ex. 2 Entrevue exclusive! 4 La rentrée tle Paulinejulien

Du pouvoir à «La Bonne Aventure»

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CM O c ppar négligence médicale? Une enquête de Monique de Gramont Le bonheur à bicyclette Petit mode d'emploi Uruguay: II était une fois la démocratie Un reportage de Gloria Escomel -' Si

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•'•• " UN REGARD NEUF SUR LE MONDE regard neuf parce qu'il y a du sang neuf au exceptionnel: Économique, le journal journal Le Devoir! Une nouvelle équipe de Le Devoir devient le seul quotidien à vous offrir journalistes dynamiques et chevronnés qui s'ingé- un contenu économique et financier exhaustif. nient à tamiser la masse d'information quotidienne Tout y est! À tous les jours! Dans une mise en pour ne vous en livrerque l'essence. Une substance page intelligemment structurée, pour un maximum digne d'intérêt. La meilleure vue d'ensemble d'efficacité et un minimum de temps de lecture. des événements dans le monde politique, social Jetez-y un coup d'oeil! Le Devoir pourrait bien et culturel. être le seul quotidien dont vous ayez besoin Un regard neuf sur les affaires désormais. ABONNEZ-VOUS! Avec la récente publication d'un nouveau cahier LE DEVOIR ESSENTIEL! SOMMAIRE

EDITORIAL INTERNATIONAL Les femmes de Uruguay l'indépendance II était une fois Francine Pelletier la démocratie Glona Escomel COURRIER ECOLOGIE COMMUNIQUÉS Hydro-Québec, une entreprise en péril? Magah Marc COMMENTAIRE ~m Un dialogue sans ambiguïté LOISIRS 40 Ghila Benesty-Sroka Le bonheur à bicyclette Marie-Anne Rainville CHRONIQUE DÉLINQUANTE 11 Y a-t-il un régime dans la salle? Hélène Pedneault ACTUALITÉ FÉMINISTE 12 rt Mortes par négligence médicale? 12 La nouvelle tête de la CTCUM 13 4x8 Mars 14 Cuba: congé pour la révolution Chili: noyer le poisson Italie: Miss 8 Mars Paris: la cite des femmes Manif pour deux 20 Irlandais 16 Une tournée inédite 17 ENTREVUE Les Amérindiennes stent18 Enfin, Lise Payette! NIHtVUt 42 Pourquoi se taisait-elle? Parce que les lu peut-on vous toucher, moindres propos et gestes de cette •auhne Julien? ylvie Dupont gagnante prennent automatiquement une telle importance? OURNAL INTIME ET OLITIQUE Quatre ans après son départ du pouvoir »e l'entrevue comme politique, la féministe la plus connue du iction Québec sort de son silence et nous parle: ylvie Dupont de La bonne aventure, du pouvoir et des ,INEMA femmes, de l'indépendance du Québec. le Montréal a Sydney In passant par Bell lane Poitras

HEATRE 'estival des Amériques ACTUALITÉ Recherche: Virginie Boulanger, 'heàtre sur la ville Les marathoniennes du rancme Pelletier fast-food 30 Francine Tremblay. Louise Larose Entrevues: Ariane Émond, LASHES Et les oubliées du Code Françoise Guénette, Gisèle Tremblay. jvres, cinéma, théâtre du travail 32 Lorraine Payette Rédaction: Françoise Guénette. )ALENDRIER 59 moi 1985 LA VIE EN ROSE ÉDITORIAL

Les femmes de par Francine Pelletier Lise Payette

«// aurait été relativement facile de devenir nistes, quelques femmes, dont Denise «Ceux qui se prononcent pour l'avorte- un homme politique, mais j'avais décidé Leblanc-Bantey. récemment élue prési- ment libre sont des ASSASSINS i» Ce qu'il dêtre une femme politique avec tout dente du RDI. «Nos enfants et nos petits- répéta, le teint chaque fois plus violet, six ce que ça implique » enfants apprendront un jour dans leurs ou sept fois, pour conclure: «C'est incom- Lise Payette livres d'histoire que c'est le 30 mars 1985 patible avec l'indépendance !'» Il fut mal H u moment où nous rêvions que fut entreprise à Montréal, la reconstruc- reçu, bien sûr. Il avait fait la même scène à flH toujours M nu Québei libre, tion de l'édifice de l'indépendance», di- l'assemblée, le matin même, ajoutant qu'il fl^^B elles il uni pas été que des sait-elle à l'ouverture du congrès de fon- déplorait la féminisation de la Déclaration M^B ' hantres mémorables de l'in- dation. de fondation, puisque, après tout, «le U ^B dépendance, mais ses sym- Dans ce discours, par contre, aucune féminin est inclus dans le masculin». fl billes féminins pai exi ellem e référence aux femmes, et dans le déroule- Cette intervention, de loin la plus pas- fl H Grâce à elles, à leur éclat, leur ment de la journée, rien qui laisse présager sionnée, ne suscita pourtant aucune ré- fl • intelligence, leur courage, les une véritable évolution des mentalités. ponse L'hystérie est certes quelque peu U ^B MnHiri (iisi-s se smii mieux Parce que les objectifs fondamentaux du paralysante... Mais de là à ce que personne H identifiées à la cause. RDI sont tout aussi irréprochables que ne relève ce que ce vieux réacto venait de Aujourd'hui, Pauline Julien et Lise vagues - «tirer le Québec de sa condition nous lancer en pleine face ! Sur quoi ce Payette ne se battent plus pour l'indé- provinciale» (sic), réaliser un «projet de mouvement «progressiste» est-il réelle- pendance. Tout en demeurant convain- société résolument progressiste, axé sur ment fondé ? cues dans leur coeur, elles sont passées à la justice sociale, le développement éco- Faut-il en accuser l'ordre du jour trop autre chose, tant pour des raisons person- nomique et communautaire, l'ouverture préoccupé de la «procédure» (l'adoption nelles que politiques. «Je suis partie en 81 sur le monde et le respect de l'environne- des statuts et règlements) ~> Toujours est-il parce que je ne pouvais plus être utile au ment» -, ils ont été adoptés sans discus- que ce congrès de fondation s'est avéré dossier des femmes et que l'indépendance sion, sans ces débats passionnés qu'on singulièrement vide de contenu. À l'ex- était remise aux calendes grecques», nous avait pourtant promis. ception de la proposition, chaudement nous dira l'auteure de La bonne aventure À peine y eut-il un délégué pour de- applaudie, de Gilbert Paquette : ne pas se Cinq ans plus tard, la cause indépen- mander ce que voulait dire, au juste, pro- contenter de faire de «l'éducation popu- dantiste tente, tant bien que mal. de gressiste Une question qui tombait pile, laire», mais prendre, «au moment oppor- revenir à la charge. Pensons au Mouve- puisque nous avions eu droit, plus tôt, à tun», le virage électoral. Même l'aspect ment socialiste et surtout, au tout nou- l'intervention fort remarquée (et parfaite- radical du nouveau mouvement indépen- veau Rassemblement démocratique pour ment spontanée) d'un homme dune soi- dantiste a été soigneusement camouflé à l'indépendance (RDI). Parmi ses protago- xantaine d'années qui criait dans le micro: coup d'affirmations du genre : «On est pas Dans le prochain numéro de La Vie en rose! REPORTAGE: Pourquoi choisir la thérapie féministe? INTERNATIONAL: Comment la guerre au Salvador se poursuit-elle malgré les élections? ANALYSE: Le mouvement des femmes devient-il

LA VIE EN ROSE mai 1985 l'indépendance

Denise Leblanc-Bontey

radical, on est intelligent !» Bref, rien, à limage ( oblige) des «nou- un parti ou un mouvement, aussi progres- l'heure actuelle, ne distingue le RDI du veaux» indépendantistes. siste soit-il, tant et aussi longtemps qu'el- PQ, sauf une vague prétention à «actua- les ne s'y reconnaîtront pas, qu'elles n'y Denise Leblanc-Bantey à la tête du RDI exerceront pas un certain contrôle. N'est- liser et renouveler le discours indépen- illustre bien, à mon avis, l'imbroglio actuel dantiste», et la conviction d'être supé- ce pas la leçon que votre passage en poli- entre les femmes et la cause de l'indépen- tique nous aura donné, madame Payette' rieurs à tous ces «néo-fédéralistes». Est- dance. Des unes à l'autre, pas de conti- ce pour cela que les femmes y apparaissent Or, les projets indépendantistes actuels nuité, de véritable compréhension. Comme sont essentiellement inchangés, basés sur singulièrement discrètes, jusqu'à la prési- si l'héritage de Lise Payette. et, dans une dente elle-même ? l'idée que les hommes se font de la démo- certaine mesure, de Claire Bonenfant. ne cratie et surtout, sur leur goût de l'im- Si ce n'avait été d'Andrée Ferreti (de la s'était pas transmis, sauf pour le courage poser... Coalition pour l'indépendance du Québec) et la détermination qu'il faut pour faire et d'une autre femme, qui ont déploré que carrière en politique Comme si elles Et c'est pourquoi les femmes ne sont le RDI ne trouve rien de mieux à faire qu'à avaient été trop peu nombreuses à vouloir pas prêtes à s'engager dans le PQou dans imiter le PQ, les femmes auraient pu ne conjuguer féminisme et indépendance et une autre tentative semblable Aux pro- pas être là. Les hommes tenaient tout le que, par conséquent, aucune véritable chaines élections, nous espérons tout plancher, s'alignant derrière les micros à affinité ne s'était développée entre deux simplement que des femmes comme Lise la moindre occasion pour nous entretenir idéologies, au départ très différentes. Payette oseront se présenter, des femmes du moindre détail qui leur passait par la qui n'ont pas froid aux yeux, et qui tête. Le problème s'est encore posé le 20 n'accepteront pas (trop) de compromis, mars, lorsque les femmes du Mouvement des femmes en qui nous poumons avoir Et comment ne pas voir dans l'élection socialiste ont convoqué des représentantes confiance. Parce que ce sont des femmes de Denise Leblanc-Bantey à la présidence du mouvement des femmes pour envisager comme vous, madame Payette, qui nous un calcul stratégique "> Elle permet aux quelques stratégies pour les prochaines manquent. V* autres ex-ministres (tous des hommes), et élections II en est ressorti deux choses notamment à Camille Laurin et à Jacques fondamentales : d'abord, les femmes sont Parizeau, de courir tous les lapins dont ils chaque fois plus prêtes à penser «politi- 1/ Subtile référence à un congrès beaucoup auront envie, la course au leadership du que» et impatientes de mettre un terme à plus ancien, celui du PQ en 76. où une motion PQ ou la reconquête d'un parti qui re- leur sentiment d'impuissance, à leur non- sur l'avortement libre et gratuit majoritairement prend déjà du poil de la bête. La députée représentation consacrée par chaque appuyée par la délégation, avait été battue, en des iles-de-la-Madeleine aurait donc été campagne électorale. Mais la majorité dernière instance, par le droit de veto de René sacrifiée à la cause, tout en rajeunissant d'entre elles ne sont pas prêtes à appuyer Lévesque

trop réformiste? ENTREVUES: Louise Roy,Helma Sanders-Brahms. Anne Sylvestre. CULTURE: Où sont les dessinatrices québécoises de bandes dessinées? En kiosque dès le 25 mai.

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Critique d'un slogan A. vous, mes chères Le slogan 85 pour la Journée des Félicitations ! Vous les aurez gagnées. femmes me déçoit «Imaginons le Cinq ans de travail difficile, combien de pouvoir des femmes» porte à confusion nuits blanches ? Ce n'est qu'un début, Si on doit expliquer un slogan, c'est enrichissant pour nous les lectrices et qu'il n'est pas bon. Un bon slogan doit pour vous, les jeunes féministes ! La Vie éveiller notre imaginaire et non pas en rose va grandir et continuer à nous seulement l'alimenter. Le mot «ouvrir les fenêtres et les portes» sur le «imaginons» fait trop référence au monde des femmes, chez nous et ghetto intérieur des femmes ; ainsi, le partout dans le monde entier. Mes vifs pouvoir ne peut être réinventé. remerciements à vous, mes chères. Bon Je crois qu'il faut quitter cet courage et longue vie à La Vie en rose ! imaginaire comme on quitte l'adoles- LÉA ROBACK cence. Et non sans imagination, c'est-à- MONTRÉAL dire avec une nécessité créatrice. Imaginons que nous n'avons pas à imaginer pour être ce que nous Un souper tiède sommes, pour parler et agir ! C\RIH l\t Gl^NDRI" U Je m'empresse de me réabonner rapidement, en espérant recevoir La Vie MOXTRMI en rose de manière aussi empressée ! En Le cru de mars effet, recevoir le numéro de mars le 20 mars, c'est assez frustrant ! C'est comme On a parfois de ces «fidélités» ! Pour aller voir un film après qu'on vous l'ait moi. La Vie en rose en est une Et. foi de raconté, manger un souper tiède, avoir féministe, j'ai eu raison ' J'ai eu raison l'impression de «rester très creux». de vous faire confiance, même si. de Bref, ça m'embête. Pourrez-vous temps à autre, je trouvais certains remédier à la situation dans un avenir articles complètement «flyés». «décon- jTacture inesthétique rapproché 7 nectés» de la réalité ou du vécu de la Je viens de lire «La gloire aller- maiorité des femmes J'ai eu raison, ne retour», lèditorial de Françoise MARIE MAYNARD serait-ce que pour avoir le plaisir de Guénette, en guise de rétrospective ROXTON POND lire votre édition spéciale de mars. C'est (mars 85). Ça m'a beaucoup plu. On n'y PS. : Faut-il vraiment rire de cet encart du grand cru ! Je m'en suis délectée du retrouve aucune trace de cette fatuité à début à la fin publicitaire de la revue Croc page 61 de vide, de cette moralité feutrée ou de ce mars 85, ou suis-je devenue une J'ai eu doublement raison, car. dans transfert morphologique qui caracté- féministe trop «straight» pour ce genre ce pays aux tendances nombrilistes, La risent maintenant des revues comme d'humour ? I re vn rose a. une fois de plus, innové Liberté. Possibles, ou Les Herbes rouges en faisant son autocritique Quelle Je ne suis pas un lecteur assidu de magnifique preuve de lucidité et de La Vie en rose, loin de là. Il me faut bien courage ! vous dire aussi que je ne suis pas Les retards de LVR J'ai eu enfin raison, car votre nou- féministe. Je ne suis pas structuraliste velle orientation, basée sur une plus non plus, ni marxiste... et je ne fais pas La Vie en rose sort en kiosque le grande ouverture sur le monde, logging. J'ai aussi peine à comprendre dernier samedi du mois (ex. le 27 avril permettra aux Québécoises de savoir ce qu'aucune féministe ne se soit résolue pour le numéro de mai). Le matériel qui se passe en dehors du pays. À ce à faire l'analyse de ces intellectos pour l'impression quitte nos bureaux propos, une anecdote qui vous fera un complaisants «tournés» féministes du trois semâmes avant cette date ! ' ! À ce petit velours : en 1982. lors d'une Foire jour au lendemain, comme une moment-là, la liste à jour des internationale de la jeunesse, à mayonnaise qui changerait brusquement abonnées est déjà rendue au service de Lisbonne, j'ai prêté deux de mes exem- de couleur, en invoquant leur andro- gestion informatique plaires de La \'ie en rose Je ne les ai gynie naturelle ou je ne sais trop quoi. Le matériel, lui, passe ensuite entre plus revus. . et pour cause ' La qualité Ils me font penser à mon ex-colonel les mains de 500 ou 600 autres n'a pas de frontière. des Indes à la retraite sèpanchant sur personnes (à la séparation de couleur, à J'ai donc eu raison sur toute la ligne, ses «natives», ou à un anthropologue l'imprimerie, au service d'expédition des comme ces femmes coupables de leurs voulant se faire Peau-rouge pour magazines. . et aux Postes canadiennes) «fidélités» ! neutraliser une quelconque culpabilité À n'importe quelle étape de cette Cwmni Coi I I\ ata\ ique. chaîne, un pépin peut survenir, sur M I I \ I KI M Je vous avoue également que la lequel nous n'avons aucun contrôle. En facture de La Vie en rose ne réussit pas à mars dernier, par exemple, les postiers .Fébrilement me séduire. C'est inouï, comme tous les du pays faisaient la grève du zèle... Depuis «L'amour, toujours l'amour», groupes se concevant marginalisés Cela dit, depuis plusieurs numéros déjà i haque dèbul de mois se passe dans craignent le «pouvoir esthétique» - - et nous en sommes particulièrement r.iiinitr Iclu île cl «Lins Ki |oic de lire comme s'ils allaient inévitablement fières -, la plupart de nos abonnées dossiers, enirev ues ei fii lions que trahir leur objet et leur légitimité en se reçoivent leur magazine avant la sortie j'aime permettant d'être «beaux» ' en kiosque. C'est là notre principal \1 \\n\ PHIH I \ JEAN MORISSI I objectif. Ji il II III MONTRÉAL A.E. mai 1985 LA VIE EN ROSE Femmes

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Dépôl légal Ki l'lu il lui] ues nationales du Québec et du Canada. ISSN-0228-5479 Indexée dans Radar et membre de l'Association des éditeurs de périodiques i iilnm-ls québèi ois t ourriei de deuxième classe 5188 Commission paritaire 4 067 CDN mai 1985 LA VIE EN ROSE COMMENTAIRE Un dialogue sans ambiguïté par Chila Benesty-Sroka ectrice assidue de votre sioniste en Palestine et sur tous les terri- vous somme d'en donner des preuves. magazine et sympathisante toire arabes», disait Yasser Arafat en Votre haine d'Israël ne vous donne pas le naturelle de la cause des 19823 «L'OLP ne reconnaîtra jamais droit de le diffamer. En Israël, il \ a 37 femmes dans le monde, j'ai l'existence d'Israël. On devrait couper la partis politiques, donc pluralité d'opinion. été consternée par le manque langue et la tête à quiconque parle de la Plus loin, madame Weinroth, vous de sérieux de l'article intitulé reconnaissance de l'ennemi...4», confir- accusez Israël d'être un vendeur d'armes. «Les Lsoeurs ennemies se parlent», paru mait son adjoint Abou lyad «La lutte Mais pourquoi omettre de dire que c'est dans votre livraison d'avril. Bien que armée se poursuivra plus forte encore que au même titre que la France, la Belgique, n'étant pas fille de survivants de l'holo- par le passé'», répétait encore Arafat en les États-Unis. l'URSS, le Canada et le causte comme Shirlev Sarna - pour moi. 1983. Ces exemples suffisent- ils ? Brésil ? Et de qui l'OLP reçoit-elle ses tous les Juifs vivants sont des survivants Quant au problème de Sabra et Chatila, armes, si ce n'est de l'URSS, ce pays de la barbarie nazie -. je me donne le droit il est temps de le dire : depuis dix ans déjà, «démocratique» qui a envahi l'Afghanis- de répondre à cet article diffamatoire et les Libanais v ivent dans l'insécurité totale tan7 truffé d'abord d'erreurs historiques. à cause du terrorisme palestinien et Israël Vous dites aussi que le gouvernement Madame Sarna parle d'un État palesti- n'est pas responsable de la brisure de israélien n'est pas intervenu en Argentine nien et revendique ensuite la création de l'indépendance territoriale du Liban pour défendre Jacobo Timmerman. Dois- cet État : c est une contradiction flagrante Curieusement, on ne s'indigne pas de la |e vous rappeler qu'Israël, en tant qu'État, Et il n'y a lamais eu 6 millions de Palesti- présence syrienne au Liban. n'intervient pas dans les États démocra- niens1. Selon le Jordan Time, «plus de la Bref, tout cet article est truffé d'erreurs tiques où la vie des Juifs est en danger ~> moitié des Palestiniens sont détenteurs historiques et de sentimentalisme mal Par contre, les Juifs, dans leurs pavs d'un passeport |ordanien et en tant que placé à l'endroit du peuple palestinien. respectifs, ont toujours lutté contre le tels bénéficient d'un statut international Que l'on se batte pour la cause palesti- fascisme et ont aidé particulièrement reconnu2», celui de Jordaniens La con- nienne, soit, mais que l'on s'en prenne Timmerman. qui réside maintenant en clusion rationnelle, si l'on s'en tient aux aux véritables responsables les dirigeants Israël et se paye le luxe d'écrire contre principes de la démocratie, serait que la arabes, ceux-là même qui entretiennent Israël. Jordanie se déclare État binational, puis- un climat d'insécurité mondiale (la guerre Pour conclure, j'aimerais demander à que la Jordanie, c'est la Palestine. Il faut Iran-Irak, par exemple). Dois-je rappeler madame VVeinroth quels sont les indices en finir avec le mythe des Palestiniens que de 1948 à 1967. la Jordanie «démo- nous permettant de croire que l'OLP veut apatrides. cratique» et l'Egypte «révolutionnaire» reconnaître Israël ? L'assassinat lâche de Toujours selon madame Sarna. «Israël de Nasser ont parqué comme des animaux Sartaoui 7 Le temps joue contre le peuple refuse toujours de reconnaître l'existence les Palestiniens dans des camps 7 palestinien Si l'OLP veut en être le repré- du peuple palestinien et son droit à l'auto- sentant légitime, elle doit abolir sa charte. determmation. ce qui reste sans contredit uant à la question des fem- Ce serait le seul indice tangible. Alors lobstacle majeur au retour de la paix dans mes, je comprends mal l'atti- nous dirons ensemble oui à la reconnais- les pays arabes». C'est archifaux. Depuis tude de Janet VVeinroth. Son sance mutuelle. 1948, la paix et la coexistence avec les expérience malheureuse en Quant à l'encart sur Neve Tirza, je vous Arabes d'Israël et avec ses voisins ont été Q Israël, où elle ne s'est pas in\ ite encore à fournirvos sources, à nous les premiers objectifs du peuple israélien adaptée, ne lui donne pas le montrer les rapports d'Amnistie interna- et de ses dirigeants Mais tant que la droit de généraliser sur l'éducation israé- tionale et de la Croix-Rouge internationale. Charte palestinienne ne sera pas modifiée, lienne Pour ma [iert, j'ai eu la chance la paix est impossible Cette charte stipule d'être élevée en Israël, dans un kibboutz y la destruction d'Israël et plusieurs articles de l'Hachomer Hatstair. près de la frontière Ghila Benesry-Sroka esl fondât™ e ei direi crice affirment que le partage de la Palestine en jordanienne. Et j'ai eu le plaisir d'avoir fie la re\ue Tribune juive du Canada 1947 et la création de l'État d'Israël sont pour voisin un village arabe, où je travail- nuls et non avenus. lais avec mes amis arabes pour le mouve- 1/ Voir erratum ment de jeunesse auquel nous apparte- 2/ \ilnam Abu Odeh. Jordan Time. 9 mai 1981 Le but avoué de l'OLP est de «refouler 3/ Dans une lettre au président des Nations l'invasion sioniste et impérialiste, de récu- nions Enfants juifs et arabes, nous avons grandi ensemble sans haine et dans une unies. 29 novembre 1982 pérer le pays, de purifier la Palestine de 4/ Interview dans Al Hahf Émirats arabes l'existence sioniste» L'allégation de atmosphère sereine unis. 23 juillet 1982. madame Sarna. selon laquelle «l'OLP ne Madame Weinroth. avez-vous lu La 5/ Dans Le Monde. 4 ]anwer 1983 sera jamais seulement une organisation haine sacrée, un manuel scolaire dans militaire», est à mon humble avis dénuée lequel on enseigne la haine du Juif aux ERRATUM de tout fondement Jusqu'à maintenant. enfants arabes, particulièrement en Jor- II \ avait en f-lfei deux grossières erreurs av ec sa charte haineuse. l'OLP n'a été rien danie et en Svrie, où ces manuels font dans le texte «Des soeurs ennemies se parlent" d'autre qu une organisation terroriste dont partie du programme officiel du ministère en rien à l'auteure 11 aurait fallu lire le les champs de bataille par excellence sont de l'Éducation ? «peuple palestinien" pour «Étal palestinien» les garderies d enfants et les stades olym- De plus, vous déclarez qu'il est «dan- ei "six millions de luifs» pour «six millii piques. Cela n'est rien d'autre que du Palestinien! i SP sonl malheu- gereux pour les gens (d'Israël) d'exprimer leni glissées lors di s nombreuses étapes terrorisme à l'état pur publiquement leur opinion : ils risquent (traduction, réécrit re-traduction. correc- •< Le peuple palestinien est déterminé à d'être arrêtés, de se voir imposer des tions, etc i tju'a subi I artii le de Shirle\ Sarna. poursuivre la lutte contre la présence amendes ou de perdre leurs emplois» Je Nous nous en exi usons

LA VIE EN ROSE 10 1985 CHRONIQUE DÉLINQUANTE Y a-t-il un régime dans la salle? Socialiste, péquiste ou Scarsdale?.. par Hélène Pedneault

Montréal. 28 mars 85 Tu penses que je délire ~> Que je vire _ Ma chère S., obsessive ? Erreur. Tu verras. Je vais pou- voir enfin regarder mon miroir dans les yeux vu que, actuellement, il ne sert pas à autre chose qu'à vérifier ma coiffure, ce qui est un bien grand mot pour ces poils aussi délinquants que leur porteuse... et à me peter quelques boutons ou points noirs selon la période du mois Alors il souffre de dévalorisation, je lui trouve mauvais tain... • I ai très hâte à vendredi soir Je n'ai jamais fait de régime de ma vie |B <• ce soir-là je vais (ça paraît d'ailleurs...), il est temps que je J ^Ê rien faire. C'est prévu. Je vais avis, c'est 140 que je devrais perdre. Je m'y mette. À nous deux, monsieur Scar- m seulement rencontrer Marie- traverse une petite dépression, excuse- sdale. J'espère en tout cas que j'ai choisi Hélène pour lire le régime moi. Au lieu de perdre du poids, de ce le bon régime parce que je n'y connais Scarsdale avec elle au cas où temps-là, je perds du moi Lourd !' rien. C'est exactement comme en politi- on réussirait à s'encourager Dis-moi : «Tes pas game» que : tout le monde se pose la même au niveau de la perte de poids «Comment ça j'suis pas game 7». que je question en ce moment, au niveau du (Tout le monde emploie cette répondrais. Tu vois, l'orgueil marche, bien régime ! expression «au niveau de», mieux que la volonté qui n'a jamais fait Pour faire exprès, au niveau de l'humi- alors je l'essaye de temps en temps pour ses preuves dans mon cas. liation, je suppose que j'aurai engraissé comprendre pourquoi À ton avis, l'ai -je Tu n'en reviendras pas quand tu revien- de 1 5 livres quand on se reverra... Mais tu bien utilisée dans cette phrase ~> Je de-dras. verras, tout le monde se claquera sur les vrais peut-être dire «dans le cadre de» la Je serai rayonnante avec la tête haute, cuisses en lisant cette lettre parce que, perte de poids, qui est également une ex- et peut-être même que je porterai des plus le propos est mince et plus le rire est pression très portée en ce moment.) robes avec un sourire irrésistible au ni- gras. Surtout quand on vient de livrer son «Fat is a feminist issue», dit un célèbre veau de la face, et que j'aurai plus le goût intimité au grand complet sur un plateau livre américain «Dans l'cul !», je réponds, de porter des affaires de fille Peut-être. Je (c'est interdit l'intimité sur plateau dans aux prises avec de non moins célèbres ne peux pas savoir quel genre de choc Scarsdale.) livres., en trop. Le mois de mai, celui de culturel je vivrai quand je serai mince Je t'embrasse. Ne t'inquiète pas. je ne Marie, est arrivé, et avec lui le syndrome J'irai peut-être jusqu'à porter des talons partirai pas avec un morceau, je suis du costume de bain, la névrose de la peau au niveau des pieds parce que je serai plus moins vorace qu'on le prétend. ^> à griller et la psychose des yeux des sûre quand je marcherai, et je mettrai du autres. Et plus on a de la surface à griller, khôl parce qu'on m'aimera beaucoup. (J'ai P.S. Mais vu que je n'aime pas la maigreur moins on a tendance à la montrer, et plus toujours été vaguement mégalomane.) On excessive, je me garderai quelques ron- on voit le deirière de tête du monde plutôt me prendra pour une autre et j'aimerai ça. deurs secrètes juste pour moi, ce «moi» que leurs yeux convoiteurs. (J'ai toujours Peut-être même que je changerai de nom que j'espère retrouver avant ton retour en été très forte au niveau des théorèmes de et que j'arrêterai de me ronger les ongles vue d'une sorte d'égalité dans la rencontre. ce genre, et aussi au niveau de la taille et les doigts parce que ma fixation orale Si je n'existe pas. comment pourrai-je te depuis quelques années, funestes entre maigrira avec le reste. Et de toute façon, retrouver 7 Logique. toutes.) j'aurai moins de peau à bouffer au niveau Alors je prends les grands moyens. Je des doigts... 1/ Heavy serai mince comme un fil (à tout le moins comme une corde.) à ton retour fin mai maCombiei 1985n tu gages ~> Tu ne me reconnaîtras 11 LA VIE EN ROSE connaîavancommdeupourrpaprésentesx àt alivre l'aéroporeFait refairtoutetrsu s tà apeu? emise tos1 t connaissanc5x ile livreCpas.l e J'aedeu serr constateris quelqu'u besoia?x 3biene0t en livrequ ,ed .nteparc jchallengesPerdrai-jej'avertiraqu 'm eÀ eiqu'o noumoferanei,si ACTUALITÉ FÉMINISTE Mortes par négligence médicale? Comment se peut-il qu'en 1985, au Québec, une femme et un nouveau-né en bonne santé meurent à l'hôpital pendant l'accouchement? Parce qu'il s'agissait d'une amie, et parce qu'elle s'intéresse depuis longtemps à l'accouchement naturelet aux sages-femmes, Monique de Gramont, depuis 10 ans I journaliste à Châtelaine, où elle est responsable Louise Côté, une semaine avont l'accouchement... du secteur santé, a mené l'enquête. Son livre, 19 h 45 la poche des eaux se rompt et La matin de la fête triste, parait ce mois-ci aux Editions Louise se rend bien compte que le liquide Québec-Amérique, peu après l'Evénement sages-femmes ne sent pas bon et qu'il est légèrement brunâtre. Elle prend conscience de ses organisé les 3 et 4 mai à l'université McGillpar le Mouvement contractions, de leur régularité, et elle Naissance-Renaissance1. Parce qu'il dénonce téléphone à Maryse, une collègue qu'elle a choisie pour l'accompagner à l'hôpital les abus du pouvoir médical, voici un extrait de ce document. Celle-ci arrive très rapidement et chrono- par Monique de Cramont mètre le temps entre chaque contraction : moins de 5 minutes ' Elle sait qu'il n \ a ouise avait 36 ans Et dans remise en question qui permet de voir pas une minute à perdre, presse Louise de son ventre, une petite fille clair et d'avancer. mettre son manteau et la conduit à l'hô- attendait son heure. Josiane Curieusement, l'univers journalistique pital est née à l'hôpital, dans la ne s'est pas beaucoup intéressé à ce qui 21 h 15 Louise est officiellement admise soirée du 17 janvier 1984 est arrivé à lune de nous ; si ce n'est pour à l'hôpital Y, L'interne qui l'examine inscrit Elle est morte, sans premier, sortir le scoop : le médecin serait-il pour- au dossier: station 0 + 11. Le bébé se sans Ldernier soupir Trois heures plus suivi' L'obsession de la nouvelle s'est présente bien, le coeur foetal est stable tard, sa mère mourait à son tour. Le avérée plus forte que celle de la vérité. (130-140). L'interne et le personnel pré- lendemain, les journaux titraient : «La Cela nous arrive... sent estiment que l'accouchement est journaliste Louise Côté meurt sur la table imminent. Le docteur X est prévenu par d'accouchement » Cette nuit-là téléphone. Quand une femme en bonne santé Lorsqu'il arrive à l'hôpital, il trouve La grossesse de Louise s'est déroulée Louise en train de pousser ; il l'examine et meurt à l'hôpital, entourée de spécialistes pratiquement sans histoire, si ce n'est censés savoir ce qu'ils font et qui se déclare que selon lui. l'accouchement deux incidents rapportés dans son journal n'est pas aussi imminent qu'on le pense \antent d'avoir les appareils les plus so- Celui-ci fait d'abord état d'une douleur phistiqués, on se pose des questions. J'ai Pendant 1 h 15 min, Louise continue de sous forme de crampe ressentie dans les pousser vaillamment et travaille très fort. voulu comprendre pourquoi une telle nuits des 7, 18 et 19 octobre. Le docteur tragédie était arrivée J'ai cherché, enquê- X2. son médecin traitant, lui prescrit du 22 h 40 voyant que la tête du bébé ne té, questionné et trouvé. Cela méritait VentoHn (un médicament de type broncho- progresse pas (elle est toujours dans le bien un livre . d'autant plus que les bruits dilatateur habituellement donné aux asthma- détroit moyen), le docteur X persuade les plus inouïs couraient et courent encore tiques) Louise de passer à la salle d'accouchement sur la mort de Louise et celle de son bébé Le deuxième incident s'est passé en fin et lui déclare qu'il va devoir l'aider J'ai écrit pour que la vérité circule de parcours. À partir du 2 décembre, - 22 h 45 le docteur Xdécide d'en finir. Il enfin, et aussi dans l'espoir de susciter l'accouchement était prévu pour le 21 |an- pratique un bloc honteux (épidurale), une une réflexion tant chez les femmes que vier - Louise a souffert d'un oedème très épisiotomie et demande à la résidente de chez les médecins. Avant de commencer, important des membres inférieurs. Le mettre les forceps en place. Le coeur j'ai attendu que ma peine mûrisse et que docteur X prescrit cette fois du Lasix, à foetal, entendu au préalable à plusieurs ma colère baisse pavillon. Le ton ironique, deux reprises. (Ce puissant diurétique est reprises (par moniteur externe), est tou- revanchard était tentant, facile. Mais en ordinairement donné aux personnes souffrant jours normal Plusieurs notes figurent l'adoptant, j'aurais trahi celle à qui je d hypertension grave mais il n'est pas recom- dans le dossier à cet effet. La dernière \oulais offrir un ultime bouquet de mots mandé pour les femmes enceintes) stipule que le coeur, entendu juste avant Louise haïssait la violence et le fanatisme- la sortie du bébé, est à 120 Le 17 janvier, journée fatidique : après celui de la pensée, tout particulièrement 23 h 01 le docteur .V, à l'aide des forceps Femme de mesure, elle aimait la saine quelques heures de magasinage au centre- ville, Louise rentre chez elle, fatiguée. qu'il engage jusque dans le détroit moyen.

