Les Archives Du Sombre Et De L'expérimental
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Guts Of Darkness Les archives du sombre et de l'expérimental septembre 2006 Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com © 2000 - 2008 Un sommaire de ce document est disponible à la fin. Page 2/160 Les interviews Page 3/160 DERNIERE VOLONTE - (interview réalisée par Iormungand Thrazar) Discussion avec Geoffroy, fondateur du projet dont le nouvel album intitulé « Devant le miroir » paraît à la fin du mois de Septembre 2006 sur le label Hau Ruck !1.La rituelle question biographique. Présente-nous la genèse du projet Dernière Volonté, du tout début jusqu’à la première sortie, à savoir “ Obéir et mourir ” en double cassette chez La Nouvelle Alliance il y a maintenant huit ans ? Pour être plus précis, Dernière Volonté existe depuis 12 ans, mes débuts officieux remontent donc à 1994.C’est donc durant cette année et avec peu de moyens que j’ai enregistré une cassette (‘Résistance’ que je n’ai jamais publié) assez bruitiste sur laquelle j’avais mixé des rythmes militaires, des ‘cut-up’ et des basses synthétiques. Pendant plusieurs mois, j’ai expérimenté différents procédés d’enregistrement (ralenti, inversion, distorsion et cut-up) et comme je n’avais pas le moindre sou pour m’acheter un sampler, je faisais mes propres ‘loop’ via des bandes magnétiques coupées et collées. C’était vraiment complexe mais il y avait une vraie ‘dynamique’ dans le son, et un résultat tout à fait surprenant. Evidement les bandes s’abîmaient et se détendaient et ça transformait vraiment la tonalité de ce qui était enregistré (c’est un procédé que j’ai gardé par la suite notamment pour Obéir et Mourir). Une fois que j’avais une base sonore satisfaisante, tous ces sons étaient ensuite traités via un rack d’effet pour guitare et réenregistrés. J’aimais vraiment ce qui sortait de ces bobines et de ces machines, c’était nouveau pour moi et très stimulant. C’est après cette période expérimentale que j’ai enregistré les premières maquettes de Obéir et Mourir. 2.Quel était ton but en créant ce projet, à la fois au niveau musical et au niveau conceptuel ? Il n’y avait pas de but précis. Je voulais simplement faire par moi-même quelque chose que j’avais envie d’entendre. 3.Première sortie donc en 1998 avec “ Obéir et mourir ”. Avec le recul de ces huit années écoulées, quels souvenirs gardes-tu de l’enregistrement qui marquait la naissance de Dernière Volonté pour les auditeurs ? Je n’ai pas vraiment de bons souvenirs sur ces enregistrements, je crois qu’il y avait trop de choses négatives dans ma vie et cela en a profondément affecté le contenu sonore.A l’origine O&M devait être une réflexion de fond sur les sentiments d’un homme jugé pour crime contre l’humanité et l’idée m’en était venue après la lecture du livre autobiographique de Speer.Mais voilà, après deux ans de travail je me suis rendu compte que je m’étais très nettement éloigné du concept de départ. Que la thématique initiale avait laissé place à un gigantesque patchwork d’ambiance sur la période 33/45 et peu d’enregistrements sur la source même du thème. D’un côté, j’avais des heures de bobines et pas mal de titres qui attendaient de voir le jour et de l’autre, j’étais rongé par le doute de n’avoir pas suffisamment étoffé le concept, d’avoir cédé à une ‘vulgarisation’ de la thématique initiale en éparpillant ma première idée. En Juillet 1997, j’étais tellement démotivé (pour d’autres raisons également) que j’ai enterré Dernière Volonté et tout le matériel associé.C’est seulement au début de l’année 98 que j’ai eu l’énergie nécessaire de continuer et ainsi finir les derniers titres de ce qui allait devenir la double cassette Obéir et Mourir. A ce moment là, La Nouvelle Alliance (label que j’ai quitté en 2004) venait de se créer et il était temps de se rapprocher de la ‘lumière’. 