467

DEUXIEME PARTI: E

S REALITELE S

D U

POUVOIR

" En acceptant, non sans courage, la di- rection des affaires à 1'heure présente, le Parti socialiste risque d'avoir- as à sumer de lourdes responsabilités demain, celles, peut-être misela somneilen de f deRépublique."(la Propos tenu M.Def-par ferre Robertà Buron, 1956,le lo mai cf. R,Buron, op.cit., p. 187,) 469

La situation parlementaire précair Gouvernemenu ed Frone d t t répu- blicain n'apparaissai comms pa facteun t u e paralysie d r débue c n ee t d'année 1956. Elle pouvait au contraire être un encouragement décisif à l'action: seul le mouvement était susceptible de naintenir en place un ministère dont la situation est comparable à celle d'un enfant apprenant à fairbicyclettla ede e sans roues stabilisatrices.

Le contexte national et international est favorable aux initiati- s veplule s s diverses a Francl : e peut enfin être engagée dan procesn u s - sus global de décolonisation pacifique, elle peut participer de manière décisiv renforcemenu ea a détentel e d t , profitanet , esson so re d écot - nomique, assurer à l'intérieu plue un sr grande justice sociale. L'au- dace, l'esprit de décision trouveront matière à application en tous do- maines, c'es e voel électeurs t t donn ude nette on i un ée qu s majoritx éau forces de gauche et ont sanctionné la majorité conservatrice de la secon- de Législature.

Certes attendain o , t Pierre Mollety Mendês-FranceGu t . fu e c t e , Maidirectioe un s n socialist Gouvernemenu ed présentait-elle n t s epa des avantages compensant ceux qu'aurait offert directioe un s n radicale? La S.F.I.O souffr e pluu divisions n o . sde s epa s accusée rivas de -t e s lité personnee sd i provoquenqu s t périodiquement l'éclatemen t l'ime t - puissanc partedu i radical appareison ; autremenest l t structurson éet renforcement récen fai n instrumenn e tu t t répondant fidèlemen sollix au t - citations de ses dirigeants. Aucun radical au reste n'a été éliminé; le ministère fait bonne figurcompositiosa eet n révèl présencela e d'hom- me caractèrse d " e i "M.Mendês-Francs ; dirige n e e aucun département ministériel, le Président du Conseil, MM.Mitterrand, Lacoste, Catroux, Defferre, Gazier, pour ne considérer que les principaux ministres, sont capable l'énergie d s e nécessair redressemenu a e a politiqul e d t e fran- çaise.

Enfin S.F.I.Oa l e faie l , qu t . détienne les postes-clé Gouu sd - vernement peut constituer pour elle un stimulant supplémentaire qui lui 470

permette d'échappe doublu a r e dange i menacqu r existencn so e e même: en effet, seule l'action déterminée peu i permettrelu t ralliann e , t à ell e soutiel n populaire contrecarree d , r d'une part l'esso menu d r - désism t d'autre e part, l'offensive unitaire d'un conserP.C.Fa i qu . - vé toute son audience dans la classe ouvrière. C'est le destin même du e retoul responsabilir x pa au r socialism u je n e s -emi françait es i qu s tés.

Nous verrons ainsi deun e , x titres successifs, d'une part l'action menée dans les domaines politiques essentiels, d'autre part le sort de la S.F.I.O. à l'issue de l'expérience. 473

TITRI E

L'ACTION

" Oui sa, en 1956 j'avais eu vingt ans, je n'aurais sans doute pas été d'accord avec un certain Guy Mollet." (#)

Guy Mollet, cité dans "Histoire réformisme",du op.cit., tome II, p.254. 475

Toute action gouvernementale, quelle qu'elle soit t impossibl,es e à embrasser dans sa totalité; tout au moins ce travail est-il irréalisable dans le cadre de recherches comme celle-ci. Cette difficulté est accrue n 1956-195e duréa l ministèreu ed r 7pa variéta ,l t lée a gravits éde problèmes qu'i affrontert du l . Aussi n'avons-nou sdomaines retenle e uqu s qui nous sont apparus coirme les plus significatifs, révélateurs de la gestion socialist u pouvoid e r exécutif, dans succèse s s comme dans se s échecs références De ( . s pourront bien sur être faite autrex sau s sec- teurs, arbitrairement écartés e l'activit,d é gouvernementale i peuven,qu t paraître tout aussi significatifs: laïcité, politique culturelle, etc..)

Les domaines retenus sont la politique économique et sociale, la politique institutionnelle ( chapitre IV ), la politique extérieure ( cha- enfit e politiqua ) l n pitr I II e e d'Outre-mer dont l'importance nousa paru justifie développements rde s plus long. ) chapitre{ I sI t e I s A l'intérieu chacus e domainesd rce e d n mêma ,l e démarche d'exposition sera suivie: dans un premier temps, les acquis positifs, les avancées obtenue Gouvernemene l r pa s e Frontd t républicain; dan n seconsu d temps, les obstacles insurmontës qu'il affront t contre a e lesquel t s'ardu l -i s rêter voire reculer.

Cette démarche correspond non seulement, dans la plupart des cas, à la chronologie des événements mais aussi aux limites admises dès le départ par les socialistes: en acceptant les cadres du système social et politique existant, en refusant de nouvelles réformes de structure dans un régime considéré comme " intermédiaire ", ils étaient inévita- blement amenés à se heurter aux limites, aux butoirs posés par la classe dominante.

Ce champ d'intervention borné peut tou mène td e permettrs ede progrès sensibles: 1936 l'a prouvé dans le domaine social; M.Mendës- 476

France l'a démontré dans îe domaine de Ta décolonisation, en réglant le problème Indochinois 1956n E . marga ,l e d'actio u Gouvernemennd t à direc- tion socialiste va se trouver brutalement réduite par des événements imprévus surgissant à propos du problème majeur de la décolonisation. 477

CHAPITRI E

LA POLITIQUE

D'OUTRE - MER

Le Congrès socialiste " constate l'absurdité circonstancesdes parlementaires gui portent le Parti au Gouvernement précisé- ment au moment où les conséquences des conquê- tes coloniales - entreprises malgré son oppo- sition - atteignent leur plus dramatique inten- sité." fl)

(1) Motion présentée par R.Baranton et la Commission executive de la Fédé- ration de la Seine, au 48 ème Congrès de la S.F.I.O. ( Lille, 28 juin -1er juillet 1956 ), bulletin intérieur n°85, juin 1956, p,6 y. 478

" Nous désirons que la législation coloniale s'acheminât de plus en p]us nettement vers l'indépendance, ver self-govermiene l s t comme pour les dominions, de telle façon que l'autonomie permit aux populations co- loniales et au premier chef aux indigènes de nos colonies, de régir leurs propres affaires avec un pouvoir croissant de souveraineté." (2) Ces pa- role e Blud s m restent sou a IVèml s e Républiqu guide l e e l'actioed e qu n les socialistes vont entreprendre Outre-mer. ("Outre-mer signifiant ici pour nous tout ce qui n'est pas gêographiquement département métropoli- tain; sont donc inclus dan e concepsc n seulementno t l'Union française, les territoires sous mandat de 1'O.N.U, et les département d'Outre-mer» mais aussi les protectorats d'Afrique du Nord et l'Algérie.) La perspec- tive tracée par le leader siocialiste ne manque cependant pas de laisser une large liberté d'appréciation à ses successeurs quant aux étapes qui devront être franchies avant d'aboutir à l'indépendance, et quant aux lien devroni qu s t être maintenus avec l'ancienne métropole coloni- satrice. C'est tout le problème qui surgit en 1956, accru par la diver- sit e situatiod é s territoirede n r lesquelsu s souveraineta l s é françai- se s'exerce: terres de peuplement comme l'Algérie, colonies d'exploita- tion économique comm Côta l e e d'Ivoir Gabone l u eo , comptoirs purement commerciaux comm Etablissements le e s indiens encoru ,o e points d'appui stratégique comme Djibout Côta l et e iFrançais s Somaliesde e .

La diversité des statuts juridiques de 1'Outre-mer français rend plus complexe encore toute politiqu réformese d e . Nous confondron- svo lontairement dans ce chapitre les actions menées dans l'Union française, et qui sont le fait du Ministère de la d'Outre-mer de M.Gaston Defferre, celles menées dan protectorats sle dépendeni squ Ministru td e des Affaires étrangères, H.Pineausecrétairn so e d t ,e e d'Eta Affaix tau - s tunisiennere marocainest e s , M.Savary t enfi,e politiqua l n e menén e

(2) Léon BlumChambrela à députés,des Journal Officiel Débats,des 1927, p252ff Hubertfpar cité Beuve-Méry: suicide "Le IVèmela de République", Editions du Cerf, collection "Tout le monde en parle", 1958, 12O p. p.67. 479

Algérie, considérée administrât!veinent comne département de droit com- mun et dépendant à ce titre du Ministre de l'Intérieur, M.Jules, en fait du nouveau Ministre résidant M.Lacoste.

Partout la politique française paraît, jusqu'en 1953, engourdie, déformé apparein u r pa e l administratif local soumi l'influencà s e des colons lorsque Paris a des velléités de réformes. Pendant ce temps» les britanniques se retirent tant bien que mal,peu à peu de leur empire, don- nant aux pays afro-asiatiques réunis à Bandoengi autant d'occasions de se renforcer.

Les socialistes doivent prendre à bras le corps les problèmes urgents posés Outre-mer pour éviter que n'éclatent des conflits ouverts ou résorber ceux-ci avant qu'ils n'emportent tout, métropole comprise. L'Algérie occupe dans l'ensembl 1'Outre-mee ed positioe un r n originale que nous verrons après l'étude de l'action entreprise dans les protec- torats et l'Union française.

DECOLONISATIOSECTIOA L : I N N DAN PAIA L SX

fr ][ ; MAROC ET TUNISIE: LA REALISATION DES ENGAGEMENTS

Les deux protectorats français tiennen place un te particulière dans l'ensemble de VQutre-tn*r car ils sont les seuls territoires où une évolution sensible ait pu être amorcée âpres d'ailleurs beaucoup de conflits et d'hésitations. Le Gouvernement de Front républicain ne pourra qu edans s mettrs prédécesseurtracepa le s se s e ese d s s sau à revenif à r une politique de force insoutenable début 1956. 480

Tunisie et Maroc» pays de niveau social et culturel comparables, connurent une évolution sensiblement parallèle de 1950 à 1956. L'issue de cette évolutio prie n t cependant forme qu'en 1955, âpres bievicissitudess nde .

En 1950 et 1951, la France représentée par le Résident Général Périllier mène en Tunisie une politique libérale qui semble s'acheminer ver systèmn u s co-souverainetée d e . Le ministre deis Affaires étrangères t alores s M.Rober vois dressee pa s r a tchancl e Schuman a e ri d e qu n contre lui un nationalisme intransigeant et impatient mais le parti du NéO"Destour, tempéré par l'influence de son leader, Habib Bourguiba, poui l'indépendancqu r objectin u t ees atteindr à f r palierepa s succes- sifs.

A parti 1951e d r s radicau,le x obtiennen e blocagl t l'évolue d e - dessinnégociatione s s tiode i t nqu e s projetées janvien E . r 1953, l'ar- rivé M.Bidaule ed quau a t i d'Orsay renforcera coue c p d'arrêt.En décembre 1951, M.Péril liet remplaces r léà a Résidence Général r Jea Hautepa e nd - clocque, personnage conservateu t autoritaire r i accèdequ demandex au e s d'une politiqu fermete ed é émanant d'une colonie européenne d'environ personnes0 2500 0 Résidene L . t Général obtient ains marn e i s 1952 e renl - - Gouvernemenu d i vo t tunisie . ChenikM e nd , sans fair concessioe ed n signifi- cativsuccesseurn so eà .

Les pressions exercée s nationalistele r pa s s tunisien ( sgrèves , manifestations, ...) sont alors sévèrement réprimées, { M.Bourguiba est emprisonn éémeutes } ,de t a guérilll lie on st u e a développee tents e ed r

dans le pays, après notamment l'assassinat,le 5 décembre 1952/du leader syndicaliste Fehrat Hached. En septembre 1953, la France renforce sa po- litique répressive en remplaçant M.Jean de Hauteclocque par H.Voizard, partisa a manièrl e nd e forte { M.Mitterran. d démissionne alor Gouu sd - vernement Laniel.) La Tunisie s'enfonce dans le cycle " terrorisme- 481

contre-terrorisme " alors que les dirigeants français incapables d'ob- tenir de l'Assemblée des directives claires, se désintéressent de l'af- faire. Bourguiba reste emprisonné et exilé,de l'île de la Gaiite à l'Ile de Groix avant d'être conduit à Montargis sur ordre du nouveau Président, du Conseil, M.Mendës-France, en juin 1954.

Celui-ci va enfin assainir les relations franco-tunisiennes en remettant sur les rails de l'autonomie l'évolution du protectorat. Le 31 juillet 1954, il arrive impromptu au petit matin, à Carthage, ac- compagn Maréchau d é l Juin, caution conservatric t militaire l'opée ed - ration destinée à éviter tout incident avec les Européens de Tunisie et à frapper l'opinion publiqu paysu ed . Deux éléments majeurs accompagnent simultanément cette visite spectaculaire: d'une part, M.Mendès-France déclaratiofaie Beu un ya t n dans laquelle il affirme solennellement que " l'autonomie interne de l'Etat tunisien est reconnue et proclamée sans arrière-pensée par le Gouvernement français qui entend tout à la fois l'affirmer dans son principe et lui permettre dans l'action la consécratio succès.u nd " (3) " Tou suitee d t , Bourguib déclara é qu'il fallait saisir la main que nous tendions... On ne pouvait douter de no- e bonntr e foi preuva L . t donnéfu e novembrn e e lorsqu s dernierle e s fellaghas sont descendu leure d s s montagne t noue t slibremen on s t remis leurs armes. Voilà ce qu'obtiennent la loyauté et le respect de la pa- role donnée." (4) j d'autre part, M.Mendës-France remplace immédiatement le Résident Général Voizard par le général Boyer de la Tour, général commandant en chef des troupes françaises de Tunisie. Celui-ci, réputé à tort plus libéral, élève du Maréchal Juin, est avant tout fidèle au Gouvernement don l i tappliquer a strictemen ordress le t , fait exception- nel pour les " proconsuls " coloniaux . L'année en investissant la Ré- sidence Générale pren mainn de s toute l'administratio payu nd ( spolice , transports, travaux..,) t parfoidi a nou-e n O "qu ss avons accompli,ce

(3) cité par J.Fauvet: "La IVème République", op.cit., p.339.

(4) P./fendes-France.* "Choisir", op.ci t.f p.69. 483

jour-l véritabln u , à e putsc . hC'es t vrai, puisque nous le avon s mi s autorités locales devant un fait accompli par l'armée. Tout le monde a é surprisét e savain n O .n vill t e Voizare mêms qu epa e d était remplacé r Boyee derniec pa e le ad r qu Tou rt e avaitr heure5 à » matinu d s , présenté ses lettres de créances au Bey, à peine réveillé*(5)

En fait l'action menée ainsi, tambour battant, par P.Mendès-France n'a rien de révolutionnaire. L'engagement du Gouvernement français de promouvoir l'autonomie interne de la Tunisie n'est rien d'autre que l'ap- plicatio traitu d n Bardu éd e 188 i d oinstituai 1qu e protectoral t e d t a Francl donnann e e celle-cà t i toute s attributionle s a souverail e d s - neté extérieur e paysc e d e. Seule, l'inconscienc s colonsde e s Réside , - dents Générau s Gouvernementde t e x s parisiens avait plong e payl é s dans un régime d'administration quasi-direct e pouvain i e transformeequ qu t r a Tunisil n poudrièree .

L'équipé 1 juille3 u d e t 1954 remet donc les chose à leus r place t c'ese t déjà beaucoup; mais surtout elle permet d'envisager plus serei- nement le dépassement d'une autonomie considérée de part et d'autre com- étape mun e e dans 1'acheminement vers l'indépendance.

Inquiétante cependant reste l'utilisatio ne Gouvernel fait r pa e - ment françai s s troupechefde de s st e smilitaire s basé Tunisien e s . Cet- e espèct e d'appel à l'armée pour rétabli situatioe un r n compromist e e lui donner des pouvoirs habituellement exercés par des civils est un dés- saisissemen i pourrqu t a être lour conséquencee d s lorsque l'armée n e sera plus disposée à obéir aussi aveuglément aux ordres du Gouvernement. Le précédent tunisien, couronné de succès, pourra être invoqué dans d'autres circonstances et avec moins de bonheur.

(5) P.Mendès"France: "Choisir", op.cit., p.69. 483

M.Mendës-Franc e recueillern e s fruita politiqule s s e d spa a e tunisienne: remplacé le 23 février 1955 par M., c'est celui- ci qui aura pour charge de mener à leur conclusion les négociations en- gagées ave Gouvernemene l c t tunisie e conten l s modalité r le su nt e u s d'exercice de la souveraineté interne. Les conventions finales sont signée jui3 e nl s 1955 entre MM.Edgar Faur t Tahae Anmar n Be ra l : France reconnaît l'autonomie intern a Tunisil e ed e tou conservann e t t compétenc r celle-csu e matièrn e i défense d représentatioe d t e e - nex térieure ) M.Bourguiba(6 . , libéra résidencs e d é e surveillée- ac t es , cueilli en triomphateur à Tunis et doit alors faire face S la fronde menée au sein du Néo-Destour par son rival, M.Salah Ben Youssef, In- der des nationalistes les plus virulents qui s'est livré à Bandoeng à une violente critique des compromis acceptés avec la France.

En octobre 1955, grâce à l'appui des syndicats, M.Bourguiba ob- tiendra l'exclusio e M.Bed n n Youssef.

La situation va cependant rapidement se dégrader à nouveau, en novembre 1955, lorsque la France reconnaît l'indépendanc Maroc..u d e .

L'histoire récente du protectorat français sur le Maroc illus- e parfaitementr s revirementle t s brutaux d'une politique versatilt e " polycentriqu n pourraiTo e qu t " eauss i qualifie e rocambolesqud r i s e elle ne s'était accompagnée d'événements dramatiques. La situation de départ est"archi-traditionne e Résidenl * lle t Général e Maréchal , l Juin, en parfaite harmonie ave a colonil c e française, résiste autan pose qu t - sibla pressiol à e n nationaliste, même modérée t lutte , e avant tout pour la conservatio e l'ordrd n n placee e SultaL . n Mohamme Yousn Be d - f entretiense s liende t s souples mais réels avec le parti rationaliste, Tlstiqlal.

(6) l'Assemblée nationale ratifie le 1O août 1954 la politique de M.Mert- âès-France voix397 contrepar juillet en 114, et 1955, conventionsles franco-tunisiennes par 538 voix contre 44. 484

L'administration coloniale française sait pouvoir compter su r l'appu quelquee d i s grands féodaux rivau Sultau d x n ,au premier rang desquel e Pachl s Marrakeche d a l GlaouiE , . Lorsqu e Maréchal e l Juin quitte, en août 1951, 1s Résidence Générale, aucun changement politi- que n'est envisagsuccesseurn so r pa é e Général , l Guillaume.

En 1952, l'agitation nationaliste de l'Istiqlal, solidaire dés syndicalistes tunisiens qui viennent de perdre leur leader, déchaîne une répression brutal troupes ede s françaises tandie Glaoul e qu si profit l'occasioe ed n pour écarter certain soutiens sde s essentielu sd Sultan Ben Youssef. En France, en 1953, M.Bidault, nouveau Ministre des Affaires étrangères, appui e général e l Guillaum t Tadministrae - tion française local i facilitenequ menées le t Glaouiu d s .

avri0 L2 e l 1953 a crisl , e attein poinn so t t culminant l GlaouE : i dépose le Sultan , le remplace par un personnage falot, Moulay Arafa, avec la bénédiction de l'Administration coloniale, et malgré l'opposi- tion tardiv Gouvernemenu ed t français.

Le Sultan, exilé en Corse puis à Antsirabé { Madagascar ), de- vient le porte~drapeau-martyr du nationalisme marocain qui redouble alor violence d s s'appuyann e r lasu t complicité activ autorités ede s espagnole Marocu d s remplacemene L . générau d t l Guillaum r M.Francipa e s Lacost change n e rien situatioe dégradee e s nun peue e n qu i e t d nrqu jou joun e r - rfaut plae réformeed e nd s hardies.

jui0 L2 e n 1955, M.Edgar Faure remplace M.Lacost r M.Grandpa e - i vaquittqu lfonctions ese s d'ambassadeu Sarrn e r t reçoie t pour mis- débarrassee s sio e nd Sultau d rArafa n r nBe tro pa ,p inefficace, pour le remplace Consein u r Régencee pa d rl , prélud erèglemenn u à prou d t - blème dynastique ministrl n soutenso Ma . r Affaires pa uede s étrangères, M.Pinay, dans l'incapacit s'appuyee adminise épolicd e un un t r ee -su r tration française locale hostil libéralismn so eà t qu'ie da lû épu- rer partiellement, M.Grandval donne sa démission, le 22 août 1955, deux 485

jour s sévénement de aprè e qu s s sanglants aient marqu e seconl é d anni- versaire de la déposition du Sultan Mohammed Ben Youssef. Il est rempla- cé par le général Boyer de la Tour " qui, sa mission remplie en Tunisie, va joue rôln u r e comparabl Marocu a e , celu e l'exécutand i t d'une politi- que qu'il désapprouve alors qu'une tradition constante voulait qu'un résident appliquât une politique contraire à celle du Gouvernement."(7)

Entretemps, le Gouvernement français avait imaginé une démarche complexe pour trouve issue a crisl un r à e e marocaine l i lanc: ultin u e - Arafan matuBe mà , le somman e formed t r 8 avanaoû 1 gouvernemenn u e tl t t marocain représentatif, faute de quoi la France engagerait elle-même des conversations avec des représentants de toutes les tendances politi- ques marocaines Arafn Be .a ayant failli a conférencl , e prévu a elie à u Aix-les-Bain e prononcs t e s e pou a créatiol r n d'un Consei Trôneu d l . Le général Catrou t charge Gouvernemenl es x r pa é t français d'en infor- me à Antsirabér e Sultal , exin e n l qui, après négociation, accepts se e conclusion réaffirmann e s s droitsse t .

Les pressions s'accentuant sur lui, Ben Arafa abandonne le trô- r octobr1e e nl e e Glaoul 1955, 25 i e ;lui-mêml e demand e retoul e e d r Mohamme Youssefn Be d . Celui-ci, reven n France u e octobre1 l3 e - en , tams pourparlerde e s avec le Gouvernement français 5 novembr e L . e 1955, un communiqué officiel reconnaît " l'accessio Marou d n c dan cadrn u s e d'interdépendance avec la Franc statuu a e t d'un Etat moderne, librt e souverain." Le lendemain, 6 novembre 1955» est enfin publiée la célèbre déclaration de ta Celle-Saint-Cloud, commune au Sultan Mohammed Ben Yousse t àe f M.Pinay:celle-ci prévoi e futured t s négociations " desti- nées à faire accéder le Maroc au statut d'Etat indépendant uni à la s lienFrancle r s pa epermanent s d'une interdépendance librement consen- t définie.e e ti " (8)

(7) J.Fauvet; IVème"La République", op.cit., p.378.

(8) id.f p.383-384. 486

novembre6 L1 e , le Sultan fait une rentrée triomphal Rabaeà t et le 6 décembre 1955, un Gouvernement marocain est formé sous la direc- i BekkaïS tio e nd .

On conçoit que les Tunisiens, qui avaient obtenu un an et demi plus tôt l'autonomie interne, aient ressenti quelque amertume de voir la France reconnaître la vocation du Maroc à l'indépendance. Bourguiba ne peut que reprendre cette revendication à son compte en essayant de désarmer ains s extrémistele i Salae d s h Ben Yousse i menacenqu f e d t passer à 1'action.

Telle est, dans les deux protectorats d'Afrique du Nord, la si- tuation dont hérite le Front républicain en 1956.

La déclaratio Carthagee nd juille1 3 e l , t 1954 pou Tunisiea l r , et la déclaration de La Celle-Saint-Cloud, le 6 novembre 1955 plus net- tement encore pour le Maroc, traçaient poudeus ce rx pays la perspec- tive d'une rapide indépendance. Sau 1'extrême-droiteà f , personnn e France ne remettait en cause le processus engagé. Les seules critiques portaient sur la manière dont les négociations et les événements avaien déroulere s u p différencets De . s d'appréciation subsistaienr su t les étapes à respecter entre l'autonomie et l'indépendance d'une part, les lien i devraiensqu t perdurer entr anciens a Francl e se t e s protecto- rats d'autre part.

M.Edgar Faure avait imaginé foi e plus e formulse d un , un , e bril- lante pour qualifie s rapportle r s futurs entre Maro t Francee c : 'L'in- dépendance dans l'interdépendance ", dont le flou permettait les rallie- ments les plus larges. 487

La S.F.I.O. fait s preuvdomainece n e s d'une grande prudence; le 3 juillet 1955, son congrès d'Asnières adoptait une motion aux termes de laquelle il prenait simplement acte de la situation créée en Tunisie: e librun " e négociatio a nabout a signaturl à i conventione d e s permettant, dans le cadre de Vautonomie interne, de consolider la coopération fran- co-tunisienne dan e respecl s s souverainetéde t s propre u Etatx a au st e s profit de leurs intérêts communs. Ces conventions doivent être ratifiées par la France dans les plus brefs délais, sans préalables ni réserves d'aucune sorte et appliquées avec une loyauté absolue." (9) Quant au Maroc, " la questio trônu d nt poséees e . Elle doit être résolu- te n e nant compte des désirs de la population marocaine et dans le plus large esprit de conciliation." (10)

Six mois plus tard , a campagnl lor e d s e électorale s socialisle , - défendene n e position d s s te pa t s sensiblement différentese s s Il . contentent d'entériner l'évolution engagée sans vouloir l'accélérers le : conventions tunisiennes " doivent être appliquées loyalement et l'appui économiqu t technique e e français apporté sans réserve Gouvernemenu a s t tunisien. Au Maroc a questiol , trônu d n e enfin résolue, il importe d'ouvrir des négociations avec un Gouvernement marocain représentatif des diffé- rentes tendance a populatiol e d s n marocain d'établie vu n e e r les condi- tions de démocratie et de modernisation de l'Etat marocain et la substi- tution d'un traité d'interdépendance au protectorat actuel." (10)

La formule de M.Edgar Faure fait décidément florès puisqu'elle t encores centru a e discouru ed s d'investitur Molletr y 1e Gu e l e ,ed février 1956 Gouvernemene : L " t aur à engagea r immédiatement avee l c Gouvernement de Sa Majesté le Sultan du Maroc les négociations qui, fon- dée r l'indépendancsu s e reconnu à el'Empir e chérifien, aboutiron à lta

(9) "Outre-mer", n°3, supplément Bulletinau intérieur n"82, décembre 1955, p.l, (1O) Programme de la SFIO, p.18, dans les "Dossiers du candidat" aux élections législatives janvie2 u d r 1956. 488

nouvelle définitio s liende n s unissan s deule t x pays accords Le . I s conclure consacreront et organiseront l'interdépendance du Maroc et de la France... En Tunisie, les principes de notre politique ne seront pas différents s rapportscharta L no . e ed e son c s ,convention le t u d s jui3 t nproclam 195on i 5qu é 1 'autonomie intern a Tunisil i e qu d e t e e ne s'opposen e qu'ellc à s epa t bénéfici e l'indépendancd e e dane un s interdépendance organisée." (11)

Là réside tou e problèml t i serqu ea s tranchnégociationsle r pa é : quel contenu donner à l'interdépendance, comment l'organiser? Le pas supplémentair t inévitable e é fair Guét pa yta e Molle a sujeu l a t e d t Tunisie dont le sort semble promiévolutioe un à s n strictement paral- lèle à celle du Maroc.

" C'es u seia t n d'institutions communes ave a Francel c , librement définie t acceptéese s le e a qu MaroTunisil , t e c e assureron e pleil t n épanouissemen e leud t r indépendance principe C . e l'interdépendancd e e est posé l doiI . t maintenant être traduit dan e concretl s , afi maine d n - développee tenid t e r a solidaritl r é qu'ont cré a géographiel é , l'his- toire, les intérêts et la similitude des aspirations." (12)

févrie5 L1 e r 1956, s'ouvrent à Pari s négociationle s s franco- marocaines. Le 2 mars, une déclaration commune aux deux Gouvernements considère comme acquise l'indépendanc Marocu u d premieea n ;fi ellt r me e " accrochage " diplomatique qui opposa MM.Pineau et Si Bekkai, le pre- mier souhaitant que le protectorat reste en vigueur jusqu'à la signature de l'acte d'indépendance afin d'obteni s garantie s de intérêtr le r su s s français au Maroc et le contenu de l'interdépendance; le second affirmant que l'indépendance n'a pas à être négociée mais est acquise.

M.Pineau a donné ensuite une interprétation un peu cavalière des

(11) "L'année politique 1956", p.461-462.

(12) id.r p.462. 489

difficultés rencontrées dan s contactsce s : " Curieuses rencontrei qu s ressemblaien jeun i u le S .à st partenaire connaissaienn e s e résultal t t final» il était nécessaire que celui-ci apparût comme le fruit d'une laborieuse négociation. Autrement dit, l'indépendanc s deude e x pays { Maroc puis Tunisie ) devait paraître arrachée à la France afin d'ac- quérir tout son prix dans les pays intéressés." (13) Les nationalistes marocains avaient naturellemen tlee intérêsqu chosee c à t s puissent être présentées ainsi pour pouvoir désarmer les bandes rebelles in- contrôlables qui tenaient encore le Rif» et souder le pays autour du Sultan. Mai e Gouvernemenl s t français pouvait fort bien partageu so e l r ci de ses interlocuteurs car, pour lui aussi, des négociations diffici- les étaient indispensables pour garder l'adhésion parlementaire d'une droite indispensable à sa majorité; elle l'eût abandonné à une coali- tio Frone nd t populair s oùca ellu a e e aurait perç s caractéristile u - ques d'un abandon sans résistanc s positionno e d e n Afrique s u Nordd e .

Au demeurant, les difficultés réelles de ces négociations furent postérieures, lorsqu'à partir du 24 mars 1956, M.Alain Savary ayant rem- placé H. Pineau, il s'agî e donned t contenn u r u à l'interdépendance.

Le 7 avril 1956, l'Espagne accorde l'indépendance à sa zone ma- rocaine, Le 20 mai, M. Savary signe avec M.Balafrej, nouveau ministre marocain des Affaires étrangères, la convention diplomatique qui fait du Maroc un Etat souverain. L'interdépendance doit évidemment être ré- duite au minimum pour les Marocains qui consentent cependant à un systè me de consultation dans le but de coordonner les actions diplomatiques française t marocainese s e plal r n Su militaire. e Marol , c disposera d'une armée 0 homme nationals "00 le goum5 { s1 e sed e l'armé d " e fran- çais i seronlu e t transférés avec leurs équipement s officierde e qu ) ss t sous-officiere s français encadreront partiellement.

L'évolution rapid s " de eévénement s d'Algérie ", joint regaiu ea n

C.Pineau: " 1956, Suez ", op. cit., p. 26. 490

nationalist i suivrequ a l'indépendance, aboutiront cependant très vite à une remise en cause de ces conventions.

févrie2 Dè e l s r 1956, M.Bourguiba avait rencontr éParià . sMM Molle t Pineaue t a décisiol : n d'ouvri négociations de plu u t a rtô s s avait été prise. Le 20 mars 1956, un protocole signé de HM.Pineau et Tahar Ben Ammar reconnaît solennellement l'indépendance de la Tunisie s problêmele aprè e qu s s identique ceusà s négociation de x s franco- marocaines aient dû être surmontés.

juin5 L1 e , après rupture t reprise s négociations ede mule d t -e s tiples rebondissements accorn u , d diplomatiqu t signees é entr a Francel e a Tunisil t e e reconnaissant à celle-ci touattributs le s s d'une puissance souveraine. Subsistera le problèm a présencl e ed troupe s ede s françaises, spécialement à Bizerte, que la France refuse d'évacuer afin de mieux couvrir la frontière algéro-tunisienne, de sauvegarder les intérêts françai t enfie s gardee nd poinn u r t d'appui jugé indispensabl- dé a l à e fense occidentale.

Laborieusement menées, ces négociations franco-marocaines et fran- co-tunisiennes n'aboutiront pas à la " normalisation " que Ton pouvait espérer des relations de la France avec ses deux anciens protectorats: l'Algérie restera une ponrne de discorde permanente. Le Sultan du Maroc, dès novembre 1955, M.Bourguib aprèspeu a , avaient exprim le souhaié t de voi a Francl r e accorde l'Algérià r indépendance,reconnue eun u ea Marolà a t Tunisiee c .

Lorsque s'ouvr l'Assembléeà e nationalei 1956ma 1 dôban 3 ,u e l ,t sur la politique du Gouvernement en Afrique du Nord, Guy Mollet doit faire face aux critiques de la droite dont M.Dronne { Républicain so- faie cias porte-parolee l t) l ; il note queimmobilismV e ,d e subsis- tant jusqu'en 1954t passes n ,éo à l'abandon r le,pa s étape l'autonoe d s - mie interne, puis de l'indépendance dans l'interdépendance, et, enfin, de l'indépendance tout court: " Nous assistons à l'échec d'une poli- 491

s'agitiquee spécialemenn s l pa I t. l'échee d ta politiqul e d c Gouveru ed - nement actuel; il s'agit de l'échec de tous les Gouvernements qui se sont succédés depui ans.0 1 s " (14)

Pour l'avenir, c'est surtou contradictioa l t n entr s politiqueele s appliquées d'une part en Algérie et, d'autre part en Tunisie ou au Maroc, que redout a droitl e e parlementaire, M.R.P. compris.

Alain Savary répond à ceui négligenqu x e contenl t u donn l'inà é - terdépendance franco -ma roc adéfinie in r laepa conventio mai0 2 n u : nd O " a critiqué ce texte... L'interdépendance doit s'exercer sur un pied d'éga- lité. Il ne faut donc demander à nos partenaires aucune concession que nous ne soyons nous-mêmes prêts à accorder en réciprocité. Et qui serait subordonneà prêt i ic , a politiqul r e étrangèr a Francl éventuen e u ed eà l veto marocain? Ensuite, l'interdépendance ne peut pas et ne doit pas être un pro- tectorat camouflé. Certes, la France y perd un protégé, mais elle y gagne un allié. Est-ce là une politique d'abandon?" (15)

Recueillant l'approbatio a gauchl 1e d 'extrême-gauchee nd t e e l , Gouvernement ne semble tirer aucune gloire de l'acheminement du Maroc et de la Tunisie à l'indépendance. Il prend soin par la bouche de MM. Pineau t Mollee biee d tn marque contraintes le r situatioa l e d s n héria don l i -t : s'i reprenté e n ll'expressio s pa d "e nd syndi faillite d c lue iqu " lance son opposition, il n'en marque pas moins des réserves très nettes r l'issusu elaquellà prédécesseurs ese s l'ont forcé.

Guy Mollet illustrera fort bieréticences nce déclarann se u a t Congres S.F.I.O. de Liller'les engagements pris vis-à-vis de la Tunisie tenusé épilogueveus e n ét Maropa u xt d e j ;r t on cleue su r r (Sagesst e e

(14) Journal Officiel des Débats, A.N., 31 mai 1956, p.

(15) id.t p. 2216. 492

sur la sagess a politiqul e ed e suivie depuis 1951, Nous devions tenir des engagements, nous l'avons fait." (16)

Maurice Faure, qui prit en charge les Affaires marocaines et tuni- siennes après la démission d'Alain Savary en octobre 1956, reprendra avec insistance ce thème de la responsabilité partagée entre le Front républi- cain et les Gouvernements l'ayant précède: " II ne m'appartient pas de retrace conditions le r s dans lesquelles.. Maroe a Tunisil l . t e c e auront passé du stade du protectorat... au stade de l'indépendance. Il m'appar- tient encore moins...de situer des responsabilités qui, si nous voulons bie convenirn ne répartissene s , prèu pe s à tégalemen t dans tous les grou- pes nationaux de cette Assemblée." (17)

Les socialistes son fain e t t conscient n'avoie d s fairu p r e ed choix et d'avoir accordé 1 'indépendance à deux pays qui pouvaient leur suscite difficultés de r s supplémentaire contrecarrann e s t l'action entre- pris Algérien ee députe L . é socialiste, Vais, résumera ains a politil i - que maghrébin s'adressann e Gouvernementu a t i concernqu e c :n E e" la Tunisie et le Maroc, vous avez recueilli le lourd héritage de certaines déclarations qui, fort précises sur le chapitre de nos concessions,

(16) Congrès de Lille, 28 juln-ler juillet 1956, compte-rendu, p.796. (17) Journal Officiel Débats,des Assemblée Nationale, mars22 1957, p.1800. 493

1'étaient malheureusement moins sur celui de nos garanties." (18)

Toutes proportions gardées l i s'agi,a mêm l e ed t attitud celle qu e e qui est prise par les opposants de droite reprochant au Gouvernement sa contradiction entre ses politiques marocaines et tunisiennes d'une part, et sa politique algérienne d'autre part; seul le sens change: pour les socialiste l i s'agis marquee d t a paternitl r centre-gauchu éd a l e d t e e droite libérale ( Mendës-France et Edgar Faure ); pour les seconds, c'est un moyen de critique supplémentaire du Gouvernement de Front républicain.

Il est certain que celui-ci a été, en 1'occurrence,!ié étroitement par les deux cabinets radicau i l'on qu xlibéralismn tso précéde qu t e ée a été forcé. On frémit à l'idée qu'il eut pu en être autrement à la lec- ture du bilan dressé en 1958 par Guy Mollet: " Quand mon Gouvernement est venu au pouvoir, il ne lui restait plus qu'à tenir loyalement les en- gagements pris par son prédécesseur au nom de la France. e demeurJ e s hommeconvainc de Tunisin Maro u t e a t s i e es t l e c- u e qui partagent quelque peu ce sentiment - que l'évolution a été trop ra- pide pous paysce rl auraiI . t été conforme à l'intérê s peuplede t s maro- cain t tunisiene s a périodl e qu s e d'autonomie intern e prolongeâs e t quel- ques années." (19)

(18} Journal Officiel des Débats, A.N., 3l mai 1956f p.2183. Guy Mollet déclarera les 9 et 1O juin 1956 devant le Conseil national de la SFIO: "Nous avons tiré le moindre mal d'une mauvaise situation." Après avoir mentionné accordson total avec conventionsles signées 1955en avecla Tunisie, il rajoute: "Cela a créé quelque chose de parfait, cela a créé cette notion d'autonomie interne... C'est cela qu'il aurait fallu conti- nuer partout. a changéMa.is ça beau un jour, ça. a changé Gouvernement—pas un jourle où nôtre-le dit,nona auxpas Tunisiens maisMarocains,aux Celle-oui,La à Saint-Cloitd Sultanun exactement,n'enà qui dit demandait a et tant:pas "Monsieur, vous êtes indépendant,"lui faisant le plus beau cadeau empoi- sonné qu'on ait pu lui faire. Cet honnie, s'il avait eu peu à peu à gagner son indépendance, aurait pu obtenir l'unanimité de son pays, et quand il s'est vu conférer le vocable "indépendant", il a bien fallu qu'il joue avec." (Conseil national SFIO des 9-W juin 1956, compte-rendu, p.318.) (19)Guy Mollet: "Bilan perspectiveset socialistes". Pion, Collection "Tribune libre", Paris 1958, p., 116 p.53. 494

II est enfin deux autres domaines dans lesquels le Gouvernement de Front républicain eut à conclure les processus engagés par d'autres que lui: l'Indochine et les Etablissements français en Inde.

Au Nord-Vietnam, la présence militaire française s'est achevée par l'évacuation de Haiphong en 1955, et les liens avec la France, rapidement distendus e subsistenn , t plus qu'à l'état résidue matièrn e l e culturelle. Au Sud-Vietnam, Ngho Dinh Diem,soutenu par les Américains, proclame la déchéance de l'Empereur Bao Daï et devient Président de la République, le 26 octobre 1955: " M.Diem adopt attitude un e e systématiquement hostile à la France à laquelle il reproche en particulier d'entretenir des rela- tions ave e Nord-Vietnam.l c " (20 aussià L ) , très rapidement a Francl , e est éliminée de ses positions économiques. Seul subsiste un corps expé- ditionnair 0 homme e 200 d 0e s don a missiol e protéget d t es ne Sud-Vietl r - nam jusqu'aux élections prévues par les accords de Genève pour le mois de juillet 1956.

Indochinen E " a Francl , e doit exige e respecl r t- absolac s de u cord e Genève.d s " (21 n'ese C ) t qu'un souhait exprim à éplusieur s dizai- nes de milliers de kilomètres, autant dire sans effet sur des dirigeants locaux, hostiles, appuyé r lesu s Etats-Unis janvien E . r 1956 e présil , - dent Diem réclame le départ des troupes françaises et refuse le 6 avril de procéde électionx au r s générales prévue à Genèves ; avril5 l2 e , les derniers soldats français ont quitté le Sud-Vietnam, symbolisant l'aban- don forcé que la France a du admettre sans que le Gouvernement à direction socialiste puisse veuillu o , e d'ailleurs, fair e soitc quoe .qu i (22)

(20) "L'année politique 1956", p.177. (21) Programme socialiste, "Dossiers du candidat...", p. 19. (22) Quant au Cambodge, il poursuit une politique neutraliste, se retire de 1'Union française ainsi que de la zone franc. Seul le Laos maintient son adhésion. 495

En Inde partià , 1947e d r cins ,le q villes-comptoirs françaises constituaient un territoire d1Outre-mer envoyant à Paris un députe, un conseiller de la République et un conseiller de l'Union française. L'in- dépendance de l'Inde les soumit à une pression irrésistible. (23) Fin 1947 a Francl , e dotcins ece q ville statute sd s autonome t distincte s s et,en juin 1948,une déclaration franco-indienne prévoit l'organisation de référendum locaux sur le sort des enclaves françaises. La première concerné t Chandernagoees e référendul ù o r m révèl forte eun e majorit- é pour le rattachement à l'Inde, en juin 1949; le traité de cession fran- co-indien sera signé le 2 février 1951 et ratifié par l'Assemblée natio- avri7 1 nal le e l 1952.

Pour les quatre autres villes, un obstacle surgit en la personne d'un socialiste local, Goubert, qui mène une intense propagande en fa- veur du maintien dans l'Union française et recueille l'assentiment de a populationl . L'Inde abandonne alors l'idé référenduu ed t mdéclene - che un blocus économique.

octobr3 L1 e e 1954 accorn ,u d intervient pour remettr x élueau s municipaux le soin de trancher du sort de leurs territoires: 170 se déclarent en faveur du rattachement à l'Inde ( contre 8 ). Le 21 octo- bre 1954 un traité de cession est signé à New Delhi mais cette cession ne concern l'administratioe qu e cins nde q villes.

Il faudra attendre le 28 mai 1956 pour que soit signé à Bombay le traité de cession de souveraineté entre la France et l'Inde. En mai 1957, lorsqu Gouvernemene l e Frone d t t républicain tombera, la ratifi- cation parlementair encor sers e en pa a e intervenue .t vraIes l i qu'en- tretemps, le cabinet français avait eu à affronter des problèmes d'une autre taille et d'une autre urgence que ceux qui concernaient ces

(23) Nehru déclara le 27 août 1947.- "De tels ilôts de territoires étran- gers ne sauraient se maintenir qu'au point <3e vue culturel", cité par François Borella: "L'évolution politique juridiqueet l'Unionde Fran- çaise depuis 1946", L.G.D.J.f Paris 1958, 5OO f p.169.p. 496

" confettis " de l'Empire avant la lettre. C'est en Afrique Noire que devait être accompli a grandl e e oeuvre décolonisatric Fronu ed t républicain.

§ 2 : LA FRANCE MAÎTRESSE DU PROCESSUS DE DECOLONISATION

Ce sera Tune des gloires les moins contestables du Front répu- bliain et de la S.F.I.O. que d'avoir maîtrisé et dominé le mouvement de décolonisation sur la plus grande partie de l'Union française: l'Afri- que noire. Pour la première fois, l'explosion violente des nationalismes locau t précédéfu x r la pa eprévoyanc t l'imaginatioe dirigeants nde s français au premier rang desquels il faut citer M.Gaston Defferre, Mi- nistre de la France d'Outre-raer.

A~ Ll!Q52Jration_décolonisatrice

Une réserve capitale tenan vocabulairu a t e doit être tout d'abord faite: sauf pour les communistes, en cette fin de IVe République, ]ej mot décolonisation ne signifie pas du tout indépendance des peuples concernés: pour l'ensembl personneu ed l politique français a décolonil , - sation est simplement, et sans doute est-ce déjà énorme, la fin de la situation d'infériorité dans laquell trouvene es t ceux qu'on appelle encore les indigènes vis-à-vis des Français ou des Européens. Pour les socialistes, il s'agit de mettre un terme à l'exploitation qui, comme en métropole dimensioe un a , n individuell t collectiveee . Pour tousa l , décolonisatio t bienes n plutôt synonyme d1 "émancipation ". C'est, bien a manièrl sûrr su , e d'abouti cettà r e émancipatio divergences de e nqu s majeures se feront jour.

Du 30 janvier au 8 février 1944, la conférence de Brazzaville, qui servira pendant des années de référence aux réformateurs de l'Em- pire, voit l'affrontemen deue d tx conceptions: l'associatio t l'assine - milation. L'assimilation avait été pendant des décennies le cheval de 497

bataille de la gauche de la Illème République; elle y voyait le moyen de restaurer cette égalité entre Français et indigènes en mettant ces derniers sur un strict plan d'égalité juridique, politique, économique t sociale e ave s Européensle c . C'étai e sen l tprojeu d s t Blum-Violette qui accordait en 1936 la citoyenneté française à environ 50 000 musul- mans d'Algérie. Très rapidement on s'aperçut que cette assimilation était irréalisable à cause de son coût et des résistances qu'elle entraî- nait de la part de Français refusant de se trouver noyés au milieu des masses autochtones.

L'associatio contrairu a n e éliminai s obstaclece t t permettaie s t aux peuples J'assxiés e garded " r leur identité: " L'indigènn u a e comportement s lois e sonpatrie s de len , un pa i s,t qu nôtrese . Noue n s ferons pas son bonheur ni selon les principes de la Révolution françai- se, qui est notre Révolution, ni en lui appliquant le code Napoléon, qui est notre code, ni en substituant nos fonctionnaires à" ses chefs, car nos fonctionnaires pensent pour lui n lui.,e main " no s(Z4 )

Aussi n févriee , r 1944 à ,Brazzaville , cornue tou u lon a te l ad g Libération, de 1944 à 1946, l'idée fédérale tendra-t-elle à devenir la matérialisation juridiqu concepu d e t d'association dernièra L . e mani- festation de l'assimilation sera, le 12 mars 1946, le vote unanime par l'Assemblée constituante de la départementalisation des quatre vieilles colonies françaises, à la demande même de leurs représentants ( Réunion, Guyane, Guadeloupe, Martiniqu. ) e

Le titre a Constitutiol VII e d I e lad n IVème Républiqut e e l'Union française qui en naît sont cependant loin de refléter la généro- sité des défenseurs du fédéralisme. L'Assemblée de l'Union française ne s pouvoirreçoide e qu t s consultatif a compositios t e s n révèle la volon- le ad métropolé t e resterd e toun e , t éta causee d t , maltress- si a l e d e tuation Outre-me siège5 7 { r s sont attribué s représentantde à s a Francl e d s e

(24) Circulaire d'Ebouêt gouverneur général d'A.E.F., le 8 novembre 1941 Brazzavilleà citée F.Borella,par op.cit., p.31 498

métropolitaine, les 75 autres vont aux D.O.M., T.O.M. et territoires associés, chiffres respectivement porté2 lorsqu10 à s e l'Indochine don- ne naissanc à etroi s Etats associé. ) s

A coup sûr, la loi constitutionnelle ne remplissait pas sa fonction: " La règle juridique doit intervenir pour introduire le réel et l'informer à son tour, dans une vivante dialectique, et un perpétuel dialogue... Encore faut-il cependant que ce cadre juridique soit suffi- samment souple pour se transformer dans la mesure où la nécessité s'en fait sentir. La technique constitutionnelle rigide était et reste mani- festement inadéquate à une telle tâche." (25)

La révisio titru nd e VIII s'imposait don n 1956e c , mais elle n e devait plus continuer à être considérée comme le préalable-alibi de toute réforme. Dans un premier temps en effet, la Constitution pouvait permettr gouvernantx au e e disposed s r d'une marge certaine d'action dans la mesure où leur politique ne concernait que la réforme de l'adminis- tratio s territoirede n s d'Outre-me remettaie n caus n t e e r s a l e pa t position de souveraineté de la métropole.

Paul Mus a admirablement décrit ce phénomène: " la Constitution française envisag bénéficn u e e octroyé a libertl t e , é mentionné y rese - te dirigée. Elle " conduit ", en effet, à une administration autonome, gouvernemenn u à main no s t librement choisi." {26} e peuIn I t s'agir, tout au moins dans une première étape qui peut durer fort longtemps, que réformed e r cette administration,de passe a déconcentrationl e d r , voire de la centralisation à la décentralisation." On retrouverait alors, à travers tout le champ des activités coloniales, les deux élé- ments où dans la métropole même une certaine cohésion est permise:

(25) F.Borella, op.cit., p.15.- (26) Paul Mus: "Le destin de l'Union Française", le Seuil, Pâtis 1954,

358 p,f p.24. 499

l'administration,conçue cornue une réponse pratique aux problèmes iiunains, et l'action sociale, dans la mesure où elle se détache des appartenances ou des propagandes politiques...On s'explique mieux, de la sorte, la constance avec laquelle la colonisation française s'est appliquée à dé- politise s problèmele r s locaux s maintenanle , niveau a t faiu - ud ad t ministratif san y sintroduir e participation.aun e u fai gouvernemenu d t t et en donnant, en toutes circonstances, le pas à l'action sociale ou à a libératiol s individunde r l'actiosu s n politique; e'He s'évitait ain- a constitutiol i s collectivitée nd s active t responsablee s - ti e c à s tre." (27)

Les menaces pesan a secondl e d t depuin e fi guerr a l s e mondiale s suempirele r s coloniaux européen t provoquon s certaine un é e prise d e conscience mai mêmn e s e temp a misl s n valeue e e fondementd r s que l'on souhaite universel s " de bienfaits a présencl s e d " e Outre-mer. Aussi n'est-i s questiopa l e quitted n s payde rs auxquel a Francl s a eapport é e "progrès"l . M.André Siegfried n'exprimer s autrpa a e chose dans les colonnes du"Figaro": sou a Illèml s e République a colonisatiol , n partici- pait w d'un mouvement largement idéologique, comportant à côt, é d'hom- mes d'affaires sans doute s missionnairesde , s militairesde , s explode , - rateurs s propagandistede , s convaincu a civilisationl e d s . (28) Qu'il s'a- giss e protectorad e e colonied u o t s proprement dites, l'intention d'im- plantation économiqu t politique e e doublais e désiu d t r sincère d'ap- porter avec soi le bienfait d'une civilisation, que de bonne foi on es- timait meilleure.(29)... Le mouvement était républicain, inspiré par des hommes tels que Ferry, Etienne Thomson, Paul Bert; il comprenait beaucoup de francs-maçons, de protestants, de gens de " gauche ", qui ne songeaient mêms qu'ilpa e s eussen à s'excuset r vis-à-vi a démol e d s- cratie. La droite était contre, ne cachant pas son hostilité..." (28)

(27) F.«us, op.cit., p.27 et 38. (28) "Le Figaro" du 5 mai 1956.

(29) févrie1 1 id.e l rf 1957. 500

e Drappec e l historique, a défensl à t e illustratioe n contemporaine d e l'aventure coloniale, il y a un pas allègrement franchi, et ce, d'autant plus facilement que les grands sentiments dissimulent mal le conflit stratégique planétaire entre le capitalism t le ee communism i avancequ e - rait, masqué sous les traits des jeunes nationalismes. " L'Occident chrétien a le sens de la charité: ce sentiment ne se rencontre guère, du moins sous sa forme sociale, hors de l'Occident. Nous avons le souci du progrès social: je voudrais être sûr que les nouveaux Gouvernements qui nous succèdent ou nous succéderont demain le partagent... L'oeuvre que nous avons accomplie risque de ne pas se maintenir sans nous... Avec l'Islam, j'entends l'Islam politiqu s Etatde ee déclarans s t offi- ciellement musulmans, c'es e totalitarisml t i reparaît..qu e Franca L . e n'a aucune raison de rougir de ce qu'elle a fait. Tels pays qui la combattent a soutiennenl e n ^ t franchemen e quanqu t d elle démissionne^ devraient plutôt s'inquiéte régimu d r e qu'ils contribuen à instauret r dans le monde." (30)

l Uraisonnemente n t partages t é dane largun s e mesur r lapa e S.F.I.O.: il s'agit simplement pour elle de supprimer les abus de la colonisation Congrèe L . s socialiste d'Asniêres juille3 e l , t 1955- vo , motioe un e politiqu d e nt e d'Qutre-tner l oi rappell ùs causele e squ e principales de la crise de l'Union française sont: " le racisme dont font preuve tro e Français..pd s .peuple le alor e e l causn qu se t s on e droit légitime d'invoque e principl r e l'égalitd e s hommede é s entre eux, inscrit dans notre Constitution... L'emplo a forcl e d ei comme seul moye e venid n r à bou e mouvementd t s insurrectionnels souvent inspirér pa s des mobiles d'ordre politiqu respecn no socialu o ee l t t fréquene , r pa t la France des Conventions de Genève de 1950, concernant la protection de la population civile; une participation insuffisante des populations autochtone a gestiol à s e leurnd s propres affaires r lesu ,pla n politi- qu t administratife e ; l'abandon r certainpa , s représentant e l'Admid s - nistration, de leur rôle normal et leurs interventions de plus en plus

(3O) A,Siegfried in "Le Figaro" du II février 1957. 501

directes dan s compétitionle s s électorales; de> régime propriéte d s é périmés maintenant des injustices criantes et compromettant l'équili- bre économiqu territoiress de e misèra l ;e chômag l t le e a qu eFranc , ea dans certains pays, laiss développee és r sans prendr s mesurele e s néces- saires pous réduire.le r " (31)

constae Dc e t alarmant, les socialistes vont tire a nécessitl r é de réformes poljticjues, parachevant des réformes économiques et socia- les jugées suffisantes jusqu'alors. On aura cependant noté la prudence des termes employés: "(Le Congres) rappelle.. atteindrà t le ebu qu . e permettre d t es e l'accessio peuples nde a gestiol à s leure nd s propres affaire t leue s r libre adhésio là na communauté française." L'adhésion à l'Union française n'est pas remise en cause et sa liberté ne suppose pae passagl s r l'étappa e e préalabl l'indépendancee d e derniee c , t mo r étant soigneusement évité révisioa L . titru nd e VII le ad I Constitution ne peut enfin intervenir qu'après consultatio intéressés - nte de n e t se nant compt maximuu a ea diversit l e md leure éd s situations.

Ces positions socialistes seront reprises intégralement t poumo ,r mot, dans le programme présenté aux élections législatives du 2 janvier son1956e C t. elle M.Defferre squ e aura pour charg réalisere d e .

a perspectivl i S e défini r Blu192s epa m dè 7 n'es reniées pa t , elle n'est pas non plus clairement rappelée dans son point de fuite ul- time: cette lacune s'explique partiellemen r l'étapa tsous-dévelop e d t - pement généra territoires de l s concerné t leue s r incapacité provisoire à prendr mainn e s la totalit leure éd s propres affaires; mais elle peut aussi s'explique conservatisme l r pa r e nationalist i faitequ , com- me nous l'avons vu ci-dessus, des ravages dans les rangs socia- listes,

II faut reconnaître que l'attitude de certains élus d'Outre-toer

(3l)"Outre-mer" n"3f supplément au Bulletin intérieur SFIO n"82f décern- era 1955, p.l. 502

ne racilite pas une conscience novatrice: en de multiples circonstances, l'Assemblée national faie s e t l'éch déclaratione d o loyalismu a s e rassurant. M.M'bida, député du Cameroun, fournit ainsi un excellent exemple de l'in- tégration d'une partie des élites indigènes: parlant w d'innombrables organismes à caractère social, économique ou politique qui fonctionnent dan bonnee d s s conditions " danT.O.M. s livre le ss l'apologie à l i , e ed la présence française: |l Toutes les réalisations sont l'oeuvre de la France, notre tutrice, notre bienfaitrice. C'est don gloirea s c . Tout cela, bien loi noue nd s sépare a Francel e d rnotre d , e mère, nous unit au contraire plus étroitement à elle... Deux autochtones camerounais ont été portés à la dignité épiscopale. Nous sonroes très contents que les Excellences métropolitaines, les éducateurs et missionnaires fran- çais ou européens aient réalisé complètement leur oeuvre civilisatrice soiene s t e t ainsi fait à jamais trèe d ,s bons amis fils sde , spirituels qui perpétueront leurs noms." (32)

En 1956, à l'exception du parti communiste qui est prêt à dé- fendre toute causes le s s nationaliste i affaiblissenqu s t l'impérialisme, on trouve dans tous les partis diverses variations autour de deux thè- mes: l'intégratio fédéralismee l t ne . L'assimilation étant abandonnée, une nouvelle synthèse naquit à la Libération entre les irréductibles particularismes locaue maximul t e x m d'identification possible entre métropole et outre-mer; le résultat en fut cette doctrine, dite de " l'intégration exempl", bon don fournstatule est eun t par de it

(32) Journal Officiel s Débats,de A.N., 2O mars 1956, p.lO88. même L e député déclarera permets...Defferre:loi me lors la débat"Je du sur de demander au Gouvernement d'user de cette loi en bon et juste père de famille, tenanten compte aspirations,des désirsdes plus moinsou clairement exprimés de tous ces peuples en faveur desquels la loi est conçue, paysviventces qui de sous l'égide France,la de qu'elle édu- que et élève corone ses pupilles voire ses enfants bien aimés, plutôt qu'elle n'administre comme de simples sujets... Nous lui (au Gouver- nement) faisons confiance pour a réalisationl loyale t s hardie ce e ed projets d'où dépendra développementle calme harmonieuxet l'ensem-de ble français en Afrique noire ( applaudissements à gauchef au centre, à droite et à l'extrême-droite;." ( Cité dans "Outre-mer" n°4, supplé- ment Bulletinau intérieur SFIO.)la n°83 de 503

l'Algérie voté en 1947, M.Edouard Depreux étant ministre de l'Intérieur. MM.Soustelle et Edgar Faure devaient en 1955 reprendre ce thème avec insistance.

La doctrine fédéraliste n'eut qu'un écho affaibli au sein du par- i t socialiste: celui-c voyaiy i t d'abor source forcedun e d e s centrifu- ges ayant comme résultat inéluctable l'éclatement de l'Union française. Seul M.Alduy défendit en 1947 un fédéralisme démocratique. En 1955, l'opinion de la S.F.I.O. est bien plutôt exprimée par M.Silvandre qui se déclare à l'Assemblée nationale contre un fédéralisme hâtif: " Pour nous, la République ne peut pas être une et indivisible: elle est au contraire multiple par ses aspects et indivisible dans ses principes... Pour qu'el- le ne soit pas, d'une part, duperie pour les populations d1Outre-mer et qu'elle ne soit pas simplement d'autre part, la façade d'une dislocation de l'Union française, l'adoption d'une structure fédéraliste devrait donc, une fois le respect des libertés constitutionnelles et des droits de l'homme réaffirmé sur l'ensemble des territoires rattachés à la sou- veraineté française, s'accompagne t même r e être précédée d'un alignement aussi comple possible e plaqu l t r n esu bie n entendu des principes de t e s règles modalité s généralesde n no s t d'applicatioe , i doivennqu t être différentes, de la législation, de la réglementation du travail, de la fonction publique, etc... mesuree d t e , s d'organisation d'une économie d'ensemble fondéa complémentaritl r su e s avantagele t ée s rêciproquesV(33)

Tant de réserves font que les socialistes peuvent bien s'affirmer fédéralistes à terme, les obstacles à franchir avant d'y parvenir sont tell'échéance squ e reste inconnue.

La S.F.I.Ocompte d n efi .trèn e n'es ss éloignépa t partu d e i ra- dical qui, lui, est plus franchement partisan de la présence française et s'en tient à une large décentralisation administrative. Cette dernière formule a constitué Taxe de la réforme entreprise par Gaston Defferre.

(33) J.O des Débats, A.N. 24 mai 1955, p.2943-2945, cité par F.Borella, op.cit., p.76. f 504

Le principal souci du Ministre socialiste de la France d'Outre- mer et du Gouvernement va être de réaliser la réforme des territoires d1Outre-mer danmeilleurs le s s délais procédura L . e suivie ser e résull a - t originata cette d l e préoccupation.

W La procédure de la loi-cadre

Reprenant l'expos proje n motifs so éloi de e e d td s , Gaston Deffer- re déclare, le 21 mars 1956, à l'Assemblée nationale: " II ne faut pas se laisser devancer et dominer par les événements pour ensuite céder aux re- vendications lorsqu'elles s'expriment sous une forme violente. Il importe de prendr tempn e s util s dispositionele i permettensqu t d'évites le r conflits graves." {34} Enfin, le personnel politique de la IVème Républi- que prend conscienc dangers de e l'immobilisme d s matiëre"coloniale"n e . Les avertissement n'on manqués pa témeute s i de 1945, ma Sétife d s8 , e l , au déclenchemen s ""événementde t s " d'Algérie r novembr1e e l , e 1954n e , passant par les troubles de Madagascar, de la Tunisie, du Maroc ou la guerre d'Indochine.

L'Afrique noire, Madagasca t l'ensemble r territoires de e s d'Outre- mer sont la seule et principale partie de l'ancien Empire où la situation reste relativement calme élections Le . s législative janvie2 u sd r 1956 ont pu notamment s'y dérouler normalement, sinon régulièrement et aucun des territoires concernés sauf le Congo-Brazzeville n'a connu de pertur- bations notables parte L . i vainqueur e Rassemblemenl , t Démocratique Afri- cai M.Houphouët-Boignye nd siège0 totan 4 u e élu2 r d ,1 sl su saves se c défen positions de d s modérées a revendicatiol axée r su s l'autonomie nd e locale.

(34) J.O des Débats- A.N., 21 mars 1956, p.HQB. 505

Le contrast t dones e c frappant avec la situatio départements nde s algériens s électionole ù s n'on êtru tp mêmes organiséespa e .

Mai s gouvernantsle s penchane s e statu l n r e terris , su de t - toires d1Outre-mer répondene n ,seu u a s l soucpa t récompensee d i - fi a l r délit t éle a sagess africains de e s francophone tendann e s t à évitee qu r ne se propagent des événements de type nord-africain: ils sont obligés de suivre, bon gré, mal gré, l'évolution idéalisée que connaît une lar- ge partie de l'Empire colonial britannique et qui sert de point de ré- férence à bon nombre d'homnes politiques d'Afrique française ou de mé- tropole. Depuis 1951, la Grande-Bretagne a concédé l'autonomie interne à a Côtl 1'Or,futue d e r Ghana,qui deviendra indépendante lmare7 s 1957, En 1954, la même évolutio t amorcénes profi u a a Nigeriael e d t .

l I sembl M.Borelle qu e t raisoaai n d'écrire: " L'influence ed l'exemple anglais a été absolument déterminante sur l'évolution politi- que de l'Afrique Noire Française, elle a été considérable en Indochine Afriqun e soie t c e Nordu e ed l'égarà t Qu ; l'Unioe dd n française stricto sensu, ou de la France d'Outre-mer, la France a suivi une poli- tique souvent opposée à celle menée par la Grande-Bretagne à l'égard du Commonwealt Dépendanu d t e h t Empire. Mai d'hésitations s an aprè x di s s t d'échecse , nombreux sont les responsables politiques françaii squ estiment qu'il resta Francl eà prendrà e e exenpl a souplessl r su e t e e réalisml e britanniques. Toute mesures le s s prises depuis 1954 font évoluer les problèmes coloniaux français vers des solutions proches des solutions anglaises." (35)

Les conflits connus dans d'autres partie l'Outre-mee d s r français, la contagion des exemples britanniques décident les socialistes à agir rapidemen tdemeuranu a dan senn i u s qu t sconform es t leuà e r " doctri- ne " coloniale dernien U . r élémen concouria v t r à leur faire considérer

(35) F.Borella, op.cit., p.131. 506

que la procédure législative habituelle est inadéquate dans la politi- que envisagée: il s'agit de la lenteur traditionnelle du travail parle- mentaire. Décidé à agir vite, le Gouvernement de Front républicain ne pouvait risquer de subir les mêmes délais qui avaient porté, par exem- ple, à quatre années la procédure d'adoption du code du travail ou à trois ans celle de la réforme municipale alors même que la majorité de l'Assemblée national ey étai t favorable.

La loi-cadre, souple, rapide, conform arcanex a eau gesl e d s- tion gouvernementale socialiste inaugurée par Blum en 1936 était dès lor e moyesl n d'éviter touécueilss ce s .

Cette procédur t aménagéefu façoe d e n originale afi présere nd - ver les droits du Parlement dans une matière qu'il déléguait pour la première fois à l'Exécutif. L'article premier de la loi autorisera le Gouvernement à prendre des décrets pouvant modifier des dispositions législatives antérieures en matière de décentralisation et de déconcen- tration, mais ces décrets n'entreront en vigueur qu'après le délai de quatre mois suivant leur e bureal dépô r l'Assemblée su tud e nationale. Pendan quatrs ce t e mois e Parlemenl , t sera invit s examinerle éà i s : s deule x assemblées voten concere d t modifications de t s identiques, s décretle s seront modifiés s deule x i s assemblée; s son désaccordn e t , les décrets demeureront tels quels; si, enfin deus le ,x assemblées gardent le silence, les décrets resteront inchangés.

i concernlo L'articl a l s réformee d le e e5 s dans territoile s - res d'outre-mer: celles-ci seront faites par décrets suivant le même cheminement, soumis aux mêmes délais que les décrets visés par l'arti- cle premier, ci-dessus. Une différence sensible les distingue cepen- dant s décretle ; s pris dan t article cadrl sce e ed eson 5 t applicables immédiatement et n'ont pas à attendre la fin du délai de quatre mois pendant lesquels le Parlement garde le droit de les modifier. Le souci du Gouvernemen réalisee d t r rapidemen s réformece t s explique bien sur 507

cette entrée en vigueur immédiate. (36)

Nous avons vu plus haut que la doctrine tend à considérer les lois-cadres comm catégorie un e spécifiqun no e e d'actes parlementaires mais bien plutôt comme des lois d'habilitation sous un habile habillage. Le problème du dessaisissement du Parlement est ici rendu plus aigu encore a naturl r pa e mêm domainu d e e compétencd e e dans leque e gouvernemenl l t pourra agir par voie de décret. En effet, l'organisation des collecti- vités territoriales d'Outre-mer fait partie du domaine expressément

r l'articla Constitutioréservl pa e i d lo 2 é 7 ea l à n dont le premier alinéa édicté que: " Dans territoirele s s dOutre-mer1 e pouvoil , r légis- latif appartient au Parlement en ce qui concerne la législation crimi- nelle, le régime des libertés publiques et l'organisation politique et administrative." Plus loin» l'articl précise4 7 e s territoire: Le " s d'Outre-mer sont dotés d'un statut particulier tenant compte de leurs intérêts propres dans l'ensembl s intérêtde e e lad s République. Ce statut et l'organisation intérieure de chaque territoire d'Outre-mer ou de chaque groupe de territoires sont fixés par la loi, après avi e l'Assembléd s e l'Uniod e n français t consultatioe e s de n Assemblées territoriales."

Par a Constitutionailleursl e d 9 s article8 le ,t e 6 , 8 srelatif s aux collectivités territoriales de métropole comme d'Outre-mer réser- s modificationle i lo a venl à t s géographiques i organiqueà llo a , et , , l'extension des libertés départementales et conmunales.

+ M.Barale a raison d'écrire que par son contenu, la loi-cadre du 23 juin 1956, relative au statut des territoires d1Outre-mer et des territoires associés, " viole délibérémen a constitution..l t loiss Le . - cadres prévoient des décrets soumis à la ratification du Parlement avant ou après leur entré vigueurn e a ratificatiol , n étant toujours enfermée

(36) Sur l'ensemble de cette procédure, cf.Jean Charpentier: "Les lois- cadres et la fonction gouvernementale", art.cit. 508

dans un bref délai, ces décrets pouvant modifier, abroger ou reprendre les dispositions législatives existantes. La théorie de la délégalisa- tion, acceptable en partie pour certains articles des lois d'habilita- tion absolumenest , t insoutenabl propoeà lois-cadresdes s Parle1e ; - ment n'a pas le pouvoir, sauf à utiliser la procédure de révision constitutionnelle, de délégaliser des matières expressément attribuées Constitutiona l r pa i lo l a I l .s'agià t véritablement, aveloiss le c - cadres, d'une modification inconstitutionnelle de la Constitution, A aucun mcmenb, le dessaisissement du Parlement n'avait jusque là été si important et si franchement inconstitutionnel." (37) Peut-être, mais après tout les premiers responsables n'en sont-ils pas les parle- mentaires eux-mêmes, incapables d'impulse s réformele r s indispensables de l'Union française? Les leçons données lors des votes du Code du Travail et de la réforme communale ont porté. L'urgence, la nécessité font loi et le juriste pourra toujours regretter qu'une révision constitutionnelle n'ait pas précédé la loi-cadre, il n'en restera pas t accroce moin texte u a cqu s e suprême n'aura fairévélee qu t r l'ina- déquatio institutions nde problèmex au s résoudreà s . Singulie- si r gne annonciateur; la Constitution se révèle incapable de ménager une évolution raisonnable de 1'Outre-mer; deux ans plus tard elle sera em- portée dancirconstances de s s dramatiques aprè n écheu s c flagrant dans le même domaine.

M.Teitgen pourra bien souligner, fort justement, lor débau sd t sur la loi-cadre, ce hiatus entre les institutions et la nécessité de l'heure, il n'en devra pas moins reconnaître l'obligation de s'incli- ner: " Jamais, au grand jamais, dans un domaine d'une telle importance, des pouvoirs aussi larges n'ont été accordé sGouvernementn u à" . Normalement assemblée un , e délibérante comm a nôtrl e e devrait, à premièr moinSu d e refusee s evu j cettà r e délégation. Cependant, cha- cun d'entre nous sait fort bien qu'en définitiv a sagessel e commande de vote projee c r loie d t , parc noue qu es savonss de , i hélass e qu ,

(37) F.Barale, op.cit., p.111. 509

pouvoirs de cette sorte n'étaient pas accordés au Gouvernement, les réfor- mes fondamentales qui s'imposent ne seraient pas votées dans des délais raisonnables... Dant éta chosese ce sd t l i ,fau t don résignee s c , et r sans doute au bénéfice de précisions primordiales, voter ce projet de pleins pouvoirs l I fau. t cependant constater qu'il consacre officielle- ment et publiquement la déchéance de notre système parlementaire et de son organisation." (38)

2°/ Le contenu de la loi-cadre du 23 juin 1956 et de ses décrets d'application

La mesure la plus spectaculaire insérée dans la loi est l'institu- tion du suffrage universel et du collège unique. Jusqu'alors, le partage du corps électoral en deux collèges, l'un réservé aux Européens, l'autre aux indigènes, permettait d'attribuer aux premiers une représentation homogène et numériquement plus importante. L'existence du double collè- ge connaissait cependant des exceptions suivant le territoire ou l'élec- tion considérés.

Pous électionle r s législatives e collègl , e unique avaié ét t établi partout sauf en A.E.F., à Madagascar et au Cameroun ( et en Al- gérie ). Pour les élections aux assemblées locales, le collège unique n'existait qu'au Sénégal Inden e ,Nouvelle-Calédonien e , Saint-Pierà , - re-et-Miquelon, dans les Etablissements e d'Océanid s Togou ca a n t E e . double collège, la représentation européenne variait t entrdeue n xeu cinquième totau d s ( contrl e trois cinquième Algérin e s e ).

Quan l'étenduà t suffrage,ellu d e e était, elle aussi, extrême- ment variable: elle recouvrai huitièmn u a e populationl d t e ed u a , Tchad tiern u Guinée, n à se , ( pou a Francl r e métropolitaine, elle corres- pond à environ deux tiers de la population.)

(38) J.O.des Débats, A.N., 2O mars 1956, p.W72. 510

Ces deux restrictions majeures dans l'exercic le aed démocratie, double collèg t suffragee e restreint, étaient évidemment contraireu sa principe d'égalit suffragu a t ée e universel proclamé plus t tô san x di s pa a Constitutionl r ; elles contrevenaien i 1946ma 7 , u td auss i lo i a l à dite i Lamine-Gueylo " députu d m é no esocialist u "d , Sénégau ed i qu l dépos a propositionl a t étendaie , a citoyennetl t é français toueà s le s territoires d Outre-mer, sans exception. La loi Defferre de 1956 ne 1 fait donc qu'appliquer terraie c r moinsu su na , Constitutioa l , a l e nd ÏVème République. " Qu'il faille donc, aprè x ansdi s , organiser l'appli- cation, et même décider le principe de semblables mesures prouve qu'il a proclamatiol loia e y nd n d'un princip traductioa s eà n concrèten E . ce domain a loi-cadrl e contente es e don tiree d cs conséquence le r s complètes du principe d'égalité des citoyens français dans leurs droits et libertés." (39)

Deux restrictions d'inégale importance subsisteront cependant: d'une part, l'ensembl T.O.Ms de e . n'est représent él'Assembléà e natio- député3 4 r pa s populatioa nal e s alor e qu qu s t équivalentnes e à celle de la métropole qui dispose d'une représentation de 544 députés. Un dépu- té métropolitain représente environ 79 000 habitants quand un député d'Outre-me ( Algérir t D.O.Me . compri représentn e ) s 0000 e e52 Un . représentation équitable aboutirai équilibrn u à t e numériqu seiu ea u nd Parlement entre la France et 1 'Outre-mer, conséquence jugée inacceptable de la politique d'assimilation (40); la loi-cadre du 23 juin 1956 ne changera rien à cette situation; d'autre part, à la suite d'un amende- ment adopt r l'Assembléépa e nationale t sane , s dout suscis e pa pou e -n r réticencee d r te a secondl seiu sa e nd e chambre, l'applicatio collèu nd - ge unique, qui doit être la plus générale, voyait sa réalisation différée

(39) F.Borella, op.cit., p.271. (4Q) M,Herriot s'écri jour: n Francea u "L devient alors a coloniel e d anciennesses colonies", quoià ce M.Senghor répliqua: "C'est racis-du me!" ( J.O, des Débats , A.N.C., 27 août 1946f p.3334r cité par F.Borella op.cit., p.188.) 511

et soumise à l'installation préalable des conseils de gouvernement et des assemblées territoriales Conseie l : a Républiqul e d l e revina l à t formulation gouvernementale originelle et réintroduisit l'application immédiat collègedu e unique pour toute électionles s s à venir chamLa . - basse br e le suivi l'invità t M.Defferree ed . (41)

II faut enfin noter qu'une telle réforme, collège unique et suf- frage universel, était envisagée depuis plusieurs mois par l'ancienne Assemblée national a secondl e ed e Législature qui, après l'avoir votée en première lecture, avait transmis le texte au Conseil de la Républi- que quand elle fut dissoute le 2 décembre 1955. Outre le suffrage uni- versel et le collège unique, le projet fixait à 54 contre 43 le nombre des députés des territoires d'Outremer.

Le jour du scrutin de défiance qui allait provoquer la chute du Gouvernement E.Faure et la dissolution, le 29 novembre 1955, le minis- a Francl e d e e d'Outre-mertr , M.Teitgen, déposai outrn e tproje n eu e d t loi relatif à la décentralisation dans les territoires d'Outre-mer: " L'opération était cousue de fil blanc. Le projet était en effet dé- posé le jour même du vote sur la confiance, alors que tout le monde sa- vait que celle-ci serait refusée et que le Gouvernement serait renver- sé l I s'agissait. réalitén e , "e d pipe, r " les voi quelquee d x s élus d1Outre-mer et de donner une arme électorale au M.R.P. et au Gouverne- ment." (42)

mars31 (41) Le 1957 eurent lieu selon nouvellesles règles élec-les assemblée2 1 tions x au s territoriales d'A.E.F. t d'A.O.F.e R.D.A,e L t fu grandle vainqueur A.O.P.oùen il n'enil remporte( sièges474 234 sur avait que 41 sur 4O5 en 1952 }.

(42) "Outre-mer"r n"3f supplément au Bulletin intérieur SFIO n°82, décem- bre 1955, p.2.Dans leur critique projet,ce socialistesde les accuseront l'auteur du projet de violer la Constitution dans les termes mentes qui peuvent être repris contre quatreeux mois plus tard: l'article premier du texte contradictionn e t "es avec 1'article , premie72 r alinéaa l e d Constitution, qui confie au Parlement la compétence exclusive en ce gui concerne l'organisation administrative des territoires d'Outre-mer..." 512

La loi du 23 juin 1956 reprend donc des projets de réformes qui étaient " dans l'ai méritrn " so moin:s epa sn'e t grannes d d'avoir géné- ralisé l'applicatio principee nd s démocratiques indispensable toutà s e évolution postérieure.

La second edispositions sérise e ed s concerne l'organisatio- nin terne des territoires d'Outre-mer, et plus précisément la reforme des Gouvernements Généraux a créatiol , Conseils nde Gouvernemente d s , l'ex- tension des compétences des assemblées locales.

La loi-cadre prévois assembléele e qu t s élue verronte s s r dépa -, crets postérieurs, " dotées d'un pouvoir délibérant élargi, notamment pour l'organisatio a gestiol t servicens e nde s territoriaux " (article 1er, alinéa 3 ). Les délibérations prises échapperont désormais à la tu- telle administrative et seront immédiatement exécutoires dans tous les domaines relevant de la gestion des " intérêts propres " des territoi- cite n e i qu'ulo a l nre ( exemples : l'organisatio a gestiol t ne s nde services territoriau , don} xdécrets le t s ultérieurs devront préciser 1'étendue,

A la base, la création de communes de type< classique dites Ide " plein exercice ", sera poursuivie aussi bien dans les zones urbaines où elles sont déjà largement une réalité, qu'en zone rurale où elles n'existent quasiment pas. Chaune d'elle comprendr assemblée un a e -

Au-dessus des conrounes, des circonscriptions administratives seront dotées de la personnalité morale et d'un conseil de circonscrip- tion, { article 1er, alinéa 4.)

Au-dessu collectivités ce e d s s locales s Assembléele , s territo- riales, élues, recevron nouvellee d t s compétence matièrn e s gestioe ed n financière et de travaux publics: elles seront habilitées à délibérer dans domainele s l'économie d s e locale l'hygiènee d , l'urbanismee d , , de l'enseignement... Elles détiendront dans toute matières sce e droil s t 513

e modified d'abrogeu o r r les dispositions législative réglementaireu o s s antérieures.

Aux côté cette d s e Assemblé e territoired e t cré es Consei,n u é l de Gouvernement, seule véritable innovation institutionnelle de la loi- cadre l I s'agi. t d'un embryon d'exécuti membre2 f 1 compos à 6 s e dond é t une majorité élur l'Assemblépa e e territoriale. Chacu s Conseillerde n s de gouvernement peut recevoi a responsabilitl r é d'un service. " L'uti- lité est double: faire participer les autochtones à l'administration pratiqu s affairede e s mêmn localee » e s tempst plaçane le s n e » t devant la complexité des situations pratiques, leur transférer une responsabi- lité susceptible de limiter les emportements généreux ou démagogiques d'une assemblée administrative délibérante." (43)

Chaque membr Conseiu d e e Gouvernemend l t sera r décrepa , t pos- térieur, rendu responsable de sa gestion devant le chef de territoire.

Parallèlement, le Gouverneur ou Gouverneur général qui exerçait jusque-l s fonctionde à s politique t administrativee s s étouffantes, voit ses attributions amputées d'autant. L'article 1er, alinéa 1, ramène sa mission à une simple " coordination ".

Enfin coiffant l'ensembl s territoirede e a seull e sd e Afrique noire (44) s Grandle , s Conseils d'A.O.F t d'A.E.Fe . . reçoiven s poude t - voirs réglementaires nouveaux pour les questions d'intérêt général. Les hauts-commissa ire A.O.Pn e s t A.E.Fe . . voient e lad , même manière qu e s Gouverneursle , leur rôle rédui t a seull à e coordinatio e l'ensembld n e des territoires regroupés.

(43) F.Borella, op.cit., p.275. (44) Madagascar est l'objet d'une structure identique: six provinces par- tagent l'île,à la manière de six territoires,comprenant chacune une "As- semblée provinciale" et un "Conseil de prorince"; pour l'ensemble de ces provinces exist niveau ea l'Ile u d "Assemblée eun e représentative" ana- logue au Grand Conseil de l'A.O.P. ou de'l'A.E.F. 514

Une troisième séri e dispositioned s concern e qu'i c et convenes l u d'appeler alors " 1'africanisatio s cadrede n e lad s Fonction publique ". L'inégalité culturelle oblige le Gouvernement à recourir dans ce domaine à des procédés discriminatoires qui contreviennent au sacro-saint prin- cipe de l'égalité d'accès à la Fonction publique: une section de l'Ecole National a Francl e d e e d'Outre-me t réservées r élèvex au e s originaires des territoires d'Outre-mer pour qui des conditions spéciales d'entrée sont prévues. Un décret d'août 1956 créera un corps de " chefs de divi- sio t attachée n a Francl à s e d'Outre-mer " pous autochtonesle r s Le . services territoriaux verront!leurs postes occupés prioritairement par s dernierce s réforme grâc a Fonctioun l à e ed e n publique locale.

Dans le même temps, les décrets d'application de la loi-cadre pourront intervenir dans tout domaine " tendant à élever le niveau de vie dans les territoires du ministère de la France d'Outre-mer, à y fa- vorise e développemenl r t économiqu e progrèl t e e s socia faciliteà t e l r la coopération économiqu t financière e e entr a métropoll e s terrice t e - jui3 toire2 nu d 195 si . lo 6"{articl"} Sana l e sd êtr4 e e petit ed e importance s mesurece , s n'apportent rie e vraimennd t nouveau e textc ; e a permi a promulgatiol s n rapid e texted e i auraienqu s t demand e longd é s délais a procédurl i s , e législative normale avait dû être utilisée" (45)

Enfin, une quatrième et dernière série de dispositions de la loi- cadre ( Titre II ) concerne les territoires sous tutelle du Cameroun et du Toao. Le Gouvernement est habilité à établir par décret un statut nouveau pour ces deux pays. Son action dans ce domaine sera déterminante car, intervenant avant l'achèvemen s réformede t s générales prévues pour les territoires d'Outre-mer, elle servira de référence aux partisans de l'autonomie intern i feronqu e t tout pour mettre leurs territoires dans le sillage tracé notammen e Togol r .pa t

Depuiavri6 1 e l s 1955 a Francl , e avait r voipa ,e législative,

(45) F.Borella, op.cit., p.279. 515

institué au Togo.un régime d'autonomie interne avec Assemblée et Conseil de gouvernement. En mai 1956, le Togo britannique décide de rejoindre la Cô- e i l'Os'achemind qu re t e vers l'indépendance, tandi e l'Assembléqu s u d e Togo français votait une motion exprimant " la volonté des Togolais de poursuivre leur évolution en étroite association avec la France." (46) Le Gouvernement édictait alors, par décret du 24 août 1956, un statut de Ré- publique autonome pour le Togo, au sein de l'Union française, statut qui sera soumis à ratification populaire par un référendum local ayant cornne seule autre branch e l'alternativd e e maintiel e e lad n tutelle françai- se. ( 93 % de suffrages exprimés ratifieront le statut de république auto- nome.) Ne subsistera plus qu'un Haut-commissaire " délégué permanent de a Républiqul e française " assuran a défensl s trelation le t e e s extérieu- res du pays.

Les pouvoirs publics centraux français restent par ailleurs compé- tents en matière de statut des personnes et des biens français, de légis- lation pénale, de libertés publiques, de régime monétaire et des changes, d'enseignement secondair t supérieure e législatiod , travaiu e d nd t e l régim s substancede e s minérales Toge L . o gard a représentatios e u seina n des organes centraux français et la double citoyenneté bénéficie aux ressortissant s deude s x pays.

i concernqu e Ec ne Camerounl e a populatiol , t appelées n à eélir e décembr3 2 e l e 195 nouvelle 6un e assemblée territoriale créatioa L . n d'une structure fédérale est amorcée par la création d'assemblées et de Conseil e provinced s . Malgr climan u é t très agit- é na entreten s le r pa u tionalistes, un décret du 16 avril 1957 promulguera un statut d'autono- mie interne analogu à celue Togu d i o mais supposant le maintiea l e d n tutelle française.

La loi-cadre du 23 juin 1956 ne suscita guère d'opposition sérieu- e lors s débatde s s parlementaire i précédèrenqu s adoptionn - so t ré s Le .

(46) "Le Monde" du 11 août 1955, 516

publicains populaires par la voix de M.Teitgen, regrettèrent, comme nous l'avons vu, l'abdication du Parlement en la matière, mais souscrivirent à la réforme proposée tout en marquant bien que les pouvoirs de souve- raineté des territoires d1Outre-mer devaient rester du domaine du Par- lemen a Républiquel e d t .

Aucun élu d'Outre-mer n'avança la revendication d'indépendance: M.Sengho contente s r regrettee ad s insuffisancele r projeu d s t mai- re s connut qu'il permettait une évolution vers l'autonomie interne dans le cadre d'une République fédêrlale entre la France et ses territoires d1Outre-mer. M. Cheikh { U.D.S.R. } déclara nettement: " II ne saurait être actuellement question d'indépendance totale." (47) Enfin M.Liante, pour le parti communiste, apporta son appui à Gaston Defferre dans une intervention relativement chaleureuse où il l'invitait modérément à al- r plule s loin aucuA . n momen l i tn'envisage perspectiva l a l'indée ed - pendanc t situe a discourtoun so t s dan cadre a Constitutiol l s e d e t ne d'une émancipation n'excédan l'autonomis pa t e interne seula S . e criti- t traiqu Togeu e u suje u a ta o t duque l i ldéclar a regrette possia l e qu -r bilité d'un choi faveun e x l'indépendance d r soienvisagée s n e pa t e lor futuu sd r référendum.

H.Defferre, répondan différentx au t s orateurs- tâ t done eu ,un c che relativement facile. Il situa clairement les limites de la réforme s autochtonele projetée { s un x s: Au ")e veuj , x répondr e Goul e - equ vernement de la France est décidé à tenir ses promesses, le texte du projet de loi en est la preuve. Aux autres ( les Européens }, qu'il n'est pas question pour nous de partir." (48)

Le seul incident notable du débat eut lieu le 22 mars 1956 lors- que l'Assemblée décida l'étalement dans le temp l'applicatioe d s u nd collège unique, étalement que le Conseil de la République refusa quel-

(47) J.O. Débatss de f A.N., marsO 2 1956, p.lO78.

(48) id.r 21 mars 1956, p.1108. 517

ques semaines plus juin9 tard1 e L , . revenan n seconde t e lecture devant la première chambre, le texte fut définitivement adopté par 470 voix contre t 105promulgue , jui3 2 ne l é1956 . Corane le souhaitai e Gouverl t - nement, la réforme fut donc votée rapidement, en trois mois. Les décrets d'application dont nous avons abordé le contenu essentiel furent pris ensuit n plusieure s " vagues ".

Un premier"train*de 16 décrets fut pris le 13 novembre 1956 en ma- tière économiqu t socialee e e Parlemenl ; modifi n e façoe td 3 n1 a bénigne; un second, en date du 3 décembre 1956, comportait 3 décrets rëpartissant les charges entre l'Etat et les territoires ( le Parlement ne les modi- fia que secondairement ); un troisième train de 8 décrets, pris aussi le décembr3 e 1956, réorganisait l'A.E.F., l'A.O.P t Madagascare . : les modi- fications parlementaires furent ici les plus profondes; le quatrième et dernier train de 5 décrets, en juillet 1957, concerna les petits territoi- s d'Outre-jnediscutéu re pe t fu . t e r

L'ensemble représent décret7 tota4 n u ee d l s d'application aux- quels s'ajoutèrent 24 décrets de modification après intervention du Parlement, soit un recueil de textes juridiques de 359 pages! Les étapes de sa gestation permirent de larges interventions des Assemblées et no- tammen a conmissiol e d t n d'Qutre-me e l'Assembléd r e nationale.s Le " territoires d'Outre-mer avaient leur commissioe s un élu t e s ns oce ù élus formaient la majorité s purenil : t forcer leurs collègues métro- politains à regarder en face les réalités et ils réussirent à obtenir d'importants changements dans les décrets d'application de la loi Def- ferre." (49)

De fait, le Gouvernement failli e trouves t r déborda gauchs r su ée paa majorits r é parlementaire qui, ayant pris conscienc e l'évolutiod e n nécessaire des colonies donnait l'impression de vouloir rattraper le temps perdu: " II est frappant de constater la rapidité des évolutions

(49) P.Williams, op.cit., p.42O. 518

dans les problèmes coloniaux décrets Le . s préparé e ministrl r pa s e ed la France d'Outre-mer étaient incontestablement conformes a lettrl à e et à l'esprit de la loi du 23 juin 1956; pourtant sur des points es- é modifiés..ét sentielt s réformeon le s i il S s. s acceptée plun a n su s r l'Assemblépa t t semblétô on i févrien e lu e, t mare r s 1957, trop timi- des, c'es deue qu xt faits importants s'étaient déroulés entr s datesce e : a proclamatiol e l'indépendancd n Ghanu d e t e laa créatio a Républil e d n - que autonome du Togo dont l'exemple fut constamment évoqué: " Est-il Imaginable que la France prenne le risque d'une grave crise sentimenta- le des territoires africains voisins du Cameroun et du Togo en leur donnan s enfantà croirtle e qu es adoptifs peuvent bénéficier d'avanta- ges qui seraient refusés aux enfants légitimes?" demandait M.Lisette."(50)

M.Oefferre put freiner ce mouvement en invoquant hypocritement s contraintele cadru d s e constitutionnel i aujourd'huqu :e C " i empêche e Gouvernemenl e suivrd t a commissiol e s territoirede n s d'Outre-mer sue chemil r n où elle s'es t s considérationengagéede sone s n pa te c , s politiques, car je pense personnellement qu'un jour, qui n'est peut- êtrs trèpa es éloigné a verautonomie ir un n s o , e plus grande pous le r territoires d'Outre-mer. Sans doute alors faudra-t-il constituen u r exécutif dans ces territoires. Mais quand on est un démocrate conséquent on ne peut se mouvoir que dans le cadre tracé par la Constitution votée e peupll r pa e français n'ese C . t dons l'aspecpa c t politiqu problèu d e - me qui me préoccupe, c'est son aspect constitutionnel." (51)

Malgr s insuffisancesése s lacunesse , , la loi-cadr jui3 2 nu d e 1956 et ses décrets d'application constituent un ensemble de réformes imposant, capital pour l'aveni e TOutre-med r r français. Mente si certaines dispositions essentielles ne sont pas totalement nouvelles,

(50) F.Borella, op.cit., p.3Ol.

(51) J.O. Débats,des A.N., 3O janvier 1957, p.4O8. marsEn 1956,ses scrupules constitutionnels ne s'étaient guère manifestés lorsqu'il pré- senta son projet de lois-cadre en violation des articles 72, 74, 86, a constitution!l e 8d 9 (cf. ci-dessus, p.5O7-5O8) 519

la volonté politique qui, pou a premièrl r ea matière l foi n e s e s'esn , t pas démentie au niveau de l'application des textes, a permis d'amorcer une évolution libérale,don pouvain o t t doute le e qu rrégim t encorfû e e capable dan a politiqus s e coloniale mérite L . n reviene t incontesta- blement à la S.F.I.O. et à M.Defferre qui ont su agir vite, fermement tou respectann e t s droitle t Parlemenu d s r lesu t fond sinon dans la for- me. L'appui dont ils ont bénéficié dans les assemblées peut paraître surprenant dans son éteridue, non pas au sein de la gauche, mais dans les parti droitee d s l I fau. t rappele t égar c'ese ce à rqu da positiol t n du R.G.R i permiqu . u Conseia t e lad l Républiqu e voted e r l'amendement instituant sans délai le collège unique. M.E.Faure, suivi par M.Pinay chez les Indépendants, parvint à rallier 3 cette politique libérale bon nombre de ses amis politiques. Dans la droite conservatrice, l'atti- tude traditionnellement colonialiste est elle-même en train de se modi- fier sensiblement. Raymond Cartier n'a-t-il pas écrit: " La sagesse au- jourd'hui consiste à faire le contraire de ce que conseillait la pruden- e d'hierc : accélére lieu freinere a r d u l I fau. t transmettr e plul e s vite possible,le plus possible de responsabilités aux Africains. A leurs risques et périls. On n'aura d'ailleurs aucune peine à sauvegarder, pour un temps raisonnablement long, les intérêts économique a métropol e d s - le." (52)

Cette attitude nouvell t d'autanes e t mieux adopté a minoril e qu e - é françaist t moines e s importante intérêts Le . celle-ce d s i seron- dé t fendus beaucoup plus vigoureusement dans d'autres territoires comme l'Algérie où le Gouvernement rencontrera des difficultés énormes que nous allons envisager maintenant.

