Ecart Publications (1973-1982) Ou La Mise En Circulation De L’Art Dans Le Livre
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Unicentre CH-1015 Lausanne http://serval.unil.ch 2020 Anatomie d’une imprimerie : Ecart Publications (1973-1982) ou la mise en circulation de l’art dans le livre Pierre-Paul Bianchi Pierre-Paul Bianchi, 2020, Anatomie d’une imprimerie : Ecart Publications (1973-1982) ou la mise en circulation de l’art dans le livre Originally published at : Mémoire de maîtrise, Université de Lausanne Posted at the University of Lausanne Open Archive. http://serval.unil.ch Droits d’auteur L'Université de Lausanne attire expressément l'attention des utilisateurs sur le fait que tous les documents publiés dans l'Archive SERVAL sont protégés par le droit d'auteur, conformément à la loi fédérale sur le droit d'auteur et les droits voisins (LDA). 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Faculté des lettres Mémoire de Maîtrise universitaire ès lettres en Histoire de l’art ANATOMIE D’UNE IMPRIMERIE : ECART PUBLICATIONS (1973-1982) OU LA MISE EN CIRCULATION DE L’ART DANS LE LIVRE Vol. 1 par Pierre-Paul Bianchi sous la direction du Professeur Philippe Kaenel avec l’expertise de Marco Costantini Juin 2020 1 Remerciements Je tiens en premier lieu à remercier chaleureusement mon directeur de mémoire, Monsieur Philippe Kaenel, pour avoir accepté de me suivre dans les chemins sinueux du groupe Ecart, et pour m’y avoir savamment aiguillé. Je lui suis également reconnaissant du soutien qu’il m’a apporté tout au long de mes études à l’Université de Lausanne, avec une permanente disponibilité. Pareillement, mes pensées vont à Monsieur Marco Costantini, pour son intérêt et son expertise. J’adresse mes remerciements à Elisabeth Jobin pour son aimable accueil dans les archives du groupe Ecart à Genève, et pour nos discussions nombreuses et enrichissantes. À John Armleder, pour avoir bien voulu m’accorder un entretien, pour le café offert, et pour la découverte qu’il m’a fait faire de son tea-room préféré (dont le nom reste un secret). À Diego, mon contemporain dans la rédaction de ce travail, avec qui j’ai pu discuter longuement de nos préoccupations communes. À Kim, Thibault et Élodie, pour leurs observations attentives, pour le temps qu’il et elles m’ont accordé, pour leur amitié enfin. Et tout naturellement, donc, à ma famille, à mes amies et amis. 2 Préambule ....................................................................................................................................... 1 1 Situer Ecart Publications, situer le livre d’artiste .......................................................... 3 2 Construction d’une identité collective, naissance d’Ecart Publications (1972) ... 25 1967-1973 : Co-construction d’une « mythologie collective » ................................................... 25 1972 : naissance d’une imprimerie, Ecart Publications ............................................................... 32 L’intentionnalité volontairement réduite de l’artiste ................................................................... 35 Remarques intermédiaires : statut de l’artiste, statut du faire collectif ........................................ 44 3 Ecart international : pratiques du livre d’artiste (1973-1982) ................................. 49 « Embrasser tous les mouvements » : Ecart Publications en réseau ........................................... 49 « Quand cela dérape » ou la sérendipité en art : d’une esthétique de l’accident à un livre participatif ................................................................................................................................... 51 Processus sériels et séquentialité du livre d’artiste : temporalité, collections, narrations ........... 57 Spatialité et textualité .................................................................................................................. 82 4 Aux frontières du livre : pratiques liminaires du livre d’artiste ............................. 89 Récupérations et ambiguïtés de statut : frontières et autonomie de l’œuvre ............................... 89 Le « document et l’œuvre » ......................................................................................................... 92 Matérialités et décloisonnements de forme ............................................................................... 