Les Espaces De Précarité Une Identificationàl’Aided’Indicessynthétiques Métropole Bordeaux
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bordeaux métropole Les espaces de précarité une identification à l’aide d’indices synthétiques contrat local de santé contrat 2 l’autre matérielle. Ces deux dimensions sont les deux axes n LES CONTRATS LOCAUX DE SANTÉ (CLS) ont pour objec- tif, entre autres, de participer à la réduction des inégalités à suivre dans le choix des variables à retenir pour la consti- sociales et territoriales de santé. Dans le cadre du CLS de tution de l’indicateur composite. Sur une quinzaine d’in- Bordeaux Métropole et en complément à l’état des lieux dicateurs synthétiques sélectionnés suite à la réalisation réalisé pour l’élaboration du contrat, l’Observatoire régio- d’une revue de la littérature sur cette thématique, le choix nal de la santé d’Aquitaine a réalisé une analyse spéci- s’est porté sur la territorialisation de deux indices : le FDep fique sur la précarité au sein de la Métropole. Cette étude (French Deprivation du CépiDc-INSERM) et l’IDL (Indice de a pour objectif d’observer l’état de précarité sociale et Défaveur Localisé du laboratoire TVES-ULCO). Ils possèdent matérielle de Bordeaux Métropole selon diverses échelles chacun une démarche de construction et un choix de va- (Communes, TRIRIS) et à l’aide de plusieurs indices syn- riables différents qui permettent de comparer les résultats thétiques. de ces deux indices et ainsi de doubler la validité de l’ana- lyse sur Bordeaux Métropole. n LA PRÉCARITÉ est un phénomène complexe, mul- tidimensionnelle, et ne peut se restreindre à une simple Par ailleurs, afin d’intégrer la dimension santé dans cette conception économique. Afin de bien appréhender les étude et suite aux expérimentations réalisées sur d’autres différentes dimensions de la précarité, des chercheurs et territoires, il a été décidé de territorialiser un indice généra- scientifiques ont élaboré des indices synthétiques. Ces in- lement appliqué à l’échelle internationale, l’Indice de Déve- dices ont l’avantage d’intégrer et de synthétiser différents loppement Humain (IDH). Même si ce n’est pas un indice indicateurs généralement utilisés de manière individuelle de défavorisation sociale à proprement parler, il remplit (par exemple les revenus médians par unité de consommation, néanmoins le même rôle de compréhension des inégalités la part de familles monoparentales, le taux de chômage, etc.). socio-économiques et permet de discerner les inégalités L’intérêt est ainsi d’identifier rapidement les zones où se territoriales sur le plan de la santé, de l’éducation et des concentre la précarité et aussi de simplifier un phénomène revenus. à maints égards complexe sur une seule et même repré- sentation cartographique. Il est important de rappeler que les indices synthétiques n CES INDICES SYNTHÉTIQUES sont nommés indicateurs ne renvoient qu’une vision partielle et orientée du territoire. écologiques de défavorisation, de défaveur ou de dé- Ce sont des outils d’aide à la décision qui permettent de savantage, selon les études et selon les traductions de synthétiser les informations et d’attirer l’attention sur des l’expression anglo-saxonne « deprivation indices ». Défini territoires plus défavorisés. Ils ne suffisent pas à eux seuls par le sociologue Peter Townsend dans les années 1980, pour comprendre et rendre plus lisible un territoire mais l’indice est plus exactement « un état observable et dé- permettent d’ouvrir un débat et d’accompagner les dé- montrable de désavantage relatif face à la communauté cideurs pour réduire les inégalités sociales et territoriales locale ou à l’ensemble de la société à laquelle appartient en santé. l’individu, la famille et le groupe. »1. Le désavantage que l’auteur définit est ici de deux dimensions, l’une sociale, 1 - les notes renvoient aux références bibliographiques (page 11) 3 L’indice de désavantage social (FDep) L’indice en 2012 par commune... La Dordogne AMBÈS La Garonne ST-VINCENT- DE-PAUL ST-LOUIS-DE- MONTFERRAND PAREMPUYRE AMBARÈS- ST-AUBIN-DE-MÉDOC ET-LAGRAVE Très forte précarité BLANQUEFORT BASSENS Forte précarité LE TAILLAN- CARBON- MÉDOC BLANC Précarité moyenne EYSINES Faible précarité ST-MÉDARD-EN-JALLES Très faible précarité BRUGES LORMONT Données Iris non significatives LE HAILLAN LE BOUSCAT ARTIGUES- PRÈS- CENON BORDEAUX MARTIGNAS- Quartiers prioritaires 2016 SUR-JALLES BORDEAUX FLOIRAC Rocade MÉRIGNAC BOULIAC TALENCE BÈGLES PESSAC Nord GRADIGNAN VILLENAVE- D’ORNON Méthodologie : FDep L’indice est construit à l’aide d’une analyse en composantes principales ... et au niveau infracommunal (ACP) réalisée sur quatre indica- teurs. Les résultats de la synthèse des quatre indicateurs pour les 28 communes sont projetés sur des La Dordogne axes qui établissent la variabilité des AMBÈS communes les unes par rapport aux La Garonne autres. Les coordonnées des communes du