Chronologie Détaillée, Expliquée Et Extensive Du Saint-Simonisme
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Chronologie détaillée, expliquée et extensive du saint-simonisme Nature et origine du fichier La version qu’on va consulter ici de la chronologie du saint-simonisme est une version d’essai. Elle est destinée à être, dans quelques années, remplacée par une version expurgée de ses probables erreurs et, surtout, enrichie de nouveaux dépouillements. Ce document prend place dans le volet éditorial du projet SAINT-SIMONISME18-21 soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR). Il est mis à la libre disposition de tous, sous la seule condition, pour tout usage public, d’une mention de son origine. Son auteur scientifique est Philippe Régnier, directeur de recherche émérite à l’IHRIM, qui l’a conçu et réalisé dans le cadre du volet éditorial du projet de recherche ANR SAINT- SIMONISME 18-21. La mise en forme et la table interactives ont été réalisées par Isabelle Treff, ingénieure à l’IHRIM. Les sources Il n’est fort heureusement pas toujours nécessaire de recourir aux sources primaires, que constituent, en l’occurrence, pour l’essentiel, les originaux des correspondances conservées. De nombreuses dates proviennent du corpus historique élaboré par Enfantin et les siens, forts de leur accaparement du nom de Saint-Simon, soit le Calendrier saint-simonien, les Archives copiées et annotées sous la direction d’Enfantin en 1832 et 1833, les Notices historiques (en fait, les biographies respectives de Saint-Simon et d’Enfantin) écrites par ses exécuteurs testamentaires (Fournel et Laurent principalement) en accompagnement de leur édition des Œuvres de Saint-Simon et d’Enfantin, de la Correspondance inédite d’Enfantin, les rapports ou récits d’acteurs et de témoins, comme les Souvenirs d’une fille du peuple, ou la saint-simonienne en Égypte, de Suzanne Voilquin, sans oublier les maîtres ouvrages écrits par Charléty et d’Allemagne, dans la large mesure où ils sont eux aussi centrés sur la personne du « Père ». Beaucoup également ont été collectées dans la série des thèses novatrices produites entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe sur de grandes figures du mouvement, relevant presque toutes de l’orbite enfantiniste, il est vrai, mais toutes assez fortes et possédant des différences assez marquées, comme c’est le cas d’Ismaÿl Urbain, pour avoir su s’aménager une autonomie plus ou moins grande par rapport à leur chef charismatique. Un petit nombre a pu être trouvé dans les travaux des spécialistes des écoles ou de personnalités opposantes, en particulier Buchez et Leroux. La plupart ont fait l’objet d’une vérification au moins, particulièrement lorsqu’un écart entre les sources paraît l’indice d’une approximation fâcheuse ou d’une pure erreur de fait ou d’interprétation. Les trop foisonnantes notes de bas de page livrent les origines des informations peu courantes et aideront au besoin à reprendre l’enquête. Ph. R. 04/03/2020 1 SOMMAIRE 1802 1807 1811 1813 1814 1815 1816 1819 1822 1823 1824 1825 1826 1827 1828 1829 1830 1831 1832 1833 1834 1835 1836 1837 1838 1839 1840 1841 1842 1843 1844 1845 1846 1847 1848 1849 1850 1851 1852 1853 1854 1855 1856 1857 1858 1859 1860 1861 1862 1863 1864 1865 1866 1867 1868 1869 1870 1871 1872 1873 1874 1875 1876 1877 1878 1879 1880 1881 1882 1883 1884 1885 1886 1887 1888 1889 1890 1891 1892 1894 1894 1895 1896 1902 1903 1905 1912 1913 1916 1917 1920 1921 1924 1925 1926 1927 1928 1930 1931 1935 1936 1940 1941 1944 1948 1951 1953 1954 1956 1958 1961 1964 1965 1967 1968 1969 1970 1972 1973 1975 1976 1979 1980 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1989 1990 1991 1993 1994 1996 1997 1998 1999 2000 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2011 2012 2013 2014 2015 04/03/2020 2 CHRONOLOGIE DÉTAILLÉE ET EXTENSIVE DU SAINT-SIMONISME, par Philippe RÉGNIER 1802 20 pluviôse an X (9 février 1802). Dans une lettre imprimée qu’il adresse à la Société du Lycée, Saint-Simon imagine « une société dont les travaux ont pour but les progrès de l’esprit humain et qui est composée indistinctement d’hommes et de femmes de toutes les nations1 ». La même année, dans ses Lettres d’un habitant de Genève, Saint-Simon dit avoir reçu en songe une communication de Dieu lui annonçant sa décision de réunir « vingt et un élus » pour former un collège, nommé le « conseil de Newton », qui régira l’humanité sur l’ensemble du globe. Il est spécifié que « les femmes seront admises à souscrire » à cette organisation et « pourront être nommées » dans ses instances2. 