LeMonde Job: WMQ3110--0001-0 WAS LMQ3110-1 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0629 Lcp: 700 CMYK
LE MONDE TÉLÉVISION
SEMAINE DU 1er AU 7 NOVEMBRE 1999
JEAN-MARC LENGLEN BERNARD-MARIE KOLTÈS UN JOUR... LE NIL RUGBY Dix ans après la mort du Censuré Finale Le scénariste- dramaturge, France-Culture à sa sortie, de la 5e Coupe dialoguiste salue le révélateur ce film du monde, des Minikeums, des violences lyrique à Cardiff, a Le lancement sur France 3, et des manques de Youssef Chahine en direct sur a insufflé contemporains. est diffusé dans TF 1. En léger un ton nouveau aux émissions Page 7 sa première version différé sur Canal+. pour enfants. Page 6 de i.télévision restaurée, sur Arte. Page 25 Page 38 a Jean-Marc Lenglen l’âme des Minikeums i.télévision, une nouvelle idée de l’info La nouvelle chaîne lancée le jeudi 4 novembre par Canal + parie sur l’information « de proximité » en continu. Un défi intéressant, mais risqué. Pages 4-5
55e ANNÉE – No 17033 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI
Bœuf britannique : MNEF : les tourments de Lionel Jospin l’embargo français b Dominique Strauss-Kahn sera soit mis en examen, soit entendu par le juge comme « témoin est injustifié, assisté », dans l’affaire de la MNEF b Avant son départ pour les Antilles, le premier ministre selon les experts s’en était entretenu avec le ministre des finances b Il l’avait alors assuré de sa confiance LA MENACE d’une mise en exa- teur des filiales et de la diversifica- men de Dominique Strauss-Kahn, tion de la MNEF a affirmé avoir européens ministre de l’économie et des fi- antidaté la lettre d’engagement de nances, pour « usage de faux », à la M. Strauss-Kahn en tant qu’avo- APRÈS la décision, vendredi suite de la déposition d’un ancien cat-conseil de la mutuelle, entre 29 octobre, du Comité scientifique dirigeant de la Mutuelle nationale 1994 et 1996, dans le cadre d’une AFP directeur de la Commission euro- des étudiants de France (MNEF), négociation engagée avec la péenne de ne pas retenir les argu- place Lionel Jospin devant un di- Compagnie générale des eaux (de- RUGBY ments français contre les importa- lemme : respecter la « jurispru- venue Vivendi). Réclamé par les tions de viande de bœuf dence » instituée par Pierre Béré- magistrats, un réquisitoire supplé- Une affaire britannique, Paris veut se donner le govoy et Edouard Balladur, qui tif pour « faux et usage de faux » a temps d’étudier le document du avaient contraint à la démission été délivré par le parquet de Paris, de gros bras comité. Mme Lebranchu, secrétaire leurs ministres mis en examen, ou jeudi 28 octobre, contre d’Etat au commerce, a simplement bien rompre avec cette règle non « MM. Strauss-Kahn, Spithakis et Le XV de France rencontre la Nouvelle- déclaré que l’avis des scientifiques écrite en considérant que la mise tous autres ». Cette décision place Zélande en demi-finales de la Coupe européens est « plutôt rassurant ». en cause de M. Strauss-Kahn par les juges devant le choix de mettre du monde de rugby, dimanche 31 oc- Les experts de Bruxelles ont rejeté à un seul témoin ne justifie pas le en examen les personnes nom- tobre, à Twickenham. Le combat l’unanimité les affirmations de départ d’un des principaux piliers mées ou d’emprunter la voie inha- semble inégal : plus lourds, plus l’Agence française de sécurité ali- du gouvernement. Dominique bituelle de leur audition en tant mentaire des aliments (Afsaa) sur Strauss-Kahn et Lionel Jospin se que « témoins assistés », sans grands, plus rapides, les All Blacks sont l’existence d’un risque persistant de sont entretenus de cette affaire mise en examen. L’audition d’un les grands favoris de l’épreuve. Mais les contamination des viandes britan- avant le départ du premier mi- ministre comme simple témoin Français comptaient sur l’inspiration la- niques par la maladie de la « vache nistre pour les Antilles. Le premier nécessite l’autorisation du conseil tine de leurs attaquants, au premier folle ». Londres se félicite de cette ministre a alors assuré son mi- des ministres. rang desquels Philippe Bernat-Salles victoire jugée totale et espère que nistre des finances de sa Les réactions provoquées par la (1,81 m, 79 kilos) (photo), le « lévrier l’embargo que la France avait main- confiance. mise en cause de M. Strauss-Kahn tenu sera rapidement levé. M. Strauss-Kahn a été mis en sont restées prudentes jusqu’à d’Ibron », dernier survivant de la fa- cause par Philippe Plantagenest, le présent. mille des ailiers finisseurs, adversaire Lire page 2 14 octobre. Entendu par les juges direct du redouté Jonah Lomu (1,96 m, et notre éditorial page 16 Riberolles et Néher, l’ancien direc- Lire pages 6 à 8 120 kilos). p. 24 et 25 Les risques Au Brésil, la Fondation pour le bien-être des mineurs, jardin des horreurs RIO DE JANEIRO des mineurs délinquants est devenue l’«uni- merie et « descendus » par les révoltés. de l’assurance-vie de notre correspondant versité du crime », à en croire une mère éplorée D’autres attribuent le déchaînement de vio- Les images repassées au ralenti montrent venue désespérément aux nouvelles devant les lence à la peur panique suscitée chez les LES SOUSCRIPTEURS d’un qu’il n’y a pas eu erreur de zapping et que l’on portes de l’établissement transformé en camp jeunes détenus par l’annonce d’un prochain a contrat d’assurance-vie, le n’est pas tombé par mégarde sur un film de suppliciés. Le lynchage, pour des motifs en- mouvement de grève des moniteurs – pour placement préféré des Français de- d’épouvante trash. La jambe que les téléspec- core inconnus, de quatre pensionnaires de la protester contre le récent limogeage de vingt puis des années, doivent-ils se tateurs brésiliens ont pu voir, dans la soirée du Febem lors du dernier soulèvement, qui s’est d’entre eux accusés de torture –, qui se tradui- BALDWIN/AP SHAWN préoccuper de la solidité financière lundi 25 octobre, voler par-dessus un mur achevé sur la reddition du millier de mutins, a rait par l’occupation du centre d’accueil par TIMOR-ORIENTAL de leur compagnie ? Depuis la fail- d’enceinte cerné par des policiers appartenait, en tout cas mobilisé les médias. Au point que une unité anti-émeute de sinistre réputation. lite d’Europavie en 1998, la pru- apprennent-ils grâce à un sobre commentaire La Fohla de Sao Paulo, l’un des quatre grands Toujours est-il que ces actes abominables, dence est de mise. Elle recommande censé traduire une indignation indicible, à un quotidiens nationaux, a, il y a quelques jours, abondamment illustrés par les chaînes de télé- Le combat de privilégier les grands groupes et adolescent qui vient d’être martyrisé par ses consacré un cahier spécial de six pages à la tra- vision, ont mis à nu l’impuissance du gouver- de répartir éventuellement son compagnons de détention au cours d’une gédie « marquée par des scènes de barbarie ». neur de Sao Paulo, Mario Covas, face à un de Kofi Annan épargne sur plusieurs contrats de énième rébellion dans le centre de la Fonda- « J’ai vu des personnes mourir d’une manière in- pourrissement qui pousse désormais le Fonds Les dernières troupes indonésiennes divers assureurs. D’autant que tion régionale pour le bien-être du mineur (Fe- habituelle. On peut tuer quelqu’un d’une balle des Nations unies pour l’enfance (Unicef) à devaient quitter Dili, capitale du Timor- l’agence de notation américaine bem) de Sao Paulo. Affreusement mutilé, dé- ou d’un coup de couteau. Maintenant, le tuer préconiser la disparition pure et simple de la Oriental, samedi 30 octobre. A cette Moody’s vient de publier une étude capité et démembré à la scie à bois, le cadavre comme un rat, le détruire, en faire un résidu de Febem. occasion, notre correspondante aux qui met en lumière la faiblesse de de la victime, dont l’identité n’a pas encore été rien, c’est de la cruauté pure », témoigne, Sorti en 1981, Pixote, « la loi du plus faible », Nations unies, Afsané Bassir Pour, ra- certaines compagnies françaises. La établie, ne sera bientôt plus, précise la voix off, comme au sortir d’un cauchemar, l’un des film-culte signé Hector Babenco, retraçait déjà conte la gestion de cette crise majeure création récente d’un fonds de ga- qu’un « amas de chair calcinée ». Enveloppée « moniteurs » (éducateurs), retenu en otage la plongée aux enfers d’un garçon des rues, rantie, plafonné à 459 000 francs dans des couvertures imbibées d’essence, la pendant une dizaine d’heures. transfuge de la Febem. Mais, comparée à la par l’ONU, l’histoire en partie secrète par assuré, devrait pourtant rassu- dépouille sera finalement livrée aux flammes. Le juge des mineurs du tribunal de Sao Pau- réalité, cette fiction sentirait aujourd’hui du combat solitaire mené par le secré- rer la majorité des épargnants. En proie, ces dernières semaines, à des ré- lo, Sueli Riviera, met le vent de folie qui s’est presque l’eau de rose. taire général, Kofi Annan (photo), de- voltes généralement suivies d’évasion collec- soudain abattu sur la Febem sur le compte des puis le référendum sur l’indépendance. Lire page 20 tive, l’institution publique chargée de l’accueil flacons d’alcool à 90 degrés raflés dans l’infir- Jean-Jacques Sevilla p. 12 et 13, et nos informations p. 4 La culture L’OPA américaine Au sommaire et l’Etat du numéro sur la défense européenne de novembre ENTRE les quinze pays de (251,7 milliards d’euros), soit l’Union européenne, d’une part, 6,9 % de mieux qu’en 1999 si l’on les Etats-Unis, de l’autre, l’écart exclut le coût exceptionnel des La formation des professeurs. ne fait que croître en matière raids aériens au Kosovo – ne se Dossier : d’efforts consentis pour bâtir une contente pas d’être supérieur à ce défense collective. L’opération al- que Bill Clinton avait réclamé. Il Les IUFM sont-ils archaïques ? liée au Kosovo a été un révélateur comprend surtout des accéléra- de cette disparité des deux côtés tions inhabituelles de dépenses MÉDECINE L’année de formation-stage. de l’Atlantique. Au point que le dans des secteurs-clés qui, au vu MARYVONNE DE SAINT-PULGENT La formation permanente. sommet européen de Cologne, en de ce que préparent les gouverne- Les mystères de juin, a fourni l’occasion de bril- ments européens pour 2000, ANCIENNE directrice du patri- lantes plaidoiries sur la nécessité risquent à nouveau d’accentuer le b moine au ministère de la culture, Entretien avec Clément Rosset. – au nom d’un rééquilibrage au contraste entre les Etats-Unis et la bronchiolite Maryvonne de Saint-Pulgent pu- sein de l’OTAN – de donner un leurs alliés. Provoquée principalement par le virus blie Le Gouvernement de la culture. b Mouvement lycéen : zéro délai coup d’arrêt à ce divorce entre A s’en tenir à deux observa- respiratoire syncytial, la bronchiolite ai- Elle y dénonce la fonctionnarisa- pour zéro défaut. des forces armées de plus en plus tions, il est évident que Washing- guë atteint un nombre de plus en plus tion d’une des grandes missions inégales. Mais, aujourd’hui, l’ana- ton est en train de creuser l’écart. élevé de très jeunes enfants et de nour- publiques. Claude Mollard, ingé- lyse du budget américain de la dé- D’abord, au seul titre des achats b nieur culturel, défend la thèse in- L’école et les gens du voyage. fense pour 2000, tel qu’il vient d’armes pour renouveler et rissons. Entre 1992 et 1997, les consul- verse dans Le Cinquième Pouvoir. d’être adopté par le Congrès, fait compléter les panoplies, soit tations d’urgence dans les hôpitaux b Pédagogie : les villes acteurs apparaître que les Etats-Unis vont 53 milliards de dollars (49,8 mil- français ont progressé de 119 %, et les Lire page 28 de l’éducation. encore creuser l’écart avec les Eu- liards d’euros) : selon les armées, hospitalisations de 69 %, sans que l’on ropéens. la hausse des crédits par rapport à connaisse les causes réelles d’une telle Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, b Voyage au Yémen. Washington s’estimera en si- 1999 varie entre 2,9 % pour l’ar- 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; tuation de tancer ses alliés, ac- mée de l’air (la moins bien traitée expansion. Un médicament préventif, Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, b Guide culture. cusés de ne pas déployer suffi- parce qu’elle a du mal à arbitrer le Synagis, suscite une polémique en 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, samment d’énergie pour partager entre ses deux programmes de raison de son coût très élevé. p. 26 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; b Petites annonces. la charge commune, et de les nouvel avion de combat, le JSF et Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Chez votre mettre en contradiction avec la le F-22) et 8 % pour l’armée de International ...... 2 Abonnements...... 20 marchand velléité de certains de revendi- terre, voire jusqu’à 12 % pour la France-Société ...... 6 Aujourd’hui ...... 24 de journaux quer l’autonomie d’un « pôle » marine. Le magazine résolument enseignant ¤ Carnet...... 10 Météorologie, jeux .. 27 30 F - 4,57 européen à l’OTAN. Horizons ...... 12 Culture ...... 28 De fait, le montant global du Jacques Isnard Entreprises ...... 19 Guide culturel...... 30 budget américain voté – avec ses Placements...... 20 Radio-Télévision ...... 31 267,8 milliards de dollars Lire la suite page 16 LeMonde Job: WMQ3110--0002-0 WAS LMQ3110-2 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0630 Lcp: 700 CMYK
2 INTERNATIONAL LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999
EUROPE A l’unanimité de ses guïté, rejetant les arguments français çais, et en particulier pour l’Agence sur laquelle l’unanimité s’est faite VERNEMENT britannique préfère ne seize membres, le Comité scientifique visant à rétablir l’embargo sur les ex- française de sécurité sanitaire des ali- quant à l’impossibilité de parvenir à pas pavoiser, et attend que Paris directeur (CDS) de la Commission eu- portations de bœuf britannique. ments (Afssa). b À BRUXELLES, le dé- un « risque zéro », mais sur la gestion prenne des mesures pour sortir rapi- ropéenne a rendu vendredi soir b L’ÉCHEC est cuisant pour le gouver- bat entre les scientifiques n’a pas por- du risque et le seuil d’application du dement de la crise. (Lire aussi notre 29 novembre un verdict sans ambi- nement et pour les scientifiques fran- té sur l’évaluation du risque, question principe de précaution. b LE GOU- éditorial page 16.) Paris subit un revers cinglant à Bruxelles dans la « guerre du bœuf » A l’unanimité, les experts de la Commission européenne ont jugé que les mesures prises par Londres sont suffisantes pour justifier la levée de l’embargo sur le bœuf britannique. La question de la gestion du risque et du seuil acceptable du principe de précaution reste posée BRUXELLES sécurité sanitaire des aliments (Afs- aux prévisions scientifiques. Il in- celle-ci, comme sous l’emprise de problème apparemment du côté sistent sur l’utilité que représente- (Union européenne) sa) ne sont pas fondées. Ces dique que les précautions prises l’affaire du sang contaminé, aurait allemand, où le gouvernement a su ront dans la lutte contre l’épizootie de notre correspondant conclusions, adoptées à l’unanimi- par Londres sont suffisantes. mis la barre trop haut dans l’appli- jusqu’ici gérer discrètement un les tests permettant de déceler les « Les viandes et produits de té des seize membres du CSD, ont Dans ces conditions, pourquoi cation du « principe de précau- dossier pourtant au moins aussi bêtes malades dès la période d’in- viande exportés du Royaume-Uni été accueillies avec satisfaction par les discussions du CSD ont-elles tion ». « Il ne faut pas me demander sensible pour l’opinion qu’en cubation. Français et Anglais dans le cadre du DBES [le schéma la Commission, mais elles placent été aussi longues ? Pourquoi les ex- de dire que notre avis signifie le France. « J’ai discerné une volonté peuvent souligner leur volonté décrivant les précautions à prendre dans une situation embarrassante perts du « sous-groupe ESB », qui risque zéro. Cependant nous faisons d’arriver à une solution amiable », a d’accélérer la phase d’expérimenta- pour réaliser ces exportations] sont le gouvernement français. avait auparavant préparé ses tra- des recommandations pour nous en constaté le commissaire Byrne, fai- tion de ces tests et, en attendant tout aussi sains que ceux en prove- L’Afssa avait cru relever un cer- vaux, étaient-ils divisés ? Le profes- rapprocher », a commenté le pro- sant référence à ses contacts avec qu’elle soit achevée, Londres ac- nance de n’importe quel autre Etat tain ralentissement dans la diminu- seur Gérard Pascal, qui est français fesseur Pascal. Jean Glavany et Dick Brown, les cepter quelques mesures de pré- membre » : le communiqué publié tion des cas d’ESB (encéphalopa- et qui préside le CSD, s’est em- ministres français et britannique de cautions supplémentaires. vendredi soir par le Comité scienti- thie spongiforme bovine) ployé à écarter le doute que pou- « SOLUTION AMIABLE » l’agriculture. Compte tenu de l’avis rassurant fique directeur (CSD) de la outre-Manche, pouvant accréditer vaient faire surgir de telles ques- Reste à solder les comptes : deux Dès mardi, M. Glavany évoquait du CSD, il est difficile d’imaginer Commission européenne, après l’idée qu’il existait une troisième tions. Il a expliqué qu’effecti- pays qui maintiennent l’embargo la possibilité d’une solution « scien- que l’effort dans ce sens puisse al- deux jours de réunion, légitime voie de contamination, autre que vement des divergences étaient – la France et l’Allemagne – n’ont tifique et politique ». Pour ce faire, il ler très loin. Mais les Français sont complètement la décision des au- les deux identifiées (par les farines apparues au cours de la discussion, plus de justification pour ne pas convient que les Anglais, qui ont désormais isolés. Si un arrange- torités communautaires de lever à animales, et de la vache au veau) ; mais qu’elles ne portaient pas sur appliquer la décision communau- désormais beaucoup de cartes en ment entre Londres et Paris n’est compter du 1er juin 1999 l’embargo et donc un risque supplémentaire l’essentiel, à savoir l’évaluation du taire. Le ton, vendredi à Bruxelles, main, s’y prêtent. Il est vrai, comme pas rapidement trouvé, il n’est pas imposé à la viande de bœuf britan- de transmission de la maladie aux risque. n’était pas à la confrontation. Da- les événements des derniers jours douteux que la Commission enga- nique. consommateurs de viande. A la lu- C’est au niveau du risque accep- vid Byrne, le commissaire (irlan- l’ont illustré, qu’au petit jeu de l’es- gera la procédure d’infraction pré- En sens inverse, il indique de la mière des statistiques les plus ré- table que se situe la différence dais) responsable, a expliqué qu’il calade des mesures de rétorsion les vue par le traité, avec à la clé un re- manière la plus nette, et sans lui centes, le CSD explique qu’il n’en d’appréciation, à la fois specta- faudrait aux gouvernements quel- deux pays, sans parler de l’Europe, cours devant la Cour européenne donner d’arguments pour sauver la est rien : le nombre de cas enregis- culaire et difficilement admissible ques jours de réflexion pour assi- sont perdants. Les recommanda- de justice de Luxembourg. face, que les préoccupations mani- trés en Grande-Bretagne continue pour le citoyen moyen, entre le miler l’avis du CSD, et il s’est mon- tions du CSD peuvent aider à bâtir festées par l’Agence française de bien à décroître, conformément CSD et l’Afssa. En simplifiant, tré « confiant ». Il n’y a pas de le compromis : les scientifiques in- Philippe Lemaître A Londres, les autorités La gestion du risque, une question autant politique que scientifique La décision inattendue, rendue pays du continent. Le Portugal, plus sion de la vache au veau) sont les ladies à prion (jusqu’à trente ans ou publique vendredi 29 octobre, du particulièrement touché par l’ESB, seules. Comment comprendre que plus) aucun expert ne se risque au- ont le triomphe modeste comité scientifique directeur de la fait depuis un an l’objet d’un em- la majorité des bovins actuellement jourd’hui à prédire le nombre à ve- LONDRES prochaine par la commission pour Commission européenne, est le der- bargo sur ses viandes bovines, dé- victimes de l’ESB soient (en nir de victimes humaines : les esti- de notre correspondant les exportations de British Beef, nier élément en date d’une gestion crété par Bruxelles : à la différence Grande-Bretagne et ailleurs) nés mations varient entre quelques Le grand chelem ! Seize experts fournirait à Lionel Jospin la feuille chaotique du dossier de l’encépha- de celui visant la Grande-Bretagne, après l’interdiction de l’usage des centaines et plusieurs dizaines de à convaincre, seize convaincus, à de vigne qu’il espère sans doute. lopathie spongiforme bovine (ESB, il n’a été l’objet d’aucune tentative farines animales ? Comment expli- milliers de cas. l’unanimité, que « le bœuf britan- Et Tony Blair n’en ferait pas un ca- ou maladie de la « vache folle »), de levée, malgré un nombre de cas quer que les autorités britanniques b L’embargo de 1996 et le refus nique est aussi sain que n’importe sus belli. Ce dernier s’est d’ailleurs l’une des principales menaces sani- beaucoup plus faible qu’en Grande- soient toujours confrontées à une français de sa levée. La découverte quel autre en Europe ». Victoire to- engagé, sans précision de date ni taires dans le domaine alimentaire. Bretagne. épidémie (près de 3 000 cas sont an- de la transmission du prion du bo- tale pour Londres, défaite en rase menace sous-jacente, à « travailler b Les débuts de l’épidémie. For- vin à l’homme est, depuis 1996, à campagne pour Paris. La presse pour s’assurer que la décision [des mellement détectés pour la pre- l’origine d’un embargo décrété ini- britannique exulte. Le Daily Mail experts] sera mise en œuvre ». Son mière fois en 1986 sur le sol britan- Quel avenir pour l’Agence sanitaire française ? tialement par la France, auquel de- titre : « La France est grillée », The ministre de l’agriculture, Nick nique, les premiers cas d’ESB vait vite se ranger la Commission Times la dit « en déroute », les syn- Brown, espère que Paris va lever devaient rapidement être diagnosti- En estimant qu’aucune nouvelle donnée scientifique ne justifiait européenne. Londres prit ensuite, dicats de marchands de viande « très rapidement » son embargo qués puis confirmés, grâce à un re- de rétablir l’embargo qui, depuis mars 1996, frappait les viandes bo- au sommet européen dit de Flo- triomphent, Tony Blair, plus sobre, et se réjouit à l’avance de pouvoir marquable travail des services vété- vines britanniques, le comité scientifique directeur de la Commision rence, une série d’engagements vi- se félicite de « l’excellente nou- « boire un verre de vin français dès rinaires britanniques portant sur la européenne a-t-il désavoué le travail mené par la jeune Agence sant à réduire, sinon à prévenir to- velle », pour lui et pour l’Europe. la semaine prochaine avec [son] consommation par les bovins de fa- française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), dirigée par Mar- talement, le risque infectieux L’opposition conservatrice ré- collègue Jean Glavany ». Mais, rines animales de viandes et d’os tin Hirsch ? C’est l’analyse faite par M. Hirsch, au vu des conclusions inhérent à la consommation de ses clamait des mesures punitives conciliant, il précise que ce n’est contaminées par un prion patholo- du groupe des experts français, présidé par le docteur Dormont, qui dérivés bovins destinés à l’exporta- contre la France et moquait à pas à lui « d’imposer un calen- gique, agent transmissible non avait conduit le gouvernement français à ne pas lever l’embargo, tion. Bruxelles jugeant, notamment grands cris la « confiance naïve » drier ». conventionnel à l’origine d’une contrairement aux dispositions communautaires. sur la base des inspections de ses du premier ministre à l’endroit de Le seul ministre britannique en nouvelle affection neurodégénéra- La question est d’autant plus complexe que Gérard Pascal, spécia- services, que ces engagements Bruxelles : elle avait tort, et lui rai- exercice à s’être imposé – au tive de longue incubation et d’issue liste français de nutrition et président du CSD, est aussi le président avaient pour l’essentiel été tenus, son. « Nous le disions depuis le dé- grand dam de Tony Blair – un boy- toujours fatale. Les autorités britan- du conseil scientifique de l’Afssa. En revanche, le gouvernement décidait en juin 1999, en accord avec but, a souligné M. Blair, nous cottage « personnel » mais très pu- niques prennent alors une série de français n’estime pas, aujourd’hui, que l’Afssa soit décrédibilisée. une majorité des Etats membres, avions la loi et la science de notre blic des produits du terroir hexa- mesures progressives d’interdiction L’Agence sera ainsi étroitement associée, les prochains jours, à la que l’embargo devait être levé le côté. Nous avons montré qu’en res- gonal depuis quinze jours espère de l’usage de ces farines dans l’ali- réflexion gouvernementale et à la décision de suivre ou non les in- 1er août. pectant les règles et en défendant pouvoir vite annuler l’autopuni- mentation des animaux d’élevage. jonctions de la Commission européenne. C’était compter sans les réti- nos positions calmement mais éner- tion qu’il s’était infligée, « non par Elles ne devaient toutefois pas par- cences procédurales de l’Allemagne, giquement, il est possible pour la esprit de revanche, mais par solida- venir à atteindre leur objectif avant, où le Bundesrat ne se prononcera Grande-Bretagne de gagner en Eu- rité avec les agriculteurs » de son au mieux, la seconde partie des an- b Les nouveaux mystères des noncés pour 1999) et qu’elles que dans plusieurs mois sur la levée rope. » pays. « La balle est dans le camp nées 90. Il est aujourd’hui établi que modes de transmission. L’une des semblent ne pas être en mesure de de l’embargo. C’était compter sur- Gagner ? En réalité chacun sait français, précisait M. Brown ven- des farines contaminées ont, durant principales difficultés à laquelle sont l’éradiquer avant longtemps ? tout sans les nouvelles analyses bien ici que l’éventuelle levée de dredi soir, j’espère qu’ils sentiront cette longue période, été illégale- aujourd’hui confrontées les autori- Les experts avancent différentes scientifiques que Paris avait deman- l’embargo français ne changera que leurs préoccupations ont été ment exportées vers différents pays tés scientifiques et politiques tient hypothèses (transmission de l’agent dées à l’Agence française de sécuri- pas grand-chose immédiatement proprement et scientifiquement de l’Union européenne, dont la au fait que rien ne permet d’affir- pathogène entre bovins, nouvelle té sanitaire des aliments (Afssa), qui aux résultats catastrophiques de traitées. » France. Ce qui explique les contami- mer que les deux voies connues de évolution de cet agent, réservoir in- conduisirent la France à décider, le l’exportation britannique de nations ponctuelles observées ces contamination des bovins (par les connu non contrôlé) qui font re- 1er octobre, de maintenir, pour des viandes. L’Italie, qui a levé l’em- Patrice Claude dernières années dans différents farines infectées et par la transmis- douter l’installation de cette affec- raisons sanitaires, cet embargo. bargo au 1er août, n’a pas acheté tion sur un mode endémique dans b La portée de l’affaire du sang un gramme de bœuf anglais de- le cheptel bovin britannique, repro- contaminé. L’interprétation fran- puis. Le Danemark, dans la même duisant le modèle de la tremblante çaise du principe de précaution ré- situation, en a fait venir... 69 kilos Embarrassé, le gouvernement français du mouton, autre maladie à prion sulte-t-elle ici des affaires judiciaires en tout et pour tout. Bref, une ba- présente depuis deux siècles dans ce développées dans le champ sani- taille symbolique est remportée, pays. taire, celles du « sang contaminé » mais pas encore la guerre. Reste à veut prendre son temps pour réagir b Le mode de transmission de notamment ? Dans ce dernier cas, voir notamment comment les au- la maladie à l’homme. La gestion la France est le seul pays au monde torités françaises, qui espéraient LE GOUVERNEMENT français a saire européen chargé de la lités » après la décision des experts de la crise de la « vache folle » en où des hommes politiques ont dû au moins sauver la face grâce à fait savoir, vendredi 29 octobre, consommation, Après avoir pris européens, car « il s’agit d’une déci- Grande-Bretagne (où près de subir des poursuites judiciaires, une ou deux voix d’experts dissi- qu’il ne commenterait pas la déci- connaissance des conclusions du sion politique ». M. Guyau « s’en re- 200 000 animaux ont été atteints et créant dans la classe politique une dents, vont réagir. Entêtement, ca- sion des experts du comité scienti- CSD, José Bové, membre fondateur met pleinement à l’avis des scienti- où près de la moitié des troupeaux extrême sensibilité à la gestion du pitulation ou esprit de compro- fique directeur (CSD) de la de la Confédération paysanne, a fiques ». « Je demande aux Anglais était concernée) a jusqu’en 1996 été risque. mis ? Commission européene qui ont re- pour sa part déclaré vendredi soir de tout mettre en œuvre pour que la fondée sur le postulat rassurant se- Ces diverses affaires ont conduit jeté, à l’unanimité, les arguments qu’il fallait « suivre » son avis. « Si le levée du boycott à l’égard des pro- lon lequel l’ESB n’était pas trans- à la création de l’Afssa et à la disso- « UNE ACTION EN JUSTICE » français en faveur du rétablisse- comité a pris cet avis, c’est qu’il n’y a ducteurs francais soit immédiate », missible à l’homme. La Commission ciation claire entre l’évaluation et la A Londres, mis à part quelques ment de l’embargo frappant le pas d’autres arguments de la poli- a-t-il ajouté. Il a aussi exigé que «le européenne et la majorité des Etats gestion du risque sanitaire. C’est tories enragés, quelques organes bœuf britannique. Paris souhaite tique française, a-t-il jugé. Le gouver- gouvernement français demande des de l’Union ont sans difficulté retenu dans ce cadre qu’ont été amenés à de la presse de caniveau et Ben étudier le document détaillant les nement français doit maintenant tirer règles de traçabilité très strictes pour cette hypothèse. Tout fut brutale- travailler, en toute indépendance, Gill, le président du syndicat des arguments de ces experts, docu- les leçons de cette affaire. Soit il fait protéger le consommateur et rassurer ment remis en question au début de les trente experts du groupe ad hoc fermiers (NFU), qui trouvaient en- ment qui ne devrait pas être trans- des propositions pour améliorer le le producteur ». 1996, lorsque le gouvernement bri- présidé par le docteur Dominique core vendredi soir l’énergie vindi- mis avant plusieurs jours. Marylise système de fonctionnement entre la En France, le débat va se pour- tannique de John Major reconnut Dormont, expert de renommée cative de fustiger, après la victoire, Lebranchu, secrétaire d’Etat aux Commission européenne et un pays suivre la semaine prochaine. Selon officiellement que le prion patholo- mondiale des maladies à prion. « l’arrogante attitude française », PME et au commerce, a toutefois adhérent, soit il accepte le système tel des sources parlementaires, l’am- gique bovin avait, vraisemblable- C’est aussi dans ce cadre que le l’atmosphère est au triomphe mo- estimé, vendredi, que « par rapport qu’il est. » Pour M. Bové, « il faut bassadeur de Grande-Bretagne à ment, franchi la « barrière d’es- gouvernement a décidé de suivre deste. Tim Yeo, ministre fantôme à l’ensemble des consommateurs ci- que le principe de précaution, qui est Paris, Michael Jay, doit se rendre à pèces » et pouvait, par voie les recommandations de l’Afssa. conservateur de l’agriculture, pou- toyens », l’avis des scientifiques eu- dans tous les discours, ait un cadre l’Assemblée nationale, mercredi alimentaire, provoquer chez Aucun autre pays de l’UE ne s’est, vait réclamer « une action en jus- ropéens est « plutôt rassurant ». concret d’application, et qu’il soit dis- 3 novembre, pour un « échange de l’homme une nouvelle forme, tou- jusqu’à présent, doté d’un tel sys- tice immédiate contre la France », « Une décision de scientifiques ne cuté au niveau européen au prochain vues » avec les députés de la jours mortelle, de la maladie neuro- tème, qui permet aux responsables de manière à lui réclamer «de peut choquer personne », a-t-elle conseil des ministres de l’agriculture commission d’enquête sur la sécuri- dégénérative dite de Creutzfeldt-Ja- politiques de fonder leur action sur justes compensations financières ajouté. et de l’environnement ». té sanitaire de la filière alimentaire kob. une démarche scientifique sans am- pour nos agriculteurs », le gouver- En déplacement en Guadeloupe en France. La création de cette Depuis, on dénombre une cin- biguïté. nement travailliste, lui, laissait avec Lionel Jospin, Mme Lebranchu a « UNE DÉCISION POLITIQUE » commission, présidée par Félix Ley- quantaine de cas humains identifiés Ce qui explique sans doute que clairement entendre que, s’il était annoncé qu’une réunion serait or- Pour Luc Guyau, président de la zour (PCF, Côtes-d’Armor), avait en Grande-Bretagne. Compte tenu l’ambassadeur de Grande-Bretagne prêt à intenter un procès aux ganisée dès mardi 2 novembre à Pa- Fédération nationale des syndicats été votée, le 7 octobre, à l’unanimi- du volume des viandes et abats bo- en France ne craignait pas, pour sa Français dans le cas où ils s’entête- ris avec les experts français et Do- d’exploitants agricoles (FNSEA), la té et avec le soutien du gouverne- vins potentiellement infectés ayant, part, de réfuter ces derniers jours raient, il préférait nettement un minique Gillot, secrétaire d’Etat à la France doit « maintenant négocier ment, alors que la France se trou- depuis 1986, pu entrer dans les cir- les arguments développés par les arrangement diplomatique. santé. Les responsables français de- pour la mise en application de la le- vait en plein bras de fer avec cuits alimentaires humains, et experts français. En clair, un petit contrôle sup- vraient, selon elle, rencontrer le vée d’embargo ». « Le gouvernement l’Union européenne sur le bœuf bri- compte tenu aussi de la durée de plémentaire, préconisé la semaine 4 novembre David Byrne, commis- français doit prendre ses responsabi- tannique. l’incubation chez l’homme des ma- Jean-Yves Nau LeMonde Job: WMQ3110--0003-0 WAS LMQ3110-3 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0631 Lcp: 700 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 / 3
Tchétchénie, Arménie, Géorgie : Moscou manœuvre Le Monténégro prépare contre l’indépendance transcaucasienne sa souveraineté monétaire La volonté de revanche russe et le pétrole expliquent les événements récents Le pays veut s’affranchir de la fédération Pour de nombreux experts, il n’y a pas de simple d’assassinat du président géorgien. Moscou différents pays de la région. Le tracé du futur yougoslave en introduisant le mark coïncidence entre la guerre en Tchétchénie, le tente de maintenir son hégémonie dans le Cau- oléoduc qui doit passer par la Russie ou la Tur- massacre au Parlement arménien et la tentative case et d’empêcher les rapprochements entre les quie avive les conflits d’intérêts. comme monnaie parallèle, aux côtés du dinar
TBILISSI Une région sous influence Russie. Le Kremlin ne l’a jamais IGALO (Monténégro) s’établirait, à la demande des syndi- de notre envoyée spéciale accepté. Dans l’entourage du pré- de notre envoyée spéciale cats, à 50 deutschemarks. « Le problème avec les théories sident géorgien, nul ne doute que C’est dans un complexe hôtelier Steve Hanke, un économiste amé- du complot dans la région, c’est que FÉDÉRATION DE RUSSIE l’attentat raté qui l’a visé, le 5 fé- dominant les eaux de l’Adriatique, ricain qui conseille le président Dju- 1 la plupart sont vraies », soupire vrier 1998, fut commandé à Mos- entre béton et palmiers, que s’est kanovic pour la réforme monétaire, Mer Noire Dennis Sammut, directeur de 2 cou ; même si les exécutants peut-être jouée l’une des étapes de propose qu’un « mark monténé- 3 l’ONG londonienne Links, actif de- 5 Grozny étaient des extrémistes tché- « l’affranchissement » du Monténé- grin » succède un jour au deutsche- puis cinq ans dans les zones de 7 4 Makhachkala tchènes et géorgiens. gro vis-à-vis de la Serbie. L’un des mark, comme moyen légal de paie- 1 RÉP. DES ADYGHÉENS 6 conflits du nord et du sud du Cau- GÉORGIE Les réactions occidentales deux « verrous » (l’armée et la mon- ment dans la république. M. Hanke RÉP. DES KARATCHAÏS- 8 DAGHESTAN case, foyer du nouveau « grand 2 TCHERKESSES furent très vives. La Géorgie est le naie) qui lient encore, tant bien que a participé, ces dernières années, à jeu » qui s’est rallumé de façon RÉP. DEKABARDINO- Tbilissi Mer troisième plus important récipien- mal, les deux républiques au sein de la mise en œuvre, dans des pays 3 9 sanglante autour des richesses de BALKARIE Caspienne daire d’aide américaine par tête la fédération yougoslave, a baltes, de « directoires monétaires »,
