UNIL. 7-10 Octobre 2020 Africana. Figures De Femmes Et Formes De Pouvoir Bio-Bibliographies Et Descriptifs Véronique Tadjo (Lon
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1 UNIL. 7-10 octobre 2020 Africana. Figures de femmes et formes de pouvoir Bio-bibliographies et descriptifs Véronique Tadjo (Londres, Angleterre) Née à Paris, d’un père ivoirien et d’une mère française, elle a grandi à Abidjan en Côte d’Ivoire où elle a suivi son cursus scolaire et universitaire jusqu’à la maîtrise. Après avoir obtenu un doctorat en Littérature et Civilisation Noire Américaine à la Sorbonne Paris IV, elle a enseigné au département d’Anglais de l’université nationale de Cocody. Romancière, peintre et poète, elle est l’auteure de plusieurs romans et recueils de poèmes. Ses livres revisitent l’histoire familiale, Loin de mon père (Actes Sud, 2010), l’histoire nationale Reine Pokou, concerto pour un sacrifice (Actes Sud, 2004) et l’une des tragédies africaines les plus cruelles de notre temps que fut le génocide des Tutsis au Rwanda, L’Ombre d’Imana (Actes Sud, Babel 2005 ; Prix Kaïlcedra 2014 des lycées et collèges en Côte d’Ivoire). Une partie de son œuvre est consacrée à la jeunesse. En 2005, elle reçoit le Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire et en 2016, le Grand Prix national Bernard Dadié. Son dernier récit, En compagnie des hommes (Don Quichotte, 2017) a pour thème l’épidémie d’Ebola de 2014 qui a touché la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. Après avoir vécu en Afrique du Sud et dirigé le département de Français de l’université du Witwatersrand à Johannesburg, elle partage maintenant son temps entre Londres et Abidjan. Ses œuvres sont traduites en plusieurs langues. www.veroniquetadjo.com Figures de femmes africaines : entre mythes et changements. Dans la poésie et les romans de la première génération d’écrivains africains et en particulier de ceux de la Négritude, les femmes noires ont surtout été le symbole de la Terre-Mère ; les gardiennes de la culture ancestrale. Elles ont également été dépeintes comme des victimes, prisonnières d’une tradition sclérosée et sous le jouc d’un système patriarcal hérité de la colonisation. Aujourd’hui, les perceptions ont évolué. Les personnages littéraires féminins sont de plus en plus libérés de ces stéréotypes. Certes, dans la réalité, beaucoup d’entraves perdurent, mais une image bien plus complexe qu’auparavant se dessine grâce à deux tendances complémentaires : la relecture des mythes anciens ainsi que la prise en compte du contexte contemporain qui a vu les femmes africaines affirmer leur présence et leur influence sur le continent. La question du partage du pouvoir – des pouvoirs –, reste ouverte. Si elles ont gagné en force, elles ont perdu leur innocence, ou plutôt le portrait idéalisé qui était le leur. A quoi aspirent les femmes dans leur recherche de puissance et à travers quel prisme peut-on juger du succès de leurs objectifs ? Attributs du pouvoir ou pouvoir réel ? Dans la littérature, reflet de la vie, on assiste à une redéfinition de la notion d’héroïsme. Et ce sont les écrivaines africaines qui ouvrent la voie. * Romuald Fonkoua (Paris, France) Il dirige le Centre International d’Études Francophones (CIEF) de la Faculté des lettres de Sorbonne université Paris (SuP). Il est l’auteur de plusieurs articles et ouvrages individuels et collectifs dans ce domaine. http://www.cellf.paris-sorbonne.fr/chercheur/fonkoua-romuald Écrire le sujet féminin. Essai sur un biopouvoir : Tadjo, Pineau, Condé Que le sujet féminin soit commun aux romans de Maryse Condé, Gisèle Pineau et Véronique Tadjo est une évidence dès lors qu’on les interroge du point de vue du de ce que l’on peut appeler, à la suite de Michel Foucault, le « biopouvoir ». En effet, face à un corps marginalisé, face à un sujet désincarné, face à un être déshumanisé, Victoire, les saveurs et les mots ou La vie sans fard de Maryse Condé, Fleurs de barbarie ou 2 Chair Piment de Gisèle Pineau, Loin de mon père ou Reine Pokou de Véronique Tadjo révèlent la propriété de l’écriture à transformer ce qui jusque-là était une « vie nue » en un droit. Le droit de dire le mal-être (présent et passé) ; le droit de témoigner de la réalité (niée, répudiée ou manipulée) ; le droit d’interroger la mémoire (de l’ici ou de là-bas), l’histoire (et ses représentations), le mythe (et ses interprétations). Cette approche de la littérature féminine d’Afrique noire et des Caraïbes ouvre la réflexion sur une démocratie de la littérature particulière (une démocratie du sujet et de l’individu) qui diffère de celle de plusieurs écrivains masculins de ces régions du monde. * Eric Touya de Marenne (Clemson, USA) Professeur de français à l’Université de Clemson aux Etats-Unis, il a reçu son D.E.A. en littérature comparée à l’Université Paris IV Sorbonne et son doctorat en langues et littératures romanes à l’Université de Chicago. Il a reçu le prix John B. & Thelma A. Gentry Award for Teaching Excellence in the Humanities en 2012, et le