Lettre Royale

TRADUCTION DE LA LETTRE ROYALE ADRESSEE A MOULAY AB- DALLAH ALAOUI, PRESIDENT DE LA FEDERATION DE L’ENERGIE

Grand Sceau de Sa Majesté Mohammed VI

Sa Majesté le Roi du Maroc Royaume du Maroc

Louanges à Dieu Seul, que la bénédic- tion et salut au prophète Mohammed, à ses proches, et à ses compagnons.T A Notre fidèle serviteur Monsieur Ab- dallah ALAOUI, président de la Fédé- ration de l’Energie, de la Confédération Générale des Entre- prises du Maroc (CGEM). Salut et Bénédiction sur toi, Ensuite, Il Nous est agréable de t’ex- primer nos remerciements pour le livre que tu Nous as offert sur « 10 ans de réflexion sur les choix énergé- tiques », Nous avons apprécié gran- dement les idées constructives, exposées dans ton livre et qui reflètent de ta part, une large connaissance des spécificités de ce secteur vital, et de son importance, étant considéré comme un levier essentiel de la pro- duction économique et du développe- ment et constitue un des plus grands défis du présent et du futur. Tout en accordant le plus grand in- teret au fruit de ton effort, qui mérite encouragement, Nous t’exhortons à partager l’expertise que tu as acquise dans ce domaine avec les acteurs du secteur et particulièrement avec les entreprises affiliées sous la bannière de la Fédération. Que Dieu t’Assiste et couronne de succès tes actions.

Signé : Mohammed VI Roi Du Maroc Sa Majesté Mohammed VI à Ouarzazate S o m m a i r e N° 29 - Mars/Avril 2011

Lettre Royale adressée Moulay Abdallah Alaoui, Président à Moulay Abdallah Alaoui 2 36 de la Fédération, auteur du livre S.M. le Roi Reportage photographique à Ouarzazate 3 37 de la cérémonie du 24 Janvier 2011 Editorial Rachid Idrissi Kaïtouni, « L’avant et l’après » Fédération 5 42 Président du GPM Energie News JM. Chevalier, Directeur du Nouvelles du Maroc sur l’énergie 6 4 3 Centre de Géopolitique en France Mme Benkhadra sur tous les fronts Richard Lavergne, Conseiller Abou Dhabi, Paris, Londres, Doha… 8 44 au ministère français Témoignages lors de la cérémonie Dossier : Politique énergétique 9 45 et par correspondance. Le discours fondateur de Ouarzazate devant S.M. le Roi (Oct. 2010) 10 46 Energie & Economie

Plan de développement M.A.Alaoui analyse les nouveaux énergétique 12 47 enjeux économiques et financiers (MENA) Un développement économique Le baril à 120 $ ; et social accéléré 15 48 Quelles répercussions sur le Maroc ? Besoins croissants du Maroc La crise de la caisse en énergie (scénarios 2012-2030) 16 49 de componsation Objectifs et plans d’action Fluctuations du prix des matières de la nouvelle stratégie énergétique 17 50 premières et leurs conséquences

Montée en puissance des énergies 51 Les profits des majors servent leur renouvelables ; atouts du Maroc 18 quête de nouveaux gisements Dépendance de l’extérieur Eolien et Solaire 52 Les projets marocains intégrés 19 et tendance haussière des cours Projets du Maroc Energies renouvelabl es : Opportunités 53 d’investissement au Maroc 20 avec l’Etranger Les perspectives du gaz Coopération naturel sous l’œil de l’AIE 21 54 internationale Loi N° 13/09 portant création Opérateurs & Associés 24 55 de la société « MASEM » Trois acteurs importants autour Le monde de l’Energie : de l’ONE (ADEREE, SIE et MASEN) 25 56 tour d’horizon international. Les lubrifiants d’Afriquia certifiés ISO… 28 57 Etudes & Environnement

Shell conclet des accords Charte nationale de l’environnement avec Vitol et Helios 29 58 et du développement durable Interview d’un responsable Appel d’Offres N° 15/xxxx, relatif aux de Total-Maroc 30 59 bonnes pratiques (Energies renouvelables).

2001-2011 : Xéme anniversaire 31 60 L’Energie dans les médias Cérémonie de Présentation Dossiers de la presse sur le secteur du secteur et de l’auteur du livre 32 61 Les Echos, L’Economiste, Le Reporter... Madame Benkhadra, Le Monde Diplomatique ministre de l’Energie et des Mines 34 62 « Ebriété » ou « sobriété » … M. Horani, Président de la CGEM 64 L’ouvrage : « 10 ans de réflexion B. Jaï, DG d’Attijariwafabank 35 sur les choix énergétiques ».

Directeur de la Publication Conception et réalisation Moulay Abdallah Alaoui Aveprod

Comité Scientifique 13, rue des Tuileries – Palmiers, Magazine de la Fédération de l’Energie Med Bennani Smirès, Rachid Idrissi Kaïtouni, Tél. : (212)0522 25 65 42 – Fax : (212)0522 25 64 83 23, rue Mohamed Abdou – Palmiers, Saïd Mouline Email : [email protected] Casablanca – 20340 Rédacteur en Chef Impression Tél. : (212)0522 99 70 71/72 – Fax : (212)0522 98 52 80 Fouad Nejjar Edit Email : [email protected]

4| Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Editorial L’Avant et l’Après Fédération Par Moulay Abdallah Alaoui

ue de chemin parcouru en dix nelle, n’aurait pu être réalisée sans la ans ! Tant pour le Maroc que conjugaison des efforts du Gouvernement pour la Fédération. En 2001, de SM Le Roi, des acteurs privés des dif- date de sa création, la libérali- férentes filières et des associations. Notre Qsation du secteur n’était encore qu’à ses fédération y a contribué grandement par sa débuts, les structures en voie de dévelop- force de proposition et le rôle de courroie pement et les choix stratégiques difficiles. de transmission qu’elle a joué entre toutes D’autant plus que les pouvoirs publics de- ses composantes. Il faut aussi rendre hom- vaient prendre résolument une orientation mage à l’Autorité de tutelle qui n’a jamais qui allait engager le pays pour longtemps fermé la porte au dialogue, restant pendant et que les opérateurs écono- constamment à l’écoute des doléances tout Bénéficiant miques privés – les distributeurs pétroliers en préservant, tant que faire se peut, les de l’ouverture notamment - sortaient de intérêts de chacun. du marché l’expectative pour deman- C’est dans ce sens et avec «depuis 2006, der un toilettage de la struc- un esprit toujours aussi réglementé ture des prix et un retour constructif que nous enten- et mieux sur investissement accepta- dons continuer à servir structuré, ble. Par ailleurs, la Caisse l’Energie. Pour paraphraser le secteur de l’Energie est, de Compensation accusait Jean Marie Chevalier, un aujourd’hui, des arriérés de règlement, des grands spécialistes l’un des ce qui constituait un handi- français en la matière, non moteurs du cap pour leur trésorerie et moins connaisseur et ami développement leur compte d’exploitation. du Maroc, il y a un « Avant du pays et Ce rappel de la situation qui » et un « Après » Fédéra- de sa prévalait en dit long sur les tion dans le domaine éner- modernisation. progrès accomplis, même si tous les indi- gétique. Son appréciation nous conforte cateurs ne sont pas encore au vert. Bénéfi- dans l’idée que les dix années qui vien- ciant de l’ouverture du marché depuis nent de s’écouler, ont été judicieusement 2006, réglementé et mieux structuré, le mises à profit pour réfléchir – et agir - au secteur de l’Energie est, aujourd’hui, l’un développement harmonieux du secteur. Sa des moteurs du développement du pays et feuille de route est maintenant tracée pour de sa modernisation. Mieux, il intéresse de faire face aux enjeux considérables et aux nombreuses sociétés internationales qui mutations que connaît le monde. L’Ener- projettent d’y effectuer d’importants in- gie conditionne le progrès économique de vestissements; autant dire qu’il est de- chaque pays et y prend une place de plus venu réellement porteur. en plus importante. Notre rôle aussi. Cette avancée rapide, voire exception-

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La CGEM, représentée dans le Conseil Economique et Social

« La création du Conseil éco- équilibré » a-t-il ajouté. nomique et social est un évé- Pour sa part, Moulay Abdallah Moulay Abdallah Alaoui, membre du CES nement majeur devant Alaoui président de la Fédéra- J’ai perçu ce discours comme la naissance d’une troisième marche du contribuer à l’accélération du tion de l’Energie, également Royaume. La Monarchie a en effet toujours été la clé de voûte des insti- développement de notre pays membre du CES, a rappelé tutions et a toujours pris des initiatives : sous le règne de Mohammed V, » a estimé Mohamed Horani, lors de la première réunion de il y a eu la révolution du Roi et du peuple ; sous l’ère Hassan II, nous Président de la CGEM et cette nouvelle institution, avons assisté à la Marche verte ; aujourd’hui, Mohammed VI est à l’ori- membre du conseil. La repré- tenue le 7 mars à , qu’il gine d’une nouvelle Constitution, d’une nouvelle organisation du Parle- sentation au sein du conseil ne fallait pas brûler les étapes ment… soit un nouvel élan vers un meilleur avenir pour le Maroc. Pour des entrepreneurs, des salariés et réagir dans le cadre cet accomplissement, les partis politiques sont appelés à œuvrer pour une et de la société civile, « va ga- d’échéances politiques. C’était démocratie dépassionnée et cela doit passer par un rajeunissement de rantir l’efficacité de ses ac- pour répondre à quelques leurs troupes, afin que le renouvellement se traduise par une démocratie pérenne. L’enjeu sera aussi de mobiliser la société civile pour cette nou- tions au service du seul intérêt membres qui souhaitaient que velle ère qui se dessine, mais à condition qu’elle soit encadrée par le tissu général et la promotion d’un le gouvernement accélère le associatif afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle. développement économique rythme des réformes.

ONHYM : Plus de 81 MDH d’investissements

Les investissements de l’Office des hydro- tenaires ont dépassé 745 MDH. carbures et des mines (ONHYM) en ma- Ces données ont été annoncées au cours tière d’exploration pétrolière au cours de de la septième session du Conseil d’admi- l’année 2010 ont atteint 81,5 millions de nistration de l’Office, tenue mi-mars à dirhams (MDH) alors que ceux de ses par- Rabat.

