N° 142 - Août 2005 - 36 ISSN 0153-6184 Composition du conseil d’administration au 1er juillet 2005

INSTITUT D'AMÉNAGEMENT Président M. Jean-Paul HUCHON ET D'URBANISME Président du Conseil régional d’Île-de-

DE LA RÉGION D'ÎLE-DE-FRANCE • Bureau :

1er Vice-président Fondation reconnue d'utilité publique M. Bertrand LANDRIEU par le décret du 2 août 1960. Préfet de la région d’Île-de-France, Préfet de 2e Vice-président M. Jean-Claude BOUCHERAT Président du Conseil économique et social régional d’Île-de-France Directeur général M. François DUGENY 3e Vice-présidente Mme Mireille FERRI, vice-présidente du Conseil régional chargée de l’aménagement du territoire, interrégional, de l’égalité des territoires et des contrats régionaux et ruraux Trésorier : M. Robert CADALBERT Secrétaire : M. François LABROILLE Organisme d’études du Conseil régional, l’IAURIF apporte en • Conseillers régionaux priorité son appui technique aux Titulaires : Suppléants : collectivités locales d’Île-de- M. Gilles ALAYRAC Mme Jeanne CHEDHOMME France. M. Robert CADALBERT Mme Aude EVIN Mme Marianne LOUIS M. Olivier GALIANA M. Daniel GOLDBERG M. Daniel GUERIN Il réunit un large éventail de com- Mme Christine REVAULT-d’ALLONNES M. Philippe KALTENBACH Mme Mireille FERRI M. Jean-Félix BERNARD pétences : aménagement urbain M. Guy BONNEAU Mme Francine BAVAY et rural, environnement, trans- M. François LABROILLE M. Alain ROMANDEL Mme Christine MAME M. Jean-Yves PERROT ports, logement et modes de vie, Mme Josy MOLLET-LIDY Mme Sylviane TROPPER M. Jean-Jacques LASSERRE M. Michel CAFFIN économie et développement M. Eric AZIERE M. Pierre Le GUERINEL local, équipements et foncier, M. Jean-Michel DUBOIS M. Dominique JOLY santé.

Ses diagnostics et ses proposi- • Le Président du Conseil économique et social régional : M. Jean-Claude BOUCHERAT tions permettent ainsi de préparer les choix des élus régionaux et lo- • Deux membres du Conseil économique et social régional : caux avant de les traduire en Titulaires : Suppléants : terme de projets. Mme Joséphine COPPOLA Mme Danielle DESGUÉES Mme Isabelle DROCHON M. Noël ZELLER Il agit en partenariat avec d’autres • Quatre représentants de l’État : opérateurs français et européens à M. Bertrand LANDRIEU, Préfet de la Région d’Île-de-France, Préfet de Paris M. Alain CHARRAUD, Directeur régional de l’INSEE, représentant le Ministre chargé du Budget travers son Système d’Information M. Francis ROL-TANGUY, Directeur régional de l’Équipement d’Île-de-France, Préfet, représentant le Ministre chargé de l’Urbanisme Géographique et sa© Médiathèque IAUMonsieur le représentantîle-de-France du Ministre chargé des Transports en réseau. • Quatre membres fondateurs : M. Guy CASTELNAU, représentant le Gouverneur de la Banque de France Monsieur le représentant du Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations Il exporte ce savoir-faire à M. Patrick BAYON DE LA TOUR, représentant le Président du Directoire du Crédit Foncier de France travers des contrats directs et M. Henry SAVAJOL, représentant la Présidente du Directoire du Crédit de l’Equipement des P.M.E. des accords de coopération tech- • Le Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, nique. représenté par M. Jean-Claude KARPELES

CAHIERS DE L’IAURIF N° 142 DE L’INSTITUT D’AMÉNAGEMENT ET D’URBANISME DE LA RÉGION D’ÎLE-DE-FRANCE

PUBLICATION TRIMESTRIELLE N°14 CRÉÉE EN 1964 Sommaire AOÛT 2005

Directeur de la publication François DUGENY franç[email protected]

Rédactrice en chef Dominique LOCHON (01 53 85 77 11) [email protected] Éditorial : Les risques majeurs en Île-de-France :

Coordination aménager pour prévenir ...... 5 Ludovic FAYTRE (01 53 85 79 97) [email protected] Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d’Île-de-France

Communication et valorisation Joëlle LOIRET (01 53 85 76 44) [email protected] La prise en compte des risques majeurs en Île-de-France : Comité de lecture une composante indissociable de l’aménagement Marianne ANACHE Alain MEYÈRE Fouad AWADA Philippe MONTILLET du territoire ...... 7 Christine CORBILLÉ Jean-Pierre PALISSE Ludovic Faytre, IAURIF Gérard LACOSTE Anne-Marie ROMÉRA Joëlle LOIRET Christian THIBAULT

Presse Catherine GROLÉE-BRAMAT (01 53 85 79 05) [email protected] Traductions La réglementation ILTI

Secrétariat administratif au service de l’aménagement Christine MORISCEAU (01 53 85 7548) [email protected]

Direction artistique – fabrication Les plans de prévention des risques naturels : Denis LACOMBE (01 53 85 79 44) [email protected] des résultats encourageants, des simplifications Maquette, illustrations nécessaires pour plus d’efficacité ...... Élodie BEAUGENDRE (01 53 85 79 45) [email protected] 30 Thierry Hubert, MEDD Cartographie Didier PRINCE (01 53 85 79 47) [email protected] Les PPR et l’action réglementaire en Île-de-France ...... 45 Laetitia PIGATO (01 53 85 77 80) [email protected] Ludovic Faytre, IAURIF Bibliographie Linda GALLET (01 53 85 79 63) [email protected] Le PPRI de l’Oise dans le Val-d’Oise : Christine ALMANZOR (01 53 85 79 23) [email protected] une situation évolutive depuis 10 ans ...... 54 Médiathèque – photothèque Charles Thiébaut, DDE du Val-d’Oise Virginie DESCAMPS (01 53 85 79 66) [email protected] Aurélie LACOUCHIE (01 53 85 75 18) [email protected] Nicole ROMPILLON (01 53 85 75 32) [email protected] La mise en œuvre d’un PPRI : l’exemple du Val-de-Marne 64 Daniel Vannier, Floriane Tremey, Jean-Pierre Mélé, DDE du Val-de-Marne Impression : Point 44

Commission paritaire n° 811 AD Les PPR mouvements de terrain : les interventions de l’IGC 75 ISSN 0153-6184 Anne-Marie Leparmentier, Max-André Delannoy, Etienne Lebrun, IGC Paris © I.A.U.R.I.F. Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés. PPR mouvements de terrain : pour une approche multirisque Les copies, reproductions, citations intégrales ou partielles pour utilisation en Seine-Saint-Denis ...... 86 autre que strictement privée et individuelle, sont illicites sans autorisation formelle de l’auteur ou de l’éditeur. La contrefaçon sera sanctionnée par les Marion Ailloud, DDE de Seine-Saint-Denis articles 425 et suivants du code pénal (loi du 11-3-1957, art. 40 et 41).

Diffusion vente et abonnement : Olivier LANGE (01.53.85.79.38) [email protected]

France Étranger Des réflexions Le numéro : 36 € 38 € Abonnement© pour 4 numéros IAU : 87 € 98 €île-de-France pour l’action Étudiants* remise 30 % Sur place : Plan de secours contre le risque inondation en Île-de-France : Librairie ÎLE-DE-FRANCE, accueil IAURIF 15, rue Falguière, Paris 15e (01.53.85.77.40) anticiper pour réduire l’impact des crues ...... 94 Olivier LANGE (01.53.85.79.38) [email protected] Secrétariat général de la zone de défense de Paris Par correspondance : INSTITUT D’AMÉNAGEMENT ET D’URBANISME Prévention des risques majeurs dans l’agglomération DE LA RÉGION D’ÎLE-DE-FRANCE 15, rue Falguière, 75740 Paris Cedex 15 mulhousienne : quelles perceptions et quels points de vue abonnement et vente au numéro : http://www.iaurif.org des actions ? ...... 105 * Photocopie carte de l’année en cours. Tarif 2005 Sandrine Glatron, Elise Beck, Laboratoire image et ville, CNRS, Strasbourg

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE Marseille : de l’identification à la gestion des risques et des nuisances ...... 118 Hélène Balu, AGAM

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions

L’Entente Oise-Aisne : la lutte contre les inondations sur le bassin versant de l’Oise ...... 128 Daniel Berthery, Jean-Michel Cornet, Entente Oise-Aisne Un nouvel aménagement pour lutter contre les crues dans le bassin de la Seine ...... 137 Jean-Louis Rizzoli, Pierre-Yves Durand, IIBRBS L’aménagement face au ruissellement pluvial : l’exemple de la Seine-Saint-Denis ...... 146 Thierry Maytraud, CG 93 La prévention des risques liés aux carrières souterraines : conséquences pour l’aménagement en Île-de-France ...... 158 Sara Bouchon, Paris X-Nanterre, Laboratoire de géographie physique Henri Elhaï Les zones inondables dans le SCOT de Strasbourg : valoriser le potentiel pour gérer les risques ...... 169 Géraldine Mastelli, ADEUS Une charte pour la gestion des risques industriels en Haute-Normandie ...... 180 Hélène Le Du, Philippe Gressent, DRIRE Haute-Normandie Feyzin, une ville référence dans la maîtrise du risque technologique ...... 194 Danielle Sauge-Gadoud, Clément Jacquier, Ville de Feyzin Le transport de matières dangereuses dans l’agglomération lyonnaise : les actions du SPIRAL ...... 204

Bibliographie ...... 206

Biblio brèves ...... 217 © BrèvesIAU rencontres . . . . . île-de-France...... 219

2 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 In this Issue

Editorial: Major risks in Ile-de-France: planning for prevention ...... 4

Taking account of major risks in Ile-de-France: an indissociable part of regional planning and development ...... 19

Regulations that serve planning ...... 28 The Natural Risk Prevention Plans: encouraging results, but simplifications are needed to make them more effective ...... 30

PPR and regulatory action in Ile-de-France ...... 45 The Flooding PPR (PPRI) for the River Oise in the Department of Val-d’Oise: a changing situation over the last ten years ...... 54 Implementing a Flooding Risk Prevention Plan (PPRI): the example of the Val-de-Marne Department ...... 64

Land movements PPR : the actions of the IGC ...... 75 Land movements PPR : for a multi-risk approach in Seine-Saint-Denis 86

Thinks for action ...... 92 Emergency Plan for the risk of flooding in Ile-de-France: anticipating to reduce the impact of flooding ...... 94 Preventing major risks in the Mulhouse conurbation: how are the actions perceived and viewed? ...... 105 Marseille : from identifying to managing risks and harmful phenomena 118

Taking account of the risks : diversity of the scales of actions ...... 126 The Entente Oise-Aisne: combating flooding in the Oise catchment area ...... 128

New facilities for combating flooding in the Seine Basin ...... 137 Planning with respect to rain runoff: the example of Seine-Saint-Denis ...... 146 Prevention of risks related to underground quarries: consequences for planning in Ile-de-France ...... 158 The flood zones in the Plan for Consistency between Local Areas © IAUfor Strasbourg: île-de-Francemaking better use of potential for risk management 169

A charter for managing industrial risks in Upper Normandy ...... 180 Feyzin, a reference town in keeping technological risks under control ...... 194

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 3 Major risks in Île-de-France: planning for prevention

eatwaves, storms, floods: although three in every four Île-de-France residents do not consider they are exposed to risks of natural disasters, the concentration of the population, HtheH growth in urbanisation, and the extent of the economic stakes are making the Île-de-France Region increasingly vulnerable to major risks. Indeed, the existence of such risks should be appraised and taken into account by the various players in planning and development, and should be incorporated upstream into all of the projects. Regulatory changes driven by the will to implement more “sustainable” development are helping to heighten awareness of the problems. The objective of raising Île-de-France to the rank of leading European eco-region will bring this dimension to be written into the future regional master plan. All of the players must mobilise themselves to take account of major risks in all thinks, and to acquaint themselves with and act through new management tools in this field. Issue No. 138 of Les Cahiers de l’IAURIF revealed that knowledge of both the natural and the technological risks run was essential to preventing them. This second part, “planning for prevention”, aims to illustrate how major risks can be taken into account. I hope that it will be possible to use these examples to develop policies and actions© for addressing IAU these concerns. île-de-France

Jean-Paul HUCHON President of IAURIF President of the Regional Council of Île-de-France

4 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Les risques majeurs en Île-de-France : aménager pour prévenir Jean-Paul HUCHON Président de l’IAURIF Président du Conseil régional d’Île-de-France

anicules, tempêtes, inondations : si trois Franciliens sur quatre s’estiment non exposés aux risques de catastrophes naturelles, la concentration de la population, la croissance de l’urbanisation, CCl’importance des enjeux économiques engendrent une vulnérabilité croissante de l’Île-de-France au regard des risques majeurs. L’existence de ces risques doit, de fait, être appréhendée par les différents acteurs de l’aménagement et du développement et intégrée en amont dans tous les projets.Les évolutions réglementaires concourent à une meilleure prise en compte de cette problématique, répondant à une volonté de mettre en œuvre un développement plus «durable». L’objectif d’élever l’Île-de-France au rang de première éco-région d’Europe amènera à faire figurer cette dimension dans la révision du futur schéma directeur régional. L’ensemble des acteurs doit en effet se mobiliser pour prendre en compte les risques majeurs dans toute réflexion, et pour se donner les moyens de connaître et d’agir au travers de nouveaux outils de gestion dans ce domaine. Le n° 138 des Cahiers de l’IAURIF a révélé qu’une connaissance des risques encourus, tant naturels que technologiques, était indispensable à leur prévention. Ce deuxième volet, «aménager pour prévenir», a pour ambition d’illustrer la prise en compte des risques majeurs. Je souhaite qu’il soit possible de développer, à partir de ces exemples, © IAUdes politiques île-de-France et des actions pour répondre à ces préoccupations.

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 5 © IAU île-de-France La prise en compte des risques majeurs en Île-de-France : une composante indissociable de l’aménagement du territoire

Ludovic Faytre IAURIF

Si le territoire francilien est depuis En Île-de-France, les travaux de pro- longtemps épargné par les catastrophes tection (digues contre les inondations d’origine naturelle ou technologique, et dans une moindre mesure, barra- plusieurs évènements récents, en France ges réservoirs…), les évolutions régle- et dans le monde, sont venus rappeler mentaires (plan de prévention des les conséquences humaines et écono- risques naturels, réglementation sur miques des risques majeurs : les inon- les installations classées…), l’absence dations de la Somme (2001) et du Gard sur une longue période d’évènements (2002), la catastrophe de l’usine AZF de catastrophiques… ont peu à peu gom- Toulouse, ou encore au niveau inter- mé la conscience du risque chez les national, les séismes survenus en Iran acteurs de l’aménagement, les servi- et au Maroc ou le tsunami de décem- ces de l’État, les élus, mais aussi bre 2004 en Asie du Sud-Est. la population… La multiplication Au-delà de l’importance exception- des catastrophes naturelles et l’écho nelle des phénomènes observés et des qui en a été fait, notamment dans dommages qui en ont découlé, ces évè- les médias, a cependant ravivé une nements ont mis en évidence les consé- demande sociale de protection pour quences de l’urbanisation dans les des populations de plus en plus sensi- zones à risques et la nécessité d’intro- bilisées et de moins en moins enclines duire dans toutes les politiques d’a- à accepter le risque ; elle a sensible- ménagement du territoire, l’éventua- ment modifié les attentes vis-à-vis des lité de ce risque et d’en tirer toutes les responsables publics et des experts. conséquences par des dispositions de Les citoyens qui souhaitent davantage prévention, de protection ou de gestion de transparence, se montrent ainsi de de crise… plus en plus exigeants à mesure que le Au niveau national, des catastrophes progrès technique dévoile de nouveaux © IAU île-de-Franceont relancé les débats quant aux cau- outils de gestion des risques. ses des phénomènes, aux responsabi- À cette exigence de sécurité des popu- lités engagées, à l’aménagement auto- lations s’ajoute celle des entrepreneurs risé dans les zones de risques pour devenus plus attentifs aux coûts des s’interroger sur la poursuite des cons- pertes et des dommages que d’un côté tructions en zones inondables ou ils peuvent subir, mais que d’un autre demander la délocalisation des éta- côté aussi, ils peuvent provoquer et doi- blissements industriels à risques vent donc indemniser. Parallè le ment,

© Gobry/Dreif implantés en zone urbaine… au niveau local, de nouvelles pressions

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 7 s’exercent sur les maires qui risquent Les inondations au cœur préjudice à l’économie francilienne de voir engager leur responsabilité des enjeux serait tout aussi important : le coût pénale en cas de catastrophes, s’ils n’ont L’inondation est le principal et le plus des dégâts d’une crue centennale en pas pris les mesures nécessaires dans le grave des risques naturels auquel est Île-de-France est en effet aujourd’hui cadre de leur pouvoir de police. confronté l’Île-de-France(2). Environ estimé a minima entre 10 et 12 mil- Longtemps oubliée des réflexions et un tiers des communes franciliennes liards d’euros ; plus du double en de la planification, la prise en compte est menacé à des degrés divers par tenant compte de la dégradation des des risques majeurs est ainsi devenue des inondations provoquées par le réseaux et des pertes d’exploitation aujourd’hui une composante indisso- débordement direct des eaux de riviè- des entreprises – plusieurs dizaines de ciable des réflexions d’aménagement. res. Les conséquences d’une inonda- milliers d’établissements : grandes Elle l’est d’autant plus en Île-de-France tion majeure, du niveau de la crue entreprises, PME, PMI, commerces… que la concentration de la popula- d’occurrence centennale de 1910, implantés dans la zone inondable ver- tion(1), l’importance des enjeux éco- seraient catastrophiques. En exposant raient leur activité interrompue –. nomiques, mais aussi la complexité de simultanément les huit départements Au-delà des conséquences directes, l’organisation de la société ou l’im- franciliens, un tel événement aurait c’est tout le fonctionnement de l’agglo- portance de la circulation des hom- un impact considérable sur la vie de la mération qui serait bouleversé, avec mes et des biens… multiplient consi- région, affectant à des degrés divers, des répercussions bien au-delà des seu- dérablement les enjeux. plus de 2 millions de personnes. Le les zones inondées et un risque de paralysie de la vie économique pour une durée indéterminée. C’est le grand enseignement des travaux menés depuis 2001 par le Secrétariat général de la zone de défense de Paris, en vue de l’établissement du plan de secours zonal inondation, qui ont mis en évi- dence la vulnérabilité de l’aggloméra- tion pour des aspects aussi divers que l’alimentation en eau potable, l’appro- visionnement en énergie, l’assainisse- ment et le traitement des déchets, les déplacements et la logistique…

Mais d’autres risques à prendre en compte Les risques les plus répandus en Île- © Entente Oise-Aisne L’inondation est le risque naturel le plus grave auquel est confronté l’Île-de-France : de-France se sont pas obligatoirement un tiers des communes est menacé par le débordement direct des eaux de rivières. les plus dramatiques. Des phénomè- nes de retrait-gonflement de certains sols argileux en période de sécheresse affectent l’ensemble du territoire © IAU île-de-Francerégional. S’ils n’occasionnent pas de Certains territoires (1) 90 % de la population francilienne (10,95 mil- d’Île-de-France lions d’habitants) s’inscrit dans un disque centré sur Paris, de 30 km de rayon, représentant 23 % sont confrontés aux de la superficie régionale. risques mouvements (2) La description des différents risques naturels de terrain, et technologiques en Île-de-France est large- qui comportent ment développée dans le tome 1 des Cahiers de des enjeux humains l’IAURIF consacré aux risques majeurs «connaî- et économiques. tre pour mieux maîtriser», n° 138, 3e trimestre © IGC/Versailles 2003.

8 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 victimes, les conséquences sur le bâti, en particulier l’habitat individuel, se traduisent par des coûts d’indemni- sation très élevés. À côté de ces phénomènes de grande ampleur, certains territoires peuvent être affectés plus localement par d’au- tres risques naturels : inondations par ruissellement pluvial ou remontée de nappe, mouvements de terrain... Par ailleurs, la présence de grands sites industriels, mais aussi les flux élevés de matières dangereuses exposent potentiellement l’Île-de-France à des risques technologiques majeurs. Ainsi, de nombreux sites industriels mettent © Guiho/Dreif En matière de risques technologiques, le transport de matières dangereuses en œuvre des produits dangereux qui transitent chaque année en Île-de-France par voie terrestre justifie une réflexion ou présentent des risques notables au regard de l’importance des flux dans l’agglomération. d’explosion, d’incendie ou de dissé- mination de substances toxiques ; ils Les zones de risques immédiats autour d’un établissement Seveso relèvent à ce titre de la directive euro- Follainville-Dennemont péenne du 9 décembre 1996, dite Seveso II, relative à la maîtrise des dan- gers liés aux accidents majeurs impli- Limay quant des substances dangereuses. Le nombre d’éta blissements soumis à la directive Seveso décroît régulièrement en Île-de-France. En janvier 2005, 82 établissements (dont 41 répondant au seuil haut de la directive) sont recensés sur le terri- toire régional contre 101 (42 seuil haut) en juin 2002. Cette évolution est liée à la fermeture de certaines entre- prises, en particulier de stockages d’hy- drocarbures en petite couronne, mais surtout aux mesures prises par les industriels pour réduire le risque à la Mantes-la-Jolie source, en diminuant par exemple les quantités de substances dangereuses présentes sur leur site. Les périmètres de risques© (effets IAU immédiats ou effets île-de-France différés) définis par les études de dan- ger autour des établissements Seveso seuil haut couvrent plusieurs milliers d’hectares en Île-de-France. L’impor - tance des enjeux est directement liée à Etablissement Seveso Emprise des zones d'effets immédiats 0100km la localisation des établissements et emprise de l'établissement effets latéraux Sources : DRIRE IDF / Iaurif tous les sites ne présentent pas la même effets irréversibles Orthophotoplan 2003 IGN© source de risque © IAURIF - Deur 2005 sensibilité. Une analyse de l’occupa-

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 9 Carte multirisque sur le secteur Seine-amont

tion des sols, dans un rayon de 500 m sous pression. Ce moyen de transport Une inégale répartition autour des établissements seuil haut, est réputé comme l’un des plus sûrs des risques révèle que pour un tiers des sites, le pour acheminer sur de longues dis- Si la plupart des communes franci- taux d’urbanisation (habitat, équipe- tances des produits pétroliers, gazeux liennes sont concernées par les risques ments, activités) est inférieur à 10 %, ou chimi ques. L’explosion d’une majeurs, naturels ou technologiques, mais que pour une dizaine d’entre eux, canalisation de gaz, en août 2004 à à des degrés certes très différents, il est supérieur à 40 % et peut attein- Ghislenghien en Belgique, au cœur certains territoires sur lesquels se dre 70 %. © IAUd’une zone île-de-France industrielle (24 morts, superposent à la fois des aléas multi- Enfin, plusieurs millions de tonnes de 160 blessés), est pourtant venue rap- ples et des enjeux importants appa- matières dangereuses transitent cha- peler que dans ce domaine, comme raissent potentiellement plus exposés que année en Île-de-France, par des dans beaucoup d’autres, le risque que d’autres. modes de transport terrestre : voie rou- «zéro» n’existait pas. Au regard de D’une manière générale, le milieu tière essentiellement, mais aussi voie ses besoins énergétiques, l’Île-de- urbain est le lieu où peuvent se com- ferrée ou fluviale. Une part très impor- France est particulièrement concer- biner des aléas naturels et/ou anthro- tante de ces flux est également assu- née par ces réseaux dont les tracés piques, avec une occupation ou une rée par des canalisations de fluides totalisent près de 5 100 km. activité dense sur un espace restreint.

10 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 exemple en cas d’accidents à la concen- L’évolution des formes urbaines est tration d’établissements indus triels à aussi facteur de fragilité. Ainsi, pour risques sur certains secteurs (port de les logements et les populations, une Gennevilliers, zone industrielle de crue majeure aurait de multiples Mitry-Mory….) ou encore, en cas de conséquences directes et indirectes. La crue majeure, à leur localisation en mise sous terre systématique des câbles zone inondable (le tiers des établisse- des divers réseaux assurant les trans - ments Seveso s’inscrit partiellement ports d’énergie et de communication, ou en totalité en zone inondable). l’utilisation systématique des caves et sous-sols pour y installer les groupes La vulnérabilité croissante électrogènes de secours, des installa- de l’agglomération parisienne tions sensibles (postes électriques, L’urbanisation croissante que connaît chaufferies, mécanismes d’ascen- l’Île-de-France se traduit par une vul- seurs…), le développement des par- nérabilité de plus en plus importante kings souterrains… constituent un du territoire régional au regard des facteur aggravant et accentuent la vul- © IGC/Versailles En milieu urbain, la présence d’anciennes risques majeurs. Les activités humai- nérabilité de l’habitat, même pour des exploitations de matériaux de carrières nes toujours plus nombreuses et diver- immeubles dont seuls les niveaux infé- constitue un enjeu important pour sifiées, et qui surtout, interagissent rieurs sont susceptibles d’être effecti- les populations et pour l’aménagement de la Région. davantage les unes avec les autres à l’é- vement inondés. Et si certains secteurs chel le d’un territoire, rendent plus sont épargnés par les débordements À ce titre, l’agglomération parisienne complexes l’analyse de cette vulnéra- directs, les remontées de nappe qui est particulièrement exposée. Aux bilité. L’augmentation du niveau de accompagnent les crues majeures élar- inondations par débordement s’ajou- vie, le développement de l’urbanisa- gissent les zones exposées avec des tent en effet les risques d’inondations tion, des infrastructures et des réseaux risques de dégâts importants égale- par ruissellement, favorisés en milieu à forte valeur ajoutée (télécom, électro- ment pour les caves ou les parkings urbain par l’imperméabilisation des nique…), les progrès techniques ont souterrains… surfaces et la saturation des réseaux également accru dans des proportions Si l’extension de l’urbanisation dans les d’évacuation, mais aussi des risques notables la valeur globale des biens et zones à risques peut être consi dérée souterrains liés à la présence d’an- la fragilité des activités exposées. comme un indicateur de vulnérabilité, ciennes exploitations de matériaux de carrières. L’implantation historique des activi- tés industrielles sur certains territoires comme la Plaine de France, Seine- amont ou la boucle de Gennevilliers, à proximité de la voie d’eau, se traduit encore aujourd’hui par la concentra- tion de nombreux établissements à risques, dépôts pétroliers notamment, ces établissements générant par ailleurs des flux© importants IAU de matières dan- île-de-France gereuses, par canalisations pour l’ap- provisionnement des sites et souvent par voies routières pour la distribu- tion des produits. La superposition de ces zones de risques doit permettre d’appréhender, © Guiho/Dreif dans une approche multirisque, de Le développement de l’urbanisation en Île-de-France a pour conséquence une vulnérabilité possibles effets «dominos» liés par croissante du territoire régional aux risques majeurs.

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 11 elle ne doit pas cependant faire oublier Aménagement L’évolution réglementaire dans le l’augmentation des enjeux par le et risques : domaine de la prévention des risques, renouvellement du tissu urbain, par avec la mise en œuvre des PPR qui l’accroissement du capital logé, par le les enjeux du SDRIF constituent des servitudes d’utilité développement des infrastructures… publique opposables aux documents Ainsi, si près de 1 550 hectares ont été Concilier l’objectif d’urbanisme(1), les préoccupations du urbanisés en zones inondables en Île- de développement urbain développement durable et le souhait de-France entre 1982 et 1999, ce sont et la prise en compte exprimé de faire de l’Île-de-France la aussi 4 600 ha de zones déjà urbanisées des risques majeurs première éco-région d’Europe, la mise qui ont muté (de l’activité vers l’ha- Les différents bilans dressés par les en évidence de la vulnérabilité de l’ag- bitat, espaces ouverts urbains vers services de l’État et de la Région, pré- glomération parisienne et l’évaluation équipements…) pendant la même a la blement à l’engagement de la révi- des coûts économiques directs et période ; le renouvellement «poste sion du schéma directeur, convergent induits par une inondation majeure, la pour poste», bien que certainement pour considérer que le SDRIF de 1994 sensibilisation des élus et les attentes de très important, est beaucoup plus dif- traite de façon insuffisante la problé- la population… sont autant d’élé- ficile à évaluer. matique des risques majeurs. En effet, ments qui concourent à une prise en Le caractère catastrophique d’un évé- seules les inondations – par déborde- compte accrue de la problématique et nement est directement lié à l’occu- ment et ruissellement – sont évoquées des enjeux des risques majeurs dans pation des sols et aux risques potentiels et font l’objet d’un chapitre spécifique le futur schéma directeur. qu’il représente vis-à-vis de l’activité dans les orientations détaillées. Le Ce schéma directeur régional, dont la humaine. La maîtrise de l’urbanisa- risque «mouvements de terrain» en révision et l’élaboration, en associa- tion, dans les zones potentiellement dépit des enjeux, en proche couronne tion avec l’État, sont à l’initiative du dangereuses apparaît comme l’un des notamment, n’est pas mentionné. Il Conseil régional d’Île-de-France, moyens les plus efficaces pour réduire en est de même des risques technolo - devrait constituer l’un des vecteurs de la gravité d’un sinistre. giques, qu’ils soient liés à des éta - la politique de prévention des risques blissements industriels de fabrication et de réduction de la vulnérabilité du ou de stockage, ou au transport de territoire en Île-de-France. Le niveau marchandises dangereuses, malgré régional apparaît le plus à même de l’importance des flux internes et exter- jouer le rôle de coordination indispen- nes qui tran sitent par l’Île-de-France. sable en la matière. En effet, le partage des responsabilités entre l’État et les communes ne permet pas toujours d’appréhender au juste niveau l’en- semble des contraintes à considérer, notamment dans le cadre d’une cohé- rence territoriale régionale. Face aux souhaits exprimés par de nombreux acteurs franciliens d’une reprise de la construction pour répon- dre à la pénurie actuelle de logements, il importe aujourd’hui de prendre en © IAU île-de-Francecompte ces risques dans les projets d’aménagement. Cela nécessite d’é- va luer la compatibilité et la cohérence des aménagements futurs dans le cadre d’une vision transversale et intersectorielle, mais aussi étudier les © P. Guignard© P. _ La Documentation française/CRIF/Iaurif La révision du SDRIF pourrait constituer l’un des vecteurs de la politique de prévention (1) Cf. infra, «les PPR et la réglementation en des risques et de réduction de la vulnérabilité du territoire francilien. Île-de-France».

12 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 dysfonctionnements susceptibles d’af- fecter le territoire, les équipements et la vie quotidienne.

Une nécessaire cohérence d’ensemble… Si la prévention contre les inon dations appelle naturellement une réflexion à l’échelle du bassin versant, qui dépasse largement, pour le bassin de la Seine, les limites administratives de la région d’Île-de-France, à l’inverse, d’autres aléas (risques industriels, mouvements de terrain…) relèvent de problématiques essentiellement locales ou très diffuses (transport de © J.-G. Jules/AERIAL/Iaurif matières dangereuses). La requalification de nombreux territoires passe par la mutation d’anciens sites industriels Les risques naturels et technologiques et la reconstruction de zones d’habitats et d’équipement. En zone inondable, cette mutation devraient faire l’objet d’un traitement vers l’habitat conduit souvent à une augmentation des densités de populations. dans le cadre d’une même politique préventive développée à l’échelle de 3 régions) par l’Entente Oise-Aisne. rité des biens et des personnes. Au la région, en liaison avec l’État et les Mais il convient aussi d’évaluer, dans besoin, il conviendrait d’examiner les autres collectivités. Face à la multi- cette perspective de solidarité entre les possibilités de mises en cohérence des plicité des acteurs qui interviennent territoires, les conséquences hydrau- politiques foncières publiques dépar- à des échelles très différentes, elle liques à l’aval du renforcement des tementales (espaces naturels sensibles) nécessite le partage d’une vision ouvrages linéaires de protection des ou régionales (Agence des espaces régionale commune des enjeux, dans crues en zones urbaines denses. verts…) pour préserver ces zones. un objectif de réduction globale de la Toujours en matière d’inondation Le SDRIF pourrait aussi également vulnérabilité. par débordement, le principe de pré- inciter à une plus grande cohérence En matière d’inondation, le SDRIF servation et de valorisation des zones des PPR, inondation notamment, éla- doit être l’occasion d’affirmer le prin- d’expansion des crues doit être affirmé. borés au niveau régional. Les différen- cipe d’une solidarité amont/aval, à l’é- La mise en œuvre de PPR inondation ces observées dans les zonages, dans la chel le bien évidemment du terri toire sur les territoires les plus ruraux, en traduction réglementaire… entre les régional, entre les zones densément limite du territoire régional (Bassée, nombreux documents déjà approuvés urbanisées de l’agglomération centrale vallée de la Marne en amont de – même si elles peuvent s’expliquer – et les zones rurales de la grande cou- Meaux...) devrait pouvoir contribuer alimentent les critiques de leurs oppo- ronne, mais aussi au niveau interré- à cette préservation. En zone périur- sants : élus locaux ou associations de gional par des réflexions et des actions baine où s’exerce plus fortement la riverain. Si le caractère très hétérogène communes à l’échelle globale des bas- pression de l’urbanisation, les espaces du territoire régional justifie des dif- sins versants. C’est le sens des non urbanisés en zone inondable férences et une adaptation de la régle- réflexions et des études engagées en doivent être considérés dans leurs mul- mentation et des zonages au contexte Île-de-France© surIAU le territoire de la île-de-Francetiples potentialités : valeur naturelle et aux caractéristiques urbaines et géo- Bassée, en amont de l’agglo mération ou valeur récréative, mais aussi d’ex- graphiques, le SDRIF pourrait inciter parisienne, sur le projet d’aména - pansion des crues… Cette multifonc- à élaborer, dans le cadre de leur révi- gement de casiers hydrauliques desti- tionnalité doit être prise en compte sion, des PPR plus homogènes sur des nés à réduire les conséquences d’une lors des réflexions d’aménagement territoires présentant des caractéris- crue majeure en différant les ondes de d’autant que des formes d’uti lisation tiques similaires (zone urbaine dense de crues de la Seine et de l’Yonne ; ou de urbaine (espaces verts, terrains de la petite couronne, zone périurbaine celles menées sur l’ensemble du bassin sports…) demeurent compatibles avec et zone rurale, réseau hydrographique de l’Oise et de l’Aisne (6 départements, le risque, du point de vue de la sécu- principal et petites vallées…).

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 13 Les enjeux liés aux inondations sont offre foncière, notamment en proche Les stockages d’hydrocarbures considérables, mais maîtrisables dans couronne, s’inscrit le long de la voie en petite couronne un contexte de croissance modérée, à d’eau, sites historiques du développe- L’accident de l’usine AZF de Toulouse condition de respecter les mesures ment industriel passé. De nombreu- en 2001 a remis au premier plan la réglementaires (plan de prévention ses opérations et projets sont recen- problématique de la localisation des des risques d’inondation) et de respon- sés : ZAC du Trapèze sur les anciennes établissements industriels à risques sabiliser les décideurs publics et les usines Renault à Boulogne-Billancourt, majeurs en milieu urbain dense ; en citoyens qui doivent devenir les coges- ZAC Seine-Arche à Nanterre, les pro- Île-de-France, c’est en particulier sur tionnaires du risque. jets Avenir Gambetta à Ivry-sur-Seine, les stockages d’hydrocarbures que por- Mais à côté de ces phénomènes d’i- ZAC des Vœux ou des Gondoles à tent les enjeux. En effet, huit des neufs nondation, qui imposent des réflexions Choisy-le-Roi… établissements Seveso seuil haut recen- et des actions à l’échelle des grands La mutation de ces terrains à vocation sés dans les départements de la petite terri toires, se pose la question de l’in- industrielle vers de l’habitat conduit couronne sont des dépôts pétroliers, tervention et des réponses d’aména- à une augmentation des densités de d’implantations anciennes, dépendant gement face à des risques très localisés populations dans les zones à risques pour leur approvisionnement des ou diffus. Pour des risques caractérisés et peut aussi se traduire par un accrois- réseaux de canalisations. Ils ravitaillent par des enjeux plus locaux, comment sement de la valeur des biens exposés, en carburant des sites industriels, des appréhender la réduction de la vulné- pouvant paraître contradictoires avec stations services…, mais aussi des pla- rabilité à l’échelle du SDRIF ? Quelles des objectifs de réduction de la vul- tes-formes aéroportuaires. actions mettre en œuvre ? nérabilité. Les projets développés sur Aujourd’hui, de nombreuses collecti- de futures ZAC en zones inondables vités et élus locaux, notamment sur le …et des enjeux particuliers doivent privilégier le développement secteur Seine-amont, souhaitent la de réponses architecturales et urba- fermeture des dépôts encore en acti- La question de l’aménagement nistiques permettant, dans le cadre des vité, au regard des risques potentiels urbain renouvelé des zones contraintes réglementaires imposées humains et environnementaux qui exposées par les PPR quand ils existent, d’orien- pèsent sur leur territoire. Toutefois, si La maîtrise de l’urbanisation en zone ter l’urbanisation vers des systèmes la problématique de risques d’un dépôt inondable, et plus généralement, dans moins générateurs de risques et de d’hydrocarbure en zone dense se pose les zones d’aléas forts (risques indus- réduire la vulnérabilité des équipe- en termes d’enjeux très locaux, de l’or- triels, zones sous-minées…) consti- ments et de l’habitat. dre de quelques centaines de mètres tue un enjeu important pour ne pas accroître la vulnérabilité des personnes et des biens, mais les réflexions doi- vent aussi porter sur le renouvellement urbain dans les zones à risques. La recomposition de la zone dense, «la reconstruction de la ville sur la ville» constitue l’une des réponses à la volonté de maîtriser le développement de l’ag- glomération. Confronté à la forte demande de logements, à la rareté des espaces disponibles,© à la pression IAU fon- île-de-France cière… la requalification de nombreux territoires passe, dans un contexte de désindustrialisation progressive, par la mutation d’anciens sites industriels et la reconstruction de zones d’habitat et d’équipements. Plusieurs centaines © Ph. Guignard/Iaurif La problématique de risques d’un dépôt d’hydrocarbure en zone dense se pose en termes d’hectares sont concernés en Île-de- d’enjeux très locaux. Sa délocalisation éventuelle a des conséquences dépassant France, mais une grande partie de cette le seul site et des impératifs de protection des populations.

14 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 autour de l’établissement, sa déloca- difficulté d’implantation d’un nou- différents usages du sol en conciliant lisation éventuelle renvoie à des enjeux veau dépôt dont la localisation est les enjeux du développement et la qui dépassent le seul site avec en par- conditionnée par le tracé de canalisa- sécurité des Franciliens. ticulier des questions sur l’organisa- tions de transport (pipeline), éloigner Certains aléas sont aujourd’hui bien tion de la distribution des hydrocar- un établissement des zones urbaines identifiés, suivis et cartographiés en bures et la sécurité de conduit souvent à l’éloigner des sour- Île-de-France. C’est le cas des inonda- l’approvisionnement, mais aussi sur ces d’approvisionnement et de ses tions par débordement avec l’atlas l’accroissement des risques TMD. clients. Pour les hydrocarbures, qui régional des PHEC et les zonages Au cours de la décennie 1990-2000, la constituent la plus grande part des d’aléas des PPR inondations, mais région a en effet enregistré une baisse produits transportés, la concentration aussi des anciennes carrières souter- sensible de ses capacités brutes de stoc- des zones de chargement se traduira raines – pour la plus grande partie du kage avec la fermeture de sept sites inévitablement par un accroissement territoire régional – ou encore des éta- (347 000 m3). Plus récemment, c’est des distances parcourues pour distri- blissements à risques technologiques la fermeture des dépôts de Shell à buer les produits vers les utilisateurs majeurs (Seveso) dont l’activité est Choisy-le-Roi (63 000 m3) et de Total franciliens et donc, du risque TMD. fortement encadrée par la réglemen- à Saint-Ouen–Clichy (70 000 tonnes) Le maintien dans les prochaines tation… et Ivry-sur-Seine et le transfert de leurs années, des capacités de stockage exis- En revanche, d’autres phénomènes ou activités vers les sites de Gennevilliers tantes étant une priorité pour garan- aléas ne bénéficient pas encore du ou Grandpuits qui ont été engagés. tir la sécurité d’approvisionnement de même niveau de connaissances. Ainsi, Ces fermetures résultent de multiples l’agglomération parisienne et de la les risques d’inondations par remon- facteurs : région, il est donc nécessaire d’aborder tée de nappe ou par ruissellement ne - de la réduction des stocks commer- globalement le problème des dangers font l’objet d’aucune étude spécifique ciaux des sociétés pétrolières (ges- liés aux stockages d’hydrocarbures, en à l’échelle régionale et restent diffici- tion en flux tendus) ; prenant non seulement en compte les à quantifier. La connaissance des - de la réorganisation suite aux nom- ceux liés aux installations fixes, mais risques souterrains reste très embryon- breuses fusions intervenues ces der- aussi ceux liés aux flux de matières naire en Seine-et-Marne alors que ce nières années ; dangereuses, dans l’approvisionne- département concentre près d’un tiers - des évolutions réglementaires envi- ment et la distribution. des communes potentiellement con - ronnementales et de sécurité néces- cernées et qu’il connaît parallèlement sitant des investissements coûteux Des actions d’accompagnement l’un des plus forts taux d’urbanisation de mises aux normes ; Parallèlement à l’action réglementaire, d’Île-de-France, notamment dans les - des contraintes urbanistiques im- il convient, dans le cadre d’une poli- bourgs et villages des franges de l’ag- por tantes, en particulier dans la tique globale de prévention, de fixer glomération centrale et de la couronne petite couronne et de la forte pres- des objectifs qu’il conviendra de relayer rurale ; des études sont aujourd’hui sion des collectivités locales. au niveau local dans le cadre d’actions engagées, mais une connaissance fine, En matière de risques technologiques partenariales, notamment dans le équivalente à celle des autres départe- liés aux grands sites industriels, les domaine de l’information, de la sen- ments, nécessitera certainement, au propositions de délocalisation répon- sibilisation, de l’aide au diagnostic. regard des moyens actuels, plusieurs dent à un impératif de protection des dizaines d’années. populations, lors de la densification Mieux connaître et évaluer Pour les risques technologiques, des de l’espace environnant les établisse- les risques : une nécessité établissements autres que les sites ments© à risques. IAU Toutefois, ne sont île-de-FranceLa prise en compte des risques dans Seveso peuvent comporter des risques, pris en compte que les risques immé- les réflexions d’aménagement sup- et méritent à ce titre une attention par- diatement perceptibles, ceux directe- pose la connaissance préalable des ticulière (silos agricoles et dépôts d’en- ment liés à l’établissement. Or, il ne aléas. Cette connaissance reste indis - grais, entrepôts logistiques…). Enfin, s’agit que d’une facette des risques pensable pour apprécier le degré de au regard des tonnages concernés, le technologiques majeurs qui sont pré- risque auquel sont soumises les popu- transport de matières dangereuses par sents à tous les stades de la chaîne lations, les biens, les activités socio- route, voie ferrée ou voie fluviale jus- industrielle : la fabrication, le sto ckage, économiques… et organiser ou arbi - tifie que l’on s’interroge sur l’impor- mais aussi le transport. Au-delà de la trer au mieux la coexistence entre les tance des flux dans l’agglomération,

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 15 les itinéraires empruntés ou les condi- tions de stationnement… L’évaluation des risques et des enjeux le long des axes où se concentrent les flux de matières dangereuses, dans un rayon proche autour des principaux sites générateurs de trafic TMD (dépôts pétroliers, industrie chimique…, mais aussi gare de triage), pourrait consti- tuer une première étape, le caractère très diffus du risque TMD rendant dif- ficile l’établissement d’une cartogra- phie régionale.

Inondation : réduire la vulnérabilité © Gobry/Dreif de l’existant En Île-de-France, 35 % des espaces inondables sont déjà urbanisés. Dans certains secteurs, À l’échelle de l’Île-de-France, 35 % des comme la vallée de la Marne en amont de Meaux, en raison de la présence de zones inondables, le principe de préservation et de valorisation des zones d’expansion des crues espaces inondables sont déjà urbani- doit être affirmé. sés, mais ce taux atteint plus de 90 % en proche couronne. Les études de des risques technologiques. Mais si les Le plan de secours zonal inondation l’IIBRBS ont mis en évidence, dès le PPR permettent d’empêcher un devrait être prolongé à l’échelon le début des années 1990, l’importance accroissement de la densification des plus local, au niveau de chaque com- des conséquences socioéconomiques secteurs exposés aux aléas les plus forts, mune, par un travail de prévention d’une inondation majeure en Île-de- ils agissent faiblement sur les situa- et de protection pour minimiser les France. Plus récemment, les travaux tions héritées du passé. Ils ne peuvent conséquences d’une crue majeure. Il du Secrétariat général de la zone de constituer le seul outil pour réduire la convient de démultiplier les actions défense ont favorisé la prise de cons- vulnérabilité des biens. auprès des acteurs locaux, des opéra- cience de la vulnérabilité de l’agglo- Il convient aujourd’hui de relayer et teurs fonciers, des gestionnaires d’ha- mération parisienne et notamment de d’imaginer des actions vers les collec- bitats collectifs ou sociaux, du tissu son organisation fonctionnelle (éner- tivités et leurs services, les entreprises, économique des PMI/PME…, pour gie, santé, transport, communica- les populations… Plusieurs centaines réduire les dommages en cas de crues tion…) ; le plan de secours spécialisé de milliers de logements (habitats indi- et responsabiliser les populations inondation (PSSI), en cours d’élabo- viduels et collectifs, disposant parfois exposées au risque. La CCIP préconise ration, vise à réduire cette vulnérabi- de caves sur plusieurs niveaux et de ainsi d’améliorer l’information des lité en incitant les gestionnaires de parkings souterrains), des dizaines de entreprises, de promouvoir l’élabo- réseaux et les opérateurs concernés à milliers d’entreprises (services admi- ration des diagnostics individuels de développer des scénarios de crise, à nistratifs, mais aussi unités de pro- vulnérabilité et la mise en place de élaborer des plans de secours pour pro- duction ou centres de stockages et de mesures de prévention adaptées et té ger leurs installations, mais aussi à logistiques) de toutes tailles, des équi- proportionnées. En effet, les entre- préparer l’après-crise pour redémarrer pements publics communaux (écoles, prises qui ont des préoccupations au plus vite leurs activités. culturels…) s’inscrivent aujourd’hui principales de court ou moyen terme, En matière d’aménagement© IAU et dans dans la zone île-de-France inondable et seront direc- n’intègrent pas ou peu les consé- une vision prospective, il convient de tement ou indirectement touchés par quences de catastrophes naturelles, limiter les enjeux et la vulnérabilité une crue majeure. C’est sur ces biens d’autant plus que leur occurrence est des biens et des personnes sur les ter- que repose le coût direct d’une inon- centennale ; des campagnes d’infor- ritoires potentiellement exposés. C’est dation majeure…, mais aussi les coûts mation doivent être développées à l’objet de la démarche réglementaire économiques indirects pour les entre- leur intention pour provoquer, sans qui se traduit par la mise en œuvre des prises, liés à des ruptures d’appro- alarmisme inutile, une réelle prise de plans de prévention des risques natu- visionnement logistique, des pertes conscience et préparer une éventuelle rels et des futurs plans de prévention d’exploitations… situation de crise.

16 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Que ce soit pour le risque naturel ou techniques ou réglementaires dans le • Le DCS (dossier communal synthé- industriel, les protections individuel- domaine industriel, en réduisant très tique) est établi à partir du DDRM, les (mise hors d’eau, utilisation de sensiblement la probabilité d’événe- en concertation avec les services matériaux étanches, confinement…) ments catastrophiques, ont fortement communaux. Le DCS est un docu- permettent de limiter les effets de cer- atténué la conscience du risque. Pour ment réglementaire, notifié au maire tains événements. Si elles peuvent être les inondations par exemple, les grands par arrêté préfectoral. Consultable préconisées, voire imposées par voie aménagements (barrages réservoirs) par le public en mairie, il permet de réglementaire, des questions se posent et les protections (murettes anti-crues, préciser les risques existants sur quant aux leviers financiers à mettre en digues…) ont limité les conséquences chaque commune. œuvre, au contrôle d’efficacité et au des petites crues et ont considérable- • Le DICRIM (dossier d’information respect des prescriptions en cas de ment réduit la fréquence des inonda- communal sur les risques majeurs) mesures obligatoires. tions, faisant par là même disparaître est réalisé par le maire à partir des le sentiment de risque. Aujourd’hui, informations contenues dans le les crues susceptibles d’entraîner des DDRM et le DCS. Il précise les Le partage indispensable dommages importants à Paris et en mesures de prévention prises au d’une culture des risques petite couronne sont d’occurrence cin- niveau communal, dans le cadre des quantennale ou centennale ; les inon- documents d’urbanisme et des pou- La réduction des enjeux dans les zones dations paraissent ainsi d’autant hypo- voirs de police propres au maire. à risques, la mise en œuvre d’actions thétiques aux acteurs et aux En Île-de-France, les DDRM ont été pour réduire la vulnérabilité des biens populations locales. établis dans tous les départements ; en existants, la préparation à d’éventuel- Il convient aujourd’hui de faire accep- revanche, tous les DCS ne sont pas les situations de crise passent par la ter les aléas en diminuant l’angoisse encore approuvés et très peu de sensibilisation et le partage d’une cul- qu’ils suscitent. À ce titre, la dimen- DICRIM ont été produits. Ce dernier ture du risque par l’ensemble des sion d’information et de participation niveau étant celui où se mettent en acteurs locaux (élus, décideurs, tech- des acteurs locaux fait pleinement par- place les opérations d’information à niciens, acteurs économiques…) et la tie de la politique de prévention. l’égard des particuliers et des entre- population. prises, il importe que ces documents En tant que producteurs de risques au Les documents d’information soient rapidement élaborés. En outre, sens où leur action peut aggraver ou au au service de la prévention la possibilité pour le maire de deman- contraire réduire la vulnérabilité, les La loi du 22 juillet 1987, en rendant der un arrêté préfectoral stipulant que aménageurs – élus, techniciens, utili- obligatoire l’information du citoyen le DCS vaut DICRIM réduit la portée sateurs du territoire, etc. – doivent sur les risques auxquels il est soumis, de ce document ; en l’absence de carte prendre conscience de leur propre rôle a généré une série de documents régle- de localisation, de carte d’aléas, il peut pour éviter d’aggraver des situations mentaires, allant de l’État vers les élus, paraître difficile de sensibiliser un habi- qui mettent en jeu de nombreuses puis des élus vers les citoyens. Cette tant, un acteur local… responsabilités. La localisation de l’ha- information préventive se concrétise S’il faut évidemment encourager la bitat, de l’économie, des équipements, par différents documents : diffusion de ces outils qui permet- des infrastructures… devrait être aussi • Le DDRM (dossier départemental tent aux particuliers et aux entrepri- examinée sous l’angle de la sécurité et sur les risques majeurs) est un docu- ses de s’informer sur les dispositifs des risques. ment de sensibilisation qui recense d’alerte et sur les mesures de sauve- La difficile acceptation, par les acteurs les risques majeurs, tant naturels que garde prévus, il faut craindre que leur locaux,© des contraintes IAU liées notam- île-de-Francetechnologiques, du département et impact reste encore trop modeste. ment à la mise en œuvre des PPR peut les conséquences prévisibles pour Ces documents sont consultables, s’expliquer en partie par leur mau- les hommes, les biens, et l’environ- soit en préfecture pour le DDRM, vaise perception du risque. Sans méca- nement, ainsi que les mesures prises soit en mairie pour les DCS et nisme pour en conserver la mémoire, pour en limiter les effets : mesures DICRIM. Néanmoins, cette mise à les événements sont rapidement ou- techniques (existence de murettes disposition paraît mal adaptée à une bliés. Ainsi, paradoxalement, les amé- anti-crues), mesures réglementaires bonne transmission de l’informa- nagements réalisés pour protéger (PPRI, PLU), mesures de surveillance tion. Compte tenu des horaires d’ou- contre les aléas naturels, les évolutions et d’alerte. verture des administrations et des

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 17 rythmes de vie des Franciliens, et État d’avancement DCS/DICRIM* en Île-de-France hormis un cercle restreint d’acteurs susceptibles d’utiliser ces documents, l’accès à l’information, pour un habi- tant concerné, paraît difficile. D’autres démarches sont également susceptibles de favoriser l’information et le partage de la connaissance : • L’annexion des plans de prévention des risques naturels aux documents d’urbanisme devrait participer à une meilleure prise en compte du risque dans l’évolution urbaine de la com- mune. • La loi du 30 juillet 2003 confirme le droit à l’information préventive en instaurant des obligations pérenni- sant la mémoire des risques : infor- mation bisannuelle des populations par les maires, mise en place et entre- tien des repères de mémoire des crues, mention obligatoire du risque lors d’une transaction sur un bien immobilier (vente ou location). * DCS : dossier communal synthétique. • Dans le domaine des risques tech- DICRIM : dossier communal d’information sur les risques majeurs. nologiques majeurs, pour dévelop- per une culture du risque et favori- alors que de nombreux sites déclinent sur un sujet a priori négatif ? Comment ser les bons comportements des des dossiers sur l’économie, l’envi- prévenir des mouvements réactifs de la riverains en cas d’accident, cette ronnement (espaces verts, déchets…), part des habitants ? Quelle pédagogie même loi institue des comités locaux l’urbanisme, la vie locale…, il est frap- développer pour que les populations d’information et de concertation pant de constater, notamment pour ne cèdent pas au catastrophisme ? (CLIC) pour tout bassin industriel les communes concernées par la pré- Aujourd’hui, le développement des comprenant une ou plusieurs instal- sence sur leur territoire d’établisse- outils informatiques avec, d’une part, lations «Seveso AS». Ces comités ments Seveso, de risques d’inonda- les systèmes d’information géogra- permettent la concertation et la par- tions ou de risques souterrains, la phique (SIG) qui permettent de loca- ticipation des différentes parties pre- quasi-absence d’informations relati- liser des phénomènes et de croiser de nantes – notamment les riverains – ves aux risques majeurs, naturels ou multiples informations et, d’autre part, à la prévention des risques d’acci- technologiques, que ce soit dans le les outils Internet avec notamment la dents tout au long de la vie de ces volet environnement ou dans celui de généralisation du haut débit, devraient installations. l’urbanisme… offrir à relativement court terme la Le déploiement des nouvelles techno- Cette absence d’information sur les possibilité à tout un chacun d’accéder logies de communication© IAU (NTC) sites Internet île-de-France communaux renvoie à cette information préventive et d’i- devrait ouvrir de nouvelles perspec- d’une certaine façon à la difficulté pour dentifier les zones de risques. Au regard tives en matière d’information du les élus locaux, d’informer dans un de l’importance des enjeux en Île-de- public. Un nombre croissant de com- contexte ne présentant immédiatement France, la réalisation d’un tel outil munes franciliennes développent leur aucun danger : quelle information pourrait se justifier. propre site d’information sur Internet transmettre (cartes de risques, carte – 30 % des communes sont aujour - d’aléas, zonage réglementaire, règle- d’hui en ligne, couvrant plus de 80 % ment) et sous quelle forme ? Com - de la population régionale –. Mais ment communiquer de façon positive

18 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Taking account of major risks in Île-de-France: an indissociable part of regional planning and development

Ludovic Faytre IAURIF

Although the Ile-de-France Region In Île-de-France, protection work has for many years been spared natu- (dikes to hold back flooding, and, to a ral or technological disasters, certain lesser extent, reservoir dams, etc.), reg- recent events, in France and elsewhere ulatory changes (natural risk preven- in the world, are salutary reminders tion plans (PPRs), regulations on listed of the human and economic conse- industrial facilities, etc.), and absence quences of major risks: the flooding of disasters over a long period have in the Somme (2001) and in the Gard gradually erased risk from the con- (2002), the disaster of the AZF plant in sciousness of planning players, of Toulouse, or, at international level, the Central Government and of Local earthquakes in Iran and Morocco, or Government, and also of the popula- the tsunami of December 2004 in tion… The increase in the numbers of South-East Asia. natural disasters, and the echo they Beyond the exceptional extent of the have had, in particular in the media, phenomena observed and of the ensu- have rekindled demand for protection ing damage, these events have high- from society, in particular from pop- lighted the consequences of urbanisa- ulations who are increasingly aware of tion in risk zones, and the need to risks, and less and less inclined to include the eventuality of the risk in all accept them; expectations with regard planning and development policies, to public officers and experts have been and to take its consequences on board substantially modified by this upsurge through schemes for prevention, pro- in natural disasters. Citizens, who tection, and crisis-management… want more openness, are also becom- © IAU île-de-FranceAt national level, disasters have re- ing increasingly demanding as tech- opened debates on the causes of the nical progress unveils new tools for phenomena, on the liabilities incurred, risk management. and on planning permitted in risk In addition to this population safety zones, with people asking themselves requirement, entrepreneurs are becom - whether we should continue to build ing increasingly demanding and more on flood zones or whether high-risk concerned about the costs of the losses industrial sites should be re-located and damage that they might suffer, away from urban areas, etc. and also that they might cause and

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 19 therefore might have to pay compensation for. In par- zone emergency plan, that work highlighting the allel, at local level, new pressure is being exerted on vulnerability of the conurbation for aspects as varied mayors who might be held criminally liable in the event as drinking water supply, energy supply, sewage treat- of disasters if they have not taken the necessary steps as ment and refuse treatment, travel and logistics, etc. part of their policing responsibilities. Long absent from thinks and from planning, tak- But other risks need to be taken into account ing account of major risks has thus today become The most widespread risks in Île-de-France are not an indissociable component of planning and de- necessarily the most dramatic. Subsidence and heav- velopment thinks. This applies even more so in ing pheno mena in certain clayey soils due to drought Île-de-France since the concentration of the pop- affect the entire Regional area. Although they do not ula tion(1), the extent of the economic stakes, and have any victims, the consequences on buildings, and also the complexity of organizing society or the in particular on private houses lead to very high com- extent of passenger and goods traffic multiply the pensation costs. stakes considerably. Alongside such widespread phenomena, some areas can be affected more locally by other natural risks: Flooding at the heart of the stakes flooding due to runoff or to rising groundwater, land Flooding is the main and most serious of the natu- movements, etc. ral risks with which Île-de-France is faced(2). About In addition, the presence of major industrial sites, one third of Île-de-France municipalities are threa- and also of high levels of traffic carrying dangerous tened to various degrees by floods caused by water materials potentially exposes Île-de-France to major overflowing directly from rivers. The consequences technological risks. Thus, numerous industrial sites of a major flood, of the centennial level of the 1910 implement dangerous products or present signifi- floods, would be catastrophic. Exposing the Region’s cant risks of explosion, fire, or dissemination of toxic eight départements simultaneously to such an event substances; in this respect, they come under the would have a considerable impact on the life of the “Seveso” European Directive of December 9, 1996. Region, affecting over 2 mil lion people to various That Direc tive concerns keeping under control dan- extents. The damage to the Region’s economy would gers related to major accidents involving dangerous be equally as extensive: the cost of the damage from substances. The number of sites subjected to the a centennial flood in Île-de-France is today esti- Seveso Directive is decreasing steadily in Île-de- mated at the very least at 10 to 12 billion euros, and France. In January 2005, 82 sites (41 one of which are the figure is twice that if we take into account dam- at the upper threshold of the Directive), were listed a ge to networks and operating losses suffered by within the Region’s boundaries as against 101 (42 at businesses – several tens of thousands of sites: large the upper threshold) in June 2002. This reduction is firms, small businesses, retailers, etc. – located in due to the closure of certain firms, in particular hydro- flood zones who would suffer an interruption in carbon storage sites in the inner suburbs, and above their activity. all to the measures taken by industry to reduce the risk Beyond the direct consequences, it is the entire oper- at source, e.g. by reducing the quantities of danger- a tion of the conurbation that would be totally dis- ous substances pre sent on the site. The risk perime- rupted, with repercussions well beyond the flood ters (within which there would be immediate or zones, and a risk of economic life coming to a stand- deferred effects) defined by the surveys of the danger still for an indefinite length of time. This is what around the upper-threshold Seveso sites cover several stands out© most clearlyIAU from the work conductedîle-de-Francethousand hectares in Île-de-France. The extent of since 2001 by the Secretariat-General of the Paris the stakes is directly related to the locations of the Defence Zone with a view to establishing the flood sites, and not all of the sites have the same level of sen- sitivity. An analysis of the land use within a radius (1) 90% of the Île-de-France population (10.95 million) live within a radius of 30 km from the centre of Paris, i.e. within a circle repre- of 500 m around upper-threshold sites reveals that, senting 23% of the surface area of the Region. for one third of the sites, the level of urbanisation (2) The various natural and technological risks in Île-de-France are (housing, infrastructure, industry and business) is described in detail in Volume 1 of the Cahiers de l’IAURIF devoted to major risks, “awareness for better control,” No; 138, 3rd Quarter less than 10%, but that, for about ten of them, it is of 2003. greater than 40% and can be as high as 70%.

20 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Finally, several million metric tons of dangerous mate- The increasing vulnerability rials pass through Île-de-France every year, by land of the Paris conurbation transport modes: essentially by road but also by rail or The increasing urbanization that Île-de-France is expe- inland waterway. A very large proportion of that trans- riencing is resulting in the Region becoming increasingly port also goes via pipelines conveying fluid under pres- vulnerable to major risks. Human activities that are sure. That means of transport is reputed to one of the increasingly numerous and diversified, and, above all, safest for carrying oil, gas, or chemical substances over that interact increasingly with one another at local area long distances. The explosion of a gas pipeline in August level are making it increasingly complex to analyse this 2004 in Ghislenghien in Belgium, at the heart of an vulnerability. The rise in living standards, the develop - industrial zone (24 dead, and 160 injured) nevertheless ment of urbanization, infrastructures and networks reminds us that, in this field, as in many others, “zero having high added value (telecommunications, elec- risk” does not exist. In view of its energy needs, Île-de- tronics, etc.), and the technical progresses have also France is particularly concerned by these networks increased in significant proportions the overall value of whose routes total nearly 5,100 km. property and the fragility of the activities exposed. The change in urban forms is also a vulnerability fac- An uneven distribution of risks tor. Thus, for housing and for populations, a major Although most of the Île-de-France municipalities are flood would have multiple direct and indirect conse- concerned by major natural or technological risks, quences. Systematically burying the cables of the vari - admittedly to widely varying extents, certain areas on ous energy and communications networks, the sys- which multiple hazards and major stakes are super- tematic use of cellars and basements for installing posed appear as potentially more exposed than others. back-up electricity generator sets and vulnerable instal- In general, the urban environment is a place where lations (electrical substations, boiler rooms, lift mech- natural and/or human-generated hazards can com- anisms, etc.), and the development of underground car bine, with dense land use and activity levels in small parks, etc. constitute factors worsening and accentua- areas. ting the vulnerability of housing, even for buildings in In this respect, the Paris conurbation is particularly which only the lower levels are liable actually to be exposed. In addition to flooding by river overflow there flooded. And even though certain sectors are spared are risks of flooding by runoff which is worsened in direct overflow, the rise in groundwater levels that urban environments because the ground is covered accompanies major flooding enlarge the exposed zones with impermeable surfaces and because the drainage with risks of major damage too for cellars or under- networks become saturated, and there are also under- ground car parks, etc. ground risks related to the presence of disused workings Although the extent of urbanisation in risk zones can for extracting quarry materials. be considered as a vulnerability indicator, we should Industrial activities being historically located on cer- not forget the increase in the stakes through renewal of tain areas such as La Plaine de France, Seine-Amont the urban fabric, through the increase in the capital (Seine-side upstream from Paris) or the Gennevilliers invested, and through the development of infrastruc- Meander, close to the river, even today results in many tures… Thus although nearly 1,550 hectares were risk sites, in particular oil depots, being concentrated urbanised in flood zones in Île-de-France from 1982 there, such sites also generating major levels of dan- to 1999, 4,600 hectares of zones that were already gerous substance traffic, via pipelines for stocking up the urbanised were converted (from industry to housing, sites, and often via the road networks for distributing from urban open spaces to facilities and infrastructure, the products.© IAU île-de-Franceetc.) over the same period; renewal “like-for-like,” These risk zones being superposed should also, in a although doubtless very considerable, is much more multi-risk approach, make it possible to assess possible difficult to assess. domino effects related, e.g. in the event of accidents, The catastrophic nature of an event is related directly to the concentration of risk industrial sites in certain sec- to land use and to the potential risks that it represents tors (Port of Gennevilliers, Industrial Estate of Mitry- with respect to human activity. Keeping urbanisation Mory….) or, in the event of major flooding, their being under control in potentially dangerous zones appears located in flood zones (one third of Seveso sites are as one of the most effective means of reducing the seri- located in part or entirely in flood zones). ousness of a loss.

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 21 Planning and risks: the stakes tant today to take account of risks in the planning and of the Region’s Master Plan (SDRIF) development projects. This requires assessment of the compatibility and of the consistency of future plan- ning and development within the framework of cross- Reconciling the objective wise and inter-sector vision, and also study of the dis- of urban development ruption that might affect the area, its infrastructures, with taking account of major risks and daily life in it. The various inventories and assessments made by Central Government and by the Region prior to Necessary overall consistency… undertaking the review of the Master Plan converge If flood prevention naturally calls for a think at catch- to consider that the 1994 Master Plan for the Île-de- ment area or basin level which, for the Seine, exceeds France Region (SDRIF) does not address the issues of to a large extent the administrative boundaries of major risks sufficiently enough. Only floods – by the Île-de-France Region, other hazards (industrial river overflow and by runoff – are mentioned and risks, land movements, etc.) are problems that are are the subject of a special chapter in the detailed essentially local or widely scattered (transport of orientations. The “land movement” risk, in spite of dangerous substances). the stakes, in particular in the inner suburbs, is not Natural and technological risks should be addressed mentioned. The same goes for technological risks, be under a common preven tive policy developed at they related to industrial manufacturing or storage Regional level, in liaison with Central Government and sites, or to transporting dangerous goods, in spite of with the other municipalities. In view of the multi- the extent of the internal and external traffic that plicity of the players involved at widely differing levels, passes through Île-de-France. such a policy requires a common regional vision of the The regulatory change in the field of risk prevention, stakes and issues, with the aim of achieving an overall with the implementation of risk prevention plans (PPRs) reduction in vulnerability. that constitute encumbrances of public utility that are As regards flooding, the Regional Master Plan opposable to planning documents, the concerns of sus- (SDRIF) should be an opportunity to assert the prin- tainable development and the avowed desire to make Île- ciple of upstream/downstream solidarity at regional de-France the leading eco-region of Europe, the high- level between the densely urbanised zones of the cen- lighting of the vulnerability of the Paris conurbation and tral conurbation and the rural zones of the outer the assessment of the direct and induced costs of a suburbs, and also at interregional level through thinks major flood, the heightening of awareness in council- and actions that are common at the overall level of the lors and the expectations of the population… are all catchment areas. This is the direction followed by the elements that contribute to the issues and the stakes of thinks and surveys undertaken in Île-de-France on the major risks being taken into account to a larger extent area of La Bassée, upstream from the Paris conurba- in the future Master Plan. tion, on the project to lay out hydraulic subdivisions The Regional Master Plan, which is reviewed and drafted or “casiers” serving to reduce the consequences of a in association with Central Government on the initia- major flood by deferring the flood waves of the Seine tive of the Regional Council of Île-de-France, should and of the Yonne; or by the thinks and surveys con- constitute one of the vectors of the policy for risk pre- ducted on the entire Oise and Aisne basin (6 départe- vention and for reducing the vulnerability of the Île-de- ments, 3 regions) by the Entente Oise-Aisne associ- France area. The regional level appears the most suit- ation. But it is also necessary, in the context of able for playing© the essentialIAU role co-ordinator île-de-France in this solidarity between local areas, to assess the hydraulic field. The distribution of responsibilities between consequences downstream from the reinforcement Central Government and the municipalities does not of the linear flood protection constructions in dense always make it possible to assess correctly all of the con- urban areas. straints to be taken into consideration, in particular in Also as regards flooding by rivers bursting their the context of region-wide consistency. banks, the principle of preserving and enhancing In view of the desires expressed by numerous Île-de- flood expansion zones should be asserted firmly. France players for boosting building programmes as a Implementing a flooding risk prevention plan (PPR) response to the current shortage of housing, it is impor- in the more rural areas on the boundary of the

22 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Region (Bassée, Marne Valley upstream from Meaux, …and particular stakes etc.) should make it possible to contribute to such The issue of further urban development preservation. In peri-urban areas in which the pres- in exposed zones sure for urbanisation is the strongest, non-urbanised Keeping urbanization under control in flood zones, areas in flood zones should be considered in the and more generally in major hazard zones (industrial light of all of the potential uses: natural value or risks, under-mined zones…) constitutes a major issue recreational value, and also flood expansion, etc. in not increasing the vulnerability of people and of Such multi-functionality should be taken into property, but the thinks should also relate to urban account during planning thinks in particular since renewal in risk zones. certain forms of urban use (parks and gardens, play- Recomposing the dense zones or “re-buil ding the ing fields, etc.) remain compatible with flood risks, city on the city” constitutes one of the responses to from the point of view of safety of property and of the will to keep the development of the conurba- people. It might be necessary to examine the pos- tion under control. Faced with the high demand sibilities of making departmental public land poli- for housing, with the rarity of available areas, with cies [espaces naturels sensibles (sensitive natural pressure on land… converting numerous areas areas)] or regional public land policies (Agence des involves transforming former industrial sites in a Espaces Verts) consistent in order to preserve such context of gradual de-industrialisation, and build- zones. ing housing and infrastructure zones on them. The SDRIF (Île-de-France Regional Master Plan) Several hundred hectares are concerned in Île-de- could also encourage greater consistency for the PPRs France, but a large portion of that land supply, in (in particular the flood risk prevention plans) drafted particular in the inner suburbs, lies along riverbanks at Regional level. The differences observed in the and canal banks which were historically sites on zoning, in the regulatory expression… between the which industrial development took place. Numerous numerous documents already approved – even if such operations and projects might be mentioned: differences can be explained – fuel criticism from the consulted planning zone (ZAC) of Le Trapèze their opponents: local councillors, or residents’ asso- on the former Renault factories in Boulogne- ciations. Although the very heterogeneous nature of Billancourt, the Seine-Arche ZAC in Nanterre, the the regional territory justifies differences in the reg- Avenir Gambetta projects in Ivry-sur-Seine, Les u lations and in the zoning, and adaptation of the reg- Vœux or Les Gondoles ZACs in Choisy-le-Roi, etc. ulations and of the zoning to the urban and geo- Transforming these brownfield sites into housing zones graphic characteristics and context, the SDRIF could is leading to an increase in the densities of populations encourage PPRs to be made more homogeneous (dur- in the risk zones, and can also lead to an increase in ing review of them) in areas presenting similar char- the value of the exposed property that might appear acteristics (dense urban zone of the inner suburbs, contradictory to the objectives of reducing vulnera- peri-urban zone, and rural zone, main hydrographic bility. The projects developed on the future ZACs in network and small valleys, etc.). flood zones should give priority to developing archi- The stakes related to flooding are considerable but con- tectural and urban planning responses that, within the trollable in a context of moderate growth, provided framework of the regulatory constraints imposed by that the regulatory measurements (flood risk preven- the PPRs when such PPRs exist, make it possible to tion plan (PPRI), etc.) are complied with, and pro- steer urbanisation towards systems that are less risk- vided that public decision-takers and citizens can be generating, and to reduce the vulnerability of the infra- made© more responsible IAU so that they becomeîle-de-France co-man- structures and of the housing. agers of the risk. But alongside such flooding phenomena which require Hydrocarbon storage in the inner suburbs thinks and actions at the level of large areas, the ques- The accident at the AZF plant in Toulouse in 2001 high- tion arises of intervention and of planning responses to lighted the issue of locating industrial sites having major very localised or scattered risks. For risks character- risks in dense urban environments; in Île-de-France, it ized by more local stakes, how is it possible to assess is, in particular, on hydrocarbon depots that the stakes the reduction in vulnerability at the level of the SDRIF? are concentrated. Eight of the nine Seveso upper limit What actions should be implemented? sites listed in inner suburbs are oil depots, located a

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 23 long time ago, and dependent on pipeline networks for for distributing the products to Île-de-France users, being stocked up. They keep industrial sites and petrol and therefore to an increase in the dangerous substance stations, and also airports supplied with fuel. transport risk. Today, numerous local authorities and local council- Since, in the coming years, maintaining the existing lors, in particular in the Seine-Amont (Seine-side storage capacities is a priority in order to guarantee upstream from Paris) sector want the depots that are still secure and safe supply for the Paris conurbation and its in activity to be closed, in view of the potential human Region, it is thus necessary to take an overall approach and environmental risks that weigh on their areas. to the problem of dangers related to hydrocarbon However, although the issue of the risks of having a depots, taking into account not only the dangers related hydrocarbon depot located in a densely populated zone to the fixed facilities, but also the dangers related to the arises in terms of very local stakes, of the order of a few transport of dangerous substances, in supply and dis- hundred metres around the site, relocating it involves tribution. stakes beyond the site alone, with, in particular questions on organising and distributing hydrocarbons and safety Accompanying actions of supply, and also on the increase in the dangerous Alongside the regulatory action, it is thus necessary, as substance transport risks. part of an overall prevention policy, to set objectives During the decade from 1990-2000, the Region that must be relayed at local level as partner actions, in recorded a significant reduction in its gross storage particular in the field of information, awareness-height- capacities, with the closure of 7 sites (347,000 m3). ening, and assistance with diagnosis. More recently, decommissioning the Shell depot in Choisy-le-Roi (63,000 m3) and the Total depots in Improved knowledge Saint-Ouen-Cliché (70,000 metric tons) and Ivry- and improved assessment of risks: a must sur-Seine has been started. These closures result from Taking risks into account in planning thinks presupposes a multitude of factors: prior knowledge of hazards. Such knowledge remains - from the reduction in the commercial stocks of oil essential in order to assess the degree of risk to which companies (just-in-time procurement management); populations, property, and socio-economic activities - from re-organization following the numerous mer - are subjected, and in order to organise or arbitrate as well gers that have taken place in recent years; as possible the co-existence between the various land - from environment and safety regulation changes uses by reconciling the development stakes with the requiring costly investment for upgrading into com- safety of Île-de-France residents. pliance with standards; and Certain hazards are today well identified, monitored, - from major urban constraints, in particular in the and mapped in Île-de-France. This applies to flood- inner suburbs and from the high pressure from local ing by rivers bursting their banks, with the Regional authorities. Atlas of Highest Known Flood Marks (PHECs) and to As regards technological risks related to major indus- the zoning of hazards for the flood risk prevention trial sites, relocation proposals comply with the need to plans (PPRs), and also to disused underground quar- protect populations while the space surrounding the ries – for most of the area of the Region – or indeed risk sites is becoming increasingly densely populated. to major technological risk (Seveso) sites whose acti - However, only the risks that are immediately percepti- vity is strictly regulated… ble (those directly related to the site) are taken into In contrast, other phenomena or hazards do not yet account. But that is only one aspect of the major tech- enjoy the same level of knowledge. Thus, the risks of nological© risks that areIAU present at all stages of theîle-de-France indus- flooding by the groundwater rising or by runoff are trial chain: manufacture, storage, and also transport. not the subject of any specific survey at regional level, Beyond the difficulty of locating a new depot, which and remain difficult to quantify. Knowledge of under- depends on the pipeline route, moving a site away from ground risks remains in its embryo stages in Seine-et- urban zones often leads to moving it further away from Marne, even though that département has nearly one the supply sources and from its customers. For hydro- third of the municipalities potentially concerned, and carbons, which constitute the majority of the products even though it also has one of the highest urbanisation transported, concentrating the loading zones will rates in Île-de-France, in particular in the small towns inevitably lead to an increase in the distances travelled and villages on the outskirts of the central conurba-

24 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 tion and in the rural outer suburbs; surveys have now they do not act to a very large extent on the situations begun, but fine knowledge, equivalent to the know- inherited from the past. They cannot constitute the ledge of the other départements will, in view of current only tool for reducing the vulnerability of property. means, undoub tedly require several decades. Today, actions need to be relayed to and new actions For the technological risks, sites other than the Seveso need to be devised for the local authorities and their sites can have risks, and should therefore be given par- departments, businesses, and residents… Several hun- ticular attention (farm silos and fertiliser depots, logis- dreds of thousands of dwellings (individual and col- tics warehouses, etc.). Finally, in view of the tonnages lective housing, sometimes having basements over sev- involved in transporting dangerous substances by road, eral levels and underground car parks), tens of rail, or inland waterway, it would be worth analysing the thousands of firms (administrative departments and extent of that traffic in the built-up areas, the routes also production units or storage and logistics centres) taken, or the parking conditions, etc. Assessment of of all sizes, municipal public facilities and infrastructures the risks and of the stakes along the routes on which (schools, cultural amenities, etc.) today lie within flood dangerous substance transport is concentrated, in a zones and would be directly or indirectly affected by a radius close to the main dangerous substance traffic major flood. It is on such property that the direct cost generating sites (oil depots, chemicals industry, etc., of major flooding would fall…, and also the indirect eco- and also sorting stations), could be a first step, the very nomic costs for firms, related to breaks in the logistics scattered nature of the dangerous substance transport supply line, opera ting losses, etc. risk making it difficult to establish regional mapping. The flood zone emergency plan should be extended to the most local level, i.e. to each municipality, Flooding: reducing the vulnerability through prevention and protection work in order to of the existing urban areas minimize the consequences of a major flood. It is At Île-de-France level, 35% of the flood zones are necessary to increase the number of actions aimed at already urbanised, but that figure is over 90% in the local players, land operators, collective or social hous- inner suburbs. Surveys conducted by the Inter- ing managers, and the small business fabric, etc. in Département Institution for Dam Reservoirs of the order to reduce the damage in the event of flooding Seine Basin (IIBRBS) highlighted, in the early nine- and in order to make the residents exposed to the teen nineties, the extent of the socio-economic con- risk more responsible. The Paris Chamber of sequences of a major flood in Île-de-France. More Commerce and of Industry (CCIP) thus recommends recently, the work by the Secretariat-General of the improving information to firms, promoting esta- Defence Zone has helped to raise awareness of the blishment of individual vulnerability diagnoses, and vulnerability of the Paris conurbation, and in par- ticular of its functional organization (energy, health, implementing prevention measures that are appro- transport, communications, etc.); the specialised priate and in proportion. Firms who have short- flood emergency plan (PSSI), in the process of being term or medium-term main concerns do not incor- drafted, aims to reduce this vulnerability by encour- porate or do not incorporate to a very large extent the aging the relevant network managers and operators consequences of natural disasters, in particular when to develop crisis scenarios, to draft emergency plans they occur once per century; information campaigns protecting their own installations, and also to prepare need to be developed for them in order to cause gen- for the post-crisis period so as to start up their activ- uine heightening of awareness without unnecessary ities again as quickly as possible. alarmism, and in order to prepare for a possible cri- As regards© planning IAU and in a futures watchîle-de-France perspec- sis situation. tive, the stakes and the vulnerability of property and of Regardless of the natural or industrial risk, the indi- people in the potentially exposed areas should be lim- vidual protections (protection from water, use of water- ited. This is the object of the regulatory approach that proof materials, confinement, etc.) make it possible to is expressed by implementing the natural risk preven- limit the effects of certain events. Although they can be tion plans and the future technological risk prevention recommended or even required by regulations, questions plans. But although the PPRs (risk prevention plans) arise as to the financial levers to be implemented, to make it possible to prevent an increase in the density of checking of effectiveness and to complying with instruc- urbanisation in the sectors exposed to the worst risks, tions for obligatory measures.

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 25 The essential sharing Government, and then from Local Government to of a risk culture citizens. This preventive information is embodied by various documents: • The DDRM (Département dossier on major risks) Reducing the stakes in flood zones, implementing is an awareness-heightening document that lists actions to reduce the vulnerability of the existing pro- major risks, both natural and technological risks, in perty, and preparing for possible crisis situations involve the Département, and the foreseeable consequences heightening awareness and sharing of a risk culture for people and property, and the environment, as by all of the local players (local councillors, decision- well as the measures taken to limit their effects: tech- takers, technicians, economic players, etc.), and by the nical measures (existence of flood walls, regulatory population. mea sures PPRIs (flood risk prevention plans), PLUs As risk producers in the sense that their action might (local town-planning plans), surveillance and warn- worsen or reduce vulnerability, planners – local coun- ing measures). cillors, technicians, users, etc. – must be aware of their • The DCS (summary municipal dossier) is estab- own role in order to avoid worsening situations that lished on the basis of the DDRM, in consultation involve numerous responsibilities. Location of hous- with the municipal departments. The DCS is a reg- ing, of economic activities, of facilities, and of infra- ula tory document notified to the Mayor by Prefecture structures… should also be examined from the safety Order. Consultable by the public at the Town Hall, and risk angles. it makes it possible to specify the risks existing in The difficulty of having local players accept the con- each municipality. straints related in particular to implementing risk • The DICRIM (municipal information dossier on prevention plans can be explained in part by their major risks) is produced by the Mayor on the basis of poor perception of the risk. Without any mechanism the information contained in the DDRM and in the for conserving memory, events are quickly forgot- DCS. It specifies the prevention measures taken at ten. Thus, paradoxically, the constructions de veloped municipal level, in the context of the town-planning for protection from natural risks, and the technical or documents and of the policing powers of the Mayor. regulatory changes in the industrial field, by very sig- In Île-de-France, the DDRMs are established in all of the nificantly reducing the probability of di sasters occur- Départements. Conversely, not all of the DCSs have yet ring, have strongly attenuated risk awareness. For been approved, and very few DICRIMs have been pro- flooding, for example, the major constructions (reser- duced. Since the level of the latter document is the voir dams) and the protections (flood walls, dikes, level at which information operations take place for etc.) have limited the consequences of small floods private individuals and firms, it is important for the and have considerably reduced the frequency of flood- DICRIMs to be compiled rapidly. In addition, the pos- ing, thereby causing the feeling that a risk exists to dis- sibility for the Mayor of requesting a Prefecture Order appear. Today, floods that could cause major dam- stipulating that the DCS is equivalent to the DICRIM age in Paris and in its inner suburbs are reduces the scope of the document; in the absence of a half-centennial or centennial occurrences; floods thus location map, and of a hazard map, it would seem dif- appear even more hypothetical to players and to local ficult to heighten the awareness of a resident or of a populations. local player… Today, we need to have hazards accepted while reducing Although, naturally, dissemination of these tools should the anxiety that they arouse. In this respect, the dimen- be encouraged in order to enable private individuals sion of informing© andIAU of involving local playersîle-de-France is a and firms to keep themselves informed about the warn- fully fledged part of prevention policy. ing schemes and about the safeguard measures that are planned, it is to be feared that their impact will remain Information documents too small. Those documents are consultable, either at at the service of prevention the Prefecture for the DDRM, or at the Town Hall for The Law of July 22, 1987, by making it mandatory the DCSs and DICRIMs. However, making the docu- to inform citizens on the risks to which they ments available in this way would not appear to be con- are exposed, generated a series of regulatory docu- ducive to proper dissemination of information. Given ments going from Central Government to Local the opening hours of the administrations, and the

26 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 lifestyles of Île-de-France residents, and apart from a residents be pre-empted? What explanations should small circle of players who might use the documents, be developed to avoid populations succumbing to di- access to the information, for a resident who is con- saster fixation? cerned, would appear to be difficult. Today, development of computer tools with geographic Other approaches are also suitable for facilitating infor- information systems (GISs) that make it possible to mation and knowledge sharing: locate the phenomena and to cross the multiplicity of • Appending natural risk prevention plans to town information, and development of Internet tools with, planning documents should contribute to improving in particular, generalisation of broadband, should make taking risks into account in the urban development it possible to offer, in the relatively short term, the pos- of the municipality. sibility for anyone to access such preventive information • The Law of July 30, 2003 confirms the right to pre- and to identify the risk zones. In view of the extent of ventive information by instigating obligations for the stakes in Île-de-France, producing such a tool could sustaining risk memory: two-yearly information of be justified. populations by Mayors, setting up and maintaining flood marks, mandatory specification of risk during a property transaction (sale or let). • In the field of major technological risks, in order to develop a risk culture and in order to encourage good behaviour from residents in the event of an accident, that Law instigates local information and consultation committees (CLICs) for any industrial area having one or more “Seveso AS” sites. Those committees make it possible for consultation by and for partici- pation from the various parties involved – in parti - cular local residents – in preventing the risks of acci- dent throughout the lives of the sites. Deployment of new information and communica- tions technologies should make it possible to open new prospects as regards informing the public. An increasing number of Île-de-France municipalities are developing their own information sites on the Internet – 30% of municipalities are today on line, covering over 80% of the Region’s population. But while numerous Web Sites offer dossiers on the eco- nomy, on the environment (parks and gardens, waste, etc.), town planning, local life, etc., it is striking to see, in particular for the municipalities concerned by the presence in their areas of Seveso sites, flood risks, or underground risks, there is an almost total absence of any information relating to major natural or tech- nological risks be it in the environment section or in the© town-planning IAU section… île-de-France This absence of information on the municipal Internet sites expresses to a certain extent the difficulty that local councillors have in informing in a context that does not present immediate danger: what information should be passed on (risk maps, hazard maps, regulatory zon- ing, regulations) and in which form? How is it possi- ble to communicate positively on a subject that is, in principle, negative? How can reactive movements from

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 27 Regulations that serve planning

The Natural Risk Prevention Plans (PPRs) are intended as a priority for areas having major stakes and subjected to high hazard levels. They lay down the conditions for new building work and define prevention, protection, and safeguard measures, as well as planning measures. Drawn up by central government, they are recognised regulatory tools that cover most of the municipalities exposed to high risks. Many of Île-de-France’s municipalities are concerned by major risks, be they natural or technological, but certain areas stand out as being potentially more exposed than others. The objectives© of theIAU PPRs are shared widely, île-de-France but the methods of drawing them up and their contents are arousing certain criticisms from the local councillors, private individuals, and firms to whom they apply. In Île-de-France, the Flooding Risk Prevention Plans (PPRIs) are the most common. In Val-d’Oise, after ten years in existence, the PPRI is gradually establishing itself; in Val-de-Marne, whose identity is marked by the presence of water, the PPRI is the first plan to be drafted in the inner suburbs. But Île-de-France is also threatened by land movement risks related to disused quarry workings. The Inspectorate-General for Quarries acts as technical expert and assessor for the Departmental Directorates for Infrastructure (DDEs). In the Département of Seine-Saint-Denis, the DDE has developed a multi-risk approach in response to the human and economic stakes in an undermined area that is also faced with the risk of subsidence and heaving. The PPRs’ roles in prevention, in limiting the consequences of natural disasters, and in consultation at the service of planning projects is thus demonstrated through these examples.

28 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 La réglementation au service de l’aménagement

Les plans de prévention des risques naturels sont destinés en priorité à des territoires recouvrantL des enjeux importants et soumis à des aléas forts. Ils fixent les conditions des constructions nouvelles et définissent des mesures de prévention, de protection et de sauvegarde ainsi que les mesures d’aménagement. Élaborés par l’État, ce sont des outils réglementaires reconnus, qui couvrent une majorité de communes exposées à un risque fort. Beaucoup de communes franciliennes sont concernées par les risques majeurs, naturels ou technologiques, mais certains territoires apparaissent potentiellement plus exposés que d’autres. Les objectifs des PPR sont partagés, mais les méthodes d’élaboration et les contenus suscitent certaines critiques de la part des élus, des particuliers et des entreprises

© Y. Arthus-Bertrand © Y. auxquels ils s’imposent. En Île-de-France, les plans de prévention des risques inondation (PPRI) sont les plus nombreux. Dans le Val-d’Oise, après dix ans d’existence, le PPRI s’impose progressivement ; dans le Val-de-Marne, à l’identité marquée par la présence de l’eau, le PPRI est le premier document élaboré en petite couronne. Mais l’Île-de-France est aussi menacée par les risques mouvements de terrain liés à d’anciennes exploitations de carrières. L’Inspection générale des carrières intervient en qualité d’expert technique des directions départementales de l’équipement. © DansIAU le département île-de-France de la Seine-Saint-Denis, la DDE a développé une approche multirisque répondant aux enjeux humains et économiques sur un territoire «sous-miné» et confronté au risque de retrait-gonflement. Le rôle de prévention, de limitation des conséquences des catastrophes naturelles et de concertation des PPR au service des projets d’aménagement est ainsi démontré à travers ces exemples.

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 29 © M. Ségard _ SDPRM/DPPR/MEDD Les plans de prévention des risques naturels : des résultats encourageants, des simplifications nécessaires pour plus d’efficacité

Thierry Hubert(1) DDE du Val-d’Oise The Natural Risk Prevention Plans: encouraging results, but simplifications are needed to make them Le plan de prévention des risques naturels (PPR) more effective créé par la loi du 2 février 1995 (article L. 562-1 du code de l’environnement) constitue aujourd’hui l’un des instruments The Natural Risk Prevention Plan (PPR) set up privilégiés de l’action de l’État en matière de prévention des risques by the Law of February 2, 1995 naturels. Dix ans après sa création, il s’est progressivement imposé – Article L. 562-1 of the comme l’outil essentiel de la prévention des risques naturels. Environment Code – is today one of the preferred instruments for Au 15 juin 2004, 4 640 communes étaient couvertes en France © IAUpar un documentîle-de-France approuvé. State action as regards preventing natural risks. Ten years after being set up, it has gradually established itself as the essential tool in natural risk prevention. At June 15, 2004, 4,640 municipalities in France were (1) Chef du service de l’urbanisme et de l’aménagement. Ancien chef du service covered by an approved de l’urbanisme et de l’aménagement, direction de la prévention des pollutions et des risques, document. sous-direction de la prévention des risques majeurs.

