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Monde.20000225.Pdf

Monde.20000225.Pdf

LeMonde Job: WMQ2502--0001-0 WAS LMQ2502-1 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0434 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

a Au sommaire :

Jacques Roubaud, ACTIVE:LMQPAG Charles Quint, Jan busy Philip Reemtsma...

www.lemonde.fr

56e ANNÉE – No 17133 – 7,50 F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI L’Autriche Les deux batailles de isolée b A gauche, Jack Lang annonce sa candidature face à Bertrand Delanoë b L’ancien ministre a Les Autrichiens explique au « Monde » les raisons de sa démarche b A droite, l’Elysée multiplie les contacts ne comprennent pas avec Philippe Séguin, qui entretient le suspense b vante le bilan de son action JACK LANG explique, dans un A droite, Jean Tiberi ne désarme l’« acharnement » entretien au Monde, les raisons qui pas. Il a présenté, jeudi 24 février, le conduisent à être candidat à l’in- un bilan de son action à l’Hôtel de des Européens vestiture du Parti socialiste pour les Ville. Il précise en introduction que élections municipales à Paris. L’an- sa politique « doit continuer » et à isoler cien ministre de la culture est le se- qu’il « entend bien la poursuivre ». cond socialiste, après Bertrand De- Bernard Bled, secrétaire général de leur pays lanoë, à briguer le suffrage des la Ville de Paris, assure que « Jean JANIN/AFP DANIEL militants du PS, qui se prononce- Tiberi ne s’effacera devant per- DIPLOMATIE ront le 30 mars. M. Lang estime que sonne » et qu’au besoin « il sera dis- a Hubert Védrine « la confiance populaire dont [il] bé- sident ». Philippe Séguin, de son cô- néficie » donnerait à la gauche té, continue de recevoir des signes M. Jospin n’exclut pas « une meilleure chance de gagner d’encouragement de la part de cette bataille et notamment de mobi- l’Elysée qui multiplie les contacts des sanctions liser les jeunes ». Il propose de créer avec ses proches. L’ancien président en Israël dans l’agglomération parisienne du RPR a commencé à se montrer En visite en Israël, Lionel Jospin a expri- une communauté de communes dans les rues du 9e arrondissement supplémentaires mé, jeudi 24 février, « l’hommage du autour de la capitale afin de de la capitale, mercredi, en compa- conduire « une politique radicale- gnie de Pierre Lellouche, député de peuple français aux victimes de la a Jörg Haider ment nouvelle de la circulation, du Paris. Entre les deux camps, la ba- Shoah ». La veille, lors d’un premier en- transport, de l’environnement et du taille se livrera essentiellement dans tretien avec son homologue israélien, part en croisade développement économique ». trois arrondissements, actuellement Ehoud Barak (photo), il a affirmé que, M. Lang veut s’adresser à la fois détenus par la droite : les 12e, 13e et « partenaire de confiance pour Israël », contre la télévision au « Paris qui bouge et venir au se- 14e . Aussi, M. Lang devrait-il se pré- cours du Paris qui souffre ». Il assure senter dans le 12e, face à une droite la France « est disposée à garantir, y qu’il « serait injuste de ne pas re- divisée, et M. Séguin dans le 14e, compris par des forces sur le terrain, un de Vienne connaître certains aspects positifs de face à une gauche menaçante. futur accord de paix entre Israël et ses l’action de ou de Jean voisins ». p. 5 Lire page 2 Tiberi à Paris ». Lire page 6 et notre analyse p. 16 Contrôler Les derniers moments de Betty Lou Beets, soixante-deux ans, condamnée à mort au Texas NEW YORK avait fait couler beaucoup d’encre. Dans son doit réexaminer les affaires d’homicide lors- les aliments de notre correspondante autobiographie, A Charge to Keep, George qu’elles comportent des éléments possibles de Si tout se passe comme prévu, Betty Lou W. Bush relate longuement la pression à la- violence conjugale. Betty Lou Beets, affirment- SUR FOND d’épidémie de Beets, soixante-deux ans, devrait être morte quelle il avait été soumis – y compris de la part ils, était une femme battue, que des années de a listériose et de « vache jeudi 24 février entre 18 heures et 19 heures, de sa propre fille – pour accorder une mesure de violences infligées par ses maris successifs

folle », un comité national de sé- heure du Texas. Attachée par des sangles de cuir clémence à la jeune femme, pression à laquelle avaient rendue instable. DWORZAK/WOSTOK T. curité sanitaire s’est tenu, mercredi à une table semblable à une table d’opération, il avait résisté en son âme et conscience. Les La commission des grâces n’a pas retenu cet GROZNY 23 février, à Paris. Le gouverne- dans la « maison de la mort » de l’unité centrale vingt minutes qui séparèrent le moment où argument. Elle a rejeté la demande de grâce et ment a annoncé une série de me- du pénitencier de Hunstville, au Texas, où elle Karla Faye Tucker avait été introduite dans la celle d’un sursis de six mois. Il est vrai que, mar- sures de prévention. Contre la lis- aura été transférée dans la journée. Elle aura chambre d’exécution du moment où elle avait di, la situation était un peu tendue : deux Quatre mois tériose, dont l’épidémie en cours succombé à l’injection mortelle réglementaire, été déclarée légalement morte furent, écrit condamnés à mort de la prison de Huntsville serait « arrivée à son terme », selon comme le condamné à mort qui l’aura précédée M. Bush, « les vingt minutes les plus longues » de avaient pris en otage une gardienne de cin- sous les bombes Dominique Gillot, secrétaire d’Etat de vingt-quatre heures, Cornelius Goss, exécuté sa carrière de gouverneur. quante-sept ans pour réclamer une améliora- Toma, enseignante tchétchène, a vécu à la santé, de nouvelles normes sa- le 23 février au même endroit, selon le même ri- Le gouverneur du Texas, actuellement en tion de leurs conditions de détention ; la prise quatre mois sous les bombes, dans une nitaires vont être appliquées aux tuel. Jusqu’au dernier moment, ses avocats et campagne pour l’investiture républicaine à d’otage s’est terminée sans mal, treize heures cave à Grozny, comme des milliers de produits de charcuterie. Le gouver- elle auront attendu la sonnerie de téléphone fa- l’élection présidentielle du 7 novembre, n’est après. Le gouverneur Bush n’avait donc plus civils (photo), jusqu’à ce que la ville nement a d’autre part décidé de ne tidique, l’appel dont ils espéraient qu’il apporte- pas soumis à la même pression cette fois-ci. grande marge de manœuvre en ce qui concerne tombe aux mains de l’armée russe. Elle rait la nouvelle d’un sursis de trente jours accor- Betty Lou Beets ne peut prétendre être victime Betty Lou Beets. Selon la Constitution du Texas, pas exclure du don du sang les per- raconte à notre envoyée spéciale les sonnes ayant séjourné en Grande- dé par le gouverneur du Texas, George W. Bush. d’une erreur judiciaire. Ancienne serveuse de il n’a le pouvoir de gracier un condamné à mort Bretagne entre 1980 et 1996, et à ce Reconnue coupable du meurtre de son cin- bar, elle a tiré sur trois de ses cinq maris. Deux que si la commission des grâces (dont les massacres, les trafics d’armes entre sol- titre potentiellement exposées à quième mari, en 1983, Betty Lou Beets sera la ont été mortellement atteints, et leurs corps ont membres sont nommés par lui) le lui re- dats russes et combattants tché- l’agent de la « vache folle ». Leur quatrième femme exécutée aux Etats-Unis de- été découverts enterrés dans son jardin. Elle commande. Dans le cas contraire, il ne peut tchènes, ses peurs mais aussi son be- exclusion aurait réduit trop forte- puis le rétablissement de la peine de mort, en avait touché les 100 000 dollars d’assurance-vie qu’approuver l’exécution ou accorder un sursis soin de rire. Mercredi à Paris, une ment le nombre de donneurs. 1976. Il y a deux ans, l’exécution d’une autre de son dernier mari. Ses avocats réclamaient de trente jours. manifestation contre la guerre a ras- femme, plus jeune et plus médiatique, Karla que lui soit appliquée une loi de 1991, aux semblé quelques milliers de personnes. Lire page 11 Faye Tucker, dans la même prison du Texas, termes de laquelle la commission des grâces Sylvie Kauffmann p. 15 et 36 Carrefour TÉMOIGNAGE dans Internet Pauvre Pinochet amnésique...

par Teo Saavedra B. COWAN SCIENCES ’AVAIS vingt ans et je ve- voyant, le médecin s’est exclamé : nais de sortir des prisons « Qu’est-ce qui t’est arrivé ? Tu es chiliennes, lorsque les mili- tombé dans l’escalier ? » Les té- Enigmes à J moins de la scène se sont esclaffés. tants de l’IRA, à l’autre bout du monde, faisaient Pinochet a été arrêté il y a plus quatre pattes la grève de la faim et mouraient les d’un an en Angleterre. Au- DANIEL BERNARD Pourquoi les vertébrés terrestres ont-ils uns après les autres. Mme Thatcher jourd’hui, le rapport des médecins AVEC ses 9 000 magasins dans était au pouvoir. Tout le monde anglais conclut qu’il est impossible quatre pattes ? Pourquoi les plantes le monde, le nouveau groupe Car- sait qu’elle n’a pas eu alors pour de le juger à cause d’une série de portent-elles des fleurs ? A la frontière refour veut faire une entrée en ces gens la même compassion maladies, d’une certaine sénilité et entre biologie et évolution, une nou- force sur Internet. « Nous avons de pertes de mémoire. Pinochet ne qu’elle a aujourd’hui pour le géné- velle discipline scientifique s’appuie sur une vingtaine de millions de clients ral Pinochet. J’ai passé trente mois peut plus parler... Il serait dom- “identifiables” grâce à leurs cartes en prison, sans procès, dont trente- mage, terriblement dommage, que les progrès du séquençage des gé- de fidélité ou de paiement, c’est huit jours en situation de disparu, l’avis des médecins anglais soit fi- nomes pour tenter de résoudre des presqu’autant qu’AOL ! », constate dans les différentes geôles que les nalement suivi. L’espoir de savoir énigmes que la théorie darwinienne Daniel Bernard, PDG du groupe. services secrets chiliens possé- où sont passés nos disparus s’ame- laisse sans réponse. Elle s’intéresse aux daient pour torturer et décider de nuise, et le premier responsable gènes qui gouvernent le développe- Lire page 20 la vie et de la mort de chacun des des crimes commis au cours de prisonniers politiques. L’âge, le cette période noire de l’histoire ment d’espèces étranges telles que les Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; sexe, l’état de santé des détenus chilienne risque d’échapper à un tuniciers (photo). p. 26 Côte-d’Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; importaient peu pour nos geôliers. jugement nécessaire pour la vérité Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bre- tagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Vingt ans après, je me souviens et la réconciliation des Chiliens. International ...... 2 Tableau de bord...... 23 Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; du jour de novembre, quinze jours Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; France ...... 6 Aujourd’hui...... 26 Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; environ après mon arrestation, où Lire la suite page 17 Société...... 10 Météorologie, jeux .. 30 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. l’on m’a amené voir un médecin Régions ...... 13 Culture ...... 31 pour contrôler mon état de santé. Carnet...... 14 Guide culturel...... 33 J’avais perdu une dizaine de kilos, Teo Saavedra, arrivé en Horizons ...... 15 Abonnements...... 34 j’étais recouvert de plaies et d’hé- France en tant que réfugié politique Entreprises ...... 18 Kiosque...... 34 matomes à la suite des différents chilien, est responsable du festival Communication ...... 22 Radio-Télévision...... 35 sévices que j’avais subis. En me Nuits du Sud à Vence. LeMonde Job: WMQ2502--0002-0 WAS LMQ2502-2 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0435 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000

UNION EUROPÉENNE Le pour tenter d’apaiser les craintes susci- tions européennes. b JÖRG HAIDER tend poursuivre par ailleurs sa cam- b AU DANEMARK, les mesures prises à chancelier conservateur autrichien, tées à l’étranger par l’entrée de l’ex- qui n’est pas membre du gouverne- pagne contre les médias et notamment l’encontre de la coalition autrichienne Wolfgang Schüssel, et sa ministre des trême droite populiste (FPÖ) au gou- ment participera néanmoins, une fois les chaînes de télévision publiques qui sont jugées excessives par une majori- affaires étrangères, Benita Ferrero- vernement. L’opposition ne s’attend par mois, à une réunion de travail avec sont accusées regulièrement de « dé- té de la population et elles renforcent Waldner, multiplient les interventions pas à une levée prochaine des sanc- l’ensemble des ministres. Le FPÖ en- sinformation » sur la politique du parti. les courants europhobes. Les Autrichiens s’installent lentement dans l’isolement Le nouveau gouvernement de Wolfgang Schüssel pensait que, après les violentes réactions suscitées en Europe par l’entrée de l’extrême droite dans la coalition, la situation se normaliserait. Mais, aujourd’hui, le sentiment prédominant est que les sanctions ne sont pas près d’être levées VIENNE Wolfgang Schüssel. Du côté de tous les jours à la « une » du quo- enfin » répètent à l’envi les organi- de notre envoyé spécial l’opposition, on ne se fait guère tidien conservateur Die Presse, qui sateurs des manifestations et ceux Combien de temps cela va-t-il d’illusions : la traversée du désert ne trouve pas de mots assez durs qui participent aux multiples ini- durer ? Face à l’isolement interna- de l’Autriche devrait être longue. pour condamner le « diktat colo- tiatives « anti-noir-bleu » qui fleu- tional auquel est exposé leur gou- Le nouveau président du Parti so- nialiste » des autres capitales eu- rissent un peu partout, auprès des vernement, les Autrichiens sont cial-démocrate (SPÖ), Alfred Gu- ropéennes, n’hésitant pas à universités comme sur Internet. nombreux à croire que le phéno- senbauer, a indiqué à ses conci- comparer l’attitude arrogante des « On a le sentiment qu’une alterna- mène est passager et que le climat toyens que le calendrier de Européens à celle de Hitler à tive se prépare à gauche, un peu à va bientôt se calmer. Seule une l’Union européenne n’était pas fa- l’égard de l’Autriche dans les an- la manière de la gauche “plurielle” petite minorité d’entre eux, vorable à une levée prochaine des nées de l’Anschluss. Pour Die en France », constate Robert Mi- d’après les sondages, pense que sanctions, qu’il juge lui-même Presse, les manifestations antigou- sik, journaliste au magazine For- les sanctions bilatérales décidées « exagérées» : après la présidence vernementales comme celle du mat. Les Verts ne se sont jamais par les quatorze autres pays portugaise, viendra le tour de la 19 février « portent un tort plus aussi bien portés qu’aujourd’hui. membres de l’Union européenne France, puis de la Suède, puis de la grand à l’image du pays que la per- Ils ont gagné plusieurs points dans (UE) dureront plus d’un an. Les di- Belgique. sonne de Jörg Haider elle-même ». les sondages depuis l’arrivée de rigeants du pays, plus réalistes, L’argumentation développée quo- l’extrême droite au pouvoir. semblent s’installer dans une AMERTUME tidiennement par le parti conser- Quant aux syndicats, ils rede- perspective de moyen terme. Le pays n’en croit pas ses yeux. vateur (ÖVP) au pouvoir n’est pas viennent une force d’opposition Le chancelier Wolfgang Schüs- En quelques jours, tout a changé. très éloignée de ce point de vue : après avoir eu les mains liées au sel gouverne comme si de rien Du côté des milieux conservateurs « Le gouvernement ne cédera pas pouvoir pendant des décennies. n’était. Visiblement plus troublée et même d’une partie de la aux pressions de la rue », fait sa- que lui, la ministre des affaires gauche, c’est un sentiment voir Andreas Khol, le chef du PREMIÈRES MALADRESSES étrangères, Benita Ferrero-Wald- d’amertume qui domine. Une per- groupe parlementaire du parti de Contre le nouveau gouverne- ner, multiplie les déplacements et sonnalité aussi peu suspecte de Wolfgang Schüssel. Le même ment de Vienne, la gauche autri- accumule les interviews pour ten- sympathie pour Jörg Haider que M. Khol indique qu’il mène une chienne a choisi un angle d’at- ter de rassurer l’opinion publique peut l’être le journaliste et es- enquête pour savoir si le chance- taque sensiblement différent de internationale et amener les Euro- sayiste Paul Lendvai considère que la Shoah ». l’opinion. « Tout de même, il n’y a lier social-démocrate, Viktor Kli- celui qu’on trouve ailleurs en Eu- péens à reconsidérer leur ap- l’« hystérie anti-Haider » ne peut « Romano Prodi veut inviter Ka- pas de milices fascistes dans les rues ma, fin janvier, a encouragé ou rope. La lutte, ici, se livre sur le proche de l’Autriche. Alors qu’elle que renforcer le poids du popu- dhafi à Bruxelles, l’Union euro- de Vienne », s’exclame un jeune non ses partenaires européens à plan social. Son principal mot a expliqué à ses partenaires euro- lisme dans son pays. Il estime, lui péenne veut faire entrer la Turquie Autrichien qui a manifesté le imposer des sanctions contre d’ordre : la défense de l’Etat-pro- péens que Jörg Haider ne parlait le Juif hongrois dont une partie de dans l’Union européenne et tend la 19 février, qui vote à gauche, mais l’Autriche. vidence. Qu’il s’agisse du système qu’au nom de la Carinthie (dont il la famille a été exterminée dans main aux dirigeants de Téhéran, qui s’étonne néanmoins devant la A l’opposé de cette atmosphère de santé ou de l’avenir des re- est gouverneur), on vient d’ap- les camps de la mort nazis, que les alors pourquoi tant d’acharnement vivacité des réactions euro- de « coup de poignard dans le traites, les projets de réforme du prendre, à Vienne, que le leader slogans de « résistance » (Widers- à l’égard de l’Autriche ? » Ce com- péennes. dos », les milieux de gauche qui nouveau pouvoir ont un impact du FPÖ participerait désormais tand) lancés lors des manifesta- mentaire d’un quotidien popu- sont les plus engagés dans le plus direct et soulèvent un tollé tous les mois à une réunion de tions anti-Haider sont une « falsi- laire, Taglich alles, semble parfai- « PRESSIONS DE LA RUE » combat anti-Haider sont entrés plus fort que les propos intempes- coalition avec l’ensemble des mi- fication de l’Histoire et une insulte tement refléter les sentiments Dans ses formes les plus ex- dans une étonnante phase d’en- tifs de Jörg Haider sur le IIIe Reich nistres, y compris le chancelier faite à la mémoire des victimes de actuellement dominants dans trêmes, l’amertume s’exprime thousiasme. « L’Autriche se politise ou sur l’immigration. Pendant ce temps-là, les mi- nistres du FPÖ se mettent au tra- vail. Pour l’instant, leur action se Le FPÖ en croisade contre la « désinformation » sur les chaînes publiques résume par l’annonce de mesures impopulaires (coupes budgétaires, VIENNE Suppression d’une émission quotidienne telle du pouvoir politique, comme le de- majorité simple, selon une procédure plus augmentation de la participation de notre envoyé spécial d’actualités (« ZIB3 », diffusée chaque jour mandent pourtant depuis des années les courte », déclare au Monde Peter Westen- individuelle aux frais de santé) et Jörg Haider a déclaré, voici quelques an- à minuit sur ORF2), éviction du directeur de journalistes de l’ORF. Ces derniers récla- thaler, le numéro deux du FPÖ. Ce projet, par une série de maladresses dont nées, que « le jour où il aurait son mot à l’information de l’ORF, sanctions contre tel ment l’adoption d’un statut comparable à volontairement libéral, se trouve dans le se régale la presse. Michael Krüger dire », il ferait en sorte qu’« on profère ou tel journaliste ayant été « injuste » avec celui de la BBC. Or cette paralysie se re- programme de coalition adopté par le nou- (justice) a déclaré que sa voiture moins de mensonges dans les rédactions » et le FPÖ, renforcement des programmes au- tourne aujourd’hui contre les adversaires de veau gouvernement « noir-bleu ». S’il est de fonction serait une Jaguar... qu’on y dise « davantage la vérité ». C’était trichiens aux dépens des programmes l’extrême droite, celle-ci s’apprêtant à se appliqué à la lettre, il devrait permettre à puis il a démenti. Karl-Heinz en janvier 1993, époque où le FPÖ venait de étrangers (en partie sur le modèle de la glisser dans des structures conçues pour as- l’Autriche d’adopter à certains égards un Grasser (finances) a annoncé qu’il lancer une initiative populaire contre l’im- France...) : telles sont quelques-unes des de- surer le verrouillage politique de l’institu- paysage audiovisuel plus moderne que celui allait faire tomber des têtes au migration sans parvenir à entraîner derrière mandes formulées au cours des derniers tion audiovisuelle. qui est aujourd’hui le sien, le système actuel sein de l’OIAG, le holding d’Etat lui un mouvement d’opinion assez vaste jours par Peter Westenthaler, chef du Aujourd’hui seuls les réseaux câblés (40 % étant caractérisé par l’absence de transpa- qui contrôle les participations pu- pour forcer le Parlement à se saisir de son groupe parlementaire des « Freiheitlichen » des foyers autrichiens sont équipés) ont été rence et de contre-pouvoirs véritables. bliques dans les grandes entre- projet. Aujourd’hui que Jörg Haider « a son (FPÖ) et numéro deux du parti. ouverts à la concurrence. Les télévisions al- Le problème, c’est que le chef du FPÖ n’a prises du pays. Devant le tollé sus- mot à dire » en tant que chef d’un parti gou- lemandes se sont ruées dans cette brèche, pas cessé de montrer, tout au long de sa car- cité par ses propos, il a affirmé vernemental, il veut imprimer sa marque ASSURER LE VERROUILLAGE POLITIQUE ce qui renforce en Autriche un sentiment de rière, qu’il se faisait une conception à la fois « qu’il avait été mal interprété ». Le aux médias et en particulier à la télévision Ces exigences intempestives créent un cli- forteresse assiégée qui n’est pas propice à paranoïaque et autoritaire des médias, même M. Grasser a dit qu’il ne publique autrichienne (ORF). Celle-ci, qui mat d’insécurité au sein de l’ORF : avec le l’ouverture vers la concurrence extérieure. ceux-ci étant utilisés tour à tour pour véhi- respecterait pas l’obligation possède le monopole de diffusion sur les ré- nouveau gouvernement, de nouveaux res- « L’Autriche ne connaît pas la notion de dé- culer une image positive du chef ou bien en- qu’ont tous les élus du FPÖ de re- seaux hertziens, est inféodée depuis des dé- ponsables vont prochainement être nom- bat public », estime Armin Thurnher, de la core pour diffuser des informations souvent verser une partie de leur traite- cennies aux deux grands partis traditionnels més au conseil d’administration de la télé- revue viennoise Falter. démenties par la suite. « Jörg Haider est le ment (au-dessus de 30 000 francs – conservateurs de l’ÖVP et surtout so- vision publique. Ce dernier, Que va faire le FPÖ ? « Nous voulons auto- maître de la manipulation et du mensonge », par mois) à un fonds social du ciaux-démocrates du SPÖ. Elle est donc au traditionnellement très politisé, dispose de riser la télévision privée sur le réseau hertzien, souligne Freimut Duve, qui dirige l’observa- parti, avant de se faire rappeler à cœur du système des partis, avec son cor- larges pouvoirs. Il a notamment celui de instituer un organe indépendant dont le rôle toire des médias de l’Organisation pour la l’ordre par Jörg Haider, qui semble tège de « partage des postes » (le fameux nommer le président de l’entreprise pour un sera d’attribuer et de contrôler les licences, et sécurité et la coopération en Europe décidément avoir du mal à bien « Proporz »), un système que veut démante- mandat de quatre ans. enfin nous voulons changer le mode de nomi- (OSCE), basée à Viene. contrôler ses troupes. ler le FPÖ avec l’appui d’une bonne partie Le Parti social-démocrate (SPÖ) a tou- nation du patron de l’ORF : il ne devrait plus de l’opinion publique. jours refusé de libérer la télévision de la tu- se faire à la majorité des deux tiers mais à la L. D. Lucas Delattre Hubert Védrine durcit le ton Réserves danoises face au sort réservé à l’Autriche VIENNE extrémiste. La manifestation du STOCKHOLM référendum, ils avaient adopté une cratiques. Certains y ont vu une du nazisme. « On ne peut pas dire de notre envoyé spécial week-end dernier a montré qu’il de notre correspondant version édulcorée du traité, allégé « première », qui pourrait se répé- que le PPD n’est pas démocratique La France se réserve la possibili- existe aussi une autre Autriche. » en Europe du Nord notamment de la monnaie unique ter ailleurs, et pourquoi pas au Da- (...). Mais il est en train d’instiller té de « prendre des mesures supplé- A la question de savoir si les Une nouvelle fois, les Danois et de la défense commune. nemark même. Le pays n’assiste-t-il une peur de l’étranger parmi la po- mentaires » contre l’Autriche, à réactions étrangères ne pourraient font entendre leur différence en Aujourd’hui, à droite comme à pas à la montée d’un parti populiste pulation », estimait récemment un titre national, si nécessaire, ou pas donner un essor encore plus matière européenne. Si la coalition gauche, les responsables politiques de droite jouant la carte xéno- social-démocrate, Henning Gjelle- sous forme de proposition grand au parti de Jörg Haider, dirigée par le social-démocrate Poul danois critiquent le tournant pris phobe ? rod, auteur d’un rapport sur les commune aux treize autres parte- M. Védrine répond : « Ce parti pro- Nyrup Rasmussen a suivi les treize par l’UE à l’occasion de l’affaire au- mouvements extrémistes en Eu- naires concernés. Tel est l’avis du fiterait sûrement plutôt d’une ab- autres membres de l’Union euro- trichienne. Non pas qu’ils RÉACTIONS DES EUROSCEPTIQUES rope. Exemple : la publicité pu- ministre des affaires étrangères, sence de réaction. Il pourrait alors péenne (UE) sur la voie des sanc- éprouvent une sympathie parti- Le Parti du peuple danois (PPD) bliée par ce parti dans un journal, Hubert Védrine, qui s’exprime prétendre que l’Europe juge nor- tions contre l’Autriche, l’opinion culière à l’égard de Jörg Haider, le est crédité de près de 16 % des suf- laissant entendre que les musul- dans une interview au quotidien male sa participation au gouverne- publique est loin de soutenir cette leader xénophobe autrichien. Ce frages, d’après les sondages, soit mans avaient la priorité pour libéral autrichien Der Standard, ment. Je pense que maintenant, de initiative. Selon un récent sondage qui dérange ici, c’est l’immixtion le double de son score aux der- trouver un logement au Dane- daté du jeudi 24 février. nombreux Autrichiens, même parmi publié par le quotidien Berlingske dans les affaires politiques inté- nières législatives. Son chef, Pia mark... les électeurs du FPÖ, prennent Tidende, seuls 30 % des Danois sou- rieures d’un Etat souverain après Kjaersgaard, ne s’est jamais expri- L’opposition de droite n’a pas « EXCLUSION » ? conscience de la situation déplo- tiennent la condamnation de l’Au- des élections parlementaires démo- mé de façon positive à l’encontre l’intention d’accueillir le PPD dans Interrogé sur l’hypothèse d’un rable dans laquelle la constitution triche, tandis que 56 % estiment son gouvernement en cas de vic- gouvernement autrichien dirigé de cette coalition a placé leur que l’UE a agi de façon erronée toire aux prochaines législatives, par le leader d’extrême droite Jörg pays ». dans cette affaire. Deux personnes La Suisse prête à recevoir le nouveau chancelier mais elle pourrait chercher son Haider, le ministre français va plus Enfin, n’emploie-t-on pas deux interrogées sont hostiles aux sanc- soutien au Parlement en cas d’ab- loin : « Rien n’empêche, dit-il, de poids deux mesures eu égard aux tions imposées contre Vienne. Contrairement à la plupart des pays européens, la Suisse n’entend sence de majorité. réfléchir à l’introduction, lors d’une graves violations des droits de « L’implication de l’UE dans les af- pas s’associer à la mise en quarantaine du nouveau gouvernement D’ici à ces élections, prévues au prochaine révision des traités, d’une l’homme en Tchétchénie ? «Au faires autrichiennes souligne que autrichien. Comme il l’avait déjà laissé entendre, le Conseil fédéral plus tard en mars 2002, le premier clause prévoyant le départ ou – en sein de l’Union européenne, les re- l’Union est un projet politique. C’est s’est officiellement déclaré prêt, mercredi 23 février, à accueillir pro- ministre voudrait organiser un ré- définissant des critères juridiques lations ne sont pas les mêmes exactement ce qui peut faire voter les chainement le chancelier Wolfgang Schüssel, ainsi que d’autres férendum sur l’adoption de l’euro. concrets et précis – l’exclusion d’un qu’entre Etats en général (...) La Danois contre l’Europe », estime un membres de la coalition formée avec l’extrême droite. La visite du L’irruption de l’affaire autrichienne membre. » Russie ne se trouve pas dans cette politologue de l’université d’Aar- nouveau chancelier pourra avoir lieu aussi vite que Vienne le souhai- risque fort de lui compliquer les Tout en tenant ce langage dur, le situation par rapport à nous (...) hus, Ole Tonsgaard. De fait, la po- tera – selon les relations de bon voisinage entre les deux pays – et se choses, les adversaires de la mon- ministre souligne cependant : Aucun Etat de l’UE ne s’est exprimé pulation du petit royaume a tou- déroulera conformément au protocole en usage, a indiqué un porte- naie unique n’hésitant pas à exploi- « Nous savons que plus de 70 % de aussi clairement que la France jours fait preuve d’une grande parole à Berne. ter ce thème dans leur campagne l’électorat n’a pas voté pour le FPÖ. sur les souffrances atroces endurées méfiance à l’égard de la construc- Se retranchant derrière sa neutralité, la Suisse, qui ne fait toujours d’avant référendum. « Bien sûr que Nos réactions ne sont pas dirigées par les populations civiles » tion européenne sous la houlette pas partie de l’Union européenne, s’est gardée de prendre ouverte- nous allons la lier à ce qui s’est passé contre l’Autriche en tant que telle en Tchétchénie, selon Hubert de quelques grands Etats membres. ment position à propos de la crise autrichienne. Quitte à s’attirer cer- en Autriche », a proclamé le vice- ou contre son peuple, mais contre la Védrine. C’est ce qui avait poussé les Danois taines critiques à gauche, le gouvernement de Berne n’est pas insen- président du PPD, Peter Skaarup. coalition gouvernementale à la- à dire «non» au traité de Maas- sible aux pressions de la droite nationaliste et anti-européenne quelle appartient un parti politique L. D. tricht en 1992. Lors d’un deuxième emmenée par le tribun populiste Christoph Blocher. – (Corresp.) Antoine Jacob LeMonde Job: WMQ2502--0003-0 WAS LMQ2502-3 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0436 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 3

Les Etats-Unis se défendent d’utiliser le réseau L’OMC rallume la guerre d’espionnage Echelon à des fins industrielles commerciale transatlantique Le rapport du Parlement européen soulève une tempête de critiques L’organisation condamne le système de filiales Les révélations du Parlement européen sur le ré- réactions en Europe, mais aussi aux Etats-Unis. plique que les activités d’Echelon sont défiscalisées dont bénéficieraient seau planétaire de renseignement américain, Avec le Royaume-Uni, mis en cause pour son conformes à la législation en vigueur qui limite baptisé Echelon, ont provoqué de très vives rôle central dans le dispositif, Washington ré- les écoutes aux questions de sécurité du pays. un quart des exportations américaines WASHINGTON cette agence agit en strict accord question est de savoir ce qu’Echelon cas où elle capterait une communi- MALGRÉ leurs dénégations répé- le deuxième utilisateur de FSC, se- de notre correspondant avec la législation américaine ». La collecte, ce qu’il en fait. Et je n’en sais cation émanant d’un individu ou tées, les Etats-Unis subventionnent lon un expert. Depuis 1997, les so- La diffusion publique d’un rap- NSA, qui se veut naturellement dis- rien. » d’une société américaine sans auto- bien leurs exportations. L’Organisa- ciétés de logiciels informatiques port au Parlement européen, mer- crète, a refusé de discuter du sujet. risation judiciaire, de ne pouvoir la tion mondiale du commerce (OMC) sont venues grossir les rangs des en- credi 23 février, sur le système amé- Selon le New York Times, qui « DE TRÈS BONS ALLIÉS » conserver que si leur nom était effa- devait l’officialiser, jeudi 24 février, treprises autorisées à y faire appel. ricain d’espionnage baptisé consacre, jeudi 24 février, deux ar- Dans sa dernière livraison de cé. en confirmant la décision prise en Selon les propres estimations du Echelon, qui serait également utilisé ticles au système Echelon, des audi- mars-avril 2000, la revue The Bulle- L’article explique comment l’Of- septembre 1999 par un panel d’arbi- Trésor américain figurant dans le à des fins industrielles, a provoqué tions pourraient avoir lieu ce prin- tin of the Atomic Scientists a publié fice national de reconnaissance trage convoqué à la demande de projet de budget pour l’année 2001, de vives réactions tant en Europe temps au Congrès. Le représentant un long article sur Echelon. Intitulé (NRO) maintient une constellation l’Union européenne. Conformé- la perte de recettes fiscales due au qu’aux Etats-Unis. républicain Bob Barr, un ancien de « Recherche signaux désespéré- de satellites qui captent les commu- ment à la législation, les Etats-Unis régime FSC en 1999 (c’est-à-dire le Le porte-parole du département la CIA, s’inquiète sur le fait que des ment », cet article fournit un certain nications, la télémétrie des missiles avaient fait appel. Ils ont perdu. montant des impôts que les sociétés d’Etat a affirmé que « les services de écoutes systématiques – du type de nombre d’informations sur Ukusa, et les émissions radar à partir de « La réaction des Américains va être américaines auraient dû payer) s’est renseignement américains n’ont pas celles d’Echelon – peuvent porter l’alliance entre les Etats-Unis, la bases en Grande-Bretagne, en Alle- terrible », prédit un fonctionnaire pour mission de se livrer à de l’es- atteinte aux libertés des citoyens Grande-Bretagne, le Canada, l’Aus- magne, en Australie et dans le Colo- européen. Les milieux d’affaires pionnage industriel ou d’obtenir des américains. « Les accusations selon tralie et la Nouvelle-Zélande dans le rado. américains, qui bénéficient large- Le régime FSC secrets commerciaux pour le bénéfice lesquelles le gouvernement intercepte domaine du renseignement électro- Interrogé par le New York Times, ment de ce système qui équivaut à de compagnies américaines. sans aucune discrimination des mil- nique. On peut lire que, devant l’in- l’auteur de l’article a déclaré qu’il des exonérations d’impôts, de- Les Foreign Sales Corporations L’Agence nationale de sécurité (NSA) lions de conversations quotidiennes quiétude des Américains que leurs était « légitime de se demander si les vraient tout faire pour pousser l’ad- (FSC) sont des sociétés écrans, fi- n’est pas autorisée à fournir des ren- par Internet ou par téléphone sont sé- communications soient intercep- gens qui vaquent normalement à ministration américaine à gagner du liales de sociétés américaines, seignements aux sociétés privées, et rieuses, a-t-il affirmé. La première tées, la NSA a pour instruction, au leurs affaires peuvent voir leurs temps. créées pour les activités d’expor- conversations interceptées par un de La plainte déposée par l’Union tation. Elles sont généralement ces systèmes ». En même temps, il européenne début 1998 concerne le basées dans des paradis fiscaux estime que la NSA est submergée régime fiscal des Foreign Sales Cor- (95 % sont établies à la Barbade, d’informations depuis l’émergence poration (FSC), qui permet aux en- dans les îles Vierges et à Guam) L’Etat, destinataire des renseignements... et diffuseur d’Internet : « Sa capacité à collecter treprises américaines d’échapper à et permettent aux sociétés de lo- AUX ÉTATS-UNIS comme en Grande-Bretagne, nom- cherche de l’information, à long terme, et de qui dé- l’information n’est pas aussi immense l’impôt sur leurs opérations d’ex- ger une partie de leurs bénéfices mément mis en cause pour leur rôle central dans le fonc- pendent au quotidien leur gestion et leur fonctionne- que certains peuvent le penser. » portation et de leasing. Pour l’Union dans ces filiales puis de les rapa- tionnement du réseau Echelon, la parade, face aux cri- ment. C’est à cet interlocuteur qu’ils ont, en principe, des Examinée le même jour au Parle- européenne – et l’OMC vient de le trier aux Etats-Unis sans payer tiques des Européens, est la même. Elle consiste à comptes à rendre, et ils n’ont que lui pour « client » de ment européen, l’affaire du réseau confirmer –, le recours aux FSC d’impôt. Le mécanisme est le sui- assurer que les écoutes ne profitent à aucune société pri- leur production. A bon droit, mais non sans une certaine d’espionnage Echelon n’a guère constitue une subvention déguisée. vant : lorsqu’une société exporte, vée, qu’aucun groupe industriel ou commercial, outre- hypocrisie, les services de renseignement en question, troublé la visite du ministre français Un quart des exportations améri- elle vend fictivement sa mar- Atlantique et outre-Manche, n’est avantagé par rapport dans le monde, peuvent prétendre ne favoriser aucun in- de la défense, mardi 22 et mercredi caines bénéficieraient ainsi de ces chandise ou ses services à un à ses rivaux et que les services agissent dans le strict térêt privé et respecter leur devoir de neutralité. Car c’est 23 février, à Washington. A en aides. Le système est en revanche coût réduit à une filiale qui, à son cadre de la loi. C’est néanmoins la première fois que la tutelle qui répartit ensuite le fruit du travail de ces ser- croire Alain Richard, ce sujet n’a pas non seulement très légal aux Etats- tour, la revend au client final à Washington ne nie plus l’existence d’Echelon, même si la vices et choisit le destinataire du renseignement ainsi re- été abordé avec son homologue Unis mais encouragé par l’adminis- un coût majoré de 10 %, 20 % ou version donnée au Parlement européen sur des activités cueilli, industriel éventuellement. américain, William Cohen. « Nous tration fédérale et le Congrès. D’où 30 %. La base d’imposition rete- d’espionnage économique est contestée. Là où le bât blesse avec Echelon, c’est quand le Parle- ne voulons pas faire de commentaires son utilisation de plus en plus ré- nue est celle de la première opé- En France, la réponse des services d’interception qui ment de Bruxelles révèle qu’il est aussi un système inter- sur les responsabilités de nos alliés pandue. ration. Selon les experts euro- relèvent de la direction générale de la sécurité extérieure national d’écoutes de communications privées, entre américains en ce qui concerne leurs péens, 64 % de ces FSC (DGSE) eût été identique. particuliers, au point que, aujourd’hui, des industriels dispositions et leurs moyens de sécuri- LES QUINZE EN POSITION DE FORCE échappent ainsi à l’impôt. Sur quoi peut être établi un tel système de défense ? européens disent se méfier de dialoguer entre eux de- té », a déclaré M. Richard. Guère Si, dans un premier temps, ces Les services de renseignement ne connaissent, de fait, puis leur domicile. plus disert, le secrétaire à la défense pratiques bénéficiaient essentielle- qu’un seul interlocuteur dans leur pays : l’administration a ajouté : « Et nous restons de très ment aux constructeurs aéronau- élevée à 3,5 milliards de dollars de tutelle, c’est-à-dire l’Etat, qui approuve un plan de re- Jacques Isnard bons alliés. » Le ministre français a tiques, elles couvrent désormais un (presque autant d’euros). refusé de commenter les propos de champ très large d’activités indus- Dans ce dossier, l’Union euro- sa collègue de la justice, Elisabeth trielles et de services : Kodak, Gene- péenne est désormais en position de Guigou, (lire ci-dessous) à l’Assem- ral Motors, Caterpillar, Chrysler, force. A priori, c’est elle qui sera en Interrogations en France et en Belgique blée nationale : « Je ne dirai rien. Je Union Carbide ou Boeing, Procter droit d’imposer des mesures de ré- n’ai pas pris connaissance de cette & Gamble, Exxon / Mobil... en pro- torsion si Washington ne se met pas LES RÉVÉLATIONS sur le ré- commune avec Romano Prodi, quelle est l’éventuelle responsabilité décision. Je n’ai aucun commentaire fitent largement. Une grande partie en conformité avec les règles du seau anglo-saxon d’espionnage président de l’exécutif européen. d’Etats membres de l’UE et d’Etats à faire à ce sujet, et ça va durer. » des exportations de céréales et de commerce international, comme le Echelon ont suscité de très vives Un journaliste lui a demandé si le tiers ». soja passe également par ce canal. lui demande l’OMC. C’est la se- réactions, en France et en Bel- Royaume-Uni n’avait pas le senti- b Elisabeth Guigou, ministre Patrice de Beer L’agriculture américaine est même conde fois que les Etats-Unis se font gique. ment d’avoir trahi ses partenaires de la justice française, a admis, condamner sur le même sujet. En b Le chef de la diplomatie de l’Union européenne en partici- lors de la séance des questions au 1976 déjà, un système analogue de belge, Louis Michel, a déclaré, pant au programme Echelon. gouvernement de l’Assemblée na- subventions déguisées aux entre- dès mardi 22 février, à la Chambre « Non est la réponse courte », a sè- tionale, mercredi 23 février, qu’«il prises exportatrices américaines, le fédérale : « Si l’existence de ce ré- chement répondu M. Blair. « Ces semble que ce réseau soit utilisé à Domestic International Sales Cor- seau est confirmée, j’en tirerai les choses sont régies par des règles ex- des fins d’espionnage économique poration (Disc), avait été déclaré il- conclusions nécessaires en matière trêmement strictes et ces règles se- et de veille concurrentielle ». Elle légal par le GATT (prédécesseur de de politique étrangère, après ront toujours appliquées », s’est n’a pas répondu avec précision à l’OMC). Quelques années plus tard, consultations gouvernementales. » contenté d’ajouter le premier mi- la question de Georges Sarre un système analogue ressortait sous En effet, a-t-il expliqué, « nous se- nistre. (RCV, Paris), qui l’interrogeait sur le nom de FSC, en vigueur depuis le rions confrontés à une situation b Nicole Fontaine, présidente les démarches devant être effec- milieu des années 80. Rien n’indique inacceptable », car « des Etats dé- du Parlement européen, a déclaré, tuées « auprès de nos alliés, no- que les Etats-Unis se plieront cette mocratiques et un membre de mercredi 23 février, qu’« il appar- tamment de l’Angleterre, qui fois-ci à la décision de l’OMC. l’Union européenne organiseraient tient aux groupes politiques de dé- contribue ainsi de façon un peu ori- Compte tenu des montants en jeu, à grande échelle des opérations cider de la suite à donner » aux ré- ginale à l’identité européenne de ils ne le feront en tout cas pas sans d’espionnage afin de renforcer vélations faites lors des deux défense ». utiliser toutes les armes à leur dis- leurs intérêts économiques au détri- journées d’auditions publiques b Paul Quilès (PS, Tarn), pré- position. ment de la Belgique et d’autres organisées par la commission des sident de la commission de la dé- pays européens ». libertés et des droits du citoyen, fense de l’Assemblée nationale, a DÉFICIT COMMERCIAL RECORD b Le premier ministre anglais, qui ont « confirmé la gravité du déclaré, dans les couloirs du Pa- L’affaire est sans commune me- Tony Blair, qui effectuait une vi- problème ». « Le Conseil et la lais-Bourbon, qu’il proposerait sure avec les précédents différends site à la Commission de Bruxelles, Commission doivent pouvoir s’ex- une mission d’information parle- transatlantiques. Les préjudices cal- mercredi 23 février, n’a pu éviter primer sur les allégations avan- mentaire sur ce sujet qui le culés dans l’affaire de la banane ou une question sur cette affaire, lors cées », a-t-elle affirmé. En outre, « préoccupe depuis quelque du bœuf aux hormones s’élèvent d’une conférence de presse a-t-elle ajouté, « il faudra vérifier temps ». respectivement à 192 millions et 100 millions de dollars par an. Dans ce cas précis, une première estima- tion de l’instance d’arbitrage de Tony Blair livre un vibrant plaidoyer pro-européen l’OMC a évalué le préjudice subi par l’Europe à 1,3 milliard de dollars par BRUXELLES péen de Lisbonne des 23 et 24 mars, rope. Certes, la Grande-Bretagne an. (Union européenne) qui sera consacré à l’emploi et à la pourrait survivre à l’extérieur de La meilleure défense étant l’at- de notre envoyé spécial cohésion sociale. La démarche bel- l’Union européenne, mais elle serait taque, les Américains pourraient Ce n’est pas un hasard si Tony go-britannique répond notamment « plus pauvre et plus faible », a-t-il ressortir un certain nombre de dos- Blair a choisi un déplacement à au souci de M. Blair de faire préva- insisté. C’est du discours de Bruges siers contre l’Union, de manière à Gand pour se livrer, mercredi 23 fé- loir sa conception – celle d’un «Etat que datent les certitudes « isolation- calmer les ardeurs européennes. En vrier, à un vibrant plaidoyer pro-eu- social actif qui encourage le travail et nistes et hostiles à l’Union euro- pointant différents mécanismes de ropéen. Outre que, historiquement, où les droits et les opportunités sont péenne » du Parti conservateur, les- soutien à l’exportation, comme ils les liens économiques ont toujours compensés par les responsabilités » –, quelles mènent à la ont déjà tenté de le faire, sans suc- été forts entre la « capitale spiri- face à celles de certains de ses par- « marginalisation », a rappelé Tony cès, à l’égard de plusieurs pays, dont tuelle » de la Flandre et la Grande- tenaires européens qui accordent à Blair : « Le résultat n’a pas été que la France. En revenant sur certaines Bretagne, celle-ci se situe à quel- l’Etat un rôle prépondérant de pro- l’Europe a cessé d’avancer, mais que dispositions fiscales françaises qui ques dizaines de kilomètres de tection des sans-travail. la Grande-Bretagne a cessé d’in- concèdent aux entreprises un report Bruges, ville chère au cœur des eu- fluencer la forme et la direction de ce d’impôt sur les bénéfices de leurs fi- rosceptiques britanniques. C’est là « UNE GRANDE ERREUR » mouvement. » Par exemple, sur le liales à l’étranger dans leurs pre- que, en 1988, Margaret Thatcher Il s’agissait aussi pour le premier dossier social : il revient à Londres, mières années d’exercice. En saisis- avait dénoncé le « super-Etat euro- ministre travailliste de régler quel- selon M. Blair, de faire valoir ses sant enfin l’OMC sur les péen », dans un discours qui reste ques comptes avec le Parti conser- conceptions sur la « modernisation subventions européennes au emblématique pour les tories. Le vateur et une large partie de la du modèle social européen ». constructeur Airbus, d’autant que le premier ministre britannique a vou- presse britannique, alliés dans un Faisant vibrer la corde sensible de projet de lancement de l’A3 XX est lu que Gand en soit la réplique pro- euroscepticisme qui ne cesse de la « relation particulière » que directement concurrent du B 747. européenne, et ce quelques jours faire des progrès outre-Manche. Londres entend maintenir avec La période électorale aux Etats- après le lancement de la campagne « Je crois que l’hésitation de la Washington, M. Blair a souligné que Unis n’est pas propice à l’apaise- « Britain in Europe », sponsorisée Grande-Bretagne à l’égard de l’Eu- la perte d’influence de la Grande- ment. Les relations commerciales par Downing Street, dont l’ambi- rope a été une des plus grandes er- Bretagne en Europe ne l’a pas aidé entre les deux rives de l’Atlantique tion est de préparer les esprits à la reurs de jugement de mon pays au dans son dialogue transatlantique : risquent d’être d’autant plus ten- perspective – encore très incertaine cours de l’après-guerre », a souligné « L’Amérique veut que la Grande- dues que les exportations améri- – d’une entrée de la Grande-Bre- M. Blair en énumérant les grandes Bretagne soit un allié fort dans une caines ont besoin d’être gonflées au tagne dans la zone euro. dates de la construction euro- Europe forte. Plus forts nous serons en regard du déficit commercial record, Avec son homologue belge Guy péenne manquées par Londres, et Europe, plus forte sera notre relation qui a atteint 271,3 milliards de dol- Verhofstadt, Tony Blair a rendu pu- en rappelant combien la santé avec les Américains. » lars en 1999. blique une initiative commune des- économique du Royaume-Uni est tinée à préparer le sommet euro- dépendante de ses liens avec l’Eu- Laurent Zecchini Babette Stern LeMonde Job: WMQ2502--0004-0 WAS LMQ2502-4 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0437 Lcp: 700 CMYK

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La France se dit prête à déployer L’Egypte semble avoir de nouvelles troupes dans le nord du Kosovo pris la mesure Jusqu’à 700 hommes pourraient renforcer les effectifs de la KFOR à Mitrovica de son « problème copte » En visite aux Etats-Unis, le ministre français de qu’à 700 soldats supplémentaires au Kosovo, la communauté serbe a rejeté mercredi un plan la défense, Alain Richard, a indiqué mercredi pour faire face à la tension accrue qui règne présenté par les Nations unies visant à remédier 23 février que Paris était disposé à envoyer jus- dans la région de Mitrovica. Un représentant de à la division ethnique de la ville. Jean Paul II débute sa visite LA FRANCE est disposée à dé- teur américain pour le moment », a train d’infiltrer des agents au Kosovo Serbes sont majoritaires. Il prévoit LE CAIRE sont des hommes d’affaires coptes ployer un bataillon supplémentaire indiqué pour sa part William Co- afin de miner les accords militaires et aussi la création d’un couloir de sé- de notre correspondant qui ont vivement critiqué divers à Mitrovica (Kosovska Mitrovica hen. la résolution du Conseil de sécurité. curité allant du Nord au Sud, à tra- La visite du pape Jean Paul II en exemples de discrimination (sec- pour les Serbes) dans le nord du A Bruxelles, un responsable mili- Ce qui se passe nous préoccupe vers une zone que les Serbes inter- Egypte intervient à un moment où tions de facultés où les chrétiens Kosovo, où règne une vive tension taire de l’OTAN a déclaré que les beaucoup, ici à l’ONU, et certaine- disent aux hommes albanais. la situation des chrétiens d’Egypte ne sont pas admis, difficulté à ob- entre communautés albanaise et forces présentes au Kosovo étaient ment à l’OTAN », a-t-il ajouté. « Nous devons aller de l’avant pour semble être en pleine mutation. tenir des promotions à des postes- serbe, a indiqué mercredi 23 février insuffisantes et que l’Alliance atlan- Dans un communiqué diffusé trouver une nouvelle forme de coexis- Pour la première fois depuis une clés dans l’administration et le sec- le ministre français de la défense, tique avait donné son feu vert à mercredi, la présidence portugaise tence », a déclaré l’administrateur trentaine d’années, gouvernement teur public). Même le Parti natio- Alain Richard. une demande de renforts. de l’Union européenne a mis en de l’ONU à Mitrovica, Mario Mor- et intellectuels se penchent sur la nal démocrate (PND), dont le chef Ce bataillon supplémentaire, de garde contre une escalade au Koso- cone, en dévoilant ce plan qui inter- question copte même s’ils excluent est le président Hosni Moubarak, 600 hommes, fait partie d’une « ré- BELGRADE ACCUSÉE vo. « Les efforts politiques, militaires dit en outre toute manifestation toujours l’existence d’un « pro- n’a pas été épargné pour avoir serve stratégique » des troupes de la L’ambassadeur américain à et financiers entrepris par la commu- dans les deux parties de la ville. blème de minorités chrétiennes ». omis d’inscrire un seul chrétien sur KFOR et « nous sommes ouverts » à l’ONU, Richard Holbrooke, a de nauté internationale pour la stabili- Le représentant de la commu- Il aura en fait fallu la pire tuerie de ses listes de candidats lors des la possibilité de le déployer entière- nouveau accusé le pouvoir de Bel- sation du Kosovo exigent de la part nauté serbe de Mitrovica, Oliver coptes (20 tués dans le village d’El élections législatives de 1995, alors ment à Mitrovica, a précisé le mi- grade d’être à l’origine des inci- de tous les citoyens kosovars une coo- Ivanovic, a dénoncé le projet de re- Kocheh, en Haute-Egypte, le 2 jan- qu’il n’était absolument pas mena- nistre lors d’une conférence de dents qui ont éclaté depuis trois se- pération active en vue de la réconci- logements d’habitants, affirmant vier) depuis deux siècles pour dé- cé par l’opposition. presse au Pentagone, en compagnie maines au Kosovo. « Ce qui se passe liation », dit ce texte. que si la KFOR n’abandonnait pas clencher cette réaction. Pour les Alors que plus de 96 % des dépu- du secrétaire américain à la dé- à Mitrovica est tout à fait clair : Mi- Les Nations unies ont dévoilé le ces plans, la tension dans la ville catholiques d’Egypte (250 000), la tés de l’actuel Parlement sont fense, William Cohen. La France losevic et d’autres dirigeants serbes même jour un plan pour mettre un « culminerait dans dix à quinze visite du pape pourrait avoir servi membres du PND, six députés dispose actuellement de tentent de provoquer la partition du terme à la division ethnique à Mi- jours ». Mercredi, la KFOR poursui- de catalyseur. La prochaine visite coptes siègent dans l’hémicycle, 4 700 hommes au Kosovo. «Nous Kosovo au pont de Mitrovica », a dé- trovica. Le projet vise à faire rentrer vait ses perquisitions à la recherche du président Moubarak aux Etats- mais ils font partie du quota de dix n’envisageons pas un renforcement claré M. Holbrooke, mercredi, de- chez elles les familles albanaises d’armes dans Mitrovica. – (AFP, Unis – qui fournissent 2,1 milliards parlementaires nommés par le des troupes américaines dans le sec- vant des journalistes. « Ils sont en dans la partie nord de la ville, où les Reuters, AP.) de dollars d’aide à l’Egypte et où chef de l’Etat. Cette situation ne les coptes disposent d’un puissant devrait pas se répéter lors des élec- lobby – doit elle aussi avoir contri- tions législatives de cette année. bué à ce revirement. En effet, le PND a décidé d’inscrire Au Burundi, 800 000 Hutus ont été déportés et regroupés par l’armée L’annonce officielle d’une mani- des personnalités coptes sur ses festation de la « secte évangé- listes et est même en pourparlers KABEZI promis que nous irions aux champs lique » par le centre de presse dé- avec les milieux d’affaires chré- de notre envoyé spécial 350 000 personnes regroupées à Bujumbura-Rural deux fois par semaine mais, souvent, pendant du ministère de tiens. Ces derniers représentent Du bord du lac Tanganyika, à BURUNDI ils nous l’interdisent. » l’information est un signe frappant aujourd’hui la crème de la commu- perte de vue dans les collines as- Bujumbura, sous la pression in- du changement d’attitude du gou- nauté copte du fait de leur puis- Lac RWANDA La zone de regroupement sombries par l’orage, le paysage se de la population ternationale, a officiellement an- vernement. Les évangélistes sance économique qui, pour cer- Kivu résume à ces huttes mal dressées, KIGALI de Bujumbura-Rural noncé la fin des camps. L’armée a d’Egypte, qui sont tout au plus taines familles comme les Sawirès, comprend 54 camps. ces paysans apeurés et ces enfants i autorisé un premier démantèle- quelques dizaines de milliers, est considérable. z i s ment à Maramvya. Dix autres n’avaient jamais eu cette faveur.

u R RÉP. DÉM. RÉP.

REPORTAGE DU CONGO camps doivent être fermés d’ici à Celle-ci ne découle pas d’une im- Maramvya NEUF RECOMMANDATIONS « Les gens n’ont plus fin mars. « Le regroupement de la portance soudainement acquise, Les intellectuels sont aussi arri- population, c’est indéniable, a réduit mais du simple fait qu’ils sont vés à la rescousse. Eux qui évi- BUJUMBURA d’espérance... le nombre des attaques autour de la chrétiens. Le même centre de taient d’être associés à l’écrivain Mugongo capitale, pense le ministre de la dé- presse vient de faire la promotion musulman anti-islamiste assassiné Ils meurent comme BURUNDI Buhonga les poissons dans le lac » fense, le colonel Cyrille Ndayiru- d’une exposition de photos dans le Farag Foda à cause de ses sympa- BUJUMBURA Kabezi kiye. Et la population préfère vivre Palais de la culture de Sohag, à thies ouvertes à l’égard des coptes, dans un “site de protection” plutôt 450 kilomètres au sud du Caire, ont brusquement pris leur courage Lac Mukike en haillons. Et à ces soldats, vigi- Tanganyika Gisozi que de courir sous le feu croisé des dont on n’aurait jamais dû en- à deux mains et viennent de signer lants, postés à chaque carrefour de Lac assaillants et des forces de l’ordre. » tendre parler, d’autant plus que un appel réclamant « la solution Tanganyika pistes. Kabezi est le principal camp l’artiste, Magdi Hanna, est un édi- des problèmes confessionnels ». Le TANZANIE Magara 10 km de la province de Bujumbura-ru- DU CONGO DÉM. RÉP. « DÉCISION IMBÉCILE » torialiste du journal d’opposition communiqué lancé par l’associa- ral : un « site de protection de la po- 50 km Le calme est effectivement un libérale Al Wafd. Mais voilà : tion « Al Nidaa al gadid » (« Le pulation », pour le pouvoir ; un peu revenu autour de Bujumbura, M. Hanna est copte, son exposi- nouvel appel ») rappelle que, de- Source : ONU « camp de concentration », pour la ce qui, pour un expert militaire oc- tion « est la preuve de la cohésion puis 1972, il y a eu une quarantaine rébellion. burundais, Nelson Mandela, pour cache. Le pillage, le racket, le cidental, ne signifie rien. « La créa- des deux éléments de la nation et de d’incidents antichrétiens et quel- En six mois, l’armée burundaise, que les conditions de vie dans les meurtre parfois, sont institution- tion de ces camps est une décision la lutte commune qui les a rassem- que 150 tués. composée de soldats tutsis, a forcé camps soient jugées « inhumaines nalisés. Les victimes d’assassinats militaire imbécile, juge-t-il. Les re- blés tout au long de l’histoire », et la Le document propose neuf re- 800 000 paysans hutus, dont et illégales » par le secrétaire géné- sont répertoriées comme ayant belles ont été temporairement désta- ville de Sohag est la capitale de la commandations pour empêcher la 350 000 autour de la capitale, Bu- ral de l’ONU, Kofi Annan. Les or- succombé à un accident ou à une bilisés, mais ils ont ensuite investi les province où se situe le village d’El répétition d’incidents comme celui jumbura, à rejoindre ces camps ganisations humanitaires qui, maladie, ce que les médecins camps. Des officiers burundais re- Kocheh. d’El Kocheh et « extirper le mal à la destinés à couper les rebelles hutus comme Médecins sans frontières étrangers appellent la « chute-de- connaissent qu’avant ils avaient des racine ». Parmi les recommanda- de leurs relais villageois. (MSF), tentaient d’alerter les pays vélo-par-balle » ou le « choléra- indicateurs partout, et qu’au- DISCRIMINATION tions figurent également l’unifica- L’armée a entrepris de regrouper occidentaux l’an dernier n’étaient par-balle ». jourd’hui, lorsqu’ils partent en opé- Pour la première fois depuis la tion de la réglementation régissant la population de Bujumbura-rural pas entendues. Les camps sont en outre des rations dans la campagne, ils vont création de la télévision d’Etat en la construction des églises « avec en septembre 1999, après une re- A Kabezi, 36 000 Hutus tentent foyers de malnutrition et de mala- vers l’inconnu, sans relais, sans 1962, deux programmes de débats celle des mosquées », mais aussi la crudescence des attaques. Une de survivre. Après leur arrivée sur dies. A Kabezi, « le taux de malnu- source de renseignement. » sur la question copte ont été diffu- nécessité de « l’impartialité des ser- campagne similaire avait eu lieu en la colline cernée par l’armée, ils ont trition est de 30 %, un record absolu Quoi que prétende le pouvoir, sés la semaine dernière, aux vices de sécurité » lors d’éventuels 1997-1998. Le scénario n’a guère dormi sur le sol, affronté le soleil et pour un camp qui n’est pas le résul- les 350 000 « prisonniers » de Bu- heures de grande écoute. On vu incidents interconfessionnels ainsi varié. Les soldats arrivent dans les la pluie. Puis ils ont construit des tat d’une famine ou de combats jumbura-rural attendent avec im- une intellectuelle copte descendre que celle de l’administration lors villages et ordonnent aux paysans huttes en bambou et feuilles de ba- acharnés », selon un humanitaire. patience de rentrer chez eux. Cer- en flammes la loi « hamayoni » qui des promotions et des nomina- de se déplacer vers une colline nanier. Ils dorment à cinq ou dix Et, chaque jour, on dénombre des tains craignent un retour à la régit depuis un siècle et demi la tions. Les intellectuels réclament choisie pour sa proximité avec des par hutte, les enfants entassés les victimes de malaria, de dysenterie, situation antérieure, lorsqu’ils su- construction et la réfection des aussi « l’insertion dans les pro- positions militaires sûres. Ceux qui uns contre les autres dans la boue de choléra. bissaient les combats entre soldats églises en Egypte. « Une loi d’un grammes scolaires de matières inci- refusent de quitter leur village, ou et la poussière. et rebelles, lorsque leurs villages autre âge » qui exige, contraire- tant à la fraternité et à la tolérance qui résistent un peu trop, le temps Des exactions sont perpétrées FEMMES TRAUMATISÉES étaient pillés par chaque faction. ment aux mosquées, l’obtention religieuse » et demandent que d’emballer leurs biens, sont exé- chaque jour. Le soir du Nouvel An, Au centre thérapeutique de l’or- Mais la vie dans les camps est pire d’un tel nombre d’autorisations « l’apport culturel de la communau- cutés. Cinquante-quatre camps ont l’armée a tué quarante-trois per- ganisation humanitaire italienne que la vie dans les villages. «Les qu’il ne faut pas moins d’un décret té copte soit mis en évidence ». été constitués à Bujumbura-rural. sonnes à Kabezi, sans raison, jus- Groupe de volontariat civil, à Bu- camps, c’est vraiment inhumain, présidentiel pour surmonter l’obs- La visite du pape accélérera Trois cent cinquante camps, à la qu’à un enfant de quatre ans. Un jumbura, les cas les plus drama- murmure Jean. Les combats et les tacle. Une évidence pour les chré- peut-être le processus. En re- tiques sont traités. Sauf s’il s’agit pillages sporadiques, nous y sommes tiens, mais une découverte pour la vanche, pour les coptes, il semble d’hommes, dont l’armée refuse habitués. » Lui aussi veut bricoler plupart des spectateurs musul- bien que ce soit par la souffrance Nelson Mandela espère une « percée » à Arusha qu’ils soient amenés dans la capi- sa maison pillée, cultiver son mans. Conclusion de l’interve- qu’arrive la victoire. Les 20 vic- tale. Une cabane isole les per- champ, nourrir sa famille. Il veut, nante : l’égalité exige que le même times d’El Kocheh ont d’ailleurs Le médiateur du processus de paix au Burundi, Nelson Mandela, a de- sonnes atteintes par le choléra et malgré la guerre, « un peu de liber- règlement soit appliqué pour la déjà été décrétées « martyrs » par mandé avec insistance, mardi 22 février à Arusha (Tanzanie), aux négocia- par le sida. Les autres bâtiments té ». construction des mosquées l’Eglise de saint Marc. teurs burundais de parvenir à une « percée » significative au cours de la accueillent des centaines de comme des églises. nouvelle session des pourparlers qui s’est ouverte lundi pour deux se- femmes et d’enfants. Des nourris- Rémy Ourdan Dans une seconde émission, ce Alexandre Buccianti maines. Au cours d’une vidéoconférence, le président américain, Bill Clin- sons à la peau fripée comme des ton, lui a prodigué ses encouragements en assurant qu’il espérait que le vieillards, des bébés aux yeux ex- processus de paix burundais pourra constituer « un exemple brillant en horbités, appareillés de sondes nu- Afrique mais aussi partout dans le monde » de la manière de résoudre les tritives dans le nez. Des femmes Les médias sud-africains accusés de racisme conflits. traumatisées, aussi, qui ne peuvent Pierre Buyoya, chef de l’Etat burundais, a par ailleurs invité les rebelles plus ou ne souhaitent plus allaiter JOHANNESBURG Arabes et antisémites publiés par Die Afrikaner, hutus à négocier directement avec son régime la fin du conflit. «Nous leurs bébés. Une femme a perdu correspondance aujourd’hui disparu. Cependant, dans la plupart sommes prêts à parler avec tous et à écouter tous ceux qui ont des revendications quatre enfants dans la guerre : elle L’enquête sur le racisme dans la presse tourne à des articles mis en cause, il est plus souvent ques- à faire valoir », a-t-il dit. Les groupes rebelles ne sont pas représentés à Arus- refuse de nourrir le dernier-né. Au l’affrontement entre la Commission des droits de tion du débat politique sud-africain, certes vi- ha, après que leurs chefs eurent décliné l’invitation du médiateur. – (AFP.) Burundi, les aides médicales, ali- l’homme (HRC) et le collectif des rédacteurs en rulent, que de racisme. mentaires et agricoles sont déjà in- chefs de la presse sud-africaine. Les invectives La majorité des organes de presse sont dirigés suffisantes, alors personne pleuvent – « méthodes maccarthystes », « atteinte à par des Blancs et, pour la HRC, l’information qu’ils fois de déplacés « volontaires » et matin, en octobre, sur la route qui n’évoque l’aide psychologique né- la liberté de la presse » –, et la Commission est qua- diffusent est tronquée. Sur une affaire de corrup- de déplacés « forcés » – le terme mène de Kabezi à Bujumbura, les cessaire aux victimes de la guerre. lifiée par des journaux de « police de la pensée ». tion mettant en cause un Blanc et un Noir, par de « volontaire » désignant celui soldats ont enlevé vingt-six Des mères rejettent aussi l’enfant Trente rédacteurs en chef, convoqués lundi exemple, le Noir apparaît en couverture du qui fuit la guerre sans avoir un fusil hommes ayant le droit d’aller tra- né d’un viol. 21 février pour se justifier de propos racistes pu- Mail & Guardian alors que la culpabilité du Blanc dans le dos – ont été recensés dans vailler dans la capitale. Ils les ont Partout, dans les cinquante- bliés dans leurs journaux, ont décidé de refuser de est à peine évoquée. Pour la HRC, un journal le pays. menés sur une colline, les ont ligo- quatre camps de Bujumbura-rural, se rendre aux convocations. Le bras de fer avec la comme le Mail & Guardian, qui a pourtant joué un tés, alignés, et fusillés. Ils leur ont c’est la misère et parfois la mort Commission des droits de l’homme continue. rôle important dans la contestation de l’apartheid, PILLAGE, RACKET, MEURTRES ensuite fracassé le crâne à coups qui rôdent. « Les gens n’ont plus En septembre 1998, la HRC avait été saisie à pro- présente les Noirs comme étant incompétents, La vie sur la colline-camp est un de marteau. L’épisode serait resté d’espérance », raconte E., du camp pos d’articles jugés racistes du Sunday Times et du corrompus et arrivistes. cauchemar. Elle a peu ému la inconnu, ou aurait été attribué aux de Ruyaga. « Pour les soldats, si tu Mail & Guardian, deux hebdomadaires libéraux. Six ans après les premières élections démocra- communauté internationale, habi- « rebelles terroristes génocidaires » es un Hutu, tu es un rebelle. Ils sont Une enquête sur le racisme dans la presse avait été tiques, le passage de la « méthode Mandela » à tuée à des images plus specta- hutus, selon la formule en vigueur méchants. Les gens meurent comme lancée. En octobre 1999, un rapport de 250 pages l’attitude de la Commission des droits de l’homme culaires d’Afrique : famines, épidé- dans les médias officiels de Bujum- les poissons dans le lac. » E. vit avec était rendu public et relevait des centaines d’ar- est une rupture brutale. Helen Suzman, une mies de choléra, camps de réfugiés bura, si un homme n’avait mira- sa femme et six enfants dans une ticles jugés racistes. Quarante directeurs de jour- proche de Nelson Mandela, a d’ailleurs démission- à taux records de mortalité. Il a fal- culeusement survécu à ce carnage : hutte. « Y’a la misère, c’est sûr, ré- naux ont été priés de s’expliquer sur ces écrits né de la HRC. Pour City Press, un hebdomadaire lu que des sonnettes d’alarme aucune balle ne l’a atteint et les sume-t-il. J’avais trente poules et avant le mois de mars. Leur refus de se présenter « noir », « l’idée même d’une enquête sur le racisme soient tirées en janvier, au cours du coups de marteau l’ont défiguré cinq chèvres. Les soldats les ont vo- peut leur faire encourir une peine de trois mois de dans la presse est significatif de la crise de représen- Mois de l’Afrique aux Nations sans le tuer. Il a confié son récit à lées. J’ai seulement eu le droit d’em- prison. tativité ». unies, et après les premiers dis- une association de défense des mener mes outils pour cultiver le Le rapport relève quelques cas indiscutables de cours du médiateur dans le conflit droits de l’homme, et depuis il se champ. Les soldats nous avaient racisme, notamment des articles anti-Noirs, anti- Anne Dissez LeMonde Job: WMQ2502--0005-0 WAS LMQ2502-5 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0438 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 5 Journée de deuil en Espagne M. Jospin réaffirme la disposition de Paris après l’attentat de l’ETA MADRID. Des foules nombreuses, rassemblées devant les mairies de la plupart des grandes villes d’Espagne, ont observé plusieurs minutes de si- à garantir un accord entre Israël et ses voisins lence, mercredi 23 février, à la mémoire du secrétaire général des socia- listes d’Alava, Fernando Buesa Blanco, assassiné, la veille à Vitoria, au Pays basque, par l’explosion d’une voiture piégée qui a tué, également, La France sera, « dans la paix, un partenaire de confiance pour Israël », déclare le premier ministre son garde du corps, le policier basque, Jorge Diez Elorza. Une manifesta- tion particulièrement émouvante et retransmise par les télévisions, dans Le premier ministre français, Lionel Jospin, a été tretien qui n’était pas inscrit au programme offi- jeudi matin, M. Jospin s’est rendu au mémorial tout le pays, s’est déroulée, le soir à la cathédrale de Vitoria, pour les fu- reçu par son homologue Ehoud Barak, mercredi ciel de sa visite en Israël et qui a porté sur le pro- de Yad Vashem, consacré aux victimes des per- nérailles, où des milliers de personnes ont attendu sous la pluie pour sa- soir 23 février à Jérusalem, pour un premier en- cessus de paix. Avant une nouvelle rencontre, sécutions nazies. (Lire aussi page 16.) luer le cercueil. Oubliant la proximité des élections du 12 mars, toute la classe politique s’y JÉRUSALEM Avec ou sans accord avec le gouver- gence. Alors qu’il y a encore quel- cher les soldats de Tsahal ou les po- est retrouvée, unie dans une même condamnation du terrorisme, autour de notre correspondant nement libanais, a-t-il par ailleurs ques semaines la paix avec Damas pulations civiles du nord d’Israël. du chef du gouvernement, José Maria Aznar et du candidat socialiste, Quelques heures à peine après assuré, l’armée israélienne se retire- semblait à portée de main, tout Ces menaces, et encore plus le ton Joaquin Almunia. Pour sa part, le Parlement basque a approuvé une dé- son arrivée en Israël, et douze ra du Liban-sud au plus tard en juil- s’est subitement bloqué, provo- du ministre ont fait scandale dans claration institutionnelle stigmatisant « cet attentat qui a porté atteinte à la heures avant une première ren- let. quant un regain de tension au Li- tout le monde politique israélien. liberté de tous les Basques. ». – (Corresp.) contre, celle-là officielle et publi- Préparée dans la plus grande dis- ban et, au sein du monde politique M. Barak devrait d’ailleurs consa- quement annoncée, Lionel Jospin a crétion, la rencontre s’est tenue à israélien, un sentiment de malaise crer le conseil des ministres de di- rencontré Ehoud Barak pour dis- l’insu des ministres et des hauts qui met à mal la coalition de M. Ba- manche à rassembler ses troupes et Remaniement du gouvernement cuter en tête à tête des dossiers pa- fonctionnaires accompagnant rak. à resserrer un discours dangereuse- lestinien, libanais et syrien. La réu- M. Jospin. Ce dernier qui, mercredi ment hétérogène sur la question de nion, qui a duré plus d’une heure, a soir, avait reçu la communauté M. BARAK EN MAUVAISE POSTURE la Syrie et du Liban. danois en mal de popularité eu lieu mercredi 23 février, vers française à l’ambassade de France à Pour la première fois depuis son C’est précisémment sur ce même 22 heures 30, à la résidence privée Tel Aviv, puis y avait dîné en élection triomphale, ce dernier pa- sujet que Paris pourrait lui apppor- STOCKHOLM. Le premier ministre social-démocrate danois, Poul Nyrup du premier ministre israélien, à Jé- compagnie d’une suite restreinte, raît en mauvaise posture, attaqué ter quelque soutien et lumières. Rasmussen, a remanié son gouvernement, mercredi 23 février, pour ten- rusalem. Y assistaient, aux côtés de est parti, aussitôt après, pour Jéru- par une partie de l’opinion pu- Mercredi, au cours de son allo- ter de rehausser sa popularité. Le « poil à gratter » de la classe politique MM. Jospin et Barak, Jean-Maurice salem, où il a discrètement rejoint blique, qui demande un retrait im- cution devant les Français d’Israël, danoise, la populaire Ritt Bjerregaard, a été rappelée aux affaires. L’ex- Ripert, conseiller diplomatique du M. Barak. Prétextant une fatigue médiat du Liban, discrètement criti- M. Jospin a ainsi réaffirmé que la commissaire européenne en charge de l’environnement, qui avait écrit un premier ministre français, ainsi passagère, ce dernier avait pour sa qué par une partie de la haute France « est disposée à garantir, y livre controversé sur ses années à Bruxelles, prend le portefeuille, de plus qu’un conseiller du premier mi- part rapidement quitté un grand hiérarchie militaire, qui pousse à compris par des forces sur le terrain, en plus sensible, de l’alimentation et de l’agriculture. Cette productrice de nistre israélien. Ce dernier rempla- hôtel de Jérusalem, où il assistait à des actions de représailles plus vio- un futur accord de paix entre Israël et pommes biologiques devrait aussi jouer un rôle actif dans la campagne çait Dany Yatom, proche collabora- une rencontre annuelle d’anciens lentes contre le Hezbollah, ou en- ses voisins », ajoutant que la France en faveur de l’adoption de l’euro, qui fera l’objet d’un référendum, en teur de M. Barak et ancien chef du combattants. core pris à contre-pied par la suren- sera « dans la paix, un partenaire de principe d’ici à septembre 2001. Le ministre de l’intérieur, Thorkild Simon- Mossad, inopinément parti quel- Les deux hommes, qui s’appré- chère de certains de ses ministres. confiance pour Israël ». Autant de sen, à l’origine du durcissement de la politique d’immigration danoise, ques heures plus tôt pour une mis- cient et se sont déjà rencontrés à Alors que M. Barak tente manifes- petites phrases qui paraissent indi- part à la retraite à soixante-treize ans. sion urgente à l’étranger. plusieurs reprises, désiraient se voir tement de calmer le jeu, le ministre quer que Paris est devenu, à côté de Au total, six portefeuilles sociaux-démocrates ont changé de mains et le L’entretien a été qualifié de « très pour échanger tranquillement quel- des affaires étrangères, David Lévy, Washington, l’un des acteurs privi- nouveau gouvernement compte neuf ministres femmes sur vingt. En dé- chaleureux » par la partie française. ques idées et informations sur le s’est ainsi laissé aller, mercredi, à la légiés dans les tentatives de règle- pit d’un bilan économique flatteur et d’un taux de chômage réduit, M. Barak a réaffirmé sa détermina- processus de paix israélo-palesti- Knesset, à une violente diatribe ment du conflit qui oppose l’Etat M. Nyrup, au pouvoir depuis 1993, est contesté dans le pays, y compris tion à parvenir à un accord avec les nien et, surtout, sur le Liban et la contre le Hezbollah, menaçant le juif à son voisin syrien. dans son parti. Dans le dernier sondage en date, le parti social-démocrate Palestiniens, dont il attend, a-t-il Syrie. Pour les Israéliens, le dossier Liban de sanglantes représailles, si est crédité de 22 % des voix, contre 35,9 % aux législatives de 1998. – (Cor- dit, qu’ils clarifient leur position. est en effet de la plus grande ur- de nouvelles attaques devaient tou- Georges Marion resp.) Turquie : trois maires kurdes devant la Cour de sûreté de l’Etat INSTANBUL. Trois maires kurdes, Feridun elik de Diyarbakir, Selim Ozalp de Siirt et Feyzullah Karaaslan de Bingöl, arrêtés à la fin de la semaine dernière, ont comparu, mercredi 23 février, devant la Cour de sûreté de l’Etat de Diyarbakir. Après un interrogatoire qui a duré plus de sept heures, la Cour a officiellement écroué les trois élus, membres du parti pro-kurde Hadep. Accusés d’avoir des liens avec le Parti des travail- leurs kurdes (PKK), les trois hommes encourent des peines allant de quatre ans et demi à six ans et demi d’emprisonnement. Ces arrestations ont causé de fortes réactions dans le Sud-est anatolien où plusieurs cen- taines de manifestants ont été détenus, mardi, à l’issue d’affrontements avec les forces de sécurité à Diyarbakir. De leur côté, le Parlement européen et le Conseil de l’Europe ont deman- dé la libération des trois dirigeants locaux. Le Conseil de l’Europe a déplo- ré que les autorités turques, « dans le contexte politique actuel, aient empri- sonné des dirigeants élus plutôt que de chercher le dialogue. » – (Corresp.)

DÉPÊCHES a UKRAINE : les députés ukrainiens ont aboli la peine de mort, en conformité avec les exigences du Conseil de l’Europe, a indiqué, mardi 22 février, le centre de presse du Parlement de Kiev. Sur 269 députés pré- sents, 229 ont voté en faveur du texte et 15 contre. La peine de mort est commuée en emprisonnement à perpétuité. –(AFP.) a CUBA : trois dissidents, dont Oscar Elias Biscet, président de la Fon- dation Lawton des droits de l’homme, doivent comparaître, vendredi 25 février, devant un tribunal de La Havane, on indiqué, mercredi, des sources proches de la dissidence. Oscar Biscet, un médecin, a été arrêté le 3 novembre 1999 et risque sept ans de prison pour « outrage aux symboles de la patrie », « désordre public » et « incitation à la délinquance ». Les deux autres opposants, Fermin Scull Zulueta et Eduardo Diaz Fleitas, ar- rêtés le 10 novembre, risquent respectivement des peines de quatre ans et un an de prison. – (AFP.) a ÉTHIOPIE-ÉRYTHRÉE : l’armée d’Addis-Abeba a attaqué, mercredi 23 février à l’aube, sur le front Est de Burie, mettant fin à une trêve de plus de huit mois entre les deux pays, a annoncé le porte-parole de la pré- sidence érythréenne, Yemane Ghebremeskel. – (AFP.) a SIERRA LEONE : le Parlement a voté, mardi 22 février, une loi instau- rant une « commission Vérité et Réconciliation » chargée de se pencher sur les atrocités commises pendant la guerre (1991-1999). La commission comprendra sept membres, dont trois experts étrangers. La création de cette commission était prévue par l’accord de paix signé le 7 juillet à Lo- mé par le président, Ahmad Tejan Kabbah, et le chef rebelle du Front ré- volutionnaire uni, Foday Sankoh. Elle ne pourra pas recommander de poursuites judiciaires, l’accord de paix prévoyant une amnistie générale pour les « crimes de guerre ». –(AFP.) a YÉMEN : Reporters sans frontières (RSF) a protesté, mercredi 23 fé- vrier, contre la décision d’un tribunal yéménite de radier à vie un journa- liste, Jamel Amer, et demandé, dans une lettre adressée au président Ali Abdallah Saleh, de « tout mettre en œuvre pour annuler cette condamna- tion ». RSF considère cette « sentence comme totalement disproportionnée par rapport au délit reproché au journaliste ». Un tribunal de Sanaa a radié à vie Jamel Amer pour avoir publié un article jugé préjudiciable aux rela- tions saoudo-yéménites. – (AFP.) a LIBAN : dans une démarche exceptionnelle, la Ligue arabe a déci- dé, mercredi 23 février, de déplacer son conseil ministériel, qui aura lieu les 11 et 12 mars, du Caire à Beyrouth, pour manifester son soutien au Li- ban face « à l’agression israélienne ». – (AFP.) Le TPI pourrait organiser des procès en ex-Yougoslavie et au Rwanda ARUSHA. La procureur des Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex- Yougoslavie (TPIY) et le Rwanda (TPIR), Carla Del Ponte, a annoncé, mer- credi 23 février, son intention de proposer l’organisation de certains pro- cès directement dans les pays où les crimes ont été commis. « Il serait sou- haitable que le TPIR puisse tenir des procès à Kigali », a déclaré la magistrate suisse au cours d’une conférence de presse à Arusha (Tan- zanie), où siège le TPIR. « La question est aussi posée pour tenir des au- diences en ex-Yougoslavie », a-t-elle ajouté. « J’espère que l’on pourra, à l’avenir, mener des procès sur les territoires où les crimes ont été commis, ce ne serait que justice de se rapprocher des victimes et des témoins », a expli- qué Mme Del Ponte. La décision d’organiser des procès en ex-Yougoslavie et au Rwanda devra être prise par les juges des TPI, qui seront prochaine- ment consultés. –(AFP.) LeMonde Job: WMQ2502--0006-0 WAS LMQ2502-6 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0439 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000

ÉLECTIONS La bataille munici- d’entre eux que les personnalités (RPR). b JACK LANG a annoncé, jeu- nistre, maire de Blois, explique au ans. Un résumé de ce document va pale de mars 2001, à Paris, se livrera « nationales » qui envisagent de se di 24 février, sa candidature, au sein Monde les raisons de sa démarche. être distribué à tous les Parisiens, essentiellement dans trois arrondis- présenter à Paris pourraient se por- du PS, face à celle de Bertrand Dela- b JEAN TIBERI a rendu public, jeudi, tandis que l’Elysée envisage de plus sements sur les vingt que compte la ter candidates : le 12e pour Jack Lang noë, président du groupe socialiste le bilan qu’il dresse de son action en plus la candidature de M. Séguin capitale. C’est d’ailleurs dans deux (PS), le 14e pour Philippe Séguin du Conseil de Paris. L’ancien mi- comme maire de Paris depuis cinq contre le maire sortant. Les données de la « bataille de Paris » se précisent des deux côtés Jack Lang se porte candidat contre Bertrand Delanoë, au PS, pour entreprendre la conquête de l’Hôtel de Ville. Jean Tiberi brigue sa propre succession et distribue aux Parisiens sa vision de son bilan. L’Elysée se résigne à voir arriver à Paris Philippe Séguin LA BATAILLE pour les élections communes, selon un mode de sien Pierre Castagnou, chef de file nu par Jean-Pierre Burriez (DL), municipales de mars 2001 devrait scrutin mixte, à la fois majoritaire de l’opposition locale. Les résultats adjoint de M. Tiberi (Le Monde du se jouer pour l’essentiel, à Paris, et proportionnel, mais compliqué, des élections régionales de 1998 et 13 avril 1999). M. de Gaulle, alors dans trois arrondissements : le 12e, comme à Marseille et à Lyon, par européennes de 1999 avaient vu la en difficulté dans les Deux-Sèvres, où pourrait atterrir Jack Lang, qui la division de la ville en arrondis- gauche majoritaire. Lionel As- avait été « parachuté » par Jacques annonce sa candidature au rôle de sements. Il profite aux vainqueurs souad (RPR), maire depuis 1983, Chirac dans le 12e arrondissement chef de file de la gauche (lire ci- dans la mesure où la liste qui ar- pourrait ne pas se représenter. Ni- aux élections législatives de 1993. dessous) ; le 13e, fief de Jacques rive en tête est assurée de conqué- cole Catala, députée et conseillère M. Bechter avait dû s’effacer, ce Toubon (RPR), son maire, et, à rir au moins les trois quarts des de Paris dans l’arrondissement, qui a cristallisé les rancœurs dans gauche, de l’ancien premier secré- sièges de conseillers de chaque ar- proche de M. Séguin, pourrait un quartier où, traditionnellement, taire fédéral du PS, Jean-Marie Le rondissement. La gauche détenant alors laisser la place à ce dernier. gaullistes et centristes rivalisent. Guen ; le 14e, enfin, où Philippe 62 des 163 sièges du Conseil de Pa- Le divorce a été consommé aux Séguin pourrait se « parachuter » ris, et à supposer qu’elle les UN ARGUMENT DE CAMPAGNE élections municipales de 1995, si le RPR le choisit comme candi- conserve, il lui en manque 20 pour Le 12e, sociologiquement très an- quand M. Pernin et M. de Gaulle dat. être majoritaire. Or une victoire cré à droite, apparaît, enfin, se sont disputé la succession du C’est là que sont concentrés les dans les trois arrondissements du comme un arrondissement très père du premier au poste de maire. gros bataillons de conseillers de sud parisien lui assurerait, juste- difficile à gagner pour la gauche. Résultat : le RPR, en 1995, a perdu Paris qui, après le vote des élec- ment, un gain d’au moins 7 sièges M. Lang, qui a désigné comme un siège de conseiller de Paris au teurs, éliront le maire de la capi- dans chacun d’eux. porte-parole de sa campagne Lyne profit du PS, et les scrutins sui- tale. Dix arrondissements, en ef- La bataille est loin d’être gagnée Cohen-Solal (PS), conseillère ré- vants ont confirmé cette avancée. fet, sur vingt, disposent chacun de pour la gauche, qui doit d’abord gionale et adversaire de M. Tiberi Le 15e, fief de M. Balladur, qui plus de dix élus au Conseil de Pa- conserver intégralement les sièges dans le 5e, choisira sans doute le devrait y conduire une liste ris. Dans le 15e, dont Edouard Bal- des six arrondissements, au total, 12e comme point de chute. Il fait comme en 1995, élit 17 conseillers ladur est le député, la gauche a conquis par elle en 1995 (3e, 11e, même de cette difficulté, présen- de Paris. Ancré à droite, il pèse au- tout juste l’espoir de grignoter un 18e, 19e, et 20e). Ce n’est pas joué tée comme une preuve de sa tant que les quatre arrondisse- siège et de passer, ainsi, à 3 élus d’avance. Le 10e, notamment, dont « combativité », un argument fort ments du centre de Paris et le sur... 17. Dans les 16e et 17e, ses le maire, Tony Dreyfus (PS), sou- de la campagne interne à venir. 7e réunis. La gauche n’y dispose perspectives sont quasi nulles. La tient avec ardeur la candidature Dans le 13e, M. Toubon, replié mais que la droite peut aussi Les combats fratricides auxquels que de deux conseillers de Paris, gauche détient déjà, en outre, de M. Lang, donne quelques in- dans sa mairie depuis l’échec de conserver, est un autre objet de se livre la droite locale depuis 1993 Jean-Jacques Danton (PS) et Alain quatre de ces « gros » arrondisse- quiétudes. Le Front national y son « putsch » du printemps 1998 convoitise. En 1998, Daniel Cohn- offrent, toutefois, dans le 12e, une Hubert (PS). Sans véritable im- ments, gagnés en 1995 : les 11e, 18e, avait recueilli plus de 12 % des voix contre Jean Tiberi, devrait être op- Bendit, en prévision de sa cam- opportunité inespérée à la gauche. plantation locale, elle limite pour 19e et 20e. Restent les trois arron- au second tour des élections posé à M. Le Guen, ancien premier pagne pour les élections euro- Une guerre quotidienne oppose le l’instant ses ambitions à gagner, dissements du sud, qui attirent de juin 1995 ; l’érosion de l’ex- secrétaire fédéral du PS parisien, péennes, y avait élu domicile. Un maire, Jean-François Pernin éventuellement, un troisième tous les regards. trême droite et sa division en deux diminué par sa mise en cause mé- an plus tard, c’était au tour de Ber- (UDF), et son premier adjoint, siège. L’élection du Conseil de Paris se partis ennemis pourraient tout à diatique dans l’affaire de la MNEF. nard Kouchner d’y prendre ses Jean-Pierre Bechter (RPR), au dé- fait, comme dans toutes les fait bouleverser la donne. Le 14e, « gagnable » par la gauche, quartiers, au grand dam du fabiu- puté Jean de Gaulle (RPR), soute- C. Ga. L’Elysée, inquiet de la dispersion à droite, Jack Lang, député (PS) de Loir-et-Cher, maire de Blois multiplie les signes à l’égard de Philippe Séguin « Paris a besoin d’un nouvel élan » « Avez-vous pris votre déci- remarquable soirée organisée par À LA GRANDE SATISFACTION M. Séguin en était le maire ! Dans François Bayrou, qu’elle rencontre sion concernant votre candida- la fédération de Paris du PS, nous de plusieurs de ses proches, Phi- ce climat, un autre opposant au très régulièrement au conseil gé- ture à la candidature à la Mairie devons agir à deux échelles : celle lippe Séguin n’est pas encore can- maire, Jacques Toubon, se rappelle néral des Pyrénées-Atlantiques. de Paris ? du Paris-quartiers et celle du Paris- didat, mais il est déjà en cam- au bon souvenir de ses compa- Les deux présidents sont convenus – Ma décision positive est le fruit métropole. Cette ambition réclame pagne. Omniprésent dans les gnons. L’ancien ministre affirme, de « faire un maximum pour d’une maturation et d’une dé- un changement total du mode de médias, au prétexte de promou- dans un entretien publié, jeudi, l’union de l’opposition ». Ce qui marche collectives. Ce sont des mi- gouvernement de la ville, car Paris voir son dernier livre – Plus Fran- par l’hebdomadaire VSD, que son n’exclut pas, pour autant, la pra- litants de toutes origines, venant est à la fois trop petit et trop çais que moi tu meurs (Ed. Albin « expérience de maire » du 13e ar- tique du « bras de fer ». des sections et des arrondisse- grand. Michel-VLB) – consacré aux rela- rondissement de Paris pourrait Très préoccupé par la multipli- ments de Paris, qui m’ont demandé » Il faut changer profondément tions entre la France et le Québec, rendre « légitime une éventuelle cation des candidatures à Lyon et de réfléchir. Pourquoi, alors que je la relation entre le citoyen et le le député des Vosges a effectué, candidature ». Evoquant sa tenta- par la perspective de perdre la suis assuré d’être réélu conforta- pouvoir municipal, réformer la loi mercredi 23 février, une tournée tive de « putsch » de 1998, M Tou- troisième ville de France, M. Bay- blement dans une ville que j’aime PLM et renforcer les mairies d’ar- dans un quartier populaire du bon reconnaît : « Je me suis planté, rou veut reprendre les choses en et que j’ai arrachée à la droite, JACK LANG rondissement. Aujourd’hui, un 9e arrondissement de Paris, sous la oui peut-être, sur le plan personnel, main sur Paris et, pour mieux faire m’élancer vers une nouvelle aven- maire d’arrondissement dispose de conduite d’un de ses plus chauds mais pas sur le fond. » exister l’UDF dans la capitale, il ture ? Pour faire gagner Paris et les trait. Il est direct, physique, vivant. six francs par habitant et par an partisans, le député Pierre Lel- D’une extrême discrétion, mais pousse à la candidature du maire Parisiens. Par tempérament, je suis – Comment allez-vous mener pour réparer un banc, assurer l’ani- louche (RPR). Cinq jours aupara- non pas inactive, la présidente du de Valenciennes, Jean-Louis Bor- attiré par des paris qui ne sont pas votre campagne face à Bertrand mation du quartier ou apporter un vant, il avait pris le soin d’inviter RPR, Michèle Alliot-Marie, s’en loo. L’UDF redoute en effet d’être gagnés d’avance. Ma légitimité pa- Delanoë ? secours d’urgence ! Edouard Balladur dans un restau- tient à son calendrier : elle s’entre- étouffée par les querelles internes risienne est le résultat d’années et – La question première n’est pas » Second grand chantier : re- rant proche des Champs-Elysées. tient avec les principaux élus de au RPR et marginalisée par un d’années d’implantation pro- celle-là, mais plutôt celle-ci : com- construire le Paris-métropole. Le S’étant déclaré « disponible », le Paris, avant de consulter les mili- éventuel duel au sommet entre fonde : j’y ai vécu, milité, travaillé, ment conduire les forces du mou- gouvernement travailliste a créé un 13 février, au « Grand Jury RTL-Le tants parisiens vers la fin du mois M. Séguin et M. Lang. Le 22 fé- étudié, enseigné. Depuis l’âge de vement à la victoire ? Oui ou non Grand Londres de 8 millions d’ha- Monde-LCI », M. Séguin est plus de mars et d’arrêter une décision à vrier, son comité exécutif a arrêté vingt ans, je me suis battu pour la suis-je en mesure de donner à la bitants. Je ne dis pas qu’il faut que jamais attentif aux messages Pâques, soit dans la seconde quin- un calendrier qui fixe la date limite transformation de Paris, contre sa direction de cette ville un nouveau créer un Grand Paris, mais on doit que laisse filtrer l’entourage du zaine d’avril. C’est à ce moment-là du dépôt des candidatures au “bétonnisation”. Ministre de la souffle ? Est-ce que l’expérience de réfléchir à l’idée d’une communau- président de la République. qu’elle souhaite engager des dis- 15 avril et une consultation des mi- culture et de l’éducation nationale, gestion que j’ai acquise à la tête de té de communes en même temps Pour la première fois depuis son cussions avec les autres compo- litants parisiens à la mi-mai, soit j’ai eu la chance de construire, trois ministères et d’une ville qu’à un renforcement des pouvoirs départ du gouvernement, en 1997, santes de l’opposition, l’UDF, Dé- quinze jours après le choix du chef d’aménager, de transformer Paris, comme Blois est un atout ou un de la région Ile-de-France. La mé- un séguiniste indéfectible, Fran- mocratie libérale, voire le RPF. de file de l’UDF à Lyon. de la Défense à Bercy, de la Villette handicap ? Pour moi, la politique, tropole ainsi créée pourrait çois Fillon, a été reçu, mardi 1er fé- Dès mercredi, Mme Alliot-Marie au Quartier latin en passant par la c’est d’abord l’art du réel. J’ai la conduire une politique radicale- vrier, par Jacques Chirac. Mercre- s’est entretenue officiellement Raphaëlle Bacqué Seine et les Tuileries. Mon lien avec passion de l’action concrète. Mon ment nouvelle de la circulation, du di, c’était au tour de l’ancien chef avec son homologue de l’UDF, et Jean-Louis Saux Paris n’est pas théorique ou abs- rêve serait de redonner à Paris la transport, de l’environnement et de cabinet de M. Séguin, Roger première place et surtout de du développement économique. Karoutchi, sénateur des Hauts-de- rendre plus heureux ses habitants – Certains, au PS, estiment Seine, d’être reçu par Dominique par une transformation de leur vie que votre candidature entraîne- de Villepin, secrétaire général de la quotidienne. ra automatiquement celle de présidence de la République. Jean Tiberi assure la publicité de son bilan – Est-ce que vous jugez nor- Philippe Séguin, qu’elle « natio- Convaincu que le maire de Paris, À CHAQUE OCCASION, le rer », ou encore « Rayonner ». Des tutionnelle : affichage, brochures, male une procédure de désigna- nalisera » ce scrutin... Jean Tiberi, sera candidat jusqu’au maire de Paris, Jean Tiberi (RPR), crèches à l’université, du logement sites Internet, Minitel, salons et tion par trois mille militants ? – On me prête brutalement cer- bout, le chef de l’Etat s’inquiète le répète : il dispose d’« un bon bi- à la collecte des ordures et à la foires-expositions. Qui seront les – Je suis respectueux des règles. taines vertus magiques ! Je ne sa- surtout du calendrier des investi- lan ». Candidat à sa propre succes- « politique du chien dans la ville », destinataires du bilan de la manda- Je me réjouis par avance de pou- vais pas que je détenais une telle tures et souhaite que la situation sion aux municipales de mars 2001, de la création des « quartiers tran- ture ? Dix mille « leaders d’opi- voir dialoguer avec l’ensemble des force de séduction... Mais pour- soit clarifiée au plus tôt. s’estimant « injustement attaqué », quilles » aux pistes cyclables et, nion », explique-t-on à l’Hôtel de militants. Ils seront les premiers ar- quoi diable craindre l’éventualité particulièrement dans son propre même, aux « îlots de survie pisci- Ville, tous les parlementaires, tous tisans de notre réussite commune. de telle ou telle candidature ? Per- JACQUES TOUBON DISPONIBLE camp, il réclame d’être jugé sur ses coles » aménagés en six endroits les élus parisiens, mais aussi les – Si vous êtes investi le sonnellement, je ne redoute per- Dans un entretien publié jeudi actes. Pour accréditer un peu plus différents dans la Seine, tout figure responsables associatifs et tous 30 mars, comment comptez- sonne. J’ai confiance dans notre par France-Soir, le secrétaire géné- la combativité du maire et sa vo- au catalogue. ceux des habitants qui la réclame- vous travailler avec M. Dela- capacité de créer une dynamique ral de la Ville de Paris, Bernard lonté farouche de ne point se dé- ront. noë ? de victoire dès le premier tour. Bled, confirme que « Jean Tiberi ne mettre, il fallait donc que ce bilan « UNE POLITIQUE À LONG TERME » Discrète dans le corps du texte, – Investi, mon premier geste sera Quand bien même l’actuel maire s’effacera devant personne » et annoncé fût publié rapidement. La brochure, tirée à 25 000 exem- la photo de M. Tiberi accompagne, de me tourner vers lui pour que maintiendrait sa candidature jus- qu’au besoin « il sera dissident ». M. Tiberi l’a présenté, jeudi 24 fé- plaires, éditée et financée par la di- sur une pleine page, le message qui nous puissions travailler main dans qu’au bout, faire basculer certains Au passage, le fonctionnaire s’en vrier, au cours d’une conférence de rection générale de l’information introduit l’ouvrage. « Je souhaite la main. C’est un homme que je arrondissements réclamera un prend à M. Balladur, qui se tient presse. et de la communication, a coûté rendre compte de cinq années respecte, il a toujours été d’une mouvement puissant. Face à des pourtant sur une extrême réserve. La brochure de 150 pages, sur 1,7 million de francs. Quant au di- d’exercice du mandat que vous grande honnêteté et d’une authen- maires bien implantés, sans dyna- Evoquant la candidature de Jack papier glacé, abondamment illus- gest, qui fait l’objet d’un numéro m’avez confié », écrit le maire, in- tique rigueur intellectuelle et mo- mique puissante, tous les plans Lang, M. Bled affirme : « Quand il trée, est luxueuse. Sur la couver- spécial de Paris le journal, son coût sistant sur l’esprit « de dialogue, de rale. imaginés s’écrouleront comme était conseiller de Paris, il a fait au- ture, où la silhouette du Sacré- est supérieur : 1,9 million de francs. transparence et de confiance » qui – Quelle est votre « stratégie châteaux de cartes. Aux militants tant d’interventions qu’Edouard Cœur se profile derrière l’horloge Ces trois dernières années, le bud- « préside à la vie de la municipali- de changement » ? socialistes de décider si la Balladur, c’est-à-dire aucune. » du Musée d’Orsay, le titre est get de la direction de la communi- té ». « Ce bilan s’inscrit dans une – Il serait injuste de ne pas re- confiance populaire dont je bénéfi- L’ancien premier ministre estime, sobre : « Paris, c’est vous », avec cation de la Mairie de Paris a été de politique à plus long terme pour Pa- connaître certains aspects positifs cie nous donnerait une meilleure lui, que l’entourage de M. Tiberi ces deux millésimes : « 1995- 70 millions de francs par an, chiffre ris et les Parisiens. Cette politique n’a de l’action de Jacques Chirac ou de chance de gagner cette bataille et est prêt à tout pour le défendre. 2000 ». Un million de Parisiens qu’il faut comprendre « hors pro- pas vocation à connaître de césure, Jean Tiberi à Paris. Mais face à notamment de mobiliser les Ce qui n’est pas faux : des collabo- trouveront, cette semaine, dans tocole », précise la direction de la elle doit continuer, et j’entends bien Londres, Berlin ou Rome Paris a jeunes. » rateurs du maire sortant ac- leurs boîtes aux lettres, un digest communication – c’est-à-dire hors la poursuivre », conclut-il au cas où besoin d’un nouvel élan. Nous de- cumulent actuellement des infor- de cette brochure, en treize cha- frais de représentation de la Ville l’on ne l’aurait pas compris. vons à la fois soutenir le Paris qui Propos recueillis par mations portant sur la gestion pitres aux titres courts : « Naître et et du maire – et qui recouvre exclu- bouge et venir au secours du Paris Christine Garin municipale d’Epinal du temps où grandir », « Habiter », « Respi- sivement la communication insti- C. Ga. qui souffre. Comme l’a montré la et Michel Noblecourt LeMonde Job: WMQ2502--0008-0 WAS LMQ2502-8 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0441 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 FRANCE

Divorce : les députés réforment Laurent Fabius contredit Elisabeth Guigou la prestation compensatoire au sujet de la responsabilité pénale des élus L’Assemblée nationale a assoupli la révision Le gouvernement reporte l’examen de la proposition de loi Fauchon du montant des rentes en cas de changement Le gouvernement a décidé, mercredi 23 février, à la de- ponsabilité pénale des décideurs publics, prévu le mande des députés socialistes, de reporter de quel- 29 février. Laurent Fabius, président de l’Assemblée de la situation économique des ex-époux ques jours l’examen de la proposition de loi sur la res- nationale, a critiqué l’imprécision du texte. ATTENTION, débat grand pu- gislateur souhaitait mettre fin aux de l’âge ou de l’état de santé du CE N’EST qu’un épisode dans physiques ne sont responsables pé- Lot-et-Garonne), qui va retravail- blic. Ils étaient tous là, mercredi nombreux conflits pécuniaires, et créancier. Seules les rentes viagères un feuilleton qui en compte déjà nalement qu’en cas de violation ler la proposition de loi avec quel- soir 23 février, dans les tribunes régler la question financière dès la subsistent. Les ex-époux pourront quelques autres, mais il en dit long manifestement délibérée d’une obli- ques députés afin de parvenir à des visiteurs de l’Assemblée natio- séparation. Mais la pratique des toujours prévoir une rente d’une sur la sensibilité des élus à une ré- gation particulière de sécurité et de des définitions « plus précises ». nale : ex-époux tenus de payer une tribunaux s’est éloignée du texte : durée limitée en cas de divorce sur forme destinée à les protéger prudence ». Le texte, de portée gé- Mais la surprise, mêlée d’inquié- « rente à vie » à leur ancienne le versement sous forme de rente demande conjointe. En cas de contre des poursuites pénales nérale, est surtout attendu par les tude, est surtout venue du Palais épouse, même si la femme, entre- est devenu la règle, et son mon- changement « important » dans les qu’ils jugent abusives. A la de- décideurs publics (élus locaux, du Luxembourg. Ce sont en effet temps, a refait sa vie et même si le tant, qui, selon la loi, ne pouvait ressources ou les besoins des par- mande du groupe socialiste, le proviseurs, présidents d’associa- les sénateurs, porte-parole tradi- mari, de son côté, a subi une perte être révisé qu’en cas d’« extrême ties, le débiteur – ou ses héritiers – gouvernement a accepté, mercredi tions, etc.). tionnels des élus locaux, qui importante de ses revenus ; gravité », ne l’est quasiment jamais. pourra demander la révision à la 23 février, de repousser de deux Or M. Fabius estime qu’il n’est avaient fait pression sur M. Jospin femmes contraintes de verser à la Même la survenance du chômage baisse de la rente, voire sa « sup- ou trois semaines l’examen par les pas assez rigoureux sur le plan ju- pour que la loi soit plus précise en première épouse de leur mari – dé- de l’époux débiteur ne constitue pression », selon un amendement députés de la proposition de loi ridique, notamment sur les no- matière de responsabilité pénale cédé – la fameuse prestation pas, aux yeux des juges, un critère de Véronique Neiertz (PS, Yve- tendant à préciser la définition des tions de faute directe et indirecte. des décideurs publics. compensatoire... Les « victimes » justifiant la révision... lines). Cette possibilité s’applique- délits non intentionnels, texte Il ne marque pas, selon lui, de vé- Le président du Sénat, Christian de la loi de 1975 sur le divorce ra également aux rentes en cours d’origine sénatoriale, voté en pre- ritable progrès par rapport à l’état Poncelet (RPR), a immédiatement n’ont pas perdu une miette du dé- SITUATIONS « UBUESQUES » de versement lors de l’entrée en vi- mière lecture par le Sénat le actuel du droit et laisse encore au fait part de sa « très grande sur- bat sur la révision de la prestation Il fallait donc mettre fin à ces si- gueur de la loi. A la mort du débi- 27 janvier (Le Monde du 29 jan- juge un trop grand pouvoir d’in- prise ». Il espère, a-t-il ajouté, compensatoire. Ils sont restés ju- tuations « iniques », « ubuesques », teur, la charge de la rente reviendra vier). Il n’en a pas moins l’inten- terprétation en cas de délit non in- « que ce texte, très attendu par l’im- qu’au moment du vote, vers 1 h 30. « kafkaïennes », selon les orateurs. aux héritiers, déduction faite de la tion de la faire définitivement tentionnel. Lors de l’examen du mense armée des élus de terrain La proposition de loi du Sénat, co- Tout en conservant l’exprit du tex- pension de réversion éventuelle- adopter avant la fin de la session, texte au Sénat, Elisabeth Guigou (...), n’est retiré que pour des rai- signée par le sénateur communiste te du Sénat, les députés ont voté ment perçue par le créancier. Pour pour que la réforme puisse entrer avait souhaité que les termes rete- sons purement techniques ». Robert Pagès (Seine-Maritime) et une série d’amendements à l’initia- les rentes en cours, la déduction de en vigueur avant les élections mu- nus dans la proposition de M. Fau- M. Poncelet « souhaite que le gou- le centriste Nicolas About (Yve- tive du rapporteur de la commis- la pension de réversion ne sera pas nicipales de mars 2001, comme le chon soient précisés. La garde des vernement respecte son engagement lines), et adoptée à l’unanimité, en sion des lois, Alain Vidalies (PS, « automatique », contrairement à premier ministre s’y était engagé, sceaux craint – comme les députés de faire adopter très rapidement première lecture, le 25 février 1998 Landes), qui visent à faire tomber ce que souhaitait M. Vidalies : Mme le 24 novembre 1999, devant l’As- socialistes – qu’une formulation cette solution législative, sans la- (Le Monde du 27 février 1998), a été en désuétude la rente. Le principe Guigou a convaincu les parlemen- sociation des maires de France. trop restrictive ou trop imprécise quelle le dramatique tarissement approuvée dans le même élan par du versement de la prestation taires de laisser au juge le soin Dans cette affaire, c’est Laurent n’aboutisse à une dépénalisation des vocations municipales ne pour- les députés. Pas une voix n’a man- compensatoire sous forme de capi- d’apprécier si le créancier peut Fabius qui a joué le rôle du pro- de certains délits non intention- ra que s’amplifier ». M. Fabius ca- qué pour assouplir les conditions tal est réaffirmé. Son montant, fixé cumuler ou non les deux rentes. Le cureur. Le président de l’Assem- nels, comme les accidents du tra- jole, lui aussi, les élus locaux. de révision de la rente versée par par le juge, ne sera jamais révi- débiteur ou le créancier pourront blée nationale est intervenu dès le vail ou ceux de la route. Contrairement à M. Jospin, il avait l’époux débiteur. « Nous sommes là sable. Le débiteur – et éventuelle- aussi demander la conversion de la début de la réunion du groupe so- plaidé très tôt pour une meilleure pour ça, ce soir », a résumé Elisa- ment ses héritiers – pourront de- rente en capital. cialiste, mercredi, pour critiquer la SURPRISE AU SÉNAT définition de leur responsabilité beth Guigou, ministre de la justice. mander, toutefois, la révision des Il manque encore une chose au proposition de loi du sénateur René Dosière (PS), rapporteur pénale, et il souhaite leur donner Sans attendre la réforme du modalités de paiement (suspen- capital : son régime fiscal demeure centriste Pierre Fauchon (Loir-et- du texte au Palais-Bourbon, avait un véritable statut. Il n’en fallait droit de la famille, qui sera présen- sion pendant une certaine période) beaucoup moins attractif que celui Cher). Celle-ci prévoit que la res- apporté des précisions en ce sens. pas plus à certains députés socia- tée au Parlement début 2001, le en cas de « changement notable » de la rente. Les députés de tous ponsabilité pénale d’une personne Comme (PS), pré- listes pour interpréter l’interven- gouvernement a accepté que les de la situation du débiteur. Le paie- bords l’ont souligné, comme peut « être engagée pour la sidente de la commission des lois, tion du président de l’Assemblée parlementaires se saisissent de la ment du capital pourra être éche- l’avaient fait les sénateurs. Actuel- moindre imprudence lorsque le lien il a été « surpris » par le retrait du comme une nouvelle manifesta- question «urgente» de la presta- lonné sur huit ans, voire au-delà, à lement, les rentes sont déductibles entre la faute et le dommage est di- texte de l’ordre du jour de l’As- tion de son souci de s’attirer les tion compensatoire. Celle-ci a été titre exceptionnel. Les héritiers des revenus du débiteur, alors que rect ». En revanche, précise-t-elle, semblée. « On a bien senti que tout bonnes grâces des élus. créée par la loi du 11 juillet 1975 sur conserveront la possibilité de re- le versement sous forme de capital « lorsque la faute a été la cause in- le groupe suivait Fabius », explique le divorce pour « compenser la dis- noncer à la succession si les ne bénéficie d’aucun avantage. directe du dommage, les personnes pour sa part Gérard Gouzes (PS, Jean-Michel Bezat parité que la rupture du mariage a charges liées à la prestation Mme Guigou s’est engagée à ce créée dans les conditions de vie » compensatoire s’avèrent trop qu’« une solution soit trouvée d’ici à des ex-époux (article 270 du code lourdes. la prochaine lecture ». Il ne restera civil). En instaurant une prestation La rente ne sera versée qu’à titre alors plus grand-chose à la rente. Le gouvernement propose de porter à 339 forfaitaire, en privilégiant le verse- exceptionnel, par décision « spé- ment sous forme de capital, le lé- ciale et motivée » du juge, en raison Clarisse Fabre le nombre des sénateurs

LE GOUVERNEMENT conti- renouvelables en 2001), quatre dé- « Il s’agit d’une deuxième étape nue, pièce après pièce, à assem- partements gagneraient 1 siège : de la modernisation du Sénat », a bler les éléments de ses réformes l’Isère, le Maine-et-Loire, l’Oise et noté, mercredi, Daniel Vaillant, visant à moderniser la vie poli- la Réunion. Dans la série C (le ministre des relations avec le Par- tique. Alors que les projets de loi tiers des sièges renouvelables en lement. En effet, la modification sur la parité, sur le cumul des 2004), la Seine-et-Marne gagne- proposée de répartition des sièges mandats et sur le mode d’élection rait 2 sièges, tandis que le Bas- de sénateurs doit être examinée des sénateurs franchissent, plus Rhin, le Haut-Rhin, le Var, le Vau- au regard du projet de loi en cours ou moins laborieusement, les cluse, la Guadeloupe, le Val-d’Oise d’examen sur la réforme de leur étapes de leur parcours parlemen- et les Yvelines gagneraient chacun mode d’élection : une des disposi- taire, deux nouveaux projets de loi 1 siège. Paris en perdrait 3. Enfin, tions essentielles de ce texte vise à ont été présentés au conseil des dans la série A (les sièges renouve- appliquer le scrutin proportionnel ministres, mercredi 23 février, par le ministre de l’intérieur. Le pre- mier, de nature organique, vise à Les sénateurs ne veulent pas de listes « chabada » augmenter de 18, au total, le nombre de sièges de sénateurs La commission des lois du Sénat a adopté, mercredi 23 février, le pro- pour tenir compte des évolutions jet de loi sur la parité hommes-femmes, en supprimant tous les amen- démographiques ; le second modi- dements votés par les députés. Le texte, adopté par l’Assemblée le fie la répartition des sièges de sé- 26 janvier (Le Monde du 27 janvier), sera examiné en première lecture nateurs département par départe- par le Sénat, mardi 29 février. La majorité sénatoriale – de droite – est re- ment. venue au texte initial du gouvernement, qui oblige les partis à inscrire Le nombre actuel de sénateurs 50 % de femmes sur les scrutins de liste sans préciser leur place. (321) n’a pas été modifié depuis Ainsi, les sénateurs ont supprimé la parité par groupe de six élus pré- 1976. La loi organique adoptée vue pour les élections municipales et régionales, ainsi que l’alternance alors avait tiré les conséquences hommes-femmes pour les élections sénatoriales (dans les départements du recensement de 1975 et précisé élisant plus de cinq sénateurs) et européennes. Ils ont décidé également la clé de répartition de ces sièges de supprimer la sanction financière à l’encontre des partis qui n’au- pour faire en sorte que, conformé- raient pas présenté un nombre paritaire de candidats – 45 % de femmes ment à la Constitution, le Sénat et 55 % d’hommes – lorsque l’objectif de parité est atteint en termes « assure la représentation des col- d’élues. lectivités territoriales de la Répu- blique » : un siège est accordé à chaque département jusqu’à lables en 2007), neuf départe- dans tous les départements 150 000 habitants, puis un siège ments gagneraient 1 siège : l’Ain, comptant 3 sièges de sénateurs supplémentaire par tranches de les Alpes-Maritimes, les Bouches- (contre 5 sièges aujourd’hui). 250 000 habitants. Depuis cette du-Rhône, la Drôme, l’Eure-et- Dans la composition actuelle du date, trois recensements ont eu Loir, la Haute-Garonne, la Gi- Sénat, le scrutin proportionnel lieu (en 1982, 1990 et 1999) sans ronde, l’Hérault et la Guyane, tan- s’applique à quinze départements que la composition du Sénat ait dis que la Creuse en perdrait 1. En élisant 98 sénateurs, soit 30 % du été modifiée. Le projet de Jean- outre, la Nouvelle-Calédonie et la total. L’application du projet de Pierre Chevènement vise donc à Polynésie gagneraient chacune loi gouvernemental porterait à prendre en compte les évolutions 1 siège. Ces dispositions n’entre- 239 le nombre de sénateurs élus à de population depuis un quart de raient en vigueur qu’à compter du la proportionnelle, soit 70 % du siècle. Il prévoit, d’une part, la prochain renouvellement de la sé- total. création de 22 sièges supplémen- rie à laquelle appartiennent les dé- taires répartis sur 21 départe- partements concernés. Gérard Courtois ments. D’autre part, il supprime 4 sièges de sénateurs dans deux départements. Le solde est donc une augmentation de 18 sièges, ce qui porterait le nombre total de sénateurs à 339.

