessaire de proposer un mécanisme de gestion des plaintes.

Un mécanisme de gestion des plaintes a été proposé dans le Plan de mobilisation des parties prenantes du présent projet et est présenté dans le PGES. Il a servi de cadre à la proposition de mécanisme de gestion de plainte qui devra être suivi durant le processus de compensation et réinstallation. L’EDD a la charge du traitement des plaintes et devra pour ce faire désigner un agent expert en sauvegardes sociales et participation communautaire. Cependant il semble pertinent que l’EDD s’appuie sur la maitrise d’œuvre sociale en charge de la mise en œuvre du PAR pour l’assister dans la gestion et documentation des plaintes.

79 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

11.1 Mise en place de Comités de médiation pour le traitement des plaintes

Le mécanisme de gestion des plaintes s’applique aux personnes affectées par le projet et constitue un moyen structuré de recevoir et de régler une préoccupation soulevée par un individu ou une communauté qui estiment avoir été lésés par le projet. Les plaintes et griefs sont traités promptement selon un processus compréhensible et transparent, approprié sur le plan culturel, gratuit et sans représailles.

Le projet accordera la priorité à la négociation et à la conciliation à l’amiable. En l’absence d’une entente à l’amiable entre les plaignants et le projet, les plaignants seront informés par l’EDD, l’entreprise contractante et ses sous-traitants de la procédure à suivre pour exprimer leur mécontentement et présenter leurs plaintes.

L’EDD mettra en place des Comités de médiation pour le traitement des plaintes au niveau de chaque région. Ces comités traiteront en particulier les plaintes en relation avec l’acquisition de terres et les restrictions d’usages. Ils seront composés des sept personnes suivantes :  Un agent de l’EDD expert en sauvegardes sociales et participation communautaire  Un représentant de l’entreprise contractante et de ses sous-traitants spécialisés en santé et sécurité  Le préfet / chef de district de la région concerné (Arta, Ali Sabieh ou Dikhil)  Un représentant des autorités coutumières et traditionnelles (okals) de la région  Une représentante des associations des femmes de la région  Un représentant des individus ou groupes vulnérables de la région  Le Président du Conseil Régional

Le rôle du comité sera, entre autres, d’assister le projet dans l’enregistrement et le traitement des plaintes. Le comité sera tenu responsable de préparer les procès-verbaux de conciliation.

En dehors de ce mécanisme interne, les personnes impactées par le projet pourront avoir recours aux mécanismes étatiques de règlement de litige (autorités coutumières, autorités administratives, justice) pour soumettre leurs plaintes. Dans ce cas, le projet doit leur garantir un accompagnement, en fournissant des conseils et en prenant en charge les frais de procédure.

11.2 Principes de la gestion des plaintes

La mise en place d'un système de gestion des plaintes et griefs constitue un élément central de la gouvernance des projets. Le mécanisme de gestion des plaintes est un système transparent, réactif et efficace pour recevoir, répondre et chercher à résoudre les préoccupations des parties prenantes de manière systématique. La procédure du mécanisme de gestion des plaintes vise à établir la confiance et un rapport positif entre l’EDD, l’entreprise contractante et ses sous-traitants et les parties prenantes.

Les mécanismes de gestion des plaintes reposent sur les principes suivants :

80 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

 La proportionnalité : la portée, la forme et le niveau de complexité du mécanisme de gestion des plaintes seront proportionnels au risque et à l'impact négatif que le projet risque d'avoir sur les parties prenantes. Le niveau de risque et d'impact est déterminé sur la base de l'évaluation environnementale et sociale réalisée dans le cadre de l'EIES et des principes proposés dans le CR et le PR.

 L’adéquation culturelle : L’EDD, l’entreprise contractante et ses sous-traitants veilleront à ce que le mécanisme de gestion des plaintes développé soit culturellement approprié aux intervenants qui souhaitent soumettre un commentaire ou une plainte. Le mécanisme de gestion des plaintes élaboré tiendra compte des mécanismes traditionnels mis en place par les communautés locales pour soulever et résoudre les griefs.

 L’accessibilité : Le mécanisme de gestion des plaintes devra être accessible à toutes les parties prenantes souhaitant exprimer des commentaires ou des plaintes en rapport avec le projet. Cette disposition nécessite de tenir compte des éléments suivants :

o L'emplacement physique du mécanisme de gestion des plaintes et des personnes compétentes à ce mécanisme

o Le niveau d'alphabétisation et d'éducation des parties prenantes concernées et susceptibles de faire appel au mécanisme de gestion des plaintes

o L'accès à l'infrastructure de communication

o Les différentes vulnérabilités des populations locales.