3030 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Vingt-deux ans après la loi sur l’in- demnisation des catastrophes natu- relles créant les plans d’exposition aux risques naturels, les PPR qui les ont remplacés s’inscrivent résolument dans une démarche de réduction de la vul- nérabilité des personnes et des biens. Ils peuvent en effet fixer les conditions des constructions nouvelles et définir des mesures de prévention, de protec- tion et de sauvegarde, ainsi que des mesures d’aménagement des biens

existants dans les zones exposées à des © M. Ségard _ SDPRM/DPPR/MEDD risques importants. L’apparition régulière de catastrophes naturelles a montré l’importance de renforcer la L’apparition régulière de catastrophes politique de prévention des risques et d’accélérer l’élaboration des PPR pour réduire les dommages aux personnes… et aux biens. naturelles (Chamonix et Aude en 1999, tempête de fin décembre 1999, Seine- prescriptions d’urbanisme sur les cons- annexé au POS/PLU. Il s’impose ainsi Maritime, Guyane et Menton en 2000, tructions nouvelles. L’objectif des PPR aux autorisations d’occupation des sols Bretagne et Somme en 2001, Gard, est plutôt consensuel, mais leur éla- sans toute fois se substituer aux docu- Hérault et Vaucluse en 2002, incen- boration rencontre encore souvent de ments d’urbanisme qui définissent pré- dies de forêt et crue exceptionnelle du vives critiques : pour en faciliter l’ap- cisément le régime d’autorisation. Rhône en 2003) a montré l’impor- plication et l’efficacité, des mesures de Le PPR ne traite que des risques, mais tance de renforcer la politique de pré- simplification et de réduction de la ne définit pas les projets d’aménage- ven tion des risques et d’accélérer l’é- vulnérabilité de l’existant devraient ment. Son élaboration doit suivre une laboration des PPR pour réduire les être mises en œuvre. procédure simple et pragmatique jus- dommages aux personnes et aux biens. qu’à l’approbation, en s’appuyant sur En 2003, la loi sur la prévention des la connaissance actuelle et sans entrer risques naturels et technologiques et la Objectifs, méthode dans des études trop détaillées. réparation des dommages du 30 juillet et contenu des PPR a complété les dispositifs existants et a Améliorer l’efficacité renforcé l’information, les possibilités du dispositif réglementaire d’intervention des collectivités loca- Le PPR est d’abord En effet, la création des PPR en 1995 les et le financement de mesures de et avant tout, un document visait à améliorer l’efficacité du dispo- mitigation. de prévention des risques sitif réglementaire de prise en compte Le PPR est aujourd’hui un outil recon- Le plan de prévention des risques natu - des risques qui disposait déjà de plu- nu, assorti d’une panoplie de mesu- rels (PPR) constitue un outil régle- sieurs outils, dont le plus connu : le res d’accompagnement. Les différents mentaire de prévention des risques plan d’exposition aux risques (PER) partenaires doivent s’en saisir pour confié à l’État, garant de la sécurité des créé par la loi du 13 juillet 1982 rela- agir ensemble, de façon cohérente, afin personnes et des biens. Son objectif est tive à l’indemnisation des catastro- de prévenir les risques et de limiter les de prendre en compte les risques natu- phes naturelles. Pour en améliorer effets© des catastrophes IAU naturelles, mais île-de-Francerels dans les décisions d’aménagement l’efficacité, une simplification dans sa aussi et surtout, pour assurer un déve- et de développement. Complé ment au mise en œuvre a été retenue, tout en loppement durable et harmonieux des dispositif d’indemnisation des cata- renforçant le contenu et les moyens territoires. strophes naturelles, le PPR vise la d’application. Les PPR couvrent maintenant une réduction de la vulnérabilité des per- Plusieurs dispositions ont été définies : majorité de communes exposées à un sonnes et des biens pour limiter la - l’unicité de procédure ; risque fort. Leurs présentations sont charge financière en cas de catastrophe. - la déconcentration de la décision ; hétérogènes, mais leurs réglementa- Valant servitude d’utilité publique, ce - l’utilisation d’une méthode plus tions comportent essentiellement des document est élaboré par l’État et rapide.

La réglementation au service de l’aménagement 31 Les plans de prévention des risques technologiques (PPRT)

Contexte réglementaire communes peuvent donner aux propriétaires un droit de La loi relative à la prévention des risques technologiques et délaissement pour cause de danger grave menaçant la vie naturels et à la réparation des dommages du 30 juillet 2003, humaine, et enfin ceux à l’intérieur desquels les communes a introduit deux nouveaux outils pour faciliter la maîtrise de peuvent préempter les biens à l’occasion de transferts de l’urbanisation autour des sites à haut risque : propriétés. - des servitudes d’utilité publique indemnisées par l’exploitant Le financement des mesures associées au PPRT est défini à l’origine du risque, instituées pour tout risque «nouveau» par des conventions entre l’État, industriel(s), et collectivité(s) engendré par l’extension ou la création d’une installation territoriale(s). industrielle à haut risque qui nécessiterait une restriction L’élaboration d’un PPRT est pilotée par le préfet de département supplémentaire de l’utilisation des sols. Cet outil, qui existait concerné. Le document approuvé après enquête publique vaut déjà dans l’article L. 515-8 du Code de l’environnement, a servitude d’utilité publique. Il est annexé aux plans locaux été étendu par la loi du 30 juillet 2003 ; d’urbanisme (PLU). - la mise en œuvre de plan de prévention des tisques techno- Le nombre de PPRT à réaliser d’ici le 31 juillet 2008 sur le logiques (PPRT). Ces plans ont pour effet de limiter l’exposition territoire national est estimé à environ 300. Sont concernés par de la population aux conséquences des accidents, dont la mise en œuvre de ces plans de prévention environ 700 l’impact est notamment appréhendé au travers des études établissements industriels et 500 communes. Le temps nécessaire de danger réalisées par l’industriel. Ces PPRT ont pour à la mise en oeuvre de l’ensemble des mesures associées aux objectif de résorber une situation existante difficile en matière PPRT est estimé à environ une génération, soit 30 ans. d’urbanisme et d’éviter qu’une telle situation se renouvelle dans l’avenir. Les travaux relatifs aux PPRT en 2004 Une loi relative au financement par défaut des PPRT (en cas Quelques informations générales sur les PPRT d’absence d’accord au niveau local) est toujours en cours Les PPRT délimitent, autour des installations classées à haut d’éla boration. Cette loi précisera le délai pour la conclusion risque, des zones à l’intérieur desquelles des prescriptions de la convention suite à l’approbation du PPRT au-delà duquel peuvent être imposées aux constructions existantes et futures les dispositions législatives s’appliquent. Elle précisera et celles à l’intérieur desquelles les constructions futures peuvent également les parts respectives imposées aux trois parties être réglementées. (État, collectivités locales et industriels) en cas de non-accord Ils définissent également les secteurs à l’intérieur desquels sur la convention locale. Lorsque plusieurs communes et l’expropriation est possible pour cause de danger très grave plusieurs industriels sont concernés par un même document, menaçant la vie humaine, ceux à l’intérieur desquels les une règle pour la répartition du financement des mesures du PPRT sera donnée. Zones et secteurs autour d’une installation à haut risque présentant Un décret relatif au PPRT est aussi en cours d’élaboration. Ce des mesures de gestion des risques particuliers (PPRT et PPI) décret précisera notamment les modalités de prescription et d’élaboration. Ce texte pourrait être suivi d’une circulaire d’application précisant certaines définitions (danger grave par exemple), les conditions impliquant la révision des PPRT ainsi que les missions des services instructeurs. Dans le cadre de l’évaluation des conséquences d’accidents potentiels au sein des études de dangers, un arrêté ministériel relatif aux valeurs de réfé rence nationales pour les seuils d’effets des phénomènes accidentels des installations classées est en cours d’éla boration. Concernant les PPRT, cet arrêté indiquera les seuils préconisés pour la définition des secteurs «d’expro- priation», «de délaissement» et de la zone «de préemption». Afin de faciliter l’élaboration des plans de prévention des risques technolo giques, la réalisation d’un guide technique © IAU île-de-Francepour les services instructeurs (l’inspection des installations classées et les services en charge de l’urbanisme) est également en cours d’élaboration et sera accompagnée d’expé- rimentation au niveau local sur huit établissements pilotes en 2004.

32 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Ainsi, à la différence des anciennes comme servitude d’utilité publique sur • Définir des mesures limitées d’amé - procédures [plan de surfaces submer- les documents d’urbanisme et néces- nagement ou d’adaptation des biens sibles (PSS), plan d’exposition aux site, à ce titre, un dialogue permanent existants, notamment lorsque les risques (PER) et plan de zones sensi- entre l’État et les collectivités locales. lieux à risque sont habités ou qu’il bles aux incendies de forêt (PZSIF)], Compte tenu de la qualité des études existe des activités. l’approbation est totalement décon- dont il relève, le plan de prévention doit La réglementation des installations centrée au niveau du préfet, quel que devenir l’une des références pour l’in- nouvelles s’impose entièrement. La loi soit le résultat des consultations entre- formation du public ; il est susceptible permet d’ailleurs au préfet de rendre prises. Cette simplification tant au de devenir un outil d’appropriation des certaines prescriptions immédiate- niveau juridique que des méthodes risques naturels au niveau local. ment opposables en cas d’urgence. Par d’élaboration doivent prendre en Au terme de l’évaluation de l’aléa et des contre, les autres mesures constituent compte les risques connus plutôt que enjeux, le PPR délimite des zones direc- uni quement des recommandations la recherche d’une connaissance opti- tement exposées aux risques et celles mais le PPR peut les rendre obligatoi- male des phénomènes avant toute défi- où des aménagements pourraient les res dans un délai maximum de cinq nition de mesures de prévention(2). aggraver ou en provoquer de nouveaux. ans. Si celles- ci ne sont pas réalisées Dans toutes ces zones, le PPR peut : dans ce délai, le préfet peut les imposer Le PPR, un outil d’anticipation • Réglementer les projets d’installa- aux frais du maître d’ouvrage désigné. Le PPR est un outil d’anticipation des tions nouvelles en prescrivant des Le contenu d’un PPR doit respecter effets négatifs potentiels des phéno- conditions de réalisation, d’utilisa- ce cadre d’intervention défini. Le plan mènes naturels pouvant affecter les tion ou d’exploitation pouvant aller de son règlement doit être fidèle à cette occupations humaines. C’est aussi un jusqu’à l’interdiction totale. Ces présentation en trois points. Toutes les moyen d’action pour choisir les meil- conditions sont prescrites selon l’in- études et démarches doivent être enga- leurs lieux d’implantation, les formes tensité et l’occurrence des aléas qui gées afin de définir ces mesures et doi- d’habitation et d’activités les mieux menacent soit des espaces libres, soit vent être réalisées dans des délais rai- adaptées pour résister aux phéno - des enjeux présents dans les espaces sonnables de trois ans maximum. mènes et, à tout le moins, pour appor- urbanisés. ter une protection. • Définir des mesures générales de Prendre en compte Le PPR constitue un outil d’affichage prévention, de protection et de sau- les risques connus du risque probable et de définition vegarde qui doivent être prises en L’objectif est donc de décider de mesu- des mesures générales à prendre en compte par les collectivités publi- res prenant en compte les risques fonction de son intensité. Il s’applique ques et par les particuliers. connus plutôt que rechercher un détail hypothétique de la connaissance des phénomènes naturels. La méthode consiste à croiser aléas et enjeux connus avec pragmatisme. Les aléas sont déterminés à partir de l’aléa de référence sur un événement historique ou à défaut au moins cen- tennal, reprenant tous les événements passés. Les aléas sont classés en trois niveaux (fort, moyen ou faible) et les © IAU île-de-Franceenjeux sont composés des zones actuellement urbanisées et des pro- jets, en identifiant les constructions et établissements moins résistants aux dommages. La zone d’aléa fort con- duira à des dispositions strictes d’in- terdiction de nouvelles constructions. © M. Ségard _ SDPRM Le PPR est un outil d’affichage du risque probable et de définition des mesures générales à prendre en fonction de son intensité. (2) Article 3 du décret du 5 octobre 1995.

La réglementation au service de l’aménagement 33 Plan de prévention des risques Un guide général(3) sur les PPR, réalisé naturels – État d’avancement – par le MEDD, rassemble conseils et octobre 2004 métho des : il est accompagné d’une série de guides méthodologiques par aléa. Les échanges avec les acteurs locaux sont nécessaires tout au long de la démarche d’élaboration, afin d’enri- chir la connaissance, de répondre aux questions, de permettre l’appropria- tion des choix de mesures de préven- tion et d’éviter les malentendus pou- vant conduire à des recours lors de la décision. Le guide de la concertation prend en compte neuf étapes qui permet- tent échanges et discussions avec les collectivités territoriales et peuvent déboucher sur des informations en direction des associations et des populations. L’application de tous ces principes doit rester simple, pragmatique, et ouverte à la discussion. Le PPR consiste fina- lement à définir des zones d’interdic- tion et des zones de prescription. Leur efficacité dépendra de la qualité de l’é- laboration, de la clarté du contenu et de la volonté d’application. Ces mesu- res nécessitent un suivi de l’applica- tion du PPR pour pouvoir l’adapter le cas échéant. Ainsi, le dossier de PPR contient : - une note de présentation indiquant le secteur géographique concerné, les phénomènes naturels pris en compte et leurs conséquences pos- sibles, la qualification des aléas et les méthodes employées ainsi que l’exposé des justifications du zonage et du règlement ; © IAU île-de-France- des documents graphiques délimi- tant les zones à risques selon le degré de réglementation fixée ; - un règlement qui précise les règles applicables au futur, définit les me- sures aux collectivités et aux parti- © MEDD culiers, celles applicables à l’existant Les guides méthodologiques élaborés par les services de l’État représentent des outils techniques et réglementaires mis à la disposition des collectivités locales et celles obligatoires avec leur délai pour accompagner la mise en œuvre des PPR. de réalisation.

34 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Toutes ces dispositions réglementai- PPR et droit des assurances res doivent être simples, claires, mais Le législateur a voulu lier la réparation et la prévention. Le premier lien se trouve aussi réalistes et proportionnées aux dans le code des assurances (article L. 125-1 du code des assurances issu de enjeux. l’article 1 de la loi du 13 juillet 1982 relative à l’indemnisation des victimes des catastrophes naturelles) qui prévoit que la garantie des catastrophes naturelles couvre les dommages ayant eu pour cause l’intensité anormale d’un agent naturel, État d’avancement lorsque les mesures habituelles de prévention n’ont pu être prises. Ce principe général pose le premier lien entre indemnisation et prévention. de l’élaboration des PPR Le deuxième fait du PPR, héritier du PER créé par la même loi (article 5 abrogé) sur l’indemnisation des catastrophes naturelles, un instrument de référence pour modifier D’importants moyens les obligations de garantie des catastrophes naturelles. Ainsi, les assureurs peuvent mis en œuvre par le ministère déroger à certaines de ces obligations en cas de non-respect des règles du PPR (article Même s’ils sont controversés, les PPR L. 125-6 du code des assurances) : sont désormais reconnus comme des 1.Lorsque les nouvelles constructions ne respectent pas l’interdiction de construire imposée par un PPR approuvé, l’assureur n’est pas obligé de garantir les dommages documents de prévention nécessaires dus aux catastrophes naturelles lors de la conclusion ou du renouvellement du contrat pour anticiper sur les effets des cata- (possibilité ouverte aussi en cas de violation des règles administratives en vigueur strophes naturelles. tendant à prévenir les dommages causés par des catastrophes naturelles). C’est l’apparition régulière de cata- 2.En cas de non-respect des mesures d’aménagement définies par le PPR, l’assureur strophes, la volonté de l’État de traiter peut demander au bureau central de tarification de déroger aux dispositions les communes sinistrées par des déci- générales et appliquer des abattements à la garantie des catastrophes naturelles. Par ailleurs pour freiner l’accroissement des déclarations de catastrophes naturelles sions fermes et sa détermination à maî- sur certaines communes, le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie triser le nombre de victimes, mais aussi a établi un dispositif de modulation des franchises d’indemnisation des sinistrés l’augmentation des dommages aux (article A. 125-1 du code des assurances). Depuis le 4 août 2003, la franchise est habitations, aux entreprises et aux doublée pour les communes dont l’état de catastrophe naturelle a été constaté une équipements publics qui expliquent troisième fois pour le même risque sur une période de cinq ans (triplée pour une le recours aux PPR pour éviter les quatrième fois, quadruplée pour une cinquième fois et les suivantes). Cette modulation de franchise ne s’applique pas sur les communes couvertes par un PPR approuvé dommages dus aux aléas naturels et à et pendant quatre ans après la prescription d’un PPR. leurs conséquences. Ces liens justifient en grande partie l’accélération de l’approbation des PPR pour rendre Des moyens humains, techniques et le dispositif plus opérationnel. C’est aussi une raison de l’intérêt porté à la rédaction financiers importants ont été mobilisés des règlements des PPR dont les mesures sur l’existant peuvent conduire les assureurs par le ministère de l’Écologie et à revoir les garanties. du Développement durable (MEDD) La loi du 30 juillet 2003 relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages, a aussi consolidé le lien entre réparation pour conduire ce programme : tous les et prévention en veillant à ce que les aides à la prévention des risques naturels préfets ont été incités, par les ministres aillent aux biens assurés (acquisitions amiables, travaux sur l’existant imposés par successifs, à établir ces documents dans un PPR) et en rendant plus efficaces les mesures d’indemnisation et les recours au leur département, sur les communes bureau central de tarification. les plus exposées. De même, les servi- ces de l’État au niveau départemental, et notamment ceux de l’Équi pement, Depuis 1995, plus de 88 millions d’eu- Avec les prochains 5 000 PPR en ont largement contribué à ce pro- ros ont été affectés au financement de 2005, la prévention des risques natu- gramme. La mise en place de forma- ce programme d’élaboration des PPR. rels va trouver sa place et son articu- tions et l’organisation des services en Plusieurs guides ont été publiés(4) et lation avec les dispositifs de sécurité réseau© ont facilité IAU le transfert des île-de-Franceun programme complémentaire d’ani- civile et les dispositions d’assuran- connaissances et des compétences dans mation et d’aides a permis de soutenir ces, notamment celles permettant de un domaine encore peu défriché. les initiatives des collectivités territo- déroger à l’obligation d’assurances L’augmen tation des crédits budgétai- riales dans ce domaine. Sur le plan lorsque les mesures du PPR ne sont res et l’apport à parité des financements juridique, le renforcement des textes pas respectées. provenant du fond de prévention des par la loi du 30 juillet 2003 va conso- risques naturels majeurs (FPRNM) lider l’ensemble du dispositif, le suivi (3) Guide général PPR 1997, Documentation depuis l’an 2000 ont aussi donné de de la jurisprudence permettant d’affi- française et bibliographie. réels moyens d’études et de réalisation. ner la doctrine. (4) Cf. bibliographie.

La réglementation au service de l’aménagement 35 Les PPR couvrent maintenant Les communes une majorité de communes de plus de 40 000 habitants exposées à un risque fort dotées d’un PPR Des PPR ont été réalisés et approuvés dans la plupart des départements fran- çais car tous sont confrontés à des constatations de catastrophes natu- relles. Le programme d’élaboration arrive bientôt à son terme même si toutes les communes à risques ou sur lesquelles des catastrophes naturelles ont été constatées ne sont pas dotées. Les 250 PPR dont certaines mesures ont été immédiatement rendues oppo- sables et les 300 PPR qui ont été pré- sentés en enquête publique devraient être approuvés au plus tard en 2005. L’avancement des procédures dépend clairement du volontarisme des col- lectivités locales ou territoriales. C’est le cas de certains départements tou- chés par des catastrophes (Tarn-et- Garonne, Gironde, Hérault), mais aussi de la région Île-de-France et de quelques départements de montagne exposés à des risques multiples. Les plans de prévention des risques sont destinés en priorité à des terri- toires recouvrant des enjeux impor- tants et soumis à des aléas forts. Les PPR approuvés sont établis sur une part importante des communes urbai- nes, et ce, malgré les difficultés ren- contrées sur des territoires exposés à de fortes pressions foncières. Les communes dotées d’un PPR ap- prouvé concentrent 40 % de la popu- lation française. En Île-de-France, de comme à Nevers, sur des projets d’ex- plexité des phénomènes et de fortes nombreuses communes en bordure tension d’activités en zone inondable. résistances liées aux préoccupations de la Seine, de la Marne et de l’Oise En revanche, dans le Sud-Est, où les foncières. (y compris à Paris et dans les départe- enjeux fonciers sont importants, les À l’inverse, le Tarn-et-Garonne, la ments des Hauts-de-Seine© etIAU du Val- procédures île-de-France n’ont pas encore toujours Gironde, la Charente… avec chacun de-Marne) dispo sent de documents. abouti. Dans certains départements plus de 100 PPR approuvés font figure D’autres grandes villes françaises en (Vaucluse, Pyrénées-Orientales, Aude, de références. L’Île-de-France est aussi sont dotées comme Lille, Tours, Bouches-du-Rhône, Gard, Var, Isère(5)) exemplaire par la mise en place d’une Orléans, Strasbourg, Le Mans, Poitiers, ayant subi des catastrophes au cours de bonne coordination régionale(6) et Montauban, Montpellier, Marseille, ces vingt dernières années, la plupart l’effort de concertation avec les col- Saint-Denis de la Réunion… Toutes des PPR réalisés ne sont pas encore lectivités territoriales. L’approbation ces villes ont pu intégrer le risque dans approuvés, sans doute en raison de la prochaine de PPR sur toutes les com- leur développement et revenir parfois, lenteur des procédures due à la com- munes en Martinique dans un con-

36 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Enfin, plus de 500 plans de prévention traitent de plusieurs risques à la fois, notamment en montagne où la pra- tique est courante ainsi que dans les DOM où les territoires cumulent une diversité de risques. Si beaucoup de plans de prévention sont pratiquement terminés, il y en a autant qui sont seulement prescrits. Les prescriptions ont parfois été déci- dées en raison du nombre important de constatations de l’état de catas- trophes naturelles sur certaines com- munes depuis 1995(7), mais aussi parce que plusieurs communes ont

MEDD connu des dommages importants. © Une partie seulement de ces pres- Le PPR est un outil d’anticipation des effets négatifs potentiels des phénomènes naturels pouvant affecter les occupations humaines… criptions devrait déboucher sur un document approuvé car les problè- texte multirisque où les enjeux éco- plusieurs risques en montagne et la mes rencontrés ne relèvent pas tou- nomiques et sociaux sont sensibles manifestation de phénomènes supé- jours des dispositions d’un PPR : prouve quant à elle que les PPR peu- rieurs aux aléas de référence retenus défauts de réseau d’assainissement, vent s’inscrire dans une démarche dans le Sud-Est ont, semble-t-il, phénomènes d’embâcles… constructive de prévention lorsque ralenti les procédures. En revanche, dans les départements celle-ci est conduite en concertation Plus de 1 000 PPR (prescrits ou ap- où les catastrophes naturelles ont et volontarisme. prouvés) traitent des mouvements de entraîné des dommages importants terrain, soit par effondrement sur des liés à des événements d’intensité anor- 90 % des PPR approuvés cavités souterraines abandonnées, male : Aude, Gard, Finistère, Somme… traitent du risque inondation soit par éboulement ou glissement de les PPR devront certainement être Les PPR sont souvent établis sur des terrain lié à des dégradations de falai- approuvés dans des délais rapprochés. territoires présentant de forts enjeux ses (littoral, fleuves et montagne). Le exposés à des aléas d’inondations programme des PPR d’incendies de Des anciennes procédures fluviales. forêt débute lentement avec 43 docu- encore nombreuses à réviser La carte des communes couvertes par ments approuvés et 115 prescrits ; dans Parmi les 4 640 PPR approuvés au un PPR montre nettement le tracé des le Sud-Est, 1 200 communes devraient 15 juin 2004, 3 540 d’entre eux l’ont été cours d’eau : près de 90 % des PPR en être pourvues. après 1995. Si le chantier est bien approuvés traitent au moins du risque D’autres PPR en cours d’élaboration avancé, beaucoup d’anciens docu- inondation. Il s’agit principalement abordent des phénomènes plus com- ments doivent encore être mis à jour. du risque de débordement des grands plexes d’inondation par remontées de En effet, 1 100 communes sont tou- fleuves et de leurs principaux affluents : nappes (Somme) ou par ruissellement jours couvertes par des périmètres de la Loire, la Saône, le Rhône, la Seine et urbain (Val-d’Oise). Suite aux fortes risques définis au titre d’anciennes l’Oise,© la Garonne IAU avec le modèle du île-de-Francepériodes de sécheresse, cette procédure procédures valant PPR (zones régle- département aux multiples confluen- a également été retenue pour traiter mentées au titre de l’article R 111-3 ces qu’est le Tarn-et-Garonne. les phénomènes de retrait-gonflement Comparativement à cette dynamique des argiles qui représentent une part (5) Le département de l’Isère a été pionnier inondation, les zones de montagne importante des indemnités versées avant 1995. Il dispose de plus de 150 anciennes et plus généralement le Sud-Est au titre des catastrophes naturelles. procédures PER, ex R. 111-3. paraissent moins avancées malgré Plusieurs de ces PPR sont en cours de (6) Cf. lettre interministérielle du 5 février 1998. (7) Article A 125-1 du Code des assurances l’importance des études réalisées et réalisation dans une trentaine de modifié par arrêté du 5 septembre 2000 et par des crédits engagés. La présence de départements. arrêté du 4 août 2003.

La réglementation au service de l’aménagement 37 abrogé et PER). Ces documents de- Des documents Au-delà de ces objectifs, il faut main- vront être révisés pour mieux répon- tenir le PPR dans son rôle et le déve- dre aux exigences de la loi de 1995. Il souvent contestés lopper, sans en faire un document d’a- en est de même des plans de surfaces ménagement. submersibles (PSS) créés par décret Si les objectifs des PPR sont souvent du 20 octobre 1937 ; qui ne sont pas partagés, les pratiques et les méthodes De fortes critiques sur leur intégrés à l’état des PPR(8) car les réfé- d’élaboration appellent de fortes cri- élaboration et leur contenu rences législatives ou réglementaires tiques. Celles-ci portent aujourd’hui Les critiques viennent souvent des qui les ont créés sont maintenant obs- moins sur la nature du document que élus, des particuliers et des entreprises olètes. La révision de ces anciennes sur les pratiques d’élaboration et l’u- auxquels les mesures s’imposent. En procédures est aussi une priorité de tilisation optimale de la «boîte à outil» revanche, les associations d’environ- l’État. qu’il constitue. nement, plus généralistes, mais tout Compte tenu de tous ces chantiers en aussi critiques, les soutiennent et sont cours, ce sont près de 8 000 commu- Un objectif plutôt consensuel prêtes à exiger davantage de rigueur nes qui pourraient être dotées à terme Beaucoup d’élus locaux ont formelle- dans leur contenu. d’un PPR. ment demandé l’élaboration d’un La principale critique porte sur la À ce stade de mise en œuvre de ce pro- PPR. Ils en sont souvent les meilleurs concertation, jugée insuffisante lors de gramme des PPR, le résultat doit être porte-paroles et se le sont progressi- l’élaboration. Cette exigence est d’au- considéré comme une étape devant les vement appropriés en s’appuyant sur tant plus forte que les décisions sont objectifs ambitieux de réduction de la ce document pour développer des complexes, tant du fait des incertitudes vulnérabilité qui ne pourront être actions de prévention(9). que de la nature des mesures de pré- atteints qu’au terme d’une application Ses objectifs sont maintenant bien assi- vention qui ne peuvent s’opposer à tout concrète des documents, de leur suivi, milés. La volonté d’assurer la sécurité phénomène. Cette concertation con - de leur appropriation et de leur per- des personnes et des biens par la déter- cerne toute la société civile : élus, asso- fectionnement, mais aussi et surtout de mination des effets prévisibles de cer- ciations et particuliers dans leur diver- leur accompagnement par des poli- tains phénomènes naturels et la recher- sité. Les élus souhaitent être associés tiques locales de prévention. che de la réduction de la vulnérabilité le plus possible en amont afin que leur des im plantations humaines niveau de connaissance et leurs pro- recueillent l’assentiment de tous les jets soient pris en compte. Ils veulent acteurs. aussi pouvoir informer les populations Le PPR ne doit pas pour autant être qui refusent de se voir imposer des perçu comme une contrainte impo- contraintes sans en comprendre les sée sans raison mais plutôt comme le finalités et sans avoir été entendues moyen de définir des solutions à des sur leur propre perception du phé- urbanisations et constructions mena- nomène. La critique porte également cées par des dommages. sur les contenus trop souvent négatifs Le PPR doit aussi être présenté comme exprimés sous forme d’interdictions un document évolutif en fonction de la et de contraintes alors que le PPR doit connaissance et des moyens de miti- apporter des solutions à des domma- gation. Il ne doit pas être figé dans ses ges éventuels. Ainsi, l’absence de règles et doit conserver la mémoire des mesures de protection ou de sauve- © IAUphénomènes. île-de-France Ainsi, le plan de préven- garde à la charge des collectivités ou tion doit pouvoir contribuer au déve- d’aides aux mesures qui s’appliquent loppement durable et être de nature à sur l’existant est souvent évoquée. Il diminuer les coûts des sinistres. Avec ce s’agit bel et bien d’une demande de

M. Ségard _ SDPRM

© document, l’État initie un processus réflexion plus approfondie dans ce Les PPR doivent nécessairement traiter local de prévention dans lequel les col- domaine. des biens existants en zone exposée lectivités locales et les particuliers doi- D’autres critiques nécessitent plus à des risques. À ce titre, des mesures de prévention, de protection, vent s’inscrire pour assumer leurs rôles d’explications : c’est le cas du zonage de sauvegarde doivent être prises. et obligations respectifs. d’interdiction (zone rouge) qui est

38 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 souvent interprété comme un gel total ménagement de l’existant et des mesu- ne sont pas systématiquement repro- de l’usage des terrains alors qu’il ne res de prévention, de protection et de duits (seulement 35 % des dossiers vise que l’arrêt des constructions nou- sauvegarde devront aussi accompa- comportent une carte informatisée des velles ; c’est aussi la crainte d’une déva- gnée cette évolution. phénomènes). Les cartes d’aléas ne luation des biens ou de surcoûts sur sont présentes que dans 60 % des dos- les constructions alors que ce sont des siers et les cartes d’enjeux sont encore économies potentielles à long terme Des documents plus rares (20 %). Ces insuffisances et de moindre traumatisme. hétérogènes techniques ne mettent pas en cause la D’autres observations sur l’échelle des qualité des études, mais nuisent à la cartes nécessitent des explications sur Le ministère de l’Écologie et du Déve- compréhension du document. la précision, le partage des responsa- loppement durable (MEDD) a souhaité bilités et compétences, mais aussi sur mieux appréhender le contenu des PPR Des zonages réglementaires les conséquences à en tirer. D’autres pour pouvoir mesurer à terme leur ef - difficilement compréhensibles encore rejoignent les observations sur ficacité. Il a engagé, fin 2002, une ana- Le zonage réglementaire est essen- la nécessité de clarté et la lisibilité des lyse du contenu d’un échantillon des tiellement établi (75 %) à partir de la règlements. 3 600 PPR approuvés à cette date. Les délimi tation des aléas. Les échelles uti- résultats de cette analyse ont montré lisées correspondent aux recomman- La nécessité de la concertation la grande diversité des présentations et dations des guides : 1/25 000 agrandi pour une bonne appropriation une forte tendance à réglementer prin- au 1/10 000 avec des zooms sur support du contenu cipalement les conditions d’urbanisme cadastral au 1/5 000 pour les secteurs Les conflits, trop souvent nés lors de des constructions nouvelles. urbanisés (65 % des dossiers). Plus rare- l’enquête publique d’un PPR, mon- Les PPR sont réalisés de manière rigou- ment (5 % des documents), les plans trent qu’un investissement préalable reuse, mais sont parfois trop com- sont faits à l’échelle du PLU alors que important dans la concertation est plexes. Ainsi, le zonage est souvent déli- la précision des études n’est pas aussi nécessaire. La loi du 30 juillet 2003 a mité selon le contour des aléas sans fine. Le zonage n’est plus alors calé sur répondu à ces observations en créant intégrer les enjeux. Les règles sont plu- l’aléa, mais sur les limites parcel laires. des obligations de concertation et en tôt complexes alors qu’elles ne traitent Le zonage se décompose souvent en mettant en place des possibilités de que de conditions des constructions une zone d’interdiction (une zone financement des travaux rendus obli- nouvelles. Les notes de présentation pour 62 % des documents) et plu- gatoires par des PPR. entrent aussi dans des détails géogra- sieurs zones de prescription (70 % des Un guide de la concertation a été phiques, sans pour autant expliquer cas) dont les nuances ne sont pas tou- édité(10). Le PPR doit participer au par- suffisamment les études réalisées, les jours justifiées. Ceci est souvent dû à tage de la culture du risque, mais aussi résultats obtenus, les choix de zonage la distinc tion des enjeux ou des risques au partage du contenu réglementaire et les réglementations imposées. En divers qui conduisent à détailler les et notamment des mesures à prendre résumé, la note de présentation est délimitations pour établir des mesu- et à appliquer. Pour être efficace, la principalement descriptive, le zonage res particulières sur des ensembles concertation doit être organisée rapi- réglementaire trop précis et le règle- homogènes. dement pour éviter l’enlisement des ment trop souvent compliqué. Dans le zonage, l’emploi des zones problèmes. Elle réclame aussi un suivi, rouges et bleues(11) est courant, mais considérant que les décisions peuvent Des notes de présentation les règlements correspondants ne sont être revues en fonction de l’évolution incomplètes des nouvelles© connaissancesIAU et des île-de-FranceLa note de présentation décrit (8) Les PPR sont comptés par commune quel nouveaux moyens. d’abord le contexte géographique et que soit le nombre de risques traités y compris les PER et R. 111-3 mais sans compter les PSS. Devant ces constats à la fois critiques historique avec souvent un rappel des (9) Brochure MEDD-DPPR/EcoMaires : le PPR : et exigeants, des simplifications et des textes. Elle contient parfois l’exposé votre atout pour la prévention des risques natu- rels - Décembre 2001. clarifications s’imposent. C’est tout des choix qui ont conduit au zonage et (10) Guide de la concertation lors de l’élaboration l’enjeu de suivi et d’amélioration des aux règles édictées. Mais les illustra- des PPR, Documentation française, 2003. PPR qui se fera au cours des prochai- tions cartographiques ne sont pas tou- (11) La circulaire du 24 avril 1996 relative aux constructions en zone inondable déconseille nes années lors des révisions successi- jours présentes. Dans les PPR inon- l’usage des couleurs rouge, bleue et blanche dans ves. Un renforcement des mesures d’a- dations, les atlas des zones inondables les PPR.

La réglementation au service de l’aménagement 39 pas homogènes. Ils ne coïncident pas les mesures générales de prévention, ans sont là pour en témoigner. Même avec des niveaux d’exigence identiques, de protection et de sauvegarde. L’exis - si les PPR ne sont pas parfaits, ils cons- d’autant plus que les interdictions ne tant n’est donc pas traité par des mesu- tituent une base considérable pour faire sont pas totales et les prescriptions res de mitigation, mais par des règles avancer la prévention dans les terri- comportent des interdictions. Enfin, de limitation des extensions. Les règle- toires exposés aux risques naturels. l’utilisation de la zone blanche per- ments sont ainsi mal compris, faute Les difficultés rencontrées pour réaliser dure alors que son utilisation avait été d’être lisibles, clairs et simples. Si leur les PPR ont souvent pour origine les écartée. Cette zone blanche peut en légalité n’est pas en cause, leur effica- délais d’approbation ; elles en alimen- effet créer des confusions en mélan- cité suppose un effort de clarification tent malheureusement les critiques. geant les zones non réglementées car et de simplification. hors risques avec les zones d’aléa fai- En Île-de-France, les PPR sont plutôt de ble non réglementées et les zones de bonne qualité et malgré les criti ques, ils Les voies de progrès règlement minimum, ou encore les sont bâtis sur des principes de zonage zones non étudiées où des risques peu- communs même si les déclinaisons La simplification du contenu et le vent exister. départementales adoptent des défini- développement des mesures de réduc- Si les cartes réglementaires des PPR tions de zones particulières selon le tion de la vulnérabilité de l’existant inondation peuvent être simples, les type de prescriptions retenues. Compte sont de nature à faciliter l’application cartes des PPR multirisques sont très tenu de l’importance des en jeux, la et l’efficacité des PPR : c’est l’avis du compliquées et difficilement com - région Île-de-France est plutôt exem- groupe de travail issu du Conseil d’o- préhensibles. plaire dans la fixation de l’aléa de réfé- rientation de la prévention des risques rence défini par lettre interministé- naturels. Des règlements hétérogènes rielle, la continuité des zones traitées et Les règlements sont aussi très hétéro- la coordination régionale des règle- La simplification du contenu gènes. Ils se focalisent avant tout sur la ments ; mais les PPR souf frent, comme Les plans de prévention des risques réglementation des projets nouveaux. dans beaucoup d’autres régions, de lon- sont perfectibles. Pour simplifier, cla- Celle-ci, qui repose surtout sur l’ap- gueurs et de complexité de rédactions. rifier et compléter leur contenu, il faut plication d’interdiction de construire, sans doute revenir à la nature du PPR a développé une pratique courante de Mais des documents perfectibles selon le Code de l’environnement rédaction d’un régime d’autorisation Cette analyse du contenu des PPR (article L. 562-1). Les pistes d’amélio- tendant à définir précisément les types menée à la demande du MEDD ration concernent d’abord le zonage, de construction possibles. Cette appro- mesure aussi la qualité des études et puis le règlement et enfin la note de che du PPR l’a ainsi fait glisser vers les du travail réalisé. Cet aspect est diffi- présentation. champs d’intervention des documents cile à traiter compte tenu des incer- d’urbanisme. Il convient de contenir titudes et des enjeux, mais aussi de la Le zonage cette pratique pour éviter les confu- difficile définition des mesures à pren- En ce qui concerne le zonage régle- sions de procédure. dre en l’absence d’expertise profes- mentaire, il convient de réaffirmer les De plus, les règlements des PPR sont sionnelle développée dans ce domaine. techniques de représentation : souvent très longs. Ils contiennent des À cet égard, les études préalables sont - l’échelle 1/10 000 correspond sou- listes importantes de recommanda- parfois très détaillées alors qu’il est pré- vent au niveau de précision des don- tions dont la nature juridique n’est pas conisé de travailler avec la connais- nées existantes ; déterminée. Les rédactions des pres- sance actuelle. Dans ce contexte, les - le report sur le fond de la carte IGN criptions des projets© nouveaux IAU sont services rencontrentîle-de-France des difficultés 1/25 000 agrandi ; également complexes et entraînent pour avancer par étape et dégager rapi- - la distinction soit par trame, soit par parfois des confusions de genre : les dement des perspectives. Beaucoup couleur des catégories de zones ; mesures de réduction de la vulnéra- recherchent la perfection, qui rendra le - la délimitation selon l’extension de bilité de l’existant sont mêlées soit avec document incontestable et établi pour l’aléa et non selon le parcellaire. les prescriptions constructives sur les plusieurs décennies. Mais ce souci peut Le nombre de zones de base doit constructions nouvelles, soit avec la aussi nuire à l’efficacité et un juste équi- également être limité : réglementation des extensions et la libre doit être trouvé. Des durées d’é- - la distinction de l’aléa fort et de l’aléa reconstruction de l’existant, soit avec laboration qui dépassent souvent dix moyen est un premier découpage ;

40 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 - le deuxième découpage dépend des Extrait du PPRI vallée de la Seine – zonage réglementaire – types d’urbanisation : espace natu- commune de Villeneuve-la-Garenne (92) rel, zone urbaine, centre-ville ; - le troisième et dernier découpage tiendra éventuellement compte des types de mesures définies ou impo- sées et notamment des prescriptions sur les projets nouveaux. Des zones complémentaires peuvent être ajoutées de façon limitée : - les zones non directement exposées dans lesquelles le PPR définira sur- tout des prescriptions aux amé - nagements existants ou envisagés pour éviter l’aggravation des phé- nomènes ; - dans les PPR multirisques, une pra- tique de l’aléa synthétique devrait aboutir à distinguer des zones à mesures communes d’interdiction ou de cumul de règlements d’aléas et les zones spécifiques à certains aléas. Enfin, pour simplifier et éviter les confusions, il ne faut plus faire appa- raître de zone blanche. Si un territoire doit être réglementé, les raisons loca- les doivent primer sur l’existence d’une Source : DDE 92 réglementation nationale. Dans ce cas, le zonage doit se ranger dans les deux vulnérabilité en réalisant le premier • Le règlement doit être strict en cas grandes catégories de zone d’interdic- niveau au-dessus des Plus hautes d’aléa fort et a fortiori en cas de dan- tion ou de prescriptions. eaux connues (PHEC) ; ger, car l’interdiction de nouveaux - les objectifs des mesures de cons- projets dans les zones d’aléa fort est Le règlement tructibilité doivent être fixés en un principe essentiel. En ce qui concerne le règlement, termes de performance (matériaux • Le PPR peut interdire, mais il ne il convient de revenir à la structure résistants à l’eau, façade suscep- peut pas autoriser. À l’écriture d’une fixée par la loi en la déclinant par zone. tible de résister à une pression de liste de constructions autorisées doit Le règlement des PPR peut être amé- n Pascal, obstruction des ouver- être substituée une liste de pres- lioré facilement à partir des quelques tures des sous-sols par des moyens criptions. Celles-ci ne peuvent, en orientations : amovibles…) ; effet, définir un régime d’autorisa- - une structure et une forme com- - le choix des mesures doit être pro- tion qui relève de la compétence des mune© doivent IAUêtre adoptées ; île-de-Franceportionné au risque ; collectivités locales : les termes «sont - la rédaction des mesures doit porter - le nombre des mesures doit être autorisés» devraient être bannis des simplement sur l’intention au regard limité. règlements. de la prévention (réduire, maîtriser, La réglementation des projets nou- • Les prescriptions sur les projets nou- connaître la vulnérabilité), le fac- veaux doit surtout être simplifiée. veaux sont d’abord des mesures d’ur- teur de prévention (aléas, enjeux, Plusieurs pistes apparaissent claire- ba nisme: implantation, densité, sécurité) et l’action (urbanisme, ment et s’insèrent facilement dans la accès, distance aux éléments phy- construction, utilisation, exploita- structure-type d’un règlement de PPR siques et gabarits extérieurs. Les tion) ; par exemple : maîtrise de la proposée ci-contre : mesures sur les extensions ou la

La réglementation au service de l’aménagement 41 reconstruction après dommage sou- Le développement des mesures particulières. Elles concernent d’abord mises à permis de construire, en font de réduction de la vulnérabilité ce qui touche la préservation des vies partie, même si elles concernent des Les PPR doivent nécessairement trai- humaines par des dispositifs de pro- biens existants. Les prescriptions ter les biens existants en zones expo- tection qui agissent souvent sur l’aléa : constructives sur les projets nouveaux sées à des risques. L’absence de ces dispositions passives, information et sont aussi nécessaires en cohérence mesures dans les PPR ne permet pas de signa lisation préventive, entretien des avec ce qui pourrait être imposé à s’attaquer concrètement à la réduc- ouvrages que l’on oublie trop sou- l’existant mais aussi pour bien adap- tion de la vulnérabilité des habitations vent. Il est utile de bien les distinguer, ter la construction au risque : maté- et des activités existantes. Or, plusieurs de veiller à les limiter et les inscrire riaux, structure du bâtiment, fonda- mesures peuvent être facilement mises après discussions avec les particuliers tions et résistance des murs, clôtures en œuvre. Ce sont les mesures géné- ou les collectivités qui en ont la et ouvertures. Des utilisations peu- rales de prévention, de protection et charge. Pour préciser les choses, il est vent être exclues ou imposées : inter- de sauvegarde et les mesures d’amé- possible de distinguer : diction pour les établissements rece- nagement d’utilisation et d’exploita- - les mesures de protection c’est-à- vant du public, obligations tion des biens existants. dire les ouvrages ou les obligations d’en tretien et de maintenance. d’entretien sur ceux qui existent ; • Les prescriptions des conditions de Les mesures générales de prévention - les mesures de sauvegarde pour se constructions nouvelles sont des Les mesures générales de prévention, préparer à la crise (dispositifs phy- règles d’abord obligatoires qui de protection et de sauvegarde contri- siques d’évacuation, d’alerte ou de devraient être communes à tous les buent à la réduction de la vulnéra- rassemblement, d’ancrage et de types de constructions. S’il s’agit de bilité par des actions collectives ou dépôt des matériels nécessaires, prescriptions constructives comme Extrait du PPRI vallée de la Seine – carte d’aléas – les mesures habituelles de préven- communes de Samoreau et Avon (77) tion telles que des matériaux résis- tants, des réseaux et compteurs hors d’eau ou des renforcements de struc- tures, il convient de définir l’objec- tif de résistance à atteindre : pres- sion, débit, hauteur…

La note de présentation La note de présentation doit princi- palement se consacrer à justifier le zonage et le règlement en expliquant les choix effectués de façon à faciliter la compréhension des mesures. Sans alourdir le texte et en maintenant les éléments descriptifs, il est essentiel de décrire la méthode employée et d’ex- pliquer les raisons des limites et du classement en fonction de l’aléa, mais aussi des enjeux.© Un tableau IAU croisé île-de-France (intention, facteur de prévention) uti- lisé pour déterminer la catégorie régle- mentaire (action) peut faciliter cette compréhension. Ensuite, l’explication des mesures de prévention doit être commentée selon leur catégorie en précisant l’intention, le facteur de pré-

vention et l’action à réaliser. Source : DDE 77

42 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 accessoires de protection ou de au sens du code des assurances, c’est- dapter les biens au risque et en réduire secours (batardeaux, barques… ) ; à-dire l’aménagement intérieur des la vulnérabilité. Toutefois, comme elles - les mesures de prévention pour atté- locaux, qui concernent la construc- sont limitées, elles ne peuvent porter nuer l’aléa par des mesures collecti- tion ou son utilisation, peuvent être sur des travaux importants de com- ves ou privées telles que le débrous- réglementées par le PPR au titre des blement ou de reprise de structure du saillement, l’entretien des réseaux mesures sur l’existant. Mais toutes ces bâtiment. Ce sont des mesures d’a- d’assainissement des berges et des mesures d’aménagement de l’existant ménagement intérieur avec l’appli- haies. ne peuvent rentrer dans un détail de cation de mesures constructives sou- précision qui concerne l’usage privé vent similaires à celles imposées aux Les mesures d’aménagement des biens ou l’entretien et la gestion constructions nouvelles. Ce qui im- Les mesures d’aménagement des biens courante des bâtiments (d’autant plus porte, c’est qu’elles traduisent des per- existants sont diverses et doivent être que le décret les limite à 10 % de la formances à atteindre plutôt que la bien identifiées. Elles interviennent valeur des biens). définition de normes ou la désigna- sur le renforcement de la robustesse Les mesures de prévention peuvent tion de matériaux ou des dimensions des biens pour réduire leur vulnéra- demander un aménagement adapté pour lesquels la diversité des situations bilité et permettent d’adapter les cons- au risque (étanchéité, résistance à l’eau, ne garantit pas forcément leur adé- tructions aux ris ques (obturation des coupe-circuit) selon une hauteur, un quation. Les objectifs de performance ouvertures) ou de prévoir des dispo- volume, une pression ou une vitesse permettent aux opérateurs et maîtres sitifs de secours en cas de crise comme définis. Pour les mesures sur l’existant, d’ouvrage de rechercher la meil leure les espaces refuge ou les accès au toit. un champ d’inventaire est ouvert pour solution constructive pour répondre Les mesures habituelles de prévention déterminer les meilleures façons d’a- aux contraintes. Cette conception re - prend celle prévalant pour les règles Extrait du PPRI vallée de la Seine – zonage réglementaire – en matière de construction qui invitent communes de Samoreau et Avon (77) le constructeur à prendre ses respon- sabilités et justi fier ses choix. Ces mesures générales de préven- tion et ces mesures sur l’existant doi- vent, le cas échéant, être explicite- ment rendues obligatoires, sinon elles ne constituent que des recom- mandations. Le PPR peut en effet se référer à ces recommandations à condition qu’elles soient réalistes et peu nombreuses ou qu’elles incitent à l’expérimentation. Certaines situa- tions délicates peuvent, en effet, ne pas trouver de réponse immédiate ou unique. L’ex pé ri men tation et l’in- citation à la mise en œuvre de mesu- res de prévention peuvent permettre de mieux fixer les idées dans le temps © IAU île-de-Franceen vue de leur adoption définitive ultérieure ou de leur rejet à l’occa - sion d’une révision du PPR. Un cahier de recommandations en cours de rédaction par le MEDD devrait permettre de préciser l’écri- ture du règlement et de donner des exemples de mesures de réduction de

Source : DDE 77 la vulnérabilité.

La réglementation au service de l’aménagement 43 Vers un nouvel essor des PPR

L’efficacité des PPR dépendra main- tenant de leur application et les per- spectives de développement sont mul- tiples ; il convient toutefois d’en réserver l’application aux territoires très menacés et donc de limiter leur nombre en les réservant aux commu - nes les plus exposées. Pour les autres territoires, les documents d’urba- nisme doivent pouvoir intégrer le risque dans les projets de développe- ment. C’est notamment le cas du PLU Le guide qui peut établir un zonage de risques de la mitigation précise quelques définissant des conditions d’urbani- principes liés sation. Le PLU n’offre toutefois pas à la réduction la même panoplie de mesures de pré- de la vulnérabilité vention dont seul le PPR dispose. Il et à la sécurité reste aussi à suivre l’appli cation des des personnes. Il s’agit d’un document PPR et mettre en œuvre tant les sanc- d’étape synthétisant tions prévues par le Code des assu- le début des réflexions. rances – si cela paraît nécessaire –, © MEDD que les incitations financières prévues par la loi «Risques» du 30 juillet 2003 territoriales pourront intégrer la pré- pour faciliter sa mise en œuvre. Il faut vention dans toutes les politiques loca- surtout faire du PPR un atout pour la les portant sur des territoires exposés commune et le début d’un projet local et les adapter. de prévention(12). L’État, garant de la sécurité, devra Avec l’aboutissement de l’objectif de continuer à assumer ses responsabili- 5 000 communes couvertes par un tés par le suivi et la gestion des PPR, PPR en l’an 2005, la politique de pré- mais surtout aider et inciter les col- vention des risques naturels va connaî- lectivités à conduire un programme tre un nouvel élan en sollicitant les cohérent d’actions de prévention à collectivités territoriales et notamment inscrire dans leurs décisions et leurs les communes couvertes par un PPR politiques publiques, notamment en dans un programme d’actions de pré- matière d’aménagement. vention plus complet. Les dispositions de la loi du 30 juillet 2003 devraient ouvrir une nouvelle© période IAU pour la île-de-France politique de prévention des risques naturels. En disposant d’un socle de mesures de prévention et d’aides pour leur mise en œuvre, les collectivités

(12) Brochures MEDD/EcoMaires, octobre 2003 : «Prévention des risques naturels, l’expé- rience de dix collectivités locales», «Le projet local de prévention des risques naturels : l’ini- tiative aux collectivités locales».

44 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 © C. Gobry/Dreif Les PPR et l’action réglementaire en Île-de-France

Ludovic Faytre IAURIF

La prise en compte des risques dans les réflexions d’aménagement en Île-de-France se traduit d’abord dans le domaine réglementaire par la mise en œuvre progressive des procédures de PPR, instaurées par la loi Barnier de 1995. Les PPR réglementent les projets d’installations nouvelles, avec un champ très important et des moyens d’actions très souples. Aujourd’hui, près de la moitié des communes franciliennes sont dotées d’un PPR approuvé et 80 % d’entre eux concernent le risque inondation. The PPRs and regulatory action in Île-de-France

Risks being taken into account in planning thinks in Île-de-France is evidenced firstly in the regulatory © IAU île-de-Francefield by the gradual implementation of PPR procedures instigated by the “Loi Barnier” Law of 1995. The PPRs regulate new location projects with a very wide scope and very flexible means of action. Today, nearly one half of all Île-de-France municipalities have approved PPRs and 80% of those plans concern the risk of flooding.

La réglementation au service de l’aménagement 45 Les possibilités du PPR sont très éten- vitesse d’écoulement importante…), la Le PPR, dues. Il peut intervenir dans les zones priorité est donnée à la sécurité et à la outil de prévention directement exposées au risque, mais mise hors d’atteinte des populations et d’aménagement aussi dans d’autres zones qui ne le sont exposées, tout en évitant une densifi- pas, pour éviter d’aggraver les risques cation supplémentaire du tissu urbain. ou d’en provoquer de nouveaux. Il y Les PPR inondations interdisent géné- Le plan de prévention des risques natu- réglemente les projets d’installations ralement toutes nouvelles construc- rels (PPR) est un document qui relève nouvelles : tions pour éviter que de nouvelles per- de la responsabilité de l’État pour maî- • Avec un champ d’application im- sonnes soient menacées et gèlent le triser les constructions dans les zones portant puisqu’il peut interdire ou plus souvent l’immobilier existant. exposées à un ou plusieurs risques. Il soumettre à prescriptions tout type Dans les secteurs urbains moins expo- a été conçu avec le souci d’un fort de construction, d’ouvrage, d’amé - sés, le PPR peut recommander des tra- contenu réglementaire et d’une éla- nagement ou d’exploitations agri- vaux de mise en sécurité en cas de boration simplifiée. En effet, le retard coles, forestières, artisanales, com- réparation ou reconstruction après pris dans la mise en œuvre des plans merciales ou industrielles, pour leur une inondation pour minimiser les d’exposition aux risques (PER), insti- réalisation, leur utilisation ou leur nuisances : rehaussement du premier tués par la loi de 1982, et plusieurs exploitation. plancher hors de portée des inonda- catastrophes naturelles au début des • Avec des moyens d’action très sou- tions, déplacement des pièces d’habi- années 1990 ont mis en évidence la ples puisqu’on peut jouer librement tation au premier étage, utilisation de nécessité de relancer la politique de sur des prescriptions de toute nature, matériaux de construction sensibles prévention de l’État. jusqu’à l’interdiction totale. aux inondations (bois…) à éviter, En ce qui concerne la prise en compte installation des équipements sensibles des risques naturels dans l’aménage- L’élaboration du PPR se traduit par (chaudières, matériels informatiques, ment, cet objectif s’est traduit par la la définition de zones inconstructi- machinerie d’ascenseurs, appareils création d’une procédure unique : le bles ou constructibles sous condi- électroménagers…) ou polluants dans PPR qui résulte de la refonte des pro- tions particulières et des mesures à des pièces hors d’eau ou à une hau- cédures existantes (PER, PSS, R 111.3 prendre pour sauvegarder les habi- teur suffisante. et PZSIF(1)). Le plan de prévention des tations et activités existantes en zones L’implantation d’établissements héber- risques naturels reprend les points forts à risque. geant ou accueillant des populations des quatre procédures auxquelles il se Pour les inondations, par exemple, sensibles (enfants, personnes âgées ou substitue et cherche à pallier les diffi- dans des secteurs très exposés (crues handicapées) y est prohibée. cultés liées à leur mise en œuvre. fréquentes, grande hauteur d’eau, Le PPR peut par ailleurs définir des mesures générales de prévention, de protection et de sauvegarde qui doi- vent être prises en compte par les collec tivités publiques et par les par- ticuliers. Cette possibilité vise notam- ment les mesures liées à la sécurité des personnes et à l’organisation des secours et les mesures d’ensemble qui ne seraient pas liées à un projet © IAU île-de-Franceparticulier. Enfin, le PPR peut intervenir sur l’exis- tant, avec un champ d’application équivalant à celui ouvert pour les pro- jets nouveaux. Pour les biens réguliè- © M. Ségard_SDPRM/DPPR/MEDD Le PPR peut définir des mesures générales de prévention, de protection et de sauvegarde (1) PER : plan d’exposition aux risques ; qui doivent être prises en compte par les collectivités publiques et par les particuliers, PSS : plan de surfaces submersibles ; par exemple l’installation d’équipements sensibles dans des pièces hors d’eau PZSIF : plan de zones sensibles aux incendies ou à une hauteur suffisante. de forêts.

46 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Carte des zonages réglementaires par type de risques - mars 2005

rement autorisés, on ne peut toutefois de prévention, de protection et de des procédures R 111.3 – dont le imposer que des «aménagements limi- sauvegarde ou certaines mesures champ d’application était limité aux tés», dont le coût est inférieur à 10 % applicables à l’existant. Si cette obli- autorisations délivrées dans le cadre de la valeur vénale ou estimée de ces gation n’est pas suivie d’effet dans le du code de l’urbanisme – et qui restent biens. délai prévu, le préfet peut la faire en vigueur jusqu’à leur révision, sur le Après enquête publique et consulta- appliquer d’office aux frais du maî- fon de ment de leur assimilation tion des collectivités territoriales, le tre d’ouvrage en titre. expresse à des PPR(2). Ces documents préfet du département approuve le devront être progressivement révisés PPR qui, valant servitude d’utilité Des PPR approuvés pour mieux répondre aux exigences publique annexée au plan local d’ur- de plus en plus nombreux de la loi de 1995. ba nisme, s’impose à la délivrance des en Île-de-France Pour de nombreuses communes fran- autorisations© deIAU construire par les île-de-FranceEn mars 2005, 497 communes sont ciliennes, plusieurs zonages régle- maires. En outre, le PPR est doté de couvertes par un PPR approuvé en mentaires sont encore souvent mis nombreux moyens d’application, à Île-de-France, dont 28 par anticipa- en œuvre de façon complémentaire commencer par des sanctions péna- tion ; cependant, parmi les plans de pour des risques (inondations, zones les en cas de non-respect des règles prévention approuvés – tous risques applicables aux projets nouveaux. confondus –, seuls 161 documents ont (2) Les plans de surfaces submersibles (PSS) Dans un délai maximal de cinq ans, réellement été élaborés dans le cadre créés par décret du 20 octobre 1937 ne sont pas intégrés à l’état des PPR car les références légis- il peut également rendre obligatoire du décret du 5 octobre 1995 ; les aut- latives ou réglementaires qui les ont créés sont la réalisation de certaines mesures res documents sont pour l’essentiel maintenant obsolètes.

La réglementation au service de l’aménagement 47 Nombre de PPR approuvés par année et par type de risques naturels d’évènements orageux catastrophiques 50 et l’importance des dégâts occasion- mouvements de terrain nés, notamment en petite couronne. 40 inondations Les inondations par remontée de inondation pluviale 30 nappe ne font pas non plus l’objet de PPR, ces phénomènes restant encore 20 mal connus et difficiles à modéliser. Les mouvements de terrain, essentiel- 10 lement liés à des zones sous-minées 0 Source : MEDD par d’anciennes carrières, – deuxième 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Le PPR inondation de la vallée de l’Oise (22 communes), adopté en juillet 1998, risque majeur en Île-de-France – a fait l’objet d’une première révision approuvée en mai 2003. représentent moins de 13 % des docu- ments approuvés. Répartition des PPR approuvés Répartition des PPR prescrits par type de risques – mars 2005 par type de risques – mars 2005 20 mouvements … et plus de 380 documents 1 inondation de terrain pluviale prescrits 33 mouvements Parallèlement, un peu plus de 380 plans de terrain 142 206 sécheresse de prévention des risques sont aujour- 142 inondations inondations d’hui prescrits et en cours d’élaboration au niveau régional. La majorité concerne Source : MEDD Source : MEDD les phénomènes d’inondation avec la mise en œuvre de PPR sur les petites sous-minées…) et des documents 80 % des documents approuvés con- vallées franciliennes, mais aussi la révi- différents : PPRI approuvés ou en cernent le risque inondation par sion de documents déjà approuvés cours d’élaboration, R. 111.3 valant débordement, reflétant ainsi l’impor- comme dans le Val-de-Marne. PPR sur le territoire communal. tance des enjeux liés au principal Une trentaine de PPR concernent des Les trois quarts des PPR ont été adoptés risque naturel auquel est confronté le mouvements de terrain liés à des depuis 2000. L’élaboration de ces docu- territoire régional. risques souterrains ou des phénomè- ments, depuis leur prescription jusqu’à En revanche, les autres phénomènes nes de dissolution du gypse, en petite leur approbation, prend souvent plu- d’inondations sont encore peu pris en comme en grande couronne. Réalisés sieurs années, de 3 ou 4 ans en général compte. Ainsi, hormis dans le Val- le plus souvent à une échelle inter- jusqu’à 5 ou 6 ans comme à Paris, dans d’Oise, où quelques bassins versants communale, les PPR prennent ainsi les Hauts-de-Seine ou l’Essonne. Au total, sont couverts par un document (val- en compte toute la dimension phy- près de 49 000 hectares (4,1 % du terri- lée de l’Epte, communes de Presles et sique des phénomènes en favorisant toire régional) sont déjà concernés par de Valmondois), il n’existe pas de PPR l’élaboration de règlements homogè- des zonages réglementaires relatifs aux relatifs aux risques d’inondations par nes entre les différentes communes risques naturels en Île-de-France. ruissellement, malgré la récurrence intéressées. © IAU île-de-France © BRGM © Guiho/Dreif © M. Rouillard Un tiers des documents présents concerne Les mouvements de terrain, essentiellement Plusieurs plans de prévention des risques les phénomènes de retrait-gonflement liés à des zones sous-minées par d’anciennes technologiques (PPRT) devraient être des argiles. carrières, – deuxième risque majeur initiés en 2005, en petite et en grande en Île-de-France – représentent moins couronne, notamment pour les sites de 13 % des documents approuvés. de stockage d’hydrocarbures.

48 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Enfin, un tiers des documents con cerne PPR inondations, zone périurbaine exposée à de fortes les phénomènes de retrait-gonflement les grandes vallées pressions de l’urbanisation (Yvelines, des argiles qui ont connu une ampleur Essonne…). particulière ces dernières années, notam- prioritaires Pour ces grands cours d’eaux, seuls les ment avec la canicule exceptionnelle de territoires les plus ruraux où les enjeux l’été 2003. Ces PPR «sécheresse» sont Les vallées de la Seine et de ses princi- urbains sont moindres, ne font pas prescrits à l’échelle des départements, paux affluents : la Marne et l’Oise ont aujourd’hui l’objet de procédures en ce qui correspond à l’échelle des cartes été les premières à être couvertes par cours : la Bassée (vallée de la Seine en d’aléas (1/50 000) progressivement éla- des procédures et des PPR ont été rapi- amont de Montereau-Fault-Yonne) et borées par le BRGM(3) en Île-de-France. dement approuvés sur les territoires la vallée de la Marne en amont de Par ailleurs, plusieurs plans de pré- recouvrant les enjeux les plus forts Meaux. Ces secteurs ont cependant un vention des risques technologiques (humain, économique, urbain…). rôle important à jouer avec la présence (PPRT) devraient être initiés en 2005, C’est le cas pour les départements de de zones inondables et d’extension des en petite et en grande couronne, la petite couronne (à l’exception de la crues qu’il convient de préserver et de notamment pour les sites de stockage Seine-Saint-Denis concernée par la valoriser. d’hydrocarbures. vallée de la Marne à l’est et la vallée En revanche, des documents sont pres- de la Seine à l’ouest de son territoire), crits sur plusieurs petites vallées fran- (3) Bureau de recherches géologiques et minières. mais aussi des secteurs de vallées en ciliennes qui peuvent être concernées

Communes couvertes par des PPR inondations approuvés/prescrits - mars 2005

Les PPR inondations sont souvent© réalisés IAU île-de-France à l’échelle de bassins homogènes qui s’arrêtent aux limites régionales ou départementales

La réglementation au service de l’aménagement 49 Concernant l’aléa, une cohérence Des fondements communs… au niveau du bassin de la Seine L’élaboration des PPR inondations en a été recherchée : la crue de référence Île-de-France est guidée par des prin- des plus hautes eaux connues sont la crue cipes communs, tant pour les objectifs de 1910 pour la Seine, la Marne et l’Oise que pour la prise en compte de l’aléa. en aval de Pontoise et de 1926 et de 1995 Ainsi, la circulaire interministérielle en amont de Pontoise. du 24 avril 1996 relative aux disposi- © F. Dugeny tions applicables au bâti et ouvrages par des crues rapides : vallées du Loing documents en Île-de-France. C’est existants en zones inondables a rap- et du Grand-Morin (77), de l’Essonne, ainsi que les territoires de part et d’au- pelé les objectifs poursuivis par le mais aussi de la Rémarde, de l’Orge ou tre de la Marne en Seine-Saint-Denis dispositif législatif et réglementaire, de la Prédecelle… (91) dont les bassins et dans le Val-de-Marne, de la Seine qui sont : versants connaissent une urbanisation dans les Yvelines et le Val-d’Oise ou «...d’arrêter les nouvelles implantations importante, souvent en zone inondable. dans Paris et les Hauts-de-Seine… font humaines dans les zones les plus dange- Si les PPR inondations déjà approuvés l’objet de PPRI et de zonages diffé- reuses, de préserver les capacités de stoc- ou en cours d’élaboration sont établis rents. Il faut cependant noter le cas kage et d’écoulement des crues et de sau- à l’échelle intercommunale pour pren- exemplaire du PPRI de la vallée de vegarder l’équilibre et la qualité des dre en compte un territoire géogra- l’Epte, élaboré à l’échelle d’un terri- milieux naturels. Ces objectifs doivent phiquement homogène (tronçons de toire couvrant 22 communes répar- conduire à mettre en œuvre les principes vallée, bassin versant…), ce souci de ties entre trois régions (Haute- suivants : cohérence s’arrête aux limites dépar- Normandie, Île-de-France, Picardie) - veiller à ce que soit interdite toute nou- tementales, celles des limites de com- et quatre départements (Eure, Val- velle construction dans les zones inon- pétences des DDE qui élaborent ces d’Oise, Yvelines, Oise). dables soumises aux aléas les plus forts ;

Extrait des zonages PPR inondations sur Paris, la Seine-et-Marne et le Val-de-Marne

© IAU île-de-France

L’analyse des PPR inondations révèle des différences formelles dans les zonages réglementaires et les prescriptions

50 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 - contrôler strictement l’extension de De nombreux éléments peuvent expli- comme espaces urbanisables, 2 037 l’urbanisation, c’est-à-dire la réali- quer ces différences entre les PPR : hectares (1 160 ha, 877 ha partiellement sation de nouvelles constructions dans - des différences dans les méthodes urbanisables(6)) étaient inscrits dans les zones d’expansion des crues ; de travail des services décentralisés une zone potentiellement inondable(7), - éviter tout endiguement ou rem- de l’État ; sans recommandation ou prescription blaiement nouveau qui ne serait pas - la recherche d’un équilibre zonage/ particulière. justifié par la protection de lieux for- règlement ; Les premières études menées au niveau tement urbanisés.» - le contexte local et la volonté plus régional par la DRE et la DIREN pour Concernant l’aléa, une cohérence au ou moins grande de concertation ; préciser les conditions d’application niveau du bassin de la Seine a été - l’hétérogénéité des territoires, com- des textes concernant la prévention recherchée avec la prise en compte plexes, morcelés, très urbanisés des inondations en Île-de-France ont comme crue de référence des plus hau- en petite couronne, plus homogènes soulevé des interrogations. La lettre tes eaux connues (PHEC) : crue de et préservant encore de nombreux d’instruction interministérielle (équi- 1910 pour la Seine, la Marne et l’Oise espaces ouverts en zone périurbaine ; pement, environnement) du 5 février en aval de Pontoise et de 1926 et de - l’importance des enjeux avec par- 1998 relative à la prise ne compte du 1995 en amont de Pontoise ; il s’agit de fois la définition de secteurs straté- risque inondation en région Île-de- crues d’occurrence centennale. En giques ; France rappelle que «les zones urbani- outre, trois zones d’aléas sont définies - ou encore l’absence d’un règlement sables (correspondant aux zones qua- à partir des hauteurs de submersion type au niveau national… drillées et rayées du SDRIF encore comprises entre 0 m et 1 m (aléa Ces différences entre les documents naturelles, c’est-à-dire non encore urba- moyen), entre 1 et 2 m (aléa fort) et élaborés en Île-de-France, sur le bas- nisées) exposées aux inondations […] ne supérieures à 2 m (aléa très fort). sin de la Seine, ont parfois alimenté peuvent être maintenues en zones cons- les critiques des opposants aux PPR, tructibles qu’au regard de considérations … mais des traductions notamment celles des populations urbanistiques très fortes, car, à l’échelle réglementaires très différentes riveraines directement concernées par de la région, ces zones ne sont pas néces- Si la cohérence existe sur les principes les zonages les plus restrictifs, mais saires à l’accueil des populations.» et les objectifs, des différences for- aussi celles des élus. D’une manière générale, les PPRI melles sont observées dans les zonages approuvés en Île-de-France revien- réglementaires et les prescriptions. Les PPR approuvés entérinent-ils nent sur la situation du SDRIF, en L’analyse des PPRI déjà approuvés les zones urbanisables particulier en grande couronne où révèle en effet des différences sensi- ou partiellement urbanisables les enjeux fonciers sont moindres. bles entre tous les documents, parfois du SDRIF en zones inondables ? Ainsi, dans la vallée de l’Oise, sur les dans les aléas, avec la détermination Le schéma directeur de la région d’Île- quelque 250 hectares qui étaient clas- de critères supplémentaires, mais sur- de-France (SDRIF) adopté en 1994 sés en zone urbanisable (ou partiel- tout dans le nombre et la définition a peu pris en compte les enjeux et lement urbanisable) et localisés en des zonages réglementaires, dans l’ex- problématiques des risques majeurs zone inondable, plus de 90 % (225 pression cartographique ou dans la naturels et technologiques sur le ter- hectares) ont été classés en zone verte nature des prescriptions… ritoire régional. En effet, seules les correspondant aux zones à vocation Ainsi, par exemple, quatre zones régle- inondations par débordement et ruis- naturelle où les champs d’expansion mentaires sont déterminées dans les sellement y sont évoquées et ont fait des crues doivent jouer leur rôle opti- PPRI élaborés dans le Val-d’Oise, cinq l’objet d’un chapitre spécifique dans mum et qui s’avèrent inconstructi- zones© dans l’Essonne, IAU six à Paris ou île-de-Franceles orientations détaillées. bles ; des classements semblables ont neuf dans le Val-de-Marne ; pour les La cartographie de destination géné- été opérés dans l’Essonne ou en possibilités d’extensions de construc- rale des sols du schéma directeur sou- Seine-et-Marne. tions existantes, des différences impor- levait en particulier des interrogations tantes sont notées – pour un même sur la prise en compte effective du (4) Coefficient d’occupation des sols. niveau d’aléa – pour les seuils de cons- risque d’inondation. La superposition (5) Surface hors œuvre nette. tructibilité selon que le coefficient est des zones inondables par les plus hau- (6) Les espaces partiellement urbanisables sont destinés à être urbanisés à 60 % en grande (4) (5) basé sur le COS ou la SHON tes eaux connues révèle que sur les couronne et à 80 % en petite couronne. d’une habitation. quelque 53 250 hectares cartographiés (7) Source : SIGR.

La réglementation au service de l’aménagement 51 Les PPR Soisy-sous-Montmorency et Gonesse l’urbanisme. Cet article permet de sub- «mouvements dans le Val-d’Oise, Annet-sur-Marne, ordonner à des conditions spéciales la Carnetin et Thorigny-sur-Marne en construction sur des terrains exposés à de terrain» Seine-et-Marne) ; en petite couronne, un risque : il s’applique aux construc- deux documents seulement ont été tions soumises à permis de construire Plus de 300 communes, dans tous les élaborés et approuvés, en Seine-Saint- ou à déclaration préalable, mais pas à départements franciliens, sont con- Denis (Gagny et Romainville). l’existant. cernées par des risques de mouve- À la différence des PPR inondations, les La gestion des risques par l’intermé- ments de terrain, liés pour la plupart zonages réglementaires des PPR «mou- diaire de cet article soulève néanmoins à des zones sous-minées par d’an- vements de terrain» révèlent une plus des difficultés : les périmètres définis ciennes carrières souterraines ou des grande cohérence dans l’expression ne peuvent en effet répondre à la zones de marnières, mais aussi à des (légende) des zonages réglementaires, même précision que les PPR, notam- phénomènes d’instabilité de falaises – les prescriptions étant bien évidemment ment pour ce qui concerne la connais- vallée de la Seine – ou encore à des adaptées à la nature du risque. sance et la hiérarchisation de l’aléa. La phénomènes de dissolution du gypse. Hormis en Seine-et-Marne où se pose délimitation du périmètre de risques, Une vingtaine de communes environ encore le problème de la connaissance lorsque l’aléa est mal connu, a sou- disposent aujourd’hui d’un plan et de la localisation précise des zones vent été simplifiée et élargie en vertu de prévention élaboré dans le cadre sous-minées, la plupart des commu- du principe de précaution. Ainsi, ces de la loi Barnier, essentiellement en nes concernées disposent cependant périmètres peuvent englober des zones grande couronne (une dizaine de com- de périmètres de risques délimités au saines, connues ; c’est le cas par exem- munes du massif de l’Hautil, Pontoise, titre de l’article R. 111.3 du code de ple à Paris et dans de nombreuses

Zones sous-minées et périmètres de risques délimités au titre de l’article R 111-3

© IAU île-de-France

La délimitation du périmètre de risque défini au titre de l’article R 111-3 a souvent été simplifiée et élargie en vertu du principe de précaution.

52 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 communes de la proche couronne. exemple, le gel de zones potentielles d’ex- Les services des inspections générales tension, la remise en cause de certains des carrières (Paris et Versailles) sont projets (construction d’équipements cependant chargés d’effectuer un exa- publics ou de zones d’activités) localisés men systématique de tous les permis en zones exposées, des investissements déposés à l’intérieur de ces périmètres, non rentabilisés, les surcoûts financiers y compris ceux situés en zones saines. imputables à la seule collectivité… De nombreuses procédures sont Le PPR est ainsi perçu comme un actuellement engagées, notamment document contraignant qui s’impose en petite couronne, et devraient abou- à eux de manière autoritaire. Si son tir dans les toutes prochaines années. intérêt en tant que procédure de pla- La mise en œuvre des PPR sur les nification des sols n’est pas remis en zones sous-minées, mais également question, la méthode d’élaboration du sur les zones de dissolution du gypse document et son caractère univoque permettra, en précisant les zones de – le contrôle de l’occupation des sols risques, de réduire à l’échelle des com- dans les zones à risques, sans considé-

munes les sur faces réglementées, mais rer les projets de développement local © M. Rouillard aussi d’adapter au mieux les pres- et d’aménagement du territoire –, sont Le risque mouvements de terrain concerne plus de 300 communes franciliennes. Une criptions à la réalité de l’aléa. davantage dénoncés. vingtaine disposent d’un plan de prévention Pour les particuliers, dont les terrains élaboré dans le cadre de la loi Barnier, constructibles sont situés en zone inon- essentiellement en grande couronne. Favoriser la dable ou sur un secteur sous-miné, les concertation ? critiques portent généralement sur le risque de perte de valeur patrimoniale L’élaboration et l’approbation de ces de leurs biens, la limitation des permis plans fait souvent l’objet de contesta- de construire et les coûts supplémen- tions locales, tant de la part des élus taires importants pour répondre aux que des populations directement nouvelles règles en vigueur en cas d’ex- concernées, avec la remise en cause de tension ou d’aménagement de bâti- certaines règles d’urbanisme ou de cer- ments existants. Certains ont par tains zonages jugés trop contraignants. ailleurs du mal à accepter le classement En Île-de-France, citons quelques de leur habitation dans une zone ne exemples illustrant les critiques for- permettant pas sa reconstruction alors mulées au niveau local : la forte oppo- que cette construction avait été réalisée sition au PPRI des vallées de la Seine dans le respect des règles en vigueur et de la Marne dans le Val-de-Marne, dans le passé. celle rencontrée en 2003 sur le dépar- La concertation, prônée par le minis- tement de la Seine-Saint-Denis pour le tère de l’Écologie et du Développement projet de PPR «retrait-gonflement» durable, dans l’élaboration de ces tant de la part du conseil général que documents, doit permettre de faire des communes (qui a conduit le pré- partager la connaissance des risques fet à ©arrêter la procédure),IAU les diffi- île-de-Francepar l’ensemble des acteurs et des déci- cultés à faire approuver le PPR inon- deurs locaux. dations dans les Yvelines… L’analyse des contraintes, enjeux et Si le principe de précaution est reconnu opportunités, doit aboutir à une comme légitime, les élus locaux évo- appréciation commune du risque pour quent souvent les problèmes d’amé - développer des programmes d’actions nagement du territoire et de déve - de prévention et dégager des orienta- loppement économique liés à la mise tions d’aménagement dans les projets en œuvre opérationnelle des PPR : par de développement locaux.

La réglementation au service de l’aménagement 53 © DDE 95 Le PPRI de l’Oise dans le Val-d’Oise : une situation évolutive depuis 10 ans

Charles Thiébaut(1) The Flooding PPR (PPRI) DDE du Val-d’Oise for the River Oise in the département of Val-d’Oise: a changing situation over es conséquences des crues de l’Oise dans des secteurs the last ten years L vulnérables où le développement de l’urbanisation avait été mal The consequences of the Oise maîtrisé ont développé une grande sensibilité des populations floods in vulnerable sectors riveraines. La nécessité d’encadrer strictement les aménagements in which urbanisation en zone inondable a conduit au lancement d’un plan de prévention development had been poorly des risques d’inondation. Certes, l’existence du PPRI est controlled have acutely heightened awareness mouvementée depuis dix ans, mais la concertation qui préside in the populations living along fait que celui-ci impose progressivement sa marque the river. The need to lay down dans l’aménagement de la vallée de l’Oise comme dans la conscience strict rules for planning in flood zones led to the launch of des élus et des habitants. a Flooding Risk© Prevention IAU Plan. île-de-France Admittedly, the existence of the PPRI has had its ups and downs over the last ten years, but the spirit of consultation that pervades it means that it is gradually making its mark in the planning of the Oise Valley and in the consciousness of local councillors and residents. (1) Bureau des protections et des risques.

5454 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 fortement contrastée selon l’épo que Répartition de l’occupation du sol Le Val-d’Oise : de l’urbanisation : les centres anciens (urbain, rural) dans le PPRI un département se sont en règle générale établis et agrandis à l’abri de l’inondation, fortement structuré alors que le développement de nom- par sa rivière bre de zones pavillonnaires s’est lar- gement fait en zone inondable sans

Un territoire sensible précautions particulières, notam- Source : DDE 95/Iaurif/Deur 2005 aux inondations ment au cours de la seconde moitié Délimité à l’est par l’Epte, qui trace la du XXe siècle. La situation peut être le lancement d’un plan d’exposition frontière avec la Normandie, bordé au schématisée en constatant que, à l’ex- aux risques d’inondation, qui s’est sud par les portions de trois méandres ception notable de la ville nouvelle de transformé en plan de prévention des de la Seine, le département du Val- Cergy-Pontoise, dont les aménage- risques d’inondation. d’Oise voit son caractère largement ments ont généralement bien pris en déterminé par la vallée de l’Oise qui compte le risque d’inondation, les Les crues de l’Oise le traverse. C’est également le long de secteurs les plus récemment urbani- À l’exception de la crue de fin mars l’Oise que les inondations ont le plus sés sont les plus vulnérables, même 2001, les 10 principales crues surve- gros impact sur les populations du fait vis-à-vis de crues moyennes dont le nues depuis le début du XXe siècle se d’une urbanisation qui s’est récem- niveau ne dépasse pas la fréquence sont produites au cours des mois d’hi- ment développée dans le lit majeur, décennale. ver. Outre le ruissellement direct occa- bien souvent sans prendre en compte La forte réactivité de la population sionné par les précipitations, les nap- les contraintes liées aux crues. 22 com- aux désagréments causés par les pes de la craie contribuent également munes sur les 185 du département inondations, conjuguée à l’arrivée fortement à la formation de la crue. Ce sont ainsi structurées plus ou moins d’une forte crue lors de l’hiver 1993- mécanisme explique le décalage fré- profondément par la présence de la 1994 suivie d’une crue encore plus quemment constaté entre les pério- rivière et doivent composer avec elle. forte début 1995, a mis en lumière la des pluvieuses et l’arrivée de la pointe La situation des différentes commu- nécessité d’une maîtrise de l’urbani- de la crue. Les événements les plus nes riveraines de l’Oise est cependant sation en zone inondable et a motivé importants se produisent ainsi lorsque

Les communes concernées par le PPRI de la vallée de l’Oise

© IAU île-de-France

La réglementation au service de l’aménagement 55 Localisation des stations de mesure de fortes précipitations succèdent à une période pluvieuse qui a gonflé et saturé les nappes. Des secteurs non directement connec- tés à l’Oise sont par ailleurs suscepti- bles d’être inondés du fait de la remon- tée de la nappe alluviale. En aval de Pontoise, c’est le niveau de la Seine qui est prépondérant lors des crues et cette influence se fait même sentir, de façon moins déterminante cependant, sur tout le département du Val-d’Oise : on estime qu’elle remonte jusqu’à Creil. Ainsi, la période de retour de la crue de 1910, crue exceptionnelle de la Seine, est de l’ordre du centen- nal à Pontoise alors même qu’elle n’est Cotes des principales crues de l’Oise pas une crue de l’Oise. Sur la partie Cotes NGF Cote Jan. Jan. Jan. Mars Fév. Jan. Fév. Déc. Fév. Jan. Mars plus amont en revanche, la plus forte Normal d’alerte 1910 1926 1955 1970 1980 1982 1988 1993 1995 2000 2001 crue répertoriée avec précision est celle L’Isle-Adam 24,41 25,74 26,56 25,4 26,08 25,15 25,03 25,34 26,07 26,38 25,2 26,25 de 1926, dont la période de retour esti- Pontoise 22,80 25,02 24,9 24,64 24,50 23,6 23,92 23,98 24,13 24,56 23,76 24,35 mée est inférieure à 100 ans. Les plus fortes crues de l’Oise dans le Val-d’Oise depuis 100 ans ont atteint Bien que l’Oise soit montée en 1995 un les niveaux précédents aux barrages de l’Isle-Adam et de Pontoise. peu moins haut qu’en 1926, le débit a été supérieur lors de la crue, avec un Répartition par commune des surfaces et des populations débit maximal estimé à 690 m3/s. Ceci concernées par le PPRI s’explique par le fait que des obstacles Surface Surface % Population Estimation de % à l’écoulement ont été supprimés dans totale inondable totale la population le lit de la rivière lors d’aménagements (ha) PPRI 1999 concernée réalisés depuis 1926 et par les travaux Commune (ha) par le PPRI Asnières-sur-Oise 1 415,6 303,7 21,5 % 2 499 4 0,2 % d’approfondissement du chenal navi- Auvers-sur-Oise 1 280,9 101,6 7,9 % 6 908 1 132 16,4 % gable menés entre 1971 et 1985. Beaumont-sur-Oise 561,8 97,8 17,4 % 8 556 140 1,6 % Bernes-sur-Oise 550,8 96,1 17,5 % 2 292 43 1,9 % Bruyères-sur-Oise 892,2 157,8 17,7 % 3 436 78 2,3 % Butry-sur-Oise 280,5 52,6 18,7 % 2 001 484 24,2 % La prise en compte Cergy 1 459,8 309,9 21,2 % 55 162 258 0,5 % Champagne-sur-Oise 955,3 128,1 13,4 % 3 916 89 2,3 % de l’inondation Eragny 469,1 36,3 7,7 % 15 770 178 1,1 % dans l’aménagement Isle-Adam (l’) 1 574,4 122,7 7,8 % 11 308 239 2,1 % Jouy-le-Moutier 738,9 49,0 6,6 % 17 979 161 0,9 % Mériel 530,7 28,1 5,3 % 4 100 150 3,7 % L’historique des procédures : Méry-sur-Oise 993,7 75,5 7,6 % 9 012 87 1,0 % PSS, PER Inondations Mours ©246,4 IAU 55,8 22,6 % île-de-France 1 487 19 1,3 % Un plan de surface submersible (PSS) Neuville-sur-Oise 425,2 122,3 28,8 % 1 456 11 0,8 % a été institué le 14 juin 1972 par décret Noisy-sur-Oise 381,1 43,4 11,4 % 669 54 8,1 % Parmain 882,5 28,2 3,2 % 5 346 125 2,3 % signé du Premier ministre sur la sec- Persan 512,6 93,3 18,2 % 9 691 860 8,9 % tion aval de l’Oise, entre Compiègne et Pontoise 717,0 65,5 9,1 % 28 651 459 1,6 % la confluence avec la Seine. Ce PSS fait Saint-Ouen-l’Aumône 1 386,9 77,7 5,6 % 19 904 471 2,4 % partie des mesures visant à favoriser Valmondois 460,8 17,9 3,9 % 1 210 192 15,9 % Vauréal 367,3 25,2 6,9 % 16 386 188 1,1 % le trafic fluvial et à améliorer l’écou - Total 17 083,5 2 088,35 12,2 % 227 739 5 422 2,4 % lement des crues, mesures qui, avec les Source : DDE 95/Iaurif/Deur 2005 travaux de dragage de l’Oise, ont fait

56 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 suite à l’étiage sévère de 1970 au cours duquel la navigation avait dû être interrompue. Son principal intérêt résidait dans la délimitation de la zone inondable réalisée à cette occasion : quand bien même la cartographie correspon- dante était relativement sommaire (1/25 000) et approximative, elle a constitué un moyen assez efficace pour informer les particuliers et les services instructeurs de permis de construire de l’éventuel caractère inondable des terrains. Le principal article du décret qui tient lieu de règlement du PSS a certes une portée réduite puisqu’il se borne à soumet- Le projet de PER tre à déclaration les aménagements a été mis à l’enquête et les «constructions… susceptibles publique en février de faire obstacle à l’écoulement des 1995, au moment eaux ou de restreindre… le champ même où survenait une crue des inondations». Il a cependant eu particulièrement pour conséquence positive d’inciter importante de l’Oise. les particuliers à construire au-dessus © DDE 95 du niveau attendu de la crue dans les zones identifiées comme inondables. à gérer, mais fructueuse : elle a débou- été touchées par la crue. De nom- La forte crue de décembre 1993, qui ché sur un accord assez général des breuses associations de riverains, n’était pourtant pas exceptionnelle maires, globalement convaincus de regroupées en coordination (le (période de retour estimée à 10 ans à la nécessité de restreindre les possi- CARVO : coordination des associa- Pontoise et à 30 ou 40 ans à l’Isle- bilités d’urbanisation dans la zone tions de riverains et voisins de l’Oise, Adam), a mis en lumière l’inadaptation inondable. Elle a également abouti à prédécesseur de l’Union Oise 95) se du PSS à réglementer efficacement des modifications du zonage proposé, sont fortement opposées au projet l’urbanisation du lit majeur. Elle a pour tenir compte des évolutions de plan dans lequel elles ne voyaient donc amené le préfet du Val-d’Oise à intervenues depuis les relevés de crue qu’un document amené à léser leurs se tourner vers un outil plus efficace : de 1926, notamment sur les terrains intérêts sans réelle mesure de pro- le plan d’exposition aux risques (PER), remblayés entre-temps. C’est aussi tection en contrepartie et risquant dont il a prescrit l’élaboration le grâce à ces contacts suivis que les de les contraindre à réaliser certains 11 juillet 1994 sur les 22 communes maires ont commencé à s’approprier travaux de mise en sécurité dans un riveraines de l’Oise. le contenu du projet de PER et à l’in- délai de cinq ans. Cette crainte, due Le lancement de ce PER a été accom- tégrer aux POS en révision. à une interprétation erronée du pagné d’une démarche soutenue d’in- Le projet de PER a été mis à l’en- règlement, était en réalité infondée, formation© et deIAU concertation. Les île-de-Francequête publique en février 1995, au mais elle n’en a pas moins contribué responsables municipaux ont ainsi moment même où survenait une à alimenter l’opposition au projet. été consultés, à l’occasion d’une cin- crue particulièrement importante, Bien que pour partie non justifiée, quantaine de réunions qui se sont encore supérieure à celle de 1993. cette véritable levée de boucliers de la déroulées au cours de l’année 1994, Prolongée de quatre semaines de ce part de la population a entraîné un sur la base d’un zonage établi à par- fait, l’enquête publique s’est dérou- revirement des maires de nombreuses tir des limites de la crue de 1926. La lée dans une ambiance très tendue communes, favorables jusqu’à présent concertation menée lors de cette pre- et a canalisé le mécontentement des au projet et qui se sont finalement pro- mière série de réunions a été lourde habitants dont les maisons avaient noncés contre.

La réglementation au service de l’aménagement 57 Par ailleurs, des relevés précis du nouvelle procédure sur la base de la - pourquoi un PPR alors que les crues niveau atteint par la crue, combinés loi Barnier. C’est ainsi que l’élabo- de l’Oise n’occasionnent pas de à des photographies aériennes prises ration d’un PPR fut prescrite en mars risques pour les personnes ? au plus fort de l’événement ont éta- 1996. - on parle de prévention, mais le plan bli avec certitude qu’en de nombreux ne comporte pas de mesures de pré- endroits, la limite indiquée comme Le PPRIVO de 1998 : vention active telles que la cons- celle des PHEC (plus hautes eaux zonage, règlement truction de barrages ou de digues ; connues) était sous-estimée alors - l’instauration de servitude d’utilité même que le temps de retour de la Enquête publique publique sur les terrains inondables crue de 1995 était nettement infé- L’enquête publique, achevée en jan- va entraîner une baisse de la valeur rieur à 100 ans. Un nouveau zonage, vier 1998, suscite une forte mobilisa- des biens concernés ; reporté sur des fonds de plans précis tion de la population, la plupart du - les biens en question vont voir leur établis entre-temps par photogram- temps dans le sens d’une opposition. prime d’assurance augmenter ou métrie, a ainsi été substitué en cours La diversité des arguments mis en certaines compagnies vont résilier d’enquête publique au zonage initia- avant pour s’y opposer peut se résumer leurs contrats ; lement présenté. Si cette modifica- ainsi : - le PPR n’est qu’un moyen de pré- tion de zonage destinée à prendre en - le zonage ne prend pas suffisam- parer le terrain à la mise à grand compte les éléments d’information ment en compte les parties rehaus- gabarit de l’axe Seine-Nord en les plus récents et les plus fiables était sées des parcelles et les terrains rem- facilitant les futures expropria- dans la logique de la procédure du blayés ; tions du fait de la dévalorisation PER, elle pouvait cependant consti- - contestation du caractère inonda- des terrains et en permettant de tuer un vice de forme susceptible de ble de certains terrains au motif gérer une augmentation supposée fragiliser la procé dure en cas de qu’ils n’avaient pas été inondés en des risques. recours. 1995 par la dernière grande crue ; En dépit de ces oppositions de la Malgré un avis favorable de la com- - pourquoi une procédure lourde et population et d’une petite majorité mission d’enquête rendu le 20 octo- contraignante alors qu’il existe déjà des conseils municipaux, la Com mis - bre 1995, le préfet prenait donc en un PSS, supposé réglementer l’oc- sion d’enquête rendait, fin mai, un décembre la décision de retirer le cupation des sols, et que chaque avis favorable, estimant que les argu- projet et annonçait l’ouverture d’une commune est dotée d’un POS ? ments mis en avant étaient insuffi- samment fondés. Le PPRI a ainsi pu être approuvé moins de deux mois Extrait du PPRI de la vallée de l’Oise - commune de Champagne-sur-Oise (95) plus tard, le 7 juillet 1998, après quel - ques modifications prenant en compte des observations justifiées émises lors de l’enquête publique, notamment en matière de zonage. Il faut ici souligner que le parti de travailler à l’échelle du 1/2 000 adopté dans le Val-d’Oise, s’il per- met de faciliter la transposition du PPRI dans les documents d’urba- © IAU île-de-Francenisme et son application par les instructeurs de permis de construire, a pour corollaire de susciter dès l’en- quête publique des contestations quant au détail du zonage, par exem- ple sur le classement retenu pour telle ou telle partie de terrain sur- élevée par rapport à l’ensemble de la parcelle.

