INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES DE

CYCLE SUPERIEUR D'HISTOIRE DU XXE SIECLE

Un cercle d'étudiants catholiques sous la Troisième République : LA CONFÉRENCE OLIVAINT (1875-1940)

David COLON

Mémoire présenté pour le DEA "HISTOIRE DU XXE SIECLE"

Directeur du mémoire : M. Jean-Pierre AZÉMA

1996

SIGLES ET ABRÉVIATIONS

ACJF Association catholique de la jeunesse française ALP Action libérale populaire AN Archives nationales BN Bibliothèque nationale CCO Cercles catholiques d'ouvriers CGT Confédération générale du travail CIEC Confédération internationale des étudiants catholiques CNR Conseil national de la résistance CO Conférence Olivaint DRAC Ligue pour les droits des religieux anciens combattants ELSP École libre des Sciences politiques FFEC Fédération française des étudiants catholiques FNC Fédération nationale catholique GEDES Groupe d'études diplomatiques, économiques et sociales GUSDN Groupement universitaire pour la Société des Nations HEC Hautes études commerciales IC Institut catholique INA Institut national agronomique JEC Jeunesse étudiante chrétienne JP Jeunesses patriotes MRP Mouvement républicain populaire PPère PSF Parti social français RP Révérend Père SDN Société des Nations sj Jésuite (de la Compagnie de Jésus, e societate Jesu) UCINA Union catholique de l'Institut national agronomique UPF Union pour la USIC Union sociale d'ingénieurs catholiques Introduction

Parmi les nombreuses Conférences d'étudiants qui ont existé sous la Troisième République, la Conférence Olivaint occupe une place à part. D'abord en raison de sa longévité : créée à l'automne 1874, elle eut une activité régulière jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, seulement interrompue par la Grande Guerre, et elle est l'une des rares à exister aujourd'hui encore. En second lieu, en raison sa nature : créée à l'initiative de la Compagnie de Jésus, au sein d'une Congrégation mariale, elle était destinée à regrouper et encadrer des jeunes étudiants catholiques en vue les former à la vie publique, dans un esprit de défense religieuse. Jusqu'à ce jour, peu de travaux ont étudié l'Histoire de la Conférence Olivaint. Un membre de la Conférence, Emmanuelle Bastide, a étudié dans un mémoire de Troisième cycle la période la plus immédiatement contemporaine1 ; Gilles Le Béguec, dans sa thèse sur les filières d'accès aux fonctions parlementaires, lui consacre quelques développements, en fondant son propos sur les documents conservés à la Bibliothèque nationale2 ; enfin, l'abbé Molette, dans sa thèse sur les débuts de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF), la cite régulièrement, sans discerner véritablement sa spécificité3.

1 Emmanuelle BASTIDE, La Conférence Olivaint : 1947-1987, un lieu de formation des élites à la vie civique. Paris : Institut d'Études politiques, Mémoire de DEA préparé sous la direction de M. Jean-Marie Mayeur, 1990, 130 pages. 2 Gilles LE BÉGUEC, L'entrée au Palais Bourbon : les filières privilégiées d'accès à la fonction parlementaire, 1919-1939. Thèse, Paris X, Nanterre, 1989. : Atelier de reproduction de l'Université Lille 3, 1990. 3 Charles MOLETTE, L'Association catholique de la jeunesse française (1886-1907). Paris : Armand Colin, 1968.

4 Ce relatif vide historiographique s'explique par la confidentialité qui entoure depuis les origines les activités de la Conférence Olivaint. Sous la Troisième République, en particulier, celle-ci ne cherchait pas la publicité, et pouvait apparaître comme un cercle fermé. Les activités de la Conférence concernaient chaque année quelques dizaines de jeunes gens triés sur le volet, souvent issus des collèges religieux, et les séances hebdomadaires étaient fermées au public ou aux curieux. La cooptation des membres dans des milieux bourgeois ou nobiliaires, le fort encadrement jésuite, la discrétion, et la constitution, à partir du début du XXe siècle, d'un réseau d'anciens, donnèrent ainsi à la Conférence Olivaint des aspects de « Franc- maçonnerie catholique ». En même temps, l'Olivaint fut, dès l'origine, un lieu de rencontre et de débat, d'échanges et de confrontations parfois vives entre les tenants d'un catholicisme social, et les catholiques intransigeants et réactionnaires. Le Ralliement, la Séparation des Églises et de l'État, plus tard la condamnation de l'Action française (AF) ont été autant de terrains propices aux divisions. Mais la question la plus envenimée, la seule qui fut proscrite des débats parce que trop brûlante pendant très longtemps, fut la question du régime. Née avec la Troisième République, la Conférence fut pendant longtemps un bastion de l'opposition la plus résolue au régime républicain, puis à la législation laïque des différents gouvernements, avant d'être une caisse de résonance de l'antiparlementarisme de l'entre-deux guerres. En cela, l'apport de l'Olivaint aux mouvements de jeunesse - l'Association catholique de la jeunesse en particulier, aux mouvements d'étudiants - comme la Fédération française des étudiants catholiques (FFEC), ainsi qu'aux jeunesses des ligues et des partis politiques, mérite d'être étudié. Cercle catholique conservateur, sinon réactionnaire, la Conférence Olivaint a en effet vu sortir de ses rangs plusieurs générations de parlementaires, de fonctionnaires, d'avocats, de professeurs et d'hommes de lettres qui, pour beaucoup d'entre eux, se sont distingués par leur attachement à l'Eglise et à la patrie. Naturellement, le présent travail a ses limites. Dans l'état actuel des sources, il ne peut se prétendre ni complet ni exhaustif. On arguera aussi que l'appartenance de l'auteur à l'organisation qu'il étudie peut amener le lecteur à douter de la sincérité de l'analyse, par manque de recul et de regard critique. Les faits relatés, cela dit, sont lointains : la Conférence Olivaint d'avant-guerre n'a que peu de choses en commun avec celle qui fut refondée en 1947, sous l'impulsion du RP Huvenne et qui, en 1968, s'est « laïcisée » à l'issue de la présidence de . Loin d'avoir pour ambition

5 d'établir l'histoire pieuse de la Conférence Olivaint, le présent travail vise avant tout à mettre en lumière les ambivalences d'un cercle catholique aussi conservateur qu'ouvert aux questions sociales, en ne laissant rien dans l'ombre de l'extrême conservatisme de ce cercle catholique.

6 Remerciements

Je remercie M. Jean Pierre Azéma, pour le soutien la patience dont il a fait preuve à mon égard tout au long de ce travail, ainsi que MM. René Rémond et Gilles Le Béguec, pour les précieux conseils qu'ils m'ont donnés au début de ma recherche. Je remercie mon camarade Laurent Bigorgne, qui le premier m'a donné l'idée de faire ce travail. Je tiens à remercier les RR. PP. de Boissière et Gillibert, ss. jj., respectivement ancien et actuel conseillers de la Conférence Olivaint, qui ont soutenu mon projet. Je remercie tout particulièrement le RP Bonfils, s.j., archiviste de la Province, ainsi que son assistante, qui m'ont offert un très agréable et sympathique accueil aux Archives jésuites de la Province. Qu'ils soient remerciés pour le temps qu'ils m'ont ainsi consacré et l'aide et les conseils qu'ils m'ont prodigués. Je remercie Amélie, du secrétariat de Sciences Po, pour son sourire, qui vaut tous les encouragements du monde. Merci au seul témoin vivant que j'ai rencontré et qui a bien accepté de m'ouvrir la porte de son bureau, ainsi que celle de ses souvenirs, monsieur André Aumonier. Merci enfin à mes copains et amis qui ont souffert mes sautes d'humeur durant la phase de rédaction du mémoire, Hélène de Virieu et Raphaël Enthoven en particulier, dont les encouragements me furent on ne peut plus précieux.

7 Première partie :

UN CERCLE CATHOLIQUE LITTÉRAIRE ET CONSERVATEUR. (1874-1888) Chapitre premier : La fondation de la Conférence Olivaint

À l’origine de la Conférence Olivaint (CO), il y a un ordre religieux, la Compagnie de Jésus, sa Congrégation étudiante, rebaptisée ‘ Réunion des jeunes gens de la rue de Sèvres », et un nom significatif, celui du RP Pierre Olivaint, martyr de la Commune. La fondation de cette organisation s'inscrit donc autant dans un héritage, celui des Congrégations jésuites, que dans des circonstances politiques déterminées, au lendemain de la Commune, et au tout début d'un régime, la Troisième République, contre lequel l'action de la Conférence Olivaint s'est inscrite durablement.

LA CONGREGATION

La Conférence Olivaint est parfaitement indissociable de la Congrégation qui lui a donné naissance en 1875 et qui lui a permis de se développer et de prospérer jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. La Congrégation dont il s'agit fut fondée en 1852 au collège jésuite de Vaugirard, à l'initiative du Père Jean Gagarin4. Ce dernier était désireux, en effet, de faire revivre la Congrégation mariale qu'il avait connue, en exil, au collège belge de Brugelette ; il réunit autour de lui, le 5 décembre 1852, à l'occasion de la première réunion, quelques jeunes gens issus de Brugelette, parmi lesquels Paul Lauras, Charles de Maistre - petit-fils de Joseph de Maistre - et Félix de Roquefeuil. Les réunions avaient lieu tous les quinze jours et consistaient en une messe, suivie d'une instruction. Transférée une première fois rue des Postes, en 1853, la Congrégation déménagea au milieu des années 1860 pour rejoindre la rue de Sèvres. C'est là qu'elle se développa et donna naissance au lendemain de la Commune à plusieurs conférences d'étudiants.

L'héritage de l'antique Congrégation

La Congrégation de la rue de Sèvres - très vite rebaptisée ‘ Réunion de la rue de Sèvres » pour dissimuler sa nature congrégative - n'était, cependant, que la nouvelle forme revêtue par une Congrégation plus

4 Michel CORNUDET, Souvenir du 25e anniversaire de la fondation de la Réunion des jeunes gens. Bourges : E. Pigelet, imprimeur de l'Archevêché, pp. 6 à 29. Le Prince Jean Gagarin, premier secrétaire de l'ambassade de Russie à Paris avait été converti par le RP Ravignan et madame Swetchine. Il entra dans la Compagnie de Jésus et fut, pour ce fait, condamné à l'exil par son pays d'origine, avant d'être exilé par la France.

9 ancienne et particulièrement décriée sous la Restauration : un membre de la Constituante, M. de Montlosier, n'avait-il pas publié en 1826 un long mémoire dans lequel, ému des progrès de l'ultramontanisme et frappé de "l'esprit d'envahissement du parti prêtre", il avait dénoncé tout particulier la Congrégation, qu'il s'avouait en même temps incapable de définir :

Cette puissance mystérieuse qui, sous le nom de Congrégation, figure sous la scène du monde, me paraît aussi confuse dans sa composition que dans son objet, dans son objet que dans son origine5.

Le livre, en tout cas, connut un grand succès et les pouvoirs publics s'émurent, le Parlement discuta gravement de cette question dont les tribunaux furent saisis. La Congrégation prit alors une dimension presque mythique, et revêtit dans une frange de l'opinion publique la dimension d'une société secrète opposée aux intérêts français. La réalité, pourtant, était modeste : les congrégations étaient de simples associations pieuses, nées au XVIe siècle sous l'impulsion des Pères jésuites. Il s'agissait, dans les collèges, de réunir les élèves les plus studieux à la fin des classes pour leur faire entendre des « lectures sérieuses » et leur donner des conseils de direction spirituelle. Ces congrégations, vouées à Marie, s'organisèrent selon une règle assez stricte, qui comprenait une confession hebdomadaire, une communion mensuelle, une messe quotidienne et la visite des malades dans les hôpitaux le dimanche6.

La Congrégation de Paris et la société des bonnes études

La suppression de la Compagnie de Jésus en 1773 a porté un coup presque fatal aux Congrégations. Cela dit, celles qui ont survécu ou ont été créées par la suite ont conservé cet esprit et bien souvent cette règle. Ce fut le cas, en particulier, de la Congrégation de Paris, la plus célèbre, rétablie en 1801 par le RP Jean-Baptiste Delpuits, et qui prospéra jusqu'en 1830.

5 M. de MONTLOSIER, Mémoire à consulter sur un système religieux et politique tendant à renverser la religion, la société et le trône. Paris : 1826. La seule étude sérieuse sur la Congrégation est l'ouvrage de Charles GEOFFROY DE GRANDMAISON, historien, ancien membre de la Conférence Olivaint : La Congrégation (1801-1830), Plon, 1899, 419 p. 6 Charles GEOFFROY DE GRANDMAISON, La Congrégation (1801-1830), op. cit., p. 3.

10 À cette époque, la Congrégation institua une « Société des bonnes études », une réunion dont le but était de "procurer à des jeunes gens sérieux un lieu de réunion où ils pussent discuter en commun et à armes courtoises" de questions de philosophie, de littérature et d'histoire, parfaire ainsi leur instruction personnelle et les former à l'exercice de la parole7. C'était une sorte de conférence littéraire, largement ouverte, qui fit école, notamment à et . La société des bonnes études se réunissait régulièrement dans un local qu'elle louait rue des Fossés-Saint-Jacques. Parmi les nombreux avocats et étudiants qui participaient à ses joutes oratoires, on peut relever les noms des avocats Hennequin et Berryer. Comme la Congrégation qui lui avait donné naissance, elle fut critiquée : un pamphlétaire, monsieur Duchâteau, assurait qu'elle était une « affiliation jésuitique », un foyer d'ultramontanisme où l'on déclamait contre la Charte8.

Renaissance de la Congrégation et essais de conférences littéraires

La dernière séance de la Congrégation eut lieu le 18 juillet 18309. Vingt-deux ans plus tard, celle qui naquit, à l'initiative du Père Gagarin, s'inspira largement de sa devancière de la Restauration. Très tôt, des Conférences littéraires furent organisées, à l'image de l'ancienne « Société des bonnes études ». Les premiers essais de conférence littéraire remontent en fait à l'époque du transfert de la Congrégation rue des Postes, à Sainte-Geneviève, en 1853. Les congréganistes se retrouvaient une fois par semaine chez le père Gagarin ; on y discutait plus qu'on y débattait. A ces causeries intimes succédèrent quelques années plus tard de véritables conférences hebdomadaires, dirigées par le Père de Boylesve, un professeur de philosophie que ses élèves surnommaient « le Capitaine ». Sous le vocable de « Conférence littéraire », destiné vraisemblablement à tromper la censure napoléonienne, c'est une véritable conférence politique dont il s'agissait, à en juger par les sujets abordés : on retiendra ainsi pour mémoire une conférence sur la liberté des cultes, et une autre sur la liberté de la presse. Lorsque le Père Olivaint prit la direction de la Congrégation, en 1865, il chercha bien à faire revivre ces conférences littéraires au sein de la réunion, mais le projet n'aboutit pas. Cela dit, deux conférences littéraires

7 Ibid., pp. 216-217. 8 Ibid., pp. 217-218. 9 Ibid., p. 361.

11 s'étaient organisées en dehors de la Congrégation, recrutées en majeure partie parmi les membres de la Réunion : la Conférence Pie IX et la Conférence Fénelon, parfois aussi appelée de Maistre. Ces deux conférences étaient constituées chacune de moins de 21 membres, en vertu des lois impériales, et n'étaient pas dirigées par les Jésuites10. Après la mort du Père Olivaint, son biographe, le RP Charles Clair, constitua une conférence avec une douzaine de congréganistes, qui avaient en vue des études philosophiques ou théologiques. Trois de ces membres devinrent Jésuites, dont le Père Albert de Salinis, selon qui ce petit groupe aurait pris, dès 1872, le nom de Conférence Olivaint11. En fait, ce groupe, comme les deux précédents, s'il se rattachait à la Congrégation jésuite, n'en émanait pas directement. Ces groupes n'étaient pas, comme l'écrit Joseph Parent du châtelet, "des oeuvres de la Congrégation, organisés par la Congrégation, portant l'estampille de la Congrégation12".

LA CREATION ET L'ORGANISATION DE LA CONFERENCE

Pour qu'une Conférence prît de l'ampleur, il fallait une volonté délibérée de la part de la Compagnie de Jésus, et des moyens. Tout cela, la Compagnie s'est décidée à l'accorder en 1874, donnant ainsi naissance à une Conférence d'étudiants destinée à donner aux jeunes gens appartenant à la Congrégation un lieu de réunion et de discussion, à l'image de la « Société des bonnes études » de la Monarchie de Juillet.

De la Conférence littéraire de la rue de Sèvres à l'Olivaint

En 1874, en effet, la Congrégation décida d'offrir à ces diverses conférences un local rue de Sèvres, comprenant une bibliothèque et une salle de réunion. Les conférences fusionnèrent et devinrent alors la « Conférence littéraire de la Réunion des jeunes gens ». La décision de créer cette conférence fut prise le 12 novembre 1874, en réunion du conseil de la Congrégation13. Dans son journal, le RP Hubin notait, quelques jours plus tard :

10 Joseph PARENT DU CHÂTELET, Les noces d'argent de la Conférence Olivaint, 27 mai 1900. : Grande imprimerie de Blois, 1900, 82 p. Dans son rapport historique, Joseph Parent du châtelet s'appuie sur de nombreux témoignages d'anciens membres. 11 Ibid., p. 10. 12 Ibid., p. 11. 13 Diarum du RP Hubin, cité par J. PARENT DU CHÂTELET, op. cit., p. 12.

12 26 novembre - Le mercredi est adopté pour le jour de la réunion hebdomadaire. On se réunira à 8 heures. Après la Prière, la parole sera donnée au Conférencier ; la Conférence sera suivie d'une discussion libre, et la discussion elle-même sera résumée par le Conférencier ou le président du bureau ; mais il n'y aura pas de vote de l'assemblée. Seront admis à la Conférence et à la discussion tous les membres de la Congrégation. Les travaux devront être écrits, bien qu'il ne soit pas nécessaire de les lire14.

Les statuts de la Conférence ainsi définis dans leurs grandes lignes reprennent en grande partie ceux de la Conférence animée par le RP Clair. En quelques lignes était ainsi définie l'organisation des séances de la Conférence Olivaint, qui demeura inchangée jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Ce n'est, cependant, que deux ans plus tard, le 10 décembre 1876, que cette nouvelle conférence prit le nom de Conférence Olivaint. A cette date, la Congrégation voyait aussi naître en son sein la Conférence Laënnec, qui n'était d'abord qu'un sous-groupe de la Conférence Olivaint constitué de médecins - avant de devenir une Conférence à part entière. Cette conférence prit le nom du vice-président de la Congrégation en 1807, Hyacinthe Laënnec. Enfin, une troisième et dernière conférence, une conférence de Saint Vincent de Paul, fut bientôt créée ; cette conférence d'action charitable fut appelée conférence Saint Pierre et Saint Paul.

Premiers rites

L'organisation de la Conférence la distingue tout à fait des autres organisations de même nature qui existaient à l'époque. Le fait que les travaux doivent être écrits, par exemple, la différencie de la Conférence Ozanam, tandis que l'absence de vote d'un ordre du jour à l'issue des débats la distingue de la Conférence Molé. Selon Raoul de Guestier, président en 1881-1882, on voulut, par cette organisation tout à fait singulière, "encourager par là le travail personnel et approfondi, éviter que les effets de tribunes ne remplaçassent les idées, ne pas rester cependant sur cette lecture un peu froide, permettre aux auditeurs de présenter des objections et au conférencier d'y répondre, éviter les ordres du jour qui

14 Ibid.

13 malheureusement divisent les amis en deux camps15". Il revint à Gustave de Lamarzelle l'honneur d'essuyer les plâtres par une Conférence sur "la Féodalité", le mercredi 9 décembre 1874. Présidait la séance un ancien membre de la Conférence Pie IX, Jules Auffray, qui fut le premier président la Conférence Olivaint. Au printemps 1875, la Conférence naissante fit acte public d'existence en invitant de nombreux amis du dehors à la première séance solennelle de clôture, au cours de laquelle les travaux de l'année furent passés en revue. Cette séance solennelle, qui s'est répétée dès lors presque chaque année jusqu'en 1942, est devenue le principal temps fort de l'année. Présidée par une haute personnalité, elle était généralement l'occasion de faire le point sur l'année écoulée, et de mesurer l'audience de la Conférence à l'extérieur, puisque les différentes organisations catholiques y étaient en général représentées. Après la prière, l'invité était accueilli et présenté par le Président de l'Olivaint, puis la parole était donnée à un membre de la Conférence, le plus souvent un vice-président, pour la lecture du rapport sur les activités de l'Olivaint pendant l'année écoulée. Enfin, l'invité prenait la parole, pour un discours de portée générale, souvent à forte connotation politique ou morale. Le contenu de ces différentes séances était défini par le Conseil de la Conférence (plus tard appelé bureau), composé, outre le Père Directeur, d'un président, de trois vice-présidents, et de quatre secrétaires. Chaque année, un membre de la Conférence, en général l'un des vice-présidents, était chargé - s'appuyant sur le travail des secrétaires - de rédiger le rapport annuel sur les travaux de l'année, lu lors de la séance de clôture.

Devenir les défenseurs de l'Eglise et du pays

Ainsi s'établirent durablement les rites et les traditions de la Conférence Olivaint. Celle-ci, au terme de son règlement intérieur, avait pour double but "d'unir plus étroitement" les jeunes gens qui font partie de la réunion de la rue de Sèvres et de "les préparer par le travail et l'exercice de la parole à devenir les défenseurs des intérêts de l'Eglise et du pays16". Aux yeux des Bons Pères de la rue de Sèvres, les intérêts de l'Eglise et du pays étaient indissociables, et l'esprit de la Conférence Olivaint était marqué par la tradition "catholique et français" :

15 Cité par Joseph PARENT DU CHATELET, op. cit., p. 12. 16 Séance solennelle de clôture, 1878-1879. Paris : imprimerie Émile Martinet, 1879, pp. 73-75. Le règlement intérieur est publié parmi les documents.

14 A l'heure actuelle, déclara le président Lamarzelle, deuxième président de l'Olivaint, tout catholique doit pouvoir parler afin de pouvoir répondre aux calomnies [...] répandues contre l'Église. [...]. On nous accuse de ne pas aimer notre pays. [...]. Catholique et Français, ces mots-là sont indivisibles. [...]. Si le jour vient encore où pour les livrer aux fureurs de la foule on demande des Jésuites, nous répondrons : présents17.

La séance du mercredi - principal rite de l'Olivaint - avait donc pour but de former des orateurs au service de l'Eglise, et l'expression orale a pris rapidement une place importante dans la formation : "La parole, déclare Gustave de Lamarzelle, est et sera toujours l'arme la plus forte que Dieu ait donnée à l'Homme pour défendre une cause18". Cela dit, l'union étroite des jeunes gens, était non moins recherchée par les Jésuites : il s'agissait d'établir des liens conviviaux et amicaux durables, des liens d'entraide entre les congréganistes. A l'origine, le recrutement de la Conférence était limité aux anciens élèves des collèges jésuites, dont l'origine était bourgeoise, parfois aristocratique ; progressivement, il s'est étendu à d'autres collèges religieux, avant de s'étendre - après la Grande Guerre, à tous les étudiants catholiques. L'entrée à l'Olivaint coïncidait - sauf exception - avec une période décisive et déterminante de la vie, c'est à dire le début des études supérieures. Le rôle que jouait la Conférence Olivaint, et au-delà la Congrégation, dans les relations sociales des jeunes gens qu'elle encadrait n'est donc point à négliger, et s'inscrivait dans le prolongement de l'action entreprise par les Pères jésuites dans leurs collèges. Pour une partie non négligeable des jeunes gens, originaires de Province, la Congrégation était un point d'attache appréciable, ainsi qu'un lieu de rencontre. Les exemples regorgent d'amitiés pluri-décennales nouées dans la Réunion.

17 Gustave de Lamarzelle, Séance solennelle de clôture, 1877-1878. Bourges : Pigelet et Tardy, 1878, p. 13. 18 Séance annuelle de clôture, 1874-1875, Paris, imprimerie Jules Le Clere et Cie, s.d., p. 2-6.

15 La politique exclue des débats

Dès les origines, la politique fut exclue des débats de la Conférence Olivaint. Par politique, il faut entendre essentiellement politique intérieure, et tout particulièrement la question du régime. Peut-être s'agissait-il d'abord pour les Pères de protéger leur oeuvre des foudres de l'administration - et de la vindicte populaire, prompte à accuser les Jésuites de se mêler de politique. Peut-être aussi s'agissait-il - eux-mêmes l'affirmaient - de prévenir toute division parmi les jeunes gens. Peut-être, enfin, s'agissait-il d'affirmer la primauté du spirituel :

"Le seul terrain réservé, affirmait le rapporteur annuel de 1875, est celui de la politique. Non, assurément, (...), que nous nous désintéressons de notre pays ; à que Dieu ne plaise ! (...). Mais nous pensons qu'il faut, en demeurant unis, nous préparer par un patient labeur aux devoirs que nous réserve l'avenir, et faire à la France une génération sérieuse et forte. C'est pourquoi cette politique proprement dite, science incomplète et faussée, qui est une des plaies de notre temps, qui supplée à l'ignorance la plus absolue par la plus audacieuse affirmation, où le mot remplace la pensée et où la phrase dispense de la preuve, est bannie de nos discussions19.

Toujours est-il que les Pères directeurs et les présidents successifs de la Conférence se sont efforcés de faire respecter au mieux cette règle, non sans mal, le plus souvent. Car la règle était souvent tournée, par quelque conférencier audacieux ou malin. Ainsi les séances d'histoire de France étaient-elles toujours animées :

Il est difficile, en effet, témoigne Joseph de Valence, de toucher à l'histoire sans faire un peu de politique. Or, la politique, vous le savez, c'est... notre fruit défendu et comme nous nous sommes, avec beaucoup de sagesse, interdit le terrain de la politique actuelle, nous ne nous gênons pas de juger et de condamner... les morts20.

19 François Saint-Maur, rapport sur les activités de la Conférence, séance annuelle de clôture, 1876- 1877. Bourges : Pigelet et Tardy, 1884, p. 7-49. 20 Rapport sur les activités de l'année, Séance solennelle de clôture, 1888-1889. Paris : Imprimerie de l'Archevêché, 1889, pp. 9-42.

16 À toute époque, certains sujets traités par les conférenciers avaient donc le don de mettre le feu aux poudres : il en allait ainsi du Suffrage universel, de la Révolution française, ou de la révocation de l'Édit de .

PIERRE OLIVAINT, UN « NOM MILITANT »

Le choix du nom de Pierre Olivaint pour la Conférence naissante peut, a posteriori, paraître aller de soi : le nom de l'ancien supérieur de la rue de Sèvres venait sans nul doute facilement à l'esprit de ses anciens disciples ou condisciples. Cela dit, le temps écoulé entre la création de la Conférence et son baptême - deux ans - atteste que ce choix relève bien d'une décision mûrie et, somme toute, révélatrice de l'état d'esprit de la Compagnie de Jésus.

Un milieu modeste

Pierre Olivaint est né à Paris, le 22 février 1816 d'un père officier de Napoléon reconverti dans la boulangerie et d'une mère de condition modeste21. Rien, a priori, le destinait à entrer dans les ordres : ses parents étaient tous deux fort peu croyants, sinon libres-penseurs, et lui se voyait volontiers devenir soldat, et pour tout dire général. Pierre Olivaint, dans sa jeunesse, ne nourrissait du reste guère de sympathie pour l'Eglise : "Je me rappelle, a-t-il écrit plus tard, mon éducation, mes passions antireligieuses à la sortie du collège, combien j'étais plongé dans ce nouveau paganisme, comme ça m'aurait bien été de combattre par l'épée, par la parole, contre Jésus-Christ et son Église !". À la mort du père de Pierre Olivaint, sa veuve se trouva, avec ses trois enfants, dans une situation proche de la misère. À force de sacrifices, elle permit ses deux fils de poursuivre leurs études au collège Charlemagne, tandis que leur jeune sœur était recueillie à la Légion d'honneur. Le jeune homme trouva alors un réconfort dans les amitiés qu'il nouait avec ses condisciples, notamment Frédéric Ozanam, fondateur plus tard des Conférences de Saint-Vincent-de-Paul. C'est à cette époque, selon son

21 Les biographies de Pierre Olivaint sont recensées en bibliographie. Les informations données dans ce chapitre sont extraites, pour l'essentiel, de l'ouvrage du RP Charles CLAIR, Le RP Olivaint, prêtre de la Compagnie de Jésus, Paris, Victor Palmé, 1878, 490 p. Toutes les citations, sauf indication contraire, en sont extraites.

17 biographe, qu'il fit sienne la devise « Courage et confiance », une devise qu'il s'est efforcé de suivre tout au long de sa vie.

Un jeune historien révolutionnaire

À vingt ans, ce fin lecteur de Locke, baccalauréat en poche, en dépit de sa situation de soutien de famille, s'orienta vers l'Ecole normale supérieure, dirigée par Victor Cousin. Il y fut reçu douzième, obtint une bourse, et se voua bientôt à l'histoire, discipline très en vogue depuis le début du siècle. Il eut, selon son biographe, une sincère admiration pour Jules Michelet qui, disgracié par Cousin, professait au Collège de France. Mais Pierre Olivaint se passionna plus encore pour les idées de Philippe Buchez, ce catholique révolutionnaire, disciple de Saint-Simon, qui adorait un « Christ social » et prônait la création de coopératives ouvrières qui supprimeraient le salariat. Pierre Olivaint, au milieu des années 1830, était ainsi un jeune historien révolutionnaire, proche des milieux socialistes, et quelque peu voltairien.

Un converti

À mesure que le temps passait, cependant, ses préventions contre l'Eglise tombaient les unes après les autres. La rencontre, en 1836, du Père Lacordaire fut l'élément déterminant qui le conduisit à se convertir. Ce Dominicain, ami de Lamennais, à la fois ultramontain et libéral, donnait en effet au collège Stanislas des conférences auxquelles Pierre Olivaint assistait régulièrement. Le jeune normalien fut séduit par l'éloquence de ce converti, frère prêcheur et chantre de l'apologétique, qui confiait : « Je suis arrivé aux croyances catholiques par mes croyances sociales ». Pierre Olivaint suivit le même chemin, et se convertit en février 1837, en même temps que deux condisciples de l'Ecole normale. Cette dernière, à l'époque, comptait peu de catholiques, et encore moins de catholiques proclamant leur foi ; cela valut à Pierre Olivaint et ses amis de se voir parfois traiter en parias. On les surnomma même un temps « la bande des niais ». Une fois converti, Olivaint s'est investi dans la Conférence Saint- Vincent-de-Paul qui, depuis 1833, réunissait un petit nombre de jeunes esprits autour de thèmes littéraires, philosophiques ou historiques. Il participa aussi avec quelques-uns de ses amis la Conférence de Saint-Médard, fondée

18 en 1840 et composée d’élèves des grandes écoles et d’étudiants en droit ou en médecine.

Un professeur d'Histoire qui veut devenir un Saint

C’est en correspondant avec le père Lacordaire que Pierre Olivaint, désireux de trouver une application à son goût pour le dévouement, commença à envisager sérieusement d’embrasser la vie religieuse. Il songea même, en 1839, à suivre Lacordaire à Rome, où le père dominicain oeuvrait au rétablissement de la Compagnie de Saint Dominique en France. Olivaint se ravisa cependant, conscient que sa vocation risquait de mettre en difficulté sa famille, et ému par la douleur de sa mère à l’idée du départ d’un fils. Il demeura donc encore quelque temps dans le monde. À sa sortie de l’Ecole normale, il fut nommé professeur d’histoire à Grenoble. Il se fit rapidement à la Capitale du Dauphiné - encore que sa santé souffrit du climat - et y fonda une Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, où des jeunes gens étaient formés à l’action charitable, à l’éducation des ouvriers et au service des pauvres. Son retour à Paris fut précipité par la mort de sa jeune sœur. Il y enseigna un an encore l’histoire, au Collège Bourbon, tout en s’investissant dans diverses Conférences, notamment la Conférence de la paroisse de Saint-Vincent-de-Paul, dont il fut président. Il oeuvra aussi - et ce jusqu’à sa mort - au sein de la Société de Saint-François-Xavier, qui cherchait à établir entre les ouvriers chrétiens des liens d’assistance. Mais Pierre Olivaint n’avait pas, bien loin de là, délaissé sa vocation. À un ami qu’il s’efforça de convertir, il confia : "Tu es ambitieux mon cher ami, et moi aussi je suis ambitieux. Tu veux être grand avocat, et moi je veux devenir un saint". Seulement, la charge de sa famille pesait encore sur ses épaules. Il dut en fait son salut au Duc de la Rochefoucauld-Liancourt, qui lui offrit le poste de précepteur du plus jeune de ses fils, reportant sur madame Olivaint, au titre de rente viagère, une partie des honoraires du jeune professeur. Il passa ainsi trois années à Montmirail où, comme à Grenoble, il créa une Conférence de Saint-Vincent-de-Paul. Profitant d’un séjour Paris en 1843, il se présenta à l’agrégation d’histoire, et fut reçu premier.