ÉTAPE DE « MODERNISATION » Le gouvernement propose ainsi de diminuer fortement le nombre des sénateurs parisiens : ils sont 12 aujourd’hui, ils ne seraient plus que 9 demain. De même, la Creuse, qui disposait encore de 2 sièges, en perdrait 1. A l’inverse, les départements dont la démo- graphie est dynamique verront leur représentation renforcée. Dans la série B (le tiers des sièges LeMonde Job: WMQ2502--0009-0 WAS LMQ2502-9 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0442 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 9

Michel Bernard, directeur général de l’Agence nationale pour l’emploi M. Saint-Josse répond « Quand l’offre d’emplois dépasse la demande, aux mises en cause c’est aussi à l’offre de s’adapter » du financement de CPNT Dans un entretien au Monde, Michel Bernard directeur général. Soulignant l’importance de la sont encore localisées, mais qui risquent de présente le bilan de l’activité en 1999 de décrue du chômage, il admet que la croissance « s’étendre ». Il presse les entreprises de « réflé- l’Agence nationale pour l’emploi, dont il est le génère des « difficultés de recrutement », qui chir à l’attractivité de leurs métiers ». Le « chef des chasseurs » plaide la bonne foi « Le gouvernement qualifie 4 % des sorties du chômage –, ces dis aux entreprises, cela ne leur devrons répondre aux difficultés SUR LA TABLE de L’Ami Jean, moin, le 7 février, dans les locaux 1999 d’année “record” en ma- personnes peuvent se réinscrire au fait pas plaisir, mais c’est ainsi. de recrutement de façon moins un restaurant basque dans le 7e ar- du SRPJ de Bordeaux (Le Monde du tière de baisse du chômage. terme d’un certain délai. D’ail- Elles vont devoir réfléchir à l’at- ponctuelle et, cela, c’est un peu rondissement de Paris, où il tient 10 février). « Je ne veux pas qu’on Pour vous c’est aussi une année leurs, 35 % sont à nouveau ins- tractivité de leurs métiers, mais nouveau. Cela suppose que nous ses conférences de presse, Jean dise qu’on se sert dans la caisse ! », exceptionnelle ? crites dans les six mois qui suivent également se préparer à l’em- travaillions davantage au niveau Saint-Josse, le président du mouve- s’est exclamé M. Saint-Josse, expli- – C’est une bonne année. En leur radiation, et 50 % au bout bauche de personnes plus âgées. local, avec les organisations pro- ment Chasse, pêche, nature et tra- quant que le budget annuel de 1999, nous avons dépassé les 3 mil- d’un an. D’ici à dix ans, il y aura dans notre fessionnelles et le système de for- ditions (CPNT), a vidé son sac, CPNT, 2,4 millions de francs «sans lions d’offres d’emplois (9 % de – On parle aujourd’hui de pé- pays 3,5 millions d’actifs supplé- mation, en particulier l’Agence de mercredi 23 février. « Vous avez là aide publique », est couvert par plus qu’en 1998). Par comparaison, nurie d’emplois. Ce phénomène, mentaires parmi les plus de cin- formation professionnelle pour les des tickets à gratter, des autocollants, « les adhésions, les dons et la vente en 1993, les employeurs nous en constaté dans l’informatique ou quante ans. A cent mille ou deux adultes. des porte-clés, des pin’s, un stylo de gadgets ». confiaient 1,2 million. Le chômage le BTP, risque-t-il de s’étendre? cent mille près, le nombre de – Mais la croissance ne protite pour les chèques... Voilà ce qu’on M. Saint-Josse est en revanche a baissé de manière significative, – Je préfère le terme de tensions jeunes actifs et d’actifs entre vingt- pas à tout le monde... vend, voilà avec quoi on vit », a-t-il resté plus discret sur la Gazette offi- avec 333 600 demandeurs d’em- sur le marché du travail ou de dif- six et quarante-neuf ans, lui, ne – C’est regrettable, mais c’est un expliqué, en réponse aux tentatives cielle de la chasse et de la nature, ploi de moins, en un an, en catégo- ficultés de recrutement à celui de changera pas. Et ce problème sera fait. C’est pourquoi, à travers le d’« intoxication » et de « manipula- hebdomadaire vendu à 1 200 francs rie 1. Nous sommes passés en des- programme “nouveaux départs”, tion » dont CPNT a, selon lui, été par abonnement, géré « pendant sous de la barre du million pour nous apportons un soutien per- victime au cours des dernières se- trois ou quatre ans », jusqu’en 1999, les chômeurs de longue durée ins- « D’ici dix ans, sonnalisé aux personnes les plus maines. par la famille Saint-Josse, et auquel crits depuis plus d’un an (958 400), éloignées de l’emploi ou qui sont M. Saint-Josse entendait ainsi ré- plusieurs fédérations de chasseurs, en dessous de la barre des 500 000 il y aura en voie de l’être : 841 000 deman- pondre à la double mise en cause dont celle présidée par M. Saint- pour les personnes inscrites depuis deurs en ont bénéficié en 1999. de son mouvement : d’une part, Josse, ont abonné leurs adhérents. plus de deux ans (461 500), en des- dans notre pays Après quatre mois, près de 55 % dans un rapport de la Cour des « Rien n’empêche quelqu’un d’être sous de 100 000 pour les jeunes de d’entre eux ne sont plus inscrits à comptes sur l’Office national de la actionnaire quelque part », s’est moins de vingt-cinq ans au chô- 3,5 millions d’actifs l’agence : 35 % parce qu’ils ont re- chasse, révélant comment les fédé- justifié celui que ses proches ap- mage depuis plus d’un an (82 000). trouvé un emploi ou travaillé au rations de chasseurs avaient contri- pellent amicalement l’« excité du » Cette baisse est très nette- supplémentaires moins un mi-temps ; 5 % parce bué au succès de CPNT (Le Monde Béarn ». « On cherche à nous salir ment le résultat de la croissance, qu’ils sont en formation ; et 14,5 % du 30 janvier) ; d’autre part, dans parce qu’on dérange, parce que mais aussi des emplois “nouveaux parmi les plus sont sortis pour un autre motif. En une enquête judiciaire sur les rela- notre mouvement est en pleine as- services”, ainsi que des effets de la 2000, nous accueillerons dans ce tions financières entre son mouve- cension et qu’il n’est pas à vendre », loi sur la réduction du temps de de cinquante ans » programme 1,1 million de deman- ment et les fédérations de chasse, a-t-il conclu. travail, de la loi de lutte contre MICHEL BERNARD deurs d’emploi. et qui a valu au président de CPNT l’exclusion et du plan national » Un travail de sensibilisation d’être interrogé en qualité de té- Alexandre Garcia pour l’emploi, qui s’est traduit pénurie. N’oublions pas qu’il reste de même nature dans les autres est nécessaire auprès des entre- pour nous par la mise en œuvre du près de 2,6 millions de personnes pays de l’Union européenne. prises. Depuis deux ans, nous programme “nouveaux départs”. qui recherchent un emploi en CDI Quand l’offre dépasse la demande, avons mis en place une méthode – Les radiations, du fait no- à plein temps. Cela dit, je pense, c’est aussi à l’offre de s’adapter. de recrutement qui n’est plus ba- François Bayrou ne croit pas tamment de ce programme, ont effectivement, que ce phénomène, – Avec la perspective du plein sée sur les diplômes, mais sur beaucoup augmenté aussi... encore localisé, va s’étendre. emploi, les missions de l’agence l’“habileté” d’une personne à ef- – Quand on invite quelqu’un à Après l’informatique, l’hôtellerie- vont-elles se transformer ? fectuer une tâche. Nous disons au « troisième homme » venir nous rencontrer et qu’il ne restauration, les métiers de – Bien entendu, il y aura des aux entreprises : “Nous nous char- nous répond pas plusieurs fois de bouche, le BTP, les chauffeurs-rou- évolutions, mais pas de révolution. geons de rechercher les candidats, FRANÇOIS BAYROU a estimé, mercredi 23 février, sur i-télévision, suite, il faut en tirer les consé- tiers, etc., certaines grandes sur- Les analyses de satisfaction auprès de leur faire passer des tests mis que Jacques Chirac ne pourra pas briguer sa propre succession en cas quences, mais il serait inexact de faces éprouvent par exemple, au- des entreprises comme des de- au point avec vous, mais vous re- de défaite de la droite aux élections législatives. « Si les élections légis- dire que cela a eu un impact signi- jourd’hui, des difficultés à trouver mandeurs d’emploi montrent que tenez toutes les personnes qui les latives ont lieu un mois avant l’élection présidentielle et que Jacques ficatif sur la baisse du chômage. des caissières. notre service s’est amélioré. Nous réussissent.” Plus de 5 000 per- Chirac soit en situation, comme on le dit, de leader de son camp, et Lio- Dans beaucoup de cas, les per- » Cela prouve bien qu’il ne continuerons donc à faire notre sonnes ont été recrutées par cette nel Jospin du sien, celui des deux qui sera vaincu aux législatives ne sonnes n’ont pas répondu parce s’agit pas seulement d’une inadé- métier : cinq millions de personnes méthode en 1999. Il y en aura près pourra pas se présenter aux élections présidentielles », a-t-il déclaré. Le qu’elles avaient déjà retrouvé un quation entre la formation et l’exi- s’inscrivent chaque année comme de 10 000 en 2000. » président de l’UDF, qui ne cache pas ses ambitions pour le prochain emploi. Lorsqu’elles ont fait l’objet gence des postes, mais, parfois, demandeurs d’emploi, et un peu scrutin présidentiel, a ajouté : « Chaque fois qu’on cherche un troi- d’une radiation – je rappelle que d’un problème d’image et de plus, maintenant, en sortent. Ce Propos reccueillis sième homme, on se trompe. Il faudrait en chercher un deuxième. En re- les radiations ne représentent que conditions d’emploi. Quand je le flux ne va pas s’arrêter, mais nous par Isabelle Mandraud vanche, qu’on cherche un vent nouveau, quelque chose d’autre, une autre vision, alors là je suis persuadé que la France en a profondément besoin . » Femmes : zéro pointé pour le gouvernement, selon la Gauche socialiste Jean-Marie Le Pen est déchu CHARGÉE des femmes au secrétariat natio- mée en droit social, en droit de la famille et, humiliées ? » Bref, « malgré toutes les lois ac- nal du Parti socialiste, Michèle Sabban n’a ap- même, dans la Constitution, la réalité concrète cumulées, les femmes demeurent la soupape de précié ni la forme ni le fond du pavé féministe de leurs vies est loin d’être à la hauteur des sécurité du capitalisme et l’exutoire de tous les de son mandat de conseiller régional de sa camarade Laurence Rossignol. Conseil- bonnes intentions du législateur », attaque-t- maux de notre société ». Premier outil libéral lère régionale de Picardie, cette dernière a dis- elle. Même la parité est ambivalente. Face, accusé, le temps partiel dont il faut « assécher LE PRÉFET de la région Provence-Alpes-Côtes-d’Azur a signé, mer- tribué, le 22 février, pendant le bureau natio- c’est « un formidable multiplicateur » ; pile, l’offre », en pénalisant fortement le recours. credi 23 février, l’arrêté qui prononce la déchéance de Jean-Marie Le nal, dont elle est membre pour la Gauche « les femmes sont servies pour vingt ans ; cir- Pour « parvenir à l’égalité professionnelle et à Pen de son mandat de conseiller régional. Cette mesure fait suite à la socialiste, un texte préparatoire à la confé- culez, la France a des choses sérieuses à régler ». l’égalité des responsabilités familiales », confirmation par la Cour de cassation, le 23 novembre 1999, de la rence nationale des 4 et 5 mars sur les Mme Rossignol réclame une convention du PS condamnation du président du FN à un an d’inéligibilité, trois mois femmes. Introduite par Laurent Fabius et Ni- LE TEMPS PARTIEL, PREMIER OUTIL LIBÉRAL sur la politique familiale avec, parmi les ob- de prison avec sursis et 5 000 francs d’amende pour « violences sur cole Péry, conclue par François Hollande et D’un ton acerbe, Mme Rossignol donne cré- jectifs, l’allongement du congé de maternité et personne dépositaire de l’autorité publique », en l’occurence Annette Lionel Jospin, cette conférence prévoit la par- dit aux gouvernements de gauche et aux mou- la création de crèches sur les lieux de travail. Peulvast-Bergeal, maire (PS) de Mantes-la-Ville, lors de la campagne ticipation de syndicalistes et de chefs d’entre- vements des femmes d’avoir « abattu les murs Après avoir relevé « une dégradation sèche législative en mai 1997, à Mantes-la-Jolie (Yvelines). M. Le Pen, qui prise, comme Sophie de Menthon, PDG de de la citadelle » où elles étaient « enfermées et absolue » pour les femmes dans les cités, s’est déclaré « scandalisé par cette décision », a confirmé qu’il allait Multilignes, mais non des courants. Sur le depuis des siècles », mais « ils ont été remplacés Mme Rossignol dénonce « les discriminations utiliser toutes les voies de recours à sa disposition. Il a rappelé que le fond, le pamphlet de Mme Rossignol, en faveur par des parois de verre, dures comme du silex sexistes » qui, à travers la publicité, « conti- délégué général du FN, Bruno Gollnisch, déposera au ministère des d’un « second souffle féministe », reconnaît pour les femmes ». nuent de relever des libertés publiques ». «Le affaires étrangères, vendredi, ses observations concernant sa dé- « des avancées idéologiques et institutionnelles « Pour une poignée de femmes qui ont investi, corps des femmes n’est pas une marchandise », chéance de député européen. importantes », mais « les violences » subies par et à quel prix personnel !, les cercles écono- conclut-elle, avec la volonté d’« extirper des les femmes « augmentent », et le « sexisme est miques dirigeants ou les fauteuils en velours consciences » les ravages causés par «des toujours très présent ». rouge du Parlement, accuse l’élue de la Gauche siècles d’oppression ». La gestion du problème corse Le tableau dressé par Mme Rossignol est plus socialiste, combien d’autres harassées, surex- que sombre. « Malgré l’égalité formelle procla- ploitées, sous-payées, isolées, battues, vendues, Michel Noblecourt préoccupe Georges Sarre (MDC) HOSTILE à une réforme de la Constitution et à toute forme d’auto- Désaccord à l’extrême gauche à propos des élections municipales nomie, le président délégué du Mouvement des citoyens (MDC), Georges Sarre, s’est dit « trés préoccupé », le 23 février, sur LCI, par LA LCR ET LO partiront-elles reconduite ni en 1989 ni en 1995. Au premier chef, elle souligne «la tional et une plate-forme « le changement complet d’orientation » du gouvernement sur la ges- unies pour la bataille des munici- Depuis ces élections, chacune dis- double dimension, locale et natio- commune », elle rejette les quatre tion du dossier corse. Le MDC, présidé par le ministre de l’intérieur, pales de mars 2001 ? Ni sur le calen- pose d’une poignée d’élus. LO a no- nale », du scrutin, mais préconise points de la LCR. D’abord, elle réaf- Jean-Pierre Chevènement, est « considérablement gêné », a ajouté drier ni sur les objectifs, les deux or- tamment deux conseillers munici- surtout « l’élaboration d’une partie firme le primat des campagnes na- M. Sarre. Jean Baggioni, président (RPR) du conseil exécutif de Corse, ganisations trostkistes ne semblent paux aux Lilas (dont Mme Laguiller), locale » dans la profession de foi qui tionales. « Il nous apparaît essentiel s’est également déclaré « choqué », sur France-Inter, par les propos d’accord, mais elles ne sont, pour un aux Ulis, à Montbéliard, à Ne- sera envoyée aux électeurs. La LCR de nous garder de défendre des re- du président (DL) de l’Assemblée de Corse, José Rossi, sur l’auto- l’instant que « dans une phase explo- vers et à Vierzon, et quelques autres propose ensuite à LO un « accord vendications pointillistes ou catégo- nomie, l’enseignement du corse et les impôts territorialisés (Le Monde ratoire ». Une première rencontre, dans des villes de moindre impor- national » entre les deux organisa- rielles dans des élections nationales, du 23 février), qui, selon M. Baggioni, « reviendraient à mettre la Corse en présence des deux porte-parole, tance. La LCR a un élu à Clermont- tions, mais « en l’élargissant locale- ce qui reviendrait à justifier la créa- en marge de la République ». Enfin, le conseiller territorial (PRG) Ni- Arlette Laguiller et Alain Krivine, a Ferrand, Alençon, Saint-Etienne- ment », car « Il faut discuter d’une tion d’une organisation réformiste de colas Alfonsi a estimé, jeudi 24 février, dans Corse-Matin, qu’il «y a eu lieu fin janvier. Une deuxième du-Rouvray, Sartrouville. approche commune de l’ouverture de plus, d’“une troisième gauche” quel- peu de chances qu’une majorité se dégage pour modifier la Constitu- réunion est prévue au début de la C’est la LCR qui a la première tâté nos listes à des groupes ou militants conque », explique LO. De même, tion ». semaine prochaine. le terrain, en envoyant une lettre à indépendants locaux, en rupture avec l’existence de « militants isolés » ne En 1983, LO et la LCR avaient pré- LO pour lui préciser dans quel esprit l’action gouvernementale ». doit pas conduire à « autant de DÉPÊCHES senté, sans succès, des listes elle souhaitait des listes communes. professions de foi ou d’intitulés a COMMISSAIRES-PRISEURS : le Sénat a adopté en deuxième communes. L’expérience n’avait été La LCR met quatre points en avant. SOUS PEINE DE « SE RENIER » de listes qu’il y aura de groupes lo- lecture, mercredi 23 février, le projet de loi sur les enchères pu- Dans la foulée, la LCR propose à caux ». bliques, qui met fin au monopole des commissaires-priseurs en vertu LO, au cas où leurs listes communes En ce qui concerne « la gauche des règles européennes sur la libre prestation de services. Ce texte « franchissent les 5 % », de «les fu- “plurielle”, c’est-à-dire la gauche prévoit un système d’indemnisation des commissaires-priseurs, que sionner avec celles de la gauche ”plu- gouvernementale actuelle, nous ne les sénateurs ont rendu plus généreux par rapport à celui qui avait été rielle“ » au deuxième tour, mais devons évidemment pas, que nos voté par les députés (Le Monde du 24 décembre 1999). Ils ont aussi ré- dans le respect de « l’indépendance listes dépassent la barre des 5 % ou tabli les ventes sur Internet, supprimées par l’Assemblée. politique totale » des élus d’extrême pas, lui proposer de fusionner ses a PRUD’HOMALES : le ministère de l’emploi prépare un projet gauche, « sur le plan de la liberté de listes et les nôtres au second tour », de réforme des élections prud’homales, qui interdirait les candida- parole et de vote, notamment sur le sous peine de « nous renier », ex- tures de listes « présentées par un parti politique ». L’ultime version de vote du budget ». En contrepartie, plique LO. « Quant à appeler à ce texte, dont la teneur a été révélée la semaine dernière par Le Figa- « nous appellerions à battre la battre la droite au deuxième tour (...), ro, sera présentée au Conseil supérieur de la prud’homie le 2 mars. droite », partout où LO et la LCR cela ne devrait pas être, pour les a INFLATION : la hausse des prix a été nulle en janvier, selon l’in- sont absentes du scrutin, est-il ajou- même raisons, la politique de nos dice définitif publié jeudi 24 février par l’Insee, ce qui porte la pro- té. listes », poursuit-elle. L’union, à l’ex- gression à 1,6 % sur les 12 derniers mois. L’inflation « sous-jacente » La réponse de LO ne s’est pas fait trême gauche, est aussi un combat. (hors prix volatils, dont ceux du pétrole) s’élève à 1,2 % en rythme an- attendre. Si l’organisation trotskiste nuel. est « prête à envisager un accord na- Alain Beuve-Méry LeMonde Job: WMQ2502--0010-0 WAS LMQ2502-10 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:19 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0443 Lcp: 700 CMYK

10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000

JUSTICE Plusieurs anciens diri- 23 février, à des peines de prison avec coup d’une loi de 1995 qui amnistie souhaiterait révolue », mais il adresse ments. b POUR le président de l’UDF, geants de l’ex-Centre des démocrates sursis par le tribunal correctionnel de les peines inférieures à neuf mois de des reproches à MM. Méhaignerie et François Bayrou, ces « peines sym- sociaux (CDS) – dont Pierre Méhai- Paris dans l’affaire du financement prison avec sursis. b LE TRIBUNAL Barrot. Les juges estiment que les boles » montrent que la « bonne foi » gnerie, Jacques Barrot et Bernard Bos- occulte de ce parti. b CES PEINES sont note qu’il s’agit d’un « dossier du deux dirigeants avaient nécessaire- a été retenue (lire aussi notre édito- son – ont été condamnés, mercredi amnistiées car elles tombent sous le passé traitant d’une époque que l’on ment connaissance de ces détourne- rial page 16). Les anciens dirigeants de l’ex-CDS condamnés à des peines de prison avec sursis Les peines infligées à MM. Méhaignerie, Barrot et Bosson dans cette affaire de financement occulte sont amnistiées. Tout en soulignant qu’il s’agit d’un « dossier du passé », le tribunal note que MM. Méhaignerie et Barrot avaient nécessairement connaissance des pratiques illicites du CDS CONDAMNÉS mais amnis- avec sursis. Or c’est précisément présidée par Sophie Portier, s’est que les « dons » effectuées par d’Yssingeaux et député de la gnerie et Barrot : quatre mois de tiés... C’est la situation des an- le cas dans l’affaire du CDS, voulue relativement modérée. certaines sociétés via des Haute-Loire. A en croire le tribu- prison avec sursis. Le tribunal a ciens dirigeants de l’ex-Centre puisque les faits retenus dans la Ainsi, écrit-elle, dans les atten- comptes en Suisse « n’étaient pas nal, il savait pourtant que «le clairement atténué ses responsa- des démocrates sociaux (CDS) prévention (abus de confiance et dus du jugement : « Cette procé- versés dans des conditions CDS bénéficiait d’un financement bilités, soulignant le fait que après le jugement rendu par la recel d’abus de confiance) sont dure, ainsi que l’a fait observer conformes à la nouvelle législation occulte grâce aux fonds collectés M. Bosson, actuel maire d’Anne- onzième antérieurs à 1992. Madame le procureur de la Répu- [sur le financement des partis po- auprès d’entreprises et hébergés cy, avait agi « sous la pression des chambre du En restant ainsi sous la blique dans ses réquisitions orales, litiques] ». sur des comptes étrangers dans un événements » et qu’il s’était vite tribunal cor- « barre » des neuf mois, les juges apparaît donc être un dossier du but évident de dissimulation ». En « employé à faire cesser ces pra- rectionnel de ont donné un caractère essentiel- passé traitant d’une époque que EXPLICATIONS « PEU PROBANTES » réaction à ce jugement, M. Bar- tiques » et les « versements de sa- Paris, mercredi lement symbolique à leurs sanc- l’on souhaiterait révolue ; en Tout en rappelant que l’ancien rot a diffusé, mercredi après-mi- laires en espèces ». 23 février, tions. Cette décision s’inscrit conséquence, le tribunal, après ministre avait en partie admis les di, un communiqué : « Je conti- dans l’affaire dans la même logique que le ré- avoir clairement affirmé, comme faits à l’audience, le tribunal juge nue à contester tout délit de recel « UN DOSSIER DU PASSÉ » du finance- quisitoire prononcé au mois de l’a invité à le faire le ministère pu- « peu probantes » certaines de d’abus de confiance. Le tribunal Enfin, le maître d’œuvre de ces ment occulte décembre 1999 par le substitut blic, que “l’illicite” ne pouvait être ses déclarations sur la société n’a d’ailleurs relevé aucun acte de opérations financières, François de ce parti. Sept des huit préve- du procureur, Anne-Josée Fulgé- toléré et ce, d’autant moins que les Stratégies et Méthodes, un bu- participation concrète de ce délit Froment-Meurice, l’intermé- nus, à commencer par les anciens ras. Estimant qu’il s’agissait d’un agissements reprochés mettent en reau d’études destiné à faciliter à mon égard. Il s’est contenté de diaire suisse Henri-Albert ministres et dirigeants du parti « dossier du passé », elle n’avait cause le fonctionnement même de le financement occulte de sa for- déduire de mes seules fonctions de Jacques, et le directeur de l’en- centriste – Pierre Méhaignerie, requis aucune peine précise à la démocratie, fera une applica- mation. secrétaire général du CDS à treprise lésée pour avoir donné Jacques Barrot et Bernard Bos- l’encontre des trois anciens mi- tion de la loi pénale qui tienne Les magistrats se montrent l’époque pour établir une préten- 5 millions de francs au CDS, compte de l’ancienneté des faits. » tout aussi sceptiques devant les due responsabilité pénale. Je me Jacques Mallard, ont également MM. Méhaignerie et Barrot, qui explications de Jacques Barrot, considère victime d’une injustice. été condamnés à huit mois de M. Méhaignerie : « Le tribunal a retenu notre bonne foi » ont occupé des fonctions diri- qui fut secrétaire général du CDS Et si je ne fais pas appel de cette prison avec sursis. Un ancien tré- geantes pendant plusieurs années de 1983 à octobre 1991. A l’au- décision, c’est du fait de l’impossi- sorier du parti, Albert Kalaydjian, L’ancien garde des sceaux Pierre Méhaignerie (UDF), condamné à au sein de cette formation poli- dience, l’ancien ministre avait as- bilité de le faire, s’agissant d’une s’est vu infliger six mois avec sur- huit mois de prison avec sursis, a estimé que le tribunal correction- tique, ont été condamnés à huit suré tout ignorer des circuits mis condamnation amnistiée, donc sis, tandis qu’un autre trésorier, nel de Paris avait retenu sa « bonne foi », tout en jugeant sa décision mois de prison avec sursis. Cette en place par M. Froment-Meu- non avenue. » Robert Parenty, était relaxé dans « particulièrement lourde ». condamnation s’accompagne de rice pour renflouer les caisses du Bernard Bosson, arrivé tardi- ce « dossier du passé » qui semble « Aujourd’hui, jugeant le financement du CDS sur des faits remon- reproches à l’encontre de M. Mé- parti et assurer les dépenses de vement (octobre 1991) au poste aujourd’hui clos, tout au moins tant à dix ans, le tribunal correctionnel de Paris a retenu une responsa- haignerie, le seul des trois anciens fonctionnement. « Mon rôle était de secrétaire général de l’ex- dans son volet pénal. bilité de principe de ses dirigeants. Cette présomption de responsabilité ministres à s’être déplacé devant uniquement politique », avait in- CDS, bénéficie d’une condamna- s’assimile à celle que connaissent les maires, les chefs d’entreprise », la onzième chambre pour le pro- sisté M. Barrot, actuel maire tion plus légère que MM. Méhai- Philippe Broussard souligne M. Méhaignerie dans un communiqué. L’ancien ministre noncé du jugement. de la justice estime avoir assumé ses responsabilités de président de Les magistrats rappellent certes parti politique « à une période particulièrement difficile où il n’existait qu’il avait lui-même déclenché aucun financement public des partis politiques ». – par « souci de transparence » – une enquête sur son propre parti « Un “secret de polichinelle” connu du plus obscur militant » alors qu’il était ministre de la jus- PIERRE MÉHAIGNERIE, ancien ministre de la justice Il n’a pas pu lui échapper, en s’en tenant simple- son –, ont été condamnés, mais nistres et des quatre autres pré- tice du gouvernement d’Edouard du gouvernement Balladur (mars 1993-mai 1995) et ment aux dates auxquelles les fonds ont été rapatriés, les peines sont inférieures à neuf venus. Tout en adressant de vifs Balladur, mais ils insistent sur la président du CDS de 1982 à 1994, a été condamné à huit que ces dons n’étaient pas versés dans des conditions mois de prison avec sursis, ce qui reproches à MM. Méhaignerie et connaissance qu’avait M. Méhai- mois de prison avec sursis. Le tribunal écrit notamment conformes à la nouvelle législation (...). devrait leur permettre de bénéfi- Barrot, tenus pour responsables gnerie des circuits de finance- à son propos : Pierre Méhaignerie a, en connaissance de cause, ac- cier de la loi d’amnistie du 3 août de ce système de financement ment mis au point entre 1986 et « Vraisemblablement ébranlé par les témoignages cepté qu’il soit recouru à un système de financement 1995. Ce texte dispose en effet occulte du parti, la représentante 1992 par François Froment-Meu- de Robert Parenty et de Bernard Bosson, selon les- occulte puisque impliquant une dissimulation de que sont amnistiées certaines in- du ministère public avait laissé rice, ex-secrétaire général du quels l’existence d’un compte en Suisse était un “se- l’emploi des fonds sociaux et, au surplus s’agissant de fractions commises avant le au tribunal le soin d’apprécier les parti et homme-clé du dossier. cret de polichinelle“ connu du plus obscur militant, l’opération de financement visée par la prévention, 18 mai 1995, à condition que les responsabilités de chacun (Le Au yeux du tribunal, M. Méhai- Pierre Méhaignerie a admis au cours des débats sa- un usage illicite de ces fonds. » peines prononcées soient infé- Monde du 15 décembre 1999). gnerie, président du CDS de 1982 voir que les fonds collectés passaient par des comptes Jacques Barrot, ancien ministre, secrétaire général du rieures à neuf mois de prison De fait, la onzième chambre, à 1994, savait nécessairement en Suisse, un tel passage, même pour des dons opérés parti centriste de 1984 à 1991, a été condamné à huit à une époque où ils n’étaient pas réglementés, étant, mois de prison avec sursis. Le tribunal écrit notamment a-t-il expliqué, exigé des entreprises désireuses de ne à son propos : pas voir apparaître leur soutien financier (...). « En s’en tenant à ce que Jacques Barrot reconnaît Pierre Méhaignerie a admis par là même avoir ac- ou ne peut contester savoir, il apparaît que celui-ci n’a cepté des pratiques qu’il a qualifiées d’“illicites tolé- pas ignoré que le CDS bénéficiait d’un financement rées” impliquant que des dirigeants d’entreprise dissi- occulte grâce aux fonds collectés auprès d’entreprises mulent l’emploi réel de la trésorerie sociale en et hébergés sur des comptes étrangers dans un but effectuant des dons faussement comptabilisés en rè- évident de dissimulation (...). Son adhésion doit être glements de prestations et encaissés sur des comptes déduite de sa connaissance du système, la pérennité ne pouvant être reliés au parti bénéficiaire (...). d’un circuit de financement contraire aux vœux d’un Pierre Méhaignerie a en revanche maintenu que, des dirigeants étant difficilement concevable (...). bien que sachant l’utilité réelle de la SARL Stratégies Jacques Barrot ne saurait réellement prétendre être et Méthodes, il n’avait pas eu connaissance des dé- resté étranger aux questions de financement, alors penses supportées par cette dernière (...). Ses déclara- qu’il s’est précisément opposé à Pierre Méhaignerie tions sont peu probantes, s’agissant d’une structure sur le choix d’un trésorier et a fait en sorte qu’Albert dont il a admis que sa seule utilité était de permettre Kalaydjian, dont il était proche, prenne en charge le de collecter des fonds pour le CDS (...). service financier. » Un seul des trois anciens ministres s’est mis en retrait

LE JUGEMENT rendu, mercredi demi-teinte ». « La justice n’a pas s’il doit renoncer, début 1998, à 23 février, par la onzième chambre été clémente, précise-t-il. Les briguer la présidence du conseil du tribunal correctionnel de Paris, peines sont lourdes – des peines de régional de Bretagne, c’est, là en- dans l’affaire du financement illé- prison avec sursis étant quand core, pour des raisons politiques, gal de l’ex-CDS, n’a provoqué, même quelque chose d’assez infa- liées aux accords alors conclus chez les politiques, d’autre réac- mant – mais, compte tenu de l’am- entre l’UDF et le RPR. M. Méhai- tion que celles des trois anciens nistie, qui montre notamment que gnerie est aujourd’hui député et ministres qui ont été condamnés à la bonne foi a été retenue, ce juge- président du conseil général d’Ille- des peines amnistiées. ment est plutôt de l’ordre du sym- et-Vilaine, et maire de Vitré. Mercredi soir, sur i-télévision, le bole. » Redevenu député de Haute- président de l’UDF, François Bay- L’affaire, qui avait commencé à Loire en juin 1997, M. Barrot, rou, secrétaire général adjoint du être révélée par Le Canard enchaî- maire d’Yssingeaux, n’a été, lui CDS à l’époque des faits, s’est né en mars 1995, a-t-elle pesé sur non plus, nullement acculé à une borné à constater que « le tribunal la carrière politique de ses diffé- quelconque retraite politique : il a voulu rendre un jugement équili- rents protagonistes ? figure dans le quatuor d’anciens bré et qui tenait compte que ces ministres chargé de mettre en mu- hommes étaient responsables et CONSIDÉRATIONS POLITIQUES sique la stratégie présidentielle de qu’ils n’avaient commis aucune Alors ministre de la justice dans Jacques Chirac. malhonnêteté ». Pour M. Bayrou, le gouvernement d’Edouard Balla- A l’UDF, on s’accorde à penser « les peines symboles » que le tri- dur, M. Méhaignerie, qui avait ra- que s’il en est un dont la carrière bunal a infligées à Jacques Barrot, pidement ordonné l’ouverture politique a souffert de cette af- Bernard Bosson et Pierre Méhai- d’une information judiciaire, faire du financement de l’ex-CDS, gnerie ont été « données pour n’avait pas retrouvé de porte- c’est M. Bosson. Ancien ministre montrer que, en effet, ce genre de feuille ministériel dans le gouver- de l’équipement, des transports et pratiques était en dehors de la loi nement d’Alain Juppé, en du tourisme dans le gouverne- d’il y a dix ans et que la bonne foi mai 1995. M. Barrot, également ment de M. Balladur, aujourd’hui était retenue en tout puisque ces impliqué dans la même affaire, député de Haute-Savoie et maire peines sont amnistiées ». hérite alors, pour sa part, du vaste d’Annecy, M. Bosson, qui n’inter- M. Bayrou était impatient de ministère du travail et des affaires vient plus guère sur la scène poli- voir se terminer ce procès, rappel sociales. Cependant, ce sont en tique nationale, est considéré par d’un passé dont il avait voulu se fait des considérations purement certains de ses collègues comme démarquer en transformant le politiques qui l’ont emporté : celui qui a le plus mal supporté CDS en Force démocrate, elle- chiraquien, M. Barrot a été ré- d’être mis en cause. « Sa carrière même dissoute ensuite dans compensé ; balladurien, M. Mé- politique en a souffert de par sa l’UDF. « L’UDF n’a pas réagi, car haignerie a été écarté. propre volonté, en raison du retrait ce n’est pas le parti, en tant que tel, Occupant de 1995 à 1997 la fonc- qu’il s’est lui-même imposé en s’ef- qui était visé, mais l’ex-CDS », nous tion – éminente à l’Assemblée na- façant, depuis cette affaire, de toute a déclaré Dominique Paillé. Au tionale – de président de la action nationale », souligne diapason du président de sa for- commission des finances, M. Mé- M. Paillé. mation, le délégué général de haignerie est d’ailleurs loin de dis- l’UDF évoque un « jugement en paraître du paysage politique. Et Jean-Baptiste de Montvalon LeMonde Job: WMQ2502--0011-0 WAS LMQ2502-11 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0444 Lcp: 700 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 11

« Vache folle » : les personnes ayant séjourné Une avalanche tue au Royaume-Uni ne seront pas exclues du don du sang cinq skieurs dans De nouvelles mesures d’embargo des produits bovins sont à l’étude les Hautes-Alpes Le comité national de sécurité sanitaire, auquel pas organiser l’exclusion du don du sang des contre la maladie de la « vache folle ». Le gou- participaient trois ministres, s’est réuni mercredi personnes ayant séjourné en Grande-Bretagne vernement étudie les conséquences d’une inter- 23 février à Paris. Il a notamment décidé de ne entre 1980 et 1996, dans le cadre de la lutte diction de l’utilisation des abats bovins. Douze morts, en une semaine, dans le massif DOMINIQUE GILLOT, secré- 1996, période durant laquelle elles prévoyant leur destruction par in- des incertitudes quant à la situa- UNE AVALANCHE a fait cinq cherche des victimes d’avalanche taire d’Etat à la santé et à l’action ont pu être exposées au risque de cinération (Le Monde du 23 fé- tion épidémiologiques de nom- morts, un blessé grave et un blessé (Arva) pour tenter de retrouver ses sociale, a annoncé, mercredi 23 fé- contamination alimentaire par vrier). Cette mesure, qui vise à pré- breux pays européens vis-à-vis de léger, mercredi 23 février, à Prapic, compagnons de randonnée. vrier, que le gouvernement avait l’agent de l’ESB. « Entre un risque venir la transmission à l’homme de l’ESB, le gouvernement pourrait près d’Orcières-Merlette (Hautes- « C’était le grand silence, a-t-elle décidé, dans le cadre de la lutte de pénurie de sang et un risque non l’agent de l’ESB, avait été re- être amené à étendre les disposi- Alpes). La coulée de neige s’est pro- poursuivi. J’ai esssayé de voir si contre la transmission à l’homme avéré de surexposition à l’agent de commandée en juin 1999 par les tions actuelles interdisant ces im- duite en début d’après-midi, alors j’apercevais mes amis. J’ai appelé du- de l’agent de l’encéphalopathie transmission de la maladie de la experts des maladies à prion. portations. qu’un groupe de sept randonneurs à rant près d’une demi-heure. » spongiforme bovine (ESB, ou ma- vache folle, nous avons choisi », a L’Agence française de sécurité sa- b Le programme de dépistage ski évoluait à une altitude de ladie de la « vache folle »), de ne notamment déclaré Mme Gillot. nitaire des aliments (Afssa) a, pour de l’ESB chez les bovins. Les ex- 2 500 mètres dans une pente raide DEUX ANS JOUR POUR JOUR pas organiser l’exclusion du don Comme l’avaient souligné dans sa part, récemment émis un avis perts de l’Afssa remettront au gou- au lieu-dit « le Tombeau du poète ». C’est en contournant une falaise du sang des personnes ayant sé- leur rapport les experts réunis par favorable au projet d’arrêté du vernement « au début du mois Les skieurs, quatre hommes et trois qu’elle se rend compte que les journé en Grande-Bretagne entre l’Afssaps, une telle mesure pertur- gouvernement tout en attirant l’at- de mars » le protocole de ce pro- femmes originaires de la région de autres membres du groupe ont été 1980 et 1996. Les mesures annon- berait gravement le fonctionne- tention du gouvernement sur la gramme, qui concernera Gap, se dirigeaient vers un col situé projetés en contrebas. Les secours, cées par Mme Gillot reprennent en ment du système transfusionnel. question des importations de ce 40 000 bovins dans les trois régions entre le Grand Pignier et le Petit Pi- menés par le peloton de gendarme- totalité les conclusions du rapport Elle imposerait notamment de re- type de produits. « Il ne servirait à françaises les plus touchées par gnier, dans le massif des Ecrins. Le rie de haute montagne, avec des des spécialistes du groupe dit de cruter de nouveaux donneurs, ce rien de prendre des mesures natio- l’ESB. M. Glavany a précisé qu’un risque d’avalanche sur cette partie maîtres-chiens, et appuyés par des « sécurité virale » réunis sous qui entraînerait, selon les experts, nales si nous n’avons pas des moyens appel d’offres international allait du massif était de 3 sur une échelle hommes du 4e régiment de chas- l’égide de l’Agence française de sé- une augmentation des risques de d’obtenir des garanties sur les im- être lancé pour déterminer lequel qui compte 5 niveaux. seurs alpins, sont restés mobilisés curité sanitaire des produits de contamination sanguine par les vi- portations de matériaux compa- des trois tests (suisse, irlandais ou Légèrement blessée dans l’ac- jusqu’à 18 h 30. santé (Afssaps) (Le Monde du 19 fé- rus du sida et des hépatites B et C. rables », a déclaré M. Glavany français) actuellement sur le mar- cident, une skieuse a pu prévenir les Cet accident porte à douze le vrier). « L’analyse de l’exposition des Les intestins des bovins étant ché serait retenu. D’autres me- secours, après avoir dégagé un nombre de victimes dans les Alpes Cette annonce a été faite au donneurs de sang français au risque utilisés comme enveloppe natu- sures de prévention de la transmis- membre du groupe gravement bles- depuis le début de la semaine, après terme de la réunion du comité na- de l’encéphalopathie spongiforme relle pour de nombreux produits sion de l’agent de l’ESB à l’homme sé et deux autres personnes décé- deux autres coulées qui se sont pro- tional de sécurité sanitaire, à la- bovine montre, en l’état actuel des de charcuterie de gros calibre (an- devraient d’autre part être pro- dées. « Nous étions en vue du som- duites dans le Haut-Adige (nord de quelle participaient Jean Glavany, données, que la source majeure douille, certains saucissons, cerve- chainement annoncées concer- met lorsque, soudain, une plaque à l’Italie) et à Davos (Suisse). L’ava- ministre de l’agriculture, et Mary- d’exposition serait la consommation las, salami ou mortadelle), il est nant, notamment, une modifica- vent s’est détachée à environ 150 ou lanche de Prapic survient deux ans lise Lebranchu, secrétaire d’Etat de produits bovins importés de clair, pour le ministre de l’agri- tion des techniques d’abattage des 200 mètres au-dessus de nous », a ra- jour pour jour après celle de la crête aux PME, au commerce et à l’arti- Grande-Bretagne plutôt que leurs culture, que la mise en œuvre de bovins actuellement utilisées en conté la rescapée au micro de la ra- du Lauzet (Hautes-Alpes) qui, en sanat. Organisée au moment où de séjours dans les îles Britanniques cette mesure préventive conduira France. dio locale Alpes 1. Après avoir réussi 1998, avait provoqué la mort de on- vives tensions se font jour entre le entre 1980 et 1996 », souligne-t-on les industries agroalimentaires à à se mettre à l’abri, la skieuse s’est ze personnes, dont neuf adoles- ministère de l’agriculture et le se- auprès du secrétariat d’Etat à la importer ces abats. Compte tenu Jean-Yves Nau alors saisie de son Appareil de re- cents. crétariat d’Etat à la santé à propos santé. Les autorités sanitaires ont de la gestion des principaux dos- d’autre part décidé de compléter siers de sécurité alimentaire, cette les mesures de réduction de la réunion a également permis aux charge infectieuse potentiellement trois membres du gouvernement présente dans le sang des don- d’annoncer plusieurs nouvelles neurs en élargissant aux produits mesures contre les épidémies ac- fabriqués à partir du plasma l’ap- tuelles de listériose (lire ci-dessous) plication de certaines techniques et d’ESB. d’inactivation (déleucocytation et b Les dispositions gouverne- nanofiltration). Ces mesures de- mentales en matière de transfu- vraient entrer en application avant sion sanguine. Contrairement aux « la fin de l’an 2000 ». autorités sanitaires américaine et b Les nouvelles mesures d’ex- canadienne, le gouvernement fran- clusion des abats bovins. Le gou- çais a donc décidé de ne pas procé- vernement étudie actuellement les der à l’exclusion du don du sang conséquences qu’entraînerait la les personnes ayant séjourné dans publication d’un arrêté interdisant les îles Britanniques entre 1980 et l’utilisation des intestins bovins et L’épidémie de listériose serait arrivée à son terme L’ÉPIDÉMIE de listériose qui a cé. Mercredi 23 février, les autori- débuté à la fin du mois de no- tés sanitaires ont annoncé le re- vembre et qui a touché 23 per- trait de tous les produits de cette sonnes et provoqué 7 décès est au- firme (commercialisés sous les jourd’hui « arrivée à son terme », marques Sapar, Délices de Suzon, selon Dominique Gillot, secrétaire Antoine Augé, et Val heureux), de d’Etat à la santé et à l’action so- nouveaux contrôles ayant permis ciale. Son origine ne sera toutefois de trouver des concentrations pas connue avant plusieurs jours. anormalement élevées de Listeria « Il faudra au maximum dix jours monocytogenes. Au ministère de pour identifier le germe, a déclaré l’agriculture on soupçonne l’entre- mercredi 23 février, au terme du prise de ne pas avoir procédé à la conseil national de sécurité sani- destruction des lots retirés de la taire, Marylise Lebranchu, secré- vente début février et d’avoir en- taire d’Etat aux PME, au suite cherché à les recycler. Les commerce et à l’artisanat. C’est trois ministères en charge de ce beaucoup, mais il faut attendre que dossier ont toutefois, dans un la listeria que l’on met en culture communiqué, précisé que seules pousse pour pouvoir l’identifier et il les analyses bactériologiques en faut ensuite que l’Institut Pasteur cours permettront de dire si les trouve la listeria qui rend malade ». produits de l’entreprise « sont im- Mme Lebranchu a d’autre part pré- pliqués dans l’épidémie de listé- cisé qu’une enquête est actuelle- riose ». ment en cours auprès de onze en- treprises de charcuterie fabriquant « NOUVEAUX CRITÈRES » de la langue de porc en gelée et Par ailleurs Mme Lebranchu a in- commercialisant ce produit à diqué que de nouvelles instruc- l’échelon national. Les résultats de tions avaient été adressées aux di- cette enquête devraient être dis- rections départementales des ponibles vers le milieu de la se- services vétérinaires et de la ré- maine prochaine. pression des fraudes afin de ren- Les enquêteurs s’intéressent au- forcer les mesures de contrôle sa- jourd’hui tout particulièrement à nitaire des produits de charcuterie. la société Sapar (Société anonyme Au vu d’un récent avis de l’Agence des produits Augé Roger) basée à française de sécurité sanitaire des Meaux (Seine-et-Marne) dont les aliments (Afssa) ces services locaux et les archives ont été to- doivent désormais « considérer talement détruits lors d’un incen- comme potentiellement dange- die survenu dans la matinée du reuses et impropres à la consomma- lundi 22 février. Les services du mi- tion toutes rillettes ou langues de nistère de l’agriculture avaient dé- porc en gelée dans lesquelles la jà, le 4 février 2000 fait procéder seule présence de Listeria monocy- au retrait de la vente de l’ensemble togenes serait mise en évidence à la de 50 tonnes de produits de char- production ». On estime, côté gou- cuterie fabriqués par cette firme vernemental, que cette « nouvelle avant le 20 janvier 2000. Cette me- interprétation de la réglementa- sure avait été prise après la décou- tion » devrait « conduire les indus- verte par les services vétérinaires triels à prendre toutes les disposi- autrichiens de concentrations éle- tions utiles pour s’assurer du respect vées de Listeria monocytogenes sur des nouveaux critères. » En d’autres une langue de porc en gelée ex- termes les autorités sanitaires es- portée vers l’Autriche. Il s’agissait pèrent que les industriels de la alors de charcuteries commerciali- charcuterie comprendront à l’ave- sées sous les marques Sapar, An- nir qu’il est dans leur intérêt de toine Augé et Régal de Suzon mieux tirer les conséquences des ayant pour numéro d’identifica- autocontrôles qu’ils réalisent sur tion vétérinaire le 77 284 03. leurs produits. Depuis le 4 février cette société faisait l’objet d’un contrôle renfor- J.-Y. N. LeMonde Job: WMQ2502--0012-0 WAS LMQ2502-12 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0445 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 ¼ SOCIÉTÉ

Dix jours après les faits, le double crime Le procès de l’abbé Maurel de Flavin laisse les enquêteurs perplexes se perd entre rumeurs et on-dit Le petit Martin, 5 semaines, n’a toujours pas été retrouvé Des témoins évoquent des pressions exercées Dix jours après la découverte par Patrice Mouli- le double meurtre de Flavin demeure un mystère. les constatations effectuées. Les recherches me- pour accabler l’ancien directeur de collège nier des corps sans vie de sa femme, Manuela, Crime de rôdeur, vengeance familiale, règlement nées pour retrouver le petit Martin, cinq se- trente-six ans, et de sa fille, Morgane, douze ans, de comptes : aucune piste ne semble cadrer avec maines sont restées vaines. accusé de viols sur mineurs FLAVIN (Aveyron) sont rapidement arrivés pour tions ont pour l’essentiel été claré qu’ils n’attendaient pas une RODEZ l’état de santé de l’accusé. Victime de notre envoyé spécial constater la tragédie. Manuela gi- confirmées par l’enquête, cou- telle visite ce matin-là. Mais la de notre envoyé spécial d’un accident cardiaque en 1992, Le lundi 14 février au matin, sait sur son lit, une balle de pant court aux sous-entendus. De BMW et son occupant n’ont pas Etonnante justice, qui passe, en l’abbé Maurel souffre d’une insuf- Manuela, trente-six ans, et Mor- 22 long rifle dans la nuque, tirée à premières vérifications télépho- été retrouvés. pays aveyronnais. A Rodez, depuis fisance coronarienne et suit un gane, sa belle-fille âgée de douze une distance de 1 mètre environ. niques ont ainsi indiqué qu’il que le tribunal a fermé pour cause traitement lourd pour cela. «De ans, ont été tuées par balles dans Morgane, qui était venue passer avait effectivement appelé sa « HYPOTHÈSE D’UN ENLÈVEMENT » de vétusté, elle telles médications altèrent les per- leur maison de Flavin (Aveyron). ses vacances auprès de son père femme le lundi matin. Le frigo- Chez les enquêteurs, la per- se rend aux formances sexuelles qui confinent, Le petit Martin, auquel Manuela et de sa belle-mère, était étendue riste s’est bien rendu chez deux plexité semble l’emporter : champs, dans pour la moitié des cas, à une impuis- avait donné naissance cinq se- sur le sol, au pied du lit, atteinte à de ses clients, des hypermarchés « L’hypothèse d’un enlèvement de une ancienne sance »,indique son médecin trai- maines plus tôt, a été enlevé par l’arrière de la tête par une balle d’Onet-le-Château et de Sébazac, bébé par une femme en mal d’en- résidence d’été tant. L’accusé rebondit : « Je ne suis l’assassin. Après dix jours d’en- de calibre identique. Tiré à bout situés à une vingtaine de kilo- fant ne cadre pas avec les assassi- des évêques pas aussi vert qu’on a pu le laisser quête, aucune piste n’a conduit portant, le projectile avait aupa- mètres de Flavin. Les tests scien- nats. Celle d’un crime de voleur ou du cru. On y entendre. » au meurtrier, et le bébé n’a pas ravant traversé la main de la tifiques opérés sur ses mains et de rôdeur ne colle ni avec la dispa- juge au- Voix douce, l’ecclésiastique à la été retrouvé. L’énigme de Flavin jeune fille, comme si celle-ci avait sur ses vêtements n’ont décelé rition du nourrisson ni avec l’ab- jourd’hui un calvitie prononcée affiche une ap- ne ressemble à aucun scénario tenté de repousser l’arme. Dans aucune trace de poudre. Après sa sence de vol. Une vengeance intra- abbé, Jean-Lucien Maurel, parente sérénité. L’expert psy- connu. « Cette affaire est hors la même chambre, où sa mère le remise en liberté, une informa- familiale ne correspond pas à ce soixante et onze ans, ancien direc- chiatre n’a décelé aucune anomalie norme, commente un enquêteur. veillait et l’allaitait, le berceau de tion pour « homicides volontaires, carnage, qui détruit un couple tout teur du collège privé Saint-Pierre, mentale. Le fils de cantonnier, an- Toutes les hypothèses restent ou- Martin était vide. Un siège de voi- enlèvement et séquestration de mi- en épargnant un père de famille et à Mur-de-Barrez. Selon l’accusa- cien séminariste brillant, raconte vertes, mais chacune d’elles se ture pour bébé et un porte-en- neur de moins de quinze ans » a son bébé. La thèse d’un règlement tion, l’abbé aurait abusé de trois sa vie. Sa « vocation », qui en est trouve contredite par des éléments fant de style kangourou n’ont pas été confiée à l’unique juge d’ins- de comptes ne correspond pas à mineurs, anciens élèves (Le Monde moins une, reconnaît-il, que la troublants. » été emportés. truction de Rodez, Karine Clara- Patrice Moulinier, qui n’a jamais du 24 février). Mais l’ecclésiastique marque d’une réussite, une « as- En ce lundi de Saint-Valentin, munt. attiré l’attention de la justice et qui a toujours fermement démenti. cension sociale ». A l’experte psy- Patrice Moulinier, mari de Ma- VÉRIFICATIONS TÉLÉPHONIQUES Rares sont les certitudes de ce ne fait état d’aucune menace. » Le président de la cour d’assises chologue, il n’a pas caché un épi- nuela et père de Martin, a quitté « Tout s’est passé dans cette dossier. Un médecin-légiste de Dans l’attente des analyses scien- de l’Aveyron, Daniel Duchemin, sode amoureux. Il avait trente ans. la maison familiale vers 8 heures pièce, explique un enquêteur. Les Montpellier, arrivé tardivement à tifiques des indices prélevés sur est un homme d’expérience qui Et l’existence de deux autres du matin. Sur le chemin de son corps n’ont apparemment pas été Flavin, en raison d’intempéries les lieux du drame, par l’Institut n’a, dit-il, en audience, jamais per- jeunes femmes qui, plus tard, travail, le quadragénaire, dépan- bougés. » Aucune trace de vio- qui ont retardé son hélicoptère, a de recherches criminelles de la du son sang-froid. Mais là, confie- furent amoureuses de lui. Vis-à-vis neur dans une société d’équipe- lence, de lutte ou de désordre n’a conclu que les morts étaient sur- gendarmerie, toutes les pistes t-il, il s’en faudrait de peu. «Je des enfants : de l’amitié, des ments frigorifiques, a acheté des été relevée, aucun cri n’a été en- venues entre 8 h 45 et 11 h 30. sont donc explorées. m’inquiète de l’ambiance qui règne « élans de paternité ». « A quarante fleurs. tendu. Aucun vol n’a été signalé France Télécom a cependant indi- Les entourages familiaux de Pa- encore dans le Nord-Aveyron. C’est ans s’est posée pour lui la question A plusieurs reprises, selon ses dans la maison. Bien en évidence qué que Manuela était encore en trice Moulinier, dont la vie conju- à un niveau que je n’ai jamais ren- du renoncement à la paternité, déclarations aux gendarmes, il a sur la table de la cuisine, un por- vie aux alentours de 9 h 30 : de gale a été mouvementée, font contré jusqu’à présent .» l’éventuel abandon de la prêtrise. Fi- tenté de joindre son épouse au tefeuille contenant une centaine son portable, la jeune mère a té- l’objet d’attention. Ce père de L’ambiance ? Un concentré de nalement, le collège est devenu sa téléphone. Sans obtenir de ré- de francs. Aucune arme n’a été léphoné à un cabinet gynécolo- trois enfants s’est marié à trois ragots, de rumeurs et de colpor- deuxième famille constitutive ». ponse. Inquiet, il est alors repassé retrouvée. Dans cette maison gique pour prendre rendez-vous, reprises. Sa première épouse, tages, de défiance envers la justice « J’ai tout donné au collège », dit- à la maison louée par le couple, placée sous les fenêtres d’autres sans d’ailleurs manifester la Christelle, est la mère de sa fille et la gendarmerie, d’enquêtes et de il. D’une poignée d’élèves à la fin une ancienne ferme située rue habitations, face au bureau de moindre inquiétude. A Flavin, aînée, âgée d’une vingtaine d’an- contre-enquêtes privées, de bribes des années 50, l’établissement Saint-Pierre, au cœur du vieux poste et le long de la rue princi- seuls des collégiens qui atten- nées. Un deuxième mariage n’a de récits de corbeau, de coups de compte deux cents inscrits dans les village de Flavin. Dans la pale de Flavin, un village de deux daient leur bus semblent finale- donné aucun enfant, tandis que téléphone anonymes, de pressions années 80. Selon les besoins, le di- chambre du deuxième étage, il a mille âmes où l’étranger est aus- ment avoir remarqué un événe- Morgane était la fille d’une sur des témoins. Un aligot de on- recteur a été enseignant, économe, découvert les deux corps sans vie sitôt repéré, le crime est resté ment inhabituel dans la période concubine. Manuela, épousée en dit. Le président : « Un vent de fo- maître d’internat, vicaire de la pa- et constaté la disparition du nou- inaperçu. correspondant au créneau ho- novembre 1998 à Rodez, vivait lie. » Or, comme si la justice n’avait roisse. Il accueille des enfants de veau-né. Il s’est précipité dans la Patrice Moulinier a été longue- raire : vers 8 h 30, le conducteur auparavant en Espagne, où elle pu faire le tri, le tout s’engouffre, banlieue, du Liban ou d’Afrique, rue principale, où des témoins ment entendu par les gendarmes d’une BMW (immatriculée en avait rencontré son futur mari mercredi 23 février, dans la tempo- organise des camps scouts, aime l’ont entendu hurler : « Elles ont sur son emploi du temps. Sa Belgique ou en Suisse, selon leurs quelques années plus tôt. Leur raire salle d’assises qui par ailleurs les voyages, emmène ses élèves à été assassinées. » Sa course l’a garde à vue de plus de trente souvenirs divergents) leur a de- fils, Martin, a vu le jour à la ma- fleure bon la bergerie voisine. l’étranger. A Mur-de-Barrez, il est conduit au restaurant du Planol, heures s’est accompagnée de ru- mandé la voie à suivre pour se ternité Saint-Michel de Rodez le « Mur-de-Barrez est une paroisse une figure incontournable. Clas- où Manuela avait travaillé avant meurs qui, véhiculées dans la rendre rue Saint-Pierre. Interro- 10 janvier. « Trois enfants, deux particulièrement difficile », indique sique, par la discipline, et parfois son congé de maternité. Le res- presse, l’ont hâtivement présenté gés par les gendarmes, les habi- filles et un garçon, Martin, sont nés à la barre un ancien curé. Il pré- dérangeant. Il pilote des avions, taurateur puis les gendarmes comme un suspect. Ses déclara- tants de la rue du drame ont dé- ce jour-là. Tout s’est passé norma- cise : « Il y a une certaine propen- rêve de monter un aéroclub, ou lement, comme pendant les six sion à la calomnie. On m’a beau- joue au casino de passage à Las jours où sa maman est restée par- coup plaint quand j’ai été nommé. Vegas. Sur son sillage, les multiples mi nous », déclare-t-on à la direc- On m’a remercié pour mon in- facettes de sa réputation. « Parfois tion de l’établissement. conscience : j’avais accepté d’aller on dit que je suis trop autoritaire, Les gendarmes ont fouillé les là-haut. » parfois que je suis trop bon !» bois, les rivières et les décharges De là-haut, l’éperon rocheux du des environs de Flavin, ainsi que Carladez, où l’abbé, pendant qua- « LA CABALE » le puits situé dans la cour de la rante ans, dirigea le collège privé, Et l’abbé d’expliquer, selon lui, maison des Moulinier. Un héli- résonne inlassablement « l’af- que « tout a basculé » après sa ma- coptère a cherché des traces de faire », telle que lue par la gref- ladie, en 1992. Sa légitimité à la di- terre récemment remuée, en vain. fière, énonçant l’arrêt de renvoi. En rection du collège aurait été remise Par voie de presse, la photo du 1995, l’abbé Maurel aurait sodomi- en question. Affaire de personnes, bébé, qui avait servi pour son sé trois enfants de onze à treize contentieux pédagogique. Un faire-part de naissance, a aussi ans. Il est renvoyé pour cela. Six couple d’enseignants de Saint- été largement diffusée. Les en- autres adultes masculins témoi- Pierre, les époux Chayrigues, dont quêteurs assurent toutefois gar- gneraient, au temps jadis, d’attou- l’homme est aujourd’hui maire du der l’espoir de retrouver Martin chements sexuels, de gestes dépla- village, aurait mené « la cabale ». – « lou néné », comme on appelle cés. Tous faits prescrits. Leurs Des témoins rapportent qu’en oc- les nourrissons dans les cam- témoignages, comme ceux des mi- tobre 1995 – huit mois avant pagnes du Rouergue. neurs, sont attendus jeudi et ven- qu’une première lettre anonyme dredi. soit envoyée à la gendarmerie –, Erich Inciyan D’emblée, le président évoque lors d’une réunion au collège, ce- lui-ci aurait traité l’abbé de pédo- phile, prétendant en avoir les preuves. Premier bilan des commissions D’autres témoins assurent que des pressions ont été exercées sur d’anciens élèves pour accuser l’ab- d’accès à la citoyenneté bé, tant par les époux Chayrigues que par la gendarmerie de Mur-de- LE MINISTRE de l’intérieur a réuni une centaine de représentants des Barrez à qui a été confiée l’en- commissions départementales d’accès à la citoyenneté (Codac) pour un quête. Une grand-mère cite le cas « bilan d’étape » avant la réunion des Assises de la citoyenneté, le 18 mars de son petit-fils. Une restauratrice, à la Grande Arche de la Défense, présidées par Lionel Jospin. Les 115 Co- les pressions directes du chef d’en- dac existantes, créées en janvier 1999 à l’initiative de Jean-Pierre Chevène- quête, tutoiement à l’appui, ment, ont enregristré 401 cas de discriminations, dont 38 % n’ont pas eu de puisque tout le monde se connaît. suite faute de preuves ou de plainte. Ces signalements ont concerné à 41 % Enfin, une étudiante d’Aurillac, son des discriminations à l’emploi (embauche, accès aux stages), 16 % les loi- propre cas. « Les époux Chayrigues sirs, 15 % les relations avec les administrations, 10 % les injures et autant le m’ont demandé de dire que j’avais logement. Seuls 47 cas ont été transmis au parquet ; ils touchent essen- été victime d’attouchements. C’était tiellement les injures et les tracts, les discothèques et l’emploi. faux. J’ai refusé. » Convoquée à la gendarmerie de Mur-de-Barrez, DÉPÊCHES elle a maintenu ses dénégations. a BASQUES : Daniel Derguy, militant basque de l’ETA en grève de la « Si tu dis que tu es victime, tu pour- faim depuis 59 jours, a été admis mercredi 23 février à l’hôpital civil du ras toucher des dommages-inté- Kremlin-Bicêtre. Le militant, qui a été condamné lundi 21 février pour la rêts », lui aurait-on promis. troisième fois à dix ans de prison, participe avec dix-neuf autres prison- Et défilent les témoins. Au pre- niers à une campagne de protestation notamment contre les conditions mier jour, après onze heures d’au- de détention des « détenus politiques basques » (Le Monde daté 20 et 21 fé- dience, jusqu’à l’indigestion. Il y a vrier). ceux qui n’ont pour la cour que a AFFAIRE ELF : une commission rogatoire internationale a été leur « intime conviction » sur la adressée aux Philippines, le 21 janvier, par les juges Eva Joly et Laurence bonne moralité de l’accusé : an- Vichnievsky afin de tenter de localiser Alfred Sirven. Ancien directeur pour ciens élèves, parents d’élèves ou les « affaires générales » d’Elf de 1989 à 1993, celui-ci est en fuite depuis collègues retraités. Ceux qui ont plus de trois ans. L’hebdomadaire Paris-Match a affirmé qu’il se trouvait à mené leur enquête et présentent Manille depuis la fin 1997. Cette information n’a jamais été confirmée. au président leurs dossiers. Il y a a SIDA : l’association Vaincre le sida a annoncé, mercredi 23 février, la aussi ceux qui parlent pour ne rien cessation définitive de ses activités, faute de soutien financier des pouvoirs dire, et ceux qui, simplement, publics. L’association, l’une des premières fondées en France pour aider n’ont... rien à dire. Vraiment ? les malades, avait été placée le 14 janvier en liquidation judiciaire par le tri- « Non, non », assure le dernier bunal de grande instance de Paris. d’entre eux, qui déclenche l’hilarité a SANTÉ : un étudiant de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne est générale en se trompant de pro- décédé, mercredi 23 février, d’une méningite. Les étudiants et enseignants cès : « Je ne connais même pas l’ab- qui ont été en contact avec lui sont invités à voir au plus vite leur médecin bé Cottard »... traitant. Jean-Michel Dumay LeMonde Job: WMQ2502--0013-0 WAS LMQ2502-13 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 09:41 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0446 Lcp: 700 CMYK

13 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 L’Europe double les fonds consacrés à la coopération transfrontalière Les « initiatives communautaires » Interreg visent à promouvoir des dynamiques communes et des synergies entre les régions de l’Union. Pour la période 2000-2006, l’enveloppe globale accordée par Bruxelles s’élève à 31,5 milliards de francs, dont 2,6 milliards pour la France BRUXELLES d’entraînement capital. On donne frontière franco-italienne. Le moins relativement limités. «Par flexion sur l’insertion de ces ré- environnement, accès à la société (Union européenne) volontiers en exemple, à Bruxelles, deuxième volet d’Interreg est ex- cette démarche, les Etats membres, gions dans l’aménagement du ter- de l’information, meilleure inté- de notre correspondant l’action déterminante de Jean- périmenté depuis quatre ans, avec les régions, éprouvent le besoin de ritoire européen et, donc, une gration des régions maritimes ou Depuis dix ans se développe par Pierre Raffarin (DL), le président des résultats prometteurs. Phéno- s’ouvrir aux autres, mais pas forcé- absence de stratégie (Le Monde du insulaires... Les programmes se- étape, comme complément du de Poitou-Charentes, mais aussi mène nouveau, il s’agit d’organiser ment à tous les autres », raconte 4 novembre 1999). De tels tâtonne- ront élaborés par les administra- marché unique, une stratégie celles de Michel Delebarre (PS, une coopération transnationale et M. Leygues. Interreg 3 compte ain- ments ne sont pas propres à la tions nationales et les régions d’ici d’aménagement du territoire Nord- Pas-de-Calais), de Gérard transrégionale, de consolider des si treize grandes zones éligibles, France : ainsi, la Grande-Bretagne à l’été, pour être ensuite débattus conçue à l’échelle de l’Union euro- Longuet (DL, Lorraine) ou complémentarités en créant, à tra- dont – innovation – trois zones ul- hésite à privilégier une coopéra- avec la Commission et adoptés par péenne (UE). Cette coopération ré- d’Adrien Zeller (UDF, Alsace). Des vers l’Union, de vastes zones d’in- trapériphériques : l’espace Ca- tion nord-sud axée sur l’arc atlan- elle. Il reviendra alors aux Etats gionale à travers les frontières est organisations comme la Confé- tégration territoriales. raïbes et l’espace océan Indien, qui tique, ou plutôt ouest-est, dirigée membres et aux régions, grosso bien accueillie par les gouverne- rence des régions périphériques intéressent la France, ainsi que vers le pôle à fort développement modo à partir du début de l’année ments des Quinze, pourtant répu- maritimes (CRPM), dont le secré- l’espace Açores-Madère-Canaries. autour de la mer du Nord. prochaine, d’arrêter en concerta- tés jaloux de leurs prérogatives. En tariat général est à Rennes, jouent Les programmes Dans ces régions d’outre-mer, il est Les deux premiers volets se ver- tion des projets opérationnels témoigne l’accroissement des cré- un rôle de promoteur d’idées et de explicitement prévu que des pro- ront attribuer 94 % des moyens dans le cadre de chacun de ces dits accordés à Interreg, l’« initia- lobbying efficace. soumis ne pourront jets proposés au financement du disponibles, chaque Etat membre programmes. tive communautaire », dépen- Interreg 3 comporte trois volets budget européen peuvent inclure répartissant les sommes ainsi ob- Dans Interreg 3, la Commission, dante de la Commission de d’importance inégale. Le premier, bénéficier une coopération avec des pays ou tenues selon ses besoins et ses soucieuse de promouvoir effecti- Bruxelles, qui en est le principal le plus ancien, a pour objet le dé- régions n’appartenant pas à l’UE : choix. Avec 6 % du total, le troi- vement l’intégration régionale, en- instrument. veloppement des régions trans- d’un financement par exemple avec Maurice ou Ma- sième volet d’Interreg est le moins tend lancer un message fort : les Interreg 3, récemment avalisé frontalières, souvent négligées par dagascar pour la Réunion, avec les bien doté : l’idée, en se fondant sur programmes soumis à Bruxelles ne par les gouvernements ainsi que les politiques nationales. « L’ouver- européen autres Caraïbes dans le cas de la des convergences d’intérêt (re- pourront bénéficier d’un finance- par le Parlement européen, bénéfi- ture, la libre circulation des biens et Martinique et de la Guadeloupe. cherche, développement technolo- ment européen – égal à 50 % du ciera pour la période 2000-2006 des personnes, ne gomment pas l’ef- que s’ils comportent Des régions françaises se sont gique, tourisme...), est de favoriser coût et, éventuellement à 75 % d’une dotation de 4,8 milliards fet frontière sur le plan économique, inscrites dans cinq des dix zones la coopération entre des régions dans les régions les plus en re- d’euros (31,5 milliards de francs), social et structurel », explique Jean- une structure éligibles autres que les zones ultra- qui n’ont aucune continuité terri- tard – que s’ils comportent la créa- quasiment doublée par rapport à Charles Leygues, directeur à la po- périphériques : « Méditerranée oc- toriale. tion d’une structure commune de la période précédente 1994-1999 litique régionale. Susciter la coopé- commune de gestion cidentale », « espace alpin », « es- Les thèmes qui peuvent faire gestion et d’un comité de partena- (2,2 milliards d’euros). Pour la ration transfrontalière, afin de pace atlantique », « sud-ouest l’objet de programmes, et bénéfi- riat, au niveau politique, chargé phase qui va s’ouvrir, l’enveloppe rompre ce relatif isolement, ne va Europe », « nord-ouest Europe ». cier ainsi de financements commu- d’assurer le suivi des projets. Plus accordée à la France, fixée à pas de soi, car il faut surmonter L’idée a plu et cet accueil positif Cette omniprésence inquiète quel- nautaires, sont variés : développe- généreux, Interreg devient aussi 397 millions d’euros (2,6 milliards des obstacles divers : ignorance ré- semble révélateur d’un besoin de que peu à Bruxelles, où l’on se de- ment urbain, rural, côtier, PME, plus exigeant.. de francs), est elle aussi en très ciproque des populations, mé- coopération dans des espaces géo- mande jusqu’à quel point elle ne tourisme, recherche, infrastruc- forte croissance. Les sommes ainsi connaissance de la langue, mais graphiques importants mais néan- révèle pas une insuffisante ré- tures – notamment de transport –, Philippe Lemaître affectées à la coopération régio- aussi législations économiques, fis- nale peuvent être utilisées en cales, financières différentes. combinaison avec d’autres contri- Aux frontières du nord et de l’est butions provenant des fonds struc- de la France, où l’interdépendance turels européens. est tellement grande, les acteurs Globalement incontestable, le économiques et les élus, aidés par succès d’Interreg est localement Bruxelles, ont su surmonter les plus ou moins convaincant. C’est obstacles. Interreg y fonctionne, notamment vrai en France, où plu- des programmes, suivis de projets, sieurs régions sont en pointe, mais voient le jour ; il s’y crée des « eu- où d’autres – telle Provence-Alpes- rorégions ». Rien de semblable aux Côte d’Azur – apparaissent encore frontières sud de l’Hexagone, sur- peu motivées. Ailleurs, des expé- tout vers l’Espagne. Les efforts riences comme le programme de communautaires ont même eu, coopération entre la Corse, la Sar- parfois, des effets pervers, Français daigne et la zone de Livourne ont et Espagnols – ou Espagnols et même laissé une impression Portugais – utilisant trop souvent d’échec absolu. Bref, le modèle a les deniers bruxellois pour faire du encore besoin d’être amélioré, ren- développement parallèle, chacun forcé. de leur côté de la frontière. Les Des élus jouent souvent un rôle choses s’améliorent lentement à la En Provence-Alpes-Côte d’Azur, une politique encore balbutiante MARSEILLE sée Port-Net-Med, semble intéresser de notre correspondant Loyala de Palacio, vice-présidente de En Provence-Alpes-Côte d’Azur la Commission européenne chargée (PACA), la « péninsulisation » est des transports. Cette réflexion une hantise. La région redoute commune à dix régions françaises, d’échapper aux grands axes euro- espagnoles et italiennes, pilotée par péens de développement nord-sud la Ligurie, porte sur les possibilités et de devenir une simple région tou- de transporter le fret par voie mari- ristique, « le bronze-cul » de l’Eu- time, dans le contexte bien connu de rope. Afin d’œuvrer à son désencla- saturation des axes autoroutiers. vement, PACA joue donc la carte de Avec le développement des navires la coopération interrégionale et à grande vitesse, ces liaisons mari- tente d’user de tous les instruments times intracommunautaires pour- offerts par l’Union européenne. raient aussi toucher les passagers, Cette politique de coopération, sur des lignes de cabotage de 50 à encore balbutiante, devrait bientôt 100 milles nautiques, telles - porter ses premiers fruits. Dans le San-Remo ou Corse-Sardaigne. cadre des programmes communau- taires Interreg 2 c (1994-1999), qui in- LA VOIE MARITIME téressent l’ensemble baptisé Médi- Le recours à la voie maritime pour terranée occidentale et Alpes latines le transport de marchandises, c’est (de l’Andalousie à la Sicile), une également la grande idée dévelop- étude, intitulée Trans-Fer, porte sur pée par Intermed, le Groupement l’amélioration des liaisons ferro- européen d’intérêt économique qui viaires entre Marseille et Gênes. Au- associe, depuis deux ans environ, les jourd’hui, pour de simples raisons ports de Gênes, Marseille et Barce- techniques, un train franchissant la lone. Intermed a sollicité des sub- frontière franco-italienne est immo- ventions de Bruxelles pour la créa- bilisé en gare de Vintimille pendant tion d’un service « roll-on, roll-off » quinze à quarante minutes. Ce de transport des produits chimiques. temps perdu pénalise aussi bien le Là encore, il s’agirait de substituer trafic local, alors que les flux de pas- un transport maritime de courte dis- sagers transfrontaliers augmentent tance aux flux autoroutiers. Les pre- régulièrement, que le trafic grandes mières études engagées par les trois lignes entre l’Espagne et l’Italie. Mis ports démontreraient que plusieurs en contact, la SNCF et Ferrovie della millions de tonnes de produits Stato envisagent de ramener le chimiques pourraient emprunter la temps d’attente à une ou deux mi- voie maritime plutôt que la route, au nutes. Afin d’y parvenir, des lo- prix d’adaptation de la réglementa- comotives doivent être adaptées et tion. le personnel des deux réseaux être Au Port autonome de Marseille formé à la conduite d’un côté ou de comme au conseil régional, deux l’autre de la frontière. Une expéri- institutions géographiquement dis- mentation sera menée, une fois tantes de 500 mètres, on planche l’étude bouclée. Lors d’une ren- donc sur des projets identiques de contre entre les présidents des navigation de courte distance, conseils régionaux de PACA et de Li- mais... dans l’ignorance totale de ce gurie, en juillet 1999, d’autres dos- que fait l’autre. Conscients de cet as- siers Interreg avaient été évoqués. pect brouillon, les responsables poli- Le projet, appelé Medair, vise à re- tiques jugent ces projets commu- fonder un schéma de desserte aé- nautaires « importants » pour le rienne entre les aéroports de l’arc désenclavement de la région, tout méditerranéen et, notamment, à en reconnaissant que « ce n’est pas mettre en place de meilleures rela- très lisible pour le citoyen de base ». tions avec les îles de la Méditerranée occidentale. Une autre étude, bapti- Luc Leroux LeMonde Job: WMQ2502--0014-0 WAS LMQ2502-14 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0447 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 CARNET

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Manuel Moral, Stages son mari, Mariages Pierre, Manuel, Laurent et Michel, STAGES EN ISRAËL ses fils, dans le cadre des études supérieures Mme EMARD associés à toute leur famille, Raoul Curiel et ont la douleur de faire part du décès de b Stage ouvrier en kibboutz : 1-6 mois M. et Mme DAUBAGNA Objectif kibboutz ont le plaisir d’annoncer le mariage de Palmira MORAL, Tél. : 01-44-15-23-14. Un exceptionnel érudit leurs enfants née VALVERDE, b Stage en entreprise : 2-6 mois ARCHÉOLOGUE, orientaliste, française. C’est alors qu’il se lie reau était celui de l’abbé Barthélé- Laure et Bruno, survenu le 17 février 2000, à l’âge de Agence juive pour Israël. exceptionnel érudit, Raoul Curiel avec Daniel Schlumberger et Henri my, l’un des grands noms de soixante-neuf ans. Tél. : 01-44-15-23-09. est mort mercredi 23 février à Paris. Seyrig, qui deviendront ses amis l’histoire de la BN. qui sera célébré le 25 février 2000, à la Agé de quatre-vingt-six ans, il était proches. Schlumberger l’emmène Peu soucieux de son confort et mairie du 16e arrondissement. 56, allée Robert-Pesnel, 13300 Salon-de-Provence. le frère d’Henri Curiel, d’un an son en Afghanistan, où ce « juriste, in- de sa postérité, Raoul Curiel l’était Conférences-débats 54 bis, avenue Mozart, cadet, assassiné le 23 mai 1978. dianiste et iranisant de formation », d’exactitude, et nombreux sont les 75016 Paris. – Cercle amical - Centre V.-Medem Né au Caire le 23 juin 1913, fils va devenir, « grâce à eux et pour les archéologues qui reconnaissent – Anne et Abram Becker, La Shoah et sa mémoire, d’un riche banquier juif, lui-même aider, archéologue, épigraphiste, son apport à l’évolution scienti- Jean-Daniel et Andrée Piekarski, 2e conférence, ses enfants, issu d’une famille d’usuriers ita- numismate, administrateur », fique de leur profession. Son exac- Anniversaires de naissance samedi 26 février, à 16 heures : David, Alexandre, Gabriel, Voyages, mémoire, yiddish. liens, Raoul Curiel passe son en- comme le rapporte Gérard Fuss- titude avait pour corollaire un – Le 25 février Julie, Sarah et Eve, E. Finkiel, cinéaste, fance et son adolescence dans une man en tête du numéro spécial de constant souci de justice et de pro- ses petits-enfants, J.-J. Moscovitz, psychanalyste grande maison de l’île de Zamalek. Studia Iranica que ses amis lui bité, qui le conduisit très tôt à s’in- Très bon anniversaire Gunther Neuman, et écrivain. Son père, Daniel Curiel, est aveugle consacreront de son vivant, en terroger sur le sort fait par les fouil- son frère, 52, rue René-Boulanger, Paris-10e. ont la tristesse de faire part du décès de depuis l’âge de trois ans. Raoul et 1982. Raoul Curiel, en effet, n’écri- leurs occidentaux à leurs Arrière, grand, père. Henri écouteront leur mère lui lire vait pas, ou quasiment pas. Il laisse trouvailles orientales. Pour ce qui Jaïni, Léa. Sophie PIEKARSKI-NAJMAN, Colloques chaque soir Le Temps. Chaque an- quelques lignes sur une collection concerne ses propres biens, sa reli- Gabrielle, Amélie, Gaspar, Lucas, née ils se rendent en France, pays de monnaies sassanides, en colla- gion était faite. Comme les objets, Hortense, Emmanuelle, Adèle, Noémie, survenu le 20 février 2000. COLLOQUE INTERNATIONAL pour lequel ces Egyptiens sans pa- boration avec Rika Gyselen (1980- les livres, qu’il avait collectionnés Camille, Raphaël, Laure, Julien, Dimanche 5 mars 2000, à partir de L’inhumation aura lieu le 24 février trie se prendront de passion. Ni 1981), cosigne en 1965 l’ouvrage de en grand nombre, étaient faits Sébastien, Thomas, Sandra. 10 heures, Stéphane, Gilles-Marie, Patricia, 2000, à 14 h 30, au cimetière de Pantin. Raoul ni Henri ne se sentent d’inté- Gérard Fussman sur Le Trésor mo- pour être prêtés ou donnés. Depuis Sophie, Caroline. « QUEL JUDAÏSME rêt pour la banque. Henri, raconte- nétaire de Qunduz, presque rien de plus de quinze ans, il s’efforçait de POUR LE XXIe SIÈCLE ? » me ra Gilles Perrault, sera pourtant plus. répartir les ouvrages qui lui res- –M Ruth Revzon, Avec la participation de MM. Josy Mme Myriam Margolis-Wegner, gardé au Caire où, plus que les af- Parlant ou lisant un grand taient entre les chercheurs ou les – Paul-Marie, papa et maman Eisenberg ; Israël Levine, professeur à te souhaitent un joyeux anniversaire M. Kurt Meyerowitz, l’université hébraïque de Jérusalem ; faires, il découvrira les réalités nombre de langues vivantes ou institutions qui lui paraissaient les sa famille, David Golinkin, recteur du séminaire d’une Egypte surexploitée. Raoul, mortes, doué d’une mémoire ency- plus compétents. L’une de ses der- Anne-Lise. Mme Andrée Curdel, rabbinique massorti de Jérusalem ; Rivon qui ne se connaît guère d’autre in- clopédique, Raoul Curiel parta- nières donations, comprenant des Et ses nombreux amis, Krygier. 76620 Le Havre. ont la douleur de faire part du décès, à Pa- térêt que la poésie et la philologie, geait son savoir, poussait les autres ouvrages de linguistique et ris, de Inscriptions : Communauté part étudier à Paris, avec, rapporte- à écrire, conseillait, corrigeait, diri- d’orientalisme, était ainsi allée à Adath Shalom. Tél. : 01-45-67-97-96. ra-t-il, la complicité de sa mère. Il geait, tout en continuant toujours l’Institut dominicain d’études Décès M. Fritz SALOMON, psychanalyste, doit y apprendre le droit : il s’inves- d’apprendre. C’est ainsi qu’il prit orientales (IDEO). Depuis quel- –Mme , tit surtout dans l’orientalisme in- avec brio, et dans des circonstances ques années, Raoul Curiel ne quit- membre de la Société psychanalytique Forums ministre de la culture et de la communica- de Paris, dien et iranien et continue d’acqué- difficiles, la direction des antiquités tait plus son domicile parisien de la tion, – Les Editions Retz organisent, rir cette érudition quasi universelle au Pakistan, de 1954 à 1958, multi- rue au Maire, n’ayant plus que son Les membres de son cabinet, survenu le 29 janvier 2000, dans sa avec la collaboration de l’IUFM de Paris qui, au-delà de ses futurs « mé- pliant ensuite les missions au temps et son intelligence à donner Les administrateurs civils, quatre-vingt-neuvième année. et des Ceméa, Et l’ensemble des agents du ministère tiers », impressionnera des person- Proche et au Moyen-Orient, avant à ses amis et aux chercheurs qui de la culture et de la communication, un forum ouvert à tous les enseignants nalités comme Michel Foucault. d’accompagner, comme adjoint, continuaient à lui soumettre leurs Selon la volonté du défunt, la créma- ont la tristesse de faire part du décès de tion a eu lieu, dans l’intimité, au cimetière et professionnels de l’éducation Lorsqu’arrive la guerre, les deux Henri Seyrig à la direction des Mu- manuscrits. du Père-Lachaise, à Paris. Apprendre à l’école : suffit-il d’innover ? frères rejoignent le camp de la sées de France, puis de devenir Il était resté d’une fidélité sans Thierry BONDOUX, France libre. Ils auraient tenté, vai- conservateur des monnaies orien- faille à la mémoire de son frère administrateur civil du ministère Cet avis tient lieu de faire-part. Conférences (9 h 30-12 h 30) : de la culture et de la communication. nement, de rallier à leur cause la tales au Cabinet des médailles de la Henri, ayant partagé nombre de R. Brissiaud, G. Chauveau, Haïfa. J. Janitza, J.-Y. Rochex, flotte d’Alexandrie. Raoul partira Bibliothèque nationale. Dans la vé- ses plus vives convictions, notam- Jérusalem. suivies d’un débat. finalement prêter sa voix à la radio nérable institution, il occupait un ment pendant la guerre d’Algérie. – M. Maurice Colombet, 18, boulevard de Grenelle, son père, de Brazzaville, puis se rendra en espace biscornu, taillé sous un es- me 75015 Paris. Carrefours thématiques (14 h 30-16 h 30) : M Claude Colombet, arts plastiques, langues vivantes, maternelle, 1945 au Liban pour y diriger la radio calier en second jour, mais son bu- Frédéric Edelmann son épouse, me médiation à l’école, multimédia, sciences, M. et M Stéphane Colombet, avec la participation de son fils et sa belle-fille, Anniversaires de décès me B.M. Barth, C. Gautellier, D. Janitza, M Robert Durand, – Le 25 février 1999, J.-P. Papineau, B. Peterfalvi, B. Salviat, ont la très grande tristesse de faire part du C. Vitalis, M.T. Zerbato-Poudou... Sir Stanley Matthews décès de Henry APPIA Table ronde (17 heures-18 heures) M. Claude COLOMBET, nous quittait. et conférence de clôture professeur de droit à l’université avec V. Troger et les intervenants, Un des « magiciens » du football mondial Paris-I - Panthéon-Sorbonne, Nos pensées vont vers lui. LE JOUEUR de football anglais l’équipe de deuxième division au ne fumait. C’est avec ce club qu’il a spécialiste du droit de le 8 mars 2000 - Paris-15e. la propriété littéraire et artistique, Sir Stanley Matthews est mort mer- poste d’ailier droit, devenant pro- emporté le seul trophée de sa car- – Pour le vingt-sixième anniversaire de Entrée libre sur inscription : 01-45-87-43-66. credi 23 février à l’âge de quatre- fessionnel. Son salaire : 10 livres rière, la Cup, en 1953. En 1956, à survenu le 19 février 2000. la disparition de vingt-cinq ans, dans une clinique de sterling à la signature, 3 par se- quarante et un ans, il est élu meil- La cérémonie religieuse sera célébrée Newcastle-under-Lyme (centre de maine l’hiver, 5 l’été, 1 livre sterling leur joueur d’Europe, un titre dans l’intimité, le vendredi 25 février, Michèle CYPKIN, Signature l’Angleterre) où il venait d’être ho- de prime à chaque victoire. Au plus concrétisé par un trophée au bel à 10 h 30, en l’église Saint-Médard, agrégée de l’Université, e Le grand écrivain albanais pitalisé. haut de sa carrière, il ne gagnera ja- avenir, le Ballon d’or du magazine Paris-5 . une pensée est demandée à tous ceux qui Né à Stoke-on-Trent (nord-ouest mais plus de 50 livres par semaine, France-Football, dont il fut le pre- 1, square de Port-Royal, l’ont connue et aimée. Ismaïl KADARÉ de l’Angleterre) le 1er février 1915, auxquelles s’ajoutaient des primes mier lauréat. Mais Stanley Mat- 75013 Paris. Stanley Matthews était un « magi- de victoires de 25 livres. En 1934, il thews est un poète. Ce superbe ob- dédicacera ses livres cien » du football, un joueur dont le est sélectionné en équipe nationale jet d’art, il l’égarera lors d’un – Courbevoie. samedi 26 février 2000, Raoul CURIEL, à partir de 16 heures, dribble, cet art subtil de tromper pour la première fois. Il est membre déménagement. Et pourtant, il ne ancien directeur général Un mari, un père si vite emporté, à l’occasion de la parution de son l’adversaire sans jamais perdre le de l’équipe qui doit affronter le pays déménageait pas souvent. des Antiquités du Pakistan, Journal de la guerre du Kosovo, contrôle de la balle et de son corps, de Galles. Nous sommes le 29 sep- Sa vie professionnelle se résume ancien conservateur Guy DAMAIS, aux éditions Fayard. des monnaies orientales émerveilla plus d’un amateur. tembre 1934, le jour de la Saint-Mi- à un simple aller-retour entre Stoke au cabinet des médailles « Tous les gens âgés de plus de cin- chel, et Stanley Matthews inscrit City et Blackpool. A la fin de sa car- 25 février 1996. Librairie L’Odyssée, de la Bibliothèque nationale, 64, rue de Vouillé, quante ans s’en rappellent comme son premier but international, dé- rière, il s’était décidé à rentrer au « Qui peut dire où la mémoire commence, 75015 Paris. d’un génie absolu », a réagi sir Bob- but d’une longue série puisqu’il bercail pour aider le club de ses dé- est décédé, à Paris, le 23 février 2000. Qui peut dire où le temps présent finit, Tél. : 01-45-33-51-83. by Charlton, vainqueur de la Coupe comptera 84 sélections. Son plus buts à retrouver l’élite. Mission ac- Beaucoup de ses amis associent à son Où le passé rejoindra la romance... » du monde 1966. Mais en Angleterre, bel exploit sous le maillot anglais complie en 1961. Il a alors quarante- souvenir celui de son frère, Aragon. et partout où le jeu de la balle au reste un « hat-trick » (le coup du six ans et c’est lui qui inscrit le but Communications diverses Henri CURIEL, Paule Damais-Garlaud, pied est pratiqué, c’est-à-dire dans chapeau qui voit un joueur inscrire de la victoire. Quatre années plus Pascale Damais. La Maison des écrivains, le monde entier, Stanley Matthews trois buts de rang) signé face à la tard, Stanley Matthews prend sa re- mort assassiné en 1978. 53, rue de Verneuil, 75007 Paris. a laissé le souvenir d’un homme Tchécoslovaquie en 1937 (score fi- traite. Il aura joué jusqu’à cin- A travers champs : (Lire-ci-contre.) er modeste, digne, lucide, d’une élé- nal : 5-4). quante ans. Une performance qui – Je salue avec gratitude la mémoire mercredi 1 mars, 19 h 30. de ma mère, Rencontre avec Gao Xingjian. gance rare, d’une incroyable longé- En championnat, Stanley Mat- lui vaudra admiration, respect et un Modérateur : G. Meudal. vité et d’une fidélité exemplaire. thews jouera 710 rencontres soit titre de sir, le premier accordé ja- – Corme-Royal. Jenny LÉVY-ROOS, Renseignements : 01-49-54-68-87. S’il rejoint le club de Stoke City pour Stoke City, soit pour Black- mais par la Reine Elizabeth II à un Arnaud Dupin de Saint Cyr, Programme détaillé : 01-42-84-00-08. dès l’âge de quatorze ans, Stanley pool qui l’enrôle en août joueur de football. son mari, décédée, il y a dix ans, à Strasbourg, le Matthews devra patienter trois an- 1946 contre 500 livres et une bou- Christophe, Liz, Adrian, 25 février 1990, dans sa quatre-vingt-on- zième année. En vue de publication, nées pour intégrer les rangs de teille de whisky, lui qui ne buvait, ni Gabriel Dupin de Saint Cyr Michel Dalloni et Carla Arrigo, nés en 1946, Cyrille Dupin de Saint Cyr, Lise Dunoyer. si vous êtes prêts à témoigner Nathalie, Pascal, Amélie et Margot des effets de la guerre sur votre vie, Buzzino, NOMINATIONS POLICE écrivez à MORELL / CARNELLE, Fulvio Raggi, inspecteur général de Grégoire et Sophie Dupin de Saint Cyr, Souvenir Noémi, Christophe, Rémi et Marie Cou- 56, rue Ordener, MOUVEMENT PRÉFECTORAL la police nationale, a été nommé direc- zinet, « On s’approche, on sourit, la 75018 Paris. Patrick Delage a été nommé préfet teur des services actifs de la police natio- A LA TELEVISION Toute sa famille, main touche la main, et nous nous Tous ses amis, souvenons que nous marchions de la Creuse, lors du conseil des mi- nale, chargé de la direction centrale de ET A LA RADIO «Le 5e Salon des études en Israël » ont la douleur de faire part du décès de ensemble... » nistres de mercredi 23 février, en rem- police aux frontières (PAF), lors du Journée d’information organisée par placement d’Henry Féral. conseil des ministres du mercredi 23 fé- l’Agence Juive pour Israël, Le Monde des idées Sylvie DUPIN de SAINT CYR, Philippe CATILLON, [Né le 4 juin 1954 à Saint-Julien (Haute- vrier. Il succède à ce poste à Yves Guillot, LCI 24 février 1997. Dimanche 27 février, de 10 h à 20 h Vienne), diplômé de l’Institut d’études poli- qui a été nommé préfet délégué à la sé- Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 survenu le 22 février 2000, à l’âge de Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 soixante-six ans. à l’école Georges-Leven, tiques de Paris, Patrick Delage est affecté au curité à Lyon (Le Monde du 28 janvier). Ta femme, Annie. e Le lundi à 15 h 10 30, boulevard Carnot, Paris-12 ministère de l’intérieur en 1980 à sa sortie de [Né le 14 mai 1944, licencié en droit, diplômé de Les obsèques religieuses seront célé- a Métro : Porte-de-Vincennes. l’ENA (promotion « Voltaire »). Directeur du l’Institut d’études judiciaires de Paris, Fulvio Raggi a brées, samedi 26 février, à 15 heures, Entrée libre. en l’église de Corme-Royal (Charente- cabinet du préfet de Haute-Corse (1980-1981), débuté sa carrière en 1972 à la direction centrale des Le Grand Jury Renseignements : 01-44-15-23-10 Maritime). CARNET DU MONDE e-mail : [email protected] il dirige ensuite le cabinet du préfet du Var renseignements généraux (DCRG) dans la section RTL-LCI Le dimanche à 18 h 30 (1981-1983), avant d’être chef du bureau de spécialisée dans les courses et jeux. Après avoir oc- Ce présent avis tient lieu de faire-part. - TARIFS AN 2000 - a TARIF à la ligne ANCIENS DE BUFFON l’urbanisme et du logement à la direction gé- cupé plusieurs fonctions à la DCRG, il devient en Le banquet annuel de l’Amicale, sous nérale des collectivités locales (1983-1985). juin 1988 le directeur du cabinet de François Rousse- La rumeur du monde DÉCÈS, REMERCIEMENTS, la présidence du général d’armée aérienne Chargé de mission au secrétariat général du ly, directeur général de la police nationale. Il remplit FRANCE-CULTURE Jean-Philippe Douin, grand chancelier de Le samedi à 12 heures – Didier Goutner, AVIS DE MESSE, gouvernement (1987-1990), il est ensuite sous- cette mission jusqu’en juillet 1991, alors que Pierre son fils, l’ordre de la Légion d’honneur, aura lieu a ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS le mercredi 15 mars, au lycée, dès directeur des finances locales, puis adjoint au Joxe, puis Philippe Marchand, sont ministres de l’in- Véronique Goutner, ¤ Idéaux et débats Marjolaine Varnet, 140 F TTC - 21,34 19 heures pour l’apéritif. directeur général des collectivités locales térieur. En 1994, il est nommé conseiller technique Contact téléphonique après 19 heures : (1990-1995), avant d’être secrétaire général de du préfet de la zone de défense de Lille (Nord), FRANCE MUSIQUES ses belles-filles, TARIF ABONNÉS Le dimanche à 17 heures Simon, Alice, Clément, Raphaël, ¤ 01-46-55-24-71 01-48-28-01-24 120 F TTC - 18,29 01-45-67-11-46 01-45-32-41-33 la préfecture de Gironde de novembre avant d’être affecté à la direction de la sécurité civile a ses petits-enfants, 1996 à juin 1997. Depuis lors, Patrick Delage entre novembre 1996 et mars 1999. Jusqu’à sa nomi- Mme André Darde, NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, était conseiller technique, chargé de la ré- nation à la tête de la PAF, Fulvio Raggi était sous- Libertés de presse Tous ses amis, FRANCE-CULTURE MARIAGES, FIANÇAILLES, PACS forme de l’Etat, au cabinet de Lionel Jospin, directeur de la nouvelle direction de la formation de ont la douleur de faire part du décès de Le premier dimanche de chaque mois 550 F TTC - 83,85 ¤ premier ministre.] la police nationale.] a Marthe GOUTNER, FORFAIT 10 LIGNES A la « une » du Monde survenu le 21 février 2000, dans sa Toute ligne suppl. : 65 F TTC - 9,91 ¤ RFI soixante-dix-huitième année. JOURNAL OFFICIEL blique : une circulaire du premier THÈSES - ÉTUDIANTS : ministre à ses ministres, relative à Du lundi au vendredi à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) La famille remercie l’unité de soins pal- 85 F TTC - 12,96 ¤ Au Journal officiel daté lundi 21- l’établissement de rapports d’activité a liatifs de l’hôpital Paul-Brousse (Villejuif) pour son soutien. COLLOQUES - CONFÉRENCES : mardi 22 février est publié : et de comptes rendus de gestion Nous consulter b 35 heures : un décret relatif aux budgétaire ministériels. La « une » du Monde Elle a fait don de son corps à la science. ట 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96 pénalités concernant l’application de b 35 heures : un décret relatif aux BFM Du lundi au vendredi Fax : 01.42.17.21.36 l’article 32 de la loi du 19 janvier 2000 conditions de suspension ou de sup- Cet avis tient lieu de faire-part. 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 e-mail: [email protected]. relative à la réduction du temps de pression de l’aide incitative prévue à Le samedi Un hommage à Malakoff (Hauts-de- Les lignes en capitales grasses travail. l’article 3 de la loi du 13 juin 1998 re- 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 Seine) lui sera rendu ultérieurement. sont facturées sur la base de deux Au Journal officiel du jeudi 24 fé- lative à la réduction du temps de tra- lignes. Les lignes en blanc sont 16, avenue Pierre-Brossolette, obligatoires et facturées. vrier sont publiés : b Gestion pu- vail. 92240 Malakoff. LeMonde Job: WMQ2502--0015-0 WAS LMQ2502-15 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 09:08 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0448 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 15 HORIZONS REPORTAGE Toma, jusqu’au bout à Grozny