4 OSSÉTIE DU NORD la Caspienne. Pour cet expert oc- ARMÉNIE AZERBAÏDJAN d’habitant (après Israël et commencé à sauter. système ancrant la monnaie locale à cidental rencontré à Tbilissi, l’Egypte), et le Kremlin aurait Si l’armée yougoslave continue une devise forte et qui avait permis 5 INGOUCHIE Erevan Bakou comme pour divers représentants TURQUIE compris que M. Chevardnadze d’exister, la monnaie commune, le de consolider l’indépendance de ces de la classe dirigeante géorgienne, 6 TCHÉTCHÉNIE doit être chassé autrement. Une dinar, pourrait prochainement dis- républiques face à Moscou. il n’y a pas de simple coïncidence 7 RÉP. D'ABKHAZIE des tentations de Moscou est paraître de bien des transactions au entre la série d’événements qui se d’amener au pouvoir Aslan Aba- Monténégro. Quatre mois après la GESTE DE DÉFI sont précipités dans la région, à 8 OSSÉTIE DU SUD chidze, roitelet de l’Adjarie et ami fin des bombardements de l’OTAN, Le Monténégro et la Serbie ont IRAN 300 km commencer par la deuxième 9 RÉP. D'ADJARIE des militaires russes, toujours dé- qui avaient exacerbé les tensions entamé cette semaine une série de guerre de reconquête lancée en ployés dans cette province fronta- entre les deux capitales, cette évolu- difficiles négociations au niveau des Tchétchénie par la Russie, en pas- lière de la Turquie, qui s’arrogent tion est autant politique qu’écono- partis politiques, sur le devenir de la sant par le massacre, filmé en di- cendant que cet ex-ministre de la Mais, dans le même temps, le toutes les taxes douanières. mique. Le président du Monténé- fédération. Le président Djukanovic rect, des principaux dirigeants ar- défense avait acquis en Arménie. vieux « renard » de Bakou recevait Un nouveau moyen de peser sur gro, Milo Djukanovic, a déclaré lors cherche à obtenir l’accord de Bel- méniens réunis, jeudi 28 octobre, Tout en gardant la haute main sur son homologue turc, Suliman De- les dirigeants de Transcaucasie a d’une conférence réunissant, du 27 grade sur un document « redéfinis- au Parlement d’Erevan. l’armée, il avait su se créer une mirel, pour relancer le projet été activé par Moscou en Tché- au 29 octobre à Igalo, hommes d’af- sant » les liens entre les deux répu- Si le choc ainsi subi par l’Armé- base politique solide en faisant al- d’oléoduc sur la côte turque, che- tchénie. « L’Europe a tort de croire faires, diplomates américains et diri- bliques, qu’il a présenté le 5 août. nie a, semble-t-il, plongé dans le liance avec Karen Demirtchian, val de bataille des Américains dans que les Russes finiront par écraser geants monténégrins, que « le gou- Des politiciens monténégrins silence sa classe politique tradi- l’ancien patron communiste, préfi- la région. Plus grave encore pour sans bruit les Tchétchènes. Le dé- vernement et la banque centrale » de parlent de tenir un référendum sur tionnellement prorusse, les gurant un « triumvirat » restauré Moscou : la société BP Amoco, qui bordement de la guerre sur la Géor- la république pourraient prendre l’indépendance « au printemps », si langues se délient, en revanche, avec les présidents de Géorgie dirige le premier consortium ex- gie est inévitable, ce n’est plus « dans les jours qui viennent » le une entente n’intervient pas avec la chez sa voisine « émancipée », la – Edouard Chevardnadze – et ploitant le pétrole azéri de la Cas- qu’une question de temps », affirme contrôle du « système monétaire ». Serbie. L’extrémiste serbe Vojislav Géorgie, où se déroulent, di- d’Azerbaïdjan – Gueïdar Aliev. Cet pienne, a annoncé qu’elle ne s’op- Dennis Sammut. « Nous avons plusieurs modalités » Seselj, vice-premier ministre serbe, a manche 31 octobre, les élections ascendant a aussi permis à Vazgen posait plus au tracé turc pour pour le faire, a ajouté le jeune diri- rétorqué qu’une sécession mènerait législatives, qualifiées de cruciales Sarkisyan d’engager une politique exporter son brut, malgré son coût EXTRÊMEMENT INQUIETS geant pro-occidental, qui s’efforce, à « la guerre civile ». par les partisans du président pro- de rapprochement avec la Turquie supérieur aux autres voies pos- Moins catégoriques, les diri- depuis son élection en 1997, de Dans un autre geste de défi, le occidental Edouard Chevardnad- et l’Azerbaïdjan, les ennemis de sibles, dont celle passant par la geants géorgiens n’en sont pas maintenir la cohésion dans sa répu- Parlement de Podgorica a adopté ze. Ces derniers craignent, en ef- toujours. Russie... moins extrêmement inquiets. Ils blique de 650 000 habitants, où 40 % jeudi une loi sur la citoyenneté fet, d’être victimes à leur tour de Conformément à son vœu de L’assassinat de MM. Sarkisyan pensent que les Tchétchènes, s’ils de la population, selon des son- monténégrine. Les députés du prin- ce qu’ils appellent « la revanche de lancer une politique régionale in- et Demirtchian, avec six autres dé- devaient être réellement acculés dages, s’oppose à l’idée de rompre cipal parti proserbe, le Parti national la Russie ». dépendante, son président, Robert putés et ministres arméniens, va-t- dans leurs montagnes du Sud, tous les liens avec la Serbie. Selon socialiste (SNP) du premier ministre « Je ne respirerai calmement qu’à Kotcharian, a rencontré plusieurs il remettre en question ce succès franchiront les trois ou quatre cols des analystes locaux et des partici- yougoslave, Momir Bulatovic, ont l’issue du scrutin », déclare Kakha fois tête à tête, ces derniers mois, américain, qui supposait au moins qui s’ouvrent sur la Géorgie, leur pants américains à la conférence, quitté la salle en guise de protesta- Tchitaya, président de la commis- le président azéri, à la grande irri- un début de règlement de la ques- seule voisine sans gardes-fron- l’initiative monténégrine consisterait tion. Les élus indépendantistes du sion parlementaire des affaires tation des Russes, écartés. tion du Haut-Karabakh, situé près tières russes (les derniers ont quit- à introduire le deutschemark petit Parti libéral étaient absents, es- étrangères et candidat du parti au Les médiateurs américains, eux, de l’oléoduc devant rallier la Tur- té le pays cette semaine). Ces cols, comme monnaie parallèle dans la timant qu’« avant d’accorder la ci- pouvoir, l’Union des citoyens. «Le se sont engouffrés dans la brèche, quie en passant par la Géorgie ? déjà enneigés, sont presque im- république, au côté du dinar. Le toyenneté il faut créer un Etat ». Les drame d’Erevan, venant après les poussant un nouveau plan de ré- « L’intégration régionale de l’Armé- praticables en hiver, sauf par des Monténégro veut se prémunir des diplomates américains présents à tentatives d’assassinat du président glementation du conflit du Haut- nie est aujourd’hui brisée net », dé- hommes entraînés ou des réfugiés effets de la campagne de « re- Igalo – soucieux de préserver les Chevardnadze, prouve qu’une nou- persuadés qu’ils fuient une mort construction » lancée en Serbie par frontières dans la région et de ne velle provocation reste possible », certaine. La seule route qui y Slobodan Milosevic. Une campagne pas fournir à Belgrade un prétexte dit-il. Il ne veut pas accuser la Rus- Bombardements meurtriers en Tchétchénie passe, inaugurée cet été, est bom- dont le financement serait essentiel- pour intervenir militairement au sie sans preuve, mais il remarque bardée par les avions russes. Les lement assuré par la planche à bil- Monténégro – incitent leur hôte à la que son «ami», le premier mi- L’aviation russe a repris ses bombardements intensifs sur la capi- gardes-frontières géorgiens n’y lets. modération. L’opposition des Occi- nistre arménien Vazgen Sarkisyan, tale tchétchène, Grozny, dans la nuit de vendredi 29 à samedi 30 oc- laissent plus passer les hommes Pour le Monténégro, petit pays dentaux à une indépendance du devenu le véritable numéro un du tobre, a indiqué, samedi, l’état-major des troupes russes basées en âgés de seize à soixante ans. Les montagneux, dépendant de nom- Monténégro irrite de plus en plus pays, a été tué au moment où «il Ingouchie. Les avions russes ont effectué cinquante sorties dans la réfugiés, qui seraient déjà plus de breuses importations et trafics avec l’élite locale, qui considère que c’est commençait à être indépendant, à nuit, tuant, selon la même source, une centaine de combattants trois mille en Géorgie, marchent la l’Ouest, la chute du dinar provoque bien mal payer en retour sa coopé- coordonner avec la Géorgie une po- tchétchènes. Vendredi, dans l’après-midi, deux avions russes nuit pour échapper aux bombes. de lourdes pertes. La monnaie you- ration durant la campagne aérienne litique régionale et à prendre langue avaient bombardé une colonne de véhicules tchétchènes, près de Ce qui ne suffit pas toujours : plu- goslave aurait perdu près de 40 % de de l’OTAN et la crise des réfugiés. Le sérieusement avec le Pentagone Chaami-Iourt (ouest de la Tchétchénie), sur la route Rostov-Bakou, sieurs blessés furent évacués par la sa valeur depuis la guerre. Le gou- premier ministre Filip Vujanovic a américain ». qui cherchaient à se réfugier en Ingouchie, faisant une cinquantaine Géorgie, a déclaré au Monde le gé- vernement monténégrin doit se réu- reconnu ces jours-ci que l’introduc- de morts, selon Grozny. Un médecin qui a accompagné une quin- néral en chef des gardes-frontières nir le 4 novembre. Certains sug- tion d’une monnaie parallèle était, RÈGLEMENTS DE COMPTES zaine de blessés jusqu’à l’hôpital de Sleptsovsk, en Ingouchie, a géorgiens, Valeri Tchkheidze. gèrent que le mark soit introduit dès pour l’heure, « la solution la moins Un autre député, le président de confirmé à l’AFP que ce bombardement avait « fait de nombreux Lundi 1er novembre, il devait le 1er novembre. Les fonctionnaires risquée » au dilemme qui taraude le la commission sur la coopération morts et plus de trente blessés ». Moscou a démenti, dans la soirée, rencontrer à Moscou les militaires et retraités recevraient alors leur Monténégro. régionale, Mamouka Arechivze, que l’armée russe ait bombardé une colonne de réfugiés, affirmant russes, qui réclament en vain de première paie en deutschemarks fin est plus explicite encore : «Je avoir tiré sur deux camions transportant des rebelles. – (AFP.) s’installer sur cette frontière nord novembre. Le salaire minimum Natalie Nougayrède m’attendais à quelque chose de ce de la Géorgie. « Au risque de voir genre en Arménie, même si je ne ces messieurs de Moscou bombar- pouvais imaginer un scénario si ex- Karabakh, qu’ils voulaient annon- plore M. Arechivze. « Ce massacre der les réfugiés sur notre territoire, trême. Je savais que Serge Sarkis- cer lors du sommet de l’Organisa- a enterré la petite chance apparue. en les qualifiant de terroristes », re- sian [le ministre arménien de la sé- tion pour la sécurité et la Plus personne à Everan ne pourra lève le général Tchkheidze, dont le curité] devait régler ses comptes coopération en Europe (OSCE), en négocier pendant longtemps », ren- budget est fortement subvention- avec le premier ministre, qui lui a novembre à Istanbul. Vazgen Sar- chérit Dennis Jammut. né par les Etats-Unis. « Ce serait arraché, il y a quelques mois, le kisyan en avait posé les jalons en C’est aussi un coup dur pour la alors la fin du projet d’oléoduc Ba- contrôle sur les ventes de carburant. se rendant à Bruxelles et à Was- Géorgie : M. Chevardnadze a kou-Ceyhan, de la nouvelle « route Mais, sans soutien extérieur, il n’au- hington, où il fut très bien reçu, commencé à sortir son pays du de la soie » et du rêve d’une Trans- rait jamais régler ses comptes de notamment par les militaires, alors chaos en 1993, en misant sur les caucasie pacifiée », dit-il. Son ton cette façon. » que son allié Karen Demirtchian projets occidentaux d’en faire une est celui de quelqu’un qui ne croit M. Arechivze énumère les initia- allait donner le change à Moscou. voie de transit entre l’Asie centrale pas totalement à une telle catas- tives du premier ministre assassiné Le président Aliev, de son côté, et l’Europe, notamment pour le trophe. qui ne pouvaient que déplaire au multipliait les bonnes paroles en- brut de la Caspienne et du Kremlin. A commencer par l’as- vers les émissaires du Kremlin. Kazakhstan en contournant la Sophie Shihab Le juge Garzon pourrait inculper des militaires argentins
MADRID Bettino Craxi, réfugié en Tunisie lui qui fut l’autre bête noire de ces extradition pour les juger en Es- de notre correspondante pour éviter la justice de son pays. dernières années, Bettino Craxi. pagne. Une centaine de militaires A l’image de ces justiciers de sé- Que Baltasar Garzon s’en prenne Autant dire que dans ce climat, qui seraient concernés, dont les dix rie noire dont on lui a d’ailleurs à Silvio Berlusconi, élu député eu- a tout d’une réhabilitation de la chefs des trois corps de l’armée, donné le surnom, le juge madrilène ropéen en juin, n’est pas nouveau : première république italienne, la ainsi que ceux de l’Ecole méca- Baltasar Garzon ne désarme ja- depuis deux ans, en effet, le juge a démarche du juge Garzon va à nique de la marine, de sinistre mé- mais. Après avoir déterré quelques ouvert une enquête sur une présu- contre-courant. moire. gros scandales de corruption dans mée fraude fiscale de 5 milliards de Une initiative qui sera un bap- la fin de règne du socialiste Felipe pesetas (11 millions d’euros), dans RANCŒUR TENACE tême du feu politique pour le nou- Gonzalez, contribué à démanteler les comptes de Tele Cinco, la Il en va de même de sa nouvelle veau président argentin, Fernando les réseaux financiers de l’organisa- chaîne espagnole dont la Fininvest initiative visant les militaires ar- de la Rua, car certains de ces mili- tion séparatiste basque armée ETA, de M. Berlusconi détient officielle- gentins, dossier sur lequel il tra- taires avaient été déjà condamnés et signé le mandat d’arrêt interna- ment 25 %. Et le juge a même in- vaille depuis 1996 ; elle va, à coup sous M. Alfonsin et graciés sous tional qui retient, depuis un an à terrogé l’industriel à Madrid. Seu- sûr, à l’encontre de la volonté de M. Menem. Londres, l’ancien dictateur chilien, lement cette fois, estimant que son tranquillité du gouvernement es- Quant au gouvernement espa- Augusto Pinochet, celui que l’on enquête piétine, M. Garzon a de- pagnol, en butte à la rancœur te- gnol, se trouver en délicatesse avec appelle aussi « le juge vedette », mandé, mercredi 27 octobre, tout nace de son allié chilien, à propos l’Argentine après le Chili, deux de pour sa propension à se retrouver simplement la levée de l’immunité de l’affaire Pinochet. Selon le quo- ses clients et alliés, serait une souvent sous les feux de l’actualité, parlementaire de M. Berlusconi au tidien espagnol El Pais – ce que catastrophe. Surtout au moment s’apprête peut-être à accrocher Parlement européen. confirme l’entourage des avocats de présider, à La Havane, un som- deux nouvelles prises à son tableau A l’heure où Giulio Andreotti, des droits de l’homme – Baltasar met ibéro-américain (15 et 16 no- de chasse. qui fut sept fois président du Garzon peaufinerait sa prochaine vembre), que les deux pays du sud La première n’est autre que Sil- conseil, vient d’être doublement demande d’inculpation des res- de l’Amérique latine ont décidé de vio Berlusconi, ex-président du blanchi de l’accusation d’incitation ponsables de la dictature militaire boycotter, en raison du cas Pino- conseil italien, magnat de la presse, à assassinat et association ma- argentine (1976-1983) pour terro- chet. ami et financier de l’ancien et fieuse, des voix nombreuses récla- risme et tortures. controversé dirigeant socialiste ment le retour dans la patrie de ce- Il pourrait ainsi demander leur Marie-Claude Decamps LeMonde Job: WMQ3110--0004-0 WAS LMQ3110-4 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0632 Lcp: 700 CMYK
4 / LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 INTERNATIONAL Les derniers soldats indonésiens Les dirigeants du parti de M. Ouattara sont emprisonnés en Côte d’Ivoire quittent le Timor-Oriental ABIDJAN. Après avoir dormi deux nuits sur un banc de bois dans les locaux de l’école de police, Henriette Diabaté, soixante-quatre ans, se- crétaire générale du Rassemblement des républicains (RDR, centre droit), parti d’opposition d’Allassane Ouattara, candidat déclaré à Dans l’enclave d’Ambeno, un navire français rapatrie des réfugiés et apporte du riz l’élection présidentielle d’octobre 2000, a passé, vendredi 29 octobre, sa première nuit en prison. Comme elle, quatre députés, dont le vice- De très strictes mesures de sécurité avaient été nières troupes indonésiennes (800 à 1 000 sol- quatre ans d’occupation. Les réfugiés re- président de l’Assemblée nationale, et près d’une quinzaine de cadres mises en place samedi 30 octobre à Dili, la capi- dats). Une cérémonie officielle était prévue à viennent à un rythme lent dans les villes dévas- du parti ont été placés sous mandat de dépôt et déférés à la maison tale du Timor-Oriental, pour le départ des der- l’aéroport pour amener le drapeau après vingt- tées du territoire. d’arrêt d’Abidjan. Interpellés, mercredi 27 octobre, à la suite d’une ma- nifestation du RDR qui s’est soldée par des affrontements violents avec OECUSSI (Timor-Oriental) placés » au Timor-Occidental voi- L’enclave d’Ambeno tuerie. « Dix d’entre elles avaient été les forces de l’ordre, ils tombent sous le coup de la « loi anticasseurs », de notre envoyé spécial sin, où les Indonésiens les ont décapitées. Il n’y a pas de mots pour selon laquelle les organisateurs sont responsables des débordements « Je me suis préparé au pire. » déportés ou « convaincus » de décrire ce que j’ai vu », conclut des manifestants. Ils risquent jusqu’à dix ans de prison ferme. Leur pro- D’un œil impassible, Frances Suni fuite. Jackson. Il en a enterré lui-même cès a été fixé au 4 novembre. – (Corresp.) regarde la chaloupe se rapprocher Les soldats australiens de la cinq. Selon une liste publiée par les du rivage de son pays. Une brume Force multinationale d’interven- DJAKDJAKARTAARTA résistants est-timorais, qui fait légère masque le flanc escarpé tion, l’Interfet, ont attendu plus mention de noms de victimes et I Le référendum sur le Sahara d’un mois pour débarquer à Oe- N D TIMOR des conditions dans lesquelles elles O N É REPORTAGE cussi, dont la vulnérabilité géogra- S I E auraient trouvé la mort, une 500 km Des cadavres ont été phique pouvait faire craindre le soixantaine de personnes ont été occidental pourrait être repoussé pire. Les milices anti-indépendan- tuées à Ambeno au mois de sep- abandonnés dans tistes, appuyées par les soldats in- Iles Alor Liquica tembre. NEW YORK. Le référendum d’autodétermination au Sahara occidental les rizières. « Les chiens donésiens, ont eu tout le loisir de Iles Solor pourrait de nouveau être repoussé en raison du nombre de personnes ont mangé leurs corps » se livrer, sans grands risques, à Dili « JE SUIS TELLEMENT DÉSOLÉ » ayant demandé à la dernière minute à être inscrites sur les listes électo- leurs exactions habituelles, avant AMBENO Dans une baraque écroulée, des rales, a déclaré, vendredi 29 octobre, le secrétaire général des Nations de se retirer à quelques dizaines de (Enclave soldats népalais du régiment bri- unies, Kofi Annan. Il a précisé que l’examen de ces quelque 79 000 re- d’une haute montagne qui tombe à kilomètres plus au sud, dans leur du Timor- tannique du deuxième bataillon quêtes pourrait prendre un an et de ce fait influer sur l’organisation du Oriental) pic sur l’étroite bande de territoire « sanctuaire » de l’ouest timorais. Suai Maliana des Royal Gurkha Riffles gardent référendum, fixé au 31 juillet 2000. La consultation était prévue par le où s’étend Oecussi, capitale du dis- Par-dessus la ridelle du camion Mer de Timor 150 km quatre suspects que des Timorais plan de paix signé en 1991 par les autorités marocaines et le Front Poli- trict d’Ambeno. De la mer, on ne de l’armée australienne, qui le leur ont remis, les accusant d’avoir sario – qui milite pour l’indépendance de ce territoire, une ancienne co- TIMOR-ORIENTAL voit encore qu’une rangée de coco- conduit au centre d’Oecussi, appartenu aux milices. L’un d’eux lonie espagnole annexée en 1975 par le Maroc. Elle aurait dû se dérou- tiers, une jungle épaisse et quel- Frances regarde ce qui reste de sa fait le « V » de la victoire et dit ler en 1992 mais a été depuis répoussée à plusieurs reprises. Le Front ques bungalows de style colonial ville natale. Mais, comme ailleurs doucement : « Je ne suis pas un mi- Polisario accuse Rabat d’envoyer des Marocains peupler le territoire construits le long d’une prome- au Timor de l’Est, il n’y a plus été découverts dans un puits, à une licien. » Frances sursaute, le re- pour les faire enregistrer sur les listes et faire pencher la balance vers nade où il a jadis dû faire bon vivre. grand-chose à regarder, à l’excep- quinzaine de kilomètres de là. garde et se jette sur lui en l’em- l’intégration du Sahara occidental au Maroc. – (Reuters.) Quelques instants auparavant, tion de rectangles brûlés marquant D’autres, continue-t-il, ont été brassant. « Pourquoi avez-vous les chaloupes de débarquement l’emplacement de maisons incen- abandonnés dans les rizières. «Les détruit notre pays ? », lui demande- s’étaient extirpées du ventre du Si- diées et des murs écroulés de bâti- chiens ont mangé leurs corps », af- t-il. Le jeune homme au regard La loi sur le commerce avec l’Afrique roco, porte-hélicoptères et trans- ments pillés. firme-t-il. soumis reste un long moment si- porteur de chalands de la marine Le camion s’arrête sur la place Un jeune homme, Jackson Tana, lencieux avant de lui murmurer française qui effectue des missions centrale de ce qui fut le marché. dit avoir vu dix-huit personnes se quelque chose à l’oreille. Plus tard, trébuche au Sénat américain humanitaires au Timor-Oriental. Frances saute. Un homme vient à faire massacrer devant lui dans le Frances dira : « C’est un vieux co- « J’ai vu des photos et je sais déjà sa rencontre, coiffé de la casquette village de Makalab, « abattues à pain d’école. Je ne lui ai pas deman- WASHINGTON. Une loi visant à libéraliser les échanges entre les Etats- que tout est détruit », ajoute bleue des Nations unies. C’est un coups de fusil ou tuées à la machette dé s’il avait été milicien. Mais il m’a Unis et l’Afrique a été enterrée, vendredi 29 octobre, au Sénat, les parle- Frances, un ancien professeur commerçant d’origine chinoise qui, et poignardées par les milices et les simplement dit "Je suis désolé, telle- mentaires ayant échoué à surmonter le dernier obstacle législatif leur d’une trentaine d’années, qui, lors lui aussi, travaillait pour la mission soldats indonésiens ». Jackson ra- ment désolé". » permettant de voter sur ce texte. Cet échec représente un désaveu pour du référendum d’autodétermina- onusienne à Oecussi. Les deux conte qu’il s’était dissimulé der- le président Bill Clinton à un mois des négociations commerciales de tion du 30 août, travaillait ici hommes tombent dans les bras rière des rochers jusqu’à la fin de la Bruno Philip l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui commencent le comme traducteur pour la mission l’un de l’autre. Un petit homme 30 novembre à Seattle. Bill Clinton avait appelé le Sénat jeudi, lors des Nations unies au Timor-Orien- court alors vers Frances en criant. d’une conférence de presse à Washington au côté du président nigé- tal. C’est l’un de ses parents. Il l’étouffe rian, Olusegun Obasanjo, à adopter cette législation « vitale » selon lui dans une longue étreinte. Il san- M. Khatami a sollicité de l’indulgence pour l’Afrique. Le président américain avait lancé cette initiative visant VULNÉRABILITÉ GÉOGRAPHIQUE glote, il gémit : « Tu es là, tu es à libéraliser les échanges avec le continent africain lors d’une grande Début septembre, il avait dû être là !... » « Il me croyait mort », dit tournée en Afrique en avril 1998. Le commerce avec l’Afrique subsaha- évacué avec le reste du personnel Frances. pour la « très jeune » démocratie iranienne rienne représente moins de 1 % du total des exportations américaines pour échapper à la violence des mi- Plus loin, devant l’église, le seul dans le monde. – (AFP.) lices pro-indonésiennes, rendues bâtiment qui a résisté à la violence « SOYEZ SÛRS que leur jugement pour son pays, où la démocratie est furieuses, à Oecussi, par le résultat des milices, des centaines de réfu- sera équitable » et n’oubliez pas « très jeune » et souffre de « ba- DÉPÊCHES de la consultation, qui avait donné giés se sont installés. Ce sont, pour que plus la procédure dure, plus vures ». a ISRAËL/PALESTINE : les principaux acteurs du processus de paix la victoire aux partisans de l’indé- beaucoup, des paysans pauvre- « elle est à l’avantage des accusés », La position de M. Khatami sur le seront lundi 1er et mardi 2 novembre à Oslo à l’invitation de la Norvège pendance. ment vêtus, armés de couteaux et a déclaré, vendredi 29 octobre à Pa- processus de paix israélo-arabe pour commémorer la disparition de l’ancien premier ministre israélien, Dans quelques minutes, les de machettes. Leurs femmes, aux ris, le président iranien Mohamad tient en deux paramètres : «pas Itzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 par un extrémiste juif de quatre chaloupes de la marine dents rougies de bétel, sont assises Khatami. Il était interrogé sur le d’ingérence » dans les décisions des droite. Les participants devraient tenter de favoriser la reprise des né- française vont décharger une cen- sous de grands parapluies pour se sort de treize juifs iraniens accusés parties directement concernées par gociations sur le statut définitif des territoires palestiniens, ouvertes le taine de tonnes de riz destinées à la protéger du soleil brûlant. « Nous d’espionnage au profit d’Israël et le conflit avec Israël, qu’il s’agisse 13 septembre. – (AFP.) population d’Ambeno, district en- étions dans les montagnes, raconte des Etats-Unis (Le Monde du 28 oc- de la Syrie ou du Hezbollah, alliés a IRAK/ÉTATS-UNIS : le premier congrès de l’opposition irakienne clavé dans le Timor-Occidental in- un barbu dans la foule. Quand les tobre). Ces détenus, a souligné de la République islamique, qui, a- depuis sept ans s’est ouvert vendredi 29 octobre à New York, en l’ab- donésien, mais qui fait administra- soldats australiens sont arrivés, je me M. Khatami lors de la conférence t-il dit, « prendront leurs décisions sence toutefois d’importantes formations, surtout chiites. Plus de tivement partie du Timor-Oriental. souviens que nous avons vu, de là- de presse qui a clos sa visite de selon leurs intérêts ». L’autre para- 300 délégués de l’opposition irakienne en exil, taditionnellement très Sur les 57 000 personnes que haut, des miliciens se précipiter vers trois jours en France, sont « ac- mètre est que l’Iran considère tou- divisée, ont répondu à l’appel du Congrès national irakien (CNI). Le comptait le district, seules 4 000 la plage : ils croyaient que c’étaient cusés et non encore jugés ». Ils « sont tefois qu’une paix «durable» doit congrès, selon le CNI, doit « réaffirmer l’unité de l’opposition irakienne, sont revenues à Oecussi. Le reste des navires indonésiens. Ils ont été libres de contacter leurs familles. Ils nécessairement « tenir compte des élire une nouvelle direction, et parvenir à un accord sur une stratégie et un des habitants sont, soit encore ré- déçus ! », ajoute l’homme en riant. ont des avocats ». S’ils ont été incar- droits de toutes les parties ». Or il y a programme d’action en vue de renverser le régime ». – (AFP.) fugiés dans la montagne, soit « dé- Selon lui, plusieurs cadavres ont cérés, ce n’est pas sur la base de aujourd’hui « des millions de Pales- a LIBYE : les deux suspects libyens de l’attentat de Lockerbie en leur religion, mais d’accusations tiniens qui ont été chassés de leurs 1988 ont été inculpés vendredi 29 octobre par les procureurs écossais politiques, et comme tout autre ci- terres ». L’énoncé est clair, mais il qui mènent l’accusation à leur procès aux Pays-Bas. Abdel-Basset Ali El toyen « ils doivent passer en juge- ne permet pas de savoir ce que fe- Megrahi et Al Amin Khalifa Fhima plaident non coupables de l’attentat ment », a ajouté le président ira- rait l’Iran si les « millions de Palesti- à la bombe contre un Boeing de la PanAm qui avait explosé en vol au- nien, non sans avoir d’abord attiré niens » n’étaient pas rétablis dans dessus de Lockerbie le 21 décembre 1988, faisant 270 morts. Leur procès « l’attention » des journalistes sur leurs droits. doit s’ouvrir début février 2000 et pourrait durer plus d’un an. – (AFP.) le caractère « sensible des questions a GÉORGIE : la Géorgie doit élire, dimanche 31 octobre, un nou- de sécurité nationale ». LA VOIE DU « DIALOGUE » veau Parlement, une élection test à six mois de la présidentielle pour L’Iran en particulier, a-t-il dit, a Auparavant, dans une interven- l’actuel président Edouard Chevardnadzé. Deux groupes politiques été la cible de « plusieurs tion devant la Conférence générale sont en concurrence : l’Union des citoyens de Géorgie (CUG) du pré- complots », d’une « vague de terro- de l’Unesco, il avait souhaité un sident Chevardnadzé et le bloc Renouveau de la Géorgie d’Aslan Aba- risme », d’une « guerre imposée » changement « radical et profond » chidzé, président de la région autonome d’Adjarie et virulent opposant. par l’Irak, de « multiples embargos » dans « la pratique concrète de la – (AFP.) et de « pressions et menaces écono- morale politique » à l’échelle inter- a MACÉDOINE : les Macédoniens sont appelés, dimanche 31 octo- miques et politiques ». « Nous nationale. « Si le XXe siècle a été axé bre, à élire le successeur du président Kiro Gligorov. Les sondages sommes donc très sensibles à la sé- sur la force de l’épée, (...) nous de- d’opinion ont longtemps donné en tête Boris Trajkovski, du principal curité », a-t-il souligné, tout en se vons savoir que le siècle prochain de- parti gouvernemental, Organisation révolutionnaire interne de Macé- demandant « pourquoi on parle des vra être celui du dialogue, faute de doine-Parti démocratique pour l’unité nationale macédonienne (Vmro- treize juifs et non des huit musul- quoi l’épée se transformera en lame Dpmne), et Tito Petkovski, de l’Union sociale-démocrate de Macédoine mans » qui ont été incarcérés dans acérée, à double tranchant, qui de M. Gligorov (SDSM, communiste réformé, premier parti d’opposi- le cadre de la même affaire. n’épargnera personne », avait-il tion). Un deuxième tour devrait être nécessaire pour les départager, le M. Khatami s’est en tout cas en- ajouté. 14 novembre. – (AFP.) gagé, en sa qualité de vigile de Il avait invité, sans les nommer, a UKRAINE : le chef de l’Etat, Leonid Koutchma (centre droit), fait « l’application de la Constitutionqui « les Etats qui, s’appuyant sur leur figure de favori pour l’élection présidentielle de dimanche 31 octo- prévoit la séparation des pouvoirs », puissance économique et militaire, bre, face à une gauche éclatée. Treize candidats sont en lice dans la à « faire le nécessaire » si elle n’était pèchent par orgueil en privilégiant la course à la présidence qui se jouera vraisemblablement sur deux tours, pas respectée. C’est le maximum logique de la force et de la domina- à la majorité absolue puis simple, les 31 octobre et 14 novembre. – (AFP.) qu’il pouvait dire publiquement sur tion », à « préférer la voie de la sa- a CHINE : le Parlement a adopté samedi 30 octobre une loi renfor- cette affaire, dans la mesure où il gesse, en se prêtant au dialogue ». çant la répression des sectes comme le mouvement bouddhiste Fa s’est érigé en champion du respect Pour lui, il serait toutefois « naïf et Lun Gong qui défie le régime depuis plusieurs mois, a rapporté Chine des lois et de la Constitution de la simpliste » de parler « de paix et de nouvelle. La secte, qui revendique des dizaines de millions d’adhérents République islamique. Mais en réa- compréhension mutuelle, sans es- en Chine, a été interdite le 22 juillet. – (AFP.) lité, le pouvoir judiciaire, au regret sayer de réduire la distance affolante des avocats, est hautement politisé entre la richesse et la misère » et en Iran. sans venir en aide aux « déshérités Au Pakistan, l’armée ne donne pas Sur la minorité bahaïe, dont les du monde ». quelque 400 000 membres sont Au ministère français des affaires soumis à des brimades et privés de étrangères, on estimait vendredi de date pour le retour à la démocratie droits élémentaires, M. Khatami a que la visite de M. Khatami «a affirmé, contre toute évidence consacré le soutien » que Paris en- NEW DELHI. Le nouvel homme fort du Pakistan, le général Pervez constatée par le rapporteur des tend « apporter à sa politique d’ou- Moucharraf, ne veut pas s’enfermer dans un cadre rigide en annonçant droits de l’homme de l’ONU et tous verture et de réformes ». Dans le do- une date pour le retour du processus électoral. Recevant vendredi les témoignages, que seul le statut maine politique, les échanges 29 octobre une délégation du Commonwealth conduite par le ministre de « religion officielle » lui était re- seront plus nombreux et réguliers ; canadien des affaires étrangères, Lloyd Axworthy, le général Mouchar- fusé. Il a estimé que des facteurs dans le domaine culturel, un centre raf s’est contenté de réaffirmer son engagement de respecter les liber- « politiques » entraient en jeu de langue française pourrait être tés fondamentales. Le général a refusé à la délégation de rencontrer « lorsqu’on parle de certains groupes ouvert à Téhéran ; par ailleurs, des l’ancien premier ministre, Nawaz Sharif, lui accordant de s’entretenir religieux » et que se révélait ainsi le perspectives s’offrent dans le sec- par téléphone avec lui, ce que ce dernier aurait refusé. Apparaissant rôle « des lobbies internationaux ». teur des transports, de l’énergie et pour la première fois en public depuis le coup d’Etat du 12 octobre, Plus généralement, à propos des li- des télécommunications. Mme Sharif a affirmé que les militaires ont offert à sa famille de quitter bertés, le président iranien a impli- le Pakistan et la politique, ce qu’elle aurait refusé. – (Corresp.) citement sollicité de l’indulgence Mouna Naïm LeMonde Job: WMQ3110--0006-0 WAS LMQ3110-6 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 11:15 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0634 Lcp: 700 CMYK
6 FRANCE - SOCIÉTÉ LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999
GOUVERNEMENT Lionel Jos- et des finances à la suite de la dépo- ayant accordé un réquisitoire sup- examen ou une audition du ministre cien directeur général de la MNEF, pin et Dominique Strauss-Kahn se sition d’un ancien dirigeant de la plétif pour « faux et usage » contre comme « témoin assisté », cette der- Olivier Spithakis, a dû s’expliquer sont entretenus, au cours des der- MNEF. Le premier ministre paraît en- M. Strauss-Kahn, les juges ont le nière éventualité nécessitant un ac- sur la trentaine de comptes ban- niers jours, du risque de mise en clin à ne pas imposer à son ministre choix entre deux solutions : une cord du conseil des ministres. caires qu’il possède dans divers pays examen du ministre de l’économie de démissionner. b LE PARQUET leur convocation à des fins de mise en b LORS de son interrogatoire, l’an- européens (lire aussi pages 7 et 8). Lionel Jospin face au dilemme Strauss-Kahn Alors que le ministre de l’économie et des finances, pilier de son gouvernement et garant de la confiance économique, est menacé de mise en examen, le premier ministre incline, pour l’heure, à lui conserver son soutien et à ne pas lui imposer de démissionner QUELS QUE SOIENT les déve- servé sur le sujet. Estimant, le beaucoup de son ami. Faut-il faire oubliés, M. Strauss-Kahn a donc, tron de Bercy hors des frontières : M. Strauss-Kahn pour le Vietnam loppements de l’affaire de la 8 mars 1998, sur Radio J, qu’il l’inventaire de toutes les idées que depuis 1997, un rôle irremplaçable. aussi bien auprès de nombreux – dont il ne rentrera que dimanche MNEF, la mise en cause de Domi- s’agissait d’« une règle morale assez M. Strauss-Kahn a apportées à Alors que, durant des années, gouvernements étrangers que des 31 octobre, c’est-à-dire moins pré- nique Strauss-Kahn constitue pour correcte », il y voyait pourtant des M. Jospin ? Des emplois-jeunes jus- M. Bérégovoy avait usé de sa popu- grandes institutions ou des mar- cipitamment qu’on ne l’a dit –, ils le gouvernement un séisme, à la effets pervers puisque « ce genre de qu’à la réforme des 35 heures, la larité dans les milieux financiers chés. Selon la formule consacrée ont su que la menace judiciaire se mesure de la place – centrale – qu’il pratique conduit à mettre en cause liste serait trop longue à établir. pour mener une guerre de tran- dans les milieux financiers, il est un précisait et ont eu l’occasion de occupe dans le « dispositif Jospin ». la présomption d’innocence ». Ce qui était vrai durant les an- chées contre ses premiers ministres élément-clé de « crédibilité ». Par s’en entretenir ensemble. Ils savent Le premier ministre pourrait-il en- « Donc, il y a un vrai problème pour nées d’opposition l’a été plus en- successifs, M. Strauss-Kahn a joué surcroît, dans la planète socialiste, aussi que les juges, s’ils disposent visager de se séparer de son mi- savoir comment concilier la morale » core après l’accession de M. Jospin d’une même image, mais pour les autres compétences écono- d’un réquisitoire supplétif, n’ont nistre de l’économie et des finances et la présomption d’innocence, à Matignon. Ne cherchant jamais, à consolider la position de M. Jospin. miques sont peu nombreuses, en pas encore choisi de mettre dans l’hypothèse où il serait mis en concluait le ministre. la différence d’un Pierre Bérégovoy La stratégie a longtemps produit dehors d’un François Hollande ou M. Strauss-Kahn en examen ou de examen ? Deux thèses s’affrontent dans les gouvernements de Michel son effet. Le gouvernement s’est-il d’un Pierre Moscovici. l’entendre comme « témoin assis- au sein du gouvernement, l’une es- RELATION DE CONFIANCE Rocard et d’Edith Cresson, à user lancé dans l’aventure des té » (lire ci-dessous). timant que la démission est inéluc- Le second indice est la nature du de sa position de force à la tête de 35 heures, au risque d’inquiéter les PAS DE COMMENTAIRES Le ministre des finances a, in- table, l’autre qu’elle ne l’est pas. Se- lien – très fort – qui unit le premier la forteresse de Bercy, M. Strauss- patrons ou les investisseurs étran- Surtout, pour qui connaît la rela- dique t-on de très bonne source, lon des indications concordantes, ministre à son ministre des fi- Kahn a offert au premier ministre gers ? Le ministre des finances, très tion qui lie les deux hommes, il pa- reçu l’assurance du premier mi- Lionel Jospin pencherait pour la se- nances. Jospiniste de la première un « confort » que peu de ses pré- apprécié par les uns comme par les raît évident que la première réac- nistre qu’il lui maintiendrait sa conde position. heure, M. Strauss-Kahn a vécu en décesseurs avaient pu goûter : pilo- autres, a fait son office : rassurer... tion de M. Jospin sera de faire confiance et qu’il lui laisserait le Premier indice : si le premier mi- permanence dans le sillage de son tant les privatisations, même quand Même dans l’hypothèse d’une confiance à son ministre de soin, à son poste à Bercy, d’appor- nistre a pris soin, lors de la consti- mentor. L’un et l’autre savent ce elles pouvaient faire des vagues ; mise en examen de M. Strauss- l’économie et des finances. Vrai- ter la preuve de sa bonne foi. En tution du gouvernement, d’en écar- qu’ils se doivent. Ayant fait le choix négociant un virage budgétaire dif- Kahn, M. Jospin pourrait donc en- semblablement, le premier ministre Guadeloupe, M. Jospin s’est refusé ter les personnalités qui pourraient d’indexer sa carrière sur celle de ficile pour respecter le pacte de sta- visager de ne pas s’en séparer. Si a d’ailleurs déjà pris sa décision. Il à tout commentaire sur le sujet. Il avoir des démêlés avec la justice M. Jospin, M. Strauss-Kahn a été bilité européen, M. Strauss-Kahn a certains ministres jugent, en aparté, faut, en effet, avoir à l’esprit que la semble qu’il ne l’ait même pas évo- (lire page 8), il n’a jamais pris l’en- remercié de sa fidélité en décro- offert un luxe rare à M. Jospin, celui que la « jurisprudence Bérégovoy- déclaration devant les juges de l’an- qué, en aparté, avec les ministres gagement d’appliquer la « jurispru- chant le poste qu’il convoitait de- de pouvoir se reposer sur lui pour Balladur » s’imposerait alors néces- cien responsable de la mutuelle qui l’accompagnaient. Pour l’heure, dence Bérégovoy-Balladur » qui puis si longtemps, celui de patron tout ce qui relève de l’économie, sairement, il n’est pas certain qu’ils étudiante, Philippe Plantagenest, il ne paraît pas enclin à sacrifier son veut qu’un ministre mis en examen de Bercy. Dans cette relation de sans jamais craindre que son mi- soient entendus. D’abord, le pre- qui a mis le feu aux poudres, date ami et principal soutien. donne sa démission. M. Strauss- confiance qui ne s’est jamais dé- nistre ne lui fasse d’embrouilles. mier ministre connaît la très grande du 14 octobre. Avant que M. Jospin Kahn, lui-même, s’est montré ré- mentie, M. Jospin, lui, a obtenu A quelques incidents près, vite réputation dont jouit l’actuel pa- ne parte pour les Antilles et Laurent Mauduit Les juges ont désormais le choix entre une mise Trois précédents LE 14 NOVEMBRE 1994, Michel Roussin, ministre bunal de Paris et, à la suite de l’appel déposé par le en examen et une audition comme témoin assisté de la coopération, était mis en examen par le juge parquet de Paris, cette décision était confirmée, le Eric Halphen pour « recel d’abus de biens sociaux et 27 novembre 1998, par la cour d’appel de Paris. LA DÉCISION du parquet de Pa- d’escroquerie, d’abus de confiance lieu, ou, pire, que le tribunal pro- recel d’infraction à la législation sur la facturation », ris de délivrer, vendredi 29 octobre, et recel, d’abus de biens sociaux et nonce la relaxe, ce n’est pas seule- dans le cadre du dossier des HLM de Paris, En vertu POUVOIR D’« OPPORTUNITÉ » un réquisitoire supplétif contre recel, et d’abus de crédit et recel) ; ment nous-mêmes que nous discré- de la « jurisprudence Balladur », qui veut qu’un mi- Le 11 octobre 1995, enfin, le procureur de Paris, Dominique Strauss-Kahn place ensuite, parce qu’en cas de mise en ditons, mais toute l’institution nistre mis en examen quitte le gouvernement, il an- Bruno Cotte, décidait de ne pas poursuivre le pre- l’éventuelle mise en examen du examen ultérieure les avocats de judiciaire ». De ce point de vue, les nonçait immédiatement sa démission. Treize mois mier ministre, Alain Juppé, dans l’affaire portant ministre de l’économie et des fi- M. Strauss-Kahn auraient pu faire magistrats ont en tête trois précé- plus tard, le juge Halphen rendait, le 15 décembre sur l’attribution de son appartement, rue Jacob, à nances au cœur du débat judi- annuler la procédure au motif que dents : ceux des anciens ministres 1995, un non-lieu en sa faveur, estimant que le Paris. Dans son communiqué, le procureur estimait ciaire. Alors que l’audition même celui-ci, contre qui il existait des in- Michel Roussin et Gérard Longuet, doute devait « bénéficier au mis en examen ». les éléments du délit de prise illégale d’intérêt « suf- de M. Strauss-Kahn ne relevait jus- dices « graves et concordants », contraints de démissionner après Un mois avant M. Roussin, un autre ministre du fisamment caractérisés pour que (...) la responsabilité qu’ici que de l’hypothèse, elle ap- avait été entendu hors la présence avoir été mis en examen ; des an- gouvernement Balladur, Gérard Longuet, avait éga- pénale de M. Juppé soit engagée ». Toutefois, en ver- paraît aujourd’hui inéluctable. Ne de son avocat et que les droits de nées plus tard, l’un avait bénéficié lement été contraint à la démission. Le 14 octobre tu de son pouvoir d’« opportunité », le magistrat reste plus qu’à déterminer le statut la défense n’avaient ainsi pas été d’un non-lieu, l’autre d’une relaxe. 1994, le ministre de l’industrie et du commerce ex- avait décidé de classer sans suite, estimant que la qui sera le sien lorsqu’il se présen- respectés. Le troisième cas concerne Alain térieur avait été mis en examen pour « recel d’abus gravité des faits incriminés ne justifiait pas une dé- tera devant les juges : « témoin as- Juppé, que le procureur de Paris de crédit » par la juge d’instruction parisienne Mi- cision qui aurait abouti à la chute du gouverne- sisté » ou « mis en examen ». n’avait pas voulu poursuivre dans reille Filippini, dans le cadre de l’affaire de la ment. Le réquisitoire du procureur de « Si l’on commet l’affaire de son appartement pari- construction de sa villa de Saint-Tropez (Var). Le la République a, en effet, été pris sien (lire ci-contre). 14 novembre 1997, il était pourtant relaxé par le tri- N. H. non pas contre X... mais contre des une erreur, c’est « Nul doute que, dans la même si- personnes dénommées, à savoir tuation, l’individu lambda serait mis « Dominique Strauss-Kahn, Olivier toute l’institution en examen, souligne un magistrat Spithakis et tous autres ». Une par- parisien. Mais pour un ministre, on La droite reste circonspecte et la majorité prudente ticularité qui trouve ses causes judiciaire que pourrait envisager de l’entendre dans le déroulement de la procé- comme "témoin assisté". ». Cette ON AURAIT PU s’attendre à seille a simplement indiqué : «les grande prudence. Début juillet, dure. Au cours de leur instruction, nous discréditons » disposition du code de procédure une contre-offensive d’envergure. autres ont leurs problèmes. Ça ne Daniel Cohn-Bendit affirmait, à les deux juges, Armand Riberolles pénale, très peu usitée, offre aux Ce fut le service minimum en pa- nous concerne pas. Les électeurs fe- propos des municipales à Paris, et Françoise Néher, se sont trouvés magistrats la possibilité d’entendre reille circonstance. A droite, ven- ront la différence. » Ni Jean-Paul que « chacun sait que Jospin sera placés face à des faits nouveaux. Des faits précis, des personnes une personne mise en cause sans dredi 29 octobre, Patrick Deved- Delevoye ni Michèle Alliot-Marie tout à son élection présidentielle et Un des mis en examen, Philippe clairement incriminées : la de- risquer de voir la procédure annu- jian a été le seul à établir un n’ont pu être contactés. Enfin, Strauss-Kahn rattrapé d’ici là par Plantagenest, a mis en cause la mande de réquisitoire contre per- lée. En l’espèce, elle permet égale- parallèle entre l’affaire de la Jacques Myard (RPR) a même pris l’affaire de la MNEF » (Le Monde réalité du travail effectué par sonne dénommée s’imposait. Le ment d’éviter un tremblement de MNEF et celles de la Ville de Paris. la défense de M. Strauss-Kahn, du 9 juillet). Joint par téléphone, M. Strauss-Kahn en tant qu’avo- parquet disposait cependant en- terre politique. Quitte, si les expli- Tout en soulignant que qui, comme Alain Juppé, est «un vendredi, M. Cohn-Bendit s’est dit cat-conseil de la mutuelle. Devant core de nombreuses possibilités al- cations du ministre ne sont pas M. Strauss-Kahn avait « droit à la homme qui a de la stature et dont la « attentif à tous les scandales qui se ces accusations, les deux magis- lant du classement sans suite à convaincantes, à procéder ensuite présomption d’innocence », le dé- démocratie a besoin ». Quant au nouaient et se dénouaient en trats ne pouvaient pas interroger le l’enquête préliminaire, en passant à sa mise en examen. Une solution puté RPR a assuré que l’affaire de maire de Paris, Jean Tiberi, il n’a France ». Aujourd’hui, il entend ministre comme simple témoin : par la désignation d’un autre juge qui pourrait sembler envisageable, la MNEF « est cent fois plus grave pas souhaité réagir. rester « prudent » et éviter la polé- d’abord, parce que ces faits ne re- d’instruction. Il a choisi de suivre la si ce n’était un détail : pour en- que celle de la Mairie de Paris, puis- mique. « C’est à la justice de faire levaient pas de leur saisine d’ori- requête des deux magistrats en tendre un ministre comme témoin, qu’elle porte sur plus de 20 millions son travail. On saura seulement gine (ouverte contre X..., la charge de l’affaire et de les laisser les magistrats ont besoin de l’ac- de francs ». Cette affaire « ternit « Tous ceux qui dans deux ans qui a totalement tort deuxième information judiciaire instruire eux-mêmes ces faits. cord du conseil des ministres. l’image d’un gouvernement qui se et qui a totalement raison », es- ouverte dans le dossier de la Si cette décision paraît logique, A la chancellerie comme au par- voulait vertueux de la racine des hurlaient à gauche time-t-il. Les Verts sont au diapa- MNEF, le 12 janvier, visait les chefs elle n’est pas exempte de consé- quet de Paris, on expliquait, same- cheveux jusqu’au bout des orteils », son. Jean-Luc Bennahmias, secré- quences. Au ministère de la justice, di matin, qu’il n’existe pas de juris- a indiqué, quant à elle, la députée sur les affaires taire national du mouvement, on ne cache pas qu’en pareil cas, prudence en la matière mais que, si RPR Nicole Catala. considère qu’« il faut que toute la « l’étape suivante est quasi-automa- une telle décision était prise par les Député de Paris et porte-parole qui touchent le RPR transparence soit faite et que la jus- tiquement la mise en examen ». En juges, elle le serait conformément de DL, Claude Goasguen s’en est tice aille jusqu’au bout, mais dans le effet, si les deux magistrats ont ré- à l’article 652 du code de procé- pris à François Hollande, après doivent se mordre calme et la sérénité ». Proche de clamé ce réquisitoire contre per- dure pénal, qui précise : « Le pre- que le premier secrétaire du Parti Dominique Voynet, Denis Baupin sonne dénommée, c’est bien qu’ils mier ministre et les autres membres socialiste eut répété qu’il n’y avait les doigts » estime pour sa part qu’« il n’y a estimaient disposer de charges du gouvernement ne peuvent « aucun financement croisé » entre aucune raison de taire la vérité sur contre le ministre. Si le parquet le comparaître comme témoins le PS et la mutuelle étudiante. «A François Fillon des méfaits commis par des gens leur a accordé, c’est, a priori, qu’il qu’après autorisation du conseil des ce niveau de la procédure, il n’est proches du Parti socialiste comme partageait leur analyse. ministres, sur le rapport du garde plus acceptable de voir le premier sur ceux réalisés par la droite ; la Reste que, comme le dit un juge des sceaux, ministre de la justice. secrétaire du PS jouer les Ponce Pi- Côté UDF, le silence a été total. turpitude des uns ne doit pas cacher de la galerie financière, « la mise en Cette autorisation est donnée par late », a souligné M. Goasguen Vendredi soir, Dominique Paillé, celle des autres ». examen d’un ministre n’est pas ano- décret. » dans un communiqué, en affir- député des Deux-Sèvres et délé- Au Parti communiste, comme au dine. Si l’on commet une erreur et mant que « cette indifférence de fa- gué général de l’UDF, confiait que Mouvement des citoyens, on que l’on doit rendre ensuite un non- Nathaniel Herzberg çade (...) ne pourra pas durer long- la formation présidée par François s’abstient de commenter les démê- temps ». Bayrou ne souhaitait pas être lés judiciaires de la mutuelle étu- Les autres réactions ont dû être « mêlée à la cacophonie d’un duel diante et ses conséquences poli- sollicitées par Le Monde. Parmi les RPR-PS relatif à Paris, qui ne sert tiques. Il est vrai que Robert Hue LES ESSENTIELS DE L’HIVER candidats à la présidence du RPR, pas la classe politique ». vient d’être renvoyé devant le tri- Toujours à prix doux : François Fillon s’est borné à sou- A gauche, les socialistes sont bunal correctionnel pour « recel de Bermudes, Burberry, Barbour, ligner que « tous ceux qui hurlaient très silencieux. A peine Jean Le trafic d’influence » dans une affaire Steinbock, Bruno St-Hilaire, à gauche sur les affaires qui Garrec, président de la commis- du financement du PCF, au début Canasport, GoreTex, touchent le RPR doivent se mordre sion des affaires sociales de l’As- des années 90 (Le Monde du 23 oc- les doigts ». Autre candidat à la semblée nationale, assure-t-il tobre). Au Parti radical de gauche, Laura Lebek, Bartsons... présidence du RPR, Renaud Muse- avoir « toute confiance en la droi- Michel Scarbonchi, vice-président, Catalogue sur simple demande. lier a souligné qu’il fallait « faire ture de "DSK" », tandis que Domi- fait savoir que « le PRG garde toute attention tant qu’une malhonnêteté nique Gillot, secrétaire d’Etat à la sa confiance à Dominique Strauss- n’était pas prouvée ». Interrogé sur santé, souhaite que « la justice Kahn et n’a aucune raison de MON IMPER la mise en garde à vue de François suive son cours sur cette affaire pas mettre en cause sa parole ». 63, rue du Fg Poissonnière - Paris 9e Bernardini, premier secrétaire de très agréable ». 70, avenue des Ternes - Paris 17e la fédération PS des Bouches-du- Les partenaires de la majorité Alain Beuve-Méry 01 48 24 46 98 - 01 45 72 18 64 Rhône, l’adjoint au maire de Mar- font également preuve de la plus et Jean-Baptiste de Montvalon LeMonde Job: WMQ3110--0007-0 WAS LMQ3110-7 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0635 Lcp: 700 CMYK
FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 / 7
Le parcours de six responsables politiques de la mutuelle étudiante au Parti socialiste Ils ont fait leurs premières armes dans le sérail des organisations de jeunesse MIS EN EXAMEN pour – entre M. Grosz est secrétaire général du térieures et des fédérations, et, de autres – « détournement de fonds Cosef. A Nanterre, il célèbre cet facto, numéro deux du PS. publics », OIivier Spithakis, ancien Epinay du syndicalisme étudiant b Marc Rozenblatt. Lamber- directeur général de la MNEF, ci- en proclamant : « La MNEF peut tiste lui aussi, il se révèle dans les tait, dans un entretien publié par exprimer concrètement sa re- manifestations contre la loi Debré Le Monde (daté 24-25 octobre), connaissance à l’égard de l’UNEF en 1973. Président de l’UNEF-ID plusieurs administrateurs de la en mettant au service du syndicat de 1983 à 1986, il s’oppose souvent mutuelle étudiante au moment où son infrastructure et son poids sur le aux amis de M. Dray, comme Isa- il en était devenu lui-même le tré- monde étudiant. » M. Grosz pré- belle Thomas, sa compagne, avant sorier, en 1979. side la MNEF jusqu’en 1986, puis que l’un et l’autre ne s’entendent, b Jean-Marie Le Guen. Etu- anime le cercle Ramadier, qui réu- ensuite, avec eux. A son départ du diant en médecine, il a vingt ans nit des parlementaires francs-ma- PS, en 1989, il fonde Le Mouve- quand il rejoint, en 1973, le Parti çons. Fondateur du Centre des ment, puis rejoint Génération socialiste. Mitterrandiste, il est jeunes dirigeants de l’économie Ecologie. Depuis 1993, il ne fait Olivier Spithakis a été interrogé sur la trentaine premier secrétaire, de 1977 à 1979, sociale, il entre à l’ENA par la troi- plus de politique. Agé de qua- du Mouvement de la jeunesse so- sième voie, puis appartient au ca- rante-quatre ans, il dirige une en- cialiste. Dès 1977, il entre au comi- binet de Laurent Fabius, président treprise d’informatique. de comptes bancaires qu’il possède en Europe té directeur du PS, qu’il ne quitte- de l’Assemblée nationale, en 1988, b Julien Dray. Etudiant à l’uni- ra que pour une courte période à celui de Michel Delebarre, mi- versité de Villetaneuse, minori- LA PREMIÈRE COMPARU- kis aurait joué un rôle central : de- de cette structure qui aurait été (1984-1987). Lorsque, le 3 mai nistre de l’équipement, en 1989. taire au sein de la Ligue commu- TION devant la justice, dans la soi- vant les juges, le 14 octobre, il a non seulement financée, en 1980, à Nanterre, s’ouvre le Administrateur civil, il occupe di- niste révolutionnaire, il dirige le rée du jeudi 28 octobre, de l’ancien fait état de « sa conviction que Spi- grande partie, par les détourne- « congrès de réunification » du verses fonctions aux ponts et MAS. Après la création de l’UNEF- directeur général de la Mutuelle thakis, au minimum, couvrait des ments de fonds au sein d’EFIC, mouvement étudiant, M. Le Guen chaussées et à la préfecture de po- ID, il manque, à l’été 1981, un nationale des étudiants de France détournements de fonds au sein mais utilisée aux fins personnelles est depuis 1979 vice-président de lice de Paris. Agé de quarante- comité central de la LCR pour as- (MNEF), de 1983 à 1998, Olivier d’EFIC ». du directeur de la MNEF et de son la MNEF. Dans la nouvelle UNEF- quatre ans, depuis seize mois «en sister, à Biarritz, à un séminaire de Spithakis, n’a donné lieu à aucune Afin d’expliquer le dépôt de entourage proche. ID (« indépendante et démocra- disponibilité pour convenance per- la tendance socialiste du syndicat, nouvelle mise en cause de person- 1,5 million de francs, en plusieurs M. Spithakis a démenti ces ac- tique »), il apporte les troupes du sonnelle », il vit retiré dans l’Orne. organisé par M. Le Guen. Blâmé, il nalités politiques. versements, sur un de ses cusations. « Il m’apparaît impos- Comité pour un syndicalisme des b Jean-Christophe Cambadé- refuse d’être démis de ses man- En revanche, M. Spithakis a dû comptes, au Luxembourg, M. Spi- sible que l’achat de Derya ait pu étudiants de France (Cosef), créé lis. Sous le pseudonyme de « Phy- dats syndicaux et est exclu, en dé- longuement répondre aux ques- thakis a indiqué qu’un avocat, être financé au détriment d’EFIC », en 1975 et qu’il anime avec ra », il entre, en 1971, à vingt ans, cembre 1981, de la LCR. Il rejoint tions des juges d’instruction pari- Me Claude Duval, également estime-t-il, en ajoutant que le seul d’autres mitterrandistes ou mau- chez les lambertistes de l’OCI. Un alors la tendance socialiste de siens, Armand Riberolles et Fran- conseil de la MNEF, s’occupait de intérêt qu’il pouvait avoir pour ce royistes comme Jean-Michel an plus tard, après une infiltration l’UNEF-ID, avant d’adhérer au PS, çoise Néher, qui le soupçonnent ses intérêts dans ce pays. « M Du- bateau relevait de sa passion pour Grosz, Olivier Spithakis, Patrick rocambolesque de son groupe par en juin 1982, dans le 10e arrondis- d’avoir bénéficié, personnelle- val et non Me Duval, car il agissait à le sport nautique. Mennucci et Pascal Beau. L’UNEF- un policier, l’étudiant en sciences sement de Paris. Cofondateur de ment, de plusieurs millions de titre amical et personnel (...), m’a Les juges ont par ailleurs soumis US (« unité syndicale »), le Mou- sociales se mue en « Kostas ». En SOS-Racisme en 1984, il est élu, en francs détournés des comptes désigné à une ou deux reprises des à M. Spithakis le compte rendu vement d’action syndicale (MAS) 1973, il manifeste contre la loi De- 1988, député de l’Essonne. La d’EFIC, une filiale de la MNEF personnes auxquelles j’ai remis per- d’un contrôle fiscal, effectué sur de Julien Dray, le Mouvement bré. Il récidive, en 1976, contre la même année, il fonde, avec Jean- chargée des travaux d’impression sonnellement ou fait remettre des les comptes d’EFIC, en 1994, et ré- d’action syndicale étudiante réforme universitaire d’Alice Sau- Luc Mélenchon, la Nouvelle Ecole de la mutuelle. M. Spithakis a été espèces pour alimenter mon compte digé par un des avocats de la (MASE) et quelques militants au- nier-Seïté. Cette même année, il socialiste, qui se transforme, en mis en examen, le même jour, au Luxembourg. Ces personnes MNEF, Eric Turcon. Ce document togestionnaires, comme Gilles Ca- devient administrateur de la septembre 1991, en Gauche socia- pour « complicité et recel d’abus de n’étaient chargées que du transport fait état de la « situation alarmiste sanova, Alain Bauer, Stéphane MNEF, jusqu’en 1983. En 1977, il liste. Elu au comité directeur du biens sociaux, détournements de physique de ces fonds. » A en croire [sic] d’EFIC ». Ce qui ne paraît pas Foucks et Manuel Valls, fu- prend la présidence de l’UNEF-US, PS comme suppléant, en 1990, il fonds publics, abus de confiance, son dire, lorsqu’il voulait déposer avoir ému pour autant M. Spitha- sionnent dans l’UNEF-ID. Lors de créée en 1971 avec le soutien de la accède, en 1993, au conseil natio- destruction de preuves » et placé en des fonds, il prévenait Me Duval, kis. Interrogé sur les conclusions l’élection présidentielle de 1981, il CFDT, de la FEN et de FO. A ce nal et au bureau national. Réélu détention. qui lui indiquait, par la suite, «le de cette note, il répond : «Je ne travaille pour le directeur de cam- titre, il joue un rôle de premier député de l’Essonne en 1993 et en Au cours de leurs investigations, jour, l’heure, l’endroit et la personne pense pas qu’il s’agit de l’examen pagne de François Mitterrand, plan dans le deal de 1979, grâce à 1997, âgé aujourd’hui de quarante- les magistrats ont découvert que à qui il devait les remettre ». des malversations, mais d’une ana- Paul Quilès, dont il deviendra, en sa proximité avec FO, et dans la quatre ans, il est vice-président du M. Spithakis possédait une tren- lyse du contrôle fiscal. En tout état 1988, le suppléant aux élections lé- création de l’UNEF-ID, dont il conseil régional d’Ile-de-France. taine de compte bancaires dissé- « CONSCIENCE TRANQUILLE » de cause, je n’ai jamais eu l’occa- gislatives (9e circonscription de Pa- prend la présidence jusqu’en 1984. b Patrick Weil. A vingt et un minés à travers plusieurs pays eu- S’il reconnaît cette forme d’éva- sion de travailler directement avec ris). Premier secrétaire de la fédé- Fin 1986, il rejoint le PS par l’en- ans, en 1977, il entre à la direction ropéens. Les commissions sion fiscale, il a déclaré que ces Turcon sur cette question. Je dé- ration de Paris depuis 1987, battu tremise de Jean-Louis Bianco, à du Mouvement de la jeunesse so- rogatoires internationales ont per- fonds provenaient d’économies couvre cette note de Turcon au- aux législatives de 1993, réélu en l’Elysée, et de Paul Quilès, en en- cialiste. Deux ans plus tard, il est mis de constater, notamment, familiales. Il a tout juste concédé jourd’hui. » 1997, ce proche de Lionel Jospin et traînant avec lui quatre cents mili- élu, sur le quota du Ceres de Jean- l’existence de dépôts réguliers de aux juges l’hypothèse que Bruno Enfin, visant, cette fois-ci, l’an- de Dominique Strauss-Kahn, âgé tants lambertistes, dont ses suc- Pierre Chevènement, au comité fonds, en espèces, sur un compte Pelletier aurait « peut-être » utilisé cien président d’EFIC, M. Planta- aujourd’hui de quarante-six ans, cesseurs à la tête de l’UNEF-ID, directeur du PS. Chef de cabinet, ouvert au Luxembourg. La justice cette filière pour « sortir » des genest, auteur des accusations les siège depuis deux ans au bureau Marc Rozenblatt et Philippe Dar- en 1981, de François Autain, secré- s’interroge ouvertement sur le fait fonds pour son propre compte. plus accablantes à son encontre, il national du PS. riulat. En juillet 1992, il accède au taire d’Etat chargé des immigrés, il de savoir si ces versements n’au- « J’ai la conscience tranquille, a a tenu à préciser que, contraire- b Jean-Michel Grosz. Son ac- bureau exécutif du PS comme travaille, de 1982 à 1985, au minis- raient pas été alimentés, entre ajouté M. Spithakis, je ne suis pas ment aux déclarations de l’intéres- cession, le 6 février 1979, à la pré- suppléant. Député de la 20e cir- tère de l’industrie. Chargé de mis- 1990 et 1993, par un système de au fait ni le bénéficiaire de ces dé- sé, ce dernier n’était pas une « po- sidence de la MNEF ressemble à conscription de Paris en 1988, sion, de 1985 à 1994, à la Fonda- fausses factures mis au jour au tournements. » tiche » qu’il aurait mise à la tête de un putsch. Avec la caution de conseiller du 19e arrondissement tion nationale des sciences sein de la société EFIC. Les auteurs Les magistrats ont également cette société pour mieux couvrir François Mitterrand et d’André depuis 1995, M. Cambadélis s’in- politiques, il s’éloigne de la poli- de ces détournements de fonds questionné l’ancien directeur gé- des faits inavouables. M. Plantage- Bergeron, secrétaire général de vestit dans les états-majors de tique active. Agé de quarante-trois – le propre dirigeant de l’entre- néral de la MNEF sur l’exploita- nest aurait, d’après lui, suivi méti- FO, un deal est conclu entre socia- campagne présidentielle de Fran- ans, professeur à l’IEP de Paris, prise, Bruno Pelletier, et deux tion d’un bateau géré par la socié- culeusement la gestion de Bruno listes et trotskistes de l’Organisa- çois Mitterrand et de Lionel Jos- membre du Haut-Conseil à l’inté- prestataires de services – ont té Derya Tour, créée par Bruno Pelletier de 1990 à 1992 avant de tion communiste internationaliste pin. Devenu antimitterrandiste et gration (1996-1999), il a remis à d’ores et déjà confirmé, au cours Pelletier, et dont l’essentiel des ac- « lâcher du lest ». « Il s’est réelle- (OCI) de Pierre Lambert. Les so- très proche de M. Jospin, il anime, M. Jospin un rapport sur une ré- de l’instruction, l’existence de ce tionnaires appartiennent à la mou- ment occupé de la gestion d’EFIC », cialistes récupèrent la MNEF, et en 1993-1994, les Assises de la forme de la législation sur la na- système de facturations falsifiées. vance de la MNEF. Les juges sus- a ajouté M. Spithakis. les lambertistes le syndicalisme transformation sociale. Agé de tionalité. Selon l’ancien président d’EFIC, pectent M. Spithakis d’avoir été le étudiant en voie de réunification. quarante-huit ans, il est au- Philippe Plantagenest, M. Spitha- véritable ayant droit économique Jacques Follorou Proche de Pierre Mauroy, jourd’hui chargé des relations ex- Michel Noblecourt Des incertitudes autour de la mission Le lambertisme, rude école de l’anticommunisme de gauche LE 14 AVRIL 1986, « Kostas », qu’il décide pour la première fois tion nationale et, surtout, Force lance dans la jeunesse étudiante et « Ibsen » et « Crimso » quittent le d’affronter. Autant dire qu’au- ouvrière, où les lambertistes forger son style, sous la férule de de conseil accomplie par M. Strauss-Kahn Parti communiste internationaliste jourd’hui le lambertisme – rebapti- jouent, aujourd’hui encore, un Charles Berg, aujourd’hui Jacques LES RECHERCHES sur la na- ments pouvant laisser penser que (PCI). S’il n’était annoncé sur deux sé Parti des travailleurs – vaut rôle-clé après avoir assuré l’élec- Kirsner : un mouvement où tout ture exacte du rôle joué, en tant M. Strauss-Kahn avait bel et bien colonnes par Le Monde, l’événe- moins par ce qu’il est que par ce tion d’André Bergeron, puis celle débat interne est exclu et toute dis- qu’avocat, par l’actuel ministre de participé à cette négociation. ment prendrait facilement des al- qu’il a été : une des plus solides de Marc Blondel. Ces relais syndi- sidence réprimée par les « cassages l’économie et des finances, Domi- M. Vatier avait qualifié les hono- lures de canular. Il s’agit pourtant écoles de formation politique, à caux, comme les amitiés franc-ma- de gueule », un activisme violent nique Strauss-Kahn, pour le raires de « rémunération régulière- d’un des derniers épisodes de la gauche, pendant quatre décennies, çonnes qu’il ne néglige pas, seront qui se gave de meetings, de mani- compte de la MNEF, entre 1994 et ment acquise ». longue histoire du « lamber- par laquelle Lionel Jospin se dé- deux leviers essentiels du pouvoir festations et de descentes sur les 1996, n’ont véritablement Interrogé, le 14 octobre, par les tisme », autrement dit d’une des fend d’être passé ; un de ces grou- d’influence du PCI. campus. A la clé, dès mars 1971, la commencé que cet été. N’ayant deux magistrats en charge du dos- branches françaises du trotskisme, puscules où se sont rencontrées et conquête expéditive de l’UNEF, saisi, au cours des diverses perqui- sier de la MNEF, l’ancien directeur animée depuis les années 50 par frottées des générations de jeunes L’OBSESSION DE L’INFILTRATION abandonnée par le PSU et quittée sitions menées par les policiers, de RPD, Philippe Plantagenest, Pierre Boussel, alias Lambert. Der- militants de l’après-68 ; mais aussi Hormis cette toile syndicale, le par les communistes. Pour la pre- que la copie du chèque déclarait que la lettre d’engage- rière les pseudonymes réglemen- cette organisation secrète au point PCI ne rassemble, bien longtemps, mière fois, des trotskistes prennent – 603 000 francs – adressé par la ment de M. Strauss-Kahn, datée taires des trois démissionnaires, se d’être trouble, intolérante jusqu’au que quelques poignées de mili- le contrôle d’une organisation syn- mutuelle à M. Strauss-Kahn, les du 13 décembre 1994, et signée de cachent, en effet, Jean-Christophe sectarisme, que dénoncent la plu- tants. Avec une obsession : infiltrer dicale nationale. juges s’interrogeaient sur le rôle sa propre main, avait été, en fait, Cambadélis, Marc Rozenblatt et part de ceux qui l’ont quittée ou, le tout ce que la gauche non commu- Les lambertistes ne négligent joué par ce dernier dans l’entrée rédigée deux ans plus tard. En in- Philippe Darriulat, présidents suc- plus souvent, qui en ont été exclus. niste compte, au début de la Ve Ré- rien pour l’exploiter. Et pour tenter de la Compagnie générale des diquant qu’un maquillage juri- cessifs de l’Union nationale des Une organisation, en réalité, bien publique, de mouvements effer- de peser sur la reconstruction du eaux (ex-CGE, devenue Vivendi) dique aurait été réalisé, pour le étudiants de France (UNEF-US, à l’image de son indéboulonnable vescents tentant de bousculer la PS engagée par François Mitter- dans la holding Raspail participa- compte de M. Strauss-Kahn, dans puis UNEF-ID) depuis une dizaine chef. Lorsqu’il s’empare, avec quel- SFIO de Guy Mollet. Il faudra at- rand. A la présidentielle de 1974, ils tion et développement (RPD), qui le cadre de cette négociation, d’années. Quelques semaines plus ques autres, en juillet 1952, de la tendre mai 1968 pour que des pers- appellent à voter, au premier tour, regroupe l’essentiel des filiales de M. Plantagenest faisait ainsi peser tard, « Camba » et ses amis majorité du Parti communiste in- pectives plus prometteuses se des- pour le candidat unique de la la MNEF. de lourds soupçons sur la presta- adhèrent au Parti socialiste, au ternationaliste – au terme d’une sinent. Les lambertistes – alors gauche. En 1977, ils soutiennent le Les magistrats ont vérifié les re- tion elle-même. Cette accusation a terme de contacts discrets, pen- énième scission avec les autres hé- rebaptisés Organisation commu- PS contre le PCF lors de la rupture levés d’honoraires de M. Strauss- contraint la défense de l’actuel mi- dant deux ans, avec François Mit- ritiers de Léon Trotski, qui fonde- niste internationaliste – sont pour- de l’union de la gauche. En contact Kahn. Ils ont épluché ses déclara- nistre à passer outre le secret pro- terrand et son entourage à l’Elysée. ront ensuite la Ligue communiste tant tout sauf des « trublions ». avec Pierre Bérégovoy, ils appuient tions fiscales et ont interrogé son fessionnel et à produire devant la Le PCI, qui en avait pourtant révolutionnaire –, Pierre Boussel- Clamant invariablement leur atta- nettement François Mitterrand ancien comptable. Certains sala- justice, le 28 octobre, l’ensemble connu tant d’autres, ne se remettra Lambert a trente-deux ans. Il a déjà chement au « front unique » des en mai 1981 et mettent leur service riés de la MNEF ont été également des pièces justificatives. jamais vraiment de cette scission. parcouru, en quinze ans, toute la partis ouvriers et des syndicats, ils d’ordre à sa disposition, à la Bas- interrogés sur le rôle joué par l’ac- Les affirmations de M. Plantage- En quelques semaines, son chef dé- galaxie de la gauche dissidente, fa- passent à côté des événements tille, le soir de la victoire. Ces tuel ministre. Mais les juges se nest n’excluent pas que M. Strauss- jà vieillissant perd l’essentiel : un rouchement anticommuniste, où de mai et de leur dimension liber- gestes paient : sous la houlette de heurtaient toujours à l’absence de Kahn ait accompli une activité lieutenant brillant et efficace en la les jeunes socialistes en rupture de taire. Et quand leur organisation Jean-Christophe Cambadélis, le preuves attestant son intervention de conseil. Les magistrats personne de M. Cambadélis ; une ban, comme il le fut avant-guerre, est dissoute par le ministre de l’in- congrès de « réunification » de effective. Afin de contourner n’écartent pas l’hypothèse d’une jeune garde aguerrie par des an- côtoient les militants chevronnés térieur, en juin 1968, ils déposent l’UNEF, en 1980, permet aux lam- l’obstacle du secret professionnel, régularisation a posteriori. Pour nées de militantisme ; enfin, le le- de la IVe Internationale, fondée par un recours devant le Conseil d’Etat, bertistes d’élargir leur assise aux qui interdit aux avocats de révéler l’heure, ils constatent que si vier politique essentiel que consti- Trotski en 1938. se défendent d’être des « gau- étudiants socialistes. Au terme de le contenu d’un dossier, M. Strauss-Kahn a déclaré, pour tuait pour lui, depuis une Au fil de ces années, « Lambert » chistes » et obtiennent gain de ce « Yalta » étudiant, le sort de la M. Strauss-Khan avait, dans un l’année 1996, au fisc, ses quinzaine d’années, le syndica- trouve sa base : membre du comité cause. Mutuelle nationale des étudiants premier temps, demandé au 603 000 francs d’honoraires, la lisme étudiant. central du PCI, il est chargé du tra- Pour autant, Lambert ne laisse de France (MNEF) échoit aux étu- Conseil de l’Ordre des avocats MNEF n’a, pour sa part, signalé ce Privé de ces atouts, « Lambert » vail dans les syndicats. Il jettera pas passer l’occasion. Dès sep- diants mitterrandistes. Pour le d’expertiser ses honoraires. L’an- versement qu’en 1998. ne recueillera que 0,38 % des suf- son dévolu sur les deux nouvelles tembre 1968, il crée l’Alliance des meilleur et pour le pire. cien bâtonnier Bernard Vatier frages exprimés au premier tour de fédérations nées de la guerre jeunes pour le socialisme, qui va avait ainsi eu accès à des docu- J. Fo. l’élection présidentielle de 1988, froide : la Fédération de l’éduca- être, dix ans durant, son fer de Gérard Courtois LeMonde Job: WMQ3110--0008-0 WAS LMQ3110-8 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0636 Lcp: 700 CMYK
8 / LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 FRANCE-SOCIÉTÉ
M. Jospin attend de ses ministres Les députés ont achevé l’examen qu’ils assument leur « propre responsabilité » du budget de la Sécurité sociale Contrairement à deux de ses prédécesseurs, Pierre Bérégovoy Les communistes ont voté contre plusieurs articles et Edouard Balladur, le chef du gouvernement ne s’est jamais engagé Les députés ont achevé à l’aube, samedi 30 octobre, bout, la droite s’est montrée pugnace. Les communistes l’examen en première lecture du projet de loi sur le fi- ont voté contre plusieurs dispositifs-clés du texte, qui sur la démission de ministres mis en examen nancement de la Sécurité sociale en 2000. Jusqu’au fera l’objet d’un vote solennel, mardi 2 novembre. C’ÉTAIT le 8 octobre 1998, sur mis en examen le 8 novembre 1996. prudent. Quand, en mai 1998, Elisa- L’ÉPROUVANT marathon a pris Sacrée soirée. La ministre a fait, soins de ville à la Caisse nationale France 2. La seule fois où le premier Sur l’implication de responsables beth Guigou, ministre de la justice, fin après dix-huit heures de débat entre deux discussions, un aller-re- d’assurance-maladie, ce qui ministre évoque publiquement l’af- politiques dans des « affaires » de déclare au « Club de la presse d’Eu- ininterrompu ! A l’aube, les traits tour Paris-Lille pour participer à un s’éloigne des ordonnances Juppé. faire de la mutuelle étudiante. corruption, M. Jospin prône une rope 1 », que, « comme tous les creusés par la fatigue, la ministre conseil municipal ! Elle n’est pas La droite a du mal à en faire son « Nous verrons bien si des respon- justice indépendante du pouvoir Français, le président de la Répu- de l’emploi et de la solidarité, Mar- revenue les mains vides. Elle offre deuil. « Vous proposez une solution sables socialistes sont ou non concer- politique, face à laquelle tous les blique peut être traduit devant les tri- tine Aubry, et la secrétaire d’Etat à un cadeau à Jean-Luc Préel (UDF, bancale ! », lance aussitôt M. Bur. nés par l’affaire de la MNEF, indique justiciables, quels qu’ils soient, sont bunaux s’il a commis des délits », la santé, Dominique Gillot, ont pris Vendée) qui fête ses cinquante- « Avec vous, on ne peut pas négocier, Lionel Jospin. Je considère que la traités à égalité. Toutefois, le ton alors même que la garde à vue de leur petit-déjeuner à la buvette neuf ans. Peut-être le dernier ro- on ne peut pas contrôler, on ne peut presse doit faire son travail, mener n’est pas le même avant et après Xavière Tiberi se précise, M. Jospin parlementaire, entourées d’élus so- man de Le Clézio, Hasard, adoucira pas inciter, on ne peut pas sanction- ses enquêtes (...). Nous, nous faisons son accession au poste de premier lui fait fermement savoir que ces at- cialistes. Il est 6 h 15, samedi 30 oc- celui qui ne la ménage pas. Une ner!», riposte la ministre. la transparence. Un certain nombre ministre. taques devront être les dernières du tobre : le débat en première lecture carte, ornée de 35... cœurs, ac- De leur côté, les communistes de faits ont été transmis au parquet. genre. Quelques jours plus tard, le du projet de loi sur le financement compagne ce petit paquet rouge : poursuivent leur opposition « si- Des procédures judiciaires auront premier ministre appelle, avec 2000 de la Sécurité sociale (PLFSS) « Haut les cœurs ! Vive les lencieuse ». Après le volet des al- lieu, peut-être. On verra qui sera en Il prône une justice M. Chirac, à une trêve sur les «af- vient de s’achever. A minuit, les dé- 35 heures ! Surtout quand on a la légements de charge, ils votent cause. Chacun assumera individuel- faires » et lance un « appel au putés avaient pourtant à peine en- chance de passer 35 heures par jours contre l’article sur les retraites, lement sa propre responsabilité. » indépendante du calme, à la raison, à la sérénité ». tamé la « deuxième mi-temps ». Il avec vous dans l’hémicycle », a pris contre l’article qui permet aux pra- L’intervention s’achève par un aver- Seule nuance : tandis que l’Elysée restait encore une quinzaine d’ar- soin d’écrire la ministre. Tchin- ticiens de convoquer les gros tissement à peine voilé à l’intention pouvoir politique. s’inquiète de « dérives », Matignon ticles à passer en revue... tchin. M. Préel demande une inter- consommateurs de soins hypo- de Jacques Chirac : « Je ne crois pas se réfère, dans son pacte de non- La droite a tiré la corde jusqu’au ruption de séance pour offrir le condriaques, contre l’article sur les que les responsables politiques, eux, Toutefois, le ton agression, aux « discours » qui bout. « La seule limite, ce sera notre champagne à la buvette. Sans ran- arrêts maladie que les médecins se- compte tenu de la diversité des pro- « risquent de troubler la vie politique résistance physique », avait prévenu cune, on se fait la bise, avant de re- ront désormais susceptibles de jus- blèmes et des affaires, aient intérêt à n’est pas le même française au détriment de la démo- François Goulard (DL, Morbihan). prendre le match. tifier. « Des abus, sans doute, il y en s’attaquer sur ce terrain. » cratie ». Les investigations des Pendant quatre jours, l’opposition a et il faut les empêcher. La CNAM a M. Jospin ne s’est pas prononcé avant et après son juges, insiste-t-on, ne sont pas vi- n’a combattu qu’une seule chose, OPPOSITION « SILENCIEUSE » aujourd’hui les moyens de lutter explicitement sur l’application de la sées. le financement des 35 heures prévu L’adversaire est toujours aussi contre. Mais quand Michelin an- règle, instaurée en mai 1992 par accession au poste Quelques mois plus tôt, en dé- dans le texte, à grands renforts de déterminé. La famille puis les re- nonce 7 500 suppressions d’emploi, Pierre Bérégovoy à l’encontre de cembre 1997, alors que la Cour de « hold-up », « racket » et « détour- traites opposent clairement les ça en fait des dégâts, tous les méde- son ministre de la ville, Bernard Ta- de premier ministre cassation confirme la condamna- nement de fonds » sur la « Sécu ». deux camps. Nombreux sont ceux cins pourront vous le dire », s’émeut pie, qui veut qu’un ministre mis en tion d’Henri Emmanuelli, dans l’af- « Vous êtes des monomaniaques de à droite qui réclament la création Jacqueline Fraysse (PCF, Hauts-de- examen démissionne aussitôt du faire Urba, en tant qu’ancien tréso- la répétition », s’est fâchée Mme Gil- des fonds de pension, « Laurent Fa- Seine). Du coup, les socialistes gouvernement. Mais quand il Ainsi, dans les affaires pari- rier du PS, à une peine de dix-huit lot. Au début, la droite a été dopée bius aussi ! », s’écrie M. Préel. A s’épuisent. Il faut sans cesse appe- compose son gouvernement, en siennes, celui qui est alors premier mois de prison avec sursis et de par le recul forcé du gouvernement l’exception de M. Goulard, ancien ler à la rescousse des troupes pour juin 1997, M. Jospin, voulant distin- secrétaire du PS s’en prend vigou- deux ans de privation de ses droits sur un dispositif qui faisait partici- banquier, les médecins Bernard Ac- rester majoritaire. Enfin, la dis- guer sa conception de l’éthique en reusement au président de la Répu- civiques, le locataire de Matignon per les organismes sociaux. A la fin, coyer (RPR, Haute-Savoie), Yves cussion s’achève. politique de celle du mitterran- blique, Jacques Chirac, au premier exprime, à l’Assemblée nationale, la mise en cause de Dominique Bur (UDF, Bas-Rhin), Jacqueline Il reste d’autres épreuves. Mardi disme, prend la précaution de ne ministre, Alain Juppé, et au ministre ses « sentiments de tristesse, de soli- Strauss-Kahn dans l’affaire de la Mathieu-Obadia (RPR Alpes-Mari- 2 novembre, l’Assemblée nationale pas retenir des personnalités mises de la justice, Jacques Toubon, don- darité personnelle, et de sympathie MNEF l’a encore stimulée dans sa times) et M. Préel s’acharnent en- devra se prononcer sur l’ensemble en examen ou susceptibles de l’être. nant à l’affaire des HLM de la ville chaleureuse ». Il ne peut pas faire bataille. « M. Strauss-Kahn connaît suite sur l’assurance-maladie. du texte. Le même jour, Mme Aubry « Cela me paraîtrait un très mauvais de Paris un tour politique. « Qui plus. En mars 1996, lorsque le dépu- moins bien que vous les questions de « Vous êtes en train de soviétiser la affrontera les sénateurs sur les départ », prévient-il avant le pre- était le maire de Paris pendant cette té des Landes avait été condamné santé, mais il les connaît un peu médecine », accuse M. Accoyer, au 35 heures... mier tour. Robert Hue, secrétaire période ? », interpelle-t-il le 6 juin par la cour d’appel de Rennes, grâce aux mutuelles... », lance, dans sujet des centres de santé. Mme Au- national du PCF, mis en examen 1996 à Nantes. Le 30 juin, il va plus M. Jospin, alors premier secrétaire l’hémicycle, M. Goulard à Mme Au- bry explique peu après qu’elle Clarisse Fabre pour « recel de trafic d’influence » loin encore en qualifiant le classe- du PS, avait critiqué une décision bry. confie la délégation de gestion des et Isabelle Mandraud dans une affaire de financement de ment sans suite de l’enquête sur « inique ». Le PS avait lancé une son parti via Gifco, Jean-Michel l’appartement du fils de M. Tiberi campagne de soutien au député des Baylet, président du Parti radical de d’« affaire d’Etat ». Enfin, pendant Landes mais n’avait recueilli que gauche (PRG), mis en examen en la campagne législative de 1997, il 70 000 signatures au lieu du million Les principales dispositions adoptées novembre 1996 pour « recel d’abus ne manque pas une occasion, avant escompté. Le PS, avait expliqué de biens sociaux » comme proprié- le premier tour, de promettre aux M. Jospin, « ne conteste pas la jus- LE PROJET de loi de financement de la Sécurité so- Caisse des dépôts a décidé, in extremis, d’y verser quel- taire de La Dépêche du Midi, en électeurs qu’il n’entend pas « gérer tice, il demande la justice ». Au nom ciale pour 2000 n’a été que très peu modifié au cours que 3 milliards. sont pour leurs frais. Tout comme la France comme ils [la droite a] géré de la défense, périlleuse, de ses du débat à l’Assemblée nationale, sauf... par le gouver- b Recettes et dépenses. Les objectifs de recettes du Jean-Christophe Cambadélis, soup- Paris ». amis. nement. régime général (famille, vieillesse, accidents du travail çonné d’avoir été employé fictive- Sa nomination à Matignon et b Allègement de charges. L’article 2 du texte crée et assurance-maladie) sont en retrait de 5,5 milliards de ment par un organisme gérant des l’entrée dans une cohabitation civi- Ariane Chemin un fonds spécial d’allègement de charges pour les en- francs. Les dépenses, elles, passent de 1 856,3 à foyers de travailleurs immigrés, et lisée rendent M. Jospin plus et Michel Noblecourt treprises qui passeront à 35 heures. En dernière minute, 1 851,4 milliards. le gouvernement a réécrit cet article. Désormais, ce b Tabac. Le gouvernement s’est engagé à augmenter fonds sera financé par la « ristourne Juppé » (39,5 mil- de 5 % par an, au cours des années 2000-2002, le prix liards de francs), la contribution sociale sur les béné- des cigarettes. Formation et vicissitudes du courant « jospiniste » fices (CSB, 4,3 milliards), une taxe sur les activités pol- b Assurance-maladie. Pour la première fois, le gou- luantes (3,2 milliards), les droits des alcools (5,5 vernement délègue la responsabilité de gestion de la SI UN COURANT, au Parti socia- M. Fabius est déclarée, la prise de nonce pas sur l’élection de M. Ro- milliards) et le produit des heures supplémentaires médecine de ville à la Caisse nationale d’assurance-ma- liste, se définit par la constitution distance avec François Mitterrand card, en avril, au poste de premier (7 milliards). Au final, la CSB ne concernera que 4 000 ladie (CNAM), qui pourra jouer sur les tarifs de leurs d’une écurie présidentielle ou la est actée. secrétaire. Numéro deux du PS, entreprises, dont 400 à taux plein. Celles qui feront une honoraires en cas de dérapage des dépenses de santé. présentation, sous forme de mo- Pour préparer le congrès de M. Emmanuelli réunit ce qui reste fausse déclaration devront payer une majoration de En l’absence d’accords avec les syndicats, la CNAM tion, d’orientations à un congrès, Rennes (mars 1990), les nouveaux du courant jospiniste, que prend en 10 %. pourra signer des protocoles, spécialité par spécialité. Lionel Jospin n’a jamais eu de cou- alliés déjeunent au ministère de main M. Laignel. Après le congrès b Partenaires sociaux. N’ayant pas voulu participer Elle pourra seulement améliorer la prise en charge des rant. Pendant son premier « septen- l’éducation ou dans les bureaux pa- du Bourget (octobre 1993), où se au financement des 35 heures, ils ne seront pas re- cotisations sociales des médecins vertueux, mais non nat » (1981-1988) à la tête du PS, risiens du maire de Lille. S’y croisent constitue un instant une alliance présentés au conseil d’administration du Fonds d’allè- l’abaisser comme l’avait souhaité le plan stratégique de M. Jospin aimait à répéter : « Je n’ai ainsi Louis Mermaz, Louis Mexan- Rocard-Fabius-Jospin-Mauroy, ro- gement des charges. son directeur, Gilles Johanet. ni courant ni club. Mon seul courant, deau, M. Vaillant, M. Estier, Michel cardiens et jospinistes unissent b Lessives. Le projet de loi étend le champ de la taxe Des médecins-conseils feront des « recommanda- c’est le Parti socialiste. » Lorsqu’il est Delebarre, Jean Glavany, M. Emma- leurs forces. Dans les locaux de généralisée sur les activités polluantes (TGAP), créée en tions » pour inciter les gros consommateurs de soins à devenu premier secrétaire, dix ans nuelli, M. Strauss-Kahn, M. Camba- M. Rocard, MM. Laignel et Huchon 1998, aux lessives phosphatées, aux granulats et aux se restreindre. Les médicaments génériques pourront après sa prise de carte et en raison délis, M. Le Gall, M. Laignel, Jean Le animent les réunions mais, lors du produits phytosanitaires. A l’initiative de Laurent Fa- obtenir une autorisation de mise sur le marché, sans at- de la décision de François Mitter- Garrec, Michel Pezet, Nicole Pery, « putsch » contre M. Rocard, le bius, un amendement du PS a réduit la différence de tendre l’expiration du brevet de leur spécialité de ré- rand de se mettre en congé pour Véronique Neiertz, Jean-Louis Car- 19 juin 1994, l’alliance éclate. taxation entre les lessives avec ou sans phosphates. férence. Enfin, les centres de santé bénéficieront du mener sa campagne présidentielle, rère, Bernard Roman, Jean-Marie MM. Glavany, Bel, Guidoni et b CSG. Le seuil de recouvrement de la contribution tiers-payant, subordonné jusqu’ici à une convention. il appartenait au courant « A-B », Le Guen. A Rennes, symbole de la Mme Neiertz complotent contre l’an- sociale généralisée (160 francs) sera aligné sur celui des b Amiante. Le régime de cessation d’activité dans la qui regroupait les mitterrandistes et division du PS éclaté en sept mo- cien premier ministre. Pis, pour suc- impôts (400 francs). Cette mesure est destinée à réduire construction ou la réparation navale au contact de les fidèles de Pierre Mauroy. tions, le texte Jospin-Mauroy-Mer- céder à M. Rocard, les jospinistes l’imposition sur les personnes âgées modestes qui dis- l’amiante est étendu à certains dockers et aux salariés M. Jospin s’entoure cependant de maz recueille 28,95 %. L’Elysée dé- présentent deux candidats : le mo- posent d’un petit patrimoine. de la sidérurgie. quelques amis, ceux de la « bande pêche François Hollande pour derniste Strauss-Kahn et le traditio- b Retraites. Le fonds de réserve, créé en 1998, sera du 18e arrondissement » de Paris, favoriser, après le congrès, la syn- naliste Emmanuelli. M. Jospin pré- abondé à hauteur de 20 ou 22 milliards de francs. La Cl. F. et I. M. dont il est député, comme Daniel thèse. fère s’abstenir. Vaillant, Bertrand Delanoë, Pierre Après l’élection de M. Emma- Schapira, Claude Estier, Anne-Ca- UNE CONSIGNE LIMPIDE nuelli, le rocardien Alain Bergou- therine Frank, Gérard Le Gall, Hen- En janvier 1992, M. Fabius est élu nioux crée un éphémère « pôle ré- ry Pradeaux, mais aussi André Lai- premier secrétaire après un accord novateur » avec M. Cambadélis, où Une opposition radicale à la « logique de marché » gnel, Dominique Strauss-Kahn – avec M. Mauroy et M. Rocard, le- se retrouvent, parmi d’autres, Mar- jeune économiste auquel il confie, quel se voit promu « candidat natu- tine Aubry, « DSK », Elisabeth Gui- en 1984, les études – et un ami, rel » des socialistes à l’élection pré- gou et M. Moscovici. Les emma- émerge au sein du monde médical Claude Allègre, qu’il place à la tête sidentielle. « Je n’ai pas été informé nuellistes, comme M. Bel, LANCÉ il y a moins d’un mois à part du coût des soins de plus en plus vèle l’ampleur de sa pathologie mo- du groupe des experts. Le conflit de cet accord », grogne M. Jospin. M. Glavany, M. Guidoni, M. Lai- l’initiative du docteur Patrice Mul- importante est laissée à la charge des derniste », pouvait-on lire dans avec Laurent Fabius, en 1985, quand Le jospiniste Glavany est coiffé au gnel, Mme Neiertz, entourent le nou- ler, médecin généraliste et rédac- individus avec l’augmentation du tic- l’éditorial du premier numéro de le premier secrétaire s’oppose au poteau, pour le poste de trésorier veau premier secrétaire. Les jospi- teur en chef de la revue Pratiques, ket modérateur, les dépassements cette revue. Et les auteurs de conti- premier ministre pour la conduite national, par un jeune poulain de nistes fidèles – M. Vaillant, les cahiers de la médecine utopique, d’honoraires des médecins, le secteur nuer : « Favorables à une médecine de la campagne législative de 1986, « DSK », Pierre Moscovici. A l’As- M. Delanoë, M. Estier, Sylvie Guil- un appel dénonçant les méfaits du privé à l’hôpital. Cette part croissante du sujet plutôt qu’à une médecine solidifie l’équipe et la renforce avec, semblée nationale, M. Vaillant pré- laume – fréquentent chaque se- néolibéralisme dans le champ sani- des dépenses de soins non couvertes des organes, nous continuerons de notamment, le ralliement d’Henri side des réunions de jospinistes maine un bistrot du quartier des In- taire a d’ores et déjà recueilli près par la Sécurité sociale ouvre aux dénoncer l’emprise des industries Emmanuelli. avec M. Emmanuelli, M. Glavany, valides autour de leur mentor. Au d’un millier de signatures de sou- compagnies d’assurances privées le pharmaceutiques et biomédicales C’est en 1988 qu’un courant jospi- Mme Neiertz, M. Strauss-Kahn, congrès de Liévin (novembre 1994), tien. Les auteurs de cette initiative, marché très juteux de l’assurance qui contribuent à embourber les niste prend véritablement forme M. Cambadélis, M. Moscovici. M. Jospin, isolé, s’exprime devant soutenus notamment par le socio- complémentaire. » soins dans des logiques exclusivement après la réélection de François Mit- Après le départ de M. Jospin du mi- une salle quasi vide et inattentive. logue Pierre Bourdieu, organisent, commerciales, à écarter de l’accès terrand. L’objectif est d’empêcher nistère de l’éducation nationale, Quand, après le retrait de Jacques samedi 30 et dimanche 31 octobre, « PATHOLOGIE MODERNISTE » aux soins et à accentuer l’inflation l’élection de M. Fabius, favori de M. Emmanuelli, président de l’As- Delors dans la course à l’Elysée, il se à l’université Paris-VIII de Saint-De- En lançant, il y a près de deux d’un tel système ». l’Elysée, au poste de premier secré- semblée nationale, utilise la salle met sur les rangs, seule une poignée nis, un colloque sur le thème : ans, leur nouvelle revue (Le Monde Outre Patrick Braouezec, député taire, et de soutenir M. Mauroy. La Colbert – ce que n’aime pas M. Jos- de fidèles, autour de MM. Vaillant « Quels soins pour la santé ? Pour du 24 mars 1998), les responsables et maire (PCF) de Saint-Denis, de stratégie est élaborée lors d’un dé- pin, car c’est « un lieu de la Répu- et Delanoë, l’assiste. Les rénova- une alternative à la logique de mar- de la revue Pratiques entendaient, nombreux médecins participeront à jeuner autour de M. Jospin, qui réu- blique » – pour des réunions aux- teurs les rejoignent pour le soutenir ché ». déjà, lutter contre les pouvoirs ce colloque, parmi lesquels le pé- nit notamment M. Allègre, quelles se joignent aussi Pierre dans la primaire qu’il gagne face à « Le néolibéralisme, peut-on lire d’argent, la bureaucratisation, le re- dopsychiatre Stanislas Tomkiewicz, M. Strauss-Kahn, M. Estier et Guidoni, Jean-Pierre Bel, Henri Nal- M. Emmanuelli. Le 14 octobre 1995, dans l’“Appel contre la dictature du tour en force du scientisme et l’ins- Noëlle Lasne, responsable de la M. Emmanuelli, qui fait venir Jean- let. M. Jospin reprend la direction du néolibéralisme en médecine”, met trumentalisation de l’homme. «De mission France de Médecins sans Christophe Cambadélis, jusqu’alors Après la déroute législative de PS. Sa première consigne est lim- en péril jusqu’aux principes mêmes plus en plus, dans nos cabinets de frontières, et Didier Ménard, pré- proche des fabiusiens. Leur cham- 1993, qui est aussi la sienne en pide : pas de courant, plus de cou- du fonctionnement de notre système médecins généralistes, rares lieux où sident de la Coordination nationale pion l’emporte, avec l’appui, no- Haute-Garonne, M. Jospin décide rants. de soins : l’accès pour tous à des soins les individus puissent encore au- des réseaux. tamment, de Roland Dumas et de s’éloigner « pour un temps de de qualité. Le système est taraudé jourd’hui porter plainte et tisser des d’Edith Cresson. L’opposition à l’action publique ». Il ne se pro- M. N. par des logiques marchandes. Une liens, notre société se met à nu et ré- Jean-Yves Nau LeMonde Job: WMQ3110--0009-0 WAS LMQ3110-9 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 10:34 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0637 Lcp: 700 CMYK
FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 / 9 Catastrophe du Lauzet : les avocats de la défense La Légion d’honneur va être retirée à M. Papon tentent de revenir sur le terrain du droit LE CONSEIL de l’ordre de la grande chancellerie de la Légion d’hon- neur va, selon Libération du 30-31 octobre, retirer sa décoration à Maurice Papon lors de sa réunion du 16 novembre. De nombreuses personnalités, dont l’éditeur Alain Moreau ou l’avocat Serge Klars- L’avocate du guide Daniel Forté dénonce un réquisitoire dénué de démonstration juridique feld, s’étaient offusquées que l’ancien préfet occupe toujours le rang de commandant dans l’ordre de la Légion d’honneur et arbore, lors Le procès de l’avalanche de la crête du Lauzet qui, di 29 octobre, avec les plaidoiries des avocats de noncé la veille par le procureur Michel Sélaries ; de son procès, son ruban. le 23 janvier 1998, avait causé la mort de onze per- la défense. Ces derniers s’en sont pris à l’absence celui-ci avait demandé une peine de trois ans de Le code de la Légion d’honneur prévoit des sanctions allant jusqu’à sonnes dont neuf collégiens, s’est achevé, vendre- de démonstration juridique du réquisitoire pro- prison à l’encontre du guide Daniel Forté. l’exclusion pour ses membres touchés par des jugements ou arrêts rendus en matière criminelle et correctionnelle. En ce qui concerne GAP n’espérait sans doute plus. A sa cents émotionnels parfois mal pla- ne doit pas entraîner la justice vers M. Papon, le conseil de l’ordre a préféré attendre que sa condamna- de notre envoyé spécial manière, cette scène symbolise à cés, des peines sévères à l’encontre la démesure ». « C’est une condam- tion soit définitive avant de se prononcer, ce qui a été fait le 21 octo- Ce fut un moment discret, saisi elle seule tout le procès. D’un côté, des deux principaux prévenus : Da- nation pénale qui est en cause et elle bre quand la Cour de cassation a déchu l’ancien préfet de son pour- au détour d’un couloir du palais de quatre prévenus, brisés par la mort niel Forté, qui dirigeait le groupe ne peut intervenir que sur la base de voi. justice de Gap. Un homme aux de ceux dont ils avaient la charge. de randonneurs, et Hervé Poude- certitudes, dit-elle. Je suis frustrée yeux rougis at- De l’autre, des victimes rescapées, vigne, le directeur du centre UCPA qu’à l’issue des débats, on en soit en- DÉPÊCHES tend devant la blessées dans leur chair et leur qui les hébergeait (Le Monde du core, du côté de l’accusation, aux af- a MUNICIPALES : le président de Démocratie libérale, Alain Ma- salle du tribu- cœur, qui cherchent à comprendre, 30 octobre). firmations, aux présupposés et même delin, estime dans un entretien publié, samedi 30 octobre, par Le Pa- nal correction- et qui semblent prêtes au pardon. « J’attendais que monsieur le pro- aux jugements moraux et non pas à risien qu’il devrait y avoir une « liste non RPR », dans laquelle « les li- nel. Cinq ado- Pendant les quatre jours de dé- cureur nous parle en homme, ce la démonstration rigoureuse. » béraux ont un rôle moteur à jouer », à côté de celle du RPR aux lescents bats, l’émotion avait submergé la qu’il a fait. J’attendais qu’il nous L’avocate s’attache donc, pen- élections municipales de 2001 à Paris. Il juge « évident » qu’il est « dif- s’approchent, salle d’audience. Au moment de parle en juriste, ce qu’il n’a pas dant deux heures, à démonter un à ficile pour le RPR d’incarner [le] renouveau » et estime qu’il y a « ma- lui serrent la commencer leurs plaidoiries, les fait. » En prononçant ces mots, un les éléments du dossier qui nifestement tout un système qui est, aujourd’hui, à bout de souffle et que main et en- avocats de la défense ne cachent Me Jacky Jobard, conseil d’Hervé mettent en cause son client : son symbolise le nom de Tiberi ». Interrogé sur son éventuelle candidature gagent une courte conversation. pas leur crainte de la voir prendre Poudevigne, résume l’état d’esprit rôle dans l’équipe d’encadrement, à Paris, M. Madelin répète qu’il est « déjà maire de Redon ». Des sourires sont échangés. le pas sur la nécessaire sérénité de de ses confrères de la défense qui, son implication dans le choix et a PACA : le président (PS) de la région Provence-Alpes-Côte L’homme, c’est Daniel Forté, guide la justice. « Il faut parfois accepter à tour de rôle, ont dénoncé un ré- l’organisation de l’itinéraire, sa dé- d’Azur, Michel Vauzelle, a dénoncé, vendredi 29 octobre, les « glis- de haute montagne, poursuivi avec qu’il y ait des tragédies sans cou- quisitoire dénué, selon eux, de mo- cision de maintenir la randonnée sements de terrain » des élus d’extrême droite vers les formations de trois autres prévenus pour « homi- pable, explique ainsi Me Frédéric tivations juridiques. « Vous avez af- malgré le risque d’avalanche. Mais droite, à la suite du ralliement de Robert Crépin, conseiller régional cides et blessures involontaires » Weyl, conseil de l’UCPA, l’em- firmé, purement et simplement, c’est sur le déclenchement même Front national au RPF. Le président du groupe RPR au conseil régio- après l’avalanche de la crête du ployeur de trois des quatre préve- insiste Me Jobard. Mais il vous a été de la coulée de neige que l’avocate nal, Christian Estrosi, a expliqué que M. Crépin siégeait désormais Lauzet qui, le 23 janvier 1998, avait nus. La détresse ne peut avoir pour impossible de démontrer le lien de va s’attarder. « C’est la charge la « tout naturellement parmi les apparentés RPR ». « Je ne peux pas me causé la mort de onze personnes écho la vindicte. La culpabilité ne causalité nécessaire entre une mala- plus importante, déclare-t-elle, celle résigner à une séparation des gaullistes entre le RPR et le parti de dont neuf collégiens d’une classe s’évalue pas à l’aune du tribut payé dresse, une imprudence, une inat- qui signe le lien de causalité, et Charles Pasqua », a-t-il fait valoir. de quatrième de Montigny-le-Bre- et ne peut être le gage obligé de tention ou une négligence commises pourtant il n’y est pas fait allusion a ASSASSINATS : Marie-Claude Vignaud-al Hamchari, Linda tonneux (Yvelines). Les cinq ado- l’émotion. » par les prévenus et les conséquences dans l’ordonnance de renvoi, d’ail- Weil-Curiel et Bachir Ben Barka ont annoncé, vendredi 29 octobre, lescents sont des rescapés du C’est moins aux familles des vic- du drame. » leurs dépourvue de toute motiva- la création d’une association baptisée « Mémoire, vérité, justice » drame, parties civiles au procès. times que s’adresse l’avocat qu’au Me Nelly Seloron, avocate de Da- tion. » pour tenter d’élucider les affaires d’assassinats politiques commis sur Ce vendredi 29 octobre, au der- procureur de la République, Michel niel Forté, veut elle aussi replacer le Jugement le 13 janvier 2000. le territoire français depuis les années 60. Citant l’enlèvement de nier jour d’audience, Daniel Forté a Sélariès, qui, la veille, a requis, au débat sur le terrain juridique, parce Mehdi Ben Barka en 1965, les assassinats d’Henri Curiel et Dulcie reçu les mots de réconfort qu’il terme d’une intervention aux ac- que « la souffrance, même extrême, Acacio Pereira September en 1978 et en 1988, l’association évoque dans un commu- niqué le « manque de zèle de la recherche policière, les pièces retenues, dissimulées ou versées tardivement aux dossiers, sans parler de la volonté délibérée de ne pas juger l’assassin en le renvoyant dans son pays ». a JUSTICE : sept personnes, âgées de vingt à trente-trois ans, ont M. Falco veut marginaliser M. Marchiani dans la bataille des municipales à Toulon été condamnées, vendredi 29 octobre, à des peines de huit mois à TOULON mais aussi aux cantonales ». Dans section socialiste de Toulon ait Encore faudra-t-il que sa candi- deux ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Nîmes de notre correspondant l’entourage de M. Falco, on ne pris l’initiative de faire un docu- dature soit avalisée par les (Gard) pour les violences qui avaient suivi le meurtre d’un jeune L’ancien préfet Jean-Charles cache pas que l’entrée en lice du ment, en cours de diffusion, afin 210 adhérents de la section tou- d’origine maghrébine, Mounir, dix-huit ans, le 16 mai à Vauvert. Les Marchiani n’est plus seul dans la président de l’assemblée départe- de donner les grandes lignes d’un lonnaise. En tant que jospiniste, il premiers incidents s’étaient produits à Vauvert le 8 mai lorsqu’un po- course aux élections municipales mentale vise à marginaliser programme officiel pour au- sait pouvoir recueillir une large licier municipal avait été frappé par un jeune de la cité : son agresseur de Toulon. Après de multiples M. Marchiani. Il essaie, avec beau- jourd’hui et pour 2001. majorité. Jean-Luc Mélenchon, a été condamné, début septembre, à un an de prison. atermoiements, le sénateur et pré- coup de difficultés, de séduire un Si le PS toulonnais veut « pré- l’un des dirigeants de la Gauche a Un restaurateur de Saint-Florentin (Yonne) a été condamné, sident du conseil général du Var, électorat hétérogène, dont les dé- senter un programme sans avoir né- socialiste, qui lui apporte son sou- vendredi 29 octobre, à deux mois de prison avec sursis et 8 000 francs Hubert Falco (DL), vient de lui em- çus et exclus de l’extrême droite cessairement un candidat », il tien, le laissait entendre lors d’une (près de 1 220 euros) de dommages et intérêts pour discrimination à boîter le pas en organisant, ven- sont une composante. Le sénateur s’emploie tout de même, en cou- visite à Toulon, le 6 octobre, récla- l’embauche par le tribunal correctionnel d’Auxerre. Recevant pour un dredi 29 octobre, la première ne désespère pas non plus de « ré- lisse, à convaincre l’un des deux mant le « cessez-le-feu ». Hasard entretien d’embauche un Français d’origine marocaine, le restaura- d’une série de réunions publiques cupérer certains électeurs de députés de jeter l’éponge. Mme Ca- du calendrier, le lendemain, Ro- teur avait affirmé à ce dernier que « sa clientèle ne souhaitait pas être destinées à « faire le point sur les gauche » et tente de mettre à pro- sanova prétend, quand on l’inter- bert Alfonsi, premier secrétaire fé- servie par un Arabe ». grands dossiers de la ville et créer fit la lutte pour la candidature qui roge, ne pas se préoccuper de ce déral du PS et réputé proche de a PRISON : quatre détenus et quatre surveillants de la maison une association de réflexion et de embarrasse le PS depuis plusieurs problème. Pour sa part, M. Gaïa Mme Casanova, organisait une d’arrêt de Cherbourg (Manche) ont été sérieusement intoxiqués propositions ouverte à l’ensemble de mois. est plus explicite quand il déclare conférence de presse, au cours de au monoxyde de carbone, vendredi 29 octobre au soir, à cause d’une la population afin de préparer les au Monde : « Je pars pour être lea- laquelle il déclarait qu’« à Toulon fissure dans l’appareil de chauffage de l’établissement, et ont dû être municipales de 2001 ». DISSENSIONS À GAUCHE der d’une liste qui gagnera. » Mis la gauche n’a pas le droit de hospitalisés. Quatorze autres personnes, se disant sujettes à des Cette initiative paraissait d’au- Si les rivalités opposant les deux en examen au côté du maire Jean- perdre ». « Nous ferons tout pour troubles, ont été placées sous oxygène au sein de l’établissement pé- tant plus urgente, pour la droite députés socialistes Odette Casa- Marie Le Chevallier dans le dossier que le choix de la tête de liste n’en- nitentiaire. toulonnaise, qu’un certain flotte- nova et Robert Gaïa ont long- d’attribution du marché des can- gendre pas un cataclysme. a VOL : le directeur de l’hôpital de Hautepierre à Strasbourg ment s’installait dans ses rangs. En temps été considérées comme un tines scolaires, il revendique ses Nous avons deux députés, il ne fau- (Bas-Rhin) a lancé, vendredi 29 octobre, un avertissement à des vo- campagne pour la présidence du stimulant pour la conquête de cir- actes tout en précisant que son drait pas que cet avantage se trans- leurs de produits pharmaceutiques, assurant que leur utilisation pou- RPR, Renault Muselier déclarait, le conscriptions, elles se sont trans- « rôle n’aura été que marginal et forme en handicap », a-t-il insisté, vait « entraîner un décès immédiat ». Il s’agit de trente-quatre am- 23 octobre à Toulon, qu’« ici il fau- formées en dissensions perma- [sa] démarche dictée par des prin- avant d’en appeler à un arbitrage poules contenant chacune 1 millilitre d’un produit anesthésique dra négocier avec toutes les compo- nentes depuis que les élus aspirent cipes républicains et démocrates » ; national. fortement concentré, qui ont été dérobées lors d’un vol avec effrac- santes de droite, dont le RPF ». à conquérir la mairie. En désac- il se montre confiant sur la conclu- tion dans un bloc opératoire du CHU de Hautepierre, dans la nuit du Reste qu’interrogé sur la candida- cord sur les grands dossiers de la sion de cette affaire judiciaire. José Lenzini 26 au 27 octobre. ture de M. Marchiani M. Falco, qui ville (sa traversée, son tramway, est soutenu par François Léotard, l’avenir de l’arsenal), s’évitant en a déclaré, vendredi, qu’« une pri- public, s’opposant, par voie de maire ne [le] gêne pas ». Ce à quoi communiqués, dans la presse lo- l’ancien préfet a immédiatement cale ou lors de conseils munici- répliqué qu’à son avis « les pri- paux, ils donnent souvent l’im- maires ne sont pas une bonne solu- pression de ne pas appartenir à la tion », mais, a-t-il continué, «si même formation politique et de Hubert Falco le veut, nous en ferons défendre des idées éloignées. non seulement aux municipales, Cette atmosphère explique que la Démocratie libérale accueille sans enthousiasme M. Soisson
« JE FINIS là où j’ai commencé », « Je suis rentré en politique en 1983 soupire Jean-Pierre Soisson. Appa- pour lutter contre François Mitter- renté, depuis jeudi 28 octobre, au rand », explique Bernard Deflesselle groupe Démocratie libérale de l’As- (Bouches-du-Rhône), qui s’est pro- semblée nationale, l’ancien secré- noncé contre l’apparentement au taire général du Parti républicain groupe d’un homme qui « n’a pas avait été exclu du groupe UDF le eu un parcours d’une très grande rec- 2 septembre 1998 en raison de sa titude ». « Je vois assez bien les em- réélection à la présidence du conseil merdements que ça va nous procurer, régional de Bourgogne grâce aux mais pas les avantages », affirme voix du Front national. Il lui aura également Dominique Dord, qui n’a fallu patienter plus d’un an parmi « pas le sentiment que Jean-Pierre les non-inscrits avant que le pré- Soisson, le roi du slalom géant, est le sident du groupe DL, José Rossi, dé- portrait type de l’homme politique cide de consulter ses troupes à son que nos concitoyens appellent de leurs sujet. vœux ». L’affaire n’a pas suscité de vagues, « Son parcours et son profil sont as- à la différence de l’adhésion au sez peu compatibles avec la moderni- même groupe, en août 1998, d’un té qu’entend incarner DL », note autre président de région réélu avec pour sa part Michel Herbillon (Val- les voix du Front national, Jacques de-Marne), qui souhaite que DL ne Blanc (Languedoc-Roussillon). Cette soit pas « la voiture-balai de tous fois, nul n’a jugé bon de déchirer sa ceux qui sont en déshérence poli- carte du parti devant les caméras de tique ». M. Rossi balaie ces voix cri- télévision, comme l’avait alors fait tiques qui sont restées minoritaires : Gilles de Robien, aujourd’hui porte- « Si on regardait les parcours indivi- parole de l’UDF. Le 29 septembre, duels, on trouverait des choses di- lorsque la question de l’apparente- verses », souligne-t-il, en jugeant ment de M. Soisson est venue à « absurde de mettre dans une situa- l’ordre du jour de la réunion du tion d’ostracisme des élus républi- groupe DL, les critiques ont porté cains qui sont clairement dans l’oppo- sur un parcours sinueux « entaché » sition au gouvernement ». par son entrée, en juin 1988, dans le gouvernement de Michel Rocard. Jean-Baptiste de Montvalon LeMonde Job: WMQ3110--0010-0 WAS LMQ3110-10 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 10:08 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0638 Lcp: 700 CMYK
10 / LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 CARNET
DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » –Mme Simone Carbouè, – Le président de l’université Pierre- – Après une vie de création, – Il y a dix ans, M. et Mme Marceau-Carbouè et-Marie-Curie-Paris-VI, a Mgr JEAN CADILHAC, évêque Naissances et leurs enfants, Maximilien et Alexis, Les directeurs des UFR de physique et Charlotte PERRIAND Jean-Claude LE FAUCHEUR me de Nîmes, Uzès et Alès depuis M. et M Cibot Carbouè, sciences de la Terre, Laurence et Christophe DUJANCOURT, M. et Mme Carbouè est devenue une poussière d’étoile dans la rejoignait sa fille 1978, est mort mercredi 27 octobre Le directeur du laboratoire de minéra- Pauline et Philippine, et leur fils, Yohan, logie et cristallographie, nuit du mercredi 27 octobre 1999. à Nîmes (Gard) des suites d’un M. Antoine Carbouè, Josée. Ses collègues, tous les personnels, Pernette, Tessa et Jacques regardent le cancer. Né le 11 octobre 1931 à sont heureux d’annoncer la naissance de ont la douleur de faire part du décès de ont la profonde tristesse de faire part du ciel avec une infinie tristesse. Ceux qui les ont connus, aimés, Fraisse-Cabardès (Aude), Jean Ca- décès de leur collègue et ami, pensent à eux. dilhac a été ordonné prêtre le Edouard, Pierre CARBOUÈ, Ce communiqué tient lieu de faire-part. ingénieur E.C.P., 29 juillet 1955, dans l’Aude. Il a été Philippe ILDEFONSE, Familles : Bellot, Kientz, Le Faucheur, le 27 octobre 1999. ancien cheminot. Nous vous informerons ultérieurement Prudon. ensuite successivement vicaire professeur, de la messe qui sera donnée à Paris en Il était né le 1-11-1911, à Béziers. dans une paroisse du diocèse de 6, avenue de Gravelle, souvenir de Charlotte. survenu le 26 octobre 1999, à l’âge de – Il y a quatre ans, Montauban (Tarn-et-Garonne), 94220 Charenton-le-Pont. Il s’est éteint le 26-10-1999, à Royan. quarante-six ans. aumônier régional, puis national, – Jean-Jacques Aillagon, du mouvement Chrétiens pour un Ni fleurs ni couronnes. président du Centre national d’art Annie LEMOINE La levée du corps aura lieu à l’Institut et de culture Georges-Pompidou, monde rural (CMR), curé de Cas- Décès Mais des dons peuvent être faits à médico-légal (quai de la Rapée), le mer- Werner Spies, nous quittait. telsarrasin (Tarn-et-Garonne), credi 3 novembre, à 14 h 30, une cérémo- – Le recteur Peter Skalicky l’orphelinat de la SNCF, 23, rue Clotilde- directeur du Musée national d’art moderne- Ceux qui l’ont connue, ceux qui l’ont avant d’être nommé évêque auxi- Gaillard, case 539, 93515 Montreuil nie se tiendra au funérarium d’Arpajon Centre de création industrielle, et son épouse, Claude, (Essonne) à 16 heures. aimée, se souviennent. liaire d’Avignon en septembre Cedex. Marie-Laure Jousset, Leurs beau-fils et fils, conservateur, responsable du Design 1973, puis évêque de Nîmes en Jérôme et Jean-François Petroff, L’inhumation a lieu le samedi 30 octo- – Les personnels de l’UFR des au Musée national d’art moderne-Centre mars 1978. Mgr Cadilhac était égale- – Le 31 octobre 1981, s’en est allé le ont la très grande douleur de faire part du bre à 16 heures, au cimetière Saint-Pierre, sciences de la Terre et évolution des de création industrielle, ment membre du comité épiscopal décès de leur oncle et grand-oncle, le à Royan. milieux naturels apprennent avec une infinie tristesse la docteur Isia MALKIN. chargé de l’enfance et de la jeu- ont la profonde douleur de faire part du disparition de capitaine de vaisseau (C.R.) nesse. En mars 1998, il avait pris – Le directeur, le personnel, décès de leur collègue Il est toujours présent dans nos cœurs. publiquement position contre le Charlotte PERRIAND. Maurice AVENARD, Les étudiants de l’ENAD Limoges-Aubusson, Philippe ILDEFONSE, Front national, soulignant que les officier de la Légion d’honneur, Ils s’associent à la peine de sa famille, – En mémoire de idées qu’il défend étaient «en écoles nationales d’art décoratif, professeur de minéralogie sédimentaire Pernette, Tessa et Jacques. ancien directeur général à l’université Pierre-et-Marie-Curie. contradiction avec l’Evangile et la de la raffinerie Shell-Berre, ont la profonde tristesse d’annoncer la disparition brutale de [Elle a été une pionnière de l’histoire Roland SCHWARTZ doctrine sociale de l’Eglise ». Dans e survenu à Paris, le 25 octobre 1999. du design du XX siècle et un fidèle et de ses parents, un message de condoléances Jean-Claude DUBOYS, –Mme Jean Michon, compagnon de route du Musée national d’art moderne.] adressé à sa famille, Alain Clary, La cérémonie religieuse sera célébrée architecte d’intérieur et designer née Annik Nizery, Denise et Pierre, député et maire communiste de le mardi 2 novembre, à 10 h 30, en et enseignant à l’ENAD depuis 1968. son épouse, Nîmes, a salué « le courage, la luci- l’église Saint-Jean-Baptiste de Grenelle, à Jean-François et Danièle Michon, – Les Editions Odile Jacob une musique, une pensée, un souvenir e heureux. dité » de Mgr Cadilhac dans sa lutte Paris-15 . – Montargis. Christine et Yves Guéguen, ont la très grande tristesse de faire part du contre l’intolérance, la xénophobie Martine et Jean-Louis Dupont, décès de et le racisme. Cet avis tient lieu de faire-part. Le président, Sabine Michon, – A la mémoire de Les membres du conseil d’adminis- Antoine et Eliane Michon, Charlotte PERRIAND, 9/7 Kaserngasse tration, Domitille et Laurent Soumagnac, a JEAN DESMARETS, ancien sé- survenu à son domicile à Paris, le mer- Nane STERN, A-1230 Vienne La direction et le personnel de la Marika et Christian Chaumont, credi 27 octobre 1999, au lendemain de nateur (CNI) du Nord, ancien er Autriche. Mutuelle nationale des hospitaliers et des Pascal et Ulrique Michon-Pasturel, ses quatre-vingt-seize ans. notre amie décédée le 1 novembre 1998. maire de Villeneuve-d’Ascq, est personnels de santé, ses enfants, Lise et Jean Marie Dunoyer. mort samedi 23 octobre à Lille. Né ont la tristesse de faire part du décès de Ses vingt-six petits-enfants, – Catherine et Serge Sobczynski, – Franco Cassina, le 3 juin 1910 à Flers-lez-Lille, agent Les familles Michon et Nizery, président de Cassina SPA, Patrick et Anne Bernard, Marcelle FABRE, commercial, Jean Desmarets a épouse du président-fondateur. ont la tristesse de faire part du décès de participe avec une tristesse infinie à la Souvenir d’abord été maire de Flers-lez- ses enfants, douleur de Pernette et de sa famille pour Judith, Raphaelle et Marianne, Lille, de 1947 à 1970, puis de Ville- Les obsèques auront lieu à l’église la perte de – Le 30 octobre 1998, ses petits-enfants, neuve-d’Ascq, de 1970 à 1977, après Saint-Didier de Villemandeur, le mardi Jean MICHON, ont l’infinie tristesse de faire part de la 2 novembre 1999, à 16 h 30. Charlotte PERRIAND, Corinne GALLOUIN la fusion en 1970 de Flers avec An- mort de leur mère et grand-mère, avec qui il a eu l’honneur de partager une nous quittait. nappes et Ascq. Il a aussi été séna- survenu le 28 octobre 1999, dans sa me vie d’amitié et de collaboration précieuse teur du Nord, de 1974 à 1983. M Michel BERNARD, – Antoinette Fumoux, quatre-vingtième année. née Gabrielle DEGHY, Christine Fumoux et Gabriel Marquette, et unique. Elle repose en paix au cimetière du Montparnasse, à Paris. Thérèse et Francis Fumoux La cérémonie religieuse sera célébrée Elle demeurera toujours dans nos et leurs enfants, survenue à Gstaad, le 28 octobre 1999. le mercredi 3 novembre, à 10 h 30, en cœurs et restera comme protagoniste Oui, des printemps comptaient sur toi, JOURNAL OFFICIEL Sa famille, ses proches et ses amis, l’église Saint-Jacques du Haut-Pas, irremplaçable dans l’histoire de Cassina. ont le regret de faire part du décès de Oui, des étoiles attendaient Les obsèques auront lieu dans la plus 252, rue Saint-Jacques, Paris-5e. Que ton cœur les atteignent Au Journal officiel daté lundi stricte intimité, lundi 1er novembre. 168, rue du Faubourg-St-Honoré, R. M. Rilke 25 - mardi 26 octobre est publié : André FUMOUX, Cet avis tient lieu de faire-part. 75008 Paris. b Agriculture : un décret relatif inspecteur général de l’administration (Le Monde du 30 octobre.) Familles Meyer-Gallouin, de l’éducation nationale, 157, avenue du Maine aux commissions paritaires d’hy- Vous pouvez 75014 Paris giène, de sécurité et des conditions nous transmettre survenu le samedi 23 octobre 1999. – Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). de travail en agriculture. Nos abonnés et nos action- naires, bénéficiant d’une me Au Journal officiel du mercredi vos annonces la veille Ses obsèques ont eu lieu le jeudi 28 oc- M Geneviève Suisse, Cours tobre, au crématorium du Mont-Valérien, réduction sur les insertions 27 octobre est publié : pour le lendemain son épouse, à Nanterre. du « Carnet du Monde », Ses enfants et ses petits-enfants, Cours particuliers b Fonction publique territo- jusqu’à 17 h font part du décès de d’informatique à domicile Cet avis tient lieu de faire-part. sont priés de bien vouloir riale : un décret portant modifi- Permanence le samedi nous communiquer leur (Internet, bureautique, multimédia). M. Jacques SUISSE, Tous niveaux. 300 formateurs en I.D.F. cation de certaines dispositions re- jusqu’à 16 heures 7, Parc du Château numéro de référence. latives à la fonction publique terri- 78430 Louveciennes. le 28 octobre 1999. toriale. ALDISA. Tél. : 01-46-10-50-32. Au Journal officiel du jeudi 28 oc- La cérémonie religieuse sera célébrée tobre sont publiés : le mercredi 3 novembre, à 10 heures, en l’église Sainte-Thérèse, à Châtenay-Mala- Soutenances de thèse b ENA : un décret portant dis- bry, suivie de l’inhumation au cimetière me positions statutaires applicables à local. –M Oudot-Ly Thanh Huê, a soute- nu, le 20 septembre 1999 à Jussieu, Pa- certains personnels de l’Ecole na- ris-7e, sa thèse de doctorat de sciences hu- tionale d’administration et de Manière de voir Anniversaires de décès maines cliniques, spécialité psycho- l’Institut international d’adminis- Le bimestriel édité par pathologie fondamentale et psychanalyse. tration publique. – Il y a deux ans, le 31 octobre 1997, Elle a obtenu la mention très honorable b Unesco : un décret portant avec les félicitations du jury. Le jury était Edith BLANDEL composé de M. Paul-Laurent Assoun, di- nomination des délégués français recteur de thèse, professeur à l’université àla 30e session de la conférence nous quittait. Paris-VII, de Mme Michèle Huguet, pré- générale de l’Organisation des Na- sidente de thèse, professeur à l’université tions unies pour l’éducation, la Que celles et ceux qui l’ont connue Paris-VII, de M. Jean-Jacques Rassial, aient une pensée pour elle en cette période professeur à l’université Paris-XIII, de science et la culture (Unesco). de Toussaint. M. François Sauvagnat, professeur à Au Journal officiel du vendredi « Qu’elle repose en paix. » l’université Rennes-II. 29 octobre sont publiés : b Spoliations : un décret et un arrêté portant nomination de Lu- CARNET DU MONDE cien Kalfon, préfet, comme direc- TARIFS 99 - TARIF à la ligne teur à la commission pour l’indem- DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, nisation des victimes de spo- ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 136 TTC - 20,73 ¤ liations intervenues du fait des lé- Histoire TARIF ABONNÉS 118 F TTC - 17,98 ¤ gislations antisémites en vigueur pendant l’Occupation. NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, ¤ b Vins : un décret définissant les MARIAGES, FIANÇAILLES 520 F TTC - 79,27 FORFAIT 10 LIGNES ¤ conditions de production des vins Toute ligne suppl. : 62 F TTC - 9,45 de pays Portes de Méditerranée. THÈSES - ÉTUDIANTS : 83 F TTC - 12,65 ¤ d’un désastre COLLOQUES - CONFÉRENCES : Nous consulter ట 01.42.17.39.80 + 01.42.17.38.42 – Fax : 01.42.17.21.36 Les lignes en capitales grasses sont facturées sur la base de deux lignes. Les lignes en blanc sont obligatoires et facturées. A LA TELEVISION ET A LA RADIO social Le Monde des idées LCI Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 0123 Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 a a a Le lundi à 9 h 10 et à 14 h 10 Tempêtes sur l’Asie, par Ignacio Ramonet. La fin d’un miracle, par Philip S. Golub. Dragonnades a (I. R.). a Un désastre social sans précédent, par John Evans. a Cyclone sur les soutiers de la « terre & a DOSSIERS DOCUMENTS littéraires Le Grand Jury promise », par Solomon Kane et Laurent Passicousset. Le coût exorbitant du développement chinois, RTL-LCI par Roland Lew. a Nationalisme égaré de la Malaisie, par David Camroux. a La Corée du Sud à l’heure Le dimanche à 18 h 30 du FMI, par Ilaria Maria Sala. a Indonésie, politique de la pauvreté, par Jan Breman. a Craquements du a modèle japonais, par Evelyne Dourille-Feer. a Une crise de facture globale, par Dominique Plihon et Les rumeurs du monde François Chesnais. a Le couple nippo-américain à l’heure du soupçon, par Bruce Cumings. Balzac, le titan FRANCE-CULTURE a L’Indonésie, atout maître du jeu américain, par Noam Chomsky. a Malentendus et rivalités Non, Balzac n’est pas seulement Le samedi à 12 heures a a commerciales transpacifiques, par Walden Bello. Pékin-Taïwan, par-delà les diktats, par Selig la doublure de Gérard Depardieu. S. Harrison. a Liaisons dangereuses entre Washington et Pékin, par Michel Chossudovsky. a L’Inde à la Idéaux et débats Un dossier pour faire le tour de ce créateur, FRANCE MUSIQUES recherche d’alliés, par Jyotsna Saksena. a Verrouillage stratégique de l’océan Indien, par Raoul Le dimanche à 17 heures Delcorde. a Demain, 2,4 milliards d’Asiatiques en ville, par Jacques Decornoy. a Un gigantesque génial observateur de la nature humaine. a réservoir démographique, par Léon Tabah. a Du bon usage des « valeurs asiatiques », par Bernard Libertés de presse Cassen. a Remise en question du « modèle » occidental, par Philip S. Golub. a Mue douloureuse de la FRANCE-CULTURE société japonaise, par Christian Sautter. a Violence contre démocratie en Indonésie, par Françoise Un dimanche sur quatre à 16 heures a Cayrac-Blanchard. a En Birmanie, répression sur fond de narcotrafic, par André et Louis Boucaud. a Retour sans joie de Hongkong à la « mère-patrie », par Bernard Cassen. a Fantasme de conflit en mer L’art du naturalisme A la « une » du Monde a RFI de Chine méridionale, par Virginie Raisson. Quand la vague du chômage déferle, par Jean-Louis Qu’est-ce que le naturalisme en littérature ? Du lundi au vendredi Rocca. a La vraie dimension chinoise, par François Godement. a La diversité linguistique d’Homo A partir de l’œuvre de Zola, à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) asiaticus, par Christian Lechervy. a Un destin contrarié, par Philip S. Golub. une analyse de ce courant littéraire a et de ses héritiers. La « une » du Monde Et d’autres articles, accompagnés d’une importante bibliographie, d’une liste de sites BFM Internet et d’un glossaire. Du lundi au vendredi 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Le samedi UNE PUBLICATION DU MONDE 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX – 45 F – 6,86 ¤ CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX LeMonde Job: WMQ3110--0012-0 WAS LMQ3110-12 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 08:30 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0640 Lcp: 700 CMYK
12 / LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 HORIZONS ENQUÊTE Le combat solitaire de Kofi Annan N trente ans de car- b Lundi 5 juillet. pression, la population du Timor- pendance et qu’une partie de la po- rière, le diplomate De l’acceptation L’ONU est donc seule. Aucun Oriental était déterminée à expri- pulation cédait à l’intimidation pour n’avait rien vu de pays n’accepte de mettre la pres- mer sa volonté ; 98 % sont venus ne pas voter, les forces pro-intégra- pareil. La lettre du du référendum sion sur Djakarta. Au cabinet du se- s’inscrire. tion auraient pu obtenir 52 % des secrétaire général de crétaire général, les divergences voix », explique une source de re- l’ONU, adressée au sur réapparaissent. M. Annan exhorte b Vendredi 16 juillet, Dili. tour de Dili. président de l’Indo- le Conseil à insister sur le déploie- « Ce matin-là, je me demandais si nésie, est renvoyée, l’indépendance ment des observateurs militaires au les gens allaient venir, se souvient la b Lundi 30 août. E Timor-Oriental avant le vote. Le rejetée. Rédigée fin française Cehlia de Lavarene, char- Si la peur est restée présente, le avril, elle contient, en sept points, par Jusuf Conseil refuse. « C’est à ce moment- gée pour l’ONU de l’éducation ci- référendum sur l’avenir du Timor- les conditions jugées « indispen- là que le secrétaire général aurait dû vique des électeurs. La veille encore, Oriental s’est néanmoins déroulé sables » par Kofi Annan pour que Habibie, faire appel directement à l’opinion les rues de Dili étaient vides, la capi- dans le calme. Ce lundi 30 août, l’ONU soit en mesure d’organiser le publique », estime Shepard For- tale était comme une ville fantôme. Cehlia de Lavarene se réveille à référendum sur l’indépendance du le président man, directeur du centre des rela- On était évidemment inquiets de voir 4 h 30 du matin. « Je ne savais pas à Timor-Oriental : strict contrôle des tions internationales à l’université s’ils oseraient venir, eh bien, ils sont quoi m’attendre, explique-t-elle. Ce groupes armés, arrestation immé- indonésien, de New York et expert du Timor- venus par centaines des milliers. Mon que j’ai vu, je ne l’oublierai jamais, diate et poursuite de ceux qui in- Oriental. rôle était de les rassurer en leur di- une marée humaine, les hommes, les citent à la violence, redéploiement jusqu’aux Kofi Annan décide de ne pas cé- sant que leur vote resterait secret, femmes, les vieillards, les bébés, ils et départ, un mois avant le vote, der. « Si on se laisse impressionner mais cela ne les intéressait pas, ils te- étaient tous là, habillés comme pour