LA VIE EN ROSE 12 mai 1985 La nouvelle tête de la CTCUM

Désireux de «changer l'image de la CTCUM» et déterminé pour cela à choisir procède à la naissance d'un bévé vivant, 7 de sexe féminin, pesant 3 080 grammes une femme jeune (rare, non ). le ministre (6 3/4 livres). La petite fille a un circulaire des Transports du Québec, M. , serré (cordon enroulé une fois autour du nommait, fin mars, Louise Roy à la tète de cou) qui est sectionné très rapidement la Commission des transports de la Com- Tout le monde note la présence d'un munauté urbaine de Montréal, contraire- liquide mèconial malodorant. Le bébé est ment aux désirs de l'exécutif de la CUM flasque et mou. On l'aspire à fond. Comme En effet, de Lawrence Hannigan. candidat il ne respire toujours pas, on l'évacué vers conservateur défait en septembre dernier, le fond de la salle où on commence les maintenant président de Via Rail, à Louise manoeuvres de réanimation. Après 15 Roy, 37 ans, sociologue urbaine et fémi- minutes d'efforts, le bébé ne manifestant niste, il y a tout un saut... qualitatif ! On ne aucun signe de vie, l'équipe cesse le peut que s'en réjouir et, connaissant travail de réanimation. l'âpretè des relations de travail à la CTCUM, souhaiter bonne chance à la nouvelle (Louise apprend la mort de sa petite fille, PDG. qu'elle n'a ni vue ni touchée) Louise Roy 23 h 20 la résidente procède soigneu- sement à l'extraction manuelle du placenta. entourent Louise. On lui donne de l'oxy- france n'a pas été identifiée. Pourtant, il y •Elle fait la révision du col et du vagin gène et on conclut qu'elle fait une embolie avait deux signes évidents : la couleur du (examen destiné à s'assurer que les tissus pulmonaire. Le branle-bas de combat liquide amniotique et le tracé du moni- n'ont pas été endommagés par les forceps commence Mais très vite, l'état de Louise toring (malgré sa brièveté, il démontre une et qu'il n'y a pas d'hémorragie). Puis elle continue de se détériorer. importante bradycardie, c'est-à-dire un répare l'épisiotomie. 0 h 15 lanesthésiste. le résident en ralentissement du rythme cardiaque) 23 h 40 alors qu'on s'apprête à la cardiologie, le docteur A'et la résidente en Louise, elle, est morte dune rupture de transférer en salle de récupération, Louise obstétrique-gynécologie entourent Louise la veine utéro-ovarienne. En huit minu- grimace et dit éprouver une douleur très (/amais le docteur X n appellera un gynéco- tes. 4 000 ce de sang (ou quatre litres, la vive. Elle touche le haut de son abdomen. logue-obstétricien en consultation) et tentent quantité de sang que peut contenir un Elle est pâle. Une infirmière se fait rassu- de traiter l'état de choc par des solutés et corps de femme) se sont répandus dans rante et dit : «Vous venez d'accoucher... divers médicaments. L'équipe parvient à son abdomen. Personne n'a diagnostiqué on a dû vous masser l'utérus pour faire ramener la tension à 40 puis à 60. le choc hypovolémique (diminution du sortir votre bébé, et le remasser pour avoir 0 h 40 Louise a été transportée aux volume de sang dans les gros vaisseaux) et le placenta, alors c'est tout à fait normal soins intensifs. Le pouls est toujours à 60. pourtant tous les symptômes en étaient que vous ayez mal...» (Nulle part dans le Le docteur X échange quelques mots avec présents : hyperventilation. hypotension, dossier, il n'est fait mention de cette douleur) elle. tachycardie (accélération du rythme car- 23 h 55 Louise - elle est en salle de / h 05 nouvelle chute dramatique de la diaque), pâleur, chute dramatique de récupération - ne se sent pas bien et le dit tension artérielle, pouls accéléré, état de l'hémoglobine. Si on avait identifié con- Elle éprouve du mal à respirer Le docteur choc profond. Le personnel présent re- venablement son état. Louise avait 93 % X se présente pour faire certains prélève- prend les manoeuvres de réanimation : de chance de survie. ments rendus obligatoires par la mort du intubation, ventilation assistée, massage En définitive, on ne peut que souligner bébé. Constatant sa difficulté à respirer et cardiaque, installation de deux perfu- l'ironie de la situation : une femme en la croyant causée par l'émotion, il prescrit sions. On suppose que Louise fait une bonne santé est morte, littéralement sai- une injection de Valium Lanesthésiste deuxième embolie pulmonaire Pourtant, gnée à blanc, entourée de médecins, dans demande qu'on la fasse respirer dans un entre minuit 40 et 1 h, un rapport du test un grand hôpital super équipé en appa- sac en papier pour combattre l'alcalose de sang effectué après l'accouchement reils et en ressources humaines... Lui aussi estime que l'hyperventilation est remis au docteur X. Il démontre clai- Un bébé robuste, né à terme et bien est causée par l'émotion... rement qu'il y a une grave hémorragie constitué, est mort après avoir souffert 0 h 05 une infirmière fait l'injection quelque part Devant l'absence de signe pendant de longues minutes, sans que alors que Louise est endormie, et sans hémorragique (il n'y a pas de sang qui personne ne réagisse. avoir pris auparavant sa tension artérielle. s'écoule par le vagin) le docteur X et Officiellement, cette double mort a été 0 h 10 une autre infirmière vient pren- lanesthésiste concluent qu'il s'agit d'une classée comme un malheureux et excep- dre la tension et s'affole. Louise est erreur de laboratoire et nient la réalité. tionnel accident de parcours. Bien sûr. le blanche, cyanosée et transpire abondam- / h 45 malgré tous les efforts entrepris, corps médical et surtout l'hôpital auraient ment. La tension est à 60, le pouls filant on n'arrive pas à réanimer Louise et le préféré qu'il soit survenu à domicile, afin Elle appelle à laide. Plusieurs personnes docteur A' décide qu'il vaut mieux inter- de pouvoir rejeter le blâme sur le dos de la rompre les manoeuvres. morte. Mais voilà, c'est à l'hôpital qu'il y a eu accident BOUQUINEZ À L'AISE À Le vrai diagnostic 1/ Voir La Vie en rose de février 1985. «Accou- Les experts qui m'ont aidée à revoir le cher autrement» et «La naissance est politi- dossier médical et le rapport d'autopsie que», de Isabelle Brabant et Denise Proulv OS kGENCE DU LIVRE ont relevé plusieurs erreurs graves com- Pour plus d'informations sur le colloque de mises par le docteur X et ils remettent en nui Naissance-Renaissance : Montréal, 1246 rue Si-Denis Montréal 525-5895 Québec. (418) 659-2786 question plusieurs de ses décisions 2/ Ni l'hôpital > ni le médecin X ne sont Tél.: 844-6896 11 leur paraît clair, par exemple, que le identifiés à cause des poursuites judiciaires bébé a souffert m utero Mais cette souf- actuellement en cours. mai 1985 13 LA VIE EN ROSE ACTUALITÉ FÉMINISTE 4X8 Mars Vous avez peut-être trouvé que le 8 mars tombait un peu à plat cette année à Montréal? Pas de manif, pas de grosse fête... Consolez-vous, ce n'était pas si différent ailleurs, à en juger par quelques comptes rendus de la Journée internationale des femmes à Cuba, au Chili, en Italie et à Paris. Cuba Congé pour la révolution artout à La Havane et dans les geois» français, transformée en musée- petites villes, des affiches restaurant. Fête des femmes... les siffle- annonçaient : «Dia interna- ments et les oeillades des hommes sur cional de la mujer», coïnci- notre passage n'en étaient pas moins dant avec le 4' congrès de la arrogants. Fédération des femmes cu- Je me serais bien attendue, à un mo- bainesP. Après avoir hésité à fêter le 8 Mars ment ou l'autre, à des discours révolution- à La Havane, j'ai choisi de suivre des tra- naires ponctués de «Viva» !. Mais non vailleuses qui s'en allaient passer la jour- C'était juste une fête, comme celle de la née à Varadero- une des plus belles plages fête des Mères, à la sauce cubaine. Le de Cuba lendemain, les bouches étaient pâteuses Une fête de femmes, où l'on a dansé et le travail s'était accumulé. Que sont toute la journée, bu du rhum et de la bière devenues les actrices de la Révolution ? à volonté, sous l'oeil vigilant d'une cheffe 25 ans après, n'auraient-elles pas été veillant aux éventuels excès. Trois hom- évincées de la scène politique, pour être mes admis seulement : le chauffeur d'au- réorientées dans le «privé», comme leurs tobus, le guide et le serveur. Ce fut gai. soeurs algériennes, vietnamiennes ou chaleureux et suivi de la visite d'une très même nicaraguayennes ~> luxueuse maison, celle d'un ancien «bour- ISABELLE TRÉMA La Havane Italie Miss 8 Mars a «Festa de la Donna» est la Reine du Carnaval de St-Machin et Miss devenue une institution en Nowhere-anywher^, voici un Miss 8 Italie ! Et. à en croire l'affi- Mars ' chage, on s'y pose la question Entre les galants Italiens «promoteurs- du sens et de ïavenir de la profiteurs» de la cause féministe et les Journée internationale des «saboteurs», que choisir ? C'est le 8 mars femmeLs Le 7. à minuit, à la disco de Via- que les centrales syndicales françaises reggio. on nous souhaite une «buona ont choisi, l'année dernière, pour mani- festa de la donna» entre deux danses ; le fester en grande à Paris Inutile de dire 8. un marchand m'adresse un «buona qu'aux actualités télévisées, la journée de festa. bellisima». et le soir, au restaurant, la femme fut oubliée. Et les postiers le serveur m'offre un verre de vin pour la canadiens n'annonçaient-ils pas une grève fête des femmes., suivie d'une invitation pour le 8 mars ? Elle fut annulée, mais à danser ! No. grazzie l'intention était là.. Bologne - de tradition communiste. Vaut-il mieux que «notre journée» soit donc militante - est tapissée d'affiches : oubliée, reléguée à la nuit des temps, ou chaque parti politique en a une. sinon qu'on lui donne un nouveau style, genre deux L'Unttâ (journal communiste) en fête des Mères, afin d'égayer ce mois de parle, des rencontres sont prévues, un bar mars qui. au Québec, n'en finit pas de étudiant offre l'entrée gratuite aux femmes finir7 Ou vaut-il mieux plutôt penser à et propose de choisir parmi elles la «Donna une autre alternative, qui, elle, ferait piu» (la femme la plus...). La plus quoi ? vraiment notre affaire ? On s'en doute ' Après la Reine de la Patate DIANE TREMBI U

LA VIE EN ROSE 14 mai 1985 mort-e-s et que, par ailleurs, le général «Nous voulons des solutions, pas la ré- Chili Pinochet a renouvelé encore une fois les pression !» mesures d'état de siège qui lui donnent les Les carabiniers ont alors chargé avec pleins pouvoirs depuis pratiquement 12 des jets d'eau - qui ont inondé les ali- Noyer le poisson ans. ments, bien que des femmes aient tenté a police chilienne a vraiment C'est dans ce contexte qu'il faut situer de les protéger - puis avec des gaz le tour de fêter le 8 Mars : en la Journée des femmes à Santiago : plus lacrymogènes, pour disperser les résistan- gaspillant la nourriture des- de 500 femmes s'étaient rassemblées, tes. Six personnes au moins ont été arrê- tinée aux sinistré-e-s des parmi lesquelles plusieurs membres de tées, parmi lesquelles la journaliste Mo- tremblements de terre et en mouvements d'opposition, après avoir or- nica Gonzalez, la dirigeante du Regroupe- dispersant les donatrices ganisé une collecte de vivres pour les ment des familles des détenu-e-s disparu - sous Ldes trombes d'eau et des gaz lacry- sinistrè-e-s Comme les militantes allaient e-s, Monica Araya. une enseignante, Alicia mogènes ' transporter ces vivres dans des camion- Sandoval et un étudiant de 16 ans, Marcos On se souvient qu'en février, un impor- nettes pour les acheminer à leurs destina- Alberto Pontigo tant séisme a fait au Chili des milliers de taires, des slogans subversifs ont éclaté : CARLOS TOBAR Paris La cité des femmes ne semaine culturelle sur la sur la question des femmes au niveau lité des artistes ! La culture s'internatio- situation des femmes dans le théorique, dans leurdiscipline respective, nalise-t-elle à ce point 7 monde avait lieu à la Cité comme l'ont démontré Denise Brahimi. en La majorité des participantes étaient de universitaire de Paris, dans la littérature, et Sarah Kofman. en philo- la génération des 25-30 ans. Les discus- semaine du 3 au 8 mars : on y sophie. sions démontrèrent que les femmes de a parlé des conditions de vie cette génération se sentent moins mena- des UEuropéennes, des Marocaines, des Les manifestations artistiques intitulées cées par la société que leurs aînées. Chinoises, des conditions de travail des «18/3» (18 artistes. 3 espaces) étaient Malgré des conditions encore difficiles, Japonaises et des mutilations sexuelles coordonnées par trois Canadien-ne-s for- elles ont franchi une nouvelle étape : des Africaines. mé-e-s à Montréal : Paul-Albert Plouffe. elles n'ont pas eu besoin de sortir de leur Les spectacles de danse, les pièces de Thérèse Saint-Gelais et Lorraine V'erner. maison, pour la bonne raison quelles n'y théâtre et les films ont été les plus fré- On ne pouvait qu'être frappée par la diver- sont pas encore entrées ! Voilà pourquoi, quentés Quelques séminaires ou confé- sité et la mixité des matériaux employés entre autres, elles ne placent pas leur mili- rences portaient sur l'écriture féminine, dans la réalisation des oeuvres et leurs tantisme sous le signe de la revendication. l'art et les femmes, dont il est ressorti que références transhistoriques et transcultu- les Européennes travaillent actuellement relles : impossible de deviner la nationa- MONIQUE LANGLOIS

V • E • A • U • T • É

LES PETITS INNOCENTS Ces ouvrages sont disponibles dans toutes L'ENFANCE les iiùraines ou a EN NOUVELLE-FRANCE

PAR DENISE LEMIEUX '979 ' 205 payes institut québécois de recherche sur la culture 93. rue Saint-Pierre Québec (Québec) G1K 4A3 tel (418) 643-4695

moi 1985 15 LA VIE EN ROSE ACTUALITÉ FÉMINISTE Reagan à Québec Manif pour deux Irlandais e 17 mars, il neigeait, il ven- différents thèmes sur lesquels la Coalition diennes causées par tait, il faisait un froid épou- s'était mise d'accord étaient symbolisés les politiques inhu- vantable La traditionnelle par les couleurs de l'arc-en-ciel : la non- maines des grands de tempête de la St-Patrick n'a intervention (particulièrement en Amé- ce monde», pendant tout de même pas empêché rique centrale) en rouge, les droits des que le groupe Green- les 30 autobus alignés devant femmes en violet, les libertés syndicales peace tentait toujours la CSLN à Montréal de se remplir de en bleu, les droits sociaux en jaune, le d'ériger un immense skinheads et de hippies, dassiste-e-s pacifisme en orange et l'environnement ballon - cheminée, sociaux-aleset des\ ndiqué-e-s. de punks en vert. Bref, on avait misé sur le détail. On symbole des pluies et de straights. d'hommes et de femmes... «naît même prévu que des marionnettes acides, sans jamais Un peu de tout. quoi, mais dont la moyenne géantes incarnant le militaire et l'homme vraiment y parvenir d'âge ne dépassait pas 30 ans Et nous d'affaires ouvrent la manif. notre partici- Et, le soleil enfin de voilà parti-e-s pour Québec, accueillir pation se résumant à scander slogans et la partie, nous som- celui que notre cher Premier ministre chansons préparés pour la circonstance mes rentré-e-s chez Mulronev veut absolument nous imposer En ce sens, la manif en a déçu plusieurs, nous, un peu agacé- comme ami. Ronald Reagan. si polie et tellement bien réglée qu'on e-s d'avoir passé plus La Coalition pour la paix, la justice et n'arrivait plus tout à fait à se sentir de temps dans l'auto- les libertés démocratiques, créée peu de concernè-e-s. Heureusement, la sponta- bus qu'à Québec, temps après l'annonce officielle de la néité a fini par l'emporter sur les protesta- conscient-e-s du fait visite de Reagan à Québec et formée de tions soigneusement calculées. Un mani- que la manif n'avait plusieurs groupes de gauche, notamment festant a fait la joie de la foule (comme des pas tout à fait tenu le Centre international de solidarité soldats et agents en civil qui photogra- ses promesses mais ouvrière, la CSN. le Réseau Amérique cen- phiaient abondamment ') en transformant au moifW satisfait-e-s d'avoir réagi au trale, le RAJ (Regroupement autonome en charpie un drapeau américain installé fameux Sommet irlandais. des ieunes) et l'Union des pacifistes, avait sur le parcours. Et les nombreuses ban- Réagir, il le tant. Car cette rencontre tout tait pour que cette |ournèe se passe nières et pancartes au ton humoristique n'aura rien fait pour régler la question des dans le calme et la dignité. Il faut dire {Causez les gars, pas les missiles ') sont pluies acides, comme il avait été promis . qu'elle \ avait été beaucoup encouragée \ enues égay er ce qui se transformait tran- elle nous aura au contraire impliquè-e-s par la police, qui alla jusqu'à rendre visite quillement en une manif comme les autres. un peu plus dans la dernière stratégie aux organisateurs et organisatrices en Même l'appel à la dispersion lancé par les militaire américaine, la guerre des étoiles. pleine nuit ' La manif a même failli être organisateurs s'est buté à l'obstination ei aura scellé notre dépendance écono- interdite D'ailleurs, sitôt arnvè-e-s à bien légitime d'un groupe d'irréductibles mique et politique \ i•>- .t-\ is des États- Québec, nous apprenions qu'on nous dèterminè-e-s ârfaire savoir à «Ronnie l nis, en assouplissant en leur faveur les tiendrait à une distance respectable du K,i\ i ,iin» ce qu'ils et elles pensaient de barrières tarifaires . «VV'hen Irish eyes are Château F-rontenac. lieu de la rencontre sa présence chez nous Six d'entre eux ont siniling». il n'v ,i pas toujours de quoi Reagan-Mu lroney. d'ailleurs été arrêtés. Malgré ce contretemps, la manifestation Finalement, il \ eut quelques minutes rdit rien en couleurs. En effet, les de silence «en mémoire des morts quoti- DOMINIQI i RITI MOT. DU RAJ Si vous déménagez.... Nouvelle adresse Nom Collez ici l'étiquette portant Adresse. votre ancienne adresse et votre numéro d'abonnée Ville Code Postal N° d'abonnée SVP Faire parvenir ce formulaire à La Vie en rose. 3963 St- Denis. Montréal. QC. H2W2M4

LA VIE EN ROSE 16 mai 1985 Une tournée inédite lles étaient quatre : Rosano pro]et était ambitieux, sans parler des dis- disait Teresa à la fin du voyage. Ibarra du Nicaragua, Teresa tances parcourues. En fait. Teresa. comme les autres, ima- Tambriz Xiloj du Guatemala, De Montréal à Chicoutimi, en passant ginait mal au départ nos raisons de nous Petite Peredodes Philippines. par Juliette. Drummondville. Trois- battre, étant donné que nous n'avons ni Hilda Burnstein d'Afrique du Rivières. Québec (et j'en passe), du Front problèmes de survie (majeurs), ni dictature, Sud (25, 30. 50 et 70 ans res- commun des assisté-e-s sociaux-ales aux ni répression sanguinaire Pour des pectivementE) à parcourir la belle province comités de condition féminine des syndi- femmes obligées de faire des kilomètres du 10 février au 10 mars dernier. cats aux organismes non gouvernemen- pour une aspirine, il était en effet difficile Destiné à développer une pratique de taux (ONG). Rosario, Teresa, Petite et de comprendre «pourquoi les femmes solidarité internationale, ce genre de Hilda ont eu un horaire très chargé qu'elles d'ici se plaignent de se faire prescrire des tournée est assez fréquent au Tiers-Monde ont accepté de bonne grâce, avec le froid, pilules». Mais au bout du compte, ni elles mais c'était une première ici, d'autant plus la neige, les bottes, les mitaines, les ni nous ne pouvaient se méprendre sur la que les perspectives en étaient féministes foulards (et j'en passe) ' «détermination des femmes à ne pas se Nos quatre in\ itèes, toutes issues du Une. deux, parfois trois fois par jour, laisser écraser par leurs problèmes». Ce mouvement des femmes de leurs pays, elles ont expliqué tour à tour la vie dans qui fit dire à Hilda : «Cette tournée a ont rencontré d'abord des groupes de leur pays, ce pourquoi elles se battaient, renouvelé ma confiance dans les femmes.» femmes en plus de certains groupes de ce en quoi elles espéraient Le tout se Et à Rosario : «Je vois maintenant qu'il y a solidarité et groupes populaires. déroulait quasi simultanément en anglais, de l'espoir pour les pays capitalistes.» \utre première : le comité organisateur, en espagnol et en français, au point de Pour certaines d'entre nous, la plus plutôt hétérogène, rassemblait des femmes douter parfois de sa propre langue ' grande découverte de cette tournée fut de groupes aussi différents que le Centre moins ce que nous apprenions de nos pastoral en milieu ouvrier (CPMO), le Même volonté de combattre invitées que ce que nous apprenions des ï Ml \. Développement et paix, le Centre Très vite s'est développe un sentiment femmes d'ici À Montréal, la réception fut régional pour l'éducation au développe- d'identification, non seulement entre les un peu décevante, particulièrement de la ment international (CREDI) de Lanau- quatre invitées, mais entre elles et les part des organismes plus importants, mais dière et La Vie en rose. Ce que nous Québécoises venues les entendre. Un .ni iur et à mesure que nous nous prome- visions ? Une meilleure compréhension sentiment dû à la découverte non pas nions en région, allant de la Tablée popu- les unes des autres, bien sûr, mais aussi à dune «même oppression» mais dune laire de Shaninigan aux Amérindiennes permettre à des femmes du Tiers-Monde «même volonté de combattre» «Les fem- de Pointe-Bleue, à la Maison des femmes d'échanger entre elles Conjuguer fémi- mes se battent ici de façon différente mais de Victoriaville. etc., les rencontres se nisme et solidarité internationale : le l'important, c'est qu'elles se battent». faisaient plus chaleureuses, ouvertes et

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AU FOND DES YEUX ! 25 Québécoises qui écrivent » Préface de Lise Payette Photographies de Kèro " 16.95$

IMMTMTTIIII BEAU MILIEU DE MOI

Texte de Louky Bersianik Photographies de Kero " 16,95$

220 Laurier Ouest A)ootréal 270 0175 Nouvelle Optique 570 Dulutlj £&t, Montréal 045 4759 iminiininn rrTTiTTTrrTT-iTTTTTm-rrri i i i i i i i M i i i mai 1985 17 LA VIE EN ROSE ACTUALITÉ FÉMINISTE spontanées Jusqu'à cette phrase lancée démarche 7 Certes, les milieux progres- nous commencer par consolider, voire lors dune rencontre avec un groupe de sistes québécois étant de plus en plus créer des liens entre nous ' De plus en femmes battues : «Mais ici aussi il y a de ouverts sur les questions internationales, plus de militantes féministes se posent la la torture '». le moment est propice. Mais à voir com- question, d'ailleurs. ment Petite. Hilda, Teresa et Rosario sont Comme quoi les «grandes aventures» Pas nécessairement féministes vite devenues nos propres messagères, ont très souvent le don de nous ramener à Quelle était la position de nos quatre portant des nouvelles et des informations nous-mêmes. in\ itees sur le féminisme ? Il était clairdés d'un groupe à un autre, peut-être devrions- FRANCINE PU L I I II K le départ que nous n'étions pas, elles et nous, sur la même longueur d'ondes, à ' l'exception de Hilda qui, rapatriée de force en Angleterre, a été marquée par le féminisme occidental Nous ne nous sentions pas obligées de partager leur Les Amérindiennes analyse, mais il était un peu frustrant de voir que nos invitées avaient plus d'un pes féministes ensuite, s'opposaient à cet preiugé à notre égard d'être «anti- article de loi. Le réseau de télévision CBC hommes», par exemple. C'est d'ailleurs la ripostent en faisait même, récemment, l'objet d'une seule déception de cette tournée : nous dramatique. n'avons pas pu leur expliquer les véritables e 28 février dernier, à Ottawa, Mais il s'avère que la nouvelle n'était enieux du féminisme Faute de temps, le ministre responsable des pas si bonne que ça et l'Association des nous avions opté pour l'expérience pra- Affaires indiennes. David femmes autochtones du Québec (AFAQ) tique plutôt que théorique, ce qui porta Crombie. présentait à la l'a vite fait savoir à Ottawa C'est que le fruit quand même «Avant de venir, dira Chambre des Communes son projet de loi C-31, tout en réinscrivant les Petite, le féminisme comme tel me parais- projet de loi C-31 ; celui-ci femmes sur les listes de leur bande d'ap- sait assez trivial Mais je vois maintenant vise principalemenL t à amender la fameuse partenance et leur redonnant ainsi leurs pourquoi une femme d'ici voudrait se clause 12 (1) B de la Loi des Indiens, cet droits, ne réinscrit pas nécessairement faire avorter : elle est vraiment seule et article discriminatoire qui enlève son leurs enfants. Elle laisse cette décision elle n'a personne pour l'aider, ce qui n'est statut d'Indienne à toute femme autoch- aux chefs de bande. Aux yeux du gouver- pas le cas chez moi.» tone mariant un Blanc. nement, c'est sans doute un beau geste Ces 30 jours passés ensemble n'ont En principe, c'était donc une bonne allant dans le sens de l'autonomie politi- certainement pas été inutiles. Mais com- nouvelle : depuis longtemps, les femmes que revendiquée par les Indien-ne-s mais, ment faire maintenant pour poursuivre la autochtones d'abord, de nombreux grou- dans les faits, la mesure ne servira qu'à CIBL; 104.5 FM RADIOTHON %* anniversaire 3, 4, 5 mai

SPECTACLE 5ième ANNIVERSAIRE Avec : Michel Rivard Plume Latraverse et plus encore... 1 Dimanche 5 mai 20 h 30 û H SE M Club Soda, 5240, av. du Parc informations CJUmH^ i 526-2581 lD|gP RI al RI ROSSi'Ni mai 1985 LA VIE EN ROSE 18 coincer les Amérindiennes entre les pou- semblent préoccupés tout à coup par «la voirs toujours détenus par le gouverne- pureté de la race». ment et les pouvoirs grandissants des chefs. Une affaire de sang Car le mécontentement gronde au sein Les chefs de bande, eux, s'inquiètent de nombreuses tribus, notamment chez beaucoup du «manque de culture» éven- les neuf riches bandes de l'Ouest, qui tuel des enfants de ces femmes rapatriées, voient la réinscription de centaines et ainsi que d'une possible mainmise de même de milliers de femmes comme un leurs époux blancs, qui devront forcément amoindrissement de leurs avoirs. Et puis, être admis en même temps qu'elles. Le l'enfant d'un membre dune bande ait le comme disait un chef de bande à la radio, gouvernement, pour sa part, stipule dans droit de résider dans la réserve avec tout récemment: «Pourquoi réinscririons- son projet de loi qu'il faudra dorénavant membre de la bande», ceci afin de protéger nous des femmes qui ont voulu échapper être au moins «à moitié Indien», c'est-à- les orphelin-e-s, et que toute personne à la bande en mariant un Blanc 7» dire né-e soit de père soit de mère autoch- «émancipée» soit réinscrite indépendam- II est difficile de comprendre cette tone, pour mériter le statut d'Indien-ne. ment de son degré de sang indien (moitié, amertume de la part des chefs Ne savent- Les femmes autochtones, elles, tien- quart, huitième...), ainsi que son époux-se ils pas, comme l'explique l'AFAQdans son nent un tout autre discours. D'abord, elles et ses enfants. mémoire, que rares sont les femmes com- n'ont pas l'intention de se contenter des Quant à l'autonomie politique visée me les hommes qui ont perdu leur statut quelques améliorations proposées par le aussi par le projet de loi. elles croient «volontairement». Dans les années 60, bill C-31. Au contraire, elles y voient qu'on devrait l'intégrer au processus «la seule façon d'obtenir les droits de toujours de la discrimination puisqu'elles constitutionnel, dont la troisième rencon- citoyenneté les plus fondamentaux - que demeurent «le seul groupe de personnes tre était prévue pour le début d'avril la majorité des gens prennent pour acquis ne pouvant transmettre le droit d'appar- D'après elles, le projet de loi C-31 doit - était pour nous de renoncer au statut tenance à leurs enfants», et par le fait pouvoir «corriger l'injustice commise par d'Indien1» Serait-ce alors, s'interroge même, «la perpétuation de la vieille poli- la politique discriminatoire du gouverne- Diane Joannette, adjointe à la présidente tique d'élimination des Indien-ne-s» Elles ment fédéral», et pas autre chose. Au de l'AFAQ, que le colonialisme a trop bien n'hésitent pas à invoquer l'inconstitution- gouvernement conservateur à jouer, fait son oeuvre 7 « La majorité des Autoch- nalité de la chose, pactes internationaux donc. tones voient la Loi des Indiens comme et Charte des droits et libertés à l'appui. FRANCINE PELLEtiER une bible», et en sont devenus de plus Non seulement exigent-elles que leurs ardents défenseurs que le gouvernement enfants et petits-enfants soient rétabli-e-s 1/ Tiré du mémoire de l'AFAQ au Comité lui-même. De plus, tant les hommes au- comme Indien-ne-s statuè-e-s et comme permanent des Affaires indiennes. 26 mars tochtones que les hommes au pouvoir, membres de la bande, mais aussi «que 1985 NOUNEAUTI

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LA VIE EN ROSE

par Ariane Émond et Françoise Guénette

e suis une femme au foyer, par définition.» Pourquoi, de toutes les phrases prononcées par Use Fayette cet après-midi-là, est-ce la première qui me revient à l'es- prit, alors que j'essaie de refaire le puzzle, de tracer ici, en colonne parallèle, le portrait d'elle que d'autres, ami-e-s et collègues, nous ont donné? «Je suis une femme au foyer.» Nous ne la croyons pas, bien sûr. L'affirmation est trop choquante, trop en contradiction avec l'image que nous gardons d'elle, la «fémi- niste radicale de PLACE AUX FEMMES,l'hé- roïne du 15 novembre 1976, la première ministre déléguée à la Condition féminine. Ce lundi de mars, nous venons interviewer la femme politique, la féministe publique qui nous manque; nous espérons confusé- ment qu'elle nous annoncera son retour sur la scène politique, nous la regardons peut- être trop comme une mère de qui viendra la réprimande ou la vérité; malgré nos 35 ans, nous sommes absurdement nerveuses et intimidées. Et elle nous dit, cette belle fem- me de 54 ans, qu'elle va très bien et qu'en quatre ans d'éloignement, loin «du bruit et de la fureur», à écrire LA BONNE AVENTU- RE, elle s'est retrouvée. «Je suis une femme au foyer, par défini- tion.» Encore faut-il expliquer le contexte de la phrase. C'est pendant la première des cinq heures passées ensemble dans un res- taurant de campagne, à 30 milles de Mon- tréal. En dînant, nous badinons un peu. «Et croyez-vous à l'astrologie?»