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Table ronde de la CCBM

Les énergies renouvelables constituent à Ces énergies propres restent indissociables long terme la clé de la politique de déve- du développement durable, se trouvent au loppement durable, ont souligné, le 2 mars cœur des stratégies arrêtées (Maroc Vert, à Casablanca, les intervenants lors d’une Plan Emergence, Vision 2030, Eau, Indus- table sur « Le Maroc et les énergies renou- trie, Tourisme et Habitat) et permettent de velables : Stratégie, environnement et atout satisfaire les besoins croissants du Maroc économique » organisée par la Chambre de en énergie. commerce britannique au Maroc.

SAMIR : Les ventes augmentent de 4 %

La SAMIR a réalisé, en 2010, un chiffre d’affaires de 37 milliards gressé de 6 %. Le raffinage a concerné un volume de 6,54 mil- de DH en progression de 37 % par rapport à l’exercice 2009. lions de tonnes, soit une amélioration de 38 % par rapport à « La profitabilité a enregistré une forte progression résultant de 2009. La production a augmenté de 36 % permettant de réduire l’augmentation de la production dans un en- les importations de produits finis de 60 %. vironnement de marges favorables et de Le management de la SAMIR a annoncé l’impact positif des prix sur les stocks » a que l’effort d’investissement se poursuit à expliqué son Directeur général » Jamal Baâ- travers la construction de l’unité de raffi- mer. nage n° 4, ce qui permettra à terme, d’aug- Les ventes totales de l’exercice passé ont af- menter la production, de baisser les coûts fiché une augmentation de 4 % par rapport et d’améliorer davantage la profitabilité à 2009, pour atteindre 6,8 millions de dans le respect des impératifs du dévelop- tonnes. Sur le marché national elles ont pro- pement durable.

Le Maroc invité d’honneur à Lyon

« Ce sont des projets intégrés. Il ne velables de Lyon (15-18 février) avec s’agit pas uniquement de produire de le Maroc comme invité d’honneur. l’énergie électrique à partir des énergies Afin d’encourager l’intégration indus- renouvelables mais bien de développer trielle, a-t-il encore indiqué, une offre une intégration industrielle au Maroc et a été présentée pour inciter les indus- de promouvoir la recherche, l’innova- triels étrangers à venir au Maroc pour tion et la formation des compétences » s’implanter et produire localement des a affirmé Mohamed Adyel, Conseiller équipements qui servent à la produc- au ministère de l’Energie et des Mines, tion de l’électricité à partir des énergies en marge du Salon des énergies renou- renouvelables.

L’EMI planche sur l’Energie

Les énergies renouvelables : La couver- ture des besoins énergétiques au Maroc et le développement durable » a été le thème d’une journée d’études organisée à Rabat. Les participants à cette rencontre, orga- nisée par le club « Energie électrique »

Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 | 7 Enérgie News

Amina Benkhadra sur tous les fronts LE PREMIER TRIMESTRE DE 2011 A ÉTÉ RICHE EN DÉPLACEMENTS POUR MME BENKHADRA, MINISTRE DE L’ENERGIE, DES MINES, DE L’EAU ET DE L’ENVIRONNEMENT. ELLE S’EST RENDUE SUCCESSIVEMENT À ABOU DHABI, BERLIN, LONDRES, RYAD, DOHA, ALGER ER PARIS

Sommet mondial des énergies du futur Forum international de l’énergie pays dans le domaine énergétique, notam- ment le Gaz, et de collaboration en matière Mme Amina Benkhadra, s’est entretenue, Les travaux de la réunion ministérielle ex- des énergies renouvelables, Les deux par- mi-janvier à Abou Dhabi, avec le président traordinaire du Forum international de ties ont également examiné le projet d’une exécutif du groupe émirati spécialisé dans l’Energie (IEF), se sont déroulés à Ryad, société mixte d’électricité, ainsi que les les énergies renouvelables « Masdar », Sol- avec la participation de plusieurs ministres possibilités de coopération en matière de tan Ahmed Jaber, des moyens de renforcer du Pétrole et de l’Energie de nombreux formation dans les différents secteurs liés la coopération bilatérale en matière d’éner- pays dont Amina Benkhadra.. à l’énergie et les mines. gies renouvelables . La participation du La réunion de l’IEF, a porté notamment sur Maroc a ce Sommet, démontre la volonté l’adoption et la signature par 87 pays mem- « Décisif » pour les français ! du Royaume de promouvoir la coopération bres de la Charte du secrétariat général du Discours royal annonçant des réformes ins- bilatérale en matière d’énergies renouvela- Forum, qui vise à renforcer le dialogue titutionnelles « Ce discours important, por- bles, et la disposition des Emirats Arabes entre producteurs et consommateurs en vue teur d’un extraordinaire espoir et qualifié Unis à consolider le partenariat avec notre d’accroître la transparence et la stabilité d’historique par les commentateurs, est, pays dans le domaine des énergies propres. des marchés énergétiques. pour nous investisseurs, décisif », a souli- Le Maroc s’expose au Bundestag Coopération tous azimuts avec le Qatar gné Mme Parisot, présidenfe du MEDEF lors d’une rencontre-débat sous le thème « Devant les responsables marocains et alle- La haute commission mixte, présidée par le Réformes et croissance, où en est au Maroc mands, suivant les problèmes de l’Energie, Premier ministre, Abbas El Fassi, et le pré- ? ».organisé le 23 mars à Paris. pair. Plus le Bundestag (Parlement allemand) a abrité, sident du Conseil des ministres, ministres nous approfondissons la démocratie, plus le 27 janvier, un forum sur le Programme des Affaires étrangères du Qatar, a été cou- nous nous donnons de chance d’approfon- marocain des énergies renouvelables. ronnés par la signature de plusieurs accords, dir la paix, la croissance et la prospérité », Les grandes lignes du projet intégré de programmes et mémorandums d’entente. a-t-elle assuré. l’énergie solaire et les étapes parcourues Il s’agit d’une lettre d’intention qui Dans une déclaration à la presse au terme dans la réalisation des grands projets, ins- concerne la coopération industrielle dans d’un entretien avec une délégation de six crits dans le cadre de la stratégie nationale, le domaine des engrais chimiques, entre le ministres marocains en visite en France ont été présentés aux parlementaires et pro- ministère de l’Energie et de l’Industrie qa- dans le même cotexte (MEDEF/GGEM) fessionnels allemands. tari et le ministère de l’Energie, des Mines, M. Juppé a dit notamment : de l’Eau et de l’Environnement au Maroc, MENA : perspectives d’investissement « Nous espérons de tout cœur que cette ré- de même qu’un accord d’aide administra- forme constitutionnelle réussira et qu’elle La conférence sur les perspectives d’inves- tive mutuelle pour la bonne application du obtiendra le soutien de la plus grande par- tissements dans le domaine énergétique dans code des douanes. la région (MENA) qui s’est tenue le 31 jan- tie de l’opinion «, précisant que ce sera un Du Gaz entre le Maroc et l’Algérie ? vier à Londres (Chatham House), a compté enjeu important, parce que ce sera un mo- la participation du Maroc, représenté par une Mme Amina Benkhadra, en visite mi mars dèle d’évolution positif » pour la région ». importante délégation, dirigée par Mme en Algérie, a évoqué avec son homologue Sur le plan économique, M. Juppé a af- Benkhadra, et à laquelle ont participé plu- algérien, Youssef Youssfi, les possibilités firmé que « les entreprises françaises sont sieurs responsables gouvernementaux et ex- de coopération et de partenariat dans les très présentes au Maroc et sont prêtes à perts britanniques. La Conférence examiné secteurs de l’énergie et des mines et des poursuivre leur investissement ». les questions relatives aux réserves de la ré- énergies renouvelables. gion ainsi qu’à la demande et aux plans d’in- Cette visite, a été l’occasion d’examiner les vestissement dans ce secteur stratégique. possibilités de partenariat entre les deux

8| Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Dossier

Le projet solaire de OUARZAZATE intéresse les sociétés internationales

SM LE ROI MOHAMMED VI A PRÉSIDÉ LE 10 OCTOBRE 2010, AU SITE DU COMPLEXE ÉNERGÉTIQUE SOLAIRE DE OUARZAZATE, LA CÉRÉMONIE DE SIGNATURE DES CONVENTIONS PARACHEVANT LE CADRE INSTITUTIONNEL DE RÉALISATION DU PROJET INTÉGRÉ D'ÉNERGIE ÉLECTRIQUE SOLAIRE, CONFIÉE À L'AGENCE MASEN.

laire et éolien de 2000 MW chacun traduit l'expres- sion concrète de la priorité majeure que Sa Majesté le Roi accorde au développement des énergies re- nouvelables comme le moyen optimal permettant au Maroc de répondre aux défis de la sécurité d'appro- visionnement, de la préservation de l'environnement et du développement durable. Ces projets ne sont pas limitatifs car les programmes de production d'élec- tricité à partir de sources renouvelables sont large- ment ouverts à l'initiative privée nationale et internationale, comme le stipule la nouvelle loi 13- 09 relative aux énergies renouvelables promulguée en février 2010. Ainsi depuis le lancement de ce nouveau projet en Novembre 2009 par SM le Roi, de nombreuses actions ont été réalisées relatives no- tamment à la mise en place d'un cadre législatif et institutionnel approprié. Mme Benkhadra a également précisé que la protection des ressources La première ette cérémonie fait suite à la Séance de est une donnée essentielle pour le développement convention, travail présidée le Souverain, le 9 Octobre harmonieux de la région. Celle-ci est d'ailleurs illus- engageant l'Etat 2010, et au cours de laquelle Il a donné trée par les actions entreprises pour optimiser l'utili- et MASEN, a été Ses Hautes Instructions aux parties sation des ressources hydriques nécessaires pour le Cconcernées pour s'en tenir strictement au calendrier développement économique et social de la région. signée par le de réalisation du plan solaire marocain et de ne mé- Premier Ministre L’adjudicataire, connu en 2011 Abbas El Fassi nager aucun effort pour que ce défi que s'est lancé et le Président le Maroc, comme pour tous les grands projets qui De son côté, M. , Président du du Directoire de sont menés, se matérialise au bénéfice de son déve- Directoire de la MASEN a, dans une allocution si- la société MASEN loppement et du bien-être de sa population. milaire, présenté l'état d'avancement du plan solaire marocain de 2000 MW et les actions réalisées parti- Mustapha Une priorité majeur Bakkoury. culièrement pour la première centrale de 500 MW A cette occasion, Mme Benkhadra, Ministre de d'Ouarzazate ainsi que les perspectives de dévelop- l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, pement du projet global. a rappelé, dans un important discours fondateur, les En effet, le développement du complexe solaire étapes franchies dans la mise en oeuvre des grands d'Ouarzazate qui sera réalisé sur une superficie de projets d'énergie renouvelable initiés dans le cadre 2500 hectares, a franchi d'importantes étapes ayant de la stratégie énergétique du Royaume qui fait du permis de qualifier le site, de lancer l'appel à mani- développement des énergies renouvelables et de l'ef- festation d'intérêt auquel ont participé 200 entre- ficacité énergétique une priorité nationale. prises, d'étudier les configurations technologiques, La réalisation, d'ici 2020, des deux programmes so- d'élaborer les schémas institutionnel et de finance-

