Inventaire Du Fonds Jean-René Chauvin
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Fonds Jean-René Chauvin Document PDF créé le 25/11/2014 Organisme responsable Centre d'Histoire sociale du XXe siècle 9, rue Malher 75004 Paris tél. : 01 44 78 33 87/01 44 78 [email protected] [email protected] Site web du CHS Cote : JRC Date : 1935-2005 Description physique :33 boîtes (Larg10 X H25 X Long34) soit 5 mètres linéaires environ. Formats divers, majoritairement A4 dactylographié (sauf coupures presse). Description : Le fonds Chauvin est fortement lié aux engagements politiques de son producteur, Jean-René Chauvin. Ses archives témoignent de la vie politique et intellectuelle de la gauche communiste non affiliée au PCF des années 1930 aux années 2000, soit 70 ans d’histoire. Avant 1939, le fonds d'archives alimenté par le jeune Chauvin, comprend une série complète du journal «le Bulletin Communiste», des articles et textes de Trotski, une correspondance (militante et personnelle) , des coupures de presse relatives à la gauche révolutionnaire (trotskiste et Pivertiste) et des documents relatifs à la constitution de la IVème Internationale. Les archives formées durant la guerre correspondent à l’activité clandestine de Chauvin jusqu’à son arrestation et sa déportation (journaux clandestins, tracts « internationalistes », etc.). Nous retrouvons ensuite le manuscrit de Chauvin correspondant à son livre « un trotskiste dans l’enfer nazi » (analyse de la déportation et de ses origines suite à son expérience concentrationnaire) et divers documents concernant d’autres témoignages des camps. Les documents des années d’après-guerre regroupent un grand nombre de publications du courant trotskiste (publications internes du Parti communiste Internationaliste notamment). Après l’éclatement du PCI (1947), Chauvin s’implique et archive les documents relatifs à la Yougoslavie de Tito (où il a séjourné une année). Il archive par ailleurs les documents relatifs aux regroupements, en France, de courants de la gauche non stalinienne. Citons le RDR (auquel participe Chauvin, avec Jean-Paul Sartre et David Rousset), puis les différentes formes que prendra « la Nouvelle Gauche » (CAGI, UGS…) , incluant les engagements pour l’indépendance de l’Algérie et la déstalinisation. L’amitié de Chauvin avec des militants du POUM espagnol (comme Wilebaldo Solano) se traduit par des archives concernant les publications de la Batalla. Puis l’engagement de Chauvin dans le PSU à partir de 1963 se reflète dans les archives des publications liées au PSU, dont celle de Chauvin, « Initiative socialiste ».Les archives de 1968, concernent surtout des documents relatifs à la résistance à la répression des organisations « gauchistes ». Après 1969, Chauvin archivera les documents (matériel militant, bulletins et journaux) relatifs aux débats internes à la Ligue Communiste en lien avec l’actualité de l’époque, jusque dans les années 1980. Ce fonds comprend également un éventail des divers petits mouvements ou tentatives de rassemblement de la gauche « rouge et verte » dans les années 1990.L’engagement de Chauvin dans l’association Sarajevo, lors de l’éclatement de la Yougoslasvie et du conflit bosniaque permet de retrouver des publications et des textes internes à l’association.L’activité de Chauvin se retrouve par ailleurs dans le travail de mémoire concernant les camps de concentration et dans sa participation à des conférences regroupant victimes des camps nazis et du goulag stalinien. Il intervient également dans des présentations destinées au milieu scolaire. Le contexte de la fin de l’URSS se traduit dans les archives de Chauvin par des documents de recherches sur les victimes du stalinisme (trotskistes en particulier) et sur une enquête très fournie concernant l’Affaire Pietro Tresso dit Blasco (assassinat de 4 militants trotskistes dans le maquis wodli tenu par le PCF en Haute-Loire). La correspondance militante et personnelle de Chauvin (correspondance avec Yvan Craipeau, Marcel Thourel, et bien d'autres) permet aussi de retracer la vie d'un militant de « la gauche de la gauche » dont l’évolution est à situer dans une analyse prosopographique de ce milieu social. _____ Classement : Jean-René Chauvin a lui-même classé ses archives par sous-dossiers concernant par exemple des organisations politiques comme le PCI ou des phénomènes politiques géographiquement situés comme la Yougoslavie de Tito. Les documents sont archivés dans une perspective dans le cadre de son activité professionnelle, politique et militante. Nous avons respecté son classement et le contenu de ces dossiers en les associant aux périodes dans lesquelles ils s’inscrivaient. Nous avons donc choisi de créer des séries incluant ces dossiers dans une perspective chronologique : le classement est organisé en 8 chapitres correspondant à ce découpage dans le temps. Outre ce classement chronologique, nous avons créé un sous-fonds regroupant sa correspondance, archivée dans des classeurs particuliers : sa correspondance générale (par périodes chronologiques), les échanges avec sa mère (Mme Clavié), avec Marcel Thourel et avec Heinz Abosh (Benno). _____ Producteur du fonds ou collectionneur : Jean-René Chauvin Biographie : Jean-René Chauvin naît au cours des derniers mois de guerre, le 16 juin 1918 dans le Cher, puis passe sa jeunesse à Bordeaux, élevé par sa mère, Henriette Clavié, suite au divorce en 1929 puis au remariage en 1931 de son père, René Chauvin. La biographie paternelle exercera une influence marquante sur Jean-René (même si le père conseille au fils de ne pas militer). Ce père, qui avait déjà 58 ans lors de la naissance de son fils, avait été l'un des fondateurs et dirigeants du Parti Ouvrier français et l'homme de confiance de Jules Guesde. Il avait travaillé enfant comme galibot dans la mine de charbon, puis comme ouvrier coiffeur. Considéré comme le meilleur orateur ouvrier (par opposition aux autres orateurs intellectuels), il avait été député de la 5ème circonscription de Seine Saint-Denis de 1893 à 1998. Il fut le seul député qui, une fois battu, reprit ses outils, son peigne, son rasoir et ses ciseaux pour s’en retourner travailler comme ouvrier coiffeur salarié. Il continua à militer jusqu’à ce qu’il quitte la SFIO en mars 1914, en désaccord avec son orientation réformiste. Le premier acte militant de Jean-René Chauvin remonte au 6 février 1934. A Bordeaux, le lycéen de 15 ans participe à la contre manifestation locale menée par les organisations ouvrières. En 1935, il adhère aux Jeunesses Socialistes (et non aux Jeunesses Communistes, rendues rédhibitoires alors que se déroulent les procès de Moscou et que Jean-René milite intensément contre ces procès). Il est alors très rapidement en contact avec la gauche révolutionnaire de Marceau Pivert, influente chez les jeunes. A Bordeaux, fin 1936, Il adhère aux J.S.R. (Jeunesses Socialistes Révolutionnaires) et il sera introduit par les Pivertistes auprès des Trotskistes parisiens. Il entre en contact avec Pierre Naville et participe à la constitution de la première cellule trotskiste du P.O.I , (Parti Ouvrier Internationaliste) à Bordeaux en mai 1937. La cellule ne comprend alors que quelques militants des Jeunesses Socialistes, un militant trotskiste, René Girard, et un ancien membre du PCF, Léon Bourie, ancien trésorier de la fédération unitaire des cheminots. Chauvin est délégué aux congrès de la Jeunesse Socialiste Révolutionnaire (JSR) à Paris en 1937 et 1938. Cette année-là, il est aussi présent au congrès de la SFIO à Royan qui exclut la fédération de la Seine dirigée par Marceau Pivert. Il assiste au congrès du POI du 14-15 janvier 1939 au cours duquel James P. Cannon (un des dirigeants principaux de la Quatrième Internationale, fondée en 1938 par Léon Trotsky) propose l’entrée du POI dans le PSOP (Parti socialiste ouvrier et paysan) de Marceau Pivert. Chauvin se joint à la minorité (animée par Yvan Craipeau et Jean Rous) qui y est favorable et quitte le POI avec ses camarades. Il adhère au PSOP fin 1938. Devenu secrétaire des JSOP en Gironde, il leur propose, lors de la signature du pacte de non agression germano-soviétique un tract qui dénonce cette « guerre impérialiste qui n'est pas la nôtre » ainsi que « le stalinisme, ennemi mortel du communisme ». Le tract, imprimé en 3.000 exemplaires, est diffusé devant les Chantiers de la Gironde. Jean-René est arrêté, avec un autre trotskiste, Roger Bourdois, membre des JSOP, et inculpé de « provocation de militaires à la désobéissance, de propagande d’origine étrangère et de menées anarchistes ». Il est exclu de l’Ecole des élèves officiers d’artillerie de Poitiers à laquelle il a été appelé suite à la déclaration de guerre de septembre 1939. Aucun colonel ne voulant de lui, il est déplacé d'un régiment à l'autre. Il est finalement envoyé sur la Somme. Alors que le front est percé, son unité recule par petites étapes, sans échapper aux bombardements aériens. Chauvin se retrouve à Agen, puis, démobilisé, il retourne à Bordeaux, en octobre 1941 et reprend contact avec son organisation politique, devenue clandestine. Il rejoint Paris où il participe à l'activité d'une cellule avec Pierre Pradalès, puis à celle d'autres cellules. Il assure à diverses reprises des contacts avec la zone libre, à Clermont-Ferrand, avec notamment Laurent Schwartz, et à Marseille, avec Ellie Gabey. L'année suivante, Craipeau le charge de prendre contact avec la Résistance à Marseille, une autre fois, il est chargé de contacter les militants allemands réfugiés en zone libre et de les regrouper à Paris pour sortir un journal clandestin en langue allemande. Chauvin se déplace en zone libre d'une auberge de jeunesse à l'autre, il peut dans ce cadre y évoluer et échanger facilement. Les auberges de jeunesse sont en effet devenues en quelque sorte sa base sociale, depuis que, à la veille de la guerre, les trotskistes et les anarchistes étaient devenus majoritaires au sein du comité directeur des AJ. Arrêté le 22 août 1942 par la police qui l'attendait à son hôtel alors qu'il revenait d'une tournée en zone libre, il réussit à s'évader en sautant par la fenêtre, puis à reprendre contact avec Craipeau.