58 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Dispositions du PPRI Extrait du PPRI sur Cergy (95) L’élaboration du PPRI avait donné lieu à un travail de concertation avec le département de l’Oise dans lequel un premier PPRI avait été approuvé en novembre 1996 sur 15 communes en aval de Compiègne. Ceci a permis d’en rendre l’esprit et les principales dispo- sitions cohérentes entre les deux dépar- tements. La détermination de la zone inondable a par ailleurs pu se faire avec une bonne précision et sans difficulté majeure grâce : - à la bonne connaissance de la crue de 1926 qui sert de référence, malgré le fait qu’elle soit inférieure à une crue centennale ; - à l’existence de plans récents levés par photogrammétrie, qui permet- tent de travailler à l’échelle du 1/2 000. Le PPRIVO comporte ainsi quatre zones : - une zone verte, inconstructible sauf exceptions limitées, dévolue à l’expansion des crues : elle concerne des terrains non urbanisés destinés à rester à l’état naturel, quelle que soit la hauteur de l’eau en cas de crue ; - une zone rouge, également quasi- ment inconstructible, qui concerne des terrains déjà urbanisés et soumis à un aléa fort, correspondant habi- tuellement à plus de un mètre d’eau en cas de crue ; - une zone bleue, déjà urbanisée, dans laquelle les remblais sont interdits et où les constructions doivent

implanter leur premier plancher © C. Gobry _ Dreif utile à au moins 50 cm au-dessus de La zone verte, inconstructible sauf exceptions limitées, est dévolue à l’expansion des crues ; elle concerne des terrains non urbanisés, destinés à rester à l’état naturel, quelle que soit la crue© de référence IAU ; île-de-France la hauteur de l’eau en cas de crue. - enfin, une zone orange, dont l’amé- nagement est possible y compris après remblaiement, moyennant une amélioration du fonctionnement hydraulique, notamment par recon- quête de champs d’expansion de crues voisins, amélioration étayée par une étude hydraulique.

La réglementation au service de l’aménagement 59 Un «accident sur la dimension du bassin versant pris la pé rio de intermédiaire, pendant de parcours» : en compte et son fonctionnement, la laquelle les anciennes zones orange gestion des barrages de navigation, n’étaient plus protégées par le PPRI, l’annulation partielle ainsi que le zonage lui-même avec le préfet a opté pour la solution d’une du PPRIVO en 2001 l’existence des zones orange qui per- révision limitée exclusivement aux mettent de justifier des projets d’urba- zones orange. Il a annoncé en paral- Les recours contre l’arrêté nisation en zone inondable et autori- lèle aux élus concernés, dont certains du 7 juillet 1998 sent les remblaiements en plein. souhaitaient voir modifier le règle- approuvant le PPRI ment, qu’il mettrait en place dans un Une douzaine de recours gracieux ont L’annulation partielle deuxième temps un groupe chargé de été présentés par des particuliers à l’en- Par jugement en date du 20 novem- réfléchir à l’opportu nité d’une remise contre de l’arrêté d’approbation du bre 2001, l’Union Oise 95 a été à plat du PPRIVO et de lui faire des PPRI au motif que le classement de leur déboutée de l’ensemble des griefs propositions en ce sens. terrain ne leur paraissait pas justi fié et avancés à l’exception cependant de C’est ainsi que le nouveau PPRI, dont deux associations ont par ailleurs pré- celui relatif aux zones orange. Le tri- la révision partielle a été prescrite le senté un recours contentieux. Une seule bunal administratif de Versailles a 25 mars 2002, a été approuvé le 15 mai de ces requêtes a abouti, celle engagée ainsi considéré que «(le PPRIVO 2003. par l’Union Oise 95. autorise) la poursuite d’opérations Les modifications apportées lors de L’Union Oise 95 est un collectif d’as- d’urbanisation en zone inondable… cette révision partielle ont consisté à sociations de riverains de l’Oise, qui moyennant d’importants remblais… reclasser les anciennes zones orange regroupent des particuliers exposés sous réserve qu’une étude hydrau- et à définir un nouveau zonage : la aux crues de l’Oise et militent pour lique démontre l’absence d’élévation zone jaune. Sur les 22 communes que soient mis en œuvre tous les de la ligne d’eau ; qu’une telle étude, du Val-d’Oise riveraines de l’Oise, moyens susceptibles d’atténuer les inévitablement sujette à des incerti- 17 étaient concernées par une ou plu- effets des crues. tudes quant à la précision de ses sieurs zones orange. Le reclassement Un grief constant de ce collectif con - résultats ne permet pas de garantir des 39 anciennes zones orange s’est cerne la priorité accordée à la naviga- le respect de l’objectif d’assurer le fait selon les principes suivants : tion par rapport à la gestion de la crue : libre écoulement des eaux et la - les zones qui n’étaient pas inonda- l’Union Oise estime que les barrages conservation… des champs d’inon- bles par la crue de référence ont été de navigation sont ouverts trop tard dation…». Le tribunal a donc décidé exclues du périmètre du PPRI. Cela et gênent de ce fait l’écoulement de la d’annuler l’arrêté préfectoral du a été le cas de 10 zones, généralement crue ; elle se plaint également de ce 7 juillet 1998 «en tant qu’il ap prouve constituées de routes ou de voies fer- que la navigation ne soit pas inter- les zones orange telles que définies rées construites sur remblais, qui rompue plus rapidement qu’actuelle- par le règlement du PPRIVO». avaient été classées en orange afin ment en période de crue pour éviter les d’inciter à la réalisation de travaux dégâts supplémentaires induits par les La modification partielle destinés à en améliorer la transpa- remous provoqués par le passage des et l’instauration de zones jaunes rence hydraulique ; péniches. Cette annulation partielle laissait le - la plupart des zones, qui répondaient Jugeant ses demandes non prises en choix entre deux possibilités : aux critères de définition des zones compte et estimant les riverains lésés - soit, procéder rapidement à une vertes, des zones bleues ou des zones par le projet de PPRIVO, l’Union Oise révision partielle du PPRIVO, limi- rouges ont été reclassées dans les cou- 95 a fait flèche de© tout bois IAU dans les tée aux seulesîle-de-France zones orange ; leurs correspondantes ; arguments développés dans son re- - soit, profiter de ce jugement pour - un zonage jaune spécifique a été créé cours. Ce dernier met ainsi en avant modifier d’autres points du règle- pour les secteurs identifiés comme des points relatifs au déroulement de ment qui soulevaient des difficultés devant accueillir des équipements l’enquête publique, des arguments de d’application du PPRI. ou activités d’intérêt général con - forme tels qu’une lisibilité insuffisante La deuxième solution supposait une traints à s’établir à proximité de la des documents graphiques, des contes- reprise de l’ensemble du PPRI et ris- rivière : deux zones orange ont ainsi tations ponctuelles de zonage, des quait par là de prendre un temps été en totalité reclassées en jaune et arguments d’ordre hydrogéologique excessif. Afin de limiter la durée de huit partiellement.

60 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 L’objectif de la création de ce nouveau nettement plus restreint, 10 au lieu de La situation aujourd’hui zonage était en particulier de permet- 39, le type d’aménagements autorisés tre les extensions de station d’épura- est strictement conditionné par l’in- Les perspectives tion actuellement localisées en zone térêt général pour éviter tout risque d’une nouvelle révision inondable, ce que ne permettait pas le de dérive ; enfin, les conditions de du PPRIVO règlement de la zone verte, et de per- compensation des volumes soustraits Conformément aux engagements du mettre les aménagements conditionnés à l’inondation sont très rigoureuses. préfet de l’époque, la DDE a mis en par l’usage de la voie d’eau ou par La compensation doit ainsi se faire place, début 2004, un groupe de travail l’existence d’une plate-forme multi- selon un volume au moins égal à deux chargé de réfléchir aux conditions modale. La réalisation de ces aména- pour un et à superficie au moins équi- d’une révision totale du PPRIVO et gements reste dans ce cas conditionnée valente, en ne prenant en compte que de faire des propositions en ce sens. par une amélioration des conditions les seuls volumes compensés au-dessus Composé principalement des services d’écoulement ou de stockage de la de la cote de la retenue normale. de l’État et des collectivités concer- crue, avec une obligation de surcom- Le reclassement des anciennes zones nées, parmi lesquelles le Conseil géné- pensation des remblais. orange s’est fait sans difficulté parti- ral et l’Entente Oise-Aisne, ce groupe L’esprit qui a présidé à la création de culière, en liaison avec les communes s’est ensuite élargi au monde associa- ces zones jaunes a été le même que concernées : ni les élus, ni les riverains, tif. Il s’est réuni à quatre reprises au pour les zones orange, avec quelques ni les associations n’ont contesté ou cours du premier semestre 2004 et a importantes différences dans la mise réellement critiqué les conditions de remis ses conclusions au préfet en fin en œuvre toutefois : outre un nombre révision partielle du PPRIVO. d’année.

Carte de zonage du PPRI de la vallée de l’Oise

© IAU île-de-France

La réglementation au service de l’aménagement 61 Il s’est fixé comme orientation de des obligations de moyens : dans cet Les actions sur l’Oise amont : revoir les prescriptions dont l’usage a esprit, des extensions de bâtiments les zones de surstockage montré qu’elles posaient des difficul- existants (vérandas par exemple) de l’Entente Oise-Aisne tés d’application, d’apporter de la sou- pourraient sous certaines conditions En même temps que se déroule la plesse dans certaines d’entre elles qui se faire au niveau du terrain naturel réflexion sur l’éventuelle mise en révi- sont apparues inutilement rigides et si toutes les dispositions sont prises sion du PPRI, l’Entente interdéparte- de remédier aux quelques incohéren- pour que la construction supporte mentale pour la protection contre les ces du PPRI actuel en termes de sans dommages une inondation ; inondations de l’Oise, de l’Aisne, de zonage, sans toutefois revenir sur les - supprimer la règle inutilement con- l’Aire et de leurs affluents poursuit l’é- principes de délimitation des diffé- traignante relative à l’implantation laboration et la mise en œuvre de son rentes zones et de définition de la zone de la façade des nouvelles construc- programme visant au ralentissement inondable. tions à moins de 6 mètres d’une voie ; dynamique et à l’écrêtage des crues Il faut d’ailleurs souligner la position - assouplir l’interdiction des assainis- par la création de zones de sur- particulièrement responsable du sements autonomes pour prendre stockage. groupe dans son ensemble : non seu- en compte le fait que le fonctionne- Ce programme particulièrement origi- lement, il ne cède pas à la tentation du ment des réseaux d’assainissement nal et ambitieux vise à terme à créer ou laxisme qui consisterait à alléger les est également perturbé lors d’une recréer, sur plusieurs sites répartis sur contraintes qui freinent l’urbanisation inondation ; l’amont du bassin versant de l’Oise ou en zone inondable voire à remettre en - renforcer l’interdiction des remblais ; de l’Aisne, des zones capables de stoc- cause les grands principes du PPRI, - permettre explicitement la recons- ker temporairement des volumes d’eau mais encore il demande sur certains truction des bâtiments ; qui viendront en déduction des volumes points à les renforcer. C’est le cas des - autoriser les parkings souterrains charriés lors de la pointe de crue. remblais dont il propose l’interdiction pour les immeubles collectifs sous Trois projets sont déjà bien avancés : le pure et simple, sans l’exception qui réserve qu’ils soient inondables lors principe de leur réalisation est d’ores et existe actuellement pour l’emprise des des crues importantes et moyennant déjà arrêté et les financements cor- maisons et de leurs accès. les précautions nécessaires pour en respondants sont mis en place. Le pro- La question des reclassements ponc- assurer la sécurité. gramme correspondant a d’ailleurs été tuels proposés est quant à elle plus Le seul changement proposé qui va un jugé exemplaire et retenu dans le cadre délicate. Le problème se pose en par- peu plus loin qu’une adaptation des de l’appel à projets de prévention des ticulier dans certaines communes où règles actuelles consiste en l’instaura- inondations lancé en octobre 2002 par des terrains avaient été classés en bleu tion d’un zonage tampon qui pourrait le ministère chargé de l’environnement. malgré un aléa qui aurait dû les desti- contenir les terrains non directement Il pourra ainsi bénéficier d’un finan- ner à un classement en zone rouge, exposés à la crue de référence, mais cement privilégié de la part de l’État. avec une hauteur d’eau nettement soumis à des risques d’inondation par Les aménagements prévus dans ce cadre supérieure à 1 mètre en cas de crue. remontée de la nappe phréatique. Les font appel à des techniques variées. Malgré le caractère limité en nombre prescriptions correspondantes envisa- Celui de Longueil-Sainte-Marie (60) comme en superficie des secteurs en gées seront très légères, limitées à une consiste à établir une connexion entre question, les propositions de reclasse- obligation de construire le premier la rivière et d’anciennes gravières et à ment rencontrent sur deux commu- plancher utile à PHEC(2)+ 50 cm, équiper celles-ci de vannes afin de per- nes une opposition déclarée des élus et comme dans le reste des zones du PPRI mettre une vidange partielle des plans de certaines associations de riverains. et à une réglementation des sous-sols. d’eau avant l’arrivée de la crue, suivie La réflexion en cours© s’oriente IAU vers des Ce nouveau île-de-France zonage permettra d’évi- d’un remplissage au moment le plus propositions de modification qui peu- ter un effet de seuil qui, lors d’une crue efficace lors de la pointe de crue. Celui vent apparaître marginales ou en tout légèrement supérieure à la crue de réfé- de Proisy (02) consiste à surélever d’un cas non fondamentales, mais qui per- rence, amènerait à la situation para- peu plus de 2 mètres une route trans- mettront une application plus simple doxale que les bâtiments récents cons- versale à la vallée et à l’équiper d’un cla- des prescriptions du PPRI sans en truits en zone bleue auraient été hors pet automatisé, avec pour conséquence dénaturer l’esprit : d’eau alors que ceux qui sont en limite (2) PHEC : cote des plus hautes eaux connues. - privilégier lorsque c’est possible des et donc en zone blanche auraient eu Pour le PPRIVO, la PHEC correspond à la crue obligations de résultats par rapport à les pieds dans l’eau. de 1926.

62 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 un stockage d’eau par inondation tem- Le PPRI s’impose que les élus sont plutôt soulagés d’une poraire de 230 hectares de prairies progressivement situation qui veut que la contrainte situées en amont. À Montmacq (60), soit imposée par l’État, ils sont dans l’aménagement prendra la forme d’un dans les faits l’ensemble indéniablement conscients canal de dérivation qui permettra de et dans les esprits de l’urgence et de la nécessité d’en- dériver une partie du flot de la crue vers cadrer strictement les aménagements une cuvette de stockage située en dehors Voilà donc dix ans que le plan de pré- en zone inondable. Très conscients du lit majeur. vention des risques d’inondation dans également de leur propre responsa- Le projet de Longueil-Sainte-Marie est la vallée de l’Oise «vit sa vie», depuis bilité dans le cas où une crue met- le plus avancé, puisque l’enquête que le préfet du Val-d’Oise a prescrit trait en lumière la délivrance insuffi- publique avant travaux s’est déroulée l’élaboration d’un PER en juillet 1994. samment réfléchie d’un permis de au printemps 2004. C’est aussi celui Dix ans, si l’on inclut les quatre années construire en zone inondable, ils ne qui devrait avoir l’effet le plus nota- qui ont précédé sa naissance, qu’il remettent pas en cause l’intérêt d’un ble sur les crues. On estime ainsi que, mène une existence un peu mouve- PPRI. pour un investissement de 8,5 M € et mentée, parsemée d’épreuves, dont il Le climat de sérénité dans lequel s’est une capacité de surstockage égale à a cependant su tirer profit pour sortir déroulée la réflexion sur la révision du une quinzaine de millions de mètres renforcé. Dix ans qu’il a imprimé sa PPRI et les positions volontaristes de cubes, le coût des dommages évités marque dans le paysage, dans l’amé- nombre d’élus sur cette question sont pour une crue équivalente à celle de nagement et dans les esprits des élus de ce point de vue remarquables. 1995 serait de 20 M € grâce à la baisse comme des citoyens. L’ancienneté de la mise en discussion prévue de 15 cm lors de la pointe de Même si certaines difficultés ou du dossier d’une part, l’arrivée de trois crue. incompréhensions subsistent encore fortes crues en moins de dix ans d’au- Cet ambitieux programme n’a pu voir ça ou là quand un projet d’aména- tre part, conjuguées au lancement par le jour que grâce à l’existence d’une gement se heurte à l’intransigeance l’Entente Oise-Aisne d’aménagements structure ayant légitimité pour tra- du PPRI, ces problèmes restent ponc- destinés à limiter la gravité des crues, vailler à l’échelle de l’ensemble du bas- tuels ; le message de la nécessité et de ne sont sûrement pas étrangères à un sin et grâce à l’ouverture d’esprit des la légitimité des règles qu’il édicte est tel contexte favorable. C’est une situa- collectivités partie prenantes, les con - dans l’ensemble maintenant bien assi- tion que bien des départements voi- seils généraux concernés pour l’es- milé et partagé par tous. Outre le fait sins nous envient. sentiel. Il s’appuie sur un message de nécessaire solidarité entre l’amont et l’aval du bassin, message qu’il n’est pas toujours facile de faire passer lorsque les collectivités situées en amont doi- vent accepter de payer pour des inves- tissements dont l’objet est de limiter les dommages des crues à l’aval. Cette soli- darité ne peut s’instaurer durablement que si, en contrepartie, les riverains de l’aval acceptent les contraintes qui découlent du PPRI en matière de limi- tation© de l’occupation IAU des zones inon- île-de-France dables : les populations situées en amont ne pourraient en effet pas accepter que le gain obtenu en termes de limitation de la hauteur des crues par surinondation de terrains chez eux soit mis à profit pour réaliser des amé- © Guiho/Dreif nagements inconsidérés sur des ter- Le PPRI de la vallée de l’Oise s’impose progressivement et imprime sa marque rains inondables en aval. dans le paysage.

La réglementation au service de l’aménagement 63 © J.-G. Jules/AERIAL/Iaurif La mise en œuvre d’un PPRI : l’exemple du Val-de-Marne

Daniel Vannier(1) Floriane Tremey Implementing a Flooding Jean-Pierre Mélé DDE du Val-de-Marne Risk Prevention Plan (PPRI): the example of the Val-de-Marne Department

The identity of the Val-de-Marne département is profoundly L ’ identité du Val-de-Marne est profondément marquée marked by the presence par la présence de la Seine et de la Marne. Ce territoire, fortement of the Rivers Seine and Marne. This area, which is highly urbanisé, a été régulièrement confronté au risque d’inondation urbanised, has, throughout its au cours de son histoire et vit sous la menace d’une nouvelle crue history, regularly been confronted majeure qui pourrait avoir des conséquences sur la vie with the risk of flooding, and des habitants, sur les activités économiques et sur le fonctionnement it lives under the threat of another major flood that could have des services publics. consequences on the lives L’élaboration du PPR Inondation a fait l’objet d’une large of residents, on the economic concertation avant son approbation en juillet 2000. Sa mise activities, and on operation of ©the public services.IAUen révision île-de-France en 2003 devrait permettre d’ajuster les prescriptions The PPRI was developed sur certaines zones et de le mettre en cohérence avec d’autres PPRI with broad consultation before de la région Île-de-France. being approved in July 2000. Its revision in 2003 should make it possible to adjust the recommendations in certain zones and to make it consistent with other PPRIs of the Paris Ile-de-France Region. (1) Ingénieur des TPE chargé du Pôle environnement et prévention des risques.

6464 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 économique, ces cours d’eau peu- connues, établi sur la base des crues Le Val-de-Marne, vent aussi être à l’origine d’événe- historiques des principaux cours d’eau «le département ments naturels catastrophiques. – crue de la Seine et de la Marne en Les inondations de la Seine et de la 1910 en l’occurrence – et publié par la de l’eau» Marne constituent en effet le principal DIREN, permet de mesurer les enjeux risque naturel auquel est confronté le à l’échel le du département : Le Val-de-Marne se caractérise par territoire du Val-de-Marne. • La zone exposée aux plus hautes une forte présence de l’eau et par l’im- Au cours du XXe siècle, la Seine a connu eaux connues (PHEC) couvre près portance de son réseau hydrogra- plusieurs crues qui ont marqué la de 5 400 hectares, soit près de 22,1 % phique. La Seine, qui traverse le mémoire comme celle de 1910, la plus du territoire départemental. Plus de département sur 15 km, et l’un de ses importante, mais aussi en 1924, 1955 la moitié des communes (24 sur 47) principaux affluents – la Marne sur ou 1982. sont touchées ; la zone inondable 23 km – ont leur confluence au cœur L’extension de la zone inondable et son couvre au total plus du tiers du ter- du département. Ces deux cours d’eau niveau d’urbanisation – sans commune ritoire des communes directement fondent et structurent l’identité de ce mesure avec celui de 1910 et de 1955 – exposées, mais certaines sont concer- territoire. font aujourd’hui du Val-de-Marne l’un nées à plus de 60 % (Alfortville, Éléments de valorisation du cadre des départements les plus exposés de Ablon-sur-Seine, Choisy-le-Roi, de vie et des loisirs, atouts touris- l’Île-de-France. L’exploitation des don- Joinville-le-Pont, Ivry-sur-Seine, tiques, supports de développement nées de l’atlas des plus hautes eaux Villeneuve-Saint-Georges …).

Densité des populations exposées aux PHEC

© IAU île-de-France

La réglementation au service de l’aménagement 65 • La zone inondable est urbanisée et Vallée de la Seine, ferroviaires est d’urbanisation relati- construite (habitats, activités, équi- vallée de la Marne : vement récente, dominée par les acti- pements, infrastructures) à plus de des réalités différentes vités industrielles en rive gauche et 90 %. La vallée de la Seine occupe une bande de l’habitat en rive droite. Cette zone • Près de 256 400 habitants sont direc- alluviale de 2 à 8 km de largeur de part est fortement exposée au risque inon- tement menacées par les inonda- et d’autre du fleuve qui mesure 250 m dation. Si dans la partie nord du tions dans ce département (20,7 % de large. Cette plaine alluviale se dé- département, en périphérie de la capi- de la population départementale) ; ploie entre deux «verrous» : au nord, tale, les berges du fleuve sont protégées environ 116 000 logements sont les plateaux de Vincennes et d’Ivry, au par des ouvrages linéaires (murettes potentiellement exposés (dont 60 % sud, le resserrement de Villeneuve- anti-crue) à la cote de la crue de 1924 dans de l’habitat collectif). Saint-Georges. Le paysage dissymé- + 20 cm ; le secteur sud est en revan- • Historiquement implantées sur les trique oppose la rive gauche, plaine che moins bien protégé. berges, les activités économiques longitudinale, délimitée par le plateau, Les faisceaux ferrés protègent les seraient également fortement tou- et la rive droite, plus plane et plus large, zones situées en dehors de l’entre- chées par une crue majeure ; parmi qui s’étend jusqu’au plateau du Mont deux ferroviaire d’une crue de même les entreprises employant plus de 10 Mesly (Créteil). ampleur que celles qui se sont pro- salariés, plus de 1 320 établissements Les voies ferrées Paris-Austerlitz en duites en 1924 ou 1955, même si des totalisant près de 76 000 emplois rive gauche et Paris-Lyon en rive remontées de nappes ou par les sont aujourd’hui implantés dans la droite structurent la vallée de la Seine. réseaux d’assainissement ne doivent zone inondable. L’espace entre ces deux faisceaux pas être exclues. Pour une crue de

Carte d’aléas inondations de la Seine et de la Marne dans le Val-de-Marne

© IAU île-de-France

66 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 type 1910, les voies ferrées sont sub- une écluse pour rejoindre le Port de cours d’eau du bassin versant. Le phé- mergées en plusieurs endroits et la Bonneuil-sur-Marne. Située dans l’é- nomène est amplifié par l’imperméa- crue peut s’étendre au-delà. cluse, une vanne-secteur permet de bilisation des sols. En dehors de l’entre-deux ferroviaire, réguler le débit dérivé dans le tunnel et Pour un épisode pluvieux affectant la rive droite est une plaine basse et participe ainsi à la lutte contre les l’ensemble du bassin, l’onde de crue étendue, la crue se diffuse sur le terri- crues, permettant d’assurer un meil - en provenance de l’Yonne, en région toire, jusqu’à 3 km du lit mineur, tan- leur écoulement des eaux notamment Île-de-France, précède de trois à six dis qu’en rive gauche, l’expansion de la pour les crues intermédiaires. Des étu- jours celles qui résultent de la Seine et crue est limitée par un plateau parfois des sont en cours, par le Service de la de la Marne. Ainsi, une crue double très proche comme à Choisy-le-Roi ou, navigation de la Seine (SNS), pour correspondant à deux épisodes plu- au plus, jusqu’à 1 km du lit du fleuve. mesurer l’intérêt et l’impact de cet vieux dans le même intervalle entraîne La vallée de la Marne est beaucoup ouvrage en cas de crue de type 1910. un risque important. La crue de 1910 plus encaissée que celle de la Seine ; le à Paris correspond à la conjonction relief des plateaux limite rapidement Crue majeure, une conjonction des trois ondes, d’une crue centennale l’extension des crues sauf au sud de de plusieurs facteurs sur la Seine amont, d’une crue de Saint-Maur-des-Fossés et de Bonneuil- Les crues de la Seine et de la Marne période de retour de 150 ans sur sur-Marne où l’on retrouve la plaine de trouvent leur origine dans la répar - l’Yonne et de 60 ans sur la Marne. Les Créteil. tition de fortes précipitations sur tout crues de 1924 et 1955 correspondent Le tissu urbain est dense, résidentiel l’amont du bassin de la Seine à la conjonction d’ondes de crue de et relativement homogène, essentiel- (44 000 km2). Ce bassin se décom- période de retour variant de 20 ans à lement constitué d’habitat pavillon - pose en trois sous-bassins versants : 50 ans. naire avec la présence parfois d’activi - - l’Yonne, l’Armançon et le Serein ; Les inondations dues à la Seine et à tés artisanales et de petits ensembles - la Haute-Marne ; la Marne sont des phénomènes lents. collectifs. Quelques grandes emprises - la Haute-Seine et l’Aube. Ainsi, en janvier 1910, la montée de la d’activités fonctionnellement liées à Les inondations sont directement Seine est de l’ordre de 1 mètre en 24 la rivière sont toutefois présentes : usi- liées(2) à plusieurs facteurs : heures. Les vies humaines ne sont pas nes d’eau potable et surtout le port - l’importance des pluies tombées sur directement menacées sauf en cas de fluvial de Bonneuil-sur-Marne, vaste le bassin versant ; rupture d’ouvrages de protection plate-forme multimodale, propriété - l’imperméabilisation naturelle, tem- (digues, murets) entraînant des mon- du Port autonome de Paris (PAP), qui poraire (saturation des sols, gel) ou tées d’eau localisées, mais rapides. Ces accueille de nombreuses entreprises. artificielle des sols ; inondations occasionneraient néan- Sur le plan hydraulique, la boucle - la disparition des zones humides et moins des dommages matériels im- de Saint-Maur-des-Fossés, dont les le drainage des sols. portants, liés à la hauteur d’eau et à la eaux sont dérivées par le tunnel de L’importance de la crue est déterminée (2) D’après les travaux du colloque sur les inon- Joinville-le-Pont, n’est pas navigable ; par l’arrivée plus ou moins simulta- dations en Île-de-France organisé par la Société les péniches empruntent ce tunnel et née des différentes ondes de crues des française d’hydraulique en octobre 1997. © IAU île-de-France © Collection particulière/Iaurif © Collection particulière/Iaurif Les inondations dues à la Seine et à la Marne sont des phénomènes lents. La crue de 1910, d’occurrence centennale, est suffisamment récente pour être bien connue. Ainsi, en janvier 1910, la montée de la Seine est de l’ordre de 1 mètre en 24 heures.

La réglementation au service de l’aménagement 67 durée de submersion. Elles entraîne- - préserver les capacités d’écoulement b.Le niveau d’urbanisation et les raient des gênes considérables pour et d’expansion des crues pour ne pas enjeux urbains. la vie des habitants, les activités éco- aggraver les risques pour les zones L’élaboration du PPRI a ainsi été nomiques et le fonctionnement des situées en amont et en aval. menée en plusieurs étapes, sur une services publics. Dans le Val-de-Marne, ces principes période d’un peu plus de deux ans : ont dû toutefois être pondérés avec - évaluation des aléas ; l’existence d’une urbanisation impor- - évaluation des enjeux ; Le PPRI de la Marne tante en zone inondable. Ces zones - élaboration du zonage réglementaire et de la Seine fortement urbanisées, exposées à des par confrontation des aléas et des risques occasionnels mais bien réels, ne enjeux et élaboration du règlement ; L’élaboration du PPR Inondation de la pouvaient néanmoins être menacées - concertation avec les élus et les Marne et de la Seine dans le départe- de dépérissement par des mesures de différents acteurs de l’État et des ment du Val-de-Marne a été prescrite protection inadéquates. collectivités ; par arrêté préfectoral du 20 avril 1998 Pour respecter ces exigences contra- - enquête publique et communica- et concerne 24 communes. S’il ne dictoires, les zones inondables ont été tion. constitue pas le premier PPRI réparties par le croisement de deux approu vé en Île-de-France, il est familles de critères : Les éléments cartographiques en revanche le premier document éla- a. L’intensité du risque estimée à par- L’évaluation des aléas boré en proche couronne, dans l’agglo- tir de la hauteur d’eau. En effet, une Conformément aux textes et à la juris - mération parisienne, où se concentrent hauteur d’eau de 1 mètre correspond prudence, le PPR Inondation du Val- les enjeux humains et économiques. à la hauteur limite contre laquelle il de-Marne s’appuie sur une inonda- est encore possible de se protéger et tion réelle, bien connue et reporte les La crue de 1910 pour laquelle le danger pour les vies hauteurs d’eau maximales (plus hau- comme crue de référence humaines est encore faible, mais pas tes eaux connues) atteintes, sur le ter- Les crues de 1658 (8,96 m à Paris, inexistant. Les hauteurs de submer- rain actuel. pont d’Austerlitz), 1910 (8,62 m) et sions supérieures à 1 mètre condui- Les cotes utilisées sont issues des tra- 1740 (8,05 m) sont les trois derniè- sent nécessairement à des mesures vaux de la Direction régionale de l’en- res crues les plus importantes enre- de protection plus fortes. vironnement (DIREN) d’Île-de-France gistrées à Paris et classées par ordre décroissant de hauteur de submer- Communes concernées sion maximale. par le PPRI de la Marne La crue de 1910, d’occurrence cen- et de la Seine tennale, est suffisamment récente pour être bien connue. Sa ligne d’eau est retenue comme niveau de la crue de référence, en application de la circu- laire interministérielle du 24 avril 1996(3). L’élaboration du PPR Inondation de la Marne et de la Seine a été guidée par trois objectifs généraux, édictés par la circulaire du 24 janvier© 1994 (4)IAUet repris île-de-France par la circulaire du 24 avril 1996 : - interdire les implantations humaines dans les zones les plus dan gereuses où, quels que soient les aménage- ments, la sécurité des personnes ne peut être garantie intégralement ; - les limiter dans les autres zones inondables ;

68 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 d’après des relevés des cotes d’eau Carte du relevé altimétrique atteintes lors de la crue de 1910 aux droits d’ouvrages singuliers sur la Marne et la Seine. La topographie des terrains inondables a été actualisée en 1998 par un levé topographique sur toute la zone d’étude avec une densité de un point de niveau tous les 20 m et sur un fond de plan au 1/2 000 (datant de 1993 à 1998). Les cartes d’aléas résultent du report de la ligne d’eau (PHEC) sur le ter- rain actuel. Trois niveaux d’aléas sont définis : - les aléas très forts, correspondant à des hauteurs de submersion supé- rieures à 2 mètres ; - les aléas forts, correspondant à des hauteurs de submersion comprises entre 2 mètres et 1 mètre ; - les autres aléas, correspondant à des hauteurs de submersion inférieures à 1 mètre.

L’évaluation des enjeux La topographie des terrains inondables a été actualisée L’analyse des enjeux vise à identifier les en 1998 par un relevé topographique sur toute la zone d’étude Source : DDE 94 zones les plus urbanisées à partir de avec une densité de un point de niveau tous les 20 m et sur un fond critères telles que la densité de popu- de plan (datant de 1993 à 1998). lation, la continuité des zones urbai- Projection des PHEC sur la topographie actuelle nes et l’activité économique. Le ter- ritoire de chaque commune a ainsi été étudié pour déterminer une typologie de l’occupation des sols(5) : - les centres urbains, caractérisés par une continuité et une forte densité du bâti, par une pratique historique

liée à la présence d’activités et de Source : DDE 94 services ; - les zones urbaines denses, ayant les de la région Île-de-France, déclinés (3) Circulaire du 24 avril 1996 relative aux mêmes caractéristiques que les cen- dans le projet «Seine-Amont 2015» et dispositions applicables au bâti et ouvrages existants en zones inondables. tres urbains, mais dont l’urbanisa- dans les contrats de développement (4) Circulaire du 24 janvier 1994 relative à la tion© est plus récenteIAU ; île-de-Franceurbain signés entre les communes et prévention des inondations et à la gestion des zones inondables. - les autres espaces urbanisés sur les- l’État ont également été pris en compte. (5) Ces notions sont définies dans la circulaire quels la densité d’occupation des Il s’agit en particulier du secteur de la interministérielle du 24 avril 1996 relative aux sols est plus faible ; gare de triage de Villeneuve-Saint- dispositions applicables au bâti et ouvrages exis- tants en zone inondable ; elles sont reprises dans - les espaces naturels et de loisirs, à Georges, du Val Pompadour (projet le rapport sur la prévention du risque inonda- préserver pour l’expansion des crues. de pôle multimodal), des zones indus- tion dans la région Île-de-France réalisé par la Des sites stratégiques (secteurs en trielles des Carelles et des Vœux-Saint- DREIF et la DIREN à la demande du Préfet de Région. Ce rapport est notamment complété mutation, friches industrielles ou Georges (Villeneuve-le-Roi), ou encore par une lettre du 5 février 1998 des ministères urbaines…) issus du schéma directeur à Choisy-le-Roi de la ZAC du Port… de l’environ nement et de l’équi pement.

La réglementation au service de l’aménagement 69 Le zonage réglementaire • zone violet foncé pour les zones • Deux zones provisoires (rouge Le croisement des zones d’aléas et des situées en aléas forts ou très forts, hachu ré orange et orange hachuré zones d’enjeux a permis de cartogra- • zone violet clair pour les zones rouge), ont été définies dans l’at- phier la vulnérabilité des territoires. situées en autres aléas. ten te des résultats d’études hydrau- Les zonages réglementaires issus de - les zones orange qui correspon- liques complémentaires à réaliser cette confrontation comprennent au dent aux autres espaces urbanisés avant le 31 décembre 2002. Les total neuf zones : déclinées en : zones hachurées (orange et rouge) • Sept zones définies en fonction de la • zone orange foncé pour les zones corres pondent aux zones de grand typologie des enjeux : situées en aléas forts ou très forts, écoulement significa tivement - la zone bleue qui correspond aux • zone orange clair en autres aléas. urbanisées (les îles situées sensi- centres urbains où les contrain- - la zone verte qui correspond aux blement dans l’axe de la rivière et tes sont réduites. espaces naturels ou de loisirs. les berges particulièrement expo- - les zones violettes qui corespon- - la zone rouge qui correspond aux sées à des inondations très fré- dent aux zones urbaines denses zones de grand écoulement pas quentes sont en zone rouge hachu- déclinées en : ou peu urbanisées. rée orange ; la zone orange hachurée rouge correspond aux Extraits du PPRI sur la commune d’Ivry-sur-Seine (94) : carte d’aléas… autres îles et aux autres berges). Ce zonage qui peut paraître complexe – au regard du nombre de zones et en comparaison avec d’autres PPRI approuvés en Île-de-France – est aussi le reflet de la réalité de ce territoire fortement urbanisé au cours du XXe siècle et densément peuplé, très diver- sifié, voire hétéroclite, pouvant accueil - lir dans certains secteurs un patri- moine de grande qualité comme les zones résidentielles des bords de Marne, et dans d’autres un paysage urbain industriel avec notamment la présence de friches liées à la période récente de la désin dustrialisation.

Source : DDE 94 Le règlement … et carte des zonages réglementaires Les principes généraux La prise en compte des risques et l’a- nalyse des enjeux urbains ont conduit à définir cinq principes directeurs pour le PPRI : • 1er principe : ne pas augmenter significativement le nombre d’habi- © IAU île-de-Francetants dans les zones inondables sou- mises aux aléas forts et très forts. • 2e principe : réglementer strictement les établissements sensibles qui accueillent de façon permanente des personnes non valides, des malades, des personnes âgées ou des enfants dans les zones inondables soumises Source : DDE 94 aux aléas forts et très forts.

70 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Synthèse des principes de prescriptions hors zone de grand écoulement et hors zone verte Nature du projet Zone bleue Zones violettes Zones orange Équipements sensibles 1er plancher > PHEC garantir le fonctionnement Activités/équipements niveau du terrain naturel niveau du terrain naturel ou de la voirie ou de la voirie emprise au sol < 60 % en zone foncée Habitations nouvelles règle du «duplex» règle du «duplex» 1er plancher > PHEC emprise en secteur diffus emprise au sol < 40 % en zone foncée au sol < 40 % en zone foncée Habitations nouvelles règle du «duplex» 1er plancher > PHEC Possibles en site stratégique en grandes opérations emprise au sol < 50 % 1er plancher > PHEC emprise au sol < 50 % étude hydraulique et mesures étude hydraulique et mesures compensatoires en zone foncée compensatoires en zone foncée Extensions d’habitations règle du «duplex» règle du «duplex» possibilité d’extension limitée sous la cote 1924 possibilité d’ext. limitée sous la cote 1924 + 20 cm pour les habitations individuelles + 20 cm pour les habitations individuelles Emprise au sol < 40 % en zone foncée Changement de destination un plancher par logement > PHEC pour un usage d’habitation Opérations mixtes la règle applicable est celle correspondant à l’usage des planchers

• 3e principe : ne pas dégrader les Par ailleurs, les équipements destinés Les règles d’urbanisme conditions d’écoulement et d’ex- à accueillir des activités liées à la fonc- L’application des cinq principes cités pansion des crues. L’augmentation tion portuaire et logistique (plates- ci-dessus, conduit, suivant les zones, à de l’emprise au sol préjudiciable aux formes logistiques portuaires, ports définir des prescriptions particulières capacités d’expansion et de stockage de stockage-distribution, escales et ports qui portent notamment sur : de la crue doit être contrôlée ainsi de plaisance…) constituent des cas par- - la nature des constructions ; que les dispositions d’implantation ticuliers aux règles du PPRI. En effet, ces - les opérations de constructions nou- des bâtiments. Des mesures com- infrastructures ne peuvent être situées velles et d’extension de bâtiments pensatoires devront être prévues, qu’en bordure du fleuve, emplacement existants ; notamment dans le cas d’opérations qui est par nature en zone inondable. - l’emprise au sol des bâtiments à de restructuration de quartiers ou Cependant, pour être autorisés, ces pro- construire afin de préserver l’écou- d’opérations de grande ampleur. jets devront être accompagnés de la lement et l’expansion des eaux ; • 4e principe : mettre les surfaces mise en œuvre de mesures compensa- - la cote de niveau du premier plan- habitables des constructions nou- toires de façon à ce qu’ils soient sans cher habitable par rapport à la crue velles hors d’eau par rapport à la impact sur les capacités d’écoulement cinquantennale (1924 + 20 cm) et à crue de référence. Toutefois, dans et d’expansion des crues. la crue centennale (PHEC). certains cas, des surfaces habitables Le règlement évoque successive ment Le règlement est progressif selon les situées en dessous de la cote de la les règles d’urbanisme, les règles zones et les niveaux d’aléas. Ainsi, en crue de 1910 (mais en tout état de de construction, les prescriptions zone bleue, les contraintes de règle- cause supérieure à celle de la crue d’aménagement et les prescriptions ment sont relativement réduites et tou- de 1924 + 20 cm) pourront être sur les biens et activités existantes, tes les constructions sont autorisées admises à condition qu’il existe, des recommandations. sous réserves de prescriptions visant pour chaque logement, un niveau Schéma de principe de la règle du «duplex» habitable situé au-dessus de la cote de la crue de 1910 (règle dite du «duplex»).© IAU île-de-France • 5e principe : tolérer pour les activi- tés économiques et les établisse- ments non sensibles le niveau de PHEC plancher fonctionnel sous le niveau de la crue de référence sous réserve crue de 1924 +20 cm du respect de prescriptions particu- talus lières pour des éléments pouvant terrain naturel entraîner des risques. Sources : DDE 94

La réglementation au service de l’aménagement 71 à éviter les risques pour la vie hu - Dans les zones de grand écoulement, • Dans la zone verte, seuls les bâti- maine : les nouvelles constructions les principales prescriptions sont les ments liés au fonctionnement des sont autorisées s’il existe un niveau suivantes : installations sportives et de loisirs refuge dans chaque logement. En zone • Dans la zone rouge, toute construction sont autorisés ; les planchers habi- orange, seule la construction en dif- est interdite à l’exception d’extensions tables doivent être situés au-dessus fus est autorisée. limitées à 20 m2 pour l’amé lioration de la cote des PHEC. Le règlement introduit également une de l’hygiène des locaux. Les cons- règle dite du «duplex» qui permet, tructions liées à l’activité fluviale sont Réduire la vulnérabilité notamment en centre urbain et en toutefois autorisées. Au-delà de la réglementation pour les zone urbaine dense, un plancher habi- • Dans la zone rouge hachurée orange, installations nouvelles, un certain table sous la cote des PHEC, mais au- le règlement est identique à celui de nombre de règles et de prescriptions dessus de la crue de 1924 + 20 cm à la zone rouge à la différence près ont été émises, communes à toutes les condition qu’il existe dans chaque que la reconstruction après sinistre zones inondables et applicables notam- logement, un niveau complet habita- y est autorisée sous conditions. ment aux biens déjà existants, pour ble (SHON supérieure à 30 % de la • Dans la zone orange hachurée rouge, des raisons de sécurité et dans un SHON affectée à l’habitation) au-des- le règlement est identique à celui de objectif de réduction de la vulnérabi- sus de la cote des PHEC. la zone orange. lité et des dommages.

Les règles de construction et d’aménagement Les règles de construction Ces règles visent à assurer la pérennité des ouvrages et à permettre le fonc- tionnement durable des installations : - sous-sols inondables, stabilité des ouvrages, utilisation de matériaux EDF insensibles à l’eau ; - appareillages et réseaux de distri- GAZ bution de fluides hors d’eau ou confinés ; - prévoir une issue au-dessus du niveau des PHEC pour les cons- Construire le premier plancher habitable au- Choisir des matériaux insensibles à l’eau, tructions à usage d’habitation, dessus du niveau de l’inondation de 1924 surélever ou isoler les équipements, stocker pour faciliter l’évacuation des et réaliser un niveau refuge au-dessus du les biens à l’abri des inondations. personnes. niveau de l’inondation de 1910 (disposition applicable aux zones «bleue» et «violette»). Les prescriptions pour l’aménagement des terrains Ces prescriptions visent à conserver le champ d’expansion de la crue et les conditions d’écoulement ainsi qu’à protéger les infrastructures de trans - port de fluides : © IAU île-de-France- interdiction des endiguements ; - interdiction des remblais, sauf mesu- res compensatoires et, le cas échéant, étude hydraulique ; - obligation de mesures compensa- toires et études hydrauliques pour Source : DDE 94 les infrastructures de transports ; Prévoir les dispositifs de vidange Ne pas entraver les écoulements avec des pour réduire le temps d’exposition à l’eau aménagements ou des plantations qui - protection ou mise hors d’eau des et accélérer la remise en ordre. pourraient être gênants. réseaux ;

72 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Plusieurs associations de riverains, notamment des bords de Marne, se sont également fortement opposées au projet initial du PPRI, au principal motif d’une perte de valeur de leur propriété, liée notamment à la régle- mentation applicable à la zone rouge interdisant toute possibilité de recons- truction en cas de sinistre. Le projet finalisé de PPRI a été soumis à enquête publique du 2 mai au 31 mai 2000, accompagné de panneaux d’in- formation et d’un dossier mis en ligne, pour la première fois en Île-de-France, sur le site Internet de la préfecture. La © J.-G. Jules/AERIAL/Iaurif Après trois années d’application, la mise en révision du PPRI de la Marne commission d’enquête, composée de et de la Seine dans le Val-de-Marne devrait permettre d’ajuster les prescriptions trois commissaires enquêteurs, a émis sur certaines zones sensibles. le 26 juin 2000 un avis favorable assorti de recommandations (nécessité de - clôtures et plantations n’entravant • Les véhicules et engins mobiles mesures complémentaires de préven- pas l’écoulement des eaux ; parqués au niveau du terrain natu- tion, risques de dévalorisation du patri- - arrimage ou mise hors d’eau des rel doivent conserver leur mobi- moine…) et de réserves portant sur le citernes. lité pour une évacuation rapide. classement de certains secteurs (îles de Cette disposition est aussi prévue Les prescriptions pour les biens la Marne, zones de re-développement pour éviter le risque d’encombre- et activités existantes stratégique) ou l’impossibilité de ment qui réduirait les possibilités Les entreprises susceptibles d’entraîner reconstruire après sinistre dans les d’écoulement. des pollutions en cas d’inondation doi- zones rouges… vent prendre des mesures pour éviter Le préfet du Val-de-Marne a reçu les toute contamination du milieu natu- élus et associations qui ont souhaité rel en cas de crue. La concertation s’exprimer directement auprès de lui Il s’agit d’empêcher les produits dan- et l’enquête publique sur des modifications susceptibles gereux ou polluants de se disperser, d’être apportées au PPRI et concer- de protéger les matériaux et matériels L’élaboration du PPRI a fait l’objet nant pour l’essentiel l’interdiction de de la crue, de confiner ou de pouvoir d’une concertation importante auprès toute reconstruction après sinistre ou évacuer les objets susceptibles d’être des services des communes concer- aménagement en zone de grand écou- emportés par le courant et d’assurer nées et d’une concertation attentive lement. l’évacuation des véhicules. Le PPRI avec les services régionaux compétents, Un certain nombre de préconisations émet un certain nombre de recom- permettant de présenter aux élus un de la commission d’enquête et d’ob- mandations : projet finalisé en décembre 1999. Ce servations des conseils municipaux • Tout ce qui est sensible à l’humidité projet a ensuite été soumis à la déli- ont été prises en considération dans ou qui présente un risque de pollu- bération des conseils municipaux ; la le plan de prévention du risque inon- tion© doit être entreposéIAU ou déplacé île-de-Francemajorité d’entre eux a exprimé un avis dation que le préfet du Val-de-Marne au-dessus de la cote des plus hautes favorable, mais un tiers a formulé des a approuvé par arrêté du 28 juillet eaux connues (PHEC) ou sur un site réserves sur certains points ou a donné 2000 : hors d’atteinte, éventuellement pro- un avis défavorable, jugeant pour cer- • La définition de la zone «rouge» pro- tégé par des enceintes étanches. tains la réglementation complexe et prement dite, où constructions et • Les produits et matériaux suscepti- pas toujours adaptée, d’autres voyant reconstruction après sinistre sont bles d’être emportés par les flots doi- dans ce document un frein aux possi- interdites, a été limitée aux zones de vent être arrimés ou placés dans des bilités de développement économique grand écoulement en secteur peu ou enceintes closes. de leur territoire. pas urbanisé.

La réglementation au service de l’aménagement 73 La délimitation des zones de grand écoulement • Il a été retenu pour les zones de grand écoulement significativement De nombreux terrains, situés notamment dans les centres urbains, à proximité immédiate de la Seine ou de la Marne, ou encore sur les îles, se trouvent classés en urbanisées, en attendant le résultat aléas très forts du fait des hauteurs de submersion dépassant 1 mètre. De ce fait, d’études hydrauliques complémen- les conditions de constructibilité sur les terrains concernés dépendent très fortement taires, des prescriptions qui répon- des vitesses d’écoulement et des durées de submersion, d’où la nécessité de connaître dent à deux types de situations : celles-ci de façon précise et quantifiée. - Sur les îles situées sensiblement Prévue dès l’approbation du PPRI, l’étude permettant de délimiter précisément ces dans l’axe de la rivière ou sur des zones de grand écoulement a été confiée au bureau d’études «SAFEGE». Cette étude, engagée par la direction départementale de l’Équipement du Val-de- berges particulièrement exposées Marne, avait pour but de déterminer les vitesses d’écoulement et les durées de à des inondations très fréquentes, submersion de la crue de référence, en l’occurrence la crue de 1910, sur les lits mineurs la possibilité de reconstruction et majeurs de la Seine et de la Marne. après sinistre d’une surface équi- L’étude avait également pour objectif de signaler les secteurs soumis à des survitesses valente sous conditions (zones particulières. rouges hachurées orange). La modélisation hydraulique de la Seine et de la Marne a été calée sur trois crues représentatives : - Sur les autres îles et berges, (zones - la crue de référence : 1910, de retour 100 ans ; orange hachurées rouge), les mê- - la crue de 1924 de retour estimé à 50 ans environ ; mes règles que pour les zones d’au- - la crue de 1982, crue limite débordante, de retour estimé à 10 ans environ. tres espaces urbanisés (orange). Les résultats de cette étude ont montré que pour une crue de type 1910, les vitesses • Les zones concernées par la possi- en lit majeur restent le plus souvent faibles, de l’ordre de 0,2 m/s. Les vitesses les bilité de construire en duplex avec plus fortes sont constatées principalement dans les zones de transition des berges ou au pourtour des îles, ainsi que dans les îles non urbanisées. On notera également un niveau complet habitable situé que la moyenne des vitesses en lit mineur est : au-dessus de la cote des plus hautes - de 1,35 m/s pour la Seine, avec des variations eaux connues n’ont pas été étendues entre 0,7 m/s et 2,50 m/s ; et cette possibilité demeure restreinte - de 1,45 m/s pour la Marne, avec des variations aux centres urbains et zones urbai- entre 0,7 m/s et 3,00 m/s. nes denses. Par ailleurs, des zones de survitesse au droit de ponts ont été localisées.

Cartographie de la zone de grand écoulement (commune de Joinville-le-Pont – 94) Le PPRI mis en révision

Au regard des hauteurs d’eau et des vitesses d’écoulement appréhendées de façon précise et après une pré- sentation des résultats de l’étude «SAFEGE» aux élus, le préfet du Val- de-Marne a prescrit, par arrêté du 4 avril 2003, la révision du PPR Inondation de la Marne et de la Seine dans le département du Val-de- Marne. Cette révision devrait permettre, d’une © IAU île-de-Francepart, d’ajuster les prescriptions sur cer-

Source : DDE 94 taines zones sensibles, répondant ainsi vitesse inférieure à 2 m/s berges: zone de transition, vitesse fortes à la demande des élus, profitant vitesse comprise entre 0.2 m/s et 0.5 m/s zone de survitesse notamment du «retour d’expérience» vitesse comprise entre 0.5 m/s et 1.0 m/s limite communale de près de trois années d’application,

vitesse supérieure à 1.0 m/s et, d’autre part, de le situer en cohé- rence avec les autres PPR Inondation de la région Île-de-France.

74 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 © IGC/Versailles Les PPR mouvements de terrain : les interventions de l’IGC

Anne-Marie Leparmentier Max-André Delannoy Etienne Lebrun Inspection générale des carrières

La région parisienne est particulièrement exposée Land movements PPR : aux risques de mouvements de terrain liés à d’anciennes the actions of the IGC exploitations souterraines. La loi Barnier de 1995 a instauré un outil de prévention des risques naturels, le plan de prévention The Paris Region is particularly exposed to risks of land movements des risques naturels prévisibles. En appui technique aux directions due to disused underground départementales de l’Équipement, l’Inspection générale workings. The “Loi Barnier” Law des carrières peut intervenir pour élaborer la carte des aléas of 1995 instigated a natural risk prevention tool: the Foreseeable mouvements de terrain liés aux cavités souterraines et pour Natural Risk Prevention Plan. proposer des dispositions réglementaires. Pour l’IGC, des missions Offering technical support multiples où connaissance des phénomènes, collecte to the Departmental Directorates et diffusion de l’information sont étroitement liées. for Infrastructure, the Inspectorate- © IAU île-de-FranceGeneral for Quarries can act to make a map of the land movement hazards related to underground cavities, and to propose regulatory provisions. The IGC has multiple missions in which knowledge of the phenomena, collecting disseminating information are closely related.

La réglementation au service de l’aménagement 75 de prévention des risques naturels terrain liés aux cavités souterraines La région parisienne doit faire face prévisibles (PPR). Le risque carrière, et la proposition de dispositions aux risques de mouvements de terrain bien que relevant d’une activité réglementaires. liés à d’anciennes exploitations sou- anthropique antérieure, est consi- terraines ou à ciel ouvert de gypse, de déré par la loi comme un risque Calcaire Grossier ou de craie, mais naturel et entre donc dans le champ Le PPR : un document aussi à des cavités karstiques créées d’application des PPR «mouvements d’information naturellement par la dissolution du de terrain». gypse antéludien. En petite couronne, Les directions départementales de et de prévention sur le territoire de l’ancien départe- l’équipement sont généralement ment de la Seine, ces risques sont gérés désignées par les préfets comme ser- Enjeux et objectifs depuis 1777 par l’Inspection générale vices instructeurs de ces PPR. À leur L’objectif du PPR est de mettre en des carrières (IGC), service aujour- de mande et par le biais de conven- place des mesures de prévention, de d’hui rattaché à la Ville de Paris. tions, l’IGC peut alors intervenir, protection et de sauvegarde pour La loi Barnier de 1995 a instauré, en tant qu’expert technique, en garantir la sécurité publique des per- pour l’État, un outil ad hoc de pré- appui des DDE pour l’élaboration sonnes, biens et activités implantés sur vention des risques naturels : le plan de la carte des aléas mouvements de le territoire. Cela consiste, d’une part, à délimiter les zones exposées à des Les PPR risques souterrains en Île-de-France risques et celles où l’utilisation du sol En Île-de-France, plus de 300 communes sont exposées à des risques de mouvements pourrait aggraver ces risques, et d’au- de terrains liés à des anciennes carrières souterraines. La quasi-totalité des documents tre part, à les réglementer en limitant de prévention relatifs aux risques souterrains sont des périmètres de risques «carrières» ou en conditionnant leur constructi- pris au titre de l’ex-article R 111.3 du Code de l’urbanisme. bilité. Le PPR est un document d’in- En mars 2005, une vingtaine de communes disposent de Plans de prévention des risques «mouvements de terrains», élaborés dans le cadre de la loi Barnier de 1995 : formation et un outil de prévention, • En petite couronne, deux plans de prévention sont actuellement approuvés sur les mais ne peut apporter une solution à communes de Gagny et de Romainville en Seine-Saint-Denis, et un sur la commune tous les problèmes posés par les risques de Chaville, dans les Hauts-de-Seine. naturels. Son domaine d’intervention • En grande couronne, plusieurs documents ont également abouti : le PPR du Massif doit respecter les compétences des de l’Hautil qui concerne une dizaine de communes des Yvelines et du Val-d’Oise, communes et les responsabilités des les PPR de Pontoise, Soisy-sous-Montmorency et Gonesse dans le Val-d’Oise, de Annet-sur-Marne, Carnetin et Thorigny-sur-Marne en Seine-et-Marne. particuliers – d’après le code civil, le propriétaire du sol l’est également du Cependant, de nombreuses procédures devraient aboutir dans les toutes prochaines sous-sol et est donc responsable des années : dommages que celui-ci peut causer –. • En Seine-Saint-Denis, l’Inspection générale des carrières entreprend des études Tout projet de PPR comprend néces- sur Le Raincy (PPR prescrit), Montreuil, Bagnolet et Les Lilas. En outre, la DDE 93 sairement : a passé un appel d'offres pour la réalisation des PPR de Livry-Gargan, Saint-Ouen et Neuilly-Plaisance. - une note de présentation indiquant • Dans le Val-de-Marne, une convention tripartite direction départementale de la zone concernée, la nature des phé- l’Équipement/Laboratoire régional de l’est parisien/IGC prévoit la réalisation en nomènes naturels pris en compte et trois ans des PPR sur l’ensemble du département. Les études seront menées dans leurs conséquences possibles ; une approche intercommunale sur des bassins de risques homogènes. - un ou plusieurs documents gra- • Enfin, dans les Hauts-de-Seine, l'IGC a réalisé les études d'aléas du PPR de Chaville ; Saint-Cloud et Meudon sont en cours d’étude. Rueil-Malmaison est en phiques délimitant les différentes prévision. En outre,© les modalités IAU d'une coopération sontîle-de-France étudiées avec la DDE 92 zones de risque ; pour la mise en œuvre de PPR sur 4 secteurs ou bassin de risques : Antony, les - un règlement précisant les mesures bassins sud (Bagneux, Chatillon, Clamart, Fontenay-aux-Roses, Issy-les-Moulineaux, d’interdiction et les prescriptions Malakoff, Montrouge, Sceaux et Vanves), nord (Courbevoie, Nanterre, Puteaux – mesures de prévention, de pro- et Suresnes) et ouest (Sèvres et Ville d'Avray) du département. tection et de sauvegarde – applica- En grande couronne, l’élaboration de PPR est aujourd’hui prescrite sur une dizaine de communes de Seine-et-Marne (Chelles, Cocherel, Villevaudé, Quincy-Voisin, bles dans chacune des zones. Crégy-les-Meaux), du Val-d’Oise et des Yvelines. Le plan de prévention des risques natu- Ludovic Faytre rels est une procédure dépendante de l’autorité du préfet. Ses modalités d’é-

76 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 la boration, d’approbation et d’appli- Le risque «carrière» La présence de ces cavités souterrai- cation sont régies par les articles L. 561 dans l’agglomération nes induit des risques de mouvements et L. 562 du code de l’environnement de terrain qui peuvent présenter des et le décret d’application du 5 octobre parisienne dangers pour les vies humaines, mais 1995. Il a valeur de servitude d’utilité qui fréquemment ont seulement un publique et, à ce titre, doit être annexé L’agglomération parisienne est large- impact significatif sur les infrastruc- au plan local d’urbanisme (article L. ment sous-minée par d’anciennes car- tures et le bâti. 126-1 du code de l’urbanisme). Le PPR rières de matériaux de construction Avec la très large urbanisation des ter- traduit l’exposition au risque des com- exploitées depuis l’époque gallo- ritoires de la petite couronne, la pro- munes dans l’état actuel des connais- romaine. D’anciennes carrières de gypse blématique de la compatibilité de l’oc- sances et peut être révisé – ou modifié sont recensées dans le nord-est de Paris cupation du sol et des risques présentés pour des zones restreintes – si cette (67 ha sous-minés) et en petite cou- par le tréfonds est omniprésente. Les exposition ou la connaissance de cette ronne : Hauts-de-Seine (168 ha), Seine- communes se trouvent confrontées à exposition devait être sensiblement Saint-Denis (310 ha) et Val-de-Marne différentes situations : modifiée. (86 ha). Les anciennes carrières de - sous-minées par de vastes carrières Un même PPR peut prendre en Calcaire Grossier sous-minent les arron- souterraines et à ciel ouvert de gypse compte des risques de natures diffé- dissements du sud de Paris (762 ha), les dans des zones bien délimitées, sou- rentes, comme par exemple des risques Hauts-de-Seine (679 ha) et le Val-de- vent occupées par des friches ou liés aux cavités souterraines et des Marne (521 ha). La craie a également espaces verts : c’est surtout le cas en risques liés aux phénomènes de glis- été exploitée, mais sur une surface plus Seine-Saint-Denis dans des com- sement de terrain. réduite (28 ha) dans les Hauts-de-Seine. munes telles Romainville ou Gagny ; - affectées par des petites carrières PPR «mouvements de terrain» en petite couronne – situation décembre 2004 développées en chapelet comme par exemple la commune de Chaville dans les Hauts-de-Seine ; - presque entièrement sous-minées par des carrières, le plus souvent de Calcaire Grossier, c’est notamment le cas de la frange sud de Paris et des communes limitrophes (Bagneux, Montrouge…) ; - affectées par des exploitations de plusieurs types de matériaux comme Meudon où ont été exploités la craie, le calcaire et le gypse.

Du recueil des données à la transcription © IAU île-de-Franceréglementaire IGC : des missions multiples L’Inspection générale des carrières est chargée de la gestion de ce risque depuis plus de deux siècles et décline cette vocation de prévention des risques selon plusieurs missions : connaissance des phénomènes, col- lecte et diffusion de l’information,

La réglementation au service de l’aménagement 77 Les zones sous-minées par les anciennes exploitations souterraines en petite couronne

Surfaces sous-minées par d’anciennes carrières Les zones sous-minées couvrent, avec souterraines par commune 2 624 hectares, 3,4 % du territoire des départements de la petite couronne, Paris et les Hauts-de-Seine étant propor- tion nellement les départements les plus exposés. Plus de la moitié des communes (73) est concernée par des zones sous- minées. Certaines ne le sont que pour quelques centaines de m2 ou quelques hectares, mais d’autres, en particulier les commu nes du sud parisien sont expo sées à hauteur de plusieurs dizaines, voir cen taines d’hectares par d’anciennes exploi tations de calcaires : 13e (172 ha), 14e (322 ha) et 15e arrondissements (126 ha), Châtillon (218 ha), Bagneux (261 ha), Ivry (126 ha), Arcueil (122 ha)…

En petite couronne, les zones sous-minées sont urbanisées à plus de 94 % et cons- truites (habitat, industrie, com merce, équipement public…) à plus de 70 %. C’est en Seine-Saint-Denis que les surfa- ces sous-minées sont le moins urbanisées. Il s’agit pour l’essentiel d’anciennes carrières souterraines de gypse qui présentent des contraintes à l’urba - nisation plus importantes que les carrières de calcaires : les risques d’effondrements et de dégradation y sont plus élevés Répartition des surfaces sous-minées par matériau et département compte tenu de la nature des matériaux Hectares Calcaires Gypse Craie Travertin Sablières Total (roche soluble) et des caractéristiques blanche de Brie (Fontainebleau) d’exploitation (méthodes, hauteur des Paris 761,8 67,6 0,0 0,0 0,0 829,4 Hauts-de-Seine 678,8 168,2 27,9 0,0 1,2 876,0 galeries, remblaiement partiel…). Seine-Saint-Denis 0,4 310,1 0,0 0,0 0,0 310,5 Val-de-Marne 521,5 85,8 0,0 0,8 0,0 608,0 Petite couronne 1 962,4 631,6 27,9 0,8 1,2 2 624,0 Source : IGC/IAURIF Nota : Les données se rapportent à l’extension maximale des zones sous-minées connues et ne tiennent compte ni des zones exploitées à ciel ouvert et remblayées, ni des zones comblées et/ou des travaux effectués. En effet, sur les secteurs placés sous la surveillance de l’IGC, les travaux de consolidation et les comblements opérés depuis plusieurs dizaines d’années ont considérablement réduit les vides résiduels, facteurs de risques.

Répartition urbain/rural dans les zones sous-minées Hectares Total «Rural»* % «Urbain» % Dont % construit Paris 829,4 4,9 0,6 % 824,5 99,4 % 589,5 71,1 % Haut-de-Seine 874,8 5,6 0,6 % 869,2 99,4 % 673,0 76,9 % Seine-Saint-Denis 310,5 120,8 38,9 % 189,7 61,1 % 117,1 37,7 % Val-de-Marne ©608,0 22,5IAU3,7 % 585,5 île-de-France96,3 % 458,6 75,4 % Total 2 622,8 153,9 5,9 % 2 468,9 94,1 % 1 838,1 70,1 % Source : IGC – IAURIF/MOS 1999 * Bois, espaces agricoles, eau, autres espaces naturels

78 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 surveillance et consolidation du La méthode la plus simple d’extrac- Des phénomènes domaine public, instruction de per- tion de matériaux du sous-sol est l’ex- aux conséquences multiples mis de construire et prescription de ploitation à ciel ouvert, lorsque la car- La présence de ces vides dans les bancs dispositions constructives permettant rière est directement à flanc de coteau. de calcaire, de craie ou de gypse peut la mitigation du risque sur les nou- C’est la méthode la plus ancienne. entraîner, par l’effondrement des ter- veaux projets de construction. L’ensemble du matériau en place était rains sus-jacents ou des remblais, des L’expérience de l’IGC et les nombreu- exploité, y compris, pour le Calcaire désordres en surface. En règle géné- ses données en sa possession la ren- Grossier, le banc supérieur dit «banc de rale, trois manifestations de ces dés- dent particulièrement apte à assister roche», le plus recherché. Les maté- ordres peuvent être distinguées : les les DDE pour la caractérisation des riaux exploités se trouvant de plus en fontis, les affaissements et les effon- aléas et la définition des dispositions plus profond par rapport au terrain drements généralisés. réglementaires. naturel, les carriers ont extrait les dif- férents matériaux en souterrain essen- Les fontis tiellement par deux méthodes en Les fontis sont des effondrements le La méthodologie d’élaboration région parisienne : la méthode des plus souvent circulaires, localisés à de la carte d’aléas «piliers tournés» et celle des «hagues et l’aplomb des cavités souterraines pré- Origines des vides bourrages». exis tantes. Ils sont initiés par la rup- Pour comprendre la méthode d’éla- Outre ces cavités d’origine anthro- ture progressive des premiers bancs du bo ration des études permettant d’a- pique, des vides naturels peuvent éga- toit par flexion ou par cisaillement sur bou tir à une carte d’aléas, il faut d’a- lement se rencontrer dans le sous-sol les appuis, cela en raison d’une largeur bord bien appréhender les francilien. En effet, le calcaire, la craie de galerie excessive eu égard à la résis- phénomènes. Pour cela, les différents et le gypse sont plus ou moins solubles tance des dalles rocheuses en toit, le types de carrières et de cavités sou- dans l’eau et la circulation d’eau sou- plus souvent fracturées. Le processus se terraines, les désordres associés et les terraine peut donner naissance à des développe alors verticalement et pro- facteurs qui peuvent les aggraver doi- vides dont la détérioration est simi- voque la formation d’une «cloche de vent être rappelés. laire à celle des galeries de carrière. fontis». Les vides peuvent remonter

Les méthodes d’exploitation

La méthode des «piliers tournés» (ou chambres Schéma d’exploitation par hagues et bourrages et piliers) consiste à exploiter la pierre en laissant régulièrement du matériau en place. Cette méthode permet d’obtenir des salles d’exploi- tation assez hautes et de ne pas avoir à remblayer la carrière pendant la phase d’exploitation. C’est la seule méthode utilisée pour le gypse et la craie. La méthode des «hagues et bourrages» consiste à exploiter la pierre sur la totalité de l’espace, en laissant derrière soi des remblais ou des déchets de l’extraction maintenus par des murs de pierres sèches, si possible jusqu’au toit de la salle© d’extraction IAU et en disposant quelques île-de-France piliers en pierres sèches, dits «cales à bras», pour maintenir le toit de la carrière le temps de l’exploitation. Cette méthode nécessite la réalisation de salles plus basses, mais qui peuvent se superposer. Seules quelques galeries subsistent, essentiellement en front de taille, le reste est comblé. Source : IGC

La réglementation au service de l’aménagement 79 vers la surface après affaissement des terrains qui les recouvrent et provo - quer alors une cavité appelée «fontis». Le diamètre et la profondeur des fon- tis sont variables notamment en fonc- tion du volume du vide initial et de la hauteur de recouvrement ; ils peuvent atteindre 40 m de diamètre et 20 m de profondeur pour les carrières de gypse en petite couronne. Sur les bâtiments, l’apparition d’un fontis se traduit par la perte de sol de fondation. Si le bâtiment n’a pas de structure rigide des fondations, les murs porteurs cassent, entraînant la

ruine de tout ou partie du bâti en fonc- © IGC/Versailles tion de l’importance et de la localisa- Les fontis sont des effondrements, le plus souvent circulaires, localisés à l’aplomb tion du fontis. des cavités souterraines pré-existantes. Les vides peuvent remonter vers la surface après affaissement des terrains qui les recouvrent et provoquer alors une cavité appelée «fontis».

Les affaissements s’affaissent progressivement sans qu’un les fondations qui se traduisent par Ce sont des désordres ponctuels, visi- vide franc ne remonte et n’apparaisse des fissures, parfois traversantes, allant bles en surface, qui se présentent sous à la surface. Pour les carrières exploi- de la dégradation du ravalement à la la forme de cuvettes. Ils peuvent être la tées par hagues et bourrages, ce phé- ruine des murs porteurs, en passant conséquence d’un fontis qui s’est auto nomène est fréquent sur l’ensemble de par le blocage des portes et fenêtres. colmaté, mais qui a décomprimé les la carrière remblayée où le ciel s’est terrains sus-jacents. Les horizons sus- lentement affaissé sur les bourrages. Les effondrements généralisés jacents au vide initial ne sont pas suf- L’importance des affaissements varie Il s’agit d’un effondrement en chaîne fisamment résistants (bancs restant en entre la simple flache de quelques cen- des piliers de la totalité ou d’une toit insuffisamment épais) pour que le timètres à la cuvette de quelques mèt- grande partie d’une exploitation et vide puisse s’agrandir sous la dalle de res. Il est peu profond et ne présente qui peut avoir des conséquences dra- toit, par dissolution ou par tassement pas un danger de rupture brutale. matiques à la surface. Ce phénomène de remblais. On dit que l’effet de voûte Sur les bâtiments, ces affaissements est heureusement très rare. Il peut est impossible. Les terrains supérieurs créent des tassements différentiels sur concerner des zones de plusieurs hec- tares. Les conséquences peuvent être dramatiques sur les vies humaines et les bâtiments qui sont complètement détruits.

Des facteurs aggravants Ces trois types de désordre résultent de processus de dégradation des cavités et © IAU île-de-Francedes remblais. Ceux-ci peuvent être très nettement accélérés ou aggravés par des combinaisons défavorables d’élé- ments géologiques, hydrogéologiques et anthropiques. En effet, la présence d’eau peut avoir

© M. Rouillard une grande influence sur les propriétés Les communes de la petite couronne, largement urbanisées, sont parfois affectées par des exploitations de plusieurs types de matériaux comme Meudon où ont été exploités mécaniques des matériaux exploités la craie, le calcaire et le gypse. et des terrains de recouvrement et

80 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 donc sur la stabilité des ouvrages. Le Extrait du plan topographique des carrières – commune de Mériel (95) processus de fontis peut ainsi être réac- tivé ou très nettement accéléré par des infiltrations d’eau dans les terrains de recouvrement. De plus, la dissolution des calcaires et du gypse peut être aggravée par des cir- culations d’eau non saturée liées à des fuites de canalisation, de fosses scep- tiques ou à l’absence d’assainissement. Des circulations d’eau peuvent égale- ment entraîner les particules fines argi- leuses ou silteuses du sol et provoquer l’apparition de décompressions dans les terrains traversés. La morphologie des terrains consti- tue également un facteur critique de stabilité des cavités, notamment pour les zones d’entrée en cavage. Ainsi, © IGC/Versailles pour évaluer l’intensité des aléas, il faut tenir compte de la déclivité des Des données nombreuses et précises carrières dont l’existence est prouvée terrains, des talus non soutenus, des permettent de cerner le risque, de (comme celles autrefois accessibles falaises laissées à nu. diminuer les zones d’incertitude et par des entrées en cavage aujour d’hui ainsi de qualifier les zones d’aléas. La condamnées) peut aussi être déplorée. Un recueil des données première base de travail de l’IGC Une autre source de données réside indispensable réside dans les différentes cartes dispo- dans les visites annuelles d’inspection Les phénomènes décrits induisent des nibles : la carte géologique et les car- des carrières accessibles sous le do- risques pour les personnes et les biens tes de carrières au 1/1 000 issues de maine public. Ces visites offrent un (infrastructures, bâti…). Ce sont pour l’atlas de l’IGC, tenues à jour à partir aperçu objectif de l’état des carrières et la plupart des incidents ayant un des déclarations d’incidents, des résul- de leur évolution. Cette surveillance impact circonscrit et dont les origines tats des campagnes d’investigations des carrières souterraines peut être sont locales. Ces risques peuvent être géotechniques et des récolements de complétée par une observation des prévenus par des mesures techniques travaux effectués tant sous le domaine constructions en surface. (consolidation du sous-sol, adapta- privé que sous le domaine public... Enfin, le maître d’ouvrage du PPR doit tion des fondations) locales elles aussi. Par son expérience bicentenaire, et en consulter les collectivités et conces - Ainsi, une connaissance précise des vertu d’arrêtés préfectoraux qui confè- sionnaires pour obtenir et fournir à terrains est un gage d’efficacité de la rent à l’IGC un rôle de collecte et de l’IGC tout document qui pourrait ren- prévention des risques ; la collecte des diffusion de l’information relative aux seigner sur ce type de risque. Il peut données est donc une étape essentielle carrières abandonnées sur le territoire s’agir de dossiers de reconnaissance de de l’élaboration d’un PPR. de la petite couronne, l’Inspection sol ou de plan de récolement pour des D’après la loi, un plan de prévention dispose ainsi d’un grand nombre d’in- travaux exécutés précédemment ou en des risques© est unIAU document réalisé en île-de-Franceformations. dehors des périmètres de risques où l’état actuel des connaissances. Ce qui Cependant, la plupart des carrières l’IGC est compétente, d’archives histo- signifie, d’une part, qu’il n’est a priori ayant arrêté leur activité entre la riques concernant d’anciennes exploi- pas question de mener des campagnes seconde moitié du XIXe siècle et la tations, du relevé des incidents surve- d’investigation géotechnique pour seconde moitié du XXe siècle, les plans nus dans les zones susceptibles d’avoir définir les zones d’aléas et, d’autre part, d’exploitation de certaines carrières, été exploitées, ou de données relatives que le PPR n’est pas un document figé, communiqués à l’IGC, peuvent être aux sources et anciens cours d’eau… mais susceptible d’évoluer avec l’ac- anciens et peu précis. L’absence d’in- Ce travail peut notamment s’appuyer quisition de nouvelles connaissances. formation pour certaines parties de sur des entretiens avec des personnes

La réglementation au service de l’aménagement 81 ayant une connaissance historique du Niveaux d’aléas associés aux différents types de carrières territoire de la commune. Niveau d’aléas À ciel ouvert Sous faible Sous fort L’ensemble des données géologiques, recouvrement recouvrement géographiques et historiques liées à Carrières présumées Modéré Fort Faible Carrières consolidées Faible Faible l’existence des carrières sur le territoire ou remblayées à fort à modéré concerné permettent de mettre en évi- Carrières non remblayées Fort à très fort Fort dence, la présence ou la présomption Le tableau ci-dessus détaille les niveaux d’aléas associés aux différents types de carrières. Ces niveaux d’existence de carrières ainsi que les fac- sont modulables en fonction des facteurs aggravants. teurs pouvant entraîner leur dégra- dation. L’analyse de ces données per- - le contexte géologique (qualité En ce qui concerne les zones de pré- mettra de définir des niveaux d’aléas et méca nique et perméabilité des ter- sence présumée de carrières (à proxi- d’en établir les cartes correspondantes. rains de recouvrement et des rem- mité d’exploitations avérées ou en blais) et hydrogéologique (niveau fonction d’incidents relevés), une Cartographie de l’aléa des nappes, circulations d’eau sou- démarche de précaution est adoptée. Dans l’analyse des risques, l’aléa se terraines) ; La question de l’échelle pertinente d’a- définit comme une combinaison de - les facteurs aggravants. nalyse se pose. En effet, une ancienne l’intensité du phénomène et de sa pro- Au-delà du périmètre défini par la carrière peut avoir fait l’objet de tra- babilité d’occurrence. Pour les carriè- verticale des limites des exploitations vaux, de remblaiement ou de consoli- res souterraines, il est impossible de (front de taille), une zone de protec- dation, localisés sur une parcelle. raisonner en probabilité d’occurrence ; tion est définie correspondant à la L’échelle des documents produits et le en effet, la dégradation des carrières bande de terrain susceptible de s’ef- souci d’efficacité des études, dans est inéluctable jusqu’à leur ruine, à un fon drer avec la venue à jour d’un fon- l’esprit de la loi instaurant le PPR, ne terme indéfinissable. Le raisonnement tis et une marge de reculement repré- peut conduire à établir un document s’appuie donc sur la susceptibilité et sentant la bande de terrain donnant des informations au niveau l’intensité des phénomènes. susceptible d’être influencée (glisse- de chaque parcelle. Ainsi, de tels tra- L’objectif est de définir des zones ment, décompression) par la venue à vaux apparaîtront sur la cartographie homogènes en termes d’aléas. Cepen- jour d’un fontis. seulement si une zone a fait l’objet de dant, le risque carrière présente deux On qualifie de : travaux à grande échelle (lotissement, spécificités : il s’agit de phénomènes - remblayée une carrière ayant fait ZAC…). En revanche, l’échelle des localisés et l’intensité de l’aléa dépend l’objet de travaux de remblaiement documents (1/5 000 ou 1/10 000) de facteurs qui ne sont pas figés dans qui ont pu laisser subsister des vides indique de ne pas prendre en compte le temps et peuvent évoluer par inter- résiduels décimétriques ; des travaux individuels localisés sur vention humaine. Il en est ainsi de - consolidée une carrière remblayée une parcelle. l’état du remblaiement ou de la pré- dont les vides résiduels ont été com- Par ailleurs, dans l’optique d’une poli- sence de consolidation. blés et clavés et dont les remblais et tique homogène de prévention des Cependant, l’esprit de la loi instituant terrains de recouvrement ont été risques, l’IGC est invitée à mener des les PPR est bien de définir des zones traités par injection sous pression études sur des territoires plus vastes homogènes d’aléas où les aménage- de coulis de ciment, ou une carrière que celui de la commune. En effet, le ments seront soumis à des conditions qui a fait l’objet de travaux de conso- contexte géologique ne varie pas sub- générales et non de définir, comme c’est lidations souterraines par piliers i tement au passage d’une limite com- le cas du PLU, un régime d’autorisa- maçonnés transmettant la charge munale et, lors de l’exploitation, les tion spécifique au© niveau de laIAU parcelle. des terrains île-de-France entre son toit et le pied, carriers ont pu franchir ces limites en Ainsi, le principe de zonage de l’in- «bon sol» de la carrière. souterrain. De plus, une approche tensité des aléas est basé sur : Pour une carrière consolidée et même intercommunale permet, légitime- - les caractéristiques des cavités (mode s’il est très significativement réduit, ment, de considérer des indices de d’exploitation, géométrie et section l’aléa n’est pas considéré comme nul. présence de cavités en limite com- des galeries, taux de défruitement, Cela est cohérent avec un principe munale, pour la commune voisine. recouvrement, hauteur exploitée, général de la prévention du risque qui C’est ainsi qu’aujourd’hui l’IGC pri- remblaiement initial, état des ciels suppose que l’on garde trace de toute vilégie une approche d’étude par bas- de carrière) ; origine possible d’aléa. sin de risque.

82 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 La transcription réglementaire de prescription obligatoire ou de sim- Le risque est défini par la combinaison ple recommandation. de l’aléa et de l’enjeu. Ainsi, pour un Schématiquement, trois types de zones même niveau d’aléa, le risque est dif- réglementaires sont définies : férent selon une situation dans une - une zone blanche, dans laquelle zone non urbanisée ou dans une zone aucun aléa n’est identifié, ni suspecté ; fortement densifiée, comportant des - une zone bleue, scindée en deux immeubles de plusieurs étages. L’im- niveaux (clair et foncé), correspon- portance de l’urbanisation de Paris et dant aux sites concernés par un aléa de la petite couronne multiplie les faible, modéré ou fort, pour lesquels enjeux. Cependant, les zones bâties des mesures spécifiques de préven- peuvent être différenciées des zones tion permettent de se prémunir des non bâties (voirie, espaces verts…) et, risques ; au sein des zones bâties, les construc- - une zone rouge, qui correspond aux tions résidentielles sont distinguées zones de risque très fort pour les- des bâtiments recevant du public quelles une mise en sécurité est © IGC/Versailles (bureaux, écoles, hôpitaux…). impossible ou démesurée à l’échelle Pour chaque niveau de risque, des articles Pour chaque niveau de risque, des arti- d’une construction isolée. Ces zones réglementaires stipulent des dispositions cles réglementaires stipulent des dispo- sont réputées inconstructibles. C’est techniques permettant la mitigation du sitions techniques permettant la miti- pourquoi il convient d’en définir les risque : réalisation d’études, surveillance des ouvrages, travaux de consolidation… gation du risque : réalisation d’études, contours avec la plus grande préci- surveillance des ouvrages, travaux de sion possible, étant entendu qu’à cet consolidation… Selon le niveau de égard, l’échelle de la carte régle- valeur vénale. Cette limite empêche risques, ces dispositions pourront s’ap- mentaire induit une incertitude. généralement l’imposition de mesures pliquer à l’existant ou seulement aux Pour les zones bleues, des travaux peu- de mise en sécurité des carrières, mais nouveaux projets soumis à autorisa- vent être imposés aux bâtiments exis- peut permettre d’imposer la vérifica- tion de construire et prendre la forme tants dans la limite de 10 % de leur tion de l’étanchéité du raccordement

Carte d’aléas à Gagny (93) Exposition des zones et constructibilité à Gagny (93)

© IAU île-de-France

La réglementation au service de l’aménagement 83 des propriétés privées au réseau d’as- échéant, entraîner une révision ou une Ainsi, si dans une zone bleue foncée, où sainissement pour diminuer le facteur modification du PPR qui permettra de tout projet de construction doit être aggravant de circulation d’eau, par changer le zonage réglementaire vers précédé par des travaux de consolida- exemple. Lors de l’instruction d’un un niveau bleu, autorisant éventuelle- tion de sol, un permis de construire permis de construire en zone bleue, le ment la construction. est déposé pour l’extension d’un bâti- pétitionnaire peut se voir imposer ou ment, la prescription sera différente si recommander des travaux nécessaires Des actions au-delà du PPR la parcelle en question a déjà fait ou à la mise en sécurité de la parcelle, ou Le rôle de l’Inspection générale des car- non l’objet de travaux de consolida- des travaux de reconnaissance des sols rières ne prend pas fin avec l’approba- tion. Ainsi, lors de l’instruction du per- permettant de mieux apprécier la tion du PPR. En effet, il est nécessaire mis de construire, l’IGC peut fournir nature et l’ampleur du risque et ainsi de gérer l’application du PPR qui ne une information précise et adapter la de définir les dispositions à mettre en définit que des conditions générales prescription à la situation détaillée de œuvre pour s’en prémunir. sans entrer dans le détail de la situa- la parcelle. Considérer un tel niveau de En zones rouges, lorsque les travaux tion de chaque parcelle. En ce qui détail (état de la parcelle) dans le cadre qui permettraient de réduire le risque concerne le risque carrières et cavités des documents du PPR ne semble pas sont d’un coût supérieur à la valeur souterraines, l’IGC continue à instruire pertinent eu égard aux constantes évo- théorique de la propriété, la collecti- les autorisations administratives de lu tions qui seraient nécessaires, à l’é- vité peut être amenée à procéder à l’ex- construire en vertu de l’arrêté inter- chelle des documents qu’il faudrait propriation des propriétés concernées. préfectoral du 26 janvier 1966 qui reste produire, à la complexité et à l’effort à Cette expropriation se fait sans tenir en vigueur et stipule, dans son article consacrer a priori à une telle étude. compte de la dépréciation liée au risque. premier, que « les demandes de permis Enfin, l’Inspection générale des car- Elle est donc financièrement favorable de construire […] dans le département rières continue l’exercice de sa mis- aux propriétaires, bien que cette pro- de la Seine sont transmises pour examen sion de collecte des données relatives cédure puisse être socialement ou affec- et avis par l’Inspection générale des car- à la présence de carrières et aux mesu- tivement pénible. Aucun permis de rières lorsque le terrain est situé dans une res de réduction des risques. Ceci cons- construire ne peut être instruit dans zone d’anciennes carrières, afin que soient titue un élément essentiel de la pré- ces zones et seuls sont autorisés les tra- précisées les conditions […] auxquelles vention des risques et permettra, le cas vaux d’entretien courant des proprié- devra satisfaire le maître d’œuvre en vue échéant, si le préfet le prescrit, de pro- tés, les travaux d’infrastructure d’assurer la stabilité des constructions céder à une révision du PPR par une indispensables au fonctionnement d’un projetées ». Ceci permet une analyse au réévaluation des aléas compte tenu des service public et, bien sûr, les travaux cas par cas afin de définir précisément connaissances nouvellement acquises. visant à la réduction du niveau de la prescription qui sera émise en confor- risque. Ces derniers pourront, le cas mité avec le règlement du PPR. L’acceptation du PPR Au premier abord, le PPR, avec sa force réglementaire, est perçu comme une contrainte tant par les citoyens que par leurs représentants élus. Cepen- dant, il faut souvent rappeler que le PPR ne crée pas le risque, mais cons- titue un outil de prévention dans le sens où il est le document d’informa- © IAU île-de-Francetion qui révèle le risque et propose des solutions pour le réduire. Cet outil de prévention ne doit donc pas être perçu comme une contrainte pour l’aména- gement du territoire : c’est un outil indispensable pour contribuer au développement durable de la com- © Drire Haute-Normandie La démarche PPR, initiée par l’État, implique une concertation importante mune. C’est par cette dialectique que tant avec les communes qu’avec la population. le PPR peut être accepté.

84 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 La nécessaire concertation qu’il n’est pas toujours aisé, pour le adoptée par la commune, envers le avec la commune service chargé de l’étude, d’avoir accès public, pour la présentation du PPR La démarche PPR, pilotée par les ser- aux données pour des raisons diverses revêt une importance particulière qui vices de l’État (préfet et DDE), néces- de temps que veulent bien consacrer doit conduire à une sensibilisation site une concertation importante avec les services des communes à la recher- positive de la population concernée. les communes. che de telles archives, de réticences à Les enquêtes publiques des PPR aux- Le premier acte se situe dans l’initia- rendre publiques certaines informa- quelles l’IGC a participé ont pu con - tive de la prescription de l’élaboration tions… Cependant, le traitement des duire à des modifications significatives du PPR. La situation de la région pari- incertitudes par une démarche de pré- des projets initiaux, mais n’ont jamais sienne par rapport au risque carrières caution, incite les communes à four- remis en cause la validité générale des est particulière car des périmètres de nir les documents qui pourraient per- études et des propositions de disposi- risques définis par arrêtés préfecto- mettre de diminuer le niveau de risque tions à prendre pour réduire le risque. raux en vertu de l’article R 111-3, dés- affiché. Le risque carrière, en région pari- ormais abrogé, du code de l’urbanisme La concertation effective avec la com- sienne, présente la particularité d’être ont été définis depuis plusieurs décen- mune a lieu lors de la présentation connu de ceux qui ont eu à faire avec nies. Depuis la loi Barnier de 1995, publique de la carte d’aléas et des l’IGC lors de prescriptions sur permis ceux-ci valent PPR en phase trans- dispositions réglementaires envisagées. de construire, ou de la délivrance d’un itoire. Pour les communes qui ne sont On se heurte alors souvent à la ques- renseignement précisant la situation pas dotées de périmètres de risques, tion de l’application du PPR (notam- d’un bien par rapport au risque (plus l’élaboration des PPR permet de cla- ment des mesures imposées sur l’exis- de 100 000 par an). Par ailleurs, le rifier une situation. Les communes tant) et au financement de tels travaux risque carrière n’est pas une fatalité et peuvent être demandeuses d’une telle qui sont à la charge des propriétaires. des travaux permettent le plus sou- démarche pour mieux cerner les vent de le prévenir. Le niveau des prix risques et disposer de solutions tech- L’acceptation par le public du terrain à bâtir est tel que la réalisa- niques pour le réduire ou bien pour L’enquête publique est un instant pri- tion des travaux est le plus souvent adapter l’occupation des sols en pré- vilégié où se confrontent l’analyse tech- envisageable dans le cadre d’un projet servant des espaces verts notamment. nique des experts et les attentes et ques- de construction. Enfin, jusqu’à ce jour Dans d’autres cas, la prescription de tions de la population. Si l’essentiel des en petite couronne, les autorités n’ont l’élaboration du PPR relève d’une données techniques est contenu dans la pas eu à faire face à des expropriations initiative du préfet voulant clarifier au carte des aléas, il convient de noter que comme cela a pu être le cas dans le plus vite la situation de son départe- le grand public s’intéresse essentielle- Massif de l’Hautil (78 et 95) sous-miné ment par rapport aux risques. En ment aux zones réglementaires, défi- par d’importantes carrières de gypse. réalité, les réflexions de l’État et des nies en combinant les niveaux d’aléas L’approbation d’un PPR par le préfet communes sont le plus souvent aux enjeux spécifiques à chaque terri- constitue l’aboutissement d’un long convergentes pour un risque qui est toire, identifiés par les DDE en concer- travail de collaboration entre la DDE, bien connu de tous et géré depuis long- tation avec les communes. L’enquête la municipalité, les divers intervenants temps par l’IGC. publique se déroule dans un esprit et techniques concernés et la population Lors de la phase des études, des rela- suivant des modalités qui varient d’une par le biais de l’enquête publique et tions de confiance doivent être nouées commune à l’autre, mais certains de la concertation. Il en résulte des entre les communes, la DDE et le ser- aspects se retrouvent fréquemment contraintes mieux définies, bien que vice expert, pour un travail dans la comme la crainte de voir baisser la souvent pré existantes, une meilleure transparence© quiIAU permet de prendre île-de-Francevaleur des biens en zone de risque, le sensibilisation de la population au effectivement en compte l’état actuel regret que les travaux de mise en sécu- risque et une échéance : la révision du des connaissances. Cette étape essen- rité soient à la charge du propriétaire PPR, possible à l’initiative du préfet tielle de collecte de l’information doit et non de la collectivité et la contesta- dès que les niveaux de risque ont être pilotée par le maître d’ouvrage du tion des zonages, en particulier au voi- changé sur une surface importante de PPR, seul légitime pour demander la sinage de leurs limites. Les municipa- la commune. transmission des informations tant lités peuvent jouer un précieux rôle de aux collectivités, qu’aux concession- médiation dans cette procédure. En naires, propriétaires… Il est constaté effet, la stratégie de communication,

La réglementation au service de l’aménagement 85 © H. Baranger _ IGC PPR mouvements de terrain : pour une approche multirisque en Seine-Saint-Denis

Marion Ailloud(1) Land movements PPR: DDE de Seine-Saint-Denis for a multi-risk approach in Seine-Saint-Denis

A large majority of the municipalities of Seine-Saint-Denis Une grande majorité des communes de Seine-Saint-Denis are concerned by the presence est concernée par la présence de cavités souterraines, et toutes of underground cavities, sont exposées au risque de retrait-gonflement des sols argileux. and they are all exposed Les enjeux humains et économiques sont importants sur ce territoire to the risk of subsidence and heaving suffered by clayey soils. sensible aux risques naturels, en particulier aux mouvements The human and economic stakes de terrain. Afin de mieux les maîtriser, la direction départementale are high in this area that is sensitive de l’équipement a reçu mission d’élaborer des plans de prévention to natural risks, in particular to land movements. In order to keep des risques, dans une approche multirisque permettant them better under control, d’appréhender de manière cohérente et en étroite concertation the Departmental© DirectorateIAU avec les île-de-Francecollectivités, les réglementations et les enjeux urbains, for Infrastructure has been entrusted économiques et paysagers. with the mission of drawing up risk prevention plans, under a multi-risk approach making it possible; consistently and in close consultation with the local authorities, to grasp the urban, economic, and landscape issues and regulatory approaches. (1) GEP Mission environnement.