Avec la collaboration à l'entrevue de Gisèle Tremblay, à la recherche de Virginie Boulanger et Francine Tremblay. LA VIE EN ROSE : «Est-ce que Lise Payette ne fait qu'écrire La bonne aventure, ces temps- ci ?» C'est la question que tout le monde se pose Alors, madame Payette. que faites-vous de vos journées ? LISE PAYETTE : J'écris, .mais pas tous les jours. Je m'installe le matin à mon bureau et Non, en bonne Vierge, Lise Payette ne croit pas si. dans la première heure, j'ai le sentiment vraiment à l'astrologie. Mais il y a toujours beau- que ce ne sera pas facile, je n'insiste pas. je coup de Verseau autour d'elle, observe-t-elle. fais autre chose. Mais je ne suis jamais en retard. D'autres auteurs de téléromans Jacques Fauteux et Jacques Desmarais, avec qui apportent leur texte à la dernière minute, elle a travaillé. L'homme avec qui elle vit depuis comme si on leur arrachait leur âme. Ce 15 ans. «Est-ce que quelque chose en moi a n'est pas vrai : c'est un travail comme un besoin de ce contrepoids?, se demande-t-elle. autre, qui s'organise. Là, je suis en train Les Verseau sont plus fantaisistes, plus capables d'écrire tous mes textes de l'an prochain. de rêver. Moi, je suis Vierge, avec les tartes aux | pommes, toutça... Si je n'avais pas un ascendant LVR : Alors que La bonne aventure en sera à Lion extrêmement fort, je ne serais jamais sortie de chez moi pour faire ce que j'ai fait. Je suis une sa quatrième année femme au foyer, par définition. Dès que la fin de l'été arrive, j'ai hâte de faire des conserves, j'en- LP : Et à sa dernière. grange, je tricote, j'ai peur d'avoir froid et que les autres aient froid, j'ai des crises de mère-pou- lisme: j'appelle mes enfants: ont-ils bien mangé à la cafétéria, qu'ils reviennent vite du ski, les routes LVR : Pourquoi ? sont glissantes... Ma vie privée, c'est la Vierge. Ces temps-ci, la Vierge est gâtée. J'ai trouvé un LP : Parce que je lai décidé. Cela a beau- aménagement.» coup étonné Radio-Canada, d'ailleurs. Je Autour de sa vie privée, justement, Lise Payette a construit, avec les années, une véritable carapa- crois qu'il faut savoir se retirer avant la ce. «J'ai reçu des centaines de lettres d'injures dans ma vie, qui me faisaient mal, et il y avait les facilité, ne pas étirer des choses qui mar- chent. Après La bonne aventure, je ferai autre journaux à potins... Alors, cette image publique de femme froide était peut-être la seule chose qui chose, mais ces quatre personnages, après me protégeait.» quatre ans, j'ai envie de les envoyer dormir Cette carapace, Pierre Bourgault, un vieux chum de Lise Payette, l'explique autrement: «Elle a un peu. Ce qu'elles auront eu à vivre aura été vécu. beaucoup manqué de confiance en elle. De là l'attitude qu'elle s'est prise de femme forte. Elle est forte mais elle annonce plus de force qu'elle n'en a. Là-dessus, elle est un peu «homme»: on ne pleure jamais en public. » LVR : Et vous, qu est-ce que vous ferez ? LP : Je ne sais pas. je n'ai pas de projet Elle préfère parler de timidité, s'avoue extrêmement vulnérable et souvent incertaine de ce qu'elle arrêté. En fait, je fais toujours la même entreprend: «Pendant longtemps, /''ai juste cherché à entrer dans une salle pleine de monde sans chose et je n'ai pas l'impression que cela ait me mettre a pleurer.» Cela, Louise Jasmin nous le confirmera: «J'ai connu Lise Payette en 1964, je changé véritablement : je suis communica- crois, chez Gérard Pelletier, au lac Ouareau. Elle rentrait de Paris, ses enfants étaient petits. J'avais trice mais je change d'outil. Si un outil me lu des articles sur elle, je l'écoutais à Interdit aux hommes. Elle était très réservée, d'une timidité sert mal, je passe à un autre. très prononcée. Encore aujourd'hui, elle a cette timidité, mêlée au besoin d'avoir une vie privée inviolable.» LVR : Reviendrez-vous à l'information ? Louise Jasmin a longtemps travaille avec Lise Payette, comme recherchiste: trois ans a Place aux LP : Je n'en suis pas sûre. J'ai besoin d'être femmes, deux ans à Studio 11, trois ans a Appelez-moi Lise, un an à Lise Lib. «Il lui faut vraiment très excitée, qu'un projet me tente tenrible- un micro pour être à l'aise! Je l'accompagnais à des conférences, des gens venaient la voir, elle ment II me faudrait une formule neuve, qui était mal a l'aise... et cela passait pour de la froideur.» Selon elle, Lise Payette se confie-t-elle? «A soit un défi. Je n'ai pas envie de me répéter. très peu de personnes. En fait, je ne suis pas sûre qu'elle ait jamais livre le fond d'elle-même à qui On m'avait proposé de remplacer Nadeau à que ce soit. Je l'ai rarement vue pleurer... et c'était pour des histoires d'amour.» Radio-Québec mais ça ne me tente pas. Interviewer du monde, je lai beaucoup Pierre Bourgault, lui, a connu Use Payette a Trois-Rivières il y a 30 ans: «C'est assez unique. On fait... Pour l'instant, je ne cherche pas moi- commençait a faire de la radio et on s'est retrouvés là, Lise et André Payette, Raymond Lebrun, même cette autre formule parce que j'ai Georges Dor. Gilles Leclerc et d'autres inconnus, pendant six mois, un an... On était très chum, on beaucoup de plaisir à faire ce que je fais. Je se faisait du fun, les Payette élevaient leurs deux bébés, et je me souviens les avoir gardés, avoir m'amuse, je suis bien à écrire et, quand j'ai changé leurs couches... des idées nouvelles, je tends plutôt vers l'écriture. Ce qui me tenterait serait d'écrire «Je suis un chum de Lise Payette et un fan en même temps. Ce que j'aime le plus d'elle, c est son un scénario de film, le premier long métrage intelligence. L'intelligence, c'est quoi? C'est la faculté de comprendre. Elle l'a. C'est pourquoi j'ai international du Québec. Je suis sûre que toujours dit qu'elle ferait une bonne première ministre: elle a toutes les qualités requises; c'est une ça ne prend pas 10 millions de dollars ! femme supérieure, Payette. Elle serait sans doute aussi tyrannique que René Lévesque, mais plus En fait, ce qui m'intéresse, c'est commu- franchement. Lévesque a toujours son image de mouton immolé, mais, avec lui, c'est tout le temps niquer, quelle qu'en soit la forme. Écrire un le couteau dans le dos. Elle est tyrannique, point. Et ouvertement. téléroman est aussi valable qu'écrire un roman, s'il est fait correctement. g «Elle a toujours été une femme d'action, c'est sa nature. De ce coté-là, on a des affinités, on a très Et dans La bonne aventure, je contrôle tout § envie d'action. Puis, tout à coup, nous prend l'envie de nous retirer et de refléchir. Lise Payette est le contenu. Mes personnages, par exemple, « aussi une femme humble et orgueilleuse, pas souvent vaniteuse et surtout jamais modeste. Là-des- ne m'ont jamais échappé : ils font ce que je ° sus, on est exactement pareils. Elle a beaucoup d'humour; en public, elle aime rire, ça fait partie du veux et ça me paraît très important Je ne o show. Mais dans la vie, c'est une femme sérieuse, pas sévère mais sérieuse.» sais pas ce qui alimente l'émission. C'est I

LA VIE EN ROSE 22 mai 1985 tout ce que j'ai accumulé. Une fois, j'ai mis dans la bouche d'Hélène l'expression : «Les choses qu'on dit à mi-mot sont com- prises à moitié... donc parlons-nous'» C'est Claude Morin qui avait lancé ça. Quand je l'ai écrit, j'ai souri en pensant à lui.

LVR : Vous montrez des femmes de 30 ans en évolution et qui. comme le monsieur Jourdain de Molière faisait de la prose sans le savoir, font du féminisme sans le dire Pourquoi un tel choix ? Pourquoi l'une de ces quatre femmes n'est-elle pas militante féministe, ou enseignante syndi- quée ou indépendantiste, c'est-à-dire engagée, avec un discours un peu social ? LP : Parce que ce serait trop facile. Il faut qu'elles le découvrent. Avez-vous vu l'évo- lution de Michèle ? Elle est partie de loin. Michèle. C'était la pire des quatre. Tout doucement, elle s'est inscrite au YWCA, elle suit des cours, etc. Les femmes ne vont pas plus vite que ça : c'est là où on se trompe. Et actuellement, il y a de moins en moins de militantes. Même quand on est syndi- quée, on n'en parle pas forcément à ses amies ; quand on est membre d'un parti politique, on ne l'affiche plus comme il y a •La bonne aventure»: Martine, Michèle, Anne et Hélène (1985) dix ans. Moi, j'écris en 1985 fine justement C'est elle qui exprime le plus de cheminement mais qui le fait difficilement LVR : Mais. vous, où ètes-vous dans La bonne revendications, qui a le discours le plus affirma- parce que, même là où elle sait avoir raison, aventure ? On n'y voit pas de femme comme tif. mais jamais elle ne parle de féminisme, le des interventions de l'extérieur rendent sa vous, qui aurait eu vos problèmes mot n est jamais dit c'est tout de même étrange, démarche de connaissance d'elle-même LP : Deux choses m'intéressaient. D'abord non } plus ardue. le virage, décisif, des femmes à la tren- LP : Si j'en fais plus que cela, je perds le taine : tu prends les bonnes décisions ou tu public. J'aime mieux qu'il entende ; le Martine, c'est la frondeuse, constam- prends les mauvaises Si tu prends les mau- message n'entre pas comme une tonne de ment au front ; elle dit qu'elle n'a peur de vaises à 30 ans, ce sera extrêmement diffi- briques, mais sur quatre ans, il entre. rien mais elle est morte de peur parce cile de revenir là-dessus. LVR : Vous aimez mieux que ça passe par les qu'elle sait bien qu'à un moment donné, La deuxième chose était de rattraper les situations que par le discours ?. elle va passer tout droit. Elle va tomber dans femmes qui ont 30 ans aujourd'hui, pour LP : Absolument. le précipice, ou il va arriver quelque chose lesquelles on a l'impression d'avoir tout fait et elle va se casser la gueule, mais elle le fait - et c'est vrai qu'elles bénéficient de nos LVR : Et ça passe ? quand même. Hélène, enfin, c'est le rêve de luttes. Tout a tellement évolué quelles se LP : Je dirais que oui. à cause du courrier, beaucoup de femmes, d'accéder à une retrouvent avec d'autres problèmes que des réactions Certaines m'amusent beau- profession, de tenter de la changer de l'inté- ceux que j'ai connus, mais aussi difficiles à coup. Par exemple, une dame me dit : rieur, d'essayer de concilier deux choses, vivre. Moi, j'ai 54 ans. Quand j'avais 30 ans, «Pendant toute la première année, je de tout réussir. divorcer, c'était quelque chose, l'entre- prise d'une vie. On allait au bout de la corde avant de décider quoi que ce soit. Rejoindre Elles sont engagées, les femmes de LA BONNE AVENTURE, ces femmes-là, c'est ce qui m'a tentée. Plus qu'un discours politisé au sens... quotidiennement.

LVR : Engagé ? midentifiais à Anne. Je viens de découvrir LVR : Mais on comprenait mal pourquoi LP : Elles sont engagées, ces femmes-là. que je ressemble plus à une autre.» C'est Hélène, justement, abandonnait sa carrière Dans leurs décisions quotidiennes. Mar- que le téléroman, pour moi. c'est une seule d'avocate pour suivre son juge à Québec tine, par exemple, refuse de se marier et même femme, avec quatre facettes, divi- LP : Moi aussi, je comprends mal. Mais depuis trois ans, a deux enfants avec le sée en quatre personnages. tomber en amour, vous rappelez-vous ce même gars, a obtenu qu'il lui offre la moitié que ça veut dire ? On devient folle ! de son agence de publicité. Elle est deve- LVR : Que vous nommeriez de quelle façon ? Une dame m'a écrit : «Je ne comprends nue une femme collaboratrice avec 50 % LP : Anne, c'est la femme plus tradition- pas qu'Hélène réponde au téléphone : des actions ; je n'ai pas besoin de le souli- nelle, plus maternelle, tiraillée entre le goût "Oui, oui. je suis madame Langlois." Sur- gner au crayon gras. La télévision, ça de rester avec ses enfants et le goût de tout elle, une avocate qui sait qu'elle a le grossit. sortir. En même temps qui se protège droit de garder son nom!» En fait, dans toujours, qui ne veut pas que les choses l'histoire, Hélène garde son nom. sauf LVR : Je pensais vous reconnaître un peu dans changent trop vite, qui a peur du risque. qu'au téléphone.. Ça m'arrive à moi : par- le personnage le plus «bavard», celui de Mar- Michèle, c'est celle qui a commencé un fois . on appelle à la maison, ou des gens mai 1985 LA VIE EN ROSE Si Bourgault apprécie d'abord l'intelligence de sa vieille chum, Louise Jasmin, elle, aime «sa fran- chise et son honnêteté envers elle-même. Et la clarté de ses propos-: -Je la trouve claire, limpi- de, ça m'impressionne même si je ne suis pas nécessairement d'accord. Et puis j'aime sa cha- leur avec ses enfants, avec les enfants. Ma fille Catherine l'adore... Elle est très cajoleuse avec les enfants, les siens ont été très importants pour elle, elle a été une bonne mère, aimante. «Lise est très fidèle a ses ami-e-s, discrète aussi, et rassurante quand il le faut. Sans être influen- çable, elle écoute attentivement. «C'est vrai qu'elle est peu sociable et qu'elle aime par-dessus tout être chez elle: elle déteste les mondanités, préfère recevoir en petits groupes, même si je me rappelle des fêtes extraordinaires chez elle, Côte Sainte-Catherine à l'époque... Entre autres, un 29 août, son ami lui avait organisé une qui ne me connaissent pas viennent livrer grande fête, une surprise: elle était très mal à l'aise, elle faisait penser à une enfant émue parce que de l'huile ou laver les vitres, et me deman- la surprise est trop forte et qu'il y a trop de témoins!» dent : «Madame Bourguignon7» Je ré- Cette femme timide peut aussi être sans merci. «Mieux vaut être dans ses bonnes grâce, être ponds : «Oui, c'est moi». Est-ce que je de- ami-e qu'ennemi-e avec elle. Quand un lien est coupé, il n'y a aucune communication possible: elle vrais perdre 1 5 minutes pour expliquer au peut ignorer, terriblement.» Léa Cousmeau, comme Louise Jasmin, évoquera ce revirement possi- livreur d'huile que. non, je ne m'appelle pas ble: «Use Payette, c'est vraiment la maman. Le rejet venant d'elle est insupportable. Pour se l'éviter, madame Bourguignon ~> Et comme je vis certains deviennent même complaisants avec elle... alors que c'est une femme exigeante qui n'ap- avec mon chum depuis 15 ans. je dis «mon pelle pas la complaisance: elle aime les gens qui ont des choses à dire et à faire, même si elle n 'est mari», c'est plus facile, j'en ai pris l'habi- pas d'accord." tude, je pourrais dire «mon chum», c'est pareil. Par rapport à Martine, j'étais convaincue qu'il y aurait un tollé : une femme qui cou- che avec quelqu'un, qui a des enfants sans être mariée, etc. Mais non, il n'y a pas eu ces réactions. Alors, je me sens extrêmement Léa Cousineau, des services à la collectivité de privilégiée : j'arrive à faire passer ce mes- l'UQAM, est issue des groupes de femmes, des sage. Ça veut dire que le seuil de tolérance groupes populaires et du RCM ou Lise Payette l'a est plus élevé, mais je dois mesurer à quel connue. Elle a été membre du cabinet de mada- moment ça va virer de bord... Je ne sais pas me Payette d'août 1977 à août 1979, comme atta- s'il y a d'autres moyens de rejoindre ces chée politique sur le dossier de la condition fémi- femmes-là que par des biais semblables, nine, avec le mandat de faire le joint entre le qui les obligent à admettre que c'est ça, la Conseil du statut de la femme et la ministre. Nous réalité Évidemment, les femmes de la cam- voulions savoir d'elle comment travaille Lise pagne peuvent toujours dire que ça. c'est Payette. Comment, ministre, gérait-elle son pou- bien les femmes de la ville. voir et prenait-elle ses décisions7 Est-ce une femme de consultation? Est-elle exigeante jusqu'à la tyrannie? «Rigoureuse, capricieuse, fatigante», disait en blague Bourgault J'utilise beaucoup le personnage de Blanche, la grand-mère de Martine, pour «II y a toujours eu du «madame» et du «vous» entre nous, précise Léa Cousineau, beaucoup de faire passer les choses. Elle a de l'âge, donc respect mutuel, même si c 'était une aînée et que nous vivions très différemment. Avec elle, tout n 'est une certaine expérience mais, en même pas nommé. Il y a beaucoup de non-dit... Madame Payette propose, il est vrai, une sorte de contrat temps, elle aussi fait des choses «contre d'exigence a celles et ceux qui travaillent avec elle. Elle les choisit parce qu'elle a une image d'eux nature». Comme tomber en amour à 69 ans, et elle s'entoure de gens qui croient aux contenus: nous étions presque tous des spécialistes. Et elle vouloir se marier, coucher avec son chum leur propose un «deal», même si ce n'est pas une tordeuse de bras: si on accepte, elle s'attend à ce avant le mariage, etc. Et, de temps en temps, que ça décolle, à ce qu'on apprenne et produise vite. elle intervient pour dire: «Ben oui, mais «Sur le dossier de la condition des femmes, la délégation était totale: c'était ma responsabilité, c'est comme ça...». Elle a souvent le rôle de elle me faisait confiance. Les analyses que je lui apportais étaient reçues, digérées, et alimentaient remettre les choses à leur place, de les par la suite ses façons de faire. Parce qu'avec elle, rien n'est inutile: elle emmagasine sans arrêt. dédramatiser. Oui, c'est une femme qui bouge. Lentement, mais tout le temps. «Je prévoyais pour elle les questions en Chambre, assumais la mise à jour du dossier, rédigeais LVR : Êtes-vous sensible aux cotes d écoute 7 des fiches ou des discours. ..Et ce qui était merveilleux, c 'est qu'elle livrait la marchandise! En Cham- LP : Oui. contrairement à ce que tous les bre ou ailleurs, elle convainquait très bien. Donc, même si elle exigeait beaucoup de nous, elle exi- intellectuels prétendent. Moi. j'y suis sen- geait autant d'elle-même: c était très stimulant. «Dans les coups durs, les moments d'échange diffi- sible parce que j'utilise des métiers de ciles avec des gens ou des groupes hostiles, mon travail était de faire attention pour qu'elle ne se communication et que réussir dans un tel durcisse pas, donc de relativiser... Aux groupes de femmes, par exemple, elle avait l'impression de métier, c'est rejoindre le plus de monde proposer un «deal» honnête et ça la blessait qu'on puisse mal l'interpréter. Mais Lise Payette ne possible. Déterminer le maximum pour tel vient pas, comme moi, de la base, des groupes de femmes eux-mêmes. C'est a cause de son métier type d'émission, l'atteindre et sinon, cesser et par choix personnel qu'elle s'est trouvée a porter nos revendications.» C'est ça, l'utilité des cotes.

LA VIE EN ROSE 24 mai 1985 J'ai le sentiment de changer l'image que les femmes ont d'elles- mêmes, et que les hommes ont d'elles.

LVR : Et vous en êtes à 814 000 rencontrer 200 femmes à Hearst en Ontario. LVR : Vous êtes donc rentrée chez vous pour LP : À Montréal seulement. Au Québec, on Et ça m'a pris trois jours ! Alors partir sur la refaire vos forces et vous le vivez sereinement rejoint 2 395 000 auditrices et auditeurs. Si route n'avait aucun sens ; je me serais tuée Est-ce une étape avant de recommencer une Le temps d'une paix avait continué, on serait au travail. Et, même si j'aimerais bien voir autre lutte ? nez à nez, parfois en avance, parfois juste les femmes chez elles, j'aime encore mieux LP : Avant... je ne sais quoi, ni comment. en arrière. en rencontrer deux millions par la télévi- Pas actuellement. Pas dans l'action poli- sion. Deux cents à la fois, ça ne va pas vite. tique actuelle. Je ne trouve pas ma case. Je LVR : Mais vous n'avez plus comme avant, me pose des questions, je n'ai pas encore le quand vous étiez devant la caméra, le feehng LVR : Vous avez quitté la politique en disant sentiment d'avoir toutes mes réponses et... immédiat, le feedbach du public Est-ce que ça «Je veux retourner parler aux femmes des exi- vous manque ? gences que nous devons avoir pour nous et nos LVR : C'est la raison de votre «silence» depuis LP : C'est peut-être de cela que je me repose, filles, du chemin parcouru et du combat jamais trois ans ? justement. J'ai eu une vie publique qui a été fini, de la politique et du pouvoir» Est-ce vrai- LP : Oui. très longue. La radio pendant sept ans. tous ment ce que vous faites avec La bonne les jours. Puis la télévision pendant trois aventure.' ans, tous les jours. C'est long, comme /e LP : Au moins, je traite de choses encore LVR : Vous dites qu'en 1981 vous étiez brûlée public. Ensuite quatre ans et demi de poli- jamais traitées. On n'a jamais vu des femmes émotivement au point de consulter une théra- tique, avec finalement le même «exposure». vivre comme ça nulle part à la télévision. peute, un psychiatre ? car la politique brûle presque plus vite que Oui, j'ai le sentiment de changer le stéréo- LP : Non. J'ai une capacité énorme de res- la télévision. type, l'image que les femmes ont d'elles- sourcement, qui était nécessaire, je pense, Le grand changement dans ma vie, main- mêmes et que les hommes ont des femmes. pour faire la vie que j'ai faite. J'ai la capacité tenant, c'est que je peux aller n'importe où Ne serait-ce que ça... Ce n'est pas inutile. Et de fermer la porte. C'est pourquoi vous ne et, comme je ne suis plus devant l'oeil je gagne ma vie honnêtement, ce qui n'est venez pas à la maison aujourd'hui : ma public, je peux vivre presque normalement. pas rien. En politique, j'aurais pu choisir, maison est mon seul refuge. Quand plus Souvent. Pas tout le temps mais souvent, je comme d'autres l'ont fait, d'être réélue en rien ne marche, je m'y retrouve avec les peux passer une journée dans les magasins 81. d'attendre que ça fasse cinq ans et choses que je connais. Comme dans une et personne ne m'accoste. Ça me fait du démissionner. Mais j'ai quitté la politique piscine, tu coules, tu coules, mais tu sais bien, j'avais besoin de ça. sans pension... et j'ai besoin de gagner ma qu'il y a un fond et que tu vas le toucher vie. Je ne serai jamais une femme dépen- Quand je suis rentrée en avril 81. je cher- LVR : Est-ce que ! écriture vous apprend quelque dante. chais le fond. Mais le fond, je suis équipée chose de nouveau ? En plus, ça me permet de me retrouver, pour le trouver toute seule LP : Oui, c'est un travail solitaire. Au début, de me refaire une santé. J'étais épuisée en Si j'en avais vraiment besoin, j'irais cher- mon mari m'a dit : «Tu ne seras jamais sortant de là. Physiquement très fatiguée cher de l'aide. J'ai déjà fait une dépression capable». mais émotivement, brûlée. Les coups nerveuse dans ma vie. avec quatorze jours Il me connaît depuis 1969. alors il a vécu avaient été tellement durs ! J'avais besoin de cure de sommeil. Cela a été un succès : mes années publiques. Quand il m'a vue de temps pour moi, pour penser, comprendre quand je suis sortie de là, je savais que ça rentrer à la maison après la politique, il a ce qui s'était passé, et où je m'en allais. n'arriverait plus jamais. C'était à Paris, en même pensé que je ne pourrais pas vivre à la campagne en permanence, toute seule... Il était convaincu que j'avais besoin de la réaction quotidienne du public, de ce qu'il appelle «la tarte aux fraises» Quand tu t'installes devant ton public, et qu'il t'ap- plaudit très fort, tu te vautres dans la tarte aux fraises, c'est ta récompense, c'est... bon. de la tarte aux fraises ! Lui pensait que c'était devenu essentiel pour moi. Il a douté pendant un bon moment.

LVR : Et vous, avez-vous douté ? LP : Je me suis dit qu'effectivement, je m'embarquais peut-être dans quelque chose que je ne pourrais pas finir. Mais pas du tout : je me sens très bien là-dedans, dans ce type de vie-là, et cela me permet de dire non à un paquet d'affaires, ouf ' J'au- rais pu reprendre Appelez-moi Lise sous un autre nom, presque tout de suite, pour n'importe quel télédiffuseur. Mais je ne g pas en arrière, c'est une de mes constantes. | Ce qui me fait plus de peine, c'est de j refuser toutes les invitations des groupes 1 de femmes ; il y en avait une sur mon répon- ds deur ce matin, du Nouveau-Brunswick. Peu | après ma démission, en 1981. je suis allée Lise Payeîte, Françoise Guénette, Ariane Émond

mai 1985 25 LA VIE EN ROSE Peut-être pas issue des groupes féministes mais féministe depuis plus longtemps que la plupart 1961. Je vivais le déchirement entre trois d'entre nous. Pierre Bourgault se souvient d'elle en 1954,1955: "Contrairement à plusieurs femmes enfants, un mari tout le temps absent... et de cet âge qui étaient féministes sans le savoir, elle le savait. Les autres posaient des gestes de qu'est-ce que je faisais pour moi ? Je ne me femmes en voie d'autonomie, elle avait déjà un discours féministe. Bien avant vous autres! Et elle suis pas suicidée parce que j'avais un pro- n'est pas féministe que par intuition, elle y a beaucoup réfléchi. Sans faire de grands discours, elle blème de conscience épouvantable : est-ce a pose des gestes. Son émission de radio Place aux femmes, dans les années 1965-1970, a été que je pouvais tuer mes enfants avant de l'un des événements les plus importants pour les Québécoises: c'était très féministe, elle abordait me suicider ~> Comme je les avais mis au sans arrêt les problèmes des femmes.» monde et que je ne voulais pas les laisser, j'avais comme le sentiment d'avoir un droit "Lise Payette a tou/ours dit qu'il ne faut pas faire peur aux hommes, rappelle Armande St-Jean. sur leur vie. Mais, dans un langage modéré ou réformiste, elle disait des choses étonnantes pour l'époque. Elle J'ai joué avec cette idée-là pendant des a un discours depuis toujours beaucoup plus avancé que bien des femmes en poste aujourd'hui, jours et des jours. Et puis, Payette a fini par parmi les féministes d'État. Et. comme Claire Bonenfant, elle a toujours fréquenté les radicales pour rentrer à la maison. J'avais juste assez de alimenter son discours. » lucidité pour lui dire : «Je suis malade, emmène-moi chez un médecin». Ce méde- cin m'a fait dormir à l'hôpital pendant qua- torze jours. L'épuisement total. Alors j'ai dormi, mais d'une espèce de demi-sommeil où le corps repose mais où l'esprit fonc- tionne ; je suis sortie de là convaincue qu'il y avait des choses qu'il fallait que je fasse, des choses à changer. Cela a déterminé tout Pour la journaliste Armande St-Jean, Use Payette le reste de ma vie. J'avais 30 ans. a été très tôt un modèle unique: "J'ai commence dans le métier en 1964. à 19 ans. C'était encore la LVR : Vous vous êtes toujours définie comme Révolution tranquille: ni à la radio ni à la télévision, une féministe formée sur le tas. modérée. LP : Sur le tas, mais pas sur le tard ! En 54, je ne trouvais de femme journaliste qui soit un quand j'ai commencé à faire des textes pour modèle. Je ne pouvais pas m'identifier à Judith la radio, à sortir de la maison, j'avais 23 ans, Jasmin: trop "Vieille" pour moi, et maigre sa quali- mon fils était né en 52, ma fille en 54 Je té, elle faisait son métier à la façon des hommes. vivais à Trois-Rivières, et j'ai réalisé que ça Non, la première que j'ai vue exercer ce métier dif- n'avait aucun sens de me retrouver avec féremment, d'une façon qui m'intéressait et me deux enfants à la maison, alors que j'avais stimulait, avec des préoccupations qui me rejoignaient, c'était Lise Payette. envie de faire autre chose, que ma vie soit «Place aux femmes, par exemple, avait l'air d'une grande plaisanterie, avec du café et des fem- réduite à cela mes, une heure chaque matin. Mais c'était en fait très politique et très stratégique: il y avait alors à Mais j'étais issue d'une famille de fem- Radio-Canada ce qu'on appelait «le Club des varices», des cinquantaines de femmes amenées par mes féministes. On ne savait pas que c'était autobus faire la tournée des émissions... On considérait cet auditoire-là comme de la chair à émis- du féminisme mais ma grand-mère était sion, des femmes qui ont fini de servir pour la reproduction et qui ne sont plus bonnes à rien. déjà une femme très émancipée d'abord «Or. Use prenait ces femmes-là et, avec elles, installait un autre climat. Elle a commencé tranquil- parce qu'elle ne pratiquait pas. Dans un lement à les faire parler de choses en apparence très anodines, et très féminines. C'était très quartier ouvrier comme Saint-Henri où les habile.» curés étaient omniprésents ! Elle s'était Louise Jasmin, recherchiste de Lise Payette à l'époque, se souvient de ces thèmes: «Les hommes avortée ou je ne sais quoi, un curé lui avait refusé l'absolution, et elle avait répondu : aiment-ils mieux leur voiture que leur femme?" (Elle avait trouvé un gars d'accord et prêt à le dire!), 7 «Dorénavant, je réglerai mes problèmes «A quoi pensent les femmes les mains dans l'eau de vaisselle ". «Voudriez-vous revivre vos fiançail- directement avec En-Haut». Ma mère était les?". «L'hypocrisie est-elle surtout masculine?», -Les hommes sont-ils des bétes à cornes?», «Que aussi comme ça. C'était des femmes qui faire quand un homme nous tombe dans l'oeil?», etc. travaillaient comme femmes de ménage- la «Use Payette nous décrivait le type d'invite qu'elle voulait après noOs avoir donné le thème de seule chose accessible- mais qui tendaient l'émission, toujours une question et portant généralement sur les rapports hommes-femmes. Elle vers l'indépendance. Moi, ma mère a essayé faisait des journées inimaginables, un vrai bourreau de travail, jamais en retard, toujours dans la toute sa vie de se passer de l'argent que son note, avec cette distinction dans le rire et dans la voix...» mari laissait à la maison. Armande St-Jean. elle, allait en studio pour voir Lise Payette faire son métier. -Place aux femmes et Studio 11,c était très comique et. au plan technique, une vraie prouesse. Ils étaient quatre autour d'une table. Jacques Fauteux et Guy Provost. ses coammateurs. Lise etson invité "Chouchou», et il Est-ce qu'on doit retourner en y avait dans la grande salle peut-être 200 femmes. -Lise partait à la pèche, tous les matins, avec du arrière parce que les hommes monde nouveau, elle allait dans la salle deux ou trois fois, trouvait une «bonne» table, s'asseyait. n'ont pas compris? -J'avais découvert en l'observant qu 'elle gardait au creux de la main un petit micro, qu elle laissait dépasser juste assez pour prendre sa voix et celle de l'autre. Elle s'approchait et. à cause de ce qu'elle dégage, les femmes n'avaient pas envie de se reculer, m de se coller, d'ailleurs: même dans LVR : Voua avez dit en acceptant cette entrevue, cette intimité, elle gardait une certaine distance. Et la. elle disait: -Ça va bien?», et les femmes lui que cela vous forcerait à faire le point Le point répondaient a elle, pas au micro. Elles se rendaient compte ensuite seulement qu'il y avait un micro sur quoi ? et qu'elles étaient en ondes1 C'était une sorte de magie technique. Le studio 11, dans l'ancien édifi- LP : II y a quatTe ans. quand j'ai quitté h ce de Radio-Canada, était vert et gris avec des «spots-' au plafond et un effroyable bruit de vaisselle. politique, mon obsession était l'avenir du C'était inouï de faire une émission dans une atmosphère pareille. féminisme. Ça l'est encore, moins doulou- 7 «J'ai toujours trouve que Lise Payette travaillait bien. D'abord, elle sait parler, elle a un don de la reusement : Vers quoi allons-nous Quelles communication incroyable, surtout verbal. La consécration de sa carrière a été la télévision mais seront nos méthodes ? moi je pense qu'elle était meilleure à la radio, parce que c'est une femme d'intimité, qui parle tout Celles que nous avons utilisées jusqu'à doux à l'oreille...» maintenant ont donné quelques petits

moi 1985 LA VIE EN ROSE 26 résultats mais c'est trop long, je suis obligée d'en témoigner. Est-ce qu'on doit retourner en arrière parce que les hommes n'ont pas compris, pour aller les chercher7 Est-ce qu'on doit les traîner comme un poids ? Je réagis assez mal à cette idée. En même temps, ce qui me dérangeait beaucoup pendant ces années en politique, c'était de me retrouver cons- tamment avec la maudite liste d'épicerie chiffrée de tout-ce-qu'il-fallait-obtenir- priori ta irement- pour- les- femmes, sinon c'était un échec ! Cette liste était devenue obsédante pour moi, mais absolument révoltante pour mes collègues ' Le mouvement féministe a vécu parallè- lement au mouvement syndical, dans les mêmes années. Or, à mon avis - moi qu; suis, par définition, syndicaliste - le mou vement syndical est obligé de se remettri en question aujourd'hui. Car il risque d( perdre non seulement des acquis, mais se' propres membres. Il y a une espèce d'écoeu g rement de cet affrontement perpétuel J'a | l'impression que la même chose se produii -i pour le mouvement féministe et à cause de § nos méthodes. En fait, les résistances ont £ surgi proportionnellement à nos pressions

