SPÉCIAL JAPON a Aux racines de la cyberculture a Le règne des lolitas a Fans de mangas www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17537 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- MERCREDI 13 JUIN 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI M. Jospin et son passé Crise mondiale pour l’informatique b b a A gauche, on estime Pour la première fois, les ventes de micro-ordinateurs vont reculer en 2001 aux Etats-Unis La déprime que l’aveu par le atteint l’Europe mais épargne la France b Les constructeurs cassent les prix et annoncent des suppressions premier ministre d’emplois b Mais le PDG d’Intel assure que l’âge d’or de l’ordinateur personnel n’est pas terminé L’INFORMATIQUE mondiale est duit sur les résultats des principaux de son appartenance à en crise, et la guerre des prix est groupes mondiaux, qui ont annon- ouverte. Plus que tout autre secteur cé des suppressions d’emplois : l’OCI clôt la polémique économique, cette industrie subit 7 000 postes, soit 10 % des effectifs de plein fouet le retournement de pour Compaq, 4 700 emplois chez BRUNO FECTAY ET CARINE BIDAUT a la conjoncture américaine, asiati- Hewlett-Packard et 1 700 chez Dell. Cette confession que et, depuis peu, européenne. Ce dernier est pourtant devenu le ASTRONOMIE Tous constructeurs confondus, les numéro un des fabricants de PC, exprime sa volonté dépenses des particuliers en ordina- avec 13,1 % du marché mondial, d’être candidat à la teurs et équipements périphériques devant Compaq (11,9 %), Hewlett- Mars en eau ont diminué de 15 % aux Etats-Unis Packard (7,5 %) et IBM (6,3 %). En présidentielle en 2002 en mars, par rapport à la même période de crise, la stratégie de Dell période de 2000, et d’environ 9 % lui permet de gagner des parts de profonde en Europe. marché face à la concurrence : adep- a A droite, on entend Depuis quelques jours, on peut te de la production à la demande, il Une météorite martienne – un caillou de parler de véritable récession. Selon est capable de répercuter immédia- 104 grammes (photo) – trouvée dans le exploiter les zones le cabinet d’études International tement la baisse du prix des compo- Sahara en décembre 2000 a subi une bat- Data Corp (IDC), le marché améri- sants (environ 1 % par semaine terie d’analyses qui ont révélé des traces d’ombre sur la durée cain des ordinateurs personnels va actuellement), alors que ses concur- se contracter en 2001, pour la pre- rents ont en moyenne près de deux d’eau dans certains de ses minéraux. de cet engagement mière fois de l’histoire de cette mois de stock. Le marasme du sec- Selon des chercheurs français, cette eau industrie. Les ventes de PC aux teur s’observe également pour le proviendrait du cœur de la planète rouge. secret au sein du PS Etats-Unis devraient baisser de segment des assistants numériques 6,3 % pour l’ensemble de l’année, à personnels, comme les Palm. Si cette découverte était confirmée, elle a 45,3 millions d’unités, contre une Les analystes prévoient un retour résoudrait plusieurs énigmes sur la géolo- Histoire : la France prévision précédente de 2,2 % de à la croissance des ventes de micro- gie martienne. Grâce à ces travaux, la croissance. ordinateurs en 2002. et les trotskismes Ce brusque retournement du recherche française comble une partie de Lire pages 6 et 16 marché s’est immédiatement tra- Lire page 18 son retard sur les Américains. p. 25 Pédophilie : l’accusé Kenza a vu « What a flash ! », le « Loft Story » oublié des années 1970 C’ÉTAIT TRENTE ANS avant « Loft Story ». Le donné naissance à un film happening, souvent scène Jean-Michel Barjol, accompagné de techni- en fuite a été retrouvé 3 juillet 1971, le réalisateur Jean-Michel Barjol ennuyeux, mais très révélateur de l’époque. Après ciens, étaient présents pour accueillir Kenza, la lof- enfermait pendant soixante-douze heures, dans six mois de montage et de nombreuses péripéties teuse de M6, qui fut la seule vedette de la soirée. LA GENDARMERIE a arrêté, les studios Eclair à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint- de production, le film sortit quasi clandestine- Très à l’aise devant la caméra de Jean-Jacques Bei- a mardi 12 juin au matin à Bel- Denis), une centaine d’acteurs, peintres, musiciens ment en 1972 dans une salle parisienne, après neix, qui prépare un long documentaire sur l’effet lac (Haute-Vienne), Jacques Kaisers- et chanteurs pour les besoins de son nouveau film avoir été tout de même sélectionné pour repré- « Loft Story » en France, elle a avoué être étonnée D.R. mertz, accusé de pédophilie, qui ne What a flash !. Parmi eux, de nombreux inconnus senter la France au Festival de Venise. Il disparut par la