(52) "Paris-Match" du 1er septembre 1956. 520

SECTION II i FAUX DÉPART EN ALGERIE

La " rébellion algérienne " déclenchée depui profiteu moi8 p 1 s a s - as r sez largemen a vacancl e d t pouvoiu d e i suiviqu r a chutl t Gouvernemenu d e t E.Faure gravita L . s événementéde e produisens i qu s décembrn e t en e 195 t e 5 janvier 195 contribua 6 façoe éd n décisiv faireà e passer le problème algé- rie premieu na r plapréoccupations nde futurs de s s gouvernants alore qu s a campagnl e électoral décembre ed e n'accordait aucune priorit règlen so éà - ment. Danensemblen so s e Fronl , t républicai parna u porteur d'un espoie d r solution rapid t décisivee : M.Mendës-France n'était-i l'homms pa l le ad e paix en Indochine et du retour au calme en Tunisie? M.Guy Mollet, fidèle à la tradition socialiste, n'avait-il pas inlassablement réclamé de 1947 à négociations 195de 4 s ave e Vietminhl c s leader?Le Fronu d s t républicain semblaient décidément les mieux qualifiés pour mettre un terme à cette nou- velle guerre coloniale qu'ils avaient dénoncée t poue , r établi nouvellee d r s relations entre la France et 1 'Algérie. Nul ne pouvait prévoir,sinon leur échec,tout au moins la survenance aussi rapide d'événements qui allaient mettre à bas tous leurs généreux projets.

§ 1 : L'ESPOIR

En 1955 a ,situatiol l'Algérie nd e offre presqu caricature un e e ed 1'imbécillité d'une colonisation inconsciente de la juste appréciation de ses propres intérêts.U ancienneté de la présence française et l'abondance du peuplement européen personne0 ( 00 enviro, 0 195n 20 e s1 n 6) fonl'Ale qu t - gérie a toujours tenu une place à part dans l'ensanble des possessions d'Ou- tre-mer caractère C . e original, souvent artificiellement entretenu pous le r besoin l'exploitatioe d s n économique éta , éstatuts marqude r spa é juridi- ques diver superposane s l'existenceà t , depuis 1848 troie ,d s départements algériens de type métropolitain, sujets à de nombreuses entorses au droit commun des collectivités territoriales. La population arabe maintenue dans un état d'infériorité sur tous les plans, l'Algérie fut considérée comme un 521

prolongement de la France métropolitaine, fiction juridique et géogra- phique très révélatrice de la volonté de lier " indissolublement " son sor a Franceà celul t e d i .

La politique d'assimilation, longtemps et parcimonieusement sui- vie, conduisait à des résultats médiocres dont les plus significatifs furen n 187e t 0 le décret Crénrieu i naturalisai juif0 qu x 00 s0 3 s le t d'Algérie, de nombreux projets d'extension de la citoyenneté française don e projel t t Blum-Violett e 1936,ed e ordonnance un t Générau d e e D l Gaulle n marquie , s 1944, concern 0 musulmans00 0 6 a .

Depui e l'entre-deux-guerresd s n lfi a a droitl , e nationalt e e locale avait en fait réussi à faire prévaloir ses vues qui tendaient à " respecte t organisee r e particularisml r e algérie créann ne s de t institutions spéciales qui assuraient la gestion des intérêts algériens par la communauté d'origine européenne implantée en Algérie depuis 1830, avee participatioun c n symboliqu e l'élémend e t musulman." (53) Cette nouvelle politique sera reprise a Libératiol à t e soun a IVèml s e Répu- blique par la quasi-totalité des forces politiques.MM.Depreux, lors du vote du statut de 1947, E.Faure et Jacques Soustelle, en 1955, s'en feront les meilleurs défenseurs tandis que M.Luchaire en donnera la définition suivante: " L'intégration c'est donc l'extension à l'Algérie s règlede s politiques, économique t socialee s a métropolel e d s , toun e t conservant à la société musulmane ses institutions particulières." (54)

Jusqu'en 1945, l'ensemble des tendances nationalistes algérien- nes restait étonnamment modéré dan s revendicationsse s : leur porte-pa- role, M.Fehrat Abbas se contentait de réclamer l'autonomie interne dans e cadrl e d'une république algérienne liée libremen a Francel à tr pa , s relationde e typd s e fédéral 1946n E ., cependant, Messali Hadj crée l e

(53), F.Borellaf op.cit. , p.158. (54) F.Luchaire; réforme "La institutions des algériennes" "Nouvellesin réalités algériennes", septembre 1955. 522

Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques(M.T.L.D.}dont l'indépendance total t l'objectiees f premier, tandi l'Unioe qu s n Démocra- tique pou e Manifestl r e Algêrien(U.D.M.A.)reste animé r M.Fehrapa e t Abbas.

r novembrL1e e e 1954, quelques poignée dissidente d s M.T.L.Du sd . las de ses tergiversations, passent à la clandestinité et à l'action en déclenchant les hostilités ouvertes contre la présence française par une série d'attentat r l'ensemblsu s territoiru ed e algérien.

Depuiseptembr0 2 e l s e 1947 a ,Francl dota e é l'Algérie d'un sta- tut qui la définit comme " un groupe de départements doté de la personna- lité civile l'autonomie »d e financièr t d'unee e organisation particulière définie par les articles ci-après". "La volonté politique qui anime le statut est nette, elle relève de la théorie de l'intégration et réalise un compromis entre les vieilles oppositions françaises vocabun so r -pa ; laire et par certaines mesures, la loi donne des apaisements à la volonté assimilatrice traditionnelle de la gauchejpar ses organisations essen- tielles, elle organis particularisme el e algérien comme l'avaie jamain l i st été." (55) Ce statut, fort mal appliqué d'ailleurs, connut dès le départ l'oppositio élus nsde musulmans t enrayepu . e IIn montéa l r nationau d e - passagn lism so a luttl t e à e e armé 1954n e .

Face à une telle situation, la politique algérienne prônée par e Fronl t républicain apportai certain u t n nombre d'innovations axéer su s le retour de la paix, thème omniprésent de sa campagne électorale.

Guy Mollet avait rappelé la politique algérienne de la S.F.I.O. dan articln u s e publidécembr0 2 e él e 1955 répondre : Qu "a revendil eà - cation universell peuples ede i sl'Europ qu à enseignea a libertl é t ée les droits de l'homme et qui lui demandent maintenant de mettre elle-

(55) F.Borella, op.cit., p,16O, 523

mêms leçonse e n pratiquee s ? l'abandoa t y simple..e l r I npu . Solution inacceptable poua l r France i deviendraiqu , t puissance diminuée seconde d , troisièmu o e e zone, dépouillée de son rôle mondial. Solution plus inacceptable encore pour un socialiste pays..s ce r .ca , compten r nousu t s pour affermi a démocral r - tie, assurer leur équipement et leur expansion économique, développer l'enseignement et former des cadres. Si nous partions, ce serait pour être remplacés par d'autres, plus intéressés: Russes ou Américains. Il y a ceux qui disent: maintien de la " présence française " sans reculer d'un pouce... Le résultat, on l'a vu en Indochine... Le Parti socialist e Fronl t ee t républicain rappellent que, selon la Constitution française elle-même, le but à atteindre est l'accession des peuple là sa gestio leure nd s propres affaires t leue , r libre adhé- sioa communautl nà é française. Pou y parvenirr seun u , l moyen:- lné a gociation franch t loyale e aves représentantle c s qualifié popus sde - lation avefantoches s de pa c ( s s désigné r l'Administratiopa s n elle-mê- me ) pour rechercher les nouvelles formes d'association entre la Frarce et chaque territoire." (56)

Cette déclaration apporte plusieurs éléments nouveau t fondae x - mentau r lesquelsu x s nous aurons l'occasio revenire nd : notons d'ores t déje à qu'entr t l'indépendancee e stat el o uqu S.F.I.Oa l , . choisie l t mouvement a réforml , e ^T le maintie liene nd s privilégiés entre l'Algé- Francea l t e nouveauta L .e ri é essentiell Heursi a t t ees spécialemen,e t dans la volont renoncee éd solutionx au r s unilatérale i avaiensqu t jus- qu'alors caractérisé la politique algérienne de la France. Pour la pre- mière fois, la recherche de contacts, de négociations avec des repré- sentants réels de la population musulmane est revendiquée.

C'es a reconnaissancel t , d'une a nécessitl par e d t solutione éd s politiques au problème posé et non plus seulement de solutions ëconomi-

(56)R.Quilliot, op.cit., p.612-613, u "Histoireo réformisme",u d cit.. op , Tome IIf p.66 d'après "L'Espoir" du 2O décembre 1955, hebdomadaire de la Fédération socialiste du Pas-de-Calais. 524

ques, sociale militairesu o s , d'autret , e par a renonciatiol t prox nau - cédés ordinaires de l'Administration française en Algérie qui avait pour habitude de prêter main-forte aux colons pour annihiler toute expression autonom masses de e s musulmanes.

Ce dernier poin t particulièremenes t t significati mépriu d f s dans lequel les indigènes étaient tenus: depuis toujours droits le , s électo- raux inégaux dont ils " jouissaient " étaient bafoués par tous les tru- quages et pressions possibles. Ceux-ci intervinrent dès les premières élections à la nouvelle Assemblée algérienne prévue par le Statut, les avri1 1 t le 4 1948. L'U.D.M.A. remportait alor siègess8 e M.T.L.Dl , . 9 sièges s communistele , s aucun, mai s Indépendantle s sièges3 4 s .

M.Fonlupt-Esperaber, député M.R.P., protesta un an plus tard au- près du Gouvernement français contre les fraudes commises lors des élec- tions cantonales de mars 1949: " Ce ne sont pas les électeurs qui ont choisi l'élu, c'est l'Administratio i l'naqu désign employann ée s le t méthodes éprouvées, dont Algérien e , expérience un , e regrettabli elu enseigne l'usage. Le fait n'est pas seulement indiscutable. Il est avoué. Aucun des fonctionnaires que j'ai vus n'a eu un seul instant l'idée de contester qu'en Algéri s électionele s soient l'oeuvr 1'Administrae ed - tion, "(57)

Le 29 juillet 1955, il réaffirmait à la tribune de l'Assemblée nationale; " J'ai suivi beaucoup d'élections algérienne e peuj t xe s dire sans aucun risque de me tromper que lorsque par hasard quelqu'un est. véritablement élu, c'est-à-dire lorsqu son e es électeurc le t t se sorte un e désignente l à urned'accident."(58s l i le a s qu snoy pa n l i , )

(57) cité par Colette t Francie s Jeansom "L'Algérie hors-la-loi", Seuil,le Paris 1956, 317 p., p.8O. (58) J.O. des Débats, A.N., 28 juillet 1955, cité par F.Borella, op.

cit.t p.163. 525

M.Borella cit exemples ede s tou tfaià t probant s manipuce e sd - lations électorales. Ainsi, lors électionde s s législative- s se dan e l s cond collège en 1946, les 15 députés élus par les musulmans se répar- tissaient ainsi communistes2 : M.T.L.D,5 modérésB t .e n 1951E . s ,le 15 mêmes sièges allaient à 15 indépendants. C'est dans la deuxième circonscription de Constantine que le truquage fut le plus spectaculai- n 1946e M.T.L.D e : l , re .y obtenai t voix85,s de 2,% le Parti Communis- te algérien 14,2 %, les divers 0,6 %; en 1951, le M.T.L.D. n'avait plus que mêmes 13,de 4s% voix, le P.C,A 5 £,.2, l'U.D.M.A contr% 8 .9, e Indépendantsx 74,au % 4 .

Les mêmes distorsions se retrouvent pour l'élection de l'Assem- blée algérienne, pièce maîtress u statud e e 1947td Européens Le . s avaient d'autant plus intérêt à les fausser que les Musulmans du second collège, bien que n'ayant droit qu'à une représentation égale aux deux cin- quièmes de l'Assemblée { comme dans les Conseils généraux et municipaux ) disposaient d'une minorité qui pouvait être gênante: il suffisait qu'un s membrequarse e td demande l s décisions ele poue qu r s dussent être prises à la majorité qualifiée des deux tiers.

En février 1948, M.Naegelen, S.F.I.O., remplaçait M.Chataigneau au Gouvernement Général d'Alger et allait donner une caution socialiste s agissementàce s administratifs. Devan Groupe l t e parlementaire ed son parti, il reconnaîtra le 6 juillet 1949 le bourrage des urnes: nous avons " donné des instructions pour que les élections à l'Assemblée algérienne n'amènen assemblée un s pa t e messalist deuxièmu ea e collège... Nous e fairavon d obligésé s ét sepa régnen no ,a terreurl r , maie sd briser une terreur qui régnait sur le pays. Trop souvent dans les douars c'est un honnie qui vote pour tous parce que les autres ne savent pas ce dont il s'agit. Nous avons quelques fois fait voter parce que nous 526

ne vouliond'autree qu s pa ss fassent vote senn e r s contraire." (59)

Naegele t fi pa e sn n qu'organiser des élections irrégulières, il utilisa ses fonctions pour éviter l'application du statut de 1947 dans ses disposition plus le ss libérales freina l i :é autan possible qu t e la transformation des communes mixtes en communes de plein exercice; empêcha a langul l i e qu ée arabe n'accèd l'égalità e é prévue avea l c langue amorc s française pa a séparatiol éa n' l i ; n projeté l'Eglise ed e l'Etate d t e . Bref, comm t toue e tautres autanle e s qu tparti s politi- ques, la S.F.I.O, avait à faire oublier les agissements plus que dou- délégués se teu e postex d x au s e responsabilitésd s algériens. C'ese c t à quoi devait répondre la définition de la politique du Gouvernement de Front républicain.

V Al geri e

Guy Mollet déclarai janvie1 3 e l t r 1956 dans son discours d'in- vestiture: " L'objecti Francea l e d f , la volont Gouvernementu éd , c'est, avant tout, rétabli a paixl r , t libéree a peus l s esprit e un le rd rs de s des autre , pouet s r cela, obteni cessene qu r e terrorisml t a répresl t e -

(59) cité par R.Quilliot, op.cit., p.267 et dans "Histoire du réformisme" op.cit., Tome IIt p.65. M.Quilliot explique comportementle M.E.Naegelende par ses origines alsaciennes et son hostilité aux mouvements autonomistes; ^'Algérie, comme l'Alsace, est terre française. Dès lors que le statut de l'Algérie s'était refusé admettreà l'indépendance, lui, gouverneur général peutne f accepter 1'-Assembléeque algérienne devienne hautle lieu du nationalisme sectaire et du fanatisme religieux...M,E.Waegelen exemplebel effetsun des est du pouvoirespritun sur primaire:il transpose Algérieen patriotismeson alsacien; veutne il voir là-bas d'autres problèmes que ceux qu'il eut à traiter en métropole; il tient pour séparatisme toute velléité d'indépendance. Désormais plus proconsul que militant, il a la conviction d'incarner une certaine permanence française." (R.Quilliotf op.cit., p.267-268) Rajoutons que l'assimila- tion Alsace = Algérie pouvait être renforcée par le fait que la première vague importante colons mêmela des de République était constituée pour l'essentiel d'Alsaciens ayant fui, en 1871, le rattachement de leur province à l'Empire allemand, (cf.le livre de M.E.Naegelen "Mission en Algérie"f Flanmarion, Paris 1962, p.63 sqq. ) 527

sion aveugle.

C'est ensuite promouvoir l'évolution démocratique des institu- tions, organise a coexistencl r deus de ex élément a populatiol e d s e nqu l'histoir eassociéa noue permettrone qu n s t e svoie d s r séparerpa s , et assurer le développement économiqu t sociae pays..u d l . Il doit être solennellement affirmé par l'Assemblée nationale aujourd'hui que e sorl t futur, définitif l'Algérie d , ser e aucuen n détermin e as nca é unilatéralement." (60)

Ces quelques phrases annoncen qu'ie c t l sera convenu d'appeler plus tard le " tryptique " comprenant les trois phases suivantes de l'actio Algérien ne : cessez-le-feu, élections, négociations- né a l r Su . cessité d'un cessez-le-feu, inutile d'insister; dans les trois mois qui suivront, le Gouvernement s'engage à organiser de libres élections qui permettront,au collège unique, de désigner des élus véritablement re- présentatifs du peuple algérien; c'est enfin avec ces élus que le Gou- vernement entend engager les négociations qui conduiront à l'établisse- ment d'un nouveau statut régissant les institutions algériennes le t se rapports entre l'Algérie et la France.

Dee départl s e Gouvernemenl , t français n'enten attendrs dpa e que le déroulement de ces trois phases soit amorcé pour agir. Oe grandes réformes, rappelées le 31 janvier, seront entreprises sans délai: réfor- me de la fonction publique locale, réforme agraire, réforme municipale; les détenus politiques seront libérés; enfin Gouvernemene l , t " prendra égalemen série mesureun e t ed s urgente t indispensablee s s d'ordre écono- mique et social, tout spécialement pour poursuivre et développer le pro- gramm grande d e s travau t poue x r combattr distribus misèra l ede r pa e - tions de vivres et de textiles." (61)

(60) "L'année politique 1956", p.46O. (61) id., p.461. ( discours d'investiture de Guy Mollet.) 528

Ce dernier group e mesured e s administratives, économique- so t e s ciale e distingus e n s e guèr e l'actiod e n entreprise depuisn a déj n u à s prédécesseurle r pa Fronu d s t républicain janvie5 e L . r 1955, M.Mitter- rand, ministr e l'Intérieud e Gouvernemenu d r t Mendès-France présentait prudemmen u Conseia t s ministrede l plan u se réforme d n e devaiqu s t met- tre en oeuvre M.Soustelle, futur Gouverneur général norrmê le 26 janvier 1955. " En fait, il s'agit simplement d'appliquer le statut voté en 1947, donc d'appliquer la loi. Peut-on dire que ce soit là une réforme? déclare le Ministre de l'Intérieur à l'Assemblée nationale. Remarquez en outre que je n'ai pas déclaré qu'il fallait l'appliquer intégralement ex abrupto. J'ai dit.. l'applicatioe qu . n devait être progressive. Mais enfin, voilà plus de sept ans que ce statut a été voté par 320 voix t contrqu'ie 4 l18 e attend oeuvre.d'êtrn e s emi " (62)

Le Gouvernement E.Faure, tou essayann e t e faird t e fac à el'exten - sios troublesde n , poursuivra le mêm t limit a bu simpll e e d é e application du statut de 1947, qu'un dernier " plan Soustelle " adopté le 13 janvier 1956 tentera d'atteindre.

En février 1956, le Front républicain ne définit donc pas une po- litique très originale en reprenant les objectifs du fameux et toujours inappliqué statut. Il faut d'ailleurs noter qu'il n'y a là aucune disso- nance entre les deux leaders radical et socialiste. M.Mendès-France décla- rera ving s pluan ts tard: " J'avais envisag processun u é s détaillé, fondé au e déparstatul r e 1947..su d t élections Le . s auraien é refaiteét t s dans conditionde s s indiscutables.. mêmn e . e i municipaltempslo e un , e aurait permis à des autochtones d'accéder aux responsabilités locales.. Dans ces conditions, nous aurions eu en face de nous un certain nombre d'hommes don a responsabilitl t é n'aurai êtru p t e mis doutn e e t e nou s aurions étudié avel'étapx eu c e nouvell à efranchir. " (63)

(62) J.O.des Débats, février5 A.N. u d 1955 citér F.Borella,pa op.cit., p. 254. Le Gouvernement flendès-Fxance sera renversé le même jour. (63) citéR.Quilliot,par op.cit., p.623. 529

Les seules nouveautés réelles, nous les avons déjà notées, sont d'une par a reconnaissancl t e nouveal r pa e u Présiden Conseiu d a tl e d l " personnalité algérienne " dont le contenu, non-encore défini, peut per- mettre tous les espoirs d'évolution postérieure, et d'autre part l'in- sistance mise à juste titre sur les solutions politiques qui doivent être apportées au conflit et que le tryptique peut permettre d'engager. (64)

Ces éléments nouveaux sont loin d'être négligeables» d'autant qu'ils acquièrent un poids supplémentaire par la présence à la tête du Gouvernement d'un leader socialiste connu pour sa ténacité et d'un lea- der radical encore auréolé de ses succès Indochinois et tunisiens. Us semblent, deuxx eu à , capable a volontl e d s é politique nécessaire pour surmonte s obstaclele r s dressés problème L . e algérien n'est-i s envipa l - Molley Gu sag r t commpa é e M.Mendês-France avait abord n 195e é e prol 4 - blême tunisien, avec le bonheur que l'on sait? L'application ferme et complète du Statut de 1947 pour 1'Algérie pourrait fort bien servir de prélude à l'autonomie interne, tout comme l'application du Traité du Bardo avait permis aux Tunisiens de gérer leurs propres affaires à par- juillee d r ti t 1954, premie s verpa rs l'indépendance - Molley re e Gu .n t prend-il pas à son compte la proposition faite par M.Mendès-France, pen- dan a campagnl t e électoral e décembrd e e 1955, d'aller lui-mêm à Algee r remettre les choses en place et affirmer l'application de la politique définie par le Gouvernement? Hélas! c'est de cette dernière idée que va naître une première déconvenue aux conséquences incalculables.

(64) La reconnaissance de la "personnalité" algérienne, concept permet- tant des interprétations contradictoires, est &n passe de devenir la " tarte-à-la'crème" des nouveaux gouvernants de 1956. L'invoquant à tout instant, donnentils 1'impression recourirde magiela à incantatoire d'une expression floue et captivante d'un genre identique à celle qui avait été mise au goût du jour, un an plus tôt, par M.Edgar-faure et son " indépendance dans l'interdépendance". 530

6 FEVRIE E L : R 2 §195 6

La symétri remèdes ede s envisagés pour l'Algérie avec ceux utili- sés brillammen 195n e Tunisin t e 4 r M.Mendès-Francepa e reposaie un r su t assimilation doublement fausse des deux situations: fausse d'une part à caus contextee d e s humain t politiquee s s très différents; fausse d'autre part à cause de la dissemblance des honmes qui menèrent l'opération. Nous examinerons tout d'abord l'enchaînement des événements avant d'en voir les nombreuses répercussions. (64 bis)

Le climat politique à Alger est extrêmement tendu depuis la publi- cation des résultats des élections législatives du 2 janvier 1956. Le mois de décembre 195 favorisa 5 é le développemen l'actioe d t nationalistes nde s e Gouvernemenl r ca t étant démissionnaire i d'urgencelo a l , , voté marn e s 1955, était devenue caduque.

La relative victoire du Front républicain fit craindre à la popula- tion européenne l'adoption d'une politiqu faiblessee ed , voire " d'aban-

(64bis) La description du déroulement du 6 février 1956, à Alger, malgré sa longueur nous parait indispensable à la compréhension d'une journée capitale. 531

don " et la mobilisa dans des proportions jusque-là inconnues.(65) Oe son côté, le Front de Libération Nationale parvint à rallier à sa cause la quasi totalit s élude é s musulman e l'Assembléd s e algérienne qui, rassem- blés depuis septembre 1955, dans l e1 " 6 groupréclamai s t de "di e a l t " reconnaissanc e l'idéd e e nationale algérienn t lee s liberté s popude s - lations musulmanes " ains "e l'autonomiqu i e dans l'indépendance ". (66)

Ljanvie4 e" r 1956, le " i group"6 publis de emotioe un e n réclamant de la nouvelle Assemblée nationale française la reconnaissance d'une natio- nalité algérienn t proclamane t que ,moin su i s aprè a formations s , le Gou- vernement français n'affirm a volonts s pa eé d'accéde aspirationx au r s de s Algériens, les " 61 " démissionneront et inciteront tous les autres élus musulmans à les suivre. L'interfédëration des maires d'Algérie, tenue par s Européenle s plule s s conservateurs, répliqu janvie0 2 e l en réaffirman e r t que"!'Algérie est partie intégrante de la République française une et indivisible t qu'elle " peue n e t w accepter toute action direct indiu eo - recte qui tendrait à une sécession." (67)

Enfi dernien u n r élément vient faire " monte a températurl r e " dans les milieux européens: c'est le départ de M.Soustelle du Gouverne- ment général et l'annonce de son remplacement par le général Catroux, en

(65) "Voilà le Front Popu!" "C'est à peu près par cette exclamation, à la- quelle répond écho:en "Alerte bradeurs!"aux majoritéla que Front du républicain est accueillie à Alger... Parmi les leaders qui ont pris la tête de la coalition électorale, M.Mendès-France semble figurer l'Anté- christ M.Guyet Mollet représente l'abomination socialismedu marxiste.-. Les professions de foi électorales de la S.F.I.O. ont achevé de répandre la peur de 1'autre côté de la Méditerranée: "Aux armes! Ce sera bientôt la valise ou le cercueil. Après l'Indochine, l'Inde, la Tunisie, le Maroc, attendanten et Fezzanle r l'Algérie êtreva " liquidée "- sûr cela est moyenle collègedu par font- 1 comme 1O et unique: 9 aillions9 mu- de sulmans contre million1 Françaisde européens". (Jean-Raymond Tournoux: "Secrets d'Etat", Pion, Paris I960 p.,8 ,51 p.lOS.) (66) cité F.Borella,par op.cit., p.256. (67) cité"L'annéepar politique 1956", p.132. 532

tanMinistre qu t e résident. Cette nominatio suscitea v n r à Alges de r craintes sans commune mesure avec l'espoir crécettr pa é e même nomina- tion dans les milieux libéraux. Ceux-ci sont d'ailleurs divisés puisque le Maire d'Alger, M.Jacques Chevallier regrettera la venue du général Catroux que la colonie française récuse violemment en tant que " bradeur d'Empire " (-cfn u mandarôld .so n e fi dant a françai l sSyria l n r e su s 1943, et dans les négociations d'Antsirabé qui permirent au Sultan Moham- med Ben Youssef de revenir sur le trône marocain.).

Inversement, les milieux nationalistes modérés semblent ébranlés et le"groupe des 61" assure Catroux de sa confiance en lui écrivant: " ayant contribué d'une manière heureuse à la bonne solution du problème marocain, vou manqueree sn e trouved s zu pa problèma r e algérie e soluun n - tion s'inspirant égalemen s aspirationtde s nationale s populationsde - smu sulmanes algériennes définies par la motion dite des 61." (66)

C'est dans ce contexte local extrêmement échauffé que Guy Mollet va tenir à appliquer les " recettes-miracles " du mendësisme tout en modi- fiant leurs ingrédients; e Présiden"L u parttd i radical avait projeté- ,as sure-t-on, d'arriver de nuit au Gouvernement général, de masser des trou- x porte villea au l s e sd e nommepe ,d r M.Jacques Chevallier Ministre rési- dant... Des révocations auraient frappé les maires " ultras ". Un contrô- "pressa l le ed e hain ed e " aurai é instituétét détenus .Le n inculpésno s auraient été libérés. Jour après jour mesures ,de s détente "d e " auraient été prises." (67)

T Ce schéma repris par Guy Mollet va être déformé, dilué, rendu mé- connaissable alors qu'il aurait dû être " durci " devant les réactions da colonil e e français l'annonceà a nominatiol e ed générau nd l Catroux. Tout d'abord, Guy Mollet a divulgué, dès sa présentation devant l'Assem- blée nationale le 31 janvier, le nom du futur Ministre résident ( en Uuil-

(66) cité"L'annéepar politique 1956", p.187. (67) J.R.TournouXf op.cit., p.114. 533

let 1954, M.Mendès-France n'avait annoncé la nominatio générau nd l Boyer de la Tour cornue Résident-général à Tunis qu'une fois arrivé sur place.)

Ensuite, Guy Mollet annonce plusieurs jours à l'avance la date de son arrivé e voyage( l alor t e deme Tunissqu à n e ia plun u , s tôt, avait été tenu secret jusqu' déroulemenn so à t ).

Enfin, Guy Mollet donne à son équipée un contenu des plus incer- tains l i :s'agi t d'un voyag ' "informationd e d'unn no e t arrivée " e ayant pout d'engage bu re terrail r su rn l'application ferme d'une politique arrêtée à Paris. Ce contenu nouveau n'a plus rien de commun avec le dépla- cement de M.Mendës-France à Tunis; il se rapproche beaucoup plus du voya- ' ge entrepris le 22 décembre 1946 par Marius Moutet, ministre socialiste de la France d'Outre-mer, en Indochine.-" Comme dix ans plus tard à Al- ger, Marius Moutet veut aller fair tour n placeeu su r , sans idée pré- conçue... Rie plue nd s dangereux dan s momentle s s voya- le crise d se equ ges d'information des hommes dont on attend une décision." (68)

On voit qu'i lchosee d rest u l'inspiratioe d sepe n mendésiste ed l'opératio : n"L'idé e d'origine, c'est qu'il faut arrive surpriser pa r , frappe coupn u r , provoque chocn u r , montre ultrax au r sGoun u qu'i a - y l vernement for t résolu.e t " (69)

Les avertissements n'ont pas non plus manqué: le 3 janvier, lors du Consei Ministress de l , MM.Mendès-Franc t Mitterrane d tenten dise d t -

(68) J.Julliard, op.cit., p.150. (69) F.Giroud, op.cit., p.173: "Jean-Jacques (Servan-Schreiber)pressent que Guy Mollet va. se fourvoyer par rapport à ce dessein. Un soir, plus tard, il sonne à sa porte pour lui dire: "N'annoncez pas le moment de vo- arrivée,tre n'arrivez jour,de pas vous allez vous faire huer débor-et der-. Partez tout suitede t secrètement. Qu'ils vous découvrent installé à Alger." Guy Molletsubstance;en reçoitle dit pyjama,en lui "Vouset êtes bien gentil mais j'ai aujourd'huivu longuement M.de Sérignyses et amis (ultras). Je peux vous assurer que je serai très bien reçu."(id., p. 174.) 534

suade e chel r Gouvernemenu d f faire d t e voyagel e dan s conditionle s s pré- vues. Le premier u intervint à huit reprises. Chaque fois, M.Guy Mollet esquiva les questions posées pour s'en tenir ainsi à sa propre détermina- tion. Le voyage à Alger devint ainsi une opération personnelle de M.Guy Mollet, à tel point que celui-ci n'envisagea même pas de confier à qui n'euque soie c êtrc e u - p tt e qu'à M.Mendès-Franc - el'intéri le mad Présidence du Conseil pendant son absence de Paris.n (70)

La présence à la tête de la préfecture d'Alger de M.Collaveri, membre de la S.F.I.O., n'apporte pas de garanties décisives quant à la bonne préparatio a visitel , Molle d'autany e ce nd Gu t e écara ;e t qu t - ministèrn so e d é et cabinen commso e d et les rares socialistes compétents en matière nord-africaine: il avait " par méfiance instinctive envers s intellectuele l s,refus prendre éd e consei membrePartis n de so l e ,d s comme l'ancien Gouverneur général Chataigneau e Professeul , r Berque, l'historien C.A.Julien i étaienqu , meilleurs le t s spécialistes français

(7O) C.Estier dans "France-Observateur"du février9 1956.M.Mendès-France écrit: "Je me souviens très bien de la réunion du Conseil des ministres gui précédéa voyageson Alger.à exprimé ont seuls Les gui quelquein- quiétude furent Mitterrand, Defferre et moi. Les autres n'ont rien dit, probablement parce qu'ils n'avaient consciencepas difficultés.des Guy Mollet affirma qu'il n'avait aucune inquiétude tout passeraitse que et bien. XI avait reçu, la veille, des membres de la classe dominante en Algérie; pensaisje qu'il avait cherché sorte une compromis, avecde eux acco-un modement et qu'il leur avait démontré la nécessité d'envisager des concessions. J'aurais trouvé naturel qu'il nous dise: "Voilà ce que j'ai obtenu." bien,nonh E l i n'avaitf rien obten toutu d u , peut-être parce qu'il n'avait rien demandé. interlocuteursSes avaient jurerlui dû qu'ils n'étaient ennemis,ses pas qu'ils demandaientne qu'à travailler avec lui. A-t-il cru obtenir leur confiance? Pendant ce temps, la presse d'Alger, qui leur appartenait, la radio d'Alger (une radio d'Etat, mais qu'ils contrôlaient) appelaient haine,la révolutionà la à meur-au et tre. Les murs d'Alger étaient couverts d'affiches qui demandaient au peuple descendrede pour rue dans huerla Présidentle Conseil.du Je l'ai seulement appris e lendemainl réuniona l e d conseil.u d J'ai vu arriver Mandouze bureau.dansn mo l I débarquait d'Alger. l I était affolé: "Vous n'imaginez pas ce qui se passe là-bas, le sang va couler, c'est la guerre civile, la police participe à la rébellion..." ("Choi- sir", op.cit., p.lOO-lOl,) 535

des problèmes du Maghreb." (71)

De surcroît, les forces de l'ordre massées à Alger sont rien moins que sûres, largement constituées d'éléments français d'Algérie partageant l'hostilit a populatiol e éd n européenn premièrex eau s déci- sions du Gouvernement. Seules douze compagnies de C.R.S., envoyées dé- but février de métropole, sont loyales.

Face à un tel faisceau d'éléments défavorables, Guy Mollet, qui ne v°"t rien céder sur la date et le principe du voyage, n'admet qu'une seule modificatio programmen so nà : pour évite e risqul r e d'une explo- sion, il décide que le général Catroux ne rejoindra son poste que qua- tre jours après sa propre arrivée.

Décidément, le calque pris sur le voyage de Tunis devient un brouillon méconnaissable: l'exécution sera S la mesure de la déformation du plan original.

La journé u lunded févrie6 i êtra v r e dramatique Molley Gu :n e t relatioa l t fi n suivante devan Groupe l t e parlementair partin so e : ed générae l i S " l Catroux était descend mêmu ud e avion, iauraily - ac t tuellement 50 000 ou 60 000 Algériens qui se promèneraient chacun avec quelques bouts d'avion comme fétiche. Personn peue n e t imagine queà r l degr passioe éd avain no t amen populationa l é s'agise lundn e C l .i i - sait absolumen d'us pa nt group factieuxe d e . C'es fain e t t l'ensemble de la population d'Alger qui s'était mobilisée à la suite d'une campa- gne de presse et de radio affolante. On avait chauffé toute la popula- tion. Un petit fait: à cinq ou dix kilomètres avant d'arriver au monu- ment aux morts, les ouvriers, les terrassiers, avertis du passage du cortège, venaient au bord de la route hurler à mort. Puis le cortège t entres villn ée e fort heureusement ave minute5 4 c s d'avances Le . éléments plus nettement factieux n'étaien encors pa t e groupés autoue d r

(7l) A.Philip: "Les Socialistes", op.cit., p.161. 536

la place. Il y avait des graduations dans les cris. Le nom de Guy Mol- premie n venaie e n s t pa partidantre le a lieu y un cettse e d l I .e popu- lation des éléments très troubles, qui font du racisme l'essentiel de leurs préoccupations cri s s pluLe le s. s fréquemment entendus étaient " Mendès-Franc poteau!"u a e les sba juifs!"A " , . Catroux venann e t deuxième position et moi-même en troisième. Dans la ville toutes les fenêtres étaient fermées averideaus de c x noirs drapeaus de , x noirs, des draps noirs. Quan a Policel à t , mieuparlern e s x pa vauMa . e n t Lejeune et moi, nous sommes trouvés face au drapeau et avons fait du- rer la minute au moins une minute trente. Nous avons eu une attitude assez crâne. Le fait est que l'attaque a été bien organisée, bien me- premières néeLe . s grenades lacrymogène é lancéeét t r leon pa s mani- festant r lasu s voiture foula L . esuiva e cortègl i e jusqu'au Palais d'été. J'ai trouvé une organisation invraisemblable... Les troubles se sont aggravé e débul s l'après-midi..e d tdè s Préfee L . t avait annon- cé qu'i refuseraie s l t à assurer l'ordr oe s Générael ù ca dan- e l sCa l troux viendrait.. meilleurs Le . s troupes dans Alger étaient occupéeà s protége Algérois le r s contr Casbaa l l ei fallai r hca t empêchers le e qu Musulman descendene n s t dans i auraiAlgequ e c r t provoqu bouchee un é - rie." (72)

Tout avait effectivement été bien préparé: le 2 février, il a fallu jucher M.Soustelle i quittaiqu , t le Gouvernement générale un r su , automitrailleuse pour l'arracher à la foule qui l'adjurait de ne pas abandonner l'Algérie. Ce fut l'occasion pour la droite algéroise de tester la combativité de la masse européenne et de faire en quelque sorte une " répétition générale ", quatre jours avant l'arrivée du Président du Conseil. Des conservateurs, comme de Sérigny, le directeur du quotidien " L'écho d'Alger ", aux fascisants tels qu'Ortiz ou Martel, en passan r Watinpa t , Lagaillarde, Arnoul Boyer-Banseu do , c'était pour a premièrl e fois l'occasio rencontrere s e nd s'unie d , r dan e mêml s e refus violent de tout mouvement.

(72) Réunion du Groupe parlementaire du 15 février 1956. 537

Pour lfévriere6 organisations le , s dites " patriotiquesu a " sein desquelles le Comité d'entente des Anciens Combattants occupe une place prépondérante, lancent d'ordrmo n grève u ed t e générale s t e préparent à manifester dans la rue, spécialement autour du monument aux morts, sur le plateau des Glières, où le cortège officiel fera sa pre- mière halte.

matiEe février6 c n u nd , Tëditoria "Populaireu d l " annonc- so e lennellement pressios : Le " ultrass nde , les démonstration force d s t e de violence seront sans efficacité " tandis que " L'écho d'Alger "supplie " M.René Coty de mettre le Gouvernement en face de ses responsabilités."

Parti de Villacoublay peu avant midi et accompagné de plusieurs membres du Gouvernement, Guy Mollet retrouve à Alger, à 14 h 40, M.Le- jeune dëp&ché deux jours plu t poustô r prépare r placsu r e séjouel u d r che Gouvernementu d f l'aéropore D . Maison-Blanche d t centru ea e d'Alger, c'es agglomératioe un t n morte, paralysé a grèvel traversr e epa qu , e el cortège officiel: tous manifestantle s s sont massé r dizainepa s e d s millier r le Micheplateae l su sru t Forum e » s r let ude e fron l me , e d t Glières où doit avoir lieu la cérémonie du dépôt de gerbe au monument aux morts. Celle-ci débute dans un silence pesant encore observé par la foule. ll Mais les hommes d'Ortiz sont disséminés dans l'assistance, qu'ils noyautent et quadrillent habilement. Et un premier cri fuse: ft Catroux à la mer!*, "Mollet au poteaul» C'est un signal. Un millier de voix, s quinzsux huile di r u t eo mill e personne i assistenqu s a l à t cérémonie, reprennent les slogans. Puis on entend u Algérie française]-" 11 L'armée avec nous!*... Cette fois, toute la foule les entonne. C'est une marée qui monte, une tempête qui s'enfle et qui gronde. Guy Mollet t maintenanes pie u monumenu a t d mortsx au tl I dépos. gerbea s e , fait deux pas en arrière pour observer une minute de silence. C'est à ce mo- ment que les activistes passent à l'action. Ils ont apporté des muni- tions pommess de tomates:s de , fruits de , s divers t avancése , , s'abat- tent sur le petit groupe des officiels... Dans la foule, des jeunes soudain déchaînés se saisissent de tout ce qui leur tombe sous la main: 538

des pot fleurse d s branches de , s d'aloés mottes de , terre d s e arrachées au gazon, et les projectiles pleuvent sur les officiels. De pâle, Guy Molle t devenes t u livide abrègn O . a minutl e silence..e ed Présie L . - den Conseiu d t l s'introduit dan a Delahayl s i démarreequ dernièra S . e vision du plateau des Gliëres, ce sont des centaines de visages convul- séhainee d s poinge d , s brandis a voiturl tandie toil e e d t qu se réson- ne de tout ce qui s'abat sur elle." (73)

La manifestation dégénère rapidemen t tourne t l'émeuteeà e l : Président du Conseil s'étant rendu au Palais d'Eté, siège du Gouverne- ment Général, le mot d'ordre " Tous au Palais d'Eté!" parcourt la foule. Pendan bonne un t e parti 1'après-midie ed coms de , - oo h partià ,5 1 e d r mandos de manifestants vont harceler les forces de l'ordre et tenter de franchi grilles le r s du"G.G.". Il faudra tout solidita el C.R.Ss éde . pour s'opposer à cette entreprise et parvenir enfin à " nettoyer " le centre de la ville.

Ces événement lumièrn e s s s agitélacunemi le e t on ss incroyables de 1'administration française en Algérie: la police chargée partielle- ment du service d'ordre autour du monument aux morts a sympathisé immé- diatement avec les manifestants. Selon le Maire d'Alger, M.Chevallier, e Préfel Policee d t , M.Pontal t révoqufu i qu ,é dans heurele s s suivan- tes, ravitaillait lui-même les manifestant grenaden e s s lacrymogènes.(74) Heureusement, outre les C.R.S. venus de Marseille, les parachutistes du général Massu ont été mobilisés pour compléter le dispositif de sécuri- té: ils ont tenu bon autour du monument en empêchant la foule de se

(73) Pierre Guillemet, HistOTia Hors série n°8, p.186-187. (74) "Les premières bombes lacrymogènes sontgui tombées Algerà n'ont pas été lancées par la police sur les manifestants, mais c'est moi gui les ai reçues sur ma voiture. Elles étaient livrées aux manifestants parpolice...Lesla tracts appelaientqui révoltela à étaient tapés et ronéotés Gouvernementau Général, papierdu sur au GouvernementGé- néral, par du personnel du Gouvernement Général. La grenade ordinaire est montée jusqu'à 4OO F pièce, les fusils mitrailleurs à 75 OOO F." ( Guy Mollet devant la Conférence des secrétaires des Fédérations SFIO, 18 mars 1956, p.226.) 539

ruer sur les ministres. Au sein du Gouvernement Général, l'inorganisation est terrifiante: t tt impossiblIIes e dan e Palail s s d'Et Gouverneuu éa r Généra Préu a -t e l fet de téléphoner à la Préfecture ou à n'importe quel service de la ville sur une ligne directe. Il faut passer par le standard et obtenir l'auto- risation de la standardiste. Il est impossible au Président du Conseil en exercic téléphonee ed Présidenu a r a Républiqul e d t e sans être écou7 té par tous les standardistes. La seule ligne directe qui existe est à la Préfectur t liée Ministèr u ea l'Intérieure ed m'e J .y suis rendu. C'était parfaitement inaudibl t j'aee avoiû id r recour messages de à s s portés par avion, la seule liaison valable étant la liaison de l'autori- té militaire... Il fallait avoir recours à la radio de Paris pour savoir comment les choses se passaient exactement à A1ger.w (75)

Tout aussi dramatiqu t l'effeees t produie Présidenl r su t u d t événements Conseile r pa l s don l i tvien t d'être victime. Il sembl- vé e ritablement " traumatisé t "e " choqu ésenu a " s médica termeu d l r ,pa ce qu'il vient de subir.

M,Pinea seulemenn u no écri e qu te voyagl t e à Alger était inoppor- n maitu s qu'en plus a personnalitl " Molley prêtaie s à Gu e s n e t éd pa t ce genre d'expériences.. défaun So . t majeur étai mêmn e t e temp plua s s s grande qualité. La plupart de ses adversaires et même de ses amis le prenaient pou êtrn u re froid, indifférent l I .possédai contrairu a t e une sensibilité épidermiqu t profondee hommn u , e Or .politiqu doie es t de rester froid moinu a , s dans certaines circonstances. Il doit pouvoir résiste impulsions se à r s personnelles, même s plule s s noblesn u i s , intérêt supérieur l'exige. Il lui faut parfois se déshumaniser. Envoyer Guy Mollet dans un lieu où le sang risquait de couler constituait donc une erreur de jugement." (76)

(75) Guy Mollet devant le Groupe parlementaire du 15 février 1956. (76) C.Pineau, op.cit., p.18. 540

u importPe e les prédisposition exposaieni qu s Présidene l t u td Conseil à être sensible à l'adversité. Le fait politique massif, qui s'impose, c'est le renoncement du chef du Gouvernement à certains dis- positifs essentiels de sa politique algérienne; or ce renoncement que nous allons examiner dans un instant est indiscutable. Tous les témoins tous les observateurs, bienveillants ou malveillants, tous les hommes politique connaissaiene l i qu s t plu u moino s s s'accorden tà explique a l r passivit y MolleGu e d ét devant l'émeut a "s capitulatio t e n " immédia- douloureusa s r tpa e e surpris constau ea compositioa l e d t n socials ede manifestants algérois du 6 février.

" Guy Mollet a été sincèrement impressionné par le fait que les manifestants étaien n grandte e parti s travailleurde e s modestes enl I .. a subi un véritable traumatisme. J'ai été étonné de son étonnement. Les milliardaires n'ont pas l'habitude de descendre dans la rue en groupes compacts et de se heurter aux forces de police... A Alger, certes, des hommes qui avaient voté pour des socialistes et des communistes, avaient manifest x côté eau s conservateur sde s réactionnairesde t se fallail I . t leur expliquer les projet Gouvernement.u sd " (77)

croie "J s profondémen vérita l t t qu'iconfiann ée di a ln u tà rédacteur du "Populaire"; " Quand, en passant devant la Grande Poste, j'ai vu le drapeau en berne et tous les postiers me tournant le dos, mes bons camarades, et Dupont, et Durand, qui refusaient de me saluer voir e mêmm t e e d e ,m'é j j'aé bouleversé-e ét iqu sui e m t sdi e j t ,e tais trompé." Cela sent le vrai. Guy Mollet s'est rendu à Alger comme s'il était allé mettre à la raison, lui secrétaire général du parti, la

(77)E.Depreuxf op.cit., p.443. M.Mondes-France confirme cette impression en déclarant: "II (Guy Mollet) a découvert soudain une réalité qui l'a stupéfié." C'est incroyable, disait-il au retour, à l'EDF d'Alger, où majoritée un a e communistey d l i s 9O%ù voixélectionsx o de au t e s pour Sécuritéla Sociale vontCGT,proclaméla a à on grèvela pour l'Algérie française. Tout mondele faita grève!"Il n'en revenait d'avoirpas trou- vé en face de lui, non quelques gros colons, ceux qu'il avait dénoncés dans les meetings, mais une masse de coiffeurs, de garçons de café, de petites vieilles, de retraités, de traminots, de gens modestes,," ("Choi- sir", op.cit., p.lOO,) 541

section socialiste récalcitrante de Doullens ou de Béthune. Or, il a trouvé forte partie , parm,et i les plus hostiles syndicalistess le , s ,le fonctionnaires présentés»constamment par Bidet et consorts comme des li- béraux, et que j'avais souvent dénoncés, ainsi que Lacoste le fera à son tour, comme les plus attachés à leurs privilèges. En voyant ses cama- rades socialistes, syndicaliste autret se détournee s cheu d r f socialis- Gouvernemenu d e t t français granu ,d d homnS.F.I.O.a l s Congrè de e d t se , y MolleGu t reçu chon tu c moral terrible, autrement crue celue qu s l de i tomates: on n'était plus camarades." (78) André Philip enfin a fort bien analysé les fondement wa l surpris e d s Mollety Moly Gu eGu e -*( d :l i ll le reconnut} t ,a grand s à e stupeur, ceului iqu x lançaien tomatess tde ; c'étaient des ouvriers et petits fonctionnaires français qui, jusque là,

(78) P.O.Lapie, op.cit., p.641-642. Guy Mollet déclarera encore deux mois plus tard devant la. Conférence des secrétaires de fédérations de la SFIO: " Tout e mondel était dans a rue,l hurler,à à crierà u pe , à puiu pe s vouloir nous abattre. Tout le monde, écoutez cela: la CGT communiste a- vait donné 1'ordre débrayer,de organisationune syndicale avait donné l'ordre de débrayer, les camarades n'ont pas osé contremanifester, ils étaient dans la rue. Les administrations ont congédié leur personnel, enseignantsles même, ceuxmaintenantqui signent papiers,les avaient annoncé à leurs élèves: "Je ne sais pas si vous serez là, mais moi je y serain' pas."f Conférence s secrétairesde e Fédérationd SFIO 18u d mars 1956, compte-rendu, p.221.); et plus loin: "Ce gui m'a fait le plus de mal, ce ne sont pas les heures mêmes...les minutes mêmes...c'est le fait qu'entre l'avion et le monument, le long de la route, j'ai vu des gars quitter le boulot,... .quitter le travail, lâcher les pioches, pour venir routela bord hurlerau de me figure la à cracher et voi~ la sur tare, des prolos, tout ce qu 'il y a de plus prolos. Alors, cela, tout de même, c'était autre chose que des fascistes." (id.r p.229.) La leçon portéa puisque MolletGuy rajoute, avouant ingênuement samé- connaissance de l'Algérie.* "il y a une chose gué je ne dis pas en public que je vais dire ici: "c'est que, même à l'intérieur de cette masse, ce n'est pas pur, que même chez les gens modestes et petits, tout n'est pas pur, et que, parfois, chez les plus petits, cheK les plus plus plus petits, il y a du racisme. C'est guelgue chose d'effrayant.,.( Si un manoeuvre) était en France, sa femme torcherait le gosse, ferait la vaisselle, laverait le lingre,* là-bas, elle va trouver une femme kabyle battrequiva tapis,les torcher gosse,le faire vaissellela qu'el-et le va traiter quelques fois plus mal que le grand bourgeois ne le ferait lui-mêm asseza ei e moyens d lu parce e qu pour e permettres e traiterd autrement domestiques...C'estses parmi ceux-là qu'on trouve troupesles de choc, c'est parmi ceux-là, parce que ceux-là, alors, ils ont plus que tout à perdre, ils ont non seulement le bien, la vie, comme les autres, mais aussi le privilège, et il n'est pas cîe privilège auguel on soit plus attachéprivilègesles que quand sontils bas." (id., p.23O-231.) 542

avaient voté S.F.I.O. communisteu o , .

Représentan lae d t classe ouvrière, pouvaie in l s'oppose s pa t r partie a classl un àe ed e ouvrière. C'était oublier qu'en matière socia- e comml matièrn e e e nationale, c'es frontièrex au s tsentiment le e squ s s'exacerbent. Pendant longtemps, c'est l'Alsace qui a été la région la plus anti-allemande a Savoil , a plul e s anti-italienne mêmee D poin.u a , t de vue social, les mêmes français qui, en métropole, faisaient partie de la classe défavorisée, devenaient qu'ils dè , s avaient francha l i Méditerranée, les moins favorisés des favorisés; ayant, au-dessous d'eux, une masse famélique d'arabes qu'ils pouvaient dominer, et que leurs femmes pouvaient utiliser comme domestiques, ils avaient franchi la barrière; c'étaient eux, en particulier les petits fonctionnaires s petitle t e s commerçants i étaienqu , t directement menacés dans leurs intérêts vitaux r toutpa , e amélioratio niveae algérieu nd vi e d u t ne surtout par toute accession des arabes au pouvoir politique. Comme ils avaient été élevés, par leurs maîtres marxistes, dans le sentiment que leurs intérêts de classe étaient sacrés, et pouvaient être légiti- mement, défendu r tou s moyenpa sle s s efficaces, san e moindrl s e scrupu- le moral, ils devaient se laisser rapidement gagner par l'esprit fas- cist t raciste t constitueree , à Bab-el-oued notamment masses le , s qu'allaient mobiliser l'O.A.S." (79)

Su a mollessl r réactioa s e a d emanifestationl nà Molley Gu , t dira plus tard: " L'armée eut-ell i availu e e j obés i ordonn- s i ba e éd d'Isly"e laye ru l i ajout a t l re ; e d'ailleurs immédiatement : n'e j "y ai jamais songé " avant d'évoquer les difficultés qu'eut de Gaulle à partir de 1958 pour lui faire appliquer sa propre politique. (80) Cet- e explicatiot formn ne e d'excuse mélange les données: début 1956e l , loyalisme de l'armée française en Algérie ne fait aucun doute, c'est d'ailleur e servicsl e d'ordre assur r l'armépa é i évit offix qu e eau - ciels, devan e monumenl t mortsx au t , d'être bousculé a foulel r pa s.

(79) A.Philip: "Les socialistes", op.cit., p.162, (80) cf.R.Qnilliotf op.cit., p.557. 543

La désagrégation de son obéissance au pouvoir civil ne commencera que courant 1956.

A l'inverse, le Président du Conseil déclare: " Pendant toute la soirée e n'euj , s qu'une préoccupation: évite s mortsle r . Sans doute cer- tains peuvent-ils dire que j'ai eu tort historiquement, puisque les Ara- bes et les Kabyles ont pu considérer mon attitude comne une capitulation devan s pieds-noirsle t ; mais humainement.. suicouche s m pa s e n é e J . avan savoie d t r qu'i y avain' l t aucun mort dans les hôpitau le ad x vil- le." (81)

Cette dernière déclaration laisse rêveur. Passons sur ce qu'il est convenu d'appeler la " grandeur de sentiments " révélée par ces phrases. Ell manière ed rejoint e e i inattenduic t critiques le e e l e squ même Guy Mollet adressait à la direction blumiste de son parti en 1945- 1946. Or, voici que sous le militant apparaît l'Homme avec un " II " majuscul i préfèrequ e agir " humainement " plutôt qu'avoir raison " his- toriquement marxisme "l : e sévèr t impitoyable a traditiol e ed n gues- diste cède spectaculairement et franchement le pas au sentimentalisme à rebours. Jamais l'absence de " morale révolutionnaire " n'aura été aussi clairement perceptible chez celui-là même qui en réclamait à

(8l) cf.R.Qullliot, op.cit., p.557. 544

grands cris le respect dix ans plus tôt. (82)

Et pourtant! D'autres leaders socialistes avaient su faire res- pecter Tordre publi d'autren e c s temps: Blum lui-même t Rogee , r Salen- gro, son ministre de l'Intérieur, n'avaient pas hésité à faire cesser, pa e recourl r a forcel à s , certaines occupations d'usine juie d sn 1936; t Julee s Moch s'était illustr 194n ée 8 dans l'expulsio grévistes nde s du carreau des mines. Dans ces deux cas, il s'agissait d'éviter les dé- bordements gauchistes ou de contrecarrer les " complots communistes ". Les gouvernants socialiste seraient-ile n s s capable fermetée d s l'ià » - mage de leurs homologues allemands de Weimar, que lorsqu'il s'agit de ré- primer sur leur gauche? Guy Mollet serait-il un nouveau " roseau peint en fer ", comme le disait Blum de Daladier après le 6 février 1934 et sa

(82) Jean-Marie Domenach écrit dans Je numéro 236 d' "Esprit "f mars 1956) proposà a sortie l e livreu d d e Coletted Audry r "Blum su u l o a politique juste"u d : aperçoitn "O , derrièr portraie ec Léone (d t Blum), s'en esquisser autren u , plus actuel, derrière cette faiblesse- au e un tre, non moins angoissante. Guy Mollet n'est pas l'héritier du Blum humaniste idéologique,et puiséa mais il chezmêmesaux Blumou - sources mêma l e« illusio convaincre nd e l'adversaire alors qu'il fau- drait frapper, mêmela illusion séduire,de l'émouvoirde alorsque c'est lui déjà gui le paralyse. Blum disait: un homme aussi s&nsible que moi, aussi dévoué au bien public... Et Guy Mollet à Alger: "Moi, pupille, ancien combattant..." jf Mais la haine et les insultes leur répondent également/ et la même stupeur envahit Blum attaqué dans sa voiture par les camelots du roi, Guy Mollet conspué par leurs congénè- res d'Alger, mêmela stupeur d'être incompris, méprisé, alors qu'onne voulait soi<-même que le bien. ... Retenons cependant la leçon: l'ordre établi n'est pas fort seule- argent,n pouvoirn mentso so e e d corruptione d d , maiss aussise e d usages, de ses /bonnes manières, et de ce qu'il appelle son bonheur guand il s'adresse à des nommes d'honneur. II est sans doute impossi- d'êtreble révolutionnaire sans déclarer,comme Saint-Just, gensaux de l'ancienne société: a rien commun"IIde n'y entre vous nous."et Et a forcel telles choses, t a forcede l es s ennemis, t de e qu'il pro-t es bablement impossible d'être même réformiste sans cette rupture rigou- reuse, sans minimumun d'éthique révolutionnaire." (p.365 368.)et f Recevant journalistesles février6 le vers heures,19 MolletGuy leur déclare- "Je prévoyais des heures difficiles. Elles l'ont été. Je suis un pupille de la nation, un ancien combattant, un résistant. Je regrette 1'incompréhension après-midicet action 'aij mon lue de que dans les yeux de mes anciens camarades de combat." 545

démission devant les ligues d'extrême-droite?

Albert Camus regrettera la différenc traitemene ed t entre - lesma nifestations musulmanes et celles des"pieds-noirs11; il déclarera à pro- pos du 6 février 1956: " II fallait prouver aux musulmans qu'il n'y a- deuxvais pa t poids, deux mesures besoinu A . l i ,fallai t tirer."(83) L'estimation des mesures à prendre ne pouvait être faite que par les ac- teurs directs. Il n'en reste pas moins que les décisions qui ont suivi l'émeute ont pu passer à juste titre pour une capitulation du Gouverne- ment.

- Les^conséqjjences_immédîates_du_6_fêvrier8 -1956

Elles sont spectaculaires: à 16 h 10, alors que l'émeute bat son plein, le Préfet d'Alger, M.Colaveri, fait un rapport de la situa- tion à H.Burin des Roziers, chef de Cabinet du général Catroux dont l i dépend. Celui-c prépare s i rendreà e visit Présidenu ea t Cotyl i : prend alor a décisiol s démissionnee nd postn ministrso e ed e d r e rési- dent pour lever l'hypothèque qu'il représent t permettre - ees dann so s prit l'applicatio a politiqul e nd Gouvernementu ed .

30h e l généra,6 1 A l Catroux, à l'Elysée, annonc M.Cotà e a s y décision au moment où Guy Mollet téléphone au Président de la Républi- que pour l'informer de la situation à Alger. llll fait un bref récit de a manifestatiol n don s échole t s parviennent jusqu'au bureau élyséen. Catroux, bouleversé, entend les réponses de René Coty qui lui souffle, entre deux réplique Mollety Gu à s : " mala Çv a , c'est l'émeute.* (84) Lorsque le Président de la République annonce l'intention du général Catrou démissionnere d x , le Présiden Conseiu d t l accepte aussitôt e t fait publier la nouvelle à Alger par un communiqué hâtivement rédigé:

(33; R.Quillïot, op.cit., p.558. (84) Yves Courrière: "Le temps des léopards", Fayard, "Le livre de po- che", Paris 1975, 7O4 p., p.3O7. 546

" Le Général Catroux a démissionné...Soucieux de ne pas ajouter au drame i divisqu e déjà l'Algérie, j'ai accepté cette démission..-"

II semble bien que la démission du général Catroux ait été accep- tée par Guy Mollet sans qu'aucun membre du Gouvernement n'ait été préa- lablement consulté. Juridiquement un Conseil des ministres était seul habilité à T'accepter. Les conditions d'une consultation même réduite, événementss de u fe e l , font qu'o sauraie n t reproche Molley Gu à tr d'avoir pris en la matière des responsabilités outrepassant sa fonction. Du reste information-consultatioe un , t lieneu u dan s heurele si qu s suivirent, toujours par téléphone et M.Mendès-France déclara: " Quelles que soient les erreurs passées, il faut s'en rapporter à l'homme qui r placeessu tcoeu u a l'action,e d r e laissel t e , r faire,"

II n'en reste pas moins que le Président du Conseil a cédé à la pressiot accepte e le aru livree nd éd a têtl r e demandé r la pa efoule . Il en fut d'ailleurs conscient: "II sait qu'il fait montre d'une cer- taine faibless e- certain proches se e sd diron soir-le t c même qu eà à mi-chemin entre l'émotio a colèrel t ne s poing le , s serrés, réflexe ed l'homme d'action qu'il sait être, il répète: " Je n'aurais pas dû céder ... je n'aurais pas dû céder..." mais il juge plus sage de sauvegarder coun tête.u e d pl'aveni r brise e d su " e à l (86rqu r )

(85) Y.Courrière: temps léopards","Le des op.cit., p.3O8,

(86) id.r p.308-309. 547

Avait-i e choixl l générae L ? l Catroux lui-mêm e souhaitain e t guère le poste auquel Guy Mollet l'avait appelé, et il semble ne l'avoir accepté que par obéissance. Appelé en consultation, le 28 janvier 1956 pa e Présidenl r Conseiu d t l désigné t d'accores l i , d avec "lui pour mener conjointemen t vigoureusemene t t l'action militair s réformesle t e , mais fait des réserves sur l'instauration du collège unique qu'il accepte finalement, (87) L'annonce de sa nomination comne ministre résident provoquan à Alge t e levéun r e boucliersd e a droitl e d , e jusqu'à cer- tains libéraux, Catroux offre alor première un s e foi a démissios s à n Guy Mol!et:refusée.

Entre l'investiture du Gouvernement et son installation à Alger, Catroux reçoit des élus musulmans tandis que les élus européens d'Al- gérie refusent tout contact avec lui: il prend connaissance de l'agita- tion qui couve et des projets de manifestations formées contre la visite dfévrier6 u . Lor Conseiu d s s ministrede l Molley 3 févrie u Gu d s ù to r annonce qu'il précéder e général a l Catrou à xAlge e quelqued r s jours,ce- lui-ci marqu désaccordn so e pourraie : n e déclara"J e j e s qu consentii r pou parta m r à prendr, e possessio postn n quelqumo e e nd e sorte clan- destinement e devaij e respec u chargqu a a e l'autoritsd m t e t e ,e d et é gouvernementale dont j'étais revêt e fairentrén d u mo e à eAlge r ouver- tement et suivant les normes consacrées quoi qu'il put advenir." (83) Evoquant l'oppositio t nl'obje es dona parl s Françail i e tde td t s d'Al- gérie, il émet la crainte d'inaugurer son mandat par des troubles gra- conclusionn e , et s ve , offrnouvelle un e e foi a démissions s : nouveau refus.

Sa troisième offr e démissiod e n dans l'après-mid févrie6 u d i r n'est donc pas une surprise pour Guy Mollet et celui-ci devait très probablement l'attendre, sinon l'espérer. Le général Catroux étonné»

(87) cf.D.Catroux: ministère"Un quelquesde jours", "Réalitês"n°128,in septembre 1956, p.64 à 67. (88) id.f p.66. 548

des 1 janvier,pal3 e r l'ampleu s protestationde r i suivirenqu s t l'annon- ce de sa nomination, n'envisageait plus qu'avec beaucoup de réticence son maintie n postee n , convaincu qu'i l a missios étai e qu e pouvait n n t être meriÉ à biee i s nTun s deude e x parties, européenn musulmaneu o e , s'opposait à sa présence à Alger. Se faisant da son rôle la conception d'un arbitre entr s deule e x cormiunautés, conceptio Molley Gu t e e t qu n les autres membres du Gouvernement partageaient, il lui fallait être d'emblée accepté par les deux camps. Cet irréalisme ne pouvait conduire qu'à d!es déceptions et à l'échec. (89)

Les autres conséquences de la manifestation du 6 février décou- lèrent toutes de l'acceptation de la démission du général Catroux. Le premier problème, urgent, étai tremplacementn celuso e d i .

Lfévrier7 e Molley Gu a procéde, v t s rconsultation Je à s télé- phonique s autrede s s membre Gouvernemenu d s t avan e nommed t n nouveau r u ministre résidant. Aucun volontaire ne se présente pour occuper ce pos- e quit e plu d ,n plus e s , apparaît comm chausse-trappee un e . M.Defferre premier " pressenti " décline l'offr plutôu o e e l'acceptn t soue qu es certaines conditions qui paraissent alors draconiennes et visent à une liberté total moyense d e : " N'y avait-i s danpa ls tou e personnel t - po l litique un homme assez mithridatisé contre le poison du pouvoir pour i l'attendairésistequ e c à r t IS-bas?... Defferre, peut-être, aurait

(89)choce L moral reçur Gupa y Mollet empêchait tout recours a forl à - l I déclarera . ce a Conférencel à s secrétairesde fédéraux: "Catroux m'offrait sa démission mais je pouvais dire "Catroux restera"., j'ai envisagé l'hypothèse. Ça voulait dire que je n'avais pour le faire, dans l'immédiat, C.R.S.gué voulaitmes Ça dire qu'il avaity soirle plusieurs milliers, ou dizaines de milliers de morts dans Alger car, de minute en minute, ça s1aggravait, la situation s'aggravait chez les musulmans d'Algérie et j'étais obligé de faire protéger ceux qui vou- laient me descendre contre les flots de musulmans qui voulaient venir crier dans les rues leur accord avec le Gouvernement ou son Président.. Je pouvais avoir ÎOOOf 2OOO, 5OOO morts, c'est-à-dire pouvaisje que créer la~bas quelque chose de définitif.,, imaginez que nous ayons vécu ces vêpres algéroises, que nous ayons connu le drame entre Musul- mans Françaiset d'origine? C'en serait finil'Algérie...de n'aiJe pas voulu ca...( Conférence des secrétaires SFIO, 18 mars 1956, compte- rendu, p.223-224.) 549

tenu le coup. Parce que lorsqu'on a l'habitude d'être le seigneur de Marseille, et de se conduire comme un grand féodal, ce ne sont pas les voitures à cocarde, Tes soldat i présentensqu armess tle , les Palais et les acclamations qui vous tournent la tête. Ils sortaient sur leur balcon, criaient "Vive l'Algérie Française!" e faisaien,s t applaudir et se croyaient aimés, ces braves ministres résidents, pensez donc! Defferre aurait tenu. Mais ia prévenl u qu'il serait sauvage." (90) II semble qu'après lui, la nominatio x Lejeuné envisaMa ét e t d n eai - gée par Guy Mollet, puis celle de Jacques Chevallier, le maire d'Alger, le premier étant écarté finalement pour ses liens avec l'armée et son nationalisme exacerbé e secon,l d poun libéralismso r i lequ e ren- in d supportabl s administrésse à e . (91 e bouscul)s Brefe n pou s n ,pa o e r remplir le vide créé par la démission de Catroux, La pauvreté réelle du personnel politique socialiste,dissimulée par un foisonnement su- perficiel, oblig y MolleGu e t à faire appe à ll'umembres de n Gouu d s - vernement; " Alors, c'es u vieuta x militant copaiu ,a e toujoursd n ,à Mollee ,qu t demande " comm servicn eu e e prendr"d e l'Algérie." Toi seul peux nous sauver,dit-il. Tu es un homme de carac- tère. Viens!" La décision est prise en six minutes. Il s'agit d'être bref, les communications téléphoniques peuvent être interceptées. Et ce dialogue ferait mauvais effet! Lacoste accepte le cadeau empoison- né. Et il faut toute sa " tripe républicaine " et son sens de la soli- darité de parti pour accepter. En effet, Lacoste abandonne en quelques minutes le portefeuille des Affaires économiques, son bureau de la rue de Ri voli et les huit secrétaires d'Etat qui étaient sous sa coupe. Lacoste, rue de Rivoli, c'était la réalisation d'un vieux rêve socia- liste et aussi d'une ambition personnelle. Tenir enfin l'un des quatre grands ministères était le couronnement d'une carrière politique bien

(90) F.Giroudf op.cit.r p.221. Edouard Depreux apporte un témoignage quelque différent:peu "Gaston Defferre, seul, déclinéa telleune of- fre, en faisant observer que la. résidence à Alger le contraindrait à

renoncer à la mairie de Marseille".( op.cit. p.443.) r (91) aussi fut "pressenti" et déclina l'offre. R.Quilliot mentionne Depreuxque Savaryet virentse aussi offrir poste.le 550

remplie, Lacoste y renonce pourtant. Son Président du Conseil est dans l'embarras, personne ne veut l'en sortir, il doit y aller. "C'est un problème national, c'est auss devoin u i r national devoir.n Mo . t surE " - tout le taureau Lacoste, le lutteur, le syndicaliste, ne veut pas se dégonfler." (92)

En fait, Lacoste avait déjà été contacté fin janvier par Guy Mollet pou e postc r e ministrd e e résiden choin t so e avane t n xe qu t s'arrêt e général r su e l Catroux. C'es a fermetcaractèrn l t so e d é t e sa poigne qui font revenir, faute de mieux, le Président du Conseil à son choix initial. "Lacoste, c'est avant tout le syndicaliste,- ancien compagnon et favori de Léon Jouhaux. Il a gravi en trente-cinq ans de carrière - il a cinquante sept ans - tous les échelons du syndicat, a politique..l pui e d s . Pour passe syndicalismu d r a politiquel à e , a fall l i à uRober t Lacost a Résistancl e e qu'i a faitl e magnifique- ment... Ia poul e Gaulled r , qu'i a connl u aprè a Libérationl s e un , immense admiration. D'ailleurs sur son fanion de ministre résidant, celui qui flottera sur la voiture officielle - et qui explique souvent beaucoup de choses sur le personnage et sa mentalité - il fera broder ses initiales R.L., les armes d'Alger, une croix de Lorraine ( la Ré- sistanc e Gaull d t poue t e ) e folklorel r ajouty l i e e huit étoiles.. Jovial, mais aussi coléreux, ne tolérant pas qu'on se mette en travers de son chemin, Lacoste a un " nez " politique assez étonnant. Ce ba- garreuprudentn u t chevae es r C . e laboud l r contourn e plul e s souvent l'obstacle. A droite ou à gauche. Parfois, rarement, il le saute. Ad- mirablement. Comme un pur sang." (93)

M.Fauvet porte sur lui un .jugement plus inquiétant: " L'homme a du courage et de l'intelligence .Parce qu'il est issu du syndicalisme et qu'il a combattu le réarmement allemand, il a été classé à gauche. En réalité, il est mû par deux sentiments: le goût de l'autorité et

(92) Y.Courrièrei "Le temps des léopards", op.cit.f p.31O.

(93) id.f p.312. 551

le nationalisme auxquel tempéramenn u s t impétueux donne - souvenex e un t pression brutale, sinon conmune,pl{94)

La nomination de Robert Lacoste n'intervient que le 9 février et son arrivée à Alger a lieu le vendredi 10. Guy Mollet l'y accueille avant de rentrer en métropole le samedi 11 février. Toute sa semaine auré occupé a réceptionét l a r pa e Gouvernemenu a t Général d'une série d'organisations politiques, économiques ou sociales, réception entrant dans le cadre de sa mission d1 "information". Le Président du Conseil reçoit ains s personnalitéle i s représentative deus sde x communautés, des élu seconu sd d collèg associationx eau s patriotiques dont certains avaient, le 6, appelé à la manifestation contre lui. Il justifiera attitudeainsn so i : l i "s'agissai t d'empêche majorita l e a l qu re éd population reste accolée aux dirigeants fascistes. Je crois y avoir réussi car dès le lendemain de mon arrivée on pouvait constater un changemen climate d t trèa L . s grande majorit le aéd population fran~ çaise est prête à accepter certaines concessions. Avant d'attaquer les factieux, il est indispensable de mettre en plac certain u e n nombr dispositions.e d e " (95)

De retour à Paris, Guy Mollet doit enfin procéder à la désigna- tion d'un remplaçant de Robert Lacoste, a la tête du Ministère des Af- faires économiques; et de nouveau il y a pénurie de candidats. Jules Moch est tout d'abord contacté: il se récuse en invoquant son attache- men postu a t délégue d e Gouvernemenu éd t françai a l sous-commissio à s n du désarmement de l'O.N.U. qu'il occupe depuis 1951; il n'éprouve vrai- semblablement aucune envie de travailler au sein d'une équipe dirigée "pan u camaradr e " auquel pardonne in l i l'éviction e majorita l e nd é blumiste de 1946, ni ses positions sur le réarmement allemand à propos de la C,E.Df (96) II suggère la nomination de , conseil que

(94) J.Fauvëtr "La IVème République", op.cit., p.4O6. (95) Comité directeur du 22 février 1956, compte-rendu, p.138. (96) cf.J.Moch: "Une si longue vie", op.cit., p.497 499,à 552

Guy Mollet va suivre de manière inattendue, s'i l'on se souvient de tout i avaiqu e t c opposé les deux homme n 1947e s . "Entr Molley Gu et e Paut l Ramadier,les relations avaient raremen é anènesét t premiee L . r n'avait- il pas combattu la politique indochinoise du second et provoqué son re- trait, avec l'espoir de ramener Blum au pouvoir? Les tempéraments s'op- posaient: raideur chez l'un qui se réclamait du centralisme montagnard» rondeur chez l'autre qu'inspirai e fédéralisml t e girondine l e Norl ;t e d Midi; l'espri e partd t t e l'individualismi e tempéré sensn u n ,E . Paul Ramadier étai t n'étaie t s l'homm pa a situationtl e d e : nul n'avaià t craindre de lui des mesures draconiennes, ou une politique de rigueur; il suivai len sno tcrête s mais valléesle s , contournan s difficultéle t s plutôt que de les aborder de front; il connaissait l'arsenal des astuces financières, l'art d'adouci s pilulele r s amères." (97)

Ouïes Moc t e Edouarh d Depreux sont d'accord pour reconnaître qu e Ramadier n'accepta de s'installer rue de Rivoli que par devoir.(98) Décidément, l'enthousiasme ne caractérise plus guère les " délégués de la S,F,1,0 u Gouvernemena . t ", qu'il s'agiss e Lacost ed e Ramadierd u o e . L'épisode illustre bien cette grande pauvret partu éd i socialist- ma n e tièr e personneed l politique t contraines l i : e recourid t rJulen Su s Moch ou un Paul Rarnadier, hommes politiques à l'état d'usure avancé, rescapés de la Illème République, qui ne manquent certes pas de valeur maia i volontl auguren qu e s d e l changemend é ma t s socialistede t s fran- çais, (99)

Enfin, au-delà de la " valse " des responsables, il faut examiner

(97)R.Quiîliot, op.cit.f p.628.

(98) cf.J.Moch; "Une si longue vie", op.cit.r p.499 et E.Depreux, op.cit. p.444, (99)Raymond Aron ÎOle écrit févrierdès proposà débutsges-la des de tion Lacoste aux Affaires économiques dans e iigarol ; "Ceu i imagigu x - naient que la formule "il faut que cela change"pourrait recevoir une traduction immédiate dans l'ordre économique ont été déçus. Mais on se félicite que le retour de la déraison électorale à l'ingrate réalité ait été aussi rapide.-" Ce n'est certes pas le remplacement de M.Lacoste par Paul Ramadier gui "gauchira" la politique économique du Gouvernement, 553

les conséquences du 6 février en Algérie même, sur les populations en présence: M.Joseph Begarra, représentan départemenu d t t d'Oran à l'As- semblée de l'Union française, membre du Comité directeur de la S.F.I.O. écrit e peu"J : x témoigneMolley Gu a e conservt qu r é toun calmeso t t e , devant les 70 000 manifestants algérois, et au cours des réceptions de nombreuses délégations venues au Palais d'Eté: anciens combattants, syn- dicat e colonsd s , associations d'ultras les plus diverses Molley Gu . t n'a rien cédé, n'a rien abandonn a politiqus e d é e algérienne t notame , - ment au sujet d'élections au collège unique." (100)

L e à maie l siturecus s e s n pa edanl s l'acceptatio a démisl e d n - sion du général Catroux et c'est bien ainsi qu'il a été perçu, nous l'avons vu,notamment par la droite algéroise comme par l'ensemble de l'opinion publique métropolitaine, socialistes compris.

Pierre Commin, secrétaire général intérimaire de la S.F.I.O., dé- clare au Comité directeur: " Chez nos camarades, il y a un sentiment de malaise vis-â-vis de l'impression donnée que Ton a cédé à la violen- ce; " (101), tandis que Marceau Pivert regrette que Guy Mollet ait reçu à Alger du 7 au 10 février les " organisations fascistes ". Pierre Rim- bert: " L'acceptatio a démissiol e d n Catroue d n t interprétées x e comme une victoire des manifestants." (101) Edouard Depreux: "Je ne voudrais pas qu'il y ait l'ombre d'une critique contre notre camarade Guy Mollet, mai st certaijournée ies l un le a t qu njournée es d'échec."(1016 u d e )

Jacques Chevallier tire clairement la conclusion de l'épisode: 11 Cette aventure donnai Françaix au t s d'Algérie x pieds-noirsau , , le sentiment qu'il suffirait d'agi e façod r n brutale pour être les patrons

(100)Joseph Begarra; "Guy Mollet et l'Algérie" dans "Témoignages..", Société d'Editions Pas-de-Calais,du Arras 1977,p.f 144 p.W5.

(101)Comité directeur du 8 février 1956f compte-rendu, p.125 à 127. 554

et que rien ne les empêchait ainsi d'imposer leur volonté au Gouvernement.

On peut dirc'ese equ partià tmoment-làe c févrie6 e d re c e rd , le e195 qu Gouvernemen6 t françai perda s e contrôll u e a populal rée e d l - tio•Mrmn fr-anf-françaisa i ÇeP d'AlgérieH'fllnprîp.

Des cet instant, il suffisait que cinquante types de Bab-el-oued se réunissent sur la place des Trois-Horloges pour décider ce que Paris devait faire^e toue admettres s d Françai le sm pa e no n tu sa , d'Algérie, qu'i ailln e l e différemment. Toute autorité français s Françaile r esu s d'Algéri étea é détrui- e lfévrieret 6 . C'es fain u t t absolument indiscutable." (102)

Oean Daniel rapporte qu'Albert Camus port jugemenn u a t extrême- ment pessimiste: " II eut l'accablement prophétique. Il déclara qu'il connaissai sienss le t , les Français d'Algérie don l i tdevai t être jus- qu'au bou i s solidairet désormaie qu t e , e Gouvernemenl s seraie n t t plus à Paris mai Algerà s l I .annonç regroupemene l a libéraus de t x autous de r ultras ratonnadess le , contre-terrorisme l , sécession..a l t ee y n' l I . avait plus grand-chose à" faire désormais, selon lui." (103) •

La réactio a populatiol e nd n musulmane pour être moins spectacu- lair celle Français equ e de moins n'epa s t nprofondefu : Catroux;i S " ma démission a mis fin à une crise, celle de l'opinion des Français de souche, elle en a aggravé une autre, je veux dire la crise des rapports entr s Musulmanele s non-Musulmans."(104le t e s )

(102) Jacques Chevallier: "Mémoires de notre temps", p.245*246. (103) J.Daniel, op.cit., p.9l. (104) D.CatrouXf art.cit., p.69. 555

Dè a soirél s février6 u d e , le " 1 "group 6 élu s sde e musulmans fait le bilan des événements de la journée: après rëaffinnation de la nécessité de négociations et de la reconnaissance de 1* idée nationale algérienne l i déplor, a démissiol e générau d n l Catrou i avaiqu xa s t confiance et termine en concluant à sa dissolution car il n'a plus aucun rôle à jouer,

Cette prise de position est extrêmement significative: elle abou- tit, face à l'incapacit Gouvernemenu d é t françai à maintenis a lil r - gne qu'il s'était tracée , a reconnaissance^dl à a parl s eélu de t s modé- réSjde l'échec de leur propre démarche et de l'utilité de la lutte ar- mée engagé e F.L.Nl r pa e. (104bis découragemente L ) a méfiancl , e face aux initiatives métropolitaines reprennent désormais le dessus. Le 6 février effac s espoirle e e la qu sconstitutio Gouvernemenu d n e Frond t t républicain avait fait naître en Algérie cornue en France. La fonction d'arbitrage que les pouvoirs publics métropolitains prétendaient jouer dans le conflit algérien est faussée dès le départ et les musulmans le perçoivent très nettement: il sera difficil e reconstitued e e capital r l de confiance dilapidé lfévrie6 e e fair d t ee r croir a capacitl n e é du Gouvernement à tenir la balance égale entre les deux communautés.

Dès la première épreuve de force, le Président du Conseil a cédé a pressiol à s compatriotesse e d n a conscience n e l I . : "... cerdane un s- tain terrain eu mesure a r lequey su n l i ,l j'ai déçu l'instans Dè . ù o t je m'occupais du côté européen et français du problème, il s'établissait

(W4bis) Le ralliement du groupe des "61" à la stratégie du F.L.N. ne fait que précéder deuxde mois demiet celui de M.Fchrat Abbasqui aura avril 21 lieu le 1956 Caire.au 556

un déquilibre évident du côté musulman." (105)

Guy Molle dorénavana v t t s'arc-boute e programml r parn su rso -e d e ti et du Gouvernement pour démontrer qu'il n'a rien cédé aux manifestants s mesurele e qu s t prévuee s seront appliquées dan e mêml s e état d'esprit. Certes, rien n'a été cédé sur le fond mais les moyens humains envisagés pour l'application de ta politique algérienne ont été changés. La grande question désormai savois e nouveaud le t i s res s x responsables sauront atteindr n premièrfi s pieds-noir le a el e equ s peuvent désormais avoir l'espoir fondé de faire modifier.

Il faut pour terminer noter que l'armée, témoin laissé dans cet- te situation par le Gouvernement, a vu et pu retenir la leçon de la mise en échec du pouvoir civil par une démonstration de force. C'est bien l'autorité du Gouvernement et des pouvoirs publics démocratiquement dé- t signéremisfu i causn qu se e avec succès précédene L . t cré sere n é a pas oublié. (106)

(105) Groupe parlementaire, réunio février.5 1 u marsn d E 1956,- dé l i clarera à la conférence des secrétaires fédéraux; l'acceptation de la démission généraldu Çatroux"voulait dire gué j'avais, côté Fran-du des çais d'origine e sentimenl , t d'une gigantesque victoire Gouvernemente l / s'était dégonflé devant eux. J'avais vraisemblablement côté u s Musulmansd de a suitel t prouvéa -e que c'était vrai -une très grande déception parce que le Gouvernement s'était dégonflé,.. J'ai choisi. J'ai accepté la démission." {"Conféren- ce des secrétaires de Fédération SFJO, 18 mars 1956, compte-rendu,p.224.) (106)secrétairee "L général a SFJOl e d , réagissant comme membre d'une classe danset l'intérêt Parti,son de oubliait que, Président Conseildu investi par l'Assemblée nationale, il allait, en capitulant devant l'é- meute, porter coupun irrémédiable l'autoritéà l'Etat.de Il était dé- sormais établi qu'un vote peupleu d français, exprimant a souverainetél nationale pouvait être annulé, politiquela et Gouvernementdu retour- née,, par la pression de forces locales. Le suffrage universel était bafoué, l'onet pouvait ne plus avoir confiance dans partiun qui,une fois installé pouvoir,au faisait contrairele qu'ilce de avait procla- mé pendant campagnela électorale; c'était notionla même démocra-de étaitqui tie ainsi mise question."en (A.Philip: "Les socialistes",op. cit., p.162-163.) 557

La coalition parlementaire soutenant le Gouvernement est évidemment fort agité r lfévriere6 epa attaques Le . s plule s s vives contr Molley eGu t viennent de "L'Express". Le 11 février 1956, François Mauriac écrit dans son " Bloc-notes ", un article au vitriol, véritable morceau de voure d'une violence féroce: " Qu'allait-il faire à Alger? S'informer? Il n'était donc pas informé? Les réponses qu'il recevrait en Algérie ne lui étaient-elles pas d'avance connues? Vous pouviez demeurer à l'Hôtel Matignon, Monsieur le Président du Conseil: pour vous renseigner sur place Aumerann u , Borgeaun u , d eussent suffi. Le voyage à Alger, un voyage d'information? Quelle innocence! Un voyage d'exécution, voilà ce qui s'imposait.

... Qu'avez-vous cru? Qu'espériez-vous méchants Le ? s assurent qu1iln'exist deue equ x espèce socialistese d s : ceui sonqu x t trop malins et ceux que ne le sont pas assez,

...Mai i êtes-vousqu s laïqun U ? e stoïcie bronche n i sous nqu pa es s tomatesle ? Che chen u zGouvernemente d f courage-le c , laisse m à e froid, et c'est trop peu dire, .., Pourquoi revenir là-dessus? Pourquoi? Mais les forces fascis- démasquente s s te tempe L . s n'es tfaire s plus politesses e ede d s . Nous devons prendre la mesure des hommes qui occupent les postes de commande- men t done t c cell M.Gue ed y Mollet. Envers celui qui a sacrifié comme entrée de jeu Pierre Mendès- France et le général Catroux, je ne me sens plus personnellement lié. Le Front républicain? Qu'en avez-vous fait? Qu'en reste-t-il? Il s'agit bien du Front républicain! Cette journée du 6 février 1956 est grosse du même sombre enfant que celle de 1934. ,.. De M.Edgar Faure, emberlificoté dans ses propres toiles, nous pouvions attendre la soudaine invention, le sursaut d'une intelligence rusée. Mai magistee c s r immobile dan chairea s s ,classe facun eà e hur- i lante cèdboulex qu au et papiee e ,d s r mâché laisse n , e aucun recours à l'espérance," (107)

(1O7) F.Msuriac, op.cit., p.211 213.à 558

Lfévrie6 e t Mollele y re recuGu te d constituenl t l'étincelle qui met le feu aux poudres des rancoeurs mendésistes. Celles-ci sont d'ailleurs beaucoup plus exprimées par les lieutenants du leader radi- cal que par lui-même qui essaie de ne rien compromettre et de freiner la soi e vengeancd f s troupesse e d e . Jean Daniel rapport e la qu enouvel - le des événements algérois leur parvint * dans le bureau de Servan- Schreiber, où se trouvaient toute l'équipe ainsi que François Mauriac,' Albert Camus et Alfred Sauvy, Avant cette soirée, nous étions déjà fu- rieux. Nous avions lutté pour favoriser le retour de MendÈs-France au • pouvoir. C'était Guy Mollet qui y était parvenu. La fureur des uns s'ex- pliquait partiellemen te résulta c parc e qu e t mettai ternin u t à eleu r ambition. Ma colère, elle, était nourrie de ce que je connaissais de la récente histoire de l'Algérie, dans laquelle la responsabilité du parti socialist paraissaie em t aussi criminell cella e droite...Cettl qu e d e e soiré février6 u ed , Mauria i s'étaiqu c i efficacemens t t battu, engagé, compromis dans l'affaire marocaine t s'empêchepu e e n réjoui,s e d r r que sa passion pour Mendès-France fût à ce point justifiée par le gro- tesque échec de Guy Mollet. Le plus lucide d'entre nous, ce fut Camus." (108)

Chez les radicaux, l'occasion du 6 février est donc saisie pour mani- fester avec aigreur les réticences jusque là réprimées devant la direction socialist Gouvernementu ed , Pou a premièrl r e fois, l'antagonisme entre mendésistes et socialistes apparaît au grand jour. "Le Monde" du 19 fé- vrier 1956 publie des extraits d'une lettre-circulaire adressée par la directio partu nd i radica s lfédération se à s départementales; elle leur explique les circonstance e lad s constitutio Gouvernementu nd : le veto du M,R,P, et la mise à l'écart de M.Mendès-France du Quai d'Orsay y sont clairement mentionnés.L'affaire avait déjà été évoquée dans l'heb- domadaire "Demain", organe de la gauche européenne, proche de la S.F.I.O. et animé notamment par Gérard Jaquet, secrétaire d'Etat à l'Information, qui avait dénié début février que le M.R.P. ait lancé une exclusive

(1O8) J,Daniel op.cit., p.9l. 559

contre la présence de M.Mendës-France au Quai, en rajoutant innocemment: " Plus simplement raison e , le and nouvelle impulsio doie nqu t trouver la politique européenne -avec laquelle Pierre Mendès-France est désor- mais d'accord -on estime, dans les milieux de la S.F.I.O., que la pré- sence d'un socialiste à la tête de la diplomatie française ralliera plus facilemen a majoritl t soutiee éd n nécessair succèu ea l'expérience d s e d'un Gouvernemen Frone d t t républicain."

M.Mendès-France lui-même fait possibltoun so t e pour apaiser l'ar- deur de ses " jeunes turcs " qui mettront à profit le Comité exécutif radica mar3 u sd l pour attaque a politiqul r e algérienn Gouvernementu ed . Guy Mollet pourra ainsi déclarer: " J'indique ... qu'il faut faire une diivint-uion entre Mendès-Franc entouragen so t e . Certain amis se s e d s pratiquen véritable un t e idolâtrie. Quan t luidanà complextvi n u s,l i e permanent de frustration. ...En ce qui concerne la publication de la circulaire, il est vraisemblable qu'elle a été le fait de son entourage pour qui je suis l'usurpateur," (109)

Pour cette fois, les accrochages seront minimisés et les dif- ficultés aplanies, mais relationle s s Mendès-France-Mol!e resteronn e t t affectées momene L , t approch e l leade ù o e r radical encourags se r pa é proche posere s s a questiol a l'utilite nd maintien so e éd n dan Goun u s - vernement dont la politique algérienne lui paraîtra rapidement sans issue.

(1O9) Comité directeur février22 du 1956, compte-rendu, p.135 et 137, 560 561

CHAPITRE II

L' ENLISEMENN E T

ALGERIE

" Nous resterons Algérie,n e n no parce que nous sommes les plus forts, mais parce nousque avons raison,"(1)

(1) Robert Lacoste; Directive générale n°4 aux Forces armées, 3 avril 1957, in Bulletin intérieur S.F.X.O. n°93, juin 1957, p.lO5. 562 563

La journé févrie6 u ed r accélérea 195v 6 a clarificatiol r a l e nd politique algérienn Gouvernementu ed ; c'étai voyagtu d bie t nebu sûe l r Mollety deGu manifestatioa L , n algérois conséquences se t e s vont tenir lieu de révélateur de la nature profonde de l'attitude socialiste vis-à- nationalismu d s vi e algérien.

Dans e Populairl " décembr0 2 eu d " e 1955 Molley Gu , t déclarait; Asien E Afrique"n e » , les peuple l'Europe qu s e avait colonisés reven- diquent et conquièrent leur indépendance, leur autonomie, voire leur souveraineté complète. Nous avons connu ça en Indochine, puis en Tunisie, au Maroc et en Algérie aujourd'hui. Nous risquons de le connaître demain dans toute l'Afrique noire française,

L'Angleterre, pour sa part, a donné l'indépendance complète à TInde, à la Birmanie, au Pakistan, à Ceylan, la quasi indépendance la Fédération d'Afrique centrale, l'autonomie intérieur Nigeriau ea a l à , Côt l'Ore ed , Saurons-nous répondre à ïa revendication universelle de ces peu- ple i sl'Europ qu à enseignea a libertéî é s droitle , l'hommee sd i qu t e , i demandenlu t maintenan mettre d t e elle-mêm idées se pratiqueen e s ? Sau- rons-nous faire de ces peuples nos associés et nos amis? Les Français répondront. Ils doivent dire sans équivoque quel est leur choix entre un avenir de réconciliation et de paix et d'autre part une guerre imbécile et sans issue,"

Cette citatio t intéressantnes e dan a mesurl s e où elle montre equ le secrétaire général de la S.F.I.O., en pleine campagne électorale, avait parfaitement intégré dans son discours le fait majeur de la décolonisa- tion illustr r Bandoenépa moix si g s plus tôt. Elle montre surtout qu'il n'excluait de ce mouvement mondial AUCUN des territoires sur lesquels la France exerçait sa souveraineté: la revendication d'indépendance est reconnue comme " universelle " et la guerre menée en Algérie est quali- fiée violemment d1 "imbécil t sane s issue ". 566

Mais nous auron a partil e n'ess c s alor t pa e t - sla plus facile de notre tâche - à les convaincre que l'immobilisme n'est jamais payant, que s'accroche statu a r u quo, c'est perdre." retrouv{3n O }à mot , slà e couverts, l'enseignement du 6 février concernant l'attachement farouche des " petits blancs " à leurs maigres privilèges. La conclusion de Guy Mollet dès lors ne relève plus que d'une profession de foi optimiste: e suiJ " s revenu d'Algérie avec la certitude qu'ils sont prêts, dans leur immense majorité, à entendr s e s'oplangagc epa e - n e raiso d eà t e n poser à la nécessaire évolution." (4)

Devan e groupl t e parlementaire S.F.I.O. l i résumer, a ainsn so i analys a colonil e d e e européenne :sentimene L " e cettd t e population c'était qu'on allait a lâchel " rpetit e "..un .ea Iminority l é stric- tement fascistej les grands possédant e moquens i qu s t totalemena l e d t France et qui sont, eux, couverts, soit qu'ils désirent s'en aller, soit même qu'ils sont prêts à rester dans le cadre d'une République du type sud-africaine. granda L ) e(5 " mass e lad e populatio e répartis n t enfin entre certai n u " n nombr e néo-françaid e s don e pèrl t e était récemment encore italie t fai on espagno u ti no leu qu t r e lservic e militaire, ceux- i ayanc complexn u t e raciste souvent terribl t formane s troupele t e d s chos fascistesde c t l'immense , e masse dont le revenu annue t enviroes l n u revena inférieu% 0 u2 annuee d r l correspondant dan a Métropolel s s Ce . gens-l t touon à à perdrjoutn u ri s el'influenc e française disparaîn e t Algérie. Leur réaction était quelque chose de désespéré." (4)

(3) J.O, des Débats, A.tf., 16 février 1956, p.325. (4) Groupe parlementaire, réunion février15 du 1956. (5) "Vous savez bien n'esttout ce mêmetoujoursde pas que tellement spontané ce qui se passe lâchas. ( en Algérie ) Que le climat existant, que le vote des hommes qui nous ont précédés aient permis qu'il existe là des foyers tels qu'une opération étrangère puisse réussirf c'est une évidence." (Groupe parlementaire, réunion du 15 février 1956.) 567

En ce qui concerne l'adversaire, là aussi, le voyage d'Alger sem- ble avoir permi affinemenn u s a visiol e d t n qu'en avaien s socialistesle t . Avant le 6 février, Guy Mollet situait essentiellement en Egypte l'origi- ne principale de la rébellion (6); après le 6 février, des nuances im- portantes sont introduites; " En ce qui concerne les rebelles, il fau- drait fair distinctionss ede .incontestablemen a IIy certain u t n nom- bre d1hommes qui se battent avec les mêmes réactions que les nôtres dans la Résistance; même s'il n'est pas exact qu'il y ait une nationalité al- gérienne, il y a des hommes qui se battent avec un sentiment de patrio- tismegroupn u a . e y Maibeaucou l i s p plus nombreux d'homne i sonqu s t net- tement des agents de l'étranger: c'est la Ligue Arabe. Chez ceux-là, les préoccupations sont totalement différentes. Elles son détruire d t e tout t témoi a es présence,dl i e cnd equ e la puissanc a Francel e chose d e Un e. caractéristique est l'acharnement avec lequel on brûle toutes les éco- les .,,(7) Le dernier groupe moins important est composé de la lie de la société: des brigands." (6)

La rupture de cette analyse de la rébellion est à la fois nette t limitée r rapporepa s précédent le cellà t e equ s dirigeants français avaien fairu p t e officiellement: ell t nettees Molle y e Gu parc e t qu e reconnaît justement qu'il existe des musulmans ayant " un sentiment

(6) Groupe parlementaire, réunion février15 du 1956, (7) Révélatrice est l'insistance mise par Guy Mollet et l'ensemble des socialistes présencela sur éducative laïque et France: la de fana- au tismel'obscurantismeà et l'Islamde conquérant, opposentils écoleune républicaine porteuse de valeurs universelles et paraissant dépouillée de tout contenu idéologique contestable: "Chaque jour les extrémistes ( musulmans ) cherchent approfondirà fosséle entre deuxles collecti- vités, créerà l'irréparable s massacresle r pa d'Européens Musule d u o - mans, par les mutilations, par 1'incendie des fermes et, pire encore, pa e saccagel r s écolesde publiques." (souligné r nous,Mollety pa Gu -à l'A.N., le 16 février 1956, J.O. des débats, p.325.) Lors de la Conférence des Secrétaires de Fédérations, le délégué de la Vendée demandera qu 'en Algérie " l'école servicele et santéde soient mis au—dessus du débat." Guy Mollet répondra que, face aux destructions d'écoles dispensaires,de et Gouvernementle cherche solutionune mais n'en a pas encore trouvée. Il évoquera une sorte de " convention genre Croix-Rouge "( Conférence secrétairesdes fédérations,de mars18 1956; compte-rendu, p.139 et 14O .) 568

national, avementalite un c e résistants..d é . ceux-ls de e sons n à pa t valets du Caire, ce n'est pas vrai." (8); elle est nette encore parce que l'importance des brigands et autres bandits de grand chemin est réduite à la juste plac i semblqu e e êtr a siennl e e dans tous mouvementle s e c e d s type, Résistance française comprise; mais elle reste considérablement li- mitée par le poids décisif accordé aux " fanatiques " manipulés par Le Caire: cette dernière catégorie de rebelles est reconnue comme la plus nombreus a plul t se e influente.

