Guts Of Darkness

Les archives du sombre et de l'expérimental

septembre 2006

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© 2000 - 2008

Un sommaire de ce document est disponible à la fin. Page 2/160 Les interviews

Page 3/160 DERNIERE VOLONTE - (interview réalisée par Iormungand Thrazar)

Discussion avec Geoffroy, fondateur du projet dont le nouvel intitulé « Devant le miroir » paraît à la fin du mois de Septembre 2006 sur le label Hau Ruck !1.La rituelle question biographique. Présente-nous la genèse du projet Dernière Volonté, du tout début jusqu’à la première sortie, à savoir “ Obéir et mourir ” en double cassette chez La Nouvelle Alliance il y a maintenant huit ans ? Pour être plus précis, Dernière Volonté existe depuis 12 ans, mes débuts officieux remontent donc à 1994.C’est donc durant cette année et avec peu de moyens que j’ai enregistré une cassette (‘Résistance’ que je n’ai jamais publié) assez bruitiste sur laquelle j’avais mixé des rythmes militaires, des ‘cut-up’ et des basses synthétiques. Pendant plusieurs mois, j’ai expérimenté différents procédés d’enregistrement (ralenti, inversion, distorsion et cut-up) et comme je n’avais pas le moindre sou pour m’acheter un sampler, je faisais mes propres ‘loop’ via des bandes magnétiques coupées et collées. C’était vraiment complexe mais il y avait une vraie ‘dynamique’ dans le son, et un résultat tout à fait surprenant. Evidement les bandes s’abîmaient et se détendaient et ça transformait vraiment la tonalité de ce qui était enregistré (c’est un procédé que j’ai gardé par la suite notamment pour Obéir et Mourir). Une fois que j’avais une base sonore satisfaisante, tous ces sons étaient ensuite traités via un rack d’effet pour guitare et réenregistrés. J’aimais vraiment ce qui sortait de ces bobines et de ces machines, c’était nouveau pour moi et très stimulant. C’est après cette période expérimentale que j’ai enregistré les premières maquettes de Obéir et Mourir. 2.Quel était ton but en créant ce projet, à la fois au niveau musical et au niveau conceptuel ? Il n’y avait pas de but précis. Je voulais simplement faire par moi-même quelque chose que j’avais envie d’entendre. 3.Première sortie donc en 1998 avec “ Obéir et mourir ”. Avec le recul de ces huit années écoulées, quels souvenirs gardes-tu de l’enregistrement qui marquait la naissance de Dernière Volonté pour les auditeurs ? Je n’ai pas vraiment de bons souvenirs sur ces enregistrements, je crois qu’il y avait trop de choses négatives dans ma vie et cela en a profondément affecté le contenu sonore.A l’origine O&M devait être une réflexion de fond sur les sentiments d’un homme jugé pour crime contre l’humanité et l’idée m’en était venue après la lecture du livre autobiographique de Speer.Mais voilà, après deux ans de travail je me suis rendu compte que je m’étais très nettement éloigné du concept de départ. Que la thématique initiale avait laissé place à un gigantesque patchwork d’ambiance sur la période 33/45 et peu d’enregistrements sur la source même du thème. D’un côté, j’avais des heures de bobines et pas mal de titres qui attendaient de voir le jour et de l’autre, j’étais rongé par le doute de n’avoir pas suffisamment étoffé le concept, d’avoir cédé à une ‘vulgarisation’ de la thématique initiale en éparpillant ma première idée. En Juillet 1997, j’étais tellement démotivé (pour d’autres raisons également) que j’ai enterré Dernière Volonté et tout le matériel associé.C’est seulement au début de l’année 98 que j’ai eu l’énergie nécessaire de continuer et ainsi finir les derniers titres de ce qui allait devenir la double cassette Obéir et Mourir. A ce moment là, La Nouvelle Alliance (label que j’ai quitté en 2004) venait de se créer et il était temps de se rapprocher de la ‘lumière’. 4.Qu’en penses-tu à ce jour ? Es-tu fier qu’un label (Nuit et Brouillard en l’occurrence) ait décidé de le rééditer sept ans après sa sortie ? Aujourd’hui, j’ai suffisamment de recul pour ne pas renier cette période mais pour admettre qu’elle n’a pas été la plus révélatrice ni la plus novatrice. Je m’étais beaucoup intéressé à l’expérimentation du son mais j’avais refoulé mes vraies racines, ma vraie nature et je crois que c’est cette phase très sombre de mes débuts tant au niveau de l’ambiance que du thème qui a plu à Sylvie et Stéphane.Nuit et Brouillard a, visuellement, parfaitement bien restauré l’ambiance générale de cette réalisation car c’est un travail qui a demandé des mois de réflexions et d’essais graphiques. Stéphane et Sylvie ont une approche très précieuse des conditionnements et cela a pour effet de sublimer les disques qu’ils produisent. Il y a eu de leur part un réel investissement personnel et une vraie recherche d’originalité pour le packaging de ce Double CD. En fait, il fallait tout repenser car nous ne voulions pas reproduire en toute simplicité le conditionnement original de la double cassette (que nous n’aimions pas).Le ‘remastering’ du son a , quant à lui, demandé plusieurs mois de travail car il fallait

Page 4/160 dépoussiérer et ‘digitaliser’ chaque titre. Une bobine analogique vieillit très mal, elle se gonfle de souffle et surtout avec le temps elle peut se détendre. Grâce au ciel, la quasi-totalité de mes archives a toujours été très bien conservée. C’est en reprenant chaque bande que je me suis rendu compte que j’avais enregistré pas mal de morceaux et versions alternatives et qu’une partie d’entre elles étaient finalement exploitables sous leur forme d’origine. Je suis très satisfait de ce résultat sachant que toute la musique a été, à la base, enregistrée avec un magnétophone 4 pistes... 5. “Obéir et mourir ” fut donc une sortie remarquée puisque le label autrichien Hau Ruck décida de t’enrôler dans son équipe. Raconte-nous comment cela s’est passé ? Je ne sais pas si l’on peut parler d’une sortie remarquée avec à peine 90 copies du tirage d’origine (il n’y a jamais eu 120 copies)? Mais oui, Albin avait apprécié certains titres de ces cassettes et m’en avait fait part via une invitation à rejoindre son label qui hébergeait seulement Novy Svet et Co Caspar. Après 4 mois de travail je lui ai envoyé un DAT de plusieurs titres et il a retenu les 4 meilleurs pour en faire un single, la référence HR !5 (ndlr : single intitulé “ En avant ! ”).J’imagine qu’il devait être satisfait car il m’a re-contacté peu de temps après pour me proposer un CD sous HR !/World Serpent puis finalement HR !/Tesco. Le Feu Sacré était alors prêt à voir le jour. 6.Es-tu satisfait du travail de ce label à l’égard de ton projet ? Je suis satisfait du travail de Hau Ruck ! Albin me laisse une très grande liberté sur mes choix artistiques et sur mes projets et ça pour moi c’est capital. HR ! est devenu avec le temps un label important pour moi au point que je n’envisage aucune sortie d’un disque de Dernière Volonté sans son soutien. Tant que HR ! existera, Dernière Volonté ne saurait se dissocier de ce dernier. Je dois préciser également que Hau Ruck est un des rares labels (avec Nuit et Brouillard) qui paye les artistes dans la plus grande transparence, ce qui est aujourd’hui rare et appréciable. 7.En 2000 paraissait “ Le feu sacré ”. On ressent une nette évolution vers quelque chose de plus mélodique et accrocheur. A l’écoute de cet album et de son successeur, c’est encore plus flagrant, j’ai l’impression que “ Le feu sacré ” est un véritable passage de témoin entre les racines de Dernière Volonté, symbolisées par “ Obéir et Mourir ” et l’évolution de “ Les blessures de l’ombre ”. C’est à dire que l’on retrouve des morceaux dans la mouvance d’ “ Obéir et mourir ” et d’autres qui annoncent la teneur musical de l’opus suivant. Suis-je un tant soit peu dans le vrai quand tu jettes un regard sur cet album (même si à l’époque de sa sortie, tu ne te rendais probablement pas compte, “ les Blessures de l’ombre ” n’étant pas encore composé) ? Te rendais-tu compte de la mutation de ta création musicale à ce moment ? Tu es parfaitement dans le vrai, Le Feu Sacré a été une transition importante pour Dernière Volonté. Bien sûr, je ne voulais pas d’un autre Obéir et Mourir et je sentais déjà qu’il était temps de passer à autre chose, d’apporter une identité plus forte à ma musique.Son enregistrement a commencé juste après la double cassette, avant même l’enregistrement du premier single sur HR ! A l’origine, Le Feu Sacré était censé apparaître sur un autre label (Dictature) mais je me suis rendu compte au dernier moment que cela n’était pas un bon compromis pour moi comme pour eux. HR ! est arrivé et a raflé le projet ! C’est durant les premières sessions d’enregistrement de cet album que j’ai choisi tout naturellement d’utiliser ma voix et de structurer ma musique pour qu’elle soit moins austère et plus personnelle. Ce n’était pas vraiment facile car je n’avais aucune expérience de l’écriture et encore moins du chant.Même si la production laisse à désirer, Le Feu Sacré reste un témoignage de mes premières errances vocales. 8.“ Les blessures de l’ombre ” parait en 2003. Trois ans de gestation pour ce que je considère comme un chef-d’oeuvre (avec la sortie de 2 eps entre temps). Le processus de composition de cet album a-t-il été long ? Penses-tu qu’avec cet opus, Dernière Volonté a réellement imposé son identité dans le sens où l’on ressent des compositions très homogènes, là où les productions précédentes l’étaient peut-être moins sur la totalité d’un album ? Merci pour ton agréable compliment.Le processus de composition pour ‘Les Blessures de l’Ombre’ n’a pas été si long que cela, il faut croire qu’à ce moment là je n’étais pas aussi difficile que maintenant. J’ai surtout travaillé pendant plusieurs mois pour définir un ‘son’ plus ‘personnel’ et intimiste à Dernière Volonté. A l’origine, cet album devait sortir en Juin 2002 et puis au dernier moment, je l’ai retardé car il ne me convenait pas. Il me semblait trop facile, trop prévisible. J’ai alors tout repris et je me suis donné une année de plus pour

Page 5/160 le finir. 2 ans et non pas trois, c’est finalement très court pour donner naissance à un projet aussi radicalement différent. Malgré un soin évident apporté à ce disque, certaines erreurs sont malheureusement perceptibles et il m’est bien difficile de le réécouter sans lui trouver tous les défauts du monde.Effectivement ‘Les Blessures de l’Ombre’ est une étape capitale dans l’existence de Dernière Volonté et j’ai compris par cet album que j’avais au fond de moi plus de ressources que je ne l’avais imaginé. Pour la première fois, il m’était enfin possible d’écrire de vrais textes sur une musique beaucoup plus intimiste. Je pouvais enfin faire ressortir mes influences les plus profondes et livrer un disque qui me ressemblait vraiment. 9.Une question qui mène donc à l’avenir de Dernière Volonté. Depuis trois ans, j’imagine que tu travailles à un nouvel album. Souhaites-tu nous en dire plus là-dessus ? Un nouvel opus est en préparation et devrait sortir chez HR ! pour la rentrée prochaine. (ndlr : ce disque s’intitulera “ Devant le miroir ”, à noter qu’un split ep spécial regroupant Dernière Volonté et Der Blutharsch est également paru peu avant). Je viens juste d’en finir le mixage et le mastering avec Pierre. C’est un album qui est en gestation depuis 2003 alors il m’a fallu beaucoup de temps pour retraiter le matériel écrit durant tout ce temps et lui apporter une vraie structure. La thématique générale s’est articulée autour d’une œuvre littéraire et cinématographique très importante pour moi. 10. Vas-tu continuer dans cette pop militariste, appellation que je trouve bancale (comme toutes les étiquettes finalement, souvent réductrices) mais qui sied plutôt bien aux “ Blessures de l’ombre ” ? Dernière Volonté continue dans une voie ‘dynamique’, que ce soit pop ou n’importe quelle autre appellation ! Je ne veux pas appartenir à ce registre ‘neofolk’, ‘indus’ ‘orchestral’ ou je ne sais quoi... Ma musique doit être une recherche permanente et ne pas se limiter à un style prédéfini, c’est capital !Military pop… je ne sais plus quoi en penser… Je ne sais pas si je peux qualifier ma musique comme ça aujourd’hui ? Peut être est ce devenu un genre à part entière ? 11. D’autres projets en vue peut-être, concernant DV ou pas ? Les futurs projets se mettent en place et doucement l’avenir se dessine. Outre le prochain album, un autre projet avec Pierre se dessine naturellement. C’est dans une veine plus minimaliste, plus ‘discomutant’, et donc nettement plus rythmée. Les textes sont différents de ceux de Dernière Volonté, plus ludiques et teintés d’une certaine forme d’humour. Hau Ruck a naturellement été choisi pour héberger ce projet qui devrait voir le jour en fin d’année. 12.J’ai vu une video (bootleg) d’une demi-heure apparemment filmée lors de ton concert à Bruxelles en 2002. Est-elle arrivée jusqu’à toi ? J’ai vu une partie de cette vidéo et j’ai surtout gardé un souvenir très chaotique de cette soirée. Pierre et moi étions au plus mal dans nos vies respectives, chacun avait à ce moment là de bien sombres pensées. Sur scène, le son du retour était horriblement fort, c’était un tourbillon de bombes et de tremblements. Il y avait alors entre nous une sorte d’énergie du désespoir, un aller simple pour nulle part : ‘rien à prouver, juste à éprouver’... Il faut dire que Leuven était seulement notre deuxième concert ... 13. J’ai vu un Dernière Volonté très intimiste comme je m’y attendais, dans une ambiance calme voire méditative par moment. DV se produit rarement sur scène, manque de propositions ou choix de ta part ? Apprécies-tu de donner des concerts ? Il y a surtout un manque de volonté de ma part de faire plus de concerts. Nous ressentons les choses à l’instinct et si la proposition ne nous convient pas, ou si nous ne sentons pas certaines destinations géographiques, nous ne le faisons pas.J’apprécie les concerts lorsqu’ils ne sont pas trop fréquents et nous offre la possibilité de donner le meilleur de nous même. Rien de prévu pour les prochains mois à part une date en Allemagne vers mi-Août, et au Pays bas vers Octobre. 14. Quelque chose en préparation à ce niveau-là ? Qui est le monsieur qui t’accompagne sur scène ? Je souhaite modifier notre approche à ce niveau là et proposer quelque chose de neuf lors de nos apparitions. Ce n’est pas radical mais après 4 ans, il est temps d’apporter un peu de sang neuf et une image moins commune.Le jeune homme qui m’accompagne sur scène n’est autre que Pierre, mon fidèle et valeureux percussionniste. Sa place au sein de DV a commencé scéniquement par son rôle important aux percussions. Depuis il intervient sur la partie ‘son’ des bandes que nous jouons et gagne à devenir ainsi ma deuxième moitié

Page 6/160 lors de nos représentations. Pierre participe activement au mixage et au mastering du prochain album de Dernière Volonté et au-delà de sa place au sein de la formation, il est un ami proche. 15.J’ai trouvé un lien sur un site d’enchères bien connu : une vente d’un double cd bootleg de DV, supposé limité à 200 copies comprenant un concert à Louvain et un cd de raretés et singles à un prix fixe exorbitant de 77 €. Que penses-tu de ça ? Plus généralement, que penses-tu des objets bootleg qui ne sont pas autorisés par leurs auteurs ? Certains fans adorent, mais l’auteur n’a aucun moyen de contrôler la qualité souvent pauvre des enregistrements, voire de l’objet en lui-même… C’est tellement nul et tellement mal fait que ça me consterne ! Je suis furieux de ces sorties qui se sont faites sans aucune autorisation. C’est purement et simplement du vol ! Ma réponse à ce genre d’initiative est en générale de contrecarrer le faux par un vrai, comme Commémoration (Haus Arafna a également usé du même stratège). Pour le live à Leuven, il est possible qu’une édition autorisée voie le jour l’année prochaine avec des compléments visuels et un son nettement plus adapté.Je ne sais pas ce qu’il faut penser des éditions pirates ‘live’. Quand elles sont bien faites, elles sont parfois un témoignage d’ambiance intéressant. Mais le souci reste toujours le cadre ‘juridique’ et artistique de leur sortie.Le plus insupportable dans tout cela, c’est les contrefaçons et autres clones qu’un certain label Russe a mis sur le marché il y a quelques années. Là je ne comprends pas, il faut être franchement limité et éprouver du mépris pour acheter de tels produits ! En agissant ainsi les gens ne font qu’encourager le détournement de la propriété intellectuelle la plus fondamentale ! Si les auditeurs veulent écouter des enregistrements rares, qu’ils se fassent leurs propres copies sur CDR!!! Ce n’est pas compliqué, ce n’est pas cher et cela évite d’engraisser les gros porcs de ce business illégal! Quel intérêt y a-t-il à acheter une contrefaçon? Désolé mais ça me dépasse complètement !!!!Le problème du MP3 et du téléchargement illégal est déjà un énorme souci alors si en plus des petits opportunistes produisent ce genre d’immondices dans l’indifférence générale, je ne vois pas l’intérêt de continuer plus longtemps... Autant laisser ces mêmes salopards faire la musique par eux même non ? (ndlr : d’accord sur tous les points). 16.Sur “ Le feu sacré ” et “ Les blessures de l’ombre ”, tu cites deux grands auteurs français, Georges Bataille et Céline. Quels auteurs aimes-tu particulièrement parcourir ? Personnellement, j’ai toujours eu une attirance envers la littérature russe, avec des chefs d’oeuvres tels que “ Crime et châtiment ” ou “ Souvenirs de la maison des morts ” (récit fort où l’auteur relate son passage au bagne) de Dostoïevski, “ Les âmes mortes ” de Gogol ou encore “ Guerre et paix ” de Tolstoï, des romans empreints d’une beauté et d’une froideur toutes slaves. Apprécies-tu cette littérature ? Pour Bataille, c’est sa théorie sur l’acéphale de 39 que je trouvais fantastique. ‘Je suis la joie devant la mort...je suis moi même la guerre’ : voilà une synthèse parfaite de mon travail depuis si longtemps.Céline, je le considère comme beaucoup comme l’un des meilleurs auteurs du 20ème siècle et ‘Voyage au bout de la nuit’ ou ‘Semelweiss’ m’ont profondément marqué.Cette année, je me suis re-plongé inlassablement dans Le Feu Follet de Drieu la Rochelle, c’est mon livre de chevet et je m’en suis beaucoup imprégné pour le nouvel album de Dernière Volonté. Naturellement, je me suis également penché sur les (maigres) écrits de Jacques Rigaud. J’ai en parallèle traversé une très intéressante biographie de Jacques Callot et j’ai adoré le ‘Englands Dreaming’ de John Savage. Pour répondre à ta question, je ne connais pas vraiment les auteurs slaves dont tu parles à l’exception de Dostoïevski et son touchant carnet ‘Souvenirs de la Maison des Morts’. 17.Et que penses-tu de la littérature française contemporaine, notamment d’auteurs assez provocateurs dans leurs écrits comme Houellebecq, Dantec ou Costes ? Je n’en pense rien... Houellebecq c’est une barre d’ennui pour les jeunes cadres dynamiques biberonnés à Libération et Dantec était bien mieux dans Artefact. Costes, parfois il me fait rire mais seulement au naturel, quand il n’est plus Costes justement. 18.Peux-tu nous décortiquer les thèmes que tu aimes mettre en avant dans les textes de tes chansons ? Je pense notamment à l’amitié, la guerre ou le rêve. J’ai fini par comprendre pourquoi je me suis senti si près du thème de la guerre ces dernières années, mais je crois aussi avoir dit tout ce que j’avais à dire sur la question. La guerre a toujours été un prétexte à peine déguisé pour partager mes émotions sur la tragédie humaine dans ce qu’elle a de plus pathétique et détestable. J’avais entendu tellement de récits sur le sujet dans mon enfance qu’à un moment j’ai eu envie d’expulser ces histoires, de les verbaliser au travers de ces drames intemporels. J’ai dit un jour que je ne savais pas évoquer

Page 7/160 ‘l’amour’ et que, pour le camoufler, j’usais de la thématique ‘guerrière’. C’est par le biais de cette métaphore qu’il faut percevoir les textes de Dernière Volonté, pas autrement.Pour finir et être le plus claire possible, je ne fantasme pas sur l’héroïsme et son folklore victorieux politisé qui plait tant à la scène ‘neofolk’, c’est une attitude grotesque et sans intérêt. Le futur de Dernière Volonté est déjà dans mes mains et rien ne me fera revenir sur les terrains minés des champs de batailles !Pour ce qui est de l’amitié, j’ai très vite ressenti le besoin d’évoquer certaines blessures du passé, de livrer un peu de ma biographie. Avec le temps, j’ai compris que l’on peut regretter certains choix mais que le pire était de perdre ce rapport si particulier avec les autres. Mes amis sont comme une ‘armée de l’ombre’, ils sont peu nombreux mais toujours prêt à m’épauler.Le rêve est une projection du paradis/enfer dans ce qu’il a de plus personnel et de plus naïf. J’ai beaucoup cru dans mes rêves sans pour autant leur chercher une interprétation ‘Freudienne’. En les écrivant comme ‘Songe d’un Matin d’Eté’, j’ai alors compris qu’ils pouvaient avoir un sens presque prémonitoire, projetant dans ma mémoire de troublants ‘Souvenirs de Demain’. 19.J’imagine que tu es une personne assez éclectique au niveau musical. Quels projets apprécies-tu particulièrement ? Il y a beaucoup de choses que j’aime et il serait ennuyeux d’en faire la liste.En ce moment je me passe le dernier Dominique A, Muse et Tiga. Sinon je ne me lasse pas d’écouter des groupes fort comme Suicide, Kraftwerk, Taxi Girl, Soft Cell/Marc Almond, Erasure et tous les projets signés Vince Clark. Mais il y en a tellement à mentionner... 20.As-tu écouté l’album récent du groupe français Storm of Capricorn, "Retour des tranchées", si oui, qu’en penses-tu ? Je ne connais pas.... 21.Je me doute que tu dois également écouter pas mal de musique classique. Est-ce qu’il t’arrive d’écouter du metal ? C’est un genre un peu à part pour moi. Je connaissais quelques personnes très proches de la scène Black Metal mais je ne partageais pas trop leurs goûts. J’aime bien certains groupes qui ont une étiquette ‘neo’ du type Motorhead (très rock’n roll finalement), Killing Joke ou NIN. 22.La conclusion de l’interview est tienne… Eh bien cela pourrait paraphraser ma dernière réponse : LAY DOWN YOUR SOUL TO THE GOD ROCK’N’ROLL !!!

Page 8/160 Les chroniques

Page 9/160 MYRKR : Offspring of gathered foulness

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Suite à une première demo intitulée « Rekwiz » qui avait provoquer son petit émoi dans l’underground, les suédois de Myrkr remettent le couvert avec cette fois-ci un mini cd produit par Drakkar Productions. Myrkr pratique un black metal total et ultra sombre, cela va (presque) sans dire. « Offspring of gathered foulness » se compose de 6 titres dont une intro, une outro et 4 morceaux à proprement parler, pour autant de perles blasphématoires et profanatrices. Une qualité de haut standing est présente tout au long de ce disque et c’est un plaisir de rencontrer un groupe qui travaille autant ses compositions. Je citerais avec plus d’insistance mes deux morceaux favoris de cette oeuvre : « Awakening of the shadow » et sa première moitié très darkthronienne martiale dérivant vers un black metal impitoyable puis « Beadles of the last twilight », véritable hymne de cet opus occulte, raw mais à la fois précis et écrasant. Les parties de batteries peuvent rappeler celles présentes sur l’album « Salvation » de Funeral Mist avec un son de caisse claire assourdissant, cependant, Myrkr impose déjà son identité à la face du monde avec ce mini cd indispensable et addictif. Le duo qui compose cette entité transpire le black metal par tous les pores. Un double split ep avec Nastrond est déjà prévu ainsi qu’un album que j’attend tous deux avec une impatience non feinte. Myrkr est assurément un des groupes à suivre dans le futur tant le potentiel démontré sur ce premier mini cd est grand. « Total contempt for what you hold dear ».

Note : 5/6

Page 10/160 PESTE NOIRE : La Sanie des siècles- Panégyrique de la dégénérescence

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Dire que ce premier cd de Peste Noire était attendu relève du pléonasme. Les deux premières demos du groupe français avaient eu un écho retentissant dans l’underground, « Macabre transcendance » et « Phalènes et pestilence- salvatrice averse » sont des bijoux aujourd’hui très recherchés. Surprise donc de voir cet album arriver presque comme un cheveu sur la soupe, annoncé nulle part, finalement ce n’est pas plus mal comme ça. Premier constat : la production s’est nettement améliorée comparé aux deux premières demos, grâce à un passage au studio Rosenkrantz, géré par Fureiss (ex-Celestia) qui a également sorti l’album sous le nom de De Profundis. Famine, fondateur du groupe, s’est adjoint les services de deux nouveaux venus, à savoir Indria à la basse et Winterhalter derrière les fûts. Neige (Alcest, Amesoeurs, ex-Mortifera), qui avait participé aux deux premières demos, fait également partie du projet sur quelques titres. « La sanie des siècles- panégyrique de la dégénérescence » propose 5 nouveaux titres plus 3 titres réenregistrés, à savoir « Le mort joyeux » et « Spleen » qui figuraient sur la première demo « Macabre transcendance » et « Phalènes et pestilence- salvatrice averse » tiré de la demo du même nom. Le style de Peste Noire reste le même, un raw black metal dérangeant et mélodique, appuyé par le fort talent de Famine à la guitare, avec quelques solos et passages acoustiques excellents par ailleurs. A ce titre, « Phalènes et pestilence- salvatrice averse » est peut-être le meilleur morceau de cet album, il n’est pas nouveau, mais c’est un bonheur total long de plus de 11 minutes. « Des médecins malades et des saints séquestrés » n’est pas loin de la magnificence du morceau sus-cité, avec sa superbe intro. On remarque au passage que ce titre ainsi que le premier, « Nous sommes fanés », n’ont pas le même son que le reste de l’album, ils ont été probablement enregistrés à une autre période, puisque Neige officie à la batterie uniquement sur ceux-ci. On notera également l’artwork plutôt particulier pour du black metal, à savoir un livret tout blanc et une interview introspective intéressante à l’intérieur de celui-ci. « La sanie des siècles- panégyrique de la dégénérescence » est sans conteste la confirmation du talent de Peste Noire et de son unique compositeur Famine à mettre en avant un black metal personnel de haut niveau. Une très belle réussite.

« Entre perdre et se perdre, opte pour te perdre en perdant les autres ».

Note : 5/6

Page 11/160 OHTAR : Petrified breath of hope

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Groupe polonais de black metal ,Ohtar martyrise (dans tous les sens du terme) l’underground depuis un certain nombre d’années maintenant. Huit ans que Necro, fondateur du groupe, crache sa haine à la face du monde par l’intermédiaire du black metal. Suite à un « When I cut the throat » correct sans être fantastique, le groupe est réapparu sur un split cd avec leurs compatriotes de Dark Fury et je ressentais déjà de nets progrès, aussi bien au niveau de l’interprétation instrumentale que de la composition des morceaux. Ohtar trouvait sa voie dans un black metal old way façon école polonaise, raw mais mélodique teinté d’éléments death épars, notamment au niveau des vocaux. Avec « Petrified breath of hope », Ohtar explore le chemin découvert sur « Shall I never drink the fulfillment ? ». Il s’agit donc d’une très belle surprise pour ceux qui avaient d’ores et déjà catégorisé le groupe comme un groupe national socialiste de plus, mauvais, bête et méchant (on ne peut leur jeter la pierre, il y en a déjà tellement). Non, Ohtar s’en éloigne avec chaque nouvelle réalisation, il est loin le temps de « The empire of white power », aussi bien au niveau de l’imagerie, que de la musique et des textes. Ohtar est devenu quelque chose de beaucoup plus personnel et travaillé et cet album est une rélle bonne surprise. Ohtar a appris à jouer, sans en faire trop bien entendu, mais de manière précise et efficace. A ce titre, chaque morceau contient quelque chose de très bon, avec pour favoris le classique « Poison me Samaritan », l’intimiste « Fog imbued with the smell of death », probablement le meilleur morceau de l’oeuvre en compagnie du vicieux « Elite ? Dust (sometime…) ». Et que dire de cette magnifique outro éponyme, deux lignes de guitares entremêlées, ça larsen parfois, c’est simple mais tellement beau. Ohtar appuie définitivement son identité avec ce « Petrified breath of hope » d’une qualité inattendue. C’est simple, je ne décroche plus de cet album tant Ohtar s’annonce comme le dépositaire d’un black metal polonais old school qui se fait de plus en plus rare, voire les album d’Infernum et de Veles par exemple. Une excellent surprise. « There’s no heaven, there’s no hell, nothingness, amen ».

Note : 5/6

Page 12/160 DENOUNCEMENT PYRE : Hells infantry

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Echaudé par une très bonne première demo du nom de « A storm to end all wars », j’attendais avec impatience un premier disque de ce groupe australien. Voilà qu’il arrive donc sous la forme d’un mini cd produit par Forgotten Wisdom Productions intitulé « Hells infantry ». Une demo live « Barbaric vengeance » ainsi qu’un ep « Under the aegis of damnation » étaient sortis auaparavant afin d’appuyer la naissance du projet. Denouncement Pyre pratique un death/black metal très thrashy tout ce qu’il y a de plus australien, proche de groupes comme Destroyer 666, Urgrund ou Gospel of the Horns. Le second titre, « The march of hells infantry », vaut à lui tout seul l’achat de ce disque tant il est superbe et démontre ce dont Denouncement Pyre est capable au plus fort de sa forme. Les riffs sont impitoyables, le rythme effréné, les musiciens déchainés. Forcément, le reste du matériel n’est pas totalement du même acabit, il aurait été sacrément difficile d’égaler en qualité ce premier morceau dantesque. Notons tout de même un « Dark winds of torment » bien efficace, qui fleure bon le premier mini cd d’Urgrund « Drenched in blood », groupe avec lequel Denouncement Pyre partage d’ailleurs un membre, à savoir Chris Volcano à la batterie. On passe sur l’ultra bourrin « Ancient remnants » pour arriver au troisième très bon morceau de ce disque avec « Engender the lawless god », décapant et galopant. Si vous aimez ce style très pratiqué du côté des rivages australiens, vous ne pouvez pas vous tromper, vous apprécierez ce mini cd de Denouncement Pyre, une formation implacable, efficace et sans pitié. «

In our hearts the iron steel ».

Note : 4/6

Page 13/160 GANZ (Oliver) : ThrEEEvolutions

Chronique réalisée par Phaedream

Si vous avez aimé Dance of the Arpeggiators, vous adorerez ThrEEEvolutions d’Oliver Ganz. Si vous ne connaissez pas encore Oliver Ganz, dites vous que vous manquez quelque chose. Sur un fond atmosphérique bien nuancé, le synthésiste Allemand relate les étapes de la Genèse. Alors que la narration de The Creation Of Heaven And Earth se termine, les premières notes de ThrEEEvolutions tintent à nos oreilles. En suspension, elles flottent dans un univers statique où flûtes éthérées valsent sur un hymne hypnotique qui se façonne sur des pulsations qui répondent à son écho. C’est avec ce refrain, à la fois minimalisme et accrocheur que The Holy Seventh Day ouvre le bal de la création pour se fondre au léger piano de While He Rested. Habilement, Oliver Ganz installe sa structure sonore. Les notes sont plus grasses et bourdonnent avec résonance sur un phare synthétique circulaire. Le rythme s’accroît sur une séquence basse et bien ronde. Il devient plus nerveux et prend son envol sur des percussions qui initient des solos de synthé qui déchirent l’air tant ils sont stridents. Toujours propulsés par des éclats de percussions ses solos fusionnent avec des sonorités de guitares électriques sur une séquence endiablée. De la dynamite compressée, rien de moins. Cette première portion de ThrEEEvolutions (3 E parce que l’auteur voit l’évolution en 3 types; religion, biologique et technique) reflète fidèlement la structure musicale qui règne sur la suite cette aventure sonore. Il faut avoir les oreilles aiguisées, car Ganz joue avec les rythmes, comme il s’amuse à triturer ses sonorités avec la dextérité d’un magicien du clavier. L’Intro de The Bing Bang nous replonge dans une atmosphère statique où un doux piano promène son espérance sur un synthé valsant qui épouse des mouvements plus austères. Splendides, les chœurs forment une ligne opaque, nourrie par des nuées de violons synthétiques. Le titre prend bientôt une tendance rock symphonique avec ses percussions qui galopent un rythme soutenu par une séquence lourde, transpercée de superbes solos à fendre l’âme. Guitares, virtuelles, et synthétiseurs forgent une harmonie très rock, soutenue par une chorale synthétique absolument géniale, démontrant un sens inné du détail chez Oliver Ganz. L’aventure se poursuit avec From Gills To Lungs, un autre titre symphonique où l’auteur nous tient sur le qui vive avec des rythmes changeants aux implants atmosphériques très prononcés. Anastomosis nous réconcilie avec une chaleur d’un mouvement orchestral plus souple, versant un peu dans les flûtes de pan qui ont popularisé le New Age. Moment doux, qui épouse un rythme plus soutenu en 2ième portion. Life Will Always Find Its Way et The Launch Of Voyager 1 poursuivent les mouvements orchestraux et symphoniques, présents depuis les tous débuts. Avec Miriam, Singing Synthesis, Oliver Ganz utilise une nouvelle technique de Vocoder conçu par lui; le Vocaloid Miriam. Sur un rythme plus léger, les notes voltigent sur des séquences fluides. Toujours inapprivoisés, les tempos se succèdent jusqu’à l’introduction du Vocaloid qui chante avec une prestance plus humaine que machinale sur un beat qui s’anime de plus en plus, sous les solos de la guitare virtuelle. Audacieux, Ganz n’a pas peur de provoquer et de choquer les puristes en mélangeant les sonorités d’instruments plus conventionnels à ses noblesses synthétiques. Par moment, on croirait entendre les grosses orchestrations de Rick wakeman, tant le son est riche. What Comes Next? Termine ce merveilleux opus avec une atmosphère empreinte d’espoir, derrière une brume d’amertume, de nostalgie soutenue par une superbe flûte, mi pan mi clarinette. L’effet est sublime et est le fidèle reflet de toute cette sensibilité qui se cache derrière cet opus puissant et tout simplement majestueux. ThrEEEvolutions, tout comme Dance of the Arpeggiators d’ailleurs, sont des incontournables dans cette sphère qu’est la MÉ, style New Berlin School. À

Page 14/160 découvrir. À se procurer, sans fautes.

Note : 5/6

Page 15/160 TANGERINE DREAM : Tangram

Chronique réalisée par Phaedream

Un tangram est un jeu de réflexions qui pourrait être comparé à un casse-tête chinois. Pour Tangerine Dream, c’est la confirmation que Franke et Froese sont autant habiles à manier les complexités des lourds passages atmosphériques aux mélodies les plus inattendues. C’est la continuité de Force Majeure, avec l’arrivée d’un Johannes Schmoelling, musicien de formation classique qui a une bonne expérience avec les synthétiseurs. Dès les premières notes, on sent que Tangram est spécial. Un beau petit synthé siffle une harmonie qui enchante et secoue les frissons. Incantations pour lycanthropes, la mélodie tournoie avec l’ivresse d’un séquenceur aux aguets qui soutient le rythme et le pousse vers un passage symphonique où les percussions roulent sur des flûtes de fanfares médiévales. Tangram Set 1 éclate sur de somptueux solos, autant de synthé que de guitares, assistés par des mellotrons enveloppants. Le rythme est lourd, pesant. Le trio Berlinois maîtrise la MÉ heavy et mélodieuse. Vers la 8ième minute, temps d’arrêt. Un piano calme les esprits et découpe une superbe mélodie qui s’entremêle à un synthé pointilleux, sous l’œil d’une six-cordes acoustique noble. Cette douce intermission nous amène dans le tortueux univers métallique de TD, où de grosses boules d’acier s’entrechoquent dans la perdition de leurs échos, jusqu’à un synthé vaporeux ré aligne les sens et conduit le mouvement vers les lourdes méandres mélodieuses de Tangram Set 1. Synthé pesant, qui se dédouble sur des notes en écho sur un séquenceur lourd et ondulant. Claquements métalliques, riffs de guitares, solos de synthé affluent dans un tourbillon qui monte et descend, comme la plus perverse des montagnes russes. Le mouvement s’épuise dans l’écho de ses claviers, un peu à la Won’t get fooled again des Who. Un gros rock électronique progressif et mélodieux qui se termine dans les douceurs synthétiques d’un synthé solitaire, qui s’ennui de sa douce folie. Cette longue description de Tangram Set 1 se transpose aisément sur la 2ième partie. Seuls la minuterie des mouvements change, ainsi que les passages psychédéliques, qui y sont plus prononcés. Un long titre aussi puissant, qui allie les atmosphères aux lourdeurs si uniques à Tangerine Dream. Clair et limpide, les synthés bourdonnent avec pesanteur, toujours soutenu par la six-cordes d’Edgar. Les séquenceurs de Franke sont mordants et épousent tous les mouvements avec férocité, voire avidité, surplombant l’univers de TD dans un labyrinthe sonore à la fois lourd et mélodieux. Les années 80 appartiennent à TD. Le trio Allemand modifie grandement le visage de la Musique Électronique en y apportant un souffle plus pesant. Des mouvements hard, agencés à des passages mélodieux très accrocheur qui connaîtront des succès radiophoniques intéressants. Ce sont les années métalliques de TD, ce qui deviendra, bien des années plus loin, la New Berlin School; une musique électronique, de Berlin, progressive truffée de passages mélodieux qui accrochent et charment.

Note : 5/6

Page 16/160 CHEJU : Sliding windows EP

Chronique réalisée par Marco

Apparu en 2003, Cheju fait partie de ces artistes qui ont largement bénéficié de l'explosion des netlabels sur la toile. Et pour cause, son electronica mélodique et subtile, entre atmosphères de boîte à musiques propices à la rêverie et peintures d'un monde organique poétique possède un charme indéniable. Cinquième ep déjà, et cet amalgame de mélodies à la fois naïves et travaillées trouve encore un chemin pour atteindre la sensibilité des auditeurs les plus enclins à l'onirisme diurne ou nocturne. Quatre comptines sur lesquelles s'épancher ou se plonger dans un état dépourvu de considérations négatives, juste ces sons cristallins, ces rythmiques délicates, parfois plus enlevées ("Tokage") mais toujours subordonnées aux mélodies. Pas le meilleur de l'anglais, mais au vu de sa production irréprochable, une belle offrande.

Note : 4/6

Page 17/160 CHEJU : Rorschach EP

Chronique réalisée par Marco

Sorti quasi-simultanément avec le EP "Sliding windows", "Rorschach EP" est cependant plus qu'une simple occasion d'être présent sur un autre netlabel, l'excellent Kahvi Collective au catalogue par ailleurs extrêmement fourni. Peut-être plus varié que son EP-jumeau, ce "Rorschach" se veut encore plus mélodieux et atmosphérique comme sur le superbe "Haunted shores" sur lequel le talent de l'anglais en matière d'impressions oniriques fait des merveilles. De plus son electronica acquiert ici une dimension plus profonde dans ses basses pourtant en apparence légères mais qui par endroits s'arrondissent pour porter la mélodie au premier plan des compositions (bien qu'elles en soient déjà le principal moteur). Car loin des vains bidouillages que beaucoup de pseudo-artistes ont la prétention d'appeler compositions, Wil Bolton orchestre son univers sonore dans une optique d'évasion et d'ouverture sur le monde. Et ne serait-ce que pour cela, qu'il en soit ici remercié.

Note : 4/6

Page 18/160 CHEJU : Dreamscapes

Chronique réalisée par Marco

Premier véritable album bien qu'en format numérique uniquement (seuls deux EP ont bénéficié d'une sortie CDr jusqu'ici), "Dreamscapes" annonce un Cheju plus rythmé qu'à l'accoutumée ("Cobalt") et au parfum exotique (la mélodie presque orientale de "Fieldwork", la voix asiatique de "Camellia" et celle du trip-hop "Dreamscapes"). L'electronica se veut ici plus dynamique, les beats servant les mélodies toujours aussi bien agencées et surtout distillées au travers des boucles mais également d'arpèges de guitares discrets ("Dreamscapes"). La délicatesse onirique dont fait preuve Bolton prend ici une dimension plus aboutie, l'utilisation de guitares une nouvelle fois sur un magique "Ueno" final accroît le sentiment de bande-son pour road-movie en des contrées

éloignées. Une sensation de liberté exprimée avec un savoir-faire bluffant et en tout point salvateur.

Note : 5/6

Page 19/160 CHEJU : Taito-Ku

Chronique réalisée par Marco

La marque de l'Orient se porte très bien chez Cheju sur ce nouvel EP chez Boltfish (netlabel éditeur également de CDr, mené par Wil Bolton lui-même et Murray Fisher de Mint). "Pachinko" en est le "tube" d'ailleurs, mélodie entêtante, toujours empreinte d'images dépaysantes et de songes exotiques. Les orchestrations sont toujours aussi soignées ("Cloud garden", atmosphérique et presque "neoclassisante"), trip-hop sous l'emprise d'une saturation légère en contrepoint des boucles évoquant cordes et cloches. Encore une fois Wil Bolton peint des paysages sonores avec des couleurs indélébiles issues d'une palette magique. Subtilité, arrangements mélodiques très beaux pour un voyage certes court mais qui enchaîné aux autres oeuvres de l'anglais constitue un carnet de route des plus fascinants.