10 | Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Dossier ment et d'enclencher le processus de pré-qualifica- tion des développeurs pour la conception, la construction, l'exploitation, la maintenance et le fi- nancement des centrales. 19 groupes internationaux ont été pré-qualifiés pour la réalisation de la centrale d’Ouarzazate. La qualité et le nombre des candidats à la dite pré- qualification témoignent du fort intérêt d'opérateurs de premier plan à l'échelle nationale et internatio- nale. Ce processus étant bien engagé, il permet de prévoir le lancement de l'Appel d'Offres avant la fin de l'année 2010 et le choix de l'adjudicataire au courant du deuxième trimestre de l'année 2011. En outre, la cohérence de la vision de notre pays re- La deuxième convention qui a été signée au nom de La deuxième lative aux énergies renouvelables, la crédibilité de l'Etat par Salaheddine Mezouar, Ministre de l'Eco- convention notre pays sur la scène internationale et le bon dé- nomie et des Finance Amina Benkhadra, Ministre de spécifie les roulement de la réalisation du plan solaire, ont fa- l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement aspects de vorisé l'adhésion de grandes institutions financières ainsi que par Ali Fassi Fihri, Directeur général de réalisation des qui ont marqué un intérêt de principe pour le finan- l'ONE et Mustapha BaKkoury, Président du Direc- centrales cement du projet à des conditions préférentielles. toire de la société précitée, spécifie les aspects de solaires, leur Il est à préciser que les conventions signées au- réalisation des centrales solaires, leur fonctionne- fonctionnement, jourd'hui, sous la Présidence Effective de Sa Majesté ment, leur raccordement aux réseaux marocain et in- leur raccorde- Le Roi fixent le cadre d'intervention dans les diffé- ternational ainsi que la commercialisation de ment aux réseaux rentes phases du Plan Solaire autant par l'Etat que l'énergie produite. marocain et par MASEN et l'ONE en sa qualité de partenaire Ont assisté à cette importante cérémonie les conseil- international stratégique dans la fourniture, le transport et l'export lers de SM le Roi, les membres du gouvernement, ainsi que la de l'énergie électrique qui sera produite par les cen- les présidents de la chambre des représentants et de commercialisa- trales solaires. la chambre des conseillers, les présidents de groupes tion de l'énergie au Parlement, des représentants des missions diplo- produite. Deux importantes conventions matiques, des hauts responsables des établissements La 1ère convention, engageant l'Etat et MASEN, a publics, des banques, assurances, fédérations de la été signée par le Premier Ministre CGEM et de nombreux opérateurs nationaux et Abbas El Fassi et le Président du Directoire de la so- étrangers. ciété précitée, Mustapha Bakkoury. A l'issue de cette cérémonie, SM le Roi a effectué Elle porte notamment sur l'assistance que doit four- une tournée dans le site du complexe solaire de nir l'Etat pour faciliter la réalisation du programme Ouarzazate qui sera réalisé sur une superficie d'en- en termes d'acquisition de terrains, d'exploitation des viron 2.500h et qui est situé à près de 10km au nord- projets solaires et de leur financement et des actions est de Ouarzazate et à environ 4 km au nord du qui doivent être menées par la société MASEN. barrage Mansour Eddahbi.

Les Enjeux majeurs

Dans sa présentation, Mme Benkhadra a mis l’accent sur la transition énergétique au niveau mondial ; le monde sera, en effet, confronté à des enjeux majeurs :

• L’émergence des pays en développement avec une forte croissance de leur économie et de leur demande énergétique • Une pression exacerbée sur les énergies fossiles qui, en épuisement progressif, resteront dominantes à des niveaux de prix élevés • L’urgence de limiter l’émission des gaz à effet de serre et de lutter contre le réchauffement climatique • La nécessité impérieuse de la décarbonation rapide des produits énergétiques fossiles • L’accélération du développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergé- tique • La mise en œuvre d’un large éventail de technologies éprouvées et nouvelles et de stratégies nationales et régionales pour sécuriser l’approvisionnement et généraliser l’accès à l’énergie à des coûts raisonnables. • La mobilisation des financements nécessaires aux investissements énergétiques.

Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 | 11 Dossier

Plan de développement des filières énergétiques

LE MAROC, CONFIANT DANS SES POTENTIALITÉS HUMAINES ET ÉCONOMIQUES ET FORT DE SA CRÉDIBILITÉ AUPRÈS DE SES PARTENAIRES EXTÉRIEURS, ENTAME UNE NOUVELLE PHASE DE DÉVELOPPEMENT DE SES FILIÈRES ÉNERGÉTIQUES AVEC LA RÉALISATION OU LE LANCEMENT D’UNE MULTITUDE DE PROJETS ÉNERGÉTIQUES STRUCTURANTS, TANT AU NIVEAU LOCAL QUE RÉGIONAL ET NATIONAL,

es projets concrets, ont été conçus dans le combustible de choix pour la production en base, cadre d’une nouvelle stratégie énergétique toutes les options restent ouvertes et leur réalisation élaborée autour d’enjeux et d’objectifs conditionnée par leur disponibilité de longue durée, clairs et déclinée en plans d’actions rigou- leur faisabilité technico-économique et leur compé- Creux et coordonnés titivité • Cette nouvelle stratégie énergétique adoptée en - Le développement à grande échelle des ressources mars 2009 a pour objectifs principaux de sécuriser nationales considérables en énergies renouvelables, l’approvisionnement en diverses formes d’énergie, notamment le solaire et l’éolien. L’objectif est de d’en assurer la disponibilité et l’accessibilité à des porter leur contribution dans la puissance électrique prix optimisés, de rationaliser l’utilisation des installée à 42% à l’horizon 2020. Leur exploitation sources énergétiques tout en veillant à ce que leur permettra à notre pays de couvrir une part substan- exploitation respecte l’environnement tielle de ses besoins en énergie, d’atténuer sa dépen- • Pour atteindre ces objectifs, les orientations stra- dance énergétique, de réduire les émissions des gaz tégiques adoptées visent : à effet de serre et de promouvoir le développement durable La promotion de l’efficacité énergétique - La promotion de l’efficacité énergétique, érigée - La mise en place d’un bouquet électrique optimisé en priorité nationale comme le moyen le plus rapide autour de choix technologiques fiables et compéti- et le moins coûteux pour mieux utiliser et économi- tifs. Si le charbon propre reste à moyen terme le ser l’énergie tout en baissant notre facture énergé- tique. L’ambition est d’atteindre 15% d’économie sur la consommation énergétique en 2020 - La mobilisation des ressources nationales fossiles par l’intensification de l’exploration pétrolière, la mise en valeur des immenses gisements de schistes bitumineux et l’extraction d’uranium des phosphates Un comité national d’orientation • Ces lignes directrices stratégiques ont été décli- nées en plans d’actions et en projets concrets à Mise en valeur court, moyen et long terme: des immenses - A court terme 2009-2012, un Plan National d’Ac- gisements tions Prioritaires a été adopté pour assurer l’adéqua- de schistes tion entre l’offre et la demande électriques pour la bitumineux période 2008-2012 et lancer les premières mesures et extraction d’efficacité énergétique. A cette échéance, près de d’uranium des 3500 MW de puissance électrique supplémentaire phosphates

12 | Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Dossier

Les perspectives du gaz naturel sous l’œil de l’AIE

LA PUBLICATION ANNUELLE DU WORLD ENERGY OUTLOOK (WEO), PRÉCIEUX INDICATEUR DES TENDANCES FUTURES POUR TOUS, ÉVOQUE POUR CETTE ANNÉE 2010 L’INCERTITUDE ENGENDRÉE PAR LA CRISE ÉCONOMIQUE MONDIALE DE 2008- 2009, DONT CERTAINES TRACES SUBSISTENT ENCORE, ET IMPLIQUE DES INTERROGATIONS POUR LES ANNÉES FUTURES.

ous connaissons tous l’utilité du WEO, visions reposant sur des actions durables de la part des cet indicateur macro-économique pour Etats, notamment dans l’élimination progressive des l’analyse du secteur énergétique mon- subventions aux énergies fossiles non efficaces. Le dial. Les grandes tendances à retenir et second scénario, nommé « politiques actuelles », Nqui seront plus amplement développées ci-après, peut-être davantage pragmatique, part sur l’hypothèse portent sur la nécessité pour les acteurs concernés que les récents engagements politiques ne seront pas d’investir massivement dans la concrétisation des appliqués. Enfin, le « scénario 450 » propose une dé- engagements politiques comme des infrastructures marche alternative, basée sur un réchauffement maxi- indispensables à la réalisation d’un marché de mum de 2°C de la température mondiale. l’énergie mieux intégrés, mais aussi l’intégration dé- Néanmoins, ces trois scénarii comportent des indi- finitive de la zone hors OCDE -Chine en tête – cateurs communs, à l’instar d’une croissance conti- comme faiseur de rois. nue de la demande mondiale d’énergie primaire d’ici Trois scénarii pour une croissance 2035, malgré de grandes disparités selon le scénario Ces trois de base retenu. Facteur intéressant, l’AIE estime que scénarii com- continue de l’énergie les prix de l’énergie assureront l’équilibre entre l’of- portent des Revenant sur les avancées de Copenhague ainsi que fre et la demande, qu’importe le scénario envisagé. indicateurs celles du G20 de septembre 2009 à Pittsburgh (Etats- Troisième constat partagé, celui de la domination communs, à Unis), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) es- des énergies fossiles dans le mix énergétique, même l’instar d’une time que « les perspectives énergétiques mondiales à si le nucléaire et surtout les énergies renouvelables croissance l’horizon 2035 dépendent profondément de l’action tiennent une part prégnante dans les configurations continue de la gouvernementale et de son influence sur la technolo- futures. A cela s’ajoute une réalité macro-écono- demande mon- gie, les prix des services énergétiques et le comporte- mique : les Etats non-membres de l’OCDE seront le diale d’énergie ment des consommateurs finaux ». Comme à smoteurs de l’accroissement de la demande mon- primaire d’ici l’accoutumée, le WEO propose trois scénarii, en fonc- diale d’énergie primaire, la Chine conservant son 2035, malgré tion des mises en œuvre des politiques énergétiques. titre de plus grand consommateur d’énergie au de grandes Le scénario « nouvelles politiques » élabore des pré- monde, acquis en 2009. disparités selon le scénario de base retenu.

Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 | 21 Dossier

La croissance durable du gaz naturel L’électricité voit 1.190 giga mètres cubes, soit 80 % de plus qu’en sa demande 2008, le gaz naturel liquéfié (GNL) y contribuant On ne peut parler d’ »âge d’or » du gaz. Cependant, croître comme pour plus de la moitié. dans la lignée des indicateurs qui soulignent un re- nulle autre tour à la hausse de la demande du gaz naturel en L’électricité et la région caspienne, durant la 2010 après une annus horribilis, le WEA table sur période les autres moteurs du gaz une croissance à long terme de cette demande, le gaz analysée par naturel étant la seule énergie fossile à croître plus Energie finale la plus utilisée, l’électricité voit sa de- le WEO (2008- fortement en 2035 qu’en 2008, qu’importe le scéna- mande croître comme nulle autre durant la période 2035), surtout rio envisagé. Le plus favorable, « nouvelles poli- analysée par le WEO (2008-2035), surtout soutenue soutenue par tiques », affiche une demande mondiale de 4.500 par les pays non-membres de l’OCDE, Chine en les pays non- giga mètres cubes en 2035, soit 44 % de plus qu’en tête. L’augmentation des prix des combustibles fos- membres de 2008 ; ce qui équivaut à un taux de croissance siles combinée à la réduction des émissions de CO2, l’OCDE, Chine moyen de 1,4 % par an. dans la production d’électricité devrait favoriser la en tête. multiplication des projets de centrales électriques si

Là encore, la Chine est le moteur principal de cette le charbon reste la principale source de production progression, en raison d’une demande intérieure tou- avec des fortes disparités entre Etats membres et jours aussi forte (6 % par an), stimulée par la réduc- non-membres de l’OCDE. tion annoncée de l’usage du charbon comme source La région capsienne, territoire de grands enjeux stra- énergétique. La région du Moyen-Orient reste quant tégiques, doit être amenée à devenir le « grenier à à elle la principale zone de production, avec 800 blé » en gaz naturel de l’Europe mais aussi de la giga mètres cubes de gaz en 2035. Chine, les fortes productions de gaz attendues (310 Revenant sur la surproduction gazière survenue en giga mètres cube en 2035) étant principalement dé- 2009-2010 en raison de l’essor du gaz non conven- diées à l’exportation (pour un volume de l’ordre de tionnel aux Etats-Unis et du surplus de GNL, l’ou- 130 giga mètres cubes en 2035). L’attrait pour cette vrage estime que ce phénomène pourrait perdurer zone géographique est également motivé par une vo- dans les années à venir, conduisant à inscrire dans lonté de plus en plus affirmée des pays consomma- la durée l’orientation observée d’une plus grande dé- teurs de garantir une sécurité énergétique qui passe connexion des prix du gaz naturel sur celui du pé- Les échanges par une variété des canaux d’importation de gaz na- trole par les exportateurs. Ce qui, toujours sur la mondiaux turel. L’AIE souligne toutefois le renforcement im- base d’un prix du pétrole plus élevé, aboutirait à un devraient pératif de l’efficacité énergétique autour de la mer recul des prix couplé à une demande croissante en augmenter de Caspienne, la croissance de la demande interne ne gaz. En corrélation avec cette offre accrue, les manière pouvant se satisfaire de la tendance actuelle d’un échanges mondiaux devraient augmenter de manière spectaculaire trop fort gaspillage du gaz naturel. A terme, rappel- spectaculaire d’ici vingt-cinq ans, pour atteindre d’ici 25 ans lent les experts, le (bon) développement économique

22 | Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Dossier de la région déterminera les volumes de de gaz à effet de serre, procuration d’avan- ments. Si les subventions alourdissent le gaz naturel exportés, mais agira également tages économiques. Pour atteindre ce ré- budget des Etats importateurs, elles accé- sur la croissance de la demande des Etats sultat, l’Agence a voulu stigmatiser les lèrent en retour l’épuisement des res- consommateurs. effets négatifs des politiques publiques in- sources dans les pays producteurs. Se citatives. Ainsi, l’élimination de mauvaises félicitant de la volonté des dirigeants du

Le chemin est encore long, et que ce sont des Etats qui détermineront le bilan énergétique mondial d’ici 2035.

Haro sur les subventions pratiques aurait un effet durable sur le cli- G20 et de la Coopération économique pour aux combustibles fossiles mat dès 2020 : une réduction de 5,8 % des l’Asie-Pacifique (Apac), fin 2009 à « ra- Concilier impératif environnemental et sa- émissions totales de CO2, ainsi qu’une ré- tionaliser et éliminer progressivement les tisfaction de la demande énergétique im- duction de 5 % de la demande mondiale subventions inefficaces aux combustibles plique de repenser les politiques d’énergie primaire. fossiles ». L’AIE rappelle cependant que la énergétiques passées et présentes. Dans Le WEA analyse pour ce fait l’impact né- majeure partie des subventions a été accor- cette perspective, l’AIE promeut la sup- gatif des subventions, d’un point de vue dée à des pays non membres de l’OCDE. pression complète des subventions aux urbi et orbi. Ces mesures incitent au gas- Signe que le chemin est encore long, et que combustibles fossiles, ce qui engendrerait pillage, à la contrebande de carburants, et ce sont des Etats qui détermineront le bilan un triple bénéfice : renforcement de la sé- sont une concurrence déloyale au dévelop- énergétique mondial d’ici 2035. curité énergétique, réduction des émissions pement des énergies renouvelables ainsi que des technologies améliorant les rende- Raphaël Daniel

Retour sur la corrélation prix du pétrole et prix du gaz

Si les raisons de la baisse des prix du gaz naturel sur le marché spot sont connues (augmentation des capacités de GNL et forte production de gaz non conventionnel aux Etats-Unis, le résultat conduit à s’interroger sur leurs conséquences dura- bles. Le fossé s’est ainsi creusé en 2009 entre les prix sur les marchés nord-américain et britannique et ceux de l’Europe continentale et de l’Asie, basés sur des contrats de long terme indexés sur le prix du pétrole. Cette situation semble ne sa- tisfaire personne : les acheteurs sont tiraillés entre leurs obligations contractuelles et la pression de leurs clients industriels pour une baisse des prix, certains fournisseurs comme Gazprom intègrent une part de marché spot dans leurs contrats de long terme pour satisfaire des marchés-clés, favorisant un écart au sein même des pays européens. Si les aléas des marchés et des prix empêchent de conclure fermement à un divorce ou une « séparation temporaire », comme le souligne le WEO, la persistance de la bulle gazière amènera à maintenir par le haut la pression pour l’abondant de l’indexation traditionnelle, surtout en cas de renouvellement de contrat de long terme. Pour autant, une déconnexion des prix du gaz sur celui du pétrole ne conduirait pas forcément à une baisse durable des prix du gaz – argument avancé à ce jour – en raison de l’augmentation de la demande comme de la production mondiale, qui dissiperont les effets de la bulle gazière et feront remonter les prix du gaz.

Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 | 23 Opérateurs & Associés

MASEN, ADEREE et SIE Trois acteurs importants autour de l’ONE

Par Ahmed Baroudi

SOUS L’ÉCLAIRAGE DE SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMED VI, QUE DIEU L’ASSISTE, LE MINISTÈRE DE L’ENERGIE DES MINES DE L’EAU ET DE L’ENVIRONNEMENT (MEMEE) A ÉTABLI UNE STRATÉGIE NATIONALE PERMETTANT D’ATTEINDRE D’AMBITIEUX OBJECTIFS POUR LE PAYS :

utre les aspects réglementaires et législa- de production de 2000 MW solaires accompagnée tifs entrepris, la stratégie élaborée a per- d’une intégration industrielle et d’une stratégie de mis la mise en place d’un dispositif formation et de recherche et développement, la SIE national opérationnel avec un rôle central est l’outil financier en charge d’accompagner cette Omené par l’ONE, très recentré sur ses métiers fon- dynamique générale à travers la promotion de l’in- damentaux : la production, la distribution et le trans- vestissement dans les énergies, plus particulièrement OBJECTIFS port de l’énergie. Cette dynamique ONE les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. NATIONAUX s’accompagne d’actions volontaires de modernisa- La SIE a réellement vu l’origine de son existence tion du réseau national, organe indispensable qui dans la création le 1er janvier 2009 du Fond pour le 1. La sécurité permettra au Royaume de tenir son rang dans les en- Développement Energétique (FDE) doté d’un mil- d’approvision- jeux régionaux en gestation. liard de dollars. Deux instruments ont été mis en nement et la Autour de l’ONE sont positionnés trois acteurs im- place par le MEMEE pour le FDE : le Compte d’Af- disponibilité portants : l’Agence de Développement des Energies fectation Spécial (CAS) pour les subventions et la de l’énergie 2. L’accès Renouvelables et de l’Efficacité Energétique (ADE- SIE pour les investissements. généralisé REE), la Moroccan Agency for Solar Energy Le Maroc a fait un choix stratégique ambitieux et à l’énergie (MASEN) et la Société d’Investissements Energé- courageux, celui du développement des énergies 3. La maîtrise tiques (SIE). renouvelables avec l’objectif de porter leur part à de la demande énergétique 4. La stimula- tion de l’offre en énergie 5. L’appropria- tion des technologies avancées et la promotion de l’expertise 6. Les prix aux consomma- teurs les plus compétitifs 7. La préserva- tion de l’envi- ronnement, de Quand l’ADEREE est en charge de la promotion des 42% du bouquet énergétique à horizon 2020, et la sécurité et énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, surtout d’assurer des retombées économiques du- de la santé des citoyens quand MASEN est en charge de réaliser une capacité rables. La démarche engagée par le MEMEE passe

Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 | 25 Opérateurs & Associés aussi par le développement d’une R&D nationale marocaine : maturité des marchés, des industries, de efficace et l’engagement d’un plan de formation la recherche, … national dans les énergies renouvelables garantis- Cette stratégie a permis de distinguer les secteurs sant la durabilité recherchée. d’investissements courts, moyens et longs La SIE a précisément été créée pour accompagner termes, auxquels s’associent des modalités d’in- ces choix, notamment en jouant un rôle de levier terventions adaptées. financier. Depuis ses débuts, la SIE a apporté une grande at- Avec l’appui du MEMEE et de ses partenaires la tention et déployé beaucoup d’efforts à la mise en SIE a déjà réalisé un parcours honorable depuis sa place d’un portefeuille de projets avec ses parte- création (février 2010). Elle prépare activement un naires privilégiés : l’ONE, MASEN et l’ADEREE. portefeuille de projets d’investissements ambi- Une convention a été signée dès mars 2010 pour tieux visant à accompagner la stratégie nationale l’engagement du projet Bouregreg Biogaz-énergie engagée, et de fait à contribuer à l’atteinte des ob- dans le domaine de la biomasse avec l’Agence de jectifs du pays. l’Aménagement de la Vallée du Bouregreg et la Commune de Salé. Une convention a été signée à Tanger devant Sa Ma- jesté le Roi Mohamed VI, que Dieu l’assiste, pour accompagner activement l’ONE dans la réalisation du programme nationale éolien de 1000 MW. Le portefeuille en instruction aujourd’hui est relati- vement important, il est réparti comme suit : • Participation au programme éolien national piloté par l’ONE • Participation avec MASEN • Projets Biomasse • Projets solaires • Projets nouveaux (marchés en émergence) • Soutien de startups technologiques nouvelles (brevets nationaux) • Projets industries La SIE a aussi entrepris de mettre au point son « outil d’investissement » qui se doit d’être au mi- L’objectif sous-jacent est de finaliser au plus vite la nimum interopérable avec les partenaires finan- mise en place d’un outil d’investissement national ciers : bailleurs de fonds, banques d’affaires, durable dédié aux énergies nouvelles. fonds d’investissements, investisseurs privés et Depuis sa création tout en restant dans une configu- institutionnels, … ration d’équipe restreinte, la SIE a élaboré une stra- L’outil d’investissement doit permettre d’attirer des tégie globale qui intègre les données mondiales fonds complémentaires à la capacité financière de inhérentes aux domaines des énergies renouvelables la SIE afin de créer de la valeur économique avec et de l’efficacité énergétique, transposées à la réalité des investissements rentables, et cela en synergie

26 | Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Opérateurs & Associés avec les partenaires institutionnels marocains tel le 4. Transfert technologique, innovation Ministère de l’Industrie par exemple. 5. Création d’emplois La SIE entend promouvoir un rôle d’investisseur Après son premier Conseil d’Administration tenu en actif : il faut comprendre par là le suivi de ses projets juillet 2010, l’équipe SIE s’est concentrée sur l’éta- d’investissements, ainsi que la participation à la dé- blissement de son outil de gouvernance : règlement finition de la stratégie des sociétés soutenues. des marchés, statuts, procédures comptables, outil Elle intervient essentiellement sous forme de prises de pilotage du budget et gestion des placements, de participations minoritaires (non gestionnaire) fonctions RH, … avec des stratégies de sorties claires. 100% des re- Cette gouvernance est aujourd’hui en place, elle per- tours sur investissements sont réinjectés dans de mettra à la SIE de fonctionner dans le respect de la nouveaux projets d’investissement qui à leur tour de- réglementation en vigueur et en toute transparence. vront être rentables. C’est un tel cycle d’investisse- Les prochaines étapes de la SIE consistent à conso- ment qui doit se concrétiser rapidement, il a un lider son plan d’investissement pour les cinq pro- fonctionnement analogue à celui d’un fond revol- chaines années et engager ses premiers grands ving, mais avec des règles conformes à la mission investissements avec l’approbation de son Conseil assignée à la SIE. d’Administration. L’installation dans ses nouveaux Les critères retenus par la SIE sont les suivants : locaux est aussi une étape à venir. 1. Potentiel de développement national et internatio- A travers toutes ces actions, la SIE prépare active- nal à travers un véritable projet de développement ment la concrétisation de la mission qui lui a été as- (potentiel de croissance - marché existant) signée avec une orientation résolument tournée vers 2. Compétitivité et rentabilité démontrée le secteur privé, véritable force vive économique de 3. Contribution à compléter la chaîne de valeur par notre pays. secteur d’énergies renouvelables dans le cadre de la politique énergétique nationale Ahmed Baroudi

Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 | 27 Opérateurs & Associés Stratégie

Shell s’associe à Vitol et Helios

SHELL A OFFICIALISÉ EN CE DÉBUT D’ANNÉE, LA CESSION DE LA MAJORITÉ DE SES PARTICIPATIONS DANS LA PLUPART DE SES ACTIVITÉS AVAL EN AFRIQUE, DONT CELLES MAROCAINES, À VITOL ET HELIOS INVESTMENT PARTNERS POUR UN MONTANT D'ENVIRON 1 MILLIARD DE DOLLARS.

u titre de ces accords, Shell retiendra des Un planning d’intégration parts dans les deux nouvelles co-entre- L’autre co-entreprise, qui appartiendra à parts égales prises, qui assureront la distribution des à Shell, d'une part et à Vitol et Helios, d'autre part, carburants et des lubrifiants Shell dans deviendra propriétaire des participations de Shell A14 pays africains sous la marque Shell. Cette opé- dans les usines lubrifiants existantes dans sept pays ration entre dans le cadre de la nouvelle stratégie de et gérera des relations de type macro distributeur Shell qui consiste en la réduction des engagements dans chacun des pays où la principale co-entreprise de capitaux et la concentration du portefeuille Aval opérera ainsi que dans un certain nombre d'autres global. L'une des deux co-entreprises dont Vitol et pays. Shell, Vitol et Helios vont se concentrer à pré- Helios détiendront 80 % du capital et Shell 20 %, sent sur l'obtention des autorisations réglementaires prendra le contrôle et exploitera les activités exis- nécessaires et sur le planning d'intégration, avant le tantes de Shell en ce qui concerne les produits pé- déroulement des activités devant aboutir à l'achève- troliers (la distribution, le B2B ainsi que les réseaux ment de la vente pour chaque pays, dans le courant de stations-service) dans 14 pays africains, avec la de 2011 et du premier semestre de 2012. Pour rap- possibilité d'ajouter cinq autres pays par la suite. En pel, le groupe Vitol est l’un des intervenants majeurs effet, les activités Aval de Shell en Namibie, au sur les marchés mondiaux de l’énergie. Helios pour Botswana, au Togo, en Tanzanie et à La Réunion sa part est une entreprise spécialisée dans les inves- font actuellement l’objet d’une revue dans la pers- tissements privés orientés sur l’Afrique. pective de leur éventuelle inclusion dans cet accord à une date ultérieure.

Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 | 29 Opérateurs & Associés Infrastructures

Jorf Lasfar, un nouveau port énergétique, extensible

LA MISE EN PLACE D’UN NOUVEAU PORT ÉNERGÉTIQUE RELEVAIT, IL Y A QUELQUES TEMPS, D’UNE SIMPLE ÉVENTUALITÉ. L’ON SE POSAIT LA QUESTION S’IL FALLAIT QU’IL SOIT INSTALLÉ DANS LE « PORT DE NADOR WEST » OU À JORF LASFAR. UNE ÉTUDE A FINALEMENT ÉTÉ COMMANDÉE, POUR LE CHOIX DU NOUVEAU SITE ; CE SERA JORF LASFAR