1807 Dans Les Lettres Philosophiques, recueil que publie Rigomer Bazin, un proche ami de Saint- Simon, paraît une « Épître aux Dames » proposant aux femmes de « fonder une nouvelle chevalerie » en vue de « l’application de la chevalerie aux progrès de l’esprit humain ». Suit le projet d’une « Cour des Dames ». L’existence d’un manuscrit de ce texte conservé dans les Papiers La Sicotière atteste que Saint-Simon s’y est intéressé et suggère qu’il y a collaboré, voire qu’il en serait l’auteur3. 1811 À partir de l’automne de 1811 et pendant les deux ou trois années qui suivent, Saint-Simon anime un petit réseau de « jeunes disciples » avec lesquels il suit « la politique », s’instruit des idées nouvelles et s’essaie à en produire. Quatre d’entre eux sont des élèves de l’École normale : deux scientifiques, Charles Guillery et Eugène Péclet, et deux littéraires, Maignien jeune et Augustin Thierry. Les deux autres sont les frères cadets de Charles et d’Augustin : Hippolyte Guillery, polytechnicien, et Amédée Thierry, élève de l’École de droit. La relation paraît s’être établie à travers les frères Guillery, du fait de leur relation quasi-familiale avec le philosophe, qui est alors le compagnon de leur mère, Julie Guillery4. 1 À la Société du Lycée, 2e lettre, dans Henri Saint-Simon, Œuvres complètes, éd. Juliette Grange, Pierre Musso, Philippe Régnier et Franck Yonnet, Paris, 2012, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige » [désormais OSS PUF], p. 83. 2 Saint-Simon, Lettres d’un habitant de Genève à ses contemporains, OSS PUF, p. 123. 3 Exemplaire des Lettres philosophiques conservé sous la cote Z 15354 de la BnF, p. 187 et suiv. Copie du manuscrit évoqué dans le microfilm no 2 du fonds La Sicotière, fo 47 et suivants. 4 Voir les Mémoires de Justine Guillery (1789-1846), éd. Marie-Paule Weerdt-Pilorge, Presses universitaires de Rennes, 2007, et l’appendice sur les secrétaires de Saint-Simon dans ses Œuvres complètes, OSS PUF, vol. 4, p. 3316 et suiv. 04/03/2020 3 1813 Dans son Mémoire sur la science de l’homme, en réaction contre l’« état de guerre continu » qui lui paraît résulter de « l’anéantissement religieux », Saint-Simon imagine l’élection à Rome d’un nouveau pape élu par les représentants de toutes les sociétés savantes de l’Europe. Ce serait le « premier pape de la nouvelle théorie scientifique ». Son programme de travail inclut un mémoire « sur la réorganisation du clergé5 ». 1814 Janvier. Après lecture du Mémoire sur la science de l’homme que Saint-Simon lui a envoyé, Augustin Thierry accepte de devenir son secrétaire et l’aide à rédiger son manifeste en faveur d’une Réorganisation de la société européenne. 30-31 mars. À Vincennes puis à Fontainebleau, dans la bataille contre les Alliés en passe de prendre possession de Paris, le jeune Enfantin se retrouve parmi les combattants français en compagnie de deux autres polytechniciens de son âge, Bruneau et Hoart6. 7 mars. Lettre de soutien à Enfantin de la part de Curie, médecin, chef de l’Église de Mulhouse7. 1815 Proche du journal d’opposition Le Censeur et de ses deux directeurs, les libéraux Charles Comte et Charles Dunoyer, Saint-Simon propose de former « une société de propriétaires de domaines nationaux » qui prendrait en charge la défense des acquisitions réalisées sous la Révolution. La publication d’un journal et d’une série d’ouvrages en faveur de cette cause est incluse dans le projet. 1816 Décembre. Saint-Simon fait paraître son premier semi-périodique, rédigé avec l’aide d’Augustin Thierry, qu’il présente comme son « fils adoptif », et financé par une trentaine de souscripteurs. Il lui donne un titre qui paraît programmer la formation d’un mouvement d’opinion : L’Industrie littéraire ou scientifique liguée avec l’industrie commerciale et manufacturière. Mai-juin. Fin de la collaboration d’Augustin Thierry avec Saint-Simon, soit que l’élève commence à se sentir en désaccord avec le maître, soit que celui-ci se trouve en manque de moyens pour le rétribuer. Septembre. Auguste Comte est embauché par Saint-Simon et s’attelle aussitôt à la corédaction avec lui du tome troisième de L’Industrie. 1819 Avril. La 10e livraison du Politique, le second semi-périodique publié par Saint-Simon et ses collaborateurs anonymes (dont Auguste Comte), qui se présentent comme « une société de gens de lettres », est intitulée « Le parti national ou industriel comparé au parti antinational ». 5 Saint-Simon, Mémoire sur la science de l’homme, OSS PUF, vol. II, p. 11227 et 1231. 6 Calendrier saint-simonien. 7 Document publié dans Le Globe du 11 mars 1831. 04/03/2020 4 1822 Vers octobre. Alors âgé de 18 ans et à la recherche d’un répétiteur de mathématiques pour son frère Adolphe, Gustave d’Eichthal, l’aîné des deux fils du banquier Louis d’Eichthal, fait la connaissance d’Auguste Comte par l’intermédiaire d’Olinde Rodrigues, le fils d’un vieil ami de son père. Gustave devient le premier disciple de Comte dès l’année suivante et il le restera jusqu’en 1829.