Note : 4/6

Page 20/160 CHEJU : Transparencies EP

Chronique réalisée par Marco

Tiens, pour une fois Wil Bolton cède à l'appel d'une electro plus clubby, mais dans le bon sens du terme. Notez avec quelle élégance il manie le groove et les beats accrocheurs (le presque trance "Asakusa", "yms-14b-type"), plus direct et simple que sur les oeuvres précédentes. Simples mais en aucun cas relevant d'un manque d'inspiration : "Transparencies" sort du schéma electronica posée voire nonchalante mais s'imprègne paradoxalement d'une mélancolie plus palpable. Etrange impression qui fait parfois penser à du Displacer ("Cantilever") dans cette approche plus fantômatique et "froide" de l'electronica et d'un trip-hop hybride. L'ambient plus dépouillée de "Dusty blue" achève cet excellent EP en beauté, comme un appel vers un ailleurs que l'on pourrait presque croire accessible en n'importe quelle circonstances. Décidément, l'anglais surprend à chaque nouvelle sortie, "Transparencies" étant la neuvième et dernière pour 2005 !

Note : 5/6

Page 21/160 TANGERINE DREAM : Thief

Chronique réalisée par Phaedream

C’est peu après avoir terminé Tangram que TD embarquait dans le projet de trame sonore du film de Michael Mann, Thief, ou Le Solitaire. Contrairement à Sorcerer, cette musique sera écrite alors que le film est en boîte, facilitant la vision que les membres du Rêve Mandarin pouvaient bien en avoir. Et, comme le film, la musique est corsée. Plus rock qu’électronique, la guitare d’Edgar prédomine sur les strates synthétiques qui surplombent constamment les structures musicales. Chris Franke expérimente son séquenceur en y introduisant des lignes de percussions rotatives, qui déboulent à fond de train et nuancent les rythmes d’une façon irréaliste, comme sur Diamond Diary. Qui ne se souvient pas de Beach Theme? Un titre lourd, sensuel et lancinant qui déambule avec désinvolture sur un synthé déchirant qui mélange ses sonorités avec la six-cordes à Froese. La guitare y est superbe, faisant de Beach Theme un hymne à l’amour. Hymne qui est repris avec une guitare plus vicieuse sur Beach Scene. Dr. Destructo est à l’image des scènes d’action du film. Un bon rythme accéléré sur de bon riffs et solos de guitare. Diamond Diary est un pur bijou…séquentiel. Sur une intro atmosphérique et des notes de synthé en suspension, on entend au loin une ligne basse qui semble rouler. En fait, elle déboule comme un chemin de fer. Le rythme est animé par un séquenceur qui dévale ses percussions roulantes sur les grosses riffs de guitares de Froese. L’ambiance est endiablée, survoltée. C’est la première ébauche de Silver Scale et on a l’impression de courir dans du yaourt, tant les rythmes croisent des moments atoniques, qui semblent bouger. En fait, le rythme ralenti avec de bonnes strates de synthé, mais la ligne séquentielle roule toujours en toile de fond. Il y a un superbe passage atmosphérique où on entend la séquence en mono linéaire, qui prépare son roulement. C’est tout simplement fumant. Un bon moment dans la MÉ, caché sur une trame sonore? Ah…c’est la beauté de la MÉ; l’irréaliste sonore côtoie la plus réaliste des atmosphères. Le séquenceur de Franke, lâché lousse, poursuit ses roulements avec Burning Bar, un titre plus lent, avec un superbe synthé, à la fois symphonique et moqueur, qui rappelle les premières œuvres solos de Peter Baumann. Un beau titre qui a un petit quelque chose de particulier, qui fait accrocheur. Scrap Yard poursuit le rythme séquentiel de Diamond Dary et la guitare démentielle de Froese sur des strates symphoniques très pesantes. Avec Trap Feeling, nous croisons le seul moment vraiment atmosphérique sur Thief. Un synthé mellotronné enveloppant qui remue à peine ses accords. Plus nerveux et plus rond, Igneous virevolte sur des percussions claquantes et vaporeuses dans un univers sombre et lent, avec une teinte de Far West. Surtout avec les louvoiements des loups, à l’affût dans une obscurité métallique. Un titre qui secouera ses cendres jusque sur Exit. Avec une telle trame sonore, on comprend l’engouement des producteurs de l’industrie cinématographique pour la musique de Tangerine Dream. Curieux et passionnés, les membres du Dream sont aussi créatifs. Ils réussissent à donner aux images une structure sonore si réaliste qu’elle se fond, par magie, aux décors et aux histoires.

Note : 5/6

Page 22/160 TANGERINE DREAM : Exit

Chronique réalisée par Phaedream

C’est avec de l’équipement renouvelé, à la fine pointe de la technologie, et avec des poussières de Thief que Tangerine Dream amorce un nouveau virage avec Exit. Et, qu’on le veuille ou non, c’est une amère déception. Habitués, sauf pour les trames sonores, que nous étions aux longs titres, qui parfois transpiraient l’improvisation, Exit offre une collection de 6 titres, qui, ensemble, ne dépassent pas les 40 minutes. De quoi faire blêmir les purs et durs. Pourtant, aussi courtes que les pièces pouvaient être, Franke, Froese et Schmoelling en mettaient encore plein les oreilles. Des explosions métalliques ouvrent le sas de Kiew Mission. Sur une intro qui a sans doute inspiré Blade Runner, les percussions roulent. Nerveux, le séquenceur roule si bien parmi les percussions, qu’on se demande lesquelles sont lesquelles. Un synthé mélodieux boucle le rythme qui s’estompe pour laisser la place aux vocalises d’une actrice Russe qui récite des paroles musique d’espoir et de paix pour le peuple russe qui vit une tension internationale inquiétante. Des solos de synthé survolent une atmosphère statique, qui s’anime sur des notes plus incisives conduisant à un superbe passage mélodieux où le synthé prête son souffle des sonorités qui se mélangent aisément à des voix hétéroclites. Un bon titre, avec des bonnes strates synthétiques et un séquenceur génial. Pilots of Purple Twilight est un titre statique sur un fond métallique en suspension. Transpercé de lances synthétiques, il bourdonne d’intensité à l’ombre d’un séquenceur pesant, nerveux. Chorozon est fumant. Un titre lourd, avec un synthé mélodieux. Il a tous les ingrédients pour plaire; percussions symétriques, synthé atmosphérique avec strates harmonieuses qui découpent une superbe mélodie qui accroche, chœurs célestes sur fond de folie passagère. Le tout sur un rythme évolutif aux séquenceurs claquants, qui honnissent les percussions habituelles. Un titre court et superbement divin, tout comme le fabuleux Network 23 et son beat à la Kraftwerk. Exit, la pièce titre, est une superbe mélodie qui deviendra légion dans le répertoire à venir de TD. En souplesse et en harmonie, les mouvements circulaires sont du bo160on mélodieux, confortablement installé sur une section rythmique légère. Remote Viewing replace la sonorité expectative de TD. Un peu comme les intrigantes atmosphères d’Invisible Limits et œuvres de tout acabit au début des années 70, des effluves que nous retrouverons aussi sur Thief. Avec Exit, Tangerine Dream tente une approche plus accessible de son œuvre. De courtes pièces, qui sont bonnes faut l’avouer (ne jouons pas aux modestes blasés) qui démontrent un sens innée des harmonies. Est-ce l’effet Schmoelling? C’est évident qu’avec le recul, ça ne peut-être que cela, car une fois Schmoelling parti, l’orientation musicale de TD en a pris pour son rhume. Mais replaçons-nous dans le contexte. Après Tangram, les amateurs attendaient, et avec justesse, une œuvre plus complexe, plus raffinée d’où la déception généralisée. En ce qui me concerne, Exit est un collage de 6 titres mélodieux et rythmiques, auxquels il ne manquait juste que les liens musicaux les soudant l’unes aux autres. Et là, on aurait crié au génie!

Note : 5/6

Page 23/160 MALEDICTA : Eruption from insides

Chronique réalisée par Nicko

Là, je vais vous avouer, ce premier album de Maledicta, après les premières minutes, je me suis dit que ça allait prendre une vieille note. Ce premier album des italiens est résolument moderne, il se présente comme un mélange improbable entre metal et electro, et c'est plutôt mal passé... au début. Et puis, les écoutes aidant, j'ai pu découvrir des compos très travaillées, avec de la mélodie, et variées. C'est le point fort de l'album, à partir d'une base metal synthétique et presque banale, le groupe ajoute un filet de claviers d'un côté, des mélodies guitaristiques d'un autre, des changements de rythmes judicieux et inspirés. Les chants sont aussi intéressants avec des vocaux black qui donnent une impression de black symphonique avec des guitares de power-eo-metal (!), bien aidé en cela aussi par le clavier - vraiment l'instrument central de l'album. L'ajout de quelques parties de chant féminin apporte une dose supplémentaire de diversité et le résultat est très probant. Les guitares ne sont pas non plus en reste avec des solos très typés heavy metal. Aussi, la technique assez élevée, alliée à la production très propre, donne un petit côté froid très intéressant. Au final, je trouve ce CD remarquable avec un sens de la mélodie bien spécifique aux italiens.

Note : 4/6

Page 24/160 THE GATHERING : Home

Chronique réalisée par Nicko

Il n'est vraiment pas facile de parler d'un album de The Gathering, vraiment... Trois ans après le très beau et voluptueux "Souvenirs", voilà les hollandais de retour avec ce "Home". Le propos est toujours dans la même vague calme et posée, mais on peut noter un retour des guitares, rapprochant ce nouvel album de "How to measure a planet ?". Pour le reste, les compos ne proposent pas de grande évolution par rapport aux derniers opus du quintette, en jouant beaucoup sur les mélodies, les montées en puissance, les atmosphères feutrées. Par contre, au niveau du chant, c'est une autre affaire. Anneke a effectué un énorme travail avec sa voix. Elle s'est énormément améliorée, le spectre de son organe s'est beaucoup élargi avec des montées dans les aigus nouvelles et convaincantes. On sent une plus grande maturité, une plus grande puissance et une facilité à moduler, dans sa voix vraiment nouvelles. Après, il faut bien reconnaître que malgré tous ces éléments très positifs, l'inspiration n'est pas tout le temps optimale et surtout, l'impression de déjà-vu est présente tout au long de l'album. Alors oui, l'album est de qualité, même de très grande qualité, les émotions sont palpables, il y a de très beaux, de très grands moments, mais j'ai peur que le groupe ait du mal à se renouveler. N'empêche, ce nouvel album devrait ravir facilement les fans de la belle Anneke et de ses amis !

Note : 5/6

Page 25/160 ABSKE FIDES : ... apart of the world

Chronique réalisée par Yog Sothoth

Première réalisation du jeune label compiègnois Ostra records, ce mini CD des brésiliens d'Abske fides laisse présager de très bonnes choses pour la suite, autant pour le groupe que pour le label. Oeuvrant dans un style Doom Death, avec de légère réminiscence de son passé Black Metal (eux se qualifient de Dark metal, je vais rester un peu plus modéré sur ce point), le groupe a en effet réalisé un premier essai qui s'approche presque du coup de maître. Après le passage obligé par l'habituelle intro Ambient, les 2 titres proposés ici développent une atmosphère sinistre et mélancolique, dans la lignée des classiques du genre que sont le Turn loose the swans de My dying bride - influence la plus flagrante du groupe, aussi bien dans les riffs que dans l'incursion de mélodies au violon particulièrement vicelardes -, les débuts d’Anathema ou encore le séminal Stream from the heavens de Thergothon. Des racines old school donc pour un groupe qui parvient tout de même à affirmer sa personnalité au travers de certaines mélodies un peu plus dissonantes ou de quelques larsens disséminés ici ou là. Le chant oscille de façon classique entre les grognements typés Doom Death et des passages murmurés assez torturés, rajoutant encore à l’ambiance inquiétante omniprésente. Mais là où le groupe fait vraiment fort, c’est dans la construction de ces morceaux, des riffs aux ralentis qui passent en mode « méchant » à la moindre occasion, ou encore ces leads guitares qu’on pourrait presque croire héritée des débuts de Katatonia (sous valium, quand même). Alors bien sûr, tout n’est pas (encore ?) optimal ici, le mix est encore largement perfectible, de même que certains riffs qui peuvent encore gagner en impact, mais le groupe démontre un tel potentiel qu'ils ont bien mérité leurs 4 bouboules jaunes… vivement la suite !

Note : 4/6

Page 26/160 VENETIAN SNARES : A giant alien force more violent & sick than anything you can imagine

Chronique réalisée par dariev stands

Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz... Crouuiiiiikkkkk... tiuuuufshhhh tiufsh tiufshhhhhhh tiufshhhhhhh. En voilà un objet stupéfiant. Un CD 3 pouces enveloppé dans un packaging qui a tout l’air d’être tombé de l’espace. Mais ne nous emballons pas. Tout d’abord il convient de dire que derrière ses atours impressionnants, il ne s’agit nullement de la chose la plus abrasive en la matière. Rien d’éprouvant pour l’oreille en tout cas. Ici, ce qui prévaut, c’est l’ambiance : On ne sait pas si c’est cartoonesque ou bien si c’est vraiment la fin des temps. Comment décrire … Vous savez, cette capsule envoyée à dériver dans l’espace, avec des morceaux de Beethoven, Chuck Berry et Blind Willie Johnson dedans, destinée à donner un aperçu de l’humanité à d’éventuels extra-terrestres ??? Hé bien, on vous a caché que les E.T. eux-mêmes ont eu la même idée que nous ! Ils ont compilé un aperçu de leur musique barge et l’ont envoyé dans une sonde jetée dans l’espace… Et ce sont nous, les humains, qui l’avons récupérée ! Oui, on vous cache des choses !! Et cette musique est même sortie, sous la couverture douteuse d’un prétendu artiste de breakcore canadien ! Mais ILS ne trompent personne. Nul doute à l’écoute de ce prétendu « disque » qu’il s’agit bien du contenu de la fameuse sonde extra-terrestre, dérivant depuis des siècles dans l’outre espace, finalement atterrie par hasard sur notre planète bleue… Et vous voulez savoir la mauvaise nouvelle ? A l’écoute de cette chose, il apparaît clair que leurs intentions soient tout sauf pacifistes. On commence par une divagation vaguement ambient, rappelant encore un peu certaines œuvres terrestres (voire même souterraines puisqu’il s’agit d’Aphex Twin), puis c’est l’heure des bruits organiques de succions suraigus sur fond de cymbales qui trépignent d’impatience, avant le grand rush-n’importe quoi, on passe de l’organique au cyberpunk, bruits robotiques en pagailles, dans ce qui semble être globalement une montée en puissance vers l’inéluctable. Mais attention, la machine fonctionne mal, elle s’emballe, déraille, crache de la fumée, tressaute, et repars de plus belle. Ça blaste, ça breakbeat, ça explose. Puis vers 8 minutes, quelque chose se produit. La machine se reconstruit petit à petit. Blessée, elle est rafistolée par des dizaines d’Aliens qui tournoient autour d’elle en des mouvements répétitifs. Ce n’est que la préparation pour l’assaut final… La fin recèle un tir de barrage insensé d’une violence inouïe, à l’écoute duquel on se figure les aliens faisant feu à volonté sur notre misérable planète bleue, annihilant toute forme de vie en ce qui semble être un dernier cri de rage, brûlant les dernières réserves de fioul de cet album en un feu bleu purificateur. Il suffit d’écouter la dernière minute de ce manifeste en pensant très fort à sa prof de musique de quatrième, celle qui pensait que le rock c’était du bruit et que les jeux videos devraient être confisqués aux jeunes : Resistance is futile, Madame Biscaldi, you will be assimilated. DIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIEEEE !!!!

Note : 5/6

Page 27/160 INCUBUS (CALIFORNIE) : Morning view

Chronique réalisée par dariev stands

Dans la famille des disques d’été, voici maintenant ce bon vieux « Morning View » d’Incubus. Ne les taxez pas de nu-metal, je vous le défends… Incubus est un groupe de Fusion, tout comme Faith No More et les Red Hot Chili Peppers, qu’ils passent leur temps à pomper allègrement (je parle au présent car le groupe existe toujours), le chanteur, Brandon Boyd, étant une sorte de Mike Patton pour fille, bien peigné et au sourire ultra bright. « Morning View », leur quatrième album, les voit emprunter un virage pop à 180 degrés, un an avant que leurs idoles de red hot en fassent de même. Il faut dire que ça leur pendait au nez. Soyons honnêtes, on préfère les voir comme ça, ils sont plus crédibles en gentils qu’en méchants (c’était quand même un sacré groupe à midinettes autant que je m’en souvienne). Voilà donc « Morning View », leur création la plus décomplexée, la plus assumée. Et un sacré bon disque. On sent vraiment le plaisir que le groupe à pris à enregistrer, à l’écoute de titres fulgurants comme « Circles », où le guitariste s’éclate avec le bouton du volume avant le lacher un riff bien gras à la Tom Morello. Passons sur les singles, les convenus « Nice To Know You » (quelle ligne de basse par contre) et « Wish You Were Here », balises rassurantes rappelant les précédents, pour nous concentrer sur la matière. Comme toujours, les californiens se plaisent à émietter de petites touches d’ambient et de scratches dans chaque morceau. « Just A Phase » n’échappe pas à la règle, mais ajoute des violons et une fausse montée en puissance assez surprenante. C’est une ballade pop plus mûre que ce le groupe à fourni dans ce registre par le passé. Même sentence pour « 11am » et l’acoustique « Mexico », ça n’a pas vieilli, excepté peut être le chant… Rien de putassier là-dedans, juste des ambiances vaporeuses et confuses, une impression de matin brumeux, en un mot : superbe. On peut leur reprocher de faire là du Jack Johnson, mais pas du nu-metal. Quoique, « Blood On The Ground » renoue avec la lourdeur, malgré un refrain qui m’a toujours fait penser à du Michael Jackson, bizarrement. A mesure que le disque s’avance, les ambiances orientales s’égrènent, comme sur le court solo de « Echo », le très bon « Warning », perle mélodique (sur laquelle le gratteux remet ça avec le volume), puis sur le final « Aqueous Transmission », ovni total gorgé de tablas (un ko-kyu pour être exact, qui leur a été offert par… Steve Vaï) répétant à l’infini un motif magnifique, dont on douterait presque de la provenance, tant ce morceau est sublime. Reste « Under My Umbrella », qui louche sur du Radiohead sans pour autant se dépêtrer de ces guitares plombées, et « Are You In », objet assez délicat, pure pop sirupeuse, dont je ne saurai que trop conseiller la vision du clip. Censuré chez l’oncle sam pour cause de femmes à poil, d’ailleurs. Perso, cela m’a toujours fait beaucoup rire, et permet de mieux saisir l’approche hédoniste de ce « Morning View ». M’enfin, ne vous attardez pas trop sur les autres clips (ni sur les autres censures) ou sur les paroles, parce que là… Pour tout vous dire, cela m’a fait baisser la note d’un point. Bon, ok, le chanteur aussi. (Tout de même, z’ont de la chance qu’Anthony Kiedis soit pas procédurier) Trêve de digressions, de toutes façons la pochette décrit à merveille le contenu. Tant qu’il fait soleil… Profitez-en,

écoutez ce disque, après, c’est plus le temps des bermudas.

Note : 5/6

Page 28/160 SJÄLVMORD : Självhatets Skönhet

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Groupe suédois de black metal, Självmord nous présente sa première demo intitulée « Självhatets skönhet », parue en 2005 chez Forgotten Wisdom Productions. Självmord est une formation assez jeune, créée en 2004 et originaire d' Orebro en Suède. Le groupe pratique un black metal sombre, à la production très correcte pour une (première) demo. Självmord joue bien sur les tempos puisqu'il passe sans difficulté de morceaux au tempo plutôt lent, comme "Kysst av döden" ou le titre éponyme, le meilleur de la demo, lancinant et vicieux à souhait , qui permettent l'installation d'une atmosphère qui prend de suite. Självmord accélère le tempo sur "Förakt mot mänskligheten", probablement les passages les moins réussis, surtout au niveau de la guitare, qui lorsqu'elle se fait trop rapide, perd de son efficacité et se fait trop distante notamment sur les couplets, ceci étant du à l'enregistrement. A mes yeux, le groupe parvient mieux à mettre en avant sa création musicale en utilisant un tempo lent, en tout cas dans les conditions d'enregistrements qui étaient les leurs à ce moment. Pour l'heure, «Självhatets skönhet » est assurément une bonne demo de black metal scandinave dont les influences me semblent être des groupes comme Burzum voire Ondskapt avec un petit côté mélancolique plus posé, notamment sur les deux fort bons premiers morceaux.

Note : 4/6

Page 29/160 LUGUBRUM : Live in Amsterdam: trampled brass/midget robes

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Un disque live de black metal est une chose assez rare pour être remarqué. Un très bon disque live de la part d'un des groupes de black metal les plus déjantés et personnels qui soient actuellement l'est d'autant plus. Depuis l'écoute de l'extrait mis à disposition par le groupe sur son site web (en écoute ici), j'attend avec impatience la parution de ce "Live in Amsterdam" enregistré le 28 juin 2005 au Paradiso en ouverture du groupe américain Sunn o))). Force est de constater que je ne suis pas déçu, bien au contraire. Cet enregistrement parvient parfaitement à restituer le côté déjanté voire psychédélique du combo belge. Le son est très correct, aucunement retouché, Lugubrum refuse les overdubs, pratique courante sur les enregistrements live. Déjà bien représenté sur les albums studio du groupe, le saxophone brille ici par son omniprésence et son efficacité. Il déborde dans tous les sens et c'est un pur bonheur d'entendre ces mélopées complètement libres entremêlées au black metal original pratiqué par Lugubrum. De par le choix des titres, le groupe nous présente presque un best-of puisqu'il propose des titres de toutes les périodes. Du titre d'ouverture, "Hunted ordure", présent sur le split avec Finsternis, en passant par le titre éponyme de "De vette cuecken" mais aussi "Fliegenpilz" tiré de l'album "Winterstones", Lugubrum fait plaisir à ses fans sans en oublier aucun. Les moments les plus mémorables sont les titres extraits du génial "De totem", album le plus représenté sur ce live, avec trois morceaux, notamment l'excellent "Udder of death" et les grognements de Barditus (qui réalise une belle performance vocale au passage, très fidèle aux enregistrements studio), le déjanté "Ratteknaeghen" (bien qu'ils n'aient pas inclus le solo de banjo ultime qui figure sur la version album), également le titre extrait du dernier opus en date "Heilige dwazen", avec "At the base of their tail" sans oublier "Pankraker" (extrait du split avec Sudarium) et son refrain excellent. Bref, si avec tout ça, vous n'avez pas envie de découvrir ce groupe de black metal, je ne peux plus rien pour vous. Un de mes groupes favoris depuis un certain temps, Lugubrum n'a de cesse de proposer des enregistrements de qualité, de plus en plus personnels et dégageant une réelle énergie. J'ai la sensation que ce groupe est grandement sous-estimé, peut-être l'air du temps où il est bon d'être soit d'une idéologie politiquement extrêmiste, soit d'un rigoureux mouvement orthodoxe, ce qui, il me semble, laisse peu de place pour les autres. Tant pis pour ceux qui manquent des groupes intègres de la trempe de

Lugubrum pour des raisons aussi futiles. Hailz Lugubrum! Beer them or die!

Note : 5/6

Page 30/160 PADILLA MURPHY : Planetary Elements

Chronique réalisée par Phaedream

Enregistré en concert, au Schreder Planetarium de Californie, en 2002, Planetary Elements est le point de rencontres de 2 synthésistes américains, Craig Padilla et Skip Murphy, qui affectionnent un style ambiant spatial. Plutôt improvisé que bien structuré, le duo nous présente deux longues pièces qui transcendent les territoires du pur ambiant. Hydrogen flotte sur son intro atmosphérique où le vent balaie des particules sonores qui forment des lignes éparses en suspension, sur des chœurs cosmiques et mellotron dense. Pesante l’atmosphère se déplace lentement, sur des strates synthétiques lourdes bourdonnantes. Une étrange ligne synthétique se dandine sur un phare sonore circulaire, faisant contrepoids à une ligne plus mélodieuse, très près des sonorités Tangerinieenes des années 70, qui tente de se frayer un chemin, derrière l’opacité d’un champs atmosphérique dense. Le rythme prend plus d’intensité, sur de bonnes pulsations atmosphériques, et une superbe flûte à la TD, en mi parcours. Très conservateur, le tempo monte et descend avec le magnétisme et l’écho de son bourdonnement, sans totalement exploser. J’appelle ça un rythme frustrant, car l’amoncellement des séquences amènent une tension qui refuse d’éclater. Bien au contraire, il se terre dans les confins de son atmosphère. Helium emprunte la même structure introductive qu’Hydrogen. Par moments, j’en comme l’impression d’entendre de minces souffles qui garnissent les atmosphères gracieuses de Chronos de Michael Stearns. Une lourde séquence circulaire s’amène et entraîne cette errance synthétique dans un gouffre sonore multipiste où les solos de synthé se contorsionnent dans la pesanteur des séquences lourdes et lentes. Cette tempête séquentielle partie, Helium retrouve la sérénité de son intro. Les fines notes dansent avec grâce et harmonie, provocants multiples passages mélodieux qui traînassent avec la nostalgie d’un rêveur en quête d’icônes, jusqu’à ce qu’un mouvement circulaire lourd et statique reprenne de la sonorité. Il faut se rendre jusqu’à la fin pour entendre la première vraie mélodie dans Planetary Elements. Pour ceux qui aiment l’ambiant et le planant, improvisé, avec une touche de progressif, le duo Padilla Murphy est tout à fait idéal. Pour plus d’info, voir SpaceForMusic.com

Note : 4/6

Page 31/160 PADILLA MURPHY : Planetary Elements II

Chronique réalisée par Phaedream

Planetary Elements II reprend là où la première partie avait commencé. Toujours en public, et avec un brin d’improvisation, au Schreder Planetarium de Californie, mais en Mai 2003, le duo Padilla Murphy renoue avec les mêmes rythmes circulaires qui montent et descendent, les séquenceurs lourds et les tourbillons incessants qui hypnotisent tant par leurs puissances que leurs magnétismes. Fidèles à leurs structures, c’est dans une ambiance hyper flottante que démarre l’opus avec Lithium et Beryllium. Le moule spatial craque avec les bouillants Carbon et Nitogen, deux titres rythmés avec séquenceurs lourds et des passages synthétiques assez tranchants. Dommage, c’est un peu court. Quoique assez statique, Flourine reprend les valses flottantes de Beryllium. Un long titre qui vaut le casque d’écoute avec son mouvement lancinant et sinueux qui rappelle encore une fois les belles intonations musicales de Michael Stearns sur M’Ocean. Un long boléro spatial ensorcelant qui s’étend jusqu’à Neon de Night Two, empiétant même sur Sodium qui éclate sur une bonne ligne séquentielle pesante et de puissants solos de synthé, suivant une intro statique. Après le tranquille Magnesium, Aluminium progresse sur une séquence qui roule par effets de cascades hypnotiques, sur un fond atmosphérique, nappé de bons solos qui enrobent bien un mouvement minimalisme qui frisait la redondance. Planetary Elements II est l’une des bonnes surprises de 2005. Fort d’une première expérience, le duo Padilla Murphy a peaufiné son œuvre, car la ressemblance avec le premier concert est évidente, pour notre plus grand plaisir. J’ai trouvé l’œuvre plus complexe, et plus complète, tout en laissant entrevoir un brin d’improvisation. Mais c’est une impro relative, car tout colle, comme les pièces d’un immense puzzle cosmique. Le tout avec une pointe d’émotion, de chaleur que l’on ne retrouvait pas, à tout le moins pas tant que ça, sur le premier volet. Un bon cd, un peu plus dans le style Berlin School que Planetary Elements, qui trouve toute sa noblesse avec une bonne paire d'écouteurs.

Note : 5/6

Page 32/160 THE WAY OF ALL FLESH : Esprit d'escalier

Chronique réalisée par Twilight

Cas classique: le groupe est anglais et pratique un gothic rock sur fond de boîtes à rythmes, de guitares flamboyantes post-Sisters of mercy (quoique moins froide et donc plutôt dans la lignée de Nösferatü)avec une touche de programmation pour l'atmosphère...car les Way of all flesh font clairement partie de la génération fin 90's, celle qui s'est précipitée sans la moindre originalité sur les traces de Rosetta Stone, Nösferatü et autres, pour refuser le virage électro pris par certains collègues (Suspiria, Manikin)...Les arrangements ont donc été entendus des centaines de fois déjà, que ce soit dans les lignes de guitare, le style de chant, moins caverneux certes, plus spontané mais qui rappelle trop d'autres formations pour gagner ici une véritable identité...Ok, l'atmosphère est plaisante mais comme le groupe ne parvient pas non plus à composer LE tube, l'album peine à frapper réellement les esprits.Il y a bien quelques éléments comme la programmation hantée de 'So cold' mais ce sont les vocaux qui n'assurent pas ou une reprise correcte du 'White wedding' de Billy Idol mais qui reste un peu trop proche de l'original ou encore 'Final resolve' trop marqué Nösferatü pour être honnête à 100%. Un album pas désagréable mais qui ne fera pas date, pour un groupe dont peu de gens se souviendront.

Note : 2/6

Page 33/160 PLACE4TEARS : The silent flame

Chronique réalisée par Twilight

Bien déconcertant cet album...on y croise pêle-mêle les spectres des Cocteau Twins, de Trance to the sun, une touche de Slowdive, des Cure, le tout pimenté d'expérimentations ambient... on recherche un sentiment sécurisant au travers de ces orchestrations dépouillées où volûtes de guitare tantôt profondes, tantôt plus proches d'un shoegaze à la My bloody Valentine, tourbillonnent entre les beats lents et secs de la boîte à rythmes, ces alternances de chant féminin apaisant et d'une voix masculine tantôt triste, tantôt dandy...et on n'en trouve pas réellement. On se laisse capter par la transe voluptueuse des magnifiques 'Riding the waves home', 'Love sick' ou 'Be a queen', volontairement déséquilibrée par le feeling malsain à peine perceptible des claviers froids de 'Who knows ?' ou des attaques plus musclées de 'Dream sequence'. Rien de bien alarmant dans ma description et c'est bien ça la qualité première de ce disque qui caresse, repousse, flatte, pince, passe du soft presque naïf ('The sun might come up') à la froideur faussement heavenly de 'Tödliche Freiheit' tout en restant cohérent. Ce petit jeu n'est bien entendu perceptible qu'à ceux qui écouteront d'une oreille concentrée cette progression gazeuse qui tend de plus à plus en se fondre dans le brouillard avant que le spleen de 'September's breath', proche de Trance to the sun, ne revienne dynamiser les rêves engourdis. Imaginez l'esprit de Black tape for a blue girl capturé dans un corps de sons inspirés de Cocteau Twins, Trance to the sun et My Bloody Valentine, le tout passé à la moulinette cold wave et vous aurez une très vague idée des climats de cet opus qui nous berce et nous noie à la fois. Bien déconcertant cet album mais surtout très envoûtant... 4,5/6

Note : 4/6

Page 34/160 SHREEVE (Mark) : Legion

Chronique réalisée par Phaedream

Amateur de films et de livres d’épouvante, Mark Shreeve fut inspiré du livre de Stephen King, The Stand (Le Fléau) pour écrire Legion, une œuvre brillamment conçue à coup de gros séquenceur et d’échantillonnage. Sans l’ombre d’un doute c’est l’un des titres les plus pesants que j’ai entendu dans le merveilleux monde de la Musique Électronique. En ce qui me concerne, c’est un incontournable. Un cd lourd, débridé et pesant, contenant des superbes mélodies qui sont soutenues par un séquenceur hors haleine. Un cd rock, pesant aux limites d’une MÉ, style New Berlin School. Utilisant au maximum l’échantillonnage, l’opus est truffé de clins d’œil méphistophélique. C’est donc avec une étrange incantation, aux allures de Messe Noire que débute la pièce titre. Une grosse et pesante séquence basse ouvre la procession, sur une voix satanique. Dès lors le rythme devient rapide et tousse sur de bonnes percussions , des notes acérées et un séquenceur ultra pesant et puissant qui soutient un rythme hard et heavy par une nuée de notes percutantes qui déboulent, telles des percussions endiablés. Par la suite le rythme devient tribal. De grosses percussions transes (qui ont sans doute inspiré Juno Reactor) repousse les limites sur des coussins synthétiques symphoniques aux effluves de guitare. Un titre ultra lourd, ultra rapide et totalement démoniaque que vous avez sans doute entendu, car il faisait parti de la trame sonore du film; Le diamant du Nil, en plus de tourner assez sur les planchers de danse. Ce coup de canon n’est pas isolé. Il y a plusieurs autres titres très séquencés et très rythmés comme Sybex Factor avec ses percussions martelantes, ses longs solos de synthé, combiné aux solos de guitares. Icon avec son rythme débridé, le séquenceur ultra rapide de Franke et les chauves souris métalliques. Finalement, Hammer & Cross, un titre arrivé sur le tard, en boni lors de la première édition compact disc sur Centaur Discs. Du côté mélodieux pesant il y a Strom Coluum qui roule sur des rythmes et percussion séquentielle aussi débridées que la pièce titre. Un titre pesant, nerveux sur des chœurs légers et mélodieux en harmonie avec un synthé aiguisé. D’ailleurs, le mélange synthé voix sur un rythme si cassé est tout à fait génial. Flagg est un autre coup de génie. La plus longue pièce du cd ouvre sur une intro très lugubre, comme un film d’horreur, série ‘’B’’. Un petit clavier tourne une mélodie et une comptine menaçante sur un séquenceur qui roule plus vite et un synthé aux longs accords sinueux. Le rythme martèle une marche lente, par moments ça ressemble à une marche de zombies vitaminés, et encore là, l’échantillonnage est superbement réussi. Avec Domain 7, on se croit dans un marais surréaliste avec oiseux et loups qui cohabitent sur des envolées de violons et un clavier style harmonium qui plane l’utilisation soyeuse d’un superbe synthé qui épouse les longues courbes sensuelles d’une guitare sombre et suggestive. L’effet est démoniaque, surtout avec les cordes de voilons qui résonnent sur des coussins synthétiques plus symphoniques. La guitare est sublime. On le voit presque gratter ses cordes, tant l’effet est réaliste. Étant plus sentimental que ‘’rocker’’, c’est ma préférée après The Stand; un long titre aux atmosphères noires qui nous fait entendre un synthé qui pleure, qui souffre une nostalgie que l’on ne peut comprendre. Derrière des effets sonores brumeux, une ligne synthétique en mode trompette vient nous lever les derniers poils à lever avec une finale à couper le souffle. Pas par sa rudesse, mais par sa sensibilité et la main mise du mal, qui semble triompher. Legion, de Mark Shreeve est un incontournable. Le genre qui peut plaire tant aux amateurs de Gothique, même si par moments les mélodies sont à fleur de peau, de synth pop et, évidemment, de MÉ. Une musique, bourrée d’échantillonnage surprenant, séquencée et

Page 35/160 endiablée, qui conserve un cachet mélodieux. Hummm….c’est pas tous les jours fête!

Note : 5/6

Page 36/160 SCHULZE (Klaus) : Mirage

Chronique réalisée par Phaedream

Après les rythmiques Timewind, Moondawn et Body Love, Klaus Schulze déroute son public en offrant un album d’une quiétude inattendue. Mirage est un titre minimalisme où Schulze multiplie les couches synthétiques qui s’harmonisent avec la résonance de leurs coussins, dans une atmosphère ambiante, planante et désertique. Velvet Voyage est un long voyage synthétique où Schulze juxtapose les strates synthétiques sur un tempo lent, sinueux. L’effet de solitude est accablant. Nous sommes en pleine impulsion planante, qui bouge subtilement sur des mouvements incertains, donnant une lourdeur conflictuelle. Des tintements apportent une dimension plus sereine sans pour autant remuer le rythme, alors qu’un lointain synthé dessine une mélodie qui accompagne ce mouvement qui dérive avec mélancolie. C’est comme écouter les suaves complaintes synthétiques de Moondawn, sur un fond sonore très Irrlicht, si vous voyez le genre. Ça m’a pris quelques écoutes, et beaucoup de volonté pour apprécier ce voyage de velours. Quoique autant minimalisme, et construit sur le même moule, Crystal Lake est nettement plus mélodieux. Un fluide mouvement séquentiel, aux tonalités de multiples clochettes, dessine un horizon sonore. Des couches synthétiques, aux intonations variables, épousent ce mouvement, augmentant son crescendo sur des scintillements et bourdonnements synthétiques, jouant autant sur les aigues que les basses. Minimalisme et accrocheur, le mouvement devient plus statique en 2ième portion, mue par des élans de basse ondulants. Solitaire, un synthé accroche son souffle sur ce fond de basse. De fines notes percent le silence et se nourrissent de leurs échos, propulsant le mouvement en une tornade synthétique qui vrille sur leurs résonances et ses solos symphoniques. Un titre sublime, qui contient quelques longueurs, un gros défaut sur Mirage. En prime, sur l’édition spéciale de Revisited Records, nous avons In cosa crede chi non crede? Un autre long mouvement, planant conformément à l’esprit qui règne sur Mirage. L’intro nous ramène aux premières sonorités de Schulze avec le gros orgue qui se promène sur des couches synthétiques nuancées. Très atmosphérique, le mouvement s’étire sur un synthé flottant avec quelques effets sonores qui agrémentent une lourde et lente procession atonique. Mirage n’est pas mon œuvre préférée dans l’immense catalogue de Klaus Schulze. Il ne s’y passe pas grand-chose. C’est planant et très atmosphérique. Selon les amateurs de style ambiant, ça demeure une référence car seul Schulze, et Steve Roach sans doute, réussissent à donner une profondeur à un banal souffle synthétique qui

épouse le calme plat d’un clignement de cil.

Note : 3/6

Page 37/160 SCHULZE (Klaus) : Body Love 2

Chronique réalisée par Phaedream

Avec la parution du 1ier Body Love, Klaus Schulze nous réservait une surprise; il avait concocté assez de matériel pour faire une trame sonore (Body Love 1) et pour faire un album studio, sans liens avec le film. Projet audacieux qui témoigne de la qualité artistique et de la suffisance du personnage. Car, après un album aussi limpide que Mirage, Schulze avait encore des réserves pour renouer avec ceux qui étaient encore sous l’effet Moondawn et Body Love 1. D’ailleurs, aux premiers souffles de Nowhere-Now Here nous sommes en terrain connu. Aux premières notes, nous sommes replongés dans l’univers sensuel et langoureux de Body Love 1.Un vent calme et serein souffle sur un synthé truffé d’effets sonores analogiques. Flottant, le synthé développe son intro sur un mouvement éthéré où siffle de somptueux solos sur une ligne basse à impulsion sensuelle et un mellotron onctueux qui dessine une courbe profonde. Les percussions tombent, provocatrices elles forment une parfaite symbiose avec les déhanchements d’un tempo encore plus suave. En mi-parcours, la cadence s’intensifie sur un mouvement plus débridé, ponctué de sublimes solos d’un Moog incontrôlable, défiant les mesures séquentielles. Un titre tout simplement sublime qui étonne constamment par ses variantes directions, secondé par une batterie qui roule avec justesse sur des mouvements bouclés et enivrants, alors que le mellotron, toujours présent, amplifie un fond musical riche et harmonieux. Comme le faisait si bien remarqué Force Majeure (lecteur de Guts Of Darkness), Schulze nous livre en Mowhere-Now Here son plus beau morceau. Stardancer II est assez similaire avec la 1ière partie. La vaporeuse intro y est plus courte, avant que le rythme n’explose sur de bonnes percussions et de furieux solos de synthé. Moogetique ramène tout le monde à la case ambiante. Un titre atmosphérique aux effluves métalliques qui flotte sur un synthé lancinant et sombre. Le mellotron ajoute encore une profondeur inouïe, derrière un souffle cosmique sombre. Un titre qui aurait facilement trouvé sa place dans 2001 : A Space Odyssey, tant l’atmosphère s’y prête. Sans avoir la profondeur musicale du premier volet, Body Love 2 est un excellent cd. À elle seule, Nowhere-Now Here vaut la dépense..quel titre merveilleux, alors que les deux autres titres sont forts respectables, en plein dans l’idéologie musicale qui prévalait à l’époque. Et même un peu plus, considérant le rythme débridé de Stardancer II. En réalité, c’est un excellent complément à Body Love 1. De là à entamer un débat, à savoir lequel est le meilleur, c’est comme divisé un cheveu en quatre pour savoir le quel est le plus fin. Les deux valent le coup. Un œuvre petit chef d’œuvre comme seul Klaus Schulze savait les faire. Et Nowhere-Now Here… quel

‘’trip‘’ musical!

Note : 5/6

Page 38/160 : Nothing but death remains

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Le voici donc ce premier album d'Edge Of Sanity, l'un des premiers groupes de Dan Swanö, l'homme aux milles projets, dont le style se révèle ici être la plus primaire de toutes ses créations musicales. Soyons clair, il s'agit ici de old school tout ce qu'il y a de plus primaire et borné. Le son rugueux, les guitares un peu faiblardes, le sous accordage, les hurlements bestiaux, les compos alternants passages bien speeds et breaks ultra lents, tout en power chords et tremolo picking, non on ne peut pas s'y tromper c'est bien du death suèdois de 91. EoS manque encore un peu de personnalité sur cet album, les riffs ne marquent pas vraiment, on pense parfois à Comecon ou au premier Gorefest,d'autres à Carnage mais l'ensemble ne décolle jamais vraiment. A noter d'ailleurs que sur ma version, le son a la facheuse habitude de brutalement diminuer puis de revenir à son niveau normal, assez énervant... Sinon les poncifs du genre sont appliqués à la lettre, peut-être bien pour ça que 15 ans plus tard, l'efficacité semble avoir quelque peu disparue. Attention, on n'est pas non plus au niveau du premier Benediction, certains moments arrachent bien, notamment quand le groupe ralentit, mais en comparaison de ce que le groupe a pu produire par la suite, "Nothing but death remains" demeure simplement

à mon sens le "premier album du groupe" avec tous les défauts typiques qui incombent à cette appellation...

