Le Ciel Comme Atelier, Yves Klein Et Ses Contemporains

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Le Ciel Comme Atelier, Yves Klein Et Ses Contemporains LE CIEL COMME ATELIER YVES KLEIN ET SES CONTEMPORAINS 18.07.2020 > 01.02.2021 LE CIEL COMME ATELIER / DOSSIER DÉCOUVERTE SOMMAIRE 1. PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION P.3 2. YVES KLEIN ET SES CONTEMPORAINS P.5 3. SE SITUER P.7 4. LE PARCOURS DE L’EXPOSITION P.8 5. LISTE DES ARTISTES PRÉSENTÉS P.19 6. MOTS EN LIBERTÉ P.20 7. JEUNE PUBLIC P.29 8. INFORMATIONS PRATIQUES P.30 En couverture : Charles Wilp, Yves Klein travaillant à l’Opéra-Théâtre de Gelsenkirchen, 1958 - Version PRINT Photographie © Charles Wilp / BPK, Berlin © Succession Yves Klein c/o Adagp, Paris, 2020 2 LE CIEL COMME ATELIER / DOSSIER DÉCOUVERTE 1. PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION Du 18 juillet 2020 au 01 février 2021 GRANDE NEF Le Centre Pompidou-Metz présente à partir du 18 juillet 2020 une exposition consacrée à Yves Klein (1928-1962), figure majeure de la scène artistique française et européenne d’après-guerre. Au-delà de la mouvance des Nouveaux Réalistes à laquelle la critique, à la suite de Pierre Restany, l’a principalement rattaché, Yves Klein a développé des liens intenses avec une constellation d’artistes, des spatialistes en Italie aux groupes ZERO et Nul en Allemagne et aux Pays-Bas. Il a également entretenu des affinités certaines avec le groupe Gutaï au Japon. À leurs côtés, Yves Klein, « peintre de l’espace », fait entrer l’art dans une nouvelle dimension où le ciel, l’air, le vide et le cosmos figurent un atelier immatériel propice à réinventer le rapport de l’homme au monde, après la tabula rasa de la guerre. Dans un monde marqué par le souvenir encore prégnant de la Seconde Guerre mondiale, dans le contexte de la Guerre froide et de la menace atomique, les artistes délaissent les techniques traditionnelles au profit d’actions ou de performances où l’intensité de la vie fait irruption. À l’inverse, le recours au monochrome, au vide ou à la lumière, l’aspiration à une zone de silence, les manifestations collectives et festives participent d’une autre perception du monde, marqué par la reconstruction et la naissance de nouvelles utopies. Comme l’affirme Antje Kramer, « si la subversion a été un des moteurs efficaces pendant les deux premières décennies du XXe siècle, elle est évacuée », chez Klein et ses contemporains, « au profit d’une esthétisation totalisante – même de la politique – qui avance “ toujours plus loin ” sur les cendres de l’histoire1 ». Les nouvelles stratégies plastiques développées visent à dépasser la matérialité de l’œuvre d’art, vue comme un obstacle à la liberté, et expérimentent la monochromie, le vide et la lumière, en des gestes où l’œuvre est, à l’image des toiles lacérées ou trouées de Lucio Fontana, ouverte à l’infini. Cette aspiration cosmogonique est partagée par ces artistes qui, à l’instar de Klein, allient l’eau et le feu, la terre et l’air. Les œuvres de lumière de Günther Uecker, Otto Piene, Heinz Mack, qui évoquent des galaxies en formation rendent latentes leur angoisse face à la menace d’une guerre nucléaire. À l’ère de la conquête spatiale, la dimension poétique du cosmos se trouve mise à l’épreuve et Klein affirme : « Ce ne sera pas avec des rockets, des spoutniks ou des fusées, que l’homme réalisera la conquête de l’espace car, ainsi, il resterait toujours un touriste de cet espace ; mais c’est en l’habitant en sensibilité2.» Cette génération d’artistes, portée par un idéalisme libertaire, conçoit le ciel comme un bouclier immatériel et spirituel face à la course à l’armement nucléaire et à la prolifération de ses soleils artificiels. 1 Antje Kramer, L’Aventure allemande du Nouveau Réalisme. Réalités et fantasmes d’une néo-avant-garde européenne (1957-1963), Dijon, Les Presses du réel, 2012, p. 330. 2 Yves Klein, « L’évolution de l’art vers l’immatériel. Conférence à la Sorbonne » (1959), repr. in Le dépassement de la problématique de l’art et autres écrits, Marie- Anne Sichère et Didier Semin (éd.), Paris, Beaux-Arts de Paris éditions, 2003, rééd. 2011, p. 122. LE CIEL COMME ATELIER / DOSSIER DÉCOUVERTE Charles Wilp, Yves Klein im “Raum der Leere“ im Museum Haus Lange, 1961 Photographie © Charles Wilp / BPK, Berlin © Succession Yves Klein c/o Adagp, Paris, [2019] 4 LE CIEL COMME ATELIER / DOSSIER DÉCOUVERTE 2. YVES KLEIN ET SES CONTEMPORAINS Yves Klein naît à Nice le 28 avril 1928, de parents artistes – Fred Klein (1898-1990) et Marie Raymond (1908-1989). Sa mère, peintre abstrait, fréquente à Nice et à Paris de nombreux artistes et représentants du monde des arts et des lettres tels que les Lettristes. Pendant sa jeunesse niçoise, il se découvre une passion pour le judo, qui à cette époque tient moins d’un sport que d’une