I LVR : Notre vieille méthode étant d'essayer de créer un rapport de force, comme les syndicats, 1967 Place aux Femmes, Guy Provost et Lise Poyette quitte à tomber dans un certain «manichéisme», tout blanc ou tout noir ? pour une autre, on continuera d'attendre des 1964. mais c'était quelque chose de faire LP : Voilà. Et on arrive à un moment où il choses absolument irréalistes des quelques accepter ça à Radio-Canada ! Dans ce sens- est devenu trop facile pour les gens au femmes qui y accéderont. là, je n'ai pas de culture féministe, je ne suis pouvoir de nous répondre que ce n'est pas Je ne crois pas qu'il faille revenir aux pas issue des universités avec leurs études possible, faute d'argent, à cause de la situa- stratégies spectaculaires : manifs. etc féministes ou leurs idéologies. Je suis issue tion économique, du chômage, etc La liste Quant à la méthode de Betty Friedan : du travail, d'un mariage, d'un milieu ouvrier de leurs excuses est longue. «Rentrons chez nous, occupons-nous de J'ai tout appris sur le tas Mais je ne me suis Les hommes au pouvoir ont réagi à nous l'homme qui est chez nous, changeons-le et jamais démentie à travers ces années-là, et comme les maladies à la pénicilline. Ils ont la société va être changée», je n'y crois pas c'est probablement là mon diplôme développé des anticorps. Dans ce sens-là, non plus, ni aux États-Unis ni au Québec. Pour ces raisons, j'espérais pouvoir - nous ne sommes plus efficaces Ils ont c'était mon rêve à moi - être une femme (et trouvé le moyen de répondre à toutes les LVR : C est une question que posait Simone de non un homme) politique, avec tout ce que demandes, de faire face à toutes 1P.; mani- Beauvoir «Peut-on se sauver seule '» ça implique. Et j'espérais avoir des femmes festations. Plus rien ne les dérange. Ils LP : \'on. on ne peut pas. J'ai souvent repro- un support, non pas inconditionnel, mais sont aussi aguerris à répondre que nous ché à certaines femmes, qui avaient accédé dans lequel il n'y ait pas de méfiance. Cela l'étions à demander. Une fois qu'on l'a à des postes de commande, de me répondre, n'a pas marché. Alors, je suis toujours très constaté, il faut trouver un autre moyen. quand je leur demandais ce qu'elles avaient prudente en parlant des autres femmes Au lieu de revendiquer morceau par l'intention de faire pour les autres femmes : politiques ; je sais que c'est dur pour elles. morceau, n'y aurait-il pas moyen de faire «Moi, je l'ai fait toute seule, qu'elles le confiance à un groupe de femmes qui fassent». Mais on a cette responsabilité ' travailleraient de près avec le gouverne- On doit se servir de son poste pour y faire ment 7 Comme le Conseil du statut de la accéder le plus de femmes possible après femme, le réseau des répondantes à la soi. C'est ce que j'ai cherché, avec toutes condition féminine que nous avons établi mes limites, à faire en politique. J'y étais dans les ministères, vers 1978, devrait entrée pour deux raisons : faire progresser exercer ce double rôle de surveillance et de la condition des femmes et l'indépendance stimulation. Parce qu'il faut casser notre du Québec. En 81, j'en suis partie pour les attitude de «mendiantes» qui attendent des mêmes raisons : je ne pouvais plus être choses du pouvoir. Gagner la guerre - et utile au dossier des femmes et l'indépen- non seulement quelques petites batailles- dance était remise aux calendes grecques. c'est être là et intervenir av ant que les déci- Par rapport aux femmes, j'avais idéalisé, sions ne se prennent I avais imaginé... Des groupes radicaux ne Je pense qui) va falloir cesser de voir le me trouvaient peut-être pas assez fémi- pouvoir comme une chose extérieure à niste, mais il faut se souvenir qu'en 1964, ]e nous, et que le pouvoir, politique ou autre, faisais à la radio le premier magazine fémi- devienne pour nous une chose naturelle niste de Radio-Canada : Place aux femmes Mes enfants, je sais pas où vous étiez en Tant qu'on ne l'admettra pas pour soi ou 1975 : Lise Lib

mai 1985 LA VIE EN ROSE Journaliste à la technique inusitée et au propos féministe, Lise Fayette tranchait aussi, dès les années 60. par un certain non-conformisme, inha- bituel chez une vedette. Louise Jasmin raconte. \par exemple, "qu'elle n'a jamais ete coquette. Quand Yvon Duhaime lui faisait ses costumes. I pour Appelez-moi Lise, moi je trouvais souvent ça laid et elle, ça ne la dérangeait jamais. En Chi- ne, l'an dernier, elle m'a confie qu'elle ne pouvait I pas s'acheter des robes a 300S. Elle est capable de dépenser cet argent en vêtements pour ses enfants mais jamais pour elle. Par ailleurs, je pense que ce manque de coquetterie fait partie de son féminisme. Et selon elle, si un homme aime une femme, ce ne sera pas pour son corps ou son allure mais pour son intelligence. Elle se sait assez intelligente." L'amour: un autre sujet tabou dont Use Fayette a peu parle pour elle-même. Alors, nous lui avons pose la question directement: «Ètes-vous amoureuse, ces temps-ci?" Et elle a répondu. 1980 : Pendant la campagne pour le OUI -Je suis en amour depuis 1969. sans difficulté majeure. C'est un homme très autonome, qui a ses propres activités: il a son travail, il monte à cheval, il aime les fleurs, il fait des jardins extraordinaires, Une chose est sûre : une fois entrée là. si il fonctionne parallèlement. Quand je lui ai fait part, en 1976. de mon intention d'entrer en politique, on n'est pas féministe jusqu'au fond des il m a dit: "Ecoute, je ne veux pas t'en empêcher, mais je ne sais pas si je pourrai le vivre". Ça voulait entrailles, ça va s'amenuiser, parce qu'il dire: Ma grande, tu prends le risque, je ferai ce que je pourrai pour t aider mais je ne suis pas sûr faut constamment s'appuyer sur ce qu'on a d'être encore la après. Il a vécu cela comme une aventure, en espérant passer au travers. déjà vécu et dit Autrement, la bataille quo- «Mais c'est un homme tourne vers l'avenir, que rien ne scandalise: je peux me permettre toutes tidienne est tellement épuisante que c'est bien plus facile d'être fine et de se faire les déclarations, il ne se sentiamais vise ou remis en question. En même temps, il a des faiblesses, aimer... Sans avoir une longue certitude parfois des rechutes: il est un peu macho pendant deux heures et là je m'amuse à le prendre par d'avoir raison, c'est intenable. l'humour. Depuis 15 ans. c'est devenu une relation confortable, oui. mais jamais complètement sécurisante, et a refaire tous les jours. Après ma séparation, j'hésitais beaucoup à me reengager. Je ne le regrette pas: la deuxième partie de ma vie est meilleure que la première. » LVR : \'ous avez été la I " ministre déléguée à la Condition féminine Mais on a l'impression que les femmes qui vous ont succédé ont été moins féministes que vous LP : On a aussi douté de mon féminisme à moi quand j'étais là '

LVR: Réponse de politicienne1 lous aviez quand même un discours féministe Elle, qui -s'en va doucement vers la soixantaine", LP :... auquel on ne croyait pas. Soyez hon- que la ménopause «n'a pas trop marquée", qui, nêtes. Il \ a eu un moment où je me suis fait en vieillissant, souhaite surtout ne pas -virer de traiter de femme de service, comme d'autres bord et de devenir une vieille réactionnaire», a-t- femmes en politique... elle tout de même peur de mourir? «Non. je n'ai pas ptur de mourir. Je viens de LVR : f est ce qui a été le plus dur de votre voir mourir chez moi une amie que j'aimais beau- passage en politique, ne pas sentir I appui des coup et je ne pense pas que l'acte de mourir me femmes derrière vous ? fasse peur. C'est apprivoise. J'ai vu mourir ma LP : Émotivement, oui. Sur le plan stricte- mère, et cette amie de 48 ans. C'est un combat ment politique, l'assurance-automobile a règle. Mais jaimerais choisir le moyen de mourir. été plus difficile à faire passer auprès des -Quand je suis partie en Chine, l'avais le sentiment de m'en aller tellement loin que je me suis collègues et des groupes de pression : le entendue dire à mes enfants: «S/ l'avion tombe à l'aller, plaignez-moi. S'il tombe au retour, dites- Barreau, c'est aussi fort que le mouvement vous que je meure heureuse: j'aurai vu la Chine, j'en révais depuis 25 ans." Plus que le moment, féministe!... Mais cette bataille-là, je l'ai c est la façon de mourir qui m'importe. Je ne veux pas mourir sans dignité et c'est difficile. gagnée. J'ai perdu l'autre, là où j'étais sans défense. Les avocats, je pouvais les prendre -Cette amie morte du cancer est restée chez moi, presque jusqu'à la fin. Elle me l'avait demande. sur leur terrain, sans problème Avec les I avais accepte, c'était correct. La veille de sa mort, j'ai passe la journée à l'hôpital, assise près féministes, ou même avec les femmes non d elle. La chambre était sombre parce qu'elle souffrait. Elle était agitée: un de ses médicaments lui féministes, l'étais beaucoup plus vulné- convenait mal. Elle voyait des ombres sur le mur et elle paniquait. Un moment, je me suis mise à rable En principe, on était censées s'en chantonner comme ça: mmmmmmmmmm... Elle s'est calmée et je lui ai dit que je chantais pour 1 aller à la même place et tout à coup je me qu'elle dorme. Elle ma dit: -C'est beau -. Alors, entre 2 h et 6 h, j'ai juste chantonne. rendais compte que non. Ça faisait beau- Le jour même, je suis arrivée à l'hôpital à7h30. Elle était agitée, j'ai mis ma tête sur l'oreiller près coup plus mal que de ne pas aller dans la de la sienne: -Je suis là maintenant, tu peux te reposer. • Elle est morte a midi. •• même direction que le Barreau ! C'est la dernière histoire que Lise Fayette nous a racontée cet après-midi-la. Et puis nous avons Ce que j'ai trouve le plus difficile. ie fait les photos. Elle vantait le charme de son chum: -Je dis à ses admiratrices: Prenez un ticket pis pense, c'est d'être battue sur les deux plans, mettez-vous en rang'-, ajoutait quelques blagues, détendue. Nous l'avons quittée en riant. à l'intérieur et à l'extérieur. D'être battue par

LA VIE EN ROSE 28 mai 1985 r,. les gars en dedans, qui ne me faisaient pas confiance parce que je représentais des groupes féministes. De le dire en dehors et d'avoir quand même des groupes de fem- mes qui me tapaient sur la gueule. J'avais envie de crier: «Arrêtez, laissez-moi une place où respirer... Arrêtez ou je vais m'en aller chez nous !». Ce que j'ai fait.

LVR : Mais s'il n'y avait pas eu les Yvettes. aunez-vous continué de vous battre ? LP : Je pense que oui L'affaire des Yvettes a fait éclater ce qui me restait de crédibilité à l'intérieur du gouvernement. Mais je ne suis pas sûre que j'aurais pu tenir très longtemps Aux élections de 1981, le dis- cours officiel est devenu économique et on se serait attendu bientôt à ce que je dise aux femmes : «Ce n'est pas possible parce qu'on n'a pas d'argent». J'en aurais été incapable et cela m'aurait placée dans une situation encore plus difficile.

LVR : Avec l'affaire des Yvettes. en mars 1980. on vous a accusée de vous conduire pour la pre- mière fois comme un «homme politique», de façon partisane Jocques Léonard, , et Lise Payette entrent pour la première (ois au Solon rouge LP : Ce n'était pas une intervention parti- de l'Assemblée nationale, 1976 sane, c'était une intervention maladroite, lors d'un discours improvisé. Tout simple- réputation de mépriser les femmes au foyer, femmes ne sont pas prêtes, sur le plan ment. Ma maladresse a été d'accoler le nom je la traîne depuis mes premières émissions émotif, à abandonner ce qu'elles ont, ce de madame Ryan au stéréotype de la petite de radio. Parce que j'ai affirmé des choses dans quoi elles ont investi, parfois depuis Y\ette des manuels scolaires. 11 n'y avait comme «L'indépendance commence dans 15 ans ou 25 ans. rien là pour faire une histoire le porte-monnaie», ou «Allez travailler à Entre les femmes qui font peur et les l'extérieur», on m'accusait de vouloir sortir femmes qui ne font pas confiance, y aurait- LVR : Alors vous avez été mal citée ' les femmes de la maison. Alors certaines il moyen de trouver quelque chose de plus LP : Pas tout à fait, mais citée hors contexte étaient déjà méfiantes ; et. pour elles, juste pour les besoins actuels ? La solution Et c'est là que Lise Bissonnette m'a attaquée. dénoncer le stéréotype d'Yvette, c'était des prochaines années, pour moi. se situe Elle, qui était une amie intime de Mme dénoncer ce qu'elles étaient véritablement là. entre les deux. C'est-à-dire arrêter de Ryan, a fait une crise. Et ce qui m'a tuée, dans la vie de tous les jours. Mais moi, ça traiter les hommes comme des ennemis c'est l'ampleur que cela a pri.s. parce qu'évi- me crevait le coeur de voir des femmes absolus, mais ne jamais leur faire assez demment l'opposition a sauté là-dessus. s'accrocher un macaron « Je suis une Yvette confiance pour les laisser sortir avec sa et j'en suis fière». Je me disait : «Bonté fille' De toute façon, ça va venir des Quand j'ai quitté la politique, je suis allée 7 à New York rencontrer Lise Bissonnette. Je divine ! Où est-ce qu'on est rendues » hommes... voulais savoir pourquoi elle m'avait démolie. Parce qu'au fond, c'était ça, le résultat. Pourquoi m'avait-elle démolie en réponse Les hommes au pouvoir ont réagi au féminisme comme les au fait que j'avais apparemment démoli maladies à la pénicilline. quelqu'une d'autre' N'y avait-il pas une façon de me rappeler à l'ordre sans tomber dans la même chose dont on m'accusait ? LVR : 1 ous disiez que les femmes, pour être LVR : Mais ça ne viendra pas deux avant qu'il Elle était à New York à ce moment-là. on a prises au sérieux, devaient faire peur aux n \ ait un mouvement de notre part ' parlé pendant plusieurs heures : je lui ai dit hommes Devant l'affaire des Yvettes. le débat LP : C'est vrai. Il n'y a absolument aucune que j'écrivais un livre sur mon expérience des trois chefs daoùt dernier, ou d autres straté- raison qu'ils changent d'eux-mêmes Le politique, je lui ai demandé de le préfacer. gies électorales axées sur les femmes, avez-vous pouvoir leur convient, il est fait pour eux Entièrement d'accord, m'a-t-elle répondu I impression quils ont peur ' Sauf que. moi. je ne crois pas que nous Mais le manuscrit fini, elle a refusé. Pour LP : Juste en campagne électorale Le serons bientôt majoritaires dans un gouver- quelle raison ? Elle m'a seulement dit qu'elle lendemain de l'élection, sur la ligne de nement. Je ne pense même pas que. dans ne pouvait pas. C'était son droit fond, pas du tout. un proche avenir, nous allons représenter une force suffisante à l'intérieur des murs du pouvoir. LVR : En dehors des manipulations politiques Donc il faut traiter av ec eux. sinon nous et du rôle catalyseur de iéditorial de Lise LVR : Parce que les femmes ne sont pas encore nous condamnons à ce qu'ils nous laissent Bissonnette, n'y avait-il pas aussi dans la assez conscientes de leur pouvoir ' dans la rue pour longtemps Ça ne les réaction des Yvettes. une réponse de femmes LP : Leur pouvoir est à un prix tel qu'elles dérange pas. et en plus ils sont dev enus très offensées par les excès d'un discours féministe sont prêtes à \ renoncer régulièrement : habiles à récupérer les campagnes électo- que vops incarniez une fois de plus ' Une elles le mettent de côté chaque fois que rales Le débat des chefs, en août dernier, je réponse comparable à celle des Real W'omen ' c'est trop coûteux. La réalité, c'est ça il l'ai regardé à la télévision, morte de rire LP : Oui, c'est vrai. J'ai toujours eu la faut vivre à la maison aussi et toutes les Suite à la poge 57

1985 29 LA VIE EN ROSE Les marathoniennes du i ast f

• /. ce sont les jeunes marathoniennesjdu (ast-food. Pour les interroger, Louise Lorose a couru quelques McDonold montréolois. par Louise Larose idi dans un fast-food de la rue sont expliquées, décortiquées de A à Z. À inexpérimentée, sujette aux congédiements Sainte-Catherine. Une odeur savoir : accueillir le client, prendre la com- arbitraires, peu informée de ses droits et qui de friture permanente flotte mande, assembler la commande, présenter «bouge» beaucoup. En général, on reste dans l'atmosphère Les files de la commande, encaisser l'argent et inviter le sept, huit mois au même endroit, parfois clients s'allongent... Les cais- client à revenir. L'apprentissage de ces moins ; cette mobilité du personnel est loin sières dansent un ballet fréné- étapes reste l'affaire des filles. La division de favoriser de meilleures conditions de tique, s'agitent avec des gestes du travail demeure encore, dans la majorité travail. syncopés, engagées dans un des cas, très rigide : les filles en avant aux Hélène Lachance. de l'Association des combat à finir avec les Big Mac. caisses, les gars en arrière à la friture. Peu gens à pourboire (AGAP), a travaillé douze McCroquettes, Whopper et au- ou pas de rotation des tâches : «On ne nous ans dans le domaine de la restauration, tres délices du prêt-à-manger. laisse pas véritablement le choix. Je ne sais dont deux jours chez McDonald : «Les Mais qu'est-ce qui fait courir ces travail- pas pourquoi. Dans la plupart des fast- employées ont peu ou pas d'expérience du leuses en tout sens ? À croire que Ray Kroc food les filles se retrouvent automatique- monde du travail. Elles ne connaissent pas lui-même1, le père spirituel du hamburger ment derrière le comptoir. C'est comme ça. leurs droits... et moins tes informée, mieux de masse, l'Ayatollah du fast-food, les Moi. j'aimerais bien travailler en arrière ; ce c'est pour les patrons Tu vas vite, tu vas très poursuit d'un index vengeur Certaine- n'est pas que j'aime tellement la friture, vite, tu ne peux pratiquement pas parler aux ment pas le salaire Encore moins la sécurité mais ça ferait changement. Ça changerait le clients. De plus, il existe une compétition d'emploi. Plutôt la nécessité plus prosaïque mal de place», soutient Sylvie, une débu- entre les filles pour la vitesse : il faut que tu de se trouver une première job. de payer tante dans le métier sois un «modèle», comme l'employée du l'appartement, la bouffe, les études, etc. Même si elles franchissent avec succès le vidéo, toujours prête. À la longue, ça devient Non syndiquées, payées en majorité au cap de l'initiation, les caissières peuvent très routinier... Même à l'intérieur d'un salaire minimum, soit 4 $ de l'heure (3,54 $ être réévaluées à leur insu à n'importe quel petit établissement, les filles sont divisées ; si elles ont moins de 18 ans), jeunes travail- moment grâce à une sorte de pointage sur comme ça elles ne peuvent pas se regrou- leuses ou étudiantes, à temps plein ou 100 basé sur les six points du vidéo. Si, pour per, elles n'ont pas de force.» partiel, elles constituent un des rouages une raison ou pour une autre, la productivité De là les nombreux abus. Certaines essentiels de l'industrie de la restauration d'une employée baisse, elle a un mois pour chaînes de fast-food, spécialisées dans la rapide et un réservoir quasi inépuisable de s'améliorer sinon c'est la mise à pied. vente de beignes (Dunhin Donuts, pour ne «cheap labor». Une main-d'oeuvre jeune, Comme ces évaluations sont individuelles, pas la nommer !), ne sont pas considérées très jeune, souvent âgée de moins de 18 une employée ne connaît pas nécessaire- comme telles, à cause du service au ans mais déjà «vieille» à 22, 23 ans, à qui ment le score de sa compagne de travail. comptoir où le pourboire est permis Or. dès l'on enseigne le sourire et surtout la rapidité. Cette pratique a pour conséquence directe le moment où l'employée reçoit un pour- Francine, une «vieille» de 23 ans avec d'isoler les travailleuses, virtuellement tou- boire, si minime soit-il, ce n'est plus de la quatre ans de service, chef d'équipe dans tes en compétition les unes avec les autres ; restauration rapide : le personnel est alors un McDonald, explique : «La vitesse c'est c'est l'illustration parfaite du vieil adage considéré comme salarié à pourboire et par le le plus important ; si t'es pas vite, après un Diviser pour régner. Et cette rivalité se repro-fait même payé au taux horaire de 3.28 $ certain temps, t'es dehors. Moi. ça me prend duit pour le poste mieux rémunéré de chef pour les 18 ans et plus (2.95 $ pour les en moyenne une minute pour servir un caissière. moins de 18 ans). Une véritable aubaine client.. À l'heure de pointe,, je sers en Le nombre d'heures hebdomadaires de pour les patrons Enfin, en maints endroits, quinze minutes 18 à 20 clients, en trente travail varie fréquemment. Par exemple, la journée ou la semaine d'entraînement minutes, 35. Au bout d'un certain temps, tu dans beaucoup de restaurants, s'il n'y a plus n'est tout simplement pas rémunérée. t'aperçois que tu fonctionnes à un rythme de clients après trois heures de travail, on À l'heure actuelle, une employée lésée accéléré même en dehors du travail ; lorsque renvoie du personnel : c'est parfaitement n'a malheureusement pas beaucoup d'al- je rentre à la maison, c'est plus fort que moi, légal... Parfois, une journée entière «saute». ternatives Elle peut cependant déposer je fais tout vite, la vaisselle, le lavage, etc. Ce qui signifie pour l'employée moins de une plainte à la Commission des normes du On peut dire que je vis à l'heure du fast- sous au bout du compte et l'impossibilité de travail, avec preuves à l'appui (chèques de food.» Andrée, employée chez Harvey's. prévoir avec exactitude son salaire de la paye, témoins, dates, etc.). Ainsi, elle risque souligne la même chose : «On nous parle semaine. de récupérer au moins les sommes dont elle d'abord d'efficacité, de rapidité et on nous Généralement, le coût de l'uniforme est a été privée. Mais il vaut mieux pour elle demande d'être souriantes avec la clien- défrayé par l'employeur et les pauses café entreprendre cette démarche une fois qu'elle tèle. » Même refrain chez Josée et Nancy, de sont respectées. À quelques exceptions aura quitté cet emploi pour un autre, puis- chez Burger King : «Ici les patrons misent près. Renée travaille depuis quatre mois que, selon Hélène Lachance. «les femmes sur la vitesse avant tout. Plus les gens sont de 9 h 30 à 1 5 h dans un restaurant tTès qui déposent leurs plaintes au moment où servis vite, plus on passe de clients et plus il achalandé (avec caméra vidéo pour la sur- elles sont au service de l'employeur, per- y a de profit au bout.» Dans cet univers où veillance des employé-e-s). sans pause dent leurs jobs à 99 %.» tout est prévu à l'avance, il n'y a pas de café ni période de repos. Elle en a discute à place pour l'improvisation et l'amateurisme. L'accréditation multipatronale, soit la maintes reprises avec son patron, sans possibilité pour les travailleuses-eurs de Le fast-food ce n'est surtout pas le «snack» succès. La Loi sur les normes du travail du coin, c'est une machine bien huilée... plusieurs établissements de négocier en- prévoit trente minutes de repos après cinq semble une convention collective, serait la Chez McDonald par exemple, solidement heures de travail (article 58)... De plus, encadrées (par un personnel composé d'une solution... de l'avenir. En attendant, les toutes les employées de cet établissement jeunes travailleuses de la restauration rapide entraîneuse, d'un chef d'équipe, d'un doivent payer elles-mêmes leur uniforme et «swing», d'un assistant gérant, d'un gérant) demeurent une proie facile pour le premier un montant est retiré chaque semaine de «fast-foodeur» venu*. ^ et entraînées, les candidates n'ont qu'à bien leur salaire. Pourtant, la loi stipule que se tenir. «l'employeur ne peut rien déduire du salaire Si la Florentine de Gabrielle Roy (Bonheur minimum pour l'achat, l'usage et l'entretien d'occasion) vivait maintenant, ce n'est pas d'un uniforme, si celui-ci est obligatoire» l'art de faire un sundae qu'elle appren- (article 49) Or. depuis plus de quatre mois. Louise Larose est journaliste à la pige. drait mais bien les six étapes du rite de Renée paye toujours le même uniforme ! passage de l'apprentie caissière McDonald. Elle se cherche maintenant un nouveau 1/ hondateur de la chaîne McDonald lra\ail... 2/ Cette petite enquête a été effectuée chez En effet, dans cette chaîne où l'on pousse Mi Donald coin Massoivlberville. McDonald très loin les stratégies d'efficacité, l'initia- C'est là une des forces de l'industrie de la Sainte-Catherine est. Harvey's, coin Sainte- tion commence par un vidéo où les tâches restauration rapide : une main-d'oeuvre Catherine, Saint-Laurent mai 1985 31 LA VIE EN ROSE ACTUALITÉ

<•<•• ',, Et les oubliées du Code du travail par Lorraine Payette

hérèse Z. n'en revient pas : son patron vient de la congé- dier pour incompétence, après 22 ans de service ! Monique Y. rentre de son congé de maternité au restaurant où elle bosse depuis quatre ans... pour y trouver son avis de licenciement ! Pierre X.. lui. est congédié une semaine après s'être plaint de ne pas être payé pour ses heures supplémentaires. Quatrième cas..T. Mais il est inutile de continuer tant la liste de ces congédiements illégaux pourrait s'allonger. Le point commun entre Thérèse, Pierre, Monique et quelque 1 800 000 autres tra- vailleuses et travailleurs du Québec ? Elles et ils ne sont pas syndiqué-e-s. 70 % de la population active sur le marché du travail, au Québec, est dans cette situation, et de ce 70 %, 70 % sont des femmes, employées souvent dans des restaurants, des petits commerces, des bureaux, des caisses ou des banques, où la syndicalisation s'avère difficile, voire impossible. En avril 1980, le gouvernement adop- tait pourtant la Loi des normes minimales de (n° 126), présentée comme une conveVion collective pouvant régir les conditions de travail au Québec. Le méca- nisme d'application est simple: un-e employé-e qui se pense lésé-e peut porter plainte auprès de la Commission qui, après enquête, pourra lui faire réintégrer son emploi ou faire respecter ses droits... mais à quel prix ~> Les histoires de Thérèse, de Monique et de Pierre nous le diront : tensions, tracasseries, perte de revenus, et de confiance en soi. constitution de dossiers, interrogatoires, pressions mul- tiples-: bref tout le déséquilibre émotif et Alors que la Commission Beaudry poursuit matériel que peut engendrer une contes- tation judiciaire. sa tournée de la province et des intervenants socio-économiques Oui, malgré la loi. la réalité quotidienne avant de se prononcer, entre autres, sur la syndicalisation des non-syndiqué-e-s est toujours aussi précaire. Cinq ans après son adoption, on multipatronale, la situation des I 800 000 travailleurs non syndiqués connaît mieux, par contre, les lacunes de du Québec se dégrade. 70 % d'entre eux sont des femmes. la loi et de son application.

