12 Poèmes De Rimbaud. Analysés Et Commentés
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Étude de Madame Bovary, Salammbo, L'Éduca- tion sentimentale, collection « Œuvres majeures » (MS 99). — Camus. Étude de L'Étranger, La Peste, Les Justes, La Chute, collection « Œuvres majeures » (MS 57). — Molière. Étude de Dom Juan, Tartuffe, collection «Œuvres majeures» (MS 54). — 12 poèmes de Baudelaire, collection «Textes expliqués» (MS 1204). — 12 poèmes de Verlaine, collection «Textes expliqués» (MS 1208). — Tester et enrichir son vocabulaire (MS 104). — Tester et enrichir sa mémoire (MS 128). — Tester et enrichir son orthographe (MS 1201). — Tester et enrichir son anglais (MS 1202). — Tester et enrichir sa culture générale (MS 1202). — Tester et enrichir ses connaissances en littérature (MS 1203). Marie-Paule BERRANGER 12 poèmes de Rimbaud analysés et commentés MARABOUT © 1993, Marabout, Toute reproduction d 'un extra quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie du microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l'éditeur. J'emploie le mot de cruauté dans le sens d'appétit de vie, de vigueur cosmique et de nécessité implacable, dans le sens gnostique de tourbillon de vie qui désire les ténèbres, dans le sens de cette douleur hors de la nécessité iné- luctable de laquelle la vie ne saurait s'exercer. Antonin Artaud, « Lettres sur la cruauté », dans Le Théâtre et son double. INTRODUCTION Voici analysés, commentés, douze poèmes de Rimbaud choisis parmi ceux que l'institution scolaire sollicite le plus souvent (« Aube »), quelquefois (« Mémoire ») ... ou presque jamais («Mauvais sang»). Cette sélection forcé- ment discutable, puisque la totalité de l'œuvre donne aussi sens à ses éléments, tente de construire l'image d'une trajectoire poétique de grande amplitude, plus continue qu'il n'y paraît. Chaque grande partie de ce livre s'organise autour d'étapes déterminantes dans l'art poétique de Rimbaud, mais il ne faudrait pas en déduire que l'œuvre est divisible en périodes bien tranchées : on l'a cru ; on en est revenu. Rien ne permet d'affirmer que Rimbaud explore les ressources du poème en prose quand il en a fini avec le vers : seule la succession inhérente à la présentation oblige à les juxtaposer. Les adieux successifs du poète n'excluent jamais ce qu'il appelle « des petites lâchetés en retard » et qui sont autant de poèmes d'une écriture qu'il juge dépassée, à laquelle il cède cependant. Après avoir parcouru à grandes enjambées les moments clés de cette vie exigeante où le XX siècle a puisé les épisodes d'un véritable mythe, le livre propose douze lectures, par- fois de simples notes au fil du texte, destinées à donner les informations nécessaires à l'élucidation ; parfois des lectures «méthodiques» ou des commentaires composés rédigés. Deux objectifs guident ces études : mettre à la disposition du plus grand nombre de lycéens et d'étudiants débutants les avancées considérables récentes de la critique rimbal- dienne, et, surtout, montrer quelques orientations qui per- mettent d'organiser cette foisonnante information. Les explications textuelles sont ponctuées d'intermèdes, notices qui proposent des rappels factuels d'ordre historique ou s'attachent à des aspects plus marginaux de l'œuvre (la correspondance, les sources textuelles). Une bibliographie générale regroupe à la fin les principales éditions de Rim- baud et signale, en fonction du niveau de spécialisation du lecteur, les études essentielles. Une discographie permettra à chacun de se confronter très concrètement à la métrique et à la prosodie à travers les choix qu'implique toute lecture à haute voix. Ce livre tente de saisir... l'insaisissable et le fuyant: une création en ses métamorphoses. Il s'agit de rompre avec la lecture « pittoresque » de Rimbaud : je ne me suis donc pas donné la liberté de fragmenter les textes en plusieurs parties, ni d'en prélever des extraits, persuadée qu'ils sont dialec- tiques, polyphoniques, et changent gravement de sens à être ainsi découpés. Isoler la troisième partie de «Mémoire», c'est ramener l'entreprise poétique à un témoignage anec- dotique codé. Or, les poèmes de Rimbaud sont des configu- rations mouvantes comme celles d'un kaléidoscope... «À chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues » dit