Femmes et enfants tchétchènes réfugiés dans un abri pendant une attaque d’hélicoptères russes sur le village de Samashki, le 1er février.

n’avaient plus rien. Ce sont les combattants qui leur apportaient à manger. » Les rapports entre ceux de la cave de Toma et les boieviki n’étaient pas mauvais non plus. « Même s’ils m’appelaient “la criarde” parce que je dis toujours ce que je pense. Mais on n’est pas plus des opozitsionery qu’autre chose. Finalement, on est tous des Tché- tchènes, des Tchitchikis, comme disent les Russes maintenant. » De sa cave, Toma entendait ce que di- saient les combattants qui s’affai- raient dans les cours. « Il y avait ceux qui prenaient le bois n’importe où, quitte à briser les portes et les meubles des gens partis, et d’autres qui ne le faisaient pas. Il y avait ceux qui se battaient clairement pour une idée, comme ceux qui venaient des tranchées, les pauvres, chercher leurs 100 grammes de nourriture. Mais les Wahhabis [islamistes néo- phytes], qu’on reconnaissait à leurs cheveux longs et pantalons retrou- ssés, je n’aime pas leur refus de re- connaître nos lois tchétchènes. Ni leurs idées : je n’ai aucune hâte de me retrouver au paradis, ni de les rencontrer là-bas. Au début, on n’en voyait pas. Les combattants d’ici di- saient qu’ils étaient sur le périphé- rique, avec plein d’armes, mais qu’ils ne voulaient pas se battre. Puis il y a eu l’offensive des Russes, leurs trois tentatives de prendre notre quartier d’assaut, du 18 au 22 décembre. Ils ont échoué, on a entendu une fois des soldats russes appeler à l’aide. Ils étaient sans doute blessés et ont dû être pris. En-

T. DWORZAK/WOSTOK T. suite, les bombardements sont deve- nus incessants et de plus en plus in- UAND un Tché- ma voix, afin que je puisse crier très tenses. Des Wahhabis sont alors tchène parle de Comme des milliers de civils, Toma, fort quand les Russes viendraient apparus au QG, avec leurs 4 × 4. » Grozny, il utilise l’arrêter... » rarement ce enseignante tchétchène, a vécu quatre mois Comment ont-ils survécu, quatre LLE raconte aussi comment nom donné par mois sous les bombes ? « Oh, nous les boieviki achetaient des les conquérants sous les bombardements russes qui ont les Tchétchènes, on a l’habitude E armes aux soldats russes, russes (« la Ter- maintenant : on avait des conserves, pendant les bombardements, en Q rible »), et en- fait tomber Grozny. Elle raconte la vie trois sacs de farine et on ne sortait plein Grozny : « Ils se rencontraient core moins son que le matin à l’aube, quand il y la nuit près du terrain de foot, là où récent nom offi- cachée, les lectures à la lueur du kérosène, avait une heure d’accalmie. Au dé- tournait avant le bus no 3, et se met- ciel, « Djokhar », but, on avait des problèmes avec le taient d’accord sur les quantités, le prénom du président indépendan- la peur, et le besoin de rire, malgré tout bois, puis il y a eu tellement d’arbres prix, le temps et le lieu de tiste Doudaev, assassiné en 1996. Il cassés et de toits brûlés qu’il suffisait l’échange. » Ce témoignage ne fait dit tout simplement « la ville ». Car de ramasser. Pour l’eau, au contraire, que corroborer une multitude dans cette République grande Son fils de dix ans, qu’elle n’avait avait personne pour les enterrer. On ont fait exploser les mines laissées c’était de plus en plus dur ; la neige d’autres, recueillis lors de la pre- comme deux départements fran- pas vu depuis septembre, est à ses espérait que des journalistes vien- dans le QG et mis le feu à l’im- devenait noire : on avait une radio, mière guerre, celle de 1994-1996, et çais, toutes les autres localités sont côtés. D’emblée, elle précise : «Je draient. Personne n’est venu, bien meuble. « Nos protestations n’ont on mettait les batteries dans du sel, à nouveau maintenant. Ils sont de des villages. Maintenant, il n’y a ne fais pas de politique, je veux pou- sûr, mais on dit qu’un Tchétchène a servi à rien. Mais ils sont vite partis et, sur le poêle, pour les prolonger. Mais deux sortes. Il y a d’une part ceux plus de ville en Tchétchénie. Quatre voir nourrir mes enfants et avoir un amené une vidéo et que le film a été de midi jusqu’à la tombée de la nuit, on ne captait que des stations russes. sur les accords passés sur le ter- mois de bombardements ont ache- salaire. » Comme la plupart des en- caché en lieu sûr. Avant-hier, les sol- on a cherché à éteindre l’incendie. Quand un obus est tombé juste sur le rain, entre commandants tché- vé la destruction d’une capitale ré- seignants, elle a travaillé ces trois dats ont enfin ouvert un corridor et Mon appartement est à moitié sau- mur devant notre cave, le 29 janvier tchènes d’une zone ou d’un village gionale typique de l’ex-URSS, qui dernières années sans être payée, si des parents auraient pu aller enterrer vé », dit l’obstinée optimiste. à 10 heures, faisant voler en éclats et officiers russes subalternes. Ces comptait 450 000 habitants avant la ce n’est grâce à des collectes pri- leurs morts. » Aucun média russe Elle ajoute aussitôt avoir eu nos trois réduits à provisions, près de derniers se faisaient payer, ou première guerre, celle de 1994-1996, vées. « Je ne suis ni pour ni contre les n’a encore signalé ce massacre beaucoup de chance : « Pas comme l’escalier, on s’est dit : “La radio va s’engageaient dans des pactes de qui avait commencé le « travail ». boieviki [combattants tchétchènes], commis par des troupes lâchées ceux d’Aldy. Ou comme les cinq encore annoncer que trois QG de non-agression, assortis éventuelle- Ils sont maintenant morts, invalides dit-elle. J’ai toujours condamné les dans Grozny, comme au Moyen jeunes que les Russes ont sortis de bandits ont été détruits.” On a été ment de mises en scène de tirs et ou réfugiés, tous ces citadins qui, prises d’otages, j’ai même pensé un Age, pour se payer sur les vaincus. l’abri antiaérien qui se trouvait près projetés contre les murs, mais c’est de combats, pour faire illusion aux bon gré mal gré, étaient les seuls, moment que les Russes pourraient re- de chez nous. » Ils ont été emmenés, tout. Notre seul désir, c’était, comme yeux de la hiérarchie russe. Il y en Tchétchénie, à avoir vécu plus venir mettre un peu d’ordre ici. Mais OMA jette un regard sur son mains sur la nuque, vers une place dit la chanson : “Si c’est la mort, avait aussi les accords passés ou moins, avant 1991, selon les ce qu’ils font, je n’en veux pas. Ils ne fils. « Durant la première où plus d’une douzaine d’autres qu’elle soit rapide ; si c’est une bles- avant les « ratissages » de villages règles imposées par Moscou. Ail- seront jamais pardonnés. » T « suspects » étaient gardés, cou- sure, qu’elle soit légère...” Ma mère guerre, dit-elle, son cartable tchétchènes, permettant à ces der- leurs, les lois traditionnelles locales Toma admet elle-même, en riant, avait brûlé avec notre appartement, chés dans la boue. Ils ont été en- a de l’insuline et j’ai dû apprendre à niers d’être prévenus à l’avance, et avaient cours en dernier ressort, qu’elle fait partie de cette catégorie qui avait déjà été touché en mars suite répartis dans deux camions. lui faire des piqûres. Elle avait surtout aux Russes d’éviter de s’aventurer malgré les répressions tsaristes, de Tchétchènes que les autres ap- 1996. Il était content d’échapper aux Un officier a donné l’ordre, par ra- peur des tirs d’artillerie. Moi, c’était dans des coins dangereux. puis soviétiques. Toma, ensei- pellent des opozitsionery (oppo- devoirs. Maintenant, je lui ai dit que dio, d’envoyer l’un d’eux à Khanka- plutôt les avions. Elle, la communiste, D’autres accords, dont les Tché- gnante et fille d’une « ancienne sants), réputés prorusses. Elle a tou- toute son école a brûlé : c’est pour ça la, la base militaire à l’est de Groz- avait appris à dire une prière, mais tchènes parlent aussi volontiers, communiste convaincue », fait partie jours vécu à Grozny, et compte y qu’il est si joyeux ! » La capacité à ny. « Et les autres ?, a demandé un au moment d’un tir particulièrement mais pour s’en indigner, seraient des derniers 10 000 à 15 000 civils retourner car sa mère, malade, est plaisanter dans le malheur, trait soldat. – Je m’en f... _ Fusille-les si tu violent, elle s’est trompée : au lieu de ceux passés avec les Russes au plus – peut-être – à être restés à Grozny restée dans la cave. Mais elle est éminemment tchétchène, soulage veux ! » Les soldats n’ont pas voulu. dire “Ya Sin”, elle a crié : “Sullim, haut niveau, et portant sur des li- jusqu’au bout. Son témoignage partie, à pied, pour l’Ingouchie le et libère l’enfant, qui sourit et se C’étaient des appelés et non des Sullim !” On s’est beaucoup moqué vraisons importantes d’argent (sous montre comment la Russie trans- 11 février, une semaine après la blottit contre sa mère. kontraktniki, soldats sous contrat, d’elle. On se moquait de ma sœur forme éventuellement de rançons forme systématiquement, guerre chute de Grozny, pour prévenir ses aussi, qui était si contente de voir d’otages), ou d’armes, comme après guerre, ses alliés potentiels en proches, réfugiés dans cette Répu- pousser ses cheveux gris, qu’elle ne celles qu’auraient reçues les Wah- ennemis. blique voisine, qu’ils ne doivent sur- « Ma sœur était si contente de voir pousser pouvait plus teindre... Elle espérait habis d’Ourous-Martan. Peut-être Moussa, lui, a suivi les combat- tout pas venir la rejoindre. passer ainsi pour une vieille quand même aussi leur célèbre allié Cha- tants dans leur repli dramatique Dans son quartier, à Tchernoret- ses cheveux gris qu’elle ne pouvait plus les Russes viendraient. On avait aussi mil Bassaev, sur la base, dit-on, d’une ville assiégée par une armée chie, elle n’a vu de ses yeux « que » amené des livres, on lisait beaucoup d’accords avec l’oligarchie russe. russe de 100 000 soldats, dont les trois corps dans une cave voisine : teindre... Elle espérait passer ainsi pour à la lueur du kérosène – je crois que Chamil Bassaev, héros de la pre- chefs juraient qu’aucun « bandit » « Ceux des frères Kharikhanovy et ce- je connais le roman Cléopâtre par mière guerre qui n’a pas su garder ne sortirait vivant. « La Russie dé- lui du jeune aveugle Guilani, qu’ils une vieille quand les Russes viendraient » cœur maintenant – et on plaisantait sa réputation, était en quête de verse sur nous toutes les armes qu’elle avaient adoptés. Les Russes les ont pour tromper la peur. C’était moi qui nouvelles aventures. Quant aux avait préparées pour l’Occident de- fusillés puis brûlés. » Mais elle devais faire le comique. » « oligarques », ils voyaient dans puis soixante-dix ans mais, au- n’ignore rien du massacre commis L’appartement de Toma a lui aus- volontaires pour venir tuer et s’en- La situation était plus tendue une guerre de revanche au Caucase jourd’hui non plus, elle ne nous fera tout près, le 5 février, à Aldy. « Ils si brûlé, une seconde fois. Il se trou- richir en Tchétchénie. Ils ont em- dans l’abri antiaérien voisin, sur- le meilleur moyen de se maintenir pas céder », affirme le vieil homme ont fusillé tout le monde : les familles vait dans un immeuble de trois mené le camion place Minutka et peuplé. En décembre, quand les au pouvoir. C’est donc tout naturel- qui, de même que toute sa généra- Moussaev, Ganaev, 106 personnes en étages qui a servi de quartier géné- ont ordonné aux prisonniers de dé- Russes ont annoncé qu’ils ou- lement que Toma affirme : «Les tion, a déjà survécu à la déportation tout. Beaucoup de femmes sont deve- ral à Ahmed Zakaev, un des guerpir. Parmi eux se trouvait Idriss, vraient des corridors pour les civils, combattants étaient d’accord avec stalinienne du 23 février 1944. nues folles parce qu’ils en ont emme- commandants tchétchènes. Toma, qui a raconté l’histoire. Sur le ca- ses soixante occupants ont pensé les Russes pour leur repli. On les en- Sous la lumière blafarde d’une né 17, choisies parmi les plus belles. sa sœur et leur vieille mère, avec mion parti vers Khankala, il y avait que le « MTchS » (le ministère des tendait parler. C’était pour de unique ampoule, Toma, arrivée Ils jetaient des grenades dans les cinq autres parents et deux femmes Slavik, un invalide, et sans doute situations d’urgence) allait leur l’argent, mais ils se sont entendus quelques heures plus tôt dans ce caves, tout au long de la rue Matach- russes, se cachaient, eux, dans la celui que tout le monde dans le amener des bus jusqu’au refuge. entre eux, les hauts gradés ne sa- hangar d’usine ingouche où s’en- Mazaev, et achevaient les blessés cave d’un bâtiment adjacent. quartier appelait « Bucha », le « On riait de cette naïveté. Quarante vaient pas. Ils devaient tous partir en tassent une quinzaine de réfugiés, pendant qu’ils pillaient tout. Le mol- Quand les boieviki ont opéré leur boute-en-train local, que ses pa- d’entre eux sont cependant partis, ai- trois nuits : Zakev, Mounaev, reprend le récit qu’elle vient de faire lah, Magomed Osmanov, a gardé les repli, dans la nuit du 30 au 31 jan- rents ne trouvent plus nulle part. dés par les boieviki. On ne sait pas Bassaev... » de ses quatre mois passés dans une corps dans la mosquée. Pendant trois vier, et que les Russes sont arrivés « Il y a un mois, il m’avait amené du combien ont échappé aux tirs en che- cave, sous les bombes, à Grozny. jours, la zone a été bouclée, il n’y trois jours plus tard, ces derniers miel, en me disant que c’était pour min, dit Toma. Ceux qui restaient Sophie Shihab LeMonde Job: WMQ2502--0016-0 WAS LMQ2502-16 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:36 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0449 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Une nouvelle donne franco-israélienne ? 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 COMMENT convaincre les Israé- a fait une « capitale éternelle et venu en Israël – Ehoud Barak a Shlomo Ben Ami, intéressé par le Changement d’adresse et suspension : 0 803 022 021 (0,99 F la minute). liens, prompts à se souvenir de indivisible » non reconnue par la rencontré trois fois Jacques Chirac problème des collectivités locales Internet : http : //www.lemonde.fr l’embargo militaire que la France communauté internationale. et deux fois M. Jospin ; il leur a et la gestion des cultes. ÉDITORIAL leur a imposé après la guerre Autre bonne manière des nou- téléphoné à plusieurs reprises, Comme à son habitude, Israël a israélo-arabe de 1967, que Paris est velles dispositions françaises à réussissant à les persuader de la examiné à la loupe tout indice qui désormais décidé à rééquilibrer ses l’égard de l’Etat juif, M. Jospin fermeté de ses choix comme des pourrait exprimer un préjugé ou relations avec leur pays et à aban- arrive à Jérusalem accompagné difficultés de politique intérieure manifester un déséquilibre dans la L’argent et la politique donner le préjugé pro-arabe qu’ils d’une suite de quatre ministres qui pourraient en retarder la réali- façon dont la France traite l’Etat lui prêtent si souvent ? C’est cette parmi les plus importants du gou- sation. hébreu. L’examen paraît positif ’UN après l’autre, les punisse les coupables les plus tâche délicate que Lionel Jospin vernement – Hubert Védrine, puisque les responsables israéliens partis politiques fran- haut placés confirme qu’une lo- s’est assignée en commençant, Christian Sautter, Jean-Claude SUBTILITÉS DIPLOMATIQUES ont mesuré avec satisfaction que L çais paient le prix de gique vertueuse a été enfin en- mercredi 23 février, un voyage offi- Gayssot, Pierre Moscovici – et Séduite, la France, en retour, n’a M. Jospin resterait un peu plus leurs fautes. La plupart clenchée. ciel de deux jours en Israël. Diffi- d’une bonne centaine de journa- pas ménagé ses bonnes paroles. En longtemps chez eux qu’il ne serait d’entre eux ont recouru à des En 1991, Jean Le Garrec, rappor- culté supplémentaire, le premier listes. Si aucun chef d’entreprise ne novembre 1999, au cours du dîner avec M. Arafat et que, contraire- moyens illégaux pour financer teur d’une commission d’enquête ministre qui, du 25 au 26 février, fait partie de la délégation, ce n’est, annuel du Conseil représentatif ment aux subtiles habitudes diplo- leurs activités. La justice a fini par de l’Assemblée nationale, consta- après l’étape israélienne, visitera dit-on à Paris, que la conséquence des institutions juives de France matiques, il reviendrait même des leur demander des comptes. Le tait que les « pratiques occultes » aussi les territoires placés sous d’emplois du temps trop chargés. (CRIF), M. Jospin affirmait que «la territoires palestiniens pour passer PS a été sévèrement condamné : n’avaient pas cessé malgré le vote autorité palestinienne, devra per- Aucun accord, contrat ou docu- relation franco-israélienne existe en une nuit de plus à Jérusalem ouest. son ancien trésorier, Henri Em- des lois. Il est possible que ce suader Yasser Arafat que le tour- ment d’importance ne sera signé à tant que telle et est à développer ». Plus sérieusement, Israël a aussi manuelli, a été privé pendant constat soit encore valable au- nant français ne se fait pas au l’occasion d’un voyage placé déli- Autrement dit, que les aléas du noté que la France avait changé de deux ans de son mandat de dépu- jourd’hui. Aux tribunaux de faire détriment des intérêts et des bérément dans le domaine du sym- processus de paix, désormais vocabulaire lorsqu’elle traite du té. Le CDS est traité avec un peu en sorte que ces pratiques soient bonnes relations que la France bole propre à souligner la nouvelle considéré à Paris comme inéluc- Moyen-Orient, prête « à être utile » plus d’indulgence, ses dirigeants poursuivies et leurs auteurs entend conserver avec la future donne des relations franco-israé- table, ne doivent plus rejaillir sur plutôt que donneuse de leçons en bénéficiant à la fois du sursis et condamnés. Il en va de la relation Palestine. liennes. Depuis l’élection d’Ehoud les relations bilatérales entre Israël assénant ses certitudes sur la façon de l’amnistie. Il n’empêche : le fi- de confiance entre les politiques Pour se faire entendre de ses Barak, en mai 1999, la France est et la France, appelées à se dévelop- de ramener la paix dans la région. nancement occulte des partis est et les citoyens. interlocuteurs israéliens, Paris n’a convaincue de la volonté d’Israël per. On devrait le constater dès la En Israël, cette humilité nouvelle a sanctionné par les juges et, sym- De ce point de vue, il importe pas lésiné sur les apparences ni sur de conclure la paix avec ses voisins fin du voyage de M. Jospin, avec les séduit. Tranchant avec son prédé- boliquement au moins, ces sanc- que la justice ne s’arrête pas en les moyens. Hormis une courte palestiniens et syriens. Au cours visites déjà programmées de plu- cesseur, qui ne voyait qu’au travers tions sont importantes. chemin. Plusieurs procédures ont cérémonie à Tel Aviv, sur les lieux des six derniers mois, et après des sieurs ministres et hauts fonction- de la lunette américaine, M. Barak Elles montrent que le souci de été engagées contre d’autres par- mêmes où Yitzhak Rabin fut assas- années de réserve parfois glacée naires français – dont le ministre s’est plusieurs fois dit prêt à jouer moraliser la vie publique n’est pas tis, dont certaines semblent traî- siné en 1995, la partie israélienne entre les deux pays – entre de la défense, Alain Richard – et la la carte européenne et française, resté un vain mot, que la volonté ner en longueur. Si l’actuel secré- du voyage du premier ministre se novembre 1997 et octobre 1999, prochaine visite en France du notamment dans le règlement du d’en contrôler et d’en limiter le fi- taire national du PC, Robert Hue, jouera à Jérusalem, ville dont Israël aucun ministre français n’était ministre israélien de la sécurité, conflit qui oppose son pays au nancement – exprimée par les et son ancien trésorier, Pierre So- Liban et à la Syrie. parlementaires eux-mêmes lors- tura, sont appelés à comparaître L’embellie annoncée des rela- qu’ils ont voté les textes de 1988, prochainement devant le tribunal tions franco-israéliennes ne 1990 et 1995 – est prise au sérieux correctionnel, les affaires concer- par Nicolas Vial devrait pas nuire à la qualité du par la justice, que le respect de la nant l’ex-Parti républicain et sur- Candidatures dialogue franco-palestinien, loi est un impératif que nulle rai- tout le RPR ne paraissent guère pense-t-on à Paris, où l’on estime son d’Etat, nulle justification poli- avancer. Il est vrai que les dossiers qu’une France crédible et écoutée tique n’autorisent à transgresser. relatifs à ces deux partis sont chez les uns ne peut pas faire de Si les élus ont manifesté une cer- techniquement plus complexes. tort aux intérêts des autres. La taine mauvaise volonté à appli- Dans le cas du RPR, l’affaire est, France devrait réaffirmer sa posi- quer la nouvelle législation, la jus- en outre, politiquement sensible, tion traditionnelle en ce qui tice est là pour leur rappeler qu’ils puisqu’elle touche l’ancien parti concerne le droit à l’autodétermi- ne sauraient s’y soustraire, et il du président de la République. Ce nation des Palestiniens et la néces- est heureux qu’elle le fasse sans n’est évidemment pas une raison sité d’un règlement négocié tenant faiblir. pour que les juges n’aillent pas compte des intérêts de toutes les En annulant certaines élections jusqu’au bout. parties. Cela suffira-t-il à apaiser pour dépassement des plafonds La question des rapports entre les inquiétudes de certains cercles autorisés – une décision dont Jack l’argent et la politique est au cœur officiels palestiniens ? Lang fut en 1993 l’une des vic- des interrogations de nos démo- Même si, selon eux, l’état de times les plus célèbres –, le craties. Elle est au centre de la grâce dont bénéficie M. Barak est Conseil constitutionnel avait déjà crise politique allemande. Elle est en train de s’éroder et que les lancé un avertissement solennel. également au premier plan de la revendications palestiniennes Les tribunaux administratifs ont campagne présidentielle améri- bénéficient toujours d’une bonne fait de même à plusieurs reprises. caine. La France ne peut pas res- écoute – comme l’a encore montré Que la justice pénale à son tour ter à l’écart de ce mouvement. la récente visite dans la région de la présidente du Parlement européen, Nicole Fontaine, qui juge « inévi- 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani table » un futur État palestinien – Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; plusieurs responsables s’inquiètent Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint d’une évolution française qui, de Directeur de la rédaction : Edwy Plenel façon accidentelle, coïncide avec Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette l’enlisement du processus de paix Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment et l’isolement des Palestiniens, Rédacteurs en chef : pour le moment démunis face à la Alain Frachon (Editoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; puissance israélienne. Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) Georges Marion Rédacteur en chef technique : Eric Azan Médiateur : Robert Solé Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre L’improbable scénario de la démission du pape Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), IL Y A PEU, l’Osservatore évêque – devrait démissionner, il l’hypothèse d’une démission : ce points contestés de la vie de André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Romano suppliait les journalistes avait publié une exceptionnelle serait le côté inédit d’une élection l’Eglise (discipline des divorcés-

Le Monde est édité par la SA Le Monde de « faire silence », de mettre un mise au point, soulignant que la au « trône de Pierre » du vivant remariés, accès aux ministères Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. terme aux incessantes spéculations mission du pape n’était pas réduc- d’un pape. Car on ne pourrait ordonnés, œcuménisme, etc.). Face Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, sur la santé du pape, sur sa capa- tible à la fonction d’un évêque, interpréter autrement le conclave au mécontentement des organisa- Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, cité à gouverner encore l’Eglise qu’elle lui avait été confiée par qui se tiendrait au lendemain d’une teurs de ce synode et aux contre- Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. catholique, sur son éventuelle Dieu et que Dieu seul en connais- démission de Jean Paul II. Certes, feux immédiatement ouverts dans démission à l’issue du Jubilé de l’an sait le terme. Interrogé depuis personne ne croit sérieusement l’entourage du pape, celui-ci aurait 2000. Les deux voyages qu’il entre- longtemps sur une éventuelle que le pape démissionnaire inter- affirmé, selon un de ses plus ILYA50 ANS, DANS 0123 prend en Egypte, le 24 février, et en renonciation, il avait un jour viendrait dans l’élection de son proches témoins : « Il a raison, Israël, en mars, vont apparaître affirmé avec humour, sur un lit successeur. Imaginer des caméras Martini. Un synode doit servir à comme des tests ultimes de ce qui d’hôpital : « Un évêque peut donner de télévision dans son lieu de exprimer ce type de demande. » La renaissance de Varsovie reste de résistance physique à ce sa démission au pape ; mais moi, à retraite, en Pologne ou ailleurs, Un an plus tôt, lors du synode pape – qui aura quatre-vingts ans qui la remettrais-je ? » pour guetter ses réactions, relève- des évêques d’Océanie, quelques À LA LIBÉRATION, Varsovie niques élémentaires, il n’est guère le 18 mai – et de ses intentions Aucun pape n’a démissionné rait de la plus amusante des fic- délégués avaient aussi lancé des était détruite à 85 %, et quelques d’autre solution que de faire grand. pour l’avenir. Nombre d’observa- depuis sept siècles : le dernier cas tions. Mais les cardinaux qui parti- propositions aussi taboues que la milliers de personnes seulement Une promenade même rapide teurs s’étonnent de l’acharnement de « renonciation volontaire » est cipent au conclave sont des décentralisation du gouvernement hantaient encore ses décombres. dans la ville achève de convaincre le mis par son entourage à ruser avec celui de Célestin V, en 1294 ! Une « créatures » du pape défunt ou de l’Eglise et la fin du monopole L’occasion était unique de substi- voyageur de l’intensité de l’effort de la vérité médicale, à vouloir telle répugnance doit bien avoir démissionnaire. On peut donc romain des nominations d’évêque. tuer à l’empirisme qui avait au cours reconstruction : ce ne sont partout démontrer, par des voyages au- une explication autre que l’appétit s’interroger sur le degré de liberté On vient également d’entendre un des siècles présidé au développe- qu’échafaudages, chantiers, mai- dessus de ses forces, que le pape de pouvoir, les intrigues de l’entou- des électeurs par rapport à celui cardinal fort sérieux, Godfried ment de la cité un plan méthodique sons neuves. Peu à peu les tas de tient encore le gouvernail. Dans le rage, une santé et une absence qui les a nommés et est encore en Danneels, archevêque de Bruxelles, conforme à la fois aux enseigne- briques se transforment en pans de Corriere della sera, un médecin d’usure telles qu’elles n’auraient vie. Comment imaginer que, du souvent cité dans la liste des papa- ments de l’urbanisme moderne et mur, et la boue varsovienne, terrible vient d’affirmer que faire peser de permis à aucun pape depuis le vivant de Jean Paul II, ils choi- bili, affirmant que la perspective de aux conceptions politiques et parmi les ruines au moment du telles charges sur les épaules d’un XIIIe siècle d’anticiper son départ. sissent un successeur et des orien- l’élection à la papauté ne lui faisait sociales de la démocratie populaire. dégel, recule devant l’asphalte. Un homme aussi affaibli par la mala- Cette explication ne peut être trou- tations de rupture ou de simple pas peur. Cet acte de candidature Cette dernière référence évoque à désert cependant demeurera dans la die de Parkinson relève d’une vée que dans la crainte, réelle chez réforme ? sans précédent a suscité un éton- nos yeux une civilisation de termites nouvelle ville : le ghetto, dont un forme d’« euthanasie » ! Jean Paul II, de créer un précédent nement bien au-delà des frontières abrités dans de gigantesques jour d’avril 1943 la barbarie alle- Si, malgré les fastes du Jubilé, on et de ligoter ses successeurs par LA « LOI DU SILENCE » ÉBRÉCHÉE de la Belgique ! Connu pour sa casernes de béton, et il est vrai que mande fit un charnier, ne sera pas ne peut ignorer l’actuel climat de une sorte de limite d’âge non écrite Cette improbabilité d’une « re- liberté de parole, le cardinal Dan- depuis cinq ans ont jailli plusieurs relevé. Seule construction neuve fin de règne, on ne saurait réduire à cette fonction exceptionnelle. nonciation » de Jean Paul II – qui neels émet depuis longtemps des dizaines de blocs rectangulaires aux dans ce chaos d’Apocalypse, un les débats au sommet de l’Eglise à Serait-il tenté de démissionner laisse entière la question de la réserves sur le fonctionnement de proportions monstrueuses confor- beau monument de ciment et de la question du départ du pape et à qu’il ne s’y résignerait pas. La liste dégradation de la santé du pape, la curie romaine et va jusqu’à pro- mes à cette image ; à cette diffé- bronze, veillé par un soldat polo- la compétition ouverte avant est longue des initiatives qu’il a pour laquelle rien n’est prévu dans poser la création d’un « conseil de rence près que la brique, récupérée nais, rappelle au passant le martyre l’heure pour sa succession. Trois prises en vue de modifier l’exercice le droit canon – n’autorise pour- sages » autour du pape. parmi les décombres, reste le maté- de 80 000 juifs. arguments au moins ne plaident de la fonction pontificale. Dans son tant pas à croire que la machine Enfin, il y a l’initiative, prise riau essentiel. Mais lorsqu’on veut pas en faveur de la vraisemblance encyclique Ut unum sint (« Qu’ils soit verrouillée et tout changement en décembre par le cardinal Pierre aller vite tout en faisant œuvre André Fontaine d’un scénario de démission : le soient un ! ») de 1995, il avait inimaginable. Au contraire, un des Eyt, archevêque de Bordeaux, de durable et avec des moyens tech- (25 février 1950.) risque pour Jean Paul II de contre- même proposé à ses partenaires phénomèmes les plus surprenants répondre et de contester – courtoi- dire ses déclarations antérieures ; protestants, orthodoxes, anglicans de la dernière période, guère relevé sement –, dans les colonnes du celui de créer une limite d’âge, d’ouvrir une discussion théolo- par les observateurs, est une liberté quotidien La Croix, la version que 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS même théorique, pour la fonction gique sur cet « exercice » de la de parole inhabituelle. La « loi du le cardinal romain Jozef Ratzinger pontificale ; celui de peser sur la papauté qui reste un obstacle à la silence » qui règne traditionnelle- était venu donner à Paris de la crise Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr liberté du choix de son successeur. réconciliation des Eglises. Mais il ment au sommet de l’Eglise vient de la foi et de la sécularisation Télématique : 3615 code LEMONDE Le pape a exprimé plusieurs fois s’est montré si intraitable dans le d’être écornée à quelques reprises. moderne (publiée dans le Monde Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) sa volonté d’aller au terme de sa respect de l’intégrité de sa fonction Il y eut d’abord l’extraordinaire du 17 novembre 1999). Un cardinal ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) mission, « qui n’appartient qu’à qu’il paraît peu probable qu’il « sortie » du cardinal Carlo-Maria osant répondre, par journal inter- Dieu ». Le jour même de ses accepte un jour d’en fixer une Martini, archevêque de Milan, lors posé, à un autre cardinal, cela ne Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 soixante-quinze ans (18 mai 1995), limite, même théorique, touchant à du dernier synode des évêques s’était jamais vu. Les choses bouge- Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 face à des campagnes d’opinion l’âge et à la durée. européens, en octobre 1999, pro- raient-elles ? Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 qui laissaient entendre qu’à cet âge Reste un troisième élément qui posant la réunion d’une sorte de l’évêque de Rome – comme tout ne milite pas non plus en faveur de concile pour débattre de quelques Henri Tincq LeMonde Job: WMQ2502--0017-0 WAS LMQ2502-17 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 09:08 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0450 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS - DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 17

Candidats à la direction du TNP, on vous blouse par Roger Planchon IEUX vieux militant de je peux prouver ce que j’affirme. Le ma. Depuis treize ans, c’est mon Maintenant, voici la merveille : nistère met en place une politique vos collaborateurs, qui se croient la décentralisation ministère ne tient aucun compte de souhait. En fait, citoyen privé, j’ai depuis le 4 octobre 1999, nous qui tienne compte de la réalité dispensés de ce travail, créent une théâtrale et cinémato- ce fait. Le ministère se bouche les pris en charge un service public. Il sommes entrés dans un no man’s concrète du terrain, des engage- situation conflictuelle dont, demain, V yeux. Il veut ignorer que la nouvelle est temps que le temps des pion- land qui s’apparente aux univers de ments locaux et des moyens qu’il a on vous attribuera la responsabilité. graphique, fondateur, en 1951, du premier théâtre fixe de convention de cinq ans ne sera pas niers s’arrête. Lewis Carroll. La DMTS affirme que (car on ne peut faire que la poli- Aujourd’hui, vos collaborateurs création en province, fondateur du signée avec la région Rhône-Alpes, Le premier plan a recueilli l’ap- ce surcoût n’existe pas. De bonne tique de ses moyens), ou les colla- mettent en place, pour vous et pour Centre dramatique national de Vil- et que l’arrêt de Rhône-Alpes Ciné- probation de la municipalité de Vil- foi ou non, elle maintient cette affir- borateurs de la ministre de la la nouvelle direction, une bombe à leurbanne, directeur du Théâtre na- ma est par lui programmé. leurbanne et de toutes les autres mation abstraite. Ce qui lui permet, culture rassemblent les moyens de retardement. tional populaire depuis 1972, fonda- Face à l’absence de candidat, face autorités de tutelle locales. C’est le de bonne foi ou non, de refuser la politique qu’elle décide. Dans les En ce qui concerne l’activité théâ- teur, actionnaire principal et PDG au silence complet du ministère de plan le plus économique. Il a été re- d’assumer ce surcoût. Si la DMTS deux cas, il faut modestement trale, vos collaborateurs doivent bénévole de Rhône-Alpes Cinéma – la culture, pour régler ce point, j’ai jeté par Dominique Wallon, direc- est de bonne foi, je qualifie cette af- commencer par mettre des chiffres proposer un grand projet artistique, 77 films coproduits et diffusés à ce proposé deux plans qui laissent la teur – aujourd’hui démissionnaire – firmation d’abstraite, car la direc- sur un papier, qui correspondent à une ambition pour le TNP. Madame jour –, etc., je dirige un ensemble responsabilité et la charge du de la musique, de la danse, du tion n’a pas pris un papier pour ad- la réalité, au juste coût des deux la ministre, avec tous ceux qui ont professionnel et commercial à deux Centre dramatique national à la théâtre et des spectacles (DMTS) au ditionner les charges réelles que le charges des deux missions d’intérêt fait de grands sacrifices pour cette versants. L’un est donc cinémato- nouvelle direction mais qui tiennent public proposées. maison, avec tous ceux qui ont sou- graphique et l’autre théâtral, ce compte du réel, de ce qui est engagé Avant que Catherine Trautmann ci d’un grand souffle nouveau en TNP qui fut fondé par Firmin Gé- pour le cinéma en Rhône-Alpes par Comment ne pas être accablé de voir n’annonce à la presse la nouvelle di- décentralisation, comment ne pas mier et rendu illustre par Jean Vilar. les élus régionaux, par les élus mu- rection du TNP et, pour lui, une être désolé que, jusqu’à ce jour, vos Cet ensemble a deux activités dif- nicipaux de Villeurbanne et par di- que ce qui a préoccupé les collaborateurs belle ambition, il convient que quel- collaborateurs n’aient pas conçu un férentes mais organiquement vers pouvoirs locaux. Ces deux ques-uns de ses collaborateurs tra- grand projet, une ambition pour le liées. Cet ensemble assure deux plans permettent, d’un côté, la de Catherine Trautmann, c’est le ridicule jeu vaillent avec la direction et l’admi- Théâtre national populaire ? Com- missions d’intérêt public. J’accepte poursuite du travail théâtral de mon nistration de Rhône-Alpes Cinéma, ment ne pas être accablé de voir très volontiers d’être déchargé des équipe artistique. Aux autorités de des chaises musicales, qui est avec la direction et l’administration que ce qui les a préoccupés, c’est le deux. Mais je demande que mes tutelle de décider si ce travail est fait du Centre dramatique de Villeur- ridicule jeu des chaises musicales, deux successions soient réglées en- à l’intérieur ou à l’extérieur du – pesons le mot – un attrape-couillon ? banne – disons, une semaine – afin qui est – pesons le mot – un at- semble, après un examen précis des Centre dramatique. de comprendre les conséquences de trape-couillon ? conséquences de la séparation des De l’autre côté, ces deux plans la séparation des deux activités et Madame Trautmann, ne croyez- deux activités. Or ces conséquences permettent la signature de la troi- ministère de la culture, avec des ar- deuxième plan, accepté par elle, im- qu’ils écrivent, car c’est indispen- vous pas qu’il serait bon de dire à sont loin d’être négligeables pour sième convention avec la région. guments que j’affirme non fondés plique logiquement. Si la DMTS est sable, ce que cette séparation im- vos collaborateurs qu’en ce qui Rhône-Alpes Cinéma, pour le Seule cette signature rend possible, et qui peuvent être aisément de mauvaise foi, sa ruse est parfaite. plique. Ce travail n’a pas été fait. concerne ma double succession, il Théâtre national populaire et pour pour le PDG bénévole que je suis et réfutés. Résumons. A ce jour, la direction Mieux, aux dernières nouvelles, il est temps de reprendre le dossier la décentralisation artistique fran- auquel le ministère ne propose pas Le second plan fut retenu par le du théâtre et les conseillers de la n’est pas envisagé. Pourtant, il serait un peu plus professionnellement, çaise. Les deux activités étant liées, de successeur, de poursuivre la co- ministère de la culture le 4 octobre ministre de la culture rendent im- utile, par exemple, à la nouvelle di- un peu moins abstraitement, un j’affirme que vouloir régler une suc- production des films, la prise en 1999. Dans ce plan, l’activité ciné- possible la mise en route du rection. Il faut que celle-ci peu plus modestement ? Et, en ce cession sans se soucier de l’autre est charge des tournages, des ateliers matographique est totalement sé- deuxième plan, après avoir rejeté le connaisse le cadre juridique, le qui concerne l’avenir du TNP – al- irresponsable ou, si l’on préfère une de menuiserie, de peinture, de ser- parée de l’activité théâtrale du premier. Nous voici revenus à la cadre concret et financier dans le- lez, choisissons un mot qui litote, d’une légèreté extrême. Le rurerie pour la construction des dé- Centre dramatique. Dans cette case départ. Ils ne savent pas régler quel le ministère l’engage. fâche –, de prendre un peu plus de ministère de la culture s’est refusé à cors et la mise en route du studio. formule – et c’est logique –, de ma double succession sans arrêter, Candidats à la direction du TNP, hauteur. cet examen précis. Le tout pendant une période transi- nombreux emplois techniques et dès demain, l’activité cinématogra- mes frères, à ce jour, on vous A cette heure, le ministère de la toire qui devra être mise à profit administratifs sont doublés, sans phique en Rhône-Alpes, ce qui en- blouse. Faites confiance au vieux culture sait qu’aucun candidat ne se pour trouver, avec le Centre natio- parler des charges secondaires : traîne, entre autres, la mise au chô- militant du service public : ne vous Roger Planchon est direc- présentera pour assurer ma succes- nal de la cinématographie, une so- double secrétariat, double équipe mage de centaines d’acteurs et de précipitez pas avant l’annonce des teur du Théâtre national populaire sion à Rhône-Alpes Cinéma. Ce se- lution concrète à ma succession à la de surveillance, double expert- techniciens du cinéma. résultats de cette semaine de travail à Villeurbane et président de rait un peu long à expliquer ici, mais présidence de Rhône-Alpes Ciné- comptable, etc. De deux choses l’une : ou le mi- des énarques. Madame la ministre, Rhône-Alpes Cinéma.

Pour un purgatoire Haider, fanfaron d’une société endormie par Franz Kaltenbeck ’ACCÈS au pouvoir de à partir des années 70 (Thomas meeting précédant les dernières des juifs européens de Raul Hilberg l’extrême droite en Au- Bernhard mort, « actionnistes » élections. Il est vrai que cet pour se faire une idée de la longue bien compris par Romano Prodi L triche est une « farce viennois embourgeoisés, gau- homme avait dérangé son série de mensonges, de doubles sordide » au sens de la chistes rangés) pour l’occuper par discours. langages, d’ambiguïtés en tout A conception du En revanche, je ne peux me ré- célèbre phrase liminaire de l’écrit son spectacle réactionnaire. Non, Haider et son parti ne genre qui a mené aux chambres à purgatoire est clas- soudre au défaitisme concernant la de Karl Marx Le Dix-Huit Brumaire Il paraît que Haider attire les réussiront pas à réaliser leurs fan- gaz. sique : j’ai toujours construction européenne : pas de Louis Bonaparte. Non, Haider jeunes. Mais c’est alors sous son tasmes idéologiques. Sont-ils Les nazis ont su masquer leur M lorsque les citoyens vont se doter n’est pas la réincarnation alpine influence qu’ils renouent avec le pour autant anodins ? Notons crime gigantesque pendant douze espéré qu’il mène au paradis. Elle contraste avec celle de d’une monnaie unique ; pas lorsque de Hitler. Il n’aura pas les moyens destin de leurs ancêtres qui qu’ils ont déjà bafoué les lois de la ans, tout en le faisant transpa- Laurent Zecchini (Le Monde du 23 fé- l’Europe se donne l’incroyable mis- de rétablir des camps (de travail, s’étaient soumis à Hitler. Haider parole, tout en prônant un ordre raître derrière le voile du men- vrier) qui est désespérante. sion d’un élargissement dont je bien entendu, au lieu des camps est cette figure contingente mais étriqué. Ils se sont moqués de la songe, pour fasciner la popula- Il est devenu à la mode d’annoncer comprends qu’il puisse inquiéter, mais de concentration), ni besoin dans suffisamment désinhibée qui a su loi qui exige la reconnaissance de tion. Hilberg démontre avec une chaque jour la fin de la Commission, qui est avant tout exaltant ; pas son pays prospère de construire, à exploiter les réflexes réaction- l’autre, de celle qui appelle à ho- patience infinie la dévaluation de le « retour à la maison » de son pré- lorsque l’Europe ouvre le chantier de l’instar de son idéal, des auto- naires, antisémites et xénophobes norer la mémoire et, enfin, de la toutes les valeurs humaines sous sident, la navigation erratique du Par- sa sécurité et de sa capacité de projec- routes afin de faire baisser le taux de ses compatriotes. Il s’est fait loi de l’hospitalité. L’efficacité re- ce régime, où l’on appelait cou- lement européen, la faiblesse du de chômage. L’immigration y a rage la lâcheté absolue, et où Conseil, la panne de moteur de la déjà été jugulée grâce à l’œuvre l’honnêteté était le signifiant au construction européenne, l’avène- Votre analyse d’un ex-ministre de l’intérieur Il a usurpé la place de la culture nom duquel l’on commettait des ment de gestionnaires d’une Europe – socialiste – qui s’était inspiré des massacres. sans vision. Après bien d’autres, l’ana- renforce la spirale invectives haidériennes contre les protestataire laissée vide à partir Mentir, se contredire parce que lyse « Le purgatoire de Romano Pro- travailleurs immigrés. Certes, Hai- l’on ne peut pas faire autrement, di » renforce la spirale du dénigre- du dénigrement der doit son succès populiste à ce des années 70 (Thomas Bernhard mort, c’est le sort de tout être qui parle. ment qu’en même temps elle feint de mécanisme dont l’extrême droite Déconstruire l’autre en cherchant regretter. qu’en même temps a toujours profité : dire tout haut « actionnistes » viennois embourgeoisés, ses paradoxes et ses antinomies Je ne m’attarde pas sur mon cas ce que le peuple est supposé pen- contribue au savoir. Mais se personnel, clairement sans espoir, elle feint ser. Pourtant, cette recette ne suf- gauchistes rangés) pour l’occuper mettre à la place de l’autre pour même si, sur la plupart des « coura- fit pas à expliquer sa venue au pouvoir dire n’importe quoi, utili- geuses propositions » de la Commis- de regretter pouvoir. par son spectacle réactionnaire ser l’Etat comme amplificateur de sion (mais « à rebrousse-poil de la frilo- Haider a gagné les élections en l’ignominie, obstruer ainsi la faille sité diplomatique des capitales »), les jouant le trouble-fête dans une dans la vérité par un mensonge, faits parlent d’eux-mêmes lorsqu’on tion et commence à parler fermement société politique dont on a déjà virtuose à jouer sur ces affects doutable de la démagogie haidé- c’est ce que le psychanalyste veut bien les considérer. Ainsi, l’ordre et à l’unisson sur la scène mondiale. décrit les torpeurs. Or, à y regar- réactifs, dont l’anachronisme rienne repose sur cet outrage fait Jacques Lacan a appelé « la ca- du jour de la réforme institutionnelle Je puis donc confirmer que la der de plus près, il devient clair donne à son mouvement une pa- aux lois de la parole. Ne dit-il pas naillerie ». Elle constitue le vrai est désormais officiellement, large- Commission, forte de mes collègues que le leader du FPÖ relève de tine irréelle. Sa formule propa- en une journée une chose et son fond de commerce de M. Haider. ment ouvert bien au-delà des « reli- dont je ne louerai jamais assez la qua- cette même société. Une enquête gandiste est perfectionnée par contraire, en fonction de son au- L’Europe et les Etats-Unis ont quats » d’Amsterdam. L’échéancier lité, continuera inlassablement à tirer de la Süddeutsche Zeitung en Ca- son jeunisme au look sportif. ditoire ? Maximaliste devant sa raison de vouloir enrayer ce phé- pour l’élargissement résulte du fait la construction européenne de toute rinthie, dont il est le gouverneur, Le premier ministre israélien clientèle politique, il devient mo- nomène, car la canaillerie haidé- que l’on s’est mis d’accord pour être son énergie. Permettez-moi, par voie nous montre qu’il n’a pas changé n’a pas exagéré en déclarant déré face à la presse étrangère, rienne risque de faire tâche prêts à accueillir de nouveaux Etats à de conséquence, de vous demander grand-chose dans cette province, qu’avec Haider, le mal était de re- soufflant le chaud et le froid, d’huile dans une région où la dé- la fin de 2002. Enfin la « bonne gouver- de me localiser à Bruxelles pour le malgré ses annonces électora- tour. Sans doute le parti de Hai- avançant des énormités pour im- mocratie est encore fragile. Cer- nance » ne propose malheureuse- mandat que les chefs d’Etat et de gou- listes tonitruantes (« Aucune der a-t-il été élu démocratique- médiatement les retirer quand tains voisins de l’Autriche, comme ment pas encore de « s’envoler vers les vernement m’ont confié, et nulle part pierre ne restera au-dessus d’une ment, mais pourquoi ? Entre elles se retournent contre lui. la Hongrie, la Slovénie et même cimes fugitives d’une Europe devenue ailleurs. autre ! »). Son radicalisme pure- autres parce que Haider avait fait Preuve de son talent politique ? quelques groupes en Allemagne, harmonieuse », mais, plus simple- ment verbal, la parole sans consé- l’éloge de la politique du Peut-être. Mais détrompons- surprennent par leur compréhen- ment, une réflexion avec les Etats quence, la promesse vaine, les ef- IIIe Reich, banalisé les camps, visi- nous. C’est une chose de consta- sion vis-à-vis du leader autri- membres sur les mécanismes et les Romano Prodi est président fets d’annonce de réformes qui té un rassemblement d’anciens SS ter que tout le monde peut se chien. On ne peut qu’encourager priorités de l’Europe. de la Commission européenne. n’auront jamais lieu se révèlent pour y célébrer la fidélité de cette contredire au bout de cinq mi- la poursuite des manifestations et payants pour lui. Les protesta- bande à ses « principes ». Ces nutes de conversation ; c’en est espérer que se cristallise enfin un tions de Haider contre l’ancien gestes et ces paroles sont des une autre de s’emparer de cette mouvement politique vigoureux. de Buenos Aires où il faisait escale, système étaient purement gra- agressions extrêmement graves à inconsistance à des fins poli- Seul un tel élan pourra mettre fin en route pour la France. Attaché à tuites. Il a d’ailleurs largement bé- l’égard des juifs dont la souf- tiques. Dans ce dernier cas, on à un coma politique qui a assez Pauvre Pinochet la fenêtre des toilettes, il a attendu néficié de ce système. Ce qu’il france rend absolument insup- surfe sur l’impuissance de la duré. deux jours que des policiers veut, c’est une agitation dont il portables les injures faites à la vérité. amnésique... chiliens viennent le chercher pour serait le seul maître à bord et mémoire. Mais les agitations de Ce genre de nihilisme rhéto- l’accompagner directement à la – pour ce qui est du reste – la Haider pour rafler des voix rique n’est pas nouveau. Les nazis Franz Kaltenbeck,psycha- Suite de la première page villa Grimaldi pour le torturer de la quiétude des cimetières. portent aussi préjudice à la poli- l’ont manié avec un cynisme iné- nalyste d’origine autrichienne, vit à manière la plus cruelle qu’on Ses gesticulations ne doivent tique et à la démocratie. Rappe- galé. Il suffit de lire La Destruction Paris depuis 1976. Dommage, terriblement dom- puisse imaginer. pourtant pas être sous-estimées. lons que ses « dérapages » sont mage. J’aurais voulu que quel- La dernière fois que nous avons Dans un monde où le symbolique survenus alors qu’il exerçait déjà qu’un pose au général une ques- communiqué, il était mourant et il devient toujours plus réel, des des responsabilités politiques im- AU COURRIER DU « MONDE » fondation du parti, et ses archives, tion qui me hante depuis cette m’a dit : « Tu sais, je crois que par- actes de parole qui déchaînent les portantes. C’est dans son que j’ai consultées après sa mort, époque. Dans les ténèbres de la mi les gens qui m’interrogeaient, j’ai passions basses sont dangereux. comportement plus calculé qu’in- POINT D’HISTOIRE contiennent d’importants docu- villa Grimaldi, où j’étais incarcéré entendu la voix inimitable de Pino- En Autriche, on a toujours préféré tempestif que l’on peut re- Dans Le Monde du 22 janvier, ments qui le prouvent. au secret, nous étions une quin- chet. » Depuis, Beausire a disparu, râler que changer. Haider est ce connaître les ravages d’un héri- vous écrivez que l’Union chré- Pendant l’été 1945, Adenauer zaine à coucher par terre, les yeux il ne pourra jamais confirmer ce fanfaron d’une société endormie tage funeste. tienne démocrate allemande (la était plus intéressé par son avenir à bandés, les pieds entravés, dans qu’il m’a dit alors. Alors au- et intellectuellement inhibée qui Quant aux immigrés, Haider et CDU) « s’est créée pendant l’été la mairie de Cologne que par un une pièce d’une dizaine de mètres jourd’hui, demain, ne pourra-t-on n’a jamais rien voulu savoir de son lieutenant Prinzhorn aiment 1945 autour de Konrad Adenauer ». projet dont l’issue était incertaine. carrés, serrés les uns contre les pas poser la question au général son passé, et ses fanfaronnades plaisanter à leur sujet. Ce dernier Pour avoir rencontré de nombreux En effet, dans la zone d’occupation autres. Pendant une de ces nuits Pinochet : « Est-il vrai que vous risquent de plonger cette société a affirmé que les étrangers instal- hommes politiques témoins ou ac- britannique, les partis politiques de désespoir, mon voisin – il s’ap- n’avez pas seulement organisé la dans un sommeil agrémenté de lés en Autriche prenaient des hor- teurs de la fondation de la CDU et n’étaient pas encore autorisés. (...) pelait Guillermo Beausire Alonso, torture mais qu’il vous est aussi arri- quelques cauchemars. Il a perverti mones pour augmenter leur ferti- pour avoir consulté de nom- Il fallut attendre janvier et fé- il était le beau-frère d’Andres Pas- vé d’y participer activement ? » la protestation et la provocation, lité. Il croyait sans doute avoir dit breuses archives, il apparaît que la vrier 1946 pour que Konrad Ade- cal Allende (un neveu de Salvador Je risque de rester pour toujours qui, durant l’après-guerre, étaient là quelque chose de drôle. Son création du Parti chrétien démo- nauer, convaincu que l’ancien parti Allende), secrétaire général du avec mes doutes. Que voulez- les rares moyens d’expression de chef semble étendre ce mépris à la crate allemand doit être attribuée à catholique, le Zentrum, n’avait au- MIR – m’a parlé à l’oreille, dans un vous, le pauvre Augusto Pinochet la jeunesse autrichienne. Il a usur- population autochtone démunie. Léo Schwering, directeur de la bi- cune chance, prenne la direction murmure. a perdu la mémoire ! pé la place de la culture protesta- Ainsi un journaliste allemand a-t- bliothèque de Cologne, et à quel- d’une CDU déjà constituée. Il m’a confié qu’il avait été arrêté taire (elle-même parfois douteuse il observé la façon dont Haider a ques-uns de ses amis. Lui-même Jean Julg par la police argentine à l’aéroport Teo Saavedra et jamais assez solide) laissée vide ridiculisé un alcoolique lors d’un m’a relaté les circonstances de la Saze (Gard) LeMonde Job: WMQ2502--0018-0 WAS LMQ2502-18 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0451 Lcp: 700 CMYK

18 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000

FUSION Philippe Camus, le copré- Aerospatiale Matra, de l’allemand rement aux fusions américaines entre différentes. b LE CONSORTIUM AIR- d’Airbus concurrent du 747 de Boeing, sident exécutif de la future société Eu- DaimlerChrysler Aerospace et de l’es- des sociétés en concurrence frontale. BUS devrait être transformé rapide- sera lancé, selon M. Camus, même si ropean Aerospace Defense and Space pagnol CASA. b IL ASSURE que le rap- b LES DIFFICULTÉS principales sont ment en société autonome, filiale ce programme compromet, à court (EADS), dévoile au Monde sa straté- prochement ne se traduira pas par d’ordre culturel, les méthodes de déci- d’EADS et du britannique BAE Sys- terme, les objectifs de rentabilité pro- gie pour réussir la fusion du français des suppressions d’effectifs, contrai- sion entre Français et Allemands étant tems. b L’A-3XX, le super-jumbo mis par le nouveau groupe. EADS et ses 96 000 salariés en quête d’un modèle européen d’entreprise Philippe Camus, coprésident exécutif du futur groupe aéronautique, explique dans un entretien au « Monde » les étapes de la création d’EADS. « Il est évident qu’il faut lancer le super-jumbo A-3XX », déclare-t-il, alors qu’Airbus doit voir son statut transformé avant juin

NORMALIEN, agrégé de taire, espace, et systèmes civils et cette approche et, sur ce point, Le futur numéro 3 mondial de l'aéronautique – Aurez-vous d’ici à la mise en sciences physiques et diplômé de de défense. Nous avons ensuite nous sommes absolument d’accord Bourse, en juin, une décision dé- l’Institut d’études politiques de Pa- choisi les hommes pour diriger ces avec nos partenaires. Nous avons LES ACTIVITÉS D'EADS LA RÉPARTITION DU CAPITAL finitive sur le lancement du su- ris, Philippe Camus, cinquante et divisions, et créé une équipe de des synergies différentes de celles en % du chiffre d'affaires en % perjumbo de 600 places A-3XX, un ans, est l’un des principaux diri- premier plan issue de nos trois ra- de certains groupes américains un programme de 11 milliards AIRBUSAUTRE DAIMLER- ACTIONNAIRES geants du groupe Lagardère, dont il cines nationales. D’ici à fin mars, quand ils fusionnent. Ils ont choisi AÉRONAUTIQUE CIVILE CHRYSLER FRANÇAIS d’euros ? est cogérant aux côtés de Jean-Luc ces nouveaux responsables auront de supprimer des compétences, des ET HÉLICOPTÈRES (groupe allemand) 30 % – Nous lancerons l’A-3XX. C’est et Arnaud Lagardère. En 1999, il a achevé une organisation plus dé- savoir-faire, à tous les niveaux, ce dont Eurocopter 30 % un programme qui a le soutien de 9 % Etat piloté la fusion Aerospatiale Matra, taillée qui permettra d’aller un cran qui leur pose aujourd’hui des pro- 17 15 tous les partenaires d’Airbus, dont et y occupe le poste de président plus loin dès avril ou mai. Pour blèmes de qualité. Nous ne Groupe Aerospatiale Matra, donc de moi- SYSTÈMES 11,1 Lagardère du directoire. Dans le cadre du rap- l’instant, nous avons indiqué l’am- sommes pas frontalement concur- 39 DE DÉFENSE même bien entendu. Il est évident 20 BNP prochement en cours entre Aero- bition, construit un toit et défini les rents de DASA, ce qui était par dont missiles 3,9 qu’il faut lancer l’A-3XX : il s’agit du spatiale Matra, DaimlerChrysler règles du jeu. Il ne s’agit pas d’im- exemple le cas entre Boeing et 10 % segment de marché le plus ren- Aerospace (DASA) et Construc- poser un modèle allemand, un mo- McDonnell Douglas. Nous sommes 10 14 SEPI table, et il ne faut pas laisser (holding publique ciones Aeronauticas (CASA), qui dèle français ou un modèle espa- face à d’autres types de questions, AVIONS TITRES MIS espagnole) Boeing en profiter seul. Les avions donnera naissance cet été au gnol, mais de fixer des règles qui en matière d’intégration, d’ordre DE TRANSPORT ESPACE EN BOURSE gros porteurs favorisent le déve- MILITAIRE (Ariane, satellites) 5,5 % groupe européen European Aero- soient comprises par tout le culturel entre autres, mais nous ne 34,5 % loppement du transport aérien : nautic Defence and Space Compa- monde. pensons pas qu’elles représentent moins chers à exploiter par passa- ny (EADS), il est aux commandes des obstacles. Bien au contraire, A sa constitution, en juin 2000, EADS affichera un chiffre d'affaires de plus de ger transporté, ils permettent aux opérationnelles, en tandem avec nous en tirerons très vite avantage. 20 milliards d'euros et une valorisation du même ordre. compagnies aériennes d’offrir des l’Allemand Rainer Hertrich. Tous – Concrètement, comment tra- prix de place inférieurs. Il ne nous deux ont été nommés le 15 février vaillez-vous avec votre homo- cision sont un peu différentes. Les formation du groupement d’in- reste plus qu’à connaître les inten- présidents exécutifs d’EADS. Phi- logue, Rainer Hertrich, avec le- Allemands se réunissent plusieurs térêt économique (GIE) Airbus tions d’achats exactes des compa- lippe Camus est également quel vous partagez la fonction fois et aboutissent pratiquement à en société à part entière au mo- gnies aériennes. Nous aurons une membre du conseil de surveillance de président exécutif ? une décision écrite, en France nous ment de la création d’EADS, idée plus précise du calendrier du de cette société en cours de consti- – Nous passons au moins une privilégions l’échange oral. J’essaie fin juin ? programme avant la mise en tution. journée par semaine ensemble, et, de faire un peu plus de formalisme, – Nous avons engagé les négo- Bourse d’EADS. « Avant même que la fusion dans le futur, ce sera deux jours par lui s’adapte au mode de réactivité ciations avec le britannique BAE – Ce lancement vous condui- entre Aerospatiale et Matra soit semaine. Nous avons prévu que verbale des Français. Nous explici- Systems, futur actionnaire minori- ra-t-il à réviser à la baisse les ob- achevée, la nouvelle société doit nous nous rencontrerons tous les tons tout pour que rien ne puisse taire d’Airbus à hauteur de 20 %. jectifs de résultat d’exploitation s’intégrer à d’autres partenaires quinze jours avec nos collabora- être mal compris, ensuite nous dif- Nous souhaitons intégrer ses acti- de 8 % promis à vos action- au sein d’EADS. N’est-ce pas teurs les plus proches. Pour les dé- fusons les explications autour de vités le plus rapidement possible naires ? trop ambitieux ? PHILIPPE CAMUS cisions, nous nous concertons sys- nous. Pour l’instant, c’est nous que dans la nouvelle société d’aéronau- – Cet objectif de 8 % concernait – En juin 1999, dix-huit chantiers tématiquement. Pour le reste, être cela concerne, mais demain tique civile, qui sera de toutes fa- la fusion Aerospatiale Matra. La fu- d’intégration avaient été lancés, et – Quelles seront les consé- patron, ce n’est pas rester dans un nombre d’autres personnes s’adap- çons créée par EADS avant le mois nous nous étions fixé comme ob- quences de ces changements bureau. Nous passons beaucoup de teront à leur tour. Et de nom- de juin, quitte à garder provisoire- jectif de finir la fusion Aerospatiale pour les 96 000 salariés ? temps à visiter les usines. Enfin, breuses questions se poseront, par ment un GIE entre cette société et La CFDT dénonce Matra en juin 2000. Nous en – Certains salariés ne verront pour l’anecdote, sachez que nous exemple aux représentants des sa- BAE Systems. Par cette transforma- sommes aux trois quarts, en avance leur vie quotidienne que peu modi- avons choisi de travailler pour l’ins- lariés : est-ce qu’ils traiteront entre tion, nous gagnerons en efficacité 1 500 suppressions sur le calendrier. Ne restent que fiée par la fusion ; d’autres, par tant en anglais, langue qui devrait eux ou est-ce qu’on restera dans sans que synergie signifie unique- quelques points à compléter : ils le exemple à Airbus, constateront un être largement utilisée au sein des cadres nationaux ? Même ment réduction d’emplois. d’emplois seront dans le cadre d’EADS. dimensionnement nouveau qui d’EADS, même si je me suis remis à chose pour la formation : est-ce – Pourriez-vous aller plus loin – Comment abordez-vous la simplifiera leur travail et sera un l’allemand et Rainer au français. que nous adopterons le système al- dans un rapprochement avec La CFDT du groupe Aerospa- création de cette société euro- facteur de motivation par une – Quelle est la principale diffi- lemand, le système français, ou un BAE Systems ? tiale Matra veut « alerter l’opi- péenne ? identité de l’entreprise plus facile- culté ? autre ? Tout cela doit être décidé – Si vous faites allusion à la créa- nion publique » sur les suppres- – Nous avons commencé par dé- ment perceptible. – Le challenge, c’est d’abord de d’ici juin. Le fait que les Espagnols tion d’une entreprise européenne sions d’emplois dans le groupe, à finir des métiers, qui corres- – L’expérience montre pour- bien se comprendre, de connaître nous aient rejoints renforce notre aéronautique unique regroupant la veille de la création d’EADS. pondent aux cinq divisions que tant que les fusions sans sup- l’échelle de valeurs de l’autre, de dimension européenne et facilite le EADS et BAE Systems, projet qui Selon elle, la direction a annoncé nous avons créées : Airbus, aéro- pressions d’emplois sont rares ! savoir ce qui veut dire oui et ce qui dialogue. était encore à l’ordre du jour il y a ces dernières semaines devant le nautique, avions de transport mili- – Nous ne sommes pas dans veut dire non. Les méthodes de dé- – Aurez-vous achevé la trans- moins de deux ans, la réponse est comité central d’entreprise envi- non. Le choix de British Aerospace ron 1 500 suppressions d’emplois de fusionner avec le groupe d’élec- sur trois ans : 550 dans la division tronique de défense GEC a mis fin Lanceurs en raison de la baisse Airbus en vedette au Salon aéronautique de Singapour à ce schéma. Ce qui ne nous em- de la charge de travail liée à pêche pas de considérer BAE Sys- Ariane 5 et à l’incertitude sur cer- LE CONSTRUCTEUR européen gnies aériennes asiatiques ont vu aujourd’hui. S’il a déjà vendu un d’Airbus devraient décider du sort tems comme un partenaire fort, et tains programmes, 200 suppres- Airbus a pris l’avantage sur son ri- leur situation financière s’amélio- total de 65 avions de taille dans les prochains mois. L’Asie-Pa- d’avoir des coopérations par activi- sions dans la division Systèmes val américain Boeing au Salon aé- rer. Cathay Pacific (Hongkong) est moyenne à All Nippon Airways cifique, avec ses aéroports en- tés : ainsi, dans les missiles, nous et informations et 600 dans la di- ronautique qui se tient à Singapour sortie du rouge, Malaysian Airlines (ANA) et au numéro trois nippon, combrés et son trafic aérien dense, achevons la constitution d’une fi- vision Missiles. Mais ce dernier du mardi 22 au dimanche 27 février. et Korean Air prévoient également Japan Air System (JAS), Airbus n’a représente plus de la moitié du liale commune entre EADS chiffre pourrait grimper à 1 000, Airbus a déjà annoncé, mercredi un retour aux bénéfices. Malaysian jamais décroché de contrat avec le marché mondial pour des avions de (37,5 %), BAE Systems (37,5 %) et car il n’inclut pas le gel du pro- 23 février, la vente de cinq avions Airlines serait actuellement en dis- numéro un japonais, Japan Airlines la taille de l’A-3XX, soit 660 appa- l’italien Finmeccanica (25 %). gramme ANF, le remplaçant de moyen courrier A-320 et d’un long- cussion avec Airbus sur une (JAL). Il souhaite notamment reils sur un total de 1 200 au cours – Les rapprochements transa- l’Exocet. courrier A-330-300 à la compagnie commande qui pourrait aller jus- convaincre JAL d’être l’un des des vingt prochaines années. Air- tlantiques sont-ils la prochaine Elle s’inquiète par ailleurs du aérienne de Hongkong Dragonair, qu’à 80 appareils (18 A-340-500/600 clients de lancement de son futur bus envisage également de lancer étape ? sort des activités de communica- une commande d’environ 400 mil- et 62 A-320). Singapore Airlines et appareil jumbo, l’A-3XX, doté de un nouvel avion de 200 à 250 – Le projet d’EADS n’est pas de tions. Qu’elles soient civiles ou lions d’euros. La troisième compa- China Airlines (Taïwan) ont repris 550 places. places, qui entrerait en service en constituer une « forteresse Eu- militaires, celles-ci sont actuelle- gnie aérienne britannique British leurs commandes dès 1999. C’est parmi les compagnies asia- 2003, pour remplacer les gammes rope ». Au contraire, il constitue ment regroupées dans une filiale Midland a commandé, le même Au Japon, Airbus espère conqué- tiques qu’on trouve plusieurs des A-300 et A-310, en fin de vie. une formidable occasion pour en- Matra Nortel Communication. Or jour, quatre Airbus A-330-200, et rir, d’ici à 2005, 50 % du marché ja- potentiels clients de lancement de Les industriels du secteur de l’ar- gager des discussions d’égal à égal les activités civiles seraient, selon pris une option sur huit autres, soit ponais, contre seulement 17,4 % cet appareil, dont les actionnaires mement réunis sur l’île-Etat avec nos concurrents américains. Je la CFDT, totalement confiées au un montant total de 1,9 milliard comptent, eux aussi, tirer parti de suis très en faveur d’une coopéra- canadien Nortel. d’euros. British Midland précise la reprise économique en Asie. Se- tion transatlantique. Mais je n’en que cette commande lui permettra Matra BAE Dynamics remporte un contrat au Royaume-Uni lon la société américaine d’études maîtrise pas le calendrier. Il faudra de démarrer des liaisons transa- de marché Teal Group, spécialisée au préalable des décisions poli- sion avec DASA et CASA devrait tlantiques. Le ministère britannique de la défense a annoncé, mercredi 23 fé- dans l’aéronautique, Taïwan a tiques qui résolvent les questions nous permettre d’aller encore au- Airbus s’affirme de plus en plus vrier, l’octroi d’un contrat de 378 millions de livres (606 millions d’eu- continué à acheter des appareils de sécurité et d’indépendance na- delà. Mais il est évident, et je l’ai face à Boeing en Asie. Déjà, en ros) au missilier franco-britannique Matra BAE Dynamics pour la occidentaux, tandis que la Corée du tionale. Les Américains viennent de toujours dit, que ces engagements 1999, Airbus avait remporté 78 % fourniture de missiles Seawolf à la Royal Navy. Il s’agit d’un système Sud se remet rapidement et repré- signer un accord de ce type avec les ne tenaient pas compte du lance- des commandes sur le continent de courte portée qui équipera les frégates britanniques. Les livrai- sente un marché à fort potentiel. Britanniques sur les règles ment éventuel de l’A-3XX. Celui-ci (50 commandes fermes pour Air- sons, qui s’étaleront sur huit ans, devraient débuter en 2004. L’avionneur français Dassault Avia- d’échange de technologies et d’ac- entraînera, dans un premier temps, bus contre 14 pour Boeing, selon Matra BAE Dynamics est contrôlée à parts égales par Aerospatiale tion s’est lancé dans une campagne quisitions de sociétés. D’autres dis- des coûts de développement supé- les chiffres de l’avionneur euro- Matra et BAE Systems, et fera partie d’EADS. Mardi, cette société a de prospection internationale ac- cussions sont en cours, notamment rieurs, mais ensuite, pendant une péen). Mais, en 2000, avec l’accélé- annoncé, dans le cadre du Salon aéronautique de Singapour, le lan- tive pour le dernier-né de ses avec la France. En attendant, nous longue période, générera des béné- ration de la reprise économique en cement d’un nouveau programme, le Mica à lancement vertical, un avions de combat, le Rafale, pré- avons des coopérations ponc- fices supérieurs. » Asie, la bataille entre les deux missile surface-air à courte portée sans équivalent dans le monde. senté au Salon de Singapour pour tuelles, avec Boeing et Raytheon constructeurs va redoubler d’inten- Matra BAE Dynamics attend également le résultat de l’appel d’offres la troisième fois. Hughes dans les missiles, avec Propos recueillis par sité. A l’exception des compagnies britannique pour l’équipement de l’Eurofighter, un programme ma- Lockheed sur les avions de mission Christophe Jakubyszyn japonaises, la plupart des compa- jeur pour lequel il est en concurrence avec l’américain Raytheon. C. Ja. militaires. et Anne-Marie Rocco Le juge antitrust durcit son discours contre Microsoft

WASHINGTON trat et spécialiste de la législation contrôle absolu sur son pétrole, et je pondu : « Je ne comprends pas votre marché des faits qu’il conteste. » à conclure un compromis ou à at- de notre correspondant antitrust, le juge Posner, à Chicago, ne vois pas vraiment de distinction » défense. » « Nous pensons que la loi soutient tendre un jugement qui serait suivi Le procès-fleuve de Microsoft a marque le pas. Selon le Wall Street avec la manière dont le système Le juge a aussi questionné les re- notre position et notre capacité à in- d’une cascade d’appels. Une vic- franchi une nouvelle étape, mardi Journal du 23 février, le fondateur Windows contrôle le marché des présentants du département de la nover, et nous pensons que sa tenta- toire républicaine à la présidentielle 22 février, à Washington, avec les de Microsoft, Bill Gates, aurait ren- logiciels, a-t-il dit au défenseur de justice (DOJ), qui est soutenu par tive de réécrire la loi nuit à l’innova- de novembre aurait sans doute conclusions des avocats du gouver- contré M. Posner mi-janvier lors Microsoft. Comme la Standard Oil l’Association de l’industrie des logi- tion et au consommateur, qui pense pour conséquence l’interruption nement et du géant des logiciels de- d’une entrevue secrète, sans résul- il y a près d’un siècle, la firme de ciels et de l’information. Microsoft, que l’intégration d’un navigateur est des poursuites du DOJ. Entre- vant le juge Jackson. Celui-ci pour- tat. Bill Gates est accusée d’user de sa a affirmé l’avocat de l’administra- une bonne chose », a déclaré pour temps, Microsoft a chargé des lob- rait rendre son jugement d’ici à position dominante pour tion, « a utilisé son pouvoir monopo- sa part au Monde la porte-parole de byistes de défendre sa cause au plusieurs semaines, au terme d’une COMPARÉ À LA STANDARD OIL contraindre ses distributeurs à ac- listique pour persuader, menacer, la société de Redmond. Congrès et lancé une campagne procédure qui dure depuis plus de Le juge Jackson, qui avait eu des cepter des accords exclusifs à ses acheter et contraindre » ses parte- A l’issue de l’audience, le juge a d’e-mails en direction de ses deux ans. mots très durs pour Microsoft, a re- conditions, les empêchant d’utiliser naires, comme Netscape, à cesser appelé les parties, sans doute pour membres, affirmant qu’un déman- Comme l’on pouvait s’y attendre, pris ses critiques, comparant Micro- les logiciels de navigation concur- de faire des affaires avec ses rivaux. leur demander d’avancer dans le tèlement de la société serait les deux parties ont répété l’argu- soft à la Standard Oil de John rents. L’avocat ayant répliqué que Faux, a répliqué le défenseur de processus de médiation. Dans ce « l’équivalent d’une condamnation à mentation qu’elles avaient utilisé D. Rockefeller, démantelée en 1911 le droit de propriété industrielle au- Microsoft : « Le gouvernement a mi- qu’un observateur a appelé « l’ul- mort ». en novembre 1999. D’autant que la en vertu de la loi Sherman (anti- torise Microsoft à restreindre sérablement échoué dans sa tentative time poker antitrust », chaque partie médiation que poursuit un magis- trust). « M. Rockefeller avait un l’usage de son produit, il lui a ré- de prouver le moindre impact sur le compte les avantages qu’elle aurait Patrice de Beer LeMonde Job: WMQ2502--0019-0 WAS LMQ2502-19 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0452 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 19 Malgré son isolement, la Société générale se veut confiante Les pays du Golfe satisfaits de la Le président de la banque, Daniel Bouton, a annoncé, mercredi 23 février, un bénéfice record de 13 milliards de francs en 1999. Il espère que la Bourse prendra en compte cette performance hausse du pétrole « NOUS DEVONS changer la vi- tant de partenariats. Mais la pre- latils. M. Bouton sera-t-il entendu ? taculaire, en annonçant un gigan- l’épargne salariale ou aux investis- RÉUNIS mercredi 23 février à sion de la banque française, a exhor- mière conséquence de cet état de Jeudi, peu après l’ouverture de la tesque plan d’investissement ou un seurs institutionnels. Quant à la Riyad (Arabie saoudite), les mi- té, mercredi 23 février, Daniel Bou- fait n’est pas pour autant négli- Bourse, l’action gagnait 1,2 % à accord avec un opérateur télépho- banque d’affaires SG Cowen, ac- nistres du pétrole du Conseil de ton, PDG de la Société générale geable : la Société générale, qui doit 213,1 euros. Les marchés, qui antici- nique. « Internet est une révolution quise aux Etats-Unis, elle fait tout coopération du Golfe (CCG), ras- (SG), à l’occasion de la publication prendre 3 % de BSCH à l’occasion paient ces bons résultats, ont laissé pour nous comme pour tout le pour s’imposer comme la banque semblant l’Arabie saoudite, le Ko- des résultats. Nous sommes dans le de son augmentation de capital, l’action SG perdre du terrain (plus monde, explique M. Bouton, mais du secteur technologique et vient weït, les Emirats arabes unis, le peloton de tête des banques les plus paiera cette participation aussi de 4 %) depuis le début de l’année. nous sommes plongés dedans depuis d’investir 10 millions d’euros dans Qatar, Oman et Bahreïn, ont expri- rentables d’Europe. Le marché n’a chère que ce que la banque espa- Quant aux grands quotidiens finan- 1997. » La Société générale a déjà un site spécialisé dans l’introduc- mé « leur satisfaction à l’égard de pas encore vu que des années et des gnole a payé ou paiera pour ciers étrangers, le Financial Times et 58 sites dont 13 sont déjà transac- tion en Bourse via Internet, l’amélioration notable des cours ». années de bonne gestion ont permis à prendre 7 % de sa consœur fran- le Wall Street Journal n’ont que très tionnels, comme Logitelnet, sa IPO.COM. Ces Etats, qui contrôlent 45 % des l’activité de détail d’être rentable, çaise... discrètement relevé la bonne per- banque en ligne. Dès le mois de Certes, reconnaît M. Bouton, le réserves de pétrole et assurent près malgré la concurrence des mutua- formance de la banque française. mai, elle veut devenir fournisseur développement de nouveaux ser- de 20 % de l’approvisionnement listes. » A l’appui de ce discours, il a CONVAINCRE LES MARCHÉS Pourtant, M. Bouton a sacrifié à d’accès à Internet et va proposer à vices et acteurs peut peser sur les mondial en brut, ne se sont pas annoncé un bénéfice pour 1999 Pourtant, pour le patron de la la mode Internet et a longuement l’ensemble de ses clients parti- marges et les commissions. Mais prononcés sur une augmentation proche de 1,980 milliard d’euros banque de la Défense, cette diffé- détaillé, mercredi, ses projets dans culiers l’accès gratuit à la Toile. Plus cela ne l’inquiète guère. Il pense éventuelle de leur production, ré- (13 milliards de francs) en hausse de rence de valeur n’a plus de fonde- ce domaine. A la différence des discrètement, elle multiplie les sites pouvoir profiter d’Internet, comme clamée par le secrétaire américain 85 %. En y réintégrant la provision ment : « La rentabilité de la Société banques allemandes ou espagnoles, destinés aux entreprises, notam- du téléphone et du Minitel, pour à l’énergie, Bill Richardson, qui qui avait été passée en 1998 pour générale en 1999 atteint 19 % de ses il s’est refusé à donner dans le spec- ment aux PME, à la gestion de améliorer la productivité de la juge les cours trop élevés. En un prévoir les effets de la fusion avor- fonds propres, c’est plus que la banque mais aussi son efficacité an, les prix ont presque triplé. Le tée entre la Générale et Paribas, il moyenne des banques européennes commerciale. Mais la plus grande light sweet crude qui a dépassé les atteint même 2,3 milliards d’euros, qui est de 17 %. » Il martèle encore : Près de 5 milliards de francs de bonus en 1999 révolution pour SG est que son pa- 30 dollars la semaine dernière se conforme à ce qu’attendaient les « Ces résultats tirent parti d’une tron lance un appel aux initiatives négociait le 23 février à 29,39 dol- analystes financiers. bonne conjoncture mais la rentabilité A la Société générale, le président est loin d’avoir la plus grosse ré- internes pour favoriser la naissance lars à New York, et le brent à Malgré cette bonne santé, en ainsi dégagée n’a rien d’exceptionnel. munération. Il est devancé par certains de ses opérateurs de marché, de start up au sein de la banque, 27,06 dollars à Londres. Bourse, la Société générale vaut dix Dans les marchés, nous n’avons pas à qui il reconnaît avoir payé en début d’année, au titre de leurs ré- comme Fimatex, le courtier en ligne « Il est nécessaire d’augmenter la fois ses bénéfices alors que les fait des résultats excellents partout. sultats 1999, « des camionnettes de bonus ». Au total, ceux-ci ap- de la SG qui doit être introduit en production et il est important d’avoir banques espagnoles, et notamment L’année a été moyenne, par exemple, prochent les 5 milliards de francs sur un total de frais de personnel Bourse pour « plusieurs centaines de une stabilité », a déclaré mercredi le BSCH, premier actionnaire de la sur les taux. Mais nous sommes dans de 31,2 milliards de francs. Cette pratique, qui concerne une division millions de francs » à la mi-mars. La au Caire M. Richardson, avant de banque française, valent plus de une dynamique de croissance ali- de plus de 10 000 salariés, n’est pas exceptionnelle dans les activités SG se dit prête à investir 250 mil- se rendre au Koweït et, samedi, en vingt fois les leurs. Une différence mentée par tous les métiers. » de marché. Elle est souvent nécessaire pour conserver les meilleurs lions d’euros dans « des activités fo- Arabie saoudite. Les opérateurs at- dont M. Bouton ne nie pas le carac- Il faut toutefois du temps pour éléments, qui ne touchent ces sommes faramineuses que parce calisées sur le commerce électro- tendent la réunion, le 2 mars à tère gênant. Heureusement, ex- convaincre les marchés que la ren- qu’ils rapportent encore plus à la banque. La rumeur, dans les salles nique » en créant un fonds Londres, des concepteurs du pro- plique-t-il, la banque n’en est pas tabilité de la banque d’investisse- de marché de SG, dit toutefois que le montant total aurait « étonné » d’investissement dédié à ce type de gramme de réduction de produc- « au stade d’une fusion qui nécessite- ment ou que les résultats issus de la les dirigeants de son partenaire espagnol, BSCH. projets, qu’ils soient internes ou ex- tion, l’Arabie saoudite, le Venezue- rait de payer en papier ». Il réaffirme gestion du portefeuille de participa- Sans surprise, il choque aussi les syndicats de la banque, car les ternes à la banque. la et le Mexique. Cette rencontre qu’elle peut poursuivre sa stratégie tions de SG, gros pourvoyeur de frais généraux de la banque de détail, c’est-à-dire des agences, n’ont pourrait influer sur le sommet de seule, en se contentant pour l’ins- plus-values en 1999, ne sont pas vo- progressé quant à eux que de 0,7 % en 1999. Sophie Fay l’OPEP prévu le 27 mars, à Vienne. LeMonde Job: WMQ2502--0020-0 WAS LMQ2502-20 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0453 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 ENTREPRISES Carrefour, géant assiégé, tente une sortie par l’Internet En pleine fusion avec Promodès, le nouveau numéro deux mondial de la distribution essuie les tirs croisés des politiques, des concurrents, des fournisseurs et de la Bourse. Il reprend l’offensive en entrant en force sur la Toile Après la Fnac et Darty, Carrefour s’apprête mètre constant, le résultat net courant du après avoir bénéficié d’un engouement lié à ser son image en adhérant à la « nouvelle ment. C’est presque autant qu’AOL. D’ici à entrer en force dans le commerce électro- groupe n’a progressé que de 1,7 %, à l’acquisition de Promodès, le titre Carrefour économie ». Le groupe a calculé qu’il touche l’été, a annoncé M. Bernard, une filiale sera nique. Daniel Bernard, son PDG, a révélé 626 millions d’euros, alors que le chiffre est en baisse. Attaqué par la concurrence, et 2,1 milliards de clients par an, dont une créée pour mettre en place un site Internet, son projet, jeudi 24 février, à l’occasion de la d’affaires a fait un bond de 23,9 %, à montré du doigt par le gouvernement, le vingtaine de millions sont identifiables qui sera à la fois fournisseur d’accès, portail, publication de ses résultats : en 1999, à péri- 33,9 milliards d’euros. Boudé par la Bourse premier distributeur français espère redres- grâce à leurs cartes de fidélité ou de paie- et site marchand sur la Toile.

LES GRANDS de la distribution loppement récent, qui l’a vu élargir pour le distributeur français, désor- tionalisation, celui des supermar- française arrivent enfin sur Internet. Le numéro un européen incontesté considérablement sa gamme des mais numéro un européen et numé- chés (par le rachat de Comptoirs Après la Fnac et Darty, pionniers en C. A. DES PRINCIPAUX DISTRIBUTEURS EN 1999 produits et services. « Si nous étions ro deux mondial, de la sanction qui modernes en août 1998), celui de la la matière – la première vient tout estimé en milliards d'euros restés sur l’assortiment existant il y a frappe toutes les entreprises de grande fusion, avec Promodès, enfin juste de se rebaptiser « fnac. dix ans, nous ne ferions que la moitié l’économie traditionnelle qui n’ont celui de l’Internet. Le groupe fait com » –, c’est au tour de Carrefour 0 1020304050 de notre chiffre d’affaires actuel », pas encore pris le virage de la « nou- pourtant aujourd’hui figure de cita- d’annoncer son entrée en force sur 1 CARREFOUR (France) 52 souligne un collaborateur du velle économie ». L’effet d’annonce delle assiégée, essuyant les tirs croi- la Toile. Daniel Bernard, son PDG, a 2 METRO (Allemagne) groupe. de M. Bernard a porté ses fruits : le sés des politiques, des concurrents, profité de la présentation des résul- 3 AHOLD (Pays-Bas) titre gagnait 6 % jeudi dans la mati- des fournisseurs, de la Bourse. Sans tats annuels du groupe, jeudi 24 fé- née. Carrefour est en retard sur cer- parler des consommateurs, de plus 4 ITM-SPAR (France) « NOUVELLE ÉCONOMIE » vrier, pour lever un coin de voile sur Reste que cette décision d’investir tains de ses concurrents. Casino en plus inquiets des affaires de sé- ses projets. « On ne se lance pas sur 5 LECLERC-SYSTÈME U (France) massivement dans Internet a aussi teste depuis un an, dans la région curité alimentaire, où les grandes Internet, on entre dans Internet », ré- 6 REWE (Allemagne) des allures défensives. L’action Car- lyonnaise, un supermarché virtuel surfaces font facilement figure d’ac- sume un collaborateur de M. Ber- 7 CASINO-CORA-PRISU (France) refour, ex-vedette de l’indice « C-mescourses.fr » qui doit être cusées. Ou des salariés, qui sup- nard. Avec ses 9 000 magasins dans CAC 40, a dégringolé de 22,4 % de- étendu prochainement à la région portent de moins en moins la préca- 8 EDEKA (Allemagne) le monde, le nouveau groupe Carre- puis le début de l’année. Une correc- parisienne, et Cora vient de lancer, à rité et la flexibilité imposées par la four, qui inclue désormais Promodès 9 TESCO (Grande-Bretagne) tion certes attendue, qui fait rentrer grands renforts de publicité, son site grande distribution (lire ci-dessous). et Comptoirs Modernes, ses der- 10 SAINSBURY (Grande-Bretagne) le groupe français dans les rangs de national « Houra.fr ». La filiale des Il n’est pas sûr que l’augmentation nières acquisitions, draine 2,1 mil- 11 AUCHAN (France) l’ensemble du secteur, après une an- Galeries Lafayette, Télémarket, l’an- de capital de 4 à 6 milliards de francs liards de clients par an. Sur ce née 1999 atypique. Les titres Carre- cêtre issu du Minitel, présentera la réservée à ses salariés, proposée par Source : Merril Lynch, les entreprises nombre, une vingtaine de millions four et Promodès ont été les seuls à semaine prochaine un site Internet M. Bernard, suffise à calmer leurs re- de clients sont « identifiables » grâce Cinq groupes français figurent parmi les dix réseaux de grandes surfaces les croître l’an dernier, de plus de 30 % entièrement rénové, avec des prix en vendications. plus importants d'Europe. à leurs cartes de fidélité ou de paie- par rapport à l’indice de valeurs eu- forte baisse. L’américain Wal-Mart, La machine de guerre mise sur ment : « C’est presque autant listes » a été recrutée. « Nous joue- aller bien au-delà du simple ropéennes DJ Euro Stoxx (qui re- numéro un mondial, a pour sa part pied par le PDG a donné l’impres- qu’AOL ! », constate M. Bernard. Du rons la complémentarité et la fertilisa- commerce électronique. groupe les 600 plus grosses capitali- relancé en janvier son site walmart. sion de s’enrayer au moment-même coup, Carrefour a décidé de voir tion croisée entre le Net et les Voilà au moins deux ans que l’in- sations européennes). Les titres de com en association avec le leader où elle atteignait sa pleine puis- grand. magasins », explique le PDG. Carre- venteur des hypermarchés tourne leurs principaux rivaux européens, mondial des fournisseurs d’accès sance. Ainsi, à périmètre constant Le groupe va se doter d’un fonds four s’appuiera, dans un premier autour du pot. En 1998, il avait fait l’allemand Metro, le néerlandais AOL. L’anglais Tesco affirme avoir (hors Promodès), le résultat net cou- d’investissement dans la « nouvelle temps, sur l’expérience acquise par travailler, pendant plusieurs mois, Ahold, l’anglais Tesco, ont été litté- d’ores et déjà atteint l’équilibre fi- rant de l’ancien Carrefour, à 626 mil- économie » et lancer prochaine- Promodès avec son supermarché une société spécialisée dans la créa- ralement « massacrés » en Bourse nancier sur son activité de lions d’euros (après amortissement ment un site global, à la fois fournis- virtuel Ooshop.fr, testé dans les Yve- tion de sites Internet, avant de tout l’an dernier, avec des baisses respec- commerce en ligne, lancée voici des survaleurs), n’a progressé que de seur d’accès et portail, en même lines et dont le territoire de livraison arrêter. « Un hypermarché en ligne tives de 61 %, 46 % et 29,6 % par rap- quatre ans et qui compte 100 000 1,7 %, alors que le chiffre d’affaires a temps que site-marchand. Des dis- sera étendu à Paris et au départe- n’est qu’une partie du problème », port au même indice européen ! De- clients réguliers. fait un bond de 23,9 %, à 33,9 mil- cussions sont en cours avec «de ment des Hauts-de-Seine fin avril. dit-on chez Carrefour. Le groupe se puis le début de 2000, les valeurs Mais M. Bernard estime avoir pris liards d’euros. Preuve que les grands opérateurs » de la nouvelle Mais le futur « carrefour.com » (le pense en « prestataire de services In- européennes de distribution ont en- tous les « virages stratégiques » au marges se sont sérieusement éro- économie et « une équipe de spécia- nom n’est pas encore arrêté) entend ternet », dans la logique de son déve- core reculé de 19,2 %. Il s’agit aussi « bon moment » : celui de l’interna- dées, rançon des campagnes de pro- motion massives menées par l’en- seigne en 1998 et 1999 pour tenter de recoller au peloton de tête des grands discounters. Selon l’indice Le Continent de Perpignan fermé pour cause de grève Opus, un panel contesté par cer- PERPIGNAN cadrement et un harcèlement moral ». Selon mais, en revanche, cela a permis de conserver du harcèlement moral dont sont victimes taines enseignes, les hypermarchés de notre correspondant l’intersyndicale FO-CFDT-CGT-CFTC, 98 % des contrats de travail. » les salariés de Perpignan se trouve dans un Carrefour auraient vu leurs prix L’hypermarché Continent de Perpignan des 314 salariés sont en grève, les négocia- Pour leur part, les employés disent avoir texte « aux propos discriminatoires », selon moyens se renchérir de 2,6 % en (Pyrénées-Orientales) devait rester fermé jeu- tions entre représentants syndicaux et la di- alerté à plusieurs reprises la direction depuis les syndicats, envoyé par un chef de rayon à deux ans, constatait récemment le di 24 février pour la cinquième journée rection « n’avaient toujours pas abouti » mer- le mois de septembre. Ils réclament « une travers le réseau intranet. Georges Garcia, magazine Linéaires. Même si credi dans la soirée. augmentation de 800 francs pour tous les sala- de l’intersyndicale, raconte : « Nous avons « l’image-prix » de Carrefour auprès REPORTAGE Les portes de l’hypermarché sont fermées riés ainsi que l’embauche d’une vingtaine de intercepté une circulaire dans laquelle sont du consommateur reste bonne, ce En trois ans, les employés au public depuis samedi après-midi sur déci- personnes et la revalorisation de certains écrits des propos très virulents à l’égard des dérapage est inquiétant, à l’heure où sion de la direction. Le directeur du magasin, contrats de travail ». Catalans. » La note intranet, dont le conte- Wal-Mart, fraîchement débarqué en de cet hypermarché Jean-Michel Lacroix, a expliqué que des «né- nu n’a pas été divulgué, a été remise à un Europe, a lancé une violente offen- ont connu quatre gociations avaient été ouvertes dès samedi ma- « MALAISE GÉNÉRAL » avocat. Selon les syndicats, elle serait « ex- sive sur les prix dans les deux pays enseignes successives tin à 5 heures. (...) Un protocole avait été signé employé explique : « On nous avait promis plosive ». où il est implanté, la Grande-Bre- samedi soir avec une suspension de la grève et que les avantages que nous avions avec Auchan Mercredi, le directeur départemental du tagne et l’Allemagne. Le géant amé- une réouverture, lundi matin, du magasin pré- ne seraient pas changés. Aujourd’hui, nous travail a tenté, en vain, une médiation pour ricain ne cache pas son envie d’en consécutive. Les revendications du personnel vue. » « La direction avait proposé une ren- avons entre 400 et 750 francs de moins sur les mettre un terme à ce conflit opposant la di- découdre avec son seul vrai rival de cette ex-enseigne Auchan, reprise il y a contre lundi après-midi pour présenter aux syn- fiches de paie. Nous sommes payés de 3 à rection actuelle à des salariés qui, en trois mondial, sur le terrain de celui-ci, la huit mois par Continent (groupe Carrefour- dicats de nouvelles grilles salariales comme 4 francs de moins de l’heure que les grilles de ans, ont vu leurs conditions se dégrader au France. Casino et Auchan sont dans Promodès), portent sur « une revalorisation base de discussion », a ajouté le directeur. salaires nationales. » Il existe aussi, selon les gré des passages sous quatre enseignes dif- la « shopping list » de l’Américain. des salaires », « des embauches supplémen- M. Lacroix a précisé que « les 35 heures ont employés, « un malaise général entre la direc- férentes : Mammouth, Auchan, Continent Carrefour, lui, est clairement dans sa taires », notamment après la mise en place été mises en place le 12 décembre dernier ». tion et le personnel » semblable à celui évoqué et aujourd’hui Carrefour. ligne de mire. des 35 heures, « l’arrêt d’un licenciement abu- « Cela n’a pas donné lieu à des embauches en à l’occasion du conflit qui avait éclaté à l’hy- sif en cours » et « le manque de respect de l’en- raison des difficultés économiques du magasin permarché Continent de Roubaix. La nature Jean-Claude Marre Pascal Galinier Quand la distribution française fait son marché en Asie Après Axa, la CNP mise HONGKONG appareils électroménagers. L’objec- véritable transfert de compétences dans la production en Asie que nous correspondance tif étant de reprendre pour soi la au profit de l’industrie asiatique. connaissons parfaitement leurs coûts sur la sellette par les handicapés Carrefour Marchandise Interna- marge de ces intermédiaires. Selon Toute commande passée par la d’approvisionnement, de main- tional (CMI) est l’une des sociétés les produits, les achats en direct grande distribution s’accompagne d’œuvre et donc leurs marges, ce qui LA DÉCISION prise par Axa et de la CNP. L’Unapei estime de son les plus discrètes du groupe Carre- permettent aux distributeurs fran- d’une formation de plus en plus n’est pas le cas pour nos fournisseurs ajournée ensuite (Le Monde du côté que les pertes annoncées par four. Elle est pourtant directement çais d’économiser entre 15 % et pointue de la main-d’œuvre locale. français », plaide le même respon- 18 février) de doubler brutalement Axa sont un « déficit comptable, et rattachée à la direction générale de 50 % du prix d’achat. Sachant que le « Les produits que nous importons sable d’enseigne. les primes d’un contrat d’assu- veut établir le coût économique au Carrefour. Sa mission : coordonner budget de fonctionnement d’une d’Asie sont soumis à un tel contrôle rance destiné à verser une rente regard de la réelle espérance de vie tous les achats à l’étranger des hy- trading varie, selon les groupes, de la direction générale de la concur- BOUCHÉES DOUBLES aux handicapés après le décès de des handicapés ». permarchés du monde entier, en entre 1 % et 3 % du montant des rence, de la consommation et de la En matière d’approvisionnement leurs parents n’est pas un cas isolé. Parmi les victimes de ces déci- développant notamment les achats achats, l’opération est immédiate- répression des fraudes (DGCCRF) en mondial, les groupes de distribu- Bon nombre d’assureurs se sont sions brutales prises par la CNP, directs auprès des usines en Chine, ment très profitable, portant très France, sur le respect des normes tion français avaient pris du retard comportés de la même façon. M. et Mme Brunel, parents de deux dans le Sud-Est asiatique et sur les vite sur plusieurs centaines de mil- françaises et européennes, que la sur leurs grands rivaux anglo- C’est notamment le cas de la filles handicapées, avaient vu leurs bords de la Méditerranée à partir lions de francs d’économies. C’est qualité de ce que nous achetons ici saxons, comme Wal Mart ou Caisse nationale de Prévoyance primes doubler. Ils avaient dû de Milan, en Italie. Lorsque, en la structure d’achat internationale s’élève chaque année un peu plus, re- Marks & Spencer. Ils mettent au- (CNP) qui couvre 4 000 parents changer de contrat. Aujourd’hui, 1994, le PDG de Carrefour, Daniel de Carrefour, notamment sa société connaît le représentant d’un distri- jourd’hui les bouchées doubles. membres de l’Association pour Suzanne Brunel continue de ver- Bernard, crée cette société dans le de Hongkong, qui a permis au buteur français. Il existe désormais L’entrée de la Chine dans l’OMC, adultes et jeunes handicapés ser 510 francs par trimestre pour cadre de la réorganisation des groupe de lancer avec succès ses des produits que ni la France ni l’Eu- qui sonnera le glas des quotas tex- (Apajh) qui compte 18 000 adhé- une garantie annuelle de achats de l’enseigne, il a un modèle « mois historiques » de promotion à rope ne savent plus produire. » tiles en 2003, sera une opportunité rents. L’Unapei (Union nationale 4 080 francs. L’Association des en tête : Gemex, l’énorme bureau l’automne 1998 puis 1999. Exemple : les articles de puéri- certaine. Toutes les tradings de des associations de parents et amis usagers de l’administration d’achat du groupe allemand Metro culture comme les poussettes pour Hongkong sont en phase d’expan- d’enfants handicapés), qui a pour (ADUA) a demandé, mercredi, au (d’où vient M. Bernard) qui, à TRANSFERT DE COMPÉTENCES bébé ; seule la Chine sait les fabri- sion, et embauchent à tour de bras assureur Axa, compte 62 000 fa- gouvernement de « reprendre le Hongkong, emploie plus de Mais acheter en direct, c’est aussi quer au niveau de qualité exigé par des « merchandisers », ces collabo- milles adhérentes, dont environ dossier » de ce contrat entre la 400 personnes. faire des achats de meilleure quali- l’Europe. « S’ils n’ont pas encore la rateurs locaux qui disposent de car- 7 000 avaient souscrit à l’offre CNP et l’Apajh. Interrogée mer- Carrefour n’invente rien : Auchan té. Les sociétés de négoce des maîtrise du design, on peut imaginer nets d’adresses fournis en usines d’Axa. Il y a en tout en France credi et jeudi matin, la compagnie asa « trading company » à Bang- grands distributeurs repèrent les que, d’ici peu, les Chinois auront une chinoises. 1,8 million de personnes handica- d’assurances n’a pas tenu à ré- kok, Leclerc a créé Siplec Interna- fournisseurs locaux les plus compé- parfaite maîtrise technologique de fi- En 1999, selon nos informations, pées souffrant d’un handicap sé- pondre aux questions sur ce sujet. tional à Hongkong et à Madras titifs sur la base d’un cahier des lières entières », estime le patron le « sourcing » mondial de Carre- vère. Parallèlement, Axa fait l’objet de (Inde), Intermarché a installé Comi charges défini par les services mar- d’une trading française à Hong- four aurait généré quelque 9 mil- nouvelles mises en cause. La Asia à Hongkong. La société keting en France. Une fois la kong. liards de francs en équivalent UN NOUVEAU CONTRAT Compagnie a doublé les cotisa- d’achats de Casino, elle, a quitté ré- commande passée, soit par la tra- Paradoxalement, la grande distri- chiffre d’affaires au détail, soit envi- Comme Axa, la CNP avait an- tions de ses clients diabétiques en cemment Bangkok pour Hong- ding, soit par les magasins eux- bution traite souvent mieux ses ron 4 % du chiffre d’affaires mon- noncé, fin 1990, « une augmenta- 1997, a révélé le journal Ouest- kong, avant d’être fusionnée avec mêmes, voire, dans le cas de Carre- fournisseurs asiatiques que ses par- dial du groupe (avant sa fusion avec tion globale de 30 % » des primes France mercredi 23 février, ce celle de Cora, au sein d’Opéra Asie, four, par les directions des achats tenaires industriels français. Lors- Promodès) et près de 10 % du de son contrat, invoquant le même qu’Axa a confirmé. Ce double- filiale de la nouvelle centrale de la vingtaine de pays où le groupe qu’en France les grandes enseignes chiffre d’affaires non alimentaire, le motif qu’Axa, le contrat était «fi- ment, sur un contrat qui était lour- d’achats commune aux deux en- a des magasins, les spécialistes de imposent des délais de paiement de seul vraiment concerné par ce type nancièrement gravement déséquili- dement déficitaire selon Axa, n’est seignes. Mais, quand la plupart des l’enseigne aident les usines des 90 jours fin de mois, et facturent à d’achats. L’objectif du nouveau nu- bré ». La CNP avait proposé à intervenu qu’après que l’assureur trading françaises emploient entre fournisseurs à optimiser leur chaîne tout propos leurs « prestations méro deux mondial de la distribu- l’Apajh un nouveau contrat. Envi- a proposé à une large majorité des vingt et trente personnes, le numé- de production. Ils suivent ensuite la commerciales », en Asie, les fournis- tion est de presque tripler ces pour- ron 1 200 des 4 000 adhérents assurés de souscrire sans pénalité ro un français voit grand : son seul qualité de la fabrication jusqu’à seurs sont payés à la présentation centages dans les trois ans. Pour ce avaient résilié leur contrat cette à un autre contrat, mieux adapté bureau de Hongkong emploie plus l’expédition en conteneurs. Une d’une lettre de crédit dès que la faire, le groupe envisage de se doter année-là. « Cette décision écono- et plus avantageux, selon un de 100 personnes. phase lourde jusqu’ici souvent marchandise a été contrôlée. Tout d’une trading en Allemagne pour mique pour l’assureur avait suscité porte-parole de l’assureur. Axa Au départ, il s’agissait surtout de confiée, au prix fort, à des sociétés se passe comme si, à travers ce dé- prospecter l’Europe de l’Est, et à l’époque de vives réactions », a in- précise qu’« à ce jour, ce contrat est se passer du service des importa- spécialisées, de type Bureau Veritas calage de délai de paiement imposé d’une autre en Amérique latine, où diqué mercredi 23 février au toujours le seul contrat prévoyance teurs français et des agents asia- ou Inchcape. par la distribution, les industriels Carrefour est le distributeur étran- Monde Marie-France Pasquini, di- en France acceptant des personnes tiques pour s’approvisionner en Ce partenariat entre la grande français subventionnaient leurs ger le mieux implanté. rectrice générale adjointe à diabétiques ». textile, chaussures, bazar, outillage, distribution française et ses fournis- concurrents asiatiques... « La raison l’Apajh, qui reconnaît toutefois jouets, ou même en électronique et seurs étrangers s’apparente à un est que nous sommes si impliqués Valérie Brunschwig une certaine « politique sociale » Pascale Santi LeMonde Job: WMQ2502--0022-0 WAS LMQ2502-22 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:41 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0455 Lcp: 700 CMYK

