LA VILLE DES Cafes
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GEORGES CONDE LA VILLE DES CAfES I /(' • ' ' t ! l i ' / ~ GEORGES CONDE LA J'ILLE DES CAYES I POLITIQUEI 0 8 AVR. 2002 26857 J ISBN 99935-2..()30-6 D6p0t Wpl (num6ro) 01·11·381 Bibllo~ Natiouale d'Halti Cuutwtare Ill-.. • ...,.: Rodolphe Fraancbl Acheri d'imprimer en janvier 2002 lUI' lea preues de l'lmprimeur D, Port-au-Prince, Haiti A LA MEMO IRE DE M• AUGUSTE BANA TTE UNEGRANDERGURECAYENNE & DE TOUS CA YENS, TO UTES TEN DANCES CONFONDUES, QUI PORTAIENT EN EUX, EN 1956-57, UN REVE DE GRANDEUR POUR LA VILLE DES CAYES REMER ClEMENTS Je voudrais remercier taus ceux et toutes celles qui ant con tribue, a un titre au un autre a Ia parution de ce livre. Mes remer dements vont specialement : Au Cher Frere Ernest Evens, Directeur de Ia Bibliotheque des Freres de !'Instruction Chretienne dont Ia disponibilite -meme pour des traductions- n'est jamais prise a defaut. A l'Historien Georges Corvington qui m'a souffle l'idee de me pencher sur Ia periode electorale 1956-57 et qui a accepte a parcourir le manuscrit et a me signaler les points faibles et er reurs. A l'Historien Jean L. Liautaud qui a eu l'amabilite de par courir le texte et a apporte des corrections importantes quant a l'orthographe et Ia clarte des textes. A Claude et Elizabeth Moyse, a Marie Carmelle Rouzier de Ia Bibliotheque des Peres du St Esprit dont le concours a ete ines timable, au cours des recherches sur les evenements de 1929. A M• Lamartiniere Honorat dont Ia formation d'Ethnologue, Ia presence active sur Ia scene politique durant une longue pe riode, ant contribue a devoiler des visages d'acteurs eta une autre lecture des faits, mais surtout a conferer un caractere objectif et une touche exceptionnelle a ce travail de recherche. A Madame Renee Leon Cantave qui m'a aimablement re!tu et accepte de repondre aux questions, parfois indiscretes eta li vrer ses impressions, sans rancoeur aucune, sur une periode tu multueuse. La Ville des Cayes: Politique I A Madame Solange Lesage Chery pour son acccueil, son amabilite toute cayenne, ses informations et sa version objective des faits. A Mesdames Clausel Sicard, Bertrand Bourgeois et a M. Otto Daguilh pour leur apport documentaire a ce travail. A M• Auguste Banatte qui s'etait penche sur les textes et a foumi a l'auteur des informations et des analyses de premi~re main sur la situation politique dans la ville des Cayes, a l'epoque. A M• Alphonse Piard pour sa grande contribution a la pre paration de ce livre. Au Joumaliste Fritz Valesco dont la curiosite et le talent ont sauve de l'oubli documents et photos de la periode 1956-57 de re ference et pour me les avoir confies. Au Reverend Jacques Percy, Maryse et Moryl Gattereau pour leur apport a la parution de ce livre. A Jacques Thebaud pour son precieux concours dans la re cherche d'informations pertinentes et la reconstitution de cer tains arbres genealogiques. A un AMI, analyste politique hors-pair qui veut garder l'anonymat, mais dont le concours a ete des plus precieux dans l'approche des faits et leur authentification. A MM. Georges Jaegues, Serge Beaulieu, Raymond Clavier Georges Celcis, Ana!se Chavenet, Violette Baron, Michele Di manche qui ont offert de precieux documents. Aux Docteurs Rene Charles, Anthony Camille, MM Robert Abdo, Adrien Douyon, Jean Claude Chrisphonte pour leurs te moignages de faits vecus durant cette periode. A Philippe et Herve Jocelyn pour les documents fournis dans !'illustration du texte. A L'Ingenieur Ross Bijou, Rene Gattereau et Raoul Michel Conde pour leur apport a la partie informatique. A M. Raoul Guillaume pour son precieux temoignage. 8 PARTIE 1: L'AFFAIRE ANDRE THELEMAQUE, L'EXECUTION DU SENATEUR EDOUARD HALL (1848) I e general Etienne Andre Thelemaque, commandant de la place des Cayes, plus tard, appele au haut cornrnandement ~ du departement du Sud, par les piquets, en lieu et place du general Dugue Zamor, vecut une fin tragique, en depit de sa fide lite au regime du president Soulouque. Une haute personnalite de Ia ville des Cayes, le senateur Edouard Hall Vtkut, a la meme epoque, une fin non mains tragique, suite aux denonciations lo cales eta un conflit larve avec le president Soulouque. L'annee 1848 egrenait ses premiers mois. Depuis environ une annee, le president Faustin Soulouque dirigeait le pays d'une main de fer. Une chance insolente lui sourit, le 1•• mars 1847, en la per sonne de Beaubrun Ardouin, conseille par son frere Celigny Ardouin, politician retors que le pays continua d'enfanter, en ve ritable boite de Pandore, depuis l'Independance. Certainement, Celigny Ardouin n'eut de cesse d'observer le pre carre presiden tial et crut trouver, en Faustin Soulouque, le pretendant-type, ala poursuite de cette politique de doublure: un nair inapte au pou voir, une