Afin de s'assurer de l'accès égal au mécanisme de gestion des plaintes, une plainte pourra être soumise verbalement, enregistrée et traitée par les membres du Comité de médiation et par les membres des comités locaux créés dans le cadre du processus de réinstallation.

 L’équité et la protection : les parties prenantes doivent pouvoir s'attendre à ce que toutes les plaintes soient traitées de façon équitable par le Comité de médiation, sans traitement différencié. L’EDD devra assurer aux parties prenantes qu'il n'y aura ni coûts ni représailles associées au dépôt d'une plainte. Le mécanisme de gestion des plaintes décrit une politique claire de non-représailles, d'anonymat des parties prenantes et de sauvegarde des données personnelles.

 L’information et le suivi : les parties prenantes seront pleinement informées de l'ensemble de la procédure de gestion des plaintes et des options qu'elles peuvent avoir si elles ne sont pas pleinement satisfaites de la réponse reçue. Le mécanisme de gestion des plaintes devra par ailleurs faire l'objet d'évaluations régulières afin de s'assurer de son bon fonctionnement.

11.3 Mécanisme de gestion des plaintes

Cette section décrit de façon plus détaillée le mécanisme de gestion des plaintes qui sera mis en œuvre par l’EDD, l’entreprise contractante ou ses sous-traitants dans le cadre du PEPP, du CR et du PR.

81 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Selon les principes énoncés plus haut, la procédure de gestion des plaintes comprend 6 étapes :

 La divulgation du processus de gestion des plaintes

 L'identification de la plainte, enregistrement et formalisation

 L'enquête et la consultation

 La poursuite de l'examen avec des tierces parties suivant le degré de la plainte

 La communication de la réponse et clôture

 Le suivi

11.3.1 Divulgation de la procédure de gestion des plaintes

Les informations sur le processus de gestion des plaintes seront diffusées aux parties prenantes lors de réunions et de consultations informelles afin de s'assurer que les parties prenantes sont conscientes que le dépôt d'un grief est un processus simple et facile. Dans ce sens, un plan de communication sera élaboré pour la communication et la diffusion de ce mécanisme auprès de l’ensemble des parties prenantes et en particulier auprès des personnes affectées par le projet pour pouvoir se plaindre.

11.3.2 Réception et enregistrement des plaintes

Les plaintes devront être enregistrées dans un registre qui sera accessible aux endroits suivants :

 Auprès des préfectures de chaque région

 Auprès des représentant des autorités coutumières et traditionnelles de chaque région

 Auprès des représentantes des associations des femmes de chaque région

 Auprès des représentants des individus ou groupes vulnérables de chaque région

 Directement sur site, auprès du bureau du projet

 Auprès des comités locaux créés dans le cadre du processus de réinstallation

Une personne référente dans chaque lieu de dépôt pourra aider les parties prenantes vulnérables à déposer leur plainte au besoin.

Une fois par semaine, le contenu de cette boîte sera relevé par l’agent de l’EDD spécialisé en sauvegardes sociales et remonté au Comité de médiation de la région concernée. Le dossier de plainte devra comprendre :

 Un formulaire avec la date de la plainte, les coordonnées du plaignant et une description de la plainte

 Un reçu remis au plaignant au moment de l'enregistrement de la plainte

82 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

11.3.3 Enquête et consultation

Après transmission de la plainte au Comité de médiation, une enquête sera lancée. Cette enquête peut mener au besoin à des consultations avec les parties prenantes concernées mais le règlement rapide et à l'amiable est préféré.

Un agent de l’EDD spécialisé en sauvegardes sociales devra être affecté directement au traitement des plaintes et devra réaliser les activités suivantes :

 Obtenir le plus possible d'informations auprès de la personne qui a reçu la plainte

 Rencontrer le plaignant

 Déterminer si la plainte est légitime

 Clôturer la plainte si celle-ci n'est pas justifiée ou proposer une solution qui conduira à une autre visite

 Classifier la plainte en fonction de son ampleur

11.3.4 Communication de la réponse et clôture

Une fois que l'enquête aura été menée à bien, l'agent EDD en charge du traitement des plaintes proposera un traitement qui sera partagé et validé avec le Comité de médiation.

Une fois l’accord proposé validé en interne, l'agent communiquera le résultat de l'enquête au plaignant. La réponse sera fournie par une lettre officielle de l’EDD qui devra être signée par le plaignant, en reconnaissance du traitement de sa plainte.

Le plaignant pourra avoir recours a un processus d’appel en saisissant directement la direction de l’EDD.

