Noms De Lieux Et Présenceindienne À Oka (1Ere Partie) Jean-Paul Ladouceur
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Document généré le 2 oct. 2021 07:05 Histoire Québec Noms de lieux et présenceindienne à Oka (1ere partie) Jean-Paul Ladouceur En pays de Charlevoix Volume 9, numéro 1, juin 2003 URI : https://id.erudit.org/iderudit/1042ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La Fédération des sociétés d'histoire du Québec ISSN 1201-4710 (imprimé) 1923-2101 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Ladouceur, J.-P. (2003). Noms de lieux et présenceindienne à Oka (1ere partie). Histoire Québec, 9(1), 23–29. Tous droits réservés © La Fédération des sociétés d'histoire du Québec, 2003 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ ries, à un endroit appelé le Sault-au-Ré collet, sur un terrain acheté par M. Vachon Noms de lieux et présence de Belmont, sulpicien. Ce déménagement ne suscita pas beaucoup d'enthousiasme chez les Indiens, car certains ne consenti indienne à Oka (r partie) rent à abandonner leur emplacement qu'en 1704, soit huit années plus tard, lorsque le Par JEAN-PAUL LADOUCEUR, géographe sol de leur lopin de terre fut épuisé. Mal gré les réticences de certains, tous finirent par déménager au Sault-au-Récollet où ils l^ans un monde en changement rapide, sur la rue Sherbrooke. (1) À l'époque les devaient demeurer environ 25 ans, soit de il est important de conserver la mémoire Français appelèrent ce lieu «La Montagne» 1696 à 1721. des noms de lieux, car ce sont des témoins tandis que les Amérindiens lui auraient Vers la fin de cette période, les Sul permanents de phénomènes naturels ou donné le nom de Kanesatake.(2) piciens jugèrent que l'endroit ne convenait d'événements. De plus ils constituent des En 1696, alors que la mission comp plus pour la mission et ils projetèrent de la éléments d'illustration non négligeables de tait plus de 200 âmes, on jugea qu'il était déménager ailleurs. Le Séminaire de Saint- l'histoire d'une région ou d'une population. préférable de la déménager au nord de l'île Sulpice de Paris obtint du roi une nouvelle Retracer l'origine et la signification de ces de Montréal, près de la rivière des Prai- seigneurie sur les bords du lac de Deux noms, tout en les situant dans Montagnes et c'est là que l'on leur contexte historique, permet décida de transporter la mission. de montrer les modifications su Encore une fois, les Indiens fu bies par certains toponymes, de rent très réticents à quitter des rappeler la disparition de cer terres qu'ils avaient défrichées et tains autres et d'illustrer des pé à tout recommencer ailleurs. riodes de l'histoire d'une région. Pour les décider à changer d'en À Oka et dans les environs, il droit, le Séminaire dut faire dé reste quelques noms de lieux fricher un espace suffisant pour d'origine amérindienne encore leur culture dans la nouvelle sei en usage et quelques noms fran gneurie, les dédommager pour çais témoignent plus ou moins di les espaces qu'ils avaient défri rectement de la présence d'Amé chés au Sault-au-Récollet et leur rindiens dans la région. De nou promettre que le nouvel endroit veaux noms, récemment attri serait pour eux. (3) bués à des rues par le conseil de Au mois de février 1721, les bande de Kanesatake, sont aussi 150 guerriers (4) que comptait la commentés. mission, accompagnés de leurs familles, se rendirent à Oka en Kanesatake passant sur le lac gelé et y fu Depuis la petite émeute de 1990, rent rejoints quelques temps plus le monde entier connaît l'exis tard par les Algonquins de la tence d'un groupe d'Iroquois mission de l'île aux Tourtes. Les (Mohawks) à Oka, mais il est premières installations furent moins connu que ces derniers ont érigées au fond de la Petite Baie, d'abord séjourné sur l'île de Mon près du ruisseau aux Serpents. tréal et qu'ils sont arrivés sur les f*>i Au lac des Deux Montagnes, bords du lac de Deux Montagnes PLAN DU FOUT DE LA MONTAGNE. la mission prit le nom du lac, il y a 282 ans, après avoir démé mais, d'après la Commission de A Cliapdle de Notre-Dame des Keigei.— B Maison den mis nagé deux fois. Kanesatake a sionnaires.— C Tours à l'v.iagr den saws de la Congrégation.