Cette appréciation sera lourde de conséquences et non exempte de contradictions tôt surgie t partagéee s a majoritl r Françaispa s s de é : Camus lui-même, commentan e congrel t s extraordinair a S.F.I.O.l e d e n e , janvier 1956, écrivait a personnalit l ài : Ou " é arab Algérien e n no , à la personnalité égyptienne e trouvern n O . a d'ailleur majorite un s pa sé e Françaid s pour accepter momenu a , ù leuo t r pays chancelle e prêted , r main-forte S cette étrange coalition qui réunit contre nous Madrid, Budapes t le te doi n e pointCairec no t r être l Su ,. e absolu." (9)

C'est bientôt l'intégralit a "l grande éd e peu a guerrl r e "d e froide qua resurgirv i , accompagnée d'un complex e persécutiod e u colonisad n - teur, et d'encerclement géographique par le Sud-méditerranéen, La dé- fense d'un Occident laïc réapparaît sou s couple s panarabismu d s t e e du panislamisme :panarabisme L " e c'es a réactiol t e plal r n su nhumai n et même sur le plan social qui s'apprête à balayer de l'Arabie au Maroc lee squ tou Européense c t t essentiellemene , s Françaisle t t réalion , - s rivages e ce lonl e é d gs monde L . e arabe repren a mentalitl d u éd

(8) Conférence des secrétaires de fédération SFIO, 18 mars 1856, compte- rendu, p. 232. Devant l'Assemblée nationale, il minimisera leur nombre: " les bandes de rebelles comprennent tout à la fois les criminels qui relèvent droitu d commun s fanatiquesle , gui prennent leurs directives hors d'Algérie, et sans doute aussi quelques Musulmans sincères entraî- nés par 1'espoir du changement ou, plus encore, par le désespoir." (J.O. des Débats, A.N., 16 février 1956, p.325.} (9) Albert Camus: "Actuelles III, chroniques algériennes. 1939-1958", Gallimard, Paris 1958f 316 pff p, 165. 569

conquérant qui a refoulé autrefois les populations les plus anciennes dans les montagnes, J'attire votre attention sur la réalité du fanatisme religieux.,. Les écoles coraniques sont aujourd'hui autant de foyers contre notre civilisation idées laïcite No .d s sone admisess én pa t s no , idée libre d s e expressio sone admises.s n pa t " (10)

a mêml e ed luttm C'esno eu a contrt e l'obscurantism M.Ee equ . Naegelen s'écrie :pense J " touà e s ceu i sonqu x t partis là-bas, pleins t d'amoure d einstituteurs s ) fo(! no i à , médecinss no à , t ausse , e j i le dis, à ces petits colons qui sont éparpillés dans le bled, dans des fermes isolées ou dans des villages... est-ce que vous ne pensez pas que d'autres s'efforceraient de venir nous remplacer qui n'apporte- raient peut-êtr ls e epa mêm e espri libéralisme d t celu e noue equ qu si voulons enseigne populationx au r s algériennes.. i nouS . s abandonnions demain l'Algérie, avant peu Tunisia l , e Maroc.,l t ee , auraient à défen- e leudr r indépendance plun no s, contre nous, mais contr Cairee eL , contre la Ligue Arabe, car le projet de la Ligue Arabe, c'est tout un vaste Empir econstruiraie s arab i qu e t faca Méditerranél eà e européen- ne." (11)

On pourrait citer d'innombrables exemples d'interventions allant dans le même sens aux tribunes des congrès socialistes. Guy Mollet lui- même s'abstien schématisee d t poine c à r t l'explicatio "s événende - ments " d'Algéri dénoncee n cettmais l i spa e assimilatio i donnlu t ne e sa caution initial prétendann ee s élémentle e qu t s directement liéu sa influence un Cair t on ee primordiale dan a rébellionl s . Beaucoup plus grave est la reprise de cette antienne par les responsables socialistes e terrail r su "n "t Nous venon citee d s r M.Lejeune, secrétaire d'Etat a guerrl à e charg opérations de é Algérien e s ministre L . e résidant lui-

(10)Max Lejeuner les 9~1O juin 1956f Conseil national SFIOr compte-ren- du, p.369~37O, (11)M.Ë.Naegelen Conférencela à secrétairesdes fédérationsde SFTO, 18 mars 1956, compte-rendu,, p.4143 à 570

même partage la même opinion s rebellele { :s ) Il sons" t poussér pa s M.Nasser, cela est très vrai. Toutes les indications que nous recevons t tou e s fait noue le s qu ss constatons montren a pensél e qu et politique, la pensée stratégique, l'exécution militaire et les tactiques sont en- tièrement entre les mains des services spéciaux de l'armée égyptienne. Services spéciaux don e peuj t x vous dire qu'ils sont d'une qualit- ab é solument exceptionnelle. s son Il servicu a t e d'un idéa i est qu voue l ,e vouliezqu l s , qu'o e veuilll n nonu o eidéan u , l d'asservissement. Il s'agit de la conquête arabe sous le drapeau égyptien du mon- de musulman." (12)

Enfin le complexe d'encerclement est manifeste lorsqu'est mise en relie a collusiol f n entre l'Egypt t l'U.R.S.Se e mépriu a . s incompade s - tibilités entre le fanatisme religieux du panislamisme et l'expansionnis- me idéologiqu communismeu d e . Boutbien déclare ains s janviedè i r 1956 aux congressiste partn so : "Vouie d s s ête présencn e s e d'un problème essentiellement international» crér lepa és pays sous-développés, dans une véritable position d'agression à l'égard de la France, constitué en un véritable a guerrpartl e d i e contr a Francel e , problèm- eas don s le t pects sont multiple t done s t les buts convergent vers l'éliminatioe d n e l'anticolonialismd m no u a s a Francel pa 9 èm1 n eu no d ,esiècle , mais au nom du racisme fanatique de la Ligue Arabe et au nom de cette espèce d'explosio s payde n s sous-développés i cherchenqu , t à leu- res tous de r paces vitaux, des débouchés, pour donner satisfaction à des populations qu'1"1- ..^priment, et qui ont ainsi un exutoire à leurs difficultés in- térieures.H {13a guerrparte l L e )d i e contr a Francl e e comprend l'Egyp- , lte a Jordanie, l'Irak, l'Arabie-Séoudite, l'Espagn t enfie e s payle n s de l'Est. Que Boutbien» personnage hystérique passé de l'extrême-gauche

(12) Conférence des secrétaires de fédérations SFIO, 18 mars 1956, compte- renduf p,195,

(13) Congrès extraordinaire Puteauxde janvier14 f 1956, compte-rendu, p.248. 571

à l'extrême-droite du parti socialiste défende une telle position qui aboutit même, au nom de la défense de l'Occident, à une internationalisa- tion du conflit algérien afin de permettre à ses alliés atlantiques d'ai- der la France, que Boutbien donc défende une telle position n'a rien d'é- tonnant: il retrouve là le même raisonnement que celui qui avait inspiré a S.F.1,0l . lorsqu'en 1949 elle prétendait défendr n Indochine e e l'un des bastions ultimes des valeurs universelles contre le communisme in- ternational ,

t plues i sC qu surprenante , c'es d'autree qu t s socialistes répu- tés plus pondérés, plus " responsables ", reprennent à leur compte ces assimilations: M, P,0,Lapie écrit ainsi: " je mis en garde le Gouverne- ment à la fois contre les Russes et contre Nasser. L'U.R.S.S, s'apprête si Ton n'y prend garde, à appliquer au Moyen-Orient ce qui lui a réussi en Extrême-Orient, à conquéri 'Afriqu1 r e comme elle vien e conquérid t r l'Asie,., j'établis un parallèle entre l'action menée par l'U.R.S.S. en Indochin t celle e e qu'elle conduisai Moyen-Orient..u a t . L'opération que les soviets n'ont pu faire en 1945 dans les Balkans, sur la Grèce en 1947 r lasu , Yougoslavie r lasu ,Turquie e rêvl s base, de e s d'accès à la Méditerranée, les soviets le feront par le Sud» par le monde ara- be, L'Europe sera isolée, deviendra une presqu'île soi-disant capita- liste,,," (14)

Nous sommes loin de l'analyse de la rébellion mais 1'enchalnenent du raisonnement y ramène les socialistes, en radicalisant leur opposi- tio à ntout e solutio i aboutiraiqu n à l'indépendanct e l'Algéried e . Beau- coup d'éléments sont vrais dans l'explication avancée: les liens notam- ment entre le Caire F.L.NL t ee ,étaien t prouvés, multiple t étroitse s ; ils étaient cependant loin d'être exclusifs a mêml e ed ;- manièrre s le e lations entr Caire L e t l'U.R.S.S.e e , chaleureuse courn e maté e t d se s - rialisation sur les plans économique et militaire, n'empêchaient nulle- ment Nasse e lutted r Egyptn e r e contr e communisml e e préserved t e e n so r

(14) P,O.Lapie, op.cit., p.666. 572

indépendance en se rapprochant des Etats-Unis quand bon lui semblait. II n'empêche.

Les retrouvaille socialistes sde s ave e cadrl c e bien conna l e ud guerre froide permettaient de balayer les réticences intellectuelles de ceux qui commençaient à se poser des questions sur l'éventuelle réalité d'un sentiment national algérien. II nous semble qu'en la matière l'as- similation finale rebellion=main du Caire=bras de Moscou, avait surtout cette utilité interne S la S.F.I.O. Nous en prendrons pour preuve la déclaration suivante faite par Guy Mollet devant le groupe parlementaire de son parti: " Quoiqu'il puisse en apparaître dans la politique du Par- ti communiste français convictioa m , n le aabsolu- qu RussiSo t s ees de e envis touvietpa u voi d e a d ta Franc l sn' r e éliminé l'Afrique ed u ed Nord Russia L . e a , a fois,ll à Francvois e epa un r e désien trèe d r s puissante se maintenir en Afrique du Nord et celui de la voir rester parce qu'elle crain éventuels se t s successeurs." (15)

En laissant libre cours à un anti-nasserisme naissant et un anti- soviétisrae contenu depuis quelques années, les responsables socialistes prennent une grande responsabilité: celle de favoriser la renaissance d'un nationalisme français qui pourra chercher lui aussi dans des aventu- s extérieurere échappatoire un s l'absencà e règlemene d e l'affaire d t e algérienne (16)

Pour l'heure, les circonstances ne permettent qu'un maintien de la politique gouvernementale annoncér févriere 1 e l e . Cette politique vise au ralliement de la grande masse des musulmans qu'on estime encore attentiste i peuqu t e ,seu l permettr renouee ed s fil dialogule u rs d e entre les deux communautés. Après le 6 février, il faut une bonne dose

(15) groupe parlementaire i 1956, ma réunio 5 2 u nd (16) L'utilité sur le plan intérieur de laisser se développer l'anti-so- viétisme n'est plus à rappeler à une période où les tentations de Front populaire peuvent toujours resurgir. 573

d'optimisme à Guy Mollet pour affirmer à la tribune de l'Assemblée natio- nale :situatioa L " n politique algérienne s'est détendue s EuropéenLe . s font confianc Gouvernemenu a e u nouveaa t e t u ministre résidan n Algée t - s rieMusulmansLe , instann u , t profondément troublés événementle r pa s s d'Alger, ont conservé - les signes en sont nombreux - leur préjugé favo- rable, Les conditions existent de l'ouverture d'un dialogue franc et loyal, ce qui n'était pas le cas ces dernières semaines." (17)

II restait aux socialistes, en dehors des rapports de forces conjonc- turel s,à justifier leur politique algérienne d'après les canons de la doc- trine sans laquelle bonn e , s marxistes qu'ils prétendent e sauêtren l -i , rait y avoir aucune action cohérente.

L'Algérie offre un excellent exemple de l'impasse dans laquelle un nationalisme latent série join circonstancee un d eà t s historiques préci- ses, comme le 6 février 1955 ou les gesticulations de Nasser, ont préci- pité la S.F.I.O.

Ell conduira v e e les socialistes à s'arc-boute e solutioun r su nr qui n'en est une que pour eux, solution consistant à maintenir sur l'Al- géri a chapl e e d'une dépendance allégée.

On vien e voimême d t i qu s rleue r importance respective était sous-estiméeu o r su s différentle » s élément e l'analysd s e socialists ede populations algériennes s'étaient considérablement approché a réalil e d s - té. Les fondements de l'exploitation coloniale avaient de la mène manière été justement dénoncés. Or, malgré ces progrès, le lien dialectique entre tous facteurce s t repousses s é énergiquement plutôtu o , , asserva l à i

(17) J~O. des débats, A.N., 16 février 1956, p.323. 574

l'oe narrêté qu a e départ,comm l n s fi edè priora n eu i indiscutablee l : maintien de la présence française.

Pour l'expliquer» les socialistes vont recourir à une complète dé- formatio leure nd s plus chers arguments doctrinaux tentann e , t d'arrêter l'histoire, Deux thèmes seront le plus souvent invoqués: les limites in- dispensables à apporter au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, et le passage d'une promotion collective des Algériens à leur émancipation individuelle.

1°/ La négation du droit des peuples

i l'oS 11 n parle puremen t simplemene t droiu peupled s t de t disà s - poser d'eux-mêmes n parlTo e i s d'auto-détermination, commettrn o , e un a erreur sur le plan des principes, car on n'a jamais reconnu le droit, ni individun u Speupln u à disposee ed i n , lui-mêmee d r dane a qu mesurl ,s e où la façon dont il en dispose ne porte pas atteinte à la liberté et aux droit autres sde s peuples," (18)

droi e peuples C " de t disposeà s r d'eux-mêmes existe incontesta- blement, Mais il en est de ce droit international comme il en est des droits particuliers libertés de t ses , n individuellescomme l i e - sa à , voir qu'i lui-mêma le respec l t limitdroia es u autress s e d i t de etqu . Chaque peuple a le droit de disposer de lui-même dans la limite ou porte atteinti.s n l epa droiu ea t d'autres peuple celuà u e o sd i fraction proprn s so mêm e ed e peuple. C'es a premièrl t limitess ede . Autrement dit droie c , poue t soiqu r t valable l i ,fau t que, dans le même temps, il ne porte pas atteinte au droit des peuples voisins et même que, danseinn so s , les minorité sy soien t respectées. Deuxième limite: ce droit n'est valable que dans la mesure où il dangen e s pa r t lan eme pai mondeu d x . .,. Et c'est parce que nous sommes d'accord sur l'application de

Mollety (18)Gu u Congrèsa extraordinair e Puteauxed janvier4 ,1 1956, compte-rendu, p.379. 575

ce droit que nous avons voulu donner la parole à tous, à l'intérieur de l'ensembl a populatiol e d e n Algériee n , mai n imposane s s limitesde t s de , limites simples, à savoir que chacun, Musulman ou Français d'origine eu- ropéenne, doit se voir imposer le respect des droits de l'autre." (19)

Voilà l1argument-massue utilisé contre les tenants du droit des Algériens à l'autodétermination. Sans entrer dans le détail de ces décla- rations du Président du Conseil, sur lesquelles nous reviendrons, ce rai- sonnemen e heurts t objectioe e un à n majeure: JAMAI s socialistele S s n'ont envisagé de soumettre l'indépendance de l'Algérie à la condition du res- pect des droits de sa minorité européenne', les nationalistes algériens étant tenus une fois pour toutes pour des fanatiques, des brigands ou des résistants égarés, le Gouvernement n'a jamais voulu négocier l'au- todétermination contre les garanties nécessaires au maintien de la colo- nie française. Dans ces conditions, Guy Mollet ne pouvait que se réfugier derrière l'intransigeance et l'absence de démocratie du F.L.N. pour refu- a populatiol à r se n algérienn droin u e t reconn r ailleurpa u t dane s s le même temp Marocainx au sx Tunisien au t e s s sans aucune consultatio- po n pulaire préalable,

C'es t argumence t t qui, inlassablement, sera repris pour refuser toute évolution vers l'indépendanc momenu a e tl i mêmétai ù o e t encore possible peut-être d'échanger celle-ci contre la sauvegarde des person- s bien s de " t de spieds-noire s ne peue n s n t" O ,fair e admettr minin u e - mum de démocratie, et spécialement le respect des minorités, si dans le même temps, on ne reconnaît pas le droit des peuples à être maîtres de

(19)MolletGuy l'A.N.,à juin5 le 1956, J.O.Débats,des p.2325. 576

leur destin. (20) Enfermés dans cette contradiction, les socialistes en ajouten autree Molley un t Gu : t met cornue deuxième limit e1'autodétermià - nation la paix mondiale; nous retrouvon à l'accusatiol s n pesana l r su t rébellion algérienne d'&tre dirigé Cairu ed servicu ea panarabismu d e e le plus réactionnaire et le plus totalitaire; le même soupçon avait pesé e Néo-Destoul r su t M.Bourguibe r a avant l'indépendanc a Tunisiel e d e e L . Président du Conseil est trop bien informé pour ignorer que la dépendan- nationalistes cede s algériens vis-à-vi Cairu sd e n'est qu'un argument polémique, *

Enfin» pour faire bonne mesure, le secrétaire général de la S.F.I.O, a jusqu'ir à recouri l'internationalismeà r . Refusant, pous payle r s sous-

(2O) Souvent s socialistesle vont plus loin t exigente peupless de dépen- dants Je respect d'une démocratie gui ne concernerait pas leurs seules minorités internes mais serait calquée celle connaîtsur que France,la L'impérialisme idéologique jacobin réapparaît alors dans toute sa clar- té: "Le problème (algérien) est différent de celui du Maroc. Il n'y a paspréalablede dynastique. voulaiton Si parler préalable,de il fau- drait parler de préalable 'démocratique.C'est pourquoi on ne peut parler d'une nationalité algérienne." (Guy Mollet devant groupele parlementai- re f le 15 février 1956). L'enchaînement a pour lui une logique idéaliste à rebours; le monde doit être constitu nationse éd démocratiques =» tou- revendicationte projet de nationaliste pas démocratiquen'a qui doitne pas aboutir mêmeet n'existe tantrefleten que pas d'un mouvement mé- ritant le qualificatif de national ^ la rébellion algérienne n'exprime pas un nationalisme qui par ailleurs n'existe pas. Gregh, délégué de la Fédération de Constantine, dénoncera cette même absence démocratie;de "II faut savoir qu'une victoire rébellionla de serait en fait une victoire des forces d'obscurantisme et du maraboutis- plusmeles arriérés forcesles liberté de progrès!..,Auxsur de et Mu- sulmans, les socialistes doivent faire comprendre que s'il est indiscu- table que notre siècle est celui de la libération des peuples coloniaux, il est aussi indiscutable qu'il ne doit pas être celui du retour à la monarchie droitde divin, dictaturela à religieuse anti-laïque,et en toutesà unmot formesles totalitarismede barbare moderne." (Congrès SFIO Lille,de juin-ler28 juillet 1956, compte-rendu, p.5O7. 5O9.)et Ferrât, membr Comitéu d e directeur: "Dans e momentl actuel, l'indépen- dance dont revendique parleque et F.L.N.le seraitdroitle ne des pas peuples à disposer d'eux-mêmes, ce serait le droit des fellaghas à dis- poser du peuple d'Algérie, et ce n'est pas la même chose! Nous sommes, nous, pour le droit s peuplesde disposerè d'eux-mêmest e , c'est parce nousque sommes pour droit ce nous que entendons préserver les droits de la minorité européenne en Algérie." (Congrès SFIO de Lille, 28 juin-ler juillet 1956, compte-rendu, p.576.) Autrement dit: faites- nous de bons rebelles, si possible à notre image, et nous pourrons négo- cier de tout. 577

développés " dépendants e qu'i"c , l appelle " l'étap nationalismu d e - in e tégral " il déclarera : " les socialistes nient résolument cette préten- due fatalité historique. Des lors que les hommes veulent agir, ils peu- vent influer sur le sens de l'histoire. L' " esprit du temps ", ce n'est pas le chauvinisme. Au contraire, nous voyons les souverainetés nationa- les s'estomper, l'interdépendance entre nations devenir la règle et le monde aller vern unitéso spréoccupatio a L . n socialist e faird x t au e es e peuples dépendants l'économi e l'étapd e e nationaliste." (21ignorain O ) t s socialistele s aussi volontaristes pour ceui sonqu x t sous leur dépen- dance! (22) Alors que sur le plan économique et social , ils veillent scrupuleusemen e qu'aucunc à t e étape, même difficile pou s travaille r - leurs, ne soit franchie avant la maturation jugée indispensable, en matière de nationalités, il faudrait prendre des raccourcis qui feraient saute à piedr s joint stadn u s e d'évolution d'os payde ù s comm a Francl e e ne sons encorpa t e sortis plue D . s quelles tendances centrifuges n'au- raient pas alors à combattre les ensembles supranationaux, régionaux ou mondiaux, constitué s entités de ains r ssu i sociales sans identité affir- mée et qui n'auraient pu s'exprimer dans une totale liberté?

La résistance s offertEuropéenle r pa e s d'Algéri a ebalay s le é

(21) Guy Mollets "Bilan t perspectivese socialistes", op.cit., p.45-46. CongresAu (22) Lille,de Mollet Guy s'élèvera violemment contreles "faux marxistes i viennentgu vous parler caractèreu d inéluctable, irré- versibler incoercible des événements, leude r issue catastrophique cer- taine, ignorants qu'ils sont de ce gué l'action des travailleurs peut tout empêcher t toue t permettre." Plus loin, l i désavouera implicitement Jaurès déclarantn e contre mia l - norité socialiste: "Serait-c progrèseun désormais, yeux certainsaux de socialistes, voirde s'établirque régimesdes autoritaires quasi féodaux où le pouvoir est entre les mains d'une minorité indépendante, mais où 1'immense majorité populationla de dans vit état un dénuement de de et servage?( applaudissements )". (Congrès Lille,de juin-ler28 juillet 1956, compte-rendu, p.774 et 779.) Cela ne l'empêchera pas de se récla~ mer audacieusement du grand ancêtre dans l'allocution qu'il prononcera le 16 juillet à l'occasion du transfert des cendres de Jaurès au Pan- théon; "Jaurès aurait approuvé notre action Algérien e e crois j t e même qu'il aurait politique la fierété de nousque menons." (cf."Le Monde" 3Oet des juillet29 1956,) 578

dernières attache socialistes de s s a libertl à. é collectiv peuples ede s nationalitéss de t e tempe L . s paraît oubli Oaurëù éo s déclarait, contre les pacifistes inconditionnels qu'il était impossible de laisser s'a- jouter, à l'exploitation capitaliste, une domination extérieure.Cette affirmation valable dan e cadrl s relations ede s franco-allemandesu o , inter-européennes Tese n , t plus pous relationle r s franco-algériennes comme pour l'ensembl relations de e s France-pays dépendants.

Dès lors s socialistele , s s'acharneron démontreà t a natiol e qu nr algérienne n'existe pas en rappelant.à l'occasion le célèbre texte où Fehrat Abbas prétend avoir cherch toun ée s lieu a natiol x n algériennt e l'avois npa e r trouvé s ( ajouteronetextIl 193. e ed !) 6 t enfi dern nu - nier argument d'inspiration marxiste en précisant qu'au demeurant, même Algériens le i s s méritaient leur indépendance, celle-c pourraie n i t être qu'illusoire car inexistante sur le plan économique. Le sommet de l'hypocrisi t alorees s atteint e paysl r quet ca ,es l hormi Etatss le s - Uni TU,R.S.S,,quiu o s l'époqueà , s moyenle a , s matériel indén so -e sd pendance complète?

Cette négatio droiu Algérienns d de t l'autodéterminationà s , le refu leue d s r accorde conscience un r e collective identite un , é collecti- ve, vont rejete s socialistele r s positiovere un s reple nd i intermédiai- re entre la nationalité et 1 'assimilation pure et simple de l'Algérie aux départements métropolitains. Ce sera la reconnaissance par Guy Mollet discourn dèso s s d'investiture le ad , fameuse " personnalité algérienne."

"2°a L personnalit/ é algérienne " concept collectif à contenu individualiste

Tous les observateurs politiques s'étaient accordés pour juger que la reconnaissance de la " personnalité algérienne " était une véritable " bombe ", l'élément le plus spectaculaire du programme gouvernemental. Chacu t danvi n s VambiguTt l'expressioe éd a possibilitnl é d'une évolu- tion profond relations ede s franco-algérienne.Il restait cependanà t 579

donner un contenu précis au concept de " personnalité " qui pouvait ef- fectivement êtr premien eu vers a reconnaissancl pa sr e d'une " nation " algérienne.

Ce conten êtra uv e cern s à épa pas r touche,pa s successivesu a , fil des semaines et des discours gouvernementaux. Sa définition reste- ra largement incomplète car, dans Tesprit du Président du Conseil, elle ne peut être r achevél'élaboratiopa e qu e n d'un nouveau statut négocié avec les futurs représentants élus des deux communautés.

La personnalité algérienn t d'aborees d évoquée»de façon négative, par ce qu'elle n'est pas: " A cause de l'existence de huit millions de Musulmans, l'Algérie n'est évidemmen province un s pa et française comme s autresle , comme l'Artoi a Normandil u o s r exemplepa e causa A l . e ed présence d'un million et demi d'Européens, nous rejetons tout aussi fer- mement la conception d'un " fait national algérien ", qui ne correspond ni à une réalité historique, ni à une réalité ethnique. i pseudo^-provincN e française i pseudo-nationn , , l'Algérie un ea personnalité propre; c0te-à-c6t ey viven t Musulman t Européense s , les s autrele un t e ss indispensable là sa prospérité économiqu déveu a t -e loppement social du pays. L'Algérie constitue un cas peut-être unique dans le monde. Elle appell solutioe eun n original i soilu i t equ propre. " (23)

On voit que le principal élément constitutif de la personnalité algérienne est la coexistence de deux communautés. L'Artois, la Norman- t lee s e autredi s provinces française t dûon s enregistrer avec amertume qusocialistess ele , fidèle leursà s conceptions jacobine t centralise - satrices, leur refusaient le bénéfice de toute " personnalité ", offi- ciel lemerit reconnue.

(23) Interview de Guy Mollet dans "Le Populaire" au 5 mars 1956. 580

Contrairement à ce que l'on pourrait conclure, hâtivement, l'idée même de " personnalité algérienne " ne recouvre aucune dimension collec- tive spécifique. L'Algérie est certes considérée comme une région diffé- rent autres ede s provinces métropolitaines, mais elle reste globalement assimilée à elles. " Au Congrès de Puteaux { 14 janvier 1956 ), Guy Mollet avait reconnu l'idée de la personnalité algérienne. Cette posi- tion avait l'avantage de ne pas rejeter le fait national algérien. De- puis, l'idée a personnalitl mêm e d e é algérienn trouve es e restreintu ed fait qu'on a déclaré que l'Algérie resterait française." (24)

L'équivoque effetn e , courte ,d auré eét a durée a personnalitl : é algérienn sauraie en t remettr question e a présencnl t le a souveraine- té de la France, ou en d'autres termes, les liens indissolubles entre la Franc t l'Algériee passage d s l I pa .en' a ypossibl e entre la personna- lit l'Algérie éd t soee n éventuelle vocatio nl'indépendanceà s Le . gouvernants saisiront toutes les occasions de marquer cette césure:"II soucn i u doi a qu i ty être permanent, c'es prouvee d t a populatiol à r n algérienne toute entière, aussi bien musulmane qu'européennea l e qu , Franc r c'espartire craintn e ca s un t apa e partagé r tous.pa e " (25)

Que reste-t-il dés lors de cette fameuse " personnalité "? Dans l'immédiat, rien sinon la promesse, l'engagement que l'Algérie ne sera pas traitée comme l'Artois ou la Normandie. Encore ne s'agit-il que d'un engagement^ En effet, seul le futur statut, qui dépend d'une négo-

(24) Pierre Rimbert, intervention comitéu a directeur février2 2 u d 1956, compte-rendu, p.147. (25) Guy Mollet au Groupe parlementaire, réunion du 15 février 1956. On pourrait citer de multiples exemples de cette réaffirmation de la présence "éternelle" de la France en Algérie. Citons simplement Guy Mollet, le 16 février 1956, à l'Assemblée nationale: "Aux Européens, comme aux Musulmans, je déclare solennellement une nouvelle fois que l'union entre Francela métropolitaine 1'Algérieet indissoluble-est Le Gouvernement set battra Francela pourque reste Algérieen elleet y restera, il n'y a d'avenir, je l'ai déjà dit, pour l'Algérie qu'a- vec la France. Que serait, en revanche, la France sans l'Algérie?' ( J.O.< des Débats, A.N., 16 février 1956, p.326.) 581

datio i dépennqu d d'élection i dépendenqu s cessez-le-feu d t - dé i uqu pen le ad bonne volont "s rebelleéde s "..., pourra précise contene l r u personnalitfinala de l é algérienne.

Outre son caractère aléatoire, la personnalité algérienne peut déjà être considérée comm r avancpa e e compatible ave e principl c e d'in- tégration qui, sans être repris officiellement, rest pierra el toue ed - che de la politique socialiste en Algérie.

L'Algérie en tant que collectivité voit donc le règlement de son sort remi pluà s s tard pouraisons de r procédure sd e démocratique { réalisation du tryptique ), Ce report cache mal la préférence des socialistes pousolutions de r i privilégiensqu a promotiol t indivis nde - dudétrimenu a s celle a collectivitél d t e ed .

Ce glissement de l'action gouvernementale, de la dimension col- lective a dimensiol à n individuell caractéristiques ede sere un a s essen- tielles de la politique algérienne du Front républicain. Il est la conséquence directe du refus de considérer l'Algérie comme une entité susceptible d'évolution autonome. Celle-ci étant obturé r la pa enéga - tion de toute possibilité d'indépendance, la politique mise en place ne pouvai rabattre s "e nivean qu u t r e usu " inférieur permettane d t combattre le nationalisme par des mesures de promotion individuelle. Toute s revendicationle s s Musulmansde s seront ramenée niveaue c à s - là: " Les populations musulmanes ont pris conscience de l'originalité de l'Algérie. Cela explique la poussée incontestabl sentimene c e ed t nouveau qui est le nationalisme algérien. Saurons-nous - c'est la ques- tion que je pose - leur fournir une réponse? Regagne a dignitl r é d'homme libr traduie es r deutpa xchex eu z besoins; la justice et l'égalité." (26)

(26)Mollety Gu l'Assembléeà nationale, J.O Dêbatss .de f A.N, fé6 1 ~f vrier 1956, p.325~326. 582

Tels son s deule t x thèmes autour desquels s'ordonneront désormais toutes les reformes projetées Molley Gu . t précisera sans équivoque l e sen cette d s e action: " Que veut dire l'indépendanc l'Etae ed t quane l d citoye t esclavenes ? Ce que nous devons faire, c'est, là, comme ailleurs, libérer cha- que femme, chaque homme chaquà , e homme chaquà , e femme, - donnein n so r dépendance réelle, c'est-à-dire leur donner l'égalité des droits, leur assure i statutn garantissu rqu niveae n u vi , e ud e leur dignité; c'est les mettre en mesure de décider pour eux-mêmes, par eux-mêmes, ce qu'ils veulent faire de cette indépendance, et à qui ils entendent transférer certains de leurs droits. C'est cela, et seulement cela, la marche vers la démocratie socialiste.{ applaudissements }." (27)

C'est bien l'indépendance individuelle qualifié "e d réell i eic e " qui est le but recherché. Le leader socialiste n'hésite donc pas à récu- pérer les thèmes idéologiques du libéralisme et à mettre l'accent sur la dimension individuelle du problème algérien. Il ne s'agit pas d'ail- leurs d'une simple récupération formell t d'opportunitée : c'est bien plutôt l'expression d'une analyse amputée de plus en plus largement, au fil des années, de la dimension de classe indispensable et qui fait que pour la S,F.1,0, le degré de l'évolution et de développement d'une socié- té ne se juge plus que par le degré de liberté de chacun de ses indivi- dus; la guerre froide, l'anticommunisme et 1'antisoviétisme sont passés par là et font que, désormais, pour les socialistes, les réalisations collectives, la substance collective d'un peuple, son expression poli- tique passent au second plan dès lors que chacun des individus qui le composent ne satisfait pas aux critères de la démocratie libérale bour- geoise, Dans cette optique, une société ne vaut que par 1'addition de ses différents membres pris isolément. On devine l'issue du raisonne- meni n'qu at plus rie marxistee nd ; l'intérêt général, notion fausse- ment neutre, ne serait plus que la même addition des intérêts particu- liers,

Mollet CongrèsGuy (27)au SFIO Lille,de juin-ler28 juillet 1956, compte-rendu, 779-78O.p. 583

Libérer chaque homm t chaque e e femme d'Algéri passeraie en t donc plus essentiellement par des réformes touchant la collectivité mais par des mesure applicationx au s s individuelles don s effetle t s seront beau- coup plus long t aléatoiree s r soumi ca s freinx a communautl au s e sd é européenne. Enfin, même si l'on devait admettre le raisonnement de Guy Mollet l i ,faudrai t reconnaître qu'i guèra moyens n' l le es e a d s poli- tique: comment la France parviendra-t-elle à mettre en place un train de réformes l'ampleuà , r jusque-là inconnue, acheminant l'Algérir esu la voie de la " démocratie socialiste " alors qu'elle doit faire face, à l'intérieur mêm l'hexagonee d e difficultés de à , s i accruelu i qu s permetten régresses t pa à e pein n r la e su rd ea démocrati l voi e d e e tout court, { instabilité gouvernementale, absence de majorité politi- que, bouleversements économiques et sociaux, etc...)?

Les solutions avancées sont donc plus qu'hasardeuses; elles sup- posent une mobilisation totale de la nation en vue d'une reconquête so- ciale, humain l'Algérie d e e don s fruitle t peuvene sn t mûrir qu'à long terme, Elles supposent dans le même temps que le sentiment nationaliste a communautl ne e qu s'étend t e és musulmanpa e parvienne n e à pren s pa e- dre conscience de son originalité et de son existence spécifique. Tous éléments qui ne seront pas réunis et hypothéqueront l'action entreprise en février 1956,

MISA OEUVRL N POLITIQUA E ; L E 2 D E § E GOUVERNEMENTALE

Le Congrès extraordinair partu ed i socialiste ,janvie4 1 ten e ul r 1956 à Puteaux, avait jet s premièreéle s basea politiqul e d s e algérienne qui s.era reprise dans le discours d'investiture de Guy Mollet, le 31 jan- vier, et précisé dans les semaines suivantes. Avant d'en examiner les moyens, abordon contenn so s i poursuiuqu t l'objectif affirmé pendana l t campagne électoral retouu ed a paix l à r . 584

Depuis plus d'un an, les socialistes mettaient prioritairement l'accent sur les réformes politiques seules susceptibles de ramener la paix accent Ce . t était nouveau dan mesura l s e ol i ùrompai t avec l'atti- tude conservatric gouvernants ede s françai refusaiene s i qu s t jusqu'alors à envisager le problème sous cet angle, de peur de mettre le doigt dans un engrenage qu'ils n'auraien maîtriseru p t .

" Quand nous auron fairà s t faiees i dant e domainqu toul s e c t e social dans les premières semaines, ce sera encore insuffisant car il y a une priorité au problème politique." (28)

Malheureusement, la solution politique, tout comme la personnali- algérienneté jamaifut ne , s précisé Gouvernementle par e . Celui-cse i contenta de définir une procédure et d'en marquer la limite infranchis- sable.

i concernqu Ee c n a l procéduree , Guy Mollet impos schémn u a - em a preint d'une logique démocratique très " occidentale ": c'es célèbre l t e " triptyque ": cessez-le-feu - élections - négociations.

mécanique 1°Un / e trop bien huilée

Très satisfaisante et même séduisante sur le plan formel et in- tellectuel, la démarch triptyquu d e heurtaie es obstacle s de à t s majeurs.

Tout d'abord, le cessez-le-feu signifiai nationalistes le e qu t - sal gériens s'en remettaient totalemen Gouvernemen u a bonnd l i à t fo e t fran- çais pour la suit événementss ede l I .signifiai t notammen armes le e s qu t devaient être rendues et que les " rebelles " se privaient ainsi du seul

(28) Guy Mollet devant le Groupe parlementaire, réunion du 15 février 1956, 585

moyen de pression efficace dont ils disposaient face à la communauté eu- ropéenn là a t Métropolee . Rappelons simplemen a politil sujee c e à qu tt - que français Algérin e etoujoura é marquéét s e précédemmen- re s de r pa t niements Molleréguliery objectifs Gu se e t e qu lui-mêmsd t e s contriea - bu là éa défianc masses ede s musulmane acceptantn e s février6 e l , , le remplacemen générau d t l Catrou r Roberpa x t Lacoste. " M.Guy Mollet ressemblai honnêtes ce à t s patrons français qui, placé facn e s e d'une grè- leure vd e s ouvriers, leur tiennen prèu langagee pe c s à t e amiss n : e Me "j , saurais discuter sous la contrainte. Reprenez d'abord le travail, je vous promets d'examiner alors avec bienveillance vos revendications." A suppo- ser même qu'ils crussent à sa bonne foi, quel crédit les nationalistes pouvaient-ils accorde n hommu à re incapable d'impose volonta s rs se éà compatriotes d'Algérie?" (29)

Ensuite,le déroulement d'élections libres dans les trois mois qui suivron cessez-le-fee l t u étai i ausslu t i lourdement compromis le r pa s précédents qu'avaient connus les Algériens en matière de bourrage d'urnes t autree s manipulations électorales e plal garanties r nde Su . s d'honnê- tet cette éd e consultation Gouvernemene l , t récusa fermement toute inter- vention étrangère, qu'il s'agiss 1'O.N.Ue d e d'unu o . e tierce puissance, a non-immixtiol e d m auno n dans les affaires intérieure le asd France. Il t qu'offrinpu e r la constitution d'une commissio contrôle nd e composée des magistrats métropolitains du plus haut rang.

Ce problème de la régularité des élections suivant le cessez-le- feu acquérait une acuité inconnue jusqu'alors dans la mesure où, pour la première fois a consultatiol , n populaire devai déroulee s t r dan e cadrl s e du collège unique. Celui-c réformes i de étai e s plule un st s spectaculai- res projetée par le Gouvernement de Front républicain qui, c'est là un de ses mérites, y restait attaché contre vents et marées. C'est spécialement contre ce collège unique que la communauté européenne avait entendu mani- fester le 6 février 1956, affolée qu'elle était à l'idée d'être noyée

(29) Jacques Julliard, op.cit., p.2O2. 586

dans la mass huis de et million t demse suffragee d i s musulmans poun O . - vait donc craindre avec quelque raison toutes les tentatives de sabotage d'une consultation intervenant dan tellee d s s conditions.

Enfin et surtout, la procédure "cessez-le-feu - élections - négo- ciations"contient en elle-même une contradiction insurmontable: les natio- nalistes sont invité rendrà s e leurs armes s Algérienle , s seront appelés aux urnes dans les trois mois pour désigner des représentants qui ne pour- ront négocier que ce que leurs interlocuteurs métropolitains voudront bien traiter. En effet, l'évolution de l'Algérie étant "verrouillée* des le déparmaintiee l r pa tlien e nd s organique t indissolublee s s ave a Francel c , l i n'es questios pa t n pougouvernants le r laissee sd r remettr causn e e par une représentation algérienne, même démocratique, la présence de la France.

Les futurs élus ne pourront négocier que le statut d'une Algérie restant étroitement liée à la France: leur marge de manoeuvre sera donc réduite. Une objection majeure peut immédiatement être faite au processus du triptyque, et les socialistes minoritaires n'ont pas manqué de la fai- signifiene qu : re libree d t s discussion écartn o i s es d'avance l'éventua- lité d'une indépendance? Daniel Mayer pose brutalement la question: "Si les élections que l'on présente comme la condition de la négociation don- nen a majoritl t députés de i éà nou qu s s demanden a reconnaissancl t u ed fait national algérien quoà , i cela aura-t-i l battre servs e ed i pendant un certain nombr mois?e ed " (30)

A cette objection Molley Gu , t répond encore:à L " mann u ,-a ily quconfiance d e e dans l'esprit critiqu électeurss ede manqun u , e d e confiance dans l'influence de la France. Mais plaçons-nous, sans l'accep- ter en ce qui me concerne, dans cette hypothèse. Je réponds simplement que ces interlocuteurs seront légitimes et qualifiés. La discussion s'en- gagera, étant entendu qu'ils connaîtront les trois principes fondamentaux

(3O) R.Quilliotf op.cit., p.619, 587

à la base de toute discussion." (31) Ces trois principes qui devront être admis par tout interlocuteur sont; l'égalité complète des droits, le res- pect du sort des minorités, l'autonomie de gestion et les liens institu- tionnels entr Franca el t l'Algériee . (32)

On voit que la réponse de Guy Mollet ne règle rien et laisse subsis- contradictiona l r te s élule : s algérien serone n s t libre discutee e d sd e qu r ce que la France voudra leur laisser discuter-, en tout cas, les principes rappelés ci-dessus, dont le dernier est l'obstacle majeur à tout enclen- chement du triptyque, ne sont pas négociables.

La formule perd mêmu d , e coup, l'essentie intérêtn so e d l . Jacques Julliard exprime en un raccourci saisissant l'attitude du Président du Conseil; " Tou reconnaissann e t t l'existence d'une " personnalité algé- rienne "l i ,excluai priora t i que celle-ci puisse aspire l'indépendanà r - ce: n'avait-il pas eu devant l'Assemblée nationale, le 9 mars 1956, cette étonnante formule: " Nous maintiendrons des liens indissolubles, mais ils seront librement négociés et acceptés." C'était en d'autres termes pro-

(31) Guy Mollet au Congrès SF1O de Lille, 28 juin^ler juillet 1956, compte- rendu p,787, (32) Devant le Groupe parlementaire (réunion du 25 mai 1956), Guy Mollet est amené à préciser la phase ultime du triptyque: "Dans le statut futur, librement déterminé par la négociation, obligatoirement devront être reconnus des droits égaux à l'ensemble des Musulmans. Donc, si une frac- tion d'origine européenne voulait opposer,s'y négociationla peutne pas faire disparaître l'égalité des droits. Mais il faut de même que les droits de la collectivité européenne soient reconnus de la même façon. D'autre part, l'ensembl e laed communauté franco-musulmane ainsi créé- ede vra avoir avec la Métropole des liens indissolubles. Compte-tenu troisces de limites statutle f futur devra être désignépar une négociation," (sic) IIélections des rajoute si après peu que surgissait majoritéune d' élus nationalistes, " on n'aurait pas le droit de les récuser comme inter- locuteurs plusmain l i no sn'es s questionpa t d'accepter leur thèse.e L seul fait gu 'on aille^aux élections^suppose le cessez-le-feu et:__! 'accep- tation du cessez-le-feu suppose que les événements se dérouleront ensui- te dans les limites qui viennent d'être définies." (souligné par nous.) 588

poser aux " rebelles " le marché suivant: " Déposez d'abord les armes. Vous pourrez ensuite choisir libremen seula l t e solutio e nouqu ns vous proposons."(33)

6 févrie1 Dèe l s r 1956 y Molle,Gu t avait laissé entendr riee equ n de fondamental ne pourrait être remis en cause par l'issue du triptyque: " Cette politique, je peux la résumer ainsi: Fixer sans équivoque le cadre institutionnel où se placera le sta- t définititu f futu e l'Algérierd : liens indissolubles ave métropolea l c , personnalité algérienne; le conten e statuc e ud t résulter discuse d a - sions libres.,," (34)

Pour en terminer» rappelons que le mot même de " statut ", seul objet des négociations prévues, suppose une position de subordination ju- ridiqu t matérielle e l'Algérieed exclui ,qu e toute liberté totalu ea profit de celle-ci. Beaucoup plus nettement que tout discours, le vocabu- laire employé ici manifeste clairement la permanence future de la souve- raineté français 1'Algérier su e .

2°/ L'échec

Le danger de la formulation de la politique gouvernementale en trois phases successives étai subordonnee d t r toute s étapele s dérouu a s - lemena premièrl e d t e d'entre elles e cessez-le-feul : t arrê. ce C'es r t su t

(33) J,Julliardr op,cit.f p.ZOl, Sans équivoque. M,Lacoste rappelaiten ces termes aux militaires la nature du statut de l'Algérie: "Le gouverne- ment s'estdécideren pas engagé sansne à concoursle représentantsde élus de l 'Algérie de manière à amener la population locale à discuter non pas de sa présence dans sa communauté française -posée en postulat formel mais des formes de 1'association "Métropole-Algérie" ( Directive généra- le du Ministre résidant, en date du 15 mai 1956f aux officiers et sous- officiers l'arméede française. Bulletin intérieur SFIO,la de n"93, juin 1957, p.91.) Mollet(34) Guy l'Assembléeà nationale, J.O. Débats,des A,N.,fé- 16 vrier 1956, p.326. 589

des hostilitéconcentree s a v e squ r l'essentie Molefforty s de Gu -l e sd févries ledè t r 1956.

Le 28 février, le Président du Conseil lance solennellement aux 11 rebelles " algérien appen u s l radiodiffusé cesspoue qu r e l'action mili- taire. " armes I Itaisentle e faus e s électionqu s t de ; s libre t loyase - s seronle t organisées dans les trois moii suivronqu s a cessatiol t s nde combatactes de violence.e d st e s " (35)

Malgr a sincéritl é é évident l'accente ed , l'appe- en sere s n lpa a tendu par des nationalistes conscients du carcan que l'on veut leur impo- ser t cependantE . contacts de , s officieux vont avoir lieu entr émiss ede - saire Gouvernemenu sd représentants de t e t Fronu d s Libératioe d t n Natio- nale, en vue d'aboutir à ce cessez-le-feu, clé de toute solution rapide.

Pendant la campagne électorale, les socialistes avaient affirmé leur volonté et la nécessité d'entrer en relation directe avec " ceux qui se battent ", et c'était là une des nouveautés essentielles du programme du Front républicain. M.Mendës-Franc janvies e dè écri e n rqu t Be 1956, Khedda l'a fait contacter: " L*important, c'est qu'ils cherchaient le dialogue avec nous. J'e Molleti y na parl Gu éà , avant mêm a constitul e - tion de son Gouvernement. En accord avec lui, j'ai continué les conversa-

(35) Populaire"e cf "L février.9 2 u d t annexee 1956 ci-dessous n°vi

L'appel sera renouvelr é dans des termes identiques Le 29 octobre 1956. 590

tion t j'ase i avanc propositions.s de é " (36)

Les vraies négociations secrètes seront engagée r d'autrespa s , in- vestis de la confiance de Guy Mollet: Pierre Commin, le secrétaire gëné- tal intérimair a 5.F.1,0.l e ed t Pierre , e Herbaut, secrétaire-général adjoint,

M.Gorse, ambassadeu France d r Caireu ea , établi premien u t r contact grâce à un diplomate égyptien, avec les représentants F.L.N. de T* ex- térieu avri2 1 e lrL H1956, rencontre ,un eliea u entre Joseph Begarra, secrétair a Fédératiol e ed n socialiste d'Oran, envoy Pierre éd e Commin, t Mohamnee d Khider, Celui-ci demand a souverainetl e qu e l'Algérie éd e soit reconnue et qu'un sauf-conduit soit délivré aux chefs nationalistes de l'extérieur pour gagner l'Algérie. Premier échec.

La Yougoslavi servia v e secone d r d intermédiaire6 2 t e 5 2 s le : juillet 1956, Pierre Commin et Pierre Herbaut rencontrent, à Belgrade, Hamed Yazid et le docteur Francis. " II semble que Ferhat Abbas et Lami- ne Debaghine, délégués prévus réservn e s , aienmi e é pouét t r permettre un éventuel repli." (37) Les conversations n'avancent guère: les Français

(36) P.Mondes-France : "Choisir", op.cit., p.99. Au sein de la coalition du Front républicain, seuls s républicainsle sociaux marquent ouvertement leur désaccord ave a recherchecl contactse d négociationa l t e avecs le " rebelles "r tout adhéranten restepolitiquela au de gouvernementale. M.Roger Freyf leur secrétaire général écrit: "II nous faut réaffirmer /io-> tre doctrine constante touchant le problème algérien. L'Algérie fait par- France,la de tie sanspourque autant Constantinoisle soit assimilable a Corrèzl à l'Algéroisu eo Puy-de-Dôme.u a L'égalité totale entre Fran- çais d'origine métropolitaine et Français musulmans -gui est encore à réaliser r nombresu pointse d doite nouss -n pa faire oublier s diffé-le séparentrencesles qui bienà égards: des différencesces conduisentà parler d'une " personnalité l'Algérie."de réformesDes sont accom-a plir sur les plans politiqnef économiquef social: la France doit les dé- cider souverainement. Elle doit ignorer la rébellion sauf pour en venir à bout; la pacification militaire et 1'oeuvre des réformes, gui tendent mêmela à fin, doivent être menées simultanément..."( note d'information adressée militants,x au avril7 1 1956, citér Jacquespa Soustelle; "Vingt gaullisme".de huitans Editions Tablela de ronde, Paris, 1968, 48Op. p.128, souligné par nous.) (37) R.Quilliot, op.cit., p.621. 591

s'en tiennent au plan gouvernemental et au triptyque en exigeant un ces- sez-le-feu sans condition i préalablesn s ,s Algérien tandile e squ s refu- sent que l'acceptation du cessez-le-feu reste liée à la perspective tron- quénégociations de e s limitée i suivraiensqu t les élections. Pour eux, e cessez-le-fel sauraie n u t intervenir avan accorn u t d politique global reconnaissant l'indépendance de l'Algérie.

septembr3 t e Le 2 s e 1956, nouvelles entrevues cette fois-cà i Rome entre Pierre Commin, Pierre Herbaut et Ernest Gazelles, troisième secrétaire-adjoint de la S.F.I.O., Khider, Yazid et Kiouane. Quelques progrès sont faits l Français i :sembl le e qu es aient admis pou périoa l r - de transitoire, du cessez-le-feu aux élections, un Gouvernement provisoi- re constitué par la France avec l'accord du F.L.N.

Malheureusement septembr2 2 e l , e 195 6Belgradeà autre un , e ren- contre entre Pierre Herbaut, Khidee Docteul t e r r Lamine Debaghine, fait resurgir des divergences sur la nature:des liens qui devront subsister en- a Francl e t l'Algérietr e ultimn U . e rendez-vous octobren e , Brionià , , ne fera qu'entérine e désaccordl r . Dan s semainele s i suivrontqu s- dé e l , tournement de l'avion transportant les principaux chefs nationalistes de " l'extérieur " (38), l'expéditio Suee nt d l'accentuatio e z - ré a l e nd pression rendront impossible toute reprise fructueuse des négociations dont l'heure était passée.

" De toutes ces conversations ressortent quelques constantes: au travers du droit à l'indépendance, les chefs du F.L.N. comptent voir re- connue, par l'effet de la dynamique verbale, l'indépendance de fait. De son cOté a majoritl , socialistes éde s escomptélections de e qu e s honnê-

dégageraiens te majorite un t é favorabletà tou e moinsl tstatu n u - ,à in t termédiair t favoriseraienee définitioa l t n institutionnell "s lienede s indispensables avec la France." Bref, les positions restent assez éloi- gnées." (39) Et pourtant,!'on a cru pendant un temps qu'une solution " à

(38) cftci*

la tunisienne " pourrait être envisagée large un ,e décentralisation, pous- sée jusqu'à l'autonomie interne, aurai quelqueu e t s défenseurs parms le i rangs mêmes du F.L.N. C'était, nous le verrons, l'essentiel de la politi- que préconisée par M.Mendès-France qui avait fait sonder à ce sujet Krim Belkacem, leader militair lae ed " rébellion ", début 1955. .

Un an plus tard, les événements appellent d'autres remèdes plus radicaux. R.Lacoste ne croit pas à l'utilité de ces négociations secrè- peun tesO t. aussi considére e F.L.Nl e qu r. avait besoi forgee nd r dans le feu et le sang le sentiment national d'une population peu consciente situationa ds e compromin U . s était peut-être encore possible jusqu'à mi- 195G à condition que la France reconnaisse à terme la vocation de 1'Algé- l'indépendanceà e ri Gouvernemene L . Frone d t t républicain n'avaia l i n t volont s moyene fairel le i e s négociationén d sle : s échouèrent.

Pierre Commin résumera ainsi ses voyages secrets en Yougoslavie, devan e Conseil t décembrl6 1 nationa t e a S.F.I.Ol 5 ee 1 d l1956s de . : " Qu1avions-nous en face de nous? Sans dout gens i étaienede qu s t intéressé connaîtrà s e la réalité ( de notre ) politique, des explications supplémentaires sur certains de ces aspects, mais hélas, opposaient à notre demande d'un cessez~le-feu sans condition préalable, des conditions, des préalables politiques ab- solument inacceptables pour nous, car sous une forme ou sous une autre, demande un soir epa t directe d'indépendanc s l'Algériee ed de r pa u o , 'dispositif i conduisaiensqu l'indépendanceà t préalables ce , s politiques étaient inacceptables pour nous r vouca , s vous rappele a motiol e e qu znd Lille { Congrès S.F.I.O. du 18 juin-ler juillet 1956 } exclut formelle- men a reconnaissancl t l'indépendance ed e nationale. ,., Nous avons sans doute dans l'immédiat échou écroie n mai se j s pas que ces contacts aient été en fin de compte inutiles, car nos adver- saires là-bas savent exactement quell t notrees e intention, quellt ees la réalit notre éd e politique peut e i e n l,avoiy t r aucune équivoque dans leur esprit,aucun doute, et je crois qu'en fin de compte, cela peut servir dans une étape ultérieure et prochaine, nous le souhaitons, à 593

abouti résultats r de à s positifs." (40)

développemenAu u d moi s fit e sde l a rébellionl e d t s propole , - sition triptyqueu sd précisante s n e , , vont être déformée leurà s s deux extrêmes: le cessez-le-feu et les négociations du statut.

En ce qui concerne le cessez-le-feu dont l'offre sera sans cesse renouvelée Molley Gu , t déclarer mar7 2 simplications e l a195se e 7qu s mi- litaires ne suffisent plus: " II est évident que le cessez-le-feu ne suf- luà s i seupa t l fi puisspoue qu rdéroulee es campagne un r e électorale véritablement libre... Le facteur déterminant pour l'appréciation du re- tour au calme est qu'une " démobilisation psychologique " soit devenue effective aprè e cessez-le-feul s élémentn u dépôt e L armes .es de ,n t e s mai's il est loin d'être décisif." (41)

L'orateur communiste qui lui répondra, M.Pierrard, ne manquera pas de releve t ajouce r t d'une condition supplémentair déroulemenu ea s de t élections: " Dan e schéml s a cessez-le-feu, élections, négociations, vous introduisez aujourd'hui, après le premier terme, celui très élastique, t done a réalisatiol t n serait laissé votreà e seule appréciation- re u d , tou calmu a r t même retouu d e calmu a r e dans les esprits." (42)

Effectivement, quo plue d i s vagu cette qu ee notio "e nd démobîli " sation psychologique " dont l'attente risque fort de repousser les élec- tions au-del délau àd troie d i s mois , s reportesinole e nd r ? sin e edi

En fait l i ,sembl e bien qu'à parti novembre d r e 1956, après l'ar- restatio compagnonss Bee nd se n e Belld t ae , après l'expéditio Sueze nd , le Gouvernement, de façon réaliste, ait renoncé à l'application du trip- tyque auque nouvella s l e majorité, pour l'essentiel conservatrice, était

(40) Conseil national S.F.I.O. des 15-16 décembre 1956, compte-rendu, p.51-52.

(41) J,Os Débatsde , A,N. mars7 2 r 1956f p.1911

(42) id.f 28 mars 1957, p.1934, 594

farouchement opposée, L'éche s négociationde c s secrète i availu s t montré l'impossibilit e parveniéd cessez-le-feuu a r l i pouvai: s lor e perdè ts s - mettr e durcid e r les condition retouu d sa pai l à rx sans risquer d'en dimi- nues chancede r s devenues inexistantes.

C'est au cours de la même période de l'automne 1956 que la troisiè- me étape prévu r lepa e triptyqu t modifiées e e substantiellement. Jusqu'a- lors, nous l'avon e Gouvernemenl , vu s e refusais t t fermemen à donnet n u r contenu précis à la " personnalité " algérienne et au statut qui devait la prendre en compte à travers ses diverses dispositions juridiques. La doctrine affirmée était le refus de l'unilatéralité et le libre jeu des négociations entre gouvernants françai t élue s s algériens issu s élecde s - tions libres, L'intérêt tactiqu cette d e e position était manifeste: elle évitai Gouvernemenu a t e prendrd t e précisément positio a margl r e d esu n liberté et d'autonomie dont pouvait postérieurement bénéficier l'Algérie à l'égard de la France; elle lui permettait ainsi de ne mécontenter aucun des soutiens parlementaires conservateurs don l i avait e plu d tn plu e s s besoin, Officiellement, cette réserve évitait " d'abattr s cartese e s " avant le début des négociations et de faire des concessions unilatérales. 11 II ne me" paraît pas possible de donner aujourd'hui plus de précisions pourraie qu e c r t Êtrsu e l'organisation futur e l'Algéried e e pensJ .e qu e ce serait même dangereux dans la mesure oQ toute proposition formulée au- jourd'hui, si audacieuse fût-elle, serait bientôt considérée comme un sim- ple point de départ dans les discussions futures." (43)

Jusqu'à la fin du Gouvernement de Front républicain ( 21 mai 1957 ) le mutisme sera gardé sur le statut futur de l'Algérie. Hais en réalité,

Mollety (43)Gu l'Assembléeà nationale, J.O.s Débatsde A.N., mar7 2 s 1957, p.!91O. M.Maurice Schumann exprimait mêmela opinion1955mai en en attirant l'attention péril"le sur que courrai Gouvernement..,le t s'il commettait l'imprudence... définirde publiquement.., nonprincipesles de bases, mais aussi les modalités de ce que doit être... le futur statut de l'Algérie,.. Qu'arriverait-il e Gouvernemenl i s t abattait immédiatement une carte politiquef comme on l'y invite, à mon avis non sans légèreté?" ( J.O. des Débats, A.N., 31 mai 1956, p.218O.) 595

depuis septembre 1956, sous l'impulsion de Guy Mollet, le Comité directeur de la S.F.I.O. s'est attelé à la tâche de la définition des grands prin- cipe i devronqu s t régir 1'Algérie: " D'une façon générale, les réformes n'ont pas donné de rendement appréciable. dégradatioe d s ... l pa i n'. a y e lad n situation militaire. C'est au contraire sur ce plan que nous avons la situation bien en main. Pour nos adversaires, c'est un changement très important car eux espéraient une solution militaire. Maintenant ils souhaitent une solution politique, c'est pourquo t nécessaires l i i e d'aller vite pour mettr r pien su eu d statut sérieux." (44)

octobr1 1 t e Lee0 1 s1956 e Comitl , é directeu a S.F.I.Ol e d r , dé- battra essentiellement de deux projets de statut pour l'Algérie: l'un de Max Lejeune, l'autr e Marced e l Champeix, secrétaire d'Eta à l'administrat - tion de l'Algérie, tous deux renvoyés dos à dos par le Président du conseil qui rappelle alors les principes fondamentaux des relations futures entre l'Algérie et la France: " Je me sens en désaccord total avec tous les pro- jets s nationalisteLe . s tendent tou à l'indépendancs e pur t simplee , qui- à accepte e t s compromiss relaide de r t e s . Cela veut dir à eterm e la constitution d'un Etat algérien ave s mêmele c s problème e nouqu ss avons actuellement au Maroc et en Tunisie. C'est aussi la disparition de tous nos liens avec les territoires d'Outre-mer. Cela peut se traduire par une Saint-Barthélémy en Algérie et la fin de la République démocratique dans la Métropole. Les extrémistes européens souhaitent le retour à un système co- lonialiste aggravé. S'ils devaient gagner, la rébellion s'accentuerait et serait gagnante à long terme. Dans ce second cas, comme dans le premier, c'est encore la catastrophe. C'est pourquoi ce parti doit s'attacher à réaliser les droits des individus et des deux collectivités, l'arbitrage de la France métropolitai- ne et les liens avec la métropole. Aucun des projets ne correspond à ce critère,..

(44) Guy Mollet su Comité directeur du 27 septembre 1956, compte-rendu, p.55. 596

Nous somnes d'accord pour dire que la démocratie s'apprend dans la commune. Mous devons donc, pour l'Algérie, aller très au-del droits àde s accordés par la loi du 5 avril 1884. Nous sommes aussi d'accord pour la constitution des territoires de communes avec administration directe par assemblée élue au collège unique. S'il en est ainsi, procédons immédiatement à la dissolution des assemblées territoriales et constituons des municipalités de plein exer- cice. Pour l'organisatio l'échelonà n supérieur, nous verrons ensuite'.1 (45)

La discussion sera reprise deux semaines plus tard: l'occasion se- ra alors saisie par Guy Mollet pour délimiter strictement la dimension collective admissible dans le statut; " Ma préoccupation est de donner un maximum de compétences à toutes les collectivités, sauf à la collec- tjvitë algérienne elle-même. Mon désir est que les petits territoires aien maximue l t droitse md . Je voudrai l'exécutie qu s f algérien soit 1Li- mité à un pouvoir de coordination. Dans mon schéma la commune aurait l'autorité la plus complète possible." (46)

On ne saurait mieux exprimer la préoccupation d'étouffer toute ma- nifestation d'une collectivité globale susceptible de se transformer en nation algérienne priorita L . é donné a promotiol à e n individuells ede Algériens est donc nettement confirmée par ces précisions sur le sta- tut futur: sa dimension collective reste tronquée et limitée au cadre le plus proch t le moins dangereux pou a métropolel r a communel : a l A . " personnalité algérienne " au singulier, il vaudrait mieux substituer 1000 * personnalités algériennes communales ".llC'est essentiellement par la gestion directe des collectivités locales et régionales que la popu- lation d'Algérie ira à son indépendance réelle.1' (47)

Le débat engagé par le Comité directeur tournera court à partir de

(45) Comité directeur octobre11 du 1956, compte-rendu, p.69~7O. (46) id., octobre4 2 1956, p.79.( souligné r nous.)pa (47) Guy Mollet devant le Congrès socialiste de Lille, 28 juin-ler juil- t 1956le , compte-rendu, p.791. 597 novembre 1956: les événements le rendront caduc, dans l'immédiat tout au1 moins Gouvernemene l t ,e y MolletGu e sern t a plu u pouvoia s r lorsque l e nouveau statu e l'Algéritd e sera votlr e épa Parlemen 1 janvie3 e l t r 1958 et promulgué le 5 février 1958,-Félix Gaillard étant Président du Conseil.

Le triptyque subit ainsi des déformations profondes dues à son échec dès le premier semestre de 1956; il n'était que 1'axe procédurier du retou fonde u calmel ra Gouvernemene r ,l Su . e Frontd t républicain suivi e politiqutun e complex noue qu es allons examiner maintenant.

IV Les moyens juridiques

La chute du Gouvernement et la dissolution de 1'Assemblée nationa- le, le 2 décembre 1955, rendaient caduque la loi sur Tétât d'urgence vo- tée le 3 avril 1955; celle-ci étendait considérablement les compétences des autorités administrative matièrn e ( s police d e e notamment ). Jacques Soustelle, gouverneur général de l'Algérie, réagit alors violemment: " Tanpous loia pi tl r ! pensais-je. Sauvons plutô vies maisoa l tle s t e n humaines... A la suite de mes cris d'alarme, le Gouvernement prit le 3 décembre un décret ambigu ( les autorités civiles et militaires devaient rendre compte au Gouvernement des mesures exceptionnelles qu'elles pre- naient ).,. J'avais demandé avec insistanc textn u e e plus explicite, mais ce fut en vain,,, nous savions parfaitement qu'on pourrait après les élections... nous taxer d'arbitraire, nous accuser d'actes illégaut e x de séquestrations. Je décidais d'en assumer personnellement la respon- sabilité." (48)

" L'applicatio théoria l e s circonstanced n ede s exceptionnelles,

(48) Jecques Soustelle: "Aimée t souffrante e Algérie", Pion, Paris 1956, 309 p., p.185*186. 598

solidement e jurisprudencétabliun r pa e e constant u Conseied l d'Etat, per- mit donc d'éviter le " vide juridiqu e risquai "qu t d'entraîner la disso- lution de l'Assemblée nationale," (49)

A partir du 1er février 1956, l'institution d'un ministre résidant provoque la large délégation de pouvoirs que nous avons évoquée: " le mi- nistre résidan Algérin te t dépositairees s pouvoirede u Gouvernemensd t Républiquda el e français Algérie.n e " (50)

L'ampleur des problèmes posés en Algérie amène le Gouvernement à demander rapidement l'extension de ses compétences et l'octroi de pleins pouvoirs envisagés des le discours d'investiture de Guy Mollet.

Robert Lacoste plaide son dossier devant le groupe parlementaire socialiste: situatioa "L a nbeaucou p changé s attentats.Le sabotas le , - s continuent..ge faul I . t prendr certain u e n nombr mesuree d e s permettant d'assure a sécuritl r s individude é e maintenid t e s r dan calme l s e l'élé- ment européen... Sur le plan judiciaire, il est exclu de pouvoir conti- nuer avec les moyens actuels." (51) Les pouvoirs spéciaux sont aussi in- dispensables pour la mise en oeuvre des réformes ( réforme agraire, fonc- tion publique, collectivités territoriales ...)

s réticenceDe manifestane s t parmi les parlementaires socialistes, une réunion commune au Groupe et au Comité directeur a lieu le 7 mars. y MolleGu t rassur éventuelldéputée s un ese r su s e utilisatio s pouvoirde n s spéciaux par ses successeurs: " le Gouvernement qui nous succédera ne se- ra pas forcément un Gouvernement adversaire. Devons-nous faire en sorte

(49) F.florella, op.cit., p.26O. (50) décret 16du février 1956. (51) Groupe parlementaire réunion mars6 u d 1956. Daniel Wayer renouvel- lers réservesale minoritéa l e d socialiste; " Lacoste- pourre ap n s apa pliquer le dixième de ce qu'il veut. La. droite votera les pleins pouvoirs s utiliseramaisle l i dans 1'ordr hiérarchiea l e ed urgences:s de 1'or- dre d'abordf puis le Gouvernement sera renversé." 599

que ce Gouvernement se trouve dans l'impossibilité dès les premiers jours de sa formation, de prendre des mesures individuelles?... Il est souhaita- ble que les pouvoirs spéciaux cessent huit jours après l'installation du Gouvernement suivant." (52) Le vote du Groupe donne le résultat suivant: unanimité en faveur des pouvoirs spéciaux, moins do,uze abstentions émanant de la minorité animée par Daniel Mayer, Robert Verdier, Antoine Mazier.

e pleind e projei L lo s e pouvoirtd s bureae déposl r e l'Assemd usu é - blée nationale autorise Gouvernemene "l • mettrtà n oeuvree Algérin e n u e programme d'expansion économique, de progrès social et de réforme adminis- trativ et l'habilite » tà et prendre toutes mesures exceptionnellee vu n e s du rétablissement de l'ordre, de la protection des personnes et des biens sauvegarda l e d t e u territoire.'ed " Dandomaines le s s économique, social, administratif, le Gouvernement pourra annuler par décrets les dispositions législatives antérieures.

L'aticle 5 du projet reprend spécialement les moyens du retour au calme: " Le Gouvernement dispose, en Algérie, des pouvoirs les plus éten- dus pour prendre toute mesure exceptionnelle commandée par les circons- u rétablissemend e tancevu n se e l'ordre,dtd e la protectio s personnende s sauvegarda l e s biend de t e st u Territoire e d e . Lorsqu mesures le e s prise n vertse e l'alinéud a précédent auront pour effe modifiee td législationa l r , elles seront arrêtée décrer spa t pri n conseie s ministres.s de l "

L'ensembl s pouvoirce e dispositioa d el sà spéciau- s mi mi u t nd es x nistre résidant qui peut lui-même en déléguer une partie aux Inspecteurs Généraux de l'Administration en Mission Extraordinaire et aux préfets qui, à leur tour, peuvent déléguer leurs attributions aux autorités militaires. • Dans zonele s s ministre ol ù e résidant responsabilia décidl e qu e - té du maintien de l'ordre sera transférée aux militaires, notamment en ce

(52) Réunion commune Comité directeur— Groupe parlementaire mars7 / 1956. 600

qui concerne les pouvoirs de police, les militaires peuvent recevoir délé- gatio s pouvoirnde s spéciau t éventuellemene x délégues le t à leur r tour aux autorités civiles articl( . ) 1 1 e

L'ensembl s pouvoirede s spéciau extrêmement es x t vaste: nous n'en donnerons qu'un rapide aperçu. (53)

II s'agit tout d'abord d'un élargissement des pouvoirs de police: aux pouvoirs de police déjà prévus par l'état d'urgence de 1955 { les pré- fets pouvaient interdire la circulation des personnes et véhicules à cer- tains moments dans certaines zones, interdir s réunionsede , fermer les lieux publics, contrôler la presse et autres moyens d'expression }, s'a- joutent le droit de réglementer la circulation des marchandises, l'accès et la sortie du territoire algérien, la dissolution de tout groupement dangereux pour l'ordre public, l'extensio d'usags ca s s armeede nde s pour les personnel e policesd .

Il s'agit ensuite d'attributions pénale x autoritéau s s adminis- tratives: assignation à résidence de " toute personne dont l'activité s'avère dangereuse pour la sécurité ou l'ordre public " ( article 1er, al.7); interdictions de région, créations de sanctions pécuniaires collectives ou individuelles contre ceux " qui auront apporté une aide quelconque à des rebelles ou qui auront facilité leurs entreprises." articl( ) 3 e

Enfin les fonctionnaires pourront être sanctionnés, et tout bien réquisitionné pour les besoins du maintien de l'ordre ou de la bonne mar- che des services publics.

Ce projet qui deviendra la loi du 16 mars 1956, " considérée à juste titre essentiellement comm moyen eu e guerrend , plaçait définitivement l'Algérie hors-la-loi mêmeà l r ,Constitution.a pa l hor , e sd ,et a L "

(53) voir la liste complète de ces pouvoirs conférés au ministre résidant n décretu r pa du 17 mars 1956 dans J.Barale,- . op.cit., p.45O. 601

distinction traditionnell droin ee t public français entre pouvoir légis- latif et pouvoir réglementaire se trouvait pour l'Algérie supprimée " a écri C.A.Colliar. M t d ("Les libertés publiques", p.119). Jusqu'n fi a l à de la IVëme République, les cabinets ont obtenu la reconduction et même l'élargissemen pouvoirs de t s spéciaux soustrayane s ,tou à à l t r pa t contrôle de la légalité de leurs actes." (54)

Ce qui est nouveau, c'est surtout l'étendue et la profondeur des pouvoirs législatifs délégué Gouvernementu a s , beaucou pa prol plue - qu s cédure elle-même qui n'en fait qu'une banale loi de"pleins pouvoirs". ( La procédure de ratification des décrets est très traditionnelle puis- qu'elle prévoit simplement que le Parlement doit se prononcer dans l'an- née qui suit leur survenance.)

Quan contrôlu a t e e Conseil opér r pa é l s décretd'Etale r u su sd t Gouvernement, il se réduisit à un contrôle de forme: c'est ainsi que, par exemple t annulfu , é pour vic formee ed , l'articl ed'u9 n décre3 1 u d t juillet 1956, qui, portanreforma l r su te agraire, aurait dû être édicté par décret pri consein se ministres de l s après consultatio Conseiu nd l d'Etat ( C.E., 7 février 1958-Syndicat des propriétaires de forêts de chênes-lièges d'Algérie et autres ). (55)

Sur le fond, le plus souvent, le juge administratif constate que " par la généralité de ses termes " la loi du 16 mars 1956 " autorise le Gouvernement a prendre en Algérie toutes mesures nécessaires à là condi- tion r leuquepa r, nature mesures ce , s aient exclusivement pour objet le rétablissement de l'ordre, la protection des personnes et des biens et la sauvegarde du territoire et qu'elles soient, comme le prévoit l'alinéa 2 de l'article 5, arrêtées en Conseil des Ministres dans le cas où elles auraient pour effe modifiee d t a législation.l r " (56)

(54) J.Barale, op.cit., p.1O5, (55) Recueil Lebon, 1958, p.74.

(56) C.B. 12 juillet 1957f Union générale des fédérations de fonctionnai- res, p.469. Recueil Lebon, 1957, p.469. 602

Le Conseil d'Eta t alles té beaucoup plus loin, dan e mêml s e arrêt en refusan vérifiee d t a conformitl r décrets éde s gouvernementaux avec s principele s générau droitu d x dispositio:a L " n législative précitée autoris e Gouvernemenel dérogeà t rdispositions tande à t loie - sd sex presses qu'principes àde s générau droiu d x t ayant valeur législative; dès lors les moyens tirés des prétendues atteintes qui seraient portées par le décret attaqué au principe de l'égalité devant la loi et les charges publiques ainsi qu'aux principes résultan a Déclaratiol e d t Droits nde s de l'Homme et du Citoyen et du Préambule de la Constitution,en l'absence de réserve formulée à l'égard desdits principes par la loi du 16 mars 1956, ne sauraient en tout état de cause être retenus." (57)

Le décreavri2 1 u ld t 195 i dissouqu 6 t l'Assemblée algérienne trans- fèr mêmn ee e temps toute attributions se s ministru sa e résidant: " Désor- mais, la vie de l'Algérie en guerre dépend d'une seule autorité largement déconcentrée et qui participe directement, de manière prépondérante en rai- son de la guerrre d'Algérie, au pouvoir de la IVëme République." (58)

L'ënormitê des pouvoirs"spéciaux" ainsi accordés au Gouvernement, et, par ricochet, au ministre résidant en Algérie, aurait dû susciter un débat pou moine l r s anim l'Assembléà é e nationale t simplemenfu l i ; t abon- dant.

La droite insista sur le préalable du retour au calme avant toute réforme: " Pour applique politique un r e sociale l i ,fau t d'abord rétablir l'ordre i seraicarqu e ,c t accordé danpensée un s e généreuse serait consi- déré et utilisé par nos adversaires comme un laisser-aller, comme le fait de céde a forcl 1'intimidation."(59à à t r ee )

(57) Recueil Lebon, 1957, p.469. (58) J.Barale, op.cit., p.451.

•(59) M.Le Penf J.O. des Débats, A.tt. 8 mars 1956, p.754. tt.Tixier-Vignan- cour déclarera ironiquementi " C'est momentn u pouri mo toujours émouvant que celui où un socialiste prend contact avec les réalités." (J.O. ? Dé- bats A.N., 9 mars 1956, p.813.) 603

M.Legendre (Indépendant) et M.Dronne (Républicain social) marquent le même souci et sont prêts à tous les efforts pour accentuer la répression: " Nous voudrions, Monsieur le Ministre - en cela nous sommes peut-être plus exigeants que vous - avoir la garantie que cet article { 1'article 5 qui accorde les moyens du rétablissement de l'ordre } vous donne bien, en effet tous les moyens." (60)

Le discours attend e Roberd u t Lacoste commenc hymnn a u l r à e pa e présence française en Algérie: " Nous pouvons être divisés sur les solu- tions, mais il n'est pas un Français... qui accepte de voir la France chassée d'une terre où elle s'est installée par le droit discutable des armes mais qu'elle a conquise par l'indiscutable droit d'une oeuvre civi- lisatrice faite d'humanit générosité.e d t e é " (61) II affirm a nécesl e - sité de la simultanéité de la pacification et des réformes qu'il faudra au besoin imposer à la communauté européenne: " Les pouvoirs que demande e Gouvernemenl t seront utilisés sans faiblesse pour faire respecter l'or- e françaidr t serone s t utilisé e soit.c se contrqu " i (62qu e )

Jacques Soustelle approuve les axes définis par son successeur en insistant sur la dimension internationale du conflit algérien.

Le débat s'achèv mar9 e u dana s a 8 aprènuil s e Raymonu d tqu s d Guyot ait rappelé au nom du P.C.F. que le problème n'était pas l'octroi de pouvoirs spéciaux auxquel partn t so straditionnellemen es i t opposé mais plutô e savoid t r " quelle politiqu e Gouvernemenl e t fer vertn e a e ud s pouvoirs.ce " (63)

Guy Mollet pose ensuite la questio arti6 s e confiancd n-de 4 r su e

(60) M.Legendre, J.O, des Débats, A.N. 8 mars 1956, p'757. (61) id., p.759. (62) id., p.761. (63) id., p.8O5. 604

clés du projet de loi en rejetant tous les amendements déposés. Le débat et le vote vont avoir lieu le 12 mars.

Georges Bidault apport soutieele M.R.P.ndu pouvoir: Les " que s vous nous avez demandé voue n s s seron s refusés.Ilpa t voue sn s auraient é parefuséét s i s vou s aviele s z demandés plus étendus.- " ra (64s Le } dicaux, le R.G.R. font de même.

L'intervention la plus attendue est celle de Jacques Duclos:il mar- que d'entrée la préoccupation primordiale du parti communiste: " Nous considérons que ce qui compte avant tout, c'est le développement de l'uni- d'actioé t n ouvrièr t populaire t nouee s sommes convaincus qu'elle par- viendra rapidement à imposer le cessez-le-feu et l'ouverture de négocia- tions sans lesquelles le problème algérie pourre n êtrs epa a réglé... Nous avons la certitude que le fait national algérien finira par être officiellement reconnu... Cette évolution dont la nécessité s'impos- se e rait gravement compromis politiqua l i s e e française était infléchie vers la droite... Il faut empêcher le retour à cette politique et cette volon- té entre en ligne de compte dans notre décision de voter pour le Gouver- nement. Notre vote exprimera notre volonté très nette de faire obstacle à toutes les manoeuvres de la réaction en développant l'unité d'action de la classe ouvrière et des masses populaires..." (64)

Ainsi depuis fin 1953, la tactique d'union du parti communiste n'a pas varié; jointe au souci de ne pas voir le gouvernement à direc- tion socialiste être emprisonné par une majorité de droite, elle aboutit à faire avaler au parti communiste la grosse " couleuvre " des pouvoirs spéciaux. tt II fau a disciplingroupl u t d r efe memtous poue e ed se s qu r- bres, dont plusieur cachene n s leus pa rt désaccor publicn de , souscrivent à une loi qui va permettre 1 'intensification de la répression et l'envoi des soldats disponibles en Algérie. La politique d'unité avec les socia-

(64) J.O. des Débats, A.N., 12 mars 1956, p.845. 605

listes est plus forte que la tradition anticolonialiste. Mais cette déci- sion crée assez de remous pour que, siégeant douze mois plus tard, le Co- mité central toujours satisfait et toujours optimiste se croie obligé de l'approuver votann E . t pou e Gouvernemenl r t e groupl " e communist créea é des conditions favorables à un grand essor du front unique et aux progrès vers un nouveau Front populaire, à l'action conmune pour empêcher un re- tour de la réaction au pouvoir, à l'orientation à gauche de la nouvelle Législature refusann E . sacrifiee d t r cette perspectiv votn i u equ r pa e aurait provoqu poinruptura n l éu r t eparticuliersu i importans , t soit-il, le part biea i n serv a classl i e ouvrièr e peupll t ee Francee ed mêmn e , e temps qu'il préservait la possibilité pour demain d'un règlement pacifi- quproblèmu d e e algérien." (65)

Guy Mollet répondra directement aux communistes et aux autres par- tis: " Plusieurs groupe t manifeston s é d'ore t déje s à leur volont- vo e éd r poute r le Gouvernement, mais, parm s explicationle i - de n vote e sd e- hors de celles qui contenaient des questions ou qui révélaient des inquié- t revenues i equ e presqueun t es toujoursn e tude l i - s , bien qu'elle employéé ét t ai fins e de sà différentes; nombreux sont ceui von- qu x vo t ter pour le Gouvernement non pas tellement à cause de la politique du Gouvernement mais pour prémunir celui-ci contre la tentation qu'il pour- rait avoir de faire la politique d'un autre. Gouvernemene L . .. faira concessiov e e d n t quiconque..nà l I . fera la politique qu'il a lui-même définie, et celle-là seulement." (66)

C'est dans cette ambiguïté maintenue depuis son investiture que le Gouvernement recueiller trèe aun s large majorité sur chacun quatrs ede e questions de confiance posées: l'ensemble du texte de pleins pouvoirs ral- lier suffrage5 a45 s favrorjtbles contr ( comprenan 6 e7 t essentiellemens le t

(65) Jacques Fauvet: "Histoire Partidu communiste français", Fayard, col- lection "Les grandes études contemporaines", Paris, 1965, 2 tomes. TomeII 1939-1965, p.,408 p.276. (66) J.O. des Débats, A.N., 12 mars 1956, p.858. 606

poujadistes et environ un quart des Indépendants dont MOeynaud et Mon- tel ). (67)

Ce vote majeu t le me Gouvernemenr lun e i r donnan mu pieu a u t dd t des armes extrêmement efficaces, à double tranchant, pour la solution du conflit algérien. La presse se fait l'écho de ce sentiment. M.Robe^ Bony écrit dans"L'Aurore mars3 1 u :d Présiden"e L " conseiu d t obtena l u cette nuit, mais non"dans la nuit", l'accord de l'Assemblée. Il avait dé- jà 1'accord du pays. Et maintenant, fini s discourssle . Passon actes.x au s "

" Libération " titre: " Rest fairà e e la pai Algérie..n e x Gouvernee L . - ment a été constitué pour restaurer la paix, a déclaré le Président du Conseil l cettI fau.e qu et affirmation devienn réalité"e un e ; " Combat ", Figare L " o " publien commentaires de t même d s e tonalité.

2°/ Les actions entreprises

domaines Le " s économiqu t sociae l sont primordiaux- . do Dan e l s maine économique trop peu se sont penchés sur le problème en ce qui concerne les Musulmans. On ignore trop que le revenu moyen d'un musulman a populatiol e d % a 0 y 5 ans0 nmoina 2 . l I .e an d s r pa . F 0 00 0 3 e d t es plus de deux millions de jeunes qui n'ont jamais connu le travail. Et ce sonchiffres de t s provisoires mais cette situation s'aggrave considérable- naissance 0 t dane 00 men n e mêml 0 rythmsu a a t30 r e e pa stemped s l'aug- mentation de la production ne permet pas de faire face 3 ces besoins nou- veaux efforts Le . s faits grâc investissementx eau le asd métropole sont sérieux mais ne bénéficient pas aux musulmans." (68)

(67) Le détail des votes est le suivant: première question sur l'article premier projet:u d pour3 contre;2 46 6 , deuxième question confiancee d sus articlesle r pour 1 contret 2 4.e 45 7 -, 3 ; troisième questioe nd pour,5 confianc contre,'9 46 s 4 articles : le 6 r t e su e quatrième 5 ques- tion de confiance sur l'ensemble du projet: 455 pour, 76 contre. Mollet(68)Guy devant Groupele parlementaire, réunion février15 du 1956. 607

Ce constat rapide et incomplet marque bien l'ampleur des mesures nécessaire redressemenu a s le ad t situation économiqu t sociale a l e ed population musulmane. Depuis le déclenchement de la rébellion, à la Toussaint 1954, tous les Gouvernements français en ont bien été conscients puisque dès janvier 1955, le ministère Mendës-France mettait au point une séri réformee ed s reprise r M.Edgapa s r Faure sou e no l sdernieu md r Gou- verneur général : e plal " n Soustelle ".

Le Gouvernemen Frone d t t républicai , comm nva prédécesseurss se e , se heurte l'énormà r e difficult conciliee éd volonte un r é réformatrice profonde ave a permanencl c développemene l t e t d'une action militaire nécessaire au retour à la paix. Car il est bien évident qu'aucune réforme ne peut être menée à son terme, ni même simplement engagée,

De cette incompatibilité entre réforme t affrontemente s s armés contradictionaîe un t enfermea v i nqu r la politique gouvernementale dans le cycle bien connu de la répression contre la rébellion: en effet, avant d'engager toute transformation économiqu t socialee l i ,fau t réta- blir le calme, éliminer les " rebelles "; mais toutes les actions mili- taires entreprise t renforcerons bu dan e c s a solidaritl t é naissant- een a massl e etr musulman s nationalistele t e F.L.Nu sd supposann E . t même que la paix revienne ici ou là, la " reconquête des esprits et des coeurs" se heurtera alor l'hostilità s t d'aboron ceu e i éconstated u p dqu x r l'étendue de la répression et ses excès avant de pouvoir estimer les bien- faits des réformes amorcées.

Ce hiatus entre réforme et action militaire n'existe pas seulement vis-à-vis de la population musulmane. A l'égard des Européens d'Algérie et spécialement des éléments réactionnaires qui évoluent parmi eux cornue des " poissons dans l'eau ",un problème analogue se pose mais en termes inversés: le Gouvernement est sûr de pouvoir compter sur leur appui actif i concernqu e c n a premièrl e eactionn phasso e d e, c'est-à-dir a rél e - pressio nationalismeu nd ; mai mêmn e s e temps l i ,sai t pertinemment qu'il 608

doit se préparer à combattre la même population européenne lorsqu'il s'a- gir passee ad le ad r répression à l'engagemen réformee d t s remettann e t cause les privilèges séculaires dont bénéficient les " pieds-noirs ". Le Gouvernement, de la répression à la réforme, devra en quelque sorte " chan- ger de cheval au milieu du gué ", et après s'être appuyé quasi exclusive- ment sur les Européens d'Algérie rallier le soutien devenu plus aléa- toir Musulmanss ede .

Cette opération est rendue encore plus hypothétique par la partici- pation, directe ou indirecte, de larges couches de la population euro- péennactioe un répressioe à end plue nd plun se s indistincte contra l e masse musulmane phénomène C . i prendrqu e a bientô a forml t contre-teru ed - rorisme, anticipan r le su tterrorism rebelless i de erépondantlu u o , , ser élémenn u a t déterminant dans le creusemen s autorité le fossu d e t qu é s veulent à tout prix combler entre les deux communautés. Il supposait dans e mêml e e Gouvernemenl temp e qu sministre-résidan n so t e t - t mê usen s de t mes armes sur les deux fronts ainsi constitués: F.L.N. d'une part, acti- vistes européens d'autre part. Nous verrons plus loin que la balance ne tenus pa e t égalfu e entrdéséquilibre c e eautres qu le l'u t t ne se e contribua pour beaucoup à empêcher toute constitution d'une"troisième force", composé musulmane d e s acqui a politiqul à s e gouvernementale.

Notons enfin que dans leur nature même, action militaire et action réformatrice s'opposaient en ce qui concerne leurs effets: l'action mili- taire entraîne des conséquences immédiates et brutales, d'ordre matériel ou psychologique, alor le a qu réformes , sauf lorsqu'ell t superficielees - le et limitée ( du type distributions de vivres ou de vêtements }, est un processus à terme d'autant plus long qu'elle est plus profonde et res- pectueuse d'un certain nombre d'intérêts acquis.

t égardce A , le dange é immédiatemenét a r t perçu Molley - Gu : dé t 609

févrie6 clar1 e l a r 1956, dans l'optiqu a réalisatiol e ed triptyqueu nd , qu'il faut " créer, dans l'immédiat, par une action sur tous les plans: militaire, économique, social, politique, une situation électorale, c'est-à-dire rendre possibl a tenul e e prochaine, dan e calmel s s élecde , - tions libres ". (69)

L'accent sera ensuite régulièrement mis sur la simultanéité de l'action militair s réformede t e s afi e réduird n maximuu a e e hiatuml s précité. Cependant cette simultanéité dans le déclenchement de l'une et des autres ne change rien à la succession de leurs effets: " Toutes les réformes demanderon tempsu d t , s mesuretandile e qu ss pou e maintiel r n de l'ordre sont immédiates a êtrv n e O .oblig e renforced é s positionle r s militaires et d'entraîner le parti dans un engrenage. Une fois dans cet engrenage, nous serons renversés et les successeurs appliqueront les me- sures concernant le maintie e Tordrd n e mais abandonneron s réforle t - mes." (70)

Andrée Viénot (Ardennes) surenchérit devant la Conférence des se- crétaire e fédératiod s a S.F.I.O.l e retoul e - d n ob i calmu s a rt : es e tenu s réformele , pourrone n s t être accomplies ,"la droit e sers e a servie de nous pour abattre la révolte algérienne, comme elle se servit jadis du républicain Cavaignac pour abattre la révolte des ouvriers parisiens (protestations)... et une fois le travail fait par nous, quand nous au- rons abattu la révolution algérienne, quand nous aurons sle prir su s épaules le poids du sang et des larmes, si jamais alors nous avons des velléités de réformes qui soient profondes, la droite qui maintenant nous tresse des couronnes nous liquidera, comme elle a liquidé Cavaignac!"(71)

Ces critique t cee s s réserves viennent tardivement t saneu s l i :

(69) J.O.des Débats, A.JV., 16 février 1956, p.326. (70) Antoine Mazier, député socialiste des Côtes~du-Nord, devant le Grou- pe parlementaire, réunion du 7 mars 1956. (71) Conférence des secrétaires fédéraux, 18 mars 1956. 610

doute fallu y recourir avant de décider d'exercer le pouvoir; les respon- sabilités étant acceptées reste n l ei ,plu s qu'une alternative: soit s'en- gager dans la voie directe de négociations secrètes ou non, soit agir sur le terrain dans tous les domaines. En ce début de 1956, les deux voies peuven t doivene t t être suivie mêmn e s e temps. Tou s problèmele s s surgi- ront bientô s différencede t s d'intérêt apport à él'unà l'autre t e e t e , des différences de traitement entre les deux communautés. Mais pour l'heu- re, le programme d'action doit être mis en place.

La première séri mesurese d e , d'ordre militair t policiere e , vise la sauvegard s personnes s biende de a eluttt l e sr epa , anti-nationaliste. Dans ce domaine, peu de changements sinon une nouvelle étiquette: la pa- cification.

Inauguré févrien e r 1956 a définitiol , n suivant t données r n e pa e Robert Lacoste s socialiste: Le " s n'on s le pa tdroi i ln et goû e faird t e des guerres s opérationde , s militaires s opérationde , conquêtee d s . Aussi avons-nous spécifié que les opérations qui seraient faites en Algérie ten- daient à la pacification. La pacification, c'est une politique, c'est une politique bien dé- terminée; elle consiste non pas à la conquête matérielle, non pas à la conquête militaire, elle consiste S la conquête des âmes et des coeurs, elle consiste à préparer la réconciliation, elle consiste à préparer la coopération, préparer la concorde. Voilà ce que c'est que la politique de pacification." (72)

La pacification simplu a , e nivea vocabulaireu d u , reflète bien la

(72) Conseil National SFIO,la de 9-1O juin 1956, compte-rendu, p.197, Trois semaines plus tard, devant le Congrès socialiste, Lacoste déclarera: " La politique de pacification cherche à rapprocher les éléments ethniques différents. Pacifier, ce n'est pas seulement rétablir l'ordre au sens phy- sique, c'est reprendre le contact, restaurer la confiance, promouvoir le retour à la vie normale. Pacifier, c'est construire les conditions psycho- logiques préalables rétablissementau 1'ordrede nouveau, 'ajouteraij et en le soulignant dans l'union indissoluble de la France et de l'Algérie." (Congrès de Lille, 28 juin-1erjuillet 1956, compte-rendu, p.158.) 611

volonté des gouvernants de refuser la réalité de la guerre qui se dévelop- Algérien pe continun O . eparleà s " événementde r y déroulens' i s qu " t en évitant soigneusement tous les termes qui pourraient laisser apparaître l'ampleur véritabl l'affrontemente ed l I n'e. n rest moins epa s lavrae qu i pacification, comme l'indiqu e ministrel e résidant, déborde largemenu d t cadr opérations de e s militaires traditionnelles: nous reviendrons plus loin sur les aspects multiples du rôle de l'armée qui devra non seulement rétabli e calmel r , mais rallie a Francl à rs masse le e s musulmanese s n e , transformant en éducatrice.en assitante sociale ou en infirmiëre.(73) C'est l'armée qui recevra une large part de la réalisation pratique des réformes dans un pays immense, sous-administré, où elle sera souvent la seule manifestation de la présence française.