Dean’s Award for Outstanding Achievement in Service en 2017. Il est l’auteur de Musique et poétique à l’âge du symbolisme (Paris: L’Harmattan, 2005), French-American Relations: Remembering D-Day after September 11 (Lanham: UPA, 2008), Francophone Women Writers: Feminisms, Postcolonialisms, Cross- Cultures (Lexington Books Publishing, 2011, Paperback reissue 2013), The Case for the Humanities: Pedagogy, Polity, Interdisciplinarity (Lanham: Rowman & Littlefield, 2016), et Simone de Beauvoir: le combat au féminin (Paris: PUF/ Humensis, 2019). https://www.clemson.edu/caah/departments/languages/about- contact/faculty-and-staff/facultyBio.html?id=589 Voix politiques, transcendantes et transgressives dans l’œuvre de Véronique Tadjo et d’Isabelle Eberhardt. La première partie de l’exposé porte sur L’ombre d’Imana de Véronique Tadjo, qui est basé sur le génocide rwandais. Nous analysons le passage dans lequel les morts appellent les vivants à rechercher l’empathie de ces derniers à la lumière de l’idée de « violence épistémique » de Spivak et de « l’humanisme de l'autre » de Lévinas. Nous chercherons à montrer comment Tadjo fait allusion à la rencontre avec l’autre et à sa nouvelle compréhension comme fondement de notre subjectivité. Dans un second temps, nous étudions un passage de Dans l’ombre chaude de l’Islam dans lequel Isabelle Eberhardt interprète le chant d’un membre de l’ordre Qadiriyya dans le désert du Sahara. Rejetant les conventions de la société européenne, elle a considéré sa conversion religieuse et culturelle comme un acte de libération et une vocation. La voix de l’autre devient dès lors un chemin par lequel le moi est transformé. Les deux passages ont des dimensions transcendantales si nous définissons la transcendance « comme la priorité morale superlative de l’autre personne » (Levinas). À travers leur expérience d’écoute, les deux auteures reconfigurent leur subjectivité. Leur interprétation de la voix de l’autre a également des implications politiques dans la mesure où elle est transgressive. Pour développer cet argument, nous explorerons le point de vue de Rancière selon lequel la lutte politique se produit lorsque les exclus cherchent à établir leurs identités en s’exprimant eux-mêmes et en s’efforçant de faire en sorte que leurs voix soient reconnues comme légitimes et entendues. * Alexie Tcheuyap (Toronto, Canada) Il est Professeur titulaire au Département d’Études françaises et vice-doyen à la Faculté des arts et sciences de l’Université de Toronto (Canada). Senior Fellow, boursier de l’Institut européen d’études avancées au Collegium de Lyon, professeur invité en Afrique du Sud, aux États Unis, en Allemagne et en France, il est 3 spécialiste des littératures et cinémas africains. Alexie Tcheuyap travaille également sur l’analyse des contenus médiatiques, avec un intérêt particulier pour l’articulation de ses discours sur le terrorisme en Afrique. En plus de nombreux articles parus dans des revues autorisées ainsi que de nombreux collectifs, il a publié Esthétique et folie dans l’œuvre romanesque de Pius Ngandu Nkashama (L’Harmattan, 1998) ; De l’Écrit à l’écran. Les réécritures filmiques du roman africain francophone (Presses de l’Université d’Ottawa, 2005) ; Postnationalist African Cinemas (Manchester University Press, 2011) et Autoritarisme, presse et violence au Cameroun (Karthala, 2014). Il vient de co-écrire avec Hervé Tchumkam Avoir peur. Insécurité et roman en Afrique francophone (2019) qui paraît aux Presses de l’Université Laval. https://www.french.utoronto.ca/people/directories/all-faculty/alexie-tcheuyap Féminin, masculin, pouvoir et représentation Le statut de « la femme africaine » a souvent donné lieu à des interrogations, voire à des passions. Le discours masculin qui, selon Carole Boyce Davis (1990), se réduit à l’exaltation d’une beauté exotique ou à la protection de l’image d’une femme féconde, comme celui élaboré « ailleurs » et qui considère la femme comme catégorie universelle de création, dégage en permanence un malaise. Et on se demande toujours si elle est une « femme », éventuellement noire, ou simplement une « femme africaine » dont il convient légitimer la représentation. Les femmes africaines ont un vécu spécifique que ne peuvent pas toujours élucider leurs « sœurs » occidentales. Davantage : les enjeux sur cette question se métamorphosent quand on passe de Calixthe Beyala (1995) à Molara Ogundipe Leslie (1994), Irène Assiba d’Alméida (1994), Béatrice Gallimore Ranjira (1994) ou Juliana Makuchi Nfah-Abbenyi (1997). Dans tous les cas, sont parfois radicalement remises en question, les structures de l’édifice patriarcal. Est aussi élaboré un discours sur le corps ou la polygamie. Au-delà des réflexions menées ici et là, se trouve mis à jour un portrait au féminin de l’intérieur, dans une perspective féminine qui viserait à s’affranchir de la simplification réelle ou supposée de la « fabrication » masculine du féminin. Hélène Cixous (1994) relevait son incapacité totale à vivre des émotions masculines.