-^ toponymie du Québec, les Indiens d'abord désigné une petite mis T) Grange destinée à nereir-d'asile aux femme» el aux enfant-i lui auraient donné le nom de sion fondée par les Sulpiciens en en cat d'alarme.— E Bastion*.— F Village indiffi. Kanesatake, nom qui aurait rap 1671, sur l'île de Montréal, et un pelé «...l'ancien site qu'occu fort ( figure 1), à l'endroit où se Figure 1 - Plan dufort de La Montagne, Charles-P. Beau- paient antérieurement les Mo bien, Le Sault-au-Récollet (Montréal), C.O. Beauchemin hawks sur l'île de Montréal, au trouve l'actuel grand séminaire et Fils, 1989), 128. HISTOIRE QUEBEC JUIN 2003 PAfiE 23 pied du mont Royal».(5) Le site du premier établissement dans la région d'Oka avait en commun avec celui de La Montagne d'être situé au pied d'une colline, en l'oc currence le mont Calvaire, comme on l'ap pelle localement, et d'être près d'une ri vière. La mission de La Montagne était plus près du mont Royal, mais plus éloignée du fleuve. La notice de la commission de to ponymie est au conditionnel, car avant d'ar river au lac des Deux Montagnes ces mê mes Indiens avaient séjourné pendant 25 ans au Sault-au-Récolet et en aucun en droit dans ses Notes pour servir à l'histoire de la mission du Lac-des-Deux-Montagnes (6) le sulpicien André Cuoq n'indique que l'appellation Kanesatake rappelle l'ancien site de la mission au pied du Mont Royal. La colline, au cœur de la seigneurie. Photo : Gilles Boileau Dans son Lexique de la langue iro et malgré des constructions achevées, dont avant 1760 et sous le régime anglais, (14) quoise avec notes et appendices le mission une chapelle, on décida, en 1731, de dé ces noms ne sont pratiquement jamais uti naire et linguiste André Cuoq traduit ainsi ménager encore une fois et de tout recons lisés pour désigner l'endroit où se trouvent Kanesatake: «Kanesatake. Lac des deux truire sur cette pointe.(12) les Indiens. La présence de ces derniers est Montagnes, de onesa, pente, déclin, côte, Dans ses Notes pour servir à l'his plutôt indiquée par les expressions suivan et de ehtake, au bas, en bas. Litt. au bas toire de la mission du Lac des Deux-Mon tes: village iroquois, village des Sauvages, de la côte. Le village du Lac des deux Mon tagnes, Cuoq signale ce dernier déména village d'Iroquois ou bien, après 1760, par tagnes est en effet situé au pied d'une col- gement et indique que le lieu du premier Indian village, Iroquois village ou Indian line».{7) Par ailleurs, dans son Lexique de établissement près du ruisseau aux Ser Corn Fields et désignent soit le village d'Oka, la langue algonquine, le même auteur in pents était occupé en 1898 par une ferme soit un espace au nord de la baie des In dique à l'article Kanactage «...c'est le mot appartenant au Séminaire de Saint-Sulpice, diens à l'est de la pointe aux Anglais. Les iroquois Kanesatake qui signifie "au bas mais qu'il était encore appelé par les In cartes récentes n'indiquent pas elles non de la montagne ". Ce mot employé par les diens: l'ancien village. «Toutes ces cons plus Kanesatake, mais «Réserve indienne Iroquois de la mission du Lac des Deux- tructions furent faites sur le terrain qui Oka 16», (15) même si le lieu n'a pas et n'a Montagnes a passé dans la langue algon forme à présent la première ferme du Sé jamais eu le statut de réserve. quine comme nom propre de lieu et signi minaire et que les Sauvages appellent pour Les raisons suivantes peuvent expli fie Lac des Deux Montagnes». (8) Enfin, cela l'ancien village Kanatakonke, quer en partie l'absence de l'une ou de dans un mémoire soumis à la Société royale Katéotenang. » Dans son Lexique de la lan l'autre de ces désignations sur les docu du Canada en 1893 et intitulé Anotc kekon gue iroquoise, le même auteur indique à ments cartographiques : Kanesatake ou une qui signifie mélanges, ce même auteur uti l'article Kanatakonke -. «Kanatakonke, pour variante de ce nom était exclusivement uti lise la forme Kanactageng qu'il traduit par Kanatakaionke, nom de lieu [qui signifie] lisé par les Indiens au début de la mission, «le Lac ou au Lac» pour désigner le même à l'ancien village. Les Algonquins le nom les Français utilisant plutôt les expressions : lieu.(9) D'autres traductions du mot ment Kete otenang ce qui signifie égale mission du Lac-des-Deux-Montagnes ou Kanesatake ont aussi été proposées: «sur ment: au vieux village»AX'S) En 1734, plus simplement mission du Lac.