des forces militaires indonésiennes BALDWIN/AP SHAWN massacres par les menaces, dit-il, cela serait in- naient à nous dire qu’ils allaient vo- aller à l’église, les yeux étincelants, du territoire, et surtout, désarme- terprété par les milices comme le ter pour l’indépendance et que pour des grappes humaines accrochées ment de toutes les milices anti-in- de populations timoraises signe qu’il suffit de continuer la vio- cela, ils étaient prêts à prendre n’im- aux grilles de l’école où je devais les dépendantistes avant le début du lence pour que le référendum soit porte quel risque... » aider à voter. C’était hallucinant. Ils processus électoral. Plus qu’un af- par l’armée et les milices, notre annulé. » Avant d’arrêter sa déci- étaient tellement nombreux que l’on front politique, cette fin de non-re- sion sur le processus, il sollicite à b Mercredi 11 août, Djakarta. avait peur pour les plus vulnérables. cevoir par Djakarta est un avertis- correspondante auprès des nouveau l’avis des dirigeants est-ti- Fort du succès « inespéré » du Ils étaient pressés de voter, ils étaient sement, à quatre jours de la morais. Le 12 juillet, le directeur de processus de l’enregistrement et du sûrs qu’en sortant de l’école, ils al- signature, prévue pour le 5 mai, de Nations unies retrace la gestion l’ONU pour l’Asie, Francesc Ven- calme relatif dans lequel il s’est dé- laient être tués. Ils n’avaient pas peur l’accord tripartite entre l’Indonésie, drell, est dépêché à Djakarta pour roulé, Jamsheed Marker et Francesc de se faire tuer mais ils avaient très le Portugal, l’ancienne puissance de cette crise majeure par l’ONU. une longue discussion avec Xanana Vendrell retournent dans la capitale peur de se faire tuer avant d’avoir occupante, et les Nations unies. Un Gusmao : « Je lui ai dit "vous indonésienne. Ils sont rassurés par voté... Je n’ai jamais vu un enthou- accord qui confie à l’ONU l’organi- Au grand jour, mais surtout connaissez la situation, vous tenez la réunion avec le président Habi- siasme pareil », dit la Française. Les sation du référendum et à l’Indoné- donc la clé, si vous estimez qu’il est bie et le général Wiranto : « Notre Est-Timorais ont participé à 98,6 % sie le maintien de la sécurité sur le en coulisse. trop dangereux d’organiser le vote, le impression était qu’ils avaient accep- au référendum. territoire. secrétaire général m’a chargé de té le fait accompli », dit M. Vendrell. « Certains voulaient rendre la Elle révèle les luttes vous dire qu’il est prêt à l’annuler", Xanana Gusmao aussi est réconfor- b Vendredi 3 septembre. lettre publique tout de suite, avant la explique M. Vendrell. Je lui ai aussi té. Pour lui, le référendum est dé- Le secrétaire général annonce le réunion du 5 mai », se souvient le du secrétaire général dit que, dans ces conditions, le CNRT sormais « inévitable ». résultat du référendum : 78,5 % des Péruvien Alvaro de Soto, secrétaire (conseil national de la résistance ti- Est-Timorais ont rejeté l’offre de général adjoint aux affaires poli- pour garantir la sécurité morais) ne serait pas en mesure b Dimanche 22 août. l’autonomie au sein de l’Indonésie tiques. D’autres estiment que sa d’organiser une campagne électo- La situation au Timor-Oriental ne et ont choisi l’indépendance. Was- publication révélerait une confron- du référendum, malgré l’attitude rale. » L’absence de campagne élec- cesse de se dégrader. Dans une hington se félicite de la naissance tation et risquerait de « torpiller » torale n’inquiète guère le leader in- lettre adressée au chef de la mis- d’une « nouvelle nation ». Le pre- le processus de négociation. Kofi hostile des militaires indonésiens dépendantiste. « Nous n’avons pas sion de l’ONU, les membres de la mier ministre portugais, Antonio Annan tranche. La lettre ne sera besoin de faire campagne, dit-il à commission électorale font part de Guterras, salue une « nouvelle légiti- pas rendue publique. Il décide d’en- et les réserves son interlocuteur. Les Est-Timorais leurs inquiétudes. Les trois juges mité démocratique ». A Djakarta, voyer un « mémorandum » à Dja- savent très bien ce qu’ils veulent. » ont pour mandat de certifier que où il est déjà samedi 4 septembre, karta réitérant les sept conditions du Conseil de sécurité Gusmao recommande que l’on les conditions de sécurité existent le président indonésien déclare à la et ajoute une annexe détaillant les commence le processus d’inscrip- pour le déroulement du référen- télévision que son gouvernement responsabilités de l’Indonésie. tion pour une période initiale de dum. Elle n’existent évidemment « respecte et accepte » les résultats Pourtant, la signature, le 5 mai, par indépendantiste du Timor-Oriental, nésien étant à l’origine de la notion dix jours. pas : « Huit jours avant le vote, il est du référendum. En revanche, Xana- l’Indonésie et le Portugal, ne ras- José Alexandre « Xanana » Gus- d’indépendance, il entend assurer A Dili, le personnel de l’ONU est évident que le gouvernement indoné- na Gusmao s’inquiète. Le leader in- sure guère le secrétaire général. Il mao, en prison depuis sept ans, le lui-même sa mise en œuvre. L’ar- inquiet. Dans un mémorandum in- sien refuse d’accomplir les obliga- dépendantiste, toujours en rési- fait part de ses inquiétudes au compromis prend la forme d’un mée indonésienne se portera ga- terne, un des volontaires parle d’un tions fondamentales. » Selon les dence surveillée, réclame l’envoi Conseil de sécurité. projet de texte sur l’autonomie du rante de la sécurité au Timor- incident survenu à Maliana : «Il juges, « à aucun moment depuis le immédiat d’une force de l’ONU afin territoire. Texte qui, près de deux Oriental. « Que voulez-vous que l’on faut absolument que vous sachiez, début du processus électoral nous d’« éviter un second génocide ». Il b Mercredi 6 mai 1998, ans plus tard, sera accepté par les dise?», demande Jamsheed Mar- écrit-il au chef de la mission de n’avons pu constater une atmosphère prédit que des forces indoné- antichambre de la salle parties, fin 1998. ker. Quand le président et le chef de l’ONU, qu’ici, à Maliana, la police qui pourrait être décrite comme libre siennes « vont contraindre des Est- du Conseil de sécurité. l’armée d’un pays membre de l’ONU locale ne cesse de menacer les gens d’intimidation de violences ». Les Timorais à tuer leurs frères ». Il a rai- « L’atmosphère était extrêmement b Mercredi 27 janvier 1999. nous donnent leurs garanties, est-ce en leur disant que, s’ils optent pour juges ne recommandent pourtant son. La réaction des milices est im- accommodante en faveur de l’Indo- Au pouvoir depuis mai 1998, le que l’ONU est en mesure de dire non, l’indépendance, le Timor-Oriental pas l’annulation du processus élec- médiate. Dès l’annonce des nésie, se rappelle un diplomate, les président de l’Indonésie, B. J. Habi- je ne vous crois pas, vous êtes des deviendra un "nouveau Kosovo" ; le toral. résultats, le Timor-Oriental est mis pays membres préférant se féliciter bie, fait volte-face sur le Timor- menteurs ? » Une fois de plus, le di- à feu et à sang. Des dizaines de per- de la décision « historique » du pré- Oriental. Il surprend la communau- plomate pakistanais se rend chez sonnes sont tuées. Des centaines de sident Jusuf Habibie de permettre le té internationale en évoquant, pour Xanana Gusmao, dont il avait, « Pour tous les gouvernements du monde, milliers d’Est-Timorais sont référendum plutôt que se pencher sur la première fois, la possibilité de entre-temps, obtenu la mise en li- contraints, par la force, à quitter les risques possibles. » Kofi Annan l’indépendance pour ce territoire. berté, mais qui restait en résidence la stabilité de l’Indonésie, avec leur foyer. Les organisations huma- prend ses précautions : « J’ai enta- Un pari « visionnaire et courageux » surveillée. nitaires et les journalistes étrangers mé, dès fin mai, des négociations se- pour certains, et que d’autres consi- « Le rejet catégorique d’une pré- ses 220 millions d’habitants, était nettement sont évacués. crètes avec des pays prêts à déployer dèrent « irréfléchi et dangereux ». sence internationale par Djakarta a A New York, le secrétaire général des troupes au Timor-Oriental, au Compte tenu de la proximité des beaucoup inquiété Xanana, se rap- plus importante que l’indépendance du convoque la presse. Il déclare cas où... » L’Australie accepte le élections présidentielles en Indoné- pelle M. Marker, mais il voulait cou- qu’une présence militaire interna- principe de la création d’une telle sie, c’est la dernière « fenêtre d’op- rir le risque et, étant certain du résul- Timor-Oriental avec ses 800 000 habitants » tionale est désormais nécessaire au force et évoque la possibilité de la portunité » pour les Est-Timorais de tat du vote, il voulait mettre Timor-Oriental. Son représentant, diriger. Pourquoi alors n’a-t-il pas choisir leur destin. « Sa décision, l’Indonésie devant un fait ac- M. Marker, se rend à Djakarta et insisté pour que la force soit dé- Habibie l’a prise sans avoir réfléchi compli. » Gusmao recommande la secrétaire général est-il au courant Initialement fixé par l’ONU au di- proteste vigoureusement auprès du ployée au Timor-Oriental avant le aux conséquences », estime le diplo- continuation du processus électo- de la situation ? » manche 8 août, le référendum a dû président Habibie contre les actes vote ? « Tout simplement parce mate espagnol Francesc Vendrell, ral. La décision finale sur le lance- être repoussé au lundi 30 août, à de violences et « l’apathie » de la qu’aucun pays, et je dis bien aucun, directeur des Nations unies pour ment du processus d’inscription re- cause de l’insécurité. Pendant la police indonésienne. M. Annan n’acceptait d’y déployer ses forces l’Asie et le Pacifique, qui se dit b Jeudi 1er juillet. vient à Ian Martin, chargé de la période de 22 au 30 août, le secré- exige, lors d’une conversation avec sans l’aval de l’Indonésie », répond « quasiment convaincu » qu’elle Sur le terrain, la situation se dé- mission de l’ONU au Timor-Orien- taire général travaille « vingt-quatre le président indonésien, que les le diplomate ghanéen. Après le re- avait été prise sans consultation, tériore. A New York, le conseil de tal et ancien président d’Amnesty heures sur vingt-quatre ». Sa straté- forces armées indonésiennes ar- jet de la lettre, explique-t-il, « ni avec son cabinet, ni avec son mi- sécurité est silencieux. Malgré les International. « Evidemment que gie est triple : rappeler aux diri- rêtent les milices et il l’informe de « j’avais le choix entre insister sur nistre des affaires étrangères, Ali Ala- briefings quotidiens du sous-secré- l’on savait que la campagne d’intimi- geants leurs responsabilités, conti- son intention de demander le dé- une présence internationale au Ti- tas, et surtout, sans l’aval du chef de taire général Prendergast, aucune dation était orchestrée et organisée nuer la création d’une force ploiement d’une force multinatio- mor-Oriental, ce qui, nous ont dit l’armée, le général Wiranto ». D’où, action n’est entreprise. par l’armée indonésienne, explique internationale, s’assurer que le nale. clairement les Indonésiens, mettrait estime le diplomate, la réaction vio- « C’était comme si on parlait à des le Britannique, et l’on savait aussi Conseil de sécurité est pleinement M. Habibie continue d’assurer le fin aux négociations, ou prendre le lente de l’armée. Arrivé mi-janvier sourds », nous dit un diplomate. Il que des dizaines de milliers d’Est-Ti- informé des risques. Le sous-secré- secrétaire général que « l’envoi risque d’une résistance armée des à New York, pour négocier les mo- est évident, dit un responsable de morais avaient été déplacés de force. taire général Prendergast propose d’une force n’est pas nécessaire ». Le forces anti-indépendantistes, risque dalités de la mise en œuvre d’une rang élevé à l’ONU, « que pour tous Nous avons donc décidé, en consul- au Conseil de dépêcher une mis- secrétaire général passe la nuit du que les dirigeants est-timorais nous « consultation populaire » (les Indo- les gouvernements du monde, la sta- tation avec les dirigeants timorais, sion de haut niveau à Djakarta. Le vendredi 3 au samedi 4 septembre demandaient de prendre ». nésiens n’ont jamais accepté le mot bilité de l’Indonésie avec ses 220 mil- d’entamer le processus et de voir si Conseil refuse. au téléphone avec les dirigeants de La résolution 3730, qui confiait « référendum »), Ali Alatas, propose lions d’habitants était nettement plus les personnes déplacées seraient em- « Les miliciens étaient convaincus grands pays : aucun n’accepte le au secrétaire général de l’ONU un que la décision sur l’indépendance importante que l’indépendance du pêchées de s’inscrire, auquel cas on que si tous les fonctionnaires et leurs déploiement d’une force militaire premier mandat de médiation de- soit prise après des discussions avec Timor-Oriental avec ses 800 000 ha- aurait annulé le processus électo- familles, les soldats indonésiens et au Timor-Oriental sans l’accord de puis l’occupation du Timor-Orien- des dirigeants est-timorais à l’inté- bitants ». ral. » Après vingt-quatre ans de ré- leurs proches votaient contre l’indé- l’Indonésie. tal par l’Indonésie en 1975, avait été rieur et à l’extérieur du pays. Pro- votée en... 1982. « Quinze ans et position refusée par le secrétaire deux secrétaires généraux plus tard, général : « L’ONU ne pouvait, en au- Le 25 juin 1999. Le représentant des Nations unies le dossier était toujours moribond », cun cas, accepter cette proposition, pour le Timor-Oriental, Jamsheed Marker, explique Antonio Monteiro, alors elle aurait été sans aucun doute reje- rencontre des habitants de Liquica. jeune diplomate portugais, devenu tée par le Parlement indonésien », ambassadeur de son pays auprès de explique Francesc Vendrell. l’ONU. Mais dès sa prise de fonc- tion, en janvier 1997, Kofi Annan a b Vendredi 11 juin. décidé de donner une priorité à la Pour la première fois, l’ONU éta- question du Timor-Oriental, qui blit une présence civile au Timor- avait fait, en vingt-quatre ans, plus Oriental. Cette mission, l’Unamet, de 200 000 victimes. Le secrétaire est chargée de l’organisation du ré- général a nommé, comme repré- férendum. La situation est tendue. sentant « personnel » pour le Ti- Les milices anti-indépendantistes mor-Oriental, le diplomate pakista- ont déclaré leur intention de résis- nais Jamsheed Marker, qui s’est ter par la violence. Jamsheed Mar- aussitôt rendu sur place. « Pendant ker retourne à Djakarta. Lors d’une un quart de siècle, Djakarta et Lis- réunion avec le président Habibie bonne avaient campé sur deux posi- et le général Wiranto, la question
tions opposées, explique-t-il lors d’une présence internationale est BALDWIN/AP SHAWN d’un passage à New York. Il fallait évoquée. Le 5 mai 1999. Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, un compromis. » Après une pre- Elle est « fermement et catégori- entouré du ministre portugais des affaires étrangères, Jaime Gama mière conversation avec le leader quement rejetée ». Le pouvoir indo-
(à droite), et de son homologue indonésien, Ali Alatas. SAM MARTINS/AP LeMonde Job: WMQ3110--0013-0 WAS LMQ3110-13 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 08:30 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0641 Lcp: 700 CMYK
HORIZONS-ENQUÊTE LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 / 13
sont assis face au président Habibie, lui-même. Pas fou, il voulait garder le entouré de son cabinet. Le chef pouvoir sans être tenu responsable de d’Etat explique que la situation au la présence étrangère sur le sol timo- Timor-Oriental est « sous le rais. » Le général prend son télé- contrôle » du gouvernement qui phone et demande au président Ha- remplit ses obligations. Le chef de bibie d’annoncer la décision de l’armée réitère sa position : une pré- l’Indonésie. sence militaire étrangère est hors de question. Les ambassadeurs ne sont b Dimanche 12 septembre, Dili. pas convaincus. Ils font part des inci- Le président indonésien annonce dents de deux derniers jours. « sa » décision d’accepter le déploie- ment de la force multinationale. Il b Vendredi 10 septembre, reçoit la mission du Conseil, de re- ministère de la défense tour à Djakarta. « Le président Habi- indonésien. bie nous a expliqué qu’il avait annon- Flanqué de ses généraux, le géné- cé sa décision avant de nous recevoir, ral Wiranto, qui ne maîtrise pas réel- explique l’ambassadeur britannique. lement les unités d’élite comme le Il nous a dit qu’il ne voulait pas don- Kopassus, organisateur du recrute- ner l’impression à son propre cabinet ment et de l’entraînement des mi- que cette décision ait été prise sous la lices dès le début de l’année, est pression du Conseil de sécurité. » Il est calme. Il relate aux ambassadeurs sa décidé que le ministre des affaires version des événements au Timor- étrangères Ali Alatas se rendrait à Oriental. L’ambassadeur de Nami- New York pour finaliser le déploie- bie, Martin Andjaba, refuse d’accep- ment de la Force multinationale. ter les propos de Wiranto : « Vous ne dites pas la vérité. Nous insistons pour b Mercredi 15 septembre, nous rendre au Timor-Oriental et pour New York. voir de nous-mêmes ce qui s’y passe. » Tard dans la nuit de mercredi à « Le général Wiranto était visiblement jeudi, le Conseil de sécurité donne le étonné, se rappelle l’ambassadeur feu vert au déploiement d’une Force britannique, Sir Jeremy Greenstock, multinationale sous commandement d’entendre un tel langage direct de la australien. Dès le lendemain du vote, part d’un ancien révolutionnaire de la l’ONU se trouve sous le feu des cri- SWAPO (mouvement indépendan- tiques. tiste de la Namibie). Il retrouve son L’organisation et, surtout, son secré- calme : « Ce n’est pas nécessaire, dit- taire général sont accusés par les il. Je vous assure que le calme est reve- commentateurs d’avoir failli à leurs nu au Timor-Oriental, les informations responsabilités envers la population sont exagérées. » Au moment même est-timoraise. Parmi le personnel de où le général parle, le téléphone por- l’ONU, certains partagent ces cri- table du chef de la mission du Conseil de sécurité sonne : c’est Ian Martin. Le siège de l’ONU vient « Ils n’avaient pas d’être attaqué à la grenade, dit le chef de l’Unamet. L’ambassadeur peur de se faire tuer, namibien fait part de sa conversa- tion au général Wiranto. Le chef de mais ils avaient très l’armée indonésienne demande à ses aides de camp de vérifier l’informa- peur de se faire tuer tion. Les incidents ne sont pas sé- rieux, insiste-t-il. Les soldats pro- avant d’avoir voté... tègent le siège de l’ONU... Le téléphone de l’ambassadeur nami- Je n’ai jamais vu un bien sonne de nouveau : les attaques sont de plus en plus graves, dit en- tel enthousiasme » core Ian Martin. « Le général Wiranto n’avait plus le choix, nous dit l’ambas- Cehlia de Lavarene, sadeur britannique. Il accepte l’idée d’une visite à Dili. » de l’ONU b Vendredi 10 septembre, New York. tiques : « Jamsheed Marker et Ian Le Timor-Oriental est de plus en Martin devraient être jugés, estime plus victime d’une politique systé- l’un d’entre eux. Il ne suffit pas de dire matique de terre brûlée. Frustré par que la population civile voulait à tout son impuissance à influencer politi- prix voter. Evidemment qu’elle voulait
CHARLES DHARAPAK/AP quement le cours des événements voter, mais elle pensait être protégée Le 30 août 1999. Avec leur certificat d’inscription en main, des milliers d’Est-Timorais se pressent pour participer au vote sur le territoire et son incapacité à par l’ONU, or l’ONU l’a trahie. » sur l’indépendance du Timor-Oriental, au bureau de vote de l’Unamet dans le village de Hatukesi, du district de Liquica. contraindre les grandes puissances à « Il est facile de critiquer l’ONU après accentuer leurs pressions sur Djakar- coup, dit Kofi Annan. Je répète qu’au b Samedi 4 septembre, New York. ment de l’Australie pour diriger une Plusieurs dizaines de civils sont déjà 3 h 25 à 4 h 30 du matin (heure de ta, conscient en outre de l’atteinte Timor-Oriental le choix était entre un Kofi Annan ne trouve un allié que force multinationale. Dans une tués. Les déplacements forcés des New York), le secrétaire général l’in- grave à la crédibilité de l’ONU, Kofi référendum qui pouvait être violent ou le 4 septembre. Le premier ministre conversation de 30 minutes, Kofi An- populations continuent. Selon forme que la loi martiale reste ineffi- Annan lance un avertissement solen- l’abandon des négociations. Les Est-Ti- portugais estime que la présence nan fait à nouveau part de ses in- l’ONU, plus de 150 000 personnes cace. Il l’informe aussi de sa décision nel aux autorités indonésiennes. Il morais ne voulaient pas perdre l’occa- d’une force militaire internationale quiétudes au président Habibie, qui ont été évacuées de force. Les mi- d’évacuer le personnel de l’ONU. les exhorte à accepter une présence sion, peut-être la dernière, de choisir est désormais « indispensable ». Il se lui annonce son intention d’instaurer lices attaquent la résidence de M. Habibie demande 24 heures de militaire internationale et les avertit leur propre destin. En évoquant la pos- charge de passer le message à ses la loi martiale au Timor-Oriental. Mgr Carlos Belo, évêque de Dili, Prix plus. Kofi Annan retourne au Conseil qu’en refusant elles « ne sauraient sibilité de l’indépendance pour le Ti- homologues occidentaux. M. Pren- M. Annan lui répond : « Nous Nobel de la paix, et le siège de la de sécurité. Il exige le déploiement échapper à la responsabilité de ce qui mor-Oriental, le président Habibie a dergast réitère sa recommandation sommes prêts à vous donner 48 Croix-Rouge, où s’étaient réfugiés « immédiat » de la Force multinatio- équivaudrait à des "crimes de pris un risque, et s’il n’est pas réélu ? » d’envoyer une mission de haut ni- heures ; si la loi martiale n’a pas pour des milliers de civils. L’ONU est im- nale. En l’absence d’accord de Dja- guerre" ». Ce risque, ajouté au scandale de la veau à Djakarta. Le Conseil refuse. effet de calmer la situation, une force puissante. Selon les relevés de télé- karta, les pays membres refusent. Bali Banki, révélateur de la corrup- militaire sera déployée sur le territoire phone de l’ONU, entre le 3 et le Kofi Annan s’adresse à la presse : b Samedi 11 septembre, New York. tion du régime, a peut-être coûté à b Dimanche 5 septembre, pour aider l’Indonésie. » Lors de cette 15 septembre, le secrétaire général a « L’Indonésie refuse de mettre fin à la Après quatre jours de négocia- M. Habibie sa réélection. Son suc- New York. conversation, le président Habibie passé 111 coups de téléphone au su- violence, nous ne pouvons plus accep- tions, Antonio Monteiro fait accep- cesseur, Abdurrahman Wahid, et le A la demande du secrétaire géné- annonce son intention de relâcher jet du Timor-Oriental, dont 25 avec ter la situation, il faut qu’une force mi- ter l’idée d’une réunion publique du vice-président, Megawati Sukarno- ral, le Conseil se réunit pour une ses- Xanana Gusmao et de le confier à le président Habibie. Le 6 sep- litaire soit déployée. » Le Conseil de- Conseil de sécurité : « Il fallait que les putri, étaient contre l’indépendance sion urgente. M. Prendergast est l’Unamet. L’offre est refusée par Kofi tembre, Kofi Annan accepte la de- mande au secrétaire général pays membres expliquent leurs posi- pour le territoire occupé. sans équivoque : « Il s’agit d’une stra- Annan, qui n’a aucun moyen d’assu- mande du président Habibie d’at- d’accorder 24 heures de plus à l’In- tions, dit-il. Pourquoi ont-ils décidé de Le nouvel administrateur de tégie orchestrée par l’armée indoné- rer la sécurité du leader indépendan- tendre 24 heures de plus pour que la donésie, mais accepte, pour la pre- lancer une opération militaire au Ko- l’ONU pour le Timor-Oriental, Ser- sienne », dit le Britannique, il faut tiste. loi martiale rétablisse le calme, sans mière fois, d’adopter une ligne plus sovo, sans l’autorisation de Belgrade, gio Vieira de Mello, ne mâche pas une décision du Conseil. Faute du lequel « l’Indonésie n’aura aucune ex- dure face à Djakarta. Malgré les re- alors que les Timorais sont massacrés ses mots : « Nous sommes peut-être déploiement d’une force militaire, b Lundi 6 septembre, Dili. cuse pour rejeter la Force internatio- commandations de plus en plus et chassés de chez eux, et la commu- coupables d’avoir fait confiance à des toujours « hors de question » pour les Les rues de Dili sont de nouveau nale ». pressantes de Ian Martin, chef de la nauté internationale attend l’accord hommes tels que B. J. Habibie et Ali pays membres, il insiste, pour la troi- désertées. Les milices déchaînées. mission de l’ONU au Timor-Oriental, de Djakarta avant de réagir. » La réu- Alatas et de n’avoir pas su imaginer le sième fois, sur l’envoi « immédiat » Les forces indonésiennes, qui ont la b Mardi 7 septembre. pour évacuer son personnel, entouré nion révèle un changement d’atmo- scénario dantesque qui a suivi l’an- d’une mission du Conseil à Djakarta. responsabilité du territoire, Le Conseil de sécurité finit par ac- par les milices, le secrétaire général sphère. L’opinion publique demande nonce des résultats du référendum, Le secrétaire général reçoit l’engage- comptent plus de 20 000 hommes. cepter l’idée d’une mission diploma- hésite. Il est troublé à l’idée d’aban- désormais des explications. Le secré- mais nul ne pouvait prévoir l’enver- tique au Timor-Oriental. Cinq am- donner la population, qu’il avait en- taire général déclare que l’Indonésie gure des violences. Fallait-il annuler bassadeurs se portent volontaires. La couragée à voter. A Washington, le « a clairement failli à prendre ses res- les élections ? Et avec quelles consé- mission est composée des ambassa- président Clinton parle de « viola- ponsabilités, malgré l’introduction de quences ? » Le diplomate brésilien deurs britannique, malaisien, slo- tions graves des droits de l’homme » et la loi martiale ; l’heure est venue pour souligne que, lorsque la communau- vène, du numéro deux néerlandais et prend des mesures pour isoler l’In- le déploiement d’une force internatio- té internationale a « finalement » dé- est dirigée par l’ambassadeur de Na- donésie. Le FMI annonce sa décision nale ». Il annonce que l’Australie, la cidé d’autoriser une force militaire mibie. de suspendre des prêts de plusieurs Nouvelle-Zélande, les Philippines et au Timor-Oriental, cela s’est fait milliards de dollars à Djakarta. la Malaisie seraient prêtes a partici- « avec une rapidité sans précédent car b Mercredi 8 septembre. per à une telle force. le secrétaire général avait déjà prépa- Dans une conversation télépho- b Jeudi 9 septembre, Djakarta. ré le terrain ». La meilleure défense nique avec le président Habibie, de Les cinq ambassadeurs en mission b Samedi 11 septembre, Dili. du secrétaire général des Nations Accompagnés par le général Wi- unies dans l’affaire du Timor-Orien- Le 12 septembre 1999. Le président B. J. Habibie (à gauche) ranto, les cinq ambassadeurs du tal vient peut-être de Xanana Gus- annonce « sa » décision d’accepter le déploiement de la force Conseil arrivent à Dili. Des journa- mao, qui se félicitait, sans ambiguï- internationale au Timor-Oriental. A droite, le général Wiranto. listes les accompagnent. Pour la pre- té, de la gestion de la question mière fois, les télévisions témoignent est-timoraise, lors de son passage à des destructions dans la capitale ti- New York, mardi 28 septembre : «Je moraise. « La visite à Dili était cru- suis navré, voire choqué, que le secré- ciale, explique l’ambassadeur britan- taire général soit la cible des critiques. nique. On a pu voir de nos propres Je tiens à dire fermement que nous yeux le niveau des destructions. » l’avons soutenu dans ses décisions Quant au général Wiranto, « il était courageuses que personne d’autre visiblement secoué de voir qu’on ne lui n’avait osé prendre. Il y avait des avait peut-être pas dit toute la vérité. Il risques, nous le savions, mais nous se rendait compte que, désormais, ces étions déterminés à les prendre, pour images pouvaient être vues dans le pouvoir, après trois siècles de coloni- monde entier grâce à CNN et à la sation portugaise et un quart de siècle BBC. Il savait qu’il ne pouvait plus nier d’occupation indonésienne, détermi- quoi que ce soit ». C’est à Dili que le ner notre propre destin. Il n’y avait général décide de « recommander » pas d’autre voie que celle prise par le le déploiement de la force interna- secrétaire général de l’ONU, et le
ACHMAD IBRAHIM/AP tionale. « C’est bien le général Wiran- peuple timorais lui est reconnais- Le 30 août 1999. Xanana Gusmao, leader indépendantiste to qui a pris la décision, explique un sant... » est-timorais, emprisonné pendant sept ans, autre diplomate, présent ce jour-là à Dili, mais il ne voulait pas l’annoncer salue ses supporters après le vote. ED WRAY/AP Afsané Bassir Pour LeMonde Job: WMQ3110--0015-0 WAS LMQ3110-15 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 08:30 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0643 Lcp: 700 CMYK
HORIZONS - HISTOIRE LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 / 15 Un carton rose pour les automobilistes Le permis de conduire a cent ans. En 1899, les pouvoirs publics décidaient de réglementer la circulation des « voitures sans chevaux », mais le volant n’existait pas encore. Seule une « queue de vache », difficile à manier, permettait d’aller dans la direction souhaitée NSTAURÉ par l’article 11 grand bourgeois. Il devient aussi un du décret du 10 mars 1899, outil professionnel, et pas seule- le « certificat de capacité ment pour les chauffeurs de maître. pour la conduite des auto- Dès 1899, l’administration des mobiles » est un examen postes constitue un corps de fac- plutôt sommaire. Le can- teurs automobiles. Le traiteur Potel didat se présente sur les & Chabot fait sensation en utilisant I lieux avec son propre vé- des autos pour assurer le service du hicule et répond aux quel- banquet annuel des maires de ques questions (comment démar- France. rer, freiner, rétrograder et procéder En dix ans, le nombre d’automo- aux vérifications d’usage) que lui biles en circulation n’est pas loin de pose un ingénieur des Mines. décupler pour atteindre près de Prudent, l’examinateur – qui n’a en 50 000 en 1909 (on en dénombre général jamais eu le loisir de 89 000 en Grande-Bretagne) et les conduire lui-même un tel engin – limites de la réglementation de- évalue l’habileté du futur conduc- viennent manifestes. Le nombre teur en se tenant à bonne distance d’accidents mortels de la circula- de la voiture. tion augmente. A Paris, on en dé- S’il peut aujourd’hui nous pa- plore 149 en 1903 et 223 en 1907 (55 raître expéditif, l’ancêtre de notre ont été provoqués par des voitures, permis de conduire est immédiate- 85 par des tramways, les autres ment pris très au sérieux. Il ne cir- sont imputables aux fiacres). Il faut cule alors que quelques milliers élaborer des règles du jeu plus d’automobiles mais on les re- strictes et plus précises. En 1907, marque assez pour que les pouvoirs sont créés les quinze premiers pan- publics décident de réglementer et neaux de signalisation. d’organiser la circulation de ces Un damier annonce une chaus- « voitures sans chevaux ». Décrié par sée mal pavée, et un point blanc, les premiers pionniers de l’automo- dessiné au pied d’une croix qui pré- bile, qui dénoncent un dispositif vient d’un croisement dangereux, discriminatoire, le certificat de ca- signifie qu’il faut « corner ». Trois pacité est une réaction à l’anarchie PHOTO CHARMET : JEAN-LOUP ans plus tard, le préfet Lépine tente qui règne sur les voies de circula- « Certificat de capacité valable pour la conduite d’atténuer l’anarchie qui règne tion de la France de la fin du d’automobiles à pétrole » délivré en 1912 par le dans la capitale en instaurant une XIXe siècle. A cause de l’automo- département de l’Eure. règle simple : la priorité à droite. Le bile ? Pas encore. Depuis 1851, une premier feu rouge est installé en « police du roulage » a été consti- 1922 au carrefour Rivoli-Sébasto- tuée pour assurer « la conservation Parcours d’apprentissage pol. des chemins » et faire respecter une pour automobilistes. Une commission constituée au certaine discipline par les équipages Des silhouettes représentent des obstacles ministère des travaux publics hippomobiles, toujours plus lourds. que lesconducteurs doivent apprendre à planche sur un code de la route qui L’automobile qui affole la France éviter (dessin parudans « L’Illustration » s’applique à partir des années 20 et rurale dans des nuages de poussière KHARBINE-TAPABOR du 19 novembre 1898). instaure le « permis de conduire ». Il et complique la circulation des atte- ne s’agit pas seulement d’un chan- lages en ville ne fait que – modeste- Malgré tout, il faut bien admettre plus réputées. En 1899, la revue de résidence, sur l’avis favorable du ne pas dépasser 30 km/h en rase gement de vocabulaire. Le permis ment – aggraver la situation. Cet que l’arrivée pétaradante d’un Scientific American y recense 6 546 service des Mines. La circulaire du campagne et 20 km/h en ville. Les de conduire est plus moderne et objet controversé suscite l’enthou- « vis-à-vis » Peugeot, d’une De voitures contre 688 aux Etats-Unis, ministère des travaux publics a un moyens de contrôler ces limitations son contenu moins frustre que le siasme et engendre des vocations, Dion Bouton ou d’une Renault n’a 434 en Allemagne et 412 en peu vieilli, mais aujourd’hui encore ne sont pas précisés... certificat de capacité. Ce sésame de mais d’autres le désignent comme rien de très rassurant. Plus pratique Grande-Bretagne. les apprentis conducteurs pour- En fait, l’épreuve s’apparente à l’automobile de masse, pouvant une nuisance nauséabonde et dan- et moins dangereux en cas de choc, Jusqu’alors, seule la préfecture de raient s’en inspirer. une simple formalité. Rares sont les gereuse. Sur le mode du « on vous le volant ne s’est pas encore géné- Paris avait réglementé « la conduite Le candidat doit faire étalage de recalés au certificat de capacité, un l’avait bien dit », les premiers acci- ralisé. On lui préfère encore la d’un automobile » (on optera offi- « sang-froid et de présence d’esprit, petit morceau de carton rose – dé- Le candidat dents mortels ne passent pas ina- « queue de vache », une barre de ciellement pour le féminin en 1901) de justesse de coup d’œil, de sûreté jà ! – accompagné d’une photogra- perçus. Pourtant, selon les évalua- direction à laquelle il faut s’accro- par le biais d’une ordonnance de direction, d’habileté à varier sui- phie du titulaire, qui, souligne l’his- doit faire étalage tions de l’époque, les automobiles cher de tous ses muscles pour ten- d’août 1893. Le décret du 10 mars vant les besoins la vitesse du véhicule, torien Pierre Robillard dans le ne sont à l’origine que de 3 % des ter d’aller dans la direction souhai- 1899 s’en inspire étroitement. Il pré- de promptitude pour mettre en numéro de septembre 1999 de la re- de « sang-froid et accidents alors que les chevaux tée. Le freinage est à l’avenant, et la cise les conditions d’attribution et œuvre, lorsqu’il y a lieu, les moyens vue L’Histoire, « constitue l’acte fon- sont impliqués dans 80 % des cas tenue de route incertaine. Peu im- généralise à l’ensemble du territoire de freinage et d’arrêt ». Il doit « res- dateur d’une politique de la circula- de présence d’esprit, devant les tramways et les chemins porte, la France est le pays de l’au- la délivrance d’un certificat d’apti- ter constamment maître de sa vi- tion routière ». Rapidement, les de fer. tomobile, et ses marques sont les tude par le préfet du département tesse » – la formule a fait florès – et critiques adressées à la nouvelle ré- de justesse, de coup glementation se font discrètes. Le certificat, soupçonné d’en entraver d’œil, de sûreté de l’essor, devient un formidable outil de popularisation de l’automobile direction, d’habileté en lui offrant la crédibilité qui lui Une chance sur deux d’être reçu la première fois manquait. Les premiers impétrants à varier la vitesse font la « une » des gazettes, telle la ES nombreux tests réa- tués sur la route, alors qu’ils ne mis de conduire, ce qui n’est pas publique. Sans doute ne faut-il pas duchesse d’Uzès qui n’hésite pas à du véhicule... » lisés par le LAB (Labo- constituent que 15 % de la popula- tout à fait la même chose », com- idéaliser les exemples étrangers. Ils devancer l’appel. Maître d’équipage L ratoire d’accidentolo- tion. De quoi s’interroger sur le mente, désabusé, un fonctionnaire méritent tout de même réflexion. de chasse à courre, elle tient à deve- gie, de biomécanique et système de formation à la du ministère des transports. En Au cours des dernières années, nir la première femme « brevetée » être délivré dès l’âge dix-huit ans, d’étude du comportement hu- conduite, ses examens théoriques d’autres termes, il ne faut pas des efforts de modernisation ont et parvient à ses fins dès mai 1899 est – exceptionnellement, il est main), un organisme créé conjoin- réalisés à l’aide des vieilles séries compter sur le permis de conduire néanmoins été engagés. L’intro- devant un public tout acquis à sa vrai – susceptible d’être retiré après tement par Renault et Peugeot, de diapositives parfois jaunies et duction de la conduite accompa- cause. Relatant l’événement, La Vie contravention. Notamment lorsque sont édifiants. En situation d’ur- d’antiques cartes perforées. Le per- gnée permet à des jeunes de s’en- au grand air constate que la du- celle-ci est aggravée par l’ivresse du gence, 30 % des automobilistes dé- mis de conduire, confié après la Le permis gager, dès seize ans, dans un chesse, « qui avait revêtu pour la cir- conducteur. brayent en même temps qu’ils guerre à l’UNAT (l’Union des asso- cursus au long cours en s’appuyant constance un costume, ma foi, très A mesure que l’automobile se dé- freinent, ce qui atténue évidem- ciations de tourisme, un organisme de conduire (...) sur l’enseignement d’une auto- simple et qui s’était coiffée d’un petit mocratise, les auto-écoles poussent ment l’efficacité de la manœuvre. privé) puis à un établissement pu- école et sur celui prodigué, au vo- chapeau de feutre noir qu’elle portait comme des champignons. Le per- Parmi les autres, une forte propor- blic avant d’être rattaché en 1982 à ne s’est que très lant du véhicule familial, par un incliné sur l’oreille, tenait en main la mis de conduire, modifié en 1954 et tion exerce une pression progres- la direction de la Sécurité routière, proche avec lequel il faudra avoir barre de direction qu’elle maniait 1958, n’évolue pas fondamentale- sive sur le frein alors qu’un frei- ne s’est que très imparfaitement imparfaitement parcouru 3 000 kilomètres avant de très savamment ». En juillet 1899, le ment jusqu’à ce que la détériora- nage d’urgence exige d’écraser la adapté aux défis posés par le déve- se présenter à l’épreuve du permis. jeune Paul Panhard, futur patron de tion catastrophique des statistiques pédale puis de relâcher la pression. loppement de l’automobile de adapté aux défis Encore minoritaire (20 % des can- Panhard-Levassor, décroche à son routières (20 000 morts par an au Où apprend-on à freiner ? Pas dans masse. Au point que certains esti- didats), cette formule – choisie à tour le permis de conduire. milieu des années 70, dont nombre les auto-écoles, répondent les mé- ment que, plutôt que de compléter posés par 60 % par des garçons et plus popu- Quatre-vingt-six certificats de ca- de jeunes conducteurs) n’engendre chantes langues. Elles n’ont pas l’arsenal répressif du permis à laire dans les zones rurales et dans pacité portant le numéro 1 – autant une prise de conscience. L’épreuve tout à fait tort. points, les pouvoirs publics fe- le développement les villes de moins de 200 000 habi- que de départements de France théorique, renforcée, devient plus Vingt heures de formation au raient mieux de rénover le système tants que dans les grandes villes – métropolitaine – seront délivrés. Le stricte et se déroule dans une salle minimum (une trentaine par can- d’apprentissage. D’urgence et en de l’automobile exige une participation active de fichier est géré par les préfectures, d’examen. Les conditions d’obten- didat, en moyenne) pour un bud- profondeur. l’entourage familial. Accessoire- auxquelles le décret de mars 1899 tion du permis de conduire une get d’environ 7 200 francs (contre L’argument est un peu court. In- de masse ment, la conduite accompagnée se confie le suivi d’un autre document moto sont également durcies. Tou- 5 000 francs en francs constants il y déniablement perfectible, le per- traduit par un taux de réussite au célèbre, rapidement baptisé « carte tefois, le grand tournant se situe en a vingt ans) et, statistiquement, mis de conduire est d’abord tribu- permis nettement plus important grise » en raison de sa couleur. 1992 avec l’instauration du permis à une chance sur deux d’être reçu taire du rapport qu’entretiennent pour former des citoyens conduc- que la moyenne (80 % contre Fiche d’identité du véhicule, elle points, qui place le contrevenant dès la première tentative. Voilà les Français avec l’automobile. teurs, car ce n’est pas ce que l’on 54 %). comporte un numéro d’inscription sous la menace d’une suspension pour les chiffres. Pour le reste, un « Les candidats ne viennent pas attend de lui. On voit mal, en effet, La dernière réforme en date qui devra figurer à l’avant et à l’ar- de son permis de conduire et im- pays dont les quinze-vingt-cinq dans une auto-école pour apprendre ce que peut cette institution face concerne le réseau des 12 000 auto- rière de la voiture sauf si cette der- pose dans certains cas le suivi de ans représentent plus du quart des à conduire, mais pour passer le per- aux maux qui sont à la base de la écoles, qui a – enfin ! – fait l’objet nière ne peut dépasser les 30 km/h. stages de remise à niveau pour ré- violence routière : consommation d’une réglementation. La loi Gays- Il faudra donc visser une plaque cupérer son capital de points. d’alcool, vitesse excessive, projec- sot votée en juin pour « moraliser d’immatriculation aux deux extré- Politiquement courageuse, cette Plus d’un million de candidats chaque année tion dans l’automobile d’une la profession » définit pour la pre- mités de la voiturette De Dion, que mesure faillit ne pas résister à la forme d’agressivité sociale. mière fois les conditions d’exercice son moteur développant 1,75 che- mobilisation estivale des chauffeurs Chaque année, plus d’un million de candidats se présentent aux Chez nous, on apprend par cœur de la formation à la conduite. Dé- val-vapeur à 2 000 tours-minute routiers, inquiets des répercussions épreuves du permis de conduire. Environ 780 000 sont reçus (taux de le code de la route. Outre-Manche, sormais, les propriétaires d’auto- propulse à la vitesse ébouriffante de ce texte sur leurs conditions réussite moyen de 54 %), car chacun peut se présenter plusieurs fois où le nombre de tués (à trafic égal) écoles doivent être titulaires d’un de 36 km/h. Aboutissement logique d’emploi. Dans les années qui sui- en l’espace d’une année. Environ 70 % des Français âgés de plus de est moitié moindre, on s’initie au diplôme spécifique alors que les de cette institutionnalisation, est virent ce tournant, le bilan de la cir- dix-huit ans sont titulaires du permis de conduire, obtenu dans la respect d’autrui tel que le décrit moniteurs auront suivi plusieurs créée en 1901 une taxe calculée se- culation routière s’est sensiblement moitié des cas avant l’âge de vingt ans. Quelque 12 % des hommes et avec précision le Driving Manual et centaines d’heures de formation et lon la puissance fiscale de la voi- amélioré. Examen le plus populaire 36 % des femmes (contre 53 % en 1982) n’ont pas été initiés à la l’on privilégie depuis longtemps rédigé un mémoire sur un thème ture. Remplacé dans les années 30 de France (presque 35 millions de conduite, mais les femmes rattrapent leur retard. Ces dernières an- l’apprentissage progressif par le de la sécurité routière. Dernière par une taxe sur l’essence, ce pré- diplômés et 800 000 nouveaux titu- nées, elles décrochent un peu plus de la moitié des permis attribués. biais de la conduite accompagnée, nouveauté, et non des moindres : lèvement sera réintroduit à partir laires chaque année), le permis de Parmi les populations âgées, posséder un permis est devenu la élevé au rang de véritable affaire un contrat en bonne et due forme de 1956 avec la trop fameuse « vi- conduire n’est plus, désormais, pra- norme. En 1994, 88 % des 60-69 ans ont le petit carton rose (48 % des familiale. Outre-Atlantique, c’est doit être signé entre le candidat et gnette ». tiquement accordé à vie. Cela lui femmes) ; ils étaient respectivement 71 % et 24 % en 1982. Une évolu- dès l’école que les futurs conduc- son auto-école. L’effectif des « brevetés » ne cesse donne une tout autre valeur. tion qui s’explique, notamment, par le développement du travail des teurs découvrent les usages qui de croître. Le certificat de capacité femmes depuis les années 50. permettent de cohabiter sur la voie J.-M. N. n’est plus seulement un privilège de Jean-Michel Normand LeMonde Job: WMQ3110--0016-0 WAS LMQ3110-16 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0644 Lcp: 700 CMYK
16 / LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 HORIZONS-ANALYSES 0 123 AU COURRIER DU « MONDE » Si M. Milosevic avait les moyens d’acheter quelques du président Jiang Zemin. De son côté, un ancien dé- 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Airbus, serait-il reçu dans la demeure privée de M. et porté refuse que l’on puisse prendre en compte l’âge Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F Mme Chirac, se demande un lecteur, tandis qu’un autre de l’ancien secrétaire général de la Gironde pour lui Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 en appelle à Alfred Jarry et à son Ubu pour tenter éviter la vie carcérale. Egalement dans le courrier, Internet : http : //www.lemonde.fr d’expliquer aux jeunes les principes qui permettent à l’étonnement d’un ancien député sur le silence des in- ÉDITORIAL la fois la condamnation de Maurice Papon et l’accueil tellectuels face à l’intervention russe en Tchétchénie.