LA VIE EN ROSE 32 mai 1985 Des recours à deux tranchants reconnu par la loi. On ne peut congédier de s jite le déséquilibre entre une compa- Les articles les plus connus de la loi une femme parce qu'elle est enceinte. La gnie et un-e employé-e congédié-e. ainsi concernent le salaire horaire : 3,28 $ pour travailleuse enceinte a droit à un congé de que les nombreux désistements en cours les employè-e-s à pourboire, 4 $ pour les maternité de 18 semaines sans solde, de route. autres. La semaine de travail a été fixée à laquelle est remplacée par les prestations Mais Thérèse tient bon. L'employeur 44 heures maximum, les congés fériés, à d'assurance-chômage et une allocation monte un dossier, témoins à l'appui, sur sept, et les vacances à un jour ouvrable du gouvernement provincial. À son retour, l'incompétence dont elle a fait preuve par mois travaillé. l'employeur doit la réintégrer dans son dans le poste où elle a été promue. L'avo- Mais le salaire horaire n'a pas été emploi avec tous les droits et privilèges s'y cat de Thérèse démontre que cette promo- indexé depuis octobre 1981, soit plus de rattachant. tion lui avait été donnée parce que dans le trois ans ; mais la semaine de travail n'a Sachant qu'il est illégal de congédier poste qu'elle occupait auparavant- pour diminué que dune heure depuis 1940 ; une femme parce qu'elle est enceinte ou lequel elle était vraiment qualifiée — elle mais la journée de 8 heures est loin d'être pour des raisons se rattachant à sa gros- avait eu une longue mésentente avec son gagnée ; mais les congés fériés ne sont sesse, l'employeur de Monique s'est cru supérieur immédiat. L'arbitre donne raison valables que pour ceux et celles resté-e-s plus subtil... S'il l'a renvoyée, à son retour, à Thérèse, mais les procédures étant tou- à l'emploi de la même entreprise depuis c'est surtout parce quelle avait de trop jours longues, ce verdict est rendu un an au moins 60 jours - et à la condition qu'ils nombreux retards, expliqua-t-il à la et demi après son congédiement. travaillent la veille et le lendemain dudit Commission. Celle-ci démontra le non- Thérèse a vécu ces 18 mois dans l'incer- congé(') - ; mais le maximum de vacances fondé de l'accusation : l'employeur exi- titude et l'insécurité. Sa chute de revenu, payées est de deux semaines... à moins geait que Monique arrive une demi-heure les pressions de l'employeur, le long défilé d'avoir dix ans d'ancienneté ! Que de à l'avance pour enfiler son costume et être de témoins voulant lui démontrer son «mais» ! prête à travailler à l'heure fixée. Le com- incompétence, les nombreux interroga- Encore un ~> Mais on ne peut pas s'atten- missaire ayant rejeté le motif invoqué par toires pour la constitution de son dossier dre à ce que la loi soit automatiquement l'employeur. Monique put réintégrer son ont sérieusement compromis son équilibre appliquée par l'employeur. C'est ce dont travail avec pleine compensation pour psychologique. En proie à des accès para- Pierre s'est aperçu, lorsqu'il a constaté, son année perdue. noïaques, elle se sent victime d'un com- après une semaine de 54 heures, que son Mais depuis environ un an, les plaintes plot. L'arbitre lui donne gain de cause, patron ne lui avait pas payé ses 10 heures des femmes enceintes ou ayant eu des mais doit reconnaître que son état de supplémentaires à temps et demi. 11 lui en problèmes avec leur employeur pour leurs santé mentale ne lui permet pas une réin- parle, mais celui-ci ne donne pas suite à congés de maternité ne sont plus reçues sertion dans son milieu de travail : il lui sa demande. Comme on n'a que 30 jours par la Commission : les employées doivent accorde un dédommagement de 10 000 $. après le délit pour porter plainte. Pierre se se trouver un avocat. Si leur revenu ce qui ne représente même pas une année rend à la Commission. Le dossier est familial est assez bas. elles ont droit à de salaire ! ouvert : l'enquête doit couvrir l'année l'Aide juridique Mais une femme deman- L'employeur a perdu. Thérèse a gagné, précédant le dépôt de la plainte. C'est à la dant un congé de maternité a souvent un une fois les frais d'avocat et d'arbitre Commission de faire le suivi, d'assurer la conjoint dont le revenu ne la rend plus payés. 7 000 $... et un séjour en hôpital défense - sans frais pour le plaignant - et, éligible à ce service gouvernemental. Ris- psychiatrique. C'est vraiment le jeu de si nécessaire, d'amener l'employeur quera-t-elle d'assumer les honoraires Qui perd gagne ' devant les tribunaux civils. Les enquêteurs d'un avocat pour réintégrer son tra\ ail ' viennent donc sur place et interrogent les Non : c'est ce que démontre l'importante Un milieu de vie : le travail employé-e-s et le patron. Colère de l'em- diminution des plaintes. Risquera-t-elle Beaucoup d'emplové-e-s pensent pou- ployeur qui congédie Pierre et un de ses alors de perdre son emploi pour avoir un voir s'entendre facilement avec leur amis «resté trop longtemps dans le bureau enfant, dont les besoins lui demande- employeur, se rendre indispensables à en compagnie de l'enquêteur». ront., d'avoir un emploi ? «leur» entreprise, au fil des années. Il Or. il est illégal de congédier un employé n'en reste pas moins que les intérêts Quitte ou double divergent. Pour obtenir de meilleures parce qu'il a porté plainte ou participé à En cas de congédiement, la loi oblige une enquête. Les deux collègues retour- conditions de travail ou une augmenta- l'employeur à donner un préavis écrit, un tion de salaire, les négociations sont nent donc à la Commission et portent certain nombre de semaines à l'avance, plainte cette fois pour congédiement illé- laissées à l'initiative de chaque employé-e. variant selon l'ancienneté de l'employè-e. Et ce n'est que lorsque les trav ailleuses et gal. Ce n'est que huit mois plus tard que la Lorsque l'employeur n'en émet pas. l'em- cause est entendue devant un commissaire les travailleurs se retrouvent au chômage, ployé-e droit à un montant équivalant après 4. 12 ou 20 ans de trav ail. qu'elles et du travail, qui décide du bien-fondé de la au salaire correspondant. plainte. Pierre et son ami réintègrent leur ils réalisent que l'entreprise n'est pas la emploi avec pleine compensation de tout Thérèse, qui occupe le même emploi leur, mais celle de leur employeur. C'est le salaire perdu depuis 22 ans, reçoit un préavis de deux alors le vide : non seulement dans leur vie mois ; elle n'a donc droit à aucun dédom- professionnelle, mais aussi dans leur vie Mais l'histoire ne s'arrête pas là ! magement. On venait pourtant de lui affective, puisque leurs ami-e-s conti- La loi 126 ne prévoit pas de description donner une promotion ! Elle se sent lésée, nuent à trav ailler. Les rapports s'espacent de tâches : Pierre se retrouve avec une ne comprend pas qu'avec une telle ancien- et les répercussions de leur congédiement surcharge de travail, des heures supplé- neté, on puisse la mettre à pied aussi faci- sur leur vie familiale ou quotidienne sont mentaires (qu'il ne peut refuser sous lement... Et en effet, elle apprend qu'après sérieuses. peine de congédiement, légal, cette fois...) cinq ans. elle peut obliger son employeur On doit tenir compte de tous ces facteurs et soumis à une surveillance continuelle. à s'expliquer devant un arbitre. Elle porte S Devant ce harcèlement qui rend le climat pour trouver une solution aux problèmes plainte à la Commission Après une ten- de trav,ni des non-syndiqué-e-s. Celle = de travail invivable, Pierre tient le coup tativé de médiation, qui échoue comme s trois mois, puis démissionne. Il n'a plus que le gouvernement a proposée, la Loi dans la plupart des cas. la cause est enten- sur les normes minimales de travail, n'aura | d'autre recours que de trouver un autre due par l'arbitre. 1 emploi. jamais la force dune convention collec- o L'employeur comme l'employée doivent tive § La maternité : un luxe ? se faire u'présenter par un avocat et les Quel syndicat aurait accepté un contrat Longtemps revendiqué par les femmes. deux parties se partagent également les Statuant une semaine «normale» de 44 I le congé de maternité est maintenant honoraires de l'arbitre. On comprend tout heures, deux semaines de vacances par

mai 1985 33 LA VIE EN ROSE année et l'impossibilité de refuser les le principe de la négociation d'un syndicat vail (Commission Beaudry) doit se pro- heures supplémentaires ~> Un contrat qui face à plusieurs employeurs n'est pas noncer sur la syndicalisation multipatro- ne prévoit aucune journée de maladie encore reconnu par le Code du travail. nale. parmi 35 autres points, à l'automne payée, aucune description de tâches et Il y a plusieurs hypothèses pour la mise prochain. Elle s'est déplacée à travers la aucune augmentation de salaire, ni en en application de l'accréditation multipa- province pour prendre le pouls des ré- fonction de l'ancienneté, ni par rapport au tronale. gions ; elle était à Montréal en décembre coût de la vie ? Certain-e-s pensent qu'il faudrait élargir 1984. Au printemps 85, elle compte avoir l'accréditation dune seule unité syndicale des consultations privées avec les organi- La syndicalisation à l'ensemble d'un secteur, dans plusieurs sations patronales, syndicales et les grou- multipatronale entreprises. Ainsi, tous les employé-e-s pes socio-économiques. Déjà, les rapports L'accréditation multipatronale consti- travaillant dans la restauration ne dépen- favorables et défavorables s'accumulent. tue, à l'heure actuelle, le seul moyen de draient que d'un seul syndicat. D'un côté, le Conseil du patronat prédit, permettre la syndicalisation des travail- D'autres voudraient éviter le monopole le cas échéant, la faillite des PME, études leuses et travailleurs dans les moyennes syndical dans un secteur en particulier économiques à l'appui. De l'autre, syndi- et petites entreprises. Mais elle en est avec une accréditation élargie qui englo- cats et groupes socio-économiques dé- encore à l'étape théorique. berait plusieurs établissements. Ainsi, montrent que la syndicalisation multipa- Quelques essais ont été tentés dans la une quinzaine d'employé-e-s de différents tronale est le seul moyen d'assurer une région du Saguenay- Lac-Saint-Jean, du restaurants pourraient être représenté-e-s véritable protection aux employé-e-s des type «négociations regroupées» : plu- par un syndicat, un autre groupe d'em- PME, la loi 126 n'étant pas adéquate. sieurs syndicats se sont unis pour négocier ployé-e-s, par un autre syndicat. Que fera la Commission Beaudry ? face à plusieurs employeurs. Chaque syn- Autre hypothèse : lorsqu'un niveau de Tranchera-t-elle le débat "> Comment ? Et dicat gardait son autonomie d'accrédita- syndicalisation est atteint dans un secteur, si elle ne le tranche pas, recommandera-t- tion, mais faisait front commun pour les un vote pourrait s'étendre automatique- elle au moins un essai ~> %>* négociations. Cette formule se rapproche ment à l'ensemble du secteur donné. Par de la syndicalisation multipatronale. mais exemple, si 20 % des travailleuses et tra- vailleurs de restaurant se syndiquent, on provoque un vote sur l'accréditation au- Lorraine Payette est employée à Au bas de près de tous et toutes les employé-e-s de léchelle et journaliste à la pige. restaurants. BOUQUINEZ À L'AISE À Chacune de ces hypothèses sous- Pour de plus amples informations sur la Loi entend une accréditation limitée à chacune des normes minimales et les recours des non- syndiqué-e-s. des groupes peuvent vous des dix régions administratives de la aider. À Montréal : Au bas de l'échelle. 6839 A. \N kGENCE DU LIVRE province, pour respecter les disparités Drolet, Tél. : 270-7878. À Québec : l Associa- régionales. Tous ces scénarios sont vala- tion des travailleurs immigrants et québécois, 1246 rue St-Denis Montréal bles, mais, faute d'un exemple concret, 265. de la Couronne. Tél. : 522-6322. À Trois- Tél.: 844-6896 restent dans le domaine de l'imaginaire... Rivières : CANO. 952. Sainte-Geneviève. Tél. : La Commission consultative sur le tra- 373-2332.

QUINZAINE DE LA RADIOPHONIE INTERNATIONALE DU 19 MAI AU 2 JUIN 1985

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LA VIE EN ROSE 34 mai 1985 NUIT BLANCHE /actualité du Livte.

5 écrivaines, entre autres NUIT BLANCHE lh d b Marguerite Duras...

Des entrevues avec

Julia Kristeva Francine Noël N18 Anne Delbée (avril-mai 85) Louise Vandelac

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1 était une fois...» Oui. comme dans un conte de fées. l'Uru- guay d'hier m'apparaît aujour- d'hui un paradis perdu Et pas seulement parce que j'y ai vécu ma jeunesse. Ce pays était vraiment à lavant-garde des Amériques, de la majorité des pays occidentaux. même. Jugez-en. Au début du siècle, en Uruguay, l'instruc- tion est gratuite, mixte, laïque et obligatoire, du primaire à l'université. Le taux d'anal- phabétisme est de l'ordre de 2 %. guère plus élevé que celui de la pauvreté. Non seule- ment est-ce le seul pays d'Amérique latine qui ne connaît pas la misère, mais c'est là où la classe moyenne est la plus étendue et privilégiée. Certes, il y a des millionnaires, Montevideo de gros propriétaires terriens, mais la majo- rité des citoyen-ne-s bénéficient de lois tains corps de métiers ont déjà ouvert leurs «emplois domestiques», elles souffrent sociales progressistes leur accordant des portes aux femmes depuis 1918 : imprimerie, moins du chômage que les hommes) Bien protections substantielles : sociétés mu- écoles industrielles, entre autres. sûr, on les trouve surtout dans les secteurs tuelles de santé, soins gratuits pour les traditionnels : enseignantes, infirmières, pauvres, assurance-chômage, retraite à 54 Du progressisme secrétaires, ouvrières dans l'industrie lé- ans. syndicats dans tous les secteurs ou Quand l'étais petite, par exemple, à Mon- gère. Mais nombreuses sont celles, parmi presque tevideo, je voulais être pilote, parachutiste, les plus instruites, qui occupent des postes Bien que la population soit surtout ca- journaliste et exploratrice Ma meilleure de cadres ou des professions libérales. tholique, ni l'éducation, ni le code civil, ni amie. elle, hésitait entre la psychiatrie et la Le congé de maternité, apparu en 1934, aucun secteur social, ne dépendent de chirurgie. Mes parents ne nous traitaient peut s'assortir, si la femme le désire, d'une l'Église : le mariage «valable» est donc pas de folles, ils nous disaient simplement : retraite-maternité : dès le premier enfant, si civil, le divorce est reconnu très tôt (1907) «Choisis, tu ne pourras jamais tout faire !» elle a exercé son métier au moins un an, elle et les méthodes anticonceptionnelles faci- Elle, terminant sa médecine, a développé peut prendre sa retraite à 70 % du salaire, lement accessibles, au fur et à mesure des une telle horreur du sang quelle est devenue quitte à retrouver un emploi plus tard ! La progrès. C'est sans doute pourquoi les psychiatre. Moi, tout en enseignant, je me mesure est discutable : elle arrange les familles uruguayennes ne sont jamais très suis parachutée journaliste, ce qui me mères, mariées ou célibataires (les droits de nombreuses : deux enfants en moyenne permet de pilcfter des dossiers, tout en ces dernières et des enfants naturels sont depuis les années 50-60 et une population explorant la triste réalité ! reconnus depuis 1909). Mais c'est stabilisée à trois millions d'habitant-e-s, Mais, pour en revenir aux autres Uru- aussi un moyen de les écarter de d'aussi loin que je m'en souvienne (environ guayennes, elles composent en 1965. l'an- leur vie profes- sionnelle. . et 40 ans '). Quels sont les motifs admis pour née de ma propre licence, 40 % de la main- 7 qui coûte cher aux contribua- divorcer L'infidélité reconnue de l'un ou d'oeuvre (55 % aujourd'hui : grâce aux blés, lorsque la mère en l'autre conjoint, le consentement mutuel V^* question ou... la seule décision de la femme ! vient de se Car - voici le plus beau - sans être ce faire payer qu'on appelle aujourd'hui féministe, l'Uru- huit ans guay a eu très tôt des lois fort progressistes d'études de pour établir l'égalité des droits entre les médecine ! hommes et les femmes. Avec la crise Uec un enseignement mixte, gratuit et économique obligatoire, dès 1905. les filles ont les mêmes chances que les gars. En I960, à des années l'université, il y a 40 % d'étudiantes. Oui. 60,cette «lar- d'accord, certaines facultés en ont plus que gesse» est ce- d'autres : sciences humaines. 59% ; odon- pendant sus- tologie. 57 % ; médecine et droit. 50%... et pendue, quoi- d'autres moins : agronomie. 7,8 % : archi- que le con- tei ture, 5 % ; écoles d'ingénieurs, 3 %. Cer- gé de mater- nité se main- LA VIE EN ROSE 36 mai 1985 tient. Quant au droit de vote et aux autres taux de chômage passe à plus de 25 %, la droits civiques, déjà objets d'un projet de dette extérieure, de 700 millions $ US en loi en 1914, ils n'ont été obtenus qu'en 1932 1974. atteint 5 200 millions $ US en 1984. et 1946 respectivement. L'avortement, illé- Même la grande bourgeoisie renie les mili- gal encore aujourd'hui, est couramment taires, qui devaient la protéger des «com- pratiqué par de nombreux médecins et munistes1 ». d'innombrables faiseuses d'anges. Avec la «reconstruction» de l'hymen, on disait À l'électoralisme même dans les années 70 que l'Uruguay Les élections de novembre 1984 mettent détenait le record des avortements clandes- le pays en liesse : l'essentiel est que les tins ... mais allez vérifier ! militaires s'en aillent, peu importe le parti Au terrorisme qui l'emportera. Aux deux partis tradition- La prospérité uruguayenne avait été re- nels, les Blancos (blancs) et les Colorados lancée à deux reprises par les guerres (rouges), s'était rajouté en 1971 un Frente mondiales, qui augmentaient considéra- amplio (Front élargi) regroupant les démo- blement les exportations : laine, cuir, vian- crates-chrétiens, les communistes, les so- de, céréales, textiles. Ce marché réduit par A la répression cialistes et quelques autres. Cruellement la reprise européenne, la crise s'amorce Avec la Loi sur la sécurité nationale, poursuivi par les militaires, qui avaient pour l'Uruguay au tournant des années 60. cette parfaite petite démocratie se retrouve emprisonné son principal leader, le général Le pays a du mal à payer sa dette extérieure, du jour au lendemain sous la dictature. Liber Seregni. le Frente amplio se reconsti- l'élevage et l'agriculture se stabilisent, les L'état d'urgence a suspendu les droits civi- tue en 1984 et obtient tout de même 21.2% industries affrontent de sérieuses difficultés ques, la liberté d'expression, les activités des voix. Les Blancos en prennent 34,2 %. dues à la concurrence étrangère : on gèle politiques et syndicales, le droit de réu- Mais ce sont les Colorados, plus modérés et les salaires, qui augmentent le coût de nion, etc Les arrestations arbitraires et les restés plus proches des militaires, qui l'em- revient. Les devises n'entrent plus : le gou- détentions abusives, sans chef d'inculpa- portent avec 40,2 % des suffrages. Drôles de vernement a du mal à entretenir des mesures tion, augmentent. résultats, qui les placent en minorité au sociales trop généreuses, des fonctionnaires Parlement, l'opposition ayant réuni 57,5 % Les Tupamaros éliminés, on traque les 2 trop nombreux et particulièrement gâtés. sympathisant-e-s et les autres suspect-e-s des votes . Le mécontentement grandit, les grèves se de «sédition» : communistes, socialistes, Oui, drôles de résultats qui mécontentent multiplient, le pouvoir d'achat baisse, la syndicalistes, démocrates-chrétiens, étu- la majorité des Uruguayens et Uruguayen- monnaie se dévalue, passant de la parité diant-e-s. Ceux et celles qui le peuvent nes. On sait que le vote massif des militaires, avec le dollar américain (en 1955) à 300 fois s'exilent. Amnistie internationale commen- des policiers et des pompiers - harcelés moins en 1965 (un $ US vaut actuellement ce à dénoncer les arrestations arbitraires, pour voter Colorado - a fait pencher la 7 900 anciens pesos), le coût de la vie aug- les emprisonnements sans jugement, les balance, mais l'écart est trop mince pour mente : les classes moyennes dégringolent, mauvaises conditions de détention des satisfaire les deux tiers des électeurs-trices les pauvres commencent à connaître les prisonniers, la torture En Uruguay, où la civil-e-s. effets de la vraie misère. Quant aux bien peine de mort avait été abolie en 1907. on a Bien sûr, tous les partis s'étaient mis nantis, ils spéculent et s'enrichissent encore peine à croire à la réalité. Mais comme au d'accord pour unir leurs forces après les plus. moins un-e citoyen-ne sur cinq est inquiè- élections, quels que soient les gagnants, Les idées castristes- qui ont alors la cote té-e par les forces de l'ordre, les témoi- mais tous n'avaient pas participé, en août d'amour - trouvent là un terrain fort pro- gnages qui circulent de bouche à oreille 1984, à une réunion conjointe avec les pice. Les années 65. 66. 67 voient grandir obligent la population à se rendre à l'évi- forces armées, alors que certains compromis un petit groupe de guérilleros urbains, les dence. sont conclus avec la junte en vue des Tupamaros (Mouvement de libération na- Aussi, lorsquen 1980. la junte militaire élections et de la première année de pouvoir tionale), dont le côté Robin des bois plaît au soumet à un référendum populaire un civil. Ces «Accords du Club naval» sont peuple et aux intellectuels. Leur âge moyen projet de constitution qui avalise les pou- considérés depuis, par les Blancos qui n'y est de 25 ans. ils et elles se recrutent dans voirs qu'elle s'est octroyés, ce projet est-il étaient pas invités, comme dégradants. les classes moyennes et aisées - avec une refusé par un non massif. La junte projet Les Blancos, dont le chef, Wilson Fenreira forte proportion d'étudiants-et ils font des alors des élections pour 1984. Aldunate. s'est exilé pendant la dictature et coups mémorables, dévalisant les fortunés Les années suivantes sont lamentables : a été incarcéré à son retour, en juin 1984. (tout en s'arrangeant pour dévoiler leurs l'ouverture massive aux importations ruine avec interdiction de se présenter aux élec- transactions douteuses) et distribuent cet l'industrie locale, les capitaux fuient, le tions, attribuent leur échec électoral à la argent dans les quartiers défavorisés. pouvoir d'achat s'effondre, le salaire réel perte de leur candidat le plus représentatif. Mais, vers 1969, 1970. les Tupamaros tombe à la moitié de ce qu'il était en 1968. le Mais leur programme, qui s'était radicalisé commencent à recourir au terrorisme et à en 1 1 ans. passant de conservateur à plus perdre dès lors leur popularité. Les alertes à progressiste que celui des Colorados, leur a la bombe se multiplient, la population est sans doute fait perdre une partie de l'èlec- prise de panique. Un certain «été rouge», torat. Ce sont eux, désormais, qui ont les en particulier, fait déborder le vase : sous mains les plus libres pour critiquer les prétexte d'effrayer les milliardaires qui effets des Accords du Club naval. Car le envahissent les belles stations balnéaires parti gagnant, Colorado, s'y est engagé à uruguayennes, surtout celle de Punta del maintenir le Conseil de sécurité nationale Este, l'activité terroriste ruine la saison (militaire), à ne pas intervenir dans la touristique - et encore plus les nombreux nomination des nouveaux commandants travailleurs saisonniers de l'armée, à soumettre à un plébiscite les Le président en place fait appel à l'armée. normes transitoires imposées par la junte. Elle accourt, entreprend une féroce opéra- Bien entendu, tout ceci présuppose qu'au- tion de nettoyage contre les «éléments cune represaille ne sera prise contre ceux subversifs», puis prend le pouvoir par un qui abandonnent «si démocratiquement» coup d'État, en 1973 Montevideo le pouvoir, les militaires.

1985 37 LA VIE EN ROSE À l'amnistie Mais jusqu'à présent, il n'est pas ques- salaires. Et pourtant, les grèves se succè- tion de juger les militaires pour leurs crimes dent depuis qu'on en a retrouvé l'usage ! On Tout de suite après les élections, la et leur terrorisme d'État. «L'amnistie ample préfère favoriser les investissements et la grande question qui se pose est l'amnistie et généreuse» promise par le président création d'emplois Comment ? Fin mars, ce des prisonnièr-e-s politiques. Certain-e-s Sanguinetti comprend sans doute les mili- n'est pas encore précisé. ont été libèrè-e-s en octobre, d'autres le taires et la «transition dans la paix», dont Pour inciter au développement de l'agri- sont en novembre et décembre, sous la v cnlent les Colorados. passe par l'oubli des culture, on taxera les terres improductives, pression populaire : les rues sont placar- atrocités commises. et Dieu sait s'il y en a ! Survoler l'Uruguay, dées du slogan «Noël avec nos prison- c'est contempler à l'infini des terres ver- niers». Mais en janvier 1985. il en reste À la reconstruction doyantes, grasses, fertiles, productives à encore 4 931. d'après un rapport officiel Et puis, il y a l'urgence de reconstruire le souhait : ces taxes, si elles sont imposées préparé à l'intention du président élu. Julio pays. Dans cet Uruguay où l'on s'affolait il \ malgré la controverse qu'elles suscitent, Maria Sanguinetti, par lune des plus émi- a 25 ans parce qu'un bidonville se dessinait, devraient rapporter gros à l'État ! nentes juristes du pays. Adela Neta (main- on ne les dénombre plus aujourd'hui. Mar- Quant au commerce extérieur, on réduira tenant ministre de l'Éducation) cher dans les rues sans vider ses poches est les exportations de viande, afin de reconsti- Parmi ceux et celles-là, il y a une majorité une prouesse, tant il y a de mendiant-e-s. tuer un cheptel qui n'a pas progressé depuis de prisonniers «d'opinion» et une minorité En plein centre de Montevideo, des immeu- plus de 1 5 ans. On privilégiera par contre qui a participé de près ou de loin à la bles désaffectés sans eau ni électricité, sont l'exportation de laine, jadis florissante. Et guérilla. « La question est de savoir si tout le pris d'assaut par des familles de sans- logis ; bien sûr. on doit aussi renégocier avec le monde sera amnistié sans autre forme de des cabanes surgissent dans les terrains Fonds monétaire international, le FMI. la procès ou de peine, ou si on va libérer vagues. dette extérieure uruguayenne. À quelles seulement ceux qui n'ont pas trempé dans C'est dans ce pays ruiné que 50 000 exi- conditions 7 Personne n'en sait rien encore. des crimes de sang», explique Adela Neta. lè-e-s sont revenu-e-s dès les élections de Mais 5 200 millions $. pour un si petit pays, Mais un ancien juge blanco, démis de ses novembre. Beaucoup sont reparti-e-s de- c'est énorme. fonctions par les militaires, s'indigne : «Ce puis : avec un taux de chômage de 25 % et Non. le redressement économique et que nos prisonniers politiques ont subi ces plus, ils et elles n'auraient pas trouvé à se social de l'Uruguay n'est pas pour demain. dernières années, qu'ils aient ou non com- caser. Il y a trois millions d'habitants et Les Uruguayens et Uruguayennes pourront mis des meurtres, a tellement dépassé en d'habitantes en Uruguay mais un demi- au moins s'en plaindre à haute voix. Oui. «11 horreur les plus terribles peines d'empri- million d'Uruguayen-ne-s se sont exilé-e-s était une fois la démocratie » , sonnement qu'ils ont largement purgé leur depuis 11 ans. A peine de 20 ans : chaque année a compté «La cage ne nourrit pas l'oiseau», dit le double ou triple, avec ces conditions in- 1/ Les communistes, trop doctrinaires, onl tou- proverbe. La liberté non plus, sans doute, jours été peu nombreux et peu influents clans un humaines de détention, de torture et de mais elle aide à trouver des solutions. pa\ s trop imbu de démocratie Ils le sont encore mauvais traitements ' Qu'on les libère aussi Quelles sont celles que préconise le nou- en novembre 1984. le paru a\anl été interdit et 7 et qu'on fasse place aux autres criminels veau gouvernement ses membres emprisonnes ou exilés. (les militaires), dont c'est maintenant le Dune part, afin d'éviter l'inflation, il n \ 2/ Si on ajoule le petit parti I Inion I n i< a. avec tour d'être jugés '» aura pas d'augmentations massives des 1 t îles VOIX.

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LA VIE EN ROSE 38 mai 1985 ÉCOLOGIE ^k epuis le dépôt de son livre ^^^H I'1'1111 sui l'énergie, en 1978. ^B le gouvernement du Québec H semble incapable de se Hydro-Québec, I «brancher» sur une politique • énergétique cohérente Au ^H liiu de consulter l'opinion l^^^m publique, comme le demande une entreprise ^m depuis près de six ans le Front ^^^ commun pour un débat pu- blic sur l'énergie. ' et comme l'avait promis le ministre Bérubé. le gouvernement utilise les projets de barrages d'Hydro-Québec en péril? pour satisfaire à la fois son échéancier politique et son besoin de surenchère électorale, face à un Robert Bourrassa qui. par Magali Marc lui, ne se gène pas pour promettre «deux trices-teurs québécois-es. Pourquoi ~> Et ensuite que ses propos avaient été carica- fois la Baie James» aux Québécois-es (et comment, face à de telles contradictions, turés, mais il n'en répétait pas moins que 200 000 emplois ~>). «le rapport équité/dette (d'Hydro-Québec) croire à la rentabilité de l'entreprise ~> 5 Dè]à, en inaugurant le nouveau bureau est beaucoup trop bas ». Cela s'appelle d'Hydro-Québec à New York, le premier Mauvais calculs mettre des gants de velours pour attirer ministre Lévesque laissait entendre que la En fait, il faut démolir une fois pour l'attention sur la dette de 19 milliards S société d'État était prête à «aménager» toutes le mythe tenace selon lequel Hydro- d'Hydro. beaucoup trop lourde pour le d'autres rivières au Québec, si elle obtenait Québec serait l'entreprise la mieux gérée gouvernement qui en est garant. de nouveaux contrats d'exportation d'é- et la plus rentable au Québec. «Au cours De façon fort significative, les trois syn- lectricité aux États-Unis des quinze dernières années. Hydro-Qué- dicats des travailleurs d'Hydro-Québec Monopole québécois d'électricité, so- bec a accumulé les mégawatts et les révélaient en février que la société étu- ciété d'État apparemment prospère et bien erreurs2» en sous-évaluant de plus de diait sérieusement la possibilité de remet- gérée, Hydro-Québec est en fait un géant 300 % les coûts du projet (amputé) de la tre à des entreprises privées «la construc- tion et l'exploitation de petites centra- aux pieds d'argile, qui doit actuellement Baie James, en surestimant toujours le 4 19 milliards $. dont les 2/3 à des prêteurs taux de croissance de la demande d'élec- les» au Québec. Alors que les groupes de l'extérieur du Québec. Selon un article tricité au Québec, mais aussi en oubliant écologiques luttent, barrage par barrage, d'Alain Dubuc paru dans la Presse du 19 de tenir compte dans ses évaluations de pour empêcher Hydro de harnacher tou- mars. Hydro calcule qu'en 1988 ou 1989 l'effet combiné de la pénétration du gaz tes les rivières québécoises, voilà qu'il est ses «revenus de ventes aux États-Unis naturel, des programmes d'isolation et question de privatiser cette responsabilité. seront égaux aux paiements dûs aux créan- d'économies d'énergie, de la dénatalité, Le cas échéant, ces entreprises auraient- ciers américains». Ce qui démontre des faiblesses structurelles de l'économie elles, comme Hydro. des droits absolus qu'Hydro-Québec dépend du marché québécoise et de l'utilisation des énergies d'expropriation ? Serait-elles soumises américain pour se rentabiliser Mais le «redécouvertes». aux procédures des études d'impact sur marché américain, lui, ne dépend pas En plus. Hydro-Québec a mal calculé l'environnement ? Se présenteraient-elles d'Hydro-Québec pour s'alimenter en l'évolution du prix du pétrole et se mord de bonne grâce devant le Bureau d'au- énergie, au contraire. Qui détient alors le aujourd'hui les doigts d'avoir établi le prix diences publiques sur l'environnement 7 (BAPE). avec toutes les données pertinen- gros bout du bâton de l'électricité à 80 % de celui du pétrole, 7 Un document intitulé Report to the Con- dans ses contrats d'exportation avec les tes et dans les délais requis gress ofthe United States, rédigé en septem- États-Unis. Le pétrole ayant dégringolé, Toutes ces questions resteront sans bre 1982 par le Contrôleur général des les revenus d'Hydro en ont fait autant... La réponse tant que cette «fuite» syndicale États-Unis, préconise la nécessité pour chute du dollar canadien, par rapport au ne sera pas reconnue par la direction les Américain-e-s de contrôler les impor- dollar US, influe également sur la dette d'Hydro-Québec Une fois de plus (et de tations canadiennes d'électricité au moyen d'Hydro. puisque ses emprunts ont été trop), des décisions majeures pour l'avenir de directives claires. Les Américains sont négociés en dollars américains. du Québec se prennent dans les coulisses, donc très prudents quant à une possible Malgré cet endettement croissant, Hy- sans que les Québécois-es aient eu leur dépendance envers 1 énergie venue du dro-Québec annonçait en mars des dé- mot à dire On préfère nous laisser croire Canada. Non seulement disposent-ils penses de 5.3 milliards $ d'ici 1990. entre que nous sommes les heureux-ses pro- d'autres sources, par exemple leur char- autres pour accélérer les travaux de LG 2 priétaires de la Baie James, même si elle bon dont ils possèdent de vastes réserves, et Manie 5. Pour justifier cette expansion, appartient en fait à des Hydro-créanciers mais en plus, le Québec n'est pas le seul la société prétend toujours que la demande toujours plus gourmands J% fournisseur en ligne. Plusieurs provinces d'électricité au Québec connaîtra une 1/ Le Front commun pour un débat public sur canadiennes, dont l'Ontario et le Nouveau- hausse annuelle moyenne de 3,1 %. I énergie a été (onde en novembre 1979 ei Brunswick, veulent désespérément expor- En février dernier, un article de la regroupe 80 organismes d'intérêts divers. ter leurs surplus d'électricité aux États- Presse Canadienne, selon lequel Jacques 21 Mémoire présenté par la Société pour vain- Unis pour améliorer leur balance com- Parizeau aurait traité Hydro-Québec de cre la pollution |S\ P| au Bureau d'audiences merciale. «canard boiteux», faisait sursauter pas publiques sur l'environnement, en février 1985. et préparé par Pierre Lacombe Pour être concurentielle, Hydro-Qué- mal de monde, surtout dans l'édifice de la 3/ (discours à la Chambre de bec sera donc toujours obligée d'offrir ses rue Dorchester à Montréal, où se concen- commerce Rive-Sud), in Le Devoir. 16 mars surplus au prix le plus bas possible D'un trent les administrateurs du pouvoir élec- 1985 ,iutre côté, et bien qu'elle soit dans une trique (au siège social d'Hydro-Quèbec) et 4/ «Hydro étudie l>i possibilité

PE HT g Su £ .i Le bonheur à bicyclett1e Petit mode d'emploi Mai, l'ex-mois de Marie, celui des portes enfin ouvertes, du grand air retrouvé: c'est le temps de ressortir votre vieux vélo du garage ou du corridor... ou d'en magasiner un. Pour rassurer les timides et rafraîchir la mémoire des heureuses initiées, Marie-Anne Rainville a préparé ce petit mode d'emploi «féminin» du vélo.

par Marie-Anne Rainville a bicyclette a 100 ans' Ou peu à l'achat, est des plus rentables à l'utili- considérer pour les «bicycles de filles» plutôt le modèle que l'on con- sation, s'harmonise facilement avec l'envi- sont la légèreté et la couleur ! Au mieux, la naît actuellement avec ses ronnement et. non la moindre des choses, facilité d'utilisation. deux roues de même circonfé- permet le conditionnement physique sans rence, son cadre triangulaire et douleur. La clé du confort sa traction à chaîne. Longtemps Mais la bicyclette est-elle aussi avanta- Un vélo est une mécanique qui doit reléguée au rang de jouet ou de geuse pour une femme que pour un s'adapter parfaitement au physique de la curiosité, voici que l'Occident homme ~> Même si c'est grâce à elle que lespersonne qui l'utilise. Manivelles, potence, la redécouvre. Au Québec seu- femmes ont pu adopter le pantalon, il manettes de freins, guidon, cale-pieds, lement, on compte plus de 1.5 demeure plus difficile pour une femme que cadre : toutes ces pièces sont réglables, millions d'adeptes. pour un homme de se procurer une bicy- ajustables, afin que le corps épouse confor- Comparée à la marche, la bicyclette clette qui lui convienne. Simplement parce tablement l'engin. Et le confort est la clé permeLt de parcourir cinq fois plus de que les vélos sont essentiellement pensés d'une pratique assidue. rlisirince en cinq fois moins de temps et et manufacturés en fonction des besoins Si le poids dune bicyclette influence peu avec cinq fois moins d'énergie. Elle coûte masculins. Les seuls critères qu'on semble sa qualité de rendement, le design du cadre.