22 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 Constat de divorce entre la presse quotidienne et les femmes Polémique sur la publicité Un livre et une thèse de doctorat tentent d’expliquer les raisons de la désaffection des femmes à l’égard des quotidiens nationaux et régionaux, qui pourraient reconquérir ce public en lui donnant plus souvent la parole des sites Internet LES ÉTUDES le démontrent : les Plus fondamentalement, c’est hommes à la « une » et dans les accèdent à des fonctions de pou- pouvoir, de l’économie et des PAR LA VOIX de son président, femmes lisent plus que les dans le contenu même des jour- articles d’accompagnement de voir. L’ouvrage souligne égale- sports, qui occupent l’essentiel des Alain Boulonne, la Fédération natio- hommes, en moyenne 22 livres par naux qu’il faut chercher les motifs sept journaux quotidiens et dans ment que la parité, adoptée en po- colonnes, où les femmes sont, par nale de la presse française (FNPF) an contre 19, selon une enquête essentiels de cette désaffection. les bulletins d’information radios litique, est loin d’avoir gagné les ailleurs, peu représentées. Pour s’est insurgée, mercredi 23 février, sur les pratiques culturelles des « Il semble, écrit-elle, que la presse, ou télévisés. Réactualisée cinq ans salles de rédaction et encore leur part, elles manifestent leur contre la décision du Conseil supé- Français réalisée en 1997 pour le si elle s’attelle (quelquefois) au plus tard, cette étude étendue à moins leurs niveaux hiérarchiques. curiosité pour les questions de vie rieur de l’audiovisuel (CSA) d’auto- ministère de la culture. Et près combat contre la discrimination dix-huit titres – ses conclusions Malgré quelques exceptions no- quotidienne, la santé, l’éducation, riser tous les sites Internet à avoir d’une sur deux (45 %) lit régulière- contre les femmes, est, en même devraient être publiées prochaine- tables, les journalistes femmes les conditions de vie, la culture et accès à la publicité télévisée (Le ment un magazine. En revanche, temps, une des causes de cette dis- ment – semble confirmer que restent le plus souvent cantonnées les loisirs. A la lecture, il ne lui a Monde du 24 février). Cette décision elles boudent la presse d’informa- crimination. En présentant moins de l’amélioration n’est guère sensible. dans le traitement des sujets fami- pas été difficile de démontrer la concerne les sites de presse, mais tion générale, nationale ou régio- femmes, donc en leur donnant Le jour du 1er février, pris au ha- liaux et ménagers. Le rééquili- disproportion de traitement entre aussi ceux de la grande distribution, nale. En l’espace de vingt ans, la moins la parole, en donnant moins sard, les femmes ne représentaient brage, sans doute nécessaire, n’est ces différents sujets. du cinéma, de l’édition, secteurs jus- proportion de Français lisant un d’importance aux sujets qui les toujours que 18,3 % des 721 per- toutefois pas une condition suffi- Les lectrices espèrent d’un quo- qu’àlors interdits de publicité à la té- quotidien s’est effondrée, passant touchent, les médias limitent l’ex- sonnes citées dans 400 informa- sante. tidien idéal qu’il « parle d’elles », lévision. La FNPF redoute la perte de 59,7 % en 1967 à 36 % en 1997. pression des femmes, et l’accès des tions. pas seulement en coupables ou d’importantes parts de marché de la Les jeunes, mais aussi les femmes, hommes à l’expression des A la manière des Chiennes de DISPROPORTION victimes de la rubrique des faits di- presse au profit du petit écran et dé- ont largement contribué à cette femmes. » garde, l’association de vigilance En réalité, « les journaux vers. Elles souhaitent qu’il reflète nonce une « décision précipitée » désaffection. Seules 9 % d’entre Premier exemple permettant créée par une journaliste membre s’adressent à un lecteur universel le vécu quotidien, relate des expé- prise « sans qu’aient été analysées les elles (17 % des hommes) lisent un d’étayer cette affirmation, une en- de l’AFJ pour dénoncer les at- masculin traditionnel », souligne riences « qui nous touchent », ex- conséquences qu’elle aura sur l’équi- quotidien national et 35 % un quo- quête internationale réalisée en teintes sexistes, le livre Dites-le Sylvie Debras. A l’issue de ses en- prime « de l’affectif et de l’émo- libre fragile des ressources des diffé- tidien régional (41 % des hommes). 1995 dans 71 pays, et relayée en avec des femmes relève les déra- tretiens, elle a dégagé une typolo- tion » et soit plus proche des rents médias concernés ». Elle dé- Un livre – Dites-le avec des France par l’Association des pages, les excès de langage, les hé- gie des centres d’intérêt respectifs préoccupations sociales et fami- plore cette décision « brutale, du femmes : le sexisme ordinaire dans femmes journalistes (AFJ), dé- sitations orthographiques de cer- qui ne saurait surprendre. Les liales. Alors que les femmes seules tout ou rien, alors que des dispositifs les médias – et une thèse de docto- montre que les femmes sont cinq tains articles consacrés aux hommes privilégient « l’informa- sont de plus en plus nombreuses, plus modestes auraient pu être envi- rat – Lectrices au quotidien – soute- fois moins citées (17 %) que les femmes, notamment à celles qui tion noble » de la politique, du elles aimeraient enfin que le jour- sagés, restreignant, par exemple, l’ac- nue récemment par une journa- nal les aide à mieux comprendre cès des enseignes de la grande distri- liste, Sylvie Debras, à l’Institut leur environnement et les enjeux bution à la publicité télévisée ». français de presse (IFP), tentent TROIS QUESTIONS A... « une », ou aux sports. Les jour- gionale. Non seulement ils de l’actualité. Autant d’attentes M. Boulonne regrette le manque d’expliciter les raisons de ce désin- naux ont aussi tendance à privilé- entretiennent la confusion entre formulées en majorité par les de concertation et lance un appel au térêt. Le constat et les conclusions SYLVIE DEBRAS gier le discours d’expertise, du la femme et la ménagère-pres- femmes mais qui, selon Sylvie De- gouvernement pour qu’il réexamine de ces deux ouvrages devraient pouvoir et du savoir, au détriment criptrice, mais ils contribuent à bras, sont désormais partagées par le problème « avec le souci de ména- inspirer les éditeurs qui s’inter- Dans une thèse de doctorat de l’expérience de proximité et du marginaliser un peu plus encore de plus en plus d’hommes et de ger les intérêts de la presse et d’ouvrir rogent sur la reconquête de nou- 1 soutenue devant l’Institut témoignage, auxquels les femmes l’information censée les intéres- jeunes rangés dans la catégorie avec la profession les débats néces- veaux publics pour enrayer la français de presse, vous tentez sont plus réceptives. ser. des lecteurs « non traditionnels ». saires ». La position de la FNPF est chute de diffusion de leurs titres. d’expliquer la désaffection des partagée par le Syndicat de la presse Evidemment, les auteures in- femmes à l’égard de la presse ré- Les femmes sont, en re- Comment les quotidiens, na- M. De. magazine et d’opinion (SPPMO) qui voquent le manque de temps des gionale. Quelles en sont les prin- 2 vanche, de grandes lectrices 3 tionaux et régionaux, demande le réexamen de la position femmes, pressées de concilier les cipales raisons ? de la presse magazine. Qu’y peuvent-ils prendre en compte ૽ Dites-les avec des femmes : le du CSA et l’ouverture d’une nou- charges de leur vie profession- L’information qui intéresse les trouvent-elles de différent ? leurs attentes ? sexisme ordinaire dans les médias. velle discussion sur le sujet. De son nelle, personnelle et familiale. Se- femmes dans leur vie quoti- Quasiment absentes de la Il faut que ces attentes soient Virginie Barré, Sylvie Debras, Na- côté, le Syndicat de la presse maga- lon Sylvie Debras qui, au cours dienne, personnelle et profession- presse d’information générale, les satisfaites sur tous les sujets, pas tacha Henry et Monique Trancart. zine et d’information (SPMI) se féli- d’entretiens approfondis avec un nelle est reléguée au rang des su- femmes se retrouvent dans des seulement dans une page, même Editions CFD-AFJ. Juin 1999. cite avant tout de l’accès des sites échantillon représentatif, a analy- jets mineurs, marginalisée dans magazines qui s’adressent à elles quotidienne, qui leur serait réser- 69 francs. Internet de la presse à la publicité sé le comportement de lecture de des pages spéciales, hebdoma- en personnalisant l’information et vée. A long terme, les journaux « Lectrices au quotidien », par Syl- télévisée. L’Est républicain, 62,2 % des daires ou magazines. Le décalage en privilégiant les expériences vé- qui ont choisi la « ghettoïsation » vie Debras : thèse de doctorat en femmes lisent le journal en moins est flagrant entre le traitement cues. Cela dit, cette presse-là est de l’information font une erreur sciences de l’information et de la DÉPÊCHES de 30 minutes, contre 53,1 % des des questions de santé, d’éduca- avant tout conçue par et pour les économique. communication soutenue le a PHOTOGRAPHIE : François Hé- hommes, et seulement 21,9 % tion, de culture ou de temps libre annonceurs. C’est particulière- 28 janvier à l’Institut français de bel quittera son poste de direc- d’entre elles (32,6 % des hommes) et la part réservée chaque jour à ment vrai des suppléments fémi- Propos recueillis par presse, université Panthéon-Assas teur de l’agence photographique y passent plus de 40 minutes. l’information « noble », qui fait la nins de la presse quotidienne ré- Michel Delberghe (Paris-II). Magnum, le 9 mars, après « douze ans de collaboration fructueuse », an- nonce, le 23 février, la photographe Martine Franck, vice-présidente du Jean-Marie Cavada défend son « Plan bleu » pour Radio France bureau parisien de l’agence. L’inté- rim sera assuré par Diane Auberger, « JE N’ACCEPTE PAS qu’on fige le Si elle préserve les FIP de Paris, diteurs potentiels, en plus des ce grand ménage des fréquences à tion totale de France Info depuis le directrice adjointe. service public dans ses vieilles struc- Strasbourg et Bordeaux, cette ré- 28,5 millions actuels. A cela, Radio France. début de cette semaine est un des a PRESSE : la majorité des sala- tures ou qu’on lui interdise des terri- forme suppose la suppression de s’ajoutera « l’emboîtement » avec A la mise en place de ces deux éléments. Il reste le chantier de la riés du groupe Play Bac presse (Le toires nouveaux. Nous avons besoin ceux de Lille, Lyon, Marseille et Radio Bleue, par ailleurs pour- réseaux, qui constitue une étape rénovation sociale et celui de l’uni- Petit Quotidien, Mon quotidien et de moderniser notre offre » : c’est Nantes, qui enregistrent les moins voyeuse d’un programme de décisive de la réforme engagée à vers de la musique, c’est-à-dire des L’Actu) était toujours en grève, jeudi ainsi que Jean-Marie Cavada, PDG bonnes audiences. Leurs fré- complément pour les radios asso- Radio France, Jean-Marie Cavada deux orchestres, « qui devrait 24 février, une semaine après le dé- de Radio France, répond aux cri- quences seraient attribuées au ciées. Une fois modernisé et ajoute l’annonce de la publication connaître une transformation pro- but du mouvement de protestation tiques et défend son projet de réa- Mouv’. Rassérénée par le score de combiné avec un habillage prochaine d’un « livre blanc fonde ». contre les propositions de la direc- ménagement des réseaux, connu 4 % d’audience enregistrée à Tou- commun, celui-ci devrait donner à d’étape » sur la modernisation tion sur les 35 heures et le climat so- sous le nom de code de « Plan louse pour l’année 1999, cette sta- l’ensemble une cohérence, qui sera technologique, dont la numérisa- Françoise Chirot cial de l’entreprise. bleu », et qui est en débat dans l’en- tion émettrait alors sur un bassin renforcée par une marque treprise depuis l’automne (Le Monde de population de cinq millions commune, dont le nom n’est pas du 5 novembre 1999). d’habitants, au lieu de deux au- encore choisi. Le Mouv’ devrait, lui L’objectif est de rationaliser l’utili- jourd’hui. Surtout, cela lui donne- aussi, être rebaptisé. sation des fréquences actuellement rait accès à des auditeurs dont les dispersées entre les radios locales, oreilles sont plus perméables à ses MANQUE DE LISIBILITÉ les FIP, Radio Bleue, Urgences et Le programmes que ceux des petites « Ce redéploiement est rendu né- Mouv’, autant de réseaux commen- villes, comme Chartres, Poitiers, cessaire par la pénurie de fré- cés et jamais terminés. Deux grands Angoulême, où elle est actuelle- quences qui nous oblige à travailler ensembles devraient en résulter : ce- ment diffusée. à moyens constants et donc à faire lui des radios locales qui couvrirait En échange, ces fréquences se- des choix », expliquent les diri- la presque-totalité du territoire et ront reversées au pot des 38 radios geants de Radio France. Manifes- celui du Mouv’, station destinée au locales actuelles, permettant tement agacés par les mouvements jeunes adultes, dotée de fréquences d’étendre à 53 stations ce réseau, de soutien aux FIP, ils insistent sur mieux adaptées au public visé. qui gagnera ainsi 14 millions d’au- le fait que ce fil musical, désormais accessible sur le câble dans 76 villes, sur deux satellites et sur Internet est plus largement diffusé qu’auparavant. L’ensemble de ces réformes de- vrait voir le jour au cours de l’été. Auparavant, elles devront avoir été soumises « pour avis » au comité central d’entreprise et au conseil d’administration, qui devraient se réunir à la mi-mars et à la mi-avril. Plutôt favorable, la CFDT regrette cependant de « n’avoir aucune lisi- bilité sur le contenu des pro- grammes ». Quant à la CGT, elle est davantage prête à défendre les FIP et s’inquiète du « risque d’appau- vrissement des radios locales ». Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) devra aussi se prononcer sur Spécial impôts Comment déclarer vos revenus et calculer vos impôts 0123 daté 26 vendredi 25 février LeMonde Job: WMQ2502--0023-0 WAS LMQ2502-23 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0456 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 23

EUROPE

ÉCONOMIE

TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

UUVUDTW TISWDRU

TPPVDSH tagne a augmenté en décembre à

UUVU TPWU

AFFAIRES l’entrée de Vivendi dans le capital TWQH Gerhard Schröder 2,706 milliards de livres (4,4 mil-

UQWQ THUT

de BSkyB, chaîne de Rupert TURS liards d’euros), ce qui porte à

UHHH SVSR

Murdoch. La commission explique TSTH recommande 26,3 milliards de livres le déficit

INDUSTRIE avoir reçu « des éléments pour toute l’année 1999, un record, TTHT STQP

b RWE : les conseils de importants » qui justifient ce TQUS a annoncé mercredi l’Office des

TPIP SRII

TIWH la modération salariale

surveillance des groupes report d’un mois. statistiques nationales (ONS).

SVIV SIVW

allemands d’énergie RWE et VEW [[[THHS [[[ [[[LE CHANCELIER allemand Ger- a Les prix de l’immobilier en

PR xF IH tF PR pF PR xF IH tF PR pF ont approuvé, mercredi 23 février, PR xF IH tF PR pF hard Schröder a lancé, mercredi Grande-Bretagne ont enregistré le projet de fusion des deux FINANCE 23 février, un appel à la modéra- en 1999 leur plus forte hausse de- Indices cours Var. % Var. % entreprises. La nouvelle société, b NIPPON CREDIT BANK : les Europe 9h57 f se´lection 24/02 23/02 31/12 tion salariale en direction des syn- puis 1996. Selon des chiffres pu-

RWE AG, pèsera 43 milliards IDRW SDPR autorités financières de Tokyo EUROPE EURO STOXX 50 SITIDTT dicats, lors de son discours d’ou- bliés mercredi par les services du

d’euros de chiffre d’affaires et RVPRDWQ IDRW IDUR ont confirmé avoir retenu le EUROPE ƒ„yˆˆ SH verture de l’une des plus grandes cadastre (Land Registry), le prix

emploiera 170 000 personnes. RRPDSS IDRU TDQP consortium japonais dirigé par EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR foires informatiques mondiales, le moyen d’une maison en Angleterre

IDQV HDUI Softbank Corp. pour la reprise de EUROPE STOXX 653 QVPDIW CeBIT, à Hanovre (Basse-Saxe). et au Pays de Galles a augmenté de

TISWDRU PDIQ QDQV b MICHELIN : Edouard la Nippon Credit Bank Ltd (NCB), PARIS geg RH Comme le gouvernement, « les 15,2 % au dernier trimestre 1999

FFFF FFFF FFFF Michelin, cogérant du groupe de nationalisée après sa faillite en PARIS wshgeg partenaires sociaux ont pour respon- par rapport à la même période de

RIWIDWT PDIR QDRR pneumatiques, déclare vouloir 1998. PARIS ƒfp IPH sabilité de contribuer à la création 1998.

FFFF FFFF FFFF « participer de façon active à la PARIS ƒfp PSH d’emplois », a prévenu le chancelier

 FFFF FFFF FFFF

consolidation » du marché du b GEMA : Jacques Roché, du PARIS ƒigyxh we‚gri social-démocrate. Il a cité en a FINLANDE : le taux de chô-

± TTIDQT IDQS IDSH

pneu et être « à la recherche de Groupement des entreprises AMSTERDAM eiˆ exemple un accord survenu début mage de la Finlande s’est établi

± PVHIDHS PDTH ITDIS

partenariat », dans un entretien mutuelles d’assurances (GEMA), BRUXELLES fiv PH février dans l’industrie du caout- en janvier à 10,6 % de la popula-

UUVUDTW IDIS IIDWP

publié jeudi par La Tribune. a indiqué, jeudi, qu’il « tendait la FRANCFORT heˆ QH chouc, où patronat et syndicat «se tion active, en baisse de 0,4 point

± TPPVDSH IDQU IHDIQ

main aux instances dirigeantes de LONDRES p„ƒi IHH sont entendus sur des hausses de sa- par rapport à janvier 1999 où il

IPSHHDWH IDSQ UDQV

b BP AMOCO : la compagnie la Mutualité française (FNMF) pour MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi laires laissant une marge à la créa- était ressorti à 11 %, a indiqué mer-

RVUTRDHH IDQR IQDRQ

pétrolière britannique a leur proposer de créer la maison MILAN wsf„iv QH tion d’emplois ». credi l’Office national des statis-

± UIQHDWH HDSS SDVH annoncé, mercredi, investir avec commune de la mutualité ». ZURICH ƒ€s Selon cet accord, les salariés, qui tiques. la société algérienne Sonatrach ont obtenu une hausse de 2,9 % 2,5 milliards de dollars pour b MUNICH RE : un magistrat AME´ RIQUES dans l’ouest de l’Allemagne et de a PAYS-BAS : l’excédent de la développer des champs gaziers en américain a jugé, mercredi, que 3,2 % à l’est sur une durée d’un an, balance commerciale des Pays- Algérie destinés à l’Europe du les autorités californiennes étaient NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR renonceront chaque mois à 0,4 % Bas s’est inscrit en baisse de

Sud. en droit de sanctionner le de leur traitement. En échange, les 2,95 % en 1999, à 11,93 milliards

IHPPSDUQ RSSHDQQ

réassureur allemand si la HDWWU patrons se sont engagés à verser, d’euros, selon des chiffres publiés

IIUPP RSSH b ERAMET : Maaldrift, filiale de compagnie ne livre pas des IDHQP en 2000, 6,5 millions de marks mercredi à La Haye par l’Office

la société néerlandaise Carlo IIRPP RQHU informations sur son activité à IDHPH (3,32 millions d’euros) et autant en central néerlandais des statistiques

Tassara, a annoncé, mercredi, l’époque nazie. 2001 dans un fonds destiné à finan- (CBS). IIIPI RHTR

auprès du Conseil des marchés IDHHV cer les départs anticipés de la vie

IHVPH QVPI

financiers, avoir franchi le seuil de b UNIBAIL : à l’issue de son HDWWT active dès soixante ans et ainsi fa- a FMI : Eisuke Sakakibara, an-

IHSPH QSUV

10 % du capital d’Eramet et offre publique d’achat, la HDWVS voriser l’emploi des jeunes. cien ministre adjoint japonais

IHPIW QQQT demande un siège au conseil foncière détient 61,20 % du capital HDWUQ Pour sa part, le plus grand syndicat des finances, et l’Américain

d’administration. Le capital [[[ [[[ [[[ PR xF IH tF PQ pF PR xF IH tF PQ pF de Paris Expo, société gestionnaire PR xF IH tF PR pF allemand, IG Metall, revendique Stanley Fischer, actuel directeur d’Eramet est contrôlé à plus de du Parc des expositions de la pour les 3,4 millions de métallos al- général adjoint du FMI, sont à ce 50 % par la famille Duval et par la Indices cours Var. % Var. % porte de Versailles. Ame´rique 9h57 f se´lection 23/02 22/02 31/12 lemands des augmentations de sa- jour les deux candidats officiels

Cogema. laires de 5,5 % pour le round de pour remplacer le Français Michel ± ± IHPPSDUQ HDUU IIDHT E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ

b FINMECCANICA : les banques 2000, alors que le patronat a fixé le Camdessus au poste de directeur ± IQTHDTW HDTQ UDQW E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

b LAFARGE : le groupe français Mediobanca, Merrill Lynch et seuil de tolérance à 2,6 %. général du Fonds monétaire inter- RSSHDQQ QDVR IIDVP E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

a annoncé, jeudi, la fusion de ses Schroders ont été choisies pour national, a indiqué mercredi l’insti- WQIRDWT IDQI IHDUI TORONTO „ƒi sxhiˆ

activités asiatiques dans le plâtre organiser la privatisation du a ZONE EURO : le vice-président tution. L’autre candidat potentiel, IUVQQDQW FFFF RDQR SAO PAULO fy†iƒ€e

avec celles de l’australien Boral. conglomérat industriel italien de la Banque centrale euro- le secrétaire d’Etat allemand aux fi- RHPDQS QDSI HDIW MEXICO fyvƒe

La nouvelle « joint-venture », Finmeccanica. péenne (BCE), Christian Noyer, a nances, Caio Koch-Weser, n’a pas TPTDTW HDVQ FFFF BUENOS AIRES wi‚†ev

dont Lafarge détiendra 70 %, aura ± affirmé, jeudi 24 février, dans un pour le moment déposé sa candi- WVDTR HDQT QIDHP SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

un chiffre d’affaires d’environ SVQHDWT IDQP UDTP b BOURSE : à partir du 3 avril, la CARACAS ge€s„ev qixi‚ev entretien au Wall Street Journal, dature officiellement. 130 millions de dollars américains. Bourse de Paris fermera à 17 h 35, que les marchés financiers avaient au lieu de 17 h 05. interprété de façon inappropriée a JAPON : les ventes au détail b FORD : le groupe automobile ASIE - PACIFIQUE les dernières déclarations des res- des principaux grands magasins américain a annoncé, mercredi, ponsables de la BCE en estimant japonais ont continué de chuter la création d’une société RÉSULTATS TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN que celle-ci était en train de prépa- en janvier, reculant de 4,3 % par

commune avec l’américain Trilogy a ABN AMRO : le géant bancaire rer les esprits à une hausse des rapport au même mois de 1999, a IWSUIDRR IIHDVU

Software pour développer les sites néerlandais a enregisté en 1999 IUHSVDTT taux dans le futur proche. annoncé le ministère du commerce IWWRS IIIDU

Internet du constructeur. un bénéfice net de 2,570 milliards IUQVH international et de l’industrie jeudi.

IWSUP IHWDV

d’euros, en hausse de 40,6 %. ITWHQ a ITALIE : la hausse des prix à la

IWIWW IHUDW

b ANDRÉ : le groupe français, ITRPU consommation en Italie a atteint a CANADA : la croissance

IVVPT IHT dont la gestion est contestée par a L’ORÉAL : le groupe cosmé- ISWSI 0,2 % en janvier par rapport à dé- économique devrait atteindre

certains actionnaires, a décidé de IVRSQ IHRDP tique a enregistré en 1999 un ré- ISRUS cembre et 2,2 % par rapport à jan- 3,5 % en 2000 et 3 % l’année sui-

reporter l’assemblée générale. NR sultat net part du groupe de vier 1999, selon les estimations dé- vante, a estimé mercredi le Confe- IVHVH IHPDQ

Atticus, qui possède près de 33 % 827 millions d’euros, en hausse de [[[IRWWV [[[ [[[finitives de l’Institut national des rence Board, principal organisme

PR xF IH tF PR pF PR xF IH tF PR pF

des droits de vote de l’entreprise 15,1 %. Le résultat d’exploitation a PR xF IH tF PR pF statistiques, publiées mercredi. canadien de prévisions écono- « a l’intention de contester ce progressé de 18,1 %, à 1,3 milliard Indices cours Var. % Var. % miques. Zone Asie 9h57 f

report, atteinte flagrante aux droits d’euros. Le chiffre d’affaires at- se´lection 24/02 23/02 31/12 a ESPAGNE : le produit intérieur

IWSUIDRR HDPU QDQT

des actionnaires ». teint 10,7 milliards d’euros. TOKYO xsuuis PPS brut (PIB) de l’Espagne a aug- a ÉTATS-UNIS : le président de

IUHSVDTT RDIT HDSU

HONGKONG rexq ƒixq menté de 3,7 % en 1999, contre 4 % la Réserve fédérale américaine,

± ± PIPQDTU HDTT IRDQS

a GENSET : le laboratoire fran- SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ l’année précédente, a annoncé Alan Greenspan, a estimé, mer-

± ± IHWDHQ IDRT ITDIR

SERVICES çais, leader européen de la géno- SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ mercredi l’Institut national de la credi, au Sénat, que la croissance

± ±

QIHTDWH HDIV IDRS

b VIVENDI : la commision mique, a enregistré en 1999 une SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ statistique (INE). ne pouvait pas se poursuivre à ce

±

PVDQH HDWQ IVDSR

britannique de la concurrence a perte de 22,1 millions d’euros. Son BANGKOK ƒi„ rythme même si aucun signe de

STVWDVV HDVR IQDTU

annoncé, mercredi, le report au chiffre d’affaires a atteint 27,7 mil- BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ a ROYAUME-UNI : le déficit tensions inflationnistes n’est en-

± ±

PHPVDVH HDTQ VDHT 24 mars de son rapport sur lions d’euros (+ 3 %). WELLINGTON xƒiERH commercial de la Grande-Bre- core perceptible à l’heure actuelle.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro

Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 23/02

HDISPRS UDRRUP FRANC...... TDSSWSU EURO...... COURONNE DANOISE.

QDQSQVS VDIWSS

Action Jefferson Smurfit DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVE´GIENNE QDQVUUR VDSWQS PARIS NEW YORK IDWQTPU ´

Jefferson Smurfit LIRE ITALIENNE (1000). LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

QDWRPQV QSDTTHH

L’INDICE CAC 40 était en hausse LES DÉCLARATIONS d’Alan PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHE`QUE

QDPUIWH IDTPPS en pence à Londres ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

de 1,48 %, à 6 120,26 points, jeudi Greenspan, le président de la Ré- RDUTUHQ IDRUSR SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

saisi à son tour 210

VDQPVWR PDHUTU

158,5 24 février, dans les premiers serve fédérale américaine, selon PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NE´O-ZE´LAND

PDWUTTH QQQDWQHH FLORIN NE´ERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NE´ERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

le 23 fév. échanges. La Bourse de Paris était lesquelles « la politique monétaire IDTPTHU PSUDQHHH

par la fièvre d’achat FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR RDIIQQ 200 repassée au-dessus des n’est pas centrée sur la Bourse », MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... LE GROUPE irlandais Jefferson 6 000 points, mercredi. Le CAC 40 ont contribué à ce que l’indice Smurfit ne pouvait rester à l’écart avait terminé sur un gain de Nasdaq, qui retrace l’évolution de Cours de change croise´s de la vague d’acquisitions qui a sai- 190 1,14 %, pour clôturer à bon nombre de valeurs de la si le monde papetier. Smurfit- 6 031,25 points, au premier jour « nouvelle économie », franchisse Cours Cours Cours Cours Cours Cours 24/02 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S.

Stone, sa filiale américaine, a an- 180 du nouveau mois boursier. Le vo- un nouveau record, à DOLLAR ...... FFFFF HDVWWWU HDWWUVS HDISPIP IDTHITS HDTIWPQ

noncé, mercredi 23 février, l’achat lume d’activité avait porté sur 4 550,33points, mercredi 23 fé-

YEN ...... IIIDIISHH FFFFF IIHDVUHHH ITDWHSHH IUUDWPHHH TVDUWSHH du fabricant de carton canadien St. 4,5 milliards d’euros, dont vrier. Il a progressé de 3,84 % EURO...... IDHHPIS HDWHIWT FFFFF HDISPRS IDTHSPS HDTPHSH

170

Laurent Paperboard pour 1,4 mil- 3,64 milliards sur l’indice. (168,21 points), son plus gros gain FRANC...... TDSUQUS SDWITQS TDSSWSU FFFFF IHDSPVVS RDHUHUH

liard de dollars américains (autant en points jamais réalisé en une LIVRE...... HDTPRQT HDSTIWS HDTPPWS HDHWRWS FFFFF HDQVTTS FRANC SUISSE ...... IDTIRWH IDRSQHH IDTIIUS HDPRSTH PDSVTSH FFFFF d’euros). L’acquisition se fait pour 160 séance. En revanche, l’indice Dow partie en numéraire, pour partie en FRANCFORT Jones des 30 valeurs industrielles titres. Cette offre amicale pourra À LA BOURSE de Francfort, l’in- a fini sur un repli de 0,77 %, à Taux d’inte´reˆt(%) Matif être augmentée si une proposition 150 dice DAX gagnait 1,08 %, à 10 225,7 points. AONS DJF Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier concurrente est faite, précise le 7 782,44 points, jeudi matin. La Taux 23/02 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 9h57 f 24/02 prix prix

1999 2000 Notionnel 5,5 QDQV SDSV SDVV

communiqué. Bourse allemande avait terminé FRANCE ...... QDPP

VRDWR VSDIT

Source : Bloomberg MARS 2000 ...... QWQHUDHH QDTQ SDRT SDUW

Ce rachat devrait permettre à mercredi sur des gains substan- TAUX ALLEMAGNE .. QDRP

TDHV SDRT RDSP

Smurfit-Stone d’étendre son em- groupes papetiers préfèrent rache- tiels. Après avoir gagné en cours LE RENDEMENT de l’obligation GDE-BRETAG. SDUS Euribor 3 mois

xg xg xg QDST SDUI TDHS ITALIE...... QDRP MARS 2000 ......

HDHR IDVQ PDRI prise dans le secteur du carton. Né ter leurs concurrents. En moins de de séance plus de 2 %, le DAX assimilable du Trésor français JAPON...... HDIH

SDVP TDRI TDIQ

en 1998 de la fusion entre les activi- deux semaines, les groupes Abiti et avait conservé une avance de émise à 10 ans s’inscrivait à E´TATS-UNIS... SDUP

PDQH QDVH RDPW SUISSE...... IDSH

tés américaines du groupe Smurfit Donohue, deux grands produc- 1,20 %, à 7 698,97 points. 5,59 %, jeudi matin, et celui du Pe´trole QDST SDTR SDWH PAYS-BAS...... QDQV et l’américain Stone-Container, il teurs canadiens de papier-journal, Bund allemand émis à même Cours Var. % se classe comme le premier fabri- le finlandais UPM Kymmene et échéance s’établissait à 5,45 %. En dollars f 23/02 22/02

Matie`res premie`res

FFFF cant mondial d’emballage en car- l’américain Champion, et enfin LONDRES Mercredi, outre-Atlantique, le BRENT (LONDRES) ...... PUDHT

FFFF

ton. L’acquisition annoncée lui ap- l’autre groupe finlandais StoraEnso L’INDICE FOOTSIE de la Bourse rendement de l’obligation à WTI (NEW YORK) ...... PWDTP

Cours Var. % C HDVS LIGHT SWEET CRUDE .... QHDIW portera une nouvelle ouverture sur et l’américain Consolidated Papers de Londres affichait un gain mo- 30 ans était descendu au-dessous En dollars f 23/02 22/02

le marché canadien et quatre ont annoncé leur fusion. deste de 0,67 %, à 6 185,10 points, de la barre des 6,10 %, pour la pre- ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDQH

usines de pâte à papier. Smurfit- La constitution de ces géants mon- jeudi matin. La Bourse de Londres mière fois depuis la mi-no- CUIVRE 3 MOIS...... IVSUDSH Or

± HDPI ALUMINIUM 3 MOIS ...... ITSIDSH

Stone espère réaliser des écono- diaux papetiers devrait plaire aux avait terminé en forte hausse vembre. ± HDPI

PLOMB 3 MOIS ...... RTW

Cours Var %

± HDSQ

mies annuelles de l’ordre de 50 mil- investisseurs. Pourtant, en dépit mercredi, soutenue par les valeurs ETAIN 3 MOIS ...... SSWH En euros f 23/02 22/02

C

HDPU

lions de dollars. d’une excellente conjoncture, ZINC 3 MOIS...... IIPH

±

HDQI

de médias, de technologie et de OR FIN KILO BARRE ...... WTPH

± HDPS

NICKEL 3 MOIS ...... IHIRS

± HDPH

Cette acquisition s’inscrit dans la d’une préoccupation nouvelle de CHANGES OR FIN LINGOT...... WVPH

télécommunications. A la ferme- ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF

ONCE D’OR (LO) $ ...... QHU

droite ligne des opérations qui rentabilité dans les groupes, le C

HDPV

ture du marché, l’indice avait ga- L’EURO se maintenait au-dessus ARGENT A TERME ...... SDQH C

HDIV

PIE`CE FRANCE 20 F...... SSDVH

± HDHT

agitent le secteur papetier actuelle- monde papetier reste mal-aimé par PLATINE A TERME ...... IITWUHDHV FFFF gné 2,15 %, à 6 144,1 points. de la parité avec le dollar jeudi, PIE`CE SUISSE 20 F...... SSDUH

´ FFFF

ment. Après plusieurs années de la Bourse. Le groupe irlandais lors des premières transactions, GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... SSDVH

± HDPW ´ PSR FFFF ` IVT

déprime, les fabricants connaissent Smurfit a perdu près de 14 % tandis que le billet vert reculait BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ... C

± PISDSH HDIP RDVU MAu¨S (CHICAGO)...... PIE`CE 20 DOLLARS US ... QUI

C ± ITIDPH HDRQ HDPV une nette embellie : la demande de depuis janvier pour atteindre, mer- TOKYO face au yen. La devise européenne SOJA TOURTEAU (CHG.). PIE`CE 50 PESOS MEX...... QTH

papier est en hausse partout et les credi à Londres, 158,5 pence par LA BOURSE de Tokyo a fini, jeu- cotait 1,0027dollar, contre 1,0035 SOFTS $/TONNE

C

IDIV

prix augmentent fortement. Plutôt action. di, sur un gain de 0,27 %. L’indice dollar mercredi soir. Le dollar CACAO (NEW YORK)...... UTW

± RDQS CAFE´ (LONDRES) ...... ITSH Cotations, graphiques et indices en temps

que de créer de nouvelles capaci- FFFF Nikkei a gagné 51,89 points, pour s’échangeait à 110,88 yens, contre SUCRE BLANC (PARIS) ... FFFF re´elsurlesiteWebdu«Monde». tés, si néfastes par le passé, les Martine Orange clôturer à 19 571,44 points. 111,18 yens mercredi. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ2502--0024-0 WAS LMQ2502-24 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:33 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0457 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours

SITIDTT

VALEURS EUROPE´ENNES QVPDIW

QVP SPPQ

SHVT RVST

b L’action Deutsche Telekom a de livres, s’attend à une année 2000 QTQ QVPDIW

SITIDTT SHVQDVH

RRWH

progressé de 2,23 %, à 87,50 euros, meilleure avec la reprise en Asie. QRQ QURDSS

RIPQ à l’issue de la séance du mercredi b Le cours de Prudential a reculé, QPR QUVDWS

23 février. L’opérateur a annoncé mercredi, de 10 pence, à 929 pence, SHQQDQQ

QUIDSU QUSU QHR SHPSDRI

que sa filiale de téléphonie mobile malgré l’annonce de l’introduction QUTDWQ

QQWH

avait conclu une alliance pour la en Bourse cette année d’une mino- PVS [[[[[[[[ [[[[[[[[

 à   à  †F PT ey „PRpi†F †vwwt PR pi†F PT ey „PRpi†F †vwwt transmission de données par mo- rité du capital de sa banque par In- PR pi

biles avec les américains Microsoft ternet Egg. L’assureur a subi une

C ± ± IIDIS HDTI qf IDWU HDVI qf RDWU FFFF qf UDHW PDRP et Compaq. baisse de 10 % de son bénéfice d’ex- SAS DANMARK A/S hu COCA-COLA BEVER SUN LF & PROV H POWERGEN

e C ± ± TWDSH IDRP qf USDPI FFFF gr SIVDRU HDIP qf V IDQV

b Le titre Volkswagen, qui a an- ploitation l’an dernier, à 776 mil- SEB /RM p‚ DAILY MAIL & GE SWISS LIFE REG SCOTTISH POWER

C C

e C

IRRDPH HDVR IWUDVT HDHS hu ITDUV FFFF qf VDIU HDWW

noncé une baisse de 26,4 % de son lions de livres. SODEXHO ALLIANC p‚ f DJ E STOXX F & BV P TOPDANMARK SEVERN TRENT

C C C e

IHSVDHT QDHW gr RRIDRV HDIR p‚ IUIDQH HDUT

bénéfice net 1999, a abandonné, b Le conglomérat industriel italien THE SWATCH GRP gr ZURICH ALLIED N SUEZ LYON EAUX/

C ± PIWDSH PDIU QUIDHQ HDPI ƒi PQDHR FFFF THE SWATCH GRP gr f DJ E STOXX INSU P SYDKRAFT -A-

± PQDTV HDPS ƒi IWDUV FFFF

mercredi, 6 %, à 42,30 euros. Finmeccanica a fortement pro- VOLVO -A- ƒi BIENS D’E´QUIPEMENT SYDKRAFT -C-

C C

PRDRR HDPR qf IIDPV HDPV

b L’action Standard Chartered a gressé en Bourse, terminant la VOLVO -B- ƒi THAMES WATER

C

IIWDQU HDWP

e ABB N gr MEDIAS e ± HDWV FFFF iƒ PIDQT IDHP

WW/WW UK UNITS s‚ FENOSA

gagné, mercredi, 39 pence, à séance de mercredi en hausse de C VSQDUU IDIH

ADECCO N gr

C

qf V IDTQ qf WDUU FFFF

C

PTDQH SDVT

WILSON BOWDEN BSKYBGROUP qf UNITED UTILITIE

e C

PSDQV HDUI

749,5 pence, après l’annonce de ré- 7,91 %, à 1,665 euro, alors que le ALSTOM p‚

e C e ±

e„ QQDPH HDHQ hi PHDSH QDUT

e C PSVDWH RDRH

WOLFORD AG CANAL PLUS /RM p‚ VIAG

±

TUHDTH PDPT

ALUSUISSE LON G gr

C

C e

IDQR p‚ IPHDUH PDPW

sultats annuels en baisse, confor- britannique BAe Systems a déposé IUHDRI f ± IIDWH HDVH

DJ E STOXX CYC GO P CARLTON COMMUNI qf VIVENDI/RM

±

IUDWP IDPV

ASSA ABLOY-B- ƒi

C

QSWDUW IDIH

e C f ISDPS QDQW

mément aux prévisions. La banque, une offre d’alliance avec la division ELSEVIER xv DJ E STOXX PO SUP P

± QDRU IDQT

ASSOC BR PORTS qf

C

PIDWT PDUU

EMAP PLC qf

C

PSDIR HDPQ

qui a subi une chute de 28 % de son aérospatiale de Finmeccanica, Ale- PHARMACIE ATLAS COPCO -A- ƒi

e C PSDRS HDTQ

GRUPPO L’ESPRES s„

±

PRDVR HDUH

bénéfice imposable, à 507 millions nia Aerospazio. ATLAS COPCO -B- ƒi

e C

p‚ SQT IDIQ

± QQDVT IDIP

ASTRAZENECA qf HAVAS ADVERTISI

C

ITDQS HDQU

ATTICA ENTR SA q‚

e C

e C s‚ IIDHV HDUQ

SQDPS HDRU

AVENTIS /RM p‚ INDP NEWS AND M

±

TDQP IDPS

BAA qf

e C

C p‚ WS IDTH

PQDQU HDUT

GLAXO WELLCOME qf LAGARDERE SCA N

C EURO

TDQP IDPV

BBA GROUP PLC qf

e C

hi RQDQS HDIP

e C C PQDPP IDSU BAYER AG s„ IQRRDQH HDIW

NOVARTIS N gr MEDIASET ______e

UDWV FFFF

Code Cours % Var. BRISA AUTO-ESTR €„

C

qf PHDTQ HDUV

C

QRDUT PDHU BOC GROUP PLC qf ± IRHDWW IDRI

24/02 10 h 03 f NOVO NORDISK B hu PEARSON C

PQDSI IDIH

pays en euros 23/02 qf

e CAPITA GRP

±

hi PPDIS HDPQ

C

e C IHDRR WDPH CELANESE N qf

PTDWH QDRT

ORION B ps REED INTERNATIO NOUVEAU

±

IHTDSU HDSP

CMG qf

C

gr UHDUW HDTT C

C PIDPR TDIT CIBA SPEC CHEM qf

IQTSRDIR HDRI

ROCHE HOLDING gr REUTERS GROUP

QDSP FFFF

AUTOMOBILE COOKSON GROUP P qf

C ´

gr QWWDPS HDRU

±

C UDIU HDVV CLARIANT N qf

IIRVUDIP HDIT

ROCHE HOLDING G gr TELEWEST COMM. MARCHE

IHRHTDTH FFFF

DAMPSKIBS -A- hu

C e

± ƒi PRDWH HDWR

hi QIDVI HDWH

AUTOLIV SDR e e C TQH PDRR DEGUSSA-HUELS p‚

± QWDSV QDRR

SANOFI SYNTHELA p‚ TF1

C

IIIIWDUS HDHI

DAMPSKIBS -B- hu

e C

e C

fi RUDPH HDPI xv QTDIH IDTW

BASF AG e C Cours % Var. IQDWQ U DSM qf ± IQHDPS HDWS

SCHERING AG hi UNITED NEWS & M 10 h 03

ISUIHDTH FFFF

e DAMSKIBS SVEND hu 24/02 f en euros 23/02

±

± hi PTDUH HDWQ

gr RSHIDUI HDSS

BMW e C C IUQDWH IDRH EMS-CHEM HOLD A xv

IIDIS HDVU

SMITHKLINE BEEC qf UNITED PAN-EURO

C

IIDSP PDRP

ELECTROCOMPONEN qf

e C

± hi IU HDPW

qf UDVU IDPH

CONTINENTAL AG e C e C UQDWH PDHU ICI xv QSDVH QDIU

UCB fi VNU

e C

IDPI IDTV

e EUROTUNNEL /RM p‚

± e hi TPDSH HDWS

TDQS FFFF ps AMSTERDAM

DAIMLERCHRYSLER e C RP SDTT KEMIRA xv

± HDVR

f DJ E STOXX HEAL QTWDPI e WOLTERS KLUWER

QH FFFF

FINNLINES ps

e C

C

s„ QHDTS IDTT qf UDUR HDPI

C

C

PP FIAT PDHW IVDHU HDQT

LAPORTE WPP GROUP qf AIRSPRAY NV

±

RDPU HDUR

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e C C

s„ ISDVR PDIW

gr SVTDUU HDSQ C

C

IDPU FIAT PRIV. RDIH PDHT

LONZA GRP N f DJ E STOXX MEDIA P UQRDRH ANTONOV

C

IVDIQ IDSH

FLS IND.B hu

e C

e C QRDSQ QDQV

p‚ ´ p‚ IW HDSQ C

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MICHELIN /RM RHODIA ENERGIE C/TAC QDRS

e C

QVDIH HDRH

FLUGHAFEN WIEN e„

e C

e C p‚ PPRDQH PDQQ

fi USDIH IDTP C

SDIS

PEUGEOT SOLVAY CARDIO CONTROL IDWV

qf SDQT FFFF

BG C IQDIP HDRW

e GKN qf

± e C s„ PDTI HDUT

RRDSS IDTH

fi BIENS DE CONSOMMATION FFFF

PIRELLI TESSENDERLO CHE CSS PQDWH

C

qf UDRR QDST

BP AMOCO C TDVW PDPP

e HALKOR q‚

± C

p‚ RQDQW PDHS

QTIDSQ HDPV

C

VDSS

RENAULT f DJ E STOXX CHEM P IDUW

e C HITT NV xv PPDHS PDST

±

ISDRP IDSQ qf AHOLD

BURMAH CASTROL C TDUP HDUP

HAYS qf

e C

p‚ SSDVS HDIV

FFFF

VALEO /RM e INNOCONCEPTS NV PP iƒ IIDRW FFFF

e C

IHDPQ IDPW

iƒ e ALTADIS -A- CEPSA ± SRDIH HDPV

e HEIDELBERGER DR hi ±

hi RIDRH IDUV

C

QSDQS VOLKSWAGEN HDUI

± NEDGRAPHICS HOLD q‚ PHDRP HDQU

e C

RWDVS HDRH

xv e ATHENS MEDICAL

DORDTSCHE PETRO ± QQ IDRW

´ HUHTAMAEKI VAN ps

±

HDST PPQDVH CONGLOMERATS

f C

ISDWH DJ E STOXX AUTO P PDPS

C SOPHEON PDVP WDQP

e qf

±

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ENI e C

IIDTH SDPT

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e C WR FFFF

TQDSH RDIH

p‚ e ± PROLION HOLDING

RSDSH HDWR

CGIP /RM e„

SDHW FFFF

ENTERPRISE OIL qf AUSTRIA TABAK A

QDTV FFFF

IMI PLC qf

±

e C RDWI IDRI

PIP IDIW

p‚ e ± RING ROSA hi TTDUS HDSP

CHRISTIAN DIOR C

IDSH PDIU qf BEIERSDORF AG

LASMO C

PTDTS HDVV

BANQUES IND.VAERDEN -A- ƒi

e C

HDPS FFFF

PWU RDPI fi e ± RING ROSA WT

RRDPI IDUT

D’IETEREN SA e p‚

±

VTDQH HDIU e„ BIC /RM

OMV AG ±

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C

e C C QTDQH IDSR

p‚ SPDUS IDRR

C IHDTV HDTH

qf UCC GROEP NV RDPR PDUI

ABBEY NATIONAL GAZ ET EAUX /RM qf

ISDUR FFFF xy BRIT AMER TOBAC

PETROLEUM GEO-S C

VPDSV IDTS

KOEBENHAVN LUFT hu

e C e C

fi PIWDWH PDPQ C

xv PPDTR PDHU e

p‚ WHDWH PDRV

ABN AMRO HOLDIN GBL e C

IVDWT IDTT

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C

fi QV IDQQ

C qf VDQP QDSW PQTRDRV HDRU

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SPDUT HDQT xv CFR UNITS -A- ROYAL DUTCH CO e C

IVT HDUH

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C qf IPDVH FFFF e

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ALLIED IRISH BA HAGEMEYER NV e fi BRUXELLES ±

QDVW HDPT

s„ e DELHAIZE SAIPEM ±

RRDWS HDII

LINDE AG hi

C ±

qf QDVR QDTI C q‚ USDIU HDRH e

PTQ IDPU

ALPHA CREDIT BA INCHCAPE p‚

qf TDUU FFFF FFFF

SHELL TRANSP e ESSILOR INTL /R ENVIPCO HLD CT IDHU

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ƒi ISDHU IDWU

C iƒ PIDWU FFFF e fi RQDQH TDTH

INVESTOR -A- e C

ARGENTARIA R C

p‚ IQTDRH IDRI RDQS COLRUYT PR TOTAL FINA /RM e C FARDEM BELGIUM B

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e ±

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qf IPDVH IDTS

BPINTOMAYORR INVESTOR -B- C

PWIDQR HDRH FFFF

f DJ E STOXX ENGY P e FREESERVE INTERNOC HLD PDTS

PHDVS FFFF

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e C

q‚ ISDPQ FFFF

RQDSH IDIT e„ e

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BANK AUSTRIA AG C

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e C INTL BRACHYTHER B IQDWH IDHW

METSO ps

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qf WDVS FFFF

RDRV FFFF

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FFFF GALLAHER GRP IHDHT

C LINK SOFTWARE B R IDTQ

MORGAN CRUCIBLE qf

C C

gr PSVDWQ IDRT

C PPDRQ PDRT q‚ e

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GIB PAYTON PLANAR IDRV

VVDTU FFFF

NETCOM -B- ƒi

C

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TDWR FFFF

BK OF SCOTLAND ORKLA -A- qf

FFFF IMPERIAL TOBACC TDSH C

C ACCENTIS

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3I qf NFC

e e C

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PIDIS FFFF

BANKINTER R SONAE SGPS JERONIMO MARTIN €„

e C

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C C

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e e C ±

hi SIDVH RDRQ C hi THDPH HDIU e

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IIDTH HDPV ps IQDTH QDVW

AMVESCAP qf PARTEK FRANCFORT

e

± ± QPSDUQ HDSR

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C

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e C

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e AIXTRON HDRP

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BCA INTESA RECKITT BENCKIS qf

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IPV

´ ´ AUGUSTA TECHNOLOGIE VDHP

e C TELECOMMUNICATIONS

C

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BCA LOMBARDA SAFEWAY qf

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e BB BIOTECH ZT-D HDRT

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C

HDIQ

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C s„ UDVS IDIQ C

qf IDSV SDQP PHDWP IDWS

BCA P.MILANO CABLE & WIRELES qf STAGECOACH HLDG

C

QDRS

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BCA ROMA ENERGIS qf TESCO PLC

C

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IHW

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PHSDSH PDPR

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C

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TELECOM ITALIA GEHE AG hi

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± Toute l’actualité

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WPDWH PDVV

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FFFF

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IRDRQ HDPI

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C

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C

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C PDRR DEUTSCHE BANK N IRURDRQ ±

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MARKS & SPENCER qf

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e MUEHLBAUER HOLDING HDRW

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UDPH HDWH

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HDUV

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C

q‚ VSDRU IDQS

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p‚ PHTDUH IDVP e C

RTDWU HDSI

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e C

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gr PWQDHV HDII

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C

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FOERENINGSSB A e C

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e xv

± IVDUH IDSV

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C

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HALIFAX GROUP C

RDVW HDTT

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C

AUMAR R C e C

qf SDRR IDIW xv RPDRH RDRQ HDVV

CAPITAL SHOPPIN RANDSTAD HOLDIN SACHSENRING AUTO IIDSH

C

qf IIDSV QDUP

HSBC HLDG C

RDTU IDQW

e qf

±

VDQR HDTH

ACESA R iƒ WOLSELEY PLC ± C

qf IU PDTT hu IHTDHV FFFF PDPP

CLOSE BROS GRP RATIN -A- SALTUS TECHNOLOGY IQDVH

C

q‚ RUDWI HDTQ

IONIAN BK REG.S C

C QSPDWI QDIV

TDVW HDRU

qf f DJ E STOXX RETL P

BLUE CIRCLE IND e C

± fi SWDTS HDPS hu IIHDUV FFFF IIU

COBEPA RATIN -B- SCM MICROSYSTEMS HDVI

e C

RIDSH IDUP

KBC BANCASSURAN fi

e C

p‚ WQQ HDTS

BOUYGUES /RM e C ±

± s„ IDQW SDQH qf QDTH IDQP RV

COMPART RENTOKIL INITIA SER SYSTEME HDHP

C

VDVS PDPP

LLOYDS TSB qf

RDSR FFFF

BPB qf e ± ±

hi WWDSH IDQV qf PDVP IDIP FFFF

CONSORS DISC-BR REXAM SDVH

e SERO ENTSORGUNG

SDUP FFFF

MERITA ps HAUTE TECHNOLOGIE

e C

s„ VDWU HDTU

BUZZI UNICEM e e C ±

iƒ QHDSI IDSV p‚ UHDWH RDPT FFFF

CORP FIN ALBA REXEL /RM SINGULUS TECHNOLOGI WS

C

UPDHV HDSW

NAT BANK GREECE q‚ e e €„ ISDUH FFFF p‚ IWDVH FFFF

CIMPOR R C e

± AEROSPATIALE MA ± gr IUWDRS HDSP e„ PWDPH HDVS RUDIH

CS GROUP N RHI AG SOFTM SOFTWARE BERA IDPT

e C

TTDWS HDPP

NATEXIS BQ POP. p‚

e C

e C p‚ IVQ HDVQ p‚ PPQDVH QDIQ

C

COLAS /RM e C ALCATEL /RM ± p‚ RVRDWH HDRV gr TTHDTT IDVP PWDSH

EURAFRANCE /RM RIETER HLDG N TDS IDTU

C

IUDQP IDSH

NATL WESTM BK qf e

C ±

iƒ VDVS HDST

q‚ PQDTT QDWS

C

GRUPO DRAGADOS e C

ALTEC SA REG. C fi PUDQW PDSV ƒi PWDUQ HDQW PDSH

FORTIS (B) SANDVIK -A- TECHNOTRANS VP

C

SDTW HDRI

NORDIC BALTIC H ƒi

e C

e C iƒ IUDTT HDQR xv IQSDVH PDVV

C

FCC e C ASM LITHOGRAPHY ± xv PUDQW IDSW ƒi QHDHV IDQU IPDSS

FORTIS (NL) SANDVIK -B- IDIH

e TELDAFAX

±

ITDWW HDPQ

ROLO BANCA 1473 s„

e C

e C p‚ VRDRS HDSR xv TDPT UDQV

GROUPE GTM e C ±

BAAN COMPANY C p‚ IHRDSH QDPR gr SSSDUQ HDPP QPDVH

GECINA /RM SAURER ARBON N TELES AG IIDST

C

IIDUI PDWS

ROYAL BK SCOTL qf

e C qf TDUU FFFF

fi IPWDRH IDRW

HANSON PLC e C

± BARCO ± qf RDVQ HDTT p‚ TW IDQP SDWU

e HAMMERSON SCHNEIDER ELECT TIPTEL HDSH

±

IRDPH IDHS

SAN PAOLO IMI s„ e

C hi TH FFFF qf IVDUS PDVI

HEIDELBERGER ZE e C e

BOWTHORPE C xv SRDHV HDST s„ PDQR FFFF SQDPQ

ING GROEP SEAT-PAGINE GIA TRANSTEC TDIR

C

WDVW IDIW

S-E-BANKEN -A- ƒi

C

± q‚ PWDHS PDII qf SDHU HDWR

HELL.TECHNODO.R C ±

BRITISH AEROSPA C hu RHDWS QDQW qf PDSW IDVP RRDVH

KAPITAL HOLDING SECURICOR W.E.T. AUTOMOTIVE S QDUQ

C

IPDHW HDWQ

STANDARD CHARTE qf

C

C

q‚ QHDPT IDPS qf ITDTV PDUT

C

HERACLES GENL R C CAB & WIRE COMM qf IHDTU IDQU ƒi PPDTW IDVQ FFFF

e LAND SECURITIES SECURITAS -B- FFFF ±

PIH HDPR

STE GENERAL-A-/ p‚ e

e C

hi PRDPH FFFF

p‚ PRUDVH QDQR

HOCHTIEF ESSEN C CAP GEMINI /RM qf TDTS R qf QDPH FFFF FFFF

LIBERTY INTL SHANKS GROUP FFFF

C

IIDVU HDRW

SV HANDBK -A- ƒi

C

± gr IITPDQU HDVT

qf SQDSP IDQT

C

HOLDERBANK FINA e C e COLT TELECOM NE s„ WDIH IDTV p‚ VPDPH PDVI FFFF

MEDIOBANCA SIDEL /RM FFFF

±

QDRP IDQR

SWEDISH MATCH ƒi e

e C ±

p‚ IQHDQH HDSQ

p‚ IHS RDHT

C

IMERYS /RM C DASSAULT SYST./ qf SDTH PDHR qf RDST IDRP FFFF

MEPC PLC INVENSYS FFFF

C

PTSDRS HDUI

UBS REG gr

e C

C

s„ WDPH IDIH

ƒi WIDSV IDSS

C

ITALCEMENTI e C ERICSSON -B- iƒ IS QDHP ƒi PPDPQ IDHT FFFF

METROVACESA SKF -B- FFFF

e C

QDVI HDPT

UNICREDITO ITAL s„ e e ±

p‚ VP IDHW

s„ IDIR FFFF

LAFARGE /RM C

± FINMECCANICA qf WDPH RDHI hu PTDSW SDQP FFFF

PROVIDENT FIN SOPHUS BEREND - FFFF

C

TRDIW HDTQ

UNIDANMARK -A- hu

C

± q‚ IPDQP QDQW

ƒi UDTV HDUS

C

MICHANIKI REG. e C GAMBRO -A- xv RHDSH IDTQ gr UHPDPU HDIV FFFF

RODAMCO CONT. E SULZER FRAT.SA1 FFFF

C

PIDST HDIR

XIOSBANK q‚

e C

qf WDPS FFFF

xv VTDVS QDIS

C TARMAC e C GETRONICS xv QU HDTV qf TDQQ PPDTH FFFF

RODAMCO NORTH A T.I.GROUP PLC FFFF

C

HDPQ

f DJ E STOXX BANK P QHTDRS C

C

qf IDIH PDWW

hu UIDRR HDSU

PILKINGTON PLC C GN GREAT NORDIC qf IWDWW HDPR xy IVDSS FFFF FFFF SCHRODERS PLC TOMRA SYSTEMS FFFF

C

qf IIDIS FFFF

q‚ RTDUP PDST

RMC GROUP PLC e C e ± INTRACOM R p‚ USDSH HDRH e„ TRDRH HDQI FFFF SIMCO N /RM VA TECHNOLOGIE FFFF

e C

C

p‚ IQWDVH QDST qf RP IDPQ

C

SAINT GOBAIN /R C e LOGICA qf RDTU HDTW xv WDQS IDHV

FFFF

PRODUITS DE BASE SLOUGH ESTATES VEDIOR NV FFFF

C

C

ƒi QTDVW PDSW

qf ITDRW PDPV

SKANSKA -B- e C ± MISYS p‚ IQQ HDPQ TPQDTS PDSH FFFF

UNIBAIL /RM f DJ E STOXX IND GO P FFFF

e C

iƒ QWDHW IDIR

e C

hu PIDRV FFFF

PHPDWS QDHP ACERINOX R ps

SUPERFOS e C NOKIA iƒ TDII IDVQ FFFF

VALLEHERMOSO FFFF

C

q‚ RIDWP IDTH

±

qf P PDQR

UDHP FFFF

ALUMINIUM GREEC TAYLOR WOODROW e qf ± NYCOMED AMERSHA hi QQDTS HDRR FFFF WCM BETEILIGUNG FFFF

e C qf SPDUU FFFF

e C

p‚ IITDVH IDRV

IQ IDWT

ANGLO AMERICAN TECHNIP /RM xv ± OCE qf RDTR IDHP FFFF WOOLWICH PLC FFFF

C

qf PDST FFFF

ASSURANCES e C q‚ SHDHI PDUU

RDHR RDWR ARJO WIGGINS AP s„

TITAN CEMENT RE C OLIVETTI PQVDQI HDUQ FFFF

f DJ E STOXX FINS P FFFF

C

e C ƒi ISDQH IDWR

e C

e„ PHDTS HDUQ IVQDSS P

ASSIDOMAEN AB e xv WIENERB BAUSTOF ± URDRS HDRH xv PHILIPS FFFF AEGON NV FFFF

e C

C fi RTDHU QDSQ C

qf QDUI HDVU qf QDQW HDWS

BEKAERT WILLIAMS C QDSP RDPU qf ROLLS ROYCE FFFF AEGIS GROUP FFFF

C

C qf RDTP IDHS C

PQTDRR HDSI IRDHV VDTR

BILLITON f e qf SHDSH FFFF DJ E STOXX CNST P p‚ SAGE GRP FFFF AGF /RM FFFF

e C

RPDTS QDVP

e„ ALIMENTATION ET BOISSON e

PSPH FFFF

BOEHLER-UDDEHOL e p‚ ± WDTH HDUP s„ SAGEM FFFF ALLEANZA ASS FFFF

±

qf RDTR IDHP

e C

hi TVH QDQR

BUNZL PLC e C ± RDQU IDVH hi QSSDSH HDRP qf SAP AG FFFF

ALLIED DOMECQ ALLIANZ N FFFF

C

qf IDVP QDTR

CONSOMMATION CYCLIQUE e C

hi VUS IDUR

CORUS GROUP C SDSU FFFF qf VDVS HDUQ qf SAP VZ FFFF

ASSOCIAT BRIT F ALLIED ZURICH FFFF

C

q‚ IHDHW PDPV

C

qf PIDTU HDVP C ELVAL e C e QVDVH IDVR qf IIDPT FFFF xv SIDSS HDIH p‚ SEMA GROUP FFFF ACCOR /RM BASS ASR VERZEKERING FFFF

e

xv IQDWS FFFF

e C

hi IVW SDSW

ISPAT INTERNATI e e e C ± RWDTH IDUV e„ RHDQV FFFF p‚ IPVDTH HDRU hi SIEMENS AG N FFFF

ADIDAS-SALOMON BBAG OE BRAU-BE AXA /RM FFFF

C

qf IPDIU HDWQ C

qf IPDUP HDQV

JOHNSON MATTHEY e e C ± ± ITDSH HDIV e„ RQ HDRT gr VPQDQS HDPQ p‚ SMITHS IND PLC FFFF AIR FCE BRAU-UNION BALOISE HLDG N FFFF

e C

e„ SSDSH HDWI

e C

p‚ PHUDQH QDQW

MAYR-MELNHOF KA C RDRI FFFF qf TDPS PDQT qf IPDTV FFFF qf STMICROELEC SIC FFFF AIRTOURS PLC CADBURY SCHWEPP BRITANNIC FFFF

e C

ps WDHP HDPP

e C

s„ RDPH IHDVP

METSAE-SERLA -B e C ± ± IDWT IDSS hu QPDPQ IDTR qf IIDTV HDWS s„ TECNOST FFFF ALITALIA CARLSBERG -B- CGU FFFF

±

ƒi PWDRR HDPH

e C

p‚ RQDSW IDRU

HOLMEN -B- e e C ± IUDPQ HDWV hu QIDST FFFF p‚ PW HDQS e„ THOMSON CSF /RM FFFF AUSTRIAN AIRLIN CARLSBERG AS -A CNP ASSURANCES FFFF

e C

ps IQDPS QDSP

e C

ps TQDTH HDTQ

OUTOKUMPU OY -A e C e ± IIDRW PDVT hu QPDSH FFFF iƒ IQDWP IDIR s„ TIETOENATOR FFFF AUTOGRILL DANISCO CORP MAPFRE R FFFF

e C

p‚ TTDHS HDPQ

±

IRHDWW QDTU PECHINEY-A- e e hu ± ± ± QRDWI QDUH p‚ PIQDUH HDST hi IHPDSH HDRW hu WILLIAM DEMANT FFFF BANG & OLUFSEN DANONE /RM ERGO VERSICHERU FFFF

e

ps SDSH FFFF C

IHPVDRV QDRT

C C RAUTARUUKKI K e C f PDIH IDRS q‚ PVDSR IDQV q‚ QVDIP IDRQ s„ DJ E STOXX TECH P FFFF BENETTON GROUP DELTA DAIRY ETHNIKI GEN INS FFFF

±

qf ITDSU IDRQ

RIO TINTO C ± qf RDTS SDHS qf VDRS QDQH hu VIDWI FFFF FFFF BRITISH AIRWAYS DIAGEO CODAN FFFF

±

q‚ IPDUW HDRU

C C SIDENOR e C e s„ IHDHS PDSS q‚ QQDSR PDPV fi PUDQW PDSV FFFF BULGARI ELAIS OLEAGINOU FORTIS (B) FFFF

C

QWDRP HDHR q‚ SERVICES COLLECTIFS

C SILVER & BARYTE e C e e ± p‚ IPQDRH QDPT p‚ WHDVS HDTI s„ PVDSU HDWH FFFF CLUB MED. /RM ERID.BEGH.SAY / GENERALI ASS FFFF

C

qf PDSR PDSV

C C SMURFIT JEFFERS C e e e ± qf IIDTH HDIR xv QQDTH HDQH e„ ITI HDST s„ SDWR IDVW FFFF COMPASS GRP HEINEKEN HOLD.N GENERALI HLD VI AEM FFFF

e C

ps IIDWH SDQI

C C C STORA ENSO -A- e C hi PQDIH HDRQ q‚ PIDIT HDVT q‚ QHDPS I qf UDTV SDWT FFFF DT.LUFTHANSA N HELLENIC BOTTLI INTERAM HELLEN ANGLIAN WATER FFFF

e C

ps IIDPS HDSR

C STORA ENSO -R- C ± ƒi PHDIQ IDUT q‚ PQDVI QDPS qf UDWP FFFF qf RDHS IDWR FFFF ELECTROLUX -B- HELLENIC SUGAR IRISH LIFE & PE BRITISH ENERGY FFFF

±

ƒi PQDUR HDRW

C C SVENSKA CELLULO e C e hi IHW IDPI qf IWDHQ FFFF s„ RDUI HDPI qf QDHI TDPI FFFF EM.TV & MERCHAN KERRY GRP-A- FONDIARIA ASS CENTRICA FFFF

e ±

hi PSDVS IDUI

C C C THYSSEN KRUPP C e e qf IIDHR SDIV s„ IDVP PDVP qf PDQV HDTV s„ WDHS QDQI FFFF EMI GROUP MONTEDISON LEGAL & GENERAL EDISON FFFF

e C

fi QRDTW HDUH

C C C UNION MINIERE e C e e p‚ HDVI IDPS gr IUQQDTP HDRH s„ IUDSI HDSP fi PUPDPH QDSH FFFF EURO DISNEY /RM NESTLE N MEDIOLANUM ELECTRABEL FFFF

e C

ps PWDSH PDHR

C UPM-KYMMENE COR e C e e WDVU FFFF xv QQDRS HDPU hi PWWDSH HDIU €„ IWDHU FFFF GRANADA GROUP qf KONINKLIJKE NUM MUENCH RUECKVER ELECTRIC PORTUG

e C

p‚ ISDUR HDWH

C C USINOR e C e e ± IQQ RDQI s„ IDIP IDUS qf TDPI HDUV iƒ PIDUH HDUH HERMES INTL p‚ PARMALAT NORWICH UNION ENDESA

C

PVDQQ IDRS

q‚ e C VIOHALCO e C e e e ± IDTR IDVT p‚ SHDTH IDIH ps TH FFFF s„ RDIT HDRV HPI s„ PERNOD RICARD / POHJOLA YHTYMAE ENEL CODES PAYS ZONE EURO

e ±

e„ QSDTS HDPP

C VOEST-ALPINE ST e e C e ± ± xv IWDRH IDPU e„ IIQDWW HDWP PDWW RDSS qf IRDVH RDQR

KLM RAISIO GRP -V- ps PRUDENTIAL EVN FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

C

HDPI

f PHWDSV

DJ E STOXX BASI P C e e ± QDRP FFFF qf TDUV IDRR s„ WDHS HDQQ ps RDRI FFFF HILTON GROUP qf SCOTT & NEWCAST RAS FORTUM IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande

C e C e ± LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche QUIDPH IDWV qf VDPR FFFF qf SDQI HDQH iƒ IWDTH HDSI LVMH / RM p‚ SOUTH AFRICAN B ROYAL SUN ALLIA GAS NATURAL SDG

C C C e C e e FI : Finlande - BE : Belgique. TDRH IDPU qf RDIU QDWV ps QPDRS HDIS iƒ IQDQQ IDHT

CHIMIE MOULINEX /RM p‚ TATE & LYLE SAMPO -A- IBERDROLA

C C C e ±

PDWW HDSQ qf RDTU IIDRS gr ITUQDQW HDWR s„ SDQR PDVW

PERSIMMON PLC qf UNIGATE PLC SWISS RE N ITALGAS CODESPAYSHORSZONEEURO

C e C e e e

± IRWDUH IDIS hi RTDSH HDPI xv RW FFFF €„ SQDHU FFFF qf UDUR PDII

AIR LIQUIDE /RM p‚ PREUSSAG AG UNILEVER SEGUROS MUNDIAL NATIONAL GRID G CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

C C C

e C ± RPDRW IDIU qf PDPT HDUI qf TDPU P ƒi QUDUH PDVT qf TDIQ IDVT

AKZO NOBEL NV xv RANK GROUP UNILEVER SKANDIA INSURAN NATIONAL POWER GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

C C e C e ± RUDPH HDPI gr IWVDHV HDWS qf VDPP PDVH xy TDRU FFFF e„ IPHDHP HDRH BASF AG hi SAIRGROUP N WHITBREAD STOREBRAND OESTERR ELEKTR LeMonde Job: WMQ2502--0025-0 WAS LMQ2502-25 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0458 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 25

C C IHRDQH TVRDIT FFFF IHP UI UP RUPDPW IDRI UHDQH QQQ QSU PQRIDUU UDPI QII BAZAR HOT. VILLE ...... IHRDQH GROUPE PARTOUCHE ... SR TELEPERFORMANC ..

C ± RRDSH PWIDWH IDII RPDTH IPVDIH IPVDIH VRHDPV FFFF IPS IUH IUIDRH IIPRDQI HDVP IUQ BIC...... RS GUILBERT...... SUEZ LYON.DES EAU .....

C FFFF FFFF FFFF IHSDQH QVP QVP PSHSDUT FFFF RHI TIS TPQ RHVTDTI IDQH THT BIS...... IHRDWH GUYENNE GASCOGNE... TF1 ......

C C ± VQDQS SRTDUR IDSV VIDSH VTDWH VSDTH STIDSH IDSH VHDUH IISDIH IITDVH UTTDIT IDRV IIRDPH VALEURS FRANC¸AISES B.N.P...... VPDHS HACHETTE FILI.MED ..... TECHNIP......

C C IWQ IPTT FFFF IWH SQH SQT QSISDWQ IDIQ SHT RPDWT RQDSW PVSDWQ IDRU QWDSH BOLLORE ...... IWQ HAVAS ADVERTISING..... THOMSON-CSF......

C ± PUI IUUUDTR FFFF PUHDQH IQI IQHDQH VSRDUI HDSQ IQRDPH IHW IIU UTUDRU UDQR IHQ BONGRAIN ...... PUI IMERYS(EX.IMETAL)...... THOMSON MULTIMEDI

C C

WQQDSH TIPQDQT HDUH VTI IV IV IIVDHU FFFF IUDTH IQRDSH IQT VWPDIH IDIP IQU b Le groupe Lafarge, qui va fusionner ses activités BOUYGUES ...... WPU IMMEUBLES DE FCE ...... TOTAL FINA SA......

C C C RSDSP PWVDSW HDHP RQ RWDVS SPDPH QRPDRI RDUI RS ITHDUH IUTDIH IISSDIR WDSV IRUDSH

asiatiques dans le plâtre avec celles de l’australien BOUYGUES OFFS...... RSDSI INFOGRAMES ENTER. ... TRANSICIEL # ......

C C C IPDVQ VRDIT TDWP IHDVS IQWDPH ISIDSH WWQDUU VDVR IPR UUDIH VRDWH SSTDWI IHDIP UI BULL#...... IP INGENICO ...... UBI SOFT ENTERTAI ......

C Boral, progressait en Bourse de 0,48 %, à 83,3 euros, C ± IPPDPH VHIDSV VDHS IISDVH TSDVH TSDSH RPWDTS HDRT TQDVH IQQDQH IQQDRH VUSDHS HDHV IPWDIH BUSINESS OBJECTS...... IIQDIH ISIS ...... UNIBAIL ......

C C C PSWDWH IUHRDVQ RDVH PSRDWH PIDHU PIDQS IRHDHS IDQQ PIDSH ISQDIH ITQDWH IHUSDII UDHS IRWDWH

jeudi 24 février, dans les premiers échanges. CANAL + ...... PRV KAUFMAN ET BROAD .... UNILOG ......

C C

PRUDTH ITPRDIS QDPS PQRDQH WSDUH WSDUH TPUDUS FFFF WRDSH IIH IIHDSH UPRDVQ HDRS III

b L’action Michelin gagnait 2,66 %, à 34,29 euros, CAP GEMINI ...... PQWDVH KLEPIERRE COMP.FI ...... UNION ASSUR.FDAL ......

C C ± QW PSSDVP IDPU QV VS VT STRDIP IDIV VQDPS ISDTH ISDUH IHPDWW HDTR ISDII CARBONE LORRAINE..... QWDSH LABINAL...... USINOR......

C ± IRIDRH WPUDSP SDTV IQQ VPDWH VIDSH SQRDTH IDTW VIDWH SSDUS SSDUS QTSDUH FFFF TQDIH après qu’Edouard Michelin, le président du groupe, CARREFOUR ...... IQQDVH LAFARGE...... VALEO ......

C C WI SWTDWP PDSW WV WQDSH WRDWS TPPDVQ IDSS WI RI RI PTVDWR FFFF RIDIT

eut indiqué, dans un entretien publié jeudi par La Tri- CASINO GUICHARD ...... VVDUH LAGARDERE...... VALLOUREC......

C

± ±

SWDUH QWIDTI HDQQ TPDWH SIDQH SQDWH QSQDST SDHU SHDQS PQDUH PQDSH ISRDIS HDVR PRDPW

bune, qu’il comptait participer à la consolidation du CASINO GUICH.ADP ...... SWDWH LAPEYRE ...... VIA BANQUE ......

C C ± PHSDSH IQRUDWW PDPR PIH RUDSS RUDIH QHVDWT HDWS SP IIV IPP VHHDPU QDQW IITDVH CASTORAMA DUB.(LI..... PHI LEBON (CIE)...... VIVENDI ......

C C C IPHDUH UWIDUR I IIU IVRDUH IVSDWH IPIWDRP HDTS IVQ ITDQS ITDRH IHUDSV HDQI ISDVH secteur. La société « est à la recherche de partena- C.C.F...... IIWDSH LEGRAND ...... WORMS (EX.SOMEAL)....

C C C

PTUDSH IUSRDTV WDTQ PQPDWH IHUDVH IHWDRH UIUDTP IDRV IHS IVQDIH IVRDSH IPIHDPR HDUT IVP

riats », a précisé M. Michelin. CEGID (LY) ...... PRR LEGRAND ADP ...... ZODIAC......

C C TR RIWDVI RDWP TQDSH QVDVV QW PSSDVP HDQI RHDRH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

b L’action Société générale avançait de 1,24 %, à CGIP ...... TI LEGRIS INDUST...... C STDWH QUQDPR HDVW SSDHS IIS IIS USRDQS FFFF IIQDSH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CHARGEURS...... STDRH LOCINDUS......

C C

SUDRH QUTDSP HDUH SR TTU TURDSH RRPRDRQ IDIP TTRDSH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF 213,1 euros, mercredi matin, à la suite de l’annonce, CHRISTIAN DALLOZ ...... SU L’OREAL ......

C C

PIIDPH IQVSDQV HDVI PHTDWH QTR QUHDVH PRQPDPW IDVU QUH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

la veille, de résultats records pour 1999 (lire égale- CHRISTIAN DIOR ...... PHWDSH LVMH MOET HEN......

C ± WTDWH TQSDTP HDIH WSDQS WIDVH WP THQDRV HDPP WS FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CIC -ACTIONS A...... WU MARINE WENDEL ......

C ment page 19). C SU QUQDWH QDTR SRDIS WDPW WDRR TIDWP IDTI VDSH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CIMENTS FRANCAIS ...... SS METALEUROP ......

C ± IHHDWH TTIDVT HDIH IHPDSH QQDRH QRDPH PPRDQR PDRH QRDIH FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

b Le titre Carrefour bondissait de 3,14 %, à 138 eu- CLARINS ...... IHI MICHELIN......

C C

IPQ VHTDVQ PDWQ IPHDSH PWDRH PWDSH IWQDSI HDQR PU FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF

ros, après l’annonce des résultats du groupe. Le spé- CLUB MEDITERRANEE .. IIWDSH MONTUPET SA......

C C PW IWHDPQ HDQS QH TDQP TDRS RPDQI PDHT TDHS FFFF FFFF FFFF FFFF FFFF CNP ASSURANCES ...... PVDWH MOULINEX ......

C ± VRDWH SSTDWI PDPW VIDHS TTDVH TTDSH RQTDPI HDRS TT cialiste de la distribution va attribuer une action gra- COFACE...... VQ NATEXIS BQ POP......

C C WP THQDRV PDPP VUDTH QRDSH QSDPH PQHDWH PDHQ QI

tuite pour une ancienne, et procédera à une COFLEXIP...... WH NEOPOST......

C ± Compen- IVQDIH IPHIDHT HDVV IVIDSH IWDPV IWDPH IPSDWR HDRI IVDRH

COLAS ...... IVIDSH NORBERT DENTRES.# ... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

augmentation de capital réservée aux salariés du sation C International ± f QQDQS PIVDUT HDUT QHDWP PTDVH PTDQH IUPDSP IDVU PU

CDE PROV. REGPT...... QQDIH NORD-EST...... en euros en euros en francs veille

(1)

± RVDVH QPHDII HDIT RQDHU TIDVH FFFF FFFF FFFF TQDTH nouveau groupe Carrefour-Promodès (lire également CPR ...... RVDVV NORDON (NY)......

C C

IRDPU WQDTI FFFF IRDPS TUV TVP RRUQDTQ HDSW TSW IQUDRH IQVDQH WHUDIW HDTT IQWDVH

page 20). CRED.FON.FRANCE ...... IRDPU NRJ # ...... AMERICAN EXPRESS......

C C C QWDUW PTIDHI PDTH QTDIH VDRH VDRW SSDTW IDHU UDTU RTDSI RUDQQ QIHDRT IDUT RV CFF.RECYCLING ...... QVDUV OLIPAR...... A.T.T. #......

C b Le cours de Bourse d’Air France montait de 1,39 %, C ± QWDHP PSSDWS HDHS QVDQH TSDWH TT RQPDWQ HDIS TVDSH IUDSR IUDPS IIQDIS IDTS IUDVP CREDIT LYONNAIS...... QW PECHINEY ACT ORD ...... BARRICK GOLD #......

C

SSDWS QTUDHI HDVI SQ SWS SWS QWHPDWR FFFF SVWDSH ISDIQ FFFF FFFF FFFF ITDQH à 16,76 euros, dans les premières transactions jeudi. CS SIGNAUX(CSEE)...... SSDSH PENAUILLE POLY.CB...... CROWN CORK ORD. #....

C

± FFFF FFFF FFFF UQ SHDHS SHDTH QQIDWI IDIH RW PTDVH PT IUHDSS PDWW PT

La compagnie aérienne a annoncé une augmentation DAMART ...... UPDHS PERNOD-RICARD...... DE BEERS # ......

C ± PIQDRH IQWWDVI HDUH PIHDVH PIWDPH PPRDRH IRUIDWU PDQU PIS SR FFFF FFFF FFFF SIDWH DANONE...... PIRDWH PEUGEOT...... DU PONT NEMOURS # ..

C C IWWDWH IQIIDPT FFFF PHH PHQ PHUDIH IQSVDRW PDHP IWRDWH WHDQH WPDQH THSDRS PDPI WH de 5 % de son trafic passagers en janvier ainsi qu’une DASSAULT-AVIATION..... IWWDWH PINAULT-PRINT.RED..... ERICSSON # ......

C C ± IHSDSH TWPDHQ RDST VWDWH IIIDSH IIIDWH UQRDHP HDQT IHS RTDWH RQDQW PVRDTP UDRV RQDTI

poursuite du redressement de son activité de fret. DASSAULT SYSTEMES.... IHHDWH PLASTIC OMN.(LY) ...... FORD MOTOR # ......

C C ± RWDQQ QPQDSV IDQR RWDVR VHU VRT SSRWDRH RDVQ UWI IQHDQH IQIDQH VTIDPU HDUU IPTDPH DE DIETRICH...... SH PROMODES...... GENERAL ELECTR. #......

± ± TR RIWDVI HDUV TPDWH SPWDSH SIW QRHRDRP IDWV SIS UQ FFFF FFFF FFFF UR DEVEAUX(LY)# ...... TRDSH PUBLICIS #...... GENERAL MOTORS # .....

C C FFFF FFFF FFFF IRDIH PI PIDIH IQVDRI HDRV IWDII IQDSH IQDTW VWDVH IDRI IQDSH DEV.R.N-P.CAL LI...... IS REMY COINTREAU...... HITACHI #......

± ± ± SDIS QQDUV HDIW RDUH RRDQH RQDRW PVSDPV IDVQ RSDUW IHWDVH IHW UIRDWW HDUQ IIPDPH

RE`GLEMENT MENSUEL DMC (DOLLFUS MI)...... SDIT RENAULT ...... I.B.M......

C C ±

PSDVH ITWDPR PDWS PTDSH TV UI RTSDUQ RDRI UI UPDSH UIDRS RTVDTV IDRS TVDUH

______DYNACTION...... PSDHT REXEL...... ITO YOKADO #......

C C ± SQ QRUDTT HDIW SQDSH IVDWH IVDWI IPRDHR HDHS IVDWV PTDUV PU IUUDII HDVP PSDWH EIFFAGE ...... SQDIH RHODIA ...... MATSUSHITA......

C

±

SVDUH QVSDHS FFFF ST TDPW UDPS RUDST ISDPT SDQH QQDIS QQ PITDRU HDRS QQDHS ERAMET ...... SVDUH ROCHETTE (LA) ...... MC DONALD’S ......

Â

†‚si‚

ti hs PR pi Cours releve´sa` 9h57

C C ± WHDUS SWSDPV HDSH WH VIDWH VP SQUDVV HDIP UW TRDQH TRDIS RPHDVH HDPQ TPDPH ERIDANIA BEGHIN...... WHDQH ROYAL CANIN...... MERK AND CO ......

C ± ±

PTQ IUPSDIU IDPU PSP PIIH PIHI IQUVIDTT HDRQ PIHS UDVT UDUW SIDIH HDVW V ESSILOR INTL ...... PSWDUH RUE IMPERIALE (LY...... MITSUBISHI CORP.# ...... viquid—tion X PR m—rs

C C ± QQI PIUIDPP WDWU QIHDIH QV QSDUI PQRDPR TDHQ QRDUS IHVDSH IIPDQH UQTDTR QDSH IIH ESSILOR INTL.ADP...... QHI SADE (NY) ...... MORGAN J.P.# ......

C C TU RQWDRW PDPW TQDSH IHRT IHUW UHUUDUV QDIS IHQS W FFFF FFFF FFFF WDTH ESSO...... TSDSH SAGEM S.A...... NIPP. MEATPACKER#.....

C ± ± RVIDIH QISSDVI HDQI RUUDSH IQS IRH WIVDQR QDUH IQRDQH PIDPU PHDVP IQTDSU PDIP IWDTI EURAFRANCE...... RVPDTH SAINT-GOBAIN...... PHILIP MORRIS#......

Compen- C HDVH SDPS FFFF HDVH UHDUH FFFF FFFF FFFF US WP WPDIH THRDIR HDII WPDSS

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURO DISNEY...... HDVH SALVEPAR (NY) ...... PROCTER GAMBLE ......

sation C France C f ± IDPH UDVU HDVR IDIW RHDWW QWDSH PSWDIH QDTR RIDUS QIDWH QRDWV PPWDRS WDTT QQDSH

en euros en euros en francs veille EUROTUNNEL...... IDIW SANOFI SYNTHELABO ... SEGA ENTERPRISES ......

(1)

C C ± TWDIH RSQDPU IDPW UH WWDVH IHP TTWDHV PDPH WT TR TRDIH RPHDRU HDIT TT FACOM SA...... UH SAUPIQUET (NS) ...... SCHLUMBERGER# ......

C C C ± IRRDVH WRWDVQ HDHP IRW RQ RQDSH PVSDQR IDIT RRDPH TVDIH TWDPS RSRDPS IDTW TTDSH PUSDRH PUUDTH IVPHDWR HDVH PUS B.N.P. (T.P)...... IRRDVQ FAURECIA ...... SCHNEIDER ELECTRI..... SONY CORP.#RGA ......

± ± ± ± IRS WSIDIR IDQT IRSDWH IRUDWH IRS WSIDIR IDWT IRP RRDPH RRDHU PVWDHV HDPW RT IPDTW IPDHS UWDHR SDHR IIDVH CR.LYONNAIS(TP) L ...... IRU FIMALAC SA...... SCOR...... SUMITOMO BANK #......

C ± QQH PITRDTT IDHU QPR VS FFFF FFFF FFFF VR UHDSH TWDSH RSSDVW IDRP TTDIH RENAULT (T.P.)...... QPTDSH FIVES-LILLE...... S.E.B......

C ± FFFF FFFF FFFF ITTDPH IPI IIWDIH UVIDPR IDSU IIV QUDSH QUDUW PRUDVW HDUU QV SAINT GOBAIN(T.P...... ITT FONC.LYON.# ...... SEITA......

C C

FFFF FFFF FFFF IRW ITTDVH ITUDUH IIHHDHR HDSR ISW IQDQH IQDQP VUDQU HDIS IQDQH

THOMSON S.A (T.P) ...... IRTDIS FRANCE TELECOM...... SELECTIBANQUE...... ABRE´VIATIONS

C QVDUV PSRDQV IDUV QWDSH TUI FFFF FFFF FFFF TUH RQ RQ PVPDHT FFFF RPDIS

ACCOR ...... QVDIH FROMAGERIES BEL...... SGE......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C C C IWDVT IQHDPU HDQH PHDIV IUV IVQDSH IPHQDTV QDHW ITVDIH UWDWS VIDSH SQRDTH IDWR VH AEROSPATIALE MATR.... IWDVH GALERIES LAFAYETT ...... SIDEL......

C

± SHDSH QQIDPT FFFF SIDIH UWDTS UWDVH SPQDRS HDIW US ISP ISHDIH WVRDSW IDPS ISH AGF ...... SHDSH GAUMONT #...... SILIC CA ...... SYMBOLES

C C ± ITDRQ IHUDUU HDTH ISDPU SP SPDPH QRPDRI HDQV SIDSH USDPH UT RWVDSQ IDHT US

AIR FRANCE GPE NO ..... ITDSQ GAZ ET EAUX ...... SIMCO...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C ± ± IRWDTH WVIDQI IDHV IRRDSH IHV IHRDPH TVQDSI QDSP IHS ISDRH ISDHP WVDSP PDRU ISDRH

AIR LIQUIDE ...... IRV GECINA...... SKIS ROSSIGNOL...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C C C PPUDUH IRWQDTI RDWQ PQVDWH THDTS TIDUH RHRDUQ IDUQ THDQH PIHDSH PII IQVRDHU HDPR PHQ

ALCATEL ...... PIU GEOPHYSIQUE ...... SOCIETE GENERALE...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

C C C

PSDQV ITTDRV HDUI PSDTI PHH PISDRH IRIPDWQ UDUH ITU IRQ IRRDIH WRSDPQ HDUU IRHDIH

ALSTOM...... PSDPH GFI INFORMATIQUE...... SODEXHO ALLIANCE...... `

C C ± DERNIERE COLONNE RM (1) : PVIDUH IVRUDVQ SDSI PSP PRDUW PRDWH ITQDQQ HDRR PR UUDSH USDPH RWQDPV PDWU UU ALTRAN TECHNO. #...... PTU GRANDVISION ...... SOGEPARC (FIN) ......

C C ± ISW IHRPDWU SDQH ISPDUH PHVDUH IWW IQHSDQS RDTS IWHDSH PRDTS PSDPH ITSDQH PDPQ PUDHS ATOS CA...... ISI GROUPE ANDRE S.A...... SOMMER-ALLIBERT...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C C C SQDRH QSHDPV HDUS SHDUH UTDVH UTDWH SHRDRQ HDIQ UU PRDWH PSDTW ITVDSP QDIU PSDTH AVENTIS...... SQ GROUPE GASCOGNE ..... SOPHIA (EX.SFI)...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C C ± IPVDTH VRQDST HDRU IPVDSH QVDUV QVDPT PSHDWU IDQR RH IPV IQUDSH WHIDWR UDRP IIV AXA...... IPV GR.ZANNIER (LY) #...... SOPRA # ...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C C C IPT VPTDSI IDTI IPS VR VRDSH SSRDPV HDTH VP IQVDTH IRS WSIDIR RDTP IPV BAIL INVESTIS...... IPR GROUPE GTM ...... SPIR COMMUNIC. # ......

@€u˜li™iteÂA

C ± TWDSQ IDVS IVDTH IPPDHI QDQQ CMT MEDICAL...... IHDTH PHONE SYS.NE ....

C ± PVPDHT RDRR SQDWS QSQDVW RDWT COIL ...... RQ PICOGIGA ......

C C

RHTDTW IHDSP QQQDIH PIVRDWW UDRS NOUVEAU CONSODATA #...... TP PROSODIE #...... SECOND

C C

PWTRDWQ SDIP ISVDQH IHQVDQV HDPS

CROSS SYSTEM .... RSP PROLOGUE SOF... ______

C

SQHDHI FFFF RDPH PUDSS IPDQH

´ CRYO INTERAC.....d VHDVH PROXIDIS...... ±

QQRDSR QDUU R PTDPR FFFF

MARCHE CYBER PRES.P ...... SI PROXIDIS ACT .....d MARCHE´

C ± SSDUT VDHI UDHI RSDWV QDQI CYRANO #...... VDSH QUANTEL......

± QDPV FFFF T QWDQT RDUT

CYRANO DS 20 .....d HDSH APPLIGENE ON.... Â

wi‚g‚ihs PQ pi†‚si‚

C ±  USDUT RDPQ SP QRIDIH RDVR DESK #...... IIDSS R2I SANTE ...... ti hs PR pi†‚si‚

C

±

QDTI IDUW QRDVH PPVDPU HDVU

Cours releve´sa` 17 h 35 DESK BS 98...... HDSS RECIF #......

ne se le™tionF

C ´ ` IHPUDVV WDWT RR PVVDTP FFFF DEVOTEAM #...... ISTDUH REPONSE # ...... Cours relevesa9h57

C ± PURDIW PDHV WDPS THDTV UDRI DIOSOS...... RIDVH REGINA RUBEN ...

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C C TQDSH UDRR QTDWH PRPDHS PDSH

DMS #...... WDTV RIGIFLEX INT......

Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille

C C QWDHQ IDIW IQDSH VVDSS RDIU DURAND ALLIZ .... SDWS SAVEURS DE F .....

C C C ± PITDRU HDHT PRV ITPTDUU RDPH PW IWHDPQ TDTP TTDHS RQQDPT P ADL PARTNER...... QQ DURAN DUBOI..... GUILLEMOT BS.... ARKOPHARMA #...

C C C ± IHRDQH RDQQ PTH IUHSDRW R IIH UPIDSS QDVU SUDIS QURDVV QDIR AB SOFT...... ISDWH DURAN DUBOIS ... SILICOMP #...... ASSYSTEM # ......

C C C SSI PDHU PR ISUDRQ IQDUR ISDSP IHIDVH HDUV QTS PQWRDPR FFFF ACCESS COMME .. VR EFFIK # ...... SERP RECYCLA..... FININFO...... d

C C C PVIDRI IH IHH TSSDWT IHDVT PRS ITHUDHW IQDQU SH QPUDWV FFFF ALGORIEL#...... RPDWH EGIDE # ...... SOI TEC SILI ...... CNIM CA# ......

C C ± IPRDTQ S RWDTS QPSDTV RDUP IRH WIVDQR FFFF TWDVH RSUDVT IDIT ALPHAMEDIA...... IW ESKER...... STACI # ...... GEODIS......

C C C C TVDVV S ISS IHITDUQ QDQQ IDSQ IHDHR SDSP USW RWUVDUI TDWH ALPHA MOS #...... IHDSH EUROFINS SCI...... STELAX ...... M6-METROPOLE ..

C C C ± PQVUDTV IDII IHDPI TTDWU HDIH QP PHWDWI SDVV IQPDSH VTWDIR QDWP ALTAMIR & CI...... QTR EURO.CARGO S..... SYNELEC #...... HERMES INTL ......

C ± ± UPDRV FFFF IIHH UPISDSQ IDPT QIR PHSWDUH PDWS SS QTHDUV IDHV ALTAMIR BS 9 ...... d IIDHS EUROPSTAT #...... SYSTAR NOM...... RALLYE(CATHI......

C C ± QWDPW HDIU IU IIIDSI FFFF RUDQH QIHDPU IIDPW PTQ IUPSDIU IDIW ALDETA...... SDWW FABMASTER #...... d TEL.RES.SERV...... ALTEN # ......

C C WIVDQR HDHU ISQDSH IHHTDVW TDWU PDUS IVDHR FFFF IHIDIH TTQDIU FFFF ALTI #...... IRH FI SYSTEM # ...... TETE DS LES...... FINATIS(EX.L...... d

C C ± ± IPTUDQI HDPI IH TSDTH QDWS QS PPWDSV PDUV IPT VPTDSI QDHV A NOVO...... IWQDPH FLOREANE MED ... THERMATECH I ... CEGEDIM # ......

C C C QIIDTS PDPV WWDWS TSSDTQ SDIT TRDQH RPIDUV QDUI VI SQIDQQ FFFF ARTPRICE COM.... RUDSI GENERIX #...... TITUS INTERA ..... FRAIKIN 2#...... d

C C ± IWDRP IDQQ SH QPUDWV UDSQ QPDRH PIPDSQ FFFF PHH IQIIDWI SDVV ASTRA ...... PDWT GENESYS #...... TITUS INTER...... d STERIA GROUP.....

C ± ± RUDVV TDRI IUS IIRUDWP PDUP RQDSH PVSDQR FFFF WWDWS TSSDTQ HDSS ATN...... UDQH GENSET...... TITUS INTER...... d MANITOU #......

C C ± PPWDSV FFFF QIDQH PHSDQI HDQP PPDSH IRUDSW PDPU SHH QPUWDUW HDIP AUTOMA TECH .... QS GL TRADE #...... TITUS INTER...... BENETEAU CA# ....

C C ± PHTQDTR RDVH IVS IPIQDSP PPDWP VHDWH SQHDTU PDRU IHP TTWDHV FFFF AVENIR TELEC...... QIRDTH GROUPE D #...... TRANSGENE # ..... ASSUR.BQ.POP.....

C C C ± TQDST IRDRH IPUDSH VQTDQS PDIT HDTR RDPH TDTU WQ TIHDHR HDHS BARBARA BUI...... WDTW GUILLEMOT #...... UNION TECHNO.. MANUTAN INTE...

C C C C ± QWQDSU HDTU HDRS PDWS RDTS IPQ VHTDVQ PDSH QHDUI PHIDRR RDHQ PTIDQH IUIRDHP HDSH IWHDIH IPRTDWU FFFF BELVEDERE...... TH GUYANOR ACTI .... INFOTEL # ...... MEDIDEP #...... VALTECH...... APRIL S.A.#(...... d

C C C ± ± ITIDQU PDHU IHWDWH UPHDWH HDWW PQP ISPIDVP UDWT PDUW IVDQH FFFF PTDTH IURDRV TDRH ISRDUH IHIRDUU HDIW BIODOME #...... PRDTH HF COMPANY...... INTEGRA NET...... MEDIDEP DS 2 .....d V CON TELEC...... UNION FIN.FR .....

C C ± ± ± ITIDQU IDTH IHTDSH TWVDSW HDWQ PHU IQSUDVQ FFFF IWHDSH IPRWDTH RDUH US RWIDWU IQDTR VVDWS SVQDRU HDIU BOURSE DIREC .... PRDTH HIGH CO...... INTEGRA ACT...... d METROLOGIC G ... VISIODENT #...... BRICORAMA #......

C C C ± ± ± RWSDPS IDQI IHPDSH TUPDQT HDRW WW TRWDRH I UDPT RUDTP WDVQ ISH WVQDWR SDTQ IPP VHHDPU TDHW BRIME TECHNO... USDSH HOLOGRAM IND .. INTERCALL #...... MILLE AMIS #...... WAVECOM #...... JET MULTIMED....

C C C C ± SUHDTV IDIR VDQH SRDRR IVDRH IQHDVH VSUDWW UDTS HDTV RDRT FFFF IHDRH TVDPP IDTT TS RPTDQU IDVH BVRP EX DT S...... VU IDP ...... IPSOS # ...... MILLE AMIS B ...... d WESTERN TELE.... ALGECO #......

C C ± ± SUDUP IDPU IDHU UDHP FFFF RT QHIDUR TDIP TDVT RS HDSW FFFF FFFF FFFF PRDSS ITIDHR IDHI CAC SYSTEMES .... VDVH IDP BON 98 (...... d IT LINK ...... MONDIAL PECH...... HYPARLO #(LY......

C ± ± ± PRPDUH SDIQ ITDUU IIH IIDVH RDVI QIDSS QDVH IHDSS TWDPH PDQI FFFF FFFF FFFF TI RHHDIQ FFFF CAST ...... QU IGE + XAO...... JOLIEZ-REGOL ..... NATUREX ...... GROUPE BOURB ..d

C C ± ± ± SRRDRR IDUV STDRS QUHDPW PDTR HDIT IDHS SDVV UI RTSDUQ IDRQ FFFF FFFF FFFF IRS WSIDIR IDIT CEREP ...... VQ ILOG # ...... JOLIEZ-REGOL ..... NETVALUE...... C.A. PARIS I......

C C ± SSRDPV FFFF WDSH TPDQP RDRH PQH ISHVDUH PIDHS UQ RUVDVS PDTU FFFF FFFF FFFF VH SPRDUU FFFF CEREP NV JCE ...... d VRDSH IMECOM GROUP .. KALISTO ENTE ..... NICOX ...... L.D.C...... d

C C WVDQW FFFF IVSDWH IPIWDRP QDPV PVH IVQTDTV FFFF WV TRPDVR WDWW FFFF FFFF FFFF WQ TIHDHR FFFF CEREP ACT.NO.....d IS INFOSOURCES...... KALISTO ACT ...... d OLITEC...... BRIOCHE PASQ ....d

C ± ± PQDPW IVDQQ QPDVH PISDIS FFFF UDIV RUDIH IDTR SDPH QRDII FFFF FFFF FFFF FFFF PIDSS IRIDQT PDHS CHEMUNEX #...... QDSS INFOSOURCE B ....d LACIE GROUP ...... OXIS INTL RG...... ETAM DEVELOP ...

C C ± PQRWDTR HDHT IVH IIVHDUP FFFF PRDWH ITQDQQ HDPH IUS IIRUDWP PDQR FFFF FFFF FFFF SRDWH QTHDIP FFFF COHERIS ATIX...... QSVDPH INFOSOURCE N....d LEXIBOOK # ...... PERFECT TECH...... BOIRON (LY)# ......

´ QURDHQ PQGHP PPDVU ISHDHP PPGHP

ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA SUDHP OPTALIS DYNAMIQ. C ...... Fonds communs de placements Fonds communs de placements

´ ´ SPDVH QRTDQS PQGHP IRTDHV PPGHP

ECUR. ENERGIE D PEA...... OPTALIS DYNAMIQ. D...... PPDPU ´

IPIDRV PQGHP VQDIQ SRSDQH PQGHP

´ CM OPTION MODERATION . IVDSP POSTE EUROPE C......

WHHQIDSR PQGHP IQUPSDPP ´ IQRDWQ PPGHP

SICAV et FCP ECUR. EXPANSION C...... OPTALIS EQUILIB. C ...... PHDSU

SPUDUP PQGHP

POSTE EUROPE D ...... VHDRS

´ PSVDUI PQGHP QWDRR ´ IPVDUH PPGHP

ECUR. EXPANSIONPLUS C.... OPTALIS EQUILIB. D...... IWDTP ` IISTDUI PQGHP

´ POSTE PREMIERE 8 ANS C... IUTDQR TSDPP RPUDVP PQGHP IQSDUP PPGHP

ECUR. INVESTIS. D PEA...... OPTALIS EXPANSION C ...... PHDTW ` IHVRDST PQGHP

´ ´ POSTE PREMIERE 8 ANS D... ITSDQR

PIHDVV IQVQDPV PQGHP

IQSDIQ PPGHP EC. MONET.C/10 30/11/98...... PHDTH  le™tionF ne se OPTALIS EXPANSION D...... ´ IHHIDUV PQGHP

Cours de cloˆ ture le 23 fe´vrier AMERIQUE 2000...... ISPDUP

´ ´ IPITDPI PQGHP

IVSDRI ´ ´ ´ IITDPR PPGHP EC. MONET.D/10 30/11/98...... OPTALIS SERENITE C...... IUDUP SG ASSET MANAGEMENT UTPDRV PQGHP

ASIE 2000...... IITDPR

´ IHTPDIW PQGHP

ITIDWQ ´ ´ ´ IHVDST PPGHP ECUR. OBLIG. INTERNAT. .... OPTALIS SERENITE D ...... ITDSS Serveur vocal : IWPIDIU PQGHP

e NOUVELLE EUROPE...... PWPDVV

Valeurs unitaires Date ´ IUTUDPI PQGHP

´ PTWDRI

RVWDTI PPGHP Emetteurs f ECUR. TRIMESTRIEL D...... PACTE SOL. LOGEM...... URDTR ´ PIPTVDHQ PIGHP

SAINT-HONORE CAPITAL C . QPRPDPW 08 36 68 36 62 (2,23 F/mn)

Euros francsee cours ´ PVDQP IVSDUU PQGHP

SPHDTQ PPGHP

EPARCOURT-SICAV D...... PACTE VERT T. MONDE...... UWDQU ´ PHUIWDVR PIGHP

SAINT-HONORE CAPITAL D. QISVDUP IHIWDUS PQGHP

´ CADENCE 1 D...... ISSDRT IQTWTDIP PQGHP

AGIPI GEOPTIM C ...... PHVUDWT ´ PITQDVI PIGHP

ST-HONORE CONVERTIBLES QPWDVU IHHWDRS PQGHP

CADENCE 2 D...... ISQDVW

QUWPDVU PQGHP

HORIZON C...... SUVDPP ´ TQDRP RITDHI PQGHP

IHHVDVT PQGHP

ST-HONORE FRANCE...... CADENCE 3 D...... ISQDVH

IWHDIT PQGHP

AGIPI AMBITION (AXA) ...... PVDWW ´ ´ WUDVH PQGHP

PREVOYANCE ECUR. D...... IRDWI ´ ´ VTDUR STVDWV PQGHP

QRIDQT PQGHP ST-HONORE MAR. EMER. .... INTEROBLIG C ...... SPDHR QHDTV PHIDPS PQGHP PVSDSR PQGHP

AGIPI ACTIONS (AXA)...... FRANCIC...... RQDSQ

´ IHIIDUS PQGHP

Fonds communs de placements ISRDPR ´ SVRDTS PQGHP

ST-HONORE PACIFIQUE ...... INTERSELECTION FR. D...... VWDIQ

PHRDUP PQGHP

FRANCIC PIERRE...... QIDPI

´ IUVIDPS PQGHP ´ ´ PUIDSS PRVDRV PQGHP

QUDVV ´ ´ IPRSDRU PQGHP

ECUREUIL EQUILIBRE C...... ´ ST-HONORE TECH. MEDIA .. SELECT DEFENSIF C...... IVWDVU

SVIDPR PQGHP

3615 BNP EUROPE REGIONS...... VVDTI

´ ´

PITPDRW PQGHP ´ QPWDTU PIPDWP PQGHP

QPDRT ´ IVWRDWQ PQGHP

ECUREUIL PRUDENCE C ...... ST-HONORE VIE SANTE ...... SELECT DYNAMIQUE C ...... PVVDVV

IHSWDWT PQGHP

ASSOCIC ...... ITIDSW

´

USRDIS PQGHP ´ ´ IIRDWU QHWDIS PQGHP RUDIQ ´ ´

IPHRDRU PQGHP

ECUREUIL VITALITE C ...... ST-HONORE WORLD LEAD. . IVQDTP IIHRDQH PQGHP ITVDQS SELECT EQUILIBRE 2...... SWWDSR PQGHP

BNP ACTIONS EURO...... AURECIC...... WIDRH

´ IPPWDWV PQGHP

SELECT PEA 3...... IVUDSI IWTDTI IPVWDTV PQGHP

PIHQDIW PQGHP

BNP ACTIONS FRANCE...... CAPITAL AVENIR...... QPHDTQ Fonds communs de placements

QUQPDUW PQGHP

SG FRANCE OPPORT. C...... STWDHT PQPDHI ISPIDVW PQGHP

IHIDWU TTVDVV PQGHP PSUDRH PQGHP

BNP ACT. MIDCAP EURO..... CRE´DIT AGRICOLE CICAMONDE...... QWDPR WEB INTERNATIONAL ......