8686 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 - de niveaux gypseux, qui peuvent être carrières ou de poches de dissolu- Différents risques soumis à des phénomènes de disso- tion du gypse) et toutes sont expo- de mouvements lution en présence d’eau ; sées au risque de retrait-gonflement - de couches argileuses sur tout le ter- des sols argileux. de terrain ritoire, qui sont fréquemment con- Les enjeux humains et économiques en Seine-Saint-Denis cernées par le phénomène de retrait- d’un territoire aussi urbanisé que gonflement en période de sécheresse. la Seine-Saint-Denis (1,4 million Le département de la Seine-Saint- L’existence de ces matériaux rend le d’habitants) font de ces événements Denis, d’une superficie de 236 km2, territoire du département particuliè- potentiellement dangereux des est exposé à plusieurs types de risques rement sensible aux risques de mou- risques majeurs qu’il convient de naturels et notamment aux risques de vements de terrain, en particulier : maîtriser. mouvements de terrain. Ces phéno- - les effondrements liés à la présence La connaissance et la prévention des mènes peuvent s’expliquer par le de galeries souterraines instables ou risques relèvent des compétences de contexte géologique particulier du à celle de niveaux gypseux décom- l’État. Aussi le préfet de Seine-Saint- département, dont le sous-sol est cons- primés ; Denis a confié à la direction dépar- titué de formations sédimentaires - les tassements dus aux variations de tementale de l’Équipement (DDE caractérisées par la présence : volume des couches argileuses. 93) la mission de traiter ces risques - de masses de gypse ou de calcaire Sur les 40 communes du départe - de mouvements de terrain par l’éla- faisant ou ayant fait l’objet d’ex- ment, 29 sont concernées par le ris - boration de plans de prévention des ploitation de type carrières à ciel que lié à la présence de cavités sou- risques. ouvert ou carrières souterraines ; terraines (qu’il s’agisse d’anciennes Cette approche multirisque ne traite

Les risques naturels identifiés dans le département de Seine-Saint-Denis

© IAU île-de-France

La réglementation au service de l’aménagement 87 pas des risques liés aux inondations. Ces derniers font en effet l’objet d’une démarche spécifique et plus achevée au cours de laquelle les incompatibi- lités des prescriptions au regard des autres risques sont examinées.

Les risques liés à la présence d’anciennes carrières Le sous-sol de la région parisienne, riche en matériaux de construction, a fait l’objet d’exploitations diverses et constantes depuis l’époque gallo- romaine. En Seine-Saint-Denis, les

masses de gypse, matériau utilisé dans © Musée de l’histoire vivante, Montreuil-sous-Bois En Seine-Saint-Denis, les masses de gypse, matériau utilisé dans la fabrication du plâtre, la fabrication du plâtre, furent exploi- furent exploitées à ciel ouvert puis en souterrain. tées d’abord à ciel ouvert, puis en sou- terrain. D’autres matériaux ont éga- ponctuels initiés par la rupture du processus de dégradation des carriè- lement été extraits, comme le travertin toit de la galerie ou du vide par res : galeries remblayées avec des maté- de Brie, utilisé pour l’empierrement. cisaillement des appuis ; riaux de mauvaise qualité, circulation Les anciennes carrières de gypse qui - les affaissements sont visibles en sur- d’eau… représentent 482 ha dans le départe- face et se présentent sous forme de Deux PPR «carrières» ont déjà été ment, se situent principalement dans cuvettes peu profondes. Ils sont sou- approuvés en Seine-Saint-Denis sur les zones de relief marqué («butte- vent consécutifs à l’apparition d’un les communes de Romainville et de témoin»). fontis en profondeur ; Gagny. La caractérisation de l’aléa et la Aujourd’hui, dans certaines exploita - - les effondrements généralisés sont définition des dispositions techniques tions, l’instabilité de galeries sou ter rai - susceptibles d’affecter spontané- de prévention ont fait l’objet d’études nes particulièrement endom ma gées, ment une superficie de plusieurs réalisées par l’Inspection générale des peut être à l’origine d’effondrements hectares et se caractérisent par la carrières de Paris. quasi imprévisibles. Les désordres rupture de plusieurs piliers d’une Les dispositions techniques de pré- peuvent être de plusieurs natures : même carrière. vention visent à assurer la stabilité du - les fontis sont des effondrements Certains facteurs peuvent accélérer le sol (comblement de vides, consolida- tions souterraines, fondations pro- Coupe schématique d’une carrière souterraine de gypse fondes, limitation des infiltrations d’eaux usées et pluviales…). Remblai de ciel ouvert

10 mètres Les risques liés à la dissolution du gypse Dans le département de Seine-Saint- Denis, le sous-sol est très riche en for-

GALERIES © IAU île-de-Francemations gypseuses particulièrement sensibles à des processus d’érosion.

de 1er niveau Le gypse est un matériau soluble dans l’eau (2 g/litre) ; toute circulation d’eau (infiltration, remontée de nap- pes phréatiques…) à travers des cou- de 2e niveau ches contenant du gypse est suscepti-

de 3e niveau ble d’entraîner la création d’une poche

Source DDE 93, IGC : PPR de Gagny, de dissolution, qui peut provoquer

88 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 l’appa rition d’un vide franc ou d’une risque n’ont pas encore été édictées à zone complètement décomprimée à travers des PPR en Seine-Saint-Denis. l’intérieur du sous-sol. Les dispositions de prévention pour- Ce phénomène peut entraîner des mou- raient être les suivantes : réalisation vements de terrain tels que les affaisse- de reconnaissances spécifiques (son- ments ou les effondrements, générale- dages pouvant mettre en valeur l’exis- ment appelés fontis. Leur recensement tence de vides et l’épaisseur des zones permet de préciser la nature des désor- décomprimées), limitation des rejets dres observés : de géométrie cylindrique, d’eau dans le sol, comblement des les fontis liés à la dissolution du gypse cavités (dans le cas où les cavités déce- ont un volume moyen de 50 m3, mais lées sont susceptibles de modifier la certains ont été répertoriés comme ayant stabilité du terrain). un volume de 1 000 m3. De plus, de petits fontis apparaissent régulièrement : Les risques liés c’est le cas par exemple de certains effon- au retrait-gonflement © BRGM drements affectant les voiries, suite à la des sols argileux Fissuration affectant une propriété suite à un phénomène de retrait-gonflement. dissolution de niveaux gypseux provo- Les formations géologiques qui affleu- quée par rupture ou non-étanchéité de rent dans le département appartien - observés. Or, par suite d’une modi- canalisations d’eau anciennes. nent à la série sédimentaire du bassin fica tion de leur teneur en eau, les ter- La présence de poches de dissolution de Paris. Plusieurs d’entre elles con- rains superficiels argileux varient de du gypse dans le nord-est du départe- tien nent de l’argile (argiles vertes, volume : gonflement lorsqu’il y a ment et le constat de plusieurs désor- marnes, alluvions, limons, sables argi- apport d’eau, retrait lors d’une dres liés à ce phénomène ont amené la leux…) qui est un matériau parti - période d’assèchement. Cette varia- DDE à développer une connaissance culièrement sensible aux différences tion de volume, essentiellement gou - plus fine de cet aléa, notamment en de température et d’humidité. vernée par les conditions météo- engageant des études de caractérisa- Depuis le début des années 1980, une rologiques, est accompagnée d’une tion de l’aléa auprès du Laboratoire répartition pluviométrique beaucoup mo dification des caractéristiques du régional de l’Est parisien. plus irrégulière et des déficits sai- sol. Ces variations sont susceptibles Les prescriptions spécifiques à ce sonniers d’humidité importants sont d’engendrer des mouvements diffé- rentiels du terrain d’assise d’une construc tion, qui peut se traduire par Carte départementale d’aléas retrait-gonflement l’appa rition de différents désordres : fissurations des structures, disloca- tion des cloisons, décollement des carrelages, ruptures de canalisation… En Seine-Saint-Denis, depuis 1989, les sinistres liés à ce risque sont très nombreux et touchent essentiellement les constructions légères appartenant à des particuliers. Devant l’ampleur des dégâts, plus des trois quarts des © IAU île-de-Francecommunes ont été déclarées victimes de «catastrophe naturelle liée à la sécheresse». Afin de qualifier et cartographier l’aléa «retrait-gonflement», le Bureau recherches géologiques et minières (BRGM) a réalisé une étude au niveau départemental. La carte départementale d’aléas, qui constitue un zonage de la

La réglementation au service de l’aménagement 89 probabilité d’occurrence du phéno- vent avoir un impact non négligea- caractérisation de l’aléa pour les mène, a été établie à partir : ble sur le paysage végétal et l’amé- mouvements de terrain s’efforce de - des cartes géologiques du département ; nagement urbain ; tenir compte de ces superpositions et - des critères minéralogiques et géo- - le règlement proposé ne précise pas des autres éléments pouvant consti- techniques du matériau ; suffisamment les conditions d’appli- tuer des facteurs aggravants (ruissel- - de la densité des sinistres recensés cation des prescriptions et recom- lement, infiltration…). depuis 1989. mandations. • Définir des dispositions de Les dispositions permettant de pré- La nouvelle approche engagée par la prévention cohérentes et adaptées venir ce risque peuvent par exemple DDE se traduit par la mise en œuvre Les dispositions de prévention rela- concerner la profondeur des fonda- d’une démarche multirisque permet- tives aux risques de mouvements de tions, la réalisation d’un chaînage spé- tant d’appréhender de manière cohé- terrain sont multiples et diffèrent cial pour les murs porteurs, l’interdic- rente et en étroite concertation avec selon la nature du risque. Dans les tion des pompages et des rejets d’eaux les collectivités et les partenaires locaux zones exposées à plusieurs risques, pluviales au droit de la construction… les réglementations et les enjeux les dispositions à mettre en œuvre urbains, économiques et paysagers. peuvent être incompatibles entre elles. D’autre part, elles sont parfois Des réflexions sur Vers une nouvelle stratégie imprécises ou inadaptées au terrain l’approche multirisque d’élaboration des PPR ou au contexte local. Enfin, certains problèmes de cohérence et compa- Une démarche multirisque des PPR mouvements tibilité se posent entre les prescrip- La démarche retenue consiste à éla- de terrain tions relatives aux PPR et celles rele- borer les plans de prévention des vant de la politique du département risques naturels en traitant en parallèle Origine de la nouvelle démarche et des collectivités, notamment en les risques d’inondations et les risques En novembre 2002, le PPR retrait-gon- matière de gestion des eaux pluvia- mouvements de terrain. Les inonda- flement des sols argileux a été mis à les et en matière d’espaces verts. tions directes feront l’objet de PPR l’enquête publique sur l’ensemble des Afin de disposer d’arguments tech- spécifiques élaborés par bassin (Seine communes du département de la niques lui permettant de valider ou ou Marne) et les mouvements de ter- Seine-Saint-Denis. Il est vite apparu modifier les prescriptions utilisées rain – tous confondus : carrière/gypse/ lors de l’enquête que cette approche pour les plans de prévention des argile – seront traités dans des PPR «monorisque» avait une influence très risques mouvements de terrain, la multirisques, élaborés par commune importante sur d’autres facteurs. La DDE a confié fin 2004 à un bureau ou par groupement de communes. Les DDE a donc laissé le débat ouvert et l’a d’experts (spécialisé dans la géo- projets de règlements des deux types élargi pour récupérer le maximum technique, l’hydrogéologie et la de PPR (inondations et mouvements d’informations, sachant que la démar- mécanique des sols) une mission de terrain) sont en cours d’élabora- che d’élaboration de ce document d’assistance technique en vue de l’é- tion : ils sont étudiés en parallèle, afin devrait être reprise en totalité. Les laboration des projets réglementai- de garantir une cohérence entre les archives de la commission d’enquête res des PPR «mouvements de ter- différentes dispositions techniques de ont fait ressortir une désapprobation rain» avec comme l’objectif de : prévention. de ce projet de PPR, en soulignant - définir les conditions d’applica- notamment les points suivants : Les principaux objectifs de l’approche tion des dispositions de préven- - les dispositions de prévention pres- multirisque sont de : tion selon le risque de mouvement crites spécifiquement© pour IAU le risque • Développer île-de-France une connaissance de terrain et le niveau d’aléa ; de retrait-gonflement des sols argi- multirisque des phénomènes - décrire et analyser les facteurs leux sont dans certains cas incom- Les études d’aléas pilotées par la aggravants et préciser les disposi- patibles avec d’autres prescriptions DDE portent désormais sur l’exis- tifs de prévention ; (en particulier celles concernant la tence de plusieurs risques. Les docu- - proposer des prescriptions adap- gestion des risques liés à la présence ments cartographiques réalisés tées aux types de bâtiments et de d’anciennes carrières ou au risque actuellement illustrent la présence relief, afin de palier d’éventuelles de ruissellement des eaux) ; de ces différents risques et des zones difficultés d’application et de mise - certaines de ces dispositions peu- de superposition éventuelles. La en œuvre de ces mesures ;

90 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 - examiner la façon dont se super- de terrain) et de leur intensité (aléas Les arrondissements territoriaux : posent les différentes prescriptions faibles, moyens, forts…). L’existence - réalisent les études spécifiques à leur et proposer des modifications en ou non de procédures type PPR sur la territoire liées aux enjeux et à l’a- cas d’incohérence manifeste. commune est également prise en ménagement ; • Améliorer la lisibilité des PPR compte : la priorité a ainsi été donnée - élaborent les documents préalables La DDE s’oriente vers l’élaboration aux communes soumises à un ou plu- aux enquêtes publiques (cartes régle- de PPR multirisques pour traiter sieurs risques et qui ne disposaient mentaires et projets de règlement) l’ensemble des risques de mouve- d’aucune procédure prenant en compte en concertation avec les élus et les ments de terrain. Certaines commu- la présence de ces phénomènes. partenaires locaux. nes sont en effet exposées à plusieurs L’apparition de sinistres liés à des Cette organisation, mise en place cou- risques ; c’est le cas par exemple des risques naturels ou l’acquisition de rant 2003-2004, permet notamment communes concernées par le risque nouvelles informations constituant un de répondre à l’un des objectifs fixés inondation et par trois types de complément ou une modification à la par la loi du 30 juillet 2003 qui con - risques de mouvements de terrain. connaissance actuelle des risques est cerne le renforcement de la concerta- Rassembler dans une même procé- susceptible de modifier les priorités tion. Afin d’améliorer la transparence dure et un même document oppo- de mise à études. dans la mise en œuvre des PPR et d’y sable les servitudes liées aux risques associer les collectivités, les arrondis- de mouvements de terrain permet sements territoriaux sollicitent les de mieux coordonner et de mieux Une concertation communes à chaque grande étape de garantir la compréhension et la prise renforcée avec l’élaboration de ces plans : en compte des règles d’urbanisme - reprise du diagnostic du territoire et de construction. les collectivités locales actuel ; Cette méthode permettra donc de ren- et les autres partenaires - approfondissement du bilan des dre les documents de prévention des risques et des enjeux ; risques plus lisibles et facilitera leur En 2003 et 2004, la DDE de Seine- - élaboration des nouveaux projets utilisation en vue de l’application du Saint-Denis a renforcé considérable- réglementaires. droit des sols et de l’information des ment les moyens accordés à l’élabora- De tels échanges avec les collectivités pétitionnaires. tion des plans de prévention des devraient permettre de connaître de risques, ce qui s’est traduit par une manière plus précise leurs volontés en Une stratégie d’élaboration hausse des effectifs avec notamment matière d’aménagement et de délais, de par priorité de mise à étude recrutement de plusieurs cadres char- prendre en compte plus finement les La programmation des PPR par com- gés d’élaborer ces PPR. enjeux territoriaux et d’adapter la mune s’effectue selon des critères de Dans l’organisation actuelle, les mis- démarche de prévention des risques priorité tenant compte de la nature des sions relatives à l’élaboration des PPR aux spécificités rencontrées. risques (inondations ou mouvements sont réparties entre plusieurs services Le préfet de la Seine-Saint-Denis, par de la DDE(2) : son courrier du 10 juillet 2003 à l’en- Le groupe d’études et prospective : semble des élus du département, a - assure l’animation et la coordina- présenté cette nouvelle démarche et tion de la démarche PPR au sein de les priorités d’élaboration des PPR. la DDE 93 ; L’analyse de cette approche et de ces - élabore les projets de programma- priorités a fait l’objet d’une réunion © IAU île-de-Francetion et de gestion des crédits rele- avec les élus sous son autorité le vant du ministère de l’Écologie et 5 novembre 2003. du Développement durable ; - pilote les études générales liées à la

connaissance des risques naturels en (2) Dans le cadre du projet de service de la Seine-Saint-Denis ; DDE en vue d’une réorganisation effective en - produit les éléments d’information janvier 2006, il est envisagé de regrouper ces

© LREP missions au sein d’un même service qui serait Phénomène de dissolution du gypse cartographique en appui aux arron- consacré à l’environnement et à l’urbanisme suite à une rupture de canalisation. dissements territoriaux. réglementaire.

La réglementation au service de l’aménagement 91 Thinks for action

The Île-de-France Region, the Mulhouse Conurbation and the Marseille Region are, like other areas, faced with major risks, be they natural or technological. Thinking about the ways and means of achieving better understanding and awareness of the risks, and about an overall prevention/planning/protection/development/conservation approach constitutes a common base for all three conurbations. In Île-de-France, a major flood would have a major impact on the Region’s economy and for over 3 million people. The Specialised Flood Rescue Plan (PSSI) drawn up by the Secretariat-General of the Paris Defence Zone organises the emergency and rescue© services IAU and operation of the otherîle-de-France services in the event of a major flood in Île-de-France. It pools the means of each player in order to meet more fully the requirements of major crisis management. The Mulhouse Region has all of the natural and technological risks concentrated in it, in particular the risk of earthquakes. Applied surveys show that, in spite of the mobilisation of the local authorities, of the prevention actions implemented and of the documents specially drawn up, citizens are unconcerned about these phenomena. In the area of the Greater Urban Community of the Marseille Provence Metropolis, the Marseille Conurbation Town Planning Agency (AGAM) is implementing an approach to identify the risks and harmful phenomena that fits into a process of shared information management and of pooled experience. The level of awareness of risks is satisfactory, but the sources of knowledge and the skills levels are disparate, and the players are manifold, as are the responsibility levels and the geographical scales. Experience sharing, within legal reference frames, is becoming a necessity in order to develop common regional visions of the stakes, so as to reduce the vulnerability of the local areas.

92 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Des réflexions pour l’action

La région Île-de-France, l’agglomération de Mulhouse et la région de Marseille sontL confrontées comme d’autres territoires aux risques majeurs, qu’ils soient naturels ou technologiques. Réfléchir aux voies et moyens d’une meilleure compréhension et appréhension des risques, à une approche globale prévention/aménagement/protection/développement/ préservation, constitue un socle commun pour ces trois agglomérations. En Île-de-France, une crue majeure aurait un impact important pour l’économie francilienne et pour plus de 3 millions de personnes. Le PSSI élaboré par le Secrétariat général de la zone de défense de Paris organise les secours et le fonctionnement des services en cas de crue majeure en Île-de-France. Il mutualise les moyens de chaque acteur pour répondre au mieux aux exigences

© BSPP de la gestion d’une crise majeure. La région de Mulhouse concentre l’ensemble des risques naturels et technologiques, en particulier le risque sismique. Des études appliquées montrent qu’en dépit de la mobilisation des autorités locales, des actions de prévention mises en œuvre et des documents spécifiquement élaborés, les citoyens sont peu préoccupés par ces phénomènes. Sur le territoire de la Communauté urbaine Marseille Provence métropole élargi, l’AGAM est engagée dans une démarche d’identification des risques et nuisances s’inscrivant dans © unIAU processus de gestion île-de-France partagée des informations et de mutualisation des expériences. Le niveau de connaissance des risques est plutôt satisfaisant, mais les sources de connaissances et les strates de compétences sont disparates, les acteurs multiples, tout comme les niveaux de responsabilités et les échelles géographiques. Le partage des expériences, s’inscrivant dans des cadres juridiques de référence, devient une nécessité pour développer des visions régionales communes des enjeux, afin de réduire la vulnérabilité des territoires.

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 93 © Préfecture de police, Direction la logistique Plan de secours contre le risque inondation

Emergency Plan for the risk en Île-de-France : of flooding in Ile-de-France: anticiper pour réduire anticipating to reduce the impact of flooding l’impact des crues

In March 2001, the Seine rose Secrétariat général to a height of 5.21 metres de la zone de défense de Paris at the Pont d’Austerlitz in Paris. The water level was far from being catastrophic, but repercussions ars 2001, la Seine monte et atteint 5,21 m au pont were already being felt in certain M départements of Ile-de-France. d’Austerlitz. Le niveau d’eau est loin d’être catastrophique, mais Residents were evacuated and déjà des répercussions se font sentir dans certains départements numerous streets and roads were franciliens. Des habitants sont évacués et de nombreuses voies cut off. In Paris, the riverbank expressways were partially or sont coupées ; à Paris, les voies sur berges sont partiellement ou totally closed for 54 days. That totalement fermées pendant 54 jours. L’histoire pourrait s’arrêter could be the end of the story, là, mais tous les spécialistes s’accordent à dire que l’Île-de-France but all of the specialists agree that revivra une crue centennale comme celle de 1910 qui a atteint Ile-de-France will experience again (1) a centennial flood like the 1910 8,62 m à Austerlitz . La date de la prochaine grande crue reste flood which reached 8.62 metres une inconnue, mais l’ampleur et le nombre de dysfonctionnements at the Pont d’Austerlitz.© TheIAU date qui en découlerontîle-de-France seront majeurs pour la région. of the next major flood remains unknown, but the extent of the Prévention, coordination, communication et planification restent ensuing upsets and malfunctioning aujourd’hui les parades les plus efficaces pour limiter les effets will be considerable for the Region. d’une crue majeure. Prevention, co-ordination, communication, and planning remain today the most effective ways of limiting the effects (1) En complément de cet article, se reporter au Cahier de l’IAURIF n° 138, troisième trimestre of a major flood. 2003 : «Le risque d’inondation par débordement de rivière», Anne GUILLON.

9494 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 La prise de conscience du risque inondation

Si l’Île-de-France est géographique- ment la région la plus petite du terri- toire, elle est aussi la plus dense. Plaque tournante économique, financière, humaine et culturelle, elle compte 11 © DR © DR millions de Franciliens, acteurs d’une Les crues dramatiques vécues en Europe centrale, en particulier à Prague, au cours de l’été 2002 ont accéléré la prise de conscience et l’engagement de travaux en cas de crue logistique et d’une organisation com- centennale et ses conséquences au niveau de la Région Île-de-France. plexes. S’étendant jusqu’aux départe- ments de la grande couronne, l’agglo- nes et 12 arrondissements de Paris. Elle un plan de secours. Il est difficile d’i- mération parisienne forme une zone est susceptible d’avoir un impact, à des maginer le Paris d’aujourd’hui sous urbaine continue qui s’organise en degrés divers, pour plus de 3 millions de les eaux et l’Île-de-France paralysée. réseaux d’infrastructures et de circuits personnes et de porter un préjudice Les crues dramatiques vécues par nos enchevêtrés. important à l’économie francilienne et, voisins d’Europe centrale au cours de Tout dysfonctionnement dans cette par ricochet, à l’éco nomie nationale. l’été 2002, et plus proche de nous, architecture économique et sociale peut Sous l’impulsion du préfet de police, dans les départements de la Somme, générer en chaîne des effets amplifica- préfet de la zone de défense de Paris, du Gard, du Vaucluse, des Bouches- teurs. L’analyse synthétique des risques dont la responsabilité zonale s’étend du-Rhône, ont facilité la prise de cons- a souligné de façon évidente que l’i- à l’Île-de-France et en relation avec cience et l’engagement des travaux. nondation est le premier et le plus grave le préfet de la région Île-de-France, des risques naturels en Île-de-France. préfet de bassin, une étude est engagée Une inondation majeure est un événe- en décembre 2001, destinée à analy- Pourquoi la région ment qui touchera les 8 départements ser le phénomène d’une crue centen- Île-de-France de la région, soit environ 320 commu- nale et ses conséquences et à élaborer est-elle si sensible Le risque inondation en quelques mots au risque inondation ?

• La pointe de crue à Paris résulte de l’arrivée simultanée des pointes de crues de la Marne et de la Seine, celle-ci étant déjà grossie par la pointe de crue Paris a joué un rôle d’aimant tout au de l’Yonne à Montereau-Fault-Yonne. long de son histoire et a attiré vers elle • Les crues majeures ont eu lieu, depuis plusieurs siècles, entre décembre une population croissante. Le déve- et février, les trois quarts d’entre elles survenant en janvier. loppement de la ville, d’abord sur l’île • La montée des eaux est en moyenne de 50 cm par jour. de la Cité et l’île Saint-Louis, puis vers • On évalue à trois semaines le temps durant lequel l’eau sera présente dans les rues, voire plus pour les caves. le sud, jusqu’à la montagne Sainte- • Aucune crue ne ressemble exactement à une crue précédente. Geneviève, n’est pas le fruit du hasard. Historiquement, la ville a été cons- Le risque de crue centennale en quelques chiffres truite dans la zone la moins inondable

• 880 000 Franciliens les «pieds dans l’eau» ; de la cuvette, tout en gardant le béné- • 322 communes inondables ; fice d’un fleuve nécessaire au com- • 18© communes touchéesIAU à plus de 50 %,île-de-France dont 3 à 100 % (Alfortville, merce et à l’activité de la cité. Villeneuve-la-Garenne et l’Île-Saint-Denis) ; L’exploitation des matériaux néces- • 229 établissements sanitaires et sociaux concernés ; saires au développement de la ville, • 872 240 clients privés d’électricité (haute et basse tension) ; d’abord à ciel ouvert, s’est progres- • 50 % de la production d’eau potable affectée ; • 315 000 clients privés de gaz (haute et basse pression) ; sivement déplacée vers les sous-sols. • 40 % des clients de la CPCU à Paris et en petite couronne, non alimentés ; C’est dans ces mêmes sous-sols • 36 centraux téléphoniques France Télécom inondables ; qu’aujourd’hui vit et travaille une • 107 km du réseau métropolitain potentiellement inondables. ville souterraine complémentaire de la surface.

Des réflexions pour l’action 95 Le fleuve est historiquement lié à la Cette perte de mémoire collective a tunnels pour les transports collectifs, vie et au développement de la cité, si abouti à l’urbanisation intense de zones des câbles et réseaux de transport d’é- bien que les nécessités du dévelop- fortement inondables. Les bourgs, les ner gie... Le charbon et les pommes de pement permanent l’aient emporté champs et les fermes isolés ont laissé terre autrefois stockés dans des caves sur la conscience d’un risque aléatoire. la place à des immeubles d’habitation, d’un seul niveau ont cédé la place à des La collectivité a progressivement oublié des entreprises, des écoles, des hôpi- sous-répartiteurs téléphoniques, des depuis une cinquantaine d’années que taux... Les sous-sols à peine aménagés transformateurs électriques et des sys- la Seine et ses affluents restaient une au début du XXe siècle sont aujourd’hui tèmes de télé contrôle installés jusqu’à menace latente. envahis par des parkings, des caves, des 8 niveaux de profondeur.

Les zones inondées par les plus hautes eaux connues (PHEC)

© IAU île-de-France

Les PHEC couvrent 56 350 hectares en Île-de-France, soit de 1910), la Marne (crues de 1910 et 1955), l’Oise (crues de 4,7 % du territoire régional. Environ 896 000 personnes (8,1 % 1910 et 1926), l’Epte (crue de 1966), la Mauldre (crues de de la population régionale) vivent en zone inondable. Le 1973, 1978 et 1981), le Grand Morin (crue de 1958), l’Yerres zonage «PHEC» ne concerne actuellement que les principaux (crue de 1978), l’Orge (crue de 1978), la Bièvre (crue de cours d’eau de la région Île-de-France, à savoir : La Seine (crue 1978), le Loing (crue de 1910), l’Yonne (crue de 1910).

96 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Ces aménagements ont imposé des des caves, des galeries techniques… il début du XXe siècle de ce que pourrait pompages intensifs qui ont asséché existe aujourd’hui une grande incer- être une crue du IIIe millénaire. les sous-sols. L’activité souterraine a titude sur la circulation de l’eau dans Dans le cas d’une crue de type 1910 atteint une telle densité que ces pom- les sous-sols parisiens et franciliens en qui menace 7 000 ha de zones urbaines pages sont aujourd’hui actifs en per- cas de crue majeure. La prise en et 35 000 ha en zone rurale, 880 000 manence. Il faut craindre, lors d’une compte de cette troisième dimension, Franciliens pourraient avoir les pieds crue majeure, que l’eau reprenne ses la verticalité (profondeur et hauteur) dans l’eau et on évalue à plus de 12 droits. Qu’il s’agisse des anciens bras de est d’ailleurs ce qui distingue fonda- milliards d’euros le montant des dégâts. la Seine ou des anciennes carrières, mentalement la crue centennale du Électricité, transport, chauffage, circu- lation, communication, appro vi sion ne - Évolution de l’urbanisation sur l’agglomération centrale (1900-1999) ment alimentaire, eau potable, assai- nissement… sont autant d’activités qui connaîtront de graves dysfonctionne- ments et imposeront une vie fortement dégradée à la population.

Une approche partenariale de ce risque majeur

C’est dans ce contexte particulier que s’est engagé un travail d’information et de planification. La rédaction du Plan de secours spécialisé inondation zonal (PSSI) a été initiée en 2002 afin de ras- sembler les efforts de chaque réseau et de chaque acteur pour répondre au mieux aux exigences de la gestion d’une crise majeure. Le préfet de police, préfet de la zone de défense de Paris est chargé de prépa- rer et mobiliser l’action des secours puisqu’une crue centennale affectera les 8 départements de l’Île-de-France. Cela sans préjudice de l’autorité des préfets de département notamment chargés sous l’impulsion du préfet de région d’arrêter les plans de préven- tion du risque inondation (PPRI) dans © IAU île-de-Franceleur département ; ces PPRI, au terme de la procédure, après enquête publi - que et consultation des collectivités locales concernées, sont des documents d’urbanisme opposables. Plusieurs départements avaient déjà engagé des PPRI mais il est apparu nécessaire d’as- so cier aux PPRI, une réflexion des pouvoirs publics sur les dispositions

Des réflexions pour l’action 97 • La Mairie de Paris : cellule de crise, direction de la Prévention et de la Protection, direction de la protection de l’environnement, direction de Une réunion au Centre opérationnel de défense zonal (CODZ). la voirie et des déplacements, l’Ins- La collaboration étroite engagée pection générale des carrières en entre les pouvoirs publics et les opérateurs particulier. de réseaux de la région est l’élément • Des services spécialisés : Météo capital du dossier Plan de secours spécialisé inondation (PSSI) zonal. France, le Bureau de recherches © Préfecture de police géolo giques et minières (BRGM), l’Insti tut interdépartemental des propres à minimiser l’impact d’une la direction de la Défense et de la barrages réservoirs du bassin de la crue majeure et de prévoir l’organisa- Sécu rité civile, l’état-major interar- Seine (IIBRBS), le service de la tion de la gestion de crise. mées de la zone de défense de Paris, Navigation de la Seine, Voies navi- C’est l’objet du PSSI zonal. le groupement de gendarmerie d’Île- gables de France, le Port autonome Le choix adopté a été de partir d’une de-France, les services des hauts fonc- de Paris. mise en situation : «la crue arrive… tionnaires de défense des ministères. • Les services de secours d’urgence : que doit-on faire pour la gérer, qu’au- • Mais aussi les directions régionales la brigade de sapeurs-pompiers de rait-il fallu faire pour en minimiser de l’environnement, de l’industrie, Paris, les services départementaux l’impact ?». de l’équipement, de l’agriculture, d’Incendie et de Secours, l’Assis- Le PSSI est indissociable des travaux des affaires sanitaires et sociales. tance publique des hôpitaux de engagés par tous les partenaires : ser- vices de l’État et opérateurs publics ou PPRI/PSSI : deux plans pour un même risque privés. Les réunions autour de ce sujet ont progressivement mobilisé des I. Le plan de prévention du risque inondation (PPRI) a pour vocation de prévenir le risque inondation. acteurs de plus en plus conscients du Il définit des règles visant à réduire la vulnérabilité des biens, présents et à venir, risque et motivés. La dynamique ainsi situés dans la zone d’aléa. Ses règles sont précisées dans un règlement qui vaut engagée permet d’entretenir des rela- servitude d’utilité publique et qui est annexé aux documents d’urbanisme. C’est tions étroites, dans un esprit de cohé- un document opposable aux tiers. sion et d’échange des énergies, l’ob- Il est établi selon les prescriptions du décret 95-1089 du 5 octobre 1989. Prescrit jectif étant de travailler en commun par le préfet du département, il est approuvé par arrêté préfectoral et doit prendre en compte «les zones d’aléas les plus forts, déterminés en plaine en fonction sans se substituer aux responsabilités notamment des hauteurs d’eau atteintes par une crue de référence qui est la et aux missions de chacun. plus forte crue connue ou, si cette crue était plus faible qu’une crue de fréquence Le fonctionnement de l’Île-de-France centennale, cette dernière» (circulaire du 24 avril 1996 relative aux dispositions s’articule autour de l’interconnexion applicables au bâti et ouvrages existants en zones inondables). de plusieurs dizaines de réseaux, publics ou privés, civils et militaires. II. Le plan de secours spécialisé inondation (PSSI) est un plan d’urgence, établi selon les prescriptions du décret 88-622 du 6 mai 1988. Dans le fonctionnement de cette C’est un plan destiné à organiser l’action des pouvoirs publics dans la crise pour énorme machine, les dysfonctionne- y faire face au mieux. ments sont quotidiens. Une crue Le PSSI zonal permet d’anticiper la gestion d’une crue majeure en recensant les majeure viendra perturber cet équili- risques que celle-ci ferait courir aux personnes et aux biens. L’analyse réalisée bre en raison des© perturbations IAU quasi doit permettreîle-de-France de fournir aux acteurs de la gestion de crise, qu’ils soient institutionnels ou économiques, les informations nécessaires à la gestion de celle- simultanées auxquelles il faut s’atten- ci, tant au niveau des mesures d’anticipation que des prises de décision lors de dre. Dans ce contexte, il était absolu- sa venue. ment nécessaire d’engager un travail Les risques pris en compte pour l’établissement d’un PSS sont ceux connus lors partenarial pour anticiper la crise. de la plus forte crue dont la mémoire a été conservée. S’agissant de la région Ainsi, de nombreux acteurs ont contri- Île-de-France, la crue de référence est la crue centennale de janvier 1910. bué à l’élaboration du plan : La crue étant un phénomène naturel, il est manifeste que l’on ne peut s’attendre à affronter une crue majeure ou exceptionnelle à l’identique. • Les services centraux et déconcen- trés de l’État : outre les préfectures,

98 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Paris, les SAMU, les associations de Un plan de secours secourisme. inondation • Les gestionnaires de réseaux et d’é- quipements (EDF, GDF, RTE, France en trois volets… Télécom, Compagnie parisienne de chauffage urbain, câblo-opérateurs, Le plan de secours spécialisé inonda- SNCF, RFF, RATP, STIF). tion (PSSI) zonal a pour premier L’élément capital du dossier PSSI est la objectif d’organiser les secours et le collaboration étroite engagée entre les fonctionnement des services en cas pouvoirs publics et les opérateurs de de crue majeure en Île-de-France. Il réseaux de la région. Ces opérateurs s’agit également d’anticiper cet évé- ont tous conscience de l’ampleur de nement afin d’en minimiser l’impact la crise que représenterait une crue et de mieux gérer la crise. Le plan pré- centennale et connaissent l’importance voit donc : du travail en partenariat. Les enjeux - de recenser les risques majeurs liés à sont d’autant plus importants, que le la crue ; fonctionnement des divers réseaux et - d’optimiser la diffusion d’une infor- les décisions prises en temps de crise mation claire, commune et partagée concernent aussi bien l’intérêt collec- à l’ensemble des acteurs concernés ; tif que leur propre survie économique. - d’organiser la gestion de crise et d’as- Ainsi, les télécommunications, l’éner- surer le fonctionnement écono- gie, le chauffage, les médias, les trans- mique et social de l’Île-de-France ports, les entreprises de l’agroalimen- en mode dégradé ; taire, les réseaux d’eau potable… sont - engager les vérifications et program - autant de réseaux associés à l’avance- mer les travaux pour en minimiser ment du PSSI. l’impact ; Un partenariat s’est engagé et doit se - d’organiser les conditions du retour renforcer avec les collectivités locales. à la normale. L’objectif est de diffuser largement l’information recueillie, de déve lopper Il comprend trois volets : une collaboration efficace et de trou- La description du risque crue ver les solutions adaptées à l’échelle © Préfecture de police Le tome 1 définit les caractéristiques de la crise. C’est dans cette optique Le PPSI comprend trois volets : des crues en Île-de-France. Cette par- que le préfet de région et le préfet de la description du risque crue, tie a été rédigée en commun et vali- les conséquences des crues et l’action police ont organisé conjointement une dée par le secrétariat général de la zone des pouvoirs publics. réunion en décembre 2002 destinée de défense de Paris, la DIREN Île-de- à informer l’ensemble des maires France, l’IIBRBS et le BRGM (service des communes inondables d’Île-de- L’action des pouvoirs publics géologique régional d’Île-de-France). France ; le risque inondation est en Ce volet, vise à définir l’organisation Ce document est disponible sur le site effet l’affaire de tous et l’eau ne connaît de gestion de crise selon 19 fonctions Internet de la préfecture de police où pas les limites administratives. Cette opérationnelles regroupées en six chacun peut le consulter(2). manifestation© a IAUété suivie de nom- île-de-Francedomaines d’action en cas de crue breuses actions d’information vers les Les conséquences des crues majeure en Île-de-France. Précisant acteurs économiques et vers les col- Ce volet décrit la vulnérabilité des l’implantation de tous les centres opé- lectivités locales. grands réseaux nécessaires au fonc- rationnels et l’organi sation des liai- tionnement de l’Île-de-France et l’ac- sons entre eux, il concerne les acteurs tion des gestionnaires de ces réseaux impliqués dans la gestion de crise. face au risque crue. Au regard de son (2) http://www.prefecture-police-paris. contenu, l’évolution et la mise à jour interieur.gouv.fr/documentation/dossiers/ seront permanentes. inondation.htm)

Des réflexions pour l’action 99 Cinq principes L’autonomisation des acteurs Chaque responsable de site doit natu- régissent la rédaction économiques et sociaux rellement adapter cette liste à l’acti- Compte tenu de la priorité donnée à la vité de son site et à sa vulnérabilité de ce plan sauvegarde de la population, les acteurs face à l’arrivée de l’eau. Après la décrue, économiques et sociaux doivent pren- l’audit comporte une dixième exper- La sauvegarde de la population dre avant la crue les mesures néces- tise portant sur les fondations du bâti- Les moyens de secours publics seront saires afin d’être totalement autono- ment s’il a été touché par la montée prioritairement orientés vers cette mis- mes au moment de l’évènement. Ils des eaux. sion. L’ensemble du dispositif mis en doivent donc préalablement réaliser place par les pouvoirs publics aura un plan de secours qui leur est pro- La permanence comme mission première de venir en pre, ce qui permettra de ne pas alour- des services de secours aide : dir les missions des services de secours. Le principe de sauvegarde de la popu- - aux personnes hospitalisées ou en Ce principe incite en conséquence ceux lation implique de la part des forces situation de péril imminent ; qui sont concernés par le risque crue de l’ordre et des services de secours - aux personnes fragilisées, démunies (entreprises, administrations, réseaux une mobilisation totale et une straté- ou dépendantes (personnes âgées, d’énergie de transport…) à prendre gie opérationnelle adaptée à l’ampleur enfants, malades hospitalisés à les mesures préventives nécessaires de la crise. L’une des difficultés de cette domicile) ; pour se rendre autonomes au moment stratégie sera d’assurer les nouvelles - aux personnes dont les logements de la crue. Cette autonomie sous- missions dues à la montée des eaux deviennent inhabitables du fait de entend la prise en compte de trois (évacuation, sauvetage des personnes la montée des eaux. aspects prioritaires : en péril, reconnaissance, sécurisa- La sauvegarde de la population ne se - la sauvegarde de l’outil de travail tion…) tout en garantissant la conti- limitera pas seulement aux services (plans pluriannuels de prévention nuité des activités quotidiennes. de secours et d’urgence. Elle deman- et sauvegarde) ; De plus, les services de secours devront dera également un travail considé- - la mobilisation et le soutien com- assurer leur mission tout en subissant rable sur les réseaux majeurs car les plet des équipes d’astreinte pendant eux-mêmes des problèmes identiques à dysfonctionnements, voire l’arrêt total la crue ; ceux de la population touchée (sites d’activités comme la fourniture d’é- - la reprise du service le plus rapide- inondés ou inac ces sibles, difficulté de ner gie ou l’approvisionnement en eau ment possible après la décrue. communication, besoin de soutien logis- potable, auront un impact sur la qua- tique et humain…). La population doit lité de vie de la population. L’audit inondation pouvoir compter sur la permanence des Les établissements qui accueillent une Être autonome, c’est être en mesure de appels d’urgence 15-17-18-112. population malade ou dépendante connaître ses vulnérabilités afin de trou- ne pourront pas tous maintenir leur ver les solutions pour y parer. Chaque Le maintien de la continuité activité sur place si les conditions pri- opérateur a été incité à mener une étude de l’action des pouvoirs publics mai res de vie et de soins ne peuvent de vulnérabilité sur l’ensemble des Beaucoup de pouvoirs publics sont être maintenues. Or, ces établisse- réseaux qui innervent et font fonc- implantés à Paris. Un plan de conti- ments sont nombreux en zone inon- tionner leurs sites, ainsi que leur envi- nuité de l’action gouvernementale a dable. Leur évacuation pourrait être ronnement. Neuf expertises doivent été mis sur pied. Les ministères ont décidée pour certains, mais un fonc- être menées pour réaliser cet audit : étudié en interne les vulnérabilités tionnement minimal acceptable - l’électricité, liées à l’inondation de chacune de devra être maintenu© pour IAU le plus - les communications, île-de-Franceleurs installations et prévu des dispo- grand nombre par l’action d’antici- - le gaz, sitifs de protection pour le pilotage pation des gestionnaires de réseaux. - l’eau potable, de l’action publique durant la crue. - le chauffage, Ces mesures d’ampleur répondent à - l’évacuation des déchets, l’importance de l’économie de l’Île- - l’assainissement, de-France, mais également de la prise - l’approvisionnement en hydro - en compte nationale et internatio- carbure (groupes électrogènes), nale des conséquences d’une crue - l’accessibilité du site. majeure.

100 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Les enjeux économiques En tout état de cause, en gardant une qu’un plan de secours. Le premier vision globale de l’économie de l’Île- objectif de ce plan est d’assurer la Les opérateurs économiques prennent de-France, une évidence s’impose : sécurité des personnes et des biens et d’autant plus de soin à travailler sur même si elle est ralentie, l’activité éco- de réunir les conditions pour une le risque inondation qu’ils connais- nomique et sociale ne peut en aucun reprise rapide du service. Pour ce sent maintenant les conséquences cas s’arrêter. C’est pourquoi l’analyse faire, EDF a développé des actions considérables d’une crue centennale des vulnérabilités des grands réseaux visant à renforcer la sécurisation de sur leurs activités. Pour ces acteurs, conduit les opérateurs à fortement ses installations (mise hors tension deux stratégies sont possibles : renforcer la sécurisation de leurs préventive de transformateurs en • La poursuite de l’activité d’un site en installations. zone inondable ou proche) tout en mode dégradé. C’est un pari risqué L’ampleur de la tâche est immense, respectant le principe de l’auto - qui peut entraîner la destruction mais les premiers résultats sont enre- nomisation (mobilisation prévue de des installations. gistrés. La RATP, la première s’est enga- plus de 1 500 agents). Des moyens • L’arrêt et le démontage préventif gée il y a plusieurs années dans la réali- matériels ont été acquis pour la des installations menacées afin de sation d’un plan de sauvegarde qui a été période de crue (protection des instal- les protéger – surtout s’il s’agit d’ins- un moteur dans ce travail commun. lations) et pour la reprise du service tallations comportant des disposi- Les grands opérateurs ont également (achat de motopompes de nettoyage tifs électroniques sensibles –, cette engagé des actions significatives : et de pièces de rechange pour la stratégie présente l’avantage de per- • EDF, dont l’activité intervient dans remise en état des installations). mettre une reprise rapide de l’acti- la quasi-totalité de la vie économique • D’autres opérateurs ont suivi cette vité après la décrue, mais contribue régionale, a mis en œuvre d’impor- même logique de prévention et de à aggraver la situation de crise. tants moyens de prévention ainsi reprise rapide de l’activité après

Viabilité du réseau principal d’Île-de-France pour une crue d’occurrence centennale (débit comparable à celui de 1910 dans les conditions hydrauliques actuelles)

© IAU île-de-France

Source : DREIF

Des réflexions pour l’action 101 Défense et de la Sécurité civile, seront également mis en place par les pou- voirs publics ; les associations de secourisme et d’entraide seront aussi mises à contribution. Ces partenaires sont parties prenantes à l’élaboration du plan de secours. Ces moyens pourraient se révéler insuffisants pour répondre à l’ensem- ble des besoins. Une assistance inter- nationale sera également nécessaire comme cela a été le cas dans le sud de la France, lors des importantes inon- dations survenues à Arles, l’été 2003. © SNCF-CAV _ P. Fraysseix _ P. © SNCF-CAV © RATP PIL© RATP _ D. Dupuy L’activité de la région est tributaire des transports ferrés et routiers. La SNCF, la RATP Une gestion de crise et le Syndicat des transports d’Île-de-France travaillent en liaison permanente d’envergure pour protéger leur réseau et permettre le maintien de la circulation, même ralentie. L’inondation majeure en Île-de-France la décrue ; c’est le cas de France et moyennes entreprises dont les impliquera l’activation de plus d’une Télécom, acteur majeur de la ges- commandes, les règlements sont centaine de centres de gestion opéra- tion de la crise, qui a mis en place essentiellement assurés aujourd’hui tionnelle de crise. Ce chiffre très diverses actions : protections des sites par des moyens télématiques. L’aval important trouve son explication dans inondables, reprise de l’étanchéi - des activités économiques est lui aussi l’interdépendance totale entre les sation de sous-sols et renforcement fortement dépendant des réseaux de réseaux et leur implication commune de cuvelage de bâtiments… communication. dans la gestion du risque inondation. Hormis l’énergie et les communica- Le choix de la gestion de ce type de tions, l’activité de la région est égale- crise s’est donc porté sur une organi- ment largement tributaire des trans- Les moyens sation fonctionnelle, animée à partir ports ferrés ou routiers. Si l’économie et les renforts du Centre opérationnel de défense et la vie franciliennes seront très fragi- zonal (CODZ) de la préfecture de lisées pendant la crue, c’est aussi parce Face à une crise d’une telle ampleur, police. que la population sera paralysée du l’arrivée de renforts, tant humains que Dix-neuf fonctions ont été identifiées fait de la forte diminution des possi- matériels, est vitale aux différents comme nécessaires à la gestion de crise bilités de transport. Aussi, la SNCF, la acteurs pour faire face aux dysfonc- en Île-de-France. C’est-à-dire que tou- RATP et le Syndicat des transports tionnements générés par la crue. tes les fonctions économiques et socia- d’Île-de-France travaillent en liaison Il s’agit dans un premier temps des les seront impactées (secours, santé, permanente pour protéger leur réseau renforts humains auxquels les grands énergie, approvisionnement, commu- et permettre autant que possible de opérateurs ont prévu de faire appel nications, hébergement…). Chaque maintenir une circulation, certes ralen- pour la mise en protection de leurs fonction regroupe un nombre variable tie et limitée, mais© vitale pour IAUla région. installations île-de-France et la sauvegarde de leurs d’acteurs associés mais concourant L’un des grands enjeux économiques activités. Une organisation lourde, tous aux services assurés par cette fonc- reste la dépendance aux systèmes de mais nécessaire, permettra l’arrivée de tion. Le centre zonal de gestion de crise communication. Si la plupart des ces renforts depuis les autres régions sera activé lorsque la Seine atteindra la sièges des plus grandes entreprises françaises, leur hébergement et leur hauteur de 5,50 m à l’échelle du pont sont situés à Paris ou à proximité, leurs action au profit des installations tou- d’Austerlitz avec tendance à la hausse. activités s’étendent bien au-delà des chées par les dégâts liés à la crue. À partir de cette hauteur d’eau, tous les limites administratives de l’Île-de- Des renforts, notamment militaires opérateurs se mettront progressive- France. Il en est de même des petites ou provenant de la direction de la ment en situation de gestion de crise.

102 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Les scénarios dables arrêtées, arrêt de la circulation Un système de la gestion de crise SNCF à Mantes et Meaux…) voi- d’information ries coupées. • Scénario S8. 8,0 m – 8,30 m à géographique Dans un premier temps, toutes ces Austerlitz : scénario 1910 avec l’ac- de gestion de crise fonctions ont fait l’objet d’une étude tion des barrages réservoirs. Situa- de vulnérabilité au regard du niveau tion en mode très dégradé (eau, Si les inondations ignorent les limites des plus hautes eaux connues (PHEC). énergie, téléphone). administratives, les grands réseaux de Ce travail préliminaire a permis de • Scénario PHEC. Ligne d’eau 1910, l’Île-de-France, les mouvements de connaître les dysfonctionnements soit 8,62 mètres à Austerlitz. population, les activités économiques relatifs au pic de la crue. Ces analyses ont chacun leur mode d’organisation. doivent être complétées par une Pour citer quelques exemples d’orga- meilleure connaissance des étapes Prévoir et durer nisation des réseaux, la SNCF est orga- intermédiaires ; c’est pourquoi la ges- nisée en 5 régions, EDF en 3 plaques tion chronologique de la crise se base La présence de l’eau n’est pas le seul administratives, la distribution d’eau sur les trois niveaux jugés pertinents critère au maintien en activité des potable en de multiples syndicats… pour suivre la progression de la crue, cellules de crise. En effet, après la Cette diversité a très vite imposé de se correspondant aux scénarios S3, S5 et décrue, la période de retour à la nor- doter d’un système d’information géo- S8 de la montée des eaux établis par la male sera accompagnée de très nom- graphique (SIG), afin de produire les DIREN : ces scénarios peuvent en cas breux problèmes, notamment le net- documents nécessaires à la gestion de crue centennale se dérouler sur 3 à toyage et la désinfection des locaux, la dans le temps du plan de secours inon- 6 jours : remise en route des installations, le dation. La réalité du terrain jointe à • Scénario S3. 6,10 m – 6,40 m à retour des populations évacuées... des bases de données pertinentes doit Austerlitz : premiers dysfonction- Cette période est estimée aujourd’hui permettre de définir au mieux les nements graves, notamment sur le à un minimum de trois semaines jus- risques courus par les populations. RER C et les voies SNCF à tifiant le maintien du dispositif de ges- Actuellement, le SIG est testé ; l’utili- Villeneuve-Saint-Georges. tion de crise. sation de cet outil sera optimale par • Scénario S5. 7,05 m – 7,25 m à Actuellement, la prévision d’arrivée échanges d’information avec les ser- Austerlitz : chute de l’offre en trans - de la crue est connue 24 h à l’avance vices disposant déjà d’un tel système. ports ferrés (lignes de métro inon- avec tendance pour les deux jours suivants(3). Cette prévision, qui est fondamentale, est insuffisante pour 19 fonctions nécessaires à la gestion de la crise les opérateurs économiques deman- Les effets 1. Annonce et suivi de la crue deurs d’une prévision des crues pré- de la verticalité urbaine 2. Communication cises à 72h. Un programme d’amé- 3. Transports collectifs lioration de l’annonce des crues est L’ensemble des éléments relatifs au 4. Circulation routière élaboré par la DIREN d’Île-de-France risque inondation, qu’ils soient 5. Fourniture en énergie afin de répondre à cette attente et per- humains, matériels ou économiques, 6. Télécommunication 7. Circulation fiduciaire mettre des prises de décision doit être systématiquement replacé 8. Continuité des soins hospitaliers préventives de la part des acteurs de dans le contexte particulier de l’Île- 9. Évacuation des établissements la crue. Le corollaire de l’autonomie de-France en complément de l’utili- médico-sociaux de chaque opérateur, est en effet une sation des sous-sols déjà citée et d’une 10.© Approvisionnement IAU en médicament île-de-France 11. Alimentation en eau potable demande forte d’information pré- large utilisation des canalisations sou- 12. Évacuation/hébergement d’urgence ventive sur l’arrivée de la crue afin de terraines fragilisant les réseaux en cas 13. Ravitaillement des populations disposer des délais nécessaires à la 14. Déchets ménagers pré-mobilisation et à l’arrivée des (3) Les annonces et prévision élaborées par le 15. Assainissement moyens matériels et humains. centre d’annonce des crues de Paris sont dispo- 16. Sécurité publique nibles quotidiennement sur Internet sur le site 17. Secours d’urgence du ministère de l’Écologie et du Développement 18. Soutien militaire durable : http://www.ile-defrance.environnement. 19. Soutien sécurité civile gouv.fr rubrique «inondation», sur minitel 3615EAUSEINE.

Des réflexions pour l’action 103 de crues (EDF, télécommunication, L’information Chaque Francilien doit être en mesure chauffage...). On peut citer par exem- doit être un point fort de connaître sa situation personnelle ple à Paris : au regard du risque inondation. Cette • Les immeubles de grandes hauteurs dans le travail communication doit s’adresser à (IGH). On compte aujourd’hui 180 de prévention tous : la population directement IGH à Paris dont environ une cen- concernée et celle qui sera incitée à taine à usage d’habitation. Chacun Parler du risque inondation, c’est sur- adopter des attitudes visant à limiter comprend environ 700 à 800 habi- tout évoquer les chiffres liés à la popu- les perturbations prévisibles telle que tants. Sans électricité (alimentation lation ; 880 000 habitants auront les limiter sa consommation d’eau cou- par le réseau EDF ou groupe électro- «pieds dans l’eau», mais deux à trois rante ou éviter de prendre son véhi- gène), un IGH doit être évacué, les millions de Franciliens devront vivre cule. Des initiatives ont été engagées installations de sécurité (détection de façon plus ou moins dégradée en dans ce sens, mais un gros travail reste incendie, désenfumage…) ne fonc- raison de l’arrêt de certains transports, encore à faire pour convaincre de la tionnant plus. Dans le cas d’une crue de difficultés d’approvisionnement ali- réalité du risque et de la pertinence de centennale, les IGH situés en zone mentaire ou de dysfonctionnements certaines actions simples (éviter de inondée devront être évacués ; des réseaux de communication et d’é- stocker des biens en sous-sol, envisa- 10 000 personnes pourraient être ner gie… ger un hébergement de secours, pré- concernées à Paris. Contrairement à certains départe- voir quelques réserves alimentaires, • Les parkings. Le nombre de places ments français régulièrement en proie des piles pour les radios…). de parking en sous-sol est d’environ à la montée des eaux, les Franciliens se C’est aussi par une mobilisation des 600 000. Un plan de stationnement sentent assez peu menacés par une initiatives individuelles que la crise de crise, à l’étude, prévoit en parti- crue ; ils sont donc peu préparés à s’or- pourra être gérée de manière collective culier 20 000 places dans les bois de ganiser en conséquence. C’est pour- afin de diminuer l’impact de la crue Boulogne et de Vincennes. Les véhi- quoi la communication entreprise par sur l’économie francilienne. Il faut en cules garés en surface ou en sous- les pouvoirs publics via les médias effet bien prendre conscience que la sol, en zone inondable, risquent de depuis deux ans a pour but d’infor- vulnérabilité de notre société au risque congestionner toute la circulation mer les Franciliens pour leur permet- crue a augmenté avec sa complexité. Le routière si aucune solution n’est pro- tre de devenir acteurs de leur propre Paris inondé du futur ne verra plus posée aux propriétaires de ces véhi- sécurité dans la crise. sortir des caves des pommes de terre et cules, qui seront naturellement sou- Informer 11 millions d’habitants est du charbon comme en 1910, ainsi que cieux de les préserver. une tâche ambitieuse, mais nécessaire. le rappelle Marc-Ambroise Rendu dans son livre 1910, Paris inondé(4). Si rien n’est prévu, des véhicules, des ordi nateurs, des objets d’art… sorti- ront des caves tous hors d’usage ou irrémédiablement perdus. © IAU île-de-France © J.G. Jules _ Iaurif Dans le cas d’une crue centennale, les IGH situés en zone inondée devront être évacués ; (4) AMBROISE-RENDU (Marc), 1910 Paris 10 000 personnes pourraient être concernées à Paris. inondé, édition Hervas.

104 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 © V. Wadel _ SDIS Haut-Rhin Wadel © V. Prévention des risques majeurs dans l’agglomération mulhousienne : quelles perceptions et quels points de vue des actions ?

Sandrine Glatron(1) et Elise Beck(2) Preventing major risks in Laboratoire image et ville the Mulhouse conurbation: CNRS–Université Louis Pasteur, Strasbourg how are the actions perceived and viewed? L es risques majeurs, naturels ou technologiques, Major natural or technological constituent une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics risks constitute a major concern comme pour les citoyens. Mais la perception de chacun est for the authorities, and for citizens. But perceptions differ depending différente selon les groupes d’acteurs. on the group of players in question. À Mulhouse et dans son agglomération, des études appliquées ou In Mulhouse and in its conurbation, universitaires réalisées par des chercheuses du Laboratoire image applied or university research conducted by researchers from et ville sur la perception des risques par les Mulhousiens montrent the Image and City Laboratory on un décalage© importantIAU entre la faible île-de-France préoccupation affichée par Mulhouse’s residents’ perceptions les citoyens et la connaissance locale des phénomènes dangereux et of the risks show a considerable de leurs conséquences. Ce constat est effectué en dépit des actions disparity between the low concern shown by citizens and the local ponctuelles ou régulières visant à améliorer la connaissance knowledge of dangerous citoyenne des risques. phenomena and their consequences. This disparity is observed in spite (1) Chargée de recherche CNRS. of the occasional or regular (2) Doctorante en géographie. Thèse en cours : Risque sismique et risques technologiques en milieu urbain – application à l’agglomération de Mulhouse. Direction : C. Weber (Laboratoire image actions aimed at improving the et ville, Strasbourg) et M. Granet (Institut de physique du globe de Strasbourg). citizen’s knowledge of the risks.

Des réflexions pour l’action 105 Localisation de Mulhouse Mulhouse : en France et en Alsace De nombreuses actions ont été une ville confrontée entreprises sur les risques majeurs à l’échelle des villes, des agglomérations, aux risques majeurs des régions parfois. Cependant la diversité des sensibilités à cette ques- Des tremblements de terre tion selon les agents ou groupes d’ac- aux explosions chimiques : teurs de la société reste frappante. des dangers multiples La forte préoccupation affichée par les L’Alsace n’apparaît pas, de prime abord, autorités nationales et locales se traduit comme une région particulièrement «à non seulement dans les discours, mais risques». Et pourtant, un regard plus Source : Intercarto, 2002 aussi dans la multiplication des docu- attentif montre que l’agglo mération de ments d’aménagement et d’informa- dans des recherches sur les multiples Mulhouse (Haut-Rhin) concentre plu- tion, relayée par les nombreuses étu- risques de la région, en particulier dans sieurs risques naturels et technolo- des scientifiques qui concernent tous l’espace urbain mulhousien. giques. Cette ville de 110 000 habi- les maillons de la gestion des risques. Ces recherches ont une destination tants(7) s’inscrit dans la partie sud du À l’opposé, la connaissance locale par assez appliquée lorsqu’elles répon- fossé rhénan qui constitue un fossé d’ef- les citoyens des phénomènes dange- dent à une demande des autorités fondrement. Par sa situation géogra- reux et de leurs conséquences reste fai- locales et s’inscrivent dans le cadre phique, cette petite région urbaine ble. Un décalage surprenant existe d’études commanditées par la ville cumule le risque sismique, le risque d’i- entre une préoccupation sociétale de Mulhouse(5) ; elles revêtent une nondations et le risque de coulées de généralisée, une culture des risques dimension plus universitaire quand boue. La tradition industrielle et la pro- qui s’étend notamment grâce aux pro- elles font partie de programmes ximité de la frontière ont favorisé la positions de formation à différents interrégionaux et internationaux tel localisation d’usines et les flux de matiè- niveaux de la scolarité des Français(3) INTERREG III(6). res dangereuses, autant de sources pro- et une connaissance, voire une cons- cience très faibles de la situation locale L’agglomération de Mulhouse par les principaux intéressés. Ce contexte de perception contrastée suscite la curiosité des chercheurs qui sont en outre sollicités comme experts par la société civile ou par les collecti- vités locales à plusieurs niveaux : - pour améliorer la connaissance des aléas ; - pour faire des propositions d’affichage des risques, en particulier par la car- tographie à des fins de planification ; - pour mesurer les effets des campa- gnes d’information sur les citoyens, etc. Même si la ville© possède à premièreIAU île-de-France vue une image de cité paisible, l’étude de cas de Mulhouse, soumise à de nombreux risques, a semblé particu- lièrement pertinente pour illustrer la diversité des points de vue. À l’université Louis Pasteur de Stras- bourg, plusieurs chercheuses du Labo - ratoire image et ville(4) se sont engagées

106 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 pices aux risques technologiques. Les interactions entre ces risques de nature et d’ori gine diverses ne sont pas sans appeler l’attention sur les effets cumu- latifs potentiels.

Secousses sismiques, ravages de l’eau (coulées boueuses et inondations) sont redoutés © IMFS © IMFS Le risque sismique, bien réel dans le Les eaux limoneuses dévalant les collines du Sundgau recouvrent les routes, les espaces communaux, entrent dans les maisons. Outre la violence du courant au moment sud du fossé rhénan, est relativement de l’événement, un dépôt de terre qui peut atteindre plusieurs dizaines de centimètres élevé dans la région de Mulhouse. La demeure une fois évacuée la partie liquide. proximité de la chaîne alpine (via le Jura) explique que ce territoire soit semble des séismes ayant été enregis- Ceux-ci dévalent les pentes, générale- affecté de mouvements tectoniques trés depuis 1980) est caractérisée par ment suite aux orages ou fortes pluies plus ou moins récents, comme le mon- le séisme de Sierentz (1980)(9). de printemps, surtout en mai et juin, tre la sismicité historique. D’après les La présence de terrains meubles (lœss) quand les cultures ne sont pas encore archives, le séisme historique qui a le plaqués sur les collines qui bordent la très couvrantes. Ces coulées de boue plus marqué les esprits dans la région ville de Mulhouse au sud et qui cons- peuvent entraîner des dommages est sans aucun doute celui de Bâle, en tituent les premiers reliefs du Sundgau, importants sur les habitations et les 1356(8) ; une très grande partie de la ajoutée à une agriculture intensive réseaux de communication, jusqu’en ville et de ses environs a subi des dom- orientée vers la céréaliculture, notam- milieu périurbain. Entre 1985 et 2003, mages d’une ampleur catastrophique ment la monoculture du maïs, favo- 192 coulées de boue ont affecté 107 dans le contexte historique de l’épo - risent l’occurrence de coulées de boue communes du Haut-Rhin, conséquence que. La sismicité instrumentale (en- et autres mouvements de terrain. de 39 épisodes climatiques(10).

Sismicités historique et instrumentale du fossé rhénan (3) Actions de formation des enseignants du pre- mier degré dans le cadre du plan national Sesam, ou encore des étudiants, par exemple à l’Université de Haute Alsace pour le cas qui nous préoccupe, etc. (4) En association avec d’autres équipes sur cer - tains aspects : l’EOST (École et observatoire des scien ces de la terre), le BETA (Bureau d’éco no - mie théorique et appliquée), l’IMFS (Institut de mécanique des fluides et des solides) notamment. (5) Programme INTRUS, Intégration et impact des risques naturels et technologiques en système urbain, 2001-2004, par exemple. (6) Intégration des risques majeurs (risques naturels-risques technologiques) et transfron- talité, 2003-2007. (7) Données INSEE, recensement de la popu- lation de 1999. L’agglomération compte, pour sa part, près de 200 000 habitants.

(8) intensité macrosismique, I0 = IX-X, Meghraoui, et al., 2001. © IAU île-de-France(9) magnitude ML = 4,8 ; données RéNaSS (Réseau national de surveillance sismique). (10) D’après les travaux de maîtrise de Carine Heitz sur la «Caractérisation des bassins versants agricoles à l’origine de coulées boueuses dans les communes du Sundgau» et le mémoire de DEA de Corinne Flota «Validation de la car- tographie de l’aléa érosion des sols en France» (IFEN) suite aux coulées boueuses liées à l’érosion des terres agricoles dans le Sundgau (Alsace) soutenu en juin 1999, dirS B. Dumas & M.-J. Penven (107 p. + annexes).

Des réflexions pour l’action 107 Localisation des installations dangereuses et des réseaux faisant l’objet de transport de matières dangereuses

Depuis le début de son histoire, la L’industrie, la production d’énergie engendré un autre risque, celui lié au région mulhousienne apparaît com- et le transport à Mulhouse : transport de matières dangereuses par me un vaste espace marécageux, pro- de multiples sources de risques voies routières, mais aussi par voies gressivement colonisé par l’homme technologiques ferrées et fluviales. La présence de plu- à la faveur de changements clima- Ce qui était au départ un obstacle est sieurs usines utilisant ou produisant tiques(11) et d’aménagements anthro- devenu finalement un atout puisque des matières dangereuses et d’une gare piques. Le risque d’inondations est l’eau fut à l’origine de la première trace de triage qui accueille un trafic impor- aujourd’hui relativement bien maî- d’industrialisation de la ville de tant conduit à l’apparition de ce risque trisé grâce à la canalisation des cours Mulhouse (Mulinhuson) en 803(12). dans la région mulhousienne. d’eau qui traversent la ville de Et c’est autour de l’eau et surtout de la La production d’énergie est également Mulhouse, mais les traces de certains force hydraulique, que l’histoire indus- à l’origine de risques. Dans le Haut- événements considérables sont encore trielle de la ville s’est développée pour Rhin, la présence de la centrale de présentes dans le paysage. La plaine atteindre son apogée au XIXe siècle Fessenheim à une trentaine de kilo- du Rhin, très plane, était autrefois grâce à la production d’indiennes. mètres au nord-est de Mulhouse, le inondable et fut asséchée à la suite de Cette industrie textile est remplacée long du Rhin, fait peser un risque la régularisation du Rhin et de la au XXe siècle par les usines chimiques nucléaire sur toute la région. Enfin, à construction du canal d’Alsace. Le ou de production d’automobiles la frontière entre risque naturel et réseau hydrographique reflète ce (aujourd’hui Peugeot à Illzach). La risque technologique, la présence du caractère extrêmement© plat : IAUles petits région mulhousienneîle-de-France est marquée barrage de Michelbach, à 23 km à cours d’eau sont très sinueux, anas- d’une empreinte, celle de l’industrie. l’ouest de Mulhouse, n’est pas sans tomosés et la plaine est encore sujette Mais ce qui était jadis synonyme de générer un risque, même un peu aujourd’hui aux inondations. progrès, de travail, évoque aujourd’hui «lointain». Un glissement de terrain plus le danger, les risques, matérialisés dans la retenue produite par le bar- par la présence de quatre installations rage pourrait être à l’origine d’une classées «Seveso II - seuil haut». vague de submersion qui affecterait

La délocalisation des activités chimi - (11) Livret, Oberle, 1997. ques en des lieux distincts et distants a (12) Livret, Oberle, 1997.

108 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 les terri toires situés en aval. Pire Risques identifiés dans les communes de la zone d’étude encore, la rupture totale de cet édifice enjeu humain enjeu humain à définir entraînerait des inondations qui Commune Sismique Inondation Barrage Industriel TMD concerneraient une vingtaine de com- Baldersheim Ib munes(13). Brunstatt Ib Finalement, l’agglomération de Didenheim Ib Habsheim II Mulhouse est une agglomération Illzach Ib industrielle, dont certains établisse- Kingersheim Ib ments présentent des risques majeurs Lutterbach Ib et concentrent un important trafic de Morschwiller-le-Bas Ib Mulhouse Ib matières dangereuses, dans un espace Pfastatt Ib soumis à différents aléas naturels. Il Riedisheim II résulte de cette situation une imbri- Rixheim II cation des différents risques et leur Sausheim Ib Wittenheim Ib interaction redoutée. Comme dans Source : Laboratoire image et ville, Strasbourg. À partir des données publiées sur http://www.prim.net beaucoup de villes, il y a là une étroite coexistence des risques et des activi- Le risque coulées de boue n’étant pas identifié, il n’apparaît pas en tant que tel (prim.net). Il est pourtant sous-entendu dans le risque inondation, puisque les arrêtés de catastrophes tés humaines. Toutefois, cette situa- naturelles, à l’heure actuelle, ne font pas de distinction claire entre ces deux risques. tion résulte d’une analyse «experte», relativement objective, mais qui n’est Différents signes peuvent marquer le visibles, aucun vestige spectaculaire ne pas nécessairement accessible à tous, en paysage urbain, mais ils sont extrême - fait état des événements qui ont pu se particulier aux citadins qui voient dans ment ténus dans le cas de Mulhouse. dérouler dans le passé. leur ville un espace plutôt tranquille. Géné ralement, des signes visuels des D’autres éléments permettent de déce- Pourtant, certains signes tangibles des catastrophes sont perceptibles, au ler l’inscription des risques dans le pay- risques et des dangers sont perceptibles mo ment où celles-ci surviennent sage : ce sont les signes tangibles de leur par tous. (destructions diverses par exemple). prise en compte. À Mulhouse, les ouvra- Les témoignages d’événements passés ges d’évitement, de protection, de pré- Au fil de la ville : l’inscription peuvent, théoriquement, affecter une vention sont relativement discrets, mais des risques dans le paysage ville à court terme ou à plus long ils existent, telles les buses sur les cours mulhousien terme comme on peut le voir sur les d’eau, au cœur même de la ville. Il n’est donc pas douteux que parapets du pont romain dislo qué par Pour certains phénomènes, des réali- Mulhouse soit une ville soumise à une vague de plus de 15 m, à Vaison- sations techniques sont engagées afin divers dangers. Les personnes concer- la-Romaine lors de la catastrophe du d’améliorer la résistance des ouvrages et nées : gestionnaires, experts, universi - 25 septembre 1992. des bâtiments aux catastrophes ; seul l’œil taires… les connaissent bien, mais À Mulhouse, à la différence de Bâle, du professionnel peut déceler la présence comment le citadin non averti peut- qui fut très largement détruite en 1356 des risques en observant la morphologie il les connaître ? et dont des témoignages sont encore urbaine. C’est le cas par exemple pour les constructions répondant aux normes parasismiques (dites PS92). Depuis 1993, les bâtiments publics identifiés comme à risque doivent intégrer des prescriptions © IAU île-de-Francetechniques particulières ; ces mesures de prévention consistent à appliquer des règles de construction permettant aux bâtiments même endommagés par un séisme de ne pas s’effondrer. Mais les infrastructures parasismiques ne sont

© S. Glatron (13) Ministère de l’Aménagement du territoire Mulhouse : derrière la place du marché, le canal enterré refait surface. Les berges sont et de l’Environnement, préfecture du Haut- marquées par les variations du niveau de l’eau. On aperçoit une buse (entourée en rouge). Rhin, mairie de Mulhouse, 2002.

Des réflexions pour l’action 109 visibles qu’au moment de la cons- Les risques pris en charge truction, elles disparaissent totalement dans la planification «ordinaire» par la suite. Depuis 1987, de manière générale, les Enfin, de façon plus subtile, on peut documents d’urbanisme (POS, sché- penser que la connaissance et l’identi- mas directeurs jusqu’à la loi SRU du fication d’éléments urbains comme des 13 décembre 2000, schéma de cohé- sources de danger peut modifier la per- rence territoriale, PLU et cartes com- ception du paysage et de la ville. C’est munales depuis lors) doivent mettre l’hypothèse faite pour tenter de cerner en œuvre la prévention des risques la perception des risques majeurs par naturels prévisibles et des risques tech- les habitants de l’agglomération de nologiques, comme l’indique l’article Mulhouse. L. 121-1 du Code de l’urbanisme(15). Cette prise en compte des risques inter- vient à toutes les échelles : régionale, Les actions départementale et locale. Malgré les évolutions dans ce domaine, de prévention réalisées © R. Thomas les collectivités locales ont des diffi- dans l’agglomération La cathédrale de Bâle fut très endommagée lors du séisme de 1356. cultés à insérer la problématique des mulhousienne risques dans les zonages qu’elles déter- - des actions traditionnelles de pré- minent et même à annexer une carto - Qu’ils soient visibles dans le paysage vention par la planification et par graphie contraignante au titre des ser- par l’intermédiaire de signes tangibles l’information ; vi tudes publiques, contrevenant pour ou non, les risques sont bien présents - la mise en relation des différents ainsi dire à l’obligation qui leur est dans l’agglomération de Mulhouse. acteurs (industriels, citoyens, admi- faite. Mulhouse ne fait pas exception Leur diversité, leur importance con- nistration…) ; à ce constat général : le POS ne prend traignent les autorités à mettre en - l’amélioration, à terme, de la com- pas en compte tous les risques. Ainsi, œuvre diverses actions de prévention. munication avec la population dont il ne mentionne pas le risque inonda- Aujourd’hui, la prévention des risques il est avéré, suite à diverses enquê- tion ; pourtant, le niveau des rivières majeurs relève, d’une part, des autori- tes, qu’elle se sent peu concernée et traversant la ville peut être élevé, tés centrales et des services déconcen- informée sur les risques majeurs. comme le prouve la hauteur à laquelle trés de l’État et, d’autre part aussi, des La loi du 22 juillet 1987(14) qui con - se trouvent les laisses dans les arbres autorités locales, mais au titre de la cerne, entre autres, la prévention des (notamment les branchages transpor- planification du territoire et de la sécu- risques majeurs et l’organisation de tés par l’eau). La municipalité semble rité civile des citoyens. Les contraintes la sécurité civile, a instauré deux types plus se préoccuper de l’aspect esthé- d’aménagement et de gestion liées à d’action en matière de politique de tique lié à ces cours d’eau. la présence des risques conduisent à prévention : la maîtrise de l’urbani- Concernant le risque sismique, le une forte préoccupation des autorités sation et l’information du public. POS précise que les normes para- locales quant à la gestion des risques. sismiques doivent être appliquées, Ainsi, la Mission «environnement dura- Planification et aménagement puisque la ville de Mulhouse se trouve ble» de la Communauté d’aggloméra- Parce qu’elles sont soumises à des en zone 1b. tion Mulhouse sud Alsace (CAMSA) risques à la fois naturels et technolo- Le POS prend enfin en compte le est particulièrement© active enIAU matière giques, les île-de-Francecommunes de l’agglomé- risque technologique par l’intermé- de prévention, signalant par sa consti- ration mulhousienne sont tenues de diaire d’un zonage particulier : le tution même l’intérêt soulevé par la mettre en œuvre diverses actions de UX1s. Ce dernier préconise un certain question des risques. Au sein de l’ag- planification au titre de la prévention. (14) Loi n° 87, du 22 juillet 1987 relative à l’orga- glomération, différentes actions ont été La prise en compte des risques se fait nisation de la sécurité civile, à la protection de la initiées : dans les documents d’aménagement forêt contre l’incendie et à la prévention des risques - des démarches auprès de services et d’urbanisme, mais aussi dans une majeurs. Intégrée dans le Code de l’urbanisme. (15) Voir «Les risques et les documents d’ur- compétents dans le but de mieux planification ad hoc, explicitement banisme», Les Cahiers de l’IAURIF, n° 138, 3e identifier les risques ; dédiée à la réduction des risques. trimestre 2003, pp. 30-31.

110 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Chronologie de la création des plans d’urbanisme prenant en compte la prévention des risques Type de document PSS (1935) PPI (1987) PPR (1995) (PER – 1982) POS/PLU Risque couvert Inondation Risques technologiques Risques naturels Tous risques majeurs (au titre des servitudes) Auteur Préfecture Préfecture Préfecture et DDE Commune Objectifs préserver les champs information préventive connaissance des phénomènes planification des sols d’inondation du public et incidences favoriser l’écoulement organisation des secours information du public information des eaux maîtrise de l’urbanisation sur les servitudes Valeur juridique Document réglementaire Réglementaire (mais dans Réglementaire Réglementaire (servitudes annexées au POS) le cadre de la sécurité civile) (opposable au tiers) (opposable au tiers) Représentation Zonage (A et B) Enveloppes d’effet Zonage à l’échelle communale Zonage des phénomènes à l’échelle intercommunale à l’échelle communale ou intercommunale à l’échelle communale Source : Laboratoire image et ville. nombre de dispositions visant à limi- des documents spécifiquement dédiés exactitude son lieu d’occurrence. ter le développement urbain dans un à cet objectif. Ils comprennent les PPR Lutter contre le risque sismique et le rayon de 500 m autour des installa- ou les plans antérieurs comme les diminuer revient finalement à limiter tions à risque retenues, notamment Plans d’exposition aux risques (PER), les conséquences d’un tremblement l’usine Rhodia, classée «Seveso II– les Plans de zone sensible aux incendies de terre, en construisant notamment seuil haut». Cependant, le déplace- de forêt (PZSIF), les Projets d’intérêt les bâtiments selon des normes para - ment des personnes habitant dans les général (PIG) mis en place au titre de sis miques. En France, ces normes proches environs de ce site ne semble la prévention des risques depuis la loi varient suivant l’exposition du canton pas envisagé. du 7 janvier 1983(16)... À Mulhouse et considéré au risque sismique. C’est dans sa périphérie, trois PPR inonda- pourquoi, un zonage sismique fran- La prévention des risques tion sont en cours d’élaboration et l’af- çais a été établi et mis en application par la planification «spécifique» fichage de ce risque est déjà bien par décret en 1991 pour définir cinq Outre la réglementation relative à l’a- avancé. zones de risque sismique croissant : 0, mé nagement qui doit de mieux en L’un des dangers bien réels du sud de Ia, Ib, II, III. Les bâtiments sont par mieux intégrer la prévention des l’Alsace ne fait pourtant pas l’objet ailleurs classés en cinq catégories en risques par la maîtrise de l’urbanisa- d’une planification locale spécifique : fonction de leur vulnérabilité face à tion, il existe depuis longtemps (1935 l’aléa sismique, car il a cela de parti- un tremblement de terre (A, B, C, D avec les plans de surface submersible) culier qu’on ne peut prévoir avec et risque spécial). Les normes para- sismiques doivent être appliquées aux Plans de prévention et d’information disponibles dans les différentes communes nouvelles constructions, aux modifi- R. 111.3 PPR inondation par PPR inondation cations apportées aux constructions remontée de nappe (en cours Commune (en cours ou approuvé) ou approuvé) des classes B, C, D et risque spécial Baldersheim XXdes zones Ia, Ib, II et III. Les commu- Brunstatt XXnes de l’agglomération se situent en Didenheim XXzone Ib et II. Habsheim Illzach XX X Kingersheim XX X(16) Le PIG permet à l’État de reprendre les Lutterbach XX Xprérogatives en matière d’urbanisme qu’il Morschwiller-le-Bas X venait de déléguer aux collectivités locales avec les lois dites de décentralisation. Il permet en Mulhouse© IAU île-de-FranceX effet à l’État, représenté par le préfet de dépar- Pfastatt X tement, de se substituer au maire pour mettre Riedisheim X en œuvre une procédure destinée à affecter au Rixheim X territoire une destination particulière même Sausheim XXdans les cas où les intérêts locaux auraient Wittenheim XX Xinterdit ou ralenti la mise en œuvre de mesu- Source : Laboratoire image et ville, Strasbourg. À partir des données publiées sur http://www.prim.net res jugées utiles à la collectivité. Parmi cinq motifs prévus pour la mise en place des PIG Plusieurs documents existent déjà ou sont en cours d’élaboration dans l’agglomération figure la prévention des risques (R. 131-3 du mulhousienne. Qu’il s’agisse de l’article R 111.3 du Code de l’urbanisme ou d’un PPR, tous Code de l’urbanisme) grâce à des périmètres de ces plans se rapportent au risque inondation (par remontée de nappe ou par débordement). protection.

Des réflexions pour l’action 111 Information aux citoyens Les documents informatifs encourus et des mesures de sauve- L’ensemble de ces plans d’urbanisme Les documents de planification (PLU, garde, est fournie par divers docu- ou de réglementation relative à l’amé- schémas directeurs départementaux et ments dont le contenu, la forme et les nagement n’est ni facilement acces- régionaux…) et plus encore, les pro- modalités de transmission sont préci- sible, ni compréhensible par tous. Le cédures qui visent à maîtriser l’urba- sés par décret(18). simple citadin n’est parfois pas informé nisation pour prévenir les catastro- Plusieurs documents d’information, de ces mesures. Une partie des actions phes, peuvent d’une certaine manière qui font l’inventaire territorial des de prévention consiste pourtant, par contribuer à inscrire les risques dans risques et des mesures de prévention divers moyens, à informer le public la vie quotidienne : elles affirment existants, sont ainsi recensés : des risques qu’il encourt. leur présence au travers de contrain- • À l’échelle départementale, la con - Dans le cadre de la politique de pré- tes d’utilisation des sols et d’une naissance est regroupée de façon sec- vention des risques majeurs, l’infor- matérialisation cartographique qui, torielle dans des documents qui mation préventive à destination des du point de vue réglementaire, devrait n’ont pas pour unique vocation l’in- populations figure en bonne place. Elle être clairement portée à la connais- formation du public, mais visent à poursuit un double objectif de trans - sance du public. servir de base à la connaissance des parence et de sécurité civile. Le pre- Cette connaissance est maintenant aléas, y compris par les services et mier se situe dans le contexte d’une meilleure grâce à un arsenal de docu- les personnels techniques. C’est le forte demande sociale de sécurité et ments à visée explicitement infor - cas notamment des atlas des zones répond aux impératifs liés à l’exercice mative. Depuis 1987, le droit français inondables, qui sont de plus en plus de la démocratie. Le second se fonde stipule que «les citoyens ont un droit répandus sur le territoire français et sur l’hypothèse qu’une population à l’information sur les risques majeurs dont le Haut-Rhin est doté depuis informée, ayant notamment connais- auxquels ils sont soumis dans certaines 2001 ; il est réalisé par la Mission sance des comportements à adopter zones du territoire et sur les mesures inter-services de l’eau du Haut-Rhin lors d’une catastrophe, permettra de de sauvegarde qui les concernent. Ce qui est transversale aux DDAF, limiter le nombre des victimes. Il droit s’applique aux risques techno- DDASS, DRIRE et SNS. Multi - s’agit ainsi de diminuer les consé- logiques et aux risques naturels prévi- risques, le dossier départemental des quences d’un événement en réduisant sibles»(17). L’information préventive, risques majeurs (DDRM), établi par la gravité de catastrophes potentielles. c’est-à-dire les mesures prises par le préfet du Haut-Rhin, recense l’en- C’est dans cette perspective qu’une l’État ou à la demande de l’État pour semble des risques, naturels ou tech- culture des risques doit être construite. informer les populations des risques nologiques du département ; il est aujourd’hui consultable dans les administrations, les mairies, mais il est aussi disponible sur Internet, ce qui devrait en principe favoriser sa consultation. • À l’échelle communale, le dossier communal synthétique (DCS) et le document d’information communal sur les risques majeurs (DICRIM), sont établis par le maire et consulta- © IAU île-de-Francebles en mairie. (17) Article 21 de la loi du 22 juillet 1987 rela- tive à l’organisation de la sécurité civile, à la protection de la forêt contre l’incendie et à la pré- vention des risques majeurs. Cette disposition est reprise dans l’article L. 124-2 du Code de l’urbanisme. (18) Notamment le décret n° 90-918 du 11 octobre 1990 relatif à l’exercice du droit à l’information sur les risques majeurs, pris en © D.R. application de l’article 21 de la loi n° 87-565 du Plaquette d’information sur les risques et consignes en cas de catastrophe 22 juillet 1987.

112 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 • À l’échelle généralement infra-com- État d’avancement des DCS et DICRIM dans les communes de l’agglomération munale, mais aussi parfois pluri- mulhousienne communale, les brochures d’infor- Commune Date DCS/DICRIM DCS mation sont diffusées dans les zones Baldersheim envisagé Brunstatt 01/04/2003 notifié des plans particuliers d’intervention Didenheim 17/03/2003 notifié (les PPI) à l’initiative et à la charge Habsheim 17/01/2001 notifié des exploitants d’usines classées Illzach 24/05/2002 notifié Seveso ou à «hauts risques». Kingersheim 24/04/2003 notifié Lutterbach 12/06/2002 notifié Dans les établissements recevant du • Morschwiller-le-Bas 24/04/2003 notifié public où plus de 50 personnes peu- Mulhouse 04/07/2002 notifié vent ou sont regroupées, un pan- Pfastatt 18/07/2002 notifié neau informe des risques suivant un Riedisheim 08/08/2002 notifié plan d’affichage établi par le maire. Rixheim 20/02/2004 notifié Sausheim 02/09/2002 notifié À Mulhouse, contrairement à la régle- Wittenheim 11/03/2003 notifié mentation à visée opérationnelle et Source : Laboratoire image et ville, Strasbourg. À partir des données publiées sur http://www.prim.net urbanistique qui n’est pas encore très aboutie, les documents destinés à l’in- marchandises (Mulhouse) par laquelle l’intermédiaire de la cellule environ- for mation de la population sont bien transitent et sont stockées des matiè- nement), les industriels (notamment développés. res dangereuses et dont le périmètre les journées annuelles portes ouvertes englobe la totalité de l’agglomération. de l’usine Rhodia), les associations de Les PPI : préparation La distribution de plaquettes d’in- riverains, les scientifiques… La grande des situations de crise formation sur les risques et les consi- majorité des réunions porte sur le L’information des populations est éga- gnes à suivre en cas de catastrophe risque chimique, même si des actions le ment réalisée dans le cadre des plans est obligatoire dans les périmètres ponctuelles concernent le risque sis- particuliers d’intervention (PPI) PPI. Après une première distribution mique ou le risque inondation. (L. 87-565 du 22/07/1987). Ceux-ci en 1992, une seconde a eu lieu en Une plaquette d’information, distincte portent sur l’organisation des secours 2002 dans les communes proches de de celle destinée aux habitants des en cas d’accident technologique grave, ces établissements et à l’intérieur des zones PPI, a également été rédigée sur dont les conséquences dépassent le périmètres PPI. Une nouvelle pla- la base du DCS de la ville de Mulhouse cadre de l’usine. Ils s’appliquent quette est en cours d’édition, met- et distribuée en mars 2004 via un quo- notam ment aux sites nucléaires, aux tant à jour et peaufinant les infor- ti dien local, L’Écho mulhousien, dans installations classées «Seveso», mais mations à prendre en compte, fruit chaque boîte aux lettres, dans les éco- aussi aux dépôts d’hydrocarbures du travail de l’ensemble des chimis- les et d’autres lieux d’information supérieurs à 10 000 tonnes et aux tes du Haut-Rhin. (office du tourisme). lieux de transit présentant des dan- Le rôle des médias dans la sensibili- gers. Leur objectif est de protéger les Les actions ponctuelles sation aux risques apparaît aussi très personnes, les biens et l’environne- et diversifiées d’information important. Un premier travail d’in- ment, par l’installation d’un disposi- Les actions ponctuelles, plus ou moins ventaire sur la presse locale a permis de tif d’alerte ou par l’information à la systématiques et régulières, ayant pour voir l’importance de cette thématique population. Le PPI ne se limite pas objectif d’informer le public des au cours de ces cinq dernières années. nécessairement à une commune risques majeurs ne peuvent être igno- Ainsi, pour la seule presse écrite quo- puisque© son péri mètreIAU (dont la déter- île-de-Francerées. Parmi les divers moyens de com- ti dienne, le dépouillement des mination fait suite à une étude de munication, il a semblé intéressant de Dernières nouvelles d’Alsace (DNA) et dangers) peut dépasser des frontières se concentrer sur les réunions-débats de l’Alsace a révélé le poids du sujet municipales, voire nationales. et sur l’information par les médias dans les médias écrits. Dans l’agglomération de Mulhouse, (plaquette, journaux). Entre 2000 et 2004, dans plus de 3 500 quatre établissements font l’objet d’un Les actions d’information du public articles pour chaque quotidien, tous PPI : l’usine Rhodia (Mulhouse), l’en- par les réunions-débats sont à l’ini- les risques majeurs identifiés (séisme, trepôt pétrolier de Mulhouse (Illzach), tiative des différents acteurs de la ges- inondation, coulée de boue, sécheresse, l’usine TYM (Illzach) et la gare de tion du risque : la municipalité (par explosion, incendie…) apparaissent

Des réflexions pour l’action 113 Le 23 novembre 2004, le plan opérationnel interne a été déclenché dans l’usine chimique Rhodia. L’objectif était de tester les procédures d’alerte et la réactivité des services de secours. Les habitants avaient été préalablement informés par voie de presse. © l’Alsace au moins une fois, qu’ils soient sim- plement cités ou qu’ils fassent l’objet d’un article spécifique. Des disparités peuvent pourtant être observées : le risque sécheresse domine très large- ment, ce qui est sans aucun doute lié à la canicule de l’été 2003. La presse régionale aborde le sujet de dif férentes manières : en informant sur les risques existants et les catastrophes se produisant, afin d’améliorer la connais- sance même des phénomènes et des risques, mais aussi en faisant part des actions de prévention : réglementation, actions préventives visant à lutter contre l’aléa, réunions d’information. Ce que la presse fait de mieux et majo- ritairement, c’est relater les événements aux habitants de s’approprier un peu On note une tendance pour les «ser- mondiaux, nationaux, régionaux et plus une question dont ils pourraient vices anniversaires» des grandes cata- locaux. se sentir éloignés, notamment du fait strophes comme les inondations À la suite de catastrophes comme celle de la distance géographique les sépa- meurtrières de Vaison-la-Romaine, de Toulouse en 2001, les journalistes rant des événements catastrophiques. l’accident d’AZF à Toulouse ou de profitent de l’événement pour faire le Les épisodes locaux sont d’ailleurs Bhopal, la catastrophe nucléaire de point sur la situation locale du risque rappelés lorsque sont pris les arrêtés de Tchernobyl pour ne citer que les plus considéré, afin de sensibiliser la popu- catastrophes naturelles qui y ont importants ou des événements régio- lation. Dans ce sens, ils permettent donné lieu. naux ou locaux majeurs. Cela contri- bue, de fait, à entretenir la mémoire de ces événements qui font partie d’une «culture des risques» en cons- truction. Enfin, à la fin de l’année, les grandes catastrophes nationales et régionales sont rappelées et sont accompagnées de l’inventaire des sor- © IAU île-de-Franceties effectuées par les pompiers.

