Décembre 2016 | N° 21

Dossier VICTOR BESME

Varia LE MÉMORIAL DE WATERLOO À LA MAISON ET LE PARC HAP DOSSIER URBAINE L’EXTENSION A STRUCTURÉ VICTOR BESME COMMENT GRANDE CEINTURE AU FILDELA (A. deVille deGoyet, 2016©SPRB). Vue depuisle hautdel’église deLaeken Avenue delaReine,Bruxelles-Laeken. ARCHITECTE ET URBANISTE FRISQUE CHRISTIAN

CHARGÉ DE GUIDER L’EXTENSION URBAINE DE BRUXELLES, VICTOR BESME IMAGINA DE NOUVEAUX QUARTIERS DANS LE PROLONGEMENT DE CEUX EXISTANTS. Il paraissait évident de leur assurer à chacun un lien avec le centre de la ville. Relier ces nouveaux quartiers entre eux paraissait moins urgent aux yeux des élus locaux. Par ailleurs, le développement urbain nécessitait la création ou l’extension de nouveaux équipements tant civils que militaires. La création de la Grande Ceinture sera l’occasion de répondre à ces besoins.

Le concept de « Grande Ceinture » L’élaboration de ce plan s’accompa- Les boulevards de la future Grande peut être rapporté au projet d’en- gna d’une mise à jour de la carte de Ceinture constituent le premier ceinte circulaire à construire autour reconnaissance au 1/2500, actuali- point du rapport qui accompagne de Bruxelles dessiné dès 1840 par sant ainsi les documents de travail le plan de 1866 : le boulevard Charles Vanderstraeten, premier de Charles Vanderstraeten. Ce plan d’Anvers prolongé (futur axe Jardin inspecteur voyer. Cette ceinture d’un est avant tout un guide : suite à la botanique-Léopold II-Basilique), périmètre de 18,85 km devait com- nécessité « d’abandonner la plupart le déplacement du Champ porter 21 portes, espacées chacune des dispositions du plan de 1846, des Manœuvres (du parc du d’environ 900 m et impliquait l’an- il est indispensable d’en recons- Cinquantenaire vers les abords du nexion par la Ville de Bruxelles des truire un nouveau, non pas pour le bois de la Cambre), le chemin de fer terrains des faubourgs concernés1. rendre obligatoire, puisqu’il dépend de raccordement par Molenbeek- L’abandon définitif du projet d’an- des propriétaires de l’exécuter, Saint-Jean (future L28, avec le souci nexion des faubourgs en raison de mais pour posséder un type d’en- d’éviter des passages à niveau, son rejet par les Parlementaires en semble qui permette soit de diri- le mauvais exemple étant la L161 1854, la croissance urbaine asymé- ger les particuliers dans l’exploi- inaugurée en 1865, entre la gare du trique, la suppression de l’octroi en tation des terrains, soit de juger si Nord et celle du quartier Léopold, 1860 et l’obsolescence de certains les propositions isolées qu’ils font qui constituait un obstacle au déve- grands projets imposa une mise à chaque jour, si les plans partiels loppement urbain5), la création de jour radicale du concept de Grande qu’ils présentent se combinent ou quartiers de villas suburbaines aux Ceinture, celle-ci non plus comme se rapprochent de cet ensemble qui abords du bois de la Cambre (futur limite, mais comme élément struc- doit régir le développement d’une site de l’Exposition internationale turant de l’extension urbaine, liai- grande agglomération »3. Le rap- de 1910), de quartiers d’habita- sonnant les faubourgs existants et port reste discret sur la politique tions bourgeoises (« Cité du Midi », futurs. d’assainissement, débat important près de la chaussée de Charleroi, à une époque où la Senne sortait « Cité de l’Est » en about de l’ave-

Victor Besme, inspecteur voyer des régulièrement de son lit. Cette nue Rogier, « Cité de l’Ouest » sur N°021 – DÉCEMBRE 2016 faubourgs de Bruxelles, fut donc thématique est plus approfondie le plateau de Koekelberg), du loge- chargé par la Province de Brabant dans le rapport de 1863 en ce qui ment de la classe ouvrière (à situer d’établir cette nouvelle structure concerne le Maelbeek. Par ail- à proximité des chemins de fer). urbaine, connue sous le nom de leurs, Victor Besme élaborera, en Le rapport se termine par l’état de Plan d’ensemble pour l’extension et collaboration avec H. Guillery et développement des voiries commu- l’embellissement de l’agglomération G. Janssen, un Projet d’assainisse- nales, et des conditions nécessaires bruxelloise, dont la version défini- ment de la vallée de la Senne qui sera pour les intégrer dans le développe- 2 4 tive fut publiée en 1866 (voir p. 25). publié en 1864 (voir p. 11). ment urbain. BRUXELLES PATRIMOINES

027 AU FIL DE LA GRANDE CEINTURE

GRANDE CEINTURE OU • Grande Ceinture pour désigner En néerlandais Ring est un mot MOYENNE CEINTURE ? celle qui fut initiée par le boulevard générique, valable pour les trois : Militaire (appellation en cours aussi • Kleine Ring En français, on parle depuis long- depuis un siècle, mais Besme par- • de Ringlanen temps de : lait indifféremment de boulevards • de Ring • Petite Ceinture pour désigner extérieurs, ou de boulevards de les boulevards extérieurs du ceinture). R21 pour partie. Continuons donc de parler de Grande Pentagone tracés en partie par • Ring tout court (R0) pour désigner Ceinture. Jean-Baptiste Vifquin (appellation notre périphérique autoroutier en cours depuis un siècle, mais construit pour la plus grande part Besme parlait de boulevards tout dans les années 1970. court). R20 pour partie.

LA GRANDE CEINTURE, et le nouvel hippodrome à établir à avec le nouveau boulevard ne consti- DE LA VERSION DE 1863 la gauche du Bois, le raccorderait tue pas à terme un obstacle à l’urba- À CELLE DE 1866 au Bois, à son avenue [Louise], à la nisation, comme dit plus haut. Quant chaussée de Waterloo, permettrait au projet de boulevard Militaire, il est En comparaison avec le projet de aux équipages de sortir de Bruxelles déplacé légèrement plus à l’est. Vanderstraeten, la Grande Ceinture par la porte Louise, de parcourir le esquissée en 1862 s’étend moins Bois et de rentrer en ville par la rue Si dans la version de 1862, Besme loin à l’ouest et passe au nord du de la Loi. M. Wellens a complété ce caractérise ces boulevards de la futur domaine royal. Elle déborde travail par l’étude d’une route-ave- façon suivante : « Ces avenues […] ainsi du domaine de compétence nue qui partira du Champ actuel des devraient avoir une largeur de de l’inspecteur voyer, limité ini- manœuvres [le Cinquantenaire], dans 35 mètres, pour être composées, tialement à un cercle de 3.000 m le prolongement de la rue de la Loi, au centre, d’une allée plantée de de rayon autour de l’hôtel de ville pour aboutir presque en ligne droite 11 mètres de largeur et de deux de Bruxelles (fig. 1). Ce rayon sera au château de Tervueren, qu’elle chaussées latérales de 12 mètres porté à 7.500 m en 1874. reliera ainsi directement à la ville. »6 chacune, y compris les trottoirs… », En 1863, Besme garde encore à l’es- dans la version de 1866, la largeur Dans la première version de 1862, prit l’idée que la Grande Ceinture totale est ramenée à 26 m. Peur d’ef- publiée en 1863, la Grande Ceinture constituera la limite extrême de l’ag- faroucher les pouvoirs publics par mesure 22.920 m, dont 5.500 pour glomération, mais cette idée sera l’importance de la dépense ? Mais le seul boulevard Militaire : « C’est vite abandonnée. dans son rapport annuel de 1870 M. [François] Wellens, ingénieur relatif à l’année 1869, il se mon- en chef des ponts et chaussées Dans sa version de 1866, la Grande trera plus affirmatif et écrit : « Ces du Brabant qui a pris l’initiative de Ceinture mesure 24.150 m de long, boulevards auraient une largeur l’étude de cette importante section, elle diffère de la précédente par une de 45,00 m et leur section devrait section qui serait la première qu’il plus grande emprise vers le sud se composer de routes pavées ou faudrait construire, car elle s’éten- et l’ouest. Au sud, la chaussée de macadamisées, longeant des deux drait sur la crête des hauteurs de Waterloo trop urbanisée ne peut plus côtés les habitations et, au centre, de Bruxelles, mettrait en communica- être élargie à la dimension d’un bou- promenoirs plantés d’arbres pour les tion avec le Bois [de la Cambre], la levard. Un nouveau tracé, passant au piétons et les cavaliers. » Bien plus route de Louvain, la rue de la Loi, le sud de la « Cité du Midi » projetée, tard, en 1906, Léopold II déclarait : Champ des manœuvres et le quartier est dessiné, il correspond à la rue « Je me refuse désormais à signer qu’il fera naître, raccorderait la rue Vanderkindere à élargir. À l’ouest, il un projet de voie de communication du Trône prolongée ; elle relierait les s’agira de faire en sorte que la future dont la largeur serait inférieure à casernes à construire sur ce champ jonction ferroviaire (L28) combinée cinquante mètres »7.