ST-VINCENT- DE-PAUL ST-LOUIS-DE- premier axe assurent un poids homo- MONTFERRAND gène pour chaque indicateur, c’est-à- PAREMPUYRE dire un pouvoir explicatif satisfaisant AMBARÈS- ST-AUBIN-DE-MÉDOC ET-LAGRAVE pour la synthèse et la compréhension BLANQUEFORT BASSENS de la situation de la commune. La LE TAILLAN- CARBON- MÉDOC part d’ouvriers et le taux de chômage BLANC s’inscrivent toujours en opposition à EYSINES ST-MÉDARD-EN-JALLES la part de bacheliers et aux revenus BRUGES LORMONT disponibles médians par unité de LE HAILLAN LE BOUSCAT ARTIGUES- PRÈS- CENON consommation. BORDEAUX MARTIGNAS- SUR-JALLES BORDEAUX Ces coordonnées statistiques du FLOIRAC MÉRIGNAC premier axe sont ensuite représen- BOULIAC tées cartographiquement et discréti- TALENCE sées en quintile de manière à ce que BÈGLES PESSAC chaque classe ait le même nombre de communes ou de quartiers. Cette GRADIGNAN VILLENAVE- technique à l’avantage de faciliter les D’ORNON comparaisons sur la carte bien qu’elle fasse l’impasse sur les valeurs ex- trêmes et tend à exacerber la réalité. 0 2,5 5 km sources : Insee (2012), DGFiP (2012), cartographie : ORS Aquitaine 4 L’indice de désavantage social (FDep) a été développé à la fin des années 2000 par une équipe française du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (CépiDc- Inserm)2. Attribué à un échelon géographique fin, l’indice permet de résumer au mieux l’hétérogénéité socio-économique et la présence de précarité sur un territoire. Il est un des indices les plus utilisés en France pour caractériser les inégalités sociales de santé car l’Inserm a démontré que cet indice était positivement et quasi-linéairement associé au niveau de mortalité.2,3 L’indice est construit à partir de la synthèse de quatre indicateurs : la part des ouvriers dans la population active de 15 à 64 ans ayant un emploi, la part de bacheliers parmi les personnes de 15 ans ou plus sorties du système scolaire, le taux de chômage et le revenu disponible médian par unité de consommation. Un gradient Ouest-Est très marqué au sein Des disparités infracommunales, de la Métropole notamment sur Bordeaux et Mérignac Bordeaux-Métropole possède un gradient Ouest-Est très Afin de bien observer les disparités infra-communales, le marqué où l’Ouest peu précaire s’oppose à l’Est industriel FDep peut être utilisé à une échelle plus fine : les TRI- et ouvrier de la rive droite de la Garonne. S’enclave pour- RIS (définition p10). Le territoire de Bordeaux Métropole tant dans cette rive droite la commune la moins précaire a ainsi été découpé en 82 TRIRIS, auxquels s’ajoutent les de Bordeaux-Métropole selon l’indice FDep, la commune 13 communes que l’on ne peut pas diviser pour des rai- de Bouliac. sons méthodologiques. La construction de l’indice FDep repose sur les mêmes indicateurs et la même méthodolo- Les communes très précaires sont surtout les communes gie que précédemment. d’Ambès, Cenon et Lormont. Ambès cumule ainsi le plus fort taux d’ouvriers (presque 40 %) avec le plus faible taux On remarque que les quartiers prioritaires des politiques de de bacheliers tandis que Lormont cumule le plus fort taux la ville correspondent bien aux quartiers les plus précaires de chômage (plus de 21 %, soit entre 3 et 4 fois plus que identifiés à partir du FDep. Le gradient Ouest-Est remar- Martignas-sur-Jalles, Saint-Aubin-de-Médoc ou Bouliac) qué au niveau communal est logiquement le même. Mais et les plus faibles revenus médians disponibles (presque ce découpage plus fin, permet d’identifier des poches de deux fois moins que Bouliac). précarité notamment dans les communes de Bordeaux, Bègles, Eysines, Mérignac et Pessac et les communes de Outre la situation industrialo-portuaire de la rive droite et la rive droite de la Garonne. son histoire ouvrière, ces caractéristiques particulières s’expliquent également par la proportion importante de Le FDep souligne ici les inégalités infra-communales ainsi logements sociaux de Bordeaux-Métropole au sein de que la particularité de certaines communes de concen- ces communes. Ainsi, sur les communes de Bassens, trer plusieurs poches de forte précarité, notamment Lormont, Cenon et Floirac, les logements sociaux repré- Lormont et Cenon sur la rive droite. Les écarts de reve- sentent plus de 38 % des résidences principales en 20154. nus représentent parfois plus du double d’un quartier Ces mêmes communes concentrent de nombreux quar- à l’autre, comme c’est le cas du quartier Les Aubiers à tiers prioritaires des politiques de la ville alors que beau- Bordeaux-Lac qui accuse le plus faible revenu disponible coup de communes à l’Ouest sont pauvres en logements médian par unité de consommation et également la part sociaux. L’indice du FDep est ainsi à quelques exceptions d’ouvriers la plus forte. Le taux de chômage avoisine les près à l’image du déséquilibrage de l’offre en logements 30 % dans le quartier Génicart à Lormont alors qu’il est sociaux sur la Métropole.