LA VIE EN ROSE mai 1985 lui, est essentiel : un cadre triangulaire (de et les descentes augmentent les risques de Publications gars) sera, par sa forme même, plus solide chute. Partir à bicyclette. Louise Roy, Éd. qu'un cadre mixte (de fille) Bref, à moins Il vaut mieux aussi ne pas trop se perdre Bellarmin-Desport, Montréal. 1981. qu'on apprécie circuler en jupe ou en robe, dans la nature puisqu'il faut s'alimenter Livre complet sur le cyclotourisme, la barre abaissée a un effet plus psycholo- convenablement, à fortiori si on est enceinte. comprenant 30 itinéraires au Québec. gique qu'autre chose. Il est essentiel d'avoir une bonne selle (dite Vélo Québec, magazine publié six fois Donc, avant d'acheter une bicyclette il «de femme» parce que plus large), un vélo l'an et vendu en kiosque, qui traite de faut vérifier si elle est : 1) confortable. 2) bien ajusté, une bonne position de pédalage tous les aspects de la bicyclette, édite bien adaptée à votre physique. 3) sécuri- pour éviter de fatiguer inutilement le dos. des cartes de pistes cyclables. Le seul taire. 4) efficace à tous les niveaux (système Enfin, il faut éviter les routes en mauvais magazine de vélo au Canada. Publica- de freins, changement de vitesse, etc.)1. Il état car les vibrations fatiguent le bas du tions de Vélo Québec : Carte du Québec ne faut pas oublier non plus qu'en tant que ventre et entraînent des malaises désagréa- cyclable, en couleurs. 60 parcours moyen de transport, le vélo a certaines bles Bref, partez et soyez à l'écoute de votre touristiques. 2,50 $. Voyager à bicyclette : exigences. L'entretien en bon état, par corps. Il saura bien vous dire quand vous partir où, quand et comment. 3.95 $. Les exemple, et surtout le respect du code de la arrêter.. hics de la mécanique, sur l'entretien et la route : rouler dans le même sens que la En roue libre réparation. 6.95 $. circulation, à l'extrême-droite de la chaus- Non, le seul problème pour les femmes sée, tenir compte de la signalisation routière 2 cyclistes est tout autre : le harcèlement et s'équiper de réflecteurs lumineux . sexuel. Comment, en effet, passer sous Pas de contre-indications silence toutes les remarques désobligean- La randonnée à bicyclette, une activité tes, niaiseuses, sexistes. . enrageantes ( ! ) dont sont victimes autant les cyclistes de physique peu exigeante, est certainement 7 aussi accessible aux femmes qu'aux hom- ville que les grandes voyageuses II n'y a mes D'ailleurs, au Canada, la population pas de remède miracle à une telle situation adulte féminine pratique davantage le mais peut-être faudrait-il commencer par cyclisme que son vis-à-vis masculin (1,7 repondre ? Et sachez qu'une bicyclette se million de femmes contre 1,6 million faufile à ravir dans le trafic. Soyez astucieuse d'hommes, selon Condition physique en empruntant, exceptionnellement bien Canada). Il s'agit, quand on est une femme, sûr. les sens uniques à l'envers. Sauvez- de prendre quelques précautions de plus. vous en vous rappelant que le vélo est le Voici ce qu'en dit Louise Roy dans son livre moyen de transport le plus rapide, en milieu Partir à bicyclette : urbain, pour des distances inférieures à 12 «On s'entend généralement pour dire km. Enfin, dépendant où vous êtes, en ville que les femmes devraient porter un soutien- ou à la campagne, en Occident ou en Orient, gorge, surtout lors des longues randonnées. il est parfois conseillé de porter votre t-shirt Ce dernier doit être suffisamment élastique large et votre short long. et sans trop de coutures (cela diminue les Beaucoup de femmes cyclistes, par ail- risques d'irritation à cause de la sueur) ; il leurs, estiment que la bicyclette est plus Adresses utiles doit retenir les seins près de la cage thora- rassurante que les transports en commun Vélo Québec (association québécoise). cique afin qu'ils soient moins exposés aux ou la marche, surtout la nuit Ne vous 4545, avenue Pierre-de-Coubertin, coups. attend-elle pas fidèlement à la porte ~> Et Montréal, Québec HIV 3R2, (514) 252- «Les menstruations ne contre-indiquent puis, toujours disponible, elle vous amène 3123 en rien la randonnée à bicyclette, ni l'activité partout seule. Le monde à bicyclette. C.P. 127. Suce. physique en général. Le cycle menstruel ne À bientôt Delorimier. Montréal H2H 2N6. peut être perturbé par la pratique suivie et Fort peu dispendieuse à l'achat comme à En vélo. 871. rue Thomas-Chapais. raisonnable d'un sport. À mon avis, il est l'utilisation, la bicyclette est souvent le Chomedey. Laval H7V 3K4 important de bien se connaître et de ne pas premier moyen de transport «privé» que les L'Estrie à bicyclette. 31. rue King ouest, se surmener pendant la période menstruelle : femmes puissent s'offrir. Elle vous permet app. 315, Sherbrooke JIM 1N5. (819) si la pratique provoque des douleurs, il est aussi l'exploration du monde, puisque point 569-9731. préférable de se reposer. Par contre, les n'est besoin d'être experte pour partir De Cyclotour. C.P 1181. Trois-Rivières G9A menstruations nécessitent une hygiène plus, parce qu'elle est facile à monter et 5K8, (819) 376-5764. préventive : trouver le bon endroit au bon quelle demande un exercice en souplesse, Club Vélocipède de Jonquière. 2298. rue moment, voilà le secret... Les serviettes la bicyclette vous fait gagner de l'endurance Larouche, Jonquière G7S IG9. (418) hygiéniques ne sont pas très conseillées et sans effort, à la seule pratique. 548-4400 s'avèrent inconfortables. Faites attention Les roues libres. C.P 666. Québec G1R de prendre froid.» Alors, bon voyage ! On se reveira au détour d'une piste cyclable ou dans les 4S4. (418) 681-931 1 Deux en selle côtes gaspésiennes, mais on se reverra, Les cyclistes de la pédale douce de Et ce n'est pas. non plus, parce qu'on est c'est sûr. Une fois qu'on a la piqûre, vous lOutaouais. 111, rue Carillon, Hull enceinte qu'il faudrait ranger sa bicyclette savez... V>* J8X 2P8. Mais il faut être plus prudente. Voici quel- Info-Loisir (information sur les orga- ques conseils, qui me viennent d'un voyage nismes nationaux de loisir). 4545. de trois mois en solitaire, et enceinte. avenue Pierre-de-Coubertin. Montréal. Comme les trois premiers mois de la gros- Marie-Anne Rainville est rédactrice en chef du Québec HIV 2R2. (514) 252-3000 ou sesse sont ceux de la fatigue et des nausées, magazine Vélo-Québec (sans frais) 1-800-361-9010 jj et que les deux derniers favorisent peu la Librairie Ulysse (spécialisée en voyage), 1/ Plus d'informations dans le magazine 1208. rue Saint-Denis. Montréal H2X g position aérodynamique ( ' ), la période Velo-Québec de septembre 1981. | toute désignée se situe entre le troisième et 3J5. (514) 843-7135. 2/ Voir le dépliant La sécurité à bicyclette, de la Connexfor (cartes topographiques). 8 le sixième mois. Ensuite, il faut choisir une Régie d'assurance-automobile du Québec. 1983 | destination au terrain plutôt facile, pas trop Disponible dans les centres de service de la Complexe Desjardins, Montréal. (514) S accidenté Les montées tirent dans le ventre Régie et auprès des corps policiers 849-5741.

1985 41 LA VIE EN ROSE 1 •'• K > >k- . ri»*- *.

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tElle n'avait™ pas encore gagne Je prix Charles-Cro^" C'était un fnardi soir glacial Je février, à Montréal, •dans sa maison du carré Saint-Louis. Elle nous attendait. ENTREVUE Où peut-on vous toucher, Pauline Julien? par Sylvie Dupont et qui pourtant n'étaient pas tristes. Pour les chansons qui se mettent à pulluler avec les musiques, j'ai d'abord fait appel à des musi- premiers balbutiements du nationalisme PRISl 1 ciens avec qui j'ai toujours aimé collaborer, québécois. Vigneault. Comment, conquise, |L I ous nous sommes installées mais cette fois ça n'a pas donné ce que j'atten- elle laisse tomber la chanson française ^k I a\' mi plateau de ! ises .1 dais; alors je me suis demandée avec qui je pour intégrer la première à son répertoire ^ft. I boire et à manger dans la salle n'avais jamais travaillé. Tu sais, en vingt ans Jack Monoloy, Fer et titane et Bozo-les-culottes ^k II de séjour et nous avons jasé un de carrière (sic), j'ai presque fait le tour.. de Raymond Lévesque, et La Manie de l^^kfl ' ''' neige ri du mauvais J'ai pensé à Pierre Flynn, à Robert Léger, à Georges Dor. Des chansons sur les gens de I ^J I temps Puis, j'ai glissé une cas Lewis Furey. J'avais envie de faire du rock son pays qui. en retour, lui font un triomphe I ^M I sette dans le magnétophone ei et Denise a rencontré Gerry Boulet : le à la Place des Arts. À elle qui s'identifie ^M I appuyé sur record Comme si hasard, toujours ! J'étais ravie qu'ils aiment ouvertement comme séparatiste, qui va ^H c'était un eue immédiatement. les textes et qu'ils acceptent avec enthou- faire une tournée en Russie, qui parle de la H wÊ sa voix et son ton ont changé siasme. Ça m'a redonné confiance en moi. » Chine et du socialisme. J'avais devant moi Pauline Julien, avec ses «20 ans de métier» comme elle dit depuis Pour les médias, elle est la passionnaria dix ans : une professionnelle qui a de Parler de son dernier disque, qui est de la libération du Québec. Pour la police bonnes raisons de se méfier des journalis- selon ses propres mots «comme une aussi. C'est la crise d'Octobre : elle est tes, mais qui respecte les règles du jeu renaissance», a rendu à Pauline Julien tout arrêtée avec Gérald Godin, et toute sa Alors, je me suis résignée à l'ouverture son naturel... Pour la taquiner un peu, je lui famille La prison Les Chants et poèmes de la classique. demande si c'est aussi par hasard qu'elle est résistance (II), un show de solidarité avec les venue à la chanson Sans se faire prier, elle prisonniers politiques. «Quinze ans déjà !», SD : 5; nous parlions d'abord de ton dernier raconte avec force anecdotes, toutes plus soupire Pauline en ouvrant une autre bou- disque. Où peut-on vous toucher ~> Comment drôles - et plus connues - les unes que les teille de rouge. Les années 70. L'engage- est-il né ' autres, son arrivée à Paris en 1952. ses ment féministe Les luttes pour l'avortement PJ : D'abord je dois dire que je ne suis pas cours de théâtre, ses débuts comme chan- libre Paroles de femmes. une fille de préméditation ; je suis une fille teuse... dans une pièce de Pirandello où elle remplaçait à pied levé une comédienne de réception, je me fie à la conjoncture. Le reste n'est pas encore assez vieux pour malade dans le rôle d'une chanteuse réa- Mais, pour une fois, j'avais prémédité quel- avoir la patine des souvenirs, et n'a plus liste ; et comment, six mois plus tard, parce que chose : après Charade, je voulais faire l'éclat de la nouveauté. La conversation qu'elle «n'avait plus un rond», elle com- un disque avec des écrivaines. J'en ai languit ; l'entrevue aussi. Comme pour mençait à chanter pour de bon - Brecht, contacté une dizaine, et au départ, elles boucler la boucle, je lui demande si elle a Ferré. Vian, Prévert- dans les caves humides étaient toutes emballées. Mais écrire une des projets de théâtre, de cinéma. Elle me de la Rive gauche, avec d'autres débutants chanson, ce n'est pas facile. répond qu'elle adorerait cela, quelle a qui s'appelaient Anne Sylvestre. Ricet Bar- Tous les trois mois, je les rappelais : elles beaucoup aime tra\ ai lier sur Les fées ont soif rier. Jean Ferrât ou Raymond Devos. étaient désolées, vraiment désolées, mais l'automne dernier, qu'elle a eu beaucoup de rien ne venait, sauf pour Suzanne Jacob qui plaisir à jouer au cinéma, en particulier m'a donné Tu me dis et Viviane Forrester, les Elle m'entraîne dans la nostalgie et je la dans Bulldozer de Pierre Harel sentiments L'expérience m'a permis des suis avec délices même si tout cela a été rencontres magnifiques mais j'ai dû renon- raconté mille fois et de toutes les manières. «Comme me disait un jour Serge Reg- cer à ce projet et attendre comme d'habitude Parce que Pauline Julien, c'est cela aussi : giani. èvoque-t-elle. c'est tellement repo- ce qui viendrait de la conjoncture. tout le folklore de la bohème parisienne, sant de n'avoir qu'un rôle à apprendre, de et tout le sentimentalisme des débuts de la ne pas avoir l'entière responsabilité d'un Cette conjoncture, il fallait tout de même Révolution tranquille. Pauline raconte son show Mais pour le théâtre et le cinéma, ce lui donner un coup de pouce Pauline premier retour, en 1957. dans un Québec n'est pas moi qui décide II faudrait qu'on Julien sollicite donc sa chum Denise Bou- quelle a quitté en pleine noirceur et qu'elle pense à moi. Et il faudrait qu'on me dirige, cher (Maman, ta petite fille a un cheveu blanc. retrouve en effervescence. Les yeux bril- qu'on me guide. Qu'on me donne confiance Rock'n'rose) ainsi que sa vieille amie Anne lants, elle évoque l'ouverture du Saint- en moi. J'ai très peu confiance en moi.» Sylvestre (Rien qu'une fois) et se retrousse Germain-des-Prés, le cabaret de Jacques elle-même les manches : elle écrit Agricole. Normand qui l'engage tout de suite aux SD : Après toutes ces années de succès, faut-il La vie. oui et traduit Les oiseaux perdus (sur côtés de Clémence, Normand Hudon et encore qu'on te répète que tu es capable pour que une musique d'Astor Pwzzola) Jacques Desrosiers. Les allers et retours tu ailles de lavant ' «Finalement, raconte-t-elle, je me suis Montréal-Paris. Le Café Saint-Jacques à PJ : Non. Non Ce n'est pas cela. Mais là. tu retrouvée avec une dizaine de textes devant Montréal et la Porte Saint-Jean à Québec. poses une question de fond qui ne va pas moi. tous sur les sentiments, la vie, la mort. Les Bozos. et toutes ces petites boîtes à dans ton article.

mai 1985 43 LA VIE EN ROSE la cuisine sans se poser trop de questions. PJ : Tu te donnes. Les chansons que je PRIS12 Je n'ai jamais su faire la cuisine...» chante, je les aime. Je n'ai jamais chanté une chanson que je n'aimais pas. Je te as le temps d'arrêter le magnè- SD : Les gens nont pas tous ton intensité ' disais que la scène était terrible et mainte- tophone La question indiscrète PJ : Qu'ils la prennent, mon intensité ! Je nant je vais te dire le contraire. En 20 ans, il une Pauline Julien n'ai lainais trouvé que c'était une qualité. n'y a que deux ou trois fois où j'ai échoué. que je ne soupçonnais pas, ei SD : Est-ce que tu montes sur scène pour ne Tu décides que tu es là et pas ailleurs, que qui a envie de parlei "I aques- plus sentir ton malaise ? ça va être bon ; tu te donnes, tu t'appliques, tion de fond, enchaîne-t-elle, PJ '• Monter sur scène pour être bien ? Es-tu tu mets toute ta force, le meilleur de toi- c'est : Est-ce que je suis ce que folle ? Avant d'y aller, je suis malade de même et, tout à coup... la parole passe et tu je suis ou seulement ce que j'ai peur. J'ai mal au ventre, j'ai mal au coeur, je la sens passer. voulu être ~> J'ai toujours foncé, vomis, je crache Et les premiers moments SD : Cela veut dire investir entièrement le mais i e n'esi peut-êrje pas ma sont terribles ; souvent, je voudrais crier : moment Tu n'es pas passéiste ? nature 11 y a des gens qui se contentent Arrêtez le show ! Je voudrais partir, être le PJ : Pas du tout. Pour moi, hier est mort. de ce qu'ils sont, de ce qui est. Pas moi. Et je plus loin possible. Mais je ne l'ai jamais fait. Et l'avenir n'existe pas. ne sais pas pourquoi Je suis la dernière J'en suis incapable. Non, ce n'est pas pour SD : Tu ne penses jamais à l'avenir ? Quetuvas dune famille de onze enfants et, du plus être bien que je monte sur scène. C'est vieillir ne plus chanter un jour ? loin que je me souvienne, je me vois comme parce que je suis due pour ça, c'est ce que je PJ : Avant, ça ne m'effleurait pas l'esprit. un petit bélier qui ne veut pas, mais qui sais faire. Et puis, une fois sur scène, là. Récemment, j'y ai pensé mais c'est parce fonce quand même. On m'aimait pour ça. enfin, il se passe quelque chose. Mais ce que je n'avais plus confiance en moi. Je On disait que j'avais "du front tout l'tour n'est pas comme pour d'autres, Charlebois croyais que je n'avais plus le souffle, que le d'ia tête" Et pourtant, je n'ai jamais eu par exemple qui, quand il était déprimé, se public ne m'aimait plus. Et puis, je me suis confiance en moi. Je fonçais parce que je consolait en écoutant ses disques, en aperçue que des forces extérieures me ne voulais pas accepter ce qui était. Peut- regardant ses shows. Pour moi. c'est une détruisaient, alors j'ai réagi avec une vigueur être qu'au fond, j'étais faite pour vivre en jouissance comme l'orgasme. Après, il y a le nouvelle. Il m'arrive encore d'avoir peur pai\ ? J'ai toujours eu ce doute repos. Et ensuite, c'est fini. que ma santé ne tienne pas le coup. J'ai une SD : Trouves-tu d'autres ressemblances entre corde vocale qui fait des sparages, le froid «Toute ma vie, j'ai fait des choses. Pour- faire la scène et faire l'amour » quoi 7 Agir, ce n'est pas l'essentiel. L'essen- et la poussière me donnent de l'asthme. Je PJ : Tu t'abandonnes, tu laisses aller les sais qu'un jour, je devrai peut-être arrêter tiel, c'est d'être bien dans sa peau. Moi. je choses .. dois avouer que je l'ai rarement été. Il y a de chanter mais j'ai une nature terriblement deux moments où je suis bien dans ma SD : Vois-tu des visages dans la salle ' optimiste et, au fond, je n'y crois pas du peau : quand ]e fais l'amour et quand je PJ : Non, mais tu les sens. Ils t'attendent. tout. Je me sens une surfemme chante sur scène Pendant, et tout de suite Toi aussi. Tu sens toute la responsabilité. SD : Trouves-tu un certain confort à vieillir ? après Mais deux heures plus tard, je me Tu ne veux pas les trahir, les décevoir. Tu te PJ : Tu es idiote ! Madeleine Renaud, elle, dis : "Demain ce ne sera pas comme ça." Et dis : «Ils sont là. Moi aussi. Pourquoi est-ce était intelligente Quand elle avait 75 ans. ça recommence. C'est pas une vie.. Je que ce ne serait pas bon 7 11 y a un meilleur quelqu'un lui a parlé de la sagesse qui voudrais être comme ces gens qui vivent possible et il faut que j'aille le chercher.» venait avec l'âge. Elle l'a traité de fou. Elle calmement, qui cultivent leur jardin et font SD : Et qu'est-ce qui fait la jouissance ? lui a dit : «Vieillir, c'est la pire chose qui SILENCE, TOURNENT

FESTIVAL INTERNATIONAL DE FILMS ET VIDÉOS DE FEMMES- MONTRÉAL 85. DU6 AU 16 JUIN

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LA VIE EN ROSE moi 1985 puisse nous arriver. Je déteste vieillir.» PJ : Ce n'est pas la faute du PQ. C'est le C'est elle qui avait raison. peuple... LE THÉÂTRE EXPÉRIMENTAL SD : Mais tu nos plus vingt ans Comment SD : Tu te sens impuissante7 Tu penses DES FEMMES l'accommodes-tu de la réalité ? que c'est perdu, que le Québec n'en veut déménage le NOUVEAU PJ : Je n'y pense jamais. Je ne sais pas quel plus ? 1«' juillet LIEU: âge j'ai. Je ne suis pas bonne en arithmé- PJ : Non. Ce n'est pas ça. Seulement, je ne 1985 tique. J'ai beaucoup d'énergie et pas de veux tordre le bras de personne. C'est aux vergetures Et si j'ai des cheveux blancs, gens de juger. GO seul mon coiffeur le sait. Je ne vois pas mes SD : Mais si même toi. qui soulevait les foules rides, je reste dans les éclairages tamisés et avec l'indépendance, tu as cessé d'en parler, Lieu de créations de femmes géré par quand je passe devant le miroir, j'enlève pourquoi y croiraient-ils ? l'équipe du TE F mes lunettes. Je suis myope (rires). Je n'y PJ : C'est une maudite bonne question ! Je 5066, rue Clark (coin Laurier) pense jamais. fais peut-être trop confiance à la connais- Montréal H2T 2T8 SD : Et pourtant tu chantes Maman, ta petite sance. Je me dis que les gens savent main- fille a un cheveu blanc. tenant que l'autonomie est indispensable OUVERTURE : MI-SEPTEMBRE 1985 PJ : Ça n'a rien à voir. J'aurais pu chanter ça Peut-être faut-il que j'en parle encore. à 20 ans D'ailleurs, j'en parle encore. Je le dis : je PRODUCTIONS T.E.F. SD : Donc, puisque tu ne vieillis pas. tu ne suis archi-féministe, archi-indépendantiste. penses jamais à un face lift par exemple ? Tu Mais faut-il pour autant que je le chante ? NOV DEC 85 : n'en auras jamais besoin SD : Tu n hésites pas à chanter la soif de liberté • La Consule de Pauline Harvey PJ : Écoute, je me suis fait faire deux fois des femmes.. AVRIL-MAI 86 : les yeux. J'en avais besoin, ça a très bien PJ : Je suis tannée de répéter toujours la réussi et j'en suis ravie. Mais un face lift, ça même chose. Mes prochaines chansons, • Rhamlette de Lise Vaillancourt 1" MARS AU 9 MARS 86 : attaque la personnalité Je ne blâme pas les elles seront contre la guerce, la haine et la e femmes qui le font, je les trouve souvent souffrance. Je ne veux plus de tueries • 4 FESTIVAL - CRÉATION-FEMMES très belles mais je ne les reconnais pas. C'est inutiles. Je ne suis même plus capable de MULTIDISCIPLINAIRE pour cela que je ne le ferai jamais lire un roman policier jusqu'au bout, devoir Thème Érotisme et Féminisme SD : En parlant de changement, on ne t'entend un film de cowboy, ça m'écoeure. Je ne plus parler de politique, faire des déclarations ? veux plus voir de pauvreté excessive. Je PJ : (Très en colère) Je n'ai jamais fait de veux qu'on y remédie. déclarations ! Les médias, vous êtes tous SD : Pour ça aussi, tu fais encore confiance au Entrainement permanent : chant, danse, pareils.. PQ7 tam tam. acrobatie, /eu mise en scène Exploration de comedia dell'arte, PJ : Le gouvernement actuel du Québec est création de masques féminins PRIS i 3 l'un des plus généreux du monde. Il a Réflexion et travail dramaturgique haussé le salaire minimum comme aucun Atelier de lumière e savais qu'elle allait bondir. autre, et le résultat c'est que l'économie en Pauline Julien a toujours souffre et que les compagnies partent ou se détesté faire des déclarations sabordent. Mais je crois quand même qu'il a AUDITIONS politiques aux médias. Et elle eu raison de le faire. Pourtant, au moindre Des auditions pour jeunes comédiennes en a toujours faites. Cette impôt, au moindre gel de salaires, les gens auront lieu en MAI et en AOÛT 1985. entrevue ne sera pas l'exception hurlent. Les syndicats exagèrent. La grève à la règle Ni elle ni moi ne pou- des fonctionnaires, des professeurs, pour vions éviter le sujet. «Je n'ai moi, c'était un scandale : ils vivent très bien LOCATION jamais fait de déclarations, et ils en demandent encore plus. répète-t-elle Naturellement, SD : Les gens hurlent aussi parce que le gou- SALLE DE RÉPÉTITIONS j'ai fait des propositions. Dans l'urgence. vernement a fait des coupures dans les salaires SALLE DE SPECTACLES Mais pour moi, en ce moment, il n'y a pas des moins bien nantis, et dans les secteurs de la BUREAUX (2) d'urgenceJ. Il y a un gouvernement élu en santé, des services sociaux, de l'éducation qui j'ai confiance.» PJ : Je ne dis pas qu'il n'a pas fait d'erreurs. Je dis qu'il a aussi fait des choses extraordi- SD : Encore » naires, pour les garderies par exemple. Et Nous attendons vos projets les plus fous, les plus PJ : Oui, encore ! Certainement, encore ! que ça n'a jamais été reconnu. vitaux, SD : La situation actuelle, les démissions SD : // a été réélu en 81 Que peut vouloir de - Projets « 10 MINUTES» ou moins autour de l'indépendance, tout ça ne te trouble plus un gouvernement ? - Performances / Événements pas ? PJ : II ne le sera peut-être pas cette fois... - Expositions (sculpture, peinture, architecture) PJ : C'est une déchirure, mais on ne peut SD : Tu es un personnage public. Gérald Godin - « Levers de rideau » pas aller contre la volonté du grand public. aussi et vous n avez jamais caché votre relation - Speakers corner Il faut la respecter. Je suis d'accord avec le Le fait quil soit ministre est-il pour quelque - Club / réseau... chose dans ton silence sur l'indépendance dans Et pourquoi pas un Salon des Métiers d'Arts gouvernement. On ne peut quand même Féministes. |uste avant Noél ? pas recourir à la force, sortir l'armée ! ta confiance en ce gouvernement et dans tes SD : Mais cela n explique pas que tu ne parles positions actuelles ? plus d"indépendance PJ : Non. Ce n'est pas ma relation avec Envoyez-nous vos attentes, vos adresses (pour PJ : Je fais confiance au gouvernement Godin qui détermine cela. C'est ma relation notre liste d'envoi), vos désirs, vos thématiques, L'indépendance, ce n'est pas moi qui vais la avec un parti qui a fait des erreurs mais en vos. cadeaux i qui j'ai encore confiance. Vivre avec un faire. LES CODIRECTRICES : SD : Du temps où tu en parlais, tu ne disais pas homme politique m'a fait comprendre les que tu la ferais toi-même innombrables pressions qui s'exercent de Jeanette Laquerre. adm tous côtés sur les gens au pouvoir. Je les Ginette Noiseux, arts PJ : Non Mais je me battais pour que Lise Vaillancourt, arts. quelque chose arrive. critique aussi et avec eux je me retrouve SD : Le PQ est arrivé au pouvoir Mais pas plus souvent qu'autrement dans l'opposi- l indépendance tion.^ T.E.F. RENS.: 8440207 mai 1985 45 LA VIE EN ROSE 1 L*H JOURNAL INTIME ET POLITIQUE trevue comme fiction par Sylvie Dupont