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Fig. 1 Plan d’ensemble de 1866 avec en vert : rayon de 3.000 m autour de l’hôtel de ville de Bruxelles ; en rouge : le plan d’ensemble de 1862-1863 ; en bleu : le plan d’ensemble de 1866 (réalisé par l’auteur). BRUXELLES PATRIMOINES

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Fig. 2 Les boulevards de la future Grande Ceinture. Le fonds de plan URBIS (trame verte) reporté sur le plan de 1866 (Hans Blanchaert © SPRB-DMS).

La Grande Ceinture divisée en 13 tronçons : 1. du Bois de la Cambre à la chaussée de Wavre ; 8. Molenbeek-Saint-Jean et le boulevard Mettewie ; 2. de la chaussée de Wavre au square Montgomery ; 9. Anderlecht, de la chaussée de Ninove à la rue du Charroi ; 3. du square Montgomery à la place Meiser ; 10. la rue du Charroi et l’avenue du Pont du Luttre ; 4. de la place Meiser au pont Van Praet ; 11. les avenues Wielemans-Ceuppens, Reine Marie-Henriette 5. contourner le domaine royal et Besme ; 6. le boulevard de Smet de Naeyer ; 12. les avenues Albert et Winston Churchill ; 7. le plateau de Koekelberg et les avenues Sermon et Bossaert ; 13. traverser au contourner le bois de la Cambre ?

030 LA GRANDE CEINTURE, DU BOIS DE LA CAMBRE En 1885, l’avenue de la Couronne SECTION PAR SECTION À LA CHAUSSÉE DE WAVRE (20 m) prolonge la rue du Trône en ligne droite jusqu’au boulevard ; un Aujourd’hui, on peut considérer que Ce tronçon du boulevard Militaire a pont en brique enjambant la rue la Grande Ceinture (fi g . 2) est consti- une largeur de 35 m dans sa plus Gray (fi g . 3 b), classé en 2016, per- tuée par les boulevards Général grande partie. Il est achevé en 1888, met de s’affranchir de la présence Jacques, Louis Schmidt, Saint- sauf la partie proche de la chaussée de la vallée du Maelbeek. L’hôpital Michel, Brand-Whitlock et Auguste de Wavre qui ne le sera qu’en 1895. militaire y est construit en 1888 Reyers (l’ancien boulevard Militaire) ; Le profil n’est pas celui envisagé (démoli en 2002). Une axiale com- les boulevards Général Wahis et par Besme ; il se compose d’une plémentaire est créée en 1877, avec Lambermont ; les avenues Van large chaussée centrale encadrée l’avenue du Deuxième Régiment Praet, du Parc Royal, des Trembles de terrepleins plantés longeant les des Lanciers (40 m, entres les deux et des Robiniers ; le Pont Colonial, trottoirs (fi g . 3 a). On retrouve ici le casernes jumelles) prolongée par le boulevard De Smet de Naeyer ; regroupement d’installations mili- l’avenue des Casernes (32 m), pour les avenues de Laeken, Jacques taires ayant quitté le centre de la rejoindre l’avenue d’Auderghem Sermon et Émile Bossaert ; le bou- ville : les casernes jumelles Géruzet (20 m) et la rue de la Loi (20 m). levard Louis Mettewie, une partie du et de Witte de Haelen construites de 8 boulevard de la Grande Ceinture, le 1875 à 1882 – cette dernière raccor- La Plaine des Manœuvres trouva ici boulevard Maria Groeninckx de May, dée au chemin de fer du Luxembourg un emplacement jusqu’au début des les rues de la Compétition et René le long de la nouvelle Plaine des années 1950, après avoir quitté le Henry, les avenues Théo Verbeeck et Manœuvres – et l’ancienne École Cinquantenaire. Besme envisageait Eugène Ysaye, le boulevard Aristide royale de Gendarmerie (1909). Une en 1863 de la localiser immédiate- Briand, l’avenue Van Kalken, le pont nouvelle gare est créée à front de ment à l’est ou à l’ouest du bois de et le boulevard Paepsem, la rue boulevard (gare d’Etterbeek, 1906, la Cambre, avant de proposer cet du Charroi, les avenues du Pont aujourd’hui démolie), en remplace- emplacement en 1866. Ce type de de Luttre, Wielemans-Ceuppens, ment de celle bâtie en 1880 (dont un lieu était alors à double usage, mili- Marie-Henriette, Albert et Winston petit bâtiment annexe miraculeuse- taire et hippique civil. La création de Churchill ; l’avenue Legrand et le ment préservé a été classé en 2015). l’hippodrome de Boitsfort, en 1875, boulevard de la Cambre. Le site ferroviaire est au service entraîna la dissociation des deux direct des installations militaires. ( fi g . 3 c).

VICTOR BESME ET LÉOPOLD II d’influence – non sans une certaine financières la revente des terrains brutalité parfois – et d’une imagina- expropriés proches et des aides Le rôle de Léopold II fut primor- tion sans bornes pour arriver à ses publiques – on dirait aujourd’hui un dial pour réaliser le plan de Victor fins. Sans cela, pas de parc Josaphat, partenariat public-privé –, mais il dut Besme. pas de parc de Forest, pas d’avenue abandonner face à l’importance de Né en 1835, un an après Besme, il de Tervueren, du moins dans leur la dépense. Il se repliera alors sur devint roi en 1865. Il mourra fin 1909, splendeur actuelle. S’était ainsi éta- la stratégie de Besme, celle d’une cinq ans après Victor Besme. Déjà blie une collaboration qui dura près construction progressive, négociée,

dans ses discours de 1861, lorsqu’il de 40 ans. en fonction de l’urbanisation des ter- N°021 – DÉCEMBRE 2016 était sénateur de droit, il attirait l’at- ritoires considérés1. tention sur la nécessité d’un déve- Concernant la Grande Ceinture, face loppement approprié de la capitale à la lenteur des premières négo- du Royaume. Ils ne pouvaient que ciations entre communes et État, NOTE s’entendre ; mais là où Besme se Léopold II envisagea discrètement 1. RAINIERI, L., Léopold II urbaniste, Hayez, sentait contraint par la seule dyna- en 1882 la constitution d’une société Bruxelles, 1973. mique des acteurs fonciers privés, dont l’objet aurait été la réalisation

Léopold II put user de son pouvoir de l’ensemble, avec comme rentrées BRUXELLES PATRIMOINES

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DE LA CHAUSSÉE DE WAVRE AU SQUARE MONTGOMERY

Ici le boulevard Militaire, plus tardif (1906), offre une largeur plus impor- tante : 45 m. Le profil y est celui prévu par Victor Besme, la présence de zones de recul de 9,50 m permet la plantation d’une quadruple rangée d’arbres. Visuellement, c’est ainsi un espace de 64 m qui est offert, presque le double du tronçon pré- cédent. On y retrouve l’Arsenal du Charroi (1904)9, reconverti par la Fig. 3a Société de Développement pour la Boulevard Général Jacques depuis le rond-point de l’Étoile, Bruxelles. Carte postale ancienne Région de Bruxelles-Capitale (SDRB) (coll. Belfius Banque © ARB-SPRB). au début des années 1990, ainsi que le collège Saint-Michel (1905)10, lui aussi ayant quitté le centre de la ville (fig. 4a).