La politiqu Gouvernemenu ed i confiqu t el'arméà fonctions ece s multiple ainsa sv là ai rencontr conceptions ede s nouvelle dévee s i - qu s loppen seiu a corpu t nofficiersd s de s , revenus d'Indochin- evi avee un c sion superficiell guerra l e ed e révolutionnaire qu'il t dûson affronter.

Il n'empêche que la pacification garde toujours, dans sa première phase,les aspects classique a guerrl e sd e traditionnel le.Les unités d'éli- sone qu t alore t a Légios l régiment le t ne parachutistee d s s n'aui it guère l'occasio faire nd a différenceel , dans leurs diverses interventions contr s maquiele s nationalistes.

La mobilit dernierss ce e éd a forml , guérille ed a qu'ils adoptent, obligent le Gouvernement français à recourir à des moyens tout aussi clas- sique renforcemene d s notre d t e présence militaire: l'acheminemene d t troupe plue sd plun e s s nombreuses destinées à occupe e terrail r à t ne consolider la " pacification " acquise passe inévitablemen e rappel r pa tl des disponibles, (déjà amorcé sous le Gouvernement E.Faure)!'envoi du contingent et l'augmentation de la durée du service militaire, toutes me- sures impopulaires que le Front républicain avait prétendu éviter pendant campagna l e électorale.

(73) cf. plus sqq. 639 bas, p. 612

En avril 1956, tous les disponibles sont rappelés et peu à peu en- voyés en Algérie avec le contingent: en juillet 1956, les effectifs pré- sents seront de l'ordre de 400 000 soldats (contre environ 200 000 au dé- but de l'année).

Chaque fois qu'une région est pacifiée, ou bien sOr lorsqu'elle n'a pas encore été touchée par les " événements ", le ministre résidant s'em- ploie a faire passer dan faits sle s les réformes décidée Gouvernee l r pa s - ment.

Celles-ci sont d'abord économiques et sociales: leur axe principal est la réforme agraire: " La plus importante de toutes les réformes, c'est la réforme agraire et ne vous y trompez pas, c'est celle-là qui va compter!" (74)

Quatre mesures importantes sont destinées à présider à sa mise en place créationa l : décrer 6 mar,2 pa u std 1956, d'une Caisse d'accession à la propriété et à l'exploitation rurale; la limitation, par décret du 25 avril 1956, du droit de propriété, et la possibilité d'expropriation dans les périmètres irrigués; l'institution, par décret du 13 juillet 1956, de procédures exceptionnelles d'expropriation de grands domaines; enfin, par décret du 21 septembre 1956, la cession gratuite de terrains domaniaux. Parallèlement à la réforme agraire, " il faut renoncer dans l'immédiat aux

(74) Guy Mollet à la Conférence des secrétaires de fédérations de la SFIO, 18 mars 1956, compte-rendu, p.245 l I ajoute. r "II faut t qu'ildansai y le coeur de l'Algérie un coin dû la France démocratique, républicaine, à direction socialiste, montre ce que ce sera que la vie en commun, que la communauté fraternelle, franco-musulmanef et puis peu à peu 1'étendre au- delà et partout où on pourra le faire" Robert Lacoste poursuivra longtemps la chimère de cette " vitrine " des réalisations gouvernementales, offer- te aux populations algériennes: "On peut atteindre un niveau de pacifica- tion suffisant vers e moisl d'octobre. moyens Le s militaires dont nous pouvons disposer doivent nous permettre d'assainir une portion de terri- toire bien choisi: la Kabylie, et vers octobre-novembre, il doit être pos- sible procéderde électionsdes à collègeau unique dans cette province. Pour 1'ensemble, cela va dépendre de la suite des événements." ( déclara- tion au groupe parlementaire socialiste, réunion du 25 avril 1956.) 613

grands travaux et reprendre un programme de petits travaux " déclare Guy févrieMolle5 1 e l tr 1956 devan Groupe l t e parlementaire socialiste: irri- gation, ouverture de chemins et routes secondaires, constructions de dis- pensaires, d'écoles en formeront le contenu sans cesse menacé par les coups de main des nationalistes.

Un décrejuille6 1 u d t t 1956 réforme l'assitance médicale gratuite, étendu toueà s les Algérien t prise s chargn e r lepa e budge l'Algériee d t : des centres sociaux ruraux et urbains sont créés pour répandre l'éducation sanitaire; les assurances sociales voient leur champ et leur montant accrus par des décrets du 14 et du 27 septembre 1956. Les dispositions du Fonds national de solidarité deviennent applicables à l'Algérie à compter du 1er octobre 1956 constructioa .L H.L.Me nd .bâtimente d ains e qu i s scolaires t relancéees : "Mai e nombrl s nouvellee ed s classes ouvertes chaque année reste encore en deçà des besoins puisqu'il ne peut suivre le rythme d'ac- croissemen lae d tpopulatio ( nil faudrai effen e t t pour scolariser entiè- rement le pays y consacrer le budget de l'Algérie en entier.) ." (75}

La traduction pratiqu mesures ce e heurtere d s s abieà retardss nde : n septembrfi e 1956, Robert Lacoste, dressan bilan u t n provisoire, annoncera la redistribution de 1000 hectares de terre seulement. Le rythme ne s'accé- lérer dan s s moile apa s s suivants t lae , réforme agraire s'enlisera douce- ment alors qu'elle aurait dû être la pièce maîtresse de l'action réforrna-

(75) "Algérief quelques aspects des problèmes économiques et sociaux", plaquette éditée sur les instructions de R.Lacoste, Baconnier, Alger 1957, 136 p.f p.56. 614

trice du Gouvernement. (76)

L'autre grande réforme projeté cellt ees e l'administratioed e d n l'Algérie. Aux trois départements d'Alger, Oran et Constantine, avait été ajouté» par une loi du 7 août 1955, celui de Bône. Un décret du 28 juin 1956 crée huit départements supplémentaires: le total des douze départe- ments est réparti entre trois " igamies "( Alger, Oran, Constantine ).(77)

" Cette mesure avai remédiee td pout rbu rsous-administrationa l à , mais l'impossibilité de procéder aux élections et la difficulté d'organi- ser la vie administrative de ces nouveaux départements réduit la portée de semblables réformes." (78 ministre )L e résidan t contraintes créee td r des commissions administratives provisoires dont il nomme les membres, chargés de la gestion de ces départements. Les musulmans, parfois majori- taires dans ces commissions, sont très souvent réticents pour y partici- per. Leur présenc t réduitees r lepa es démissions provoquée F.L.Ne l r .pa s

(76) Robert Lacoste y renonceran' pas, mais d'autres préoccupations devien- dront primordiales. Tl avait pourtant montré gu'il était capabl brisee ed r partiellemen s résistancesle t puissancess de économiques locales l Geor-te ges Blachette, "l'empereur de l'alfa ".• " Depuis 1872, cette concession (de l'alfa , ) reprise Blachetter pa , n'avai s varié.pa t Quinze centimes jusqu'à 5OOO tonnes et vingt-cing centimes au-dessus/ Lacoste, gui cherchait des ressources pour mettre en route son train de réformes, avait besoin d'ar- gent. Il fallait acheter terresdes réformela pourque agraire puissese réaliser. Et les sommes affectées par le Gouvernement de Paris se révé- laient d'une désespérante insuffisance... Chaussade avait demandé à Pélis- sier, le directeur de l'Agriculture, jusqu'à combien on pouvait aller dans l'augmentation redevancela de sans mettre périlen l'équilibre finan-des ces du groupe Blachette." On peut aller jusqu'à 2OOO F., dit Pélissier, et il gagnera encore bien sa vie." On fixa généreusement le taux à 1OOO F. OOO6 d'augmentationl3 Plu% e d s s chiffresCe laissent rêveur. outre,n E Lacoste n'était fâché remettrepas de Blachette fairelui placede sa à et bien comprendre que 1'ère des seigneurs était passée en Algérie." ( Yves Courrière : "L'heure des colonels", op.cit., p.387,) (77) 1' "igamie" d'Alger comprend départementsles d'Alger, Orléansville, rizi-Ouzou, Médéa; celle de Constantine, les départements de Constantine, Batna,Bône Sétif;et celle d'Ozan, départementsles d'Oran, Mostaganem, Tlemcen et Tiare t.

(78) F.Borella, op.cit., p.262. 615

et les mesures prises perdent du môme coup une grande partie de leur in- térêt. (79)

Au niveau coiroiunal, siège traditionne u conservatismd l e européen, un grand cou e bala pd t donné 8 juies i2 e nl : 1956 ,décren u t permee td transformer toutes les communes mixtes en communes de plein exercice sou- mises au régime de la loi du 5 avril 1884 ( en janvier 1957, 1071 commu- nes nouvelles auront été ainsi créées.). Le 11 décembre 1956, les soixante dix conseils municipau s communede x e pleisd n exercdce préexistantes sont dissous; dans les deux cas, un problème identique à celui des départements provoqu mêma el e solution provisoire s électionle ; e pouvann s t avoir lieu, ce sont des délégations spéciales, ou des commissions administratives qui sont appelée sà gére collectivités le r s communales.

(79) "La réaction du F.L.N, ne s'était pas fait attendre: tout notable qui " participerait" à la réforme serait impitoyablement éliminé. A Nédroma, douze musulmans qui devaient être installés à la tête de leur commune avaient été égorgés. Malgré cette menace -suivie d'effets- Lacoste avait poursuivi programme.son participationLa d'un grand nombre musulmansde à la gestion des affaires municipales, malgré le F.L.N. et surtout malgré l'opposition européenne était seulesa chance réussite.de " II nous faut une troisième force, disait-ilf et je l'aurai. Je trans- formerai la société. De gré ou de force! " Le syndicaliste "à tripes républicaines" reprenait le dessus. Matraque et réformes. C'était son plan. Cette troisième force, on allait lui courir après pendant des années. Soustelle y avait cru, Lacoste y croyait, Delou- vrier Debréet croiront.y miragesLes algériens sene manifestentpas seulement pied u s a dunes de sahariennes!" (Y.Courriers - "L'heure. s de colonels", op.cit., p.24-25.) Un délégué Fédérationla de SFIO d'Alger soulèvera l'enthousiasmedu Congrès socialiste de Toulouse {27-3O juin 1357) en citant un exemple édifiant, véritable morceau d'anthologie digne l'expositionde coloniale de la même République triomphante: "II y a là-bas des Musulmans gui sont singulièrement Français, nous connaissonsen un,gui était membre notrede parti depuis 3Q ans, qui avait accepté, à l'âge de 75 ans, des responsabi- lités dan a Commissiol s n départementale du département d'Orléansville- no ; tre camarade Haoui Meur, parce qu'il avait accepté cela, a reçu une balle dans a bouche,l beaun u peinà a matin,mois!n y eu t blessé E l i mort,à au moment où il sentit que tout était perdu, que son sang était fini,par gestes ^puisqu'il n'avait plus de langue- il a essayé de faire comprendre qu'il avait besoin qu'on lui passât un papier et un crayon et savez-vous ce que notre camarade socialiste a écrit avec ce crayon, deux heures avant de mourir? Eh bien, il a écrit trois mots: "Vive la France!"( Ap- plaudissements)". Congrès e Toulouse,d compte-rendu, p.683-684. 616

La fonction publique enfin est l'objet de plusieurs mesures im- portantes. La même discrimination que celle prévue par les décrets d'appli- cation de la " loi Oefferre ", dans l'accès à la Fonction publique, est appliquée en Algérie: les fonctionnaires pourront être recrutés sur ti- tres» un quota de postes sera réservé aux Musulmans, l'âge limite d'accès sera pour eux reculé. Guy Mollet: " Nous allons avoir parmi les fonction- naires de la métropole et parmi les fonctionnaires français en Afrique des protestations, cela, je m'en fous!" (80)

800 candidatures musulmanes auront été acceptée juillen e s t 1956 et près de 3900 à l'automne 1957.

Mai e seconl s d volea réforml e d t e administrativ peinà t eees abor- dé: il s'agi l'épuratioe d t n févrie6 don e l t r 1956 avait montr nécesa l é - sité; la Fonction publique algérienne, spécialement la police et l'admi- nistratio Gouvernemenu nd t général étaien effen e t t peuplée Françaie d s s d'Algérie acquis dans leur immense majorit positionx éau s les plus conservatrices: leur opposition engluait toutes les initiatives minis- térielles dans un marais de mauvaise volonté lorsqu'elle ne se transfor- mait pas en sabotage pur et simple. Au lendemain du 6 février, l'épura-

tion de l'Administration algérienne fut demandée à cor;, et à cri par la minorité de la S.F.I.O. qui paraît rallier l'unanimité du parti. Il semble bien qu'en la matière, Robert Lacoste ait tenté de limiter au ma- ximum les mutations, se souvenant sans doute de ses anciennes fonctions de leadea fédératiol e d r fonctionnaires nde a C.G.Tl e d s . Seuls, cer- tains chefs de service du Gouvernement général firent les frais de Tope- ration, la grande masse des fonctionnaires moyens et même des hauts-fonc- tionnaires restant en place malgré leur hostilité affichée et parfois militant projetx eau Gouvernementu sd ministre L . e résidant déclarera ainsi devant le Groupe parlementaire socialiste à propos de l'épuration qu'on lui réclamait: " C'est une affaire qui ne me plaît pas du tout. O'ai été secrétaire généra syndicau d l fonctionnaires de t t j'ee s i na

(8O) Conférence des secrétaires fédération,de mars18 1956, compte-ren- du, p. 127. 617

gardé le respect de la Fonction publique, Je n'entends pas commettre d'injustice et ne veux pas mettre un fonctionnaire dehors cornue une bour- geoise met sa bonne à la porte... Sur le plan de l'administration, à mon i comptavisqu son e e les c e n plu,l e s pa e t c spauvre s types gardés qu'on appell s hautele s fonctionnaires son e s c gen ,i le sont qu contacsn e t t direct avec les Musulmans, c'est-à-dir s administrateursele . Mais c'est lon t difficilge trouvee ed remplaçants.s de r " (81)

Les socialistes souffrent effectivement de s'être arrêtés en chemin; ayant donn coun u épiee pd d dan a fourmilièrl s s intérêtede s acquis de la Fonction publique algérienne, au profit des Musulmans, ils n'osent r portedanfe se l rl'administratio n métropolitain i étaiequ t seule susceptible d'assurer la relève des fonctionnaires " pieds-noirs " les plus hostiles et de pallier la sous-administration du territoire. Or, à son égard, les socialistes, prisonniers de leurs engagements antérieurs et d'une clientèle où les fonctionnaires occupent une position-clé, se contentent du respect des règles établies: ils font appel au volontariat 'tf avan procédee d t mutationx au r s indispensables résultats Le . - se s ront négligeables. (82)

Ils seront même catastrophiques dans le corps de la police algé- rienne dont le racisme n'était plus à démontrer; Robert Lacoste le re- s sévices le s abu le t e ss connaîtra,pa c'ese ni te n hélas : e J " ! la tech-

(81) Groupe parlementaire, réunion du 25 avril 1956. (82) Guy Mollet déclare devant le Comité directeur de la S.F.I.O.: "Le grand drame est l'ïmpossii)ilit^ de trouver des fonctionnaires pour assurer un quadrillage administratif de l'Algérie. Il n'y a pas de volon- tariat et nous nous heurtons à la. réaction des syndicats quand il s'agit de désignation d'office," (réunion du 13 mars 1957, compte-rendu, p.131.) 618

nique courante dans la police." (83) Pire encore: un service para-mili- taire est créé au cours de l'été 1956: les Unités Territoriales, "consti- tuées de Français d'Algérie qui doivent un jour par semaine de service à la nation pour dégager l'armée des tâches de surveillances d'usines, d'ouvrages d'art, de contrôle de routine." (84) D'une efficacité contestable s " ce U.T, . " vont rapidement être gangrenée s réseaule r pa sx activistes européens qui les manipuleront et se serviront de leur canal pour s'approvisionne munitionsn armen e e r t e s . (L'O.R.A.F. - Organisa- tion de Résistance de l'Afrique Française -dirigée par Kovacs» spécialis- te du contre-terrorisme aveugle, sera la première à noyauter les "U.T.".)

Le bilan de toutes ces réformes reste modeste: si la " pacifica- tion " a relativement réussi dans ses aspects militaires, la population musulmane ne s'est pas massivement ralliée aux autorités,prise qu'elle était entre deux feux: l'administration française d'un coté, le F.L.N. de l'autre, Guy Mollet le reconnaîtra: " D'une façon générale, les réfor- mes n'on s donnpa te rendemen d é t appréciable... Afi e créed n chocn u r l i , t nécessaires e manifested e r notre bonne volont r certainpa é s gestesa L . situatio t moines n s bonn l'oe nqu e pouvait l'espérer. Mai l i faus t tenir: la partie peu e gagner.s t " (85)

Ces " gestes ", destinés à créer un choc psychologique et que les méthodes de Gouvernement de M.Mendès-France avait inspirées, avaient été envisagés des les débuts du Gouvernement mais non mis à exécution. Leur importance était essentielle puisqu'il s'agissait de redonner confiance

(83) Comité directeur IO-11des octobre 1956, compte-rendu, p.59.( sou- ligné par nous ) M.Mendès-France confirme ce phénomène:" Je savaî tout le monde savait gué, dan s colonies,sle policierss de estimaient ^v\>ire l droit fairede moyensparler les plusgens les les par brutauxque et l'armée de son côté, n'y allait pas toujours de main morte. Les hommes de gauche réprouvaient procédésces isolés." mais cas voyaient n'y des que ("Choisir", op.ci t., p.loi.) (84) Y.Courriers : "Le temps des léopards", op,cit., p.439. (85) Comité directeur du 27 septembre 1956, compte-rendu, p.55. 619

aux Musulmans dans les autorités françaises: il fallait tenir les engage- ments pris d'épurer l'administration e libéred , s détenule r s campde s s d'in- ternement administratif contre lesquels aucune procédure judiciaire n'était engagée. " II est certain qu'actuellement, dans les camps de concentration, s d'autrpa pou s campsm a ce rno e y n' , l i sont enfermé s millierde s e susd s - pects pour la plupart innocents." juillen (86e , )Or t 1956 d'entr0 30 , e eux seulement, soit e l'effectienvirod % 0 1 n f total, auront fait l'ob- jet de mesures d'élargissement.

Seule e rared s s mesures d'autorité émergen s premierde t s moie d s la gestion de R.Lacoste; c'est l'expulsion au lendemain du 6 février des quelques agitateurs, tels le sous-préfet Achiar Boyep-Banseu yo , princi- paux organisateur a journél e d s e d'émeute; c'est auss a dissolutionl i r pa , décret du 12 avril 1956, de l'Assemblée algérienne, tenue entièrement par les forces conservatrices et seul vestige du statut de 1947.

Ces mesures énergiques trou nombreuseppe s n'empêcheron- s ldé a pa t rive de la politique algérienne du Gouvernement, dérive inévitable dans la mesure où la perspective de son action était obturée par un statut de dépendance, dérive inéluctable enfin à cause des moyens politiques, admi- nistratifs, militaires et policiers employés.

A partir de la fin de l'été 1956, il est flagrant que le Gouverne- men a échout é dan a volonts s e ramened é r la paix: M.Lacost a ebea u affir- mer que "le dernier quart d'heure " de la rébellion est arrivé; rien n'est résolu, le pouvoir s'enfonce dans un conflit aux répercussions ca- tastrophiques.

(86) Joseph Begarra, conférence des secrétaires de fédérations de la SFIO, 18 mars 1956, compte-rendu, p.148. 620

SECTION II : LES REPERCUSSIONS DE L*ECHEC ALGERIEN

s pouvoirLle a r losu i s spéciau mar6 1 su d x195 6 perme a misl t n e oeuvre immédiate du plan d'action gouvernementale qui doit ouvrir la voie au triptyqu t tienee deun e t x mots: pacificatio t réformesne réussita L . e de la première met en danger la réalisation des secondes; les autorités françaises vont s'essouffle poursuivrà r e leur achèvement sans avoir marqué au départ une volonté suffisante d'y parvenir. L'action du F.L.N. et les résistances de la colonie européenne auront raison de la générosi- é bornét ministru ed e résidan Gouvernementu d t e t . L'échec sub provoa v i - quer en Algérie un véritable détournement de politique qui accompagnera et suivra en France un glissement accéléré de la majorité parlementaire soutenant le Gouvernement . s conséquenceDan le s deus le s ca x s seron- dé t sastreuses et les responsabilités en incomberont pour une large part à des hommes charges d'attributions trop lourdes pour leurs épaules.

§ 1 : DETOURNEMENTS DE POLITIQUE

Le fait n'est pas nouveau. Nous avons rappelé plus haut la tenta- tion permanent "s proconsulde e stoue d " t typ appliqueeà r leur propre politique de préférence à celle du Gouvernement français, quand celui-ci voulait bien prendr responsabilités ese t leue s r donne consignes de r s pré- cises. Malgré cette désastreuse tradition pouvain o , t s'attendre c eS qu'il en aille autrement en Algérie: le Président du Conseil n'est-il pas ven personnen e u févrie6 e l , r 1956, jugea situatiol e trois d r ce se nd départements? N1a-t-i nomms "pa n l u éministr e résidant", invest poue d i - voirs colossaux, restant en contact étroit et hebdomadaire avec le Gouver- nement métropolitain? M.Lacoste n'est-i d'ailleurss pa l , ancien syndica- liste, un militant socialiste habitué à la discipline de parti? Sa force de caractère ne lui permettra-t-elle pas de résister, contre vents et ma- rées l'attraià , cette d t e ville d'Alger où l'o t bie , selona nmo e l n 621

connu, l'habitude " d'entrer à gauche pour en sortir a droite "?

M.Lacoste occupe une position politique si importante, au centre de la plaïque tournante du Gouvernement général que l'application de la po- litique algérienne du Gouvernement va dépendre essentiellement de sa capa- cit éresteà r fidèl directivex eau s arrêtée Parissà . Rarement sans doute, le rôle des hommes» le rôle d'un homme, aura été aussi déterminant. Rare- ment, leur influence n'aura joué d'aussi mauvai e politiqusvi tour a l à se de tou paysn u t . Leur faibless avois é capablepa ét ere n ser e maine ad d s - fixp i tenidangereusemenés ca e l r févrien e t r 1956.

deforce

II est traditionnel de voir les opposants à tout Gouvernement ten- dissociee d r te r l'équip pouvoiu ea inventann e r exploitann e u o t s de t divisions qui, souvent d'imaginaires, deviennent réelles au fil des jours. Dans le cas du Gouvernement de Front républicain deux ministres étaient particulièrement exposé genre c e manoeuvreà sed r l'ampleupa e d s s de r attributions qu'ils exerçaient: il s'agit du Ministre des Affaires écono- miques et du Ministre résidant en Algérie.

Les circonstances des " événements " d'Algérie facilitaient par ailleurs la prise d'initiatives personnelles: l'état de " ni guerre, ni paix ", l'étendue des pouvoirs spéciaux, la multiplicité des départements ministériels intéressés par le conflit, provoquaient un enchevêtrement de comptee compétencesd risques n fi de , n paralysie e sd t s carace , le u eo - tères les mieux trempés avaient la possibilité d'agir comme bon leur sem- blait.

M.Lacoste était bie r lensû premier confront touéà problèmes ce s s Son tempérament de " fonceur " ne fit qu'accroître le danger de le voir s'engager dans une politique personnelle dont nous allons nous attacher à démontrer l'existence. 622

1°/ La politique Lacoste

M.Fauvet écrivait que le ministre résidant était irai par deux sen- timents: " le goût de l'autorité et le nationalisme "(87): le terrain était donc favorable aux entreprises de récupération de la droite qui se fit un malin plaisir d'opposer le"réalisme", le " sens des responsabili- e Robers "d té t Lacoste à l'irréalism, a générositl à t e e é jugée folle du rest Gouvernementu ed .

Aucune " ficelle " ne sera trop grosse pour glorifier l'action de M.Lacoste: nous retrouvons là, le hiatus évoqué et craint par la minorité socialiste entre la pacification-répression qui emporte l'adhésion unani- me de la droite avant que toute réforme ait pu connaître une application sérieuse.

M.Dronne (Républicain social, apparenté): "Oe ne partage pas vos opinions mais j'éprouv a sympathil e d e e pour vous (R.Lacoste t e pou) r H.Guy Mollet, parce que je suis convaincu de votre bonne foi, de votre honnête- té et de votre patriotisme." (88)

M.Dides (poujadiste): "Comment ne saluerais-je pas ici le ministre résidant Robert Lacoste a fièrs , t noble e i patriotï->attitudfo a s t e ' que." (89)

M.Frédêric-Dupont (Indépendant): "Mon propos e soirc , , n'aurs pa a d'autre but que d'aider {M.Lacoste) dans la tâche qu'il a entreprise... Demandez-nous d'autres textes, mes amis et moi nous les voterons."(90)

(87) J.Fauvet: a IVème"L République", op.cit., p.4O6. (88) J.O. Débats,s de A.N., mar8 s 1956, p.753. (89) id., 31 mai 1956, p.2161.

(90) id.f p.2171 et 2173. 622

M.Roclore (Indépendant): "Personnellement e vouj , i dit...qu'ua s s nde éléments principaux de la confiance que j'allais vous donner était la pré- sence à Alge e M.Jd r e ministre résidant Lacoste e i tiendirJ - .lu au eà s s énergin étpa so é a déçue."(91n e n' ejourd'hu t confianca e m i e lu qu n )i e e

M.Cadic (Paysan): "Nous désirons voter la confiance sur la politi- que française suivi Algérin e e r votrpa e e ministre résidant, M.Robert Lacoste et par votre secrétaire d'Etat aux forces armées, M.Max Lejeune, qui tou a sconfiancl deut s soldat pays.u on no xd e t d ee s " (92) M.Bergasse (Indépendant) s'adressan Mollety Gu à t : " Vous ave- af z firmé.. M.Robere qu . t Lacoste avait votre confiance e tienJ . à sle dire au no s Indépendantsmde a totalemen l i , t la nôtre." (93)

M.Debré: "Nous suivons avec espérance l'action officielle. Nous suivons... l'effort particulier du ministre résidant qui porte avec lui, beaucou s espoirpGouvernementn le pluso e e qu sd s s espoirle , e toud s s ceux qui pensent que sa parole et son action sont la parole et l'action da France.l e " (94) Etc...

L'apologie, enfin, devient dithyrambique lorsque "L'Aurore" rend comptoctobr9 1 e l e e 195 e l6ad dernière interventio e Roberd n t Lacoste à l'Assemblée nationale: " II parlait avec netteté, courage, détermina- tion He sa tâche passée et de celle qui l'attend encore à Alger comme mi- nistre résidant. M.Lacost t davantages e e honnie d'actio e paroled e nqu . Rien chez lui rhéteuru d e parfoi, us l e formuleI .d s à 1'emporte-pièces . e soucl détaiu a Maid il i s l vrai . s feuilletse Alorpenchs se r l i ssu e . Il lit, il convainc, sans effets, sur pièces. Tout cela, joint à une soli- dité physique qu'une récent t grave e opération s entaméen'pa a , lui compos personnalite un e e tribud é n fort sympathique. Par-dessus toute l , patriote appelé à une rude tâche -qui est aussi un devoir tragique- em-

(91) J.O s Débats,.de i 1956,A.N.,ma 1 3 p.2223 (92) id. ,juin5 1956, p.2314. (93) id., p.2322 (94} J.O, Débatss de u Conseil d a République,29l e d i 1956,ma p.871. 624

porte l'ahdësion. On se dit qu'il est bon que l'entreprise de maintenir la France de l'autre cSté de la Méditerranée, et de sauver 1"Algérie du chaos, soit confié dane t traverses hontnece qu no s t eà E . s politiques, c'es chance un Jacquee t qu e s Soustell , à" eu Alger t eai e successeur. c , "

Le ministre résidant tend parfoi a perchl s leà a droite lorsqu'il soulign r exemplepa continuita l e action so e néd avec celle entreprise par Jacques Soustelle :doise J " , ici, rendre très grandement hommagà e mon prédécesseur, M.Soustelle, qui, avec ténacité et perspicacité, a éclairé tous ces problèmes (économiques) et dressé une première liste de réforme réaliseà s r sans retard, pour redonner confianc musulx eau - mans." (95)

Robert Lacost beaucoua v e p plus loin encore lorsqu'il s'estime investi d'une mission nationale qui dépasse les clivages politiques tra- ditionnels: à Alger, il pratique, seul, une politique d'Union sacrée. e senl s propo t de srapporte es qu sl Te e M.de Chévigné (M.R.P.) sans être contredit: "Hier, dans les couloirs, M.le Ministre résidant en Algérie, e vouj s exprimais cette crainte (d'un renforcement nécessair l'armée ed e de métier) et vous m'avez fait une très belle réponse. Je tiens à vous en rendre hommage. Je vous ai dit que le renforcement par des unités de carrière spécialisées ne plairait peut-être pas à certains de vos amis politique i pourraiensqu voiy t résurrectioa l r n d'une armé métiere d e . Vous m'avez répondu: là-bas, je ne su1s__p_l_u_s_ un_hpimie politiqjje^ je suis ministre l e gui représente la France," (96)

La boucl t ainsees i bouclée; nous voici figure revenud s eca sn u à connu: l'Algérie, terre française, est menacée; de son sorti dépend celui de l'ensembl a patril mobilisa e i d e arméequ n éso t s'es e t engagée dans l'affair poinu ea t d'y risquer d'échecs ca n e ,e sor l ,ses'institutions e d t . La lutte contre l'ennemi redevient le facteur d'union nationale qu'elle

(95) J.O. s Débats,de A.N., mars8 1956, p.762. (9G) id., 9 mars 1356, p.796.( souligné par nous.) 625

a toujours été pour les socialistes depuis 1914.

Le 29 mai 1956, Robert Lacoste l'avouera très directement en dé- clarant qu'il ne pouvait y avoir en Algérie de " lutte sur deux fronts ", c'est-à-dire d'action, bien sûr contr e nationalisml e e algérien, mais aussi contr a colonil e e européenne attachée dann énormso s e majorità é ses privilèges, grands ou petits.(97) La résorption première de la " ré- bellion " à laquelle il attache ses soins prioritaires le fait tomber inévitablement dans l'ornière prévue par la droite: répression d'abord, report des réformes à plus tard, le plus tard possible sinon jamais.

Le refus d'épurer sérieusement l'administration algérienne, le refus de libérer les détenus politiques contre lesquels aucune procédu- e n'avair é engagéeét t a répressiol , à senn s unique contr s ultrale e s d'un seul camp, tout cela particip a mêml e ed e volont e brised é r d'abord le nationalisme algérien. Les réactionnaires européens d'Algérie auront toute latitud presqueu o e n liaisoe , n avec leurs homologues métropoli- tains, pour développer leur propre stratégie de retour au " statu quo ante ".

Mais après tout, M.Lacoste ne faisait-il pas qu'interpréter sur e terrainl t quotidiennemente , , l'attitude Mollet y qu'avaiGu e l e , eu t G février 1956 à Alger cédann e , x pressionau t a foulel e d s ? Cette inter- prétation va rapidement se révéler comme de plus en plus libre, jusqu'à donner raison à ceux qui pensent qu'il y a réellement une " politique Lacoste " en Algérie.

(97) "II fallait aussi accepter cette guerre sur deux fronts que préconi- sait M.Mendès-France et décourager les ultras au lieu dfe les soutenir", écrit Sirius (Hubert Beuve-Méry) dans s"Le suicide de la IVème République" Editions du Cerf, Paris,1958f 12O p.. Le 2 juin 1956, Robert Lacoste confirmera sa position devant les députés; M.Panier (radical ntendésiste) lui reproche de ne pas avoir épuré l'administration et de mener trop mol- lement l'action de réforme: "N'est-ce pas M.Lacoste gui a déclaré qu'il ne pouvait se battre sur deux fronts? M. Le ministre résidant en Algérie: Et je le répète aujourd'hui!" (J.O.des Débats, A.N., 2 juin 1956, p.2270.) 626

" Les conditions dans lesquelles est intervenu le remplacement du général Catroux par M.Lacoste montrent bien que le ministre chargé de la guerre d'Algérie a été choisi, non par le Président du conseil avec l'approbatio e l'Assembléd n e nationale, mais sou a pressiol s n directe des Français de souche métropolitaine d'Alger. Dès son entrée en fonction, M.Robert Lacoste apparaît davantage cornue le ministre des Français d'Al- gérie que comme le ministre de la France en Algérie." (98) C'est lui, parce terrainl r e i exercsu qu'i qu t , a réalites l el s pleinéde s pouvoirs votés le 12 mars 1956, tant sur le plan civil que sur le plan militaire. La présence aux côtés de Robert Lacoste de deux secrétaires d'Etat, théo- riquement indépendants de lui, M.Lejeune pour les opérations militaires, t M.Champeie x pou s affairele r s administratives s empêchpa a e T d é e n , prendre toute libert éà l'égar e leurd s domaines respectif compétene d s - ce. M.Lejeune le reconnaît implicitement en évoquant l'effort militaire accompli: " Mon ami Robert Lacoste donna ses premières directives d'em- plos troupes.de i " (99 l i cit t )E e à l'appu a démonstratios e d i e un n instruction qu'il a lui-même adressée aux autorités militaires et dans laquelle il écrit qu'il se garde bien " d'intervenir dans les ordres que ces chefs doivent donner corme suite aux instructions verbales que vous avez reçues du ministre résidant en Algérie."

La directive n°l, datée du 19 mai 1956, et donnée par M.Lacoste aux forces armées, fournit un bon exemple à travers les affaires mili- tairea volontl e d s ministr u d é e résidant d'embrasse a totalitl r é de l'action entrepris n Algériee manièr:e D " e 3 vous permettre d'agir à tous les échelons avec le maximum d'efficacité, je juge nécessaire de vous définir personnellement, avec autant de précision que possible, l'action publiqu e j'entendqu e s mene Gouvernemenu d Algérin m e r no u a e t a dRépubliquel e . Cette directive e premiel n'es e qu t r élément d'un con- tact constant que je désire établir avec tous les officiers et sous-officiers d'activé ou de réserve en service ici. Je tiens, pour comnencer, à ex-

(98) J.Barale, op.cit.f p.446. (99) J.O. des Débats, A.ff., 31 mai 1956, p.22O. 627

primer avec une netteté absolue que les droits imprescriptibles de la Franc n Algérie e e comportenn e t espridann mo s t aucune équivoque..e J . tiens donc à affirmer de façon péremptoire, ici, que les troupes d'Al- gérie peuven à tout t momen tappu n comptemo i r inconditionnesu r l dans leur action, pour le rétablissement de l'ordre et la- pacification de e paysc contrepartien E . e j leu, r demand faire m ee d econfianc e pour les guider progressivement dans le sens que j'expose ci-dessous..." (100)

Rien ne pourra retenir Robert Lacoste sur la pente d'une union nationale de fait en Algérie: le 1 er juillet, le Congrès de la S.F.I.O. réuni à Lille, votera une motion qui tentera vigoureusement de rectifier e courl s événements:ode s n peua politiqul y lirte qu e Gouvernemenu d e t doit s'opposer " aussi bieprétentionx au n s réactionnairede s t coloe s - nialistes qu'aux manoeuvre s partisande s e l'abandod s t simplee r pu n . Dans conditionde s s certes fort différentes, mai e façod s- in n discutable e Gouvernemenl , t français doit lutte r deusu r x - frontAl n e s gérie: contre les rebelle t contre s e les ultra colonialismu d s i s'opqu e - posen a réconciliatiol à t n franco-musulman a créatiol à t e en d'une Algé- rie nouvelle..."

Le Congrès demand Gouvernemenu a e e "d t rompr e façod e n nettt e définitive ave t régnéc on ceu i ,qu x dan e passél s r la pa , puissance d e leur fortune e leud , r influenc leue d rt e epresse a politiqul r su , e d e la France en Algérie; de prendre des mesures sévères allant jusqu'à l'interdiction contre la presse qui a toujours servi les intérêts des maîtres de l'Algérie, qui excite à la haine et s'oppose à la politique de rapprochement franco-musulman et , au besoin, décider l'expulsion d'Algérie de ceux qui dirigent et animent cette presse. Sur le plan économique et financier... les oppositions de toutes sortes, politiques, et juridiques, doivent être brisées... Sur le plan administratif, il ne déplacee suffid s pa t r certains fonctionnaires l i fau, t d'abord procé- der à une épuration indispensable, puis promouvoir dans les délais les

(1OO) Bulletin intérieur a SFIO,'n°93,l e d numéro spécial: "L'actions de

socialistes au gouvernement", juin 1957, p.91. voir ci-dessous Annexe VIJIf p.1015 628

plus courts des cadres nouveaux désignés sans distinctio e e raced nd u o s religion, animéa volontl r pa s é d'appliquer sans réserv politique un e e entièrement nouvelle..." (101)

" Lacoste mit la résolution dans sa poche et son mouchoir par- dessus. Sous les apparences du calme et de la jovialité, il ne digérait guère cette critique. II ne voyait surtout pas comment il pourrait gou- verner l'Algérie." (102)

Dès son retour à Alger, il va prouver qu'il se soucie des déci- sions de congrès comme d'une guigne: le mois de juillet 1956 est marqué recrudescence paun r s arrestationde e s envoide résidencen t e e s s sur- veillées, voire des internements, frappant les milieux libéraux, et spé- cialemen s intellectuelsle t s membrele , s professionde s s libéralee d t e s renseignement; même la prudente " Gazette de Lausanne " s'insurge contre ces pratiques: " ces arrestations ou expulsions de Français libé- raux, il faut le dire, deviennent un scandale qui indigne tout le monde. On fait irruption chez les personnes visées à 2 ou 3 heures du matin, on les arrache à leur famille, âpres une perquisition sévère, et, pour plu- sieurs d'entre s ellesconduile n o , t immédiatemen r avio pa tFrance..n e n . où on les libère, ce qui est la preuve qu'elles ne sont pas coupables de faits très graves." (103)

Les saisies de journaux se multiplient: "L'Humanité ", " France- Observateur ", " L'Express " voient le plus souvent leur distribution in- terdite en Algérie. Les publications libérales, qui auraient pu faciliter l'émergence de la troisième force chère au Gouvernement, sont elles-mêmes l'objet des tracasseries du ministre résidant.

Début mars 1957, le seul journal libéral d'Algérie: "L'espoir d'Al-

(lOt) SFIO, Bulletin intérieur n°901957,mai f p.ll9-12O. (102) P.O.Lapie, op.cit., p.668. (103) Gazette"La Lausanne",de juillet16 1956. 629

ger ", après une série de saisies, cesse de paraître. (104) Lacoste ex- pliquera ainsi ses décidions devant le groupe parlementaire socialiste: " Ce journal ne s'est pas privé de défigurer mes intentions. Et lorsque les textes publiés par " L'Espoir " ont été trop contraires à la cohésion nécessair a bonnl à et e march notre d e e politique, j'ai tout simplement saisi le journal n'ae J . i d'ailleur saiscelui-ci.s e pa squ i " (105)

Les circonstances d'une guerre qui n'avoue pas son nom entraînent inévitablement des atteintes aux libertés publiques chaque fois que cel- les-ci sont exercées dans un sens contrecarrant la politique gouvernemen- tale. Guy Mollet n'avait-il pas décdaré: " S'il est impossible de censu- rer la presse française, une censure peut être établie en Algérie. C'est d'ailleurs une nécessité absolue." (106)

Dans la transmission même des consignes ou des textes les plus pré- s venana métropoleci l e d t e ministrl , e résidan s'abstiene n t d'ins pa t - tervenir. Ainsi, lorsque Guy Mollet lance le 29 octobre 1956 un second ap- pel solennel au cessez-le-feu, M.Lacoste diffuse sur Radio-Alger un texte sensiblement différent: lorsque le Président du Conseil appelle " ceux qui se battent en Algérie " au cessez-le-feu, le ministre-résidant s'adresse plus crûment aux " rebelles "; quand le chef du Gouvernement insiste à deux reprises sur la notion de " personnalité algérienne ", M.Lacoste ne a mentionnl e qu'une seule fois. (107)

(1O4) cf.l'article e CJead n Gonnet directeur de"l'Espoir" dansMonde"e "L mar4 d1 u s 1957. (105) Groupe parlementaire, réunion du 19 mars 1957, II déclare par ail- leurs à l'égard du très réactionnaire "Echo d'Alger" d'Alain de Sérignyj "je n'arrive pas à l'épingler faute de preuves".(Comité directeur, 24 juillet 1956, compte-rendu, p.17.)

(106) id,r réunion au 25 mai 1956. (107) cf. "Le Monde" du 3O octobre 1956. 630

Cet ensemble d'éléments, auquel nous pourrions ajouter d'autres preuves toutes aussi significatives, font que lfon ne peut qu'adhérer à a conclusiol H.Baralee nd "e politiquun :u e " t Qu'ieai y Lacostl n "e e Algérie, cela ne fait aucun doute, malgré les dénégations répétées du ministre résidant caractère L . e personne l'actioe d l M.Lacoste nd n e Algérie apparaît dans les débats parlementaire t dane ss document le s s publiés par les services d'information du cabinet du ministre résidant... Les protestation M.Lacoste sd peuvene n e t efface e sentimenl r t que c'est une politique Lacoste qui gouverne l'Algérie et qui gouverne a Républiqul guerre.n e " (108)

t pou ImoinIes e l r s étonnan lee ministrqu t e résidantn e , contact permanent comme il l'était homologueaves se c s métropolitains, ait pu ainsi développer sa propre politique en Algérie. Son action n'était pas, bien sûr contradiction e » n avec cell i avai equ décié ét t - dée à Paris: elle en manifestait plutôt une caricature contenue poten- tiellement originess dese s .

C'es seiu a Conseiu t nd ministres de a têtl l à e t même s Gouu d e - vernement qu'il faut rechercher les raisons formelles de cette gran- de liberté laissée au ministre résidant. "M.Mendès-France parti, c'est M.Mitterrand et M.Jean Masson qui ont pris le relais de l'opposition au sei Conseiu nd ministres de l s tandi M.Defferre qu s ey reçoi plue d t s en plus le renfort de M.Gazier. L'atmosphère des Conseils est plus d'une fois tendu l'extrêmeeà . M.Guy Mollet n'es lois donnee pa nd t r raison sur le fond à MM.Mitterrand et Defferre comme il a donné plus d'une fois l'impressio penchee nd r vers M.Mendès-France. Mai l i satten lee s dqu es - prits soient mûrs à Alger et non sans froideur tranche finalement en fa- veu M.Lacoste.e d r " (109)

(108) J.Barale, op.cit., p. (109) J.Fauvet: IVèmea "L République", op. cit., p.42O. 631

E.Depreux rapporte un écho analogue: " Dès que Lacoste venait à Paris, c'es e Gouvernementl t Molley Gu , t compris, qui» malgré l'opposi- tion de Pierre Mendès-France, de Defferre, de Savary et d'Anxionnaz, adoptai s positionle t e Lacoste.d s 1' (110)

II semble bien que l'attitude de Guy Mollet, comme il était logi- que, ait été déterminante l I n'. a jamais voulu s'oppose pratiquex au r s de Robert Lacoste pouraisoe un r nà notr e avis extrêmement simpli qu e tient aux conditions de la désignation de celui-ci: Robert Lacoste a ét e seul é à répondrl e présent, sans pose conditionse d r , lorsquy Gu e Molle a fait t le tous membrecabinen de rso e d s t pour trouve remplan u r - çan générau a t l Catroux secrétaire L . e généra a S.F.I.Ol t e es d li qu . un homm e partid e militann u e occasio , e manquun n s t e e ts'epa ed n n glorifier, n'qu'apprécieu p a u plua r s haut point cette attitud. R e ed a gard reconnaissance n e Lacosteun éi lu l I . e réell t profonde e renqu e - forcera une solidarité de parti doublant la solidarité gouvernementale t prenane a sourcs t e dans les mêmes circonstances difficiles. Seue c l phénomène de gratitude quasi inconditionnelle peut expliquer la " cou- verture " dont bénéficiera Robert Lacoste. Celui-c e manquain i t d'ail- seule un leur es occasiopa s e rappeled n s conditionle r a nomination,as e d s u débu chacune s d interventiont se e d e s devan s instancele t a S.F.I.O.l e d s : " Camarades, voilà maintenant quatre mois que j'ai pris sur mes épaules les charges terri l_e_sblée i n j>aAlgérin a _ e s e sj souhaitées t e , j'y suis allé contrejBonjsen11ment intërieur y suij' , s allé pour répondrà e la coTifiance que j'estime émouvante quejiotre camarade Guy Mollet me faisai m'appelann e t à cettt e responsabilité y suij' , s allé auss jer -pa i r loyautpa voi t e ré vis-à-vi Parti.u d s " (111)

" Voilà quatre longs moi j'ae épaules qu si me s res prir de s su s- ponsabilités de cet ordre que je n'avais pas souhaitées. Je l'ai fait en toute connaissance de cause, par devoir et loyauté vis-à-vis du parti,

(110) E.Depreux, op.cit., p.449. (111) Conseil juinO 1 t 1956,e nationa 9 a SFIOl s compte-rendue de d l , p,191.( souligné r nous.pa ; 632

t ausse i parc le a qu econfianc témoignaie m e qu e t ainsj nojre^ camarade Guy Mollet m'avait touché personnellement, et que je croyais de mon de- voir d'y répondre sans hésitation. Pendant quatre mois, j'ai agi, j'ai menpolitique un é e Toqu en appell à etor a politiqul t e Lacoste l n'I . a yqu'un e seule politique pratiquée en Algérie, c'est la politique du Gouvernement que préside notre camarad Molley Gu e t (applaudissements). C'est cette politique qu e je mené avec son plein accord et sa confiante estime." (112)

Enfin: " Je ne suis qu'un socialiste et un Français qu'on a pla- endroi n é Su c t l o i n'jvaiùtouu d s t envipa t e a faid'aller i tqu t e , i faiqu tou t , e qu'iencorc tpu a l e tou e qu'ic t l peut, profondémenu ém t par l'accord que lui donnent le Gouvernement et surtout le Président du Conseil e camaradl , Mollet.(113y Gu e )

On ne saurait être plus clair; ces rappels ont une utilité dou- ble: vis-à-vis des militants, i! s'agit de montrer que la politique ap- pliquée en Algérie a bien l'agrément du Gouvernement et que le ministre résidan e saurain t e transformes t n boue r c émissair s retards de ede u o s échecs constatés; vis-à-vi Gouvernemenu Molletd sy Gu e ,d l'insist e t - tance mise sur le sacrifice consenti par Lacoste est un rappel permanent da dettl e e qu'o i doitlu n .

Lministr u s ed " ca " e résidan e plul t s es tspectaculair e mais d'autres n'en sons moinpa t s significatif dd l'état d'espri e beaucoud t p des nouveaux responsables socialistes. Il en va ainsi de M.Max Lejeune qui, avec Lacoste, va " couvrir " l'opération du détournement par l'ar- mée de l'avion transportant les chefs nationalistes.

(112) Congrès national Lille,de juin-ler28 juillet 1956, compte-rendu p.151. (souligné par nous.) (113) Conseil et 16 national 15 décembre SFIOla des de 1956, compte- rendu, p.474. (souligné nous.)par 633

2°/ L'affair Belln Be e a

n octobrFi e 1956, doi déroulee s t Tunià rconférenc e un s r su e l'unité éventuelle d'un Maghreb comprenant l'Algérie libérée; la rencon- t organisées e tr r 1'initiativsu e M.Sourguibe ed Sultau d Maroct u e and . Celui-ci reçoit le 21 octobre cinq des chefs de la " rébellion " algé- rienne: MM.Ben Bella, Khider, Hocine, Boudiaf et Lacheraf. Avec eux, il doit se rendre par avion à Tunis le 22 octobre.

Informée r leurpa s s services secrets autorités le , s militaires françaises vont alors projeter de détourner l'avion reliant Rabat à Tunis alors même qu'i survolere n l l'espacs pa a e algérien mais fern au large détou r lespa r îles Baléares. (114)

Pendant toute la journée du 22 octobre, les militaires français vont cherche "e s couvri à r robtenan n e " t l'autorisation d'arraisonner l'avio le and autoritépars de t s civiles compétentes r l'affairca , t ees d'importance et l'enjeu énorme.

Aussi curieux cele qu a puisse paraîtr plein ee n milie 20èmu ud e siècle, ils ne parviennent pas à joindre M.Lacoste qui passe sa journée dan circonscriptioa s s n électoral a Dordognl e doie ed n tt e rentre à r Alger que dans la soirée. Finalement, le général Lorillot, commandant de la Xème région militaire (Algérie) joint par téléphone M.Max Lejeune, secrétaire d'Eta forcex au t s armées, qui, san référen e s cheu a u r d f Gouvernement, donne son accord à l'opération.

Arrivan Algeà t r dan a soiréel s , M.Lacost t informees détouru éd - nemen cours.n e t " Formidable! s'exclame Robert Lacoste. Quelle histoire! C'est une affaire du tonnerre de Dieu! - Monsieur le ministre, le contre-ordre peut encore être donné.

conditionsles (114)Sur rocambolesqaes l'opération,de voir J,R,Tournoux; "Secrets d'Etat", Pion, Paris , , p.128p. I960,8 51 sqq. 634

- Trop tardBelln t au-dessuBe es .a e l'Algéried s grande Un . e partie de 1'armé t déj es ecouranu a à e batten s t ceue i t qu x t dan e blel s d sau- ront tout demain. Cette affaire va me valoir beaucoup d'em..., mais les a rébelliochefl e d s e trouvens n t au-dessu territoiru d s e français. Ils passent à portée de ma main, nous sommes en guerre. Au point où en est l'affaire devoin commande mo ,s m rarrêter le s arrête.e le d e e J . " (115)

A Paris, lorsque la nouvelle de l'arrestation est connue, c'est 1'atterrement consein u ; s ministrede l t tenes s u imprompt à l'Elyséu e où le Président Coty sort de sa réserve pour déclarer: " c'est une connerie".

L'opinion publique à l'insta, e l'arméed r , exulte :plupara L " t des Français sont las d'avoir l'impression de recevoir les coups sans jamai s rendre.le s " (116) " Oe suis bien oblig e constated é le a qu rpres - que totalité de l'opinion publique a accueilli avec satisfaction, que dis-je avec joie, l'invraisemblable opération d'Alger. l I sembla défaitl e qu e 1940 d e , Die nt autre e Bieu Ph ns amères pilule e notrd s e histoire, aien é vengéeét t s d'un seul coup l I sembl. e qus Françaile e s tous ensemble aient ressent mêmu a i e instan sentimenn u t t qu'ils avaient enfoui depuis longtemp fonu a e sleu d r coeur: celui d'être fils d'une grande nation... A nouveau, les Français sont fiers d'eux-mêmes e leud rt e Gouvernement." (117)

Quant au Gouvernement, il est beaucoup moins fier de lui: la plu- pars ministrede t e Présidenl t e s Conseiu d t l mesuren s conséquencele t s de ^ ' ^ccroc au droit international sur nos relations avec la Tunisie et e Marocl t l'affrone , t fai Sultau a t n quir bonheurpa , dernieu a , r moment, a décidé de ne pas prendre le même avion que les chefs nationalistes.

(115) j.R.Tournowtf op.cit., p.133, (116) André François<-Poncet dansFigaro" octobre"Le 23 du 1956. (117) Henry François dansRey "France-Observateur" novembre1er du 1956. Son article intitulé:est France"La à l'heure pieds-nickelés"...des 635

François Mauriac, une fois de plus, saisit l'occasion pour fusti- ger l'incohérence de la politique gouvernementale: " Bie nt l ejouéfu premiee !"C r mot, mêm s Françaiede réfléi qu s - chissent. Pour une fois, les dindons de la farce, c'étaient les autres... Bien joué! Oui, pous policierrde travailleni squ t dans l'immédiats il : chassen e voienn t s plute pa tmirea e sPrésidenl L loie . .M qu n u td Conseil, lui, a par profession la vue moins courte: il aurait pesé les risques de l'entreprise s'il 1'avait connue. Mais l'a-t-il connue d'abori ! voilqu ? Ah e c àd confond l'esprit, ce que nous avons peine à croire, bien que l'incroyable, ici, soit une répétitio 0 aoû2 u td n 1953 Présidene L . Conseiu td l d'alors n'avais pa t é avertét i à n plustemps no r le i ,spa lu ,conjuré e Rabatsd . Les direc- tives du Quai d'Orsay interdisaient le coup de force mais on s'en moque. s hommeLe s politique a IVèml e esd Républiqu n goûu t on secree t pour le fait accompli aimens Il . t qu'on leur forc maia el t usen e n t volontiers de la carte blanche. ..l (Gu.I y Mollet e savai)n tresponsable l pas i lu , e led a poli- tique française, qu'un incident allait renverser notre politique tuni- sienne et marocaine." (118)

Le secrétaire d'Etat, responsable de cette dernière politique, M.Savary, donn démissioa s e 5 octobr2 e l n e 195 même 6d M.de equ e Leusse, ambassadeu e Francrd n Tunisiee u sei .A Gouvernementu d n partisans le , s d'une solution libéral Algérin e seronn e t affaiblis d'autant. (119) II semble bien que M.Savary ait saisi là l'occasion de quitter un Gou- vernement qui yeuxs , se à , trahissai engagements se t s algériens, puisque octobr8 s l1 edè e 1956 éditorian ,u e "France-Observateurd l " mentionnait: " M.Savary a précisé il y a quelques jours sa menace de démission cepen- dan MM.Defferre tqu t Gaziee r marquen e nouvelletd s réserve polia l sà - tique algérienn e M.Lacoste.d e "

(118) "L'Express" du 26 octobre 1956, et "Bloc-notes", op.cit.,p.274-275. (119) C'est M.Maurice Faure, secrétaire d'Etat Affairesx au étrangères- gui prend chargen e s Affairesle tunisiennes t marocaines.e 636

L'affair e termins e e dan certaine un s e confusion: Guy Mollet visi- blement embarrassé déclare devant le Comité directeur de la S.F.I.O.: "Personnellement à l'origin i ,s e j'avai u àse décider e n'aurai,j s pa s pris la décision car je craignais les graves inconvénients de cette opé- ration... Actuellement, il me paraît impossible d'envisager l'idée de les relâcher (les captifs). Cela démobiliserait les militaires et les civils et ce serait un succès moral certain pour les rebelles."{119bis)

Pour une fois, nous serons d'accord avec P.O.Lapie pour estimer que, vu l'importance de l'opération envisagée le 22 octobre, il s'agis- sait d'une affaire d'Etat exigeant l'aval des plus hautes autorités gouvernementales. On peut penser que, s'il l'avait voulu, M.Lejeune, seul membr u cabineed t à avoi é prévenuét r , aurai joindru p t n che so ee fd Gou - vernement pour obteni accordn so r .

i l'oS " n songe qu'il existai u Parlemena t t dante s l'armés ede partisans d'une reconquêt e rappell s Tunisiea l n e Marou To d ed e i t ,s e c aujourd'hu s événementde i s analogue e produisirens i squ a suitl e r (l epa t bombardement de Sakhiet par exemple),on incline à se demander si, en haut lieu, des hommes hostiles à l'éventualité d'une négociation et poussant au pire n'ont pas conseillé l'opération, ou avertis, ne l'ont pas laissé faire." (120)

Nous sommes là dans le domaine dangereux des hypothèses mais il est certain qu'au sein même du Gouvernement, MM.Bourgès-Maunoury,Lejeune et Lacoste ne cachaient pas leur réticence face à la poursuite de négo- ciations qui venaient de donner lieu à la dernière rencontre de Rome, le 22 septembre 1956, avec les chefs du F.L.N. Rien d'étonnant à ce que M.Lejeune ait donné dès lors le feu vert au détournement de l'avion trans- portan s compagnons n Bellse t Be t e a conceptioa L . n qu'in so e fais le td

(Î19bis) Comité directeur, réunion du 24 octobre 1956, compte-rendu,p-77. (120) P.O, Lapie, op.cit., p.689. 637

rôle et du conflit algérien justifie à ses yeux tous les " coups ". Il est, avec M.Lacoste, l'u s ministrende s socialiste plus le ss belliqueux s plule s t cocardierse e rens compts pa de n el I .qu'a u fanatisme dénoncé chez les nationalistes,il en oppose un autre» de conception jacobine, beaucoup plus provocateur pour les Musulmans, car importé dans les fourgons colonisationa l e d :

" Allez en petite Kabylie, et là, nos hommes qui ont fait la paci- ficatio n entrane n t dans chaqu réflexee el villagu e e j'a t ,qu ion e constaté, celu drapeau d i u tricolor mosquéea l r esu , pour bien montree rqu c'en était fini du fanatisme, que ce fanatisme-là devait s'incliner devant la loi républicaine, devant la loi d'un pays qui est tant pétri de jaco- binisme qu'il devrait s'en souvenir aujourd'hui. citee d t rE " l'exemple d'une école toute neuve à côté de laquelle les musulmans " en réplique à notre volonté de civilisation " ont construit une mosquée; l'instituteur a été assassiné: "A cela on n'a pas le droit de céder, pas plus qu'au temps de la Révolution on n'a cédé à la chouannerie, pas plus que Hoche n'a céd Vendée.n ée " {121 a référenc}L e historique choisi t presqu'unees e caricatur u rôl d M.Lejeune equ e prétend joue n Algériere affirml I . n e chaque occasion que la rébellion algérienne se place sous le drapeau de la guerre sainte et du racisme. Son siège se situe bien sûr au Caire.

Contr dangerss ece socialisme ,l e français doit mobiliser toutes les force u paysd s u besoi,a n nuançane n a traditios t e défensd n s de e classe plus le ss défavorisées. Pour secoue n partrso i poussiéreu- en t e x dormi, M.Lejeune retrouve alors des accents qui font frémir: " La jeu- nesse d'aujourd'hui, heureusement, comms n'pa a e avenir le bien êtr- epe tit-bourgeoi noue qu ss serions peut-être trop enclin à lus i proposera .L jeunesse d'aujourd'hu 0 ans2 ,a i ell pense retraita n el às pa e 55ansà e . Elle pense à une vie pleine, à une vie riche, à une vie d'action... Elle pens à equelqu e chos i luqu ie permettr e faird a e oeuvre d'action, d'im-

(121) Max Lejeune au Congrès SFIO de Lille, 28 juin-ler juillet 1956, compte-rendu, p.4O5-4O6. 638

poser sa marque, de réaliser. Et alors, nous avons le devoir., de lui as- surer ce qu'elle espère: un champ d'expansion à son avenir, pour que son avenir soit heureux, car le bonheur de 1'homme, il n'est pas seulement e petite-bourgeoisvi fai e d t t terre t eà terrefai es tl i ,d'action e d , création, d'action 00 l'homme se surpasse de jour en jour et crée quel- que chose qui porte sa marque...{applaudissements}. Le socialisme, ce n'est pas un chant berceur, le socialisme, c'est l'appel à l'énergie." (122)

Triste formul e cettqu e e dernière! Elle rappelle bies disputede n s des années 1933-1934 et fleure bon son néo-socialisme, voire son fascisme. M.Lejeune, t devenvraies l i u, ministr i 1957 ma Saharu d 9 earrivn , e e l a e à proposer aux jeunes Français un nouveau " Far-West "qui rappelle trop a nécessitl é d'un espace vital invoqué à ed'autre s époques. Quan à défit - r leni socialisme comm appen u e a l'énergie!..l .

M.Lejeune, don a présencl t e devait rassure s militairele r s lors a constitutiol e d Gouvernemenu d n e Frond t t républicain a don, c parfaite- ment rempl officen so i . Au-delà mêms espérancesde e l I port! effen e t s responsabilitéunde e s les plus lourdes, avec le ministre résidant, M.Bourgès-Maunour e Présidenl t e y Conseilu d t , dans l'engagement total t irréversible e l'arméed e , dansoutien so sa politiqul à n e gouvernemen- a talematièrel n E . s socialistele , t présidon s développemenu a é t d'un processu i devaiqu s t mene e régiml r e républicai a pertes à n . (23)

(122) Max Lejeune au Congrès SFIO de Toulouse, 27-3O juin 1957, compte- rendu, p.518-519. (123) MM.Lejeune et Bourgès-Maunoury sont le plus souvent inclus dans l'hommage que la droite rend à l'action entreprise en Algérie. M.Roclore (Indépendant) déclare ainsi proposà K.Lacoste:e d s hommes de "Aidé r pa comm e ministrl e a Défensl e ed e nationale, M.Bourgès-Maunoury, t Mae x Lejeune, accomplia l i là-bas l'oeuvre d'un grand Français t c'este e d tout mon coeur que je souhaite qu'il soit en mesure de continuer une mission si bien commencée." (J.O. des Débats, A.N., 1er juin 1956, p.2223.) 639

L'étendu territoire,lu d e a sous-administration dont il était vic- time, jointe circonstancex au s guérillae d s t l'arméefaie on ,qu t , iné- vitablement, a été amenée à jouer un rôle considérable dans la gestion de 1'Algérie.

La pleins lode i s pouvoir mar6 1 su d s195 6accentua e phénomènéc e en prévoyan zones de se complètequ t s pourraient être transférée- au x au s torités militaires qui bénéficieraient alors d'une délégation des pouvoirs spéciaux.

Mais bien avant cette loi, l'armée avait été appelée à s'engager totalement dans la reconquêt a populatiol e ed n musulmane: c'étaie l t sens de la pacification.

1°/ La démission quotidienne

Les tâches multiple a pacificatiol e sd n correspondaient assez lar- gement à l'état d'esprit de la plupart des militaires d'activé, revenus d'Indochine ave e soucl c retournee d i leuà r r profit la guerre révolution- naire et la guerre " psychologique " qu'ils venaient de subir. S'y ajou- tai e sentimenl t t d'une humiliation connue depuis 194 0traverà mule sd - tiples défaites militaires dont Dien étaiBieu nPh t la dernière illus- tration. M.Bidault exprime assez bie e sentimennl t ressenti faca l eà guerre d'Algéri r l'ensemblpa e a populatiol e ed n- maiar n s so auss r pa i mée; "La France ne mérite pas le procès qu'on lui fait quotidiennement. Notre peupl t fatiguees é d'humiliations retraites de , tapinois..n se . Notre pays cherche les moyens de se retrouver, de préserver son patri- moine de fierté, de continuer à apporter à un monde ravagé d'égoïsm" et d'hypocrisi leçoe eun libéralismee nd , d'honneu fraternitée d t e r . ^

(124) J.O.des Débats, A.N., 2O mars 1957, p.1755. 640

parachutistes Le " t le sa légion étrangère, après tan campae d t - gnes perdues trouvene s , t enfin dan milien u s u europée i fainqu t corps avec ses défenseurs. Cette rencontre entre l'armée, ses chefs, et les Français d'Algérie, fait apparaître pou a premièrl r e guerrfoie - sun eco loniale comme une guerre nationale. Les " paras " d'Alger ne font pas seulement, aidés par les " services psychologiques %une guerre " contre- révolutionnaire ". Ils défendent une population nombreuse de " pieds- noirs " qui les fête et les encourage. Ils sont conscients de faire une guerre nationale." {125}

La natur a pacificatiol e ed n entraîne l'armée dan engagemenn u s t t n'estotalbu e tL .simplplu e un s e reconquêt territoiree d e s maie l s ralliemen a populatiol e d t n musulmane. Pour pallie l'insuffisancà r - ead ministrativ paysu ed , sont créée S.A,Ss de s t S.A.Ue . ( section. s admi- nistratives spéciales, et sections administratives urbaines ): " L'of- ficier, che S.A.S.e d f , généralemen capitainen u t , possède l'entière responsabilité administrative du secteur qui lui est confié. Il doit recenser la population, la contrôler, la guider. Il veille au développe- ment économique de la région, assurant l'assistance médicale et sociale, s'efforc palliee d einsuffisancex au r scolarisationa l e d s t amees - l I . nexerceà é a foi l s fonctionà le sr mairee d s , d'instituteu t d'ingée r - nieur. Il dirige et contrôle l'action de l'équipe des médecins et assis- tante t adjointeses sociale i lu i , ouvrqu s chantiers s ede - ,im lèvs ede pôts, dispose d'une petite force de police, anime la vie politique lo- cale." (126) Créés en 1956, les officiers de S.A.S. atteindront le nom- bre de 600 en 1958, dans les secteurs pacifiés.

Dans les grandes villes, les S.A.U. permettent à l'armée de qua- driller les quartiers par des réseaux étroits de surveillance.

(125) P.Miquelf op.cit., p,53. (126) Raoul Girardet: crise"La militaire française. 1945-1962", A.Colin, CahierF.W.S.P.a l e d , Paris, 1964, 24O p., p.188. 641

Les directives données par MM,Lacoste, Bourges-Maunoury ou Lejeune ont résolument accentué cet engagement, bientôt sans retour, des forces armées: de véritables " provinces militaires " ont été créées à l'inté- rieur des immenses départements algériens, M.Lacoste était persuadé, à juste titre, que l'armée ne partageait pas les préoccupations égoïstes des colons. Les écrits de nombreux officiers en témoignent. Il n'hésita donc pas à s'appuyer délibérément sur elle et à remettre entre ses mains le soin d'applique a politiqus r e fragilement balancée entre répression t réformese . n résultIe l s liende a s pratiquement inconditionnels entre le ministre résidan t l'appareite l militaire, l'u t l'autre n e ayan- be t soin d'une confiance mutuelle totale pour gagner la bataille engagée.

M.Lacoste, en retour, à l'égard de ses homologues métropolitains, n'hésitait pas à invoquer les sentiments des militaires, qu'il avait contribu exacerberéà , pour marquer l'irréversibilit e l'actiod é - en n présenca treprisl e d t e française. " e s'agiIn I t nullement pour l'ar- e satisfaird e mé s revendicationle e s Européende s s d'Algérie.' J'at idi qu'au contraire, elle leur était hostile. Souteni revendications de r s égoTste chose l'armée un equ t ses e n'admet pas, je le répète, mais défendre la présence de la France en Afrique autre n Afriquun e t t ; e es Noru c'es d en e d t la mission exacte donnée à l'armée et d'ailleurs ce pour quoi elle est faite." (127)

M.Lejeune va plus loin encore,à son habitude; commençant chacune s interventiondse e s devant les instances socialiste hommagn u r pa seà l'armé s petit à "no t e s soldats déclare"l ,i :quor e doi"Su j - i sat tirer votre attention, dans ce milieu socialiste où on a l'habitude de vivre sur ses traditions et les souvenirs que ces traditions comportent, c'est que l'armée n'est pas réactionnaire. Un homme ne fait pas une armée, citoyens... L'armée a conscience qu'il est nécessaire de réorganiser là-bas une Algérie nouvelle, et les chefs vous disent: " Nous entendons que l'Algéri demaine d e , après notre action e soi,n s l'Algéri tpa e d'hier;

(127) Lettre à P.O. Lapie, op.cit., p.716. 642

nous voulons qu'elle soit conforme à la volonté du Gouvernement qui ex- prime non seulement la pensée de la nation, mais aussi notre propre pen- sée personnelle." (128)

ministre L e résidant repren n comptso théories à d ele guera l e -sd re révolutionnaire en fournissant à l'armée les moyens d'une " action psychologique e tou"instantss d le s a directiv;s i 195 moima u d e6e sd est à cet égard particulièrement claire: " L'action militaire n'est rien opinions...Chaqu s sanactioe le un sr nsu e commandan compagnie td e doit organiser une fois par semaine au minimum une réunion publique à base d'information, d'éducation et de distraction.Chaque réunion doit durer une heure... Il ne faut pas laisser libre cours à l'imagination de cha- cun, si l'o e veunallers n pa t Algérien e , n travaiu ,à l décous- dé t e u sordonné." (129)

Dans ce but, les rares " bureaux psychologiques " créés en mars 1955 auprè états-majors de s e régionsd e divisio,d e subdivisiond t e n , sont systématiquement étendus en 1956; le bureau " Moral-information " de l'état-major généra t transformes l n "ée section psychologiqut e du moral " et les " officiers du moral " deviennent " officiers d'action psychologique ". Un service " d'action psychologique et d'informations " est créé au cabinet du Ministre de la Défense Nationale.

L'osmose entre les conduites des affaires militaires et politi- ques, rendue juridiquement s possiblpleinde i r lslo a pa epouvoirs t es , largement réalisé terraine l r su e , sans d'ailleur consignes le e qu s s soient toujours clairement données à encore.L autorités ,le s algériennes adoptent parfois la même attitud Parie equ s vis-à-vi s proconsulsse e d s ; M.Servan-Schreiber cite ce témoignage d'un général commandant de zone opérationnelle dans le sud: "Nous sommes, dans cette région, assez bien

(128)Congrès SFIO de Lille, 28 juin-ler juillet 1956, p.399-4OO. (129) Directive générale du 19 mai 1956, Bulletin intérieur SFIO n°93, juin 1957, p.lO6. 643

renseignés ( sur le F.L.N. )... Si je ne les arrête pas, ils continuent leur travail.. e le.J scrimee d arrête s pa s a précis..? y Commn' l ei . relevés contre eux, un jour ou l'autre, ils sont relâchés... Je les ar- rête et je les supprime? C'est la seule opération raisonnable... A Alger, on me dit qu'on ne veut pas le savoir et qu'on fermera les yeux... Tiens 1 Bien sûr n fai:o t faire le sale boulo ler tpa s militaires.. a faiÇ .x tdi e demandj foie s instructionqu s de e Gouvernemenu sa t Général..e n s Il . veulensavoir.e l s tpa " (130)

La pris populatioa l main e e d n n s'étend ceperidant:le 5ème bureau Xëma dl e e région militaire cré corpn eu ' "officiersd s itinérants ", espèces d'expert n matièrse e d'action psychologique voni ,e secteuqu td r en secteur harmoniser les opération e propagandsd e avec hauts-parleurs, filins, radio. L'armé e lances e dan formatioa sl n civiqu t même e profes- sionnelle en créant des " Maisons de combattants " pour les anciens combattants musulmans, des " Clubs de femmes ", des écoles d'apprentis- sage.

e travai"L l psychologiqu t politique j'attende qu e s aujourd'hui de l'armé n Algérie t ausses e i importan n activitso e tqu é purement opé- rationnelle." (131) M.Lacoste est désormais enfermé dans une logique au bout de laquelle il est décidé à aller. Dans sa directive d'août 1956, il commente ains i0 disponiblesl'arrivé00 0 20 e d e : " L'effort consenti t lourdes : effort financie t surtoure t effort humain. Mais tou monde tl e doit Franca savoil e erqu unanime enten poursuivree dl : 1a__voi e nouqu es suivons est sans retour." (132)

(130) Jean-Jacques Servan-Schreiber: "Lieutenant en Algérie", Julliard, Paris 1957, 279 p., p.155-157. (131) Directive générale n"4ministredu résidant, avril3 1957, citépar Michel Déon: "L'armée d'Algérie et la pacification", Pion, Collection 'Tribune libre", Paris 1959, 257 p., p.234. (132) Directive générale n°2, 18 août 1956, Bulletin intérieur n°93, juin 1957, p.96. 644

L'Identificatio ministru nd e résidant arméaven so c e devient d'une ambiguïté dangereus souligne qu e e Jean Daniel: AlgerA " e pouvoil , r n'était mêmentrs ministrs e maînpa ec ele e d s e résidant, Robert Lacoste, i m'avaiqu t déclaré stupéfactiona m à , , " les militaire laisserone n s t pas les trois couleurs partir d'Algérie, comme en Indochine, au Maroc ou en Tunisie." Il ne disait pas: " Je n'admettrai pas que...", il disait: " L'armée n'acceptera pas... pouvoie L " r était entre les main quele d s - ques colonels de l'action psychologique et des parachutistes." (133)

Le point de non-retour d'un engagement multiforme des forces ar- mées est atteint dès le début de Tannée 1957. Les autorités gouvernemen- portenn e tale i a qu sresponsabilitl t rendene s e compts én pa tbouil u ed - lonnement idéologiqu i agitequ e corpel officiers s de s . Quan ceuà t x qui sont sur place, MM,Lacoste et Lejeune, ils n'imaginent pas qu'un hiatus puisse surveni rt lee entr sx autoritéeeu s militaires puisqu'une parfaite identité de vues les unit sur le sort de la France en Algérie.

préceptes Le 11 a guerrl e d s e révolutionnaire étaient venus pren- dre le relais des vieilles traditions coloniales, les prolonger et les développer. Avejournauxs se c écoles se , cadrese sd équipes se , s d'as- sistantes sociales associations se , jeunesse d clubss se femmese sd t e , l'armée tendait à faire figure de véritable parti d'encadrement, exer- çant dans certaines régions d'Algérie le quasi-monopol a puissancl e d e e publique. Elle avait son propre appareil de propagande. Elle possédait son propre apparei surveillance d l répressione d t e . Elle contrôlait t animaite l'écheloà , n local tou moinsu a t éléments le , s plule s s dyna- mique a partil a populatiol e d se ed n musulman i échappaiequ l'emprisà t e de la rébellion.

Bref, c'est de véritables structures nouvelles qu'elle avait pra-

(133) J.Danielf op.cit., p.lOS. 645

tiquement doté l'Algérie." {134}

L'abdication des autorités civiles sera,enfin, totale lorsqu'elles devront reconnaître leur incapacité à maintenir l'ordre dans Alger même t ferone t appea lOëml à l e divisio parachutistee nd générau d s l Massu.

démissio2°a L / n totale:"la bataille d'Alger "

Depuis juin 1956, le terrorisme urbain s'est considérablement dé- veloppé dans la capitale à la suite notamment d'un contre-terrorisme d'origine européenne passe s e en guèr l I journée.e d e attens sde sane - qu s tats à la bombe soient commis ici ou là dans les lieux les plus fréquentés a populatiol r pa n algéroise ( 135. Casbaa )L h d'Alger constituait pour les nationaliste repairn u s ea policl idéae parvenaie qu en l pénétrerà s pa t .

Début janvier 1957, les responsables du F.L.N. de la ville décident de lancer un mot d'ordre de grève générale pour le 28 janvier 1957, jour

(134) R.Girardet, op.cit., p.!9O. Sur l'idéologie autonome que s'était fabriquée l'annéeincapacitéson et revenirà arrière,en voir R.Girardet p. 178 sqqr ainsi gué: Jean Planchais: malaise"Le l'armée",de Pion, Paris et "Une p. 1958, histoire115 politique de l'armée.De Gaulle de Gaulle De à 1940-1967", Seuil, Paris 1967, "Aux yeux d'un très grand nombre d'officiers, la politique de pacification conduit ainsi l'établissementà d'un contrat avec populationla musulmane, contrat liantles personnellement dont et estimentils n'avoir aucunen e droitl reniere s d ca s clauses.le l I leur parait désormais moralement impossible de suivre tout autre chemin que celui où le pouvoir les a lais- i profondéments s sé s'engager* Mais, voier conséquencee pa d e pouvoil , r perd pratiquement la possibilité de définir une autre politique et d'en imposer l'application. Aux impératifs moraux de l'obéissance au gouverne- ment légal, certains vont désormais opposer d'autres impératifs moraux, plus puissants au regard de leur conscience et nés de l'exécution même de missionla qu'ils reçue.ont Curieux exemple d'une guerre dont les formes mêmes conduisent inéluctable- tâchepoursuivrela mentla de ont ceux qui l'élaborationà d'une poîiti~ que- et d'une politique qui les engage dans une direction qui leur paraît bientôt comme irréversible... Il est, dansconditions,ces peineà témé- raire d'affirmer c'estque pour avoir développé toutes conséquencesles logiques de la mission que le pouvoir civil lui avait confié que l'armée a fini par se trouver opposée à ce pouvoir en un conflit décisif." (R.Girar- det, op.cit., p.198-199.; (Î35) cf.Y.Courrière temps léopards","Le des : op.cit., p.48O sqq. 646

d'ouverture de la session de l'Assemblée générale de l'O.N.U. Ils pour- suivent ainsi un but essentiel: montrer à la France et à l'opinion inter- national e F.L.Nl e t biequ ees . n représentati e l'ensembld f a populal e d e - tion musulmane et qu'il peut contribuer puissamment au règlement du problè- me algérien par son inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'O.N.U. La grève devait durer huit jours.

Les autorités françaises vont prendre les devant décidann e s e d t a pacificatiol e d r portefe seiu e a l nr n même d'Alger. "L'action énergique ordonnée par Lacoste avec la bénédiction de Mollet allait être une sale besogne - dont on chargeait les léopards en raison des succès qu'ils avaient obtenus dans le bled. La méthode des paras: agir à la surprise sur rensei- gnement, vaincre grâc à ela rapidit e l'actiod é n étai a seull t i puissqu e e réussir à Alger." (136)

" Ce que le Gouvernement ne pouvait décemment dire à des policiers: " Travaillez sans vous soucie carcau d rs loide ns ", il n'hésitaià s pa t e dirl à dee s militaire e dire..l - ss l'écrire pa . . Tout passerait sous le couvert du maintien de Tordre. Pour les léopards, le temps du mépris de l'autorité civile allait commencer."(137) L'opération " nettoyage " de la ville d'Alger va se faire dans les formes les plus brutales et les plus a-lëgales.

Ljanvie7 e r 1957, le Préfet Serge Baret, I.G.A.M.E a régiol e d . n d'Alger, sign e brel e f arrêté déléguan s pouvoirse t e policd s générau a e l Massu» commandan a lOëml t e divisio e parachutistesnd : " Article premier: Sur le territoire du département d'Alger, la responsabilité du maintien de l'ordre passe, à dater de la publication du présent arrêté, à l'auto- rité militair i exerceraequ , sou e contrôll s e supérieu e TI.G.A.M.Ed r . préfet d'Alger s pouvoirle , e policd s e normalement imparti à l'autorits é civile.

(136) cl. r.Courriers .- "Le temps des léopards", op.cit., p.526. (137) idL, p.524. 647

Article 2: Pour le département d'Alger, délégation est donnée à l'autori- té militaire pour l'exercice des pouvoirs prévus par l'article premier (... )l'articlr pa ains e décreu mar7 d qu i 1 3 esu t d 1956..." (133)

e sonC t dons pouvoirle c s ordinaire pouvoirs e policd sle T E e s spé- ciaux concernant le maintien de l'ordre depuis la loi du 16 mars 1956 qui sont délégués au général Massu qui en usera et abusera avec les encourage- ments tacites des responsables civils. La démission des autorités civiles, du ministre résidant au préfet, en passant par le procureur est complète. Celui-ci aurait déclaré au général Massu: " Dès que j'apprends une arres- tation, je dois demander que l'homme arrêté me soit présenté. Si donc, pour des raisons opérationnelles, vous voulez conserver un individu arrêté polica l r epa judiciaire mettee m s dane ,n e situatio pa zun s n fausse, gar- dez l'arrestation secrète." (139)

Les " bavures " deviennent la règle d'action quotidienne: les cen- tres de tri où l'on torture impunément ne désemplissent pas pendant les six premiers mois de l'année 1957. (140) 4000 personnes seront portées " disparues ": le colonel Bigeard qui commande l'un des régiments de pa- rachutistes engagés dans l'opération, rétorque» à une question sur le sort de 220 suspects: " lorsque quelqu'un demandera des comptes, répond le colonel e ser,c a signé Bigeard t disparu O bonshommes.on 2E s s Il ! ,vo " Au moins, lui est franc et prend ses responsabilités. De toute façon, les tenteû 0 typed 22 t s'enfuir..e d rson . Et puis le ministre résidant ne demandera jamais de comptes à des homme e l'onqu s chargéa n leu,e r donnant " carte blanche "e régle,d r cette histoir terrorisme.e d e " (141)

(138) cf.le texte complet de l'arrêté dans.- Jacques Massu: "La vraie ba- taille d'Alger", Pion, collection "Presses-Pocket", Paris 1974, 416 p. p.4O.

(139) id.r p.112. (Î4O) cf.Y Courriers.- "Le temps des léopards", op.cit., p.53O sqq.

(141) id.f p.564. 648

Le même Marcel Bigeard n'écrit-il pas dans une note du 20 juillet 1957 destiné troupess se eà directives : Le " s concernant cette guerre, les ordres écrits n'existent pas - et pour cause!.,. Vous interrogerez durement les vrais coupables, aves les moyens bien connus qui nous répu- gnent. Dans l'action du régiment» je serai le seul responsable." (142)

La grève général F.L.N.u ed , janvie8 le2 r 1957fiascn u t o,fu complet: par la force, les militaires ouvrirent les boutiques et emmenè- rent les musulmans au travail. Dans les mois qui suivirent, le déchaîne- ment de la répression aboutit à la dislocation définitive du réseau algé- roi F.L.Nu sd . maia disparitio l pri u e a sxd toute nd e chanc voie d e r surgir un jour la "troisième force"musulmane tant espérée par le Gouverne- ment.

L'armée avait acquis, au cours de ces journées, l'expérience d'une concentration du pouvoir utilisée efficacement et au mépris de toute règle. Après le 6 février 1956, la pacification et enfin la " bataille d'Alger ", t venues l'ealà ae i boucheulu : elle riesaie i personnnn qu t e n'est plus capabl dehorn e s d'ell gardee ed r l'Algéri a Francel eà ; elle sait qu e pouvoil e r civil Algérin »e e tou moinsu a t , n'existn so r epa plue squ soutien; elle peut désormai préparee s s d'un s sauteà r pa e e l légalitér - chiffo papiee nd assimilann e r existencn so t e à cell l'Algériee ed , or ; l'Algérie c'est la France, comme on le répète depuis 1954; de là à penser que l'armée soit la France... il y a une marge d'autant plus faible qu'en métropole l'évolution politique tend à un vaste rassemblement de tous les partis derrière l'action de W.Lacoste, Bourgês-Maunoury et Lejeune.

(142) cf. 7. Courrier e tempss "L s -léopards",• de op. ci t., p.6O6. 649

§ 2 : VERS L'UNION NATIONALE

L'équilibre parlementaire extrêmement délicat sur lequel le Front républicain avait entrepris de constituer le Gouvernement du 31 janvier 195 trèa v 6 s rapidement être soumis pressionde sà s contradictoire- an s noncéeséanca l s esdè d'investiture e balancd u cabineu je d e e l : t entre des majorité e troisièmsd e Frone forcd u teo populaire aboutirn u à a échec dont l'origin e trouvs e e indubitablement dan a politiqus s e algé- rienne.

A- La_"_dJstaMl|sationJ|_du_Front_républicain

1°/ Ruptur contrepoids ede s à gauche

Lfévrie6 e r 195t le 6fu premie maà lrt oragl'équilibrmi i equ e instable sur lequel reposait le Gouvernement. Inévitablement, les menées des organisations d1extrême-droite devaient provoquer un rejet de la S.F.I.O. ver gauchea s , dan n réflexsu défense ed e républicaine bien connu. Malgré des circonstances heureusement moins dramatiques, certaines conditions sont réunies, outre la concordance de date des événements (le 6 février!) ciment,e s pou e rqu e danfaitss le s ,à l a base coalitioe ,un n bientôt baptisée antifascist devant ee t déboucher comme vingt-deus an x plus tôt sur un rassemblement de Front populaire.

Voil S.F.I.O.a l à , premiers dèle s sn retou jourso e pouvoiru srd a , menacée comme jamais ell e Tn ea été depui Libérationa l s risque l r e,pa tant honni d'un retou rà l'allianc e ave e partcl i communiste' e s'agiIn I t plus d'un épouvantail agité pour resserrer les rangs des militants mais bie s débutréalisatioa l de n e d s fronu d n t uniqu e réclamqu e e avee un c constance mal récompensée le P.C.F. depuis 1953 circonss . le Serv r pa i- tances imprévues, celui-ci peut enfin espérer parvenir à ses fins: 'Un cer- tain désarroi s'empare de la S.F.I.O.... des élus socialistes, peu suspects 650

de tendresse pour le Front populaire, auraient participé à des réunions avecommunistess le c signaln .O s appelde e s communs pour protester contre les manifestations d'Alger." (143)

Georges Brutelle, secrétaire général adjoint de la S.F.I.O., se fait l'éch cette d o e inquiétude devan Comite l t é directeuri qu : e "C m'inquiète... c'es présenca tl e d'élus socialistes danréunions le s s com- munes. Le prétexte en a été la réaction en face des événements d'Alger et cela vient souvent de camarades qui ne nous ont pas habitués à l'action commune. Par ailleurs, il y a les " signatures ". Les. communistes n'exi- gen camarades t no rie t ne s signent pour protester contr événements le e s mais sans pour cel solidarite ad exiget e soutiemo d n ru u éo u Gouvernena - ment..." Lhonorey répond: "A l a basecomprene l'oe n qu n n ,o s empêpa d - che nos camarades de faire l'unité d'action alors que Ton accepte les voix communistes pou désignatioa l r n dancommissions le s e l'Assemblésd e nationale et que par ailleurs, le Comité directeur accepte l'invitation à se rendre en U.R.S.S." (144)

"L'Humanité manqumontee e "d n s n épinglre pa e chaquù o s eca communistes et socialistes se sont retrouvés ensemble pour réagir à la manifestation du 6 février.

s tentativeFacce eà e "d s débauchag e S.F.1,0"a ,l raidite .s : elle veut bien d'une protestation aussi larg e possiblqu e e contrs ele factieux algérois mais il ne saurait être question, même par solidarité, de s'engager dans tout processus risquant de conforter les partisans d'un nouveau Front populaire.

Aussi François Mauriac est-il alarmiste lorsqu'il écrit ,à l'adres - se de Guy Mollet: " Cette journée du 6 février 1956 est grosse du même sombre enfant que celle de 1934. Ce front populaire, objet de votre ter-

(143) R.Quilliot, op.cit., p.558. (144) Comité directeur, réunion du 22 février 1956, compte-rendu, p.133. 651

reur, craignez qu'i e naissn l e dan ruea l s , qu'i e jaillissn l s pavésede . Et c'est vous qui l'aurez fait naître, vous qui vous êtes fait le complice des membres de la famille pressés autour du lit de la malade, pour en interdire l'approche au grand médecin." (145)

Lfévrie9 e r 1956, Téditoria "e d lFrance-Observateu r " titre sans imagination: "février6 février!"2 1 ? Marceat ,e u Pivert retrouvs le e souvenirs de sa jeunesse pour déclarer: " Je souhaite... que le Comité directeur prenne l'initiative d'une manifestation du Front républicain place de la Nation. Au 6 février d'Alger, il faut répondre par un 12 fé- vrie e Parisd r 1.' Hais l'heur s audacede e t passéses e depuis longtempsa l ; S.F.I.O 195e .d 6 n'es cells tpa 1934e d e réflexes :le s bureaucratiques sont plus sûrs. Pierre Rimbert peut ainsi rétorquer: " l'organisation d'une manifestation publique me paraît dangereuse. Ce serait la mobilisa- tion des communistes et une préfiguration du Front populaire. Ce qu'il faut, c'est adresse circulaire run Fédérationx eau s pour qu'elles res- tent vigilante qu'ellet e s s réagissent." (146) Pauvre Pivert a proposi!S - tion de manifestation est rejetée à l'unanimité moins une voix...

La même peur d'être submergé communistes le r epa s amènera l a S.F.I.O. à rejeter l'initiative des mendésistes visant la création de "comités locaux de défense de la République". Pierre Commin: " J'estime e c'es qu expérience tun e très dangereuse car» s'i veute l l P.Ce ,l . noyau- ter tellee d a s organisations."(147)

Très vite, l'appareil socialiste parviendra à contenir le relatif élan unitair s troupese e d t eramènerse a dan troupeae l s u les brebis éga- rées a S.F.I.O.L . montrera l'aptitud a plul e s grand e servis eà u d r

(145) "L'Express" février1 1 u d 1956, F.Mauriacu o , op.cit., p,212. (146) Comité directeur, réunion février8 du 1956, compte-rendu,, p. 126.

(147) id.r réunion du 22 février 1956, p.134. 652

soutien communiste, notammen e plal r n su tparlementaire , sans pour autant se lier avec le P.C.F.; elle fait ainsi main-basse sur les présidences de connussion t d'autree s s poste l'Assembléà s e nationale grâce à l'ap- poin vois de xt communistes contre le M.R.P.. Cette tactiqu t résuméees e ainsi par M.Fauvet: " Tout se passe à l'Assemblée comme si depuis le 19 janvier, la majorité, au départ instable ou même inexistante, tendait à se fixer dans l'axe du " Front populaire "."{148)

Cependant hors du Palais-Bourbon, point d'union de fait puisque même le 6 février 1956 et ses violences n'ont pas réussi à faire sauter a directiol r s verroule pa s partu nd mi s i socialiste. (149) Bieu na contraire, après une période de crise interne, le Front républicain va dériver très sensiblement ver a droitel s nouveauA . , dandeus ce sx phases, 1'Algérie ser centru a débatu ed .

La crise intern Fronu ea t républicai i 195n ma éclat63 ave2 e cel l'annonce de la démission de M.Mendës-France du Gouvernement. On a vu les péripéties de sa difficile insertion dans le cabinet et, en fin de compte, sa relégation mi-volontaire, mi-subie, sur un strapontin doré de Ministre d'Etat. Il devenait dès lors évident que sa présence n'était plus qu'une caution pour Guy Mollet. Nous avons évoqué les premières ten- sions entre celui-c t lee i s mendësistes lorsqu'immédiatement aprè6 e l s février le parti radical a diffusé dans ses fédérations une circulaire expliquant la mise à l'écart de son leader par les exclusives lancées par le M.R.P. C'est le point de départ d'une longue campagne des plus proches amis de M.Mendës-France visant à pousser celui-ci à la démission.

(148) J.Fauvet dansfévriere Monde"1 1 "L u d 1956. (149) Le 29 février 1956, le Comité directeur décide que " le Parti en- tend ne s'associer aux communistes sous aucun prétexte", à propos d'un meeting antàpoujadiste tena Mutualité.l uà Marceau Pivert annonceru a cours de la même réunion que la Fédération socialiste de la Seine, fidè- schémax au e l s ancestrau xcréa comitn éu vigilance éd e avec toutes le s organisations antifascistes sauf le P.C.F.! (réunion du 29 février 1956, compte-rendu, p.142.) 653

Dès lavrie6 l 1956 r exemplepa , , M.Servan-Schreiber adressaiy Gu à t Molle éditorian u t l baptisé "l'heur démissionnee ed i rsemblai qu " t bien plutôt viser le Ministre d'Etat radical. ( 150}

Au cours de ce même mois d'avril 1956, M.Mendès-France envoyait au Président du Conseil une longue note qui ne sera diffusée que quel- ques années plus tard, et dans laquelle il énumérait un certain nombre de griefs contre la politique algérienne du Gouvernement. Arrêtons-nous un texte momenc r e su tpou r tente comprendre d r - a positioau l e n so e nd teur.

M.Mendës-France approuve les dernières mesures militaires mais marque leur insuffisance armée : Un "e régulièr peue en t étouffe- ré e un r volte populaire profonde. La guérilla, en fait subsistera." (151) Les réformes n'auront d'effet qu'à long term t supposene plue d ta paci l s - fication; la perspective des élections ne doit pas dispenser de réformes politiques immédiates.

C'es r l'amorcsu t processuu d e désaccore l e e plul qu s t s des fla - grant: " II nous appartient de prendre, et sans tarder, l'initiative po- vaine d r litiqus pa appel n a trêvl eno à s e- auxquel s personn croite en , pas même ceux qui les lancent - mais au moyen d'actes non équivoques et frappenqui esprits..les t lendemaiAu . électionndes janvier2 sdu une , initiative audacieus Gouvernemenu d e t français était possible popua L . - lation musulmane était manifestement dans l'attente préjugn so t ée , était favorable... Malheureusement s événementle , février6 u d s s conditionle , s inadmissibles dans lesquelle e général s l retirerCatrou- e s dé t s du xle , claration joue joud sn e r r plus imprécise Présidenu d s Conseiu - d t ce - l pendant que la répression prenait une ampleur sans précédent - anéantirent les espoirs et creusèrent un fossé plus profond qu'il n'avait jamais été entre la population et les autorités françaises... Ainsi la situation n'est

(150) cf." L'Express" avri6 u d l 1956. (151) Note sur 1'Algérie publiée dans: Pierre Mendès-France: "La politique et la vérité", Julliard, Paris 1958, 362 p., p.171. 654

plus la même malheureusement qu'au lendemain des élections; les gestes qui auraient été efficaces à cette époque, ne le seraient plus aujourd'- hui." (152)

Et M.Mendès-Franc réclamee d e Gouvernemenu d r t qu'il " manifeste, même n'ese sc i t pour l'instan d'une qu t e manière presque symbolique, volontéavee un c , s'i e faul l t révolutionnaire déterminatioa s , e n e nd pas se solidariser avec un régime ancien d'inégalité et d'injustice,de s'enfonces npa e r dan a répressionl s s'installes pa e n e d , r dane un s guerre indéfinie." (152)

" Réformes politiques immédiates... prendre sans tarder l'initia- tive... acte équivoquen no s i frappenqu s esprits..s le t . volonté s'il le faut révolutionnaire...", M.Mendès-France dans sa critique reste fi- dèl el'imagà e donné 195n t e propose 4 "e dynamiquun e egouvernee d " - Molley Gu mettr u mens e t s n'placqu n t e apa e pour l'Algérie. Dans l'im- médiat, il réclame la libération des détenus politiques non inculpés, la liberté de la presse pour les journaux exprimant l'opinion musulmane, l'épuratio l'administratione nd a dissolutiol , autorités nde s municipales nouvelle un t i e municipalelo e , l'expropriatio grands nde s domainet e s leur transformatio petiten ne s propriétés familiales consacrée culs de -à s tures vivrières avec " suppression des clauses échappatoires et des délais excessifs qui figurent dans des décrets récents dont on ne peut, dans leur texte actuel, attendr résultan eu t rée t prochain"e l , la réformu d e crédit agricole augmentatioe un , n sensibl salaires soutieen de u t - e s nac tif et loyal aux syndicats musulmans représentatifs.