n plus de la certitude que ce projet sera pro- confirmation des besoins et recueil, établissement et grammé sur le site de Jorf Lasfar, une autre synthèse des données naturelles sur le site ; l’étude du certitude s’impose : le dossier est entre les plan de masse du port ; l’étude d’avant projet sommaire mains du ministère de l’Equipement et du (APS) ; l’étude d’avant projet détaillé (APD) ; et les ETransport et ne relève, donc pas, du ministère de dossiers de consultation des entreprises. Le nouveau port l’Energie et des Mines. En effet, c’est la Direction des Une concertation nécessaire énergétique de Ports du Domaine public maritime, relevant du minis- Jorf Lasfar est tère de l’Equipement et du Transport qui entreprend la Une première mission devrait ainsi conduire à confir- destiné à réflexion concernant l’ouvrage portuaire. mer, avec les organismes concernés, le trafic prévision- satisfaire les Ce département a lancé un appel d’offres ouvert dont nel du nouveau port. Ce qui signifie qu’il faudrait se besoins pour le but est « l’étude d’un nouveau port énergétique à concerter avec le ministère de l’Energie et des Mines, les trafics des Jorf Lasfar ». A travers cette étude, la direction l’Office National de l’Electricité (ONE)… Cette opé- hydrocarbures concernée s’attend à ce que le nouveau port énergétiqu ration conduira aussi le bureau d’études à établir les d’environ puisse « satisfaire les besoins pour les trafics des hy- données naturelles (la houle, la marée, les statistiques 10 millions de drocarbures et le trafic de Gaz Naturel Liquifié des vents, les courants, les données sédimentologiques tonnes par an (GNL). En plus de ces trafics, le bureau d’études qui disponibles sur le site…). Par ailleurs, il faut signaler de brut en sera retenu à l’issue de cet appel d’offres, devra aussi que les reconnaissances géotechniques nécessaires pour importation. proposer « un port extensible permettant de recevoir l’avant projet détaillé seront réalisées dans une étape Il doit satisfaire d’autres activités ». ultérieure dans le cadre d’un autre marché. Quant à l’étude du plan de masse du port, elle devrait aussi à quelque Un besoin de 3000 m3 en 2020 7.5 millions de être déclinée en deux alternatives. La première s’in- tonnes par an Selon les données disponibles, ce nouveau port éner- sère dans la perspective d’un port dédié seulement au de raffiné en gétique de Jorf Lasfar est destiné à satisfaire les be- trafic des hydrocarbures alors que la seconde alterna- exportation. soins pour les trafics des hydrocarbures d’environ 10 tive prendra en considération un port dédié au trafic millions de tonnes par an de brut en importation. Il des hydrocarbures et du GNL. Pour cela, le bureau doit satisfaire aussi à quelque 7.5 millions de tonnes d’études aura à étudier la faisabilité d’une desserte par an de raffiné en exportation. En ce qui concerne routière du port à partir du réseau routier national. le trafic GNL, un échéancier est à prendre en compte, Sont donc à prendre en compte les règles de sécurité dans le cadre de cette étude, par le bureau d’études. pour les terminaux et les zones de stockage des hy- En effet, ce nouveau port devrait répondre, en 2016, drocarbures et GNL… à un besoin de trafic de l’ordre de 3.000 m3 en 2020. Pour chaque alternative, le bureau aura à procéder au L’échéancier fixé dans ce sens vise aussi 2025 (5.800 choix de la meilleure variante du plan de masse sur le m3) et 2030 (7.400 m3). Avec ces objectifs fixés pour plan technique et économique… en plus de plusieurs le futur port énergétique de Jorf Lasfar, les bureaux autres contraintes techniques à développer. Il est à si- d’études qui sont intéressés par cet appel d’offres ont gnaler que l’ouverture de l’appel d’offres relatif à des missions précises auxquelles ils doivent répondre. l’étude de ce nouveau port énergétique à Jorf Lasfar, Missions qui sont déterminées dans l’appel d’offres était prévue le 4 avril 2011 et le bureau d’études re- ouvert qui vient d’être lancé. tenu, connu à cette date. En effet, la Direction des Ports et du Domaine Public (Source : Lettre de veille nationale - AKWA) veut que l’étude en question réponde à cinq missions :

30 | Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Dixième Anniversaire Des avancées considérables en 10 ans

LA CÉRÉMONIE CÉLÉBRANT LE DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE LA FÉDÉRATION DE L’ENERGIE S’EST DÉROULÉE, LE 24 JANVIER 2011, DANS UN PALACE DE CASABLANCA, EN PRÉSENCE D’UN GRAND NOMBRE DE PERSONNALITÉS MAROCAINES ET ÉTRANGÈRES. A CETTE OCCASION, A ÉTÉ PRÉSENTÉ L’OUVRAGE ÉCRIT PAR MOULAY ABDALLAH ALAOUI, PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION, « 10 ANS DE RÉFLEXION SUR LES CHOIX ÉNERGÉTIQUES ».RÉCIT

ous ce titre l’auteur a parcouru une, décen- plus encore, son approvisionnement énergétique, de nie de mutations du secteur tant au Maroc réduire sa dépendance par rapport à l’extérieur et de qu’à l’Etranger. Un travail exhaustif et mi- préserver son environnement. Elle s’inscrit, en outre, nutieux qui permet de découvrir les événe- dans la tendance mondiale de l’économie verte. Sments marquants de l’Energie à travers les rapports, Comment le royaume a-t-il franchi les étapes pour les séminaires, les conférences, les interventions des accompagner cette dynamique socio économique responsables, les articles de la presse…, bref un bou- dans le domaine énergétique? La compilation d’édi- quet d’informations et d’analyses qui intéressent for- toriaux, d’interviews, de comptes rendus et de débats cément l’expert, le chercheur, l’étudiant et, contenus dans l’ouvrage le décrit avec force détails. finalement, le lecteur Lambda. Car, faut-il le préci- C’est, en fait, le bilan des travaux de la Fédération ser, la première décennie du Règne a été riche en de l’Energie depuis sa création. Les analyses de son événements. Particulièrement marquée par l’ouver- Président, en l’occurrence Moulay Abdallah Alaoui, ture du secteur au marché, elle s’est terminée en apo- les interventions des responsables gouvernementaux théose par la signature, le 25 octobre 2010 à et celles des experts en la matière, ont contribué à Ouarzazate, des conventions concernant les moda- faire progresser la réflexion sur les moyens adéquats, lités pratiques de réalisation du projet intégré d’éner- à mettre en œuvre pour répondre à l’accroissement Les analyses de gie électrique solaire. de la demande interne en produits énergétiques et à Moulay Abdallah Le bilan de la Fédération rapprocher le Maroc du développement en Europe. Alaoui, les A la lecture du livre et des séquences d’événements interventions Dans neuf ans, le Royaume verra sa puissance élec- qui ont jalonné la décennie, on ne peut que rendre des responsables trique installée, multipliée par trois. Et ce, grâce aux hommage aux différents acteurs publics et privés qui gouvernementaux cinq centrales solaires d’une puissance de 2000 MW ont participé à l’essor du secteur de l’Energie au et celles des qui seront réalisées par la société MASEN, et du Maroc. Avec une mention particulière aux pouvoirs experts en la programme éolien dirigé par l’ONE. Cette priorité publics qui sont toujours restés, de l’avis-même de matière, ont majeure accordée à l’exploitation des énergies re- l’auteur, à l’écoute de la fédération et de ses princi- contribué à faire nouvelables traduit la volonté du Maroc de sécuriser, pales composantes. progresser la réflexion sur les moyens adéquats, 2001 – 2010 : Les événements marquants à mettre en œuvre 2001 : Opportunités énergétiques et marchés : compétitivité et rôle de l’Etat pour répondre à développement durable 2007 : Les énergies de l’avenir et leur l’accroissement 2002 : La nouvelle politique gouvernement contribution au développement de la demande d’aménagement du territoire durable interne en 2003 : Attractivité et croissance 2008 : La crise de la caisse de produits 2004 : Infrastructures et croissance compensation énergétiques économique 2009 : Premières Assises nationales de et à rapprocher 2005 : Les défis énergétiques du 21ème l’Energie le Maroc du siècle pour le Maroc et pour l’Europe 2010 : 40ème anniversaire de la journée développement 2006 : Ouverture et libéralisation des de la terre en Europe.

32 | Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Dixième Anniversaire

Un podium de qualité L’assistance a pliquer sa démarche dans la réalisation de l’ouvrage pu apprécier la « 10 ans de réflexion sur les choix énergétiques » ; Après l’exposé introductif que fit l’animateur-mo- qualité du débat choix évolutifs pris par le Maroc avec la participa- dérateur de la cérémonie sur ce qui s’est passé dans alimenté par les tion active et le concours de l’ensemble des mem- le secteur entre 2001 et 2010 (voir encadré), l’assis- interventions bres de la Fédération. De son côté, Boubker Jaï mit tance a pu apprécier la qualité du débat alimenté par d’éminentes l’accent sur l’implication d’ Attijariwafabank dans les interventions d’éminentes personnalités et ex- personnalités et le cadre des grands chantiers lancés sous l’égide de perts présents sur le podium. Tout d’abord Madame experts présents SM Le Roi, et énuméra une batterie d’actions me- Amina Benkhadra, ministre de l’Energie, des Mines, sur le podium. nées par son institution en faveur de l’investisse- de l’eau et de l’Environnement ; ensuite, Mohamed ment, notamment dans les programmes solaire et Horani, président de la CGEM ; Boubker Jaï, direc- éolien. En sa qualité de président du GPM, Rachid teur général d’Attijariwafabank, qui agira en lieu et Idrissi Kaïtouni devait évoquer les synergies qui place du président Mohamed El Kettani, en mission existent entre le groupement qu’il préside et la fé- à l’Etranger ; Moulay Abdallah Alaoui, président dération avant d’expliquer la courbe et les tendances de la Fédération de l’Energie, auteur de l’ouvrage ; que connaîtra le secteur, à court et moyen terme. Des Rachid Idrissi Kaïtouni, président du Groupement prévisions chiffrées sur la production et la consom- des pétroliers du Maroc (GPM) ; et deux grands té- mation des produits pétroliers, ont été présentées à moins, amis du Maroc, venus spécialement de Paris l’assistance.Enfin, les experts français Jean Marie pour honorer l’auteur : Richard Lavergne, Conseiller Chevalier et Richard Lavergne, ont fait part des du ministère français de l’Ecologie et du dévelop- bonnes relations existant entre les deux pays avant pement durable , et Jean Marie Chevalier, directeur d’exposer les progrès tangibles qu’a connus le du centre de géopolitique et de l’énergie à Paris Maroc en matière énergétique durant la dernière dé- Dauphine. cennie. Ils n’ont pas manqué de souligner le rôle Témoignages et débat prépondérant joué par la fédération dans le dévelop- pement du secteur et l‘élaboration de la stratégie na- Après l’hommage unanime rendu à Moulay Abdal- tionale (Voir le détail de toutes les interventions et lah Alaoui, la conférence – débat s’est ouverte sur le reportage-photos dans les pages suivantes). La cé- les questions propres au développement du secteur. rémonie s’est terminée par un riche cocktail dina- Mohamed Horani fut invité, en sa qualité d’hôte de toire, offert par Attijariwafabank, sur fond musical la cérémonie, à présenter les grandes lignes de la Vi- animé par la vedette de la chanson Fatm-Zahra Laâ- sion 2020 de la Confédération et à décliner ses stra- roussi tégies sectorielles, plus particulièrement celle du secteur de l’Energie. La ministre de tutelle lui suc- cèda pour exposer la politique nationale de l’Energie Remerciements mise au point par son département, avant de répon- dre à une question d’actualité, étant donné qu’elle Au nom de la Fédération et de la CGEM, les nombreuses personnalités – venait de participer, à Abou Dhabi, au Sommet mon- Marocaines et Françaises - qui ont tenu à marquer leur présence pour dial des énergies du futur. Mme Benkhadra y a no- manifester leur amitié et leur sympathie à Moulay Abdallah Alaoui, ont tamment rencontré le président du groupe émirati été chaleureusement remerciées par les organisateurs. Cette présence a été plus qu’une reconnaissance des efforts qu’il a déployés pour le dé- MASDAR et a évoqué, avec lui, les possibilités de veloppement du secteur. Ils n’ont pas manqué, également, de remercier transposer son expérience au Maroc. Moulay Abdal- les partenaires de la manifestation, Attijariwafabank, qui a apporté son lah Alaoui devait, ensuite, prendre la parole pour re- soutien généreux et actif pour l’organisation de la soirée, ainsi que le mercier ses invités, donner quelques indications sur groupe Akwa et les sociétés Total, Lydec, , Salam Gaz. le parcours qu’il a effectué en leur compagnie et ex-

Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 | 33 Dixième Anniversaire

L’Hommage rendu à My Abdallah Alaoui

SIX ANCIENS MINISTRES DE L’ENERGIE ET DES MINES ÉTAIENT LÀ, LE 24 JANVIER DERNIER, POUR PARTICIPER À L’HOMMAGE QU’ETAIENT VENUES LUI RENDRE DE NOMBREUSES PERSONNALITÉS DU MONDE POLITIQUE, ÉCONOMIQUE ET DE LA SOCIÉTÉ CIVILE. CEUX DE SES AMIS QUI N’AVAIENT PU SE RENDRE À LA CÉRÉMONIE, LUI ONT ADRESSÉ UNE LETTRE. EN VOICI QUELQUES UNES. FLORILÉGE.