19 Du côté des Jésuites persécutés

Durant ces dernières années de la Monarchie, l’un des débats les plus vifs fut celui qui opposait, à la chambre des députés, les partisans et les opposants de la suppression du monopole universitaire. Tandis que Montalembert se déclarait partisan de la “liberté de l’enseignement”, certains professeurs, Michelet et Cousin en tête, se révélaient fort critiques envers les Jésuites, obtenant même de Guizot qu’il exigeât du Pape Grégoire XVI la fermeture de quelques-uns de leurs établissements. Ce débat, et ces critiques, contribuèrent à rapprocher Pierre Olivaint, déjà séduit par les prédications du Père Ravignan, de la Compagnie de Jésus. Car l’attrait de la persécution dirigée contre les Jésuites poussait donc ce martyr dans l’âme à prendre fait et cause pour eux. Au début de l’année 1845, il entrait au noviciat de Laval puis, celui-ci étant à son tour fermé, fut accueilli à Vannes. Dans la prière, la méditation et la mortification, Pierre Olivaint s’est alors forgé un caractère de soldat du Christ qui le suivit jusqu’à la mort : "Combattre, écrit-il dans ses notes spirituelles, c’est l’affaire de toute la vie". Il conservait aussi son goût pour l’histoire, et fut envoyé en Belgique par la Compagnie pour y enseigner, tout en poursuivant son noviciat au collège de Brugelette. Il prononça ses vœux en 1847 et retourna à Laval étudier la théologie. La révolution de 1848 affecta peu la vie de Pierre Olivaint, tandis que le général des Jésuites et le Pape Pie IX étaient tour à tour chassés de Rome. Il fut ordonné prêtre en septembre 1850 et fut envoyé à Paris. En 1852, il entra au collège Vaugirard, dont les Jésuites venaient de prendre la direction à la suite du vote par l’Assemblée de la loi Falloux, deux ans plus tôt. Le père Olivaint y demeura treize ans ; il fut d’abord directeur de la première congrégation, puis préfet des études et, enfin, en 1857, recteur du collège. Pendant cette période, il trouva le temps de s’investir dans diverses oeuvres, notamment « L’œuvre de l’Enfant-Jésus pour la première communion des jeunes filles pauvres » qu’il fonda en 1859 avec en tête le souci de « sauver des âmes ». À en croire son biographe, il s’agissait de l’œuvre de prédilection du père Olivaint ; il est vrai que quelques années après sa mort, elle aurait déjà recueilli plus de 7000 jeunes filles. Le père Olivaint fonda aussi, en 1856, une société de Saint-François-Xavier, en faveur des ouvriers de la paroisse de Vaugirard.

20 En 1865, le Père Olivaint fut nommé supérieur de la résidence de la rue de Sèvres. Cette charge apostolique, qui pour d’autres eût marqué le début d’une paisible retraite, fut pour lui l’occasion de s’investir d’avantage, en particulier par le discours. "Prêcher, c’est causer", disait celui que son biographe qualifie de « semeur de parole ». C'est à cette date qu'il prit en main la Réunion des jeunes gens, qui avait été déménagée, semble-t-il, un an plus tôt, rue de Sèvres. Il fit ainsi profiter plusieurs générations de jeunes gens de son éloquence et de ses conseils.

Un moraliste

Ceux-ci ont été regroupés par son biographe peu après sa mort dans un ouvrage qui a connu plus d'une quinzaine de rééditions, et fut lu par des dizaines de générations d'Olivaints22. Il s'agit d'un ensemble de Conférences du Père Olivaint, données devant un public de jeunes gens, souvent à la Réunion des Jeunes gens :

C’est là surtout, écrit son biographe, que sa parole flexible et variée prenait tous les tons, le plus souvent chaleureuse, véhémente et saintement passionnée. S’agissait-il surtout d’inspirer l’horreur du vice, de prémunir l’inexpérience contre l’occasion prochaine du pêché, de flétrir les lâches maximes en vogue parmi les jeunes gens corrompus ou mondains, le Père Olivaint tonnait avec une force terrible ; la voix, la main, tout en lui frémissait, et l’émotion qui l’agitait lui-même triomphait de toutes les résistances23.

Au cours de ses interventions, souvent marquées, il est vrai, par un profond moralisme, le Père Olivaint se montrait très critique envers la classe politique du Second Empire : "Dans la vie publique, comme dans la vie privée, disait-il, le caractère avant tout fait défaut. En politique, bien rares sont ceux qui ne sacrifient pas leurs opinions pour garder leur place et ne descendent pas jusqu’à la servilité24". En conséquence, il évoquait souvent la nécessité pour les jeunes de se former à la parole comme à la plume et de faire preuve de caractère, conformément à sa propre devise, « Courage et confiance » :

22 Pierre OLIVAINT, Aux jeunes gens, conseils du RP Olivaint, recueillis par le RP Charles Clair, Paris, J. Lefort, 1894, 533 p. 23 Charles CLAIR, op. cit. 24 Pierre OLIVAINT, op. cit.

21 Il n’y a de salut pour la société que du côté des hommes de conviction, des hommes de courage et d’énergie. [...] Soyez un Chrétien qui ne se cache pas, qui use de ses droits de citoyen, qui ose se produire en public, qui ne renonce nullement à l’influence ou politique ou sociale25.

On retrouve clairement dans ses propos la volonté de former des jeunes à la vie publique, et à la vie politique :

Si vous êtes poussé vers la carrière politique, il importe que vous y teniez un des premiers rangs. Dans un temps de révolution, il faut, par le savoir, le caractère, l’indépendance, s’élever au-dessus de tous les partis, pour ne voir que les intérêts du pays et se dévouer à son salut.

À ceux qui étaient éloignés de la politique, il conseillait d’exercer "une autre influence, l’influence sociale, dont nul n’est dispensé, à quelque parti politique qu’il appartienne, influence qui s’exerce en dehors de la politique et même d’autant mieux qu’on en est plus dégagé26". On ne s'étonnera pas que ces conseils aient durablement servi de référence pour les directeurs aussi bien que les membres de la Conférence Olivaint.

«Gardez la vérité dans la charité »

Converti, le Père Olivaint n'eut de cesse d'obtenir des conversions tout au long de sa vie. L’une de ses plus grandes joies, en la matière, fut d’obtenir en 1870 la conversion du maréchal Randon, ministre de la guerre de Napoléon III. À cette date, face aux événements qui affectaient la Papauté, il fit preuve d’une grande loyauté envers Pie IX, se réjouissant particulièrement, par exemple, de la victoire de Mentana, qui vit Rome sauvée des garibaldiens par Napoléon III. Toutefois, s’il était un chrétien combatif et fier de ses opinions, il n’était pas pour autant va-t-en-guerre : "Pas de Don Quichotisme, pas de chauvinisme catholique : évitez la violence et gardez la vérité dans la charité", conseillait-il. Son biographe ne dit rien - et pour cause - de son opinion sur le Syllabus, mais il semble qu'il ne partageait pas pleinement le conservatisme du Pape et de la majorité des jésuites de l’époque. Nul doute que, ouvert aux idées modernes, et proche de la revue Études, il était plus proche d’un Mgr Darboy (l’archevêque de Paris mort à ses cotés) ou d’un Mgr Dupanloup, tous deux opposants

25 Ibid. 26 Ibid.

22 déclarés à l’infaillibilité pontificale, que de ceux que Lacouture qualifie de « Grenadiers de Pie IX » qui, à l’instar du RP Ramière, ont nié la possibilité et l’opportunité d’une réconciliation entre l’Église et la civilisation moderne27. Dans le domaine de la politique intérieure, Olivaint prit parti pour la liberté de l’enseignement, au sein de la Société générale d’éducation et d’enseignement. Mais son principal souci était naturellement de défendre la Compagnie de Jésus, alors que la fin du Second Empire était marquée par une recrudescence des passions révolutionnaires et anticléricales. La prise de Rome par Garibaldi et l’exil du Pape portèrent un rude coup au Père Olivaint, désormais conscient du danger. Dès janvier 1870, il confiait à un proche : "La persécution est à nos portes, elle sera terrible28". Vinrent la Guerre franco-prussienne, le siège de Paris, la défaite, et enfin la Commune. « Les rouges », comme il appelait les révolutionnaires dans ses lettres, s’emparèrent du pouvoir dans Paris assiégée.

Un martyr de la Commune

Le 4 avril 1871, averti de l’arrestation de plusieurs prêtres et d’une perquisition prochaine, il refusa de partir : "Il y a du danger, je suis supérieur, de dois et je veux rester", répondait-il à qui le suppliait de fuir les Communards ; "je ne veux pas fuir devant les gens de la Commune ; il faut qu’ils me trouvent ici, s’ils y viennent... S’ils me font prisonnier, je les suivrai. S’ils font plus, j’espère, avec la grâce de Dieu, leur montrer comment sait mourir un jésuite". Le soir même, il fut arrêté, désigné comme otage et emprisonné. Le 26 mai 1871, le Père Olivaint, avec 51 autres otages, fut extrait de sa prison et emmené, dans Paris en feu, au milieu d’une foule hostile, jusqu’à la rue Haxo, où eut lieu l’exécution. Le Père Olivaint, touché d’une balle en plein cœur, fut défiguré. Le lendemain, la Commune fut vaincue par les Versaillais et la dépouille du Père Olivaint fut transférée rue de Sèvres, où il repose depuis :

27 Jean LACOUTURE, Jésuites, tome 2, "Les revenants". Paris : Seuil, Collection Points, 1991, p. 192. 28 Pierre OLIVAINT, op. cit.

23 En l’abattant, écrit Jean Lacouture, (...) les hommes de la Commune avaient tué ce qui, dans le catholicisme du XIXe siècle, était de nature à faire converger les exigences de la foi et l’attente de la justice29.

Un nom militant

Un an après la mort du Père Olivaint, une commission d’enquête, diligentée par le Cardinal Archevêque de Paris, constitua un dossier en vue d’un procès canonique, mais celui-ci n'eut jamais lieu, sans doute pour des raisons d'opportunité. Car le nom du Père Olivaint était profondément ambivalent : certes, comme l'écrit Jean Lacouture, "Pierre Olivaint fut l'un des hommes les plus estimables de son temps30" : comment, en effet, ne pas voir dans cet éducateur et ce missionnaire parmi les déshérités, cet humaniste pour tout dire, une figure marquante du catholicisme social ? Mais, en même temps, les circonstances de la mort sont de nature à faire du nom de ce martyr de la Commune un étendard de la réaction et de l'ordre moral. À n'en pas douter, Pierre Olivaint est donc un nom militant, suffisamment ambivalent pour que deux courants de pensée diamétralement opposés aient pu constamment se réclamer de lui : les ultramontains, partisans de l'ordre moral et réactionnaires, fidèles lecteurs de L'Univers, et les libéraux, héritiers de Lacordaire et de Montalembert, marqués par un attrait certain pour la question sociale. L'affrontement de ces deux courants, constitue la trame de l'histoire de la Conférence Olivaint sous la Troisième République. Le choix de ce nom pour la Conférence littéraire de la rue de Sèvres n'est en somme pas anodin. Dans le contexte des années 1875-1876, il est difficile, cependant, de ne pas l’interpréter comme l'indice d'un sentiment profondément réactionnaire et hostile à la République, ce régime qui s'est développé dans le terreau du jansénisme, du gallicanisme et du protestantisme. À cette date, et pour de longues années, les hommages rendus à Olivaint firent plus référence à son martyr qu'à son parcours d'homme éclairé. Le poème de René François Saint Maur consacré en 1877 au Père Olivaint ne laisse ainsi planer aucun doute sur l'état d'esprit dominant :

29 Jean LACOUTURE, op. cit., p. 241. 30 Ibid., p. 240.

24 Mon nom sera le cri de guerre Que dans la lutte ardente et fière Ils écriront sur leur bannière Comme un défi vers l'avenir. Le mal s'indignera ? Qu'importe ! Une élite vaillante et forte Saura rallier leur cohorte Autour de mon grand souvenir31.

Sous Mac Mahon, la Compagnie de Jésus, forte de cinq mille membres français, de trente collèges et onze mille collégiens, était, selon Jean Lacouture, "en passe de contrôler la formation des élites dirigeantes, comme au XVIe et au XVIIIe siècle32". Nul doute que la création de la Conférence Olivaint, dont l'ambition affichée était de former une élite au service de l'Eglise, s'inscrivait dans la volonté des Jésuites de réaffirmer leur primauté dans ce domaine.

31 Cité par Joseph PARENT DU CHATELET, Les Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 14. 32 Jean LACOUTURE, op. cit., p. 251.

25 Chapitre II : Des soldats du Pape au service de la Contre-révolution.

La Conférence Olivaint, par son recrutement, son encadrement jésuite, ses buts poursuivis, était un cercle particulièrement fermé et conservateur. Plus encore, elle se caractérisait par les prises de position ultramontaines et monarchistes (légitimistes) de ses dirigeants et de ses membres.

UN CERCLE RELIGIEUX

Le lien entre la Conférence Olivaint et la Congrégation mariale de la rue de Sèvres est particulièrement étroit : seuls les membres de la Congrégation pouvaient faire partie de la Conférence Olivaint et, par conséquent, tous les membres de la Conférence étaient astreints aux règles de la Congrégation.

Une vie spirituelle intense

Or, celles-ci étaient particulièrement strictes, et s'inscrivaient parfaitement dans leur époque, marquée en France par un renouveau de « l'ordre moral » et un développement des Congrégations. Or, la Congrégation de la rue de Sèvres, comme beaucoup d'autres, avait comme maître-mot la « communion fréquente », c’est-à-dire une insistance sur les sacrements de l'Eglise. Tous les membres de la Congrégation se réunissaient pour une messe de quinzaine, qui était accompagnée d'une « instruction spéciale » donnée par l'un des Pères. "La plus grande assiduité est de tradition", précise une note présentant la Réunion33. Vers la fin de l'année scolaire, une retraite spirituelle rassemblait les membres de la Réunion. À l’origine, cette retraite se déroulait dans la maison de campagne de l'école Sainte-Geneviève. L'intensité de la vie spirituelle avait certainement pour but de protéger les jeunes gens des « dangers » de Paris, mais aussi, et peut-être surtout, de les orienter : la confession - pas obligatoire mais fortement recommandée - s'apparentait vraisemblablement à une direction de conscience.

33 Séance solennelle de clôture, 1877-1878, op. cit., pp. 51-53.

26 Parmi les objectifs poursuivis - quoique jamais affirmé ouvertement, naturellement - il y avait certainement celui de susciter des vocations, car la Congrégation a toujours été pour la Compagnie de Jésus une pépinière dont sont issus nombre des siens.

Le RP Hubin

Cela dit, la formation spirituelle dépendait beaucoup des Pères directeurs. Et l'action du premier d'entre eux fut particulièrement déterminante : c'est le RP Julien Hubin, en effet, qui, prenant en 1874 la direction de la Congrégation, mit en place la Conférence Olivaint dans le cadre strict de la règle congrégative. Le RP Julien Hubin, né le 6 mars 1819 à Sainte-Pazanne, dans la Loire-Atlantique, était entré jeune, en 1834, dans la Compagnie de Jésus, après six ans de séminaire à Nantes, puis à Paris34. Prêtre en 1852, il fut d'abord consacré à l'enseignement et fut professeur, préfet des études et recteur, notamment à . Supérieur à Brest de 1866 à 1873, il y reconstruisit la résidence et fonda le collège de Bon-Secours. C'est en 1874 qu'il prit la direction de la "Réunion des jeunes gens" de la rue de Sèvres, en même temps qu'il assumait la charge d'aumônier des Cercles catholiques d'ouvriers (CCO) d'Albert de Mun. Il assuma la direction de la Conférence jusqu'à sa mort en 1883. Outre l'importance qu'il donnait à la formation spirituelle, l'une de ses initiatives les plus intéressantes et en même temps révélatrice est le pèlerinage qu'il effectua en Orient en 1882, et qui l'avait conduit à Constantinople et Jérusalem. Le récit qu'il en fit devant la Conférence fut l'occasion pour lui d'évoquer "l'indolence et l'ignorance des musulmans", mais aussi "l'esclavage de la femme35". À son retour, il envisagea de mettre en place un pèlerinage annuel "à l'un des sanctuaires de la chrétienté", pour "étudier les institutions des grandes nations voisines, se ménager des relations étendues, acquérir des connaissances pratiques36". Cette tradition ne dura qu'un temps, puisque le Père Hubin mourut en 1883 au cours d'un

34 Les informations biographiques sur le RP Hubin sont extraites du Dictionnaire de biographie française de Michel PRÉVOST et J. ROMAN DAMAT, ainsi que d'un discours de Mgr d'Hulst, prononcé le 5 décembre 1884 reproduit dans le compte rendu de la Séance solennelle de clôture, 1884- 1885. Lons-Le-Saunier : P. Gallard, 1885, pp. 61-66. 35 Maxime Legendre "rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle de clôture, 1882- 1883. Paris : Gaume et Cie, 1883, pp. 14-36. 36 Ibid.

27 pèlerinage en Espagne, et ne fut reprise que bien plus tard, sous une autre forme.

Des catholiques "ardents et convaincus"

Pour une bonne part, la paternité de la Conférence Olivaint revient au Père Hubin. C'est lui, en effet, qui présida à sa création officielle en mettant le local de la rue de Sèvres à la disposition des conférences préexistantes, et qui définit de manière précise les statuts de l'organisation naissante. Il avait, en particulier, l'intention de faire de la Conférence Olivaint, un lieu de formation pour les élites futures ; de fait, elle avait bien la prétention de former des avocats, des historiens, des économistes... Mais, comme le soulignait son troisième président, Auguste Béchaux, "elle forme avant tout des catholiques ardents et convaincus, dont les travaux et les recherches ne visent qu'au triomphe de cette vérité qu'on outrage, mais qui vit immortelle37". Ce souci de former des élites catholiques est l'une des constantes de la Conférence Olivaint. Il s'agissait, pour les Jésuites, de faire en sorte que les congréganistes pèsent un jour sur l'avenir de leur pays, ce dont ils ne se cachaient pas, comme l'atteste le texte de présentation de la Réunion des jeunes gens, publié chaque année dans le compte rendu de la séance solennelle de clôture. On peut y lire notamment :

Le but de cette oeuvre complexe n'est pas seulement de prémunir contre les dangers de Paris, mais aussi de préparer à l'Eglise des défenseurs intrépides, de former pour la France des hommes d'étude et de travail, d'initier les jeunes gens au mouvement catholique qui s'accentue de jour en jour, afin que, de retour dans leurs familles, ils soient eux-mêmes les promoteurs de tout bien dans leur pays38.

Oeuvre de préservation, la Congrégation est donc tout autant une oeuvre de combat, au service de l'Eglise en général, et du Pape en particulier.

37 Auguste Béchaux, Séance annuelle de clôture, 1876-1877, op. cit., p. 6-7. 38 Séance solennelle de clôture, 1877-1878, op. cit., p. 53.

28 DES SOLDATS DU PAPE

L'ultramontanisme est, il est vrai, l'une des caractéristiques fondamentales de l'association naissante. Sans doute l'emprise jésuite n'y est- elle pas étrangère ; toujours est-il que la Conférence Olivaint inscrit son action dans le sillage du Pape prisonnier au Vatican.

La bénédiction du Pape

L'ultramontanisme de la Conférence Olivaint trouve sa source dans la protection qu'elle-même et la congrégation dont elle dépend ont trouvée auprès du Souverain Pontife. Dans un bref en date du 16 décembre 1877, en effet, Pie IX bénissait la Congrégation, et quelques mois plus tard, son successeur, Léon XIII, accordait à la Conférence Olivaint elle-même sa bénédiction apostolique en insistant sur le rôle spécifique que remplissait à ses yeux cette organisation en s'adressant aux jeunes gens de bonne famille :

Nous nous réjouissons d'autant plus vivement de la vitalité et des progrès de votre association qu'elle s'attache à la saine formation de jeunes gens plus choisis. En effet, les autres associations, en se proposant le but louable d'écarter les dangers auxquels se trouve exposée la jeunesse, particulièrement la jeunesse ouvrière, et de lui procurer les bienfaits d'une éducation religieuse et professionnelle, s'occupent surtout des jeunes enfants et de ceux qui leur sont unis par les liens de la parenté, de l'habitude et des affaires. La vôtre, au contraire, en s'adressant à une classe d'hommes de laquelle doivent sortir les jurisconsultes, les philosophes, les professeurs des sciences et lettres, les magistrats et tous ceux qui sont appelés aux fonctions les plus élevées, est d'un intérêt général pour la société, et elle tournera au bien spirituel et temporel de la société ou à sa ruine, suivant que votre classe s'imprégnera plus abondamment et plus profondément des principes de la religion et de la science, ou qu'elle subira l'influence des principes corrupteurs39.

Il est intéressant de voir le Pape Léon XIII opposer la Congrégation, qui s'adresse à l'élite, aux oeuvres ouvrières. Mais il reconnaissait par là

39 Lettre du 11 mars 1878, reproduite par dans le Souvenir du 25e anniversaire de la fondation de la Réunion des jeunes gens, 19 mai 1878, op. cit., pp. 29-34. La lettre est reproduite parmi les documents.

29 même le bien fondé, aux yeux de l'Eglise, de l’œuvre entreprise rue de Sèvres. C'est en fait le RP Hubin qui obtint cette bénédiction, lorsque, se rendant à Rome pour assister au couronnement du nouveau Pape en février 1878, il fut reçu en audience par Léon XIII, qui lui prodigua encouragements et conseils ; "Recommandez à vos enfants, lui aurait-il dit, d'être toujours les défenseurs de l’Église.40". En tout cas, cette bénédiction du Pape fut déterminante pour l'association naissante : elle reconnaissait son rôle dans la jeunesse catholique éduquée, et constituait un encouragement à l'action des laïcs dans la société.

Des "soldats de la Grande armée catholique"

Au lendemain de la défaite face à la Prusse, au lendemain de la Commune, cette lettre du Pape apparaissait aussi comme un appel à l'offensive religieuse. C'est en effet ainsi que la comprit le Père Hubin :

Ensemble, nous allons reprendre nos travaux et notre marche, déclara-t-il alors ; ensemble, nous prierons et combattrons ensemble, et, s'il le faut, pour la France et pour Dieu, ensemble encore nous saurons tomber, nous à Belleville, vous à Patay41.

La Conférence marqua sa fidélité au Pape par une lettre tout à sa louange à laquelle Léon XIII répondit par de nouveaux encouragements42. Résolument, la Conférence Olivaint se rangeait derrière le Pape. Gustave de Lamarzelle, à l'occasion d'un toast à Léon XIII à l'issue du banquet du vingt- cinquième anniversaire, déclara que le but qui faisait l'unique objet de tous les efforts des membres de la Conférence était de "devenir des soldats d'avant-garde de la Grande armée catholique43". Dans les rapports et les conférences de l'époque, la rhétorique militaire est omniprésente. Les membres de la Conférence percevaient leur association comme une préparation pour des batailles à venir :

40 Albert du Demaine, rapport sur les activités de la Conférence, Séance solennelle de clôture, 1877- 1878, op. cit., p. 45. 41 Souvenir du 25e anniversaire de la fondation de la Réunion des jeunes gens, op. cit., p. 34. 42 Séance solennelle de clôture, 1878-1879, op. cit., pp. 4-5. La lettre du Pape est reproduite parmi les documents. 43 Souvenir du 25e anniversaire, op. cit., p. 55.

30 Ce que nous voulons avant tout, c'est nous préparer ici aux luttes qui nous attendent ; et la Conférence Olivaint est pour nous comme le champ de manœuvre, où l'on s'aguerrit au métier des armes et où l'on se familiarise avec les difficultés de la guerre, en prévision des combats qu'il faudra bientôt livrer44.

Si la politique était strictement exclue des débats et des discussions, il n'en demeure pas moins que le combat en question se plaçait au moins autant sur le terrain politique que sur le terrain religieux. Car pour beaucoup de membres de la Conférence, les deux domaines étaient liés, et ils se mettaient aussi au service du prétendant au trône.

DES SOLDATS DE LA TRADITION

Au Prince de Léon, qui vint présider la séance de clôture de 1883, le président d'alors, Édouard Pontal, déclara que la Conférence Olivaint gardait "le culte des vieilles traditions de la France" ; "elle en admire toutes les gloires ajouta-t-il, même celles antérieures à 1789. (...) Peu importe que ce que nous aimons ne soit pas populaire45". L'attachement des membres de la Conférence à la tradition, à la conservation, ne fait en effet aucun doute. Pas plus que la fidélité de la plupart d'entre eux au Comte de Chambord, même si, naturellement, les exposés des mercredis soirs n'en gardent pas de trace directe en raison de l'interdit qui pesait sur les questions politiques.

Un cercle réactionnaire

La première génération d'Olivaints, celle des années 1870 et 1880 a été marquée par la Guerre de 1870, l'humiliation de la défaite et de l'amputation du territoire, et la Commune. Pour ces jeunes catholiques, conservateurs, l'ordre moral fut une référence déterminante, et la contre- révolution un état d'esprit :

En ce temps-là, témoigne trente ans plus tard Charles Geoffroy de Grandmaison, la Providence nous donnais une grande force. Elle personnifiait les causes que nous voulions servir en des réalités très vivantes. L'idéal religieux, politique, social militaire, littéraire de notre adolescence se trouvait immédiatement satisfait. Pour

44 Edouard Pontal, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1880-1881. Paris : Gaume et Cie, 1881, pp. 11-73. 45 Edouard Pontal, Séance solennelle de clôture, 1882-1883, op. cit., pp. 6-13.

31 nous l'Eglise persécutée, c'était Pie IX, la France régénérée, c'était Henri V. Les zouaves pontificaux nous représentaient, dans l'auréole de Patay, de Mentana, de Castelfidardo, l'école du dévouement et du sacrifice46.

Pour beaucoup d'Olivaints de l'époque, les figures d'Albert de Mun et de Louis Veuillot symbolisaient l'idéal à atteindre. Le premier, avec lequel la Conférence Olivaint n'a cessé d'entretenir des liens étroits, avait clairement défini dans quel but il travaillait et, en même temps les limites de son entreprise :

Nous travaillons à une contre-révolution ; nous ne devons jamais nous mettre en révolte ! Observateurs exacts de la loi, nous devons nous enfermer dans la légalité comme dans une inexpugnable forteresse, et ne jamais, par une coupable négligence ou une inutile bravade, risquer de compromettre, en prêtant le flanc à nos adversaires, l'avenir de notre grande entreprise47.

La jeunesse catholique de la Conférence était pour l'essentiel profondément conservatrice, mais en même temps - suivant en cela Albert de Mun, respectueuse des lois :

Nous étions très imbus du sentiment des traditions, très déférents en face du principe de l'autorité, nous possédions le sens du respect. Nous regardions nos aînés avec le désir de les suivre, non de changer leur manière ; de faire autant qu'eux, mieux si possible, davantage, pas autrement48.

Naturellement, la Conférence ne se résumait pas à un groupe d'étudiants réactionnaires ou conservateurs, mais le courant libéral, s'il était présent, était fort peu représenté. Parmi les rares membres de la Conférence qui osaient se réclamer de ce courant, on trouvait Raymond Saleilles, qui n'était pas issu d'un collège religieux et n'avait, à son arrivée à la Conférence Olivaint, en 1877, jamais encore rencontré de Jésuites : "J'appartenais, témoigne-t-il trente ans plus tard, à un petit groupe d'étudiants catholiques, très enthousiastes, très ardents et aussi très pieux, mais qui se réclamaient de Lacordaire et de Montalembert, beaucoup plus que de

46 Réunion annuelle et Assemblée générale 1913. Saint-Germain-les-Corbeil : F. Leroy, 1913, p. 52. 47 Albert de Mun, discours prononcé à la séance de clôture de L'Assemblée générale des membres de l'oeuvre des cercles catholiques d'ouvrier. 8 juin 1878, p. 29. Archives nationales (AN ), F19/ 5632. 48 Ibid.

32 Louis Veuillot. Nous étions des catholiques libéraux49". Certes, ce courant suivait parfaitement la ligne tracée par le Père Olivaint lui-même, mais le contexte avait changé, et dans la Conférence Olivaint des premières années, le courant libéral était, semble-t-il, pour le moins minoritaire dans les rangs des congréganistes. Saleilles lui-même ne conclut-il pas son témoignage en confiant : "Chacun à sur la conscience quelque péché de jeunesse50" ? Et il ajoute : "Seulement mes amis libéraux, comme je l'ai souvent rencontré chez les libéraux, se trouvaient être très intolérants. Ils détestaient les Jésuites, et voulaient surtout me les faire détester51."

L'Olivaint et les Chevau-légers

La proximité d'esprit entre la Conférence Olivaint et la contre- révolution ne fait donc guère de doute pendant les quinze premières années de la Troisième République. Il suffit, pour s'en convaincre, de consulter la liste des personnalités invitées à présider la séance solennelle de clôture, en soi révélatrice de l'orientation de la Conférence52. On y trouve le plus souvent, dans les premières années, des hommes en froid avec le nouveau régime. Le premier président, le Comte de Germiny, fut l'avocat et l'ami du Père Olivaint. On retrouve ensuite Cazenove de Pradine, Ernoul, de la Bouillerie, La Rochette, ou le sénateur béarnais Chesnelong, tous légitimistes. Ces Chevau-légers constituaient l'avant-garde de la contre- révolution et professaient l'idéal d'une société hiérarchisée, rompant avec le libéralisme. Proches de l’œuvre des Cercles catholiques d'ouvriers, fondée en 1871 par Albert de Mun, ils partageaient avec une grande partie des jeunes gens de la rue de Sèvres une admiration pour le Syllabus, un ultramontanisme affiché et une fidélité sincère au Comte de Chambord, exilé à Frohsdorf où il mourut en 1883, et à Pie IX, prisonnier au Vatican. Quant à aux rares évocations directes de la Monarchie au cours des séances du mercredi, elles ne laissaient planer aucun doute quant aux sentiments de la majorité des membres de la Conférence. Ainsi Charles Geoffroy de Grandmaison déclarait-il en juin 1883 :

49 Assemblée générale 1909. Paris : Quelquejeu, 1909, pp. 33-34. 50 Ibid. 51 Ibid. 52 La liste est reproduite en annexe.

33 Mis en présence de l'organisation de la Monarchie française, nous avons pu constater toute la force et toute la fécondité de cette sage et puissante Constitution, fille du christianisme, s'étant développée à mesure que la France grandissait, et qui n'était pas, comme nos chartes modernes, une planche étroite jetée sur un abîme entre le pouvoir et la liberté. Calculée pour amortir tous les chocs, et pour laisser passer tous les torrents, elle permettait à la liberté de s'étendre autrement que par l'anarchie, au pouvoir de se défendre autrement que par la dictature53.

De fait, les conférenciers de cette période n'ont jamais manqué de verve pour dénoncer les méfaits de la Révolution, stigmatiser les Jacobins ou quelque grande figure révolutionnaire.

« Nous voulons une France catholique »

La Conférence Olivaint s'inscrivait donc bien dans un courant de pensée radicalement contre-révolutionnaire. Joseph de Valence, président de la Conférence en 1890, résuma l'état d'esprit des membres de la Conférence lors d'une allocution prononcée lors de la séance de clôture :

Nous pensons que l'abandon des principes chrétiens est la vraie cause de notre impuissance et de nos désastres ; qu'une nation comme la nôtre ne peut pas impunément déchirer les pages séculaires de son histoire, rompre la chaîne de ses traditions, inscrire en tête de sa constitution la négation des droits de Dieu et bannir toute idée religieuse de ses codes et de son enseignement public. (...). Nous voulons une France catholique qui brise avec les errements de la Révolution, reprenne enfin sa mission historique et providentielle et soit, de nouveau, à travers le monde, le pionnier de la civilisation chrétienne54.

La Conférence Olivaint se percevait ainsi comme une oeuvre de préservation autant que de restauration chrétienne, renforcée en cela par l'expérience de l'expulsion qu'elle connut en 1880, qui fut déterminante dans l'orientation prise par la Conférence Olivaint.

53 Charles Geoffroy de Grandmaison, "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance annuelle de clôture, 1883-1884. Paris : Pigelet et Tardy, 1884, p. 39. 54 Séance solennelle de clôture, 1889-1890. Paris : Imprimerie de l'Archevêché, 1890, pp. 7-9.

34 L'EPREUVE DE L'EXPULSION DE 1880

À la suite du départ de Mac Mahon, le républicain laïque Jules Grévy se trouve à la tête de l'État, tandis que devient le nouveau ministre de l'Instruction publique. La République, alors, prend un nouveau visage et passe à l'offensive en vue d'affirmer son identité et son idéologie.

Les lois et décrets Ferry

Le 16 mars 1879, Jules Ferry dépose sur le bureau de la Chambre, à Versailles, deux projets de loi, l'un excluant les enseignants catholiques du Conseil supérieur de l'Instruction publique, l'autre retirant aux universités « libres », créées quatre ans plus tôt, la faculté d'attribuer des grades. L'article 7 de ce second texte disposait que « Nul n'est admis à participer à l'enseignement public ou libre, ni à diriger un établissement d'enseignement de quelque ordre que ce soit, s'il appartient à une congrégation religieuse non autorisée ». La Compagnie de Jésus est la principale visée de ce texte, l'exposé des motifs mettant en cause « les grandeurs croissantes de la plus célèbre et de la plus prohibée des congrégations non reconnues, la Société de Jésus, qui ne rencontre plus de rivalité sérieuse dans les établissements ecclésiastiques concurrents ». Il est vrai que les effectifs des vingt-neuf collèges jésuites d'enseignement secondaire représentaient à l'époque la moitié des jeunes gens échappant à l'enseignement public55. Dans un discours, prononcé quelques jours plus tard à Épinal, Jules Ferry précisait encore sa cible :

Ce que nous visons, ce sont uniquement les congrégations non autorisées56 et parmi elles, je le déclare bien haut, une congrégation qui non seulement n'est pas autorisée, mais qui est prohibée par toute notre histoire, la Compagnie de Jésus. Oui, c'est à elle que nous voulons arracher l'âme de la jeunesse française57.

55 Jean LACOUTURE, op. cit., p. 262. 56 Seules cinq congrégations, sur près de 140 congrégations d'hommes qui se mêlaient d'enseigner, étaient autorisées : les frères des écoles chrétiennes, les lazaristes, les sulpiciens, les pères du Saint-Esprit et les missions étrangères. 57 Cité par Jean LACOUTURE, op. cit., p. 262.

35 La Chambre haute ayant finalement repoussé l'article 7, c'est par décret que Jules Ferry dut procéder. Aux termes du décret du 29 mars 1880 (« les décrets Ferry », dit-on pendant longtemps), la « société non autorisée, dite de Jésus », avait trois mois pour se dissoudre et évacuer ses maisons58.