Au square Montgomery (fig. 4b), la Grande Ceinture et l’avenue de Tervueren (57 m) se croisent à angle droit : le boulevard avec son profil besmien, l’avenue avec une chaus- sée centrale complémentaire, à la manière de l’avenue Louise. Créé en 1897, ce square a un diamètre de 170 m. Les tronçons qui précèdent sont légèrement plus à l’ouest que prévu par Besme, ce qui a permis ce Fig. 3b croisement à angle droit. L’avenue de Le pont au-dessus de la rue Gray, Bruxelles. Carte postale ancienne (coll. Belfius Banque Broqueville, aboutissant au square, © ARB-SPRB). fut percée bien plus tard, dans le cadre du plan intercommunal d’Albert Dumont de 191811.

DU SQUARE MONTGOMERY À LA PLACE MEISER

D’une largeur de 45 m, ce der- nier tronçon du boulevard Militaire reprend le tracé prévu par Besme, à l’exception du raccord au square Montgomery. Il succède à un che- min rectiligne ancien, dont une partie avait été aménagée (drève de l’Hippodrome) pour donner accès au champ de manœuvres Fig. 3c de Linthout, qui précéda celui du Les casernes face à l’ancienne Plaine des Manœuvres, devenue le site de la VUB (Schmitt- GlobalView © SPRB). Cinquantenaire12. Achevé entre 1906

032 Fig. 4a Fig. 5 Le boulevard Militaire, à hauteur du boulevard et Collège Saint-Michel, Bruxelles. Carte pos- Square Vergote sur le boulevard Brand tale ancienne (coll. Belfius Banque © ARB-SPRB). Whitlock (Schmitt-GlobalView, 2010 © SPRB).

de Cortenberg, devenue avenue Plasky, ne se réalisera qu’en 1912. Symétriquement par rapport à la chaussée de Louvain, elle est aussi l’aboutissement de l’avenue Rogier achevée au même moment. Cet axe structure « la Cité de l’Est », telle qu’imaginée par Besme dès 1862, mais qui ne sera concrétisée que bien plus tard par Octave Houssa.

DE LA PLACE MEISER AU PONT VAN PRAET Fig. 4b Rond-point Montgomery, au croisement du boulevard Saint-Michel, de l’avenue de Tervueren, À , les visions urba- du boulevard Brand Whitlock (Schmitt-GlobalView, 2010 © SPRB). nistiques communales amènent Besme à faire évoluer le plan de 1866. Suite à la mise en place en 1896 d’un nouveau collège échevi- et 1910 à l’occasion de l’Exposition sol. L’aménagement paysager fut nal, la commune de se lance dans internationale, il est bordé par le Tir gommé lors de la transformation une politique de développement national (1888). en autoroute urbaine présentant volontariste14. Outre le renouvel- dix bandes de circulations, dans les lement urbain de l’ancien noyau L’urbanisation qui lui fait face est années 1960. Partagé entre les ter- villageois (quartier Teniers), elle conçue par Octave Houssa, ingé- ritoires de Woluwe-Saint-Lambert s’engage dans l’urbanisation de nieur des travaux de la commune et de Schaerbeek, le square Vergote quatre nouveaux quartiers articulés N°021 – DÉCEMBRE 2016 de Schaerbeek13. On y remarque relie le boulevard Brand Whitlock autour d’un nouveau parc : le parc un faisceau de rues axées sur les au boulevard Auguste Reyers (fig. 5). Josaphat. Cette urbanisation s’ap- éléments saillants de la façade ori- puie sur des plans dressés en 1903 ginelle du Tir national. Le square L’emplacement de la place Meiser par Octave Houssa. Vergote ponctue le boulevard, est resté constant depuis le pre- créant un lien visuel entre les deux mier Plan Besme, mais son amé- Le parc Josaphat (fi g . 6 a) doit en rives surélevées. Ces points hauts nagement, avec l’élargissement partie son existence à Léopold II, qui

correspondent au niveau initial du de l’ancienne partie de l’avenue sut user de son influence pour sur- BRUXELLES PATRIMOINES

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La traversée du domaine ferroviaire a nécessité la construction en 1905 du pont Teichmann qui sera recons- truit et porté à 43 m en 1986. Par rapport au plan de 1866, ce fran- chissement est réalisé 500 m plus au sud ; la gare de Schaerbeek se retrouvera ainsi à l’extérieur de la Grande Ceinture, contrairement à l’intention initiale de Victor Besme. Avec le canal, le pont Van Praet s’inscrit plutôt dans la logique du développement du domaine royal, bien antérieure à celle des nouveaux quartiers schaerbeekois dessinés par Octave Houssa. Sa réalisation Fig. 6a fut retardée au vu des enjeux de Boulevard de ceinture - Vallée de Josaphat. Plan signé Victor Besme (© fonds Victor Besme). « Bruxelles port de mer » en filigrane déjà dans le plan de 1866 ; la solution de compromis sera la construction en 1904 d’un pont tournant. Il sera remplacé par un pont fixe dès 1930.

CONTOURNER LE DOMAINE ROYAL

La première avenue Van Praet (20 m) longeait le domaine d’origine, en reprenant le tracé de l’ancienne Borrestraet, dévoyée au nord pour permettre la construction des serres. Ce tracé de 1880 disparaitra complètement dans les aménage- ments ultérieurs16.

L’extension du domaine à l’est dès Fig. 6b 1890 entraine la création d’un nou- Pont sur la chaussée de Haecht, Schaerbeek. Carte postale ancienne (coll. Belfius Banque © ARB-SPRB). veau tracé. Il se compose d’une par- tie rectiligne, aboutissant à un rond- point – le rond-point Van Praet – à monter les différents intérêts privés originel de la Grande Ceinture, mais partir duquel l’avenue se prolonge qui s’opposaient à sa réalisation15. il n’en verra pas la réalisation. Le sous la forme d’une longue courbe. Le parti général d’aménagement, parc longe le boulevard sur 1.400 m, L’extension enveloppe complète- outre le prolongement de l’avenue il l’aurait fait sur 1.900 m si les deux ment la propriété Van Volxem17, qui Louis Bertrand qui s’évase pro- derniers îlots avant la place Meiser ne sera cependant acquise qu’en gressivement jusqu’à l’embrasser, n’en avaient pas été distraits, en 1898. Le quadruple alignement s’appuie sur un effet de corniche contradiction avec le plan initial de d’arbres de ce deuxième tracé de joué par le boulevard Lambermont Houssa. 70 m de large est encore visible de (43 m) aménagé à cet effet entre nos jours sur les photos aériennes. 1912 et 1914, avec la mise en valeur Deux ponts permettent aux chaus- des perspectives visuelles sur la sées de Haecht et de Helmet de pas- L’acquisition de la campagne vallée. Besme modifie ainsi le tracé ser sous le boulevard (fi g . 6 b). Lacoste en 1895, de même que des