QRWSDIR PQGHP

SG FRANCE OPPORT. D ...... SQPDVQ

UHDVP RTRDSS PQGHP TRUDIH PQGHP

BNP ACT. MIDCAP FR...... 08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) CONVERTICIC...... WVDTS

QVPSDHV PQGHP

SOGENFRANCE C...... SVQDIQ PIQDQU IQWWDTP PQGHP

SPTWDII PQGHP BNP ACTIONS MONDE...... VHQDPU

´ EPARCIC ...... LEGAL & GENERAL BANK

SPDPP QRPDSR PQGHP

QRRUDHS PQGHP

ATOUT AMERIQUE ...... SOGENFRANCE D...... SPSDSH PSWDTR IUHQDIQ PQGHP

QURUDPP PQGHP

BNP ACTIONS PEA EURO..... EUROCIC LEADERS...... SUIDPT

PVDUU IVVDUP PQGHP

TTVDTV PQGHP

´ ATOUT ASIE...... SOGEOBLIG C...... IHIDWR QQDQV PIVDWT PQGHP

WRQPDQQ PQGHP

BNP EP. PATRIMOINE...... MENSUELCIC...... IRQUDWS ´ PWTDQR IWRQDVT PQGHP

RTHWDVH PQGHP

UHPDUT SECURITAUX ...... ´ PWIDPR PQGHP

´ ATOUT CROISSANCE...... SOGEPARGNE D...... RRDRH RH PTPDQV PQGHP

RQVSDTT PQGHP

BNP EPARGNE RETRAITE .... OBLICIC MONDIAL...... TTVDSW ´ PUHDVI IUUTDRH PPGHP

PIQUDRR PQGHP

QPSDVS STRATEGIE IND. EUROPE ....

IVRIDTT PQGHP

´ ATOUT FONCIER...... SOGEPEA EUROPE...... PVHDUT

ISPUVDHQ PQGHP

BNP MONE COURT TERME . PQPWDIP ´ IIRWDUH PQGHP

OBLICIC REGIONS...... IUSDPU ´ QPUDTR PIRWDIV PPGHP

ITVIDPV PQGHP

PSTDQI STRATEGIE RENDEMENT ....

TVQDTR PQGHP

´ ATOUT FRANCE EUROPE ..... SOGINTER C...... IHRDPP SUUPDUS PQGHP

BNP MONETAIRE C...... VVHDHS ISTDIP PPGHP

RENTACIC...... PQDVH

QWPDRT PQGHP

´ ATOUT FRANCE MONDE...... SWDVQ SPQSDSP PQGHP

BNP MONETAIRE D ...... UWVDIS PRIRDIP PQGHP

SECURICIC...... QTVDHQ Fonds communs de placements

ITWSDPT PQGHP

´ ATOUT FUTUR C ...... PSVDRR Sicav Info Poste : VRIRUDUR PQGHP

IPVPVDPR ´ ISVDSR PPGHP BNP MONE PLACEMENT C.. PRDIU PIRRDQP PQGHP

SECURICIC D ...... QPTDWH DECLIC ACTIONS EURO......

ISTWDWH PQGHP

´ ATOUT FUTUR D...... PQWDQQ 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) USRPIDPV PQGHP

IIRWUDWH ´ RQIDHQ PPGHP

BNP MONE PLACEMENT D.. TSDUI

´ DECLIC ACTIONS FRANC ..... VSRDUI PQGHP

IQHDQH ´ IVWDQU PQGHP

´ ´ ´ ATOUT SELECTION ...... AMPLITUDE AMERIQUE C ... PVDVU IISUUDPS PQGHP

IUTRDWR ´ QRIDQT PPGHP

BNP MONE SECURITE ...... DECLIC ACTIONS INTER...... SPDHR

PHVRDVW PQGHP

QIUDVR ´ IVUDTU PQGHP

´ ´ COEXIS ...... AMPLITUDE AMERIQUE D... PVDTI WSQRWVDQI PQGHP

IRSQSWDVV ´ RHHDPT PPGHP

BNP MONE TRESORIE ...... TIDHP

` DECLIC BOURSE PEA ...... SITDPR QQVTDQI PQGHP

QIVDPH PQGHP

DIEZE ...... AMPLITUDE EUROPE C...... RVDSI

IHVTDHU PQGHP

ITSDSU ´ ´ IPHDVQ PPGHP

BNP OBLIG. CT ...... ´ IVDRP IQWRDUH PQGHP

EURCO SOLIDARITE ...... PIPDTP DECLIC BOURSE EQUILIBRE

UIPDQI RTUPDRS PQGHP

QIHDVT PQGHP

EURODYN...... AMPLITUDE EUROPE D ...... RUDQW

PPRDHU PQGHP

QRDIT ´ IHWDPV PPGHP

BNP OBLIG. LT...... ITDTT THTWDII PQGHP

LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WPSDPQ DECLIC OBLIG. EUROPE......

IHIPDWW PPGHP

INDICIA EUROLAND...... ISRDRQ PIQPDUV PQGHP

AMPLITUDE MONDE C...... QPSDIR

IIWQDRS PQGHP IVIDWR ´

ISVDQS PPGHP

BNP OBLIG. MONDE...... PRDIR SRIRDUW PQGHP

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VPSDRV DECLIC PEA EUROPE ......

QRVTDIS PPGHP

INDICIA FRANCE...... SQIDRT

IWSQDTR PQGHP

AMPLITUDE MONDE D ...... PWUDVQ

WPPDRI PQGHP

IRHDTP ´ SHSDUR PPGHP

BNP OBLIG. MT C...... UUDIH IRQPDPV PQGHP

SICAV 5000 ...... PIVDQS DECLIC SOGENFR. TEMPO ..

IVWRDRU PQGHP

INDOCAM CONVERT. C...... PVVDVI

IVHDWI PQGHP

AMPLITUDE PACIFIQUE C ... PUDSV

IQIDSQ VTPDUV PQGHP

FFFF FFFF

BNP OBLIG. MT D...... FFFF PSQRDVV PQGHP

SLIVAFRANCE ...... QVTDRR ......

ITURDUW PQGHP

INDOCAM CONVERT. D ...... PSSDQP IUVDPW PQGHP

AMPLITUDE PACIFIQUE D... PUDIV

ISWDUR IHRUDVQ PQGHP

FFFF FFFF

BNP OBLIG. REVENUS ...... FFFF PTHDWR PQGHP

SLIVARENTE ...... QWDUV

IWPWPDVV PPGHP

INDOCAM EUR. NOUV...... PWRIDIV ´ QURDVV PQGHP

ELANCIEL FRANCE D PEA.... SUDIS

ITUDWR IIHIDTI PQGHP

FFFF FFFF

BNP OBLIG. SPREADS...... FFFF

IQRIDIH PQGHP

SLIVINTER ...... PHRDRS

IPQQDHU PQGHP

INDOCAM HOR. EUR. C ...... IVUDWV ´ WRWDTQ PQGHP

´ ELANCIEL EURO D PEA...... IRRDUU IVPHDQR IIWRHDTS PQGHP

FFFF FFFF

BNP OBLIG. TRESOR...... FFFF

RVUPDUI PQGHP

TRILION...... URPDVR

IHVVDQH PQGHP

INDOCAM HOR. EUR. D...... ITSDWI ´ QHWDVI PQGHP

EMERGENCE E.POST.D PEA. RUDPQ

IQQDPP VUQDVU PQGHP FFFF FFFF

BNP SECT. IMMOBILIER ...... FFFF

WWVDRQ PQGHP

INDOCAM MULTI OBLIG...... ISPDPI ´ TWVDTT PQGHP

Fonds communs de placements GEOBILYS C ...... IHTDSI

FFFF FFFF

...... FFFF

SHDTH QQIDWI IUGHP

IRVWDHW PQGHP

INDOCAM ORIENT C...... PPUDHI ´ TRWDWW PQGHP

ACTILION DYNAMIQUE C * . GEOBILYS D...... WWDHW

FFFF FFFF

BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT ...... FFFF

PUVDIW PPGHP

INDOCAM ORIENT D ...... RPDRI PPQDQW IRTSDQR PQGHP

IPTDTH PQGHP

ACTILION DYNAMIQUE D *. INTENSYS C...... IWDQH FFFF FFFF

...... FFFF

ISHSDRP PQGHP

INDOCAM UNIJAPON...... PPWDSH ´ IWUDHR IPWPDSH PQGHP

IIPDWT PQGHP

´ ACTILION EQUILIBRE C * .... INTENSYS D...... IUDPP RRSDWU PWPSDQU PIGHP FFFF FFFF

BP NOUVELLE ECONOMIE...... FFFF

PHSTDVP PQGHP

INDOCAM STR. 5-7 C ...... QIQDST ´ IWQDPT IPTUDUH PQGHP

IUQPDUV PQGHP

FFACTILION EQUILIBRE D... KALEıS DYNAMISME C...... PTRDIT QHWDIS PQGHP RUDIQ ¨ FFFF FFFF

BP OBLIG. EUROPE...... FFFF

IQSPDUV PQGHP

INDOCAM STR. 5-7 D...... PHTDPQ ´ PHIDWP IQPRDSI PQGHP

ITWUDWR PQGHP

´ ´ ACTILION PEA EQUILIBRE... KALEIS DYNAMISME D ...... PSVDVS WSUQQDIT TPUWTVDQT PQGHP

FFFF FFFF

BP SECURITE ...... ´ ...... FFFF IHPIVDTW PPGHP

MONEDYN ...... ISSUDVQ

IIRTDPP PQGHP IURDUR ´ IQWHDSH PQGHP

ACTILION PRUDENCE C *.... KALEıSEQUILIBRE C...... PIIDWV WTPDUS PQGHP IRTDUU ¨

FFFF FFFF

FRUCTI EURO 50...... ´ ...... FFFF IPTVVDQU PRGHP

MONE.J C ...... IWQRDQQ

IIPQDSW PQGHP IUIDPW ´ IQSTDQW PQGHP

ACTILION PRUDENCE D * ... KALEIS EQUILIBRE D ...... PHTDUV IHQDUP TVHDQT PPGHP

FFFF FFFF

FRUCTIFRANCE C ...... ´ ...... FFFF IIRWWDIW PRGHP

MONE.J D...... IUSQDHR

IQVVDUQ PQGHP

PIIDUI ´ ´ ´ IPQWDVW PQGHP

INTERLION...... KALEı¨SSERENITE C...... IVWDHP

FFFF FFFF

...... FFFF

SWTDPH PQGHP

www.cdc-assetmanagement.com OBLIFUTUR C...... WHDVW

VQHDVR PQGHP IPTDTT ´ ´ ´ IPHTDUH PQGHP

LION ACTION EURO...... KALEIS SERENITE D...... IVQDWT

FFFF FFFF

...... FFFF

SQHDPI PQGHP

OBLIFUTUR D ...... VHDVQ

IPQDUU VIIDVV PQGHP ISVDPP PQGHP

LION PEA EURO...... LATITUDE C...... PRDIP

FFFF FFFF

...... FFFF

IQWVDQH PQGHP

ORACTION ...... PIQDIU

IQUDVP PQGHP

LATITUDE D...... PIDHI

FFFF FFFF

...... FFFF

IIIRDVT PQGHP

REVENU-VERT ...... ITWDWT

IHQDHQ TUSDVQ PQGHP

ISPQDHU PPGHP PQPDIW OBLITYS D ...... FFFF FFFF

LIVRET B. INV.D PEA...... FFFF

IQHDTH PPGHP

INDICIA MEDIAN ...... IWDWI ´ QRIDUS PQGHP

PLENITUDE D PEA...... SPDIH

FFFF FFFF

´ ...... FFFF PHITSDST PQGHP

SYNTHESIS...... QHURDPP

PWDHS IWHDST PQGHP

ITHIQDPW PQGHP

MULTI-PROMOTEURS CM EURO PEA ...... POSTE GESTION C...... PRRIDPI FFFF FFFF

...... FFFF

RUHDQW PQGHP

UNIVERS ACTIONS...... UIDUI

RSDVU QHHDVW PQGHP IRWUTDTI PQGHP

´ CM FRANCE ACTIONS...... PPVQDIU PWVRDVU PPGHP

RSSDHR POSTE GESTION D...... FFFF FFFF

NORD SUD DEVELOP. C...... ´ ...... FFFF IIWUDIW PRGHP

MONE ASSOCIATIONS...... IVPDSI

PWRDPT PQGHP RRDVT ` RQSWPDRI PQGHP

´ CM MID. ACT. FRANCE...... TTRSDTP PSQWDTU PPGHP

QVUDIU POSTE PREMIERE SI ...... FFFF FFFF

NORD SUD DEVELOP. D ...... FFFF

IQPHDHS PRGHP

UNIVAR C ...... PHIDPR

PTPVDRP PQGHP RHHDUH ` PSUTHIDWW PQGHP

CM MONDE ACTIONS ...... POSTE PREMIERE 1 AN...... QWPUIDIU FFFF FFFF

...... FFFF

IPHVDRH PRGHP

Sicav en ligne : UNIVAR D...... IVRDPP

TSHDTR PQGHP WWDIW ` SRTUTDUI PQGHP

CM OBLIG. LONG TERME.... VQQSDRI FFFF FFFF

POSTE PREMIERE 2-3...... FFFF

PRTDHS PQGHP

08 36 68 09 00 (2,23 F/mn) UNIVERS-OBLIGATIONS...... QUDSI QUDHT PRQDIH PQGHP SHSVDQS PQGHP CM OPTION DYNAM...... REVENUS TRIMESTR. D ...... UUIDIR

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26 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000

SCIENCES L’évolution des es- b DES QUESTIONS aussi fondamen- b L’« EVODEVO », sobriquet dési- nomes pour tenter de résoudre ces aussi expliquer les « sauts » brusques pèces sous la pression du milieu, telle tales que la raison pour laquelle les gnant une nouvelle discipline aux énigmes. b ELLE S’INTÉRESSE à la observés dans l’évolution. b CES RE- que l’a définie Charles Darwin en vertébrés terrestres ont quatre frontières de la génétique et de manière dont le développement des CHERCHES pleines de promesses 1859, ne parvient pas à expliquer cer- pattes ou les plantes portent des l’évolution, s’appuie sur les progrès organismes est gouverné par certains portent sur des animaux parfois bi- tains aspects de l’histoire du vivant. fleurs restent sans réponse. effectués dans le séquençage des gé- gènes ; un mécanisme qui pourrait zarres souvent difficiles à élever. La génétique et l’embryologie volent au secours de Darwin La clé des mystères que la théorie darwinienne de l’évolution des espèces reste incapable d’expliquer se niche probablement dans les gènes qui gouvernent le développement des êtres vivants. Aux frontières de la biologie et de la phylogénie, une nouvelle discipline s’y intéresse LES BIOLOGISTES tournent au- futilité des explications darwi- Les tuniciers figurent En utilisant les mêmes straté- jourd’hui le dos à Darwin. Ils ne niennes concernant les grands sché- parmi les cobayes favoris gies, on pourra bientôt observer sont, évidemment, pas devenus mas de la vie. Bateson travaillait sur des biologistes qui tentent comment ces mêmes gènes déve- créationnistes, mais ils estiment que l’entéropneuste, un ver marin de trouver dans les gènes loppent, à partir de bourgeons in- la théorie darwinienne classique ne considéré – du point de vue de du développement formes, les membres d’un être vi- peut décrire que la moitié de l’his- l’évolution – comme un proche les mystères de l’évolution vant et élaborent les traits les plus toire du monde vivant. Une généra- parent des vertébrés dont fait partie que la théorie darwinienne personnels et les plus expressifs du tion nouvelle de biologistes est en le genre humain. Déçu que la biolo- ne peut expliquer. visage. Quand nous serons ca- train d’appliquer des solutions ul- gie expérimentale de son époque Bleu vif (ci-contre) pables de décrire ces processus tra-modernes aux problèmes soule- soit incapable d’expliquer cette pa- ou vert (ci-dessous), magiques en termes de réseaux vés par leurs collègues des époques renté autrement que par des affir- ces étranges organismes (certes, très complexes) de gènes antérieures à Darwin. Dans le tohu- mations invérifiables, il écrivait en marins très anciens interactifs, peut-être les appréhen- bohu de la biologie actuelle, parmi 1894, dans son livre Materials For sont extrêmement difficiles derons-nous mieux et serons-nous séquenceurs de gènes et fragments The Study of Variation : « Si, dirons- à élever en laboratoire. en mesure d’en corriger les er- d’ADN, on parle à nouveau de hé- nous avec bien des circonlocutions, le Leurs larves microscopiques reurs. Peut-être aussi pourrons- ros oubliés depuis longtemps, cours de la Nature suit le chemin que (ci-dessous à droite) nous inciter les génomes à faire comme Goethe ou Etienne Geof- nous suggérons, alors, en bref, elle le évoluent en pleine mer d’autres choses. A modifier, par froy Saint-Hilaire. L’un et l’autre fait effectivement. Là se résume notre avant de prendre une forme exemple, la conformation ou le ont réfléchi à l’existence possible de propos. » de jolie corolle. nombre des membres d’un animal. lois universelles des formes gouver- Ou à concevoir des formes de vie nant le vivant alors que Charles PROCESSUS MAGIQUES entièrement nouvelles à partir de Darwin était encore enfant. Refusant la biologie tradition- rien. nelle de l’évolution dont ils consi- dèrent qu’elle ne mène nulle part, INGÉNIERIE DU GÉNOME Bateson et son collègue américain Ce type d’ingénierie du génome Thomas Hunt Morgan inventent la donne une tout autre dimension génétique moderne. Morgan dé- au travail classique sur la géné- couvre que la mouche du vinaigre tique et représentera un défi tech- Drosophila melanogaster est un ani- nique et moral pour le XXIe siècle. mal de laboratoire beaucoup plus Déjà, certains chercheurs estiment le facile à manier que l’entéropneuste. qu’ils seront bientôt prêts à créer C’est ainsi que tout l’édifice de la en laboratoire des formes simples génétique moderne repose sur les de vie, et soumettent cette pers- frêles épaules de ce minuscule ani- pective à la question éthique. mal, encore que le fardeau soit au- A présent que les premiers gé- jourd’hui partagé avec quelques nomes sont tombés au pouvoir des souris et autres grenouilles. séquenceurs d’ADN, les scienti- Un siècle plus tard, les biologistes fiques cherchent de nouveaux ter-

La sélection naturelle de Darwin ont compris les principes de base de BENJAMIN COWAN UCMP BERKELEY ritoires à conquérir. Ils les trouve- explique bien des détails : pourquoi, la génétique, et le génome – soit ront en nombre dans les par exemple, les paons ont une l’ensemble du matériel génétique – ébauche du génome humain est at- der les grandes questions de l’évo- ment de tous les gènes d’un orga- organismes inconnus que Bateson longue queue magnifique, les orchi- de nombreuses espèces est au- tendue pour cet été. La technologie lution dont l’insolubilité désespérait nisme, il est aujourd’hui possible de et Morgan ont délaissés. Au-delà dées des fleurs énormes ou plus pe- jourd’hui séquencé. Celui de la de la génétique moderne a à ce Bateson et Morgan. En utilisant des déterminer quels sont les gènes ac- des quelques espèces bien-aimées tites. Mais les darwiniens ont ten- mouche du vinaigre sera publié très point progressé que les chercheurs machines automatiques pour étu- tifs d’une cellule de levure en train des biologistes – mouche, souris, dance à négliger les « grandes » prochainement et la première commencent, enfin, à pouvoir abor- dier simultanément le comporte- de se diviser. grenouille, etc. –, quelque trente questions de la biologie : pour millions d’êtres vivants attendent quelles raisons les paons sont-ils le décryptage de leurs gènes, re- pourvus d’une queue (quel qu’en présentant autant de continents soit l’aspect) ; pourquoi les plantes obscurs au potentiel inexploité. portent-elles des fleurs ; pourquoi Le difficile et fascinant élevage de nos très lointains ancêtres En comparant des millions de les vertébrés terrestres marchent-ils COMMENT FAIRE SURVIVRE un extra- son laboratoire, quelques-uns de ses chers aquarium, quelle que soit la propreté de génomes, on devrait pouvoir re- sur quatre pattes, et non pas sur six terrestre dans un zoo ? C’est un peu la ques- entéropneustes se tortillent sur leur couche l’eau. Jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent que, à la constituer avec une précision sans ou huit ; pourquoi notre tête pos- tion que se posent les pionniers de la biolo- de sable. Mais il n’est pas rare que les ani- différence des poissons, le lancelet préfère précédent l’arbre de l’évolution. Ce sède-t-elle en double exemplaire les gie du développement appliquée à maux qu’étudie son équipe – échinides et as- une eau sale, épaissie et verdie par les travail devrait présenter un autre organes des sens ? Plus fondamen- l’évolution. Leurs cobayes sont des orga- téries autant qu’entéropneustes – meurent algues ! avantage, celui de nous permettre talement encore : comment se fait-il nismes marins peu communs tels sans raison apparente, comme en témoigne Quand ces créatures survivent, le spectacle de comprendre la façon dont le que tous les organismes multicellu- qu’échinides, tuniciers, amphioxus ou enté- la puanteur d’organismes en décomposition est parfois fascinant. Andrew Cameron, de processus de développement a lui- laires – de la fourmi à l’éléphant – ropneustes. Des êtres extrêmement bizarres, qui saisit le visiteur à l’entrée du laboratoire. l’Institut californien de technologie à Pasade- même évolué. se développent de façon aussi effi- encore mal connus, mais qui, du point de D’autres organismes sont plus compliqués na, étudie le développement de l’oursin de- Nous serons, enfin, en mesure cace et fiable à partir d’une seule vue de l’évolution, sont les plus proches pa- à élever, explique Lowe. C’est le cas, par puis vingt ans. La larve de cet échinide nage de répondre, par exemple, à la cellule microscopique, l’œuf ? rents des vertébrés auxquels nous apparte- exemple, des tuniciers, de la famille des lar- librement dans la mer, où elle subit une série question de savoir comment une C’est le type de questions que nons et peuvent donc livrer des informations vacées. Ils ressemblent à de minuscules tê- de transformations dont les zoologistes forme complexe de vie animale est posent même les enfants, et que les importantes par rapport à notre propre évo- tards, de la taille d’un grain de riz, et vivent commencent seulement à percer le mystère, apparue il y a cinq à six cent mil- biologistes n’ont cessé de soulever lution. chacun dans la coque qu’ils sécrètent, après plus d’un siècle de recherches. Puis le lions d’années. Ou comment il se avant Darwin. Existe-t-il des lois de La plupart des généticiens travaillent sur composée d’un mucus poisseux à travers le- miracle se produit : l’adulte tout entier, qui se fait que l’homme et le chimpanzé, la forme, ou des lois du développe- des animaux comme la mouche du vinaigre quel passe le plancton dont ils se nourrissent. forme à partir d’un petit groupe de cellules qui partagent tant de gènes, ont un ment ? Comment le développement Drosophila melanogaster, ou une espèce de Ces organismes se trouvent parfois en grand sur le flanc de la larve, est projeté au loin, aspect et un comportement totale- d’un individu est-il lié à l’évolution ? grenouille du nom de Xenopus laevis. Pour- nombre dans la mer, mais ils sont difficiles à comme l’extraterrestre du film Alien qui jaillit ment différents. Le XXIe siècle sera Comment se fabriquent les bébés ? quoi ceux-là et pas d’autres ? Tout simple- garder en aquarium. Au moindre contact, le du ventre de John Hurt. Dans son laboratoire celui d’une autre révolution dans Ces interrogations – auxquelles la ment parce qu’ils sont faciles à garder en mucus colle au verre des parois et l’animal en sous-sol – où Morgan travaillait autrefois la compréhension biologique, qui sélection naturelle a bien du mal à captivité et qu’ils s’y reproduisent bien. C’est meurt. Seule solution : un dispositif sur la mouche du vinaigre –, Cameron élève ira bien plus loin que la révolution répondre autrement que par des af- loin d’être le cas de l’entéropneuste. Ce ver complexe qui fait circuler l’eau pour empê- des larves sur le point de devenir adultes. Il darwinienne. firmations vagues fondées sur une fait un piètre animal de laboratoire : il ne se cher l’organisme de se poser. Les éleveurs de s’apprête à observer la succession complexe plausibilité subjective – sont au reproduit qu’en certains lieux et à certaines ces bizarreries vivantes apprennent sur le tas. des événements qui se produisent alors, épo- Henry Gee cœur de la biologie du développe- époques de l’année ; ses larves évoluent dans On pourrait, à cet égard, citer le cas du lance- pée pour origami en quatre dimensions sur ment et de l’évolution ; l’« évode- la mer en toute liberté, alors que l’animal let ou amphioxus (Branchiostoma), sorte de un animal de la taille d’un grain de poussière ૽ Page réalisée par les rédactions vo » pour les chercheurs... adulte s’enfouit profondément dans le sable filet d’anchois translucide de quelques centi- et d’une beauté exquise. Ce processus – qui du Monde, d’El Pais et de L’un des pionniers de cette disci- ou la vase et présente une fâcheuse tendance mètres de long très prisé des laboratoires car défie encore l’explication – continue de le la revue scientifique internatio- pline naissante est sans doute le à partir en morceaux quand on le manipule. il est l’invertébré le plus proche des verté- fasciner. nale Nature. biologiste anglais William Bateson, Chris Lowe, de l’université de Californie à brés. Des générations de zoologistes se sont Traduction de l’anglais par qui, dès la fin du XIXe siècle, saisit la Berkeley, a néanmoins relevé le défi. Dans demandé pourquoi il ne survivait guère en H. G. Sylvette Gleize « Evodevo », une discipline « créative » en quête d’une « preuve inatteignable » FAUTE de terme plus adéquat, comptent le nombre de véhicules grenouille. Dès que l’on s’éloigne plus les fonctions de ses gènes sont fondamentale en biologie » sera sans las, même à ce stade, et pas plus les spécialistes ont pris l’habitude rouges ou verts, essaient de savoir de ces modèles, on ne dispose – au nombreuses et diversifiées. Dans le doute nécessaire pour débrouiller que l’évolution ou la biologie de l’appeler « évodevo ». « Il y a en- comment et pourquoi ils sont venus mieux – que de la carte du génome. processus d’évolution, « la nature cet écheveau, estime-t-il. En atten- « classiques », l’évodevo ne per- core quatre ou cinq ans, c’était plutôt là. Nous, nous ouvrons les capots et Un « moteur » dont la fonction des prend toujours la solution la plus dant, l’évodevo défriche à grands mettra pas aux scientifiques de re- péjoratif. On nous reprochait de ne nous comparons les moteurs pour en « pièces » est encore largement parcimonieuse. Elle ne crée pas de traits. « Un peu comme la biologie constituer avec certitude l’histoire faire sérieusement ni de la biologie tirer des enseignements. Mais nous ignorée. C’est à partir de cela que gène, mais assigne de nouvelles fonc- de l’évolution il y a une trentaine de la vie. du développement, ni de l’évolu- ne savons pas vraiment comment travaillent les tenants de l’évodevo. tions à ceux dont elle dispose ». Ré- d’années. » Loin d’être découra- « Supposez que, dans deux siècles, tion », se souvient Denis Duboule fonctionne le carburateur. » Et c’est sultat : des gènes qui, chez des êtres geante, cette situation lui paraît sti- on réussise, par un bricolage de labo- (département de zoologie et de là tout le problème. UN DÉFRICHAGE À GRANDS TRAITS relativement rudimentaires comme mulante : « Pour l’instant, l’évodevo ratoire, à recréer un vertébré à partir biologie animale, université de Ge- Certes, hormis quelques « inté- « Quand, chez la drosophile, vous les bactéries, ne commandent que produit énormément d’hypothèses, de l’animal qui le précède dans l’évo- nève), l’un des pionniers de cette gristes » de l’orthodoxie darwiniste, avez compris comment fonctionnent quelques « opérations », en ar- mais peu de faits. Mais c’est juste- lution, explique Denis Duboule. On nouvelle discipline. Il est vrai que la tout le monde admet désormais les gènes qui commandent la forma- rivent, chez les vertébrés à interve- ment ce qui donne son côté poétique pourra en déduire que le mécanisme démarche avait de quoi choquer que la sélection naturelle ne suffit tion des membres, vous pouvez aller nir dans une foultitude de situa- à notre discipline. La créativité per- génétique ayant abouti à ce résultat tout autant les généticiens « clas- pas pour expliquer l’évolution et voir ce qui se passe chez le poisson tions, du développement de sonnelle du chercheur y garde une est probablement similaire à celui siques » que les évolutionnistes tra- que la part manquante de la théorie qui n’a pas de pattes, explique Denis l’embryon à la communication cel- place importante. » que la nature a mis en œuvre. Mais ditionnels... sera probablement fournie par la Duboule. Mais vous en êtes pour lulaire de l’adulte. « Evidemment, Dans un premier temps, ces tra- sans aucune certitude : il est impos- « En introduction de mes cours, génétique. Mais les outils néces- l’instant réduit à faire des comparai- quand vous tapez là-dedans, vous se- vaux peuvent fournir des pistes de sible de remonter le temps ; de dé- j’ai l’habitude de comparer l’étude saires pour défricher ce champ sons. Pour aller plus loin, il faudrait mez un désordre indescriptible, sou- recherche aux disciplines plus tradi- rouler le film à l’envers. » En sup- des organismes vivants à celle des vierge font encore largement dé- connaître le fonctionnement intime ligne Denis Duboule. C’est sans tionnelles, abattre les frontières plantant leurs prédécesseurs, les voitures », explique le chercheur ge- faut. Les quelques données un peu des gènes de développement du pois- doute la raison pour laquelle les or- entre ces dernières, ouvrir les es- organismes nouveaux les font évi- nevois. « Les biologistes à l’ancienne précises sur le fonctionnement in- son » et de ceux des autres animaux ganismes complexes évoluent plus vo- prits. Dans un second temps, le but demment disparaître. Et, « faute de décortiquent le moteur pour tenter time des gènes restent, le plus intéressants du point de vue de lontiers par sauts que les organismes est, évidemment, d’arriver à l’évo- traces, la preuve restera donc à ja- d’en comprendre le fonctionnement. souvent, limitées aux modèles ani- l’évolution. simples. » lution expérimentale. Pratiquer des mais inatteignable ». Les évolutionnistes classiques consi- maux favoris des chercheurs Pour accroître encore la diffi- « Un investissement d’une bonne manipulations génétiques pour dèrent l’ensemble du parking, comme la mouche drosophile ou la culté, plus l’animal est complexe, dizaine d’années dans la recherche faire évoluer des organismes. Hé- Jean-Paul Dufour LeMonde Job: WMQ2502--0028-0 WAS LMQ2502-28 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:35 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0461 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 AUJOURD’HUI-SPORTS Sur un pré détérioré, les Bleus ont souffert pour mater la Pologne Vainqueurs (1-0), grâce à un but de Zinedine Zidane en fin de partie (88e), les joueurs de l’équipe de France de football ont affirmé que le très mauvais état de la pelouse du Stade de France expliquait, en grande partie, la piètre qualité de la rencontre Il aura fallu attendre la 88e minute de jeu, (10 juin au 2 juillet). Le but a été inscrit par a éclaté entre les joueurs, peu satisfaits de la a affirmé Bixente Lizarazu, avant que le sé- reconnaissant toutefois que la succession de mercredi 23 février, pour voir l’équipe de Zinedine Zidane, qui a repris victorieuse- qualité de la pelouse du Stade de France, et lectionneur national, Roger Lemerre, re- manifestations de sport-spectacle et le France venir à bout de la sélection polo- ment un coup-franc contré, qu’il avait lui- le responsable du consortium Bouygues- connaisse qu’il était « impossible de jouer à match France-Angleterre de rugby, samedi naise, au terme d’une rencontre amicale en même tiré à l’entrée de la surface de répara- SGE-Dumez gérant le site, Gaëtan Des- une touche de balle ». Gaëtan Desruelles 19 février, avaient tout de même contribué à vue du championnat d’Europe des nations tion adverse. Après le match, une polémique ruelles. « La pelouse était catastrophique », s’est inscrit en faux contre ces déclarations, détériorer la surface de jeu.

REVERRA-T-ON un jour l’équipe Bouygues-SGE-Dumez qui exploite impartial. Je n’ai entendu personne de France de football disputer ses l’équipement, la sévérité des cri- au sein du XV de France formuler le matches au Parc des Princes ? Pour tiques formulées par les joueurs de moindre commentaire sur la pelouse saugrenue qu’elle soit, cette idée a l’équipe de France est dispropor- du stade du Millennium de Cardiff, été lancée, mercredi 23 février, par tionnée. « Les footballeurs polonais, alors que ce fut un véritable champ le patron de la sélection cham- qui ont pourtant l’habitude de jouer de labour pour le premier match du pionne du monde, son capitaine sur des champs de bataille, n’ont pas Tournoi des six nations, ainsi que Didier Deschamps. L’homme aux eu l’indécence de se plaindre, eux », pour la finale de la Coupe du 90 sélections n’a pas mâché ses a-t-il indiqué au Monde après la monde », insiste Gaëtan Desruelles. mots pour déplorer le mauvais état rencontre. Tout en admettant que Le directeur du Stade de France de la pelouse du Stade de France, « la pelouse n’est actuellement pas reconnaît néanmoins que les deux théâtre du match amical contre belle », Gaëtan Desruelles ne la événements de sport-spectacle qui l’équipe nationale de Pologne. «Il juge pas aussi désastreuse qu’ont ont été organisés en début d’année est inadmissible de nous faire jouer bien voulu le dire les champions du – un festival de surf des neiges, le sur un terrain qui vient d’accueillir monde : « Elle est en meilleur état 29 janvier, et une course de voi- un match de rugby. Même si je ne que de nombreuses pelouses du tures sur un anneau de glace, le fais pas partie des joueurs les plus championnat de France, comme 12 février – ont également participé techniques, il n’est pas normal d’évo- celle de Monaco, par exemple. Mais à la détérioration de la surface ga- luer sur une pelouse de si mauvaise les joueurs n’expriment pas autant de zonnée. « Le jour où on ne fera que qualité. Il y a, chez nous, des joueurs reproches. Je rappelle également que du foot et du rugby au Stade de qui ne peuvent pas s’exprimer sur un nous sommes en plein hiver, et qu’il France, la pelouse sera impeccable.

terrain comme celui-là », a fustigé HERTZOG/REUTERS PATRICK est impossible que les terrains soient Aujourd’hui, j’ai pour obligation Didier Deschamps, avant de lâ- La joie de Zinedine Zidane, buteur providentiel de l’équipe de France. en parfait état pendant cette d’accueillir d’autres manifestations cher : « S’il le faut, nous sommes période. » et de donner à ce stade un caractère prêts à retourner au Parc. » dane. Frank Lebœuf s’est fait plus lémique sur la santé de la pelouse nors du football européen ? Sur un polyvalent », continue-t-il, rappe- Le milieu de terrain du club lon- virulent : « A chaque passe, on se du Stade de France (Le Monde du gazon parfaitement plat et sans re- TÉLESCOPAGE lant ainsi qu’il attend toujours d’ac- donien de Chelsea ne fut pas le demandait si le rebond allait être 10 novembre 1997), ce florilège de bond capricieux, les aurait-on vus Gaëtan Desruelles n’est pas loin cueillir un club résident dans ses seul, mercredi soir, à exprimer sa pour nous. Nous ne pouvions pas réprobations n’est pas sans soule- effectuer une première mi-temps de penser que la dégradation du murs. désolation sur l’état d’un terrain donner de la vitesse au jeu, ce qui est ver des questions. Doit-il être inter- d’une autre tenue que celle réalisée gazon du Stade de France était iné- Les Bleus, eux, seront de retour à qui, quatre jours après le rugueux habituellement notre point fort. prété comme une précieuse excuse mercredi soir, et qui leur valut de se vitable. « Ce n’est pas ma faute si le Saint-Denis le 26 avril, pour rece- France-Angleterre du Tournoi des Quand vous voyez Zidane aligner afin d’expliquer la prestation miti- faire copieusement siffler par le pu- télescopage des calendriers interna- voir la Slovénie, à l’occasion d’un six nations, était loin d’avoir pansé trois contrôles de suite pour conser- gée des champions du monde, mer- blic ? Avec de meilleurs appuis au tionaux fait qu’un match de l’équipe nouveau match amical de prépara- ses plaies. ver le ballon dans ses pieds, c’est qu’il credi soir à Saint-Denis ? Sur une sol, auraient-ils enflammé les gra- de France de rugby est programmé tion à l’Euro 2000. Les jardiniers du « La pelouse était catastro- y a un problème. » Même l’entraî- pelouse en parfait état, les Bleus dins d’un bout à l’autre de la ren- juste avant un match de l’équipe de Stade de France ont deux mois phique », a commenté Bixente Li- neur des Bleus, Roger Lemerre, a auraient-ils battu plus largement contre, et non pendant une ving- France de football », se justifie-t-il, pour redonner son aspect d’origine zarazu. « Il était vraiment difficile de apporté sa voix au tollé général en que par 1-0 – but de Zinedine Zi- taine de minutes en seconde oubliant que les rugbymen français à la pelouse endolorie. Et prier donner un spectacle de qualité aux indiquant qu’« il était impossible, ce dane à la 88e minute – cette équipe mi-temps ? s’étaient plaints, eux aussi, de glis- pour que le printemps soit clément. 70 000 personnes présentes ce soir », soir, de jouer à une touche de balle ». de Pologne qui ne figure plus, de- Pour Gaëtan Desruelles, le direc- sades répétées sur le pré dionysien. a regretté sobrement Zinedine Zi- Tout en réactivant une vieille po- puis fort longtemps, parmi les té- teur général du consortium « Là encore, je voudrais que l’on soit Frédéric Potet

Saint-Denis n’est pas Paris e La finale de la Ligue des champions se déroulera au Stade de Pour sa 50 cape, Zinedine Zidane a signé de son talent pur le succès des Bleus France le 24 mai. Mais dans quelle ville aura lieu l’événement ? La « ZIDANE fait peur. » C’est une sombre pré- cours des Bleus lors des éliminatoires du voltes en première mi-temps, les Français ont, question peut paraître étrange. Elle est pourtant au cœur d’un monition qui a encouragé Jerzy Engel à décer- championnat d’Europe 2000 a tenu du chemin ensuite, retrouvé leurs vertus rédemptrices, conflit opposant le député et maire de Saint-Denis, Patrick Braoue- ner au meneur de jeu de l’équipe de France de croix, les absences pour blessures de Zine- comme s’ils avaient voulu condenser en zec (PCF), à l’Union européenne de football (UEFA), maître d’œuvre un brevet d’envoûteur. Le nouveau sélection- dine Zidane n’y sont évidemment pas étran- quatre-vingt-dix minutes espoirs et désespoirs de la compétition. Dans ses différents logos, brochures et affiches neur polonais, déjà lesté de deux défaites (0-3 gères. Pour preuve, ces piètres performances d’une année. Une frappe trop enlevée mais édités dans la perspective de la finale, l’UEFA a en effet décrété que en Espagne avant le 0-1 devant la France), ne au Stade de France face à l’Ukraine (0-0) et à pleine de culot (51e minute) a sonné le début le match se déroulerait à Paris, jugeant sans doute que le nom de s’est pas égaré. Le pouvait-il au regard des la Russie (2-3) ou encore la victoire accablante de la fin des illusions polonaises. Déporté sur Saint-Denis n’était pas suffisamment évocateur. Mécontent, Patrick dernières productions de Zinedine Zidane (1-0) contre Andorre à Barcelone. A l’inverse, l’aile droite ou embusqué sur le flanc gauche, Braouezec est monté au créneau et a fait savoir, via la Fédération avec la Juventus Turin ? Non, bien sûr, et comme par hasard, le no 10 de l’équipe de Zinedine Zidane finit par trouver les espaces. française de football (FFF), qu’une correction s’imposait. L’UEFA au- puisque le talent pur marque davantage en- France a siglé de son double Z les succès en Floués par ses contre-pieds, éreintés par ses rait finalement entendu le message. La mention « Paris - Saint-De- core les esprits en ces temps où la plupart des Russie (2-3), en Angleterre (0-2), en Arménie accélérations, les défenseurs polonais ont nis » devrait figurer sur les documents à venir. entraîneurs se soucient avant tout de cade- (2-3) et le décisif 3-2 aux dépens de l’Islande. quitté le pré, avachis. nasser le jeu. Cruel épilogue que ce coup franc concédé à A ses détracteurs, Engel pourra rétorquer ENTRAÎNEUR ESTOMAQUÉ vingt mètres du sanctuaire. Cruel quand on Les autres matches amicaux que le commun des mortels est démuni face à Requinqué par un mois de vacances à l’été connaît l’habileté de Zidane à transformer ces une intelligence supérieure. Le Brésil l’apprit 1999, Zinedine Zidane a tout naturellement offrandes en but. En s’élevant du mur, Piotr L’Allemagne s’est inclinée face Italie-Suède 1-0. à ses dépens, le 12 juillet 1998, en cédant la retrouvé ses sensations techniques. Mieux, et Swierczewski repoussait la sphère, qui décrivit aux Pays-Bas (2-1), mercredi b A Charleroi (Belgique), Coupe du monde à l’équipe de France subli- ce n’était pas évident, il a estomaqué son en- alors une lente courbe avant d’être reprise de 23 février, lors d’une rencontre Belgique-Portugal 1-1. mée par son stratège-buteur. Depuis, l’artiste traîneur, Carlo Ancelotti, qui ne se serait pas volée du droit par le Français. Le ballon cin- amicale, jouée à Amsterdam. Les b A Izmir (Turquie), se fit plus économe dans la distribution des cabré si son président lui avait imposé en glait entre Jacek Bak et Tomasz Waldoch buts néerlandais ont été inscrits Turquie-Norvège 0-2. coups d’éclat. Pour trois raisons, au moins. août le transfert du Francese au Real Madrid. avant de secouer les filets (88e). Roger Le- par Patrick Kluivert (15e) et b A Split (Croatie), Il y eut d’abord l’inévitable décompression De départ, il n’en est plus question au- merre dut alors se contenir pour ne pas ac- Boudewijn Zenden (28e), et le but Croatie-Espagne 0-0. qui saisit l’âme et engourdit l’organisme. En jourd’hui, alors que quatre de ses buts courir sur la pelouse souffreteuse. Le sélec- allemand par Christian Ziege b A Kalamata (Grèce), contractant, on pourrait définir ce drôle d’état viennent tout juste de conforter la première tionneur, qui a misé sa chemise et plus sur le (22e). Avec 144 capes, le défenseur Grèce-Autriche 4-1. comme le blues du héros. Ensuite, il a fallu ac- place des Turinois dans le championnat d’Ita- maintien des champions du monde à l’Eu- allemand Lothar Matthäus, b A Haïfa (Israël), compagner le déclin de la Juventus en crise lie. « Je me sens revivre actuellement, j’ai ro 2000, sait que le génie de son stratège 38 ans, a battu le record mondial Israël-Russie 4-1. sportive quasi permanente durant la saison conscience d’apporter un plus, admet le joueur. maintient à lui seul le frêle édifice menacé par de sélections que détenait le b A Skopje (Macédoine), 1998-1999, avec comme point d’orgue une éli- J’ai retrouvé la confiance qui m’habitait quand l’érosion. Cinq trentenaires (Laurent Blanc, gardien de but suédois Thomas Macédoine-Yougoslavie 1-2. mination saumâtre face à Manchester United j’étais aux Girondins de Bordeaux. J’espère sim- Marcel Desailly, Didier Deschamps, Youri Ravelli. b A Luxembourg, en demi-finales de la Ligue des champions. plement que je vais pouvoir conserver cet état Djorkaeff et Bixente Lizarazu) figuraient dans b A Amsterdam (Pays-Bas), Luxembourg-Irlande du Nord 1-3. Ultime avatar, une succession d’ennuis mus- de forme jusqu’en juin, quand débutera l’Eu- l’équipe de départ, mercredi. Avec ses vingt- Pays-Bas - Allemagne 2-1. b A Budapest (Hongrie), culaires l’a empêché de monter en puissance. ro 2000. » sept ans et toutes ses inspirations, « ZZ » n’a b A Dublin (Eire), Hongrie-Australie 0-3. Sans son « pilote », occupé à traverser le En cette soirée mémorable (celle de sa pas fini de faire peur. Eire-République tchèque 3-2. b A Londres (Angleterre), désert, l’équipe de France faillit perdre son 50e sélection), Zinedine Zidane ne pouvait b A Palerme (Italie), Angleterre-Argentine 0-0. aura et Roger Lemerre son chapeau. Si le par- rester sur un demi-échec. Amorphes et désin- Elie Barth Le Néo-Zélandais Russell Coutts place la barre très haut dans la Coupe de l’America

AUCKLAND d’or olympique en 1984 (en solitaire, bateau, dirige l’équipage et travaille en de gagner une nouvelle Coupe. » pour son entourage proche. Assez fêter son trente-huitième anniver- de notre correspondante sur Finn) et détenteur du titre de étroite coopération avec les régleurs Mais il ne doute pas pour autant de convivial en temps normal, il est de- saire, le 1er mars, avec sa deuxième Un long nez fin, un menton ambi- champion du monde de match-racing pour s’assurer de la vitesse optimale ». la richesse des ressources. « J’ai de venu, à l’approche de la Coupe de victoire en Coupe de l’America, ce tieux et des yeux qui disparaissent dès à trois reprises (1992, 1994 et 1996). A terre, il est en fait le chef des ma- quoi déployer chaque jour deux équi- l’America, quasi inaccessible. Même trophée suprême que d’autres marins qu’ils sourient, le visage de Russell Harold Bennett, aujourd’hui direc- rins. C’est lui qui décide chaque jour pages complets du meilleur niveau chez lui, avant la course, il a passé des ont passé leur vie entière à convoiter. Coutts est étonnant. Le skipper-bar- teur de course, fut son entraîneur et des hommes qu’il emmène avec lui. Il mondial. Et je pourrais confier à 90 % nuits entières à regarder des vidéos Souvent en vain. reur de Team-New-Zealand a la répu- se souvient de son incroyable esprit affirme avoir privilégié l’ancienne de mes équipiers la barre pour le dé- de régate, presque obsédé par tation d’être humain... et mystérieux. de compétition. garde (treize de ses quinze acolytes part, confiant d’obtenir un bonne per- l’épreuve prochaine. Au soir de la Florence de Changy Il est sans doute l’arme la plus redou- A bord de Team-New-Zealand, le sont des anciens des défis précédents) formance », dit-il. Etait-ce une ma- première victoire des Néo-Zélandais table que les Néo-Zélandais ont à leur nouveau bateau noir, la description pour des raisons humaines. « Vu l’âge nière peu délicate de dire que sur Luna-Rossa, il avait choisi de ne disposition pour garder la Coupe de de son poste indique qu’il « barre le de certains, c’est leur dernière chance n’importe lequel de ses winchers pas se rendre à la conférence de a LOTO : résultats des tirages no 16 l’America contre les Italiens de Prada pourrait donner du fil à retordre à presse, car il avait « des choses plus effectués mercredi 23 février. Pre- Challenge. Francesco De Angelis ou simplement importantes à faire ». mier tirage : 2, 12, 17, 18, 30, 39 ; nu- Mardi, lors de la deuxième régate, il Report de la troisième régate une déclaration sincère de confiance Pour le moment, son seul objectif méro complémentaire : 42. Pas de ga- a fait une éloquente démonstration dans son équipage ? – et ceux qui le connaissent gnant pour 6 numéros ; 5 numéros et de ses talents. Arrivé sans la priorité La troisième régate de la Coupe de l’America a été reportée faute de confirment qu’il n’en a jamais deux à le complémentaire : 1 150 475 F dans la zone de prédépart, Russell vent, jeudi 24 février, à Auckland. Harold Bennett, le président néo-zélan- DEUX SKIPPERS DE TALENT la fois – est de garder la Coupe de (175 388 ¤) ; 5 numéros : 9 445 F Coutts a repris l’avantage sur l’adver- dais du comité de course, a expliqué que si les 5 à 9 nœuds (9 à 15 km/h) en- Un peu des deux, sans doute, car l’America. « A l’approche d’une (1 439 ¤) ; 4 numéros et le complé- saire en une série de passes fulgu- registrés auraient pu permettre la navigation, il avait estimé que la direc- l’homme est plus célèbre pour ses compétition, ce qui peut être trois mois mentaire : 306 F (46,64 ¤); 4numé- rantes et parfaitement effectuées ; un tion et la force du vent n’étaient pas suffisamment stables sur l’ensemble gaffes que pour sa délicatesse. Il a à l’avance l’horizon de Russell se re- ros : 153 F (23,32 ¤) ; 3 numéros et le peu comme un échec et mat fou- de la zone pour lancer la course. Les deux défis, Team New Zealand et Pra- toutefois laissé entendre qu’il pour- ferme petit à petit et passe de 360 de- complémentaire : 30 F (4,57 ¤); 3nu- droyant. En quarante-cinq secondes, da Challenge, avaient donné leur accord pour patienter jusqu’à 16 heures rait céder la barre à Dean Barker, son grés à 5 degrés à peine quand la course méros : 15 F (2,28 ¤). Second tirage : l’avantage était pris. « Ne vous atten- (heure locale) – contre les 15 heures prévues par le règlement –, avant de poulain, dont il parle en termes des arrive », affirme un de ses amis-admi- 1, 5, 10, 37, 38, 44 ; numéro complé- dez pas à voir un plus beau départ que renoncer. plus élogieux. Les talents des deux rateurs. Russell Coutts n’aime pas mentaire : 2. Rapports pour 6 numé- celui-là d’ici à la fin de la course », L’équipe italienne a publiquement regretté l’annulation de la course skippers, que douze ans d’expérience que l’on s’intéresse à sa vie privée ni ros : 6 337 465 F (966 140 ¤) ; 5 numé- avait alors commenté, admiratif, Pe- alors que Hamish Willcox, son responsable météo néo-zélandais, a prévu séparent, se sont aiguisés l’un à même à lui en dehors de ses perfor- ros et le complémentaire : 68 220 F ter Blake, le patron du syndicat néo- des conditions similaires dans les « sept prochains jours ». En raison d’un l’autre pendant toute la période de mances sportives. Sa femme comme (104 00 ¤) ; 5 numéros : 7 255 F zélandais. programme quasi immuable, établi en fonction des exigences de la chaîne préparation en interne. ses amis ont consigne de ne pas par- (1 106 ¤) ; 4 numéros et le complé- Personne n’a jamais douté des ca- de télévision américaine ESPN, détentrice des droits, la prochaine régate De nature timide, Russell Coutts ler. mentaire : 302 F (46,03 ¤); 4numé- pacités du « Petit Russell » (1,79 m), n’est pas prévue avant samedi 26 février, à partir de 13 h 15 (heure locale). est, au premier abord, aimable, gentil Au vu de la supériorité pour l’heure ros : 151 F (23,01 ¤) ; 3 numéros et le champion du monde juniors de L’Américain Bob Rice, météorologiste de Team New Zealand, a estimé même. Mais certains aspects du per- affichée en tout point par Team New complémentaire : 30 F (4,57 ¤); 3nu- match-race à dix-huit ans, médaille que les conditions seraient alors « sûrement » favorables à la course. sonnage restent énigmatiques, même Zealand, Russell Coutts pourrait bien méros : 15 F (2,28 ¤). LeMonde Job: WMQ2502--0029-0 WAS LMQ2502-29 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 09:08 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0462 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-TAUROMACHIE LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 29 Le cheval qui aime les toros Lors d’une corrida à Mexico, Pablo Hermoso de Mendoza et sa monture Cagancho ont offert aux quarante mille spectateurs un jeu parfait MEXICO Ils ne les tuent pas en piste. Une cette amitié (de Lascaux à La Fon- de notre envoyé spécial équipe de valets de ferme en cos- taine en passant par le Mino- Cagancho est un des plus bril- tume de « meunier-tu-dors » (les taure) : la question, pour qui lants toreros actuels. Cagancho est forcados) les évacuent héroïque- connaît les règles de l’abattoir un cheval. Cagancho est le cheval ment à mains nues en se jetant moderne et de la pêche indus- vedette de Pablo Hermoso de dans les cornes, après une danse trielle, c’est de se mettre nu devant Mendoza. Cagancho est le nom rituelle qui est une des plus un toro de 600 kilos, nu et à pied, historique d’un torero gitan, fils de poignantes naïvetés que l’on et de pouvoir le tuer. Cantaor, mort au Mexique. Noir de connaisse. Le second toro de Pablo Her- poil, d’une tête et d’un regard sai- Les Espagnols ont repris, avec moso de Mendoza, samedi sissants, vif, sarcastique, suprême- des toros dont il est admis qu’ils 5 février, dans la Monumental de ment élégant, Cagancho-le-cheval puissent être épointés, les trois Mexico qu’on appelle au féminin aime les toros, aime les toréer. Les temps rituels du combat et les « la Mejico », devant quarante chevaux, le plus souvent, en ont mille témoins éberlués, courait peur. Cagancho n’a pas cette peur. comme court un toro brave de On vient voir courir Cagancho, on Noir de poil, d’une Garfias. Son nom, Preferido, vient pour Cagancho, depuis cinq Cagancho l’a senti. Le premier che- ou six ans, avec la ferveur que l’on tête et d’un regard val de Pablo Hermoso de Men- GUILLERMO GRANADOS/EL UNIVERSAL met à voir monter Pablo Hermoso doza, Chicuelo, a presque cédé un On vient voir Cagancho avec la ferveur que l’on met à voir monter Pablo Hermoso de Mendoza. de Mendoza. saisissants, vif, instant sous la charge. En une Pablo Hermoso de Mendoza geste de vitesse, de précision, de luxe, immensité de silence et de le plus régulier des toreros espa- Mexico, les 5 et 6 février, reste la n’est ni portugais ni andalou. Ce sarcastique, drame suprême entre Cagancho et nature, est le lieu où naissent et gnols aujourd’hui, a montré, sans préfiguration de la temporada sont les cavaliers portugais, à la Preferido, passant dans tous les grandissent pendant cinq ans les conclure, la plénitude d’un art qui européenne. L’image qui subsiste suite du marquis de Castello Mel- suprêmement terrains, les plus compromis (il est, toros de combat. Pepe Garfias, s’approfondit d’année en année. Le n’a rien à voir avec la science, c’est hor et Fernando Oliveira – tué en dans le rond d’une arène, des « ter- l’éleveur de Preferido, devant qui jeune Mexicain Garibay, une éten- celle de Cagancho, monté, comme plaza de Lisbonne, le 12 mai 1904 –, élégant rains » où même le diable ne pour- se sont illustrés Cagancho et Pablo due de savoir et de sérénité qui fait sur les étranges figures de Frago- qui ont illustré l’art de toréer à che- rait se faufiler), Pablo Hermoso de Hermoso de Mendoza, élève sur de lui la promesse de la saison. nard (l’autre, le cousin du peintre, val. A partir de 1921, Antonio Mendoza a donné le jeu le plus des milliers d’hectares huit cents Le lendemain, dimanche l’anatomiste de Maisons-Alfort), Cañero, un Cordouan professeur tuent soit d’un rejon de mort, ce complet, le plus alerte, le plus géo- vaches de ventre, sort, en une 6 février, Manuel Caballero devant par un Pablo Hermoso de Men- de cavalerie, adapte l’art du rejoneo qui est presque impossible, le plus métrique qu’on ait jamais vu (deux dizaine de corridas par an, les seuls les toros de Xajay, dont l’éleveur doza supérieur et capable d’offrir à pour l’Espagne. Les cavaliers por- souvent à pied, comme des tore- oreilles et la queue) : personne ne toros à être tués en plaza, et tout est l’architecte Javier Sordo, a, un toro de combat ce que l’on tugais portent l’habit de Louis XV : ros. Cet ensemble de considéra- peut savoir à quel point, s’il n’est un bétail qui finit comme finissent triomphe en main, prouvé qu’il est appelait pour l’honnête homme du les Espagnols, le costume du tions plus quelques autres font que allé dans le campo – mais ne vont les bêtes d’abattoir. le joker le plus solide, le plus XVIIe siècle une « belle mort » campo, celui de la campagne où le public sensible préfère souvent dans le campo que les hommes à Lors de cette même corrida du déluré, de ce qui s’annonce (trois – mais terriblement vivant. l’on conduit les toros à cheval la tauromachie à cheval, alors que cheval et les toreros. 5 février à la Mejico, Enrique oreilles, sorties en triomphe). Telle – cache-poussière, gilet court et les taurinos (taurins) s’en Le campo, dernier élevage de Ponce, pour ses dix ans de carrière, est la science. Francis Marmande chapeau plat de Cordoue. déprennent en raison du manque Pablo Hermoso de Mendoza est d’intégrité du toro. Et parce qu’ils navarrais, natif de la commune ne connaissent rien au cheval. d’Estella, d’où viennent les chan- Pablo Hermoso de Mendoza met teuses, non loin de Pamplona. tout un chacun d’accord. Le fait Après la Péruvienne Conchita Cin- qu’il soit navarrais n’est pas indif- tron, les père et fils Domecq, les férent. On prête aux Navarrais frères Peralta et autres Bohorquez, cette priorité d’avoir, avec les contemporain de Mari Sara, Pablo Arabes d’Andalousie sans doute, Hermoso de Mendoza est consi- affronté les toros à pied. La ques- déré comme le cavalier le plus bril- tion, pour qui a connu la cam- lant de tous les temps des toros. pagne ancienne, le poulet du On vient voir le toro, Mendoza et dimanche et la mort du Cochon Cagancho. (premier film de Jean Eustache en Les Portugais courent en un Ardèche), l’amitié des hommes et cercle réduit qui limite les distrac- des bêtes du temps qu’on leur don- tions. Leurs toros sont emboulés. nait un nom, la frayeur intime de Les contrats d’El Juli trop élevés pour la feria de Valence MEXICO d’amour, par un spécialiste de de notre envoyé spécial patinage artistique. Polémique, dans la Mejico, un L’exigence financière du Juli a groupe crie : « Où il est, El Juli ? » quelque chose de sinistre, de L’autre répond en face : « Avec son cynique et de vrai. Au même papa ! » Les arènes les plus moment, un manager particulière- grandes du monde, imaginées par ment intelligent, mais troublant Neguib Simon, l’architecte vision- par ses méthodes, Martin Arranz, naire du Yutacan, n’ont pas pour annonce que ses trois vedettes, leur quarante-sixième anniver- Joselito, dont c’est le retour, José saire (samedi 5 février) accueilli le Tomas, qui a triomphé à Madrid en jeune prodige, dont les prix 1999 et vient de se laisser pousser montent vertigineusement à la barbe (que barbaridad !), et mesure que sa gloire descend, Pablo Hermoso de Mendoza ne bien qu’il reste vraiment doué. Il toréeront plus devant la télévision. est surtout doté d’un père qui D’où leur absence des Fallas de exige des contrats impossibles. El Valence dont les contrats sont déjà Juli est aujourd’hui le seul torero signés. Version basse : un calcul capable de remplir n’importe qui tient du potlatch et de la bra- quelle arène. La corrida raconte la vade. Version haute : un service loi du marché avec une intrépidité rendu à un exercice spirituel qui de calculette glacée. Elle la n’a rien du cirque romain, du raconte en faisant croire à sa sport ou de l’exploit. Le 18 mai vérité à elle, qui est bien réelle, à 1999, José Tomas a joué sa vie ce que les « aficionadeaux » devant un toro de respect, sous prennent pour du spectacle, les l’œil de la caméra. Pour la saison aficionados pour de la beauté, qui 2000, les télévisions se battent est là, et à ce que les taurinos pour acheter les droits avant pro- constatent. gramme et reproduire l’effarant triomphe. Tout vient de là. SINISTRE ET CYNIQUE Les taurinos (les taurins) dans Pour les Fallas de Valence (du leur cercle restreint, leur ensemble 13 au 20 mars), première feria plus large et toujours éclairé à des décisive de la saison européenne, degrés variables (les aficionados), El Juli sera encore absent. Son le public qui vient là, plus ou moins père exige le double du cachet de conquis, et les anti-taurins qui sont l’an passé, au nom de sa capacité à aux taurinos ce que ses ennemis remplir, en présence de la télévi- étaient à la pensée de Pascal, ne se sion. La télévision a rendu fou un racontent jamais d’histoires de monde qui se serait passé de ça. télévision. De José Gomez Ortega Depuis dix ans, les chaînes se mul- (mort à Talavera de la Reina en tiplient pour diffuser les corridas. 1920), il reste peu d’images et de Les droits deviennent, comme peu de qualité. Allez pourtant à la partout, l’élément prohibitif de Alameda de Hercules, à Séville, ou l’aventure. Or la télévision ne peut dans le bas du Puerto de Santa se permettre ni désastre, ni Maria, vous trouverez encore quel- médiocrité, ni ennui. Elle n’en a ques vieux peu dentés et pas mal pas le temps. Ce sont pourtant les de garçons capables d’évoquer, constantes mathématiques de la dans la rue, avec un parapluie et corrida. La plus grande violence un chapeau troué, une véronique de la télévision est aussi qu’elle aussi lente qu’il les donnait, lui, oblige à voir, elle cadre, découpe, Gomez Ortega dit « Joselito », ralentit, ce qu’un regard malade à capote en main, lorsqu’il était plusieurs (l’arène) voit sans le voir, enfant. C’est que la tauromachie voit sans être sûr de l’avoir vu, voit est question de discours, de rhéto- parfois ce qu’il n’aurait pas dû rique et de ce temps de la parole voir, manque souvent ce qu’il fal- d’avant les caméras où même les lait voir. Ne disons rien du com- bêtes parlaient. mentaire, qui ressemble toujours peu ou prou à celui d’une nuit F. M. LeMonde Job: WMQ2502--0030-0 WAS LMQ2502-30 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 13Fap: 100 No: 0463 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 AUJOURD’HUI ------(Publicité) Retour du soleil au nord 25 FEVRIER 2000 Oslo Stockholm Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Un anticyclone est au fil des heures se dessineront vers 12h00 situé de la France à la Méditerranée. l’après-midi. Les températures Un front froid ondulant est axé des maximales avoisineront 8 à 11 de- Peu Charentes aux Alpes du Nord, et les grés. Belfast nuageux pluies sont plus marquées sur l’Est. Poitou-Charentes, Aquitaine, Liverpool Dublin Sur la moitié nord, de belles éclair- Midi-Pyrénées.– Sur Poitou-Cha- Varsovie Kiev cies reviennent l’après-midi. Elles rentes, les pluies faibles du matin Amsterdam Berlin Brèves annoncent du beau temps ce week- laisseront place à un ciel très nua- éclaircies end, avec beaucoup de soleil et des geux, avec de courtes éclaircies. Ail- Londres 50 o Bruxelles températures douces pour la sai- leurs, le ciel sera très nuageux le Prague son. matin, mais le soleil fera de belles Couvert Bretagne, pays de Loire, Basse- apparitions l’après-midi. Les tempé- Paris Strasbourg Vienne Les nuages seront ratures maximales avoisineront 11 à Budapest Normandie.– Brume encore nombreux le matin, mais de 16 degrés, jusqu’à 18 degrés au sud. Nantes Berne brouillard belles éclaircies reviendront l’après- Limousin, Auvergne, Rhône- Bucarest midi. Le vent de nord-ouest sera Alpes.– Sur le Limousin, il pleuvra Lyon Milan faible. Il fera 9 à 13 degrés l’après- faiblement le matin, puis le ciel res- Belgrade Sofia Averses midi. tera nuageux, avec quelques éclair- Toulouse Istanbul Nord-Picardie, Ile-de-France, cies. Ailleurs, le temps restera cou- Pluie Centre, Haute-Normandie, Ar- vert, avec des pluies faibles et un Rome dennes.– Les nuages du matin lais- peu de neige au-dessus de Barcelone Naples seront place à de belles éclaircies 1600 mètres sur les Alpes. Il fera 10 40 o Madrid l’après-midi. Le thermomètre mar- à 14 degrés l’après-midi. Lisbonne Athènes Orages quera 9 à 12 degrés au meilleur mo- Languedoc-Roussillon, Pro- ment de la journée. vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse.– Séville Champagne, Lorraine, Alsace, Le soleil sera prédominant, avec du Tunis Neige Bourgogne, Franche-Comté.– Il vent de sud-ouest à ouest assez fort Alger pleuvra faiblement le matin, puis près des côtes. Il fera 16 à 20 degrés des éclaircies de plus en plus belles l’après-midi. Rabat 0o 10o 20o Vent fort

PRÉVISIONS POUR LE 25 FEVRIER 2000 PAPEETE 24/30 S KIEV -5/-2 * VENISE 3/9 S LE CAIRE 10/18 N Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 22/27 P LISBONNE 11/20 S VIENNE 3/8 P NAIROBI 17/30 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 23/28 S LIVERPOOL 2/8 S AMÉRIQUES PRETORIA 17/29 S EUROPE LONDRES 2/10 N BRASILIA 19/30 S RABAT 9/21 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 3/6 N LUXEMBOURG 1/7 C BUENOS AIR. 21/36 S TUNIS 8/16 S FRANCE métropole NANCY 6/10 N ATHENES 5/11 S MADRID 2/20 S CARACAS 22/27 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 2/14 S NANTES 8/12 N BARCELONE 8/17 S MILAN 3/12 S CHICAGO 6/18 C BANGKOK 26/30 P BIARRITZ 7/16 S NICE 5/15 S BELFAST 2/8 N MOSCOU -11/-7 N LIMA 20/24 P BEYROUTH 10/16 P BORDEAUX 7/16 N PARIS 8/11 N BELGRADE 0/9 C MUNICH -1/8 P LOS ANGELES 10/17 C BOMBAY 21/28 S BOURGES 9/10 N PAU 5/17 S BERLIN 2/5 N NAPLES 1/13 S MEXICO 7/23 S DJAKARTA 26/28 C BREST 6/11 N PERPIGNAN 7/18 S BERNE 2/6 P OSLO -6/2 N MONTREAL -3/2 S DUBAI 19/28 S CAEN 5/8 N RENNES 7/12 N BRUXELLES 4/7 N PALMA DE M. 4/18 S NEW YORK 6/11 C HANOI 8/13 P CHERBOURG 5/10 N ST-ETIENNE 5/12 P BUCAREST -4/3 S PRAGUE 1/5 P SAN FRANCIS. 10/14 C HONGKONG 10/15 C CLERMONT-F. 9/13 P STRASBOURG 7/11 N BUDAPEST 0/7 P ROME 4/13 S SANTIAGO/CHI 12/26 S JERUSALEM 8/17 P DIJON 7/11 P TOULOUSE 4/15 S COPENHAGUE 1/4 P SEVILLE 9/23 S TORONTO 3/8 C NEW DEHLI 9/24 S GRENOBLE 3/12 P TOURS 8/11 N DUBLIN 2/8 N SOFIA -6/1 S WASHINGTON 9/22 S PEKIN -4/6 S LILLE 5/8 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 2/7 P ST-PETERSB. -12/-7 N AFRIQUE SEOUL -7/1 S LIMOGES 7/11 N CAYENNE 23/27 P GENEVE 3/9 P STOCKHOLM -3/2 * ALGER 5/18 S SINGAPOUR 24/30 C LYON 5/12 P FORT-DE-FR. 23/27 P HELSINKI -10/-6 * TENERIFE 13/16 P DAKAR 19/24 S SYDNEY 20/26 S MARSEILLE 4/17 S NOUMEA 23/27 P ISTANBUL 2/5 N VARSOVIE 1/3 N KINSHASA 20/32 S TOKYO 0/6 S Situation le 24 février à 0 heure TU Prévisions pour le 26 février à 0 heure TU

VENTES DÉPÊCHES a NOUVELLE ÉDITION DU Meubles et objets du décorateur Jean Royère dispersés à Drouot GUIDE EMER. La bible des chineurs vient de faire l’objet d’une nouvelle édition, où, en un PLUS DE quatre-vingts meubles ban. Cettre structure commerciale, les animaux, les plantes lui ins- paires de tabourets (60 000 à soie rouge (100 000 à 120 000 F seul volume, les lecteurs ont accès et objets d’ameublement de Jean qu’il est le premier à pratiquer, lui pirent des formes vivantes et cha- 80 000 F chacune, 9 200 à 12 200 ¤) chacun, 15 300 à 18 300 ¤). La table à tous les renseignements qui ont Royère seront vendus vendredi ouvre les portes du Moyen-Orient, leureuses, mais ses pièces les plus et une console (120 000 à 150 000 F, « flaque d’eau », un modèle peu fait le succès de ce guide : 10 mars à Drouot-Montaigne. Un où il décore les palais des rois Fa- appréciées restent celles où appa- 18 300 à 23 000 ¤). Un de ses sièges édité, fait aussi partie des pièces adresses de tous les antiquaires de mois après la fin de l’exposition rouk et Hussein de Jordanie, celui raît son côté ludique. Dans cette les plus célèbres est « l’ours po- caractéristiques de Royère, pour France et d’Europe, celles des ex- qui lui a été consacrée au Musée du chah d’Iran et des demeures veine, le lampadaire « liane » ap- laire », aux formes d’une rondeur ne pas dire mythiques ; réalisée perts et commissaires-priseurs, des arts décoratifs, le moment privées. Il récidive en prenant pied partient à la série des « lianes accueillante, représenté ici par un d’après une flaque d’eau, elle offre restaurateurs d’ancien, calendrier semble bien choisi pour établir de au Brésil puis au Pérou. Ses activi- éclairantes » qui date de 1953 canapé garni de soie beige un plateau mouvementé en chêne des foires et salons (Frovielle Edi- nouvelles cotes. tés cessent en 1972. (250 000 F, 38 200 ¤). Sur la base de (200 000 à 220 000 F, 30 500 à foncé de presque deux mètres de tion, 1060 p., 185 F., 28,2 ¤). Encore rares en salles de vente, Cet autodidacte du meuble fait croisillons en acier noir réunis par 33 600 ¤). long (200 000 F, 30 500 ¤). a RECORD POUR DES TA- ses créations ont vu leurs prix preuve d’une grande liberté d’es- des sphères dorées, la suite des Dans le même esprit, trois fau- La vente comprend aussi des BLEAUX. Sotheby’s a enregistré presque tripler en deux ans, prit dans ses créations. La nature, « tour Eiffel » se décline en deux teuils « boule » sont recouverts de modèles plus courants, dont les les premiers prix records de l’an- preuve de l’intérêt international prix sont moindres : table basse à née 2000 dans une vente de ta- qu’elles soulèvent. Dans les an- plateau circulaire orné d’un miroir bleaux anciens qui a lieu à New nées 80, de grands marchands Calendrier tél. : 03-23-24-43-96. b La Roche-sur-Yon (Vendée), (30 000 à 50 000 F, 4 600 à 7 600 ¤), York, vendredi 28 janvier. Le Por- américains ont été parmi les pre- b Chartres (Eure-et-Loir), samedi samedi 26 et dimanche 27 février, petit coffre de rangement en chêne trait d’un homme en dieu Mars, ad- miers à se tourner vers ce décora- ANTIQUITÉS-BROCANTE 26 et dimanche 27 février, tél. : tél. : 05-57-43-97-93. (8 000 à 10 000 F, 1 200 à 1 500 ¤). jugé 8 millions de dollars, marque teur français, formant une généra- b Brest (Finistère), du vendredi 02-37-25-70-70. Jusqu’au dimanche 5 mars, le pu- la plus haute enchère pour une tion de collectionneurs qui a fait 25 au lundi 28 février, tél. : b Coutances (Manche), samedi 26 COLLECTIONS blic pourra admirer cet ensemble à œuvre de Rubens ; idem pour un école. Aujourd’hui, l’aspect inven- 02-98-47-88-00. et dimanche 27 février, tél. : b Poitiers (Vienne), Salon de l’arme la galerie Enrico Navarra (16, ave- Portrait anthropomorphique d’Ar- tif de ces meubles et objets d’art, b Paris, Espace Branly, du vendredi 02-33-36-83-98. ancienne, samedi 26 et dimanche nue Matignon, 75008 Paris). cimboldo, vendu 1,4 million de modernes, simples et fantaisistes, 25 février au dimanche 5 mars, b Hagondange (Moselle), samedi 27 février, tél. : 05-49-47-60-64. dollars. attire un public plus large que les tél. : 01-44-18-41-21. 26 et dimanche 27 février, tél. : b Paris, Espace des Catherine Bedel a BILAN DU MARCHÉ DE L’ART nostalgiques des années 50. b Espace Marcel-Dassault, du 03-87-71-56-85. Blancs-Manteaux, Salon des FRANÇAIS. La Compagnie natio- Jean Royère (1902-1981) se lance vendredi 25 février au lundi 6 mars, b Oloron-Sainte-Marie coquillages, samedi 26 et dimanche ૽ Drouot-Montaigne, vendredi nale des commissaires-priseurs, dans la décoration au début des tél. : 01-40-71-90-22. (Pyrénées-Atlantiques), samedi 27 février, tél. : 01-34-17-00-39. 10 mars. Exposition sur place du 7 qui vient de publier les chiffres de années 30. En 1933, l’aménage- b Saint-Genis-Pouilly (Ain), samedi 26 et dimanche 27 février, tél. : b Rémelfing (Sarreguemines, au 10 mars (le 7, de 15 à 21 heures ; 1999, annonce une augmentation ment du restaurant Le Carlton, sur 26 et dimanche 27 février, tél. : 05-58-89-18-29. Moselle), Salon des faïences les 8 et 9, de 11 à 21 heures ; le 10, de 9,80 % par rapport à 1998. De les Champs-Elysées, lui assure une 04-74-69-79-04. b Strasbourg (Bas-Rhin), samedi 26 anciennes, samedi 26 et dimanche de 11 à 17 heures). Etude Millon- son côté, Drouot-Richelieu a vu renommée qui lui permet d’expo- b Vichy (Allier), samedi 26 et et dimanche 27 février, tél. : 27 février, tél. : 03-87-02-53-82. Robert, 19, rue de la Grange-Bate- son produit de vente augmenter ser ensuite dans de nombreux Sa- dimanche 27 février, tél. : 03-88-37-21-21. b Bouliac (Gironde), Salon des lière, 75009 Paris, tél. : 01-48-00- de 12 %, et Drouot-Montaigne de lons. En 1946, alors qu’il a ouvert 02-37-43-58-26. b Cruseilles (Haute-Savoie), livres anciens et cartes postales, 99-44. Experts : Cabinet Camard, 13 %. Il n’y a plus qu’à attendre la son agence à Paris, il en installe b Rethel (Ardennes), samedi 26 et samedi 26 et dimanche 27 février, samedi 26 et dimanche 27 février, 18, rue de la Grange-Batelière, réforme, qui ne sera sûrement pas une au Caire, puis une autre au Li- dimanche 27 février, tél. : 03-84-44-91-66. tél. : 05-57-97-18-18. 75009 Paris, tél. : 01-42-46-35-74. votée avant juin.

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 00 - 048 L’ART EN QUESTION No 158 En collaboration avec

tional. Expédition africaine. – 7. Mesure. Voyelles. Possessif. Le Chef des armées du roi plus fort. – 8. Se lance. Fait l’appel. Pour les intimes de mademoiselle LES PREMIÈRES œuvres de Gardner. – 9. Pierre ou résine. Se ré- Léonard Limousin, émailleur à Li- pand méchamment. – 10. Romains. moges, datent de 1533 ; à la cour Difficile à supporter et à porter. – de François Ier, il crée un nouveau 11. Que l’on pourra entendre à loisir. type d’objet en émail peint, le « Portrait portrait. A l’utilisation tradition- du connétable Philippe Dupuis nelle de la spatule, l’artiste ajoute Anne de celle du pinceau, qui permet de Montmorency », SOLUTION DU No 00 - 047 donner au portrait une étonnante 1556, Léonard finesse et d’accentuer ainsi la res- Limousin HORIZONTALEMENT semblance avec le modèle. (vers 1505- Le connétable Anne de Mont- vers 1576). I. Délectation. – II. Epilogue. Co. morency (1493-1567) porte Email peint – III. Ma. Ouvrière. – IV. Agace. Ille. l’ordre de Saint-Michel. Son por- sur cuivre, – V. RN. Polies. – VI. Centrales. – trait est réalisé en émail peint sur bois doré, VII. Huai. Erg. – VIII. Eldorado. Ie. – cuivre, d’après un portrait au 72×56cm. IX. Inadaptés. – X. RPR. Tentons. crayon ; le cadre qui l’entoure a Paris, – XI. SO. Ré. Sensé. conservé son décor d’origine fait Musée du Louvre. de huit émaux peints en grisaille, VERTICALEMENT comprenant quatre représenta- tions de l’épée du connétable ac- 1. Démarcheurs. – 2. Epagneul. compagnée de sa devise : Aplanos HORIZONTALEMENT Ne supporte pas l’autorité. – X. Le Pô. – 3. Li. Nadir. – 4. Elocution. (Sans errer ni varier), deux lot du perdant. Creuse au passage. – 5. Coué. Raté. – 6. TGV. Panade. masques et deux étranges sa- I. Les devoirs du métier. – II. Re- – XI. Tonique. – 7. Auriol. Dans. – 8. Teille. Opte. tyres, l’un masculin, l’autre fémi- PHOTO RMN gard sérieux dans les affaires. – – 9. Elise. Ton. – 10. Ocrée. Riens. nin. la cour de François Ier , le conné- Réponse dans Le Monde du III. Ne doit pas être pris au sérieux. VERTICALEMENT – 11. Noé. Sagesse. Personnage politique influent à table Anne de Montmorency fut 3 mars. Voyelles. Roi du pétrole. – IV. Vola- aussi un des responsables de la til et inflammable. Bonne et vieille 1. Mal parti pour la suite des évé- paix signée entre Henri II, roi de Réponse du jeu n° 157 paru amie. – V. Cale. Personnel. Point vite nements. – 2. A l’aise dans l’eau et France, et Philippe II, roi d’Es- dans Le Monde du 18 février. gagné sur le court. – VI. Crochus dans les airs. En Irlande et dans les pagne. dans les bons contacts. Pour faire le Pyrénées. – 3. Choisit. Laissez-la où C’est l’église Saint-Etienne, à tour. – VII. Tournent chaque jour elle est si elle est fausse. – 4. Néga- De quel traité de paix s’agit-il ? Dijon, qui a été transformée en pour vous. – VIII. Sa femelle aime tion. Tient bon la barre. – 5. Venue b La paix de Cambrai Musée Rude pour recevoir les le sang. Dans la gamme. Point. de Moscou, elle inspira à Louis ses b La paix de Cateau-Cambrésis moulages réalisés d’après les – IX. Fait du bien après les coups. plus beaux vers. – 6. Traité interna- b La paix de Crépy-en-Valois sculptures de l’artiste. LeMonde Job: WMQ2502--0031-0 WAS LMQ2502-31 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 09:08 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 14Fap: 100 No: 0464 Lcp: 700 CMYK

31 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000

MUSIQUE Né en 1926, le compo- Festival d’automne à Paris. b PÉTRI recevoir Pierre Gervasoni, collabora- retranscrire ses propos, mais a de- b Le 26 février, le compositeur et sa siteur hongrois György Kurtag est de doutes, se méfiant de la parole, teur du Monde, qui a pu ainsi mandé qu’ils soient « interprétés ». femme joueront quelques-uns de ses apparu sur la scène internationale en Kurtag ne rencontre qu’exception- « composer » le portrait du composi- b DEPUIS septembre 1999, Kurtag est Jatékok, à la Cité de la musique et 1981, lors de la création des Messages nellement journalistes et critiques teur en s’inspirant d’une longue ren- en résidence en France à l’invitation l’Orchestre Philharmonia interprétera de feu demoiselle R.V. Troussova au musicaux. Il a néanmoins accepté de contre. Kurtag n’a pas souhaité voir de l’Ensemble InterContemporain. Stèle, au Châtelet, le 6 mars. Les vérités et les doutes du compositeur György Kurtag Le musicien hongrois, invité pour deux ans à Paris par l’Ensemble InterContemporain et la Cité de la musique, nous a accordé un entretien, acceptant de livrer quelques confidences sur les origines, le cheminement et les variations de sa création PHILIPPE GONTIER György Kurtag à la Cité de la musique : le compositeur tient à assister aux répétitions de ses œuvres, et va jusqu’à changer des détails pour que les instrumentistes se sentent à l’aise avec la partition.

UN ENTRETIEN avec György (« Jeux »). Est-il certain de resti- sés. L’heure n’est toutefois pas à compose. Ce qu’il ne tarde pas à une fin inspirée par un passage tantôt retenus comme une respira- Kurtag ne relève pas d’une simple tuer, dans son interprétation du l’analyse, et Kurtag présente avec confirmer. d’une œuvre de Guyia Kantcheli. tion gênante, qui traduisent le par- question de rendez-vous. L’homme 26 février à la Cité de la musique, la fébrilité d’autres feuillets, conçus à Le matin même de notre visite, Mais ces références n’ont qu’une cours accompli par l’actrice Ildiko craint que les mots ne rendent mal même vérité musicale que celle partir d’un substrat de Stele, polyp- le 29 janvier, Kurtag a achevé une valeur anecdotique. Ce qui fait le Monyok pour recouvrir (avec l’aide la réalité du compositeur. Aussi qu’il avait transmise lors de l’exé- tyque destiné à la Philharmonie de pièce pour violon solo, Hommage prix de la musique de Kurtag, c’est la d’un pianiste chargé d’extirper litté- notre première rencontre dans une cution des mêmes pages à l’Opéra- Berlin qui connaît aujourd’hui un à Peter Eötvös (tiens donc !), sous- manière de tirer de points de repère ralement chaque son de la voix réa- petite pièce de la Cité de la mu- Comique à l’occasion du Festival vif engouement. Confidence : le titrée « Mal du pays ». Il en revit de ce genre une ligne – parfois si- nimée) un usage de la parole perdu sique revêt-elle le caractère d’une d’automne à Paris en 1994 ? Après compositeur a éprouvé beaucoup les différentes phases, les com- nueuse, souvent virtuelle – qui les après un grave accident. audience. Peu de paroles. De longs un silence pesant, Kurtag nous pro- de difficultés à conduire cette parti- mente avec passion, confusion sublime dans une expression cathar- Presque toutes les compositions silences qui avalent les phrases et pose de le retrouver à son domicile tion à son terme. Réflexion silen- même, lorsqu’il se rend compte tique. En composant l’Hommage à de György Kurtag sont liées à une placent l’essentiel du dialogue dans parisien deux jours plus tard, afin cieuse : pas étonnant que l’on ait que les événements nous par- Peter Eötvös, il découvre – et nous personne. La série des Jeux, par le regard. Les yeux de Kurtag d’échanger quelques propos, distingué des tiraillements de per- viennent sans respect de la chro- avec lui – qu’il a la nostalgie de la exemple, ne cesse de s’étoffer à l’oc- semblent minuscules derrière ses d’écouter de la musique et de lire sonnalités à la première audition nologie, mais tels qu’ils émergent Hongrie. Kurtag n’a pas pour habi- casion d’une naissance, d’un ma- larges lunettes et, sous des pau- des partitions. A nous d’interpréter de cette œuvre-charnière... de sa mémoire. Un régal d’invita- tude de s’exposer aussi directement, riage ou d’un deuil. Le compositeur pières constamment plissées, la vérité du moment ! D’autres pages affluent, et nous tion à l’écoute. Le compositeur mais il accepte cette vérité du mo- ne sait pas s’exprimer autrement, lui donnent l’impression de filtrer tout voilà bientôt submergé par des mu- multiplie les allers-retours de la ment. Ce double contact – lecture de qui, pourtant, maîtrise plus d’une ce qui se présente au compositeur : ENGAGEMENT INTÉGRAL la musique et récit de la genèse – langue. Malgré sa dominante fu- mimiques, gestes de l’interlocuteur Cinq minutes ne se sont pas avec l’œuvre nous apprend aussi à nèbre (on relève dans son catalogue scruté de la tête aux pieds. écoulées depuis notre arrivée que En résidence à Paris quel point l’art de Kurtag se situe de nombreux In memoriam), le Quoique distillé par une voix nous sommes déjà pris par une dans la transition. Cheminement mode d’expression de Kurtag exalte douce sur un débit très lent, le cre- sorte d’ivresse de l’inédit à portée A la différence de son compatriote György Ligeti dont il est le ca- d’un élément de référence (le maté- la vie. Notamment celle de l’œuvre, do de Kurtag nous paraît d’une in- de main. Kurtag nous a tendu det de trois ans, György Kurtag (né en 1926) demeure en Hongrie riau fondateur de la pièce d’Eötvös) remodelée, adaptée, ajustée à flexible fermeté. Le compositeur a presque immédiatement un lot de après avoir achevé l’essentiel de ses études musicales, notamment sur la voie de l’assimilation, passage chaque exécution. S’il ne peut assis- déjà consigné dans un texte d’en- pages d’orchestre annotées et colo- avec Sandor Veress et Ferenc Farkas pour la composition. Il poursuit d’un cap désigné (Eötvös) à l’autre ter aux répétitions, le compositeur tretien, disponible en français, l’es- riées par le chef qui les a fait tra- toutefois sa formation à Paris (1957-1958) auprès de Darius Milhaud (Bartok), tout est affaire de dérive, n’est pas intéressé par l’audition de sentiel de sa pensée. Cependant, on vailler, Peter Eötvös, Hongrois et et d’Olivier Messiaen et fréquente dans les années 60 les cours d’été d’espace à combler entre deux re- sa musique. Et même dans ces n’est pas enclin à considérer dans compositeur comme lui. Un nom de Darmstadt. Il n’accède que tardivement (avec la création à Paris liefs. On pense, après coup, à l’évo- conditions il lui arrive d’être frustré, cette fin de non-recevoir la fierté de qui, réintroduit d’une conversation en 1981 des Messages de feu demoiselle R. V. Troussova) à une re- cation par Kurtag d’une scène de lui qui se plaît à changer des détails l’artiste méprisant les sollicitations à l’autre, va peu à peu donner l’im- connaissance internationale qui lui vaut aujourd’hui d’être accueilli Nostalgia, le film d’AndreÏ Tarkovski, pour que les instrumentistes soient à d’un jour ou la coquetterie du créa- pression qu’une tierce personne en résidence dans les grands centres européens. Après Amsterdam, dans laquelle le héros rêve qu’il doit l’aise. Déçu par un chef qui ne le sol- teur posant ses conditions à l’octroi nous a rejoints dans la soirée. Iro- Vienne et Berlin (par deux fois), le voici à Paris depuis septembre traverser avec une bougie allumée licite pas ou par un autre qui tient d’un privilège : Kurtag ne se plie nie du sort, c’est avant un concert pour deux ans à l’invitation de l’Ensemble InterContemporain en un bassin sans eau et multiplie donc compte de ses remarques sans s’in- pas volontiers à l’exercice de l’en- d’Eötvös dirigeant l’une de ses partenariat avec le Conservatoire national supérieur de musique et des efforts injustifiés pour conserver vestir personnellement. tretien, car il affirme en connaître œuvres que nous avons sollicité de danse, la Cité de la musique et le Festival d’automne. sa flamme allumée. Quel que soit le thème abordé les limites. Il aspire à la vérité et cette entrevue... Difficile de lire la dans notre conversation, il ressort celle que l’on pourrait saisir ainsi, à partition d’un compositeur en sa QUE LES MUSICIENS S’INVESTISSENT que cet homme d’apparence réser- la va-vite, ne serait pas forcément présence. Surtout lorsqu’il s’agit de siques que nous sommes bien près table au piano, va chercher une C’est ce type de tension qui se vée s’enflamme souvent dans ses re- la bonne. Pis encore, lui-même ne quelqu’un que l’on sent à l’affût de de confondre les unes avec les partition, en joue un accord puis trouve à l’origine de l’intérêt du lations avec autrui. Et, lorsqu’il se se croit pas en mesure de livrer une la moindre réaction et qui a le don autres : Messages, Lettres, Signes. son renversement, exhibe un pro- compositeur pour le texte de Bec- met au service de quelqu’un, il fait vérité à laquelle il pourrait encore – on le comprendra plus tard – de Une première étape dans la décou- gramme de concert, effectue une kett What is the Word, qu’il a mis en tout pour aboutir à un résultat souscrire le jour de sa publication... pousser à l’engagement intégral. verte de Kurtag semble tout de digression à propos d’une étude musique dans une pièce saisissante conforme à son investissement per- On tentera néanmoins une der- Une page, voire deux, parcou- même franchie, car nous avons sur Dostoïevski et livre peu à peu que l’on a pu entendre récemment à sonnel. Changer des passages de sa nière ouverture. Kurtag est égale- rues en silence et l’on se fend d’un conscience, au carrefour de ces dif- l’essentiel de ses sources. Une la Cité de la musique. What is the musique, formuler les choses diffé- ment interprète et joue de temps à commentaire. La musique paraît férentes pistes musicales, de nous pièce pour violoncelle de Peter Word naît de l’articulation forcenée remment, trouver un angle qui per- autre au piano avec sa femme des simple et suggestive, délicat assem- trouver dans la situation qui est Eötvös, deux citations du Concerto de fragments, tantôt soufflés mette à l’interprète de donner dans extraits de ses fameux Jatékok blage d’éléments très individuali- celle du compositeur quand il pour orchestre de Bela Bartok et comme une explosion libératrice, la création... On croit comprendre alors ses réticences vis-à-vis de l’en- tretien. Comme avec ses interprètes, Concerts Kurtag a besoin de savoir à qui il a Les « Jatékok », hallucinants jeux de miroirs affaire pour conditionner le geste b La Cité de la musique consacre créateur. Ne sommes-nous pas d’ail- du 25 au 27 février, une série de COMPOSÉS entre 1973 et 1976 ratives (Harmonica) pour piano à sombres. Certains se développent à pèges ronronnants sont à la mu- leurs tenus d’interpréter ? ll nous manifestations consacrées à pour piano, deux pianos et piano à deux ou à quatre mains. Bien sûr les partir de répliques quasi théâtrales sique de l’époque classique. Marta faut alors un nouveau contact, une l’enseignement en Hongrie. Deux quatre mains, les premiers Jatékok hommages abondent : à Christian (Coups-Querelle). L’un des deux pia- et György jouent alors comme Tom vive conversation téléphonique pour concerts programmés en hommage (« Jeux ») sont réunis dans quatre Wolff, à Stravinsky, à Domenico nistes répète avec obstination un et Jerry. Comme Charlie Chaplin en aller de l’avant. Et traiter notre sujet au pianiste György Sebök donneront volumes à vocation pédagogique. Scarlatti, à Farkas Ferenc, à Kurtag motif autoritaire tandis que l’autre, ballerine aux petits pains. Comme dans l’esprit qui est le sien. l’occasion d’entendre des œuvres de Les suivants prennent le caractère Marta... penaud, essaye de l’attendrir par Jackson Pollock en transe de drip- Comme Kurtag, il nous faut réé- György Kurtag, le 26 février. Son de « messages personnels » ou de Les Jatékok sont de ces échanges quelques mélodies. Il arrive aussi au ping. Comme Schumann et Clara ? crire. Sans utiliser la moindre cita- Officium breve, op. 26, par le Quatuor « pages de journal intime » et se qui s’effectuent par un hochement duo de se fondre dans une expres- Les Jatékok passent pour d’halluci- tion. Lui écrit directement au stylo et Keller (à 16 h30), et des extraits de ses concentrent chacun sur une per- de tête, un clin d’œil, une moue du- sion entre chien et loup. Il en va ain- nants jeux de miroirs. Ils font appa- ne gomme donc pas. Si le résultat Jatékok, accompagnés de sonne, sous forme de portrait ou bitative ou un long soupir. Quel- si du balayage ludique des touches raître d’invraisemblables croise- n’est pas satisfaisant, il recommence. transcriptions de Jean-Sébastien Bach d’In memoriam. Kurtag déclare ques notes posées çà et là, aigus blanches – puis des noires – du cla- ments de cultures. Bach revient Il a toujours aimé copier, que ce soit pour piano à quatre mains (à avoir composé aujourd’hui plus de cristallins et graves d’outre-tombe, vier avec pédale enfoncée (Perpe- encore, toujours plus jeu, toujours de la musique ou de la poésie. Le 20 heures) par György et Marta trois cents Jatékok et semble bien amorcent un parcours à caractère tuum mobile/objet trouvé). plus jeune (Sonate en trio, BWV plaisir de la calligraphie n’est pas Kurtag. avoir fait de ce type de miniature aventureux mais confiant. Comme 525), avec ses rondeurs bombées à sans raison pour un compositeur qui Cité de la musique, 221, avenue son mode d’expression favori. Il en le Bach (Aus tiefer Not schrei Ich zu COMME TOM ET JERRY la basse et son soprano gracieuse- a connu de longues périodes de pa- Jean-Jaurès, Paris 19e . donnera d’ailleurs une en création dir, BWV 687) qui surgit du premier Le patinage onirique, pour ment fleuri. Les doublures équi- ralysie. Il arrive donc que des Tél. : 01-44-84-44-84. 90 F et 120 F. mondiale à la Cité de la musique, en tournant, familier et pourtant couple mutin sur glace en train de voques – façon glockenspiel ou cé- œuvres – comme celle qu’aurait dû (13,5 ¤ et 18 ¤). mémoire du pianiste György Se- inouï. En accentuant certaines se rompre, continue. Bach s’avance lesta – de la dernière transcription créer Pierre Boulez le 6 mars avec le b Au Théâtre du Châtelet, le cycle bök, mort il y a quelques mois notes, Kurtag dégage d’un déroule- de nouveau à pas mesurés (« Sona- (O Lamm Gottes unschuldig) laissent London Symphony Orchestra – ne des concerts commentés par le (Le Monde du 17 novembre 1999). ment polyphonique serein une voix tina » extraite d’Actus tragicus, BWV percevoir le passage de l’interprète soient pas prêtes à temps. Elle vien- pianiste Pierre-Laurent Aimard On y entendra aussi des extraits parallèle qui sonne comme un glas 106), moins cependant comme un au compositeur. Bach remonte à la dra le moment venu. Comme on s’arrêtera, le 6 mars, sur Stèle, d’une sélection (comportant une (on l’aurait juré, il s’agit d’un In me- maître d’école soucieux de mettre surface comme du fond de la mé- l’aura compris, avec Kurtag, il faut se interprétée pour l’occasion par le trentaine d’unités) qu’il aime jouer moriam, pour Joannis Pilinszky). un terme à la récréation des inter- moire créatrice de Kurtag. Ici à dé- placer dans de bonnes dispositions. Philharmonia de Londres, sous la en concert avec sa femme et qui a Cette ombre pointée du doigt par prètes que comme un grand enfant couvert dans le plus grand mystère Lui-même avoue ne pas se sentir direction de Christoph von Dohnanyi. été enregistrée en juillet 1996 à Kurtag dans le tableau rayonnant désireux d’entrer dans leur danse. de l’œuvre à naître. digne parfois d’écouter Bartok. Si Théâtre du Châtelet, 2 rue Vienne. Très représentatif de son du Cantor de Leipzig contient la Subitement électriques, les Jaté- l’on éprouve un jour une telle sensa- Edouard-Colonne, Paris 1er . univers, ce programme glisse des quintessence artistique du Hon- kok montrent que Kurtag reste lui- P. G i tion à l’égard de sa musique, il n’au- Tél. : 01-40-28-28-40. De 40 F à 180 F transcriptions de Bach entre des grois, interprète et compositeur même jusque dans les clusters, ces ra pas pris la parole en vain. (de 6 ¤ à 27 ¤). pages tantôt abstraites (Jeu avec les doué pour l’hommage funèbre. taches sonores qui sont à la mu- ૽ 1 CD ECM New Series harmoniques, Hoquet), tantôt figu- Tous les Jatékok ne sont pas sique contemporaine ce que les ar- 1619 453 511-2 Pierre Gervasoni LeMonde Job: WMQ2502--0032-0 WAS LMQ2502-32 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 09:08 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 14Fap: 100 No: 0465 Lcp: 700 CMYK