Une veillée d'armes avant l'expulsion

Certes, les Jésuites étaient habitués aux expulsions, et, jusqu'en 1903, date de son installation durable au 12 de la rue d'Assas, la Conférence Olivaint changea à plusieurs reprises d'adresse. Mais pour toute une génération d'Olivaints, cette expulsion de 1880 fut une expérience déterminante. À quelques semaines de l'expulsion, le 16 juin 1880, alors que la menace se faisait plus précise, la Conférence tint sa traditionnelle séance de clôture ; l'assistance était plus nombreuse que de coutume : plusieurs députés et sénateurs, des professeurs, le directeur du Collège Stanislas, ainsi qu'un évêque, avaient tenu alors à apporter leur soutien à la Congrégation de la rue de Sèvres. De leur côté, les Jésuites avaient invité spécialement des représentants des autres Congrégations menacées, notamment les Dominicains et les Maristes :

Nous fêtons ce soir, déclara Raymond Saleilles, notre clôture annuelle ; clôture définitive, dit-on autour de nous, et nous le dirions aussi, si nous ne croyions fermement au droit qui est le nôtre, à la force toujours triomphante de la vérité qui nous protège, en notre jeunesse qui est notre armure, en Dieu qui est avant tout notre première loi existante59.

L'expulsion eut lieu quelques jours à peine après cette séance. L'historien Charles Geoffroy de Grandmaison, dans un témoignage qu'il fit quelques décennies plus tard devant la Conférence, en retrace le climat

À l’aube, nous étions massés en face de la porte cernée par la police. Des femmes priaient, des ouvriers regardaient. Un grand drôle barbu, hirsute et mal peigné, qui par pudeur aurait dû être loin des victimes qu'ils insultait régulièrement dans son journal, ricanait au contraire de voir perpétré l'attentat contre la liberté. Un de nous

58 Cité par Charles MOLETTE, L'Association catholique de la jeunesse française (1886-1907), Paris, Armand Colin, 1968, p. 35. 59 Séance solennelle de clôture, 1879-1880. Créteil : Imprimerie Créte, 1880, p. 5.

36 regarda l'insulteur, le saisit au collet, et d'un coup [...] l'étendit dans le ruisseau qui coule perpendiculairement vers celui de la rue du Bac. L'homme [...] se secoua sous nos huées et s'évada. Ce contact de M. [Camille] Pelletan, - c'était lui - avec l'eau, même boueuse, fut cependant un événement mémorable [...]60.

À quatre heures du matin, ce trente juin 1880, il y avait en effet du monde devant les portes de la résidence de la rue de Sèvres : le RP Pitot, supérieur de la résidence, le sénateur monarchiste Chesnelong, et le baron de Ravignan, neveu du prédicateur jésuite61. Les portes furent crochetées, et les pères, barricadés dans leurs cellules, furent expulsés un à un :

Les pères sortent un à un au bras d'un député ou d'un sénateur. Chaque fois qu'il en paraît un à la porte du couvent, la foule massée dans la rue et sur le square crie à tue-tête : Vivent les Jésuites ! Vive la liberté ! À bas la canaille ! À bas les décrets ! Un manifestant dit à l'un des agents : « Les Jésuites sont plus faciles à arrêter que les communards62 ».

Le commentaire du préfet de police Andrieux en dit long sur le sentiment des policiers :

Spectacle douloureux et humiliant pour ceux qui avaient la responsabilité de l'exécution. Il fallait pousser à la rue des prêtres sans défense. Leur attitude de prière, leurs physionomies méditatives et résignées, et jusqu'à la bénédiction donnée en sortant aux fidèles agenouillés, contrastaient péniblement avec l'emploi de la force publique. Il n'était pas nécessaire d'avoir la foi catholique pour éprouver l'impression que je décris ; et, quelles que fussent leurs croyances particulières, ce n'était pas pour de pareilles besognes que tant de vieux soldats avaient revêtu l'uniforme des gardiens de la paix63.

De fait, en concentrant l'opération d'abord sur les Jésuites, Jules Ferry avait déclenché une réaction de solidarité des autres congrégations, du clergé en général et d'une bonne partie de la société catholique. Les protestations furent véhémentes, et des centaines de fonctionnaires, magistrats, notamment, démissionnèrent plutôt que d'être associés à cette opération répressive.

60 Réunion annuelle et Assemblée générale 1913, op. cit., p. 54. 61 Jean LACOUTURE, op. cit., p. 267. 62 J. Burnichon, cité par Jean LACOUTURE, op. cit., pp. 267-268. 63 Cité par Jean LACOUTURE, op. cit., p. 268.

37 L'Institut catholique recueille l'Olivaint

La manière dont l'Olivaint fut sauvée, après l'expulsion, reflète bien cette solidarité. La Conférence et la Congrégation de la rue de Sèvres furent en effet recueillies, le jour même de l'expulsion, à l'Institut catholique (IC). Le 30 juin 1880, en effet, M. Conil, premier recteur de la Catho, rendant visite au Père Hubin, lui offrit l'hospitalité des vieux murs de la « maison des Carmes64 » :

C'était, témoigne Joseph Parent du Châtelet, à proprement parler, une masure d'un étage, située entre le séminaire et la rue d'Assas, sur laquelle elle butait de biais. La Conférence y avait une salle assez grande et une bibliothèque. Le P. Hubin, qui y logeait aussi, embellit peu à peu notre domaine, y transporta le buste du P. Olivaint, nos meubles, nos livres. Bientôt, le voisinage des cours nous amena des recrues, les relations intimes et cordiales avec l'Institut catholique ajoutèrent au lustre de la Conférence, et l'épreuve qui aurait pu la tuer sembla lui fournir, au contraire, un regain de vitalité65.

Ainsi la Conférence Olivaint échappait-elle à la menace de disparition qui pesait sur elle ; certes, les Jésuites perdirent - momentanément - leurs maisons et collèges, et par là même leur mode d'action primordial, l'enseignement des cadres dirigeants, mais, par le biais de la Conférence Olivaint, ils gardaient la haute main sur la jeunesse aisée de la Capitale, à l'abri des menées de la police qui, semble-t-il, ignorait tout des activités de l'organisation. On comprend mieux ainsi l'importance revêtue par la Conférence Olivaint aux yeux de la Compagnie de Jésus. À l'Institut catholique, la Conférence n'était guère dépaysée. Mgr d'Hulst, le successeur de M. Conil, n'avait jamais caché ses préférences politiques et dynastiques ainsi que le peu d'estime qu'il portait pour la République. "Le régime dominant a d'étranges amis. (...). Toute leur politique tient dans un seul mot : la guerre religieuse66", déclara-t-il par exemple à l'issue de la séance solennelle de clôture du 18 juin 1890.

64 Mgr d'Hulst, "discours prononcé le 5 décembre 1884 pour le repos de l'âme du RP Hubin", Séance solennelle de clôture, 1884-1885, op. cit., p. 64. 65 Joseph Parent du Châtelet, Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 19. 66 Séance solennelle de clôture, 1889-1890, op. cit., pp. 36-37.

38 "Nous ne fréquentons guère le monde officiel"

Si la Conférence Olivaint a pu poursuivre ses activités malgré l'expulsion de 1880, et en dépit des lois de 1901, c'est - au-delà de l'asile provisoire que constituait l'IC - avant tout parce que ses activités étaient pour l'essentiel, sinon à proprement parler secrètes, du moins souterraines. L'essentiel, en effet, se déroulait dans une discrétion absolue : les conférences du mercredi ne faisaient l'objet d'aucune publicité, sinon par le bouche-à- oreille, et le recrutement - par la cooptation - au sein d'un seul et même milieu, c’est-à-dire les anciens élèves des Jésuites ou de l'Institut catholique, garantissait la tranquillité de l'association. "Nous ne fréquentons guère, en France, le monde officiel" : Cette boutade de Mgr d'Hulst, illustre tout à la fois la nécessaire discrétion dont les travaux de la Conférence Olivaint s'entourait et l'attitude d'opposition résolue au régime qui définissait alors ce groupe d'étudiants67.

Une génération de l'expulsion ?

Il est difficile de mesurer la portée exacte de cette expulsion sur les jeunes Olivaints. Les rares témoignages en notre possession évoquent le sentiment d'exil, la perte d'un lieu hautement symbolique, qui réunissait dans un même lieu un autel, un tombeau - celui du Père Olivaint, et un foyer68. "Chassés par la violence de votre asile habituel, vous êtes pour votre part des persécutés", déclarait M. Robinet de Cléry, avocat général à la cour de cassation - révoqué, invité à la séance solennelle de clôture de 188169. L'expulsion avait avivé les tensions et les sentiments réactionnaires des jeunes membres de la Conférence. ; ainsi Lucien Normand, fils d'un magistrat révoqué un an après la promulgation des décrets Ferry du 29 mars 1880, témoignait-il, trente ans plus tard :

Ces événements70 (...) avaient jeté sur notre génération un nouveau voile de deuil et de tristesse, qui s'étendait, lui aussi, jusque sur notre conférence, transférée (...) en l'hospitalière maison des Carmes : les exilés chez les martyrs, quoi de plus propre à

67 Séance solennelle de clôture, 1890-1891. Paris : Imprimerie de l'Archevêché, 1891, p. 44. 68 Edouard Pontal, rapport sur les activités de la Conférence, Séance annuelle de clôture, 1880-1881, op. cit., p. 11-73. 69 Séance solennelle de clôture, 1880-1881, p. 74-76. 70 L'expulsion des Jésuites, aussi bien que la fin de l'inamovibilité de la magistrature, dont fut victime son père.

39 rallumer et à entretenir le zèle de notre foi et de notre apostolat, un peu comme jadis, chez les premiers chrétiens, toute proportion gardée, aux temps héroïques et sublimes des persécutions 71 !

Nombreux, à l'époque, furent les magistrats démissionnaires - ou révoqués - invités par la Conférence à sa séance de clôture. La Conférence Olivaint devint ainsi un asile pour tous les notables - ou fils de notables - en froid avec les institutions établies. La persécution de 1880, faisant écho aux persécutions antérieures, devenait constitutive d'un état d'esprit qui ne s'est que très tardivement estompé au sein de la Compagnie de Jésus et dans ses oeuvres étudiantes. L'indifférence ou la méfiance à l'égard du régime républicain devenait une défiance, une sourde hostilité, et l'expulsion eut surtout pour effet d'aggraver les rapports entre les catholiques modérés et la République. Cette première génération d'Olivaints, qui avait vu la Papauté menacée en Italie, les progrès des Républicains en France et l'expulsion des Jésuites s'est ainsi forgé une âme de combattants, au service du Pape, d'abord, du pays ensuite. Le pays, et non la République ; dans les discours de l'époque, nombreuses sont ainsi les dénonciations de l'esprit "sectaire", "antichrétien" et "antifrançais" des Républicains, assimilés sans nuance aux adversaires des catholiques72.

71 Discours de Lucien Normand, Assemblée générale 1914. Saint-Germain-les-Corbeil : Leroy, 1914, p. 35. 72 Séance solennelle de clôture, 1880-1881, op. cit., p. 74-76.

40 Chapitre III : Un cercle littéraire aux préoccupations sociales.

Les travaux des membres de la Conférence pendant cette première période ont été marqués par les questions littéraires, certaines questions historiques ou politiques. Progressivement, cependant, les questions sociales se sont imposées.

UNE CONFERENCE LITTERAIRE

La Conférence Olivaint s'inscrit pleinement dans la tradition de la « Société des bonnes études ». Le vocable de "Conférence littéraire" paraît amplement mérité au vu des études présentées par les membres de la Conférence.

La séance du mercredi

Point d'orgue des activités primitives de la Conférence, la séance du mercredi était une réunion strictement privée, ouverte aux seuls membres de la Congrégation. Impossible, donc, d'y assister sans montrer patte blanche. La forme de cette conférence hebdomadaire, telle qu'elle fut définie par le conseil de la Congrégation le 12 novembre 1874, n'a guère changé par la suite. La séance s'ouvrait et se fermait par une prière. Après l'adoption du procès-verbal, la parole était donnée au conférencier, qui donnait lecture d'un texte écrit. Ensuite, et ensuite seulement, la discussion était ouverte, le président distribuant la parole. Au fil des ans, seules deux modifications ont été apportées dans le déroulement des séances : les orateurs ont bientôt été conviés à monter à la tribune, au lieu de parler de leur place, et les interruptions furent tolérées73. En début d'année, il était fait appel à des conférenciers chevronnés, souvent d'anciens membres. Il y avait naturellement différents types de séances. Des séances moyennes, avec un travail solide de l'orateur, une discussion honorable, d'où, indique l'un des historiens de la Conférence, "les participants repartent instruits et satisfaits74". D'autres fois, le bureau invitait un personnage marquant ; c'est le prototype de la séance d'apparat, où les débutants n'osent

73 Joseph PARENT DU CHÂTELET, Les noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 14. 74 Ibid., p. 15.

41 guère demander la parole et où le débat se circonscrit entre les plus brillants orateurs. Il y avait, ensuite, les séances ternes, où le travail était médiocre et dont le sujet ne prêtait guère à la discussion. "En vain, raconte Joseph Parent du châtelet, un membre du bureau, désigné d'avance, et que nous appelions jadis « l'allumeur », intervient-il avec toute son adresser ; en vain, le P. Directeur paye-t-il de sa personne, leurs efforts et ceux du président ne parviennent pas à rompre ce silence mortel, et force est, à la longue de lever la séance75". Restaient, enfin, les séances animées ; tantôt, le sujet est palpitant, et c'est à qui se hâtera de parler. Tantôt, un orateur effleure, en passant, un sujet sensible et avive la discussion : "La discussion (...) rebondit, les ripostes se croisent, la salle devient houleuse ; le Président (...) brandit la sonnette, il s'embrouille dans ses de parole à distribuer, et finit par clore la séance en supprimant d'office les quatre ou cinq derniers orateurs inscrits, car l'heure est indue et le gaz va s'éteindre76."

Une liberté de ton ?

Au vu des règles précises qui régissent le fonctionnement de la Congrégation et du règlement intérieur assez strict de la Conférence, on ne peut que s'interroger sur la liberté de choix accordée aux membres pour les conférences du mercredi. En principe, c'est au bureau qu'il appartenait d'arrêter les sujets, au vu certainement des propositions faites par les membres. À en croire Albert du Demaine, président en 1878-1879, le Père Hubin intervenait assez peu dans le choix des sujets :

Il exerçait sur nous tous une influence très considérable, et d'autant plus remarquable que son autorité ne se faisait jamais sentir : aux séances comme aux réunions du bureau, il se mêlait le moins possible aux discussions, et n'imposait jamais sa manière de voir77.

On peut cependant imaginer que les membres écartaient d'eux-mêmes les sujets litigieux. Il ne fait guère doute que la liberté de choix des sujets des conférences était assez réduite.

75 Ibid. 76 Ibid. 77 Cité par Joseph Parent du Châtelet, Les Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 17.

42 Après la mort du Père Hubin, en 1883, c'est le Père de Rochemonteix, qui assuma la charge de la Réunion et de la Conférence. Petit, les yeux pétillant de malice derrière d'immuables lunettes, il intervenait plus souvent dans les débats :

Circonspect et diplomate, écrit Joseph Parent du Châtelet, il n'intervenait qu'à bon escient, avec une finesse parfois un peu narquoise qui, sans donner tort à personne, laissait deviner de quel côté se trouvait la vérité78.

Le RP de Rochemonteix, directeur de la Congrégation, se vit adjoindre en raison de sa mauvaise santé, le RP Alet, chargé de la direction de la Conférence. Cette dualité de la direction, cependant, ne dura que deux ans, et le RP le Tallec fut nommé en 1886, directeur de l'ensemble des oeuvres79. Pendant toute cette première phase de son existence, la Conférence Olivaint eut donc à compter, pour reprendre un mot de Michel Cornudet, avec "la fâcheuse faculté de circulation qui caractérise [les] Pères80", qui entraînait de fréquents changements de directeurs. Cela dit, qu'il s'appelât Hubin, de Rochemonteix, Alet ou le Tallec, le Directeur se tenait, à chaque séance, paisiblement assis entre le bureau et l'auditoire, veillant à la bonne tenue des débats et prêt à intervenir et à donner ce qu'avec retenue Joseph Parent du Châtelet appelle « la note juste ».

Des sujets littéraires

La littérature constitue une large part des sujets des séances du mercredi. Sur les quelque 300 sujets abordés entre 1874 et 1888, un tiers relève de ce domaine. Mais la diversité est grande, depuis les biographies jusqu'aux études de genres, en passant par l'analyse de certaines oeuvres. S'agissant des premières, la diversité des personnages traités est grande, de Beaumarchais, Chateaubriand, Shakespeare, ou encore Lamartine à Descartes, dont le jeune Henri de Gaulle entretint ses condisciples à deux reprises : en janvier 1878, l'étudiant en philosophie dont ses condisciples appréciaient la "force de sa dialectique, et la hauteur de ses

78 Les Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 21. 79 Joseph Parent du châtelet, Les Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 21. 80 Souvenir du 25e anniversaire de la Réunion, op. cit., p. 6-29.

43 vues81", présentait une étude sur Descartes ; un an plus tard, il étudiait "Les conséquences du Cartésianisme" - . En fait, ces travaux littéraires constituaient à proprement parler des exercices d'érudition. Il s'agissait, pour les jeunes congréganistes, de s'exercer - sur un sujet qu'ils maîtrisaient - à la prise de parole devant un public pas toujours aisé. Et bien souvent, les séances littéraires étaient l'occasion de débats très vifs entre classiques et romantiques, lecteurs de Maistre et admirateurs de Victor Hugo.

Les débats historiques

Mais les questions d'histoire, qui représentent un petit tiers de l'ensemble des conférences de la période étudiée, n'étaient pas moins âprement discutées. La révocation de l'Édit de Nantes, la Restauration, et la Révolution française avaient la faculté d'enflammer la salle. Ainsi, lors du débat qui suivit l'exposé d'un membre, Just de Bernon, sur les théories de Joseph de Maistre sur la Révolution, un vif débat s'engagea - non parce qu'il y avait dans la salle quelque esprit progressiste mais parce que certains, tout en la flétrissant, voulaient que l'on tienne compte de certains bienfaits dont jouirait, grâce à elle la société moderne82. À cette date, les discussions ont souvent abordé la question du Libéralisme, du Syllabus, à la Loi Falloux, ainsi qu'à la distinction entre la Thèse et l'Hypothèse, chère à Édouard Pontal.

INTERET POUR LES QUESTIONS ECONOMIQUES ET SOCIALES

Cela dit, en dehors des séances littéraires convenues et des séances historiques souvent âprement débattues, les membres de la Conférence ont fait montre d'un intérêt certain pour les questions économiques et sociales.

Débats d'actualité

Certes, très souvent, il s'agissait d'une manière détournée d'aborder le fruit défendu, c’est-à-dire la politique. L'idée qui dominait les travaux de la

81 Raymond Saleilles, rapport sur l'activité de la Conférence, Séance annuelle de clôture, 1878-1879, op. cit., p. 11-59. 82 Robert Aubineau, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1875-1876. Paris : Jules Le Clere, s.d., pp. 8-15.

44 Conférence était la défense sociale et religieuse, la préparation à la lutte. Certes, l'énoncé des sujets d'exposé peut parfois paraître anodin ; il en est peu, cependant, qui ne furent le prétexte à une fine diatribe contre le pouvoir, les institutions en place, ou l'héritage de la Révolution. Sous couvert de droit ou d'économie, des questions brûlantes ont ainsi pu être abordées, comme le droit d'association (en 1888, par Maxime Legendre), la liberté de la presse (en 1986, par le même), le droit de grève (la même année, par Joseph de Séroka), ou la question de l'enseignement : pour défendre la liberté de l'enseignement comme le fit Henri de Gaillard en 1881) ou évoquer - pour la dénoncer - l'instauration de l'instruction gratuite en France (comme le fit Anatole Bucquet en 1882). Assez souvent, au demeurant, les invités de fin d'année étaient choisis en fonction de l'actualité du moment : l'invitation du député Cazenove de Pradine, en 1890, fut, par exemple, l'occasion de saluer la consécration du Sacré-Cœur de Montmartre83.

Attrait pour la question sociale

Plus fondamentalement, cependant, on peut déceler dans les sujets traités un réel attrait pour la question sociale, qui est le fait d'un petit nombre de membres de la Conférence. Dès 1874, dans un exposé sur "Les questions ouvrières", un certain Martin affirma qu'il fallait prendre soin de la situation matérielle de l'ouvrier84. En janvier 1878, la Conférence recevait Léon Harmel, membre de l’œuvre des cercles d'ouvriers, venu parler des corporations ouvrières, tandis qu'en février de la même année, Évariste Martin évoquait "Les utopies et la réalité de la question sociale" et qu'en décembre, Joseph Bith traitait la "Monographie d'un ouvrier parisien au XIXe siècle". Tous ces conférenciers se référaient à deux traditions distinctes de l'Eglise, la tradition caritative, et la - récente - tradition sociale à proprement parler. Dans le premier cas, il s'agissait simplement de venir en aide aux ouvriers, en leur apportant du réconfort. Dans le second, il était question, au- delà de l'aide ponctuelle, d'aller au-devant de l'ouvrier pour l'éduquer, le faire sortir de sa condition, voire d'intervenir en sa faveur.

83 J. de Valence, Séance solennelle de clôture, 1889-1890, op. cit., pp. 7-9. Cazenove de Pradine avait été à l'origine du projet de loi relatif à l'érection de ce monument. 84 Séance solennelle de clôture, 1874-1875, op. cit., pp. 7-30.

45 L'intervention de l'État

L'expression sans doute la plus précise des fondements de cette inclination pour la question sociale est cependant donnée par Lucien Normand dans une étude sur l'intervention de l'État en faveur des ouvriers sans travail85. Aux yeux de l'auteur, la question sociale, caractérisée principalement par le développement du paupérisme, s'impose à tous les esprits, au vu de la crise que l'industrie parisienne a connue au début de l'hiver 1883. Il se prononce nettement, cela dit, contre le patronage de l'État qui a l'inconvénient de "confisquer (...) l'initiative privée dans l'organisation, la protection, le développement de l'industrie". Il dénonce ainsi l'affirmation par les socialistes d'un droit au travail, et leur prétention à voir l'État se substituer à l'initiative privée pour devenir le grand agent de production. Cela dit, il rejetait tout autant le libéralisme. Au cours de la discussion, les économistes libéraux de l'école du laissez-faire, laissez-passer furent ainsi mis en porte-à-faux, et Charles Geoffroy de Grandmaison conclut ainsi son compte rendu :

Ces deux doctrines sont également fausses, et l'on doit dire que le droit du Pouvoir, dans l'État chrétien, est de tendre au bien commun de ceux dont il a la garde, ce qui lui impose des devoirs, particulièrement en ce qui concerne l'âme et le corps de l'ouvrier, à qui la loi doit assurer le repos du dimanche, pour qui la loi doit empêcher l'exploitation coupable d'une concurrence sans frein, en faveur de qui la loi doit organiser une sécurité de travail par des associations professionnelles et par des juridictions arbitrales qui mettraient fin aux conflits entre patrons et ouvriers86.

Cet intérêt pour la question sociale était loin, jusqu'à l'encyclique Rerum novarum, de faire l'unanimité parmi les membres de la Conférence. Ainsi, lorsque, en mai 1890, Joseph de Valence, se déclara en faveur de l'instauration d'un repos hebdomadaire pour les ouvriers, il se trouva plusieurs contradicteurs pour lui opposer que ce serait encourager la fréquentation des cabarets87 !

85 Charles Geoffroy de Grandmaison, "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle de clôture, 1883-1884, op. cit., p. 40-43. Les citations qui suivent sont toutes extraites de ce passage. 86 Ibid., p. 42. 87 Charles de Calan, "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle de clôture, 1889- 1890, op. cit., pp. 9-30.

46 Liens avec les Cercles catholiques d'ouvriers

L'intérêt de certains orateurs de la Conférence Olivaint pour ces questions est donc précoce, et relève vraisemblablement plus de cette double tradition sociale d'une certaine traditionnelle de l'Eglise que de l'expression d'un véritable progressisme. Mais il y avait plus qu'un attrait ; très tôt, en effet, la Conférence Olivaint a entretenu des liens avec les Cercles catholiques d'ouvriers (CCO). Cela tenait, bien sûr, avant tout au fait que le Père Hubin était l'aumônier des deux organisations, et cela a permis d'engager plusieurs membres de la Conférence vers l'action sociale. Fondés en 1871 par Albert de Mun, les CCO - initiative de laïcs - avaient en effet l'ambition de travailler à une régénération de la société, au nom de l'Eglise. À deux reprises, Léon Harmel, qui y oeuvrait, vint à la Conférence, évoquer d'abord la question des syndicats, ensuite l'Action de la jeunesse catholique, en 1888. À cette date, il invita les Olivaints à "s'unir pour puiser dans la doctrine catholique la solution du problème social88".

Albert de Mun, soutien de la Conférence

Albert de Mun, fondateur de l’œuvre des cercles, fut quant à lui l'un des premiers soutiens de la Conférence Olivaint. Au printemps 1876, il fut l'invité d'honneur de la séance solennelle de clôture, et sa venue à l'Olivaint fut déterminante. Il se fit, en effet, l'apôtre de l'engagement des jeunes gens dans la vie publique, et les invita à rejoindre son oeuvre :

Jeunes gens, déclara-t-il, votre place est à l'avant-garde de l'armée de Dieu ! Et c'est de ce grand nom que Pie IX a honoré notre oeuvre, marquant ainsi sa mission et appelant à la servir tous ceux qui portent les livrées du christianisme. Venez donc à nous, et nos rangs s'ouvriront pour vous recevoir : vous y trouverez, avec cet esprit partisan qui doit faire le caractère des oeuvres de notre temps, cette force qui vient de l'association et dont plus que d'autres vous avez besoin89.

88 Lucien Normand, rapport sur les activités de l'année, Séance solennelle de clôture, 1887-1888. Paris : J. Meersch, 1888, pp. 12-57. 89 Séance solennelle de clôture, 1875-1876, op. cit., p. 27.

47 Par la suite, les rapports annuels et les notes de présentation évoquent à de nombreuses reprises la participation de membres de la Conférence aux CCO, et, en 1883, le pèlerinage de la Conférence organisé par le Père Hubin a rejoint à Lourdes celui des CCO.

Vers l'action sociale

La Conférence Olivaint, dès l'origine, s'orienta donc vers l'action sociale. Mais il s'agissait alors d'un comportement touchant une minorité : le RP Hubin, et quelques membres. Après 1885, un nouveau climat se développa dans l'Eglise, sous l'influence de l'encyclique Immortale Dei du premier novembre 1885, propice au développement de l'action laïque au nom de la primauté du spirituel sur le temporel90. C'est dans ce nouveau contexte que naquit l'Association catholique de la jeunesse française, qui orienta la Conférence Olivaint vers l'action sociale, voire l'action politique.

90 Charles MOLETTE, L'Association catholique de la jeunesse française (1886-1907), Paris, Armand Colin, 1968, pp. 17.

48 Chapitre IV : L'Olivaint et la fondation de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF).

La fondation de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF) par Albert de Mun au début de l'année 1886 apparaît, a posteriori, comme un événement marquant dans l'histoire de la jeunesse catholique, et notamment la jeunesse étudiante. D'abord parce que l'association naissante a permis de regrouper des patronages et des cercles d'étudiants jusque-là isolés, en vue de les fédérer et de les organiser ; ensuite parce que l'orientation que l'ACJF donna par la suite à son action eut un retentissement sur ses composantes, et notamment la Conférence Olivaint.

LA FONDATION

La Conférence, cependant, tarda quelque peu à adhérer à l'ACJF, même si plusieurs Olivaints ont quant à eux participé individuellement à sa fondation. Son adhésion, en janvier 1888, n'en fût que plus décisive : à cette date, la Compagnie de Jésus s'emparait de la direction de l'ACJF.

Naissance de l'ACJF

C'est à l'instigation des Cercles catholiques d'ouvriers qu'est née l'ACJF, le 29 mars 1886, jour anniversaire des décrets du 29 mars 1880. Albert de Mun, conscient des limites de l’œuvre des CCO - en raison notamment de l'opposition d'une partie du Clergé, voulut prolonger son entreprise en encourageant la création d'un mouvement de laïcs catholiques en vue que celui-ci pèse dans les destinées du pays91. Pour son essor initial, l'ACJF pouvait bénéficier du développement des Congrégations mariales. Le 27 mai 1884, en effet, Léon XIII avait publié le Bref Frugiferas qui célébrait le troisième centenaire de la fondation de la première Congrégation mariale (appelée Prima Primaria, parce que première-née). Quelques jours plus tard, le Père Anderlédy, vicaire-général de la Compagnie de Jésus adressait à ses religieux une lettre qui recommandait la promotion des Congrégations parmi la jeunesse92. La Congrégation de la rue de Sèvres, une nouvelle fois, se trouvait encouragée

91 Ibid., pp. 36-37. 92 Ibid., p. 45-46.

49 par la Papauté, et c'est sur elle, notamment que l'ACJF devait s'appuyer pour asseoir sa prospérité.

La Conférence Olivaint face à l'ACJF

Plusieurs membres de la Conférence Olivaint participèrent directement à la fondation de l'ACJF, grâce aux liens particuliers tissés entre la Conférence et Albert de Mun. Peu avant la publication de l'encyclique Immortale Dei, Albert de Mun fut, pour la seconde fois, l'invité d'honneur de la Conférence à l'occasion de la séance solennelle de clôture du 24 juin 188593. À cette occasion, il invita les Olivaints à s'engager pleinement dans la défense du catholicisme et de l'Eglise :

Les oeuvres de l'Eglise ont rempli l'histoire des siècles ; la calomnie les a dénaturées, l'oubli les a couvertes : c'est à vous de fouiller ces ruines et de tirer de la poussière des âges la lumière éclatante de la vérité historique, qui porte avec elle la condamnation des utopies révolutionnaires et le germe de la restauration chrétienne. Avocats, médecins, polémistes, érudits, voilà votre tâche94.

Cet appel fut certainement écouté dans la Conférence. Depuis plusieurs années, en effet, Charles Geoffroy de Grandmaison, ancien vice-président de l'Olivaint - qui dut quitter la Conférence en raison de son mariage (car les hommes mariés étaient interdits au sein de la Congrégation) - était le secrétaire particulier d’Albert de Mun. En novembre 1885, quelques mois à peine après le passage de ce dernier à l'Olivaint, l'un des secrétaires de l'Olivaint, Joseph de Valence, devint son secrétaire politique :

A la Conférence Olivaint et même à la Conférence Ravignan95, témoigne-t-il, (...) nous étions un certain nombre de jeunes gens travaillés (...) par l'idée d'une Réaction catholique dans la jeunesse. C'était le thème habituel de nos conversations qui se prolongeaient souvent fort avant dans la nuit, avec mes camarades d'alors : Merveilleux du Vignaux, Canat de Chizy, Gaston Lacretelle, Joseph Parent du

93 Séance solennelle de clôture, 1884-1885, op. cit., pp. 45-52. 94 Ibid., p. 50. 95 La Conférence Ravignan était rattachée au collège jésuite de la rue de Madrid.

50 Châtelet, X. Lauras, Papillon, etc... le long des trottoirs du boulevard Saint- Germain et parfois jusqu'auprès de la Madeleine96.

Lorsque le projet d'une grande association catholique se dessina dans son esprit, Albert de Mun mit donc en relation ses secrétaires avec Robert de Roquefeuil, ancien du Collège de Canterbury, le « Collège de l'exil » fondé par les Jésuites après l'expulsion de 1880 que dirigeait le RP du Lac.

LES JESUITES PRENNENT LA DIRECTION DE L'ACJF

Contrairement à ses quelques membres zélés, la Conférence Olivaint demeura longtemps en retrait de l'ACJF, et Albert de Mun dut composer pour obtenir le soutien de la Compagnie de Jésus.

Les réticences de la Compagnie

L'ACJF, si elle ne procédait pas de la Compagnie, avait en effet besoin de son soutien pour assurer son existence, et surtout son rayonnement national. Car l'unité du mouvement était menacée par le risque d'une trop grande dépendance vis-à-vis de l'épiscopat local : "Pour que l'association naissante garde son unité, écrit Charles Molette, il fallait donc envisager son rattachement à une autorité ecclésiastique exempte d'une soumission inconditionnelle et totale à l'épiscopat local97". En raison des liens qu'Albert de Mun avait établis avec les Jésuites, c'est naturellement vers la Compagnie de Jésus qu'il se tourna. Or, le rapprochement avec cette dernière ne se fit pas sans mal. Les engagements individuels des jeunes gens de la Réunion de la rue de Sèvres ne manquaient certes pas, mais ils s'accompagnaient d'une certaine réticence des directeurs jésuites à l'idée d'adhérer en bloc à l'ACJF. Le Père de Rochemonteix, en particulier, ne cachait pas sa réticence98. Retiré de la direction de la Conférence Olivaint en raison de sa santé, il dirigeait toujours la Congrégation en 1886, et s'opposa fermement à l'adhésion de la Réunion et de l'Olivaint à l'ACJF.

96 Cité par Charles MOLETTE, op. cit., p. 49. 97 Ibid., p. 74. 98 Ibid., p. 49.

51 À ses yeux, l'association d'Albert de Mun avait l'inconvénient d'être à peine née, alors que la Réunion des jeunes gens avait une longue histoire derrière elle. À Robert de Roquefeuil, premier président de l'ACJF, qui s'étonnait des réticences de la Compagnie, le RP du Lac répondit un jour : "Comment voulez-vous qu'une congrégation qui date en définitive de 1801, a continué jusqu'à la suppression de 1828, et, ressuscitée en 1850, a donné depuis lors de tels fruits de grâce, puisse s'incliner, pour ainsi dire, devant la vôtre encore à l'état d'embryon 99?". En outre, les Jésuites estimaient que l'ACJF ne présentait pas des garanties de piété suffisantes. En clair : ce n'était pas une congrégation. Robert de Roquefeuil, pour sa part, était - comme De Mun - favorable à l'idée de créer une congrégation mariale au sein de l'ACJF, mais il se heurtait à l'opposition de son Conseil.