Note : 3/6

Page 39/160 EDGE OF SANITY : Unorthodox

Chronique réalisée par pokemonslaughter

ah oui, voilà qui est mieux ! Ce second album de EoS montre un réel pas en avant de la bande à Dan Swanö. En témoigne le premier morceau "Enigma", séparé en trois parties, qui pose d'entrée le style Edge Of Sanity. Les riffs typiques du groupe sont là, des tremolo presque sautillant et accrocheurs que le groupe poussera à son paroxysme sur "Purgatory afterglow", les mélodies font leur apparition, le chant clair aussi (bon seulement sur "Enigma" certes), la sensation de vitesse aussi... C'est marrant comme d'entrée on sent le progrès. Le son s'epaissit, les compos se font plus réfléchies (même s'il y a du déchet), le chant de Dan plus puissant, bref après un "Nothing but death remains" plus "coup d'essai" qu'autre chose, on peut dire qu'Edge Of Sanity devient Edge Of Sanity avec ce disque. Ceci étant dit, ne vous méprenez pas, "Unorthodox" n'est pas si éloigné de son prédecesseur, on reste toujours dans une catégorie "death metal old school" très typée, disons simplement quele groupe ne fait qu'améliorer et personnaliser une recette qui marchait très bien à l'époque. Le principal atout de ce disque ? Son efficacité après 15 ans, son petit côté "rugueux" qui lui colle un aspect necro tout à fait charmant, et le fait qu'il ait été pensé comme un album dans son intégralité et non comme une juxtaposition de morceaux. A ce sujet, on retrouve alors des interludes vers la fin, des morceaux variés, mais malheureusement, leur niveau est parfois loin d'être homogène. A vrai dire, je trouve la fin de l'album beaucoup moins percutante et efficace que la première. De même pour l'aspect mélodique, on en aurait tellement voulu plus, car celles décochées sont énormes, originales et porteuses d'atmosphères ("in the veins/darker than black"). Avec cette variété, le groupe se rapproche du coup de groupes comme Dismember ou Entombed, moins borné dans leur death metal, tout en conservant son identité propre : ce son, la voix de Dan (réllement puissante et sans effet), et ces riffs tremolo qu'on ne retrouvera chez aucun autre groupe... Bref, un bon disque de death metal tout simplement, certes un peu daté mais tout à fait recommandé pour les amateurs de brutalité simple, l'art du break qui casse étant parfaitement maîtrisé ici, comme aux fans de dark qui veulent un truc plus brutal que d'habitude, Dan n'oubliant pas de nous coller ses fameux breaks doom et autres mélodies démoniaques ("Everlasting")... Un disque qui malgré sa brutalité (le plus violent du groupe) ne dépareille pas dans la discographie du groupe. Bon album.

Note : 4/6

Page 40/160 ARCTURUS : Shipwrecked In Oslo

Chronique réalisée par Powaviolenza

Après avoir été maintes et maintes fois repoussé honteusement par Season Of Mist (qui ne faisait même plus de communiqués à la fin... la classe, bravo), le DVD tant attendu d'Arcturus est enfin sorti. Enregistré à Oslo le 24 Septembre 2005 (certains avaient déjà eu la chance de voir le show complet sur le site norvégien gigs.no), la galette si ardemment désirée nous arrive dans une jolie boiboite en plus-ou-moins métal, au packaging sobre mais efficace... à l'image du contenu du DVD. En effet, Season Of Mist nous livrent ici le strict minimum : le très chouette concert d'une heure et demie et quelques bonus rachitiques - un clip totalement inutile de "Deamon Painter" fait avec les bandes du concert dotées de quelques jolis filtres rajoutés (oohh) et deux trois effets spatiaux (aahh), des photos du même concert, et une vidéo honteuse de 5 petites minutes nous montrant le local de répète des norvégiens, avec quelques passages que j'imagine drôles (en norvégien non sous-titré...), et s'arrêtant brusquement dès que les premières notes sont jouées (j'ai vraiment pas vu l'intérêt d'appeller ça "Rehearsal" et de montrer 10 secondes de répète, non, vraiment pas...). Vous l'aurez compris : pour moi, les bonus sont le gros point noir de ce DVD. Je demande pas non plus 3H de vidéos backstage et des interviews à n'en plus finir, mais merde, on parle d'Arcturus là ! Un groupe au passé aussi riche a forcément des trucs plus intéressants à mettre en bonus sur un DVD (surtout le premier, et il risque pas d'y en avoir beaucoup vu la fréquence des concerts du groupe comparée à celle de tous les autres projets des membres d'Arcturus, que ce soit Dimmu Borgir, Mayhem...)!! Bref. Fin du coup de gueule, car heureusement, l'essentiel de "Shipwrecked In Oslo" a la classe : malgré sa setlist qui aurait pu être mieux (putain, mais où sont "To Thou Who Dwellest In The Night", "Wintry Grey", "Radical Cut", "Collapse Generation"...?) mais qui malgré tout contentera la plupart des fans, des longueurs au milieu (il y a une sorte de "baisse de tension", que ce soit dans le jeu de scène des Arcturus ou dans l'immersion du spectateur, plus ou moins à partir de "Daemon Painter", mais j'imagine que c'est "l'effet DVD" car je ne m'étais pas fait chier du tout lors de leur passage à la Loco) et deux trois impairs de réalisation (un peu trop de remplissages visuels divers et variés pas forcément de très bon goût, caméras fixées sur Tore, Knut et Simen et délaissant quasi-totalement les autres), il faut avouer que c'est essentiellement un bon produit. Le son est vraiment ultra-clean, très proche de celui de "Sideshow Symphonies" (éthéré au possible), même si le mix varie parfois un peu en qualité : on entend très bien la basse sur "Ad Absurdum" et les quelques trop rares passages où Skoll daigne se balader un peu sur son manche (comme il avait pu le faire dans "Written In Waters" de vous-savez-qui), mais il est la plupart du temps sous mixé / inexistant (un peu comme en studio en fait); quand aux grattes, elles sont inaudibles au début, puis ressortent de plus en plus au fur et à mesure du concert (sans toutefois prendre l'aspect massif du concert de la Loco, à mon grand désespoir). La qualité sonore générale est donc vraiment quasi-nickelle, tout comme l'image (malgré les quelques défauts cités plus hauts) et l'interprétation. Les deux guitaristes s'en donnent vraiment à coeur-joie durant tout le DVD, posant et gambadant comme de vraies rock stars - en particulier Tore Moren qui nous gratifie même d'un solo shreddant au possible (on sent qu'il joue dans 40000 groupes de heavy metal kitsch et à côté d'Arcturus); Hellhammer foire une ou deux descentes de toms mais reste tout de même franchement impressionnant de finesse et de rapidité (malgré le trig moche), tout comme Steinar, véritable virtuose derrière ses claviers. Quand à Simen, malgré quelques baisses visibles de motivation sur les titres Garmiens (on le sent bien plus dedans sur les titres de "Sideshow" ou sur "The Chaos Path", normal), exécute

Page 41/160 tout à la quasi-perfection, sans pour autant être noyé dans les effets (très discrets et peu fréquents). Scéniquement, je l'avais trouvé beaucoup plus à l'aise à Paris, mais ça reste de la très grande classe, et puis les deux danseuses au gros popotin sont toujours là pour combler les absences scéniques de Simen et ses copains. Au final, j'attendais peut-être un peu trop de ce DVD, mais malgré ses énormes défauts, le concert vaut le coup et a pour lui de très, très grands moments (entres autres, "Deception Genesis", "Master Of Disguise", "The Chaos Path" et sa troupe chaotique mais fun - j'imagine que ça rendait mieux en vrai). Et puis merde, c'est la capture en 5.1 multi-caméras d'un show des immenses Arcturus, un des plus grands groupes de metal avant-gardiste et élégant de tous les temps, et rien que ce fait rend "Shipwrecked In Oslo" indispensable pour qui apprécie ce groupe hors du commun... Donc si vous êtes fan : buy or die quand même, vous arriverez à passer outre les gros défauts (qui sont quand même bien gros), surtout si vous n'avez jamais vu Arcturus live.

Note : 4/6

Page 42/160 SEAR : Begin the celebrations of sin

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Groupe finlandais créé par Corvus, chanteur de Horna, Sear présente son premier album intitulé "Begin the celebrations of sin", produit par Dynamic Arts Records. Sear pratique un death metal teinté de black, avec une alternance vocale entre chants criards black metal et voix d'outre-tombe death metal pas loin d'un Glenn Benton de Deicide par moments. Au niveau purement musical, Sear vogue entre passages death metal massifs et lourds et moments plus mélodiques où l'on remarque le savoir faire du batteur Lauri Laaksonen qui maitrise parfaitement son instrument. Hormis le titre "Weeping flesh", Sear a réenregistré les quatres autres morceaux déjà présents sur leur première demo parue en 2004 et intitulée "Realm of lies falling down". L'introduction de rares passages thrashy est également une bonne chose car ils s'intègrent aisément dans les compositions de l'album. Cet opus contient quelques bons titres comme "Lobotomy with a crucifix", "Scythe of blasphemy (kiss the goat") et également le plus posé "Monument 666", qui démontre que Sear ne perd rien de sa puissance en ralentissant un peu le tempo: un titre vicelard et efficace. Ce "Begin the celebrations of sin" ne révolutionnera en aucun cas le petit monde du metal extrême, Sear ne fait pas dans l'innovation. Cependant, cette première galette est un essai correct bien que trop bateau et trop peu varié pour créer la surprise. Il faudra surement que le groupe persévère et se trouve une réelle identité afin d'affirmer pleinement le potentiel légèrement entrevu sur ce premier méfait au style trop commun et préformaté pour réellement être séduisant. 3,5/6.

Note : 3/6

Page 43/160 EPHELES : Souviens-toi

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Ce premier album d'Epheles aurait dû voir le jour en 2003 sur le label Everlasting Records sous le nom "Le dernier pardon". Cependant, comme rien n'est jamais facile dans l'underground, ce label a purement et simplement disparu de la surface de la terre sans laisser aucune nouvelle de sa supposée activité. Il aura donc fallu trois ans pour qu'Epheles trouve un label qui produise cet album maudit. Depuis, les titres des morceaux ainsi que celui de l'album ont changé, mais il s'agit bien des mêmes pistes. Epheles est un groupe très intéressant, il officie dans un black metal épique alternant entre passages très rapides et moments plus atmosphériques et intimistes. Ce deuxième point est pour moi la véritable force d'Epheles. Ils ont un vrai talent pour créer des ambiances contrastées en ralentissant le tempo avec l'ajout ici et là de claviers bien placés et discrets. J'ai plus de mal sur les passages rapides, notamment les blasts de batterie qui n'ont pas un rendu sonore très naturel. Le titre longue durée "Les abîmes du temps" est le parfait exemple de la qualité mise en avant par Epheles, un titre de toute beauté. "Des siècles d'ignorance" démontre quant à lui la qualité du riff efficace. Epheles arrive à quelque chose de réellement personnel avec cet opus plutôt riche qui parfois souffre d'un manque de relief dans la production. Le groupe préparerait un nouvel album sur Konklav Records, sous-division de Deadsun records, qui est déjà responsable de ce "Souviens-toi". A voir la qualité de ce disque, il était plus qu'urgent de le produire, cela aurait été fort dommage de passer à côté d'une telle réussite pour des raisons purement contractuelles. Gageons que le prochain Epheles sera encore plus abouti. Superbe!

Note : 5/6

Page 44/160 SONNY RED : Extent Of Soul

Chronique réalisée par Powaviolenza

Assurément, il ne fait aucun doute que les Sonny Red ont du faire déverser pas mal d'hectolitres de cyprine avec leur power metalcore FM de lover, impuissant et cliché au possible. Tout comme Avenged Sevenfold et autres groupes de glamcore moderne, les marseillais jouent ici la carte "production absolument énorme et tranchante", "chugga chugga à foison", "alternances voix hurlées / voix claires mièvres mais qui ne manqueront pas d'inonder la culotte de ta petite soeur". Y'a pas à chier : c'est de la musique pour se taper des nanas (y'a même une ballade à la fin). Je me demande comment un label tel que Several Bleeds peut sortir une telle bouse... Quoique les réponses sont plus qu'évidentes : soit les Sonny Red sont des copains à eux, soit c'est l'appat du gain... "LA REVELATION METAL 2006", nous dicte en gras la fifiche promo... Très peu pour moi en tous cas : rien d'assez original pour sortir du lot (même si c'est bien joué en soi, rien à redire là-dessus), malgré quelques bonnes idées sauvant cette galette de la catastrophe totale : de bonnes parties guitaristiques (malheureusement noyées dans les chugga-chugga et autres gimmicks power metal moderne et conventionnel) et un feeling assez groovy, qui seront - on l'espère pour Sonny Red - peut-être développés dans leur prochain album, que l'on espère plus personnel..? J'imagine bien que vous serrez des meufs avec ça, les mecs, mais c'est vraiment trop mielleux.

Note : 2/6

Page 45/160 INHATRED : Ten Seconds Before Sunrise

Chronique réalisée par Powaviolenza

Inhatred, pour ce premier "vrai" album au son absolument massif made in Francis Caste (Necroblaspheme, Carnal Lust, Ultra Vomit, Es La Guerilla, Sna-Fu...) et Alan Douches (le mec qui masterise à peu près 90% des grosses sorties hardcore depuis deux-trois ans), après avoir fait du gros brutal death école new-yorkaise puis du hardcore très violent et assez chaotique, évolue désormais dans un style de hardcore toujours puissant et violent mais bien plus subtil et ambiancé. De la période "Olena", le groupe conserve la grosse voix de Feust, concentré de puissance au phrasé mortel (ahhh, ces petits "yeah" bourrés de groove et bien placés, c'est complètement cliché mais ça fait mouche à tous les coups, eh eh eh...), le jeu de batterie incisif et les riffs jouissifs tous droits sortis d'un disque de Burnt By The Sun ou Coalesce. L'ajout de Burst (dont l'influence est assez flagrante), Envy ou de trucs plus stonerisants / rock'n'roll dans la liste des influences rend ce "10 Seconds Before Sunrise" franchement agréable à écouter; malgré deux trois petites fautes de goûts (les gros passages down-tunés néo-metallisants efficaces-en-concert un peu trop faciles, la longueur de l'album, quelques titres finalement inutiles à mon goût, comme "Stoned", "Down" & "A Little Story"), l'album est bourré de mélodies magnifiques ("In Love..." "...we Trust", mortel), d'harmonies bien senties, d'arrangements qui font la classe des bons albums ("Free By Nature"). On s'emmerde presque pas, on remue la tête sans même s'en rendre compte : même si cet album n'est pas spécialement original, il est suffisemment bien composé et non-répétitif pour faire passer un très bon moment, et ne pas faire regretter cet achat. Chaudement recommandé pour ma part. Vivement la suite, qui risque d'être encore plus énorme.

Note : 4/6

Page 46/160 EDGE OF SANITY : The spectral sorrows

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Ah enfin on rentre dans la cour des grands ! Pour ce 3ème album, les Edge Of Sanity ont définitivement mis le paquet : un son énorme, leur meilleure prod' à ce jour (faite au Unisound studios, par Dan swanö justement), un album mature, varié et inspiré qui quitte un peu son aspect crado-dégueu pour devenir une grosse machine de guerre bien lourde et destructrice. C'est réellement avec cet album qu' Edge Of Sanity va au fond de ses arrangements et autres idées, et peut alors se permettre nombre d'experimentations originales. C'est ainsi qu'au milieu d'un tas de brulôts death metal, on retrouve une reprise de Manowar "blood of my enemies" pas mal du tout même si le côté "powerful" a un peu disparu, mais aussi un morceau goth/rock ultra kitsch 80's qui donne envie de bouger son gros cul plein de bière sur le dancefloor (ahlàlà ce refrain tchikitan tchitchikitan...), et carrément un morceau hardcore "feedin' the charlatan" bien rentre dedans et binaire... Bref on voit bien que le groupe se lache. Et ils le peuvent tant le reste est maîtrisé. Dès "Darkday" on comprend vite que "The spectral sorrow" va encore améliorer le style EoS déjà mis en place sur "Unorthodox". Parties bien speeds typiquement death suèdois, ralentissements doomy, riffs catchy en tremolo, quelques harmonies mélodiques, du clavier de ci de là, et un gros travail sur le chant : il nous fait tout ! (normal quand on connait les capacités de Dan Swanö). Certains morceaux renvoient immédiatement aux Entombed/Dismember ("Livin' hell" est une bombe), d'autres se font plus pesant et heavy, préfigurant l'album suivant ("lost" et son refrain tout mimi précurseur de "black tears", "The masque", "Across the field of of forever"), tandis que d'autres explorent un peu plus l'aspect mélodique qui explosera sur les albums futurs ("Jesus cries", avec son gros refrain death sautillant à la fin "jesus cries" !!!!, "On the other side")... Pas un morceau n'est en dessous des autres, si l'on met de côté ceux un peu barrés bien sûr, avec une grande utilisation de la rythmique Dismember-ienne qu'on retrouve sur "Bleed for me" par exemple. On peut aussi penser un peu au Hypocrisy de la période "Final chapter" (en avance bien sûr) pour ce côté "puissant mais mélodique" tout en restant simple et bas du front... Energique, punchy, réfléchi et inspiré, "The spectral sorrow" se paye même le luxe d'être le disque le plus sombre du groupe (notamment avec ses petits breaks au clavier). Ajoutez à cela un son énormissime, qui même 15 ans après ébouriffe encore l'auditeur, et avec le cachet typiquement suèdois s'il vous plait ! Impossible alors de faire la fine bouche... En résumé, un excellent album, à mon sens le meilleur avec le suivant, qui pose clairement Edge Of Sanity cmme un groupe important du mouvement death suédois.

Note : 5/6

Page 47/160 HILDEROG : Tsörmenkvadùr

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion d'écouter un groupe de black metal originaire d'Islande. Hilderog se réclame d'un black metal nordique old school, je ne vais pas le contredire, c'est en effet le style mis en avant sur cette deuxième demo parue chez le label français Forgotten Wisdom Productions en 2004 et intitulée "Tsormenkvadur". Hilderog est une barque menée par un seule homme, en tout cas sur cet enregistrement. Ollathir mène donc la danse, une danse sacrément furieuse d'ailleurs. Le son est bon pour un enregistrement demo et démontre d'ailleurs une belle puissance et une capacité instrumentale sans faille. Les riffs de Hilderog sont impitoyables, le groupe me fait parfois penser à un Darkthrone plus varié (notamment au niveau des tempos), pas loin également d'un Belenos du Nord en moins "pagan". Tous les titres sont de qualité et démontrent également une belle homogénéïté tout au long de cet enregistrement de 18 minutes. Bien entendu, chacun a toujours ses petits préférés, je remarque notamment "Grind än Veldá" qui brille par son côté écrasant, sans pitité puis le massif et direct "Tvart úd Skünghélvra". Une fort bonne demo que je vous invite à vous procurer tant elle vous fait passer 20 très belles minutes, une sorte de plongeon dans le temps. "Old school

Nordic black metal" is alive!

Note : 4/6

Page 48/160 BORN UNDER SATURN : Reflecting The Beautiful Design

Chronique réalisée par Powaviolenza

Après un excellent split avec les suisses géniaux de Shora, les Massachusseteux (??) de Born Under Saturn ont fini par sortir leur seul et unique album, disque absolument terrible, sous estimé et fort méconnu de hardcore abrasif et noir. Ok, beaucoup de groupes ont fait bien plus violent / technique / malsain / inhabituel depuis dans le style, que ce soit Crowpath, The End, etc, etc... Ce qui différencie vraiment "Reflecting The Beautiful Design", c'est ce charme unique (que l'on retrouve aussi dans "Until Your Heart Stops" de ou "When Forever Comes Crashing" de Converge) que dégagent la plupart des groupes de hardcore sombre et metallique de la fin des années 90. Ce disque transpire l'authenticité et l'urgence tout au long de ses trop courtes 22 minutes au son parfait et assez unique (enregistré par de Converge, mais surtout mixé par Steve Austin de Today Is The Day, qui avait déjà produit "When Forever Comes Crashing" un peu plus tôt : même genre de prod poisseuse et étrange), faites de riffs destructurés bourrés de classe au gros feeling noisy / emoviolence et aux dissonnances typiques mais stylées, de cris pleurés quasi-black metal et d'un jeu de batterie bourré de groove, de contretemps et de blasts nerveux. Bref, si vous aimez toute cette scène "fin des années 90", ne passez surtout pas à côté de titres comme "Humanize" ou "Shells (Correspondence to the Symbols)". Ce disque est malheureusement quasiment introuvable, Ellington Recordings ayant fermé leurs portes. Mais si vous croisez ce seul et unique joyau longue durée de Born Under Saturn au détour d'une distro, foncez !

Note : 5/6

Page 49/160 SLUDGE : The well

Chronique réalisée par Yog Sothoth

Après un mini CD passé quasi inaperçu à l'époque (pas foncièrement génial en fait, il faut bien le dire), les suisses (Lausanne) de Sludge reviennent avec un premier album qui lui par contre se rapproche déjà beaucoup plus de la grosse baffe façon troll des marécages bien furibard que des ballades en pédalos pour touristes sur le lac Léman. Il faut dire que la démarche tient ici presque du numéro de haute voltige : partir avec l'envie de mixer le "gros" son made in Suède 1991 avec le "gras" façon Nouvelle Orléans 1993 et avoir suffisamment la foi en son truc pour aller l'enregistrer dans LE Sunlight Studio avec LE Tomas Skogsberg et LE Fred Estby ('scusez du peu), forcement déjà ça s'annonçait plutôt bien niveau son. Mais là où Sludge fait la différence, c'est dans la variété des ambiances proposées : tour à tour méchamment pachydermique ou plus sournois, les suisses font preuve d'une science du riff qui n'a vraiment rien à envier aux plus grands – l’influence de Jerry Cantrell ou de Tony Iommi se fait vraiment sentir sur les passages les plus tortueux. A ce titre, le morceau d'ouverture en viendrait même presque à laminer toute la concurrence, tellement exemplaire dans sa construction et dans ses riffs qu'il en deviendrait presque indécent. Le chant fait preuve de la même versatilité que la musique, alternant le "clair" légèrement nasillard affûté au bourbon avec des beuglements que n'aurait pas renié le brailleur d'Entombed. Ajoutons à cela que les gars ont suffisamment bon goût pour proposer des reprises de Killing joke, et du classique morceau éponyme de Black sabbath, pas ridicules du tout, et on comprend assez vite que tous les ingrédients sont ici réunis pour se prendre une énorme baffe… avec le sourire… et on en redemande…

Note : 5/6

Page 50/160 SONIC YOUTH : A thousand leaves

Chronique réalisée par dariev stands

« A Thousand Leaves ». Un titre qui pourrait évoquer l’automne, l’atmosphère du disque s’en approchant, pourtant, sur le cd est imprimé « mille feuille », barré d’une croix. Serait-ce une allusion à l’impression de mille-feuille sonore de certains enregistrements du groupe ? En tout cas, ce n’est pas le cas ici. Autre piste : Thurston Moore a déclaré à l’époque que chaque album de Sonic Youth pouvait être considéré comme une feuille, et que « 1000 Leaves » signifiait qu’ils en sortiraient mille avant de s’arrêter. Ce qu’ils pouvaient désormais faire, nantis de leur nouveau label SYR (pour Sonic Youth Records). Les voilas donc débarrassés du joug de l’horrible compagnie Geffen, délaissant leur noisy rock pour flirter avec l’atonalité sur ce disque charnière, qui pour moi, marque le passage à l’age adulte du groupe… “Contre le sexisme”, intro lénifiante, nous endort avant même de commencer. Ou bien peut-être s’agit-il de nous plonger dans la léthargie propice à la réception de cet album-concept. Que va donc faire Sonic Youth contre le sexisme (après le fascisme, le sexisme) ? Hé bien, tout simplement donner une guitare à Kim Gordon, et lui passer le micro un peu plus souvent qu’à l’accoutumée. Résultat : ceci est le disque le plus « riot-grrl » du groupe, plein d’imprécations hargneuses de la Gordon, feulant comme une chatte à qui on veut prendre ses petits. Une chatte qui chante faux, ceci dit. Ah, et la basse n’est présente que sur deux titres : « Sunday » et « Hits of Sunshine ». Jamais le groupe n’a laissé autant de place à Kim, elle se prend même pour Anna Karina dans Pierrot le Fou sur « Heather Angel », qui commence bien mais se termine de fort chiante manière. Il convient de signaler que le groupe – alors en pleine phase d’expérimentation dans son studio perso fraîchement inauguré – n’écrivait à l’époque quasiment que des instrumentaux, et « A 1000 Leaves » n’échappe pas à la règle. Le chant a simplement été ajouté en dernier lieux par-dessus. Et ça s’entend… Le groupe parle alors de « méditations improvisées sauvages » et de « structures subconscientes ». On constate surtout que « A Thousand Leaves » aurait très bien pu faire partie de la série des « SYR » (disques expérimentaux proches du post rock sortis sur le label éponyme), puisqu’il aurait du être un album instrumental à la base. D’ailleurs plusieurs mélodies sont extrapolées de « SYR 2 ». Pas vraiment un pur album de Sonic Youth, en somme. Doit-on en arriver à penser que c’est sous la pression d’une maison de disque peu compréhensive, avec un matériel et un son peu approprié, et un temps de studio limité, que Sonic Youth a produit ses meilleurs disques ? Bien sûr, il y a quelques bons moments : le rageur « Female Mechanic » (en réponse au « Bitch » de Meredith Brooks), le tendre et mélancolique « Hoarfrost », chanté par Lee Ranaldo, et le single « Sunday », seul tempo rapide, classieux au possible… Mais pour la plupart ce sont des moments de recueillement, d’introspection. « A Thousand Leaves » est un album d’intérieur, sur lequel seule Kim Gordon est encore énervée. Un disque automnal, pluvieux, discret, gris… et late-nineties. Ça sent un peu trop le coup de cœur inrockuptibles. C’est sûr, Allen Ginsberg et Karen Koltrane (avec des K), ça sonne cool, mais bon… L’ennui parfois ressenti peut s’expliquer par la durée de l’album (bien trop long). En effet, le groupe devait livrer ici un double album. Mais selon les dires de Kim Gordon l’idée a été abandonnée, car avec le support cd, cela n’avait plus de sens. Pourtant ils furent les premiers à fustiger les albums trop longs dans leurs interviews – arguant avec raison que la concentration auditive ne peut être optimale que sur une courte durée – genre 40 minutes. Le groupe aura défendu et privilégié le support vinyle jusqu’au bout (ils concevaient leurs disques en tant que 33t jusqu’à celui-ci), mais en 1997, la bataille semblait perdue. Alors, les Sonic Youth ont décidé de quitter le rock

Page 51/160 business, à leur façon, lentement. Ce disque est le premier pas vers le post-rock. Bientôt sortirait la video de Sunday, ou comment faire un fuck à MTV de la plus belle façon qui soit, bientôt le groupe allait-il enregistrer avec un certain Jim O’Rourke, rencontré en 98.

Note : 3/6

Page 52/160 BROEKHUIS,KELLER & SCHONWALDER : Musique des Machines

Chronique réalisée par Phaedream

Musique des machines, parce que c’est machinal. Aussi simple? Non. Broekhuis, Keller & Schonwalder sortent des sentiers atmosphériques et progressifs de la Berlin School pour offrir 70 minutes de musique infernale, qui martèle. Une musique des machines rude et dynamique qui se danse plus qu’elle ne s’écoute, tant par son beat incessant à la synth pop, soft techno, que les effets sonores, percussions et strates métalliques qui s’en dégagent. Sur une musique répétitive Broekhuis, Keller & Schonwalder explose d’ingéniosité et d’audace créative. Une musique des machines qui impose un rythme hypnotique et endiablé. Une musique qui étonne par sa longueur et les ressources intarissables du trio Broekhuis, Keller & Schonwalder, car en aucun moment on s’ennui. Il se passe toujours quelque chose qui réveille, quelque chose d’inattendue qui remet les pieds en branle. La partie 1 débute avec métal sur métal. Des notes métalliques sont en suspension au travers un vent au souffle d’acier. Contorsionné, le synthé valse avec hésitation. Des notes plus agiles circulent parmi des effets sonores lourds et vaporeux. Le rythme déboule sur un synthé métallique tordu, derrière de lourds coussins synthétiques en suspension. Il descend en spirale avec des percussions métalliques et de fins tablas qui réchauffent une ambiance sordidement froide, sur un rythme plus serein, plus chaleureux. Une onde de basse s’installe, complétant l’intro et des notes plus limpides circulent sur des mouvements circulaires synthétiques, donnant l’impression d’embrasser un techno modéré. Hypnotique, le rythme louvoie sur sa ligne de basse qui pulse modérément, amplifiant l’effet techno synth pop, surtout avec les percussions métalliques qui claquent tel des fouets à lanières d’acier. Des effets sonores multiples et bigarrés composent cette symphonie d’aciérie avec des notes en suspension et des tablas qui roulent avec finesse. Un titre rythmé, sur fond minimaliste progressif qui renforce sa progression avec strates synthétiques enveloppantes, voire symphoniques. Quoique enregistrée presque un an plus tard, la partie 2 respecte les empreintes musicales de sa cadette. Un long titre hypnotique teinté d’approches fragmentaires d’un synth pop minimaliste, à la New Order, qui se déguste plus sur un plancher de danse que dans un salon à regarder les quatre murs, quoique l’effet sur une bonne chaîne hi-fi est totalement renversant. Le beat, survolé par des chauve-souris techno, rentre et dans le plancher et dans les pieds. Les effets sonores, et il y en a, sortent avec autant de force que d’étonnement parmi des ondes synthétiques denses et enveloppantes. De grosses couches de violons lancinants, ainsi que des chœurs éthérés tout autant, dans un univers aux étranges tempos de soft techno, causent toujours ses surprises. La ligne de basse est vicieuse et supporte une section rythmique qui étonne avec ses percussions indisciplinées qui captent autant l’attention des pieds et du beat. Tout au long, le trio multiplie les coups de génies avec des mouvements synthétiques symphoniques et harmonieux, des effets sonores de plus en plus audacieux et des percussions encore plus agressives, captant toujours l’attention et l’étonnement, enrayant du même coup un possible désintéressement. Ce qui n’est pas une mince affaire pour un rythme techno qui défonce la barre des 40 minutes. Je ne suis pas un amateur de techno ou de musique de DJ, sauf qu’ici Broekhuis, Keller & Schonwalder m’ont bien eu. Une fois la surprise passée, j’ai été fasciné par ce rythme infernal aux mille et une sonorités hétéroclites. Musique des Machines est un étonnant cd qui vaut amplement l’écoute, que l’on soit amateur de Keller & Schonwalder ou de musique de ‘’party’’, de ‘’dance floor’’. Du rythme minimaliste entraînant à la puissance 10 qui a sa place dans n’importe quel ‘’party rave’’.

Page 53/160 Disponible sur le site de Synth Music Direct

Note : 4/6

Page 54/160 REPULSION : Horrified

Chronique réalisée par pokemonslaughter

ahah, avec Repulsion (ancien Genocide), je m'attaque au culte de chez culte, du genre "sans moi, ne serait rien", "sans moi le grind ne serait pas ce qu'il était"... Bref, le groupe dont tout le monde a entendu le nom, sans forcément en entendr eun note.. Juste du "ah ouais c'est culte !". Bon, je vous passerai l'aspect biographie du groupe, un peu compliqué avec ses changements de nom, et passerai direct à la partie musicalede ce cd... De toute façon en trois cliks sur google vous trouverez ce que vous voulez. Bref, en gros Repulsion, c'est du grind/death sauf que ca date de 85. Les influences punks sont bien là, le côté ultra primaire devient ultra exagéré et à l'écoute de leur unique album "Horrified", on ne peut que se poser des questions quant à "l'inspiration" de Napalm Death sur ses deux premiers albums : ils ont tout repompé ! (et ils ont bien fait). Avec ce disque, Repulsion amène sur la scène extrême son style complètement débile, fait de compos de deux minutes toujours en blasts (parfois coupés de rythmiques speed/death : "Bodily dismemberment", véritable hymne du grind/death, avec des années d'avance), de chant résigné et dédaigneux, avec maximum trois riffs comptant eux même 3 accords au plus... Ok, vous avez pigé, je viens d'énoncer grosso modo la recette du grind old school. Et ma foi, dès ce prototype que représente "Horrified", Repulsion s'en sort bien ! On en prend plein la gueule (à écouter très fort, car bien que le son soit bon, la puissance a un peu disparue), les morceaux arrivent péniblement à la minute trente et n'ont pour d'autres but que de bastonner les yeux fermés avec ces solos complètement idiots (je le mets au défi de faire deux fois le même), ces blasts faits maisons (pas de double pédale ici !) ou ces breaks mid tempos ("Festering boils", ou la mythique intro de "The stench of burning death"), ces titres tous quasi identiques renvoient immédiatement avec joie vers la grande époque ou grind rimait encore avec punk... Au milieu de tout ça, on retrouvera plein de petits hits, devenus de véritables standards désormais : "Maggots in your coffin", "The stench of burning death"... Bref, "Horrified" est avant tout un disque fondateur, une influence indéniable pour les plus grands, et qui se paye même le luxe de faire son petit effet encore 20 ans plus tard... Le genre d'album qu'il faut avoir entendu, et resitué dans son contexte pour en comprendre toute son incidence.

Note : 5/6

Page 55/160 AVALANCHES (The) : Frontier psychiatrist

Chronique réalisée par dariev stands

Un petit détour vers ce single pour vous parler plus en détails de l’épique “Frontier Psychiatrist”, monument du sampling et chef d’œuvre de hip-hop sauvage, entre De La Soul, les Beastie Boys et les Dust Brothers. Une perle que chacun doit entendre une fois dans sa vie, ou alors, au moins, regarder la vidéo. Car – et c’est bien là l’objet principal de ma chronique – ladite vidéo est disponible sur ce single (uniquement sur l’édition Delabel, attention). Une vidéo qui a pas mal scotché son monde lors de son passage sur MTV, en 2001, et qui a remporté moult prix depuis lors. De quoi s’agit-il ? Hé bien, pour vous donner une idée du concept, chaque sample (100% Samples de films à l’ancienne, ici), est représenté par un acteur. Par exemple, pour les chœurs spectraux qu’on entend lors du refrain, on retrouve une chorale de fantômes dans le clip. Et tout y est, des cowboys en furie à la voix de la petite fille en passant par le perroquet maniaque et l’inévitable homme tortue (celui là il en a traumatisé). Vous ne comprenez pas ce que je raconte ? C’est normal ! Vous connaissez le Grand Détournement ? Eh bien voici son équivalent musical, et clippesque. Personnellement, vu que mon sobriquet de pousseur de skeuds est DJ George Abitbol (oui, c’est moi.) je ne peux qu’applaudir des deux palmes (ben oui, je suis une tortue, suivez un peu). Bref : une tuerie, drôle, fantasque, dingue, à part. On croirait l’anarchie totale, en fait tout est millimétré. On ne le répètera jamais assez, vu le degré d’oubli dans lequel le groupe est tombé. Les faces-b maintenant : rien d’aussi magistral à signaler, Slow Walking est une relecture enfumée de « Sugar Sugar » des Archies, standard bubble-pop des sixties, sans doute évincée de l’album à cause de son côté blague (les vocaux sont assez drôles). Yamaha Superstar est un court morceau sans doute concocté par le jap du groupe, ce qui explique tout de suite son côté radical sur le plan sonore (une sirène hurle tout le long du morceau) Au sujet de « Frontier Psychiatrist », il faut préciser que c’est avant tout un hommage aux vieux films, ici samplés et scratchés à tout va. Le groupe aurait passé des mois à se disputer âprement à propos du nombre de hennissements devant figurer sur ce titre ! Une fois l’album sorti, il leur a fallu se disputer âprement avec les maisons de disques qui criaient au sample non autorisé ! Les voilà qui embauchent un avocat béton à L.A. pour régler l’affaire. Serait-ce ces imbroglios judiciaires qui empêchent actuellement le groupe de délivrer son prochain méfait, attendu depuis des lustres ? Ou bien sont-ils simplement en train de manger… des chips ?!

Note : 6/6

Page 56/160 NAPALM DEATH : Mass appeal madness

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Autant vous l'avouer, la mort de Jesse Pintado m'a fait quelque chose. Mince alors, moi qui taxait de tarlouze les benêts qui inondent les forums de "R.I.P", deviendrait émotif ? Bêtement, je n'ai pas trouvé d'autres moyen de lui rendre hommage qu'en réécoutant ses oeuvres. Et c'est alors que je suis tombé sur ce maxi, qui Ô surprise ne figure pas sur le site. Diantre, "Mass appeal madness" était passé au travers des mailles du filet. Ce maxi est tout à fait notable (on le retrouve d'ailleurs sur "Death by manipulation) car il propose deux nouveaux morceaux, un peu plus brutaux que "", et surtout deux reprises tirés de "Enslavement.." avec le nouveau line-up. Ces reprises prennent alors un visage death metal tout à fait intéressant, avec un Barney au chant ultra gras (et un carrément robotisé !) ainsi qu'un un traitement du son de gratte typique de l'époque, gras, épais et massif... Quant aux deux nouveaux morceaux, voici deux petits bijoux de death metal façon Napalm Death. Entre le morceau éponyme, véritable classique encore aujourd'hui avec son blast central super bien amené, et "Pride assassin" aux riff angoissants et mémorables, cet Ep améliore la nouvelle voie montrée par l'album précédent, et avec ses deux reprises, fait le lien avec la période purement grind. Un Ep charnière et foutrement bon... Merci pour tout Jesse.

Note : 5/6

Page 57/160 TUSK : Tree Of No Return

Chronique réalisée par Powaviolenza

Aux premières notes de "Tree Of No Return", on peut croire que les Tusk se seraient calmés en se concentrant sur leur side-project Pelican : même lourdeur, même riffing. On se trompe lourdement sur l'animal : les Tusk se sont tout sauf assagis. Là où "Get Ready" était un concentré de violence grindisante jouissive avec en prime une petite dose de subtilités (la mandoline, etc...) qui contribuaient d'ailleurs grandement à son charme, "Tree Of No Return" s'inscrit clairement dans la démarche opposée. La science de l'arrangement qui tue a pris le pas sur l'art du décrassage de tympans (même si ceux si s'en prennent quand même plein la gueule) : des blasts, il y en a, des riffs abrasifs aussi, mais cela n'est plus qu'un aspect parmi un autre de la musique des Tusk, plus expérimentale et noisy qu'auparavant - bien plus terrifiante, en fait, à commencer par la voix de Jody Minnoch, totalement possédé, alternants hurlements extrêmes et incontrolés et voix claire nauséabonde à classer entre celle de Steve Austin et . Instrumentalement, c'est difficilement descriptible car très varié et destructuré, mais on se situe dans une sorte de melting-pot maladif entre un Pelican déniaisé et les aspects les plus brutaux et expérimentaux de "Sadness Will Prevail" de Today Is The Day, "When Forever Coes Crashing" de Converge et "Sounds Of The Animal Kingdom" de Brutal Truth. Les 22 minutes de "Tree Of No Return" n'ont en effet définitivement rien à envier à ces trois disques niveau folie avant-gardiste ultra violente, nous mettant dans la peau d'un homme plongé quelque part dans l'Enfert Vert, perdant peu à peu la raison ("The Rising Terror, The Setting Sun" et "Lost in the Woods", alternant explosions de fureur et mammoutheries sous acides), jusqu'à abandonner ses derniers vestiges d'humanité ("Starvation Dementia") et retourner à l'état sauvage pur ("Ursus Arctus - Walk The Valley", final instrumental grandiose). Un voyage assez éprouvant pour les nerfs que ce deuxième album de Tusk, mais captivant au possible car desservi par un travail de composition absolument génial et progressif, ainsi qu'une production en béton; voyage que vous ne devriez pas regretter si vous êtes fan de tous les groupes précités, ou bien si vous cherchez un disque de hardcore grindisant extrêmement personnel et différent. Le troisième et dernier opus des Tusk devrait voir le jour d'ici peu : si il est à "Tree Of No Return" ce que ce dernier est à "Get Ready", le résultat risque d'être... tétanisant.