32 / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 CULTURE

DÉPÊCHES Buñuel, l’art et la manière a ÉQUIPEMENT : Jean Tiberi, maire (RPR) de Paris, vient d’écrire à Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la de crever les yeux et l’écran communication, pour lui réitérer son offre de transformer le Théâtre de la Gaîté-Lyrique en salle de concerts symphoniques de Des manifestations vont marquer le centenaire de la naissance du cinéaste 2 100 places. M. Tiberi chiffre à « 275 millions de francs ce beau LUIS BUÑUEL aurait eu cent ans en entomologie à Madrid en 1917, le une nationalité, ou à une école. Sous chantier » et précise que Jean-Paul le 22 février 2000. Mort il y a seule- voici assistant de Jean Epstein à Paris le signe de l’humour noir et de la ré- Huchon, président (PS) de la ré- ment dix-sept ans, en 1983 à Mexico, en 1927, sous contrat avec la MGM à volte, du désir et de l’exil (ce qui re- gion Ile-de-France a « accepté de son œuvre, si singulière, paraît pour- Hollywood en 1930, producteur en- vient peu ou prou au même), c’est à l’inscrire dans le prochain contrat tant lointaine. C’est sans doute la gagé dans l’Espagne républicaine de un univers autonome qu’on a af- de plan Etat-région ». Il estime, par seule vertu des commémorations de 1937, exilé aux Etats-Unis en 1941 où faire, dont la constante attraction (le ailleurs, que la construction d’une nous rappeler combien le temps, au il s’occupe de doublage, installé au sexe, la mort, le sacré) entretient salle à La Villette coûterait dix fois rythme d’un monde qui s’accélère et Mexique en 1946, de retour en Eu- peut-être davantage d’affinités avec plus. d’une mémoire collective qui dé- rope à partir des années 60... les grands hérétiques de la littérature a MUSIQUE : un accord amiable faille, engloutit tout, y compris ceux Son œuvre est ordinairement dé- moderne (Sade, Lautréamont, Ba- vient de mettre un terme aux dont on tenait, hier encore, la pré- coupée en trois périodes. Le « Bu- taille) qu’avec le cinéma du même procédures engagées par Claude sence pour indispensable. Ce sort ñuel surréaliste » qui, en collabora- nom. Fléouter, créateur des Victoires de commun est plus dur aux cinéastes tion avec Salvador Dali, débute sa On note, en retour, des marques la musique, contre l’association dont l’œuvre, remisée en lourdes bo- carrière sous les scandaleux auspices d’admiration non dénuées de cir- éponyme qui l’avait écarté de la bines inflammables dans les réserves de l’onirisme sacrilège et de l’amour conspection. Godard, Truffaut ou manifestation à la suite de l’édi- des cinémathèques, est rarement, et fou (Un chien andalou, 1929 ; L’Age Rohmer, alors même qu’ils dé- tion 1996. M. Fléouter avait alors toujours fugitivement, exhumée. Ce fendent tel ou tel film (La Vie crimi- engagé une double action devant centenaire serait donc tout à fait nelle d’Archibald de la Cruz, Belle de les tribunaux, pour plagiat de réussi s’il se contentait de rappeler Entre rêve et réalité, jour...), avouent le peu de goût que l’émission de télévision consacrée que Buñuel nous manque, parce leur inspirent ordinairement les gail- aux Victoires et pour rupture de qu’il est précisément l’un des rares désir et frustration, lardes provocations et la noirceur contrat. Dans un communiqué, cinéastes à avoir mis, de son vivant, métaphysique de Buñuel. Si la revue l’association des Victoires de la le feu à ses films, et méthodique- sensualité et frigidité, Positif (surréalisme oblige) ne faillit musique souligne que « ni la recti-

ment œuvré à sa propagation dans pas dans son soutien à l’auteur, il ANTONIO GALVEZ tude morale ni la rigueur profes- le monde. Diverses manifestations pureté et souillure, faut attendre, aux Cahiers du cinéma, Antonio Galvez a commencé à photographier le cinéaste sionnelle de Claude Fléouter n’ont s’y emploient avec un bonheur iné- l’arrivée de Jacques Rivette aux en 1969. Ses photographies sont présentées dans le livre été mises en cause ». gal, depuis la récente diffusion d’un le cinéma de Buñuel commandes et l’enthousiasme de « Buñuel, une relation circulaire avec Antonio Galvez ». a JAZZ : l’Union des musiciens hommage sur Arte qui a notamment Luc Moullet et d’André S. Labarthe de jazz (UMJ) envisage sa disso- présenté un documentaire parti- s’épanouit pour que Buñuel y trouve enfin ses ornent ses récits, ses films sont plus comme un coton de nuage silencieu- lution. Dans un numéro spécial de culièrement décevant sur Buñuel, plus fervents défenseurs. Serge Da- fondamentalement marqués, sement passé sur l’éclat métallique La Gazette de l’UMJ consacré à un jusqu’à l’actuelle programmation de dans l’entre-deux ney, plus tard, verra dans le cinéaste comme ceux de Hitchcock, par d’im- de la Lune. bilan des activités de l’association neuf de ses films parmi les plus « moins un inventeur de formes qu’un placables constructions qui laissent depuis sa fondation, en jan- connus au cinéma Le Quartier Latin documentariste sur les formes de l’in- toujours place à l’ambiguïté et à la Jacques Mandelbaum vier 1992, le contrebassiste Pierre- (9, rue Champollion, Paris 5e; tél. : 01- d’or, 1930). Le « Buñuel mexicain » conscient, ou plutôt sur ses forma- dualité. Entre rêve et réalité, désir et Yves Sorin, président de l’UMJ, ap- 44-70-91-94). (1946-1964), qui demeure méconnu tions ». frustration, sensualité et frigidité, pu- ૽ Bunuel : 100 ans. Il est dangereux pelle les adhérents à se prononcer, La plus complète et ambitieuse en dépit des vingt films réalisés du- Trop séditieuse pour recueillir les reté et souillure, le cinéma de Bu- de se pencher au-dedans. Intégrale dimanche 27 février, lors de l’as- d’entre elles – destinée à essaimer rant cette période et de la célébrité suffrages des classiques, trop concer- ñuel, avec une logique de fleur véné- Luis Buñuel et exposition. Du 24 fé- semblée générale, sur une dissolu- dans la région Midi-Pyrénées avant acquise par certains d’entre eux (Los tée pour être acceptée sans partage neuse, s’épanouit dans l’entre-deux. vrier au 19 mars 2000. Ciné- tion ou sur une mutation en une d’être accueillie à Paris par le Centre Olvidados, 1950 ; El, 1952 ; La Vie cri- par les modernes, l’œuvre de Bu- Son œuvre – qui aura fourni avec mathèque de Toulouse, 69, rue du structure de service et d’informa- Pompidou et l’Institut Cervantès, à minelle d’Archibald de la Cruz, 1955). ñuel, tout comme celle de Fellini, l’œil tranché au rasoir du Chien an- Taur, 31000 Toulouse. Tél : 05-61-30- tion. L’UMJ, qui a revendiqué plus partir du 3 mai – se tient logique- Enfin, le Buñuel « dernière reste en définitive un astre solitaire dalou un des plans les plus mémo- 30-10. Instituto Cervantes, 31 rue des de six cents membres à ses débuts, ment à Toulouse, ville où, selon son période », dit encore « Buñuel fran- dans le ciel du cinéma. Au-delà des rables de l’histoire du cinéma – Chalets, 31000 Toulouse. Tél : 05-61- a vu leur érosion régulière ces der- exégète Claude Nougaro, « l’Espagne çais », qui connaît enfin la consécra- images cruellement insolites qui s’offre tout entière à notre regard 62-80-72. nières années. pousse un peu sa corne ». La Cinéma- tion publique grâce à la rencontre thèque et l’Institut Cervantès y orga- d’un producteur d’exception, Serge nisent conjointement deux exposi- Silberman, d’un scénariste de talent, tions consacrées au cinéastes (l’une Jean-Claude Carrière, et d’une série sur sa vie, l’autre sur les grands de films à la neutralité trompeuse, Une affaire de fausses photos de Lewis Hine thèmes de sa création) ainsi que la qui va du Journal d’une femme de LE MAGAZINE American Photo de mars-avril montré que certains papiers dataient des années 55 caine à qui on doit Une histoire mondiale de la projection intégrale de son œuvre chambre (1963) à Cet obscur objet du et Le Journal des arts, dans son numéro du 18 fé- à70», soit bien après le décès du photographe. photographie (Abbeville Presse, 1984, traduction (trente-deux films réalisés entre 1929 désir (1977), en passant par Le vrier, dévoilent des informations sur une affaire Six galeries de New York, dont les réputées Ho- en 1992) – Lewis Hine est très bien représenté et 1977). Il reste à espérer que les dé- Charme discret de la bourgeoisie de faux Lewis Hine qui a été révélée aux Etats- ward Greenberg, Edwynn Houk et Robert Mann dans ce manuel. Naomi Rosenblum était égale- bats, les témoignages et les ren- (1972) ou Le Fantôme de la liberté Unis, il y a quelques mois, par le magazine spécia- ont vendu des faux et ont saisi un avocat. Qui a ment commissaire d’une exposition Photo contres qui émailleront cette mani- (1974). lisé américain Art and Auction. Plus de deux cent mis ces faux sur le marché ? League, présentée à Madrid en juin 1999 (Le festation parviendront à lever une L’ennui, avec les catégories, c’est cinquante épreuves suspectes ont été repérées, Monde du 29 juin 1999), dans laquelle on retrou- petite part du mystère qui reste, au- qu’elles laissent toujours passer achetées par de nombreux musées et collection- L’EMBARRAS DES ACTEURS DU MARCHÉ vait Lewis Hine et Walter Rosenblum – ce dernier jourd’hui encore, attaché à l’œuvre quelque trésor dans les mailles du fi- neurs. Lewis Hine (1874-1940) est une figure cen- « Sans preuve formelle pour l’instant, les soup- choisi pour la couverture du catalogue. La plupart et à son auteur. let, à commencer par les films pro- trale de la photographie sociale américaine, çons se portent sur l’ami et élève de Hine, le photo- des images venaient de la galerie Howard Green- L’homme fut secret, provocateur, prement espagnols du sardonique connu pour ses photos du début du siècle repré- graphe Walter Rosenblum, né en 1919, car la prove- berg. insaisissable. Elevé chez les jésuites, Aragonais, qu’il s’agisse de Terre sans sentant des enfants travaillant dans des mines, le nance de presque tous les tirages suspects se Cette affaire, qui suit celle de faux Man Ray, il entre en religion chez les surréa- pain (1933), documentaire époustou- visage noirci par le charbon. Ces épreuves origi- rattache à lui », écrit Phillip Prodger. Walter Ro- survenue il y a deux ans, vient ternir un marché listes, se passionne pour la théologie, flant sur la misère des paysans des nales, tirées à l’époque de la prise de vue, sont au- senblum a géré les archives (négatifs, tirages) que de la photographie actuellement en pleine expan- blasphème à tour de bobines et de- Hurdes, ou du splendide Viridiana jourd’hui vendues par des galeries à des prix qui Hine avait léguées à l’association Photo League, sion. D’où l’embarras des acteurs de ce marché meure, sa vie durant, tenaillé par la (1961, Palme d’or à Cannes), qui paie oscillent entre 5 000 dollars et 80 000 dollars. qui a rassemblé d’importants photographes et ci- – galeries, maisons de ventes aux enchères – qui dialectique du sacré et de la profana- ses dettes au picaresque tout en ré- L’affaire Hine, raconte Phillip Prodger dans Le néastes engagés à gauche. restent discrets. Aussi, écrit Phillip Prodger, il est tion. « Grâce à Dieu, dira-t-il, je suis glant son compte à Franco. Plus en- Journal des arts, a éclaté il y a un an quand le col- L’avocat de Walter Rosenblum a affirmé avoir probable qu’un arrangement interviendra entre le né athée. » Son itinéraire, modelé sur core, devant un créateur de la sta- lectionneur Michael Mattis a soumis ses épreuves acheté les photos « en toute bonne foi à l’artiste ou faussaire et ses victimes. les vicissitudes politiques du siècle, ture de Buñuel, il paraît inepte de portant un tampon original et la signature de l’ar- à son fils Corydon ». Walter Rosenblum est le mari n’est pas moins déroutant. Etudiant confiner l’œuvre à une période, à tiste à un conservateur de Boston. « L’expertise a de Naomi Rosenblum, célèbre historienne améri- Michel Guerrin Les voix solistes de Musicatreize relèvent le défi de la création contemporaine Depuis treize ans, autour de Roland Hayrabedian, l’ensemble n’a de cesse d’enrichir son répertoire ILS SONT huit assis en arc de raine) et les plus qualitativement et amateur (toujours partenaire) la pléthore des festivals régio- cercle à répéter l’un des Tre Canti convaincants. Aussi Ivane Ey- au professionnalisme des voix so- naux ne se soient pas encore Sacri de Giacinto Scelsi. « Re- mieu, maire adjoint déléguée à la listes de Musicatreize. Pour se do- constitués en partenaires fiables, quiem ae-ter-nam », les mots se culture de la mairie de Marseille, ter d’une soixantaine d’œuvres nécessaires à la sacro-sainte co- forment consonne par consonne, se réjouit-elle de ce que Musica- pour voix seules, de vingt-quatre production. Parions pour l’ave- voyelles contre voyelles, bientôt treize bénéficie enfin d’un lieu en autres avec participation instru- nir : Musicatreize a montré que syllabes. Un sommeil éternel qui plein centre-ville, lui donnant la mentale (sur un total de quelque travail et gageure font partie de chavire en quart de ton, ondule possibilité d’actions ciblées en di- deux cents pièces allant du réper- son ordinaire. en vibrations, sursaute parfois rection des publics (accueil au- toire pré-baroque au contempo- d’un effet percussif, pour tourner tour des œuvres, des artistes et rain). Une production discogra- Marie-Aude Roux au cauchemar dans une stridence des compositeurs, possibilité phique de onze disques déjà, qui prend au ventre. d’assister aux répétitions, etc.). dont neuf consacrés à des œuvres ૽ Prochains concerts de l’En- Rien de reposant dans ce travail Un développement qu’appelle principalement créées par et pour semble Musicatreize : Eglise Saint- de haute précision. Les huit s’ar- également de tous ses vœux Jean- eux. Quant au nombre de Séverin, le 24 février, à 20 h 30. De rêtent, se regardent, puis re- François Héron, chargé de mis- concerts, il a progressé de 50 % 110 francs (16,77 euros) à commencent, appréhendent la sion au conseil général des entre 1996 et 1998, même s’il reste 200 francs (30,49 euros). Tél. : 01- note à venir d’un coup rapide de Bouches-du-Rhône (lequel sou- encore, de l’avis général, encore 48-24-16-97. Création de Miroirs diapason sur la tête aussitôt porté tient Musicatreize depuis sa nais- insuffisant (une trentaine par an). trompeurs : la source des images, à l’oreille. Face à eux, Roland sance en 1987). ou Narcisse exaucé, de Patrick Bur- Hayrabedian : une main bat la Reste qu’au-delà d’une néces- UNE BELLE RÉUSSITE gan ; Syllabaire pour Phèdre, de mesure, l’autre laisse parfois saire amplification de la diffusion Une belle réussite donc, saluée Maurice Ohana. Mise en scène : tomber un doigt sur le piano, his- au sein du département, se joue par le directeur régional des af- Pierre Barrat. Tarbes, Le Parvis, le toire de vérifier la justesse d’un aussi un authentique défi de créa- faires culturelles PACA, Jérôme 7 mars (Tél. : 05-62-90-06-03). son, d’un intervalle ou d’un ac- tion. Musicatreize se doit de Bouët, et par son délégué à la Nîmes, le Théâtre, les 8 et 10 mars cord. constituer un nouveau répertoire. musique et à la danse, Alain Bez. (Tél. : 04-66-36-65-00). Marseille, Et de se féliciter à la fois d’une Raison de plus pour déplorer que Les Friches de Mai, le 19 mai (Tél. : LE CHOIX DU RÉPERTOIRE responsabilisation forte des ar- le réseau des scènes nationales et 04-91-39-29-00). Le plus souvent, ils sont treize, tistes en matière de « service pu- comme leur nom l’indique. Treize blic » mais aussi de leur perspica- qui, comme le Messie et ses cité artistique dans le choix même apôtres, se sont faits les chantres de ce répertoire. de la bonne parole de la musique Il aura fallu à Roland Hayrabe- contemporaine. Treize ans au- dian de la ténacité, de la persua- jourd’hui que Roland Hayrabe- sion et une humilité doublée d’un dian les a réunis dans cet amour bel aplomb pour que le musicien commun, dans cette ivresse rai- « trop tard venu au piano », « in- sonnée de l’aventure qu’est la terdit d’emblée d’une carrière à la création des musiques de compo- Hélène Grimaud » (comme lui siteurs bien vivants en chair et en élève au Conservatoire de Mar- notes. seille) ait ainsi réussi à générer un La Cité phocéenne peut à juste tel pôle d’attraction autour de la titre s’enorgueillir d’abriter l’un musique contemporaine. Pour des ensembles les plus originaux passer du statut précaire de chef (musique vocale et contempo- d’un chœur contemporain aixois LeMonde Job: WMQ2502--0033-0 WAS LMQ2502-33 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 09:24 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 14Fap: 100 No: 0466 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 33 Coptos, centre religieux SORTIR PARIS n’avait pu jouer. Retour, cette fois en forme, de ce musicien de grand Paco El Lobo talent qui a choisi d’approfondir et pôle commercial de l’Egypte antique Il y a dans la présence et la pratique du baryton depuis le l’expression de Paco El Lobo début des années 90. Sans quelque chose de magique : une s’enfermer dans la référence au durable et peu explicable maître Gerry Mulligan, Une exposition au Musée des beaux-arts de Lyon permet de découvrir cette cité méconnue jeunesse ; le savoir-apaiser après Richardeau a développé un l’émotion forte ; la grâce et une discours personnel en partie ancré Le nom de Coptos reste souvent ignoré des sède quelques milliers d’objets issus des fouilles découvrir ce centre religieux et commercial connaissance personnelle de tous dans la tradition tout en amateurs pourtant nombreux de l’égyptologie. menées sur le site de Coptos, organise jusqu’au méconnu qui périclita après s’être rebellé contre les répertoires flamenco. Ses témoigant d’une écoute attentive Le Musée des beaux-arts de Lyon, ville qui pos- 7 mai une importante exposition permettant de les occupants romains, puis arabes. maîtres furent Pepe El de la des évolutions du jazz. Avec lui, Matrona, Rafael Romero et Juan toute la poésie du pianiste Michel mais aussi, pour une période à dédié à Osiris, dieu auquel tout plantée à la sortie de Coptos, rédi- Varea. Son double étoilé, Graillier et le contrebassiste COPTOS, L’ÉGYPTE ANTIQUE peine moins longue, un pôle défunt est assimilé. Une autre pré- gée en grec et datée de 90 apr. J.-C., Camaron de la Isla. Bien entouré Nicolas Rageau, présent dans AUX PORTES DU DÉSERT. Musée commercial de première impor- sence divine est solidement repré- nous apprend que la route vers la (Vicente et Gonzalo Almaraz à la l’excellent nouvel enregistrement des beaux-arts, 20, place des Ter- tance. sentée à Coptos, celle d’Horus mer était payante. Si les soldats guitare), rejoint par ses de Richardeau en quintette (Live er reaux, Lyon-1 . Tél. : 04-72-10- C’est à l’égyptologue anglais Wil- l’enfant, le fils d’Isis et d’Osiris, étaient exemptés du droit de péage, partenaires et ses invités, prompt in Paris, Sunset, Taxi 17-40. Du mercredi au lundi, de liam Matthew Flinders Petrie que l’Harpocrate des Grecs, toujours les animaux de bât étaient taxés, les à créer la surprise, délicat Records/Mélodie). 10 h 30 à 18 heures. Jusqu’au l’on doit les premières fouilles, au représenté un doigt sur la bouche marins devaient payer entre 8 et guitariste et chanteur émouvant, La Toque blanche, 115, rue 7 mai. De 13 F à 25 F (de 1,9 ¤ à cours de l’hiver 1893-1894. Elles ne comme pour imposer le silence. Si 5 drachmes, et les femmes, de 20 à Paco El Lobo est à La Paul-Vaillant-Couturier, 92 3,8 ¤). Catalogue : RMN (diff. durent que quelques mois, mais les styles évoluent au fil du temps, 108 drachmes, l’absence de vertu se Maroquinerie. Soirée rare. Levallois-Perret. Le 26, 21 heures. Le Seuil), 250 p., 245 F (37,35 ¤). suffisamment pour que le Britan- les cultes se perpétuent, à peine faisant imposer un maximum. La Maroquinerie, 23, rue Boyer, Tél. : 01-47-37-24-17. 20 F et 30 F ; nique dégage les vestiges du temple modifiés, par des apports exté- Adolphe Reinach a rapporté en Paris 20e. Mo Gambetta. Le 25, repas : 135 F. LYON de Min et d’Isis et creuse jusqu’au rieurs. France des stèles funéraires 20 h 30. Tél. : 01-40-33-30-60. De de notre envoyé spécial sol vierge, établissant ainsi une Coptos fut aussi un centre écono- romaines, certaines ornées de dro- 90 F à 110 F. PAU C’est sans doute une des villes chronologie complète des construc- mique d’importance. Situé au madaires, éléments essentiel de ce Serge Hureau les moins connues de l’Egypte tions coptites. Les plus anciennes centre d’une zone aurifère, c’était commerce. Avec la chute de Festival de danse Plurielles Avec ses musiciens habituels, ancienne : pour des non-spécia- sont datées de la VIe dynastie (vers l’une des portes du commerce l’empire, la route de la mer va être Bien bâtie, autour de Montferrat et Michel Risse, Serge listes, Coptos n’évoque pas grand- 2700 av. J.-C.) ; les plus récentes oriental. Une double route condui- coupée. Auparavant, Coptos, ville chorégraphes connus (Georges chose. Sans doute souffre-t-elle de concernent des couvents coptes du sait des bords du Nil, où était volontiers rebelle, se révolte contre Hureau reconstitue l’univers Appaix, Catherine Diverrès, politique et musical de Rimbaud la proximité de Karnak et de Louq- VIe et du VIIe siècle. En 1910, ce sont implantée la ville, jusqu’à deux l’empereur Dioclétien (284-305) qui Bernard Glandier) et d’autres à sor, à quelque 40 kilomètres de là, deux Français, Adolphe Reinach et ports de la mer Rouge : au nord, la rase. Elle va néanmoins renaître et Verlaine si souvent mis en repérer (Anne Lopez, Thomas et de ses vestiges peu specta- Raymond Weill, qui prennent le Myos Hormos (l’actuel Qoseir), au au début de l’ère chrétienne pour musique et chanté. Après Gueules Aragay de Barcelone, Osman culaires. Pourtant le Musée des relais. Ils sont en partie financés par sud, Bérénice. devenir le siège d’un important évê- de Piaf et Au bon petit Charles, Khelili du Brésil), la septième beaux-arts de Lyon prend la peine l’industriel lyonnais Emile Guimet. ché. Les couvents et les églises se deux spectacles de édition du Festival de danse théâtre-chanson consacrés à Edith de lui consacrer une exposition Si leur présence sur le terrain est VOLONTIERS REBELLE multiplient, réutilisant la pierre des Plurielles de Pau ne manque ni de complète – une première pour le relativement brève – deux fois six Eléphants, soie, aromates, temples antiques, avant de dispa- Piaf et Charles Trenet, Serge corps, ni d’esprit. A côté d’une département des antiquités. Sans semaines –, le résultat de leurs tra- ivoires, pierres précieuses arrivent raître eux-mêmes. Après l’arrivée Hureau exerce ses talents programmation courant sur tout doute parce que le musée abrite des vaux permet de situer la place de de la corne de l’Afrique, de l’Arabie des conquérants arabes, la vieille d’exégèse sur la poésie chantée. le mois de mars, auront lieu un milliers d’objets venant de ce site et Coptos dans l’ancienne Egypte. heureuse ou de l’Inde. L’Egypte cité se rebelle une dernière fois. En Ivry-sur-Seine (94). Théâtre colloque sur « Les Ecritures de la que la municipalité lyonnaise a par- Le centre religieux s’est bâti au- exporte des produits manufacturés, représailles, le centre administratif d’Ivry-Antoine-Vitez, 1, rue danse », un atelier ticipé indirectement aux fouilles. La tour de Min, une des plus vieilles du blé et du vin. Ces voies impli- de Coptos – devenu Qouft – va être Simon-Dereure. Mo Mairie-d’Ivry. d’improvisation autour de manifestation organisée par Gene- divinités égyptiennes, toujours quaient la présence de fortins et de déplacé à Qûs, une ville voisine. La Jusqu’au 19 mars, du mercredi au l’imaginaire du corps, une viève Galliano et Marc Gabolde représenté le sexe en érection puits pour jalonner les pistes cara- vieille métropole s’endort dans la samedi à 20 h 30, le dimanche à exposition évolutive nourrie des permet de rappeler cette brève puisqu’il symbolise la fertilité. Sta- vanières, particulièrement actives à poussière. Son souvenir renaît sur 16 heures. Tél. : 01-46-70-21-55. documents (journal, photos, aventure. Elle apprend surtout que tues, bas-reliefs, amulettes, l’époque des dynasties ptolé- les bords du Rhône, le temps d’une 110 F. images-vidéo) collectés au cours Coptos fut un centre religieux offrandes, rappellent ce culte ainsi maïques (332-30 av. J.-C.) et sous exposition. Xavier Richardeau, Michel de la manifestation par des considérable, de l’ancien Empire que celui d’Isis, sa sœur-épouse, qui l’Empire romain, notamment au Graillier et Nicolas Rageau étudiants à l’Ecole d’art et de jusqu’à l’islamisation de l’Egypte, lui est associée. Un autre temple est IIe siècle de notre ère. Une stèle Emmanuel de Roux Annoncé le 29 janvier à la Toque communication de Pau. blanche, club aux portes de Paris Théâtre Saragosse, 17, avenue de de plus en plus prisé par les Saragosse, 64 Pau. Jusqu’au musiciens de jazz, le saxophoniste 31 mars. Tél. : 05–59–84–11–93. De Mais où est donc passé Shakespeare ? Xavier Richardeau, souffrant, 40 F à 140 F. Mario Gonzalez au Conservatoire d’impuissance : une fumisterie. (fusillé par les Allemands le 30 mai LE MARCHAND DE VENISE, de national d’art dramatique, Cécile Remarquons que les acteurs ne 1942). GUIDE Shakespeare. Mise en scène : Garcia-Fogel a réussi un premier reçoivent que peu d’aide de la Mais l’événement dont il faut ici Cécile Garcia-Fogel. Avec Fran- fait d’armes : une adaptation chan- traduction française de Jean- rendre compte, ce n’est pas cette çois Loriquet, Marie Desgranges, tée de la Phèdre de Racine (Le Michel Déprats, rugueuse, pesante, présentation du Marchand de REPRISES CINÉMA Carmen Michel Bonpoil, Simon Abka- Monde du 9 décembre 1996). En pâteuse – comme si la parole, au Venise, qui n’est que du vent, c’est le de Bizet. Natalia Zagorinskaya, Larissa rian... notre nouvel humus théâtral aux lieu d’aller librement sur sol ferme, lancement d’une nouvelle étoile Voyage au bout de l’enfer (*) Kostiouk (Carmen), Vadim Zaplechny, THÉÂTRE DE LA BASTILLE, 76, promotions éclairs, cet essai a suffi était empêtrée sur une glaise vis- qui, pas plus que nombre d’autres, de Michael Cimino, Anatoli Ponomarev (don José), Elena rue de la Roquette, Paris 11e. à Cécile Garcia-Fogel pour gagner queuse, avec, aux pieds, de lourds ne brille fort de par elle-même. avec Robert De Niro, John Cazale, John Voznesenskaya, Tatiana Kouindi Savage, Christopher Walken, Meryl (Micaëla), Andrei Baturkin, Andrei Mo Bastille. Tél. : 01-43-57-42-14. sa mise en orbite : la propulsion de croquenots. Cela fait pourtant des Ainsi en va-t-il de notre théâtre, à Streep. Vyilegdzanin (Escamillo), Chœur et Du mardi au samedi, à 21 heures ; son Marchand de Venise dans la années que les meilleures traduc- présent : la constellation des mys- Américain, 1978, copie neuve (3 h 03). Orchestre du Théâtre Hélikon-Opéra dimanche, à 15 heures. 120 F fusée-branchée-fine-fleur à deux tions de Shakespeare, au dire des tères. Pier Paolo Pasolini, qui obser- VO : Grand Action, 5e (01-43-29-44-40). de Moscou, Valerij Kritskov (direction), (18,29 ¤). Durée : 2 heures 40. étages, la fusée « Bobigny-Bastille ». acteurs, sont celles de Jean-Michel vait, en Italie, dans la confusion de (*) Film interdit aux moins de 12 ans Dmitry Bertman (mise en scène). Le Théâtre de la Bastille n’est que Déprats, mais « les meilleures tra- la politique comme dans celle des Théâtre des Champs-Elysées, 15, ave- Onze jeunes comédiens, dont le le second étage, après l’imbattable ductions ne sont qu’approximations ; arts, le même phénomène d’acces- TROUVER SON FILM nue Montaigne, Paris 8e. Mo Alma- Marceau. Les 25, 26, 28 et 29 février et vif Gérard Loriquet, nous lancent, Bobigny, mais il est déjà l’annonce tout ce qui forme l’intonation et le sions en sous-main, aimait se repo- Tous les films Paris et régions sur le le 1er mars, 19 h 30. Tél. : 01-49-52- deux heures quarante montre en sûre d’une carrière mondaine, rythme ne peut naturellement passer ser sur la formule de Sade : «Les Minitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36- 50-50. De 60 F à 590 F. 68-03-78 (2,23 F/min). main, les répliques de l’une des quand bien même cette mise en d’une langue à l’autre, et même la causes sont peut-être inutiles aux Orchestre philharmonique de Radio- pièces les plus touffues, les moins scène du Marchand de Venise écla- façon de penser, d’ordonner les pen- effets. » VERNISSAGES France faciles, de Shakespeare, Le Mar- terait-elle de pénurie, d’absence sées, diffère », écrivait Jacques Brahms : Variations sur un thème de chand de Venise. La verdeur, l’allant, entière de conception d’ensemble, Decour, remarquable traducteur Michel Cournot Charlotte Beaurepaire, Katya Bonnen- Haydn. Schumann : Concerto pour vio- un joyeux accord d’ensemble, et fant, Laurent Grasso loncelle et orchestre. Beethoven : Sym- pas mal d’absence d’intériorité, Caisse des dépôts et consignations, phonie no 2. Marc Coppey (violon- e o annoncent ici le bon plaisir d’une 13, quai Voltaire, Paris 7 .M Rue-du- celle), Asher Fisch (direction). Bac. Tél. : 01-40-49-41-66. De 12 heures Salle Pleyel, 252, rue du Faubourg- équipe de camarades, un « onze de La pop un peu sucrée de Mariah Carey à 18 h 30. Fermé lundi. Du 25 février au Saint-Honoré, Paris 8e. Mo Ternes. Le Conservatoire » qui s’amuse à se 12 mars. Entrée libre. 25, 20 heures. Tél. : 01-45-61-53-00. De faire les griffes sur une tapisserie de Mariah blonde est opposée à d’antan – Emotions, Dreamlover, Marie-Geneviève Havel, Françoise 80 F à 190 F. haute tenue. Songeons aussi que les MARIAH CAREY, The Rainbow Bianca la peste, double aux che- Fantasy, Without You, Honey, He- Micoud La Confession impudique comédiens cadets s’imposent – ils Tour, mercredi 23 février, Palais veux noirs. Ensuite il y a le jeu de ro... – et des titres du dernier al- ADAC galerie-atelier, 21, rue Saint- de Cavanna. Avec Rayanne Dupuis, ont raison – de se mesurer aux rôles omnisports Paris-Bercy. lumière et d’images d’une sil- bum Rainbow – X-Girlfriend, Paul, Paris 4e. Mo Sully-Morland. Tél. : Jacques Bona, Jean-Louis Meunier, légendaires, et Le Marchand de houette qui va disparaître pour Thank God I Found You, Against All 01-42-77-96-26. De 14 heures à Anne-Sophie Duprels. Olivier Desjours 19 heures. Fermé lundi et fêtes. Du Venise en détient deux : la géné- Les grands concerts dans des céder la place à une apparition Odds, Crybaby, Heartbreaker... (direction), Gustavo Frigerio (mise en 25 février au 17 mars. Entrée libre. scène). reuse Portia et le négociant Shy- stades ou des complexes sportifs plus conventionnelle de la vedette Pour amener à la scène la pop un Mirjana Markovic : lumière Théâtre Silvia-Monfort, 106, rue Bran- lock. nécessitent de toute entrée en américaine au milieu du plateau. peu sucrée mâtinée de soul, de Centre culturel yougoslave, 123, rue cion, Paris 15e. Mo Porte-de-Vanves. Les Tout est bien tant que cela se scène une dose de spectaculaire. Voilà pour annoncer les sketches, rythmes latinos avec des écarts Saint-Martin, Paris 4e. Mo Châtelet-Les 25 et 26, 20 h 30. Tél. : 01-45-31-10-96. joue, à l’aventure, sur les tréteaux La chanteuse Mariah Carey a l’utilisation de films – notamment plus mouvementés vers le hip- Halles. Tél. : 01-42-72-50-50. De De 100 F à 140 F. d’une salle de classe. Mais ce soir il choisi d’aborder plusieurs re- pour des duos virtuels – et les hop, Mariah Carey endosse les te- 11 heures à 13 heures et de 14 heures à Chœur Accentus y a maldonne, parce que notre gistres pour ce moment du saut chansons chorégraphiées qui nues attendues par ses quinze 18 heures. Fermé samedi et dimanche. Œuvres de Kuula. Rautavaara. Brahms. Du 25 février au 31 mars. Entrée libre. « onze » du Marchand de Venise a sans le vide. L’autodérision, s’enchaîneront, sans effets déme- mille fans : robes courtes et sexy, Schoenberg. Eric Ericson (direction). Bouffes du Nord, 37bis, boulevard de pour entraîneur une personne qui d’abord avec la projection d’un surés durant les deux heures vingt longues et moulantes, jean dé- ENTRÉES IMMÉDIATES la Chapelle, Paris 10e. Mo La Chapelle. voit haut et loin. Ancienne élève de film d’animation où la gentille du Rainbow Tour, qui s’arrêtait au coupé à la ceinture, boléro taillé Le Kiosque Théâtre : les places de cer- Le 26, 20 h 30. Tél. : 01-46-07-34-50. Palais omnisports de Paris-Bercy, au plus juste ou peignoir confor- tains des spectacles vendues le jour 140 F. mercredi 23 février. table. Mariah Carey a un corps, même à moitié prix (+ 16 F de commis- Compagnie Roc in Lichen de longues jambes et les montre sion par place). Place de la Madeleine Bruno Dizien : El Gorrion tejedor. DES TENUES ATTENDUES avec la candeur et la crânerie et Parvis de la gare Montparnasse. De Bezons (95). Théâtre Paul-Eluard, La jeune femme, encore un peu d’une Betty Boop. Plus recher- 12 h 30 à 20 heures, du mardi au 162, rue Maurice-Berteaux. Les 25 et gauche lors de sa précédente ve- chée est la boxeuse en chaussures samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le 26, 21 heures. Tél. : 01-34-10-20-20. dimanche. 90 F. nue en 1996, assume dorénavant à talons très hauts lors d’Heart- Aberrations du documentaliste Alle Hoist Quartet, Glenn Ferris, ses différents personnages avec breaker avec une présentation fil- d’Ezéchiel Garcia-Romeu et François Orlando Poleo aplomb. En fond de scène de mée du manager Don King et du- Tomsu, avec Jacques Fornier. Sunset, 60, rue des Lombards, Paris 1er. grands voiles fins se teintent de rant Honey, clin d’œil à Marilyn Grand Théâtre de la Ferme-du-Buis- Mo Châtelet. Les 25 et 26, 21 heures. couleurs pastels, les musiciens Monroe dans un numéro qui rap- son, allée de la Ferme, 77 Noisiel. Le Tél. : 01-40-26-46-60. 80 F. – technicité virtuose et fonction- pelle les constructions de Busby 25, 20 heures et 22 heures ; le 26, Bex-Jouvelet contre King Kong 17 heures et 21 heures ; le 27, 17 heures nelle – et les choristes sont instal- Berkeley. New Morning, 7-9, rue des Petites- et 19 h 30. Tél. : 01-64-62-77-77. Ecuries, Paris 10e. Mo Château-d’Eau. Le lés sur des estrades et une autre Mariah Carey a en elle, par sa L’Aquarium 25, 21 heures. Tél. : 01-45-23-51-41. De scène en hauteur soutient une vo- voix qui se projette sans efforts, de Louis Calaferte, mise en scène de 110F à 130F. lée de marches façon music-hall. juste, au souffle contrôlé, une vul- Gilles Cohen, avec Valérie Benguigui et Spanky Wilson Trio D’autres éléments occupent par- nérabilité qui ne demande qu’à Philippe Hérisson. Petit Opportun, 15, rue des Lavan- fois l’espace : un lit défait, un fau- remonter à la surface surtout sur Théâtre de l’Atalante, 10, place dières-Sainte-Opportune, Paris 1er. e o Charles-Dullin, Paris 18 . M Anvers. Du o teuil, une table, les cordes d’un les tempos moyens et des chan- M Châtelet. Les 25 et 26, 22 h 30. Tél. : mercredi au samedi, le mardi, à 01-42-36-01-36. 80 F. ring de boxe... Les six danseurs et sons d’amour qui laissent les fê- 21 heures. Tél. : 01-46-06-11-90. 90 F. les quatre danseuses ont ainsi lures prendre le pas sur ce monde Pennywise Jusqu’au 25 mars. Elysée-Montmartre, 72, boulevard tout loisir pour évoluer en fonc- trop lisse. Et quand vient le be- La Femme comme champ de bataille Rochechouart, Paris 18e. Mo Anvers. Le tion des tableaux. Il y a beaucoup soin de relancer le mouvement de Matéi Visniec, mise en scène de Guy 25, 19 h 30. Tél. : 01-55-07-06-00. 110 F. à voir sans pour autant écraser. des rythmes de la rue, du phrasé Rétoré. Un grand écran central et deux du rap, elle n’a plus qu’à adresser Théâtre de l’Est parisien, 159, avenue Gambetta, Paris 20e.Mo Gambetta. Du plus petits de chaque côté per- un sourire charmant vers l’écran 25 février au 12 mars. Tél. : 01–43–64– mettent la projection, entre les pour qu’apparaisse Snoop Doggy 80–80. morceaux, d’extraits de clips ou Dog qui de mauvais garçon de- Marie-Josèphe Jude (piano). d’ombres chinoises, support vi- vient le consolateur. Un rôle que Mendelssohn : Préludes et fugues op. suel à certaines chansons qui rend filles et garçons dans la salle vou- 35. Dutilleux : Sonate pour piano. gigantesque la star. draient tous alors avoir. Châtelet. Théâtre musical de Paris, 1, place du Châtelet, Paris 1er. Mo Châ- Tout cela sert d’écrin à un ré- telet. Le 25, 12 h 45. Tél. : 01-40-28- pertoire partagé entre les succès Sylvain Siclier 28-40. 55 F. LeMonde Job: WMQ2502--0034-0 WAS LMQ2502-34 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 14Fap: 100 No: 0467 Lcp: 700 CMYK

34 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 EN VUE a Les habitants des Tuvalus, Le « Financial Times » vante le modèle économique français victimes du réchauffement de la planète, demandent refuge à la Nouvelle-Zélande, au cas où la Le quotidien de la City fait l’éloge du pragmatisme de Lionel Jospin. montée des océans engloutirait leur archipel. Les investisseurs internationaux sont invités à s’intéresser davantage au marché français qu’à son concurrent allemand a « Pourquoi, avec la chaleur qu’il C’EST une analyse à faire rosir s’interroge le Financial Times. La magne », écrit le Financial Times. 1981-1983, les gouvernements fait à cette époque, les gens de plaisir toute la jospinie que pu- réponse n’est pas explicitement Pendant ces mêmes cinq années, français successifs, de gauche et veulent-ils se déguiser en gorille ? », blie le Financial Times dans son donnée. Mais l’article de Tony la France a réussi à attirer des in- de droite, ont accepté les règles s’interroge Armando Valles, édition du 23 février sous la plume Barber, publié dans les pages édi- vestissements étrangers équiva- capitalistes de la concurrence. fabricant de masques, qui fournira de Tony Barber. Le quotidien de la toriales du FT, laisse à penser que lant à 1,5 % de son PNB, contre « M. Jospin a un don pour parler pour le carnaval de Rio City, qui a demandé leur avis à cela pourrait bien être le cas. Le 0,4 % pour l’Allemagne. La France, comme un homme de gauche 3 000 costumes de King Kong une série d’experts et de ban- meilleur signe en est l’attitude Allemands, surtout soucieux de ne jadis célèbre pour ses taux d’infla- lorsque cela est nécessaire pour des quiers, affirme qu’on assiste peut- contrastée des autorités moné- rien faire qui puisse réduire leur tion à deux chiffres et ses dévalua- raisons politiques, tout en agissant a En prolongeant l’horaire d’été être en ce moment à un renverse- taires françaises et allemandes faible croissance. Au même mo- tions en catastrophe, fait désor- tranquillement en faveur des inté- d’un mois pour faire baisser le ment historique des rôles, en ma- face à la question des taux d’inté- ment, Jean-Claude Trichet, gou- mais figure de bonne élève. rêts des milieux d’affaires. » La fai- nombre des accidents de la route, tière économique et financière, rêt. La Bundesbank a apparem- verneur de la Banque de France, « L’économie française semble être blesse de l’Allemagne est d’avoir Nathan Chtcharansky, ministre entre la France et l’Allemagne. ment fourni à la Banque centrale déclare : « Nous ne sommes pas sa- entrée dans un cercle vertueux dû procéder à une réunification israélien de l’intérieur, se heurte « Est-ce que la France, longtemps européenne des chiffres péchant tisfaits du niveau actuel de l’euro. » d’augmentation de la production, onéreuse et d’être en particulier aux autorités religieuses hostiles à associée dans les esprits à l’inter- délibérement par optimisme sur Les performances économiques de confiance accrue et de création obligée de donner une nouvelle une mesure qui rend plus difficiles vention de l’Etat et à une forte infla- les perspectives d’inflation en Al- des deux pays expliquent évidem- d’emplois », selon la formule d’un qualification professionnelle à une les prières du matin. tion, est en train de remplacer l’Al- lemagne, de façon à éviter une ment ces attitudes divergentes. rapport de l’OCDE publié en dé- grande partie de la population ac- lemagne en tant que champion hausse des taux d’intérêt dans la « Pour la cinquième année consé- cembre dernier. tive de l’ex-RDA. a Abdel Majid Zaghmout, ancien d’une monnaie forte et que moteur zone euro. La faiblesse de l’euro cutive, la croissance a été plus forte Depuis « l’expérience socialiste Même le coût des 35 heures, qui membre du Fath, officiellement de l’expansion économique ? », ne préoccupe pas outre mesure les en 1999 en France qu’en Alle- ratée de François Mitterrand » de fait hurler les entrepreneurs fran- libéré en 1989, maintenu en çais, a été, à en croire l’analyse du détention, vient de mourir à FT, largement compensé par le gel Damas, après trente-quatre ans de DANS LA PRESSE FRANCE-INTER LA LIBRE BELGIQUE THE WASHINGTON POST ou la modération des salaires fran- prison pour un crime avoué en 1966 Pierre Le Marc Roland Planchar a A propos de la revendication çais. sous la torture, constamment nié LA TRIBUNE a Le communiqué n’a pas encore a Il y a quelque chose de déplaisant chinoise sur Taïwan, l’administra- « Si la France est réellement en depuis. Pascal Aubert été transmis à l’AFP. Mais pour re- dans la levée de boucliers, façon tion Clinton, comme celles qui train de remplacer l’Allemagne en a Il faut beaucoup d’audace à un prendre une expression gaul- vierges effarouchées, à laquelle on l’ont précédée, a suivi une poli- tête du peloton des économies euro- a En procédant, mardi 22 février, premier ministre pour s’inscrire lienne qu’il ne renierait pas, Jack assiste à propos du réseau d’espion- tique d’« ambiguïté stratégique ». péennes, les conséquences pour- pour la première fois, à une délibérément à contre-courant de Lang a entamé hier le processus nage « high tech » américain connu Les Etats-Unis accordent à l’île, la- raient être considérables pour les exécution par injection létale, la son opinion publique. Et lorsqu’il de sa candidature à Paris. Il a sous le code « P415 Echelon ». quelle est de plus en plus démo- flux d’investissements internatio- Floride ne risque plus de recours s’agit des sentiments plus que mi- même distillé sous le sceau du D’abord parce que l’essentiel de l’af- cratique, juste ce qu’il faut de sou- naux et pour les marchés des ac- dilatoires pour « châtiment cruel » tigés que nourrissent la Grande- plus grand secret... et à l’ensemble faire est su depuis belle lurette. (...) tien politique et militaire pour tions et des obligations », affirme le devant la Cour suprême des Bretagne et les Britanniques à de la presse, comme d’habitude, La Belgique elle-même peut difficile- dissuader la Chine de la conquérir Financial Times. Cela veut dire, en Etats-Unis en utilisant Old Sparky l’égard du dessein européen, ce le nom de sa porte-parole : Lyne ment faire croire qu’elle découvre le par la force, mais pas suffisam- effet, que ces investisseurs de- (la Vieille qui fait des étincelles), n’est plus d’audace ou de courage Cohen-Solal, qui incarne à Paris le scandale maintenant puisque, sans ment pour que les dirigeants de vraient s’intéresser davantage une chaise électrique massacrant qu’il est question, mais de téméri- combat frontal contre Jean Tiberi. même évoquer les articles de presse, Taïwan trouvent l’audace de décla- dans les années qui viennent aux les condamnés à mort. té. Tony Blair ne remontera cer- Soigneusement pesée (car en deux questions parlementaires (po- rer l’indépendance, laquelle pour- entreprises françaises qu’à leurs tainement pas dans les sondages quittant Blois et en s’exposant sées au ministre de la justice par le rait inciter la Chine à commencer concurrentes allemandes. Empor- a « Je sentais qu’il fallait que grâce à la profession de foi euro- aux coups de la droite, il prend un député écolo Olivier Deleuze les une guerre qui impliquerait, té par son élan, le FT va jusqu’à quelque chose de radical soit fait », péenne qu’il a prononcée hier à risque très sérieux), méticuleuse- 26 octobre 1998 et 11 janvier 1999) presque certainement, les forces suggérer que le modèle français a expliqué Heather Perry, jeune Gand. Il le savait par avance. Mais ment préparée (car c’est un grand avaient eu Echelon pour objet. Bref, américaines. Cette politique est de pourrait faire figure, à l’avenir, Britannique atteinte d’un à l’heure où l’Europe est en mal professionnel de la politique), son même si l’on attend encore des plus en plus difficile à tenir dès d’exemple à suivre pour les autres « syndrome de fatigue chronique », de chef de file et d’inspirateur, on initiative constitue désormais une confirmations officielles – rares en la lors que Taïwan devient plus dé- économies européennes... qui, après un échange de courriers sent le premier ministre britan- donnée majeure de la bataille matière – on savait tout et on n’avait mocratique et que la Chine reste électroniques avec Peter nique tenté d’occuper la place. parisienne. rien fait, ou à peu près. une dictature. Dominique Dhombres Halvorson, spécialiste américain de l’« auto opération », s’est elle-même trépanée, aux Etats-Unis, où la SUR LA TOILE pratique est permise. www.virtual-worlds.net/lifedrop L’ANGLAIS EN TÊTE a Les citoyens internautes a Selon une étude réalisée par la so- apprendront en tapant ciété informatique Inktomi, 86,6 % www.oezdemir.de., site du député Cloner des créatures numériques dotées d’une vie artificielle, puis jouer avec leur ADN des pages Web existant en jan- allemand Cem Oezdemir, le nom vier 2000 étaient rédigées en anglais. de son voisin grec et l’adresse de LES MICRO-ORGANISMES fili- environnement naturel. Les pro- Le français représentait environ son sauna. Sur www.deaubler.de., formes et multicolores frétillent moteurs de cette discipline tra- 2,4 %. ils sauront comment Herta dans la goutte d’eau virtuelle de Li- vaillent à présent sur le concept Daübler-Gmelin, ministre de la fedrop, agrandie à la taille de d’« évolution artificielle» : dans un PACIFIQUE justice, prépare son punch à la rose l’écran. Lifedrop est un système in- écosystème obéissant à ses propres a L’Icann, nouvel organisme inter- et au champagne. Sur teractif à vocation pédagogique lois physiques et biologiques, des national attribuant les noms de do- www.volkerbeck.de., Volker Beck, mis en ligne par l’université Léo- individus dotés d’un génotype maine sur Internet, a décidé que le député Vert, leur confiera sa nard-de-Vinci. Chaque créature vi- complet se reproduisent par accou- domaine « .pn » ne devait plus ap- passion pour « son homme ». vant dans la goutte est dotée de plement. partenir uniquement à l’un des habi- son propre code génétique : dès De ces reproductions naissent tants de l’île de Pitcairn (Pacifique), a Le tribunal correctionnel de que le visiteur en sélectionne une, des créatures plus évoluées, grâce à qui avait réussi à se l’approprier au- Bobigny a débouté de sa plainte son « ADN numérique » s’affiche la simulation du processus évolutif. près de la société privée gérant les Marcel Petit, sculpteur, qui sous la forme d’une suite de lettres Déjà, dans Lifedrop, la réussite de noms de domaine pour le compte reprochait à Philippe Vincent, et de chiffres. D’autres codes in- chaque individu détermine si ses du gouvernement américain. « .pn » architecte, d’avoir défiguré deux de diquent son niveau de vitalité et sa gènes seront transmis à la généra- sera désormais géré collectivement ses monolithes érigés dans la cour durée de vie probable. On peut tion suivante. Pour renforcer sa di- par le Conseil de l’île. d’un lycée d’Epinay, dans la alors cloner la créature, et s’amuser mension pédagogique, le site pro- Seine-Saint-Denis, en les faisant à changer un chiffre ou une lettre pose des rubriques sur les théories PRIX DES MOBILES peindre en rose et surmonter d’un de son ADN, afin de comprendre le de l’évolution et sur les ressem- a La société française Comparatel, petit toit en inox. rôle d’un gène. Pendant ce temps, blances et les différences entre ce déjà implantée en Allemagne, en les autres créatures de la goutte monde virtuel et la biologie du Italie et en Autriche, a ouvert un site a Jugé, mardi 22 février, par un d’eau se poursuivent, s’entre-dé- d’autres termes, on est en présence cielle" trop au pied de la lettre. Nous monde réel. Jean-Claude Heudin a de comparaison tarifaire pour le tribunal de Broome, en Australie, vorent, s’accouplent, meurent, et de créatures virtuelles dotées d’une ne créons pas une forme de vie qui aussi des objectifs plus ludiques : marché français des téléphones mo- Charles Latham avait pourtant celles qui viennent d’être créées « vie artificielle ». Pour Jean- perdure, mais nous recréons, sous « Un jour, nous aimerions peupler les biles. Un moteur de recherche per- restitué le produit de ses vols : à la par clonage les rejoignent. Claude Heudin, directeur du labo- forme de programmes, des compor- espaces virtuels du Net, notamment met de rechercher l’offre la plus police une empreinte de dinosaure, Ce que l’on voit à l’écran n’est ratoire de recherche de l’Institut in- tements que nous assimilons au vi- les galeries marchandes et les jeux en avantageuse pour une somme don- un fossile de pied humain aux pas le résultat d’un ensemble d’ac- ternational du multimédia du pôle vant ». Aujourd’hui, les logiciels de réseau, de créatures autonomes qui née. Un autre système propose aux Aborigènes de la région. tions préprogrammées, mais l’in- universitaire Léonard-de-Vinci et vie artificielle peuvent simuler des pourraient guider l’internaute. » consommateurs plus avertis une re- teraction en temps réel de multi- initiateur du projet Lifedrop, « il ne créatures d’une complexité compa- cherche exhaustive multicritère. Christian Colombani ples éléments autonomes : en faut pas prendre le terme "vie artifi- rable à celle d’un insecte dans son Claire Charpy www.comparatel.fr

De Nuremberg à la listeria par Alain Rollat TOUS LES ÉDUCATEURS, et, a ambitions totalitaires de l’Etat- montrer la différence entre l’édu- fortiori, tous les ministres de culte. On a perdu la liste des en- cation et l’élevage en batterie. l’éducation, devraient s’imposer seignants allemands qui payèrent Tout ministre de l’éducation de garder en mémoire, dans leur de leur vie le courage d’avoir dit sensible à ce distinguo devrait approche des problèmes sco- merde à Julius Streicher, alors donc, par principe, donner raison laires, l’exceptionnelle série do- Führer de Franconie, le jour de aux parents quand ils refusent de cumentaire qu’Arte consacre, de- 1938 où il ordonna aux ensei- soumettre l’éducation de leurs puis trois semaines, dans « Les gnants de Nuremberg : « Dites-le enfants aux impératifs d’Etat. mercredis de l’histoire », présen- aux enfants : le juif pourrit l’huma- Dès que l’intérêt collectif de l’ins- tés par Alexandre Adler, à l’em- nité ! Inculquez-leur une saine co- titution scolaire prime sur l’ave- brigadement de la jeunesse alle- lère, une haine véritable ! » C’était nir de l’écolier individuel, il y a mande sous Hitler. écrit dans leurs manuels : «Les manquement au devoir conjoint C’est la première fois que la té- Juifs, c’est le crime.» Les jeunes hi- du couple parent-enseignant. Ce- lévision raconte par le menu dé- tlériens le croyaient. la n’a rien à voir avec Nuremberg, tail, en utilisant des archives iné- Soixante ans plus tard, devenus mais si la télévision française s’in- dites pour illustrer son propos, de respectables citoyens, les res- téressait vraiment à l’avenir du comment il est facile d’endoctri- capés de cette génération sacri- système éducatif, ce n’est pas sur ner les enfants quand les parents fiée sur l’autel du surhomme se la peur de la listeria qu’elle insis- les abandonnent aux idéologues. regardent encore avec incrédulité terait aujourd’hui. Elle zoomerait Rien n’est plus simple que de dans le miroir que leur tend la ca- sur ce qui se passe autour des transformer un gosse en soldat méra. Ils en sont pathétiques. écoles du Gard et de l’Hérault où, de plomb. Il suffit de lui prêcher « Dis, papa, c’est quoi le national- pour la première fois avec une l’héroïsme civil ou religieux d’une socialisme ? », demandait Martin telle ampleur, parents et ensei- main de fer. L’endoctrinement Bormann junior. « Le national-so- gnants continuent de manifester exige simplement, après l’abdica- cialisme, lui répondait son père, ensemble, chaque jour, pour re- tion des parents, un personnel c’est la volonté du Führer. » Il y a fuser, justement, toute forme d’encadrement à la hauteur des là matière à pédagogie pour d’éducation en batterie. LeMonde Job: WMQ2502--0035-0 WAS LMQ2502-35 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 09:08 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 14Fap: 100 No: 0468 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / 35 JEUDI 24 FÉVRIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.40 Thema. Charles Quint 22.00 « Répétition du Trio », 18.35 A Bell for Adano aa TÉLÉVISION aux prises avec son empire. Arte no 3 de Beethoven. Henry King (Etats-Unis, 1945, ARTE 21.05 Les Grands Jours du siècle. Avec Wilhelm Kempff, piano ; N., v.o., 105 min). Ciné Classics 22.00 Ecosystème, [8/16]. Le jour J. TV 5 Henryk Szeryng, violon ; 20.30 Passion d’amour aa TF 1 19.00 Voyages, voyages. Norvège. un monde menacé. Forum 21.20 A la conquête Ludwig Hoelscher, violoncelle. Mezzo Ettore Scola (Italie, 1981, 19.45 Arte info, Météo. 120 min). Ciné Cinémas 1 23.00 Taï Chi Chuan, de l’indéfiniment petit. Planète 22.40 Marciac Sweet 99. 18.25 Exclusif. 20.15 Sportif oui, pigeon non. Buddy Guy. Muzzik 22.30 Légendes. Bette Davis. Téva 21.00 Guerre et Paix aa 19.05 Le Bigdil. 20.40 Thema. Charles Quint l’art du mouvement. Forum 23.05 Concert de gala dirigé Serge Bondartchouk [4/4] (Urss, 23.05 Chroniques de l’Afrique 20.00 Journal, Voile, Tiercé, Météo. aux prises avec son empire. par Zubin Mehta. Avec Viviane 1962, 120 min). Histoire 20.45 Charles Quint MAGAZINES sauvage. [15/24]. L’intrus. Odyssée Hagner, violon ; Sharon Kam, 21.00 Monsieur Smith 20.50 Les Cordier, juge et flic. ou l’ingouvernabilité du monde. Crimes de cœur. 21.35 Voici l’Empereur ! 23.10 Perspectives américaines. clarinette. Par les Orchestres au Sénat aaa 18.20 Nulle part ailleurs. [8/8]. L’art business. Planète philharmoniques de Berlin 22.55 Made in America. Charles Quint par monts et par vaux. Frank Capra (Etats-Unis, 1939, N., 22.20 La Controverse de Valladolid a Invités : Rinocerose ; 23.15 Légendes. Cindy Crawford. Téva et d’Israël. Paris Première Crashs en série. v.o., 125 min) &. Paris Première Téléfilm. Mario Azzopardi. Film. Jean-Daniel Verhaeghe. Denzel Washington ; Nikki Gemell ; 23.45 Le Déluge, ou à la recherche Michel Delpech. Canal + TÉLÉFILMS 22.25 Cul-de-sac aaa 0.35 Scénarios sur la drogue. 23.50 Amour, pouvoir et solitude. de l’Atlantide. Histoire Roman Polanski (GB, 1965, N., 0.40 Des gens comme les autres a 18.30 et 21.30 L’Invité de PLS. LCI ème 0.05 Kofi Annan, homme de paix, 20.45 L’Etrange Rançon. v.o., 110 min) %. 13 Rue FRANCE 2 Film. Robert Redford. 19.30 et 0.45 Rive droite, ème Planète George Mihalka. 13 RUE 23.00 Les Années terribles aa rive gauche. Paris Première homme du monde. 22.20 La Controverse de Valladolid. Richard Heffron (Europe, 1988, 17.25 Cap des Pins. M6 20.50 Envoyé spécial. Harcèlement Jean-Daniel Verhaeghe. Arte 155 min). Ciné Cinémas 3 17.55 Nash Bridges. moral : les salariés de la peur. SPORTS EN DIRECT 22.55 Crashs en série. M. Azzopardi. TF 1 23.05 Lila, Lili aa 17.40 Les Bédés de M 6. Sécurité alimentaire : le doute. Marie Vermillard (France, 1999, 18.45 Friends. 18.30 Sliders, les mondes parallèles. Un moulin au Mali. France 2 20.00 Football. 105 min) &. Canal + Vert 19.15 Qui est qui ? e COURTS MÉTRAGES 19.15 Cosby Show. 22.10 90 minutes. Championnat de D 2 (28 journée) : 20.00 Journal, Météo, Point route. La guerre radioactive secrète. Canal + Caen - Sochaux. Eurosport 19.54 Le Six Minutes, Météo. 0.35 Scénarios pour la drogue. 20.50 Envoyé spécial. 20.05 Une nounou d’enfer. 22.35 Boléro. Invitée : Rosy Varte. TMC Avalanche. DANSE 23.05 Comme au cinéma. 20.38 Météo des neiges. 23.05 Comme au cinéma. G. Canet et J.-C. Pagnac. ?. TF 1 0.40 Journal, Météo. Peur sur l’écran. France 2 20.40 Décrochages info, Passé simple. 1.05 Scénarios pour la drogue. 1.05 Scénarios sur la drogue. 23.20 Prise directe. En direct de Paris. 18.30 Coppélia. C’est presque terrible. 20.55 Raï. Film. Thomas Gilou %. 1.10 Le Décalogue 9 et 10 aa Le Paris homo. France 3 Ballet. Chorégraphie d’Oleg Lionel Mougin. France 2 22.25 Piranhas a Film. Joe Dante ?. Vinogradof. Musique de Delibes. Film. Krzysztof Kieslowski (v.o.). 23.30 Le Club. 0.05 Highlander. Avec Philippe Torreton. Ciné Classics Par les ballets du Kirov. Avec Mikhaïl Zavialov et l’Orchestre SÉRIES 0.30 Saga-Cités. et les Chœurs du Théâtre Mariinski, FRANCE 3 Une longue histoire. France 3 dir. Alexandre Viliumanis. Mezzo 20.50 Les Cordier, juge et flic. RADIO Crimes de cœur. TF 1 17.40 Le Kadox. 0.40 Vol de nuit. Histoires secrètes. TF 1 MUSIQUE 21.30 Zoe, Duncan, Jack & Jane. Under 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? Mom’s Thumb (v.o.). Série Club 18.20 Questions pour un champion. FRANCE-CULTURE DOCUMENTAIRES 22.45 Le Caméléon. 18.48 Un livre, un jour. 20.35 Festival « Beethoven Effets spéciaux (v.o.). La course contre 19.30 En vivant, en écrivant. la montre (v.o.). Série Club 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. 20.15 Reportage. passionnément ». Invité : Jacques Roubaud. 20.05 Fa si la. Sportif oui, pigeon non. Arte Avec Giovanni Bellucci. Muzzik 0.00 Homicide. [1/2]. Incendie. TSR 20.30 Equinoxe.

PATRICK TERRAZ PATRICK 20.35 Tout le sport, Consomag. Invité : Thierry Robin. 23.55 Mima aa 20.55 L’Ombre et la Proie 21.30 Fiction 30. Philomène Esposito. Film. Stephen Hopkins %. D’un lit à l’autre, d’Isabelle Rossignol. Avec Virginie Ledoyen, 22.45 Météo, Soir 3. Nino Manfredi (France, 1990, 22.10 Multipistes. 80 min). Cinéstar 1 23.20 Prise directe. A Paris. 0.05 Police python 357 aa 0.30 Saga-Cités. Une longue histoire. FRANCE-MUSIQUES CANAL+ 13ÈME RUE ARTE Alain Corneau (France, 1975, 125 min) %. Ciné Cinémas 1 CANAL + 20.00 Tête d’affiche. 22.10 La Guerre radioactive 22.25 Cul-de-sac aaa 22.20 La Controverse 0.40 Un été 42 aa Concert donné par le Chœur de Radio 16.40 Le Mystère des fées France et l’Orchestre philharmonique secrète Une fable burlesque de Roman Po- de Valladolid a Robert Mulligan (Etats-Unis, 1971, 100 min). Cinétoile Film. Charles Sturridge &. de Radio France, dir. Yutaka Sado : Œuvres de Berlioz, Wagner, Dans le cadre de « 90 Minutes », lanski, tournée juste après Répul- Le débat qui agita le dominicain 1.10 Tu ne convoiteras pas f En clair jusqu’à 20.40 Rimski-Korsakov. diffusion d’une terrible enquête de sion, avec Françoise Dorléac, re- Bartolomé de Las Casas, compa- la femme d’autrui aa 18.15 Flash infos. 22.30 Jazz, suivez le thème. Martin Meissonnier sur ce qu’il est commandée au cinéaste par sa gnon de Christophe Colomb, et le Krzysztof Kieslowski (Pologne, 18.20 Nulle part ailleurs. 1988, v.o., 60 min). France 2 convenu d’appeler « le syndrome sœur, Catherine Deneuve. Mise en théologien Sepulveda, à propos de 20.30 Le Journal du cinéma. RADIO CLASSIQUE 1.15 Le Patient anglais aa 20.40 Pourquoi pas moi ? de la guerre du Golfe ». Soulignant scène et jeu décalés pour cette his- la nature des Indiens – « ont-ils une Anthony Minghella (EU, 1996, Film. Stéphane Giusti &. 20.15 Les Soirées. les conséquences dévastatrices de toire de deux gangsters en cavale âme ? » –, inspira un texte magni- v.o., 155 min) &. Cinéstar 2 22.09 Le Monde selon Glup. Sonate no 1, de Mendelssohn, R. Lester, 1.20 Les Années-lumière aa violoncelle, S. Tomes, piano. l’usage de l’uranium appauvri sur qui se réfugient dans un manoir fique au scénariste Jean-Claude 22.10 90 minutes. Robert Enrico (Europe, 1989, La guerre radioactive secrète. 20.40 Concert. les soldats et la population de la habité par un couple. Le film fut Carrière. Un film rare, signé de 165 min). Ciné Cinémas 2 Donné à l’Auditorium de Dijon, par 23.20 Pluie d’enfer a l’Orchestre philharmonique de Prague, région, cette enquête témoigne recompensé par un Ours d’or au Jean-Daniel Verhaeghe et servi par 2.10 Tu ne convoiteras pas Film. Mikael Salomon (v.o.) %. dir. Jiri Belohlavek. Œuvres de Haydn, aussi de l’opposition entre vété- Festival de Berlin 1966 et obtint le un trio talentueux : Marielle, Trin- le bien d’autrui aa 0.50 Sodome et Gomorrhe Dvorak, Mozart. Krzysztof Kieslowski (Pologne, Film. Robert Aldrich 22.30 Les Soirées... (suite). Œuvres rans et chercheurs au Pentagone. Prix de la critique à Venise. tignant et Carmet. 1988, v.o., 55 min). France 2 et Sergio Leone (v.o.) &. de Brahms, R. Schumann, Schubert.

VENDREDI 25 FÉVRIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES 20.30 « Symphonie K 504 Prague », 14.30 Toute la ville TÉLÉVISION DÉBATS DOCUMENTAIRES de Mozart. Par la Deutsche en parle aa LA CINQUIÈME/ARTE Kammerphilharmonie, John Ford (Etats-Unis, 1935, 22.00 Les 35 heures... 18.00 L’Actors Studio. dir. Gerd Albrecht. Muzzik N., v.o., 95 min). Cinétoile TF 1 14.30 La Cinquième rencontre... et maintenant ? Forum Martin Landau. Paris Première 21.00 Jazz en Provence. Avec Sammy 16.05 Un été 42 aa 16.00 Les Nouveaux Agriculteurs. 23.00 L’Interprète et la musique, 18.05 Jazz Collection. Fats Waller. Muzzik Price, piano ; Jo Jones, batterie ; Robert Mulligan (Etats-Unis, 14.45 Arabesque. 16.35 Alfred Hitchcock présente. 18.30 Le Monde des animaux. Nick Buckner, clavier ; 1971, 105 min). Cinétoile 15.40 Magnum. Hypnose. un monde sensible. Forum Illinois Jacquet, saxophone. Muzzik L’Eider. La Cinquième 16.50 Pontcarral, 16.40 Sunset Beach. 17.00 Le Cinéma des effets spéciaux. 23.00 « Missa solemnis », MAGAZINES 20.05 La Jungle de verre. colonel d’Empire aa 17.35 Melrose Place. 17.30 100 % question. Amitiés virtuelles. Odyssée de Beethoven. Avec Lella Cuberli, Jean Delannoy (France, 1942, 18.25 Exclusif. 17.55 Côté Cinquième : Côté week-end. soprano. Par l’Orchestre N., 125 min). Ciné Classics 20.15 Reportage. 19.05 Le Bigdil. 18.25 Météo. 14.30 La Cinquième rencontre... Famille, philharmonique de Vienne et le Chœur 18.15 Guerre et Paix aa école : La séparation parents-enfants Les Yeux de son maître. Arte 18.30 L’Eider. des amis de la musique de Vienne, Serge Bondartchouk [3/4] (Urss, 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. à l’occasion des départs 20.30 Central Park. [1/2]. Planète dir. Herbert von Karajan. Mezzo 1962, 120 min). Histoire 20.50 Ophélie Winter Show. 18.56 C’est quoi la France ? en classe de neige. La Cinquième 19.00 Tracks. 21.00 Les Pyramides du Pérou. Histoire 23.25 European Concert 1991, Prague. 21.00 Créatures célestes aa 22.50 Sans aucun doute. 17.00 Les Lumières du music-hall. 21.45 Docs & Débats. Avec Cheryl Studer, soprano ; Bruno Révélations et contre-enquêtes. 19.45 Arte info, Météo. Dean Martin. Peter Jackson (Nouvelle-Zélande, Paroles de détenus. Odyssée Canino, piano. Par l’Orchestre 1994, 100 min). Ciné Cinémas 1 0.40 Scénarios sur la drogue. 20.15 Les Yeux de son maître. Sacha Distel. Paris Première philharmonique de Prague, 21.55 Soudan. La question Nouba. Planète dir. Claudio Abbado. Muzzik 21.00 La Haine aa 0.45 Les Coups d’humour. 20.45 Le Passager clandestin. 17.30 et 20.15, 23.00 Le Journal Téléfilm. Agusti Villaronga. 22.00 Dynastie rouge. [3/3]. Histoire Mathieu Kassovitz (France, 1995, 1.20 TF 1 nuit, Météo. de l’histoire. Histoire N., 100 min) %. Cinéstar 1 1.35 Pascal Obispo. Live 98. 22.20 Scénarios sur la drogue. o 22.05 Baby, that’s Rock’n Roll. THÉÂTRE 17.40 Ciné-Cinécourts n 100. Festival [1/2]. Canal Jimmy 22.30 Grand format. Désert. de Clermont-Ferrand. Ciné Cinémas 0.10 Ne meurs pas sans me dire 22.25 Sur la terre des dinosaures. 20.30 George Dandin FRANCE 2 18.20 Nulle part ailleurs. où tu vas. Film. Eliseo Subiela (v.o.). Invités : Primal Scream ; Agnès Jaoui ; [1/6]. Une nouvelle dynastie. RTBF 1 ou le mari confondu. Pièce de Molière. Mise en scène 14.55 Le Renard. Jean-Pierre Bacri ; Gérard Lanvin ; 22.30 Grand format. Désert. Arte Isabelle Huppert ; Ting Shao. Canal + de Jean-Claude Brialy. Festival 16.00 La Chance aux chansons. M6 22.45 Queen Mary, 16.50 Des chiffres et des lettres. 19.00 Tracks. No respect : Aux codes. 22.50 Les Bidochon, histoire d’amour. légende de l’Atlantique. Planète Pièce de Christian Binet. 17.20 Un livre, des livres. 13.35 Une petite sœur trop séduisante. Tribal : The Beach. Dream : Marc Téléfilm. Steven Hillard Stern. Almond. Vibration : Canul’art. Mise en scène 17.25 Cap des Pins. 23.00 Rockpalast. de Marijo Kollmannsberger. Festival 15.10 Central Park West. Backstage : Rumba New generation. Jacques Higelin. Canal Jimmy 17.55 Nash Bridges. Live : Cunnie Williams. Arte 16.10 M comme musique. 18.45 Friends. 23.35 Les Grandes Expositions. TÉLÉFILMS 17.40 Les Bédés de M 6. 19.30 Rive droite, rive gauche. 19.15 Qui est qui ? Best of. Paris Première L’or des Scythes. Planète 18.30 Sliders, les mondes parallèles. 20.00 Journal, Météo, Point route. 20.05 C’est la vie. 23.45 Le Musée d’Orsay. [5/6]. 18.35 Les Derniers Pionniers. 19.15 Cosby Show. La solitude des malentendants. TSR Après l’impressionnisme. Histoire Tommy Lee Jones. Ciné Cinémas 20.50 Boulevard du Palais. La Guerre des nerfs %. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 23.55 Madagascar. [2/2]. TMC 20.45 Le Passager clandestin. 20.30 Docs & débats. Vivre en prison 22.35 Un livre, des livres. 20.05 Une nounou d’enfer. (Introduction). Odyssée Agustí Villaronga. Arte 0.45 L’Aventure photographique. 22.45 Bouillon de culture. 20.38 Météo du week-end. 20.50 Ophélie Winter Show. TF 1 [3/10]. La photo de guerre. Histoire 21.00 Croisière d’enfer. Mark von Seidlitz. ?. Canal + Deux mille ans de christianisme. 20.40 Politiquement rock. 20.50 Graines de star. Invités : Mimie SPORTS EN DIRECT 21.00 Le Patient anglais aa 0.05 Journal, Météo. 20.50 Graines de star. Mathy ; Patrick Bruel ; Yves Lecoq ; COURTS MÉTRAGES Anthony Minghella. 0.25 Scénarios sur la drogue. 23.00 X-Files. L’homme invisible ; Pascal Obispo ; Khaled ; Poetic Lover ; Avec Ralph Fiennes, Aux frontières du jamais %. Sierra Maestra ; Charly et Lulu. M6 13.00 Biathlon. Championnats du monde. 22.20 Scénarios sur la drogue. Juliette Binoche (EU, 1996, v.o., FRANCE 3 0.30 The Practice. Doutes raisonnables. 20.55 Thalassa. Mailles à partir. France 3 Relais dames (4x7,5 km). Eurosport 125 min) &. Cinéstar 2 La Faute au vent. 21.00 Recto verso. Avec 15.45 Athlétisme. Championnats d’Europe Emmanuelle Bercot. Arte 21.00 Le Voyage 14.50 Les Nouvelles en salle. Eurosport Jean-Pierre Bacri. Paris Première 0.25 Scénarios sur la drogue. fantastique aa Aventures de Skippy. RADIO 21.05 T’as pas une idée ? 20.00 Handball. Championnat de D 1 : La Faute au vent. E. Bercot. France 2 Richard Fleischer (EU, 1966, 16.25 Les Minikeums. Ivry - Paris-SG. Eurosport v.o., 100 min). Ciné Cinémas 3 Invité : Bernard Fixot. Canal Jimmy 0.35 Histoires courtes. 17.40 Le Kadox. FRANCE-CULTURE 21.10 Lignes de front. 22.30 Boxe. Poids lourds-légers. La tentation de l’innoncence. 21.05 Madame de... aaa 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? La Sierra Leone. LCI Silvio Meinel - Fabienne Godet. France 2 Max Ophuls (France, 1953, Lee Manuel Osio. Eurosport N., 100 min). Cinétoile 18.20 Questions pour un champion. 19.30 Appel d’air. Bucovine : 21.30 L’Invité de PLS. LCI 0.40 Scénarios sur la drogue. Hier, tu 18.48 Un livre, un jour. dans les forêts de l’Ancien Monde. 1.00 Voile. Coupe de l’America. m’as dit demain. Vincent Perez. TF 1 21.10 Toto le héros aaa 18.50 Le 19-20 de l’information, Météo. 20.30 Black & Blue. Invité : Petr Kral. 22.00 Faut pas rêver. Burkina Faso : Finale. Paris Première 2.00 Scénarios sur la drogue. Jaco Van Dormael (Belgique, Les enfants du Wamdé. France : 1990, 95 min). Cinéfaz 20.05 Fa si la. Spéciale juniors. 21.30 Fiction 30. Les Îles de sable, Quand j’étais petit. de Christophe Ferré. Les gueules cassées de la boxe. Arnaud Sélignac. France 3 22.00 A Bell for Adano aa 20.35 Tout le sport. USA : Le clochard et les étoiles. DANSE 22.10 Multipistes. Henry King (Etats-Unis, 1945, 20.55 Thalassa. Mailles à partir. Invité : Fabrice Luchini. France 3 N., v.o., 105 min). Ciné Classics 19.30 Still Here. Ballet. Chorégraphie SÉRIES 22.00 Faut pas rêver. FRANCE-MUSIQUES 22.15 Nuit magique. Invités : Alain de Bill T. Jones. Musique 22.40 Police python 357 aa 23.05 Météo, Soir 3. Souchon ; Tina Arena ; Pascal Obispo ; de Frazrelle et Reid. Muzzik Alain Corneau (France, 1975, Liane Foly ; Marianne James ; Alain 20.45 Twin Peaks. %. Série Club 125 min) %. Ciné Cinémas 2 23.30 La Cité des femmes aa 18.00 Le jazz est un roman. Film. Federico Fellini (v.o.) %. Chamfort ; Garou ; Daniel Lavoie ; 22.15 Récital. Ballet. Musique de Louise. Par 20.50 Boulevard du Palais. 22.45 Salut l’artiste aa 19.07 A côté de la plaque. Roch Voisine ; Axelle Red ; la Compagnie Käfig. Mezzo La Guerre des nerfs. %. France 2 2.00 Scénarios sur la drogue. Lara Fabian ; Jean-Marie Bigard ; Yves Robert (France, 1973, 20.00 Concert franco-allemand. Zazie ; Marc Lavoine ; Maurane. TV 5 20.50 Jesse. Driving Miss Jesse (v.o.). Téva 95 min). Cinétoile Donné en direct, salle Pleyel, à Paris, MUSIQUE CANAL + par l’Orchestre philharmonique 22.45 Bouillon de culture. Deux mille ans 22.20 Le Damné. de Radio France, dir. Ivan Fischer. Mourning After (v.o.). %. Série Club de christianisme. Invités : André 18.30 Mozart et Beethoven. 13.45 Nelly et monsieur Arnaud aa Œuvres de Brahms, R. Schumann, Chouraqui, Georges Suffert, Guy 23.00 X-Files. L’homme invisible. Beethoven. Lors des Proms en 1975. Avec Alfred Film. Claude Sautet &. Bechtel, Mgr Joseph Doré. France 2 Aux frontières du jamais. M6 Brendel, piano. Par l’Academy 15.30 Total Recall 2070. 22.30 Alla breve. 22.50 Sans aucun doute. Révélations of Saint-Martin-in-the-Fields, 0.30 The Practice, Donnell & associés. 22.45 Jazz Club. et contre-enquêtes. TF 1 dir. sir Neville Marriner. Mezzo Doutes raisonnables. M6 16.10 Pluie d’enfer a En direct du Duc des Lombard, à Paris. Film. Mikael Salomon %. f En clair jusqu’à 21.00 RADIO CLASSIQUE 17.45 C’est ouvert le samedi. 18.15 Flash infos. 19.30 Classique affaires soir. 18.20 Nulle part ailleurs. 20.15 Les Soirées. Concerto pour alto op. 1, de Stamitz, par l’Orchestre de chambre 20.30 Allons au cinéma ce week-end. philharmonique de Prague, CINÉFAZ FRANCE 3 FRANCE 3 21.00 Croisière d’enfer. dir. J. Belohlavek, J. Peruska, alto. Téléfilm. Mark von Seidlitz ?. 20.40 Charles Valentin Alkan, 21.10 Toto le héros aaa 23.30 La Cité des femmes aa 3.05 Nocturnales : jazz à volonté 22.30 South Park. compositeur. Thomas a toujours pensé qu’on Quinquagénaire et obsédé sexuel, A Marciac, petit village du Gers, on 22.50 Scream 2. Film. Wes Craven ?. 22.40 Endimione. Opéra de Bach. l’avait échangé à sa naissance avec Snaporaz (Marcello Mastroianni) aime le jazz, au point d’organiser 0.45 Hellraiser, le pacte a Par l’Ensemble vocal Cappella Alfred, le voisin. Aujourd’hui qu’il 23.30 La Cité des femmes aa Film. Clive Barker ?. Coloniensis, Jörg Hering (Endimione). s’endort dans un train au moment un festival. Créé en 1977, d’abord Federico Fellini. est vieux, il revoit sa vie, et reste où celui-ci s’engage sous un tun- dédié aux origines, Marciac est de- Avec Marcello Mastroianni, persuadé qu’il l’a ratée tandis nel. Réveillé brusquement, il suit venu un lieu de passage de ve- Anna Prucnal (Italie, 1979, SIGNIFICATION DES SYMBOLES qu’Alfred aurait réussi la sienne. v.o., 150 min) %. France 3 une femme « au fessier galac- dettes représentant la quasi-totali- 23.45 Air Force aa Les codes du CSA Les cotes des films Premier long métrage de Jaco van tique », et arrive dans un hôtel où té des styles. Sans prétention, Howard Hawks (Etats-Unis, 1943, & Tous publics a On peut voir Dormael sur un thème éternel, N., v.o., 125 min). Ciné Classics se tient un congrès féministe. Su- Marciac a fait de Wynton Marsalis % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer l’insatisfaction et le sentiment de 0.25 Les Démons de Jésus aa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique perbe ouverture onirique pour une son héros. Le trompettiste améri- Bernie Bonvoisin (France, 1996, ratage. Une merveille d’insolite, de ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + œuvre située sous le ciel de l’irra- cain y a sa statue, son panneau de 115 min) %. Cinéfaz tendresse et d’humour qui a fait ! Public adulte DD Dernière diffusion tionnel. Une réflexion de Fellini sur basket, sa classe de jazz. Un docu- 2.15 New York-Miami aaa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour école sans être égalée. Frank Capra (Etats-Unis, 1934, # sa démarche de cinéaste. En v.o. ment de Frank Cassenti. N., v.o., 105 min) &. Cinétoile Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ2502--0036-0 WAS LMQ2502-36 Op.: XX Rev.: 24-02-00 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 14Fap: 100 No: 0469 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 Mobilisation à Paris contre Mme Voynet L’affaire Bardet par Pierre Georges manifeste malgré LE VEAU fermier n’était, étoiles à ce restaurant, c’est ou- disent-ils, pas fermier. Le bar de trager le goût et ridiculiser le les exactions russes en Tchétchénie ligne n’était point de ligne. L’as- guide. la consigne perge de Bourgueil pas native de La répression risque donc Bourgueil. Le vin d’appellation d’être féroce. A la mesure de l’in- Entre 2000 et 5000 manifestants dénoncent « un crime sans châtiment » contrôlée était tout, sauf contrôlé sulte faite aux inspecteurs des tra- de Lionel Jospin d’appellation. Et ainsi de suite, vaux culinaires. Il n’est pas im- IL ÉTAIT LÀ, l’air de rien, dans la 23 février 1944, jour de la déporta- André Glucksmann. Honte à nous ANONYME dans la foule, entou- puisque les inspecteurs de la possible que le fameux guide foule. Akhjad Idigov, président de tion des Tchétchènes sur ordre de qui avons accepté que le siècle rée de ses amis, dont Jean-Luc consommation, de la concurrence fasse un exemple : dégradation la commission des affaires étran- Staline. De la déportation au mas- commence par Grozny. J’espère que Bennahmias, secrétaire national et de la répression des fraudes du restaurant sur le front des gères au Parlement de Tchétchénie, sacre, « Vladimir Poutine poursuit nos enfants ne nous pardonneront des Verts, et Denis Baupin, porte- s’en donnèrent à cœur joie dans troupes horrifiées. Arrachage, ne s’attendait pas à trouver tant de l’œuvre de Staline ». Le mot d’ordre pas. » parole, Dominique Voynet, mi- l’établissemment réputé, et si ré- sans cérémonie ou avec cérémo- Parisiens mobilisés pour la cause inspirait les slogans : « Ras-Pou- Le ministre des affaires étran- nistre de l’aménagement du terri- puté que deux fois étoilé au guide nie expiatoire, des deux étoiles. Et de son pays. « Je suis très surpris, tine », « Chirac-Jospin, votre silence gères, Hubert Védrine, n’était pas toire et de l’environnement, suit le Michelin, des époux Bardet à pour finir, car cela revient à cela, dit-il. Je commence à croire que les tue », « Poutine assassin, Occident épargné par les orateurs du Comité flot de la manifestation organisée, Tours. poteau d’exécution, onze fraudes choses avancent. » Les membres du complice ». Tchétchénie. Ils lui reprochent la mercredi 23 février au soir, à l’ap- Voilà qui fait tache sur l’imma- présumées, douze balles dans la Comité Tchétchénie, organisateurs « petite phrase » par laquelle il pel du Comité Tchétchénie. Alors culée toque de la haute cuisine panse ! de la manifestation qui a eu lieu à « GOULAG À CIEL OUVERT » qualifia Poutine de « patriote » que le cortège prend la direction française. Et qu’en cour d’appel, à Oui, mais voyez où l’on veut en Paris, mercredi 23 février, du parvis Ils étaient là pour demander des s’exprimant avec « détermination ». de la place de la République, la mi- Orléans, ces restaurateurs touran- venir, la condamnation des époux de Beaubourg à la place de la Ré- comptes. Pour dénoncer le silence Etait présente à la manifestation nistre Verte se prête volontiers à geaux se sont fait rudement tan- Bardet n’est pas encore définitive, publique, n’en revenaient pas non qui « désavoue la mobilisation poli- « en tant que citoyenne » sa une mise au point sur sa présence, cer par le plus inattendu des chro- la preuve de leur « gargoterie » plus. Ils n’avaient été que 300 à se tique de l’Europe contre Haider ». consœur à l’environnement, Domi- en dépit de la « jurisprudence » niqueurs gastronomiques, pas consommée. En première ins- rassembler en novembre, place de Pour s’indigner de la « complicité » nique Voynet (lire ci-contre). La orale établie par Lionel Jospin. l’avocat général Christian Dreux, tance, le tribunal correctionnel de la Sorbonne, contre les exactions des chancelleries occidentales qui nuit est tombée. Le cortège est arri- Après la manifestation des qui émit cet avis définitif : «Des Tours les avait certes condamnés russes en Tchétchénie. Cette fois, « financent le massacre des Tché- vé place de la République, vers femmes, en 1997, à laquelle chantres de la cuisine française à 15 000 francs d’amende chacun. pour dénoncer le « crime sans châ- tchènes » en n’imposant aucune 20 heures. Parmi d’autres voix, au Mme Voynet, notamment, avait (qui se sont) comportés en gargo- Imaginez que la cour d’appel les timent », on comptait 2 000 per- sanction à la Russie, toujours micro, celle d’un opposant russe participé, le premier ministre avait, tiers de bas étage ». Avant que de relaxe ! Et que, sans attendre, le sonnes selon la police, et « au mini- membre du Conseil de l’Europe et s’est fait entendre : « Je me bats en effet, indiqué qu’il ne souhaitait requérir 45 000 francs d’amende guide les condamne, les exécute mum 5 000 ou 6 000, à vue de nez et de l’OSCE, présente dans les réu- pour la liberté des Tchétchènes et pas que ses ministres prennent contre chacun des époux Bardet même. Innocents et ruinés ! Ce d’expérience », selon le cinéaste nions du G 7, à laquelle les pour la nôtre. Car un peuple qui en part à des manifestations, ou qui protestent de leur innocence serait l’affaire Bardet, dans toute Romain Goupil, l’un des meneurs banques du Club de Londres ont massacre un autre ne peut être signent des pétitions. et leur bonne foi et la publication sa splendeur et son retentisse- du mouvement. effacé un tiers des dettes, et à qui le libre. » Quant au parlementaire « Je suis là comme une citoyenne, de l’arrêt à venir dans deux maga- ment. Avec une France gastrono- Ils avaient choisi le parvis de FMI continue d’accorder des cré- tchétchène Akhjad Idigov, il s’attar- révoltée par ce qui se passe en Tché- zines. mique coupée en deux, les barde- Beaubourg, en souvenir de leurs dits. Ils demandent l’arrêt de l’aide dait dans une foule plus parsemée. tchénie, les massacres, les viols, les Résultat des courses, le tistes et les anti-bardetistes ! mobilisations pour Srebrenica ou financière internationale à la Rus- « Chez nous, dit-il, on appelle les humiliations, tout cela me paraît in- 14 mars. Mais dès avant, l’addi- Que deviendrait alors le fa- Sarajevo : intellectuels, artistes, sie, le gel des avoirs privés de ses Tchétchènes “les Français du Cau- tolérable. Et il me semble normal de tion risque fort d’être salée pour meux principe de la présomption écrivains, députés, médecins hu- dirigeants dans les banques étran- case”. Je n’ai jamais su pourquoi. marquer que les citoyens s’opposent le prestigieux restaurant touran- d’innocence, culinaire dans ce manitaires, associations, les mêmes gères et la suspension du droit de Quand je vois tout ce monde, c’est à cela », lance-t-elle. Catherine geau. Car le guide Michelin cas, généreusement accordé à étaient au rendez-vous. Ils avaient vote du pays au Conseil de l’Eu- une explication. » Trautmann, ministre de la culture 2000 est, comme qui dirait au sor- tous et célébré par chacun ? Du- aussi choisi la date : le 23 février, rope. « Honte au goulag à ciel ou- et de la communication, n’a-t-elle tir du four, prêt à consommer et mas oui, Bardet non ! Ah ! ce se- pour marquer l’anniversaire du vert, a dit au micro le philosophe Marion Van Renterghem pas renoncé, en raison des injonc- sera servi chaud, dès le 28 février. rait bien douloureux pour l’idée tions du chef du gouvernement, à Bien sûr, les délibérations de ces qu’on se fait de la cuisine et de la manifester contre l’Autriche de messieurs de l’académie gastro- justice françaises ! Reste évidem- Jörg Haider, la semaine précé- nomique sont secrètes. Mais nul ment que Michelin imperator est dente ? « Je suis déjà allée à des tas doute qu’ils ont dû se pencher sur maître chez lui. Qu’il peut défaire La bataille du Country Club de Bogota de manifestations, comme celle des ce cas douloureux avec la plus ex- les réputations et les cieux étoilés BOGOTA gota ne peut prendre le risque de toucher à l’une des femmes, j’ai des convictions, figurez- trême affliction. Tromper le aussi bien qu’il les fait. Avec le de notre correspondante rares réserves d’oxygène. D’autre part, le Country coû- vous ! », s’agace Dominique Voy- client, à supposer que cela ait été risque tout de même de se voir Dans un océan de verdure, de charmants blondinets tera cher alors que parcs et hôpitaux font cruellement net, avant d’ajouter : « Si jamais le cas, c’est une affaire qui re- poursuivre à son tour par un lec- suivis de leurs nourrices vêtues de blanc gambadent défaut dans certains quartiers. Il n’en fallait pas plus cela pose un problème à Lionel Jos- garde la justice. Mais tromper le teur irascible et procédurier esti- tandis que leurs parents jouent au golf, au polo ou au pour traiter de démagogue M. le maire, qui a beau jeu pin ou à moi, nous en parlerons tous guide qui, dans son fameux esprit mant, lui, qu’il y eut de la part du tennis. Le temps béni des colonies ? Non, le Country de rappeler que personne ne l’accusa de populisme les deux. » Mme Voynet s’était mon- de discernement, a, depuis guide tromperie sur la qualité des Club de la capitale colombienne, Bogota, que M. le lorsqu’il a envoyé les bulldozers municipaux déloger trée plus docile l’été dernier en 1986, toujours accordé deux étoiles ! maire s’est mis en tête d’exproprier. Formé aux Etats- vendeurs ambulants et indigents du centre- ville. s’abstenant de signer la pétition, Unis aux vertus du libéralisme, Enrique Peñalosa veut La valse des chiffres a commencé. En multipliant le paraphée par ses amis Verts, pour transformer en jardin public ces 110 hectares de para- nombre d’actionnaires par le prix de l’action, M. Peña- libérer José Bové, le cofondateur dis (cinq fois le parc des Buttes-Chaumont) dont losa a lancé le chiffre de 150 milliards de pesos de la Confédération paysanne. jouissent aujourd’hui 1 200 familles. (500 millions de francs). Les membres du Country in- Encore à vif après les épisodes Construit à la campagne en 1953, le Country Club a voquent la valeur commerciale du terrain, évaluée à de la marée noire qui l’ont mise à été rejoint par la ville tentaculaire qui est passée en un 500 milliards de pesos (1,7 milliard de francs). Or la va- rude épreuve, Dominique Voynet demi-siècle de 450 000 à plus de 6 millions d’habitants. leur cadastrale déclarée – base du paiement des im- prend la défense d’Hubert Védrine, Les urbanistes s’échinent à trouver une solution aux pôts locaux – est de 24 milliards de pesos (80 millions le ministre des affaires étrangères, embouteillages que l’immense masse verte contribue de francs). Les actionnaires, s’étonne le maire, se se- critiqué par les organisateurs de la à créer dans le nord de la ville. Le projet du maire qui raient-ils rendus coupables de fraude pendant toutes manifestation, pour ses apprécia- permettrait de construire une grande voie souterraine ces années ? En attendant d’en fixer le prix, la munici- tions sur Vladimir Poutine : « Pour sous le parc serait une aubaine. palité étudie les mécanismes permettant d’acquérir le avoir vécu, de l’intérieur, l’effet que Ce n’est pas l’avis des propriétaires du club, qui ont club sans dépenser le moindre sou. peuvent avoir des phrases sorties de payé 150 millions de pesos (quelque 500 000 francs) La galerie bogotanaise se passionne pour le sujet. leur contexte, je ne me hasarderai leur action. De plus, qui souhaite devenir membre doit Les uns chuchotent que M. le maire, refusé au Country pas à commenter ces propos », dit- être recommandé par deux de ses futurs pairs. Cinq Club il y a quelques années, prendrait aujourd’hui sa elle. Puis elle passe à un exercice autres devront attester des bonnes manières et de la revanche. D’autres affirment que certains action- de solidarité gouvernementale plus généalogie irréprochable du candidat. En expliquant naires, malmenés par la crise économique, auraient du classique : « la position d’Hubert que, par le jeu des exonérations fiscales dont a bénéfi- mal à joindre les deux bouts, et l’expropriation, dé- Védrine, qui est celle d’une ferme ré- cié le Club, les habitants de Bogota en sont devenus noncée à hauts cris, serait en fait la bienvenue. Mais probation, n’a pas varié depuis des un peu les propriétaires, le maire a achevé d’exaspérer tous s’accordent à reconnaître que M. le maire a réussi mois. » A Matignon, nul n’a sou- les actionnaires du Country. là un joli coup médiatique en lavant « à peu de frais haité commenter la présence de Une jeune femme s’indigne devant les caméras : son image d’oligarque néolibéral », exulte un de ses Dominique Voynet dans les rangs « Imaginez-vous ces pelouses envahies de vendeurs de amis. des manifestants. saucisses ? » Plus pondérés, ses homologues ne manquent pas d’arguments. D’une part, la ville de Bo- Marie Delcas Béatrice Gurrey Un triumvirat à la tête de la rédaction de « Libération » A LA SUITE du départ de Frédé- presse Libération, fondatrice du ric Filloux (Le Monde du 19 février), quotidien en 1973, Antoine de Gau- Serge July, PDG de Libération, de- demar, quarante-huit ans, a été chef vait annoncer, jeudi 24 février de- du service littéraire puis du service vant l’assemblée des journalistes, la culture, responsable du cahier nomination de Jacques Amalric au Livres et plus récemment chargé poste de directeur de la rédaction. des suppléments. Il a été également Ce dernier, jusqu’à présent direc- gérant de la Société civile des rédac- teur adjoint de la rédaction, serait teurs et de la Société civile des per- assisté d’Antoine de Gaudemar, ré- sonnels de Libération. Il a, par ail- dacteur en chef, et de Patrick Saba- leurs, animé plusieurs émissions tier, actuel correspondant à Was- littéraires à la radio et à la télévi- hington. Cette nomination reste sion. Depuis quelques mois, il avait subordonnée au vote de la rédac- été chargé d’élaborer la nouvelle tion, qui dispose d’un droit de veto ; formule du quotidien, qu’il devrait la candidature présentée ne devant continuer de superviser. pas être rejetée par plus de 66 % des Patrick Sabatier, cinquante-deux votants. Si elle était retenue, ce se- ans, est lui aussi un « historique », rait la première fois que Libération de l’Agence de presse Libération au adopte la formule d’un triumvirat quotidien dès sa création, où cet pour diriger la rédaction. agrégé d’anglais intègre le service Ancien du Monde, où il a été chef étranger. Correspondant en Asie, il du service étranger, rédacteur en est nommé chef du service étran- chef puis adjoint au directeur de la ger-monde en 1992, avant de re- rédaction, Jacques Amalric, soixante joindre le poste de correspondant et un ans, a rejoint Libération en no- permanent à Washington. Son rôle vembre 1993. Editorialiste, rédac- devrait être de superviser plus parti- teur en chef adjoint puis rédacteur culièrement le développement des en chef, il avait été nommé direc- activités multimédias et du site In- teur adjoint de la rédaction en mars ternet. 1999 auprès de Frédéric Filloux. Parmi l’équipe de l’Agence de Michel Delberghe

Tirage du Monde daté jeudi 24 février 2000 : 494 046 exemplaires. 1 – 3 LeMonde Job: WIV0800--0001-0 WAS LIV0800-1 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:44 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0112 Lcp: 700 CMYK

VENDREDI 25 FÉVRIER 2000

HISTOIRE Il y a juste 500 ans naissait Charles Quint. Deux sommes collectives interrogent l’image du plus puissant RENÉ BELLETTO QUESTION DE TEMPS souverain chrétien et Le Feuilleton de Pierre Lepape SERGIO FERRERO JEUNESSE La Chronique de Roger-Pol JAN PHILIPP REEMTSMA pourfendent les anachronismes page II page III page VI Droit page VII page IX de sa légende

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baud nomme une « mémoire exté- dans ma poche de K-way, par forme sonnet », discute Aragon, et rieure », encombrent, chahutent ce exemple... » Il arrive au buffet de la son « idée assez baroque, si on veut qui se prétendait, se rêvait, simple. gare Saint-Lazare, lieu « recom- être indulgent, ou burlesque », du « Une des particularités de mon mandé » comme décor de la délec- sonnet, comme forme « la plus entreprise, parmi d’autres, (...), est tation morose, comme « représen- adéquate pour une poésie politique d’être une interrogation plus ou tation contemporaine désolée du nationale ». moins réfléchie sur la nature de la fleuve héraclitéen » ; il salue Magnifique poète en prose, mémoire à partir d’un exemple prin- M. René, le garçon de café, qui Jacques Roubaud n’a pas la préten- cipal, le mien (le matériel expéri- reconnaît en lui cet habitué domi- tion de fixer et de figer le monde. Ni mental est à ma disposition, même nical du lieu... Plus tard, à la fin de de s’arrêter lui-même à un livre. si son maniement est souvent 1996, une grève de la SNCF le prive Lorsque la sixième « branche » de difficile). » du « réconfort paradoxal » du buf- celui-ci aura poussé, nous en « Mon récit se déroule au long du fet de la gare Saint-Lazare. Alors, la serons toujours au même point, temps. marche parisienne reprend, pour c’est-à-dire au commencement, » La musique temporelle qui ressentir « la forme d’une ville », tout juste enrichi d’une connais- accompagne le récit est une oda courir les rues sur les traces de sance heureuse, utile – qui affronte continua, c’est-à-dire une mélodie Queneau « (ajoutons Aragon, toujours, en un combat perpétuel, continue, sans repos, sans répéti- Réda...) ». la délectation morose. « Nous tions. Et la poésie ? Mais elle est là, sommes des objets du monde, écri- » La continuité de la mélodie est triste et pourtant attirante comme vait Roubaud dans La Boucle, et celle du temps de la composition : ce buffet de gare, dans les rues, au tous les objets du monde ont ceci en j’écris dans les mêmes heures pré- creux du deuil et du chagrin, dans commun d’être et de n’être que la matinales de chaque journée, dans l’étreinte physique – que Roubaud permanence provisoire de certains le même lieu. » décrit avec une chaleureuse et changements. » Cette quatrième « branche », attentive surprise qui est sa Roubaud n’est pas un militant de intitulée Poésie, d’un ensemble qui marque... Oui certes, elle est dans la cause poétique, simplement un en comportera (peut-être, ce n’est amateur très éclairé qui pas sûr, l’auteur avoue se fati- Patrick Kéchichian constate qu’« il n’y a pas guer...) six, expose à nouveau, lon- beaucoup de poésie dans les guement, presque exhaustivement, tout cela. Mais encore faut-il lui têtes », et que « le monde souffre avec multiples « incises », « bifur- donner, lui trouver, des formes... Et d’une extinction de la voix intérieure cations », subtilités typogra- les formes ne tombent pas du ciel... de la poésie ». Alors, il pallie ce phiques, les motifs et raisons de Ce sera, électivement, le sonnet. manque avec ce qu’il possède : des cette tentative commencée, pour Avec rigueur et constance, comme mots, des images, de la mémoire, ce qui est de l’écriture, en 1989 (1). il le fit pour la mathématique – une sensibilité qui épouse et Mais le mot « tentative » convient mais la séparation des deux uni- complète sans heurts la capacité de mal ; il exprime avec une trop plate vers, des deux « Projets », est un réflexion et de raisonnement. Et maladresse le paradoxe de toute peu artificielle dans son esprit – c’est le cœur aussi qui se trouve un l’entreprise : à partir d’une impos- Roubaud s’emploie à cerner ce qui peu moins vide. sibilité mélancoliquement éprou- peut l’être. Il met à profit une éru- vée, d’un échec d’emblée reconnu, dition impeccable, légère pourtant, (1) Le Grand Incendie de Londres (« Le celui qui l’empêchera d’écrire un sachant que « chaque nouvelle lec- Monde des livres » du 13 janvier 1989) ; roman destiné à porter comme ture d’un poème ancien fait un La Boucle (« Le Monde des livres » du

J.-P.FAVREAU titre « Le Grand Incendie de poème nouveau ». Ce savoir de poé- 12 mars 1993) ; Mathématique : (« Le Londres », Roubaud a tiré les fils sie a été principalement acquis à la Monde des livres » du 24 janvier 1997). d’une tapisserie – l’image est Bibliothèque nationale, l’ancienne, Tous au Seuil, dans la collection « Fic- pauvre au regard de ce dont il s’agit la vraie, à la place 28 dans la salle tion& Cie». – autobiographique hybride qui Labrouste, à l’époque où il se livrait subvertit toutes les lois, écrites et au copiage des poèmes. En pas- POÉSIE : non écrites, du genre. Une chose au sant, il taquine Dante, salue les (récit) moins est certaine : Roubaud, troubadours, quelques médiévaux de Jacques Roubaud. d’une manière superlative, innove. japonais, Pétrarque, « le respon- Seuil, « Fiction & Cie », Roubaud Au concours Lépine de la littéra- sable majeur de la prolifération de la 540 p., 160 F (24,39 ¤). ture contemporaine, il reçoit le premier prix. Mais ne galéjons pas, ou pas seu- lement. Joueur – de go surtout, comme il l’explique vers la fin de ce volume –, ludique et oulipien de vocation, « disciple » de Raymond Queneau et ami de Georges Perec, sur la branche amateur combinateur et composi- teur, de poésie et de mathéma- Dans la quatrième Au commencement donc, «un tique, Jacques Roubaud est un des tout premiers jours de décembre homme grave, soucieux derrière séquence – ou 1994 », un homme marche dans son sourire. Son chagrin, celui du Paris avec un K-way bleu, « et une deuil, et l’angoisse, celle de la mort, « branche » – de sa casquette bleue également ». Il a bien sûr, donnent à beaucoup de une silhouette assez haute, des ses pages une tonalité attristée. grande entreprise Pataugas aux pieds, un sac en plas- Ainsi, les premiers chapitres de l ne faut pas chercher à cer- tique à la main, un air de jeune Poésie : décrivent-ils le retour, en ner Jacques Roubaud, à épingler autobiographique, le homme à peine un peu vieilli. A la cet « an climatérique » 1994 (Rou- sonI « Projet » sous un seul regard. fois isolé, seul et disponible, il baud précise qu’il écrit dans le La sanction serait une forte mathématicien-poète marche, observe avec attention les présent de l’écriture, en 1995), de migraine, ou un strabisme angles des maisons, les places, le l’image du frère suicidé en octobre divergent de l’esprit... Tout nageur raconte, par le détail croisement des rues, les caractéris- 1961, et la visite à sa tombe, au en situation délicate sait, au moins tiques des immeubles, parfois les cimetière de Pantin, « allée des théoriquement, qu’il est inutile, et et avec beaucoup gens... C’est le même homme, à un marronniers aux fleurs doubles ». même dangereux, de considérer le autre moment de la journée, en Plus loin, à la toute fin du livre, il courant comme un interlocuteur de détours, son entrée cette même année « climatérique » revient sur cette période noire. possible, un partenaire. Non, il est – l’adjectif est librement détaché et Nous sommes en 1996 – mais, à ce urgent de se laisser porter par lui, en poésie traduit d’un sonnet de Gongora –, propos, il faut se reporter aux cha- de ne pas résister au flot, en somme qui, posté devant son ordinateur, pitres 26 et 27 de Poésie :, qui de faire comme si on se noyait. Et écrit. comportent quelques « élucubra- dans cette histoire, même les noyés personne de l’écrivain – essentiel- Son projet ? Raconter la venue, tions géométriques de l’Auteur sur le seront sauvés ! lement non violente, fort peu l’émergence, la naissance de la temps ». Roubaud décrit avec une Roubaud, le « Projet-Rou- ostentatoire, un peu lunaire dans poésie en lui. C’est simple, en appa- sourde et belle éloquence un baud », c’est un peu la même sa capacité, son plaisir, à « mathé- rence. Ce n’est pas au nom de quel- moment de cafard, une « petite chose : immersion, disponibilité, matiser » tout ce qui peut l’être. que perversité rare, ou par goût crise de délectation morose ». non-résistance, refus de jouer au Personne que ses livres, proses et d’épater son lecteur que Roubaud « C’est la nuit, sèche ou humide, plus fin... sont les attitudes poèmes, réflexion et divagation, va compliquer cette simplicité. froide ou chaude ; ou ce n’est déjà requises. laisse entrevoir. Pudique, ni éche- C’est que, dans la vie, elle n’existe plus la nuit, mais le jour, un jour Après tout, cela est conforme, à velé ni alangui, Jacques Roubaud pas. Trop de mémoire, une foule humide ou sec, chaud ou froid ou la nature de la tentative littéraire n’est pas un cachottier : ce qui peut d’« images-souvenirs » et puis entre les deux. Peu importe. Je des- roubaldienne. Adéquat aussi à la être dit, il le dit. aussi, plus étrange, ce que Rou- cends la rue d’Amsterdam, un TLS LeMonde Job: WIV0800--0002-0 WAS LIV0800-2 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:29 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0113 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 le feuilleton

de Pierre Lepape b le destin dans l’échelle des grâces et des disgrâces, le CRÉATURE goût du rire et celui des larmes, l’appétit de vivre et la de René Belletto. curiosité de mourir. POL, 350 p., 130 F (19,82 ¤). Tout cela réuni, en vrac, comme autant de séquences mélodiques, il s’agit alors de trouver la oici un roman très étrange. Il est même source d’énergie, le souffle, le récit de fiction autour possible que l’étrangeté soit son véritable desquels les différents éléments vont s’entrelacer, sujet : ce léger décalage avec les normes La part jouer de leurs oppositions, se répondre en fugue, for- qui vous rejette au-delà d’une invisible mer des symétries vraies ou fausses et entrer enfin en frontière,V semblable aux autres et pourtant mons- harmonie dynamique. trueux. Créature est un roman monstrueux ; comme on dit que le docteur Frankenstein a fabriqué une ais Créature n’est pas une partition. Les créature : un monstre. d’incertitude moyens dont use Belletto pour marier la Cela commence comme un conte, avec symboles, beauté et le malaise, la plénitude et rencontres, rivalités, moralité. Une jeune cantatrice à l’angoisse, la contemplation et l’action l’âme et à la voix magnifiques est affligée d’un sontM strictement littéraires. Il s’agit d’abord, dans angiome rouge foncé, hideux, grumeleux, qui lui l’infinie diversité de la langue, d’utiliser des codes mange tout le visage. Elle se nomme Estella Klehr ; aisément identifiables. Le roman sentimental, le polar, elle a une amie fort laide de partout, chanteuse elle l’obsession du temps et de la panique des corps. Mais le récit d’horreur, la science-fiction. De le faire ensuite aussi, Thérèse. Estella rencontre un jeune homme, Etrange. Belletto déplace les lignes, il pénètre cette fois sans la moindre retenue dans les en évitant les deux écueils qui menacent les écrivains Eric Quiré – nom en miroir –, qu’une maladie a rendu imaginaires les plus excentriques, les expéditions lorsqu’ils s’aventurent sur ces terrains balisés. Celui de aveugle. Estella, que son visage a toujours tenue éloi- celles du roman sentimental, du polar, interplanétaires à quatre-vingts milliards d’années- l’intellectualisation – le polar au troisième ou au qua- gnée du commerce des hommes, se laisse gagner par lumière, la mort de notre chère planète Terre, l’exis- trième degré par exemple, ou le roman d’horreur la séduction de celui qui ne peut pas la voir. Mais elle du récit d’horreur, de la science-fiction. tence providentielle d’une autre planète qui reproduit, métaphysique – et celui de la parodie, le pire de tous, déclenche du même coup la jalousie folle de son amie à quelques détails près et à quelques jours de diffé- et le moins drôle lorsqu’il entend faire rire. Belletto au Thérèse. Un thème de conte populaire. Pour créer un espace, un lieu rence, le destin de la nôtre. Et voilà notre Michel Rey contraire joue le jeu dans les règles ; avec une effica- Sur cette histoire s’en greffe une seconde, un passé de l’état de luthier à celui de détective, et de cité narrative que peuvent lui envier les meilleurs écri- roman policier cette fois. Nous y retrouvons Michel hors frontière où tout devient incertain, détective plutôt malheureux à celui de sauveur dési- vains spécialisés. Rey, le héros des deux romans précédents de Belletto, gné du monde et de ses créatures. Avec vaisseau spa- Mais dès que ces codes sont placés, avec ce que cela Régis Mille l’éventreur et Ville de la peur. Michel a entre chien et loup, entre mensonge tial, personnages doubles dont la différence est sim- suppose d’encadrement de l’imagination et de lisibi- abandonné son métier de détective et s’est installé à plement marquée par le statut typographique – il y a lité immédiate du texte, le romancier s’emploie à les Paris où il s’adonne à sa passion, la fabrication de gui- et vérité, entre vie et mort. Comme s’il Michel et Michel, ce qui permet d’ailleurs au premier déplacer légèrement. Un tout petit pas de côté, une tares. La guitare est présente dans tous les romans de de coucher en tout bien tout honneur avec Nadia –, note que l’on n’attend pas, une ligne qui bouge de Belletto, elle est sa signature. Rien ne va entre Michel ne devait rien rester de cette histoire, montres magiques et musique des sphères. manière imperceptible, un trou. Cela suffit pour que et sa femme Anna – prénom en miroir. Leur amour se se crée un espace étrange, un lieu hors frontière où, défait ; ils se cherchent sans parvenir à se retrouver. de l’imagination torturée et de la folie e quoi laisser perplexe. Le grand art de sans que cesse la cohérence de l’ensemble, tout Un soir, après une dispute, Anna décide d’aller faire Belletto est de nous rendre ces grands devient incertain, entre chien et loup, entre mensonge un tour seule dans Paris. Elle tombe sur un nommé de perfection qui l’ont produite... délires non pas vraisemblables mais et vérité, entre vie et mort. Belletto est le romancier Jean Prêtre, qui nous a été présenté comme « un drôle mieux : sensibles. Nous ne comprenons minutieux de ces décalages et de cette incertitude du de zigoto ». Prêtre est un passionné de musique et de pasD bien où il veut en venir, il nous déroute, il joue monde. haute-fidélité. C’est aussi un détraqué sexuel qui ne avec notre intelligence la plus primitive, mais il fait Dans Créature, il va beaucoup plus loin en ce sens peut avoir de relations physiques qu’avec les femmes lité, étaient parfaites, ou parfaites les jambes, alors le passer, à travers ces fantasmagories, ces hallucina- qu’il n’avait jamais été. La dernière partie du livre laides. Les autres le rendent fou d’angoisse ; il les tue. menton et les épaules ne pouvaient que l’être aussi, et les tions et ces rêveries à la logique incongrue, l’essentiel reprend en effet à l’envers, en doublements et en Il tue Anna. seins et les sourcils. » de sa sensibilité, de sa philosophie et de son esthé- dédoublements, tout ce qui a été raconté et construit On ne peut guère en dire plus sans dévoiler les péri- A la fin du chapitre XXV, il semble à tout le monde, tique. C’est bien le plus étrange de ce livre. L’auteur dans les deux premières parties. L’étrangeté, le doute, péties violentes et macabres de ce thème, sinon que la y compris au héros, que l’histoire va s’arrêter là. C’est nous rend audible sa longueur d’ondes. se portent sur l’exercice même de la fiction et de la première intrigue se noue à la seconde et qu’au milieu alors qu’il se produit quelque chose dont les termes La planète lointaine qui a décidé d’essayer de sau- création littéraire, lesquelles sont à leur tour mena- du roman tout paraît aboutir à un dénouement dra- habituels – coup de théâtre, prodige, extravagance – ver la Terre s’appelle Musica. La musique dans Créa- cées de se dissoudre et de disparaître. matique. Sans dire encore qu’un certain nombre de rendent faiblement l’effet. Jusqu’à présent et pendant ture est plus encore qu’un thème : le miroir dans Comme s’il ne devait rien rester de cette histoire, de sous-thèmes sont venus entre-temps enrichir le duo deux cents pages, la fiction romanesque se déroulait lequel le livre essaie de se refléter, le modèle, l’idéal, la l’imagination torturée et de la folie de perfection qui central. Il y a l’amour de Michel pour sa jeune sœur dans le cadre réaliste des rues de Paris, de notre part divine de l’homme. Je ne sais pas comment tra- l’ont produite. Rien non plus des émotions si vives et Nadia, à la frontière de l’inceste ; il y a la musique, époque et de la logique des choses ordinaires et cri- vaille René Belletto mais tout se passe comme s’il si intenses qu’elle a provoquées chez le lecteur. Jean-Sébastien Bach, et la manie presque mystique de minelles. Brusquement, Belletto franchit ces fron- recueillait d’abord toute la matière sensible dont il Belletto, comme dans les romans-feuilletons la reproduction fidèle des sons ; il y a la méditation tières somme toute rassurantes et nous entraîne dans allait composer son livre. Les couleurs – celles des d’autrefois, donne à chacun des chapitres de son livre sur la beauté et sur la laideur, laquelle donne de nou- un autre univers, un autre paysage romanesque, celui yeux, des cheveux, des joues, des vêtements ; le un titre-commentaire, parfois descriptif, souvent velles couleurs au platonisme : « Quand on observait de la science-fiction et du fantastique. timbre des voix, la beauté ou la difformité des corps ; humoristique. Celui du chapitre XXXI dit : « Tant il est Nadia, l’esprit, allant de perfection en perfection, Ce n’est certes pas la première fois que Belletto mais aussi, pourrait-on dire, la tonalité sentimentale vrai que dans cette existence imparfaite soit on passe à comprenait sans tarder que le principe qui rendait par- flirte avec ce genre. Son premier roman, Le Temps et sexuelle, l’amplitude vitale, la part d’ombre et de côté des choses, soit on s’écrase contre ». Tant il est vrai faits cheveux, nez, lèvres, regards, était un principe mort, paru en 1979, avait d’ailleurs obtenu le prix Jean- lumière, la vibration à la beauté, à la vérité, à l’amour. également qu’un romancier pourra travailler comme essentiel installé au cœur même de l’être de la jeune Ray. Et depuis, dans La Machine par exemple, il a usé Et encore la tempête des obsessions, les pulsations un fou à fabriquer le roman le plus exact et le plus femme, et qu’il dispensait sa perfection à chaque point avec efficacité des ressources que le fantastique pou- maniaques, le degré de hantise devant la fuite du juste qui soit, il ne fera jamais au mieux que diminuer, de son corps : si les mains, fines mais fortes, sans graci- vait apporter à une poésie de la transgression, de temps, le souci de la perfection, la place attribuée par un peu, la part de l’incertain.