Albert de Mun en appelle au Provincial

Le seul moyen de pallier cette difficulté était donc de faire adhérer en bloc la Congrégation dans le Conseil de l'ACJF. Mais, pour cela, il fallait surmonter les réticences des Jésuites en leur offrant des garanties. C'est ce que fit Albert de Mun dans une lettre au Provincial, en date du 22 novembre 1887, dans laquelle il lui exposait les raisons qui l'avaient amené à en appeler à la Compagnie de Jésus, affirmant que l'ACJF visait à unir et à donner vie aux Conférences d'étudiants :

Qu'il me soit permis de dire que les deux conférences existantes, celle du P . Olivaint plus encore peut-être que l'autre, ont besoin de cette émulation. On leur reproche, et je le crois non sans raison, de s'engourdir, de manquer d'ardeur, de vie, de qualités robustes. J'ai entendu bien des membres de la Conférence Olivaint s'en plaindre et saluer, à chaque changement de directeur, l'espérance d'une résurrection toujours attendue100.

Il n'est pas certain que ces arguments aient touché le Père Provincial. En revanche, la conclusion dut retenir son attention : Albert de Mun y appelait le Père Provincial à donner un « Père spécial » à l'ACJF : "Je vous supplie de ne pas la laisser perdre, mais de la recueillir et d'en faire l'instrument du salut social101".

99 Ibid., p. 80. 100 Cité par Charles MOLETTE, op. cit., p. 82. 101 Ibid.

52 De Mun ne proposait pas moins à la Compagnie de Jésus que la direction de l'ACJF en échange de son soutien et de l'adhésion de la Congrégation.

Les Jésuites prennent la direction de l'ACJF

La réponse ne se fit pas attendre, et marquait tant l'entrée de la Compagnie de Jésus dans le comité de l'ACJF que l'emprise de la Réunion des jeunes gens sur la jeunesse étudiante catholique :

Après avoir bien examiné, consulté et prié, voici ce que je viens vous soumettre, comme la seule chose qui, pour le moment, me paraisse possible et pratique : Confier au Père directeur de la Conférence Olivaint le Comité de l'Association catholique de la jeunesse française ; et par suite surveillance et direction du bulletin, impulsion donnée à l’œuvre pour la fondation de nouvelles conférences, introduction de l'élément religieux dans celles qui existent, etc102...

Albert de Mun accepta la proposition. Le 26 janvier 1888, la Réunion des jeunes gens adhéra à l'ACJF et le directeur de la Conférence Olivaint, le RP Le Tallec, en devint aumônier-directeur, tandis que le vice-président de la Conférence, Joseph de Valence, devenait vice-président de l'ACJF. Chassée de ses collèges en 1880, la Compagnie de Jésus cherchait donc, en acceptant de prendre la direction de l'ACJF, à maintenir son emprise sur l'élite de la jeunesse catholique. La Conférence Olivaint - et la congrégation - s'avéraient ainsi des instruments efficaces au service de ses projets.

Démission du Cercle du Luxembourg

Ce lien désormais étroit entre l'ACJF et les Jésuites n'allait pas sans provoquer quelques remous ; ainsi le Cercle du Luxembourg protesta-t-il contre la tutelle des Jésuites, telle qu'elle s'exprimait notamment par la nomination unilatérale de l'aumônier par la Compagnie de Jésus. Ce cercle n'était pas sans importance dans le milieu estudiantin. En 1819, Emmanuel Bailly avait fondé, rue Cassette, une pension de famille pour étudiants. Bientôt, par les conférences qu'il y avait organisées, c'est là

102 Ibid.

53 qu'était née la Société des études littéraires, qui fusionna quelques années plus tard avec la Société des bonnes études, fondée par la Congrégation. C'est ce cercle, appelé « Cercle catholique des étudiants de Paris », qui, après quelques vicissitudes, devait trouver au lendemain de la Révolution de 1848 comme un second fondateur dans la personne de M. Beluze. Ce dernier fit construire près du Luxembourg un local comprenant diverses salles, qui accueillit le Cercle, appelé désormais Cercle du Luxembourg103. Il a regroupé plusieurs conférences spécialisées, notamment la Conférence Ozanam104. C'est en juin 1891 que le Cercle du Luxembourg quitta l'ACJF105. À l’origine de ce départ, il y avait plus qu'une opposition à la présence des Jésuites. Il y avait aussi une divergence de vue assez profonde entre le Cercle du Luxembourg et les promoteurs de l'ACJF. Pour ces derniers, en effet, l'ACJF était une « oeuvre militante », tandis que le Cercle du Luxembourg se définissait comme une « oeuvre de préservation » et craignait que cette « marche en avant » n'expose les Cercles catholiques à des représailles de la part de l'administration106.

Rapide développement de l'ACJF

Cette démission, accompagnée de quelques autres défections, n'a pas empêché l'ACJF de se développer, grâce, notamment, à l'entrée massive des Congrégations jésuites. En 1891, elle revendiquait 70 conférences et 5000 membres. Ouverte, en principe, à "tous les jeunes gens catholiques, capables d'exercer autour d'eux une certaine influence107", elle comptait en fait majoritairement des étudiants dans ses rangs à ses débuts. Ce rapide développement donnait à l'ACJF une place de choix dans la jeunesse catholique de la fin du XIXe siècle, et conférait à la Conférence Olivaint, qui tenait une place importante dans ses instances, une responsabilité à la hauteur de ses ambitions. À l’aube du Ralliement, la Conférence Olivaint se présentait ainsi comme un cercle élitiste, légitimiste, ultramontain, profondément hostile à la République, et en même temps un cercle ouvert à une certaine modernité dans le domaine social, ouvert aux initiatives d'Albert de Mun. Le Ralliement ouvrait une nouvelle ère dans

103 Ibid., p. 550. 104 Gilles LE BÉGUEC, op. cit., p. 824. 105 Charles MOLETTE, op. cit., p. 90. 106 Ibid. 107 Résolution du Conseil fédéral de l'ACJF de 1896, citée par Charles Molette, op. cit., p. 103.

54 l'histoire de l'association, qui allait désormais devoir se situer par rapport à la République, et voir en son sein émerger puis s'affronter des sensibilités opposées.

55 Deuxième partie :

LA CONFÉRENCE OLIVAINT FACE À LA RÉPUBLIQUE (1888-1914)

56 Chapitre Premier : Le ralliement

L'adhésion de la Conférence Olivaint à l'ACJF, en janvier 1888, était bien plus qu'une simple formalité. Les engagements réciproques pris à l'époque furent respectés, au-delà même de la Grande Guerre, la place privilégiée qu'occupait la Conférence Olivaint au sein de l'Association ne s'étant pas démentie. Pendant plusieurs années, les deux associations ont d'ailleurs partagé le même local, au 76 de la rue des Saints-Pères, dans l'immeuble de l'ancienne librairie Palmé ; à partir de 1901 - et jusqu'en 1956 - l'Olivaint et l'ACJF ont occupé des locaux loués - sous un prête nom - par la Compagnie de Jésus, respectivement au 12 et au 14 de la rue d'Assas. Tout au long de cette période, les échanges ont été nombreux et fructueux, et l'histoire de la Conférence Olivaint devient donc indissociable de celle de l'ACJF.

LA JEUNESSE CATHOLIQUE SUR LE TERRAIN CONSTITUTIONNEL

C'est le 16 février 1892 que paraît l'encyclique "Au milieu des sollicitudes", point d'orgue du processus de Ralliement des Catholiques français à la république engagé par Léon XIII.

Un ralliement ambivalent

Pour beaucoup de catholiques, attachés à la Monarchie, le Ralliement était loin d'aller de soi. Au sein de l'ACJF, des clivages se sont rapidement établis entre les partisans d'une adhésion sans réserve à d'autres, qui souhaitent que leur association se place "en dehors des partis politiques108". Les esprits étaient particulièrement échauffés à la suite du pèlerinage de la Jeunesse catholique à Rome, en 1892, qui s'était soldé par des incidents avec la population et les autorités locales. Témoignant à son retour devant ses camarades de la CO, Henri Reverdy ne trouva pas de mots assez forts pour condamner les "lâches insultes d'un peuple ingrat et dégénéré". Sous les applaudissements, il acheva son récit en revendiquant le pouvoir temporel de la papauté109. La question du Ralliement s'inscrivait donc dans un contexte très tendu, lorsqu'elle fut tranchée, en mai 1892, par Albert de Mun lors du

108 Charles MOLETTE, op. cit., p. 141. 109 Séance solennelle de clôture, 1891-1892. Paris : Imprimerie de l'Archevêché, 1892, p. 27.

57 congrès de l'ACJF, à Grenoble, déclarant qu'il entendait désormais "placer [son] action politique sur le terrain constitutionnel, pour [se] conformer aux directions du souverain pontife110", suivant en cela, et mot à mot, l'orientation donnée peu de temps avant par Léon XIII. Mais il y a un pas entre se placer sur le terrain constitutionnel et admettre le régime républicain. Et ce pas, plusieurs refusèrent de le franchir, notamment, Mgr d'Hulst, qui, par fidélité au Comte de Paris, attendit la mort de celui-ci, le 8 septembre 1894, pour reconnaître le bienfait de l'action persévérante de Léon XIII111. L'intervention d'Albert de Mun lors du congrès de Grenoble reflétait bien l'ambivalence du ralliement d'une partie non négligeable des catholiques, qui acceptaient momentanément les institutions politiques, tout en condamnant et en poursuivant le combat contre le régime républicain :

La même autorité qui nous invite à nous incliner devant l'organisme politique, nous interdit de nous courber devant la tyrannie d'une législation oppressive et sacrilège. C'est pour fortifier notre résistance qu'on nous conseille d'entrer sans arrière- pensée dans le jeu des institutions politiques. Quels que soient nos sentiments et nos opinions, nos préférences et nos regrets, nous pouvons loyalement porter à nos adversaires ce défi ; nous pouvons leur dire : le régime que vous représentez n'est plus contesté ; montrez qu'il est compatible avec le respect des droits sacrés que nous n'abdiquerons jamais112.

La Ligue de propagande catholique et sociale

Peu de temps après, l'association catholique fonda la Ligue de propagande catholique et sociale. L'ACJF ne pouvant pas, en tant qu'association, descendre sur le terrain électoral et politique, la Ligue était appelée à le faire. Elle fut créée lors d'une réunion à la bibliothèque de la Conférence Olivaint en présence de plusieurs Olivaints, dont Henri Reverdy, futur président de l'ACJF113. L'ACJF voulait ainsi libérer la poursuite des « Intérêts catholiques et sociaux » de toute inféodation aux intérêts de partis politiques (c’est-à-dire monarchistes), et ne pas se contenter de « Revendications catholiques » mais avoir un souci du bien commun qui s'exprime par des « Revendications sociales ».

110 Charles MOLETTE, op. cit., p. 163. 111 Ibid., p. 161. 112 Albert de Mun, cité par Charles MOLETTE, op. cit., p. 161. 113 Ibid., p. 145.

58 Ralliement de la Compagnie de Jésus

L'engagement de l'ACJF derrière le Pape Léon XIII fut, à n'en pas douter, déterminant pour une grande partie de la jeunesse des cercles catholiques, et ralliement de l'ACJF de ces milieux se fit donc, progressivement et de manière ambivalente, mais, aux dires de Charles Molette, plus rapidement que celui du clergé. Cela dit, le ralliement de la Compagnie de Jésus, lui, fut particulièrement lent114. Il fallut attendre, en effet, le numéro de février 1895 du Messager du cœur de Jésus, répercuté par L'Univers, pour que soit subrepticement rendue publique la soumission des Bons Pères aux directives de Léon XIII. C'est que les divisions qui affectaient l'ACJF étaient autrement plus vives au sein de la Compagnie de Jésus, où les ressentiments à l'égard de la République étaient nombreux.

LE RALLIEMENT DE LA CONFERENCE

En fait, dans les groupements de jeunesse dirigés par les Jésuites, la rapidité et la nature du Ralliement dépendait beaucoup de la personnalité du Père directeur.

Le Père Le Tallec, le Zouave pontifical

La personnalité du Père directeur de l'Olivaint de l'époque a, ainsi, beaucoup joué dans le ralliement des membres de la Conférence. Car le RP Le Tallec, qui dirigea la Conférence de 1886 à 1895, était un ancien zouave pontifical, et c'est au nom de sa fidélité sans faille au Souverain Pontife, qu'il s'engagea sur la voie constitutionnelle. Ce , qui avait fait ses études de théologie à l'Institut catholique, était doté d'un fort caractère. Les membres de la Conférence l'appelaient « le Zouave », non seulement parce qu'il avait porté l'uniforme des derniers défenseurs de Pie IX - à la mémoire duquel il est longtemps resté fidèle, mais à cause de son allure un peu militaire et, aux dires de Joseph Parent du châtelet, "de

114 Ibid., p. 194.

59 l'impétuosité théologique avec laquelle il attaquait l'erreur partout où il la soupçonnait115".

L'impact de l'encyclique Rerum novarum

Mais l'action du Père Le Tallec a certainement été facilitée par le progrès des idées sociales au sein de l'Olivaint. Depuis l'adhésion à l'ACJF s'était progressivement établi à la Conférence Olivaint un nouvel état d'esprit , que le président de 1892, Henri Rubat du Mérac, résuma par une formule résumant le but que se fixait désormais la Conférence : "Établir un ordre social chrétien"116. Ce but, au demeurant, était exactement conforme à celui que l'ACJF avait inscrit à la première ligne de ses statuts : "grouper toutes les forces de la Jeunesse catholique française, en vue de coopérer au rétablissement de l'ordre social chrétien117". Ce mot d'ordre mobilisateur était de nature à convenir aussi bien aux catholiques sociaux qu'aux plus conservateurs. Dire, cependant qu'il fut celui de tous les membres de l'Olivaint serait pourtant exagéré. On a, en effet, bien trop de traces de débats, sinon de conflits entre les anciens - monarchistes traditionnels - et les modernes - apôtres de l'action sociale. Ainsi la Conférence de François Veuillot sur « les catholiques et l'action sociale », qu'il prononça en novembre 1892, est-elle emblématique de ces conflits118. Le futur journaliste y affirmait que la jeunesse catholique devait se préparer à résoudre, dans la mesure du possible, la question sociale, par l'étude d'abord, par l'action ensuite, et ce en suivant la voie tracée par l'encyclique Rerum novarum. Ses contradicteurs, parmi lesquels on trouvait Maurice Monteil et Rochette de Lempdes, affirmèrent que tout cela n'était que peine perdue : la question sociale existera toujours. "Et puis, pourquoi ne s'occuper jamais que des ouvriers des villes, alors que ceux des campagne forment le vrai peuple de France ?", ajoutèrent Henri Amigues et Xavier Lauras119. En tout cas, l'adhésion à l'ACJF et le climat de Rerum novarum ont contribué à faire évoluer l'esprit d'une partie des membres de la Conférence. Progressivement, les questions sociales ont pris une place de plus en plus

115 Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 20. 116 Henri Rubat du Mérac, Séance solennelle de clôture, 1892-1893. Paris : Schneider, 1893, pp. 7-8. 117 Article premier des statuts de l'ACJF, cité par Charles MOLETTE, op. cit., pp. 239-240. 118 Séance solennelle de clôture, 1891-1892, op. cit., pp. 24-28. Cette conférence fut publiée, en janvier 1893, dans la Revue de l'ACJF. 119 Ibid.

60 importante dans les débats de la Conférence : le rapporteur de l'année 1891, Henri Rubat du Mérac fait explicitement référence à Rerum novarum pour expliquer la relative désuétude dans laquelle les sujets littéraires et philosophiques sont tombés au tournant des années 1890120. "Je me suis laissé dire qu'à une certaine époque, ajoute Joseph Parent du châtelet, la politique, si justement bannie de la Conférence, s'y était furtivement glissée, et qu'à certains jours, on s'était jeté des encycliques à la tête121". Milieux éminemment conservateur, monarchiste, légitimiste, la Conférence Olivaint a il est vrai subi de plein fouet l'appel du Pape au ralliement. Jamais, puisqu'il s'agit d'une question de politique intérieure, cette question ne fut abordée de front. Cela dit, un débat autour de l'action catholique en France, à l'issue du exposé de François Veuillot sur ce thème, permit d'engager un débat particulièrement vif.

Débat sur le ralliement

Dans son exposé de mars 1892, sur l'Action catholique en France, François Veuillot, en effet, appelait au ralliement, en insistant sur la nécessité pour les catholiques de s'unir, au-delà des clivages politiques, derrière le Pape, et ce pour défendre la religion. La discussion qui suivit cet exposé fut, aux dires du rapporteur, "courtoise et animée122". Les légitimistes, parmi lesquels messieurs Amigues et Xavier Lauras, notèrent que l'infaillibilité pontificale n'était pas engagée et que, par conséquent, "chacun peut (...) conserver ses préférences dynastiques". D'autres, nota le rapporteur avec un certain dédain, ne manifestèrent "aucune répugnance pour les institutions établies". Il s'agissait entre autres de MM. Auzou et Colin de Verdière. Quant au RP Le Tallec, il intervint à la fin du débat en affirmant qu'on ne demandait pas aux catholiques français une défection, "mais une trêve dans l'intérêt de l'Eglise". Et le rapporteur de conclure :

120 "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle de clôture, 1890-1891, op. cit., pp. 9-36. 121 Les noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 16. 122 Séance solennelle de clôture, 1891-1892, op. cit., pp. 24-28.

61 Le moment viendra, bientôt peut-être, où la puissance séculière refusera toute subvention au culte. C'est alors qu'on verra ceux qui sont attachés à leur religion de la façon la plus pratique123.

On le voit, si la majorité - sinon la totalité - des jeunes gens de la Conférence, à l'appel des Pères Jésuites, a accepté sans trop de mal le ralliement, c'est avant tout en vertu de son ultramontanisme. Pour cette frange du catholicisme, l'obéissance au Pape était un absolu qui ne souffrait aucune exception ni aucun retard. En outre, il s'agissait à leurs yeux d'un ralliement aux institutions établies, et certainement pas au régime proprement dit. Peu ont renié alors leur attachement à la monarchie.

Premiers signes d'apaisement

En revanche, une évolution progressive se fait sentir au tournant du siècle. Ainsi la venue à l'Olivaint - pour présider la séance de clôture, du Duc de Broglie, représentant de la droite libérale et orléaniste, qui semblait inconcevable au début de la Troisième République, devient une réalité en 1897. De même, la venue d'Émile Ollivier, ancien chef du "tiers parti" illustre parfaitement cette évolution progressive de la Conférence vers l'acceptation du jeu des institutions. Mais le signe le plus net du ralliement de la Conférence Olivaint au régime républicain est certainement la présidence de la séance de clôture offerte, en 1901, à Jacques Piou, fondateur en mars 1890 du groupe parlementaire de la "droite constitutionnelle" qui accepta les institutions "légalement établies" pour défendre la société à ses yeux menacée124. À cette date, la Conférence s'était donc ralliée aux institutions. Elle n'en combattait pas moins - sinon le régime, du moins la politique.

123 Ibid. 124 Jean-Marie MAYEUR, Les débuts de la Troisième République. Paris : Seuil, collection « Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1973, p. 198. En 1893, la "droite constitutionnelle" prend la dénomination de "droite républicaine".

62 Chapitre II : La défense religieuse

Une fois le ralliement acquis pour l'essentiel, les congréganistes et leurs directeurs se sont engagés plus avant sur de la défense religieuse. Ce thème, en effet, domina les débats et les esprits, jusqu'au lendemain de la séparation des Églises et de l'État.

DÉFENSE RELIGIEUSE

On sait combien la défense religieuse est inscrite depuis l'origine dans les fondements mêmes de la Conférence Olivaint. L'expulsion de la Congrégation, en 1880, a renforcé les jeunes gens et leurs directeurs dans l'idée que la défense de la religion catholique était un devoir absolu. Le ralliement ne les a pas amené à renoncer à ce combat, mais simplement conduits à déplacer cette question du terrain des idées au terrain constitutionnel. À s'engager, pour tout dire.

La faculté de circulation de l'Olivaint

Le sentiment de menace n'a jamais quitté la Conférence Olivaint depuis l'expulsion de 1880. Si, en apparence, la police ignorait que la Congrégation poursuivait clandestinement ses activités derrière les murs du couvent des Carmes, tout risque d’une nouvelle expulsion n'était pas écarté. En 1889, c'est finalement la vétusté des locaux qui chassa la Conférence de l'Institut catholique. La CO regagnait alors subrepticement la rue de Sèvres, profitant du fait que les décrets Ferry étaient tombés en désuétude. En 1894, les craintes qui pesaient à nouveau sur les Jésuites - et l'extension de la Congrégation - amenèrent ceux-ci à déménager à nouveau la Réunion des jeunes gens jusqu'à la rue des Saints-Pères, au n° 76, où ils partageaient alors un local avec l'ACJF et diverses associations catholiques, notamment l'Union sociale d'ingénieurs catholiques (USIC), fondée par la Compagnie de Jésus.

Menaces sur les Congrégations

Cette menace permanente sur l'existence de la Congrégation jésuite a renforcé l'intérêt des membres de la Conférence pour les questions touchant aux libertés religeuses.

63 De fait, la question du droit d'association fut très tôt et assez souvent évoquée dans les travaux de la Conférence. François Veuillot, dès décembre 1895, dénonça le projet de loi de M. Goblet sur la liberté des associations :

Le projet de loi (...) peut se résumer en deux articles. Article premier : toutes les associations sont autorisées ; article second : les associations religieuses sont interdites. Et, en effet, on impose à ces dernières une déclaration préalable dont les autres sont exceptées ; on prétend les surveiller étroitement, comme s'il s'agissait d'associations de malfaiteurs ; on suspend sur leur tête la menace permanente d'une dissolution par simple décret ; enfin, on les met dans l'impossibilité de posséder125.

Au cours de la discussion, plusieurs membres trouvèrent le projet d'autant plus dangereux qu'ils y virent le prélude de la dénonciation du Concordat et de la suppression du budget des cultes126. Voici, résumé en quelques dizaines minutes par de jeunes juristes, le débat qui allait animer la CO et la vie politique française pendant de longues années. La conclusion du débat, que nous donne le rapporteur, avait, quant à elle, une allure presque prophétique :

Sans vouloir préjuger de l'avenir, il semble bien qu'une évolution se fasse peu à peu dans les esprits, et que le jour ne soit pas éloigné, où (...) nous serons amenés par la force des choses à considérer comme une délivrance la persécution même la plus violente succédant à une odieuse et intolérable servitude127.

Pour l'heure, cependant, cette opinion n'était pas partagée par beaucoup au sein de la Conférence.

Un esprit offensif

Ce débat de 1895 atteste avant tout d'un durcissement du ton. Jusque- là, les allusions à la défense religieuse étaient avant tout des déclarations de principe, ou se référaient principalement au sort du Pape ou des Jésuites. À cette date, le ton - et l'esprit - deviennent plus offensifs, plus agressifs, peut- être. L'Affaire Dreyfus n'y est sans doute pas étrangère.

125 Conférence du 18 décembre 1895. Séance solennelle de clôture, 1895-1896. Paris : Schneider, 1896, p. 31. 126 Ibid., p. 32. 127 Ibid.

64 Ainsi le rapporteur du débat, Louis Delsol, ne peut-il s'empêcher de glisser dans son compte rendu une dénonciation de "la grande ennemie de l'Eglise, cette Franc-maçonnerie universelle qui a installé à Rome même, en face du Pape prisonnier, ses deux chefs suprêmes, les Juifs Nathan et Adriano Lemmi128". Sa conclusion, surtout, dans laquelle on relèvera l'allusion à Clovis, est d'une violence rare :

Ah ! Puisse la France reprendre ces traditions de foi et d'honneur qui firent autrefois sa force et son orgueil (...). Qu'elle se souvienne de ce Clovis qui la fit chrétienne, et qui, au récit de la Passion du Christ, s'écriait tout frémissant de douleur et d'indignation : Ah ! Que n'étais-je là avec mes Francs ! Nous tous, ses fils bien-aimés, nous irons nous ranger sous sa bannière, et sans peur comme sans reproche, nous marcherons à l'ennemi en nous écriant à l'instar du roi barbare : arrière juifs, francs-maçons, sectaires petits et grands, ennemis de notre Dieu et de notre Patrie, arrière, car nous sommes là, et nous sommes des Francs !129

UN CERCLE ANTISEMITE ?

Dans le courant des années 1890, en effet, le ton s'est quelque peu durci au sein de la Conférence. L'ennemi désigné, c'est le « laïcisme » au pouvoir ; en 1883, déjà, le Prince de Léon stigmatisait "la manie de la laïcisation", cette "maladie mentale dont, disait-il, nos pouvoirs électifs sont affligés130".

Haine des Francs -maçons

La première visée était la Franc-maçonnerie, que certains conférenciers n'hésitent pas à accabler de tous les maux. On ne s'étonnera pas, eu égard au milieu - catholique et réactionnaire, souvent aristocrate - dont proviennent les membres, dans leur grande majorité, de trouver dans les conférences et les débats de nombreuses traces d'anti-maçonnisme. Cela dit, il est intéressant de noter que ces sentiments ont perduré très longtemps.

128 Ibid. 129 Ibid., pp. 34-35. 130 Séance solennelle de clôture, 1882-1883, op. cit., pp. 50-54.

65 L'idée la plus souvent défendue, par les conférenciers, était que la Révolution française avait été l’œuvre de la Franc-maçonnerie. Ainsi René d'Aubeigné, par exemple, expliqua-t-il posément dans un exposé de janvier 1906 intitulé « Comment on fait une révolution », que la révolution française a été l’œuvre des Francs-maçons, cette "minorité agissante" que ce jeune membre de l'Action française entendait bien combattre131. Il affirma, en effet, que la Franc-maçonnerie avait été à l'origine du 10 août, de l'emprisonnement du roi et de son exécution :

Bref, la révolution de 1789 n'est nullement le mouvement spontané dont les historiens ont parlé, elle est due à la Franc-maçonnerie stimulée elle-même par l'étranger132.

Et le jeune royaliste d'ajouter qu'à ses yeux "la révolution russe est copiée sur la Révolution de 1789, elle a été provoquée par les Juifs".

L'antisémitisme, le fait d'une minorité ?

Car, dans son esprit, comme dans celui de bien des Olivaints d'alors, la Franc-maçonnerie était aux mains des Juifs. Or, dans ces dernières années du XIXe siècle, marquées par la défense religieuse et par l'Affaire Dreyfus, les sentiments antisémites d'un certain nombre d'Olivaints ont redoublé d'intensité. En fait, il semble bien, au vu des exposés touchant les Juifs et des débats qui les ont suivis que si l'antijudaïsme chrétien a toujours été fort répandu, seule une minorité développait un antisémitisme à fondement social ou économique, voire - dans certains cas - racial. Ainsi, en mai 1886, le compte rendu de La France Juive de Drumont par Louis Lemarignier fut fort distancié, et il ne se trouva guère qu'un membre, en l'occurrence Édouard Pontal, pour donner à cette oeuvre "des éloges sans réserves133". Louis Lemarignier, pour sa part, concevait bien la question juive comme "une de ces questions sociales qui tôt ou tard se poseront partout avec la plus grande acuité", mais ne souhaitait pas ressusciter "la vieille inimitié de race et de religion entre chrétiens et Juifs134".

131 Séance solennelle de clôture, 1905-1906. Paris : Leroy, 1906, pp. 17-43. 132 Compte rendu de la séance, Archives Jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 133 Louis Lemarignier, "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle de clôture, 1885- 1886. Lons-le-Saunier, 1886, pp. 41-43. 134 Ibid.

66 En cela, il n'était pas suivi par tous les membres de la Conférence, loin s'en faut. Ainsi, en décembre 1896, Gabriel Ardant, le gendre de Léon Harmel, donna une conférence intitulée « Le Juif et la mobilisation du sol » dans laquelle cet « Aryen militant », selon les propres termes du rapporteur, Joseph Parent du châtelet135, dénonçait cet être "mobile par nature, souvent sous le coup des persécutions qu'il provoque" et invitait les chrétiens à "protéger la propriété foncière contre les Juifs136". En 1891, un autre membre de l'Olivaint, Achille Plista donna une conférence sur le Talmud dont Maurice Monteil rendit compte en des termes qui ne laissent guère transparaître le moindre soupçon de philosémitisme :

"M. Plista est un antisémite implacable : il déteste les Juifs, parce qu'il les connaît. Il flétrit le Talmud qu'il appela « un code de brigandage organisé » et souhaita que la France, à l'image de la Russie, en vint à expulser ces parasites dangereux. Cette conférence, faite avec la conviction profonde et la mordante ironie qui caractérise la mâle éloquence de M. Plista, produisit sur nous une vive impression137.

Un vif débat s'engagea cela dit à l'issue de la Conférence, et quelques membres prirent la défense des Juifs. Ainsi Hyacinthe Glotin déclara qu'il fallait "prier pour ses ennemis" et évoqua un canon contenu dans le décret de Gratien excommuniant ceux qui maltraitent les Juifs. Cela dit, outre que cette position semble assez minoritaire, on note que la charité chrétienne que ce membre exprime s'accommode fort bien d'un antisémitisme bon teint, puisqu'il désigne le Juif comme étant l'ennemi.

Louis Delsol, président antisémite

En fait, il semble que l'Olivaint comptait, à l'époque, un petit nombre d'antisémites notoires et résolus, un petit nombre de partisans d'une entente entre les peuples, et - entre les deux - une majorité silencieuse. Parmi les antisémites les plus virulents, on trouvait Achille Plista, Henri Amigues et Louis Delsol. Ce dernier, à en croire les rapports annuels, ne manquait que peu d'occasions d'exprimer ses opinions extrêmes : ainsi

135 "Rapport sur les activités de la Conférence", Séance solennelle de clôture, 1886-1887. Paris : Imprimerie de l'Archevêché, pp. 11-37. 136 Ibid. 137 Séance solennelle de clôture, 1891-1892, op. cit., pp. 9-29.

67 profita-t-il, par exemple, du débat qui suivit la conférence de François Veuillot sur « La jeunesse catholique et l'action sociale » déjà citée pour stigmatiser la haute banque juive, responsable selon lui "de tout le mal causé aux ouvriers138". Un an plus tard, dans un exposé au titre évocateur, « L'antisémitisme et les catholiques en France », ce jeune juriste de 24 ans, originaire de Penne d'Agenais dans le Lot-et-Garonne, et qui fit plus tard une carrière derrière Déroulède et la Ligue des patriotes, se montra particulièrement violent dans ses propos :

Les Israélites ont tout accaparé dans notre pays : à l'aide de leurs milliards de produits de vols et de rapines, ils peuvent tout payer ; ils occupent toutes les places ; la magistrature, le barreau, l'université en sont remplis ; ce sont les Juifs qui nous dirigent à leur gré, ils font cause commune avec les Francs-maçons : nous ne saurions trop combattre l'influence néfaste de ces gens sans foi ni loi, qui n'ont d'autre culte que celui du veau d'or, qui insultent à tout ce qu'il y a de plus sacré dans nos croyances, qui se sont permis enfin d'insulter la mère du Sauveur, d'outrager celle qui est la plus grande après Dieu ! Pour de tels crimes, il n'y aura jamais assez de châtiments. L'Évangile nous fait un devoir de pardonner à nos ennemis ; pardonnons-leur ; mais nous avons le droit et le devoir de les combattre139.

Louis Delsol proposait ainsi la révision des fortunes juives et l'expulsion des Israélites, et trouva semble-t-il un écho relativement favorable au sein de la Conférence. Si certaines voix s'élevèrent au cours de la discussion, c'était en effet pour discuter non de l'opportunité de la mesure mais des moyens envisagés : on fit observer, par exemple, que la révision des fortunes juives serait une atteinte "au droit sacré de propriété" et risquerait d'entraîner "un ébranlement social140".

Échos de l'Affaire Dreyfus

On objectera, bien sûr, que ces opinions extrêmes étaient le fait d'une minorité, et que la majorité silencieuse ne partageait pas cet antisémitisme.

138 Séance solennelle de clôture, 1892-1893, op. cit., p. 19. 139 Séance solennelle de clôture, 1893-1894. Paris : Schneider, 1894, p. 20. 140 Ibid., pp. 19-20.

68 Seulement, Louis Delsol fut élu par ses pairs président de la Conférence Olivaint pour l'année 1896-1897, en pleine affaire Dreyfus. Cette élection d'un antisémite notoire était certainement révélatrice - sinon de la pensée profonde d'une majorité des membres de la Conférence, du moins du peu de cas que les congréganistes faisaient des opinions extrêmes exprimées par Delsol. C'est dire combien l'Olivaint était empreinte d'un antisémitisme diffus. Dans le contexte de l'époque, l'élection de Delsol avait en outre valeur de symbole : la Conférence Olivaint se rangeait résolument au camp antidreyfusard. Pour l'anecdote, on notera d'ailleurs que parmi les experts en écriture pour l'examen du « Bordereau » qui fit envoyer le capitaine Dreyfus à l'île du Diable se trouvait un Olivaint, Émile Coüard, qui appartenait à la première génération de la Conférence, celle qui avait connu la Commune. Il avait été, en effet, secrétaire de l'Olivaint en 1876, et vice- président l'année suivante. L'Affaire Dreyfus relevant sans aucun doute des interdits posés par l'article X du règlement intérieur, il n'est pas étonnant qu'elle ne fut jamais abordée directement au cours d'une séance du mercredi. Cela dit, les allusions ne manquent pas ; la plus claire intervint en février 1898, quelques semaines à peine après la publication du « J'accuse » d'Émile Zola, paru dans L'Aube. Une séance de l'Olivaint fut alors consacrée à la question du « Juif en Algérie ». Le conférencier s'efforça de condamner l'intérêt usuraire et, à en croire le rapporteur, qui qualifie l'exposé de "beau réquisitoire", "l'accusé ne trouva pas un avocat, même d'office141". Parmi les plus prompts à dresser le réquisitoire, on trouva naturellement l'ancien président Louis Delsol, qui - revenu peut-être pour l'occasion - fit entendre sa "verve nerveuse142", tandis que le président d'alors, Jules Babeau, se montrait à la hauteur de son prédécesseur :

Notre président, écrit Joseph Ribault, généralisant la question, rappela éloquemment, avec l'autorité de son calme impassible, les maux causés à la patrie par l'influence des sémites dits Français143.