généreusement Rimbaud. On ne s'étonnera pas qu'il en ait vécu simultanément plusieurs... ni qu'il échappe à ce volume : comment désirer mettre sous clé celui qui fut, selon la belle formule de René Char, le « passant considé- rable » ? PREMIÈRE PARTIE LA VIE FABULEUSE D'ARTHUR RIMBAUD LA FAMILLE «Je serais bien l'enfant abandonné... » écrit Rimbaud. Car la famille lui est pesante. Arthur Rimbaud est né à Charle- ville en 1854. Son père, Frédéric Rimbaud, capitaine d'infanterie, est parti définitivement à la naissance d'Isa- belle, quand Arthur avait six ans : avant, il y a eu la cam- pagne de Crimée, la garnison — au total, Rimbaud l'a peu connu et cette absence, même s'il s'en félicite, est fortement ressentie. Le « dégagement rêvé» est peut-être la trace d'une «démission» paternelle mythifiée. La mère, Vitalie Cuif, se retrouve avec un rôle plutôt ingrat ; poèmes et correspondance lui donnent de « doux » noms : la Sorcière, la Vampire, la mère Rimbe, la Daromphe. Au départ de son mari, elle se drape dans le deuil et le devoir, silhouette noire et rigide, soucieuse de la respectabilité de la famille. Menant à la baguette ses quatre enfants dont elle reste seule responsable, elle leur impose une stricte disci- pline religieuse et l'économie la plus sévère. Rimbaud, à l'adolescence, lui prête de sombres intentions à son égard, notamment de le pousser à la faute pour l'effacer de la famille comme une tache, en l'oubliant dans un pen- sionnat. Mais il reviendra toujours à Roche, la propriété des parents de sa mère, entre deux épisodes agités de sa vie; c'est à sa mère qu'il fait appel, et pas en vain, pour financer l'édition d'Une saison en enfer, négocier avec la famille de Verlaine à Paris, venir l'arracher au marasme à Londres. Il semble pour le moins qu'une certaine solidarité les unisse. Du frère aîné d'un an, Frédéric, il a peu à attendre : quelques après-midi partagés sur les bords de la rivière, mais pas d'autre complicité. Quant aux sœurs, l'une, Vitalie, de quatre ans plus jeune, meurt à dix-sept ans d'une synovie tuberculeuse; l'autre, Isabelle, il la retrouve surtout, semble-t-il, à la fin de sa vie : elle l'accompagne dans son agonie, joue le jeu de ses ultimes rêves d'aventure, reçoit confidence de ses dernières «illuminations». Fidèle, trop peut-être, elle veille ensuite jalousement sur l'œuvre, sur- veille les projets d'édition, propose coupures et falsifica- tions, pour ôter de l'œuvre de son frère ce qui heurte les bons sentiments. Elle tente, avec son mari, Paterne Berri- chon, de gérer une image bien pensante d'un Rimbaud repenti et chrétien jusqu'à la dernière heure. Ambivalence de Rimbaud... la famille est décrite comme la paralysie, la menace d'impuissance, l'origine du vice. Le doute qui l'habite, l'oscillation entre des extrêmes, il en rend responsables, semble-t-il, le retrait du père et la rigidité castratrice de la mère. Pourtant, il y a aussi quelques images tendres d'enfants penchés sur les belles images, de mélan- colie des jours de pluie, de rêveries au bord de la Meuse. JEAN-ARTHUR, ÉLÈVE RIMBAUD L'école (l'Institution Rossat, puis, à partir de 1865, le col- lège de Charleville) est le lieu où Rimbaud respire : là s'ouvre un autre monde révélé par les livres qui permettent d'échapper au quotidien régulier et morne. Rimbaud rafle les prix et se fait remarquer par sa piété. Dès huit ans, il écrit de petites pièces (une sorte de fantaisie, puis, en 1868, des vers latins au Prince impérial à l'occasion de sa première communion). Plus significatifs, à partir de quinze ans, ses vers latins: «Ver erat» (Le «Songe de l'écolier») connaît les honneurs de la publication dans le Bulletin de l'Académie de Douai (n° 2), puis «Jamque novus» («L'Ange et l'enfant») et «Jugurtha» paraissent dans les numéros 11 et 22. L'école lui donne une formation déterminante en ce que les méthodes acquises là orienteront sa recherche poétique; ainsi la récitation où il excelle (il faut l'arrêter lorsqu'il récite l' Enéide en latin) le dote d'un prodigieux bagage de vers et d'images mémorisées. La rhétorique et ses exercices canoniques (cf. p. 72) lui ont donné des outils de création, une virtuosité sur lesquels il s'appuie : certes, il lui faudra, pour devenir poète, désapprendre la mécanique artificielle, mais il tient le système..