bourgeoisie qui dirige. Beaubrun Ardouin proposa, a ses pairs de Ia Chambre, Ia candidature de Faustin Soulouque, un inconnu du milieu parle mentaire, un etre, juge docile, teme et susceptible, selon lui, d'attenuer le diffferend noir-mulatre. Les differents tours de scm tin favoriserent le general Alphonse Souffrant, commandant du departement de l'Ouest, sans pour autant, lui accorder le nombre de bulletins requis pour se demarquer, largement, de son concur rent le general Jean Paul, senateur, ancien maire de Ia capitale. Faustin Soulouque, candidat non declare, re~ut l'onction du grand corps : il fut elu president d'Ha'iti. Quel fut l'itineraire de ce meconnu? Faustin Soulouque, originaire de Vialet, localite voisine de la ville de Petit-Goave, fut I'ancien intendant du general Lamarre. De 1804 a 1810, annee de Ia mort de son chef, au siege du MoleSt Nicolas contre Henri Christophe, il put se vanter d'un parcours sans eclat, n'ayant jamais eu a se faire pardonner, par Ia hie- 11 La Ville des Cayes: Politique I rarchie civile ou militaire, la moindre incartade. Un general d'operette. Sa carrriere connut une fortune nouvelle, a cause de sa loyaute a un homme. 11 eut le rare privilege d'apporter le coeur de son chef au president Petion. Coup de foudre: Petion se l'attacha. Promu lieutenant, il fut affecte ala cavalerie d'escorte. Sa fortune se conforta sous Boyer qui l'eleva au grade de capitaine et en fit l'officier d'ordonnance de ]oute La Chenais "successivement pre sidente des 2 presidents". Durant plus d'une vingtaine d'annees, Soulouque, de son paste au palais national, eut toute l'opportunite d'observer son environnement immediat et se fit une opinion assez claire des politiciens de son pays. En 1843, sous le president Riviere He rard, il fut nomme chef d'escadron, puis successivement, colonel sous Guerrier, general et commandant superieur de la garde pre sidentielle sous Riche. Au vu de cette ascension en varappe, au fil des annees, entre les murs du palais national, tout laissa croire que ce militaire sut pratiquer, mieux que quiconque, l'art de la duplicite, de la flatterie, pour garder, malgre les intrigues, une position aussi enviable. Parvenu a ce grade fort eleve dans la hierarchie militaire et assigne ace paste de confiance, Soulouque, dans ses nombreuses et troublantes cogitations, dut, certainement, se dire, au vu de la valse des generaux qui se relayerent au pouvoir, qu'un jour, l'heure sonnerait, pour lui aussi. Ce jour-la, ses etoiles brille raient de mille feux, se promit-il. Ce jour vint, comme par magie, en la personne de Celigny Ardouin. A son accession au pouvoir, le president Faustin Sou louque frisa la quarantaine, a en juger par le ton clair de ses yeux, le jais nair et luisant de sa peau, le jais sombre de ses cheveux. Le bonhomme Coachi porta beau, pare d'une calvitie precoce et sy metrique, degarnissant le haut de son front, un nez assez droit, des levres mediocrement lippues, des pommettes dont la saillie n'eut rien d'exagere. Ce soldat,d'une timidite excessive, supersti tieux, fut coule dans le moule du dictateur: complexe, mefiant, agressif, cruel. Deja, le jour de son intronisation, il devoila son 12 La Ville des Cayes: Politique I vrai visage, en ecartant le fauteuil presidential qui fut, a son avis, ensorcele. Sa mefiance s'exerc;a, particulierement, a l'endroit des mu lAtres, une engeance a detruire a tout prix. Le general Fabre Nico las Geffrard en fut l'unique exception. En peu de mois d'exercice du pouvoir, Soulouque sortit ses griffes. 11 s'appr~ta a vivre sur un capital de terreur. Sa police politique -un ramassis de chana pans de tous pails- ratissa les quartiers de la capitale pour appre hender mulAtres et noirs sympathisants de mulAtres. Lors de ses tournees en ville, les citoyens se terrerent derriere persiennes et paravents, de peur de tomber sous les yeux du tyran ou des mem bres de sa garde personnelle, friands de sang et de poudre. Au moindre incident politique, les coups de feu claquerent, la populace gagnant les rues, pillant les rares magasins d'approvi sionnement. Le palais national devint, curieusement, le point de ralliement. Souvent, il fallut !'intervention courageuse de l'am bassadeur de France pour vaincre la fureur du tyran et stopper les derives. En ces occurrences, dans les principales villes de pro vince, un scenario quasi-similaire se deploya, monte par des dra maturges de m~me acabit. Venons a l'affaire Thelemaque eta !'execution du senateur Hall. En avril1848, le Sud vecut des journees fort sombres. Les piquets, soldats d'Acaau, ayant a leur tete, le general Jean Claude Pierre, effectuerent une descente sur la plaine des Cayes, exi geant la demission du general Dugue Zamor, ancien lieutenant d'Acaau, desormais l'ennemi pour leur avoir tenu tete, rejetant tout acte de barbarie.