141 Conférence d'Edgar Briout, "Le Juif en Algérie", 9 février 1898, "Rapport sur les activités de la Conférence" par Joseph Ribault, Séance solennelle de clôture, 1897-1898. Paris : Leroy, 1898, pp. 9- 30. 142 Edgar Briout, "Le Juif en Algérie", 9 février 1898, "Rapport sur les activités de la Conférence" par Joseph Ribault Séance solennelle de clôture, 1897-1898, op. cit., pp. 9-30. 143 Ibid.

69 Un autre signe tout à fait éloquent des sentiments durables de l'Olivaint à l'égard de Dreyfus fut la présence au siège de président de la séance de clôture, en 1903, de l'un des chantres de l'antidreyfusisme, Ferdinand Brunetière. À n'en pas douter, la Conférence dans son ensemble avait choisi son camp.

FACE A LA SEPARATION

L'Affaire avait donc accru les tensions religieuses et amené une bonne partie des membres de la Conférence à prendre parti. Face à la loi sur les associations et à la Séparation de 1905, la Conférence a donc engagé un combat pour la défense religieuse, jusque dans les rues de Paris.

L'Olivaint en crise

À l’époque, la Conférence était particulièrement agitée par ces questions religieuses comme l'atteste un incident qui déboucha sur une brève crise, en 1899. Au printemps de cette année-là, en effet, le bureau de la Conférence avait cru pouvoir inviter comme président d'honneur à la séance de clôture un prélat étranger de passage à Paris, ami de Léon XIII, mais dont les idées passaient pour être assez avancées, Mgr Ireland144. Ce prélat, dans une Conférence donnée à Paris le 18 juin 1892, aurait en effet déclaré qu'il fallait "canoniser la République145". À l'Olivaint, ses positions avaient souvent été âprement discutées, notamment à l'occasion d'un exposé que Louis Thiéblin présenta en mai 1894, intitulé « L'Église et le siècle d'après Mgr d'Ireland ». Le choix de ce prélat, apparemment, déplut dans certains milieux, notamment au sein de la Conférence : certes, le ralliement était acquis pour la plupart des membres, mais de là à canoniser la République, celle-là même qui menaçait la Congrégation ! Finalement, la séance fut décommandée (on pria à la hâte le vice recteur de la Catho de présider la séance), au grand mécontentement d'une partie des jeunes gens : le Conseil de la Réunion et le bureau de la Conférence démissionnèrent.

144 Alexandre BROU, Le Père Paul Aucler, cité infra, pp. 19-20. 145 Charles MOLETTE, "Les origines de l'ACJF", L'ACJF, une création originale, actes d'un colloque tenu au Centre Sèvres, Paris, Centre Sèvres, p. 15.

70 Le RP Paul Aucler

Pour résoudre la crise, la Compagnie de Jésus fit appel à un nouveau Père Directeur. Depuis le départ du Père Le Tallec, en 1894, pour , l'instabilité était grande à la tête de la CO : on ne recense pas moins de trois directeurs en quatre ans, les RP de Salinis, qui partit lui aussi pour Angers, le RP de Moisant, docteur ès lettres, et le RP Havret. Cette grande instabilité était sans doute le reflet des débats internes qui animaient la Compagnie, au sujet du Ralliement. Le nouveau venu n'était pas un inconnu pour la Conférence Olivaint : le RP Paul Aucler, en effet, avait fait partie de la Congrégation et de l'Olivaint, avant d'entrer dans la Compagnie de Jésus146. Né à Boulogne le 27 avril 1865, il avait ses études au collège de l'Immaculée conception, rue de Vaugirard. Il était dans la Compagnie de Jésus en 1883, et fut ordonné prêtre en 1898. Un an plus tard, à peine, il prenait la direction de la Conférence Olivaint, pour ne la quitter qu'à sa mort, en 1915. Le Père Aucler apparaissait donc comme un homme nouveau, destiné à mettre de l'ordre dans la Réunion. Aux dires de son biographe, il avait un aspect ascétique, souffreteux ; il était froid, nerveux147. Il n'en a pas moins exercé une influence certaine sur plusieurs générations d'Olivaints, en particulier dans les moments cruciaux qui accompagnèrent la Séparation :

Le premier accueil était froid. Il ne se livrait pas. On avait l'impression que le directeur de la Conférence ne tenait pas particulièrement à vous. Certes, il se réjouissait de voir venir de nouveaux membres ; mais, tenant plus à l'élite qu'au nombre, il se gardait de toute réclame et, auprès des inconnus, de toute effusion prématurée. Quelques indications substantielles et brèves, une visite rapide des locaux, terminaient le premier entretien. On aurait bien étonné le néophyte en lui révélant le rôle du Père dans la Réunion. Il fallait une longue fréquentation. En réalité, il était, dans la force du terme, le directeur, c’est-à-dire l'âme de tout. Son action s'accomplissait, sans agitation, mais elle était profonde148.

146 Alexandre BROU. Le Père Paul Aucler. - Paris : Beauchesnes, 1922. - 175 p. 147 Ibid. 148 Ibid., pp. 27-28.

71 La Conférence Olivaint au début du siècle

Au début du siècle, le vocable « Conférence Olivaint » désignait aussi bien la Conférence en elle-même que la Congrégation qui l'englobait. Il est vrai que celle-ci cherchait à se faire discrète. Dans son ensemble, la CO était donc, aux yeux du plus grand nombre un centre intellectuel où des jeunes gens du même milieu fraternisaient, travaillaient ensemble et, ensemble, se préparaient à leur carrière future. Les traditions, cela dit, n'ont que peu changé, et le RP Aucler, tout jeune prêtre qu'il fût, n'a pas manqué de prolonger l'action rigoureuse de ses devanciers en dirigeant la Conférence d'une main ferme. La Séance du mercredi, en particulier, faisait l'objet, de la part du Père directeur, d'une préparation attentive : avec soin, il cherchait ses orateurs et ses contradicteurs ; avec soin, il les préparait à la prise de parole en public :

Ils exposent, écrivit-il, le sujet qu'ils ont dû écrire d'un bout à l'autre, ce qui donne une forme plus arrêtée, plus soignée, des idées plus précises, des expressions plus saisissantes. Quand, avant de donner la conférence, ils viennent faire chez moi une petite répétition, c'est surtout une lecture froide à laquelle j'assiste. Alors je leur dis : « Repensez votre conférence pendant que vous la parlerez. Ne soyez pas esclave de votre papier. Ayez les yeux dans les yeux de votre auditoire... »149.

Au cours de la séance, en revanche, il laissait beaucoup de liberté aux Olivaints, en particulier au cours de la discussion :

Assis au fond de la salle, dans un grand fauteuil, la tête entre les mains ou les mains sur les genoux, il ne perdait pas un mot, mais se laissait aller. On l'aurait cru absent, s'il ne donnait parfois le signal des bravos. Tant qu'orateurs et contradicteurs restaient dans les limites du bon ton et de l'orthodoxie, il se taisait. Quand les opinions se heurtaient avec violence, il intervenait doucement. Si la doctrine était en jeu, lui-même montait sur l'estrade, et mettait les choses au point. (...). Parfois ce fut aux séances de clôture qu'il eut à redresser des vues plus ou moins justes émises par l'éminent homme politique, l'éminent académicien qui avait si bien parlé. Il n'avait pas son pareil pour faire entendre les restrictions sous les éloges150.

149 Cité par Alexandre BROU, op. cit., p. 54. 150 Ibid., p. 55.

72 L'heure n'était donc pas encore à la liberté de ton, et le Père Aucler n'hésita pas à intervenir dans les débats relatifs à la Séparation, qui se multiplièrent après le vote de la loi sur les associations.

À veille de la Séparation

Peu de temps après le vote de la loi sur les associations, la Congrégation fut expulsée de l'immeuble de la rue des Saints-Pères, réputé congréganiste et - se trouvant englobé dans la liquidation des biens de la Compagnie de Jésus - confisqué suivant les exigences de la loi du premier juillet 1901151. Mais cette nouvelle expulsion ne fut pas plus efficace que la précédente : la Réunion des jeunes gens échappa à nouveau aux foudres de l'administration républicaine en trouvant refuge au 12 de la rue d'Assas, dans un immeuble loué par la Congrégation, par l'intermédiaire d'un prête- nom. Jamais plus, par la suite, la Congrégation jésuite ne fut directement inquiétée. Pendant plusieurs années, cependant, la discrétion fut de rigueur : ainsi, jusqu'en 1903, le nom du directeur jésuite disparut-il des publications annuelles de l'association. À cette date, l'attention des conférenciers de l'Olivaint s'est naturellement orientée vers la question de l'organisation de l'Eglise en France dans l'hypothèse de la Séparation. Un grand nombre de conférenciers ont, en effet, traité cette question sous ses divers aspects : son impact probable, la forme qu'elle avait revêtue ailleurs, la manière dont on s'était - ailleurs - défendue contre elle. Parmi les intitulés de ces exposés, on trouve ainsi : "Essai d'organisation des catholiques en vue de la séparation" ; "l'Eglise et l'État en Hongrie, un exemple de séparation faite à l'amiable" ; "la propriété des édifices du culte d'après l'histoire, le droit, l'équité" ; "les procédés de résistance des catholiques allemands". Lorsque l'échéance s'est approchée, les thèmes devinrent plus précis : "l'attitude à garder à la veille de la séparation" ; "les nominations épiscopales" ; "les préjugés démocratiques dans l'organisation des associations scolaires et paroissiales" ; "comment remplacer le budget des cultes ?". L'atmosphère de l'Olivaint en 1905, comme auparavant en 1880, était celle d'une veillée d'armes.

151 Ibid., p. 23.

73 Concordat ou séparation

À l’appui de leurs travaux, les Olivaints firent parfois appel à des anciens ou des amis de la Conférence, tels MM. Taudière, de Lamarzelle, le RP Dudon, Auguste Béchaux, Geoffroy de Grandmaison, tous engagés dans le débat public. Ils n'étaient, au demeurant, pas les seuls : Bazire, Reverdy et Zamanski avaient ainsi plaidé, en 1899, lors du procès des Assomptionnistes, prélude à l'expulsion de 1901. Face aux expulsions, en effet, l'attitude de l'ACJF était claire : Albert de Mun avait en effet préconisé la sympathie aux religieux expulsés, la résistance passive, mais rien qui puisse être provocation à l'égard de la police. C'est devant les tribunaux que l'ACJF chercherait à faire valoir les droits des religieux152. En novembre 1903, une séance, animée par Alexandre Célier, fut ainsi consacrée à la question153. L'exposé s'intitulait « Concordat ou Séparation, en matière de régime des cultes », et de nombreux anciens de la Conférence y participaient, notamment M. Taudière, professeur à l'IC, Joseph Ribault, Henri Aubrun et Henri Bazire, qui plaidait à l'époque dans l'Affaire des fiches154. En fait, le débat fut animé. Certes, la majorité des participants, et le Conférencier, étaient plutôt portés vers la conservation du Concordat : "La raison, l'amour de la paix religieuse, la conscience des nécessités matérielles du culte, écrit le rapporteur, [les] éloignaient encore des solutions absolues". Plusieurs, cependant, inclinaient plutôt vers la séparation : certains parce qu'ils redoutaient la persécution actuelle, "faite sous couvert de la légalité", d'autres, comme Pierre Vimal, par fidélité aux principes libéraux, d'autres encore, comme MM. Kéraly et Hudault, dans l'espoir d'une renaissance catholique. Seul Pierre Hans osa invoquer la logique d'une telle séparation, affirmant que l'Eglise et l'État sont deux pouvoirs indépendants. Ce que beaucoup contestèrent vivement.

L'opposition aux Inventaires

Après la séparation, beaucoup de membres de la Conférence ont décidé de résister ouvertement, en particulier lors des inventaires. Ainsi, lors de l'assemblée générale de février 1906, les rangs des participants étaient

152 MOLETTE, Op. cit., pp. 308-309. 153 Pierre de Bricourt, "Rapport sur les travaux de l'année 1903-1904", Séance solennelle de clôture, 1903-1904. Paris : Leroy, 1904, pp. 22-23. 154 Assemblée générale 1905. Paris : J. Dumoulin, 1905, p. 30.

74 particulièrement clairsemés, un bon nombre d'anciens - conseillers municipaux - ayant préféré rester chez eux pour veiller aux intérêts de leur paroisse rurale. Dans son allocution, Bricourt salua les présents et les absents, "ceux-là surtout qui étaient sous les verrous pour avoir écouté la voie de l'honneur et de leur foi155". Car on dénombrait plusieurs Olivaints condamnés à de la prison ferme pour s'être opposés à l'inventaire de leur paroisse : Louis Éblé, Claude Couprie, Henri Marty et René d'Aubeigné, respectivement à huit jours, quinze jours, deux mois et quatre mois d'emprisonnement156. René D'Aubeigné, le plus sévèrement condamné, a été blessé puis arrêté devant les portes de Saint-Thomas d'Aquin, qu'il défendait sous les ordres du général Récamier, représentant du duc D'Orléans. "La Conférence, écrivit Pierre Gerlier, leur est reconnaissante du généreux exemple que, très simplement, ils ont donné en cette circonstance157". Ils rejoignaient la liste des « martyrs » de la Conférence, comme Maurice de Gailhard-Bancel arrêté en mai 1903 pour avoir crié "Vive la liberté" au cours d'une manifestation en faveur des Capucins condamnés par le tribunal, ou encore Joseph Zamanski, blessé à Notre-Dame-de-Plaisance158. Pour la première fois, des membres de la Conférence Olivaint, en ordre dispersé, faisaient publiquement acte d'opposition à la politique du gouvernement républicain.

Une "école normale de jeunes militants"

Il est certain qu'au-delà de ces quelques engagements individuels, qui ne reflètent vraisemblablement pas le comportement de l'ensemble des membres, les responsables de la Conférence ont adopté pendant toute cette période un discours particulièrement offensif. Ainsi Pierre de Bricourt déclarait-il, par exemple, lors de la clôture des travaux de l'année 1905-1906 :

Ils (les Olivaints) ont fait leur cette pensée d'Ollé-Laprune : "La vie ne trompe que ceux qui n'attendent pas assez d'elle" ; et se souvenant que déjà leurs anciens ont illustré ces méthodes, volontiers, au frontispice de leur conférence ils écriraient :

155 Assemblée générale 1906. Paris : Leroy, 1906, pp. 8-20. 156 Pierre Gerlier, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1906, op. cit., p. 22. 157 Ibid. 158 Alexandre BROU, op. cit., p. 328.

75 « École normale de jeunes militants ». (...) On les arrête, on les condamne, et leur audace tranquille, leur gaieté persistante stupéfient les persécuteurs159.

Plus que jamais, il est alors question de l'Olivaint comme d'un bastion du catholicisme, une « place d'arme », destinée à "grossir les rangs de l'armée catholique160", une armée aux ordres des autorités pontificales et ecclésiales, comme l'indique par exemple Henri Bazire dans un exposé sur "la discipline de la jeunesse catholique", lorsqu'il prône une "soumission absolue à toutes les décisions du Pape" et une "entente complète avec le curé et l'évêque161". En ce Directeur de la Conférence, le RP Paul Aucler, l'une des rares traces de ses interventions donne une idée de son ton vindicatif :

C'est une sonnerie de clairon (...) : celle du branle-bas. Oui, quelles que doivent être les décisions de nos chefs, il faut nous préparer à la lutte : nous ne pouvons l'éviter. Eh bien ! tant mieux pour l'Eglise ! Elle préfère à une paix menteuse la guerre déclarée. Tant mieux aussi pour la France, que l'Eglise aime et que trompent leurs ennemis communs. Il faut qu'elle voie clair, et elle ne peut se régénérer que par le sacrifice162.

Cet appel ressemble fort à une sonnerie de clairon. Son intransigeance, cela dit, rejoignait tout à fait celle de nombreux catholiques proches de la Congrégation de la rue de Sèvres, notamment Émile Ollivier qui, lors de la séance de clôture de la Conférence Olivaint, en juin 1907, déclara :

Vous devez demeurer dans vos églises jusqu'à ce que la main du gendarme vous ait pris au collet et vous en ait chassés. C'est le devoir, c'est l'honneur, et il n'y a pas de péril163.

La portée du Ralliement fut donc sensiblement atténuée par les contrecoups de l'Affaire Dreyfus, et par l'ampleur nouvelle de la question religieuse au début du siècle. L'heure était à la défense religieuse. Nul doute que la génération d'Olivaints de 1900-1905 ait été durablement affectée par

159 Séance solennelle de clôture, 1905-1906, op. cit., pp. 3-17. 160 Ibid. 161 Pierre Lefébure, "rapport sur les activités de l'année", Séance solennelle de clôture, 1905-1906, op. cit., pp. 19-43. 162 Séance solennelle de clôture, 1905-1906, op. cit., p. 46. 163 Cité par Alexandre BROU, op. cit., p. 77.

76 ces débats. Contrairement à ses devancières, elle nourrissait cependant moins de rancœur que de désirs de changer les choses : engagée sur le terrain social, la nouvelle génération de catholiques sociaux s'engageait, avec l'ambition de changer la société, non plus de la combattre.

Vers un renouveau catholique ?

Le Père Aucler souligna, en février 1907, l'importance de cette résistance des premiers mois de l'année 1906 dans le renouveau du catholicisme français, à la suite de l'encyclique Vehementer du 17 février 1906 :

On n'a pas assez remarqué, derrière l'échec matériel facile à prédire en face d'un pouvoir disposant de la force armée, le triomphe moral d'une conviction qu'on croyait morte et qui s'affirme excellemment vivante164.

Car, ce que retient le RP Aucler de la séparation, c'est, en effet, avant tout l'indépendance retrouvée du pouvoir religieux, car, pour la première fois depuis près de quatorze siècles, quatorze évêques français furent nommés sans l'intervention du pouvoir civil : "Enfin, conclut-il, l'Eglise reprend, pour le choix de ses chefs, l'intégrité de ses droits165". C'est que le Père Aucler, qui s'exprimait régulièrement dans Les Études sur cette question, faisait acte d'une fidélité sans faille au Pape Pie X, se prononçant en particulier contre le principe des associations cultuelles mises en place par Briand pour gérer les Églises :

Nous évincer de nos églises, écrit-il, ce serait nous résigner à l'extinction progressive de la foi catholique dans le peuple de France166.

Aux yeux de l'épiscopat, en effet, la création des associations cultuelles représentait un danger, car, si plusieurs associations revendiquaient l'usage du même bâtiment - il revenait au tribunal civil apprécie l'association légitime. D'où, la crainte d'un schisme, encouragé par le pouvoir civil. Les

164 Déclaration du 1er février 1907. Cité par Alexandre BROU, op. cit. p. 64 165 Ibid. 166 "La paix ou la guerre ?", Les Études, 20 octobre et 5 novembre 1906, Cité par Alexandre BROU, op. cit., p. 76.

77 associations cultuelles furent donc condamnées par le Pape dans son encyclique Gravissimo du 10 août 1906.

Essor de la vie spirituelle à l'Olivaint ?

Les luttes pour la défense religieuse et la Séparation ont-elles pour autant entraîné au sein de la Conférence un regain de vie religieuse ? Il est difficile de l'affirmer. Cela dit, le rapporteur de l'Assemblée générale de 1909, Léonce Célier, note que les exercices de piété individuels et la vie religieuse collective étaient en progrès constant depuis quelques années167. Il relève ainsi que certains membres sont allés passer une nuit à Notre-Dame ou à Montmartre. Il se serait même trouvé quelques membres motivés et méritants, qui, empêchés de participer aux séances du mercredi, seraient venus assidûment aux messes du dimanche bimensuelles ! Sans parler des appelés qui auraient consacré, à en croire le rapporteur, une bonne partie de leurs permissions à des actes de piété, "parce qu'il s'agit de la Conférence Olivaint, pour laquelle on ne s'aperçoit jamais que l'on fait des sacrifices168". En dehors de ces cas plutôt anecdotiques, il convient de noter l'importance que revêtaient alors dans la vie spirituelle de l'association les retraites fermées de trois jours, à la fois moment de réflexion et occasion pour les jeunes congréganistes de resserrer entre eux les liens d'amitié et de camaraderie. Curieusement, ces retraites semblent avoir été parmi les rares activités de la Congrégation dont la police et la justice avaient connaissance. En 1907, la Conférence Olivaint fut chassée par décision de justice de son lieu de retraite d'alors, la villa Manrese à Clamart169. Aussitôt, les congréganistes furent recueillis à Montsoult par l'abbé Roland-Gosselin170. La solidarité, dans le milieu catholique, était décidément un obstacle de taille aux décisions de justice. À partir de 1909, et jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, c'est à Mours, que la Compagnie de Jésus organisait les retraites de ses oeuvres, sous l'étroite surveillance de la police, comme l'indique une note du directeur de la sûreté générale :

167 Assemblée générale 1909, op. cit., p. 23. 168 Ibid. 169 Assemblée générale 1908. Paris : Quelquejeu, 1908, p. 23. 170 Assemblée générale 1909, op. cit., p. 27.

78 Ils (les Jésuites) ont à Mours la disposition d'un vaste bâtiment édifié spécialement pour être utilisé comme maison de retraites. De nombreux prospectus nous apprennent qu'on y donne des retraites fermées suivant les exercices de Saint- Ignace171.

Mais il semble que la Conférence Olivaint n'y fut jamais inquiétée.

171 Note du 14 janvier 1911. AN, F7 12393 C.

79 Chapitre III : Une nouvelle génération de Catholiques sociaux.

De la défense religieuse, la Conférence Olivaint est donc progressivement à l'offensive, c’est-à-dire l'action sociale et l'action politique.

DEVELOPPEMENT DE L'ACTION SOCIALE

Si l'Olivaint s'est très tôt tournée vers l'action sociale, par l'intermédiaire notamment des Cercles catholiques d'ouvriers, celle-ci était le fait d'une minorité, et la tradition les poussait plutôt vers l'action charitable (on dirait aujourd'hui caritative), par le biais de la Conférence Saint Vincent de Paul qui existait au sein de la Congrégation. Après son adhésion à l'ACJF, dans le prolongement de l'esprit de l'encyclique Rerum novarum, l'action sociale s'est nettement développée, jusqu'à prendre une place essentielle au début du XXe siècle.

Sociaux parce que catholiques

La Conférence Olivaint, soucieuse d’œuvrer à l'instauration d'un « ordre social chrétien » a faite sienne la devise qu'Henri Bazire avait donnée à l'ACJF, « Sociaux, parce que catholiques » : "Social parce que catholique", telle est la devise de quiconque travaille à faire rentrer dans l'organisation de notre société les principes de l'Évangile et de l'Eglise", déclara ainsi le RP Aucler172. Il faut dire qu'une grande proximité existait tout naturellement entre les deux associations. La première devise de l'ACJF, « Piété, étude, action » reflétait tout à fait les préoccupations de la Conférence Olivaint, si ce n'est que, très longtemps, l'action s'est réduite à l'action charitable. La devise de l'Olivaint, « Fortes in fide, diligatis invicem », est, en effet relativement ambivalente. On peut, en se fondant littéralement sur Pline le Jeune, la traduire par « Forts dans votre foi, aimez-vous les uns-les-autres », mais il n'était pas rare qu'elle fut traduite par « Forts dans la foi, constants dans la charité173 ».

172 Séance solennelle de clôture, 1909-1910. Blois : Grande imprimerie de Blois, 1910, pp. 34-37. 173 Par exemple par le RP Corbillé, aumônier de l'ACJF.

80 Ensuite, l'adhésion de la CO à la nouvelle devise de l'ACJF fut d'autant plus aisée qu'elle n'était pas professée par quelqu'un d'étranger à la Conférence. Henri Bazire, en effet, avant d'être élu président de l'ACJF, en 1899, avait fait un passage remarqué à la Conférence Olivaint. Né en 1873, l'étudiant en droit, ancien élève du collège jésuite de Poitiers, s'était tout naturellement tourné vers la Congrégation des jeunes gens lorsqu'il arriva à Paris. Il fit son entrée à la Conférence dans le courant de l'année 1896 et fut nommé secrétaire, puis devint premier vice-président de l'Olivaint en 1897, l'année même où il devenait premier vice-président de l'ACJF. Il n'est d'ailleurs pas impossible, au vu de ce que l'on sait de la création de l'ACJF, que cette dernière vice-présidence fut la conséquence de la première. Élu président de la Conférence Olivaint en 1898, il y présentait en décembre un exposé sur « L'initiative de pensée et d'action chez les catholiques ». À la fin de son mandat à la Conférence Olivaint, il fut élu président de l'ACJF.

L'emprise de l'Olivaint sur l'ACJF

À la tête de l'ACJF, Henri Bazire succédait à Henri Reverdy, issu de l'Olivaint. Ses successeurs, Jean Lerolle et Pierre Gerlier, avaient eux aussi fait leurs « classes » au sein de la Congrégation et de la Conférence. Le premier y était entré en 1895 et ne s'y fit guère remarquer en dix ans de présence à la Congrégation. Quant à Pierre Gerlier, il faut bien convenir que le futur primat des Gaules était un pur produit de la Congrégation et de l'Olivaint : entré à la Conférence en 1900, il en devint vice-président en 1902 avant d'être élu président en 1903. C'est en 1909 qu'il devint président de l'ACJF ; il le resta sept ans. En 1907, il s'était inscrit au barreau de Paris et devint, en 1911, secrétaire de la Conférence du stage des avocats. Catholique social fervent, il consacra sa thèse de doctorat aux « Stipulations usuraires dans le contrat de travail ». Le congrès de l'ACJF de de 1912, axé sur l'organisation professionnelle et les retraites ouvrières, fut son oeuvre. C'est en 1913, après un pèlerinage de l'ACJF à Rome, qu'il entra au séminaire d'Issy-les-Moulineaux. Le 8 décembre 1913, il entrait au séminaire en compagnie d'un camarade connu à l'Olivaint, Maurice de Gailhard- Bancel.

81 Ainsi, de 1893 à 1913, et sans interruption, l'ACJF fut dirigée par d'anciens membres de la Conférence Olivaint174. C'est dire à la fois l'emprise de la Congrégation sur l'Association créée par Albert de Mun et l'attrait croissant des Olivaints pour cette association. Certainement la proximité géographique entre les sièges des deux associations a-t-elle favorisé aussi les liens entre les deux associations à partir de 1901 - du 12 au 14 de la rue d'Assas, il n'y a que quelques pas à franchir. Toujours est-il qu'à ce moment, les membres de la Conférence Olivaint furent de plus en plus présents à tous les degrés de l'organisation catholique. Ainsi, par exemple, le rédacteur de la revue Les annales de la Jeunesse catholique, Maurice Éblé, était-il l'un des vice-présidents de la CO. Et lorsque le comité général de l'ACJF résolut en 1902 de créer pour Paris et les départements limitrophes un comité régional, c'est au 12 de la rue d'Assas que furent recrutés ses animateurs : François Hébrard et Victor Bettencourt. À cette époque, la Conférence Olivaint était de tous les congrès, notamment, celui de Chalon en 1903 où Zamanski présenta un rapport sur le Contrat collectif de travail175, ou encore celui d'Albi, en 1905, sur les « conditions du travail de la jeunesse ouvrière, commerçante et agricole », que l'Olivaint prépara soigneusement : dans les patronages, Olivaints et jeunes apprentis ont préparé les réponses aux questionnaires dressés par l'ACJF. Parmi les délégués de l'Olivaint à ce congrès, on retrouve de nombreux Olivaints : Pierre Gerlier, Victor Bettencourt, ou encore Georges Piot, alors vice-président de l'ACJF et enfin Alexandre Célier, qui fut le rapporteur des travaux de la Conférence au congrès. En 1908, pour le congrès d'Angers, la Conférence Olivaint délégua plusieurs des siens, notamment des anciens : Bazire, Zamanski, Gerlier, de Bricourt, et Maurice de Gailhard-Bancel. Régulièrement, enfin, la Conférence consacrait les travaux de l'un de ses cercles d'étude au sujet même du congrès de l'ACJF. La CO agissait ainsi comme un cercle de réflexion pour l'ACJF : elle a donc nourri l'orientation sociale de l'ACJF, au moins autant qu'elle s'en est inspirée.

174 La liste des présidents de l'ACJF est publiée en annexe. 175 Charles MOLETTE, op. cit., p. 351.

82 Une nouvelle génération ?

Il serait excessif, cependant, de porter un jugement sur l'ensemble de la Conférence à partir du comportement de quelques-uns. Certes, le RP Aucler lui-même encourageait les Olivaints à s'engager au sein de l'ACJF ; cela dit, cet engagement était avant tout le fait d'une fraction - certes assez large - de la Conférence, révélatrice d'une évolution des mentalités au sein de la Conférence et de l'apparition d'une nouvelle génération, certes marquée par la défense religieuse, mais avant tout soucieuse d'action sociale. Pierre Gerlier représente très bien cette génération. En 1903, par exemple, il envisagea, dans le rapport annuel de la Conférence, l'instauration en France d'un régime de syndicat obligatoire. À plusieurs reprises, par la suite, il eut l'occasion d'avancer cette idée176. Cela dit, il serait faux d'y voir l'expression d'un quelconque progressisme : ces avancées sociales s'inscrivaient, dans l'esprit de Pierre Gerlier comme dans celui de ses condisciples, dans une société hiérarchisée. L'évocation de la défense religieuse qu'il fit, lors de la séance du 16 juin 1903, atteste la propension des jeunes catholiques de sa génération à dépasser la modernité, en l'utilisant, plutôt qu'à la combattre :

La lutte va se prolonger sans doute. Forts de nos "raisons de croire" et de tant de "motifs d'espérer" nous ne craignons point. Mais si, pour ébranler notre énergie, pour décourager notre action, on s'efforce, au nom des doctrines modernes, de jeter le désarroi dans nos esprits, nous tournerons nos regards vers ceux qui (...) bien loin de nous apprendre à les craindre, nous enseignent aujourd'hui la manière de les "utiliser".177

De même, au cours du débat qui suivit en mai 1906, l'exposé de Claude Couprie sur "la liberté du travail en temps de grève", il défendit certes avec conviction le droit de grève, mais subordonna ce dernier au "droit qu'a la collectivité d'imposer sa volonté aux dissidents, quand l'intérêt général est en cause", et conclut en émettant le souhait que les

176 Notamment dans son exposé sur "Les catholiques et le mouvement syndical". Séance solennelle de clôture, 1904-1905. Paris : J. Dumoulin, 1905, pp. 21-41. 177 Séance solennelle de clôture, 1902-1903. Paris : Quelquejeu, 1904, pp. 11-33.

83 "bons ouvriers, envahissant les syndicats, y fassent régner à l'avenir leur sagesse et leur honnêteté178".

DE L'APOSTOLAT A L'ACTION POLITIQUE

En somme, la Conférence Olivaint, en même temps que l'ACJF, prenait progressivement conscience du laïcat catholique et le mettait en oeuvre.

L'action "religieuse et sociale"

À la demande du clergé, la Conférence a entrepris, en 1904, en liaison avec le comité régional de l'ACJF, une oeuvre d'apostolat dans les cabarets du quartier de Plaisance. On s'en doute bien, l'évangélisation d'ouvriers dans des cabarets n'était guère chose aisée, surtout pour des jeunes gens de bonne famille, qui avaient pour Tâche de convaincre un auditoire souvent venu à leurs réunions par curiosité, de la nécessité du salut, de la divinité du Christ, ou encore de la croyance due aux Évangiles :

"Si nous avons toujours la joie d'y trouver devant nous, dans l'atmosphère enfumée, un auditoire nombreux et qu'intéressent vivement les questions religieuses, c'est avec la perspective d'affronter les négations les plus radicales sur les lèvres de gens qui, fort étrangers, sans doute, au dogme catholique, n'en sont pas moins avertis des difficultés les plus graves et des objections les plus troublantes179.

Sans doute la difficulté de cet apostolat des faubourgs a-t-elle rendu nécessaire, aux yeux des Pères, une fortification des connaissances religieuses. C'est pourquoi un court entretien doctrinal a été institué, chaque semaine, avant la Conférence du mercredi180. Cela dit, l'apostolat ne se résumait point aux cabarets ; outre les campagnes de banlieue, c'est avant tout dans les patronages paroissiaux, notamment à Auteuil, aux Lilas, à Montmartre, à Montrouge ou au Gros-

178 Pierre Lefébure, "Rapport sur les activités de l'année", Séance solennelle de clôture, 1905-1906, op. cit., pp. 17-43. 179 Pierre de Bricourt, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1905, op. cit., p. 26. 180 Ibid., p. 22.

84 Caillou, que les membres de la Conférence Olivaint, en petit groupe, exerçaient leurs talents :

Là, écrit Pierre de Bricourt, sans autre ambition que d'aider sur place le clergé paroissial, nous sentons la joie de porter fraternellement vers notre Seigneur Jésus- Christ l'âme des apprentis et des jeunes ouvriers ; nous cherchons à neutraliser chez les enfants de l'école laïque les funestes effets de cette morale à rebours qu'enseignent les Payot et les Buisson ; nous essayons de leur inculquer, plus encore par les faits que par la parole, la primauté des devoirs envers Dieu181.