108 5 Économie du livre d’artiste, devenir d’Ecart ........................................................... 117 Évolution des pratiques : Ecart Publications, 1973-1982 .......................................................... 117 Rapport à la reproductibilité : éditions de tête, tirages limités, tirages uniques ........................ 122 Rapport à la vente : quels principes d’(auto-)financement ? ..................................................... 128 Après Ecart ................................................................................................................................ 133 Conclusion .................................................................................................................................. 135 Bibliographie ............................................................................................................................. 139 3 Préambule Préambule En 1969, John Armleder, Patrick Lucchini et Claude Rychner fondent sur un modèle de création collectif et autogéré le groupe Ecart, avec la complicité de leur ancien professeur de dessin Luc Bois. Il s’agit d’abord d’un groupe d’amis réunis autour d’une activité sportive, l’aviron : l’art n’est alors qu’un écart à d’autres pratiques. En février 1973, Rainer Michael Mason, réagissant dans la Tribune de Genève à l’inauguration de la galerie du groupe Ecart, écrit : « John Armleder, qui fut sauf erreur le premier à présenter à Genève des actions et des happenings, en 1967, aimerait faire de cette galerie non pas tant une salle d’exposition d’œuvres achevées, ou traditionnelles, qu’un lieu de création, d’expérimentation, de participation aussi. »1 Bien qu’assimilant ici le groupe à la personne de John Armleder, Mason révèle avec clairvoyance quelques informations pertinentes, propices à introduire le public au ton et à la posture empruntés par le collectif genevois à l’endroit de la production artistique et de son partage. Cette coupure de presse fait état d’un rapport avant-gardiste à l’art, supposé pionner sur la scène genevoise, en décalage avec les modalités habituelles de production et de diffusion propres à une galerie, et d’une pratique volontiers participative et éphémère. A cette aune, la création, telle qu’envisagée par Ecart, fonctionne sur l’incomplétude, l’ouverture, la circulation et l’expérimentation. Si cette série de termes peut valoir comme une première circonscription de ce qu’a été Ecart entre 1967 et 19822, elle demeure pourtant nécessairement lacunaire face à l’ampleur et à la diversité des activités du groupe3, que « beaucoup considéraient comme l’espace alternatif en Europe le plus important des années 1970. »4 En 1972, les acteurs d’Ecart acquièrent une imprimante offset, qui vient enrichir le matériel employé dans l’imprimerie du collectif et à l’aide de laquelle est poursuivi le développement d’un « pôle éditorial » intitulé Ecart Publications.5 De fait, John Armleder, Patrick Lucchini et Claude Rychner prennent à l’aube de la décennie 1970 l’initiative de s’inscrire dans le mouvement global d’un investissement du domaine des imprimés et de l’édition industrielle par l’art. Dans l’état actuel de l’histoire de l’art sur cette période, ces pratiques, prenant de multiples formes, se cristallisent 1 Rainer Michael Mason, « Faire de l’autre un artiste », in la Tribune de Genève, Genève, 28 février 1973. A propos de Mason, cf. annexes, p. 12. 2 La littérature sur le sujet situe généralement les activités du collectif entre 1969 et 1982. Indirectement, elles prennent néanmoins source en amont et se poursuivent en aval de ces deux délimitations. 3 Performances, happenings, expositions (par eux-mêmes ou par invitations), éditions d’ephemera, de livres d’artistes, ou de multiples, participation au réseau du mail art, etc. 4 Ken Friedman en 1982, cité par Lionel Bovier dans Lionel Bovier (éd.), John Armleder, Paris : Flammarion, 2005, p. 93. 5 Lionel Bovier, Christophe Cherix, Ecart, Genève 1969-1982 : l’irrésolution commune d’un engagement équivoque [éd. Augmentée], Genève : MAMCO, 2019, p. 31. 1 Préambule notamment autour de la production de livres d’artistes6, abondante au cours des années 1960 et 1970. Produisant leurs propres ephemera (affiches, cartons d’invitations), Ecart est dans ce contexte à l’origine d’un corpus de livres d’artistes riche de cinquante-neuf éditions ou coéditions achevées7, qu’ils distribuent