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Le printemps des poètes version originale b Du poème contemporain La mémoire contre la dictature A l’occasion lignes l’espace poétique où il veut se Maximo Cajal témoigne (ce qu’il n’a jamais fait !), d’être de « ENDQUOTE » tenir. Certes, comme toute certitude SABER QUIEN PUSO mèche avec Moscou, etc. C’est Digressions, 1989-1998 du deuxième Printemps la sienne est fragile. Mais son propos FUEGO AHI ! dans ce beau livre l’époque de l’ostracisme pour d’Yves di Manno. n’est pas de défendre un conception Masacre en la embajada Cajal. Il a fallu des années pour Flammarion, 280 p., des poètes qui se tient particulière de la poésie. Toutes les de Espana du massacre commis, que réparation soit faite. 130 F (19,82 ¤). pages de son livre, souvent âpres, de Maximo Cajal. Grâce au remarquable travail TEMPS MORT du 20 au 26 mars, parfois brûlantes d’une tendresse Siddharth Mehta Ediciones, en 1980, des associations de défense des Journal imprécis (1986-1998) désolée, le démontrent. « Mes anges Madrid, 2000. droits de l’homme, la vérité a été d’Olivier Barbarant. nous inaugurons une sont réels, et moins “terribles” que trop par les forces très clairement établie : il s’est bel Champ Vallon, « Recueil », vite absents », écrit-il dans le même l y a des livres qui sont des et bien agi d’une décision « ration- 252 p., 130 F (19,82 ¤). série de six rendez-vous souffle que celui qu’exhale son cris de douleur, d’autres des guatémaltèques nelle » prise par les militaires de LIEUX ET DESTINS poème. baumes sur des cicatrices « punir » les paysans qui récla- DE L’IMAGE I poétiques Lecteur de poésie, Olivier Barba- ouvertes, d’autres encore des à l’ambassade d’Espagne maient le départ de l’armée du Un cours de poétique rant récuse à sa manière le « droit échos de la souffrance face à Quiché. Ainsi, entre 11 heures et au Collège de France d’aînesse » d’Yves Bonnefoy, auteur l’oubli et l’ingratitude du temps. 14 h 30, le 31 janvier 1980, s’est pro- (1981-1993) condamne les imbéciles morts sans qui lui « paraît corseté, piégé par sa Maximo Cajal, ambassadeur, l’un pose de transmettre leurs doléan- duit l’un des plus affreux mas- d’Yves Bonnefoy. plus d’indulgence que les imbéciles propre rhétorique ». Il est probable des plus fins diplomates de la cou- ces et leur demande de quitter sacres commis par la junte mili- Seuil « La Librairie du XXe vivants, et admire la beauté avant de que le volume qui contient la subs- ronne d’Espagne, nous offre, avec l’ambassade. Mais les paysans taire guatémaltèque. La décision siècle », 280 p., 135 F (20,58 ¤). consulter un agenda ». La nécessité tance de l’enseignement de poétique Saber quien puso fuego ahi ! (Savoir veulent discuter encore, faire de faire mourir tous ceux qui se de mener une « ample réflexion for- que Bonnefoy donna au Collège de qui a mis le feu, là-bas. Massacre à connaître leur action. Un quart trouvaient dans l’ambassade, y rois livres de poètes qui melle », l’écart affirmé par rapport à France ne modifiera pas la vision du l’ambassade d’Espagne), un témoi- d’heure plus tard, la police arrive, compris l’ambassadeur, apparut ne sont pas des livres de la querelle du lyrisme – peut-on, jeune poète. En appelant à Gia- gnage qui tient de tous ces genres suivie de militaires qui encerclent aux militaires comme la seule solu- poésie. Trois livres a-t-on encore le droit d’être lyrique ? cometti et à la peinture italienne, à la fois. L’affaire, en 1980, avait le bâtiment. Cajal essaie de joindre tion pour éviter que leurs méfaits d’auteurs de générations (3) –, la volonté enfin de dépasser la aussi bien qu’à Shakespeare, Baude- fait couler beaucoup d’encre – et les autorités guatémaltèques : en ne fussent révélés au monde. différentesT – di Manno est né en « conception individualiste » et le nar- laire et Mallarmé, l’auteur de de sang. Elle avait entraîné la rup- vain. Il parvient à avertir Marcelino Felipe Gonzalez, parvenu au 1954, Barbarant en 1966, Bonnefoy cissisme, sont les principales lignes L’Arrière-pays choisit la Présence ture des relations diplomatiques Oreja, alors ministre des affaires pouvoir en Espagne quelques en 1923 – qui ne parlent que de poé- de sa réflexion. S’y ajoute une atten- contre l’Image, le « monde-image ». entre la jeune démocratie espa- étrangères espagnol, qui, lui non années après, nomma Maximo sie et mentionnent nos deux der- tion soutenue et informée prêtée à la Comme l’affirmait Bonnefoy dans sa gnole postfranquiste et le régime plus, ne peut entrer en contact Cajal ambassadeur à Paris. Dans la nières décennies comme période de diversité des expressions poétiques leçon inaugurale (déjà publiée dans dictatorial guatémaltèque du géné- avec son homologue guatémal- préface à ce livre, il lui rend l’hom- référence. Pour interroger sa place, modernes, française aussi bien Entretiens sur la poésie, Mercure de ral Lucas Garcia. Le récit qu’en fait tèque. Et puis, deux heures après mage qu’il mérite. Cette histoire publique et privée, sa fonction, son qu’étrangères – surtout américaine. France, 1990), la tâche de la poésie est aujourd’hui, vingt ans après, le que l’ambassade a été encerclée, écrite dans un style clair, froid, pourquoi et son comment, et jusqu’à La démarche d’Olivier Barbarant de « rétablir l’ouvert comme disait seul survivant est terrifiant : com- l’assaut est donné, en violation du sourdement douloureux, apparaît son existence. A quoi bon la poésie est plus intérieure, singulière et ris- Rilke ». Ce projet, qui engage le sens ment, face à ce qui n’était qu’une droit d’extraterritorialité. Les aujourd’hui comme un tragique aujourd’hui ? demandait Jean-Claude quée. Narcissique si l’on veut. Mais autant que le langage, porte « bien occupation pacifique de l’ambas- occupants sont « traités » au feu. écho à l’affaire Pinochet. Voici un Pinson, poète et philosophe, dans un aussi intégralement poétique : sûr, non sur des mots dans un manus- sade d’Espagne par des paysans du Cajal traverse les flammes, se re- livre qui mérite d’être connu du petit texte récent (1) qui faisait suite à comme si on entrait dans la crit, mais sur des notions, sur des expé- Quiché pour protester contre des trouve entre les mains des soldats lecteur français : il y est question son important essai sur la poésie « fabrique » du poème, dans cette riences, dans une pratique de vie, ce assassinats répétés de civils, une et entend le colonel ordonner à de l’éternelle innocence de la com- contemporaine, Habiter en poète (2). matière vivante des jours qui passent qui l’oblige à un devenir qui peut être bande de tueurs au pouvoir prend l’un d’eux : « Tue-le, tue-le ! » Mais munauté des humains face aux Cette question exprime le refus et meurent, des amours, des ren- chez les plus grands de maturation spi- froidement la décision de brûler une infirmière le reconnaît et assassins. d’une attitude passéiste, nostalgique, contres, du travail, des lectures ; tra- rituelle. » Fort heureusement, la poé- tous les occupants (trente-sept s’interpose en criant qu’il s’agit de Sami Naïr ou encore de la vaine « célébration duite, mise en forme, elle aboutira à sie n’a jamais eu vocation à fédérer personnes). Seuls Maximo Cajal et l’ambassadeur d’Espagne. Cajal de ses soi-disant pouvoirs » (Pinson). cette butée provisoire du chant (4). les poètes ! un Indien de Quiché purent subit un profond traumatisme ; il C’est bien de la modernité poé- Temps mort porte le sous-titre de P. K . s’échapper. L’Indien a été retrouvé perd la mémoire, se retrouve quel- tique, de l’« aujourd’hui » de la poé- « Journal imprécis ». « Je n’ai jamais deux jours plus tard le corps criblé ques jours plus tard à l’hôpital à sie que nous entretient Yves di compris grand-chose aux affaires de (1) Editions Pleins Feux (14, place du de balles. Cajal a survécu par Madrid. Manno dans ce recueil de textes cri- datation », écrit Barbarant. De fait, Commerce, 44000 Nantes), 68 p., 48 F miracle. Et puis commence l’autre tiques qui, à l’intérieur de la belle col- seules les années (universitaires) (7,2 ¤). Et il témoigne dans ce beau livre, bataille : il doit alors affronter, lection qu’il dirige chez Flammarion, indiquent la durée de cette « auto- (2) Champ Vallon, 1995. avec une rigueur et une précision pendant des mois, l’assaut d’une prend valeur, sinon de manifeste, du biographie précipitée ». (3) Voir à ce propos le numéro 59 (sep- qui font froid dans le dos. Le partie de la droite espagnole, alliée moins d’exposé de principes. Pour « Je l’écris sans pose : je suis certain tembre-novembre 1999) de la revue Le déroulement de l’opération est au régime de Lucas Garcia. Se fai- lui, « réinventer la loi contemporaine d’avoir raison de repousser la fausse Nouveau Recueil (Champ Vallon) qui malheureusement classique : Cajal sant l’écho de la dictature guaté- du poème », c’est d’abord revisiter modestie, le chantage sentimental, comporte un dossier intitulé «D’un est averti qu’un groupe de paysans maltèque, elle lui reproche d’être son histoire, qui n’est ni seulement l’entortillement théorique des aînés, lyrisme critique... » vient d’entrer dans l’ambassade, un « rouge » – n’a-t-il pas posé sa nationale ni linéaire : citant Ezra leur chasse à l’être, leur désir d’origine (4) Toujours chez Champ Vallon, Barba- vingt-neuf personnes, sans armes, candidature au poste d’ambassa- Pound, Di Manno se réclame d’«un (...) Je suis heureux que la poésie puisse rant a publié, depuis 1991, deux recueils qui veulent dénoncer le génocide deur à Cuba ! –, de nuire aux inté- humanisme littéraire qui juge Théo- sourire, et d’elle-même en premier de poèmes, un de prose et un essai sur ethnique dont leur peuple est vic- rêts de l’Espagne en s’intéressant à crite et Yeats selon les mêmes critères, lieu... » Barbarant désigne dans ces Aragon. time. L’ambassadeur écoute, pro- la situation des paysans du Quiché LeMonde Job: WIV0800--0003-0 WAS LIV0800-3 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:29 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0114 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / III b L’élégance de la tragédie Tristes sires En pleine guerre, un scandale éclate au palais San Martino. Revenant sur le passé singulier du lieu Romolo Burgalo décrit le dernier tour de manège et de ses habitants, Sergio Ferrero nous entraîne dans un récit où le suspense le dispute à la finesse psychologique de vieux adolescents désabusés couple et par Pietro. Dans le palais, où ils résident habituellement, sur DANS L’OMBRE les frontières de classe semblent LES DÉSEMPARÉS une île où ils ont tous l’habitude de (Nell’ombra) être abattues. Le trio prolétaire est (La buona e brava se retrouver que va se nouer le de Sergio Ferrero. intégré à la vie aristocratique des gente della nazione) drame qui mettra fin à ces années Traduit de l’italien Dossi. On jase au village. On ima- de Romolo Burgaro. de mépris général. Luca va s’amou- par Danièle Valin. gine que Pietro épousera peut-être Traduit de l’italien racher d’une jeune fille, moitié ita- Rivages, 260 p., 129 F (19,67 ¤). même celle qu’il élève comme sa par Nathalie Bauer, lienne, moitié anglaise, très jeune, fille. En effet, les liens se resserrent. Seuil, 286 p., 130 F (19,82 ¤). très belle, presque candide, qui a l y a des erreurs de nationa- Pietro part souvent en couple avec rejoint le groupe, et qui va peu à lité, comme des erreurs de la Chiara, parfois rejoint par Frances- ls sont jeunes, encore peu l’éloigner de sa femme, Laura. nature. Sergio Ferrero joue co. Des relations familiales inédites jeunes, pas si jeunes toute- Dans son désespoir alcoolisé, il ira une musique beaucoup plus se tissent dans le palais, soup- fois : la trentaine déjà fati- trop loin, toujours trop loin, se anglo-saxonneI qu’italienne, encore çonnées de perversion. Sans que guée. Ils traînent leur mal laissant emporter par une violence que l’on puisse reconnaître dans ses rien soit dit, sans que rien soit fait. deI vivre désabusé de fêtes en dis- sans mesures, il frappera Laura qui romans des accents de Bassani ou Jusqu’au mélodrame. Pietro un cothèques, finissent de se désorga- partira, se bagarrera avec ses amis. de Mario Soldati, mais eux-mêmes jour disparaît. Et la folie s’installe niser dans des orgies privées La petite Sabine, toujours superbe, si peu italiens. Voilà un nom que les en Chiara. presque nostalgiques et forcément qui « a si bien contribué à gâcher le lecteurs de littérature italienne pro- C’est à l’évolution de cette folie tristes, ils agitent « les docteurs mariage », et qui n’a pour se sau- noncent pourtant régulièrement et au mystère de la naissance de Benson & Hedges et le professeur ver que sa beauté, sa tendresse et avec le plus grand respect et à juste Chiara qu’est consacrée la seconde Jack Daniels » au gré de leurs soi- « ses petites phrases agiles de ser- titre. Mais sans parvenir à classer moitié du roman. Il est déconseillé rées qui n’en finissent pas, ce sont veuse de pub », fera les frais de cet cette œuvre intimiste, d’une grande de dévoiler aux lecteurs les coups des « mongues », des « putains », écœurement. subtilité psychologique. Et s’il fallait de théâtre successifs qui vont des « monstres », des « êtres im- Pas de pathos, pas de lyrisme trouver un père littéraire à Sergio constituer le suspense du roman. mondes », des « décaféinés », des mais de la nostalgie pleine page Ferrero, on devrait remonter à Italo Ce n’est pas une qualité négli- « horribles », des « cadavres » des comme dans cette scène à la fois Svevo, à Umberto Saba. Des Tries- geable du livre que de maintenir ce « êtres las en putréfaction », qui ridicule et pathétique où Luca dé- tins. Peu italiens, eux aussi. suspense, même si son principal in- draguent de « pauvres filles », des couvrant un pot de masque de Cet écrivain turinois, né en 1926, térêt tient à la finesse psycholo- « brebis », des « suaves », des « cin- beauté Scrinium Vital L’Antiâge imprégné de culture européenne, gique et à l’élégance du style. Les glées », parfois des « canons », tou- s’en tartine machinalement, mû tient depuis de nombreuses années autres personnages « subal- jours des « foufounes » qui sou- par une curiosité vague et mor- un rôle important dans la vie édito- ternes », mais non secondaires, haitent « se trouver parmi eux un bide, pour « s’aimer un peu ». Au riale. A la fois invisible et efficace. sont tout autant approfondis. No- fiancé en offrant à tout hasard leur cours d’une promenade, Giovanni Sa propre sensibilité, si manifeste tamment, la servante Olga et son virginité par-derrière ». Secrétaires se rend compte qu’il est demeuré

dans ses livres dont jusqu’ici deux FRANCESCO GATTONI fils Ugo, qui vont vivre, en témoins ou vendeuses, elles ne sont pas to- seul de tous les amis de sa jeunesse seuls ont franchi la frontière fran- et en acteurs, une sorte de doublon talement dupes, simplement elles à « croire que nous devions nous çaise, Hors saison (1) et Le Jeu sur le Dans l’ombre aussi porte sur un très singulier. Pietro Dossi, le de l’intrigue principale, en y ajou- ont fait leurs comptes, elles fré- épauler les uns les autres ». Il ne sait pont (2), cherche des échos chez des secret, sur le passage émouvant de maître de la maisonnée, vit avec sa tant leur propre héroïsme. Car on quentent ces avocats, ces conces- pas encore – même s’il commence poètes qu’il fait connaître ici et là- l’enfance à l’adolescence, sur l’éloi- mère Jane, une Anglaise excen- est en plein fascisme et ils choi- sionnaires de voitures de luxe, ces à s’en douter – qu’il est impossible bas. gnement ou l’insignifiance des trique. Il s’est pris de passion pour sissent le bon camp : celui des re- fils de famille friqués, sans vrai- « d’inventer quelque chose pour Le Jeu sur le pont, dont la sortie pères, sur l’innocence sacrifiée. un jeune fermier, Francesco Monti. belles qui paieront de leur mort ment d’illusions, comme on joue- stopper cette terrible idiotie ram- italienne a précédé d’une vingtaine Nous sommes en pleine guerre. Un Est-on dans E. M. Forster ? On le leur courage. rait à la loterie, « comme les pante », ni que son sens de l’amitié d’années celle de Dans l’ombre, ra- scandale a éclaté au palais San croirait presque. Chez D. H. La- Sergio Ferrero est un grand pauvres débiles qui se précipitent sur va bouleverser sa vie, à jamais. contait une histoire qui aurait pu Martino, seule demeure aristocra- wrence ? Il s’en faut de peu. Mais, conteur d’histoires. Dieu sait pour- tous les concours ». L’été se termine. Les soirées naître dans l’imagination de Henry tique d’une petite ville. Une jeune en réalité, l’amitié passionnée des quoi il ne s’est pas imposé plus tôt Aussi cynique et décadent que d’adieux se multiplient. « Un cou- James : un jeune homme est enga- fille, Chiara prétend avoir été le té- deux jeunes gens prendra une autre en France, Dieu sait pourquoi, mal- les autres mais plus lucide et donc rant d’hommes qui grognent, de gé par une cousine aristocrate pour moin d’un crime. Mais durant plus forme qu’amoureuse. Il leur faut, gré de nombreux prix littéraires, sa plus impitoyable, Giovanni, le nar- femmes désespérées et seules, de lu- mettre de l’ordre dans la biblio- de la moitié du livre on ignorera la pour sceller leur amitié, d’autres renommée n’est pas plus grande rateur, « le maître » de ces « élèves mières qui ne s’éteignent jamais », thèque de son mari récemment dé- nature de ce crime, l’identité de la tensions, d’autres pulsions. dans son pays. Il est si rare de dé- en loques », fait la chronique d’un « objets tourbillons ou maelströms cédé. Il arrive dans le village. Par victime. On saura seulement que Francesco a épousé la fille du couvrir un romancier de ce raffine- été presque comme les autres. Seul dans un exercice inépuisé de se- discrétion, il cherche seul un loge- Chiara accuse son père, Francesco, pharmacien. Elle disparaît quel- ment, de cette générosité, de cette après un divorce qui le prive de sa cousses et de visages et de mots ment. Guidé par un patron de bis- administrateur des terres de San ques mois sur la Riviera et revient élégance. fille – blessure vague –, il observe d’amour robotisés, abstraits, colorés, tro ambigu, il est introduit chez une Martino. avec une petite fille, Chiara. Cette René de Ceccatty le comportement de ses amis, ses lumineux et transparents ». Dernier jeune femme qui vit seule avec son Le romancier nous entraîne alors Chiara qui, dès lors, va devenir le chers amis. L’un surtout, le compa- manège. La fin de cette vieille ado- fils dans une maison trop grande et dans le lointain passé du palais et centre de toutes les attentions et (1) Le Promeneur, 1989. gnon d’adolescence, Luca, son lescence usée, rapiécée, mortelle. trop cossue pour elle. nous fait revivre un quart de siècle du livre lui-même est élevée par le (2) Rivages, 1998. « grand ami ». C’est loin de Padoue Martine Silber

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Sans hésitation ni murmure Identités écartelées A travers le destin de Piotr, Jozef Wittlin décrivit, au sortir Dagoberto Gilb met en scène des fragments de vie des Chicanos aux Etats-Unis de la Grande Guerre, le processus de transformation de l’homme en machine à tuer tandis que Julia Álvarez montre le puzzle désassemblé des réfugiés dominicains pendant l’incorporation d’une connaissance avec l’adjudant-chef, quartiers reculés, entre soif de jus- Et c’est vraiment d’un jeu qu’il LA SAGA DU PATIENT classe de réservistes austro-hon- instructeur modèle, un des person- LA MAGIE DANS LE SANG tice et pauvreté, entre couleur de s’agit, un jeu à double fond qui dé- FANTASSIN grois au début du conflit. D’autres nages les plus fascinants du livre. Il (The Magic of Blood) peau et regard des Blancs, maîtres bute dès le titre prononcé : ce Yo, (Powiesc o auraient choisi pour héros un intel- a donné sa pauvre vie à la forma- de Dagoberto Gilb. de ces lieux dont les noms de- qui est le diminutif de Yolanda, si- cierpliwym piechurze) lectuel aux prises avec ses instruc- tion militaire, l’ascétisme est sa Traduit de l’anglais (Etats-Unis) vraient être sans ambiguïté : Texas, gnifie « je » en espagnol. Mais, bi- de Jozef Wittlin. teurs ; Wittlin se garde de cette fa- morale, le règlement sa bible : «Il par Valérie Malfoy, Californie, El Paso, Los Angeles. zarrement, cette Yo ne sera jamais Traduit du polonais cilité. Son personnage, Piotr, faisait de l’armée pure comme Albin Michel, « Terres Pourtant, leurs commentaires sont narratrice du roman, à moins que par Alice-Catherine Carls. appartient à la race arriérée des d’autres font de la poésie pure. » Le d’Amérique », 306 p., rares, leurs plaintes inexistantes ; ce ne soit elle qui ait conçu cette Ed. Noir sur blanc, 316 p., Hutsules, en Galicie orientale, pa- système de destruction des 135 F (20,58 ¤). tenaillés entre perte et quête construction de seize chapitres qui 139 F (21,19 ¤). trie de l’auteur. Tout simple qu’il hommes repose en effet sur d’identité, ils sont aussi proches de donnent la voix, à la première per- soit, il sait ce que c’est que le pou- d’autres hommes eux-mêmes préa- YO la soumission que de la révolte. sonne ou par un intermédiaire, à omme certains grands voir : il l’exerce, parfois cruelle- lablement détruits, et l’adjudant, de Julia Álvarez autant d’acteurs : « Je ne pourrais livres, celui-ci a une his- ment, sur son chien et sur la pau- qui le sent, a besoin de sa cuite Traduit de l’anglais (Etats-Unis) ÉQUATION IMPOSSIBLE pas me comprendre sans le reste du toire : elle est belle, et vresse qui balaie sa maison et hebdomadaire pour supporter sa par Martine Laroche, Cet écartèlement permanent est clan pour me dire qui je suis. » triste. Wittlin, traduc- rejoint son lit le soir. C’est lui, avec perfection. Car il est parfait : il crie Métailié, « Americas », magnifiquement rendu par une C’est donc par la bouche de ces teurC et poète d’expression polo- des millions d’autres, que les ar- peu, ne frappe jamais. Mais son re- 303 p., 125 F (19,06 ¤). unité parfaite entre le sujet et la autres que nous apprendrons que naise, a servi dans l’armée autri- mées vont broyer en ce mois gard pétrifie et il a cette manière de forme. On devine à travers la tra- Yo est l’une des quatre filles du doc- chienne pendant la première d’août 1914. Le livre, une mise en murmurer : « Fils, je te ferai sortir l ne se passe pas grand- duction que la langue anglaise est teur García et de Laura de la Torre ; guerre mondiale. Il entama dans les garde monumentale, raconte ce l’âme du corps. » C’est précisément chose dans les nouvelles de sans cesse remise en question par que sa vocation à transfigurer la années 1920 une trilogie roma- processus de démolition et de re- de cela qu’il s’agit. Et Piotr s’inter- Dagoberto Gilb. Quelques des mots ou des phrases en espa- réalité, à raconter des « mensonges nesque consacrée à cette expé- construction ou, pour parler le lan- roge sur l’absurde : « Pourquoi tant scènes de la vie quoti- gnol qui disent l’impossibilité de ré- qui sont vérité pour le cœur mais bo- rience. Le premier volume, intitulé gage d’un sous-off, comment «on de peur, tant de punitions accumu- dienne,I pas vraiment des événe- soudre cette équation, au moins bard pour la tête » fut précoce : Le Sel de la terre, parut en 1936. fait des hommes à partir d’êtres hu- lées par l’empereur sur des hommes ments, plutôt des fragments, des pour ces générations. Seul leur c’est en partie à cause de cette ma- Très applaudi, il fut traduit et pu- mains ». à lui ? Ne vaudrait-il pas mieux gar- extraits de vies choisis parmi les reste le fantasme, parfois secoué nie que toute la famille dut fuir la blié en France par Albin Michel en der tout cela pour les [ennemis] plus banals. Pourtant, comme avec par la volonté de leurs femmes ou dictature qui sévissait en Répu- 1939, on évoqua un prix Nobel. ENTREPRISE D’ANÉANTISSEMENT Russes ? » les aliments lyophilisés dont la sa- par l’innocence de leurs enfants qui blique dominicaine pour s’exiler Wittlin travaillait déjà aux volumes Le conseil de révision est prétex- L’environnement historique veur ne se développe qu’avec parlent un « anglais limpide ». L’au- aux Etats-Unis. suivants : les manuscrits, les réfé- te à des pages admirables sur l’im- nourrit cette étude angoissante sur l’ajout d’une autre substance, un teur n’en dira pas plus. Parle pour Dans ce concert d’interprètes rences, les notes, tout était dans pact de la nudité partagée :«Les la subordination, ironiquement di- effet magique se produit. Ce n’est lui l’extraordinaire détachement désaccordés d’une même parti- une malle qu’il emporta quand il médecins regardaient le corps, le vinisée par l’auteur. Une collection pas qu’il faille lire entre les lignes dont son écriture fait preuve, sorte tion, il est évidemment question résolut de fuir la barbarie, en juin parcouraient des doigts comme s’ils de peuples disparates constitue ou repérer les non-dits ; c’est cette d’écriture-œil ; chacune des nou- d’intégration, en fonction de l’ori- 1940. La malle glissa alors qu’il em- voulaient choisir d’avance l’endroit l’empire. Piotr « parlait le polonais absence d’histoires qui dessine l’es- velles, sans plus de début que de gine sociale ou du degré de barquait, elle gît toujours au fond par où la balle pénétrerait. C’est ain- et l’ukrainien, croyait en Dieu selon pace, comme les sculptures de Pa- fin, reste littéralement en suspens. conscience : aboutie pour « la fille du port de Saint-Jean-de-Luz. Défi- si que les menuisiers marquent sur le rite grec catholique, et servait blo Gargallo, dont seuls les creux et Comme l’histoire des émigrés de de la bonne », devenue directrice nitivement installé aux Etats-Unis, les planches l’emplacement d’un l’empereur austro-hongrois ». C’est les vides forment volume. toute provenance et destination de clinique pour qui « la langue est l’écrivain tenta de reprendre le fil clou. » Après les corps : les âmes, et dire que le sentiment national est Gilb est chicano, ses personnages qui s’écrit entre parenthèses. Jus- la seule patrie » ; sans objet pour le de sa narration après la guerre : en c’est la simagrée du serment au subordonné à l’allégeance person- aussi. S’il devait y avoir une his- qu’à ce que la succession des géné- père de Yo qui a pris l’habitude de vain. Il n’y eut jamais qu’un seul vieil empereur ; puis vient le déra- nelle. Certes le paysan éprouve toire, ce serait celle-ci. Sur l’échelle rations parachève l’œuvre de l’ou- « remplacer ici et là certains faits volume dans la trilogie avortée. Les cinement, le dernier coup d’œil sur pour le vieil empereur qu’il n’a ja- de valeurs sociales, d’intégration ou bli ; ou que certains exercent leur réels par de la fiction » ; refusée par éditions Noir sur blanc en donnent la campagne familière, le long mais vu une fidélité canine, mais les d’assimilation, qui mène du pouvoir de mémoire. sa mère qui pense qu’il «n’y a aujourd’hui une nouvelle et très voyage dans des wagons à bes- officiers l’insultent en magyar, son Mexique aux États-Unis, les per- Yo, le personnage de Julia Álva- qu’un imbécile pour choisir délibé- brillante traduction. tiaux, l’arrivée des paysans effarés voisin de chambrée ne parle que sonnages des vingt-six nouvelles rez, n’en manque pas. C’est même rément de parler anglais » ; impos- Le but de l’auteur est de montrer dans un casernement hongrois. l’allemand, et l’amalgame des races qui composent ce recueil se situent ce qui la fait vivre, pas forcément sible pour la « servante » confinée la méthode, affinée par des siècles Tout est calculé pour anéantir la au sein du bataillon est un autre aux endroits où les barreaux ont bien, surtout moralement. Il faut au service de la famille García ; in- de militarisme, par laquelle on par- personne et la remplacer par un moyen de briser les personnalités. été sciés ou retirés. Ces endroits où dire qu’elle provoque pas mal de connue pour ces paysans domini- vient en quelques semaines à trans- soldat. La remise de l’uniforme, as- A la parution du livre, trois ans il est impossible de reculer et très remous et de retours de bâton. Sa cains qui n’auront jamais les former un être en machine à tuer surément, parce qu’« un soldat se avant l’invasion de la Pologne, difficile d’avancer. La plupart sont mère et ses sœurs, excédées de par- moyens de se payer le voyage. En ou, plus précisément, en élément compose d’une tunique, d’un panta- l’avertissement de Wittlin, comme ouvriers du bâtiment, hommes à ticiper malgré elles au jeu qui leur sursis pour Yo qui retourne trop d’une immense machine à tuer. La lon, d’une capote manteau... », mais ceux de Remarque ou de Barbusse, tout faire ou à ne rien faire, alter- est imposé, lassées que des pans souvent au pays, recherchant au- diversité humaine, si riche et si fé- même la nourriture, bien meilleure avait tout son sens. Est-il au- nant malgré eux périodes de tra- entiers de leur vie soient dévoilés, tant ses racines que son enfance, conde, sacrifiée au nom de l’effica- qu’au pays, et bien entendu la jourd’hui dépassé ? On l’espère ar- vail, de chômage, de vacance, Amé- que leurs secrets soient révélés, re- et dont les émouvantes histoires, cité. La « particule élémentaire » marche en rang, le pas cadencé, le demment, mais comment oublier ricains de trop fraîche date. fusent de lui adresser la parole ou émaillées elles aussi de mots espa- contrainte de s’incorporer à un en- garde-à-vous, « clé en or qui ouvre ceux qui voudraient aujourd’hui Tous se démènent entre leur dé- de la voir : le jeu dangereux auquel gnols, constituent les pièces d’un semble, et toute la destruction que l’histoire des peuples ». que nous soyons tous pareils ? sir d’intégration et d’ascension so- Yo a livré sa vie est l’écriture, en puzzle impossible à assembler. cela implique. Tout se passe donc C’est alors que les recrues font Jean Soublin ciale et leur réclusion dans des tant que « miroir de la vie ». Jean-Louis Aragon LeMonde Job: WIV0800--0004-0 WAS LIV0800-4 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:29 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0115 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 littératures b Amoral Dostoïevski ou l’insoumission du créateur Dernières et spirituel, Dans un captivant essai qui relit les rapports de l’auteur des « Frères Karamazov » avec la censure sensations un roman russe tsariste, le critique bulgare Tzvetan Stoyanov célèbre l’inaliénable liberté du génie littéraire de l’exil un curieux rapport paternaliste LE PUTOIS LE GÉNIE ET SON MAÎTRE entre le romancier et son mentor (il DÉJEUNER AU BORD de Piotr Alechkovski. de Tzvetan Stoyanov. avoue aller le visiter « pour guérir DE LA BALTIQUE Traduit du russe Traduit du bulgare [s]on âme » (!) et signe ses lettres de Nicolas Bokov. par Christophe Glogowski, et postfacé par Marie Vrinat, « votre totalement dévoué et éternel Traduit du russe Fayard, 288 p., 120 F (18,29 ¤). L’Esprit des péninsules, 224 p., serviteur »). par Maya Minoustchine, 140 F (21,34 ¤). Inspirateur invisible, mais véri- éd. Noir sur Blanc, 96 p., orsque Michel Chaillou table « responsable éditorial » du 98 F (14,94 ¤). sous-titrait La Rue du ca- omme un magicien qui Journal d’un écrivain, Pobedonotsev pitaine Olchanski (Galli- craindrait de perdre la veut plus cependant que cette tri- alme plat. « Le silence mard, 1991) « roman main, le sort repète bune acquise à l’idéologie slavo- d’un espace immense ». Lrusse », il jouait sur la perception que parfois ses tours. phile et antieuropéenne – En ville (« Leningrad. La les Occidentaux avaient du genre, CCritique littéraire et historien de Dostoïevski est un adversaire si tempête de neige. Le vent depuis La Fille du capitaine de Pouch- la littérature, Tzvetan Stoyanov est déterminé de toute forme d’univer- étendC le long des trottoirs des traînées kine. Paradoxalement, à la lecture du mort prématurément sans avoir pu salité politique qu’il associe dans le blanches. Les espaces blancs du fleuve Putois d’Alechkovski, la même for- achever son magistral essai sur même rejet l’idéal catholique ro- gelé ») ou au bord de la mer («La mule revient, obsédante, malgré la l’une des questions les plus contro- main et la pensée socialiste. Il veut plage, sur le sable humide et dur, où les sottise des réductions simplistes. versées de l’histoire littéraire russe un roman, capable de diffuser la vagues atteignent les souliers »). Et une L’histoire de Danilka, sauvageon – les relations ambiguës entre Dos- bonne leçon de celui qu’il voit leçon ambiguë : « Ah, comme tout est disgracié taciturne et violent, qui toïevski et Pobedonotsev, création comme le Dickens russe. Trop me- propre en hiver sous la tempête. » La grandit entre la dévotion des vieilles, littéraire et réaction politique –, pa- suré, L’Adolescent est un échec. tourmente, ce sont les limiers du les amants de sa mère, les pitoyables ru en l’état un an après sa dispari- Mais le chantier des Frères Karama- KGB qui l’animent ; ou, plus tard, la caïds du bourg – imaginaire – de tion en Bulgarie (1978) et au- zov prouve bientôt les limites du force taraudante du souvenir de la sé- Stargorod, tient plus des satires d’Ilf jourd’hui enfin accessible au contrôle d’un génie créateur. Stoya- paration. 1971 : des plages brumeuses et Petrov que des fresques roma- lecteur français. nov résume : « Le dessein de Pobe- de décembre sur les rives de la Bal- nesques du XIXe siècle. Mais la pein- Inachèvement qui fait écho aux donotsev donnait effectivement des tique. En face, l’Occident, proche et ture aiguë des gens ordinaires, d’une données mêmes de son enquête. résultats : le génie était lancé dans la hors d’atteinte. Un dissident, dont on amoralité patente, se double d’un Lorsqu’il meurt le 28 janvier 1881, bataille, ce cerveau unique s’était tel- pressent qu’il emprunte beaucoup à élan spirituel aussi irrépressible que Fiodor Dostoïevski n’a pas mené à lement déchaîné qu’il lançait des la biographie personnelle de Bokov, confus. Le mysticisme qu’inculque au terme le chantier des Frères Kara- éclairs autour de lui. Malgré tout, il partage avant l’exil quelques derniers jeune « Putois » un prêtre trop mazov, dont la seconde partie, an- semble que les forces réactionnaires moments avec la femme qu’il aime. tendre, c’est la nature délestée des noncée par l’auteur, ne verra ja- soient restées quelque peu interdites Assailli par des souvenirs qui re- hommes qui le lui révèle. Ce « terroir mais le jour. Un coup dur pour le devant le mécanisme qu’elles avaient viennent pour une ultime revue. secret » qu’il découvre en visionnaire, tout nouveau procureur général du mis en branle : la profondeur et la Vingt ans passent. Le même homme, « tout imprégné d’un silence tonnant Saint-Synode, Konstantin Petro- mobilité des idées étaient telles qu’il au même lieu, avec le même vague à

qui donnait un frisson d’extase », Vita- vitch Pobedonotsev, que sa fonc- AKG devenait difficile de les juger. » Pobe- l’âme, puisque tout se joue sur la sen- li le chasseur, puis le père Innokenti, tion apparente à un censeur tout- Konstantin Petrovitch Pobedonotsev donotsev comprend que la manipu- sation, précieuse comme l’« ambre fi- un saint ermite, lui en donnent les puissant. L’homme, hostile à l’« ère lation n’a pas réussi et que le se- gé du temps ». clés, où l’homme n’a d’adversaire des réformes » ouverte par le tsar Champion d’une vision stricte- profit qu’il y aurait à enrôler sous sa cond volet promis par Dostoïevski Bokov, découvert avec Nikto (De- que lui-même. La suite des tribula- Alexandre II, attend son heure ment oligarchique du monde, ce bannière Dostoïevski dont le par- pour apaiser ses commanditaires noël, 1972), actif dans le samizdat, a tions de Danilka ramène cependant pour s’afficher publiquement en plébéien que Stoyanov présente jo- cours et plus encore le message inquiets ne paraîtra jamais. Aussi dû choisir l’exil ; après bien des tribu- au grotesque humain – et l’on pense réaction contre les innovations po- liment comme un « Julien Sorel mystico-éthique des Mémoires ne lui reste-t-il qu’à récupérer lations, il avait, sans logis, donné un à Gogol parfois – aggravé encore par litiques qui conduisent à l’assassi- triomphant qui rêve de jouer le rôle écrits dans un souterrain (1864) font l’image de l’écrivain promu «pro- douloureux récit autobiographique l’horreur du XXe siècle (Auschwitz ?, nat du tsar par le populiste Grine- de Richelieu » a le zèle des néo- un interlocuteur tout désigné. phète du peuple russe », sitôt sa dis- (Dans la rue à Paris, Noir sur blanc, Staline ? le Père Boris résume sim- vitski, quatre semaines seulement phytes. Aussi sa défense d’un pater- L’écrivain, qui redoute d’être cen- parition. 1998). Il revient donc avec une prose plement : « Satan a pris à Dieu la après le décès de l’écrivain. Le nalisme strictement nobiliaire suré, mal lu et mal compris, ne pro- Stoyanov n’eut pas le même des- pointilliste à la poésie secrète. Faite terre en location pour cent ans »). masque transparent de ce profes- – pour lui la « famille » de réfé- clame-t-il pas, face aux libéraux qui tin posthume. Penseur libre sous un de notations brèves comme autant Avec une étonnante tendresse méta- seur de droit devenu le précepteur rence n’est pas l’Etat, mais le do- regardent le vent démocratique ve- régime dictatorial, il a attendu son d’éclats d’un carnet de bord – ou de phorique : « La Russie est féminine des fils d’Alexandre II (après maine – est-elle résolument radi- nu de l’ouest : « L’Europe est un ci- heure mais sa leçon d’engagement voyage intérieur ; d’indications de lu- jusqu’au bout des ongles, une vraie Alexandre III, il aura pour élève cale. Le salut de la Russie passe à metière où gisent de chers défunts » ? résiste intacte au temps et au filtre mière pour un jeu scénique ou d’élé- bonne femme, sans fierté, sans enten- son fils Nicolas II) ne tarde donc ses yeux par une affirmation forte Le rapprochement est aisé, des traductions. La soumission de ments diffus d’une bande-son parfois dement, rien que des émotions lar- guère à tomber, révélant l’un des du souverain autocrate et une rup- même si la bêtise des fonction- Dostoïevski ne le fut qu’à son génie obsédante. moyantes, rien que de la pitié, il faut la principaux stratèges et idéologues ture nette avec l’héritage des Lu- naires tsaristes manque faire capo- propre. Inentamable privilège du Ecriture troublante d’un effa- prendre. » du parti des « forces réaction- mières européennes. Sénateur, puis ter les premières approches du ma- créateur. cement. Ph.-J. C. naires ». conseiller d’Etat, il comprend le nipulateur. S’établit alors peu à peu Philippe-Jean Catinchi Ph.-J. C.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb livraisons Un héraut des « sans-voix » b LA DOUCEUR CHARDON DE L’ABSINTHE, Boris Vakhtine « Sur chacun de ceux qui habitent chez nous, on pourrait raconter des œuvres complètes », mais on se contente d’une galerie de Infatigable défenseur des sans-grade et des persécutés, Vladimir Korolenko a moins composé portraits impressionnistes qui forment ensemble une chronique à la fois tendre et loufoque du Leningrad des années 50. Le pi- un roman d’émigration qu’une parabole sur l’incapacité de choisir son destin lote Tiouttchev qui survole toute la Russie et a tant de hauts faits à raconter, l’écrivain Karnaoukhov qui a toujours une opi- nion sur tout, le soldat Thimokine, le petit Gocha, sont les per- s’aggrave lorsqu’il refuse de prêter peuple et d’une culture, traduit plus fameux pour ses contempo- sonnages d’un microcosme que Vakhtine campe en quelques LES MUETS serment de fidélité au trône, clairement l’offensive d’un fana- rains. Les Muets est né d’un voyage mots, saisissant le côté à la fois pathétique et attachant de ces (Biez Iazika) comme l’exige en 1881 le nouveau tisme orthodoxe et nationaliste et aux Etats-Unis entrepris en 1893 ; anti-héros coincés entre les aléas du quotidien et leurs grandes de Vladimir Korolenko. tsar Alexandre III, après l’assassi- manque aboutir à la condamna- de retour à Saint-Pétersbourg, Ko- espérances. L’auteur, sinologue et linguiste de formation, est Traduit du russe nat de son père. Pour Korolenko, tion des ourdmouts, malgré l’indi- rolenko qui va collaborer à la re- mort en 1981, à quarante ans (traduit du russe par Anne Coldefy- par Chantal Le Brun Keris, la conscience est plus qu’un prin- gnation des quelques juristes éclai- vue des « populistes », compose ce Faucard, Verdier, 128 p., 85 F [12,95 ¤]) G. Ma. L’Esprit des péninsules, cipe. rés, quand Korolenko dénonce le récit d’émigration qui enchantera « Domaine russe », 224 p., En Iakoutie, il se fait cordonnier « drame judiciaire » qui va broyer plus tard les autorités soviétiques, b MOI ET MON DOUBLE, d’Oleg Krishtal 120 F (18,29 ¤). et continue d’écrire. Au terme de des innocents. Au terme de quatre ravis d’y deviner une dénonciation Ce qu’il est pénible « lui », avec sa façon d’en savoir plus long sa peine, il se fixe à Nijni Novgo- années houleuses, l’affaire se solde sans appel du grand ennemi. En que tout le monde sur la vie, la pensée et la structure de l’âme, ladimir Galaktiono- rod et publie les contes et récits où par la victoire des tenants du droit, fait, l’histoire de Matveï Lozinski, « moi » qui n’est qu’un simple individu et non un éminent neu- vitch Korolenko (1853- sa générosité et son engagement représentés par la toute récente hercule ukrainien naïf et débon- rophysiologue, en est passablement agacé. Et « Je » dans tout 1921) n’est sans doute social disent, par-delà sa signature, institution des cours d’assises. naire, pose une question plus uni- cela, qui est-il ? Un autre, bien sûr. Un étrange roman qui tient à pas Emile Zola. Et l’on sa participation au monde (ses Mais c’est Korolenko, qui saluait verselle. Parti du port de Ham- la fois du récit d’aventures, du journal de bord et des médita- s’enV voudrait d’encourager les pa- bourg pour le « nouveau monde », tions métaphysiques pimentées de beaucoup d’humour, ancré rallèles hâtifs et le syncrétisme ap- Repères bibliographiques le paisible géant ne parvient pas à sur une seule certitude : « Aucune foi ne nous rendra jamais proximatif. Pourtant l’œuvre de Un recueil de contes d’Ukraine et de Sibérie, La Forêt s’adapter à une donne nouvelle, complètement fatalistes, de même qu’aucun nihilisme ne nous dé- cet écrivain précieux tarde trop à murmure, parut chez Colin (1895). Dans les années 20, en rupture avec l’univers im- barrassera des superstitions. » Premier livre de fiction d’un bio- atteindre le public français pour quelques textes (La Gelée, En mauvaise société, Le Rêve de muable – donc sécurisant – qu’il a physicien né en 1945 en Ukraine (traduit du russe par Anne Col- qu’on renonce à camper sommai- Makar) et des Souvenirs d’enfance furent fugitivement quitté, malgré la dure condition defy-Faucard, Noir sur Blanc. 288 p., 139 F [21,19 ¤]). G. Ma. rement la figure de cet homme in- disponibles. Pierre Pascal traduisit à son tour Le Songe qui lui y était faite. Mais ce n’est tègre. Il sut se mobiliser sans re- de Makar pour Klincksieck (1947), mais il n’y avait guère pas tant l’inhumanité des Améri- b RHÉA SILVIA, de Valeri Brioussov lâche pour le respect des droits de d’accessible jusqu’ici qu’un recueil de nouvelles, Les Co- cains qui fait problème que l’inca- Avec discrétion mais obstination, de courageux éditeurs s’at- l’homme à une époque et en un chers de Sa Majesté, curieusement suivies de Six lettres à pacité du héros (« Tu n’as pas de tachent à redonner voix à l’œuvre du poète et essayiste Valeri lieu où la posture tenait du défi Lounatcharski, où Hélène Carrère d’Encausse lit – nous cervelle », raillaient ses amis pour Iakovlevitch Brioussov (1873-1924), dont le roman historique suicidaire. sommes en 1920 – « la première analyse claire du pouvoir le dissuader de migrer) de choisir L’Ange de feu inspira un opéra à Prokofiev. Après le Mercure de Fils d’un juge cosaque d’une in- soviétique » (Albin Michel, 1990) ; et la réédition par Cir- et de construire une vie sur ce France (Dernières pages du journal d’une femme, 1997), Circé tégrité rare – un modèle qu’il sui- cé (1992) du Musicien aveugle, histoire d’enfance émou- choix. Il refuse significativement (L’Axe terrestre, 1998), Autrement, qui avait naguère exhumé vra à la lettre –, Korolenko grandit vante sans mièvrerie – une gageure – traduite dès 1894. d’apprendre la langue du lieu. Mozart, poste restante (1996), propose Rhéa Silvia. Ce court ré- dans ces bourgs ukrainiens aux Korolenko comprend, lui qui a cit, dont le monde crépusculaire de la Rome du VIe siècle fait un populations bigarrées, Polonais et Mémoires, inachevés, s’intitulent modestement la « vive intuition » toujours assumé les risques les troublant écho à la Russie gangrenée de 1914, offre une simple Hongrois, Ukrainiens et Tchèques, significativement Histoire de mon des jurés, qui devient le symbole plus éprouvants, compatit sans histoire d’amour entre Maria, fille d’un calligraphe inemployé juifs ou non – on est là sur la contemporain). En 1891, il se de la résistance à l’arbitraire, Vol- mièvrerie ni condescendance. Et par temps de troubles et « qui s’était habituée à vivre par ses « ligne de sédentarisation » qui consacre activement aux œuvres taire plus heureux d’une nouvelle aide ainsi son lecteur à transfor- rêves » et un artisan goth, Agapetus, rencontré dans un palais délimite l’espace où les juifs de d’entraide lors de la grande famine « affaire Calas ». Vingt ans plus mer son émotion, toujours digne, enfoui sous terre et que la jeune femme prend pour le dieu l’Empire peuvent s’établir – croi- de la Russie méridionale – il en tard, c’est lui encore qui sauve un en ressort moral. Pour qu’il n’y ait Marsw. Une fable sobre et cruelle où les couches nuptiales sont sant leurs traditions et leur mé- donnera un témoignage littéraire, gérant de briqueterie, Beïlis, injus- plus ni humiliés ni offensés. de terre et de poussière (traduit du russe et annoté par Su- moire avec celles des Russes. Ce En l’année de la faim, impression- tement accusé d’avoir assassiné un Ph.-J. C. zanne Héral, éd. Autrement, « Littératures », 56 p., 39 F que le jeune Vladimir vit avec un nant pour son art extraordinaire écolier de Kiev. La police, comme [5,95 ¤]). Ph.-J. C. idéalisme altruiste romantique du « croquis sur le vif » –, mais le ministère, connaissent les vrais dont il ne se déprendra pas. Passé c’est son intervention détermi- coupables, mais ils les couvrent et b PSYCHOPATHES D’AUTREFOIS, précédé de IDÉE-FIXE et de de l’Institut de technologie de nante dans deux faits divers sor- choisissent pour bouc émissaire un L’ARTISTE EN POSTICHES, de Nicolaï Leskov Saint-Pétersbourg à l’Ecole d’agri- dides qui révèle sa vraie dimension parfait innocent dont le seul tort Les textes de Nicolaï Leskov (1831-1895) rassemblés ici convain- culture de Moscou, il en est expul- humaine. est d’être juif. Le jury est cette fois cront ceux qui ignorent encore la formidable faculté de l’écri- sé pour avoir adhéré à une organi- Sept paysans ourdmouts de composé avec précaution, sur vain d’inventer comme de reprendre en main les curiosités du sation clandestine. Devenu Multan, village du gouvernement fond de virulente campagne anti- réel que l’auteur du Gaucher (1882, éd. L’Esprit des péninsules, correcteur et dessinateur tech- de Viatka, au nord de la Russie, sémite. Korolenko prend alors la 1997) est un des plus singuliers prosateurs russes. Vantant la ca- nique dans la capitale, il publie en que Korolenko avait connu durant tête d’un Comité de lutte contre pacité créatrice de la réalité, il la bouscule en fait et s’impose en 1879 sa première nouvelle, quand sa déportation, sont accusés au l’antisémitisme, qui assure la dé- sous-main, sous le masque d’un pittoresque épique, grandiose il est arrêté et déporté en Sibérie début des années 1890 d’avoir per- fense de Beïlis et obtient son ac- et naïf à la fois, exagéré à plaisir comme pour se dédouaner d’en pour avoir aidé des révolution- pétré des sacrifices humains en quittement (1913). Un nouveau être l’auteur. Un jeu subtil sur une Russie archaïque, sur la sur- naires à échapper à la police du l’honneur de leurs dieux. L’instruc- tour de force dans l’empire auto- vie secrète de laquelle on peut s’interroger (traduit, présenté et tsar, s’être constitué une biblio- tion, qui vise moins à établir les cratique des Romanov. annoté par Bernard Kreise, éd. Ombres, 160 p., 90 F [13,72 ¤]). thèque d’ouvrages interdits et, faits et confondre des personnes Héraut des « sans-voix », l’écri- Ph.-J. C. pire, de les avoir diffusés. Son cas privées qu’à faire le procès d’un vain leur a consacré son roman le LeMonde Job: WIV0800--0005-0 WAS LIV0800-5 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:29 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 15Fap: 100 No: 0116 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / V b Un mystère près des écluses Les morts aux voix secrètes Une femme blessée par un deuil, un homme paisible, une rencontre... Un avion s’écrase. Patrick Grainville démarre cette « kermesse de mort » Un récit implacablement tenu par Catherine Vigourt dans un lyrisme explosif, avant de partir en quête d’une vérité plus intime des écluses. C’est pourtant là que tranquille et cette femme blessée naüm en cendres, de mausolée des une cité voisine, il se comporte LA MAISON DE L’AMÉRICAIN son petit garçon est mort, un ont-ils quelque chose à vivre LE JOUR DE LA FIN mille douleurs et de théâtre sur- comme un grand blessé qui essaie de Catherine Vigourt. dimanche. Une mauvaise chute. ensemble ? Dans un roman senti- DU MONDE, UNE FEMME volté », se concentrant bientôt sur d’échapper à son désir de mort, de Plon, 176 p., 98 F (14,94 ¤). Tué sur le coup. Tout a explosé. mental, ils s’aimeraient et Louise ME CACHE les « stars du séisme » – les deux terre brûlée. Il tâtonne autour du Daniel, le mari, pharmacien, est ferait enfin le deuil de son enfant. de Patrick Grainville. adolescents, Driss et Angela, qui, au mystère de Romane, tente de atherine Vigourt est de parti vivre ailleurs. Louise reste Camille serait la victime, mais on Seuil, 264 p., 120 F (18,29 ¤). moment de la catastrophe, étaient déchiffrer le secret de cette boîte ces écrivains rares qui seule dans la maison. Et tous les aurait prouvé que « la vie conti- en train de s’aimer dans la chambre noire que lui semble être son exis- savent se saisir d’une jours elle refait le chemin. Elle nue ». Heureusement, Catherine e paroxysme – des senti- d’une tour lézardée par le cock- tence trop lisse et refermée sur elle- histoire ténue et susci- porte le même imperméable Vigourt sait que la réalité est plus ments, des situations –, pit – ; la ruée des avocats, des assu- même, car elle paraît avoir tant de terC l’intérêt pour un regard qui va beige. Parfois elle le tient à la cruelle. Certes, Louise et Fabrice c’est l’état que Patrick reurs, « la foule des spéculations au- mal à s’épancher et à donner. faire basculer un destin, pour un main, mais ne s’en sépare jamais. se parlent, elle le fait entrer chez Grainville recherche, tour de l’abîme mortel qu’il fallait Patrick Grainville témoigne d’une moment d’exception dans une Fabrice aussi vient là tous les elle, ils ont de plus en plus de plai- cultive.L Depuis toujours. Pas de colmater par des discours » ; l’arri- grande délicatesse, d’un sens inné existence banale ou pour la des- jours. Il prépare le catalogue sir à se retrouver, il est troublé, demi-mesure dans les évocations, vée des familles des victimes (avec, de ce qui ne se dit pas, ou presque, cription minutieuse de la banalité d’une exposition sur les canaux en elle aussi, ils font l’amour. Peut- aucune tiédeur ni dans le style ni à leur tête, un formidable person- de ce qui risque de s’échanger ou même. C’est pourquoi elle est une Europe. Avec sa femme Camille, être même s’aiment-ils, ou dans l’imaginaire. Son grand art est nage, Lenny Croft, qui s’époumone non, dans l’analyse des tentatives excellente nouvelliste, dont vétérinaire, il s’est installé pour croient-ils s’aimer. Mais pour de rendre l’apocalypse – ici, un comme un bateleur du chagrin, un de rapprochement, des ébauches l’acuité, la précision, la poésie rap- Boeing qui s’écrase avec ses 240 camelot du deuil) qui, avec une de secours mutuel de ces deux res- pellent celles d’une de ses presti- Catherine Vigourt passagers sur une cité de la ban- cupidité éplorée, guignent les mil- capés de la vie. Mais ce lien de la gieuses aînées américaines, Après un premier roman en 1990 aux Presses de la lieue parisienne – non seulement lions à venir. dernière heure, cette relation par Eudora Welty. Sur le livre qu’elle Renaissance, Ariana, Catherine Vigourt, qui est envoûtante mais vraisemblable. La verve cruelle du romancier défaut qu’ils parviendront à fonder, publie aujourd’hui, La Maison de enseignante dans la région parisienne, a publié en Précision de la vision, brasier redouble quand il évoque la ruée ne suffira pas au narrateur. Sachant l’Américain, on a écrit « roman », 1996 un très beau recueil de nouvelles, sous le titre d’images exactes, crépitement inin- des psychothérapeutes qui ont qu’il ne peut s’ancrer désormais mais il s’agit plutôt d’une longue Pense à Tolstoï (Flammarion). On y remarquait un terrompu de détails à la fois fantas- ouvert une antenne d’urgence dans dans quelque histoire que ce soit, nouvelle où Catherine Vigourt texte particulièrement émouvant, dont l’héroïne, tiques et réels : le romancier un appartement réquisitionné de la qu’il ne va pas tarder à retrouver donne le meilleur de son talent. jamais nommée, « espoir du piano français », « tra- devient un acteur halluciné et on ne cité pour délivrer les habitants de « ses tendances profondes, ses fuites Elle sait tenir et retenir son lec- vailleuse et passionnelle, le visage volontaire », était peut qu’être saisi par la vue de leur traumatisme et de leurs cau- et ses intermittences », il continue teur, mystérieusement. Elle l’ins- la pianiste Catherine Collard, morte prématuré- l’avion en feu qui n’est plus chemars, certains s’inventant – et c’est la dimension la plus talle dans une sorte d’angoisse, le ment d’un cancer, à l’âge de quarante-six ans, le qu’« une cheminée de massacre, même, sous leur emprise, des « hal- émouvante du roman – à se laisser maintient dans un étrange 10 octobre 1993. Catherine Vigourt a ensuite écrit avec les yeux crevés, les paupières lucinations carabinées ». La messe traverser « par l’avion intime », ce inconfort. Et le livre ne se termine deux romans, avant cette Maison de l’Américain qui brûlées des hublots », celle des de Notre-Dame n’est, dans sa sur- grand vaisseau de chair ; il se veut pas par un dénouement, par un paraît aujourd’hui, La Vie de préférence (Flamma- morts, « une colonne de guignols charge de bouquets et de pleurs, le gardien des âmes des morts qui soulagement, mais se referme sur rion, 1997) et Le Paradis pour tous (Stock, 1998). noirs, garrottés à leurs sièges, cou qu’une « hypertrophie mystique ». voguent toujours en lui. Et s’il son secret. Car Catherine Vigourt cassé »... refuse, jusqu’au bout, de restituer ne cherche pas à raconter une quelques mois dans la région, Louise quelque chose s’est arrêté Nous sommes, grâce à l’imagi- BOÎTE NOIRE la boîte noire, c’est pour protéger, anecdote, un épisode, une aven- dans ce « pays où s’ouvre la Bour- ce jour où Martin est mort, juste naire scrupuleux de Grainville, au De roman en roman, Patrick empêcher qu’elles ne soient un jour ture, mais à montrer en quoi gogne – il n’est pas une tuile plate et avant l’adolescence. Quelque centre de l’enfer, avec ce mélange Grainville semble creuser l’écart trafiquées, abîmées, les voix chaque vie, minuscule, est unique, moussue qui ne le dise aux toits bos- chose d’indicible a été détruit qui, d’effroi devant la dévastation et de entre le bruit et la fureur du monde secrètes de Régis Lunel et d’Elise sauvée ou dévastée par des détails selés des maisons – sans que l’Ile- probablement, la pousse désor- pitié pour les victimes : il y a de très et le silence intérieur : celui du nar- Lancret, le pilote et la copilote qui – des bonheurs, des drames, de-France soit oubliée, ni le Gâti- mais à détruire. Il n’y aura pas de beaux passages, empreints d’un rateur qui (ancien voleur de voi- s’aimaient et se sont peut-être dit incompréhensibles de l’extérieur. nais sévère ni la sœur endurante de happy end entre Fabrice et Louise. lyrisme ému, où Grainville imagine, tures, peut-être traqué par la adieu dans le tonnerre des pre- La vie de Louise, justement, est Sologne. Pays superbe et secret, de Et Camille sera, quand même, vic- à partir d’un beauty-case rouge vif, police) reste immédiatement calme mières flammes. C’est cela sa « fichue », on le comprend tout de bois et d’eau, sans le faste des time de leur rencontre. C’est peut- retrouvé dans les décombres, la vie, au moment de la catastrophe, dont « chimère de remplacement », sa suite. Louise a été détruite par un vignobles qui commenceront à Cha- être Louise qui sera la moins tou- le destin coupé net de quelques- il est le témoin, parce qu’il a déjà manière de se purifier de sa malé- deuil affreux qui, dans « les pre- blis et Tonnerre. Pays où ne pas- chée – mais peut-elle être encore unes des riches passagères. vécu la fin du monde, quand il a diction, son moyen rêvé de miers temps », la faisait hurler. Elle saient pas volontiers les marchands atteinte ? –, elle qui a décidé de Mais le crash d’un avion, c’est rompu avec une femme aimée, compenser son vieil amour perdu, ne pouvait alors être calmée que du temps du grand duché : alors continuer à vivre dans cette cam- aussi un spectacle qui satisfait, Dolores, et s’est déjà, à cette occa- d’oublier sa chute. Ces paroles que par Chantal, la fille qui tient le trop de marais et trop de fièvre. » pagne où « la vie humaine écono- comble tous les voyeurismes ; et sion, secrètement initié à « l’extinc- personne ne saura jamais, cette café : « Elle ne tenait pas de dis- Ils ont loué « la maison de l’Amé- mise à ce point ses formes qu’il y a dans cette critique de la « kermesse tion des choses ». S’il vole la boîte énigme préservée donnent à la fin cours sur le passé qui est le passé ni ricain ». Camille s’est dépensée dans l’air une soif de tragédie qui de la mort », c’est un festival Grain- noire de l’avion, qu’il découvre du roman sa quiétude, sa lumière sur la vie qui continue, non, elle sor- sans compter pour la rendre rend tout implacable ». Impla- ville. Verve dénonciatrice, jubilation parmi les gravats, c’est pour que apaisée ; et l’on dirait que Patrick tait de son tablier un gant humide, accueillante, pour « redresser » le cable : c’est exactement le qualifi- indigne, humour démesuré, qui tout, alors qu’il se sent hors circuit, Grainville, s’éloignant de son lui tamponnait le front en l’attirant jardin « comme on relève un catif qu’on peut appliquer à cette raille la précipitation des médias, se voile dans « un deuil plus doux et lyrisme explosif, part, lui aussi, en à elle, et elle disait : demain. bateau ». histoire et à la manière dont des journalistes qui, grisés d’hor- plus noir, un émoi du tréfonds ». quête d’une vérité murmurée, la Demain ça ira mieux. » Louise a Que peut-il se passer entre Catherine Vigourt sait la raconter. reur, filment tous azimuts le Lorsqu’il est recueilli par Romane, sienne. voulu rester dans sa maison, près Louise et Fabrice ? Cet homme Josyane Savigneau mélange de « cimetière, de caphar- une femme professeur habitant Jean-Noël Pancrazi

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livraisons publié en 1996, chez le même éditeur, Drames enfouis. Paroles per- dues reprend et prolonge cette thématique, mais cette fois du point Le choix du silence b PITCH, de Caroline Bongrand de vue de l’enfant, à qui une parole est rendue (Buchet-Chastel, En panne d’écriture, une jeune romancière française débarque à Los 200 p., 96 F [14,64 ¤]). P. K . Angeles pour y apprendre l’art du scénario. Au fil de ses mésaven- Survivant de la Shoah, le héros de Vincent Engel tures dans le monde cynique de Hollywood défilent des producteurs b TOUT UN OISEAU, de Richarg Morgiève bidons adeptes du harcèlement sexuel, des ratés, des mythomanes Zacharie est l’unique personnage d’un long monologue (des trouve refuge dans l’effacement, l’enfermement et des frimeurs experts dans l’art de manipuler le gogo. L’héroïne ne femmes et un chœur interviennent deux ou trois fois) sur le délire parviendra pas à caser son script sur Gustave Eiffel, mais apprendra d’un homme-oiseau qui abuse de sa liberté pour nous immerger famille décimée à Auschwitz, ne la technique du «pitch», ou comment vendre une histoire en six dans le torrent de ses vaines imprécations. L’homonyme du OUBLIEZ ADAM sera qu’une suite d’échecs malgré minutes maximum, si possible quatre, et idéalement deux. Une prophète juif crie sa douleur et ses peurs. Son dithyrambe est à la WAINBERGER son ascension fulgurante dans la chronique de mœurs « cruelles et cannibales » (Nil, 204 p., 110 F fois vindicte et éloge, mépris de notre société décadente et exalta- de Vincent Engel. carrière médicale, malgré le [16,77 ¤]). J.-L. D. tion du désir physique des femmes. Tout un oiseau est un exception- Fayard, 290 p, 125 F (19,06 ¤). mariage avec une jeune Améri- nel exercice de style, la création d’une écriture jubilatoire qui caine venue en Europe pour inter- b NOUVELLES, de Daniel Boulanger dissimule la sagesse meurtrie d’un homme seul (Pauvert, 72 p., 59 F a construction du der- viewer les survivants des camps. Paradoxalement, Daniel Boulanger aura sans doute souffert d’être [8,99 ¤]). H. Mn nier roman de Vincent Licencié par le directeur d’un grand un nouvelliste hors pair, genre où on l’a souvent cantonné et qui Engel, avec ses trois par- hôpital, qui interprétait le silence nourrit moins la réputation littéraire que le triomphal roman. Ce ties de dimension iné- obstiné d’Adam comme le signe de gros volume rassemble quatre recueils parus de 1970 à 1973. Qui n’a gale,L fait penser à un concerto pour l’« arrogance de sa race », il se jamais lu Daniel Boulanger y découvrira la puissance d’évocation violon triste et orchestre de fan- sépare également de sa femme, d’un écrivain, témoin assidu et chroniqueur minutieux des « choses tômes qu’il ressuscite avec un bon- réplique obsédante d’une Esther de la vie », des existences modestes, secrètes, provinciales, où désirs heur d’écriture évident. Ainsi, le depuis longtemps disparue. et frustrations, rêves fous et rancœurs, mettent en équation les don- récitatif de la première partie (inti- Pour oublier ces fantômes, fuir nées du comportement humain. Son sens des images, de l’ellipse, tulée « Avant ») raconte, au milieu et ainsi se mentir, Adam change de l’acuité du regard lui permettent d’imposer des évidences que l’atti- des années 30, le début de l’adoles- nom, efface son identité, devient tude des personnages, les circonstances et l’imprévu s’emploient à cence d’Adam Weinberger, cadet médecin de village, enfin passe ses démentir. Un art de capter le fugace, de surprendre l’inavoué, de d’une famille comptant quatre loisirs à enfermer les miniatures souligner les enchaînements obscurs du destin, mais sans noirceur enfants : Rachel l’aînée, mélanco- des voiliers qu’il ne cesse d’assem- (Gallimard, 788 p., 145 F [22,11 ¤]). P. K y . lique et mal mariée, Samuel, le bler dans des bouteilles, symboles sportif, qui milite côté sioniste, d’un envol brisé. C’est alors b L’ANGE SUR LE PONT, de Patrice Lepage enfin Avner, entièrement consacré qu’Adam le menteur commettra le C’est un récit optimiste en dépit de son sujet. Glenn est condamné à sa vocation de rabbin. Les crime majeur en renonçant à la vie. par une maladie incurable. Il retourne dans son village pour at- parents, Sarah et Abraham, Hélas, cette fuite sanctionnée par tendre la mort, rejoignant par le rêve l’enfant si vivant de sa mé- semblent former un couple indis- le suicide signifie quand même une moire. Un vieil homme qui passe sa vie sur un pont (passeur du soluble. victoire posthume des nazis mal- Styx, sans doute) et une jeune femme aimante l’aideront à insuffler Sur sa famille apparemment gré la dénégation d’Adam Wein- beauté et sensualité à ce sursis désolant. L’écriture pudique et sobre unie, mais partagée entre tradition berger. de Patrice Lepage et son humour préservent de toute surcharge et modernité, plane l’ombre Les romans inspirés par la Shoah émotive un thème grave et souvent tabou (Le Cherche Midi, 180 p., d’Elisha Weinberger, l’oncle apos- ne se ressemblent pas. Il est vrai 89 F [13,57 ¤]). H. Mn tat et énigmatique surgi à la croisée que la mise en fiction du crime par de la religion et de l’agnosticisme, les témoins indirects conduit b LE ROI DES ORTIES, de Bernard Blangenois « monstre infréquentable », depuis souvent à des résultats navrants, Pour posséder le monde, faut-il posséder « les mots pour le nom- longtemps excommunié par la mièvres et complaisants. Rares mer » ? A cette question, Sambuc, chemineau illettré qui erre au communauté, mais aussi sa fille sont les André Schwarz-Bart, pays des camisards, aura la réponse après que son chemin aura croi- adoptive Esther. Lorsque son Romain Gary ou Patrick Modiano sé celui de Quentin, ancien professeur qui connut la prison, lui aussi neveu Adam le rencontre, malgré qui, comme récemment Myriam errant en portant sa culture comme une charge trop lourde. « Les fils l’interdiction impérative des siens, Anissimov, arrivent à transmettre tordus de la destinée » les réunissent à Thélisse, un domaine où il découvrira un militant de gauche, d’une manière explicite ou voilée vivent, farouches et insociables, d’autres personnages qui s’inter- en délicatesse avec le Parti commu- l’horreur absolue sans avoir connu rogent sur la finalité de leur existence. Quentin fera découvrir les niste, mais aussi une jeune fille eux-mêmes les camps d’extermi- livres à Sambuc qui, instruit par lui, écrira son journal, des pages superbe inspiratrice d’un amour nation. Est-ce bien le cas de parmi les meilleures de cette road story, où l’auteur fait montre d’un qui durera tout au long de sa vie. Vincent Engel ? Son personnage bien beau talent en développant, sans didactisme ni amphigouris, ce Le personnage central de l’his- (porte-parole ou projection fantas- vaste sujet qu’est « pourquoi la vie ? » Une histoire originale où l’er- toire racontée par Vincent Engel matique de l’auteur ?), cet Adam rance des corps et des esprits prend un sens par les réponses qu’on serait plutôt le silence, celui d’entre que l’on n’oubliera pas malgré peut trouver en se référant aux œuvres écrites qui les recèlent. les deux premières parties du l’injonction du titre, lui, y a été. Au- Mieux que de savants discours, un bel hommage au pouvoir de la concerto – « Avant » et « Après » – delà de la grande qualité de sa culture bien comprise (Robert Laffont, 250 p., 119 F [18,14 ¤]). P. R. L. faille de la mort et de l’oubli confession, le choix du silence, de ouverte sur le crime perpétré en l’enfermement et de l’oubli, édicté b PAROLES PERDUES, de Jean-Claude Snyders Pologne et dans toute l’Europe par la liberté intérieure du héros, Sur le thème de la transmission, ou de la non-transmission, d’une qu’occupaient les nazis. « Après », invite au débat sinon à sa franche génération à l’autre, de la douleur vécue dans les camps de la mort l’existence d’Adam Weinberger remise en question. par le père de l’auteur, juif et résistant, Jean-Claude Snyders tisse un installé à Paris, seul rescapé d’une Edgar Reichmann récit subtil fait de remémorations et de reconstructions. Il avait déjà LeMonde Job: WIV0800--0006-0 WAS LIV0800-6 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:29 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0117 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 jeunesse b Le couple de l’année Georg Hallensleben ou les couleurs de la vie Aborder les problèmes de tous les jours avec humour, De la palette chatoyante de ce peintre-illustrateur sont nés Gaspard et Lisa. Un duo de chenapans telle est la recette du succès de « Max et Lili » emmené par un trait léger et une plume non moins espiègle, celle d’Anne Gutman de montrer que l’on peut rester fort, MAX ET LILI VEULENT résister, communiquer. » GASPARD À VENISE ; TOUT SAVOIR SUR LES BÉBÉS L’autre secret du succès, c’est la LA MAISON DE LISA ; de Dominique de Saint Mars, patte de Serge Bloch, son humour LISA PREND L’AVION ; illustré par Serge Bloch tendre et drôle, son talent hors pair GASPARD A L’HÔPITAL ; Ed. Calligram, 46 p., 29 F, 4,42 ¤. pour camper une expression ou LE CADEAU DE NOËL ; A partir de 7 ans. faire sentir l’intensité d’un senti- GASPARD ET LISA ment. « Il sait trouver les yeux qu’il AU MUSÉE l y a beaucoup de couples faut. Et même si ce ne sont que des d’Anne Gutman célèbres en littérature de points, ce sont des points intelli- et Georg Hallensleben. jeunesse, Camille et Made- gents », note Dominique de Saint Hachette Jeunesse, leine, Delphine et Mari- Mars. On en jugera dans Max et Lili chaque album 32 p., nette,I Tom-Tom et Nana... : des veulent tout savoir sur les bébés, qui 38 F (4,88 ¤). sœurs, des frères et sœurs illustrant traite de l’éducation sexuelle d’une A partir de 3 ans. cette idée simple qu’il vaut mieux façon originale et soulagera tous être deux dans la félicité comme les parents qu’intimide l’idée n quittant Gallimard dans l’adversité. Mais le couple de d’aborder ces sujets intimes. «Ce pour Hachette, l’éditeur l’année, si l’on ose dire, c’est Max et que je trouvais intéressant, c’était de Pierre Marchand avait Lili. Avec plus d’un demi-million relier la sexualité à l’origine de dans ses malles des tré- d’exemplaires vendus en 1999, la l’homme et à notre existence sur la sors.E L’un d’eux s’appelle Georg petite collection des éditions Calli- Terre. Cela permettait d’en parler Hallensleben. Il a surgi, il y a six gram, qui fête aujourd’hui son cin- d’une façon naturelle », explique ans, avec Baboon (Gallimard Jeu- quantième titre, a le vent en poupe l’auteur. nesse, texte de Kate Banks), suivi, dans les cours de récréation. On re- Au fil du temps, les sujets se dé- deux ans plus tard, d’Araignée, Pe- lit, on collectionne, on s’échange placent, reflétant les préoccupa- tite Araignée (repris à l’automne chose à Rome, où il a vécu vingt doubles pages et les vignettes ra- préparatoires : fusains, crayonnés, les « Maxélili » – devenus tellement tions de la société. Certes, il est 1999 en Folio Benjamin), deux al- ans, et commencé à exposer dans pides accolées les une aux autres maquettes en carton... Travaillées inséparables qu’ils ne font plus toujours utile de savoir composer bums remarqués par tous ceux qui des galeries. Mais c’est en France comme dans un story-board. Ainsi et retravaillées, les huiles sur cal- qu’un dans la bouche des enfants, avec son image (Lili se trouve s’intéressent aux premières images qu’a démarré sa carrière d’illustra- saute-t-on de plain pied dans le que du prochain Gaspard et Lisa un peu comme « Karlémami » dans moche) ou ses sentiments (Max est – celles que les petits demandent à teur. Après ces deux premiers monde espiègle et mouvementé de (en escapade à New York) sèchent Les Mots de Sartre. Pour les 7-11 jaloux), mais il est aussi nécessaire voir et à revoir, fascinés sans doute titres, il signe – toujours chez Galli- Gaspard et de Lisa. Sont-ils lapins ? au mur. Par terre, des monogra- ans, ces cinquante volumes for- d’être armé contre le racket, la mal- par ces premières stylisations du mard Jeunesse, son éditeur d’ori- Sont-ils chiens ? Ces deux chena- phies en quantité, Velazquez, Tie- ment une sorte de mini-traité, en traitance ou la pédophilie (Max est réel. Qu’y avait-il là de vraiment gine, qu’il n’a d’ailleurs pas l’inten- pans, qui semblent d’emblée fami- polo, Degas. Comme Bonnard, bande dessinée, du bien-vivre avec racketté, Jérémie est maltraité, Lili a neuf ? Difficile à dire. Lumières, tion de quitter – les excellentes liers, sont en tout cas inséparables : Hallensleben goûte les couleurs de soi-même et avec les autres. été suivie). Les prochains titres s’at- contrastes, art de travailler la pâte « Premières Découvertes de la mu- l’un blanc, l’autre noir, ils dé- la vie, la prouesse technique sous C’est en 1992 que naissent Max et taqueront à la pression scolaire (Lili en un feu d’artifice de couleurs sique », sur des textes de Leigh couvrent les bons et mauvais côtés l’apparente facilité : « J’aime réussir Lili. « J’avais travaillé pendant seize a peur du contrôle) et à l’exclusion adoucies ? D’autres, comme Solo- Sauerwein, une demi-douzaine de la vie. Et comme ils sont un brin à rendre les choses légères et fluides ans à Astrapi [Bayard Presse], (Lucien n’a pas de copains) ; tandis tareff, Lecaye, Nadja ou Krings, d’autres albums, dont Pauline et Un têtus, leurs aventures débouchent alors qu’il y a cinquante couches en comme journaliste spécialiste des su- que Max et Lili devraient acquérir avaient depuis longtemps montré don de la mer, sortis tous deux en souvent sur des catastrophes... Un dessous. » jets de société, des questions d’édu- une notoriété plus grande encore la voie. Disons que s’ouvrait là un 1999, et autant d’« Octavius », ces jour à Venise, un autre à Beau- Même délié dans les textes cation et des relations parents-en- en devenant les héros de dessins univers singulier, qui est au départ mini-livres dont les pages se dé- bourg, ces petits étourdis hantent d’Anne Gutman. Morale, senti- fants », explique Dominique de animés, CD-ROM et site Internet. celui d’un peintre. plient comme des surprises. des décors chers aux auteurs, de ments, rien ne pèse, tout est effleu- Saint Mars. C’est d’elle que vient Pour rester en contact avec les « Oui, je suis d’abord peintre, « Au début, Gaspard et Lisa de- « vrais lieux », inhabituels dans le ré. La jeune femme est à bonne l’idée de la collection « Un livre par enfants − elle dit en avoir intervie- confirme Georg Hallensleben. Je ne vaient être des “Octavius”, explique livre d’enfant, et prétextes à la vir- école : son père n’est autre que le problème ». Les premiers donnent wé cent mille – Dominique de Saint veux pas abandonner la peinture, Georg Hallensleben. Pierre Mar- tuosité de l’image. Voyez Venise : romancier Claude Gutman, auteur le ton : Max n’aime pas lire, Max est Mars sillonne les bibliothèques et mais je n’ai pas non plus l’impres- chand nous avait depuis longtemps des lustres de Murano à la vedette de très nombreux livres pour la timide, Lili se dispute avec son frère... les écoles où ses livres sont utilisés sion de sacrifier quoi que ce soit en demandé de réfléchir à une série. des carabiniers, tout y est, jusqu’au jeunesse. « Il m’a volé toutes mes « J’ai beaucoup lutté pour qu’on comme de petits ouvrages d’éduca- faisant de l’illustration. Le texte est Dans le nouveau format, nous avons pigeon blotti en quatrième de cou- histoires d’enfance. Maintenant, mette des titres négatifs », explique tion civique. Elle se veut particuliè- un défi qui m’amuse. Et mon obses- tenu à garder le système du rebon- verture. D’où, pour partie, le c’est la guerre », dit-elle en riant. cette sociologue de formation. Fi- rement attentive aux « enfants hu- sion est d’éviter tout ce qui peut être dissement lorsqu’on tourne les charme de ces petits albums : ce Gutman-Hallensleben : le jeune nies les histoires édifiantes, les hé- miliés, seuls, qui n’arrivent pas à lire trop attendu. » Né à Wuppertal, en pages. » Nous, c’est Georg Hallens- sont aussi des œuvres d’atmo- duo crayon-pinceau semble débor- ros invincibles : « L’idée est d’être ou à trouver leur place dans la fa- Allemagne, en 1958, Hallensleben leben et Anne Gutman, sa femme, sphère. der de projets. Avec lui, la première vulnérable et fort à la fois, d’accepter mille ». C’est à ceux-là, dit-elle, se dit « spécialiste des écoles buis- qui signe les textes de ces six pre- Dans son appartement de la réalisation d’Hachette jeunesse, un les faiblesses de la personne hu- qu’elle pense en écrivant. Mais ses sonnières ». Il a été inscrit dans une miers titres. A cette maquettiste de place des Vosges, Georg Hallensle- an après l’arrivée de son nouveau maine, et en même temps, grâce à livres parlent à tous. académie d’art en Allemagne, où il formation, on doit un découpage ben nous ouvre les portes de son patron, ne manque pas de grâce. l’humour, la parole, l’estime de soi, Fl. N. n’a jamais mis les pieds. Même visuel dynamique, alternant les atelier. Il montre ses mille travaux Florence Noiville

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Au pays des Alices Les sens aigus d’Hervé Tullet Le festival Carroll continue avec deux nouvelles interprétations réussies Des coloris éclatants, un trait tonique et un balancement humoristique : du chef-d’œuvre de l’écrivain et une réédition de « La Chasse au Snark » la signature du dessinateur a déjà conquis les tout-petits santes que Nicole Claveloux (Gras- connais dans le détail et qui armi les auteurs et illus- mesure » (Seuil, chaque volume tout neuf Mais qu’est-ce qui ALICE AU PAYS set, 1974), Alain Gauthier (Rageot, m’évoque, rien que d’en parler, des trateurs distingués par 39 F, [5,95 ¤]), dont les images cloche ? (69 F, 10,52 ¤, en librairie DES MERVEILLES 1991) ou, avant eux, l’Anglais Mer- souvenirs de fous rires incroyables la Foire internationale grandissent au fil des pages, elles- le 29 mars). de Lewis Carroll. vyn Peake, sans compter bien sûr avec ma mère. La difficulté a été de de Bologne 1999, Hervé mêmes toujours plus longues, Dans le calme de son atelier, Illustré Sir John Tenniel, qui signa les fa- me défaire des images de Tenniel, que TulletP faisait figure de lauréat comme la double métaphore de la derrière la place Clichy, cet ama- par Helen Oxenbury, meux dessins d’origine à la sortie du je « voyais » trop bien. De faire inattendu. L’auteur de Faut pas progression (croissance physique teur d’art brut, subjugué par Paul texte français livre, en 1865. Et voici que l’affaire se comme si je redécouvrais le texte, confondre (Seuil, 1998) n’était et maturation intellectuelle) de Klee, Louis Soutter et Richard de Henri Parisot. corse encore, tandis qu’arrivent, de comme si je venais de le recevoir par alors connu que des lecteurs les l’enfant. Après Copain Kôpain et Long, se ressource en écoutant Flammarion, 208 p., 139 F Londres et de Vienne, deux nou- la poste. » Pour Oxenbury, les des- plus avisés. Remarqué par un as- J’Arrive ! (1999), viennent de pa- György Ligeti, Morton Feldman (21,19 ¤). (En librairie le 8 mars.) velles interprétations du chef- sins de Tenniel restent « effrayants et tucieux Comment j’ai sauvé mon raître Fort, vraiment fort ! et Petit ou Miles Davis. Là, jouant de d’œuvre de Charles Lutwidge Dodg- statiques, caractéristiques de la papa (Hachette, 1995) – qui préci- ou grand ?, où le suspense est me- l’acrylique et de l’encre de Chine, ALICE AU PAYS son, Lewis Carroll de son nom de période victorienne ». Les siens, au sait, en trouvant là l’équilibre ap- né sur huit doubles pages tou- Tullet invente ce monde aux cou- DES MERVEILLES plume. contraire, veulent capter la vie et le pelé à faire sa fortune, la charte jours éclatantes de couleurs. leurs franches et toniques – la pa- Illustré par Lisbeth Zwerger. La première est celle de Helen mouvement : « J’ai voulu une Alice graphique et sémantique de son lette très « couleurs primaires » Ed. Nord-Sud, 106 p., 119 F Oxenbury, lauréate de la médaille moderne et libre, une petite fille bien coup d’essai Comment papa a ren- PARCOURS des premiers albums s’est élargie (18,14 ¤). Kate Greenaway en 1979, et que l’on d’aujourd’hui, spirituelle, désinvolte contré maman (Hachette, 1994) -, Car Tullet, c’est d’abord une pa- vers l’orange ou le violet –, au connaît surtout en France comme la d’allure, et qui n’a pas peur de ré- Tullet, passé sous la bannière du lette et un trait. A l’entendre, c’est trait sûr et clair qui définit moins LA CHASSE AU SNARK « mère » de Popi dans le journal du pondre aux adultes », dit Helen Seuil pour terminer le triptyque seulement pour Léo et Paul, ses les contours du réel que le lien de Lewis Carroll. même nom, chez Bayard Presse. Oxenbury, qui s’est également atta- avec Comment j’ai sauvé ma ma- deux premiers enfants – qui at- entre les êtres. L’univers est heu- Illustré par Julio Pomar, Etonnant de retrouver les fri- chée à représenter de nombreux man (1997), signait un ouvrage tendent impatiemment un troi- reux, sans mièvrerie. Le Baiser, traduction et présentation mousses joufflues de l’illustratrice personnages secondaires. singulièrement réussi sur les sième compère –, qu’Hervé s’est d’Edvard Munch, confondait les de Gérard Gacon avec un texte anglaise au milieu du quadrille des Autre pari réussi, mais dans un contraires, étape pédagogique mis au dessin. Lycéen à Paris au visages des amants ; tel un fil de de Gérard-Georges Lemaire. homards. Passé la première surprise, genre plus abstrait, celui de Lisbeth obligée de tout catalogue de jeu- début des années 70, il griffonne fer le même trait peut ici unir la Ed. La Double vue/La Différence, pourtant, on s’avoue conquis. Fraî- Zwerger. Bien que plus désincarnés nesse. bien, comme tant d’élèves désœu- mère et l’enfant. Ni le collage ni 198 F (30,18 ¤). cheur et modernité sont sans doute et froids, les personnages étranges et S’il restait fidèle à ce jeu de lec- vrés, des arabesques sur ses ca- l’insert ne sont prohibés s’ils les maître-mots de ces planches qui étirés de l’illustratrice autrichienne ture en deux doubles pages, où la hiers, mais l’un de ses profs de servent l’idée. Car il y a une véri- hoisir une édition illus- furent pensées, au départ, pour la stimuleront, c’est certain, l’imagi- circulation se fait par la malice terminale lui emprunte ses dessins table rhétorique chez Tullet. Ba- trée d’Alice est un di- télévision. « Finalement, le film n’est naire enfantin. Ici, les dessins sont d’une perforation du papier, pro- et les analyse. Reconnaissons qu’il lancement léger et humoristique, lemme. Tant de signa- jamais sorti, explique Helen Oxenbu- plus rares, le lecteur moins pris par messe d’un double rebond quand y avait là de quoi couper net toute la dichotomie au cœur de ses al- tures s’y sont essayées, ry. Mais je m’y étais tellement impli- la main. A lui de faire la plus grande l’élément lu par la fenêtre évidée pulsion graphique. Après le bac, bums mise sur la conjugaison de parmiC lesquelles des artistes aux vi- quée que je n’ai pas pu abandonner le partie du chemin, ce qui peut être trouve une nouvelle signification Tullet fréquente l’académie d’art la surprise et de la simplicité. sions aussi personnelles et intéres- projet. Alice est une œuvre que je aussi une qualité. Dommage cepen- sur la page suivante, il renonçait à Roederer à Paris, puis l’UCAD, L’idée implique l’image et le mot à dant que, à partir de la même tra- la narration pour délivrer sobre- une école privée où il rencontre choisir. C’est en fait le texte, duction d’Henri Parisot, l’éditeur ment quelques enseignements de un professeur d’illustration, presque invisible à force de dis- n’ait pas su éviter une mise en page base (« faut pas confondre haut et Claude Millet, qui le marquera. crétion, qui libère la surprise gra- compacte, beaucoup moins lisible et bas », « vertical et horizontal », Mais, pour l’heure, la communica- phique. agréable que celle de Flammarion. « plein et vide », « pareil et dif- tion l’intéresse davantage : en fin Est-ce pour corriger la règle Enfin, tous les amoureux de plai- férent »), mais aussi quelques d’études, il se trouve un « bi- dangereuse des discriminations sirs « non sensiques » se réjouiront mises en garde nécessaires (« les nôme » pour travailler sur la pu- systématiques (ne pas confondre de la nouvelle édition bilingue de La médicaments et les bonbons ») blicité. Il devient directeur artis- ne doit signifier ni exclure ni pré- Chasse au Snark à La Différence. Ce avec un sens aigu de la conni- tique pour dix ans. férer, juste être apte à poème si extravagant, jadis traduit vence avec le tout-petit. Le tournant créateur s’opère en comprendre) qu’il a, en peintre, par Aragon, a inspiré le peintre Julio Avant même Bologne, le succès 1990. Tullet réalise ses premières assuré le visuel du livre de cuisine Pomar, qui livre ici des images ambi- fut immédiat. Aujourd’hui l’album illustrations pour la presse – dont très singulier de Marie-Odile Briet, guës et comme inachevées. Le plaisir connaît déjà une dizaine de tra- Lire ou le New Yorker – et, sans à paraître au Seuil le 14 avril, et de la mise en page anglais/français se ductions et un second volume est abandonner la communication, dont le titre sonne comme un passe de commentaire et permet de annoncé pour l’automne, tout change de casquette : il assure les nouvel opus de Tullet (Vous avez suivre au plus près le « dur combat, aussi ambitieux (« la vie et la campagnes culturelles de la Mairie déjà essayé ? 96 p., 98 F, 14,94 ¤). mi-rêve, mi-délire », qui s’engage le mort »), voire proche du second de Paris, l’affichage de Radio- Proposant d’associer la morue à la soir contre la drôle de bête... Bref, degré (« ne pas confondre et France, des Galeries Lafayette ou banane, les crevettes à l’andouille deux ans après les célébrations liées confondre »). de Leclerc. De quoi s’autoriser ou les moules à la Guinness, ce au centenaire de sa mort, en 1898, le Ce regard facétieux qui a d’em- l’aventure du livre de jeunesse, manuel pour les aventuriers du festival Carroll rebondit brillamment blée conquis les petits, Hervé Tul- sous la houlette déterminante de goût a toutes les saveurs de l’uni- en ce début d’année. let l’a depuis prolongé par une sé- Fani Marceau – le premier projet vers complice d’Hervé Tullet. Fl. N. rie d’albums, « Au fur et à « raté/réussi » est à l’origine du Ph.-J. C. LeMonde Job: WIV0800--0007-0 WAS LIV0800-7 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:29 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0118 Lcp: 700 CMYK

la chronique LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / VII

de Roger-Pol Droit b

Tout s’accélère ? temps. » Au lieu de se vouloir tou- tuer, en imitant des peintures DIX CONSIDÉRATIONS jours plus efficace, plus perfor- classiques, telle scène de l’his- SUR LE TEMPS Suspends ton vol Plus rien n’est stable ? mant, et plus rapide – c’est tout toire ancienne. Ce que voudrait de Bodil Jönsson. un –, il faudrait se remettre à encore faire voir l’auteur du cli- Traduit du suédois Tentons de sauver goûter la valeur du temps. Huma- ché, c’est « sainte Agnès » ou « la par Alain Gnaedig, nité rêveuse contre technique reine Esther », telles qu’en elles- Gallimard, 174 p., 85 F (12,95 ¤). ce qui peut l’être. mondiale, patience contre accélé- mêmes l’éternité les garde. Ce ration, ici aussi. Toutefois, la que montre la photo, c’est déjà LE PASSEUR DE TEMPS Sachons ralentir. démarche est autrement subtile. tout autre chose : l’œil cerné du Modernité et nostalgie Partant du constat que le passage modèle, la mèche rebelle de vrais de Sylviane Agacinski. Suggestions est devenu notre mode d’être, cheveux, l’instant précis d’une Seuil, « La Librairie que tout semble désormais sans vie, désormais indéfiniment du XXe siècle », 222 p., d’une physicienne permanence ni stabilité, Sylviane rejoué. 125 F (19,05 ¤). Agacinski tente d’éclairer sous Entre l’instant de la photo et suédoise et d’une plusieurs angles « l’éthique de celui du regard s’installe un jeu cette époque, le temps l’éphémère » de cet âge insaisis- de plusieurs temporalités. En fait, existait encore. Les philosophe française sable à force d’être fugace et flot- les tensions entre plusieurs types A humains inscrivaient tant. Chemin faisant, elle invente de temps sont au cœur de prati- clairement leur exis- un style de réflexion à la fois neuf quement tous les problèmes tence dans l’ordre des généra- et sobre, qui conduit sans pesan- actuels. Ainsi, dans le domaine tions. Ils étaient convaincus que modifier la réalité. Bon teur de la métaphysique à la poli- politique, l’un des nœuds princi- l’humanité avait un avenir, l’his- nombre de désordres écolo- tique en passant par une analyse paux de difficultés provient de toire un horizon. Tous croyaient giques trouveraient une originale de l’esthétique propre à l’ajustement impossible des diffé- aux lendemains. Certains disaient solution si nous partions la photographie. rents « calendriers » : rythme des qu’ils allaient chanter. C’était... de l’idée que nous Sans doute, au premier abord, mandats démocratiques, muta- quand donc ? On a perdu « avons » le temps, au lieu la juxtaposition de ces registres tions économiques, évolution des jusqu’au souvenir des périodes. de vouloir à tout prix le divers peut-elle paraître décon- mentalités. Institutions et société Nous voilà avançant au hasard, « gagner ». certante. Trouver Aristote plus ne partagent pas le même temps. confondant Anciens et Moder- Pour sauvegarder effica- moderne que Kant, sur la ques- Action politique et médias non nes, mélangeant les genres, exal- cement les baleines, les tion du temps, parce qu’il est plus. Il appartient aux journa- tant les jeunes et arnaquant les pandas et les forêts, voire attentif au mouvement et au listes de faire circuler l’informa- vieux, et inversement. L’habitude l’humanité, il serait donc devenir, cela se défend. Mais quel tion immédiatement, tandis que est venue de voir surgir des nou- judicieux de créer un Office rapport avec la modernité de la les politiques peuvent souhaiter – veautés sans surprise, destinées à de protection du temps. photographie, cette grande pour de bons motifs, éventuelle- disparaître sans émoi. D’innom- Cette institution popularise- fabrique de fantômes, et avec la ment – un moment de secret. brables images sont à disposition, rait quelques utiles évidences. place des médias dans le débat L’opinion publique a elle aussi pratiquement aucun vrai regard Par exemple : bien que toute démocratique ? Le fil qui ne casse son tempo, rarement accordé aux ne s’en préoccupe. Sans même y heure paraisse identiquement pas, c’est toujours le temps. autres. Notre époque est faite, prendre garde, ce siècle a fabri- composée de soixante minu- Encore faut-il accepter de le selon Sylviane Agacinski, du pas- qué une définition du temps que tes, la qualité vécue du perdre d’abord un peu pour y sage entre tous ces temps. personne, jadis ou naguère, « temps morcelé » n’a rien de voir clair ensuite. Avec la nais- Au fil de ces lectures naît l’idée n’aurait comprise ni même pu comparable avec celle du sance de l’âge industriel s’est d’un éloge du ralenti. Pas de la concevoir. Le temps est devenu « temps continu ». On défait le vieux rêve de perma- lenteur en général, mais de cette « ce qui manque ». Non par devrait donc inviter nence que poursuivaient, chacun technique propre au cinéma, qui hasard ou par période, mais de chacun à opérer un à leur manière, philosophes cher- fait voir les trajectoires comme manière essentielle, constitutive, « remembrement » de cheurs d’idées éternelles et on ne les perçoit jamais. Les apparemment irréparable. Et ce son agenda. L’opéra- peintres inventeurs de formes scènes filmées au ralenti rendent manque va croissant. Car ce n’est tion permettrait de parfaites. La photographie en effet sensible le battement pas le temps qui s’accélère mais, réserver de longues plages à incarne cette mutation. Que sai- même du temps. Comme si sa si l’on ose dire, son absence qui la liberté, la contemplation sit-elle, en effet ? Pas une forme présence devenait évidente dans s’intensifie. hasardeuse, les surprises des flâ- idéale, rien d’intemporel. Elle le mouvement, dans le grain des Eh bien, ne laissons pas faire ! neries et de la méditation. Rien capte de l’instant, fixe du fugace, gestes, condensés et étirés. Il incombe à chacun de se redon- dés d’en manquer. Il s’agit donc postindustriels, 30 000 journées n’est plus nécessaire à la vie que mémorise ce qui ne l’était L’image au ralenti ne cesse pas ner le temps. C’est possible : il de commencer par renverser de vie. Du coup, pas mal de le temps que l’on considère à jamais : le détail, l’indigne – juste d’émouvoir. Elle donne accès à la suffit de s’y mettre. Telle est la cette situation. En parvenant à choses se transforment. Voilà qui présent comme perdu. le passage. Cette nouveauté est continuité même du fugace, au première leçon du petit livre, nous convaincre que nous avons peut paraître magique ou naïf. Chez la philosophe Sylviane telle que les premiers utilisateurs temps toujours dépensé et amusant et tonique, et plus pro- « tout le temps ». Le fil ténu des Suffit-il de se persuader ? En Agacinski, on trouve d’entrée de ne la comprennent pas. Sylviane cependant jamais achevé – ce qui fond qu’il ne semble, de la physi- travaux et des jours ne s’est grande partie, selon Bodil Jöns- jeu des propos qui convergent : Agacinski éclaire finement la ne passe pas dans ce qui passe. Le cienne suédoise Bodil Jönsson. jamais cassé. C’est pourquoi on son. Le paradoxe du temps est là : « Donner son temps, le dépenser curieuse ambiguïté des « ta- ralenti immerge le spectateur Elle est en effet convaincue que peut le reprendre. Commençons plus on croit en avoir, plus on ou le perdre, le laisser passer sont bleaux vivants » qui fleurissent à dans ce temps interminable, actif, nous avons d’autant moins de donc par penser que nous avons en a ! En modifiant notre attitude les seules façons de résister aujour- l’époque victorienne, où l’on uti- travaillant en silence. Le bon temps que nous sommes persua- en moyenne, habitants des pays interne, nous pouvons donc d’hui à l’économie générale du lise la photographie pour resti- temps !