En 1909, les Olivaints apportaient au total leur concours à 17 patronages en région parisienne182.

Contre l' « école officielle »

Pour une bonne part, l'apostolat dans les patronages visait à ainsi à combattre les effets de l'enseignement laïque. À de nombreuses reprises, celui-ci était vilipendé au cours des séances du mercredi. Dans un exposé de janvier 1906, Robert Facque critiqua ainsi la philosophie de l'école laïque qui, à ses yeux, semble avoir longtemps consisté à combattre le catholicisme. Il appela donc ses condisciples à contrer l'action des instituteurs183. Les « hussards noirs de la République » comptaient parmi les principales bêtes noires des jeunes gens de bonne famille de l'Olivaint. Ainsi la discussion qui suivit l'exposé de Pierre Le Cointe sur les lois Doumergue de 1908 sur les instituteurs a-t-elle vu par exemple un vif débat : "Il n'est pas jusqu'à monsieur de Chalendar, rapporte Henri Cauvière, qui ne se départit de son calme habituel pour demander la création d'une « société des gourdins réunis » dont les membres exerceraient la vigueur de leurs muscles sur le dos des mauvais instituteurs184". La Conférence Olivaint formait donc ses propres Hussards - des Hussards blancs - qui allaient porter la « bonne parole » aux quatre coins de Paris et de sa banlieue.

181 Ibid., pp. 23-24. 182 Assemblée générale 1909, op. cit., p. 26 n. 183 Pierre Lefébure, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1905-1906, op. cit., p. 23. 184 Séance solennelle de clôture, 1908-1909. Blois : Grande imprimerie de Blois, 1909, pp. 14-39.

85 Une société sans classes

Cela dit cette entreprise avait d'autres buts que moraux. Ainsi Pierre de Bricourt, président en 1905-1906, n'hésitait-il pas à évoquer la perspective d'une société sans classes :

Au sortir de nos Facultés, de nos études ou de nos bureaux, nous trouvons dans ce rapprochement avec ceux qui viennent de l'atelier la dilatante fraternité du catholicisme. Et dans un temps où l'on prêche la haine des classes ou le nivellement destructeur, nous espérons préparer cette entente des classes qui, les harmonisant sans les supprimer, reste l'idéal d'une société chrétienne185.

On retrouve bien dans ces lignes le conservatisme, sinon l'organicisme, qui caractérise depuis sa fondation l'esprit de la Conférence. Cela dit, si les activités de la Conférence sont, on peut le dire, semi- clandestines, il n'en va pas de même de l'apostolat, puisque l'un des soucis des membres les plus actifs de la Conférence est d'organiser, en banlieue parisienne, de grands "congrès-pélerinage", en liaison avec l'ACJF. Ainsi Victor Bettencourt a-t-il organisé en 1904 à Longpont un pèlerinage d'un millier de jeunes gens186. Cet apostolat, "l'action religieuse et sociale", comme certains membres l'appellent parfois, s'est trouvée encouragée à l'automne 1908 par la création de conférences d'action : à cette date, chaque séance du mercredi fut précédée non plus d'un entretien doctrinal mais d'une causerie sur les oeuvres. Le but, semble-t-il, était autant de faire prendre conscience aux membres de la Conférence de cette action que de développer ou susciter des initiatives. Ainsi, a-t-on fait à plusieurs reprises appel aux anciens : François Hébrard, a évoqué les qualités requises pour être un bon confrère de patronage, tandis que Pierre de Bricourt détaillait les formes que prenait la participation de la Conférence à l'ACJF.

185 Assemblée générale 1909, op. cit., p. 26 n. 186 Ibid., p. 28.

86 Appui apporté à la Fédération électorale

Cela dit, l'évolution qui a amené la Conférence Olivaint à s'engager de manière visible sur le terrain social la conduisit en même temps, de manière plus mesurée, sur le terrain politique. En effet, à partir de 1897, en se voulant essentiellement catholique, et même militante, l'ACJF était décidée à se porter sur tous les terrains, "y compris le terrain électoral187". De fait, l'ACJF apporta très vite son soutien à la « Fédération électorale » catholique constituée par les députés Jacques Piou et Étienne Lamy en vue des élections de 1898.

L'Action libérale populaire

Si la politique est bannie des discussions du mercredi, et si les deux principaux principes directeurs de l'Olivaint sont la "foi intégrale" et la "soumission intégrale au gouvernement du Pontife Romain188", la Conférence laisse à ses membres, au-dehors, la pleine liberté de leurs opinions personnelles. Lors de l'Assemblée générale de 1905, il fut fait référence à la présence, au sein de l'Action libérale populaire (ALP), et au nombre important de modestes collaborateurs que ce parti trouvait parmi les jeunes gens de la Conférence189. De 1901 à 1909, en effet, l'Olivaint, comme l'ACJF, a soutenu ce parti catholique rallié, créé par Jacques Piou :

L'ACJF en tant qu'association ne fait pas de politique, indiqua Henri Bazire lors du congrès de Besançon en 1903, mais exhorte ses membres "à prendre part à toute action civique pour la défense des intérêts religieux et sociaux du pays ; en conséquence, elle recommande à ses membres d'aider autant que possible individuellement l'Action libérale populaire190

Un parfait symbole de ces liens entre l'ACJF, l'Olivaint et l'ALP, fut l'élection, sous l'étiquette de l'Action libérale populaire de Jean Lerolle au siège de député du VIIe arrondissement en 1912. Paradoxalement, l'appui de l'Olivaint à l'Action libérale populaire semble même avoir été plus important que celui qu'elle pouvait apporter à l'Action populaire des Jésuites. Seule

187 Résolution du Conseil fédéral de l'ACJF citée par Charles MOLETTE, op. cit., p. 231. 188 Assemblée générale 1905 , op. cit., p. 29. 189 Ibid. 190 Charles Molette, op. cit., p. 355.

87 exception notable, en effet, la participation à cette dernière de Joseph Zamanski, qui devint en 1909 codirecteur du Mouvement social, la revue de l'Action populaire191. Il convient, cependant, de ne pas exagérer l'ampleur de l'appui de l'Olivaint à ces groupements. Certes, des liens existaient, et des encouragements étaient donnés de part et d'autres. On peut imaginer que le Père directeur de l'Olivaint ait, individuellement, encouragé tel ou tel membre à rejoindre telle ou telle organisation. Cela dit, la politique étant exclue des débats du mercredi, et la Conférence Olivaint se concevant en dehors, voire au-delà des partis, ce n'est pas là que résidait l'apport principal de la Conférence Olivaint à la vie publique et aux organisations ou partis politiques proches des Catholiques, mais bien plus dans la constitution d'un vaste réseau d'anciens.

191 Séance solennelle de clôture, 1909-1910, op. cit., p. 28.

88 Chapitre IV : Le développement d'un réseau d'anciens

Le recrutement serré de la Conférence, sa direction jésuite, son souci de former des hommes au service de l'Eglise dans les combats du siècle, font de celle-ci un cercle élitiste. "Former des élites, former des chefs", tel est le but de l'Olivaint défini à la veille de la Guerre par l'un de ses responsables : "Notre génération, ajoute celui-ci, a horreur de l'idéologie, elle se passionne pour la réalité, elle est toute tournée vers l'action192." Cette orientation de la Conférence a certes toujours été affirmée ; elle est, cela dit, plus souvent affirmée au début du XXe siècle, peut être parce que les élites catholiques se sentaient alors menacées par la laïcisation et, en particulier, le développement de l'enseignement supérieur public :"devenir une élite, mériter de nouveau ce titre de classes dirigeantes qui n'est plus aujourd'hui qu'une amère ironie, n'est-ce pas le devoir essentiel des étudiants catholiques ?", déclarait un autre responsable de la Conférence en 1913193. Après la première expulsion de l'Olivaint, en 1880, le recrutement, jusqu'alors limité aux collèges jésuites et à quelques autres collèges, s'est, par la force des choses, ouvert à l'Institut catholique, où se côtoyaient des catholiques de diverses origines, puis à l'Ecole libre des Sciences politiques. L'origine aisée des membres de la Conférence ne s'est pas pour autant démentie : si, géographiquement, le recrutement s'est diversifié, sur le plan social, ce sont toujours les couches les plus aisées de la population que l'on retrouve à la Conférence Olivaint. En cela, la Conférence Olivaint apparaît comme un cercle de fils de notables catholiques, appelés à devenir à leur tour des notables.

L'OLIVAINT DEVELOPPE SON RESEAU D'ANCIENS

Lorsque la question de la Séparation s'est posée, la Conférence Olivaint, contrairement à d'autres associations - et bien plus que l'ACJF, encore très jeune - pouvait compter sur ses anciens. Les premières générations d'Olivaint étaient, en effet, arrivées à maturité au tournant du siècle, et beaucoup se sont investis, conformément à leurs engagements de jeunesse, dans les combats pour l'Eglise.

192 Emmanuel Callon, vice-président de l'Olivaint, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1913-1914. Paris : Leroy, 1914, p. 9-15. 193 André de Chalendar, vice-président, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1912-1913. Paris : Autun : Dernot, 1913, p. 13.

89 Séparation de l'Olivaint et de Laënnec

À cette époque, la Conférence Olivaint prenait véritablement son essor en se séparant de sa sœur jumelle, la Conférence Laënnec. La CO avait pris tellement d'ampleur qu'elle en venait même à se confondre avec la Congrégation dont elle émanait : beaucoup désignaient par l'Olivaint l'ensemble de la Congrégation, ce dont les Pères se plaignaient, craignant, comme en 1896 le Père de Salinis, que cela contribue à "faire oublier l’œuvre principale194". La Conférence Laënnec, à l'origine, n'était pour ainsi dire qu'un sous- groupe de la Conférence Olivaint réservé aux seuls étudiants en médecine, au sein de la Congrégation. Mais Laënnec se développant dans des proportions considérables, elle eut bientôt son existence propre et ses séances particulières. La différence de leurs préoccupations, la complexité des études médicales, avaient, il est vrai, rendu de plus en plus difficile le contact entre les deux conférences. Chacune avait son bureau, destiné à préparer les séances, mais à leur organisation religieuse présidait un conseil unique, dont l'unité était devenue de plus en plus artificielle. Aussi le Conseil décida-t-il finalement d'adapter les structures de la Congrégation à ce nouvel état de fait. La séparation fut achevée en 1907. De manière symptomatique, c'est des traditions de l'antique Congrégation - celle du début du XIXe siècle, que le conseil s'est inspiré, en décidant qu'à l'avenir, le président de la Congrégation serait le préfet (c’est- à-dire le directeur) de la Conférence Olivaint, et son vice-président, celui de la Conférence Laënnec.

Les effectifs de la Conférence Olivaint

Cette séparation avait aussi pour origine l'important développement de chacune des conférences. En l'espèce, il n'existe pas de statistiques précises, mais tout semble indiquer que leurs effectifs ont connu importante croissance. À la veille de la Guerre, la Conférence Olivaint comptait ainsi plus de 250 membres. En fait, sur une longue période, le nombre moyen d'inscrits à la Conférence Olivaint devait dépasser largement la centaine, avec, chaque année, un important renouvellement. En quarante ans, plusieurs milliers

194 RP Albert de Salinis, s.j., Historique manuscrit, non paginé, rédigé en 1896. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/2.

90 d'étudiants, peut-être trois à quatre mille, ont fréquenté la Conférence Olivaint. Tous, cela dit, ne s'y sont pas investis, mais si l'on prend en compte le nombre de conférenciers (450 sur la période), et les membres investis dans un bureau (plus de 150), ce sont plusieurs centaines d'étudiants (une dizaine par an, en moyenne), qui ont été marqués par leur passage à la Conférence Olivaint. Cercle élitiste, l'Olivaint était en même temps, à l'image du milieu d'origine de ses membres, relativement dynastique. On trouve ainsi des familles entières dans les listes de membres : la famille Lauras a ainsi donné à la Congrégation l'un de ses fondateurs et deux de ses préfets, avant de donner à la Conférence un président et un autre au moins de ses membres. La famille Célier, elle aussi, fut très bien représentée à la Conférence Olivaint (présente de 1901 à 1940, avec au moins cinq représentants), tout comme les Béchaux, les Lamarzelle, les Rincquessen, les Rotours, ou les Veuillot. En somme, la reproduction des élites trouvait à l'Olivaint une parfaite expression, et l'on était souvent Olivaint de père en fils.

L'apparition des banquets annuels

Cette séparation fut d'autant plus déterminante pour la Conférence Olivaint, que celle-ci tendait alors à s'affirmer comme une entité autonome au sein de la Réunion des jeunes gens, notamment par la création des banquets annuels unissant jeunes et anciens. Certes, le fil n'était jamais que rarement coupé entre les anciens congréganistes et leur association d'origine. Il n'était pas rare qu'après cinq ans, parfois plus, à l'Olivaint, des anciens manifestent leur présence aux séances solennelles de clôture. Henri de Gaulle, par exemple, y fut l'un des plus assidus. En outre, à deux reprises, la Réunion des jeunes gens organisa des cérémonies réunissant les jeunes et les anciens, la première en 1898 pour commémorer le 25e anniversaire de la mort du Père Olivaint, la seconde en 1900 pour célébrer le 25e anniversaire de la fondation de la Conférence Olivaint. Mais cela ne suffisait guère, aux yeux du Père directeur. Fort de ces deux dernières expériences, le RP Aucler décida en effet en 1904 d'organiser un banquet annuel regroupant les jeunes et les anciens. L'objectif était double : naturellement, il s'agissait de renforcer les liens d'amitiés et de fortifier le réseau d'entraide, mais il s'agissait aussi d'appeler les anciens à contribution pour financer la location de l'immeuble de la rue d'Assas.

91 La mémoire de l'Olivaint

Enfin, ces réunions avaient la vertu de faire prendre conscience aux jeunes générations de l'héritage dont elles avaient la charge. La mémoire du Père Olivaint savamment entretenue maintenait la Conférence dans une atmosphère de combat. Chaque banquet annuel était-il présidé par un ancien : le premier banquet, en 1905, fut présidé par Gustave de Lamarzelle ; lui succédèrent Auguste Béchaux, Maurice Roger, Raymond Salleilles, Paul Josseau, Polyeucte Berlier de Vauplane et Lucien Normand. Après la lecture du rapport sur la vie et l'action de la Conférence, l'invité prenait la parole, le plus souvent pour évoquer ses souvenirs et insister sur la conservation des traditions, comme le fit Maurice Roger en 1908 :

J'ai pu, en pénétrant hier au 12 de la rue d'Assas (...) me convaincre par un témoignage bien autorisé que rien n'était changé non plus, ni dans vos fidélités ni dans vos dévouements. Oui, à une époque plus lamentable et plus difficile que celle de notre jeunesse à nous, - non pas parce que l'ennemi est plus redoutable et plus puissant, mais parce qu'on y rencontre davantage le scandale des défaillances, le piège des compromissions, l'hypocrisie des patiences et des ménagements, - vous n'avez rien laissé péricliter ni se perdre du patrimoine de principes qui vous a été légué. Vous avez su conserver la noblesse de l'âme, vous vous défendez avec une belle intransigeance des intrigues de l'arrivisme et du culte du succès, et vous arborez sans peur l'opposition irréductible aux entreprises de la secte, la sereine et implacable défense des droits de Dieu et de la France catholique, - que vous portez bien haut, comme un panache immaculé d'honneur195.

LES GRANDES FIGURES DES ANCIENS

Parmi les anciens cités, et parmi ceux qui assistèrent à ces premières assemblées générales, se trouvaient un certain nombre de "grandes figures de l'Olivaint", que les Pères jésuites invitèrent d'autant plus volontiers à présider ou à participer au banquet annuel qu'ils représentaient, à leurs yeux, un exemple pour les jeunes générations.

195 Assemblée générale 1908, op. cit., pp. 32-33.

92 Gustave de Lamarzelle, "un Croisé toujours en armes".

Gustave de Lamarzelle196, fut certainement le plus fidèle soutien de la Conférence Olivaint pendant une très longue période. Ce Breton, né à Vannes en 1852, fut préfet de la Congrégation de 1874 à 1876, président de l'Olivaint en 1875-1876 et 1877-1878197. Dans ses conférences, il s'était alors distingué par sa fidélité envers l'Eglise : "il représentait l'Eglise, écrivit Geoffroy de Grandmaison au sujet d'un exposé sur la féodalité, trouvant dans les institutions du Moyen Age un instrument quelquefois indocile mais qui finit cependant pas se laisser vaincre pour obéir à la sagesse de sa puissante impulsion." Cette fidélité à l'Eglise était avant tout une fidélité au Pape Pie IX, dont, dans un second exposé, il avait évoqué le comportement face à la Révolution italienne. Gustave de Lamarzelle fut élu député en 1883. Avocat, excellent orateur, d'opinion ultra-conservatrice, ce professeur de droit international à l'Institut catholique, fut un boulangiste à tout crin, donnant l'assaut à chaque fois qu'il était question de la liberté de l'enseignement ou, plus tard, de la Séparation, dont il fut, au Sénat, l'un des adversaires les plus acharnés :

Rien n'est beau comme l'abnégation de celui qui lutte, disait-il lui-même, parce que son devoir est de lutter, sans être soulevé par la joie de voir blanchir à l'horizon l'aube de sa victoire. Qu'importe, pourvu qu'elle se lève sur nos successeurs et que Dieu soit content de nous198.

Lamarzelle vint régulièrement s'entretenir devant la Conférence, jusqu'à sa mort, en 1929. Invité pour la première fois à une séance de clôture de la Conférence au printemps 1887, il recommanda à ses successeurs de ne pas négliger leurs études :

196 Geoffroy de Grandmaison, "Note sur Gustave de Lamarzelle". Assemblée générale 1929. Bourges : A. Tardy, 1930, pp. 8-12. Les autres informations biographiques sont extraites du Dictionnaire des parlementaires français dirigé par Jean Jolly, publié aux Presses universitaires de France. 197 Les règlements d'alors interdisaient la réélection du président à l'issue de son mandat. Il était possible, cependant, de se représenter après un an. 198 Cité par Charles Geoffroy de Grandmaison, "Note sur Gustave de Lamarzelle", Assemblée générale 1929., op. cit.

93 C'est que vous êtes des catholiques et que par conséquent vous devez être les premiers en tout et partout : de plus, sachez le bien, ces études, elles vous seront nécessaires pour la lutte, tout aussi nécessaires que celles qui ont l'air de s'y rattacher d'une façon plus directe et plus immédiate199.

Et le jeune député de leur recommander alors, pour mener toutes leurs activités de front, de se coucher tard et de se lever tôt, évoquant ce mot de Voltaire qui, parlant de ses anciens maîtres Jésuites aurait dit : "Comment voulez-vous lutter avec des gens qui se lèvent à quatre heures du matin !200". Il les appela enfin à délivrer "la vraie, la seule France", opprimée201. Il méritait, en somme, l'appellation de « croisé toujours en armes » qu'il reçut dans l'oraison funèbre qui fut prononcée lors de ses obsèques à la cathédrale de Vannes202. Pour plusieurs générations d'Olivaints, en tout cas, il représentait un exemple à suivre.

Jules Auffray, défenseur de l'Eglise

Il n'était pas le seul. Le premier président de la Conférence, Jules Auffray, illustrait aussi à merveille le parcours et les engagements d'une partie des membres de la Conférence. Né lui aussi en 1852 à Paris, ce petit- fils du docteur Boulu, l'un des médecins de Napoléon III, avait fait de brillantes études au collège de Vaugirard. À 18 ans, il s'engagea dans un bataillon de mobiles et prit part à divers combats sous Paris. Démobilisé, il continua ses études, entra à la Conférence Olivaint ainsi qu'à la Conférence Molé. Il a alors laissé de son passage à la CO le souvenir d'un "grand cœur, beau talent, d'une éloquence un peu âpre mais chaleureuse à l'excès, servie par une physionomie où tout respirait la poudre et la bataille203". Il devint ensuite docteur ès lettres, avant d'être reçu premier au concours d'auditeur au Conseil d'État en 1878. Il démissionna en 1880, au moment de la publication des décrets visant les Congrégations et se consacra alors à la politique et à la défense religieuse. Il dirigea notamment, pendant plusieurs années, le Journal de Saint-Germain, organe catholique et royaliste, dans lequel il combattit la laïcisation et défendit la liberté de l'enseignement. Après

199 Séance solennelle de clôture, 1886-1887, op. cit., pp. 40-41. 200 Ibid. 201 Ibid., p. 42. 202 Cité par Charles Geoffroy de Grandmaison, "Note sur Gustave de Lamarzelle", Assemblée générale 1929., op. cit. 203 Joseph PARENT DU CHATELET, Noces d'argent de la Conférence Olivaint, op. cit., p. 25.

94 la mort du comte de Chambord, le 24 août 1883, il publia une brochure très remarquée pour engager les légitimistes à se rallier au comte de Paris. Par la suite, il s'engagea avec ardeur dans le mouvement boulangiste puis dans l'antidreyfusisme. Lors de l'Affaire, en effet, il se signala au premier rang des défenseurs de l'état-major. Il fut élu député de Paris en 1902, face à Viviani, et s'inscrivit au groupe des Républicains nationalistes. En 1906, Viviani lui reprit son siège. En 1914, ce patriote ardent tenta en vain d'être réintégré dans son grade de capitaine dont il avait été cassé par le général André sous le ministère Combes, mais il fonda et administra pendant la guerre l'hôpital militaire de Saint-Pol. Il mourut le 7 avril 1916.

Charles Geoffroy de Grandmaison, l'historien de l'Olivaint

Troisième grand ancien de la Conférence, Charles Geoffroy de Grandmaison, né à Paris en 1858 est issu d'une grande famille de Charente. Il fit ses études au lycée Charlemagne, au collège Massillon et à l'Institut catholique où il obtint une licence en droit. C'est à cette époque, en 1880, qu'il découvre la Conférence Olivaint et est mis en rapport avec Albert de Mun dont il sera jusqu'à sa mort le secrétaire dévoué et son collaborateur dans toutes les oeuvres sociales et politiques. Il consacra ainsi une grande partie de son temps aux cercles sociaux d'ouvriers et fonda pour eux avec quelques amis le journal La Corporation. Il rédigea aussi les chroniques de L'Association catholique et collabora à L'Univers où il écrivit à partir de 1890 des études de critique historique. En 1914, il mit sur pied avec Albert de Mun l'aumônerie militaire, qu'il développera après la mort de celui-ci d'une telle façon que Benoît XV a pu écrire de lui qu'il avait bien mérité de l'Eglise. Il fut aussi président de la Société de l'histoire de France en 1930- 1931, président des publicistes chrétiens et vice-président du syndicat des écrivains français. Il fut enfin un historien des relations entre la France et l'Espagne. Sa carrière à l'Olivaint fut raccourcie par un événement heureux. Il épousa en effet en 1884, Marie-Thérèse Parent du Châtelet, la propre sœur de Joseph Parent du Châtelet, son condisciple à l'Olivaint. Or, le règlement interdisait aux hommes mariés d'être membres de la Conférence Olivaint, et il dut donc renoncer au poste de président qui lui était promis204. Il n'en conserva pas moins une fidélité indéfectible à la Conférence Olivaint, qui le

204 Ibid., p. 30.

95 conduisit à en devenir l'historien et à assister régulièrement à la séance de clôture.

Auguste Béchaux, professeur d'économie politique

Parmi les anciens les plus assidus aux Assemblées générales, on trouve aussi le nom d'Auguste Béchaux. Ce dernier fut, à vingt-deux ans, le troisième président de l'Olivaint. Il était né en Suisse, d'un père notaire et d'une mère alsacienne. Docteur en droit, c'est vraisemblablement par l'intermédiaire d'Edmond Demolins, disciple de Le Play, qu'il avait connu la Conférence Olivaint. Demolins, au demeurant le présenta à Frédéric Le Play dont il devint secrétaire. À l’issue de sa présidence de l'Olivaint, bien qu'il n'eut que 23 ans, il fut nommé professeur suppléant à la faculté libre de droit de Lille, où il fut plus tard professeur de droit criminel puis d'économie politique, avant d'être élu, en 1899, membre correspondant de l'Académie des sciences morales et politiques. Dans ses travaux, il a exprimé son souhait de voir la paix sociale se fonder sur la religion.

L'OLIVAINT, PEPINIERE DES ELITES CATHOLIQUES ?

Il y avait, naturellement, d'autres grandes figures que les trois citées. Le réseau d'anciens en voie de constitution atteste bien que la Conférence Olivaint a, au moins partiellement atteint le but que lui avaient assigné ses fondateurs jésuites en fournissant au pays des élites catholiques capables d'avoir une influence sur la société. Certes, seule une étude prosopographique détaillée des membres des quarante bureaux successifs permettrait de se faire une idée précise de l'ampleur de la postérité de la Conférence Olivaint et de l'étendue de son réseau d'anciens. Cela dit, la présente étude, même très partielle, permet de dégager quelques tendances très nettes quant à l'apport de la Conférence Olivaint d'avant-guerre à la vie publique sous la Troisième République.

96 La formation d'une élite politique

L'apport de la Conférence Olivaint à la vie politique, en premier lieu, est loin d'être négligeable. On dénombre en effet pas moins de onze anciens membres actifs205 de l'Olivaint d'avant-guerre parmi les Parlementaires de la Troisième République : Jules Auffray, député de Paris de 1902 à 1906 ; Albert d'Aubigny, député de la Sarthe de 1905 à 1906 et de 1914 à 1924 et Secrétaire d'État aux Finances de 1922 à 1924 ; Louis Delsol, député de la Seine de 1928 à 1932206 ; Louis Duval-Arnould, député de la Seine en 1919 ; Jean Lerolle, député de la Seine de 1912 à 1919 et de 1928 à 1936 ; Gustave de Lamarzelle, député du Morbihan de 1883 à 1893 et Sénateur du Morbihan de 1894 à 1924 ; Amaury de La Grange, Sénateur du Nord de 1930 à 1940 et Sous-secrétaire d'État au commerce et à l'Industrie de mars à mai 1940207 ; Gustave Gautherot, Sénateur de la Loire-Inférieure de 1932 à 1941208 ; André de Fels, député de Seine-et-Oise de 1928 à 1932209 ;

205 Sont considérés comme membres actifs ceux qui ont fait partie d'un bureau ou ont présenté au moins un exposé. Cela exclut d'autres membres, inscrits pourtant à l'Olivaint, dont l'investissement fut moindre, comme le Prince François de Polignac, député du Maine-et-Loire de 1928 à 1942, cité dans plusieurs comptes rendus de l'entre-deux guerres, mais qui, semble-t-il, ne prit jamais la parole à l'Olivaint lorsqu'il en fut membre. Né en 1887, le Prince de Polignac avait fait ses études à Saint-Louis-de-Gonzague, puis à l'école d'agriculture d'Angers. Il était Croix de Guerre 14-18. 206 Né en 1870, Louis Delsol, avocat à la cour d'appel, débuta très jeune sa carrière politique sous les auspices de Jules Lemaître et de Déroulède et, à leurs côté, devint membre du comité directeur de la « Ligue de la patrie française ». Au cours de sa carrière, il affronta Marcel Sembat et Malvy. Pendant la Guerre, quoique dégagé d'obligations militaires, il partit comme soldat puis, nomme sous-lieutenant, fut attaché à la mission française près de l'armée américaine. Après guerre, il se présenta en vain sur la liste du Bloc national en 1919 puis entra au conseil municipal de Paris, élu comme républicain national au Petit-Montrouge. Réélu en 1925, il fut président du conseil municipal (1927-1928), avant d'être élu député du 14e arrondissement. 207 Diplômé de l'Ecole libre des Sciences politiques, Amaury de la Grange a combattu pendant la Première Guerre mondiale dans l'aviation. Il n'a pas pris part au vote du 10 juillet 1940 sur les pouvoirs constituants du maréchal Pétain. 208 Magistrat, historien, Gustave Gautherot, né en 1880, s'inscrivit en 1932 à la Gauche républicaine. Le 10 juillet 1940, il vota les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Il aura été, pendant ses mandats, le défenseur des valeurs morales et traditionnelles et refusa, en 1936, de voter le pacte franco-soviétique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le communisme. 209 Petit neveu de Jacques Piou, il s'inscrivit en 1928 au groupe de la gauche radicale.

97 Émile Taudière, député des Deux-Sèvres de 1928 à 1942210 ; enfin, Antoine Saillard, député du Doubs de 1919 à 1924211. Parmi les parlementaires, la Conférence Olivaint disposait aussi - ou avait disposé - d'un certain nombre de soutiens, notamment Hyacinthe de Gailhard Bancel, député de l'Ardèche de 1899 à 1910 et de 1912 à 1924, qui vint à deux reprises faire une conférence à l'Olivaint, en 1901 et 1905. Il y avait aussi, outre Albert de Mun et Jacques Piou, les différents invités aux séances de clôture, l'Amiral Bienaimé, député de Paris, Cazenove de Pradine, Denys Cochin, C. Grousseau et le sénateur L. Jenouvrier. En outre, l'apport de la Conférence Olivaint à la vie politique ne se résumait pas aux parlementaires. La vie politique municipale, en particulier, compta nombre d'anciens de la Congrégation : ainsi, à , Louis Galtier, avocat, fut conseiller municipal et adjoint au maire après la Guerre212. Mais c'est à Paris, surtout, que la présence des Olivaints au Conseil municipal était la plus importante : outre les députés déjà cités, dont plusieurs furent conseillers municipaux, on y trouvait avant guerre César Caire, Adrien Mithouard, Joseph Denais et Alphonse Deville. Ce dernier fut même président du Conseil municipal213. En 1923, le Conseil de Paris comptait encore deux Olivaints dans ses rangs, César Caire et Adrien Mithouard. Dans l'ensemble, les hommes politiques issus de la Conférence Olivaint se distinguent par leurs opinions conservatrices. Certes, certains suivent des parcours qui peuvent les amener au centre gauche, mais ils n'en demeurent pas moins attachés aux valeurs traditionnelles, et marqués par un esprit patriote, à l'image de Gustave Gautherot qui, tout inscrit à la Gauche

210 Fils d'un professeur à la faculté de droit de Paris, Émile Taudière, né en 1890, préparait l'Inspection des finances lorsque la Guerre intervint. Mobilisé au 3e dragon, il passa à sa demande dans l'infanterie et termina la campagne avec la Légion d'honneur et la Croix de Guerre. Petit-fils du député des Deux-Sèvres Jacques Taudière, fils du député des Deux-Sèvres Henry Taudière, il se porta à son tour candidat dans les Deux-Sèvres aux élections générales de 1928. Élu, il s'inscrit au groupe des indépendants et se révèle un spécialiste des questions douanières, affirmant des convictions farouchement protectionnistes. Il accorda, le 10 juillet 1940, les pouvoirs constituants au maréchal Pétain. 211 Docteur en droit, Antoine Saillard, né en 1864, s'inscrivit à la Chambre au groupe de l'entente républicaine démocratique. 212 Anonyme, vraisemblablement le RP de Pully. Assemblée générale 1931 et année 1932. Bourges : Tardy, 1932, p. 4. Parti au front en 1914 comme capitaine d'infanterie, alors que ses charges familiales l'autorisaient à rester à l'arrière, il fut grièvement blessé, et décoré de la légion d'Honneur. 213 Né en 1856, Alphonse Deville étudia le droit et suivit les cours de l'Ecole libre des Sciences politiques puis, en 1878, s'inscrivit au barreau de Paris. Membre de la Conférence Olivaint à partir de 1876, Secrétaire de la Conférence des avocats en 1882, puis président de la Conférence Molé-Tocqueville en 1887, il collaborait au Correspondant, au Moniteur, au Français, et à plusieurs périodiques d'opinion conservatrice. Il fut secrétaire général du comité national conservateur de Ferdinand Duval en 1885. En 1887, il entrait au conseil municipal de Paris pour le quartier de Notre-Dame des Champs, où il fut réélu jusqu'à sa mort en 1932. Président du groupe municipal qu'il avait créé, il fut président du conseil municipal de Paris en 1903-1904.

98 républicaine qu'il fût, n'eut de cesse de défendre les valeurs morales et traditionnelles, de combattre le communisme et le pacte franco-soviétique, avant de voter, le 10 juillet 1940, les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Naturellement, pour beaucoup d'entre eux, le passage par la Conférence Olivaint ne fut qu'une étape dans leur parcours. Pour plusieurs, comme Jean Lerolle, Louis Arnould ou Antoine Saillard, l'ACJF fut une étape certainement au moins aussi déterminante. Cela dit, beaucoup ont débuté leur carrière à l'Action libérale populaire de Jacques Piou : "l'appareil parisien de l'Action libérale populaire, écrit ainsi Gilles le Béguec, son appareil de propagande, a servi de cadre d'action et de tremplin à toute une génération de jeunes militants catholiques214", à l'image de Jean Lerolle ou de Louis Delsol. On sait combien l'ALP était proche de l'ACJF autant que de la Conférence Olivaint : ainsi un réseau de relations et de sociabilité s'est-il progressivement mis en place, encourageant l'émergence de cette génération d'hommes politiques catholiques, la génération du Ralliement et de la Séparation.