e viens de remettre à La Vie en réalité, de la transposer, de la restructurer, que je les jugeais moins intéressants d'un rose mon papier sur Pauline de la reformuler, de la réinventer bref, pour point de vue littéraire et esthétique que Julien et je recours à ce «jour- quelle entre de force dans les dix feuillets d'autres propos ou épisodes de sa vie qui nal» pour essayer de chasser réglementaires de La Vie en rose. 25 lignes convenaient mieux à l'histoire et au per- le malaise délicieux et trouble chacun, 60 frappes par ligne, et qu'elle se sonnage que je mettais en scène. qui s'est emparé de moi et ne tienne comme une histoire. Mon interview est une fiction au sens fait que s'accentuer depuis. Ce Je tiens d'autant plus à faire cette mise au premier du dictionnaire : un mensonge. malaise a atteint tout à l'heure point que s'il venait à Pauline Julien l'envie Mensonge probablement révélateur, mais une telle intensité qu'il a éveillé fort légitime de contester l'authenticité de mensonge tout de même. La Pauline Julien une réminiscence. Enfant, cette interview devant un tribunal, ou de- qui «s'y révèle» est une héroïne fictive, une pendant certaines périodes où la réalité me vant le Conseil de presse, ou la Fédération simple représentation, distincte de la femme semblait particulièrement aride, il m'arrivait professionnelle des journalistes du Québec, réelle qui porte ce nom. C'est ma vision souvenJt de me plonger volontairement dans elle ne réussirait jamais à avoir gain de d'elle et même pas ; à peine des bribes, un état similaire que je déclenchais en cause. J'ai les cassettes de l'interview et recueillies et mises en forme davantage utilisant sans le savoir le truc du mentra : je n'importe quel-le journaliste ou experte pour le plaisir d'écrire, de raconter, de faire répétais inlassablement mon prénom - ou en journalisme n'hésiterait pas à jurer que sentir, que par souci d'informer. celui de ma mère, de ma soeur, de mon père mon article ne déroge en rien à l'éthique C'est parce que je respecte le métier de - jusqu'à ce qu'il perde toute familiarité, professionnelle journaliste que je dois m'en dissocier, jusqu'à ce qu'il me devienne totalement C'est bien ça le pire. L'éthique journalis- même s'il m'en coûte. Du plus profond de étranger Une fois le nom annihilé, je pou- tique permet à l'interviewer de sélectionner moi-même, j'aspire à la connaissance, à la vais enfin en disposer à mon gré, jouir le cinquième d'une entrevue et de supprimer réalité, à la vérité, malgré (ou à cause de) complètement de sa sonorité comme ma le reste ; de résumer une heure en une mon ignorance, mes fuites, mes mensonges. création, à la fois fière et honteuse du phrase ; de bouleverser de fond en comble Mais je suis également fascinée par la plaisir que je me donnais ainsi. la chronologie de l'entretien, de passer de fiction, l'art, la littérature, le théâtre, le Tout à l'heure, en relisant cette entrevue l'oral à l'écrit au mépris de l'expression du spectacle. J'en ai besoin comme dune que je sais par coeur pour l'avoir réécrite visage, du langage corporel, des intona- drogue et aussi comme dune bouffée d'air. plusieurs fois, j'ai eu soudain l'impression tions et des inflexions de voix ; de finir les Pourtant, je ne suis pas davantage ro- d'avoir créé à partir de quelques heures phrases laissées en suspens, de télescoper mancière. Je me suis essayée aux oeuvres avec Pauline Julien, et de trois clichés les propos, etc. Pourvu qu'on s'en serve de de pure imagination et j'ai échoué. Le réel d'elle, un petit tableau cubiste, fou braque. bonne foi. ces pratiques sont non seulement me colle à la peau. Il me rattrape toujours Si j'avais eu la présence d'esprit de permises mais recommandées dans toutes tôt ou tard, souvent quand je m'y attends le prévenir mon modèle que je ne suis ni les écoles de journalisme. Le mauvais jour- moins. Il rattrape toutes mes fictions, tou- photographe ni journaliste, je serais plu- naliste serait plutôt celui qui ne s'y livre tes mes histoires. tôt fière de l'effet obtenu. Et peut-être se pas. Ainsi, La Vie en rose n'aurait jamais Finalement, je me retrouve dans l'impos- serait-elle reconnue, qui sait 7 Après tout, accepté de publier sans retouches la tran- sibilité stricte d'écrire la réalité pure. Ou la un portrait, même si le visage est de face et scription mot à mot de mon interview avec fiction pure. J'ai essayé de choisir, de me le nez de profil, ça reste figuratif. Pauline Julien et Radio-Canada ne diffuse- situer. J'ai écrit de la fiction, j'ai écrit des Tandis que là, j'ai honte. On présentera rait jamais cet enregistrement intégrale- articles. Mais en dernière instance, face à mon texte comme une entrevue ; on le ment. moi-même, je savais que. peu importe leur recevra comme trois tranches de vérité ; on Dès lors, la question qui se pose à moi agencement sur une page, leurs dispositions lui accordera une crédibilité outrancière, et quand je cède à la tentation du journalisme particulières et le titre qui les coiffait, le probablement infiniment gênante pour le est de savoir si j'aurai le culot de laisser réel et la fiction, la vérité et le mensonge, s'y modèle, que je n'ai même pas payé, par- croire une fois de plus que je rends compte mêlaient et s'y échangeaient, comme dans dessus le marché. de la réalité, de la vérité. Avec ce papier sur mes poumons l'oxygène et le dioxyde de Alors je voudrais au moins dire ici que Pauline Julien, mon dilemme a atteint des carbone, tous deux aussi indissociables de même s'il est basé sur des faits vécus, mon proportions encore inégalées et ce, pour mon corps, de ma respiration, de mon papier sur Pauline Julien n'est que littérature des raisons d'autant plus angoissantes que souffle, de mon âme. et que toute ressemblance avec elle relève triviales : l'interview contenait ce qu'on Dans tout ce que j'écris, je voudrais dune heureuse coïncidence ou-peut-être appelle dans le jargon du métier des scoops préserver la fiction et la réalité, comme mon - d'une encore plus heureuse inspiration. Cette fois, j'ai compris que je préfère air et mon sang. Parce que leur échange est En d'autres termes, à partir du fait vécu, l'écriture au journalisme, que je ne suis pas vital. Et inévitable, me semble-t-il. pour c'est-à-dire de ma rencontre avec Pauline journaliste. À preuve : j'ai renoncé à publier qu'il y ait de la vie, et peut-être, un jour, de Julien, je n'ai pas cessé de tricher avec la certains scoops sur Pauline Julien, parce la poésie. V*

mai 1985 47 LA VIE EN ROSE CINÉMA

sa salle de montage, en décembre dernier, De Montréal à Sydney pour qu'elle me parle du documentaire. du cinéma direct et de sa démarche. Je venais d'interviewer Megan McMurchy. corèalisatrice de Fur Love or Money2. un documentaire sur l'histoire des femmes En passant par Bell en Australie qu'on pourra revoir bientôt a Montréal, et je voulais juxtaposer les deux par Diane Poitras témoignages. Leurs films sont structurés 1 est enfin sorti, le nouveau des «experts» patronaux ou syndicaux différemment : alors que celui de Mi Mur long métrage de Sophie Bis- sur les écrans cathodiques commence à chy est construit sur un montage d'archi- sonnette. Quel numéro. What tourner en rond, il propose une vision ves et un commentaire très important, le number »' Sophie Bissonnette, plus globale du phénomène et ce. à partir cinéma direct de Bissonnette laisse toute on s'en souvient, était coréa- des femmes qui le vivent. Faut-il ajouter la place aux participantes. Mais les deux lisatrice. a\ec Jo\ce Rock et que j'ai beaucoup aimé ce film ~> 11 estcinéastes, en plus d'un intérêt commun Martin Duckworth. de Une construit à partir d'une série de témoigna- pour le trav ail des femmes, ont une appro- histoire de femmes Ce docu- ges si chaleureux et si pertinents que, che du sujet semblable à bien des égards mentaire sur l'organisation pendant une heure \ ingt, on reste littéra- des femmes dans la grè\e de lement accrochée à ces visages. Au-delà L'insignifiance des machines l'Inco. à Sudbur\. devait gagner le Prix de des revendications salariales ou syndica- la Critique québécoise en 1980 pour le les, ce qui est mis en cause, c'est la place Une première chose saute aux veux meilleu1r long métrage. laissée, dans le monde du travail, à des dans les films de Sophie Bissonnette : l'affection qu'elle porte à ses personnages. File respecte leur expérience et leur point de vue. c'est clair. On voit moins, par contre, tout ce que cette relation implique dans la fabrication d'un film. «Une fois ta recherche faite, ton "mes- sage" clair, explique la cinéaste, l'idée n'est pas de trouver des caissières ou des secrétaires qui vont exprimer ce que toi tu veux dire. C'est plutôt de confronter ton bagage à la réalité de ces personnes mieux placées, elles, pour en parler Ça v eut dire qu'il faut constamment remettre en ques- tion les hypothèses ou même la structure du film. Par exemple, en salle de montage, je me suis rendu compte que ce film ne parlerait pas de certaines questions qui me tiennent à coeur C'était des choses qui préoccupaient moins les femmes inter- vieuees ou qu'elles ne voulaient pas exprimer publiquement... Mais je neveux pas dire que je suis absente du film \u contraire. j'\ suis très présente: par le choix des intervenantes, par le montage, etc. Mais chaque fois que j'essaie d'inter- venir directement dans le contenu, je m'aperçois que ça ne marche pas. Tu sais, le genre de graphique ou de commentaire qui va tout vous expliquer au cas où . 7 La monteuse Lierre Aubin et Sophie Bissonnette lors du montage de "Quel numéro. What Number ?•• vous n'auriez pas compris On n'a pas le goût d'écouter ça après les témoignages des femmes, tellement plus vivants» Avec Quel numéro What Xumber 1 la valeurs telles que la dignité humaine. Je Lors de la discussion suivant le v ision- cinéaste cherche à identifier les motifs me souviens d'une image intolérable où nement préliminaire, une téléphoniste plus ou moins cachés, les effets plus ou l'on voit une enfilade demplo\é-e-s des résumait ainsi son attitude face au\ ma- 5 visibles de la révolution technolo- Postes, un oeil sur le clavier, un oeil sur chines et aux cadences de travail : «J'ai gique dans le secteur tertiaire Après les l'horloge (il est sans doute 11 h 59). com- un lave-vaisselle, chez moi Quand j'ap- femmes de grévistes, elle se tourne vers mencer à s'agiter puis bondir soudaine- puie sur un bouton, il lave ma vaisselle. les téléphonistes, caissières, postières et ment sur leur carte de «punch». Com- Mais il ne va pas se mettre à vider mes employées de bureau. Un autre aspect de meni oublier aussi le visage de cette armoires! C'est pas lui qui va me dire: l.i vie des femmes, une autre version de femme, mère de trois enfants, trav ailleuse "Apporte-moi plus d'assiettes, plus de 1 histoire du trav ail. Ce film est une petite de nuit dans un hôpital, seule avec son soucoupes et plus de tasses !" Non, c'est bombe ' II réussit a parler de microtech- écran cathodique dans la dure blancheur une machine au service de l'humain. A nologie. d'ordinateurs et d'automatisation de l'éclairage au néon ? Bell, c'est les téléphonistes qui sont au de façon médire Au moment où le discours J ai rencontré Sophie Bissonnette dans serv ice des machines. » Je crois que ]e me

LA VIE EN ROSE 48 mai 1985 souviendrai de ce témoignage toutes les de raisons, préfèrent ne pas voir Par féministes, avec des images pour "illus- fois que j'aurai affaire à l'assistance- contre, je trouve les films de femmes trer» le propos Mais les cinéastes, issues annuaire ! souvent superficiels à force de vouloir du Sydney Women's Film Croup, ont opté «Si tu écoutes ce qui motive les femmes, être positifs. Alors, j'ai pris le parti d'axer pour une autre approche et, partant, pour poursuit Sophie Bissonnette, elles peu- le film sur des personnages forts et capa- une autre version de l'histoire vent t'amener tellement plus loin dans ta bles de dire des choses difficiles avec «Nous avons compilé des tonnes d'in- réflexion ! Leur travail, elles y ont beau- humour : ils dominent tout le film. La formation sur la vie des femmes au trav ail coup réfléchi, mais elles ont rarement plupart des films que j'ai vus sur les chan- par des entrevues avec des militantes et l'occasion d'en parler. Par exemple, sur le gements technologiques portaient sur les par des échanges avec des théoriciennes traitement de texte, les travailleuses ren- machines ; j'ai voulu montrer des femmes féministes, raconte Megan Mc.Murchy. contrées tenaient des propos tellement tellement créatrices, belles, émouvantes, Mais nous avons aussi envoyé des cen- contradictoires que j'ai été forcée de humaines qu'on se dise : Mon dieu ' que taines de lettres et placé des annonces situer l'outil dans un contexte de travail des machines c'est insignifiant !» dans des journaux et magazines, en de- précis, et d'éviter les généralisations Si mandant aux lectrices de nous envoyer des secrétaires, par exemple, jouissent Des masses de lettres des lettres, journaux intimes et photos, déjà d'une certaine marge de manoeuvre Commandé en 1978 par les organisatri- décrivant leur vie de travailleuses. C'est dans l'organisation de leur travail, le ces d'une première conférence féministe clair qu'à ces femmes, on n'avait jamais traitement de texte peut les libérer de sur les femmes et le travail en Australie. demandé leur version de l'histoire Tu te tâches fastidieuses et répétitives. Mais il For Love or Money ne sortira en fait que rends compte ? Placer une toute petite peut devenir très stressant pour celles pour la quatrième conférence, soit cinq annonce dans un journal et recevoir des dont le travail est déjà parcellisé et peu ans plus tard ' 11 aurait sans doute été masses de lettres disant, par exemple : "Je valorisé. En fait, ce sont les relations de beaucoup plus rapide, plus simple et ne crois pas que ce soit bien, bien impor- travail préalables qui conditionnent les moins onéreux de bâtir un film-exposé à tant, mais je pourrais vous dire comment effets de la machine sur les travailleuses» partir d'un texte écrit par des historiennes c'était, travailler dans l'industrie rnétallur- Mais ce film ne risque-t-il pas d'être perçu comme pessimiste, puisqu'il nous force à constater que le trav ail des fem- mes, du secteur tertiaire en particulier, est bien peu valorisé et de moins en moins stimulant ? «On risque toujours de perdre une partie du public en montrant des réalités que certain-e-s, pour toutes sortes

What number ? Qu'\ a-t-il derrière le fameux miracle technologique ? On nous av ait promis que l'informatique changerait nos vies, nous ferait travailler moins et mieux, nous propulserait vers la civilisation du loisir Or, ce qui se dessine dans les grandes salles bruyantes peuplées d'or- dinateurs et d'écrans de Quel numéro. What number '. c'est plutôt un nouveau goulag où les machines sont mieux traitées que les humains. Plutôt que de s'émerveiller, comme tant d'autres depuis quelques années, devant la rutilante quincaillerie infor- matique, Sophie Bissonnette a braqué sa caméra sur les travailleuses aux prises avec des changements technologiques qu'elles ne contrôlent aucunement' ûuel numéro ? Une employée des Postes canadiennes Quel numéro Whal number ' c'est la cadence infernale, le stress chronique, Prov igo assiégée par I 2 chariots et dont lucidité ei invention que ces travailleuses la surveillance électronique, le travail la caisse électronique vient de sauter analysent leurs rapports à l'informati- déshumanisé C'est la téléphoniste de pour la troisième fois de la matinée. que. Il faut les voir décrire leur travail, Bell coincée entre l'oeil de l'écran et C'est la secrétaire médicale immobilisée mimer comme de vieilles comédiennes celui de la contremaîtresse, et qui. en 1 5 toute la nuit devant son écran cathodique leur routine ponctuée des bip-bip impa- secondes, n'a plus le temps de dire à mettre à jour des dossiers médicaux tients de l'appareil: elles crèvent litté- «Bonjour !». C'est l'emplo\èe des Postes Parce que ce film interroge les femmes ralement l'écran et leur extraordinaire canadiennes forcée de déchiffrer 1 800 plutôt que les machines, il est chargé performance nous convainc que la réalité, codes postaux à i'heure pour alimenter d'une émotion et d'une vérité boulever- une fois de plus, dépasse la fiction ! la mai hine nn-use. C'est la caissière de santes. Et pourtant, c'est avec humour, A E. FG

mai 1985 49 LA VIE EN ROSE «coupées» et leurs budgets de lance- ment sont ridicules. En 1982, par exemple, le coût moyen de production d'un long métrage à Hollywood était de 9 à 10 millions $, auxquels il fallait ajouter de 6 à 8 millions $ pour le lancement en territoire américain seulement ! Pendant ce temps, produit avec un budget approximatif de 225 000 $, Le futur intérieur de Yolaine Rouleau et Jean Chabot était lancé avec 6 000$ dont 1 746.52$ à peine prove- naient de l'Institut québécois du cinéma.» Évidemment, ce n'est pas de cette façon que nos films vont concurrencer Indiana Jones ou Amadeus ' Quant à savoir pour- quoi les cinéastes québécois-es se tour- nent de plus en plus vers la fiction, je n'ai i 1 pas encore de réponse satisfaisante II Cinêostes de "For Love or Money" : Morgot Nash. Megan McMurchy, Jeni Thornley et Margot Oliver faudra le leur demander. Mais pour l'ins- tant, ne comptez pas sur Sophie Bisson- nette, elle est partie coller elle-même ses 1 gique durant la guerre..." Tous ces témoi- très isolé et qui décide de se consacrer à affiches ' v gnages n'apparaissent pas dans le film, l'écriture. À la toute fin du film, elle mais ils nous ont aidées à comprendre les refuse, encore une fois, la demande en 1/ Les 26, 27 et 28 avril au cinéma Arlequin et conditions de vie et de travail des femmes mariage d'un amoureux entêté. «Les dis- du 3 au 16 mai. au cinéma Parallèle, à Montréal à travers l'histoire. Ils éclairaient le propos tributeurs ont demandé à la réalisatrice de 2/ Au festival de Cinéma Femmes, du 6 au 16 des historiennes sur telle ou telle période changer la fin ! Ils voulaient un «happy juin. Les deux autres réalisatrices sont Jeni Le salaire égal, par exemple, moi. je ending». convaincus que la version ori- Thornley et Margo Oliver. For Love or Money a n'avais aucune idée de la lutte qu'il avait ginale, bien que conforme au roman, ne été présenté la première fois à Montréal, dans fallu mener pour l'obtenir Lorsque je suis plairait pas à leur public. Heureusement, le cadre du Festival international du nouveau arrivée sur le marché du travail, dans les la réalisatrice a maintenu son point de cinéma (Voir LVR. décembre 1984) années soixante, en période de plein vue Ce qui n'a pas empêché le film 3/ Sur le même su|et. la Québécoise Diane emploi, le salaire égal, je prenais ça pour Beaudry propose plutôt, avec L ordinateur en tèie d'obtenir un succès commercial.» (ONF. 1984. 27 min), l'alternance d'entrevues acquis !» s\ec des spécialistes (Céline St-Pierre. socio- La guerre des salles logue. Michèle Jean, historienne) et une mise Happy ending, SVP. Ce témoignage montre bien que, là-bas en scène avec des comédiennes. Nous y re- La découverte de ces luttes oubliées a comme ici, les industriels du cinéma viendrons On peu! entretemps visionner ou emprunter la cassette vidéo à l'ONF, mais donné au film une nouvelle orientation. préfèrent les films populaires et divertis- attention ' II rsi impossible de réserver, ce qui Dés lors, il s'agissait de «combattre la sants Or, le documentaire n'a pas exacte- peui i auseï îles déi eptions disparition de l'histoire» Mais allez donc ment la réputation d'être très divertissant chercher du financement pour un tel Au Québec en particulier, il a cette habi- projet ' De plus, For Love or Money était le tude (fâcheuse, selon certain-e-s) de nous premier long métrage documentaire fémi- confronter à la réalité. Toutes ces tracas- niste indépendant en Australie. Les inves- series de financement et de commerciali- tisseurs hésitaient à soutenir un film qui, sation ne risquent-elles pas de tuer le à leur avis, risquait d'être tourné vers le documentaire ~> Est-ce pour ces raisons passé, austère et peu divertissant À cha- qu'on en fabrique de moins en moins au que étape de financement, les réalisatrices Québec 7 ont donc dû refaire la preuve qu'il y avait Pour Sophie Bissonnette, ces «tracas- un public intéressé par leur film. «Ce qui, series» ne sont pas uniquement le lot des finalement, ne fut pas mauvais, souligne cinéastes de documentaire. Elle a raison : McMurchy. car avec toutes ces lettres le cinéma d'auteur connaît souvent les d'appui et ces campagnes de financement, mêmes difficultés de production et surtout lorsque le film est enfin sorti, tout le de distribution. Mises à part quelques monde en avait entendu parler et l'atten- exceptions comme La turlutte des années dait !» dures Mario ou La guerre des tuques. le McMurchy et ses collègues savent cinéma québécois a du mal à se faire voir qu'elles n'étaient pas les premières à se dans nos salles. La preuve "> Combien heurter à l'obstination d'une industrie qui d'entre vous ont raté Sonatine ou Le dernier pense profit avant qualité. Elle me donne glacier, pour ne pas s'être précipité-e-s au l'exemple de My Brilliant Career. de l'Aus- cinéma dès leur sortie ~> tralienne Gilian Armstrong, un film qui a «Les compagnies qui distribuent des connu un certain succès en Amérique du films d'auteur ou des documentaires qué- Nord. Tiré d'un roman très célèbre en bécois, explique Bissonnette, font leur Australie, le scénario raconte l'histoire travail avec de maigres ressources. Leurs J. dune jeune femme issue d'un milieu rural subventions de fonctionnement ont été Tiré du film "For Love or Money"

LA VIE EN ROSE 50 mai 1985 L'INFORMATION SOUS INFLUENCE Comment s'en sortir LES CAHIERS par Jacques Keable Un réquisitoire implacable contre la concentration de la presse. Le contrôle des médias par une poignée SOCIALISME de businessmen n'est pas une fatalité. Des solutions existent pour s'en sortir et Fauteur y apporte 240 pages 14,95$ sa contribution Un ouvrage important qui concerne les lectrices et les lecteurs de LA VIE EN ROSE. Pornographie vlb éditeur et violence faite aux femmes et aux enfants. ABONNEZ-VOUS ABONNEZ UN(E) AMI(E)...

aux Cahiers du socialisme FESTIVAL DE THÉÂTRE DES AMÉRIQUES '85 C.P. 6660, Succursale Desjardins 1985: LA PROCHAINE ÉTAPE Montréal, Québec LE THÉÂTRE TRANSFORMÉ H5B 1B7 Abonnement régulier : $13.00 PAR LES FEMMES Une conférence de femmes de théâtre Abonnement de soutien : $17.00 des Amériques Abonnement institutionnel : $25.00 Des femmes de théâtre de renom des États-Unis, L'abonnement de soutien donne droit à un numéro du Mexique. d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. des Caraïbes, du Canada et du Québec gratuit parmi les numéros, 2,4,5,6,7,8,9.10,11, se reuniront a Montréal, L 12. 13 et 14. les 25 et 26 mai de 9h30 à I7h à la Biblidthèque Nationale. (Les numéros 1 et 3 sont épuisés). 1700 rue St-Oenis.

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FESTIVAL DE THEATRE DES AMERIQUES '15 Montréal, capitale du théâtre du 22 mai au 4 juin... 1 Les meilleurs spectacles des Amériques! 25 compagnies de renommée nationale et internationale. Plus de 100 représentations de productions acclamées à l'échelle des Amériques dont: Albertlne en cinq temps de Michel Tremblay et d'André Brassard; le Rail présenté par Carbone 14; • La Lumière blanche, une coproduction du Théâtre Expérimental des Femmes et du Théâtre d'Aujourd'hui; Les paradis n'existent plus... Jeanne d'Arc d'Alice Ronfard; Circulations du Théâtre Repère; Dreamland burns du Squat Théâtre (New York); Ne blâme* Jamais les bédouins de René-Daniel Dubois et de Joseph Saint-Gelais; Through the leaves de Mabou Mines (New York); Maria Antonla du Teatro Irrumpe |Cuba); Kattajak. jeux de gorge des femmes inult dlnukjuak (Nouveau Québec). Un événement artistique sans précédent I ' Billets en vente aux comptoirs Ticketron et à la billetterie du Festival, 1682 rue St-Denis, Montréal H2X 3K6 |514| 288-6792 / 288-9354 16E FESTIVAL QUEBECOIS DU JEUNE IEATRE THEATRE

des Amériques Théâtre sur la ville Vous vous déplacez rarement pour voir du théâtre? Eh bien, c'est la montagne qui se déplacera bientôt pour vous: du 22 mai au 4 juin, Montréal deviendra la capitale mondiale de la scène en accueillant non moins de trois événements théâtraux. ^k rimo, le 16' Festival annuel de par Francine Pelletier A l'Association du jeune théâ- I tre québécois (AQJT) offrira mai ne l'a pas nécessairement. Il y aura, ^^H sept spectacles, en plus d'une en fait, un peu de tout parmi les 16 spec- V conférence-spectacle d'Au- tacles prévus, dont deux autochtones, ^^ gusto Boal, le maître à penser trois québécois, trois canadiens, trois du «théâtre de l'opprimé». américains, et un de chacun des pays vivant aujourd'hui à Paris. suivants : Mexique. Brésil, Argentine, Secundo, et pour la première Venezuela. Cuba. Du théâtre d'auteur, fois à Montréal, le XXI' Con- traditionnel comme du théâtre expéri- grès de l'Institut international du théâtre, mental. Les critères étant, bien sûr, l'ex- organisme affilié à l'UNESCO. regroupant cellence mais aussi la possibilité d'avoir 63 pays, et dont les assises ont lieu à tous été vu pendant la courte période de les deux ans : il s'agit ici non pas de recherche, et d'être «transportable» d'un spectacles, sauf le gala d'ouverture, mais continent à l'autre. Un choix arbitraire, d'une série d'ateliers-rencontres sur la donc, mais certainement prometteur. pratique théâtrale auxquels assisteront Et les femmes là-dedans ~> C'est l'aspect près de 400 personnes du métier. Enfin et qui semble laisser à désirer. Outre La surtout, aura lieu le Festival des Améri- lumière blanche de Pol Pelletier, qui a été ques, un événement sans précédent qui. sélectionnée (de justesse) à titre de pré- espère-t-on. se répétera tous les deux ans. sentation officielle du Québec (avec Le Pour l'instant, c'est une première à plus rail de Gilles Maheux et Albertine en cinq d'un égard. temps de Michel Tremblay), il n'y a que D'abord, le budget : 1 million $ pour les paradis nexistent plus Jeanne d'Arc le Festival des Amériques seulement ; d'Alice Ronfard (sélectionnée pour le 16e 2 500 000 $ en tout, puisque les trois Festival du jeune théâtre) comme théâtre événements se sont associés pour mieux de femmes. Ce ne serait pas une question créer «l'événement», avec une participa- de discrimination : Marie-Hélène Falcon. "Maria Antonio» du Théâtre Irrumpe de Cuba tion financière des gouvernements s'éle- directrice du Festival et par ailleurs fémi- vant à 1 500 000 $. La direction du Festival niste, était bien décidée à ce que la c'est pourquoi on a imaginé une rencontre des Amériques a même entrepris une participation des femmes dépasse les 10 intitulée 1985-La prochaine étape Les levée de fonds auprès de l'entreprise ou 15 % habituels. Et puis, le comité de femmes dans le théâtre des Amériques privée, qui n'a pas été un succès mirobo- sélection était composé de six femmes et trois hommes. Cette sous-représentation Dirigée par Rina Fraticelli. auteure d'un lant mais, enfin, c'était aussi une pre- rapport sur la place des femmes au théâtre mière... serait due plutôt à un problème de visibilité, puisque les shows de femmes sont, fina- (voir LVR, nov. 84). cette rencontre aura Ensuite, tout ce branle-bas théâtral lieu les 25 et 26 mai. à la Bibliothèque mobilisera 12 théâtres montréalais (pres- lement, assez peu réguliers et qu'il faut chercher pour les trouver. nationale, et abordera trois thèmes fonda- que tous ?) et quelques salles de confé- mentaux : la question Nord-Sud, la théorie rence. Ainsi, en ces jours de début d'été, D'ailleurs, le Festival des Amériques vs la pratique, le passé vs le futur. Il est vous pourrez choisir entre 25 spectacles repose, à sa façon, la question de la place aussi question de mettre sur pied un différents et près de 100 représentations des femmes dans la pratique théâtrale. À centre de documentation qui. en réperto- De quoi plaire au maire Drapeau, quoi ! l'heure actuelle, les shows de femmes riant les productions des femmes des Mais le plus beau, qui risque de moins semblent soit trop gros (certaines produc- Amériques, rassemblerait de bien pré- plaire au maire, c'est l'idée derrière le tions féministes américaines n'ont pu cieuses archives. Bref, ni les idées ni Festival : «chercher notre identité cul- venir à cause de leur ampleur) soit trop l'envergure ne feront défaut à ce premier turelle selon l'axe nord-sud, plutôt qu'est- petits (surtout en Amérique latine) II se Festival des Amériques. Bons spectacles. ouest» (plus précisément Europe-Améri- peut aussi, et cela semble être le cas au que du Nord). Québec, que le théâtre des femmes ne soit Si le terme nord-sud a une connotation pas présentement au plus haut de sa I L horaire des spectacles et rencontres se politique, le théâtre que vous venez fin forme. Bref, tout cela méritait réflexion et trouve dans le calendrier culturel, page 59.

1985 53 LA VIE EN ROSE FLASH

Livres comme telle, à y découvrir des cent cinquante-trois textes pré- discontinu, le fragmenté. Comme nuances, des parenthèses, des sentés sous des formes variées son propre discours, observe impossibilités, là où il n'y en a (poème, récit, conte, etc.). On ne l'auteur. Or. l'analyse socio- L/uerre et passion généralement pas. s'ennuie |amais à la lecture, et culturelle et politique du Québec La constellation du cygne. Mais, alors que le roman de on découvre, avec étonnement demeure, sauf exceptions, le fief Yolande Villemaire. Ed. de la Styron remplit cette promesse, ou avec trouble, des discours des hommes, qui se gardent bien Pleine Lune. Montréal. 1985 La constellation du cygne m'appa- hétéroclites tantôt délirants ou de souligner l'apport original des La critique a parlé d'un roman raît trop arbitrairement, voire questionnants, incisifs ou fan- femmes en matière de culture et «envoûtant» et le récent Constel- spectaculairement. construit. Le taisistes. de littérature. Lise Gauvin le fait lation du cvgne de Yolande Ville- premier chapitre passé, le roman Malgré des styles fort diffé- avec humour et pertinence. Elle maire l'est sans aucun doute Le s'ècartèle de plus en plus entre la rents, la qualité de l'écriture pré- constate, à son tour, que les livre commence par une longue démonstration de l'horreur nazie domine et établit l'homogénéité femmes qui écrivent cherchent à séance de «baise», par la des- - Karl-Heinz devient vite carica- du recueil Les thèmes de la donner une autre signification cription détaillée d'une passion tural - et l'espèce d'innocence à folie, de l'institution psychia- au langage inventé par les hom- parfaitement charnelle Qui ne la fois erotique et ésotêrique de trique et de son discours réduc- mes. «Je me laisse porter par la s'> laisserait prendre 7 En littéra- Celia Écrit par un homme, ce teur orchestrent les témoignages parole chercheuse de mes con- ture dite sérieuse, et provenant livre aurait sans doute été quali- de cette population marginalisée temporaines.» dune femme, c'est rare De plus, fié de sexiste ; et Celia me semble et trop souvent exclue Ces textes, Mais en quoi cette parole est- et l'envoûtement part de là. la beaucoup plus victime que l'hé- parlant d'exclusion, de rejet, de elle spécifique ? se demande scène se passe à Paris en 1940, roïne de Styron. solitude et d'incompréhension, l'auteure. La question demeure entre Celia Rosenberg. jeune Mais peut-être est-ce ma pro- m'ont profondément émue. trop complexe pour qu'on puisse Juive obligée de se prostituer pre difficulté à composer avec FRANCINE LAMPRON y répondre. La prudence de Lise une femme aussi évanescente. Gauvin serait-elle l'annonce transcendante que Celia 7 Bref, d'une étude plus approfondie du YOLflfiDE VlUfrtfll&E toutes les réincarnations anté- De nouvelles lettres langage féministe ? Ce livre nous rieures et futures de Celia Ro- persanes le laisse penser. COnSTCLLflTK senberg. sans me laisser indiffé- JAQIELINE HOGUE rente, me paraissent assez in- Lettres à une autre. Lise Gauvin. DU CTOnf compatibles avec quelque chose Èd L'Hexagone Le Castor astral, d'aussi concret (et morbide! Montréal Paris 1984 Et le Saint-Esprit? qu Uischuitz J'ai pris le plus grand plaisir à Mais parce qu'il bouleverse au lire chaque page de l'essai-récit Au nom du père, du fils et de Duplessis. moins tous nos schémas établis, de Lise Gauvin. La narratrice, collection de textes sous la ce roman mérite d'être lu Et venue de Perse, est inscrite en direction d'Andrée Yanacopoulo. relu ? lettres françaises et écrit à son Éd. du Remue-ménage, Montréal. amie Sarah. demeurée dans le 1984 FRANCINE PELLETIER lointain pays, treize lettres Voici un livre qui. sans doute, denses sur le Québec d'aujour- attirera quiconque a connu, au â LA folie retraversée d'hui. Brillante, emmagasinant à moins en partie, le règne de «la la vitesse de l'éclair un bagage grande noirceur». Dans son texte Ifs editioni de la pkinc lune par l'écriture ROMAN fou de connaissances, elle ten- Le régime Duplessis. Marcelle La folie comme de raison. tera alors de cerner notre société. Maugin analyse pourquoi Solidarité-Ps\chiatrie, Èd. VLB. Essai à l'emporte-pièce plutôt Duplessis fut un fasciste à peine (guerre oblige) et Karl-Heinz Montréal. 1984. que récit, usant volontiers du manqué, un dictateur de poche Hausman. jeune soldat allemand. La folie comme de raison, un raccourci, ce livre aborde tous En comparant ce régime à ceux Une telle mise en scène rap- livre-choc où l'authenticité des les sujets : nationalisme, fédéra- d'Hitlei et de Mussolini, il nous pelle l'excellent roman de William témoignages vécus nous «pogne lisme, traditions d'ici et d'ail- apparaît évidemment moins vio- St\ron, Le choix de Sophie, avec aux tripes», interpelle nos pré- leurs, culture québécoise de lent mais non moins oppressant. cette même tendresse passion jugés face aux «fous» et à leurs plus en plus marquée par le Et en disant sa tristesse de devoir entre deux êtres qui, selon les discours Vingt-huit personnes, lois politiques, devraient se haïr pour la plupart ex-psychiatrisé- mais qui. lustement. ne se haïs- e-s et membres du collectif Soli- sent pas Leur incro\able histoire darité- Psychiatrie, ont collaboré (514) 598-8620 nous oblige à revoir l'histoire à la rédaction de ce recueil de

'Diane (jimnv BOUQUINEZ À L'AISE A Psychologue US NSENCE DU LIVRE GESTALT-THÉRAPIE

1246 rite St-Denis Montréal 2127, rue St-André (près du métro Sherbrooke) Tél.: 844-6896 Montréal, QC H2L 3V2

LA VIE EN ROSE 54 mai 1985 raconter cette époque. Anne théâtre avec de l'énergie en Legaré nous rend le climat de la plus : ou le sujet nous déprime, vie des femmes d'alors : «C'est, ou la production n'est pas à la en m'y arrêtant, comme si je hauteur de nos attentes, ou il n'y lavais encore à fleur de peau, ce a rien là. dans les pires cas. Et souvenir amer. Mon corps qui pourtant, la pièce d'Alice Ron- commençait à peine à émerger fard enthousiasme. Non pas que de cette torpeur lente se rebiffe ; tout y soit parfait - c'est une tant d'années de dérision, tant première pièce, après tout - mais d'années de sarcasme, de comé- l'enthousiasme et la puissance y die.» sont partout, derrière chacun Malheureusement, ce recueil des mots, dans le jeu de chacune composé de six textes différents des comédiennes (et du comé- ne tient pas tout à fait sa pro- dien), dans la mise en scène de messe d'éclairer le présent à la Claude Poissant, dans la scéno- lumière du passé Seul le texte graphie de Danielle Lévesque, de Marcelle Maugin fait un lieu dans les lumières d'André Naud, intéressant entre les «années qui sculptent intelligemment un bleues» et le référendum de espace ouvert et permissif. 1980, nous faisant ainsi mieux Tout vibre dans cette pièce. comprendre le phénomène des Est-ce le pouvoir toujours réel Vvettes. Le restes est. soit moins de Jeanne d'Arc sur nos incon- neuf, soit moins convaincant, scients ~> Le pouvoir d'une hé- tout en méritant notre attention roïne fabuleuse qui nous grise Les paradis n'existent plus parce qu'il rappelle un passé en ces temps d'impuissance pla- encore proche. nétaire ? Ou est-ce le pouvoir véritable Jeanne d'Arc (Jasmine rien sur les femmes mais fair agir Souhaitons aussi que ce livre d'une belle gang de monde qui Dubé) débarque, déboussolée les huit (!) personnages avec puisse nous servir de mise en joue bien, qui aime le théâtre, en plein XX' siècle mais quand puissance et indépendance. Et si garde face à notre propre com- qui a du plaisir et sait le trans- même assez en forme pour réta- Alice Ronfard a écrit cela - je plicité, nécessaire pour que se mettre ~> Elles sont 16. avec l'é- blir les faits et prendre le gouver- dirais naturellement - c'est que maintiennent au pouvoir des quipe technique. Peut-être aussi nail de ce gros bateau qui n'est d'autres sont venues avant elle régimes qui nous oppriment la «largeur» du sujet nous chan- pas loin de ressembler à une Bonne nouvelle : l'héritage s'est RAYMONDE LORRAIN ge-t-elle des univers concentra- nouvelle arche de Noé. S'ensuit bien rendu, et il n'est pas dila- tionnaires ou microscopiques ? un jeu de pouvoir entre l'actrice pidé...