034 L’avenue Van Praet se raccorde au nord à l’avenue de Meysse, que Léopold II avait voulu voir transfor- mée en avenue de 156 m de large jusqu’à son aboutissant au château de Bouchout. Seul le tronçon jusqu’à la chaussée Romaine fut réalisé selon le profil initial. Le raccord des deux axes se faisait au lieu-dit Gros Tilleul, aujourd’hui disparu (1909) ; dans le voisinage immédiat se trouvent la statue de Neptune (1903), la Tour japonaise (1904) et le Pavillon chinois (1913)20. Ce dernier devait également accueillir un restaurant de luxe, qui ne trouva pas preneur Fig. 7a non plus. Avenue du Parc royal avec de gauche à droite, la caserne des Grenadiers, le monument à la Dynastie, le château du Belvédère, le château royal et la Tour japonaise, Bruxelles-Laeken. Carte postale ancienne (coll. Belfius Banque © ARB-SPRB). De ce point, la Grande Ceinture se prolonge par l’avenue du Parc royal, séparant le domaine royal du parc de Laeken, ouvert en 1880 à l’occa- sion du cinquantenaire de l’indépen- dance du pays21 (fig. 7a et 7b). Nous nous éloignons ici quelque peu de la logique de Besme qui, dès 1862, prévoyait la localisation du monu- ment à Léopold Ier sur la Grande Ceinture22. Le projet de parc n’existait pas encore. Les paysagistes adap- teront le parti initial et localiseront le monument au milieu du parc, en vis-à-vis du château royal ; une trouée visuelle reliant complémentairement le monument au bas de l’avenue. Continuant l’ovale du parc, la Grande Ceinture emprunte l’avenue des Fig. 7b Trembles. Elle s’en éloigne ensuite, Plan général du domaine royal de Laeken, du parc et de ses abords - Avenue de Meysse , de Vacherot (1908 ou 1909). Extrait de RANIERI, L., Léopold II urbaniste, Hayez, 1973, p. 116). via l’avenue des Robiniers (1906) qui sépare le domaine du Stuyvenberg de l’ancienne Caserne des Grenadiers23 terres de cultures situées au sud les genres de sports ».18 C’est (1902) devenue la quatrième école entrainent à nouveau le déplace- ainsi qu’un Plan d’ensemble pour le européenne en 2007. Cette section n’a ment de l’avenue. Décidé dès 1896, détournement de l’avenue Van Praet, pas la largeur ni le prestige attendu il ne sera effectif qu’en 1910. La dressé par Élie Laîné en 1898, nous d’un boulevard. Elle franchit ensuite N°021 – DÉCEMBRE 2016 propriété Lacoste devait devenir un y montre l’implantation d’un terrain l’avenue Jean Sobieski par le Pont restaurant de luxe, mais ce projet de polo (+/- 275 m x 150 m, l’équi- Colonial (1906) (fig. 8) 24. On trouve ici ne trouva pas preneur. Le reste de valent de six terrains de football)19. une articulation complexe, dominant l’extension était à terme destiné Ce troisième tracé, de 20 m, sera le square Clémentine25. L’examen à de l’activité sportive : « Quand complété par l’avenue des Croix attentif d’un plan de Vacherot26 de je serai vieux, je ferai à Laeken un du Feu et l’ensemble aménagé en 1908 ou 1909 permet une autre grand jardin de la jeunesse, comme autoroute urbaine. hypothèse de tracé, au nord du parc

il en existe à Stockholm, avec tous de Laeken, étendant quelque peu BRUXELLES PATRIMOINES

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Fig. 8 Le pont colonial situé parc Sobieski, 1906, Bruxelles-Laeken. Carte postale ancienne (Coll. Belfius Banque © ARB-SPRB).

Fig. 9a Plan dressé par Victor Besme, montrant le parc du quartier Léopold II, devenu le parc Élisabeth (© Fonds Victor Besme).

Fig. 9b Plateau de Koekelberg. Vue du haut de l’église de Laeken (A. de Ville de Goyet, 2016 © SPRB).

036 GRANDE CEINTURE ET et bientôt de la VUB. Alors que la Plus récemment, en 2012, la caserne MUTATION DU DOMAINE volonté manifestée par l’ULB est de des Grenadiers à Laeken est devenue MILITAIRE développer un site qui soit urbain, le la quatrième école européenne de concours de 1970 n’engendre qu’un Bruxelles, avec une prise en compte La création de l’armée belge et la projet déconnecté de son environ- plus affirmée du patrimoine. rationalisation des installations nement. Le Tir national a entière- militaires furent de puissants cata- ment disparu en 1963, laissant la L’ancienne École de Gendarmerie, les lyseurs pour la création de la par- place au site Reyers avec la Radio casernes Géruzet et de Witte de Haelen tie la plus emblématique de la Télévision belge francophone (RTBF) sont encore occupées par la police Grande Ceinture, identifiée d’ailleurs et la Vlaamse Radio en Televisie (VRT) ; fédérale. Si la reconversion de l’an- comme boulevard Militaire. Près d’un seul subsiste à l’écart, l’Enclos des cienne École royale de Gendarmerie siècle plus tard, ces installations Fusillés. est annoncée, des inconnues sub- deviennent obsolètes à leur tour et sistent en ce qui concerne les deux créent ainsi de nouvelles opportuni- Plus tard, au terme d’une convention casernes jumelles. La prise en compte tés de développement. conclue en 1976, la Défense nationale en amont du caractère patrimonial de s’est engagée à céder à la Société l’ensemble sera un enjeu important. La Plaine des Manœuvres fut pro- nationale de Logement (SNL)1 les gressivement abandonnée depuis casernes Prince Albert, Rolin, Prince les années 1950, elle n’accueille Baudouin, du Petit Château, l’Arsenal NOTES plus à l’époque que quelques mani- du Charroi et l’Hôpital militaire, soit festations sporadiques, ainsi que les une superficie totale d’environ 20 ha ; 1. « La Société nationale du Logement » s’est régionalisée en 1985, entrainant la fastes de la Gendarmerie. À la fin des mais seule une petite partie fut création de la « Société du Logement de années 1960, il fut décidé d’y instal- consacrée au logement, au contraire la Région de Bruxelles-Capitale » (SLRB). ler le campus universitaire de l’ULB des intentions initiales.

celui-ci. Ce document, intitulé Plan primera le premier segment depuis la de Jette sans défigurer l’ancien général du domaine royal de Laeken, place Saint-Lambert, remplacé par le axe d’origine rurale que représente du parc et de ses abords Avenue de « Vieux Bruxelles ». L’Expo 58, avec la la rue Léopold Ier. Il rejoint le pla- Meysse, prévoyait un raccord com- transformation autoroutière de l’ave- teau de Koekelberg par l’avenue de plémentaire de grande ampleur par- nue de Meysse devenue A12, mettra Laeken (34 m). Notons que dans les tant de l’avenue de Meysse élargie et à mal le second segment, longeant délibérations du Conseil commu- aboutissant à la place Saint-Lambert, l’ancien Pavillon américain. Seules nal de Laeken de 1901, l’appellation à savoir l’extrémité de l’avenue Jean les voies de trams, SNCV d’abord, boulevard Militaire est parfois utilisée Sobieski. Il serait venu en remplace- STIB aujourd’hui, assument encore soulignant ainsi l’appartenance au ment d’un tronçon de la rue du Heysel une liaison. même concept global que les bou- aujourd’hui disparu. La mort de levards de l’est de l’agglomération. Léopold II mettra fin à cette logique de grand art urbain. LE BOULEVARD DE SMET DE NAEYER LE PLATEAU DE KOEKELBERG Le plan directeur du plateau du ET LES AVENUES SERMON ET Heysel fut élaboré sous la direction de L’aménagement de ce boulevard de BOSSAERT l’échevin des travaux publics par les 28 m s’est achevé en 1909 (Laeken) ingénieurs Gillet et Lefèvre en accord et 1910 (Jette), à temps pour l’Ex- L’urbanisation du plateau de N°021 – DÉCEMBRE 2016 avec l’architecte en chef de l’exposi- position internationale. Le côté nord Koekelberg (fig. 9a et 9b) était prévue tion de 1935 Joseph Van Neck27. La comporte une zone de recul de 6 m, par Besme dès 1866 comme couron- photo aérienne de 1930 (www.gis. ce qui porte la distance entre fronts nement du nouvel axe Botanique- irisnet.be/bruciel) montre la structure bâtis à 34 m. Il prolonge l’avenue Léopold II. Comme « locomotive » viaire en construction avec un lien des Robiniers tout en se raccor- urbanistique, il avait pensé à un plus modeste, entre la place Saint- dant à l’avenue Jean Sobieski située « Palais de l’Industrie ». Léopold II Lambert et l’avenue de Meysse, mais quelques mètres en contrebas. Son proposa d’y ériger un panthéon à

l’Exposition universelle de 1935 sup- tracé préserve le centre historique nos gloires nationales. L’idée fit long BRUXELLES PATRIMOINES