Hommes du Barreau, universitaires et hommes de lettres

Les avocats ont toujours été fort représentés à la Conférence Olivaint, même si l'absence de statistiques précises rend délicate l'évaluation de leur place au sein des anciens de la Conférence d'avant-guerre. Parmi eux se trouvaient Henri de Grandmaison, Pierre Vimal, secrétaire de la Conférence du stage, ou Lucien Normand, fils d'un conseiller à la Cour d'Orléans, qui, entré à l'Olivaint à sa sortie de Stanislas, en fut élu président en 1886. Secrétaire de la Conférence du stage, il entama par la suite une brillante carrière215. Mais on trouve aussi beaucoup d'universitaires et d'hommes de lettres parmi les anciens : Henri de Gaulle, professeur puis préfet des études au collège de l'Immaculée conception de la rue de Vaugirard216, Le Vicomte

214 Gilles LE BÉGUEC, op. cit., p. 934. 215 Anonyme, vraisemblablement le RP de Pully. Assemblée générale 1931 et année 1932. Bourges : Tardy, 1932, p. 4. 216 Le père du général de Gaulle, avant d'entamer une carrière de professeur, était avocat à la cour d'appel de Paris. L'ancien soldat de la garde nationale fut membre de la Conférence Olivaint de 1874 à 1880. Il fit deux exposés, le premier intitulé "Étude sur Descartes", le second intitulé "Les conséquences du cartésianisme". Les comptes rendus annuels signalent sa présence régulière aux séances de clôture après 1880.

99 Georges d'Avenel, économiste et historien217, Ernest Babelon, conservateur du Cabinet des médailles et membre de l'Institut, professeur au Collège de France218, le Marquis Adelstan de Beauchesne219, archéologue, Auguste Béchaux, économiste et secrétaire de Frédéric Le Play, Paul Bureau, juriste et sociologue220, Paul Delaunay, président-fondateur de la Société française d'histoire de la médecine, Edmond Demolins, disciple de Le Play et rédacteur en chef de la Revue sociale, fondateur de l'Ecole des Roches221, Claude Desjoyaux, historien, membre-fondateur de la Société d'histoire ecclésiastique de la France222, Paul Deslandres, Chartiste, auteur d'opuscules de vulgarisation sur l'histoire religieuse de la France, Maurice Éblé, secrétaire général de la Ligue pour les droits des religieux anciens combattants (DRAC) et professeur aux Semaines sociales223, Gustave Gautherot, juge au tribunal de Dole et professeur d'histoire de la Révolution à l'Institut catholique, François Hébrard, professeur à l'Institut catholique,

217 Né en 1855, Georges d'Avenel fit ses études au collège Vaugirard. Il entra ensuite dans l'administration préfectorale, qu'il quitta pour se consacrer aux études historiques et économiques qu'il jugeait susceptibles d'orienter l'avenir. Il a contribué, par ses travaux, à répandre la connaissance de l'histoire sociale. L'ensemble de ses livres montre que, en dehors du travail libre, il n'y a guère de progrès ou de civilisation possible. 218 Né en 1854, Ernest Babelon était chartiste. Il collabora à l'Histoire de France, publiée par un autre Olivaint, Edmond Demolins. A partir de 1902, il occupa la chaire de numismatique créée au Collège de France à son intention. Il mourut en 1924. 219 Né en 1851, René-Adelstan de Beauchesne s'engagea en 1870 dans le corps franc de la Vendée, puis fit des études de lettres, avant d'entamer une carrière d'archéologue. 220 Né en 1865 à Elbeuf, Paul Bureau vint en 1886 à Paris pour suivre les cours de l'Institut catholique. Il fut reçu avocat mais plaida peu, Mgr d'Hulst l'ayant chargé de conférences de droit civil et romain à l'IC, où il fut nommé professeur titulaire en 1902. Il collabora avec des catholiques de gauche, écrivit dans Le Peuple français de l'abbé Garnier, et s'associa au Sillon. En 1907 parut l'une de ses oeuvres maîtresses, La crise morale des temps présents, qui fut condamnée par l'autorité ecclésiastique comme suspecte de tendances modernistes. Paul Bureau s'est soumis laudabiliter, a dit le décret de la Sacrée Congrégation, et, dans un second ouvrage, L'indiscipline des moeurs, paru en 1920, rappela les lois de la morale et flagella les "hypocrisies modernes". 221 Né en 1852, Edmond Demolins fit ses études secondaires au collège jésuite de Mongré, avant de venir à Paris, où il s'intéressa à l'histoire sociale et devint le disciple de Frédéric Le Play, qui le considérait comme l'un de ses meilleurs élèves et lui confia la direction de la Revue sociale. Après la mort de Le Play, Demolins fonda avec Henri de Tourville une seconde revue intitulée La science sociale. Il fit alors des cours de science sociale à la Société de géographie, dont Hippolyte Taine fut un auditeur assidu. Il s'inspira des méthodes anglaises d'éducation pour fonder l'école des Roches, dans l'Eure, où il mourut en 1907. Edmond Demolins fut par deux fois vice-président de la Conférence Olivaint. 222 Né en 1886, originaire du Forez, Claude Desjoyaux fit ses études supérieures à la Faculté de droit de Paris et à l'Ecole des hautes études. Il publia en 1909 dans Le Correspondant un article remarqué sur la question du drapeau, à propos de l'échec de la restauration monarchique en 1873, puis un ouvrage sur La fusion monarchique, sur l'accord du comte de Chambord et du comte de Paris. Il s'orienta ensuite vers l'histoire ecclésiastique du Moyen-Âge ; Mgr Baudrillard, recteur de l'IC, lui confia après la guerre un cours public sur les origines du sacre des rois de France. 223 Né en 1880, Maurice Eblé fit ses études au collège jésuite de Saint-Dizier, fut diplômé de l'ELSP et docteur en droit en 1904. Il s'intéressa surtout à la doctrine sociale de l'Eglise, fut rédacteur en chef de la Vie nouvelle et des Annales de la jeunesse catholique, organe de l'ACJF, dont il fut le vice-président. Après la guerre, il devint secrétaire général du Secrétariat social de Paris, de l'Union national des secrétariats sociaux et de la Ligue pour les droits des religieux anciens combattants (DRAC). En 1932, il fut professeur aux Semaines sociales. Au début de la guerre de 1939, il s'occupa du Secours national. Il mourut le 24 décembre 1942.

100 doyen de la faculté libre de droit en 1947224, Edmond Estève, docteur ès lettres et critique littéraire, ou encore le journaliste François Veuillot, proche des Croix-de-Feu dans les années trente. L'attrait pour la question religieuse constitue un point commun pour ces universitaires : s'ils n'ont pas tous enseigné dans des universités catholiques, ils se sont souvent distingués par leur attachement à l'Eglise.

Peu de fonctionnaires

Si les hommes de lettres sont nombreux, les fonctionnaires, eux, ne sont pas pléthore. Sans doute, sans se référer à l'affaire des fiches, faut-il y voir un signe de l'ostracisme dont étaient l'objet les catholiques de la part de l'administration républicaine de l'époque. On en trouve tout de même quelques-uns, en plus de ceux déjà cités : René Francez, attaché d'ambassade à Berlin au début de la Grande Guerre, Louis de Grandmaison, archiviste, qui démissionna de ses fonctions en 1906, ayant refusé de dresser l'inventaire des biens du clergé comme il en avait reçu l'ordre, François du Fontenioux, inspecteur des Finances, André de Chalendar, inspecteur des finances, attaché d'ambassade à Rome puis à Londres, et président de la société française de pénicilline, ou encore Émile Coüard, Chartiste, qui contribua par son expertise graphologique à envoyer Dreyfus à l'île du diable225.

L'apport de l'Olivaint à l'Eglise et aux ordres religieux

L'apport de la Conférence Olivaint à l'Eglise et aux ordres religieux est difficile à évaluer. Mais contrairement aux hommes politiques ou aux hommes de lettres, il est certain que c'est à la Conférence Olivaint, à la Congrégation, aux directeurs Jésuites, que les religieux ou les prêtres devaient - en partie au moins - leur engagement. C'est, en tout cas, lors de leur passage par la CO, ou peu de temps après, que la vocation s'est

224 François Hébrard, né en 1877, élevé par les Jésuites à , était le fondateur en 1898 du patronage d'Auteuil et de la Fédération gymnique et sportive des patronages de France, devenue plus tard la Fédération sportive de France, dont il devient président en 1923. Il fut aussi cofondateur du comité catholique du cinéma, président du comité de Paris de l'ACJF. Il fut élevé en 1947 au rang de Commandeur de la Légion d'honneur et mourut en 1957. 225 Né à Versailles en 1855, Émile Coüard, appelé aussi Goüard-Luys, fit ses études rue de Vaugirard et les acheva pendant la Commune. Licencié ès lettres en 1874, il entra à l'Ecole des Chartes, puis dirigea les Archives de Versailles. En 1894, il fut l'un des experts en écritures pour l'examen du « Bordereau » qui fit condamner Alfred Dreyfus.

101 déclarée. Selon toute vraisemblance, le nombre total de vocations sur la période s'élève à plus d'une quarantaine, soit au moins une par an en moyenne. La Compagnie de Jésus bénéficiait naturellement d'une bonne part de ces vocations. Parmi les Jésuites issus de la Conférence Olivaint, on relève ainsi les noms d'Alexandre Brou, d'Albert Le Roy, de René de la Perraudière, ou de Paul Dudon, historien226. D'autres ordres religieux étaient cependant concernés, comme les Dominicains (Étienne Béchaux), ou les bénédictins (Emmanuel Flicoteaux, chartiste227). Mais l'essentiel des vocations concernait le clergé. La vocation la plus marquante est naturellement celle de Pierre Gerlier, mais elle était loin d'être isolée : ainsi, en 1914, pas moins de huit Olivaints sont entrés au séminaire, quatre à Issy et quatre à Rome. On ne connaît pas, cependant, le nombre précis d'évêques issus de la Conférence Olivaint. L'association jésuite a donc vu sortir de ses rangs plusieurs générations d'hommes d'Église ou de religieux. En cela, elle répondait parfaitement aux attentes de la Compagnie.

Quelques cas atypiques

Cela dit, la Conférence Olivaint n'a pas formé que des prêtres, des universitaires et des hommes politiques. Au hasard de l'étude prosopographique, il a ainsi été possible de mettre en évidence certains parcours un peu plus atypiques. Les entrepreneurs, industriels ou ingénieurs, n'étaient pas absents de la Conférence, à l'image de Paul Festugière, patron des fonderies de Brousseval, qui collabora au Sillon et milita au sein de la Fédération nationale catholique (FNC). Né en 1869, il entra à la Conférence Olivaint à vingt ans et y occupa un an la fonction de secrétaire. À la fin de l'année, il dut reprendre l'entreprise familiale des fonderies de Brousseval, dont il fit une importante affaire. Joseph Zamanski, quant à lui, fut, bien plus tard, le président du patronat chrétien. La Conférence Olivaint comptait aussi dans ses rangs des élèves de l'Institut national agronomique, comme Gustave de Vayssière, major quelques années avant la guerre, des élèves des Mines ou de Centrale. Mais ceux-ci constituaient une minorité.

226 Né en 1859, Paul Dudon est entré dans la Compagnie de Jésus en 1880. Il fut rédacteur aux Études de 1899 à 1934. 227 Né en 1882, dans un milieu de bonne bourgeoisie, il fit ses études à l'Institut catholique, fréquenta la Conférence Olivaint entre 1903 et 1905 et sortit de l'Ecole des Chartes en 1908. Devenu moine bénédictin, il fut pendant de longues années un collaborateur régulier de La vie spirituelle.

102 Le cas le plus atypique est certainement celui de l'écrivain Henry Gauthier-Villard, dit Willy, membre de la Conférence en 1882 et 1883, auteur de deux conférences, qui fut par la suite critique musical à l'Écho de Paris. Il était surtout l'auteur de romans légers, souvent grivois. Il était enfin l'époux de Colette. Son profil, en somme, correspondait peu à celui que les Bons Pères s'efforçaient de forger au sein de la Congrégation.

Une méritocratie

Le directeur de la Conférence ne manquait jamais de mettre en avant les succès de ceux des anciens qui étaient dans la norme. Les Assemblées générales, en particulier, étaient l'occasion de célébrer leur réussite, mais aussi de mettre en avant celle des plus méritants des Olivaints. Les rapports publiés ressemblent parfois à s'y méprendre à des tableaux d'honneur, où l'on apprend que l'Olivaint comptait dans ses rangs plusieurs majors de l'école des Chartes (Léonce Célier, puis B. Pocquet du Haut Jussé), un major de l'Ecole libre des Sciences politiques (Alexandre Célier), et de nombreux lauréats de cette dernière, ainsi qu'un nombre infini de docteurs en droit. La Conférence, en fin de compte, tirait quelque fierté de son élitisme, qu'elle affirmait et revendiquait. La Compagnie de Jésus, à en juger par l'ampleur du réseau d'anciens et la qualité du recrutement de l'Olivaint, conservait ainsi la haute main sur une partie de l'élite intellectuelle catholique.

103 Chapitre V : Entre l'Action française et le Sillon. À la recherche d'une troisième voie.

Ainsi, la Conférence Olivaint a préparé un grand nombre de ses membres à jouer un rôle notable dans les luttes religieuses et sociales du tournant du siècle. Elle a ainsi contribué à garnir les rangs des défenseurs de l'Eglise durant les combats contre les lois laïques, et, au-delà, à former une élite politique et sociale au service du catholicisme. Elle ne manqua pas, cependant, d'être affectée par les questions du siècle : cherchant à déterminer sa voie en deçà - ou au-delà - de la politique, au nom de la primauté du spirituel, elle se heurta aux partisans du « Politique d'abord », de l'Action française, à ceux ensuite qui voulaient aller plus loin dans l'action sociale, avec le Sillon. Entre ces deux grands courants du monde catholique, l'Olivaint et l'ACJF eurent le plus grand mal à affirmer une troisième voie .

VERS L'EXCLUSION DE L'ACTION FRANÇAISE

Des tendances diverses et opposées ont toujours existé au sein de la Conférence Olivaint, notamment entre légitimistes et les libéraux, constitutionnels et opposants au Ralliement. Jamais, cependant, l'unité de la Conférence ne fut menacée, parce que les débats restaient dans le cadre strict du règlement, sous la surveillance étroite des Pères. L'apparition et le développement de l'Action française, son extension rapide dans l'université peu avant 1910, constituaient cependant un fait nouveau, susceptible de mettre à mal ce fragile équilibre : le dogme du « Politique d'abord », affirmé, parfois avec violence, jusque dans l'enceinte de la Conférence, amena donc la Congrégation à se prononcer de manière ferme à l'encontre de l'Action française.

"S'abstenir de toute lutte et de toute passion politique"

L'exclusion de la politique, c'est-à-dire la politique intérieure et en particulier la question du régime, au sein de la Conférence, est - on le sait - une vieille histoire. À l’origine, il s'agissait avant tout d'une mesure de protection, pour éviter que la Conférence soit classée parmi les Conférences politiques, interdites un moment sous Napoléon III et peu appréciées par tous les régimes. Après le Ralliement, cette règle tombait fort à propos pour éviter de raviver les querelles, et les directeurs successifs l'ont appliquée avec

104 fermeté. Enfin, le 22 février 1907, le Pape adressait à Jean Lerolle, Président de l'ACJF, une lettre dans laquelle il l'invitait à dépasser les passions politiques :

Pour arriver au but, votre marche est excellente : faire dans la vie une profession ouverte de la sagesse chrétienne, s'abstenir de toute lutte et de toute passion politique, omni abstinere concertatione studioque politicarum partium228.

Ce texte tombait à point pour légitimer la règle en usage à la Conférence Olivaint. En fait, ce refus de la politique dans les débats reflétait avant tout une volonté de ne pas diviser les jeunes catholiques :

Nous n'étudions pas, écrivit le Père Aucler, les questions politiques, - au sens très spécial du mot, - qui divisent la France en partis : quelle forme de gouvernement convient le mieux à la France ? Je ne nie pas qu'il y ait un lien étroit entre les questions sociales et la question politique, mais elles peuvent être étudiées séparément. Le salaire individuel ou le salaire familial, le meilleur mode des habitations à bon marché, l'organisation syndicale, le contrat collectif de travail sont absolument indépendants de la forme de gouvernement229.

Naturellement, il n'était jamais évident d'exclure tout à fait la politique des débats, car beaucoup de discussions, d'interventions à la tribune, s'y rapportaient immanquablement. Lorsque l'on glissait imperceptiblement sur ce terrain interdit, le Père directeur arrêtait net et rappelait au règlement. Un soir, rapporte Brou, "une tête un peu chaude se mit à exposer ses théories chères avec véhémence230". Le Père intervint, l'orateur s'emporta et partit en coup de vent. Le directeur ne dit rien, et fit continuer la discussion comme si de rien n'était.

L'AF à la conquête de la jeunesse universitaire

Cette anecdote n'est pas datée, mais on peut très certainement la situer en 1909 ou 1910. À cette date, en effet, la Conférence Olivaint connut une vive agitation menée par les étudiants d'Action française, épris d'action et de bataille.

228 Cité par Alexandre BROU, op. cit., p. 60. 229 Ibid., pp. 56-57. 230 Ibid., op. cit. p. 57.

105 Cette agitation de l'Action française au sein de la Conférence Olivaint correspondait à un mouvement plus vaste, qui touchait une bonne partie des universités et écoles parisiennes231. En décembre 1909, l'Action française s'en prit au doyen de la Faculté de droit, Lyon-, qu'elle accusait d'avoir sanctionné des professeurs indépendants sur ordre du ministre de l'instruction : monômes et chahuts ont mis le quartier latin en effervescence. Après quelques semaines, le doyen démissionnait : s'attribuant la paternité de cette « victoire », les étudiants d'Action française étendirent leur rayonnement dans l'université. René d'Aubeigné, secrétaire général étudiant de l'AF - par ailleurs membre de l'Olivaint, lança, lors du cinquième congrès des cadres du mouvement : "Nous sommes les maîtres absolus du Quartier latin232". L'Institut catholique, la Faculté de droit, les Chartes, voire l'école libre des Sciences politiques, étaient il est vrai de solides bastions de l'AF. Or, c'est justement dans ces écoles que recrutait principalement la Conférence Olivaint. Il n'est pas étonnant, donc, que la présence de l'AF s'y soit renforcée progressivement.

L'Action française exclue de fait de l'Olivaint

La présence de militants monarchistes n'est certes pas une nouveauté à l'Olivaint. On sait combien cette dernière fut un bastion du légitimisme. Cela dit, la génération montante tranchait avec ses devancières par son caractère offensif et démonstratif. Chaque débat, touchant de près ou de loin à quelque question politique était l'occasion d'empoignades, parfois violentes, entre militants de l'AF et Catholiques sociaux. La tension devint vite si grande lors des séances du mercredi que le Conseil de la Réunion jugea utile de prendre des mesures draconiennes. En juin 1910, une circulaire, signée par la majorité des membres du Conseil, fut diffusée aux Olivaints, les enjoignant s'engager par écrit à ne plus faire de politique au sein des séances de l'Olivaint, sous peine d'être exclus233.

231 Nicolas PORTIER, L'Action française à la conquête de la jeunesse et de l'université. Paris : Institut d'études politiques, Mémoire de troisième année, novembre 1990, 235 p. 232 Ibid., p. 170. 233 Archives Jésuites de la Province de Paris, I PA 735/2. La circulaire est reproduite parmi les documents.

106 Action catholique versus action politique

La note en question rappelait que la Conférence, ouverte à tous, "ne peut en aucune façon se prêter à une action politique et réserve toutes ses forces pour l’œuvre de défense et de conquête religieuse234", rappelant ainsi la primauté de l'action catholique sur l'action politique. Cela dit, ses auteurs rappelaient aussitôt que la Conférence "n'écarte personne pour ses opinions en cette matière" et les laisse pleinement libres de les exprimer au-dehors, "à condition que ceux qui la représentent évitent ce qui pourrait la compromettre elle-même dans un mouvement de parti". On retrouve ici l'instinct de protection - on pourrait dire de survie - de la Congrégation jésuite, conforme à l'adage « Pour vivre heureux, vivons cachés ». Enfin, le conseil jugea utile de préciser et de définir ce qu'il entendait par politique :

Au cours de nos réunions, on ne doit jamais faire allusion, ni en termes directs, ni en termes voilés, au maintien ou au changement de la forme du gouvernement.

Et le conseil conclut que toute infraction entraînerait l'exclusion. Naturellement, la circulaire ne visait personne ad nominem, mais il est clair que les étudiants d'Action française étaient, de fait, directement touchés par cette mesure. Un membre écrivit alors au président de la Réunion : "J'aime mieux ne pas chercher pourquoi à la Conférence Olivaint les libéraux sont en si grande estime et les Royalistes en si grande défaveur235".

René d'Aubeigné s'oppose au Conseil

De fait, l'émoi fut grand parmi les étudiants d'AF. À la tête des étudiants royalistes de l'Olivaint se trouvait alors René d'Aubeigné, vice- président de la Conférence et, en dehors, Secrétaire général des étudiants d'Action française. Le jeune homme, qui s'était déjà distingué par sa conduite pendant les inventaires, engagea au cours de l'été et du début de l'automne une vive polémique par voie de courrier avec Pierre Lefébure, préfet de la Réunion, mais aussi le RP Aucler. Ainsi, dès le 24 juin, il écrit à

234 Ibid. 235 Archives jésuites de la province de Paris, I PA 735/2.

107 Lefébure pour lui promettre de ne pas faire de politique, "à condition que les autres n'en fassent pas" ; "Je ne reconnais, ajoute-t-il qu'un chef, le Duc d'Orléans, et j'ai le droit de faire connaître sa pensée partout, fût-ce à l'Olivaint, avec les réserves et les précautions qu'on nous impose236". Il qualifie en outre la circulaire de tendancieuse, et "d'injurieuse" pour l'AF, déplorant au passage que le bureau de la Conférence n'ait pas même été réuni. Le lendemain, dans une lettre adressée au Père Aucler, il est plus précis encore, accusant le Conseil de la Réunion d'avoir choisi de prendre cette décision en fin d'année pour prendre par surprise les royalistes : "C'est une mesure prise contre l'Action française, et contre moi en particulier", précise-t-il. À ses yeux, on ne peut demander à des gens dont la devise est « Politique d'abord » de donner leur adhésion de principe à cette circulaire qui vise à exclure la politique de la Conférence. Il conclut donc : "Personne ne donnera sa démission. Nous resterons tous, et, s'il nous faut garder une attitude expectative, notre simple présence sera très utile237". Les réponses ne se firent pas attendre ; Lefébure prit acte de la disposition d'Aubeigné à adhérer à la circulaire, ajoutant que le Conseil ne demandait pas à la Conférence Olivaint de renier le principe de l'importance de la politique, mais demandait "qu'on admette le principe de la Conférence Olivaint, qui est qu'on n'en fait pas238". Aubeigné répondait aussitôt que le fond de la circulaire était à ses yeux erroné, et demanda à pouvoir s'expliquer devant le bureau : "Si l'on voulait me rayer de la liste des membres, prévient-il, j'y reviendrais quand même. Mon attitude est révolutionnaire, sans doute, elle est franche et elle est claire239". Plus tard, en réponse à Lefébure qui lui rappelait que quiconque n'aurait pas donné rapidement son entière adhésion à la circulaire sera exclu de la réunion240, d'Aubeigné affirma que "si l'on veut [l'] empêcher de venir, il faudra employer la force241". Au mieux, il était prêt à faire "comme si [il] approuvait", pas plus242. De fait, une réunion d'explication de la note eut lieu, vraisemblablement à la rentrée de 1910243. Il y fut expliqué que la politique à exclure était "celle des partis". Certes, nul ne pouvait se désintéresser de la

236 Ibid. 237 Ibid. 238 Ibid., Lettre du 26 juin 1910. 239 Ibid., Lettre du 28 juillet 1910. 240 Ibid., Lettre du 2 août 1910. 241 Ibid., Lettre du 5 août 1910. 242 Ibid., Lettre d'Aubeigné au RP Aucler, 7 août 1910. 243 Alexandre BROU, op. cit., pp. 58-60.

108 question de la forme du pouvoir en France, mais, expliqua le Père Aucler, cette question "développe l'animosité entre ceux qui devraient par ailleurs être les meilleurs amis, empêche d'étudier les autres questions avec sang- froid244".

Primauté du politique contre primauté du spirituel

En fin de compte, ce débat reflète l'antinomie entre la primauté du politique, revendiquée par les Royalistes, et la primauté du spirituel que les Pères jésuites s'efforçaient de faire respecter. Mais était-il vraiment possible d'exclure la politique des débats ? On a vu combien elle était présente, depuis les origines. Elle apparaissait souvent de manière détournée, mais appartenait bien, d'une certaine manière, à la tradition des séances du mercredi. En outre, le pontificat de Léon XIII, la défense religieuse et le contexte français ont entraîné un plus grand investissement des jeunes catholiques dans le domaine politique :

Comment voulez-vous, écrit d'Aubeigné, qu'en 1910, dans un milieu composé de jeunes gens, des conférences et des discussions gardent le caractère "purement et simplement catholique", surtout après la lettre de Pie X sur le Sillon. C'est un document traditionaliste et antidémocrate au premier chef245.

La circulaire de 1910, en tout cas, n'entraîna pas le départ de tous les étudiants d'Action française. Plusieurs acceptèrent de se plier au règlement et restèrent (René d'Aubeigné, quant à lui, partit, semble-t-il). En outre, des liens étroits existaient toujours avec d'anciens Olivaints, fidèles de Maurras, tel Octave de Barral, président de la fédération de Paris de l'AF en 1914.

FAIBLE INFLUENCE DU SILLON

Contrairement à l'Action française, le Sillon n'a, quant à lui, jamais réellement imprégné directement la Conférence Olivaint, en raison, notamment, des dissensions entre l'organisation de Marc Sangnier et l'ACJF.

244 Ibid. 245 Lettre au RP Aucler du 2 octobre 1910, Archives jésuites de la province de Paris, I PA 735/2..

109 Une influence indirecte

L'attrait indéniable d'une partie de la Conférence Olivaint pour les questions sociales, l'ouverture de celle-ci vers le laïcat, ont certainement orienté un certain nombre d'Olivaints vers le mouvement de Marc Sangnier. Il n'existe, cependant, pas de trace ni d'une présence massive, ni même d'une réelle influence des sillonistes au sein de la Conférence : "La tendance silloniste, écrit en 1961 le RP Maurice de Gailhard-Bancel, y était à peine représentée246." Des liens, cependant, existaient, par le biais d'un petit nombre de membres. Ainsi le Sillon pouvait-il exercer une influence indirecte, quoique faible :

En dehors de la Conférence Olivaint, un contact s'établissait tout naturellement avec les sillonistes, notamment à l'Institut catholique, où Marc Sangnier comptait des disciples enthousiastes, à la fois chez les jeunes prêtres et chez les étudiants laïcs. Des amitiés solides se sont alors nouées entre nous, qui ont persisté à travers les oppositions et les déchirements ultérieurs247.

Il semble donc qu'aucun groupe silloniste constitué n'existait au sein de la Conférence Olivaint. Cela n'empêchait certainement pas, cependant, qu'une partie des membres de la Conférence, à l'image de Maurice Gailhard- Bancel, furent séduits par les idées de Marc Sangnier :

Sur le plan spirituel, le silloniste nous apparaissait comme un chevalier de la Foi et de la pureté. Sa vision optimiste du monde, l'intérêt passionné porté aux problèmes de la classe ouvrière, sa tendance à chercher dans les adversaires des amis possibles... tout cela ne nous laissait pas indifférents248.

Sur le plan politique, la manière de voir des étudiants sillonistes de la Conférence Olivaint était, aux dires de Gailhard-Bancel, assez libérale. Ils souhaitaient, par exemple, que le prêtre n'intervienne que lorsque le dogme était en jeu249.

246 Lettre du RP Maurice de Gailhard-Bancel au RP Jarlot, professeur à la Grégorienne, 11 octobre 1961, Fonds ACJF, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 500. Maurice Gailhard-Bancel, vice-président de la Conférence Olivaint en 1908-1909, fut vice-président de l'ACJF après la condamnation du Sillon. 247 Ibid. 248 Ibid. 249 Alexandre BROU, op. cit., pp. 58-60.

110 Tensions entre l'ACJF et le Sillon

En fait, la faible influence du Sillon au sein de la Conférence Olivaint est, pour une bonne part, la conséquence, ou l'expression, des dissensions entre l'ACJF et l'organisation de Marc Sangnier. À l’origine de ces tensions, il y avait les buts fondamentalement différents que poursuivait chaque organisation :

L'Association catholique de la jeunesse française, écrit Henri Bazire, a pour but d'organiser en France la Jeunesse catholique, de façon à former une génération de catholiques militants, étroitement unis, non seulement dans les mêmes sentiments de foi, mais encore par des idées communes au point de vue social. Le Sillon, au contraire, agit dans les milieux non catholiques ; c'est l’œuvre de l'éducation populaire, de la pénétration chrétienne dans les masses ; chacun a ainsi son champ d'action bien délimité250.

En 1898, déjà, Marc Sangnier avait soulevé un tollé lors du congrès de l'ACJF, à Besançon, en proposant l'ouverture de l'ACJF aux non- catholiques251. Ensuite, le Sillon, tout en revendiquant d'accomplir la mission de l'Eglise au sein du monde voulait demeurer indépendant des pasteurs légitimes pour tout ce qui débordait le domaine de la juridiction ecclésiastique. L'ACJF, quant à elle, estimait que, parce que c'est la mission de l'Eglise qui était en jeu, elle devait faire hommage de son zèle à la hiérarchie ecclésiastique tout en agissant sous sa propre responsabilité252. Enfin, outre cette indépendance des laïcs vis-à-vis de l'Eglise en matière d'apostolat, nombre de membres de l'ACJF étaient quelque peu rebutés par la mystique - celle du chef en particulier - développée au sein du Sillon :

250 Henri Bazire, Déclaration faite lors du Congrès de Besançon de 1903, citée par Charles MOLETTE, op. cit., p. 355. 251 Charles MOLETTE, op. cit., p. 245. 252 Ibid., p. 488.

111 Nous nous sentions gênés, témoigne Maurice de Gailhard-Bancel, dans les rapports quotidiens par la "naïveté" de beaucoup de ces idéalistes qui nous paraissaient vivre dans une atmosphère de messianisme" et plus encore par l'absolutisme de Marc Sangnier et l'espèce de fascination qu'il exerçait sur ses disciples253.

De son côté, le Sillon, en dépit des liens d'amitiés qui existaient entre Marc Sangnier et plusieurs responsables de l'ACJF, notamment Jean Lerolle, ne manquait pas de critiquer l'Association d'Albert de Mun. Ainsi, dans un article publié dans L'Éveil démocratique du 16 septembre 1906, François Lespinat (pseudonyme de Marc Sangnier ?) critiquait-il le "monopole" de l'ACJF, association "sortie d'une initiative privée", dans la jeunesse étudiante. À ses yeux, le caractère national de l'ACJF était incompatible avec la structure diocésaine et paroissiale de l'Eglise. Le débat fut clos par l'intervention de Rome en faveur de l'ACJF. Une lettre de Pie X à Jean Lerolle, datée du 22 février 1907, véritable charte du laïcat, appuyait en effet l'ACJF, la confirmant dans son attitude. Enfin, le Sillon fut condamné par le Pape Pie X le 29 août 1910, dans une lettre aux cardinaux de France.

L'ACJF, UNE TROISIEME FORCE ?

La condamnation du Sillon intervint quelques semaines à peine après la publication des résolutions du Conseil de la Réunion des jeunes gens, et deux mois à peine avant la rentrée de l'Olivaint, au cours de laquelle une mise au point fut organisée. Autant dire que la condamnation tombait bien pour mettre l'AF et le Sillon dos-à-dos, et permettre à la CO d'affirmer sa propre voie, au-delà des clivages politiques.

Une voie étroite

Y avait-il, pour autant, de la place, dans le milieu étudiant, pour une association « apolitique » telle que l'ACJF, alors que le Sillon et surtout l'AF, plus dynamiques et plus présentes sur le terrain, s'affirmaient en se combattant254 ?

253 Ibid. 254 Sur les liens entre le Sillon et l'AF : Hugues PETIT, L'Eglise, le Sillon et l'Action française, Thèse de droit, Université Grenoble II - Pierre Mendès France, 1993. Microfilm : Lille 3, atelier de reproduction, 1994, 1176 p.

112 La voie était certainement étroite. Entre Sillon et Action française, cependant, l'ACJF pouvait apparaître comme une "troisième force", une voie moyenne, moins visible et moins puissante parmi les étudiants :

On avait l'impression, dans le milieu universitaire, écrit Maurice de Gailhard- Bancel, d'être le "parent pauvre". Les étudiants d'ACJF apparaissaient comme d'excellents camarades, de belle tenue morale, de piété communicative, de vraie charité, mais dont on ne pouvait espérer qu'ils joueraient un rôle déterminant dans la conjoncture religieuse et sociale255.

Le propos mériterait d'être nuancé, au regard de l'investissement effectifs d'un certain nombre de membres de l'ACJF dans les débats de l'époque. Il est certain, cela dit, que l'apaisement progressif de la question religieuse, et l'apparition de nouveaux mouvements de jeunesse ont, jusqu'à sa spécialisation, laissé l'ACJF de plus en plus en retrait, et ce au moment même où cette association était enfin pleinement reconnue. Alors que l'ACJF se dotait d'une presse de plus en plus influente, elle recevait en effet des encouragements de plus en plus précis de la part du Pape et de la hiérarchie. En 1911, l'ACJF célébrait ses noces d'argent, à Paris ; son pèlerinage à Rome, en septembre 1913, la consacrait quant à lui, en quelque façon, comme le mouvement privilégié des jeunes catholiques français. L'ACJF connaissait peut-être alors son apogée.

L'Olivaint et la primauté de la religion

Plus encore, peut-être, que l'ACJF, la CO traversa une crise d'identité pendant cette année 1910. Le Père Aucler lui permit de s'en sortir - provisoirement, en définissant l'Olivaint au-delà des clivages politiques, dans une dimension spirituelle. L'exclusion des militants de l'AF, ainsi, ne pouvait, à ses yeux, se concevoir en termes politiques : tout indique, du reste, que le RP Aucler, à l'origine de l'exclusion, était lui-même proche des milieux monarchistes : "Il avait ses idées très arrêtées, témoigne Brou, et nul n'était plus épris de la tradition256". Il ne manqua pas, au demeurant, de rendre justice à ceux dont il réprimait le prosélytisme en proclamant que plusieurs "donnaient l'exemple de la piété la plus solide, de l'assiduité la plus

255 Lettre du RP Maurice de Gailhard-Bancel au RP Jarlot, professeur à la Grégorienne, 11 octobre 1961, Fonds ACJF, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 500. 256 Alexandre BROU, op. cit., p. 60.