grande liberté des lofteurs des années 70. s’était pas présenté lundi à l’ouver- aujourd’hui célèbres, comme Jean-Claude Dau- de l’affiche au bout de quinze jours. « Dans un « C’est sûrement une question de génération car, en CINÉMA ture de son procès devant la cour phin, Diane Kurys, Jean-Pierre Coffe, Jean-Claude chahut de collège en folie, on mime, on se défonce, voyant ce film, je trouve que nous avons été très d’assises de la Nièvre. Le prévenu Dreyfus, Maria Schneider ou Tonie Marshall, et on break down, on copule. Gratiné », écrivait L’Ex- sages dans le loft. Nous étions très encadrés, et il était avait disparu à partir de vendredi d’autres qui avaient déjà fait leur place au soleil à press. « Les participants organisent un Quat’zarts hors de question d’avoir des ébats amoureux ou de Vie et mort soir après s’être rendu à la gendar- l’instar de Bernadette Lafont ou de Pierre Vassiliu. où la chienlit le dispute au bidon », surenchérissait grands délires à cause de nos valeurs et de nos merie de Salbris, dans le Loir-et- Réunis sur un plateau de 3 000 mètres carrés et Le Point. familles qui nous regardaient », a-t-elle confié. d’un poète cubain Cher. Les avocats de Jacques Kaiser- coupés du monde, ils étaient filmés en permanen- Trente ans après – effet « Loft Story » aidant –, Le seul point commun entre les deux expérien- Avec Avant la nuit, Julian Schnabel fait revi- smertz n’excluaient pas que leur ce par une dizaine de caméras et écoutés par What a flash ! ressort mercredi 13 juin dans une ces reste finalement l’ennui, qu’il faut combler vre l’écrivain cubain Reinaldo Arenas, inter- client se soit suicidé. Dans l’ignoran- soixante micros. Pour parer à toute éventualité, le salle parisienne. Lundi 11, la production organisait d’une manière ou d’une autre. « La grande riches- ce de l’arrestation de l’accusé, les réalisateur avait demandé l’assistance de trois une avant-première, où elle avait invité la plupart se de cette expérience est que l’enfermement m’a prété par Javier Badem (photo, premier plan). avocats des parties civiles ont criti- médecins et de deux psychiatres. Le but de l’opé- des lofteurs des années 70 à venir débattre de leur beaucoup fait réfléchir sur les rapports humains, le Autres sorties : Les Portes de la gloire, avec qué l’éducation nationale et la jus- ration ? Mettre l’imagination au pouvoir en don- expérience avec ceux de « Loft Story ». Malheu- pouvoir, la lâcheté, l’hypocrisie et la claustrophobie, un Benoît Poelvoorde drôle et méchant, Time tice. Depuis trente ans, il existait de nant libre cours aux désirs de création de ces artis- reusement, la confrontation n’a pas eu lieu. Quel- dit-elle. Aujourd’hui, j’ai du mal à être enfermée Code, exercice de style signé Mike Figgis et nombreux avertissements et témoi- tes censés vivre leurs dernières heures… ques minutes avant la projection, l’organisateur même dans une salle de cinéma… » gnages sur les pratiques de cet insti- Musique psychédélique plutôt grinçante, corps de la soirée ne comptait plus les « excuses » de Fist of Legend, avec Jet Li qui revendique la tuteur à Cosne-sur-Loire. peinturlurés, orgies, jeux de rôle et vraies scènes comédiens, l’un était en tournage, l’autre en dou- Daniel Psenny succession de Bruce Lee. p. 30-33 d’amour, délires métaphysiques dus aux effets de blage, un troisième préparait un film. Seuls la Lire page 10 cigarettes aux origines non contrôlées, avaient comédienne Catherine Lachens et le metteur en f www.lemonde.fr/loftstory f www.lemonde.fr/cinema Un nouveau patron La « me-nation » pour le Tour de George W. Bush LES AMÉRICAINS nés après la cain applique la formule avec un guerre, les baby-boomers, passent zèle tel qu’il fait de sa politique pour avoir formé ce qu’on a appelé étrangère naissante un curieux cock- aux Etats-Unis la « me-generation ». tail de repli frileux et d’unilatéralis- L’expression suggère une philoso- me brutal – au moins dans les inten- phie de la vie obéissant à un principe tions affichées. George W. Bush a premier : « Moi d’abord ». A tort ou radicalement rejeté l’ambition pater- © SAMUEL BOLLENDORFF/L’ŒIL PUBLIC à raison, elle est censée stigmatiser nelle d’aider à la naissance d’un un solide égoïsme, individualisme « nouvel ordre mondial » : dans l’en- ENQUÊTE débridé et recherche de satisfactions tourage du président, pareil mot PATRICE CLERC immédiates. Le baby-boomer George d’ordre serait jugé naïf et préten- W. Bush, en visite cette semaine en tieux, bref clintonesque. George W. A chacun SUCCESSEUR de Jean-Claude Europe, applique ce principe à sa agit plutôt, lui, comme s’il s’était Killy à la tête d'Amaury Sport Orga- politique étrangère.