On le voit, aucune de ces mesures ne se situe hors des préoccupa- tions officiellement affichées par le Gouvernement depuis sa naissance: toutes s'insèrent dan e plal s réformee nd s adopt févrien ée r 1956a L . seule " nouveauté " introduite par cette note de M.Mendès-France porte sua déterminatiol r t l'urgencne e jugées nécessaires dans leur applica-

(152) cf.P.ttendès-France: "La politique et la vérité", op.cit. f p. 173 à 177. 655

tion énumérann E . t ënergiquement les point noue squ s venon rappelere d s , M.Mendës-France tente de réunir les conditions de ce fameux " choc psycho- logiqu i epermettrai qu " ralliee d t s massele r s musulmanes, d'ébranler les certitudes des nationalistes et d'engager le processus de paix.Celui- ci , tel qu'il a été arrêté par le Gouvernement sous la forme du triptyque, n'es formellemens pa t t rejeté dernièra S . e phas t cependanes e t implicite- ment remise en cause lorsque M.Mendës-France réclame des réformes politi- ques immédiates i auraienqu , t pour effe videe d t e leud r r substancs le e négociations représentatioavee un c n a populatiol élu e d e n algérienne.

On remarquera enfin que le Ministre d'Etat s'abstient de mentionner statue l t futu l'Algérie d r fair e d ritue a el t e e .référence ll lienx eau s indissoluble i doiventqu s , quoi qu'il arrive, être maintenus entre l'Al- gérie et la France. Même si aucune mention n'est faite du phénomène na- tional algérien, cette lacun change n els a pa etonalit é général disu ed - cours tenu: il s'agit d'ouvrir ce célèbre " deuxième front " contre le conservatisme des Européens et d'engager contre lui la lutte catégorique, définitiv issue i mèneun qu eà e ignoré qu'ou eo garde ns e bie mene nd - tionner.

t évidemmenes l I t impossibl savois propositione le ed i s r M.Mene sd - dës^France auraient permis de rétablir le calme: en elles-mêmes, elles ne paraissen susceptibles pa t ralliee sd r l'opinion nationaliste mais c'est de l'esprit de leur application que tout pouvait dépendre.Quoiqu'il eût pu en être, le Gouvernement n'en tint compte que pour reprendre sélective- ment quelques uns des thèmes avancéSjpour les appliquer progressivement t beaucoue p plus prudemment,c correspondaite n i qu e pas, bien sûrx ,au préoccupation M.Mendès-Francee d s i racontequ : chaquA " e réuniou d n Consei ministress de l , c'était entr i explicas (M.Lacosteelu de i mo - t e ) tions aigre t désagréablese s l I avai. t prendrfinr pa i positioa el a nl plus colonialiste. Guy Mollet n'en mesurait pas les conséquences; il m'accusait amicalement d1 "algéromanie" l i ;trouvai donnaie j e qu ts trop, d'importance au conflit algérien qui s'aggravait cependant, que j'en fai- sais dépendre tout politiqua el e française. Pour lui, iavaily t beaucoup 656

de questions à traiter: la retraite des vieux, l'équilibre du budget, le nivea prixs s loiude le ,s sociales, l'Europe, l'atome, etc...L'Algérie, c'était une difficulté parmi d'autres. Pour moi, c'était un préalable à tout." (153)

Le conflit ne tarde pas à resurgir entre Guy Mollet et son Minis- tre d'Etat: tous deux n'accordent pas au problème algérien la même priori- té. M.Chaban-Delmas joue les bons offices en essayant d'éviter la rupture entre les deux hommes.(154)

i 1956ma 3 La ,l 2 démissioe M.Mendës-France nd Gouvernemenu d e t t rendues e publique. (155) C'es e mêml t e désaccor r lasu d méthode- re , couvran perspective un t e différent r leesu sor l'Algériee d t i motivqu , e sa décision s propositionle : s faite avrin se l sont rappelée nouvelle un s e fois pour regretter qu'elles n'aient pas été retenues. (156)

Les sentiments des socialistes sont partagés entre le soulagement d'être "débarrasses" d'un personnage trop encombrant et la crainte de le voir prendre la tête, en matière algérienne, d'une semi-opposition de gauche d'autant plus dangereuse qu'ell seraie en communistes pa t 5 2 e L . mai 1956, devant son groupe parlementaire, Guy Mollet explique la crise ministérielle: il rappelle les conditions difficiles de l'insertion de

(153) Pierre Mendes-France: "Choisir", Stockf Collection "Les grands lea- ders", Paris 1974, 4O2 p., p.99-lOQ. (154) II nous déclare; "Aucun conseil des ministres déroulaitse ne plus sans; incident* e passaisJ tempsn mo allerà e l'und l'autreà pour essayer de " recoller morceaux".les " (155) Robert Baron, i 1956,e 1Ol ma rencontre Pierre Mendès-France qui lui dit en substance.- "Depuis le 3 janvier (!), je ne vois plus clair; je ne j'enoù sais suis;pas changeje d'opinion seraen il jourfois dix par et ainsi tant souci un loyauté que,de par peut-être excessif, resteraije dans gouvernementun autrefaitgui une politique gué ma miennela où et présence aboutit discréditer..."me à (Robert Buron: "Les dernièresan- a IVèmel nées e d République", Pion, Paris 1968 p.,4 ,25 p.187.) juinLe22 1956, titrele "Ministrede d'Etat" sera donné M.Billères,à ministre radical de 1'Education nationale, qui garde la charge de son mi- nistère. (156) voir le texte de cette lettre de démission dans P.Mendès-France: "La politique et la vérité", op.cit., p. 184. 657

Pierre Mendës-Franc sei u Gouvernement.a u en d t entres é l I "dan e l s gouvernement et dès le premier jour il a été en désaccord sur tout. A- vant de connaître un problème il était d'avance en désaccord. On reproch eMendës-Francà a l eseule * chose qu'on e e sois n pa t i droireprocherlu e d t , c'est-à-dire d'êtr combinardn eu intrigantn u , . C'est exactement le contraire. C'est seulement un tourmenté, à l'esprit inquiet... Il n'a pas fait une opération politique." (157) Voilà pour l'homme. Quan t ripostea l à avoiy a v r: l dani u pressa l s immen e un e - se offensive... On va le présenter comme l'homme qui souhaite la négo- ciation... Il faut le mettre au pied du mur: M.Mendës-France, vous n'a- parleu p s verpa z aussi longtemp voue qu ss avez étGouvernemenu éa r pa t solidarité ministérielle. Voulez-vous bien parler maintenant l I ?fau t obtenir de lui qu*il définisse sa politique car il n'a pas dans sa po- solutioe chun e n magique tiss n lettra u S t .u ees d'exagération t d'ie s - nexactitudes." (158 députn U ) é objecte: " Dan déclarationa s s , il (P.Men- s réformedës-Francele e qu s t qu'idi ) l avait demandées depui moin u s s n'ont pas été accélérées ni faites dans l'esprit ou elles auraient dû l'6tre. C'est là-dessu quelquee qu s s explications sont nécessaires." Guy Mollet reconnaît alors vrau : d "ia Idan Iy griefs le s Mendèse sd - France mais tou peue n t t être fait rapidemen t Lacoste t e fait poue l r mieux." (158)

Le 25 mai 1956, "Le Populaire" juge que les mesures proposées par l'ex-ministre d'Eta justifiaiene n t démissioa s s pa tr elle nca s étaient proche cellee sd s décidée r M.Lacostepa s . "Combat t d'ues " n avis similaire et Charles Ronsac évoque dans "Franc-Tireur" ce qu'il appelle un tragique malentendu: "Entre Guy Mollet et Pierre Mendës-France, il

(157)çuu Mollet devant le groupe parlementaire, réunion cîu 25 mai 1956.

(158)Groupe parlementaire, 1956. Populaire"réunionmai "Le 25 25 du du mai 1956 reprend presque mot pour mot la suggestion de Guy Mollet: "II 'engagers'agitd ne polémique,pas une mais poser de simple une question dans l'intérêt vérité:la clartéla de de et M.Mendès-France a-t-ilune politique algérienne? Si oui, laquelle? Sinon, quelle est la raison de sa démission?" 658

n'existe pourtant pas de différend essentiel quant au but à atteindre. La divergence porte sur les moyens, les méthodes, le style. Est-ce suf- fisant pour justifie n divorcu r i risququ e e d'êtr l interprétema r pa é s adversairele s comm r leepa s amis?aTout pressa el e socialist u sociao e - lisante tent minimisee ed désaccorde l r , à l'imag Gouvernementu d e , pour démissioa l e qu Ministru d n e d'Eta e soitn s suivi pa t e d'un éclatement du Front républicai déparu d s autret e ntde s ministres radicaux. Ceux- ci n fait,e e sonn » t guère tentés d'imiter leur leader sonts il ; n ,e matière algérienne, beaucoup plus proche u Présidensd u Conseitd e d t e l n ministrso e résidant.

Nous touchons là une des limites de l'attitude de M.Mendês-France: sa décision n'a que des motivations et une portée individuelles; ayant favorisé l'accession au Gouvernement de radicaux, pour la plupart hosti- les à sa propre politique au sein de son parti, il n'a sur eux qu'une influence négligeable. De plus, et c'est là l'essentiel,il ne fait aucune pression sur eux pour les amener à l'imiter. Au nom de la solidaritéf!) et des engagements pris dans le cadre de la coalition électorale, il re- fuse d'aller plu se mettr d loi t e n péri e l la formule mêm u Froned t républicai a démissios e nqu n ébranl r ailleurepa s fortementà l a y l .I contradictioe un e sern i a qu nsurmonté joue l ù M.Mendës-Franc o re equ e s amise s t déciderone e fairtd e tomber le Gouvernement i 1957ma 1 2 , e l , En attendant ce jour-là, le leader radical sera contraint d'observer une réserve paralysant porti equ e gravement préjudic eà l'entrepris - mê e me de la rénovation en cours dans son propre parti,

M.Servan-Schreiber tente, dans "L'Express" du 25 mai 1956, d'appor- ter une justification à la démission de M.Mendës-France: "La politique de M.Mendës-France n'es obscurei tn i complexe,n contraire :l ell t ees e de la politique d'abandon, elle tend à imposer l'autorité de l'Etat, au service de l'intérêt collectif, par la recherche systématique de l'adhé- sion populaire à une ligne de conduite dont on débat publiquement, sans aucune réserve, ni habileté, tous les éléments et tous les objectifs." L'impression de malaise n'est guère dissipée. 659

C'est bien plutôt la droite qui a des raison de pavoiser comme le fait M.Dominique Pado dans "L'Aurore mai4 2 e pay i c don: u n d sQu "e c peut être plus mal plac l'anciee équ n Présiden Conseiu d t l pour donner des i concernleçonqu autrex e c au s n ee s le maintie notre nd e présence, de nos droits et de nos devoirs en Afrique? Il s'écarte ainsi lui-même du pouvoir? Fort bien. Nous souhaitons, nous, qu'il demeure dan a solitude.l s "

La véritable conclusion de cette affaire est énoncée par M.Simon- net, dans l'hebdomadair M.R.P.u d e , "Forces nouvelles" :Gouvernemene L " t actuequ'iu cr a ll pourrait vivre sans choisi majoritéa s r a réponsl ; e des événements et des chiffres ne s'est pas fait attendre. Il n'y a pas de Gouvernements durables en démocratie qui ne s'appuient sur une majori- té organisée. Il n'y a pas d'autre choix actuellement qu'entre une majo- rité républicain majorite un t Frone e éd t populaire... démissioa L " e nd H.Mendès-France perme donnee d t cettà r e alternativ réalite eun é inmé- diate présenca S . Gouvernemenu ea t pouvait éviter à celui-c versee d i r dans l'un l'autru eo e formule i étaiqu vocatioa e s tc , n affichéa s eà naissance déparn So . t facilite désormai dériva l s e ver droita l s t lee a constitution d'une majorité parlementaire conservatrice. (159)

Ce phénomèn t fores e t bie nobservateun u perç r upa r étranger: "II faut s'attendr déplacemenn u eà a majoritl e d t é gouvernemental l'Assemeà - blée nationale. En effet, le départ de M.Mendès-France prive les partis de droite d'un motif d'opposition au Gouvernement Guy Mollet. Ces partis pourraient donc prendre la relèv partu ed i communist t d'une e par des radicaux." (160)

1956mai (159) Monde"25 écrit "Le ailleurs du par gué première"la consé- quence (de cette démission) a été de provoquer un débat sur l'Algérie (il aura lieu l'Assembléeà nationale, mai) 9 , 2 danscertaineet e e un l mesu- re, de resserrer les rangs de la SFIO autour de M.Guy Mollet." (160) "Die ffelt" du 24 mai 1956, in "Opinions internationales", "Le Monde" du 25 mai 1956. 660

C'es effen e t t maintenan a gauchl r Fronu su ed t t républicaie nqu l'Algérie provoque une hostilité de plus en plus marquée. Le parti com- muniste doit procéder à une révision déchirante de la tactique parlemen- taire inauguré janvie1 3 e l et destiné e r contrebalanceeà tactique un r e identiqu le aed droite; M.Duverger la résume très clairement dans "L'Ex- pressavri3 1 u ld " 1956, sou e titrl s e "Pourquo e P.Cl i . soutient-iy Gu l Mollet? : jou"I"e s Ie autou Gouvernemenu d r Molley petite Gu t un t e comé- die qui eût fait fortune au Palais-Royal,à la Belle époque.

Les républicains populaires votent pour lui parce que les commu- nistes le font; les communistes votent pour lui parce que les républi- cains populaire e fonts l deu s Le x. veulent absolument faire partia l e ed majorité d'aujourd'hui, parce qu'ils espèrent ainsi attirea rl verx eu s majorité de demain... En réalité, ni les uns ni les autres ne soutiennent vraiment le ministère actuel: ils préparent les voies de son successeur. Mais cette préparation peut durer longtemps. Ceci dit, est-il bien sDr que les communistes désapprouvent la politique algérienn Gouvernementu ed révisioe Un ? positions nde s commu- nistes quan l'Algérià t e sembl coursn e . Rien n'obligeait le- P.Cvo à . ter les pouvoirs spéciaux, et l'on ne pensait pas qu'il les voterait. Le Parti communiste sait que l'opinion française ne réagit pas de la même faço nl'égara l'Algérie dd e qu'à l'égar e l'IndoMarou d d u o c - chine. Il sait qu'il risquerait de se couper de la communauté nationale en soutenant à fond les nationalistes algeriens.il sait aussi que l'URSS tienrapprochemenn u à t t franco-soviétiqu t qu'elle e peut lui sacrifier son soutien traditionnel des fellaghas... Sans doute, tout cela n'est qu'une hypothèse. Mai e partl s i commu- niste français a voté les pouvoirs spéciaux qui permettent d'accentuer en Algérie l'action militaire: cel hypothèsee a un n'es s pa t , mai fait.n u s "

On a vu que le vote communiste des pleins pouvoirs, le 13 mars 1956, n'étai alls épa t sans difficulté t divergencese s profondes. Celles- ci vont se perpétuer jusqu'au mois de juillet 1956. Le souci tactique de ménager la possibilité d'un nouveau Front populaire, la volonté de voter 661

les réformes sociales, que nous verrons plus loin, et de faciliter les ouvertures diplomatiques vers l'Est, son moine d t n moinse e natursd eà faire surmonter l'hostilité à une politique algérienne qui s'enfonce dans la répression.

Lorsque i 1956s'ouvrema 1 3 ,l'Assembléà e ,l e nationale n gran,u d a politiqul déba r su t e général u Gouvernemented s réticence,le s communis- tes viennent au grand jour. Jacques Duclos critique tout d'abord l'organi- sation d'une discussio mêli qu ne tous aspect politiqua le sl e d s e suivie depui 1 janvier3 e l s n préten"O : d qu'il s'agit là d'éléments indissociables d'une même politique, laquelle, prétend-on, form n toutu e . Pour notre part, nous discernons u contraire,a e profonde,d s contradictions- di entr s le e vers aspect cette sd e politique... contradiction entr poursuita l e a l e ed guerr n Algéri e misa l n applicatio e t e mesures de n s sociales...contra- diction entre la poursuite de la guerre en Algérie et la mise en oeuvre d'une politique d'alliance et d'amitié avec le Maroc et la Tunisie..., contradiction entre la poursuite de la guerre en Algérie et la politique extérieure définiGouvernement..e l r pa e e déba.L t doit êtrn eu clor pa s scruti chacur su ns problèmende s soulevés. Jacquet E " s Duclos ajoute equ n partso i voterai ts pou danca re sc l a politique social u Gouvernemented , pour les accords signés avec Maro t Tunisiee c , pou politiqua l r e exté- rieure. (161)

Le 5 juin 1956, lors des explications de vote qui précèdent le scru- tin sur la question de confiance posée par Guy Mollet en clôture du débat général, M.Waldeck-Rochet reprend les mêmes thèmes en précisant: "Etant donné l'importanc caractère l t e revêe equ t le problème algérien, nous avons demande qu'un vote spécial intervienne sur ce point. Dans un tel scrutin, le groupe communiste n'aurait pas hésité une seconde à voter contre le Gouvernement, car nous condamnons la politique de force pratiquée en Algérie.'' Mais le reste de la politique du Front républicain emporte une adhésion raisonnëe du P.C.F.: conclusion: l'Nous

(161) J.O.des Débats, 1956,A.N.,mai 31 p.2173 à 2179. 662

ne nous laisserons pas enfermer dans le dilemme: voter la confiance mal- gré l'Algérie, refuser malgré tou e reste.l t " (162 communistes )Le - ré e s s fugieront donc dans une abstention cjui cache mal leur embarras, "Non sans d'interminables discussions du Comité central et du groupe parlementaire réu- nis en commun et partagés entre partisans de l'abstention et partisans du vote hostile s premiersle , , plus nombreu Comitu a x é qu'au Groupe mais éga- lement soucieu e romprxd e ave a politiqul c e algérienne sans rompre avec les socialistes .t pourtanIes l e prononce tparts l rare e n is netequ pa e - tement pou contru o r e dan scrutin u s n important." (163) Philip Williams not"e c'étaiqu e t la premièr a dernièrl t e e e fois sou a IVëml s e Républi- que qu'il étalait ains s divergences.se i " (164)

Le résultat fut le vote de la question de confiance par une majori- té étriquée de 271 voix regroupant les partis de la vieille "troisième force*(S.F.I.O., radicaux, U.D.S.R.» M.R.P., R.G.R., Républicains sociaux» plus quelques Indépendants) tandis que 59 députés votaient contre (pour l'essentiel, les poujadistes, et quelques autres Indépendants) et que 200 autres s'abstenaient (communistes, progressistes, majorit s Indépende é - dants, mais auss dizaine un i e radicaued x mendè'sistes emmené r leupa s r chef de file).

" Le problème nouveau qui se trouvait soudain posé au Président du Conseil était constitu a nécessitl r pa é conservee d é à tour t pris ce x 271 voix, c'est-à-dire notamment celle H.R.Pu d s t d'une , e- partimo s ede dérés dont il a besoin aujourd'hui pour payer la première note de la guer- re d'Algérie... Le glissement se précise qui entraîne le Gouvernement à direction socialiste de plus en plus loin de son point de départ. Seule la recherche immédiate d'une solution pacifiqu problèmu d e e algérien pourrait désormais l'arrêter sur cette pente car alors se trouveraient

(162) J.O.des Débats, A.N., 5 juin 1956, p.2313. (163} J.Fauvet: "Histoire du P.C.F.", op.cit., p.277 (164) Philip Williams: "La vie politique sous la IVème République",A.Co- lin, collection "Analyse politique", Paris 1971, 872 p., p.694. 663

rétablie s basele s s politiques nées électionde s janvie2 r u su d s t e r lesquelles s'était constitu e Gouvernement.l é " (165)

Faute de faire la paix en Algérie, le Gouvernement va en fait se trouver emprisonné par sa nouvelle majorité qui s'élargira sur la droite. Le glissement va se transformer en dérapage.

2°/ La recherche d'une politique " nationale "

Ramener l'élargissemen a majoritl e d t é gouvernemental a drois r -su e à la e t seule volont e pallied é s défectionle r s communiste mendésisu o s - tes serait une explication partiale et incomplète. Il est évident qu'à partir du moin de juin 1956, Guy Mollet avait un besoin pressant des voix M.R.P t modéréee . s mai e n'es c ss cett pa t e seule nécessité parlemen- taire qui l'amena à tendre la main à la droite pour " piper " ses suffra- ges. C'est bien sur dans le fond commun des conceptions qu'on se fait des liens entr a Francl e t l'Algérie e qu'il faut cherche autre un re explica- tion. Mais c'est aussi dans l'analys s solutionde e s immédiates prônées s pasocialistele r se e qu strouv e l'origin rapprochemenu d e i serqu ta bien- tôt décidé par la S.F.I.O. à l'égard des partis de droite.

Guy Mollet 5 févriedéclarai1 e l rs 195dè t 6à propo e l'étad s t d'esprit de la population musulmane d'Algérie: "II y a une immense déses- péranc l'oe r qu ntou ca ee peu c t t dir compte n e e plus. Ils veulens de t réalisations et non pas des paroles. Tous les gouverneurs généraux ont promis cec celau o i . Ils gardent le souvenir qu'o a toujourn s promis beau- cou t apporte p é peu actuellemena . Iy l trèn u t s grand scepticismi s t e l'on s n'apportgen ce a preuv l sà s e notrd pa ee e bonne volonté, l'immense majorité soutiendra les rebelles." (166)

Toute l'actio e pacificatiod n e réformd t e n e reposai a cerl r - su t

(165)Claude Estier dans "France-Observateur" du 19 juillet 1956. (166)Groupe parlementaire, réunion du 15 juin 1956. 664

titude gouvernementale que la majorité des musulmans ( 60 % pour Guy Mollet ) est dans l'attentisme" à l'égard de la France et attend, en quelque sorte de juger sur pièces avant de rejoindre soit le camp nationaliste, soit le camp français. Il faut donconvaincres le c , pou fairee Or c .r Gouvere l , - nement ressent très vite le besoin de donner aux Musulmans des assurances sur la pérennit politiqua l e éd e entreprise: il faucelle-ce qu t soie n it plus e soumisparlementairvi a aléax l au ee d s e française majorités se à , s éphémères et a l'instabilité ministérielle qui en est la conséquence.

C'est cette obligation de faire reposer leur politique algérienne bases sude r s durables sinon éternelle i poussqu s s socialistele e - re à s cherche alliances de r s 'dépassan cadre l t e origine Fronu d l t républicain: sans elles, aucun ralliement de la population musulmane ne peut être es- pérée .

C'es e senl tl e aêtra d s v mise i l'ordrà eappelqu e c jouu éed e d r une politique " bi-partisane " pour l'Algérie. Ce qualificatif recouvre la volonté d'unir la minorité au pouvoir avec la minorité d'opposition sur des objectifs communs qui ne pourraient être remis en cause dans le cas où la minorité au pouvoir se retrouverait dans l'opposition. Cette politique " bi-partisan epouvaie n " t être recherchée qu'ave a droitl c e ed l'Assemblé r ellca ee seule partageait avec le a Gouvernemens e d n fi a l t politique algérienne: la permanence de la présence française et l'exclu- sion de l'indépendance. Elle était d'autant moins possible avec le parti communiste que, s'ajoutant à une relative communauté de vue sur la poli- tique sociale, elle aurait provoqué inévitablemen a formatiol t e c e nd Front populaire tant redouté.

Enfin, cette politique bi-partisane répond aux voeux de l'ancienne majorité, battu janvie2 e l e r 1956 i cherch,qu r tous moyenpa - ale s ré à s cupérer quelques " position pouvoie sd réinsérer e t s àe " - rfu dane un s ture majorité où elle trouverait des garanties du statu quo tant algérien que français. 665

Pour Ta S.F.I.O., nous retrouvons là la contradiction qui marque le début du Gouvernement de minorité; qu'elle accepte de passer un accord e démarchave un droita l ci so e n e contradictoirn'es s tpa i elles i lu e permet d'atteindre par cette tactique les buts stratégiques qu'elle s'est fixés. La contradiction se trouve dans l'objet du compromis " historique " avant la lettre. Elle consist e lie s x force eà au r s conservatrices dans un domain i déterminqu e e toute l'issu e l'exercicd e u pouvoid e r l'ampa r - pleu s problèmerde s qu'il pose{ pacification, réformes, mobilisation de toute énergies le s u pays...d s ) Elle consist eà vouloi r ignorer que, par contrecoup, ce sont toutes les autres politiques du Gouvernement ( politiques sociale, économique,financière) qui seront affectées. Elle aboutit inévitablement, puisqu'il devra y avoir concessions réciproques, à lui faire abandonner tout ou partie de sa volonté réformatrice en France comm n Algériee u profia , t d'une recherch paia l xe - ed danca e l s dre maintenu de la souveraineté française. Une fois de plus, cette recher- che d'une union nationale, fictivement partielle, puisqu'elle ne concer- ne que l'Algérie mais débordera en fait sur la politique générale du Gou- vernement, va provoquer un abandon par les socialistes de tout ce qui fai- sait l'originalité de leur programme. N'est-ce-pas d'ailleurs, pour la droite, l'utilit e typc e d é d'alliance?

assistet pu n févries O rdè r 195mêmex 6au s manoeuvre e récupésd - ration à l'égard du Gouvernement qu'à 1''égard du ministre résidant en Al- gérie: M.Dronne (apparenté Républicain social) s'adressan y MolletGu tà : e suin se " J poin ceue i souhaitend t qu x t systématiquement votre mor- t votre mort gouvernementale, bien entendu - D'abord, parce que je ne vois pas dans cette Assemblée de majorité de reniplacement; ensuite, parce que l'expérienc dernièra l e ed e législature m'a appri e lesqu Gouvernement qui suivait était presque toujours pire que le Gouvernement qui l'avait précédé; enfin e croij parc e sequ à votre honnêtet votrà t ée e bonn- vo e lonté. Votre réaction, après votre voyage d'Alger, a été celle d'un hon- nête homme, dans le sens qu'on donnait à cette expression au grand siê- 666

clé." (167) M.Dides (Poujadiste): "Monsieur le Président du Conseil, nous sa- vons qu'au cour e votrd s e long passé, vous avez donné l'exemple d'un rare discernemen d'unt te e forte lucidité auxquels vou manquee n s d'ajous pa z - ter un ardent patriotisme."(168) M.Montel (Indépendant): "II est de coutume de rendre hommage au Gouvernement avant de le critiquer. Ce n'est pas à cette coutume que • j'obéirai, mais à un élan sincère de ma pensée et de mon coeur qui consis- e àt dir e j'aequ i quelqu seue l e suipou- ln s e pa sr e j estim t e - e ceux-là mêmes qui, après avoir.au cours d'une période électorale sans dou- te difficile, pris des engagements dangereux, se sont ressaisis aux contact s réalité scompride t on t e ss l'intérê te repré nationaqu e -c t e l sente pour nou présenca sl Franca l e Algérie.n d ee " (169) M.Lafay (R.G.R.-Centre républicain): "Nous savons, Monsieur le Pré- siden u Conseiltd tâcha l e e ,qu n'es s responsabilités simplvo tpa t e s sont écrasantes. Mais nous savons auss mesures le i s qu'a déjà prise- vo s tre Gouvernement. Nous souhaitons pouvoir vous aider de toutes nos forces à poursuivre ce chemin." (170) M.Corniglion-Molinier (M.R.P.) :"Une.question domine ce débat: à qui profiterait votre chute? Il nous paraît certain que c'est aux fella- gha algériens. Dès lors, notre choix est fait." (171) M.Lecourt (M.R.P.) :"Quelle e soiensqu t les réserve noue - squ ex s primons, nous ne croyons pas - oh! vraiment non! - à la nécessité de jeter aujourd'hui la France dans une crise politique. Le souci du moral de notre pays nous l'interdit au moment où il traverse tant d'épreuves si redouta- bles." (17Z) etc...

(167) J.O.des Débats, A.N., 31 mai 1956, p.2155, (168) id., p.2163. (169) id., juin2 1956, p.2252. (170) id., p.2256. (171) id. jui,5 n 1956, p.23O7. (172) id., p.2315. 667

L'impossibilité d'une autre formule gouvernementale date'e un à *, encore si proche des élections, s'ajoute ainsi S la volonté de la droite contentee ds e r d'un Gouvernement socialist i épargnlu i r ailleurequ pa e s a prisl décisione ed s impopulaires, cornu e rappel e disponibles de l a l u o s pressio r lensu s salaires. Pour plusieurs mois e cabinel , t dones t c assu- d'ué r n soutien conservateu plue plud n r e s s i bientôlargqu t e êtra v t e sollicité directemen s socialistesle r pa t .

Le 12 juillet 1956, Robert Lacoste envoie au Président du Conseil et au Président de la République une lettre dans laquelle il demande que soient définis précisémen s grandle t s trait l'Algérie sd e future: e J " ligness disaice e qu sdirectrice l'Algérie sd e nouvelle devaient être élaborées par un accord entre tous les partis nationaux, d'une part pour décourager les Européen s attaquerle e d s , d'autret , e part, pour bien montrer aux Musulmans qu'ils ne pouvaient plus compter sur le Gouverne- ment suivant pour remettr question e i avai qu adopté e ét nc t prou éo - posé par le Gouvernement précédent." (173)

Les projets économiques financiers du Gouvernement { impôts nou- veaux, réforme fiscale) vont retarde plusieure d r s mois l'aboutissement du souhai M.Lacostee d t . L'heur réalisatioa s e ed n approche avec Tope- ratio Suei e soudn d éventuell e qu z un e e majorité" nationale " (cf.ci- dessous Chapitre III, p. 751 sqq ). La perspective de la session annuel- le de l'Assemblée générale de l'O.N.U. précipitera la décision de Guy Molle procédee d tconsultatio e un à r toutee nd s formationle s s politi- s anciende que t e ss Président Conseiu sd { àl l'exceptio P.C.F.u nd s de , poujadiste Générau d t Gaulle.)e e s D l -

Cette consultation prend la forme d'une lettre envoyée le 23 jan- vier 1957, demandan destinatairex au t s leu re contenl avir su s u d'un- edé claration e Présidenl fait r epa Conseiu d janviet9 e l l r 1957. Cette"dé- claration d'intention" n'apportait rie véritablemene nd t nouveaa l uà

(173) Congrès socialiste juinToulouse,de 3O 1957,au 27 compte-rendu, p.203. 668

politique pratiquée en Algérie depuis onze mois. A l'usage de l'opinion * internationale et spécialement de VO.N.U., elle déniait toute compéten- ce extérieure et rappelait le processus de retour à la paix contenu dans le triptyque.

La consultation engagée était, surtout, dans l'esprit de son auteur, destiné mettreà r pieesu d cette fameuse politique bi-partisane réclamée par tous les partis, communiste exclu, pour la durée de la législature. L'initiative va se perdre dans les tergiversations des uns et des autres.

Sur-la forme tout d'abord, M.Duverger observe: " Les prérogatives du Parlement sont mises en cause à leur tour. La lettre de M.Le Président du Conseil est très cl aire.L'expression parlementaire d'une opposition et même celle de " réserves légitimes", sont jugées par lui dangereuses pour l'intérêt national parce qu'elles font le jeu de l'adversaire... C'est le fondement même du régime républicain qui est mis en cause." Après les opérations décidées hors de tout débat parlementaire, (arraisonnement de l'avion de M.Ben Bella, Suez...} et fomentées par des " groupes irres- ponsables ", M.Duverger conclut férocement: " La vie politique française ten devenidà r plus proch petites ede s coura Renaissancl e d s e italienne que des traditions démocratiques. Seule, une différence de style les en distingue profondément mêma L . e différence empêch confondre d e e avec le fascism qu'ue ec n humoriste pourrait nommer"le molleto-fascisme". (174)

Au sei le and S.F.I.O. s réticencele , s portena durél r e d esu t l'engagement demandé bien davantage que sur son principe; Guy Mollet ré- pondra: " Le Parti socialiste est-il oui ou non un parti d'action? Pré- tendre qu'on n'a pas le droit de prendre un engagement sous prétexte qu'une majorité peut devenir minorité, que des événements extérieurs in- connus peuvent modifier la situation, est le fait d'un parti de céré- braux (sic) mais pas d'un Parti d'action... Le Congrès a voulu une solu- tio Algérien ne Gouvernemene L . t essai faire ed e prévaloir cette solution.

(174) "L'Express" 1eu d r février 1957. 669

Le groupe donnera-t-il les moyens du succès? S'il subsiste dhez les ultras t lee s chef F.L.Nu d s . l'espoir qu'il peu y avoit r demai changementn nu , il n'y a aucune chance de succès.

Est-ce que pour autant la liberté du Parti cesse d'être entière? Les congrès sont souverains et si demain des événements nouveaux se pro- duisaient, le Congrès pourrait toujours modifier sa position,"

Poussé dans ses retranchements,il reconnaîtra cependant qu'en pre- nantelle un te décisio nlonà g terme ,crén congrèo u " a e s suivane un t difficulté car au moment où il devra prendre sa décision, il devra tenir compt efain u qu'i ta supplémentairy l savoieà engagemenn u r t prin se son nom." (175)

a S.F.I.O.l Hor e d s s leaderle , s politiques consultés répondent qu'il leur est difficile de donner leur accord à un texte à l'élaboration duquel ils n'ont pas participé et dont ils ne pourront, étant absents du Gouvernement, contrôler l'application. Enfin, sur le fond, nombre de personnalités " modérées " son désaccorn e t d avec certains passagea l e d s déclaration du 9 janvier, et notamment l'institution du collège unique.

" Aussi, jusqu'à la fin du mois, voit-on s'élaborer prudemment et péniblement la réponse des différents groupes: au lieu de l'assentiment demandé, ce sont des réserves et des avis - souvent divergents - qui sont envoyés au Président du Conseil. Il apparaît que l'initiative de M.Guy Mollet n'aboutira pas au résultat qu'il recherchait: on se trouve tou- jours devant la difficulté de définir une politique algérienne positi- t vcommune l'ensemblà e groupes de e s " nationaux ". ,.. Quels sont donc les résultats de l'initiative de M.Guy Mollet? réussa l I i s'i chercha l é simplemen provoqueS t mouvemenn u r t d'unio- nna tionale pour affirmer le maintien ferme Ides principes défendus à New-Yorlj, par la délégation française: incompétence des Nations-Unies et indissolu- bilit liens éde s entre l'Algéri t lae France échoua l I .é s'il avait pen-

(175) Groupe parlementaire, réunion du 5 février 1957. 670

moyee c r ns pa elie r formellement les partis à soutenir le Gouvernement en fonctio politiqua s e nd e algérienne." (176)

Cet échec relatif de la consultation entreprise s'explique en grande partia surenchèrl r s modéréepa le e equ s s'estimaient capablee d s faire; conforté s résultatle r pa s s d'élections partielles survenues le s janvie7 2 t 1e 3 r 195 Paris7S s exigenil , e renoncemenl t t simple r pu et des socialistes S leurs projets économiques et financiers. Et ils ne sou- haitent plus conforter outre mesure un Gouvernement de Front républicain qui, au fil des jours, donne de plus en plus l'impression de simplement se survivre à lui-même. Guy Mollet a conscience de son échec d'union na- tionale partielle: " Le tour d'horizon fait avec les représentants des divers parti t décevantses aucuna . y 1n' 1e position constructive. J'ai l'impression très grave qu'il n'y a pas de position positive qui soit sus- ceptible d'être adopté r l'Assemblépa e e nationale. interlocuteurss Aveme c , j'a l'accens mi i r lasu t nécessite d é fixe politique un r e polypartisane valable. C'est absolument nécessaire vis-à-vis de la rébellion." (177)

La plus significative des réponses obtenues est celle de M.Legen- dre (Indépendant): il faut abandonner le projet d'élection au collège unique; ce qui est nécessaire, " c'est d'écraser d'abord la rébellion; c'es pacifiee d t r l'Algérie comm s Anglaile e t pacifion s e Kenyaél , sans que l'O.N.U. en prit ombrage; c'est d'éviter tout pourrissement à Vin- dochinoise. ., L'Algérie n'es encors pa t l'heureà Mie ed l son. Ellt ees seulement à l'heure de Clemenceau...Vous avez de Clemenceau, le patrio- tisme couragel t e . Ayez-en auss a volontél i reste L . e vous sera donné par surcroît. Et l'Algérie restera française." (178)

(176) "L'année politique...", op;cit., "1957", p.1214. à (177) Comité directeur, réunion mars13 du 1957, compte-rendu, p.131. (178) Libre opinion dans "Paris-Presse" du 8 février 1957, 671

Le conseil sera partie11ement écouté: avec une mauvaise conscience certaine les socialistes laissent le régime s'acheminer, par un durcis- sement progressif, ver autoritarismn u s e inavoué où l'arbitraire prend une place grandissante.

Une fois de plus, ce sont bien sûr les circonstances des " évé- nements d'Algéri i erejaillissen qu " r l'ensemblsu t politiqu e le avi d e e métropolitaine. Ils entraînent un effort considérable de tout le pays qui mobilise une part essentielle de son énergie pour la pacification.

militarisatioa l°/L civile vi a el e nd

Les forces politiques conservatrices ne négligèrent pas leurs ef- forts pour obtenir l'extensio territoiru na e métropolitai pouvoirs nde s spéciaux votés mar3 le1 s 1956 pour l'Algérie. Toute divergence dans l'appréciatio causes nde t surtoue s remèdes a crisl de t e d es algérienne leur paraissait nuisibl l'efficaciteà a luttl e éed engagée. Très vite, tous ceux qui exprimaient le moindre désaccord furent accusés de trahi- sonlâchete d , , seloéet n l'expression célèbre * "atteintd , morau ea e d l l'armée et de la nation ". Non seulement leurs critiques brisaient le front uni que Ton devait opposer aux nationalistes qui trouvaient " ob- jectivement " en eux des alliés de circonstance, mais surtout nos " pe- tits soldats " étaient traîtreusement poignardés dans le dos mécanise .L - me de ce raisonnement est bien connu et implacable: il conduit inévita- blement, par le biais de l'autocensure, à la suppression de la liberté d'expression a libertl pui e sd é d'action pour abouti r a disparitiol à n de toute démocratie. C'est dan t engrenage-lce s a droitl e qu àe invite el Gouvernement à s'engager.

M.Montel (Indépendant): "Rie serviraie n noue d t s demande, et r pour nous voue d , s accorde s pleinle r s pouvoir r lesu s territoire- sme 672

nacés si, dans le même temps, l'oeuvre de M.Le Ministre résidant était compromise à Paris." (179) Et M.Montel propose d'étendre à la métropole les pouvoirs spéciaux " contre toute propagande, entreprise collective ou action individuelle de défaitisme et de trahison." Cet amendement repriCommissioa n comptl so r à spa e e lad n Défense nationale sera reje- té par l'Assemblée.(179)

r juiL1e en 1956, M.Barrachin (Indépendant), après s nombrse e d e collègues, lance une vive attaque contre la presse communiste, "France- Observateur t "l'Express"e " pour tancer ensuit Gouvernemente l e n fai"O :t une politique ou l'on en fait une autre. Vous en avez choisi une, Monsieur le Président du Conseil. Nous sommes d'accord sur votre politique, mais faites-la toute entière." (180) Le 5 juin, M.Soustelle reprend le flambeau en demandant des sanctions contre la presse communiste et les autres "pa- cifistes" (181) Les journalistes Roger Stéphane, Gilles Martinet, Jean- Jacques Servan-^Schreiber sont particulièrement visés.

Cette pressio e ld na Gouvernemene droitl r su e e démentirs e tn a pas: le muselage de la presse reste un de ses soucis constants: MM.André Moric Henrt e i Queuille déclaren tà leu r sorti Matignone ed : " Nous avons demandé au Président du Conseil d'agir avec rudesse contre le front intern e démobilisatioed n traie t nes d'inquiétei qu n r notre opinion et qui l'amène à s'interroger, alors que l'on constate une évolution heu- reus Algérie.n e " (18Z)

Au-del u cercld à s journalistesde e » c'est tout acte politiqu- ma e nifestan n quelconqutu e désaccor devieni qu d t réprêhensible; ainsi pour la démissio M.Mendës-Francee d n e plal :nr "extra-parlementaireSu , la

(179) J.O.des Débats, A.A., mars8 1976, p.765. commission,lesn E commu-

nistes votèrent contrefles socialistes s'abstinrent, mais ceux-ci assor- tirent leur position d'attendus lourds de signification: "Ils expli-ont que leur façonla vote de suivante: inutile préciserde chosesles dans textesles certain est tant il qu'il dansest l'esprit gouvernementdu d'opérer ainsi." (M.Montel l'A.N.à f J.O. s Débats,de mars9 1956,p. 765.) (180) id.,juin1er 1956, p.2211. (181) id., juin5 1956, p.23O8. (182) cf."Le Monde" du 12 mai 1957. 673

démission de M.Mendès-France aura des conséquences plus sérieuses. Les rebelles ne croient pas à une victoire par les armes. Leur tactique consiste à exploiter, en Algérie comme à Paris, nos divisions politiques. Le départ de l'ancien chef du Gouvernement, en semant le trouble dans certains esprits, ne peut, hélas! que fortifier leur position."(183)

Les ministres du Front républicain eux-mêmes cèdent rapidement à la tentatio e brised n r toute opposition; M.Bourgës-Maunour t M.Lacosye - te prendron têta l tmouvementu d e e armé: un "S'it qu'o e a i y llu n confie les plus graves tâches nationales du moment, il faut qu'elle soit moralement préparée à ces tâches, et il faut donc défendre son moral contre toute entreprise, consciente ou non, qui porterait atteinte à ce moral." (184)

Devant le Congrès socialiste de Lille, M.Lacoste se déchaîne contr défaitistes le e e toud s t bor t reprene d d l'assimilation entrs le e attaques contr politiqula e Gouvernemendu e l'aidtet rebellesaux e Il . dénonce particulièremen s articlele t e M.Edouarsd d Sablier, collabora- teu u "Monde"d r , don ministre l t e résidant révèl s originele e s ethni- s termede que n se racistes inattendus. M.Baril Ion écrir e lendemail a n à propo cette d s e intervention: a seul"L e innovation était dans le ton, ton extrêmement autoritaire et un peu surprenant à vrai dire dans un congrè partu d s i n droisocialiste e n tou e s t t ca t d'estimees n .O r sun poinu r t particulie e lesqu r reproches adressés à certains journa- listes étaient assorti commentairee sd s argument t fondéde e s r su s s dont il serait à l'honneur de la S.F.I.O. de laisser le monopole à 1'extrême- droite." (185)

(183) M.Louis Gabriel-Robinet 1956, dansmai Figaro" "Le 24 du (184) Déclaration de M.Bourgès-Maunoury à la " Dépêche du Midi" du 14 avril 1956. (185)Monde""Le 3O du juin 1956. 674

Avant le Congrès socialiste, "Combat", dont les positions poli- tiques sont très proche cellee sd u Gouvernementsd , avait d'ailleurs smi en gard S.F.I.Oa l e . contre tout étalag divergencee d e s trop profondes sur le problème algérien: " Le conflit éternel entre la doctrine et la réalité va une fois de plus se manifester à Lille... devant l'adversai- re aux aguets, dans la perspective d'une proposition ennemie prête à s'empare divisionss no e rd , les Français n'onà renonce s tpa r certesà exprimer leur opinion sur le drame algérien. La dignité et la solida- rité nationale leur commandent s toutefoioublierpa e n e ,sd comm e :el leu a rrappel é M.René Franca Cotyl e e,qu aves jeunese c s soldatst ,es au combat en Algérie... Deux considérations toucheront peut-être les militants. La première est que les discours prononcés et les motions votées ne seront pas réservés aux seuls congressistes. La presse s'en emparera, ondess propaganda le l ains e t ,e qu i e advers s utiliserale e Caire L . e et 1'état-major du F.L.N. savent parfaitement que la partie ne se joue pas sur le terrain mais à Paris. ... La deuxième considération est que le drame algérien n'est s problèmece e d n u s s théoriquepa t abstraitse s auxquels conviennens tde solutions doctrinales. Il s'agit de la vie de 400 000 soldats français exposés aux embuscades des fellagha, de celle de 1,2 million de nos compatriotes menacés d'assassinat en pleine rue. Il s'agit aussi de huit millions de musulmans soumis à la peur et aux représailles . Il s'agit enfin du destin même de la France africai- ne métropola celue l ,d e d i e elle-même," (186)

On voit par cette citation que le discours de la gauche non-com- munist e laisses e imprégne s appelle r srépressiona pa rl à y Molle.Gu t

(186) Editorial "Combat"de juin26 du 1956.juillet2 Le 1956, Claude Delmas écrira dans le même journal après la fin du congrès de Lille: "Quant l'opinionà publique, elle regrettera, moinsdu certainsen de ses secteurs, qu'à l'heure où plusieurs centaines de milliers de jeunes Français risquent chaque jour leur vie, certains se complaisent à met- douteen soliditéla tre leurde action... politique,une quelle qu'elle soit, se trouve affaiblie dès 1'instant où les amis de ceux gui la mè- ment mettent en doute sa légitimité" 675

aprè e nombreud s x incidents tenter e fixed a r la marg e liberted a l e qu é guerre d'Algérie laisse aux Français: " Nous devons garantir le respect des libertés fondamentales propres au régime démocratique et spéciale- ment, garantir à toutes les minorités leur droit de s'exprimer. Nous de- vons, en même temps, assurer l'exécution des décisions prises par la majorit natioa l e t sanctionneéd e n r sans faiblesse tous ceui essaiequ x - raien e s'td y opposer. Maintenir le juste équilibre entre ces deux exigences, c'est le problème permanent des démocraties. La liberté de la presse, la liberté d'expression, la liberté de réunion sont des droits imprescriptibles e nouqu s devons respecter r contre.Pa , viole volonta l r é librement expri- e ld a natione mé , démoralise jeunessea l r , son s crimetde s qu'il nous faut prévenir ou punir. ... Nous serons d'une dureté d'acie à l'égarr e toud t individu qui Algeà , r comm eà Paris , que e soin bordqu lso t , aura commis pareil crime au moment où nos soldats risquent leur vie en Algérie." (187)

Guy Mollet marque donc bien sa volonté de sauvegarder le contenu libéra démocratia l e d l e républicain e peu n e fair n tqu o et e crédi t à s affirmationsse . Mai reprenl i s n même d e temp condamnatioa l s e toud n - te entreprise de " démoralisation " qui» faute de pouvoir être définie objectivement, laisse libre cours à toutes les restrictions des libertés précédemment affirmées mêma .L e ambiguït e retrouvs é e lorsqu'il tente, devant le Congrès socialiste de Lille, d'approcher au plus prêt la fron- l'ese tièr n t admissibli es te qu a droiti pas entre "L qu c : e e t d ec e l'Assemblée a trouvé une solution: elle réclame la protection du moral de la nation contre les entreprises de défaitisme. Ah! il s'agit, à mes yeux, de toute autre chose, il s'agit de faire respecter l'autorité du Gouvernement de la République tout en garantissant à chacun l'exercice libre de ses droits, fondamentaux d'ailleurs dans un régime démocrati- que.. e problèm .L e trouved t juste ees un r e mesure entr deux..s le e .

(187) J.O. des Débats, A.N., 2 juin 1956, p.2276. 676

Chacun est libre d'expliquer sa conception politique générale, comme ses conceptions particulières, mêm r l'Algériesu e , mais chacun sera puni pour les actes qu'il commet, soit qu'il agisse par la force contre une déci- sion, soit qu'il incit à el'action . Je n'interdirai pas... les réunions communistes pas plus que les réunions poujadistes, mais j'interdirai bien sûr les cortèges dana l s rue, comme les manifestations dans les gares, mais dans les réunions ainsi autorisées où chacun défendra son point de vue, je précise que s'il y a appea rébellionl à l s coupablele , s seront alors châtiés (applaudisse- ments)." (188)

En fait, le Président du Conseil ne pourra maintenir cette distinc- tion entre respect des décisions prises et respect des libertés publi- ques, d'une part parce qu'il sera " débordé " par ceux de ces ministres a chargl t quon ei direct a luttl e ed e contr e nationalisml e e algérien, d'autre par s tcirconstance le parc e qu e s mêm e l'engagemend e a Franl e d t- e s'n y e prêtenc t guère. Nou s contradictions de abordon e un à l s s majeures de la politiqu es socialistes le mené r pa e . Alor e leuqu sr doctrine d e l'exercice du pouvoir les oblige à réaliser toutes les potentialités du régime, et notamment en ce qui concerne les libertés, les " événements " d'Algérie les contraignent à faire un choix quotidien inverse."Le soin pris pour écarter le mot guerre du vocabulaire officiel de la IVème République e peun , t efface a réalitl r é matériell u phénomènd e e guerd e - re." (189)

C t "e guerrrefumo u d s e " n'étai s qu'unpa t e conventio e land n - gage permettant d'éviter l'internationalisation du règlement du problè- me algérien l I portai .a naturl r su te mêm e l'engagemend e t politiqu- au e quel le Gouvernement allait aboutir :a IVëm L " e Républiqu a efai t la guerre sans ose e l'avouers r , sans s'engager totalement, comme épouvan-

(188) Congrès SFIO de Lille, 28 juin-ler juillet 1956f compte-rendu, p.771*772. (189) J.Barale, op.cit., p.18. 677

déchaînemenn u r pa e e violenceté d t s dont elle n'étai s seulpa t e respon- sable et dont la pratique de l'euphémisme ne diminuait ni l'horreur ni a duréel manque C . e luciditd e é devait être fatal a l IVèmà e République. La guerre révolutionnaire» comme toute autre form e guerred e , suppose un engagement politique total de la collectivité." (190)

Faute d'avoir eu cette lucidité ou ce courage d'un engagement to- tae touted l s force le s simplemen paysu pa d s s t forcee ,se e d st mili- taires s socialistele , t éton és amenés attitudede à s compromie d s s dans leur gestion gouvernementale et spécialement en ce qui concerne l'appli- catio s libertéde n s publiques; éta e guerrd t e inavouée, certes, mais état de guerre matériel en Algérie; par contre, état de"ni-guerre - ni paix " en métropole suscitant l'indécision, l'atermoiement et facilitant en fin de compte, une fois de plus, l'initiative individuelle de minis- tres plus audacieux, plus courageux(ou plus irresponsables?) que les au- tres. Personne dan a Francl s e 1956-195d e e savain 7 t plus " jusqu'on o ù pouvait aller trop loin " en matière d'exercice des libertés.L'incertitu- de régnait; telle manifestation contr s a excèrépressiol le e e d s n était interdite, tel éditorial " caviardë ", alors que tel autre article pas- sait au travers d'une censure qui» il est vrai, n'avait pas eu encore e templ e rode d ss différentse r s rouages.

C'est M.Joannès Dupraz (M.R.P.) qui avait raison en s'écriant à l'adresse du Gouvernement: " II n'y a plus de libéralisme possible, vous e savel z bien, s soldatdande si s tombent. lqu sdo e " (191} Cette affir- mation révélait la contradiction d'un Gouvernement qui n'avait pas su choisir entre fair a pail eAlgérin e x sauvann e t la démocratiet e , garder l'Algérie en suspendant les libertés. C'est au coup par coup, en donnant l'impression d'un arbitrair s conflite le totae qu ls seron- ré t glés entre le Gouvernement et son opposition.

(190) J.Barale, op.cit., p.23. (191) J.O. des Débats, A.N., 2 juin 1956, p.2267. 678

2°s atteinte/Le libertéx au s s

La plus plua connul sr odieuseca s atteintede e x libertéau s t fu s la pratique de la torture. Elle n'est certes pas nouvelle mais elle prit sou Frone l s t républicai e ampleuun n r inconnue jusqu'alors e s'agisn l I . - sait plus des débordement de quelques policiers pieds-noirs aveuglés par le racisme anti-arabe ou ayant passé la limite de l'équilibre mental, mais d'un moyen de renseignement érigé en véritable système. Nous nous conten- e pointteronc r ssu , souvent dénoncé renvoyee ,d rà l'abondant e littéra- ture écrite sur ce sujet.(192) Police, supplétifs, et armée à partir sur- tout de la " bataille d'Alger " sont largement gangrenés par ces procédés déshonorants. Le 5 avril 1957, cédant à la pression de l'opinion publi- que libérale Gouvernemene l , t cré "e Commissioeun n permanent e sauved e - gard droits de e libertét se s individuels u composé personnalitée ed s émi- nentes mais dont les travaux d'enquête, fort limités d'ailleurs, devaient être remi u seua s l Gouvernement. Aucun effet concre e résulttn a s e d a discrète activité

(192) Voir notamment la bibliographie de Pierre Vidal-Naquet: "La torture dans a Républigue"l , petite collection Maspero, Paris 1975, 2O8 . M.Nathanp Leites souligne la discrétion quasi unanime respectée sur ce sujet: "Dans un débat " douloureux " les orateurs parlent souvent de choses "que je me garderai d'évoquer cetteà tribune." Ainsi Présidentun Conseildu (Pierre Mendès-France) discutant procédés des police la de Afrique en Norddu dé- clare ; " M.Maurice Schumann m'est témoin que je ne dis pas le pire car il est des choses qu'on n'osetribune direune pas à publique.(A.N*, février4 1956,

J.O.Débatsdes r p.76O) Un parlementaire (Roland de Moustiezs), interpellant un Président du Conseil (Edgar Faure) sur le même sujet, demande: "Va^t-on faire... cesser ces effroyables sévices de la police?... Vous nous avez demandé. Monsieur le Président du Conseil, de mesurer nos paroles* Je n'en dirai pas d'avantage sur ce sujet...(J.O. des Débats, 6 octobre 1955, A.N., p.4813.) ,.. L'attitude prédominante est exprimée par un jeune modéré plein de mo- dération (André Bcttencourt): "Faut-i l'one qu e e taires c l dire u i o ic pense, ce que 1'on sait? Nous avons le devoir de garder une extrême pru- dence danproposs no s . J'estime s députésle e qu , qu'ils appartiennenta l à majorité l'opposition,à u o lorsqu'il s'agit l'actione d a Francel e - d au , delà de la Métropole, sont toujours tenus vis-à-ris du Gouvernement à un maximum de civisme." (A.N. 26 mars 1957, J.O. des Débats, p. 1857. ) (Nathan- Leites; "Du malaise politique France"n e , Pion, Paris 1958, p.,6 19 p. 114- 115.) 679

En métropole, c'est surtout sur la presse et les journalistes que s'exerce la répression gouvernementale. M.Bourgès-Maunoury, appuyé par M.Lacoste, en sera l'initiateur. Le 31 mars 1956, à 5 heures, il fait in- culper et arrêter M.Claude Bourdet, directeur de "France-Observateur" tan- dis que des perquisitions sont opérées aux domiciles des principaux colla- borateur e l'hebdomadairsd e (Maurice Lavai, Gilles Martinet, Hectoe rd Galard, Roger Stéphane, Claude Estier, Francis Jeanson, Robert Barrât, Daniel Guérin, etc...) " Sur ordre d'informer émanant du ministre de la Défense nationale, le commandant Giraud, juge d'instruction près le tribu- nal militaire de Paris, a ouvert une information pour entreprise de démo- ralisation de l'armée, en vertu de l'article 76, paragraphe 3, du code pénal, visant l'hebdomadaire "France-Observateur", en raison de nombreux articles sur l'Algérie, publiés depuis le 9 février, et en particulier de celui de M.Claude Bourdet: "Disponibles; Quel sursis?" paru le 9 mars" (193). Dans l'article incriminé, M.Bourdet écrivait notamment: "100 000 jeunes Français sont menacés d'être jetés dans la " sale guerre " d'Al- gérie, d'y perdre leurs meilleures années, peut-être d'y être blessés, voire tués, pour une cause que peu d'entre eux approuvent, dans un genre de combat qui révolte la plupart... Les démocrates de toute tendance, de tout esprit, doivent tout faire pour empêcher ce sacrifice de la force vive de notre pays, ce suicide conscient de notre régime poli tique."(194) Le commentateu u "Monderd " concluait moine "L : s qu'on puisse dirt es e qu'en France démocratique et socialiste on arrête un peu Vite.,. Le moins qu'on puisse dir t qu'o ees e poursui n t pas, qu'on n'arrêt aves - pa eau c tan déterminatioe td n d'autres participants â"l'entrepris démoralie ed - sation" qui aujourd'hui encore se font gloire d'organiser la jeunesse de France contre "la politique don premièra tl ellt es e e victime". Mais M.Bourdet derrièr s n'5 députés. pa apartn 14 u i t e ilu e " (195)t Ies I

(193) "le Monde" du 1er avril 1956. (194) "France-Observateur mar9 u s"d 1956. (195) "Le Monde" du 1er avril 1956. 680

vrai qu'en ce début d'avril 1956, le Gouvernement ménage encore le Parti communiste dont il espèce le soutien parlementaire dans sa tactique fu- nambulesque. Ces ménagements seront de brève durée, d'autant que le P.C.F. tente,,avec un succès mitigé et une volonté douteuse^d'organiser des manifestations s'opposant au départ, dans les gares, des disponibles rappelés en ce même mois d'avril.

M.Bourdet sera libéré le soir même de son arrestation après qu'u- e largn e press a l par e td e français e sois e t élevée contr n emprisonneso e -

ment. ("L'Humanité-Dimanche 7 "Franc-Tireur", "Libération" Mondé"e ,"L , "Combat" auxquels s'ajoutèren s réactiontle s du bureaC.G.T.a l e ud e l,d a ligu s Droitde e e l'Hommed s e Jeun,d e République s socialiste,de s mino- ritaires de la S.F.I.O...) Souvent d'ailleurs, ces réactions n'évitaient pas l'équivoque, "Le Monde" et "Combat", par exemple, protestant contre l'incarcération beaucoup plus que contre l'inculpation. Guy Mollet re- connaîtra implicitemen dans t mi avois é cettét r e affaire devan faie l t t accompli et affirmera être intervenu en faveur de la libération de M.Bourdet en raison de ses titres de Résistance (Compagnon de la Libé- ration, membre du C.N.R.}.(195 bis)

Le 11 avril 1956, nouvelle alerte: cette fois-ci c'est M.Henri Marrou, professeur d'histoire ancienn christiannismu d e Sorbonnea l à e , qui inaugure la série des tracasseries policiëres dont seront victimes e nombreud x intellectuels n domicilSo . t perquisitionnes e a suitl à ée d'un article paru dane Monde""L s , permettan reprochei lu e td a "pars r - ticipation, en connaissance de cause, à une entreprise de démoralisation de 1'armée."

i 1956ma ,7 L 2 eJea Maisonseule nd , architect d'Alberi am e t Camus et membre de son "Comité pour l'appel pour une trêve civile", appartenant à la Fédératio s Françainde s Libéraux t arrêt,es éà Alger a policL . i lu e reproch s relationde e s aves partide c s étranger u Comitvolonta sa l t e é é de favoriser l'établissement d'une République algérienne indépendante.

(195bis) M.Bourdet nous déclare gué sa rapide libération fut essentiellement résultatle l'émoide manifesté pressela par étrangère (britannique, allemande et italienne) dont les réactions furent très vives. 581

croin O t rêve lisann re e pareilletd s bêtises ", riposte Albert Camus. (196) Une semaine plus tard, il constate qu'il ne reste rien des accusa- tions lancées: les pouvoirs publics se rétractent et parlent d'erreurs: " Les pleins pouvoirs, on le voit, ont des passages à vide ", le Gouver- nement n'a même plus les moyens de se faire obéir: "La France devient e tortills i rechercha qu l r à ea tête.comm s ve e e d eec " (197)

e professeuL r André Handouzaussi lu it arrêtees éà l'initiativ e de M.Bourges-Maunoury. Guy Mollet ne pourra ou ne voudra intervenir ef- ficacement pour le faire libérer: "Lorsque Mandouze fut arrêté... par l'autorité militaire - je dis par l'autorité militaire, ce n'est pas pour dégager ma responsabilité - j'ai fait préciser à l'autorité mili- taire e genrquec r e problèmled su étai e n poin vu t j'atmo e e t d i di que tout Français métropolitain qui, en l'état actuel des choses, es- sayait de maintenir des contacts, de prendre des contacts, d'orga- nise s contactrde s ave Musulmanss cle n seulemen,no t avai droite l t , mais encore avai e devoie l fairei tc'étail s e e d rà ,l'affairqu l t e Mandouze, j'exigeais immédiatement la libération de 1'intéressé."(198) e PrésidenL u Conseitd l s'inclina lorsqu'i t répondfu i e M.Hanlu lqu u - douze prétendait appartenir à un réseau et qu'il était chargé de commu- nique s renseignementsde r .

Quant aux obstacles mis à la liberté de la presse, ils sont cer- tainement les plus nombreux: citon stitrà e d'exemple lista l r e,ca complète serait trop longue, que "L'Humanité" quotidienne ou "l'Huma- nité-Dimanche" fut saisie le 12 mai 1956, le 15 juin, le 25 septembre 1956, le 27 février, le 2 mars 1957, à chaque fois en vertu de l'article 10 du code d'instruction criminelle qui réprime les " atteintes contre la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat"; le 27 juin 1956, André

(196) "Le Monde" du 28 mai 1956. (197) Albert Camus; "Actuelles III, chroniques algériennes. 1939-1958", Gallimard, Paris 1958, p.,316 p.192. (198) Conseil national de la SFIO, 16 décembre 1956, compte-rendu, p. 528-529. 632

Stil, rédacteur en chef du quotidien communiste» est inculpé d'atteinte a sûretl à e l'Etatd é , inculpation frappant pou a premièrl r e foin u s rédacteur en chef pour un article non signé par lui, inculpation enfin réitérée le 17 janvier 1957 pour un nouvel article qu'il n'a pas signé; le 18 avril 1957, le Ministre de la Défense fait ouvrir une information contre "L'Humanité" pour propagation de fausses nouvelles (numéro du 17 avril 1957, mentionnant l'existence d'un plan franco-israélien dans une éventuelle opération contre l'Egypte.)

9 juiL2 e n 1956, les locau e "France-Observateurd x " son tnouà - veau perquisitionne suita l à se d'une nouvelle information ouverte après un article paru dans le numéro du 31 mai. Les exemplaires de l'hebdomadair eà parti moiu d re juid s n sont systématiquement saisis des leur arrivée en Algérie, sans justification officielle. Son numéro du 11 avril 1957 est saisi dans sa totalité, et encore le 2 mai 1957 pour publication de la lettre d'un jeune soldat à son père.

Henri Alleg, directeur du quotidien communiste "Alger républicain" se voit refuse n vis so ru Préfe d a t d'Alger pour alle u Congrèa r e lsd a Fédération national e ld ae presse française (octobre 195 à Strasbourg)6 . n journaSo l enfi t suspendues n octobr6 e L . e 1956 journaliste l , e Robert Barrâ t inculptes é d'entrepris démoralisatioe d e e l'arméd n e poun ru article paru dans "Témoignage chrétien" du 14 septembre 1956, sur le bilan de la pacification. Le 30 mars 1957, Georges Montaron, directeur de "Témoignage chrétien" est inculpé de diffamation envers l'armée sur plaint e M.Bourgës-Maunouryd e . "L'Express" ,n directeu aprèso e squ t ai r été rappelé sous les drapeaux comme"disponible" en mai 1956, est saisi le 18 janvier 1957 pour un article de Pierre Clostermann; il est régu- lièrement n arrivésaisso à in Algérie e .

La répression bientô e frapptn e plus seulement les publications de gauche: "Le Monde" avec "France-Soir" et même "Paris-Presse" sont saisis le 7 janvier 1957 en Algérie. "Le Monde" est interdit dans les camps d'internement. "La Croix" est saisie trois fois en Algérie aux 683

mois de janvier et février 1957.

Une offensive indirecte mai e grandd s e envergur t mêmees e lancée contre "Le Monde" en novembre 1956: l'élévation des frais généraux obli- ge le journal à augmenter son prix de deux francs par numéro; deux jours plus tard, le gouvernement fait engager des poursuites pour hausse illi- cite, des saisies sont effectuées au siège de la rue des Italiens et des procès-verbaux sont dressés aux revendeurs du quotidien ce qui l'o- blig à ereveni n priso xà r antérieur. M.Duverger protestera avec violen- ce: " M.Le Président du Conseil, secrétaire général du parti socialiste t suffisammenes t informé pour savoi cette rqu e techniqu mêma l et es e qu permia i coloneu a s l Peron, pendan a dictaturets débarrassee s e ,d r du grand journal libr e l'Argentined e a Prensa".."L , journan .U l libre, que dépenn i e personned , mais seulemen conscienca l e td e ceud i e qu x l'écriven t lte dirigent, cela n'es s tolérabltpa e évidemmentn U . journal qui n'est lié à aucun parti, à* aucune Eglise, à aucun clan, à aucun group pressione d e , cela n'es tolérabls tpa e évidemment n jour.U - nal qui ne touche à aucun guichet, ni privé ni gouvernemental, et pas même à celui des syndicats américains, cela n'est pas tolérable, évidem- ment. La liberté est contagieuse comme la peste: il faut prendre des mesure e prophylaxiesd . Comme ailleurs, mais moins brutalement, plus proprement. En démocratie parlementaire, on est des gens bien, polis, convenables. L'arsena s loide ls dispens salie s mains...s e le rd e " (199)

D'octobre 195 6mara s 1957 ministre ,l Défensa l e d e e nationale aura déposé, au total, 36 plaintes pour délits de presse. Il faut atten- dre cependant le 5 mai 1957 pour que trente-cinq personnalités protes- tent dane lettrun s Présidenu a e Républiqua l e td e contr s atteinteele s à la liberté de la presse (parmi elles, MM,Jean Cassou, René Capitant, Jacques Kayser, Henri Marrou, François Mauriac, Maurice Merleau-Ponty, Claude Roy, Jean-Paul Sartre, Alfred Sauvy...).{200)

(199) "L'Express" du 9 novembre 1956. (200) cf.le texte e leurd lettre i 1957. ma dansMonde" e 6 "L u d 684

C'est en matière de radio et de télévision que le muselage de l'in- formation est le plus spectaculaire. Dès le 23 juin 1956, le vice-pré- siden u groupd t s Républicainde e s sociaux, M.Max Brusset, déput e Chad é - rente-Maritime a voiv , r M.Gérard Jaquet, secrétaire d'Eta à l'Informat - tion pour réclamer un contrôle plus sévère des moyens de commmications: " Ia attirI é l'attentio ministru d n r lasu e partialit a présental t e é - tion anti-nationale des informations transmises par la radio, la télévi- sion et le cinéma. Le ministre a promis...de tenir le plus grand compte s observationdse e e réformerd t e s , dan senn u s s strictement national, les informations diffusées par la radio, la télévision et de faire appel au patriotisme des directeurs des grands journaux français, afin que les information e soienn s s présenté pa platn u nr alarmansu s t e anti-natiot - nal." (201) L4 févriee r 1956 Mollety Gu , n renouane , t ave a traditiol c n mendê"siste, avait annoncé aux auditeurs et aux téléspectateurs des chaî- s nationalesne : "Chaque semaine, le Présidens se e d u Consei n d t u u o l ministres viendra s'entretenir avec vous." (202) L'utilisation fréquente et répétée de la Radiodiffusion et Télévision Française s'accompagne d'une élimination de toute discordance avec la politique gouvernementale et de l'élaboration d'un nouveau statut: "Combat" du 22 septembre 1956 annonc e M.Jacquequ e s Sallebert, correspondant à Londre e lad s Télévi- sion t rappeles » à éPari s poue intervieun r w recueillie auprès d'u- dé n puté travailliste critiquant l'expéditio e Suezdécembr7 d n e L , e 1956, r demandsu e M.Jaquetd e , l'émission radiodiffusé a tribun"L e s jourde e - nalistes parlementaires t puremenes " t simplemene t t supprimée jour8 1 . - nalistes concernés sur 19 signent une protestation que seul repousse M.Paul Parpais, journalist u "Populaire"ea : "Venant d'un Gouvernement à direction socialiste, cette atteinte a libertl à discussioe d é n sur- prendrait si elle ne s'ajoutait à de nombreuses intrusions gouvernemen- tales dans le domaine de l'information. On regrette d'être obligés de faire remarquer qu'il s'agit d'une mesure autoritaire à laquell, s de e Gouvernements dits réactionnaires n'avaient pas eu recours."(203)

(201) "L'information" du 24 juin 1956, (202) cf. "Le Populaire" du 6 février 1956. (203) "Le Monde" du 8 décembre 1956. 685

Devant le groupe parlementaire socialiste qui lui demande des explica- tions, M.Jaquet " enfonce " son parti en cherchant des références dans le passé: "Avan e prendrtd e cette décision, j'ai voulu savoir s'iy l avait des précédents. Il y a eu deux précédents: une première fois, en 1947 à la demande de Ramadier et une deuxième fois en 1948 à la demande de Jules Moch" affirm;il e fauqu"il 1t rétabli émissiondes r modisen - fiant la formule." (204)

Enfin la main-mise du Gouvernement sur les moyens d'information officiel manifeste s s créatioa l r pa e n d'un nouveau proje e statutd t de la R.T.F. Dans celui-ci, le Gouvernement garde le droit de désigner par décret le Président du conseil d'administration, et ce dernier voit l'influence des ministères renforcée ( ils ont onze représentants sur vingt-deux administrateurs). Figure aussi dans ce projet l'obligation de diffuser à la demande du ministre de l'information, toute communica- tion qu'il jugera nécessaire, la R.T.F. pouvant aussi être tenue de dif- fuseretardee d u r o e émissionrun e vive.D s critique ferone s t jour contr e textec e élaboré san concoure l s Commissions de s s supérieures de la radio, des organisations professionnelles intéressées et des or- ganismes représentatifs d'auditeurs et de téléspectateurs. La Fédération nationale de la presse protestera contre un projet qui " tend à consacrer définitivement l'étatisation absolu e led a radiodiffusio e ld a t télée n - vision." (205) " La R.T.F. est la radio la plus disciplinée d'Europe» joun n substanceu (e rt di a ) M.. Cette critique ,touà e rd rôle membres ,le e l'oppositiosd n l'ont fait u Gouvernemenea exern e t - cice faul I .n tou e ts signale tca chaque qu r e parti, lorsqu'il était au pouvoir ,a oubli s critiquele é s qu'il formulait lorsqu'il n'y était pas. En ce domaine, la mauvaise foi est la mieux partagée...aucune ga- R.T.Fa l t ranti.me formellemene n e tà l'abr s interventionde i s gouver- nementales." (206)

(204) Groupe parlementaire, réunio décembre8 1 u nd 1956, (205) cf."Combat" du 13 juillet 1956. (2Q6) Eugène Mannoni dans "Le Monde " du 27 juin 1956. 686

Le Gouvernement de Front républicain, accaparé par d'autres tâ- ches, n'aura pas la possibilité de faire adopter avant sa chute ce pro- jet de statut, qui ne franchira pas Te stade d'une sous-commission de l'Assemblée nationale. M.Jaquet trouvera cependan e temptl e remanied s r profondément, par décret du 13 janvier 1957, la composition du Conseil des programnes et des comités spécialisés de la R.T.F. en éliminant un certain nombr e personnalitéed s tandi e d'autresqu s démissionnaienn te sign e protestationd e e Monde"L . " saisira l'occasion pour rappeler tou- s interventionle s te s gouvernementale R.T.Fa l u sei a s e n d ntitrant.e : " La radio doit-elle être au service des auditeurs ou aux ordres d'un ministre?.. directeun .u R.T.F.a l e d r n titre dépin ,e so e e dirigtd ,n e guère, et il appartient au ministre et à ses collaborateurs de prendre les mesure i ont,susqu r l'organisme don n luto i confie apparemmena tl gestion, une influence déterminante. • La suppression de la tribune des journalistes parlementaires, la manière dont avait été relatée, ou plutôt non relatée, le 28 janvier la grèv musulmans de e s d'Algéri t tane t d'autres exemples attesten- ma e td nière gênant e la equ R.T.F. continue d'être soumis u représentanea u td Gouvernement." (207) "Combat" lui-même n'hésitera pas à intituler un de s article se 8 févrie2 u d s r 1957: "L'informatio t soues ns tutelle gouver- nementale. crédiu "A Gouvernementu d t e peun tn , o guère mettr e leequ vote d'un statut libéral pour l'agence Havas accueilli avec satisfac- tior l'ensemblpa n e led a profession.

Pour le reste, les quelques exemples que nous venons de citer prouvent manifestement quele Gouvernement dans son ensemble a cédé à la pressio droita l e d ne quand e s l'lui-mêmin lpa a e i renforcéqu e c n e concern restrictions le e s libertésde s s socialiste.Le t acceptson n ée ces circonstances une politique qu'ils n'auraient pas manqué de criti- quer sévèrement s'ils avaient été dans l'opposition .partie "Un e seu- lement des reproches qu'on adresse à M.Guy Mollet sont fondés. Nulle

(207)Monde""Le 21du février 1957. 687

stratégie parlementaire n'oblige le Président du Conseil à supprimer la tribune des journalistes, à traquer la presse non conformiste, à tra- duire en justice les intellectuels qui tentent de définir la fameuse " personnalité algérienne ", à développer dans la tradition de M.Martinaud Déplat cette atmosphère de pseudo-dictature, timide et larvée, qui relève de Bitos plutôt que de Robespierre. Cela constitue son apport personnel au système, avec, reconnaissons-le énergiee un , esprin u , e décisiod t n constance un t beaucoue e s qu prédécesseure se e d p e possédaienn s t int. Mai l i n'ess s directemenpa t t responsabl e l'orientatiod e a polis e d n- tiqueaccentun e l I . e peut-être la tendance ver a droitel s : mais celle- ci est imposée par les faits. Tout chef de Gouvernement appartenant à la S,F,I.O. devait suivre une voie semblable dans les circonstances pré- sentes." (208) L'observateur politique rend les événements et la position parlementair a S.F.I.Ol e d e . responsable e cettd s e évolution. Nous avons vu, quant à nous, que dès lors que la conception socialiste de la nation française rôln a puissancs so ee e d mondial,d t e , pouvait être remise en cause e glissemenl , t vers crispationle s s nationaliste a droitl e d s e la moins intelligente devenait inévitable avec son cortège d'autoritaris- me, de valorisation du rôle de l'armée, d'abdication du pouvoir civil, en un mot de rétraction de la démocratie. Il est vrai , comme l'écrit M. F.G. Dreyfus, qu' " il y a communauté de conception entre Robert Lacoste, Max Lejeune» André Morice, Georges Bidault, Jacques Soustell t e Miche - De l bré." ceux-ciA (209) n pourraio , t sans crainte ajouter M.Bourgès-Mau- noury et, après le 6 février 1956, Guy Mollet. La politique imaginée pour l'Algéri e pouvain e t qu'être sans issue dan a mesurl s e où, commn o e e constatl a jusqu' a chutl à Gouvernementu d e , elle n'évolu s d'upa an pou- e danc a formulatios s n mais s'aggrav contrairu a e dan a réalisations s . Jacques Julliard;a stigmatisé cette mutatio socialismu d n u pouvoira e :

(208) M.Duverger dans 'Le Monde"décembre19 du 1956. (209) Ceux-là même qui participent à l'animation de "L'Union pour le renou- veau et le Salut de 1 'Algérie Française" fondée par Jacques Soustelle en mars 1957 pour rassembler socialistes, radicaux, modérés, gaullistes et républicains populaires, (F.G. Dreyfus: "Histoire des gauches en France- 1940-1974", cit., op. 173. p. 688

" Par un étrange aveuglement, les chefs socialistes paraissent avoir cru que l'armée pouvait mener le combat politique sans se politiser elle-même. D'ailleur e général s "e d gauchl e " Salan n'était-i garans pa loyau l d t - lisme républicain de l'armée d'Algérie? Une incroyable mythologie, à base de jacobinism guerre ed t d'unioe n sacré t fi eéclor Lejeune-Saints ede - Just et des Lacoste-Clemenceau, en attendant les Massu-Robespierre et leurs comité salue d s t public. Danconditions ce s e triptyqul s e imagin r M.Gupa é y Mollet: pacification,élections, négociations, n'avait aucune chance d'être appliqué a pacificatiol : n supposait l'écrasement totanationalistess de l » i rendaiqu t sans obje a négociation...l t " (210)

II nous rest voieà autres le r s domaines essentiels retenua l e sd politique du Front républicain. Nous y rencontrerons là encore à chaque détour les conséquences d'une guerre inavouée qui, indubitablement, a hy- pothéqué toute l'action gouvernementale.

(2ÎO) J*Jullia.rd: "La IVème République", op.cit., p.2O9. 689

CHAPITRE III

LA POLITIQUE EXTERIEURE

" Munich problème un n ce 'est pas géographique, c'est beaucoup plus un état d'esprit."(1)

(,1) Guy Mollet au ,Conseil national de la S.F.I.O. du 28 novembre 1953, à propos de la querelle sur la C.E.D., compte-rendu, p.Jtf. 690 691

Depuis 1954, aucun conflit ouvert n'oppose plus les puissance s sde ) » / deux blocs. Le dégel des relations internationales a été marqué en juillet 1955 par la Conférence de Genève entre les quatres " Grands ": la coexis- tence pacifiqu marchen e t ees . Ell disparaîtrfais e en pa t a méfiancel e réciproque et la consolidation de l'hégémonie de chacune des deux super- puissance r leursu s s blocs respectifs, mais elle marqu s début a ele rupl e -d s ture avec la logique de la guerre froide. Par ailleurs, la conférence de Bandoeng a montré la volonté de nombreux pays sous-développés d'échapper à la classification géo-politique " est-ouest ".

C'est dan contexte c s e international i contienqu , largee d t s poten- tialités d'évolution e Gouvernemenl e qu , Frone d t t républicai t forménes . L'attribution du portefeuille des Affaires étrangères à M.Pineau révélait a volontl é très nett mettre ed e l'accen a dimensiol r su t n européenne d e notre politique extérieure retoule ; pouvoiau r socialistedes r poune s - vaiprovoquee qu t redéfinitioe un r n global relations ede s internationa- les fondées depuis 1951 sur une admission sans réserves de la suprématie américaine par la droite française. i t/

Pendanx premiersi s le t sgestiona s moi e d s , c'est effectivement toute une série d'initiatives que prendra le Gouvernement de M.Mollet en matière extérieure. A partir de Juillet 1956, la nationalisation du canal de Suez marquera le renversement de tendance de la politique fran- çaise et sa renonciation à tout ce qui avait fait jusque-là son origina- nalité. 692

SECTION i : L'OUVERTURE

M.Pinea a inaugurerv u , s premièredele s s semaines - suivanen n so t tré fonctionsn e série un contacte ed r voyage,e pa d t se l'étrangerà s n ,u nouveau style d'action diplomatique rompant spectaculairement avec les ha- bitudes feutrée trèu sd s traditionnel Quai d'Orsay changements .Ce fore sd - me recouvrent une redéfinition de la politique étrangère française dont Guy Mollet avait livré les grands traits dans son discours d'investiture. Après avoir rappelé de façon peu originale que la paix serait l'objectif e 1d ' activité gouvernementale Présidene ,l u Conseitd l rajoute: "Ce- tob jectif expliqu t justifie e s préoccupationtroice e d s s essentielles- so : lidarité des nations libres, désarmement général et contrôlé, construction européenne) .(2 "

NOUVELL; 1 § E DEFINITIO S RELATIONDE N S EXTERIEURE FRANCA L E D SE

La diplomatie française retrouve à partir de février 1956 un dynamis- dispare m u depuis longtemps: tous les secteurs géographique s relano e -d s tions internationales sont concernés par un dépoussiérage de bon augure; des rapports avec les alliés traditionnels à l'inauguration de relations nouvel- les avec le bloc communist passann s propositionee de r tpa s audacieusen se directio s payde ns sous-développés, c'est bien d'une offensive générale qu'il s'agit.

conceptioa A»L u "d nmond e libre " p.r*V4n.«*t-^.**l«_tW..n,^M^._«»—.l*«^,.-1 —_«i——^.*» ——

lutt1°a L / e pour l'égalité entre alliés

Le Z mars 1956, devant la presse anglo-américaine, à Paris, M.Chris-

(2)J.O. Débats,des A.N., 3l janvier 1956, p.136. 693

tian Pineau prononce une allocution qui va provoquer un certain émoi dans les milieux atlantiques. C'est à une véritable révision de la politique sui- vie jusqu'alor s Occidentaule r pa s x vis-à-vi e l'U.R.S.Sd s . qu'il invite les alliéFrancea l e d sl lanc I . e quelques critiques acerbe à pein t se e voi- lées contr Etats-Unis le e e sons i t qu sempressé e prendrsd e la place lais- Franca l r séSud-Vietnau ea epa maintienneni qu t e m certaine tun e ambiguï- té sur la nature du conflit algérien. Aux Britanniques, il reproche de ne pas avoir consulté notre pays sur les problèmes du Proche-Orient. Mais sur- tout, M.Pineau déclare êtr n désaccore d profond ave politiqua l c e suivie par les pays occidentaux au cours des dernières années."Nous avons commis énorme un e faut considérann e problèmes le e tqu sécurite d s é étaiens le t seuls problèmes internationaux dont nous avons à nous occuper. Devant deux propagandes, dont l'une s'exerce uniquement dan domaine l s e militairt e qui vis à ela sécurit à étou t prix t don,e t l'autre fait état d'offree sd paix à longueur de journées, l'opinion publique est acquise d'avance S cel- le qui offre des solutions de paix, même si elles ne sont pas sincères."(3)

L'enjeu de cet aggiornamento de la politique extérieure française n'est pas seulement le retour à une indépendance nationale perdue depuis des lustres, c'est aussi la capacité à offrir aux nations nouvelles une autre issu l'affrontemene qu e s deutde x super-puissance éloigneà t se e l r risque d'une troisième guerre mondial n substituane concurrenca l tà e mili- taire, une concurrence économique, culturelle et idéologique; " Nous ne pou- vons plus maintenant considérer, dans l'état actuel des choses, que le vrai problème entre le communism t le rest mondeu ed e qu'o,c n appell mone l e - de libre, est un problème de force, un problème militaire... S'il y a lutte actuellement, entr deus le ex partie mondeu sd , cette lutt couru ea s sde prochaines années serlutte un a e d'ordre économique, socia t idéologie l - que." (4)

Cette affirmatio ministru d n s affaireede s étrangères prend indubita-

(3) cf. "Le Monde" des 4-5 mais 1956. (4) M.Pineau à la conférence s secrétairesde fédéraux a SFIO,l e d 18 mars 1956, compte-rendu, p.8-9. 694

blemen comptn e t e l'évolution internationale récent t l'équilibre s de e forces atteint entr s deule e x blocs l s'agiI . t d'en finir ave a coursl c e aux armements et de passer à une confrontation plus pacifique. La concur- rence entr s deule e x systèmes politique t économiquee s s n'es s prêtpa t e de s'acheve e réalisml t e r e veut qu'o l'ignore n e pas, mais il faut qu'elle chang nature d e e pour renforce a paix l rguerra "L . e froide...tire S sa fin et il semble que dans le monde, à l'exception de conflits locaux comme ceux que nous connaissons en Afrique du Nord» la forme de l'op- position entr s peuplele e t beaucoues s p plus d'ordre économiqu t d'ore e - dre idéologique que d'ordre militaire." (5)

Pour renforce e mouvementc r l i fau, t amene s Etats-Unile r à plus s de soupless e compréhensiod t e à nl'égar seulemenn no d e leurd t s alliés mais aussi de ceux qui ne se situent ni dans un camp ni dans l'autre: les pays sous-développés. L'affrontement entr a Francel t l'Amérique e tare n e - dera guère sur ce sujet: du 6 au 8 mars 1956, M.Pineau participe à la conférenc e 1'O.T.A.S.E.d e , à Karachi e heurts conceptionx t e , au e s sclé- rosées de M.Poster Du!les, Secrétaire d'Etat américain aux Affaires étran- gères. Il tente d'y faire prévaloidémontrann e e poinn vu lso e re a d tqu t meilleure manière d'évite a subversiol r combattre d t es n e la misère; il dénonce le raisonnement anglo-américain qui consiste à dire: aidons les pays asiatiques qui font partie du Pacte mais pas les autres qui veulent rester neutres; c'est laisser le champ libre chez ceux-ci aux communistes. M.Pinea sere n u a guère entend t le ue communiqué fina e lad l conférence res- tera emprein discouru d t s anticommuniste développé depuis 1946.

Dès le 2 mars, la première intervention du ministre français avait soulev certaine un é e inquiétud Etats-Unix au e t plue s s encor n Grandee - Bretagne. Sur invitation de M.Anthony Eden, premier ministre britannique, Guy Molle e rens t à dLondre s entretiende a s l oi ù s fort completa l r su s situation internationale. C'est le début d'une série de contacts de plus en plus " fructueux " entre la France et la Grande-Bretagne sur le terrain

(5) M.Pineau l'Assembléeà nationale, J.O.s Débats,de r jui1e n 1956,p.223O 695

diplomatique. Rassurés sur la politique française, les Britanniques ont pu constater une identité de vues certaine dans le domaine qui les préoc- cup e plusl e e Proche-Orientl : .

Le 2 avril 1956, Guy Mollet reprend les thèmes évoqués par M.Pineau, dans une interview accordée à l'hebdomadaire américain " U.S. News and World Repor t l'accen tnécessairme a l l " I .r tsu e égalit doii qu ét régner entr partenaires le e e l'Alliancsd e atlantiqu changemene l t e e prioritd - té qui doit être adopté dans le rëgletnent des problêmes internationaux: il faut abandonner le préalable de la réunification de l'Allemagne qui hypo- thèque les avancées dans tous les autres domaines des relations Est-Ouest; mieux vaut consacrer les effort sà l'amorc e d'un désarmement généra t cone l - trôlé qui, s'il a lieu, facilitera les solutions des autres problèmes. Pour le Gouvernement français, c'est seue ll à l moye e progressend r vere un s véritable coexistence pacifiqu e rendrd t joun e u e r réalisable la réuni- fication allemande. Le représentant de la France.au Sous-comité des Nations Unies pour le Désarmement, M.Jules Moch, voyait son rôle accru d'autant par cette priorité nouvelle qui n fait,e e faisai,n t guère avance solutioa l r n s problèmede s internationaux n reléguan:e u seconta d rang la réunification de l'Allemagne, la France donnait une satisfaction appréciable à la diplo- matie soviétique et reportait le règlement de ce problème auxttcalendes grecques" En effet, si le cas des deux Allemagne ne pouvait être réglé di- rectement t évidenes l e l'amorc,i tqu u désarmemend e t était tout auss- hy i pothétique. Intellectuellement, le raisonnement français avait le mérite d'une cohérence certaine: des succès en matière de désarmement auraient provoqu déblocage l é e d'une séri e négociationd e s pendantes.Pratiquement, c'était soumettre celles-ci à un préalable de fait dont on ne pouvait igno- r qu'ire l restait, pous annéerde s encore, hors d'atteinte(malgr suca l é - cession de nombreux plans et contre-plans dans l'examen desquels les mem- bres du Sous-comité du désarmement à l'O.N.U. s'épuisent vertueusement.)

Les réactions à ces deux interventions de MM.Pineau et Mollet furent parfois vives, souvent favorables pressa l : gauche ed "Combat"{ e , "Franc- tireur","! 'Express", "France-Observateur" ..) y vit enfin les signes d'un indispensable redressement diplomatique, droita tandil e esqu s'inquiétait 696

des coups d'épingles donné u Pacta s e Atlantique. "L'Humanité avri4 u "d l 1956 écrit sou pluma l s e Yved e s Moreau: "Sur plusieurs problême e presd - mier plan s réponsele , u Présidensd u Conseitd l fournissen basa l t e d'une diplomatie rénovée, conform x intérêtpaixa l au e Franca e l .d e t d se C'est notamment le cas pour les problèmes du désarmement et de l'Allema- gne... Voilà qui nous change heureusement des calomnies que les prédéces- y MolleseurGu t répétéee sd on t s pendan s année tde anticommunismr pa s t e par servilité à l'égard des trusts internationaux, dont les profits dépen- dent de l'intensification de la course aux armements." En Grande-Breta- gne même, des journaux admirent dans l'interview de Guy Mollet un courage dont devraient s'inspirer les dirigeants anglais: " Les dirigeants occi- dentaux se sont endormis. C'est pourquoi M.Mollet a pris un maillet pour les réveiller Anthonr Si . y Eden, lui,ne ferait jamais quelque chose d'aus- si spectaculair t décisife , mais l'alliance occidental ea peut-êtr e besoin d'un choc pareil.. Franca .L t noyéees e dans proprese s s difficul- tés, mais au moins elle fait entendre sa voix." (6)

2°/ L'échappée hors des deux blocs

Ces remous et ces échos des déclarations des ministres français ne sont cependant guère suivis d'effets: M.Pinea profitea v u e lrd a session du Conseil de l'Organisation Atlantique (Paris, 4-5 mai 1956) pour proposer l'élargissemen e l'activittd é international s Occidentauxde e e communiL . - qué publié à l'issue des travaux affirme la volonté du Conseil " d'accroî- tre la coopération économique entre pays membres... de s'efforcer d'élimi- ner toute opposition dans les politiques économiques internationales,..et d'examiner les problèmes économiques à la lumière des idées énoncées ci- dessus et du plan présenté par M.Pineau." (7)

e plaC n débordait largemen u cadrtd e ld ea seule Alliance atlanti- que pour s'insérer dans l'ensembl u réseaed s organisationude e l'O.N.Usd .

(6)"Daily Herald"du 4 avril 1956t in "Opinions internationales", "Le Monde" davril5 u 1956. (7) citér "L'annépa e politigue 1956", p.299. 697

Le ministre français avait déclar mar1 1 M.Nehruà se l é Franca "L : e dans son assistance technique... dans la mesure de ses moyens, ne fera pas de différence danamitiés se s s entr t signe on pactn ceu i u é qu ex militairt ee signé.s ceu pa i ) n'e Devant qu x(8 " n on t TO.T.A.N., M.Pineau élargit cet- te proposition et présente un plan général d'aide économique aux pays sous- développés sous la forme de création d'une Agence économique mondiale, dans le cadre de l'O.N.U.. "Aujourd'hui, l'aide économique est trop souvent apportée en fonction de considérations d'ordre politique ou d'ordre mili- taire et elle crée ainsi entre le peuple assistant et le peuple assité un lien anormal." (9)

Le plan présenté prévoi a créatiol t n d'un organisme financiex au r ressources duquel tou s Etatle s s participeraien proratu a t leure ad - re s venus nationaux. "Le prélèvement prévu sur ceux-ci était de l'ordre de 2%, montant apparemment considérable mais insuffisant pour obtenir une solution rapide du problême. De cette part, les Etats ou les Communautés auraient e droil déduire d t e montanel aides de t s bilatérale multilatéraleu so - dé s jà accordées, sans tenir compte bien entendu des fournitures d'arme- ments." (10comitn U ) é directeur charg répartie éd r 1' aide auraié ét t constitué à parité entr s Etatele s donateur t lee s s Etats bénéficiaires. Enfin un organisme commercial disposant de fonds propres et de capacités de stockage devait assure a régularisatiol r cours matières nde de s s pre- mières et autres produits constituant le fondement essentiel du commerce extérieu pays sde r sous-développés, afin d'évite spéculatioa l r n inter- national qu'oe c t ne appellera plus tar a d"l dégradatio termes nde e d s 1"échange."

(8) Conférence s secrétairesde fédéraux SFIO, op.cit., p.15. (9) J.O. des Débats, A.N., 1er juin 1956, p.2231.

(10): "1956, Suez", Robert Laffontr collection "Le temps des révélations", Paris 1976, 24O p.23-24.p., 698

Ce plan d'agence économique mondiale connut un accueil pour le moins mitigé, en dépit ou plutôt à cause de sa générosité. "Les Etats- Unis, me répondirent, pour employer 1 'expression d'un sénateur américain, qu'ils entendaient signer eux-mêmes leurs chèques, les Soviétiques qu'ils ne voulaient pas séparer l'aide de leur propagande politique... Ma plus grande désillusion fut l'accueil réservé au Parlement français. Le dis- cours au cours duquel j'exposai le plan à l'Assemblée nationale fut accueilli par des exclamations ironiques, au moins sur les bancs de la droite... Il n'est même pas certain que tous mes collègues du Gouvernement aient jugé opportun telle un ee initiative." (11)

fiascn u t ofu Bref complete c , , l'opinion parlementaire estimant que la France avait des problèmes intérieurs autrement plus urgents à résoudre que la création d'une telle agence économique internationale, dont t plufu e s n questio l i partinà juillee d r t 1956 crisa ,l a l Sue e t ed e z dégradatio a situatiol e nd Algérin ne e éloignan le ad t Franc a pluparel t de ceux que le plan Pineau avait intéressés.

Plus tangibles moinu a , s dan premien su r temps,furen s résulle t - tats du changement d'attitude imprimée à la diplomatie française à l'égard de 1 'U.R.S.S.