LE GESTE ET LA PAROLE peine à l’égal de tout autre nifestation à Paris autour de Wei serve de nouvelles, mais ne don- La honte, la colère et l’indigna- condamné, tout cela revient à re- Jing Sheng, et des pro-Tibétains... nons pas une fois encore raison à « Vache folle » et précaution e tion me saisissent lorsque je vois connaître que la magistrature, et arrêtés pour contrôle d’identité. M Roland et à son cri désespéré : A presse britannique seule gestion de ce risque. En ce quel traitement est réservé par la toute la haute fonction publique, Alors, en écoutant le quatuor de « Oh ! liberté, que de crimes on exulte et Tony Blair se sens, sous l’apparence d’une dé- France, et notamment par le pré- a eu collectivement tort en 1940. Haydn, dédié à ce vieux monsieur commet en ton nom ! » Est-il en- L dit « satisfait » : dans cision scientifique, ils ont fait un sident de la République, à Jiang Pour un général de brigade à titre et au souvenir de Clara, j’ai pleu- core possible au président de la l’affaire de la « vache choix éminemment politique. Zemin. Les puissantes envolées provisoire et pour ses quelques ré. J’ai pensé aux prisonniers tibé- République d’user de son droit de folle », Bruxelles a donné raison, Cette décision est en contra- prononcées par M. Chirac lors du compagnons de Londres, de tains torturés, aux Tibétaines grâce, plutôt que de faire des vendredi 29 octobre, à Londres diction avec l’analyse des ex- conflit du Kosovo auraient-elles l’ombre ou de Koufra qui ont pré- avortées de force, à huit mois de ronds de jambe gracieux devant le contre Paris et Berlin. Réunis au perts de l’Agence française de déjà été oubliées ? Les atrocités – féré les risques du courage et de grossesse, à cette jeune nonne premier des Chinois ? sein du comité scientifique di- sécurité sanitaire des aliments. l’élimination méthodique d’un l’honneur, combien d’autres ont Ngawang Sangdrol (Le Monde da- Pierre-Henri Thoreux recteur, les experts de la Cette divergence s’explique par peuple et de sa culture – préféré le confort de la lâcheté et té 24−25 octobre) qui ne se tait Saint-Brieuc Commission européenne ont le fait que les experts de la commises par les Chinois au Tibet de la compromission avec un ré- pas et ose chanter dans la prison (Côtes-d’Armor) choisi de rejeter, à l’unanimité, Commission se sont bornés à ré- sont-elles moindres que celles des gime indigne et illégitime, et avec de Drapchi. J’ai pensé à ce peuple les différents arguments avan- pondre à la question de savoir Serbes au Kosovo ? M. Chirac est- l’ennemi ? sacrifié à des promesses commer- LE RÔLE cés ces derniers jours par la s’il existait, dans ce dossier, des il prêt à recevoir au château de Bi- Patrick Mané ciales et aux Chinois mis, eux aus- DE L’INTELLIGENTSIA France pour justifier le rétablis- « éléments nouveaux » de nature ty M. Milosevic, dans un souci Trappes (Yvelines) si, dans des camps dits de réédu- Lors de l’intervention de sement d’un embargo sur la à rétablir l’embargo alors que d’égalité de traitement ? Certes, cation . Et j’ai honte. l’OTAN au Kosovo, nous avons lu viande bovine britannique que leurs homologues français M. Milosevic n’a pas prévu de JIANG ZEMIN ET PAPON Annie Leblanc dans votre journal des pages et la Commission avait levé le avaient estimé que l’on ne pou- passer de commandes à Airbus Ce week-end, les médias ont fo- Nantes (Loire-Atlantique) des pages de débats sur sa validi- 1er août. La Commission devrait vait pas, en levant ce même em- Industrie... Que sont donc par ail- calisé sur une chasse à l’homme ; té. L’opposition à cette interven- accorder quelque délai au gou- bargo, maîtriser le risque infec- leurs devenues les belles voix des le fugitif était un vieillard de LE VIEILLARD tion, par une partie de l’intelli- vernement français. Et si Paris tieux inhérent à la ténors du devoir d’ingérence ? quatre-vingt-neuf ans, un rescapé ET L’ENFANT gentsia, était fondée sur un décidait de ne pas lever, au plus consommation des viandes bo- Combien de temps et de morts, de l’histoire et le symbole d’un Certains regrettent que la antiaméricanisme primaire. Nous vite, l’interdiction d’entrée, la vines britanniques. combien de lâchetés occidentales passé tabou. (...) Mais en utilisant France possède le plus vieux pri- avons même eu droit à des ma- France serait sans nul doute Les experts de la Commission faudra-t-il attendre encore pour un bouc émissaire, pouvons-nous sonnier du monde ! A ceux-là, je nifestations organisées par l’ex- poursuivie devant la Cour euro- ont donc pris le risque de se pla- que ses tenants agissent au Ti- réellement masquer notre res- voudrais dire que, en France, vit trême gauche, le PCF et une péenne de justice. cer en porte-à-faux avec la poli- bet ? Enfin, au risque de passer ponsabilité, gommer notre faute ? depuis plus de cinquante-quatre frange de la gauche non commu- Cette décision soulève une sé- tique conduite par Bruxelles pour un de ces « bavards » qui ir- Ironie de l’histoire, ce même jour, ans un des plus jeunes rescapés niste, à l’unisson avec ces intellec- rie de questions majeures. En dans les affaires du bœuf aux ritent tant M. Barre, je me per- le président chinois, despote-as- des camps de concentration nazis tuels. Avec l’intervention des matière de santé publique (qu’il hormones ou des organismes mets de rappeler à l’ancien pre- sassin, dictateur sans foi ni loi, du monde, en l’occurrence le si- Russes en Tchétchénie, pas de dé- s’agisse de l’alimentation hu- génétiquement modifiés (OGM). mier ministre mais toujours grand décideur de génocide, net- gnataire de la présente. J’ai été li- bats, peu de contestation, pas de maine et animale ou de l’envi- Face aux Etats-Unis, la Commis- donneur de leçons, pour le cas où toyeur d’opposants, est reçu en béré à Buchenwald, le 11 avril manifestation. (...) Ces deux ronnement), il est aujourd’hui sion a, en effet, dans ces dossiers il l’aurait oublié, qu’un certain grande pompe par le gouverne- 1945, à tout juste huit ans et après constats me renvoient aux établi qu’en dépit des progrès de systématiquement invoqué le « bavard » norvégien, souverain ment français. Quelle hypocrisie ! plus de soixante-quatre mois de comportements d’une majorité la science et de la médecine il ne respect du « principe de précau- de son pays, ne s’est pas privé de Comment expliquer aux adoles- privation de liberté dans un camp d’intellectuels de « gauche », dans peut y avoir, de « risque zéro ». tion », un principe auquel la remettre personnellement le prix cents que l’un est diabolisé (le de travail, puis dans un camp de ce siècle. Alors que leur rôle au- La responsabilité des experts France, profondément marquée Nobel de la paix à Sa Sainteté le passé), tandis que l’autre est ma- concentration. Si l’âge n’a pas rait dû être d’éclairer le peuple, au scientifiques consiste à évaluer par le scandale du sang contami- dalaï-lama, alors que le gouverne- gnifié (le présent) ? Ubu est tou- « joué » pour moi ni pour le mil- nom des valeurs républicaines de le risque au cas par cas et au vu né, est sans doute plus sensible ment de la Chine menaçait de jours d’actualité, semble-t-il... lion et demi d’enfants juifs exter- liberté, d’égalité et de fraternité, de l’état des connaissances dis- que ne le sont les Britanniques rompre ses relations diploma- Jean-Louis Delmas minés par les nazis, je ne vois pas c’est toujours l’antiaméricanisme ponibles. La responsabilité des ou les Espagnols. Conscient de tiques avec la Norvège, ce pays Paris pourquoi l’âge de Maurice Papon et l’anticapitalisme qui l’empor- dirigeants politiques est d’une l’importance de la sécurité ali- qui ne compte que quatre mil- pourrait l’empêcher de purger sa taient dans leurs jugements, au autre nature : celle de la gestion mentaire pour les citoyens euro- lions d’habitants. Cette rupture LA NONNE peine de prison, qui a été pronon- détriment de la défense élémen- du risque ainsi évalué. Les ex- péens, Romano Prodi, le nou- tant brandie n’est cependant ja- ET LA MUSICIENNE cée par un tribunal français au taire des libertés. En serait-il de perts de la Commission euro- veau patron de la Commission, mais intervenue. Ce lundi matin, 25 octobre, sur nom du peuple français. (...) même aujourd’hui ? Tout ce qui péenne ne se sont pas prononcés en a fait l’une de ses priorités. Robert A. Haas France-Musiques, j’ai entendu David Perlmutter vient des Etats-Unis serait-il par sur l’importance des risques liés Dans l’affaire de la « vache Le Pecq (Yvelines) Guy Carlier conter l’histoire de ce Paris essence mauvais, donc diabolisé, à la consommation de viandes folle », il aura désormais bien du vieux monsieur très myope qui et tout le reste supportable ? Ne britanniques potentiellement mal à concilier ce double souci LA MAGISTRATURE brandissait, lors de la remise à la L’HALLALI devrait-on pas attendre de ces contaminée par les prions de la de la santé publique et de la co- ET SON PASSÉ police de Papon, un violoncelle Il est des occasions où la démo- intellectuels qu’ils soient des « vache folle » mais bien sur la hésion européenne. L’attitude de la justice française dans son étui, avec Clara écrit cratie, qu’on doit chérir plus que veilleurs et des éclaireurs de face à Papon depuis dix-huit ans dessus. Dans les années 40, le tout, donne un irrépressible senti- conscience, et non des manipula- 0123 est édité par la SA LE MONDE que dure la procédure à son en- jeune homme d’alors avait remar- ment de dégoût. L’affaire Papon teurs, par idéologie, des réalités ? Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani contre ne peut s’expliquer que qué, dans le tramway, une jeune est de celles-là. Après le procès, Georges Le Baill Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; par la mauvaise conscience, par- fille, assise en face de lui, qui se dont on retiendra beaucoup de Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint Clamart (Hauts-de-Seine) tagée avec toute la société fran- rendait régulièrement au conser- rodomontades et les pitreries Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau çaise, que la magistrature vatoire de Bordeaux pour étudier d’un avocat ivre de médiatisation, MISE AU POINT Directeur artistique : Dominique Roynette éprouve face à la période de l’Oc- le violoncelle. Ils avaient fait c’est l’hallali ! La mascarade hai- Contrairement à ce qui a été Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment cupation. Il ne s’est trouvé qu’un connaissance et elle lui avait parlé neuse et veule à laquelle on as- écrit dans une lettre publiée par Rédacteurs en chef : Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; magistrat pour sauver son hon- du quatuor de Haydn L’Empereur siste, pour faire expier de la plus Le Monde du 5 octobre, aucun, Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; neur personnel, et celui de son comme d’une musique suprême ; impitoyable manière, à un vieil- absolument aucun, des rédac- Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; corps, en refusant de prêter le lors d’un mouvement, une étoile lard de quatre-vingt-neuf ans, des teurs en chef du Concours médical Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) serment d’allégeance personnel à jaune était tombée du manteau crimes commis cinquante ans plus ou de La Revue du praticien n’a Rédacteur en chef technique : Eric Azan Pétain. Des juges n’ont éprouvé de la musicienne... La semaine tôt, relève d’une innommable été remercié à l’occasion du chan- Médiateur : Robert Solé aucun scrupule à faire le procès suivante, il ne revit pas celle qui curée. Pour anticommuniste que gement d’actionnaire intervenu Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg de la République et de la démo- lui avait dit se nommer Clara. In- je sois, au plus profond de mes en avril dernier. Ces deux titres, Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; cratie à Riom. Des juges ont esti- quiet, il se rendit au conservatoire tripes, je ne souhaite pas ce sort dont la réputation est sans égale, partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre mé qu’il n’était pas contraire à et y apprit qu’une rafle venait au pire des assassins bolche- font partie du groupe de presse Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président l’honneur et à tous les principes d’être faite par la milice : Clara viques, pourvu qu’on m’assure médicale J.-B. Baillière Santé, Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), du droit de siéger dans les « sec- avait été emmenée. Le concierge qu’il ne puisse plus nuire. Des dont la tradition et la volonté affi- André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) tions spéciales », où étaient appli- lui remis alors le violoncelle por- fléaux que l’homme a pu engen- chée sont la qualité et la rigueur Le Monde est édité par la SA Le Monde quées des lois rétroactives et où tant le nom de la jeune fille qui drer, le nazisme est incontestable- de l’information et de la forma- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. l’on bafouait le principe de l’auto- mourut au camp de Ravensbrück ment l’un des pires, mais, que tion, qui reposent sur l’indépen- Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, rité de la chose jugée. La condam- en 1944. Ce même matin, à la ra- diable, il appartient à l’Histoire ! dance. Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, nation définitive de Papon, son dio, on discutait aussi de l’accueil Faisons en sorte que le souvenir Philippe Leduc Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. incarcération et lui faire purger sa réservé à Jiang Zemin, de la ma- des calamités passées nous pré- Paris
ILYA50 ANS, DANS 0123 de crédits d’études, de recherche dans la relation transatlantique groupe British Aerospace. Ce qui et développement, les Européens n’entraîne pas une autonomie sous-entend que la standardisa- L’OPA de l’OTAN investissent, avec stratégique des Européens au-delà tion des moyens de défense, dans L’accord hollando-indonésien l’équivalent de 9 milliards de dol- de ses propres intérêts. De la l’OTAN, passe par la technologie lars (8,4 milliards d’euros), le quart sorte, et selon la formule du tout américaine et non par l’édification LE 2 NOVEMBRE, le texte de la du retrait des troupes hollan- américaine de ce que les Etats-Unis y nouveau secrétaire général de d’un « pôle » industriel européen Constitution de la République des daises. consacrent. Il y a quelque 2 mil- l’OTAN, George Robertson, l’an- qui la concurrencerait. C’est de ce Etats-Unis d’Indonésie sera publié Les accords qui ont été conclus lions d’hommes et de femmes qui cien ministre britannique de la dé- point de vue que le coup d’accélé- à La Haye, et la conférence de la à La Haye ramèneront-ils la stabi- sur la défense portent l’uniforme en Europe, fense, « plus d’Europe ne signifie rateur donné aux crédits militaires Table ronde tiendra sa séance de lité dans l’archipel ? Il faut souhai- mais c’est le bout du monde pas moins d’Etats-Unis ». Autre- aux Etats-Unis est aussi une façon clôture. ter que l’esprit de conciliation qui – l’existence d’armées non encore ment dit, les Européens sont invi- – indirecte – de tenir en laisse les Après plus de deux mois de né- a permis aux négociateurs de cé- européenne professionnalisées est un obs- tés à prendre leur essor, mais point Européens et de jeter en quelque gociations délicates, dont l’issue der aux exhortations de la suite de la première page tacle – si on parvient à aligner 2 % trop, dans une alliance où, comme sorte une OPA sur la défense euro- sembla plus d’une fois compro- commission des Nations unies à 3 % des effectifs aptes à remplir ne leur a pas envoyé dire le géné- péenne. Dès lors que vous ne pou- mise, les parties en présence sont trouve un écho en Indonésie. Ensuite, au titre – majeur – des des missions opérationnelles de ral Michael Short, le « patron » vez pas escompter en faire autant en effet parvenues à un accord, Les leaders indonésiens rega- dépenses d’études, de recherche et maintien ou de rétablissement de des raids aériens au-dessus de la que nous, semblent dire en subs- fruit de concessions réciproques gneront Batavia dès la clôture de développement, qui préservent la paix, comme celles dans les Bal- Serbie et du Kosovo, celui qui tire tance les Américains aux Euro- dont on connaîtra la mesure la conférence et parviendront l’avenir des technologies : ce bud- kans. « Les Européens, disent les ex- l’épée la plus aiguisée est aussi ce- péens, pourquoi perdre du temps exacte quand le texte constitu- peut-être à convaincre les milieux get-là, avec un total de 37,7 mil- perts de l’IISS, n’ont apparemment lui qui donne les ordres. De ce et de l’argent à vouloir combler un tionnel et les statuts de l’Union d’opposition du bien-fondé des liards de dollars (35,4 milliards pas de plans qui soient efficaces et double langage américain, on écart qui ne cesse de croître, et hollando-indonésienne seront concessions qu’ils ont été amenés d’euros) à lui seul, croît de 2,3 % et collectifs pour refaire le terrain per- vient d’avoir une preuve avec les n’est-il pas vain, dans ces condi- rendus publics. à faire. même davantage (8,6 %) si on le du. » Ou, alors, il leur faudrait ac- chantiers de rationalisation dans tions, de vous obstiner sur la voie Au cours des négociations les L’avenir montrera si l’Indonésie rapporte aux demandes de croître singulièrement les crédits l’industrie européenne de l’arme- d’une identité européenne de difficultés étaient d’ailleurs appa- est destinée à demeurer le théâtre M. Clinton. Si l’on tient à une de la défense, malgré l’impopulari- ment. défense à l’horizon fuyant ? rues d’une façon moins persis- des désordres qui s’y prolongent comparaison, le projet de budget té d’une telle initiative, et se ran- tante sur le plan purement poli- depuis quatre ans ou si, comme français de la défense pour 2000, ger ainsi à l’avis de Raimondo INVESTIR PLUS EFFICACEMENT Jacques Isnard tique que sur des questions l’affirmait dimanche le New York en matière d’acquisition d’équipe- Montecuccoli, prince italien au- Le 18 octobre, à Londres, Strobe annexes, comme celles du statut Times, elle est « maintenant sauvée ments nouveaux, est en régression près de l’empereur d’Allemagne Talbott, secrétaire d’Etat adjoint, a de la Nouvelle-Guinée, du mon- pour le monde démocratique ». sur 1999 et il marque même une pendant la guerre de Trente Ans, demandé aux Européens de rele- RECTIFICATIF tant de la dette indonésienne et (1er novembre 1949.) chute de 11 % par rapport à la qui lui prescrivait : « Il faut trois ver le défi qui consiste, au sein de « bible » que veut être la loi de choses pour guerroyer : de l’argent, l’OTAN, à ne pas dépenser plus, RAFAEL ALBERTI 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS programmation militaire 1997- de l’argent, de l’argent ! » Avanta- mais à investir de manière plus ef- Dans l’article sur la mort de 2002. L’Institut international des gés par leur avance et par le poids ficace. C’est l’objectif à terme des l’écrivain espagnol Rafael Alberti Télématique : 3615 code LEMONDE études stratégiques (IISS), à qu’elle leur procure dans une coa- alliances industrielles en train de (Le Monde du 29 octobre), quelques Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) Londres, a fait les comptes. L’Eu- lition, les Etats-Unis n’en sont que se nouer entre Européens. Mais, lignes ont été omises, qui signa- rope part de bien bas et nul n’envi- plus à l’aise pour, sur la base de dans le même temps, Bill Clinton a laient qu’une grande partie de son Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 sage qu’elle soit en état de remon- leur prédominance technologique écrit à Tony Blair, le premier mi- œuvre était traduite en français : la Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 ter le courant. avérée, feindre de mettre l’Europe nistre britannique, pour lui en- poésie, presque exclusivement aux En 1999, les dépenses militaires au pied du mur en lui suggérant de joindre d’adopter un missile air-air éditions Gallimard, et le théâtre Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr des Quinze ont – tous pays prendre la place qui lui revient au à longue portée du groupe améri- aux éditions de l’Arche. Par ailleurs, confondus – décliné de 7 % et sein d’une défense collective. Car, cain Raytheon, de préférence à un le titre de la revue qu’Alberti a diri- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 cette baisse est continue depuis dans le même temps, Washington armement européen similaire à la gée pendant la guerre civile est El 1992, totalisant 22 %. En matière veille à ce que le rééquilibrage conception duquel contribue le Mono azul et non El Mondo azul. LeMonde Job: WMQ3110--0019-0 WAS LMQ3110-19 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0647 Lcp: 700 CMYK
19 ENTREPRISES LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999
MONDIALISATION Contrai- de la nécessité de se transformer. b IL n’est pas la qualité de l’outil de pro- soient annoncées des fermetures d’emplois se multiplient : 60 000 au rement aux apparences, les entre- Y A UN CONSENSUS au Japon, au- duction, toujours puissant et compé- d’usines, des ventes, des fusions, des cours du mois d’octobre. b MAIS, prises japonaises n’ont pas attendu jourd’hui, sur la nécessité du change- titif, mais la gestion de surcapacités prises de participations croisées. b LE DISCRÈTEMENT, le Japon reconsti- le débarquement en force du capital ment afin de ne pas perdre la bataille héritées des années 80. b DU COUP, il COÛT SOCIAL des restructurations est tue ses conglomérats tout-puissants étranger pour prendre conscience de la mondialisation. b LE PROBLÈME ne se passe plus un jour sans que sévère. Les annonces de suppressions d’avant-guerre, les zaibatsu. La mutation du capitalisme japonais est en marche Fermetures d’usines, ventes, fusions, il ne se passe pas un jour sans qu’une annonce ne confirme la métamorphose de l’industrie nippone. Pour ne pas perdre la bataille de la mondialisation, le Japon reconstitue dans l’ombre ses conglomérats tout-puissants d’avant-guerre TOKYO jourd’hui, c’est que le changement la finance (percée de Merrill Lynch, confirme la métamorphose en Les entrepreneurs ont pris possibilités de camouflage des de notre correspondant est inévitable et impératif. de GE Capital et de la Société géné- cours du paysage industriel. La res- conscience que l’époque des finan- pertes dans les filiales. Les indus- Renault, devenu le premier ac- Le problème n’est pas la qualité rale), les Occidentaux, qui ont pris tructuration s’opère avec une dé- cements quasi automatiques à triels ont aussi pris conscience tionnaire de Nissan, est-il en train de l’outil de production, toujours conscience qu’ils ne pouvaient pré- termination que l’on n’imaginait faible coût sans se soucier de la qu’ils ne peuvent plus se contenter d’apprendre aux Japonais les nou- puissant et compétitif dans beau- tendre à la « globalité » sans avoir pas il y a encore un an. Au-delà des rentabilité immédiate est révolue. d’être les premiers chez eux et que, velles règles du jeu du capitalisme ? coup de secteurs, mais la gestion un pied au Japon, s’attaquent dé- annonces médiatisées, une multi- Le « big bang » ne permet plus aux à part les quarante plus grands Jusqu’à un certain point. Car les des surcapacités héritées de la sormais à l’industrie et aux services tude d’entreprises moins ou peu banques, alourdies par les mau- groupes, leurs entreprises n’ont pas restructurations en cours vont bien « bulle spéculative » des années 80. (arrivée de Carrefour par exemple). connues ont commencé leur muta- vaises créances et en butte à la la taille critique suffisante pour au-delà des prises de participation Un surinvestissement évalué à Pour spectaculaire qu’elle soit, tion. concurrence internationale, de concurrencer des géants mon- claironnées dans les firmes nip- 1 000 milliards de dollars (957 mil- l’entrée du capital étranger au Ja- Pourquoi ce sursaut après huit vivre autocentrées sur les keiretsu diaux. Certains cherchent à se ren- pones. Cette entrée massive du ca- liards d’euros) par Goldman Sachs. pon, longtemps impensable, reste années d’enlisement ? Longtemps, (réseau d’entreprises dans la mou- forcer en se recentrant sur leur mé- pital étranger est nouvelle et cependant de la « petite bière » au les Japonais ont pensé que la situa- vance d’une maison mère ou d’un tier d’origine ; d’autres en donnant constitue un apport d’air frais qui ASSAINIR LE SYSTÈME FINANCIER regard des investissements étran- tion se retournerait. Mais à la chute groupe) qui aujourd’hui, par les so- plus d’autonomie à leurs filiales accélère les mutations. C’est le cas Les prises de participation des gers dans d’autres pays, estime du marché intérieur et de l’inves- lidarités qu’ils impliquent (soutien tout en les maintenant sous la chez Nissan, sclérosé et démorali- étrangers ne sont que la partie Jean-Pierre Lehman, professeur à tissement productif et à la guerre aux entreprises en difficulté), coupe d’une holding (c’est le cas sé. Mais le plan Ghosn n’est que la émergée de l’iceberg de la grande l’International Institute for Mana- globale des prix s’est ajoutée la grèvent leur redéploiement. des « généralistes » tels que Hita- version radicale de mesures déci- mutation du capitalisme nippon. gement Development de Lau- crise asiatique, qui s’est traduite chi, Toshiba ou Mitsubishi Elec- dées dès 1998. Les entreprises japo- Elles augmentent certes : au cours sanne. La vraie « partie » se joue par des pertes à l’exportation. La REGROUPEMENTS MULTIFORMES tric.) ; d’autres encore (Sony, NEC) naises n’ont pas attendu le débar- des huit premiers mois, le nombre ailleurs. valorisation du yen (aubaine pour Privée du soutien inconditionnel opèrent des regroupements multi- quement en force du capital des fusions-acquisitions entre Fermetures d’usines, ventes, fu- l’Asie) a porté un coup ultime. des banques, l’entreprise doit ac- formes en faisant par exemple sau- étranger pour prendre conscience firmes étrangères et japonaises (86) sions, prises de participation croi- Mais, plus que tout autre, l’irrésis- cepter de nouvelles règles du jeu. ter les frontières entre les produits de la nécessité de changer – au a dépassé le total de 1998. Et leur sées : la déferlante de la resutura tible moteur des mutations de la Elle découvre les agences de nota- (composants, jeux, électronique risque de perdre la bataille de la croissance en valeur est plus spec- (restructuration) s’est abattue sur machine productive est la restruc- tion et des exigences de transpa- grand public). globalisation des marchés. S’il y a taculaire encore (la France se pla- l’archipel, et il ne se passe pas un turation et l’assainissement du sys- rence telles que l’obligation de La plupart se consolident par des un consensus au Japon au- çant derrière les Etats-Unis). Après jour sans qu’une annonce ne tème financier. comptes consolidés, qui bannit les fusions. Celles-ci ont commencé dans les secteurs où les surcapaci- tés sont importantes, tels que la 60 000 suppressions d’emplois annoncées en octobre pétrochimie et la sidérurgie. En 1998, Nippon Oil et Mitsubishi Oil Le syndicat minoritaire de Nissan se rebiffe Bien que, pour le second mois consécutif, le taux de chômage au ont fusionné, devenant la première TOKYO deux tendances. Afin de venir à bout de la résistance Japon ait légèrement régressé (4,6 % en septembre, soit 0,1 point de compagnie pétrolière avec 24 % du de notre correspondant des syndicats militants de Prince opposés à la main- moins qu’en août), le coût social des restructurations industrielles marché ; Toa Steel a été absorbé Le plan de redressement de Nissan concocté par mise de Nissan, le syndicat maison de celle-ci s’em- sera sévère. Les annonces de suppression d’emplois se multiplient : par NKK. Dans l’automobile, Toyo- Carlos Ghosn, ancien « numéro deux » de Renault, ploya, à la demande de la direction, à « noyauter » au cours du seul mois d’octobre ont été annoncées quelque ta a « avalé » le petit constructeur n’est pas unanimement accepté par les salariés du celui de Prince. L’opération a si bien réussi (la fusion 60 000 réductions d’emplois par mises à la retraite anticipées et Daihatsu puis le camionneur Hino deuxième constructeur japonais. A l’appel du syndi- a eu lieu l’année suivante) que le syndicat Nissan a compression de l’embauche (21 000 chez Nissan, 10 000 chez Mitsu- et entend constituer une holding cat des métallurgistes de la confédération Zenroren, été appelé depuis lors le « second service du person- bishi, 20 000 chez Nippon Telegraph and Telephone et 1 000 chez Ja- qui coiffera aussi ses grands équi- une centaine d’employés ont manifesté, vendredi nel » de l’entreprise pour souligner la collaboration pan Air System). Ces suppressions s’ajoutent aux 9 000 prévues par pementiers. Au groupe organisé en 29 octobre, devant le siège de l’entreprise à Tokyo. étroite syndicat-patronat. les banques Sumitomo et Sakura jusqu’à leur fusion en 2002. fonction d’un keiretsu est en train Zenroren, organisation syndicale d’obédience Au total, les grands groupes japonais supprimeront 140 000 em- de se substituer celui placé sous la communiste, compte 830 000 adhérents à travers le DIRECTION EMPRISONNÉE plois, soit 12 % de leurs effectifs, d’ici à 2011, a estimé le ministère du coupe d’une holding financière. pays. Sa branche chez Nissan est minoritaire mais Par la suite, le syndicat est systématiquement in- travail. Mais c’est ailleurs, dans les petites et moyennes entreprises, hérite du militantisme des syndicats du constructeur tervenu dans la gestion du groupe, obtenant notam- que le coût des restructurations sera le plus douloureux. Philippe Pons automobile Prince, absorbé par Nissan en 1965, dont ment l’engagement de la direction de ne jamais pro- le « fief » était l’usine de Musashi-Murayama (ban- céder à des licenciements. En échange, il étouffait lieue de Tokyo), que Carlos Ghosn a décidé de fer- toute velléité de « gauchisme » parmi les salariés. Et mer. « Nous ne sommes pas des pièces détachées que le petit syndicat communiste a été pratiquement ré- l’on prend ou que l’on jette. Nous sommes des êtres hu- duit au silence. mains et nous ne pouvons accepter un plan qui affecte Selon le quotidien des milieux économiques Nihon si durement les salariés et l’économie locale », nous dit Keizai, cette collaboration patronat-syndicat, garan- Masatoshi Sakanoshita, président de la branche Nis- tie de la paix sociale dans l’entreprise, aurait empri- san du syndicat des métallurgistes de Zenroren. sonné la direction de Nissan dans un carcan l’empê- En arrière-plan à la lutte de Zenroren se profile la chant de prendre les mesures nécessaires au vieille opposition entre les deux « âmes » du syndi- redressement. Aujourd’hui, Zenroren essaie de pro- calisme japonais : l’une plus « collaborationniste », fiter de la mise sur la touche du syndicat maison, pla- représentée au niveau national par la confédération cé devant le fait accompli des décisions de la direc- Rengo, et l’autre, plus militante mais minoritaire, tion, pour relever la tête. dont Zenroren est représentative. L’usine de Mu- rayama fut l’un des hauts lieux de la lutte entre ces Ph. P. De nouveaux conglomérats géants, dignes des « zaibatsu »
TOKYO siècles auparavant avec l’avène- dings financières et balayé les ul- de notre correspondant ment du capitalisme marchand. times contraintes qui subsistaient Le Japon n’est pas en reste dans C’est le cas de Sumitomo, à l’ori- des réformes de 1948. la course aux concentrations qui gine (1690) un commerçant de Depuis les années 50, six groupes transforment l’économie de marché cuivre d’Osaka, et de Mitsui, mar- dominent l’économie nippone : en économie de puissance. La fu- chand d’étoffes qui ouvrit boutique Mitsui, Mitsubishi, Sumitomo, sion des banques Sakura et Sumito- à Edo (Tokyo) en 1673 et deviendra Fuyo, Sanwa et Dai-ichi Kangyo. mo, qui donnera naissance en avril agent de change des shoguns. D’autres se sont affaiblis, comme 2002 au numéro deux mondial, est D’autres zaibatsu se constituèrent Fuyo (héritier du zaibatsu d’avant- significative par ses conséquences au lendemain de la restauration de guerre Yasuda) est en déclin depuis sur la structure industrielle du Ja- Meiji (1868), qui fit basculer le Ja- la faillite de sa maison de titres Ya- pon. En associant pour la première pon dans l’époque moderne : c’est maichi. Fuyo, qui a dans sa mou- fois deux des anciens zaibatsu le cas de Mitsubishi (à l’origine, une vance Nissan et NKK, cherche à se (conglomérats) de l’avant-guerre, société de transport maritime). Les restructurer par la fusion de sa Sumitomo et Mitsui (banque Saku- derniers se développèrent dans les banque, Fuji, avec son homologue ra), cette fusion va en effet entraî- années 30 grâce aux commandes Dai-ichi Kangyo (du groupe du ner des regroupements entre les militaires. même nom, également en perte de quelque 200 000 entreprises dans la vitesse) et avec la Banque indus- mouvance des deux groupes. INTERDICTION LEVÉE trielle du Japon. Sumitomo compte, parmi la Entretenant des liens étroits avec Face à Fuyo, Dai-ichi Kangyo et vingtaine de sociétés mères qui le pouvoir politique, les conglomé- Sanwa, qui forment le courant mi- constituent le noyau du groupe, rats, souvent contrôlés par une fa- neur du grand capital nippon, une maison de commerce ainsi que mille, étaient des organisations py- trônent les trois « grands » : Mitsui, le métallurgiste Sumitomo Kinzoku ramidales soudées par des relations Mitsubishi et Sumitomo. Ces et NEC, tandis que Mitsui (25 socié- de dépendance étroites entre les groupes se tenaient mutuellement tés) a, dans son giron, sa propre entreprises dans leur mouvance. en respect, campant sur leur terri- maison de commerce, ainsi que To- Après la défaite de 1945, l’occupant toire, tels des seigneurs de la ray, Toshiba et Toyota. Si un rap- américain fit du démantèlement guerre. La fusion des banques Sa- prochement entre les filiales des zaibatsu une clé de la démocra- kura (Mitsui) et Sumitomo va ba- chimiques et les chantiers navals tisation du Japon. Mais, avec le dé- layer les frontières entre leurs des deux groupes est probable, un but de la guerre froide, ce souci groupes d’appartenance. regroupement de certaines passa au second plan et le renforce- Alors que l’alliance de la Fuji avec branches de NEC et Toshiba ne se- ment du Japon, destiné à devenir les deux autres banques relève rait pas impensable. En d’autres l’ancrage de leur stratégie anti- d’une stratégie de survie, la fusion termes est en gestation la constitu- communiste en Asie, devint l’objec- Sakura-Sumitomo s’inscrit, elle, tion de l’un des plus gigantesques tif prioritaire des Américains. La li- dans la logique d’expansion de groupes industriels et financiers du quidation des zaibatsu prit fin avant cette dernière. Mitsui, groupe libé- monde : un « néo-zaibatsu » de d’avoir abouti. Et les entreprises ral et à la structure assez souple, a puissance planétaire. Un autre pôle conservèrent leur affiliation à un souffert de la crise et sa solidarité géant pourrait naître du rapproche- groupe dont le cœur devint une interne a été entamée : Toyota a re- ment attendu des banques Tokyo- banque, jouant le rôle pivot de la fusé de contribuer au refinance- Mitsubishi et Sanwa. holding d’avant-guerre. Les ment de la banque Sakura. Sumito- Les zaibatsu (« cliques finan- groupes se structurèrent en fonc- mo, en revanche, s’est renforcé. cières ») apparurent au milieu du tion de liens moins rigides, les kei- Puissant à Osaka, il voulait consoli- XIXe siècle. Les premiers de ces oli- retsu (« réseaux »). La réforme de la der sa présence à Tokyo. gopoles eurent pour origine de flo- loi antimonopole, en décembre rissantes entreprises nées deux 1998, a levé l’interdiction des hol- Ph. P. LeMonde Job: WMQ3110--0020-0 WAS LMQ3110-20 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 08:30 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0648 Lcp: 700 CMYK
20 PLACEMENTS LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 La hausse des taux fragilise les compagnies d’assurance-vie L’agence de notation américaine Moody’s vient de publier une étude qui met en lumière certaines faiblesses des compagnies vie françaises. Elle relève toutefois que les assureurs ont dans l’ensemble bien réagi pour remédier à cette situation
LES SOUSCRIPTEURS de Selon l’agence américaine, ces mentation et peuvent offrir un taux Une rentabilité en baisse valeur des obligations, qui s’améliore et les assureurs réa- contrat d’assurance-vie doivent- entreprises sont exposées à des de rendement minimum garanti à composent presque totalement gissent, utilisant notamment des ils s’inquiéter de la solidité finan- contraintes financières et à des long terme », relève Moody’s. en pourcentage l’actif des contrats en francs exis- produits dérivés pour limiter leur cière de leur compagnie ? Jusqu’à risques de liquidités. « Depuis Le souscripteur d’un contrat tants. Les souscripteurs de ces exposition aux changements de 25 récemment, la question pouvait une quinzaine d’années, le marché d’assurance-vie en francs dispose 7,3% produits pourraient être tentés taux d’intérêt. L’agence de nota- paraître incongrue. Le placement s’est développé sur la base de en France d’un certain nombre en 1998 de demander le rachat de leurs tion juge également de « très préféré des Français était syno- contrats liquides et transparents d’avantages. Il bénéficie notam- contrats pour se diriger vers des bonne qualité » les placements nyme de rentabilité et de sécuri- qui procurent aux assurés des ren- ment d’une protection du capital 20 investissements plus rémunéra- couvrant les contrats en francs té. La baisse continue des rende- dements attractifs. Le prix d’une investi chaque année, d’un taux teurs. « La solvabilité et la renta- puisqu’ils sont constitués dans ments des contrats en francs telle flexibilité donnée aux assurés d’intérêt technique et de la fa- bilité des compagnies d’assurance une grande majorité d’obliga- depuis le début des années 90 a a été un manque de flexibilité pa- culté de demander le rachat à 15 en souffriraient », estime Moo- tions d’Etat. Enfin, l’étude sou- rendu l’assurance-vie moins at- rallèle pour les entreprises d’assu- tout moment de son contrat avec dy’s. ligne que les produits commer- tractive. rance », explique Moody’s. une garantie réglementaire de re- cialisés par les assureurs ont 10 Surtout, la déconfiture d’Euro- cevoir au moins 95 % de la provi- PRISE DE CONSCIENCE aussi été modifiés. pavie en 1998 a rappelé aux sous- PLUSIEURS AVANTAGES sion mathématique du contrat, Déjà, la rentabilité des compa- Depuis quelques années, le dé- cripteurs que même les assureurs « Ces contraintes sont illustrées sa valeur. « Le scénario d’une gnies d’assurance-vie « a baissé veloppement des contrats en uni- pouvaient connaître des défail- par le nombre d’options et de ga- hausse rapide des taux d’intérêt 5 substantiellement », s’inquiète tés de compte (multisupports) lances. Depuis, la création d’un ranties données aux assurés, qui pourrait être une menace pour les l’agence de notation américaine. s’accélère (lire ci-dessous). Si ces fonds de garantie pour les assu- rendent difficile pour les assureurs assureurs si les assurés deman- 0 La brusque remontée des taux nouveaux produits élargissent le reurs avait quelque peu rassuré l’évaluation exacte de la duration daient le rachat de leurs contrats depuis le début de l’été risque champ d’investissement des les épargnants (lire ci-dessous). La de leur passif. Par comparaison alors que les portefeuilles obliga- 1988 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 d’écorner un peu plus la rentabi- épargnants, ils sont aussi un publication cette semaine d’une avec les produits offerts dans taires des assureurs sont en situa- Source : FFSA lité des entreprises d’assurance. moyen pour les compagnies de étude de la très sérieuse agence d’autres pays, les contrats français tion de moins-value latente », ob- Résultat net comptable en pourcen- Toutefois, l’agence de notation transférer une bonne partie des de notation financière Moody’s a d’assurance-vie contiennent le serve l’agence. tage capitaux propres moyens des américaine se veut rassurante. La risques financiers aux assurés. ravivé le débat sur la solidité des plus souvent des valeurs de rachat Toute remontée des taux a des compagnies d'assurance-vie prise de conscience des risques compagnies françaises. très élevées protégées par la régle- conséquences négatives sur la françaises. que courent les compagnies Joël Morio Les multisupports prennent le pas La sécurité financière des contrats s’est améliorée LORSQUE, en juillet 1998, la liqui- nisé, mais dans la limite de Le mécanisme applicable aux as- ture dont il prescrit tel ou tel produit. dation de la société Europavie fut 459 169,90 francs. Ce fonds inter- sureurs-vie traite certes tous leurs En toute hypothèse, serait-il rai- sur les contrats en francs déclarée par l’administrateur judi- vient après le sinistre, mais aussi à clients de façon identique, quels que sonnable de leur demander plus de CELA faisait plusieurs mois qu’on cifiques (ils ne sont pas soumis à la ciaire, faute de repreneur potentiel titre préventif en imposant alors cer- soient le montant de l’épargne et le vigilance que la CCA ou les agences le prédisait, c’est désormais chose nouvelle taxe à la sortie de 7,5 % ins- parmi les six assureurs sollicités, ses taines mesures à l’établissement en nombre de contrats qu’ils ont sous- de notation ? Chacun perçoit ici la faite : les contrats en unités de taurée fin 1997) – à hauteur de 50 % 4 000 clients furent stupéfaits. Une difficulté. Pour plus de sûreté, les crits auprès de la même compagnie. complexité de cette question et l’in- compte, dits multisupports, repré- au moins en actions françaises (dont telle situation était jugée inimagi- parlementaires ont souhaité trans- Mais, dès lors que la CCA ne peut déniable progrès que représente ce sentent désormais plus de la moitié 5 % en valeurs à risque), qui explique nable en France puisqu’il existe un poser le mécanisme prévu pour les plus garantir à 100 % la fiabilité et la nouveau fonds. C’est peut-être ce de la collecte nouvelle de l’assu- ce changement. « Ces contrats, qui organe public reconnu, la Commis- déposants (couvrant à la fois les dé- pérennité d’un assureur, toute per- qui explique la volonté de certains rance-vie sur les six premiers mois de représentaient à la fin de 1998 à peine sion de contrôle des assurances pôts, les titres et les cautions) aux as- sonne souhaitant investir pour ses professionnels de voir un tel disposi- 1999 (90 milliards de francs – soit 30 milliards de francs d’encours, dont (CCA), dont la vocation est d’éviter surés. vieux jours dans un contrat d’assu- tif étendu aux assurances de dom- 13,72 milliards d’euros – sur 170 ont plus des deux tiers issus de transferts, les catastrophes en donnant des rance-vie doit en tirer quelques mages. Et l’actualité semble leur été placés sur ces supports). Chez demeurent marginaux et n’intéressent conseils aux entreprises d’assu- POUVOIRS PUBLICS EMBARRASSÉS conséquences pratiques. Elle ne doit donner cruellement raison, avec le certains assureurs, la tendance est vraiment que les gros souscripteurs », rances en difficulté. Le second fonds mis en place est plus se contenter d’analyser les qua- cas de la société ICS, qui a un impor- encore plus marquée. « Aujourd’hui, rappelle un assureur. Le phénomène Au moment de la mise en liquida- plus spécialement destiné à la pro- lités et le rendement des contrats tant portefeuille de risques- notre gamme est essentiellement est plus large et traduit un change- tion laissant un passif de 200 mil- tection des assurés. Si son montant proposés, elle doit répartir son construction et ne semble plus être constituée de contrats multisupports, ment de mentalité des assurés, da- lions de francs (30,49 millions d’eu- d’indemnisation est soumis au épargne sur plusieurs contrats de di- en mesure de faire face à ses engage- affirme Philippe Mathouillet, direc- vantage prêts à optimiser leur prise ros) et une perte de près de 50 % même plafond que celui des établis- verses compagnies, choisir plutôt un ments depuis l’été. teur général de Natio-Vie, société de risque sur le long terme, dans une pour les épargnants, les représen- sements financiers, les assureurs grand groupe, une petite société Les pouvoirs publics semblent d’assurances de la BNP. Ils repré- optique d’épargne retraite complé- tants des sociétés d’assurances refu- soulignent qu’il suffira à couvrir in- adossée à un grand groupe et/ou embarrassés, craignant que de nom- sentent près de 80 % des nouvelles mentaire. « Les souscripteurs trouvent sèrent de payer les pots cassés, avec tégralement 80 % des contrats d’as- bien notée par les analystes, et breux petits promoteurs dispa- souscriptions, et plus de la moitié des avec le multisupport un produit fisca- pour argument d’avoir rejeté par surance-vie. Malgré ces quelques prendre en compte, en les relativi- raissent en cas de sinistre non in- encours globaux [164 millions de lement avantageux qui répond à leur deux fois l’adhésion de cette entre- points de convergence avec son ho- sant, les appréciations des grandes demnisé. Compte tenu de ce cas francs au total, fin août] ». attente de rentabilité tout en leur of- prise à leur fédération, en 1992 et mologue, ce second fonds ne peut agences de notation américaines, d’école, il devient de plus en plus frant une grande souplesse et une belle 1996. Après de nombreuses péripé- intervenir à titre préventif. Autre dont les avis sont parfois nuancés, probable que l’Etat étudiera bientôt « RENTABILITÉ ET SÉCURITÉ » marge de sécurité », résume un pro- ties, dont la mise en cause de l’Etat handicap : alors que le premier voire divergents. Enfin, il est prudent avec les professionnels concernés un Cela fait plusieurs années mainte- fessionnel. par des associations de victimes, une fonds s’applique à tous les types pour le souscripteur de demander à système de garantie voisin pour l’as- nant que les multisupports gagnent Certes, les multisupports de- solution de place a finalement été d’établissements financiers, celui-là son intermédiaire d’assurance – sur- surance des biens et des responsabi- du terrain. En 1998, alors que le mar- meurent sensiblement plus risqués trouvée dans la douleur. Bien qu’il ne touche que les compagnies sou- tout s’il est indépendant – ou à son lités. ché connaissait une baisse historique qu’un contrat en francs classique. Les s’agisse du seul cas de mise en liqui- mises au code des assurances – que gestionnaire de patrimoine des in- (– 17 % en chiffre d’affaires global) et écarts de rendements (près de 20 % dation d’une société d’assurance-vie ce soient des sociétés anonymes ou formations sur la qualité de la signa- Didier Verneuil que les contrats en francs reculaient parfois) d’un support à l’autre le depuis l’instauration d’un contrôle des sociétés mutuelles d’assurances de 40 % en termes de souscriptions prouvent. Cependant, concurrence dans les années 30, les pouvoirs pu- –, mais en aucun cas les mutuelles nouvelles, les formules en unités de oblige, en quelques années, les for- blics ont décidé de mettre en œuvre relevant du code de la mutualité ou compte progressaient, elles, de 21 %. mules proposées par les assureurs se une réforme législative permettant les institutions de prévoyance. Le La COB épingle Fin juin 1999, la hausse était de 45 %, sont sophistiquées et affinées, multi- aux déposants, aux investisseurs et système fait donc l’objet de critiques et d’autant plus significative que, dé- pliant notamment les passerelles aux assurés d’être protégés en cas de des assureurs traditionnels pour sormais, ce ne sont plus les compar- d’un support à l’autre. Cela au grand défaillance d’un établissement de cette distorsion de concurrence, une sicav luxembourgeoise timents francs (obligataires) de ces profit du souscripteur, qui, selon son crédit ou d’une compagnie d’assu- dans la mesure où ils doivent y contrats qui dominent comme c’était âge et le seuil de risque qu’il accepte, rances. consacrer 0,05 % de leurs provisions LA COMMISSION des opérations de Bourse (COB) a mis en garde les encore le cas il y a deux ans, mais la pourra opter pour un contrat profilé Deux fonds de garantie ont été mathématiques. épargnants français contre une publicité sur un compartiment de la sicav partie investie en Bourse ou dans plus ou moins prudent, une formule mis en place. Le premier, unique Mais la Fédération nationale de la luxembourgeoise Oyster. Le gendarme de la Bourse précise qu’elle l’immobilier. « Les compartiments en dite évolutive (l’allocation d’actifs se pour tout le secteur bancaire fran- mutualité française a créé en 1976 un « pourrait réexaminer l’autorisation de commercialisation délivrée à cette francs ne représentent plus que 35 % modifie au fur et à mesure que l’as- çais, met désormais les déposants à système s’appuyant sur la solidarité sicav ». Il reproche à la banque suisse Syz and Co, qui gère cette sicav, de l’encours des multisupports », pré- suré s’approche de l’âge de la re- égalité, qu’ils aient placé leur financière entre mutuelles adhé- d’avoir fait ressortir dans sa publicité pour le compartiment Europe Va- cise-t-on à la Fédération française traite) ou, au contraire, pour un épargne dans une banque membre rentes, qui dispose d’un fonds d’in- lue de la sicav Oyster une progression de 226,3 % du 1er avril 1995 au des sociétés d’assurances. contrat ultra-dynamique investi en de l’AFB (Association française des tervention de 250 millions de francs, 1er septembre 1999, un chiffre qui a été calculé de la façon la plus flatteuse Or, contrairement à ce que cer- unités de compte « pures » (actions banques), un établissement mutua- représentant 10 % de sa réserve glo- possible. De plus, la performance est calculée en euros alors que la devise tains pourraient croire, ce n’est pas à américaines, marchés émergents, liste ou une coopérative. En cas de bale de sécurité. Elle peut donc mo- de comptabilité du compartiment est le dollar : la publicité omet de men- proprement parler le succès des nou- etc.). retrait d’agrément ou de radiation, biliser au besoin 2,5 milliards de tionner que le seul effet de change contribue à majorer substantiellement veaux contrats dits « DSK », investis tout client détenteur de fonds rem- francs, ce qui constitue une sécurité la présentation de la performance, souligne la COB. La banque Syz and – moyennant avantages fiscaux spé- Laurence Delain boursables ou de dépôts sera indem- pour les sociétaires. Co assure que le nécessaire a été fait pour corriger ces « erreurs ». LeMonde Job: WMQ3110--0021-0 WAS LMQ3110-21 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0649 Lcp: 700 CMYK