Les industriels participent largement à la sensibilisation du public aux risques. Ainsi, l’Union des industries chimiques a décerné à l’usine Rhodia son trophée sécurité. © l’Alsace

114 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Certains articles portent sur des Des citadins peu actions de prévention par la régle- sensibles aux risques mentation, à l’échelle nationale (lois et décrets) ou locales (adoption de majeurs urbains… PPR…). Plus spécifiquement, les actions de prévention par la protec- Les accidents survenus en France au Les risques cités par les citadins, tion menées par les municipalités sont cours des quinze dernières années ten- par ordre d’importance, citées, notamment la construction dent à montrer que les citoyens sont en % de l’échantillon d’ouvrages d’art pour la lutte contre les souvent mal informés des mesures de bruit crues. Les journaux locaux se font sécurité et, plus largement, qu’ils n’ont d’autre part le relais des acteurs de la pas nécessairement une culture du délinquance gestion du risque pour promouvoir risque qui pourrait entraîner respon- les réunions d’information et les exer- sabilisation et comportements adéquats pollution de l’air cices d’alerte. Il n’est pas rare, d’ailleurs, en cas de catastrophe(19). Pour l’agglo- sécurité routière que certaines rencontres soient annon- mération mulhousienne aussi, nous cées quinze jours à l’avance, rappelées soupçonnons qu’il existe un décalage risque industriel la veille, puis relatées dans les quoti- entre la perception des risques par les diens des jours suivant la réunion. citadins et la forte mobilisation des inondation Enfin, il arrive aussi que certains arti- autorités locales et des scientifiques. En cles informent directement et notam- effet, malgré les actions de prévention coulées de boue ment sur les manières de réagir en cas précitées, il apparaît que les citadins ne pollution de l’eau de catastrophe (signification des sirè- sont pas très sensibilisés, sauf s’ils sont nes…) ou sur les dispositions à pren- réellement affectés de loin ou de près autres dre pour se faire indemniser. par une catastrophe ou en contact quo- Finalement, ce dépouillement révèle tidien avec le risque, par leur activité 0 % 5 % 10 % 15 % 20 % 25 % 30 % l’importance des risques dans la presse professionnelle. Ainsi, la notion de dis- Le total est supérieur à 100 %, les personnes locale, puisqu’il ne passe guère de jour tance/visibilité du risque nous paraît- enquêtées pouvant citer plusieurs risques. où un article ne leur soit consacré, de elle capitale pour comprendre la sensi- Correspondance entre le risque près ou de loin. Cette source d’infor- bilité diverse aux risques et l’aversion de la zone de résidence mation, même si elle ne touche qu’une qui peut en résulter. et le risque cité par les enquêtés partie de la population, n’est pas à Deux enquêtes (dont une en cours) 25 % négliger. devraient permettre de cerner davan- Face à l’ensemble de ces dispositifs tage l’attention portée aux risques 20 % qui montrent l’importance des risques majeurs par la population, en dehors 15 % dans les préoccupations des autorités de tout événement marquant de l’ac- locales et des journalistes, mais aussi tualité régionale, nationale, voire inter- 10 % la part capitale que l’on attribue à l’in- nationale. formation à fournir au public pour 5 % réduire ces risques, il convient de s’in- Une grande sensibilité 0 % ter roger sur la sensibilité effective des aux risques proches TMD inondation industriel citoyens aux risques qui les menacent. La première enquête, menée dans l’ag- Source : Laboratoire Image et ville, Strasbourg Est-ce© que les citadins,IAU qui sont cen- île-de-Franceglomération mulhousienne auprès de sés être informés des risques auxquels 100 personnes au cours de l’été et de (19) C’est ce que l’on constate, par exemple, ils sont exposés par les différentes l’automne 2003, montre que les pré- suite à l’accident de la Mède, en 1992, in Lalo actions – obligatoires ou incita tives – occupations quotidiennes des citadins Anne, Sala Floriane, Martin Jean, Glatron Sandrine, Bertrando Bruno, Lefeuvre Sylvie des autorités et des autres acteurs sont bien éloignées des risques (1993), «9 novembre 1992. Accident à l’usine concernés et parce qu’il existe des majeurs. Même lorsque les personnes Total de la Mède. Comment les populations signes tangibles du risque dans le pay- interrogées résident à proximité immé- ont-elles réagi ?». Rapport réalisé pour la société Total et les maires de Martigues sage urbain mulhousien, sont réelle- diate d’une source de danger qu’elles et Châteauneuf-lès-Martigues. Crisis, Nice, ment sensibilisés à leur existence ? perçoivent directement par les sens (la octobre 1993 (132 p.).

Des réflexions pour l’action 115 Une faible culture des risques majeurs Dans la deuxième enquête(22), nous avons plus largement interrogé les Mulhousiens sur leur connaissance des risques ainsi que sur la gestion de ces risques (consignes de sécurité à adopter, notion sur l’information préventive...). Ils semblent généralement peu concer- nés par les catastrophes potentielles qui pourraient les affecter. D’après les pre- miers traitements(23), nous constatons cependant que près de 40 % identifient le risque industriel ou nucléaire comme un problème de société très préoccu- pant, mais seuls 10 % les classent parmi les trois problè mes les plus préoccu- pants. La plupart du temps, cette iden-

© Photo Ville de Mulhouse tification est à mettre en relation avec la Visibles dans le paysage par l’intermédiaire de signes tangibles ou non, les risques sont bien présents dans l’agglomération mulhousienne. présence reconnue d’industries ou de la centrale de Fessenheim. Interrogés vue ou l’odorat le plus souvent), il est privilégient assez nettement les nui- sur les risques auxquels ils se sentent bien rare qu’elles aient conscience des sances quotidiennes interprétées très exposés sur leur lieu de vie (habitat risques auxquels elles sont directement comme des sources de gêne : le bruit ou travail), le risque sismique est cité exposées. (du voisinage essentiellement, mais par un tiers des habitants, ce qui n’est La proximité géographique aux sour- aussi extérieur), la délinquance sur- probablement pas sans lien avec les ces de dangers et nuisances joue tout, puis la pollution de l’air, la sécu- quelques secousses récemment surve- cependant un rôle capital dans l’at- rité routière et le risque industriel. nues (février 2003 et 2004, 21 juin 2004). tention que les citadins accordent aux La proximité des sources du danger Tout à fait en décalage avec l’impor- risques. Deux dimensions peuvent semble jouer un rôle non négligeable tance accordée par la presse à ce type être soulignées : les risques quotidiens dans la sensibilité au risque. Ainsi, d’événement, ils sont moins de 10 % à dominent de manière générale, mais lorsque les personnes interrogées habi- citer l’inondation comme un risque sus- lorsque l’on perçoit clairement une tent dans une zone inondable ou à ceptible de les affecter. source de danger, la représentation proximité d’une usine dangereuse, elles (20) Les habitants étaient interrogés à leur cognitive des risques majeurs qui y citent beaucoup plus volontiers les domicile. sont associés est nettement accrue. risques majeurs correspondant que le (21) Il s’agissait de questions ouvertes, c’est-à- L’impression dominante reste cepen- reste de l’échantillon : 23,8 % citent le dire que les habitants étaient invités à se pro- noncer sans se référer à un choix de réponses qui dant la relative quiétude des citadins risque inondation comme important auraient été proposées dans le questionnaire dans leur environnement quotidien, lorsqu’ils résident dans une zone inon- (questions fermées). Les autres questions de ce c’est-à-dire sur leur lieu de rési - da ble, contre moins de 5 % en questionnaire très court étaient : (1) Pour qui pensez-vous que c’est dangereux ? (2) Pourquoi dence(20). Ainsi, à la première ques- moyenne ; 17,2 % citent le risque cela vous paraît-il dangereux ? (3) Que redou- tion «Avez-vous© l’impression IAU d’habi- industriel s’ilsîle-de-France perçoivent la présence de tez-vous ? (4) Qui est responsable du danger ou de la peur ? (5) Que faites-vous pour vous ter dans un endroit où des risques, l’industrie proche par les odeurs ou protéger du risque ? des nuisances ou des dangers pèsent par la vue, contre 11,4 % en moyenne. (22) Au total, cette enquête portera sur 500 per- sur votre santé ou votre sécurité ?», En revanche, le risque lié au transport sonnes habitant ou travaillant dans l’agglomé- ration mulhousienne. le tiers des citadins de l’aggloméra- de matières dangereuses, nettement (23) Une centaine de questionnaires ont pu être tion a répondu «non». Pour les deux moins médiatisé, est totalement absent traités. Ils concernent des habitants de toutes tiers restant, invités à se pronon cer des préoccupations, même lorsque les les communes citées au cours de l’article, dans toutes les tranches d’âge et les catégories socio- sur la nature de ces «risques, dangers personnes interrogées vivent à proxi- professionnelles. Les résultats proposés sont ou nuisances», les risques cités(21) ils mité d’un axe de transport important. donc extrêmement provisoires et incomplets.

116 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Très surprenant au vu des actions tout et multiplier les propositions actuelles, de même nombreuses et diverses pour peut-être en ciblant davantage la popu- informer le public, plus de la moitié lation à toucher. des Mulhousiens ignorent les consi- En outre, face aux réponses concer- gnes à adopter en cas de catastrophe, nant la confiance générale accordée qu’elle soit naturelle ou technique. Ce aux scientifiques, aux écologistes et n’est cependant pas si mal, au regard aux forces d’intervention (pompiers, de la documentation qu’ils déclarent police), peut-être pourrait-on imagi- avoir reçue et conservée : un quart des ner proposer un rôle à ces acteurs pour personnes affirment avoir reçu un améliorer la connaissance citoyenne document d’information sur les des risques ? Plus globalement, quelles risques et 60 % d’entre elles l’ont seront les conséquences de l’identi- conservé (15 % seulement de l’en- fication et de l’affichage des risques semble des enquêtés). sur l’aménagement, d’une part, sur la Nos premières et très partielles obser- gestion des risques et de l’environ- vations sur la question méritent cepen- nement, d’autre part ? dant d’être complétées. Nous pouvons ensuite nous interroger sur les consé- quences de cette méconnaissance tant des risques que des consignes de sécu- rité et surtout sur les moyens d’y remé- dier, si l’on continue à penser que l’in- formation des populations est un objectif important dans la prévention des risques. Interrogés sur les problèmes de société Références bibliographiques qui les touchaient particulièrement, • FLOTA C., Validation de la cartographie de l’aléa «Érosion des Sols» en France (IFEN) les Mulhousiens mettent en majorité grâce aux coulées boueuses liées à l’érosion des terres agricoles dans le Sundgau en relief la sécurité. Même s’il s’agit (Alsace) présenté en juin 1999 - sous la direction de DUMAS B. et PENVEN M.J. d’une sécurité face à une proportion (107 pages + annexes). • BECK E., GLATRON S., HIEGEL C., SY I., La perception (et la conception) des risques remuante de la société, bien plus que urbains par la population : comparaison France/Afrique, Programme Inter-axes, face aux aléas naturels ou aux dan- Rapport de recherche, Laboratoire Image et Ville, UMR7011, Strasbourg, 2004, 63 p. gers industriels, nous ne pouvons • GODFRIN V., GLATRON S., LALO-AMENC A., MÉRIGOT M., VERDIER-CHOUCHANE A. ignorer la réponse positive quasiment (2002), Impact de l’information préventive sur l’évolution de la responsabilité dans le cadre des risques naturels majeurs. Le cas des Alpes-Maritimes. unanime aux questions «pensez-vous Rapport de recherche pour le programme «Évaluation et prise en compte des risques que l’on pourrait améliorer votre naturels et technologiques», 256 p. sécurité face aux risques majeurs ?» et • LALO A., SALA F., MARTIN J., GLATRON S., BERTRANDO B., LEFEUVRE S., «9 novembre «pourrait-on améliorer l’information 1992. Accident à l’usine TOTAL de la Mède. Comment les populations ont-elles réagi ?», rapport réalisé pour la société TOTAL et les mairies de Martigues et Châteauneuf-lès-Martigues, sur les risques auxquels vous êtes Crisis, Nice, oct. 1993, 132 p. exposés ?». • LIVET G., OBERLE R. (dir), Histoire de Mulhouse des origines à nos jours, Diverses propositions ont été avan- Édition des DNA–ISTRA, 1977, 493 p. cées,© qui démontrent IAU à la fois que les île-de-France• MEGHRAOUI M., DELOUIS B., FERRY M., GIARDINI D., HUGGENBERGER P., SPOTTKE I., citadins sont demandeurs d’informa- GRANET M., 2001 : Active normal faulting in the Upper Rhine Graben and Paleoseismic Identification of the 1356 Basel Earthquake, Science, vol. 293, p. 2070-2073. tion, mais qu’ils passent souvent à côté • Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’environnement, préfecture du Haut-Rhin, de celle qui leur est adressée, même mairie de Mulhouse, Dossier Communal Synthétique – Ville de Mulhouse, 2002, 32 p. quand ils ne suggèrent guère d’autres • Ministère de l’Aménagement du territoire et de l’environnement, ministère modes que ceux actuellement déployés de l’Équipement, des Transports et du Logement, Plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPR). Guide général. Éditions La documentation française. 1999 : 76 p. par les autorités locales et les indus- • MISE (Mission inter-service de l’eau), DDAF, 2002 : Atlas des zones inondables. triels pour les informer. Il est probable • Prévention des risques majeurs. Ministère de l’Écologie et du Développement durable. qu’il faille donc simplement renforcer http://www.prim.net/

Des réflexions pour l’action 117 © AGAM

Marseille: from identifying Marseille : de l’identification to managing risks à la gestion des risques and harmful phenomena

Development of extreme phenomena, et des nuisances increase in the cost of damage, Hélène Balu growing concern of the population AGAM(1) and demand from the population for information, liability of local councillors sometimes being sought… It is this backdrop that e développement des phénomènes extrêmes, l’augmentation lies behind the Marseille Conurbation L Planning Agency’s efforts to optimise du coût des dommages, l’inquiétude croissante de la population its involvement in the themes related et sa demande d’information, la responsabilité des élus locaux to risks and harmful phenomena. parfois mise en cause…, autant d’éléments contextuels qui The flooding suffered by the municipality of Marseille in 2001 ont incité l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise and 2003, the heatwave of the à optimiser son implication dans la thématique relative summer of 2003, and the extent aux risques et nuisances. and the recurrence of the forest fires in the South of France have Les inondations subies par la commune de Marseille en 2001 had many impacts: health, et 2003, la canicule de l’été 2003, l’importance et la récurrence des economic, social, environmental… incendies de forêts dans le sud de la France… ont eu de nombreux Today we need to organise ourselves impacts : sanitaires, économiques, sociaux, environnementaux… Il to cope with our risk situations. It is with a view to understanding convient aujourd’hui de s’organiser face à ces situations à risques. the phenomena better, C’est dans la perspective de mieux comprendre les phénomènes, to determining the interactions © IAUde cerner île-de-France les interactions de l’ensemble des acteurs impliqués between all of the players involved, and to developing a tool that pools et d’élaborer un outil fédérateur des connaissances que l’AGAM knowledge that the AGAM has mène depuis plusieurs mois une démarche d’identification been conducting for several months des risques et nuisances s’inscrivant dans un processus de gestion now, an approach to identify risks and harmful phenomena, as part partagée des informations et de mutualisation des expériences. of a process of shared management of information and of pooling of experience. (1) Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise. Cet article a été rédigé en juillet 2004.

118118 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 initiale par d’autres références liées Un territoire, Une démarche notamment : des territoires évolutive - au contexte juridique avec les prin- cipaux textes relatifs aux risques et Les évolutions, mais aussi les logiques L’AGAM a souhaité, dans un premier nuisances ; liées à la disponibilité des outils de temps, élaborer un processus d’iden- - aux acteurs impliqués dans la con - connaissance et à leur champ spatial tification favorisant une connaissance naissance mais aussi dans la gestion ont conduit l’agence à une approche fine des risques et nuisances suscep- des risques et des nuisances ; territoriale progressive ou du moins tibles d’impacter son champ territo- - aux outils de connaissance dispo- «ouverte». rial d’étude. Cette démarche avait pour nibles ; L’AGAM a introduit sa démarche d’é- objectifs initiaux : - à la répartition des compétences et tude sur le territoire de la Commu - - de constituer un référentiel suscep- des responsabilités. nauté urbaine Marseille Provence ti ble de contribuer à l’élaboration Pour répondre plus spécifiquement métropole (CUMPM) pour l’étendre des documents de planification aux enjeux et donc à la demande de à celui de la Communauté d’agglo- confiés à l’agence : plans d’occupa- ses partenaires, l’AGAM s’est alors mération Garlaban Huveaune Sainte- tion des sols/plans locaux d’urba- inscrite dans ce processus plus vaste, en Baume (CAGHB), lors de son entrée nisme (POS/PLU), projet d’agglo - bénéficiant par ailleurs des évolutions au conseil d’administration de l’agen - mé ration, futurs schémas de liées à l’utilisation d’outils informa- ce. Toutefois, les logiques de connais- cohé rence territoriale (SCOT) ; tiques plus performants, système d’in- sance, la réalité de la propagation/ - d’inclure cette dimension dans l’en- formation géographique notamment. diffusion des risques et nuisances, ainsi semble des réflexions thématiques ; Ce réajustement favorise une appré- que l’échelle des données disponibles - enfin, de faciliter sa prise en compte hension plus large de la problématique conduisent l’agence, selon les types de dans les divers projets d’amé na ge ment. des risques et nuisances en l’inscrivant risques et nuisances, à déborder des Au fil du processus de constitution de dans le champ du développement périmètres administratifs pour inté- cet outil, il est apparu indispensable durable ; elle contribue en effet au fon- grer des situations voisines qui pour- d’introduire de nouveaux paramètres dement des réflexions favorisant pro- raient impacter les territoires d’étude : visant à enrichir la base de données spective, développement et sécurité. présence, par exemple, en frange des

Un territoire d’exception

© IAU île-de-France

Des réflexions pour l’action 119 périmètres d’étude d’un établissement à risque (incendie, explosion, pollu- tion de l’air…) ou encore, à l’amont du territoire, d’une problématique de forte imperméabilisation des sols ou de ravinement en lien avec un espace incendié qui induit un renforcement du risque inondation.

Un territoire d’exception… soumis à de fortes contraintes

Ces territoires, quelles que soient les limites d’étude, méritent un bref rap- pel quant à leurs caractéristiques d’ex- © AGAM ception ; on évoquera de manière non Des territoires enclavés dans le socle naturel. exhaustive : - des espaces de nature emblématique Ces brefs éléments contextuels per- (PEB) lié à la présence d’un aéro- en frange urbaine, internationa- mettent d’illustrer, très succinctement, port, circulation et stockage d’hy- lement connus : le massif des calan- quelques effets en termes de risques dro carbures et autres transports de ques Marseille/Cassis (5 000 hectares) et nuisances : matières dangereuses (TMD) en en limite des espaces urbanisés des - un héliotropisme induisant un afflux lien, par exemple, avec la présence du communes de Marseille et de Cassis ; de touristes, mais aussi de nouveaux Port autonome de Marseille (PAM), - un ruban littoral de près de 100 kilo- habitants, des constructions de loge- etc. mètres de linéaire, espace identitaire ments – y compris dans des espaces Il ne s’agit là, bien évidemment, que de du territoire intercommunal de fonciers disponibles à l’interface quelques exemples ponctuels venant Marseille Provence métropole ; zone urbaine/zone naturelle –, des exacerber des facteurs de risques plus - la richesse des paysages, les riches- pratiques et une fréquentation classiques liés à la présence humaine et ses faunistique et floristique confir- accrue des espaces naturels, ampli- aux pratiques induites ; mais ces exem- mées par des territoires recensés, fiant la fragilité de ces espaces et s’a- ples illustrent la situation et les carac- protégés, labellisés au titre de site joutant à celle liée aux risques d’in- téristiques spécifiques de la métropole classé, arrêté de biotope, conven- cendie notamment ; méditerranéenne. tion de Ramsar, Natura 2000, - des épisodes pluvieux violents et un ZNIEFF, réserve naturelle et autre réseau hydrographique fonction- parc marin… nant à la manière des oueds, aug- Des compétences Dans ce contexte géographique, le cli- mentant brutalement la charge en partagées, mais mat méditerranéen caractérisé par des eau et se traduisant par des risques conditions particulières en termes d’inondation ; d’impératives nécessités d’ensoleillement,© d’épisodes pluvieux,IAU- un mistral île-de-France violent qui, croisé à une de vents dominants, de sécheresse… végétation méditerranéenne parfois La démarche de connaissance des n’est pas sans conséquence sur l’émer- desséchée, accroît considérablement risques et nuisances dans laquelle s’ins- gence d’aléas naturels. Enfin, le posi- le risque incendie ; crit l’AGAM doit trouver sa place à tionnement de cette vaste métropole - des croisements importants de flux, l’articulation de logiques complexes : à l’échelle du carrefour de l’arc latin, de trafics, infrastructures induisant des - des compétences issues des textes Barcelone à Gênes et de l’Europe du équipements supports de risques ou juridiques relatifs aux Établissements Nord favorise un large croisement de de nuisances potentiels : grandes publics de coopération intercom- flux terrestres et maritimes. voiries, plan d’exposition au bruit munale (EPCI) qui peuvent conduire

120 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 à une lisibilité difficile de la réparti- for mation, l’appréhension de Une méthodologie, tion des compétences en matière de leurs gestionnaires, mais également la des objectifs gestion des risques et nuisances ; compréhension de leur degré d’im- - des nécessités de maîtrise impéra- plication et l’ampleur du champ de Le recensement des informations et tive de situations pouvant mettre leurs responsabilités. Nombre d’élus, des données porte sur un large champ en jeu des vies humaines et des notamment, nous font part de leur de connaissance : biens ; volonté de mieux cerner cet ensem- - les risques naturels majeurs : feux - la demande des élus communau- ble de paramètres et souhai tent impé- de forêt, inondations, mouvements taires de maîtriser parfaitement leur rativement maîtriser leur champ de terrain ; niveau de responsabilité, les répar- d’action et ce qui relève de leur pro- - les risques technologiques majeurs : titions de compétences, leurs mis- pre responsabilité. L’AGAM est ainsi risques industriels, pollutions des sions, leurs obligations, mais aussi les souvent confrontée à des question- sols, transports des matières dange- actions qu’ils peuvent initier pour nements autour des notions d’acteurs, reuses ; parfaire une gestion des risques et de l’origine de l’engagement de pro- - deux types de nuisances : la pollu- nuisances ; parallèlement, il convient cédures, des atouts et contraintes à tion de l’air et le bruit. de clarifier ce qui relève des diffé- déclencher certains des processus pro- rentes strates de compétences : com- posés, notamment par les textes juri- munales, intercommunales ou ser- diques. Le lien avec les contributions vi ces de l’État. financières indispensables pour se On le constate rapidement en s’inté- doter d’outils et de moyens de ressant à ces problématiques, il existe connaissance, de gestion, de préser- une réelle prise en compte des risques vation… constitue également le cœur et nuisances même si celle-ci se décline de nombre de préoccupations.

au travers d’approches sectorielles : Ce contexte met en exergue le besoin © Richard Mas via les compétences «aménagement fort et la volonté partagée des diffé- Marseille sous les eaux, le 3 décembre 2003. de l’espace communautaire», «déve- rents acteurs de répondre à l’ensemble loppement économique», «gestion de ces questionnements en construi- La structure du propos des déchets»… pour n’évoquer que sant dans un premier temps, un nou- • Définition : chaque risque ou nui- l’échelle de l’EPCI. Toutefois, cette vel espace de travail et en se dotant, à sance fait l’objet d’une présenta- multiplicité d’acteurs rend parfois terme probablement, de nouveaux tion générale (définition, nature, complexe la lisibilité des sources d’in- outils. origine…) ainsi que les domma- ges potentiels sur les populations, sur les biens, sur l’activité écono- État d’avancement des PPR inondation, mise à jour en janvier 2004 mique, sur les milieux… Les élé- ments de référence sont issus du ministère de l’En vi ron nement et du Dévelop pement durable ou de textes juridiques. Quelques défini- tions de vocabulaire technique sont également rappelées. Le document expose ensuite les différentes cau- © IAU île-de-Franceses de déclenchement de la crise : conditions climatiques, pressions an thropiques… ainsi que des états statistiques relatifs aux aléas connus. • Cadre juridique : il s’agit de livrer les éléments juridiques relatifs à chaque risque ou nuisance par la

© AGAM déclinaison des principaux textes

Des réflexions pour l’action 121 Le risque inondation : une menace permanente liée aux conditions deux échelles principales : la com- hydrographiques et au régime météorologique munauté urbaine MPM et la com- munauté d’agglomération GHB ; - un diaporama de présentation syn- thétique de la démarche avec un thème d’illustration issu du risque incendie, ainsi qu’une série de dia- poramas ciblés sur des séances de présentation liées aux différentes structures de fonctionnement de la communauté urbaine ; - une banque de données cartogra- phiques initiale sur support infor- matique constituant un premier maillon d’un futur SIG «risques et nuisances» dont le développement est proposé à terme.

L’élaboration Au-delà des outils classiques de connaissance et du fond documentaire de référence, augmentés des arrê- plans de prévention des risques (PPR) dont l’AGAM dispose, le temps fort de tés préfectoraux qui réglementent et leur déclinaison par type de la démarche s’articule autour de la mise la situation à l’échelle locale. risque… en évidence de l’ensemble du réseau • Situation : un état des lieux concret • Moyens : sont explicités les moyens des partenaires intervenant sur les permet ensuite d’évaluer le niveau juridiques et opérationnels existants risques et les nuisances. Un temps des connaissances et de localiser plus en termes de prévention et de ges- important a ainsi été consacré à contac- précisément les zones de risques. Le tion du risque ; ceux-ci peuvent être ter les correspondants, détenteurs de périmètre analysé dépasse parfois le mis en œuvre au niveau local ou l’information : services techniques territoire premier d’investigation national. Ils visent à réduire le risque communaux, services de l’État, struc- pour se caler aux réalités du risque à la source, à atténuer ses effets tures partenariales gestionnaires de la et/ou à l’échelle de la source d’in- potentiels et à gérer la crise si elle se donnée, syndicats de rivière… mais for mation disponible. présente. aussi à recueillir, à ordonner les infor- Pour cela, les éléments disponibles ont • Acteurs : un chapitre est consacré mations et à les cartographier de été systématiquement recherchés : aux acteurs impliqués dans ces manière synthétique. dossier départemental des risques démarches : il s’agit pour chaque Les enjeux consistent aujourd’hui à majeurs (DDRM), dossier communal thème de cibler les acteurs, leur maîtriser d’une part l’évolution de la synthétique (DSC), document d’in- champ d’intervention, mais aussi de donnée en lien avec une mise à jour formation communal sur les risques mettre en évidence la multiplicité aléatoire et d’autre part, des champs majeurs (DICRIM). des enjeux. territoriaux d’investigation pas néces- Les outils de gestion du risque ont sairement identiques : échelle de com- égale ment été recensés© : moyens IAU tech- Les produits île-de-France pétences, échelle de bassin versant ou de niques, surveillance, exercices de À ce jour, les produits proposés par massifs… mais aussi échelle de regrou- lutte… Enfin, l’ensemble des outils l’AGAM sont : pement de gestionnaires – PIDAF ou de planification est présenté : schéma - un document d’étape sur support syndicat de rivière par exemple. Enfin, départemental de prévention des papier, enrichi de cartographies et le croisement de ces données avec incendies de forêt (SDPIF), atlas des données statistiques, visant à offrir différents paramètres doit permettre zones inondables, plans intercom- un panorama, le plus complet pos- de déterminer les enjeux et de favo- munaux de débroussaillement et sible, des différents thèmes abordés riser une appréhension «ouverte» d’amé nagement forestier (PIDAF), avec une déclinaison territoriale à des risques et nuisances pour que la

122 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 démarche puisse se conjuguer avec Dès sa mise en œuvre, la démarche de relevant des missions spécifiques de les notions de développement et connaissance et gestion des risques et l’agence ou de celles qui se déclinent aux d’aménagement. nuisances s’est voulue ambitieuse en se échelles locale, nationale, voire interna- situant dans cette logique de dévelop- tionale et qui relèvent des principaux pement durable. À ce stade de l’éla bo - phéno mènes sociétaux émergents. Les premiers ration, l’AGAM met en œuvre un pro- Dans cet esprit, les axes majeurs enga- enseignements cessus qui s’inscrit à la croisée des gés ou projetés quant à l’évolution de champs de réflexion en matière d’amé- la démarche sont : Dans le cadre de ce travail, il est très vite nagement ; cette réflexion s’inscrit éga- • La constitution d’une banque de apparu que la connaissance des risques lement dans un contexte européen voire données «risques et nuisances» : et nuisances est aujourd’hui d’un très international, tant pour ce qui relève outil de la connaissance initiale, cet bon niveau ; on constate toute fois que: de la législation, des courants de pen- objectif s’appuie sur l’organisation - les sources de connaissance sont sée et des différents plans d’actions en de séances de travail avec les divers éparpillées ; phase d’élaboration que pour la mise en partenaires afin de fédérer les acteurs - les niveaux d’appréhension et leurs place d’une veille active sur d’autres autour d’un outil commun ; cet outil outils varient selon les partenaires ; problématiques et facteurs émergents. s’inscrit dans une perspective de par- - les strates de compétences ne trans- Pour l’AGAM, si ce thème d’activités tage interne et externe à l’AGAM. paraissent pas nécessairement de relève bien sûr de son pôle «environ- • Des démarches intercommunales façon claire ; nement/développement durable», il est d’envergure qui vont accélérer pro- - les acteurs de la gestion du risque clairement ciblé comme une démarche gressivement l’approche intercom- sont multiples ; qui constitue une strate du socle amé- munale de nombreuses probléma- - les niveaux de responsabilités sont nagement, support de réflexions par- tiques ; ces réflexions trouvent leur une préoccupation permanente ; tagées, sur lequel d’autres thématiques transcription dans divers documents - les échelles géographiques d’inter- prospectives s’inscrivent. de planification actuellement en vention sont disparates, qu’il s’agisse phase d’élaboration ou projetés à de la connaissance, de la gestion, des très court terme, l’AGAM étant posi- moyens… Des axes de travail tionnée en qualité de maître d’œu- Il conviendrait donc de tendre à une à développer vre sur plusieurs de ces démarches. mutualisation des expériences tout en Qu’il s’agisse de l’élaboration des s’inscrivant dans les cadres juridiques La démarche engagée par l’AGAM a SCOT, PLU, PLH et autre PDU, il est de référence et en préservant et en met- fait l’objet de plusieurs séances de pré- indispensable d’intégrer les notions tant en évidence les rôles respectifs des sentation aux élus de la Communauté de risques et nuisances dans ces acteurs. urbaine Marseille Provence métropole, réflexions prospectives qui cadre- Parallèlement, ces éléments de connais- ainsi qu’à divers techniciens des struc- ront l’aménagement au sens global, sance sont aujourd’hui indispensables tures partenaires. Ces présentations mais également les perspectives d’é- pour s’inscrire dans de véritables ont notamment pour objectifs, outre volution en matière de logement, logiques de réflexion favorisant un l’information traditionnelle sur les d’infrastructures, de développement croisement permanent des probléma- axes de travail en cours, de dévelop- économique… C’est bien de qualité tiques et des approches globales : pré- per les échanges et de transcrire dans de vie, de cadre de vie, de sécurité vention/aménagement/protection/ le propos la réalité des question - dont on se préoccupe par ces croi- développement/préservation. Ce sont nements évoqués par les acteurs de sements réguliers de problématiques ces approches© croiséesIAU qui relèvent île-de-Franceterrain. Il s’agit d’intégrer au maxi- et donc de développement durable. véritablement de la notion de déve- mum les préoccupations recensées • Parallèlement, dans le cadre de ses loppement durable. À ce stade d’a- pour déborder du cadre initial de la projets d’aménagements territo- vancement, et après un premier bilan, connaissance partagée. riaux, l’AGAM se forge, au travers de trois axes principaux s’imposent : L’AGAM tend ainsi à constituer un cet outil, un socle d’informations, - progresser dans la démarche ; espace fédérateur en lien avec les ques- une manière de référent, qui contri- - s’inscrire pleinement dans la logique tions relatives aux risques et nuisances, buera à nourrir les études relatives à développement durable ; mais aussi avec l’ensemble des autres certains des espaces porteurs de - mutualiser les expériences. thématiques, qu’il s’agisse de celles développement :

Des réflexions pour l’action 123 - grands territoires stratégiques en évoquera par exemple les démarches Les problématiques relatives aux termes d’accueil d’activités, encla- engagées depuis plusieurs années par risques et nuisances sont également vés dans des espaces naturels de les services techniques de la ville de croisées avec les quelques champs de qualité, mais aussi à l’articulation Marseille en matière de lutte contre préoccupation actuels qui se tradui- de grands secteurs industriels en le risque inondation avec la mise en sent notamment au travers du plan activité ou encore marqués par les place de nombreux outils relatifs à Climat 2004, du plan national Santé stigmates d’activités polluantes la prévision des crues ou à la gestion environnement, du plan Cancer… Il passées ; de la crise – internationalement convient de s’inscrire dans la chaîne - espaces potentiels de construction reconnus –, mais aussi le vaste champ des préoccupations environnemen- en matière d’habitat eu égard à la de réflexions et d’actions développé tales, de l’évolution des modes de vie qualité de l’exposition, à la richesse autour du schéma directeur d’amé- et plus largement des phénomènes paysagère, mais dont la situation nagement des bassins pluviaux. sociétaux qui trouveront leur décli- induit une attention toute spéci- L’échange d’expériences se développe naison dans les modes d’habiter et fique au regard des risques incen- également dans le cadre du réseau de l’organisation des territoires (pôles die, par exemple, ou encore en lien la Fédération nationale des agences économiques, modalités de déplace- avec la qualité des sols ; d’urbanisme (FNAU) qui constitue une ments, gestion du temps, vieillisse- - espaces littoraux qui font depuis structure novatrice dans ce domaine ; ment de la population… ). Ces pro- quelques mois l’objet d’une démar- ses axes de travail organisés autour de blématiques ne sont pas sans lien avec che d’analyse en termes de prospec- nombreux clubs thématiques (habitat, le désir de qualité de vie et du cadre tive touristique, d’équipements éco-Fnau, géomatique, planification…) de vie. portuaires, de mise en valeur, de contribuent à nourrir des champs de Des facteurs à risque émergents nous reconquête de qualité pour certains réflexion innovants quant aux savoir- paraissent devoir être intégrés au fil segments de ces territoires qui faire. Le club «environne- de l’évolution de la démarche : effet conjuguent terre et mer en lien avec ment/développement durable» s’ins- de serre et réchauffement climatique, l’ensemble de la déclinaison des crit pleinement dans la réflexion sur trou de la couche d’ozone et ultra- risques et nuisances plus ciblés sur la prise en compte des risques et nui- violets du rayonnement solaire, qualité cette problématique littorale. sances ; les échanges portent notam- des eaux de consommation, économie • L’AGAM propose également dans le ment sur les outils développés par les de la ressource en eau… ; ces facteurs cadre de la démarche «risques et nui- différentes agences et leurs partenai- constituent bien, aujourd’hui, des phé- sances», d’intégrer un ensemble de res ainsi que sur les pratiques en termes nomènes et des préoccupations à inté- solutions alternatives favorisant une de gestion, organisation, pédagogie, à grer dans la problématique risques et prise en compte de ces questions l’échelle de ces différents territoires. nuisances. dans un processus plus dynamique : - maîtrise du risque incendie accrue par les actions de la charte agricole développée par la CAGHB qui tend à juguler la déprise agricole, facteur aggravant de risque ; - réflexions sur les cultures en ter- rasse développées sur ce même territoire avec la réintroduction de la vigne et© de l’olivier, IAUpour lut- île-de-France ter contre le risque incendie ; - lien avec les PSIC dans le cadre de Natura 2000 qui contribuent au maintien de la biodiversité. • Dans ce même esprit de mutualisa- tion, l’expérience de certains servi-

ces techniques communaux est éga- © AGAM lement un référent à partager ; on 2 700 ha sont brûlés chaque année dans les Bouches-du-Rhône.

124 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Plus immédiatement, les travaux de l’AGAM, au-delà du recueil actuel des données, s’organisent autour de trois objectifs principaux : - compléter, selon les axes évoqués précédemment, les éléments de connaissance relatifs aux risques et nuisances, assurer un suivi et une actualisation permanents, faire le lien avec la démarche de «veille envi- ronnementale»(2) engagée depuis quelques mois ; l’agence s’inscrit dans l’ébauche de ce qui pourrait, à terme, constituer un observatoire des risques et nuisances ; - mettre en œuvre un SIG «risques et nuisances» qui permettra de croiser les données recueillies avec l’ensemble des éléments du SIG de l’AGAM, notamment les supports constitués Des efforts communs par les cartographies IGN, les photo- pour la préservation graphies aériennes, les différentes cou- de la façade littorale. ches de données cadastrales, modes © AGAM d’occupation du sol, densités de popu- lation, principaux pôles accueillant eaux pluviales), les points de rejets du public, flux et grands axes de cir- en frange littorale, la capacité à assu- cu lation, permis de construire… ; rer la baignade estivale ; il s’agit, - nourrir les réflexions engagées par dans un premier temps, de gérer un les maîtres d’ouvrage, en particu- risque, puis de préserver les atouts lier sur l’élaboration des documents d’un terri toire emblématique de par de planification, le futur plan de sa géographie littorale. sauvegarde communautaire de la Une ambition à partager avec l’ensem- CUMPM(3). Les travaux peuvent ble de nos partenaires. aussi nourrir des préoccupations plus ciblées comme par exemple celle relative à la qualité des eaux de baignade qui se conjugue, à l’échelle de la CUMPM, en trois (2) Veille environnementale : édition de fiches niveaux : les épisodes orageux (croi- synthétiques relatives aux différentes problé- sés avec la gestion de la qualité des matiques en matière environnementale – thé- matiques, territoriales, juridiques – régulière- ment mises à jour, qui constituent les «Carnets © IAU île-de-Franceenviron nement/développement durable». Objectifs particuliers du plan (3) La communauté urbaine Marseille Provence national Santé environnement 2004 métropole envisage d’organiser une plate-forme 1. Garantir un air et une eau de bonne logistique à l’échelle de son territoire, permet- qualité tant de mobiliser en un minimum de temps l’ensemble des moyens nécessaires à la préser- 2. Prévenir les pathologies d’origine vation des personnes et des biens ; ceci dans le environnementale et notamment cadre d’un événement catastrophique affectant les cancers le territoire communautaire. Ce plan viendrait 3. Mieux informer le public et protéger en complément du plan communal de sauve- les populations sensibles garde ou des différents plans d’urgence relevant de la compétence du préfet.

Des réflexions pour l’action 125 Taking account of the risks: diversity of the scales of action

In the Seine Basin, the vulnerability to major flooding at the level of the catchment area of the River Oise is the subject of thinks and actions which are being implemented by the Entente Oise-Aisne flood protection association and for which six départements and three regions have joined forces. The IIBRBS has undertaken studies for measuring the risks run, for assessing the potential damage, and for assessing the feasibility of projects making it possible to reinforce the fight against flooding. Thus, the project to lay out hydraulic ponding subdivisions or “casiers” on the site of La Bassée for reducing the consequences of major flooding, will give further protection. Aware of the permanent© risk ofIAU flooding due to rainwater, île-de-France the Seine-Saint-Denis Département Council is committed to reinforcing its hydrographic network with major storage capacities and with automated and computerised management of the facilities. In the Strasbourg Conurbation the flood risk has been incorporated into a planning strategy by creating synergy within the SCOTERS covering 139 municipalities. But other natural risks can affect certain areas more locally: land movements, and subsidence and heaving. And the presence of major industrial sites, and also transport of dangerous substances expose them to technological risks. The underground risk, due to the presence of former quarry workings can give rise to serious problems in the urban fabric. In Haute-Normandie, local councillors, industry and central government have adopted a charter for industrial risk management that is sending out a strong message on the difficult issue of keeping urbanisation under control. In Feyzin, the permanent presence of technological risk has led the municipality to develop a prevention policy for industry and for residents. Today, it is more a question of reinforcing partnerships and cross-boundary approaches. The multiplicity of the players that are involved at various levels requires a common regional vision of the stakes to be shared, with the aim of achieving an overall reduction in vulnerability.

126 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions

Dans le bassin de la Seine, la vulnérabilité aux grandes crues au niveau du bassin versantD de l’Oise fait l’objet de réflexions et d’actions, auxquelles six départements et trois régions se sont associés. L’IIBRBS, de son côté, a mesuré les risques encourus, évalué les dommages potentiels et la faisabilité de projets permettant de renforcer la lutte contre les inondations. Le projet d’aménagement de casiers hydrauliques sur le site de la Bassée, destiné à réduire les conséquences d’une crue majeure, assurera une protection complémentaire. Le risque permanent d’inondation lié aux eaux pluviales a conduit le Conseil général de Seine-Saint-Denis à renforcer son réseau hydrographique par d’importants stockages et par la gestion automatisée et informatisée des ouvrages. Dans la région de Strasbourg, le risque d’inondation a été intégré dans une stratégie

© É. Morenty d’aménagement en créant une synergie à l’intérieur du SCOTERS regroupant 139 communes. Mais d’autres risques naturels peuvent affecter plus localement certains territoires, tels les mouvements de terrain, le retrait-gonflement. Et le risque souterrain, lié à la présence d’anciennes exploitations de matériaux de carrières, peut engendrer de graves désordres pour le tissu urbain. La présence de grands sites industriels, mais aussi le transport de matières dangereuses, les exposent à des risques technologiques. En Haute-Normandie, élus, industriels et État ont adopté une charte pour la gestion du risque industriel, qui donne un signe fort concernant la question de la maîtrise © deIAU l’urbanisation. île-de-France À Feyzin, la présence permanente du risque technologique a conduit la commune à développer une politique de prévention auprès des industriels et des habitants. Il s’agit aujourd’hui davantage de renforcer les partenariats et des approches transversales. La multiplicité des acteurs qui interviennent à différentes échelles implique le partage d’une vision régionale commune des enjeux, dans un objectif de réduction globale de la vulnérabilité.

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 127 © SCHRYVE L’Entente Oise-Aisne : la lutte contre les inondations sur le bassin versant de l’Oise

Daniel Berthery(1) Jean-Michel Cornet(2) Entente Oise-Aisne

The Entente Oise-Aisne: combating flooding L’Entente interdépartementale pour la protection in the Oise catchment area contre les inondations de l’Oise, de l’Aisne, de l’Aire

An institution for inter-département et de leurs affluents, est une institution créée par les 6 conseils co-operation, set up by généraux qui en sont membres (l’Aisne, les Ardennes, la Marne, the département councils of Aisne, la Meuse, l’Oise et le Val-d’Oise. Ardennes, Marne, Meuse, Oise, and Val-d’Oise which are its Appelée couramment Entente Oise-Aisne, cette institution members, the inter-département de coopération interdépartementale met en œuvre à l’échelle entente (association) for protection du bassin versant de l’Oise une stratégie d’actions pour réduire from flooding of the Oise, le risque inondation. Elle suit ainsi les recommandations prônées the Aisne, the Aire, and their tributaries, known© as the “EntenteIAUaprès lesîle-de-France crues catastrophiques de 1993 et 1995 qui avaient Oise-Aisne”, is today implementing, provoqué des drames humains, des dommages et des pertes at the scale of the Oise catchment économiques considérables. area, the strategy of flood-risk- reducing actions that was recommended in 1996 after t he catastrophic flooding of 1993 and 1995 that caused human tragedy, and considerable (1) Directeur des services jusqu’au 28/02/2005. damage and economic loss. (2) Directeur des services depuis le 1/03/2005.

128128 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Une charte pour plus de solidarité face au risque inondation

L’adoption, le 8 janvier 2001, de la charte de gestion du risque inonda- tion sur les bassins versants de l’Aisne Charte de gestion du risque inondation et de l’Oise engageait les quatre préfets sur les bassins versants de région, les six préfets de départe- de l’Aisne et de l’Oise. ment, le directeur de l’Agence de l’eau © Entente Oise-Aisne Seine–Normandie, le président de Voies navigables de France et le pré- L’évaluation à mi-parcours de la signataires au regard des objectifs et sident de l’Entente Oise-Aisne au nom Charte Oise-Aisne 2000-2006, s’est des actions prévus en démontrant des six conseils généraux membres, déroulée le 19 juin 2003 à Compiègne, l’efficacité du partenariat instauré à en exprimant la volonté commune en présence de madame la ministre de cette occasion. d’agir, de tous les signataires de la l’Écologie et du Développement dura- Pour sa part, l’Entente a présenté l’avan- charte, pour mieux gérer ensemble ce ble. Elle a permis d’évaluer les progrès cement des actions engagées en appli- risque. réalisés par chacun des partenaires cation de la stratégie d’amé na gement

Carte du bassin avec la localisation des projets et des études en cours (secteurs)

© IAU île-de-France

Source : Entente Oise-Aisne © Iaurif

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 129 hydraulique du bassin Oise-Aisne éla- Aménager le lit majeur Il faut se souvenir, en effet, que les borée pour réduire le risque inonda- des cours d’eau inondations de décembre 1993 et tion. Elle constitue le program me de janvier-février 1995 ont affecté «phare» de la charte dont la mise en pour réduire le risque près d’une centaine de milliers de œuvre lui incombe à travers la réali- inondation riverains de l’Oise et de l’Aisne sur sation d’une série d’aménagements plus de 200 communes, aussi bien à destinés à ralentir les crues. Le schéma d’aménagement hydrauli- l’amont qu’à l’aval des rivières. La En retenant la candidature de que du bassin Oise-Aisne est conforme lutte contre les inondations doit se l’Entente Oise-Aisne parmi les qua- aux recommandations techniques mettre en place à l’échelle du bassin tre projets pilotes, celui de l’Entente contenues dans le rapport Dunglas éla- et la morphologie des vallées en dicte étant qualifié «d’une qualité excep- boré à la demande du Premier minis- les conditions. tionnelle», madame la ministre sou- tre suite aux graves inondations de La stratégie d’aménagement hydrau- lignait la valeur d’exemple, au 1993 et 1995. Les aménagements pro- lique élaborée par l’Entente Oise- niveau national, du plan d’actions posés prennent en compte les enjeux Aisne est le produit d’une connais- de prévention des inondations pro- socioéconomiques et environnemen- sance améliorée du fonctionnement posé par l’Entente et ses partenai- taux à l’échelle du bassin. La mise en du bassin hydrographique. Ces amé- res, autant par la structure mise en place de cette stratégie d’aménagement liorations ont été possibles grâce aux place que pour son mode de fonc- hydraulique doit, bien entendu, se faire observations recueillies lors des crues tionnement et les actions réalisées dans la concertation avec l’ensemble (laisses de crues), aux coûteuses cam- ou à venir. des acteurs concernés. pagnes d’acquisition des données topographiques qui couvrent aujour- d’hui la totalité du lit majeur des riviè- res (modèles numériques de terrain) et au développement, à partir de ces données, des outils de modélisation hydraulique et hydrologique, notam- Image de synthèse ment sur les hauts bassins qui contri- du site de Longueil- buent substantiellement à la genèse Sainte-Marie. des crues (modèle de simulation de © Entente Oise-Aisne l’écoulement des crues ; modèle de Application du principe de ralentissement dynamique des crues prévision pluie-débit). Par ailleurs, la concomitance occa- Projet de l’Entente Oise-Aisne : site pilote de Longueil-Sainte-Marie Écrêtement des fortes crues de l’Oise par stockage des eaux dans des «casiers» latéraux sionnelle des ondes de crues à chacune aménagés en lit majeur des confluences peut avoir des effets

1. Avant l’hiver : le niveau des désastreux. On a pu le vérifier en étangs est rabattu préven - février 1995 dans la zone de confluence tivement par gravité et la à Compiègne et à l’aval où les inon- vidange est maintenant fermée pendant la montée initiale des dations ont été aggravées par la conco- eaux pour éviter le remplissage mitance exceptionnelle des crues de précoce du casier aménagé. l’Oise et de l’Aisne alors que cette der- 2. La crue est forte : le débit criti - que fixé pour commencer à nière est habituellement en retard d’un écrê ter ce type© de crue estIAU île-de-Franceou plusieurs jours sur celle de l’Oise. dépassé : la vanne s’ouvre et La stratégie d’aménagement hydrau- les étangs et le casier aménagé commencent à se remplir. lique implique une bonne connais- 3. La décrue est amorcée : le sance de l’horloge des crues pour casier puis les étangs se vident réduire le risque hydraulique inhérent par gravité. 4. Les étangs et le casier aménagé à la concomitance des ondes de crues sont de nouveau disponibles par le ralentissement de celles qui sont pour réguler le débit de hautes naturellement en retard en accentuant eaux de la rivière.

© Entente Oise-Aisne ainsi les déphasages.

130 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Préserver les champs Ces éléments sont pris en compte dans Ils permettent aussi d’en limiter l’ex- d’expansion naturels des crues : la stratégie d’aménagement hydrau- tension et de compenser les impacts un enjeu essentiel lique des bassins versants élaborée par hydrauliques négatifs des protections pour la sécurité des hommes l’Entente Oise-Aisne. réalisées antérieurement sur les zones et pour l’environnement situées à l’amont et à l’aval. Il faut ajou- Les apports en eau des hauts bassins Le ralentissement dynamique ter que ces protections ont des effets versants de l’Oise et surtout des bassins des crues : une approche pervers car elles tendent à faire dispa- de l’Aisne et de l’Aire sont considéra- novatrice et intégrée de raître la conscience du risque chez les bles : sur le volume total des eaux qui la gestion du risque à l’échelle personnes persuadées d’être «protégées» se sont écoulées dans la Seine au du bassin versant de l’Oise alors qu’elles demeurent exposées à un débouché de l’Oise pendant la der- La réduction du risque inondation qui danger plus rare mais plus grave, voire nière quinzaine de décembre 1993, menace les zones habitées les plus vul- mortel et pour elles inimaginable. plus de 40 % provenaient de l’Aisne nérables implantées dans le lit majeur amont et 20 % provenaient de l’Oise des rivières est l’objectif central de la Des enjeux multiples amont. La superficie des champs d’i- stratégie d’aménagement hydraulique • L’enjeu de la prévention. La sécurité nondations correspondant aux plus élaborée par l’Entente Oise-Aisne. des personnes et des biens doit hautes eaux connues (PHEC) repré- Ce risque ne peut pas être supprimé. d’abord être assurée de façon pré- sente 62 200 hectares dont 5 400 hec- On cherchera donc à réduire les dom- ventive. Ainsi, maîtriser l’occupation tares en zones urbaines. Pour réduire mages provoqués par les crues rela- des sols dans le lit majeur des riviè- l’inondation sur ces zones vulnérables, tivement rares, du type de celles qui res est une priorité. Cette maîtrise il faut pouvoir retenir temporairement se sont produites en 1993 et 1995 et de l’occupation des sols se fera par davantage d’eau sur d’autres zones qui ont été particulièrement dom- une couverture totale de l’ensemble moins vulnérables capables de sup- mageables. Ainsi, la montée maxi- des vallées de l’Oise et de l’Aisne par porter une sur inondation sans dom- male des eaux dans les zones vulné- des plans de prévention du risque mages excessifs. rables sera réduite quand des inondation (PPRI). Or, les fonctions essentielles des phénomènes naturels similaires se • L’enjeu écologique. Beaucoup de champs d’expansion des crues dans reproduiront, inéluctablement. zones humides sont présentes sur le le lit majeur des rivières sur la dyna- Ce résultat peut être obtenu par ce que bassin de l’Aisne et de l’Oise. Ici, mique de l’écoulement des crues, l’on appelle «le ralentissement dyna- l’objectif de sécurité des hommes sur la qualité des eaux et des milieux mique des crues». Ceci consiste à rejoint l’objectif de conservation des en relation avec les rivières et façon- amplifier les effets de l’expansion natu- zones d’intérêt écologique. En effet, nés par elles, sont encore trop sou- relle des crues sur la régulation des leur richesse biologique dépend du vent ignorées par les hommes qui débits de pointe en provoquant, en maintien du caractère inondable de les ont longtemps sacrifiées au détri- temps opportun, une sur-inondation ces zones. ment de leur environnement et de temporaire sur des espaces inhabités • L’enjeu agricole. Les terrains situés leur propre sécurité vis-à-vis du susceptibles de recevoir des volumes dans le lit majeur des rivières, plus risque inondation. d’eau accrus sans dommages excessifs. ou moins souvent inondés, suppor- En effet, l’expansion des eaux a pour Les zones habitées situées à l’aval des tent des activités agricoles princi- corollaire la régulation naturelle des différents aménagements se trouvent palement d’élevage. Tout projet de hauts débits et le laminage naturel des ainsi mieux protégées. Ces aménage- sur-inondation induira inévitable- ondes de crues. En favorisant l’ex- ments ne peuvent cependant pas se ment des contraintes supplémen- pansion© des crues, IAU la montée des eaux île-de-Francefaire sans la prise en compte de diffé- taires qui devront faire l’objet de à l’aval et ses effets négatifs pour les rents enjeux importants sur le bassin. justes et équitables compensations, hommes et leurs habitations sont Les aménagements d’intérêt général spé- à évaluer au cas par cas. moindres. Les zones d’expansion natu- cialement conçus pour ralentir les for- Ces considérations démontrent à l’é- relle des crues doivent donc être pré- tes crues des cours d’eau sont complé- vi dence qu’un tel plan d’actions ne servées tant pour la sécurité des hom- mentaires aux travaux de protection saurait être mis en œuvre sans une mes que pour la conservation de la localisée contre les inondations, habi- concertation approfondie avec les dif- richesse biologique des écosystèmes tuellement réalisés par les collectivités férents acteurs concernés : élus locaux, qui les caractérisent. locales pour se protéger des inondations. agriculteurs, propriétaires riverains,

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 131 associations diverses (mobilisées pour Des projets, des enjeux la protection des milieux aquatiques, La réalisation de multiples projets d’aménagement d’aires de ralentissement des des activités piscicoles et halieutiques et crues de l’Oise et de l’Aisne sur des zones d’expansion naturelle qui allient de forts de la lutte contre les inondations), etc. enjeux socio-économiques avec de forts enjeux écologiques constitue un axe de plus en plus important dans le programme d’activités de l’Entente. Un programme pluriannuel Les prévisions de dépenses pour le budget primitif 2005 s’élèvent à 7 694 979 € TTC, de travaux à court, se répartissant comme suite : moyen et long terme - les aides attribuées aux collectivités pour leurs travaux d’entretien/restauration des La stratégie d’aménagement hydrau- rivières non domaniales et pour la protection rapprochée des lieux les plus lique prend en compte ces différents menacés (2 220 000 € TTC) ; enjeux et propose un programme plu- - les études et travaux d’entretien des berges en rivières domaniales navigables réalisés par l’Entente, maître d’ouvrage (869 492 € TTC). riannuel d’actions cohérentes et coor- - Les études et travaux d’aménagement d’aires de ralentissement des crues dans le données à l’échelle du bassin. cadre du programme interrégional de lutte contre les inondations (4 065 487 € TTC). Très concrètement, ce programme de travaux consiste en une série d’amé- nagements permettant de stocker tem- stockage puisse être utilisée pleine- Rethel (08) dans les départements des porairement un volume relativement ment pour l’écrêtement des plus for- Ardennes, de la Marne et de la Meuse). faible au regard des volumes considé- tes crues. L’existence de plans d’eau à Ces aménagements sont de nature à rables transités lors des crues. L’effica- l’intérieur des casiers, résultats de l’ex- réduire le risque hydraulique à la cité est obtenue par le déclenchement, ploitation de très nombreuses graviè- confluence de l’Aisne et de l’Oise au moment opportun, du stockage ou res qui jalonnent les lits de l’Oise et (risque de concomitance des deux surstockage d’eau, c’est-à-dire au pas- de l’Aisne, et leur rabattement avant la ondes de crues) en accroissant encore sage de la pointe de la forte crue. saison des crues, permet de tirer parti davantage le déphasage naturel des Les aires de ralentissement des crues de ces configurations favorables en ondes des crues de l’Aisne par rapport par surstockage consistent en la réali- accroissant ainsi la capacité de stoc- à celles de l’Oise. sation de digues transversales, de fai- kage potentielle des aménagements. À court terme, l’Entente Oise-Aisne a ble hauteur, dotées d’ouvrages hydrau- Ces aires de surstockage seront réalisées choisi de retenir en priorité les sec- liques pour le contrôle du débit à l’aval. en priorité sur les vallées de l’Aisne et teurs pilotes de Longueil-Sainte-Marie Lorsque les conditions s’y prêtent (fai- de l’Aire où les apports d’eau considé- (Oise) et Proisy (Aisne) pour engager, ble perméabilité des sols en particu- rables sont indissociables de la genèse le plus rapidement possible, les pre- lier), le stockage d’eau pourra se faire des crues dommageables à l’aval de la miers travaux. Le site de Longueil- par dérivation latérale (déversoir ou confluence de l’Oise et de l’Aisne. Les Sainte-Marie, situé à l’aval de la vanne) dans des «casiers hydrauliques» bénéficiaires de ces aménagements confluence de l’Aisne et de l’Oise, spécialement aménagés en lit majeur seront d’autant plus nombreux que comporte de nombreux plans d’eaux pour les soustraire à une inondation ceux-ci seront réalisés à l’amont, y com- issus de l’exploitation des gravières et précoce de sorte que la capacité de pris sur les hauts bassins (en amont de représente un potentiel de stockage © IAU île-de-France Un exemple d’aménagement de surstockage : le site de Proisy (Aisne), en vallée de l’Oise amont. Un remblai insubmersible assure la protection des habitations vulnérables contre les plus fortes crues. À l’amont de la route, l’eau atteint la cote maximum, le déversoir ne fonctionne pas et la route n’est pas coupée… © Philippe Wattez/Comme une image

132 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 important. Celui de Proisy repose sur La connaissance avantages durables que s’il est accom- le principe du surstockage et permet de du risque inondation : pagné d’une maîtrise de la vulnéra- réguler efficacement le débit de l’Oise bilité des zones exposées au risque en amont de Guise (02) qui constitue un préalable à sa gestion inondation, voire une réduction de le plus proche et le principal enjeu du celle-ci dans toute la mesure du pos- secteur. Le risque inondation résulte de la sible. Or, la tentation de réviser les Au-delà de ce programme d’investis- combinaison de deux facteurs : l’aléa plans de prévention du risque inon- sements à réaliser par l’Entente Oise- (c’est-à-dire la part aléatoire du risque dation (PPRI) en profitant des gains Aisne, maître d’ouvrage, l’Établis - d’inondation dû au fonctionnement obtenus sur la cote de l’eau par les sement aide les collectivités qui physique du bassin versant et du aménagements est latente, sans par- souhaitent réaliser des travaux qui réseau hydrographique, quantifiable ler des trop nombreuses communes contribuent directement ou indirec- statistiquement) et la vulnérabilité des qui ne sont pas encore dotées d’un tel tement à la lutte contre les inonda- enjeux exposés (ce concept traduit les outil de gestion des risques. Il importe tions. Par exemple, pour des travaux de dommages aux enjeux que pourrait que les partenaires de la gestion du protection rapprochée ou pour l’effa- causer une inondation si elle surve- risque inondation, chacun dans son cement de bouchons hydrauliques en nait : plus les dommages potentiels domaine de compétence, accélèrent agglomération ou encore, conjointe- sont grands, plus la vulnérabilité du l’exécution des actions qui leur incom- ment avec l’Agence de l’eau Seine– lieu est forte). bent et soient particulièrement vigi- Normandie, par des subventions aux Ainsi, en un lieu donné du lit majeur lants pour éviter les dérives. syndicats de rivières et autres collecti- de la rivière, le risque sera maximum Pour sa part, l’Entente Oise-Aisne a vités qui réalisent des travaux d’entre - si l’activité en ce lieu est très vulnéra- accepté d’approfondir les réflexions tien et de restauration de rivières non ble à l’inondation et si la probabilité engagées sur les moyens de parve- domaniales, ce qui a pour effet de les que les eaux atteignent cet endroit est nir à une réduction de la vulnérabi- rendre moins sujettes au risque d’em- élevée. lité, complément essentiel des actions bâ cles lors des crues. L’appréciation de l’évolution du de réduction de l’aléa. Le projet Ainsi, l’Entente Oise-Aisne, par ses risque inondation doit donc être ana- primé par le ministère de l’Écologie actions traditionnelles de bailleurs de lysée à travers les perspectives d’évo- et du Déve loppement durable (plan fonds en faveur des collectivités loca- lution des deux paramètres qui le Bachelot) contient plusieurs actions les pour leurs travaux d’aménagement déterminent. sur ce volet, dont quelques-unes ont en rivières et par ses actions nouvelles Si le combat pour la réduction des fait l’objet d’un marché exploratoire en qualité de maître d’ouvrage des débordements dans les zones urbani- initié au mois de septembre 2003 aménagements d’intérêt général pour sées conduit à des améliorations nota- sous la forme d’un concours entre ralentir les crues, est appelée à jouer un bles de la situation des enjeux concer- trois bureaux d’étude expérimentés rôle de plus en plus important dans la nés vis-à-vis du risque (réduction du dans ce domaine qui a permis d’en lutte contre les inondations au service risque par réduction de l’aléa), ce retenir un. des collectivités locales. combat ne pourra conduire à des Le recensement des enjeux plus ou moins vulnérables sur le bassin, pre- mière étape de la démarche, permettra de disposer de bases de données conte- nant des informations aussi bien sur le patrimoine exposé aux inondations © IAU île-de-Franceque sur l’activité économique et les coûts indirects de l’inondation (chô- mage économique, ruptures de com- munications, etc.). L’exhaustivité du recensement sera recherchée sur l’en- semble des communes exposées, grâce à une campagne d’exploitation de photographies aériennes et des enquê- tes de terrain.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 133 L’ensemble de ces précieuses infor- nomique, dans le souci de hiérarchiser Éveiller la conscience mations sera intégré dans un Système les projets et de concentrer les efforts du risque auprès d’information géographique (SIG) à court terme sur les endroits les plus dédié à la connaissance du risque inon- vulnérables pour lesquels les retours des populations dation abondé par des fonds de plan et sur investissements dans la réduction exposées en développant des cartographies des aléas pour dif- du risque (aléa et vulnérabilité) l’information préventive férentes crues. La constitution d’un seraient les plus élevés. véritable outil d’analyse des crues sur Enfin, le mitage continu des champs La loi n° 2003-699 du 30 juillet 2003 le bassin permettra, au-delà des d’expansion naturelle des crues, sous relative à la prévention des risques besoins de l’Entente pour ses missions l’effet conjugué des remblaiements du technologiques et naturels et à la répa- de maîtrise du risque, de proposer aux lit majeur et de l’endiguement du lit ration des dommages est un texte pro- collectivités une offre de services qui mineur dans certains secteurs sous la fondément novateur qui marque une trouvera tout son intérêt lorsque les pression du développement écono- rupture dans la politique de prévention communes vont, par exemple, s’enga- mique (habitations, zones industriel- des risques naturels majeurs. ger dans la pose de repères de crues les, etc.) au cours des dernières décen- En particulier, le titre II de la loi, rela- rendue obligatoire par la loi du nies, a vraisemblablement contribué tif aux risques naturels, comporte un 30 juillet 2003 relative à la prévention à aggraver le risque inondation. Une ensemble de mesures tendant à déve- des risques technologiques et naturels évaluation des impacts hydrauliques lopper l’information préventive ou la et à la réparation des dommages. cumulés de ces interventions depuis culture du risque auprès des popu- La disponibilité d’un tel outil permet, un demi-siècle, l’identification des sec- lations exposées, afin d’induire des com- par croisement de l’aléa et de la vul- teurs d’intervention qui ont été les plus por tements préventifs. Les maires des nérabilité, d’obtenir des informations actifs et l’estimation des surfaces per- communes exposées au risque inonda- sur les coûts des dommages pour une dues pour l’expansion des crues et la tion, se voient investis de responsa bi lités crue donnée, mais aussi d’estimer les tendance actuelle à cet égard, seront nouvelles à cet égard, notamment : économies procurées pour la société autant de matières à des actions de • L’obligation d’information des par le fonctionnement des projets de communication visant à sensibiliser populations dans les communes les ralentissement dynamique des crues les populations et les élus à la nécessité plus exposées aux risques naturels envisagés. Aussi, très en amont de la impérieuse d’une gestion de l’occu- (art. 40). réalisation de tels projets, les recherches pation du lit majeur des rivières plus • La pose obligatoire de repères de exploratoires de sites propices peuvent responsable, en rupture avec les erre- crues sur les édifices publics ou pri- être éclairées par cette approche éco- ments du passé. vés (art. 42).

Carte de la localisation des surfaces urbaines inondables sur les rivières Oise et Aisne

© IAU île-de-France

10 à 15 ha 16 à 25 ha 26 à 60 ha 61 à 90 ha 91 à 160 ha 161 à 250 ha © Entente Oise-Aisne

134 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Dans le cadre de sa mission, l’Entente Oise-Aisne s’organise et se renforce pour être en mesure d’apporter un ser- vice d’appui aux collectivités locales concernées pour les aider à s’acquitter de leurs nouvelles obligations. Le risque ne sera jamais supprimé, quels que soient les efforts déployés pour le réduire. Il faut donc dévelop- per l’information préventive et donc la conscience du risque. Des comporte- ments préventifs en découleront. La meilleure prévision des crues et les ser- vices de secours les plus entraînés et réactifs ne suffiront jamais : la popu- © Entente Oise-Aisne lation doit être co-gestionnaire du L’Entente Oise-Aisne propose une aide technique et financière pour le recensement risque. Pour cela, elle doit en connaî- des repères de crue existants et la pose de nouveaux repères. tre les caractéristiques et la conduite à tenir pour s’en préserver. En dévelop- se trouveront prochainement rassem- res de crues dans les communes qui pant la transparence autour du risque, blées dans le système d’information en feront la demande. L’objectif est de on milite aussi pour son acceptabilité. géographique dédié au risque inon- poser 200 repères sur les bâtiments La loi constitue une rupture en ce sens dation et au suivi de son évolution publics exposés au risque inondation qu’elle responsabilise les décideurs (SIG risque inondation) en cours de sur une quarantaine de communes. publics et les citoyens, parfois victi- mise en place au sein des services de L’Entente, en concertation avec les ser- mes de l’illusion du «risque zéro». l’Entente. vi ces de l’État compétents, apportera son assistance aux services munici- L’obligation d’information La pose obligatoire de repères paux pour l’établissement de l’in- des populations dans de crues sur les édifices publics ventaire des repères de crues existants, les communes les plus exposées ou privés (art. 42) pour leur validation et pour le choix aux risques naturels (art. 40) Cette mesure sera réalisée par les des édifices sur lesquels les repères Tous les deux ans, dans les commu- maires, sur le fondement d’informa- devront être scellés. L’Entente four- nes dans lesquelles un plan de pré- tions fournies par les services de nira à ces communes des repères de vention des risques a été prescrit ou l’État. Elle vise à perpétuer la mé- crues normalisés, à charge pour les approuvé, le maire devra assurer, avec moire des inondations. communes partenaires d’assurer leur l’assistance des services de l’État et des De son côté, l’Entente Oise-Aisne s’est fixation et leur maintenance. représentants des assurances, une engagée vis-à-vis de l’État à apporter Cette matérialisation des laisses de crue information auprès des habitants. Le une contribution technique et finan- sera la mémoire collective des inon- maire pourra choisir le moyen de cette cière aux collectivités locales intéres- dations qui ont atteint par le passé les information : réunion publique, infor- sées, pour aider à la mise en œuvre lieux habités en exposant ainsi au mation écrite, dossier du bulletin coordonnée d’un programme de pose public, de génération en génération, municipal. des repères de crues sur les édifices la preuve tangible du risque et de sa L’Entente© Oise-Aisne IAU apportera éga- île-de-Francepublics les plus visibles des communes gravité en ce lieu précis. lement son assistance aux collectivi- exposées au risque inondation. L’information préventive de la popu- tés locales qui le souhaiteraient en met- Dans ses propositions, en réponse à lation sur les caractéristiques du risque tant à leur disposition sa connaissance l’appel à projets du ministère de l’Éco- et sur la conduite à tenir pour s’en pré- du risque inondation sur le bassin ver- logie et du Développement durable server, les actions pédagogiques en sant de l’Oise et de l’Aisne et de ses pour des plans de prévention des inon- direction de publics «cibles» sur ce que composantes (aléa et vulnérabilité) dations (plan Bachelot), l’Entente recouvre la gestion du risque et le rôle acquises à travers les études qu’elle a Oise-Aisne a prévu d’initier en 2005 un de la population appelée à devenir engagées à cette fin. Ces connaissances premier programme de pose de repè- cogestionnaire du risque inondation

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 135 © SCHRYVE Les zones industrielles constituent d’importants secteurs à enjeux lors des fortes crues, comme ici en 1995. ainsi que la communication sur ces pour réduire le risque, de l’organisa- concepts doivent être intensifiées. tion de la prévision des crues, de l’en- La pose des repères de crues, couplée tretien de la mémoire du risque, etc. avec des réunions publiques d’infor- Cette exposition sera élaborée en 2005. mation sur les risques naturels, sont Elle pourra être déployée lors des de nature à éveiller la conscience du manifestations organisées dans les risque auprès de la population qui y est communes à l’occasion de la pose des exposée et pour qui les concepts sur repères de crues, lors des réunions lesquels repose la gestion du risque publiques d’information communa- sont souvent mal connus. les ou à l’occasion de toutes autres Afin de démultiplier ses possibilités manifestations publiques organisées d’information et de communication par les collectivités locales, départe- en direction des populations directe- mentales et régionales. Elle sera éga- ment concernées par les inondations, lement présentée dans les collèges, les élus et sinistrés, l’Entente Oise-Aisne lycées, etc. a inscrit à son programme 2004 l’éla- boration d’une exposition itinérante sur le thème de la gestion du risque inondation sur les bassins versants de l’Oise et de l’Aisne. Elle comportera une présentation du bassin versant, du fonctionnement© du réseau IAU hydro- île-de-France graphique, de la genèse des crues, du risque inondation (aléa & vulnérabi- lité), de l’impact hydraulique des amé- nagements réalisés dans le lit des riviè- res, de l’aggravation du risque associé à l’implantation d’enjeux vulnérables dans le lit majeur des rivières, de la stratégie d’aménagement hydraulique

136 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 © P. Pérouse/IIBRBS © P. Un nouvel aménagement pour lutter contre les crues dans le bassin de la Seine Jean-Louis Rizzoli New facilities for combating Pierre-Yves Durand IIBRBS(1) flooding in the Seine Basin

The Seine Basin is vulnerable to major flooding. Therefore, the IIBRBS (Inter-Département Le bassin de la Seine est vulnérable aux grandes crues, Institution for Dams-Reservoirs of aussi l’IIBRBS a-t-il engagé des études pour mesurer les risques the Seine Basin) has undertaken studies for measuring the risks encourus, évaluer les dommages potentiels et la faisabilité run, for assessing the potential de projets permettant notamment de renforcer la lutte contre damage, and for assessing les inondations. L’aménagement hydraulique du site de la Bassée the feasibility of projects making it aval permettra d’écréter indirectement les crues de l’Yonne par possible in particular to reinforce the fight against flooding. surstockage de la Seine et valorisera les enjeux multiples de cette The hydraulic facilities of the site zone. Depuis le lancement de l’étude globale en 2001, trois années of La Bassée Aval make it possible de travaux préparatoires ont débouché sur une première vue to envisage over-storage facilities d’ensemble du projet, sa faisabilité technique et son utilité. in the Yonne Basin, and to extract added value from the numerous L’ouvrage de la Bassée constituerait à terme un complément stakes of that zone. indispensable© auxIAU dispositifs existants. île-de-France Since the launch of the overall study in 2001, three years of preparatory work have led to an initial overview of the project, of its technical feasibility and of its utility. The La Bassée project would ultimately constitute an essential addition to (1) Institution interdépartementale des barrages-réservoirs du bassin de la Seine. the existing schemes.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 137 Ces études partenariales ont confirmé retenir les eaux de la Seine, dans la Contexte et objectifs le très grand rôle de l’Yonne et l’im- zone dite de la Bassée, au plus près de l’étude globale portance des dommages possibles pro- de la confluence, au moment du pas- voqués par ses crues. C’est pourquoi il sage du maximum de la crue de d’aménagement convient d’intervenir en priorité pour l’Yonne. L’étude de faisabilité ache- de la Bassée réduire l’impact des crues de cette vée en décembre 2004 se situe dans rivière, en recherchant une solution ce cadre. L’aménagement de la Les missions de l’IIBRBS optimale à partir de deux actions com- Bassée permettrait également d’en- L’Institution interdépartementale des plémentaires qui doivent être étudiées : visager des aménagements de sur- barrages-réservoirs du bassin de la • La réalisation de barrages régula- stockage sur le bassin de l’Yonne sans Seine regroupe les départements de teurs sur l’Yonne et ses affluents risque d’aggravation de la conco- Paris, des Hauts-de-Seine, de la Seine- pour en écrêter la pointe de crue. mitance avec la Seine. Saint-Denis et du Val-de-Marne. Elle Ces projets conduisent, compte tenu gère quatre lacs réservoirs d’une capa- de la configuration des sites possi- La Bassée, un territoire cité de stockage des eaux de la Marne, bles d’implantation, à la coupure aux multiples potentialités l’Aube, la Seine et l’Yonne d’environ de certaines vallées par des ouvra- La Bassée correspond à un élargisse- 830 Mm3. Le soutien des étiages et la ges dont l’insertion est de plus en ment du lit majeur de la Seine entre protection contre les inondations de la plus mal acceptée au plan écolo- Montereau-Fault-Yonne, Bray-sur-Seine Seine et de ses affluents sont les deux gique. En revanche, l’optimisation et Nogent-sur-Seine dans les départe- objectifs recherchés pour la gestion de de la gestion des ouvrages existants ments de la Seine-et-Marne et de l’Aube. ces ouvrages. sur ce bassin est une voie possible Pour ce qui est des crues non excep- d’amélioration de l’écrêtement des Un site remarquable tionnelles, l’impact de ces aménage- crues. La Bassée constitue un secteur riche ments a fait ses preuves et tous s’en- • En complément de l’action des lacs et précieux à plusieurs titres, où l’eau tendent à en reconnaître la grande réservoirs de l’Institution situés en joue un rôle prépondérant : efficacité. Cependant, le degré de pro- amont, celle visant à décaler les crues • Ses 16 000 hectares de plaine allu- tection qu’ils apportent reste partiel de la Seine pour laisser passer les viale matérialisent la plus grande et sélectif du fait notamment de l’ab- flots de l’Yonne. Ce projet consiste à plaine inondable du bassin de la Seine sence de contrôle des apports en pro- venance de l’Yonne. Le barrage de Localisation de la Bassée Pannecière ne contrôle en effet que dans le bassin de la Seine 2 % du bassin versant de cet affluent. Le bassin de la Seine reste donc vulné- rable aux grandes crues et, comme nous le rappellent les exemples en France et de par le monde ces dernières années, notre région n’est pas à l’abri d’événe- ments catastrophiques tels que ceux des crues historiques de 1910 ou 1924. C’est pourquoi l’Institution, en liaison étroite avec ses partenaires (région Île-de-France, DIREN© Île-de-France, IAU île-de-France Agence de l’eau Seine–Normandie), a engagé dans les années 1990 les étu- des nécessaires pour mesurer les risques encore encourus, évaluer les domma- ges potentiels liés aux crues en région Île-de-France et étudier la faisabilité de divers projets permettant de ren-

forcer la lutte contre les inondations. Source : IIBRBS

138 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 en amont de Paris et jouent un rôle dans l’expansion naturelle des crues et dans la régulation des étiages. • Alimentée par un réseau de noues et par un chevelu hydrographique très dense composé de nombreux tal- wegs, elle constitue, de longue date, la zone humide la plus importante de la région Île-de-France. • Son réseau hydrographique a favo- risé la constitution d’une réserve naturelle d’une grande richesse et d’une grande originalité tant floris- tique que faunistique. • Son important gîte aquifère consti- tue la première réserve régionale en

eau. © IIBRBS • Au niveau économique, le secteur La Bassée constitue un secteur riche et précieux où l’eau occupe un rôle prépondérant. est tout à la fois : un gisement de matériaux alluvionnaires, une plaine lacs réservoirs Seine et Aube, aggra- et le développement local favorisé. agricole, une voie navigable, un site vant ainsi le risque inondation à l’aval. Les stockages seraient constitués de touristique, un site archéologique, Dans ces conditions, les réflexions qui plusieurs zones délimitées par des un secteur très important d’activités ont été menées sur ce tronçon ont digues paysagées et alimentées par cynégétiques et halieutiques… consisté à lui voir retrouver son rôle pompage en Seine. De tels aménage- Ainsi, les réflexions menées jusqu’à d’espace naturel d’expansion de crues ments en place ou en cours de réalisa- présent permettent de considérer ce et à le valoriser. tion dans la plaine alluviale du Rhin site comme intéressant à plusieurs ont permis d’éviter une crue catastro- titres : pour la lutte contre l’impact dû Le principe de l’aménagement phique en 1999. Cha que espace serait aux inondations et pour le dévelop- hydraulique de la Bassée aval bordé par des levées de terre d’au plus pement d’un secteur de qualité aux À la confluence Seine-Yonne, la crue quelques mètres de hauteur au-dessus potentialités multiples. prépondérante est celle de l’Yonne qui du terrain naturel. En temps normal, arrive généralement avant celle de la les aménagements envisagés n’auraient Les potentialités de la Bassée Seine. L’idée de base consiste alors à aucune influence sur le libre écoule- pour la gestion des crues remplir le lit majeur de la Bassée aval ment des eaux de drainage dans la Le site de la Bassée a de tout temps entre Bray-sur-Seine et Montereau- plaine. En effet, l’espace ne serait solli- joué un rôle de tampon pour les crues Fault-Yonne, en Seine-et-Marne, de cité que lors des grandes crues pour de la Seine. Le secteur compris entre façon à ce que le creux de débit créé sur réduire l’importance des inondations Nogent-sur-Seine et Bray-sur-Seine a, la Seine par cette retenue d’eau per- potentielles. Les hauteurs d’eau lors de à ce jour, relativement bien conservé mette de diminuer le débit de pointe leur utilisation pour le stockage seraient son rôle dans la dynamique des crues à Montereau, à l’aval de la confluence. de l’ordre de deux à trois mètres. de la Seine. Les crues de l’Yonne seraient ainsi écrê- Ainsi, l’aménagement comprendrait : Il n’en© est pas de mêmeIAU de la Bassée, en île-de-Francetées par le retard provoqué des crues de - une digue délimitant l’espace mobi- aval de Bray-sur-Seine, suite aux tra- la Seine. lisable pour un stockage d’eau lors vaux de recalibrage du lit mineur et De plus, en aménageant et en gérant de forte crue ; notamment la mise à grand gabarit de la Bassée aval pour réduire les impacts - des ouvrages de prise d’eau consti- la Seine. Dans ce secteur, le lit majeur des inondations de la Seine en aval de tués de pompes à gros débits et à n’y est plus inondable que pour des sa confluence avec l’Yonne, cette faible hauteur de relèvement ; débits supérieurs à 400 m3/s environ, ancienne zone humide pourrait être - des ouvrages de restitution gravi- c’est-à-dire pour des crues relative- valorisée écologiquement, les activités taire avec des vannes à ouverture ment rares compte tenu de l’action des existantes et les lieux habités préservés réglable.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 139 Organisation de l’étude globale d’aménagement de la Bassée

Une démarche concertative Afin de concevoir cet aménagement global de la Bassée aval destiné à valo- riser les enjeux multiples de cette zone, la lutte contre les inondations constituant un des volets de la réflex - ion venant s’intégrer dans ce disposi- tif élargi, il a été convenu avec le pré- fet et les élus locaux de mettre en place une démarche opérationnelle et de concertation. Cette concertation doit © Studio Nemo Simulation numérique 3D d’un aménagement de digue possible. s’effectuer entre les élus des commu- nes et des cantons concernés, les Une étude globale préalable des investigations de ter- représentants des administrations, les pour valoriser durablement rain (géologie, hydrogéologie, géo- activités économiques ainsi que ceux la Bassée aval technique, topographie, bathymé- de l’Institution. La Bassée aval possède donc des inté- trie), mais également de conduire Les études menées dans ce but, s’ins- rêts multiples et son utilisation comme une démarche que l’Institution sou- crivent dans une démarche respectant zone d’expansion contrôlée des crues haite à la fois participative et consen- le développement souhaité par les pourrait être un projet global fédéra- suelle avec les élus et les représen- responsables locaux. La concertation teur de tous les usages décrits précé- tants des principaux acteurs locaux. permet l’émergence des projets de cha- demment. Il existe donc une oppor- Cette démarche doit aboutir à un cun, de mieux préciser les attentes et tunité géographique pour réaliser un projet d’aménagement global pre- bien entendu d’approfondir techni- aménagement permettant d’atteindre nant en compte les orientations déjà quement le volet hydraulique souhaité les deux objectifs que sont la gestion définies dans le cadre de projets par l’Institution. Cela a également des crues et le développement local locaux existants, tels que ceux du pays débouché en accord avec les proprié- dont la définition doit passer par la Bassée montois par exemple. taires concernés sur toute une série mise en œuvre d’une étude globale. Les études préliminaires relatives à l’amé nagement hydraulique de la Bassée, menées dans le cadre de la lutte contre les inondations en région parisienne, avaient permis de pro- poser des premiers principes d’amé- nagement et d’obtenir des ordres de grandeur des impacts à en attendre. Néanmoins, ces© études constituaient IAU île-de-France l’avancée maximum qu’il était pos- sible de réaliser avec les données alors existantes, notamment dans les domaines de l’hydrogéologie et de l’hydraulique. Pour progresser dans l’étude de cet aménagement, il était donc non © IIBRBS seulement nécessaire de réaliser au Un sondage de reconnaissance.

140 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 d’interventions sur le terrain pour la • Le groupe 1 est chargé du projet réalisation des investigations préala- technique et prend en charge les thè- bles indispensables, notamment des mes liés aux études du volet amé- sondages de reconnaissance. nagement hydraulique : topogra- La concertation menée a permis de phie et bathymétrie, hydrologie, définir les études complémentaires à hydraulique, géologie, hydrogéolo- réaliser et notamment d’estimer les gie, géotechnique, ouvrages hydrau- impacts de l’aménagement sur les acti- liques, gestion des crues, etc. vités humaines, sur le cadre de vie et • Le groupe 2 est chargé du projet de l’environnement. Elle a également per- valorisation du site, dans le cadre mis de préciser les actions nécessaires du développement souhaité par les pour que le projet global puisse pro- responsables locaux. Il prend en gresser en toute transparence. charge les thèmes liés aux aspects économiques, à l’aménagement du D’importants moyens territoire et à l’environnement. de communication Parallèlement, des moyens de com- © Minéa La réalisation de l’étude est supervi- munication très importants sont mis Couverture de l’étude de faisabilité. sée par un comité de pilotage, pré- en œuvre pour donner toute sa dimen- sidé par le préfet de Seine-et-Marne sion à la concertation et assurer une représenté par le sous-préfet de transparence totale de la démarche : - une exposition publique inter- Provins qui s’appuie sur les divers - des supports de réunion et des docu- médiaire avec tous les exposants services de l’État et auquel sont asso- ments de restitution d’étude de très con cernés, la présence continue ciés les présidents et vice-présidents grande qualité pour les groupes et d’un interlocuteur et des soirées locaux des deux groupes de travail et sous-groupes de travail ; débats ; l’Institution. - des rencontres très nombreuses avec - des temps forts à l’issue de l’étude ; La concertation s’inscrit dans le cadre les acteurs locaux ; - le relais par les médias. des deux groupes de travail, auxquels - un site Internet dédié à l’étude L’étude globale pour l’aménagement participent les représentants locaux globale « la-bassee.com » pour sui- de la Bassée est prise en compte au des différentes collectivités commu na - vre l’actua lité et consulter les docu- niveau du contrat de plan État-Région les, départementales et du pays Bassée ments ; 2000-2006 à hauteur de 3,05 M€. montois, les responsables locaux, ainsi - une lettre d’information diffusée Elle est financée par quatre parte- que les différentes administrations : aux habitants ; naires : l’État avec la DIREN (21 à 28 % des dépenses TTC suivant la nature des travaux), l’Agence de l’eau Seine-Normandie (30 % des dépenses TTC), la région Île-de-France (21 % des dépen ses TTC) et les Grands lacs de Seine. Cette étude sous la maîtrise d’ouvrage de l’IIBRBS s’inscrit éga- le ment dans les programmes de l’ap- pel à projets 2003-2006 du ministère © IAU île-de-Francede l’Écologie et du Développement durable (PAPI : Plan national de pré- ven tion des inondations) et du pro- gramme Interreg.3B 2003-2008 de la Commu nauté européenne dans le cadre du projet SAND auquel l’IIBRBS s’est associée à la demande © Haussmann communication © Haussmann communication de la région Île-de-France et de Lettre n° 7 de l’étude globale. Affiche de l’exposition 2003. l’Agence de l’eau.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 141 Bilan après conclusion hydrauliques. La modélisation hydro- Yonne et l’aval de Paris, son action géologique s’est confirmée particu- s’ajoutant à celle des ouvrages déjà de l’étude de faisabilité lièrement délicate compte tenu des réalisés par les Grands lacs de Seine. spécificités propres au secteur et Le projet comprend 58 km de talus Trois ans de travaux notamment la présence d’une centaine de faible hauteur qui occupent 300 ha préparatoires de plans d’eau d’anciennes gravières, et entourent 2 200 ha d’aires de sur- En juin 2001 était lancée officiellement ce nombre devant encore augmenter stockage en aval de Bray-sur-Seine : l’étude globale de l’aménagement de la dans le futur. Un nouveau modèle a le volume stockable pendant la pointe Bassée. En un an, un bilan des connais- dû être entièrement développé. de crue de l’Yonne est de 55 Mm3. sances et des attentes a été réalisé, don- La gestion de l’ouvrage devra être adap- nant lieu a de multiples réunions qui Un projet hydraulique tée à chaque type de crue. Elle est basée ont permis à des centaines de person- de grande ampleur sur une prévision faite en temps réel nes de s’exprimer. Fin avril 2004, une première vue d’en- fixée à 4 jours pour les crues de l’Yonne En juin 2002, une première hypothèse semble du projet hydraulique a permis et de la Seine. L’ouvrage sera utilisé en de tracé du projet hydraulique déli- d’annoncer sa faisabilité technique et moyenne tous les 5 à 6 ans, pendant 2 mitait les emprises initiales maxima- son utilité. L’ouvrage hydraulique à 2,5 semaines. Le remplissage se fera les à ajuster en concertation avec tou- réduira les inondations sur de nom - lorsque la Seine atteindra un certain tes les personnes concernées et en breux sites entre Montereau-Fault- niveau à Montereau et demandera fonction de l’avancement des études pluridisciplinaires sur tous les aspects. Un très vaste programme de recon- naissances de terrain touchant plus d’une centaine de propriétés de la Bassée a également été réalisé pendant cette année. Au cours de l’année 2003, une pre- mière rencontre majeure avec le grand public a été organisée, le projet hydrau- lique s’est développé, les études de compatibilité avec les usages existants ont été lancées et le projet de territoire a pris son essor. L’exposition de février et mars 2003 © Studio Nemo s’est proposée avec succès de faire Simulation numérique en 3D d’une station de pompage dans le canal à grand gabarit. le point à mi-parcours sur l’étude, Principe de fonctionnement de présenter les acteurs avec leurs enjeux dans la Bassée (20 exposants), et d’expli citer la démarche entreprise par l’Institution. En vingt-quatre jours, elle a accueilli 1 828 visiteurs et 413 participants aux soirées débats. Près de 20 000 accès© au site InternetIAU de île-de-France l’étude globale ont été enregistrés pen- dant ces deux mois. La première hypo- thèse de tracé du projet a constitué le cœur de cette exposition. Les études du projet hydraulique ont avancé à partir des connaissances © Studio Nemo acquises sur le terrain, sur les aspects Les talus-digues sont surélevés de 1 mètre environ, pour contenir le risque de houle hydrologiques, hydrogéologiques et due au vent. Du côté inondable, le talus est protégé par un enrochement végétalisé.

142 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 moins de 6 jours. La vidange de l’ou- surstockage, les propriétés et des acti- projet sur les conditions de réalisation vrage interviendra après quelques jours vités pourront demeurer, avec des et d’exploitation de futurs captages en fonction du niveau de la Seine pour droits d’usage comme aujourd’hui. ont été étudiés. Une étape de définition qu’il n’y ait pas d’incidence sur les inon- Une servitude pourrait leur être affec- a permis d’identifier quels seraient les dations dans la Bassée. tée et des indemnisations seraient pré- points déterminants de la compatibi- Le projet n’aura également pas d’effet vues pour les inondations provoquées. lité et a conclu de façon globale à l’ab- dû aux pertes en eau par infiltration en L’appréciation en Bassée de la con- sence de problèmes majeurs. Dans la périphérie en raison d’un sous-sol per- trainte de l’inondation temporaire mesure où il n’existe pas actuellement méable. Celles-ci représentent de l’or- bénéficie de l’exemple d’ouvrages sem- de projet précis d’exploitation des eaux dre de 20 m3/s, à comparer aux blables existants ou en projet. Les usa- souterraines, l’analyse plus en détail a 200 m3/s pompés à plein régime. Une ges actuels et futurs des terrains ont consisté à déterminer, d’une part, quel partie de ces eaux sera recueillie par fait l’objet d’examens spécifiques à la pouvait être un (ou des) système(s) la Seine et l’Auxence et par des drains Bassée présentés ci-après, pour en d’exploitation des eaux souterraines implantés en pied de talus. De faibles mesurer les compatibilités avec le pro- pertinent(s) et, d’autre part, quelles remontées de nappe pourront appa- jet hydraulique et ses impacts. pouvaient être, par rapport à ces sys- raître localement à proximité du pro- Par ailleurs, un observatoire du foncier tèmes d’exploitation, les implications jet, nécessitant des mesures adaptées bâti a été mis en place en réponse à l’in- sur le projet de création de zones de comme les pompages de rabattement. quiétude des propriétaires qui craignent surstockage en termes de conception Une étude paysagère a également été de voir la valeur vénale de leur pro- technique, de contrainte d’usage du initiée dans le cadre de la conception. priété diminuer. Cet observatoire uti- milieu, de surcoûts éventuels. Son objectif est d’orienter l’insertion lise des informations fiables, régulière- La Bassée a fourni en 2001, 4 millions et la valorisation des ouvrages hydrau- ment mises à jour à partir du fichier de tonnes de granulats naturels, soit liques, en cohérence avec le projet de des ventes immobilières géré par les 28 % de la production francilienne. territoire. Des maquettes numérisées chambres des notaires d’Île-de-France. Cinq entreprises disposent dans le sec- de vingt sites choisis par les groupes de En matière d’environnement, le projet teur du projet d’unités de traitement travail ont permis de visualiser concrè- ne se limitera pas au seul aspect de la et de zones d’extraction. Les aspects tement sur des écrans les possibilités compatibilité. Il devra permettre la techniques et financiers de la compa- d’aménagement. renaturation de milieux fortement tibilité ont porté sur la continuité de dégradés, cette régénération pouvant fonctionnement des centres de traite- Étudier les compatibilités s’obtenir notamment grâce à la pra- ment ainsi que sur l’adaptation des avec les autres activités tique sectorisée d’inondations «écolo- moyens d’extraction aux inondations socioéconomiques de la Bassée giques» annuelles. Les enjeux écolo- de surstockage. La compatibilité du projet avec les usa- giques sont déjà reconnus par les Les activités agricoles dans la Bassée ges existant a nécessité des études acteurs locaux et le projet bénéficiera ont été abordées en aval et en amont visant l’occupation des sols, les aspects des expériences similaires (polders du de Bray-sur-Seine. En aval, c’est-à- de la «maîtrise foncière», les enjeux Rhin, Danemark…). Il s’agira notam- dire dans le secteur du projet hydrau- environnementaux, les ressources en ment de restaurer les zones humides lique, la mise au grand gabarit de la eau, l’exploitation des granulats, la qui se développaient autour des ancien- Seine a permis une mise hors d’eau faisabilité urbanistique-paysagère- nes «noues» car la Bassée est reconnue des sols pour les crues fréquentes, environnementale des ouvrages et le pour être une des plus importantes favorisant ainsi le développement schéma global de gestion des crues de zones humides nationales. d’une agriculture intensive de type la Bassée© qui concernait IAU notamment le île-de-FranceS’agissant des ressources en eau, la céréalier. Peu à peu, l’extraction des monde agricole. nappe alluviale de la Bassée est consi- granulats se substitue à cette agri- Le contexte foncier a été analysé, en dérée par le SDAGE comme présen- culture. L’indemni sation d’exploita- particulier sur les onze communes tant un intérêt régional majeur en ter- tions dans les aires de surstockage concernées par le projet hydraulique, mes de réserves. Certaines zones sera définie précisément, en concer- avec un zoom sur les secteurs de sur- potentielles de captage définies dans tation avec les représentants profes- stockage envisagés. Les terrains situés le SDAGE se situant dans la zone du sionnels en tirant des enseignements sous les digues devront être acquis par projet de création d’aires de surstoc- d’exemples aux conséquences sem- l’Institution. À l’intérieur des zones de kage, l’impact que pourrait avoir le blables. En amont de Bray-sur-Seine,

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 143 les préoccupations de la profession et de la totale transparence qui accom- Entre 1900 et 2001, l’ouvrage aurait agricole sont centrées sur le ressuyage pagne l’étude globale, ces résultats ont été utilisé 18 fois pour des crues his- des terrains qui sont affectés fré- été examinés au fur et à mesure de leur toriques et aurait ainsi évité 3 milliards quemment par les crues courantes élaboration, dans le cadre des grou- d’€ de dommages auxquels s’ajoutent de printemps et d’automne. pes de travail et des rencontres avec ceux très importants causés aux chaque municipalité. Des temps forts réseaux, mais non valorisés à ce jour. Favoriser le développement local présentant les résultats des études en Le coût de l’ouvrage est actuellement Au-delà des compatibilités, des études 2005 associeront le grand public, dans estimé à 0,5 milliards d’€. de développement local ont été lan- l’esprit de l’exposition réalisée, avec Avec des gains de 20 à 60 cm suivant cées dans le cadre d’une convention succès, début 2003. les lieux, l’ouvrage hydraulique conclue entre l’Institution et le dépar- La concertation très ouverte et conti- empêcherait des débordements cri- tement de Seine-et-Marne dans le but nue pendant toute la durée de l’étude tiques pour de nombreux sites entre d’aider les collectivités locales – ou globale a permis à tous les acteurs Montereau et la confluence Seine- leurs groupements – du territoire concernés et au public de suivre Oise. À titre d’illustration : concerné par l’étude globale de l’amé- la conception du projet et d’interagir • Les réseaux parisiens sont protégés nagement de la Bassée à identifier, étu- en temps réel. Aux attentes des pre- pour la crue de 1910 et les débor- dier et formaliser les mesures et pro- miers jours de découvrir un projet dements en petite couronne sont jets que celles-ci souhaitent voir mettre déjà défini ont succédé des compor- évités. en œuvre. Cinq études couvrent les tements inscrits dans le cycle de vie • La ligne C du RER, à Paris, serait domaines de l’économie du tourisme, de l’étude avec ses phases de ques- complètement hors d’eau pour les des loisirs et des autres activités, des tionnement, d’échanges, de recon- crues trentennales et ne serait nouvelles technologies, de la gestion naissances, d’étude et de résultats. atteinte que par les crues centenna- des espaces naturels des bras de Seine Dans un tel contexte, les points de vue les comme celle de 1910. recoupés par la canalisation, ainsi que ont pu s’exprimer sur des bases clai- • La commune de Clichy est sécuri- de la mobilité et des transports. res et partagées pour faire évoluer le sée pour la crue de 1910, ainsi que La première vision concrète du pro- projet. les bas-quartiers de Colombes et jet hydraulique et les importantes étu- Lors du conseil d’administration du Nanterre pour les crues de 1955 et des initiées en termes de compatibi- 10 février 2005, Pascal Popelin, prési- 1982. lité et de développement local ont dent des Grands lacs de Seine, a pré- • Les communes riveraines de la produit en 2004 leurs résultats et per- senté les conclusions de l’étude de fai- Vieille mer (entre Epinay-la Briche mis d’achever la faisabilité du projet sabilité du projet de la Bassée menée et Dugny) sont sécurisées pour la hydraulique et de déterminer son inté- par l’Institution de juin 2001 à décem- crue de 1910. gration dans le projet de territoire. bre 2004. Cette étude conclut à la fai- • Ivry-Alfortville seraient mis hors Dans la continuité de la concertation sabilité du projet. d’eau pour les crues de type 1910.