Le Gouvernement français dut matièrn ,e e d'ouverture vers l'Est, fai- e preuvr e d'une grande prudence n'excluant cependan e mouvementl s pa t e c , que Guy Mollet a appelé " l'indépendance dans la fidélité " qui " vise au double objectif du renforcement de la solidarité des Nations libres et d'une diminutio a tensiol e nd n internationale."

Si l'Alliance atlantique est critiquée pour ses déséquilibres inter-

(îl) Christian Pineau: "1956, Suez", op.cit., p.24-25, 699

nés, elle reste la pierr touche ed toute ed e la politique extérieuru ed Gouvernement. MM.Pineau et Mollet sont sur ce point sans ambiguïté: "La France n'a jamai sdire n dita t »e jamais , qu'elle abandonn alliance un e e au profit d'une autre, ce serait, dans les circonstances présentes, une folie, mais elle peut dire, et c'est la formule que j'ai employée que, i ellamitét s fidèls ees se , selleà parfaitemenea droie l t t d'en cher- cher d'autres, ce qui signifie que notre alliance avec l'Ouest ne doit point point avoir pour effet de couper, si peu que ce soit, nos relations avec l'Est, et que, même, au contraire, le rôle de la France, le rôle essen- Francea l tie e d l , doit êtr cherchee ed r à êtr lien eu n permanent entre l'Oues t l'Est.e t " (12) peue Hn avoiry t égard ce à , , aucune illusion sur le plan intérieur français: daninterviee un s w accordé Timesu ea , le 27 mars 1956, M.Pineau a nié ënergiquement qu'il y ait un rapport .quelconque entr politique eun e étrangère qui vise à rapprocher l'Est et l'Ouest, et un Front populaire en politique intérieure. (13)

11 Cette politique est, peut-être, sous certains aspects, assez différent cell e Gouvernementes d ede s précédents, mais elle respecte essentiellement un certain nombre de règles qui ont été fixées et qui sont celles de l'intérêt national C'est ains noue qu si avon noue s qu toujours t répétone t se di qu s la France reste intégralement fidèle à" ses alliances et que, sous aucun prétexte, elle ne saurait les dénouer." (14)

1°/ Relance des relations franco-soviétiques

La publication par le "New York Times", le 17 mars 1956, du "rap- port Khrouchtchev " présent févrie5 2 e él r précéden ëm0 2 e u congrèa t s

(12) M.Pineau a conférencel à s secrétairede s fédéraux e la.d SFIO, op, cit., p.6. (13) cf. "Le Populaire" du 28 mars 1956 qui rend compte de cette interview

(14) J.o, des Débatsf A.N., 1er juin 1956, p.223O, intervention de a. Pineau. 700

du P.C.U.S., ne modifie pas substantiellement la nature du jugement porte sur l'U.R.S.S. par les socialistes et le sens de leurs efforts d'ouver- ture. Ils prennent en compte, bien sOr, les craquements que la dëstalini- sation commence à provoquer dan e monolithl s e soviétique mai e gardens s t bien d'en tire s conclusionde r s hâtives. M.Pineau déclarera qu'il faut éviter deux erreurs dans l'appréciation du 20ème congrès: croire que tout ou que rien n'a changé. C'est le réalisme qui guide son attitude: " Sont-ils sincères?...je prétend noue qu s s e savoir..l n'avon à s pa s . nous devons supposer a priori la sincérité de ceux qui nous font des propositions, quitte, bien entendu, à prendre toutes précautions néces- saires." (15)

Malgré la prudence de ces positions, les responsables socialistes provoquent de grands remous au sein même de leur propre parti; la S.F.I.O. est tellement conditionnée par ses réflexes antisoviétiques ou plus lar- gement anticommuniste s militantse e qu s s comprennen l cettma t e volonté d'ouvertur i leuqu e r semble contradictoire avec l'ostracisme dans lequel ils maintiennen e P.C.Fl t Comite L . é directeu avri8 1 u ld r 195 6e fais t l'écho de l'inquiétude du parti a la suite de l'interview donnée à "U.S.- Mollety News..Gu r . pa "Celui-c i doit précises interprétationle e qu r s qui en ont été faites sont erronées et qu' "il n'y a pas de changement dans a politiqul Parti.u d e " (16)

En mai 1956,deux voyages successifs en U.R.S.S. vont donner à la volonté d'ouvertur à el'Es s socialistede t débun u s concrétisation e d t . Le premie a Her u a suitl à e d'une invitation lancé 195n e Comitu 5a é directeur de la S.F.I.O. par le Parti communiste d'Union soviétique. La délégation socialiste sera dirigé r Pierrpa e e Comroi t Georgee n s Brutelle, secrétaires généraux adjoints, et comprendra Coûtant, Deixonne, Lamine- Gueye, Philip, Naveau.Rosenfeld, Peyrassol, Verdie t Piverte r lui.n E " - même l'événement est de taille: jamais depuis le congrès de Tours, une

(15) Conférence des secrétaires fédéraux de la SFIO, op.cit., p.7-8. (16) Comité directeur, réunion du 18 avril 1955, p.164. 701

délégation socialiste n'a posé le pie U.R.S.S.n de " (17)

Partie le 1er mai 1956, la délégation de la S.F.I.O. rentre a mal4 Pari1 , e l sveill déparu ed Ml.Mollee d t t Pineae t u pour Moscou où ils resteront jusqu'au 19 mai. Des leur arrivée, ceux-ci déclarent que tout en voulant développer les liens d'amitié avec l'U.R.S.S. dans tous s domainesle , la France entend rester fidèlalliances se e3 s occidenta- les.

Les conversation i suivenqu s caractèr n u t t on " franchise e ed , par- fois même de brutalité, mais toujours de cordialité." (18) Les désaccords traditionnels sur le règlement des problèmes Internationaux ne sont évi- demment pas surmontés (désarmement contrôlé, réunification de l'Allema- gne, sécurité collective,..) Sur deux points cependant les Français re- viendron Moscoe d t u après avoir obten certaine uun e satisfaction: l'ac- croissemen échanges de t s économiques entre les deux pay t surtoue s t la mention dans le communiqué final de la " neutralité bienveillante " de l'U.R.S.S. S l'égard de la politique algérienne du Front républicain: représentants le " s françai t entretenson u leurs collègues soviétiques des problèmes qui se posent en Algérie et de la politique qu'y applique le Gouvernement français. Les ministres soviétiques ont exprimé l'espoir que, luttant dans l'esprit libéral qui l'anime» le Gouvernement français saurait donne problème c à r e si Importan a solutiol t n appropriée dans l'espri notre d t e époqu t dane s l'intérê peuples.s de t " (19)

L'impression ramenée d'il.R.S.S t positivees . pou s ministrele r s français. M.Pineau se berce d'ailleurs d'illusions 3 propos des possibi- lité confrontatione sd s idéologiques entre l'Es t l'Oueste t ; après avoir noté que les Soviétiques en viennent à réviser le rOle de l'Etat dans la conduite de leur économie, leur volonté de s'ouvrir aux échanges comner-

(17) R.Quilliotf op.crit ., p.569. (18) N.Pineau l'A.N.à , J.ODébats,s de . juinr 1e 1956, p.2231. (19) cité iniAlfred Grosser: "La IVème République et sa politique exté- rieure" , A.Colin, Paria , p,339-34Q. p. 1967,2 44 702

ciaux et de préserver la paix au Moyen-Orient, 11 rappelle devant son a visit Partl lordélégatioa e l e sd e qu ie d a S.F.I.O.l e nd , André Philip a pu faire une conférence à l'Université de Moscou sur la situation po- litique» économique et sociale de la France: " S1 nous partons du prin- a séparatiol cip e ed monde,nouu nd s serons battus, alor sie u a ,squ contraire, nous partons du principe de l'ouverture des frontières et des contacts, rien ne nous permet de dire aujourd'hui que ce ne sont pas nos principes de liberté qui l'emporteront sur les principes de dictature actuell partu ed i communiste." (20)..."I U.R.S.S.n e { modifie a un y l) - cation d'orientation doctrinale et une modification dans certaines atti- tudes que nous aurions tort de ne pas exploiter au maximum." (21)

2*7 Nouvelle allur a diplomatil e ed e française

M.Pinea tentea uv convaincre d r e l'Amériqu a nouvelll e equ e diplo- matie bonna l français r esu voiet ees , lors d'un voyage qu'il fait 8 le1 juin 1956 aux Etats-Unis. U propose S J.F. Dulles de faire " un pari sans risques " sur l'orientation prise par les Soviétiques; les Américains ne manquent pas de marquer leur scepticisme. "Le Monde" du 22 juin 1956 titre- ra; "Le plaidoyer de M.Pineau pour la détente n'a pas convaincu M.Poster Dulles" et notera que *' jamais ministre français ne s'était exprimé ici avec autant de franchise *, tandis que "Le Figaro" parle d'échec de la vi- site d'explication de M.Pineau. Devant le "National Press Club ", le 21 juin, M.Pineau u avait laissé entendre qu'il n'étai vens upa t pour plaire, mais pour seme idéess de r , provoquer quelques réflexions che s responle z - sables de la diplomatie américaine, convaincre nos alliés qu'une nouvelle politiqu t souhaitable.ees " (22)

Le ministre français doi r ailleurpa t s fair eespèce facun e ea d e rébellion Interne du Quai d'Orsay contre l'impulsion donnée à la politi- que étrangère. M.Raymond Aron traduit relativement fidèlement l'impression

(2O) M.Pineau à la conférence des secrétaires fédéraux de la SFIO, 18 mars 1956, op.cit.f p.9. (21) mêmee L devant Conseie l l nationa s 9-1Olde juin 1956, op.cit, p.115. (22) "L'année politique 1956", op.cit., p.316. 703

ressentie par ces fonctionnaires: "Rien, dans Ta carrière antérieure de M.Pineau n'autorisait de grands espoirs. Mais rien non plus n'aurait jus- tifié la craint exploits ede s auxquels nous assitons stupéfaits, depuis des mois: voyage tourisme d s e transformé méthodn e s gouvernemente ed , déci- sions et discours également arbitraires, incartades verbales tenues pour franchise... Subordonner l'unité ( de l'Allemagne ), elle-même improbable, à un désarmement, qui ne l'était pas moins, ne promet pas la fin du partage de l'Allemagne. Le changement de langage n'avait pas d'autre conséquence que d'apporter un appui à la thèse soviétique." (23) C'est la conclusion que généralise M.Aron: Christian Pineau travaille dans le même sens que s Russesle droita L . e libérale support plu e plun l l'indépendaned e ssma - prétene cequ d marque a diplomatil r e française depuis mars 1956 t encore , e moins le développement des relations avec l'Est. Elle trouve d'ailleurs dans l'administration du Quai d'excellents alliés en la personne des fonc- tionnaires mis en place par les ministres M.R.P. des deux premières légis- latures. M.Pineau écrit: " Pour prendre un exemple au sommet, le secré- taire général du Quai d'Orsay, brillant diplomate par ailleurs, réunissait s journalistele s pour critique démentiu o r proposs me r , affirmea m e qu r présence au ministère des Affaires étrangères était provisoire, enfin qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter outre mesure de mon ignorance et de mes erreurs... Ains ministren u i , arrivan Quau a t i d'Orsa t désireue y x d'in- fléchir certaines orientation prédécesseurn so e sd , était pratiquement obligé de réaliser un important mouvement diplomatique pour placer aux postes-clés des fonctionnaires acquis a ses idées..." (24)

Deux clans s'opposent: celu anticommunistes de i s pro-amêricain- sop posés à toute détente, dont les membres ont été mis en place par t celu e anti-européens,renforcé;s de i s a Présidencl lor e sd u ed Conseil de M.Mendës-France qui avait pris directement en charge les Af- faires étrangères. Le conflit était inévitable avec un ministre à la fois partisan de la détente et de la construction européenne. Il survint en

(23) "Le Figaro" du 26 juin 1956.

(24) C.Pineau: "1956, Suez", op.cit.r p.65. 704

juin 1956 quand H.Pineau procéda à un " mouvement de personnel considé- rable" (25) don e secrétairl t e généra Quaiu d l , M.Massigl premièra l t fu l e victime, remplacé par M.Louis Joxe.

Des lors e ministrl , affaires ede s étrangères détiendr moyens le a s administratifs de sa politique: 11 en aura grand besoin quand la tempête de Suez surviendra l'attendantn E . , M.Pineau peut dresse bilan u r n provi- soire conforme aux grands axes définis en février. Sur tous les plans, l'offensiv étea é délibérément mené t poursuiviee : la diplomatie fran- çaise semble avoir retrouvé un souffle dont on la croyait incapable. " Bien des diplomates chevronnés du Quai d'Orsay reprochèrent amèrement à M.Pineau d'avoir dit tout haut ce que, précisément, ils projetaient de dire tout bas dans des notes diplomatiques, dans des mémorandums, dans des conversations discrètes... avaiy Mai l i st longtemps qu'on attendait ces notes, ces conversations qui devaient redresser les relations de la France avec ses alliés. Elles tardaient 5 venir. M.Pineau avait au moins le mérite d'avoir fait entendre un langage peu habituel dans la bouche d'un ministre français des Affaires étrangères ou résonnaient des formu- les d'indépendance et d'Initiative, de libre critique et de franc-parler, qui trouvaien immédian u t t accueil dans l'opinion publiqu seulemenn eno t française mais étrangère. ....M.Pineau orientait la diplomatie française vers de nouvelles perspectives. Le problème allemand cessait d'Être le problème n°l. Obnu- bilé pendant huit ans par la primauté du problème européen, le Quai d'Or- say s'était écarté de ce qui se déroulait en Orient, en Asie, dans les pays souS"développés a Francl ù o , e avait pourtan rôln u t e essentieà l jouer." (26)

L'Algérie reste cependant un obstacle permanent pour M.Pineau. Elle ne peut malgré tout empêcher la mise en place du grand dessein ex- térieur des socialistes: la relance de la construction européenne.

(25) Entretien avec 1'auteur. (26) Hector e Galardd dans "France-Observateur" avril2 1 u d 1956. 705

§ 2 ; LA CONSTRUCTION DE L'EUROPE

Guy Mollet: " C'est un appel grave que je voudrais Tancer au début de cette législature» avec toute ma sincérité, avec toute la force de conviction don e suij t s capable. Je sais que l'immense najorité de cette Assemblée est sincèrement attachée à l'Idée européenne, fût-ce souformes de s s différentess di e J . qu'elle est factice la division qu'on veut perpétuer entre ceux qui, un jour prononcèrene s , t pou t ceu i e rvotèren qu x t contr certain eu n projet de Communauté Européenne de Défense, en appelant "Européens" les uns et " anti-Européens" les autres." (27)

C'est sous ce signe du dépassement des querelles passées auxquelles les socialistes avaient été parmi les plus sensible- place re s a e el qu s lance de la construction européenne. Pour éviter de retomber dans l'échec, 1e Gouvernemen Fronu d t t républicain fera preuve là aussi d'une grande prudence notamment dans l'emplo procédures de i s parlementaires.

La C.E.D 195n e . 4 avait opposé partisan t adversairee s réaru d s - mement allemand dan cadrn u s e européen, Mollemaiy Gu s t n'avai tors pa tt de rappeler dans son discours d'Investiture que ce clivage était assez largement factive car les uns et les autres avalent la même volonté de contrôle réarmemene c r l'Allemagnee d t e désaccorl : r portaie dn su e qu t l'efficacité des moyens envisagés.

i concernqu e Ec n a S.F.I.O.l e vin o ,t très rapidement, dee l s début de l'année 1955, l'unité totale du groupe parlementaire se refaire sur le thème de la relance européenne. Il est difficile de démôler l'ins-

(27) J.O.Débats,des A.N., janvier31 1956, p.137. 706

piratlon doctrinale de la méfiance à Tégard de l'Allemagne, dans l'atti- tude adoptée par les socialistes à l'égard de la constitution d'une Europe intégrée.

L'expérienc Fronu ed t populaire s'était déroulée dan contextn u s e International extrêmement défavorable, s'aggravant au fil des mois. Léon Blum, dans l'échellA " e humaine ", tirs conclusionale contradica l e d s - tion dans laquell t Gouvernementprin efu sso : impossibilit l'actioe éd n Internationale solidaire» impossibilité de l'autarcie autoritaire: "Le Gouvernemen Frone d t t populair trouvaie es t ainsi placé devant la contra- diction intrinsèque qui n'offrait d'ailleurs absolument r.ien d'inconnu ou d'Imprévu pouchefss laquellà sontse e rt s e »i s j'oss , e11 e dire, sacri- fiés pour préserver le pays d'une crise sanglante... Demain, comme hier, l'Intégratio l'oeuvre nd e nationale organisatiodane un s n Internationale, son ajustement dans une armature couvrant toutes les fractions de l'éco- nomie universelle parvenues au même stade d'évolution, fourniront l'unique solution satisfaisante»!a seule en tout cas qui reste compatible avec les principes et les institutions de la liberté." (28) On retrouve ici la vieille idée d'une transformation sociale qui, pour réussir, doi réae s t - liser Internationalement faut quoe ed i l'isolemen repliemene l t e t t à l'in- térieu frontièree d r s nationale pourraiene n s t entraîne a capitulal e qu r - déviatioa l tio u no n ver dictaturea l s 1936s'agissain e n E . ,l i t d'ail- leurs pas de transformation sociale mais de simple exercice du pouvoir. Douz plus sean tard, dan même l s e esprit, Jules Moch écrivait: "t IIes impossible d'associe e prolétairl r e nippon, tant qu'i contentere s l n so e ad bol de riz, au travailleur américain qui n'est pas disposé à renoncer à sa Ford," rapprochemen(29e L ) matièrn e t e International doie en t donc avoir lieu qu'avec des pays de niveau de développement général sensiblement iden- tique. C'est ainsi que les socialistes se rallient volontiers à l'idée d'une unificatio l'Europe nd s'intégrann ee t dan e couranl s t fédéraliste

(28) Léon Blum: "A l'échelle humaine"f op.cit.f p.143. (29) J.Moch: "Confrontations", op.cit,, p.147. 707

qui déferle sur l'Occident de 1945 à 1950. (30)

moye1°n U "/e nd musele r " l'Allemagne

Des motifs conjoncturels extrêmement puissants poussent la S.F.I.O. vers l'intégration européenne: 11 s'agit de souder l'unité oc- cidentale fac l'expansionnismeà e stalinie manifeste s i nqu 1947-194n e 8 mais il s'agit d'abord et surtout d'éviter la renaissance du militarisme allemand auquel la responsabilité des conflits mondiaux est attribuée.

Bien plus que la recherche d'une progression internationale vers la révolution sociale, c'est ce dernier mobile qui va animer les socia- listes dans leur volonté farouche de tout mettre en oeuvre pour construi- e l'Fn*-oper i cettS . e unification rapproche l'heur a transformatiol e ed n révolutionnaire, tant mieux s socialistele : s trouveron- ni u a toun s e t ca t veau européen un rapport de forces politiques qui leur sera bien plus fa- vorabl l'égareà a droitl e dd e mais auss l'égarà i communismeu dd i S . l'Europe retard e epassagl socialismeu ea Francn e , e comme chevois se z - sins développann e , t l'empris capitalismeu ed bienh e , ! tant pis toue :d - s manièreste s socialistele , s sont convaincus qu'aucune expérience ed transition, ni aucun exercice du pouvoir, n'est possible dans aucun des pays européens pris isolément l I .vau t donc mieux stagner ensembln e

(3O) Pour Blumf l'Europe n'est qu'un premier degré vers l'unité 1de 'huma- nité que Jaurès ne manquait pas de rappeler en toutes circonstances: "Le mouvement européen n'est et ne doit être vis-à-vis du mouvement mondial ni une régression contradiction.une ni doitIl être conçu, puisje si dire, a foisl à comme expédientn u t commee transition.e un Nous e faisonsn s pa l'Europe parce que nous renonçons à faire le inonde. L'organisation paci- fique du monde reste contraireau notre but. Mais nous nous efforçons d'abord de construire l'Europe, la démocratie pacifique d'Europe, parce que nous croyons avoir une chance d'y réussir plus aisément et plus vite, parce cetteque réussite procurerait elle-mêmepar soulagementun sensi- ble aux difficultés internationales, parce que la construction de la commu- nauté européenne représenterait sans doute possible une préparation, un en- trainement exemple,n u , tremplin,n u pour a constructionl a conrnunau-l e d té universelle,.. Faire les Etats-Unis d'Europe, mais en les intégrant d'a- vance dans un supers-état universel, faire l'Europe, mais en pensant au mon- de f et pour le monde," (L.Blum: "Oeuvres", op.cit., tome VII, p.282.) 708

sauvan e qutc i doit l'être, l adémocratia l pai t xe e libérale, plutôe tqu de risquer une expérience qui, Isolée, ne peut que mal tourner. André Phi- lip, l'us responsablede n s plusle s convaincu vocatioa l e sd n européenne de la S.F.I.O, déclarera ainsi: " Je préfère une Europe libérale à pas d'Europe du tout." (31)

Mais c'est l'Allemagne qui est l'obsession des socialistes à la Libération, et on le comprend. Dès 1941, Léon Blura écrivait: "Pour obtenir l'innocuité allemande dans un statut paisible et sûr de l'Europe, 11 n'exis- te qu'un seul procédé t l'incorporatioes i ,qu natioa l e d nn allemande dans une communauté internationale assez puissante pour la rééduquer, pour la discipliner et, s'il le fallait, pour la maîtriser. Si l'application de la force devenait nécessaire pour obliger l'Allemagne à cette incorporation, alors elle deviendrait légitime, et salutaire cornue une correction pater- nelle. Alors la force serait au service de la justice et de la paix." {32)

Cette préoccupation majeure subsiste en 1956: Guy Mollet déclare devant son Comité directeur: " J'ai eu le souci constant d'intégrer l'Alle- magne dans l'Europe par crainte d'une Allemagne absolument indépendante."(33) Si les socialistes craignen Allemagne tun e " absolument indépendante", ils craignent aussi, pour nombre d'entre eux Allemagne ,un e réunifiée: t tees l le sens qu'il faut donner à notre avis au changement de priorité décidé par la diplomatie française en mars 1956, dans le règlement des problè- mes internationaux. On a vu que les Occidentaux, suivant en cela le Docteur Adenauer, mettaient comme prélabié 3 tout progrès dans les négociations in. ternationales, la solution du problème allemand et la réunification du pays. Les Russes répondaient en parlant désarmement et sécurité collec-

(31) cité par Olivier Philip: "Le problème de l'union européenne"f Edi- tions de la Baconnière, collection "L'évolution du monde et des idées", Nevchâtel p.,195O383 p.119.f (32) L.Blumt "A l'échelle humaine", op.cit., p.152. (33) Comité directeur du 28 avril 1956, compte-rendu, p.164. 709

tive. Annonce dès le discours d'investiture, le changemen priorite td u éd Front républicain en matière internationale aboutit à inverser les fac- teurs et à transformer les débuts d'un désarmement général et contrôlé n préalablu n e u règlemena e e ltd a partitio e l'Allemagnend . Les socia- listes ont-ils détenta crainl e tqu e internationale n'amen Soviétis le é - ques à fair concessions ede s à Bon Washingtont ne ? Leur attitude toun ,e t cas, revient à entériner le statu quo en Europe centrale même si, bien sûr, ilmanquene n sprotestee d s pa t e leurd r attachement caus a àl e d'une Allemagne unie.

Le voyage à Mosco MM.Mollee ud u 1Pineaut 9a te ma5 1 l u ,d 1956 , n'a pu que ressusciter leur inquiétude au sujet du devenir de l'Alle- magne. Devant le congrès Socialiste de Lille, Guy Mollet rappellera la né- cessité de faire l'Europe: "D'abord, assurer la prospérité économique et élevee l'ensembld niveae e l rvi e ud e européen .A l'époqu s grandde e- sen sembles économique son e s Etats-Unisqu t le t l'Uniose n soviétique cloie ,l - sonnement étriqué de nos nations européennes est un anachronisme... Ensui- te, et c'est une préoccupation dominante dhez certains d'entre nous, chez moi en tout cas; assurer une solution durable au problème allemand."(34)

Et Guy Mollet va raconter alors comment M.Khrouchtchev a ravivé craintes se sujeu a s e l'Allemagnetd : " II nous disait: "Oui, mais vous savez, l'Allemagne de l'Ouest, nous n'avons pas beaucoup § faire pour qu'elle soit avec nous. Nous sommes très sollicites.Nous n'aurions pas beaucou dirpà e pour refaire cette union entre l'Allemagn Russie"a l t e - grâc eà laquell disaie n 1 1 et pas: " Nous serion maîtres sle monde"u sd , 11 disait seulement; -grSc eà laquell e nous n'aurions plus rien à crain- dre de l'ensemble du monde." Eh! oui, Ribbentrop,Molotov, tout cela, ce n'est pas oublié."(35)

Molley Gu t rassure ensuit auditoirn so e affirmann e t qu'u l rente n -

(34) Congrès SFIO de Lille, 28 juln-ler juillet 1956, compte-rendu,p.8O4 et 8O5. ( souligné par nous.)

(35) îd.f p.805, 710

versement d'alliances est actuellement Impossible en R.F.A., que celle- ci soit dirigée par les démocrates chrétiens ou par les socialistes.Ma1s 11 envisage ensuite l'hypothèse d'une crise économique grave un du à e insuffisance des marchés occidentaux: "La Russie se tournerait vers l'Alle- magne et lui dirait: " nous sommes en mesure d'abord de vous offrir votre unité» au besoin de vous rendre les territoires de l'autre côté de TOder- Neisse a Polognl n'ese c s t pa e t, e qui nou empêchera",ln e s e jour où la Russie ajouterait: " des débouchés économiques, vous en voulez. Il y en a en Tchëkoslovaquie, en Hongrie, en Roumanie", et s'adressant aux industri- els allemands et peut-être aux ouvriers allemands» on leur dirait: "com- ment, pour des raisons politiques, on vous empêche de travailler!". J'ai peur que ce jour»là, si nous n'avons pas su, nous, créer à l'Allemagne ses débouchés normaux, créer à l'Allemagne son union avec nous, si nous n'avonfairu s s e pa scela nouvelle un , e fois nous aurons raté notre heure dans l'histoire (applaudissements)." (36)

Conclusion inavouée e statl :territoria o uqu Europn e l e centrale évite à l'Allemagn a tentatiol e n d'une indépendance totale voire d'un renversement d'alliance priorita L . é nouvelle donné- a Francl dé r u pa eea sarmement sur la réunification allemande conforte peut-être la position soviétique: elle est une garantie supplémentaire à ce statu quo. Enfin, il faut enserrer VAllemagne de l'Ouest dans un ensemble européen d'où elle ne pourra plus se dégager: l'Europe. A ces motivations négatives, l'esprit inventi Léoe d f n ajouteu Blucr mtouche a un r e pseudo-doctrina- plue l s constructive:

2°/"La troisième force internationale"

Le souci d'empêcher toute renaissanc militarismu ed e allemane dn cessera de dominer la S.F.I.O. qui, bien sûr, ne l'avouera plus aussi facilement au fil des années et déguisera sa crainte sous une idéologie européenne marquée par l'équivoque: la création d'une " troisième force

(36) Congrès SFIO de Lille, 28 juin-îer juillet 1956, compte-rendu, p.8O6. 711

internationale " deviendr chevae al e batailld l e commu x partia l au n e sd " troisième force " intérieure. Léon Blum en avait défini ainsi la signi- fication: " entr s Etats-Unisele , " champion le ad s liberté individuelle s droitde t e l'homme d s e " mais où l'économie capitaliste conserve toute son intégrité, toute sa rigueur inhumaine, et l'Union soviétique, qui a détrui propriéta l t é capitaliste privée mais éliminé toute s libertésle s privées, civique t socialese s placa y l e,i pounations le r i veulenqu s t à la fois la liberté personnelle et l'économie collective, la démocratie et la justice sociale. Ce qui revient à dire qu'entre le capitalisme amé- ricai expansionnist- n e comme toucapitalismes le s sévolutioà n ascendan- te - et le communisme totalitaire et Impérialiste des Soviets,il y a place pour la social-démocratie, place pour le socialisme...qui... représente e qu'oc n peut appele liee l r u géométriqu s idéologiede e s européennesa .L troisième force international t donees c bien réellemen forcee tun t .E pour qu'elle agisse en tant que force, il suffit qu'elle prenne conscience d'elle-même, conscience de sa nature, conscience de sa mission immédia- te." (37)

Ce thème de la "troisième force internationale*repris en 1956 con- naîtr débun u a e réalisatiotd n politiqune e extérieure aveefforts le c s de M.Pineau pour transformer la diplomatie français n pone t entre l'Est et l'Ouest. Il manquera cependant toujours de fondements réels et maté- riels 3 caus e l'inanited e léd a "troisième force" intérieure,sur laquelle il devait naturellement s'appuyer,et des limites extérieures admises dès le départ: celle e l'Alliancsd e atlantique.

Un obstacle encore restai ta surmonter : celu réticences de i s bri- tanniques matièrn :E relatione ed s franco-britanniques, les socialistes français avaient derrière eux une longue tradition d'anglophilie qui se renforça sous la IVëme République. Elle reposait sur l'affinité doctri- nale de gens qui, de part et d'autre de la Manche, accordaient une im- portance majeure au libéralisme politique et à un certain nombre de

(37) article dans "Le Populaire" du 6 janvier 1948r cité par J.Lacouture "Léon Blum", op.cit., p.542. 712

combats communs menés depuis longtemps contre l'Allemagne. Brièvement, rappelons que Léon Blum en 1936 adopta à l'égard de l'Angleterre une po- litique d'alliance, étroite au point de paralyser toute l'action exté- rieure de la France ( dévaluation, non-intervention en Espagne ). Il re- nouera, début 1947, avec la même attitude en mettant sur pied le traite d'alliance franco-britannique que M.Bidault signera le 4 mars 1947. Le contexte politique anglais de l'après-guerre, marqué par l'arrivée au gouvernemen s travaillistesde t , renforc e rapprochemenl e t entre S.F.I.O. t "Laboue r party". "L'angleterre contemporaine réalisera peut-êtra l e prévisio Marx..e d n . Est-il insens e supposerd é , aprè a résistancl s e à l'usur pouvoiu d e s socialistesde r ceux-ce qu , e reprendronl i joun u t r avec une majorité accrue et que nous assisterons à une véritable trans- formation sociale, fondé r l'adhésiosu e n réfléchi a majoritl e d e u d é peuple anglais?."(38)

André Phili pi 1949 écrima n :e le ta"d Depuiguerren fi a l s , l'Angleterre est engagée dans une expérience sociale qui doit susciter l'intérêt des socialistes... (elle) n'a d'équivalent que celle déjà pour- suivie depui vingtaine un s e d'années dan s démocratiele s s Scandinaves et en particulier en Suède." (39) " Et Weill-Raynal, évoquant Léon Blum qui écrivait: "L'Europe comprendra-t-elle la leçon soviétique? S1inspire- ra-t-elle de l'exemple britannique? Tout est 15", commente: " Pour nous, socialistes français, nous avons choisi. C'est ver a Grande-Bretagnl s e que nous tournon s regards."...PIuno s moinu o s s consciemment, l'Angle- terre travailliste fournit à la S.F.I.O. son modèle." (40)

Longtemps, Guy Mollet, anglophile par profession puisqu'ancien pro- fesseur d'anglais, tenta de résister à toute unification européenne qui eut laissé la Grande-Bretagne à l'écart. Lorsqu'est débattu un projet de fédération entre les six membres de la C.E.C.A., 11 affirme: " Vouloir bâti communaute un r é international e plal r n su efédéral , c'es a coupel t r

(38)J.Moch; "Confrontations", op.cit., p. 192 note :(1)

(39 f Revue socialiste, n°28r mai 1949/ (40) R;.QuiUiotf op.cit. . 37Op , note) (1 713

de tout Hen avec la Grande-Bretagne; réunir même une conférence entre six Etats dehorn ,e Conseiu sd e l'Europed l , c'est déj mettre s à n étae t de sécession. (41)

Enfin, le 5 novembre 1950, le Conseil national dd la S.F.I.O. décla- rait e Consei:"L l national affirm convictioa s e n qu'une unification euro- péenne réalisée sans la Grande-Bretagn pays le s t Scandinavee s serait sans valeur, et qu'il faut rechercher l'unité par des méthodes permettant pays y participer.ce àsd' " (41)

Cependant, il fallut bien que les socialistes se rendent à l'évi- dence; les Anglais ne voulaient pas se lier à un ensemble supranational européen. En attendant qu'ils révisent leurs positions, l'Europe ne pou- vait reste frichesn re S.F.I.Oa ;l . pri n part tso cette d i e situation mais ne négligea rien de ce qui pouvait maintenir l'espoir d'une adhésion pos- térieur s Britanniqueede n toue t, et scas , fin tétaii so tou qu n te e t c pouvoir pour maintenir les liens privilégies qui l'unissaient à la Grande- Bretagne cette ,qu e dernièr d'ailleurt fu e s conservatric travaillisteu eo . Nous retrouverons plus loifruits le n cette sd e entente plu e cordialsqu e lor l'affaire d s Sueze ed .

Le premier juin 1955, la conférence de Messine, réunissant les ministres des Affaires étrangères des six pays membres de la C.E.C.A., avait décidé d'ouvri négociations de r deur su sx projets créatioa :l n d'une Europe économique, et la création d'une Europe de l'énergie atomique ou Euratom. Ce dernier projet aboutira plus rapidement car il supposait moins d'implications générales immédiate e lesqu premier.

(4l) citéA.Philip:r pa "Les socialistes", op.cit., p.144. 714

1°/ L'Euratom e 31L janvier 1956 Molley Gu , t manifest a volontes menee d é rà bien le projet de communauté atomique européenne : noue qu s e "voulonsC , entreprise déjà considérable, c'est doter l'Europe d'un potentiel énergétique équivalent à celui des grandes Puis- sances du monde, et cela à des fins exclusivement civiles. L'Organisation européenne de l'Energie atomique aura donc un double objectif. D'une part, faciliter le développemen e l'industritd e nucléaire par la mise en commun des connaissances, l'établissement d'un marché com- mun des matières et des équipements spéciaux et la création de services et établissements communs. D'autre part, établir le système de contrôle qui garantira rigou- reusement le caractère pacifique des activités nucléaires européennes... le gouvernement demandera qu'Eurato propriéta l t mai é exclusiv e tous ed le s combustibles nucléaire conserva l t se e à travers leurs transformations...Je souhaite tout spécialement la présence de la Grande-Bretagne, dont l'ap- port serait d'une exceptionnelle importance. Mais si'celle-ci raison ,e n d'autres préoccupations, ne pouvait accepter de devenir membre plein, nous rechercherion formes sde s d'association devraieni squ t être beaucoup plus étroites que celles qui ont été réalisées jusqu'à présent dans d'autres do- maines." (42) jui7 2 nt e .1956 6 2 tien e ,s s Le t à Bruxelle première sun e conféren- ce qui approuve la progression des travaux des experts, avant que ne s'ou- vre à l'Assemblée nationale le 5 juillet 1956, le premier grand débat par- lementaire français sur l'Euratom. Félix Gouin se charge d'une interpel- lation de complaisance afin de permettre au Gouvernement d'exposer sa poli- tique européenn matièrn e e d'énergie atomique insistel I . , pour dépassion- ner le débat,sur les différences entre Euratom et C.E.D.: "II s'agit au- jourd'hui non pas d'un choix politique, mais d'un problème matériel, tech- nique, industriel sur lequel nous devrions, nous semble-t-il, nous mettre

(42) Guy Mollet, discours d'investiture, J.O. des Débats, A.N., 31 jan- vier 1956, p.137. 715

finalement d'accord." (43 volonta )S dépassionnee éd débae rc t tes d'ailleurs telle qu'il en arrive à le dépolitiser pour éviter tout accroc aveéventuels le c s soutiens modéré gouvernementu sd ; c'est ainsi qu'en évoquan propriéta l t matières éde s fissiles, Félix Gouin déclare qu'elle doit revenir à la collectivité, c'est-à-dire à Euratom, mais 11 s'empresse d'ajouter: "Si nous pensons souhaitable H'adoption d'une semblable thèse, ce n'est pas, Mesdames , Messieurs, croyez-le-bien, parce que nous sommes animés d'une idéologie sectaire vis-à-vi propriéta l e sd é privée."(44) Seul propriéta el é publique permettr contrôln u a e efficac e l'utilisaed - tion pacifique.

Les " vedettes débau "d t son n faite t MM.Oean Perri Louit e n s Armand, respectivement Haut-commissaire à l'énergie atomique, et T aident de la S.N.C.F., invités à intervenir au titre de commissaires du Gouver- nement. M.Perrin déclare que la compétitivité de l'énergie produite pourra être atteinte dan délan e l'orientatiou s qu i t e d'enviro s an x n di npris e n'empêcher fabriquee d s apa bombe run e atomiqu quelquen e s annéesn .So avis, très technique, débouche sur un jugement balancé de la mise en com- mun envisagée: " Une collaboration européenne... serait nuisible du point de vue technique si elle avait pour conséquence une diminution des efforts nationaux. Elle est, au contraire, de ce point de vue, souhaitable et elle sera profitable si elle stimule ces efforts et y ajoute des réalisations supplémentaires."(45)

Louis Armand sera beaucoup plus catégorique dans sa prise de posi- tion et insistera sur la nécessité " de mobiliser les moyens de plusieurs pays européens ".

M.Pineau explique ensuite que, dan e débatc s , le Gouvernement n'en- tens forcepa d maia x députésrl au n ; c'est pourquo questioa l i confiane d n - ce; J.ODébats,s .de A.N., juillet5 1956, p.3256. (44) id., fi. 3257.

(45) id.t p.3267. 716

ce n'est pas posée. Cependant, il lui est nécessaire de savoir si l'Assem- blée nationale approuv directioa l e négociations n le pris r pa e s afin d'évi- ter l'impasse connue deux ans plus t5t par la C.E.D. M.Maurice Faure» secré- taire d'Etat aux Affaires étrangères, qui suit pour la France les négocia- tions européennes, reprend l'affirmation de départ d'une utilisation paci- fiqu e l'énergid e e atomique mai manque e déclaresd n s pa e r à l'intention des députés modérés et radicaux que le gouvernement s'engage à ne pas pro- céder " pendant un laps de temps, quatre ou cinq ans, par exemple, à une explosion atomiqu contrôlée..n eno . L'explosion atomique nous serai- in t terdite pendan e laptc tempse sd , mai n la sno préparatio l'explosion.e nd " (46) M.Bourgës-Maunoury pourra répondre, rassuré: "II faut sauvegarder la liberté d'approvisionnement d'un programme de fabrication d'armes ato- miques national e plac r n :su le s déclaration Maurice sd e Faure sont satis- faisantes." (47)

Les communistes et les poujadistes, en dénonçant violemment la re- nonciation de la France 5 son indépendance, ne parviendront pas à ébranler les positions du Gouvernement. Guy Mollet rappellera le danger potentiel que peut représenter l'Allemagne si un jour les Soviétiques lui offrent la possibilité d'un renversement d'alliances: "L'intégration de l'Allemagne a toujours préoccupatioéte éun n essentiell en tout e poui ermo circonstan- . Ellce e constitu fondemene l e t a politiqumêmm e d e e européenne y sui.J' s fermement attaché, quelle que soit la forme par laquelle elle se réalise- ra." (48)

L'ordr jouu ed r soutenGouvernemene l r upa présentt te M.Depreur épa x est finalement voté après ce débat peu animé par 342 voix contre 183 (les radicaux se partageant également entre le vote pour et le vote contre, tan- poujadistes le e disqu prenaiene sn pars tpa u scrutita n ).

(46) J.O. des Débats, A.H.f 6 juillet 1956, p.3318. (47) id., 10 juillet 1956, p.3344. (48) id., juillet11 1956, p.3383, 717

2°Communauta L / é Economique Européenne

,Le second projet européen, portan r lasu t création d'une conmu- nautë économiqu marchu eo é commun, attendra le débu l'année d t e 1957 avant de venir devant le Parlement. Pour les socialistes, il s'agit là d'un pas décisif dans la direction de l'intégration européenne: " A l'intérieur de l'Alliance atlantique, seule l'Europe peut prétendre à l'indépendance véritable bies di ne J dan. s l'Alliance Atlantique e s'agie d n s l pa I t. créer une Europe neutre,mais une Europe indépendante et alliée, non pas satellite, mais partenaire égale.,. L'intégration économique, facteur de santé économiqu prospéritée d t e , peut être auss puissann u i t facteur de progrès social. Plus rich t eplue s heureuse, l'Europe ser gagn au e d'espoir pour les peuples asservis du glacis soviétique. Elle sera aussi un pôle d'attraction pour les peuples d'Afrique hier dépendants, aujour- d'hui autonomes i ellqu eà , offr s'associee ed r libremen elleà t .

L'Union européenne, c'est ma préoccupation de toujours, apporte la seule solution durabl problèmu ed e allemand."(49)

La signature de ce que 1'on appellera les " Traités de Rome " sera Jai grande affair Gouvernemenu ed e Frond t t républicai particulien e t ne e d r ses membres socialistes i l'uélémentS s . nde leue sd r action doit être considéré comme positif, c'est bien à leur avis celui-là.

Ayant réglé le dernier contentieux franco-allemand, c'est-à-dire e problèml accorn a Sarre l u jui 5 e r u end d pa ,1956 , MM.Guy Mollet e t Pineau pouvaient consacrer toute leur attention aux négociations sur le

(49) G.Mollett "Bilan et perspectives social is tes "f op.cit., p.25-26. 718

futur marché comnun. (50croirn e )ministrA e l e e françai Affais de s - res étrangères projee ,l t europée Gouvernemenu nd t était l'objecti- fnu méro un, celui qui permettait de passer par-dessus tous les échecs, tou- tes les erreurs, toutes les hésitations connus en d'autres domaines.(51)

janvie5 L1 e r 1957, l'Assemblée national t invitéees débattrà e e des négociation coursn se . Comme pour l'Euratom, le Gouvernemen tvoula u organiser cette discussio d'informationt danbu n su n réciproque entri lu e t l'opinioe n publiqu t afie n d'éviter la mauvaise surprise d'une non-ra- tificatio e traitéd n venirsà a procédur.L e ainsi u fréquensuivipe t es e- te mai n originalesno n 1952:e . E.Fatir,M e avait déjà consulté l'Assemblée alor e lesqu négociation C.E.Da l r .ssu n'étaien achevéess tpa n e t ,e 1954,M.Mendè*s-France avait sollicité l'accord des députés entre la fin des négociation Accords de s Parie sd t leuse r signatur Gouvernemente l r pa e .

En janvier 1957, le projet de marché commun ne suscitera aucune sur- prise: "Les discussions passionnées qui ont accompagné l'élaboration puis le rejet de la C.E.D. n'ont pas de chance de se renouveler. Peu d'objec- tions politiques sérieuses sont présentées à ce projet qui prévoit essen- tiellemen suppressioa l t n progressiv s droitede douanee sd s contin de t se - gentements entre les six puissances européennes, déjà unies par la C.E.C.A." (52 débats )Le s n'en seron moins tpa s longs pour autant: les com-

(5O) L'accord franco-allemand sur la Sarre prévoit le rattachement politi- que de celle-ci à l'Allemagne à partir du 1er janvier 1957, et le maintien de liens économiques privilégiés entre la Sarre et la France. L'Allemagne enfin s'est engagée canaliserà Mosellela Coblencede Thionvilleà en contrepartie t accordce e d , l'Assemblée nationale ratifiera t accordce r pa 354 voix contre 255 et le Conseil de la République par 2O9 voix contre 66. (51) M.Pineau écrit sur l'éventuelle chute du Gouvernement, fin o- îbre 1956: "Je l'appréhendais dans la mesure où, malgré la guerre d'Algérie et 1'affaire de Suez, la construction européenne restait pour moi la raison présencemêmema de Quai au d'Orsay, l'objectif essentiel Gouvernement.du Si nous pouvions prolonger de six mois 1'existence du cabinet, les traités concernant Communautéla économique 1'Euratomet seraient prêts signés.et Dès lors le reste deviendrait secondaire." (C.Pineau: "1956, Suez", op.cit. p. 141.) (52) "L'année politique 1957", p.8. 719

muniste t lee s s poujadiste y trouvens t 1'occasio manifestee d n à nouvear u leur hostilit à étout e entreprise supranationale, tandia pluparl e qu s t des orateurs t notammene » s socialistes.marquenle t t leur souci d'une égali- satio s chargende s sociale t fiscalee s s européennes ains leue qu ri volonté d'associer à l'Europe les territoires d'Outre-mer. M,Mendos-France parlera de " Faire l'Europe sans défair a Francl e e t d'un"e e intégration préma- turée. (53)

janvie2 L2 e r 1957 e vot,l e final dégag majorite un e é confortable de 322 voix en faveur de 1'ordre du jour du Gouvernement, contre 207 voix ( communistes, poujadistes et 14 radicaux dont M.Mondes-France). Le 25 mars 1957* MM.Pinea t Maurice u e Faure pourron a Francl e s d t le em signe no u a r traités de Rome sur le Marché Commun et lEuratom, qui seront ratifiés le 10 juillet 195 7à l'Assemblé e national député2 34 r spa e contre 239.

Cette absence de difficultés notables de la part de l'opinion par- lementaire dans les négociations européennes ne tient pas qu'au savoir- fair Gouvernemenu d e s renouvele a pa volontl à u e o tn e d é r les tergiver- sation passéu d s e contextl : e politiqu e a crisl iss t e Suee es ud ed y z pour beaucoup: "Nasse t Boulganine r t apprion e s à la Franc e nouqu es étions exposé à nous s place e plu d rplun e s s sou a protectiol s n aimeriçaine tou risquann e t e trouved t r les Etats-Unis contre nous dan a défensl s e d e certains de nos intérêts vitaux." (54) II faut être capable de résister aux pression s deude sx blocs l i fau; e plud t s trouve s moyenle r giganu d s - tesque effort d'investissement, de développement général des territoires

(53) Guy Mollet écrivait onze mois plus tôt: "Les initiatives européennes à prendreGouvernementun par Frontde républicain faitont l'objet 'échan-d particulièremente vu gee d s fouillés entre Pierre «ondes-Franc t moi-e même. suisJe autorisé direà qu'un large accord existe entreles nous sur prochains objectifs atteindre...à L'objectif Frontdu républicain c'est 1'intégration économique. Nous comptons soutenir deux plans: imnédiate- ment l'organisation atomique européenne "Euratom''; plusà longue échéance, le marché commun européen, gui implique 1'harmonisation des législations sociales et fiscales." Rappelons que H.Mondes-France, tant le 11 juillet 1956 gué 22le janvier 1957, vota contre deuxles projets, gauche("La européenne", n°28, février 1956.) (54) R.Quilliot, op.cit., p.588. 7ZO

d1Outre-me le a qu rFranc peue en t assumer seule. L'Europ t dones e c bien une solution urgente qui permettra à traver s possessionsle s françaises de constituer cette panacé toueà s les maux Intérieur t internationause x qu'est VEurafrique don a perspectivl t e revien l'ordra t jouru ed .

Les Français, il est vrai, ont bien besoin de grands projets en ce début d'année 1957, étrillés qu'ils viennent d'être par l'issue de leur dernière expéditio type nd e colonia Egypten e l . L'Europe n'est guère equ le seul thèm i puissequ e permettre à leurs gouvernant faire sd e comprendre que, décidément, le monde étant devenu ce qu'il est, la France doit emprun- ter d'autres voies pour se hisser à nouveau au premier rang de la scène Internationale.

SECTIO CATASTROPH I A I NIL : ESUE Z

Le colonel Nasser, en nationalisant le canal de Suez le 24 juillet 195 méconn6a sous-estimu uo s capacitéele riposte d s e don s Occidenle t - taux et spécialement la France allaient se montrer capables. Nous ne dirons e Gouvernemenl e paqu s t français n'attendait qu'une occasion pour frapper l'Egypte cependant es l i ; t certain qu'il saisi circonstanca l t l'afe ed - faire du Canal pour déclencher des représailles qui visaient beaucoup plus loin que la simple récupération d'une vole d'eau internationale. L'échec de cette réaction va mettre à bas tout l'édifice diplomatique mis en pla- r M.Pineacpa e u depuis février 1956 a Francl : retrouvere s e - asi dane un s tuation humiliante pire que celle du départ, où elle devra abdiquer la plupart de ses grands desseins antérieurs et se plier aux exigences du grand allié américain. 721

; NASSER §1 , ^ENNEMI PUBLIC NUMER " N OU

Bien avant que le Rais ne procède à son coup d'éclat du 26 juillet 1956, une intense préparation psychologique et politique tendait à faire des gouvernants égyptiens les boucs émissaires de toutes les difficultés extérieures de la France. Après le 26 juillet, les rares membres du Gouver- nemen i avaienqu t t voulu garde a têtl r e froide furent emporté r l'appepa s l aux représailles et l'aventure militaire.

E nt l'o e t 1956tent nes rajoute, e éd " commr e d'habitude "e l , Proche-Orient est une poudrière. Les efforts faits par les trois Occiden- taux pour garantir un statu quo qui sert leurs intérêts se sont manifestés en mai 1950 par la déclaration dite " tripartite " entre Etats-Unis, Grande- Bretagn t France e qui reconnaissaien frontières le t régioa l e sd t s'enga ne - geaient à en exiger le respect. A partir de cette situation, chacun mène son propre jeu.

l°/ Rivalités et conjonctions d'intérêts

La Grande-Bretagne tente de sauvegarder ses alliés traditionnels et inconditionnels qui sont essentiellemen Jordania l t rou ed i Husseit ne l'Ira dictateuu kd r Nour1-Saîd Egyptn positionE s . se e s s'effritent depuis le renversement de la monarchie,le 23 juillet 1952,et l'arrivée au pouvoir du colonel Nasser avri8 1 e ll , 1954. Celui-ci obtien révisioe - un ac t s nde cords concernan a présencl t e militaire britanniqu canae l r elsu qui pren- dra fijuin ne n 1956.

Les Etats-Unis réussissent à éliminer en 1953 le docteur Mossadegh, premier ministre iranien trop indépendant à leur égard s poursuivenil ; t leur pénétratio Arabin ne e Séoudit i devienequ t très vite leur point d'ap- i lepu plus sur Turquiea L . , membr TO.T.A.N.e d e , reste étroitement sou- 722

mise § leur influence.

En Egypte enfin, ils marquent quelques points et, pour dislsiper les velléités d'indépendanc Nassee ed préteni rqu e basculd d u joueje en ru entre eux et l'U.R.S.S., ils vont jusqu'à accepter de financer le grand objectif économique du régime: le barrage d'Assouan.

La France quan telleà parà n i l'oinfluenc,s t t so n me e culturelle traditionnell Libae l moindr n àt u r e n su e e degr r l'Egyptesu é e peu,n t guère compter que sur l'amitié entretenue depuis 1947 avec le peuple is- raélien» ce qui n'est guère, on en conviendra, un moyen efficace de péné- tration dans la région, si l'on exclut le moyen militaire.

Face aux Occidentaux, les Soviétiques font porter leurs efforts diplomatiques sur la Syrie où le parti Baas, qui vient d'arriver au pouvoir leur prêt oreille eun e attentive a plac s r l'Egypt ,r su eains pa e i qu iequ au sein du monde arabe est l'enjeu essentiel de ce qui n'est que la trans- position au Moyen-Orient de la guerre froide née en Europe.

Le 24 février 1955, les Etat-Unis encouragent la signature par l'IraTurquia l t e k e d'un traité d'alliance militaire, le Pact e Bagdaded , destiné S éviter toute pénétration soviétique dan régioa l s auquet e n l les autres pays arabes sont appelés à donner leur adhésion. Ils obtiennent l'adhésion formelle de la Grande-Bretagne puis ensuite le ralliement du Pakistan et de l'Iran. Nasser, toujours à la poursuite d'un équilibre en- e l'Estr t l'Ouestte , réagi n faisante t pressio Jordania l r su n e pour qu'elle refuse de signer le Pacte.

e l'annéd n Toutfi ea l e195 5 £premièra tl e moiti e Tannééd e 1956 seront occupées par les pressions multiples exercées: par l'U.R.S.S. sur l'Egypte d'une part, où elle renforcer positioa s a n vendane n s armetde s par l'intermédiair Tchêkoslovaquiea l e d e Syria l r e su d'autr t ,e e part; Etats-Unis pale r Jordania l r su st surtou e t l'Egypte pour éviten rso glissement dans le camp communiste, par la Grande-Bretagne sur la Jordanie 723

invité renforceà e frone l r t anticommunist Pactu d e Bagdae ed à t e d échapper à l'influenc Nassere d e ; pendan e temptc s l'hostilité patente entre s voisinIsraëmultiple e se démentie d s t t e e e ln s s tpa s incidents e frontièred produisene s t aveampleue un c r souvent repré s accrule r -epa sailles déclenchées par l'Etat juif; tous ces événements se produisent sur la toil e fons séquelled e de d guerra l e d se froide mais maia aussl ne id mis r leesu s ressources pétrolière régiona l e sd .

différents Passonle r ssu s rebondissements don simple tl e rappe- se l rait fort long, tant le jeu des influences exercées sur la région est complexe et ses ramifications multiples. (55) La France, face à cet éche- veau, n'a pas grand'chose à perdre. Ayant investi depuis des années dans le soutien à Israël , elle s'est privée de larges possibilités d'inter- vention diplomatique dans le reste du Proche-Orient.

janvie7 L1 e r 1956, M.Pinay avait tent e s'inséreéd ru je dan e l s anglo-saxon en faisant parvenir à ses alliés un mémorandum où il exigeait d'être invité aux conversations bilatérales qu'Anglais et Américains allaient avoir à Washington. Une fin de non-recevoir mit un terme à la démarche. Le Gouvernement de Front Républicain tente à nouveau de s'immiscer dans les affaire Moyen-Orienu sd proposantn te , fidèl a diplomatis à e e généralee ,d mettre sur pied une action économique commune et un embargo à quatre sur les livraisons d'armes dans la région. M.Pineau projette alors une tournée diplomatique, dans les capitales arabes intéressées : elle ne pourra avoir mar2 1 slieut e 1956effetn 1 E .1 s ,, MM.Mollele série un t Edeet e on n d'entretien situatioa l r su s n international suita l "u eà d e cou p d'éclat" déclaratioa l e d M.Pineae nd mars2 e l u. Il sembl Premiee el biee - qu nrmi nistre britannique qui venait de subir quelques camouflets au Proche-Orient ( limogeag pressior su e "pro-nassérienss nde Glube "d b Pacha, officie- ran glais dirigeant l'armée jordanienne, manifestations hostiles au minitre des

(55) voir sur ce point; Henri Azeau: "Le piège de Suez", Robert Laffont collection livree "L e poche d historique", Paris 1968, 7O4. p 724

Affaires étrangères britannique, M.Selwyn Lloyd, alor n voyage s e dans la région ) ait convaincu le Président du Conseil de la nécessité pour la FrancGrande-Bretagna l t e menee ed e politiqu un r fermete d e é à l'égard de l'Egypte. (56)

La politique britannique rencontre alors la politique extérieure française dans son souci d'éliminer du Proche-Orient cet empêcheur de do- miner en rond qu'est le colonel Nasser: "Eden sent le terrain lui échapper de toutes parts: les nationalistes chypriotes grecs ont déclenché la guéri 1 la contre l'occupant britannique, Glubb Pacha a été révoqué par le roi de Jordanie sous la pression des foules pro-nassériennes, l'U.R.S.S. a of- fert une aide économique à la Jordanie. Mollet exprim n doubleso e souc e trouved i e solutioun r n honorable à l'Algérie et ses préoccupations au sujet d'Israël qu'il a promis d'ai- der. A sa surprise, Eden, jusqu'alors passablement hostile au sionisme, se déclare tou tfaià t d'accord avec lui. "Pou premièra rl e fois depuis vingt ans, lui dit-il, nos deux pays ont des attitudes à peu près analo- gues 3 l'égard du Moyen-Orient. Mais avant d'agir il nous faut convaincre s alliéno s américains d'aligner leur politiqu nôtre.a l r su e" Cette derniè- re phrase est révélatrice. Tout au long de la crise qui va bientôt s'ou- vrir, le chef du Gouvernement britannique s'imaginera qu'il peut compter sur la compréhension de Washington. Or Ike et Dulles ne veulent à aucun prix d'une conflagration dans laquelle ils apparaîtraient comm s alliéede s du " colonialisme " européen." (57)

Le cadre d'une politique franco-anglais e "ed fermeté ", poue rn pas dire plus, à l'égar Nassere d dont ,n es place ce . Il rest evoià e rc qui, en France, pouvait lui servir de justification.

(56) cf. André Fontaine: "Histoire de la guerre froide", Fayard, collection "Les grandes études contemporaines", Paris, 1967, Tome 11:1950-1957, 584 p. p.l89~sqq. (57) iû., 191.p. 725

2°/ Les raisons spécifiques de la France

Le premier facteur de l'hostilité des milieux politiques vis- à-vis de l'Egypte est le soutien que celle-ci accorde à l'Algérie et la volonté manifesté Raïe l e refair sd r epa e l'unit mondu éd e arabe- se l I . rait vain de chercher dans l'interprétation française de la politique égyptienn quelconquee d e s nuances entr porte-parols le e droita l e u d eo de la gauche non communiste. Les liens réels mais amplifiées de l'Egypte et de la " rébellion " algérienne sont très tôt dénoncés comme des rami- fications d'un " complot " impérialiste Molley .Gu 8 t1 déclare l s edè mars 1956: "II faut bie rendre s n e compt le ee qu Caire » pour touches rle plus inculte populatioa l e d s n arabe e ser,s u fanatismtd e religieux...Il ne s'agit plus pour eux de valoriser la patrie ou la nation algérienne, il s'agit pqur eux de couper définitivement les ponts avec Vinfidèle. C'est une guerre de religion pour ces peuples simples, pour ces simples dont on utilis sentiments le e s religieux e son.C t ceux-le livrens n i no qu à, t à pas seulemen crimess tde , mai mutilations sde s qui, presque toutest ,on un caractère rituel. Ce sont ceux-là qui se livrent à la destruction des écoles destructioa l àt ,e s hôpitau ndispensairess de de s u o xpa n no t ,e parc cele equ a permettrait d'y mettr mondu ed e dedans, mais parc cele equ a représente la présence culturelle de l'infidèle... Est-ce que aujourd'hui on pourrait nous demander, au nom de la pensée socialiste, de nous incliner devant le panarabisme?." (58)

Le Présiden Conseiu td l sera encore plus claijui0 1 e nl r 1956e :"L problème avec lequel nous sommes confronté suivante l t s es M.Nasse t ,e r l'a d'ailleurs écrit, comm n autreu e l'avait écrit dan n livrea su y l i , un certain temps: M.Nasse million0 volonta 6 l s ra le faire éd se d'Araequ - bes régnen l'ensemblr tsu 0 million 40 s de eMusulmans.e sd " (59)

(58) Conférence des secrétaires fédéraux de la SFIO, 18 mars 1956, compte rendu, p.236-237.

(59) Conseil national SFIO 9-1Odes juin 1956r compte-rendu, p.74. 726

Le même thème sera repris inlassablement, avec un durcissement sensible dans le ton. Ainsi, devant le congrès socialiste de Lille, Guy Mollet citécrits le e Nassere sd : "Lorsque j'imagin e0 mil 8 qu'i a - y l lions de Musulmans en Indonésie, 50 millions en Chine, quelques millions en Malaisie, au Slam, en Birmanie, 100 millions au Pakistan, plus de 0 million10 Moyen-Orientu a s U.R.S.Sn e 0 ,4 d'autret ,e s millions dans les contrées lointaines, lorsque j'imagine, dis-je, ces centaines de millions d'âme sliee l unie nr d'unpa s e même croyanc grandii equ t encore cette solidarité, ce serait sans doute l'échafaudage gigantesque de notre puissance... C'est nous, et nous seuls qui sommes appelés à tenir ce rôle hérose d , parc noue equ s sommes uni disciplinés.t se "

Et Guy Mollet de commenter: " Nous voilà revenus au Sème siècle! bons Le s . esprit.. s sont convaincu cette squ e évolutio malheureust es n e mais qu'elle est malheureusement fatale, et si elle est fatale, pourquoi résister?

C'es vieun tu x raisonnement .d'autreA s heures, d'autres sages expliquaient qu'il valait mieux composer avec le pangermanisme de Hitler résistee d e qu r (applaudissements) puis d'autres encore qu'il valait mieux composer avec le panslavisme de Staline que de résister." (60)

Face à ce déluge d'appels à peine déguisés à l'intervention militai- , il re semble bien qu'un seul ministre socialist tentt eai e résisteéd t re de ramene calme l r e danesprits le s n nuançanse t l'appréciatioa l e nd situation du Proche-Orient: M.Pineau. Ses fonctions l'amenaient naturel-

(6O) Congrès SFIO de Lille, 28 juin-ler juillet 1956, compte-rendu, p.781- 783. La droite se trouve être à l'unisson de ce discours. Robert Bony écrit par exemple dans "L'Aurore" du 12 Juin 1956: "La nation entière, chefs communistes exclus, fait f.ront contre l'agression panaraber ré- elle est solue à maintenir une et indivisible selon la vieille formule révolution- naire, la France métropolitaine et nord-africaine. Le Président du conseil et ses ministres, Robert Lacoste et Max Lejeune, ont retrouvé le langage des conventionnels de 1793: "Nous ne pratiquerons pas la politique d'abandon, dussions-nous sacrifier l'intérêt du parti à l'intérêt national." 727

lement à préférer le contac t ltae négociation à l'intervention bruta- le mais sa position est fondée aussi sur une estimation plus juste de la situation réelle de l'Egypte et du rôle de la France. Des février, il marquai a prudences t : "II fau équilibrn tu e entr s payle es - arabeIs t se raël. Nous n'avons pas intérêt § rompre avec l'Egypte qui peut être utile pour le règlement de l'affaire d'Afrique du Nord. D'autre part, il faut substituer autre chose au Pacte de Bagdad." (61)

Revenan conférenca l e td l'O.T.A.S.E.e ed mar8 »u sa tenu 6 u ed 1956, M. Pineau rend visit Nehruà e : officiellement les discussions por- teron r la tsu politiqu e extérieure française a présenc,s Algérin ee t e le projet d'Agence économique mondiale. En fait, d'autres sujets ont été abordés par le ministre français qui a cherché avec son interlocuteur, chef de file du " bloc " des pays non-aï ignés auquel appartient aussi Nasser, un moyen d'entrer en contact avec l'Egypte dans la perspective e négociationd s avenationalistes le c s algériens e résulta.L t immétfu - diat: Nehru propos Christiaà a n Pinea s'arrêtee d u Cairu ra e pou ry ren - contrer le Rafs. Le ministre français accepta sans délai, et de sa propre initiative, san n référese r à Paristeni qu montrerà d e ,c ,notrà e avis, qu'il craignai para l u Présiden td e td u Conseitd refun u l e l'entresd - vue.

Celle-ci eut Heu le 14 mars 1956. Trois points furent abordés: plae l n d'aide françai t biefu i n accueilliqu s » Israë sujeu a l t duquel Nasser s'emport t surtouae t l'Algérie. M. Pineau raconte: " II (Nasser)

(61) Comité directeur février8 du 1956, compte-rendu, p. 130. n retourso (62) A Parisà , M, Pineau Mollet y rapporte Gu n entendant e e qu conclusionsses montra"se réservé" l'utilitésur l'étapede faite Cai-au re. Le ministre des Affaires étrangères dut sans aucun doute faire face à de vives attaques collègues ses partla de de Gouvernementdu sujetau de son étape il Egypteécrit en car allusivement; "Mon grand appui Conseilau des ministres vint Présidentu d manièree un t dire:e d Cotyeu l I . "Cet arrêt au Caire, à votre place, je l'aurais fait", qui coupa court aux réserves certainsde membres Gouvernement,"du C.Cf. Pineau: "l956,Suez", op. cit., p. 43. 728

s'efforça surtout de me rassurer sur ses intentions et de réfuter les allégations selon lesquelles il était l'âme de la rébellion, le chef oc- culte du F.L.N.... Troublé mais non convaincu par les manifestations de bon ne volont n interlocuteumo e d é i posailu e srj alor questiona l s : -Enfin, est-il vrae lequ si cadre F.L.N.soienu sd t entraîné r votrsu s e territoir s instructeurde r epa s égyptiens? Il nia énergiquement et. comme je paraissais sceptique, il employa alors la formul devaii equ t faire tan e bruittd : -C'est inexact! Je vous en donne ma parole d'honneur de soldat." (63)

Danmoi s suivronti le ssqu n reprocher,o a beaucou Ministru pa e des Affaires étrangères sa naïveté et sa prudence à l'égard de Nasser.(64) Sa position était cependant fondée sur une estimation réelle des intérêts Francea dl e l'heurA :" 0 enfant00 e 0 actuelles25 a égyptien y l ,i i squ apprennent le français, il y a 300 enfants français qui apprennent l'arabe. Nous possédon quarn s u terres tde s arabes égyptiennes l'intermédiair ,pa - Crédiru ed t foncier égyptien . nou;.. s acheton cotonu sd meilleure ,l ,à l'Egypte, mais la Russie est prête, le lendemain même, à Tacheter si nous ne l'achetons plus... ne continuons pas, dans aucun domaine, à jouer une politique qui consiste à affirmer une force qu'on n'a pas." (65)

Tous élémentsce ministrse l fon e Affaires tqu de e s étrangèret ses beaucoup plus encli développeà n contacts rle s diplomatiques traditionnels avec l'Egypte qu'à lance s anathèmerde t préparese actioe un r n violentee L . désaccord entre d'une part M.Pineau et le " clan " gouvernemental libéral soutiene réduil i tqu t (MM.Hendës-France, Mitterrand, Savar d'autrt e ) y e part le " clan " nationaliste emmené par MM.Bourges-Maunoury, Lacoste, Le-

(63) C. Pineau: "1956, Suez", op.cit., p.41. (64) Répondant à une guestion orale de M.Maurice Schumann, il déclare à propos l'aidede limitée apportée l'Egypte par nationalistes aux algériens; e croi"J s gu'il fau e garders t matièrn e , e diplomafcigue procédu d , i égu consiste reconstituerà diplodocusle partirà d'une seule vertèbre." J.O. des Débats, A.N., 23 mars 1956, p.1129. (65) M.Pineau conférencela à secrétairesdes fédérationde SFIO,la 18 de mars 1956, compte-rendu, p.21. 729 jeune va s'approfondir au fur et à mesure de l'accroissement des diffi- cultés algériennes, largement attribuée Nassersà .

e CairL " e servai Algérienx au t e basesd e vill,d e arrièree ,d * sanctuaire. C'était le foyer d'une propagande dont " La voix des Arabes " étai principae l t l instrument. Certaines décision sy étaien t prisess ,de fonds y étaient collectés; des armes y étaient achetées et entreposées. C'était pou F.L.Ne l r e vill.un e importante, mais moine qu n tou se s tca Londres pou gaullisme l r e 194d e 0 à 1942 sere l ,ae moinn plu e ssqu tard Tunis, quand le G.P.R.A. s'y installer n 1958ae . La thèse selon laquelle Le Caire serait le foyer de la révolution algérienne est peu sérieuse et n'a jamais été vérifiée ." (66)

Peu importe! Une intense propagande va être menée sur ce thème en Algériu problèm d n France e é t cl e a el : nord-africai e trouverais n n te Egypte et Nasser serait le,seul obstacle à la paix. Là aussi le ton va " crescendo ", mais l'unanimité sur ce sujet est beaucoup plus entamée que précédemment au sein du Gouvernement ou de la S.F.I.O. A ceux qui affir- men Frone "L t Libératioe td n Nationale est n fait,e transpositioa ,l r su n le plan algérie cette nd e vaste entrepris poua i re qu leader actuel VE- gypt Nassere ed " (67) Mollety Gu , premiere ,l , répond: "Dan mesura l s e où certains journaux français s'imaginen e l'otqu n pourrait régle problèe l r - me au Caire, ils se trompent. Le Caire peut faire beaucoup de mal, il peut faire beaucoup moins de bien qu'il ne peut faire de mal, il peut tout ag- graver, il peut peu empêcher." (68) M.Arthur Conte résumera ainsi la posi- tion officielle de la S.F.I.O., après la nationalisation du canal de Suez: les Socialistes e partagen"n sentimene l s s collèguetno pa e td s (parle- mentaires) qui se persuadent que, Nasser une fois renversé d'une manière ou d'une autre n'l ,i y aura plus d'affaire algérienne... Même s'it les renversé, l'affaire algérienne demeurera aussi grave et aussi aigiie...

(66) J+Lacouture: "Un sang d'encre"f Stock, Paris 1974, 352 p., p,172. (67) Claude Fuzier au Congrès socialiste de Lille, 28 juin-ler juillet 1956, compte-rendu, p.439. (68) Conférence des secrétaires fédéraux SFIO, 18 mars 1956, compte-rendu p. 235. 730

solutioa C'esl e td n politiqu dépene prèu qu epe s à duniquemen t l'issue du drame algérien. Il serait vain de se leurrer à ce sujet en donnant à l'influenc e Nasseed Algérin re importance un e e décisive. e problèmL e algérien fonctioe n no u nd nt e exist l te n tan e e tqu dictateur égyptien." (69) Tel n'était pas l'avis de M.Lacoste qui déclare début juillet 1956 qu'une divisio n Egypte n e vaut quatre divisionn se Afriqu Nordu ed . (70)

A partir de la date de la nationalisation du canal, le 26 juillet 1956, l'assimilation entr nationalisme l e e algérie t l impérialisme n1 e égyptien trouver nouven u a l éla MM.Lacostt ne Lejeunt e e rencontreronen t plus guère d'objections face à leur argumentation. La résistance de Guy Mollet lui-même à cet amalgame faiblira et il réservera ses réticences aux seules instances internes de la S.F.I.O. en laissant libre cours au " matraquage " de la propagande belliciste (71). Celle-ci va désormais dan même l sréflexes ele sene Présidenqu su sd u Conseitd l dont nous ver- rons plus loin le mécanisme.

S'appuyan sentimene l r tsu l'arméee td Ministre ,l e résidan- tdé clarait dès le 9 mars 1956: " (la rébellion) s'alimente en armes, elle form s cadreese s dan payn u s s étrange noue rqu s connaissons. Instrument mal conscient d'un nouvel impérialisme qui vise tou monde tl e arabe- na e ,l tionalisme algérie t déjnes à sous tutelle." (72 le êtr)à D e persuadé que la suppression du tuteur ferait disparaître le surgeon, le pas fut allègrement franchi , d'autance t ,e t plus facilemen e l'otqu n trouvait

(69) J.O.des Débats, A.N., 16 octobre 1956, p.4128-4129. (70) cf. Serge et Merry Bromberger: "Les secrets de l'expédition d'Egyp- te", Les quatre fils Aymon, Paris 1957, 272 p. (71)tiens"Je préciserà notreque position dans cette affaire Suez)(de n'est pas du tout fonction de la situation en Afrique du Nord. Nous au- rions la même attitude s'il' n'y avait pas le problème algérien." (Guy Mollet Comitéu a directeur SFIO,a septembr4 l e e l d e 1956, compte-rendu, p.26.) (72) J.O. des Débats, A.N., 9 mars 1956, p.761. 731

d'excellentes raisons à ne pas laisser l'Algérie aux mains d'un impéria- lisme arabe lui-même manipulé.

M.Lacoste: " Pour notre malheur, l'Afriqu Noru ed d constitue eun position traditionnelle dans la stratégie mondiale. Aucun des grands pays ne pourrait accepter de la laisser tomber entre les mains de l'adversaire et chacun d'eux cherche dès à présent à s'attirer la synpathie de ceux qui devraient nous succéder en Algérie si nous en étions chassés." (73)

Enfin socialistes ,le s français trouven dernien tu r motif d'inter- vention contre Nasser dan défensa l s e d'Israël. Depui débuts le s e sd l'établissement d'Israël en Palestine, la solidarité de la S.F.I.O. ne s'est jamais démentie, souvenirs relayéle lutta r l pa ee ed s contr fase l e - liens cismle st e séculaire minorités t toujourle on i i qu s sun s juives aux différents mouvements socialistes. L'installatio a sociétl e d n é israé- lienne s réalisations,,se t spécialemen,e t l'unité communautair s Kibboutzde e , ont renforcé l'attachement de la S.F.I.O. à l'égard de l'Etat juif.(74) Max Lejeune attire ainsi l'attention de son parti sur l'impérialisme nas-t sérien faul i : t prendre garde " d'autan noue tqu s avon l'extrémitsà é Méditerranéa l e d affirma n Eta eu i tqu a volonts é e résisteéd rà cett e marée fanatique, c'es jeune l t e Etat d'Israël e fail tl ,i seu n mobilie l - sant ses jeunes gens, ses hommes j ses femmes, il entend défendre un régi- me qui est marqué de beaucoup de nos idées socialistes et il en est réduit

(73) j.o.Débats,des A.N., mars9 1956.Le général Allard définira ainsila stratégie soviétique dans le bassin méditerranéen: "L'U.R.s.S. a réussi à cristallise a défensl r mondu d e seuen u libr lr objectifesu : persuader 1'ad- versaire éventuel renoncerde guerrela à totale. Elle marquait ainsià d'effortaxe beaucoupson principalque l'axeétait,pas directnon Est- Ouest, maisvastee un courbe enveloppante passant a Chine,l r pa 1'Extrê- me-Orient, les Indes, le Moyen-Orient, l'Egypte et l'Afrique du Nord afin d'encercler l'Europe, C'est maintenant presque réalité, manqueune ne il plus pour d'arracher atteindreque but le l'Algérie France...la à en- Et suite, l'encerclement et l'isolement du monde libre pourrait continuer à développer,..e s a réalisationl A e pense, planl e i estc e qu j e / d moins utopique qu'il peutne obstacle.paraître,un a obstacle,y Cet il c'est la détermination de la France à ne pas se laisser évincer d'Algérie...ta ligne de défense arrière, la dernière, passe par l'Algérie."(Conférence au "Shape", novembre15 le 1957, citéMichelpar Déon, op.cit., p.7-8.) (74) Cf. J.Moch: "Confrontations", op. ci t., p. 263- sqq. 732

à appeler toute sa jeune nation aux armes alors que les grandes puissances semblen voulois pa e tn r évoque e problèmr c pla e l nr international."(75su e )

La solidarité avec Israël déborde largement les limites de la S.F.I.O M.R.Pe .L exemplr .pa e l'a maintenu t renforcée e lorsqu mems se e- bres détinrent la responsabilité des Affaires Etrangères. Au sein du Gou- vernement enfin, M.Bourgès-Maunoury et son chef de cabinet, M.Abel Thomas, sont parmi les plus fervents partisans du resserrement des liens franco- israéliens. Ceux-ci sont déjà particulièrement étroitplae l nr milisu s - taire.(76bis)

A toutes les raisons précédemment évoquées d'éliminer Nasser, s'ajou- te donc celle d'aider Israël à rompre une fois de plus l'encerclement et le harcëlemen s voisinse e tqu s lui infligent e derniec r O . r motif permet d'avoir sur place ou presque le bras qu'il suffirait d'armer et d'ani- r poume r abouti chuta l Raïsu rà ed , C'est ains naîe qu printempu ita s 1956, l'idée de faire intervenir Israël contre l'Egypte pour le profit commun des Français, des Anglais et des Israéliens." Quelques jours âpres le retour de Londres de Guy Mollet, la revue " Perspectives ", informée à bonne source, écrimars7 1 e tl : "Israël doi e battrs t e avan moisx tsi " (76) Le schéma imaginé s'appuie sur la reprise des travaux sur le Jour- dain: la Syrie attaquerait les Israéliens et serait soutenue par l'E- gypte ; Israël attaquerait alors l'Egypte et irait jusqu'à la chute de Nasser. Cette thès i peuequ t paraître aventureuse, voire rocambolesque, est cependant confirmée, tout au moins dans son existence sinon dans son adoption, par M.Pineau lui-même qui déclara: "II serait infiniment dangereux aussi de jouer cette carte qui est actuellement jouée dans cer-

(75) Conseil national SFIO,la de 9-1O juin 1956, compte-rendu, p.368. (76) H.Azeau, op.cit., p.168. Sur les liens des services de renseigne- ments français, Philippe Bernert: "Roger ffyJbot et la bataille pour la D.S.T.", Presses Cité,la de Paris 1975,p.159p., déve-544 le sqg.Sur lopement du " noyautage"par le lobby israélien des milieux politiques français voir Marcel Merle: crise "La Suez"de dans "L'élaborationla de politique étrangère", colloque dirigé par L.Hamon, P. (/.F., Publications du Centre d'Etudes des Relations Politiques de Dijon, Paris 1969, 34O p., p.24O sqq. (76 bis) Voir sur ce point; Rbel Thomas: "Comment Israël fut sauvé", Albin Michel, Paris 1978, p.f 288 p.15 sqq. 733

tains milieux en France et qui consisterait à penser qu'une guerre entre peuples Israële t e ls arabes pourrait nous dégage n Afriqure u Nord..ed . Quelles qu'en soien s originele t quellet e s s qu'en soien conséquences tle s éventuelles; la guerre ,à l'heur e actuelle t dangereuse..,es e rôl.L e ed la France est d'essayer à tout prix de maintenir la paix au Moyen-Orient. Il faut le dire parce qu'un certain nombre de camarades qui sont attachés- et je les comprends- au peuple israélien, peuvent penser qu'éventuellement une guerre préventive dirigée contr s payele s arabes mettrait Israël pour un petit moment à l'abr e l'avenir.d i " (77) Trois mois plus i tardqu e ,c prouve qu'i é entendulét n's apa , M.Pineau relanc avertissementn so e : "Oe suis convaincu qu'il serait extrêmement dangereux de créer un foyer de conflit au Moyen-Orient et que, finalement, ce ne sont peut-être pas nos amis (Israël) qui seraient les principaux bénéficiaires de ce conflit, situatioa l r ca a beaucoun p évolué depui certain u s n nombre d1années."(78)

En attendant la survenance de ce conflit, la France accélère ses livraisons d'arme à sIsraël avrin :e l 1956, douze avion chasse d s e Mystère IV sont livrés, une commande nouvelle de 24 autres est passée; en mai 1956, douze Mystèr sonV I e t encore acheminéu A s . ave 13 chars cX de AM s cours du printemps de 1956, la politique française devient de plus en plus pro-israélienne, s'appuyan courann u r su tt d'opinio e plud nn plue s s large et de plus en plus favorable au jeune Etat. Les deux armées coopè- rent dans un climat de confiance. Des pilotes israéliens viennent suivre des stages d'entraînement en France. Les services de renseignements des deux pays échangent leurs informations. La S.F.I.O. et le Mapaï se rap- prochent sensiblement. Pouhommes le r e gauchesd , dans leur majorité, la défense d'Israël est un devoir comme l'était celle de l'Espagne républi- caine. Pour ceu droitee xd , Israë Algérit e l e son même tl e combat. "Is- raël craint aujourd'hu même l i e ennem nous"e qu i , écrit Raymond Aron danFigaro"e "L s . solidarita "L é franco-israélienne n'es s mointpa s évi- dente que ne l'était en 1939 la solidarité franco-polonaise, révèle le

(77) Conférence s secrétairesde fédéraux SFIO, mars8 1 1956, compte-ren-

du/ p.2Of souligné par nous. (78) Conseil national SFIO9-1Odes juin 1956, compte-rendu, p.124. 734

Général Corniglion-Molinier dans "Paris-Presse". Tant qu'Israël tient en respect nos agresseurs éventuels, l'Afrique du Nord ne peut pas devenir une seconde Indochine..." "Si nous encouragions mieux la vaillante peti- te nation d'Israël, cela ferait réfléchir les Egyptiens ", dit André Cornu. "Des canons» des munitions! Pour nos soldats et pour Israël" titre Rivarol sous la plume de Pierre Dominique.

"Abandonnerons-nous Israël?, demande Henri Benazet dans "L'Aurore". Les dirigeants égyptiens, syriens et sêoudiens n'ont-ils pas juré qu'ils chasseraient les sionistes de Palestine comme ils bouteraient les Fran- çais hors de l'Afrique du Nord? "

"Non seulement e fauin l t plus envoyer d'arme sà l'Egypt poui equ - rait s'en servi joun u r r contre Israël, mai faul i s t continue n expée à r- die n Israële r , déclare Jacques Chaban-Delmas s garantie- de sé e a l .Un e sd curité de l'Afrique du Nord, c'est la puissance d'Israël." (79)

C'est dans cette atmosphère largement surchauffée qu'interviene tl 26 juillet 1956 l'annonce par le colonel Nasser de la nationalisation du cana Sueze d l . Pour beaucou e responsablepd s français e ser,c a enfie un n raison providentielle supplémentair e précipited e conditionnemene l r e d t l'opinion publique et les préparatifs militaires contre l'Egypte. Dans le déferlement d'imprécations contre Nasser, tous ceux qui avaient tenu jusqu'alors à préserver quelques nuances dans leur jugement sont emportés pa n floleuu ri tqu r donnera bonne conscience: "Dans l'affair e Suezed , je n'éprouve pas le besoin de me justifier, quand on est pris dans un en- chaînement d'événements qui suivent un cours on est un peu comme un bateau e rivièreun r su e à poupilot.L l rt éviteees obstacless le r s'épuisel ;i - rait en vain à essayer de stopper le courant." (80)

(79) Michel Honorin autres:et "Les guerres israélo-arabes", EditionsFa- mot, Genève 1975, tomes,4 tome : "1956,II l'affaire , Suez",e p.105-d p. 8 25 1O6. (BO) M.Pineau dans: "1956, Suez", op.cit., p.13. 735

Ce courant, le Président du Conseil est désormais convaincu qu'il faut l'amplifier i apportelu a v contributio a l l I r. n personnelle d'une réaction curieuse qui relève tout autant de la psychanalyse que de l'ana- lyse politique.

1°/ L'obsession du passé

De nombreux auteur t observateure s e politiqule avi d s e française, t Mare k Twai e premierl n , avaient relevé avec pertinenc e véritablel c eti de langage des dirigeants et responsables français, consistant à se réfé- rer dans cesse à une période de notre histoire pour y trouver par analogie des élément comparaisoe d s décisioe d t ne n pou a périodl r e présenten E . 1956 IQ phénomène pren proportions dde s ahurissantes IVëma "L . e Républi- que est une période passéiste: on vit sur le stalinisme, la guerre froide, 1936,1'Espagne. On ne peut ainsi comprendre l'affaire de Suez si Ton fait abstrac- a guerrl tio e nd e d'Espagne: l'intervention socialist Sueeà t directe es z - ment liée à l'expérience espagnole que tous avaient vécue. C'était la mê- me génération a périodl , e reste très court l'une ed el'autreà , identique à celle qui sépara la Révolution de l'Empire." (81)

Toute la cris relationsfranco-égyptiennes ede s sera traité tern ee - mes comparatifs avec la périod tensione ed s internationales connue de 1934 à 1939. Dans les discour plus sde s hauts responsables politiques, l'ana- logie historique va être hissée au niveau de la règle unique de raisonne- ment, comm i s l'histoire répétaite es référenca L . e permanente faiteà l'immédiat avant-guerr provoquea ev réactions de r s inverse celleà s i qu s avaien lieu e 1931938n tu ue o 6 . Cette inversio réactions nde t logiquses e

(8l) Claude Fuzier, alors secrétaire de la Fédération SFIO de la. Seine ( entretien avec l'auteur.) 736

quan n saio de l at qu politique extérieur e 193ed 4à 193 9 avai largeé ét t - ment constituée d'abdications successives et conclue par l'échec final de la déclaration de guerre. Ce calvaire était essentiellement marqué pour les socialistes français par deux étapes: 1936 et 1938. Donnant à notre tour dans cette substitutiomania l e ed n historique n pourrai,o t dire qu'à l'insta Marie d r e Tudorn avaiTo i ,ts ouver coeue tl responsables rde s socialiste e l'après-guerred s n aurai,o t trouvé gravé deus le sx mots "Espagne" et "Munich". Or ces responsables-là sont encore en place en 1956 t occupene principaus le t x postes ministériels.

Bien pis e l'examec'est !e qu à tl comportemenu nd t politique relè- verait plutôpsychanalysea l e td s hommes,ce s socialiste,ce s maturee sd 1956 sont restés profondément marqués par des événements qu'ils ont vécus comme jeunes militant t facse e auxquel attitude un u e s et il condamnéon s e par l'histoire. Autrement dit, ce n'est pas seulement les erreurs de leur parti qu'ils ont à coeur de faire oublier mais leurs propres erreurs per- sonnelles. Or, voici qu'un contexte qu'ils jugent analogue se présente à leurs yeux de dirigeants: on peut compter sur eux pour prendre l'exact contrepied des décisions arrêtées en 1936 et 1938.

Ce type de réaction est particulièrement évident chez le Premier ministre britannique et le Président du Conseil français, hommes de la même génération, ayant connu les mêmes difficultés de l'avant-guerre et ayant tous deux des raisons d'adopter une attitude différente de celle de leurs leaders de l'époque. Sir Anthony Eden occupait le poste de ministre des Affaires étrangères dans le Gouvernement Chamberlain. A ce titre il eut § avaliser la politique britannique d'atermoiement à l'égard du fascisme et du nazisme, de même qu'une complaisance certaine vis-à-vis du fran- quisme.En février 1938, il démissionn s fonctionsse e ad , refusan caue td - tionner plus longtemp e attitudun s e don ravages tle s étaient spectaculai- res. "é profondémen Edeét a n t marqu Municr épa n 1938défaita e hl t ,e e diplomatique, l'humiliation. Il tient à éviter à l'Angleterre une nouvelle expérienc cette ed e nature, cette fois avec Nasser pluse .D , depuis le retrait des troupes britanniques de leurs bases sur le Canal, le parti 737

conservateu cesse n r e l'attaqueed r comm fossoyeue l e l'Empiree rd e .L successeur de Churchill, qui a déjà de la peine à faire oublier la forte personnalit prestige l t ée e l'ancieed n Premier ministre e peu,n t tolérer un camouflet diplomatique." (82)

Le 2 août 1956, une semaine après la nationalisation du Canal, le Premier ministre britannique déclare aux Communes: " II est important de ramener de bonne heure le dictateur mégalomane à une juste idée de son importance. Un coup de frein à Hitler lorsqu'il s'apprêtait à réoccuper la Rhénani e l'aurain e s faitpa t disparaître mais l'aurait oblig marà é - quer un temps d'arrêt." (83) Et le leader de l'opposition travailliste, M.Gaitskell, répondra en écho, à propos de l'attitude de Nasser: " Elle nout familièreses . C'est exactement cell noue qu es avons rencontrée chez Mussolin t Hitlee i r dant précédannées on le si squ é la guerre. e croi.J s que nous avons raiso réagie nd r énergiquemen coup.e c tà " (84)

Quany MolletGu tà attends n'l ,i pa a connaître ud e l'opinioe d n Eden pour faire le rapprochement Nasser-Hitler, et crise de Suez-montée du nazisme. Daniel Mayer a rappelé d'autres exemples de sa propension à procéde assimilationr rpa : " II (Guy Mollet t l'homm)es s analogiesede . Il n'a eu de cesse de supprimer l'existence du rapport moral dans les usa- ges ou les statuts du parti socialiste à partir du moment où il en est deven secrétaire l u e généra faveua l à lrejeu rd t (unique dans l'histoi- mouvemenu d e r t ouvrier e rapportc e )d s a voulpremier se e l l'uI . qu u e d n s actes de Président du Conseil soit l'octroi d'une troisième semaine de congés payé sclassa l à e ouvrière parce qu'u s premierde n Gouveru sd -

(82) Michel Honorin et autres, op.cit., p.75.

(83) id.f p.79, (84) Anthony Eden: "Mémoires", Pion, Paris I960, Tome II: "La vérité sur l'affaire , Suez",p.e p. d 4932 66 . Quatre pluss an tard, Anthony Edena n' pas changé d'avis puisqu'il "Mémoires":ses des écrit pagela à 483 "Cer- tains disent que Nasser n'est Hitlerni Mussolini.ni f Toutes proportions gardées, je n'en suis pas si sûr. Il a pris modèle sur Hitler, même avec les camps de concentration et la diffusion de "Hein Kampf" parmi ses officiers." 738

nement de Front populaire présidé par Léon Blum avait été le vote de la loi les instituant. Il a exigé de se rendre à Alger en 1956, certain de s'y imposer parc e Pierrequ e Mendës-France, deux années plus tôt, était allé à Carthage danconditions de s s qu'il pensait être identiques." (85)

Dans le cas personnel de Guy Mollet, la détermination à prendre le contre-pied de la politique de 1936-1938 est accentuée par le fait qu'à l'époque étail ,i t partisan farouch e ceued x dont l'attitude abouti tà l a débâcle et à la capitulation de juin 1940. Guy Mollet était en effet favorabl etendanca l à e exprimé r Paupa el Faure, c'est-à-dir u pacifismea e et à une politique de conciliation et de concessions aux régimes fascis- tes. Aucu l n'étainma guerrea tl pir e s nombreusequ e.Le s allusions qu'il s suit"a l se erreur fir eà tpa jeunesse sd e " montrent é marqu'iét - a l qué profondément par cette période et les positions qu'il condamna dès les débuts de la Résistance en se lançant dans la lutte contre l'occupant. Guy Mollet fera l'autocritique sévère des débuts de son engagement poli- tique: " J'ai gardé le souvenir de mes erreurs de jeunesse, de ce que m'ont appris les anciens. J'ai été, comme Jeunesse socialiste, très bête... j'ai professs éde stupidités... c'est ans2 vraià8 2 1 e ,,d j'aé fou..ét i e n'étai.c s tpa nous qui avions raison mais Guesde et lorsqu'on laisse se superposer au ca- pitalisme loca formidabla l l e pression étrangère, alors la liberté étant disparue, la paix ne vaut pas la peine d'être vécue." (86)

2°a substitutio/L réflexu nd eréflexioa l à n

Ce passé " honteux ", le Président du Conseil fera tout pour l'effa- r ave ce entêtemenn u c t digne d'un meilleur sort s'acharneral .I , notamment, dans des conférences de presse ou des interventions télévisées, à démontrer e l'opusculqu e écri r Nasserpa t a philosophi,"L révolutiona l e d e " n'était qu'un plagia u "Meitd n Kampf e Hitler:"O"d trot li np peucolonee l : l Nasser a publié un fascicule qui s'appelle "La philosophie de la révolution"...