4.Qu’en penses-tu à ce jour ? Es-tu fier qu’un label (Nuit et Brouillard en l’occurrence) ait décidé de le rééditer sept ans après sa sortie ? Aujourd’hui, j’ai suffisamment de recul pour ne pas renier cette période mais pour admettre qu’elle n’a pas été la plus révélatrice ni la plus novatrice. Je m’étais beaucoup intéressé à l’expérimentation du son mais j’avais refoulé mes vraies racines, ma vraie nature et je crois que c’est cette phase très sombre de mes débuts tant au niveau de l’ambiance que du thème qui a plu à Sylvie et Stéphane.Nuit et Brouillard a, visuellement, parfaitement bien restauré l’ambiance générale de cette réalisation car c’est un travail qui a demandé des mois de réflexions et d’essais graphiques. Stéphane et Sylvie ont une approche très précieuse des conditionnements et cela a pour effet de sublimer les disques qu’ils produisent. Il y a eu de leur part un réel investissement personnel et une vraie recherche d’originalité pour le packaging de ce Double CD. En fait, il fallait tout repenser car nous ne voulions pas reproduire en toute simplicité le conditionnement original de la double cassette (que nous n’aimions pas).Le ‘remastering’ du son a , quant à lui, demandé plusieurs mois de travail car il fallait Page 4/160 dépoussiérer et ‘digitaliser’ chaque titre. Une bobine analogique vieillit très mal, elle se gonfle de souffle et surtout avec le temps elle peut se détendre. Grâce au ciel, la quasi-totalité de mes archives a toujours été très bien conservée. C’est en reprenant chaque bande que je me suis rendu compte que j’avais enregistré pas mal de morceaux et versions alternatives et qu’une partie d’entre elles étaient finalement exploitables sous leur forme d’origine. Je suis très satisfait de ce résultat sachant que toute la musique a été, à la base, enregistrée avec un magnétophone 4 pistes... 5. “Obéir et mourir ” fut donc une sortie remarquée puisque le label autrichien Hau Ruck décida de t’enrôler dans son équipe. Raconte-nous comment cela s’est passé ? Je ne sais pas si l’on peut parler d’une sortie remarquée avec à peine 90 copies du tirage d’origine (il n’y a jamais eu 120 copies)? Mais oui, Albin avait apprécié certains titres de ces cassettes et m’en avait fait part via une invitation à rejoindre son label qui hébergeait seulement Novy Svet et Co Caspar. Après 4 mois de travail je lui ai envoyé un DAT de plusieurs titres et il a retenu les 4 meilleurs pour en faire un single, la référence HR !5 (ndlr : single intitulé “ En avant ! ”).J’imagine qu’il devait être satisfait car il m’a re-contacté peu de temps après pour me proposer un CD sous HR !/World Serpent puis finalement HR !/Tesco. Le Feu Sacré était alors prêt à voir le jour. 6.Es-tu satisfait du travail de ce label à l’égard de ton projet ? Je suis satisfait du travail de Hau Ruck ! Albin me laisse une très grande liberté sur mes choix artistiques et sur mes projets et ça pour moi c’est capital. HR ! est devenu avec le temps un label important pour moi au point que je n’envisage aucune sortie d’un disque de Dernière Volonté sans son soutien. Tant que HR ! existera, Dernière Volonté ne saurait se dissocier de ce dernier. Je dois préciser également que Hau Ruck est un des rares labels (avec Nuit et Brouillard) qui paye les artistes dans la plus grande transparence, ce qui est aujourd’hui rare et appréciable. 7.En 2000 paraissait “ Le feu sacré ”. On ressent une nette évolution vers quelque chose de plus mélodique et accrocheur. A l’écoute de cet album et de son successeur, c’est encore plus flagrant, j’ai l’impression que “ Le feu sacré ” est un véritable passage de témoin entre les racines de Dernière Volonté, symbolisées par “ Obéir et Mourir ” et l’évolution de “ Les blessures de l’ombre ”. C’est à dire que l’on retrouve des morceaux dans la mouvance d’ “ Obéir et mourir ” et d’autres qui annoncent la teneur musical de l’opus suivant. Suis-je un tant soit peu dans le vrai quand tu jettes un regard sur cet album (même si à l’époque de sa sortie, tu ne te rendais probablement pas compte, “ les Blessures de l’ombre ” n’étant pas encore composé) ? Te rendais-tu compte de la mutation de ta création musicale à ce moment ? Tu es parfaitement dans le vrai, Le Feu Sacré a été une transition importante pour Dernière Volonté. Bien sûr, je ne voulais pas d’un autre Obéir et Mourir et je sentais déjà qu’il était temps de passer à autre chose, d’apporter une identité plus forte à ma musique.Son enregistrement a commencé juste après la double cassette, avant même l’enregistrement du premier single sur HR ! A l’origine, Le Feu Sacré était censé apparaître sur un autre label (Dictature) mais je me suis rendu compte au dernier moment que cela n’était pas un bon compromis pour moi comme pour eux. HR ! est arrivé et a raflé le projet ! C’est durant les premières sessions d’enregistrement de cet album que j’ai choisi tout naturellement d’utiliser ma voix et de structurer ma musique pour qu’elle soit moins austère et plus personnelle. Ce n’était pas vraiment facile car je n’avais aucune expérience de l’écriture et encore moins du chant.Même si la production laisse à désirer, Le Feu Sacré reste un témoignage de mes premières errances vocales.