11.3.5 Suivi

Le Comité de médiation entreprendra un suivi en temps opportun avec les parties prenantes pour s'assurer que la plainte consignée a été traitée de manière appropriée et que le plaignant juge la résolution satisfaisante.

Si aucune résolution ne peut être trouvée, le comité de médiation doit informer le plaignant du droit d'intenter une action en justice. Le recours à la justice est en effet possible en cas de l’échec de la voie amiable. Toutefois, c’est une voie à suivre en dernier recours, tant bien même que souvent cette voie n’est pas recommandée pour le projet car pouvant constituer une voie de blocage et de retard des activités.

11.3.6 Délai de traitement de la plainte

Pour que le système soit opérationnel, il est impératif que les délais de traitement des plaintes soient courts et respectés. Le tableau ci-dessous indique les délais maximums de traitement, à partir du moment où les plaintes sont déposées jusqu'à leur clôture.

83 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Tableau 6- Délai de traitement de la plainte

Etape et action Délai depuis l’enregistrement de la plainte

Divulgation du processus de règlement des plaintes Jour 0

Réception et enregistrement des plaintes Jour 0

Enquête et consultation Jour 7

Communication de la réponse et clôture Jour 15

Suivi de la plainte Jour 20

Fermeture Jour 30

Ces délais sont donnés pour un traitement linéaire (c'est-à-dire sans recours et sans renvoi du dossier à une étape antérieure du traitement).

Dès que le traitement est déterminé, les informations doivent être renvoyées au plaignant. En outre, le plaignant doit avoir la possibilité de connaître à tout moment le niveau d’avancement du traitement en consultant les représentants des parties prenantes auprès duquel il a déposé sa plainte.

11.4 Partage du registre des plaintes

Un registre des plaintes sera disponible au niveau de l’EDD, avec l'historique des plaintes reçues et le temps nécessaire pour traiter chaque plainte. L’agent de l’EDD responsable du traitement des plaintes tiendra également un registre consolidé contenant les formulaires de plaintes remplis jusqu'à leur clôture et une base de données analysant le suivi des plaintes traitées par l’EDD sous la supervision de la direction du projet. Ces informations seront intégrées dans les systèmes de suivi spécifiques du PGES, du CR et du PR.

84 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Figure 5- Schéma du mécanisme de gestion des plaintes

85 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

12 Modalités de mise en œuvre de la réinstallation et chronogramme

12.1 L’EDD, l’entité responsable du processus de réinstallation

Sous la supervision du ministère de tutelle, l'EDD a la responsabilité de la coordination de l'ensemble des actions de réinstallation. Pour cela, il est recommandé qu’elle recrute une maitrise d’œuvre sociale, une entreprise responsable de l’élaboration du PR et de la mise en œuvre du processus de réinstallation. La maitrise d’œuvre sociale agira en appui à l’EDD pour le renforcement de ses capacités, elle serait notamment responsable des audits et fera partie du comité de gestion des plaintes Cela permettra à l’EDD de se décharger de la réalisation des activités de réinstallation et de se concentrer sur la supervision du processus. En pratique, l’EDD aura la responsabilité des actions suivantes :

 Désigner un expert interne chargé de la supervision de la réinstallation depuis la diffusion du CR jusqu’à la clôture du processus

 Diffuser les grands principes du CR auprès des préfets de Dikhil, Arta et Ali Sabieh

 Sélectionner et recruter une maitrise d’œuvre sociale en charge de la préparation du PR et de la mise en œuvre du processus de réinstallation

 Valider le design final du projet proposé par la maitrise d’œuvre technique en s’assurant que l'exigence de minimisation du déplacement et de la réinstallation est prise en compte

 Superviser l’élaboration du PR en veillant au respect des termes de référence, des délais et de la qualité des livrables et valider le document final remis par la maitrise d’œuvre sociale

 Assurer le budget nécessaire pour la mise en œuvre du PR

 Participer aux principales activités d’information et consultation des parties prenantes, en particulier la présentation du PR aux parties prenantes, les séances de signatures des contrats ou la cérémonie de clôture partielle du processus de réinstallation.

 Superviser la mise en œuvre des actions de compensation et réinstallation réalisées par la maitrise d’œuvre sociale

 Sélectionner et recruter une entreprise externe responsable de l’évaluation et l’audit finale du processus de réinstallation

 Informer de façon semestrielle la Banque Mondiale sur le niveau d’avancement du processus de réinstallation.