037 AU FIL DE LA GRANDE CEINTURE

sportive est l’actuel Stade Edmond Machtens inauguré un an plus tôt, le centre civique ne fut jamais construit. La mise en valeur du domaine du Karreveld faisait partie du concours, le château deviendra bien plus tard ce centre civique. De l’articulation avec le boulevard ne subsiste que l’élargissement localisé de la berme centrale, là où ce projet de grande ampleur aurait pu être réalisé29. Par rapport au tracé de Besme, le boule- vard franchit les chaussées de Gand et de Ninove, respectivement 500 m et un kilomètre plus à l’ouest (fig. 10).

ANDERLECHT, DE LA CHAUSSÉE DE NINOVE À LA RUE DU CHARROI

La prolongation de la Grande Ceinture vers le sud se réalise pro- gressivement dans les années 1960 et 1970. Si son tracé de principe datait des années 1920, le boule- vard de Grande Ceinture (40 m) ne sera réalisé que dans les années 1950. Prolongé par le boulevard Shakespeare, il sera partiellement requalifié en espace vert ou en voi- rie locale, en partie à la demande

Fig. 10 des habitants de la cité-jardin de 30 La basilique de Koekelberg, l’avenue de la Paix, l’avenue É. Bossaert, la place Moortebeek (1922, J.-F. Hoeben) de Bastogne et le boulevard Louis Mettewie à Molenbeek-Saint-Jean (Schmitt- qui ne voulaient pas voir là se GlobalView, 2010 © SPRB). confirmer une autoroute urbaine. feu, mais il en est resté l’avenue du tard pour l’Exposition universelle Le nouveau boulevard Maria de Panthéon et l’avenue des Gloires et internationale de 1935. Il permit Groeninckx de May (36 m, 1972) en nationales. Finalement, ce fut une l’urbanisation de tout l’espace com- sera l’alternative routière, raccor- basilique. À ce niveau, la Grande pris entre le plateau de Koekelberg dée au Ring par un prolongement du Ceinture se décline au travers de et la chaussée de Ninove ; le nou- boulevard Sylvain Dupuis, radiale l’avenue Jacques Sermon (34 m), qui veau Molenbeek. Il débute place non reprise au plan initial. Au sud, fut ouverte en 1891, et de l’avenue Bastogne, à la limite de la commune les rues de la Compétition et Henry, Bossaert, qui ne fut achevée que vers de Koekelberg. Il est le fruit d’un devenues nationales, ne seront pas 1930. Elles sont situées à 30 m à l’est concours concernant l’urbanisa- élargies, de même que les avenues du tracé de Besme. tion du territoire situé à l’ouest de Verbeeck et Eugène Ysaye restées la ligne 28, remporté en 1921 par le communales. Le boulevard Aristide très jeune architecte Jean-François Briand sera porté à 30 m au début MOLENBEEK-SAINT-JEAN Hoeben (1896-1969) ; il ne sera que des années 1960. ET LE BOULEVARD METTEWIE partiellement traduit dans les faits28. Le tracé de la Grande Ceinture devait La traversée de la chaussée de Réalisé en 1938, le boulevard y être ponctué au point haut par un Mons et du canal se situe un kilo- Mettewie (40 m) est arrivé trop centre civique et sportif ; la partie mètre plus loin que la traversée

038 prévue par Besme. Entre la chaus- sée de Mons et la rue du Charroi, c’est un itinéraire entièrement neuf (35 m) qui sera tracé à la même époque (1965) avec l’avenue Frans Van Kalken et le boulevard Paepsem. Simultanément, Anderlecht se dote d’une double radiale complémen- taire : l’avenue Marius Renard dans le prolongement de l’avenue du Roi Soldat, et l’axe Maurice Carême- Théo Lambert avec, en sandwich, le parc des Étangs menant au Parc de la Pede, au-delà du Ring. La réali- sation du boulevard Industriel n’est Fig. 11a pas encore d’actualité. Considérée Avenue du Pont de Luttre, Forest. Carte postale ancienne (coll. Belfius Banque © ARB-SPRB). comme une pénétrante autorou- tière lorsque sa réalisation fut confiée à l’intercommunale B131 en 1971, elle évoluera vers un statut de boulevard urbain au début des années 1980.

LA RUE DU CHARROI ET L’AVENUE DU PONT DE LUTTRE

Dès l’époque de Besme, le problème de la traversée de la zone industrielle du fond de la vallée de la Senne, cadrée par le canal et le domaine ferroviaire, représente un obstacle Fig. 11b Le tracé complexe de la Ceinture entre les lignes ferroviaires, ponctué par l’iconique Wiels de taille. Lorsqu’il dut aménager le (Schmitt-GlobalView, 2010 © SPRB). quartier du Midi, dans la foulée des aménagements d’Auguste Payen qui se limitaient à la gare, à la place de la Constitution, à la rue de France et à l’avenue Fonsny, il fut confronté au passage à niveau prévu dans le prolongement de la rue Théodore Verhaegen rendu ingérable avec l’augmentation du trafic32. Il faudra en fait attendre la jonction Nord-

Midi actuelle, terminée début des N°021 – DÉCEMBRE 2016 années 1950, pour avoir une réponse satisfaisante du point de vue du tra- fic. Plus au sud, avec la complexi- fication des tracés ferroviaires, l’itinéraire de la Grande Ceinture dut se faufiler entre les obstacles Fig. 12 existants. L’avenue Fonsny ne put se Avenue Wielemans-Ceuppens (30 m), ouverte en 1908, Forest. Carte postale ancienne prolonger le long du chemin de fer (coll. Belfius Banque © ARB-SPRB). BRUXELLES PATRIMOINES

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vers Mons. La création de la ligne vers Nivelles et Charleroi conduira à créer une avenue Van Volxem courbe, longeant cette dernière. Retrouver un parallélisme avec la ligne vers Mons impliqua la créa- tion en 1878 de l’avenue du Pont de Luttre (30 m), anciennement avenue du Moulin, dans le prolongement de l’avenue Wielemans-Ceuppens (fig. 11a et 11b). Perpendiculairement au domaine ferroviaire dédoublé, la rue du Charroi sera lancée, carac- térisée par le pont du Charroi au décor égyptisant (1910, classé en Fig. 13a 1995). Cette rue de 20 m ne dépas- Place Vanderkindere, carrefour entre les avenues Albert et Brugmann et la rue Vanderkindere, Uccle. Carte postale ancienne (coll. Belfius Banque © ARB-SPRB). sera pas l’usine à gaz de Forest durant un demi-siècle.

LES AVENUES WIELEMANS-CEUPPENS, REINE MARIE-HENRIETTE ET BESME

La sinuosité du tracé dessiné par Victor Besme s’explique ici par la forte pente du relief naturel menant de la Senne (pont du Charroi) à l’Altitude 100 (place Albert). Le pivot de l’ensemble est le parc de Saint-Gilles, devenu parc de Forest, fruit d’une volonté de Léopold II 33.