Note : 6/6

Page 58/160 NEMESIS : Audio Archeology Vol. 1

Chronique réalisée par Phaedream

Pour apprécier la musique du groupe Finlandais Nemesis, il faut aimer ce qui sort de l’ordinaire. Car Nemesis est tout sauf un groupe qui suit une ligne de pensée unique. De la Musique Électronique, Nemesis en fait, mais avec la vision qu’il en a, et cette vision ne veut aucun carcan musical. Donc, les styles s’entrecroisent sur des fonds séquencés, ambiants, atmosphériques et parfois même cadencés en style techno ‘’dance floor‘’. Audio Archeology Vol.1 est un fidèle reflet du style libertin de Nemesis et couvre les débuts du groupe, lors de concerts en Finlande, tout en offrant du matériel original, qui plaira certainement aux fans de Nemesis. C’est en pleine nature synthétique que Nautilus démarre. Des percussions alternent sur un rythme vrillant et une ligne basse fluide. Des notes flottent harmonieusement sur un tempo lent. Elles dessinent de fines boucles séquentielles envoûtantes qui me rappellent les superbes sonorités de Steve Roach, Thom Brennan et Kevin Braheny sur Western Spaces, un classique de MÉ. Avec la finale, et l’arrivée de Greenland, le mouvement devient plus atmosphérique et empreint d’effets sonores. Des chants d’oiseux virtuels composent cette toile de fond où des notes se balancent en séquence mélodieuse. Les percussions galopent et s’agitent en un flot incessant, sur des sonorités de xylophone. Le rythme est haché et rapide. Il embrasse une spirale techno sur un synthé qui pulse un solo tortueux. Percussions, synthés, séquenceurs et chœurs s’entremêlent et forment une symbiose mélodieuse parfaite. Vertical Horizon offre une intro statique, avec un lourd bourdonnement qui se fragmente en parcelles sonores et joindre des tintements en suspension. Le rythme devient plus nerveux et tourne autour d’un synthé sinueux aux gros éclats sonores. À la croisée des atmosphères, le titre se fond sur Xcelsis 1995 et son rythme débridé, style new synth pop à la Orbital, avec son synthé séquentiel très accrocheur. Une superbe mélodie qui continue son rythme infernal jusqu’à la conclusion de Mindsweepwer. Une première partie tout simplement exquise avec des rythmes et des séquences accrochantes, sur des synthés très mélodieux. La deuxième partie est plus complexe, plus progressive sur des mouvements variés et alimentés par des séquences audacieuses. Alors que l’on est absorbé par la quiétude synthétique de Messiér 104, des petites billes de métal s’entrechoquent et forment une séquence métallique des plus inattendues. Atonique, le mouvement nous saisi avec stupeur et se calme sur un beau synthé mellotronné qui fait valser ses accords dans un firmament interstellaire des plus attrayant. Improkrator débute sur le même principe atmosphérique. Le mouvement est lent, et truffé d’effets sonores qui implosent vers la 11ième minute, avec une ligne basse qui se moule à un tempo plus physique. Le beat prend plus de vigueur avec des percussions qui pulsent un rythme plus entraînant. Des boucles séquentielles hypnotiques, qui font taper du pied et qui incitent à bouger, entourées de strates synthétiques enveloppantes et de superbes solos qui fusent de toutes parts. Vivement Audio Archeology Vol.2! Cette première archive est tout simplement exquise. Nemesis explore les recoins de son univers avec audace, tout en multipliant les trouvailles. Moi qui ne connaissait pas Nemesis, je dois avouer que j’ai été agréablement surpris. De la musique pensée, intelligente qui étonne et surprend avec une texture sonore intensément riche, entre la Berlin School et la New Berlin School. Comment ne pas aimer?

Pour savoir où se procurer ce cd, visitez le site de Nemesis ; http://www.nettilinja.fi/~ahassine/

Note : 5/6

Page 59/160 THE GUN CLUB : Fire of love

Chronique réalisée par Twilight

Feu Jeffrey Lee Pierce disait un jour qu'il aimerait que son groupe soit au blues ce que les Cramps ont été au rockabilly. S'il y a une certitude qu'il a pu emmener avec lui dans la tombe, c'est celle d'avoir pleinement atteint son but. Mêlant la noirceur et la fougue torturée du post punk avec un blues rock cajun baigné de vaudou, d'alcool, de sorcellerie et de sexe, Gun Club garde aujourd'hui un statut de groupe culte qui a vu défiler en son sein nombre de musiciens connus de la scène (Patricia Morisson, Kid Congo Power,...). Sorte de Jim Morrison mêlé de Ian Astbury, Jeffrey Lee Pierce, écorché vif devant l'Eternel, a payé de sa vie une brève existence passée à brûler la chandelle par les deux bouts au milieu des drogues, de l'alcool, des filles et du rock'n'roll...Ce premier album a tout de la carte de visite: subtile mélange de touches garage, influences blues sulfureuses, rage post punk noire et torturée...voilà ce Gun Club a de mieux à offrir. Si le blues est sans cesse cité ('Jack on fire', 'Cool drink of water' ou le bon 'Goodbye Johnny'), c'est son aspect le plus électrique qui intéresse Jeffrey et sa bande...Pas question d'accordéon, d'harmonica mais d'attaques de slide guitare, de rythmiques rapides et de vocaux passionnés sur le fil du rasoir. S'ensuit une série de titres imparables comme 'Sex beat', 'She's like heroin to me', 'Fire spirit' ou l'excellent 'Ghost on the highway'. Dans la lignée des Nick Cave, David Eugene Edwards...Jeffrey Lee Pierce fait partie de ces songwriters mystiques capables d'écrire des morceaux intemporels, tout simplement parce que comme eux, il avait su comprendre l'essence du blues en ce qu'il avait de plus glauque et pur.

Note : 5/6

Page 60/160 INDRA : Kali

Chronique réalisée par Phaedream

Telle une goutte de pluie métallique, une note tombe avec résonance et se multiplie en nuée sauvage. Elles dansent et virevoltent lascivement sur un rythme tourbillonnant, qui pulse et bourdonne tel un phare sonore. Nerveuses, elles vrillent parmi des percussions et effets sonores volages et claquants, un peu comme de minuscule libellules métalliques. Un séquenceur exploite une séquence de notes rapides et répétitives, à puissance 10, qui tamponnent le rythme toujours drapé de superbes lignes synthétiques qui survolent cette tempête pulsative. True Heart est très représentatif de Kali, le dernier opus d’Indra. Un cd plein de séquences étonnantes, de rythmes hypnotiques et de percussions audacieuses. L’un des titres des plus créatifs et endiablés que j’ai entendu en 2006. Un immense carillon tibétain annonce l’Initiation. Une séquence synthétique ondule. Soutenue par de petites clochettes et une fine ligne basse, elle louvoie jusqu’à embrasser un lourd bourdonnement. S’en échappe, une froide pulsation hypnotique qui double sa puissance avec l’arrivée de percussions conventionnelles qui copie le beat. Saccadé, le rythme est rapide et enveloppé de strates synthétiques bourdonnantes. Il tient la route jusqu’à ce un subtil changement de mouvement réoriente complètement la structure musicale de Initiation. Dès lors, le rythme défile et vrille, comme des montagnes russes, sur de superbes lignes synthétiques mélodieuses, de brefs solos et d’autres mouvements aléatoires. Et c’est ce qui fait le charme de ce long titre tortueux. Alors que nous sommes subjugués par ces rythmes hypnotiques et infernaux, il change d’orientation et modifie son beat, soit sec ou subtilement, avec de nouvelles séquences qui s’entremêlent aux autres. Un mouvement minimalisme déviant sur un sinueux mouvement transe hypnotique, encadré d’effets sonores divins et de séquences hoquetantes. Et on est toujours sur le qui vive, tout le temps, même en mode hypnotique à l’affût de ce qu’Indra peut bien nous réserver. Tout simplement merveilleux. Ritual Night Dancer transpire agréablement bien son titre. Sur une intro atmosphérique lugubre, des percussions martèlent et roulent en écho sur un rythme lent et envoûtant, nappé d’effets sonores analogues et d’un synthé enveloppé d’une nuée de violons. Le mouvement s’étend majestueusement, avec de grosses nappes synthétiques symphoniques nourrissant une séduisante procession gothique. Le tempo s’agite sur un séquenceur rapide qui n’explose pas, trappé qu’il est, dans cette longue et sombre danse rituelle de nuit. Un vent lourd, appuyé par des cris de loups et des percussions séquentielles aussi démente que Franke savait les rendre, défile sur un rythme tribal. U Hunger charme par son iris séquentiel cristallin, à la fois nerveux et hypnotique, qui ondule sur une suave mélodie et des percussions serré qui dévient sur des rythmes plus animés, aux limites d’un soft techno. Fearless est un titre à percussions ‘’tsitt-tsitt’’ disco danse. Sur cette air de folklore des années 80, Indra exploite un synthé style VCS3 qui a fait les joies sonores de On The Run de Pink Floyd sur DSOTM. Mais là s’arrête la comparaison. Fearless est aussi statique qu’un ‘’tsitt-tsitt’’ de disco peut le permettre sur des effets sonores pesants et puissants. À plein volume, le subwafer livre une dure bataille. Plus que jamais, Indra consolide son emprise comme étant le digne successeur de Klaus Schulze dans le merveilleux monde de la MÉ. Comme Schulze, il ose et dérange par son originalité et sa volonté de se surpasser, titre après titre.

Note : 5/6

Page 61/160 REDSHIFT : Redshift I

Chronique réalisée par Phaedream

Le premier album de Redshift est tout simplement étonnant. C’est une continuité de l’œuvre de Mark Shreeve, mais avec plus de profondeur, plus de pesanteur. C’est au travers une atmosphère lourde et ténébreuse que le quatuor Anglais nous projette une musique aux limites de l’imagination séquentielle. Car tout tourne autour du gros monstre Moog de Shreeve. Cette grosse muraille synthétique dont il est l’un des rares, de nos jours, à en connaître les secrets et habilités. Séquenceurs agités et imaginatifs, secondé par un Moog mellotron à la grandeur des œuvres colossales de Tangerine Dream, style Rubycon et Phaedra. C’est tout un voyage musical qui franchi les barrières intemporels, tout en gardant la fraîcheur des années 2000. Ici le rythme n’a pas de mesure. Il est déroutant, voire abstrait, tant la musique vole aux grés de chœurs amorphes et de séquenceurs lourds. La pièce éponyme ouvre sur une intro légère avec un synthé aux effluves arabesques et des chœurs discrets, que l’on perçoit à peine. Tranquillement, le planant fait place à une sombre agitation et un séquenceur, style Rubycon, plane sur un rythme flottant qui accentue sa cadence. Une superbe flûte mellotronnée, des réverbérations d’une six-cordes vaporeuse, annexées à des chorales assorties d’une messe de zombie sur un rythme ondulant, propulse un effet d’enfer. Des coussins synthétiques lancinants trament une toile de fond intrigante, qui se termine sur un mouvement poignant qui arrache quelques soupirs nostalgiques. Cette entrée en matière est fortement réussie. On croirait entendre l’évolution de Tangerine Dream dans l’ère Peter Baumann. Comme son titre l’indique, Spin vrille sur un séquenceur lourd et pesant, toujours pimenté de choeurs sombres sur un rythme qui s’incline face à une aura atmosphérique ténébreuse. Plus tranquille Shine resplendit sur un séquenceur mouvant et un superbe mellotron qui valse sur des coussins symphoniques et des effets sonores tout simplement divin. Blueshift est le genre de titre qui s’écoute, confortablement assis, afin de ne rien manquer. Après une intro ambiante, saupoudrée d’une légère flûte mellotronnée, des bruits métalliques prennent forment et se transforment en une ligne séquentielle mordante. Une grosse ligne séquentielle qui roule à fond de train sur un rythme tordu où les subtilités ne se comptent plus. Le séquenceur martèle une pulsation ombragée par des strates synthétiques louvoyantes et des riffs de guitare lourds qui s’aiguisent en refrain stridents et pompeux. Le genre de passage qui fait lever le poil. Du grand art qui se repose dans les méandres des chœurs fantomatiques et d’un synthé qui flotte dans une finale atmosphérique où s’égraine, et quand je dis égrainer, c’est vraiment dans le style, les dernières minutes d’un premier opus remplit de promesses. Un premier opus remarquable qui comblera tous les amateurs de MÉ style Berlin School des années 70. Si vous aimez Tangerine Dream, de la période Baumann, vous adorerez, garanti.

Note : 5/6

Page 62/160 ABSENTIA LUNAE : In Vmbrarvm Imperii Gloria

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Absentia Lunae est un groupe italien de black metal formé en 2002 qui revient à la charge en 2006 après un premier album intitulé "Marching upon forgotten ashes" paru deux années auparavant. Le groupe pratique un black metal froid, étrange et très axé sur la mélodie. "Mid summer spiritual holocaust" démontre la complexité de la musique proposée par Absentia Lunae alternant entre brutalité sauvage renforcée par des blast beats extrêmement rapides et une caisse claire sèche et des passages plus atmosphériques, bien travaillés avec une batterie assez folle pas si éloignés d'un Negura Bunget par moments. "Subliminal aternitate" ne fait que renforcer la précédente affirmation et s'impose comme un des tout meilleurs morceaux de l'album. A l'écoute de "Modern cathedral", on comprend encore plus que Absentia Lunae n'est pas vraiment un groupe comme les autres, le rendu sonore de l'album est assez spécial et le groupe possède définitivement une idéntité qui lui est propre. Une aggression obscure et sans compromis qui s'avère très intéressante sur la durée, l'album se révélant un peu indigeste aux premières écoutes, peut-être trop riche et structuré pour être instantané. On notera également le très rentre-dedans "Died story manifesto" et "Pale Lune", titre pour lequel Noktu (Celestia, Mortifera, Drakkar Productions) a écrit les paroles. "In umbrarum imperii gloria" est un album solide, expérimental par moment et qui ne regarde pas derrière. La production est très bonne et l'aptitude à composer des titres chiadés et variés est grande. Le label italien Serpens Caput confirme quant à lui la qualité de ses productions. Au même titre que l'album de A.I.D.S., ce second opus d'Absentia Lunae est seulement disponible en format vinyl limité à 400 copies. Un album de black metal qui ferait presque figure d'ovni. 4,5/6.

Note : 4/6

Page 63/160 A.I.D.S. : Syndrome of the end approaching

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Non, ceci n'est pas un énième groupe "Spread AIDS for Satan", bien que le nom du groupe invite à la comparaison. A.I.D.S. est un jeune one-man band américain créé en 2004 qui présente son premier intitulé "Syndrome of the end approaching". L'unique membre Tophetarath démontre un réel savoir faire aux instruments, mention spéciale aux guitares qui sonnent comme une attaque de Stukas et à la batterie supersonique et carrée. Tophetarath est un homme à tout faire dont les vocaux corrosifs et ichoreux sont un pur bonheur de saturation et d'efficacité. A.I.D.S. officie dans un black metal violent résolument old school, comparable à un Black Witchery mieux produit, plus varié et mieux exécuté. Rien que l'écoute du premier titre intitulé "Mourning of Hadadrimmon" et ses relents darkthroniens devrait vous en convaincre: A.I.D.S. est un excellent groupe. Il semble presque incroyable qu'un seul homme puisse être responsable d'un tel vacarme et d'un déferlement de haine aussi vindicatif. Le matériel alterne entre la violence pure et abrasive ("Mourning of Hadadrimmon", "Necrovore", "Hoc est enim corpus meum") et des morceaux plus lents, vicieux et meurtriers comme ce superbe "Noumenon filter", "Paranoia and fevers in Sodom" et un "Calling of hounds" longue durée qui me rappelle de temps à autres le second album d'Urfaust et ses rythmiques lentes et basiques. Les neuf titres de l'album sont complétés par les trois premiers morceaux enregistrés par le projet qui ne dépareillent pas sur ce disque malgré une production correcte mais pas aussi efficace que précédemment. L'album se conclut sur une reprise bien brutale et occulte de Sepultura avec le titre "Antichrist". "Syndrome of the end approaching" est réellement un superbe album, une très belle surprise outre-Atlantique, quel bonheur de se prendre une telle claque lorsqu'on s'y attend le moins. Cet album est pour le moment seulement disponible en vinyl produit par le label italien Serpens Caput Productions (responsable du premier Tenebrae in Perpetuum entre autres), limité à 300 exemplaires. Une version cd avec des titres bonus est d'ores et déjà prévu pour 2007 chez Those Opposed Records et le groupe a également trouvé un label pour la version cd de son second album "666" (enregistré et mixé le 6 Juin 2006) qui devrait paraître en 2007. Cet excellent projet bénéficie donc d'une réelle attention dans l'underground et en raison de la très belle qualité de ce "Syndrome of the end approaching", je ne peux qu'acquiescer. La bande sonore de la haine et de la destruction. 5,5 / 6.

Note : 5/6

Page 64/160 THE DILLINGER ESCAPE PLAN : Miss Machine : The DVD

Chronique réalisée par Powaviolenza

Ce "Limited-edition, specially-priced DVD" des géniaux, cultes et fort rentables The Dillinger Escape Plan fait bien de s'appeller "Miss Machine - The DVD", car en effet, est exclusivement concentré sur toute la période autour de cet album de DEP (n'y voyez pas d'allusion homophobe, merci). Vous y trouverez cinq live chouettos dotés en règle générale d'un bon son et d'une bonne image, avec un chant clair de Puciato assuré la plupart du temps (ils ont du vachement trier) et une absence de pains habituelle mais toujours aussi trouante (en plus, tu sens que y'a pas d'overdub), ainsi que des making off (quelques passages bien trop courts en studio, les coulisses peu passionnantes du clip de "Unretrofied" avec les bonnasses, deux trois séquences pipi-caca disséminées ici et là qui font légèrement sourire mais qui sont absolument inutiles) et une interview (où les DEP nous expliquent à quel point "Miss Machine", il est bien et "Miss Machine", ils en ont chié pour l'enregistrer). Vous y trouverez également le clip de "Panasonic Youth", classique mais extrêmement efficace, tout en saccades de caméra classieuses totalement en phase avec la frénésie développée sur ce titre; puis celui de "Setting Fire To Sleeping Giants", calibré pour passer sur MTV mais classe (que ce soit le son ou l'image) et même doté d'une ébauche de scénar' - oh le méchant monsieur tout fou qui va tuer la gentille bonnasse! Enfin, vous dégusterez des yeux le clip d'"Unretrofied", superbement réalisé (encore plus MTV-ien mais classe que "Setting Fire") mais surtout plein de bombes sexuelles : que demande le peuple? Peut-être bien des sous-titres, en premier lieu, car le monde entier ne parle pas anglais couramment (surtout que c'est des bons gros yankees auquels on a affaire, pas des gentlemans anglo-saxons à l'accent limpide), et cela gâche considérablement l'intérêt des parties "making off" et "interview" pour les fans non anglophones (qui existent, monsieur Relapse). Peut-être bien aussi un peu plus de contenu, passque tous les clips je les avais déjà vus sur le net, et cinq lives ça fait vraiment très, très peu, aussi cools soient-ils. En cela, cette petite vidéogalette des géniaux, cultes et fort rentables The Dillinger Escape Plan fait bien d'être "Limited Edition" (car les fans non-anglophones se jetteront quand même dessus, bien joué monsieur Relapse) et surtout d'être "specially-priced", passque c'est vraiment trop peu et trop classique, même pour 15 euros. A réserver au mégafan de DEP; pour les autres, regardez le chez votre copain le fan de DEP ou bien téléchargez le.

Note : 3/6

Page 65/160 TANGERINE DREAM : White Eagle

Chronique réalisée par Phaedream

Une percussion éparse tombe avec écho. Un étrange oiseau synthétique fait entendre son cri dans une ambiance plus qu’irréel. Des notes tombent et tentent de percer une muraille atmosphérique où percussions et effets sonores sont à la dérive. Cette intro de Mojave plan est d’une froideur à geler un Eskimau. Métallique, les sonorités flottent dans un univers électronique démentiel. Et, à grand éclat, le rythme s’anime avec un puissant séquenceur, des chœurs abstraits et des strates synthétiques qui multiplient les sonorités sur des échos contrôlés. Irrégulier, Mojave Plan est un pur bijou d’imagination. Le rythme change constamment, sur des synthés enveloppants et aigus, des cris d’oiseaux virtuels et un séquenceur ingénieux. En première partie, le synthé est juteux avec ses beaux solos qui amplifient une ambiance survoltée et soufflent une approche mélodieuse contrastante dans un univers aussi abstrait. Le rythme est soutenu par une superbe ligne basse et un séquenceur…incroyable. Vers la 10ième minute, on saisit la grandeur du génial Franke. Entre 2 mouvements, le séquenceur claque des percussions métalliques qui accélèrent la cadence sur un mouvement désordonné, et en écho, pour finir en cacophonie harmonieusement percutante. Le mouvement devient débridé, comme un gros rock symphonique avec rythmique énergique sur des synthés onctueux. Un rythme qui change constamment, plus d’une fois on pense que la pièce se termine, sur de superbes effets sonores, un séquenceur agressif, qui claque toujours, et des synthés enveloppants qui étouffent une finale renversante avec des strates orchestrales tout à fait sublime. Un titre hautement progressif, qui a fait les délices de l’orchestre symphonique de Berlin. Avec Midnight in Thula, on repose dans une sphère un peu moins complexe. Un bon titre rythmé, avec de superbes échanges synthés séquenceurs, sur une basse enivrante. Avec Convention Of The 24, Tangerine Dream revient à une ambiance plus éthérée. Un titre qui flotte entre 2 mouvements Pas ambiant ni très rythmé, il progresse sur un excellent séquenceur qui moule un tempo retenu sur d’excellentes strates synthétiques, pourvues des sonorités de la six-cordes à Edgar Froese. La cadence augmente un peu avec des percussions séquentielles qui roulent à une vitesse innovatrice, pour l’époque. Un mouvement synthétique mélodieux danse dans nos oreilles sur un tempo spiralé et un synthé sifflotant. La pièce titre ferme cette incroyable aventure sonore avec une superbe ballade électronique, comme seul Tangerine Dream était capable de pondre. Nostalgique, magique et suave, un excellent titre, poussé par la magie de purs virtuoses de l’électronique. White Eagle est du génie condensé. Un excellent opus où Tangerine Dream fait fi des obstacles technologiques en offrant une œuvre séquencée sans bavures. Un opus trop court, lorsqu’on entend tous les inédits, de même gabarit, lors de la tournée White Eagle. Un coup de génie que personne n’a encore rejoint, tant les structures mélodieuses balancent harmonieusement dans un univers électronique progressif. Tout simplement génial. C’est avec cet album que j’ai commencé à développer mon attirance envers la MÉ. Chapeau

Franke, Froese et Schmoelling, White Eagle est le Sgt Peppers de l’électronique!

Note : 6/6

Page 66/160 TANGERINE DREAM : Logos Live

Chronique réalisée par Phaedream

Logos est tout un opus. Une œuvre complète sans faille qui contient des percussions séquentielles mélodieuses, comme sur White Eagle. Vous vous devez d’écouter ce cd pour saisir toute la dimension, la progression, ainsi que l’impact des mouvements séquencés sur une œuvre musicale. Absolument divin, il peut provoquer une dépendance, tant il est parfois mystérieux et dramatique, tendrement mélodique et même légèrement sentimental. C’est avec un rythme lent, langoureux, accompagné de percussions séquentielles claquantes que Logos démarre. Une intro parfumée de notes qui tombent en coussins résonnants et de lourdes strates synthétiques qui ralentissent le tempo, versant dans un premier écart atmosphérique. Le rythme reprend sur une impulsion plus sensuelle. Les solos sont superbement mélodieux et, hypnotisés que l’on est, on remarque à peine les subtils changements de tonalité. Et il y en a. En fait, la force de Logos réside dans ses rythmes modulaires qui changent constamment d’orientations, empruntant des tangentes insoupçonnées, toujours en parfaite symbiose mélodieuse. Comme cette superbe que l’on entend vers la 7ième minute. Percussions lourdes, synthé suggestif comme un sax qui épouse les formes sexuelles. Mouvement sinueux qui tombe dans une sphère atmosphérique menaçante. On se remet à peine d’un passage, qu’un autre déferle par magie. Celui-ci est cassant. Les percussions séquentielles roulent sur un synthé flottant où chœurs à la DJ (shiqueshiqueshique-ankle), emplissent l’atmosphère de ces slogans synthétiques. Débridé, le rythme tient sur un séquenceur alerte et augmente la cadence sur des synthés lourds aux effluves symphoniques. Le séquenceur est sublime. Il récupère le rythme avec une nouvelle modulation de percussions, appuyé par des riffs synthétiques qui déchirent l’ambiance avec des rugissements graves, et le rythme revient en douceur sur de somptueux solos jusqu’à la toute fin. Tout simplement divin. À cette époque Tangerine Dream surprenait de cd en cd, chacun dépassant la limite du précédent, avec des mélodies qui tourbillonnent encore dans nos mémoires. Une atmosphère synthétique lugubre ouvre la 2ième partie. Du tapage métallique secoue les pulsations linéaires sombres. Flottant, le synthé tisse des harmonies qui flottent, en accords avec des notes éparses. Réverbérant sur les ondes, un autre série notes scintillent et forment une séquence décroissante comme un ivrogne marchant de reculons. Notes éparses, synthé souffletant, percussion tétanisée. De la haute voltige synthétique qui forme une séquence nerveuse sur des strates désordonnées, amplifiant l’impression d’improvisation jusqu’à ce que Franke débauche son séquenceur en percussions débridées sur un rythme infernal. Un mouvement surplombé de solos aigus et sinueux, de percussions séquentielles et de strates synthétiques multi sonores qui termine sa course sur un mouvement lent, comme si nos valeureux guerriers du synthétiseur rendaient leurs armes avec la ferme intention de les reprendre. Et c’est sur Dominion, un titre très rythmé avec synthé orchestrale et refrain synthétique accrocheur, que se termine ce superbe opus. Logos c’est du délire culturel. Dès que l’annonceur fait l’introduction de TD, jusqu’à la toute fin, on est accroché. Franke, Froese et Schmoelling jouent avec complicité. Chaque mouvement, chaque revirement et chaque percussion sont sciemment calculés de façon à y construire des mélodies harmonieuses qui viennent lever le poil. Génial

Logos est un incontournable, comme plusieurs autres titres de Tangerine Dream.

Note : 6/6

Page 67/160 TANGERINE DREAM : Risky Business

Chronique réalisée par Phaedream

Évidemment, le but de la chronique c’est de la musique de Tangerine Dream. Parmi les 11 titres, 5 proviennent du Rêve Mandarin. Basé sur le même principe qu’Exit, les pièces sont tous courtes et très rythmées. De la musique électronique séquencée aux vives allures de rock progressif, symphonique et commerciale qui inondait les ondes à cette période. Près de 20 minutes où la musique de TD se mesure avec celle des grands noms du rock de l’époque. Si Bob Seger et Phil Collins avaient la cote, Tangerine Dream n’avait pas l’air manchot et amorphe, loin de là! The Dream Is Always The Same possède un petit rythme des îles avec un superbe séquenceur et un synthé léger qui colle une mélodie flûtée bien ordinaire. Disons que c’est l’équivalent d’un côté ‘’B ‘’. No Future (Get Off The Babysitter) sonne vraiment comme Exit avec ses percussions métalliques qui claquent sur des pulsations sonores qui étendent des strates inquiétantes. Guido The Killer Pimp est une belle ballade avec guitare acoustique et un rythme séquentiel qui s’accentue et devient plus rock avec des grosses riffs et des percussions roulantes. Un titre sorti sans doute des sessions de Force Majeure, tout comme Lana et sa séquence de guitare électrique. Le mouvement ondulatoire séquencé de Love On A Real Train est sublime et défini Tangerine Dream comme les maîtres incontestés d’une musique visuelle. Un des titres fort célèbre du catalogue de TD, qui fut le single de cette trame sonore, et qui faisait parti du répertoire musical de TD lors de ses concerts jusque dans les années 90. Sans être une grande œuvre contemporaine, Risky Business démontre la popularité de Tangerine Dream à travers les âges. Un film de Tom Cruise, pour un public plus jeune qui ne connaissait rien de TD. Un obstacle que le trio Allemand a surmonté avec brillance, car les minutes musicales de TD figurent comme les plus intéressantes dans cette trame sonore, exclusion faite

Phil Collins et son nébuleux In the Air Tonight.

Note : 4/6

Page 68/160 EVERY REASON TO... : Every Reason To...

Chronique réalisée par Powaviolenza

Ayant toujours bien kiffé le gros brutal death de Fate, je me demandais bien ce que pourrait donner cette "suite" (on retrouve sur cette galette le gratteux, le chanteur et le batteur) sous le nom de Every Reason To... . Le "Maximum Volume Yields Maximum Results !" de la pochette arty et le larsen-puis-riff-Unsanien du premier titre "New Horizon" ne laissent plus aucun doute sur l'objet : on a affaire aussi à du bon gros hardcore new-school, sous-division noisy. On pourrait croire au retournement de chemise de base vers un style plus en vogue en ce moment, mais l'abandon du nom de Fate et l'écoute de ce premier album m'amènent finalement à penser que ces mecs avaient visiblement sincèrement envie d'explorer ce "New Horizon" (eh, eh). Et on ne s'en plaindra pas, car même si j'aurais personnellement préféré un album de Fate, je dois avouer que c'est fort bien foutu et que cela fait preuve d'assez d'inspiration pour captiver, malgré le fait indéniable que finalement, ce premier disque d'Every Reason To... peut paraître n'être qu'un disque de hardcore noisy de plus, comme il en sort tellement ces dernières années. "There's Nothing New Under The Sun", mais on s'en fout car passée la première impression de bon album efficace et headbangatoire mais cliché qui-doit-rendre-mieux-en-concert (en particulier provoquée par l'utilisation de "New Horizon" comme ouverture, un des titres les plus faibles de l'album à mon humble avis, car ne faisant pas preuve de la classe riffistique de la suite), l'écoute détaillée révèle toute la richesse harmonique dont peuvent faire preuve les Every Reason To..., richesse se dévoilant progressivement à l'auditeur curieux et persévérant. En fait, quasiment chaque titre dispose du riff-qui-tue / passage mortel qui-s'écoute-en-boucle, ceux-là même qui peuvent rendre un album paraissant commun de premier abord réellement intéressant à écouter. Riffs qui, mis en valeur par le son gras et totalement énormissime (comme d'hab) de Francis Caste et accompagnés par une section rythmique surprenante oscillant entre lourdeur poisseuse, énergie communicative et chaos aux roulements fiévreux (on y trouve même quelques blasts; logique, me direz vous, connaissant le passé du batteur) ainsi qu'une bonne grosse voix bien dégueu et Sean Ingramienne suffisamment sous-mixée pour ne pas se faire désagréable à la longue, se font très souvent bandants au possible harmoniquement parlant, sachant sonner assez sombres ou beaux (ou les deux) pour ne pas être QUE des gros riffs à la Unsane, dont l'influence, avec celles de groupes comme Coalesce et Keelhaul (surtout), Akimbo ou encore Knut (plus rarement), se fait quand même pas mal sentir - pour mon plus grand plaisir. Certains titres sortent franchement du lot, en particulier "On Another Side" (et son leitmotiv magnifique) et "Parallels Finally Cross" (sombre au possible), mais "Downfall" (où l'on ressent encore un peu les Fate dissimulés sous les ceintures à clous et les mèches) s'en sort très bien aussi. On se retrouve donc avec un premier album puissant, fouillé et rock'n'roll au son assez live laissant deviner la tuerie que doit être ce groupe en concert (pas encore expérimenté pour ma part, mais ça m'a donné bien envie); mais tout cela n'est pas parfait. Si le prochain opus se concentre sur les finesses riffistiques précitées, nul doute qu'il sera une tuerie totale, mais les passages vraiment géniaux se font ici trop rares pour ma part. Bonne surprise quand même !

Note : 4/6

Page 69/160 ZAO : The Fear Is What Keeps Us Here

Chronique réalisée par Powaviolenza

J'ai jamais pu piffrer Zao, je sais pas pourquoi. Sûrement la voix suraigue du chanteur, la revendication chrétienne inutile puant le marketing et toute leur affiliation à cette tendance hardcore chugga-chugga moderne MTV. C'est donc ma première écoute sérieuse de ce groupe, mis à part celle d'une vieille K7 trainant parfois dans l'autoradio de mon gratteux. Visiblement, je tombe bien car cet album est acclamé de partout comme étant un des plus sombres et agressifs de Zao : un mec m'a même dit que ça lui évoquait Acme et toute la scène brémoise ! Ajoutez à cela un artwork joli comme tout et un Steve Albini à la prod' : y'a de quoi attiser la curiosité. Après de nombreuses écoutes prodiguées à "The Fear Is What Keeps Us Here" dans l'espoir d'y trouver toutes les qualités attendues, je finis par en pondre la chro. Premier vrai constat : putain, y'a pas à chier, la prod tient à elle seule la moitié de l'intérêt de cet album. Tranchante et poisseuse, claire mais puante, Albini a vraiment super bien bossé : même la voix horripilante devient supportable ! Rarement entendu une aussi grosse prod' (argh, ce son de grosse caisse...), tous styles confondus, ce qui rend l'album très agréable à l'écoute. Deuxième constat : sans la prod', tout cela n'est pas assez folichon : certes, c'est aggressif; certes, les mélodies, dotées d'harmonies guitaristiques originales (dont beaucoup m'ont fait penser aux meilleurs titres de Poison The Well) sont bien souvent mouillantes as fuck : je dirais même plus que c'est le principal attrait de l'album avec la prod'. Certes, tous les éléments du bon skeud sont finalement présents : il n'est pas trop long, sautillant, doté d'une énergie communicative proche de celle des derniers Converge, de quelques passages clairs bien chouettos et pas niais du tout; on peut même y trouver deux trois blasts... Putain, je sais pas ce qu'il manque pour me faire giga mouiller, mais l'écoute entière de ce skeud ne m'accroche pas à 100%, à moins de me forcer. Objectivement, c'est mortel mais subjectivement, j'arrive pas à y trouver ce que me font ressentir "When Forever Comes Crashing", "Beyond Hypothermia", "Liedergeburt" et autres supra-tueries hardcore new-school... Et finalement, je me fais un peu chier. Peut-être tout cela manque-t'il un peu de folie, de variations (surtout vocales) ou que j'attendais un peu trop de ce Zao après tout ce que j'en avais lu / entendu. Cela n'empêche que c'est une très bonne surprise (j'ai au moins perdu mes préjugés sur Zao, eh eh eh!), que cela reste infiniment supérieur à la plupart des sorties récentes estampillées hardcore, que je me réécouterai l'album de temps en temps avec plaisir et que je vais finir par me choper les autres Zao, mais je doute que mon avis sur cet album évolue avec le temps.

Note : 4/6

Page 70/160 SCHONWALDER (Mario) : Close By My Distance

Chronique réalisée par Phaedream

Aux premières notes de Let The Rhythm Comin' On You, on se replonge dans l’atmosphère vaporeusement suave qui transpirait sur Hypnotic Beats. Hypnotique, le tempo est hachuré. Ni trop lent, ni trop rapide il évolue sur un superbe synthé aux essences flûtées qui vrillent de ses solos un peu déraillés. En mi parcours, la séquence modifie le rythme, le rendant plus mordant avec un synthé plus tortueux et audacieux. Les Yeux Sans Visage est un titre atmosphérique où le synthé vogue en solitaire sur des notes, percussions et effets sonores éparses. Une longue complainte synthétique avec un synthé mélancolique, aux sonorités de trompette sur un vent d’acier. Un titre sombre qui aurait pu faire de la trame sonore de Blade Runner, tant les atmosphères s’y ressemblent. Un titre planant, tout comme le doux Farewell From Heaven. Après un long intro atmosphérique, Sems'U'Kanar emboîte le rythme avec éclat et une grosse basse tranchante. Sur des sonorités mi-indiennes et mi-orientales, la guitare fend l’atmosphère avec des solos aigus et un séquenceur qui martèle un tempo progressif. Un titre magique, à cause de son ensemble rythmique, les percussions, le séquenceur et sa basse torride, ainsi que les superbes solos ondulants de guitare. À écouter à haut volume, l’effet est superbe. The Point of Impact coule lentement, comme une berceuse cosmique. Le mouvement est lent, ponctué de strates synthétiques aux essences de violons avec des choeurs éthérés et une belle flûte aux souffles spatiaux. Le point d’impact arrive vers la 4ième minute, où le rythme devient plus agressant dans une ambiance désordonnée. Dommage, c’était bien parti. Memories Of Oz nous ramène à un rythme plus fluide, tout de même assez flottant, avec des bons échanges guitares synthés sur des percussions hétéroclites et des lignes de violon qui glanent une ambiance décousue, comme les bons moments de Richard Pinhas et Heldon. La pièce titre est celle qui se rapproche le plus des atmosphères de MÉ, style Berlin School. On y retrouve tous les ingrédients qui composent l’ode électronique parfaite; intro ambiante, mouvement séquentiel en progression sur des tempos variés, effets sonores cosmiques et analogues, arrosé des bons solos de synthé. Un bon titre, minimalisme dans la pure tradition Schonwalder. Après l’ambiant Testsequence, Quiet Earth clôture cette réédition sur un séquenceur minimalisme avec une ligne basse, survolée de strates synthétiques flottantes. Le moins que l’on puisse dire est que Mario Schonwalder ne choisit pas la facilité. Close By My Distance est une œuvre capricieuse, plus expérimentale qu’électronique. Difficile à apprivoiser, il vaut les sacrifices, car un titre comme Sems'U'Kanar étonne, tant par sa structure que son mouvement sec et ferme. Let The Rhythm Comin' On You et la pièce titre sont d’autres petits bijoux, plus accessible et plus mélodieux. Une œuvre difficile pour amateur de musique complexe, même si l’aspect minimaliste est toujours présent.

Note : 3/6

Page 71/160 REDSHIFT : Ether

Chronique réalisée par Phaedream

Comment survivre à un premier opus, quand il marque une génération? Le premier cd de Redshift répondait à un besoin. Celui de combler une lacune que Tangerine Dream avait créer en s’éloignant de son style obscur et ténébreux dans les années Phaedrea et Rubycon. Ces grosses kermesses électroniques, où les mouvements lents côtoient des séquences hypnotiques et débridées sur des souffles mellotronnés. Seul Redshift avait réussi cette approche mythique avec un premier opus remplit de vagues espoirs. Ether était donc attendu avec impatience. Et personne ne peut en être déçu. Car dès les premiers souffles on est assailli par l’atmosphère Redshift. Cette atmosphère unique qui allie des mouvements lents et sinueux qui parfumaient le premier opus. Des ondulations d’éther qui flottent dans une ambiance obscure où les coups de gros séquenceur Moog frappent avec force et étonnement. Même en concert, le quatuor Britannique réussit à transposer son univers ténébreux aux lourds effluves des années 70. Des chœurs plus insistants se greffent aux souffles de la nuit, sur des bourdonnements plus intenses qui dessinent une arche musicale obscure. Sur les coussins de cette arche, se profilent de fines notes cristallines qui se dandinent avec légèreté, dessinant un tempo anodin. Une ligne séquentielle bien juteuse reprend cette charade infantile pour pousser une rythmique débridée, aux notes incisives et basses, sur un synthé mellotronné aux errances d’un violon d’outre monde. L’effet est saisissant, deux rythmes opposés sur la même ligne. Qui mène quoi? Le séquenceur stimule un rythme qui varie sur ses courbes et qui se fond sur des synthés mellotronnés aux esquisses arabesques. Des guitares et synthés lourds qui volent avec agilité sur des séquences qui alternent entre l’hypnose et la provocation. Des mouvements en boucle qui vont et viennent sur un séquenceur pesant qui permute les mesures entre le rythme et l’atonique, accouplé de superbes flûtes mellotronnées. A Midnight Clear est un titre puissant. Une fresque musicale qui allie tout l’instrumentation et voltage électronique d’une époque que l’on croyait révolue. Suivant une intro vaporeuse, où l’harmonie des ténèbres suinte des souffles lourds, une guitare et un synthé se disputent les impulsions de Bombers in the Desert. Sous de suaves lamentations, une séquence se dessine et explose sur un tempo sauvage et électrique où la guitare a gagné la bataille. Ses solos valsent sur des lamentations synthétiques, sous l’œil avide d’un séquenceur ultra pesant. Rythme, non rythme, Redshift joue avec les tempos sans crier gare, tout en surprise, comme en déception. Synthé sifflotant, Static émet des pulsations ondulantes sur fond ténébreux, comme un cœur qui bat de façon grotesque parmi les déchirures d’acier et ses petites notes fines qui contrastent avec l’univers pesant de Redshift. La pièce titre est tout simplement exquise. Intro atmosphérique où, encore, guitares et synthés plombent un mouvement flottant avec de grosses implosions sonores. Des notes plus limpides sautillent en écho sur une séquence mouvante qui descend comme une figure spiralée. Mellotron et séquenceur tissent une toile où la guitare émerge des tonalités nébuleuse sur un rythme en formation. Ambiants et rythmés les mouvements varient avec lourdeur sur des solos de guitares et de synthés, toujours rescapés par le gros Moog qui ramasse tout ce qui traîne. Un long titre lourd aux développements lents et à la progression aléatoire. Tranquille, la finale fuse de chœurs en soumission, sur des ourlets de basse et une superbe guitare qui déchire l’obscurité de ses vifs solos. Ether est une grande œuvre. Redshift va où Tangerine Dream n’a pas voulu aller. C’est superbement lourd et la fusion des synthés, guitares et mellotron avec le gros Moog est tout simplement envoûtante. De la grande Musique

Page 72/160 Électronique. Ceux qui ont manqué ce groupe, il faut vous rattrapez. Un des meilleurs dans le top 25.

Note : 6/6

Page 73/160 THE GUN CLUB : Miami

Chronique réalisée par Twilight

Selon moi, 'Miami' est la continuation et l'aboutissement de la démarche amorcée avec 'Fire of love' pour un Gun Club qui a su conserver son aspect torturé, ses influences blues tout en perfectionnant encore la mélodie au milieu des attaques post punk. Difficile de faire mieux pourtant, 'Fire of love' regorgeait déjà de tubes et de maîtrise...D'ailleurs, en écoutant les excellents 'A devil in the woods','John Hardy','Bad Indian' ou 'Sleeping in blood city' pas si éloignés d'un garage à la Cramps, ce sont bien des climats similiaires que l'on retrouve. C'est vrai et il y a de quoi se délécter tant c'est bon (tonnerre, cette adaptation pêchue de 'John Hardy' !). Pourtant, 'Miami' propose aussi une ou deux nouveautés, notamment une incursion dans la chaleur vénéneuse texane ou mexicaine comme on peut la ressentir dans un jeu de percussions plus ethnique sur l'excellent 'Watermelon man', ou encore des envolées lyriques comme sur 'Brother and sister'. C'est pourtant toujours la moiteure malsaine des Bayous et la tristesse du blues qui prédominent comme en témoignent 'The fire of love' ou l'imparable mélancolie slidée de 'Mother of earth'. En Jim Morrison vaudou, Jeffrey Lee Pierce excelle oscillant entre rage passionnée et envolées plaintives à la Jeff Buckely, sans oublier des touches de sensualité bluesy blanches (particulièrement notables sur 'Mother of earth', 'Carry home', sans parler du splendide 'Run through the jungle'). Qu'est ce qui me fait donc préférer d'un poil 'Miami' ? A un tel degré, c'est difficile à dire...un feeling légèrement plus profond ?