méthode d’éducation intellectuelle et morale visant à la maitrise de soi. En 1946, Yves Klein signe symboliquement l’envers du ciel comme étant « la plus belle et la plus grande de [ses] œuvres3». Dès lors, il s’attache à rendre visible l’infini de l’espace à travers son « aventure monochrome » et la quête d’un art immatériel qu’il initie au tournant des années 1950 et qu’il poursuit jusqu’à sa mort. Entre 1952 et 1954, Yves Klein séjourne au Japon, à Tokyo, où il se dédie à l’obtention du 4e dan de judo à l’institut Kôdôkan – il est le premier Français à atteindre un tel niveau. À son retour, il publie son livre Les Fondements du judo, ainsi qu’un recueil de monochromes sous le titre d’Yves Peintures. Il met alors au point la fabrication du fameux bleu outremer IKB (International Klein Blue) qui revêt à ses yeux une dimension spirituelle. 1957 marque le début de la carrière internationale d’Yves Klein : à l’occasion de l’exposition de ses monochromes bleus à la Galliera Apollinaire, de Milan (Yves Klein. Proposte monocrome, epoca blu, 2-12 janvier 1957), il se lie d’amitié avec Lucio Fontana et fait la connaissance de Piero Manzoni, avec qui il entretiendra des liens complexes malgré leurs affinités. Manzoni, inspiré par la démarche de Klein, se dédie peu après à sa série d’Achromes. En mars, la galeriste Iris Clert présente à Klein l’artiste Norbert Kricke et l’architecte Werner Ruhnau, avec qui il collaborera sur le chantier de l’opéra-théâtre de Gelsenkirchen (1957-1959). Lors de sa première exposition en Allemagne, à la Galerie Schmela de Düsseldorf, Yves Klein rencontre Otto Piene et Heinz Mack, qui formeront la même année le groupe ZERO, rejoint plus tard par Günther Uecker. Peu après, Klein fait la connaissance de Rotraut Uecker, jeune artiste qui l’accompagnera dans ses projets et deviendra son épouse en 1962. C’est également en 1957 qu’Yves Klein réalise ses premières œuvres immatérielles, à l’occasion de deux expositions conjointes à Paris, Yves Klein : Propositions monochromes simultanément à la galerie Iris Clert et à la galerie Colette Allendy. Chez Iris Clert, l’avènement de l’« époque bleue » est célébré par un lâcher de 1 001 ballons bleus dans le ciel de Paris lors de l’inauguration, baptisé Sculpture aérostatique. Chez Colette Allendy, il présente notamment sa première Peinture de feu et le premier Immatériel, au premier étage de la galerie : « Surfaces et blocs de sensibilité picturales. Intentions picturales », qui consiste en une salle laissées entièrement vide. Cette recherche autour de l’immatériel atteint son apogée l’année suivante lors de l’exposition La Spécialisation de la sensibilité à l’état matière première en sensibilité picturale stabilisée, connue sous le nom d’exposition du Vide, à la galerie Iris Clert. En 1958, Yves Klein participe à la première exposition du groupe ZERO et publie dans le premier numéro de la revue éponyme son texte « Ma position dans le combat de la ligne et de la couleur ». La même année, il réalise avec le sculpteur Jean Tinguely, 3 Yves Klein, « Manifeste de l'Hôtel Chelsea, New York, 1961 », repr. in Le dépassement de la problématique de l’art et autres écrits, op.cit., p. 310. 5 LE CIEL COMME ATELIER / DOSSIER DÉCOUVERTE également associé au projet de Gelsenkirchen, plusieurs œuvres de collaboration – des machines avec des disques métalliques recouverts de peinture IKB et tournant à grande vitesse–pour leur exposition Vitesse pure et stabilité monochrome à la galerie Iris Clert, à Paris (17-30 novembre 1958). Au printemps suivant se tient la première grande exposition collective de la nébuleuse ZERO, Vision in Motion / Motion in Vision à la Hessenhuis, à Anvers. Le groupe publie le troisième numéro de sa revue en 1961, dans lequel figurent deux importants textes de Klein. Cette parution donne lieu à une manifestation festive, Zero. Edition Exposition Demonstration à la Galerie Schmela de Dusseldorf,̈ qui marque l’adhésion officielle de Günther Uecker à ZERO. Yves Klein continue sa poursuite de la beauté à l’état invisible : « L’art est partout où l’artiste arrive. » Son rêve d’habiter le ciel qui se précise dans son projet pour une Architecture de l’air développé ́ avec l’architecte Claude Parent, s’inscrit dans un contexte de recherches utopiques autour de nouveaux modes d’habitation. Dans une démarche spirituelle, il intègre l’usage d’éléments naturels dans ses tableaux : ses premières expérimentations, en 1957, aboutissent sur ses puissantes Peintures de feu en 1961, et réalise en 1960 ses premières Cosmogonies, œuvres produites à l’aide de phénomènes atmosphériques. Juste avant sa mort, survenue le 6 juin 1962, Yves Klein aurait confié à un ami : « Je vais entrer dans le plus grand atelier du monde. Et je n'y ferai que des œuvres immatérielles.
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