Fig. 13b L’objectif premier était de donner à Place Vanderkindere (A. de Ville de Goyet, 2016 © SPRB). la population du sud de Bruxelles un espace vert de grande dimension, mais aussi d’être le moteur d’une opération immobilière de grande envergure, comprise entre la chaus- sée d’Alsemberg, la rue Théodore Verhaegen, le chemin de fer du Midi et la propriété Duden. Menée dès 1875, l’opération verra l’amé- nagement du parc et des voiries se terminer en 1881. Ultérieurement, en 1912, le parc Duden sera joint au parc de Forest. Le square Laîné qui assure la jonction entre les deux ne sera réalisé qu’en 1949. Ainsi s’achève une opération lancée 75 ans plus tôt et qui offre une pers- Fig. 13c pective magnifique sur le Palais de Avenue Albert : berme centrale destinée à la promenade. Carte postale ancienne (coll. Belfius Banque © ARB-SPRB). Justice. L’urbanisation de la partie

040 basse du site n’interviendra qu’ul- sition urbaine axée sur la barrière Un dévoiement de la ligne de che- térieurement, avec l’ouverture de Saint-Gilles, avec l’hôtel de ville min de fer du Luxembourg aurait en 1908 de l’avenue Wielemans- de Saint-Gilles et les prisons. Les passé à la limite du bois, en tran- Ceuppens (30 m) (fig. 12). avenues Albert (fig. 13a et 13b) et chée. L’avenue principale aurait été Brugmann bordent ce site. À l’est prolongée jusqu’à la place Flagey de cette dernière se développera le selon un tracé correspondant à LES AVENUES ALBERT ET quartier de Berkendael, principale- l’avenue de l’Hippodrome. Un park WINSTON CHURCHILL ment organisé autour de l’avenue system pouvait s’établir ainsi, reliant Louis Lepoutre, avec complémen- le bois, l’abbaye de la Cambre et Victor Besme, dans son plan de tairement l’avenue Molière créée les étangs d’. Ce projet ne 1863, donnait à la chaussée de en 1902. Elle est large de 20 m avec se réalisa pas. Ultérieurement, Waterloo prolongée en ligne droite une chaussée centrale bordée de ce site sera en partie retenu pour jusqu’au bois de la Cambre un rôle terrepleins arborés. Deux zones l’Exposition universelle de 1910, de Grande Ceinture, mais dans la de recul de 5 m donnent une dis- ce qui entrainera le percement de version de 1866, ce rôle est assumé tance entre fronts bâtis de 30 m, l’avenue Émile De Mot, au prix de par la rue Vanderkindere à élargir, comme pour les avenues Albert la mutilation du jardin de l’abbaye élargissement qui sera contrarié (fig. 13c) et Churchill. Ce quartier de la Cambre. L’accès principal de par une urbanisation non contrôlée. de Berkendael est principalement l’Exposition constituera l’amorce de Entre deux, Besme développait la attribuable au géomètre César la future avenue Franklin Roosevelt « Cité du Midi », dispositif rayonnant Poon, agissant pour le compte du (ancienne avenue des Nations). depuis une place à créer chaussée banquier Georges Brugmann34. L’Université libre de Bruxelles récu- de Waterloo, en about de la chaus- pèrera ensuite une partie du site en sée de Charleroi (Ma Campagne). 1924. Seule l’avenue Brugmann (ancien- TRAVERSER OU nement avenue d’Uccle), un des CONTOURNER LE BOIS rayons, fut réalisée. Ouverte en DE LA CAMBRE ? L’ÉVOLUTION ULTÉRIEURE DE 1875, elle est directement dotée LA GRANDE CEINTURE d’une ligne de trams. L’intention de Besme en 1866 était simple : assurer un lien direct entre La réalisation de la Grande Ceinture La Grande Ceinture sera réalisée la rue Vanderkindere élargie et s’est ainsi étendue sur près d’un finalement encore plus au sud, en le boulevard Militaire par une voie siècle et son tracé s’est parfois partie là où Besme avait envisagé perpendiculaire à l’avenue Louise. fortement éloigné du tracé ini- un premier emplacement poten- Ce tracé correspond à l’avenue tial, surtout à l’ouest de la Région tiel d’un nouvel hippodrome, à Legrand (16 m) et au boulevard de la bruxelloise où elle fut réalisée plus l’ouest du bois. L’avenue Albert est Cambre (20 m), tous deux datant de tardivement. Elle connait des élé- ouverte progressivement de 1896 1875, tout comme l’avenue Winston ments de discontinuité, selon les à 1901, l’avenue Winston Churchill Churchill. La chaussée de Waterloo critères de mobilité d’aujourd’hui, (anciennement avenue Longchamps) ne faisant que 16 m à cet endroit, le plus connu étant le bois de la est contemporaine de l’avenue c’est donc un lien sous-dimensionné Cambre. Mais au temps des fiacres, Brugmann (1875). Toutes deux pré- qui relie l’avenue Winston Churchill ces rétrécissements au long ou au sentent un profil classique avec au boulevard Militaire. L’alternative travers de parcs étaient accep- deux chaussées encadrant un ter- est d’emprunter les allées du bois, tables, vu l’importance moindre du replein arboré, pour une largeur à savoir les avenues de la Lisière, trafic, l’absence de propriétés rive- totale de 30 m, même si Besme de Diane, de Flore, de Cérès. Un iti- raines à desservir et le report pos- avait initialement prévu une largeur néraire prestigieux double ainsi un sible des promeneurs vers lesdits N°021 – DÉCEMBRE 2016 de 45 m. itinéraire plus fonctionnel. parcs.

L’aménagement de la « Cité du Midi » Besme prévoyait en bordure est Besme est né en même temps que se fera selon un parti d’aména- du parc la création d’un « quar- le chemin de fer, qui concurrencera gement radicalement différent de tier de Villas », limité grosso modo rapidement la route pour les liai- celui prévu par Besme en 1866. On par la Grande Ceinture au nord, la sons entre villes, incitant certains retrouve dans ce périmètre, sous chaussée de la Hulpe au sud et par à se poser la question du maintien l’action de Besme, toute la compo- la chaussée de Boondael à l’est. d’un réseau viaire. Destiné avant BRUXELLES PATRIMOINES

041 AU FIL DE LA GRANDE CEINTURE

cavalières et autres espaces de pro- menade, abattage massif d’arbres. Ces premières opérations effec- tuées dans le cadre de la future Expo 58 n’étaient qu’un premier pas vers un réseau plus vaste d’auto- routes urbaines couvrant la plupart des grands boulevards ou avenues de la future Région. Le réseau fut parfois complété par des mises à sens unique de voiries parallèles, comme Loi-Belliard ou Fonsny- Mérode, par la mobilisation de percées ferroviaires ou par la des- truction totale ou partielle d’îlots pour « l’autoroute du Maelbeek ». La Grande Ceinture est reprise dans ce réseau. Ce programme fut revu à la baisse dans les années 1970, sous la pression des Bruxellois, mais cela ne sauva pas nos boulevards majestueux du gâchis.

Fig. 14 Plan régional de Développement durable (PRDD) 2013. Carte 03 Mobilité (© SPRB). CHANGEMENT DE CAP ET RENAISSANCE ?