Carte d’implantation des casiers hydrauliques © IAU île-de-France © Minéa

144 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 • La ville de Corbeil est protégée pour En ce qui concerne la poursuite du la crue de 1910. projet à partir de 2005, il convient, sur • Montereau serait mis hors d’eau la base de l’acquis en matière de faisa- pour les crues analogues à celles de bilité globale : 1955 et 1982. • De porter les résultats de cette étude, • La commune du Pecq est protégée qui met en évidence l’utilité du pro- contre la crue de 1955 et dispose jet, à la connaissance de nos parte- d’une marge pour celle de 1982. naires concernés et notamment des Globalement, il est établi que l’ouvrage départements de l’Institution, de de la Bassée assurerait pour les dépar- Seine-et-Marne, de l’Essonne, des tements de l’Institution (Paris, Hauts- Yvelines, du Val-d’Oise, de la région de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de- Île-de-France, de l’État (MEDD, Marne) une protection correspondant DIREN, préfet de région) et de au seuil à partir duquel interviennent l’Agence de l’eau Seine–Normandie. les perturbations les plus graves dues • De faire inscrire ce projet au SDRIF aux débordements directs en proche et au SDAGE, tous les deux actuel- banlieue, aux désordres liés aux grands lement en cours de révision. réseaux, principalement dans Paris, à • De poursuivre la mise au point du l’inondation de certains secteurs de la projet pour le conduire jusqu’à capitale sensibles aux phénomènes de l’avant projet (AVP) en vue des déci- remontée de nappes. sions du maître d’ouvrage et de ses Il importe donc de considérer l’amé- partenaires financiers sur sa réali- nagement de la Bassée comme un sation. complément indispensable aux dispo- Il sera alors possible d’engager les mul- sitifs existants pour assurer un contrôle tiples procédures réglementaires fon- global et homogène des grandes crues dées sur la reconnaissance de l’intérêt du bassin de la Seine. général, en regroupant au mieux les Pour les aspects de territoire, les usa- enquêtes publiques pour assurer la ges des sols et les enjeux environne- meilleure lisibilité possible. mentaux ont été étudiés et le déve- Comme il en a été convenu lors du loppement local envisagé sous ses dernier comité de pilotage, les rela- multiples aspects. tions nouées avec les maires et les En matière d’environnement, outre acteurs locaux concernés par le projet l’approfondissement des impacts qui seront maintenues afin de pouvoir les sera réalisé dans les études ultérieures, informer régulièrement de l’avance- le projet permettrait, de plus, la rena- ment du projet. turation de milieux fortement dégra- dés, cette régénération pouvant s’ob- tenir notamment grâce à la pratique sectorisée d’inondations «écologiques» annuelles. La «renaturation» appor- tée par© l’ouvrage IAU avec la remise en île-de-France eaux des noues et la gestion globale du site rétabliront et enrichiront ainsi les caractéristiques écologiques remar- quables de ce territoire. Cet ouvrage bénéficie donc d’un positionnement écologique fort et d’une image poten- tielle du site capables d’offrir un déve- loppement écotouristique.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 145 © CG 93/DEA/Composante urbaine L’aménagement face au ruissellement pluvial : l’exemple de la Seine-Saint-Denis

Thierry Maytraud(1) Conseil général de Seine-Saint-Denis

Le développement urbain a souvent eu un impact négatif sur le système des réseaux hydrographiques. La Seine-Saint-Denis Planning with respect n’a pas échappé à cette caractéristique avec des inondations to rain runoff: the example naturelles liées à la présence de zones d’expansion de rivières of Seine-Saint-Denis mais aussi de zones marécageuses. Le Conseil général s’est préoccupé de ces phénomènes par le renforcement de son réseau Urban development often has a negative impact on the system à travers d’importants stockages, par la gestion automatisée of hydrographic networks. et informatisée des ouvrages et par une plus grande maîtrise Seine-Saint-Denis is no exception, des rejets engendrés par les aménagements urbains. with natural flooding due to the presence of river expansion zones and also© marshland IAU zones. île-de-France The Département Council has addressed these phenomena by reinforcing its networks through major storage, through automated and computerized management of civil engineering works and by greater control over discharges generated by urban planning. (1) Direction de l’eau et de l’assainissement.

146146 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Or, cette logique est contradictoire qui augmentent, lors de l’accroisse- Le rapport entre l’eau pluviale et la tant avec la réalité de la ville d’au- ment urbain, dans des proportions ville se pose depuis plusieurs années en jour d’hui qu’avec l’existence des eaux maîtrisables. Mais il est inadapté aux termes de problèmes et parfois même pluviales. En effet, la ville se déve- eaux pluviales très irrégulières et de catastrophes avec des inondations loppe bien souvent en «tache d’huile», imprévisibles, tant du point de vue fréquentes et mal maîtrisées. Lorsque de façon polyconcentrique, du cen- du débit que des volumes, sans com- s’est engagée, au début du XXe siècle, la tre (l’exutoire des eaux pluviales) vers mune mesure avec les eaux usées. réflexion sur les relations entre la ville la périphérie. Il apparaît clairement Une donnée pourtant simple et évi- et l’eau, celle-ci s’est d’abord portée qu’il est impossible, dans ce type de dente a ainsi été oubliée : l’eau usée sur l’alimentation en eau potable (res- schéma reposant sur une logique de est une production de l’homme, donc source pour la ville), mais aussi sur la tuyau et d’évacuation systématique, maîtrisable, alors que l’eau pluviale collecte, le traitement et le rejet des de prévoir et de dimensionner un sys- est une production de la nature, donc eaux usées (déchet produit par la ville). tème de collecte et de gestion des eaux peu connue et peu maîtrisée. Dans Puis, le phénomène des eaux pluviales pluviales qui prévoit la croissance ce contexte, le principe de l’assainis- a été intégré dans le système de ges- urbaine, sinon en le redimensionnant sement classique, quand bien même tion des eaux usées, dans une logique en permanence. il serait techniquement possible, de «tout à l’égout» et de tuyaux, en Ce système n’est pas un handicap devient impossible à assumer finan- dimensionnant ces derniers en fonc- pour la gestion des eaux usées puis- cièrement, la ville étant en perpétuel tion des contraintes des eaux pluviales. qu’elle concerne de très faibles débits accroissement.

Carte des anciens rus, étangs et marais

© IAU île-de-France

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 147 La Seine-Saint-Denis : difficulté de la collecte et du transport perception négative de la présence de un territoire sensible aux vers un exutoire éloigné et unique : la l’eau en milieu urbain. Les petits cours Seine. Cette difficulté est accentuée par d’eau ont donc été progressivement inondations pluviales la très faible pente qui caractérise les supprimés. trois quarts du territoire. Ainsi, le développement urbain s’est Le développement urbain s’est toujours La Seine-Saint-Denis a connu à l’ori- opéré en busant les rivières, en effectué en relation directe avec l’exis- gine des inondations naturelles liées à oubliant les lits majeurs, en asséchant tence du réseau hydrographique. Pour- la présence de zones d’expansion de les marécages, bref, en ignorant par- tant, cette réalité de l’eau n’a jamais rivières (crues), mais aussi de nom- faitement le milieu naturel. Les inon- vraiment eu sa place dans l’histoire des breuses zones marécageuses. Au Moyen dations, jusqu’alors naturelles, ont été villes. Bien souvent, l’évolution urbaine Âge, l’agriculture a entraîné le drainage renforcées par ce développement a eu un impact négatif sur le système de ces marécages pour créer de petits urbain aveugle. Ces pratiques ne sont des réseaux hydrographiques. ruisseaux. Plus tard, cette présence de pas récentes, mais l’équilibre entre la La Seine-Saint-Denis illustre particu- l’eau fut mal vécue par les populations ville et l’eau pluviale s’est rompu à lièrement ce phénomène. Le départe- urbaines lors de leur instal lation. Les partir des années 1960 avec l’essor ment s’étend quasiment sur un seul ruisseaux et les rivières qui ont souvent considérable du développement bassin versant dont l’aval se situe à l’ex- servi d’exutoires pour l’assainissement urbain conjugué aux approches tech- trémité ouest. Aussi, la gestion des eaux en devenant de véritables égouts à ciel niques et architecturales pratiquées : pluviales doit prendre en compte la ouvert et insalubres, ont renforcé la une imperméabilisation toujours plus

Carte des principales zones sensibles aux inondations

© IAU île-de-France

148 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 forte et étendue et le raccordement Une politique systématique des eaux pluviales aux départementale réseaux d’assainissement, dans un principe hygiéniste. innovante initiée depuis Depuis les années 1960, la Seine-Saint- plusieurs années Denis a connu de nombreuses et im- portantes inondations. Lors de fortes En Seine-Saint-Denis, le Conseil géné- pluies, les réseaux d’assainissement ral est propriétaire et gestionnaire d’un sont saturés et débordent... Dans les réseau départemental d’assainissement années 1970, ces inondations sont (réseau de transport) sur lequel se devenues de plus en plus fréquentes, branchent les réseaux communaux ; provoquant des dégâts très importants il n’y a donc pas de syndicat inter- pour les populations et la collectivité. communal d’assainissement. Depuis Sur les réseaux primaires, des inonda- plusieurs décennies, le Conseil général,

tions avaient lieu parfois plusieurs fois à travers sa Direction de l’eau et de © CG 93/DEA par an en affectant en particulier les l’assainissement (DEA), lutte pour la La politique du Département repose à la fois sur les travaux à réaliser sur le réseau populations localisées dans les «points maîtrise des eaux pluviales en renfor- existant et les actions dans le domaine bas», près des anciennes rivières. çant son réseau par de très importants de l’aménagement et de l’urbanisme. Lors de pluies importantes, les eaux stockages (délestage de réseau) et en pluviales de la moitié du Val-d’Oise et optimisant son fonctionnement par Tout en continuant sa politique de ren- des deux tiers de la Seine-Saint-Denis une gestion automatisée et informati- forcement et de gestion, le Départe - se concentrent naturellement sur le sée des ouvrages en temps réel. Pour ment tente depuis une vingtaine d’an- secteur de Saint-Denis, point bas du cela, le Département a cherché à mieux nées de s’intégrer dans le processus département où deux anciennes riviè- connaître l’hydrologie urbaine de son d’aménagement le plus en amont pos- res existaient jadis, pour se rejeter en territoire, à développer des études en sible ; l’objectif est de mieux maîtriser Seine. Seulement, les débits enregis- hydrologie et en hydraulique, à parti- les rejets engendrés par les aménage- trés dans les années 1970 n’avaient plus ciper à des recherches scientifiques, ments urbains et de faire en sorte que rien à voir avec les débits «naturels» des congrès. Un système de métrolo- toute nouvelle opération n’aggrave pas des périodes précédentes ; ils ont été gie, de modélisations et simulations la situation actuelle. Cette maîtrise des multipliés par centaines. Avec l’accrois - mathématiques a été mis en place pour rejets en eaux pluviales à l’amont doit sement des risques à partir des années mieux connaître les problèmes, les permettre le développement urbain 1960, il convenait pour les collectivités phénomènes et tenter d’apporter les sans mettre en péril le difficile équili- de réagir rapidement. meilleures solutions. bre entre le cycle naturel de l’eau, le ruissellement et le tissu urbain dense. L’objectif, pour le Département, est également de ne pas devoir construire, dans les prochaines années ou décen- nies, d’importants bassins de retenue pour des inondations créées par les aména gements d’aujourd’hui.

© IAU île-de-FranceLa maîtrise du ruissellement à l’amont La politique du département repose sur deux aspects : les travaux sur le réseau existant et les actions dans le domaine de l’aménagement et de l’ur- banisme, actions qui portent en par- © CG 93/DEA Depuis le début des années 1960, la Seine-Saint-Denis a connu de nombreuses ticulier sur la maîtrise des eaux plu- et importantes inondations pluviales. viales à l’amont des réseaux.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 149 Projet de liaison piétonne pour l’accès au collège © CG 93/DEA/Composante urbaine © D.R. Le mail piéton à Stains est équipé d’une noue paysagère et inondable constituée de plusieurs biefs.

Cette maîtrise des eaux pluviales passe d’amé nagement, que ce soit une zone s’effectuer sans une étroite collabora- par le contrôle, en les limitant, des d’aména gement concerté (ZAC), un tion avec les communes. Des relations débits de rejet des nouvelles opéra- lotissement ou même un simple per- permanentes sont créées avec ces der- tions d’aménagement dans les réseaux mis de construire, est sujette à une nières afin de mettre en place des publics – il est entendu par opération contrainte spécifique aux eaux pluvia- moyens au niveau de la planification d’aménagement tous types de modifi - les. Cette contrainte est fixée à 10 litres/ urbaine (POS, PAZ...) pour que la maî- cation du tissu urbain : création de seconde/hectare, soit un volume de trise des eaux pluviales s’effectue sys- voirie, d’espace public, réalisation d’é- 350 m3 à l’hectare actif. La méthode tématiquement, tant quantitativement quipement, création de permis de utilisée est celle des volumes à laquelle (régulation des débits) que qualitati- construire ou de lotir, création de zone est intégrée une chronologie de pluie vement (choix techniques). d’aménagement concerté… –. Pour de Seine-Saint-Denis sur 30 années et Par ailleurs, un service «liaison avec limiter les rejets, l’aménageur doit 25 pluviomètres dispersés sur le dépar- l’urbanisme et l’aménagement» a été mettre en place des dispositifs tech- tement. Lorsque la zone est particu- créé au sein de la DEA, en charge de la niques permettant, soit le stockage des lièrement sensible aux inondations, la maîtrise du ruissellement à l’amont. eaux pluviales pour les restituer plus contrainte est renforcée. Les permis de construire, les dossiers lentement au réseau public (réseau Le Conseil général, propriétaire et de ZAC et de POS sont examinés avec interdépartemental (SIAAP), réseau gestionnaire d’un réseau d’assainisse- l’objectif d’une meilleure prise en départemental ou communal), soit ment, est consulté pour toutes les opé- compte de l’assainissement dans les l’infiltra tion sans raccordement à ce rations d’aménagement. Les dossiers opérations et les outils de planifica- réseau. Quel que soit le statut de ce de ZAC ou lotissement sont examinés tion urbaine. réseau, le Département demande une et instruits dans le cadre de la procé- Ce travail à l’amont s’effectue sur le limitation du rejet des eaux pluviales. dure de consultation des personnes pré-opérationnel ou l’opérationnel, Ainsi, depuis 20 ans, le Conseil géné- associées. Outre cette consultation directement avec les aménageurs et ral, tout en construisant des ouvrages administrative, une consultation tech- leurs bureaux d’études. Ces contacts de stockage de délestage des réseaux nique relative au problème d’assainis- font l’objet de réunions techniques où publics existants (départementaux et sement est systématiquement mise en sont débattues les limitations des interdépartementaux), fait en sorte place par la maîtrise d’ouvrage ou la débits de rejet des eaux pluviales et les que l’accroissement urbain n’engen- maîtrise d’œuvre avec le département. choix relatifs aux dispositifs de régu- dre pas de nouvelles© inondations IAU sur le De plus, tousîle-de-France les permis de construire, lation des débits. réseau public. à l’exclusion des pavillons et petites Sur le plan technique, travailler à extensions, sont instruits et font l’ob- la source du ruissellement des eaux Des contraintes jet d’un avis de la DEA au regard de pluviales, c’est mettre en place des pour les aménageurs l’assainissement. techniques adaptées à l’échelle et aux Le Département intervient auprès Le Conseil général n’ayant pas de com- caractéristiques du bassin versant que des aménageurs pour obtenir de for- pétence directe en aménagement et en l’on traite. Chaque année, la DEA tes limitations des rejets à l’amont urbanisme, cette action est relative- donne des contraintes de rejet à 40 du réseau public. Toute opération ment difficile à réaliser. Elle ne peut opérations d’aménagement nouvelles

150 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 et limite les débits à 200 permis de décennie). Or, les bassins enterrés pré- inondables, des cheminements construire, représentant une deman de sentent à long terme bien des inconvé- d’eaux ludiques, des noues paysagè- de 30 000 à 40 000 m3 de stockage. nients pour la gestion privée : res et inondables… • Au fil des rétrocessions successives, La DEA ne demande plus uniquement Des bilans permanents ils tombent progressivement dans une réponse technique au bureau d’é- sur le terrain qui permettent l’oubli et se voient abandonnés des tudes, mais un véritable projet global d’ajuster les actions gestionnaires (50 % en 5 ans). associant l’architecte, le paysagiste, le Parallèlement aux actions de «con- • Leur entretien s’avère complexe ; futur gestionnaire. Cela est apparu traintes», la DEA a réalisé un recen- il nécessité l’intervention d’équipes comme une véritable révolution dans sement des dispositifs déjà réalisés par spécialisées et la mise en place le domaine de l’aménagement où les les aménageurs. La plupart des ouvra- d’accès aménagés. Les observations métiers et les pratiques sont très cloi- ges exécutés en Seine-Saint-Denis sont sur le terrain confirment l’inadé- sonnés. Pour aboutir, il faut que des bassins de retenue ; construits quation de ces ouvrages dans le chaque élément de l’équipe d’aména- d’abord à ciel ouvert, ils ont ensuite cadre d’une gestion privée ; plus de gement, dans la maîtrise d’ouvrage et été fréquemment enterrés. Environ un la moitié d’entre eux sont mal dans la maîtrise d’œuvre, s’approprie millier de dispositifs sont actuellement entretenus. les données techniques sur la maîtrise dénombrés, représentant 450 000 m3 • Leur fonctionnement est méconnu des eaux pluviales pour les traduire, de stockage ; 400 ouvrages ont fait l’ob- et souvent peu satisfaisant (pour les imaginer, les concevoir et les por- jet d’un recensement particulier. Les deux ouvrages sur trois). ter en tant que projet urbain, visible données de ce recensement sont inté- pour la population. grées dans une base informatique per- Le problème de la pérennité mettant diverses analyses statistiques. des dispositifs Ce travail est par ailleurs formalisé Ces bilans ont mis en évidence le pro- Les techniques dans un atlas ; pour chaque disposi- blème de la pérennité des ouvrages. alternatives de gestion tif, une fiche signalétique décrit la Depuis, l’objectif est d’aboutir à ce que situation administrative et technique les acteurs de l’aménagement produi- des eaux pluviales de l’ouvrage avec des plans, des coupes sent des projets d’écrêtement des débits précises et des photographies. «durables». Rétrocédés ou non aux Des actions incitatives Dès 1995, grâce à ce recensement, l’ac- communes, les dispositifs doivent être qui accompagnent tion du département a pu être évaluée. simples, d’un entretien facile, lisible, les actions de contraintes Il s’est avéré que la contrainte était peu coûteux et peu sophistiqué. De Les bilans permanents ont aussi incité acceptée et prise en compte par les plus, pour que leur entretien soit le département à être beaucoup plus aménageurs. Le principe d’un dispo- incontournable, il est apparu néces- présent sur le terrain pour sensibili- sitif d’écrêtement des débits au sein saire d’intégrer ces dispositifs dans la ser tous les acteurs de l’aménagement : d’une opération a été assimilé, d’autant vie des populations. les communes et leurs services, mais que de nombreuses communes ont Pour le Département, il ne s’agit pas aussi les opérateurs, leurs bureaux d’é- connu des inondations importantes seulement de faire réaliser des stoc- tu des et architectes. Cette sensibilisa- sur leur territoire. En revanche, les ka ges d’eaux pluviales par les amé- tion s’opère à travers les réunions tech- recensements successifs ont montré nageurs, mais de leur faire construire niques où la négociation se partage que les ouvrages réalisés n’étaient, pour des dispositifs visibles, à ciel ouvert, avec la formation des acteurs, mais la plupart, pas «durables». En effet, les faiblement décaissés, offrant d’autres aussi dans des colloques comme celui dispositifs© étaient, IAU et sont encore, trop île-de-Franceusages, et de fait, garantissant une organisé par le Conseil général en souvent dissimulés, ignorés, très meil leure pérennité, donc une meil - novembre 2003 à Bobigny, consacré à coûteux d’entretien alors qu’ils repré- leure efficacité, par leurs autres fonc- «la maîtrise du ruissellement comme sentaient déjà 165 000 m3 de stockage tions. Pour l’opérateur, l’enjeu élément de projet urbain». (soit 20 % du stockage de statut dépar- consiste donc à transformer la con- Cette démarche volontariste est ren- temental) en 1995. trainte de limitation du rejet en un forcée par la production de documents Les années 1990 ont vu une progres- élément de valorisation de son pro- techniques et pédagogiques. Des pla- sion très forte des stockages enterrés jet, en réalisant par exemple un quettes destinées à valoriser, auprès (90 % ont été construits pendant cette square ou des espaces publiques des professionnels, certaines réflexions

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 151 ou ouvrages techniques réalisées en «défricher» un domaine peu connu • Elles devaient être des «opérations Seine-Saint-Denis, ont été éditées. Ces ou de valider une démarche technique phares» sur le département afin de documents se veulent avant tout con- proposée par un aménageur ou la pouvoir les utiliser par la suite en crets, simples et très illustrés. L’objectif DEA. En effet, il est vite apparu que termes de “vitrine” et de communi- est de parler un langage commun entre pour être plus incitatif, le cadre de la cation. aménageurs, concepteurs et bureaux communication sur les principes qui • Les opérations du Conseil général d’études. avaient un impact limité, devait être ont été privilégiées car elles per- Les bâtiments de la Direction de l’eau dépassé. Un véritable soutien tech- mettaient de mieux suivre le pro- et de l’assainissement participent éga- nique et concret était nécessaire pour cessus et de montrer l’exemple. lement à cette sensibilisation. En effet, valoriser des expériences, soutenir des • Ce pouvait être aussi des opéra- ces bâtiments sont équipés de trois projets, former des relais… Cet inves- tions qui engendrent de forts toitures-terrasses réservoirs différentes tissement technique s’est caractérisé impacts sur le réseau public d’as- et d’un espace paysager inondable par la mise en place d’études de faisa- sainissement. à leur pied. Ces dispositifs sont fré- bilité de type avant-projet sommaire. Ces études et ces projets ont été et quemment utilisés comme support de Cette activité a vu le jour en 1993 à la sont encore des outils de formation communication technique auprès d’o- DEA et une vingtaine d’études et de très efficaces pour les acteurs de l’a- pérateurs ou de pétitionnaires de per- projets, parfois copiloter avec la ville ménagement en Seine-Saint-Denis. mis de construire. concernée, ont été réalisés. Les opéra- Elles ont parfois vu le jour sous forme Enfin, des études de faisabilité et des tions d’aménagement, support de ces de contre-projet pour négocier ou projets ont été étudiés et conçus par le études, ont été choisies en fonction de convaincre certains opérateurs. Conseil général, avec l’objectif de trois critères :

Équipements de contrôle de ruissellement pluvial privés ou communaux en Seine-Saint-Denis

© IAU île-de-France

152 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Une «approche alternative» technique doit avoir pour objectif de fine possible ; par exemple, l’inté- plutôt que la simple mise en faire en sorte que la ville «accueille» gration d’une zone inondable peut place de techniques alternatives ses inondations : qu’elle ne les subisse se jouer parfois à 10 ou 20 cm de Ces techniques dites «alternatives» plus, mais qu’elle les maîtrise. Ceci est décaissement. – aux raccordements aux réseaux et valable à toutes les échelles. Cette Bien souvent, la faisabilité d’une tuyaux –, sont simples car elles repren- approche nécessite d’aborder des techni que dépend de son intégration nent le fonctionnement naturel de domaines multiples et variés : la topo- urbaine. C’est pour cette raison que l’eau pluviale. graphie, l’analyse hydrographique et même l’élaboration du projet est com- Bien souvent lorsque ces techniques les écoulements naturels de l’eau, l’a- plexe. Cette approche ne peut se met- sont évoquées, c’est au stade de la des- nalyse urbaine, l’urbanisme, les aspects tre en place que grâce à un travail cription et de la caractérisation. On socio-démographiques, les chemine- pluri disciplinaire en partenariat avec parle alors de bassins de retenue, de ments, les espaces publics... Aussi, la tous les acteurs d’une opération chaussées réservoirs, de puits d’infil- démarche ne repose pas sur un projet d’amé na ge ment. tration, de toitures-terrasses réser- immédiat, mais plutôt sur une démar- voirs... De ce fait, elles ne sont plus che d’étude avec un véritable diagnos - Le développement toujours rattachées aux principes qui tic, le projet étant son aboutissement. d’un véritable partenariat pourtant les ont amenés. Aujourd’hui, On est loin, dans ce cas, de la démar- Peu à peu, ces actions incitatives vers ces techniques alternatives sont bien che de projet que l’on trouve souvent les différents acteurs, publics ou privés, souvent utilisées comme les techniques dans le cadre de ZAC où la logique de se sont transformées en véritable par- VRD, les choix étant quasi indépen- projet est immédiate et où l’on «tire» tenariat technique. La Direction de dants du projet d’aménagement. Pour- du réseau. l’eau et de l’assainissement, du fait de tant, ce n’est pas la technique alterna- Le diagnostic établi, le projet d’as- sa compétence de plus en plus pointue tive qui est un savoir-faire, mais sainissement peut être étudié. Mais dans le domaine de l’écrêtement des l’approche alternative. là encore, l’approche est différente eaux pluviales à l’amont et de son L’approche alternative en assainisse- de celle pratiquée en assainissement omniprésence sur le terrain, s’est vue ment pluvial consiste tout d’abord à classique. Lorsqu’un avant-projet avec attribuer un rôle d’expert. accepter que les inondations soient un des techniques alternatives est établi, C’est le cas, par exemple, de l’élabo- phénomène naturel. La ville est le sup- le moindre détail peut le compro- ration de documents réglementaires port de ces inondations. Le travail mettre. Aussi, l’approche sera la plus dont le plus courant aujourd’hui est le dossier d’autorisation au titre de la loi sur l’eau. Pour ces dossiers, la DEA assiste les services instructeurs et notamment la DDE avec laquelle un partenariat très fort s’est développé, mais aussi les aménageurs qui souhai- tent mettre en place sur leur opéra- tion un projet d’assainissement des eaux pluviales qui soit le mieux adapté à leurs contraintes. Avec les commu- nes, ce partenariat technique a été développé dans le cadre de projets d’a- © IAU île-de-Francemé nagement, mais aussi par des actions de formation des services voirie-assainissement et urbanisme. Enfin, la DEA intervient auprès des autres directions techniques du Conseil général lorsque celui-ci est aménageur. Ces partenariats se nourrissent de © CG 93/DEA Les bâtiments de la Direction de l’eau et de l’assainissement, équipés de toitures terrasses, négociations et de conseils, de fermeté d’espaces paysagers inondables, participent à la sensibilisation aux techniques alternatives. et de souplesse.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 153 La prise en compte des décaissés importants sont sources L’objectif est de valoriser la place du paysage de danger en termes de sécurité et de de l’eau pluviale en milieu urbain et nuisances avec le risque de devenir de d’être au service des usagers du point et de l’architecture : véritables dépôts d’ordures. Les ouvra- de vue pédagogique, ludique et esthé- une démarche spécifique ges doivent être complètement inté- tique. Pour cela, il faut que l’archi- de la Seine-Saint-Denis grés à la ville pour ne provoquer de tecte et l’équipe technique s’appro- rupture, ni dans le paysage, ni dans le prient cette approche de l’eau pluviale Il a semblé important de mettre en fonctionnement urbain. et l’intègrent au projet en s’entourant place une réflexion sur les techniques La superposition des usages va donc de professionnels ayant des compé- parfaitement intégrées à l’aménage- être recherchée. L’entretien de l’ou- tences en hydrologie urbaine et en ment urbain, à la ville. Intégration vrage, son acceptation par les rive- paysage pour pouvoir mener à bien signifie, dans ce cas, donner une dou- rains, seront d’autant plus facilités que cette action. Le projet concerne donc ble fonction aux ouvrages d’assainis- le site est perçu par les usagers comme tout autant un travail technique sement et notamment en matière d’a- un élément d’animation urbaine. Les (hydraulique et assainissement) qu’un ni mation urbaine, cela participant au espaces créés (place, square, parcs, travail de paysagiste et de composi- fonctionnement même du quartier. parkings…) doivent dépasser la seule tion, avec en outre, une réflexion sur En effet, la fonction assainissement fonction de l’assainissement et servir l’intégration sociale du projet. des eaux pluviales n’est que très peu au fonctionnement urbain. utilisée alors que la fonction «espace Cependant, les fonctions hydrauliques De nombreuses réalisations de vie» est permanente. Cette double doivent être lisibles ; aussi, est-il impor- en Seine-Saint-Denis fonction, en étant un plus pour un tant de mettre en scène ce fonction- Au cours de ces dix années où le espace urbain, renforcera la péren- nement et de montrer qu’en aucun cas Conseil général s’est efforcé de met- nité des ouvrages. D’autre part, un il est contradictoire avec le phénomène tre en place cette nouvelle approche de dispositif d’assainissement, ayant urbain. Cela va conduire à des projets l’assainissement alternatif, de nom- d’autres fonctions que celle d’assai- où l’eau sera à ciel ouvert, avec des breux projets ont vu le jour sur le ter- nir, pourra avoir un impact positif cheminements d’eau, des espaces très ritoire départemental. Les quelques sur le manque d’entretien constaté peu décaissés et de faible pente afin de exemples suivants illustrent la diver- aujourd’hui. rester dans le vocabulaire urbain. Les sité des ouvrages et des solutions pro- dispositifs pour les eaux pluviales peu- posées : Intégrer les techniques vent prendre des formes diverses : cas- • La place Basse à Saint-Denis (Pleyel) alternatives à l’aménagement cades, jeux d’eau, espaces de jeux, espa- est un projet d’espace public très dé- urbain ces publics conviviaux qui, lors de caissé sur lequel a été mise en place La visibilité de l’ouvrage doit permet- fortes pluies, vont s’inonder sur de fai- une technique d’infiltration des eaux tre d’assurer l’entretien et donc sa bles hauteurs d’eau pour assurer la pluviales complétée par un stockage. pérennité. Mais en milieu urbain, ces sécurité. Ils devront être totalement Ce dispositif évite le recours à une techniques à ciel ouvert ne peuvent intégrés dans le parti d’urbanisme, station de relevage. Le stockage s’ef - être de simples bassins de retenues ; d’architecture et de paysage. fectue en zone inondable, c’est-à- dire que l’espace public va s’inon- der pendant la pluie sur une faible hauteur d’eau. L’intérêt de ce pro- jet réside dans sa situation (contexte © IAU île-de-Franceurbain très dense). • La ZAC du Clos Saint Vincent à La place basse Noisy-le-Grand est une opération est un projet d’espace public très décaissé d’aménagement de 18 hectares. Tous sur lequel a été mise les dispositifs de stockage reposent en place une technique sur l’assainissement alternatif : un d’infiltration des eaux square «le jardin des artistes», un pluviales, complétée par un stockage. parking de centre commercial, des © CG93/DEA noues paysagères le long d’un mail

154 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 piéton et les places sont inondables. • Le parking de la Croix Saint-Marc à Aulnay-sous-Bois est un projet de 1,4 ha conçu sans tuyau, ni avaloir, où l’eau de pluie chemine par des pentes douces précisément conçues, vers les noues paysagères, qui struc- turent le parking, pour s’y infiltrer. • Le mail piéton à Stains est un pro- jet de liaison piétonne pour l’accès au collège et d’un parvis/parking situé face à l’entrée de l’établisse- ment scolaire. Le mail piéton est équipé d’une noue paysagère et inondable constituée de plusieurs biefs ; une partie du parvis est éga- lement inondable. © Composante urbaine • La ZAC des Marcreux à Aubervilliers Quartier des Saussaies à Saint-Denis. est une opération d’aménagement de 8 hectares constituée principale- • Les squares Cézanne et Bizet à Saint- eaux temporairement. Des noues ment d’activités (studio de cinéma Denis ont été réalisés dans le cadre paysagères et inondables ont été d’Aubervilliers). Toutes les eaux plu- d’une réhabilitation de grands conçues dans lesquelles cheminent viales sont acheminées vers le parc, ensembles, les cités Floréal et la des rivières sèches en gabion, une espace vert réalisé dans le cadre de la Saussaie. Toutes les eaux pluviales aire de jeux pour enfants inonda- ZAC. Les eaux sont stockées dans sont acheminées dans deux espaces ble : le Jardin des Sources avec des des noues paysagères qui ceinturent publics inondables qui forment des jeux sur pilotis. le square où elles s’infiltrent avec un aires de jeux, mais aussi des espaces • Le collège Joliot-Curie à Stains com- petit débit. publics esthétiques. porte des cheminements d’eau à ciel • Le lotissement d’activités de la Haute • Le parc des Guilands à Montreuil ouvert qui forment une sorte de Borne à Clichy-sous-Bois est équipé, est un projet de parc, en cours de «calpinage» dans l’espace de la cour. pour retenir les eaux pluviales, d’un réalisation, caractérisé par des déni- Les eaux sont ensuite dirigées vers espace public inondable constitué velés importants, avec des pentes de deux zones humides en transitant d’un cheminement piéton en plate- l’ordre de 10 %, susceptibles d’en- préalablement par des dispositifs à lage bois, sorte de ponton qui sur- traîner les eaux pluviales très rapi- ciel ouvert intégrés dans les bancs. plombe une zone inondable cons- dement vers les riverains et de les • Le square Jean Mermoz à tituée d’un espace vert traversé par inonder. Une approche particulière Villemomble est un espace vert dont une rivière sèche. a été mise en place pour stocker les une partie a été transformée en zone © IAU île-de-France © CG93/DEA © CG93/DEA Jardins des artistes à Noisy-le-Grand. Parking Croix Saint-Marc à Aulnay-sous-Bois.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 155 Dans le parc Jean Mermoz à Villemomble, un ouvrage de stockage des eaux pluviales a été réalisé. Cette zone inondable, entièrement engazonnée, prend la forme d’ondulations de terrain, échelonnant le stockage des eaux selon l’occurrence de la pluie © CG 93/DEA/Composante urbaine

une fois par an une fois tous les 7 ans

inondable. Cette zone a été remo- Une nouvelle approche, • Comment instituer un dialogue delée pour constituer des «vagues» de nouveaux comportements entre un service de l’urbanisme qui très douces. Ce dispositif reprend Si dans le cadre de la communication travaille à l’horizon 20 ans et un ser- les eaux pluviales d’une média- ou d’un colloque, tous les participants vice technique «voirie» qui tente de thèque, d’un parking et d’un collège s’accordent sur la nécessité d’une large trouver du temps pour prendre du ainsi que les eaux de ruissellement pluridisciplinarité et d’une démarche recul entre une opération de mise du parc. partenariale, sur le terrain en revan- en séparatif d’une voirie existante • Le RD 28 à Saint-Denis, Pierrefitte che, la mise en œuvre d’une telle pra- et la réparation d’un éclairage public et Villetaneuse est un projet de voi- tique apparaît comme rare et difficile. défaillant ? rie départementale de quelques kilo- Face à de nombreuses difficultés, la • Comment faire travailler un bureau mètres, complétée d’un transport technique classique de l’assainissement d’études sur un secteur dont la maî- en commun en site propre, qui relie arrange parfois tous les acteurs. trise foncière n’est pas terminée alors les deux universités : Paris VIII Nos systèmes de fonctionnement ren- qu’il souhaite réfléchir sur un plan (Saint-Denis) et Paris XIII (Villeta- dent la tâche difficile, comme par masse déjà établi ? neuse). Il fait l’objet d’un assainis- exemple, la séparation des services Outre ces décalages permanents, force sement alternatif, constitué de petits techniques et de l’urbanisme dans le est de constater qu’il n’est pas aisé de stockages, dans chaque «point bas», service public ou bien encore les dif- décloisonner les métiers entre eux. Les sorte de zones© inondables IAU avec de férentes phasesîle-de-France d’intégration des professionnels, en général, aiment maî- faible hauteur d’eau et supportant acteurs au cours de la durée d’un pro- triser leur domaine d’action, dans le d’autres usages comme par exem- cessus d’opération d’aménagement. cadre de leurs limites de prestation, ple des squares, parvis, parking… De nombreuses questions sont ainsi sans qu’il y ait d’interférences. Le tra- Le parvis du collège de Villetaneuse soulevées : vail pluridisciplinaire demande beau- constitue un de ces stockages ; il • Comment discuter avec un promo- coup plus d’efforts, de remises en forme un très bel espace public dont teur alors qu’il est encore inconnu cause, d’allers-retours techniques, de une partie est inondable lors de for- même si la ZAC, elle, est en phase compréhension... Si les métiers, les tes pluies. de viabilisation ? pratiques et les mentalités sont figés

156 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 par rapport à l’assainissement alter- Depuis 20 ans que les contraintes de Cette approche alternative de l’assai- natif, c’est sans doute un peu à cause rejet ont été imposées et de façon nissement pluvial apparaît comme une de cette peur de l’inconfort. beaucoup plus forte depuis 10 ans, 7 % très bonne réponse technique aux pro- Pourtant, l’approche alternative en du territoire de la Seine-Saint-Denis blèmes d’inondations que connaît la assainissement pluviale rend cette plu- a fait l’objet d’une limitation de rejet, ville aujourd’hui. Plus largement, elle ridisciplinarité incontournable : soit 1 700 hectares ; les 360 ouvrages rejoint les réflexions du «développe- • Le maître d’ouvrage doit compren- principaux représentent un volume ment durable» dont chacun s’accorde dre que faire de l’assainissement plu- global de stockage de 250 000 m3. à reconnaître aujourd’hui la nécessité vial ce n’est pas faire du VRD, et qu’il Ce chiffre est à rapprocher du volume dans le cadre du développement doit se former pour piloter des étu- de stockage des ouvrages gérés par le urbain. La maîtrise de l’eau pluviale des, coordonner une équipe et accep- Conseil général. Le volume total réalisé en milieu urbain apparaît comme une ter de financer des études plus fines. par les aménageurs (450 000 m3) équi- opportunité pour une mise en pra- • Le concepteur, architecte-urbaniste vaut au quart du volume réalisé par le tique de ces nouveaux concepts. Il est ou paysagiste, doit intégrer les don- département. Cela signifie, par ailleurs, nécessaire de réintégrer la notion d’eau nées hydrologiques dès les phases que ces stockages ne seront pas à édi- de pluie dans la culture de l’homme amont d’une opération et être capa- fier dans le futur par la collectivité ; à urbain de façon à ce que les citadins ble de remettre son projet en cause, raison de 400 euros HT/m3, soit au redécouvrent l’eau de pluie autrement tout en étant, lui aussi coordinateur. total 180 millions d’€ HT, c’est l’équi- que par les catastrophes. • Le bureau d’études doit admettre valent de 20 ans d’investissement pour que l’assainissement pluvial est un la construction de bassins départe- métier à part entière et pas un sim- mentaux qui est déjà réalisé. ple élément parmi les VRD ; il doit intégrer une démarche d’hydrolo- Une évolution des aménageurs gue et d’ouverture. vers de meilleures techniques, • Le service public, dans son ensem- tendance nouvelle très attendue, ble (service technique et urbanisme), mais très fragile doit garantir la prise en compte de La tendance liée à la prolifération des l’eau pluviale dès l’amont des pro- bassins enterrés, qui a été relevée pen- jets, mais aussi apporter des conseils dant la dernière décennie et que les ser- et coordonner les actions. vices départementaux ont freiné en modifiant ses démarches et ses actions, Des résultats convaincants s’infléchit lentement. Bien évidemment, Aujourd’hui, le Conseil général de des bassins de retenue enterrés, très Seine-Saint-Denis, traite, examine et coûteux et non pérennisés sont tou- suit jusqu’à la phase de réalisation jours créés, alors que d’autres solutions 100 % des opérations d’aménagement s’offrent à l’aménageur. Mais il se réalise relatives aux ZAC, lotissements... Pour de plus en plus, grâce à l’investissement les permis de construire, 80 % des per- important du département à tous les mis importants – ne correspondant ni niveaux du processus d’aménagement à de petites extensions de bâtiments et vers tous les acteurs (institutions, existants, ni à des pavillons –, transi - maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œu- tent par© les services IAU départementaux et île-de-Francevre) des projets de techniques à ciel font l’objet d’une instruction et d’un ouvert, simples, visibles et intégrés aux examen technique. Pour les dossiers projets d’aménagement et au paysage. les plus importants, les études et négo- Si cette tendance est bien réelle et en ciations se font même bien souvent à nette croissance, elle reste très fragile l’amont du dépôt de permis et la DEA car elle n’est liée qu’à un suivi étroit réalise un suivi lorsqu’un stockage est et très technique de la DEA qui suit demandé, ce qui correspond à envi- ces opérations jusqu’en phase chan- ron 25 % des permis examinés. tier et à leur réception.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 157 © J.-J. Lange/Iaurif La prévention des risques liés aux carrières souterraines : conséquences pour l’aménagement en Île-de-France

Sara Bouchon Université Paris X-Nanterre Prevention of risks related Laboratoire de géographie Physique Henri Elhaï to underground quarries: consequences for planning in Ile-de-France La présence de carrières souterraines en Île-de-France pose The presence of underground de nombreux problèmes d’aménagement. Néanmoins la diversité quarries in Ile-de-France raises des réponses face au risque souterrain traduit essentiellement numerous planning problems. The diversity of the responses des enjeux d’ordre économique, représentatifs de la pression to underground risks essentially foncière et immobilière au sein des communes. Par ailleurs, une expresses stakes of an economic meilleure connaissance et valorisation du patrimoine souterrain nature, representative © IAUreste indispensableîle-de-France pour une meilleure prévention des risques liés of the pressure of demand for land and real estate within aux carrières souterraines. the municipalities. In addition, improved knowledge and enhancement of the underground heritage remains essential in order to provide better prevention of the risks related to underground quarries.

158158 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Depuis l’Antiquité, le sous-sol de Paris, comme celui de quelque 300 communes de la région Île-de-France, a fait l’objet d’exploitations souter- raines. Ces carrières, aujourd’hui En grande couronne, abandonnées, constituent un ensem- les anciennes carrières ble de vides dont la dégradation peut sont partiellement localisées. La prise en entraîner des risques d’affaissement compte de ce risque et d’effon drement, avec de graves est donc difficile dans conséquences pour le tissu urbain en l’aménagement surface. Face aux problèmes d’amé- car son ampleur reste mal estimée… nagement posés par la présence de ces © IGC/Versailles cavités, une politique de prévention est indis pensable, à la fois dans les tu des spécialisé, la connaissance de l’Hautil (Yvelines et Val-d’Oise), rares zones urbanisées et dans les zones l’aléa est très mauvaise. Il devient sont les espaces sous-minés qui ne d’urbanisation future. d’autant plus difficile de prendre en peuvent faire l’objet d’opérations d’a- Le premier enjeu soulevé par l’amé- compte ce risque dans l’aménage- ménagement. nagement des zones sous-minées con- ment que son ampleur reste mal esti- Le second enjeu soulevé par l’aména- cerne l’inégale connaissance des zones mée. Or, l’une des particularités du gement de ces zones renvoie princi - d’aléas : si les anciennes carrières sont risque lié aux carrières souterraines palement au coût des travaux de conso- bien localisées à Paris et en première est, qu’une fois la cavité clairement lidation. Ce coût est inégalement couronne, elles ne le sont encore que identifiée, il est tout à fait possible ac ceptable selon les acteurs concernés partiellement en grande couronne de sécuriser les terrains sus-jacents, par l’opération d’aménagement (privé/ dans les départements des Yvelines, du moyennant des travaux de consoli- public, individuel/collectif), la pres- Val-d’Oise et de l’Essonne ; en Seine- dation ; en effet et sauf cas excep- sion foncière existante (plus la pres- et-Marne, en l’absence de service d’é- tionnel comme celui du massif de sion foncière est forte, plus il est facile d’intégrer le coût des consolidations Communes concernées dans le bilan financier de l’opération par des carrières souterraines d’aménagement), la nature de l’opé- ration (habitat, équipement…). Enfin, et c’est l’un des derniers enjeux à souligner, aménager avec le risque souterrain concerne d’une part des zones non bâties, sur lesquelles il est plus facile de prévenir le risque, et d’autre part des zones bâties, sur les- quelles il est souvent nécessaire d’effec - tuer a posteriori des travaux de conso- lidation, lorsque le risque n’a pas été précédemment pris en compte. © IAU île-de-FranceTraiter des risques souterrains et des solutions à apporter dans un secteur à population dense et à pression fon- cière considérable nécessite donc de prendre en compte la valeur foncière des terrains sous-minés, les coûts d’a- mé nagement, la gestion du tissu urbain existant. Les risques souter- rains induisent-ils certains types d’a-

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 159 mé nagement? Peuvent-ils constituer Aménager des espaces En Île-de-France, la pression foncière une entrave au développement urbain sous-minés et immobilière est forte dans les zones d’une collectivité locale ? densément urbanisées où l’espace Dans quelle mesure est-il possible de Le coût des travaux disponible pour l’aménagement est valoriser à la fois les terrains sous- de consolidation dans le bilan restreint. C’est le cas de Paris et des minés et le patrimoine historique et financier d’une opération départements de la petite couronne. géologique formé par ces anciennes d’aménagement Le marché foncier et immobilier ren- carrières ? Lorsque la présence de vides sou- voie en outre à la ségrégation sociospa- Quelques exemples pris en Île-de- terrains est connue et clairement loca- tiale modifiant la pression foncière, France montrent qu’il n’existe pas une lisée par l’Inspection générale des selon une opposition classique entre réponse simple à ces questions et que carrières (1), toute opération d’aména- l’est et l’ouest de l’agglomération pari- les enjeux économiques justifient des gement doit, lors du dépôt de permis sienne. S’il n’est donc pas impossible réponses diverses face à ce type de de construire, être soumise à l’exper - de construire en zone sous-minée, les risque. tise de cet organisme. Pour chaque notions de rentabilité (ou de non-ren- permis de construire déposé en zone tabilité) d’un projet permettent de dis- de carrière, l’IGC fournit un ensemble tinguer les zones de carrières valori- de recommandations techniques indis - sées par l’amé nagement de celles qui pensables à la sécurité des construc- ne peuvent l’être. En fonction de la tions. Les techniques de prévention nature de l’aménagement projeté, la active consistent à intervenir sur la prise en compte des travaux nécessai- cavité elle-même, par comblement ou res à la mise en sécurité d’une zone consolidation. Ce sont les mesures les sous-minée n’a pas les mêmes consé- plus onéreuses. Les mesures de pré- quences sur la balance budgétaire de vention passives permettent d’inter- l’opéra tion. Si leur coût est élevé, la venir sur la construction à consolider rentabilité de l’opération doit être éle- afin de la rendre invulnérable aux vée ou l’investissement de capitaux dégradations de la cavité, à l’aide de important. fondations superficielles ou profon- Deux exemples pris à partir d’une opé- des. Ces techniques sont utilisées dans ration immobilière dans la commune le cas des carrières inaccessibles ou de Bagneux et de l’aménagement du considérées comme telles pour des rai- projet de base de loisirs et de plein air

© IGC/Versailles sons de sécurité. Le surcoût engendré Lorsque la présence de vides souterrains par ces travaux devient alors un critère (1) IGC Paris pour Paris et les départements de est clairement localisée, des interventions la petite couronne, IGC Versailles pour les dépar- sont réalisées sur la cavité elle-même, déterminant dans la réalisation d’un tements des Yvelines, du Val-d’Oise et de par comblement ou consolidation. projet d’aménagement. l’Essonne

Coût des travaux de consolidation d’une zone sous-minée, en fonction du niveau d’aléa Niveau d’aléa et coût Type de dommage Mesures Coût financier et % des mesures de prévention à prévenir de prévention de la valeur vénale des constructions Faible Dommages légers non structurels Confortement des piliers de la cavité Supportable par un propriétaire individuel. (gros œuvre non touché), stabilité (entre 230 et 700 €/m2), De 1 à 20 % de la valeur vénale du bien. non affectée/fissuration des murs. fondations superficielles. Moyen © DéformationIAU importante, lézardes île-de-France Comblement de la cavité souterraine Supportables financièrement ouvertes, évacuation nécessaire. (entre 30 et 230 €/m2), par un groupe restreint de propriétaires fondations profondes (immeuble collectif, petit lotissement). De 50 à 60 % de la valeur vénale du bien. Fort Effondrement des planchers, Comblement des fontis, Zone concernée excédant le cadre brèches dans les murs, injections de coulis en carrières, de la parcelle. Mesures d’un coût désolidarisation des parties, traitement de terrain. très élevé ou techniquement très difficile. évacuation immédiate. De 70 à 90 % de la valeur vénale du bien. Majeur Destruction totale par effondrement Pas de parade technique. Pas de parade technique. de la construction. 100 % et plus de la valeur vénale du bien. Source : MEDD, d’après VACHAT (J.-C), MARVY (J.-M.), Les anciennes carrières de la région parisienne : problèmes posés aux constructeurs et solutions, IGC, 1974.

160 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 régionale de Romainville montrent sentait plus de 90 % du coût total de ne représentaient qu’environ 10 % comment le coût financier des travaux l’opération. Face à l’importance des du budget final. Afin que ce coût ne exigés pour construire sur des zones coûts exigés pour la réalisation d’un pèse pas trop sur l’équilibre budgé- sous-minées peut conditionner la fai- projet non rentable par définition, taire du projet, un nombre mini- sabilité de certains projets. la ville a préféré renoncer, laissant à mum de logements a dû être cons- l’époque, la parcelle à l’état de réserve truit – les travaux de consolidation La valorisation foncière. sont les mêmes pour 20 ou pour d’une zone sous-minée Cependant, sur la même commune, 60 logements –, conduisant à une par une opération immobilière : la société d’économie mixte de la logique de surdensification. l’exemple de Bagneux ville de Bagneux a pu réaliser à la Les projets d’aménagement ainsi que Bagneux (37 250 habitants) est une même période une opération de leur mise en place sont donc condi- commune caractéristique de la petite logements sur une zone sous-minée tionnés par la valeur des travaux à couronne de l’agglomération pari- semblable à la parcelle précédente. réaliser. Les conséquences urbaines sienne, disposant d’espaces aménage- Pour cette opération de 60 loge- montrent que paradoxalement un ables restreints. Proche de Paris, elle ments, le coût du foncier s’élevait à projet de logements nécessitant d’im- est soumise à une pression foncière 640 000 € dont 564 000 € imputés portants travaux de consolidation relativement forte. Plus de 60 % du aux travaux de mise en sécurité du est plus facile à mettre en place qu’un territoire communal (419 ha) est sous- site. Le coût total de l’opération étant équipement vert, plus adapté pour miné par d’anciennes exploitations de estimé à 6,25 mil lions d’€, les tra- l’amé nagement des zones sous- calcaire (219 ha) et de gypse (43 ha). vaux de comblement des carrières minées. Un périmètre de risque, défini au titre de l’article R 111-3 du code de l’urba- nisme en 1985 et valant PPR depuis Zones sous-minées et zonage réglementaire sur la commune de Bagneux (92) la loi Barnier de 1995, est arrêté sur la commune. En 1997, la ville a proposé un projet de jardins familiaux sur l’une de ses réserves foncières (6 840 m2), sous- minée par des carrières de gypse. Ce projet, issu de la volonté des élus de répondre à une demande de la popu- lation avait pour objectif de créer un espace de convivialité, de protection de l’environnement, élément de valo- risation paysagère et outil de recon- quête urbaine au sein d’un espace urbain dégradé. Il s’agissait de qua- lifier un espace délaissé par l’inter- médiaire d’un espace public, parti- culièrement adapté à la valorisation d’un terrain sous-miné. Un premier projet© défini en IAUfévrier 1997 stipu- île-de-France lait que les coûts de l’aménagement devaient prendre en compte le com- blement des anciennes carrières, soit un total de 920 000 €, alors même que le reste des équipements pour les jardins était estimé à 92 000 €. Le montant des travaux nécessaires à la mise en sécurité du terrain repré-

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 161 Valoriser une zone sous-minée Située à quelques kilomètres à l’est de territoire communal. Exploités sur par un espace public : Paris, dans le département de la Seine- trois niveaux de galeries, ces terrains le cas de la base de loisirs Saint-Denis, la commune de Romain- sont interdits d’accès en raison de forts de la Corniche des forts ville se caractérise à la fois par une risques d’effondrement. Le site est à Romainville forte pression foncière et par le fait classé au POS depuis le début des Néanmoins, l’aménagement d’espaces qu’une partie importante de son ter- années 1980 en zone ND, mais les verts reste possible si un financement ritoire est aujourd’hui classée en zone coûts de mises en sécurité ont rendu exceptionnel est avancé, permettant inconstructible par un plan de pré- impossible son aménagement en ainsi de valoriser un terrain en friche vention des risques mouvements de espace vert et son ouverture au public. situé en zone à risque. C’est le cas du terrain. Des terrains privés, sous-minés Le souhait du conseil régional de créer, projet de base de loisirs et de plein de carrières de gypse et représentant au milieu des années 1990, une BPAL air régionale sur la commune de plus de 23 hectares laissés à l’état de fri- dans le département de la Seine-Saint- Romainville. ches, s’inscrivent en effet au cœur du Denis pour compléter l’offre régionale

Les zones sous-minées sur le périmètre du projet de la base de plein air et de loisirs de Romainville (93)

Projet d’aménagement de la base de plein air et de loisirs de la Corniche des forts à Romainville (93) © IAU île-de-France

Source : Ilex

162 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 sur un territoire fortement urbanisé, a Des espaces zone sous-minée inconstructible été l’opportunité de réhabiliter ces ter- sous-minés difficiles constituant l’uni que réserve foncière rains. Cette réserve foncière excep- d’une commune est plus probléma- tionnelle en petite couronne a été inté- à valoriser tique. Enfin, les difficultés d’aména- grée au projet régional de la base de gement des zones sous-minées diffè- loisirs de la Corniche des forts. Ce pro- Difficultés d’aménagement rent selon les zones bâties ou non jet concerne quatre communes sur et inconstructibilité bâties. plus de 60 hectares et s’adresse avant Les exemples de Bagneux et de tout à la population parisienne et du Romainville montrent qu’il est pos- Chanteloup-les-Vignes : un cas nord de Paris ; il doit permettre de sible d’aménager, sous conditions, exceptionnel d’expropriation valoriser une zone déclarée incons- des espaces sous-minés. Il peut aussi L’exemple de la commune de Chanteloup- tructible, grâce à un financement s’avé rer techniquement difficile d’a- les-Vignes est unique en Île-de-France, exceptionnel, qui n’a pas pour unique ménager avec le risque souterrain ; dans la mesure où il s’agit du seul cas objectif de combler les carrières. les méthodes et les moyens à mettre de plan de prévention des risques ayant L’importance de ce projet permet de en œuvre ne sont pas toujours adap- entraîné une expropriation pour les mo biliser des ressources financières tés aux circonstances : site trop urba- risques liés aux anciennes carrières du assez conséquentes pour que la ville nisé ne permettant pas le passage massif de l’Hautil. envisage de rendre la zone aménagea- d’engins, impossibilité de réaliser des Le massif de l’Hautil (78-95) a fait ble. En effet, le zonage du PPR n’étant recherches renseignant sur la locali- l’objet d’une exploitation intensive du pas figé, il est possible, suite à des tra- sation et l’état des vides souterrains… gypse, entre le début du XIXe siècle et vaux de consolidation de faire sortir Toutes ces contraintes entraînent un 1979, laissant des galeries souterrai- une zone de la zone rouge inconstruc- surcoût important des travaux ou les nes particulièrement instables sur près tible du PPR. En 1997, une étude de rendent même impossibles à réaliser. de 650 hectares. Cette instabilité est à faisabilité a été réalisée : les zones sous- Par ailleurs, si l’aléa reste mal connu, l’origine d’effondrements fréquents, minées présentant des aléas forts, doi- une zone sous-minée peut être décla- quasi imprévisibles sur les quelque 350 vent être affectées à des utilisations à rée inconstructible par mesure de hectares correspondant aux ancien- faible fréquentation, afin de limiter les prévention. Or, l’inconstructibilité nes carrières très endommagées et dés- travaux de confortement. Dans le cas de d’une zone n’a pas les mêmes consé- ormais inaccessibles. Plusieurs acci- Romainville, les zones sous-minées quences pour les collectivités en fonc- dents ont eu lieu au début des années seraient occupées par un espace boisé. tion de la densité du bâti existant, de 1990 dont un mortel à Chanteloup- Inscrit au contrat de plan 2000-2006, le la pression foncière et des impératifs les-Vignes. projet de la base de loisirs doit être du développement local. Une zone Face à cette situation, un plan d’expo - financé par le conseil régional à hauteur inconstructible située dans une com- sition aux risques a été prescrit en de 19,8 millions d’€ et par l’État à hau- mune disposant par ailleurs de réser- 1993 sur dix communes. Ce plan, teur de 7,6 millions d’€. Les travaux ves foncières saines n’a que des consé- approuvé en 1995 et devenu PPR, de comblement et de mise en sécurité quences mineures, en revanche une délimite une zone rouge très expo- ont été estimés à 19,2 millions d’€. sée, inconstructible, une zone bleue Cet exemple montre qu’en matière de moyennement exposée, constructible risques souterrains, l’inconstructibilité sous conditions et une zone blanche reste relative. Elle est surtout condi- non exposée. tionnée par la recherche d’un finance- Parmi les habitations situées en zone ment© assez conséquent IAU pour prendre île-de-Francerouge, il faut distinguer celles pour les- en compte les travaux de consolidation quelles le recouvrement (distance entre sans trop déséquilibrer le bilan financier la surface et le plafond de la carrière) de l’opération. Dans le cas contraire, est supérieur à 30 mètres, ne pouvant

les terrains sous-minés peuvent sub- © IGC/Versailles faire, ni techniquement, ni financiè- sister à l’état de friche, voire de friche L’exploitation intensive du gypse pendant rement l’objet de travaux de stabilisa- plus d’un siècle sur le massif de l’Hautil urbaine, ce qui n’est pas sans consé- tion, de celles pour lesquelles le recou- rend toute opération d’aménagement quences sur les possibilités d’amé- impossible en raison de l’instabilité vrement inférieur, rend techniquement nagement des communes con cernées. des galeries souterraines. possible les travaux.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 163 Zones sous-minées : des opportunités d’aménagement d’espaces verts ?

De nombreuses communes de l’est parisien, dans le Val-de- Toutefois, cette destination «naturelle» se heurte à des coûts de Marne, mais surtout en Seine-Saint-Denis, sont concernées réhabilitation très élevés, pouvant être estimés à plusieurs par la présence d’anciennes exploitations souterraines de centaines de milliers d’euros à l’hectare, difficilement suppor- gypse qui occupent des superficies souvent conséquentes et qui tables par une seule collectivité territoriale. Ces dernières posent aujourd’hui de nombreux problèmes en termes d’amé- années, quelques sites : le plateau d’Avron à Neuilly-Plaisance, na gement et de sécurité publique. l’espace Susset à Rosny-sous-Bois… ont pu bénéficier de tra- Les contraintes à l’urbanisation de ces zones sous-minées sont vaux de confortement pour des aménagements en espaces en effet importantes ; les risques d’effondrement et de dégra- verts publics. C’est sur des opérations de longue durée et au dation y sont particulièrement élevés compte tenu de la nature prix d’investissements très élevés, avec le concours des collectivi - des matériaux (solubilité, caractéristiques géotechniques) et tés locales (région, département, commune). Ainsi, la mise en des méthodes d’exploitation (extraction sur plusieurs niveaux, sécurité des terrains de l’espace Susset a représenté 6,4 millions hauteur importante des galeries, remblaiement partiel…). Ces d’€ pour un coût total de 10,5 millions d’€ ; 19,2 millions d’€ contraintes renchérissent très sensiblement les coûts des travaux sont prévus pour la mise en sécurité de la douzaine d’hectares de confortement et de mise en sécurité des terrains concernés. sous-minées de la future BPAL de Romainville. En outre, les C’est ainsi qu’en Seine-Saint-Denis, sur les quelque 310 études menées pour ces différents projets ont mis en évidence hectares sous-minés, moins d’un tiers est aujourd’hui bâti la difficulté d’évaluer les coûts de confortement des terrains sous- (habitations, équipements, activités…). minés, rendue très aléatoires par la spécificité de chaque site. Ces terrains inconstructibles sont longtemps restés comme des Sur certaines zones, des techniques autres que le comblement espaces en friches, au cœur de zones de plus en plus densément et moins onéreuses peuvent toutefois être mises en œuvre. urbanisées. Ils sont alors apparus comme des opportunités de Ainsi, pour l’aménagement du parc départemental des Lilas création d’espaces verts susceptibles de répondre aux attentes à Vitry-sur-Seine (94) sur d’anciennes carrières, une technique de population de plus en plus nombreuses, d’autant que les nouvelle a été utilisée. Elle consiste à enterrer, à une profondeur exigences de mise en sécurité sont moindres que pour des de 1 m, un filet de polymère (géogrille) avec des ancrages opérations d’aménagement. De nombreux parcs et jardins garantis pour un siècle. Recouvert de terre végétale, ce filet qui ont été créés au cours de ces vingt dernières années, avec peut laisser passer des racines permet la plantation d’arbres. l’appui pour certains du Conseil général qui mène une politique La structure qui peut supporter le poids d’un engin de chantier, dynamique dans ce domaine : les parcs de Beaumont (22 ha) main tiendrait le sol en place en cas d’effondrement, la maille et des Guilands (14 ha) à Montreuil, celui des coteaux d’Avron posée avec du jeu suivant le mouvement du terrain. (31,4 ha) à Neuilly-Plaisance, l’espace Susset (3,5 ha) à Rosny- Mais avec les très fortes pressions foncières qui s’exercent sous-Bois... Au total, près de 200 ha d’espaces verts ont été aujourd’hui en petite cou ronne, les coûts des travaux de créés sur d’anciennes zones de carrières et d’autres sont encore comblement et de mise en sécurité des zones sous-minées en projet : l’extension du parc de la Fosse Maussoin à Clichy- n’apparaissent plus complètement rédhibitoires pour les sous-Bois ou celui du plateau d’Avron à Rosny-sous-Bois, la base aménageurs. de loisirs de Romainville… Quelques vastes espaces à caractère plus naturel et non aménagés subsistent encore, notamment dans l’est du département. D’une manière générale, la localisation de ces anciennes carrières non conso - lidées et réaménagées dans le périmètre de la «ceinture verte», pourrait les destiner à devenir de futurs espaces verts publics. Les différents espaces© aujour - IAU île-de-France d’hui en friche qui jalonnent la Corniche des forts de l’est parisien sont particulièrement représentatifs de ces opportu- nités d’aménagement dans des secteurs densément urbanisés et précisément carencés en ce

type d’équipement public. © É. Morenty

164 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Extrait du PER du massif de l’Hautil sur le secteur de Chanteloup-les-Vignes (78)

La commune de Gagny, située à l’est du département en limite de la Seine-et- Marne, illustre ces pressions. Cette com - mune est concernée par plusieurs ensem- bles de carrières, exploitées pour les dernières jusqu’en 1965, et répartis en trois secteurs. Les anciennes exploi tations, toutes propriétés privées, présentent des risques de glissements de terrains et d’effondrement de galeries, certaines pouvant atteindre 15 mètres de hauteur. Dangereux sur le plan de la sécurité, ces espaces sont non accessibles au public. Ces terrains forment aujour d’hui des enclaves naturelles qui couvrent au total un peu plus de 110 hectares (16 % du territoire communal) ; les milieux naturels (bois, prairies…) abritent une grande diversité d’espèces floristiques et fau- nistiques dont certaines protégées au niveau régional ou national ; mais ils constituent aussi les derniers espaces urbanisables de la commune. À Chanteloup-les-Vignes, deux pha- restent techniquement et financière- La municipalité souhaite aujourd’hui ses d’expropriation ont concerné suc- ment réalisables. Cependant, le PPR reconquérir ces terrains pour les amé - cessivement 23 et 24 propriétés. Des n’impose pas la réalisation de ces tra- nager. Ces zones ont été classées pour estimations de chantiers fictifs ont été vaux, dans la mesure où ils excèdent partie en zones à urbaniser et en zones réalisées ; les travaux de mise en sécu- 10 % de la valeur vénale du bien. Ces urbaines au PLU, en concertation avec les propriétaires, afin de sécuriser ces rité pour les 23 propriétés situées en habitations sont donc à terme con- espaces, d’obtenir la rétrocession à la zone rouge ont été évalués à 5,66 mil - damnées, la probabilité de l’effondre- ville de deux tiers environ des surfaces lions d’€, alors que la valeur vénale ment y est si élevée qu’elle relève de pour la réalisation d’espaces verts et des biens estimée sans tenir compte l’inévitable, alors même que les pro- d’un tiers pour l’aménagement d’une du risque s’élevait à 1,96 million d’€, priétaires n’ont pas les moyens finan- zone commerciale et la construction de logements individuels ou en petits col- indemnités d’expropriation compri- ciers de faire réaliser des travaux. lectifs. Le projet de la ville s’articule autour ses. Pour la seconde tranche, la valeur L’exemple de Chanteloup-les-Vignes de la réalisation de près de 670 loge- vénale des habitations avait été estimée est révélateur du cas assez excep- ments et la création de 60 hectares à 1,37 million d’€ alors que le coût tionnel de l’impossibilité d’aména- d’espaces verts répartis en deux espaces global des travaux s’élevait à 12,7 mil - ger un espace en raison de la gravité de proximité et un parc de plusieurs lions d’€. La zone expulsée, si tout de l’aléa, ce qui conduit à l’expro- dizaines d’hectares. La ville procèderait à l’acquisition des danger immédiat a été écarté, consti- priation. Se pose alors le problème terrains et en ferait réaliser le comble- tue aujourd’hui une friche urbaine du devenir de la zone expulsée et des ment, la revente des terrains remblayés dont l’accès est interdit. Lors de l’en- habitations proches n’ayant pas fait et mis en sécurité à des aménageurs quête publique, il a été proposé de l’objet de mesures d’expropriation, privés© devant permettreIAU d’équilibrer île-de-Francefaire des zones rouges du Bois de et dont les propriétaires individuels, financièrement cette opération. l’Hautil une réserve naturelle, inté- en l’absence de mesures financières Ludovic Faytre grée au projet régional de ceinture d’accompagnement ne peuvent faire verte, mais la mise en sécurité du site réaliser les travaux. La stérilisation resterait nécessaire. de l’une des réserves foncières de la En revanche, les habitations situées ville n’a cependant pas de consé- en zone rouge, mais en deçà de la zone quences trop graves pour la com- de recouvrement de 30 mètres, n’ont mune qui concentre ses projets pas été expropriées, car les travaux urbains sur la ville basse.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 165 Pontoise : un centre-ville site. Un arrêté est pris immédiatement paralysé par les terrains pour interdire l’accès aux caves. Pour la sous-minés première fois, le disposi tif municipal Ce n’est pas le cas de la commune de de prévention des risques souterrains Pontoise, dont le centre-ville est affecté est appliqué. Dans le cadre d’une con - par la présence de carrières souterrai- vention signée avec les propriétaires, la nes, ce qui pose de lourds problèmes ville avance l’ensemble des frais inhé- d’aménagement à la municipalité. rents à l’opération de consolidation du Pontoise (27 500 habitants) se situe à sol. Les propriétaires n’ont à rembour- une trentaine de kilomètres de Paris ser que le coût des travaux, la part de dans un contexte de pression foncière chaque propriétaire ayant été définie faible et fortement concurrencée par la entre eux. Les frais de reconnaissance, ville nouvelle de Cergy-Pontoise. Le d’études et de suivi demeurent entiè- sous-sol du centre-ville a été large- rement à la charge de la ville. En trois © J-Y. Lucas/Ville de Pontoise © J-Y. ment sous-miné par de petites exploi- Le centre-ville de Pontoise est «sous-miné» mois, l’ensemble des travaux est réalisé tations individuelles et la localisation par la présence de souterrains et les habitants n’ont pas été dans l’o- des cavités reste difficile, source de et de carrières. La ville a mis en place bli gation d’évacuer leur domicile. un service de surveillance et de prévention risques élevés. des risques souterrains. L’efficacité du dispositif municipal de Au début de la décennie 1990, plusieurs prévention des risques souterrains à arrêtés de catastrophes naturelles sont Consciente de la gravité de la situa- Pontoise réside dans la prise en charge pris suite à des désordres. En raison de tion, la ville a cherché à mettre en place financière des travaux qui constitue le l’affaissement régulier du sous-sol, peu en 1995 un service municipal de pré- plus grand obstacle. Surtout, l’évolu- de nouveaux habitants ont été attirés vention des risques souterrains, afin tion réside à travers cet exemple dans par le centre-ville et nombre d’habita- d’améliorer la connaissance des cavi- le fait que la réalisation possible du tions ont été revendues à bas prix. Par tés et d’assurer la maîtrise d’œuvre des risque a été anticipée grâce au système ailleurs, les commerces du centre-ville travaux de consolidation. de surveillance municipal. ont subi un déclin économique, lié à la En juin 1996, à la suite d’une visite effec- L’exemple de Pontoise montre com- concurrence du centre commercial de tuée par le service de prévention des ment la municipalité a cherché à inter- Cergy, mais aussi à la difficulté de risques souterrains et l’Inspection géné- venir de manière plus efficace dans la remettre en état leurs locaux et aux dif- rale des carrières, il est constaté, place gestion des risques liés aux carrières, ficultés de circulation engendrées par du Grand Martroy une dégradation afin de dépasser les obstacles et les dif- les sinistres (la rue Gisors a été coupée rapide de la voûte et l’apparition de fon- ficultés d’aménagement. Néanmoins, pendant six mois en 1995, paralysant tis. Les pompiers du Groupe d’inter- ce dispositif n’a eu qu’une efficacité et une partie des accès et des stationne- vention en milieux péril leux (GRIMP) une durée de vie limitée, pour des rai- ments en centre-ville). confirment le caractère dange reux du sons financières et politiques.

Chronologie des accidents liés aux effondrements de cavités souterraines à Pontoise (95) Année Rue Description du mouvement de terrain 1975 Rue Alexandre Prachay Déstabilisation de deux immeubles Janvier 1987 Rue Rouzier et Thiers Effondrement du sous-sol avec nombreuses excavations, plusieurs maisons fissurées, murs de soutènement lézardés ou affaissés. 12 décembre 1992 Rue Lemercier, Place Moineaux, Fontis, déstabilisation d’immeubles, caves effondrées, maisons fissurées ©Place GrandIAU Martroy, Impasse Tavet île-de-France (arrêté catastrophe naturelle du 20 août 1993) De décembre 1993 Place Saint-Louis, Sente Lucien Francia Affaissement de cavités souterraines, pavillons et murs de clôtures fissurés à mars 1994 (arrêté catastrophes naturelle du 18 juillet 1995) Fin 1994, début 1995 Rue de Gisors Affaissement de chaussée, fuites sur réseaux d’eau 6 et 7 septembre 1995 Secteur de la Harengerie Effondrement de terrain (arrêté catastrophe naturelle du 1er octobre 1996) 7 juillet 1996 Rue de la Coutellerie, rue de l’Hôtel de Ville Fontis, effondrement de sol, déstabilisation de cave 1996 Clos de l’Étoile Pilier en rupture 1997 Rue St-Martin Effondrement de la chaussée 1997 Rue Jean Mermoz Cavité nouvelle en cours d’effondrement 21 janvier 1999 33 à 39 rue de l’Hôtel de ville Effondrements de bâtiments Source : Le BASTARD (R.), Gestion des risques naturels et urbanisation : une ambition pour Pontoise, thèse professionnelle, ENPC, Université de Compiègne, 2000.

166 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Perspectives pour une meilleure connaissance de l’aléa

Les difficultés soulevées par l’amé- nagement des zones sous-minées sont donc multiples et contribuent au maintien de terrains en friche dan- gereux ou de friche urbaine en zone déjà bâtie. Lorsque l’aléa lié à la pré- sence de carrières souterraines reste mal connu, les enjeux soulevés par l’aménagement de ces zones passent d’abord par un travail de reconnais- sance et de loca lisation des vides, mais aussi aux formes possibles de valo- © C. Legenne/Iaurif risation du patrimoine historique et La connaissance de l’aléa est un préalable à la prise en compte des risques souterrains géologique constitué par ces ancien- dans l’aménagement. nes cavités. Pour mieux prendre en compte les collectivités et politiquement délicate. compte du risque peut ainsi aboutir à risques souterrains dans l’aménage- Néanmoins, l’aménagement de zones des situations dramatiques alertant sur ment, il convient tout d’abord d’amé- dont on ne sait pas qu’elles sont sous- la nécessité d’améliorer la connais- liorer la connaissance de l’aléa. Celui- minées peut se révéler risqué. sance des risques. ci reste mal connu aux franges de Le 26 juin 1995, les services de la l’agglomération parisienne, le plus sou- préfecture et la mairie de Thorigny- vent parce que les habitants ont oublié sur-Marne sont alertés. Lors de la Aménager en valorisant qu’il y avait eu des carrières. Or, le déve- cons truction de deux pavillons, une le patrimoine souterrain loppement de la périurbanisation carrière est découverte. La carrière est aggrave cette situation : sous la forme située sur des possessions ayant appar- Une meilleure connaissance de l’aléa de maisons individuelles, peu dense tenues aux chevaliers du Temple. La peut aussi favoriser la meilleure prise en mais consommant beaucoup d’espace, carrière mise à jour n’est qu’une petite compte du patrimoine géologique et elle s’étend sur d’anciennes terres agri- partie d’un ensemble plus vaste de historique que représentent les ancien- coles pouvant être sous-minées. galeries situées sous la possession des nes carrières. Les risques encourus, vis- La situation est particulièrement cri- Templiers. Des galeries sont également à-vis des aménagements de surface tique en Seine-et-Marne qui ne dispose découvertes dans une zone aujour- conduisent le plus souvent les ges- actuellement d’aucun service chargé d’hui urbanisée ; les entrées des carriè - tionnaires ou les aménageurs à sup- du suivi des anciennes carrières et donc res avaient été remblayées. Suite à cet primer le problème par un remblayage d’aucune carte d’aléa, à l’échelle dépar- incident, un PPR a été prescrit, mais la intégral. Mais quand les contraintes de tementale – quelques PPR ont cepen- commune s’est heurté à des problè- l’environnement le permettent et que dant été approuvés localement –. Aucun mes de financement pour les campa- les carrières présentent un comporte- financement© n’estIAU prévu à l’heure île-de-Francegnes de sondage. Pour les personnes ment général sain, il peut être judi- actuelle pour la mise en place d’une concernées par ces carrières, l’élabo- cieux de préserver, en partie ou en tota- telle structure. Cette absence est révé- ration d’un PPR affichant l’existence lité les vides souterrains en vue d’une latrice de l’ampleur de la situation : le d’un aléa fort est jugée catastrophique : utilisation future et surtout dans la per- département de Seine-et-Marne est le alors qu’ils voient leurs biens dévalo- spective de conserver ce patrimoine. plus grand département d’Île-de- risés, ils doivent continuer à rem- Toutes les utilisations des carrières per- France. S’attacher à recenser les risques bourser leurs prêts pour leur maison. mettent de faire revivre les carrières, souterrains est une tâche qui risque de Dans certains cas, l’amé nagement de de les maintenir en bon état et de limi- se révéler à la fois coû teuse pour les zones sous-minées n’ayant pas tenu ter ainsi les risques.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 167 La nécessité de protéger certains sec- teurs est apparue il y a une dizaine d’années. Dans Paris, quelques sites sont ainsi classés au titre des monu- ments historiques comme la carrière du Port Mahon (26 et 28 rue de la Tombe Issoire), les souterrains du Val de Grâce, une partie des carrières sous l’hôpital Cochin et un tronçon de la rue Saint-Jacques. Ces classements sont prometteurs car ils inaugurent une nouvelle étape de la connaissance des carrières et de l’exploitation du cal- caire pour l’architecture ; étudier l’his- toire des carrières anciennes, c’est écrire un chapitre de l’histoire de l’é- di fication de la cité. La valorisation du patrimoine pré- sente certes un intérêt culturel, mais © G. Stauffer Sous les pavés, la mémoire de la ville… Un site emblématique à Paris : elle permet aussi de maintenir les cavi- la carrière médiévale des «Capucins». tés en bon état et d’approfondir la connaissance du réseau souterrain. attentivement à la mise en œuvre des Celles-ci sont consolidées et le 7 avril Les carrières de craie de Meudon et mesures de protection et à la sur- 1786, on procède au transport des les Catacombes de Paris en sont deux veillance permanente des carrières. ossements. Jusqu’en 1814, les os d’au- exemples. Lorsque des investissements sont tres cimetières parisiens, gênant l’ex- Les carrières souterraines de craie de nécessaires, la SEM les prend en tension de la capitale furent transpor- Meudon, exploitées principalement charge. Pour la seconde mission, l’a- tés. Le transfert d’ossements trouvés au XIXe siècle, constituent un patri- ni mation culturelle, la mise en place sous la voie publique dure jusque vers moine scientifique et artistique excep- de spectacles, de concerts, d’exposi- 1960. Les Catacombes constituent tionnel. Leur particularité réside dans tions sont envisagées. Les carrières aujourd’hui la plus grande nécropole l’exploitation de la craie, mais aussi offrent des propriétés acoustiques du monde. dans leur état de finition soignée qui exceptionnelles et le cadre offert par La valorisation du patrimoine sou- pose un curieux problème d’archéo- les huit kilomètres de galeries des car- terrain remplit donc un double objec- logie industrielle. La présence de car- rières de craie évoque celui des plus tif, en mettant en valeur un patri- rières dans la craie, peu accessibles belles cathédrales. Ces carrières ont moine culturel et en préservant le bon dans le reste du Bassin parisien, permet été classées patrimoine industriel et état des vides souterrains. Par ce biais- aux géologues d’approfondir leur historique en mars 1986. là, il peut être possible pour certaines connaissance : les nombreux lits de L’Ossuaire général de Paris ou Cata- communes de recevoir des finance- silex que contient cette formation géo- combes est un autre exemple remar- ments permettant la remise en état logique permettent d’espérer quelques quable de l’utilisation des anciennes des cavités. progrès dans la compréhension du carrières souterraines de Paris. Le mécanisme de formation© deIAU la silice 9 novembre île-de-France 1785, le Conseil d’État dans les sédiments. ordonne la suppression du cimetière La ville de Meudon a créé une SEM des Innocents, surchargés et posant de pour répondre à un double objectif : multiples problèmes en termes de salu- «assurer la pérennité de ces carrières brité publique. En même temps, la classées afin de veiller à leur sauve- création des cimetières extérieur et garde, ensuite mettre en place une intérieur de Tombe Issoire est décidée. politique culturelle». Pour accomplir Le cimetière intérieur était un ossuaire sa première mission, la SEM veille prévu dans les anciennes carrières.

168 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 © Ecoscop The flood zones in the Plan Les zones inondables dans for Consistency between Local Areas for Strasbourg: making le SCOT de Strasbourg : better use of potential valoriser le potentiel for risk management The area of the future SCOTERS pour gérer les risques is made up of 139 municipalities, including the Urban Community Géraldine Mastelli of Strasbourg. 600,000 residents ADEUS(1) are concerned. The SCOTERS defines the framework for development of the Strasbourg Region while taking account Le territoire du futur SCOTERS se compose de 139 communes, of the local natural specificities, dont la Communauté urbaine de Strasbourg. 600 000 habitants in particular the risks. The ADEUS sont concernés. Document de planification issu de la loi Solidarité has conducted in-depth analysis of the flood risks at the scale et renouvellement urbains, le SCOTERS définit le cadre du of the 139 municipalities under développement de la région de Strasbourg en prenant en compte the national programme of les particularités naturelles locales, notamment les risques. Arrêté le the French Ministry of Ecology 21 mars 2005 et en phase d’enquête publique, il remplacera le schéma and Sustainable Development for encouraging municipalities directeur de l’agglomération strasbourgeoise de 1973 devenu obsolète. to take account of natural risks, L’ADEUS, maître d’œuvre du SCOTERS, a réalisé une analyse and in collaboration with the approfondie des risques d’inondation à l’échelle des 139 communes, nature studies bureau ECOSCOP. The object of that pilot study is to dans le cadre du programme national du MEDD pour la prise enable an overall local planning en compte© des risquesIAU naturels par lesîle-de-France collectivités, et en lien avec and development strategy le bureau d’études naturaliste ECOSCOP. L’objectif de cette étude to emerge for the SCOTERS, a project making it possible to: pilote est de faire émerger une stratégie globale d’aménagement protect people and property du territoire pour le SCOTERS, un projet permettant de : protéger from the risks of flooding even up les habitants et les biens contre les risques d’inondation, jusqu’au to centennial flooding risks; risque centennal ; valoriser des zones inondables à l’échelle and to extract added value from the flood zones at the scale du SCOTERS en les intégrant dans l’aménagement. of the SCOTERS by integrating (1) Agence de développement et d’urbanisme de l’agglomération strasbourgeoise. them into planning.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 169 puisque chaque projet local dans la ha) sont inondables par submersion Pourquoi un projet zone inondable a une influence poten- parmi lesquels près de 9 000 ha peu- de valorisation tielle sur le fonctionnement global de vent être considérés comme dange- l’unité. reux. En effet, si les inondations de des zones inondables ? Un réseau de digues protège le terri- plaine, lentes, facilitent l’anticipation, toire des inondations millénales du elles n’en sont pas moins localement Une contrainte Rhin, mais ses affluents, mieux pré- fortes : la Bruche, rivière torrentielle, inondation complexe servés de la canalisation, ont gardé leur a ainsi atteint un débit de 195 m3/s Le SCOTERS comprend six unités dynamique d’inondation. Il en résulte transitant par Strasbourg lors de sa hydrauliques, composées de bassins qu’au moins 17 % du territoire sont crue de 1990. La situation géogra- versants ou portions de bassins ver- touchés par les inondations au sens phique de la Communauté urbaine de sants au fonctionnement hydraulique large (submersion et remontée de Strasbourg (CUS), à la confluence et à fortement lié. Dans chacune d’elle, les nappe) de fréquence centennale ou l’aval de plusieurs cours d’eau, en fait communes sont solidaires de fait, inférieure. 11 % du territoire (12 000 un site particulièrement sensible.

Les unités hydrauliques du SCOTERS Des risques difficiles à évaluer par les acteurs Les zones inondables les plus dange- reuses ont été identifiées et réglementées dès les années 1980 à travers un Plan d’exposition aux risques d’inondations (PERI) pour l’agglomération strasbour- geoise et deux procédures «article R.111-3 du Code de l’urbanisme» pour les zones inondables de l’Ill et la Bruche, en amont de l’agglomération. Ces pro- cédures, bâties sur des bases différentes, valent toutes PPR depuis 1995. Elles définissent des secteurs de constructi- bilité limitée, voire interdite. Pour certains cours d’eau non encore soumis aux procédures réglementai- res, des modélisations hydrauliques

© IAU île-de-France

Source : ADEUS

170 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 présentent le risque d’inondation en Une connaissance du risque termes de hauteur d’eau et de vitesse et une réglementation hétérogènes d’écoulement, pour les crues décen- nales et centennales. Pour d’autres cours d’eau, c’est le territoire inonda- ble, identifié par des crues historiques de période de retour plus ou moins bien connues (atlas des zones inon- dées), qui sert de référence. La superposition sur une même com mu ne de plusieurs catégories de risques, définies par des procédures hétérogènes impliquant des niveaux de contraintes différents, brouille la perception et rend l’appréhension du risque délicate à l’échelle du bas- sin versant. Les implications d’une action locale sur le fonctionnement global de la zone inon dable sont alors peu lisibles.

Un conflit qui s’aiguise Si certaines zones inondables sont clai - rement identifiées sur le terrain par la fréquence et l’ampleur des crues, d’au- tres, soumises seulement aux crues exceptionnelles, ne sont pas considé- rées comme zones à risque dans la mémoire collective. L’urbanisation a été historiquement modérée sur ces secteurs avec 5 % des zones inondables par submersion déjà construites en 2003 (600 ha). Mais la pénurie d’espa- ces disponibles accentue la pression foncière et rend ces espaces tentants : de 30 avril 2002 relative à la politique de risque de submersion (...)». L’urbanisa - fait, les zones d’urbanisation prévues l’État en matière de risques prévisibles tion en zone inondabl e est également dans les plans d’occupation des sols en et de gestion des espaces situés der- soumise à des exigen ces très fortes de zone inondable à court ou moyen rière les digues de protection contre «transparence hydrau lique» qui ren- terme représentent près de 6 % de la les inondations et les submersions dent l’urbanisation difficile à réaliser zone inondable par submersion du marines précise : «L’État, garant de et coûteuse. SCOTERS (700 ha), soit un double- l’intérêt national, doit être très vigi- Ces conflits d’intérêt conduisent vers ment© de la surface IAU urbanisée en zone île-de-Francelant en matière d’accroissement de l’ur- une situation de blocage. inondable. banisation et de développement nou- Parallèlement, la position de l’État en veaux en zone soumise au risque de Le projet, support de négociation matière de limitation de l’urbanisa- submersion marine ou d’inondation, Dès lors comment sortir des logiques tion en zone inondable s’est considé- même endiguée, pour réduire la vul- défensives de deux ordres : rablement renforcée ces dernières nérabilité humaine et écono mique (...). - la protection des biens, des person- années, suite aux catastrophes de 1999 L’urba ni sa tion et le développement des nes et des milieux ? (vallée de l’Aude), 2000 (Bretagne) collectivités territoriales doivent être - le développement des collectivités, et 2001 (Somme). La circulaire du recherchés hors zones soumises au via la valorisation de la ressource sol ?