12.2 La maitrise d’œuvre sociale, une assistance technique en réinstallation

Comme indiqué précédemment, une assistance technique en matière de réinstallation est nécessaire pour renforcer les capacités existantes des structures de mise en œuvre de l'EDD, notamment dans l’élaboration du PAR, et la mise en œuvre du processus de compensation et réinstallation. Elle devrait

86 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

être composé d’experts en matière de genre, de santé mais aussi d’un anthropologue et d’un archéologue pour la bonne gestion des tombes et des potentiels sites archéologiques. Elle se responsabilisera de toutes les activités d’élaboration du PAR, en particulier la réalisation des enquêtes socio-économiques auprès des PAP, des inventaires des biens affectés et de la définition des taux de compensation. Elle aura également la responsabilité opérationnelle du processus de réinstallation avec entre autres l’organisation des séances de signature des contrats entre l’EDD et les PAP, la remise des chèques de compensation, la définition des projets de compensation collective et le suivi des conditions de vie des PAP. Elle sera liée à l'EDD par un contrat de prestation de services et agira sous la supervision de cette dernière.

Elle devra également organiser des ateliers de formation regroupant les diverses structures impliquées dans la mise en œuvre du CR et du PR au niveau national et local pour que tous les acteurs institutionnels impliqués dans la mise en œuvre de la réinstallation soient renforcés sur la NES5 et sur les outils, procédures et contenu de la réinstallation (CR, PR, etc).

12.3 Montage organisationnel et répartition des responsabilités

La mise en place d’une structure organisationnelle efficace et efficiente pour assurer la coordination et la cohérence de l’ensemble des activités de réinstallation, centraliser les flux d’information et réaliser le suivi et évaluation, revêt toute l’importance requise pour réussir la mise en œuvre de l’opération de réinstallation. Sous ce rapport, le dispositif d'exécution ci-dessous est préconisé.

Tableau 7 : Arrangements institutionnels de mise en œuvre - Charte des responsabilités Acteurs Responsabilités

EDD Désignation de l’expert social de l’EDD chargé de la supervision de la réinstallation

Diffusion du CR

Recrutement de la maitrise d’œuvre sociale en charge du processus de réinstallation

Validation et diffusion du design final du projet et du PR

Financement du PR

Supervision des actions de réinstallation réalisées par la maitrise d’œuvre sociale

Suivi de la procédure d’expropriation et d’indemnisation

Recrutement de l’entreprise responsable de l’évaluation et l’audit finale et à mi- parcours

Information vis-à-vis de la BM

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Acteurs Responsabilités

Direction des Déclaration d’utilité publique domaines Validation du plan parcellaire des terrains affectés déposé au bureau du préfet de la région

Mise en place des Commissions d’Evaluation au niveau des districts

Commissions Evaluation des impenses et des personnes affectées d’évaluation Validation des taux de compensation proposées par la maitrise d’œuvre sociale

Libération des emprises

Préfectures, Appui à l’identification des sites devant faire l’objet d’expropriation sous- Validation et diffusion du PR au niveau local préfectures, le Participation au suivi de la réinstallation et des indemnisations conseil régional et Enregistrement des plaintes et réclamations et traitement selon le mécanisme de autorités gestion des plaintes coutumières Participation au suivi de proximité

Maitrise Dimensionnement et implantation précises des ouvrages d’œuvre Participation au suivi de la réinstallation et des indemnisations technique

Maitrise Participation à la finalisation du design du projet d’œuvre Mise en place et formation des comités locaux de réinstallation sociale Réalisation des études socioéconomiques et des inventaires des biens affectés

Elaboration et partage du PR

Renforcement de capacités des parties prenantes

Validation du PR par l’EDD et les bailleurs

Mise en œuvre du PR (distribution des compensations, suivi des PAP, etc.)

Comités locaux Relais de communication entre le projet et avec les PAP : diffusion de l’information sur les enquêtes socio-économiques des PAP, l’inventaire des biens et des terres, la date butoir, l’organisation des distributions de compensations individuelles et la mise en œuvre des projets de compensation collectives

Vérification des listes des PAP

Enregistrement des plaintes et réclamations

Justice Jugement et résolution des conflits (en cas de désaccord à l’amiable)

88 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Acteurs Responsabilités

Bureau Evaluation à mi-parcours du processus d’études Evaluation et audit finales du processus

Toutes les parties prenantes au projet cité dans cet arrangement devront être consultées et approuver l’arrangement.