La régionalisation de 1989 permit des mesures correctives plus systé- tout au transport de marchandises, et la gare ne sera jamais construite matiques. Ainsi, les tranchées rou- le chemin de fer connaitra un suc- à cet emplacement. Enfin, il prône tières situées de part et d’autre du cès inattendu pour le transport de la construction de deux gares de square Montgomery furent couvertes personnes, avec la création d’un marchandises distinctes des gares et aménagées en espaces de pro- nombre important de haltes et sta- du Midi et du Nord : la gare de Tour menade. La démolition récente du tions. Besme entame sa carrière et Taxis qui fut décidée en 1896, en viaduc Reyers crée d’autres opportu- avec l’urbanisation des abords de même temps que le développement nités. Le boulevard Général Jacques la gare du Midi. À l’est, il dénonce de « Bruxelles port de mer », et la retrouvera bientôt des alignements la logique d’implantation de la voie gare implantée au nouvel abattoir d’arbres. Mais ailleurs, on recom- du chemin de fer du Luxembourg d’Anderlecht (1890)35. mence à en supprimer, à l’occasion comme obstacle à l’urbanisation de la création de sites propres pour future. Il faudra un demi-siècle pour autobus (avenue d’Auderghem par corriger ces erreurs de conception. LE TOUT À L’AUTOMOBILE exemple) ou de la création de pistes À l’ouest, il pousse à la perméabi- cyclables (avenues Defré et Fonsny). lité du site ferroviaire de la ligne 28, Les années 1950 transformèrent dénonçant les passages à niveau radicalement les boulevards les La Grande Ceinture pourrait cepen- comme celui de l’avenue de la Reine. plus importants, donnant une prio- dant trouver une nouvelle vocation À Molenbeek-Saint-Jean, il encou- rité absolue à l’automobile. La au vu des potentialités qu’elle pré- rage le développement d’une gare brochure Bruxelles, carrefour de sente, en particulier les projets de de l’Ouest en dessinant une ligne l’Occident 36, décrit parfaitement redéploiement du tramway en cours droite entre le canal et cette future les logiques à l’œuvre à l’époque : d’étude, mais aussi en matière de gare, dans le prolongement de la déplacement des voies de trams maillage vert. La section orientale première section de la chaussée de pour libérer de l’espace, suppres- présente déjà en partie des carac- Gand. Ce tracé ne se réalisera pas sion des pistes cyclables et allées téristiques de pré-métro, complé-

042 W

L’AVENUE DE LA REINE ET SON PASSAGE À NIVEAU

Extrait du rapport annuel de Victor On ne peut relever sensiblement le sol Ce 10 mai 1869, Besme de 1869 (exercice 1868) de l’avenue sans nuire à la perspective L’Inspecteur voyer dans les faubourgs de l’église ; on ne peut non plus abaisser de Bruxelles, « Les moyens de transport vers de beaucoup les rails sans altérer pro- Laeken se multiplient ; une station fondément le profil de la ligne et sans Victor BESME. » à l’avenue de la Reine, un service pénétrer dans une couche de terrain d’omnibus régulièrement fait, une très humide où il serait très difficile de Le plan de 1866 illustre l’alternative halte rue des Palais, mettent cette maintenir une voie ferrée, à moins de au tracé du chemin de fer Dendre-et- commune en relations faciles avec faire des travaux d’une nature spéciale. Waes, mais Besme ne fut pas suivi. les différents points de l’agglomé- Cette partie de l’avenue de la Reine, ration. Il reste le détournement, soit en diri- tracée dès 1871, ne reçut son amé- geant la ligne de façon à passer der- nagement de double chaussée avec Mais à mesure que ces améliorations rière l’église de Laeken en suivant un berme centrale qu’en 1891. Comme facilitent et activent la circulation, tracé que j’ai figuré sur la carte annexée prévu, le passage à niveau se révéla l’étendue des obstacles qui d’autres à mon rapport de 1866, soit en perçant un obstacle de plus en plus infran- côtés l’entravent ; devient plus appa- un long tunnel sous le mamelon que chissable vu l’augmentation du tra- rente. C’est ainsi que chaque jour couronne le palais de Laeken, et en fic ferroviaire. Le trafic routier fut on constate davantage l’insuffi- procédant ainsi par un moyen très coû- détourné via la rue de l’Église. Quant sance d’un seul pont sur le canal de teux et qu’il faut éviter, toutes les fois aux piétons, ils bénéficièrent du Willebroeck et les dangers du pas- que son application n’est pas rigoureu- Passage Chambon (classé en 2007), sage à niveau de la ligne de Dendre- sement imposée. palliatif envisagé dès 1901, mais réa- et-Waes sur l’avenue de la Reine. lisé seulement en 1913. Un tunnel Quoi qu’il advienne, il est un point routier fut enfin réalisé en 1935 afin Le premier point est facile à résoudre : que l’on ne peut méconnaître de rendre le plateau du Heysel plus construire un pont à peu de distance aujourd’hui, c’est qu’il faudra un jour accessible, à l’occasion de l’Exposi- du premier faciliterait de beaucoup la supprimer ce passage à niveau, et tion de 1935. L’ensemble n’est plus circulation ; mais il est plus difficile chaque année dont on reculera la aujourd’hui qu’une voie express sans de trancher la question du chemin de solution de cette question, ajoutera qualité. fer de Dendre-et-Waes. considérablement à la dépense. N°021 – DÉCEMBRE 2016

Avenue de la Reine. Vue panoramique vers Bruxelles. Carte postale ancienne (coll. Belfius

Banque © ARB-SPRB). BRUXELLES PATRIMOINES

043 AU FIL DE LA GRANDE CEINTURE

tée bientôt par un futur tunnel sous NOTES Meiser. La mise en métro de l’axe nord-sud impliquera une réorgani- 1. FINCOEUR, M.-B. et SILVESTRE, M., sation du réseau de surface, avec Inventaire raisonné des collections une station Albert modifiée et pro- cartographiques Vandermaelen - IV, KBR, p. 181. Texte complet dans Pasinomie, longée vers Wielemans-Ceuppens, 1846, p. 245. par un tunnel passant sous le parc de 2. Une première ébauche du plan fut pré- Forest. À l’ouest, la vision à moyen et sentée en 1862 et publiée en 1863. à long terme du projet de Plan régio- 3. Procès-verbaux de la session 1861 du nal de Développement durable pré- Conseil provincial du Brabant, p. 821. senté en 2013 par le Gouvernement 4. BESME, V., GUILLERY, H. et JANSSEN, G., régional est d’établir une ligne Projet d’assainissement de la vallée de de tram sur la Grande Ceinture37. la Senne, Imprimerie Guyot, Bruxelles, (fig. 14) L’accessibilité qualifiée de 1864. « moyenne » aujourd’hui s’en trouve- 5. Elle sera déportée vers l’est et mise en rait grandement améliorée. tranchée. La partie sud sera opéra- tionnelle en 1884 (entre les squares Ambiorix et Armand Steurs), la partie En matière de verdoiement, l’occa- nord en 1914 (entre le square Armand sion existe de rétablir des aligne- Steurs et la « Cage aux Ours », place Verboekhoven). ments d’arbres ; la volonté de trans- former la pénétrante autoroutière 6. Exposé de la situation administrative de la Province du Brabant, 1863, p. 748. de l’E40 (autoroute de Liège) en parkway pourrait aussi s’appliquer 7. STINGLHAMBER, (Colonel BEM) et DRESSE, P., Léopold II au travail, à l’E411 (autoroute de Namur) et Éditions du Sablon, Bruxelles/Paris, à l’A12 qui mutila l’ancienne ave- 1945, p. 232. nue de Meysse. La revitalisation 8. Architecte : Otto Geerling (1829-1900) de ces grands espaces publics est sur base du plan de F. Pauwels, décédé également l’occasion de restituer en 1877. les traversées piétonnes. Le « Plan 9. Architecte : Henri Van Dievoet piéton stratégique » adopté par le (1869-1931). Gouvernement régional en 2012 10. Architectes : Alphonse Gellé (dates voudrait que le maillage piéton cor- inconnues) et Joseph Prémont (dates inconnues). responde à une trame de l’ordre de 100 m ; une traversée tous les 100 m 11. LELOUTRE, G., « Une culture “com- mune”. L’urbanisme communal est donc un objectif raisonnable à bruxellois ou la construction concertée atteindre. d’une agglomération capitale », Bruxelles Patrimoine, n°18, avril 2016, Bruxelles, p. 28. La revalorisation de la Grande Ceinture est d’autant plus impor- 12. Son périmètre était constitué par l’ave- nue de Roodebeek, la rue Degouve de tante qu’à l’est et au sud de la Nuncques, le square Levie, l’avenue Région, de grands projets urbains Herbert Hoover, le square et la rue sont annoncés : un « campus » à Vergote, la rue de Linthout. l’arrière de la gare de Schaerbeek, 13. BERCKMANS, C. et DE PANGE, I. (asbl le site de la gare Josaphat, le APEB), « Schaerbeek, introduction urbanistique », Bruxelles, 2014, p. 33 réaménagement du site Reyers, les et suiv. (www.irismonument.be). sites des Casernes et des Prisons. 14. Ibidem. Il faudrait y ajouter le site du stade d’Anderlecht et ses annexes. La 15. La réalisation du parc proprement dit s’étalera de 1905 à 1912, il est l’œuvre Grande Ceinture de Besme retrouve de l’architecte-paysagiste Edmond ainsi toute son actualité. Galoppin (1851-1919). 16. LACA Tijdingen, 19, numéro spécial, février-mars 2008.