Note : 6/6

Page 74/160 WOLFCHANT : Bloody tales of disgraced lands

Chronique réalisée par Sheer-khan

Bon... Wolfchant, c'est pas super bien. Amoureux de la nostalgie mélodico-païenne, nos cinq allemands s'expriment donc dans un metal fier et guerrier relevant essentiellement du heavy un peu gros avec double pédale, aux tempi tristes, et constamment accompagné de leads épiques et... moyens. Là dessus, on a un vocaliste black metal de peu d'ampleur et un claviériste de session qui n'est guère exigeant avec ses sons. Produit à la main sous les aisselles, "Bloody tales of disgraced lands" est

écoutable grâce à un mastering qui a su donner de la dynamique à un ensemble par ailleurs un peu trop compact, et sans beauté. Les effets, breaks, accélérations et autres soli sont plutôt naïfs, mais l'interprétation est solide. Qu'est-ce que voulez que je vous dise : tout est dans la pochette, le nom du groupe et le titre. La musique des allemands se distingue d'un Old Amorphis par un

Page 75/160 penchant plus prononcé pour le viking, comme en témoigne entre autres la tavernesque "Of honour and pride", et une qualité inférieure bien entendu. Maintenant voilà : cela fait presqu'un an que j'aurais du, par respect pour le label et le groupe, chroniquer ce cd promo. Je tiens donc à présenter mes plus plates excuses pour n'avoir pas fait mon travail de chroniqueur correctement. Reste à savoir si CCP records serait prêt à s'excuser pour tout ce qu'il nous envoie... et Wolchant pour ne

pas avoir fait correctement son travail de créateurs.

Note : 3/6

Page 76/160 UNION : Christ agony

Chronique réalisée par Sheer-khan

Feu Christ Agony devient Union et baptise son premier album

"Christ agony"... pour qu'on s'y retrouve. Ce n'était pas la peine

: une écoute suffit. C'est toujours le même death/black un peu "déjà-vu" que Cezar nous sert. Volonté d'atmosphères occultes tout autant que de lourdeurs et de pillonages, vocaux efficaces et bien gueulés à la croisée du black et du death, leads et mélodies au rendez-vous, ralentissements pesants, arpèges claires sinistres... c'est bien construit, énergique, sombre, et plutôt pas mal produit malgré une batterie un peu cartonneuse. Blackisant, Thrashisant, le death de Union est tout ce qu'il y a de plus respectable mais ne reserve absolument aucune surprise. Si tout fonctionne, c'est que tout a déjà été testé... si rien ne choque, c'est parce que rien n'est tenté, et on est malheureusement loin de la bombe archétypique dont la seule qualité compenserait sans encombre le

Page 77/160 manque flagrant de véritable recherche. Ce n'est ni interressant

ni réellement ennnuyeux. C'est juste totalement inutile.

Note : 3/6

Page 78/160 MYSTIC CIRCLE : The Bloody Path Of God

Chronique réalisée par Powaviolenza

Ce CD est pourri : vous devez déjà le savoir, Mystic Circle ayant la réputation qu'ils méritent. Essayant de rester objectif à tout prix, je me suis quand même tapé "The Bloody Path Of God" en entier deux fois (oui madame). Sauvé du 1/6 par sa prod très très grosse, sa reprise de "Circle Of The Tyrants" pas trop naze (en même temps, faut le faire pour rater ça), quelques arpèges pas trop nazes non plus (mais tout de même bien nazes hein), et quelques passages m'ayant évoqué de très loin les mélodies d'Hypocrisy ou les débuts d', y'a vraiment pas grand chose à sauver dans cet album, paraissant coincé le cul entre trois chaises : un peu de thrash efficace (mais tellement conventionnel), quelques passages quasi-death, et du clavier mièvre et cliché (et tout sauf parcimonieux) un peu partout. Y'a même deux trois chugga-chugga et des pseudo mosh parts...! Mouhahahaha, hilarant ! Bref, album fourre-tout par excellence, composé de riffs basiques, d'intros mal enchainées, et de quelques accalmies pas trop nulles (qui ne rendent pas cet album potable pour autant). Ecouter "The Bloody Path Of God" n'équivaut qu'à perdre son temps, sachant qu'il y a tant de trucs plus originaux et/ou plus classes à écouter; ça pourrait plaire à la limite au metalleux pas trop regardant qui cherche un disque bien cliché au gros son à se mettre sous la dent, mais même dans ce domaine, y'a des trucs tellement mieux... Hypocrisy, par exemple. Poubelle !

Note : 2/6

Page 79/160 SIXTEEN HORSEPOWER : Sackcloth'n'ashes

Chronique réalisée par Twilight

David Eugene Edwards fait partie de ces personnages hors norme de l'histoire du rock sombre à l'instar de Nick Cave, Jeffrey Lee Pierce... figure charismatique, mystique...sauf que ses racines à lui ne puisent nullement dans le post punk et qu'il a déjà trouvé Dieu...Orphelin de père très tôt, il sera élevé par sa mère et son oncle, prêcheur itinérant. Le background musical du jeune David sera donc avant tout constitué d'orgue d'église, de blues, de folk...De cette jeunesse particulière, il héritera, outre le goût de la musique, un mysticisme chrétien associé à l'image de l'Amérique redneck, un univers de cabanes en planches, de plaines désolées, de fermes isolées, d'espace infini, de cimetières aux croix bancales, de poussière, où l'homme se débat entre l'enfer et le paradis, entre Dieu et le diable. S'il n'a jamais dissimulé sa foi, David n'a rien d'un intégriste et il sait la lutte pénible, lutte qu'il décrit au travers d'images à la fois belles et fortes mais également sombres et à la limite du macabre. C'est ce qui fait l'originalité de la musique de Sixteen Horsepower; bien que puisant ses racines dans le blues, le rock, le folklore américain traditionnel, elle dégage un sentiment de spleen écorché et déséspéré dû tant au chant déchirant et passionné de David que des arrangements à base de banjo, violon, accordéon, contrebasse, sans oublier les traditionnelles guitares et batterie...Que l'on écoute donc les valses cabaret de 'Harm's way' ou 'Neck on the new blade' et leurs accordéons funèbres, 'Black soul choir' mêlant banjo, rythmique punkoide, feeling déséspéré ou le blues dépressif (dans le sens quasi gothique du mot) de 'I seen what I saw' ou 'Black bush'...Sixteen Horsepower est à l'image de son artwork, un groupe mystique et authentique que l'on imagine issu d'une terre où la modernité n'a pas encore porté son lot, une photo usée en noir et blanc que l'on regarde fasciné, le coeur serré, une main crispée sur le cuir usée d'une vieille bible noire...Pourrait-on parler de Joy Division redneck ? De Gun club country ? Ce n'est pas un hasard si le groupe reprendra ces deux formations en concert. Pour l'heure, ce premier album n'est rien d'autre qu'un chef-d'oeuvre de spleen qui enverrait au tapis nombre de formations dites gothiques. Mêlant adroitement influences traditionnelles et rock en des climats vénéneux et tristes, le trio tisse des structures d'une profondeur bouleversante baignées de l'ambiance mystique crée par la poésie torturée, quasi biblique de David qui, tel un prêcheur à la voix de larmes, émeut au delà de toute limite. Du coup, des titres plus authentiquement bluegrass comme 'Red neck reel' apparaissent presque comme des répits obligatoires au sein de cette beauté terrifiante où la jute et la cendre se disputent le salut de l'homme. Une merveille !

Note : 6/6

Page 80/160 DIM MAK : Knives Of Ice

Chronique réalisée par Powaviolenza

Ce nouvel album marque la reformation de Dim Mak (qui était déjà une reformation des cultes Ripping Corpse). Et autant vous le dire tout de suite : c'est broootal, bien plus brutal que tout ce que le duo Shaune Kelley / Scott Ruth ont pu nous pondre par le passé. Et pour cause : le monstre derrière les fûts n'est autre que John Longstreth (Origin, Angel Corpse), qui se pose définitivement parmi les batteurs de brutal death (ou même d'extrême en général) les plus ultimes. Ce n'est pas "Knives Of Ice" qui me fera mentir : son jeu mélange ici la brutalité extrême de ses prestigieux anciens groupes avec le feeling cymbalistique, l'inventivité et le groove de son prédécesseur Brandon Thomas (parti chez les excellents The Dying Light). On ne retrouve certes pas ici la profusion de gravity blasts et autres folies extrêmes à la Origin, mais une science de l'intensité couplée à la technique plutôt hors du commun, comme ces blasts alternant deux caisses claires parsemant tout l'album - qui a d'ailleurs été composé à la base avec une boîte à rythmes pendant que le groupe était sans batteur; et pour en avoir entendu quelques passages, Longstreth a vraiment magnifié les compos, les jouant encore plus violemment tout en apportant le côté "je tricote sur les cymbales". En revanche, même si la principale différence entre "Knives Of Ice" et les deux précédents Dim Mak se nomme John Longstreth, limiter l'intérêt de cette galette à ce seul fait serait une grosse erreur : contrairement à beaucoup de groupes de brutal death US modernes, Dim Mak n'a pas besoin de compter uniquement sur son batteur blastant-plus-vite-que-les-autres pour avoir la classe : les riffs de Shaune Kelley suffisent, techniques et vicieux au possible. Le monsieur n'a rien perdu de sa patte, avec ces harmonies bien à lui, parfois belles, instaurant toujours les ambiances asiatiques, malsaines et speedées dont les Dim Mak ont le secret, tout en gardant ce groove imparable donnant envie de faire du Kung Fu - c'est ces riffs qui ont, dans les années 90, inspiré Human Remains, puis Burnt By The Sun. A l'image du jeu de John Longstreth, c'est à une véritable leçon de riffing que l'on assiste, d'une intensité décoiffante couplée à une inventivité mortelle (même si on reste dans la lignée de tout ce qu'il a pu nous proposer dans Ripping Corpse et les précédents Dim Mak, donc rien de jamais entendu). Vocalement parlant, on retrouve la voix de Scott Ruth encore plus agressive et travaillée qu'elle n'a pu l'être dans le passé, tout en marquant un certain retour à quelques sonorités old school / Ripping Corpse dans les intonations : pas de gros growls baveux et communs, toujours cette bonne grosse voix hargneuse bloquée dans les années 90 - pour notre plus grand plaisir. Quand à la perte de Erik Rutan à la prod (après l'avoir perdu à la gratte dans Ripping Corpse, eh eh), elle ne nuit pas du tout à cet album, le son étant tout à fait dans l'esprit Dim Mak : violent et cristallin. L'album le plus brutal de Dim Mak, donc, et de très loin, que ce soit dans le riffing ou dans le travail rythmique; très jouissif et intéressant, mais perdant peut-être un peu de son charme d'antan à cause de cette profusion de blasts. "Knives Of Ice" est tout de même des milliards de fois supérieur à toutes les autres sorties brutal death modernes : intense comme du Hate Eternal (avec qui on retrouve pas mal de points communs : beaucoup des meilleurs passages de "I Monarch" sont d'ailleurs très Dim Mak-iens) tout en étant remuant comme du Burnt By The Sun. Si vous cherchez un disque de death metal technique mais pas démonstratif, brutal mais différent, et surtout extrêmement intéressant et varié, achetez sans hésitations.

Note : 5/6

Page 81/160 LEX TALIONIS : Guitarscreamachine

Chronique réalisée par Powaviolenza

"Guitarscreamachine". Nom définitivement parfait pour cet album terrifiant. L'aspect "machine", boîte à rythme supra-martiale et jusqu'au-bout-iste quasiment tout le temps bloquée sur les modes "blast-beats saccadés", "roulements de toms énormes" et "salves de beats bruitistes et indus", nous lobotomise tout le long de l'album - tout en étant supportable car mis à part les tapis de beats, n'étant pas mixée trop trop fort. L'aspect "scream", lui, nous renvoie illico à la case "Today Is The Day", pour le côté guerrier robotique de l'espace déclamant des bribes saccadées, se faisant parfois (rarement) hurlant ou heavy-metal (avec classe). Quand à l'aspect "Guitar", principal atout des Lex Talionis, composé de bribes virtuoses de sweeping, taping et autres joyeuseries, agrémentées en plus de mélodies gratte-synthé kitsch limite japanisantes, il ajoute la recherche mélodique / subtilité / folie bizarroïde et psychopathe nécessaire à l'épanouissement total de ce(tte) "Guitarscreamachine", rencontre unique entre beauté guitar-heroïque, expérimentation bruitiste et ultra-violence froide / rythmique / monotone / hypnotisante, donnant un rendu quasiment psychédélique, et assurément super bizarre. J'ai du mal à imaginer ça en concert. Burp. Très audacieux, ça ne plaira assurément pas à tout le monde : ces "transcendental studies for contemporary shred guitar and electric orchestra" sont du genre difficiles à avaler à moins de faire preuve d'une énooooorme ouverture d'esprit ou d'un certain masochisme sonique, car manquant de variété rythmique (même si j'imagine que cela rentre dans le concept de l'album). C'est en tous cas trèèèès différent, très bien fait, et assez unique en son genre. 5/6 pour l'expérimentation, 3/6 pour mon avis personnel

(trop extrême pour moi, là) : 4/6. A écouter impérativement avant d'acheter.

Note : 4/6

Page 82/160 SIXTEEN HORSEPOWER : Low estate

Chronique réalisée par Twilight

A priori, 'Low estate' est moins glauque que son prédécesseur...Pourtant, David Eugene Edwards la mèche coiffée, drappé dans sa redingote noire de prêcheur ténébreux témoigne à lui seul que rien n'est véritablement joué d'avance...Une chose est certaine, cet album est riche, très riche. Il n'est jamais très aisé de rendre justice à la musique de Sixteen Horsepower vu la diversité des genres qu'ils abordent mais là, c'est encore plus difficile. On passe en effet d'un post punk endiablé (la reprise de 'Fire spirits' de Gun Club) aux valses funèbres que sont le magnifique 'Golden rope' avec son orgue et son violoncelle et le non moins splendide 'Pure clob road' où David s'accompagne d'un concertina, instrument se rapprochant du bandonéon. Les influences purement bluegrass sont pourtant plus marquées ('Brimstone rock', 'Black lung'), d'où ce côté plus enjoué à première écoute. Enjoué ? Et 'Low estate' avec ses plages lentes et tristes, et 'Sac of religion' et ses tourbillons de guitare enragés très post punk goth, et les slides bluesy de 'Denver grab', c'est enjoué, peut-être ? Et je ne parle même pas de 'Pure clob road', 'Golden rope' ou même l'étrange version de 'The partisan' avec Bertrand Cantat...A priori, 'Low estate' contient moins de souffrance mais tout autant de ferveur que 'Sackcloth'n'ashes', la dualité entre le bien et le mal, Dieu et le Diable, hante toujours autant la poésie de David...Je dirais même que la musique a tendance a balancer d'un extrême à l'autre (est-ce dû à l'arrivée de deux nouveaux musiciens ?) tout en conservant une ligne de conduite claire. Sixteen Horsepower confirme donc sa position de groupe culte et insaisissable.

Note : 5/6

Page 83/160 REDSHIFT : Down Time

Chronique réalisée par Phaedream

Plus près des œuvres de Mark Shreeve que de Redshift, Down Time s’éloigne des grosses contorsions musicales présentes sur les 2 premières œuvres du groupe, en nous présentant un opus, toujours aussi pesant rassurez-vous, comprenant 7 titres, dont 2 seulement dépassent la barrière des 10 minutes. Les 2 seuls titres d’ailleurs qui auraient pu aisément figurer sur Ether. Nails et la pièce titre sont deux morceaux dans la plus pure tradition Redshift. Deux titres aux rythmes nuancés qui caressent une atmosphère angoissante. Alors que Nails explose en plusieurs minis tornades violentes et agressives, Down Time poursuit une progression méthodique sur un tempo lourd aux vapeurs ténébreuses. Chœurs fantomatiques, mellotrons envoûtants, synthé et guitares aux odeurs spectrales, toute l’arsenal Redshiftienne y est présente dans un contexte musical d’une rare violence. À ce niveau, les passages débridés de Nails figurent parmi les plus puissants et pesants que j’ai entendu en MÉ, de quoi…clouer sur place. Un autre titre assommeur; Mania! Une des bonnes pièces du répertoire Redshift. Sur une ligne basse hésitante des notes se forment, s’entremêlant à leurs coussins de résonance. Une fine ligne en émerge, trituré par une guitare menaçante. Le séquenceur embarque de ses gros pas lourds, mettant la scène à un tourbillon séquentiel pesant où guitares et synthés déchirent l’air de leurs complaintes. Absolument génial. Un petit tour, et puis s’en revient sur une séquence encore plus lourde et explosive. Du grand art synthétique. Ultranaut est plus statique avec des ondes synthétiques qui flottent dans une ambiance cauchemardesque. C’est plus une série d’effets sonores qui fini par tracer des segments harmonieux aux souffles intrigants. Un autre coup de génie où la guitare, qui cabale sur un smog métallique, est tout simplement jouissif. Un peu comme High Noon qui reprend les mêmes courbes statiques avec une pulsation macabre qui flotte parmi des chœurs zombiesques, un mellotron dense et une combinaison guitare synthé qui psaume des lamentations obscures. All Things Bright est dans la même veine que Mania. Le séquenceur marque des pas lourds avec des bourdonnements pesants aux basses sonorités. Un synthé spectral s’élève parmi les ululements des chauves-souris virtuelles. Le rythme lent, envoûtant, caressant les sphères de l’atonie avec de superbes guitares et synthés aux souffles ectoplasmique. Protoland est un titre plus relaxe, il en faut, qui démontre que même les esprits sataniques peuvent se recueillir sur des hymnes inoffensifs. Évasif, le piano ouvre la marche, un peu comme sur Nails, à un séquenceur sobre engloutit par des riffs de guitares et un de synthé mélodieux. Et, comme toujours, le mellotronné vient nous charmer de sa flûte éthérée qu’on ne se lasse jamais d’entendre. Down Time est difficile à cerner. C’est un opus d’une rare violence, tant au niveau des rythmes que de la mise en scène. Le ton, ainsi que le tempo, est démentiel. On s'arrache les tympans à tout saisir la folie musicale Redshiftienne qui meuble Down Time. De loin, celui que je préfère le plus de Redshift. Un opus plus que lourd et d'une profondeur unique, qui démontre que non seulement Redshift évolue, mais il se trouve dans une classe à part, un peu comme Tangerine Dream, dans les années 70.

Note : 5/6

Page 84/160 SIXTEEN HORSEPOWER : Secret South

Chronique réalisée par Twilight

Troisième album pour les Sixteen Horsepower, opus où le rock sonne encore plus lourd et sombre que sur 'Low estate' (les excellents 'Clagger' ou 'Cinder Alley') et où les influences bluesy se font plus tristes que jamais ('Burning bush', 'Poor mouth'). On note une présence moins accrue des instruments traditionnels comme le banjo ou le concertina (je n'ai pas dit qu'ils avaient disparu, comme en témoignent 'Praying arm Lane' ou le très bon 'Straw foot'), même si piano, orgue et violons (le splendide 'Just like birds') hantent encore les compositions de David Eugene Edwards et ses collègues. Mélancolique et écorché, 'Secret South' sonne comme un album lourd à porter, empreint d'une fatigue poussièreuse, comme si le produire avait demandé un ultime sursaut d'énergie, sursaut qui confère aux chansons ce feeling profond et déséspéré qui caractérise la musique du groupe. Quel est donc ce fardeau qui pèse si lourd sur les épaules de David Eugene Edwards pour que chacun de ses disques sonne comme un chemin de croix à la fois terrible et si puissamment magnifique ? Quels sont ces doutes qui d'un banjo, un piano, quelques violons et une guitare engendrent des mélodies si baignées de spleen ? 'Secret South' n'apporte pas de réponse mais se positionne une fois de plus comme un pur joyau de tristesse.

Note : 5/6

Page 85/160 TRAUMKLANG : Natural Phenomenons

Chronique réalisée par Phaedream

Avec Traumklang, nous voguons dans les sphères intersidérales de la musique cosmique. L’ouverture de Wetterleuchten ressemble tellement à celui d’Electronic Universe de Software, qu’il en réveille les passions nostalgiques. Une intro soyeuse, parfumée d’effets analogues, sur un synthé coloré et fluide qui murmure un souffle cristallin sur de belles poussées cosmiques. Le mouvement prend plus de profondeur lorsqu’il tourbillonne sur de belles percussions qui amènent un rythme plus soutenu. Les mellotrons flottent avec grâce, en mode orchestral, comme une orgue rafraîchit sur des nuées éoliennes. Avec cette sonorité de vieux clavier, le titre embrasse un mouvement plus vieillot, comme les vieux rocks électroniques de l’époque, style Adelbert Von Deyen avant de prendre un virage atmosphérique vers la 9ième minute. Court virage, puisqu’un énorme bourdonnement séquentiel, un peu à la On The Run de Pink Floyd sans les cymbales, vrille sous un dense mellotron qui moule un mouvement ondulant avec cette vieille orgue qui envoûte, en arrière scène. Un titre qui inspire du vieux Klaus Schulze. Nebelschwaden flotte sur ses coussins synthétiques imbibés d’effets sonores. Une fine percussion atonique et répétitive, un peu à la Schonwalder, marque le temps, comme une goutte d’eau qui tombe à intervalle régulier. Une longue intro atmosphérique qui s’anime vers la 8ième minute avec des percussions plus soutenues et une belle basse aux couleurs ‘’groovy ‘’. Un peu comme Wetterleuchten, Nebelschwaden embrasse un souffle nostalgique avec sa sonorité moulante et libertine du rock psychédélique intemporel des années 70. La batterie et l’orgue sont tout simplement délirant, sous l’inlassable percussion amorphe qui fait toute la distance. Un titre qui vaut l’oreille. Sous ses effets sonores analogues et cosmiques, Sternenfunkeln est suspendue dans une ambiance spatiale planante. Le titre évolue lentement sous l’épaisse couverture sonore d’un synthé mellotronné aux doux arrangements orchestraux et un mouvement de clavier style glockenspiel qui scintille en crescendo feutré. Un titre sans percussions, ni séquences agités, il circule dans un univers statique qui semble infini. Traumklang possède un cachet sonore assez particulier, à tout le moins sur Natural Phenomenons. Un opus envoûtant qui voyage aux limites des styles, sans vraiment jamais y nicher d’une façon définitive. Un croisement entre le planant, le psychédélique et une musique séquencée avec nuance.

Note : 4/6

Page 86/160 SIXTEEN HORSEPOWER : Folklore

Chronique réalisée par Twilight

'Voilà, c'est fini' chantait Jean-Louis Aubert...Oui, c'est fini; avec leur quatrième album, David Eugene Edwards, Jean-Yves Tola et Pascal Humbert mettaient fin à l'aventure Sixteen Horsepower, le premier fondant Woven Hand et les deux autres Lilium. Alors pour cet ultime opus recentré sur la formule du trio, les musiciens sont revenus là d'où ils étaient partis, ont rendu hommage à ce qui constituait les racines de leur musique, le blues et le folk. 'Folklore' compile en effet compositions propres et reprises (Hank Williams, Carter Family, ainsi que quatre pièces traditionnelles), le contraste entre les deux étant parfois saisissant. Lorsque l'on goûte aux atmosphères splendides et funèbres de 'Hutterite mile', 'Blessed persistence' ou 'Beyond the pale' de la plume de Sixteen Horsepower, morceaux lents marqués par la basse, le piano, l'orgue et un chant triste et poignant, l'aspect enjoué et country de 'Single girl' (forcément, la Carter Family...) ou l'air de foire de 'La robe à parasol' (interprété en français) sonnent plutôt décalés mais c'est là le mystère Sixteen Horsepower, une musique puisée au plus profond du foklore traditionnel américain qui entre les mains du groupe et le chant fervent et écorché de David Eugene Edwards se part de couleurs sombres qui renverraient bien des formations gothiques dans les jupes de leurs mamans. 'Foklore' ou un chant du cygne sobre, intimiste, poignant et triste à l'image de sa pochette en deuil...

Note : 5/6

Page 87/160 SIXTEEN HORSEPOWER : Hoarse

Chronique réalisée par Twilight

Pour un groupe comme Sixteen Horsepower qui puise ses racines dans le folklore, le blues, dans l'esprit de la terre dans ce qu'il a de plus noble, le disque live était une étape incontournable. Comment imaginer une musique écrite sur des guitares sèches, des accordéons, sous le porche ou au coin du feu ne pas être jouée en direct ? 'Hoarse' comble cette lacune en proposant une compilation de chansons enregistrées à Denver en mars et mai 1998, ainsi qu'une reprise du 'Fire spirit' de Gun Club à Paris en duo avec Bertrand Cantat de Noir Désir. Les reprises justement, elles nous en disent long sur le groupe...Quand on sait que David Eugene Edwards a grandi uniquement avec de l'orgue d'église, du blues, trouver ici des reprises de Joy Division et de Gun Club peut sembler bien surprenant...Pas tant que ça au final car chacun à leur manière, David, Ian Curtis et Jeffrey Lee Pierce sont des artistes ayant capté des vérités intemporelles et l'on s'étonne presque de ne pas entendre de cover de Nick Cave. A la place, une interprétation impeccable du 'Bad moon rising' de John Fogerty. Quant aux morceaux de la plume de Sixteen Horspower, ils sont tous simplement magistraux, il suffit d'écouter la version endiablée de 'Black soul choir', le spleen de 'Low estate' ou le blues poignant de 'South

Pennsylvania' pour s'en convaincre. Sixteen Horsepower ? Quel putain de groupe !

Note : 5/6

Page 88/160 CYBOTRON (detroit) : Clear

Chronique réalisée par dariev stands

L’affaire est corsée, autant le dire d’emblée. Ce disque apparemment kitsch et à la pochette infiniment rétro (qui a dit « re-tron » ?), regroupant divers travaux du groupe Cybotron (je me disais bien Tron avait à voir là dedans) - composé de Juan Atkins, Jon-5 et de 3070 alias Richard Davies - se trouve être l’un des piliers fondateurs de la techno. Pourtant son écoute rassure sur un point : ça groove. Ça funke, même, osons le mot. On imagine aisément de jeunes blacks sveltes en survet rouge et bleu flashy smurfer sur cette musique... Une petite mise au point chronologique est nécessaire : « Clear », sorti en 90, donc, est en réalité la réédition du LP « Enter », sorti en 83, agrémenté d’un titre en plus, « R-9 », sorti lui en 85. Le morceau titre est tout ce que l’histoire retiendra (préférez la version single d’ailleurs, bien plus martiale), si l’on excepte le classique « Techno City », absent de ce disque… « Alleys of your mind », lui, se dispute le titre de morceau à l’origine de la techno avec « Shari-Vari » du groupe A Number Of Names, sorti comme ce dernier en 81, pratiquement en même temps. Une chose est sûre, la légende de la techno « made in detroit » commence là. Dans ce morceau presque disco, aux scansions robotiques filtrées par un vocoder archaïque, typique d’un style qui fut surnommé plus tard « électro » tout court ! Pourtant, on est plus proche de Giorgio Moroder ou de Grandmaster Flash que de Jeff Mills. Et pour cause : les « musiciens » techno de Detroit, tous noirs, revendiquent l’héritage du P-Funk et de la Soul légendaire de leur ville (Motown, Funkadelic, Parliament…) AUTANT que celui de Kraftwerk, Tangerine Dream, Tubeway Army et autres groupes européens « à synthés » pourtant si lointains et étrangers. Pour preuve cette citation éloquente (et archi-connue) de Derrick May : « La techno, c’est la rencontre dans un même ascenseur de George Clinton et de Kraftwerk avec une boîte à rythmes pour seule compagnie. Elle est à l’image de Detroit : une totale erreur. ». En gros, la rencontre du sens du rythme noir (la souplesse) et de la froide litanie des machines des blancs (la raideur de la technologie). Un peu le même genre de cocktail contre nature que proposait le post-punk à la même époque (Talking Heads, A Certain Ratio…). Le tout agrémenté de claps monolithiques et de claviers douteux, proches de la new wave criarde de l’époque… ce qui rend « Clear » instantanément dansant, festif et drôle. Pourtant, l’idée de cauchemar technologique n’est jamais loin, comme l’attestent les coups de tonnerre apocalyptiques à la fin de « cosmic raindance ». Mais en 81 l’ordinateur reste encore le futur meilleur ami de l’homme. Boîtes à rythmes, synthétiseurs analogiques… Cette musique est créée avec peu de moyens, et une technologie pas si éloignée de celle qu’utilisait Kraftwerk 5 ans auparavant. Du coup, en plus de réévaluer le côté futuriste visionnaire des albums de Parliament, beaucoup réécoutent Kraftwerk et découvrent un groove à cette musique. Afrika Bambaataa ne s’y trompe pas et sample « Trans Europe Express » sur son tube « Planet Rock » en 82. Les connections électronique/hip hop sont déjà là, mais s’effilocheront avec le temps…

Note : 5/6

Page 89/160 MY BLOODY VALENTINE : Isn't anything

Chronique réalisée par dariev stands

My Bloody Valentine ne faisait pas des disques pour qu’on les découvre, mais pour qu’on entre dedans. Pardon pour la comparaison mais déflorer Isn’t Anything, c’est déjà en connaître ses moindres recoins. C’est de la musique pour vivre dedans. Oui, on peut bel et bien vivre dans un disque, en voici la preuve. A l’écoute du sublime « Lose My Breath » et de ses chœurs sous tranquillisants signés Bilinda Butcher (ce nom…), il nous semble bien que nous sommes à l’intérieur, que cette musique constitue la bande-son de ce qui défile devant nos yeux, et qu’on l’a toujours connue. Les paroles sont affûtées comme des rasoirs, gorgées de stupre et de sous-entendus sexuels à demi voilés. « Soft As Snow But Warm Inside » : ben voyons. Tout est dit. Si « Loveless » incarne la phase de sommeil paradoxal, « Isn’t Anything » représente celle de l’endormissement. Celle où les sens sont encore en éveil mais brouillés par une sorte de torpeur éthérée. La voix est moins planquée sous des couches de F (flanger, fuzz, feedback, tout ça), et les mélodies se percent un peu mieux un chemin jusqu’à l’oreille que dans « Loveless ». Est-ce un mal ? « Isn’t Anything » n’est est pas plus pop pour autant : juste moins radical dans son approche sonore. N’oublions pas qu’il s’agit de leur premier album sur le mythique label Creation, premier LP longue durée pensé en tant que tel… Trop souvent rangé à l’ombre du monstrueux « Loveless », plus long, plus culte, plus intense, plus abouti. Pourtant ce « Isn’t Anything » féminin et obstiné (obsédé ?) mérite bien son petit culte à lui (et beaucoup de gens le préfèrent à « l’autre » !), et son 6/6. En effet, tout est parfait ici. 12 merveilles pop, pas une de moins. Que de mélodies à la beauté confondante, que de voix sous hélium susurrant des mots défendus sous des larsens lunaires (« No More Sorry », d’un autre monde), que de morsures de guitares plantées dans la chair de ces structures pop… Combien de disques peuvent se vanter d’être à la fois « chantables » sous la douche et des jalons dans l’histoire de la musique expérimentale ? Car tout le monde s’est agenouillé devant My Bloody Valentine, devant le génie de Kevin Shields en studio, poussant celui-ci à devenir un tyran et exiger un temps de studio illimité sur du matériel délirant pour le sensuel et sans suite Loveless… de quoi ruiner Creation Records. Et c’est ce qui arrivera, d’ailleurs. On remarquera au passage le fabuleux travail de la batterie, agissant comme un prélude aux plaintes guitaristiques de Shields, sur la chanson d’ouverture et « Cupid Come », deux perles de pop aux textes étranges. Et cette basse… Mais revenons à ces cris plaintifs de guitare, évoquant parfois ceux de monstres marins émanant des abysses… Est-ce qu’on peut considérer un tel jeu de guitare comme « crade » ? Non, plutôt humide, moite et profond, mais pas crade, sauf peut-être sur le bruitiste « All I Need » (qui cache bien son jeu) « Mais que prenaient-ils tous avant d’enregistrer ? » peut-on se demander. Et la réponse est probablement : du café. Oui, du café, pour ne pas s’endormir au fil des longues nuits de studio… Car l’état le plus approprié pour écouter ça n’est pas la défonce, mais la fatigue. Nul besoin de se concentrer, My Bloody Valentine agit comme un vortex, et happe le visiteur… N’entendez vous pas le chant des sirènes sous l’océan de métal ?

Note : 6/6

Page 90/160 BOARDS OF CANADA : Music has the right to children

Chronique réalisée par dariev stands

Pour ceux qui ne connaissent pas l’univers du groupe, c’est par ici qu’il faut y entrer… Voici leur travail le plus accessible et chaleureux et paradoxalement, le plus hétérogène. Passons sur le traumatisme qu’a généré ce disque dans la scène electro de l’époque (tout le monde a voulu faire pareil, blablah, personne n’y est parvenu, blablah…), ainsi que sur le cliché récurrent qui veut que Boards Of Canada fasse une musique d’autiste bloquée sur les thèmes de la nature et de l’enfance. A la lumière de ce grand disque candide, la nature apparaît certes comme l’une des principales inspirations du duo, mais peut être pas autant que les œuvres de Tangerine Dream par exemple. Toutefois, mettons les point sur les « i » : ceci n’est pas de la berlin school, et encore moins de l’ambiant. Les nappes de synthés si caractéristiques du duo sont trop hachées par des cut-ups de rythmes pour cela. Le hip-hop a toujours été l’élément terre à terre de BoC, et ce premier album en regorge dans ses moindres chaloupements. L’ouverture, sorte d’improvisation ambient pastorale et figée, s’intitule « Analyse de la vie sauvage ». Un hommage à l’office national du film du Canada, la matrice de la musique des frères Sandison. Suit « An Eagle In Your Mind », long morceau désertique plein de buée, parcouru par des samples lointains, à la progression mystérieuse : tout est en demi-teinte, caché. BoC crée une musique aussi peu démonstrative techniquement que profonde. L’oreille ne décèle rien de particulier (si ce n’est un « I Love You » incongru et isolé au milieu du morceau), mais le subconscient absorbe. L’élément le plus parlant, c’est encore le silence, l’espace laissé entre les samples, par exemple. BoC joue avec le vide comme aucune autre formation. Après ce morceau nocturne, vient le lever de soleil (The Color Of The Fire), puis la pluie. « Telephasic Workshop », c’est le son des gouttes de pluies qui s’abattent dans la forêt, des insectes qui s’affairent… Au fil de ce très long disque, BoC dévoile une mécanique encore inédite, fortement inspirée du son shoegazing comme un témoigne le drone de « Olson »… Et ce n’est pas là la seule filiation avec les regardeurs de chaussures. « Music has the right », en réalité, est un disque « jumelé » avec « Isn’t Anything » de My Bloody Valentine ! Ceux qui doutent d’une telle affirmation peuvent toujours comparer les artworks : même police Bauhaus, même visages effacés, même disposition. Quand à la musique, elle possède le même pouvoir d’attraction immédiate, la même résonance intérieure, la même sensibilité à fleur de peau, même si les outils sont différents. On peut penser également à Pink Floyd ou à Air, autres groupes à la musique relativement simple, mais sujets aux extrapolations les plus farfelues, du fait de leur statut culte. L’apaisé « Open The Light » peut d’ailleurs rappeler le duo français, et recèle des constructions harmoniques comme le duo n’en a encore jamais osé et n’en osera plus. « Pete Standing Alone » crépite comme un train à vapeur, les effets rajoutant à l’impression de bruits de locomotive, lancinants, confortables. Le dodelinant « Roygbiv » évoque un lever de soleil hivernal sur une campagne écossaise verdoyante… Des papillons virevoltent, quelques rayons de soleil lascifs transpercent le feuillage des arbres, une brume rose se dissipe… L’album se clôt sur un message anti-censure (seul message non caché de tout le disque), « One Very Important Thought », explicite et intelligent, que « Happy Cycling » prolonge de 8 minutes de notes vaporeuses et de cris de mouettes (sur la réédition de 2004). Au final, curieux de constater que contrairement à la réputation que peut avoir cet album aujourd’hui culte, « Music Has The Right… » n’est jamais qu’une succession de vignettes ambient plus ou moins longues, sans réel rapport entre elles (certains morceaux proviennent de sorties précédentes); essentiellement constituées de loops et de claviers trafiqués proches de la musique électronique planante des

Page 91/160 70’s, posés sur des beats hip-hop relativement structurés (pour une sortie Warp s’entend)… Bref, quelque chose de très basique, rien d’intellectuel… Même si les interprétations de chaque titre de chansons pullulent sur internet à en donner le vertige. Non, nos deux écossais prennent simplement leur mal en patience pour vieillir leurs bandes audio et concocter ainsi ce son très légèrement dissonant qui – et c’est là le vrai mystère – réveilla chez des milliers d’auditeurs des souvenirs d’enfance enfouis. De la même manière, si un morceau ne nécessite pas plus d’une minute trente pour être magnifique, il ne récoltera pas plus de temps de la part du groupe… si il faut prendre six minutes, ils les prendront. On sent bien que chez eux tout est produit à l’instinct. Pas un disque expérimental donc, ni un concept album (contrairement à son successeur). Mais sa force évocatrice démesurée a poussé bien des auditeurs à se creuser la tête pour y déceler des sens cachés… Tant d’efforts pour essayer de cerner ce qui est incernable : l’émotion.

Note : 5/6

Page 92/160 CADAVER : In pains

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Et hop une petite vieillerie de plus. Cadaver ne doit pas dire grand chose pour beaucoup d'entre vous, pourtant ce "In pains" est tout de même sorti sur Earache, et a en son temps fait parler de lui. Pourtant il est vrai que cet album n'a en soit pas vraiment d'argument particulier. En effet, "In pains" n'est pas un album qui va réellement vous péter à la gueule par son efficacité ou ses riffs ultra assassins. Non, Cadaver joue ici la carte d'un death old school, plus technique, plus saccadé que la moyenne, avec des rythmiques qui sortent du carcan 4/4 habituel et des riffs qui alternent entre le typique old school et les harmonies plus dissonantes... On se retrouve avec un disque finalement bien personnel, beaucoup plus musical qu'il n'y paraît, qui n'est pas sans me rappeler le "soulside journey" de Darkthrone... En version bien plus carré et inspirée bien sûr. Cadaver sait ainsi se faire sombre, dégageant une atmosphère plutôt macabre et moderne, un je-ne-sais-quoi qui rend cet album terriblement attachant. On peut aussi penser à Obituary, pour cet aspect simple et accrocheur, mais rapidement Cadaver sait s'extirper des clichés habituels pour jouer... du Cadaver. Bref, pas facile de parler de cet album. C'est le genre de galettes qui ne paye pas de mine au début, surtout avec cette prod' froide et manquant un peu de punch, mais qui finalement passe et repasse avec plaisr sans qu'on sache vraiment pourquoi. "In pains" est tout simplement un disque de death qui fait le lien entre "tradition" et "experimentations". Le groupe a su trouver la recette de la compo qui tue, celle toujours bien sentie, dont chaque break tombe à point nommé. Une mention spéciale d'ailleurs à "During the end" dont le dévloppement et le final se seront insérés dans ma tête pour longtemps. Certains y voient un côté prog', pour ma part ce sera surtout l'aspect dissonant et personnel des riffs qui m'aura accroché. Cadaver savait tout simplement ce qu'ils faisaient, et ce n'est d'ailleurs pas ce chant de crapaud énervé à mi chemin entre le black metal et Chuck Schuldiner qui fera rentrer le groupe dans le moule... Un disque hautement sympathique, qui mérite plusieurs écoutes pour en retirer toute l'essence (le travail de la basse !) et en profiter comme il se doit. Froid, inspiré et unique, ne vous fiez pas à cette pochette horrible et donnez lui une chance, vous gagneriez à découvrir une excellente surprise.