12.4 Chronogramme estimatif de la réinstallation

Le tableau récapitulatif suivant décrit les principales étapes de préparation et de mise en œuvre du PR, les acteurs concernés et les temps auxquels ces étapes doivent être achevées. Il donne en particulier des indications concernant les activités à mener à des dates qui correspondent à l’agenda de réalisation des travaux de génie civil. Il permet également de suivre les PAP afin de voir si les mesures d’accompagnement leur permettent progressivement de rétablir leurs conditions d’existence de départ.

89 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Tableau 8- Chronogramme de préparation et de mise en œuvre du PAR

Responsable Commentaire M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M M 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 Préparation Au moins 9 mois avant le début des travaux Validation du CPR EDD Validation par l'EDD, les Préfets et la Banque Mondiale Recrutement de la MOS et MOE EDD

Finalisation du design du projet et MOE Participation de la MOS, validation de détermination des emprises l'EDD Elaboration du PAR Au moins 6 mois avant le début des travaux Mise en place des comités locaux et MOS Participation de l'EDD, préfectures, information des PAP okals, etc. Réalisation des recensements et MOS Participation des comités locaux et des inventaires des biens affectés Commissions d'Evaluation Evaluation des pertes et estimation des Commission Assistance technique de la MOS pour indemnités d'évaluation línventaire et les taux de compensation Annonce de la date butoir EDD Assistance technique de la MOS et participation des comités locaux Validation des listes de PAP MOS Participation des comités locaux

Formulation des projets de compensation MOS Participation des comités locaux collective Elaboration et diffusion du PAR MOS Validation par les parties prenantes (en (négociation des indemnités) particulier les PAP) Mise en oeuvre du PAR Au moins 3 mois avant le début des travaux Mobilisation des fonds EDD

Distribution des compensations MOS Participation de l'EDD, la Commission, individuelles aux PAP les comités locaux Sélection des MOE des projets de EDD Assistance technique de la MOS compensation collective Démarrage des projets de compensation EDD Assistance technique de la MOS et collective participation des comités locaux Prise de possession des terrains et EDD début des travaux Suivi et évaluation du PAR Jusqu'à la fin des travaux de 24 mois Suivi de la mise en oeuvre du PAR MOS Supervision par l'EDD

Mise en oeuvre des projets de EDD Assistance technique de la MOS et compensation collective participation des comités locaux Evaluation de l'opération à mi-parcours Bureau Validation par l'EDD et la Banque d'études Mondiale Evaluation et audit finale du processus Bureau Validation par l'EDD et la Banque d'études Mondiale

90 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

13 Suivi et évaluation

Les deux étapes, suivi et évaluation de la réinstallation sont complémentaires. Le suivi vise à corriger « en temps réel » les méthodes de mise en œuvre durant l'exécution du Projet, alors que l'évaluation vise (i) à vérifier que les objectifs généraux de la réinstallation ont été respectés et (ii) à tirer les enseignements de l'opération pour modifier les stratégies et la mise en œuvre dans une perspective de plus long terme. Le suivi sera interne et l'évaluation sera externe.

13.1 Suivi

13.1.1 Objectifs

L’objectif général du suivi est de s’assurer que les principes du CR et ses délais de mise en œuvre sont respectées et que toutes les PAP sont indemnisées et réinstallées dans le délai le plus court possible et sans impact négatif. Le suivi traite essentiellement des aspects suivants :

 suivi du processus de réinstallation : avancement des négociations avec les PAP et de la distribution des compensations, niveau de libération des terrains, système de traitement des plaintes et conflits.

 suivi social et économique des PAP : situation des déplacés, situation des ménages vulnérables restauration des moyens d'existence des PAP, notamment des éleveurs.

Afin de remplir ces exigences, le PR présentera la situation initiale des PAP en s’appuyant sur les données collectées lors du recensement et de l’inventaire et consolidées dans une base de données. Par la suite la MOS actualisera mensuellement la base de données et élaborera des rapports de suivi du PR qu’elle remettra à l’EDD pour partager le niveau d’avancement du processus de réinstallation. Il est recommandé que ces rapports soient présentés à l’EDD lors de réunions mensuelles auxquelles pourront également participées les commissions d’évaluation ou toute partie prenante considérée comme pertinente.

Un tableau de suivi des indicateurs est proposé ci-dessous. Il permet de visualiser l’état d’avancement général du processus et le niveau de participation des parties prenantes. Ce tableau devra être révisé et ajusté lors de la formulation du PR.