Il faut avoir du front pour mettre et son héroïne, jeu difficile pour HÉLÈNE PEDXEAL'LT Jeanne d'Arc en scène, et ne l'actrice qui. d'habitude, invente douter de rien. Mais ça fait du son personnage librement sans bien de voir des gens qui ne avoir le personnage réel derrière Théâtre doutent de rien avoir le talent Désir d'un jour son épaule, toujours en train de La puissance pour le soutenir ! lui dire quoi faire et comment, Une tournée particulière, pièce La structure de la pièce tient en vue de respecter la vérité d'Ettore Scola. au théâtre du Rideau de l'héroïne de l'univers de huit enfants qui historique ; cela provoque des vert, en mars et avril. Mise en Les paradis n existent plus. inventent une histoire autour de situations souvent drôles, par- scène : Guillermo de Andréa Avec Jeanne d Arc d'Alice Ronfard, créée Jeanne d'Arc Ils composent des fois tragiques. Marie Tifo et Jean Besrè. à la salle Fred-Barr\ en janvier personnages divers selon leurs Alice Ronfard a-t-elle écrit J'avais vu le superbe film. Ça 85. reprise au Festival de l'AQJT goûts et ils sont guidés dans une pièce féministe ? Elle dirait n'arrange jamais les choses. On les 29. 30 et 31 mai. à Montréal. leurs jeux par l'Actrice (Sylvie probablement que non. Mais finit toujours par faire des com- Par les temps qui courent, il Gosselin) qui veut être Jeanne moi j'ai vu une pièce profondé- paraisons ! J'avais donc vu le est rare de sortir dune pièce de d'Arc. Quand, tout à coup, la ment féministe, qui ne démontre film, du même Ettore Scola. avec

" SV g* %* l M-II.M 1)1- **» S17ANNE GIT

L AVORTEMENT VECU DE L'INTERIEUR DES ÊTRES

mai 1985 55 LA VIE EN ROSE FLASH

Sophia Loren (pour qui j'ai un S'il est une animatrice maison faible) et Marcello Mastroiani. qui s'est intéressée depuis long- Hitler vient rendre visite à l'Italie, temps à la cause des femmes, le pays est en liesse, le peuple c'est bien elle. s'habille, se farde, les Chemises D'autre part, les déplacements noires vont à la fête. Une ména- guindés, le ton empesé, la dis- gère, mère de six enfants, n'ira tance de l'animatrice, les rac- pas... elle n'a pas le temps, doit cords interminables, le rythme s'occuper de la maison, préparer mortuaire, bref la performance le repas du soir pour l'homme et technique ne laissait en rien les enfants. À côté, sur le même transpirer la fièvre du direct. palier, vit un homme. Il est seul, Si cette émission n'a pas levé, semble tendu, attend fébrilement c'est qu'elle était un melting pot un coup de téléphone. Voilà. Sur sans intention autre que montrer la scène tournante du Rideau des femmes ayant réussi, et nous vert, alternent les vies fragiles de convaincre que le féminisme n'a lune puis de l'autre plus son sens. Là-dessus, Denise II faudra que s'échappe le per- Bombardier avait toujours l'air roquet de la femme pour que ces d'être dépassée sur sa gauche deux êtres fassent connaissance par ses invitées ! Seuls en cette journée comme Une journée particulière : Marie Tilo. Jean Besré Et côté contenu, ça volait seuls au monde, ils apprendront bas ! En effet, quel esprit réduc- l'un sur l'autre, l'un par l'autre. À teur a pu écrire, pour le texte travers la peur et l'ennui, à travers d'ouverture de l'émission, qu'au ce jour qui n'en finit pas, qui ne fond le féminisme a comme but Spectacle 7 devrait pas finir, naît le désir de mieux vivre avec les hommes étonnant dune femme pour un Quant aux invitées spéciales, homme, peu importe qu'il soit Spécialement ennuyeuse elles n'avaient souvent de spé- cultivé, annonceur à la radio, Samedi le 30 mars, à Radio- Denise Bombardier et Gaston cial que le fait d'être très con- homosexuel... peu importe Canada, une émission «très spé- L'Heureux pour animer ces deux nues. Les propos sentaient gé- qu'elle soit ignorante, analpha- ciale» pour marquer la fin de la heures de direct7! La première néralement le réchauffé Résul- bète et ménagère (nous sommes décennie des femmes Beaucoup n'a jamais défendu (ouvertement) tat : aucune émotion, aucun dans les années 40 en Italie, d'invitées - Gloria Steinem, Be- les intérêts des femmes. Le punch, aucune atmosphère Et misogynie oblige ')... peu importe noîte Groult. Oriana Fallaci et deuxième n'était là que pour as- finalement, l'émission semblait qu'il soit en danger d'arrestation plus près de nous, Louise Beau- surer l'aspect variétés du show, s'adresser moins aux femmes et qu'elle ne le sache pas. La doin, Anne-Claire Poirier. Pauline baiser la main et tirer la chaise de qu'à tous ceux qui n'auraient pas journée - toute particulière - Marois, Jeanne Sauvé - ainsi sa coanimatrice, à répétition encore entendu parler de fémi- fera de ce duo un tandem et, que quelques artistes, notam- Pourquoi la réalisatrice n'a-t-elle nisme. 7 lorsque le désir sera trop fort, ment Louise Marleau, Louise pas fait appel à Aline Desjardins FRANCINE PELLETIER c'est elle qui viendra à lui. Forestier. Ginette Reno. En plus, Marie Tifo, splendide, éton- de nombreuses femmes dans la nante et criante de vérité, m'a salle dont une dizaine reçurent BOUQUINEZ À L'AISE À fait oublier la belle Sophia. le un hommage pour leur contribu- ton étant d'un naturel, l'accent... tion à la cause des femmes (dont italien. Quant à Jean Besré, il se LVR). Émission très spéciale si défendait bien dans un rôle que on veut, mais aussi très ennuyan- OS kGENCE DU LIVRE la mise en scène a voulu un peu te, qui n'est jamais parvenue à trop culpabilisant et mélodra- donner une autre impression 1246 rue St-Denis Montréal matique par moments. que celle d'un devoir à faire. Tél.: 844-6896 ANNE-MARIE ALONZO D'abord, quelle idée de choisir

Un film de Sophie Bissonnette QUEL NUMERO WHAT NUMBER19» Au cinéma parallèle du 3 au 16 mai Distribution : Cinéma Libre à 19h30 et à 21 h30

LA VIE EN ROSE 56 moi 1985 Suite de la page 29 LVR : Vous qui continuez dobsener la poli- tique québécoise, que pensez-vous des reculs «stratégiques» du gouvernement péquiste sur ENFIN, la loi 101 et sur d'autres questions 7 LP : Quand on parle de ce gouvernement- là, on ne peut pas parler de stratégie, ils ne savent pas comment ça s'épelle... Dans une USE partie d'échecs, par exemple, on joue à trois coups d'avance : eux n'ont même pas un coup d'avance : ils improvisent et ils réagis- sent à des sondages. C'est un peu désas- PAYETTE! treux

LVR : À aucun moment, vous ne trouviez ça LVR : C'est un manque de leadership ' Pour ma part. ]'ai vécu un gouvernement positif ' LP : C'est plutôt la fin d'un régime, ça. Qui a de coalition- parce que c'était ça- avec des LP : Au contraire. Tout était positif, tout vieilli d'autant plus vite qu'il a beaucoup gens d'extrême-droite, des gens de gauche, était prioritaire. La seule chose qu'il fallait fait au début. On peut pas nier que les deux d'extrème-gauche. non, mais de gauche, de obtenir ce soir-là, après leur discours, c'était premières années, on a roulé à pleine centre et je ne veux plus jamais, de ma v ie. qu'ils reviennent à la télé trois mois plus vapeur entendre parler de cette politique-là. Si jamais je m'identifie de nouveau à un parti tard, le gagnant et les perdants, pour faire Le référendum a achevé ce gouverne- politique, il faudra qu'il corresponde très leur rapport la condition des femmes était ment-là et ce qui en reste... Il se peut même exactement à mes convictions prioritaire, où en ètes-vous ? Ça, ce serait qu'il ne reste rien de la loi 101. Et plus tard, bon : assurer un rôle nécessaire de chien de un autre gouvernement sera oblige de re- Que le PQ éclate, c'est un signe de santé, garde. faire une loi sur la langue au Québec. Parce et il était temps que ça arrive. Je le dis un que la situation se sera redègradée rien peu méchamment, ça m'étonne qu'ils aient LVR : Les élections québécoises s'en viennent n'est acquis de façon définitive, surtout pris autant de temps. Ils sont tous très intel- Pour les femmes, les conditions sont-elles meil- dans le domaine linguistique. ligents. leures ' Et quand je les entends parler de vendre LP : Ne comptez sur rien. Il \ aura peut-être des actions d'Hydro-Québec. je nv com- LVR : Personne ne vous a donne un coup de fil plus de femmes candidates ; elles ne seront prends plus rien ' C'est une compagnie en décembre dernier au moment de la scission pas toutes élues... Personnellement, s'il y a d'État : nous sommes tous actionnaires, modères-orthodoxes ' une femme sur la liste. ie serai portée à comme peuple. d'Hvdro-Quebec Et là, tout LP : Non m'a téléphoné voter pour elle, même si ie ne la connais à coup, on va vendre des actions ! Moi, je récemment, pour me demander des ren- pas. Moi. j'en suis là. Il se peut que vous dis «Ne \endez pas les miennes ! Je vous seignements sur la Chine ' préfériez v oter pour un gars «féministe» en l'interdis». C'est absolument insensé, il n'v pensant qu'il va mieux défendre vos inté- a pas de logique là-dedans. rêts Mais selon l'expérience que j'en ai. un LVR : Quant à vous identifier de nouveau à un Non. plus j'\ pense, un gouvernement est gars ne défend pas les intérêts des femmes... parti politique, le Rassemblement démocratique effectivement utile les deux ou trois pre- pour l indépendance pourratt-il vous tenter ? mières années. Après c'est terminé. LVR : Et pourtant vous étiez prête à nommer LP : N'on. Entre Camille Laurin et le prési- un homme ministre délègue à la Condition dent de la Société Saint-Jean-Baptiste, moi. LVR : Termine ' Cela ne vous ferait pas de féminine ' je ne peux pas trouver ma place. peine si le PCI était éliminé ' LP : Oui. parce qu'une fois chargé de la LP : II aurait pu être défait en 1981 et. à mon responsabilité ministérielle, il n'aurait plus LVR : Et le Mouvement socialiste qui a une av is. cela n'aurait pas change grand-chose. position indépendantiste et féministe ' le choix, il devrait faire marcher son minis- Pendant ma campagne électorale dans tère donc, forcement, faire avancer ses LP : Mais c'est ça. il les a toutes, non ? Dorion. en 1976. je disais aux gens : «Sur- (rires). Disons que ie vais attendre dossiers Et s'il n'était pas un bon ministre, tout, ne me laissez pas en politique plus de il se retrouverait sur la banquette arrière huit ans. c'est sûr que ie vais vous desser- LVR : Ètes-vous toujours indépendantiste ' Le Parti québécois a chasse les vir '» Tu ne peux pas être au pouvoir aussi LP : Je le suis profondement. Je reste longtemps et te renouveler. Une fois èlu-e. tu convaincue que nous avions raison, que rêveurs. essaies de réaliser ce à quoi tu as rêve c'est la seule solution pour le Québec, mais LVR : Est-ce que vous conseilleriez encore ù des pendant toutes les années précédentes et je suis convaincue aussi que ce n'est pas femmes, intéressées ù la politique active de dès ce moment-là. tu n'es plus capable de demain la veille choisir le PQ ' rêver encore. Et si personne ne rêve à ta Depuis dix ans. on a vidé le Québec de LP : Quand un parti est en débandade, c'est place, tes foutu-e Le PQest un parti qui n'a ses forces autour de la question nationale. le moment de l'inv estir. d'env ahir les postes pas ete capable de rè\ er. mais ]uste d'admi- Rien ne bouge et le creux de la vague importants \ l'Université de Montréal, l'au- nistrer, qui n'a plus de rèv es dev ant lui, qui nsque d'être long. Le débat sur l'indepen- tre |our, on m'a demande si i étais fav orable a chasse les rêveurs... dance a été comme une guerre civile dans à un parti de femmes C'est toujours non les maisons, les familles. Il faut s'en remet- J'ai toujours peur des ghettos, d'hommes LVR : l'os prédictions se réalisent drôlement tre et c'est douloureux. ou de femmes. On est appelés à v i\ re Dans Le pouvoir, connais pas. vous souleviez En même temps, la campagne référendaire ensemble ; jusqu'à preuve du contraire. ie le danger d une tutelle trop prolongée du gouver- a ete une période d'éducation politique préfère me battre avec eux. En plus, il faut nement et du chef sur le parti Selon vous. ! effri- comme on n'en avait jamais connue au 5 10. 1 5. 20 ans pour construire un parti poli- tement du PQ est-il en train de se précipiter ' Québec Je rencontrais des groupes et je | tique L'n parti de femmes en prendrait 30. LP : Oui. mais cela ne me fait pas peur, c'est leur disais «Vous êtes tannes qu'on vienne 40. parce que c'est toujours plus long avec vivant. Quand deux ou trois partis politi- vous demander ce que vous voulez qu'on | les femmes : elles ne sont pas politisées. ques structurés sortiront du Parti québé- tasse. Savez-vous qu'un gouvernement de- elles n'ont pas beaucoup de temps, il faut cois, germeront à partir de lui, nous aurons vrait toujours être comme ça. en train de S partir de plus loin. plus d'options vous consulter, sur toutes les questions ?»

1985 57 LA VIE EN ROSE mentale. On a ri de moi : «Voyons, il reste plusieurs mois avant la prochaine élection, on ne va pas se faire battre exprès !». C'est pour ça qu'ils attendent. Le déclenchement des élections sera décidé par le premier ministre, quand les sondages seront bons. Heureusement qu'il y a une limite dans le temps, sinon il n'y aurait pas d'élections !

LVR : Et la question de la succession, ça vous intéresse ? LP : Comme question, oui. Comme avenir, non.

LVR : Mais si on venait vous chercher pour une convention éclair du PQ ? Si votre vieil ami Bourgault - qui a toujours prétendu que vous feriez le meilleur premier ministre du Québec- était chargé de vous convaincre, à vos condi- tions ? LP : À aucune condition. Parce que je suis profondément convaincue qu'il y a des années à vivre qui ne sont pas faites de réussite... Il faut nous refaire une santé économique. Les dossiers des femmes sont au neutre. Tout est au neutre, au Québec. Non, Et ça demande beaucoup trop d'in- Avec René Lévesque au Conseil national du Pu le 14 juin 1980 vestissement personnel pour le peu que j'aurais le sentiment de pouvoir accomplir. LVR : Alors, le Québec ne se porte pas très bien À tort ou à raison, mon expérience person- Lévesque? C'est un bum! ces temps-ci. parce que depuis Noël I homme est nelle m'a fait prendre conscience des limi- de plus en plus inconséquent tes du pouvoir et parfois je me demande si LP : C'est vrai, mais nous aussi. Le Québec je ne fais pas plus pour le dossier des Vous savez, en Chine, pour la première ne va pas bien. femmes avec mon téléroman que pendant fois de ma vie. j'ai vu un projet de société quatre ans et demi en politique. Une ques- fonctionner Ce n'est pas celui que je veux, tion comme celle-là ne vous donne pas LVR : Vous avez déjà dit que ce chef de tellement envie de réessayer il ne pourrait pas s'importer ici. mais je l'ai gouvernement et de parti n'écoutait pas beau- vu en marche et pour qu'un projet de coup société soit en marche, il faut que la grande LP : C'est un bum ' LVR : Avez-vous parfois des rechutes, des maioritè de la population soit d'accord avec crises de non-féminisme ? lui. C'est le cas pour la Chine actuellement. LVR : que c'est un grand démocrate qui a des LP : Ça m'arrive Actuellement moins, Et c'est une question d'éducation politique. parce que ma bataille n'est pas vidante mais problèmes avec l exercice quotidien de la démo- il y a eu des époques de ma vie où j'étais Je reproche au PQ de n'avoir fait, ici, que cratie tellement tannée d'aller me battre ! Il m'est de l'action politique, pendant toutes les LP : C'est un bum. C'est un grand démocrate arrivé de dire à mon chum : «T'as les années qui ont précédé son arrivée au pou- en paroles. Difficilement dans les faits, moyens, tu devrais me marier et me faire voir Si bien qu'on s'est retrouvés avec des vivre pour un bout de temps, je suis telle- membres - les militants du porte à porte - LVR : Que pensez-tàus du fait qu'il s'accroche ment fatiguée». Il se contentait de rire de qui voulaient aussi être au pouvoir Les au pouvoir, alors que tout indique qu'il devrait moi. rangs se sont vidés pour nourrir les cabi- partir ' nets Même les sympathisants faisaient des LP : 11 n'est pas seul à s'accrocher au programmes, écrivaient des projets de loi pouvoir. Ils sont nombreux. Le lendemain LVR : Vous disiez, en 1981. que quatre ans et Mais plus personne ne louait le rôle d'un du pouvoir n'est pas nécessairement un demi de confrontation quotidienne avec le membre de parti, c'est-à-dire rêver et ima- lendemain qui rit. Je me souviens d'avoir pouvoir plus ou moins sexiste du Club des Hush giner l'avenir Car il n'y avait pas eu ce type un jour demandé à mes collègues combien Puppies. comme vous les appeliez, vous avaient d'éducation, mais juste l'éducation à gagner ils gagnaient avant d'être ministres... Per- rendue plus féministe Est-cequ'au contraire ces une élection. dre le pouvoir c'est comme pour un boxeur derniers quatre ans déloignement. de non- qui a connu la gloire, se retrouver sous un confrontation, de travail avec des femmes, LVR : Dans Le pouvoir, connais pas vous pont à Paris, après trois KO. Personne ne d'écriture solitaire, ont adouci votre féminisme ? avez été très gentille avec René Lévesque fina- s'est jamais penché sur le problème psy- LP : Je ne le pense pas. Je suis féministe lement Est-ce que vous I aimez ' chologique que ça représente. comme j'ai les yeux bruns, pour le reste de LP : Oui. C'est un homme attachant. Je le mes jours. Je suis moins active actuelle- déteste à certains moments mais quelque LVR : Lévesque ne serait qu'un autre exemple ment mais ma raison est valable. Quand je chose fait qu'il demeure attachant pour une de ce réflexe naturel ? ne sais pas quoi dire, j'aime mieux me taire. Québécoise. Dans toutes ses contradic- LP : Et de la tradition qui fait qu'un gouver- J'ai vidé mon sac de ce que j'avais de tions, il nous ressemble. Dans toutes ses nement élu essaie de rester élu. Moi. en 80, réserves, il n'est pas encore rempli, donc je colères, ses faiblesses, c'est le Québec. j'ai fait rire de moi quand j'ai proposé qu'on n'ai pas de messages à transmettre. Mais je C'est malsain et. en même temps, c'est un démissionne en bloc et qu'on fasse une ne change pas. J'ai trente ans à mon crédit, constat. Prendre le pouls de Lévesque, c'est élection générale, parce qu'on venait de se ça m'étonnerait beaucoup de mourir autre- savoir comment va le Québec. faire défaire sur notre option la plus fonda- ment que féministe V-*

LA VIE EN ROSE 58 mai 1985 CALENDRIER

nette qui ausculte les dessous Desrochers (les 4 et 5 mai à 20 h) au 24 mai. Lora Bert (peinture, du virage technologique et les et à divers autres monologuistes multimédias) du 29 mai au 16 effets de l'informatisation sur Les 1 I et 12. 18 et 19. 25 et 26 juin. Galerie UQAM, 1 400. rue les femmes. mai. à 20 h Théâtre La Prairie, Berri. local J-R 120: Yolande 247. rue Sainte-Marie, La Prairie Dupuis (travaux de maîtrise en Théâtre arts plastiques) du I" au 12 mai ; "Maria Antonio- YVight, mother Madeleine Doré (travaux de maî- Le festival de théâtre Cette pièce, qui a eu un grand trise en arts plastiques) du 1 5 au Cinéma succès à Broadway et remporté 26 mai. Galerie Powerhouse. des Amériques 3738, Saint-Dominique, suite 27 spectacles canadiens, amé- le prix Pulitzer 1983. revendique F au féminin le droit de contrôle absolu sur sa 203 (844-3489) : Nicole Joli- ricain, brésilien, cubain, argen- coeur (dessins et livres d'artiste) Un grand choix de films de tin, mexicain et vénézuélien se- vie et sa mort, y compris par le suicide. Une oeuvre de Marsha et Nell Tenhaaf (peinture et pho- femmes ou sur les femmes à ront présentés du 22 mai au 4 tographie) du 25 mai au 1 5 juin l'Office national du film, du juin, dans diverses salles de Norman, au théâtre Centaur, du I 1 avril au 26 mai. Du mardi au Galerie Esperanza, 2144, mardi au dimanche, à 19 h et Montréal. Le théâtre québécois Mackay. (933-6455) ; Kathryn 21 h (Complexe Guy-Favreau. sera particulièrement à l'hon- samedi à 20 h, le dimanche à 19 h ; matinées le samedi et les Kroo (huiles sur toile et sur 200, boul Dorchester ouest. neur le 1" juin, avec un texte de papier) du 16 mai à la mi-juin. Montréal). 7 mai : Margaret At- Michel Garneau, spécialement dimanches 19 et 26 mai à 14 h Pour réservations: 288-3161 Galerie Noctuelle, 307. Sainte- wood Once m August. Mikke écrit pour le Centre québécois Catherine ouest, suite 555 (845- Rubbo. documentaire sur la de l'Institut international de 5555) : Hélène Lord (travaux ré- e fcn intimité grande romancière canadienne, théâtre dans le cadre de son XXI cents) du 4 au 29 mai. Galerie à la recherche de ses sources Congrès mondial ; monté par avec ma mémoire Articule, 4060, Saint-Laurent, d'inspiration. 8 mai : Luna luna, André Brassard et joué par Eudore Issue de la tradition patriar- suite 106 (842-9686): Lorna luna de Viviane Elnécavé, film Belzile, Simon Fortin, Paul Hé- cale, elle fait éclater ce qui la Mulligan (peintures) du 15 mai d'animation qui rend hommage bert. Suzanne Lemoine. Hélène momifie dans une image dessi- au 2 juin. Dazibao, centre d'ani- au pouvoir de l'imaginaire ( 19 h). Loiselle et Pol Pelletier. UQAM, née d'avance et fend jusqu'à la mation etdexposition photogra- 18 mai: Sonatine, de Micheline salle Marie-Gérin-Lajoie. Deux mémoire, qui la projette encore phique. 4060. Saint-Laurent, Lanctôt, qui s'attache à la vie pièces de femmes seulement, et plus loin. Andrée Dumouchel au suite 104 (845 -0063) : Le nu (pho- d'une adolescente face à l'indif- qui sont québécoises : les para- Théâtre expérimental des fem- tographies) du 22 mai au 16 juin férence du monde (19 h). Rien dis n'existent plus Jeanne d'Arc mes, du 22 au 24 mai inclusive- Musée d'art contemporain, Cité quun jeu. de Brigitte Sauriol sur d'Alice Ronfard, mise en scène ment, à 20 h du Havre (873-2878) Peinture au le thème de l'inceste, drame à par Claude Poissant, à la salle Québec une nouvelle génération. huis-clos (21 h). 21 mai : Speak- Fred-Barry. du 29 au 31 mai. et Expositions du 5 mai au 23 juin Michel mg our Peace, par les réalisatrices La lumière blanche, de Pol Pelle- Tétrault Art contemporain, 4260, de C'est pas une histoire d'amour. tier, coproduction du Théâtre 7/uii Saint-Denis (843-5487) Susan Bonnie Klein et Terri Nash ; ce expérimental des Femmes et du Scott (peintures) du 8 mai au 2 film est un regard sur l'action de Théâtre d'aujourd'hui, au Théâtre Axe Néo-7 Centre d'art con- temporain. 205. rue Montcalm. juin Centre des arts visuels, femmes pacifistes, qui essaient d'aujourd'hui, du 26 au 29 mai 350. avenue Victoria (488-9559): de déjouer les politiques milita- Pour obtenir le programme com- (819-771-2122). dessins de Diane Grenier, du 15 au 31 mai. Exposition de textile. Lartiste et ristes des grandes puissances plet et réserver : (514)844-1086 la courtepointe, du 4 avril au 4 ( 19 h) 22 mai : Rencontre avec une mai. Exposition des étudiants, du femme remarquable Laure Gau- e A/ontréal Le 3 Festival 10 au 25 mai, Exposition multi- dreault. documentaire-fiction Galerie Aubes, 3935. Saint- média du 31 mai au 19 juillet. réalisé par lolande Cadrin- du monologue Denis (845-5078): Diane Gou- Ateliers du TEF. 4379. de Bul- Rossignol: Louisette Dussault in- Ce festival, dans le cadre des geon (installation) du 19 avril au lion. Dix torsions (estampes, carne les multiples facettes de festivals populaires du Québec, 5 mai. Première biennale de l'Est sculptures, installations), ver- cette journaliste, institutrice, rendra un hommage à Clémence du Québec (multi-mèdias) du 8 nissage le 1er mai. à 20 h, expo- syndicaliste, qui s'est battue jus- sition jusqu'au 18 mai. qu'à sa mort (à 86 ans) pour sortir le Québec de sa servilité (19 h et 21 h). 25 mai : Pense à ton désir une fiction-vidéo de Diane Poi- Événements tras sur les femmes de plus de 50 ans ( 19 h et 21 h) ; Fait divers elle Le colloque de BD remplace son mari par une TV. de Montréal 85 documentaire-fiction de Linda Le 1" colloque québécois de Craig et Jean- Pierre St- Louis sur bande dessinée, qui a pour but les téléromans, les faits divers et de regrouper et de stimuler ceux la vie de banlieue ; Statistiques et celles qui s'intéressent à la vitales, documentaire-vidéo de BD. autant les spécialistes que Martha Rosier, sur les contrain- les lectrices-teurs. sous le thème tes que les femmes ont à subir À l'école de la BD. se tiendra à quotidiennement (19 h et 21 h). l'UQAM, du 7 au 9 juin. Pour plus Au cinéma Arlequin, les 26. 27 de renseignements : Colloque de et 28 avril et au Parallèle, le 3 et la BD de Montréal. 6024. Chris- le 16 mai, Quel numéro, whatnum- tophe-Colomb. Montréal H2S ber » un film de Sophie Bisson- Louise Laprade et Pol Pelletier dans "La lumière blanche» 2G2. (273-9033).

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LA GARDE PARTAGEE

3 Septembre 1981 16 Mars 1984 Quand Janette et les Simone de Beauvoir, autres ne veulent DIUS féministe rien savoir 17 Mai 1984 4 Décembre 1981 Marie Cardinal, entrevue La nouvelle famille et la 18 Juillet 1984 loi 89 Histoires d'amour et 7 Septembre 1982 d'eau salée Mises a pied, mises au 19 Septembre 1984 pas? OH BOY! Jean-Paul et 8 Novembre 1982 V Nom l'Eglise des hommes D'une mère a l'autre, 20 Octobre 1984 Spécial U.S.A.. Les dossier maternité Adresse américaines et le pouvoir 10 Mars 1983 21 Novembre 1984 Ville Les femmes en prison. Quelle voyageuse dossier êtes-vous? 1 1 Mai 1983 Code postal Tél. 22 Décembre 84 - lanvier 85 Bouffer, c'est pas d'Ia Spécial littérature pour tarte! Ci-inclus un chèque ou mandat-poste au montan; enfants. 12 Juillet 1983 de _ 2,50$ par numéro 23. Février 1985 Une fourmi flottait dans Vive les sages-femmes! sa margarita 3 4 7 8 10 11 12 13 14 16 17 13 Septembre 1983 • D • • D O D • D • • 24. Mars 1985 Apprivoiser linforma- 20 21 22 Les féministes se tique, dossier 18 19 23 24 25 critiquent! 14 Novembre 1983 • D D D • • G • 25. Avril 1985 Les femmes veulent ! renégocier le syndica- ^x LA vib t r\i HUbt, J9bj. rue Sl-uenis Montréal. Uc H2W2M4 O. La garde partagée, lisme, dossier Piège ou libération? 2 MATCHS dans le cadre de la

A20h, le jeudi 2 mai et le mercredi 8 mai

Animatrice: Lise Garneau Commentateurs: Jean-François Dore Jean-Marc Lavergne Lautre Radio Réalisation: Louis Charest télévision Québec Denise ombardier e enfance bénite

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