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 171 La seule solution raisonnable semble Quel projet ? (notamment les transports en être de constater l’existence de conflits commun) impose une forte pres- entre les diverses échelles institu- Un principe : l’inondation sion foncière à tous les espaces tionnelles et de chercher à les résou- comme donnée d’aménagement disponibles ; dre. Par exemple, si l’intérêt général Vouloir gérer le risque d’inondation - de l’autre côté, l’enjeu de garantir le impose de préserver le fonction- c’est se trouver d’emblée face à un fonctionnement hydraulique glo- nement hydrau lique à long terme, choix qui détermine la place des zones bal suppose de préserver la majorité l’interdiction d’urbaniser les zones inondables dans l’aménagement: faut- des secteurs inondables, même s’ils inondables place certains acteurs en il agir majoritairement sur l’aléa, c’est- ne sont potentiellement affectés par position intenable : la majorité de leur à-dire la crue, ou sur la vulnérabilité l’inondation qu’une fois tous les ban communal touché par le risque des territoires ? L’action systématique 100 ans. d’inondation, des communes voient sur la crue elle-même à travers la cana- La zone inondable ne peut perdurer leurs possibilités de développement lisation, le remblaiement ou l’enro- que si elle joue son rôle dans le fonc- disparaître. Comment dès lors répon- chement a montré ses limites tant au tionnement de la ville en devenant un dre aux besoins de servi ces et d’équi- niveau hydraulique (accélération des complément naturel à l’urbanisation. pements, voire simplement de loge- ondes de crues, risque de rupture de L’objectif d’aménagement n’est plus ments, des résidents ? La mise en place digues…) que biologique (disparition alors de supprimer l’inondation, mais progressive de la taxe professionnelle d’habitats alluviaux riches). Il ne s’a- de la mettre en valeur. unique répond, en partie, à la ques- git pas pour autant de se montrer cari- tion des localisations d’acti vités éco- catural (la protection de zones déjà Des points d’appui nomiques et des rentrées financières urbanisées ne laisse parfois pas d’au- afférentes, mais la question de la com- tre choix que la création de digues), Un rôle majeur dans pensation pour «service hydraulique mais de poser comme principe de base le fonctionnement écologique rendu» reste posée. à tout aménagement la préservation du territoire Identifier et comprendre ces intérêts des zones inondables. Du point de vue écologique, les zones divergents est la première étape pour Cependant, tenir à l’écart de l’urbani- inondables offrent une spécificité trouver une position de médiation. sation plusieurs milliers d’hectares en majeure par rapport aux espaces envi- Offrir un support de négociation à zone urbaine représente une difficulté ronnants. En milieu alluvial, la vie est l’ensemble des acteurs impliqués cons- de taille : rythmée davantage par la rivière que titue la seconde étape. C’est le rôle du - d’un côté, l’enjeu de maintenir une par le climat. Elle «respire» avec les projet de préservation et de valorisa- offre foncière en ville pour limiter crues et les étiages, les hautes et les tion des zones inondables à l’échelle l’étalement urbain, la nécessité basses eaux. La richesse biologique de du territoire du SCOTERS. d’une densité suffisante pour ren- ces espaces est nettement supérieure tabiliser services et équipements à celle du reste de la plaine. Ainsi, dans le SCOTERS, le site alluvial Rhin – Les zones inondables urbaines, des secteurs d’enjeux multiples Ried – Bruch, proposé pour Natura 2000, revêt une importance interna- tionale, rivalisant en Europe avec la vallée du Danube. L’omniprésence de l’eau, due aux épanchements saison- niers de l’Ill et aux remontées phréa- © IAU île-de-Francetiques de la nappe alluviale du Rhin, permet l’expression d’une forte bio- diversité (14 habitats d’intérêt com- munautaire, Zones importantes pour la conservation des oiseaux – ZICO –…). Outre ces grands réser- voirs biologiques, les zones inonda- bles constituent des corridors favori- sant les échanges en matière de faune

172 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 et flore. Au sein des espaces urbanisés Le fonctionnement écologique du SCOTERS denses, ce sont même les derniers liens écologiques fonctionnels entre milieux naturels. À ce rôle écologique, se superpose un effet bénéfique sur le microclimat local. La plaine d’Alsace souffre en effet d’une ventilation limitée, propice à la stagnation des polluants. Dans l’ag- glo mération strasbourgeoise, ce phé- nomène est amplifié par le microclimat urbain (dôme de chaleur urbaine), qui augmente les températures et retient les pollutions. Les zones inondables du SCOTERS forment alors des «cor- ridors climatiques» améliorant la qua- lité de l’air des zones urbaines en faci- litant la circulation des basses couches atmosphériques.

Une richesse patrimoniale Le paysage alluvial, marqué par la présence de l’eau, rend ces territoires encore plus attractifs. Les vallées inon- dables structurent un paysage de plaine au relief peu visible. Les caractéris- tiques spécifiques du sol et le batte- ment des crues conditionnent une occupation du sol extensive, aux carac- téristiques plus naturelles, au sein d’un espace agricole riche fortement valo- risé par l’agriculture. La présence de bosquets, végétation de rives et prairies accentue l’ambiance bucolique et intime de ces espaces, véritables trans- i tions dans le paysage. Les affluents du Rhin, Bruche et Zorn par exemple, ont aussi des avantages décisifs sur le fleuve. Inondations, mais aussi géomorphologie fluviale, sont Un potentiel de loisirs la part des citadins. Les enquêtes réali- encore actives. L’action rajeunissante Cette trame verte de grande ampleur sées en 1996 dans le cadre du plan vert de la© crue offre IAUdes paysages chan- île-de-Franceirrigue l’ensemble du territoire, jus- de l’agglomération strasbourgeoise geants et confère aux sites une richesse qu’au cœur de l’agglomération. Vécue ont mis en évidence des attentes en supplémentaire. L’impression de aujourd’hui comme un espace rési- matière d’espaces plus naturels, plus nature vierge est prégnante. En sec- duel, elle pourrait devenir demain un grands, mettant en valeur la présence teur périurbain d’une grande ville «parc» d’un nouveau genre. Dans une de l’eau. Les vastes zones naturelles comme Strasbourg, il s’agit d’un véri- région où 93 % de la population vit liées au champ d’inondation, aux por- table trésor patrimonial dont on com- dans un espace à dominante urbaine, tes des zones urbaines, constituent un mence à peine à prendre conscience la de mande de nature et de diversité potentiel unique de réponse à cette aujourd’hui. des formes végétales est croissante de demande.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 173 Propositions d’orientations pour les zones inondables du SCOTERS

© IAU île-de-France

174 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Des orientations fortes

Garantir le fonctionnement hydraulique en milieu urbain, optimiser les abords de la zone inondable Le fonctionnement hydraulique en milieu urbain, notamment au cœur de l’agglomération strasbourgeoise, est contraint par sa position même : une partie des lits majeurs est déjà urbanisée et la protection des zones bâties existantes contre les événements les plus violents conduit à réduire encore les champs d’épandage. Cette situation impose de se positionner for- © Ecoscop tement en matière de limitation de La zone inondable devient terrain d’aventure. l’urbanisation à venir en zone inon- dable. La construction en zone inon- alternative satisfaisante n’a pu être reclassés en zone naturelle. Si l’offre dable est alors à considérer comme envisagée, ont été retenus. Pour ces foncière en est diminuée d’autant, la une exception. projets le principe de non-aggrava- lisière de la zone inondable offre de Les intentions d’urbanisation inscrites tion des crues et le maintien global nouvelles opportunités d’optimisa- dans les POS ont donc été évaluées en des champs d’expansion de crues est tion du foncier : la présence de vastes fonction de deux éléments : respecté au moyen de dispositions espaces inconstructibles à long terme - la nature du risque d’inondation : constructives pertinentes (construc- constitue un cadre de vie recherché, ampleur, période de retour (notion tion sur pilotis, création de nouvelles un espace de respiration à proximité de risque acceptable) ; zones d’expansion des crues...). Il immédiate des habitations. Des opé- - la nature du projet : échelle de rayon- s’agit alors d’une urbanisation qui rations d’urbanisation dense devien- nement, importance pour le fonc- revendique des caractéristiques allu- nent dès lors acceptables… voire tionnement global du territoire. viales et affiche le risque. convoitées. Seuls les projets stratégiques pour En contrepartie, les autres secteurs le développement de la région de d’urbanisation future situés dans les Restaurer les milieux alluviaux, Strasbourg, pour lesquels aucune champs d’expansion des crues sont assurer une gestion pertinente à long terme Protéger les zones inondables de l’urbani sation ne suffit pas à en garantir le fonctionnement écolo- gique. C’est pour quoi les massifs alluviaux rhénans font l’objet de res- tauration du réseau hydrographique. Depuis 1984, les travaux de remise © IAU île-de-Franceen eau des bras morts se poursui- vent dans les forêts de la Com - munauté urbaine de Strasbourg. La réinondation en forêt du Neuhof et d’Illkirch-Graffenstaden est à l’étude dans le cadre du programme LIFE. Plus au sud, la convention franco- allemande de 1982 sur le Rhin a © Ecoscop La rivière sauvage produit des formes extraordinaires et changeantes. conduit à la réalisation du polder

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 175 Les SAGEECE et SAGE du Bas-Rhin d’Erstein, destiné à la fois à l’écrête- ment des fortes crues du fleuve et à la submersion écologique annuelle des forêts rhénanes au moment de la «crue des cerises». En milieu agricole, l’objectif est de préserver le paysage caractéristique des zones alluviales et de le donner à voir. La première étape consiste à res- taurer un cortège végétal autour de tous les cours d’eau du territoire et à adapter l’activité agricole à la sensi- bilité du milieu. Le surcoût généré ne peut être pris en charge par les acteurs privés, et l’acquisition foncière de plu- sieurs milliers d’hectares n’est pas envi sageable par la puissance pu - blique. Les modalités de contractua- lisation existant entre l’Europe, l’É- tat, les collectivités et les agriculteurs ont déjà permis la mise en place sur certains secteurs de mesures agri- environ nementales qui devront trou- ver un nouveau souffle et se généra- liser. L’oppor tunité des contrats d’agriculture durable reste à explo- rer dans ce domaine.

Valoriser le caractère sauvage de la Bruche, aux portes de la ville Le territoire du SCOTERS confronte sur un même espace deux paroxys- mes : la nature sauvage des rivières et les activités humaines, dont une grande ville européenne. La Bruche est le cours d’eau qui présente l’aléa le plus fort sur des secteurs où la vul- néra bilité est également la plus forte (zone densément peuplée). Le ris que est donc important et demande une © IAU île-de-Franceprise en charge. Mais, par ailleurs, les caractéristiques sauvages exception- nelles de la rivière, aux portes de la Le territoire du futur SCOTERS ville, militent pour le maintien de la comprend dynamique fluviale, source d’inonda- 139 communes, dont tions. Comment lever le paradoxe ? la communauté L’objectif est de préserver les espaces urbaine de Strasbourg. naturels encore disponibles pour per- © ADEUS mettre à la rivière de modifier son

176 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Le schéma d’aménagement, de gestion et d’entretien écologiques de cours d’eaux (SAGEECE) de la Zorn et du Landgraben

Le débat sur l’urbanisation des zones inondables existait évidemment dans la val- lée de la Zorn au début des années quatre- vingt-dix, lors du lancement du SAGEECE Zorn-Landgraben. La difficulté première consistait à aboutir à un diagnostic partagé du risque. Le Conseil général du Bas-Rhin finance alors une modélisation informatique pour visualiser les crues avec différents temps de retour (10, 30, 100 années), et qualifier les risques (hauteur d’eau, vitesse d’écoulement…). La modélisation informatique – et le fait de travailler dans une unité cohérente globale du bassin versant – autorise à jouer deux scénarios : - un scénario d’externalisation des crues consistant en un projet d’aménagement amont de bassins écrêteurs des crues ; - un scénario d’internalisation des crues avec dispositif de protection rapprochée des zones urbaines déjà cons truites en zone inondable. Les difficultés techniques du premier scénario, son coût supérieur, ses impacts sur l’environnement et sa faisabilité juridique délicate conduisent à privilégier le scénario de protection intégrée par des digues au plus près des zones à pro téger. Le volume soustrait au champ d’inondation sur une commune est alors compensé localement ou sur une autre commune par l’élargis- sement de la zone inondable. Lorsque cela est nécessaire, la stabilisation des berges est réalisée par les techniques végétales. L’amélioration de la connaissance du risque conduit à une prise de conscience des élus qui reclassent une large part des zones d’urbanisation futures prévues au POS en zone inondable. L’émergence d’un PPR pour la Zorn et le Landgraben s’en trouve aujourd’hui facilitée. Cette prise de conscience des interrelations facilite également le regroupement des communes isolées en inter communalités, améliorant© la cohérenceIAU des actions île-de-France entreprises. Depuis 1999, le SAGEECE initie des actions de valorisation de la zone inondable : - restauration de la dynamique alluviale dans le lit majeur ; - adaptation des activités pour limiter les nuisances apportées aux cours d’eau et assurer une continuité de l’espace naturel : accompagnement de l’agriculture, résorption des décharges, proposition d’acquisitions foncières de biotopes intéressants ; - mise en valeur du potentiel humain des cours d’eau : information, itinéraires piétons-vélos, continuités de passage pour les pêcheurs, valorisation des loisirs nautiques… ; - création d’une structure de coordination et de suivi de terrain.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 177 Le principe du fuseau de liberté cours, de creuser des méandres. Dans Les conditions de réussite ce «fuseau de liberté», les berges ne sont pas consolidées, l’occupation du Passer de la solidarité sol est adaptée et des itinéraires de hydraulique de fait découverte s’organisent. à la solidarité de projet La crue offre alors des paysages qui Pour les communes, valoriser les peuvent être spectaculaires, à proxi- zones inondables à l’échelle perti- mité de l’urbain. Vécue aujourd’hui nente suppose d’abord de passer uniquement sous l’angle de la cata- d’une solidarité hydraulique de fait, strophe, elle peut être perçue à nou- subie, à une solidarité de projet, veau positivement et créer une cer- active. Depuis 1990, le Conseil géné- taine culture du risque, comme celle ral du Bas-Rhin met en place des Source : Conseil Général 67/SA Gestion et environnement des marées. Schémas d’aménage ment, de gestion et d’entretien écologiques des cours Le projet de coulées vertes d’agglomération à Strasbourg d’eaux (SAGEECE). Ce dispositif est contractuel, mais d’esprit similaire au Schéma d’aména gement et de ges- tion des eaux (SAGE). Il regroupe en étroite collaboration les collectivités locales concernées (communes, syn- dicats intercommunaux…), les ser- vices de l’État compétents et l’Agence de l’Eau autour de quatre objectifs principaux : la gestion des crues, la diversification des habitats aquati - ques, le suivi et l’entretien des cours d’eau, l’informa tion et la sensibilisa- tion des acteurs. Le Conseil général réalise les études hydrauliques, apporte une assistance à maîtrise d’ouvrage et subventionne les actions retenues (dispositif d’alerte de crues, itinéraires de promenade, restau- ration écologique…). Ces dispositifs facilitent l’émergence d’une identité commune à l’échelle du bassin ver- sant et l’élaboration du projet.

Faire (re)connaître la zone inondable aux habitants La reconnaissance de la zone inon- © IAU île-de-Francedable par les habitants constitue éga- lement un facteur majeur de réus- site, le postulat étant que «ce qui est connu et compris est mieux protégé». Pour la Communauté urbaine de Strasbourg, qui regroupe la majorité de la population du SCOTERS, l’en- jeu est particulièrement important. Or, si les zones inondables de la CUS

178 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 sont situées au cœur de l’agglomé- Les projets de schémas de cohérence territoriale dans le Bas-Rhin ration, elles représentent pour cha- que commune un espace aux limi- tes de son ban communal, donc peu investi. Le projet de coulées vertes d’agglomération (CVA) redonne à ces espaces leur rôle de structuration urbaine en les envisageant à l’échelle intercommunale. À travers l’organi- sation des cheminements, la création de «portes d’entrée» vers le milieu naturel, l’offre d’activités pédago- gique et ludique en accord avec la sensibilité du milieu, le projet de CVA facilite l’identification et la recon- naissance des zones inondables par le public.

Favoriser la rencontre des acteurs institutionnels

Une synergie à l’intérieur du territoire SCOTERS Le SCOTERS est le lieu de rencontre des politiques des différents acteurs publics aux différentes échelles. Nom - bre d’entre elles touchent directement ou indirectement les zones inonda- bles : politique de l’eau du Conseil général du Bas-Rhin, trame verte du Une synergie Le projet de préservation et de valo- Conseil régional d’Alsace, Natura 2000 avec les autres SCOT risation des zones inondables, traduit ou PPR pour l’État… Le risque est Le SCOTERS est amené à explorer et dans le SCOTERS, prendra une valeur alors double : à animer le développement d’un ter- prescriptive. Mais au-delà, c’est bien la - risque d’accumuler des niveaux de ritoire important. Mais il ne s’agit là poursuite du processus de projet lui- protection sur un même territoire que de fractions de bassins versants même qui, à travers le débat et la prise et de perdre toute lisibilité pour les dont l’amont se situe sur le territoire de conscience commune des acteurs, acteurs privés, sur lesquels reposera d’autres schémas de cohérence terri- permettra la concrétisation sur le ter- majoritairement la gestion ; toriale. La synergie avec les projets de rain des orientations annoncées. - risque de pertes en ligne par des «à préservation et de valorisation des coups» dans la valorisation de ces zones inondables et donc avec les au- espaces voire des dispositions con- tres SCOT, est impérative sous peine de tradictoires.© IAU île-de-Francevoir les orientations prises demeurer Clarifier avec l’ensemble des acteurs sans effet. Ainsi la zone inondable de du territoire un projet commun pour la Bruche, la plus stratégique pour le les zones inondables, c’est aussi favo- SCOTERS en matière de risques, de riser le choix de priorités d’action potentiel de loisirs, de rôle écologique communes et la synergie des finan- et climatique, est à cheval sur trois cements. C’est ainsi garantir l’effica- SCOT. La réussite locale du projet cité des actions et leur pérennité à dépendra fortement des dispositions long terme. prises en amont.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 179 © Exxon

A charter for managing Une charte pour la gestion industrial risks des risques industriels in Upper Normandy

The natural outlet for the Paris en Haute-Normandie Basin into the Channel, Upper (1) Normandy is a region with Hélène Le Du Philippe Gressent(2) a strong tradition of industrial and DRIRE port activities. Among the numerous sectors of activity present, chemical and petrochemicals occupy an important place within a diversified industrial fabric located mainly along the Seine Débouché naturel du Bassin parisien vers la , in conurbations with populations la Haute-Normandie est une région de forte tradition industrialo- of about one million. As a result, portuaire. Parmi les nombreux secteurs d’activités présents, residential areas interwoven les filières chimiques et pétrochimiques occupent une place with industrial sectors that are potentially dangerous, have led importante au sein d’un tissu industriel diversifié, implanté the DRIRE to promote a strategy principalement le long de la Seine dans les agglomérations qui of reducing risks at source. regroupent près d’un million d’habitants. Il en résulte une forte This often results in reducing the safety buffer zones around imbrication entre secteurs habités et activités industrielles the sites, which raises the problem potentiellement dangereuses qui a conduit la DRIRE à promouvoir of what use should be made une stratégie de réduction des risques à la source. Il en découle of the zones that are freed from souvent une diminution des périmètres de protection qui pose the former planning constraints. At a meeting© at the StandingIAUla question île-de-France de la vocation des zones libérées des contraintes Secretariat for Prevention d’urbanisme. Réunis au sein du secrétariat permanent pour of Industrial Pollution in the Lower la prévention des pollutions industrielles en Basse-Seine (SPPPI), Seine (SPPPI), councillors, captains élus, industriels et services de l’État ont souhaité se doter d’une charte of industry, and State departments wished to draw up a regional régionale pour la gestion des risques industriels. Adoptée en juillet charter for managing industrial 2003, elle propose un guide de bonne conduite aux acteurs concernés. risks. Adopted in July 2003, it proposes a good behaviour guide (1) Chef du service régional de l’environnement industriel en Haute-Normandie. for the players involved. (2) Chargé de communication de la DRIRE de Haute–Normandie.

180180 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 un nombre important d’établissements tenues de prendre en compte l’exis- Une forte concentration qui, bien que présentant un potentiel tence de ces risques pour leur urba- d’établissements de risques moindre, méritent une nisation future. attention comparable. Si les entreprises dites «SEVESO II à risques seuil bas» ont des contraintes moin - dres, elles doivent néanmoins élaborer Les sites industriels dits «à risques» Les établissements une politique de prévention des acci- accueillent des établissements utilisant, SEVESO II dents majeurs. fabriquant ou stockant des substances La transposition en droit français de la dangereuses. Ils peuvent être à l’origine La directive SEVESO II, adoptée par directive SEVESO II est effective depuis d’accidents, dont la probabilité d’oc- l’Union européenne le 9 décembre le printemps 2000 (arrêté ministériel du currence et la gravité des conséquences 1996, vise les établissements potentiel- 10 mai 2000 relatif à la prévention des sont des variables quantifiables, au lement dangereux au travers d’une liste accidents majeurs). Cette directive est moins de manière approchée. d’activités et de substances associées à appliquée au plan national au travers Un scénario de danger est habituelle- des seuils de classement. Il s’agit, pour de la législation relative aux installations ment caractérisé par trois composan- l’essentiel, des raffineries de produits classées pour la protection de l’envi- tes : la gravité, la probabilité d’occur- pétroliers, d’entreprises de la chimie ronnement (Livre 5, articles L. 511-1 et rence et la cinétique, associées à un (pétrochimie, chimie minérale, chimie L. 511-2 du Code de l’environnement). événement accidentel. Il y a accident fine, agrochimie...), d’unités de stoc- Au 1er mai 2004, 74 établissements majeur lorsque la gravité de l’événe- kage de gaz et de liquides inflamma- haut-normands entraient dans le ment est élevée. Les accidents indus- bles dont la Haute-Normandie (et en champ d’application de cet arrêté : 16 triels de Bhopal et de Mexico en 1984 particulier la Seine-Maritime) est riche- dans l’Eure dont 7 «seuil haut», 58 en ou plus récemment celui de Toulouse ment dotée. Seine-Maritime dont 42 «seuil haut». en 2001 sont qualifiés d’accidents La directive définit deux catégories À titre indicatif, la Haute-Normandie majeurs compte tenu des nombreuses d’entreprises en fonction de la quan- accueille environ 6 % des établisse- victimes qu’ils ont engendrées. tité de substances dangereuses pré- ments SEVESO II recensés en France En cas d’accident, trois types d’effets sentes. Les entreprises mettant en (environ 1 250). sont à redouter et nécessitent d’être œuvre les plus grandes quantités, dites étudiés : «SEVESO II seuil haut», font l’objet - les effets thermiques (liés à un incen- d’une attention particulière de l’État. D’autres installations die) ; Un certain nombre de règles doit ainsi à risques - les effets de pression (liés à une être observé : explo sion) ; - leur exploitant doit définir une poli- En Haute-Normandie, de nombreux - les effets toxiques (liés à une fuite de tique de prévention des accidents sites industriels, bien que non classés produits toxiques ou aux fumées). majeurs et mettre en place un sys- SEVESO II, stockent ou mettent éga- Au-delà des effets sur les personnes tème de gestion de la sécurité pour lement en œuvre des quantités signi- pour lesquels sont calculées la zone son application ; ficatives de produits dangereux. Outre des effets létaux et la zone des effets - des mesures techniques de préven- la présence d’entreprises du secteur significatifs ou irréversibles pour la tion, élaborées par les inspecteurs de la chimie, de nombreuses installa- santé, les effets sur les structures (cons- des installations classées sur la base tions agroalimentaires qui utilisent de tructions, matériels, etc.) doivent éga- d’études de dangers fournies tous les l’ammoniac comme fluide frigorigène lement© être examinés IAU pour détermi- île-de-Francecinq ans par l’exploitant, leur sont en quantité notable sont inventoriées. ner si l’accident envisagé peut être à imposées par arrêtés préfectoraux ; Ces dernières sont réglementées par l’origine d’effets domino. - un programme d’inspection est pla- un arrêté ministériel du 16 juillet 1997 La prévention des accidents techno- nifié et mis en œuvre par l’Ins pec - dont la circulaire d’application indi - logiques majeurs constitue un enjeu tion des installations classées ; que qu’elles doivent faire l’objet de prioritaire en Haute-Normandie où - des plans d’urgence sont élaborés mesures de maîtrise de l’urbanisme l’on recense de nombreux sites indus- pour faire face à un accident ; dans les cas où les zones de risques ne triels concernés par l’application de la - enfin, à l’intérieur des zones de risques peuvent être contenues dans le péri- directive SEVESO II, mais également définies par l’État, les communes sont mètre des établissements concernés.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 181 Les établissements concernés par l’application de la directive SEVESO II en Haute-Normandie (Liste établie au 01/05/2004)

Département de la Seine-Maritime

Arrêté ministériel du 10 mai 2000 – Seuil haut : 42 établissements Établissement Commune Établissement Commune ATOFINA Gonfreville-l’Orcher RUBIS TERMINAL dépôt aval Le-Grand-Quevilly AVENTIS PHARMA - RUBIS TERMINAL dépôt CRD Le-Grand-Quevilly RHONE POULENC BIOCHIMIE Saint Aubin-lès-Elbeuf RUBIS TERMINAL dépôt HFR Le-Grand-Quevilly BASF AGRI PRODUCTION Saint Aubin-lès-Elbeuf PRIMAGAZ Notre-Dame-de-Gravenchon BAYER ELASTOMERES Lillebonne SIGALNOR Gonfreville-l’Orcher BORDEN CHIMIE Deville-lès-Rouen SOCABU Notre-Dame-de-Gravenchon BRENNTAG NORMANDIE Montvilleî SODES Lillebonne BUTAGAZ Aumale SOGEMA Grand-Couronne BUTAGAZ Petit-Couronne SOGESTROL 1 Gonfreville-l’Orcher CARE Rogerville SOGESTROL 2 Gonfreville-l’Orcher CHEVRON ORONITE Gonfreville-l’Orcher TOTAL Gonfreville-l’Orcher COMPAGNIE INDUSTRIELLE MARITIME Le Havre TOTAL FLUIDES Oudalle COMPAGNIE INDUSTRIELLE MARITIME Saint-Jouin-Bruneval COURONNAISE DE RAFFINAGE Petit-Couronne EADS REVIMA Caudebec-en-Caux Arrêté ministériel du 10 mai 2000 – Seuil bas : 16 établissements ELIOKEM Sandouville Établissement Commune ERAMET Sandouville AIR LIQUIDE Le-Grand-Quevilly ESSO RAFFINAGE SAF Notre-Dame-de-Gravenchon AIR LIQUIDE - SOGIF Sandouville EXXON MOBIL CHEMICAL FRANCE Notre-Dame-de-Gravenchon ATOFINA Notre-Dame-de-Gravenchon EXXON MOBIL CHEMICAL POLYMERES Notre-Dame-de-Gravenchon BRENNTAG NORMANDIE (rue C. Chappe) Sotteville-lès-Rouen FRANCOLOR PIGMENTS Oissel BRENNTAG NORMANDIE (bd industriel) Sotteville-lès-Rouen GRANDE PAROISSE Le Grand-Quevilly DAHER Rogerville GRANDE PAROISSE Rouen EXXON MOBIL CHEMICAL SAS Lillebonne GRANDE PAROISSE Oissel MILLENIUM INORGANIC CHEMICALS Le Havre HYDRO AGRI - ORIL INDUSTRIE Bolbec SOCIETE NORMANDE DE L'AZOTE Gonfreville-l’Orcher RIETER AUTOMOTIVE FRANCE Dieppe HYDRO AGRI FRANCE Oissel SAINT GOBAIN DESJONQUERES Mers-les-Bains IFRACHEM Saint-Pierre-lès-Elbeuf SAIPOL Grand-Couronne LUBRIZOL Oudalle SIKA Gournay-en-Bray MAPROCHIM Saint-Aubin-lès-Elbeuf SOCIETE D'ORFEVRERIE DE NORMANDIE Yainville NORGAL Gonfreville-l’Orcher TDG LOGISTICS Tourville-la-Rivière ORGACHIM Oissel YORKSHIRE FRANCE Oissel

Département de l’Eure

Arrêté ministériel du 10 mai 2000 – Seuil haut : 7 établissements Arrêté ministériel du 10 mai 2000 – Seuil bas : 9 établissements Établissement Commune Établissement Commune ALIZOL Alizay AEROCHIM Bernay ASHLAND AVEBENE Saint-Pierre-la-Garenne AQUALON Alizay M-REAL ALIZAY Alizay CARLO ERBA REACTIFS Val-de-Reuil NUFARM Gaillon CEZUS Rugles SNECMA Moteurs Vernon PFIZER Val-de-Reuil SYNGENTA AGRO Saint-Pierre-la-Garenne RASTELLO Saint-Marcel TRAMICO © IAUBrionne île-de-FranceRECTICEL Louviers SCOTTS France Bourth

Source : DRIRE Haute–Normandie, mai 2004 STEINER Saint-Marcel

182 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 exploitation, la présence de substances nécessaires notamment à l’alimenta- organiques étant susceptible de dégager tion des unités. Elles sont parties inté- des poussières inflammables. En Haute- grantes, avec le trafic routier, le chemin Normandie, les installations sont nom- de fer, la navigation fluviale et les acti- breuses et de tailles variées, notamment vités portuaires, d’une importante pro- dans la zone industrialo-portuaire de blématique «transport de matières Rouen en raison d’une activité impor- dangereuses» qui, si elle ne relève pas © DRIRE Haute-Normandie tante de transit de céréales et de sucre. directement de la réglementation des Silos portuaires à Rouen. Seules les installations les plus impor- installations classées, n’en constitue L’absence de critères explicites sim- tantes (plus de 15 000 m3) sont sou- pas moins une forte préoccupation ples permettant de justifier la qualifi- mises à autorisation préfectorale. Au régionale. cation «d’établissements présentant 1er janvier 2004, 48 étaient dénombrées des risques significatifs» a conduit à en Haute-Normandie : 22 dans l’Eure préciser au cas par cas les raisons pour et 26 en Seine-Maritime. L’imbrication industrie- lesquelles ces sites font l’objet d’une Enfin, il faut signaler la présence port-ville représente attention particulière. d’un important chevelu de canalisa- Les silos céréaliers et sucriers font éga- tions reliant les différentes zones un facteur aggravant lement l’objet d’un suivi spécifique. industrielles entre elles. Ces canalisa- L’accident majeur de Blaye en août 1997 tions implantées principalement le Si l’attractivité économique a favorisé est venu rappeler la vigilance dont il long de la Seine transportent diffé- l’implantation de l’industrie en bor- convient de faire preuve dans leur rents produits pétroliers et chimiques dure du fleuve et à proximité des infras- tructures portuaires, elle a aussi induit Répartition des établissements une forte concentration urbaine. SEVESO par commune Aujourd’hui, près d’un million d’ha- bitants vivent dans les trois agglomé- rations de Rouen-Elbeuf, Port-Jérôme et Le Havre qui regroupent à elles seu- les les deux tiers des sites classés SEVESO II. Cette imbrication est particulièrement forte dans la région de Rouen où déve- loppements urbain, portuaire et indus- triel se sont très tôt rejoints. L’histoire industrielle et sociale de l’aggloméra- tion liée au XIXe siècle principalement à l’essor de l’industrie textile explique en partie cette situation. Il était alors habituel d’implanter les «cités ouvriè- res» à proximité des unités de produc- tion. Cette promiscuité est encore visi- ble sur la rive gauche de Rouen au nord © IAU île-de-Francedu méandre de la Seine (quartier Saint- Sever) et dans l’ancienne cité drapière d’Elbeuf au sud. Entre ces deux zones, le cœur de la boucle con servait alors un paysage verdoyant où s’égrainaient quelques villages au caractère rural encore marqué. Mais l’évolution indus- trialo-portuaire du XXe siècle va large- ment bouleverser cette tranquillité.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 183 Périmètres de contraintes d’urbanisation et plan particulier d’intervention de l’agglomération du Havre

Les enseignements d’un système d’information géographique

La DRIRE Haute-Normandie dispose depuis 2002 d’un système d’information géographique dédié aux risques industriels. Cet outil a l’avantage de relier des informations alphanumériques, stockées dans une base de données, avec des objets cartographiques géoréférencés. Ainsi, en cliquant sur la représentation cartographique d’une installation, toutes les données concernant celle-ci peuvent être obtenues. De même, en sélectionnant une ligne dans une table de données, la représentation cartographique qui lui est associée peut être visualisée. Le système constitue à la fois un outil de connaissance, de communication, mais surtout de gestion et d’aide à la décision. Ainsi, il répertorie l’ensemble des installations à risques, inclut l’ensemble des scénarios d’accident retenus pour la maîtrise de

l’urbanisation ou pour le déclenchement des plans d’urgence, permet d’éditer les zones © DRIRE Haute-Normandie de danger pour chaque installation, établissement, commune... Consultation du système d’information Il permet également de déterminer les établissements prioritaires pour la réduction géographique de la DRIRE Haute-Normandie. du risque à la source et de visualiser rapidement l’évolution de ces zones. La thématique risques,© vu sonIAU importance dans la région,île-de-France a été traitée en premier lieu. Mais in fine, l’application reprendra l’ensemble des thématiques environnementales traitées par les agents de la DRIRE Haute-Normandie. De même, il est prévu de permettre une consultation partielle du SIG via Internet d’ici 2005.

Le SIG de la DRIRE Haute-Normandie s’appuie sur les outils suivants : système d’information géographique ...... MAPINFO version 6.5 langage de développement ...... MAPBASIC système de gestion de base de données . . . . . ORACLE version 9i fonds cartographiques IGN ...... 1/25 000 et 1/50 000 fonds photographiques IGN ...... BDOrtho

184 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 côtoie souvent les entreprises, la zone industrielle havraise apparaît rela- tivement séparée de la ville par les bassins portuaires et les falaises qui bordent la plaine alluviale. Si cet îlo- tage industriel réduit sensiblement les secteurs touchés par les contrain- tes d’urba nisme liées aux risques SEVESO, il se heurte en revanche au développement des infrastructures portuaires et routières. Le passage au cœur de la zone industrielle de la voie de raccordement entre l’au- toroute A29 au nord de l’estuaire et © DRIRE Haute-Normandie le pont de Normandie en a récem- ZI de Port-Jérôme. ment été l’illustration. La création de ce qui allait devenir la De quelques centaines ou milliers Quelques dizaines de kilomètres à raffinerie Shell à Petit-Couronne en d’habitants au début du siècle dernier, l’amont du Havre, juste avant que la 1929, l’implantation de sites de pro- la population des communes de la Seine ne s’élargisse sur son estuaire, la duction d’engrais à Grand-Couronne boucle se compte aujourd’hui en dizai- plate-forme industrielle de Port- et Grand-Quevilly à la croisée des nes de milliers à tel point que la ville Jérôme est presque exclusivement importations de phosphates et des de Rouen ne représente plus que le tournée vers la pétrochimie. Exxon besoins agricoles du Bassin parisien, quart d’une agglomération qui atteint est ici le mot-clé de la plupart des l’essor de la chimie fine s’appuyant sur les 450 000 habitants. enseignes, en particulier depuis la un savoir-faire né de la période tex- L’évolution a été sensiblement diffé- reprise de la raffinerie Mobil par le tile, la multiplication des papeteries rente dans l’agglomération havraise groupe. La particularité de Port- liée à l’essor de la presse écrite, mais qui compte aujourd’hui 250 000 Jérôme est la compacité de la zone aussi le développement de la vocation habitants. Ici, l’industrialisation est industrielle concentrée sur un espace ferroviaire de Sotteville autour de la plus récente. Liée au port, elle a pris bien délimité en bordure du fleuve. plus grande gare de triage française et son essor dans la seconde moitié du L’habitat se répartit au nord essen- l’extension des silos céréaliers et entre- siècle der nier sur la plaine alluviale de tiellement dans deux communes : pôts portuaires en écharpe autour de l’estuaire au sud-est de la ville. Dans Notre-Dame de Gravenchon qui la ville vont peu à peu construire le le giron de la raffinerie Total implan- revendique le qualificatif de «Cité du paysage industriel que nous connais- tée en contrebas de la commune de Pétrole» et Lillebonne, chef-lieu de sons actuellement. Dans le même Gonfreville-l’Orcher s’est ainsi déve- canton au débouché de la petite val- temps, l’habitat connaît une forte loppée une filière pétro chimique de lée du Commerce. Au sud, sur l’autre croissance et s’insère entre les usines. dimension européenne avec les sites rive de la Seine, dans le département ATO FINA, Chevron Oronite, Elio - voisin de l’Eure, la commune de kem, Lubrizol, Norgal, Sigalnor… Quillebeuf se trouve également très Cette vocation pétro-portuaire a proche de la zone industrielle. Globa - parallè lement nécessité l’installation lement, la population concernée par © IAU île-de-Franced’importants stockages d’hydrocar- les risques reste cependant limitée à bures dont les plus remarquables moins de 25 000 habitants. Cette sont ceux de la Compagnie indus- configuration originale et en parti- trielle maritime qui égrène ses bacs culier ce dimensionnement «à taille sur près de cinq kilomètres au sud humaine» ont souvent fait du site de de la plaine alluviale en lisière des Port-Jérôme un champ d’expéri- © AESN quais de Port 2000, futurs terminaux mentation pionnière que ce soit pour Vue générale du Havre avec, au premier plan, les bacs de la Compagnie industrielle rapides du complexe havrais. Si l’on la maîtrise de l’urbanisation ou l’in- maritime. excepte la partie ouest où l’habitat formation des populations.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 185 En dehors de ces trois concentrations Plusieurs exemples permettent d’illus- industrielles remarquables, les autres trer cette démarche. Ainsi, la réduc- sites à risques se répartissent sur le tion des risques liés à l’ammoniac sur cours amont de la Seine autour de le site de Grande Paroisse à Oissel dans Vernon, Gaillon, Val-de-Reuil ou se la banlieue de Rouen figure parmi les dispersent dans des secteurs faible- réalisations récentes les plus signifi- ment urbanisés. catives. Matière première nécessaire à la fabrication de l’urée, 200 tonnes

d’ammoniac étaient stockées en per- © DRIRE Haute-Normandie La réduction des risques manence sur le site. À la révision de Inspection de la DRIRE Haute-Normandie sur un site SEVESO. à la source l’étude de dangers, il est apparu possi - ble de diviser la quantité d’ammoniac les plus pénalisants en termes de dis- La DRIRE Haute-Normandie a engagé par quatre. Parallèlement des solutions tances de dangers con cernaient égale- depuis plusieurs années une action ont été trouvées pour renforcer les ment le stockage et l’utilisation de incitative en faveur de la réduction des canalisations dédiées au transport du l’ammoniac (Z1 de 4 500 m et Z2 de risques à la source. Cette démarche a produit : détecteurs, vannes de section- 6 000 m). Compte tenu de l’étendue été renforcée dans le cadre de la révi- nement automatique en cas d’incident, des zones d’habitation touchées par sion quinquennale des études de dan- suppression du trajet aérien… De plus, ces périmètres de dangers, le préfet de gers mise en œuvre conformément à la un bardage a été posé sur le réacteur Seine-Maritime a imposé par arrêté directive SEVESO II. L’examen des étu- d’urée afin de briser toute projection de du 4 février 2002 une étude de réduc- des de dangers, selon un ordre tenant produit en cas de brèche sur l’installa- tion des risques à l’entreprise. Cette compte des priorités d’actions identi- tion. Grâce à cet investissement d’un étude a débouché sur un certain nom- fiées grâce au système d’information coût global de 2,2 millions d’euros, les bre de dispositions qui ont été reprises géographique, est l’occasion d’obte- périmètres d’urbanisme ont été rame- dans un nouvel arrêté préfectoral en nir et de valider des dispositions sup- nés de 1 600 m à 400 m pour le rayon juillet 2002. Celles-ci visaient là aussi plémentaires en faveur de la sécurité. Z1 et de 3 200 m à 2 000 m pour le à diviser par quatre les quantités d’am - Différents programmes de réduction rayon Z2. moniac stockées et la mise en place du risque, se chiffrant en millions d’eu- Une démarche semblable avait pu être d’équi pements de sécurités sup plé - ros d’investissement, ont ainsi été actés appliquée quelques mois plus tôt à un mentaires pour un coup global d’in- par arrêté préfectoral entraînant dans autre site de la société Grande Paroisse vestissement de 12 millions d’euros. la plupart des cas des réductions signi- implanté à Grand-Quevilly à l’ouest L’application de ces mesures a conduit ficatives des périmètres d’urbanisme. de la boucle rouennaise. Les scénarios à ramener la distance d’effets signifi- catifs à 1 700 m (Z1), à comparer aux 6 000 m affichés antérieurement. Dans le même esprit, on peut égale- ment citer les cas de la société Oril à Bolbec, spécialisée dans la synthèse de principes actifs destinés à l’industrie, où les distances de dangers sont pas- sées de plusieurs centaines à quelques dizaines de mètres ; ceux de Bayer © IAU île-de-FranceElastomères à Lillebonne (1 200 m à 600 m), d’Aventis Rhône Poulenc à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Z1 et Z2 res - pectivement à 100 et 200 m) ou encore les stockages de butane–propane de Norgal à Gonfreville-l’Orcher dont la zone de dangers a été divisée par deux. Ces évolutions récentes s’inscrivent dans © DRIRE Haute-Normandie Stockages de la société Grande Paroisse au Grand-Quevilly. la continuité d’une préoccupation déjà

186 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 ancienne en Haute-Normandie et qui Un code régional avait conduit par le passé à des pro- de bonne conduite grès significatifs. On peut simplement rappeler à cet égard, la délocalisation Lors de la réunion de la commission entre 1994 et 1998 sur la zone de Port- «Risques» de mars 2002 au Havre, les Jérôme de douze sphères de gaz de membres du SPPPI Basse-Seine ont pétrole liquéfié trop proches du centre dressé un constat : les textes législatifs de Notre-Dame de Gravenchon ou et réglementaires applicables aux éta- encore la mise en conformité des gros blissements industriels à risques per-

stockages de chlore. mettent à l’inspection des installations © DRIRE Haute-Normandie Il résulte de ces actions une réduction classées – la DRIRE – de proposer aux Système d’alarme dans une raffinerie. notable des contraintes d’urbanisme préfets des conditions d’encadrement qui induit immédiatement la question des activités industrielles dans le but de d’ailleurs donner droit à indemnisation du devenir des zones libérées. Doit- limiter les incidences tant chroniques des propriétaires par l’industriel. on en effet les vouer à nouveau à l’ex- qu’accidentelles pour les populations La situation est beaucoup plus com- pansion urbaine avec le risque d’hypo- environnantes. plexe et difficile pour les établissements théquer le développement futur des Pour les établissements nouveaux, les existants (certains depuis de nom- entreprises ? Doit-on au contraire en textes permettent d’assujettir la déli- breuses décennies), régulièrement faire des «no man’s land» au devenir vrance de l’autorisation d’exploiter à autorisés ou bénéficiant d’un droit incertain ? Ne peut-on pas leur trou- des contraintes d’éloignement vis-à-vis d’antériorité. Dans ces cas, fréquents ver d’autres vocations ? C’est en cher- des zones habitées ou destinées à l’ha- en Haute-Normandie, plusieurs pro- chant des réponses à ces interrogations bitation. Le Code de l’environnement blématiques se confrontent : que les membres de la commission prévoit également la possibilité d’ins- - les populations aspirent à une sup- «Risques» du SPPPI Basse-Seine ont taurer des servitudes d’utilité publique pression des risques et à la jouis- engagé au printemps 2002 l’élabora- autour des installations dangereuses lors sance d’un meilleur environnement ; tion d’une charte régionale pour la de l’implantation d’un nouvel établis- - les collectivités territoriales veulent gestion des risques industriels en sement visé par la directive «SEVESO II - avoir une visibilité à moyen-long Haute-Normandie. seuil haut». Ces servitudes peuvent terme sur l’aménagement de leur territoire tout en protégeant leurs Maîtrise de l’urbanisation populations ; Dans les études de dangers, les exploitants d’installations à risques identifient tous - les industriels souhaitent pouvoir se les événements pouvant conduire à un accident majeur en termes de probabilité, de développer dans des conditions éco- gravité et de cinétique. Cette analyse permet de définir, pour l’ensemble des scénarios nomiques convenables tout en gérant étudiés, la probabilité d’occurrence, la gravité potentielle et les mesures de prévention et assumant les risques générés. (les barrières de sécurité) proposées. Un scénario «raisonnablement probable», Face à ce constat est née l’idée de créer tenant compte du fonctionnement normal ou dégradé des barrières de sécurité, sert un groupe de travail chargé de réfléchir à définir la maîtrise de l’urbanisation. Des scénarios plus improbables, obtenus en considérant que plusieurs barrières de sécurité ne fonctionnent pas, sont utilisés à un code de bonne conduite pour trai- pour dimensionner la zone et les mesures du plan particulier d’intervention (PPI). C’est ter cette problématique fréquente en pourquoi on parle de zones Z1 et Z2 retenues pour la maîtrise de l’urbanisation et Haute-Normandie. Ce groupe de travail de zones Z1 et Z2 retenues pour la définition du périmètre PPI. s’est réuni pour la première fois le Z1 maîtrise d’urbanisation : zone dans laquelle des effets létaux pourraient être 13 juin 2002. Présidé par le directeur constatés en cas de survenance de l’accident. © IAU île-de-Francerégional de l’industrie, de la recherche Z2 maîtrise d’urbanisation : zone dans laquelle des effets significatifs ou irréversibles pour la santé pourraient être constatés en cas de survenance de l’accident. et de l’environnement, il se composait Le calcul des zones Z1 et Z2 – maîtrise de l’urbanisation est effectué en prenant les de vingt-cinq personnes représentant seuils d’effets létaux et d’effets significatifs suivants : les élus, les industriels, les associations, - effets thermiques : Z1 © 5 kW/m2, Z2 © 3 kW/m2 les salariés des entreprises et les services - effets de pression : Z1 © 140 mbar, Z2 © 50 mbar de l’État. Le groupe se réunira à cinq - effets toxiques : Z1 © dose létale 1 %, Z2 © dose d’effets irréversibles reprises entre juin 2002 et mars 2003, pour la plupart des personnes exposées. terme de ses travaux. Les discussions souvent vives témoignaient du poids

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 187 des enjeux en cause, mais révélaient aussi le souci de transparence des échan- ges sur des points sensibles. Au fil des réunions, un document de travail a pro- gressivement pris forme pour aboutir au texte d’une charte approuvée par une majorité de participants. Ce texte, contrairement à celui de la loi sur les risques qui était à l’époque en discussion au Parlement, n’impose rien. Il s’agit avant tout d’un engage- ment moral visant à gérer de manière responsable une thématique, celle des risques industriels, particulièrement sensible dans la région où établisse- © DRIRE Haute-Normandie Réunion de la commission risques industriels du SPPPI Basse-Seine. ments à risques et habitat se concen- trent sur des espaces restreints. Quelques définitions Les engagements des partenaires repré - sentent une avancée certaine. La réduc- [1] Meilleures techniques disponibles à un coût économiquement acceptable : selon tion des risques à la source est claire- la directive européenne 96/61/CE du 24 septembre 1996, relative à la prévention et à la réduction intégrée de la pollution (dite IPPC), on entend par : ment affichée comme priorité à la fois - techniques : aussi bien les techniques employées que la manière dont l’installation pour les industriels et pour la DRIRE est conçue, construite, entretenue, exploitée et mise à l’arrêt ; dans son rôle incitatif. Apparaît aussi la - meilleures : les techniques les plus efficaces pour atteindre un niveau général volonté de ne pas étendre davantage les élevé de protection de l’environnement dans son ensemble ; périmètres de dangers enveloppes asso- - disponibles à un coût économiquement acceptable : les techniques mises au ciés à des zones industrielles. La charte point sur une échelle permettant de les appliquer dans le contexte du secteur industriel concerné, dans des conditions économiquement et techniquement traduit également le souci de réserver viables, en prenant en considération les coûts et avantages, que ces techniques les espaces à proximité des établis- soient utilisées ou produites ou non sur le territoire de l’état membre intéressé, sements à risques au développement pour autant que l’exploitant concerné puisse y avoir accès dans des conditions économique. Enfin, elle affiche claire- raisonnables. ment la volonté d’une meilleure infor- [2] Habitations : maisons individuelles, immeubles résidentiels, logements collectifs, mation et concertation sur les risques établissements recevant du public. via les nouveaux outils que sont les [3] Établissement (selon la définition de la Directive n°96/82 du Conseil du 9 décembre 1996, dite SEVESO II) : ensemble de la zone placée sous le contrôle Comités locaux d’information et de d’un exploitant, composée d’installations, y compris les infrastructures ou activités concertation (CLIC) prévus par la loi connexes. du 30 juillet 2003. Chacun des rédac- [4] Zone de maîtrise foncière : la maîtrise foncière d’une zone est assurée dans chacun teurs est d’ailleurs conscient du caractère des cas suivants : évolutif de la charte de manière à pren- - la zone est comprise dans les limites de propriété (possession ou bail) de dre en compte les préconisations des l’établissement ; nouveaux textes de lois. - la zone fait l’objet de servitudes limitant les constructions ou activités nouvelles ; - la zone est prise en compte dans les documents d’urbanisme de la commune, Présentée en préfecture de région à lesquels limitent© les constructions IAU ou activités nouvelles. île-de-FranceRouen le 22 juillet 2003, la charte a été [5] Installation (selon la définition de la Directive n° 96/82 du Conseil du 9 décembre signée solennellement par seize mem- 1996, dite SEVESO II) : unité technique à l’intérieur d’un établissement dans bres fondateurs représentant des col- laquelle des substances dangereuses sont produites, utilisées, manipulées ou lectivités locales, des activités indus- stockées. Les embranchements ferroviaires particuliers et les quais de chargement trielles et les services de l’État. Ces et de déchargement sont des installations. membres fondateurs ont ensuite été [6] Populations résidentes : personnes privées qui ont leur domicile dans la zone ou qui y fréquentent régulièrement un établissement recevant du public. rejoints par d’autres acteurs locaux. Au mois de juillet 2004, la charte a recueilli quarante-quatre signatures.

188 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Vers une meilleure prise en compte des risques S’il est prématuré de tirer des conclu- sions définitives sur les retombées de la charte pour la gestion des risques en Haute-Normandie, on peut néan- moins considérer qu’elle a permis d’in- tro duire un nouveau mode de réflexion dans le traitement des dos- siers et un nouveau mode de relations entre les acteurs. Son élaboration elle- même a induit une dynamique parti- culièrement précieuse au moment où se mettent en place les nouveaux outils prévus par la loi du 30 juillet 2003 rela- tive à la prévention des risques tech- © DRIRE Haute-Normandie Les usines SEVESO sont à l’origine d’un flux important de transport de matières dangereuses. nologiques et naturels et à la répara- tion des dommages. (CLIC), ou de l’élaboration des plans risques : salariés, riverains, élus, asso- Dans une région comme la Haute- de prévention des risques technolo- ciations, autorités locales, etc. En Normandie où habitats, industries, giques (PPRT). donnant davantage de pouvoirs et voies de transport se sont historique- Ainsi, pour une cohabitation durable de moyens aux comités d’hygiène, ment développés sur un espace res- de l’industrie, de l’environnement et de sécurité et des conditions de tra- treint et écologiquement riche bordant de l’urbanisme, trois chantiers vail (CHSCT), la loi du 30 juillet la Seine, une meilleure cohabitation majeurs, commencés dans le cadre permet une participation accrue des passe à la fois par des actions concrè- réglementaire antérieur à l’été 2003, salariés aux décisions prises et à la tes et une meilleure compréhension doivent être ardemment poursuivis gestion de la sécurité au sein de l’en- mu tuelle. À ce titre, l’estuaire de la avec la mise en œuvre de la nouvelle treprise. Avec la création des CLIC, Seine, l’un des territoires les plus com- loi du 30 juillet 2003, en profitant de la loi offre l’opportunité de pour- plexes au niveau national et européen, la dynamique créée localement autour suivre, de cibler et d’amplifier au donnera leur pleine mesure aux outils de la prévention des risques techno- niveau d’un bassin de risque ou nouveaux prévus par la loi du 30 juillet logiques : autour d’un site SEVESO seuil haut 2003, qu’il s’agisse de l’exploitation • Identifier et exploiter, grâce aux isolé, les démarches d’information, des études de dangers résultant de résultats des études de dangers et de communication et de concerta- l’analyse des risques demandée par aux nouvelles technologies dispo- tion menées par le SPPPI Basse- la loi, de la mise en place des comités nibles, les gisements de réduction Seine au niveau régional depuis de locaux d’information et de concertation du risque à la source, dans un souci nombreuses années. d’amélioration continue tant tech- • Maîtriser durablement l’urbanisa- nique qu’organisationnelle. tion à proximité des sites à risques • Former et informer tous ceux qui et résorber progressivement les sont concernés par le risque tech- situations de proximité trop forte, © IAU île-de-Franceno logique, qu’ils soient acteurs ou nombreuses en Haute-Normandie. spectateurs, salariés des entreprises Les PPRT prévus par la loi sont à risques ou riverains. On retrouve certainement le chantier à la fois ici les précieuses valeurs de confiance le plus ambitieux et le plus diffi- lucide et de vigilance partagée, corol- cile à mener. Revenant sur des laires indispensables à une cohabi- situations non satisfaisantes héri- tation durable, qui ne sont possibles tées du passé (par des règles de © DRIRE Haute-Normandie Zone pavillonnaire et industrielle sans information et formation des délaissement, préemption et expro- à Petit-Couronne, au sud de Rouen. différents partenaires d’un site à priation) et fixant des règles pour

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 189 l’avenir, ils ont vocation à modi- Poursuivre et élargir des risques liés au transport de matiè- fier significativement et durable- la concertation res dangereuses. Cette problématique, ment le paysage de la cohabi tation importante en Haute-Normandie, ac- des sites à risques avec l’habitat. C’est dans ce contexte que tous les compagne légitimement tout débat du Prenant en compte des intérêts par- échanges déjà organisés au niveau SPPPI sur les risques technologiques fois divergents, ils ne pourront local, que tous les contacts déjà noués, et fait l’objet d’une attente forte for- aboutir sans un effort de tous, dans que toutes les démarches déjà menées mu lée de manière récurrente par les la plus grande concertation et dans le cadre de structures comme le associations. Le législateur en a cons- transparence pour garantir leur SPPPI Basse-Seine ou le CLIC expéri- cience et des avancées récentes méri- pertinence et faciliter leur mise en mental de Port-Jérôme, seront autant tent d’être rappelées : d’une part, la œuvre ultérieure. Les PPRT, qui d’atouts pour une mise en œuvre effi- directive SEVESO II, entrée en vigueur s’imposeront certainement comme cace de la loi et pour un progrès réel et au printemps 2000, impose que les une évidence aux générations futu- rapide en matière de prise en compte installations ferroviaires, routières ou res, constituent un vrai challenge du risque. maritimes (appontements, etc.) pour les générations actuelles et un Ces expériences passées ont appris aux connexes à un établissement SEVESO acte de foi en faveur du dévelop- acteurs à se connaître, à se compren- seuil haut soient prises en compte par pement durable. dre, à travailler et être force de pro- l’exploitant dans ses études de dangers ; La loi du 30 juillet 2003 constitue donc position ensemble, tout en pointant d’autre part, la loi du 30 juillet 2003 une avancée significative en matière sur des sujets importants insuffisam- prévoit que les ports, gares de triage de prise en compte du risque techno- ment traités et des écueils à éviter. Il ferroviaires et parkings routiers fassent logique. Résultant des réflexions et des s’agit d’une base pour les discussions l’objet d’une étude de dangers, comme attentes exprimées suite à la cata- qui seront menées dans le cadre des demandé aux établissements à hauts strophe de Toulouse en septembre CLIC ou autour des PPRT. risques. Cette dernière mesure de la loi 2001, elle répond à des besoins con- Ainsi, par exemple, il est un chantier, à sur les risques constitue une innova- crets en offrant des outils nouveaux côté et en parallèle des trois chantiers tion importante. Ces premières répon- pour aller plus loin dans la prévention cités plus haut, qu’il ne faut pas sous- ses aux attentes exprimées par la société des risques. Sa mise en œuvre, qui estimer : il s’agit de la prise en compte civile sont un point de départ. Il est repose sur plusieurs chantiers ambi- tieux, apporte un nouveau souffle à la Le SPPI Basse-Seine maîtrise des risques. Créé par arrêté préfectoral le 6 décembre 1977, le SPPPI Basse-Seine a pour mission Néanmoins, il faut prendre garde à de favoriser les actions destinées à réduire les pollutions, nuisances et risques ne pas considérer ni à présenter la loi technologiques résultant des activités industrielles à travers : du 30 juillet 2003 comme une fin en - la coordination des services et la concertation entre tous les acteurs concernés ; soi, mettant ainsi fin à toute discus- - le lancement des études complémentaires ; sion. Malgré la richesse des débats - la préconisation et le suivi des mesures et des actions permettant une amélioration rapide de l’environnement et de la prévention des risques technologiques ; qui ont accompagné son élaboration, - l’information du public. elle ne saurait avoir réponse à tout ni rendre inutile toute nouvelle Présidé par les préfets de région de Haute-Normandie et de Basse-Normandie, le SPPPI Basse-Seine comprend une centaine de membres répartis en quatre collèges réflexion. La loi sur les risques ne met représentant des intérêts différents : pas fin au débat, au contraire, elle lui - collectivités locales et territoriales ; offre un cadre. Elle donne les outils - industriels et aménageurs ; mais c’est bien sûr© aux acteurs IAU locaux - associations, île-de-France syndicats et personnalités qualifiées ; de s’en servir et en premier lieu d’ap- - services de l’État et agences intervenant dans le domaine de l’environnement. prendre à s’en servir. La mise en Le SPPPI Basse-Seine est composé d’un conseil d’orientation et de six commissions œuvre de la loi exige, pour être plei- spécialisées : Eau, Air, Déchets, Risques, Sols pollués et Communication. Le secrétariat nement pertinente, d’évi ter quelques général du SPPPI est assuré par la DRIRE Haute-Normandie. écueils et de ne pas perdre de vue les L’aire de compétence du SPPPI comprend l’ensemble des départements de l’Eure et grands objectifs poursuivis, afin de de la Seine-Maritime en Haute-Normandie, les cantons de Trouville et de Honfleur ne pas aboutir à des impasses ou à dans le département du Calvados en Basse-Normandie. des débats stériles.

190 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 probable qu’au sein des CLIC, notam- ment ceux institués autour de bassins industriels, se poursuivront débats et réflexions sur la problématique du transport des matières dangereuses. Par ailleurs, les échanges passés ont Forte mobilisation déjà apporté la preuve de l’intérêt de lors du débat régional mieux se comprendre pour gérer le sur les risques risque plus efficacement, avec quelques industriels enseignements utiles. en Haute-Normandie Par exemple, il est illusoire de croire suite à l’accident de l’usine AZF qu’une meilleure information du pu - à Toulouse. blic passe par la multiplication et la © DRIRE Haute-Normandie longueur des supports écrits : un docu- ment synthétique bien expliqué vaut même, sans pour autant tomber dans de telles zones sur la base de distances certainement mieux que dix docu- l’acceptation totale, ce qui serait néga- calculées figurant dans les études de ments exhaustifs diffusés sans com- tif : son approche s’enrichit et elle n’en dangers. Néanmoins, rien n’empêche, mentaire. Un des challenges pour les devient que plus constructive. Dans selon les scénarios d’accident identifiés exploitants ne sera donc pas de pro- un monde non concurrentiel et aux et les distances calculées, que ces zones duire pour les membres du CLIC des moyens d’investissement illimités, la soient réduites à zéro ou à de très fai- bilans complets du fonctionnement tolérance zéro ne trouverait pas de bles dimensions. Ce constat peut des sites SEVESO sur l’année écoulée, solution car il est acquis que le risque conduire à s’interroger sur l’intérêt mais des synthèses claires pointant les zéro n’existe pas. Dans la réalité du d’une approche forfaitaire, posant le aspects essentiels. Les contacts qui se contexte actuel, elle peut être néfaste, postulat qu’une distance d’éloigne- sont développés ces dernières années en détournant des moyens limités de ment minimale doit dans tous les cas ont permis de progresser en la matière, l’essentiel. Les contraintes existantes être observée. On retrouverait ici les en contraignant chaque acteur à se exigent une stratégie de développe- avantages mentionnés dans le cadre mettre à la portée de son interlocuteur, ment et de cohabitation plus subtile, de la charte régionale haut-normande quelle que soit son identité (les réu - l’élaboration de priorités, ce que des et également un certain pragmatisme nions d’élaboration de la charte régio- riverains formés et informés com- qui pourrait faciliter l’élaboration des nale sur la gestion des risques furent à prennent généralement. Les CLIC doi- PPRT. En effet, ce forfait minimum ce titre très instructives, un mot pou- vent donc consacrer un temps impor- mettrait fin à certaines discussions et vant manifestement ne pas avoir la tant à apporter de la compréhension études, permettant une économie de même signification pour des personnes pour éclairer les débats et pour orien- temps et de moyens, étant entendu différentes). Il faudra, pour le bon fonc- ter leurs membres vers des choix judi- que la détermination de la distance tion nement des CLIC et pour éviter cieux, sans lesquels il ne saurait y avoir forfaitaire aura fait l’objet d’une tout simulacre de transparence et d’in- de développement durable, faute de concertation en amont. formation, redoubler de vigilance sur développement tout court. La réflexion reste ouverte. L’entrée en ces aspects de compréhension, de vul- Enfin, la charte régionale sur la ges- vigueur de la directive SEVESO II, celle garisation et de synthèse. tion des risques a mis en avant une de la loi du 30 juillet 2003 sont autant Un autre exemple est celui de la tolé- notion qui présente plusieurs intérêts, d’avancées significatives en faveur rance© zéro qui accompagneIAU l’incom- île-de-Francecelle de zone tampon autour d’un site d’une meilleure prise en compte du préhension, avec des effets souvent à risques. Plusieurs avantages ont déjà risque technologique. Il s’agit pour les néfastes. L’évolution de l’état d’esprit été mentionnés plus haut : éloigne- acteurs locaux de se les approprier d’un riverain d’une installation à ment des populations, bénéfique en pour leur donner leur pleine dimen- risques avant et après visite du site, ou termes de risques, de nuisances olfac- sion et pour poursuivre la réflexion après une heure de discussion ouverte tives, auditives, visuelles, etc., réserve en faveur de la prévention des risques. avec l’exploitant, est souvent remar- foncière pour le développement futur quable. Il est rare que son approche de l’entreprise ou l’implantation d’ac- de la problématique risque reste la tivités connexes… Les PPRT créeront

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 191 Charte pour la gestion du risque

Les signataires de cette charte souhaitent donner un signal fort sur la difficile question de la maîtrise de l’urbanisation eu égard aux risques industriels. Ils ont conscience d’anticiper la parution d’une loi sur le sujet et s’accordent à réviser le présent texte si la nouvelle loi le rend nécessaire.

Mais dès à présent ils s’engagent pour les entreprises à risques :

- chaque industriel concerné poursuit sa politique de réduction des risques à la source ; cette démarche vise à limiter la probabilité d’occurrence de l’événement redouté (mesures de prévention) et/ou la gravité de ses conséquences (mesures de protection) ; c’est une démarche constante, les analyses évoluant en fonction de l’évolution des «meilleures techniques disponibles à un coût économiquement acceptable» [1]. Les cas où des habitations [2] se trouvent à l’intérieur des zones de dangers d’un établissement [3] seront traités de manière prioritaire.

- pour les établissements nouveaux : Les zones Z1 (zones d’effets létaux) et Z2 (zones d’effets significatifs) à retenir pour la maîtrise de l’urbanisation restent dans les zones de maîtrise foncière [4] de ces établissements, que cette maîtrise soit directe (propriété) ou indirecte (servitude).

Dans le cas d’une zone industrielle, les zones Z2 peuvent impacter d’autres établissements contigus si des règles ont été définies au préalable (densité de personnes présentes – règles constructives – mesures organisationnelles – prévention des effets domino). Dans le cas de zones industrielles particulièrement denses, ce qui précède peut être appliqué aux zones Z1, à condition que les parties des établissements impactées par les nouvelles zones Z1 se trouvent déjà dans des zones Z1 existantes.

Il en ressort que les zones Z1 ou Z2 à retenir pour la maîtrise de l’urbanisation ne peuvent impacter des habitations.

- pour les établissements existants, concernant les installations [5] nouvelles ou extensions d’installations, deux cas de figure peuvent se présenter : Si les zones à risques des installations existantes n’impactent pas d’habitations, les installations nouvelles ne doivent pas créer de zones à risques plus étendues vis-à-vis des habitations. Si les zones à risques des installations existantes impactent des habitations, le Z1 des installations nouvelles ne doit pas les impacter tout en restant contenu dans les Z1 existants ; le Z2 doit être au maximum compris à l’intérieur des Z2 préexistants (en tenant compte d’éventuelles réductions en cours), et la priorité doit être donnée à la réduction du risque à la source pour, avec le temps, se retrouver dans le premier cas. Dans les deux cas, l’objectif reste de contenir, dès que possible, les zones Z1 et Z2 dans la zone de maîtrise foncière de l’établissement. Les zones Z1 et Z2 évoquées ci-dessus sont celles devant être retenues pour la maîtrise de l’urbanisation. pour les collectivités territoriales :

- elles s’engagent, dans les zones de dangers imposant une maîtrise de l’urbanisation, à : ne pas augmenter les populations résidentes [6] dans les zones Z1 ; limiter cette augmentation dans les zones Z2, une densité maximale de 25 personnes à l’hectare sera prise comme référence. - dans le cas où ©le travail de IAUréduction des risques à île-de-Francela source permet de rendre libre l’utilisation de terrains préalablement grevés par les risques, elles s’engagent, dans la mesure du possible, à ne pas y densifier les habitations, les espaces libérés étant destinés en priorité au développement économique. - tout le travail de concertation pour la maîtrise de l’urbanisation eu égard au risque industriel est traduit dans les documents d’urbanisme pour permettre une gestion à moyen et long terme du territoire et rendre non conflictuels les différents usages. En particulier, l’aménagement du territoire doit prévoir le développement des tissus industriels et urbains en s’appuyant autant que faire se peut sur la spécialisation des zones et la réhabilitation des friches industrielles, de manière à éviter les destructions d’espaces encore naturels.

192 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 industriel en Haute-Normandie

pour l’État :

- l’obtention de programmes de réduction du risque à la source demeure un objectif prioritaire pour la DRIRE ; - la DRIRE s’engage à mettre à la disposition de l’ensemble des partenaires les éléments d’information qu’elle détient en matière de risque (Système d’information géographique - SIG sur extranet). Pour des raisons de sécurité, la nature et le niveau de détail des informations transmises seront adaptés en fonction de leur usage. - la DRIRE veillera à rendre facilement accessible une information précise et pratique sur les aides financières nationales et européennes, de manière à ce qu’elles soient utilisées chaque fois que possible pour les opérations en faveur de l’environnement et de la réduction du risque à la source. - le processus de création des comités locaux d’information et de concertation sur le risque technologique sera mis en œuvre en priorité sur les bassins industriels du Havre, de Port Jérôme, de Rouen et d’Elbeuf. Les collectivités locales et l’État devant joindre leurs moyens pour agir de manière coordonnée, les comités locaux d’information et de concertation exposeront régulièrement devant la commission risques du SPPPI Basse-Seine le fruit de leur travail de concertation. La commission risques assurera ainsi le recensement et la diffusion des meilleures pratiques développées localement, et pourra apporter un soutien technique et financier selon les besoins identifiés. - la commission risques du SPPPI Basse-Seine fera chaque année le bilan des avancées en matière de réduction du risque et proposera le programme de travail de l’année suivante.

Dans le cadre d’un groupe de travail du SPPPI Basse-Seine, l’ensemble des partenaires se coordonnera pour élaborer un ensemble cohérent d’actions de formation et d’information, destinées prioritairement aux enseignants, aux représentants syndicaux, aux responsables d’associations et aux populations locales, et ayant pour thème la maîtrise du risque industriel, y compris la gestion de crise.

Fait à Rouen, le 22 juillet 2003

Signataires, membres fondateurs de la charte

© IAU île-de-France

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 193 © F. Guy © F. Feyzin, une ville référence dans la maîtrise Feyzin, a reference town du risque technologique in keeping technological Entretien avec risks under control Danielle Sauge-Gadoud et Clément Jacquier Town and Industry often find it Unité tranquillité–sécurité difficult to get on together. In the Ville de Feyzin French “Chemicals Valley”, Feyzin has enabled major industry to boom by supplying it with labour, and it has also developed thanks to the a ville et l’industrie entretiennent souvent des relations chemicals industry. The permanent L difficiles. Dans la vallée de la chimie, Feyzin a permis l’essor presence of technological risks has led the municipality to take de la grande industrie en lui fournissant de la main d’œuvre an overall approach to risk mais s’est aussi développé grâce à l’industrie chimique. La présence management. Actions have been permanente du risque technologique a conduit la municipalité implemented at local level, in consultation with central government, à s’engager dans une approche globale de la gestion des risques. with industry, and with residents. Des actions ont été mises en œuvre au niveau local, en concertation However, difficulties remain for avec l’État, les industriels et les habitants. Cependant, des difficultés relaying the technical risk issue to persistent pour relayer la problématique du risque technologique any other local level. The need for cross-boundary approaches and à une autre échelle territoriale. La nécessité d’approches the need for reinforced partnerships transversales, de renforcer les partenariats constituent autant are challenges for© the development IAUd’enjeux île-de-France pour le développement de la vallée de la chimie. Site pilote of “Chemicals Valley.” A pilot site en matière d’expérimentation des nouvelles mesures sur les risques for experimenting new measures on technological risks, Feyzin is to technologiques, Feyzin va devenir l’une des premières communes become one of the first municipalities dotées d’un PPRT. to have a PPRT (Plan for Prevention Danielle Sauge-Gadoud nous livre ses réflexions sur la démarche of Technological Risks). Danielle Sauge-Gadoud gives us de la municipalité. her reflections on the approach used by the municipality.

194194 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 ce que d’autres communes de la vallée constitue l’ancien quartier principal Les Cahiers : Pouvez-vous nous de la chimie ont vécu. Le début des de la ville, mais ce secteur est aussi situer géographiquement Feyzin années 1960 voit se développer de marqué par l’autoroute, le canal du dans le «couloir de la chimie» ? grandes infrastructures sur ce terri- Rhône, les voies de chemin de fer et toire : l’autoroute A7, le canal, le bar- surtout les grandes emprises indus- Danielle Sauge-Gadoud : Géographi - rage de la Pierre-Bénite et surtout la trielles. Feyzin, c’est 900 ha, dont 300 quement, Feyzin s’inscrit au sud de vallée de la chimie.Tout est arrivé en sites industriels (tous sites confon- Lyon sur un territoire communément simultanément. dus), 300 en espaces verts (naturel et appelé le «couloir de la chimie», qui Feyzin se situe dans la partie sud de la rural) et 300 en habitat, équilibre que regroupe sept communes : le 7e arron- vallée de la chimie. L’urbanisation s’est la ville souhaite conserver. dissement de Lyon, Pierre-Bénite, adaptée au site et aux infrastructures Saint-Fons, Feyzin, Solaize, Irigny, avec une partie basse dans la plaine Les Cahiers : Quelle est la situation Vernaison (centre de recherche). Après alluviale du Rhône, fermée par une de Feyzin par rapport aux risques l’arrivée du chemin de fer en 1850 avec falaise – la Balmes – et une partie technologiques majeurs ? la transformation du quartier bas des haute, plus récente, sur le plateau. Dans Razes, Feyzin a supporté depuis 50 ans la partie basse, le quartier des Razes D.S-G : La vallée de la chimie accueille au total une quinzaine d’établisse- ments à risque industriel majeur, clas- Feyzin, un territoire dans le couloir de la chimie sés au titre de la directive Seveso, dont une douzaine répond au seuil haut de la directive qui soumet les établisse- ments concernés à une autorisation avec servitude d’utilité publique. Feyzin est directement ou indirecte- ment concerné par trois établisse- ments industriels classés Seveso : la raffinerie Total implantée sur le terri- toire communal et le dépôt Rhône Gaz sur la commune de Solaize, en limite de la commune, sont classés seuil haut. Air Liquide, également localisé sur Feyzin, est classé Seveso seuil bas. La raffinerie est l’emprise industrielle la plus importante de la commune. Elle a démarré son exploi- tation en 1964 et constitue le seul éta- blissement de ce type de la région lyonnaise. Elle est un élément clé de la production d’énergie en Rhône-Alpes puisqu’elle couvre 50 % de la consom- mation régionale d’hydrocarbures. © IAU île-de-FranceSon emprise s’étend sur 18 ha et près de 1,8 km de long. Mais c’est la seule raffinerie implantée au cœur de l’ur- ba nisation et à proximité immédiate d’une autoroute à fort trafic. L’empla - cement du centre emplisseur de gaz de Rhône Gaz, également construit dans les années 1960, est dicté par la présence de la raffinerie.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 195 La ville de Feyzin est exposée à trois types de risques technologiques : toxique, thermique et surpression. Jusqu’à présent, le risque toxique n’avait pas été identifié comme parti - culièrement important, mais cette situation est en train de changer avec l’évolution des normes nationales et des méthodes de calcul. Il est malgré tout toujours présent, même s’il est difficile à évaluer. Le risque thermique, bien appréhendé, est celui qui nous gênerait le moins. Par contre, le risque de surpression, qui concerne deux établissements (la raffi- nerie Total et Rhône Gaz), constitue © L. Faytre/Iaurif Feyzin est au cœur de l’industrie chimique et du couloir de la chimie. La raffinerie Total, notre principale préoccupation : c’est le implantée dans le quartier des Razes, est classée établissement Seveso seuil haut. risque le plus difficile à gérer parce qu’il peut survenir de façon brutale. A7. Pour éviter des quartiers d’habi- employé jusqu’à 1 500 personnes. De tations, les camions chargés sont en nombreux salariés de la raffinerie habi- Les Cahiers : Ces grands effet obligés de reprendre l’autoroute. taient la commune et jouaient un rôle établissements génèrent-ils Il y a de gros enjeux de sécurité sur cet important d’information vis-à-vis de également du transport de matières axe déjà très congestionné, notamment l’extérieur : un relais expliquait à la dangereuses ? aux heures de pointe ou en période de population l’origine de phénomènes, départ en vacances. comme des excès de fumées ou des D.S-G : Le transport des matières dan- Mais il nous faut aussi considérer la hauteurs importantes de flammes de gereuses (TMD) est en effet une autre problématique de transport TMD par torchères… préoccupation, notamment pour le voie ferrée avec la gare de triage de Aujourd’hui, la raffinerie n’emploie transport par voie routière. Le risque Solaize, dont l’accès se fait sur Feyzin ; plus qu’environ 600 personnes et les TMD est plus difficile à gérer en cas nos préoccupations portent en parti- vecteurs de médiation et d’informa- d’accident car on ignore, a priori, où il culier sur les risques liés à des fuites tion entre la ville et l’entreprise ont peut se produire. Pour les sites Seveso, de produits toxiques. diminué. Le «vivre avec» qui existait il y a un savoir-faire et l’on dispose de par l’intermédiaire des employés a procédures en cas de crise : des plans Les Cahiers : Comment le rapport disparu. C’est un élément important de secours, des plans particuliers d’in- de la population aux établissements qui fait que l’on accepte moins bien tervention (PPI)… Cela nous paraît industriels a-t-il évolué au fil la raffinerie, que l’on n’en voit plus beaucoup plus aléatoire pour le TMD. des années ? l’utilité. Le rapport à l’entreprise s’est L’accès au centre de chargement des inversé. établissements Rhône Gaz et Total D.S-G : Les grands établissements emprunte en partie une voie départe- industriels jouent évidemment un rôle Les Cahiers : Quelle est la mentale sur la commune. Le trafic important dans la vie économique de perception des risques potentiels journalier est actuellement© d’environIAUFeyzin. Leurîle-de-France présence a favorisé le par les Feyzinois ? 300 camions et le nombre de mouve- développement de la commune qui a ments va encore augmenter, notam- vu sa population doubler en une ving- D.S-G : Une enquête a été réalisée ment pour la raffinerie, alors que les taine d’années. Mais pendant très long- récemment auprès des habitants les itinéraires empruntés posent des pro- temps, à Feyzin comme ailleurs, à par- plus anciens. Elle a révélé que la cata- blèmes. La réglementation en vigueur tir du moment où une entreprise strophe de 1966(1) n’avait pas remis en sur le territoire communal interdit cer- apportait de la richesse et des emplois, cause l’existence de l’établissement. À tains axes, notamment la RN7 et les on évitait de se poser trop de ques- cette époque, la raffinerie était en cours trafics sont reportés vers l’autoroute tions. Il faut savoir que la raffinerie a de construction et son activité en plein

196 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 développement. Dans l’esprit des tout sur le plateau, dans la partie haute Feyzinois, il s’agissait simplement d’un de la ville. Il y a plutôt une perception «incident», en quelque sorte le tribut positive de l’action de la commune, à payer à l’industrie. C’est étonnant. qui répond à une attente forte de la La rupture est plutôt survenue après la population. Cette évolution rassure les catastrophe de Bhopal, en 1984 ; les habitants parce qu’ils savent quoi faire, habitants se sont progressivement comment agir… posés des questions. Aujourd’hui, l’objectif des élus est de Par rapport à l’accident de l’usine AZF trouver un équilibre entre l’écono- de Toulouse en 2001, les Feyzinois mique, le social, la qualité de vie des ayant vécu la catastrophe de 1966 ont habitants et la préservation de l’en- ressenti de la compassion : «on sait ce vironnement. L’objectif n’est pas de que c’est… ; comment peut-on aider» ? dire «il faut supprimer l’entreprise ou Une solidarité s’est exprimée vis-à-vis il faut faire partir les gens», mais plu- des Toulousains, toutefois, à aucun tôt de faire cohabiter les deux. moment, il n’y a pas eu de remise en Comment peut-on préserver un cer- question de la raffinerie de Feyzin. tain équilibre ? Depuis 2001, la muni- © L. Faytre/Iaurif Dans le quartier des Razes, Le nombre de personnes susceptibles cipalité s’est engagée dans une poli- plusieurs milliers de personnes vivent de quitter Feyzin à cause de la présence tique de développement durable et et travaillent à proximité de la raffinerie de la raffinerie reste marginal. Pour les de transparence vis-à-vis des risques et de Rhône Gaz. habitants les plus anciens, le sentiment techno logiques. Tous les deux ans, un d’appartenance à la commune reste rendez-vous citoyen sur les risques zones d’habitat. Tous les permis de fort et de nombreux liens sociaux exis- «l’usine et la ville» est organisé et nous construire déposés dans le périmètre tent ; il n’est donc pas question de par- travaillons également sur un Agenda de protection doivent respecter des tir. La présence des établissements 21 communal. prescriptions. Seveso ne constitue pas un frein à l’ar- Dans la zone Z1, les contraintes sont ri vée de nouveaux habitants dans un Les Cahiers : La présence de risques très fortes. Pour les constructions exis- contexte de développement périurbain technologiques a-t-elle eu tantes, on doit respecter l’existant et de l’agglomération lyonnaise, même si des conséquences sur l’aménagement l’habitat ne peut être amélioré (per- notre cas est un peu particulier, le déve- et le développement communal ? cement de fenêtres, extension….). En loppement s’exerçant aujourd’hui sur- zone Z2, certaines constructions sont D.S-G : Pour Feyzin, la période clé a été autorisées, mais avec un coefficient au en 1991 l’application du projet d’inté- sol très restreint. Les conséquences rêt général (PIG) autour de la raffine- sont importantes. Du jour au lende- rie et de Rhône Gaz, qui a imposé un main, des terrains ont perdu toute leur certain nombre de contraintes et d’o- valeur, des projets de lotissements ont bligations, notamment pour le quar- été stoppés et des propriétaires ne pou- tier des Razes où vivent et travaillent vaient plus vendre leurs terrains qui plusieurs milliers de personnes. étaient «gelés»… Ce PIG, qui couvrait toute la partie Pendant longtemps et face à ces con - basse de la ville, définissait deux zones : traintes, l’état d’esprit a été de dire : © IAU île-de-Francela zone Z1, la plus proche de la raffi- «Le quartier des Razes est voué à une nerie, dite des effets mortels et la zone mort lente, il va peu à peu s’étioler et Z2, dite des effets irréversibles. il est inutile d’investir dessus. À partir En matière d’enjeux, la zone Z1, la plus (1) La «catastrophe de Feyzin» s’est inscrite contraignante, englobe en particulier dans la mémoire collective le 4 janvier 1966 le complexe sportif et la piscine, une lorsqu’une fuite de gaz a entraîné un incendie Source : Ville de Feyzin école maternelle et une école élémen- de type Boiling Liquid Expanding Vapour Le plan de sauvegarde et les rendez-vous Explosion (Bleve), détruisant 11 réservoirs, citoyens constituent autant d’initiatives taire, la caserne de pompiers... La zone entraînant la mort de 17 personnes, faisant 86 municipales pour «parer» à toute éventualité... Z2 enveloppait une grande partie des blessés et endommageant 1 475 habitations.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 197 du moment où on ne peut plus faire Au niveau de l’urbanisme, des inves- urbain, de re-dy namisation sont aujour - évoluer l’aménagement, les gens vont tissements importants ont été réalisés d’hui en train de porter leurs fruits. partir…». Effectivement, le quartier a sur le quartier des Razes, avec tout Compte tenu des risques, il semble tou- perdu des commerces, les logements d’abord la reconstruction d’une cen- tefois logique de ne pas densifier ce ont été cédés à bas prix… Or, les habi- tralité forte autour de la place princi- quartier, de le conserver dans une forme tants avaient pour la plupart un lien pale (un pôle multiservice). Des appar- identique à celle d’aujourd’hui. fort avec leur quartier et souhaitaient, tements ont été construits dans un Des réflexions portent également sur malgré le risque, continuer à vivre sur ancien projet d’hôtel ; des petites mai- les équipements communaux. Si le place. sons, des appartements ont fait l’objet complexe sportif, situé face aux stoc- Dès 2001, la nouvelle municipalité a de réhabilitation par l’OPAC, d’autres kages, ne peut être délocalisé, la com- au contraire misé sur ce secteur. Le ont été rasés et reconstruits. mune a en revanche racheté un terrain postulat était que la population qui y Le processus de revitalisation passe aussi sur le plateau, hors des périmètres de habitait devait avoir une qualité de vie par un projet de réfection de la gare et dangers, pour y implanter la caserne identique à celle d’autres quartiers de de son environnement immédiat avec des pompiers. Le déplacement de l’école la commune. Aux contraintes liées à le rétablissement d’une continuité entre pose plus de difficultés. La municipalité l’en vironnement, les habitants n’avaient la partie haute et la partie basse de la souhaite en effet maintenir l’établisse- pas à supporter un quartier sans ser- ville. Si le quartier a connu à une épo- ment au cœur du quartier des Razes, en vice public, sans commerçant et sans que une paupérisation à la limite du zone Z2, en la construisant dans le attractivité. sordide, ces travaux d’aménagement respect de toutes les normes de sécurité. Actuellement, cette position n’est pas Carte du projet d’intérêt général et du PPI validée par les services de l’État, car les nouveaux zonages du PAC retenus dans le PLU risquent de remettre en question n’implantation choisie.

Les Cahiers : En matière d’investissement, quelle est la place occupée par les industriels dans le processus de re-dynamisation ?

D.S-G : La place des industriels dans le processus de re-dynamisation est rela- tivement faible. Toutefois, une conven- tion entre la commune et Total a été signée récemment sur la mise en com- mun et l’organisation pour le plan de sauvegarde et la mise en place des sys- tèmes d’alerte. Dans le cadre du futur plan de pré- vention des risques technologiques (PPRT) qui doit s’appuyer sur des © IAU île-de-Franceconventions tripartites État/collecti- vité/industrie, des actions en faveur de l’habitat pourraient être envisagées en partenariat avec les industriels. La protection constitue l’un des points forts des PPRT. Pour réduire la vulné- rabilité des enjeux, l’amélioration du bâti pourrait constituer l’une des pis- tes d’actions. Pour encourager à court

198 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 ou moyen terme, la mise en place Densité de population par parcelle de telles mesures, une OPAH(2), pour les copropriétés et pour l’habitat indi- viduel est en cours de négociation avec le Grand Lyon. Les OPAH étant uni- quement prévues pour l’amélioration du confort, l’intégration de disposi- tions de protection vis-à-vis des risques dans le cahier des charges nécessite d’obtenir une adaptation de la démarche.

Les Cahiers : Le nouveau «porter à connaissance» de la préfecture introduit-il de nouvelles contraintes ?

D.S-G : Pour l’élaboration de son PLU, la communauté urbaine de Lyon a appliqué comme périmètre de sécurité autour de la raffinerie le nouveau «por- ter à connaissance» de la préfecture. En vertu de principes de sécuri té, d’une réglementation plus contraignante, de la prise en compte de périmètres maxi- maux de risques, les nouvelles zones définies couvrent un territoire beau- coup plus large. Elles atteignent la RN7 sur le plateau et conduisent à une mul- tiplication des enjeux. Une incompréhension est ressentie de la part des élus sur ces nouveaux péri- mètres. En effet, en l’absence de nou- velles études de danger, le choix appa- raît comme arbitraire, d’autant que l’industriel a engagé depuis plusieurs années des mesures de réduction des risques à la source. Les stockages les La définition de ces périmètres recou- périmètres, ce sont 10 % supplémen- plus dangereux ont été soit réduits vre des enjeux d’aménagement. Pour la taires de l’ensemble du territoire de la dans leur capacité, soit transférés vers commune d’Irigny, située sur la rive communauté urbaine qui sont affectés. des secteurs moins sensibles. droite du Rhône en face de Feyzin et Une incompréhension est perceptible Une interrogation persiste sur la per- qui n’accueille aucun établissement de la part des industriels par rapport tinence© des zones IAU de risques définies île-de-FranceSeveso, le territoire n’était pas jusqu’à aux services de l’État et de la commu- par le PIG de 1990. De deux choses présent concerné par le PIG alors qu’il nauté urbaine de Lyon. l’une : soit elles ne reflètent pas la l’est devenu dans le PAC. D’autres com- À ce jour, le PLU est en cours d’ap- réalité, soit les services de l’État s’ins- munes sont aujourd’hui potentielle- probation par le Grand Lyon avec les crivent dans une démarche autoritaire, ment gênées dans leur développement zonages du PAC, au grand dam de cer- en retenant les scénarios majorants ne par les nouveaux périmètres de risques. tains élus particulièrement le maire de prenant en compte ni la réalité locale, C’est le cas de Solaize avec la mise en Feyzin. ni les mesures prises en matière de cause d’une logique de développe- (2) Opération programmée d’amélioration de réduction des risques. ment du centre-ville. Avec ces nouveaux l’habitat.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 199 Les Cahiers : Existe-t-il une nombreuses friches industrielles. Paral- globale de la vulnérabilité, nous ne réflexion intercommunale, une lèlement, la qualité de la desserte souhaitons pas un gel systématique solidarité par rapport aux risques à transport sur ce territoire incite des des espaces concernés. Il y a un équi- l’échelle de la communauté urbaine entreprises à s’installer, notamment libre à trouver. du Grand Lyon ? dans le secteur de la logistique. La taxe professionnelle est unique Des réunions ont été organisées pour (TPU) à l’échelle de la communauté D.S-G : Le Grand Lyon a créé en 2003 évaluer dans le périmètre couvert par urbaine qui la perçoit et la redistri- un comité «vallée de la chimie» chargé le PPRT les possibilités d’accueil bue. Le Grand Lyon a donc tout inté- d’engager une réflexion sur le devenir d’habi tants, d’entreprises, d’établisse- rêt à conserver les grandes activités, de la vallée de la chimie. L’objectif ments recevant du public et de les mais c’est aussi une organisation assez est de prendre en compte l’ensem ble quantifier. Le point de vue de la DDE, lourde. Au niveau de l’élaboration du des communes de la «vallée» et d’ac - en charge de l’élaboration de la partie PLU, les enjeux locaux ont parfois du compagner les évolutions, notamment enjeux des PPRT, est de ne pas rem- mal à être pris en compte. Pour le plan sur la partie nord, dans un contexte de placer les départs d’entreprises pour de sauvegarde de la ville de Feyzin, il fermeture de plusieurs usines chimiques ne pas augmenter les enjeux. Si nous a fallu travailler très vite. Nous avons et de baisse d’activités qui laissent de comprenons la volonté de réduction sollicité la communauté urbaine sur les plans d’évacuation. La signalétique Études de dangers Total et Rhône Gaz relatives à une surpression spécifique choisie par la commune devant être harmonisée avec celle du Grand Lyon, nous avons proposé une signalétique similaire pour toutes les communes concernées par un PPRT. La proposition de Feyzin d’établir un plan de sauvegarde intercommunal n’a malheureusement pas encore trouvé d’écho. Il y a pourtant intérêt à mutua- liser les moyens entre les différentes communes concernées.

