L 'Artisanat Berbère: Permanence Des Matériaux, Symbolisme Des Formes. Etude Historique Et Anthropologique, De L’Antiquité À Nos Jours
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Université Paris Ouest-Nanterre La Défense École doctorale Mieux, cultures et sociétés du passé et du présent _________________ Thèse en vue de l’obtention du Doctorat de l’Université de Paris Ouest-Nanterre La Défense Présentée par Loubna TRIKI Sous la direction du Professeur Charles Guittard Discipline : archéologie ______________________________________________________________________________ L'artisanat berbère : permanence des matériaux, symbolisme des formes. Étude historique et anthropologique, de l'antiquité à nos jours ______________________________________________________________________________ Année universitaire 2013-2014 Dédicace « Je dédie ce travail à ma mère, sous les pieds de laquelle se trouve mon Paradis et à mon père qui n’a eu de cesse de m’enseigner les innombrables vertus du savoir : à la Résurrection, ils auront ce privilège de porter des couronnes lumineuses. » Remerciements Je rends grâce à Dieu l’Omniscient qui m’a prêté vie et concédé une infime partie de son incommensurable savoir Je tiens à remercier mon directeur Charles Guittard d’avoir accepté de diriger cette thèse, et de m’avoir orienté sur ce thème. Tous les mérites reviennent à mes illustres professeurs, que je hisse sur les plus hauts piédestaux et auxquels je témoigne mon profond respect à Ms Mansouri Saddek et Ms Sallah. Toute ma gratitude à mes frères surtout Samir, mon fiancé Zouhir pour son aide et son soutient, mes sœurs surtout Habiba, mes amies surtout Samia. Et tous mes proches qui ont toujours su me témoigner leur sympathie et leur assistance dans le cadre de mes recherches d’études. Résumé La culture berbère trouve ses origines dans la lointaine protohistorique, elle se voit dans le lien indéfectible à la terre, le sens de la communauté, le rapport au sacré, et l’hospitalité.L’artisanat est aussi l’un des modes d’expression de cette culture traditionnelle.cet art authentique a longtemps été souvent méprisé tout au moins minorisé, devant une industrialisation très avancée. C’est le temps de faire connaitre à tous les codes d’un savoir-faire ancestral en voie de disparition. L’art berbère est à proprement parler un art abstrait, un art primitif, une pure création de l’esprit guidé par un instinct profond et des traditions sans âge. Cet art reproduit des formes et des techniques qui remontaient à l’âge du bronze, ce que l’histoire et l’anthropologie ont prouvé. À partir des matériaux frustes : pierre, terre, bois… et des gestes ancestraux appris de mères en filles, ces dernières modèlent l’argile, sculptent le cèdre, ou tissent la soie ; les artisanes respectent un langage esthétique codifié séculaire, en utilisant des signes géométriques qui symbolisent les rites de la civilisation. Avec le temps, le sens de ces images a sans doute évolué, mais elles restent un témoignage de permanence berbère. Mots clés : berbère, artisanat, technique, matériaux, symbolisme, Anthropologie. Abstract Berber culture finds its origins in the remote proto-historic, its seen in the unbreakable bond to the earth ,the sense of community, the relationship with the sacred, and hospitality. The craft is also one of the ways of the expression in this traditional culture; this authentic art has long been mistaken and even marginalized in front of a very advanced industrialization. It’s time to inform everybody about all the codes of an endangered ancestral knowledge. The Berber art itself is an abstract art, it is a primitive art, a pure creation of the mind guided by deep instinct and ageless traditions. This reproduces forms and techniques dating back to the Bronze Age, proven by history and anthropology. Starting from the rough materials: stone, clay, wood ... and ancestral gestures learned from mothers to daughters, they shape the clay, sculpts (carve) cedar, or weave silk. The craftswomen/men follow a secular codified aesthetic language using geometric signs witch symbolize the rites of civilization. Over time the meaning of these images has probably changed, but it remains a testament (witness). Keywords: Berber, crafts, technique, materials, symbolism, Anthropology. Introduction : haque peuple a ses propre repères socioculturels attachés à un espace et à un environnement, qui font son identité et sa singularité. Le passé, le présent et même l’avenir de l’Afrique du nord en général ne peuvent pas être liés à c l’artisanat aussi étroitement que l’est l’enfant à sa mère. L’homme est déjà originellement pétri de terre et à la terre, il retournera. L’amour de cette terre, notamment le pays natal, engendre un attachement aussi affectueux que le lien filial à sa mère génitrice. Cette dépendance, due aux racines du lieu établissent une véritable passion