Tableau 9- Indicateurs de suivi du processus de réinstallation Action Indicateur Source de vérification

Création des comités Nombre de comité locaux mis en place et PV de réunions, liste de participants, locaux formés photos, accords de création des comités

Organisation d’espaces Nombre de séances d'information et de PV de réunions, liste de participants, d’information/ consultation (par localité et type d’acteurs) photos consultation

Gestion des plaintes % de plaintes clôturées (nb de plaintes Base de suivi, fiches de suivi des reçues par rapport au nb de clôtures) plaintes, PV de clôture des plaintes

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Action Indicateur Source de vérification

Recensement des PAP Nombre de PAP recensées et de biens Questionnaire, base de suivi en ligne, et inventaire des biens inventoriés (par localité et type de biens) rapport de mission

Vérification et % de vérification de la liste (nb de pers. Listes de PAP, PV de réunions avec les finalisation des listes de validées par rapport au nb d’enquêtées) comités, liste de participants, photos PAP Montant total des compensations

Signature des contrats % d'accords signés (nb d’accords signés Copies des contrats de compensation de compensation par rapport au nb de PAP) individuelle, base de suivi

Montant contractualisé en compensation

Distribution des % de compensations payées (nb de Chèques/transferts et reçus, base de compensations paiements par rapport au nb de PAP) suivi individuelles Montant payé en compensation

Assistance aux groupes Nb de visites personnalisées réalisées Base de suivi, PV des visites, photos vulnérables auprès des ménages vulnérables

Mise en œuvre des Nb de bénéficiaires directs des projets Contrats de compensation collective, PV projets de compensation de réunions, liste de participants, photos, Montant engagé et déboursé en collective rapport de suivi financier compensation collective

Le suivi financier des opérations est essentiel et doit permettre de tracer chaque versement, de l’identification du PAP, à l’inventaire de ses biens, la signature des ententes, au transfert/la remise du chèque, la réception de l’argent.

Le suivi permettra à terme d’évaluer l’utilisation des fonds et la base de suivi permettra de visualiser et/ou d’accéder facilement aux justificatifs. Un système d’archivage sera mis en place pour conserver l’ensemble des pièces justificatives (contrats et chèques/transferts notamment).

13.1.2 Responsables du suivi

Le suivi de proximité sera assuré par la MOS, sous la supervision de l’EDD. La MOS veillera à collecter l’information nécessaire pour suivre l’avancement des activités du processus de réinstallation qu’elle présentera dans des rapports de suivi mensuels et lors de réunions de suivi avec l’EDD. Elle contribuera également à l’évaluation rétrospective du processus en répondant aux questions et besoin du bureau d’études en charge des évaluations externes.

13.2 Evaluation

13.2.1 Objectifs

Une évaluation externe est nécessaire à la fin du processus, de même qu’un audit. Il est recommandé de réaliser également une évaluation externe à mi-parcours afin de corriger d’éventuels manquements. Le

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présent CR et le PR qui sera préparé dans le cadre du projet constituent les documents de référence pour servir à l'évaluation.

L’évaluation se fixe ainsi les objectifs suivants :

 Evaluer la conformité de l'exécution avec les objectifs et méthodes précisés dans le CR et le PR

 Evaluer la conformité de l'exécution avec les lois et règlements nationaux, ainsi qu'avec la NES5 de la Banque Mondiale

 Analyser les procédures mises en œuvre pour la compensation et la réinstallation et évaluer l'adéquation des indemnisations et des mesures de réinstallation par rapport aux pertes subies

 Evaluer l'impact des actions de compensation et réinstallation sur les revenus, les niveaux de vie et les moyens d'existence, en particulier par rapport à l'exigence de la NES5 sur le maintien des niveaux de vie à leur niveau précédent

 Analyser le niveau de satisfaction des PAP autour du processus de réinstallation

 Proposer, si besoin, des actions correctives dans le cadre du suivi.

L'évaluation utilisera les documents et matériaux issus du suivi interne, et en supplément, les évaluateurs procéderont à leurs propres analyses de terrain par enquêtes auprès des intervenants et des personnes affectées par le projet. L'évaluation des actions de compensation et éventuellement de réinstallation est menée par des auditeurs compétents choisis sur la base de critères objectifs.

13.2.2 Responsable de l’évaluation

Les évaluations à mi-parcours du processus et à la fin du processus seront effectuées par un bureau d’études externes spécialisée en sciences sociales, nationaux (ou internationaux).

14 Budget et sources de financement

14.1 Budget du processus de réinstallation

Le coût global réel de la réinstallation et de la compensation sera déterminé à la suite des études socioéconomiques. Cette estimation comptabilisera les différentes modalités de compensation à savoir : en espèces, en nature ou sous forme d'assistance.