Note : 4/6

Page 93/160 EDGE OF SANITY : Infernal

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Dernier album avec Dan Swanö, "Infernal" laisse comme un goût de "il était temps que ça s'arrête". Pas que ce disque soit mauvais, loin de là, juste qu'en comparaison des précédents (et même de "Crimson" avec lequel j'ai été dur, mais qui reste d'une immense qualité), soyons honnête il ne tient pas la route. En témoigne ce premier morceau chiantissime : prod super gonflée, mid tempo mou, riffs peu efficace, on ne sera réveillé que vers la fin avec une jolie mélodie très Swanö-ienne qu'on croirait piqué chez Diabolical Masquerade... S'enchaîne "Helter skelter" et là surprise ! Ce n'est plus Dan Swanö qui chante mais andreas axelson, même chose sur "The bleakness of it all"... Et il n'y a pas à dire, non seulement les morceaux sont très peu inspirés et faussement brutaux, mais en plus le sieur Axelson est un piètre chanteur pour EoS avec son chant black rappellant immédiatement les prods black sympho des 90's... Suite à cela, en jetant un oeil dans le livret, on peut constater alors que les line ups sont tous différents entre les morceaux... Comme le signe d'un groupe qui se disloquait et qui a décidé de sortir fait de bric et de broc. Entre les morceaux où Swanö ne fait rien ("the bleakness of it all" par exemple, où ce sera même Peter Tägtgren qui tiendra la guitare), et ceux où il fait tout ("15.36" et son côté sautillant typiquement suèdois, "Forever together forever", "Losing myself" où swanö nous refait le coup du "Black tears" en moins bien). D'ailleurs, autre signe de discorde évident : la différence de style entre les morceaux écrits par SwanÖ et ceux écrits par le reste du groupe. Tandis que le premier s'aventure en des terres plus mélodico-progressive, les seconds veulent revenir à leurs racines death... On notera tout de même malgré cette perte d'unité quelques grosses perles, comme notamment ce "Damned (by the damned)" ou "Burn the sun" sortes de ballades death metal redoutablement efficaces avec leurs mélodies de refrain en arpège qui n'est pas sans rappeler par moment un Carcass période "Swansong", ou bien encore ce "Inferno" super rapide et mélodique bien comme on aime, avec des harmonies réellement bien senties. Malheureusement, cela ne restera que des coups d'éclat dans un disque qui aurait mérité meilleur traitement tant les idées foisonnent, mais traitées bien trop grossièrement. A un tel point, que finalement, bien loin d'être une erreur de parcours, "Infernal" malgré le fait qu'il demeure un album globalement correct, a signé une première mort du groupe avec le départ de Swanö peu après sa sortie... D'ailleurs si on y réfléchit bien, dans la discographie de Edge Of Sanity, aujourd'hui en 2006, qui considère "Infernal" comme un bon album du groupe

? Pas moi en tout cas.

Note : 3/6

Page 94/160 EDGE OF SANITY : Crimson

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Aaaah "Crimson", que d'éloges sur cet album, que d'adjectifs dithyrambiques, que de louanges ! Il faut dire, tenter le coup du "une piste pour 45 minutes" en death metal, voilà qui a de quoi attirer les curiosités.n Pour ma part, après un "Purgatory afterglow" assez éblouissant et inspiré de bout en bout, j'etais très curieux d'entendre ce disque si magique selon certains. Et ma foi, il démarre sur les chapeaux de roues. Tant mieux d'ailleurs, car c'est le début qu'on écoutera le plus souvent, vu que UNE piste, et bien c'est un peu difficile pour écouter la fin par exemple. Disons qu'il faut bien se prévoir 45 minutes sans rien d'autres à faire, vu que le dernier quart d'heure, hein pour l'écouter ben faut se taper les 30 minutes d'avant qu'on connait déjà par coeur... M'enfin finalement, je l'expliquerai après ce n'est pas très grave en fait. Revenons donc à ce début de disque carrément impeccable en fait. Mélodies attachantes, typiques du groupes, grosses harmonies de leads, quelques accélérations devenues des classiques (la fameuse mélodie speed que Dan swanö sur crimson 2 justement), tout s'enchaîne impeccablement. Breaks, cassures, tout coule bien, Dan swanö est impressionant au chant, touchant à tous les styles, faisant venir ses potes de Katatonia et d'Opeth histoire d'en rajouter encore niveau "casting", bref tout démarre super bien. Et puis... Et bien, c'est là que je vais sûrement me démarquer de beaucoup, mais je m'ennuie rapidement. En fait, "Crimson" ne verse pas dans l'opéra façon "je raconte une histoire", mais plutôt comme une seule chanson de 45 minutes. Entendez par là que les parties sont souvent répétées à différents moments, un peu trop à mon goût. Et c'est bien là que le bât blesse, plus le disque avance, moins il y a de surprises, tout a été déballé durant le premier quart d'heure ! Bon de là à dire qu'on se fait chier, il y a un pas que je ne franchirai pas, disons que ca passe sans non plus être transcendant. C'est un peu ce qui résume à mon sens cet album. Le pari était audacieux, le contrat est rempli, mais sans la grande classe en fait. EoS est toujours aussi inspiré dans ses mélodies, mais a perdu sa puissance niveau death metal. Heureusement, le final est pas mal du tout, plus sombre et avec de la nouveauté (on desesperait), notamment quelques claviers, annonciateurs du numero 2... Pour ceux qui veulent des noms, disons que sur ce disque Edge Of Sanity se situe quelque part à la croisée des In Flames, Hypocrisy (malgré l'anachronisme) et d'une grosse louche de progressif (la patte dan swanö !)... Bref, un album ambitieux, bien réalisé, une sorte de death progressif mélodique foutrement accrocheur, mais qui paye son côté "urgent" par ses longueurs et son format

"une piste" franchement chiant lors des réécoutes...

Note : 4/6

Page 95/160 REDSHIFT : Siren

Chronique réalisée par Phaedream

Enregistré lors du concert d’Alfa Centauri au Pays-Bas en 1999, Siren est imprégné de l’atmosphère lourde et multidirectionnelle qui régnait sur Ether. D’ailleurs Bleed est, soit la continuité d’Ether, ou Ether, version spectacle. L’intro est quelque peu différente, le séquenceur plus pesant mais les grosses modulations séquentielles sont les mêmes, avec les segments de guitares et synthé disposés à des endroits différents. Mais tout le charme Redshift y est présent. Après un lourd intro où chœurs fantomatiques se fusionnent avec des bourdonnements qui pulsent une résonance obscure, des notes cristallines forment une ligne séquentielle sur un mellotron qui pousse le mouvement en valse futuriste. Plus lourde, la séquence ondule sur un mouvement linéaire qui est surpassé par une autre ligne plus modérée, ralentissant l’allure. De là, le tempo emprunte différents corridors visités par la sulfureuse guitare de Jenkins et le synthé de Julian Shreeve. C’est bon, mais le titre aurait du être Ether. À tout le moins Ether 2. Wraith est bâtie dans le même moule. Intro flottant, séquenceur alerte sur chœurs denses et sombres sur un rythme lent, envoûtant où synthé et guitares décorent l’ambiance de souffles et cris d’outre tombe. Un titre qui, honnêtement aurait pu faire la 6ième partie de Bleed, tant la ressemblance est tangible. Quoique ayant un tempo légèrement plus lent,Bombers in the Desert est en tout point fidèle, avec quelques petites modifications aux niveau des effets sonores, à la version sur Ether. Un titre trop bon (Voir chronique sur Ether) pour pâtir de quelconques modifications. Ici, il empiète sur l’ouverture de Siren, qui laisse entendre un piano seul, dans une brume métallique aux petites heures des ténèbres. Une belle flûte mellotronnée parfume l’ambiance d’une aura mystique. Elle se fond sur une pulsation bourdonnante et des percussions vaporeuses qui claquent dans une atmosphère intrigante. Le tempo est lourd et menaçant, déchiré par des solos de guitares aiguës il progresse avec une basse résonnante qui amplifie son effet peu cordial. Une séquence agile installe un mouvement qui vibre de ses accords. Et la sirène s’éveille sur un rythme soutenu par un séquenceur sobre aux impulsions aléatoires et limpides, de superbes solos de guitares et un synthé qui s’ajuste aux mouvements, par ses solos et passages orchestraux. Du Redshift à l’état d’Ether. Siren est certes l’un des cd les plus intéressants en 2002. Les amateurs d’Ether, qui en voulaient plus, seront ravis. Tout comme les amateurs de Redshift, qui réussi encore à explorer les obscurs sentiers d’une musique oubliée avec la justesse d’une ère plus moderne. Tout simplement irrésistible.

Note : 5/6

Page 96/160 REDSHIFT : Halo

Chronique réalisée par Phaedream

Leviathan ouvre Halo avec une intro sombre sur une pulsation séquentielle et des notes limpides qui voltigent sur un synthé aux souffles arabesques. Le tempo évolue suavement sur un synthé de plus en plus obscur et change subtilement de voies sur des atmosphères plus vaporeuses et des souffles synthétiques mellotronnés. Rhode Kill est une petite pièce courte enveloppée sous les notes d’un piano électrique et un doux mellotron sous les tonnerres virtuels qui se fond sur Panzer et son rythme séquentiel lourd. Les synthés et guitares déchirent cette ambiance sulfureuse qui court avec la vitesse de son séquenceur. Une poursuite métallique futuriste digne d’un bon sci-fi. Different Light est un titre atonique où les couches synthétiques se moulent à un univers immobile, abstrait. Halo brille de limpidité avec des notes claires qui semblent sortir d’un lac de cristal, de notre ami Klaus Schulze. La ressemblance est frappante, tant au niveau de la sonorité que de l’effet dramatique. Moins animé que Panzer, Savage Messiah progresse sur un rythme lourd. Le séquenceur est menaçant, sur une ligne tout de même assez sobre, et étend ses accords dans l’obscurité des chœurs spectraux et des percussions qui martèlent une cadence vaporeuse. Et, au loin, je croirais entendre un fin mouvement séquentiel faire un clin d’œil à Statosfear de Tangerine Dream. Rise & Shine nous transporte aux effluves sonores de Rubycon. Un titre atmosphérique lourd et sombre qui se poursuit avec Turbine où Redshift maintient ses mouvements amorphes avec une séquence spiralée ascendante qui baigne dans une atmosphère lourde. Leaving solidifie l’emprise atonique d’Halo avec un titre calme où le mellotron souffle les derniers d’une œuvre lourdement abstraite. Bah…je n’ai pas aimé Halo plus qu’il ne faut. Sans doute que je m’attendais à plus, vue, et surtout entendue, le superbe Siren. Pourtant, la majorité des amateurs de Redshift, et de MÉ, s’entendent pour dire que c’est le meilleur. Voyez comme la nature honore ses goûts de façon bien singulière? En ce qui me concerne Halo est un titre lourd qui se déplace avec la grâce d’un escargot qui a le ventre plein. J’ai beau essayé et de percer une quelconque mélancolie ou tristesse, je n’y sens qu’un las encombrement, comme si ça ne tentait à personne. C’est soporifique et teinté d’une ambiance mortellement sombre. Pour amateurs d’atmosphère, d’art abstrait et de mellotron, car il faut avouer qu’il est superbe.

Note : 3/6

Page 97/160 OXBOW : Fuckfest / King of the jews

Chronique réalisée par Saïmone

On a vite fait de se faire avoir par les premières minutes de "Curse", des percussions africaines qui n'augurent en rien la teneur de cette réédition en 2 CD des deux premiers albums introuvables d'Oxbow. Car c'est bel et bien un déluge de guitares noisy limite hardcore et de batterie claquante qui nous arrive en pleine gueule… puis la voix de Eugène Robinson, l'attraction, la rencontre improbable entre Henry Rollins et Alan Dubin (Khanate), des cris déchirants et maladifs, à s'arracher les cheveux d'hystérie. Black Flag, dont Oxbow semble s'inspirer directement, couplé à des délires noise Sonic Youthien, sur ce premier titre du feu de dieu. Etrangement, "30 miles" lui ferait plus penser à du Stone Temple Pilots schizophrénique souillé par les démons du sexe, qu'au trip assommant de "Bull's eye", dont la lourdeur, visiblement hérité des Swans, plombe une ombre hardcore rêche et acide. N'oublions pas la ballade folk de rigueur (sic), le trip psychédélique de 10 min, frôlant le drone sous acide, et "Yoke", l'un des sommets d'Oxbow toute période confondue, un blues mortifère d'une lenteur vertigineuse, ses larsens de guitares mélodiques et la voix dégénérée d'Eugène, en gourou vicelard en pleine crise catatonique. Ca te plombe la gueule et t'en verrais presque des petites étoiles devant les yeux. Ce n'est rien, juste Fuckfest, le premier EP du groupe, relativement décousu certes, mais jouissant déjà du charisme vocal d'Eugène et de sa personnalité noisy blues qui ne fera que s'amplifier sur les prochains disques. Ce que ne confirme pas du tout le premier titre de "King of the Jews", une sorte de trip complètement barré à base de chœurs indiens et de claquements de mains, sur un rythme dansant et guitares grunge sur lesquels Eugène hurle comme un vrai malade. On se demande d'ailleurs ce que fout ce titre sur un album d'Oxbow, complètement hors sujet mais simplement délirant et fun jusqu'à la moelle… ouais, fun et Oxbow, bizarre… bref, retour en territoire désormais familier avec un blues folk en guitare sèche, avec violons dissonants et un Eugène psalmodiant quelques ritournelles suicidaires dans une atmosphère acre et diabolique. On voit poindre plus tard un piano lui aussi complètement hors sujet lors d'un débarras de guitare/basse noyé sous la voix lascive et simulatrice du coït de Lydia Lunch et les slides en bottleneck. Puis à nouveau des chœurs puissants limite vaudou, des coups de massue de batterie, du violon, de la noise de guitare, un titre en forme de gloubiboulga rock déstructuré, distordu jusqu'à la moelle avec cette basse répétitive qui ne sert à rien sauf à nous coller la tête contre les enceintes. Et voilà, le roi des juifs… hum… Il n'y a pas à dire, c'est dur de parler des deux premiers Oxbow sans en faire une chronique aussi déstructurée et sans rapport que la musique l'est. Un gros mélange d'influences bien digérées qui donnent un résultat vraiment singulier mais trop épars pour qu'on puisse parler d'une réelle unité. Peu importe, le "style" Oxbow est déjà là, dont on aperçoit les pieds qui dépassent de sous la couette. Pas franchement indispensable, juste un carnet intime d'un adolescent en passe de devenir adulte.

Note : 4/6

Page 98/160 OXBOW : Let me be a woman

Chronique réalisée par Saïmone

Réedité chez Ruminance (un label français !), "let me be a woman", l'album du "vrai" Oxbow, tel que nous le connaissons aujourd'hui, 4 ans à accoucher, dans la douleur, après les hésitations parfois hasardeuse et incohérente de "Fuckfest" et "King of the jews". "Sunday", le premier titre, pourrait résumer la quintessence d'Oxbow à sa propre existence: des guitares noises et rugueuses qui tissent des toiles de blues sans même en avoir l'air, dans une répétitivité toute transcendantale, supporté par la frappe lourde du batteur et le chant halluciné d'Eugène. Beaucoup plus homogène qu'auparavant (même s'il se disperse de temps en temps dans des chemins qu'il ne maitrise pas tout à fait), le disque s'évertue à repousser les limites du "conte illustré dont vous êtes le héros". Car Eugène est bel et bien le maitre de cérémonie, contant des atrocités type torture ("Gal") dont la musique se greffe petit à petit, en accélération évoquant un "Heroin" du Velvet pour la forme, en beaucoup plus sauvage, pour arriver dans une sorte d'apothéose sanglante, de magma guitaristique et de frappe tendiniteuse. Vient poindre là bas un chef d'œuvre, "1000", qui ravira les fans de Neurosis (dont Oxbow est devenu une indéniable inspiration) par son côté progressif / montée en puissance / je hurle à en mourir / je t'assomme à coups de gros accords bien puissants à l'unisson avec la batterie et la basse, histoire de s'assurer que ta gueule se colle bien sur le sol, déviant sur une mélodie finale mélancolique type anti happy end… D'une lourdeur exemplaire, oppressante, avec un Eugène qui s'assume totalement, des riffs qui trouvent leur place et un batteur qui ose enfin les cabrioles, "let me be a woman" souffre malheureusement d'une fin longue au possible (le problème de la réédition), chiante, avec cet orgue inutile sur plus de 10 min, et ce morceau

"Stabbing hand" (déjà long) réinterprété inutilement avec Kathy Hacker…

Note : 4/6

Page 99/160 OXBOW : Serenade in red

Chronique réalisée par Saïmone

Réédité lui aussi chez Ruminance, "Serenade in red" est sans aucun doute l'album charnière d'Oxbow, celui qui le range définitivement au rayon des maitres de l'underground rock/noise/hardcore, comme vous voulez – peu importe l'étiquette, le résultat est le même. En se mettant Steve Albini dans la poche (décidément dans tout les bons coups), Oxbow mettait déjà quelques points de son côté. Et si la production des précédents albums pouvait laisser à désirer (sans pour autant être mauvaise), là, elle permet aux musiciens de laisser libre cours à leur inspiration sans aucune retenue et dans la plus totale transparence. En effet, la guitare est parfaitement audible dans ses accords bluesy et autres descente en bottleneck, alors que la basse devient ENFIN audible, lourde et groovy à la fois; la batterie elle, claque comme un coup de fouet. A partir de là, nos trois amis déroulent le tapis rouge à Eugène, qui s'en donne à cœur joie: il hurle comme un possédé, parle comme un damné, se contorsionne dans tout les sens comme un psychosé, de sa voix si caractéristique et maladive. Tantôt bluesy, sombre et tellurique (le final de "Lucky" qu'on jurerait sorti d'un album de Neurosis), tantôt lancinant tout en retenue et en progression (ici et là, du piano/saxo dissonant, très discret), ou alors carrément dans une cavalcade rock hardcore type Shellac qui a bouffé du lion, Oxbow n'évoque que la colère d'un homme frustré déversant ses hectolitres de haine et de sperme au visage de ses pauvres auditeurs. L'univers est sombre et dégénéré, c'est certain, avec cet espoir qui luit dans les yeux de la victime d'un viol croyant qu'elle va y survivre. A ce titre, en bonus de la réédition, "Insylum", une reprise géniale du non moins génial Willie Dixon - et Koko Taylor - ("Insane Asylum"), qui voit Marianne Faithfull en guest, pour un sommet de blues asilaire et sanglant. Oh je vous rassure, rien à voir avec le blues du stoner ou du sludge, non, le blues ici, est VRAIMENT malade, il pue la mort des kilomètres à la ronde. Un orgue discret, les hurlements d'Eugène qui semble pleurer de douleur, une basse/batterie assurant le rythme, une guitare faisant quelques cabrioles tandis que Faithfull conte une histoire d'amour glauquissime, et qui prend la place de l'homme et Eugène celui de la femme, pour un résultat encore plus dérangeant et lyrique (il faut l'entendre la Faithfull susurrer des "save me" lascifs et désespéré, et Eugène lui emboiter le pas avec ses "save me" hurlé douloureux et torturé). Un sommet ultime et incomparable d'un disque lui-même ultime et incomparable. Oxbow joue dans son propre style et t'invite en voyage vers les profondeurs de l'âme humaine dans tout ce qu'elle a de plus incestueux. Ne refuse pas.

Note : 6/6

Page 100/160 OXBOW : An evil heat

Chronique réalisée par Saïmone

La signature d'Oxbow sur Neurot pourra peut être leur ouvrir les portes du succès… ou tout du moins vers un public plus large et apte à se soumettre à l'univers oppressant du groupe, qui trouve ici son écho chez un Neurosis ou même un Khanate – groupes qu'il a indéniablement influencé à mort. "An evil heat" est un album jusqu'au boutiste. Reprenant une bonne partie des éléments du génial "Serenade in red", il les pousse au maximum pour faire gicler le sang sur la table d'opération. Malsain et flippant à la fois, les titres s'enchainent dans une cohérence qui rappelle celui des serial-killer, froid juste avant d'opérer, et passionné voir possédé durant l'acte. Oxbow est un viol collectif auditif, il te met face à toi-même et face à tes propres angoisses, il pousse jusqu'au fond en t'assommant de ce blues dissonant et maléfique. Car c'est bel et bien le diable qui possède monsieur Robinson: sa voix est inhumaine, au-delà du concevable, elle se déchire "dans une violence si dense que la nuit s'est tue pendant 30 jours". Ses hurlements inhospitaliers et ses scansions de poètes dérangés entrent en symbiose avec cette guitare qui change de visage tout en gardant le regard du tueur: elle se déverse en arpège bluesy, en harmoniques expiatoires ou en accords lourds dans une semi-apocalypse rythmique post-hardcore. C'est lent, ça te donne le temps de torturer ta victime, et ça te permet de sentir cette basse lourde comme une hache qui s'enfonce dans ton dos. "An evil heat"… oui, le disque du diable, évidemment, la musique du diable: le blues… mais version 2002, avec ses ruelles bétonnées, ses tueurs en séries, ses putes dégueulasses sidaïques, l'héroïne, ses mass-médias propagandistes et ses prêtres avoués pédophiles. De quoi te donner la rage. A la fois puissant et pesant, accablé par la culpabilité: un modèle symbolisé par le dernier titre de 30 min, complainte d'un malade mental pervers dégénéré sur fond de larsens / drones interminables et d'une batterie incantatoire qui se contente de marquer un rythme, tandis qu'Eugène frôle l'incident cérébral. Simplement fou. Chris demandais pourquoi les titres commencent tous par un "S"… c'est simple: "S for suck and sex". Pas étonnant que vienne y apposer son organe sensuel à la salive acide et à la peau dure. Ultime.

Note : 6/6

Page 101/160 OXBOW : Love That's Last: A Wholly Hypnographic and Disturbing Work Regarding Oxbow

Chronique réalisée par Saïmone

Il ne manquait plus que ça à Oxbow, un DVD. Il faut dire que les prestations live du groupe jouissent d'une réputation sulfureuse, la faute à Eugène qui se tripotte la zigounette en boucle et qui n'hésite pas à se la frotter sur les premiers rangs. Et un bon DVD musical est un DVD bien remplit: un documentaire d'une heure, deux lives d'environ 30 min chacun, un clip video et un titre audio en 5.1. Ouf ! Bon, passons sur le clip video simplement inutile, et intéressons nous à l'incroyable documentaire, "Music for adult" (of course). On va suivre Oxbow en tournée pendant une heure, distillant images backstages, interview du public médusé ("j'ai bien cru qu'il allait m'éjaculer dessus" ou bien "ce concert a changé ma vie à jamais"), et extraits live pas piqué des hannetons. Le gros avantage, c'est que tout est sous titrés en français, quel pied ! Les extraits live nous montre tour à tour Eugène et sa bistouquette en train de se faire branler par un fan tandis que les musiciens continuent d'assurer tranquillement, ou alors Eugène en train de se foutre à poil, ou alors Eugène en train de sauter sur un mec qui s'est foutu lui-même à poil, ou alors Eugène en plein trip halluciné, le regard hagard et vide, muscles saillants de footballeur américain (la comparaison n'est pas gratuite), sueur, possession mentale les dents serrées, parfois on voit les musiciens en pleine transe, surtout le guitariste, limite en convulsion lors d'une improvisation particulièrement intense. C'est amusant de constater la différence entre le Eugène live et le Eugène de la vraie vie, sympathique et souriant. On y apprendra quelques anecdotes de tournée, sympathique. Les deux lives proposées sont eux aussi excellent, avec un son impeccable, et une interprétation du feu de dieu: improvisation malades, Eugène en transe, hurlant d'une voix presque féminine, musiciens au poil (rha, ce guitariste !), Eugène en transe, Eugène en costard puis Eugène en caleçon et en transe,… Pour accompagner ce DVD, un disque compilation réunissant lives, inédits, improvisations et vieux titres. On y retrouve donc des titres de tout leurs albums, en live ou pas, du génial "Yoke" de "Fuckfest" à "An evil heat", à l'hallucinant "Insylum" avec Faithfull (qui ouvre d'ailleurs l'album), une improvisation incroyable (avec son compagnon que l'on retrouve sur la compilation de Neurot), etc… un petit tour d'ensemble de la carrière d'Oxbow, qui ravira

également les fans grâce à ses inédits et ses versions live transcendées / modifiées. Indispensable.

Note : 5/6

Page 102/160 DISSECTION : REINKAOS

Chronique réalisée par Sheer-khan

///// AMORPHIS : REINKAOS ... La rumeur d'un retour d'Amorphis au death mélodique de ses débuts courait depuis quelques mois déjà, et voici que déboule ce

"Reinkaos". Alors? More Tales from the Thousand Lakes ou totale déception? Et bien, même si ce nouvel opus se montre contre toute attente plus furieux et noir que le mythique album des finlandais, moins atmosphérique et moins doom, force est de constater qu'il n'a pas à rougir face à son grand frère. On pourra déplorer la disparition d'une recherche de délicatesse et d'ambiance, cette recherche que l'on sentait déjà sur "Tales...", et dans laquelle s'est ensuite engouffré le groupe. Certes,

Amorphis n'est plus le groupe aventureux de "Tuonela"... celui-là même qui commençait à fatiguer sur "Eclipse". Mais ce retour à la hargne fait du bien, surtout que le groupe continue de distiller des mélodies attachantes et profondes, infusant cette fameuse mélancolie qui a toujours tant fait défaut aux In

Flames et autres Amon Amarth. Plus question de tristesse doom chez les finlandais, "Reinkaos" est un album puissant et teigneux au son exemplaire de sobriété metal, sans clavier, parfois coup de poing comme sur "Xeper-I-Set", et qui diffuse plutôt sa nostalgie au travers de mélodies majestueuses et parfaitement retenues (Black Dragon, "Dark mother divine"). Autre retour pour les finlandais : celui de Tomi

Koivusaari au micro. Sa prestation est étonnante, plus puissante, moins gutturale, rappelant à l'occasion Jon Nödveidt (R.I.P.) de Dissection. Sans doute l'album le plus noir d'Amorphis, un des plus classiques aussi, pour un groupe qui ne le fût pourtant jamais, mais assurément une excellente galette de heavy

Page 103/160 death mélodique, efficace, prenante et inspirée. 4,5/6 ////// LORD BELIAL : REINKAOS ... Il y a quelques mois, "Nocturnal Beast" enterrait profondément les quelques petits espoirs qu'avaient pu faire renaître "Seal of Belial" dans le coeur de ceux qui voulaient encore croire en Lord Belial.

Alors que peut apporter ce "Reinkaos" qui nous arrive si vite et dont, avouons-le, nous n'attendons plus rien? Et bien tout, justement. Si "Nocturnal Beast" reprenait exactement les ingrédients d'"Enter the moonlight gate" sans parvenir jamais à esquisser le moindre soupçon d'ambiance interressante, ce "Reinkaos" abandonne la fureur et la course à la vitesse qui a si souvent couté à Lord Belial, déserte les blasts et les triples croches, au profit d'un dark mélodique qui à l'instar de son mythique ainé, nous rappelle les ambiances froides et pleine lune de "Storm of the light's bane". Un peu moins enervé que d'habitude,

Thomas Backelin trouve d'ailleurs sur ce disque quelques accents proche de Jon Nödveidt (R.I.P.) de Dissection. Tout passe ici par l'efficacité, l'intelligence des accents rythmiques, et l'inspiration retrouvée. Les suédois ont toujours les nerfs, mais ne se dispersent plus en course aveugle et en breaks absurdes, au contraire : la puissance des compos passe par les rythmes solides et bien assis, des ruptures sobres et claires, et la qualité permanente des leads mélodiques et autres riffs qui, toujours sobres, s'abandonnent néanmoins largement aux mélancolies ténébreuses typiquement suédoises. L'ombre du grand Dissection est partout, à croire que Lord Belial ne peut décidément faire du bon que dans l'ombre du géant. Mais ne boudons pas notre plaisir : même si il manque à cet album la fureur occulte d'un "enter the moonlight gate" ou la grandeur magistrale d'un "Storm of the light's bane", "Reinkaos" est un excellent album qui marque le retour de Lord Belial dans la cour des faiseurs de nuits sans lune. 5/6 ///// DISSECTION : "REINKAOS" ... Arf... "Maha Kali" avait prévenu mais nous voulions tous en avoir le coeur net : Dissection n'a plus la flamme. Même si on peut s'interroger sur le choix d'un tel titre comme

Page 104/160 preview (c'est sans doute le moins bon titre de l'album), force est de constater qu'on est loin de la déferlante démoniaque du passé. L'excellente frappe de

Tomas Asklund n'y peut rien : il manque Ole Ohman, et les riffs ont beau être de bonne, voire de très bonne facture, ils se refusent désespérement à emprunter le chemin de la triple croche, par lesquelles le groupe excellait à diffuser son côté le plus sombre et démoniaque. Alors oui, après plusieurs

écoutes, il faut reconnaître la qualité des mélodies, typiques du groupe, l'efficacité des riffs, la solidité de la rythmique. Il faut aussi saluer une production parfaite, qui évite les pièges du gros son et se contente d'une merveilleuse sobriété noire et charbonneuse, puissante... même si l'absence de cette froideur reverbérée qui illuminait le son du groupe dans les 90's y est sans doute pour quelquechose dans la perte générale de l'aura atmosphérique du combo. La voix est assez décevante... correcte, parfois bonne, elle n'est plus aussi profonde, aussi noire, et malgré les évidents reflets communs, on a parfois du mal à reconnaître le grand Jon Nödveidt (R.I.P.) de Dissection. Amputée de sa dimension black metal, la musique des suédois a perdu de son impact, mais surtout de son formidable pouvoir de suggestion. Un death mélodique carré, très efficace, inspiré, mais qui n'ouvre pas les portes glacées derrière

lesquelles nous attendions tous depuis 10 ans.

Note : 4/6

Page 105/160 ORDO ROSARIUS EQUILIBRIO : Apocalips

Chronique réalisée par Marco

Ah voici donc cette apocalypse annoncée comme l'oeuvre la plus ambitieuse et sombre du suédois. Alors autant relativiser l'effet d'annonce immédiatemment, ça n'est pas vraiment le cas. Si "Mercury rising" annonce la couleur avec un plaisir non dissimulé, poursuivant cette veine "songwriting" à tendance pop amorcée par le split avec Spiritual Front, la suite déçoit vraiment sur cet aspect là. On retrouve ce qui fait le style ORE sans surprise aucune, Tomas poussant un peu le bouchon jusqu'à utiliser de la même manière les séquences de choeurs martiaux sur la plupart des morceaux. Vous allez me dire que c'est bien justement à ça que l'on reconnait ORE, il n'empêche que la recette ne fait plus mouche comme avant. Alors oui quelques soubresauts sur cette étonnante adaptation du "Venus in furs" de Lou Reed, les ambiances vénéneuses de "Let the words of my murder..." qui rappellent l'époque "Conquest, love & self-perseverance" ou la vraie chanson "Who stole the sun..." à la rythmique banale mais qui casse la monotonie. "I think about Germany...", dont les réminiscences de "The enemy within" de Death In June sont un peu trop grosses, s'avère finalement le sul morceau typé dark-folk à l'ancienne. Alors certes, la production est très léchée (trop aigüe en revanche, une sale manie ces derniers temps), l'album est malgré tout assez plaisant à écouter, mais on sent bien que le suédois n'a pas été jusqu'au bout de son virage plus pop mais s'est contenté d'en superposer des éléments à une recette qui jusqu'ici fonctionnait. Déception...3,5/6

Note : 3/6

Page 106/160 MEDUSA'S SPELL : Mercurial behaviour

Chronique réalisée par Marco

En quête d'un nouveau souffle, d'un nouveau son peut-être, CMI poursuit ses signatures diverses et variées et offre aux italiens de Medusa's Spell une fenêtre sur le catalogue général (jusqu'ici les italiens avaient les faveurs du sous-label Cruel Moon International). Pour son premier album le duo donne dans les atmosphères intimistes et mystérieuses, quasi rituelle en grande partie en raison de la voix très monocorde et grave de Daniele Serra. Les guitares se situent à la juste limite entre classique et folk, le piano égrenne des notes légères comme pour contraster avec les samples plus hypnotiques (Act III). Le hic c'est que c'est comme ça 40 minutes durant, très peu de variations, un bloc qui sans être massif en devient monotone. Tout ça est bien joli en somme, mais on ne peut pas dire qu'il se passe grand chose ni que le comportement mercurien du protagoniste dont il est ici question evoque la dégénerescence et le meurtre comme précisé dans la promo. La caractéristique intimiste de cet album l'éloigne certes de toute pompe décadente, cela n'empêche malheureusement pas l'effet soporifique de l'ensemble de se manifester malgré une exécution irréprochable.

Note : 3/6

Page 107/160 LETUM : Broken

Chronique réalisée par Marco

5 ans ont passé depuis le premier album de Letum, qui s'il puisait largement dans l'héritage de Raison d'Être n'en avait pas moins une personnalité autre grâce à des références plus marquée par le "Zamia Lehmanni" de SPK. Alors que l'on pensait le projet enterré, Mathias Henriksson revient avec ce "Broken" nettement plus indus à l'écoute des nappes et des diverses boucles saturées. Il en résulte une tonalité plus grandiloquente et instable ("Attempt (failure)") qui promet une écoute mouvementée. En fait on replonge bien vite dans les sons que l'on pouvait entendre sur l'album précédent ("Staring at nothing"), une dark-ambient très éthérée et mélancolique flirtant avec le neoclassique pas génial sur "Communion", mais avec plus de réussite sur "Tears", un vieux titres retravaillé, comme quelques autres sur ce cd par ailleurs...L'agrément d'une guitare folk sur ce même titre est une surprise assez agréable, même si cela reste anecdotique. Les autres incursions industrielles restent assez succintes finalement, un peu de "kling" et de "klang", de saturations sur les structures atmosphériques et le tour est joué. On sent cependant que le suédois a tenté de ne pas se répéter, mais s'il est honnête l'effet est pourtant de courte durée.

Note : 3/6

Page 108/160 LORD BELIAL : Nocturnal beast

Chronique réalisée par Sheer-khan

Ce disque est un véritable cas d'étude. Jamais Lord Belial n'avait réuni autant d'éléments en sa faveur : mélodies, harmonies, guitares claires, gestion des vitesses, équilibre : tout est là. Mais il ne se passe rien. Les intentions sont

évidentes, le savoir faire technique incontestable, le son est noir et puissant : un peu plus lent qu'à ses débuts, le quatuor suédois n'a cependant jamais été aussi proche du détonnant mélange qui a explosé sur son deuxième album. On y voit clairement les choses, on y trouve tout ce qui a fait la qualité du suscité : riffs sombres, occultes, arpèges de guitares nocturnes et inquiétantes, mélancolie, alternances de grosses pattes et de blasts sanguinaires, et pourtant : c'est l'ennui total. Ca ne marche pas. Tout à l'air de, mais rien n'est réellement, comme si le groupe composait à l'aide d'un manuel, et sans y mettre la moindre petite parcelle de coeur. Le son est à l'unisson du mystère : il semble inattaquable mais ne laisse rien passer. Pas d'ambiance, pas d'émotion, pas de puissance, pas de saleté : rien! Du son, un peu gros, un peu noir... mais pas de musique. Apothéose

Page 109/160 du malentendu, le son de guitare claire ne ressemble à rien : des cordes en simili si dépourvues de charme et de matière qu'elles passent inaperçues malgré un mixage avantageux. Lord Belial coure, encore et toujours, après son chef d'oeuvre. Je ne sais pas ce qu'il y a de plus inexplicable : qu'ils aient un jour atteint cette incroyable alchimie? Ou qu'avec tout ce qu'il y a dans ce nouvel album, ils ne

parviennent même pas à en esquisser le souvenir?...

Note : 2/6

Page 110/160 GORGOROTH : Ad majorem sathanas gloriam

Chronique réalisée par Sheer-khan

Malgré la qualité incontestable de ces nouvelles compositions signées King, il faut bien admettre qu'il y a quelque chose de dérangeant à voir ainsi Gorgoroth enterriner l'abandon des mélodies qui ont fait sa singularité. Derrière la boue, sous la couche de dégueulasse d'un son apocalyptique, le monstre d'Infernus a tissé des ouvrages travaillés où se télescopaient la fureur, la tristesse et la haine dans un magma extremiste particulièrement vicieux, et jouissif. Si le recadrage vers un black plus basique mais aussi plus malsain a pu nous convaincre sur l'album précédent, "Ad majorem sathanas gloriam", lui, ne surprend pas assez. "God seed", "White seed", "Prosperity and beauty" : King a pourtant rajouté une dimension désespérée à ses compos avec un talent certain, et la fureur caractéristique du groupe norvégien est intacte. Ca va très vite, ça joue très fort,

Page 111/160 ça hurle terriblement et ça balance des successions d'accords sordides imparables. Le son s'est encore très légèrement assagi depuis "Twilight of the idols" mais rien de rédhibitoire : "Ad majorem...", globalement, est un bon disque. C'est du black metal furieux et magmatique, où hurlements et scies sauteuses vont te sclaper tout net sur des blasts de malades. Mais là où son prédécesseur semblait révéler une capacité à s'ouvrir à d'autres choses, cette nouvelle livraison trahit plus cruellement la disparition de toute une facette, et non des moindres, du Démon

Gorgoroth. Gaahl met trop d'effets sur sa voix, Frost sonne tout de même un peu sec : quelques petits détails parachèvent ce sentiment de perte de certaines valeurs. Bien sûr qu'un jeune groupe qui sortirait là son premier album aurait l'avenir devant lui. Gorgoroth, lui, semble plutôt s'éloigner peu à peu de sa

personnalité passée.

Note : 3/6

Page 112/160 AGALLOCH : Ashes against the grain

Chronique réalisée par Sheer-khan

Le début emporte... il y a toujours de belles choses dans un album d'Agalloch... cette guitare lead au son céleste, cet écho de nature morte... mais cela fait 7 ans maintenant, et les américains n'ont toujours pas progressé. Et avec ce son qui se précise, qui prend de la puissance, le manteau d'Agalloch semble moins beau au toucher. Mais ce solo est superbe... il y a des notes si justes, des inflexions si douces que l'on croirait réellement que c'est la terre, celle qui porte les forêts et se couvre de gel, qui les a composées... le mariage des guitares, la danse de leurs textures, cristallines ou pesantes... mais ça va 30 secondes ce riff moyen qui tourne en boucle comme si c'était l'incarnation suprême de la mélancolie. Et puis faut dire ce qui est : les vocaux sont pourris. Le chant black est frêle et sans aucune saveur, le clair est pathétique... c'est dommage parce que cette intro est

Page 113/160 magique... magique... j'adore la manière qu'a la mélodie de peser, de se traîner, tout en étant résolument tournée vers le ciel et la plus utopique des légèretés... il y a toujours de belles choses dans un album d'Agalloch mais ça n'a jamais été la batterie. Et là le son la montre, en grand... bien mixée sur le devant de la scène

à égalité avec les guitares et assénant ses arrangements idiots comme si c'était un album des Rolling Stones... quel gâchis.

Finalement c'était presque mieux quand il n'était pas carré, ça donnait un petit côté artisanal. C'est joli ce qu'il chante, j'aime bien le choeur; mais c'est pas très juste quand même et puis on peut pas dire qu'il ai une belle voix. Ouch! C'est beau

ça... c'est toujours cette fameuse lead du fond de l'automne... pas de doute c'est bien là la vraie force d'Agalloch... parce que faut bien le dire, l'arpège derrière c'est un peu court quand même! Rhooo... ils se foulent pas les salopiauds... il y en a peu comme eux, capable d'élancer des hectares de campagne endormie en deux notes solitaires... par contre je sais pas vraiment ce qu'il y a mais le son ne va pas. C'est trop propre, trop dynamique j'en sais rien. C'est assez joli mais ça manque de profondeur atmosphérique, de magie quoi... enfin bon faut le reconnaître : il

Page 114/160 y a toujours de belles choses dans un album d'agalloch... hmm.. interressante cette outro... mouai enfin faut toujours que tout

dure des plombes avec eux...

Note : 3/6

Page 115/160 SCHULZE (Klaus) : X

Chronique réalisée par Phaedream

Dans une de mes chroniques sur GOD, j’avais créer un tollé lorsque j’avais comparé certaines œuvres de MÉ contemporaine à des grands classiques. X pour 10, la 10ième œuvre de Schulze est l’une de ses œuvres. Une symphonie grandiose à la mesure des ambitions de son auteur, qui faut l’avouer sans chauvinisme, est l’égal des grands maîtres de la musique classique. Un vent sinueux, avec des choeurs bas, flotte dans une atmosphère vaporeuse. Nerveuses, des notes de synthé s’agitent alors qu’une séquence dresse le mur du rythme. Friedrich Nietzsche décolle avec douceur et vole avec rythme et fébrilité, tout au long des 20 minutes à venir. Sans répit Harald Grosskopf martèle ses peaux sur un titre monumental qui bouge avec lourdeur sur des strates synthétiques orchestrales qui font valser Friedrich Nietzsche. Un titre intense où les épais mellotrons et la chorale virtuelle forment une ambiance chaleureuse et harmonieuse. Au sommet de sa forme, Schulze multiplie les solos de synthé, sur des percussions qui roulent à fond de train. Un peu plus et nous serions dans les sphères de Moondawn. Une superbe pièce qui modifie son parcours, toujours aussi intense, vers la 16ième minute, où Schulze élabore ses plus beaux solos sur de superbes percussions. À entendre avec passion. Plus calme Georg Trakl progresse dans une ambiance délicate avec percussions sobres et un synthé soufflant une flûte caressante. Une douce rêverie sur une superbe ligne de basse. Vers la 6ième minute, le tempo souffle avec un peu plus de vigueur, mais toujours aussi doux, alors que les notes montent en intensité. Une ligne synthétique se dandine et modifie son mouvement par des courbes transitoires qui réverbèrent ses ondes sonores. Hypnotique et envoûtant, elle poursuit son parcours langoureusement soutenu par les percussions méthodiques de l’homme d’Ashra. Une superbe traînée d’orgue pousse le rythme de Frank Herbert sur une pulsation bourdonnante. Un titre débridé avec une superbe basse, le mellotron en arrière scène, un synthé orageux et des percussions soutenues. Schulze rock! Ses solos sont superbes. Un lourd violon traîne les premières notes de Friedemann Bach. Les percussions martèlent et roulent une ambiance placide, qui louvoie de ses accords de violon. Dense, le mellotron souffle une atmosphère plus chaleureuse alors que le titre prend forme de façon sublime dans une anarchie sonore complète. Courbes de violons, synthé orchestrale et percussions éparses, indisciplinés ses éléments forment un ensemble désorganisé sur un tempo minimaliste qui évolue avec entêtement. Une cacophonie géniale. Il n’y a que Schulze pour harmoniser une cacophonie…et il y réussi! Schulze dans toute sa splendeur. Ludwig II. von Bayern démarre aussi dans un tintamarre musical. Gros synthé lourd aux sonorités intrigantes qui s’éclaircissent graduellement pour insuffler une superbe ligne mélodieuse où Schulze sort l’harmonie de ses synthés avec de superbes orchestrations. Ludwig II. von Bayern est l’un des grands titres de Schulze. Une pièce remarquable, tant par sa grande sensibilité que son aura mythique sur des orchestrations monstres qui auraient pu sortir de la tombe de n’importe quel grand auteur classique. Tout est plus grand que sublime. Les effets sonores cosmiques nuancent le mouvement, alors que Schulze multiplie les lignes de violons, violoncelles qui flottent dans un couloir aux méandres atmosphériques, qui s’étire un peu, la seule faiblesse de cet opus, avant de reprendre le tempo avec Grosskopf à la batterie et des effets sonores métalliques qui fusent d’un synthé survolté. Heinrich Von Kleist débute progressivement avec des arrangements orchestraux fluides qui coulent avec mélancolie et une passion retenue. Le violoncelle

Page 116/160 de Wolfgang Tiepold est suave et nous berce d’une illusion de nostalgie Un titre flottant avec une densité mellotronnée qui n’a d’égale que les passions de Schulze. En approchant la finale, l’intensité augmente à l’ombre des chœurs virtuels, des coups de percussions, des effets sonores cosmiques analogiques et d’un synthé enveloppant un tempo plus animé. Objet d'Louis est la pièce en prime offerte avec la ré édition de Revisited Records. C’est une version, un peu improvisée de Ludwig II. von Bayern, en concert en 78. Un délice pour les fans. Pour plusieurs experts, X est le classique des classiques en MÉ. Klaus Schulze élabore des mouvements symphoniques et classiques avec passion et folie créative. À la fois complexe et lucide, X se déguste lentement, avec autant de passion que Schulze y a mis. Pas facile à apprivoiser, c’est tout de même du vrai classique sur des mouvements électroniques contemporains, flottants, séquencés et débridés, on l’apprécie d’écoutes en écoutes. Une beauté intemporelle qui n’a d’âge que son entré dans l’histoire.