qui forge des repères identitaires indéfectibles qui font office de foi. Il va de soi que l'habit est le premier élément qui définit l’identité. Au-delà de son utilité et de sa nécessité pratique, il sert à établir les origines de son porteur ou de sa porteuse : c’est le modèle type né des coutumes d’une société donnée, établie sur un territoire bien délimité, qui porte une appellation propre et une nationalité qui s’y rattache. Cet apparat – associé à des comportements stéréotypes, reflétant moult qualités fort louables - permet de mieux les identifier pour les situer ethniquement et géographiquement ; ils demeurent les références et les représentants authentiques de leur pays, par rapport déjà à ces apparences extérieures, indépendamment de leur langue, leurs coutumes et leur culture ! Il reste évident que les repères socioculturels ne se limitent pas au seul costume, mais aussi et surtout aux traditions et coutumes, voire les diverses activités productrices d’intelligence et de savoir-faire, en d’autres termes tous les acquis des peuples, mis à la disposition de l’Autre, qui portent les marques, les empreintes, les indices, les signatures de leurs auteurs et concepteurs : les métiers et les arts divers (architecture, sculpture, dessin, poterie, tapisserie, graphisme, orfèvrerie, vannerie, ferronnerie, dinanderie, maroquinerie,…). Ce sont essentiellement les productions artisanales qui vont se faire - à travers les négoces d’abord, les échanges, les voyages et le tourisme ensuite – les véritables ambassadeurs du pays en question et de ses créateurs auprès de l’étranger, voire dans tous les continents. Les autres productions de l’intellect, de quelque ordre que ce soit : littéraires, scientifiques ou autres, viennent compléter les acquis intrinsèques de la culture en question, qui forment désormais une compilation qui leur est assujettie, et laquelle, incontestablement les désigne comme référents, à la postérité. Néanmoins, il convient de souligner que chaque pays s’identifie par des costumes propres, que ses citoyens portent comme un tribut, par fidélité aux traditions ancestrales. Ce principe fondamental, qui constitue une des constances de sa nationalité et une référence raciale. Dans les traditions identitaires, il y a beaucoup d’aspects qui mettent en relief les caractéristiques spécifiques et dominantes d’un peuple, notamment, son modèle de société, voire son organisation sociale (différentes couches : paysans, artisans, petite bourgeoisie, « conseil des anciens », constitué de notables d’où est prélevé le chef, détenteur de tous les pouvoirs au sein de la communauté) statuts sociaux (régimes matrimonial ou patriarcal), son mode de vie, les aspects morphologiques et les traits caractériels essentiels communs à la majorité, hérités des gènes transmis de générations en générations qui résistent à l’épreuve du temps pour demeurer éternellement, jusqu’à la disparition de la race. Il faut remarquer, qu’au fil du temps et selon les régions réputées berbères, les deux modèles ont existé et se perpétuent à ce jour, en ce qui concerne surtout le matriarcat, encore persistant dans le Hoggar et quelques régions subsahariennes frontalières à l’Algérie. A contrario, en Kabylie, le patriarcat s’est beaucoup affiné et rigoureusement implanté, et ce n’est pas demain la veille de son éviction. Il reste évident que, dans ce mode de vie sociétal, chaque détail quotidien a son importance, depuis la chasse ou la pêche ou l’agriculture, jusqu’aux autres ressources, dont l’artisanat multiforme, l’art dont la variété des styles et des formes rejaillissent comme des cachets ou des signatures sur l’environnement. L’apparat (costumes quotidiens et de circonstance), jusqu’à l’aspect des sculptures d’animaux, des gravures, l’image des figurines, de tous les décors adoptés et même les tatouages que portent hommes et femmes, le henné et bien d’autres produits… , les pratiques sportives, les manifestations culturelles (contes populaires, poésie de terroir, chants, danses,…), les habitudes culinaires (coutumières et occasionnelles) et la pratique du culte, tels la commémoration des événements historiques, les festivités (fiançailles, mariages, circoncisions, rites initiatiques….) constituent un véritable reflet de l’ensemble de l’éventail de la culture ancestrale qui exhibe ses spécificités ethniques. Au grand Maghreb, l’artisanat berbère aussi riche soit-il, se présente sous des formes et des couleurs et des labels très variés. Les doigts de l’artisane et de l’artisan perpétuent aujourd’hui encore la mémoire collective. Ils continuent à manier et à travailler merveilleusement la matière, à la façonner en des formes inspirées par des siècles d’histoire et de culture, empreintes de valeurs culturelles et de rajouts civilisationnels. Du Maroc à la Tunisie via l’Algérie, où que l’on aille le produit artisanal qu’il soit utilitaire