044 17. Jules Van Volxem (1822-1893), 34. Georges Brugmann (1829-1900) Victor Besme: along ’ bourgmestre de Laeken de 1872 à soutiendra les aventures coloniales 1877, tentera de résister à l’absorption de Léopold II et sera par ailleurs le Large Urban Ring or how to par enclavement de sa propriété par moteur de l’urbanisation de cette structure urban development. Léopold II, mais sa veuve finira par partie de la ville. jeter le gant. 35. Cette gare ne servira que pour Tasked with guiding the urban 18. Léopold II au sénateur Sam Wiener, l’abattoir et sera désaffectée en development of Brussels, STINGLHAMBER, (Colonel BEM) et 1953 ; la vraie grande gare de Victor Besme conceived new DRESSE, P., op.cit., p. 229. marchandises du sud de Bruxelles fut celle de la Petite-Île, construite neighbourhoods running on from 19. KOZYREFF, Ch., Songes d’Ex- entre 1910 et 1920. those already in place. It seemed trême-Asie : la Tour japonaise et le Pavillon chinois à Laeken, Fonds 36. Bruxelles, carrefour de l’Occident, obvious to ensure that each Mercator, Bruxelles, 2001, p. 15. ministère des Travaux publics, had a link to the centre of the Bruxelles, 1956. 20. Le jardin du Pavillon chinois est classé city. However, linking these new comme site depuis 1977, sa zone 37. Il prévoit d’emprunter le boulevard neighbourhoods to each other de protection couvre aussi la Tour Maria Groeninckx de May pour seemed less urgent in the eyes japonaise. ensuite tourner vers le boulevard Sylvain Dupuis ; puis, dans un of local elected representatives. 21. Pour un historique du site, voir deuxième temps, de continuer What’s more, urban development Bruxelles Patrimoines, n° 14, avril 2015, l’itinéraire de Grande Ceinture par required the construction or p. 94 et suiv. le pont Paepsem et au-delà, vers extension of new civilian and 22. « De la route de Louvain, il descen- Wielemans-Ceuppens et la station drait le versant de droite de la Senne, Albert. military infrastructure. The traverserait cette rivière et le canal creation of the Large Urban Ring de Willebroeck, à l’extrémité du provided an opportunity to satisfy Domaine royal qu’il contournerait afin d’englober le nouveau Parc public et these requirements. le monument à élever à la mémoire du roi Léopold Ier » (Rapport fait à M. le Since the public authorities were Gouverneur du Brabant sur la situation de la voirie dans les faubourgs de unable to realise such projects on Bruxelles par Victor Besme, inspec- their own, each component was teur voyer des faubourgs de Bruxelles, the subject of negotiations with année 1869, Bruxelles, 1870, p. 36). the actors concerned, such as 23. Architecte Jules Jacques Van Ysendyck the banker Georges Brugmann (1836-1901). or a visionary municipal authority 24. Classé comme monument en 1996. like Schaerbeek. In the majority 25. Classé comme site en 1997. of cases, the discreet but firm 26. RANIERI, L., Léopold II urbaniste, support of King Leopold II was Hayez, 1973, p. 116 ; Service du Plan important. vert, ministère des Travaux publics. 27. COOMANS, Th., Le Heysel et les Still unfinished at the time expositions universelles de 1935 et 1958, of Besme’s death, the Large coll. Bruxelles, Ville d’Art et d’histoire, Bruxelles, 1994. Urban Ring was not completed until the 1960s. After initially 28. La Cité, janvier et juin 1921. being sacrificed to the needs 29. LELOUTRE, G., op.cit., p. 31-32. of motorists, it subsequently 30. Avec les architectes J.-F. Bragard, J. underwent renewed development Mouton, F. De Paepe, G. Verlant, J. to better cater to other uses. It was Diongre et F. Brunfaut. also the common denominator

31 « Intercommunale pour les autoroutes in other new major projects N°021 – DÉCEMBRE 2016 de la périphérie de Bruxelles », en bref, le Ring. undertaken by the Region. 32 Rapport fait à M. le Gouverneur du Brabant sur la situation de la voirie dans les faubourgs de Bruxelles par Victor Besme, inspecteur voyer des faubourgs de Bruxelles, année 1869, Bruxelles, 1870. 33 RANIERI, L., op.cit., p. 41 et suiv. BRUXELLES PATRIMOINES

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COMITÉ DE RÉDACTION Jean-Marc Basyn, Stéphane Demeter, ÉDITEUR RESPONSABLE Paula Dumont, Murielle Lesecque, Cecilia Arlette Verkruyssen, directeur général Paredes et Brigitte Vander Brugghen. de Bruxelles Développement urbain de la Région de Bruxelles-Capitale, CCN – rue RÉDACTION FINALE EN FRANÇAIS du Progrès 80, 1035 Bruxelles. Stéphane Demeter Les articles sont publiés sous la RÉDACTION FINALE EN NÉERLANDAIS responsabilité de leur auteur. Tout droit Paula Dumont de reproduction, traduction et adaptation réservé. SECRÉTARIAT DE RÉDACTION Murielle Lesecque CONTACT Direction des Monuments et Sites – Cellule COORDINATION DE L’ICONOGRAPHIE Sensibilisation Cecilia Paredes CCN – rue du Progrès 80, 1035 Bruxelles. http ://www.patrimoine.brussels COORDINATION DU DOSSIER [email protected] Jean-Marc Basyn CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES AUTEURS / COLLABORATION Malgré tout le soin apporté à la RÉDACTIONNELLE recherche des ayants droit, les éventuels Jean-Marie Bailly, Jean-Marc Basyn, bénéficiaires n’ayant pas été contactés Derek Biront, Françoise Boelens, Thierry sont priés de se manifester auprès de d’Huart, Jan De Kesel, Paula Dumont, la Direction des Monuments et Sites Marie-Pierre Dusaussoy, Christian de la Région de Bruxelles-Capitale. Frisque, Mieke Goegebuer, Pierre-Yves Lamy, Catherine Leclercq, Harry Lelièvre, LISTE DES ABRÉVIATIONS Murielle Lesecque, Christian Spapens, AGR – Archives générales du Royaume Anne Van Loo. ARB – Académie royale de Belgique AVB – Archives de la Ville de Bruxelles TRADUCTION CIDEP – Centre d’Information, de Gitracom, Data Translations Int. Documentation et d’Étude du Patrimoine CDBDU – Centre de Documentation de RELECTURE Bruxelles Développement urbain Martine Maillard, Anne Marsaleix et le et Sites comité de rédaction. DMS – Direction des Monuments et Sites KIK-IRPA, Bruxelles – Koninklijk Instituut GRAPHISME voor het Kunstpatrimonium / Institut royal The Crew Communication du Patrimoine artistique SPRB – Service public régional de IMPRESSION Bruxelles IPM Printing ISSN DIFFUSION ET GESTION 2034-578X DES ABONNEMENTS Cindy De Brandt, DÉPÔT LÉGAL Brigitte Vander Brugghen. D/2016/6860/020 [email protected] Dit tijdschrift verschijnt ook REMERCIEMENTS in het Nederlands onder de titel Hans Blanchaert, Philippe Charlier, « Erfgoed Brussel ». Julie Coppens, Thierry d’Huart, Mathilde Lebrun, Georges Mayer, Marc Meganck, Coralie Smets, Tom Verhofstadt.