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Faux témoignage Crime contre la moitié de l’humanité Au-delà de l’enquête sur la douloureuse « affaire Wilkomirski », Le livre de Guy Bechtel est le plus violent qu’on puisse imaginer Elena Lappin s’interroge sur la signification de l’imposture sur l’histoire de l’antiféminisme de l’Eglise

Fragments est le récit de la persé- eux-mêmes, en donnant plus ample- sexuelles menaçant la supériorité Le systématisme confine ici à L’HOMME QUI AVAIT cution d’un jeune enfant né en 1938 ment la parole à Wilkomirski. LES QUATRE FEMMES masculine ? Traqué les belles coif- l’absurde. Un historien ne peut DEUX TÊTES ou 1939 à Riga, fuyant par bateau le D’autre part, et c’est le plus intéres- DE DIEU fures, les parures, les maquillages, ignorer le pouvoir des abbesses du (The Man With Two Heads) massacre des juifs en 1941, déporté sant, le plus troublant, Elena Lappin La putain, la sorcière, les décolletés... ? Qui, sinon un Moyen Age, le rayonnement intel- d’Elena Lappin. au camp de Maïdanek, puis dans un s’interroge, sobrement, avec rete- la sainte et Bécassine évêque, a fait du coït interrompu le lectuel – à peine évoqué – d’une Traduit de l’anglais autre, probablement Auschwitz, et nue, sur la signification de ce men- de Guy Bechtel. responsable de la dénatalité fran- Catherine de Sienne ou d’une Thé- par Pierre-Emmanuel Dauzat, se retrouvant après la guerre dans songe. Pour ce qui est de l’enquête, Plon, 328 p., 129 F (19,67 ¤). çaise et de la victoire prussienne ? rèse d’Avila, l’existence du droit de Ed. de L’Olivier, 128 p., un orphelinat à Cracovie. Le livre, le doute ne semble plus permis : Qui, sinon un jésuite, a écrit que vote des femmes dans les monas- 79 F (12,04 ¤). constitué de brèves séquences pré- Grosjean-Wilkomirski a bel et bien ur un filon ancien – la les danses américaines étaient du tères, bien avant qu’il ne soit sentées comme des réminiscences, menti. Mais c’est justement en ce misogynie du christia- « bolchevisme moral » ? Qui, sinon reconnu dans la société démocra- ersonne ne veut être épouse la mémoire fragmentée de point de quasi-certitude que tout S nisme –, faisons des dia- les couvents féminins, a inventé les tique. Il ne peut taire le rôle des trompé. Mais lorsque le su- l’adulte liée à ses premières années. commence vraiment. tribes nouvelles ! Ce livre cilices, les sévices corporels ? couvents qui servaient de refuges P jet de la tromperie touche Le texte est composé d’éclats sub- La première question soulevée est est l’un des plus violents qui aient « D’autant plus faible sa chair, aux filles qu’on forçait au mariage. un événement comme jectifs de souvenirs. Tant que sa bien sûr celle de la psychologie du jamais été écrits contre l’Eglise à moins rapide son esprit. » L’Eglise a Ni ignorer que, grâce à l’Eglise, celui de la Shoah, au mécontente- véracité n’était pas mise en cause, le « faux témoin », une fois écartées propos des femmes. Il ferait perdre toujours traité la femme comme s’est imposée l’idée de la monoga- ment s’ajoutent l’amertume et le livre pouvait apparaître boulever- les hypothèses du cynisme et de la foi à quiconque pense encore « Bécassine », c’est-à-dire qu’elle mie. Bechtel concède que le chris- sentiment d’une sorte de sacrilège. sant. l’appât d’un gain honteux – la per- qu’elle ruisselle d’amour pour les l’a toujours préférée nigaude, l’a tianisme n’est pas la seule religion Cet événement – la destruction pro- sonnalité visible et les réactions de exclues de la société et qu’elle est, éloignée de la culture, l’a mainte- à brimer les femmes. Qu’il n’a pas grammée et en partie accomplie des PROBLÈME D’IDENTITÉ l’intéressé ne laissant pas supposer comme disait Paul VI, « experte en nue dans un statut d’infériorité, inventé les mutilations sexuelles juifs d’Europe – impose une exi- Durant l’été 1998, un hebdoma- une telle malignité. Comme un humanité ». L’accumulation des justifié par un cerveau plus étroit... en Afrique ou les pieds bandés des gence particulière et toujours pres- daire suisse publie une enquête de amputé qui souffre de sa jambe ignominies commises contre les A-t-elle au moins aimé ses femmes en Chine. Mais il faut arri- sante de vérité. Toute dissimulation, Daniel Ganzfried, jeune juif suisse absente, Wilkomirski a souffert au femmes, l’exclusion systématique, saintes ? Rien n’est moins sûr, ver à la conclusion pour le savoir. ou relativisation, de celle-ci consti- (Le Monde du 23 octobre). Les nom de l’enfant juif déporté qu’il ne programmée, dont elles ont été affirme l’historien, qui rapporte les Henri Tincq tue une atteinte à la mémoire. conclusions du journaliste sont acca- fut pas. Il s’est identifié à lui, substi- l’objet de la part des hommes mésaventures survenues, d’Hilde- Autant qu’il est possible, cette vérité blantes : Wilkomirski s’appelle en tuant – c’est l’explication d’Elena d’Eglise lui mériteraient plutôt, si garde de Bingen à Thérèse d’Avila, demande, aujourd’hui encore, à être fait Bruno Grosjean, n’est pas juif, Lappin – à une identité suisse déce- l’on en croit Guy Bechtel, une aux prophétesses, aux béguines, dite. Obéissant à cet impératif, les est né dans le canton de Berne en vante, l’identité juive. Par ce subter- condamnation à perpétuité pour aux mystiques, aux stigmatisées, témoins parlent, écrivent, cherchent février 1941 ; abandonné par sa fuge, il devenait l’héritier imaginaire, crime contre la moitié de l’huma- aux charismatiques. Comme si cela à reconstituer une part de cette mère, il est confié à une riche famille presque le témoin, d’une commu- nité. ne suffisait pas, il rappelle que mémoire. Là, le mensonge est un de Zurich, les Dössekker. Toute l’his- nauté à laquelle l’attache une mysté- Ce procès est renouvelé par l’Eglise a « massacré » des dizaines scandale. Là, toute négation ou révi- toire du livre est donc inventée et le rieuse affinité élective. Finalement, l’impressionnante érudition de de milliers de possédées et de sor- sion de la vérité devient intolérable. périple de l’enfant ne l’a jamais c’est un sentiment de commiséra- l’historien, l’accumulation des cières. Le principal dommage – le plus conduit que d’un canton suisse à un tion, plus que de colère, que l’on charges et la rigueur de son réqui- En refermant ce livre, on hurle visible – de ce qu’il est convenu autre. Ganzfried souligne cependant éprouve à son égard. sitoire. Depuis le péché d’Eve, « aux fous ». Mais, malgré la légi- d’appeler l’« affaire Wilkomirski » que l’auteur de Fragments a rassem- Mais une autre question, autre- depuis saint Paul, saint Augustin, time indignation de l’historien, on est précisément d’apporter un blé une documentation considérable ment grave, n’engageant pas seule- la condamnation de la chair serait ne peut passer sous silence un secours inespéré aux négationnistes. sur les camps, qu’il s’est rendu sur ment la personne troublée d’un intrinsèque au christianisme. La militantisme qui nuit parfois à la Rappelons brièvement les faits. En les lieux de déportation... Des histo- homme, se trouve posée. Celle de la chair féminine, pas celle des rigueur de sa démonstration. Que 1995, chez l’éditeur Jüdischer Verlag riens de la Shoah comme Raul Hil- vérité elle-même, et du statut de hommes. Guy Bechtel a visité tous Rome et l’« Eglise » aient été les de Francfort paraît Bruchstücke, un berg et Yehuda Bauer dénoncent à tout témoignage. Entre ce qui a été les confessionnaux d’Europe, éplu- inspirateurs d’une abominable livre de souvenirs sur la Shoah signé leur tour des incohérences. Wilko- vécu et la tentative de mise par écrit ché tous les « pénitentiels », ces entreprise de répression sexuelle, par Binjamin Wilkomirski, citoyen mirski se défend maladroitement. de ce vécu, il n’y a aucune naturalité, fameux tarifs de peines à appliquer c’est une affaire entendue. Mais à suisse. Très vite, l’ouvrage est traduit En octobre 1999, l’éditeur allemand aucun passage ménagé d’avance. aux pécheurs – des « traités quasi vouloir trop prouver, à mettre dans une douzaine de pays. En retire le livre de la vente ; on fait de Entre les deux, la vérité circule, se pornographiques » – et autres pro- toutes les charges sur le même France, il est publié en janvier 1997, même dans les autres pays. Un rap- modifie, échappant toujours à notre cès-verbaux de l’Inquisition. Son plan, l’auteur se montre incapable chez Calmann-Lévy, sous le titre : port indépendant de l’historien prise directe. Bien sûr, il serait vul- enquête est stupéfiante de ver- de faire la part des errements col- Fragments. Une enfance 1939-1948. suisse Stefan Machler doit être pro- gaire d’avoir ici recours à la vague deur. lectifs et de l’initiative individuelle, L’accueil de la critique est unanime- chainement rendu public. notion d’« autofiction ». « Je ne suis Qui, sinon l’Eglise, a inventé la celle d’un théologien obscur, d’un ment favorable et ému (« Le Monde D’abord publié dans le magazine pas poète, pas écrivain. Je ne puis que chemise conjugale, la ceinture de évêque fanatique, d’un inquisiteur des livres » du 31 janvier 1997). Granta au printemps 1999, l’essai tenter de restituer par des mots, aussi chasteté, le coït « réservé », l’inter- sinistre. Il a encore moins le droit L’auteur, qui se voit attribuer le prix d’Elena Lappin, qui a dirigé la Jewish exactement que possible, ce que j’ai vu diction de l’amour les dimanches de faire croire, comme s’il n’avait Mémoire de la Shoah (en France) et Quartely à Londres, développe – sans et vécu... », écrivait Wilkomirski, et jours de fête ? Qui a combattu jamais entendu parler de Vati- le National Jewish Book Award (aux céder à l’hostilité comme le faisait inaugurant un genre nouveau et l’onanisme, l’« oginoïsme » (avant can II, que la situation des femmes Etats-Unis), est invité à des col- Ganzfried –, l’enquête en deux désolant de « mentir-vrai ». de parer la même méthode Ogino dans l’Eglise n’a pas bougé, ou si loques internationaux. directions. D’une part, celle des faits P. K . de toutes les vertus), les positions peu ! LeMonde Job: WIV0800--0008-0 WAS LIV0800-8 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:29 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0119 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 essais b La peinture comme une pensée Pasolini, l’ange enragé Réédité, l’ouvrage de Jacques Henric fait l’effet d’un gant de crin, tout aussi Journal de voyage et articles de presse : le poète crie sa révolte face douloureux et bénéfique que lors de sa première parution en 1983 à une Italie transformée en « camp de concentration hédoniste »

Autrement dit : une bonne partie tombe, quand l’argument n’est tites bourgeoises qui « rentrent vite mis la destruction des cultures po- LA PEINTURE ET LE MAL des avant-gardes artistiques du pas aussi efficace qu’Henric le LETTRES LUTHÉRIENNES à la maison ». L’Italie regorge de pulaires et des diversités eth- de Jacques Henric. XXe siècle relève d’une analyse de croit. Dans des genres opposés, Petit traité pédagogique victimes, des beaufs ou des bour- niques, linguistiques, sociales ; il Ed. Exils, 260 p., 90 F (13,72 ¤). leurs sous-entendus religieux, de son exécution de Duchamp et son (Lettere luterane) geois, au contact desquels Pasolini fait le réquisitoire d’une généra- l’interdit de la représentation au apologie de Seurat laissent scep- de Pier Paolo Pasolini. se sent « seul comme peut l’être un tion qui a autorisé un esclavage rêve de la fusion dans un grand tique. Traduit de l’italien par spectre ». des âmes. Cette fièvre de la in des années 70. Un ro- Tout qui serait, de préférence, le On ne s’y arrête pas, cependant, Anna Rocchi Pullberg, C’est contre ce qui a transformé consommation s’apparente pour mancier écrit son amour giron de la Déesse Mère. La ques- parce que le livre va grand train au Seuil, « Solo », 250 p., ses concitoyens en pareils veaux lui à une fièvre d’obéissance, un F de la peinture. Dans son tion du Mal est décisive, selon que fouet et aux éperons. Et parce 110 F (16,77 ¤). que Pasolini, journaliste pamphlé- système dictatorial par lequel bon- livre, il est question de Ti- l’on s’efforce de l’oublier ou, à qu’il rend à la peinture son mérite taire, se déchaîne dans les an- heur et jouissance deviennent les tien, de Poussin, de Watteau, du l’inverse, de s’y engouffrer, de se essentiel : il tient un tableau pour LA LONGUE ROUTE nées 70. Il rédige d’abord en pro- références majeures au détriment Greco, de Cézanne. Le risque de risquer dans « l’entre-deux », une pensée, et, dans l’écriture, DE SABLE cureur les Ecrits corsaires, violentes des valeurs humanistes. A cette passer pour un attardé est maxi- « entre refoulement originaire et le- grâce à son écriture, le démontre, (La lunga strada di sabbe) harangues contre la « passivité unidimensionnalité du monde, il mum. Depuis des années, il se dit vée du refoulement ». de la toile à la page, avec des des- de Pier Paolo Pasolini. apocalyptique » de son peuple, oppose une « possibilité d’amour ». que la peinture est morte, que le Ainsi, Jacques Henric a-t-il écrit criptions splendides et des défini- Traduit par Anne Bourguignon, procès de la société italienne et de Ces philippiques contre le nivel- destin de l’art passe par d’autres La Peinture et le Mal, publié en tions justes. Sur Mondrian : « Il y a Arléa, 94 p., 75 F (11,43 ¤). la Démocratie chrétienne, tenue lement de l’individu et l’adaptation voies, qu’il n’y a plus rien à at- 1983, salué par Guyotat et Sollers des tableaux qui ont été peints les pour responsable de la dégrada- des comportements et désirs de tendre de ce trop vieux procédé. – ce qui, en un sens, suffisait. On dents serrées. » Sur Newman : «Il es yeux : ce merveilleux re- tion politique et culturelle. Et l’homme à la logique du marché Que faut-il goûter en France, à la veut dire par là que l’ouvrage n’a y a ces zips, véritables coups de scie gard, enfantin et pétillant poursuit ces invectives en 1975 sont évidemment influencées par fin des années 70, si l’on veut être, pas connu le succès trompeté à la dans le volume peint qui n’ont cessé de générosité intellec- ou paraître, de son époque ? Bu- L Souvenirs et poèmes télévision et la presse people, à la fois de diviser et de faire insub- tuelle. La bouche : celle ren, Lavier, à la rigueur Supports/ triomphes compromettants. Il est mersible digue. » Sur Schiele : «Le avec laquelle il exprimait sa rage, Deux autres titres paraissent chez Actes Sud. Douce et autres textes (tra- Surfaces. Pas Tintoret. Ce livre est republié, non par Grasset, son sacré, le néoplatonisme, la fusion justifiée par son impossibilité duit de l’italien par Marguerite Pozzoli, 232 p., 119 F [18,14 ¤]), est issu déplacé. premier éditeur, mais aux éditions extatique, l’androgyne primordial, d’être autre chose qu’un va-nu- des Cahiers rouges, journal intime tenu en 1946 et 1947 : ces proses auto- Fin des années 70. Un écrivain Exils, ce qui lui convient à mer- la réunion pour bientôt des moi- pieds à la Socrate dans un pays où biographiques exhument souvenirs d’enfance, récit de jeux de séduc- affirme violemment que la pein- veille. tiés... très peu pour lui. » Et il y a les régnaient l’injustice, la bêtise et tion avec un jeune Frioulan rencontré un soir de bal, et un texte pos- ture qu’il aime déclare et défend la cris d’horreur et les grincements l’intolérance. Avec un mélange de thume, déjà édité chez Actes Sud en 1995 sous le titre Les Anges distraits. liberté de l’individu, sa singularité SALUTAIRE de mâchoires, ces moments de re- douceur et de ferveur révolution- Dans le cœur d’un enfant (traduit du frioulan par Vigji Scandella, 110 p., infrangible et qu’elle ne peut être Le relire aujourd’hui, c’est véri- pli, ces mouvements pour se tenir naire, Pasolini s’enorgueillissait de 79 F [12,04 ¤]) est un recueil de poèmes « de pure épaisseur sensitive », que contre les lois du nombre, de fier qu’Henric accomplissait en so- à l’écart auxquels se reconnaissent ce que son « sens de l’exclusion » ne écrits dans les années 40, publiés en 1953 par Luigi Ciceri, alors que Pa- l’espèce, de la tribu ou de la classe, litaire une opération terriblement ceux qui n’abdiquent pas pour le l’ait pas amputé de l’« amour de la solini venait d’être révoqué de son poste d’instituteur dans le Frioul et qui, toutes, au nom d’un pouvoir salutaire. Contre la doctrine des simple plaisir de se trouver d’ac- vie ». Deux livres reflètent ce vi- exclu du Parti communiste à la suite d’une dénonciation pour corrup- ou d’un autre, d’un idéal ou d’un avant-gardes se succédant le long cord avec la majorité. « Refuser, sage de l’homme d’images et de tion de mineurs. autre, aliènent, arasent, éliminent, de la voie royale de la modernité donc, de venir faire œuf de plus l’homme de mots, habité par la exécutent. Il considère ensemble et du progrès réunis – « ces deux dans le magma caviardeux des gé- grâce et l’insurrection. dans les Lettres luthériennes, série les théories émises dans les an- œuvres d’art, religions et théolo- sœurs », dirait Homais –, il réflé- nérations, se situer hors des solida- La Longue Route de sable est le d’articles publiés dans le Corriere nées 60 par Vance Packard, Jean gies, régimes et idéologies poli- chit autrement, rétablit des rité physiques de la chair mammi- journal d’un périple effectué pen- della sera : un feuilleton présenté Baudrillard, Herbert Marcuse, Guy tiques, romanciers et poètes. Les connexions, suggére des conni- fère » : on en est toujours là, à dant l’été 1959 de Vintimille à comme le traité d’éducation d’un Debord ou Raoul Vaneigem. L’ori- peintures y apparaissent comme vences, va des causes morales aux cette défense acharnée et isolée Trieste. Texte lumineux, où gamin napolitain fictif, Gennariel- ginalité de Pasolini, insurgé contre des figures imagées d’une méta- conséquences morales et ne s’em- contre ce qui enrobe, ce qui en- sourdent des sensations de fêtes, lo. Ce « journalisme à coups de le lynchage institué par les « chiens physique et d’une morale, et non pêtre pas dans les gloses des es- glue, ce qui endort, ce qui tue. des bouffées de sensualité, «le marteau » (pour reprendre l’ex- enragés », réside ici dans son obsti- comme des objets produits dans théticiens de profession. Loin des On dira qu’Henric exagère et fleuve bariolé de la vie congestion- pression d’Alain-Michel Boyer) dé- nation à appliquer ces analyses à la un champ autonome, comme on discours révérencieux des histo- qu’il ne faut pas voir le Mal par- née par le désir d’être », et qui té- nonce la société de consommation, réalité italienne, à pousser son dis- disait alors. Ce livre est à rebours. riens et conservateurs, il traite Vé- tout. On le dira comme on l’a dit moigne d’une avidité à « voir » les dépeinte comme un « nouveau fas- ciple « à toutes les désacralisations Il l’est au point de traiter par la ronèse ou Poussin comme il faut : quand le livre a paru, nonobstant autres, gens simples, artistes ou cisme » : cette peste qui a transfor- possibles, au manque total de res- dérision quelques autorités : «On en contemporains, en artistes les carnages du passé et du mondains. « Je suis happé par un tel mé l’Italie en « camp de concentra- pect pour tout sentiment institué ». pourrait s’amuser à distribuer les pour maintenant, donc dis- présent, nonobstant la réalité du bonheur, écrit-il au spectacle de ces tion hédoniste ». Et dans le lyrisme, parfois pathé- rôles : Duchamp en un de ces galles cutables, donc intéressants, pas en monde, qu’il est tellement plus fa- paysages aux bleus d’eden, que j’en Dans ce bréviaire de la révolte tique, de sa révolte. païens, prêtre de la Grande Déesse fétiches. Rompant avec les doc- cile de masquer derrière une jolie deviens presque aveugle. » Au cœur où il passe en revue des sujets aus- Souligner l’actualité de ces im- se châtrant devant elle en poussant trines autarciques des théoriciens, tenture. Seulement voilà : Henric, de ce havre de paix, en plein scin- si divers que l’avortement, la précations relève de l’évidence. des cris de victoire ; Breton fulmi- il ouvre d’un coup une brèche, il lui, est de ceux qui arrachent les tillement de ces nuits de paradis, drogue, le sexe, le cinéma, la reli- Comme est frappante la beauté de nant contre l’idée de péché, en Pé- fait tomber un pan de mur, avec ce tentures et griffent les peaux trop une seule vision contrarie ce tou- gion, la censure, la télévision, ce texte qui déplore que «de nos lage ; Malevitch en ventriloque que cela suppose de casse et de bien fardées, comme Degas ou riste guetté par l’instinct téné- l’école, la presse, le mensonge..., jours, les Saintes Vierges ne pleurent d’Arius, ne comprenant rien en bon dégâts quand la masse ne tombe comme Picasso. breux : celle des névrosés, hommes Pasolini le « toléré » fustige ce plus ». orthodoxe qu’il est au trois en un ». pas pile où il faudrait qu’elle Philippe Dagen au « menton rond des faibles », pe- conformisme généralisé qui a per- Jean-Luc Douin

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Glen W. Bowersock, passeur de la culture helléniste Conciliant son attrait pour le Proche-Orient et sa curiosité pour l’Antiquité tardive, l’historien américain a construit une œuvre singulière et novatrice, qui malheureusement attend toujours sa traduction

itulaire depuis 1980 de la tave sut tisser les liens personnels peut-être moins important que les mais s’offre à les conforter, à les purent éviter d’en assimiler l’héri- naître qu’au sein même de la plus prestigieuse chaire indispensables à sa politique. Aux dizaines d’articles qui complètent conserver, à en transmettre le sou- tage. culture gréco-romaine, récusant du T d’histoire ancienne des ressources de la prosopographie, il et affinent sa vision du Proche- venir dans la langue du plus grand Si l’attrait qu’exercent sur lui même coup tout antécédent païen Etats-Unis, à l’Institute for ajoutait une connaissance excep- Orient gréco-romain, dont les prin- nombre. Dans l’Antiquité tardive, l’Arabie ou l’Egypte tardive s’ex- ou juif. Romain en effet le souci du Advanced Study à Princeton, tionnelle des textes classiques, dé- cipaux ont été réunis récemment hellénisme tend à se confondre plique sans doute par leur carac- respect du droit, gréco-romaine Glen W. Bowersock a construit une busquant les fragments délaissés et en un volume (Studies on the Eas- avec paganisme, au grand dam des tère de marge, non pas au sens de encore l’insertion du martyre dans œuvre originale qui, sans céder aux imposant des rapprochements tern Roman Empire, Keip Verlag, Pères de l’Eglise dont la plupart bout du monde mais comme lieu le calendrier festif de la cité. Placé modes, a profondément innové et inattendus et toujours éclairants. 1994) et où s’affirme son intérêt sont les héritiers de la culture privilégié de rencontres et au cœur de la vie civique, le martyr entraîné à sa suite de nombreux Quant au style, Bowersock se dis- pour les contacts, échanges et grecque. d’échanges, on pourrait sans doute n’imagine pas sa mise à mort en jeunes chercheurs en Amérique du tinguait d’emblée par sa concision réactions entre cultures et cultes Glen Bowersock n’a cessé de en dire autant, sur le plan chrono- cachette. Porteur d’un message, le Nord et en Europe. Œuvre singu- et son souci de clarté, sans ces divers, chez les Grecs, sémites hel- montrer combien, en dépit des dif- logique, pour ce qui concerne l’An- martyr chrétien concurrence le lière dans la mesure où elle paraît fleurs de rhétorique qui doublent lénisés ou non, juifs, Arabes, etc., ficultés, la culture antique reste vi- tiquité tardive. Son Julian the Apos- rhéteur comme maître (didascalos) d’un grand classicisme dans la le volume des livres. Il donnait à la qui trouva une sorte de couronne- vante, y compris dans sa dimen- tate (Duckworth, 1978) va bien de ses concitoyens. Même le débat forme, voire dans ses sujets, mais démonstration une redoutable ef- ment provisoire dans un de ses sion religieuse païenne, comme en au-delà de l’analyse d’un règne do- qui oppose les chrétiens entre eux novatrice par les approches et ficacité par la simple juxtaposition miné par un effort sans espoir de au sujet de cette forme déguisée de riche de perspectives. des faits sans jamais nuire à la clar- Glen Bowersock briser l’élan du christianisme. Ce suicide plonge ses racines dans la Sensible aux grandes probléma- té de l’exposé. Avec ses Greek So- Né en 1936 en Nouvelle-Angleterre, formé à Har- portrait d’un ascète païen, détes- culture gréco-romaine. A Tertullien tiques historiques, aux synthèses phists in the Roman Empire (Claren- vard et à Oxford, philologue de formation, Glen tant le théâtre comme les jeux du l’Africain, héritier de la tradition puissantes qui marquent une don Press, 1969), il prolongeait Bowersock s’est nourri tôt de l’œuvre des maîtres cirque, indifférent au sexe et au romaine qui considère le suicide époque et en révèlent les préoc- avec brio ce premier succès mais qui, de Theodor Mommsen à Louis Robert, n’ont confort, met parfaitement en relief comme noble et courageux, s’op- cupations, celles de M. I. Rostovst- en portant désormais davantage cessé de renouveler l’histoire ancienne par l’ap- l’habileté exceptionnelle de Julien, pose Clément d’Alexandrie, le Grec zeff, Ronald Syme ou Edward Gib- son intérêt sur les relations entre port d’une documentation nouvelle ou mieux qui, en assimilant hellénisme et pa- nourri de philosophie néoplatoni- bon, Glen Bowersock attache, dans politique et culture, culture et so- comprise. Longtemps professeur à Harvard, ganisme, tentait de fermer aux cienne, qui rappelle avec vigueur chacun de ses livres, une attention ciété, questions qui chantent dans membre de l’Académie des inscriptions et belles- chrétiens tout accès à la culture et que le suicide n’est jamais que l’as- minutieuse à l’historiographie té- chacun de ses livres, comme le lettres, il a été reçu docteur honoris causa de visait à rien de moins que leur éra- sassinat de soi-même, et, comme moin d’un moment de la réflexion montre encore récemment Fiction l’Ecole pratique des hautes études, IVe section, le 2 dication totale de l’Empire. Mais, tel, condamnable. historique. Ce souci de se replacer as History. Nero to Julian (Universi- décembre 1999. pour Glen Bowersock, le zèle de De cette œuvre foisonnante et dans la longue durée, cette sensibi- ty of California Press, 1994). Il y Julien en faveur du paganisme ré- fascinante, on ne peut livrer que lité extrême aux influences intel- montre, entre autres, comment le plus beaux livres, Hellenism in Late témoignent l’œuvre monumentale vèle aussi sa formation chrétienne : des bribes, mais combien stimu- lectuelles, trouvent aussi leur ex- mythe de Philoctète se réinvente Antiquity (University of Michigan de Nonnos de Panopolis ou la car il fallait être chrétien pour po- lantes (3). Qu’aucun livre de Glen pression dans le temps consacré à constamment d’Homère au Press, 1990). réaction des païens à certaines in- ser le paganisme en rival du chris- Bowersock ne soit disponible en la publication d’ouvrages mettant IIIe siècle ap. J.-C. pour être mis en Dans ce livre subtil et novateur, novations chrétiennes telles la tianisme et imaginer en faire une français – alors que l’on traduit vo- en valeur des maîtres qu’il admire, accord avec le goût, la sensibilité et Glen W. Bowersock concilie son in- naissance virginale de Jésus (Bo- puissance organisée sous forme lontiers et avec raison ceux de Pe- soit qu’il rassemble les études les besoins de l’époque. térêt pour le Proche-Orient et sa wersock en trouve des parallèles d’une Eglise constituée. Il souli- ter Brown ou de Ramsay Macmul- consacrées par Arnaldo Momiglia- Mais, dès 1970, il manifeste un curiosité pour l’Antiquité tardive tardifs à Pétra comme à Alexan- gnait ainsi le caractère utopique len – étonne et choque. Reconnu no à l’historiographie (1), soit qu’il intérêt particulier pour ce monde en s’interrogeant sur la nature de drie) ou l’hagiographie à laquelle d’une réaction païenne qui dut sur- depuis longtemps comme l’un des prépare la publication d’un inédit des marges de l’hellénisme que l’hellénisme ; non pas l’hellénisa- répondent les Vies des philosophes prendre les païens eux-mêmes. maîtres par ses pairs, Bowersock de Louis Robert (2). constitue le Proche-Orient sémi- tion, dont Bowersock montre païens de la fin de l’Antiquité. A la Analyste scrupuleux de l’interac- ne devrait pas tarder à séduire un Son premier livre, Augustus and tique hellénisé, Syrie, Arabie, Mé- combien c’est un concept mo- veille de la conquête islamique, tion entre païens et chrétiens, Glen public plus large si, du moins, on the Greek World (Clarendon Press, sopotamie. Glen Bowersock don- derne, reflet des attitudes colonia- l’hellénisme reste dynamique en Bowersock renouvelle avec talent songeait à mettre à sa portée cette 1965), qui s’imposa d’emblée nait en 1983 la première synthèse listes ou néocolonialistes de notre Syrie comme en Egypte. Pas plus la question du martyre chrétien. œuvre novatrice et lumineuse. comme une œuvre maîtresse, affi- consacrée à l’Arabie romaine (Ro- temps, mais l’hellénisme comme que les chrétiens de langue Dans Martyrdom and Rome (Cam- Maurice Sartre chait clairement un domaine privi- man Arabia, Harvard University culture partagée, qui n’a pas voca- grecque ne voulurent s’en libérer, bridge University Press), il montre légié et révélait un style. Son do- Press, 1983), livre de référence mais tion à effacer les traditions locales les chrétiens de langue syriaque ne combien cette notion ne pouvait (1) Studies on Modern Scholarship, maine de prédilection serait G. W. Bowersock et T. J. Cornell ed, l’hellénisme, en particulier à University of California Press, 1994. l’époque impériale et dans l’Anti- (2) Le Martyre de Pionios, prêtre de quité tardive. Combattant, à la Smyrne, mis au point et complété par suite de Louis Robert, l’idée d’une G. W. Bowersock et C. P. Jones, Dum- « décadence » du monde grec sous barton Oaks Research Library and Col- l’Empire qui avait conduit, notam- lection, 1994. ment en France, à un profond dé- (3) Signalons encore Late Antiquity. A sintérêt des historiens pour l’hellé- Guide to Postclassical World, édité avec nisme impérial, il mettait tout en Peter Brown et Oleg Grabar, Harvard œuvre pour montrer comment Oc- University Press, 1999. LeMonde Job: WIV0800--0009-0 WAS LIV0800-9 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:29 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0120 Lcp: 700 CMYK

portrait LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / IX b

mettre le lecteur au courant des souffrance imposée à sa famille, événements objectifs. J’ai donc le fardeau que les ravisseurs lui rédigé ce qui est devenu la pre- ont fait supporter, leur incapacité mière partie. » Le résultat, c’est un à voir la chose sous un angle livre qui mélange l’intime autre que commercial, simple- extrême à la rigueur analytique, ment comme un marché. Les un livre juste, bouleversant, sans ravisseurs ont été retrouvés : trois On ne se débarrasse pas pose et sans pathos, qui montre sont sous les verrous en Alle- de la cave. Elle restera dans ma les ambivalences de la raison et magne ; un autre – vraisemblable- vie ». Jan Philipp Reemtsma est des affects. ment le chef – est détenu en libre, et pourtant plus rien n’est Certes, le temps a fait son Argentine, « mais il n’existe pas comme avant. Le lundi 25 mars œuvre. Si l’homme reste réservé, d’accords d’extradition entre 1996, vers 20 heures 30, cet il lui arrive de se laisser aller à un l’Argentine et l’Allemagne. Ça peut homme est enlevé près de son aphorisme, à une anecdote, à rire durer encore très longtemps. Quant domicile, dans un quartier rési- même ; mais on le sent vite reve- à l’argent (puisque la rançon a été dentiel de Hambourg. Dans une nir à une position de repli. Il est versée), mis à part quelques billets, lettre, les ravisseurs font impossible d’oublier. Le cauche- il n’a jamais été retrouvé ». connaître leurs exigences : 20 mil- mar resurgit à n’importe quel La maison de Jan Philipp lions de marks en billets usagés, moment, au bruit d’une porte, Reemtsma est désormais surveil- l’équivalent de 70 millions de pour un mot lâché dans une lée vingt-quatre heures sur vingt- francs. Pendant ce temps, Reemt- conversation, souvent aussi pour quatre. Il continue de travailler sma est retenu prisonnier dans le on ne sait quelle raison. « Ce n’est dans son institut, qui emploie sous-sol d’une maison, quelque même pas une expérience, car cet soixante-cinq personnes. C’est part en Allemagne. Il y restera événement ne s’intègre dans aucun l’attachement à cette fondation trente-trois jours. Qui est donc schéma, il est hors de tout, c’est qui l’a retenu de partir ou de cet homme dont on peut ainsi une fracture. » On n’en ressort pas s’expatrier. Outre son statut de espérer soutirer une somme aussi plus fort ; cette passivité forcée, directeur, il y dirige depuis le exorbitante en échange de sa cette soumission à l’arbitraire début un département de liberté confisquée ? délitent les contours du moi recherche spécialisé dans la théo- Mécène au grand cœur pour les jusqu’à le faire disparaître ; le rie et l’histoire de la violence au uns, illuminé pour les autres, sentiment du moi n’est pas XXe siècle. Quand on lui demande homme d’un autre siècle, le per- comparable à un noyau plus ou s’il croit au hasard, il répond : «Je

sonnage suscite des interroga- HINZ/STERN VOLKER moins enfoui mais dur, il est bien connais trop la littérature pour tions perplexes, attisées par la plutôt une structure « qui ne peut savoir qu’il n’est pas indigne de discrétion maniaque dont il naître que dans l’action ». croire au hasard ; mais je sais aussi s’entoure – à tel point que ses Après sa libération, il a reçu des maintenant qu’on peut disparaître propres ravisseurs ignoraient lettres qui l’ont aidé à remonter la à tout moment. Tous les gens savent qu’il était marié et avait un fils de pente, des gens qui le félicitaient qu’ils vont mourir, mais c’est un treize ans. Une seule certitude : pour son attitude digne et savoir abstrait. Pas pour les gens cet homme est riche, immensé- exempte de haine. « Dans la cave, qui ont vécu ce que j’ai vécu. J’ai le ment riche. Unique héritier de Hors du monde j’ai toujours essayé de contrôler sentiment qu’il faut que je termine l’empire Reemtsma, qui possédait mes émotions. Je ne savais pas que certaines choses et que mon temps les usines de cigarettes Peter c’était possible avant. J’ai appris à est compté. » Jan Philipp Reemt- Stuyvesant, Jan Philipp Reemt- couper net, à ne pas poursuivre une sma n’a pas encore fait le tour du sma, né en 1952, n’a jamais mani- idée, à ne pas me laisser aller à un monde qu’il se proposait de faire festé le moindre intérêt pour les viewer, photographier même. qui la dénaturent, quand existe sentiment. On peut le faire. Une avec son fils ; il lui en avait décrit affaires. Une seule chose l’inté- Erreur fatale qui va attirer sur lui Le 25 mars 1996, votre propre texte où tout est dit. » bonne méthode d’adaptation psy- l’itinéraire avec tant de minutie resse : la littérature. Etudiant, il l’attention de ses futurs ravis- Mais il y a une autre raison, plus chique. C’est peut-être le seul dans une des lettres que les ravis- découvre Arno Schmidt, écrivain seurs. Ce soir du 25 mars, sa Jan Philipp Reemtsma, profonde et dont lui-même n’a avantage de l’intellectuel. La même seurs lui avaient permis d’écrire déroutant de génie et d’excentri- femme, inquiète de ne pas le voir pas pris immédiatement cons- chose pour la haine ; je l’ai blo- que les enquêteurs avaient cru cité : « Je l’ai d’abord lu par obli- rentrer, découvre sur le seuil de sa héritier de l’empire cience. Un enlèvement durant quée, parce que je ne pouvais haïr qu’il s’agissait d’un rébus don- gation personnelle, et j’avoue que « maison de travail » – sa biblio- lequel on est privé de tout contact de façon adéquate. Je ne sais pas si nant des indications sur sa situa- j’ai eu beaucoup de mal au thèque personnelle située à cin- du même nom, est social hormis celui, asocial, avec la haine peut avoir le dernier mot, tion. « C’était une proposition que début. » Pourtant, il sent qu’il y a quante mètres de chez lui – les les ravisseurs, implique une inti- mais il faut d’abord apprendre à je faisais à un enfant. En six mois, il là un auteur hors du commun ; il lunettes brisées de son mari, des enlevé contre rançon. mité forcée : que puis-je dire pour haïr, pouvoir haïr avant de par- est devenu un homme. Lui aussi a relit toutes ses œuvres dans leur traces de sang et une lettre coin- détendre l’atmosphère sans être donner. Et il m’a fallu longtemps terriblement changé. Et puis, il faut chronologie ; peu à peu une fasci- cée sous une grenade faisant « Dans la cave », trop familier ? Jusqu’à quel point avant de pouvoir haïr à la mesure d’abord qu’il ait son bac. » nation s’exerce, inextinguible. office de presse-papier. L’affaire mon interlocuteur est-il vraiment de ce qui m’a été fait. Primo Levi a Arno Schmidt est en effet de ceux Reemtsma commence. il raconte sa vie sérieux ? Des usages s’instaurent, dit qu’il fallait essayer de DANS LA CAVE qui, comme Salinger ou Pynchon En dépit des mises en garde des des empathies se créent – et cela à comprendre même les plus grands (Im Keller) aux Etats-Unis, rassemblent au- ravisseurs, la police est immédia- d’otage. Un livre juste l’intérieur d’une totale inégalité criminels. Mais on ne peut deman- de Jan Philipp Reemtsma. tement informée. Une de pouvoir. « Or, le seul moyen de der à n’importe qui de com- Traduit de l’allemand Pierre Deshusses cellule de crise se met en et percutant sur les détruire une intimité dont on ne prendre. Moi pas ! Pas dans ma par Léa Marcou. place, des policiers veut pas, c’est de l’exposer sur la situation, pas après ce que j’ai Ed. Pauvert, 276 p., tour de leur œuvre un cercle montent jour et nuit la garde ambivalences de la place publique. Quatre ans plus vécu. » Le pire ce fut en fait la 110 F (16,76 ¤). d’initiés et d’inconditionnels. auprès de sa femme et son fils. Un tard, j’en suis toujours aussi Reemtsma décide d’aller voir système de communication est raison et des affects convaincu. Ma femme a dû restau- l’ermite de la lande : « En dépit de établi par l’intermédiaire d’un rer une intimité, moi j’ai dû en ses manières courtoises et désuètes, journal local dans la rubrique détruire une ! » Extrait il était impressionnant – son regard « petites annonces ». On sait que Le récit s’ordonne selon trois surtout était impressionnant. » Reemtsma est vivant : une photo nel. « Aux Etats-Unis, ça m’a valu niveaux occupant chacun un cha- « Tomber au pouvoir de quelqu’un s’accompagne peut-être toujours Entre l’étudiant et l’écrivain qui polaroïd l’atteste. L’otage, le une mauvaise critique ; mon livre a pitre : le premier est un compte d’un sentiment de honte. Ma femme m’a raconté qu’elle s’est sentie proclame que « le monde de l’art visage tuméfié, les yeux clos, tient été étiqueté comme intellectuel à rendu sec des événements ; dans humiliée à la vue de la grenade à main posée sur la lettre de chantage, et de la fantaisie est le seul vrai et sur sa poitrine un journal portant cause de ces références, alors le deuxième, ces mêmes événe- et quand elle a dû « avouer » à autrui mon enlèvement. L’assujetisse- que tout le reste est cauchemar », en gros titre : « Voyez comme ils qu’elles faisaient pourtant partie ments sont vus par le prisonnier ment vous abaisse, vous diminue, vous livre, est une souillure et un des liens se tissent qui dépassent sont heureux ! » (il s’agit du chan- de mon vécu. Il aurait été plus inté- (Reemtsma parle ici de lui à la avilissement, même lorsque, vue de l’extérieur, la situation n’a rien de parfois la littérature. C’est ainsi celier Schröder et de sa nouvelle ressant d’en faire une analyse troisième personne) depuis l’inté- déshonorant. Par-dessus le marché, on se croit toujours plus ou que sans attendre ses vingt-six épouse). Reemtsma passe par anthropologique et de se dire : rieur de sa cave ; un troisième moins fautif. Par exemple, on aurait pu éviter le kidnapping par des ans, âge fixé par testament et qui tous les stades de l’angoisse et de Tiens ! Voilà comment réagit un chapitre est consacré aux mesures dissuasives appropriées, en démontrant à ses organisateurs lui donne droit à disposer de sa l’abattement, de la dépression à intellectuel dans une situation réflexions sur les conséquences que leur entreprise était vouée à l’échec. Mon imprévoyance, me di- fortune, Reemtsma fait don à l’euphorie. Il pense à Aldo Moro, extrême ! » de cet emprisonnement. «J’ai sais-je, me rend responsable des ennuis que le crime a causés à mon Arno Schmidt d’une somme de à Schleyer. L’impuissance abso- Une première remise de rançon commencé à écrire deux ou trois entourage, et surtout de l’inquiétude et la souffrance de ma famille. 350 000 marks. En 1981, deux ans lue, l’attente, sont insoutenables ; échoue – les ravisseurs se jours après ma libération, sans Mais même s’il y a du vrai là-dedans, il ne faut pas pousser trop loin après la mort de l’écrivain, il crée il tue le temps en marchant dans méfient. Puis une deuxième – les penser que ça deviendrait un livre ; ce genre de pensée. Est coupable d’un crime celui qui le commet, non une Fondation Arno-Schmidt sa cave, malgré la chaîne qui ravisseurs deviennent nerveux ; pour ordonner les événements, res- la victime. Si, comme la honte, ce sentiment de culpabilité se montre dont il est toujours président et l’entrave – jusqu’à dix-huit mille ils menacent d’exécuter leur tituer une chronologie. » Au si têtu, c’est parce qu’il est très difficile de surmonter psychiquement qui s’occupe de gérer ses œuvres cinq cents pas par jour. Il se récite otage, font monter les enchères : départ, ce livre devait être écrit à la soudaine irruption de l’arbitraire. La plus angoissante image du mal posthumes : « Ma considération les poèmes qu’il connaît par 30 millions de marks, soit 1 mil- quatre mains, avec sa femme. n’est pas celle du méchant démon, mais de Dieu vu comme un enfant pour lui ne diminue pas avec le cœur, regrettant de ne pas en liard de francs ! La plus impor- « Quand il a été clair qu’elle ne qui joue. » (Dans la cave, p. 236-237) temps, bien au contraire. » savoir plus ; se remémore les his- tante rançon jamais demandée publierait pas sa partie, il a fallu Jan Philipp Reemtsma a créé toires qu’il lisait quand il était dans ce genre d’affaire. « It’s just une autre fondation en 1984 : enfant. Il a la possibilité d’écrire à business », lui déclare l’un des l’Institut de recherches sociales sa famille, soit sous la dictée, soit ravisseurs, qu’il surnomme de Hambourg. En 1995, cet insti- de façon plus libre. Recourant l’Anglais. Dans cette cave où il est tut organise une importante alors aux allusions littéraires, de enchaîné au mur, tous les dia- exposition sur les crimes de la Goethe à Freud en passant par logues avec les ravisseurs se font Wehrmacht. Tollé d’une partie de Dostoïevski, il essaye de donner en effet en anglais. Reemtsma la droite ! Mais Reemtsma s’en des renseignements sur le s’est efforcé de restituer toutes moque, cette exposition il la nombre supposé de ses ravis- ces phrases entendues dans une revendique haut et fort ; il sort seurs, l’endroit où il pense se autre langue que la sienne et qui même à cette occasion de l’ano- trouver. La littérature lui sert accentuaient encore le décalage nymat, accepte de se faire inter- aussi de point d’ancrage person- et la dépersonnalisation. Il est regrettable que ces parties aient presque entièrement disparu dans la version française, d’autant plus que la langue anglaise créait, par son système même, un espace d’ambiguïté et de sous-entendus parfois involontaires, mais qui prenaient des proportions déme- surées pour ce prisonnier tombé hors du monde. Le supplément mensuel Mais pourquoi ce livre ? Pour- quoi écrire, quand sa vie a été consacré aux livres déjà tant de fois exhibée et détail- lée dans un véritable tintamarre en format de poche médiatique ? Pourquoi récidiver en quelque sorte ? « J’ai voulu me Prochaine parution dans Le Monde réapproprier mon histoire. On n’a pas de copyright sur sa propre exis- du jeudi 2 daté vendredi 3 mars 2000 tence, mais il est plus facile de se désigner à toutes sortes de rapines LeMonde Job: WIV0800--0010-0 WAS LIV0800-10 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:29 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0121 Lcp: 700 CMYK

X / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 chroniques b ECONOMIE INTERNATIONAL b par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet Une diplomatie à éclipses

l’Europe centrale et fins analystes des intentions Thomas Schreiber cite de nombreux exemples. LES ACTIONS DE LA FRANCE À L’EST soviétiques. Mais ils n’étaient guère entendus ; Notamment sur le voyage de Valéry Giscard ou Les absences de Marianne on les prenait au mieux pour des illuminés. d’Estaing à Varsovie, au printemps 1980. Profi- Exubérance de Thomas Schreiber. C’est une constante dans l’histoire des rela- tant d’un « climat d’amitié personnelle et de L’Harmattan, 256 p., 140 F (21,34 ¤). tions entre la France et la Russie et il n’est pas grande confiance », le dirigeant polonais Edouard sûr que cette fâcheuse tendance ait vraiment pris Gierek a convaincu le président français de ren- de la réalité a France a-t-elle eu une politique à l’Est fin avec la chute du communisme. Les dirigeants contrer Leonid Brejnev dont les troupes viennent comparable par exemple à l’Ostpolitik politiques sont enclins à écouter les collabora- d’envahir l’Afghanistan. Quelques semaines plus L menée par la République fédérale d’Alle- teurs qui leur disent ce qu’ils aiment entendre. tard, M. Giscard d’Estaing croit pouvoir annon- magne à partir de la fin des années 60 ? Que ce ne soit pas une spécificité française n’est cer à ses collègues européens un retrait de forces ÉCONOMIE DES EXTRÊMES La question a un intérêt qui dépasse l’histoire de pas plus rassurant. soviétiques, qui n’est qu’une manœuvre de Mos- de Daniel Zadjenweber. ces dernières décennies, car la réponse peut Journaliste à Radio France internationale, col- cou. Ou encore François Mitterrand, qui pour- Flammarion, 220 p., 135 F (20,58 ¤). influer sur les relations avec les pays d’Europe laborateur occasionnel du Monde, Thomas tant, au début de son premier septennat, avait centrale et orientale, à la veille de leur entrée Schreiber a suivi pendant des années les rela- décidé de ne pas s’en laisser compter par les tigmatiser l’irrationalité des comportements boursiers est devenu un dans l’Union européenne. Or l’inventaire dressé tions avec les pays d’Europe centrale et orien- Soviétiques, donnant l’impression d’accepter lieu commun même chez certains économistes – trop nombreux, par Thomas Schreiber ne laisse pas de place au tale, et pas seulement avec la Hongrie dont il comme un fait accompli le putsch du 19 août 1991 hélas ! – qui ont renoncé à appliquer au temple de l’argent la raison doute : Paris n’a pas conduit au centre de parle couramment la langue. Il a accompagné de contre Mikhaïl Gorbatchev... S l’Europe une action conséquente, fondée sur nombreux dirigeants français dans leurs dépla- D’autres fois, les meilleures intuitions ont fait de leur discipline. Le mot d’Alan Greenspan, président de la banque centrale des Etats-Unis, fustigeant l’« exubérance » des marchés est resté une connaissance précise de la situation de pays cements, officiels ou non, et interrogé les res- long feu, comme la proposition de la Confédéra- dans toutes les oreilles. L’expression même de « bulle financière » dit assez qui pour beaucoup avaient été ses alliés, voire ponsables est-européens qui ont fait le voyage tion européenne lancée par Mitterrand moins de l’étrangeté que l’on prête aux gens de la finance. A cause de leurs comporte- ses créatures. Les lendemains du traité de Ver- de Paris. Son livre est à la fois une histoire de la deux mois après la chute du mur de Berlin. Le ments mimétiques, les acheteurs contribueraient à faire monter les cours sailles constituent l’exception, mais les résultats politique de la France à l’égard de la moitié du président français voulait réunir tous les Etats au-delà du raisonnable. Dans un premier temps, leurs prévisions seraient n’ont été guère plus brillants, sans doute parce continent placée sous la tutelle de l’URSS après européens dans une même organisation de coo- autoréalisatrices, puisque leurs propres achats poussent les cours de record que la politique menée par la France après la 1947 et un témoignage personnel. Sa conclusion pération. Mais, une fois encore, précipitation ou en record jusqu’au jour fatidique où, tels les moutons de Panurge, ils se première guerre mondiale s’inspirait plus d’inté- – et son regret –, c’est que la France n’ait jamais mauvaise connaissance, il n’avait pas pris en précipitent ensemble dans le gouffre d’un krach. Et c’est bien ce que rêts à court terme que d’une vision de l’avenir du occupé la place à laquelle elle était en droit de compte les demandes des pays d’Europe centrale l’envolée actuelle des cours fait redouter une fois encore. continent. prétendre. Elle n’était pas totalement absente, et orientale soucieux d’adhérer à la Communauté Daniel Zadjenweber n’a pas renoncé à tenir le petit bout de la raison. Les débuts de la guerre froide ne sont pas non mais sa présence était à éclipses. Elle semblait européenne et surtout inquiets de se retrouver Certes, il ne mésestime pas les phénomènes d’aveuglement collectif, encore plus à l’honneur de la diplomatie française. Par incapable de définir une politique d’ensemble avec les Russes sans les Américains. Les pro- accentués, d’une part, par des crédits confortant les opérations spéculatives méconnaissance ou par aveuglement, les pour des pays liés par leur appartenance messes faites ensuite, par Jacques Chirac, aux – car ils sont gagés sur le cours des actions – et, d’autre part, par les défor- hommes politiques n’ont pas compris que le commune et involontaire au camp socialiste, Polonais, Tchèques et Hongrois, d’une adhésion mations médiatiques de l’information boursière. Mais – et c’est là son grand rideau de fer allait s’abattre entre les deux par- mais profondément différents. Elle privilégiait à l’Union européenne avant 2000 témoignent de mérite – il ne se satisfait pas de ces théories plus ou moins vaseuses de ties de l’Europe. Pour conserver de bonnes rela- tantôt l’un tantôt l’autre, au gré des cir- la même légèreté et de l’absence d’une politique psychologie des foules et va chercher de la rationalité dans les bulles elles- tions avec les gouvernants des pays auprès des- constances ou des préférences personnelles des solide, dont nos partenaires et concurrents euro- mêmes. L’exubérance des marchés correspondrait en fait à l’exubérance du quels ils étaient accrédités ou pour ne pas se responsables. Elle hésitait à développer des rela- péens ont largement profité. réel. fâcher avec l’Union soviétique de Staline, les tions qui auraient pu porter ombrage au « grand Le livre de Thomas Schreiber constitue une Le livre commence comme une devinette : qu’y a-t-il de commun entre la diplomates français envoyaient des télégrammes frère » soviétique, tout en exaltant le droit des aide précieuse, et pratiquement unique, à la chute en un jour de 38,4 % de l’action Alcatel, les réserves de pétrole brut lénifiants, alors que les communistes s’apprê- peuples à disposer d’eux-mêmes. Par la magie connaissance des relations de la France avec ses d’Arabie saoudite, évaluées à 35,5 milliards de tonnes, la fortune fabuleuse taient à prendre le pouvoir à Varsovie, Prague ou de son verbe, de Gaulle pouvait soutenir nouveaux partenaires. On regrettera d’autant de Liliane Bettencourt, l’incendie qui a ravagé le Crédit lyonnais, les Budapest. Non qu’il n’y ait eu au Quai d’Orsay cette contradiction plus facilement que ses plus que son édition n’ait pas été l’objet des soins 78,3 millions de dollars (à peu près autant d’euros) de salaire annuel de des fonctionnaires avertis, bons connaisseurs de successeurs. que méritait son intérêt. l’athlète Michael Jordan, la capitalisation boursière de Microsoft, qui est la première du monde, le tremblement de terre de Kobé, les records battus par les tableaux de Van Gogh dans les ventes aux enchères, les recettes de POLITIQUE Titanic la première année de sa sortie en salles, les recettes de tel ou tel best- b par Thierry Bréhier La Résistance des obscurs seller ? Le livre a été trop tôt imprimé pour tenir compte des dernières catas- trophes : tempête sur la France, naufrage de l’Erika, pollution du Danube. Mais il vient à point pour les expliquer. Tous ces phénomènes « extrêmes », Mémoires, ce serait celui de Claude Bellet. Ce geantes de la Ligue, héritière du combat des nous dit l’auteur, ont deux points LIBERTÉ, QUAND TU NOUS TIENS... modeste paysan de Saint-Marcel-d’Urfé, dans dreyfusards –, sait pourtant, parfois, pardon- « La volatilité communs : leur grande taille et leur de Françoise Seligmann. les monts du Forez, mériterait de reposer au ner. Lorsqu’elle entre au PS, en 1981, elle ne petite fréquence dans leur propre Fayard, 394 p., 130 F (19,82 ¤) Panthéon pour représenter, aux côtés de Jean peut avoir oublié sa première rencontre avec des marchés boursiers domaine. Leur existence même Moulin, les anonymes de la Résistance. Simple- François Mitterrand. Elle remonte au temps modifie radicalement le jugement a Résistance a sauvé l’honneur de la ment parce que notre Marseillaise avait passé où, secrétaire général du ministère des prison- ne peut pas être jugée que l’on porte sur le résultat moyen France. Peu importe, finalement, l’effi- quelques vacances près de sa ferme, il accepta niers, il reçoit une délégation venue préparer le d’un investissement. Certes, il est L cacité de son action pour libérer le ter- de cacher sa mère et sa grand-mère, d’origine retour des déportés. Son souvenir est terri- excessive. Elle ne fait toujours possible de le calculer ritoire national, il suffit, pour qu’elle juive, d’organiser un trafic de produits alimen- fiant : « L’entrevue est brève et terriblement après coup, mais cette moyenne est soit à jamais glorifiée, qu’elle ait montré qu’il taires pour les familles sans ressources des éprouvante pour mes camarades et pour moi- que refléter l’extrême sans signification avant la décision existait des Français pour combattre le résistants arrêtés, d’implanter une piste même », tant ils ont le désagréable sentiment d’investir. Autrement dit, quelle que nazisme et s’extraire de la lâcheté où trop d’atterrissage clandestine dans la discrétion de que leur interlocuteur « ne s’intéresse qu’à ses dispersion des profits soit l’habileté que l’on y met, on ne d’entre eux se sont complus. Elle eut ses chefs ses montagnes. anciens camarades, les prisonnniers de guerre ». peut jamais être assuré de toucher et ses grands noms. Elle eut, aussi, ses obscurs, Les rencontres de la jeune combattante Il est vrai que sa mémoire n’est guère plus flat- et des tailles le jackpot, mais on en peut rêver ! ses modestes, ses sans-grade, sans lesquels rien auraient dû lui faire comprendre que la Résis- teuse pour Charles de Gaulle : alors qu’il devait On peut aussi rêver d’échapper aux n’eût été possible. Le principal mérite du pre- tance n’était pas, comme elle le dit pourtant, recevoir les dirigeants de la résistance inté- des marchés » catastrophes dites naturelles, dont mier tome des Mémoires que Françoise Selig- un simple combat de la droite contre la gauche. rieure, à peine de retour des camps, il fit chas- les incidences sont pourtant grande- mann vient d’écrire – sous le titre, qui résume Car dans sa lutte elle fut aidée par la mère ser leur compagnons de combat, d’abord ment aggravées par la concentration de l’habitat et de la richesse sur la bien une vie entière d’engagement, Liberté supérieure d’un couvent de Reims, par des conviés à cette rencontre ! surface de la planète. quand tu nous tiens... – est là. Cette jeune Mar- chefs d’entreprise qui, en courant de grands Ces Mémoires sont ainsi fort révélateurs Soit la recherche pétrolière. Etant donné la répartition extrêmement seillaise qui se trouva, très vite, associée à risques, mirent à sa disposition locaux ou lorsqu’ils ne sont que témoignage. Oui, la Libé- inégalitaire des gisements dans le sous-sol, se fonder sur une taille moyenne l’état-major du mouvement Combat, à Lyon matériels. Mais Françoise Seligmann est ration encore en cours, certains commencèrent n’aurait aucun sens. La prospection est une activité éminemment aléatoire, puis à Paris, n’a pas oublié tous ceux qui lui ont d’abord et avant tout une militante. Une mili- à construire une carrière sur leur participation, quelques découvertes compensant de nombreuses et coûteuses déconve- permis de remplir ses délicates missions et qui tante de la liberté qui ne pardonne pas à Mal- ancienne ou récente, réelle ou superficielle, à la nues. D’où la concentration des capitaux dans l’industrie pétrolière. Le restèrent volontairement dans l’ombre, esti- raux, croisé à la fin de la guerre, de s’engager lutte contre le nazisme. Oui, les combattants même raisonnement s’applique à l’industrie pharmaceutique, à celle du mant n’avoir simplement fait que leur devoir. dans l’aventure du RPF, qui ne comprend pas de l’extérieur ne comprirent guère les réflexes cinéma, à celle du disque, entre autres. L’aléa géologique explique aussi Jamais Françoise Seligmann ne pourra que Camus, avec qui elle participa à l’aventure acquis par les combattants de l’ombre. Oui, si pourquoi les estimations des réserves mondiales sont tellement fluctuantes. oublier la discrète marchande de parapluies du de Combat devenu un journal, ait refusé de une partie de la droite se compromit à Vichy, Tant que de nouveaux gisements seront découverts, on ne pourra connaître Vieux Lyon qui servit de « boîte aux lettres » à s’associer à la lutte contre la guerre d’Algérie, certains des siens donnèrent la priorité au avec précision la taille ultime des réserves mondiales. La mise au jour d’un des résistants qui ne pouvaient user du cour- qui n’accepte pas qu’un de ses compagnons de combat contre l’occupant et ses alliés. Oui, une seul gisement géant suffit pour réviser à la hausse l’estimation des réserves rier et du téléphone pour transmettre 1943 soit devenu un officier français se battant fois la victoire acquise, chacun retrouva ses mondiales puisqu’elle-même est en partie fondée sur un calcul de probabi- consignes et messages. Comme tant d’autres, contre l’indépendance de l’Indochine, qui ne réflexes d’origine et le rêve d’une France unie lités. Inversement, une découverte décevante par rapport à ce qu’on avait elle resta trop longtemps derrière son comptoir tolère pas que trop d’officiers et de préfets qui bâtissant une République régénérée ne put que d’abord espéré oblige à une révision en baisse de l’estimation mondiale. afin de prévenir ses amis que la police était à aidèrent les Allemands aient pu poursuivre leur s’effondrer. Mais jamais il ne faudra oublier C’est ce qui s’est passé en 1968 en Arabie saoudite. Et l’ampleur de la décep- leurs trousses. Elle mourut en déportation. carrière après la Libération. que la marchande de parapluies de Lyon et le tion qui en résulta contribua fortement à nourrir la crainte d’une pénurie Mais s’il ne fallait retenir qu’un seul des nom- Cette avocate passionnée des droits de fermier du Forez portèrent sur leurs épaules mondiale de pétrole, crainte dont l’OPEP profita pour quadrupler ses prix en breux visages croisés au fil des pages de ces l’homme – elle est depuis 1949 une des diri- l’honneur de tout un peuple. 1973-1974. Il en va de même pour les ventes de disques ou de livres, ou la sortie d’un film. Les premières ventes, analogues au premier sondage d’un gisement SOCIETE pétrolier, laissent espérer un résultat final qui est un multiple des premières Le prétoire des humbles ventes. Et ainsi de suite. Tant que les résultats sont favorables, les cours de b par Alain Lebaube Bourse des sociétés concernées s’envolent puisqu’ils sont fondés sur une estimation du résultat final. Que les dernières ventes déçoivent, alors la qu’une affaire soit définitivement close. Les Conseillers prud’homaux et avocats voient correction peut être brutale. Comme le dit très bien Zajdenweber, ENQUÊTE AUX PRUD’HOMMES chefs d’entreprise, qui sont les accusés le plus dans ces drames ordinaires, presque anonymes, « l’ampleur de la correction n’est pas due à une quelconque folie, mais à de Virginie Linhart. souvent, ont en effet tendance à épuiser toutes la manifestation de « la fracture sociale l’arrivée d’une information certaine, qui ne confirme pas les attentes du Stock, 292 p., 110 F (16,77 ¤). les voies de recours pour retarder le moment de qui apparaît dans toute son évidence ». Les marché... La volatilité des marchés boursiers ne peut pas être jugée excessive. payer les sommes réclamées. cadres supérieurs fréquentent rarement les Elle ne fait que refléter l’extrême dispersion des profits et des tailles des uand le sujet vaut plus que le livre, Survenus après un licenciement, pour la prud’hommes et ont les moyens de négocier marchés ». c’est l’intérêt du document qui fait la plupart, les différends portés devant les ailleurs ou autrement. Ne viennent, en majo- Le même raisonnement s’applique aux actions liées à Internet ou au télé- Q différence. Documentariste pour la prud’hommes ont une dimension pathétique rité, que les travailleurs modestes, habituelle- phone portable, qui défraient la chronique. Ici, le gisement recherché est télévision, justement, Virginie Lin- dont l’argent n’est en fait qu’un élément acces- ment peu préparés aux joutes juridiques, dont celui des abonnés, présumés relativement fidèles à leur fournisseur d’accès. hart sait, par profession, heureuse- soire. Il s’agit d’y traiter d’une « blessure », une forte proportion de salariés d’origine Pour ces entreprises, il est d’une importance cruciale d’avoir le plus rapide- ment, mettre en scène ces petites ou grandes d’une « négation de la personne », observe Vir- étrangère. Obtenir justice n’a pas de prix, ment le plus grand nombre d’abonnés possible, fût-ce au prix de pertes misères quotidiennes du monde du travail dans ginie Linhart. Chaque salarié plaignant veut en quand on est faible, et c’est bien ce rôle que financières. Pour la Bourse, le critère pertinent est donc le nombre son Enquête aux prud’hommes. Avec une succes- finir avec une histoire personnelle et profes- remplit la juridiction des prud’hommes « où la d’abonnés, et non des dividendes qui pour le moment n’existent pas ! Tant sion de témoignages et de comptes rendus sionnelle qui l’a meurtrie, estimant son hon- parole est encore déterminante », se félicite un que le nombre d’abonnés augmente, on peut espérer que la firme concernée d’audience, bruts de décoffrage, elle renvoie neur bafoué. Certains « ne vivent plus que pour avocat. « La vie d’un homme, d’une femme ce touchera un nombre encore plus grand sur un marché dont la taille est véri- donc à une réalité affligeante, jamais specta- le procès », dit un avocat, et perdre «son n’est pas un dossier, c’est une parole brisée, tablement mondiale, et récoltera à terme des profits colossaux. Le jour où ce culaire, où le besoin de justice retrouve son affaire » serait psychologiquement catastro- méconnue et qu’il faut rapporter », poursuit-il. nombre n’augmentera plus pourrait bien être le jour même du prochain sens élémentaire. Ni plus ni moins que celui du phique. « Ça fait quatre ans que j’en bave, parce Tout aussi convaincu, un de ses collègues krach. Mais il est difficile de reprocher à des investisseurs de tenter l’aven- « respect de la dignité humaine », ainsi que que je ne m’en suis pas relevé », reconnaît par nuance toutefois, qui considère que « même un ture. En résumé, le réel serait à la fois exubérant et rationnel. Fascinant ! l’écrivait Proudhon. exemple ce jeune homme en colère : « Tant que jugement rendu en sa faveur ne réparera jamais Particularité judiciaire, les conseils de cette page-là ne sera pas tournée, arrachée, je ne la douleur ressentie » par un salarié victime de bbbbbbbbbbbbbbbbbbb prud’hommes sont méconnus et souvent pourrai pas reprendre confiance et travailler avec son employeur. méprisés. Non seulement les juges n’y sont pas des gens honnêtes. » « Je suis en train de me man- De par leur spécificité, et en dépit de certains des professionnels, comme au tribunal de ger de l’intérieur, jour après jour », se lamente de leurs défauts, les prud’hommes contribuent Passage en revue commerce, mais ils sont élus et se partagent à M. Federico, qui ajoute : « On ne demande pas à mettre au jour la face cachée de la vie au tra- égalité, deux contre deux, entre représentants la charité, on demande nos droits, c’est tout. » vail, avec ses conflits et ses bassesses. Leur uti- b « LES FEUX DE LA TOUR » des salariés et des employeurs. Statutairement, Dans cet ultime prétoire voué aux humbles, lité sociale ne fait aucun doute, que le livre de Les Feux de la Tour – succédant aux Mots sauvés, revue de l’Association le président appartient au collège employeur et l’histoire de Mme Alibut résume toutes les Virginie Linhart démontre amplement. des amis de Pierre Boujut et de La Tour de feu – rend hommage au poète ne dispose pas de voix prépondérante. Connais- autres. Femme de ménage depuis dix-neuf ans Mais pourquoi, sur un tel thème, fallait-il tra- Edmond Humeau, disparu le 20 juillet 1998 : témoignages de ses compa- seurs de la vie des entreprises, ils doivent, auprès d’un médecin retraité, elle est un jour vailler aussi peu l’écriture et l’ordonnancement gnons Pierre-Aimé Touchard, Jean-Louis Depierris, Jean-Claude Roulet, ensemble, moins dire le droit que se prononcer accusée, par la fille de ce dernier, d’avoir volé la des chapitres ? Après Souffrance en France, de de son propre fils qui salue l’homme « flambeur » et même « incen- sur des faits. En cas de désaccord, ils sont ame- Carte bleue. Renvoyée sur-le-champ mais Christophe Dejours (Seuil), Le Harcèlement diaire », inédits, intéressantes lettres à Pierre Boujut, fac-similés de dédi- nés à faire appel à un juge départiteur, profes- jamais licenciée, elle se bat pour être lavée de moral, de Marie-France Hirigoyen (La Décou- caces, poèmes et dessins, biographie et bibliographie ; tout est là, sionnel ; ce qu’ils ressentent comme « l’aveu l’humiliation et en fait « une question de verte) et L’Entreprise barbare, de Stéphène soigneusement imprimé par l’éditeur Edmond Thomas, pour rendre d’un échec ». Mais la juridiction est également morale ». Elle finira par obtenir gain de cause. Jourdain et Albert Durieux (Albin Michel), qui vivant le poète dont le rêve de bonheur était la « célébration universelle critiquée pour être trop lente. De la conciliation « Quand on fait un licenciement pour faute (...), ont favorisé un mouvement de prise de de l’amitié » (éd. Les Feux de la Tour, 1999. 11, rue de la Porte-Bisquit, au bureau de jugement et jusqu’à la procédure on peut détruire », relève une nounou qui a subi conscience, les prud’hommes méritaient un 16200 Jarnac. 90 p., 69 F [10,52 ¤]) Cl. P. d’appel, il peut s’écouler des années avant des affronts semblables. meilleur traitement. Pour compléter le tableau. LeMonde Job: WIV0800--0011-0 WAS LIV0800-11 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:29 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0122 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 / XI b Charles Quint ou les images du Prince Né à Gand dans la nuit du 24 au 25 février 1500 – il y a juste 500 ans –, Charles de Habsbourg coiffa tant de couronnes, régna sur tant de sujets que son pouvoir étonne encore. Deux collectifs interrogent la représentation du plus puissant souverain chrétien. Pourfendant les anachronismes de sa légende

panégyristes, polygraphes et ar- de Flandre ou de Brabant, là fruit d’une politique de longue ha- ment avec les princes territoriaux réduire l’universel monde soubz CHARLES QUINT (1500-1558) tistes rivalisent d’ingéniosité dans encore, arbitrer les conflits leine. Le plus puissant souverain les subsides pour conduire la ung pasteur », allusion limpide à L’Empereur et son temps l’invention de formes d’adresse, inextricables qui opposent d’Europe, qui entend imposer et guerre contre les Turcs qui me- un passage de l’Evangile selon sous la direction d’Hugo Soly. de métaphores, de parallèles avec les princes allemands en exercer sa prééminence sur l’en- nacent pourtant les frontières Jean (X,16) : « Il y aura un seul Actes Sud, 532 p., 790 F l’Antiquité, de représentations utilisant au mieux les semble de ses voisins, paraît donc orientales. Aux Pays-Bas, les mi- troupeau, un seul berger. » Pour- (120,43 ¤). prudentes ou grandioses de l’em- faibles et complexes insti- curieusement démuni au regard lieux marchands font échouer tout suivre, grâce à l’Inquisition, l’éra- En librairie le 1er mars pereur. Dans le collectif paru chez tutions impériales (tribunal des autres Etats. Dans l’Empire ou projet de taxation des échanges et dication des minorités sépharade Actes Sud, Peter Burke et Fernan- de la Chambre impériale, aux Pays-Bas, pourtant en plein des exportations. Sans cesse à et mudéjar, puis les érasmisants, CAROLUS do Checa Cremades relèvent ainsi Diète). Chaque avancée, essor économique, Charles ne cours de numéraires, en dépit de jusqu’à la confusion entre identité Charles Quint (1500-1558) l’importance considérable de la chaque innovation, peut, par exemple, compter que l’afflux des métaux précieux du espagnole et confession catho- sous la direction d’Hugo Soly mise en images et en scène de la comme la réunion des sur des levées fiscales extrême- Nouveau Monde, l’empereur doit lique, lutter sur mer et sur terre et Johan Van de Wiele. personne et des actes de Charles, dix-sept Provinces-Unies, ment modestes ou très difficiles à donc recourir à l’emprunt, entraî- contre la menace turque, évangé- Catalogue de l’exposition diffusés partout dans ses diffé- ne peut être que le percevoir. Rien de compa- nant ainsi les taux d’intérêt dans liser sans trop de ménagements de Gand, rents territoires et parmi ses rable ici à ce dont bénéficie une hausse spectaculaire (jusqu’à les Améridiens et poursuivre les éd. Snoeck-Ducaju, 368 p., peuples. La propagande célèbre le roi de France avec l’im- plus de 40 %) qui étouffe l’écono- partisans des idées de Luther aux 843,50 F (128,59 ¤). ainsi le « nouveau César », le fun- pôt direct permanent mie mais fait la fortune des inter- Pays-Bas, cela relève donc de la dator quietis ou le Ré del Mondo. que constitue la taille. En médiaires financiers. même logique politique et reli- agie des dates rondes Michelet avait-il donc raison de Allemagne, l’empereur Empereur itinérant (on a cal- gieuse, enracinée à la fois dans la (1500-2000) ? Fasci- voir en Charles Quint « la résul- doit négocier âpre- culé, avec beaucoup de sérieux, piété personnelle de Charles M nation pour le destin tante de vingt peuples brisés », un que sans son lit de camp, Charles Quint et dans la nécessité du gou- magnifique et tra- « centralisateur » sans scrupule et, aurait dormi dans plus de 3 200 vernement de l’Empire. Heinz gique d’un homme qui fut le plus pour tout dire, « la mort des na- lits différents), absent parfois de Schilling et Bernd Moeller sou- puissant prince de la chrétienté et tions » ? Les deux volumes dirigés longues années, Charles est obligé lignent ainsi à juste titre les hési- finit sa vie reclus dans un monas- par Hugo Soly permettent de re- de s’appuyer sur les institutions tations de Charles, tiraillé entre tère espagnol ? Curiosité étonnée venir sur cette interprétation, avec locales, sur quelques administra- ses convictions intimes et les réali- devant une aventure politique de nouveaux arguments et des teurs et sur ses proches (son frère tés du pouvoir, à propos de la sans précédent qui contribua dans bonheurs divers. Ferdinand dans l’Empire, sa sœur conversion forcée des Indiens, ou ses succès et peut-être plus encore Tous deux abordent, en effet, de Marie de Hongrie aux Pays-Bas) de l’échec des tentatives de ré- dans ses échecs à forger l’Europe front la question des fondements pour gouverner, au risque de mul- conciliation entre catholiques et moderne et son identité dans la politique et idéologique de l’em- tiples retards et de conflits d’inté- protestants. diversité ? Il y a sans doute un peu pire de Charles, en relevant l’ex- rêts. En 1523, par exemple, Mar- L’exposition de Gand et le vo- de tout cela dans la vague impres- trême disparité des institutions et guerite d’Autriche préfère mener lume dirigé par Hugo Soly sionnante d’ouvrages, de manifes- des situations locales, la profonde campagne en Frise plutôt qu’in- éclairent enfin l’importance iné- tations scientifiques, d’expositions altérité des cultures, des langues, tervenir contre le roi de France, ce dite de la propagande impériale qui voient le jour pour célébrer le des attentes de ses sujets, la colli- qui contrarie les plans de son ne- servie par le recours systématique cinquième centenaire de la nais- sion des intérêts antagonistes. veu Charles Quint. à l’imprimerie, aux jetons commé- sance de Charles Quint, à Gand, le Jeoffrey Parker et Wim Block- L’absence de véritables senti- moratifs et aux médailles, aux cé- 24 février 1500. Sans parler de mans, notamment, soulignent la ments d’intérêts communs rémonies impeccablement ré- quelques pointes d’orgueil locales. force des exigences nationales de entre les sujets des diverses pos- glées, mais aussi aux Mais justement, le propre de cer- l’Espagne, décidée à ne se sou- sessions de Charles, la dispersion innombrables portraits du prince. taines des publications majeures mettre au nouveau roi qu’au prix des fronts militaires et la lenteur On n’en regrette que davantage de cet anniversaire, c’est de tour- d’engagements précis de sa part : des communications écornent les erreurs irritantes des légendes ner le dos au cliché hérité des tra- résidence, utilisation sur place ou aussi le rêve impérial. Le courrier du Charles Quint d’Actes Sud, qui ditions historico-chronologiques du moins au seul bénéfice des Ro- est si lent que le vice-roi de Naples confondent par exemple les nationales et de tenter enfin mains ibériques des ressources fis- s’exclame que, « s’il debvoit at- 95 thèses de Luther et l’édit de d’écrire une histoire européenne cales qui y seront prélevées, réser- tendre la mort, il vouldroit qu’elle Worms qui condamne celui-ci, ou du règne de ce prince flamand vation des charges administratives vinst d’Espaigne car elle n’arri- qui parlent de Charles Quint parlant français qui, par les ha- et des bénéfices ecclésiastiques veroit jamais ». Dans ces condi- comme d’un « dictateur », et l’ab- sards successoraux et dynastiques, aux Espagnols... Heinz Schilling tions, la monarchie universelle sence de numérotation des illus- par habileté politique aussi, finit identifiait la même propension à fut-elle autre chose qu’un pro- trations qui rend leur repérage par rassembler sur sa tête un la défense des intérêts spécifiques gramme et qu’un mot d’ordre, fastidieux, voire impossible. nombre impressionnant de cou- de la nation allemande que les efficaces au demeurant ? Ces deux entreprises collectives ronnes. princes territoriaux utilisaient La complexité et la diversité des et européennes, attentives aux en- « Roi des Romains, roi d’Espagne comme mot d’ordre contre les couronnes de Charles expliquent jeux économiques et culturels, (ou des Espagnes), de Sicile, de Jé- menaces de « servitude espa- en partie l’importance décisive permettent de prendre congé des rusalem, des îles Baléares, de Hon- gnole ». que revêt à ses yeux l’unité reli- images convenues d’un Charles grie, de Dalmatie, de Croatie et des Le pouvoir de Charles Quint est gieuse. Défendre partout et par Quint anachronique, souverain du Indes (...) , archiduc d’Autriche, duc donc loin d’être partout iden- tous les moyens l’Eglise romaine, Moyen Age, perdu au milieu des de Bourgogne, de Brabant, de Sty- tique ; il épouse en fait les c’était, bien entendu, agir monarchies centralisées, chevalier rie, de Corinthe, de Carniole, de conditions locales. Quels que conformément à la repré- bercé d’illusions et de nombreux Luxembourg, de Limbourg, soient les projets de monar- sentation idéale qu’il se projets, pour mieux penser sa d’Athènes et de Patras », Charles chie universelle que caresse faisait de sa charge et jus- propre contribution essentielle à mit ainsi sous son autorité plus de pour lui son entourage et que pro- tifier ses prétentions hégé- la naissance de l’Europe moderne vingt-huit millions de sujets, hors pagent ses partisans comme ses moniques, mais aussi entre mythes unificateurs (la chré- possessions coloniales, soit près adversaires acharnés, Charles ne conserver un lien fondamental tienté, l’Empire, l’humanisme), de 40 % de la population euro- peut agir à sa guise et imposer entre ses différents territoires. Etats nationaux et nouvelle péenne du XVIe siècle. sans discuter sa volonté. Ici, il doit Quelques semaines après l’élec- économie corporatiste mondiale.

Tout en forgeant à partir de parlementer longuement avec les SCALA FLORENCE tion impériale de 1519, le chance- En ce sens, elles méritent vraiment 1535 l’idée d’un empire sur lequel Cortès, là, respecter les libertés et « Charles Quint dominant la Fureur » lier Gattinara dit d’ailleurs à son de retenir l’attention. « le soleil ne se couche jamais », les franchises de ses bonnes villes de Leone et Pompeo Leoni (1563) maître que Dieu l’a choisi « pour Olivier Christin L’impossible biographie d’un « homme-univers » Le roi prend le cavalier Fruits de fascinations multiples, plusieurs essais tentent de cerner la figure de l’empereur Faillite du féodal, triomphe du mercenaire

dentale – ne rappelons que les Au péril d’un déséquilibre placi- 130 F [19,82 ¤]), cursif et vivant, la tèrent pas. Rarement, sinon dans CHARLES QUINT quelque 7 400 pages des douze vo- dement assumé. Pour l’anecdote, vague éditoriale autour de l’empe- LE CONNÉTABLE l’entourage du Valois, qui, par cupidi- de Pierre Chaunu lumes de Séville et l’Atlantique 1504- signalons l’étonnante bibliographie reur nous vaut la réédition par la DE BOURBON té autant que par vision politique, et Michèle Escamilla. 1650 (1955-1960) –, cosigne au- à deux voix, où Pierre Chaunu loue, maison d’édition belge Racine (dis- de Jean-Joël Brégeon. avait poussé à la faute le dernier Fayard, 874 p., 180 F (27,44 ¤). jourd’hui avec Michèle Escamilla mais corrige, la titanesque synthèse tribution Vilo) du Charles Quint. Un Perrin, 296 p., 135 F (20,58 ¤). grand feudataire du royaume, ses cette monumentale biographie où de Michèle Escamilla ; on préférera empereur pour l’Europe, de l’actuel contemporains le tinrent pour un CHARLES QUINT le genre se dilue. On avait déjà lu le souffle inimitable qui anime sa chef de la maison de Habsbourg SAMPIERO CORSO 1498-1567 traître. de Jean-Pierre Soisson. sous sa plume une synthétique Es- « Conclusion générale ». (« Les Racines de l’Histoire », d’Antoine-Marie Graziani Marot, Monluc, Brantôme comme Grasset, 416 p., 137 F (20,89 ¤). pagne de Charles Quint (éd. Sedes, 288 p., 160 F [24,39 ¤]). On peut et Michel Vergé-Franceschi. Retz absolvent le prince rebelle. Vol- 1973), destinée aux agrégatifs, mais BOURGUIGNON AVANT TOUT s’étonner que le prince ait sacrifié à Ed. Alain Piazzola (1, rue taire le défend encore, et Napoléon n ne peut guère évoquer l’espace sur lequel règne ce mo- Les plus déstabilisés se tourne- son tour au genre, lui qui affirmait Sainte-Lucie 20000 Ajaccio), en exil tempère sa condamnation. la figure du roi Phi- narque singulier déborde large- ront vers le travail sérieux, précis et dans une conférence sur « El Empe- 552 p., 165 F (25,15 ¤). C’est l’historiographie du XIXe siècle O lippe II d’Espagne (1527- ment le cadre alors retenu. Au- enlevé de Jean-Pierre Soisson. Au- rador », en mai 1958, à l’occasion qui assigna au meilleur capitaine de 1598) sans élargir le re- jourd’hui, Chaunu ne « renâcle » teur d’un fort honnête Charles le d’un précédent accès de fièvre ourmenté par son roi, le Va- son temps la place noire du grand ré- gard à son temps, depuis que les plus devant l’obstacle – le mot Téméraire (Grasset, 1997), le pré- commémorative, commentant la lois François Ier, dupé par prouvé, idéal repoussoir du légen- champions de l’école historique ouvre son avant-propos –, mais il sident du conseil régional de Bour- tentation d’une « grandiose histoire T son nouveau suzerain, le daire Bayard. Le solide travail de française s’en sont emparés. Lucien ne se résout pas à se rendre aux gogne rechausse ses bottes d’histo- de Charles Quint » : « Le thème est tout-puissant Charles Jean-Joël Brégeon a le mérite de s’en Febvre d’abord, dont la thèse, Phi- usages conventionnels de l’exercice rien amateur – au meilleur sens du trop profond, et trop faibles les forces Quint, tombé aux premières heures tenir aux faits, loin de tout projet ha- lippe II et la Franche-Comté (1911), biographique. terme – pour évoquer ce Charles de d’un seul homme, pour enfermer du siège de Rome qui aboutit au sac giographique. devrait reparaître chez Perrin ; Fer- D’entrée, il propose, en huit Gand dont on sent d’entrée qu’il dans le cadre d’une brève étude la fi- de la Ville éternelle, tenue par les lu- nand Braudel ensuite et sa somme pages, une chronologie serrée qui est pour lui fondamentalement un gure monumentale du grand souve- thériens pour une moderne Baby- FORTUNE MILITAIRE mythique La Méditerranée et le dispense presque du propos clas- Bourguignon. Par le sang – la re- rain. » lone, Charles de Montpensier, hui- Même volonté de s’affranchir du monde méditerranéen à l’époque de sique, puis livre son regard sur le cension des aïeux est éclairante – Depuis, Otto de Habsbourg, tième duc de Bourbon et dernier légendaire avec la somme, remarqua- Philippe II (1949). Si le premier ne règne, laissant l’homme – au mais plus encore par le projet poli- lointain descendant de l’empereur connétable de France, n’eut pas droit blement éditée, qu’Antoine-Marie renonçait pas tout à fait à l’entrée centre, d’ordinaire – à son élève tique, hérité de ce grand-duché Ferdinand Ier, dernier fils de Phi- au repos. Sa fortune posthume pro- Graziani et Michel Vergé-Franceschi biographique, même repensée Michèle Escamilla, qui a pour d’Occident dont on perçoit la fasci- lippe le Beau et de Jeanne la Folle, longea les tribulations de sa vie : son consacrent à Sampiero Corso, figure dans son option déterministe (Lu- charge, de l’« observatoire privilé- nation tenace qu’il exerce sur a siégé vingt ans au Parlement eu- corps embaumé, inhumé dans la cha- emblématique surjouée de la Corse. ther, Rabelais ou Marguerite de Va- gié » de Yuste, de retrouver son l’homme politique d’aujourd’hui. ropéen de Strasbourg, en tant que pelle du château de Gaeta, fut exhu- Chef de guerre plus représentatif lois), le second, qui n’y sacrifia pas, « profil perdu ». Ne voulant rien sa- Classique, le récit strictement citoyen allemand. Aussi sa vision mé par décret du concile de Trente, que le connétable du temps de portait un jugement tranché sur crifier des pistes qu’il entrevoit, centré sur l’homme Charles Quint de l’empereur est-elle avant tout qui voulait faire un exemple de l’im- Charles Quint, l’homme a combattu l’exercice lorsqu’il songeait à l’his- Chaunu donne une vision qui oc- est d’autant plus accessible que politique et continentale, l’homme pie, excommunié pour avoir profané les lansquenets impériaux de Bour- toire de Charles Quint – elle «ne troie au lecteur, peut-être désem- l’index, la chronologie succincte, étant à ses yeux, faute de dimen- Rome. Si l’on ne dispersa pas finale- bon pour le compte du Valois et sug- peut être que la somme des explica- paré, de fulgurantes récompenses. les annexes utiles ou imprévues, sion tragique, réduit à une imago ment ses os – la momie fut exposée, géré plus tard à François Ier d’assassi- tions possibles de sa vie, de son A l’image de l’« homme-univers » aident au repérage. Peut-être une imperatoris exemplaire. Ce qui dressée dans une armoire vitrée, à ner l’empereur, selon Brantôme. œuvre et de son temps », selon lui, qu’il entend évoquer, l’historien fascination si étroitement person- l’aide à en faire un « ancêtre de l’édification des visiteurs durant près Mercenaire fixé au service du Fran- comme le rappelle Peter Burke en offre un livre-univers dont il décide nelle frustre-t-elle au sortir du l’Europe », mais aussi, perspective de trois siècles –, c’est paradoxale- çais, Sampiero a fait souche : modèle tête de son étude sur la construc- seul du terme. Passé le dernier cou- fleuve « chaunuesque » ? Les ama- plus engagée, « un guide vers les ment un bombardement organisé possible de l’Othello de Shakespeare, tion de l’image du Habsbourg. ronnement et le moment de la teurs de « vies des hommes il- siècles à venir ». par une phalange garibaldienne qui il a plus sûrement enté sa lignée sur Est-ce pour cela que Pierre « Confession » d’Augsbourg, Chau- lustres » tiennent là cependant une Un autre biais pour faire rejouer accomplit la volonté conciliaire en celles des grands commis de la mo- Chaunu, familier des deux histo- nu se « désengage » sobrement. adresse recommandable. une figure dont la fonction, l’auto- 1860. narchie. C’est le versant ascendant riens dès la Libération et spécialiste C’est la construction politique, la Lancée par l’ouvrage de Michel rité et la retraite ultime fascinent Ne restait plus au héros de Mari- d’une fortune militaire dont Bourbon incontesté d’un XVIe espagnol qui collecte des héritages qui le re- Géoris Charles Quint, un César ca- en fait plus que l’individu. gnan que la possibilité d’un céno- incarne l’opposé. déborde largement l’échelle occi- tiennent. tholique (éd. France-Empire, 278 p., Ph.-J. C. taphe, que les historiens ne se dispu- Ph.-J. C. LeMonde Job: WIV0800--0012-0 WAS LIV0800-12 Op.: XX Rev.: 23-02-00 T.: 19:44 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0123 Lcp: 700 CMYK

XII / LE MONDE / VENDREDI 25 FÉVRIER 2000 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Le livre ancien face à Internet b Cinq candidats pour « Les em- pêcheurs de penser en rond ». La multiplication des offres en ligne et l’arrivée de la Fnac témoignent de l’intérêt que suscite le marché de l’occasion La collection « Les empêcheurs de penser en rond », que le labora- u moment où se déve- en pleine évolution, il faut faire jours sur le Net et dans les quatre mondial avec la Lila (Ligue inter- site du Slam (www.slam- toire Sanofi-Synthélabo a décidé loppent, via Internet, des avec ». Sur le site du Gippe enseignes parisiennes ainsi que nationale de la librairie an- livre.fr) : « Le problème, à terme, d’arrêter, suscite l’intérêt de plu- échanges à travers le (gippe.free.fr), le visiteur peut dans celle de Strasbourg. La Fnac, cienne, qui regroupe les syndi- avec des sites comme celui que sieurs éditeurs (Le Monde du monde, il est bon de pré- trouver des renseignements sur qui s’engage à donner une réponse cats de libraires d’anciens du lance la Fnac, c’est la perte 28 janvier et du 23 février). Cinq serverA un lieu où se serrer les mains l’association et autres rendez-vous dans les deux mois, proposera en- monde entier, soit quelque d’identité des libraires. » Galaxi- d’entre eux se sont manifestés : en salut amical. » C’est, très para- du livre ancien, mais ne peut ache- fin un service – coûteux – d’im- 2 000 libraires). dion créé en 1997, est, depuis les Presses universitaires de doxalement, sur le site Internet du ter : « Le Gippe est une association pression à la demande. Ce procédé quinze jours, intégré à Classicfo- France, Le Seuil, Odile Jacob, La Groupement d’information et de à but non lucratif, il n’a pas de vo- revient à 4 francs la page, avec un DU CÔTÉ DES LIBRAIRES rum, un réseau de libraires euro- Découverte et Albin Michel. Des promotion presse et édition cation commerciale », souligne Re- tarif dégressif à partir de plusieurs Interrogés individuellement, péens. Il sera bientôt possible de discussions ont d’abord été enga- (Gippe), organisateur entre autres né Froment. On est loin de ce que exemplaires commandés : un test les libraires spécialisés sont plus faire des recherches dans une gées, avec les PUF, qui assurent la du Salon de la bibliophilie, que font notamment Chapitre.com, a été lancé en ce sens à la Fnac mesurés. Pascale Celereau, qui base de données multilingues. diffusion et la distribution de la l’on trouve cette chaleureuse affir- Amazon, Alapage et désormais la Saint-Lazare. Quoi qu’il en soit, il dirige avec Liliane Ruetsch Nicolas Faroux, responsable collection de Philippe Pignarre. Le mation. Mais dans le domaine, né- Fnac. s’agit bien d’un nouveau service et « Pages volantes », constate : du livre ancien de Chapitre.com, Seuil et Odile Jacob cherchent buleux, du livre ancien on n’est non d’une offre visible en maga- « On a de plus en plus de per- a certes été « inquiété par l’arri- toujours à se développer dans le pas à un paradoxe près. Le Salon QUELQUES REMOUS sin. Le site de la Fnac ne propose sonnes qui sortent de la Fnac et vée de la Fnac », mais le site re- secteur des sciences humaines. La de la bibliophilie, qui a fermé ses Celle-ci, après avoir racheté en pas non plus, pour l’instant, de nous demandent un titre qui a dé- vendique aujourd’hui un cata- Découverte, qui a publié des livres portes le 20 février à Paris, a ac- mai 1999 la Société française du vente en ligne de livres anciens. jà disparu. Nous ne pouvons pas logue de 210 000 livres anciens et de Philippe Pignarre, appartient à cueilli quelque 2 500 visiteurs, et livre (SFL) et son site, Alibabook, a La Fnac reste prudente. Ber- pour autant le leur fournir car ce- épuisés. Henri Vignes, lui, reste Havas, qui développe une straté- les 70 libraires présents étaient, franchi, avec le rachat de la librai- trand Picard déclare : « Nous n’al- la fait trop peu de temps qu’il est serein : « Gibert a réussi à faire de gie importante dans le secteur dans l’ensemble, très satisfaits. rie d’anciens Le Tour du monde, lons pas nous transformer en li- épuisé pour être passé dans le cir- l’occasion mais non de l’ancien médical. Enfin Albin Michel est at- Comme le déclare, amusé, René une étape supplémentaire. La braires d’anciens ; nos clients ne cuit du livre d’occasion. La Fnac car c’est impossible dans une tiré par l’originalité de la collec- Froment, secrétaire général du vente concerne le service de sont pas des bibliophiles. » Mais c’est un supermarché alors que grosse structure. » Pour Serge tion. Passablement irrité par la Gippe : « Le livre ancien se portera recherche, via un réseau de l’arrivée du mastodonte a provo- nous avons un contact direct avec Plantureux, « le fondateur du médiatisation du dossier, Sanofi- toujours bien car il y aura toujours 200 libraires, et le stock de qué quelques remous dans un le lecteur, que l’on peut fidéliser Tour du monde, Jean-Etienne Hu- Synthélabo veut trouver une solu- des vieux cons comme moi qui ai- 100 000 titres, qui ne contient pas marché qui utilise depuis long- facilement. » ret, a réussi pour la première fois tion rapidement. Le laboratoire ment le côté charnel des livres. » les ouvrages de haute bibliophilie. temps la vente par correspon- Pour Sylvain Goudemare, de la en France, dans ce vieux métier était même disposé à financer par- Depuis trois ans, le monde du Avec son nouveau slogan : «Ne dance. librairie éponyme : « Je ne vois de brocanteur, à vendre le savoir- tiellement la reprise de la collec- livre ancien est confronté à Inter- vous fatiguez plus, la Fnac le trouve Le Syndicat national de la li- pas quelle incidence peut avoir faire de son entreprise, son per- tion qui, si elle s’est imposée dans net. L’arrivée de la Fnac dans ce pour vous », la volonté du groupe brairie ancienne et moderne (le l’arrivée de la Fnac si elle fait juste sonnel ». le domaine de la pensée scienti- secteur avec le rachat de la librai- est, comme le souligne Bertrand Slam qui est la seule organisa- de la recherche et ne développe Le marché du livre ancien va fique et médicale, est déficitaire. rie Le Tour du monde a suscité des Picard, directeur du livre à la Fnac, tion syndicale française de li- pas une librairie d’anciens au sens connaître des bouleversements b Zulma à Paris. Laure Leroy, di- inquiétudes (« Le Monde des de « remettre dans le commerce la braires d’« anciens ») a immédia- classique du terme. » Léon Ai- liés à l’arrivée d’Internet. Mais, rectrice de Zulma, Serge Safran, livres » du 14 janvier). Pour quantité de livres épuisés ». Le tement réagi. Pour son président, chelbaum, qui possède deux li- en ville ou en ligne, le libraire son directeur littéraire, et Domi- M. Froment, c’est « un phénomène client pourra soit commander le Emmanuel Lhermitte, il n’est pas brairies, ne se sent pas non plus d’anciens restera une valeur re- nique Rollet, qui s’occupe notam- inexorable. Nous sommes tous livre qui l’intéresse en passant par question pour les libraires de inquiet. Ses catalogues sont sur cherchée capable d’allier culture ment du secteur promotion et li- contre par principe, comme beau- l’accueil bibliographique d’un des participer à un moteur de re- le site Galaxidion.com : «Même encyclopédique, connaissance brairie, ont annoncé leur coup étaient contre le livre de 50 points de vente de la Fnac en cherche anonyme et de devenir, si je suis déçu par le peu de des sources d’approvisionne- installation à Paris. « La croissance poche, contre France Loisirs. Mais France, soit enregistrer sa de- de facto, de simples fournisseurs connexions, j’ai réalisé quelques ment et sens du service person- de Zulma nous amène aujourd’hui on a assez bien digéré tout ça finale- mande via le site Fnac.com. Ce de livres. Il envisage en revanche ventes. » Pour Laurent Delgal, nalisé. à nous installer à Paris. Nous pour- ment. Et puis, le marché du livre est service est effectif depuis quelques de créer un serveur au niveau webmaster de Galaxidion et du Emilie Grangeray rons ainsi, entretenir des relations plus étroites avec nos auteurs et bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb notre diffuseur (Flammarion). » Créées en 1991, les éditions Zulma A L’ETRANGER – dont le siège social reste dans le Gers – comptent 162 titres au ca- talogue. Le chiffre d’affaires en Pédagogie de la Shoah Jörg Haider et la littérature 1999 s’élève à 3,5 millions de francs. (122, bld Haussmann, ean-Claude Gawsewitch, directeur général nale sur la Shoah qui a eu lieu à Stockholm du 26 au Le prix Ingeborg-Bachmann n’est pas seulement l’une des plus 75008 Paris ; tél. : 01-58-22-19-90). des éditions Ramsay, le déclare d’emblée : 28 janvier, annonçait : « Nous allons également prestigieuses distinctions littéraires des pays de langue alle- b Nouvelle collection occitane. « C’est une histoire romanesque. » Lors d’un mieux encore développer l’enseignement de la Shoah mande. Il est aussi, depuis quelques jours, au cœur d’une polé- Jacques Salles-Loustau, spécialiste séjour à Cracovie (Pologne), il y a un peu plus à l’école. Je sais qu’un éditeur français se propose de mique politique puisqu’il est remis chaque année à Klagenfurt, de langue et littérature occitanes – J d’un an, il entre dans une librairie et trouve distribuer dans l’ensemble des écoles un ouvrage ville natale de l’auteur de Trois Sentiers vers le lac et capitale du et par ailleurs inspecteur général un ouvrage intitulé Tell Ye Your Children... A book consacré à la Shoah. Il bénéficiera du soutien de Land de Carinthie en Autriche, une région gouvernée depuis chargé des langues régionales –, about the Holocaust in Europe 1933-1945. Intéressé l’Etat » (Le Monde du 28 janvier). mars 1999 par le leader de l’extrême droite autrichienne, Jörg lance chez l’éditeur biarrot Atlan- pour des raisons « personnelles et d’engagement », il Le livre, qui devrait sortir au plus tard en sep- Haider. Même s’il n’en est pas l’organisateur, le gouverneur de tica une nouvelle collection bi- passe à la caisse et se voit répondre : « Monsieur, cet tembre, sera mis en librairie à moins de 100 francs Carinthie est associé à cette manifestation puisque le Land dé- lingue, « occitanas/occitanes », en ouvrage est gratuit. » Interloqué, il apprend alors la et distribué gratuitement dans les écoles. Pour Jean- cerne chaque année, aux côtés des deux sponsors officiels (la té- collaboration avec l’Institut occi- singulière histoire de ce livre. Claude Gawsewitch, « ce n’est pas un travail d’édi- lévision publique ORF et la ville de Klagenfurt), l’une des quatre tan (65 F., [9,91 ¤] le volume). Des- En juin 1997, Göran Persson, le premier ministre teur mais un acte de mémoire et de vigilance en di- récompenses inscrites au palmarès final du prix. Au début du tiné à « favoriser la rencontre du suédois, lançait un vaste programme sous le nom de rection des générations d’aujourd’hui et de demain ». mois de février, peu après l’arrivée du FPÖ au pouvoir à Vienne, public le plus divers avec la littéra- « Living History », visant notamment à combattre Il précise que seront ajoutées au texte une préface les héritiers d’Ingeborg Bachmann (morte en 1973) ont fait sa- ture d’Oc », ce nouveau rendez- le négationnisme et à délivrer des informations sur ainsi qu’une dizaine de pages, rédigées par Me Serge voir qu’ils refusaient que le prix continue à porter le nom de leur vous propose une édition bilingue l’Holocauste. Dans ce cadre, le gouvernement de- Klarsfeld, sur la période 1940-1945 en France. Il n’est illustre parente « tant que la politique dans ce pays sera synonyme brièvement présentée dans une mandait à deux historiens, Stéphane Bruchfeld et pas inutile, au vu de la situation autrichienne et des de honte et indigne d’ê´tre associée au nom d’un auteur apparte- optique didactique. Premières li- Paul A. Levine, d’écrire un livre sur la Shoah pour résultats d’un sondage publié dans Le Nouvel Obser- nant à la littérature mondiale ». Peu après la publication de ce vraisons : Bestiari/Bestiaire, de les jeunes de la troisième et de la quatrième généra- vateur du 3 février (1), de rappeler que le titre de communiqué, Jörg Haider a fait savoir qu’il retirait son soutien Max Rouquette ; la suite de son- tion. L’ouvrage, très didactique, comprend docu- l’ouvrage Tell Ye Your Children est une citation de la financier à la manifestation, ajoutant qu’il considérait de toute nets de L’Arada/L’Arée, d’Antonin ments, cartes, photographies, repères chronolo- Bible – Livre de Joël, I : 2-3 : « Ecoutez ceci, les an- façon ce concours comme un « objet mort-né et stérile ». Le jury Perbosc (1861-1944) traduits par giques, ainsi qu’une importante bibliographie. Ce ciens,/ prêtez l’oreille, tous les habitants du pays ! / du prix se réunira néanmoins à Klagenfurt du 28 juin au 2 juillet Xavier Ravier ; la seconde version sont quelque 800 000 exemplaires du livre qui, mis à Est-il de votre temps survenu rien de tel, ou du temps et les délibérations seront rebaptisées « journées de la littérature du Gaston Febus, pièce en trois la disposition des écoles, circulent en Suède. Il est, de vos pères ? / Racontez-le à vos fils, / et vos fils à leur allemande ». De son côté, Jörg Haider a décidé de créer un nou- actes et en vers du poète Miquèu de la même façon, disponible en Allemagne, Fin- fils, / et leurs fils à la génération qui suivra ! » veau prix, « plus attractif pour les jeunes auteurs ». Camelat (1871-1962), traduit par lande, Norvège, Pologne, et devrait l’être prochai- E. G. b BELGIQUE : vers un prix unique du livre Albert Peyroutet, et une brève an- nement en Russie et aux Etats-Unis. La Belgique réfléchit à l’instauration d’un prix unique du livre. thologie de Novèlas de l’estranh/ Jean-Claude Gawsewitch – qui en a acquis les (1) L’enquête menée par la Sofres pour Le Nouvel Obser- Une porte-parole du ministre belge de l’économie, Rudy De- Nouvelles de l’étrange, composée droits pour 100 000 francs (15 244,90 ¤) – écrit alors vateur montre que 76 % des adolescents français sont in- motte, a déclaré qu’« avec les représentants des éditeurs et des ré- par Claire Torreilles, qui a traduit au ministère de l’éducation nationale, au ministère capables de donner une réponse quand on leur demande gions, le ministre présentera un texte qui sera vraisemblablement Philippe Gardy, Jan Ganhaire, Jan de la culture ainsi qu’au cabinet de Lionel Jospin. Le ce qu’est l’Holocauste, et que seuls 13 % d’entre eux très fortement inspiré de la loi Lang ». « Les Français ont expliqué dau Melhau, Florian Vernet et Ro- premier ministre, lors de la conférence internatio- savent qu’il s’agit de l’extermination des juifs. que les prix des livres n’avaient pas augmenté en flèche après l’ins- bert Lafont (à l’instar de Max tauration de la loi Lang en France, alors qu’une éventuelle hausse Rouquette, Roland Pécout traduit bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb inquiète les associations belges de consommateurs », a-t-elle ajou- lui-même son texte, le seul inédit). té, lors d’une table ronde avec des éditeurs et des représentants Luc Payen, Hector Bianciotti, Leslie CNRS organise une journée des gouvernements belges et français, à la Foire du livre de AGENDA Kaplan (Hippodrome de Bron-Pa- d’études sur le thème « Enjeux du Bruxelles, mardi 22 février. Cette prise de position de la Bel- Rectificatif rilly, 69500 Bron, rens. : 04-72-36- nom propre, le nom propre dans gique intervient alors que la position de la Commission euro- b Le titre du livre de Christian b LE 25 FÉVRIER. ROMAN. A Pa- 13-84). les manuscrits, de Kafka à Violette péenne suscite de nombreuses inquiétudes (« Le Monde des Delacampagne dont nous avons ris, le Collège international de phi- b LES 3 ET 4 MARS. POLAR. A Leduc ». Une table ronde réunira livres » du 17 février) et qu’un libraire en ligne comme Proxis rendu compte dans « Le Monde losophie propose un dialogue Bergerac, la 5e édition du festival Christine Angot, Béatrice Fraenkel, utilise son implantation en Belgique pour vendre des livres fran- des livres » du 18 février n’est pas entre Michel Butor et Natacha Mi- « Suite pour série noire » a pour Philippe Lejeune et Me Emmanuel çais à prix réduits. Dans le cadre de la présidence de l’Union eu- La Philosophie politique contempo- chel sur le thème « Utilité du ro- thème « Les nouvelles technolo- Pierrat (de 10 heures à 17 h 30, ropéenne, le gouvernement français organisera un Forum pour raine, mais La Philosophie politique man ? » (à 18 h 30, amphithéâtre gies dans l’univers du polar et du Maison des écrivains, 53, rue de une Europe du livre, les 29 et 30 septembre, à Strasbourg. aujourd’hui (Seuil). Poincaré, 1, rue Descartes, roman noir » (rens. : 05–53-57-67- Verneuil, 75007 Paris). 75005 Paris). 66). b LE 8 MARS. LIRE. A Chambéry, b LES 25 ET 26 FÉVRIER. MON- b LE 4 MARS. GEORGES BA- l’Association festival du premier TAIGNE. A Paris, un colloque est TAILLE. A Paris, une rencontre roman propose, en partenariat organisé sur le thème « Montaigne philosophique est organisée par avec « La Revue orale » de Patrick et l’action », en présence notam- Catherine Pont-Humbert et Jacob Chemin, une rencontre sur le ment de Bernard Sève et Frank Rogozinski sur le thème « Résis- thème « Lire en vers et en prose ; Lestringant (17, rue de la Sor- tance et pensée à partir de l’œuvre d’un genre l’autre, les poètes du bonne, salle Louis-Liard, 75005 Pa- de Georges Bataille », en présence festival », avec notamment Michel ris). notamment de Francis Marmande, Besnier, Yves Bichet, Bernard b LES 25 ET 26 FÉVRIER. L’OR- Jean-Luc Nancy, Michel Surya (à Chambaz, Christian Ganachaud GANON DU XXIE SIÈCLE. A Paris, 15 heures, Odéon-Théatre de l’Eu- (Café aux images, Espace Malraux, les revues parlées organisent un rope, rens. : 01-44-41-36-44). 73000 Chambéry, rens. : 04-79-60- colloque international de philoso- b LE 4 MARS. AUTOBIOGRA- 04-48). phie : « L’Organon du XXIe siècle », PHIE. A Paris, le groupe « Genèse b LES 9 ET 10 MARS. LITTÉRA- en présence notamment de Jules et autobiographie » de l’ITEM/ TURE CHINOISE. A Paris, un col- Vuillemin, Jacques Bouveresse, loque international est organisé John R. Searle (Petite salle du sur le thème « Littérature chinoise, Centre Georges-Pompidou, les liens au passé et l’écriture 75004 Paris, tél. : 01-44-78-12-33). contemporaine » (Bibliothèque b LE 29 FÉVRIER. KADARÉ. A nationale de France, quai François- Paris, une rencontre avec Ismaïl Mauriac, 75013 Paris, rens. : 01-53- Kadaré sera l’occasion de lectures 79-59-59). par Redjep Mitrovitsa (Maison de b LE 14 MARS. PÉGUY. A Paris, la poésie, 157, rue Saint-Martin, l’Amitié Charles-Péguy et les Amis 75003 Paris, réservation au 01-44- de Saint-Louis d’Antin organisent 54-53-13). une conférence de Jean Bastaire b DU 3 AU 5 MARS. CHANGE- sur le thème « Péguy et le sursaut MENT DE DÉCOR. A Bron, la français de Munich à la Libéra- 14e édition de la Fête du livre de tion » (auditorium Saint-François Bron sera l’occasion de débats et de l’Espace Georges-Bernanos, rencontres en présence, notam- 4, rue du Havre, 75009 Paris, tél. : ment, de Vassilis Alexakis, Jean- 01-45-26-65-26).