Note : 6/6

Page 117/160 SCHULZE (Klaus) : Dune

Chronique réalisée par Phaedream

Klaus Schulze continue à rendre hommage à des auteurs qui ont influencés sa culture. Sur X, il avait composé le très rythmé Frank Herbert, avec Dune il compose une musique atmosphérique en étroite relation avec le livre. C’est aussi le dernier album à saveur analogue de Schulze, par la suite c’est l’ère digital. La pièce titre est hyper flottante. Pas de rythmes, ni de fines pulsations. Un 30 minutes d’atmosphère sombre et mystique dans un univers où le mellotron de X enveloppe une ambiance méditative. Lent et tranquille, c’est le summum de la ‘’soporification ‘’ où Wolfgang Tiepold crée une atmosphère intimiste avec un superbe jeu de violoncelles. Plus animé Shadows Of Ignorance se ballade sur un rythme léger et introduit pour la première fois le chanteur préféré de Schulze, Arthur Brown. Si la musique envoûte, les vocalises de Brown sont sans expressions. À moitié entre le chant et l’oraison, son jeu n’arrive pas à enrichir la profondeur de l’ombre de l’ignorance. La pièce en prime, Le Mans sauve la mise sur cette ré édition. Un titre explosif où Schulze multiplie les solos agressifs sur des percussions minimalismes et des rythmes aux mouvements aléatoires qui empruntent des couloirs tant atmosphériques qu’intempestifs. Dune n’est pas l’album odomètre de la qualité de travail de Schulze. Un titre que je m’explique difficilement, surtout après une œuvre comme X. Pareil comme si Schulze avait décidé de descendre dans le très ordinaire pour apprivoiser son auditoire sur sa liberté artistique.

Note : 3/6

Page 118/160 ENERGETIC KRUSHER : Path to oblivion

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Ca ralait l'autre jour qu'il n'y avait pas assez de thrash sur Guts, ok soit. Mais ne croyez pas pour autant qu'on va gentiment faire les Kreator, Destruction et consorts que tout le monde connait déjà (ils y passeront je vous rassure), mieux vaut commencer par des choses moins connues mais parfois tout aussi intéressantes. Bon, il est vrai que pour Energetic Krusher, dont il s'agit de l'unique album, et dont il semble quasi impossible de pêcher des informations sur le net, le niveau n'est pas non plus mirobolant. Disons qu'en gros ce combo de thrash, lorgnant parfois sur le death (le chant, une espece de vieux râle death-isant, comme soufflé sur le micro, très sympa d'ailleurs), mélange à 50/50 le thrash façon brésilienne (Mutilator, Sepultura époque "Schizophrenia"), et des influences plus américaines (slayer etc). Le groupe dégage ainsi une atmosphère très souffrée (cf cette intro très black metal, avec enchaînement de power chords bien "evil") et propose un thrash plus obscur que la majorité des autres groupes de l'époque, mais toujours avec ce savoir-faire typiquement 80's. Pour autant, le groupe ne casse pas non plus la baraque, la faute à des riffs trop simples et éculés (malgré quelques coups d'éclats, "the blades" par exemple) ou à des structures trop convenues, auxquelles on rajoutera un chant bien trop linéaire pour accentuer la force de frappe de l'ensemble... Le jeu de batterie semble bien limité, les breaks finissent par tous se ressembler, et le riffing se contente de rester dans les standards du genre. Toutefois, on notera quelques incartades plus extrêmes (très black de l'époque), un peu comme si le groupe hésitait encore à choisir la voie à emprunter... On pensera ainsi beaucoup à un Beneath the remains du pauvre, pas mauvais loin de là, mais juste pas génial. Le genre de disque que les collectionneurs du style seront ravis d'acquérir (quelle joie ce fut !), mais que les autres jetteront rapidement... Encore faut-il qu'ils tombent dessus...

Note : 3/6

Page 119/160 CONSPIRACY : Reincarnated

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

"Reincarnated" est le premier album de Conspiracy, groupe néerlandais de black metal signé sur Pulverised Records, un label de Singapour. La production est correcte bien qu'un peu sourde, si bien qu'il faut monter le volume plus qu'à l'accoutumée. Conspiracy officie dans un black metal aux influences heavy/thrash bien perceptibles sur quelques riffs comme celui de "Virgin's blood". Le groupe sait varier son style avec des passages posés comme l'intro du morceau "Reincarnated" assez surprenant pour le genre avec un morceau d'une efficacité redoutable. La véritable force de Conspiracy est sa variété: il n'hésite pas à mettre en avant soit des passages très mélodiques ou des moments plus bourrins sur un même morceau, comme sur le fort bon "United in hate". Le résultat aurait été meilleur avec une plus grosse production, le style s'y prêtant très largement, toutefois, le disque est honnête et plutôt convaincant. Laissons à Conspiracy le temps de progresser, de mûrir et de nous montrer par la suite ce dont il est capable avec plus de temps. Pour l'heure, ce "Reincarnated" est un enregistrement pas dénué d'intêret mais pas fantastique non plus.

3.5/5

Note : 3/6

Page 120/160 NO RETURN : Psychological torment

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Je vous parlai de "Beneath the remains" dans ma chronique de Energetic Krusher, et bien, avec ce premier album de No Return, je vais devoir malheureusement remettre à nouveau la comparaison sur pied, plus à l'avantage du groupe ceci dit. Car croyez moi ici, ça joue ! Malgré des revirements de style puant l'opportunisme (ou plutôt, l'influence extrérieure pregnante), ce "Psychological torment" envoie sacrément la purée dans son style thrash/death super énervé. Difficile de ne pas penser à Massacra ou comme dit plus haut au vieux Sepultura, mais le groupe parvient à proposer un bon mélange de genres pour ne pas sombrer dans le plagiat bête et méchant. A vrai dire, cet album, c'ets pour moi une version revue et corrigée du "Sensorial treatment" de Loudblast. Même genre de riffs tout en power chords et mutes, mais cettes fois-ci bien plus complexes et inspirés, un dynamisme bien plus présent (on a même droit à quelques blasts bien placés), des chansons composées en tant que telles, avec un refrain, des breaks, bref tout est bien foutu, très pro. D'ailleurs, la prod' n'est pas en reste : le son est impeccable, la batterie claque encore 20 ans après, on est encopre soufflé par les accélérations typiquement thrash/death de Didier le Baron, la grande classe. Après, de là à parler d'un grand disque, il y a un pas (un fossé ?) que je ne franchirai pas. Je sais que beaucoup fanatisent très vite un groupe lorsqu'il est français et qu'il s'exporte pas trop mal. De ce côté là, je préfère garder la tête sur les épaules, et rappeler que ce premier album reste tout de même très classique, et ne fait finalement que reprendre une recette déjà entendus milles fois (il y a même les refrains en choeur, totalement old school). Pourtant, il me sera difficile de résister à ses petits riffs super carrés et efficaces que le groupe distillera de ci de là au fil de ses compos. Bref, difficile de s'étaler plus sur un album aussi classique dans le fond et efficace sur la forme, je ne vais pas vous expliquer ce qu'est le thrash/death metal hein. Bref, un premier album réussi, manquant singulièrement de personnalité, mais redoutablement produit et efficace. Un très bon début en somme.

Note : 4/6

Page 121/160 DEVASTATION : Signs of life

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Et on continue le déterrage de vieilleries ! Devastation cette fois-ci. Il s'agit ici d'un groupe de thrash pur et dur américain, qui a sorti trois albums entre 87 et 91 si je ne m'abuse, et dont ce "Signs of life" représente le second effort (et accessoirement, le plus "connu"). D'entrée de jeu, on sent le groupe jusqu'au boutiste : pas d'intro, que dalle, un roulement de batterie et c'est parti à fond les ballons ! Le groupe veut jouer dans le créneau ultra brutal et y parvient pas mal, tout du moins sur la première partie du Lp. Plus rapide que la moyenne, plus brutal avec ses riffs de 4 notres tremolo balancés en boucle, plus intense avec ses breaks super brutaux et ses quelques ralentissements très heavy metal, Devastation ne fait pas dans la finesse et assène riffs sur riffs, comme un pittbull qui refuse de lacher la jambe de la petite fille. Difficile de ne pas penser à Dark Angel, tant la recette utilisée est la même : même rythmiques, même chanteur qui balance le petit robert en 3min, même riffs... Oui mais avec l'inspiration en moins. enfin l'inspiration, disons que deux trois morceaux c'est très bon, mais sur un album entier, j'avoue avoir un peu de mal. Pas que ce soit trop intense ou quoi que ce soit, juste que le groupe finit par s'autoplagier (voire plagier ses influences) et s'enliser dans ses rythmiques super binaires sans réelles accroches. Pourtant, ces ricaisn avaient eu la bonne idée de caler nombres de riffs très "bay area thrash" qui conférent aux morceaux un côté "frais" et sautillant franchement agréable. Mais cela ne suffit pas, "Signs of life" est le genre d 'album qui restera définitivement dans l'ombre de "Darkness descends" (voire de "We have arrived) de Dark Angel. Un disque qui en soit n'est pas mauvais, mais tout simplement manquant de variété et dont l'efficacité à long terme semble irrémédiablement condamnée...

Note : 3/6

Page 122/160 DEATHWISH : Demon preacher

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Ouais je vous vois venir, c'est vrai qu'avec toutes ces chros de thrash 80's seconde zone, vous allez me demander où sont les vrais perles... Et bien, en voilà une première ! Ce second album de Deathwish (à ne pas confondre avec Deathwitch), c'est ce qu'on appelle la grande classe. Du thrash bête et méchant, super simple et brutal (le batteur est un boeuf, même s'il se montre plus fin parfois, son jeu est super imposant), avec la petite touche sombre et bien metal (le chant, qui lorgne souvent du côté du heavy traditionnel) qui donne son charme à la bête. Tout commence par la traditionnelle intro sombre : accords de l'enfer, cloches, ambiance obscure pour lancer le morceau eponyme "Demon preacher". Et là, on comprend vite : ça va vite, ca riffe comme l'éclair avec un petit côté rock'n'roll par moment ("Carrion"), le chant se laisse partir à quelques yaaaaaaaaa bienvenus, les solos tombent à pics... La recette est bien connue, mais c'es tun peu comme la tartiflette, quand c'est fait avec grâce et la petite touche personnelle, on en boufferait tous le sjours. en l'occurence ici, ce qui m'a le plus accroché, c'est ce côté sombre implicite, et surtout ce dynamisme à toute épreuve. Bordel, quand les gars accélèrent, on est collé au siège, quand ils se calment un peu, on a qu'une envie c'est de se briser la nuque, et quand ils se font lourd, on tremble ("Visions of insanity" est un beau condensé de tout cela)... Difficile de rapprocher le groupe spécifiquement d'un autre, surtout quand on voir qu'ils se payent même le luxe de poser des ambiances sombres, des mélodies presque orientales parfois ou de proposer la meilleure reprise de "symptom of the universe" que je connaisse... Alors s'il faut des noms, pour les connaisseurs je pourrai rapprocher Deathwish d'un Vendetta moins complexe, ou sinon d'un Mutilator passé à la sauce américaine (Slayer en tête), mais toujours avec cette approche heavy metal 80's si agréable... Bref, "Demonpreacher" est une vraie petite perle, avec son lot de moments d'anthologie, son songwriting exemplaire et ses musiciens impeccables dans leurs rôles. En voilà une sacrée découverte à faire, souvenez-vous : c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes.

Note : 5/6

Page 123/160 OTARGOS : Ten-eyed nemesis

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Premier album du groupe bordelais Otargos, "Ten eyed nemesis" parait en 2005. Otargos pratique un black metal brutal dont l'influence principal est Dark Funeral, voire Enthroned. Ce disque me rappelle par moment le "Divine X" de Seth, voguant entre accélérations supersoniques et passages plus atmosphériques. La production est bonne et il ne fait aucun doute que les protagonistes maitrisent plutôt bien leurs instruments. Cependant, et bien que ce disque n'a rien de fondamentalement mauvais, Otargos semble avoir du mal à se départir d'influences trop encombrantes à mon goût pour être vraiment séduisant. C'est bien fait, bien réalisé, mais le rendu musical est trop commun et pas encore assez personnel. Surtout, "Ten eyed nemesis" a une durée de vie bien courte, je me lasse assez vite de l'ambiance de celui-ci ou de riffs qui sonnent trop plats à mes yeux. La galette comporte pourtant quelques bons titres, notamment un vicieux "Necro aeons" ou un "Warmachine XXX" dévastateur, mais lorsque le groupe appuie trop sur la pédale, j'ai tendance à vite m'ennuyer. Moins qu'un désavoeu personnel, c'est probablement le style pratiqué qui ne me convient pas vraiment mais qui pourra plaire à d'autres. Ce disque est donc à mes yeux trop peu personnel pour être marquant mais sans condamner le groupe à l'oubli non plus. Nul doute qu'en progressant vers une identité musicale plus prononcée et variée, le groupe pourrait parvenir à me séduire. Pour l'instant, ce "Ten eyed nemesis" est un album honnête et bien ficelé mais qui ne me donne pas une grosse envie d'y retourner.

Note : 3/6

Page 124/160 SPEKTR : Near death experience

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Remarqué après son premier album intitulé "No longer human senses" paru en 2004, Spektr, fort d'une signature avec le label anglais Candlelight, revient à la charge avec un second album du nom de "The near death experience". Souvent comparé à Blut Aus Nord, le groupe officie dans un black metal étrange et expérimental. Le son des guitares bien brouillon et saturé nous rappelle les racines résolument black metal du groupe tandis que certaines sonorités synthétiques et schémas complexes s'en détachent sans jamais jurer avec le reste. Le tour de force de cet album est bien ici: marier des éléments à priori étrangers au black metal à cet art noir. Le jeu de batterie est d'ailleurs en tout point remarquable de précision, de variété et d'inventivité. Le résultat est bien entendu complexe, ce qui confère à "The near death experience" une belle durée de vie, celui-ci s'écoute et se réécoute et soyez surs qu'à chaque fois, un élément différent vous intriguera. L'album comporte de nombreuses plages atmosphériques qui aèrent bien les pièces plus destablilisantes et purement metalliques. Cet opus possède assurément une atmosphère redoutable, hantée et glaciale, presque hors de ce monde peuplé d'humains. Ce second album du duo Spektr est en tout cas une réussite indéniable, qui possède une identité prononcée, qui est ambitieuse et talentueuse dans sa réalisation et qui n'a aucun problème à secouer la fourmilière comme on dit. Spektr a tout pour devenir un grand groupe, à moins qu'il ne le soit déjà.

Note : 5/6

Page 125/160 AKITSA : La grande infamie

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Enfin voilà le successeur de "Soleil noir", dernier mini cd du groupe suivi par quelques eps et split eps, paru en 2004. Depuis la parution de "Sang nordique" en 2002, Akitsa n'avait plus proposer d'album. Fort d'une signature sur le label allemand Christhunt Productions, "La grande infamie" est enfin disponible. Pas de doute à l'écoute, Akitsa n'a pas changé, enfin pas fondamentalement. Les riffs acérés, basiques et efficaces du groupe sont toujours là, la voix déchirée d'OT également. Le changement notable de cet enregistrement par rapport aux autres est le son, Akitsa parvient parfaitement à garder le côté raw de ses errances passées tout en proposant une production qui éclate moins les tympans et qui se veut plus homogène. En tout cas, le pari de la production est grandement réussi. Si vous n'arrivez pas à écouter cet album car vous trouvez qu'il sonne trop crade, n'essayez même pas ce que le groupe a sorti avant. "Magie et vérités" reprend plus ou moins là où "Soleil noir" s'arrêtait avec un beat martial et ces solos primitifs caractéristiques du groupe. Je me délècte de l'aspect corrosif de "Silence" tandis que "Cultes vertueux" rappelle l'album "Sang nordique". Un interlude acoustique tempère pour quelques instants la furie de décibels avant un des meilleurs morceaux du disque, le diabolique "Originie mythique": un morceau lourd, décapant, funeste. Le titre éponyme me fait grandement penser au matériel présent sur "Soleil noir". Le disque se termine sur un morceau de 21 minutes, une ode anti-humaine et apocalyptique dans son tempo et ses sonorités, une manière parfaite pour finir l'album. "La grande infamie" se pose en tout cas comme un des tout meilleurs enregistrements du groupe, je ne pourrais pas dire qu'il détrone "Goétie" puisque ce dernier m'a énormément marqué (et encore aujourd'hui), mais c'est assurément un très bon album qui compte parmi mes favoris de cette année 2006. Je n'en attendais pas moins de la part d' Akitsa.

Note : 5/6

Page 126/160 MONSTRARE / WILT : Graveflowers

Chronique réalisée par Marco

Deux monstres de l'ambient expé underground réunis sur un même support, voilà qui d'entrée éveille un intérêt certain. Si Monstrare s'adonne ici à des excursions plus "posées" en comparaison avec le bruitisme "glitch" des travaux sous le patronyme de Cordell Klier, il en subsiste l'âpreté de sons sortis du plus profond d'une terre marquée par le deuil. La thématique "mortuaire" se double d'une saveur ésotérique relayée par des titres de morceaux obscurs (rencontre entre vieux latin et langue des Grands Anciens ?) et donc des nappes qui s'enveniment à mesure que l'on progresse dans la track-list (la montée de "Qui wuen"). Peu d'infra-basses réellement, les structures sonores médium voire aigües se chargent de maintenir notre attention entre deux niveaux malgré la sensation de frôler l'enfoncement total. Dans la lignée de ses expérimentations technologiques à la fois rétro et moderne sur "Radio 1940", Wilt entoure deux titres agressifs ("Hemophilic..." & "When we had skin", dont les murs de "white noise" sont une véritable épreuve pour les tympans) de deux explorations dark-ambient dont le lovecraftien "From the museum of sleep" et ses horreurs tapies dans l'ombre. Une atmosphère assez particulière se dégage de cette collaboration, dérangeante car difficilement identifiable mais efficace pour peu qu'elle s'accompagne de quelque lecture adéquate.

Note : 4/6

Page 127/160 MEIZTER (K.) : Travelling light

Chronique réalisée par Marco

Petite escapade solo pour K. Meizter, opérateur avec Drakh (mz.412) de Beyond Sensory Experience. On ne s'éloigne guère de la volonté d'explorer des atmosphères propices à l'observation scientifique, le suédois se plaçant ici sur une ligne plus mélodique que son projet principal, ainsi que plus rythmique. Percussions et séquences au piano ('Luftwalk") cassent la torpeur générale de "Travelling light" dont les quelques sursauts trip-hop ajoutent finalement à la nonchalance plus qu'ils ne la secouent. C'est bien là le défaut de ce disque : s'il est dans l'ensemble d'une écoute agréable, la variété des morceaux (par ailleurs relativement courts) empêchent paradoxalement l'installation d'une dynamique propre. On décroche assez facilement, retenant quelques titres de manières aléatoire sans réellement les lier entre eux au-delà d'une cohésion sonore présente mais qui laisse un sentiment d'inachevé. Là où les travaux de Beyond Sensory Experience captent l'attention de l'auditeur en le forçant à s'impliquer, K. Meizter propose avec "Travelling light" une étude plus détachée et dont l'attractivité est constamment remise en question. Pas inintéressant en soi, mais l'impression d'avoir plus à faire à une ébauche qu'à un discours musical achevé laisse sur sa faim.

Note : 3/6

Page 128/160 BLACK LABEL SOCIETY : 1919 * eternal

Chronique réalisée par Nicko

Zakk Wylde n'est pas content, mais alors pas du tout et il le fait savoir ! Un certain jour de septembre 2001, une bande de connards s'est amusé à jouer au bowling avec des tours à l'aide d'avions, et le strike n'a semble-t-il pas plu du tout à l'américain. Début 2002, le nouveau Black Label Society déboule, et c'est la guerre ! Pochette et titre d'album remplacés, titres de morceaux sans équivoques, hommage au père de Zakk dans le livret (avec photo dudit père en habits de Marines), bref, Zakk a été touché par le 11 septembre. Et musicalement, ça n'a jamais été aussi noir et aggressif chez Black Label Society. Le heavy metal sudiste se durcit, les rythmiques de plomb sont bien plus mises en avant qu'auparavant avec une grosse basse très présente. Le tempo s'est aussi globalement ralenti, limite doom par moment, mais surtout, ce qui surprend, c'est cette guitare rythmique littéralement "méchante", prenante même des sonorités thrash ! Bref, on est très loin de son projet country de Pride & Glory ! Les solos si caractéristiques de Zakk, que l'on peut retrouver sur les albums d'Ozzy par exemple, sont bien présents, les harmoniques aussi, mais le tout baigne dans une atmosphère vraiment sombre et limite macabre. L'album est aussi bien énergique, cependant, comme c'est le cas sur le premier opus du groupe, "Sonic brew", il manque de réelle diversité, ça sent la redite souvent. Black Label Society, c'est à la base du gros rock/metal burné et il manque l'étincelle pour faire que la formation de Zakk sorte du lot. "1919 * eternal" est un bon album avec des bonnes compos mais je reste sur ma faim...

Note : 4/6

Page 129/160 BELBORN & ROSE ROVINE E AMANTI : Grain

Chronique réalisée par Marco

Bon alors on va faire très vite. Belborn existe depuis 2000, il s'agit d'un duo allemand découvert par feu-World Serpent et qui perpétue cette vague neofolk traditionnelle qui se lamente du déclin de la mère-patrie, de la recrudescence des traîtres à la nation(bon j'exagère volontairement merci de me laisser ce petit plaisir) et de la constante baisse de la qualité de la choucroute munichoise, si tant est qu'il en existe une particulièrement. Même chose pour Rose machin truc résidant en Italie, vous n'avez qu'à adapter la phrase précédente en changeant les thèmes et produits et vous aurez déjà un bon aperçu de l'histoire. Alors pourquoi en suis-je déjà à je ne sais combien de lignes sans même avoir abordé la question de la musique ? Ah la question fatidique...Pour cela il faudrait déjà que ces énergumènes sachent composer, quand on a la prétention de vouloir composer des chansons, des hymnes qui entrent dans les esprits pour ne plus en ressortir on réfléchit un minimum. La spontanéité c'est sympathique quand le reste suit. Malheureusement ici, cette soupe aux grumeaux neofolk à peine fignolés et aux accents martiaux qui n'ont pas peur de sampler une version allemande du Excalibur de John Boorman avec comme par hasard un bout de Wagner en fond sonore s'accompagne de voix atroces, fausses et plus proches du Mur des Lamentations que du décalage surréaliste et émouvant d'un David Tibet. Insupportable !

Note : 1/6

Page 130/160 SLAYER : Christ illusion

Chronique réalisée par Nicko

Combien de temps on l'aura attendu cet album ? Un paquet d'années pour sûr. Sérieusement, Slayer avec sa formation d'origine, ça en a fait fantasmer plus d'un. C'est vrai que Paul Bostaph n'était pas un manchot, loin de là, que pour un remplaçant, on peut dire qu'il n'avait pas grand chose à envier à Lombardo. Oui, mais voilà, ce pas grand chose est pourtant énorme finalement. Inutile de tergiverser, dès la première écoute de ce "Christ illusion", toute la différence est perceptible dans leurs jeux, la fluidité, la touche, la frappe, la limpidité de Lombardo sont là pour en témoigner. De plus, Slayer nous sort un album de Slayer (oh, elle est belle celle-là !). Ce que je veux dire, c'est que Slayer, c'est du thrash speed agressif et subversif. Pas que les récents albums soient mauvais (quoi que...), ils ont leurs bons côtés, agressifs avec un Araya qui braille et des solos typiques, mais voilà, il manquait cette dose d'intensité, ce rythme qui t'explose la face et qui a fait le succès du groupe dans les années 80. Eh bien, cette intensité, elle est présente dans ce nouvel opus. J'ai vraiment l'impression qu'il est le successeur direct de "Seasons in the abyss", que les albums qui ont suivi étaient le fruit d'un autre groupe. L'album n'est pourtant pas parfait, faute à un manque de diversité et une inspiration pas toujours au top (m'enfin, là, c'est pas mal non plus !). Mais qui aurait prédit qu'en 2006 Slayer allait sortir un album de ce calibre ? Moi, je ne faisais que de le rêver !

Note : 5/6

Page 131/160 MOTÖRHEAD : Kiss of death

Chronique réalisée par Nicko

Putain, mais tuez-le !! ha ha ha ! C'est impensable... "Comment peut on continuer à avoir une peche pareille à près de 60 balais ?! Lemmy n'est pas humain et il nous enterrera tous.. Je pourrai pas dire si c'est le meilleur mais il est definitivement dans l'escadrille de tete! YAARGLAAAHH !" Ce commentaire d'un internaute (merci à lui), posté sur la page de l'album précédent du trio, "Inferno", résume très bien la situation. Sérieux... Lemmy a 60 ans. A 60 ans, on ne sort pas un chef d'oeuvre ! Ben, quand on s'appelle Lemmy et qu'on est perfusé au Jack Daniel's, si ! Ce "Kiss of death" est un bijoux. Du pur rock n' roll Motörheadien... dans toute sa force et sa diversité. Oui, diversité. Si y'en a encore qui pensent que Motörhead, c'est toujours la même chose, ils n'ont qu'à écouter cet opus. Il y a tout Motörhead résumé dedans, du gros speed rock/metal, du plus soft, du blues, du rapide, du lent, de la pêche... Ce nouvel album fait clairement référence à "Overnight sensation", on y retrouve les mêmes ingrédients, le même son, le même style et la même inspiration. Un titre comme "God was never on your side" est magistral et prouve, à l'instar d'"I don't believe a word", que ballade et mièvrerie ne sont pas forcément liés, tout ce morceau est intense et couillu ! Aussi, je trouve que le trio n'a jamais été aussi soudé qu'actuellement avec une fluidité, une complémentarité et une alchimie parfaites. Mikkey Dee conserve son statut de plus grand batteur de rock au monde sans soucis, tout comme Lemmy celui de meilleur bassiste avec son attaque inimitable au moignon de la corde !! "Le titre "Be my baby" me fait bizarrement penser à du Ugly Kid Joe (avec qui Lemmy a collaboré...), "Kingdom of the worm" fait penser à "Sacrifice", "Christine" à "Love can't buy you money", bref, que du bon et de toute manière, on s'en fout, cet album est énorme, point, pas besoin d'en écrire une tartine ! Putain, mais Lemmy est Dieu et il n'a jamais été de votre côté (sauf si tu es blonde à forte poitrine et que tu bosses comme strip-teaseuse au Stringfellows de Londres ou de Paris !! Non, Motörhead n'est pas mort, il s'amuse à l'embrasser et à balancer un très grand album, l'un de ses tout meilleurs

!

Note : 5/6

Page 132/160 IRON MAIDEN : A matter of life and death

Chronique réalisée par Nicko

Iron Maiden... Qu'allaient bien nous concocter le plus grand groupe de metal au monde en 2006 ? Un album conventionnel, ni plus ni moins, ni bon ni mauvais. Il faut tout de même se remettre dans le contexte. Iron Maiden est une valeur sûre, un nouvel album du groupe casse la baraque quel que soit son contenu (ou presque), leur coup énorme réalisé par "Brave new world", suivi par le très bon "Dance of death", leur a permis de consolider leur fan-base, de rallier à la fois les jeunes et les moins jeunes, de jouer devant 250 000 personnes, bref, le sextette a assuré ses arrières. Maintenant, ils peuvent se permettre de se la jouer pépère. Leur nouveau style est bien rodé, 3 ans après "dance of death" (qui était sorti 3 ans après "Brave new world"...), "A matter of life and death" déboule avec un format devenu presque traditionnel, un morceau formaté "radio" de 4 minutes, suivi par 9 pièces plus "impressionnantes" et imposantes. Plus que jamais progressif dans l'approche, Maiden s'amuse, allonge les morceaux, les intros (Steve Harris et sa fameuse basse acoustique), les développements pour un résultat se voulant encore plus grandiose qu'avant. Plus mélodique encore, ce nouvel opus place maintenant la Vierge de Fer dans la cour du metal familial, sympa, léché au max, bref, du calibré et calculé. Et ce n'est pas forcément un défaut, l'album n'est pas mauvais. Les morceaux sont entraînants, bien écrits, succès assuré en concert. Iron Maiden fait ce qu'il sait faire de mieux, du bon heavy metal. A côté de ça, je ne retrouve par contre pas la folie des 2 précédents albums, aucune prise de risque (comme sur "Brave new world"), moins d'intensité et de petites inventivités (comme sur "Dance of death"), seul "Brighter than a thousand suns" réveille cette étincelle et rivalise avec les morceaux phares des précédents CD, le reste n'est que du remâché. Mais attention, ne l'oublions pas, c'est Maiden, pas n'importe quel groupe. Ca reste du hautement écoutable, mais l'impression de déjà entendu est beaucoup trop forte, mêmes enchaînements téléphonés, même style général. Un nouvel album qui n'apporte rien de plus, sans surprises, mais qui prouve seulement que Maiden peut continuer à nous sortir du bon Maiden. Point, et c'est p'tet déjà pas mal... Mais au fond, est-ce qu'on peut légitimement en vouloir à un groupe qui a su tellement bien évoluer durant ses 30 années de carrière de sortir un tel album ? Pas moi en tout cas !

Note : 3/6

Page 133/160 REDSHIFT : Fautline

Chronique réalisée par Phaedream

Privilégiant toujours une sonorité lugubre et une image très nocturne, c’est sans surprise que Faultline démarre avec une intro atmosphérique sombre et lourde. Une pulsation, telle un immense phare sonore qui augment son intensité chaque fois qu’il croise notre regard, génère une ambiance lente truffée d’effets sonores qui se mêlent aux strates éparses de guitares et d’un synthé pesant, menaçant et tout aussi enveloppant. Subtilement, ce lent tempo augmente sa ferveur sur des résonances qui drainent un lourd mouvement atonique, poussant la séquence à s’agiter. Un court spasme qui revient enlacer cette pulsation résonnante. Chrysolite poursuit cette ambiance pesante jusqu’aux premiers souffles de Pyro_gen. De faibles notes, comme un xylophone synthétique, se dandinent sur une ligne sobre et morne. Graduellement, des coussins synthétiques s’installent et flottent dans une atmosphère plus lisse. Les notes coulent en s’étirant sous le charme d’un séquenceur plus audacieux. Et le rythme s’anime sur des mellotrons saillants aux essences enveloppantes, tel un manteau violoné. Il est lourd et pesant sur des synthés volages et croise un superbe mellotron flûté, qui l’apaise un bref instant, avant de reprendre le collier du courroux sur des percussions séquencées. Un bon moment, lourd comme dans la plus pure tradition Redshiftienne. Après l’atmosphérique Aquamarine, Quenzer avance sur des pulsations pesantes et des séquenceurs tout à fait géniaux. Mélanges de battements pesants et de percussions roulantes, les séquenceurs font la fête sur des rythmes ambivalents et les longs solos de guitares de Rob Jenkins qui fendent une lourdeur incroyable. Un autre titre pesant, qui s’amuse tant avec ses tempos lancinants que ses séquenceurs percutants. C’est nappé de coussins synthétiques résonnant de lourdeur et de chœurs gothiques ténébreux que Praetorian ferme Faultline. Subtilement, le tempo accentue sa croissance derrière cette intro caverneuse. Une pulsation étrange, comme un gros ‘’blob’’ qui respire, ou aspire, le rythme croît avec une lourdeur hypnotique, rongée par des effets sonores corrosifs. Le pouls augmente sur une séquence qui devient plus alerte, accroché par les riffs d’une six-cordes lancinante. Et c’est l’explosion! Guitare qui se frotte à un séquenceur lourd sur un rythme lent qui mute en une cadence plus soutenue et plus sauvage. Le rythme croise le non rythme sur une finale à l’image de l’œuvre; lente et pesante. Avec Faultline, j’ai la vague impression que Redshift a atteint le point de non-retour. Même si l’opus respecte en tous points les atmosphères des saltimbanques des ténèbres, il y manque quelque chose. Redshift tourne en rond et se répète dans des séquences mécaniques qui n’étonnent plus. C’est un bon cd, mais après des œuvres colossales comme I, Ether et Down Time, Faultline, de même qu’Halo, laisse un goût de frustration dans les oreilles.

Note : 4/6

Page 134/160 REDSHIFT : Faultline The DVD

Chronique réalisée par Phaedream

Après m’être entretenu avec Mark Shreeve, j’ai compris les problématiques de DVD de Faultline. C’est un format PAL , alors qu’ici, au Canada, notre format est NTSC. Selon Mark Shreeve, même si les lecteurs Nord Américains lisent le PAL, ils n’en rendent pas justice complète. J’ai validé avec un copain d’Angleterre qui m’affirme qu’il n’a aucun problème avec Faultline. Donc j’apporte des correctifs justifiés sur ma chronique… Enfin, un premier DVD d’un concert de MÉ. Et pas n’importe quel groupe; Redshift. Bon! Faultline n’est pas l’œuvre par excellence du quatuor Britannique, mais voir Redshift en spectacle à de quoi inciter les neurones à carburer. C’est dans une ambiance conforme aux atmosphères Redshiftiens que se déroule ce concert. C’est calme et ça évolue lentement, sur des images sobres. Ce qui revient aux sages paroles de mon copain Phrozenlight : La MÉ n’est pas faite pour être regarder, mais écouter… Sage, mais est-ce authentique? Je ne suis pas tout à fait certains. J’ai visionné quelques concerts de Jean Michel Jarre (il faudrait bien que je vous en parle) et Michou y connaît ça. Il a la bougeotte, il communique avec son public. Ici, les membres de Redshift semblent coincés, à moins que cela fasse parti du mythe de ce groupe ténébreux. À ce compte, de belles capes sombres, avec de l’épaisse brume blanche aux couleurs orangées auraient été de mise. Le menu est convivial et bien présenté. Le son est bon, sans être du 5.1 DTS, il fait tout un ravage sur du cinéma maison. Parfois, l’image sautille un peu, lors des passages lourds où le séquenceur fait même résonner les lustres et vitres. La grande déception est au niveau des bonis, des suppléments. Il n’y a qu’une vidéo en prime; le superbe Mania enregistrée en concert au Alpha Centauri des Pays-Bas. Une très belle interprétation, sans plus. Il n’y a rien d’autres. Pas d’historique? Ni galerie de photos? Pas de making of…? Désolant. Je me serais attendu à mieux, à un document plus garni avec entrevues, etc. Un bon DVD, décevant car il y a peu de suppléments, mais ça fait du bien d’avoir la chance de voir Redshift en spectacle. Ne serait-ce que pour cette raison, le DVD vaut le prix d’un spectacle que l’on peut voir dans le confort de notre salon. En espérant un autre, plus étoffé, avec plus de bonis pour rassasier les éternels insatisfaits.

Note : 4/6

Page 135/160 REDSHIFT : Oblivion

Chronique réalisée par Phaedream

Avec Halo et Faultline, Redshift traverse une période difficile. Le départ du guitariste, James Goddard n’est rien pour arranger les choses. Mais, parfois, il ne suffit que d’une petite étincelle… Venant des profondeurs ténébreuses, un lourd souffle atmosphérique hante une discrète séquence qui ondule parmi des effets sonores aussi lugubres qu’intrigant. La pièce éponyme démarre cette nouvelle aventure musicale dans la plus pure tradition de Redshift. La séquence progresse avec puissance et flexibilité sur un synthé menaçant et flottant, dont les strates multiplient la profondeur atmosphérique sur un rythme hésitant, qui monte et descend au gré des pulsations séquentielles. Une excellente ouverture qui laisse présager de grands moments musicaux. Leave The Light On est plus atmosphériques. L’ambiance est à couper au couteau tellement elle est dense. Une lourde pulsation séquentielle traîne son mouvement, inondée de strates synthétiques flottantes. Vers la fin, une douce mélodie émerge des profondeurs abyssales, pour s’en retourner aussitôt. Les lourdes pulsations continuent avec Flow. Le séquenceur bourdonne intensément, alors que le piano électrique voltige ses notes limpides dans une atmosphère tout aussi noire. Lent, le tempo s’agite à travers chœurs virtuels, couches de violons et un séquenceur qui pulse un mouvement sinueux, ascendant avec force, descendant avec douceur. Après le très atmosphérique et intrigant Under The Sun, Runes se manifeste avec de lentes pulsations. Elles jouent avec des notes qui se dandinent sur un mouvement atonique très sombre. Le tempo est moulant et hésitant sur un synthé enveloppant et un piano mélodieux. Le séquenceur envahit l’espace avec des ondulations lourdes qui galopent un mouvement polyrythmique massif, enveloppé de synthés mellotronnés et de percussions séquentielles. Un autre excellent titre, marqué de la griffe Redshift. Des chœurs placides pavent la voie à Small Bright Light:Gone Out. Un titre immensément flottant avec une fine basse louvoyante et un synthé en mode orchestral, nuée de violons, qui s’écrase dans le néant. Où, une suave flûte mellotronnée berce les derniers vestiges d’Oblivion. Une toute petite étincelle, mais une toute petite, me dit que Redshift a retrouvé le goût de poursuivre l’aventure musicale. Oblivion est dans la plus pure tradition Redshiftienne, ce que l’on entendait sur I et Ether. Un titre aussi lourd que Faultline, mais avec plus de passion.

Note : 5/6

Page 136/160 POTENTIAM : Orka i myrkri

Chronique réalisée par Sheer-khan

Ce n'est pas épique, ce n'est pas triste, ce n'est pas folklorisant... non : Potentiam est sombre, Potentiam est noir, Potentiam est tout simplement, et tout particulièrement ténébreux. Voici du dark metal dans le vrai sens du terme. "Orka I Myrkri" accumule les riffs sauvages et violents, les powerchords puissants et les breaks imparables; le son est lourd et sale, fumant et charbonneux, la voix est enemie. Les accords qui se succèdent sont autant de marches qui s'enfoncent l'une après l'autre dans le noir total, dans le dédale sordide de riffs aux rythmiques lourdes et aux syncopes meutrières... de blasts volcaniques en domination thrash, passant par des abysses d'arpèges tétanisantes, vers les profonds cachots. Les mélodies sont là, terribles et définitives. La batterie s'époumone à bastonner les grattes aux articulations, la production épaisse balayant ce qu'il reste d'espace où respirer. Si Potentiam ne tombe jamais totalement dans l'extrémisme, si il se laisse aller à une culture heavy en fils du sabbat noir, c'est parce que ses notes énormes, ses rythmes enervés et puissants, sa gorge terrifiante et sa basse démoniaque portent en eux une telle charge de ténèbres et d'abîmes qu'il suffit juste du thrash pour te faire exploser la cage thoracique. Noir, mauvais, sournois, lourd d'une atmosphère terrible de chasse à la pitié, "Orka I myrkri" est une remarquable alchimie entre ouvrage particulièrement soigné et noirceur brute... crue. "Sickening infernal lust" justifie certes bien mal ses 10 minutes et son égarement choralo-mélancolique. Mais ce deuxième album des islandais n'en demeure pas moins une oeuvre véritablement étalon, qui nous perd dans une ambiance gigantesque et terrible sans autre artifice que son art de la composition.