PLACEMENTS ET MARCHÉS LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 / 21
IMMOBILIER REVUE DES ACTIONS Nouveaux sommets à la Bourse de Paris 29-10-99 en ¤uros Diff. Bail Investis. 128 + 4,06 ´ Finextel 21,24 – 2,34 ENERGIE POUR ESTIMER la tendance à la Bourse de ment été atteints. Le bureau d’analyse Jacques tuelle d’un groupe industriel au sein du capital Fonc.Lyon.# 127,30 – 0,07 ¤ 29-10-99 en uros Diff. Paris, les investisseurs examinent... l’économie Chahine Finance, qui a pour objectif 5 300 points de Vivendi. Le groupe Intertechnique, spécialisé Gecina 114 – 1,63 Coflexip 75 – 6,83 américaine. Après un début de semaine hésitant, à moyen terme, n’entrevoit pas cependant l’in- dans l’équipement dans le domaine de l’aéro- Cie Fonc.Klepierre 98,30 + 5,69 – Elf Aquitaine 140 15,56 les actions françaises se sont envolées, ces der- dice CAC 40 dépasser la barre des 5 000 points nautique, était sous les feux de la rampe cette se- Rue Imperiale (Ly) 1840 – 0,80 Esso 75 – 4,58 Silic CA 157 – 0,43 – Geophysique 49,50 5,80 niers jours, après la publication, jeudi 28 octo- avant l’année prochaine. maine. Il a profité en Bourse de perspectives de Simco 81,90 + 1,11 Total Fina SA 128,50 + 3,79 bre, des statistiques mon- Les valeurs de la cote ont été également ani- résultats annoncées, mardi, par la société, qui Unibail 139 + 3,57 PRODUITS DE BASE trant une croissance mées par l’annonce de modifications dans la s’attend à une progression de 50 % de ses béné- Fonciere Euris 102,50 + 1,48 Im.Marseillaise 1980 + 0,50 29-10-99 en ¤uros Diff. soutenue de l’économie composition des indices, principalement dans le fices pour l’année. Dès le lendemain, mercredi, le Sefimeg CA 69,05 – 3,15 Air Liquide 146,50 + 5,85 sans dérapage de l’inflation. CAC 40. Alors qu’aux Etats-Unis Microsoft et In- titre était de nouveau recherché en raison d’une Immob.Batibail Ny# 52 – 0,19 CFF.(Ferrailles) 29,30 – 2,33 Après avoir fait flamber tel vont intégrer l’indice Dow Jones pour refléter modification de son capital. Zodiac a acquis les Immob.Hotel. # 1,04 – 1,88 Eramet 48,40 – 1,22 Gascogne 74 – 3,58 Wall Street et baisser les tout un pan de l’économie, à Paris, l’indice participations de Bolloré et de Dassault, en tout Metaleurop 6,80 – 0,72 taux d’intérêt aux Etats-Unis CAC 40 a subi des aménagements. Bouygues a 63 % du capital de l’équipementier, au prix de SERVICES FINANCIERS Pechiney Act Ord A 53,20 – 5 29-10-99 en ¤uros Diff. Rhodia 18,35 + 2,34 comme en Europe, ces in- remplacé, vendredi, l’action d’Eridania Beghin- 420 euros par titre. Les opérateurs, qui ont, sur la Rochette (La) 3,62 + 10,70 dices ont entraîné la Bourse Say, tandis que Aerospatiale-Matra a pris la journée de jeudi, sanctionné le titre Zodiac en le AGF 53 + 4,22 Usinor 13,21 + 0,68 de Paris dans un mouvement d’optimisme. L’in- place d’Elf. Alstom va intégrer le CAC 40 à la faisant baisser de 9,68 %, ont fini par juger l’opé- Axa 134,10 + 9,46 Vallourec 37 + 6,04 + dice CAC 40 profitait de ce climat pour battre de place de Promodès dès le 5 novembre. Ces ajus- ration satisfaisante pour la société. Vendredi, B.N.P. 83,50 8,16 Grande Paroisse 22,71 – 6,58 C.C.F. 109,50 – 4,69 Oxyg.Ext-Orient 576 – 3,83 nouveaux records. Le seuil historique des tements n’ont pas manqué de faire réagir les après avoir débuté la séance par un gain de 8 %, CPR 47,40 + 4,63 CONSTRUCTION 4 773 points, figé le 10 septembre, a volé en titres nouvellement admis dans l’indice par les il finissait la séance en hausse de 2,38 %. Dexia France 134 – 3,59 Interbail 26 + 0,50 29-10-99 en ¤uros Diff. éclats dès jeudi. Le marché a fini la séance de achats des gestionnaires. La Bourse a également mis du temps à appré- jeudi en progression de 1,14 %. La hausse s’est cier l’annonce faite, jeudi, par l’équipementier Locindus 111 + 3,44 Bouygues 331 + 0,39 Natexis Bq Pop. 74 + 7,24 + Bouygues Offs. 36,60 1,69 poursuivie le lendemain, où l’indice CAC 40, éga- INTERTECHNIQUE RECHERCHÉ français Valeo. En perte de 0,59 %, jeudi, l’action Paribas 99 – 5,89 Ciments Francais 60,80 – 7,24 + Colas 196,70 + 1,23 lement soutenu par la forte baisse du chômage Les investisseurs ont fait monter l’action du a pris, vendredi, 1,79 %. Le groupe va créer une SCOR 47,50 14,18 Eiffage 67,35 + 7,76 en France, et insensible aux déboires du ministre groupe Vivendi de plus de 6 % cette semaine. Le société commune avec son homologue japonais Selectibanque 13 + 0,38 Groupe GTM 104 + 10,63 de l’économie et des finances, Dominique titre fait l’objet d’importantes transactions hors Zexel Corp. dans le domaine des systèmes ther- Societe Generale 207 – 0,90 Imerys(ex.Imetal) 136 + 1,72 Sophia 42,20 + 4,14 Lafarge 91,50 – 8,17 Strauss-Kahn, se hissait jusqu’à 4 888,62 points, Bourse. Mardi soir, 6 millions de titres, soit 1 % miques pour l’automobile. Le français va ainsi, Union Assur.Fdal 122,40 – 3,54 Lapeyre 65,70 – 1,35 un record en clôture. En hausse de 2,95 % sur la du capital, ont été échangés en dehors du mar- par l’intermédiaire de sa filiale Valeo Climatisa- Via Banque 27 + 4,44 Saint-Gobain 165 – 0,72 SGE 44,20 + 1,14 seule journée de vendredi, il progresse de 4,51 % ché sous forme d’application. Peu de temps tion, devenir le numéro trois mondial de la cli- Worms (ex.Someal) 14,79 – 1,40 Vicat 52,90 + 1,92 sur la semaine. Avec un plus haut niveau à après, deux autres applications de 696 000 et matisation automobile. Credit Lyonnais CI 28,05 + 3,88 4 903,43 points en séance, les objectifs des ana- 90 000 actions ont été enregistrées. Ces opéra- Immobanque 112,40 + 1,35 BIENS D’E´QUIPEMENT April S.A.#(LY) 113 + 0,98 29-10-99 en ¤uros Diff. lystes financiers pour la fin de l’année ont quasi- tions ont alimenté les rumeurs sur l’entrée éven- Cécile Prudhomme Assur.Bq.Populaire 94 .... C.A. Paris IDF 155 + 0,12 Alcatel 148,50 + 7,29 Alstom 28,80 + 5,49 Plastic Omn.(Ly) 120,50 + 4,78 Hermes intl 104 – 0,47 Damart 81,50 + 1,87 Groupe Partouche # 65 .... Factorem 147,50 + 2,43 Bull# 6,92 – 3,21 Renault 49,20 – 2,38 Info Realite # 32,70 – 7,62 Galeries Lafayette 140 – 0,99 Havas Advertising 266,50 + 3,69 Union Fin.France 130,90 + 6,85 Carbone Lorraine 40,91 + 3,38 Sommer-Allibert 25,72 – 2,90 Pochet ...... GrandVision 29,40 + 5,94 Infogrames Enter. 88,10 + 4,32 CS Signaux(CSEE) 40,83 + 2,71 Valeo 68,30 + 0,88 Reynolds ...... Groupe Andre S.A. 156 + 11,03 Ingenico 23,50 – 0,59 SOCIE´TE´S D’INVESTISSEMENT Dassault-Aviation 203 + 12,59 Sylea 52 – 1,88 Robertet # 141 + 2,91 Guilbert 141,80 + 0,99 Norbert Dentres.# 23,30 – 4,54 29-10-99 en ¤uros Diff. De Dietrich 62,50 + 11,60 Smoby (Ly) # 45,39 – 2,70 Guyenne Gascogne 488 + 0,82 NRJ # 296 + 2,42 Fives-Lille 87 + 1,16 AUTRES BIENS DE CONSOMMATION S.T. Dupont # 10,10 + 3,06 Pinault-Print.Red. 181,30 + 7,27 Penauille Poly.CB# 312,40 + 1,59 Bollore 165,40 + 0,24 Virbac 56,50 – 1,22 Primagaz 80 + 0,06 France Telecom 91,85 + 7,30 29-10-99 en ¤uros Diff. Publicis # 240,20 + 4,43 Cerus 7,40 .... Intertechnique 416,20 + 7,07 Walter # 96,05 + 1,90 Promodes 1020 + 8,28 + Sodexho Alliance 156 5,40 CGIP 43,95 + 1,45 Legrand 227,50 + 7,31 BIC 46,50 + 0,64 Rexel 85 + 3,03 Sogeparc (Fin) 80,80 – 3,80 + + Legris indust. 39,35 + 3,33 Chargeurs 54,50 2,83 INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE Monoprix 105,50 .... Sopra # 58,20 + 0,51 Christian Dior 170,20 2,09 + Schneider Electric 65,50 – 2,96 Christian Dalloz 44,50 0,90 ¤ Bricorama # 65,90 + 16,63 Spir Communic. # 59,45 + 6,44 Dynaction 25,40 + 7,62 + 29-10-99 en uros Diff. Sidel 95 + 0,36 Clarins 93,60 1,87 Etam Developpement 29,70 – 7,18 SR Teleperformance 131 + 2,42 Eurafrance 574 + 1,86 Deveaux(Ly)# 68,60 + 0,88 + Thomson-CSF 32,30 + 8,38 Bongrain 374 1,08 Hyparlo #(Ly) 118 + 1,63 Suez Lyon.des Eaux 153,50 + 3,08 Fimalac SA 107 + 1,90 DMC (Dollfus Mi) 6,19 – 1,58 Danone 242,50 + 1,33 – Zodiac ex.dt divid 172 – 5,59 IMS(Int.MetalSer)# 9 1,74 TF1 298 + 4,56 Gaz et Eaux 48,50 + 4,52 Essilor Intl 300 + 5,26 Eridania Beghin 108 + 2,07 + Sagem SA 757 + 8,14 Manutan Inter. 55,50 3,73 Technip 96,50 + 6,51 Facom SA 69,50 + 2,28 Fromageries Bel 766,50 + 7,20 + ISIS 63,70 – 4,85 Algeco # 78,50 + 1,68 Rallye(Cathiard)Ly 67,30 1,35 Unilog 65,20 + 8,66 Hachette Fili.Med. 47,90 + 4,47 LVMH Moet Hen. 287 – 0,93 Rubis # 22,55 – 1,74 Lagardere 38,50 + 0,78 CNIM CA# 40,20 + 3,07 Vivendi 72,05 + 6,03 L’Oreal 634,50 + 7,54 Pernod-Ricard 64,20 + 1,82 Lebon (Cie) 50,80 – 2,30 Cofidur # 6,30 – 10 Europe 1 ...... + Moulinex 9,34 + 5,77 Remy Cointreau 18,93 + 5,16 Marine Wendel 141 + 1,58 Entrelec CB # 46 3,95 AUTRES SERVICES Louvre # 61 .... GFI Industries # 20,85 – 8,55 Rhone Poulenc A 53,20 + 4,82 Royal Canin 63,30 + 4,62 29-10-99 en ¤uros Diff. Pathe 104 + 3,89 Nord-Est 26,49 + 3,47 Latecoere # 115 + 7,47 S.E.B. 62,90 + 3,88 SEITA 53 + 2,21 S.I.T.A 220 – 4,34 Salvepar (Ny) 77,85 + 2,43 Lectra Syst.(B) # 6,84 + 3,63 Skis Rossignol 15,40 + 2,66 Taittinger 650 + 1,56 Accor 214 + 6,46 + Bollore Inv. 38,49 + 5,74 Manitou # 46,50 – 2,10 L.B.D. Dupont # 94,90 .... Brioche Pasq.(Ns)# 90,80 + 0,33 Altran Techno. # 325,90 + 6,15 Assystem # 34,70 15,66 + + Mecatherm # 36 – 4 Ales Gpe ex.Phyto# 27,90 + 2,91 L.D.C. 95,50 + 2,68 Atos CA 121,80 + 6,74 CEGEDIM # 54 11,34 Burelle (Ly) 69,35 12,76 Radiall # 75,30 + 2,44 Arkopharma # 63,90 + 0,78 louis Dreyfus Cit# 16,70 + 8,09 BIS ...... Fininfo 191 – 0,52 Contin.Entrepr. 41,56 + 5,21 Beneteau CA# 219 + 1,86 Canal + 66 + 10,36 Fraikin 2# 79,25 + 0,12 F.F.P. (Ny) 70,95 – 0,07 + AUTOMOBILE Boiron (Ly)# 56,50 – 0,87 DISTRIBUTION Cap Gemini 144 – 2,70 Geodis 60,70 2,88 Finaxa 100,50 + 11,66 CDA-Cie des Alpes 30,49 – 3,51 Cegid (Ly) 178,50 + 4,38 Groupe J.C.Darmon 62 + 0,40 29-10-99 en ¤uros Diff. 29-10-99 en ¤uros Diff. Francarep 47,50 – 1,04 Europ.Extinc.(Ly) 47,64 + 11,56 Club Mediterranee 95,20 – 0,31 Leon Bruxelles 24,40 – 3,55 Unibel ...... Labinal 121,70 + 7,69 Exel Industries 52 + 2,97 Bazar Hot. Ville 116,50 + 1,30 Dassault Systemes 39,43 + 12,33 LVL Medical Gpe 22,50 + 1,80 Michelin 41,40 + 4,51 Gautier France 41,85 – 0,35 Carrefour 176 + 11,04 Euro Disney 1,31 + 1,55 M6-Metropole TV 260 + 8,28 Cie Fin.St-Honore 71,50 + 2,14 Montupet SA 31,02 + 3,40 Guerbet S.A 23,79 – 3,68 Casino Guichard 108 + 0,93 Eurotunnel 1,22 .... Seche Environnem.# 46,40 + 4,97 Finatis(ex.LocaIn) 106,20 + 5,98
Peugeot 182,50 + 4,58 Guy Degrenne # 30,90 + 10,16 Castorama Dub.(Li) 284,80 + 2,07 Gaumont # 62,80 + 4,92 UBI Soft Entertain 139,30 + 1,30 Siparex (Ly) # 26,20 – 6,42
 A @uliite Topcash (D) CPRGESTI 278 0,40 274 1,99 248,72 Se´lection Mone´taire CCF 279 0,40 215 2,22 76354,23 Ope´ra Tre´sorerie DIDIERPH 280 0,40 292 1,94 3011,26 LES PERFORMANCES Ecureuil Tre´sorerie (C) ECUREUIL 281 0,39 281 1,98 51,35 http://www.fininfo.fr Sicaixa CAIXA DE 282 0,39 291 1,95 3868,75 DES SICAV MONE´TAIRES BICS Mone´taire (C) ECOFI FI 283 0,39 272 2 294,96 ` ` ´ BICS Mone´taire (D) ECOFI FI 284 0,39 275 1,99 233,95 (Les premieres et les dernieres de chaque categorie) le 22 octobre Ecureuil Tre´sorerie (D) ECUREUIL 285 0,39 285 1,96 46,93 Cre´dit Maritime Se´curite´ (C) CDT MARI 286 0,38 297 1,88 275,73 Organisme Perf. % Perf. % Valeur ´ ´ ´ ´ LIBELLE promoteurRang 3 moisRang 1 an liquid. Credit Maritime Securite (D) CDT MARI 287 0,38 299 1,87 254,73 Acti Re´gulie`re GERER CO 288 0,37 300 1,87 317,04 Se´curita (C) BDEMACHY 289 0,37 293 1,92 32,27 SICAV MONE´TAIRES FRANCS Sicav Associations CDC 290 0,37 298 1,88 387,96 SB Se´curite´ (D) CIC SB 291 0,37 302 1,83 240,92 Performance moyenne sur 3 mois : 0,51 %, sur 1 an : 2,48 % Mone´ Associations GROUP CA 292 0,37 309 1,65 184,89 CIC Tre´sorerie Plus (C) CIC PARI 1 1,18 1 6,14 230,31 SB Se´curite´ (C) CIC SB 293 0,36 303 1,83 259,35 CIC Tre´sorerie Plus (D) CIC PARI 2 1,18 2 6,14 211,69 Mone´sud (C) LB 294 0,36 283 1,98 63,94 Natexis Pibor Gestion NATEXIS 3 0,69 4 3,05 29475,10 La Henin Euribor (C) LA HENIN 295 0,36 221 2,21 3058,50 Azur-GMF Se´curite´ (C) GROUPAZU 4 0,67 9 2,97 155,77 La Henin Euribor (D) LA HENIN 296 0,36 222 2,21 2662,24 Azur-GMF Se´curite´ (C) GROUPAZU 5 0,66 11 2,96 160,52 JPM Court Terme B HARWAN 297 0,36 301 1,85 2266,33 Sanpaolo Institutions SANPAOLO 6 0,66 5 3,04 1781,96 Se´curicic (D) CIC PARI 298 0,36 296 1,91 330,49 Centrale Premie`re CCR 7 0,66 6 3 1159,05 Se´curicic (C) CIC PARI 299 0,36 295 1,91 365,69 Haussmann Jour B WORMS 8 0,65 8 2,97 25937,89 Mone´sud (D) LB 300 0,36 280 1,99 53,47 Orsay Se´curite´ ORSAY 9 0,64 10 2,97 1723,25 BNP Mone´taire (C) BNP 301 0,35 305 1,74 874,02 Acti Jour BBL FRAN 10 0,64 14 2,95 290,43 BNP Mone´taire (D) BNP 302 0,35 306 1,74 804,50 Cardif Arbitrages BQE FIN 11 0,64 7 2,98 16515,80 Monedyn GROUP CA 303 0,34 223 2,20 1575,23 Placements Mone´taire NSM 12 0,63 17 2,94 183644,86 Fimacourt Premie`re FIMAGEN 304 0,32 268 2,02 30275,33 Dexia Money 3M DEXIA MN 13 0,63 12 2,96 15102,01 Capimone´taire (D) SG 305 0,32 307 1,68 56,47 ´ ´ ´ Phenix Securite (D) AGF 14 0,63 33 2,88 1125,77 Cyril Plus CYRIL FI 306 0,31 203 2,27 148,91 DB Cash DEUTSCHE 15 0,63 21 2,91 16496,26 Capimone´taire (C) SG 307 0,31 308 1,67 65,58 Fimase´curite (C) FIMAGEN 16 0,63 23 2,90 5180,52 Sanpaolo-Cash SANPAOLO 308 0,23 304 1,81 47,61 Fimase´curite (D) FIMAGEN 17 0,63 24 2,90 4157,76 UBS Brinson Euribor Plus SBC BRIN 309 – 0,30 290 1,95 158,33 Union Plus CFCIC UE 18 0,63 16 2,94 29846,97 Unisecurite SANPAOLO 78 0,58 93 2,68 32251,68 Real Mone´taire SOFIDEP 19 0,63 25 2,90 172,65 Austral CDC ASSE 79 0,58 85 2,70 2011,68 Ple´iades ATLAS 20 0,63 27 2,88 160,20 UBS Brinson Tre´sorerie SBC BRIN 80 0,58 94 2,67 227,77 ABF-MJ ABF 21 0,63 19 2,92 301,55 Mone-Bor PARIBAS 81 0,58 86 2,70 89671,56 Partner Re´gularite´ KBL FRAN 22 0,62 45 2,86 149,76 Dresdner RCM Entreval KLEIN BE 82 0,58 91 2,68 317,23 Vers un léger mieux pour les sicav monétaires BFT Se´curite´ 2 BFT 23 0,62 22 2,90 310,37 Federal Tre´sorerie FEDFIN 83 0,58 84 2,70 1661,81 CNP Assur-Mone´t CDC ASSE 24 0,62 46 2,85 275,60 Mone´terme PARIBAS 84 0,58 115 2,63 17029,09 LA RÉCENTE remontée des indexées à l’évolution du taux euri- Ie´na Performance 3 BFT 25 0,62 18 2,92 2038,78 Mone´prime (C) PARIBAS 85 0,58 96 2,67 25797,09 CDC Mone´taire CDC ASSE 26 0,62 43 2,86 3115,26 Mone´prime (D) PARIBAS 86 0,58 97 2,67 23343,75 taux n’a pas encore eu de véritable bor 3 mois, qui anticipe l’évolution Primacic CIC PARI 27 0,62 32 2,88 207121,66 Acti Institutionnels BBL FRAN 87 0,58 72 2,75 91926,21 effet sur le rendement des sicav des taux d’intérêt dans les trois Indocam Arbitrages 3 mois GROUP CA 28 0,62 13 2,96 16043,92 Strate`ge CCF 88 0,58 87 2,70 4823,66 monétaires. Si la progression de mois. Dresdner RCM Court Terme KLEIN BE 29 0,62 31 2,88 19351,71 Dresdner RCM 3 mois KLEIN BE 89 0,58 122 2,59 336,84 Centrale Mone´taire CCR 30 0,62 30 2,88 4064,29 State`re BFT 90 0,58 80 2,73 350,83 ces placements est parvenue à se Toutefois, même avec des mar- Diade`me Jour LB 31 0,62 29 2,88 534145,68 Generali Tre´sorerie GENERALI 91 0,58 117 2,63 2518,79 stabiliser à 0,52 % ces trois derniers chés monétaires mieux orientés, Tre´sorys LA POSTE 32 0,62 61 2,81 43627,70 Soprane J BACOT 92 0,57 78 2,73 7745,05 mois, sur un an la performance les sicav monétaires continueront Citi-Mone´taire Plus CITIBK L 33 0,62 36 2,87 18012,29 Mone´den BRED 93 0,57 99 2,67 15061,13 continue de baisser, pour s’établir d’être pénalisées par les frais de BTP Tre´sorerie BANQUE B 34 0,62 28 2,88 7648,87 BTP Mone´court BANQUE B 94 0,57 92 2,68 3184,29 Barclays Institutions BARCLAYS 35 0,62 55 2,83 124421,34 Pension TMP -3/32 GERER CO 95 0,57 75 2,73 143468,45 à 2,48 %, contre 2,55 % lors de gestion, qui grèvent leurs perfor- Mone´plus SG 36 0,62 34 2,87 17083,70 Indocam Investicourt GROUP CA 96 0,57 79 2,73 3081,81 notre dernier classement il y a un mances. Alors que les rendements Etoile Euro Jour CDT NORD 37 0,62 44 2,86 153441,39 BP Institutions (C) BQUE POP 97 0,57 101 2,66 29319,22 mois. Cette mauvaise passe devrait de ces produits ont été divisés par Natexis Se´curite´ Jour NATEXIS 38 0,62 37 2,87 10271,04 BP Institutions (D) BQUE POP 98 0,57 102 2,66 23802,26 AXA Court Terme (D) AXA UAP 39 0,62 40 2,86 1628,41 Groupama Court Terme GROUPAMA 99 0,57 166 2,48 628,30 cependant bientôt se terminer. plus de trois en cinq ans, les frais AXA Court Terme (C) AXA UAP 40 0,61 41 2,86 1783,12 Ouestar Tre´sorerie CFCM LOI 100 0,57 89 2,69 21825,20 Beaucoup d’observateurs anti- de gestion des sicav monétaires SNVB Cash SNVB 41 0,61 39 2,86 158617,31 cipent une remontée des taux di- n’ont que très faiblement reculé. Absolu Ve´ga VEGA FIN 42 0,61 20 2,92 1961,33 CM Jour (D) CDT MUTU 242 0,43 225 2,19 3039,41 recteurs de la Banque centrale eu- Selon une étude réalisée par Euro- CPR Cash CPRGESTI 43 0,61 26 2,89 16084,43 CM Jour (C) CDT MUTU 243 0,43 227 2,18 3698,64 SGAM EONIA Plus SG 44 0,61 54 2,83 15706,79 Eficoop Sicav (C) CRED COOP 244 0,43 244 2,12 304,95 ropéenne (BCE) dès la prochaine performance, ils se situent à 0,59 % BP Se´curite´ BQUE POP 45 0,61 53 2,83 94734,72 OBC Se´curite´ OBC 245 0,43 249 2,11 2968,87 réunion du conseil des gouver- en moyenne dans les réseaux ban- Fimatre´sorerie FIMAGEN 46 0,61 35 2,87 3027,78 Dresdner RCM Se´curite´ (C) KLEIN BE 246 0,43 277 1,99 340,38 neurs, jeudi 4 novembre. Cette caires contre 0,66 % en 1994. Pis, Cardif Tre´sorerie CARDIF 47 0,61 63 2,80 13752,51 Citi-Valor (C) CITIBK L 247 0,43 253 2,09 3025,23 Arcade DBPF 48 0,61 47 2,85 253571,16 Citi-Valor (D) CITIBK L 248 0,43 252 2,09 2770,68 possible hausse profite déjà à cer- ces frais ont légèrement augmenté Ofima Tre´sor OFIVALMO 49 0,61 65 2,79 3146,99 Indosuez Euribor (D) GROUP CA 249 0,43 226 2,18 61,18 taines sicav monétaires. Natexis chez d’autres établissements ges- Cyril Court Terme CYRIL FI 50 0,61 71 2,75 2891,33 Eficoop Sicav (D) CRED COOP 250 0,43 247 2,12 280,26 Pibor Gestion reprend ainsi des tionnaires comme les assureurs ! CMN Tre´sorerie (D) CFCM NOR 51 0,61 49 2,84 3040,25 BRO-Se´curite´ (C) BRO 251 0,42 257 2,05 2804,63 places dans notre palmarès. Les CMN Tre´sorerie (C) CFCM NOR 52 0,61 48 2,84 3318,35 BRO-Se´curite´ (D) BRO 252 0,42 258 2,05 2462,46 Rivaud Court Terme (C) B RIVAUD 53 0,61 139 2,57 3803,30 Demachy + DEMACHY 253 0,42 141 2,56 327,07 performances de cette sicav sont Joël Morio Rivaud Court Terme (D) B RIVAUD 54 0,61 140 2,57 3450,36 Ie´na Mone´taire (C) BFT 254 0,42 239 2,15 2046,13 Ecofi-Cash ECOFI FI 55 0,61 51 2,84 45422,78 Ie´na Mone´taire (D) BFT 255 0,42 238 2,15 1748,65 AGF Mone´taire AGF 56 0,60 60 2,81 156,41 Ecureuil Mone´taire (D) ECUREUIL 256 0,41 284 1,98 188,81 SOCIÉTÉ DES LECTEURS DU « MONDE » Phe´nix Se´curite´ (C) AGF 57 0,60 57 2,83 1322,96 Se´curi-Taux LEGAL FR 257 0,41 256 2,06 294,17 GP Cash SMC 58 0,60 52 2,83 24328,94 Ecureuil Mone´taire (C) ECUREUIL 258 0,41 282 1,98 209,30 DB Court Terme DEUTSCHE 59 0,60 3 3,39 190,94 Leumi Court Terme (C) B LEUMI 259 0,41 267 2,02 2626,23 Conforter l’indépendance du Monde, avec la Société des lecteurs Eparcic CIC PARI 60 0,60 69 2,75 795,13 Leumi Court Terme (D) B LEUMI 260 0,41 269 2,02 2334,85 BFT Se´curite´ Premie`re BFT 61 0,60 56 2,83 291,83 Mone´.J (D) GROUP CA 261 0,41 287 1,96 1776,28 Lecteur, lectrice du Monde, vous êtes attaché à son indépendance. Valunion CFCIC UE 62 0,60 67 2,77 8148,01 Mone´.J (C) GROUP CA 262 0,41 286 1,96 1919,15 Vous pouvez y concourir en rejoignant la Société des lecteurs (SDL) AGF Se´curite´ AGF 63 0,60 59 2,81 1703,45 Partnet Prolea CT KBL FRAN 263 0,41 121 2,59 1218,84 dont c’est l’unique raison d’être. Elle contrôle 10,46 % du capital du EFI-Performance CRED COOP 64 0,60 66 2,77 335,20 Provence Court Terme CS AST F 264 0,41 294 1,92 8388,73 Natexis Capital Se´curite´ NATEXISG 65 0,60 135 2,58 3058,17 Ouestar Court Terme (C) CFCM LOI 265 0,41 265 2,03 2816,46 journal. Midland Protection MIDLAND 66 0,59 64 2,79 3041,22 Ouestar Court Terme (D) CFCM LOI 266 0,41 266 2,03 2493,63 Les titres de la SDL sont inscrits sur le marché libre OTC, code SICO- Saint-Honore Se´curite´ CF ROTHS 67 0,59 70 2,75 32063,51 Lion 20000 (D) CL 267 0,41 288 1,96 837,20 VAM 3477. Ceux et celles qui possèdent un portefeuille peuvent pas- Placements Tre´sorerie NSM 68 0,59 74 2,74 223175,55 Placements Se´curite´ (C) NSM 268 0,40 260 2,05 14697,72 ser un ordre d’achat à leur banque. Les autres peuvent acheter une ou Sequin BFT 69 0,59 77 2,73 7509,14 Placements Se´curite´ (D) NSM 269 0,40 259 2,05 12736,36 Bore´al CDC ASSE 70 0,59 42 2,86 1379,29 Lion 20000 (C) CL 270 0,40 289 1,96 917,87 des actions en demandant le dossier au secrétariat de la SDL. Les ac- Invesco Tre´sorerie INVESCO 71 0,59 50 2,84 166,16 SNVB Mone´taire (D) SNVB 271 0,40 261 2,04 1238,28 tions ainsi acquises seront inscrites en « compte nominatif pur », for- RG Mone´taire France ROBECO 72 0,59 68 2,76 3071,52 SNVB Mone´taire (C) SNVB 272 0,40 262 2,04 1475,24 mule qui n’entraîne pas de droit de garde pour l’actionnaire. Tre´soricic CIC PARI 73 0,59 76 2,73 28998,74 Pyramides Court (D) VERNES 273 0,40 270 2,01 649,05 Atlas Court Terme ATLAS 74 0,58 62 2,80 256,59 Pyramides Court (C) VERNES 274 0,40 271 2,01 786,28 Cours de l’action le 30 octobre 1999 : 242,05 F. Ve´ga Se´curite´ VEGA FIN 75 0,58 58 2,82 2970,58 Finord Se´curite´ (C) CDT NORD 275 0,40 278 1,99 3434,37 Fonsicav CDC TRES 76 0,58 90 2,68 3204,29 Finord Se´curite´ (D) CDT NORD 276 0,40 279 1,99 3113,57 * Société des lecteurs du Monde, 21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 Paris Cedex 05. Acti Tre´sorerie BBL FRAN 77 0,58 15 2,95 312,44 Topcash (C) CPRGESTI 277 0,40 273 1,99 270,91 Tél. : 01-42-17-25-01. Courriel : [email protected] LeMonde Job: WMQ3110--0022-0 WAS LMQ3110-22 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0650 Lcp: 700 CMYK
22 / LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 PLACEMENTS ET MARCHÉS
MATIÈRES L’influence monétaire de l’Allemagne remise en cause PREMIÈRES
Nouveau recul du cacao De nombreuses voix s’élèvent, outre-Rhin, pour contester le bien-fondé d’une hausse des taux dans la zone euro. COURS DU CACAO À NEW YORK Mais le point de vue allemand pourrait se retrouver minoritaire, jeudi 4 novembre, lors du conseil de la BCE en dollars par tonne 1 500 870 La probabilité d’une hausse des taux de la gressé de 6,1 % sur un an, soit nettement au- sept d’entre eux prévoient une augmenta- pli de l’euro face au billet vert. Les analystes le 28 oct. Banque centrale européenne (BCE) a aug- dessus de la référence de 4,5 % établie par tion du taux de refinancement de la BCE dès se demandent si les membres de la BCE ose- 1 400 menté, cette semaine, avec la publication des l’institut d’émission. Selon une enquête réali- sa réunion du 4 novembre. La publication de ront, jeudi 4 novembre, aller à l’encontre des statistiques monétaires dans la zone euro en sée, après cette annonce, par l’agence Reu- M 3 a provoqué une hausse des marchés thèses allemandes, favorables à un statu quo 1 300 septembre : l’agrégat de monnaie M 3 a pro- ters auprès de vingt-quatre économistes, dix- obligataires européens mais entraîné un re- sur les taux directeurs. 1 200 QUELLE EST aujourd’hui l’in- Faiblesse de l'euro en matière de croissance : son pro- des taux avait été essentiellement sur l’Europe depuis plusieurs dé- fluence exacte de l’Allemagne duit intérieur brut (PIB) devrait au motivée par la nécessité de voler cennies. Si, au contraire, la BCE 1 100 dans la politique monétaire de la COURS DE L'EURO FACE AU DOLLAR plus progresser de 1,5 % en 1999 au secours d’une économie alle- opte pour le statu quo, preuve sera zone euro ? La décision que pren- (contre une moyenne de 2,1 % mande en plein marasme. donnée que son conseil a du mal à 1 000 1,10 dra le conseil de la Banque cen- 1,0521 dans la zone euro). Dans ce Même s’il était écrit que la nais- s’émanciper, à s’affranchir de la le 29 oct. 900 trale européenne (BCE), réuni jeu- 1,09 contexte, une hausse des taux se- sance de l’euro conduirait mécani- tutelle allemande, et que M. Dui- di 4 novembre, à Francfort, rait peu adaptée aux besoins de quement à la fin au diktat moné- senberg reste prioritairement à 800 permettra de répondre en partie à 1,08 l’économie outre-Rhin. taire de la Bundesbank – de l’écoute des préoccupations de cette question décisive, tant pour La grande nouveauté est toute- nombreux pays ont même voulu la l’Allemagne. JMAF MJ J ASO les historiens monétaires que pour 1,07 fois que le point de vue monétaire 1999 les opérateurs financiers. De tous allemand pourrait se retrouver mi- Source : Bloomberg les pays de l’Union, c’est en Alle- 1,06 noritaire. De nombreux pays de La courbe des taux, indicateur privilégié magne que les voix sont les plus l’Union sont favorables à un tour LA BATAILLE du cacao a-t-elle nombreuses à s’élever pour 1,05 de vis. C’est, de façon quasi offi- Les banques centrales sont de plus en plus conscientes de la né- pris fin ? Le conseil des ministres contester le bien-fondé d’un res- cielle, le cas des pays à croissance cessité de compléter l’usage des agrégats monétaires par des indica- de l’Union européenne vint serrement monétaire. Les six prin- 1,04 forte (Espagne, Finlande, Pays- teurs de marché pour déterminer leur politique monétaire, mais d’adopter une « position cipaux instituts de conjoncture du Bas, Irlande). Mais sans doute aus- elles butent sur la difficulté à les interpréter, estime l’OCDE dans commune » sur la proposition de pays ont jugé que, pour empêcher 1,03 si celui de l’Italie, où le rythme son rapport d’automne. directives cacao-chocolat. Les une reprise de l’inflation dans la d’inflation a atteint 2 % en octo- La courbe des taux d’intérêt est la principale exception, note l’OC- chocolatiers auront la possibilité, zone euro, un relèvement d’un de- 1,02 bre, ou encore de la France, où, se- DE, les instituts d’émission y voyant non seulement un moyen de si le texte est approuvé par le par- mi-point du taux directeur de la lon une enquête de l’Insee, les mesurer les anticipations d’inflation, mais aussi le reflet des at- lement de l’Union, d’utiliser des 1,01 BCE dans la « première moitié de perspectives de production des in- tentes du marché en matière de politique monétaire. « Si les attentes matières grasses végétales autres l’an 2000 » était suffisant. Même MJ J A SO dustriels s’améliorent de « ma- des marchés sont en contradiction avec le jugement des banques cen- que le beurre de cacao (MGV) analyse du côté de la Fédération 1999 nière exceptionnelle » et où le chô- trales, ajoute l’OCDE, les instituts d’émission peuvent faire un effort dans la fabrication du chocolat. Il des banques privées allemandes Source : Bloomberg mage reflue rapidement. pour ne pas prendre les marchés par surprise en signalant par avance aura fallu vingt-cinq années de ce (BdB) ou encore à la Deutsche L'euro ne profite pas des anticipa- En dépit des affirmations des di- un changement au travers de prises de position publiques ». qui a plus ressemblé à une partie Bank, le premier établissement fi- tions de la hausse des taux de la rigeants monétaires, tout indique de bras de fer qu’à des négocia- nancier du pays. Quant au mi- Banque centrale européenne. que les réflexes nationalistes n’ont tions pour aboutir à un compro- nistre allemand des finances, Hans pas disparu à la BCE. Or, à ce jeu, monnaie européenne pour cette De façon plus immédiate et mis accepté du bout des lèvres par Eichel, il a critiqué à l’avance une que temporaires », se plaît-il à sou- compte tenu du principe « un seule raison –, nul ne pensait terre à terre, la probabilité d’une les producteurs et par des utilisa- tel geste, estimant qu’il ne serait ligner. Enfin, le chef économiste pays-une voix », l’Allemagne ne qu’une telle marginalisation inter- hausse des taux a nettement aug- teurs soucieux de qualité. L’enjeu d’aucune utilité pour lutter contre – allemand – de la BCE, Otmar Is- pèse pas plus lourd, au sein du viendrait aussi vite. On peut même menté avec la publication des sta- concerne les papilles du consom- l’inflation importée. Le président sing, juge que le rythme d’inflation conseil de l’institut d’émission, penser que, jeudi, au moment de tistiques monétaires dans la zone mateur, que l’on pousse douce- de la Bundesbank, Oskar Welteke, dans la zone euro n’a « rien d’alar- que la Finlande. voter, quelques membres de la euro au mois de septembre : ment à consommer des produits apparaît lui-même très réticent. mant ». Jeudi, une décision majeure de BCE ne pourront s’empêcher l’agrégat de monnaie M 3 a pro- élaborés en fonction des intérêts « Certains pensent que la hausse de Une telle résistance a de quoi politique monétaire en Europe d’éprouver un certain plaisir, sous gressé de 6,1 % sur un an, soit net- d’un marché largement dominé la masse monétaire ne permet pas à surprendre compte tenu de la ré- risque donc d’être prise non seule- forme de revanche, à mettre en tement plus que la référence de par des motivations financières. l’heure actuelle d’identifier des dan- putation de grande rigueur moné- ment sans l’accord, mais surtout minorité une Allemagne dont la 4,5 % établie par l’institut d’émis- « Les chocolatiers français sont sa- gers inflationnistes et que les taire des Allemands. Mais l’Alle- contre l’avis de l’Allemagne. Une domination monétaire s’est exer- sion. Selon une enquête réalisée, tisfaits de cette initiative, qui pré- hausses des prix du pétrole ne sont magne est aujourd’hui à la traîne grande première. En avril, la baisse cée sans partage et sans nuance mercredi, par l’agence Reuters, serve la qualité des produits de cho- après cette annonce, auprès de colaterie (la « position commune » vingt-quatre économistes, dix-sept précise que les teneurs minimales d’entre eux prévoient une aug- en cacao et beurre de cacao se- mentation du taux de refinance- ront maintenues) et apporte une Marché international des capitaux : des rendements difficiles à évaluer ment de la BCE, aujourd’hui fixé à meilleure information au consom- DEUX CATÉGORIES d’obligations interna- exemple, pour savoir quel groupe pourrait jugés passables. Si une note baissait fortement, 2,5 %, dès sa réunion du 4 no- mateur ». La Chambre syndicale tionales retiennent en ce moment l’attention : bientôt être moins bien noté qu’aujourd’hui. il leur faudrait se défaire aussitôt des titres en vembre. nationale des chocolatiers, qui re- celles émises par des emprunteurs dont le cré- Bref, de notre côté de l’Atlantique, on est une question. Aux Etats-Unis, où l’on anticipe da- La réaction des investisseurs à la présente les industriels, note ainsi dit est jugé passable et celles dont le crédit est fois de plus confronté à la difficulté d’établir vantage que chez nous, les dégagements se publication de M 3 a été plus am- sa satisfaction. excellent. Les premières, achetées de façon très une échelle convenable des rendements dans produisent fréquemment avant que la note ne biguë. Si les marchés obligataires Les artisans, réunis dans la sélective, procurent des rendements élevés qui un compartiment encore neuf en Europe, celui diminue vraiment, lorsqu’une telle évolution l’ont accueillie favorablement – le Confédération des chocolatiers et reflètent les risques qu’elles comportent. Les des emprunts industriels. est prévisible. Tout cela fait que certains spé- rendement de l’emprunt à 10 ans confiseurs de France, sont, eux, secondes, bien recherchées, rapportent beau- cialistes s’attendent à une seconde vague de est passé de 5,56 % à 5,30 % – l’eu- furieux et pas du tout impression- coup moins, mais elles offrent une parfaite sé- RÉALISER SES PERTES ventes qui suivrait celle de ces derniers jours et ro, en revanche, a lourdement nés par l’étiquetage obligatoire et curité et, dans la plupart des cas, parce qu’elles Dès lors, les regards se tournent vers le mar- qui affecterait, le moment venu, certains em- chuté, revenant de 1,0675, à le taux de 5 % maximum de MGV sont suffisamment grandes, donnent aux por- ché américain, qui sert de référence. Des dif- prunts d’entreprise. 1,0450 dollar. Selon certains ana- intervenant dans la fabrication du teurs l’assurance qu’elles seront facilement né- férences majeures apparaissent aussitôt. Rete- Pour ce qui est des titres de la meilleure qua- lystes, ce double mouvement dé- chocolat. Des MGV tropicales gociables. Entre les deux, les bonnes signatures nons, du côté de l’offre, un évident déséquilibre lité possible, la fin du mois d’octobre a vu l’ap- montre qu’une hausse des taux de sont permises : huile de palme, sont moins demandées. Cela conduit, notam- dans la gamme des signatures. La place prise parition de quatre débiteurs français : la la BCE serait prématurée et aurait karité ou bien amandes de ment, à une diminution du volume des em- par le secteur des télécommunications dans les Compagnie de refinancement de l’habitat, la pour principal effet d’« étrangler » mangue. Mais il faudrait que la prunts contractés par des entreprises indus- nouvelles émissions est envahissante cette an- Cades, la Caisse nationale des autoroutes et la la reprise économique en cours demande en chocolat soit beau- trielles de qualité. Le choc provoqué par née en Europe, limitant le choix des investis- Compagnie de financement foncier, qui tous dans la zone euro. D’autres ex- coup plus forte (elle s’élèvera à l’affaire Mannesmann n’est pas encore amorti. seurs qui, pourtant, sont soucieux de diversifi- ont choisi d’augmenter l’encours d’opérations perts ont plutôt vu dans le repli de 2,835 millions de tonnes en 1999- Rappelons que les cours des obligations de cation. Du côté de la demande, les Européens en circulation. Dans une conjoncture finan- l’euro une conséquence indirecte 2000 selon l’Organisation interna- cette entreprise allemande très réputée ont ont, dans l’ensemble, assez peu l’habitude de cière aussi difficile que celle d’aujourd’hui, le de l’ascension du yen et du dyna- tionale du cacao) pour que leur baissé dans d’importantes proportions à la réaliser rapidement leurs pertes sur le marché procédé est habile. Il permet de mieux ré- misme intact de l’économie améri- utilisation pèse favorablement suite de l’annonce, récente, de son intention obligataire. Or, maintenant que chacun peut pondre à la demande que celui consistant à caine (+ 4,8 % en rythme annuel au dans la balance des pays produc- d’acquérir une autre société de télécommuni- constater que les cours des obligations bougent émettre de nouvelles transactions. Les débi- troisième trimestre). Quant à la teurs. D’ores et déjà, la Belgique, cation, la britannique Orange. Dans cette pers- presque autant que ceux des actions, il faudra teurs évitent de se lancer sur un terrain in- hausse des marchés d’emprunts qui a voté contre la directive, a pective, il est permis de prévoir une diminution bien en venir à réagir avec la même vivacité connu et ils bénéficient en outre d’une plus après l’annonce de M 3, elle dé- déclaré qu’elle ne l’appliquerait des notes décernées aux emprunts de Mannes- que sur le marché des valeurs à revenu variable, grande discrétion. C’est un avantage pour ceux montrerait, selon eux, la nécessité pas. Les Ivoiriens (43 % de l’offre mann par les maisons spécialisées dans l’éva- comme cela se produit aux Etats-Unis. qui n’ont pas besoin de la forte publicité qui, d’un resserrement monétaire pour mondiale) imputent à l’avenir in- luation du crédit. Les remous qui ont accompa- De fait, étant donné l’attitude de nombreux normalement, accompagne les nouvelles émis- rassurer les investisseurs et apaiser certain de la demande – la direc- gné cette affaire ont suscité un réexamen porteurs d’obligations en Europe, certaines sions. Les augmentations font moins parler leurs craintes inflationnistes. Dans tive leur ferait perdre général des rémunérations dont les groupes in- craintes se font jour. D’une façon générale, les d’elles et, partant, échappent à l’avis parfois les salles de marchés, comme au 200 000 tonnes par an – le très dustriels doivent s’acquitter lorsqu’ils font ap- investisseurs accordent de plus en plus d’im- sommaire de ceux qui se prononcent sur la sein du conseil de la BCE, le débat mauvais niveau des prix : pel au marché de l’euro. Les services d’études portance aux notes données aux emprunts. réussite d’une transaction en fonction de l’ac- sur la stratégie monétaire à adop- 581 livres la tonne sur le Liffe lon- des principaux établissements financiers se Beaucoup se sont fixés des règles contrai- cueil initial qui lui est fait. ter dans la zone euro fait rage. donien et 874 dollars à New York. penchent avec le plus grand soin sur d’autres gnantes. Ils peuvent détenir des obligations secteurs d’activité, celui de l’énergie, par d’emprunts bien notés, mais pas d’emprunts Christophe Vetter Pierre-Antoine Delhommais Carole Petit
TOKYO NEW YORK PARIS LONDRES FRANCFORT Semaine euphorique pour les Bourses mondiales NIKKEI DOW JONES CAC 40 FT 100 DAX 30 IBIS p+2,89% p+2,48% p+4,51% p+3,25% p+3,13% portées par la croissance américaine 17 942,08 points 10 729,86 points 4 888,62 points 6 255,70 points 5 525,40 points