(85)Daniel Mayer; "Pour une histoire de la gauche", op.cit./ p.3O6. (86)Conseil national des 14-15 décembre 1956, compte-rendu, p.55O. 739

Parlant de l'ensemble africain, il nous dit d'abord: "Tous les peuples du continent africain feront converger leurs regards vers nous, gardiene sd l'issue septentrional e continentc e d en trai so t ,e d'union ave monde l c e extérieur. Il nous est impossible de renoncer à nos responsabilités, ni d'aide, ni d'assitance, ni de nous dérober à la tâche de répandre notre civilisation égyptienne jusqu'au centr e lead forêt vierge."(87)

Evoquan raisoa l t e l'expéditiond e Suezd n , Guy Mollet déclarera journalistn u à e américain a vrai e "L j'appellera: qu e e raisoc t nes e l i sentiment anti-munichois. Voyez-vous, nous les Français, avons été très frappés de ce qui s'est passé en Europe en 1936, 1937, 1938 et après. A notre avis, nous nous trouvions placés dans circonstancede s s semblables. Nasser n'était pas exactement Hitler - plus pauvre, plus petit- mais le problème était exactement le même. Nous avons fait savoir à votre Gouvernemen noue tqu s n'accepterions jamai Nassee qu s r réussisse avea s c " Philosophie de la révolution " ce que Hitler avait réussi avec " Mein Kampf." (88)

Au moment enfin où l'ultimatum franco-anglais est lancé à l'Egypte, dan soiréa 0 octobrel s3 u d e , c'est encor souvenie l e y Munice Gu d r e qu h Mollet évoque devant les députés socialistes en y ajoutant l'évocation de la République espagnole dont le rôle serait tenu par Israël: " Si des cama- rades pensent qu'il faut abandonner Israël et laisser la victoire à Nasser, la"vraie guerre" aura lieu prochainement... Chacun doit engager sa respon-

(87) Congrès socialiste de Lille, 28 juin-ler juillet 1956, compte-rendu p.791, (88) Interview rapporté par "Le Figaro" du 1O décembre 1956. 740

sabilité e gaietd n coeue d ,éno r mais avec virilité." (89)

Le comble sera atteint, dans ce type de réaction érigé en système, lorsqu y MolletGu e lendemaie l , nationalisatioa l e d n u Canald n , proposà a Eden la démarche même que Churchill présentait à Paul Reynaud en juin 1940, en pleine débïcle de l'année française. Christian Pineau raconte: " Pour- quoi, demanda Guy Mollet, alors que nous étions en train d'évoquer la né- cessit e notréd e solidarité dans l'affair Suez,ne ed reprendrs epa e la proposition faite à Paul Reynaud, en 1940, d'opérer une fusion entre nos deux pays? L'opinion français ey serai t certainement favorable. Surpri cette d s e proposition dont nous n'avions jamais parl- au é paravant, j'ai cherché à m'en expliquer les raisons. n avisAmo principala l , e y MolletienGu u faie a tt qu tassimilan t Nasser à Hitler, se croyait dans une position comparable, toutes propor- tions gardées ,cellà 1940..e d e . ..réactioa . L amis no s e anglaid n s propositioa às n manqua d'en- thousiasme. " Idée excellente, répondi substancn te e A.Eden prématuu , pe mai n u s - rée! Résolvons ensemble la crise actuelle. Nous nous pencherons ensuite à tête reposée sur votre projet. a grimacL e Selwyd e n Lloy t moinfu d s diplomatique. L'idé semi lu e- blait saugrenue, voire choquante. Finalement, nul ne revint jamais sur la question." (90)

Inutile de préciser que la droite fait la même analyse de la ripos- te nécessaire; il est vrai qu'elle a encore plus de fautes à faire oublier

(89) Groupe parlementaire, réunio octobreO 3 u nd novembre8 19562 e L . 1953, au plus a c.E.O. fortl débatu d r Molleta SFIO,l y seinu su a e Gu d décla- rait: voudraise "J l'one qu renonc utiliserà e certains rappels histori- ques. Je pense à l'allusion souvent faite à Murichf cela n'a aucune espè- valeur.Lecede Munich d'aujourd'hui personne il saitserait. ne où Nous prenons tous après avoir longuement et sérieusement réfléchi notre posi- tion. Munich problème un n'est ce f pas géographique, c'est beaucoup plus un état d'esprit." (Conseil national SFIO28-29des novembre 1953, compte- rendu, p.38,) (90) C.Pineau; "1956, Suez", op.cit., p.86-87. 741

de la période d'avant-guerre. L'identité de vues avec le Gouvernement est totale; jamais à l'Assemblée, la majorité nouvelle d'union nationale ne s'était manifestée aussi clairement. Nous ne prendrons que deux exemples: M.Dronne: " Nous nous trouvons en présence d'un phénomène nouveau, extrê- mement important, qui est le réveil du nationalisme arabe. Ce phénomèn t comparables e réveiu ea nationalismu d l e pangermani- que d'avant la dernière guerre. Le panarabism Hitlern so a ee colone l , l Gamal Abdel Nasser, dicta- teu l'Egyptee d r . Comme Hitler e colonel , l Nasse écria r"Mei n so tn Kampf", " La philosophie de la révolution". Il y expose ses rêves de création d'un grand empire arabe asio-africain dont, bien entendu l i ,serai chee l t e f le héros." (91)

M.Soustelle; " Les nouvelles d'Egypte doivent être mises sur le même plan d'importance nationale et internationale que l'a été, il y a déjà bien des années, celle de la réoccupation de la Rhénanie. l I s'agi défu d t i insolent dictateulancn u mond u r éa pa e r quie d , plu plusn e s , s'engag a voil r e su emarqué e avan a deuxièml t e guerre mon- diale par Hitler, dont il reprend jusqu'au procédé, au langage, jusqu'à l'odieux antisémitisme. ordren bo l i t ,Sentraînera i me l'o y nn' i aussilu , monde l , e dans une conflagration." (92)

(91) J.O. des Débats, A.N., 31 mai 1956, p.2153,

(92) id.juillet28 r 1956, p.3722. M.Lacoste, successeur Algérieen de M.Soustelle n'est évidemment pas en reste; parlant du dessein de Nasser, il déclare;"ïl s'agit .conquêtedela arabe sous chapeaule égyptien mon-du de musulman. Il s'agit de quelque chose qui ressemble vraiment à un nou- vel hitlérisme... Jamais nous n'avons rencontré nulle part de signes dis- tinctifs rappellentqui pointce caractéristiquesà les même l'idéolo-de hitlérienne."gie (Conseil national SFIO9-1Odes juin 1956, compte-rendu, p.196.) Quant M.E,à Naegelen, il hésitait encore, mois au mars, de dans compa-ses raisons historiques, en proclamant au sujet de l'Algérie; "N'allons ni à un nouveau Munich, ni à un nouveau Sedan." {(Conférence des secrétaires fédé- a SFIO,l rau mars8 e 1 xd 1956, compte-rendu, p.56.) M.Pineau essaiera bien encore fois dénoncerde une caractèrele abusifde l'assimilation Nasser=Hitler, en montrant que l'Egypte de 1956 n'est guère comparable l'Allemagneà 1936. serade entendune pas Il renonceraet d'ail- leurs lui-mêmede après l'annonce nationalisationla de dn Canal.cf. ( C.Pineau: "1956, Suez", op.cit., p.30, J.O.et débats,des A.N., juin1er 1956, p.2233.) 742

Nasse Hitler= r , Israël = République espagnole, Nationalisation du Canal = Remilitarisation de la Rhénanie, négociation = Munich, "La phi losophi a révolutionl e ed "Hei= " n Kampf", F.L.N Cairee L = . , etc..e L . coktail est détonnant et la coupe pleine! Il faut intervenir avant la prochaine étape du chantage hitlérien, pardon nassérien. Et puisque le Premier ministre anglais est du même avis et que, pour lui, la Jordanie tient la plac l'Algérie ed d'Israëlu eo bieh e , n raarchonsl

§ 2 ; LE RETOUR AU SCHEMA DE LA GUERRE FROIDE

La détente internationale, amorcé 1953n e t don ,e s résultatle t s étaient encore fragiles allait brutalement être remise en question par I' l'expédition franco-britanniqu Sueeà z tandi simultanémene squ - So s le t viétiques réprimaient vigoureusement la révolte hongroise. Tristes jour- nées que celles de la fin d'octobre et du début de novembre 1956.(93) jours i apparaissen"Vraimende squ t es l i tloi e d tn comm noeuds de e s tra- gique l'histoire..e d s Franca L . centru ea décisions ede menacess de t e s ; la guerre d'Algérie continuée, la guerre d'Israël, quatre jours après, commencée; l'intervention franco-britannique à Suez ensuite; la répression soviétique en Hongrie, l'ombre tragique de la guerre générale. Pour ceux t vécheuress on ude i qu'ie qu t c ,impossibl es l décriree ed r leca ,réci t exig développements ede s successifs, c'es a simultanéitél t , 1'entrechoc, s torrentle s contraires issu toutee sd s parts. Dan furieun u s x maels- trbm d'étonnement, d'espérance, d'attente, d'affolement, d'épouvanté, de gloriole, de honte, d'hésitation, de pressions,les simples témoins, bal- lotës sans responsabilité, trop vite avertis par les ondes, laissés à eux- s Gouvernementde même r pa s s débordés, tournoyaient." (94)

Mais qu'allaient donc faire les socialistes dans cette galère? Le Gouvernement avai moinu a t s quatre raisons jugées bonnes pou lancee s r r dans l'aventure militaire exceptn Vo i a volontel s , défendre éd e (93) Sur l'expédition de Suez, sa préparation, son déroulement, voir notanment: H.Azeau, op.cit.; C.Pineau,"1956,Suez",op.cit.; S.et M.Brom- berger, op.cit.; A.Eden, op.cit.; Jacques Baeyens;"Un coup d'épéc dans l'eau du Canal", Fayard, Paris 1976, 282pt; tfichel Honorin et autresfop.ci t.; J.R.Tournoux, op,cit.; A.Thomas, op.cit.

(94) P.O. tapie, op.cit., p.691. 743

s actionnairele a Compagnil e sd e international canau ed Sue e d l z qu'il serait injurieu comptee xd r parm s motivationle i s d'un cabine direcà t - tion socialiste. Il s'agissait de donner un coup d'arrêt aux desseins im- périalistes de Nasser, de contribuer de façon décisive au règlement de l'af- faire algérienne,d'aider Israël dans sa guerre préventive contre l'Egyp- t enfie fair e e nt d e respecte droie l r t internationa restaurann e l t la li- bert circulatioe éd n dan e canall s . raisons Aucunce e paraîe d en s t avoir dominé les autres et avoir été à elle seule déterminante.

C'est leur cumu i emportqu l a décisiol a Gouvernemenu nd t alors que pour chacun de ses membres la raison essentielle pouvait varier: pour Guy Mollet ,t trè iles s probabl premiee l e qu e r motif d'interventiot nfu a volontl brisee éd e panarabisml r coloneu d e l Nassefaire d t ee r avorter l'escalade dan e chantagl s e internationa l'oe nqu l avait déjà conn parà u - 1933e d Présidene r L .ti Conseiu d t t sanes l s doute sincère lorsqu'il pré- tend avoir agi en fonction d'un " sentiment anti-munichois ". Pour d'au- tres, comme MM.Lacoste, Bourgès-Maunoury et pour l'armée, il est certain que l'expédition d'Egypte amènera la fin de la guerre d'Algérie. La prise, le 16 octobre 1956, du bateau " Athos " chargé d'armes de provenance égyp- tienne et destinées aux maquis de l'Oranais, n'a pu que les renforcer dans leur conviction. Après le détournement de l'avion transportant Ben Bella et ses compagnons, le coup frappa au Caire sera enfin annonciateur du véri- table " dernier quart d'heure ". Pour beaucou socialistese pd , comme pour André Phili encourageni pqu Gouvernemene l t fermetéa l I t , il s'agit de faire respecter des engagements internationaux sur la liberté de circula- tion problème L . erefusee d n'es s Gouvernemenu pa a tr t égyptie a nationl - nalisation de la Compagnie de Suez mais la gestion du Canal qui est "une oeuvre collective mise à la disposition des peuples. Il s'agit de savoir si un pays peut en disposer à son gré. C'est un problème de socialisme 746

soin." (98)

F.Dulles met ensuite en place un " club des usagers " du Canal auquel les Franco-britanniques se rallient en traînant les pieds. Il s'agissai r cettpa t e associatio créee nd systèm n u r gestioe d e n intéri- maire prenan chargn e t a voil e e d'eau international t percevane t les droits de transit en versant une redevance S l'Egypte.

Entretemps, Franc t Grande-Bretagne e mettens e t d'accorn u r su d schéma d'intervention militaire, en rassemblent les moyens. Les Français parviennen à convaincrt e leurs allié e l'utilitd s é d'agir conjointement avec Israël. Le projet imaginé des le printemps va devenir réalité: le 22 octobre 1956 se déroule à Sèvres une rencontre secrète entre Ben Gourion, chef du Gouvernement israélien accompagné de Shimon Pères et Moshé Mollety DayanGu t ,e , Christian Pineau, Maurice Bourges-Maunour t Sele y - wyn Lloyd scénarie L - u pointa o s suivanmi : t Israëes t l attaquera dans ls eFranco-Britannique octobrele 9 Sina 2 0 3 e l i e l j s enverron ultin u t - matu belligérantsx mau » leur enjoignan e retires e d te par d rt d'autre t e du Canal. Israël acceptera, mai e reful s e l'Egyptd s t bier es eescomp sû n - e pla t c évidente mauvaisa r es nL su . i té fo e : "C'es a premièrl t e fois dans l'histoire qu'on menace un pays d'envahir, au cas où il ne se soumet- trait pas e ,territoire..l ennemin so e d .. Mais Eden, dans le désir bien vain de nç pas se couper des Arabes, tient fermement à cette navrante pré- sentation." (99) Le 31 octobre, les Franco-Britanniques commenceront le bombardement et débarqueront leurs troupes qui prendront le contrôle du Canal à partir du 6 novembre. Tous comptent sur la passivité des Soviëti-

(98) H.Azeau, op.cit., 332.p. A.Eden raconte qu'il raffermifut danssa volonté d'intervention par P.H.Spaak, secrétaire général de l'O.T.A.N. gui " était e obsédésouvenirl r pa s erreurs de commises au a débutl e d période hitlérienne." (A.Eden, op.cit., p-515.) Notons M.Spaak,e qu tout corme Guy Mollet, avait é parmiét s socialis-le s s belgespartisante de n u s accordssde Muniche d . (99) André Fontaine, op.cit., p.269. Voir le contenu du " Traité de Se- vrés dans" C.Pineau, op.cit., p.149 sgg. 747

tiques préoccupés par les événements de Hongrie, et des Américains para- lysé r l'électiopa s n présidentiell i doiequ t précisément avoir liee ul 6 novembre. Leurs réactions seront plus vives que prévues.

Dès le 30 octobre 1956, au Conseil de Sécurité de l'O.N.U., Etats- Unis et U.R.S.S. votent ensemble,pour exiger l'arrêt des hostilités en- gagée r Israëlpa s . L'Assemblée général e l'O.N.Ued . condamne les agres- seurs le 1er novembre, et décide le 4 novembre de créer une force inter- nationale pour 1 'Egypte. Le 5, le Maréchal Boulganine envoie un ultimatum Francea l à , la Grande-Bretagn t Israële ,s Etats-Unitandile e qu s s mon- campagntene un t e d1 "intoxication " contre leurs alliés (100) t fone , t spécialement pression sur les Anglais en organisant des manoeuvres moné- tair"- -

L'affair Suee ed z tournera court pouFrançais le s rBritan le t e s - niques. Le 24 novembre 1956, l'O.N.U. vote une résolution exigeant le re- trait de leurs forces. La Grande-Bretagne accepte le 29 novembre de reti- rer ses troupes avant Noël. Le lendemain, les Etats-Unis par 1'intermédi- air Fondu ed s Monétaire International, accord l'Angleterrà e prên eu e d t 561 million dollarse d s moratoirn u ,s intérêt le r empruntss esu sde contractés aux Etats-Unis et au Canada pour un total de 100 millions de dollars. Eisenhower mobilise la flotte pétrolière américaine pour ravitail- ler la France et la Grande-Bretagne. Celles-ci décident le 3 décembre d'évacuer conjointement l'Egypt arrivù eo a forcel e internationale ed l'O.N.U. Le 1er mars 1957, Israël prend la même décision et le 9 avril e canal Sue e t rouvertd l es z .

résultae L " t capita l'affaire d l Sue e t ed l'éliminatiofu z n qua- si totale des influences française et britannique de cette région-clé.

(iOO) cf. "Le Monde" du 9 décembre 1956, et J.R. Tournoux, op.cit., p.168. 748

Les deux grandes puissances étaient désormais face à face." (lOl)L1inter- vention franco-britannique liée à la guerre préventive Israëlo~ëgyptienne a permis la destruction de la majeure partie du potentiel militaire que TU.R.S.S. et ses alliés venaient de livrer à Nasser, et par ailleurs, en fournissant le dernier exemple de la politique de la canonnière, France et Angleterre se sont discréditées et ont perdu toute leur influence dans les pays arabe Moyen-Orientu d s s Etats-UniLe . s qui, inévitablemenu a t courant des projets militaires de leurs alliés, ont laissé faire, sont les grands gagnant cette d s e aventur i menqu e a tou e mêmd t e mondl e e près d'une troisième guerre générale. {102} A eux l'influence économique sur les champs pétroliers, à eux la charge directe du"containment" du commu- nisme dans la région. L'issue de l'expédition de Suez illustre fort bien ce que l'on appelle la "relève des impéri alismes" traditionnels et colo- niaux e typd » e britanniqu françaisu o e r l'impérialismpa , e américain e n pleine ascension. (103) L'achèvement du processus se manifestera le 5 janvier 1957 lorsque le Président Eisenhower présentera au Congrès améri- cain la " doctrine " qui portera son nom: elle l'autorisera à accorder une assistance économique et militaire à tout pays Idu Proche-Orient qui le souhaiterait, " étant entendu que cette assistance pourrait comporter l'emplo s forcede i s armées américaines." (104) Tou a s régiol pay le se d s n

(101) J.B. Duroselle, op.cit., p.675. (102) cf.H.Azeau (op.cit., p.182,) C.Pineauet (op.cit.,qui ) p.92sqq sont d'accord, sans l'avouer pour le second, sur l'intérêt qu'avaient les Etats-Unis à éliminer la France et la Grande-Bretagne de leurs positions moyen-orientales. (103) M.Pineau avaitn certainee e un conscience, puisqu'il déclarait juinn e 1956 qu'en d'hostilitéscas Moyen-Orient,au "rous sommesne aussipas sûrs aujourd'hui qu'hierAméricainsintérêtsles des Anglaisque les ont et qui pétroliens immenses dans ces pays prendraient une position conforme à la nôtre." (Conseil national SFIO des 9-1O juin 1956, p.124.) Et François Mauriac novembre écrit2O le 1956, dans "L'Express"; tour"le de chant commence: pas une goutte de pétrole pour nous tant qu'il restera à Port-Saïd un soldat français. L'Amérique nous tient, elle serrera la vis à loisir, sous le regard de Nasser.,. Nonr 1'Amérique ne peut rien faire d'autre qu'ellece Suezà que fait. pourtant,Et commentlirepas f ne dans le filigrane de sa politique, la devise cynique des peuples parvenus; "Ote-toi de là pour que je m'y mette"?" (F.Mauriac, op.cit., p.283.) (1O4) A.Fontaine, op.cit., p.286. 749

se rallieront à cette " doctrine Eisenhower " que France et Grande-Bre- tagn e sonn e t plu position e s e contesterd n . Seules l'Egypt a Syril t e e résisteront avec l'aide de TU.R.S.S.

Pour le Gouvernement français,le bilan est maigre. L'affaire a mis en évidenc a solidaritl e é très limité s Etats-Unide e à l'égars e leurd s e planc alliésr ,su le t se , socialistes devront lutter contr cere un e- taine droite qui se déclare prête à tirer les conséquences de 1'égoïsme américain en revenant à la formule de " la France seule ". Les difficul- tés économiques qui ont suivi l'expédition et qui sont dues aux problèmes d'acheminement et d'approvisionnement en pétrole ( le rationnement a dû être impos e novembrd é à décembre e 1956 t renforcon ) é l'influence améri- a Francl cain r i sorsu equ e t fort diminuée r lesu , plan internationale d , cette aventure ministres Le . Fronu d s t républicain doiven e contentes t r d'acquis résiduels qu'ils s'évertueron a mettrt n valeure . M.Pineau reste réaliste; " il est juste de dire que le problème de Suez a eu pour nous des aspects négatifs s aspectce ; s négatifs sont d'ordre économiqu t finane e - cier.. a toucôtn u e mêmy d ét u l e i epositi, f dans l'affair e Suezd e : d'une part, le recul soviétique dans cette région du monde, d'autre part un certain réveil occidental qui, pour être surventardu pe e s'e n ,n u n s moinpa st manifesté."(105es ) Mais surtout " l'échec franco-britannique s conséquencede u e a s heureuse t e inattendues e déroulemenl r su s s de t discussions de Bruxelles relatives au Marché Commun. J'e i pria n s conscience pou a premièrl r e fois a fameusl lor e d s e visite de Conrad Adenaue à Parisr 6 novembre e l , . Parmi les commentaires auxquel e livrs s e Chanceliel a r dans- lbu e reau de Guy Mollet, j'ai retenu ces paroles: "La France et l'Angleterre ne seront plus jamais des puissances comparables aux Etats-Unis et à l'U.R.S.S. L'Allemagn plun no es d'ail leurs.Il leur reste don seun u c l moyen de jouer dans le monde un rôle décisif; c'est de s'unir pour faire l'Europe. L'Angleterre n'est pas mûre mais l'affaire de Suez contri- buer y prépare à a s espritsle r . Nous, nous n'avone tempd s à perdres pa s :

(1O5) Congrès SFIO de Toulouse, 27-30 juin 1957, compte-rendu, p.148. 750

l'Europe sera votre revanche." (106) Quan u Présidena t Conseilu d t l i situer, bonne un a e partia s e d e défens r lesu e terrain analogiqu i l'avaiqu e t détermin n déclarane é à prot - poéchecn e l'expéditione croij u d s t é i e s,s cel ét saie s a n a pa se "J : e qu'osaurl e n na jamais. Certes, nous n'avons pas pu préserver le Canal, certes, Nasser plastronne aujourd'hui autant que jamais, mais qui pourrait dire honnête- ment... que la situation est la même qu'en octobre 1956? Israël allait être attaqué l étaii , t encerclé l couraii , risn u t - que d'être bombardé, peut-être rayé de la carte du monde. Qui croit encore aujourd'hui honnêtement.. s soldatle e e Nassequ d .s r peuvent d'ici long- temps de nouveau attaquer Israël? (applaudissements). Un conflit dan e Moyen-Orienl s t pouvait entraîne conflin u r t plus général.... je n'affirme pas, je ne peux pas affirmer, qu'en agissant com- me nous l'avons fait, nous avons sauvé la paix... e veuJ x dir ee intervention seulemenun i s e qu t , même interrompue comm a nôtrel e , avai u lie e tn 1936 e u , 193 u 19387o u secour,a a l e d s Tchékoslovaquie, personne aujourd'hui ne peut dire que l'histoire n'en au- rait pas été modifiée (applaudissements)". Curieuse défense que celle qui consiste à s'appuyer sur ce qui ne s'est pas produit, sur des intentions

(1O6JC.Pineau, op.cit., p.Î9O-191. Le gouvernement français ne peut même pas prétendre avoir contribué sauverà Israël s'engui serait fort bien sorti tout seul, l 'aviation égyptienne n'étant opérationnelle,pas (cf.Moshé Dayan: "Journal de la campagne du Sinaï~1956"f Fayard, collec- tion "Le livre de poche", Paris, 1966, 352 p.) Cela n'empêchera pas la motion socialiste votée le 3O juin 1957, par le Congrès de Toulouse d'af- firmer: "Menacé par Nasser, le petit Etat démocratique et socialiste était destructionvouéune à certaine aucunsi secours étaitlui ne venu temps,à de 1'extérieur! Le Gouvernement a sauvé Israël par une opération de poli- ce militaire." (Bulletin intérieur SFIO,la de N"92r juin 1957, p.4.) 751

supposées et non réalisées. Avec des " si "... on évite de se faire ju- ger. (107) En fait, les socialiste reviennenn e s justifieà t r leurs décisions par le seul élément indiscutable de l'affaire: la. victoire d'Israël qui permet à Guy Mollet d'invoquer les grands ancêtres: " Mar t Engele x t on s pris là-dessus des positions très claires, ils ont toujours enseigné que dan conflitn u s s socialistele , s devaient être toujour côtu sd peuplu éd e e plul s progressiste, contr dictaturea l e , contre l'oppression (applau- dissements).... Entre Nasse t Bee r n Gourion, moi, j'avais choisi! (applau- dissements).11 (108)

2°/ L'adhésion du Parlement et de l'opinion publique

Remarquable tou lonu a l'affaire t gd Suee t ed l'ampleu fu z souu d r - tien parlementaire et populaire apporté à l'action du Gouvernement. La nature de la politique suivie était propre à rallier, on l'a vu, touteila droite française qui engouragea les gouvernants à la fermeté extrême par une surenchère permanente. Foiconférences nde s internationalee s i squ perdent dans chicanele s s juridiques! M.Bidault exhort l'actioeà n direc- citantn e e i t aussilu , , le précédent manqu a Rhénanil e d é 1936.(109n e ) M.de Chévign rajouten e é Franc:a L " t l'Angleterre t éteon é injuriées

(107) M.Pineau dressant le bilan reprendra le même thème en citant " un élément qu'il était impossible de comptabiliser...Ce sont les conséquen- s guéce nous avons évitées... 1936n Gouvernementn e u i S était interve- Allemagnen e u pour empêcher l'entrée e Hitlerd / pour empêcher l'entrée des troupes allemenades rivela sur gauche Rhin,du il aurait attaquéété même dans e partil socialiste, t vouse e savezl fort bien, t pourtante l i aurait peut-être évité les 2Q millions de morts de la guerre mondiale. Mais personne ne l'aurait su! De même personne ne saura jamais.-,(applau- dissements ).... si nous avons évité 2O millions de morts." {Conseil natio- SFIO15-16nal des décembre 1956, compte-rendu, p.121-122.) (108) Congrès SFIO de Toulouse, 27-3O juin 1957, compte-rendu, p.776 à 778. Il est vraiment dommage et malheureux que Guy Mollet appelle à la rescousse Marx et Engels qui, en matière de politique étrangère n'ont pas parmi été plusles perspicaces, (1O9) . J.O.cf s Débats, de A.N., aoû2 t 1956, p.3842. 752

comme jamais Hitle e l'avain r t fait." (110)

Suez donne l'occasion à l'ancienne majorité parlementaire de consolider l'union national e dessinais i qu e t depuis le moi e maisd : M.Monte!: "les destinée e notrsd e pays s intérêt,le s légitimea l e d s Francnécessita l t e barree éd routa rl x coupeau e forcsd e son n jeute . L'opposition nationale répond " présent ". Que, dès ce soir, le Gouvernement sache que toute l'Assemblée, dans sa partie nationale, est avec lui, qu'il peut donc et qu'il doit donc s'appuye elle.r rsu " (111)

Le soir du 30 octobre 1956, après qu'ait été lue par le Président du Consei déclaratioa l l n annonçant l'interventio Canale l r ,su n l'Assem- blée nationale ratifi8 voi36 xr contrpa e 2 la18 e politiqu Gouveru d e - nement (seuls votent contre,les communistes et progressistes, et 28 pou- jadistes tandis que onze radicaux dont M.Mendës-France s'abstiennent.) Le 20 décembre 1956, le débat de politique étrangère à l'Assemblée nationa- le est clos avec le vote de l'ordre du jour gouvernemental par une majori- té analogue comptei qu : e "C e n'es ,c s tellementpa t l'existence d'un Gouvernement, c'est l'affirmation d'une politique extérieur eà laquell e puisse se rallier demain comme aujourd'hui, la plus large majorité possi- ble, par-del s divergencele à s normale r lesu s autres problèmes poli- tiques." (112)

s député Le e prononçans n e s t massivemen sorta l e faisaiene n etd t que suivre le large mouvement d'opinion qu'avait suscité le Gouvernement. Malgré l'éche e Suezcd , ceui l'avaienqu x t pouss à él'actio e pouvaienn t guère se retourner contre lui, convaincus qu'ils étaient que cet échec ne lui était imputable que pour une faible part. L'ensemble de la presse non communiste à l'exception de rares publications comme " France-Observateur"

(110) J.O.des Débats, A.N., 2 août 1956, p.3843. (111) id. (112) "L'année politique 1956", p.118. 753

avai n effee t t engag Gouvernemene l é a plul stà grande fermetée l s .Dè 1 jui2 n 1956, "Combat" accentuai campagna s t e anti-égyptienn t accusaie t M.Pinea e naïvetd u éà l'égar Nassere d djuille3 2 e L . t , il titre: "Apres le revirement anglo-saxo financemene l r su { n barragu td e d'Assouaà ) n l'égar e Nasserd d diplomatia ,l e française doit "repenser s objectifs'.se " ' e lendemaiL le a nid nationalisation, 7 juille2 e "l t 1956 s appel,le x au s armes ne sont plus déguisés: "Franc-Tireur": " La nationalisation du canal véritable un e Sued t zes e déclaratio e guerrd n à el'Occident.. . Attaquer c'est défendre la démocratie occidentale "; "Paris-Presse-1'Intransigeant": " il est des adversaires avec lesquels la discussion et les négociations sont indiquées s aveca ce l e n'esM.Nasser,C . s pa t " M.Duverger lui-même e laisss e trompettes tentele r rpa s guerrière comparaisons le t e s s his- toriques: " l'exemple des années 1933-1939 est clair: en face de la méga- lomanie d'un dictateur, il ne faut pas répondre par des procédures juri- diques inefficaces qui ridiculisent le droit, mais par la force", et :"I1 faut répliquer militairemen n Egyptee t i touautre,s s le s s moyens sont inefficaces." (113 Figaro"e )"L , "l'Aurore"."France-Soirn e sone "n s tpa reste, et l'on pourrait multiplier les citations.

Tous aussi, en critiquant soit les atermoiements qui ont précédé l'expédition soit l'inachèvemen celle-cie d t , sont d'accord pour reconnaî- e qu'aucutr n Gouvernement n'aurai fairu p t e mieu celue qu xe M.Gu d i y Mol- let, compte-tenu des limites imposées par les Etats-Unis ou TO.N.U. C'est à ce constat qu'ont abouti les députés en s'abstenant de renverser un ministère qui avait pourtant toutes raisons de l'être. M.de Chévigné exprim t égarce aà d le sentiment générale procè l e fera n s u e pa d si "J : Gouvernement français e tien.J dirà s e qu'il n'es s responsabltpa - de u d e mi-éche e l'Occidend c demi-succèu d u o t l'Egypte.e d s " (114)

Les communistes de leur côté sont les seuls, avec les progressistes à lutter avec détermination contr a vaguel e nationalismed e chauvii qu n

(113) "Le Monde" des 1er et 14 août 1956..

(114) J.O. s débatsde , A,N. octobre5 1 t 1956, p.4136. 754

déferl r lasu e Franc e l'éted é 1956. Cependant n dénonçan,e volonta l t é gouvernementale d'intervenir à Suez dans l'intérêt des actionnaires de la Compagni u canald e polémiquens il , t inutilemen e peun n thèmu i t r qu e su t guère être sérieusement retenu- (115 P.C.Fe )L . pourra continuer inlas- sablement à proposer au Gouvernement la constitution d'une majorité de Front populaire, la réponse sera toujours la même. Après le 4 novembre 195 t le a6 répression soviétiqu Budapestà e Parte ,l i communiste sera complètement isolé dans son soutien à TU.R.S.S. Les très faibles espoirs que Ton pouvait encore entretenir au sujet de la création de ce Front populaire s'envolent définitivemen e jour-làc t a S.F.I.OL . e ser.s u ta contraire de ces événements pour reprendre l'offensive contre le P,C.F., exploiter le trouble d'une bonne s militantpartise e d e n excipane s t de la justesse de ses analyses sur la soumission inconditionnelle du mou- vement communiste à une U.R.S.S. non dëstalinisée.

* Quant à M.Mendès-France, sa situation peu confortable de soutien- critique à l'égard du Gouvernement et la présence au sein de celui-ci de ministres radicaux, l'empêchent d'avoi e positioun r n clair t offensive e vis-à-vi a politiqul e d s e extérieur y Mollet Gu e fer n e d el a I . d'inter- vention à l'Assemblée nationale que le 20 décembre 1956 et restera très mesuré dans ses propos.

C'est donc sans véritable contrepoids qu'a pu s'exercer la propa- gande belliqueuse du Gouvernement dans le pays, avec l'aide de la presse, R.T.Fa s trèdl ede s u ,o traditionnelle s "Actualités cinématographiques" qui ont à l'époque une grande importance. M.Grosser put à juste titre intituler le chapitre traitant de l'inter^ vention de Suez dans son livre sur la politique extérieure de la IVème République: "La seule guerre populaire". "Suez a été très populaire com- me les sondages l'ont montré. Le test en a été les tickets d'essence ins- taurés âpres l'expédition... Toute la population les a acceptés sans pro- blèmes: les gens faisaient la queue aux pompes sans râlerl Ce qu'ils ont

(115) cf.l'intervention de Raymond Guyot, A.ff. J.O. des débats, 2 août 1956, p.3844. 755 regretté, c'est d'avoir arrêté à cause des Anglais." (116)

A "Paris , la nouvell e l'ultimatud e éta m é accueillie ave- en c thousiasme, .... Désormais il ne fait plus de doute qu'on va pouvoir enffin se venger de toutes les humiliations subies depuis vingt ans. (117)

Et de fait, Nasser va bien servir de bouc émissaire à toutes les frustation e chauvinisml e qu s e français avait difficilement surmontées jusque là.

s sondageLe e l'époqud s e montrent bien la large adhésion apportée à la politique gouvernemental i atteinqu e t alor sommee l a spopulas e td - rité. En décembre 1956, à la question "approuvez-vous ou désapprouvez-vous la France et l'Angleterre d'avoir utilisé la force en Egypte?", 42 % des personnes interrogées réponden n approuvante t désapproui contrqu % e33 - vent. En mars 1957, le pourcentage de gens favorables atteint 44 %.

t éta Ce e 1'opiniotd a nsan s doute compté dan décisioa l s n des par- lementaires de se réfugier derrière la position: rien ne sert de renver- ser un Gouvernement peu responsable de son échec sans savoir par qui le remplacer. Pourtant los raisons n'en vont pas manquer: en matière exté- rieure Suez marque l'effondrement quasi complet des projets échaffaudés au printemps 1956 et un recul diplomatique généralisé.

B- L'isolement international de la France •-T n« _,m W4. ~b .ri. K w <_ u ••»-«•,••-^ «••••••*, «^^ F*^,™ ^ W___^^«^^M^__

Les effets de l'échec enregistré dans l'affaire de Suez vont se cumuler avec ceux qui résultent de l'enlisement de la politique algérien- ne du Front populaire. Hors du cadre européen, toutes les ambitions du

(116) Claude Fuzier, entretien avec l'auteur. (117) A.Fontaine, op.cit., p.272. 756

Gouvernement devront rapidement céde conformismu a rs lepa e atlantique.

illusions de n fi s1°a L /

Le premier résultat de l'expédition malheureuse a été de liquider e crédil t relatif acqui débun e s t d'année auprè pays de s sous-dëveloppës. Le proje M.Pineae d t u d'Agence économique mondiale, déjà moribond, dis- paraît puremen t simplemente t t vra, es tani qu'il i t l parait désormais difficil faire ed e confianc France craini un s n' equ à pa a recourie d t r aux méthodes coloniales de la plus belle époque pour abattre le régime " non aligné " du colonel Nasser. Tout l'acquis des voyages de M.Pineau en Inde, ses entretiens cordiaux avec M.Nehru, les contacts entretenus avec le Maréchal Tito (118), tous les efforts d'explication destinés à convaincr s payle e s afro-asiatique bien-fondu d s a politiqul e d é e algé- rienne du Gouvernement français, tout cela, qui avait déjà été largement hypothéqu r leépa détournemen l'avioe d t chefs F.L.N.nde u d s , disparaît sous les décombres de l'expédition dn Egypte.

Il y a plus grave: les pays traditionnellement attachés 5 la France et désireux de garder avec elle de bonnes relations, comme le Maroc et la Tunisie, prennent eux aussi inévitablement leurs distances.

Tout connue Nehru e Sultal , t M.Bourguibne a avaient proposé leur médiatio Gouvernemenu na t français dans l'affaire algérienneu d m no u A . refus de l'internationalisation d'un conflit que l'on s'acharnait à ne considérer que comme un problème purement français, leurs offres avaient été repoussées; noun "Mêmo si s efaisai t demai trèe nun s bonne proposi- tio médiatione nd l i ,nou s faut tenir comptprincipe l e qu e e même d'une

(118) MaréchalLe Tito était venu voyageen officiel Franceen début au du mois de mai 1956. 757

médiation est difficile à accepter."(119)

Après l'arrestatio e Be d nt n e l'expéditio Be, la l e Suezd n a l , confiance déjà relative dan s relationle s s entr s a Francdeul ese x t e anciens protectorats laisse méfiance placun à e e réciproque. L'appui maro- cai t tunisiee n n s'amplifianF.L.Nu e a n a ir . e tterrail tanr e su t qu n dans les organisations internationales.

L'O.N.U. enfin reflète à plusieurs reprises l'isolement de la France. Nous avon u l'occasioe s e cited ns décisionle r s e prisel r pa s Consei e sécuritd l u l'Assembléo é e générale Franceù o , , Grande-Bretagne, t e Israël s'étaient retrouvés très nettement minoritaires. L'éche6 u d c novembre 1956 va porter à leur paroxysme les critiques françaises contre l'Organisation internationale. Lieu institutionnel d'internationalisation des conflits, 1'O.N.U. avait été amenée très tôt à se soucier des " évé- nements " d'Algéri t e e donheurtees à c à lra doctrine très ferm n lae e matièr Gouvernemenu d e t français 3 septembr2 e L . e 1955, lorsque l'Assem- blée générale décida d'inscrire l'Algéri à el'ordr jouu d e r (pa8 voi2 r x abstentions)5 t contre , 27 e a délégatiol , n française quitt a sallel a . Deux mois plus tard, la même assemblée retirait le sujet du même ordre du jour.

En 1956, le problème se repose dans des termes analogues: le 13 juin 1956, treize des vingt-quatre pays du groupe arabo-asiatique portent l'affaire algérienne devan e Conseil t e sécuritéd l , mais cette fois-ci lorsque s'ouvre la session de l'O.N.U., la France décide de combattre et ne s'oppos à l'inscriptio s pa e sujeu d n à l'ordrt jouu d ee l'Assemblé d r e

(119)Guy Mollet devant le groupe parlementaire, réunion du 15 mai 1956. M.Mendès-Frfince récuse dea mêmel manière tout processus d'internationa- lisatio conflitu nd algérien. l I déclare proposà des médiateurs étran- gers ayant offert leurs services: saise "J gué leur sympathierleur idéo- logie, leur passé anti-colonialiste pour certains d'entre eux, leur passé de pays ex-colonisé pour d'autres, les inciteraient inévitablement à ren- sentencee drun e i seraitgu plus orientée dans e sensl centrifuge gué dans le sens de l'association de la France et de l'Algérie." (P.Mendès-France: "Politique et vérité", op.cit., p.192.) 758

générale, novembr5 l1 e e 1956 s circonstanceLe . s internationalee s e n s prêtent plus d'ailleurs à une simple fin de non-recevoir française. C'es e momen l e tGouvernemenl ù o t t adopt sujeu a e e Sued t z l'attituda l e plus critique vis-à-vis de l'O.N.U. Le grief majeur qui lui est fait est s tenipa e drn e la balance €gale entre pays occidentau- t fu paye x u d s r "Tiers-Monde"tu : quand ceux-ci enfreignen s règlede t s internationales, comme l'Egypte le 26 juillet 1956, l'organisation internationale mettrait une circonspection douteus à eréagi r alors que, quan s premierle d s déci- dent de pallier ses carences, les sanctions seraient immédiates et sé- vères. Guy Mollet résumera ainsi la réforme jugée souhaitable de l'O.N.U. " L'appartenanc à l'O.N.Ue . devrait être conditionné a fidélitl r x pa e au é

pri ~,P_3 de la Charte... Les décisions de VO.N.U. devraient être fondées s principesude r s immuables t prisee , s s jugepade r s impartiaux...or l'O.N.U. n'est pas un tribunal... C'est une assemblée politique, et de la pire espèce.

Quelle objectivité pouvons-nous demande délégationx au r s payde s s " communistes ", suiveurs de VU.R.S.S., ou d'une partie des pays afro- asiatiques, décidé foie un s pour toute t sane s s même entendr e moinl e - e argumendr à condamnet r toute puissance dite " colonialiste ", même dans s initiativese s plule s s généreuses?

L'O.N.U. devrait êtr mesurn e faire d e e respecte s décisions..se r . En 1956, la France, la Grande-Bretagne et Israël ont donné suite aux ré- solutions sur Suez. Dans le même temps, la condamnation de l'agression so- viétique sur la Hongrie restait platonique et l'Egypte pouvait interprê- a guiss à e r lete s décision Conseiu d s e sécuritd le transil - r ca su éu d t nal de Suez." (120)

(12O) Guy Mollet: "Bilan t perspectivese socialistes", op.cit., p.28-29. Le 28 septembre 1956, "Le Monde" rapporte une interview du Président du Conseil accordée u "Dailya ftezalct'', journal travailliste l'annoncù o , e d e l'expédition franco-britannique est clairement faite à travers la criti- que de l'O.N.U.: entre les démocraties et les régimes totalitaires, " la partie n'est pas égale si l'on s'en tient au seul formalisme des institu- tions internationale peupless Le s libres unis doivent avoir a volontél et le courage d'imposer, le montent venu, l'exécution des décisions prises. Cela est d 'ailleurs conforme à l'esprit de la Charte des Nations Unies. " 759

L'hostilité est telle vis-à-vis de l'Organisation internationale qu e Présidenl e Conseiu d t viendrn e l déclareraà , avant l'ouverture ed a sessiol n annuell l'Assemblée ed ei concerngénéralequ e c n e "E :l'O.N.U . a pensél e moyenn Conseiu d e ministres discuta de n l e matini e éc qu s , était qu'il fallait quitter l'organisme international. Personnellement, e pensj notre equ e dossier (algérien défend..e s ) . mais pour autant nous serons battus car les votes sont acquis." (121)

Malgr e pessimismeéc a batailll , e s'engage début 1957 dan s comle s - missions et sous-commissions de l'Assemblée générale. Son issue est capi- tale pour le F.L.N i espèrqu . e pouvoir exploite condamnatioe un r a l e nd France; il lance pour le 28 janvier, à Alger, une grevé générale qui sera sévèrement réprimé r lepa es parachutistes janvier9 e L Molle.y Gu , t avait préparé le terrain diplomatique en prononçant une longue allocution sur e problèml e algérie réaffirmann ne s aspectle t s libérau a politiqul e d x e française mais sans rien apporter de nouveau sur le fond, et en déniant toute compétence extérieure qualifiée d'ingérence dans affairele s - na s tionales.

La délégation français VO.N.Uà e t renforcées . e dès janvier 1957 par M.Soustell i racontqu e e comment il manoeuvra pour évite condamnaa l r - tion de la France: "Nous ne pouvions que souhaiter une motion aussi dure et violente que possible, de manière que certaines délégations hésitan- tes, notamment parmi les latino-américains, fussent dans l'impossibilité de la voter, la trouvant excessive et injurieuse pour la France. C'est pourquoi exposann e , a thèsl t e française a présental e j , i sans aucune concession, espérant bien exaspérer l'adversair e poussel t e r à durcir sa propre position. D'autre part, a jouanbandel r t grâce pa t, cereà - taines délégation i nageaienqu s t entre deux eaux, nous faisions parve- x représentantniau r s arabes toutes sorte rumeure d s s destinées le à s faire s'enfermer dans leur intransigeance. Ce stratagème nous réussit. Sûrs de leur victoire, ils s'entêtèrent à soumettre à l'Assemblée une

(121) Comité directeur SFIQ, réunio octobr4 2 u nd e 1956, compte-rendu, p.78. 760

motio e beaucoupqu n , sans épouser pour autant l'attitude française- ju , geaient inacceptables... J'avais travaillé, durant tout cet épisode, en dehors de tout es- prit partisan , en étroite collaboration avec le Président Guy Mollet. Les contacts fréquent j'as e ave i pendaneu qu ilu sc t cette périodt e tant qu'il demeur Gouvernemenu a a t n'ont faie renforcequ t estimn mo r e pour son caractère et sa lucidité." (122)

Une première résolution demandant la reconnaissance du " droit du peuple algérie à ndispose e lui-mêmd r et rejetées " commission e e 4 3 r pa n voix contre 33 et 2 abstentions. Le 15 février 1957, l'Assemblée générale vote un texte où elle " exprime l'espoir que dans un esprit de coopération une solution pacifique, démocratiqu t juste e e sera s moyentrouvéde r spa e appropriés conformémen principex au t e lad s Chart s Nationde e s Uni es."(123)

La délégation français Gouvernemenn so t e e t peuvent crie à rl a victoire: la menace d'une condamnation par l'O.N.U. disparaît au profit d'une prise position parfaitement insipide qui laisse les mains libres à la France pour poursuivre sa politique algérienne. Cette victoire n'a cependant pas été acquise par la seule habileté tactique des représen- tants de la France: ce redressement diplomatique spectaculaire sur le su- e plul t s je délica t toues t t autan à l a û d véritablt e allégeance l e qu e Gouvernement français a dû renouveler à l'égard de l'allié américain.

2°retoue L / r sous l'ëteignoir atlantique

Seu e repll l i dan e girol s n américain pouvait évite a banqueroutl r e totale du Gouvernement de Front républicain, en novembre et décembre 1956. Suez accélère et rend insurmontables les difficultés de la politique auto- nome que la France prétendait mettre en place au sein de l'Alliance atlan- tique. " Le problème de l'approvisionnement en pétrole devient angoissant

(122) J.Soastolle: "Vingt-huit ans de gaullisme", op.cit.,p.124 et 126. (123) cf. "L'année politique 1956", p.298, 761

et requiert un rapprochement avec Washington où les Français doivent aller faire amende honorable." (124)

L'Algérie enfin r laquellsu , e Gouvernemenel t veut évite a condaml r - natio l'O.N.U.e nd , impliqu e soutieel Etats-Unis nde celui-ce qu s i accor- dera en récompense du retour de l'enfant prodigue: le 6 février (encore!) 1957, M.Cabot-Lodge représentant américain à l'O.N.U. déclare que son Gou- vernement s'opposera à toute résolution qui constituerait une ingérence dans les affaires françaises et donnera son approbation à la politique de réformes menée par le Front républicain en Algérie. C'est la contrepartie de l'acceptatio a Francl r résolutions npa de e l'O.N.Ue d s . dans l'affaire de Suez novembrn (e , e 1956 ,e Présidenl t Eisenhower avai é particulièét t - rement clair: alors qu'il devait recevoir MM.Molleu d t Edee t n là nfi a mois, il fait annuler leur voyage tant que la France et la Grande-Breta- gne n'auron évacus pa t é l'Egypte.)

La leço l'affaire d n Sue e t ed évident es z e pou s alliéle r s occiden- taux: aucune action international peue en t être entreprise sans l'accord explicite e soutiel , Etats-Uniss de n , ceux-c déterminane s i t bien entendu suivant leur propre intérêt lorss Dè ., c'e t coupfins nes de is d'éclae d t MM.Pineau ou Mollet, des déclarations fracassantes destinées à " rééquili- brer " l'Alliance critiqua L . Français ede s demeurera mais changere d a ton: il s'agira d'insister maintenant sur la solidarité totale, non seule- ment militaire tuais politique au sens le plus large entre les signataires du Pacte atlantique. Le Gouvernement Guy Mollet révise ainsi sa position en fonctio a tensiol e nd n internationale qu'i contribua l épousseà à r l'extrême par l'expédition de Suez, mais aussi bien sûr dans la perspective du non-règlement immédia confliu d t t algérien: au-del le ad à sessioe nd l'O.N.U., il sait que des critiques américaines, notamment celles des mi- lieux démocrates comme le sénateur John Kennedy, peuvent prendre ed l'ampleu Etats-Unix au r t amenee s r ceux-c dissociee s à i l'actioe d r - nen treprise en Afrique du Nord.

(124) "L'année politique 1956", p.411. 762

Devant la S.F.I.O. y Molle,Gu t déclar n décembre e 195 6à propo s du Président Eisenhower: "J'ai personnellement la plus extraordinaire confiance dans le rapprochement qui ne manquera pas de se produire dans les jours très prochain nouù o s s nous rencontrerons, j'en suis sûr... Ceux qui ont pu rêver... de difficultés grandes entre les Etats-Unis et la Franc sonn e t pour leur frais." (125)

Comme l'écrit la traditionnellement prudente "Année politique", "M.Mollet reçoit l'absolution à condition qu'il s'engage fermement dans la voi e l'Europd e t revienne à eso n poin e départd e janvietd r 1956, les velléités d'indépendanc a Grande-Bretagnl Franca e l d e t ed e e n'a- yant finalement réussi qu'à ébranler l'Alliance atlantique et à rappro- cher les Etats-Unis du bloc afro-asiatique." (126)

Le resserrement des liens atlantiques va se manifester spectacu- lairemen visita l r MM.Mollee d epa t t Pineate à uWashington 5 févrie2 u ,d r au 28 février 1957, tandis que les Etats-Unis, fort adroitement laissent les Français " redorer leur blason diplomatique " par leur médiation dans l'affair u retraid e s troupetde s israélienne u SinaTd s . Israël gardait fermemen s gagetse s territoriau problèmes xle tan e tqu Gaze d s a et du golfe d'Akaba ne recevaient pas de solutions le satisfaisant. Dulles propose à Pineau qui vient d'arriver à Washington avec Guy Mollet d'inter- venir comme médiateur, avec l'aide de Dag Hammarskjoeld,entre Israël, l'O.N.U. et l'Egypte pour aboutir à un compromis permettant l'application de la résolution de l'Assemblée générale sur l'évacuation des territoires occupés a médiatio.L n 8 févrieréussi2 e l t rte 1957, Israël annonce- lre e trait de ses troupes. M.Pineau reste conscient de l'importance de son rôle ÏJe n'ai ni la prétention ni la naïveté de croire avoir été dans cette af- faire autre chose qu'u n agenbo n e liaisontd e n'avai.J s écripa s scée tl - nario et n'aurais eu aucun moyen d'imposer la solution finale,.. Je n'ai jamai e façod u s n certain l'ensembli e qu commenr pa l'opératioe t d te n

(125) Conseil national 5.F.J.O. des 15-16 décembre 1956, compte-rendu, p.561-562.

(126) "L'année politique 1956", p.432. 763

avait été monte." (127)

Pour le Molle resty a l visit , eGu te eétaid t essentiellement a politiqul axé r su e e européenn r l'actiosu t e n entrepris Algérin e e qu'il s'efforça d'expliquer aux responsables américains. L'appui des Etats-Unis à la première était acquis, il fut renouvelé à la seconde. Par contre sur la conception de l'Alliance atlantique, les divergences demeurent Molley Gu ; t résumer nouvelle un a e foirevendicationss se s : "II est impensable qu'alliés devant le péril en Europe, nous nous divisions devant les manifestations plus insidieuses de ce même, danger en Asie et en Afrique... Notre solidarité peu t doie t t s'affirmer dan- sdo tous le s maine t dane s s toute s régions.le s " (128 communique L } é fina fere s ri l apa mention de ce désaccord ni d'aucun autre d'ailleurs.

La conclusion sera apportée le 1er mars lorsque Guy Mollet déclare- ra à New-York: " Mon seul but était de m'assurer que la vieille amitié en- tre les Etats-Unis et la France était toujours aussi solide, et j'étais rempli d'espoir. J'ai eu le plaisir de voir que les choses allaient encore mieux que l'avaie n e j s espéré i e suij grans e t succèse L des qu j'a.encor e u e qu si e maintenant sous cette impression. Je puis t espéreaprès-midce e qu r t demaine i , j'aura nouveaue d i x sujets de satisfaction. Mais dès à présent, je puis considérer ma visite comme une grande victoire." (129)

Le commentaire de politique extérieure du "Monde" situera la visite à sa plus juste place: "Où est la victoire de M.Mollet? Essentiellement sans doute dans l'accueil exceptionnellement sympathiqu t chaleureue x qui lui a été fait par la presse et par le Congrès des Etats-Unis. Il est bien certain que l'opinion américaine ne nous tient plus aujourd'hui ri- gueu l'expéditioe d r e climal e relations qu Suede e tn d t e z s entrs le e

(127) C.Pineau, op.cit., p.219. (128) discours prononcé le 26 février 1957 à Washington, cf."Le monde" du 28 février 1957. (129) Monde"cf. mais2 "Le du 1957. 764

deux pay a retrouvs é la chaleur qu'il connaissait dan e passél s . Mais le sentiment est une chose, et la conduite de la politique une autre. Les Etats-Unis continuent de penser qu'ils servent mieux les intérêts de la paix et de la résistance au communisme en menant tout seuls leur politi- quu Proche-Orienta e ' "alliancL . e totale" dont M.Guy Mollet s'està maintes reprises déclaré partisan n'est pas près de voir le jour." (130)

On ne saurait mieux traduire le fait que les Etats-Unis ont refusé d'admettre les prétentions françaises qui débordaient du cadre européen ou algérien: la France est bien réduite aux dimensions d'une puissance régio- nale qui même dans ce cadre a besoin du soutien américain. Quel prix fut- il payé? On le saura peut-être un jour: contentons-nous, en attendant, de citer deux écho e négociationd s s secrètes franco-américaine auraieni qu s t basa l rapprochemenu d eà é ét t entr deus le ex pays e brui:"L t court avec insistance depuis quelques jour e l'appusqu i américai Francea l à n , lors du débat sur l'Algérie à l'O.N.U., n'a été obtenu par M.Pineau que contre un accord permettant une large pénétration des capitaux américains dans l'exploitation des pétroles du Sahara." {131} "La Croix" du 7 mars 1957 confirme séjoue "L : M.Mollee d r Etats-Unix au t coïncida s é ave conclua l c - sion favorable de négociations entre un groupe de banques privées améri- caines et françaises pour l'octroi de crédits à court terme... Il est question aussi de discussions avec les pétroliers américains pour la mise en valeur, en commun, des énormes gisements du Sahara."

Que reste-t-il donc, début 1957, de ce qui faisait l'originalité générosita l t e politiqua l e éd e étrangèr Fronu ed t républicain n seuU ? l domaine n'a pas été réduit en poussière par les échecs subis: l'Europe. s socialisteLe s devron e contentets e thèmc e rd e pour assure a défensrl e de leur action extérieure.

Mai plua l s s surprenant conséquences de e cette d s e année t 195es 6

(130) cf."Le Monde" mars2 du 1957. (131) "France-observateur" du 2l février 1957. 765

sans aucun doute l'absence de sanction parlementaire à l'égard d'un Gou- vernement que l'adversité ne semble pas affecter. Alors que Eden doit dé- missionne janvie9 e l r r 1957 Gouvernemene l , t français traverse sans dom- mage apparent les conséquences désastreuses de l'affaire de Suez. Le pa- radox e fai n ee souligne tqu r avec plu e vigueud s r l'impuissance volon- taire de l'Assemblée nationale, incapable de trouver une majorité de re- change que la droite, trop heureuse d'avoir trouvé un socialiste " res- ponsable ", ne souhaite d'ailleurs pas encore. François Mauriac constate ce phénomène: "Je ne vois rien de comparable dans notre Histoire proche ou lointaine à ce qui se passe en ce moment. Jamais les conséquences d'une politique n'ont accabl s auteurse é s dan délan u s i aussi court. Jamai- re s tour de flammes ne parut à ce degré l'oeuvre d'une Némésis impatiente. L'ultimatum de la Russie, l'inimitié glacée des Etats-Unis, leur politi- que implacable qui se moque de nos susceptibilités, qui ne tient compte ni de notre intérêt ni de notre honneur, les condamnations de l'O.N.U. et ses mises en demeure humiliantes, tant de mécomptes dont le moindre eut suffi naguère à chasser des affaires ceux qui en furent les inspirateurs et les auteurs, n'ont pas fait vaciller Guy Mollet. Et c'est trou direpe pe socialistc : e demeure l'idol a droitel e d e . La politique qu'elle lui avait inspirée, elle ne la renie pas.

....Le Président du conseil demeure donc leur homme. Il est plus étrange encore que le pays manifeste si peu d'irritation. C'est qu'il se sent solidaire. Convenons-en: l'opinion avait bien accueill campagna l i e d'Egypte n pous raison.No de r s basses e sursau:c t qu'appelaient tant d'hu- miliations subies ,e reni l ells aujourd'hui e pa en e . C'es e montrets r beau joueur. Mais quelle conjoncture singulière! Voici sans doute la première fois dans l'histoire de la République qu'il ne se trouve pas d'opposition pour tirer bénéfice d'une défaite." (132)

(132) "L'Express" novembreO 3 u d 1956, t F.Mauriace 1, op.cit., p.285 "Le Gouvernement socialiste actuel, ivre d'échecs jusqu'à l'euphorie ne

titube même plus parce qu'il est irremplaçable." (14 janvier 1957, id.f p.292.) 766

Situation absurde s'il en est: Guy Mollet et C.Pineau " ne vacillent pas. La complicit e toud é s les maintiendr n placee a . C'est qu'in u s l pa n' a y seul innocent dans cette histoire. La politique algérienne et égyptienne du Gouvernement était celle de la droite. Les socialistes l'ont accomplie. Quant au parti communiste, le sang des Hongrois l'étouffé. Qui donc jette- rait la première pierre à Guy Mollet? D'ailleurs, il nous importe peu qu'il s'en aill u qu'io e l demeure, s'ie devain l t plus reste u Présidenra t du Conseil français qu'à regarder du côté de Washington et à attendre un mot d'ordre." (133)

s compensationLe s sentimentale visita l e e sTd d ae Reine ElisabetI I h avri2 1 e nu la Franc 1959 suffirone n u 7d e s cependantpa effacetà r les trace s échecde s s subis. "Jamai a IVèml s e République n'avait mis autant de faste et le peuple français autant d'enthousiasme dans la réception d'un souverain étranger. M.Guy Mollet, dan messagn su bienvenuee d e , pou- vait déclarer à juste titre: "Jamais l'Entente cordiale n'a été aussi vivant e maintenantequ , renforcé notrr epa e travais lle r commupa t e n difficultés supportée n commun...e s magnificenca s r "pa a réceptiol e n pouvait être comparé celleà sièclee d e s plus fastueux." (134)

C'est pourtant de Grande-Bretagne que viendra le coup qui manquera de mettr n terniu e e n Gouvernemenu à t Mollet politiquement moribond- ef n E . i 1957fet,lma , 3 1 eM.Ma c Millan, Premier ministre britannique, boit jusqu'à la lie le calice des erreurs de son prédécesseur en annonçant qu'il autoris s navirele e s anglai sà emprunte rà nouvea e canal u e Suezd l . n alliéLâchso y Moller ,Gu pa é t pressentan nécessita l t e prendréd e bien- tôt la même décision, offr a démissioes Conseiu a n s ministrei de lma 5 1 u sd 1957. Mair pressiosu s Présidenu nd t Cot t pouye r qu'elle n'apparaisse pas comme une " dérobade " dont l'accuse déjà la doite, Guy Mollet la re- prend.L'heure du départ n'est pas venue. Elle ne devait pas, décidément, sonner à la suite de difficultés d'ordre extérieur puisque, six jours plus tard, c'est la politique économique du Gouvernement qui allait entraîner sa chute.

(133) "L'Express" novembre6 1 u d 1956, t F.Mauriac,e op,cit.f p.282. (134) "L'année politique 1957", p.333. 767

CHAPITRE IV

A L POLITIQUE INTERIEURE

"En matière économique et sociale, nous nous rejoignons dans a volontél e défen-d dre, de conserver, de protéger 1'économie monnaie.la et sera ne Mais ce possible gué si, dans le même temps, la classe ou- vrière sûreest quechosesles seront trans- formées à son profit."(t)

Molley (1Gu ) l'Assembléeà t nationale,i 1957.ma 1 2 e l 768 769

"L'action politique, économiqu t sociale u Gouvernemend e t exclu- ra d'un côté l'inflation et la dévaluation et, de l'autre, l'injustice sociale." (2) En définissant ainsi le cadre général de la politique du Front républicain y Molle,Gu t s'engageait e suvoirun e étroit i avaiqu e t suscité l'opposition précoce de M. Mëndès-France. Les risques inflation- nistes dûs pour une large part aux efforts consentis ou à consentir en Algérie pouvaient déséquilibrer toute l'économie française. Nous avons déj u l'occasioe à n d'évoque désaccore l r d surgi entr deus le ex leadere d s la coalition gouvernementale. Alors que le Président du Conseil maintien- a qu'i t possibldr es l e mened e r simultanémen e politiqutun e économique équilibré e politiquun t e e sociale généreuse e leade,l r radical s'effor- cera de montrer que cette dernière est impossible tant que le problème algérie paia l xi é régl avai"S ét n : s n'é tpa a été rétabli n Algérie u o e si elle était en voie de rétablissement prochain, un certain nombre d'a- méliorations sociales et économiques auraient été possibles. Mais, dans la mesure où le conflit algérien se prolongeait, ce n'est pas vers une amélioration sociale, vers progrèsde s , vere augmentatioun s u nivead n u de vie que l'on pouvait s'acheminer ; bien au contraire, c'est l'austé- rité qui s'imposait. J'ai demandé... aux partis qui nous étaient associés d'écarter l'illusio e nouqu n s pourrionsi a tou s tle faire a foij l ; sà e mis en garde contre le risque de faire éclater la monnaie par l'inflation, j'ai vu qu'ils n'acceptaient pas une politique financière de sévérité, de rigueur e diminutiod , s dépensesde n e réductio,d e l'impassed n . C'est alors que j'ai été amené à refuser le portefeuille des Affaires économi- e proposaim quee qu sMollet. y Gu t ) (3 "

Mai . Mëndès-FrancM s e passe pou n "oiseau r e mauvaisd u e augure". La détentio s deude n x portefeuille s Affairede s s économique s Affaide t -se res sociales donne aux socialistes l'impression qu'il ne pourra y avoir de tension, traditionnell matièrea l n e , entre les deux secteurst E . puis, l'on est optimiste sur l'issue du conflit algérien dont le réglé-

es; "L'année politique 1956", p. 465. (3) M. Mëndès-France : "Politique et vérité", op. cit., p. 78-79, 770

ment ne saurait tarder grâce à la nouvelle politique projetée. C'est grâce S cette quasi-certitud trèe l se eprudenqu t Paul Ramadier accepte de remplacer Robert Lacoste, partant pour l'Algérie mettre d t ,n e e place des mesures économiques et sociales dont le 6 février 1956 n'a pas changé le contenu.

Aucun bouleversement de nature révolutionnaire n'est prévu. La na- tionalisation de la sidérurgie, défendue par la S.F.I.O. pendant la cam- pagne électorale,est abandonnée par le Congres socialiste du 14 janvier 1956 avant même que les négociations sur le programme gouvernemental n'aient été sérieusement engagées avealliés le c s radicaux. Il s'agit simplement,pour reprendre le thème alors usité e ",d conforters "le mécanismes économique t sociause achemineni qu x t sans douleurs depuis 1936 et surtout 1945, la société française vers la transformation sociale. Les moyens politiques disponibles début 1956 ne permettaient d'ailleurs pas autre chose: "Mon Gouvernemen ta don c simplement étGouvernemenn u é t à direction socialiste. Si, je crois pouvoir le dire, toutes ses mesures ont été conformes à l'idéal socialiste, il a dû borner son action à ce qui était politiquemen à tl a limit u possibled e . Nécessairement partielles, ses réalisations n'en constituent pas moins un progrès véritable dans la démocratia l voi e d e e sociale.) (4 "

C'est le contenu de ce possible et ses limites tôt atteintes que nous examinerons dans une première section. Nous verrons ensuite qu'en matière de politique intérieure, la politique économique et sociale n'est pas le seul domaine où le Gouvernement à direction socialiste se conten- te facilement de gérer le cadre établi: en matière institutionnelle, dans le domaine de la pratique du régime républicain parlementaire, là aussi, les socialistes non seulement ne feront guère preuve d'originalité mais se fondront totalement dans la tradition libérale.

Mollet:y (4Gu ) "Bila perspectivest ne socialistes", op.cit., p.68-69. 771

SECTION I : LA POLITIQUE ECONOMIQUE ET SOCIALE

§ 1 : L'OFFENSIVE SOCIALE

Une affiche électorale de la Fédération de la Seine de la S.F.I.O. proclamai décembrn e t e 1955: "Complétons 1936!" C'est l'état d'esprit dans lequel est mise en place la politique sociale du Front républicain, au sein du cabinet d'Albert Gazier.(5 comparaisona L ) i s vivemen, t répudiée l r esu plan politique, sere n , a cependant guère possible. Elle guide malgré tout un certain nombr mesuree d e s annoncée Molley Gu r t pa sdandiscourn so s s d'investiture: suppression progressive des abattements de zones de salaires qui favorisaient la région parisienne au détriment des travailleurs de pro- vince, développemen conventions de t s collectives» augmentatio le and durée des congés payés, création d'un "Fonds national vieillesse, dont l'objec- f ti essentiel doit être d'assure même eun r retraite minim t décente a eà tous les Français." (6)

Dans ce programme, rien qui heurte fondamentalement les positions de la classe dominante: dans tous les cas, il s'agira d'aménager, de compléte , pluou rs rarement créere d structure,s Le . s sociales,e s strucle t - tures économiques dont elles dépendent, n'en seront pas modifiées profon- dément. Faute de vouloir et de pouvoir agir sur ces dernières la politi- que appliquée par les socialistes n'aura qu'un champ d'application res- treint à la marge de manoeuvre tolérable par le système capitaliste. Il ne s'agira donc plus que d'aménagements, appréciables certes sur le moment, mais récupérables par la suite pour la bourgeoisie, aménagements qui ne pourront participe d'ue nqu r socialisme superficie t éphémèree l .

(5) Témoignag e Claudd e e Fuzier, entretien avec l'auteur. (6) Guy Mollet, discours d'investiture, 31 janvier 1956, in "L'année politique 1956", p.464-465. 772

A" l:§_"_socia}isnie-distrîbutif_"

Deux domaines essentiels sont inclus dans cette rubriques le : conditions de travail et la protection sociale.

Le 23 février 1956, l'Assemblée nationale ouvre ses travaux légis- débalatife l r lr esu stpa projei 1à portan8lo 2 e jour1 d t e d st ouvra- bles le droit des salariés aux congés payés annuels. Le rapporteur socia- liste, H.Coûtant, conclut ainsi son intervention: "Juin 36! Juin 561 Vingt ansone s s t écoulés 1936n E s .travailleur le , t bénéficison é pou a prel r - mière fois de douze jours ouvrables de congés payés. En 1956, ils auront droit à trois semaines. Nous suivons ainsi, mes chers collègues, la voie qui nous avait été tracée et nous restons fidèles aux principes qui ani- maient l'action de nos anciens." (7) Le projet ne suscite pas d'opposi- tion notable, beaucoup d'entreprises ou de branches d'activité appliquant déjà des congés payés de trois semaines.

Quelques amendements, maintenan r exemplpa t s jourle e congée sd s supplémentaires alloués jusque-l mèrex au famillee àd s - en jour2 r { s pa s fant) et dorénavant fondus dans l'augmentation de la durée annuelle portée à trois semaines, sont refusés par le Gouvernement qui semble décic, à en finir au plus vite avec cette question. Pour ce faire, il recourt aux grands moyens: ce n'est pas moins de quatre questions de confiance qui seront posées pour maintenir l'intégrité du projet original.

Les deux tactiques contradictoires de la droite et du P.C.F. trouve- ronpremière un t e occasio manifestee s e nd l'occasioS r votess nde e l , 28 février 1956. M.Waldeck-Rochet votann "E : t aujourd'hu a confiancl i u ea Gouvernement, nous exprimons également notre volont voie éréalid e s r -

(7) J,O. des Débats, A.N.f 23 janvier 1956, p.448. Le projet prévoyait le fractionnement possible des congés avec octroi dans cette hypothèse de deux jours supplémentaires. 773

ser l'unité d'action indispensable entre socialistes et communistes et l'union de toutes les forces de gauche pour faire triompher la politi- que pays."(e voulul r pa e 8) Sur l'ensembl n projetso e d e, le Gouvernement obtiendra 452 suffrages favorables contre un seul opposant (et 76 absten- tions.}.

mar8 L1 e s 1956 décren u , t réduit d'un tiers l'abattement entre zones de salaires, ramenant la différence entre elles de 18 à 12.%,(9)

Voil constituaii à qu pou e rc n quelque t e sort s " ede hor s d'oeuvre" dont l'absorption ne posait guère de problèmes à la représentation natio- nale. Plus difficile ser a réalisatiol a u troisièmd n e objectif créaa l : - tion du Fonds national de solidarité.

Le déba r letsu projet gouvernemental début4 avri2 e à l'Asseml e - blée. Il sera lon r lt animéee gsu princip n ,no e même (personn e peuen t s'opposer à ces mesures élémentaires de solidarité à l'égard de ceux qu'on appelle les "vieuxs "vieilles")le t e " financemene ,l mair su s Fondsu d t . M.Ramadie t tenidu r r compt e deued x impératifs: imagine s ressourcede r s fiscale n'aieni e conséquencequ sd s tpa s inflationnistes t évite,e r d'ac- croître l'injustice d'un système d'impositio socialistes le e qu n s combat- tent violemment en attendant de pouvoir le réformer. Cette seconde contrainte aboutissait à l'alternative suivante: peut-on créer de nouveaux impôt u alourdio s r ceuexisteni qu x t accroîtrte e l'injustice fiscaleu o bien doit^on procéder au préalable à une réforme globale de l'imposition qui risque fairs e ed attendre plusieurs mois?

La s prixtensiole r , su spécialemenn t les pridenrées de x s alimen-

(8) J.O. des Débats, A.N., 28 janvier 1956, p.543, (9) Roger Quilliot notcettee qu e décision t prisefu d'autant plus faci- lement "gué L'année 1955 avait vu les écarts de salaires croître notable- ment a régionprofitl u a e d parisienne t ae u détriment e touted provin-a l ce." (op.cit., p.631.) Pour fonctionnaires,les l'abattement zonesde concernant calculle des traitements est ramené de 1O à 8%. 774

taires accrue par la perspective de mauvaises récoltes dues à la sévérité de l'hiver, ajouté ee saturatio àun capacita l e d n e productiond é , firent écarter les solutions qui auraient eu des conséquences inflationnistes; l'urgenc u projed e t du à el a situation fréquemment misérabl s " de evieu x " fit préférer l'injustice fiscal à el'attent e d'une réforme globale.

M.Ramadier doit trouver une masse de crédits de 140 milliards de francs. L'essentiel sera fourni par la création d'une taxe sur les automo- biles, la célèbre " vignette ", qui rapportera 64 milliards, la majoration e l'impôrevend e l % r dt diverse10 e usu t s autres ressources e poch"d e ". Ce transfert de revenus au profit de la population âgée permettra de ver- ser une allocation fixe de 31 200 F par an à tous les plus de 65 ans si leur revenu est inférieur à 258 000 F pour un couple ou 201 000F pour une personne seule.

s inconvénientLe financemenu sd t envisagé sont patents: "L'augmen- tation de 10% de Timp&t sur le revenu augmente de 10% l'injustice fisca- le", déclare le socialiste Peyrassol à quo e i;c Albert Gazier, ministre des affaires sociales répond: "Si on veut réaliser la réforme fiscale avant le Fond e solidaritésd vieus le , x n'auront rien. Nous nous trouvons donc obligés à des injustices fiscales, mais la misère des vieux est une injus- tice plus grande encore." (10)Le Gouvernement butte déjà sur les limites d'une action social jouu a econtente joure s rl i ,qu e replâtrageed s desti- à supprime s né s tare moins le r le s s supportable n laissane s t subsister s déséquilibrede s plus profonds.

M.Reynaud dénoncera les risques inflationnistes du projet et re- joindra M.Mendès-France dans l'exigence d'un règlement préalabl u prod e - blème algérien. Deux questions de confiance forceront la majorité de fait du Gouvernemen tà vote r l ei 1956 3 voiprojema 33 5 x.r e contrtpa l , e95 e vot(L e sépar s moyenéde e financemend s t n'avai tseula l réun e e qu imajo - rité de Front populaire tant attendue par les communistes, soit 260 voix contre 138, la plupart des républicains populaires et des radicaux s'étant

(lO)Comité directeur du 28 avril 1956. 775

abstenus).

i 1956ma e Consei n ,l Républiqua l Fi e d l e repousser s impôtle a s nouveaux prévus par le texte, et une navette d'un mois s'engagera avant le compromis final et le vote définitif du 26 juin 1956 par l'Assemblée nationale.

Ave e scrutic n s'achève la réalisatio s objectifde n s fixén se matière y socialMolleGu r tpa e dann discourso s s d'investituren So . rythme a été relativement rapide: à l'imitation de ce qui s'était produit en 193 ù le6o s réformes sociales furent votées pour l'essentiel pendant le moi e juind s , s'ajoutait la crainte d'être renversé avant d'avoir épui- sé le programme projeté; M.Gazier déclare ainsi le 18 mars 1956: "Le Gouvernement...à tout moment, doit s'attendre à voir sa majorité défail- lir et il doit donc procéder de manière à pouvoir, à tout instant, laisser derrière lui un certain nombre de réalisations acquises. Toute autre serait la situation s'il disposait d'une majorité stable, lui permettant d'envi- sage e actioun r n à longue envergure; alor pourrail i s t consacrer l'essen- n activitso tie e d l à prépareé s réformele r s profonde à effes t plus loin- tain, mais certainement plus importantes," (11)

Dès la fin du mois de mars, le Gouvernement, surpris d'être enco- re en place, doit envisager son maintien en fonction et le contenu d'une politique qu'il ne pensait pas avoir l'occasion de diriger aussi long- temps n programmso : e social primitif étant réalisé ,faui in lu metlte - tre un autre sur pied. Le même obstacle qu'en janvier se présente à nou- veau: l'inflation, aggravés conditionde r pa e s économiques détériorées que nous verrons plus loin. Il n'est donc pas davantage question, en mars que deux mois plus tôt, d'envisage e revalorisatioun r s salairesde n e l ; S.H.I.G t d'ailleur.es s index r l'évolutiosu é s pri de e détaind xe qu l l'on s'efforce de maintenir en-deçà du seuil à partir duquel jouerait la

(11) Conférence des secrétaires fédéraux SFIO, 18 mars 1956, compte-ren- du, p.153. 776

clause d'échelle mobile.(12)

Des lors, les nouvelles mesures sociales, comme les premières, sont soumise x disponibilitéau s s financières d'une gestion hérités de e prédécesseurs; c'est ce que signifie Albert Gazier aux responsables de la S.F.I.Q.: "La situation économique et financière, qui a été laissée par les Gouvernements précédents, est au moins aussi mauvaise que celle décrit r nouspa e , pendan campagna l t e électorale n résulte l I .e l aqu e marge disponible dans Vimmédiat pour le progrès social est une marge réduite. Et les camarades qui pensaient qu'il est possible d'aller beaucoup plus loin que le programme du Parti ne l'a tracé, doivent bien se rendre dompte qu'en émettant cette demande, ils rendent indirectement un hommage immérit Gouvernementx au é s précédent à l'Assemblé t se e précé- dente, en supposant que la situation qu'ils nous ont laissé permet plus que ce que nous sommes en train de réaliser." (13)

De la satisfaction de revendications que Ton qualifierait au- jourd'hu e "quantitatives"d i faul ,i t passe rà cell e revendicationd e s "qualitatives", pou plupara l r n coûteusesno t .

Ne portant pas sur une transformation fondamentale des rapports e productiond nouvella ,l e politique social e pourrn e a qu'être plaquée s rapportle r su s sociaux t habillag.Ce e "qualitatif" déguisera imparfai- tement ce qu'il faut bien appeler une "pause" sociale bien que le ter- me, rappelant trop les mauvais souvenirs de 1936-1937, soit violemment Gouvernementrécuse l r pa é . Il n' e ypausd aurs epa a dans l'actio- so n ciale gouvernementale» mais il y aura inévitablement pause en matière de transfert e revenu d se "socialism d t se e distributif généraln e " .

(12) En la matière, un effort unique et important fut réalisé dans la revalorisation salaires.des consista Il augmentation une des en 25% de salaires agricoles en Algérie (décret pris en conseil des ministres le 17 mars 1956.).

(13) Conférence secrétairesdes fédéraux SFIO, mars18 1956, compte-ren- du, p.153. 777

B- L'action-sur_les_rapgorts_sociayx

M.Gazier expose le second programme social du Gouvernement le 6 avril 1956, à l'occasion d'une conférence de presse. Il comprend l'élabo- ration d'un nouveau statut des travailleurs S domicile, la réforme des procédures de conciliation dans les conflits collectifs pour favoriser la signature de conventions collectives, la création de congés d'édu- cation ouvrière, 1'extensio duréa e l licencied u préavie ed s d n ca n e -s ment réalisatioa l » u remboursemennd s fraide s% médicau80 tà x après normalisatio s rapportde n s entre Sécurité social médecint e - t lre e s classemen s travailleurde t s handicapés.

Aucune de ces réformes ne sera achevée lorsque le Gouvernement y MolleGu t sera i 1957renversma ,1 2 maie él s toutes auron e templ u ste d'être élaborées, parfois déposée bureae l s Assembléer ude su s s avant d'être achevées par les cabinets postérieurs de MM.Bourgès-Maunoury ou Gaillard.

La réform u statued s travailleurde t domicileà s , adopté n pree - mière lectur r l'Assemblépa e e nationale, apporter à aceux-c n certaiu i n nombre d'avantages réservés jusqu'alor travailleurx au s e droisd t commun: généralisatio a législatiol e d n n .sociale, avenants dans conventionle s s collectives, conditions de travail ( paiement majoré d'heures supplé- mentaires par exemple). Dans le même temps, le renforcement des obliga- tions des " donneurs d'ouvrage " doit permettre d'éliminer le travail 11 noir ".

Le rôle des commissions de conciliation en ce qui concerne les conflits collectifs du travail est renforcé: elles peuvent désormais in- tervenir dans tous les conflits et notamment ceux découlant de négocia- tions collectives (convention u accordo s s d'établissement) comparua L . - tion devant ces commissions devient obligatoire, et les manquements sont sanctionnés pénalement. Si la commission échoue, un médiateur peut 773

être désigné demanda soil à ts partieede s soit d'offic lr epa esecrétai - e d'Etar u Travailta s pouvoirSe . s d'information sons plule t s larges.

Une protection spéciale des travailleurs handicapés sera instituée. e SecrétairL e d'Eta u Travaita l sera habilit à réserveé n certaiu r n quota de poste e travailsd , dane airun s e géographiqu u professionnello e - va e riable selon les besoins, aux handicapés physiques ou mentaux. En cas de licenciement, ceux-ci bénéficieront d'un préavis d'une durée double de cell ea loi l fixé ,r lepa e s convention s usagesle u o s.

Adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale, une loi institue des congés non rémunérés de douze jours ouvrables par an desti- nés aux travailleurs souhaitant participer à des stages agréés d'édu- cation ouvrièr formatioe d u o e n syndicale.

Un projet de loi ayant reçu l'accord de l'ensemble des organisa- tions syndicales, patronales et ouvières étend à un mois la durée du préavis de licenciement des salariés. Jusqu'alors, sauf convention ou usages plus généreux étail ,i t identiqu démissioa à celuel e e d i un ( n semain u quelqueo e s jours dans la plupar s castde , parfois simplement quelques heures.).

C'est sans dout projee l e M.Gaziee td r concernan Sécurita l t - so é ciale qui souleva la plus grande opposition parmi les milieux profession- nels. L'ordonnance du 19 octobre 1945 réorganisant la Sécurité sociale prévoyait le remboursement de 80% des dépenses médicales et notamment des honoraires des praticiens. Les conventions médecins-caisses de Sécurité sociale devenaient de moins en moins nombreuses au fil des années et la plupart des médecins, dentistes ou autres auxiliaires médicaux, profi- taient du flou du texte de 1945 pour fixer leurs tarifs aussi librement i ls a e Sécuritqu é sociale n'existait pas. L'écart devint considérable entre les honoraires pratiqué Sécurita l t ceue e s qu x é sociale retenait pour applique remboursemene l r tà 80% n d'autre,E s termes tickee ,l - tmo dérateur restant à la charge des assurés sociaux excédait largement les 779

20% prévus. Pour mettre un terme à cette évolution, et faire disparaî- e cetttr e distorsion, M.Gazier projett fixee ed s honoraire le r s médicaux , plafonF 0 70 à d au-delà duque s médecinle l s devraient e figureun r su r liste communiqué caissesx au e . Leur clientèl peue r ailleuren pa t s exiger aucun remboursement. L'ensemble des organisations syndicales de salarié a Fédératiol t se n riational Organismes ede Sécurite d s é Sociale soutiennent le Ministr Affaires ede s sociales. Mai e Présidenl s e d t l'ordre des médecins s'y oppose violemment, de même que la Confédération des syndicats médicaux; tous brandissent la menace d'une disparition de la médecine libérale, paravent habituel des privilèges menacés. L'af- faire s'enlise tou lonu a l'année t gd e 1956 dans conversationde s s labo- rieuses entr Ministree el , la F.M.O.S.S t lee .s organisations profession- nelles. M.Gazier devra reconnaître l'erreur d'avoir prévu dan e projel s t initial des sanctions correctionnelles contre les praticiens en infrac- tion aves caissele c Sécurite d s é sociale.(Une juridiction professionnelle sera substitué systèmu ea e primitif.) Mais tous les divers amendements consentis n'entamen s l'oppositiopa t médecinss nde texte L . dépassere en a pa e stadl a Commissiosl e d e Travaiu d n l'Assemblée d l e nationali equ l'adopte avec quelques modifications sensibles le 11 mai 1957.

L'action gouvernemental t enfiemi n l'accens problèmele r su te d s main d'oeuvre: immigration accrue pour pallie e déparl r disponibles de t s pour l'Algéri t l'allongemene a duréel service u d d t e militaire, déve- loppemen a formatiol e d t n professionnelle dan a perspectivl s l'arrie ed - vée des classes d'âge les plus nombreuses sur le marché du travail.

Le bilan globa cette d l e politique social t appréciableees , même i s tous projetle s s n'on , faut pu ttempse ed , être mené leuà s r terme par le Gouvernement Guy Mollet. Seule la réforme des comités d'entre- prises n'a pu être engagée malgré ses implications limitées à l'élargis- semen hypothèses de t simple d s e consultation obligatoire. Bilan apprécia- ble donc, mais restreint par le cadre politique général de l'exercice du pouvoi r lespa r socialistes: " Notre souci favoriseprincipae d é ét a rl l'évolutio rapports nde s à l'intérieu l'entreprisee d r , entre le patron 780

ouvriers e tse travailleurss Le . s , dont T activité conditionn mara l e - che de l'entreprise, ont droit à des garanties. Ils ont droit aussi à être associés à la vie de l'entreprise à laquelle ils donnent le meilleur d'eux-mêmes.

L'aménagement des rapports patrons-ouvriers permet, sans mesures spectaculaires e donne,d n fondemenu r t plus solid a pail xà e socialee .J suis toujours stupéfai e l'incompréhensiotd n qu'au détrimen e l'intéd t - rêt général une partie du patronat manifeste à l'égard de telles initia- tives." (14) " favoriser l'évolution... être associés.... aménagements des rapports.... sans mesure spectaculaire... paix sociale... intérêt général..." vocabulaire ,l t révélateuees modératioa l e d r e l'actiod n n entreprise, de la volonté de ne rien faire qui puisse effaroucher la classe dominante a réform.L e qui, dane perspectivsun e plus large, reste le moyen fondamental de la transformation sociale se réduit ici à quel- ques touches successives sans conséquences sur la structure des rapports de production. Ainsi limitée, la politique sociale ne pouvait que tomber sous le coup de l'accusation conservatrice classique dvidee r les cais-

ses de l'Etat " sans prendre les moyens de les rempliru à nouveau; accusa- tion d'autant plus justifié e leequ s tensions économiques croissantes exi- geaient, dan cadre l s systèmeu d e e politiqu,un e d'austérit e révélaiqu é t le second plan socia Gouvernementu d l .

§ 2 ; LES BLOCAGES ECONOMIQUES ET FINANCIERS

En matière économique comme en matière sociale, c'est 1'imprévi- sion qui fut la règle: persuadé de ne pas rester en place plus de quel- ques mois, voir e quelqued e s semaines Gouvernemene ,l t n'élabora aucune politique cohérente en se contentant d'agir au coup par coup. L'axe de la lutte principale fut l'inflation et l'évolution des prix à la consomma-

(14} Guy Mollet: "Bilan et perspectives socialistes", op.cit.f p.77. 781

tion desquels dépendait tout série un ee mécanisme d e i pouvaienqu s t conduire l'économi à el'emballemen a catastrophel à t e t .

A~ Le_colinatacie_des_br!ches

Paul Ramadier, ministre des Affaires économiques dresse devant son groupe parlementaire un bilan peu encourageant de la situation léguée s prédécesseursse r pa fone tableau d "L d: t form es r ula pa éhauss s prixde e , déclenchée à la fin de l'automne dernier à un rythme relativement lent mais continu... dans l'ensemble les prix ont monté et la tension reste grande... nous allons donc nous battre toute Tannée contre les prix ali- mentaires d'abord, mais la répercussion s'étend partout et si elle venait à se généraliser, nous serions vraiment en présence de la destruction de l'équilibre qui s'est maintenu pendant quatre ans." (15)

A cette hauss s prixde e , plusieurs explications: l'absenc e réperd e - cussion tout d'abord de la baisse des matières premières enregistrée à la fin de la guerre de Corée, en 1952-1953, puis une amélioration relative du niveau de vie des salariés en 1955 (cf. accords Renault de septembre 1955 qui ont donné l'exemple à beaucoup d'autres secteurs ), amélioration qui a accentué la demande intérieure, ensuite l'augmentation sensible des dépenses de l'Etat qui doit faire face au coût sans cesse accru de la guer- re d'Algérie ( coût militaire auquel s'ajoute le coût des réformes } et de l'expéditio e Suei d nrenchéri qu z t considérablemen s approvisionno t - nements en pétrole et réduit la production, enfin des raisons très conjonc- turelles comm e forted e s gelées prïntanières qui frappent duremena l t production agricol t nécessitene interventioe un t n accru l'Etate d e .

Le front des prix devait être absolument tenu et toute la politi- que économique fut consacrée au non-dépassement par l'indice des prix du seuil de 149,1.

(15) Groupe parlementaire SFIO, réunion du 14 mars 1956. 782

En effat, au-delà de ce seuil, le Gouvernement,en fonction de l'échelle mobile devait revaloriser le S.M.I.C., ce qui entraînait, par voi conséquence ed e directe e revalorisatio,un n assez général s salaiede - s donre t beaucoup étaient eux-mêmes indexéS.M.I.Ce l r su sr l'indic.O e des prix de détail (213 articles) atteint en février 1956, 148,1, niveau que le Gouvernement franchis réussirpa e r diversen pa rà a s mesuree sd nature " dirigistes t "e " interventionnistes " distinguant seulea s gestion économique de celle de ses prédécesseurs " libéraux ". (L'indi- ce sera à 148, septembrn 3e e 1956, 148, décembrn 1e e 1956.)

s importationDe s dites choe "d c e produit"d s alimentaires seront organisées pour faire face à la pénurie qui frappe les récoltes de 1956, arrêtn e u t9 juille 1 u éd t 1956 bloquer plupara l a s pri niveau de ta x u attein 5 jui1 ne l t précédent. Mais surtout, M.Ramadier procèd eà diver - s pressionse r certainsu s s pri e produitd x s composant l'indice, subven- tionnant des productions ou en détaxant d'autres: c'est ainsi qu'une loi 7 mard2 u s 1956, prorogé emêma l 7 juil 2 eee d nannée , suspen taxes le d s indirectes sur des produits de consommation courante (12% sur les produits d'épicerie), qu'une subvention est allouée au Gaz de France pour lui permettre d'abaisse s tarifse r 20%e mesures sd Ce . e suffisansn t pasn ,e avril et mai, le ministre des Affaires économiques intervient sélecti- vemen n exonérante te ville d d'impôt z s farinega le , e l ss pour enfant te ...le saucisson sec r ailleurs.Pa marges le , s commerciales sont fixées en valeur absolun plu no n pourcentagee s t e .

Toutes ces pressions sur l'indice sont violemment dénoncées par la droite comme des manipulations, truquages et autres tripotages. Il est vrai que l'indice pert toute sa valeur et ne reflète plus l'évolu- tion réelle des prix. Cependant la défense d'une telle politique est facile noui y Molletqu Gu :s e intéressait"C : , c'étai maintenie td s le r prix des produits de grande consommation, c'est-à-dire de ceux qui inté- ressent avant tout les salariés, les économiquement faibles, les vieux travailleurs. Nous avons systématiquement détax s produitce é , danset s certains cas, nous les avons subventionnés. Ces mesures non seulement 783

Sauvegardaient le pouvoir d'achat des classes les moins favorisées, mais amorçaient une réforme fiscale qui rêpartissait plus justement la charge des impôts," (16)

Au total e son,c 0 milliard 54 t e francd s i figurensqu t dane l s budget de 1956 au seul titre des subventions économiques. (17) Cette politique défensive manque singulièrement d'une audace dont M.Ramadier était sans doute incapable. Elle est marquée aussi, et c'est plus grave, e acceptatiopaun r n singulièr continuita l e d e e gestiod é nà l'égar s de d Gouvernements qui ont précédé. Si l'on excepte les pressions sur l'indi- ce des prix, rappelées à l'instant, c'est sans doute en matière économi- e qulequ es bouleversement s simplele u o ss changements sont les moins sensibles entre M.Edga rMollety FaurGu t e t entr ,e e M.Pina t Pauye l Ramadier.Nous en citerons deux exemples: le projet de bilan de l'action des équipes de la seconde législature, et la politique budgétaire et fis- cale.

Les socialistes avaient annoncé à cor et à cri , pendant la cam- pagne électorale de décembre 1955 et jusqu'à leur congrès extraordinai- janvie4 1 u d re r 1956, leur volont e dressed é bilan u r n impitoyable d e la gestio e M.Edgad n r e Faurceu d i l'avaien qu xt e t précédé depuis mars 1952 .fallail I t mettr n évidence gabegia l e e financière, l'in- cohérence de la gestion économique, les faveurs accordées aux intérêts privés, la dilapidation des fonds publics, les responsabilités dans l'in- flation, le gaspillage des investissements, etc...etc...

Le 31 janvier 1956, dans son discours d'investiture, Guy Mollet n'en souffle plus mot. Quelques mois plus tard, devant les instancee sd son parti, il reconnaîtra que c'est là le seul point sur lequel les en- gagements proclamés n'on s étpa té tenus, pous raisonde r s qu'il n'évoque que très discrètement, avec embarras, et en changeant d'ailleurs de pré- textô:en juin 1956, il laisse entendre que le bilan n'a pas été fait pour

(16) Guy Mollet; "Bilan perspectiveset socialistes", op;cit.f p.82. (17) voir e détaill dans "L'information i 1956ma 4 .2 u d " 784

ne pas gêner les négociations en cours en matière de politique étrangère: fair e bilael n aurait dévoil partie positions éun ede l'oe t obligsqu n es é de reprendre aujourd'hu t auraie i t donc affaibl s négociateursle i y Gu ! Mollet précisera deuplus an sx tard tentatioa "L : n était grand dressee d e r le bilan de la majorité sortante. Je n'ai pas voulu le faire, et cela m'a valu les reproches de mes propres amis. Si je m'y suis refusé, c'est dans l'unique souc l'intérêe d i t national. Pour opérer le redressement indis- pensabl Algérien e Afriqun e , e Noire Europen e , , il fallait demander au pay efforn u s t considérable l i , fallait mobilise énergies le r toue d ss les démocrates pour une oeuvre commune. Effrayer l'opinion et la diviser en relançant la polémique ne l'auraient pas permis. Nous avons préféré garder le silence et agir." (18)

L'explicatio t désormaines s claire: c'es s'aliénes t pa pou e n r r les voix de l'ancienne majorité que le bilan n'a pas été fait. C'est donc l'un des premiers signes auxquels on peut deviner que le Gouvernement recherche- ra bien plus volontiers des appuis parlementaires sur sa droite que sur sa gauche. {Le bilan économiqu t sociae sana l s dout é repousseét é aussi pas ministrele r s radicau Fronu d x t républicai i avaiennqu t tous,précé- demment, été solidaires de la majorité de la seconde législature.)

Enfin, c'est sur le plan de la gestion des finances publiques que l'influence de la droite demeurera déterminante. Le Gouvernement Edgar Faure avait fait vote r l'Assemblépa r e la simple reconductio budgeu nd t de 1955 pour 1956, avec une impasse de près de 1000 milliards de francs. Les dépenses nouvelles en Algérie se monteront à environ 300 milliards de francs soit 200 milliards de plus que ce qui avait été prévu fin 1955, et don l i tfau t trouve financemente l r .

Ce supplément de charges sera inclus dans le collectif budgétai- fai n militaire e r t les e i vot equ budgeu ed l'armée d t e pour 195e 6qu le Gouvernemen M.Edgae d t r Faure avait laiss e soiél faire nd e voteà r

(18)Mollet:y Gu "Bilan t perspectivese socialistes", op.cit., . p.71 785

son successeur. La discussion qui s'ouvre le 24 juillet 1956 devant l'As- semblée national aboutia v ee transformatioun à r n profond u projeed t gou- vernemental. M.Ramadier prévoyait un financement reposant sur un décime supplémentaire de.l'impôt sur le revenu, une taxe civique nouvelle (19), une augmentation de l'impôt sur les sociétés. L'opposition à ces projets ne vient pas que des seules forces conservatrices; les députés socialistes répugnent à l'idée d'alourdir la charge fiscale pesant sur les classes moyennes a commissio.L s financende s repren propositioa l d modérés de n s e l'émissiod n d'un emprun0 milliard15 e td s destin couvrià é dépens le r - Algérien e s se e plafone n'ess o:c l ù danca e e tqu e l'emprunl sd d - se e n t rai s attein Gouvernemene tpa l e tqu t pourrait recouri x impôtrau s nouveaux commissioa l e qu finances de n s modifie substantiellement (20). Emin e s septembre 1956, indexé sur le cours moyen des valeurs raobilieras, et béné- ficiant d'exonérations fiscales appréciables, l'emprunt connaît un grand succès puisque ce sont 320 milliards de francs qui entrent dans les cais- e l'Etatd s se .

e recuL Gouvernemenu d l t clairtes : l'emprunt s'est substitux éau impôts, selon la volonté de la droite, et M.Ramadier a dû capituler pour obtenir le financement de la politique algérienne. Guy Mollet conviendra e Terreud r commis e jour-làc e u moi :juillee "A d s t 1956, j'ai cédéa l S, pression de l'Assemblée nationale en émettant un emprunt au lieu de main- teni n exigencrmo e initiale d'impôts. Cel e éterreua aa partéun m e rd , je le reconnais. Le Parlement m'a fait adopter la solution de facilité, et qu'elle ait été réclamée avec violence par la droite de l'Assemblée, soi-disant champio rigueua l e d n r financière y chang,n' e rien." (21)

Le mois de mai 1956 marque les débuts d'une prise de conscience gravita dl e s problèmeéde s posé t l'annoncse e d'une politique d'austéri- manifeste tqu é collectie l e f " civil " vot ér aoû l1e e t 1956, aprèx sdi

(19) Cette taxe se serait ajoutée à l'impôt sur les revenus dépassant 8OO OOO F. par an. (20) cf. "L'année politique", p.135. (21) 'Guy Mollet.- "Bila perspectivest e n socialistes", op.cit., p.83-84. 786

semaines de débats! Celui-ci fait appaître une impasse globale de 985 milliards contre 806 milliards en 1955 et M.Ramadier déclare: "Nous avons fait ce que nous avons dit. Désormais, jusqu'à ce que la situation écono- mique nous permette d'entrevoir des horizons nouveaux, nous devons honnê- tement déclarer à cett t ,e e Assemblée t S,e l'ensembl classa l e d ee ouvriè- re et de la classe paysanne, qu'il n'est pas possible d'aller plus loin avant que les moyens nouveaux n'aient été mis à notre disposition par l'é- conomie." (22)

r aoûL1e e t 1956 y Molle,Gu t fere déclaratioun a politia l r su n- que économiqu Gouvernementu ed : cett t résolumenees fois-cp ca s e l timi sur l'austérité: "En matière économique et financière comme en beaucoup d'autres domaines drame ,l e algérien impos n styleu e nouvea uà tout a l e vie de la Nation. Rigueur et sévérité doivent être la règle dans tous les domaines." (23) Suit l'annonce de restrictions du crédit à la consomma- tion, d'économies draconiennes sur les dépenses de l'Etat...