« Je tiens franchement à te « Je me réjouis que tu aies « Votre Investissement et votre perspicacité me féliciter pour ce travail de songé à publier ce recueil font penser que le gouvernement marocain a documentation et d’analyse qui témoigne d’une période beaucoup de chance de vous avoir comme in- des politiques énergétiques effervescente, en continuité terlocuteur privilégié. poursuivies par votre pays d’une autre période que Au-delà de la qualité intrinsèque de cet ou- au cours des 10 dernières nous avons eu à vivre en- vrage, je vous souhaite, ainsi qu’à la Fédéra- années. Je pense que la stratégie développée semble, entamée par une marocanisation et tion de l’énergie, un plein succès d’audience par les autorités dans ce domaine et en parti- bouclée par une privatisation, période forte en ». culier dans celui de l’énergie solaire, nous espérances, angoisses et crises diverses ». Michèle PAPPALARDO permettra d’être à l’avant-garde d’un secteur Noureddine OMARY Commissaire générale au d’avenir, porteur d’investissement et d’emploi. Directeur général du CNCE Développement durable(France) Je suis certain que nos étudiants pourront y puiser beaucoup d’information utiles pour « Cet ouvrage exhaustif et « Je m’associe aux partici- leurs recherches ». minutieux qui retrace l’évo- pants à la cérémonie du 24 Mohamed BERRADA lution du secteur énergé- janvier à Casablanca en Pr. à l’Université Hassan II tique au Maroc durant la l’honneur de la publication dernière décennie constitue de ce livre et à laquelle j’ai « Je tiens à vous féliciter une source de référence, à été représentée par mon pour la qualité de cette édi- forte valeur ajoutée, pour mieux comprendre conseiller Richard Lavergne, pour attester de tion riche en informations les problématiques et les enjeux énergétiques la pertinence de votre témoignage qui dépasse qui, j’en suis persuadé, au niveau national et international (…). Je les frontières et révèle les profondes transfor- contribuera à une meilleure tiens à exprimer mon estime pour votre action mations des politiques énergétiques que nous sensibilisation de l’opinion soutenue visant à sensibiliser l’opinion pu- connaissons depuis une dizaine d’années ». publique sur l’importance de la stratégie éner- blique aux questions de l’énergie, ainsi que Pierre - Franck CHEVET gétique dans notre pays ». pour les efforts déployés par la Fédération de DG au Ministère français de l’Energie, sous votre égide, en vue d’accom- Driss BENHIMA l’Ecologie et du Dév.durable pagner les différents acteurs du secteur à met- PDG de la RAM tre en place une véritable stratégie énergétique « Je suis très sensible à nationale ». « Je saisis donc cette occa- l’envoi de votre ouvrage et sion pour vous féliciter de Pr. Omar FASSI FEHRI votre dédicace. Venant d’u la qualité de vos travaux et Secrétaire perpétuel de homme de responsabilités de vos engagements pour l’Académie Hassan II des S&T et de compétences comme renforcer la compétitivité vous, c’est un témoignage du secteur et promouvoir le « M. Richard Lavergne, qui de grande valeur. Le Maroc vous doit beau- développement durable du Maroc ». m’avait représenté lors de coup pour le développement de sa politique la cérémonie du 24 janvier énergétique et je sais par Richard ??? combien Mohamed CHAFIKI en l’honneur de la publica- vous continuez à vous y dévouer ». Directeur de la DEPF tion de ce livre, m’avait Ministère des Finances Dominique MAILLARD rapporté combien votre té- Pt du Directoire du RTE (France) moignage avait été unanimement apprécié, y compris des plus hautes autorités de l’Etat ma- rocain (…).

34 | Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Economie & Energie Entretien Les nouveaux enjeux èconomiques et financiers dans la région MENA

Analysés par Moulay Abdallah Alaoui Président de la Fédération de l’Energie

Quelles sont les incidences veaux dans la recherche, la directes des derniers boule- production et de nouvelles in- versements dans le monde frastructures Arabe sur le secteur énergé- Le Scénario de la contagion tique ? des troubles politiques pro- Moulay Abdallah Alaoui: voquant une hausse des prix les derniers bouleversements du Brent se vérifie –t-il sur dans le monde Arabe ne peu- les marchés ? vent avoir, à mon avis, que Un Scénario des incidences positives, MAA : Un Scénario de crise de crise me parce que ces pays confron- me semble atténué par la semble atténué tés, à de nombreuses attentes et de nouveaux besoins montée en puissance de l’OPEP, qui régule les mar- par la montée à satisfaire, en éducation et en santé publique par chés pétroliers ; le prix du Brent, devra revenir à des en puissance exemple…..seront conduits à augmenter leur pro- normes acceptables entre 80 et 100 Dollars le Baril, de l’OPEP, duction de pétrole pour tirer un meilleur parti des re- parce que Le pétrole devient un papier financier qui qui régule les venus ainsi générés et une meilleure redistribution obéit aux spéculations dés marchés. marchés de ceux-ci, profitant à leur population, répondant pétroliers ; le La crise a entrainé un retrait de barils de la ainsi aux nouvelles exigences de démocratie et de prix du Brent, consommation mondiale ; à la longue, les réserves développement durable. devra revenir sont-elles suffisantes et peuvent-elles être levées à des normes Plus de la moitié de la production mondiale se fait rapidement ? en dehors de la région Moyen-Orientale ; pour- acceptables MAA : La compensation a été faite par l’Arabie quoi, alors, tant d’appréhension en Occident ? entre 80 et 100 Saoudite dont les réserves prouvées sont considé- Dollars le Baril MAA : En effet, la moitié de rables ; il reste des marges de manœuvre qui sont les la production mondiale, se infrastructures à créer, en vue de répondre aux fluc- fait en dehors de la région du tuations des prix et des marchés, ainsi que la promo- moyen orient, qui néanmoins, tion de l’efficacité énergétique susceptible, si elle est occupe, une place importante bien menée, de réduire la consommation du pétrole dans la demande-offre éner- d’une manière significative. gétique, mais l’occident reste Quels sont les nouveaux enjeux économiques et sensible à toutes les tensions financiers auxquels le monde est aujourd’hui qui agitent ces pays, parce confronté ? qu’il sait pertinemment que la demande de la Chine, de MAA : Le monde est aujourd’hui, confronté à des l’Inde et du Brésil, qui accu- enjeux de développement, économique et humain sent des taux de croissance durable : des fondamentaux telles que, les infrastruc- élevés, ne pourra pas être sa- tures, l’intensification de la recherche et les préoc- tisfaite sans un recours massif cupations des changements climatiques. à des investissements nou-

46 | Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Economie & Energie Le baril à 120 $ ? L’impact de la flambée des prix sur le Maroc

DEPUIS LE 1ER JANVIER 2011, LE BRENT (RÉFÉRENCE DES ACHATS DE PÉTROLE DU MAROC) A AUGMENTÉ DE 22% ATTEIGNANT UN PRIX AUTOUR DE 115 DOLLARS LE BARIL EN MARS. PARRAPPORTÀILYAUN AN, LA HAUSSE EST DE 44,3%.

lors que le séisme survenu ce début 2011 si les cours du pétrole poursuivent leur hausse d’année au Japon semblait donner un ou s’établissent à leur niveau actuel. Déjà sur les léger coup de frein à la montée des cours deux premiers mois de l’année, la valeur des impor- de l’or noir, les frappes entamées sur la tations de brut a progressé de 66,4% par rapport à la ALibye ont provoqué un mouvement contraire. La même période de l’année dernière à 4,74 milliards perspective d’une baisse de la demande du Japon, de DH, d’après les statistiques provisoires de l’Of- troisième consommateur mondial de pétrole, est fice des changes. Outre les considérations budgé- donc vite balayée par la possibilité d’un enlisement Les prix des taires, l’enjeu se situe donc au niveau de la balance en Libye. Les analystes tablent sur une mise à l’arrêt produits des paiements, des prix élevés signifiant plus de sor- de l’essentiel des infrastructures pétrolières de ce pétroliers ties de devises. Cette perspective inquiète d’autant dernier pays en 2011. A l’inconnue libyenne, il faut continueront plus que la demande mondiale qui sera adressée au ajouter les troubles politiques dans la péninsule ara- d’être soutenus. Maroc pourrait pâtir d’une économie plombée par bique (à Bahreïn et au Yémen, notamment). Certes, Mais il en les prix du pétrole. Dans son budget prévisionnel l’Arabie Saoudite a assuré ses clients qu’en cas de résultera aussi pour 2011, le HCP a pris les devants en prévoyant besoin, elle augmenterait sa production pour équili- une ponction une accentuation du déficit du compte courant de la brer le marché. Mais aucune mesure concrète dans sur les réserves balance des paiements qui passerait de 2,7% du PIB ce sens n’a encore été prise. La situation est d’autant de devises en 2010 à 3,6% du PIB en 2011. plus critique qu’en avril 2011, la demande mondiale de pétrole «pourrait augmenter d’un million de ba- rils par jour avec la fin de la période de maintenance des raffineries du bassin Atlantique», selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). «La baisse de la demande japonaise va être plus courte que ce qui était prévu», ajoute-t-on, en raison du redémarrage rapide d’une grande partie des raffineries nipponnes. C’est dire toutes les incertitudes qui pèsent désor- mais sur le prix du brut et, au-delà, sur la croissance mondiale. Accentuation du déficit public Tout cela, accroit le risque pour l’économie maro- caine, dépendante à plus de 96% de l’extérieur pour ses approvisionnements énergétiques. Le gouverne- ment a certes déjà réagi face à cette nouvelle donne en ajustant à la hausse le budget de compensation. En conséquence, les prix des produits pétroliers continueront d’être soutenus. Mais il en résultera aussi une ponction sur les réserves de devises. Déjà en 2010 la facture énergétique a représenté un quart des importations, et elle risque d’aller au-delà en

Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 | 47 Economie & Energie Matières premières

Comment réagit le Maroc à la montée des prix

LA TENDANCE EST AFFIRMÉE ET DURE DEPUIS PLUS D’UNE ANNÉE : LES PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES ONT ATTEINT DES NIVEAUX STRATOSPHÉRIQUES ET, POUR CERTAINES D’ENTRE ELLES, JAMAIS ÉGALÉS.

i le pétrole n’a pas encore dépassé son re- tières premières minières. D’autres enfin mettent en cord de juillet 2008 avec plus de 147 dollars cause les spéculateurs. le baril, il a tout de même progressé de Un budget de 17 milliards pour 2011 39%, à 107,3 dollars le baril de Brent en Il est plus que probable que c’est la conjugaison de Sdouze mois (entre février 2010 et février 2011). Sur tous ces phénomènes, à des degrés divers et selon la la même période, le blé a augmenté de 70%, le sucre matière première concernée, qui est derrière cette entre 3,6% (à Londres) et 18% (à New York), le envolée des prix. Quel est l’impact de cette hausse maïs de 92,5%, le soja de 34%, le café entre 73% sur le Maroc? Les retombées demeurent limitées. A (Londres) et 98% (New York), le coton de 136%... preuve, l’inflation en 2010 n’a été officiellement que Et l’énumération des hausses se prolonge encore, de 0,8%, et même en janvier 2011, l’indice des prix tant elles ont touché quasiment toutes les matières à la consommation n’a augmenté que de 0,2% par premières agricoles. Les matières premières mi- rapport au mois précédent. La raison en est que nières, ne sont pas en reste: + 36,7% pour le cuivre, l’Etat prend en charge une partie des prix de certains + 22,2% pour l’aluminium, + 92% pour l’étain, + L’Etat prend en produits de grande consommation, précisément ceux 43,6% pour le nickel. Les raisons avancées pour ex- charge une dont les cours à l’international ont flambé. pliquer cette hausse sont multiples. Certaines évo- partie des prix de Pour 2011, le gouvernement a déjà prévu un budget quent la boulimie des pays émergents (la Chine et certains produits de 17 milliards de DH pour soutenir ces produits l’Inde notamment) qui achètent pour répondre aux de grande (carburants, farine, sucre), et il prévoit même de ral- besoins d’une croissance forte. D’autres avis ratta- consommation, longer cette enveloppe d’où l’affectation de 15 mil- chent l’actuelle flambée des produits de base à des précisément ceux liards de DH supplémentaires et qui pourraient à phénomènes spécifiques : sécheresse et inondations dont les cours à leur tour ne pas suffire. Si cette subvention participe pour les produits agricoles, risques géopolitiques et l’international ont à contenir l’inflation et donc à préserver le pouvoir autres difficultés d’extraction s’agissant des ma- flambé. d’achat, il demeure que cet effort est de nature à ag- graver le déficit budgétaire à l’instar du risque qui pèse sur les finances publiques de tout les pays im- portateur net qui subventionne les produits de base. Et la persistance de la hausse des prix à l’internatio- nal pourrait également mettre à mal les finances ex- ternes. Car les importations sont payées en devises et il est à craindre que le milliard d’euros emprunté l’été dernier ne soit rapidement englouti dans les dé- penses d’importations, si ce n’est déjà fait. La situa- tion est plus critique encore pour certains pays pauvres où la consommation représente encore entre 60% et 80% des dépenses des ménages, selon l’Or- ganisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Ceux-ci voient en effet planer sur eux le spectre de crises alimentaires avec leur corollaire, celui des révoltes populaires.

48 | Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Economie & Energie Résultats annuels Les profits des majors servent leur quête de nouveaux gisements

TOTAL A CLOS LE BAL DES PUBLICATIONS DES RÉSULTATS ANNUELS, TOUJOURS SPECTACULAIRES, DES GRANDES COMPAGNIES PÉTROLIÈRES MONDIALES. VOICI COMMENT CETTE MANNE.

Les groupes pétroliers investissent en priorité dans génération de biocarburants à partir d’algues. De l’exploration-production manière générale, les grandes compagnies n’inves- Produire, encore et toujours, pour répondre à une de- tissent que timidement dans les filières vertes : mande mondiale de pétrole que l’Agence internatio- quelques centaines de millions de dollars, à compa- nale de l’énergie (AIE) vient de revoir à la hausse, à rer à plusieurs milliards de profits. hauteur de 89,3 millions de barils par jour (Mbj) pour « Aujourd’hui, elles misent sur des partenariats per- 2011. Pour y faire face, les « majors » concentrent mettant une veille active sur les différentes techno- leurs efforts sur l’exploration-production, qui repré- logies alternatives tout en limitant les investissements sente en moyenne 70 % de leurs investissements. « en montants et en risques », résume Sia Conseil. C’est un domaine ultracapitalistique, qui implique Pour Pierre Terzian, même si les « majors » ne sont en outre de prendre des risques », souligne Pierre pas encore tournées vers l’après-pétrole, il faut Terzian, directeur de l’hebdomadaire spécialisé Pé- aller plus loin que ces efforts minimalistes consen- trostratégies. Certains nouveaux gisements se révè- tis en faveur des énergies renouvelables : « Les pé- lent en effet moins prometteurs que prévu. En 2010, troliers sont à l’affût d’un saut technologique qui les dépenses d’investissements d’ExxonMobil, le nu- permettra par exemple au solaire de devenir com- méro un mondial du secteur (avec un chiffre d’af- pétitif. Or, la recherche n’est pas systématiquement faires supérieur à 105 milliards de dollars), ont atteint gourmande en investissement : il a fallu moins de le montant record de 32,2 milliards de dollars. 100 millions de dollars pour développer cette véri- « Les ressources étant de plus en plus difficiles d’ac- table révolution énergétique que constitue la pro- cès, les grandes compagnies disposent de peu de duction de gaz de shiste ». moyens pour devenir les leaders sur d’autres seg- Ils restent prudents devant les grosses acquisitions ments énergétiques », insiste une étude du cabinet de Selon la plupart des experts, le temps des mégafu- conseil en stratégie Sia Conseil. L’exploration offs- sions, avec des opérations dont le ticket d’entrée se hore notamment réclame des technologies de plus en négocie à des niveaux très élevés, est révolu. plus poussées. Quant aux pétroles lourds, situés dans Les failles de BP en termes de sécurité seraient dues des zones climatiques souvent extrêmes, leur produc- à une croissance beaucoup trop rapide. « Avant la tion n’est rentable qu’à partir de 90 dollars le baril. course à la taille, les majors se posent la question de Ils limitent les dépenses sur les énergies alternatives l’efficacité de l’intégration, même si l’exemple Au début des années 2000, les géants de l’or noir af- d’ExxonMobil, trois fois plus gros que Total, est pro- firmaient haut et fort leur volonté de miser sur les bant », ajoute Pierre Terzian. énergies alternatives. Quelques années plus tard, Ils servent des actionnaires toujours aussi gourmands cette politique s’esquisse surtout en pointillés. Sia Les compagnies le répètent en chœur : quand les bé- Conseil rappelle notamment qu’en 2009, Shell a dé- néfices sont importants, il est normal que leurs ac- cidé de geler ses investissements dans l’éolien, le so- tionnaires en bénéficient largement. En 2009, par laire et l’hydrogène. Sa nouvelle priorité, les exemple, ExxonMobil a redistribué quelque 26 mil- biocarburants, est en fait assez proche avec son cœur liards de dollars. Et la perte annuelle essuyée par BP de métier. Idem pour ExxonMobil, qui s’est engagé en 2010 à cause de la marée noire ne l’a pas empê- à hauteur de 600 millions de dollars aux côtés de ché d’annoncer le versement d’un dividende. Synthetic Genomics pour développer une nouvelle F.M. (LE FIGARO-13 MARS 2011)

50 | Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 Ebriété ou sobriété Et si le plus grand gisement d’énergie imaginé Evolution des ressources en énergies primaires entre résidait dans une meilleure efficacité de la chaîne de le scénario tendanciel et le scénario Négawatt production et du mode de consommation ? C’est le pari de l’association Global Chance et de son scénario baptisé « Négawatt ». L’exploitation de cette « ressource » table sur l’utilisation des progrès technologiques mis au service d’une meilleure efficacité énergétique, ainsi que sur les économies réalisées en effectuant d’autres choix individuels et collectifs sans oblitérer notre niveau de vie. Il s’agit par exemple de réduire l’écart entre l’énergie primaire (disponible avant transformation et transport) et l’énergie finale (effectivement utilisée par le consommateur). Car, entre le gisement de pétrole et le réservoir du véhicule, il faut extraire, raffiner, enrichir, transporter, transformer, et les pertes sont gigantesques. Ainsi, l’énergie finale ne représente-t-elle en moyenne que 50 à 70 % de l’énergie primaire. Selon le scénario Négawatt, Un gisement énergétique il est possible de réduire de moitié la consommation mondiale d’énergie à l’horizon 2050.

Consommation d’énergie primaire par habitant

ARTICLE PARU DANS "MANIÈRE DE VOIR", SUPPLÉMENT DU «MONDE DIPLOMA- TIQUE» DU MOIS DE FÉVRIER 2001

58 | Energie & Stratégie Mars / Avril 2011 un choix politique Evolution en énergies finale de la consommation d’énergie Développement économique pour tous secteurs du scénario Négawatt et efficacité énergétique

insoupçonné

Emissions de CO2

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