UNE CROISSANCE qui ne se dé- lées, dans le sillage de Wall Street. nique et génèrent, in fine, une crois- tique) et Union Carbide (chimie), 50 pages, prévoyant des cessions entreprises exportatrices. L’indice ment pas, un chômage historique- A Paris, l’indice CAC 40 a franchi de sance plus rapide de la productivité racheté par Dow Chemical. d’actifs pour 5 milliards de livres et Nikkei a gagné 2,89 %, à ment bas, une inflation toujours nouveaux records, en grimpant de « qui maintient un couvercle sur les Si les industriels des logiciels et quelque 10 000 suppressions d’em- 17 942,08 points, sur la semaine. Le contenue : l’économie américaine 4,51 % en cinq jours. coûts et les prix ». des composants sont à la fête, les plois. L’opération n’a visiblement géant de l’électronique Toshiba n’a se porte toujours comme un Les économistes, pour leur part, Au final, en cinq jours, l’indice fabricants de PC sont malmenés. pas convaincu. Qui plus est, Nat- pas profité de cette embellie. Son charme. Le département du travail y perdent leur latin. « On anticipe Dow Jones de la Bourse de New Après IBM, la semaine dernière, West n’aurait pas reçu d’autre offre cours a chuté de 11,95 %. L’indus- a annoncé, jeudi 28 octobre, que les un ralentissement depuis un moment York s’est adjugé 2,48 %, à c’est, cette fois, Hewlett-Packard que celle de Bank of Scotland, ce triel va voir ses pertes s’aggraver coûts salariaux, outre-Atlantique, maintenant... qui ne vient pas », a 10 729,86 points. La nouvelle est qui a révisé ses résultats à la baisse qui conforte cette dernière. sur l’exercice 1999-2000 : il devra as- n’ont augmenté que de 0,8 % au constaté cette semaine Cathy Mi- tombée, mardi 26 octobre : le géant pour le quatrième trimestre. Il in- A Francfort, l’indice Dax s’est ad- sumer une charge exceptionnelle troisième trimestre en rythme an- nehan, présidente de la Banque de mondial des logiciels informa- voque des problèmes persistants jugé 3,13 %, à 5 525,40 points, en de 110 milliards de yens pour régler nuel (contre 0,9 % attendu), alors réserve fédérale de Boston, l’une tiques, Microsoft, et son homo- dans ses ventes d’ordinateurs aux cinq jours. L’action de la Deutsche à l’amiable un litige aux Etats-Unis qu’ils s’étaient envolés de 1,1 % au des douze aux Etats-Unis. Même le logue pour les microprocesseurs, entreprises américaines, alors que Bank n’a gagné que 0,72 %, à qui portait sur les systèmes de deuxième trimestre, leur plus forte président de la banque centrale Intel, feront leur entrée dans l’in- ses activités, en Asie comme en Eu- 67,98 euros. La première banque al- contrôle de disquettes de ses ordi- hausse en huit ans. L’hydre infla- américaine, la Fed, Alan Greens- dice Dow Jones, lundi 1er novembre, rope, donnent satisfaction. lemande a, certes, enregistré un nateurs portables. Le titre Mitsubis- tionniste dont tous redoutent la ré- pan, prompt à mettre en garde les consacrant le triomphe de la nou- bond de 40,1 % de son bénéfice hi a lui aussi perdu du terrain surgence outre-Atlantique – car elle marchés financiers contre les velle économie de l’informatique et NATWEST VEUT LICENCIER d’exploitation de 2,559 milliards (– 2,97 %) : le quatrième construc- imposerait une nouvelle hausse des risques de surchauffe, s’est félicité des télécommunications sur la A Londres, l’indice Footsie a pro- d’euros sur les neuf premiers mois teur automobile japonais a annon- taux d’intérêt, ce qui ne manquerait de ces bonnes nouvelles. Devant un vieille industrie manufacturière qui gressé de 3,25 %, à 6 255,7 points, de l’année. Mais ce chiffre est infé- cé un plan de suppression de pas d’affaiblir la croissance –, parterre d’hommes d’affaires en a fait le XXe siècle. Aux côtés de Mi- d’un vendredi sur l’autre. Le titre de rieur aux prévisions des analystes 9 900 emplois, soit 11 % de ses ef- semble pour l’heure vaincue. Cette Floride, il a salué le « cycle ver- crosoft et d’Intel, qui resteront co- la National Westminster Bank a cé- financiers, qui s’inquiètent de l’in- fectifs. Lourdement endetté, Mitsu- bonne nouvelle a été assortie de tueux » de l’économie, tirée par les tés sur le Nasdaq, Home Depot dé 1,85 %, à 1 374 pence, alors que flation des coûts administratifs bishi a vu ses immatriculations chu- l’annonce d’une progression de nouvelles technologies des télé- (bricolage) et SBC Communications celui de son prédateur, la Bank of (+ 41,8 %, à 10,367 milliards d’eu- ter de 3,5 % en septembre au Japon 4,8 % en rythme annuel du produit communications et au premier chef (télécommunications) entreront Scotland, qui a lancé une offre pu- ros). et apparaît de plus en plus fragile intérieur brut (PIB) au troisième tri- Internet. Celles-ci permettent aux aussi dans la composition du Dow blique d’échange sur NatWest, a La flambée de Wall Street a, elle avec son million et demi de véhi- mestre – la plus rapide de l’année ! entreprises de prendre plus rapide- Jones. En sortent, en revanche, les bondi de 7,82 %, à 759 pence. Nat- aussi, soutenu la place nippone, cules vendus par an. Les financiers ont applaudi : toutes ment leurs décisions, d’écluser leurs actions de Sears (distribution), Che- West a présenté un plan de défense confortée par l’affaiblissement du les places boursières se sont envo- stocks, de dissiper le chômage tech- vron (pétrole), Goodyear (pneuma- de sa stratégie à ses actionnaires de yen face au dollar, qui favorise les Sophie Sanchez LeMonde Job: WMQ3110--0024-0 WAS LMQ3110-24 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 09:19 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0652 Lcp: 700 CMYK
24 AUJOURD’HUI LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999
SPORTS Une étude comparative de ne combattent pas dans la « même ca- traliens, les Néo-Zélandais et les Sud- monde, ce constat permet d’expliquer l’université de Toulouse sur les gaba- tégorie ». b LE POIDS moyen d’un Africains. Cette différence s’explique- la suprématie des équipes de ces trois rits de 900 joueurs français, austra- joueur français participant à la Coupe rait par une plus grande professionna- pays. Le rôle éventuel du dopage n’a liens, sud-africains et néo-zélandais du monde s’élève à 96,93 kg, alors lisation des joueurs du Sud. b À LA pas été pris en compte , faute d’élé- confirme que les rugbymen tricolores qu’il est de plus de 100 kg chez les Aus- VEILLE des demi-finales de la Coupe du ments probants. Les gabarits des rugbymen français sont loin de ceux de l’hémisphère Sud Une étude de l’université Paul-Sabatier de Toulouse montre que les joueurs tricolores sont plus petits et moins lourds que leurs vis-à-vis sud-africains, néo-zélandais et australiens. Ces écarts morphologiques s’expliqueraient d’abord par le professionnalisme plus avancé des équipes de l’hémisphère Sud
LONDRES science biologique Jean-Paul Dou- phases finales du championnat de Dans 60 % des cas, le rugbyman ligne en France ». Le cas de l’ailier sans conséquence. La quantité et la de notre envoyé spécial treloux, cette enquête arrive au France 1998-1999. De l’autre : français est le plus petit des quatre. néo-zélandais Jonah Lomu (1,96 m, qualité de l’entraînement ne sont Le rugby ne s’est jamais soucié constat suivant : en taille comme 350 joueurs appartenant aux Et neuf fois sur dix, le plus léger. Il 118 kg), dont le poids va jusqu’à dé- pas les mêmes que lorsque vous de ranger ses pratiquants dans des en poids, les rugbymen français, équipes de l’hémisphère Sud (trois manque en moyenne 7,25 kg à un passer celui des deux deuxièmes- n’avez pas autre chose à faire que catégories de poids comme dans qu’ils soient internationaux ou australiennes, cinq néo-zélan- joueur des lignes arrière pour éga- lignes des « Bleus », Abdelatif Be- de vous concentrer à 100 % sur le les sports de combat, la boxe, la non, font pâle figure à côté des daises, quatre sud-africaines) ayant ler son homologue du Sud. Cette nazzi (1,97 m, 112 kg) et Fabien Pe- rugby. Les organismes se fatiguent lutte ou encore le judo. Si tel était rudes gaillards du Pacifique et de disputé le « Super 12 » cette année. différence est de 6,95 kg pour les lous (1,98 m, 113 kg), n’est donc pas plus vite et les blessures s’ac- le cas, l’équipe de France n’aurait l’océan Indien. Dix joueurs types ont été retenus : joueurs de la charnière (demi de si exceptionnel qu’il y paraît. cumulent. » certainement pas le droit de parti- le pilier, le talonneur, le deuxième- mêlée et demi d’ouverture) et de Effrénée aux yeux de certains, ciper aux demi-finales de la Coupe COURSE EFFRÉNÉE ligne, le troisième-ligne aile, le troi- 5,44 kg pour les avants. Comme le cette course aux kilos se doit d’être CHAMPIONNAT INCOHÉRENT du monde, dimanche 31 octobre, L’étude a répertorié les valeurs sième-ligne centre, le demi de mê- constate Jean-Paul Doutreloux, ces qualitative avant tout. Prendre du Comparé aux autres joueurs eu- face aux All Blacks. Dernière repré- staturo-pondérales de quelque lée, le demi d’ouverture, le trois- variations sont telles que « les trois- poids est une chose ; prendre du ropéens, le rugbyman français se sentante européenne, la sélection 906 professionnels de rugby. D’un quarts aile, le trois-quarts centre et quarts aile et les trois-quarts centre poids « utile » en est une autre. trouve, par ailleurs, dans un du capitaine Raphaël Ibanez est côté : 556 joueurs évoluant dans l’arrière. Pour chaque poste, les du Sud ont le même gabarit que les Mais, là aussi, les rugbymen de contexte quelque peu particulier loin, en effet, de « faire le poids » à les seize clubs qui ont pris part aux données ont été comparées. joueurs qui composent la troisième l’hémisphère Sud font la diffé- en raison de l’incohérence du côté des trois autres formations rence. Chez un pilier français, la championnat auquel il participe. encore en course pour le titre proportion moyenne de masse « Les joueurs sont souvent crevés, mondial. grasse dans l’organisme se situe chez nous, poursuit Jean-Paul Dou- Le calcul est simple. Un interna- Le pilier français a gagné 16 kilos et 6 centimètres en vingt ans aux alentours de 18,5 %. Elle ne dé- treloux. Un international français tional français pèse en moyenne passe pas les 15 % chez un joueur peut jouer jusqu’à 45 matches par 96,93 kg (chiffre obtenu à partir L’ARRIVÉE du professionnalisme dans le rugby, en Les joueurs des lignes arrière, en revanche, ont litté- de première ligne néo-zélandais. saison alors qu’un international néo- des poids des quinze titulaires de 1995, a profondément modifié la morphologie des ralement mué : leurs 10 kilos et 6 à 8 cm supplémen- Réalisée à partir des plis cutanés de zélandais n’en dispute que 25 ou 27. dimanche). Tous ses rivaux, pré- joueurs français. S’ils accusent un retard encore très im- taires sont significatifs. A ce rythme, les ailiers fluets et différents endroits du corps, cette Il se crée un déficit important au ni- sents ce week-end à Twickenham, portant sur leurs homologues de l’hémisphère Sud, les véloces qui donnèrent au « french flair » ses lettres de mesure permet de mieux veau de la récupération. Du coup, atteignent ou dépassent les 100 kg : gabarits des rugbymen participant au championnat de noblesse seront bientôt des espèces en voie de dispari- comprendre pourquoi les avants comme le joueur n’a pas le temps de le poids moyen d’un Néo-Zélan- France Elite n’ont plus rien à voir avec ceux de leurs aî- tion. des antipodes donnent souvent bien se reposer, il perd toute la dais est de 102,2 kg ; celui d’un nés. Ces métamorphoses sont dues aux nouvelles exi- l’impression d’être plus mobiles et masse musculaire gagnée pendant Australien, 101,66 kg ; le Sud-Afri- Dans l’étude comparative du Laboratoire de recherche gences physiques réclamées par ce rugby fraîchement plus vifs dans les phases de jeu en la préparation physique, ce qui n’est cain est, lui, à 100 kg tout rond. sur les activités physiques et sportives (Laraps) de l’Uni- versé dans le professionnalisme. « Cette évolution est en mouvement que leurs vis-à-vis eu- pas le cas dans l’hémisphère Sud. » Multiplié par le nombre de joueurs versité Paul-Sabatier de Toulouse, plusieurs données rapport avec les nouvelles formes de jeu où les phases de ropéens. Faute d’éléments, le chercheur et par le nombre de mêlées, de re- montrent « l’explosion » morphologique, en France, des combat pour le gain ou pour la conservation de la balle Reste à connaître les raisons qui n’aborde pas la question du do- groupements et de plaquages dans joueurs au cours de ces vingt dernières années. sont quasi permanentes pour l’ensemble des joueurs », aboutissent à de telles amplitudes. page. « Il n’y a aucun indice, seule- un match, cet écart suffirait à lui En 1979, un talonneur français pesait ainsi, en note le chercheur Jean-Paul Doutreloux. Jean-Paul Doutreloux ne peut for- ment des bruits de couloirs. On sait seul à expliquer la suprématie des moyenne, 82 kilos et mesurait 173,9 cm. Il se situe au- Fini le temps où les avants se contentaient des re- muler que des hypothèses. «Les seulement que les joueurs du Sud équipes de l’hémisphère Sud sur jourd’hui à 98,72 kilos et à 179,39 cm. Un joueur de groupements et où les arrières étaient juste bons à rugbymen français n’ont pas un utilisent la créatine, qui leur permet celles du Nord. deuxième ligne pesait, lui, 94,6 kilos et mesurait 190 cm. courir avec le ballon. Adieu l’époque où les « gros » comportement de joueurs profes- de récupérer plus vite. Mais la créa- Pareille différence n’a rien d’un Son poids est désormais de 111,15 kilos et il mesure étaient systématiquement mis devant, où les sionnels aussi poussé que ceux de tine ne figure pas sur les listes de hasard. Les sélectionneurs auraient 196,38 cm. Chaque poste a connu, peu ou prou, la même « grands » jouaient obligatoirement deuxième-ligne et l’hémisphère Sud, dit-il. Leur rap- produits interdits. Quant à savoir si retenu d’autres joueurs, le même progression. où les « petits » n’avaient pas d’autre choix que d’évo- port à l’alimentation est significatif. un joueur de rugby peut, de façon fossé apparaîtrait, ainsi que le dé- La plus grande marge revient au pilier, qui, en deux luer à l’arrière. Tout le monde doit savoir tout faire, dé- Ils ont souvent tendance à accumu- naturelle, gagner 3 à 5 kg en deux ou montre une étude comparative décennies, a grossi de 16,72 kilos et grandi de 6,41 cm. La sormais, et notamment rester debout le plus long- ler des masses grasses parce qu’ils ne trois mois, je dis que cela est par- que vient de réaliser le laboratoire plus faible croissance est celle du demi de mêlée, qui n’a temps possible avec le ballon sous le bras. font pas suffisamment attention à ce faitement possible. Certains interna- de recherche sur les activités phy- gagné que 3,11 kilos et 2,5 cm pendant la même période, L’uniformisation des gabarits est en marche. Dans le qu’ils mangent. Le fait, également, tionaux français ont connu des évo- siques et sportives (Laraps) de mais son poste spécifique n’a subi qu’assez faiblement rugby français comme ailleurs. qu’un grand nombre de joueurs pos- lutions musculaires de ce type. » l’université Paul-Sabatier de Tou- les récentes évolutions du jeu vers plus de puissance et sèdent un emploi à mi-temps à côté louse. Dirigée par le chercheur en de percussion. F. P. de leur activité de sportif n’est pas Frédéric Potet Différences de poids et de taille entre l’élite des joueurs français et les meilleurs Sud-Africains, Néo-Zélandais et Australiens ÉTUDE COMPARATIVE MENÉE AUPRÈS DE 556 JOUEURS FRANÇAIS ÉVOLUANT DANS LES 16 CLUBS QUALIFIÉS AUX PHASES FINALES DU CHAMPIONNAT DE FRANCE 1998-1999, ET AUPRÈS DE 350 JOUEURS DE L'HÉMISPHÈRE SUD AYANT DISPUTÉ LE SUPER 12 (90 Australiens, 128 Sud-Africains et 132 Néo-Zélandais). PILIERS TALONNEURS DEUXIÈMES-LIGNES TROISIÈMES-LIGNES AILE TROISIÈMES-LIGNES CENTRE TAILLE (cm) TAILLE (cm) TAILLE (cm) TAILLE (cm) TAILLE (cm) 1 Nlle-Zélande 185,52 1 Australie 183,25 1 Australie 200,08 1 Afr. du Sud 191,23 1 Afr. du Sud 191,66 2 Afr. du Sud 185,35 2 Nlle-Zélande 181,87 2 Afr. du Sud 119,17 2 Nlle-Zélande 190,48 2 Australie 191,5 3 Australie 182,9 3 Afr. du Sud 181,22 3 Nlle-Zélande 197,07 3 Australie 190,08 3 France 191,35 4 France 182,21 4 France 179,39 4 France 196,38 4 France 188,26 4 Nlle-Zélande 188,12
POIDS (kg) POIDS (kg) : POIDS (kg) : POIDS (kg) POIDS (kg) 1 Afr. du Sud 117,23 1 Nlle-zélande 107,87 1 Australie 114,75 1 Nlle-Zélande 105,04 1 Australie 110,16 2 Australie 114,36 2 Australie 106,75 2 Afr. du Sud 112,23 2 Afr. du Sud 104,53 2 Nlle-Zélande 107,12 3 Nlle-Zélande 112,15 3 Afr. du Sud 103,22 3 France 111,15 3 Australie 101,91 3 Afr. du Sud 103,22 4 France 107,6 4 France 98,72 4 Nlle-Zélande 110 4 France 96,71 4 France 100,75 DEMIS DE MÊLÉE DEMIS D'OUVERTURE TROIS-QUARTS CENTRE TROIS-QUARTS AILE ARRIÈRES TAILLE (cm) TAILLE (cm) TAILLE (cm) TAILLE (cm) TAILLE (cm) 1 Afr. du Sud 176,87 1 Afr. du Sud 182,88 1 Australie 183,81 1 Australie 186 1 Afr. du Sud 184 2 Nlle-Zélande 176,8 2 Australie 181 2 Afr. du Sud 183,52 2 Nlle-Zélande 183,22 2 France 182,76 3 Australie 176 3 France 179,41 3 Nlle-Zélande 182,18 3 France 181,95 3 Australie 181,16 4 France 173,88 4 Nlle-Zélande 177,16 4 France 181,18 4 Afr. du Sud 181,1 4 Nlle-Zélande 179,85
POIDS (kg) POIDS (kg) P POIDS (kg) POIDS (kg) POIDS (kg) 1 Australie 83,71 1 Nlle-Zélande 88,5 1 Australie 97,45 1 Nlle-Zélande 93,11 1 Afr. du Sud 89,7 2 Afr. du Sud 83,37 2 Afr. du Sud 88,22 2 Afr. du Sud 93,05 2 Australie 92,4 2 Australie 88,16 lle lle 3 3 N -Zélande 83,2 3 Australie 87 3 N -Zélande 92,31 33 Afr. du Sud 89,21 Nlle-Zélande 84,71 4 4 France 75,11 4 France 81,38 4 France 84,37 4 France 84,78 4 France 82,85 Infographie : Le Monde Source : Étude réalisée par le laboratoire de recherche sur les activités physiques et sportives (Laraps) à l'université Paul-Sabatier de Toulouse. Philippe Bernat-Salles, dernier survivant de la famille des ailiers finisseurs LONDRES fondée sur l’addition des kilos et ligne, pas pour percuter, pour faire Olivier Sarraméa (1,93 m, 103 kilos) lier au pied léger a débuté la Coupe tourné : « Je l’ai passé une fois à l’in- de notre envoyé spécial des centimètres à tous les postes. un plus un. » ou encore Xavier Garbajosa du monde « en costume », dans les térieur, une fois à l’extérieur. Quand A ma droite, le « camion néo-zé- « Philippe Bernat-Salles, c’est l’ailier Héros du grand chelem 1998 – il (1,85 m, 87 kilos). Adieu vitesse, tribunes du Stade de la Méditerra- on fait 120 kilos comme lui, c’est dif- landais » ; à ma gauche, le « lévrier français des années 70, dit Max Go- avait inscrit quatre essais en quatre bonjour puissance ? Un faux pro- née. Pour services rendus au XV de ficile de se lancer. » Le jeu défensif d’Ibron ». Le premier surveille son demet, le préparateur physique de matches –, il avait cru son heure de cès, selon Max Godemet : « Phi- France, une chance lui a été donnée de Jonah Lomu, c’est connu, a poids afin de ne pas dépasser les l’équipe de France. Il est rapide et gloire passée lorsque, l’année sui- lippe Bernat-Salles est sélectionné au match suivant, face à la Nami- quelques failles. En revanche, ses 120 kilos (pour 1,96 m) ; le second bon finisseur. C’est le type de joueur vante, les sélectionneurs français pour ses qualités de finisseur, mais, à bie. Sa performance, lumineuse, au courses ballon en main affolent s’efforce, en vain, de franchir la qui voit le poteau de coin et qui va ont fait appel à quelques « beaux un moment donné, il a été jugé milieu d’une foule de partenaires plus d’un défenseur de la planète barre des 79 kilos (pour 1,81 m). Jo- marquer. Il a un très grand sens de la poulets » pour jouer aux ailes : moins efficace. » empruntés et suffisants, lui a oc- rugby. Il faudra l’arrêter. « Avec un nah Lomu contre Philippe Bernat- ligne. » Il sait aussi varier ses Emile Ntamack (1,89 m, 98 kilos), Samedi 2 octobre, à Béziers, l’ai- troyé un droit de résidence perma- pistolet trois coups dans la chaus- Salles : on imagine difficilement courses, comme en témoignent ses nente à l’aile gauche de l’équipe de sette ? », s’interroge le finisseur face-à-face plus inégal que celui qui longues enjambées tracées dans la France. Ses concurrents directs ont français. devait opposer l’ailier français à diagonale du terrain de Lansdowne Toutes les phases de jeu comparées émigré vers l’arrière (Garbajosa), Philippe Bernat-Salles a regardé son adversaire néo-zélandais, di- Road pour inscrire son premier es- vers le centre (Ntamack) ou sont faire les Ecossais, les plus habiles manche 31 octobre, sur la pelouse sai face à l’Argentine, l’un des plus Les statistiques des premiers matches de la Coupe du monde, éta- restés dans les tribunes (Sarraméa). face au titan d’origine tongienne : de Twickenham. Deux poids, deux beaux de la compétition. blies par le Daily Telegraph, bouleversent plusieurs idées reçues. Des Dimanche 31 octobre, Philippe « Je crois qu’il faut plonger très très mesures et deux idées du rugby de- Spécialiste du cadrage-déborde- quatre équipes qualifiées pour le dernier carré, la France est celle Bernat-Salles retrouvera Jonah Lo- bas, dans ses pieds ou dans ses che- vaient s’affronter, entre l’ailier néo- ment, de l’art du contournement et qui a plaqué avec le plus d’assiduité et d’efficacité : sur 245 pla- mu en travers de ses courses folles. villes. Sinon, c’est 120 kilos plein fer zélandais, capable de tout empor- de l’accélération à contre-temps, quages tentés, les Bleus n’en ont manqué que 29, alors que les All Les sélectionneurs français ont hé- dans les bras. » Partout autour de ter sur son passage, et son alter ego Philippe Bernat-Salles a cru pen- Blacks se sont loupés 42 fois sur 230 tentatives. Dans le domaine des sité avant de trancher en sa faveur : lui, il entend des mots rassurants : français, soucieux d’éviter son im- dant de longs mois que son registre fautes de mains, les Français se sont montrés moins maladroits que « Si on avait voulu répondre à la « Lomu ? Il reste sur son aile, il ne posant vis-à-vis pendant 80 mi- appartenait à la nostalgie. « Mon les Néo-Zélandais : 29 fautes en 4 matches, contre 31. De même, le force par la force, il aurait fallu faire joue que deux ou trois ballons par nutes. style de jeu, c’est plutôt l’évitement, je pourcentage de réussite en touche est favorable aux Bleus, auteurs reculer au minimum un deuxième- match. » Lui-même pratique la mé- Avec son gabarit de footballeur, n’ai pas les moyens d’aller péter de 47 prises de balle sur 57 lancers (82,5 %), contre 55 prises sur ligne », assure Jo Maso. Le Béarnais thode Coué : « Au pire, je peux être le Béarnais aux longues mèches gri- contre les mecs d’en face, admet l’ai- 68 lancers pour les coéquipiers de Taine Randell (80,9 %). Mais une connaît la force du « monstre » Lo- aussi ridicule que les autres. Au sonnantes incarne une tradition de lier du Biarritz olympique. Je l’ai donnée est conforme aux clichés en cours dans le rugby mondial : les mu. Il se souvient d’une première mieux, je réussis l’exploit. » De le jeu en voie d’extinction depuis que fait à un moment, du moins j’ai es- Français concèdent plus de pénalités que leurs adversaires : ils ont rencontre, en 1995, avec les Barba- passer ? « Non, de le retourner... » l’hémisphère Sud imprime au rug- sayé. Cela ne m’a pas trop plu. Je été sanctionnés 62 fois en 4 matches, contre seulement 40 pour les rians : « J’étais mort de trouille. » Le by international sa pensée unique, préfère aller me rajouter dans la Néo-Zélandais (38 pour les Sud-Africains et 47 pour les Australiens). choc, pourtant, n’avait pas trop mal Eric Collier LeMonde Job: WMQ3110--0025-0 WAS LMQ3110-25 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0653 Lcp: 700 CMYK
AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 / 25 Les Néo-Zélandais comme un seul homme La concurrence entre joueurs instaurée par l’entraîneur John Hart n’altère pas l’ambiance de l’équipe LONDRES Dans cette Coupe du monde, il n’a équipe qui perd. Cette fois, la de notre envoyé spécial enrichi ce plantureux palmarès concurrence est de nouveau à Pour animer l’ambiance du que d’une cape et demie, le match l’honneur. Le rugby des All Blacks groupe, les All Blacks savent qu’ils contre l’Italie et un gros morceau est bien en place, l’entraîneur se peuvent compter sur lui. Glen Os- de la seconde mi-temps du quart penche avec plus d’attention sur borne est toujours là pour faire de finale contre l’Ecosse. les performances individuelles, rire. Il marie un solide sens de Les entraîneurs de toutes les sans crainte de bouleverser l’en- l’humour à un art subtil de la gui- équipes considèrent toujours ce semble. Les joueurs sont dans tare. GO improvisé du club des géant dégingandé comme l’un des l’obligation d’en prendre leur par- hommes en noir, l’arrière ou ailier meilleurs joueurs à son poste. Jus- ti, comme ils doivent s’accoutu- remplaçant déploie sa bonne hu- tin Marshall, vingt-six ans, habi- mer à leur éventuel changement meur en dehors du terrain. Tant tuel demi de mêlée titulaire, vient de poste sur le terrain. Que dire de pis si sa situation de joueur qui ne de rejoindre le camp des exilés in- Christian Cullen, qui a commencé joue pas, de talent sans emploi, est volontaires. Pour la demi-finale l’année à l’arrière, puis a été dépla- triste à pleurer. contre la France, John Hart lui a cé à l’aile, avant de se découvrir Il y a quatre ans, il avait enchan- préféré Byron Kelleher, un jeunot trois-quart centre ? A ces considé- té les stades sud-africains de ses de vingt-deux ans. rations, John Hart répond qu’il relances sur la corde raide et de n’obéit qu’à un seul souci, celui
WILLIAM WEST-STF/AFP ses imparables contre-pieds. Cette RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS d’aligner la meilleure équipe pour Les Français Philippe Bernat-Salles, Xavier Garbajosa, Emile Ntamack fois, il a dû se contenter d’un petit Craig Dowd a eu plus de chance. chaque match. Ainsi, Byron Kelle- et Christophe Lamaison (de gauche à droite) à l’entraînement, jeudi 28 octobre, à Londres. match de poule, une ballade ita- Lui a accompli le chemin inverse. her lui semblait plus apte que Jus- lienne a capella, interprétée furioso Au coup d’envoi de la compéti- tin Marshall, par sa vitesse et par (101-3). Depuis, il est resté sans tion, il n’était que le troisième pi- sa puissance physique, à mettre en Vaincre les All Blacks pour oublier une année noire voix, privé du plus infime espoir lier néo-zélandais, après avoir été péril la troisième-ligne française, de resurgir à la diable dans un re- un indiscutable titulaire pendant soupçonnée de faiblesse défen- LONDRES tobre, face aux All Blacks, ne se lore en lambeaux. Avec le recul, la coin du terrain où on ne l’atten- près de six ans. La blessure de sive. de notre envoyé spécial résume pas à une éventuelle ac- correction du maître du Sud peut dait pas. Kees Meeuws a provoqué son rap- Les All Blacks s’accommodent L’histoire du rugby n’est qu’un cession en finale. Battre les grand être interprétée comme le facteur Glen Osborne n’a même pas eu pel. Malgré la guérison de son ri- d’une politique qui peut nourrir éternel recommencement. Depuis favoris de la compétition, c’est déclenchant de l’invraisemblable l’honneur de s’asseoir une seule val, il a été maintenu à son poste, les incertitudes des plus fragiles. un siècle, la chronique a retenu aussi une occasion inespérée de névrose qui a entraîné le XV de fois sur le banc des remplaçants. pour cause de bonne perfor- Officiellement, tout va bien. «Il que les colosses du monde austral mettre un terme à une trop France dans la dépression. Ecarté, oublié, négligé, il est tout mance. Ouf ! Chez les All Blacks, n’y a aucun problème d’ambiance dominaient souvent les chevaux longue série de défaites et de clô- Pendant un an, de la dernière cela à la fois, inéluctable perdant rien n’est jamais acquis. Le prin- dans le groupe, estimait Byron Kel- légers Européens. C’est un fait turer en beauté une des années les place dans le Tournoi des cinq na- d’une trop vive concurrence. A cipe est encore plus en vogue leher, jeudi 28 octobre. Dès l’an- brut : les superpuissances du rug- plus noires de l’histoire du XV de tions au désastre de la tournée vingt-huit ans, il n’a pas la conso- lorsque les résultats de l’équipe nonce de ma sélection, Justin m’a by sont localisées dans l’hémi- France : « Ce match représente une d’été dans le Pacifique Sud, la sé- lation d’une préretraite que John sont positifs. assuré de son soutien. » Andrew sphère Sud. La géographie du chance unique de repositionner le lection nationale a traversé une Hart, l’entraîneur, aurait discrète- En 1998, saison noire aux cinq Mehrtens, encore incertain, lais- monde de l’ovale, elle, a quelque rugby français sur l’échiquier inter- crise d’identité d’une violence ment ménagée à un vieux soldat défaites consécutives, John Hart sait un moment percer son désap- chose de plus subtil. Elle divise la national », reconnaît Jo Maso, le inouïe. A son corps défendant, pour services rendus à la patrie du avait maintenu envers et contre pointement. Justin Marshall est planète en plusieurs pôles : les manager de l’équipe de France. elle s’est plongée dans un abîme rugby. tout sa confiance à un groupe de son partenaire dans le Super 12, et Anglo-Saxons, dits « British » En un an, la sélection nationale psychologique dont les effets se Dans son malheur, Glen Os- titulaires critiqués de toutes parts. les deux hommes ont une longue dans la langue vernaculaire de a reculé de plusieurs cases. Voilà sont propagés jusqu’aux pre- borne n’est pas tout seul. Le ves- Les vétérans des campagnes pas- pratique du jeu en commun. «Il l’Ovalie française ; la France – «les douze mois, pourtant, les données mières semaines de la Coupe du tiaire néo-zélandais est rempli de sées avaient été écartés au profit faudra juste bien assurer la commu- Latins » – ; les Polynésiens – « ca- étaient absolument identiques à monde. premiers rôles reclus dans la figu- d’une nouvelle génération. La nication sur le terrain, surtout à mions » ou « poulagas » – ; l’hémi- celles qui précèdent la demi-fi- ration, talents au rebut dont n’im- presse néo-zélandaise, peu Twickenham où le stade est très sphère Sud, soit la Nouvelle-Zé- nale. Le 14 novembre 1998, les UN MORAL DE CONVALESCENTS porte quelle autre équipe aurait convaincue de cette place faite aux bruyant », reprenait-il cependant. lande – « les Blacks » –, l’Australie Bleus de Jean-Claude Skrela « On sort d’une histoire très fait son miel. Ian Jones, le jeunes, réclamait des têtes. John A l’heure du match, il n’est plus – « les Wallabies » – et l’Afrique du avaient péniblement écarté l’Ar- lourde, il y aura des rechutes », deuxième-ligne, est un exemple Hart n’en avait pas donné, choisis- temps de penser aux remplaçants. Sud – « les Springboks » ou gentine en match amical, à Nantes avait prévenu Raphaël Ibanez frappant. Depuis 1990, il compte sant, en un facétieux contre-pied à « Boers ». Le reste n’est qu’une (34-14). Une formalité avant le vé- après les débuts mitigés du XV de 77 sélections avec les All Blacks. l’adage, de ne pas changer une Pascal Ceaux vaste béance. ritable test de l’automne, le 21 no- France, contre le Canada. Avant La règle est communément ad- vembre, contre l’Australie. Invain- de quitter Toulouse, à la fin du mise, donc : la moitié sud de la cus en Europe depuis deux premier tour, les joueurs français Trois champions du monde... et la France DÉPÊCHES planète rugby ne compte que trois saisons, les Français attendaient affichaient un moral de convales- a FOOTBALL : en match avancé pays. « L’Argentine, ce n’est pas leurs visiteurs du Sud avec un cents. Ils avaient réussi une bonne b Cinq organisateurs. La Bleus atteignent les demi-finales, de la 13e journée de première l’hémisphère Sud », a récemment zeste d’angoisse, avec cette boule fin de match contre les Fidji (28- 4e Coupe du monde de rugby a où ils sont battus par l’Afrique division du championnat de déclaré le pilier français Franck à l’estomac qui saisit les étudiants 19). La guérison était en vue. En- débuté le 1er octobre et du Sud (19-15), avant de France, vendredi 29 octobre, l’AS Tournaire, sans risque d’être les plus dilettantes à l’approche de fin. En quart de finale, contre l’Ar- s’achèvera le 6 novembre. Elle s’adjuger la troisième place Monaco s’est imposé à contredit. Le XV de France bat l’examen. gentine (47-26), ils ont retrouvé est organisée par le pays de devant l’Angleterre (19-9). Nantes (3-0) et Sedan a fait chu- l’Argentine avec la même Un an avant la Coupe du une « dimension mentale » à la Galles avec l’aide de quatre b La France cette année. En ter Lyon, le leader provi- constance qu’il s’incline devant les monde, ils allaient à la rencontre hauteur des attentes de Jean- autres nations : l’Angleterre, 1999, la France a emporté tous soire (2-0). trois équipes du bout du monde. de l’Australie pour « savoir », vé- Claude Skrela. l’Ecosse, l’Irlande et la France. Le ses matches de poule. Elle a a La Ligue nationale de foot- Dans le match France-hémisphère rifier qu’ils avaient bien le niveau Dimanche 31 octobre, ils de- vainqueur, le finaliste et le disposé du Canada (33-20), puis ball (LNF) et la police nationale Sud, la victoire des premiers est pour aller jouer dans la cour des vaient se lancer à l’assaut des All troisième de l’épreuve sont de la Namibie (47-13) avant ont signé, vendredi 29 octobre, l’exception. Depuis le 11 no- grands. Ils étaient champions Blacks avec cette santé retrou- directement qualifiés pour la d’écarter les îles Fidji (28-19) une convention mettant par écrit vembre 1995, où quinze Bleus su- d’Europe mais une petite voix in- vée... Un moral reconstruit et la prochaine édition, en 2003. pour la première place de la les modalités déjà appliquées rexcités avaient étouffé quinze térieure leur suggérait qu’ils « force de l’événement » suffiront- b Vingt équipes. Ont participé à poule C. En quart de finale, à pour assurer la sécurité des spec- Blacks estomaqués (22-15), la n’étaient, après tout, que « les ils à repousser les géants du Sud ? la Coupe du monde : l’Afrique du Dublin, elle a éliminé l’Argentine tateurs à l’intérieur et hors des règle ne souffre plus d’exceptions. champions du quartier ». « Peut Ou faudra-t-il, pour prévenir Sud, l’Ecosse, l’Espagne, (47-26). Elle devait rencontrer la stades (loi de 1995) lors des ren- mieux faire », répétaient leurs pro- toute rechute, entonner le grand l’Uruguay, la Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Zélande, dimanche contres de 1re division. La conven- UNE VIOLENTE CRISE D’IDENTITÉ fesseurs de vertu, assez nombreux air de la revanche des condamnés, l’Angleterre, l’Italie, les îles 31 octobre, à Twickenham tion fixe notamment le prix de la L’équation est devenue simplis- chez les retraités du rugby. avec Christophe Dominici : « Nous Tonga, la France, le Canada, les (Londres) pour une place en prestation sécurité de la police à sime : hémisphère Sud égale dé- Le jour de l’examen, au Stade de sortons d’une année de galère, rap- îles Fidji, la Namibie, le pays de finale. 50 000 francs (7 622 ¤). faite(s). Cela tombe mal. La Nou- France, la bande de Raphaël Iba- pelle l’ailier du XV de France. En Galles, l’Argentine, le Japon, les velle-Zélande, l’Australie et nez s’était laissée prendre en faute accédant à la demi-finale, nous îles Samoa, l’Australie, l’Irlande, l’Afrique du Sud, vainqueurs des plus souvent qu’à son tour, par les avons soulagé énormément de les Etats-Unis, la Roumanie. trois premières Coupes du monde, accélérations australiennes, puis monde dans le rugby français. b Le dernier carré. Les se dressent toutes sur la route du par l’arbitre, M. Watson. La leçon Alors, aujourd’hui, à nous de nous demi-finales se jouent XV de France dans l’édition 1999. australienne, pas si impression- faire un petit cadeau. » (samedi 30 et dimanche Pour le camp français, l’enjeu de nante sur le tableau d’affichage 31 octobre) au stade de la demi-finale du dimanche 31 oc- (21-32), avait laissé le moral trico- Eric Collier Twickenham (73 500 places), à Londres. Le stade du Millenium (72 500 places), construit à Cardiff, sur les ruines de l’Arms La succession à Jean-Claude Skrela est ouverte Park, accueille le match pour la troisième place (jeudi LONDRES bre 1995, l’entraîneur Jean-Claude plusieurs éditoriaux vengeurs après 4 novembre, à 21 heures) et la de notre envoyé spécial Skrela est un salarié de la FFR, où il la défaite des Bleus contre l’Afrique finale (samedi 6 novembre, à En décrochant un billet pour les jouit d’un contrat à durée indéter- du Sud (32-36), en novembre 1997, 16 heures). demi-finales de la quatrième Coupe minée. Après quatre ans de ser- Jean-Claude Skrela a pour sa part b Les précédentes éditions. La du monde, les joueurs du XV de vices, il a indiqué lors d’un bureau bénéficié d’une rare clémence pour Nouvelle-Zélande a remporté, en France ont sans doute évité au rug- fédéral, tenu au mois de juillet à exercer ses fonctions. Dans une 1987, la première Coupe du by français de sombrer dans une Toulouse, qu’il tenait à prendre ses large mesure, il a pu effectuer ses monde, qu’elle organisait crise majeure. L’accès de fièvre qui distances « quel que soit le par- choix à l’écart des habituelles conjointement avec l’Australie. avait saisi tout l’entourage des cours » de son équipe en Coupe du guerres d’influence. Elle avait battu la France en Bleus pendant le premier tour de la monde. Pour aller où ? « Je n’ai rien Avant d’entrer dans sa phase ac- finale (29-9). L’Australie a gagné compétition est brutalement re- décidé, je n’y ai pas encore pensé et tive, la guerre de succession se dé- l’édition 1991, organisée par tombé au soir de leur victoire sur je n’en ai encore jamais parlé avec le roule dans une ambiance plutôt l’Angleterre, dominée en finale l’Argentine (47-26), en quarts de fi- président de la Fédération », assure- paisible : les candidats ne cachent (12-6). En 1995, c’est l’Afrique du nale. Sauf en cas de résultat catas- t-il. pas vraiment leur jeu. « Il n’y a rien Sud qui s’impose à domicile en trophique contre la Nouvelle-Zé- eu d’officiel, mais des discussions et surprenant la Nouvelle-Zélande, lande, l’orage est donc passé, même DANS UNE AMBIANCE PAISIBLE des échanges de vue ont eu lieu », en prolongation (15-12). si les nombreuses questions soule- Jo Maso, élu en 1996 au titre de admet la FFR. Olivier Saïsset, en- b Le palmarès du XV de vées cette année par l’inadéquation manager du XV de France « par le traîneur de l’équipe de France A, France. La France s’est plutôt flagrante du système français de- peuple du rugby » – un comité di- membre de la direction technique bien comportée en Coupe du mandent à être traitées d’urgence. recteur de la FFR –, aura encore un nationale, et Didier Cordorniou, monde. En 1987, elle est finaliste Avant même la fin de la 4e Coupe an de mandat à honorer à l’issue de entraîneur de la sélection des moins de l’épreuve après avoir battu du monde, une autre interrogation la compétition. « Mon objectif, de vingt et un ans, ont été parmi les l’Australie en demi-finale se dessine chaque jour un peu plus c’était la Coupe du monde », sou- premiers à exposer publiquement (30-24). En 1991, le XV tricolore nettement : quel avenir pour l’enca- ligne-t-il, sans rien révéler de ses in- leurs desseins. est éliminé en quart de finale par drement de l’équipe de France au tentions. Il devrait au moins aller au Plus discrète, la candidature de l’Angleterre (19-10). En 1995, les lendemain de l’épreuve et, si néces- terme de son « contrat ». Max Go- l’entraîneur du Stade français, Ber- saire, quels successeurs ? Si Pierre demet a, lui, déjà exprimé sa volon- nard Laporte, n’en est pas moins Villepreux a fait savoir de longue té de mettre un terme à ses fonc- réelle, et des plus sérieuses : son date qu’il ne souhaitait plus se tions de préparateur physique. Il bon parcours à la tête du club pari- consacrer qu’à son poste de direc- préfère poursuivre ses recherches sien plaide en sa faveur. D’autres teur technique national (DTN), la dans la préparation des joueurs candidats, enfin, ont fait part de question reste entière pour trois qu’il conduit avec des professeurs leur intérêt dans la plus grande dis- des quatre bons amis que la Fédéra- de l’université de Bordeaux. crétion. C’est le cas, selon la Fédéra- tion française de rugby (FFR) a pro- Pendant quatre ans ou presque, tion, de l’entraîneur d’un club « pas gressivement installés aux les entraîneurs du XV de France très huppé de l’Elite 1 ». Il lui a été commandes de la sélection natio- n’ont pas été victimes de franches conseillé d’écrire au président. nale depuis 1995. campagnes de déstabilisation. Si Premier nommé, en octo- Pierre Villepreux a été la cible de E. C. LeMonde Job: WMQ3110--0026-0 WAS LMQ3110-26 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 09:14 S.: 111,06-Cmp.:30,11, Base : LMQPAG 20Fap: 100 No: 0654 Lcp: 700 CMYK
26 / LE MONDE / DIMANCHE 31 OCTOBRE - LUNDI 1er NOVEMBRE 1999 AUJOURD’HUI-MÉDECINE
Un nombre croissant de cas
les symptômes les principaux virus responsables Les nouveaux mystères La bronchiolite aiguë du nourrisson se caractérise par un ensemble de manifestations pathologiques. VIRUS RESPIRATOIRE SYNCYTIAL 1 Le VRS est l’un des représentants de la bronchiolite aiguë du nourrisson de la vaste famille des paramyxovirus RHINITE (facultative) qui groupe une grande partie de la pathologie virale commune. Cette infection épidémique, hautement anxiogène pour les parents, UNE TOUX ADÉNOVIRUS (répétitive 2 a pris la dimension d’un problème de santé publique et quinteuse) Ce sont des virus à ADN, dénués d’enveloppe et à symétrie cubique L’INFORMATION a été publiée l’entourage, qui craignent que l’en- 1998, mais pas l’année suivante, RESPIRATION responsables d’infections le plus récemment par le Journal of the fant ne meure par asphyxie. Néan- sans que l’on puisse fournir à cela ANORMALEMENT souvent banales. American Medical Association : aux moins, en dépit de leur caractère d’explication satisfaisante. Selon RAPIDE Etats-Unis, le nombre d’enfants de parfois spectaculaire, ces symp- l’Institut national de veille sani- (avec, à l’auscultation PARAMYXOVIRUS moins d’un an atteints de bron- tômes régressent avant de dispa- taire, 2 % des nourrissons de moins 3 pulmonaire, la présence Ces virus à ARN non segmenté chiolite aiguë a plus que doublé raître sans laisser de séquelles et d’un an seraient hospitalisés de râles dits «sibilants » sont constitués d’une capside de entre 1980 et 1996. Selon une étude sans que des prescriptions médica- chaque année en France pour et un phénomène symétrie hélicoïdale et d’une membrane. dirigée par l’équipe du docteur Da- menteuses soient nécessaires. bronchiolite. Et, si nul ne se risque de wheezing) vid Kay des Centres de prévention Aucun doute n’est permis quant aujourd’hui à faire de pronostic VIRUS DE LA GRIPPE et de contrôle des maladies infec- à la fréquence de cette infection vi- pour les prochaines semaines, les UNE FIÈVRE 4 tieuses (CDC) d’Atlanta, le nombre rale, la plupart des enquêtes épidé- administrations hospitalières et les (en général modérée) Ils sont composés d’une d’hospitalisations d’enfants de miologiques estimant à 10 % (voire services d’urgence de pédiatrie re- capside tubulaire hélicoïdale moins de cinq ans durant cette plus) le taux d’enfants atteints lors doutent d’être une nouvelle fois au sein de laquelle on trouve 8 fragments d’ARN. période s’est élevé à 1,65 million, de leur première année de vie. Il dépassés par la vague épidémique. dont 81 % concernaient des en- semble également acquis que c’est Une question reste en suspens : l’ordonnance type une urgence croissante fants de moins d’un an et 57 % de le VRS qui est le plus fréquemment ces chiffres et cette progression ÉVOLUTION DES ÉPIDÉMIES DE BRONCHIOLITE À L'AP-HP moins de six mois. La France est en cause, les autres virus éventuel- correspondent-ils à une plus (pour 14 semaines de surveillance) également confrontée depuis quel- lement impliqués ne modifiant rien grande circulation des virus – et Docteur JP DURAND, en nombre de cas Ancien interne des hôpitaux de Paris ques années au phénomène. Les aux symptômes. En dé- notamment du VRS – au sein des épidémies hivernales de cette in- fection virale sont à l’origine d’un CONSULTATIONS HOSPITALISATIONS nombre croissant de consultations Que faut-il faire ? dans les services d’urgence des hô- 8 458
pitaux, qui ont parfois des diffi- Chez les enfants ne présentant aucun des facteurs de gravité (âge 7 710 Source : AP-HP cultés à répondre à cette nouvelle inférieur à 6 semaines, difficultés à prendre les biberons, anciens 7 485 demande. prématurés, affections pulmonaires ou cardiaques et nourrissons Le diagnostic de la bronchiolite dont la surveillance par la famille apparaît incertaine), l’hospitalisa- est apparemment d’une grande tion n’est pas nécessaire, ni même les examens complémentaires 5 099 simplicité. Il ne peut, toutefois, (dosages biologiques ou radiographies). A domicile, il faut maintenir 2 421 2 410 être porté que devant un ensemble le nourrisson couché sur le dos, la tête légèrement surélevée, et assu- 2 332 3 859
de symptômes associant souvent, rer une hydratation suffisante (environ 80 à 100 ml/kg/j, avec un sup- 1 789 quelques heures après le début plément de 25 % en cas de fièvre élevée ou d’importantes sécrétions 1 422 d’une rhinite, une respiration bronchiques). On peut donner les biberons de manière fractionnée et anormalement rapide, des diffi- répétée. Une kinésithérapie respiratoire spécialisée est presque tou- cultés respiratoires, ainsi qu’une jours nécessaire. L’antibiothérapie n’est nullement systématique et 1992-93 93-94 94-95 95-96 96-97 1992-93 93-94 94-95 95-96 96-97 toux répétitive et quinteuse. S’y doit être adaptée. La prescription de médicaments bronchodilata- ajoutent, à l’auscultation pulmo- teurs est très discutée, tout comme celle des corticoïdes. Les diuré- une population différemment touchée naire, des râles dits sibilants (de tiques et des antitussifs sont formellement contre-indiqués. VIRUS Parts des différents virus associés dans les maladies respiratoires aiguës par tranches d’âge en %