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Vie des arts

Les nouvelles dimensions de la peinture mexicaine Carla Stellweg

Number 51, Summer 1968

URI: https://id.erudit.org/iderudit/58228ac

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Publisher(s) La Société La Vie des Arts

ISSN 0042-5435 (print) 1923-3183 (digital)

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Cite this article Stellweg, C. (1968). Les nouvelles dimensions de la peinture mexicaine. Vie des arts, (51), 26–29.

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par Caria Stellweg, adjointe au Commissaire général, pavillon du Mexique à l'Expo 67.

Quand on parle d'art mexicain, on se réfère naturellement à la grande tradition précolombienne re­ marquable par la beauté des sculp­ tures aztèques ou aux formes ab­ straites d'Uxmal, de Mitla, de Teo- tihuacan ; on se rappelle, par exem­ ple, les belles et fines céramiques exécutées à cette époque dans la partie ouest du Mexique. Il est également plausible de se souvenir des œuvres d'art créées durant l'occupation espagnole sur tout le territoire mexicain; à compter de ce moment, les styles des époques antérieures se sont fusionnés et ont produit un art aux caractéristiques bien définies. Cette tradition riche et forte a surtout trouvé son expression dans l'art de la murale où les noms de Orozco, , David Alfaro, Siqueiros et Tamayo ont dominé. Il est donc important de situer chacune de ces périodes dans son temps et selon les valeurs qui lui sont propres. Une question cepen­ dant vient à l'esprit, à savoir: où en est la peinture dans le Mexique d'aujourd'hui? L'art mexicain d'aujourd'hui est évidemment la continuation et non la conséquence de certaines carac­ téristiques qui. au cours des siècles, ont façonné une sensibilité, un langage, un moyen d'expression correspondant à l'évolution histori­ que et émotive de l'homme mexi­ Page ci-contre : VICENTE ROJO. Le Grand Signal. 1967. Huile sur toile. cain. En plus de cet aspect histori­ que, l'artiste mexicain contempo­ Ci-dessus : ROBERTO DOUIS. Le poids du cosmos sur nous. 1967. Huile rain subit l'influence des moyens sur toile.

^ Ci-dessus : LUIS LOPEZ LOZA. L'Envers de la vie. 1967. Huile sur toile.

Ci-dessus : . Hommage au baroque maya. 1967. Huile sur toile.

actuels de communication et des une lutte intense où les nouvelles propager au-delà des formes et un nouvelles formes de pensée et de dimensions, la connaissance de sens irrésistible du mouvement. création. Ces éléments, ajoutés à la l'espace, du volume et du mouve­ , G. Acevas Navar­ tradition, ont accru la vitalité des ment sont de première importance. re Arnoldo Coen, Roberto Donis, divers mouvements artistiques au Felguerez, pour exprimer le drame Lopez Loza et Icaza font partie de la Mexique, de sorte que l'art mexicain des forces en présence, se sert de la plus récente génération de peintres d'aujourd'hui, tout en assumant la mécanique; une explosion pas­ du Mexique. Ces artistes ont choisi tradition, ne peut se soustraire à la sionnée au moyen du mouvement de s'exprimer dans un langage société dans laquelle il évolue et de la couleur caractérise Vlady; symbolique au moyen duquel l'am­ présentement. La tension entre ces Belkin construit des volumes aux biguïté des signes et des couleurs deux pôles constitue un des élé­ formes changeantes dans un mou­ évoque parfois un sentiment de ments de son authenticité; ce trait vement sans fin; Rojo crée des peur (Lopez Loza), de violence caractéristique de l'art mexicain est espaces fictifs quelque peu flous (Coronel), des ressources de la apparu à toutes les époques de par leurs formes et leurs proportions solitude (Doués) ; la tendance gé­ l'histoire des arts en ce pays. et qui sont soudainement et volon­ nérale aussi bien que les solutions Le groupe le plus important des tairement interrompus par un motif individuelles dans chacun de ces artistes mexicains d'aujourd'hui com­ central débordant de mouvement. cas sont maniées avec une sensibi­ prend : Vlady, Manuel Felguerez, Ces artistes sont étroitement liés lité toute mexicaine. Ces tendances et Vincente Rojo; entre eux par une mutuelle aspira­ ne sont toutefois pas décrites ou ces artistes sont tous engagés dans tion vers l'infini, un désir de se représentées mais, au contraire.

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elles sont dissimulées, si bien que monde où les types folkloriques Ainsi les artistes contemporains, l'observateur mystifié par la beauté sont tout à fait indépendants de la sans en être tributaires, demeurent de l'œuvre ne se rend pas compte composition ou de la couleur.) les détenteurs d'une tradition qui de la réalité cachée derrière les Il ne faudrait pas oublier que la leur permet de préserver et de apparences de la peinture. grande peinture murale mexicaine fortifier leur personnalité propre. En plus de ces deux groupes im­ par l'intensité de son mouvement a La peinture mexicaine dans son portants, un certain nombre d'artis­ pesé de tout son poids sur les géné­ ensemble est très riche et manifeste, tes tels que Gongora, Corzas, Cue­ rations suivantes qui n'ont pu se particulièrement dans le premier vas. Sepulveda se préoccupent du maintenir à la hauteur de cette groupe plus haut cité, une vitalité thème de "l'homme contre l'hom­ tradition. et un dynamisme conformes à l'écla­ me" dans ses attitudes à la fois Contrairement aux artistes cana­ tement du renouveau récemment personnelles et universelles; Lilia diens, les peintres mexicains de la survenu en ce pays ; un des traits Carello, Pelaez, Toledo décrivent génération présente n'ont pu s'af­ les plus frappants de ce rajeunisse­ leur univers immédiat. (Carello au franchir que récemment d'une tra­ ment est le caractère d'humanité niveau d'une certaine subjectivité dition qui avait été pour tous une avec lequel l'artiste mexicain d'au­ relevant du rêve; Pelaez présente servitude. Ils ont enfin ouvert de jourd'hui aborde les situations con­ de lourdes textures qui tout en pi­ nouvelles voies qui leur permettent tradictoires de son temps, ces situa­ quant la curiosité évoquent une de résoudre les problèmes de l'art tions faisant partie intégrante de sa certaine transcendance dans le mys­ de leur temps sans avoir à se retour­ vie. tère; Toledo se complaît dans un ner vers le passé. (Traduction Lucile Ouimet)

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