Les Cahiers : Quel a été l’élément moteur dans la mise en œuvre du plan de sauvegarde local ? D.S-G : C’est d’abord, en 2001, une promesse électorale de la nouvelle municipalité, avec une volonté de transparence auprès des populations quant à la nature exacte des risques encourus et leurs conséquences éven- tuelles. C’est aussi la volonté que les habitants du quartier des Razes ne soient pas doublement pénalisés, vis- © IAU île-de-Franceà-vis des risques, du cadre de vie et des services. Le plan de sauvegarde local mis en place par la ville de Feyzin est un outil permettant de répondre aux impéra- tifs de prévention et de protection de la vie quotidienne des habitants, de l’amélioration de la sécurité indivi- duelle et collective et de tout projet

200 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 d’aménagement. Il permet d’anticiper L’objectif est d’élaborer un zonage de et sur la santé ; ils suscitent beaucoup et gérer la crise, et ainsi de favoriser risques en trois classes (effets létaux, d’interrogations, sinon des angoisses. un retour à une situation normale. Il irréversibles, réversibles), permettant Les nuisances ont donc été étudiées repose sur le principe de solidarité par la suite d’établir des dispositions pour établir des cartes de pollution dans toutes ses déclinaisons : la famille, de protection individuelles et collecti- atmosphérique, de nuisances sonores. les équipements publics, ou encore les ves en fonction du degré de dangerosité. Enfin, des cartes d’enjeux communaux entreprises. Des zones, différentes des zones régle- ont été réalisées : densité de popula- Afin de répondre à ces objectifs, la mentaires Z1 et Z2 du PIG, ont ainsi été tion, voies routières, entreprises ou ERP collectivité a mis en place un certain définies. Les calculs sont plus fins et les présents dans les zones de risques… nombre de moyens, dont une nou- conséquences sont répertoriées au Un état des lieux des risques a donc été velle organisation des services muni- mètre près sur le cadastre. Ce diagnos- dressé et restitué sous la forme d’un sys- cipaux. La réorganisation des services tic est novateur parce qu’il est centré tème d’information géographique à l’é- de la ville en pôles, créés à partir des sur l’habitant et qu’il affiche une ambi- chelle de la parcelle. Chaque parcelle du thèmes de la politique municipale tion d’exhaustivité et de détail. quartier est ainsi renseignée sur sa situa- (enfance, culture, tranquillité D’autres réflexions portent sur les tion par rapport au niveau de risque publique et sécurité civile…, dix en risques de surpression par l’établisse- pour chacun des risques présents (explo- tout) favorise la transversalité des pro- ment d’une cartographie en fonction sion, thermique et toxique), par rapport jets, ceux élaborés dans le cadre de la de la qualité du bâti. L’impact de la sur- aux nuisances, mais aussi par rapport à gestion des risques et des nuisances pression concerne en effet surtout les sa localisation au zonage du PIG ou au bénéficiant de cette optimisation. biens, l’humain résistant plutôt bien aux plan particulier d’intervention. Une connaissance fine – tant des ris - effets de la surpression. Une grille d’é- ques que de l’environnement urbain – valuation a été développée, qui permet Les Cahiers : S’agissant d’un sujet peut favoriser la une coexistence de la d’analyser la vulnérabilité du bâti en sensible, quelle est la publicité ville et de son industrie par une appli- trois classes, selon des coefficients qui donnée à ce travail ; participe-t-elle cation intelligente de la réglementa- tiennent compte des matériaux utilisés, à la sensibilisation du public, au tion et par une prise en compte rai- du nombre d’ouvertures… Ce travail partage d’une culture du risque ? sonnée du risque. En 2002, la ville de expérimental est repris actuellement Feyzin a lancé une mission d’accom - avec le CERTU. L’objectif est d’identifier D.S-G : Les travaux, les cartes ont fait pagnement à la gestion des risques les bâtiments sur lesquels il faut agir en l’objet de présentations lors de réunions et des nuisances. Le bureau d’étude priorité et de définir éventuellement les publiques, dans les conseils de quartier Socotec réalise cet accompagnement bâtiments qui pourraient être voués à et lors des rendez-vous citoyens. Ils ont et le pôle «Tranquil lité et sécurité» l’expropriation en raison de leur trop été exposés par le maire comme un outil pilote l’ensemble du dossier. mauvaise qualité. Parallè lement, des d’aide à la décision en permettant à la dispo sitions constructives d’améliora- population de demander des rensei- Les Cahiers : En quoi l’analyse tion de la sécurité des personnes ont pu gnements plus précis. des risques constitue-t-elle l’objet être définies et des zones prioritaires Notre service juridique a également d’une démarche originale ? identifiées. Ces dispositions constructi- mis en évidence le fait qu’une infor- ves concernent aussi bien le renforce- mation réalisée par la collectivité doit D.S-G : Le plan de sauvegarde s’est ment des cadres de fenêtres, la résistance être rendue publique. Nous nous atten- construit à partir d’une étape préli- des vitrages, la création de salles de confi- dions à davantage de retours de la part minaire ayant pour objectif de mieux nement avec des caractéristiques dis- de la population. Nous avons eu peu de qualifier© les risques IAU et les nuisances île-de-Francetinctes en fonction de la localisation. demandes complémentaires. Certaines sur le territoire communal. Afin que les La problématique des nuisances a concernent les normes en matière de habitants l’acceptent mieux, nous sou- également été ajoutée aux risques à la sécurité ou les qualités de vitrage néces- haitions une tierce analyse afin de demande des habitants, car s’ils sont saires… (un habitant a demandé à quel conserver une certaine neutralité vis- conscients de vivre à proximité et avec risque il était soumis). à-vis des éléments fournis tant par les risques, ils savent l’occurrence de Nous redoutions que ce travail soit l’État que par les industriels. ceux-ci, faible. Par contre, le bruit, les récupéré à d’autres fins, par exemple La démarche de Socotec s’est appuyée odeurs et les poussières ont un impact par des agences immobilières, mais tel sur les études de danger des industriels. direct sur la qualité de vie quotidienne n’a pas été le cas.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 201 Quant à la sensibilisation de la popu- Nous avons également demandé au C’est aussi l’information et la forma- lation, au partage d’une culture du Grand Lyon de prendre en compte nos tion de toutes les personnes concer- risque, l’évaluation reste difficile. Le études pour l’établissement des zones nées par une éventuelle crise : habi- quartier des Razes, c’est environ 750 de contraintes dans le PLU, mais les tants, salariés, élèves et parents, agents ménages et 2 000 habitants et environ services chargés de l’élaboration du communaux, associations... sur les 1 500 employés de la zone industrielle. PLU ont des réticences pour prendre risques présents et sur les consignes à Dans les réunions de quartier, il n’y a en compte ces travaux tout comme respecter en cas d’accident. qu’une centaine de personnes ; le ren- leurs déclinaisons en matière de pré- D’autres actions portent sur l’organi- dez-vous citoyen accueille environ 250 vention et protection. Le «porter à sation en cas d’événement catastro- personnes. On peut à la fois penser connaissance» de l’État reste pour eux phique. Pour transmettre l’alerte au qu’une partie des habitants n’a pas le document de référence. plus grand nombre dans un délai res- vraiment conscience des risques, mais treint, la ville a décidé de recourir à un on peut aussi supposer que la popu- Les Cahiers : Cette connaissance serveur d’alerte capable d’appeler plus lation se satisfait ou est rassurée par fine, à la parcelle, des risques de 600 ménages et 200 entreprises en les informations transmises par le bul- industriels n’est-elle qu’un élément moins de 10 minutes ; ce dispositif sera letin d’information municipal, les de votre politique de gestion des complété dans les lieux les plus sensi- documents diffusés… risques ? bles (complexe sportif notamment) par un système de haut-parleurs. Les Cahiers : Quelle est l’attitude D.S-G : Nous avons une volonté d’ap- Par ailleurs, des plans d’évacuation des acteurs locaux (services de proche globale de la gestion des générale par quartier et des plans par- l’État, industriels, élus) vis-à-vis de risques. À ce titre, la gestion de crise ticuliers de mise à l’abri pour les éta- vos travaux ? participe également à la prévention. blissements recevant du public ont été Elle passe par une réflexion tant en définis. Huit itinéraires ont été tracés D.S-G : La commune souhaitait que termes d’organisation que d’infras- en fonction des huit îlots d’habitation ce travail soit une base de discussion tructures adaptées. Certaines actions du quartier des Razes, chaque îlot avec les services de l’État. La DRIRE sont à mettre en place en dehors de ayant son propre itinéraire. Le com- n’a pas formulé de remarques fonda- toute crise. Il s’agit de conseils aux plexe sportif et l’île de la Chèvre dispo- mentales sur la méthode, mais s’est en habitants, pour mettre par exemple sent quant à eux de deux itinéraires revanche montrée très intéressée par la en sécurité les documents dont ils d’évacuation spécifiques. Tous les habi- partie relative à la connaissance des auraient besoin en cas d’accident. tants concernés ont reçu une plaquette enjeux, les densités de populations…, car cela va au-delà de ce que la DRIRE Plan d’évacuation générale par quartier fait actuellement en termes d’évalua- tion des impacts. Ces travaux devraient pouvoir être utilisés dans l’élaboration des futurs PPRT. Feyzin a d’ailleurs été retenu comme l’un des huit sites pilote en France pour expérimenter les mesu- res de la nouvelle réglementation sur les risques technologiques, inscrite dans la loi de juillet 2003, et elle sera l’une des premières© communes IAU dotées île-de-France d’un PPRT. Du côté des industriels, le directeur de Total aurait souhaité que l’on aille plus loin, en travaillant notamment sur les probabilités d’accidents, mais nous n’avons pas voulu initier des tra- Source : Ville de Feyzin vaux trop complexes sans bases de «Paré», ou Préparer, Anticiper, Réagir, Expliquer… : référence. les deux comportements possibles en fonction de l’accident.

202 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 d’information avec des recommanda- Imbrication des différents plans cohérence au fil de l’eau de la démar- tions à suivre. Pour chaque îlot, des de sauvegarde che avec les actions, dispositifs ou poli- référents ont été choisis parmi les habi- Plan de tiques des partenaires, en fonction de tants, qui sont chargés de rappeler les sauvegarde Plan communal leurs compétences respectives. Ils ont locale de sauvegarde Plan de Feyzin (loi du 13 août 2004) consignes d’évacuation, d’accompa- communal également été des lieux privilégiés pour gner les habitants jusqu’aux centres de gestion la capitalisation d’expériences. de crise d’hébergement, de s’assurer que les Au-delà de la mission de définition personnes à mobilité réduite ont bien des actions et du suivi de leur mise en

été prises en charge… Prévention + Information + Intervention œuvre, une des vocations de ces grou- Enfin, un plan communal de secours pes de travail a été de rassembler des a été établi : il définit la cellule de crise partenaires ayant des intérêts diffé- et une organisation spécifique des ser- rents autour d’un même projet inno- vices communaux en cas de crise (dif- vant et de favoriser le maillage des férente en période normale). actions entre elles et avec des opéra- L’ensemble de ces actions liées à l’or- © Ville de Feyzin tions supra communales. Tout ceci ganisation et la gestion de la crise joue bien évidement en faveur de l’ac- implique des aménagements physiques à l’échelle régionale. Il y a aussi la ceptation de la démarche par l’en- en termes de signalisation dans le nécessité d’approches transversales et semble des parties prenantes. quartier d’aménagement pour fluidi- plus prospectives, par exemple en À ce stade, le renforcement du travail fier l’évacuation et la transmission de matière d’infrastructures routières ou de partenariat permettra à la réflexion l’alerte. ferroviaires, vis-à-vis du développe- menée à l’échelle du Grand Lyon de ment de la vallée de la chimie. s’enrichir et de se développer, afin d’ac- Les Cahiers : Quel bilan provisoire On peut aussi regretter un manque de compagner les évolutions de ce couloir tirez-vous de l’ensemble des actions soutien financier. La ville porte seule de la chimie. Dans les différentes struc- initiées par la commune ? aujourd’hui le projet. Depuis leur lan- tures, la place et le rôle joué par les cement en 2001, les études (dont le «hommes» sont essentiels dans la qua- D.S-G : À ce jour, la ville se trouve à montant s’élève à environ 125 000 €), lité du dialogue qui doit être en per- un moment charnière dans la mise ont été financées en totalité par la com- manence renforcé entre les différents en œuvre des actions. Celles dépen- mune. Il faut souligner le manque acteurs sur un sujet aussi sensible que dant de ses propres compétences – la criant d’aides en matière de risques. les risques majeurs. forma tion des agents par exemple – Si des subventions sont susceptibles La reconnaissance de nos travaux est sont progres sivement mises en œuvre. d’être versées pour des actions en lien un autre point positif. Sur nombre de En revan che, celles dépendant de ser- avec l’environnement, aucun finance- questions, nous sommes très en avance vices de l’État ou de la communauté ment n’est prévu pour des actions de et Feyzin devient une référence. De urbaine ont du mal à être prises en prévention et de protection. plus en plus de collectivités s’intéres- compte, car elles risquent de bous- Parmi les points positifs, il faut souli- sent à notre démarche, que nous nous culer les réglementations, les calen- gner le développement des partena- efforçons de modéliser et de trans- driers, et plus globalement les orga- riats. Des groupes de travail ont été mettre. nisations. Des difficultés existent pour chargés de réfléchir, élaborer et mettre Feyzin est par ailleurs adhérent à relayer ces problématiques à une autre en œuvre chacune de ces actions. Ils l’ANCMRTM(3) et aux Éco-Maires, et échelle. La mission écologie du Grand sont composés de membres issus de participe au programme «Miriad 21» Lyon© a du mal à IAUporter les idées vers île-de-Francedivers horizons, des différents pôles qui rassemble des villes européennes les autres services. Des problèmes de de la mairie et se sont ouverts, en fonc- soumises aux risques technologiques, circulation de l’information existent. tion des thématiques abordées, à des souhaitant mettre en œuvre les prin- Pour le Conseil régional ou le Conseil partenaires extérieurs : le Grand Lyon, cipes du développement durable. général, la problé matique des risques le SDIS, la DDE, le CERTU, le MEDD, technologiques ne relève pas de leur l’ENTPE, la gendarmerie... La richesse compétence. Pour tant, il y a des du travail réalisé par les membres de enjeux importants dans le cadre d’une ces groupes a permis d’évaluer la fai- (3) Association nationale des communes pour approche de développement durable sabilité des actions et de vérifier la la maîtrise des risques technologiques majeurs.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 203 Le transport de matières dangereuses dans

Si l’économie de l’agglomération lyonnaise est étroitement liée tant à la sortie sud de Lyon, à son essor industriel, le rôle du SPIRAL(1) est de démontrer la appelé «le couloir de la chi- faisabilité d’un développement harmonieux et équilibré de mie». l’industrie et de la ville. La circulation routière des Cet objectif est au centre des travaux du SPIRAL depuis sa TMD doit tenir compte de créa tion en décembre 1990, à l’initiative du ministère de l’existence de tunnels longs l’Environnement et de la communauté urbaine de Lyon. sur les voies autoroutières qui Structure collégiale de concertation, de proposition d’action et traversent la ville (Fourvière, d’information, coprésidée par le préfet et le président de la Croix-Rousse et périphérique communauté urbaine de Lyon, le SPIRAL participe à la définition nord) qui ne sont pas fran- des orientations de la politique locale de réduction et de chissables par les TMD. Le prévention des pollutions industrielles et des risques dans livre blanc examine les per- l’agglomération lyonnaise. spectives d’amé lioration de Organisé en groupes de réflexion thématique, le SPIRAL est la sécurité en intervenant sur © Spiral porteur de propositions dans les domaines de la pollution les caractéristiques de la atmosphérique, de la qualité de l’eau, du traitement des déchets, route (signalisation, bornes d’appel d’urgence…), les condi- des risques industriels et le transport des marchandises tions du stationnement, les équipements de lavage des citernes. dangereuses. Le plan de circulation : un document opposable Le groupe de travail SPIRAL-TMD : une structure partenariale pour sécuriser les déplacements routiers Le groupe de travail SPIRAL-TMD porte la réflexion sur la Un plan de circulation a été élaboré, permettant de sécuriser prévention des risques liés au transport des marchandises les déplacements routiers de marchandises dangereuses dans dangereuses. l’agglomération. Il préconise l’utilisation des autoroutes comme Toutes les compétences dans le domaine des TMD sont itinéraires de desserte prioritaires ce qui, compte tenu de la représentées au sein de ce groupe de travail : transporteurs par présence de tunnels, impose le contournement du centre-ville mode routier, fluvial, ferré et multimodal rail-route, chargeurs, par le boulevard périphérique ou la rocade est. Pour accéder industriels de la chimie, représentations sociaux-professionnelles, au centre-ville, les TMD doivent utiliser les boulevards les plus associations, collectivités territoriales (conseil général, larges sur lesquels leur circulation est interdite de 7 h à 9 h et communauté urbaine de Lyon, commune de Saint-Fons…), de 16 h à 20 h. services de secours (SDIS 69), services d’ordre (police nationale Ce plan de circulation est devenu opposable par un arrêté et gendarmerie), DRIRE, DRE Rhône-Alpes, DDE du Rhône. préfectoral pris le 20 décembre 2000. La signalisation corres - pondante a été mise en place par chaque gestionnaire des Le livre blanc du TMD : voiries concernées suivant un plan de signalisation d’ensemble un outil d’analyse étudié par la DDE du Rhône. du risque TMD Il a été largement diffusé auprès des organisations repré - sentatives du transport routier nationales et européennes, des Le livre blanc sur le trans port transporteurs ayant leur siège en Rhône-Alpes, des industriels des matières dangereuses de la chimie dans le département du Rhône et des départements dans l’agglomé ration lyon- limitrophes ainsi qu’à leurs structures représentatives au niveau naise, publié en 1998 ana- départemental et régional. lyse plus particuliè rement Après trois années d’application, le SPIRAL-TMD va en réaliser les problèmes posés par les l’évaluation afin d’apporter d’éventuelles adaptations, mais TMD dans l’agglo mé ration aussi pour examiner quelles pourraient être les dispositions lyonnaise. Deuxième région en matière de prévention du risque le long de ces itinéraires chimi que de France, ce pôle imposés aux transports routiers de marchandises dangereuses. urbain est traversé© par des IAU île-de-France infrastructures de transport à Les risques du TMD en stationnement : fort trafic qui concernent le des recommandations pour sécuriser les sites couloir rhodanien, axe Nord- Sud européen, mais aussi les Le SPIRAL-TMD a également analysé la dangerosité du franchissements alpins. Le stationnement des transports de marchandises dangereuses transit de TMD est encore dans le département du Rhône. accentué par l’existence d’un Cette étude, conduite en 2002, s’est intéressée à quatre modes centre industriel très impor- © Spiral de transport : routier, ferroviaire, fluvial et le transport intermodal

204 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 l’agglomération lyonnaise : les actions du SPIRAL

Sécurité TMD sur les aires d’autoroutes Les résultats de cette étude conduisent le SPIRAL-TMD à poursuivre sa réflexion pour examiner les dispositions de prévention pouvant être prises afin de sécuriser les sites de stationnement du TMD.

Un cahier des charges pour une plate-forme multimodale : un guide pour tous les décideurs Un cahier des charges pour l’aménagement d’une plate-forme modèle d’échanges rail-route a été élaboré, portant sur des recommandations sur l’implantation et l’exploitation d’un tel équipement. Même s’il n’a pas de valeur réglementaire, ce document a pour objectif de servir de guide pour tous les décideurs dans la construction de nouvelles plates-formes.

Sécurité TMD sur les aires des autoroutes : des recommandations Une réflexion a été menée sur les dispositifs qui pourraient être recommandés dans l’aménagement des aires de services pour le stationnement des TMD sur autoroutes. L’aire de services de Communay sur l’A46 Sud, gérée par la Sté ASF, a été prise comme site de référence : elle fait l’objet d’un projet d’agrandissement et est située en partie sud du contournement est de l’agglomération lyonnaise, proche du «couloir de la chimie». Elle s’avère très concernée par les TMD. Des principes d’aménagement simples ont été retenus : - parmi les emplacements spécifiques aux poids lourds, un © Spiral nombre de places au moins égal à 5 % de la capacité d’accueil poids lourds doit être réservé aux TMD ; rail-route. Elle s’est attachée à identifier les lieux de stationnement - le lieu de stationnement des TMD doit être défini en les plus importants pour chacun des modes de transport : considérant la distance la plus importante de la voie - pour le transport routier, les sept aires de services des autoroutière et des lieux les plus fréquentés de l’aire de autoroutes de l’agglomération lyonnaise et les parkings du services, mais aussi son éloignement des habitations, ou port fluvial de Lyon et du port pétrolier de Givors ont été site sensible, situés en dehors du domaine autoroutier ; retenus ; - cet espace doit être situé près d’un portail de services pour - pour le mode ferroviaire, six gares de triage ont été recensées permettre une sortie rapide et sans manœuvre, comme sur le département ; l’arrivée d’éventuels moyens de secours. - pour le mode fluvial, six lieux spécifiques d’appontage sur le Rhône et la Saône ont été identifiés ; Poursuivre la réflexion sur le risque de stationnement - enfin, trois plates-formes multimodales sont actives sur le des marchandises dangereuses dans les gares de triage département du Rhône : deux rails-routes à Vénissieux et le En 2004, le SPIRAL-TMD a poursuivi la réflexion sur le risque site du port Edouard Herriot. du stationnement des marchandises dangereuses, pour le mode Des périmètres de danger ont ainsi été définis et ont permis de transport par voie ferrée, dans les gares de triage. Pour cela, d’examiner la vulnérabilité pour chacun des sites. Ainsi, à suivant la même procédure de concertation mise en œuvre l’intérieur de chaque périmètre, la présence ou non d’établis - © IAU île-de-Francepour les études précédentes, un groupe de travail a été constitué sement recevant du public, d’habitat, d’espace naturel sensible, en lui associant des représentants locaux de Réseau ferré de d’infrastructure de transport majeure, enfin l’effet domino France (RFF) et de la SNCF. potentiel sur des entreprises à risque et d’autres TMD ont été examinés. Marc Deleigue, adjoint au directeur pour la défense et la sécurité civiles Une échelle du risque a pu ainsi être établie pour chaque site Direction départementale de l’Équipement du Rhône de stationnement répertorié. Cette réflexion a été conduite en anticipant sur la loi du 30 juillet (1) Secrétariat permanent pour la prévention des pollutions industrielles 2003 relative à la prévention des risques. et des risques dans l’agglomération lyonnaise.

La prise en compte des risques : diversité des échelles d’actions 205 Bibliographie

Cette sélection de références est extraite de la base de données Urbamet (www.urbamet.com). Les références sont accompagnées de la (ou des) cote(s) correspondant au document. Le lecteur peut ainsi savoir où consulter les ouvrages.

ADEUS : Agence de développement et d’urbanisme de Strasbourg CDU : Centre de documentation sur l’urbanisme CTA : CETE-Aix CTM : CETE-Metz DCN : CETE-Nord-Picardie DRE : Direction régionale de l’équipement d’Île-de-France EPC : École nationale des ponts et chaussées IA : IAURIF

La réglementation des différentes administrations de l’État et des autres per- sonnes morales de droit public, qu’ils soient élus ou fonc- au service de l’aménagement tionnaires. Mais l’interven tion du juge administratif en cette matière existe aussi et est sans doute mieux adaptée Décret n° 2005-29 du 12 janvier 2005 modifiant le dé- aux réalités de la vie administrative. Si la fonction répara- cret n° 95-1115 du 17 octobre 1995 relatif à l’expro- trice de la juridiction administrative connaît aujourd’hui priation des biens exposés à certains risques naturels majeurs des développements intéressants, il faut surtout insister sur menaçant gravement des vies humaines ainsi qu’au fonds sa fonction préventive ou son intervention pour sanction- de prévention des risques naturels majeurs. ner une insuffisance de précautions. IA P.221 IA P.71bis

Décret n° 2005-28 du 12 janvier 2005 pris pour FONBAUSTIER, Laurent ; TREBULLE, François-Guy appli cation des articles L.564-1, L.564-3 du code de l’en- Réflexions autour de la loi relative à la prévention vironnement et relatif à la surveillance et à la prévision des risques technologiques et naturels. des crues ainsi qu’à la transmission de l’information des Revue de droit immobilier. (FRA). N° 1, janvier-février 2004, crues. pp. 23-36 IA P.221 La loi relative à la prévention des risques technologiques Décret n° 2005-3 du 4 janvier 2005 modifiant le décret et naturels met l’accent sur la prévention des risques en n° 95-1089 du 5 octobre 1995 relatif aux plans de pré- partant du postulat que l’ignorance est la cause principale vention des risques naturels prévisibles. de l’émer gence des situations dange reuses. Elle définit un IA P.221 principe transversal d’information et définit le rôle des acteurs des pouvoirs publics (préfets, maires, comités Décret n° 2005-4 du 4 janvier 2005 relatif aux schémas locaux d’information et de concertation sur les risques) de prévention des risques naturels. © IAU île-de-Franceet des acteurs économiques, pour l’évaluation et le signa- IA P.221 lement des risques sur les sites en cours d’urbanisation et CALDERARO, Norbert les installations existantes. Les informations devront Le juge administratif et les risques naturels. remonter des acteurs économiques aux responsables ter- Droit de l’environnement. (FRA). N° 115, janvier-février 2004, ri toriaux, circuler entre les différents échelons de com- pp. 23-27 pétence, et redescendre vers les administrés. Les auteurs En matière de risques naturels, on assiste à une interven- énoncent en conclusion une double crainte : que les infor- tion de plus en plus marquée du juge pénal qui n’hésite mations trop nombreuses finissent par ne pas être perçues, plus à mettre personnellement en cause les responsables que trop lourdes de conséquences elles soient édulcorées.

206 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Ils souhaitent une plus grande définition qualitative des ROMI, Raphaël informations, et l’élabo ration de règles plus précises quant L’Europe et la protection juridique à leur formulation pour garantir leur efficacité. de l’environnement. Troisième édition. CDU Paris : Victoires-Editions, 2004, tabl., notes, index, bibliogr., 174 p. Consacré à une présentation de la situation actuelle du HACHACHE, Nora droit européen de l’environnement sous tous ses aspects, Inondations : vers une prévention accrue. tant législatifs que contentieux et politiques, cet ouvrage Le Moniteur des Travaux publics et du Bâtiment. (FRA). expose tout d’abord les compétences et les moyens de la N° 5226, 23 janvier 2004, cartes, photo., ill., pp. 52-55 Communauté européenne en matière de protection de La récurrence des inondations et leur coût de plus en plus l’environnement, puis passe en revue les réalisations du élevé font émerger la nécessité d’une prévention plus effi- droit communautaire de l’environnement (programmes cace. Si les plans de prévention des risques (PPR) doivent d’action, droit à l’information, lutte contre la pollution de identifier depuis 1995 les zones inondables, on commence l’air et de l’eau, actions en matière de risques majeurs, de à évoquer le déplacement des constructions qui s’y trouvent déchets et de substances chimiques). L’auteur examine tandis que l’on cherche, en amont des zones urbaines, à ensuite la prise en compte de l’environnement dans les restituer des surfaces d’expansion pour les cours d’eau. autres politiques communautaires (régions, politique agri- IA P.272 ; CDU cole, politique énergétique, politique des transports, poli- tique industrielle). Il commente la place du droit européen LARROUY-CASTERA, Xavier ; OURLIAC, Jean-Paul dans le contexte international, soulignant la complexité, la Risques et urbanisme : risques naturels, risques multiplicité et les imbrications des instruments et dispositifs. technologiques, prévention, responsabilités. La dernière partie traite de l’enjeu que constitue l’arti cu - Paris : Éditions du Moniteur, 2004, index, bibliogr., 237 p. lation du droit français et du droit européen. Après une analyse des risques, qu’ils soient naturels ou CDU 57760 industriels, les règles applicables et leur interprétation par les tribunaux sont présentées. La loi du 30 juillet 2003 sur La Charte de l’environnement et le droit européen. la prévention des risques technologiques et naturels est Le Moniteur des Travaux publics et du Bâtiment. (FRA). abordée de manière détaillée. N° 5244, fasc. 2, mai 2004, 95 p. IA 45348 ; CTA 14275 ; DRE 9757 Après avoir présenté les principales caractéristiques de la Charte, ses dispositions sont analysées au prisme du droit NOURY, Arnauld européen afin de mieux évaluer leur portée grâce à une appro- La maîtrise de l’urbanisation che comparative. La coexistence de règles communautaires et autour des établis se ments industriels à risques nationales soulevant la question de la hiérarchie des normes, in Droit de l’aména gement, de l’urbanisme, les articles du projet de loi constitutionnelle sont examinés de l’habitat. 2004. au regard du principe de primauté du droit communautaire. Paris : Éditions du Moniteur, 2004, notes, réf. bibliogr., pp. 69-115 L’adoption de la charte de l’environnement devrait doter la Se proposant de commenter le projet de plan de prévention France du texte constitutionnel affirmant le plus nettement des risques naturels, l’auteur, dans une première partie, en Europe le droit fondamental à l’environnement sans pour analyse les législations successives depuis le début du XIXe autant faire naître de véritables risques d’excès contentieux siècle, démontrant qu’à toutes les époques, le droit a per- ou de conflits avec les normes communautaires. mis l’urbanisation autour des installations classées, mais IA P.272 aussi que les incohérences initiales du droit des installa- tions© classées n’ont IAU pas été réparées par le île-de-Francetransfert, jugé tar- Lutte contre les inondations : dif et maladroit, de cette responsabilité au droit de l’urba- le maire en première ligne. nisme. Considérant ensuite la question de l’urbanisation Journal des communes. (FRA). N° 2096, septembre 2004, autour des installations Seveso seuil haut, il examine tout photo. coul., pp. 20-25 d’abord le contenu du plan de prévention des risques tech- En France, 24 000 communes sont concernées par les risques nologiques (PPRT) dont il estime qu’il constitue un docu- d’inondation. Les changements climatiques seraient suscep- ment d’urbanisme, puis aux aspects concernant la maî- tibles d’augmenter les fréquences des pluies fortes hiverna- trise foncière des biens exposés aux dangers. les dans l’Ouest, la réduction des prairies et le développe- CDU 57971 ment des surfaces imperméabilisées, ainsi que l’extension

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 207 des constructions en zone inondable accentuent nettement les et d’autre part l’évaluation et la gestion des risques. Il estime dommages. Les maires sont en première ligne sur ces questions, qu’alors une telle intégration peut être considérée comme et un article rappelle la démarche en cinq phases préconisée gérable et nécessaire pour satisfaire les exigences de la SEA. par le ministère de l’Écologie et du Développement durable De plus, il souligne le rôle important de la planification spa- dans le cadre du projet local de prévention des risques natu- tiale comme l’un des principaux éléments de la directive rels : diagnos tic de risque, évaluation de la vulnérabilité des ainsi que de la gestion des risques à la fois naturels et tech- personnes et des biens, stratégie de développement, renou- nologiques. L’évaluation des risques peut, dans ce contexte, vellement urbain, actions de prévention et de correction. C’est être considérée comme un prérequis de la gestion des risques. dans l’esprit de ce dernier point que les différentes actions Il explique enfin l’importance de cette relation pour les présentées dans le dossier (communes de Poitiers, Saint- objectifs de politique et de législation de l’Union européenne. Pierre-des-Corps, Brive-la-Gaillarde, d’Ugine, d’Aimargues, CDU de La Ciotat, d’Achères) ont été réalisées. Le dossier dresse également la liste des principaux textes en vigueur. Loi n° 2003-699 du 30 juillet 2003 relative à la préven- CDU tion des risques technologiques et naturels et à la répara- tion des dommages. Risques technologiques et naturels. Journal Officiel. Lois et décrets. (FRA). N° 175, 31 juillet 2003, Édition juillet 2003. pp. 13021-13037 Paris : Les éditions des Journaux Officiels, 2004, tabl., graph., IA P.221 index, bibliogr., 446 p. Recueil du texte définitif, des textes préparatoires et des tex- Rapport annuel du délégué aux risques majeurs : tes législatifs connexes à jour des modifications induites par année 2002. l’adoption de la loi n° 2003-669 du 30 juillet 2003 relative Paris : ministère de l’Écologie et du Développement durable, à la prévention des risques technologiques et naturels. La loi 2003, graph., carte, tabl., ann., 19 p. présente les trois points suivants : la prise en compte des Après un état des catastrophes naturelles de l’année 2002, risques technologiques par l’amélioration des conditions le rapport indique les évolutions en matière de prévention de sécurité sur les sites de type «Seveso» et la maîtrise de l’ur- des risques naturels et met l’accent sur les voies de progrès ba nisation autour des sites dangereux, la prévention des possibles. risques naturels et en particulier des risques d’inondations IA 44969 par la mise en place de servitudes en vue de la rétention préventive des crues, le renforcement de l’information du Plans de prévention des risques naturels (PPR) : public sur les risques. L’ouvrage présente le contexte d’a- guide de la concertation entre l’État doption de la loi à travers des extraits des travaux prépara- et les collectivités territoriales. toires du Parlement, une sélection des réponses gouverne- Paris : La Documentation française, 2003, bibliogr., 64 p. mentales aux questions écrites des parlementaires et des Après avoir défini et replacé la concertation entre passages d’avis ou de documents publics se rapportant à l’État et les collectivités territoriales dans le contexte de l’é- différents aspects de la prévention des risques technolo- laboration du plan de prévention des risques naturels (PPR), giques et naturels ainsi qu’à la réparation des dommages. Un les différentes étapes de la concertation nécessaires à l’éla- index permet de croiser par thèmes les différents textes. boration des PPR sont présentées. Enfin, des principes, des CDU 58095 idées et des exemples sont rassemblés autour du thème de la concertation dans les procédures PPR. Risk assessment and management IA 45173 ; DRE 9690 as an important© tool for theIAU EU strategic île-de-France environmental assessment. Plans de prévention des risques naturels (PPR) : Disp. (CHE). N° 157, 2004, tabl., notes, bibliogr., pp. 11-17 risques d’inondation. L’auteur propose l’intégration de l’évaluation et de la gestion Recueil des mesures de prévention. de risques liés à des dangers dans l’Évaluation environne- Paris : La Documentation française, 2002, cartes, fig., photo., mentale stratégique (Strategic Environmen tal Assessment ann., bibliogr., 159 p. ou SEA) qui est entrée en vigueur par la directive 2001/42/EC Un ensemble d’exemples utiles pour l’élaboration des PPR de l’Union européenne. L’auteur met en évidence les simi- inondation et pour d’autres documents de mise en œuvre de litudes de procédure et de matériau entre d’une part la SEA la prévention comme les schémas de cohérence territoriale,

208 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 les schémas de secteurs, les plans locaux d’urbanisme, les actions présentées sont, pour la plupart, conduites en com- cartes communales et les permis de construire, est ras- plémentarité avec l’élaboration ou la mise en œuvre du semblé. Les mesures sont classées suivant huit champs opé- plan de prévention des risques naturels. rationnels de la prévention des inondations : gestion du IA T.9000 ruissellement et des écoulements, limitation des obstacles à l’écoulement des eaux, aménagement du lit majeur ou Le Projet local de prévention des risques champ d’inondation, mise hors d’eau des réseaux publics, naturels : l’initiative aux collectivités locales. organisation de l’assainissement pluvial, renforcement de Paris : ministère de l’Écologie et du Développement durable, la structure des bâtiments, aménagement et équipement 2003, photo., 18 p. des bâtiments, protection des zones urbanisées contre les Articuler, confronter la question des risques avec les stra- inondations. Les mesures sont présentées sous forme de tégies futures en matière d’aménagement et de développe- fiches d’une ou deux pages, complétées par un exemple ment, c’est l’objectif du projet local de prévention des choisi pour les illustrer. risques naturels. Cinq étapes jalonnent l’élaboration d’un IA 44756 ; DRE 9426 ; CTM 17060 projet local de prévention des risques naturels : le dia- gnostic sur le risque encouru, l’évaluation de la vulnérabi- Plans de prévention des risques naturels (PPR) : lité, l’identification d’une stratégie de développement ter- risques d’incendies de forêt. ritorial, l’établissement du projet local, la mise en œuvre du Guide méthodologique. projet. Des actions de prévention exemplaires réalisées par Paris : La Documentation française, 2002, cartes, schémas, différentes collectivités sont présentées. photo., fig., glossaire, bibliogr., 85 p. IA T.6901 Traitant spécifiquement du risque d’incendies de forêt, ce guide précise la méthode d’élaboration des plans de Plan de prévention des risques naturels (PPR). prévention des risques (PPR) relatifs à ce phénomène. Il Risques sismiques. s’articule autour de quatre chapitres : la présentation des Paris : La Documentation française, 2002, cartes, schémas, phénomènes naturels et du risque (facteur de prédispo- photo., fig., glossaire, bibliogr., 112 p. sition, éclosion des incendies, propagation des incendies, Les tremblements de terre sont parmi les catastrophes natu- conséquences des incendies de forêt), la protection contre rel les les plus dévastateurs. Pour réduire les risques, la régle- les incendies de forêt (politique de prévention et de lutte, mentation nationale définit des règles de construction à outils permettant la prise en compte des risques dans l’a- appliquer aux bâtiments neufs. Le PPR permet de préciser ménagement, raisons pour la prescription d’un PPR et localement cette réglementation, de prendre en compte le définition de ses territoires), la cartographie du risque risque dans l’aménagement et l’urbanisme et d’informer (aléas et enjeux), le dossier réglementaire (caractéristiques sur la nature du risque. Il intègre également les conséquen- du PPR, rapport de pré sentation, plan de zonage régle- ces de la réglemen tation nationale sur les choix d’implan- mentaire, règlement). tation dans l’espace urbain et s’attache à lui apporter une CDU 57524 réelle valeur ajoutée en la déclinant à l’échelle locale. Ce guide, conçu pour aider à l’élaboration des PPR, expose Prévention des risques naturels : pour chaque type d’aléas les méthodes et les moyens d’analyse l’expérience de dix collectivités locales. des phénomènes, de cartographie et d’évaluation des risques. FRANCE. AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE Il propose ensuite des méthodes afin d’établir le zonage ET DE L’ENVIRONNEMENT (MIN.) Paris : ministère réglementaire et définir les prescriptions qui s’y rattachent. de l’Écologie et du Développement durable, 2003 Dix expériences© deIAU communes particulièrement île-de-France innovan- Votre atout pour la prévention des risques tes en matière de prévention des risques naturels sont pré- naturels. Plan de prévention des risques naturels : sentées dans le but de valoriser l’action des collectivités une action concertée entre l’État locales et montrer leur capacité à s’engager dans des démar- et les collectivités locales. ches de prévention et aussi d’inciter d’autres communes à Paris : ministère de l’Écologie et du Développement durable, développer leur propre politique de prévention des risques 2001, cartes, photo., bibliogr., 16 p. naturels. Ces expériences ont un point commun : celui d’a- Après avoir montré que l’État et les communes ont une gir de manière globale pour intégrer les risques aux enjeux même volonté de prévention du risque naturel à travers le du développement territorial des communes concernées. Les plan de prévention des risques naturels, sont successivement

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 209 présentés : la démarche d’élaboration, les temps forts de la de la cartographie hydro géo morphologique et sur les divers procédure, l’essentiel du PPR en trois cartes, le règlement. types d’inondation (ruissel lement fluvial urbain, torrents, Enfin, des initiatives de collectivités locales visant à initier en zones fluvio-maritimes, par remontées de nappes), plu- la population aux risques et à réduire les dommages cau- sieurs textes de référence (circulaires), et des références sés aux personnes et aux biens sont évoquées. bibliographiques. IA T.6899 IA 41675; CDU 50952; DRE 8704; CTM 17091

DELATTRE, Amélie ; GARANCHER, Thomas ; POTHERAT, Pierre ; DORIDOT, Marius ; ROZENCWAJG, Claire ; TOURET, Thierry CHAHINE, Marianne FRANCE. MINISTÈRE DE L’AMENAGEMENT FRANCE. MINISTÈRE DE L’ÉQUIPEMENT. DU TERRITOIRE ET DE L’ENVIRONNEMENT LABORATOIRE CENTRAL DES PONTS JURISQUES, prévention des risques naturels : ET CHAUSSEES DE PARIS jurisprudence commentée. L’utilisation de la photo-interprétation Première édition, juillet 2000. dans l’établissement des plans de prévention SL : SN, juillet 2000, index, bibliogr., 266 p. des risques liés aux mouvements de terrain : Composé d’une série de six fiches, ce document aborde, guide technique. sans prétendre à l’exhaustivité, les principales théma- Paris : LCPC, février 1999, photo., schémas, tabl., 128 p. tiques concernées par la gestion des risques naturels Ce guide technique a été conçu pour livrer, aux géologues depuis l’information du public jusqu’à l’indemnisation des et aux techniciens chargés de l’élaboration des plans de catastrophes naturelles, en passant par l’aménagement prévention des risques naturels liés aux mouvements de et l’urbanisme, la police municipale, les mesures spéci- terrain, les informations propres à l’identification des fiques de prévention (expropriations, réglementations facteurs défavorables, nécessaires à l’établissement de la applicables à la prévention des inondations, des incendies cartographie des zones d’aléas. Certains passages seront de forêt...) et la responsabilité (civile, pénale et adminis- profitables aussi aux géologues responsables d’études trative). Seule exception, la fiche 3-2, intitulée «Police d’avant-projets routiers ou ferroviaires. Ce guide est spéciale des édifices menaçant ruine» ne traite pas, à pro- divisé en quatre parties : 1 - typologie des aléas relatifs prement parler, de la gestion des risques naturels. Les aux glissements de terrain, aux coulées boueuses, aux fiches se présentent sous la forme d’un triptyque regrou- chutes de blocs, aux effondrements de cavités souterrai- pant dans l’ordre : les textes applicables ; la jurispru- nes, d’origine naturelle ou anthropique, en passant par dence ; des commentaires. les modifications du trait de cote et la tenue des berges DCN 1-749(1) ; CTM 16709 ; CDU 58486 de rivières ; 2 - le rayonnement électromagnétique et les différents documents utilisés en photo-interprétation, Plans de prévention des risques naturels (PPR). 3 - l’uti lisation des photographies aériennes à axe verti- Risques d’inondation. Guide méthodologique. cal, des études de cas de mouvements de terrain sous Paris : La Documentation française, 1999, ann., index., ill., forme de fiches ; 4 -les photographies aériennes à axe cartes, bibliogr., 123 p. oblique, complémentaires aux photographies aériennes Ce guide entre dans le cadre de l’élaboration des PPR conventionnelles. (plans de prévention des risques). Il a été préparé avec la DCN 72-287 Direction de l’eau et est consacré spécifiquement aux inon- dations (PPRI). Après une présentation du contexte, de la Plans de prévention des risques naturels (PPR) : nouvelle politique de prévention et des principes géné- risques de mouvements de terrain. raux des PPRI, il© explicite lesIAU méthodes d’analyse desîle-de-France phé- Guide méthodologique. nomènes (prin cipales composantes du risque d’inon dation, Paris : La Documentation française, 1999, cartes, fig., tabl., inondations lentes, rapides ou par ruissellement urbain, ou bibliogr., 71 p. autres, phéno mènes retenus dans les PPRI), les méthodes Le guide expose les méthodes et moyens d’analyse des phé- de cartographie des aléas, les méthodes d’évaluation des nomènes naturels, de cartographie des aléas et d’évalua- enjeux. Il propose une démarche pour établir le zonage tion des enjeux et propose des recommandations pour éta- réglementaire et définir les prescriptions qui s’y rattachent blir le zonage et les prescriptions réglementaires. (mesures d’évacuation, de sauvegarde, etc.). Le guide IA 40978 ; CDU 50951 ; DRE 8705 ; CTM 17092 contient en annexe des éléments plus précis sur les apports

210 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Plans de prévention des risques naturels le gouvernement à renforcer la politique de prévention des prévisibles (PPR). Guide général. risques naturels prévisibles (PPR). Élaboré par la Direction Paris : La Documentation française, 1997, ann., cartes, de l’aménagement foncier et la Direction de la prévention glossaire, bibliogr., 76 p. des pollutions et des risques, ce guide devrait permettre Présentation du plan de prévention des risques et des condi- de répondre aux nombreuses questions pouvant se poser. tions dans lesquelles il doit être réalisé, tant sur le plan Conçu dans un premier temps pour aider les services décon- technique que réglementaire. L’ouvrage est divisé en six centrés de l’État à réaliser les PPR, il s’adresse également aux chapitres qui décrivent successivement : le contexte qui a bureaux d’études techniques et aux collectivités locales. présidé à la naissance du PPR et la place qu’il occupe dans CDU 33291 ; IA 37722 le nouveau dispositif de prévention des risques ; les spéci- ficités de l’outil, sa procédure de mise en œuvre et les piè- GARRY, Gérald ; MASSON, Marcel ; BALLAIS, Jean-Louis ces du dossier ; les conditions de l’insertion des PPR dans Cartographie des zones inondables. une politique locale de prévention ; les phases successives Approche hydrogéomorphologique. de l’élaboration du plan et les mesures qu’il prescrit ; les obli- Paris-La-Défense, villes et territoires, 1996, photo., fig., gations et les responsabilités induites par le PPR : les pro- glossaire, bibliogr., cartes, 100 p. cédures abrogées par le PPR et leur devenir. Les annexes L’hydrogéomorphologie, c’est-à-dire l’histoire géologique comprennent des textes juridiques, des éléments de termi- des vallées et des plaines alluviales, permet de développer nologie et quelques indications sur les fonds de plan et sur une méthode de prévention des inondations, fondée sur la cartographie. l’identification et la délimitation des zones inondables. IA 38786 ; CDU 36078 ; CTM 15052 ; EPC NS20786 ; DRE 7945 Dans un premier temps, un rappel des fondements scien- tifiques de l’hydrogéomorphologie est présenté : fonction- Plans de prévention des risques littoraux (PPR). nement des bassins versants, organisation générale d’une Guide méthodologique. vallée, organisation et fonctionnement des plaines alluvia- Paris : La Documentation française, 1997, tabl., cartes, fig., les. À partir de cette approche théorique, les caractéristiques photo., glossaire, bibliogr., 54 p. des zones inondables sont analysées, en fonction de fac- Guide méthodologique pour l’élaboration d’un plan de teurs généraux (morphologie, sédimentologie, occupation prévention des risques (PPR) littoral. Le chapitre 1 décrit des sols), de facteurs particuliers (variables naturelles ou les diverses notions techniques associées aux phénomènes issues de modifications apportées par l’homme au pay- et aux risques littoraux : recul du trait de cote, submer- sage) et de la relation entre hydrogéomorphologie et hydro- sions marines, avancées dunaires et bassins de risques lit- logie. Enfin, la méthode est explicitée : description des toraux. Le chapitre 2 explicite la méthode d’analyse et de outils nécessaires au recueil des données, développement de cartographie des risques, qui comprend : la définition du l’analyse par entité géographique et présentation d’études périmètre d’étude ; la connaissance des phénomènes natu- de cas rédigées à partir d’expérimentations menées dans plu- rels ; la qualification et la cartographie des aléas ; l’évalua- sieurs communes du sud-est de la France. tion des enjeux. Le chapitre 3 présente la conception pro- CDU 33291 ; IA 37722 prement dite du dossier du PPR régional : principales caractéristiques ; rédaction de la note de présentation ; éla- boration du plan de zonage réglementaire ; dispositions réglementaires diverses. CDU 36268 Des réflexions pour l’action

Plans© de prévention IAU des risques naturelsîle-de-FranceDUBOIS-MAURY, Jocelyne (dir.) prévisibles (PPR). Guide général. Les risques naturels et technologiques. Paris : La Documentation française, 1997, tabl., cartes, fig., Problèmes politiques et sociaux. (FRA). N° 908, janvier 2005, photo., glossaire, bibliogr., 78 p. tabl., bibliogr., 120 p. Près d’une commune française sur deux est susceptible Les diverses contributions sont regroupées en quatre gran- d’être affectée par des risques naturels. Les conséquences des des parties qui traitent respectivement des risques, enjeux catastrophes survenues depuis les inondations de l’été 1992 de société, des risques naturels et des vulnérabilités terri- et le constat d’un accroissement de la vulnérabilité en dépit toriales, des impacts diversifiés des risques technologiques de la mise en place de dispositifs réglementaires ont conduit et des politiques publiques de prévention et de précaution.

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 211 La première aborde les menaces que font peser les risques sur les ségrégations sociospatiales dans les aménagements sur les sociétés contemporaines, les approches spatiales de de Quito en prévention des coulées de boues et des inon- la catastrophe et les impacts sanitaires des risques tech- dations, sur le pouvoir détenu par l’entreprise pétrolière nologiques. La seconde porte sur les risques naturels que Petrobras et les conflits autour des nombreux incidents et sont les inondations, la sécheresse, les séismes et les cyclo- accidents polluants qu’elle a connus, sur l’engagement et nes, les incendies de forêt. La troisième traite des mena- l’action de volontaires au Japon après le séisme de Kobe, sur ces des industries pour la ville, de la pollution des littoraux les perceptions des risques de crues par des riverains de et de la difficile élimination des déchets industriels et deux rivières de l’agglomération lyonnaise, sur l’hégémo- urbains. Enfin, la quatrième évoque les évolutions du nie de la Cogema à La Hague, sur l’effet de la multiplica- droit, les acteurs de la prévention, les atouts et les limites tion des risques sur la société, sur l’évolution des compor- des réponses techniques aux aléas et la question du prin- tements individuels pour ne pas produire d’accidents cipe de précaution. (notamment sur le chemin de l’école), sur les comporte- IA 46002 ments individuels dans les ensembles résidentiels fermés en France, sur l’attitude des municipalités américaines face à RYCHEN, Frédéric (dir.) ; PIVOT, Catherine (dir.) la délinquance, sur les problèmes posés par la prostitution La gestion des risques à l’horizon 2020. pour les riverains et la demande de sécurité civile. La Tour d’Aigues : l’Aube ; Paris : Datar, 2004, fig., tabl., IA P.70 ; CDU bibliogr., 195 p. Les modes de gestion des risques sur lesquels s’appuient les Réponse aux dangers naturels scénarios présentés sont construits autour d’une hypothèse = Umgang mit Naturgefahren. de structuration de l’action collective face aux risques et donc Anthos. (CHE). N° 3, 2004, photo., dessins, cartes, fig., notes, autour d’une modalité de partage des risques. Cette moda- réf. bibliogr., pp. 4-58 lité de gestion se caractérise dans chaque cas par un contexte Les articles de ce numéro consacré aux mesures de pré- politique, économique, sociétal et environnemental dans vention et de protection contre les risques naturels en lequel s’inscrivent les stratégies des acteurs. Les scénarios Suisse, principalement en montagne, mais aussi dans d’au- sont construits autour d’histoires de risques permettant d’ap- tres pays, évoquent l’organisation de la plate-forme préhender différents futurs possibles pour la gouvernance «Dangers naturels» PLANAT par le Conseil fédéral pour locale. Une fois les scénarios posés, les dynamiques sont abor- développer une gestion intégrée des risques, une initiative dées. Cette analyse de la stabilité des scénarios et des possi- transfrontalière entre l’Allemagne et le Luxembourg pour bles transitions permet d’identifier les caractéristiques struc- l’amélioration de la rétention naturelle et la mise en valeur turelles des systèmes de gestion des risques ainsi que leur des zones alluviales du bassin versant de la Sûre, exposent robustesse. La troisième partie met en perspective, par une des réflexions sur l’importance de divers aspects de l’amé- analyse transversale, les différents principes présents dans nagement du territoire et du paysage pour la prévention chacun des scénarios qui peuvent être considérés comme des contre les inondations (notamment à la lumière des consé- principes pouvant guider à la constitution du cœur d’un sys- quences des inondations qu’a connues l’Allemagne en tème adaptateur de gestion des risques. 2002), les mesures d’aménagement envisagées le long de la IA 45209 Goldach (dans l’Appenzell) après les crues de 2002, les mesures techniques (filets par exemple) et de génie biolo- Apprivoiser les catastrophes. gique (végétation, couverture végétale) prises pour la pro- Annales de la recherche urbaine. (FRA). N° 95, juin 2004, tection contre les chutes de pierres au col de la Flüela, les photo., ill., fig., notes, bibliogr., pp. 3-133 réalisations préventives contre les avalanches ou les ébou- Consacrés aux risques© naturels IAU ou industriels, les articles île-de-France de lements à Pontresina, des commentaires sur les dynamiques ce numéro abordent cette problématique à travers des naturelles des sites naturels ou laissés à l’abandon, sur les réflexions de chercheurs sur le rôle des autorités centrales conséquences parfois dangereuses pour l’écosystème de et locales et des habitants ou riverains, sur les modalités l’apparition de certaines espèces animales ou végétales de gouvernance, sur les dispositifs d’information et la repré- inoffensives sur leur continent d’origine, sur les aména- sentation du risque, sur la place d’une industrie chimique gements de l’espace public à Brigue après les inondations dans une commune, sur un monument commémoratif de 1993, sur les conséquences sur certains plans positives aux victimes de l’incendie du «5/7», sur la signification de de la tempête de 1999 qui avait dévasté le Rieterpark à l’introduction du principe de précaution par les chercheurs, Zurich, sur le devenir touristique des petits domaines

212 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 skiables situés en basse altitude du fait du réchauffement L’aménagement du territoire face aux risques. climatique, sur les évolutions du paysage liées au change- Territoires 2020. (FRA). N° 9, décembre 2003, fig., cartes, ment de priorité dans la politique agricole, forestière et photo., tabl., bibliogr., 80 p. régionale. Confrontés à la montée de la demande sociale, les pou- CDU voirs publics sont placés devant une quasi-obligation d’as- surer la prévention de tous les risques et la réparation des Risque et société : évolutions et nouvelles catastrophes. Un grand nombre de risques sont localisés ce approches. 4e colloque international qui nécessite une démarche de développement durable du de la prévention des risques. territoire. L’approche territoriale n’est pas une obligation Niort : CEPR, 2004, graph., fig., photo., bibliogr., 301 p. juridique en termes de réparations mais devient indispen- Les communications sont organisées autour de trois tables sable pour la prévention. Comment passer d’une attitude rondes. La première est consacrée au savoir et à l’expertise réactive à une attitude proactive, de la gestion à la préven- qui s’exercent dans le cadre des activités dites à risques tion systématique du risque localisé ? Quelle place doit émergents et présente l’état de la science : de l’identification prendre la concertation avec la population locale ? C’est à l’évaluation du risque émergent. Le débat de la seconde sur ces deux questions que les différentes études fournis- montre que la pression d’une opinion en quête d’image et sent un éclairage. d’information choc modifie le message premier des scien- IA P.698 tifiques en l’amplifiant souvent et le brouillant parfois. C’est le niveau d’acceptabilité sociale du risque qui a évo- COUPECHOUX, Patrick lué et qui pousse à qualifier d’émergents des risques anciens Crue du siècle : Paris coule-t-il ? et bien connus. Enfin, la troisième montre que de nouvel- Entre les lignes. (FRA). N° 128, février-mars 2003, photo., les formes de décision sont à mettre en place, la responsa- pp. 12-19 bilité des acteurs, tant privés que publics, impliquant de Une crue semblable à celle de 1910 devrait avoir lieu à Paris nouvelles régulations. et en Île-de-France dans les prochaines années. La mission IA 45713 Crue de la RATP a élaboré un plan de protection (PPRI) mis en place selon un scénario très précis : protection des sites Risque, territoire et longue durée : à risques (métro, installations électriques...), évacuation vers une «société du risque» ? des hôpitaux, mises à l’abri des œuvres d’art. Annales de la recherche urbaine. (FRA). N° 95, juin 2004, IA P.176 photo., ill., notes, bibliogr., pp. 19-25 En s’appuyant sur plusieurs recherches empiriques asso- LOLIVE, Jacques ciant autour d’un même objet (le risque) différentes dis- Configurations, prises et positions. ciplines des sciences humaines et sociales (anthropolo- Annales de la recherche urbaine. (FRA). N° 95, juin 2004, gie, géographie sociale), en ayant porté une attention photo., notes, bibliogr., pp. 7-14 particulière aux actes et paroles des divers acteurs, insti- En faisant parfois référence à la crue du Var de novembre tutionnels ou non (habitants, riverains, etc.) et en pre- 1994 ou les risques associés à la présence d’une station d’un nant en compte la dimension territoriale, les auteurs com- équipement de traitement des boues de station d’épuration, mentent tout d’abord quelques résultats d’une analyse l’auteur développe un point de vue sur le risque en consi- des risques territorialisée (les risques territorialisés sont des dérant celui-ci comme provenant de l’instabilité des cho- risques localisés de façon statique sur une aire relativement ses et des systèmes qui engagent la vie humaine. Il observe définie) en s’intéressant à la perception et à l’action des que la perception du danger ne porte pas tant sur les pro- riverains© de la sourceIAU de danger, puis àîle-de-France la position et à priétés en soi de l’objet de la menace que sur les prises qu’il l’action des gestionnaires du risque, analysant dans les offre à l’imagination et à la raison, ces prises constituant deux cas la représentation du risque. Puis, faisant réfé- autant de propositions pratiques où s’enchevêtrent des rence à d’autres travaux, ils interrogent le travail de recher- mobilisations politiques, des recherches scientifiques et des che, commentent l’usage des catastrophes majeures par la dispositifs de mise en confiance. sociologie du risque, soulignent le faible intérêt porté à la IA P.70 ; CDU diversité des situations locales par les promoteurs de cette sociologie du risque. IA P.70 ; CDU

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 213 La prise en compte des risques : FAYTRE, Ludovic La prise en compte des risques majeurs diversité des échelles d’actions dans l’aménagement de l’Île-de-France. Note rapide sur l’environnement. (FRA). N° 356, juin 2004, LARDUELLE, Elise (dir.) ; RENGIFO, Véronique (dir.) ISTED cartes, photo., bibliogr., 6 p. Systèmes d’information géographique La densité urbaine, l’importance des biens, la valeur patri- et gestion des risques = Geographic information moniale, la complexité du fonctionnement de l’agglomé- systems and disaster management. ration rendent l’Île-de-France particulièrement sensible Ouvrage réalisé dans la perspective de la IIe conférence aux risques naturels et technologiques. C’est d’abord la mondiale sur la réduction des risques à Kobé du 18 au sécurité des personnes mais aussi les biens, les infrastruc- 22 janvier 2005 tures, l’activité économique et l’environnement qui sont Paris-La-Défense : ISTED, 2005, tabl., cartes, fig., 101 p. menacés. La prise en compte de ces risques dits «majeurs» Par la présentation d’applications concrètes et opéra- dans la politique d’aménagement et de mise en valeur du tionnelles qui mettent en valeur les partenariats déve- territoire apparaît comme une priorité. loppés, les avantages que peuvent apporter les systèmes IA P.246bis d’information géographique à la gestion des risques sont mis en évidence. Par leur capacité d’analyse multicritè- FAYTRE, Ludovic res, les systèmes d’information géographique permet- L’urbanisation face au risque inondation. tent d’appréhender un territoire dans ses dimensions Cahiers de l’IAURIF. Supplément habitat. (FRA). N° 37, juin physiques, sociales, administratives, économiques et envi- 2004, cartes, tabl., photo., pp. 20-29 ronnementales à l’aide de bases de données et de pro- Même si l’Île-de-France n’a pas connu de crue majeure duction de cartes. Les SIG sont devenus des outils de ges- depuis 1955, elle n’est pas à l’abri d’un tel événement. La tion incontournables et des instruments privilégiés d’aide présence de près de la moitié de la population inondable à la décision et à la communication. française, la densité de l’urbanisation, l’importance des IA T.6912 biens exposés, les conséquences possibles sur le fonction- nement de l’ensemble de l’agglomération en font un enjeu Décret n° 2005-134 du 15 février 2005 relatif à l’infor- à l’échelle nationale. mation des acquéreurs et des locataires de biens immobi- IA P.117bis ; CDU liers sur les risques naturels et techno logiques majeurs. IA P.221 NASCIMENTO, Iuli ; ACERBI, Christine L’environnement en Île-de-France. Mémento 2003. DUCHENE, François ; MOREL-JOURNEL, Christelle Paris : IAURIF, 2004.- 135 p., cartes, photo., tabl., graph. L’expérience de la crue : L’objectif de ce mémento est de présenter un état synthé- comment redonner sens à son lieu de vie. tique de l’environnement en Île-de-France, sous forme de Annales de la recherche urbaine. (FRA). N° 95, juin 2004, chiffres-clés et de cartes concises. photo., notes, bibliogr., pp. 71-77 IA 45661 ; DRE 9741 Les auteurs analysent et commentent les discours des rive- rains de zones identifiées comme inondables dans les PPR VEYRET, Yvette ; VIGNEAU, Jean-Pierre régissant l’Yzeron et le Ravin, deux cours d’eau présentant Risques et développement durable. des crues respectivement assez fréquentes depuis les années Historiens et géographes. (FRA). N° 387, juillet 2004, 1980 et ponctuellement fortes. Ils observent que les crues, bibliogr., pp. 241-248 vécues ou imaginées,© passées IAUou potentielles, génèrent île-de-France chez Proposant une analyse des relations entre risque et déve- les riverains des discours complexes, façonnés par des inter- loppement durable, les auteurs identifient une période prétations qui n’apparaissent que rarement figées. Elles d’omniprésence du risque (géopolitique, nucléaire) à par- sont au contraire suffisamment mobiles et réactives pour tir des années 1960 jusqu’aux années 1980, puis commen- intégrer sans cesse de nouveaux éléments d’ordre tech- tent l’émergence de la notion de développement durable en nique ou rhétorique (ou les deux) à caractère collectif ou remarquant comment elle vient répondre à la notion de individuel (ou les deux). Le risque que la crue sous-tend agit risque. Avec des propos parfois critiques, ils observent com- effectivement comme une représentation. ment le risque peut être manipulé ou mis en scène pour IA P.70 ; CDU assurer le succès du développement durable. Puis, ils notent

214 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 les pratiques d’intégration du risque dans les politiques de FAYTRE, Ludovic développement durable (le risque d’inondation dans la L’aménagement de l’Île-de-France politique de ville durable de certaines villes, le risque dans à l’épreuve des risques majeurs. la loi SRU, le PLU et le SCOT, le risque dans les Agenda Cahiers de l’IAURIF. (FRA). N° 138, troisième trim. 2003, 21) et commentent la variété des principes qui entourent cartes, graph., photo., pp. 14-33 cette intégration du risque (écotaxes, mécanismes de com- En Île-de-France, la densité de l’urbanisation, l’importance pensation, principe de précaution, etc.). des biens exposés, l’intérêt des milieux naturels, les consé- CDU quences possibles sur le fonctionnement de l’ensemble de l’agglomération rendent particulièrement sensible et VEYRET, Yvette ; GARRY, Gérald ; nécessaire la prise en compte des risques majeurs dans la MESCHINET DE RICHEMOND Nancy politique d’aménagement et de mise en valeur du terri- Risques naturels et aménagement en Europe. toire. Les inondations par débordements sont le princi- Paris : Armand Colin, 2004, tabl., cartes, bibliogr., 255 p. pal risque naturel de la région menaçant environ un tiers Le colloque international a pour objectif de convier cher- des communes. À côté de ces phénomènes de grande cheurs, aménageurs et décideurs à réfléchir ensemble ampleur, certains territoires peuvent être affectés plus aux pratiques gestionnaires en cours et à s’interroger sur localement par des inondations par ruissellement plu- la prévention des risques, élément fondamental de la vial et remontée de nappe, des mouvements de terrain... gestion. Dans un premier temps, la politique de préven- Enfin, la présence de grands sites industriels et les flux éle- tion en France ainsi que des points précis comme la car- vés de matières dangereuses exposent potentiellement to graphie et la vulnérabilité sont abordés. Dans un second l’Île-de-France à des risques technologiques majeurs. temps, la gestion des risques dans les politiques d’amé- L’augmentation du niveau de risque peut être liée soit à nagement des pays européens autres que la France est l’aggravation de l’aléa et cela semble être le cas pour les examinée en distinguant trois groupes de pays. Le pre- aléas naturels, soit à l’aggravation des enjeux et ici nous mier groupe se compose de l’Angleterre et de la Suisse avons affaire à un accroissement considérable de la valeur dans lesquels la prévention est développée, le second des biens exposés et à une vulnérabilité accrue. Cependant, comprend l’Italie, la Grèce et le Portugal, pays où la ges- en matière de risques technologiques, des évolutions tion de crise prévaut sur celle des risques mais où une réglementaires positives sont constatées comme la baisse législation récente concernant la prévention des risques du nombre d’établissements à haut risque. Naturels ou a commencé à naître. Enfin, le troisième groupe, la technologiques, les risques majeurs se traduisent pour Hongrie, la Roumanie et en partie l’Espagne traitent la les collectivités par des coûts très lourds en termes de crise mais disposent de réglementations plus ou moins prévention comme de réparation des dommages. La prise complexes pour une gestion du risque. Enfin, dans un en compte des risques majeurs dans les documents d’a- troisième temps, des réflexions pour une culture euro- ménagement et d’urbanisme en Île-de-France est exa- péenne du risque sont proposées. minée : SDRIF de 1994 (prise en compte insuffisante), IA 45998 schéma de service collectif des espaces naturels et ruraux, plans de prévention des risques (plus de la moitié des Inondations récentes : quelques éclairages. communes franciliennes sont déjà couvertes). La place de Données de l’environnement. (FRA). N° 92, juillet 2004, la collectivité régionale dans la prévention des risques cartes, tabl., graph., bibliogr., 4 p. majeurs est discutée. La répétition d’inondations graves en France depuis le IA P.117 ; CDU début des années 1990 paraît liée à plusieurs facteurs, dont l’importance© varieIAU selon les régions. Les île-de-Francechangements cli- GUILLON, Anne matiques seraient susceptibles d’augmenter la fréquence des Le risque d’inondation pluies fortes hivernales dans l’Ouest ; la réduction des par débordement de rivière. prairies et le développement des surfaces imperméabilisées Cahiers de l’IAURIF. (FRA). N° 138, troisième trim. 2003, jouent par endroits un rôle important. L’extension des cartes, fig., graph., photo., pp. 48-63 (Les risques majeurs constructions en zone inondable accentue nettement les en Île-de-France : connaître pour mieux maîtriser) dommages. La réglementation se renforce pour limiter ou Les récentes inondations catastrophiques en France et en compenser ces risques. Europe centrale ont rappelé de façon insistante l’actualité IA P.604 du risque de crues majeures. Or le risque d’inon dation est

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 215 le principal risque naturel auquel est exposée la région MASTELLI, Géraldine ; BLANC, Marlène ; d’Île-de-France qui comprend près de la moitié de la popu- DEBACQ, Laurence lation inondable de France. Prise en compte des risques d’inondation Même si la conscience du risque a grandi avec la répétition dans le schéma de cohérence territoriale d’épisodes de crues, il est nécessaire de faire le point sur la de la région de Strasbourg. Guide pratique réalité et la connaissance du risque et de ses conséquences du risque d’inondation ; Phase 1 : diagnostic ; en Île-de-France. Les actions menées et à mener en matière Phase 2 : valorisation des zones inondables. d’information, de prévention, de protection et de prévi- Strasbourg : ADEUS, 2002, cartes, tabl., ann., bibliogr., sion des risques d’inondation font appel à de multiples 70 + 83 + 82 p. acteurs : État, collectivités, services publics, entreprises, Ce guide dresse un bilan des connaissances en matière de citoyens. risque d’inondation sur les cours d’eau du schéma de cohé- IA P.117 ; CDU rence territoriale de la région de Strasbourg ainsi que des différentes procédures, réglementaires ou non, proposant LE SCORNET, Laure un zonage du risque connu, en expliquant leurs caracté- Carrières souterraines : danger, effondrement. ristiques. La phase 1 de l’étude permet de préciser les péri- Particulier immobilier. (FRA). N° 183, janvier 2003, carte, mètres de risques d’inondation, de cerner les implications fig., photo., pp. 20-29 des évolutions constatées à l’échelle du schéma de cohérence Près de 5 000 communes en France reposent sur des terrains territoriale et de peser sur les enjeux ayant pour cadre la périlleux. Carrières, mines ou marnières risquent de s’ef- vocation de ces espaces. La phase 2 a pour objectif d’inté- fondrer entraînant avec elles les personnes et les habita- grer les zones à risques d’inondation dans l’aménagement tions. Pour prévenir le risque, s’informer, trouver des remè- et de les valoriser par un traitement adapté en faisant émer- des à ce fléau, des réponses sont apportées. ger une stratégie globale d’aménagement du territoire pour IA P.301 ; CDU le schéma de cohérence territoriale de la région de Strasbourg. SPOLIANSKY, Dimitri IA 45906(1-3) ; ADEUS (01 66 ENV2 - 01 66 ENV1 - 03 24 ENV3) La gestion des risques liés aux anciennes carrières et aux cavités naturelles en région AMBROISE-RENDU, Marc parisienne. 1910, Paris inondé. Cahiers de l’IAURIF. (FRA). N° 138, troisième trim. 2003, Paris : éd. Hervas, 1997, photo., bibliogr., 110 p. fig., cartes, photo., pp. 82-91 Ce livre propose le récit de la catastrophe qui a paralysé Pour mieux gérer les risques liés au sous-sol, de nombreu- la capitale durant l’hiver 1910, illustré par les clichés de ses communes de la région d’Île-de-France ont recours aux l’événement et de ses conséquences. inspections générales des carrières. Ces services spéciali- DRE 8141 ; CDU 55792 sés permettent de mieux connaître les risques, d’adapter les constructions au sous-sol et parfois de faire des travaux dans le domaine public. Ils maintiennent une importante documentation cartographique, relaient l’information, contrôlent l’application de la réglementation en matière de construction et assurent la maîtrise d’œuvre de la conso- lidation des terrains publics sous-minés. Un état des lieux du sous-sol francilien est présenté ainsi que les risques et les mesures de prévention.© IAU île-de-France IA P.117 ; CDU

216 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Biblio brèves

L’aménagement de la région parisienne ouvrage donne également des bases communes aux diffé- (1961-1969). rents acteurs de la recherche géotechnique – ingénieurs Le témoignage de Paul Delouvrier. civils et de l’environnement, géologues et architectes – per- Presses Ponts et Chaussées, 2005, 220 p. mettant ainsi de favoriser une meilleure interaction entre eux. Cet ouvrage présente deux témoignages exceptionnels sur l’aménagement de la région parisienne tel qu’il fut engagé Frédéric CARLUER dans les années soixante : (a) celui, très libre et particuliè- Pouvoir économique et espace. rement éclairant de Paul Delouvrier, qui en fut le principal Analyses de la divergence régionale. acteur. Il y détaille son action et celle de son équipe, de 1961 Éditions l’Harmattan, 2005, 431 p., 34 € à 1969, à la tête de ce qui devint la région parisienne : mise Cet ouvrage analyse les formes et les effets du pouvoir spa- en place du «district», élaboration du Schéma directeur, tio-économique. D’un point de vue théorique, cette analyse naissance des villes nouvelles, réforme administrative, choix multidisciplinaire débouche alors sur une nouvelle for- des hommes et des outils, insertion dans le système de mulation de la polarisation spatio-productive, entendue l’État et des collectivités locales, «grandes batailles» pour comme la dynamique des rapports de puissance entre convaincre des orientations définies et assurer leur mise en acteurs et territoires inégalement dotés et aux stratégies œuvre concrète en dépit des multiples centres de décision différenciées. concernés… ; (b) celui, plus bref, de Michel Debré, Premier D’un point du vue empirique, la dynamique des régions et ministre au moment du premier pas que fut, en 1961, la loi des systèmes productifs français et européen est étudiée. créant le District de la région parisienne et la nomination, Tout d’abord, les régions et secteurs moteurs sont mis en à sa tête, de Paul Delouvrier. Il s’y exprime sur sa vision de évidence sur moyenne période (1980-96) à partir d’une Paris et sur les réformes qu’il a souhaitées ou réalisées. Ces analyse multi critère avant qu’une analyse économétrique témoignages, recueillis en 1984, sous forme d’interviews ne clarifie les processus endogènes à l’origine de la conver- filmées, par Bernard Hirsch, premier directeur de la ville gence des productivités du travail au niveau agrégé et de leur nouvelle de Cergy-Pontoise et, à l’époque, directeur de divergence au niveau sectoriel (en particulier pour l’in- l’École nationale des ponts et chaussées, constituent des dustrie) et au niveau local. éléments historiques d’un intérêt majeur ; ils apportent, en Cet ouvrage très complet fournit les éléments fondamen- particulier, une contribution essentielle à la compréhen- taux de l’économie industrielle spatiale actuelle et confronte sion des problèmes et évolutions d’aujourd’hui. les principaux résultats empiriques à de nouvelles appli- cations originales. Roberto NOVA Fondements de la mécanique des sols. Marie CHARVET Éditions Lavoisier, 2005, 432 p., 60 € Les fortifications de Paris. La connaissance du comportement de la mécanique des De l’hygiénisme à l’urbanisme, 1880-1919. sols est un élément essentiel pour prévoir les déplacements Presses universitaires de Rennes, 2005, 312 p., 20 € et les© actions internes IAU de toute construction. île-de-France La mécanique Construite sous Louis-Philippe, la dernière enceinte for- des sols est une discipline fondamentale de l’ingénierie géo- tifiée de Paris voit son existence remise en question dès technique. Cette branche de l’ingénierie civile s’intéresse les années 1880. L’enceinte apparaît ainsi comme un lieu en particulier à l’interaction entre les sols et les structures privilégié pour observer les transformations des repré- en prenant en compte la conception et la construction de tra- sentations et des savoirs sur la ville : du souci hygiéniste vaux civils, environnementaux et industriels. Ce livre d’ap- d’offrir de l’espace aux Parisiens en récupérant les terrains pa rence théorique a pourtant une portée bien pratique, militaires et en levant l’obstacle s’opposant à la croissance celle de donner au lecteur des moyens adéquats pour pla- de la capitale, on passe à la volonté de procéder sur l’en- nifier correc tement des projets d’études géotechniques. Cet ceinte à une expérience d’«aménagement rationnel des

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 217 villes» ou, autrement dit, de mettre en œuvre les précep- est due aux échanges de savoir-faire qu’elles permettent tes de l’urbanisme. Les affrontements autour du sort des d’établir entre les hommes. Enfin, l’accès aux espaces natu- fortifications présentent un autre intérêt : ils contribuent rels est en progression constante et les nuisances en ville à éclairer le rôle joué par les «gens du monde», esthètes par- décroissent rapidement. tisans de la préservation des sites, sportifs et touristes, dans Dans ce livre engagé et riche d’anecdotes, l’auteur combat l’apparition de l’urbanisme. Ils témoignent aussi de la toutes les idées reçues sur l’environnement, les transports façon dont les principes de l’«aménagement rationnel des et la qualité de la vie. villes» se diffusent chez les édiles parisiens. Pascal LE GAUFFRE, Claude JOANNIS, Denise SILBER Denys BREYSSE, Claire GIBELLO, Hôpital. Le modèle invisible. Jean-Jacques DESMULLIEZ Institut Montaigne, 2005, 81 p., 10 € Gestion patrimoniale des réseaux Quand on dit «hôpital», on pense immédiatement à un d’assainissement urbains. établissement public ; et si l’on parle d’établissement privé, Éditions Tec&Doc, 2005, 428 p., 110 € on songe implicitement à une clinique dont la vocation est Cet ouvrage a été élaboré dans le cadre du projet national de générer des profits. Or cette vision binaire du monde RERAU (Réhabilitation des réseaux d’assainissement hospitalier est erronée. Il existe en effet en France un troi- urbains), par un collectif réunissant chercheurs, experts et sième modèle d’organisation : les hôpitaux privés à but praticiens des collectivités. Prolongeant les deux tomes du non lucratif (PNL). Tantôt hôpitaux ou cliniques, ils allient guide technique sur la restructuration des collecteurs visi- à la fois gestion privée, service public et absence de profits. tables, ce guide est plus particulièrement consacré à la ges- Dans cette note de l’Institut Montaigne, l’auteur plaide tion du patrimoine non visitable. Observer et évaluer un pour la reconnaissance en France de l’hôpital privé à but non réseau, prévoir son évolution, enrichir et fiabiliser ses don- lucratif et pour le rétablissement de l’égalité des chances nées et ses modèles, définir les actions de réhabilitation à entre le public, le privé et le privé non lucratif. Elle for- mener, constituent des volets indispensables et complé- mule sept propositions concrètes. La plus originale : auto- mentaires d’une gestion patrimoniale. S’appuyant sur l’ex- riser tous les établissements qui le désirent à se transformer ploitation de sources d’informations multiples, Gestion en PNL. patrimoniale des réseaux d’assainissement urbains propose aux gestionnaires des éléments méthodologiques fiables et Frédérique DE GRAVELAINE adaptables pour les aborder. Il leur permet de valoriser Penser la ville heureuse. Renzo Piano. l’ensemble des informations disponibles sur leur réseau Éditions de la DGUHC, 2005, 143 p., 15 € pour rationaliser la programmation des inspections et des Penser la ville heureuse à l’heure où elle est promise aux pires travaux, et orienter le développement de bases de données destinées, tel est l’enjeu magnifique et néanmoins réaliste urbaines adaptées à une gestion durable des réseaux d’as- que prône cet ouvrage, au travers des propos et des œuvres sainissement. Tous les outils indispensables à la gestion d’un grand architecte, Renzo Piano. Un temps plus long patrimoniale sont présentés : (a) indicateurs de perfor- est consacré à la Cité internationale de Lyon, qui illustre bien mance et critères de décision pour la programmation des le rôle du portage politique et d’une maîtrise d’ouvrage investigations et des actions de réhabilitation ; (b) princi- compétente, mobilisée dans la durée pour transformer une pes de construction et d’uti lisation de modèles de vieillis- ambition en réalité. sement des conduites ; (c) ébauche d’indicateurs relatifs à la qualité du patrimoine immatériel. Jean POULIT Les auteurs proposent une mise en perspective de ces dispo- Le territoire des© hommes. IAU île-de-Francesitifs à l’aide d’un démonstrateur informatique pour la Éditions Bourin, 2005, 350 p., 25 € simulation de programmes de gestion. Ils évoquent enfin Depuis des dizaines d’années, les hommes accordent à les recherches nécessaires à l’enrichissement des travaux leurs déplacements un temps qui ne varie pas. Ce qui sur lesquels ils se sont appuyés pour concevoir ce guide change, c’est que, dans le même laps de temps, on peut indispensable aux ingénieurs des collectivités, aux bureaux accéder à des territoires plus vastes, des destinations plus d’étude, aux maîtres d’œuvre ainsi qu’aux enseignants et nombreuses et effectuer des choix plus pertinents. De étudiants en génie civil et génie urbain. même, les infrastructures les plus empruntées sont égale- ment les plus utiles : près de la moitié de la richesse du pays

218 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 Brèves rencontres

Partager une vision communautaire Le monde en réseaux. de la gestion des ressources en eau. Lieux visibles, liens invisibles. 7-10 septembre 2005 29 septembre-2 octobre 2005 Menton Saint-Dié-des-Vosges Cette conférence réunit les professionnels, chercheurs et Face aux rapides redistributions de pouvoir, de richesse et décideurs pour présenter et débattre de réponses concrè- d’influence qui accompagnent notre planète en réseaux, tes apportées dans la gestion durable de bassin, en insistant cette manifestation va s’interroger sur les logiques à l’œu- sur les interfaces et outils nécessaires au couplage entre vre, les intérêts en jeu, les espaces intégrés ou délaissés. sciences et techniques de l’eau et sciences économiques et En étudiant ce qui se tisse et ce qui se trame, les géographes sociales. Seront notamment abordés : (a) Les politiques et vont mettre en lumière le caractère invisible et caché, avoua- stratégies nationales en matière de gestion de l’eau ; (b) ble et inavouable de nombreux réseaux. C’est à cette tâche La mise en œuvre de la directive-cadre européenne de que ce 16e festival international de géographie va s’atteler afin l’eau ; (c) Les derniers progrès réalisés dans la modélisation de tenter de nous rendre le monde dans lequel nous vivons des ressources en eau ; (d) Les scénarios d’impact de chan- plus lisible et compréhensible. gement climatique ou socio-économique ; (e) La dimen- Association pour le développement du festival international sion économique de l’eau… de géographie (ADFIG), Hôtel de Ville, place Jules Ferry, BP 275, 88107 Saint-Dié-des-Vosges cedex École nationale supérieure des mines de Paris, Contact : Sandrine Hecht rue Claude Daunesse, BP 207, 06904 Sophia Antipolis Tel : 03 29 52 66 45 Tel : 04 93 95 75 13 Fax : 03 29 56 09 31 Fax : 04 93 65 43 04 Courriel : [email protected] Courriel : [email protected] Site Internet : www.fig-saintdie.com Site Internet : www.cig.ensmp.fr

L’urbain au futur : continuités et discontinuités. L’évaluation des risques dans les collectivités territoriales. 2-5 octobre 2005 Rome 27-28 septembre 2005 Paris Repérer les éléments de continuité au sein des villes qui résistent à la standardisation, et ceux qui, au contraire, cau- Les contraintes spécifiques aux collectivités territoriales sent la rupture avec le vécu historique ainsi que voir quel- rendent toute démarche d’évaluation des risques particu- les «cultures de la ville» émergent de l’évolution simulta- lièrement complexe. Ces deux jours leur sont spéciale- née des sociétés et de leurs habitats feront l’objet de cette ment dédiés afin : (a) d’établir des priorités dans leur iden- manifestation. Seront également débattus les politiques, tification des dangers et des risques ; (b) de connaître les instruments et les techniques qui peuvent et doivent l’étendue de leurs responsabilités quant à l’obli gation d’é- être adoptés en urbanisme, et plus particulièrement, dans valuation des risques ; (c) de savoir quels acteurs sollici- © IAU île-de-Franceles processus d’aménagement et de conception pour ren- ter à chaque étape du processus ; (d) d’organiser une forcer ou rénover l’identité de toute une gamme de réali- démarche d’évaluation en tenant compte de la pluralité tés urbaines. des risques auxquels elles doivent faire face. IFHP - Wassenaarseweg 43, 2596 CG La Haye, Pays-Bas Comundi Reed Business Information, Service des congrès de la Fédération internationale pour 2 rue Maurice Hartmann, l’habitation, l’urbanisme et l’aménagement des territoires (FIHUAT) BP 62, 92133 Issy-les-Moulineaux Cedex Coordonnatrice des congrès : Joke Bierhuys Tel : 01 46 29 68 68 Tel : +31 70 328 1504 Courriel : [email protected] Fax : +31 70 328 2085 Site Internet : www.comundi.fr Courriel : [email protected]

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 219 Mieux maîtriser le bruit : quels enjeux pour les collectivités locales ? 12-13 octobre 2005 Aix-en-Provence La communauté des pays d'Aix en collaboration avec le réseau Idéal organisent ce colloque qui s'articulera autour de trois séances plénières, trois ateliers et trois forums sur les thèmes suivants : (a) Le bruit et ses répercussions sur la santé ; (b) Les obligations actuelles et nouvelles pour les col- lectivités territoriales ; (c) Les moyens de lutte ; (d) La pré- vention et la mesure du bruit ou encore la communica- tion et la sensibilisation du grand public.

Réseau Idéal, 80 bis avenue de Fontainebleau, 94276 Le Kremlin Bicêtre. Contact : Jordan Pedron Tél. 01 45 15 09 05 Courriel : [email protected] Site Internet : www.reseau-ideal.asso.fr

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220 CAHIERS DE L’IAURIF N°142 À PARAITRE 1er volet sur les risques majeurs

© IAU île-de-France DERNIERS VOLUMES PARUS

DE L'INSTITUT D'AMÉNAGEMENT en vente à l'I.A.U.R.I.F. ET D'URBANISME 15, rue Falguière, 75740 Paris Cedex 15 - Tél. : 01.53.85.79.37. http://www.iaurif.org DE LA RÉGION D'ILE-DE-FRANCE abonnement par correspondance : chèque à l'ordre de l'I.A.U.R.I.F.

N° 138 N° 139 N° 141 -140

3e trim 2003 4e trim 2003 2e trim 2004 1er trim 2004

France : 36 € France : 60 € France : 36 € Etranger : 38 € Etranger : 64 € Etranger : 38 €

LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE AÉROPORT ET TERRITOIRES LE FLEUVE, UN SYSTÈME, DES TERRITOIRES, DES ACTEURS CONNAÎTRE POUR MIEUX MAÎTRISER ÉDITORIAL ÉDITORIAL LES RISQUES MAJEURS EN ÎLE-DE-FRANCE HERVÉ GAY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’IAURIF MIREILLE FERRI, VICE-PRÉSIDENTE DE L’IAURIF CONNAITRE POUR MIEUX MAÎTRISER HERVÉ GAY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’IAURIF LA DIFFICILE GESTION DU DOSSIER AÉROPORTUAIRE EN ÎLE-DE-FRANCE LE FLEUVE : UN SYSTÈME, DES TERRITOIRES, DES ACTEURS

LA POLITIQUE FRANÇAISE DE PRÉVENTION DES RISQUES MAJEURS TRANSPORT AÉRIEN : DYNAMISME ET FRAGILITÉS LE FLEUVE, COMPOSANTE DE L’ÉCOSYSTÈME MÉTROPOLITAIN, PASCAL DOUARD, MARC LEOBET SA PRISE EN COMPTE DANS L’AMÉNAGEMENT TRANSPORT AÉRIEN : L’ÎLE-DE-FRANCE DANS SON CONTEXTE L’ÎLE-DE-FRANCE AU CŒUR DU BASSIN DE LA SEINE L’AMÉNAGEMENT DE L’ÎLE-DE-FRANCE À L’ÉPREUVE DES RISQUES COMPRENDRE LA LOGIQUE DES HUBS LE FLEUVE, UN SYSTÈME À LA FOIS UNIQUE ET MULTIPLE MAJEURS LE TRAFIC INTERNATIONAL ET LES AÉROPORTS RÉGIONAUX L’ÎLE-DE-FRANCE DANS L’«HYDROSYSTÈME SEINE» LUDOVIC FAYTRE LA DIREN, UN ACTEUR MAJEUR DE L’ÉTAT POUR LA MISE EN ŒUVRE - ARRÊTÉS DE CATASTROPHES NATURELLES EN ÎLE-DE-FRANCE LES AÉROPORTS : DES PÔLES STRUCTURANTS DANS L’ESPACE RÉGIONAL DES POLITIQUES DE L’EAU LUDOVIC FAYTRE LE SDAGE, LES SAGE ET LA DCE : DES OUTILS POUR LA GESTION DE L’EAU - LES RISQUES ET LES DOCUMENTS D’URBANISME DE L’AÉRODROME À L’AÉROPORT-VILLE : L’IMPACT DES AÉROPORTS COMMENT INSCRIRE LE FLEUVE DANS L’ÉCOSYSTÈME URBAIN ? SANDRINE BARREIRO SUR LEUR TERRITOIRE D’ACCUEIL «GRANDS LACS», SAGEP, SIAAP, SIVOA... : - L’ÎLE-DE-FRANCE SOUS LA CANICULE : ROISSY, LE DYNAMISME DU PÔLE DE DÉVELOPPEMENT COMMENT INSCRIRE LE FLEUVE DANS L’ÉCOSYSTÈME URBAIN ? LA VULNÉRABILITÉ DES PERSONNES ÂGÉES DANS UN ENVIRONNEMENT SOCIAL EN DIFFICULTÉ POUR UNE GESTION DURABLE DES ZONES HUMIDES LES ZONES HUMIDES PHILIPPE PÉPIN, AGNÈS LEFRANC PLAINE DE FRANCE, UN TERRITOIRE INDÉCIDABLE ? UNE RÉTROSPECTIVE STRATÉGIES DE RECONQUÊTE DES TERRITOIRES LIÉS À L’EAU DE LA PLANIFICATION URBAINE DANS LE SECTEUR DE ROISSY DANS LA REGION ÎLE-DE-FRANCE LES RISQUES NATURELS ET TECHNOLOGIQUES : MOBILISATION INTERCOMMUNALE AUTOUR DE L’AÉROPORT D’ORLY : LA SEINE, AU CŒUR DU PROJET DU PAYS BASSÉE-MONTOIS CADRE RÉGLEMENTAIRE ET PERSPECTIVES LA RECHERCHE DU JUSTE COMPROMIS LA DÉ-COUVERTURE D’UNE RIVIÈRE URBAINE : NOÊL JOUTEUR LE PROJET DE LA VIEILLE MER EN SEINE-SAINT-DENIS DÉPLACEMENT-MOBILITÉ : DU HUB AÉRIEN AU HUB TERRESTRE LA POLITIQUE RÉGIONALE EN FAVEUR DES BERGES LE RISQUE D’INONDATION PAR DÉBORDEMENT DE RIVIÈRE LE VAL-DE-MARNE, DÉPARTEMENT DE L’EAU : ANNE GUILLON L’ACCESSIBILITÉ TERRESTRE AUX AÉROPORTS PROJET DÉPARTEMENTAL ET AMÉNAGEMENT DES BERGES - LES INONDATIONS PAR REMONTÉE DE NAPPES PLAN DE DÉPLACEMENTS URBAINS : LE PROJET DE PÔLE DE CDG LE SCHÉMA DÉPARTEMENTAL D’AMÉNAGEMENT DES BERGES JEAN-FRANÇOIS VERNOUX L’EUROPE DE LA GRANDE VITESSE ET L’INTERMODALITÉ DE SEINE-ESSONNE PASSAGERS AIR-RAIL LA POLITIQUE DU DÉPARTEMENT DES HAUTS-DE-SEINE POUR LES INONDATIONS PAR RUISSELLEMENT EN PÉRIODE ORAGEUSE LE FRET AÉRIEN ET L’INTERMODALITÉ «RENDRE LA SEINE AUX HABITANTS» JACKIE POITEVIN VALORISATION DE L’ESTUAIRE DU HAVRE : ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX ET LES AÉROPORTS AU SERVICE DES HABITANTS PORTUAIRES LORSQUE LA PLUIE SE RISQUE EN VILLE ET DE L’ÉCONOMIE RÉGIONALE DES ORIENTATIONS D’AMÉNAGEMENT ET DE PROTECTIONS NADINE AIRES POUR L’ESTUAIRE DE LA SEINE, LA DTA L’IMPACT ÉCONOMIQUE DES AÉROPORTS FRANCILIENS L’ESTUAIRE DE LA SEINE AU HAVRE, ENTRE ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX ET LA GESTION DES RISQUES LIÉS AUX ANCIENNES CARRIÈRES ET LA FISCALITÉ LOCALE GÉNÉRÉE PAR LES ACTIVITÉS AÉROPORTUAIRES PORTUAIRES AUX CAVITÉS NATURELLES EN RÉGION PARISIENNE LA DISPARITÉ DES EFFETS D’ENTRAÎNEMENT DES AÉROPORTS UN NOUVEAU REGARD SUR LE TRANSPORT FLUVIAL DE MARCHANDISES DIMITRI SPOLIANSKY SUR LEURS TERRITOIRES EN ÎLE-DE-FRANCE - CARTOGRAPHIE DE L’ALÉA LIÉ À LA PRÉSENCE DE CAVITÉS EMPLOI ET FORMATION DANS LE SECTEUR DE ROISSY : DES TRAFICS TRADITIONNELS AUX NOUVEAUX MARCHÉS SOUTERRAINES SUR PLUSIEURS COMMUNES DE SEINE-ET-MARNE UN PARTENARIAT ACTIF AU SERVICE DE TOUS PORT 2000 : AU FIL DE LA SEINE, UN ENJEU POUR LA HAUTE-NORMANDIE ET MARTIN DONSIMONI L’ÎLE-DE-FRANCE NUISANCES ET POLLUTIONS : LE DÉFI DE LA MAÎTRISE ET DE LA TRANSPARENCE LE CANAL SEINE-NORD EUROPE : UNE NOUVELLE DYNAMIQUE FLUVIALE LE RISQUE DE RETRAIT-GONFLEMENT DES ARGILES LES NUISANCES AÉROPORTUAIRES : RÉALITÉS ET PERCEPTIONS EN FRANCE ET EN EUROPE MARC VINCENT VALORISATION URBAINE ET AMÉNAGEMENT DES FRONTS D’EAU LA GÊNE DUE AU BRUIT AU VOISINAGE DES AÉROPORTS : LA SEINE D’UN PORT À L’AUTRE, UNE GRANDE AVENUE FRANCILIENNE LES RISQUES INDUSTRIELS EN ÎLE-DE-FRANCE AUTRE APPROCHE, AUTRE POLITIQUE LE PORT AUTONOME DE PARIS, UN ACTEUR DE L’AMÉNAGEMENT RÉGIONAL OLIVIER OU RAMDANE, FRANÇOIS DU FOU DE KERDANIEL OBJECTIF AÉROPORT ÉCOLOGIQUE : LE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL SUR LE RÉVEIL DES CANAUX PARISIENS LES AÉROPORTS LYON, NANTES, BORDEAUX ET ORLÉANS : DES FLEUVES ET DES PROJETS LE TRANSPORT DE MARCHANDISES DANGEREUSES L’ACTION D’UN CONSEIL GÉNÉRAL : LE VAL-D’OISE D’AGGLOMÉRATIONLES FLEUVES, LIEUX DE VALORISATION URBAINE : © IAU île-de-FranceL’EXPÉRIENCE LYONNAISE CLAUDE MINARD - LA RÉGLEMENTATION DU TRANSPORT DES MARCHANDISES GOUVERNANCE - CONCERTATION : L’ART DIFFICILE DU COMPROMIS CONSTRUIRE UN AVENIR AVEC LE FLEUVE : NANTES ET SON AGGLOMÉRATION DANGEREUSES BORDEAUX ET LE PLAN GARONNE : UN PROJET «EN MARCHE» CLAUDE MINARD DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES AÉROPORTUAIRES : ORLÉANS, LE FLEUVE AU CŒUR DU PROJET D’AGGLOMÉRATION - FAUT-IL DÉLOCALISER LES INDUSTRIES DANGEREUSES SITUÉES LE DÉBAT IMPOSSIBLE ? LE FLEUVE, UN ESPACE IDENTITAIRE DE DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE EN TISSU URBAIN DENSE LA DIFFICILE GESTION DU DÉVELOPPEMENT AÉROPORTUAIRE EN EUROPE ET CULTUREL SANDRINE GLATRON À LA RECHERCHE DE L’INTROUVABLE NOUVELLE PISTE L’EAU DANS LE TOURISME FRANCILIEN POUR LE SUD-EST ANGLAIS LE PATRIMOINE BÂTI AU FIL DE L’EAU LE SIGR POUR RÉPONDRE À UNE MEILLEURE CONNAISSANCE LA CONCERTATION À LA HOLLANDAISE, UN MODÈLE QUI MARCHE ? HABITER SUR L’EAU, LES BATEAUX-LOGEMENT EN ÎLE-DE-FRANCE DES RISQUES EN ÎLE-DE-FRANCE GOUVERNANCE MÉTROPOLITAINE, GOUVERNANCE AÉROPORTUAIRE : LUDOVIC FAYTRE ACTEURS ET ENJEUX EN ÎLE-DE-FRANCE

SIGRIMAS, LE SIG DU BASSIN DE RISQUES MAJEURS DE L’ESTUAIRE DE LA SEINE PATRICK MALLET, PATRICK LIONS

BIBLIOGRAPHIE BIBLIOGRAPHIE BIBLIOGRAPHIE BIBLIO-BRÈVES BIBLIO-BRÈVES BIBLIO-BRÈVES BRÈVES RENCONTRES BRÈVES RENCONTRES BRÈVES RENCONTRES