Note : 5/6

Page 137/160 BEYOND BLACK VOID : Desolate

Chronique réalisée par Yog Sothoth

Stijn Van Cauter, ici caché derrière l’initiale S., c’est un peu l’histoire d’un gars qui a presque réussi à créer une scène tout seul. Adepte du Do It Yourself dans sa forme la plus jusqu’au-boutiste, le bonhomme a sur un laps de temps plutôt court - 2002 à 2004, grossièrement - composé / enregistré / produit / gravé / distribué une bonne dizaine de disques sous quasiment autant de noms différents, chacun de ces projets officiant dans un style mélangeant à divers degrés le Funeral Doom, l’Ambient, et le Drone. Evidemment, un rythme de production aussi ridiculement élevé a entraîné quelques déchets vite oubliés (encore qu’on oublie difficilement le projet « « solos de claviers façon églises avec le son maison », Organium, particulièrement abominable), mais aussi quelques bonnes choses, en tête desquelles se placent Until death overtakes me, et ce premier et pour l’instant unique effort de Beyond black void. En effet, on tient probablement ici la quintessence du style du belge, à savoir des morceaux très longs et durant lesquels il ne passe globalement… rien. Le style BBV, c’est une vague mélodie de guitare aiguë au son complètement spatial, parfois couplée à un brouhaha dronisant dans le fond, lancé par un gros coup de tambour. Et parfois un grunt, lointain aussi, histoire de pas trop plomber le coté monolithique de la chose. Tellement monolithique d’ailleurs que le fait que le disque soit découpé en 3 plages, la plus longue atteignant quand même la demi-heure, parait totalement anecdotique. Niveau production, le coté « plug and play » du son n’altère pas trop l’ambiance, et de toute façon, on tient là aussi un des éléments clé du style du Stijn : ça sonne « straight from the pc ». Alors concrètement, on arrive là avec un disque tellement pas excitant de par son coté figé qu’on en est presque à le trouver fascinant, à l’image de l’œuvre de son créateur d’ailleurs : définitivement hermétique, pas vraiment beau, mais quand même, je ne peux m'empecher de penser qu'il y’a quelque chose là dedans. A expérimenter.

Note : 4/6

Page 138/160 CELTIC FROST : Monotheist

Chronique réalisée par Sheer-khan

J'ai longtemps sommeillé... tant d'années de silence, d'ingratitude... d'oubli. Je suis devenu lent... je suis devenu lourd... et toi tu es petit. Et toi... dis-moi quel âge as-tu? Depuis quand pries-tu? Je vois à la crasse dans tes oreilles que ce n'est pas ta première messe. Tu en as bouffé du malaise, hein petit? Tu es tout encrouté... il en faut du son pour faire vibrer des tympans comme les tiens, hein merdeux? Accroche toi à l'autel : je remue la paupière... c'est horrible comme tu es petit. Je vais faire simple, sinon tu ne comprendras pas... et puis je vais faire lent, sinon tu ne tiendras pas. Et puisque tu ne connais rien d'autre : je vais faire noir, ça t'enlevera ce sourire ridicule. Tu ne pourras plus dire que tu ne savais pas, tu ne pourras plus dire que ces disciples qui t'ont élevé t'ont rendu trop puissant pour que tu t'agenouilles au plomb de ma pensée ancienne... tu ne te questionneras plus à la lecture du MEGA THERION. Et puisque cela fait des années que tu pries en tout sens des icônes frelatées : je te noirai dans la cendre, et t'y dévoilerai celle qui est mère de toutes tes déesses plates. N'oublie pas que c'est avec ma semence que tes maîtres ont procréé... n'oublie pas que c'est avec mon âme, noircie et désolée, que l'on a ouvert les portes. N'oublie pas que les gènes diminués qui te rendent délectable le sang dilué de tes idoles coulent, intacts, dans mes veines. Et j'ai un mot à dire... puisque je me réveille, je vais vous instruire d'une nouvelle parole. Fais moi confiance tu vas entendre. Quand je parle la

Page 139/160 terre tremble, quand je joue elle se broie : aujourd'hui comme hier. J'ai terrorisé ceux qui t'ont appris l'enfer : je te traumatiserai toi sans faire le moindre effort. Car mon son, aujourd'hui, est toujours le plus dur. Tu souffriras bien plus que si j'allais très vite... tu auras bien plus peur que dans tes petites forêts. Parce que c'est moi, petit merdeux, qui ai appris aux lourds à être lourds! Parce que c'est moi qui ai arraché la gorge de ceux qui hurlent la nuit pour te glacer le slibard! PARCE QUE C'EST MOI QUI DORT SOUS CETTE TERRE DEGUEULASSE OU T'AIMES TRAINER TA GUEULE EN

PRENANT L'AIR MAUVAIS, ET PARCE QUE C'EST MON SOUFFLE ET L'ODEUR DE MON CUL DONT TU TE GAVES LA TRONCHE EN REVANT DE CIMETIERES!!! Et que ces gènes diminués coulent, intacts, dans mes veines. Ce que j'ai à dire aujourd'hui va t'enfoncer plus profond en trois accords tout moche qu'un troupeau de doomeux...

Connais-tu la solitude du dieu? Je deviendrais chair humaine et je te sussurerais, mourant, le froid épouvantable... le calme qui terrorise... ma voix sera velour, ma voix sera usée, je te jouerai trois notes et tu trouveras ça beau... et tu trouveras ça pur. Et tu vas en chialer... je vais faire simple...

Parce que le vice coule dans mes veines en qu'en jouant une seule note : je suis labyrinthique... Parce que la mort coule dans mes veines et qu'avec trois accords : je te vide de ton sang... parce que la méchanceté coule dans mes veines et que j'aime répéter bêtement les plus laides de mes tournures, et voir tes os péter au contact mastodonte de ma toute pesanteur. Tu vas voir tous tes dieux... parce que le metal coule dans mes veines et que dans mon blockhaus, sans lueur et sans air, dans la grande unité qui dicte ma parole, dans cette couleur unique, opaque et insondable, tu trouveras chaque détail que l'on m'avait volé et jeté aux étoiles, lavé de ses suintances, épuré de ses rêves, et remis à sa place. A sa pure, absolue, et unique place. Avec moi c'est la source de la brutalité, l'essence même des ténèbres... la vérité toute crue. Alors non : tu ne pourras plus dire que tu ne savais pas... tu ne souriras plus en

entendant mon nom... tu feras comme tes maîtres : tu n'en prieras plus d'autre.

Note : 6/6

Page 140/160 KIRKWOOD (Jim) : Tower of Darkness

Chronique réalisée par Phaedream

Jim Kirkwwod est le prince des ténèbres électroniques. Un sombre personnage qui multiplie les opus démoniaques et gothiques sous des séquenceurs débridés. Il est aussi connu sous divers autres noms d’emprunt, tel Lucifaere, Ancient Technology Cult, Section 37, Violence In Eden et Emerald Eye. Il a tout près de 60 titres à son actif, lui qui règne sur le côté obscur de la MÉ depuis le début des années 90. En fait, il n’y a vraiment personne qui sait quand Kirkwood est arrivé sur la scène de la MÉ. De plus, il y a peu d’informations à son sujet, même avec un véhicule informatif aussi puissant qu’Internet. Toujours à l’affut de ce qu’il y a de mieux pour ses lecteurs, Guts Of Darkness, vous présente un autre artiste dont la démesure n’a plus de limites. Un artiste plus que sombre. Un mythe, un symbole des forces occultes qui se terre dans les méandres d’une musique électronique gothique, parfois‘’ trash‘’, mais rarement romantique. Voici sa première œuvre qui est apparue sous forme de cd, en 1993 sur l’étiquette de SMD, Neu Harmony. Déjà, à cette époque, Kirkwood avait près d’une dizaine de cassettes qu’il vendait de ses propres moyens. The Mad God débute avec une intro éclatante et un gros synthé appuyé sur des chœurs discrets. Une fine ligne basse pulse, parmi des effets sonores, alors qu’une belle percussion séquentielle tombe avec agilité et grâce. Elle tambourine en roulements sur un synthé oisif qui valse sur des accords de petits violons. Un titre qui ressemble à TD, cuvée 83. Le rythme devient plus martelant, alors qu’un mouvement mélodieux, style Chinois, parfume l’atmosphère qui s’illumine aux contacts de percussions métalliques hétéroclites, qui amènent une toute nouvelle perspective sonore. Un titre bouillant qui continue sa progression minimaliste avec de beaux échanges guitares synthés sur des implants dramatiques, digne des grands films d’action. Un premier titre très prometteur qui se termine, et se poursuit, tout en atmosphère avec le flottant Perilous Ground. S’ensuit le dynamique Timestream, un pur rock électronique. La section rythmique est lourde et pesante avec une ligne basse et des percussions frénétiques. Le synthé se métamorphose sur un rythme soutenu. De souffles flûtés, il passe à des solos tortueux et stridents, sur des effets sonores qui percutent avec ingéniosité et audace et des arrangements orchestraux qui ‘’punchent ‘’ un titre déjà bien alimenté. Remarquez, tout au long, ses petites billes séquentielles qui claquent comme des percussions métalliques. Totalement irrésistibles. Requiem for an Immortal débute avec un souffle caverneux, accompagnés de petits tintements. Des percussions martèlent un rythme lent, qui progresse à l’ombre de synthé symphonique lourd à la TD et Arcane. C’est avec fracas que les premières notes de Legion of Dawn tombent. Une clarinette émerge des poussières sonores pour souffler un hymne insouciant, alors que de lourdes percussions frappent l’atmosphère avec lourdeur. Une séquence vibre avec résonance et le titre explose sur un rythme aussi effréné que Timestream, avec de gros arrangements orchestraux et de superbes solos de synthé. Pause atmosphérique et intrigante, avec Forgotten Realms avant d’entreprendre le dernier droit avec The Dreaming Lord. L’intro me rappelle l’atmosphère de désert poussiéreux qui régnait sur Near Dark de Tangerine Dream. Les percussions pilonnent un tempo vaporeux, inondé de tintements soyeux. Une belle ligne séquentielle basse redimensionne le beat qui progresse lentement sur des strates synthétiques isolées et un synthé séquencé harmonieusement. Le rythme s’anime, entrecroisé de séquences synthétiques hétéroclites et de percussions métalliques fort brillantes, qui martèlent une enclume et donne une dimension industrielle techno à The Dreaming Lord, qui se termine abruptement.

Page 141/160 Un premier cd très prometteur qui définit assez bien le style de Satanique Jim. C’est intense, agressif et martelant. Les percussions sont avant-gardistes et ajoute une profondeur industrielle à ce premier titre gothique de MÉ. Jim Kirkood; un nom à suivre et laissez moi vous dire qu’il a forgé, dans l’ombre de sa tanière, de beaux petits chef d’œuvres.

Note : 5/6

Page 142/160 EDGE OF SANITY : Cryptic

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Peu de gens auraient pensé que Edge Of Sanity se relèverait du départ de son maître à penser Dan Swanö. Pourtant dans un élan d'orgueil (j'extrapole), Dread pris les rennes du groupe et recruta un nouveau vocaliste nommé Robban Karlsson. Alors ça donne quoi ? Et bien un disque vachement rentre dedans ! Dès "Hell written" le groupe annonce la couleur : death metal swedish à fond les ballons. Le truc c'est qu'exceptés quelques bons riffs et surtout "Bleed you dry" absolument excellente (quel final !!!), le disque passe sans réellement marquer. Le groupe a perdu sa patte caractéristique, pour finalement donner dans un death standard de l'époque, à rapprocher du second Ebony Tears par exemple, ou d'un Hypocrisy dernière période... Du coup, à vrai dire, s'il n'y avait pas écrit Edge Of Sanity sur la pochette j'aurai été tout à fait incapable de reconnaître le groupe. D'ailleurs, il est dommage que le groupe est quasiment totalement mis de côté son aspect mélodique (encore très présent sur "Infernal") pour privilégier l'accroche voire le côté rock'n'roll (on sent de ci de là un petit côté Dellamorte sympathique)... Peu de choses à dire de plus sur cet album qui ne marque pas vraiment les esprits, les amateurs du death suèdois tel qu'on le pratiquait il y a une dizaine d'années apprécieront, les autres trouveront ça sympa sans plus. Pour ma part, voilà un petit disque que je pense sans prétention si ce n'est se faire plaisir et proposer 8 petits morceaux bien rentre dedans et dynamiques... En tout cas à titre personnel, j'apprécie bien plus que "Infernal", d'où ce 4/6 finalement pas volé...

Note : 4/6

Page 143/160 THE DAMNED : Music for pleasure

Chronique réalisée par Twilight

'Music for pleasure' est le second et dernier album totalement punk rock des Damned, un punk rock hérité en ligne directe de Iggy et ses Stooges. Il marque aussi la fin de la collaboration de Brian James (qui signe ici la majorité des morceaux) avec le groupe. Il faut dire que pour nos Anglais, cette année 1977 aura été des plus chargées avec la sortie de deux disques coup sur coup, une tournée aux USA, des problèmes de label (déjà)...S'ensuivront des changements de personnel (Rat scabies étant le premier à quitter le navire), un split, aussitôt suivi d'une reformation et un troisième album 'Machine gun etiquette' qui, s'il est encore marqué des stigmates du punk témoigne déjà d'une volonté d'évolution vers quelque chose de plus mélodique et plus sombre au niveau des atmosphères. Personnellement, je me réjouis de cette évolution car si 'Damned Damned Damned' avait pour lui l'effet de surprise, une belle brochette de tubes (dont le cultissime 'New Rose'), 'Music for pleasure' se place dans l'ombre du grand frère. Certes, il contient de beaux moments comme le bon 'You know' presque post punk goth, 'Problem child' ou 'Don't cry wolf' mais il manque clairement de mélodies fortes et démontre les limites du genre pour des musiciens qui ont du mal à se cantonner à un espace si restreint. S'il manque également de l'énergie rageuse de son prédécésseur, il lui reste une bonne atmosphère baignée de rock sale et éléctrique. Il s'agit pourtant selon moi d'une des galettes les moins intéressantes des Damned.

Note : 3/6

Page 144/160 IHSAHN : The adversary

Chronique réalisée par Nicko

Dur de parler d'un tel album et pourtant il est assez facile de le résumer en quelques mots, tellement il est excellent. Ca m'en aurait d'ailleurs pris pas mal de temps pour bien le cerner. Là, Ihsahn, leader de la formation norvégienne de black metal Emperor, y va de son album solo. Et ça donne la suite du dernier album d'Emperor avant son split ! On savait que le norvégien voulait de tout temps faire évoluer son art, le diversifier, le rendre plus sophistiqué. Et voilà, Emperor terminé, Ihsahn débarque avec un "Adversary" magistral. On sent que là, il a voulu se lâcher totalement, sans barrière, faire exactement ce qui lui plaisait. Plus mélodique et lyrique que par le passé, tout en restant profondément metal, cet album montre une certaine facilité, une limpidité dans l'écriture du sieur. Tout semble couler de source. Le CD n'est pas difficile à rentrer dedans, les mélodies sont douces et faciles à assimiler, mais l'album est si riche et complexe qu'on peut passer 10-15 écoutes et encore découvrir de nouveaux éléments. Les morceaux sont tellement bien écrits, on a véritablement l'impression que c'est facile pour Ihsahn d'enchaîner les chefs d'oeuvres. Les arrangements sont léchés, on a l'impression d'avoir un mélange entre Arcturus, pour le voyage intersidéral, Emperor et Ulver, pour les parties non metal. Autant dire que niveau influences, on a la crème de la crème. Tout est doux, tranquille, facile, incroyablement inspiré et bien construit. A l'écoute de cet album, tout se passe comme si chaque note, chaque arrangement, chaque seconde avait été pensé et calculé pour un résultat tout simplement limpide pur et beau. Un album impensable tellement il est aboutit et réussi. L'album de l'année à n'en point douter !

Note : 6/6

Page 145/160 DAVID VANIAN AND THE PHANTOM CHORDS : Johnny remember me

Chronique réalisée par Twilight

C'était pas vraiment une surprise, hein, Dave ? On l'avait toujours pressenti...avec tes airs de fossoyeurs et ton look de Dracula de pacotille, ta passion pour Screaming Lord Sutch, tu n'avais rien d'un vrai punk...non, au fond, ton truc à toi, c'est plutôt les 60's, les films d'horreur série B, le rockabilly, pas vrai ? Pourquoi pas ? Avec une voix grave et sensuelle comme la tienne, jouer les crooners gothiques, rien de plus naturel...Quand ton groupe, les Damned, a splitté pour la énième fois à la fin des 90's (petits farceurs, vous vous êtes reformés par la suite, une fois encore), on se doutait bien que tu ne resterais pas inactif longtemps...trop charismatique...et c'est vers tes amours rockabilly que tu as choisi de te tourner ? D'accord...et voilà que tu débutes par une reprise, 'Johnny remember me' de John Leyton, également reprise par les Meteors quelques années plus tôt...Evidemment, l'histoire d'un type hanté par le fantôme de sa copine morte, ça te va comme un gant...Ah ? Une seconde reprise, 'Relentless' ? En tous cas, ce registre gothabilly te va à merveille...Tu sais quoi ? On croirait entendre une version gothique des Stray Cats...Oh, et puis cet instrumental de ta plume, pas mal, avec ses guitares à la Shadows...Dommage que tu te sois limité à trois chansons...Le gothabilly est un genre taillé pour toi...Pourquoi alors n'as-tu sorti que ce maxi et un album 4 ans plus tard ? Tu avais pourtant drôlement la classe avec ta banane et ta redingote noire...4,5/6

Note : 4/6

Page 146/160 KIRKWOOD (Jim) : In the Deep Places of the World

Chronique réalisée par Phaedream

Plus de 13 ans après Tower of Darkness, Jim Kirkwood réussi encore à mystifier, et ses fans, et les amateurs de MÉ, style Berlin School, par son approche gothique fortement séquencé et diaboliquement efficace. Rythme lourd et tourbillonnant de séquenceurs alertes, des percussions à la fois ingénieuses et créatives sur des strates synthétiques puissantes et solos tortueux. In the Deep Place of the World ne révolutionne pas le style électro-gothique de Kirkwood, car les frontières sont aux limites de l’inimaginables. Le Sieur des ténèbres électroniques nous fait juste visiter un autre de ses mondes infernales, situés dans des profondeurs que l’on ignore. C’est un début assez tranquille qui nous attend avec l’ouverture de Wormtongue. De courte durée, nous avons l’impression d’être dans un marais diabolique, tant l’atmosphère y est lugubre. Une lance sonore déchire cette ambiance stoïque pour ouvrir un rythme débridé qui galope sur des lignes synthétiques larmoyantes, d’autres sont denses et intenses, joignant leurs incantations aux superbes percussions séquencées de Kirkwood. Toute une ouverture. L’atmosphère est survoltée. Les synths sont agressifs et fantomatiques, avec des solos sinueux, et des arrangements orchestraux étoffés, alors que les percussions tonnent d’un roulement incessant et lourd. Du Kirkwood créatif et en santé. Après une petite pause dans le rythme, le sombre individu reprend la route tortueuse de ses compositions gothiques avec des synthés enflammés sur une séquence puissante qui cavale intensément sur des arrangements orchestraux digne des grands maîtres. Le Seigneur des Abîmes nous sert tout une intro mystérieuse sur The Haradrim. Venant de nulle part, des percussions ouvrent la vanne à un tourbillon séquentiel. Un énorme bouillon qui souffle des lamentations inconfortables dans une spirale effrénée, dominée par des superbes strates synthétiques, des solos aigus et tortueux et un mouvement percussionniste des plus concordants. Ce mælström s’éteint subitement vers la 10ième minute où un vent synthétique suave se déplace sur de légères percussions bédouines et des chœurs angéliques. Les percussions augmentent la cadence, insufflant une nouvelle ligne séquentielle soutenue par des synthés vifs et acérés qui conduisent aux derniers souffles de Haradrim. Helcaraxe nous présente une intro très cosmique, ce qui n’est pas fréquent chez Kirkwood. Suave et rêvassante, l’atmosphère se dandine en toute légèreté. Moments doux, moments beaux où s’ajoute des ombres menaçantes avant qu’une chute pulsative s’empare de la quiétude du moment. Progressivement, le tempo augmente avec un délicieux jeu de tabla interrompu par des lances synthétiques qui alourdissent l’atmosphère avant qu’une lourde séquence change totalement la douceur initiale du mouvement. Synthés spectraux sur une séquence vrillante, enrobé d’un phare sonore qui pulse des vrombissements, Kirkwood nous réintègre dans son créneau musical avec une aisance déconcertante. It's Always Winter (On Caradhras) nous démontre le côté tendre de Sieur Kirkwood. Une douce séquence ombragée, un léger synthé souffle des airs mélancoliques, on peut même percevoir le suave suintement d’un violoncelle, alors qu’une séquence plus chaude, plus ronde donne plus de profondeur à cette grisaille dramatique passagère. Effets sonores hétéroclites et percussion qui martèlent une lente procession hypnotique, Sorcery from Isengard décolle sur un rythme débridé. Aux racines de Phaedra, le titre évolue agressivement sur des synthés aigus, enveloppants et un séquenceur lourd, avant de bercer dans une atmosphère plus coi, pour reprendre

Page 147/160 son tempo intempestif jusqu’à quittance totale. Un titre haut en couleur et en imagination qui démontre le côté très structurel de Kirkwood, car, par moments, on a vraiment l’impression de sortir de sous terre.

Note : 5/6

Page 148/160 SUP : Anomaly

Chronique réalisée par Saïmone

Glaciale est cette anomalie du système qui fait de S.U.P. l'un de nos plus grands talents français oeuvrant dans l'ombre de sa propre existence. Un voyage au milieu des machines avec le regard désabusé du programme responsable de sa propre mort. Un supplice. Les voix sont froides comme le métal, supportant le poids des guitares mécaniques à peine huilée. La musique de S.U.P. est répétitive et déjà morte. Le minimum syndical de mélodies, dépouillées de toutes substances humaines, comme une errance dans un couloir kilométrique aux murs gris nourris de solitude. La marche est volontairement lente, la voix blanche suppliant la vie, sans émotion, juste pour la forme. Des refrains délicieusement pop, entre deux coupures au laser. L'air est sec, synthétique, souillé de toutes formes de bactéries. Lancinant et vertigineux. "Anomaly" est un cyber-disque. Mais nous sommes loin du cyberpunk ou de la science-fiction grand-guignolesque du spectaculaire. L'univers cybernétique de S.U.P. est entouré d'une couche de latex, sous vide. Ce n'est ni impressionnant, ni entraînant. Juste déshumanisé. Froid. Un doom de l'espace. Avec les tiges métalliques qui dépassent et qui écorchent la peau. Et même si la station reste essentiellement metal, elle se mêle avec plaisir avec la cold wave la plus cold et avec l'indus le plus mécanique. C'est d'autant plus frappant sur la réinterpetation du disque, disponible en bonus, foncièrement plus gothique et électronique que son père. Un peu mieux produit et chaud, et donc perdant un certain intérêt face à la souche. Reste que l'œuvre originelle brille paradoxalement par son inspiration et sa capacité à nous plonger la tête dans un liquide ferreux, répétant ses simples harmonies jusqu'à plus soif.

Note : 5/6

Page 149/160 SCREAMS FOR TINA : Screams for Tina

Chronique réalisée par Twilight

Aaaah ce bon deathrock made in L.A....J'avais découvert Screams for Tina de par le bied de la cultissime compilation 'American gothic' et leurs sonorités typiques m'avaient séduit d'emblée...Certes, le son est classique avec ses guitares grinçantes et torturées telles qu'on peut les trouver chez Christian Death, Mephisto Waltz ou Shadow Project, mais Dieu que c'est efficace ! Les mélodies sont sombres et déséspérées et la production pas trop polissée accentue l'effet sous-terrain et organique de la musique. Celà est notable au niveau des sons secs, presque étouffés de la batterie. Dernier élément, le chant de Warren Mansfield à placer dans une lignée Play Dead pour confirmer la rage triste de l'ensemble. Difficile de résister à l'efficacité de 'Eleven eleven', 'In her house', 'Judgment day' ou encore 'Sacred heart'. Quel dommage que les Screams for

Tina comptent si peu d'albums à leur actif !

Note : 5/6

Page 150/160 ROACH (Steve) : Immersion: Two

Chronique réalisée par Phaedream

Amateur d’ambiant, de long voyage intrapersonal à la quête d’une relaxation totale et profonde, Steve Roach offre un 2ième volet de sa série Immersion. Un long souffle, à peine muable, pénètre les sphères de la tranquillité avec oisiveté. Pour Steve Roach, le projet Immersion a débuté avec cette texture sonore que l’on peut entendre sur Texture Maps : The Lost Pieces Vol.3, paru en 2003. Obnubilé par son charme serein, elle est vite devenue l’une des pièces favorites de son répertoire, ayant même des demandes pour explorer un peu plus à fond les charmes flottants de cette kermesse nocturne. Atonique, cette longue cérémonie, où le corps communique avec l’esprit, bouge avec atmosphère, comme des froissements de feuilles caressées par un vent chaud. Tout au long, les légèretés dans les mouvements nous emporte vers un summum confortable où la quête du repos n’est plus un rêve. Quoique fort ambiant, Immersion Two possède une énergie qui jaillit de ses souffles synthétiques. Des souffles profonds qui s’harmonisent avec la tranquillité, afin d’y trouver sa quête intérieur. Si Immersion One vous a charmé avec sa dose de quiétude compressée, Immersion Two vous est tout à fait désigné. Et si l’ambiant, la musique abstraite séduit votre intérieure, Steve Roach est le maître incontesté de la musique flottante.

Note : 4/6

Page 151/160 SUP : Room seven

Chronique réalisée par Saïmone

Chaque nouveau disque est un nouvel univers pour SUP. Finit les escapades dans l'espace, on retourne sur terre, dans la tête d'un autiste. Inutile de vous dire que tout cela reste toujours très froid, mécanique et déshumanisé. Mais, par essence, moins qu'auparavant. La voix death refait surface, souvent en doublage à cette voix blanche totalement cold wave pour quelques descentes direct dans le système limbique. La chute est trop longue et oscillatoire mais l'atterrissage n'en est que plus chaleureux. Plus accrocheur, les riffs n'hésitent pas à taper dans le groove, comme cette batterie, moins morne et mécanique, qui ne se contente plus de marteler un rythme robotiquement, mais qui surprend par son efficacité et son potentiel cervical. Pour autant, la production, plus chaude, reste oppressante et claustrophobique, lourde sans être sourde. Ainsi, les titres échouent dans la répétitivité pendulaire autistique sans occulter la sueur dorsale ocre résultant de pareille activité, genoux sur le visage et bras enlacés. Peut être bien le plus accessible du groupe, par son humanise inhabituel (on est loin de "Anomaly" ou "Chronophobia"), son inspiration pop assumée et sa légèreté camouflée. Alors, certes, on n'a pas l'impression de se retrouver dans la tête d'un autiste, mais le concept, on se branle dessus une fois que le disque nous plait, non ?

Note : 5/6

Page 152/160 XASTHUR/ANGRA MAINYU : S/t

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Et c'est parti pour les chroniques des splits de Xasthur, accrochez vous car ca va tailler dans le gras. Et d'ailleurs, avec ce split avec Angra Mainyu, on commence vraiment pas avec la crème. Concrètement, on retrouve côté Xasthur un inédit franchement pas génial, peu inspiré dans ses harmonies même si le riffing propre au projet est toujours présent et dont le mixage de la voix gâche énormément dans son écoute. Comme a son habitude, Malefic nous refait le coup de l'auto reprise avec "soul abduction ceremony" présente ici dans une version allongée il me semble, mais nettement moins intéressante que sur "Nocturnal poisoning" (question d'unité sûrement), il nous rajoute une reprise de Wigrid et une instrumentale au son complètement abominable (trop c'est trop !) et voilà, le split est fait ! Bref, très franchement, aucun intérêt réel à part si l'on est fan... Mais, peut-être que Angra Mainyu va remonter le niveau ? Pas vraiment. Ce projet officie dans un black j'imagine dépressif (ils disent tous ça), mid tempo avec toute la clique de gimmicks inhérents au style : production immonde, musicien pas carré du tout (on se demande s'il sait jouer en fait), petits arpèges tristounets alternant avec accords désolés dont la simplicité ferait passer Master pour du technique... Ouais le truc, c'est que n'est pas Abyssic Hate qui veut. Si l'ambiance dégagée se montre pas dégueu, on s'ennuie quand même fermement en fait... Il se passe rien quoi. Alors certes on ets déprimé, tout va mal, on veut se tuer, mais je sais pas c'est chiant en fait de déprimer avec Angai Mainyu... Ne parlons d'ailleurs pas du chant qui me fait penser à un mix entre Gloomy Grim et un crapaud maléfique "of the night", complètement naze en somme. Bref, a part quelques riffs sympas, on peut se poser quelques questions quant au contenu musical de ce projet (du vent ?) surtout quand il essaye d'accélérer malheureusement... Bref, rien à retirer de cette partie du split non plus, si ce n'est du mauvais goût. Bref, un bon vieux 2/6 me semble amplement mérité et sans commentaires particuliers. Allez poubelle.

Note : 2/6

Page 153/160 XASTHUR/ACID ENEMA : S/t

Chronique réalisée par pokemonslaughter

En fait ces splits là, c'est à se demander pourquoi ils ont été fait. Non parce que quand même, il faut bien l'avouer, après celui avec Angra Mainyu, celui-ci se révèle une nouvelle fois vachement creux (bon ok il était sorti avant, mais bon...). Alors certes côté Xasthur, c'est un peu mieux. On a droit cettes fois-ci à deux nouveaux morceaux ! "The eve upon the throne" se pose dans un style proche de ce qu'on trouvait sur "Nocturnal poisoning" avec des claviers fantomatiques, un chant lointain et des harmonies décharnées. Malheureusement, le morceau se montre un peu court. "Summon the end of time" se montre en revanche beaucoup plus intéressante, tout en claviers, avec un final plus electrique (Xasthur n'a que très peu mélangé ceci), l'ambiance dégagée se trouve ainsi entre désolation et plénitude... Le genre de morceaux qui vous remet vite en place et vous rappelle que Xasthur, malgré le buzz autour de ce projet, n'a pas volé sa place de leader de la musique dépressive... Oublions rapidement la cover de Ritual sympa sans plus, avec ses quelques leads à la Abyssic Hate... Non, la vraie catastrophe arrive avec Acid Enema. Passé une intro à la Xasthur justement, en beaucoup moins prenant, démarre "Holocaust reborn". Et là, difficile de ne pas être consterné. Boite à rythme made in guitar pro, ambiance inexistante, saturation extrême de partout (ça sent l'enregistrement quand maman dormait), chant standard.. Bref, le néant total. Le groupe s'en sort un peu mieux dans les parties rapides ("The next plane of existance"), lecôté Burzum se montrant alors accentué, mais bon, honnêtement, il n'y a vraiment pas de quoi fouetter un chat. Le summum étant d'ailleurs atteint sur cette ignominie qu'est "Transcending" : des notes de pianos ridicules façon "Frères jacques" qui s'éternisent, une boite à rythme décalée, un semblant d'atmosphère complètement naze... Le truc carrément honteux en fait. Et pourtant, sur le dernier morceau, une reprise de Mayhem, le groupe se jette dans le parti pris du BaR "techno", façon mysticum, Aboirym, et là comme par hasard c'est tout de suite vachement mieux ! Limite bien même !!! Surprenant... Mais toujours pas de quoi rendre ce split intéressant. Entre Xasthur qui se fait des auto reprises, et Acid Enema dont le seul titre sympa est une reprise d'1m30, on préfère vite oublier cette horreur et passer à la suite... A noter que sans Acid

Enema, la note aurait pris un point.

Note : 2/6

Page 154/160 XASTHUR/NORTT : S/t

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Ah et bien voilà ! Enfin un split qui vaut le coup, et pas qu'un peu ! N'en déplaise à ce frippon de Yog, mettre sur une galette les deux nouvelle stars du metal dépressifs, Nortt et Xasthur, se révèle être une excellente idée. On se retrouve avec un disque qui propose deux facettes différentes de la désolation musicale : Nortt pose une vision nihiliste, dépouillée, très funéraire, tandis que Xasthur travaille plus sur la mélodie, l'atmosphère et la musicalité (oui oui vous avez bien lu). Nortt ouvre donc les portes de son monde avec l'intégralité de l'ep "Hedengang" (dont on trouvera les deux morceaux principaux sur l'album "Gudsforladt"). L'univers de ce danois est des plus minimalistes : quelques notes de claviers (pianos, nappes), un mur de guitares façon "double metal zone", une rythmiquer carrément funeral doom, et de vieux râles commes arrachées à une gorge putréfiée en guise de "chant". Ici, l'extrêmisme est de mise, mais pas sous la forme que l'on connaissait actuellement. Il s'agit ici d'une désolation, d'un dénuement poignant, dont les quelques notes délivres ci et là ne peuvent qu'instaurer une atmosphère noire et sans horizons. Et c'est bien là la force de Nortt : ce danois dégage une ambiance complètement suicidaire rarement atteinte. Harmonies faciles, rythmiques binaires, breaks rarissimes mais bienvenus (les cloches !), et pourtant, Nortt captive. Peut-être est ce dû à ce format "split" qui fait que le groupe ne lasse pas malgré son extrême linéarité, nous en reparlerons sur les autres chroniques de Nortt. Toujours est-il que cette première partie du split est réellement glaçante. Et à vrai dire, j'etais réellement sceptique quand à la capcité de Xasthur à ne pas faire chuter l'ambiance. Et pourtant ! Première surprise : il n'y a que des inédits ! Et ceux-ci sont tous d'excellents niveaux. Xasthur conserve son style qui lui est propre, mais laisse son chant abyssal au placard (excepté sur le début de "Blood...") et préfère laisser parler ses harmonies. Sur "A curse for the lifeless", Malefic se montre ainsi presque lumineux, plein d'espoir, on pense ainsi beaucoup à Katatonia, mais toujours avec ce côté dissonant propre à l'américain. Ces dissonances, on les retrouvera avec joie sur le gros morceau de la partie de Xasthur "Blood from the roots of the forest", longue pièce de 10min, dans lequel Xasthur fait étalage de son style. Arpèges décharnés, harmonies qui glaçent le sang, claviers fantomatiques, boite à rythme qui ne se cache pas... Le son est pour une fois très bon, proche d'un "suicide in dark serenity", et contribue à dégager une ambiance calme et déprimante. A ce propos, Xasthur s'est permis de faire venir un invité pour les claviers de "lurking in silence", et il n'y a pas à dire, en matière de final dépressif, le sieur a tapé fort... Une fin tout en claviers, douce, comme un tourment incessant prenant la forme d'un simple piano accompagné par quelques nappes bien choisies. Très bonne initiative car lorsque le disque s'arrête, je ne vous dis pas le blanc laissé. On est là comme un con devant sa chaîne à se dire qu'on a vraiment pris un truc dépressif dans la tronche, et pas une connerie auto proclamée tristounette. Bref, voilà un split à ne pas mettre entre toutes les mains. Définitivement recommandé.

Note : 5/6

Page 155/160 Informations

Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com.

© 2000 - 2008

Page 156/160 Table des matières

Les interviews...... 3

DERNIERE VOLONTE - (interview réalisée par Iormungand Thrazar)...... 4

Les chroniques ...... 9

MYRKR : Offspring of gathered foulness ...... 10

PESTE NOIRE : La Sanie des siècles- Panégyrique de la dégénérescence...... 11

OHTAR : Petrified breath of hope ...... 12

DENOUNCEMENT PYRE : Hells infantry ...... 13

GANZ (Oliver) : ThrEEEvolutions...... 14

TANGERINE DREAM : Tangram ...... 16

CHEJU : Sliding windows EP...... 17

CHEJU : Rorschach EP...... 18

CHEJU : Dreamscapes ...... 19

CHEJU : Taito-Ku...... 20

CHEJU : Transparencies EP...... 21

TANGERINE DREAM : Thief...... 22

TANGERINE DREAM : Exit...... 23

MALEDICTA : Eruption from insides ...... 24

THE GATHERING : Home...... 25

ABSKE FIDES : ... apart of the world ...... 26

VENETIAN SNARES : A giant alien force more violent & sick than anything you can imagine ...... 27

INCUBUS (CALIFORNIE) : Morning view ...... 28

SJÄLVMORD : Självhatets Skönhet ...... 29

LUGUBRUM : Live in Amsterdam: trampled brass/midget robes ...... 30

PADILLA MURPHY : Planetary Elements...... 31

PADILLA MURPHY : Planetary Elements II...... 32

THE WAY OF ALL FLESH : Esprit d'escalier...... 33

PLACE4TEARS : The silent flame...... 34

SHREEVE (Mark) : Legion ...... 35

SCHULZE (Klaus) : Mirage ...... 37

SCHULZE (Klaus) : Body Love 2...... 38

EDGE OF SANITY : Nothing but death remains...... 39

EDGE OF SANITY : Unorthodox ...... 40

ARCTURUS : Shipwrecked In Oslo...... 41

Page 157/160 SEAR : Begin the celebrations of sin...... 43

EPHELES : Souviens-toi...... 44

SONNY RED : Extent Of Soul ...... 45

INHATRED : Ten Seconds Before Sunrise...... 46

EDGE OF SANITY : The spectral sorrows ...... 47

HILDEROG : Tsörmenkvadùr ...... 48

BORN UNDER SATURN : Reflecting The Beautiful Design...... 49

SLUDGE : The well...... 50

SONIC YOUTH : A thousand leaves...... 51

BROEKHUIS,KELLER & SCHONWALDER : Musique des Machines...... 53

REPULSION : Horrified...... 55

AVALANCHES (The) : Frontier psychiatrist...... 56

NAPALM DEATH : Mass appeal madness...... 57

TUSK : Tree Of No Return ...... 58

NEMESIS : Audio Archeology Vol. 1...... 59

THE GUN CLUB : Fire of love ...... 60

INDRA : Kali ...... 61

REDSHIFT : Redshift I...... 62

ABSENTIA LUNAE : In Vmbrarvm Imperii Gloria...... 63

A.I.D.S. : Syndrome of the end approaching ...... 64

THE DILLINGER ESCAPE PLAN : Miss Machine : The DVD...... 65

TANGERINE DREAM : White Eagle...... 66

TANGERINE DREAM : Logos Live ...... 67

TANGERINE DREAM : Risky Business...... 68

EVERY REASON TO... : Every Reason To...... 69

ZAO : The Fear Is What Keeps Us Here...... 70

SCHONWALDER (Mario) : Close By My Distance ...... 71

REDSHIFT : Ether ...... 72

THE GUN CLUB : Miami ...... 74

WOLFCHANT : Bloody tales of disgraced lands...... 75

UNION : Christ agony ...... 77

MYSTIC CIRCLE : The Bloody Path Of God ...... 79

SIXTEEN HORSEPOWER : Sackcloth'n'ashes ...... 80

DIM MAK : Knives Of Ice ...... 81

LEX TALIONIS : Guitarscreamachine...... 82

Page 158/160 SIXTEEN HORSEPOWER : Low estate...... 83

REDSHIFT : Down Time...... 84

SIXTEEN HORSEPOWER : Secret South...... 85

TRAUMKLANG : Natural Phenomenons...... 86

SIXTEEN HORSEPOWER : Folklore...... 87

SIXTEEN HORSEPOWER : Hoarse...... 88

CYBOTRON (detroit) : Clear ...... 89

MY BLOODY VALENTINE : Isn't anything ...... 90

BOARDS OF CANADA : Music has the right to children ...... 91

CADAVER : In pains...... 93

EDGE OF SANITY : Infernal...... 94

EDGE OF SANITY : Crimson...... 95

REDSHIFT : Siren ...... 96

REDSHIFT : Halo...... 97

OXBOW : Fuckfest / King of the jews ...... 98

OXBOW : Let me be a woman ...... 99

OXBOW : Serenade in red...... 100

OXBOW : An evil heat ...... 101

OXBOW : Love That's Last: A Wholly Hypnographic and Disturbing Work Regarding Oxbow...... 102

DISSECTION : REINKAOS ...... 103

ORDO ROSARIUS EQUILIBRIO : Apocalips...... 106

MEDUSA'S SPELL : Mercurial behaviour ...... 107

LETUM : Broken ...... 108

LORD BELIAL : Nocturnal beast...... 109

GORGOROTH : Ad majorem sathanas gloriam...... 111

AGALLOCH : Ashes against the grain...... 113

SCHULZE (Klaus) : X...... 116

SCHULZE (Klaus) : Dune ...... 118

ENERGETIC KRUSHER : Path to oblivion ...... 119

CONSPIRACY : Reincarnated ...... 120

NO RETURN : Psychological torment ...... 121

DEVASTATION : Signs of life ...... 122

DEATHWISH : Demon preacher...... 123

OTARGOS : Ten-eyed nemesis...... 124

SPEKTR : Near death experience ...... 125

Page 159/160 AKITSA : La grande infamie...... 126

MONSTRARE / WILT : Graveflowers ...... 127

MEIZTER (K.) : Travelling light...... 128

BLACK LABEL SOCIETY : 1919 * eternal...... 129

BELBORN & ROSE ROVINE E AMANTI : Grain ...... 130

SLAYER : Christ illusion...... 131

MOTÖRHEAD : Kiss of death ...... 132

IRON MAIDEN : A matter of life and death...... 133

REDSHIFT : Fautline...... 134

REDSHIFT : Faultline The DVD...... 135

REDSHIFT : Oblivion...... 136

POTENTIAM : Orka i myrkri...... 137

BEYOND BLACK VOID : Desolate...... 138

CELTIC FROST : Monotheist ...... 139

KIRKWOOD (Jim) : Tower of Darkness...... 141

EDGE OF SANITY : Cryptic ...... 143

THE DAMNED : Music for pleasure...... 144

IHSAHN : The adversary...... 145

DAVID VANIAN AND THE PHANTOM CHORDS : Johnny remember me ...... 146

KIRKWOOD (Jim) : In the Deep Places of the World...... 147

SUP : Anomaly...... 149

SCREAMS FOR TINA : Screams for Tina ...... 150

ROACH (Steve) : Immersion: Two...... 151

SUP : Room seven...... 152

XASTHUR/ANGRA MAINYU : S/t...... 153

XASTHUR/ACID ENEMA : S/t ...... 154

XASTHUR/NORTT : S/t ...... 155

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