Un budget concerté et détaillé pour la mise en œuvre du plan sera établi comme partie intégrante du PR. Les coûts globaux de la réinstallation comprendront : les coûts de déplacement des tombes, les coûts de compensation des pertes individuelles et collectives, les coûts de réalisation du PR, les coûts de sensibilisation et de consultation publique, les coûts de suivi/évaluation.

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14.2 Sources de financement

L’EDD prendra en charge le financement de la totalité des coûts de réinstallation qui incluront le financement des indemnisations, les coûts liés à la préparation du PR, à la sensibilisation et consultation des parties prenantes, au renforcement des capacités et au suivi/évaluation du processus.

94 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

15 Participation communautaire et diffusion de l’information

15.1 Consultation sur le Cadre de Politique de Réinstallation

15.1.1 Objectif et méthodologie

L’objectif général des consultations publiques est d’assurer la participation des populations au processus de planification des actions du projet. Il s’agissait notamment :

 D’informer les populations sur le projet et ses activités

 De permettre aux populations de s’exprimer, d’émettre leur avis sur le projet

 D’identifier et de recueillir les préoccupations (besoin, attentes, crainte etc.) des populations vis-à-vis du projet ainsi que leurs recommandations et suggestions.

A cet effet, les consultations suivantes ont été organisées :

 Entretiens individuels avec les acteurs institutionnels au niveau national entre le 12 et le 18 mai 2020 : Ministère de l'Urbanisme, de l'Environnement et du Tourisme ; Ministère des Finances ; Ministère de l'Agriculture, de l'Eau, de la Pêche, de l'Elevage et des Ressources Halieutiques ; Ministère de l'Energie et des Ressources Naturelles ; Ministère de l'Equipement et des Transports

 Entretiens individuels avec les autorités préfectorales de Dikhil et d’Ali Sabieh le 11 mai 2020 et d’Arta le 18 mai 2020.

 Groupes de discussion avec les notables de la région de Dikhil et d’Ali Sabieh le 11 mai 2020 et de la région d’Arta le 18 mai 2020.

 Groupes de discussion avec des hommes de la zone d’Holhol le 30 mai 2020, de la région de Dikhil le 26 août 2020 et de la région d’Ali Sabieh le 27 août 2020.

 Groupes de discussion avec des femmes de la région de Holhol le 7 mai 2020 et de la région de Dikhil le 26 août 2020

Les groupes de discussions étaient séparés entre les hommes et les femmes car, dans le contexte djiboutien, les femmes n’auraient surement pas participé en présence des hommes. Il a également été prévu de réaliser certains groupes de discussions spécifiques avec des notables pour collecter des données sur l’histoire de la zone, les droits fonciers coutumiers et les systèmes de gestion des conflits traditionnels.

Il est important de noter que ces réunions ont été organisées en suivant un certain nombre de règles sanitaires afin d’éviter de possibles contagions du Covid-19 : dans ce sens, les participants ont reçu des masques de protection et ont été invités à se laver les mains avec une solution alcoolisée avant de commencer la réunion.

Au total environ une centaine de personnes ont participé à ces consultations publiques. Des consultations additionnelles seront menées lors de la formulation du PAR pour mieux informer les populations et acquérir leurs préoccupations.

95 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

Représentations des participants :

 Nombre d’hommes : 60

 Nombre de femmes : 20

 Nombre de jeunes : 14

 Nombre de représentants institutionnels : 5 ministères et 3 préfectures

Les discussions ont tourné autour des thèmes suivants :

 Présentation du projet et ses potentiels impacts en termes d’acquisition de terre et restriction d’usage

 Consultation sur les perceptions et appréciations du projet

 Consultation sur les préoccupations et craintes vis-à-vis du projet et de sa mise en œuvre

 Consultation sur les droits fonciers coutumiers et les systèmes de gestion des conflits traditionnels.

 Consultations sur l’usage des terres et les restrictions pouvant découler du projet

 Consultation sur les mesures de mitigation acceptables en termes d’acquisition de terres (destruction d’enclos, déplacement de tombes, etc.)

 Recueil des attentes, suggestions et recommandations.

15.1.2 Synthèse des préoccupations exprimées

Lors des espaces de consultation, les préoccupations exprimées ont été souvent les mêmes que ce soit au niveau des représentants des ministères, des autorités locales administratives et coutumières ou de la population (femmes, hommes et jeunes).

Celles-ci se concentrent sur les aspects suivants :

 La très grande majorité des participants craignent que l’EDD construise une ligne électrique qu’ils verront et qui aura donc un impact visuel dans le paysage mais sans que cela ne permette que les localités riveraines du projet puissent être raccordées au réseau électrique. Ils ont cité cette difficulté pour les localités de Galafi, Yoboki, Gour’Obbous et Goubetto.