H.Duverger tire une conclusion sévère des premiers mois de la ges- tion socialist "Aprè: e moix e pouvoirsi ssd Gouvernemene l , t Mollet s'aperçoit qu'il n'a ni politique économique ni politique financière. Il commence à s'inquiéter de menaces d'inflations dont il est en partie res- ponsable en prenant pour les conjurer des mesures fragmentaires. Qui crai- gnait qu'un ministre socialiste ne fasse renaître le dirigisme ou le pla- nisme? Jamais depuis 1944 on ne s'est moins soucié d'un plan d'ensemble. Jamais on ne s'est plus abandonné à l'improvisation." (24)

Le dernier recul spectaculair Gouvernemenu ed - re t enfi tn es so n noncemen tdéposeà bureae l s Assembléer ude su r n projeso s réforme td e fiscale, jugé jusqu'en janvier 1956 indispensable à la justice sociale.

(22) J.O. des Débats, A.N., 25 mai 1956, p.2O3O, (23) îd., 1er août 1956, p.38O9. (24) "Le Monde" du 27 juillet 1954. 787

Prêt depuis plusieurs années e proje,c t devait remanier Vassietts ede contributions directes et notamment de l'impôt sur le revenu, en augmen- tant leur parrapporr pa t x impôttau s indirects dans l'ensembl s resde e- source e l'Etatsd l devaiI . t d'autre part supprime taxa l r e - localré t e former de système d'imposition des bénéfices agricoles.( exemption des pe- tites exploitation détrimenu a s s plutde s 8 avrigrandes1 e l s 1956)Dè , M.Ramadier déclarait s e l'intention'apa "J :i e pressem e m'ee j d n t nre tiens à des mesures de simplication administratives qui vraisemblable- ment ne seront pas très payantes mais ne soulèveront pas de tempêtes'.1 (25)

s impôtLe s nouveaux créés pour financer le Fonds nationa e solid l - darit collectie l u éo f civil vont bien dans le sen u projesd t fiscas de l socialiste t d'ue s n accroissemen para l e l'impô td e td t direct: celui- ci fournira 176 milliards contre 21,5 milliards d'impôts indirects supplé- mentaire auxquel( s faul i s t enlever encor milliard0 e8 détaxatioe sd n indirecte n'el ).I n rest dépôe moins l epa u e proje td qu s e réformtd e fiscale encore annonc n aoûy Mollee é Gu t r 195tpa 6n'aur s lieupa a .

M.Ramadier essaier e déguised a e reçurc t permanen n prétendante t mesures qule e s fiscales décidées son n faite t autan e réalisationtd s fractionnée e cettsd e réforme fiscale :pourraie l " Autane j e e ,j tqu réaliserai cette réforme par petits morceaux et par petits paquets, en extrayant du projet général qui est établi depuis longtemps déjà, ce qui peut s'insérer dans un projet particulier." (26) Attitude conforme à la prudence du personnage, mais attitude qui ne fait en même temps que refléter la paralysie qui gagne le Gouvernement de Front républicain dans le domaine économique et financier comme dans les autres. La réforme fis- cal verre en a jamai joure l s discussioa ,s n mêm e seramorcées en pa a s :le modéré sy son t trop farouchement opposé t sanse s eux, plu majoritée sd ! Conclusion: plu e réformesd s .

(25) Groupe parlementaire SFIO, réunion du 18 avril 1956. (26) Conseil national SFIO15-16des décembre 1956, compte-rendu, p.376. 788

C'est bien en prisonnier de la coalition parlementaire qui l'appuie que le Gouvernement va affronter Tannée 1957 et des difficultés économi- ques accruen imprévisioso n r imprudencso spa t e n e égyptienne.

B~ Le_grand_écart

Les circonstances de la politique algérienne provoquent à partir du milieu de Tannée 1956 des problèmes d'ordre financier et monétaire de plus en plus difficilement surmontables qui contrastent spectaculairement avec la situation économique générale marquée par une poursuite de l'expan- sion, le plein emploi, l'utilisation de toutes les capacités de production. Cédon sà nouvea a tentatiol à u e l'analogind e historique: la situation fait pense rà cell e l'Ancied e n Régime finissant n pouvaiTo t ,e t repren- dre l'exclamatio M.Mendès-France d n e déclaran n décembrte e 1953 devant le spectacl e l'électioed n interminabl u Présidend e Républiquea l e td : "Nous sommes en 1788!". En effet, toutes proportions gardées bien sûr,dans les deux cas, nous avons affaire à un Etat qui se débat au milieu de mil- le difficultés financières u sei,a n d'un pays prospère à l'activité fourmillante e menacd s e révolutiopa n'el d I .a y n 1956ne , mais plus simplemen e banqueroutetd classes le i s s t dominée,e s n'enduren i famin t - ne ni misère, elles n'en commencent pas moins à revendiquer avec fracas un meilleur t l'écarsortes à .L t entr Gouvernemenn eu e peun i t tqu empêche r la dégradation de la vitalité de TEtat et de la santé des finances publi- e sociétquesun t ,e é industrieus e sens i t qu eencor contraintu pe e r pa e une guerre dont elle soupçonne mal l'ampleur. Un écart de même amplitude pourrait être par ailleurs constaté entre les engagements électoraux des gouvernants, promettant le bonheur de leur peuple en décembre 1955 par le retou rà le meilleura un pai t e x e répartitio u revend n u nationalt ,e une pratique guerrière en Algérie et à Suez qui impose Taustërité.

La poursuit e l'expansiod e n peut sans doute être porté crédiu ea t du ministère Mollet. "Pour la première fois depuis 1949, nous retrouvons un rapport de 21% entre les investissements bruts et le P.N.B. En 1956, 739

comm n 1949e , les socialiste Gouvernemenu a s t pouon tr premier souce d i développer la production et les investissements." (27) La production in- dustrielle augmente de 10,7% en 1956 et de 9% en 1957.

Le tableau Suivant regroupe quelques grands chiffres significatifs e l'évolutiod e l'économid n e nationale:

[.'expansion de 1954 à1957 (28) 1954 1955 1956 1957

Production + 5,5% + 6 % + 5 % + 6,5% Importations + 8 % +1% 1 +17 % + 6 % Consommation des ménages % +4 % 6 + % 5 5, + + 5 % Investissement total 8,5+ % +13 % + 8,5 % +10 ,556 Exportations +12 % + 7 % - 1 % % 9 +

s chiffreCe s font bien apparaîtr déséquilibres le e s majeur l'ane d s - née 1956. L'augmentation des importations (+17%) révèle la surchauffe de l'apparei e productiod l n ains e laqu i forte demande intérieur i n'aqu e pu être satisfaite par le marché français ( produits alimentaires, équi- pements industrie t militaire...)e l misa .L n parallèle s importade e - tions (+17%exportations de t )e n baiss(e s 7%}montre d e e leequ march - in é térieur absorbe tout. Autre confirmation de la " surchauffe ": l'augmen- tatioconsommatioa l e d n ménages nde s (+5,5%) excède productioa celll e d e n (+5%).

Le plein emploi est maintenu. Bien plus, c'est d'un manque de main- d'oeuvr e souffrqu e e l'économie e rappel : s disponiblede l priva l s e d e

(27) R.Quilliot, op.cit.f p.634. (28) Chiffres tirés de J.Guyard, op.cit., p.51. 790

personne momenu a l ù l'activitto plua l st intenseées . L'immigration, italienne notamment, compense difficilement les départs pour l'Algérie certaint e s rappelés seront libérés pour évite s baissede r e productiod s n préjudiciables à l'ensemble de l'économie (les mineurs par exemple ).(29)

Cette situation contribue à la hausse des salaires dont le Gouver- nement encourag négociatioa l e voir conventione pa nd e s collectives. Cette hausse est de 7,1% en 1956 pour les salaires horaires. "En 1953, les syn- dicats ouvriers gardaient 1' habitude, pour asseoir leurs revendications e compared situatioa l r n effectiv e leured s adhérent e qu'ellc à s e avait été en 1937. Cinq ans plus tard, ils adopteront comme terme de référen- ce, le niveau de vie ouvrier de l'été 1957. C'est dire que, dans l'inter- valle, quelque chos changea dan: é s leur grande masse, les salariés com- autres le e sm Françai u leuv rt situatioon s n s'améliorer sensiblement"(30) La répartition par poste de l'augmentation de la consommation entre 1953 t 1957e , laisse apparaître la hauss niveau d e e vied u :

Alimentation +1% 4 Habillement + 18,5 % Habitation +35 % Hygiène et santé +34 %- Transports et PTT + 31,5 % Culture et loisirs +33 %

Le parc automobile des voitures particulières passe de 2 millions d'unités en- 1953 à million4 prè e d s n 195e s t augment7e rythmu ea e d e 500 000 nouveaux véhicules par an. De décembre 1955 à décembre 1956, les primontt salaire on xl e 5,5 d é t %e e horaire moye e 14£.End n 1957a l , progression jusqu'en septembr e seren ae 3,5%d plue .qu s

(29) Sur ces problèmes de main -cï 'oeuvre, voir Chardonnet, op.cit., p.78 sqq, et A.Delattre, op.cit., p.42 sqq.

(30) J.Guyard, op.cit.f p.43. 791

Cette expansion explique en grande partie le répit que connut le Gouvernement Guy Mollet sur le front syndical. Ses projets sociaux lui permiren e trouved t r pendan n tempu t sympathia l s organisations de e s syn- dicales dites " libres " et même la neutralité bienveillante de la C.G.T. 1956 fut une année au cours de laquelle le nombre de journées de travail perdues pour fait de grevé fut l'un des plus faibles: 1,423 million contre 3 million 1 millionn 195e 4, s t 5e n 1957e s . Il faudra e attendrd n fi a el l'année pour voir l'agitation renaître danmilieus le s x syndicauxa L . C.F.T.C., parfoi pointa l sà mouvemenu d e t revendicatif, rejoindra l a C.G.T. dans l'unité d'actio n faveue n r d'une revalorisation générals de e salaires grignotés par l'inflation ou la pression fiscale accrue. Force- Ouvrièr e pourrn e a retenir bien longtemp a bases s , dan,et s la fonction publique elle-même, le mécontentement social deviendra manifeste dans les premiers moi e 1957sd s bonne.Le s relations entretenues entr syndis le e - cats et le ministre du travail disparaîtront avec la politique d'austé- rité mise en place par Paul Ramadier tandis que le Gouvernement prendra pour cibl C.G.Te un e . accusée après Budapest d'alignement inconditionnel sur les positions communistes.

La situation économique globale relativement prospère mais repo- sant sur des facteurs qui ne laissent pas d'être inquiétants, comme la de- mande militair n forte e e expansion^contraste singulièrement avediffis le c - cultés croissantes des finances publiques. La politique suivie sur le plan lutta dl e é anti-inflationnist subvention( e s économiques, détaxations diverse abouti) s amputeà t r lourdemen ressources le t l'Etate sd , tandis que les importations accrues déséquilibrent gravemen commerce l t e exté- rieur et affaiblissent la monnaie. A l'origine de ces déficits, l'Algérie t l'expéditioe Sueze d n n 1956:e dépenses ,le s militaires atteignent 1395 milliard n totafrance u d s dépense e r d l su s s budgétaires e 460d 0 milliards soit environ 28% balanca .L s paiementde e s laisse apparaîtr déficin eu t 3 milliards.(31globa78 e d l )

(3l) Une causesdes secondaires libérationla fut échangesen des que poursuivit Gouvernementle dans perspectivela créationla de Marchédu Commun: en avril 1956, le taux de libération des échanges passe de 77,5% à 82%. 792

" En 1957, nos réserves de devises ont été complètement liquidées t plues i s qu gravemai e c s , c'es noue qu ts avons liquidé auss s possino i - bilité crédits,tane d s t intérieurs qu'extérieurs e plal r n Su intérieur. , l i n'est plus possibl e refaird e emprunn u e t avain comme n o te fain u t en 1956. Sur le plan extérieur, nos possibilités de crédits au F.M.I. é liquidées,noét t on s possibilité à sl'Unio n Européenn s Paiementsde e à , l'O.E.C.E. ont été liquidées, nous ne pouvons plus compter, sur le plan prên extérieuru e gouvernement d tr su e qu , , sois Etats-Unisde t , soit alor e l'Allemagne!..d s i vouS . s continue à vouloiz r sauver l'Algérie, c'est la France que vous aurez perdue." (32)

M.Mendès-France revient sur le préalable que constituait pour lui le règlemen confliu d t t algérien poursuita S . t lees e facteur essentiel de notre déficit extérieur: les importation e matéried s l militaireà , peu près nulles en 1955, atteignent en 1956 60 milliards de francs, et en 195 milliards0 a prévisiol 79 e d t es n. Dan e mêml s e temps, l'armée achèt s productionle e s mécanique t électriquee s s intérieure i auraienqu s t é exportéeét milliard0 30 ( s s d'acha n 1955e milliard0 t 43 , n 195e st e 6 530 milliard n 1957.),Suee s a entraînz a dépensl é e d'enviro milliard0 5 n s de francs en devises, pour faire face à la hausse du pétrole et du fret- " Si la guerre d'Algérie doit durer, les restrictions à la consommation, a disciplinl s prioritéde e à respectes r seront d'autant plus sévères... Si la guerre d'Algérie dure, nous irons inéluctablement à une économie de guerre s financede à , e guerred s , c'est-à-dir s restrictionsde eà à , des sacrifices, à des disciplines et à des privations. Ne pas en prendre conscience, ne pas le dire au pays, loyalement, seraie cn eévites pa ts restriction le r t lee s s privations- , se mai e c s rais fairle t volonte répartiun plur n é pa sno délibéré - r t courageue - se de notre part - mais insidieusement, sournoisement, par l'inflation.

(32) Pierre Bimber Congrèu a t s SFIO e Touloused , 27-30 juin 1957, comp- te-rendu, p.432. 793

e seraiC e foi tun e plu sd n faire s e porte partia l poide l rr esu s déjà la plus désavantagée de la nation." (33)

plae l nr budgétaireSu , l'impasse qui e 195,d 2à 1955 , était contenue à environ 650 milliards de francs» dépasse 1000 milliards en 1956 et 1957. Le redressement nécessaire entraîne toute une série de suppres- sions de dépenses de l'Etat: tous les crédits des ministères sont amputés à concurrence de 250 milliards. Seuls échappent à ces réductions, la cons- truction scolaire et la recherche atomique. La charge fiscale est renfor- cée à concurrence de 150 autres milliards, alors même que le projet de réforme fiscale n'es déposés pa t : " Seul l'obstacle parlementair- re ea tard réforma l débae l ér su te t fiscaltechniquemenes i qu e t prête depuis plusieurs mois." (34) L'injustice reste don matièra règla l l c n e t e le Ministre des Affaires économiques, une fois sorti de charge, reconnaî- tra franchement; "Si nous avons eu les sommes suffisantes pour assurer les échéances, il n'en reste pas moins vrai que ceux qui devaient être atteint sacrifice l r spa noue equ s demandions n'on apports tpa é leur contribution à l'effort commun, et il est. vrai aussi que l'effort écono- mique que l'impôt devait avoir et qui consistait à réduire les pouvoirs de consommatio e ld an parti plua l e s fortuné e led a nation e s'es,n t s plupade s s e niveae produitl richevi e e t restd uqu es s t u poin,e éa t où le développement industriel et la prospérité des affaires indutriel- les avaien pousser.e l u p t " (35)

(33) Discours au Congrès radical de 1957, P.MendèS'-Francei "Politique et vérité", op.cit., p.91-93. (34) P.Ramadier au Conseil national SFTO du 12 mai 1957, compte-rendu, p.127. (35) Congrès SFIO de Toulouse, 27-3O juin 1957, compte-rendu, p.224. Au cours de la même intervention, P.Ramadier reconnaît l'inefficacité à moyen terme des techniques "dirigistes" utiliséest "Lorsqu'il s'agit du blocage des prix, l'action que l'on peut mener n'a qu'une vertu temporaire; lorsque s pousséesle inflationnistes poursuivente s l i vient, momentn u elles ù o débordent les possibilités que peut offrir la réduction des taxes fisca- les. Ou bien, alors, il faut entrer dansdétaxationsdes coûtentqui trop cher budget,au bienou il faut reconnaître qu'à certainun moment, l'eau passe par-dessus le barrage et que le remède que l'on emploie n'a plus l'efficacité nécessaire. Nous sommes sans doute arrivés à ce point." ( id. p.231.) 794

L'austérité décrété Téts dè e é t pratiqué195e 6 e dans le budget de 1957 n'est dons d'upa cn poids égal pour toutes les classes sociales. Ce n'est pas le moindre des paradoxes de cette gestion socialiste, qui emprisonné e majoritun r pa eé parlementaire conservatrice qu'ell acceptéa e e voire recherchée, n'a jamai i vouln u p su prendre les moyen a pols - ie ti sd que. (36) Début 1957, M.Ramadier prend une série de dispositions en ordre dispersé qui s'avèrent insuffisantes pour redresser le commerce exté- rieur et le déficit des finances publiques. (37)

Un remède plus brutal s'impose: le 15 mai 1957, le Gouvernement dépose deux projets de loi (l'un concernant le collectif militaire sur l'Algérie, l'autr créatioa l e nouveaue d n x impôts) e context.L e politi- que lassitudd e e réciproque entre l'Assemblé Gouvernemene l t e t tes tel que celui-ci, jugeant n'avoir plus rien à perdre, reprend dans ses projet certain su n nombr s revendicationede S.F.I.Oa l e qu s . présentait sans succès depuis plusieurs année t notammene s t la suspensioa l e d n décote sur les stocks des sociétés. (38)

L'opposition de la droite se manifeste violemment dès le 17 mai à l'Assemblée nationale. Au sein de la Commission des Finances, "la suspen- décota l sio r lee d nsu es stock t investissementse é Spremenét a s t criti- quée par M.Giscard d'Estaing." (39) Le débat ne porte plus sur la seule question financière modérés le : s exigent aussi l'abando réforma l e d ne d e l'enseignement projetée par M.Billères, et celui de la réforme des rela-

(36) cf.les encouragements de la droite à l'austérité dans "La vie fran- çaise" du 23 novembre 1956. (37) cf. "L'année politique 1957", p.142. (38} Cette "décote", objet de beaucoup de débats financiers permettait aux entreprises de ne pas être imposées sur les plus-values résultant de haussela prix stocksdes de constitués pour "besoins"les leurde fonc- tionnement. Depuis longtemps s socialistele s réclamaien a suspensionl t e d ce mécanisante favorisaitqui stockagele spéculatif encourageaitet la hausse des prix et 1 'inflation. (39) cf." L'année politique 1957", p.48. 795

tions entre Sécurité social t corpe s médica e M.Gaziequ l r entend poursui- vre.

La question de confiance est posée par Guy Mollet sur ces projets financiers n choi.So x est fait s'agil i : e "d t tombe - gauchà r re e d e t "e fuser toute concessio i 19570 député ma droite25 a ,l 1 2 nà se .L refusen t la confiance quand 213 la votent. Les conditions constitutionnelles de la démission du Gouvernement ne sont pas réunies mais, depuis 1947, la pra- tiqu s institutionede s veu le et qu Gouvernemen e retirts e dans pareille hypothès moyens le ù so e essentiel a politiqus e sd e sont refusés e Fron.L t républicai s nproblème de chut r su e s financier e sonn n faii te e qu stqu des révélateurs de la crise algérienne non résolue. Seul l'élargissement formel et ministériel de l'équipe au pouvoir aurait permis d'éviter la mise en minorité en intégrant la droite à un Gouvernement d'union nationale dont l'Assemblée nationale avait déjà dégagé T'assise parlementaire: l'heu- re n'était pas encore venue mais elle n'attendra plus guère que six mois.

Ramadier a déclaré à Edouard Depreux qu'il n'aurait pas pris les risques d'une politique inflationniste si on ne l'avait pas " trompé " en lui assurant à maintes reprises que la guerre d'Algérie prendrait fin avec l'année 1956 (40).L'absence de réformes économiques profondes a par ailleurs confirmé la critique traditionnelle qui veut que les socialis- tes n'accèdent au pouvoir que pour assécher les caisses de l'Etat. C'est tout le problèm e l'accessiod e u pouvoia n n 195e remee r qu 6n caus te a l e politiques économique suivie pendant quinze mois. Rares sont les orateurs qui dans les instances socialiste s l'accen contradictioa mi l t r on ssu t n entr programme l e à elon g S.F.I.Oa terml a pratique s ed t .e e gouvernemen- tale; "L'actio e classnd e exig e nouqu es donnion préférenca l s- li a l eà bération économique, et même si elle est onéreuse. Mais encore faut-il, poue nourqu s mettion n oeuvre s e réellement cette possibilité d'action, que l'économie française soit réellement en marche vers le socialisme...

(4O) cf.E.Depreux, op.cit., p.472. Curieuse attitude celle qu e d'un Minis- s Affairesde e tr économiques i s'engu tient matièren e algérienne e guéc à s collèguesse i disentlu t e fairerefusee s proprea e s d opinion. 796

Ceci suppose que l'action du Gouvernement ne dissocie pas la poli- tique de pacification en Algérie d'une politique de réforme de structure, ici même n programm.U e d'action socialiste s seulemenpa n no t ,e sociale, doit être de présensà toeuvre.n e élabors mi t "ée (41)

Le redressement restait impossible tant que le choix d'une autre majorité politique e pouvain i ,qu t être cellequ e d'un nouveau Front popu- laire, continuait à être refusé. On est dès lors inévitablement amené à se demander si les socialistes, en janvier 1956, n'ont pas décidé légère- ment d'accéder au pouvoir, et ce, d'autant que M.Gazier lui-même avait souligné alors les risques économiques du retour au Gouvernement: "La situ- atio t plunes s grave qu'en décembre 1954 .Gouvernemenn U t quelconqut es e à la merci des groupes financiers et économiques. Par ailleurs, la politi- que d'Edgar Faur ea néglig s investissementde é s indispensable t profitae s - bles pour l'économie nationale a situatioL . s pri t trède n es x s préoccupan- n peuO e demandes . t patronae te l i Gouvernemenn s r u e pousstn à s pa e - so t cialiste pour lui faire prendre la responsabilité des augmentations."(42)

La légèreté semble bie ncaractéristiqua l avoi é ét r démara l e ed - che socialiste dans les premiers moi Fronu sd t républicain, légèret t irée - responsabilité fondéecertituda l r e resten e tempsu s d e e trèu d erqu s pe s au pouvoir. Celle-ci explique la hâte mise à la réalisation des projets sociau non-réalisatioa l t e x é ensuitét t on e e ceui envisagésd n qu x . Elle explique enfi réponses le n s partielle x problèmeau s s économique e l'oqu sn n'entendai s résoudrtpa e puisqu relèva l e s successeurede e pouvaisn t tar-

(41)Intervention de Gageg (Fédération de la Haute-Saône) au Congrès SFIO de Lille, 27 juin-ler juillet 1956, compte-rendu, p.25O-251, Lussiez (Fédération des Vosges) avait déjà soulevé le problème en mars 1956 "Actuellement sauraitne il f suffiremesuresdes classiques, c'est-à-dire dans le cadre du régime, pour résoudre le problème financier formidable qui nous est posé dès maintenant, et il va falloir, en l'expliquant au peu- français,ple toucher certainesà traditions, certainsà cadres capita- listes alors,ou il faudra capituler... c'est leçon nousune que devrions tirer de l'exercice du pouvoir en régime capitaliste." (Conférence des secrétaires fédéraux SFIO, 18 mars 1956, compte-rendu, p,99.) (42) Comité directeur, réunion du 25 janvier 1956, compte-rendu, p.111. 797

dery MolleGu . t laisse clairemen raisonnemene l t tfu entendrl te te equ du Gouvernement, en déclarant en mai 1957 et alors qu'il est encore au pouvoir, à propos du laxisme des mesures financières adoptées en juillet 1956: "C'est très joli empruntss le , , mais c'est joli pout r es celu i qu i Gouvernemenu a t pour quelques i laissmoisqu problème t l ,e u succesa e - seur, mais quand on a la malchance de durer assez longtemps, l'année suivante, qu'est-ce-qu'il faut faire?"(43) Nous sommes lois affirde n - mation i avaiensqu t accompagné la décisio e participerd n n janvie,e r 1956, et qui considéraient que l'action à mener devait être conçue "com- socialistes le " si e m s devaient rester longtemp Gouvernement.(44u a s )

Le même défaut d'imprévisio d'actiot e n nà courta paralyse v e evu r l'attitud s socialistede e s fac u régimeea s'ajouterl I . matièra l n e a e a réservl à e traditionnelle vis-à-vi u révisionnismsd e constitutionnel t remiques i s à l'ordr jouru d e .

(43) Conseil national SFIO du 12 mai 1957 , compte-rendu, p.287, troisième(44)Le plan modernisationde d'équipementet devait êtredé- bureaule posé 1*Assembléesur de nationale marsen publié1957.fut Il par décret le 19 mars 1959! L'incertitude du lendemain n'empêche cepen- dant pas le Gouvernement de mettre en chantier des projets multiples que nous n'avons pas retenus ici: une loi-cadre sur le logement est en cours d'adoption lorsque chute Gouvernement.(2OOOle milliards tra-de vaux sont milliardsdontenvisagésans 760 5 créditsde sur H.L.M.);une autre loi-cadre pour l'agriculture vise l'organisation des marchés, le développement du progrès technique, des coopératives, l'amélioration de l'habitat rurala protectiol e d , n sociale; elle dépassae n e stadel e d Commissionla l'Agriculturede l'Assembléede nationale/ l'aménagement du territoire, a reconversiol régionse nd économiques déclinn e t l'a-e chèvement l'équipemente d a Francl e d e furent poursuivis avec ténacité, tandise ministrel e qu radical 'Education1 e d nationale, M.Billères,- en visageait réformeune l'enseignement de prenant enfin comptebe- en les soins de la population scolaire, par la démocratisation et 1'allonge- ment de la scolarisation, la création d'un " tronc commun" de deux ans d'enseignement, développementle l'enseignementde technique scien-et tifique. Cette réforme comme beaucoup d'autres n'aboutira pas. (cf. R.Quilliot, op.cit., p.654 sqq, "L'actionet socialistesdes gouver-au nement", n°93 spécial du Bulletin intérieur de la SFIO, juin 1957.) 798

SECTION II î LE FRONT REPUBLICAIN ET LES INSTITUTIONS

s socialisteLe t abondammenon s t montré depuis 1946 qu'ils étaient globalement satisfaits des institutions de la IVème République. Certes, le régime avait ses défauts mais la responsabilité des forces politiques était grande dans les insuffisances constatées puit .E i 1947e 194 d sma 6à , le tripartisme avait prouvé que la Constitution, non seulement était via- ble, mais permettait de faire avancer la France sur la voie de la tran- sition au socialisme. Les conditions du retour au pouvoir en 1956 vont cependant être aggravées par deux séries de circonstances qui mettront en danger l'existence même de ces institutions: l'insuffisante netteté de la victoire électoral constitutioa mèni l qu eà e n d'un Gouvernemen e mitd - norité, et la poursuite du conflit algérien qui place le pouvoir politi- que dans cette situation de "ni guerre ni paix " oQ la démocratie ne peut plus fonctionner correctement.

§ 1 : LES CONTRADICTIONS D'UN GOUVERNEMENT DE MINORITE

a formulL e parlementair r laquellesu e repos cabinee - l e fé n e t vrier 1956 n'était pas sans risques mais elle n'était pas utopique dans la mesur ù elleo e aboutissai e espècun à te tripartism ed e informely Gu î Molle e gardts e bie e récused n vois i l'appuienrle xqu ta droi s tan r -tsu te que sur sa gauche, au M.R.P. comme au P.C.F. On retrouve une situation analogu à celle e 1946-1947d e seiu :a n d'une Assemblée majorita ol ù é absolue est nettement orientée à gauche, le Front républicain occupe une place stratégique déterminant t refuse e tête-à-têtel e aussi bien avec les communistes qu'ave s républicainle c s populaires.(La différence réside dans le fait que le Front républicain est une coalition disparate et non plus le seul parti socialiste de 1946.) Comme aux débuts de la IVème Ré- publique, M.R.P. et P.C.F. refusent de rompre leur solidarité de vote avec socialiste t radicaue s x pour préserve chances le r s d'une alliance future t exclusive e l'adversaird e classee d e . 799

Cette situation aurait pu se pérenniser si plusieurs conditions avaien é rempliesét t : tout d'abord la fidélit Fronu éd t républicais n se à engagements ëlectoraux actioe un , n énergiqu t rapide e dan e domainl s e pri- mordial du conflit algérien, et surtout une non-déformation de la majori- i avaitéqu t invest Molley Gu i t janvie1 le3 r 1956 Gouvernemente .L , comme l'avait souhaité le Congrès socialiste du 14 janvier 1956, devait agir sans se soucier de sa majorité qui a priori n'existait pas, pour réaliser sans hésitatio programmen nso . Orlieu celaa »e u d t c'ese , t l'obstacle majeur qui dévoya la formule, le Gouvernement se préoccupa d "institutionnali- 1 majorit a r s " se é parlementaire, d'en cerner les contours pou n assue r - rer le maintien. L'évolution de sa politique algérienne allait inévitable- ment couper de lui le parti communiste et déséquilibrer son soutien à l'Assemblée nationale après qu'il ait cherché ailleurs que dans celle-ci des points d'appui institutionnels.

Toutes les expériences du mouvement socialiste français reviennent en mémoire lorsque l'on constate l'attitude adoptée en 1956 à l'égard de l'Etat» de ses différentes composantes et de la Nation par un Gouverne- ment devant résoudre le conflit algérien. L'indépendance nationale n'était pas menacée de la même manière qu'en 1914 ou 1939, mais elle l'était tout aussi gravemen r la pa t pert territoiree ed s d'outre-mer jugés indispensa- bles à la vie nationale et internationale de la métropole. La fiction juri- dique, sentimentale et psychologique de"!"Algérie française"recouvrait une certitude économique ancrée dans la totalit formationédes s politi- ques (P.C.F. excepté). Combien de fois n'a-t-on pas entendu que ni la France, ni l'Algérie ne pourraient survivre si elles devaient se séparer? 1'extrême-droite d { a S.F.I.O.l eà thème é sanc ,ét sa e cesse rebattu.)

Persuadé a survi l renforcementn a natiol e so e qu sed t ne , indis- pensable dan a perspectivl s l'intégratioe ed n européenne, passena l r pa t présence française en Algérie, les différentes formations du Front Repu- 800

blicai t singulièremenne s socialistele t peuvene n s pous pa rt autan- re t courir S la formule d'union national i permiequ t précédemmen faire d t e facdangerx au e s extérieur n 191e ( t s4e 193 9 comm 1947.)n e e . L'éché- ance électoral janvie2 u ed r 195 t tro6es p proche s militantle , s le t se électeurs n'auraient pas supporté ce qui serait apparu comme une trahison II faut donc trouve alliés de r s ailleur dane forces le ssqu s politiques que l'on vient de combattre, et, au sein de l'appareil d'Etat, deux insti- tutions sont prêtes à apporter leur concour saluu a s l e ad t Républiquee un , et indivisible dans ses principes comme dans sa composition territoriale. l I s'agi sommeu d t régimeu d t , lbraen ches so l'Etat e e princid fd t e , - pal, 1'armée.

Sur la seconde, nous ne nous étendrons pas, beaucoup d'éléments ayant déjà été évoqués dans le Chapitre II. Il s'agit simplement ici de note l'armée qu r e dan a sociétl s é libérale bourgeois pouea r fonctio- nes sentielle de sauvegarder, à travers le mythe déformé de l'indépendance na- tionale, les institutions de la démocratie politique et l'intégrité physiqu territoireu ed sone C . t biedeus nce x acqui i sonqu s t considérés comme menacée Fronl r tpa s républicain avec tout l'arrière-pla le and défens a civilisatiol e d e n français t ouest-européennee , considérée com- me supérieure aux autres face notamment au nationalisme arabe et à l'om- niprésente subversion communiste. 11 y a donc conjonction entre les mobi- les militaires et gouvernementaux. Pour les radicaux, TU.D.S.R. et les républicains sociaux, cela ne pose pas de problèmes. Pour les socialistes depuis Jaurès, l'armée est considérée comme un instrument de défense dans leque a luttl l classee ed t tenues s e pour secondaire l I .n' dons a y pa c d'obstacles majeurs à l'engager totalement dans un conflit où le sort du pays est en jeu. L'osmose entre les desseins du Gouvernement et ceux de l'armée fut encore parfaite par le réformisme de l'action entreprise en Algérie: 1'égalitarisme militaire et le brassage des classes sociales qui l'accompagne traditionnellement, s'accomodaient fort bien de la volonté so- cialist créee eAlgérid e un r e nouvelle où Musulman t Européene s s devaient enfi retrouvee ns r égaux dans l'ombr drapeau ed u français ministre L . e résidant s'est souvent fait l'écho de cette volonté réformatrice d'une ar- 801

mée adhérant volontiers, au niveau tout au moins de ses officiers supé- rieurs, à la mystique de l'Algérie nouvelle. L'insuffisance de l'adminis- tration civile et les carences de la police n'ont ainsi formé aucun obs- tacl u renforcemena e s lientde s entre le Gouvernemen t l'arméete , grâce aux actions personnelles de MM.Lacoste, Lejeune et Bourgès-Maunoury. Au contraire, l'action militaire semble avoir été beaucoup plus conforme aux options définies par Alger ou Paris que l'action de fonctionnaires ou de policiers pou a pluparl r t recrutés parmi les " pieds-noirs" u seiA .e d n l'appareil d'Etat, l'armée sans doute a été l'exécutrice la plus fidèle de la politique gouvernementale, la seule en tout cas sur laquelle le Gouvernement ait pu délibérément s'appuyer ( alors que dans le même temps les fonctionnaires,traditionnellement plus proche s socialistes,ssde e retranchaient derrièr défensa l e e syndical e leurd e s intérêts corporatifs n refusane r exempltpa e répondrd e x incitationau e Gouvernemenu sd tà ser - vin Algérie,quane r e s'élevaienn s il d s contr pa ts mesure le e s discri- minatoires prises en faveur des Africains ou des Algériens musulmans ac- cédant à la Fonction publique.)

Une directive donné M.Lacostr pa e e montre bie caractère l n e "apo- litique" et "désidéologisé" de l'action entreprise en Algérie. S'adres- sant aux militaires, il écrit:"0n a dit et répété que tout conflit est, à la base, un conflit d'idéologies. Mais contrairement à ce qui pourrait se passer en d'autres lieux et même si derrière eux se dessinent l'inquié- tante propagande communist a passiol t e n conquérant e l'Islamed - ad s no , versaires d'aujourd'hui, les terroristes, les rebelles n'ont d'autre idéo- logie que celle d'évincer la France d'Algérie. Ils n'ont dans ce conflit "intérieur" qu'ils veulent transformer en conflit " extérieur ", ni théo- rie, ni armature valables... A cette absence d'idéologie, nous pourrons opposer non pas une idéologie politique particulière, mais celle que l'épreuve actuelle peut revigorer, l'idéologie " nationale ", l'amou France..a l e rd noul I . s faut prendr s troiece s mot e "sd Liberté, Egalité, Fraternité ", a issul e d s Révolution Française, comme la définition de notre présence ici. Personne 802

ne peut prétendre que nous puissions donner mieux à l'Algérie." (45)

Cette idéologie " nationale ",que l'armé pouea r fonctio dée nd - fendre,fait que socialistes et militaires se trouvent définitivement enga- gés côte à côte dans le conflit, rien ne les sépare sur le fond. Aucun re- tour en arrière n'est concevable: il serait " antinational ".Dès lors aucun problème de " conscience " ne peut se poser lorsque l'armée prend en mains l'administration du pays par ses S.A.S. ou la police d'Alger en janvier 1957.

L'autre élément de l'appareil d'Etat, le chef de l'Etat, sur lequel le Gouvernement va délibérément s'appuyer peut paraître secondaire par rap- por précédentu a t traditiol e I .s'agid qu'i e t c e es ld tn d'appelee un r " autorité morale "dan s régimele s s parlementaires rôln eSo . sou a IVèml s e République lui a permis cependant d'acquérir une influence politique réel- le, longtemps sous-estimée, qui se manifeste essentiellement lors des cri- ses gouvernementales dan e choil sprésident s de x Conseiu d s l " désignés ". Rappelons aussi que le Président de la République traduit bien, grâce à la durée de son mandat, la plénitude de sa fonction de mainteneur, de gardien des institutions face à des ministères éphémères qui se réfèrent à lui comme à un vénéré ancien. a donné un bon exemple de l'immixtion fréquente des Présidents de la République dans la direction réell l'exécutife ed . René Coty, tou étann e t t plus discret, conformément personnalitéa s à , exercer influence un a e similaire, spécialemen parà t - 1956e d r . ti Nou rôlsn avonso e u danv s e choil s Présidenu d x Conseilu d t , en janvier 1956, et son hostilité à la désignation de M.Mendës-France.

M.Pineau raconte qu'il trouvera toujour ln ase personn Présiu d e -

(45)Directive générale du Ministre résidant aux officiers et sous-officiers de l'armée, i 1956, ma n "L'actioi 9 1 s socialistende gouvernement",ff"93u a s spécial du Bulletin intérieur de la SFIO, juin 1957, p.95. Les assertions rappelées ici par M.Lacoste sont d'ailleurs démenties peu après par sa "phrase-slogan" gui marque au contraire le passage de la guerre tradition- nelle à une guerre idéologiguement marquée: "Nous resterons en Algérie, non parce que nous sommes les plus forts, mais parce que nous avons raison." (Directive générale n°4, 3 avril 1957, même source, p.105.) 803

sident de la République, avec lequel il conférait chaque semaine, un conseiller attentif, compréhensif et compétent. (46) II semble que tout au long de sa gestion, le Gouvernement de Front républicain ait trouvé chez René Cot n soutiesympathie yu un t e n e que l'évolution politique n e pouvait que confirmer. Tous ces ministres semblent oublier que René Coty était sénateur indépendant avant d'être élu Président fonca :l pou x -reu tion fait l'arbitre, et l'arbitre est acceptable puisqu'il se contente de veille u respeca r e règletd s admises.

Le Président René Coty eut à de multiples reprises l'occasion de manifester clairemen s préférencese t s politiques A M.Oepreux. manifesl ,i - te en ces termes étonnants son anticommunisme, après avoir regretté la stérilisation parlementaire des voix du P.C.F.: " Si les modérés étaient équitables et clairvoyants, ils seraient bien inspirés en accordant spon- tanémen x socialistetau i représententqu s , comm s communistesle e - in s ,le térêts des travailleurs, une influence double de celle que leur attribue l'arithmétique." (47)

Coty s'engage particulièremen n faveue t Gouvernemenu d r y MoltGu - let au mois de juin 1956. Le 17, à l'occasion du cinquantième anniver- batailla sairl e d e e Verdund e déclarel i , : "Les combattant t lese s rësis-

(46) M.Pineau écrit à propos de René Coty qu ' "on a tort de croire qu'il soliveau".(in,n u é ét t ai "1956, Suez", op.cit., p.16.) t M.Mondes-FranceE peu rancunier racont 'àu q el'époque l i était: ù o Président Conseilu d l i appréciait " de bavarder librement avec lui, de lui confier mes soucis. Nos rapports étaient devenus très bons. J'avais besoin d'un interlocuteur qui voyait s chosele haute d s . Beaucou gense pd comprennent e rôlel l ma d'un chef d'Etat durable et non responsable, c'est-à-dire non engagé dans bagarrela quotidienne. présenceLa confiancela et Coty donnaientde me un véritable réconfort dans les moments de doute,- un jour ou 1 'autre, ces moments existent. s sontIl s plus le lourds, parce e droitl s pa qu'on a n' de le laisser paraître. A Coty, chargé de la permanence et des intérêts plusles graves, pouvaisje dire contre.le pourle et aidé m'a II plus d'une fois à prendre des décisions difficiles. De pouvoir ainsi lui par- ler, sans aucune contrainte fond,u a - comme certains parlent, j'imagine, à leur confesseur -m'a toujours d'unété grand secours." (P.Mendès-France "Choisir", op.cit., p.76.) (47) E.Depreux, op.cit., p.428, 804

tant deus de sx guerres ,priu n'ona e tanxs d e deuiltpa te soufd d t -e s frances, rendu deux fols à la France notre Alsace-Lorraine pour abandon- ner demain sur les bords de la Méditerranée, des populations qui nous sont profondément fidèles à une minorité d'égorgeurs de femmes et d'enfants qui ne les conduirait qu'à la plus affreuse régression dans la barbarie, le fanatisme, l'anarchie et la misère.

Là-bas la Patrie est en danger. La Patrie est au combat. Le devoir des lors est simple et clair, A ceux qui ne sont pas astreints à la dis- cipline militaire commandl i , e à tou moine l t e minimuc s e disciplind m e civiqu leui qu er interdit tout act mêmt e e tout propos susceptibl- je e d e ter le trouble dans l'âme des enfants de la Patrie que la République appel- le aux armes pour opposer à d'abominables violences la force française, inséparable de la générosité française."

Enfin, si l'on devait douter de la validité d'un tel engagement de la part du chef de l'Etat, René Coty conclut: "Que le Président de la République puisse vous l langagetenite n u r n vai e n'esu ,c s n tpa propos . C'est un signe, c'est l'assurance qu'il se sait en accord avec la repré- sentation nationale comme avec le Gouvernement de la République - faute de quoi il n'aurait le droit que de se taire ou de s'en aller." (48)

A l'unisso s appelde n a sl'unio n nationale Gouvernee lancél r pa s - ment, René Coty n'hésit às pa efustige hésitants le rconsciences le t se s inquiètes. Retrouvan rhétoriqua style l l t e d e e patriotard s débutede s carrièra S e d e politique, le Président saisit l'occasio u 5QOëmd n e anni- versaire de la réhabilitation de Jeanne d'Arc pour lancer un appel vibrant et dérisoire au soutien à la politique gouvernementale dirigée par des so- cialistes athées: "Quand aujourd'hui peuplu d m eno u souverain,a Goue l , - vernement légitime iss e ld ua représentation national e vois e t contraint d'appele drapeau ra enfants Patriea le ul e ! alorssd ,oh , par-dessus

(48) cf."Combat" du 18 juin 1956, ou "Le Monde" du 19 juin 1956. Ce der- nier journal remarque: "Le Président de la République prononça le plus important discours - le plus"engagé" en tout cas - qu'il ait jamais adres- laà nationsé depuis accessionson magistraturela à suprême." 805

le tumult s controversesde e , c'es Franca l voia l ti s'élèvee d xequ t E . dès lors, c'est la nation entière qui, solidaire avec sa belle jeunesse, doit faire dans le combat le front uni du patriotisme... Sans doute devons- nous nous garder de la lâche facilité d'un optimisme aveugle. Mais ce que surtout je redoute, c'est le pessimisme sceptique et chagrin, le pessimisme déprimant et démoralisant, de ceux qui, dressant les unes contre les au- tres, avec trop de passion, avec trop d'orgueil leurs certitudes doctri- nales, désaprennent d'aimer tout simplement leur patrie, notre patrie charnelle, telle qu'elle est.

11 Ne vous doubtez ", jetait Jeanne d'Arc à ses compagnons. "Ne vous doubtez " et " Vive labeur ", ces deux doctrines de Jeanne doivent être plujamaie qu s sd'ordrt lmo e notre ed e France." (49)

L'armée, le Président de la République sont cependant des sou- tiens insuffisants qui ne permettent pas de se passer d'une majorité par- lementaire dan régimn su e comme a IVëmcelul e ed i République a défini.S - tion plus précise devient inévitablconflie mesurt l e e r equ fu t u algéea - rie e prolonges n e phénomèn.C t accélérfu e r l'usagpa é Goue l mêm -e equ vernement fit des institutions parlementaires.

B~ L?_Gouyernenient_trouve_sa_majorité_et_se perd

L'espoi menee d re politiquun r e économiqu t sociale n faveue s de r classes modeste populatioa l e sd n disparaît ave prolongatioa l c u conflind t

(49) cf."Le Monde" du 26 juin 1956, Le 24 juin 1956, René Coty prononcera d'autres discour même d s e tonalit coursu éa d'un voyage l'Alsace,n e . cf "Le Monde" des 7-8 juillet 1956. Cet " engagement " du chef de l'Etat n'empêche pas M.Grosser d'écrire à son propos:" Pour 1'Outre-mer, il pa- raît... avoir laissé faire les Présidents du Conseil et les ministres, appuyant simplement de toutes ses forces la notion d'Algérie française... Dans l'ensemble, magistraturela à d'influence, M.René Coty cherchéa à faire succéder magistratureune morale dans laquelle Françaisles pou- vaient reconnaîtrese quelles fussentque leurs convictions politiques," (A.Grosser:(!) IVème"La République politiquesa et extérieure", op.cit. p.48.) 806

algérien. Les lois sociales votées, les communistes peuvent donc passer dans l'opposition. Mais le coût du conflit entraîne le Gouvernement à pro- pose s mesurede r s fiscales déplaisan tdroitea l à . Celle-c maintiené n i t donc qu'un soutien marchandé S chaque débat financier ou budgétaire.

Tan e l'espoitqu r d'un règlemen s " événementde t s " d'Algérit pu e être maintenu et tant que le Gouvernement réalisa ses engagements élec- toraux, la trop large majorité réunie le jour de l'investiture se per- pétua, avec cependant quelques accrocs (comme lor u vot sd financeu ed - men Fondu td s nationa e solidaritéd l , lorsqu modérés le e s s'abstinrent ou votèrent contre projee ,l t n'étant guèr majorite un e r soutenpa é e qu u proch Fronu d e t populaire.).

e tournanL débae l e politiqut td fu t e générali ema engag1 3 e l é jui5 clot e e nl s scrutin 195u r 6 confiancee pa d n y Molle.Gu t annonça qu'il étai déparu a t t prêt à accepter pour plu e clartsd s votede é s sépa- r chaqusu s e ré politique gouvernementale. Il préten y davoi r renoncé quand certains groupes critiquèrent cette procédur y voyan n e habilete tun é destiné à recueillie s majoritéde r s différentes selo problèmes le n s ^'J'en- tends faire la somme des oppositions. C'est en fait un deuxième vote d'in- vestiture renouvellemenn ,u contrae d te sollicite. j e tqu " (50)

Cette façon de procéder met fin à l'existence d'un véritable Gou- vernement de minorité. En effet, celui-ci n'était viable que tant que sa majorité le gauchea débordais r a droits s lor su foia Dè . r l st e su stà que le Président du Conseil, sachant que le parti communiste ne pourra plu e soutenil s r l'ensemblsu r a politiques e d e , exig n voteu e globall i , prend sciemment la responsabilité de déséquilibrer la coalition parlemen- tair r laquellsu e s'appuyaitl i e e phénomèn.C e sera a rupturl accr r pa ue de l'équilibre intern ministèreu d e i ave, ma a démissiosurvenl c 3 2 e l u n de M.Mendës-France.

(5O) J.Q. Débats,des A.N., 2 juin 1956, p.2279. 807

Un Gouvernemen minorite td é ne peut efficacement subsistee rqu s'il est l'émanation d'une majorité de fait dont les deux extrêmes ne sont pas trop éloignées de lui. Tant que communistes et modérés le soute- naient Frone l , t républicain, placé entr s deuce e x groupes, réalisain u t équilibre par l'annulation de leur influence réciproque, équilibre précai- re certes mais équilibre possible tout de même. Le Front républicain, âpres 1'éloïgnemen s communistede t s puis leur opposition, était condamné soit à la disparition soit à l'inertie par la paralysie. Le seul Gouvernement

de minorité viable,reposant sur la majorité née le 5 juin?aurait eu une composition sensiblement différente, à base de républicains populaires et de radicaux par exemple. Les socialistes en restant à sa tête étaient condamné e reniers à s .

Le 5 juin 1956, les 271 voix qui accordent la confiance au Gou- vernement,outre celles des partis de la coalition au pouvoir, compren- nen centre l t e droi M.R.Pu d tu R.G.R. d majorit a t l . e droita t l ,e e éd e indépendant accroîtri à mesurqu e t e e l'approfonn soutied er so afu u a n - dissement de la rupture avec le P.C.F.( qui s'abstient ce jour-là.)

Guy Mollet renouvellera l'opération de la question de confiance posée sur l'ensemble de sa politique lors des débats généraux du 25 oc- tobr mar4 e1 195su d 1956t e 7 alor seulee qu ss question de s confiance d s e sur chaque politique gouvernementale prise séparément auraient pennis de réunir des majorités différentes ou " tournantes " dont les caractères marqués par le Front populaire ( en matière sociale par exemple ) ou par la'troisième force"( en matière algérienne } se seraient mutuellement annihilés. (51)

Les n discourtermeso e d s sn employé y Mollefi d'in Gu a l r -à tpa s vestiture s'en trouvent largement vidé e leud s r substance puisqu'il pré- tendai e lequ t vote émi e jour-lc s à liait député t ministèree s a quesL . -

(5Î) La question de confiance unique sur la politique générale permet aussi à Guy Mollet d'éviter que des membres de son propre parti ne soient tentés l'indiscipline,par dans domainele politiquela de algérienne spécialement. 808

tion de confiance sur la politique générale fut le levier tactique de cette ruptur e majoritéd e . Elle donna naissanc e qu'oc à e n doit bier sû n encr „ ;ppele Gouvernemenn u r e minoritéd t , mais dane formulun s e vidée de tout dynamisme où seule la simple survie de l'équipe en place était autorisé majorite e savaiun s i r pa qu eét désormais indispensable.

La concorde maximale régna entr e Gouvernemenl e a majorits t e t é conservatrice pendant l'été 1956 au cours duquel l'Algérie et Suez étaient au premier plas préoccupationde n s politiques sommee L . e cettd t e entente t lefu vot e confiancd e octobr5 2 u d e e 195 couru 6a s duque e Gouvernel l - ment recueillit 330 suffrages ( Front républicain moins M.Mendës-France, M.R.P., Indépendant ss poujadiste)le , s s'abstenan t lee t s communistes étan s seulle t s à voter contre a (14suitel - r n 1950dé Pa fi voi ,t . 6e ) x but 1957, les relations entre le Front républicain et l'aile droite de sa majorité parlementair e dégradèrens e t sensiblemen à caust s projetde e s financier e M.Ramadierd s s IndépendantLe . s trouvèren effen e t t dans le s résultats de quatre élections partielles, de janvier à avril 1957, des raisons de pousser plus loin le chantage au soutien puisque quatre des leurs furent élus.

Le 28 mars 1957 Molley ,Gu e recueilln t 1 voie22 x plu e contrqu s e a questiol r su e confianc8 d n 18 e posé conclusion e e n d'un dernier débat de politique générale. Les Indépendants se sont abstenus, tandis que les ra- dicaux mendésistes votaient contre, avec les cotirounistes et les pouja- distes.

Enfin, le 21 mai 1957, la question de confiance sur les mesures fiscale e Paud s l Ramadie t repoussé fu majorite r un r pa eé hostile s ù o e cumulaien s oppositionle t s communist , mendêsiste t indépendante.(52e e )

chaque(52)En circonstance, députésles Indépendants n'émettentde pas vote monolithique. Il se dégage toujours une minorité plus ou moins im- portante qui ne suit pas le vote de la plupart des membres du groupe par- lementaire. 809 e recourL à sla questio e confiancd n n procédu t fu eé couran e gouverned t - ment. Guy Mollet, malgré la lourdeur de la procédure et les préventions des socialistes à son égard, en a fait un usage fréquent au début de l'année 1956, pour aller vite sans doute t pou,e r évite déformatioa l r n parlementair s projetsse e d e questioa ;l e confiancd n t utiliséfu e e par- fois dans des circonstances discutables où aucun danger sérieux ne me- naçait le projet gouvernemental ( comme lors de l'adoption du projet de loi sur la troisième semaine de congés payés.}. Au total ce n'est pas moins de 34 questions de confiance que posa Guy Mollet, dont 15 sur les projets sociaux et 11 sur des projets financiers. En outre, le Président du Conseil eut recours en plusieurs circonstances à la " pseudo " ques- tion de confiance comme à l'issue du débat sur l'Euratom le 11 juillet 1945.

Depuis novembre 1956, les événements de Hongrie ont de toutes fa- çons brisé à jamais la possibilité de revenir même partiellement à une solution majoritaire autr e cellqu e e où domin droitea l e : "Auparavant une majorité de Front populaire était peu probable, mais elle restait possible: des combinaisons s'ëchaffaudaient en ce sens. Depuis, les com- munistes sont rejetés dans l'isolemen plongeais le ù o t t la guerre froi- de.. couu ,d p tout l'équilibr e l'alternancd e e s'effondre e centr.L e droi t tranquilletes e risqun l i , e plu e void s a S.F.I.Orl . échappe- rdu rablemen tnécessita l à e s'appuyed é s suffrages.se r rsu " (53)

Cette majorité enfin définie, le Gouvernement se trouvera para- lysé. Le paradoxe n'est qu'apparent: les partis soutenant le Front ré- publicain sont en effet ceux de la vieil le "troisième force"qui avait montré,de 194 7a à tro1951s r p, pa grand e diversité propensioa s , à l'imn - mobilisme. Le fait que le Gouvernement, restant " de minorité ", soit relativement homogène, lui donnera l'apparence du dynamisme et de la vitalité: en fait, à partir de juillet 1956, l'essentiel de l'activité législative gouvernemental acquiset es e ; l'époqu i s'ouvrqu e e verrn e a plus aucun grand projet être adopté i l'os , n except 9 novembr1 e l e e 1956,

(53) M.Duverger dansdécembreMonde"19 "Le du 1956. 810

a loi-cadrl r lasu econstructio i donnernqu P.C.Fu a a occasio e un . n que, jusqu' chuta l à Gouvernementu ed ralliee d , a majoritl r é parlemen- taire^ aucun propositions ede s sociale M.Gaziee d s sere n r a votée défi- nitivement avant le 21 mai 1957; le 25 mars 1957, la signature des Trai- tés de Rome fait exception mais elle reste un acte du seul Gouvernement, avant la ratification parlementaire qui interviendra en juillet 1957.)

L'impossibilité d'envisager la formation d'un autre ministère sans concoure l s socialiste, jointe a satisfactiol à voie nd e Fronl r t répu- lîcai chargee ns basses de r s besognes qu'il aurait reprochée autrn u à se Gouvernement, pousse les forces conservatrices à supporter Guy Mollet. De juillet 195 i 19576 ma a. , c'es ministèrn u t simpln ee e survi i subequ - siste si l'on excepte la réaction de l'expédition de Suez. La droite le tient prisonniemesurn e t ees d'empêchet e r r toute décisio i contreviennqu - drait à ses intérêts. Même le journal "Combat", qui pourtant n'avait pas ménagé son appui au Front républicain, prend ses distances en rappelant que "le parti socialiste est un parti d'opposition doctrinale au régime économique libéral " et en regrettant qu'il ne préside pas " à une évolu- tion vers un progrès social, économique et politique, conforme à sa doc- trine." (54) Après Suez, la position du même quotidien sera renversée: ! "Depuis qu'il est Président du Conseil, M-.Guy Mollet n'a obéi qu'à des préoccupations nationales, et non aux impératifs de son propre parti... faisant périlst facx parven es au eéchéances poinl le u i , ua ù o tpeu e n s - vent plus être renvoyées, et ou Tes ultimes décisions sont nécessaires. Il a par conséquent le droit d'exiger du Parlement qu'il se hausse à son niveau t qu'ie , l prenn responsabilités se e s commpria sienness le sl i e . ...L'heure est à tous les sacrifices. La France est engagée, une foi pluse sd , épreuvedane un s l I .serai dissimulen e i t lu vai e nd r l'éten- due... L'heur grandes de e s synthèses nationale sonné.a s " (55)

C'est dans cette perspective de l'union nationale, rendue plau-

(54) "Ccmubat u 2O"d juillet 1956.

(55) id.f le 16 novembre 1956. 811

guerra l sibl r epa e algérienn u égyptienno e e lequ es modérés apportent leur soutien: "Les Indépendants représentent l'opposition nationale, mais leur oppositio t loyales n t lorsque Présidene l e u Conseitd l défend l'intérêt national,nous sommes derrière lui." (56 e soutie)C e saurain n t bien sûr être sans contrepartie: "Si l'impératif qui s'impose aux forces nationalee groupes e d rt es derrièrs e le Gouvernemen Franca l e td e dans n actioso e plan Afriqul e n nr su internationalu Nor d et e d t es n e l i , un autre qui s'impose au Gouvernement lui-même: c'est de faire sur les autres plans, dont il ne peut pas ne pas s'occuper, la politique de sa majorit e politiquun és nationalpa e parti.n ed no t "e (57)

La même pressio t exercées n r lesu e Gouvernemen républis le r tpa - cains populaires beaucoup plus proche e luisd , spécialemen n matière t e de politique européenne: "Ou printemps à l'automne» l'attitude des répu- blicains populaires à l'égard du Gouvernement s'est beaucoup modifiée: à la saiso s rapportde n s sans cordialit a ésuccéd a saisoél e l'ententd n e cordiale . Désormais, MM.Pflimlin, Lecourt, Teitgen sont fréquemment consul- tés à Matignon: ils ont le sentiment d'être enfin associés, au moins en partie, à l'élaboration d'une politique bi-partisane." (58)

On a vu que même après Suez et l'échec indubitable auquel l'expé- dition aboutit, le Gouvernement ne broncha pas, car contrairement à ce qui peut se passer en Grande-Bretagne, la question " n'est pas de savoir commen e défairs t e M.Gud e y Mollet,ell e savoid t res e commen e remplal t - cer." (59)

(56) Discours de M.Legendre devant les Indépendants du Pas-de-Calais, novembreMonde"2O "Le du in 1956,

(57) Discours M.Garetde devant Indépendantsles Sommela id. de f (58) J.R. Tournoux dans "Combat" du 19 septembre 1956. (59) René Lombard dansGazette"La Lausanne"de novembre28 du 1956. 812

L'alert chaudt efu e cependant décembr0 1 e ,l e 1956, lor u votsd e du budget des Anciens Combattants. L'affaire permit à la fois aux modérés de manifester leur mécontentemen tà l'égar politiqua l e d d e budgétaire du Gouvernement et en même temps de lui prouver en le " repêchant " qu'il n'existai r leutpa rplue bonnqu s e volonté. " Jamais depuisu a qu'i t es l pouvoirGouvernemene l ( l i , n'avai) t t disposé d'une aussi faible majo- rité. Et cette majorité peau de chagrin comprend le vichyste Frédéric- Dupont, V "indépendant" Triboulet, les radicaux dissidents tels que M.Queuille M.R.Pe l , .soi- u tota a te bonn un l e centain e réactiond e - naires." (60)

L'avertissemen sévèret fu t momenu .A votu t d budge u ed s Ancientde s Combattants, à propos duquel est posée la 32 ème question de confiance du Gouvernement, le bruit se répand qu'il va manquer quelques voix. "M.Pinay vint à passer: "Si c'est vrai c'est catastrophique". M.Laniel près de lui opinait... M.Legendre (Indépendant) affirmait que... quelques-une d s ses amis, des derniers à voter, avaient changé leur bulletin en voyant à la masse des cartons bleus que les choses " tournaient mal ". (61) Le ré- sulta dégagee n t a qu'une majorité étriqué 5 suffrage22 e d e s favorables contre 220 opposants! Et M.Legendre de tirer lourdement une leçon déjà claire depuis quelques mois: "M.Guy Molle ta reç avertissemenn u t te bénéficie d'un sursis. C'est l'opposition national a accord i i llu equ e é n abstentioso r pa n concertée restl mercia I .s eà . S'il veut qu'elle gar- de cette attitud e neutralitd e é bienveillante»qu'i épargni lu l e toute nou- velle épreuve ,a politiqus tan r tpa e algérienne a politiqus r pa e e,qu fiscale." (62)

Le maintien au pouvoir d'un Gouvernement " en sursis " ne se justi- fiai r deutpa x plu e objectifsqu s : l'Europ t le e maintie e ld an France en Algérie. C'est la construction européenne qui fit admettre aux socia-

(60) Yves Moreau dans "L'Humanité" du 12 décembre 1956. (61) Georges Mamy dans Monde"décembre12 "Le du 1956. (62) "Paris-Presse" du 16 décembre 1956. 813

listes tous les renoncements imposé r lapa sdroit e comm n esou so pri -e d x tien. (63) C'est elle, et la politique algérienne.qui soudent l'alliance de fait entre la 5.F.1.0 M.R.Pe l a Croix"t .e e sujee peu."L c n i tà t ,qu qu'être informée à bonne sour.ce,écrit: "Ce sont manifestement les répu- blicains populaire i s'emploienqu s t surtou tmaintenià Gouvernemene rl t deboumaintenane l n te t n march"e e a plu"L . s nouvell s tentativede e s qu'ils patronnent est celle de la constitution d'une Eurafrique." (64)

Le premier anniversaire du Gouvernement de Front républicain sera accompagné d'un florilège de bilans diversement orientés. La revue de Lucie Faure, "La Nef", publie ainsi un éditorial fort critique: "On se demande comment il a duré. Ce qu'il avait promis, il ne l'a pas tenu. Ce qu'is réussi.. pa entreprisa l a T Français .e Le n l ,i e retrouven s n te Guy Mollet comme ils s'étaient retrouvés il y a quelques années en M. Pinay n'l u teniI .p a a promessrs e pai d en Algérie e x , mais c'es n honu t - nête homme. Il n'a pas réussi son expédition d'Egypte, mais c'est la fau- Américains tede s Russesde da t Q se n .rembarquerO é ét s pa a , main' n so battu. Il envoie nos enfants en Algérie, mais { heureusement ) nos per- tes sont faibles. Il nous prive de pétrole, mais chacun se débrouille pour trouveu d'essencepe n u r . Il proclam n attachemenso e tà la doctrine socialiste, mais il fait passer ses convictions personnelles après les exigences nationales. Oui, un homme bien honnête assurément, qui doit fair e qu'iec l peut, sans aucun doute." (65)

Le déba e politiqutd e général 8 mar2 t clo es e s l se i l 195 qu er 7pa

(63) Le témoignage sur ce point de M.Pineau est probant. cf*:"l956, Suez" op.cit. (64) "La Croix" du 18 décembre 1955. "Libération" du 19 décembre 1956 note aussi gu a relancél e européenne e thèmel t es Mollety avancé Gu r pa pour souder a nouvells e majorité droite.e d mars9 2 e L 1957, M.Lecourt déclare- s'adressanten ra républicainsaux populaires Tarndu Garonne:et ma-"La jorité d'aujourd'hui n'a plus rien de commun avec celle de 1956... C'est le M.R.P. qui, voulant écarter toute crise à Paris pour éviter un nouveau rebondissement du drame algérien, assure par son vote la stabilité d'uni- Gouvernement gui, sans cela, réunirait moins de 16O voix."("L'informa- tion" auavril2 1957.) Monde"(65) février5 "Le du 1957. 814

vote d'une question de confiance à une majorité très faible marque la dégradatio u soutied n n parlementair Gouvernemenu d e t (221 voix pour8 ,18 contre 0 abstentions11 , absent5 ,7 s ). "Combat 9 mar2 su "d titre:"A bout de souffle", "Le Figaro" du 30 mars: "Le pourrissement s'est installé", etc... (66) L'agonie durera encore deux mois.

Entretemps, les positions gouvernementales n'auront pas bougé d'un iota sur le problème essentiel de l'Algérie alors même que celles d'une bonne partie de ses soutiens modérés évoluent sensiblement depuis la fin de l'année 1956. MM.Pflimlin, E.Faure, générae Pinal t e ye Gaull d l e par- lent de négociations. Le journal "Le Figaro" change spectaculairement de physionomi mêma l eà e époque. Claude Bourdet affirmdroita l e equ e com- menc eà comprendr e gardn Gouvernemene t l e e poutqu r dise finil -e d r créditer. (67) M.Duverger partage la même analyse en remarquant qu'une " nouvelle droite e dessine"s : "Suproblèmes le r s algérien t africaine s s ...elle est souvent plus radicale que la gauche. C'est elle qui a inspiré s articlede s proprement " défaitistes " concernant l'Afrique noire...elle est persuadée que l'indépendance de l'Algérie est inévitable... Pour la droite classique, un chef de Gouvernement socialiste peut prendre des me- sures de répression qui seraient interdites à un ministère conservateur,

(66) "L1Aurore" e faillitn cependant s danssoutienn pa so Gouvernementu a en citant des extraits discoursdu Présidentdu Conseil;du "M.Guy Mollet pasn'a trichél discoursSon long mais explicite, solide plus encoreque brillant, se termine sur ces mots désintéressés: - Mieux vaudrait criseune qu'un vote incertain laisseraitne qui pou-au voir qu'un Gouvernement affaibli! Parole d'homme d'Etat et parole d'honnête homme!... C'est à un vote posi- tif, pour contre,ou sontque priés les députés. Puissent-ils deman-se der eux-mêmes à quel Gouvernement ils risqueraient d'avoir demain à accor- der leurs voix s'ils croyaient devoir, aujourd'hui,les refuser au Gou- vernement Mollet."Guy ( "L'Aurore" mars28 du 1957 ). (67) cf.fFraiicQ-ObserVfiteur"du novembre1O 1957. cf. aussi Monde""Le du 18 novembre 1956 rapportequi l'intervention M.Raymondde Aron devantle Conseil National du Mouvement pour l'Union Atlantique (auquel assistaient MM.E.Bonnefous, Bardoux, Almau, Henri Bonnet, #. d'Ormesson s générauxle t e Billotte et Weijgand ). M.Aron déclare qu'il faudra " reconnaître tôt ou tard que l'Afrique du Nord est une unité, qu'il y aura un Etat algérien et que dans délaiun fixerà il sera indépendant... noussi nous obstinons dans la politique actuelle nous courons à une catastrophe nationale à cô- laquellede té Traitéle Parisde 1763de paraîtra glorieux..." 815

à cause de l'opposition de gauche qu'elle susciterait alors: divisant la gauche, M.Guy Mollet fait la besogn e Nosked e a nouvell.L e droite jug- eex cellent,au contraire, que l'impossibilité d'une politique de force soit administré n ministèru r pa e e socialiste: ains droitea l i , sans responsa- bilité dans cette faillite, pourra-t-elle fair e politiquun e e intelli- gente, une fois le terrain déblayé. En somme, les uns espèrent réussir, grâc eà M.Gu y Mollet; les autres espèren fairi lu t e endosse responsaa l r - bilité de l'échec."(68) Tous avaient un évident intérêt au maintien en plac Gouvernementu d e .

Celui-ci, pour élargi u maintenio r majoritéa s r , n'utilise qu s pa a la seule questio confiancee d n . C'est tout a pratiqus e s institutionede s qua révélev i n soucru i très variabl a démocratil e d e e selon qu'il aura à agir dans le domaine algérie u dano n s d'autres matières.

REPUBLIQUA L : 2 § E MALMENEE

L'urgence des problèmes à résoudre, et singulièrement le conflit algérien, a empêché que ne surgisse le vaste débat sur les institutions auquel la plupart des partis donnaient la priorité dans leur programme électoral de janvier 1956. Les programmes des groupes parlementaires dé- posés le 23 janvier 1956 reflètent encore le souci du renforcement de l'autorité de l'Etat. Le M.R.P. réclame la révision des procédures de la question de confiance et de la dissolution, la délimitation des pouvoirs législati t réglementairee f républicains le ; s sociaux veulen n termete s plus généraux réformer 1'Etat "assurant la séparation des pouvoirs, la stabilité gouvernementale", quand l'U.D.S.R. revendique " la stabilité duréa l Gouvernements t de ee retoue l s t u scruti"e ra n uninominal majo- ritair à deue x tours "; le R.G.RCentre l t .e e républicainu sonpe n tu plus précis: "Notre but: un Gouvernement de législature, avec garantie d'une durée minim deue d a x ans moyene L . dissolutioa :l n automatique ";

(68) "L'Express" du 15 mars 1957. 816

les Indépendants réaffirment leur souci de stabilité gouvernementale, tous souhaitent le renforcemen e l'Exécutid t f sauf communiste t sociae s - liste i sonqu s t tota1ement si 1 _encijem dan e domainl s u fonctionnemend e t du système politique. (69) Le programme électoral de la S.F.I.O., comme pour être au goût du jour, réclamait bien en décembre 1955, une réforme s institutionsde , mai contentaie s s e proposed t r sans autre précision un budget pluri-annuel correspondant à chaque plan économique, des modifi- cations dans la procédur questioa l e d e e confianca d nmotiol e d e d nt e censure, et une réforme de l'organisation du travail parlementaire. Dans les dossiers remis à chaque candidat par la S.F.1,0., les argumen- taires et autres fiches techniques, par ailleurs très fournies et bien faites, ne contenaient aucun élément sur les institutions, leur éventuel- le réform t l'attitude s socialistede e sà leu r égard. Dann discourso s s d'investiture enfin, Guy Mollet avait précisé que la réforme des insti- tutions resterait à l'initiative des parlementaires, manière d'éluder les responsabilités gouvernementales en ce domaine. Il avouait d'ailleurs franchement: "Pour avoir pris quelque responsabilité dans l'élaboration de l'actuelle Constitution, il m'est plus difficile qu'à beaucoup d'entre vous de me montrer sévère à son égard. Je reconnais cependant volontiers la nécessit apportei lu e d é r sans délai certaines modification i s'imqu s - posent." (70) Et il rappelait deux thèmes qu'il souhaitait voir aborder: le droit de dissolution qui doit permettre de renforcer la stabilité de 1 'Exécutif, la réforme électorale et celle des méthodes de travail par- 1ementai re,

La gestion quotidienne et les obstacles à surmonter ne laisseront guère au Gouvernement le temps de se préoccuper de ces sujets et c'est bien plus sous la pression des événements qu'il sera amené à modifier dans sa pratique,c'est-à-dire illégalement ou inconstitutionnellement, le fonctionnement des institutions.

(69) cf. "L'année politique 1956", p.452 sqq. Les radicaux réclament bien sûr le retou scrutinu ra uninominal deuxà tours lt e droi dissoue td - dre l'Assemblée après deux crises ministérielles successives, (70) "/.'année politique 1956", p.459. 817

A" Le_sergent_dejner_de Ja révision_constitutionnelle

Enterré provisoirement par l'Algérie et les projets sociaux, le problèm révisioa l e d e n resurgi à tl'initiativ y MolleGu e i d et ma l6 e 1956. A Arras, le Président du Conseil prononce un discours qui tient compte des difficultés rencontrées depuis trois mois dans la gestion des affaires publiques: "Pour faire face aux échéances qui s'accumulent, les idées, les programmes ne manquent pas. Nous n'en avons jamais été dému- nis en France. Ce qu'il faut davantage encore, comme sur le plan munici- pal, c'est la volonté, la patience, c'est la continuité de l'effort, c'est la garantie de la durée. La machine gouvernementale a marché par saccades... La notion de responsabilité disparaît... L'initiative de ce travail constitutionnel revient normalement au Parlement... mais je veux alerte e nouvead r e Parlementl u , alerte gravita l e payr l r u su sd é problème et l'urgence d'une action." (71) L'appel ne sera pas entendu, et l'actualité ne sera guère propice à l'ouverture de ce débat.

Ljui2 e n 1956, devant l'Assemblée nationale Présidene l , u d t Conseil devient plus pressant e sui"J : s contrain e constatetd e lerqu fonctionnemen s institutionno e td s correspon x responsabilitéau l ma d s x besoinau t e s d'un Etat moderne. Une révision constitutionnelle est indispensable, qui permette de renforce stabilita rl u pouvoid é r exécutir la-mêmepa , fet , d'affir- mer l'autorité de l'Etat."(72) Peine perdue! A nouveau aucun écho à ces invitation manqueni qu s t nettemen e précisionsd t n effet;e ,à aucu - mo n men y MolletGu a avancn' t e propositiond é s complète t précisee sa l r su s révision à entreprendre ; les divergences étant considérables entre par- tis, tout le monde évite d'aborder un sujet qui ne pourrait que contri- bue rà l'éclatemen e ld ta majorité d'Union n traie national t nes i qu e de se constituer a la fin du printemps de 1956. Trois sujets sont com-

(71) cf."Le i 1956 Mondema 8 . u "d (72) J.O s Débats,.de A.N., juin2 1956, p.2278. 818

muns à toutes les propositions de révision en présence: le renforcement de la stabilité gouvernementale par la réforme du droit de dissolution, de la question de confiance et du mode de scrutin, la refonte du Titre a Constitutiol VII e d I r l'Uniosu n n Française, inadapté x conditionau e s récentes de l'évolution des territoires et'Outre-mer, et enfin la modifi- catio e l'articla Constitutiond nl e d 0 9 e i concernqu , procédurea l e de révision de ce texte.

e groupL e parlementaire socialiste abordera le problèm e ld ea pri- orit à donneé s points ce à rl'u e y Molled n Gu . t déclarera: "II semble bien qu'actuellement la droit e l'Assembléd e e entende traiter les pro- blèmes dans l'ordre suivant: 1- Modificatio e l'articld n 0 9 e a stabilit2L - é gouvernementale e TitrL - e3 VIII concernant l'Union Française

Personnellement e sui,j s partisan d'un ordre exactement inverse. Du point de vue chronologique, le point le plus important est le Titre VIII car si demain nous sommes en mesure d'offir une solution nouvelle au problème algérien, il ne faut pas qu'elle soit anti-constitutionnelle. Cect vraes ii pour toute l'Union Français t l'applicatioe s loisde n - cadres." (73} Le groupe socialiste entérinera la proposition de Guy Mol- let car il est " unanime à refuser la révision profonde (de l'article 90) e veuqu te c la r droitca e c'est pouvoir modifie a Constitutiol r e s n e n passant des voix socialistes." (73)

Cette attitude dans le classement des priorités constitutionnelles t révélatrices e ld a e volont e ld aé S.F.I.O e rien ne . d changee d r fondamental. L'argument de l'Algérie et des territoires d'Outre-mer ne tient pas puisque la loi Defferre elle-même fut votée et ses décrets d'ap- plication pris avant que la Constitution soit révisée en quoi que ce soit dann Titrso s e VIII .s autre L'unle t se intervinren , se-vu ta bienl' n o ,

(73) Groupe parlementaire, réunion du 14 juin 1956. 619

Ion des procédures et dans des domaines inconstitutionnels. La mise en avant du Titre VIII revient en fait à enterrer à nouveau un débat sur l'organisatio a finalitl t e n e l'Uniod é n Française, débat commencn e é mai 1955 e proje"L ! t (de révision e peu)n t réussi e s'i qu ra l'appu l i simultan s socialistede é s modérésde t e s deu Le .x groupe e sonn s t d'ac- r e fonl'étendul su cord r a reformei l mêmn su d e i ed n e . C'est u resld à - te la difficulté de tout projet de révision constitutionnelle: à part les communistes, tous groupele s s s'en montrent partisans, mais avec combie e nuancesd n s républicainLe ! s sociaux r exemple,pa , sont poue un r refonte totale alors que les socialistes se contenteraient d'une révision électorali lo a dl u règlemened t e t intérieu e l'Assemblée.d r " (74)

Tout continuera donc comme par le passé. Guy Mollet en prend faci- lemen réformea n partil so t e croien e e suin "J qu e :ceui d s,s qu xpa t dans domainesce s , soie panacée..un t e sui.J s plus préoccupé d'autorité gouvernementale que de stabilité... il aurait mieux valu savoir que nous durerions douze moi e d'avoiqu s r tenu quinze mois sans savoi e nouqu r s irions jusque là." (75)

L'Assemblée nationale n'abordera les problèmes institutionnels qu'5 l'occasion du débat de politique générale ouvert le 14 mars 1957. Ce sera pour entendre chacu s orateurde n s rappele positions le r s traditionnelles n partdso e Gouvernemene i l sane qu s t s'engage plus avant y MolleGu , e s t contentan e répondrd t à epropoa révisio l e d s n constitutionnelle: "Cette question relève avant tou e l'initiativd t e parlementaire. J'ai déjà pris positio e n'aj it e n rie à retirenn discour mo e d r s i d'Arrama 6 u d s 1956." (76)

Le 10 mai 1957, le sujet fut une dernière fois évoqué lorsque le Président du Conseil reçut tour à tour les représentants de tous les par- tis politiques, poujadistes et communistes exceptés. Les entretiens portè-

(74) "L'année politique 1957",27. p. (75} Conseil national S.F.T.O. dn 12 mai 1957, compte-rendu, p.261 et 27O. (76) "L'année politique 1957", p.31. 820

rent uniquement sur la révision mais ne permirent aucun progrès.

Quant à la S.F.I.O,, elle se garda bien de susciter sur ce plan des difficulté u Gouvernementa s , M.Etienne Weill-Rayna continuet pu l à échafr - fauder des mécanismes constitutionnels ingénieux que son imagination lui fournit inlassablement. (77) M.Lejeun e s début sessioa déposl le e s d s dè an parlementaire 2e 4l , janvier 1956 e propositio,un instituani lo e d n n u t scrutin majoritaire uninominal à deux tours qui utilise la représentation proportionnelle pou répartitioa l r s siègede n s entr différentes le e s cir- conscriptions. (78) Ell e vinn e t jamai n discussione s M.R.Pe l , .y étan t farouchement opposé.

e PrésidenL e ltd a République enfinmêma l ee ,d manièr e qu'il avait appu^ l'action entreprise en Algérie, se déclara partisan du renforcement

de l'Etas t "dont l'instabilit débilita l t e é é son tà l'origin a plul e -d e s maux..no par e d ta réform .L conditioe a l'Etad l e t es t n premièr- re e d e dressement." (79)

II n'est guère qu'un seul domaine dans lequel le Gouvernement in- tervint efficacement réforma l :procédura l e d e e budgétaire. L'articl6 1 e de la Constitution prévoit depuis 1946 qu' "une loi organique réglera le

(77) voir notamment une nouvelle utilisatio droiu nd t âe dissolution, ex- posée Conseilu a national décembre6 u d 1955, compte-rendu, p.48 sgq. (78) Les 544 sièges métropolitains seraient répartis entre les départements on fonction leurde population départementsles ( étant tous assurés d'avoir au moins deux députés). Chaque département durait autant foise siègen d u que le quotient national (49 OOO électeurs) serait compris dans le nombre total de ses électeurs. Les départements ayant le pins fort reste se ver- raient attribuer s siègesle répartis n no quotient.u a Aucune circonscription ne pourrait avoir une population double de celle d'une autre circonscriptio mêmu nd e département. e pourraitn l Nu être candida secondu a t tour sans 1'avoirpremieru a é ét et avoir recueilli 1O% des suffrages exprimés. Enfin SeineSeine-et-Oisela la et continueraient désignerà leurs députés représentationla à proportionnelle. (79) discours de Verdun, 17 juin 1956, cf. "Le Monde" du 19 juin 1956. 821

mod e présentatiod e u budget"d n . L'incapacit u Législateud é r à élabo- e textc r e re décida le Gouvernement E.Faur ea demande e premièrun r e loi d'habilitation en la matière, le 2 avril 1955, suivie d'une seconde loi, illimitée dan tempse l s aoû6 e ,l t 1955 e GouvernemenL . Frone d t t répu- blicaidont fi c e qu'acheven n e procédurun r e dons prédécesseurse t s avaient prépar voiess le é e décreL . t organiqu 9 jui1 t u nd efu 195 n e 6 l'aboutissement. {80)11 " vis à edonne à rl ae d discussioi lo a l e d n finances l'ampleur qu'elle mérite afie chaququ n e parlementaire, éclairé au préalabl r lesu se données économique t financièree s u budgetd s , puisse en toute connaissance de cause statuer sur les propositions du Gouverne- ment." s lai(80 e Le développemen)d s s budgetle u o ts partiel e chaqud s e ministère sont supprimés au profit de la loi de finances qui n'inclut plus le seul budget de l'Etat mais aussi les budgets annexes et les opéra- tions des comptes spéciaux du Trésor. Elle est par ailleurs accompagnée d'un rapport économique la situant dans l'ensembl s financede e s publi- ques (Etat, collectivités locales, grandes entreprises nationales, régi- s sociaux...me ) Dans la représentatio u texted n , les chapitres s'effa- cent au profit des titres et ministères. La procédure d'adoption enfin t réforméees . Dan a phass e législative a premièrl , e parti e ld ae loi, comprenant essentiellemen recettes le t s doit être d'abord discuté- vo t e tée, avant la seconde qui contient les dépenses par titres et ministères.

e projeL e budgetd t devra être dépos u plua é r noveme s 1 tar e -l d vre devant l'Assemblée nationale, transmis le 10 décembre au Conseil de la République t vote , é définitivement r janvier.avan1e e l t -

Dans la phase réglementaire de cette nouvelle procédure, le Gouver- nement réparti r chapitrpa t s créditle e s vote r titrepa s t ministèrese s , Les Commissions de finances et les deux Assemblées gardent encore un contrôls décretce r e répartitiosu d es n pendan n délau t i maximu e deud m x mois n caE e retar.d s d dans débatle s s parlementaires, le Gouvernement pouvait aussi ouvrir par décrets les crédits correspondant aux "services votés ".

(BO) cf. J.O. du 2O juin 1956, p.5632. 822

Cette nouvelle procédure fut utilisée pour la première fois à l'oc- casion du débat sur le budget de 1957: "Le décret organique n'eut pas pour effe e rendrtd e plus facil a tâch l es Gouvernement de e i voulaienqu s t faire adopte e budgel r t qu'ils proposaient y MolleGu . t obligfu t e posed éx si r fois la question de confiance et, comme plus tard Félix Gaillard, il fail- lit être batt r lesu u budge s anciende t s combattants. Maidéputés le s s étaient maintenant forcés de prendre la responsabilité d'accepter ou de refuse s budgetle r s demandé e pouvaienn t e s t plus s'e ns arti de tire r - pa r fice e procédure."(81sd s résultat)Le s furent spectaculaire r comparaipa s - son avec les retards constatés les années précédentes: le budget de 1957 t adoptfu n première e lectur r l'Assemblépa e e nationale le 10 décembre n dernière 195 t 6e e lectur 9 décembre2 e l e 4 amendement;10 s furent déposés contr 4 l'anné99 e e précédente 9 séance2 ; s furent consacrée u budgea s t contre 122 en 1955. (82)

Cette réforme» qui n'est pas sans annoncer les règles adoptées par la Verne République, eut donc une efficacité certaine sans doute parce que sa constitutionnalité même peut être mise en doute: "La réforme de la présentatio u budge nd e véritabl un ta e portée constitutionnelle- se e n : rait-ce que parce qu'elle viole la Constitution", écrit M.Louis Cartou en notant qu'un décret est intervenu dans une matière conférée par la Consti- s disposition organiqui le lo e tutioe qu un t e S n s constitutionnllei qu s confien x Assembléeau t e soi l se fixe d n r la compétenc s commissionde e s par- lementaire é bafouéesét t on s . (83)

II no s'agissait que de la manifestation juridiquement formulée d'un processus de dessaisissement beaucoup plus large du Parlement, facile- ment explicable sinon excusable par les déséquilibres du régime. Les cir-

(81) P.Williams, op.cit., p.458. (82) chiffres extraits de P.Williams, ici., p.459. (83) c£.Louis Carton: "Pouvoir financier et pouvoir politique", R.D.P, 73 (2) mars-avril 1957, p.256, 823

constance e guerrd s e inavouée feront le reste an amenant le Gouvernement à direction socialiste à un certain nombre de pratiques contradictoires ave e libéralisml c e politique don S.F.I.Oa l t . faisait pourtant le préa- labl e toutd en actionso e .

B- Le5_déformations_anti-démocratigues

La dégradation de la situation on Algérie a provoqué l'institution d'un régime e spéciapleind i lo s l a pouvoirl iss e mar3 d 1 u su d s 1956 que nous avons vue, de même qu'une large extension des atteintes aux liber- tés publiques et individuelles. (84) Le fonctionnement même des pouvoirs publics va refléter l'emprise grandissante des préoccupations militaires t policièree u Gouvernementd s ,

La compétence budgétaire du Parlement est loin d'être régénérée par la réform e "ld ea procédur e jui d ei concern nqu 1956e c budgee l en , e e td la Défense nationale. Jusqu'alor crédits le s s militaires n'avaient jamais é porté ét connaissanca l à s s parlementairede e s dans leur globalit t ae é- vant qu'ils ne commencent à être utilisés; fractionnés en plusieurs textes financiers,les "douzièmes provisionnels", ils n'étaient débattus qu'a pos- teriori et ratifiés sous forme de collectifs. Il est vrai que"la lenteur e ld a discussion législativ t particulièremenes e t préjudiciable S l'ac- tion de VEtat en temps de guerre." (85) En 1956, le véritable budget de la défense national t ainsfu e i présent t vote é é dan collectie l s f militai- re adopté le 31 juillet 1956, "les crédits ouverts au titre des opérations militaires en Algérie, à partir de 1955 et jusqu'en 1958, échappent totale- ment au contrôle préalable de l'Assemblée nationale. Pendant trois ans, les dépenses entraînée r lapa s guerre d'Algéris crédit é payéede ét r t su son e ouverts par des décrets d'avance approuvés par des collectifs." (86)

(84) n un parlementaire lui demandant pourquoi la France n'avait pas ratifié la Convention européenne des droits de l'homme, M.Pineau répondit quo le pro- i t avaitr?je lo eé fidoptc ét ler pa Gouvernement avril4 le2 195O t qu'ile serait déposé "tr6s prochainement* r lesu bureau l'Assembléee d ! (cf. J.O. des Débats, A.N., 18 mai 1956, p.2OO2.) (85) J.rtarfile, op.cit,, p.43. (86) id., p.45. 824

e PrésidenL t socialist a commissiol e d e s financede n e 1 d s'Assem - blée national n conviendre a facilement lore troisiè l u débad s r su t - t derniee e m r collecti e 1956d f projee l : t " constitu n véritablu e e budget a posteriori des dépenses exceptionnelles d'Algérie pour le quatrième trimestr e l'année.d e " (87)

Le même dessaisissement financier et militaire du Parlement se re- produit en 1957. En effet si le budget est bien voté dans les délais pré- vus, le 29 décembre 1957, il n'ouvre aucun crédit pour les dépenses de l'armée en Algérie et celles de l'expédition de Suez, jugées trop "mou- vantes" par M.Leenhardt. Celui-ci rajoutera, comme si la réforme de la procédure budgétaire ne devait pas s'appliquer en matière militaire: "notre e devoistatued t es r r normalemen a loe financel d i r su t s telle qu'ell é arrêtée Gouvernemenl ét a r e pa e t d'attendre t e collectil e i qu f ne nous sera sans doute pas présenté avant fin janvier, mais par lequel seront réglé comptes le s s financiers résultan s événementde t u Moyensd - Orient comme ceux qui résultent des prévisions pour l'Algérie." (88) Le collectif ne sera voté que le 28 décembre 1957 par les deux Assem- blées qui e foi ,un e plus,n'aurond s s mesure e prononcede s r u p tsu s e rqu déjà exécutées. "Cette pratique s'explique n matièr,e e dépensed e s mili- s fairpa taires e e soucn l apparaîtr e r d i ,pa x yeu au e l'opiniod x n t C.e j r«,lemen a causl t e essentiell u déséquilibrd e s financede e s publi- ques. L'opinio Parlemene l t e n t sont tenus dans l'ignoranc u coûd e t réel des opérations militaires jusqu'au dépôt du collectif; à ce moment-là, de- vant le fait accompli, l'Assemblée national e prenn e d plus la peine d e discute montane l r s chargede t s militaire e l'Etad s t fixées libremenr pa t décrets; elle ne peut qu'approuver le montant des crédits additionnels dé- jà effectivement utilisées."(89)

Nous avons vu que les compétences budgétaires du Parlement n'étaient s seulepale s à sêtr e s pleinamputéesde i slo pouvoira .L s aboutissait

(87) M.Leenhardt, J.Os Débats,de , A.N., décembre8 2 195fi, p.fi287. (88) id., 2O novembre 1956, p.4935. (89) J.Baralc, op.cit., p.78. 825

sous des apparences constitutionnelles à concentrer la quasi totalité des pouvoirs civils et militaires, réglementaires et législatifs entre les main u ministrd s e résidant e mouvemenC . t s'accompagne d'un dépérisse- ment du contrôle parlementaire sur la politique algérienne et la politi- que militair n générale e e GouvernemenL . t s'est efforcé avec succès d'em- pêcher tout débat spécifiqu s problèmece r su en lee s s "noyant" dans le a politiqucadrs e d e e générale, seul moyen pour lui d'évite a désagrél r - gatiomajorita l e d n é qu'il souhaitait. Revenant d'Alge- rfé aprè6 e l s vrier 1956 y Molle,Gu e fain t t devant l'Assemblée nationale qu'une "décla- ration" (16 février 1956) qui selon le règlement de la Chambre ne peut être suivie que par l'intervention d'un seul député. La même procédure t reprises e laoû2 e u sujea t e l'Affairtd - au Sueze d e un t c'es, e r pa t tre"déclaration" ministérielle que le Parlement sera informé de l'ultima- tum lancé à l'Egypte, le 30 octobre 1956 .

Seul le débat ouvert le 8 mars 1956 sur le projet de loi sur les pouvoirs spéciaux sera consacré dan a totalits s politiqua l à é e algérien- e un u Gouvernement. Celle-c e sern i a plus qu'une partie, essentielll i e est vrai, des débats de politique générale qui auront lieu du 31 mai au 5 juin 1956, du 18 au 25 octobre 1956, et du 14 au 29 mars 1957. Un seul débat spécifique sera consacré à la politique extérieure, du 18 au 20 décembre 1956.

L'expédition de Suez est presque une caricature du dessaisissement du Parlement de son droit à décider de la guerre ou de la paix: "Les condi- tions dans lesquelles a été prise la décision d'intervenir militairement contre l'Egypte sont..., à beaucoup d'égard, insolites. En France comme en Grande-Bretagne, l'affaire a été conduite par une équipe constituée, au sein du Gouvernement, et agissant, pour l'essentiel, à l'insu des au- tres ministres a solidaritL . é ministériell é respectéeét s n pa e a i N .n' e France n Grande-Bretagnee i ,n s Parlementle , s n'on é consultéstét a L . chose n'est pas anormale, s'agissant d'opérations militaires qui auraient perdu toute efficacité si le calendrier et le plan de l'intervention 826

avaient été divulgués à l'avance."(90)

Après la " déclaration gouvernementale " informant le Parlement de l'ultimatum envoyé à Nasser, dans la soirée du 30 octobre 1956» une interpellation de complaisance (de fl.Brocas, radical) est admise par le Gouvernement débae l : t tournera 1 octobre3 cour e l t , aprè e l'interqu s - pelleu t conclai r u ains n interventionso i : "Nous pouvons tire e légiun r - tim e notre qu fierte c paye d é s soit au côt s héroéde s qui l ,Avi Te à v comme à Budapest, luttent pour la liberté, de ce que notre pays soit une foi e plud s s dan came l su courag d pe l'honneur. d t e " (91;

En matière de politique extérieure, il n'y a guère qu'un domaine dans leque e Gouvernemenl l t s'appliqu à associee r êtroitemen e Parlemenl t t à son action: la construction européenne. La cohésion de sa majorité et le cuisant souveni C.E.Da l e d r. voulaient qu'il informe les députés de s négociations en cours et obtienne leur approbation ( ce qui fut réalisé juille1 1 u a d6 tu 1956 2 janviepou2 u ra l'Eurator5 1 195u d 7t e m pour l'ensemble des traités européens)

Mai s,comm n matière e économiqu t socialee caractérisi qu e ,c e l'action du Front républicain c'est l'hésitation perpétuelle dans cet état de"ni guerre ni paix"où s'enfonce la France entre les moyens d'une gestion pacifique et traditionnelle et au contraire ceux d'une mobilisa- tio e touted n s ressourcele s u payssd a contradictio.L t permanentes n e n toue t domaine y MolleGu : t proclame bien hau respece l t s libertéde t e qu s MM.Lacost u Bourgës-Maunouro e y réduisent chaque jour; la rationalisation a procédurl e d e budgétaire perme e pluun t s grande efficacité mais le budget a Défensdl e e national échappei lu e , etc... Derrière chaque obstaclen ,o retrouve, ouniprésente, la sourc e toues déséquilibred le s u presqueso : le conflit algérien. La politique intérieure ne lui a pas été suffisamment

(9O)Marccl Merle: crisea "L de Suez n "L'élaborationi " a politiquel e d étrangère", colloque dirigé par Léo Ramon, P.U.F., Publications du Centre d'Etudes Relationsdos politiques l'Universitéde Dijon,de Paris 1969, 34O p., p.247. (91) J,O. des Débats, A.N., 31 octobre 1956, p.4437. 327

adaptée ; la guerre supposait une austérité sans failles, une suspension des libertés républicaines que le Gouvernement n'avait ni les moyens ni la volonté de proposer, si même il en a eu conscience. La prison acceptée d'une majorité parlementaire conservatrice écartait toute possibilité de redressemen n quelqute e domaine soitc e plue L - qu es étonnan e lequ t tes parti socialist e sois e t prêt i longtemps é à sl a prise d'otage donl i t était la victime consentante. C'est l'explication de ce phénomène que nous allons maintenant tenter d'approcher.