 Les participants ont également pointé à plusieurs reprises le fait que la construction de cette deuxième ligne renforcée la dépendance énergétique de Djibouti envers l’Ethiopie.

 Les participants ont considéré que l’implantation d’une ligne haute tension proche de leurs localités pouvaient représenter un risque de santé du fait des ondes électromagnétiques mais également de possibles électrocution si un câble tombait ou si quelqu’un réussissait à escalader un pylône et s’électrocutait.

 Les participants de la région de Dikhil ont identifié que la sécurité des nomades pourrait représenter un enjeu particulièrement important et qu’il faudrait s’assurer de les informer correctement des mesures de sécurité pour éviter tout accident que ce soit au niveau de la population ou du cheptel.

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 La communauté Afar a montré sa préoccupation du possible déplacement des tombes en considérant que la religion et la tradition ne leur permettait pas de déplacer les défunts. En revanche la communauté Issa a considéré que cela n’était pas un problème et que d’ailleurs une compagnie chinoise avait déjà réalisé ce processus dans leur région lors de la construction d’une voie ferrée.

 Les notables rencontrés à Arta ont également fait allusion au processus d’acquisition de terres lors de la construction de la première ligne électrique et ont considéré que le processus n’avait pas été suffisamment participatif et qu’il faudrait donc améliorer cela dans ce nouveau projet.

15.1.3 Synthèse des principales suggestions et recommandations

Les espaces de consultation ont également été l’opportunité de collecter les suggestions et recommandations des différentes parties prenantes du projet. De nouveau il y a eu un consensus fort autour des suggestions proposées par l’administration centrale, les autorités locales et la population en générale. Les suggestions ont été les suivantes :

 Il est attendu que la mise en fonctionnement de cette nouvelle ligne permette de diminuer les chutes de tension et d’améliorer le service des abonnés en particulier durant l’été lorsque les coupures de courant sont les plus fréquentes.

 Il a été demandé à l’EDD de diminuer le tarif du kWh. Les populations locales ont d’ailleurs demandé d’avoir un tarif préférentiel prenant en compte les conditions de pauvreté de la population et favorisant les commerces. Il a également été suggéré d’alimenter gratuitement les infrastructures de services publics (école, centres de santé, forages, éclairage public).

 Il a également été demandé de proposer une solution électrique aux localités riveraines du projet que ce soit en les raccordant au réseau EDD ou en leur proposant des alternatives tels que des panneaux solaires. Cette suggestion est venue car lors de la construction de la première ligne, l’EDD a facilité le raccordement de certaines localités au réseau comme c’est le cas de Holhol en mai 2019.

 Certains ont également demandé d’améliorer l’accès à l’eau en augmentant le débit des forages en déclarant que lors de la construction de la première ligne, certaines localités avaient également bénéficié d’un raccordement d’eau avec l’ONEAD.

 Les participants ont souvent fait allusion au fait que la phase de construction de la ligne représentait une opportunité d’emploi. Les femmes ont considéré qu’elles pouvaient travailler directement avec le projet mais également en fournissant des services de restauration aux campements de travailleurs. De leur côté, surtout les jeunes, ont demandé que l’entreprise de construction favorise l’emploi de main-d’œuvre locale.

 Il a également été demandé que tout bien détruit, endommagé ou déplacé soit compensé correctement.

 Finalement à plusieurs reprises, les participants ont demandé à ce que le projet communique plus tant au niveau central qu’au niveau local. Les notables ont en particulier demandé à ce que les

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processus de construction et d’acquisition de terres soient partagés au niveau local avec les sous- préfets et avec eux-mêmes.

15.2 Diffusion de l’information au public

Après approbation par le gouvernement et par la Banque Mondiale, le présent Cadre de politique et de réinstallation sera publié sur le site de l’EDD et sur le site externe de la Banque Mondiale. Par ailleurs, le rapport sera disponible pour consultation publique dans toutes les Sous-préfectures et Préfectures de la zone du projet, et à l’EDD.

L’EDD est aussi fortement encouragé à organiser des rencontres avec les communautés locales, comme lors des entretiens ayant servi à l’étude afin de communiquer directement les résultats aux parties prenantes.

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16 Annexes

16.1 Certificat d’inscription pour la concession foncière du poste de Nagad

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100 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

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102 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

16.2 Cartes de l’occupation des sols de la zone de projet

103 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

104 CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DU SECOND PROJET DE LIGNE D’INTERCONNEXION ENTRE L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI

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