113 méritoire aux exercices religieux et, par leu (...) zèle, leur dévouement, faisaient beaucoup pour la prospérité de la Conférence Olivaint257". La voie choisie par la Conférence Olivaint - la voie que lui imposaient les circonstances autant que la tutelle attentive de la Compagnie de Jésus, était on ne peut plus étroite. Comment, en effet, s'affirmer en dehors de la politique, alors même que, le ralliement étant acquis, la question du régime ne se posait plus et que la jeunesse étudiante catholique était de plus en plus attirée par des mouvements vindicatifs et partisans ? La Guerre laissa la question en suspens, mais le problème se posa à nouveau, avec plus d'acuité, quelques années plus tard.

257 Ibid.

114 Chapitre VI : L'Olivaint et la Grande Guerre.

La montée des périls a directement touché la Conférence Olivaint. Celle-ci a, en effet, connu une diminution de ses effectifs entraînée par l'allongement de la durée du Service militaire, mais aussi et surtout une exacerbation du sentiment patriotique. Patriotes, sinon nationalistes, beaucoup d'Olivaints sont partis en août 1914 plus résolus que résignés à combattre l'Allemagne.

DES PROBLEMES DE RECRUTEMENT

Il ne semble pas que les défections entraînées par la circulaire de 1910 aient affecté les effectifs de la Conférence. Bien au contraire, l'année 1910- 1911 vit une augmentation d'un tiers des recettes liées aux cotisations : il y eut 173 cotisants, le chiffre le plus élevé jamais atteint258. Ce chiffre ne tient pas compte des exemptés de cotisation : appelés du contingent et exonérés. Le budget de la Conférence, avec un déficit de près de trois mille francs était alors le plus prospère depuis 1901. A cette date, en effet, les budget, jusque- là excédentaires, avaient été mis en déficit par la nécessité dans laquelle se trouvait désormais la réunion de louer un local spécifique et d'en assumer la charge. Ce déficit était chaque année comblé par les Pères directeurs.

Conséquences de l'allongement du service militaire

Si les effectifs n'ont pas particulièrement pâti de la circulaire de 1910, l'allongement du service militaire s'est, en revanche, progressivement fait sentir. À partir de 1908, en effet, les rangs de la Conférence furent de plus en plus clairsemés : la loi des deux ans, privait, en 1909, la Conférence Olivaint de 24 de ses membres259. En novembre 1912, la CO connut de graves problèmes de recrutement, au point que son existence même, aux dires du rapporteur de l'Assemblée générale de 1913, fut menacée260. À cette date, en effet, cinquante membres - soit le cinquième des effectifs d'une année - étaient requis par leurs obligations militaires, et parmi eux plusieurs membres du conseil de la Réunion et du bureau de la Conférence. S'ajoutait à ces circonstances le départ de Pierre Lefébure, élu maire de Boissy-le-Sec,

258 Assemblée générale 1912. Paris : Leroy, 1913, p. 13. 259 Assemblée générale 1909, op. cit., p. 24. 260 René Francez, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint, 1912-1913". Réunion annuelle et Assemblée générale 1913. Saint-Germain-les-Corbeil : Leroy, 1913, pp. 43-44.

115 qui plongea un moment les directeurs de la Conférence dans le doute et l'incertitude. Comme l'indiquait René Francez dans son rapport de 1913, l'allongement de la durée du service - la loi des trois ans était alors en discussion - avait d'autres conséquences :

Deux années de service désorganisent nos rangs, rompent un peu la continuité nécessaire, compromettent la naissance de ces liens d'amitié solide qui, vous le savez, trouvent ici un terrain si fertile. Trois années seront pires, et, tout en nous résignant, tout en appelant même de nos vœux les sacrifices nécessaires, nous ne nous dissimulons pas les difficultés qu'entraînera pour notre cohésion le régime projeté261.

Un an plus tard, à la veille de la Guerre, la Conférence accusait à nouveau un déficit de membres - soixante d'entre eux étant requis pour leur service, et ne comptait plus que 130 cotisants262.

Efforts de recrutement

Pour faire face à cette situation, le directeur de la Conférence mit en place une série de mesures visant à accroître le recrutement. Il résolut tout d'abord d'inviter à l'Olivaint non plus seulement les étudiants susceptibles d'en faire partie, mais aussi les élèves des collèges, qui sont susceptibles d'en être les membres futurs. Ensuite, à l'issue de longues discussions, le principe de l'affichage publicitaire fut adopté. Les adversaires de l'affiche évoquèrent contre elle la tradition et le spectre du déficit ; ils s'indignèrent qu'une institution aussi vénérable que la Conférence Olivaint aille s'afficher sur les murs ; ils exprimèrent enfin la crainte que cette réclame attire à l'Olivaint une "jeunesse frivole"263. Pour les rassurer, il fut entendu que l'affiche ne serait apposée qu'aux portes des églises ou aux alentours des grandes écoles. Quant au résultat, il semble, d'après le rapporteur de l'année 1914, qu'il ne fût point celui qui était escompté : "l'affiche, écrit-il, ne fit que quelques conquêtes264". Car le moyen de recrutement le plus efficace, depuis la fondation de la Conférence et au moins jusqu'à la Seconde Guerre mondiale,

261 Réunion annuelle et Assemblée générale 1913, op. cit., p 42. 262 Pierre Flicourt, Rapport financier, Assemblée générale 1914. Saint-Germain-les-Corbeil : Leroy, 1914, pp. 7-32. 263 André de Chalendar, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint, 1913-1914", Assemblée générale 1914, op. cit., pp. 22-23. 264 Ibid.

116 demeurait la "propagande par les relations", comme l'appelle André de Chalendar, autrement dit la cooptation informelle. Au-delà du nombre, l'impact de cette vaste campagne de recrutement, qui s'est déroulée pendant deux ans, de 1913 à 1914, semble avoir été une certaine diversification des membres. Outre que l'on voit apparaître parmi les Olivaints des Centraliens, des élèves des Mines et des Ponts, jusque-là fort rares, les recrues proviennent - semble-t-il, de plus en plus, d'autres horizons que ceux des Collèges religieux. Enfin, les étudiants étrangers, recommandés par leurs congrégations nationales, sont de plus en plus nombreux265. Certes, la Guerre interrompit soudainement cette évolution, mais l'impulsion était donnée.

Faible animation des conférences

Était-ce dû aux difficultés de recrutement, au départ des membres de l'AF ou plus simplement à la lassitude des membres ? Toujours est-il que, aux dires du rapporteur de 1914, les séances du mercredi ont perdu, au cours des dernières années, un peu de leur animation coutumière. Les orateurs se pressaient moins pour monter à la tribune - il a même fallu, à plusieurs reprises, faire appel à la participation des anciens - et les discussions ne connaissaient guère d'envolées lyriques266. Pour y remédier, le bureau établit en 1913 à la fin des discussions un ordre du jour voté par les membres présents. "Il semblait, écrit Chalendar, que, résumées en phrases lapidaires sanctionnées par un vote, les interventions des orateurs deviendraient à la fois plus précises et plus passionnées267". Le vote de ces ordres du jour devait permettre de susciter, dans le public, les acclamations ou les rumeurs de colères auxquelles on était, jusque-là, habitués ; mais l'expérience ne donna guère de résultats concluants, l'ordre du jour rajoutant tout juste un peu plus de confusions aux débats. Une innovation un peu plus marquante avait été l'inauguration, en 1909, des "soirées joyeuses", c’est-à-dire de conférences du mercredi suivies d'un punch :

265 Ibid., p. 24. 266 Ibid. 267 Ibid.

117 À présent, rapporte Henri Cauvière, quand on prévoit qu'une conférence ne donnera pas lieu à de longs débats, soit parce que l'auteur est réputé d'idées indiscutables, soit parce que le sujet choisi défie toute controverse, au moment où la pendule sonne dix coups, on annonce « l'heure du punch fumant et des livres fermés268 ».

L'année qui suivit cette innovation, la Conférence inaugurait une nouvelle salle de Conférences, construite spécialement pour elle. À cette date, en effet, la Compagnie de Jésus avait entrepris d'importants travaux pour rénover les locaux de la rue d'Assas269. Désormais, la chapelle, agrandie, se transformait une fois par semaine en salle de réunion : on abaissait simplement un rideau de bois et les chaises faisaient volte face. La Conférence Olivaint, forte de ses succès et du soutien de ses anciens, cherchait donc, par ses innovations, à se renouveler en renforçant ses effectifs, au moment où la perspective d'un conflit se faisait plus précise.

MARCHE A LA GUERRE

L'attitude de la Conférence Olivaint face à la montée des périls est dénuée de toute ambiguïté. Dans nombre d'exposés, et ce depuis les origines de la Conférence, l'Allemand est présenté comme l'Ennemi, et la guerre paraît inéluctable.

Vers la guerre

En 1887, déjà, Charles Dauviliers prononçait une conférence dont l'intitulé, « La prochaine guerre franco-allemande », ne laissait planer aucun doute sur les sentiments de beaucoup, au sein de l'Olivaint. La guerre est parfois même valorisée ; ainsi Pierre de Longuemare, dans un exposé de mai 1907, déclare qu'à ses yeux, la guerre est loin de toujours avoir des effets désastreux ; elle est, dit-il, ce "remède qui réveille la conscience nationale tombée dans une funeste léthargie270". Les Conférenciers, au début du siècle, n'ont eu de cesse de mettre en garde leurs condisciples contre le pangermanisme271, les dangers du désarmement272, ou la possibilité d'un

268 Séance solennelle de clôture, 1909-1910, op. cit., p. 23. 269 Assemblée générale 1912, op. cit., p. 13. 270 Claude Desjoyaux, "rapport sur les activités de l'année". Séance solennelle de clôture, 1906-1907. Paris : Quelquejeu, 1913, pp. 18-34. 271 Louis de Saint-Blancard, « Le mouvement pangermaniste et la crise autrichienne », mai 1901. 272 Fernand Margerin, « La question du désarmement », mars 1909.

118 rapprochement anglo-allemand273, d'attribuer la responsabilité de la guerre de 1870 à la Prusse274, de rappeler la triste condition de l'Alsace-Lorraine dans l'Empire allemand275, ou de vanter les mérites de la « défense militaire de la France par la navigation aérienne »276, du rôle complémentaire de l'aviation et de la cavalerie277 ou le programme naval de la France278. En novembre 1911, un conférencier, Robert Galloo, intitulait son exposé « Sommes-nous prêts à la Guerre ? », preuve s'il en est que la perspective du conflit était appréhendée de manière de plus en plus certaine. À cette date, en effet, les Conférenciers et les invités de l'Olivaint semblent se préparer à la guerre prochaine : "La guerre, déclarait ainsi l'amiral Bienaimé lors de la séance de clôture de 1913, est un événement qu'on n'a pas le droit de souhaiter mais qu'il faut prévoir." Le désir de revanche des Olivaints était constamment exacerbé : "Nous devons toujours conserver, déclarait Ernest Vergniaud, le souvenir du désastre, sans récriminations vaines, mais avec la volonté inébranlable de l'effacer un jour de notre histoire279".

Le patriotisme de l'Olivaint

Depuis longtemps, la Conférence Olivaint a fait la preuve de son indéfectible patriotisme au cours des séances du mercredi, ainsi qu'au cours des séances de clôture ou des Assemblées générales. Au début du XXe siècle, ce sentiment patriotique, voire nationaliste, qui se nourrissait du désir de revanche - en avril 1914, encore, un Olivaint présentait un exposé intitulé « Paul Déroulède, poète de la revanche », ne s'exprimait nul par mieux que dans la dénonciation des instituteurs, accusés de tous les maux, comme on l'a vu, mais à qui il fut constamment reproché, en particulier, d'attenter à l'esprit patriotique des écoliers280.

273 Louis de Saint-Blancard, « Allons-nous à un rapprochement anglo-allemand ? », avril 1912. 274 Ernest Vergniaud « Les responsabilités de la guerre de 1870 », décembre 1913. 275 Georges Bouttier, « La situation de l'Alsace-Lorraine dans l'empire allemand », novembre 1911. 276 Joseph Lauras, « La défense militaire de la France par la navigation aérienne », avril 1910. 277 André de Rincquessen, « L'aviation va-t-elle supprimer la cavalerie ? », janvier 1912. 278 Robert des Rotours, « Le programme naval de la France », mai 1911 279 Séance solennelle de clôture, 1913-1914, op. cit., p. 13. Ernest Vergniaud est mort au front en 1915. 280 Félix Lohse, « La crise du patriotisme à l'école laïque », 17 janvier 1906 ; François Hébrard, « L'esprit de l'école primaire officielle », 18 mars 1902.

119 De même, la toute jeune CGT n'est pas épargnée en mars 1911, lors du débat qui suivit l'exposé d'Henri Cauvière, lequel avait qualifié la Confédération de "danger social, contre lequel il importe de réagir" :

La discussion, rapporte Jean Libert, ne révéla pas l'existence, parmi nous, de bien grande sympathie pour la CGT ; je crois que si nous avions pu, ce soir-là user, à l'exemple de cette aimable institution, de la machine à bosseler, et de la chaussette à clous, elle eût passé un fort mauvais quart d'heure281.

En conclusion du débat, et dans l'énervement général, Pierre Lefébure réclama la dissolution du syndicat. À mesure que le péril se faisait plus précis, les Conférenciers de l'Olivaint n'eurent de cesse de dénoncer les « fauteurs de troubles » qui menaçaient l'ordre social.

Le chauvinisme du Père Aucler

Le sentiment patriotique n'a jamais non plus fait défaut aux Pères directeurs de la Conférence. Bien au contraire, ils ont contribué à entretenir l'instinct combatif des Olivaints au fil des décennies. Le Père Aucler, pour sa part, ne manquait pas d'afficher ses sentiments patriotiques :

Il ouvrait la chapelle aux élèves de Saint-Cyr, venus à Paris passer leur dimanche, raconte Alexandre Brou. Très cocardier, il jouissait de voir fraterniser les jaquettes incolores et les brillants uniformes282.

Lorsque la Guerre éclata, il l'accueillit avec soulagement presque avec joie. Le 10 août, il écrit ainsi à un proche : "Je viens de vivre cette semaine les plus belles journées que j'ai vécu comme Français depuis 1870, nous assistons à la résurrection de la France283". Il s'enrôle alors, non sans difficultés, comme aumônier militaire de la 31e division en Lorraine et en Flandres. Il ne résista cependant pas à la fatigue et mourut en janvier 1915, à l'âge de 50 ans.

281 Séance solennelle de clôture, 1910-1911. Blois : Grande imprimerie de Blois, 1911, pp. 16-36. 282 Alexandre BROU, op. cit., p. 95. 283 Ibid., p. 96.

120 À la veille du conflit

L'Assemblée générale et la séance solennelle de clôture de 1914, quoique antérieures à l'attentat de Sarajevo, étaient marquées par les tensions et la perception par les Olivaints du caractère presque inéluctable du conflit. La séance de clôture était présidée par Louis Madelin, dont l'intervention avait pour thèmes Générations qui restaurent. Les générations se succèdent, expliqua le conférencier, les unes qui dissolvent, les autres qui restaurent : "La génération montante est de celles qui restaurent, affirma-t- il. [...] Je me plais à saluer en vous la génération qui, après les grandes destructions, saura, en ramenant les esprits au clair, restaurer notre bien aimée France, notre impérissable France284". Et le P. Aucler, remerciant l'historien, d'ajouter qu'il n'y a, à ses yeux, de restauration stable pour la France que dans l'ordre social chrétien :

Nos jeunes gens ont trop bien vu jusqu'où l'on abaisse notre France autrefois si grande, quant on mine dans l'âme de ses enfants cette foi catholique qui était la plus précieuse de nos traditions nationales. Voilà pourquoi - dociles à la voix de Pie X qui a fait de la restauration chrétienne la devise de son pontificat - : Instaurarer annia in christo - ils chercheront dans leur foi au christ les éléments de la restauration française à laquelle vous les conviez285.

Jean de Lasalle, président de la Réunion en 1914 eut, pour ainsi dire le dernier mot, au cours de l'Assemblée générale, lorsqu'il déclara, songeant sans doute à la perspective du conflit : "Il faudrait qu'après nous, le monde fût un peu meilleur, parce que nous aurons vécu286". Parti comme sous- officier d'infanterie, Pierre Lefébure est mort en septembre 1914 .

Une génération sacrifiée

Il ne fait guère de doute que l'engagement des Olivaints dans le conflit se fît, sinon dans la joie, comme le Père Aucler, du moins avec plus de résolution que de résignation. Les exemples ne manquent pas, ainsi, de

284 Cité par Alexandre Brou, op. cit., pp. 100-101. 285 Ibid. 286 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920". Assemblée générale 1920. Saint-Germain-les-Corbeil : Willaume, 1920, p. 10.

121 membres de la Conférence qui, retenus à l'arrière par leurs obligations ou leur fonctions, demandèrent à partir en première ligne, à l'image de René Francez, attaché d'ambassade à Berlin lorsque la Guerre éclata : Après leur départ forcé au Danemark, l'ambassadeur, Jules Cambon, lui proposa un poste de secrétaire à Oslo, mais il refusa et alla s'engager à Paris. Il en allait de même pour certains anciens, comme Louis Galtier, qui partit au front en août 1914 comme capitaine d'infanterie, alors que ses charges familiales l'autorisaient à rester à l'arrière. Cent dix-neuf Olivaints, soit la moitié de l'effectif de 1913-1914 périrent pendant le conflit287. La proportion est énorme, si on la compare par exemple - et toute proportion gardée - aux pertes de l'ACJF, qui a laissé un dixième de ses effectifs sur les champs de bataille, soit tout de même quinze mille membres288. Le bureau de 1914 a perdu ses trois vice- présidents, et l'un de ses secrétaires. Le président est sorti du conflit décoré de la Légion d'honneur, et ses trois derniers secrétaires de la Croix de guerre. À cette centaine de victimes, il faut ajouter, naturellement, celles des promotions antérieures. Au moins cinquante des quatre cents cinquante anciens en contact avec la CO en 1914 sont morts pendant la guerre289. On peut donc estimer que la Conférence Olivaint a perdu 200 des siens pendant la Guerre, sans compter les innombrables blessés. Une quarantaine d'Olivaints ont été décorés, souvent à titre posthume, de la Légion d'Honneur ou de la Croix de Guerre.

La génération de l'Olivaint des années 1913 et 1914 subit ainsi une véritable hécatombe. On peut, sans peine, parler d'une génération sacrifiée : parmi les Olivaints morts au champ d'honneur, plus du tiers, la moitié peut- être suivaient avant la guerre des études à l'Ecole libre des Sciences politiques ou à l'Institut catholique : le monument au mort de cette dernière école pourrait même faire office de monument aux morts de l'Olivaint, tellement la proportion de congréganistes y est forte. La nécrologie de l'Olivaint, publiée en 1919, égrenait un long martyrologe. Cela dit, contrairement aux martyrs auxquels se référaient jusque-là les Olivaints, ceux de Mentana ou de Patay, les victimes de la Grande Guerre n'étaient tombés ni pour l'Eglise, ni pour le Roi, mais pour la patrie menacée. L'état

287 Nécrologie 1914-1919, Brochure de 66 pages, Saint-Germain-les-Corbeil : Imprimerie Willaume, 1920, 66 p. 288 Charles MOLETTE, "Les origines de l'ACJF", L'ACJF, une création originale, op. cit., p. 10. 289 Estimation réalisée à partir du registre des anciens conservé aux Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 736.

122 d'esprit de l'Olivaint l'entre-deux guerre devait en être profondément modifié.

123 Troisième partie :

APOGÉE ET DÉCLIN : L'OLIVAINT AUX MARGES DE LA RÉPUBLIQUE (1919-1942)

124 Chapitre Premier : Le poids de la Grande Guerre

La Guerre n'a pas seulement amputé la Conférence de la moitié de ses effectifs ; elle a surtout entraîné une perturbation durable des activités de la Conférence, tant et si bien que c'est presque une nouvelle Conférence qui naît en 1919, marquée par le poids de la Guerre.

RENAISSANCE ET REORGANISATION DE LA CONFERENCE

Pendant la Guerre, la Conférence Olivaint fut pour ainsi dire en sommeil. Certes, quelques rares étudiants, demeurés à Paris, se réunissaient, rue d'Assas, en « cercles d'études sociales », autour de leur président Alfred Beaucourt et sous la direction du RP de Roquefeuil, mais ceux-ci ne comptaient guère qu'une vingtaine d'adhérents. Seuls sept ou huit d'entre eux assistaient à la messe du dimanche290.

Reprise des activités

Quelques mois après l'armistice, les activités se sont intensifiées et, vers juin 1919, une nouvelle Conférence Olivaint prenait forme. Elle n'était composée que de très jeunes étudiant, mais leur nombre, entre février et juin, malgré les faibles effectifs de cette année scolaire, atteignait déjà 60291. La véritable rentrée eut lieu en novembre 1919. En fait, il semble que bien peu d'anciens y aient pris part : près de la moitié des membres cotisants de 1913-1914 ont été tués, et parmi les autres, beaucoup étaient mutilés ou malades, sinon tout bonnement dispersés par les nécessités de leur retour à la vie normale. En 1920, la Conférence Olivaint, selon les chiffres publiés dans le compte-rendu annuel de l'Assemblée générale, comptait 132 membres, et le groupe catholique de l'Institut national agronomique (INA) - qui dépendait d'elle, une cinquantaine292. Cela dit, il faut nuancer ces statistiques, car - outre que le nombre seul ne permet point d'indiquer le degré d'engagement des membres - les défections sont chaque années nombreuses. En l'occurrence, vingt-cinq d'entre eux quittèrent la Conférence au cours de l'année, pour trouver une situation, rejoindre le

290 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920", Assemblée générale 1920, op. cit., pp. 12-13. 291 Ibid. 292 Ibid., pp. 13-14.

125 régiment, ou parce qu'ils ne se sentaient pas dans leur milieu, trouvant la Conférence Olivaint trop austère, trop religieuse ou trop intellectuelle293.

Réorganisation de la Congrégation

Rapidement, des relations furent reprises avec une petite centaine d'anciens, et la Congrégation fut reconstituée. Une innovation majeure - et déterminante pour l'avenir de celle-ci, fut la fin de l'obligation pour les Olivaints d'être membres de la Congrégation. À partir de 1919, en effet, il n'était désormais plus nécessaire d'être Congréganiste pour faire partie de la Conférence : à la faveur des difficultés de recrutement, en effet, s'opérait une subtile distinction entre les membres titulaires de la Conférence, congréganistes, et les simples membres qui, à la différence des premiers, n'étaient ni électeurs ni éligibles. En 1920, la moitié seulement des membres appartenaient à la Congrégation, et la proportion semble être allée en s'amoindrissant tout au long de la période étudiée. Autant dire que cette distinction sonnait le glas du lien organique entre la Congrégation et la Conférence.

Création d'une association légale

Il n'est pas douteux que les anciens ont beaucoup contribué à la reconstitution de la Conférence après la Guerre. Les deux premiers présidents, celui de la Congrégation, et celui de la Conférence, étaient d'anciens membres, et les concours furent nombreux et variés. C'est lors de l'Assemblée générale de 1920 que fut évoqué pour la première fois le projet d'association légale qui avait pour but, selon son initiateur, Maurice Papillon, d'assurer à la Conférence une "sécurité légale" et des "secours matériels" et de créer un lien plus étroit entre les anciens membres de la Congrégation294. De fait, la première fonction des Anciens était le recrutement de nouveaux membres : il leur est demandé dès 1920 d'orienter vers la Conférence les étudiants qu'ils connaissaient295. Leur seconde fonction était d'ordre matériel : il s'agissait, par des dons d'aider la Conférence. Naturellement, il fut fait appel à la bonne volonté, non seulement des anciens, mais aussi de tous ceux qui, étrangers à la Réunion, pouvaient comprendre "l'importance et la portée sociale d'une oeuvre

293 Ibid. 294 Anonyme (vraisemblablement le RP Henry de Pully), Assemblée générale 1920, op. cit., p. 10. 295 Note aux anciens, s.d., reproduite dans : Assemblée générale 1920, op. cit., p. 36.

126 s'adressant à l'élite296". Enfin, il s'agissait d'aider les jeunes Olivaints à faire leur entrée dans la vie active. Dans ce dessein, il était demandé aux anciens de signaler, surtout vers la fin de l'année scolaire, les situations à prendre qu'ils connaissaient, mais plus encore d'envoyer à l'association, sur les diverses carrières où ils étaient entrés, des fiches y indiquant les qualités requises, les débouchés et les difficultés. Le nouveau contexte politique, et en particulier l'apaisement de la question religieuse, ont permis la création de cette association. Cela dit, par précaution, cette association des anciens de l'Olivaint prit pour nom « Les amis de l'étudiant ». Toute méfiance n'avait donc point disparu.

Le Père de Pully, un directeur combatif

C'est au RP Pully que le Provincial donna, en janvier 1919, la charge de la Conférence Olivaint. Ce Père Jésuite a conservé la direction de cette oeuvre jusqu'en 1941, date de sa nomination à Angers, ou il est mort le 30 mai 1945297. Henri, Marie-Joseph, Charles Randon de Pully est né le 10 janvier 1877 à Châtellerault. Comme son prédécesseur, il est entré jeune, à 17 ans, dans la Compagnie de Jésus. À la différence du Père Aucler, il fit ses études à Canterbury, le « collège de l'exil », avant d'obtenir une licence de philosophie à la Sorbonne. Il fit un séjour au Caire, de 1903 à 1908. À cette date, il fut ordonné prêtre et séjourna à Marneff, en Belgique, jusqu'en 1913. Pendant la Guerre, il fut aumônier volontaire sur le front. Il avait 42 ans, lorsqu'il fut nommé à la résidence de la rue de Sèvres, à Paris, et prit en charge des oeuvres d'étudiants. Ce personnage avait une allure sévère, qui a marqué 23 générations d'Olivaints :

Le Père de Pully (...) n'avait aucune prestance ; son crâne était aussi vaste que totalement dégarni et son menton prononcé ressemblait à une savate fatiguée qui s'ouvrait sur une dentition clairsemée. Mais le père de Pully était un prêtre. Il priait à longueur de journées. Il attendait de pied ferme nos confessions - à peu près

296 Ibid. 297 Il n'existe aucun travail sur le Père de Pully et, semble-t-il, guère d'archives. Les rares renseignements à notre disposition proviennent d'une fiche signalétique conservée aux Archives jésuites de la Province de Paris, du catalogue de la Bibliothèque nationale, et du témoignage de monsieur André Aumonier. 127 toujours les mêmes -, celles de garçons qui trouvaient en lui l'écoute du père et la foi du religieux298.

La sévérité de l'allure allait de pair avait celle de son esprit. De Pully appartenait en effet à cette génération de Jésuites qui avaient connu l'exil, et nourri de fortes préventions contre la République laïque. Qui plus est, il fut éloigné de France pendant un certain temps, ce qui ne l'a certainement pas rendu plus ouvert à la modernité.

Le groupe d'Institut agronomique

Le Père de Pully adjoignit progressivement à la Congrégation un certain nombre de groupes catholiques d'écoles. Pendant un temps, il s'occupa ainsi de la Conférence Montalembert, non pas celle du 104 rue de Vaugirard mais celle de Saint-Louis de Gonzague, un groupe catholique, en décomposition, qui, selon le Père de Pully, recrutait avant tout dans un milieu "libéral" et "pas très pieux" et, "sans aumônier, émettait les idées les plus saugrenues299". Mais sa principale action fut la création, dans diverses écoles, de nouveaux groupes catholiques spécialisés. En somme, la Réunion des jeunes gens, près de dix ans avant l'ACJF, mettait en oeuvre une spécialisation partielle, la Conférence Olivaint conservant cependant son caractère pluridisciplinaire et sa vocation à réunir les jeunes catholiques de toutes les écoles. Le premier groupe mis en place, timidement, fut celui des élèves de l'Institut national agronomique (INA), fondé avec l'assentiment du directeur de l’école. Émanation de la Conférence Olivaint, il n'en n'a jamais fait à proprement partie, les réunions de ce cercle n'ayant lieu que deux fois par mois et l'Olivaint se contentant de lui prêter ses locaux, sa bibliothèque... et son aumônier300. En 1921, ce cercle prit le nom d'Union catholique de l'INA (UCINA), et comptait alors 62 membres, soit près du quart de l'effectif de l'école, et - à l'image de la conférence-mère, créa une Conférence de Saint- Vincent de Paul.

298 André AUMONIER, Un corsaire de l'Eglise, du patronat chrétien au Secours catholique. Entretiens avec Jean-Nicolas Moreau et Bernard Vivier, et la collaboration de Jacqueline Dornic. Fayard, 1996, p. 26. 299 Lettre du RP de Pully à X, vraisemblablement le Provincial, 26 avril 1919. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 745/3. 300 Ibid., p. 14.

128 Les écoles de conférenciers

La Conférence Olivaint, pour sa part, reprit pour l'essentiel sa physionomie antérieure. Les conférences du mercredi reprirent chaque semaine, et reprirent à la lettre l'ancien règlement. À l’initiative de René Pleven, Alfred Beaucourt et Jean Lepargneur, les cercles d'étude qui, depuis 1906 au moins, préparaient les Olivaints à la prise de parole en public, furent aussi reconstitués, sous le nom d'écoles de conférenciers. Après-guerre, il en existait deux, qui prirent les noms de leurs deux premiers présidents, Beaucourt et Lepargneur, et comptaient chacune une trentaine de participants. Une émulation s'est instaurée entre ces deux groupes, sous la forme d'un débat301. En plus de leur activité intérieure, ces « écoles » déléguaient leurs membres dans différentes oeuvres et différents patronages, notamment à la crypte de Saint-Sulpice, où, devant un public varié, les jeunes Olivaints traitaient des sujets chers à leur cœur. C'est ainsi qu'en 1922, Henry André vint y traiter des « soviets de Russie », à la grande satisfaction du vicaire302, tandis qu'en 1924-1925, M. Boullenger y parla de la Fran-Maçonnerie303.

L'académie des jeunes

À la même date, le Père de Pully décida de créer « l'Académie des jeunes », qui se substitua progressivement aux écoles de conférenciers et partageait le même but : permettre aux plus jeunes de se former entre eux à la parole. Le nom d'académie a été choisi par le directeur pour signifier son désir de donner aux futurs orateurs le souci du langage châtié, de la forme élégante, du mot parfait, "en un mot de la perfection littéraire, que possédaient à un si haut degré les orateurs classiques de l'Antiquité, les orateurs sacrés du grand siècle, mais que nous ne retrouvons que trop rarement dans les discours dont nos représentants au Parlement nous gratifient avec tant d'abondance304".

301 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921". Assemblée générale 1921. Bourges : Tardy-Pigelet, 1921, p. 14. 302 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint". Assemblée générale 1922. Bourges : Tardy-Pigelet, 1922, p. 15. 303 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925". Assemblée générale 1925. Bourges : Tardy, 1926, p 21. 304 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1922, op. cit., p. 18-19.

129 Cette académie tenait ses séances le vendredi, deux fois par mois. La première année de son existence, elle a compté vingt-et-un inscrits, dont treize seulement furent assidus. Deux sujets étaient donnés au choix. Chacun des membres devait préparer l'un des deux sujets, et tous passaient à la tribune. Parfois, le sujet comportait, pour l'auditoire, le droit d'apostropher et d'interpeller, afin d'aider l'orateur à acquérir une plus grande maîtrise de soi. Le tout, sous le regard du Père de Pully, qui donnait aux concurrents une triple note : note de fond et de forme, note de débit, note d'action oratoire. Ces notes, additionnées, donnaient le résultat du concours, décerné deux fois par trimestre305. Cette académie constitua la principale innovation dans le cadre des activités ordinaires de la Conférence Olivaint, qui s'efforçait de ressembler à ce qu'elle avait été avant la Guerre. Le contexte, cependant, a entraîné une nette évolution, tant l'empreinte de la Guerre était important.

L'ESPRIT ANCIEN COMBATTANT

Si l'ultramontanisme et la défense religieuse ont caractérisé l'esprit de la Conférence Olivaint depuis ses origines, l'après-Guerre vit - sans que l'on puisse s'en étonner - le développement d'un esprit ancien combattant, lié principalement à place importante occupée par les Anciens combattants dans les rangs de l'Olivaint.

Le souvenir de la guerre

Pendant les premières années de la nouvelle Conférence Olivaint, le souvenir de la Guerre fut particulièrement présent. D'abord en raison des pertes que le conflit a causées dans les rangs de la Conférence ; mais plus encore par la place occupée par les anciens combattants : les rangs de la Conférence eurent, pendant un temps, une couleur bleu-horizon. Ainsi, la première année d'après-Guerre, le président élu fut Paul Moissinac, officier d'artillerie, Croix de Guerre et ancien secrétaire de la CO en 1914. Ses vice- présidents étaient tous anciens combattants et décorés, Paul Manière de la Croix de Guerre, Joseph du Fontenioux - chartiste - de la Légion d'Honneur, à l'exception de René Pleven, le cadet. Jusqu'en 1926, le bureau de la Réunion a toujours compté des anciens combattants dans ses rangs.

305 Ibid.

130 La Conférence Olivaint ne manqua donc pas d'honorer les siens tombés pendant le conflit. Un véritable martyrologe, en tête duquel figurait le RP Aucler, fut ainsi établi et lu à plusieurs reprises par l'aumônier. Plusieurs messes furent dites pour les morts, et une gerbe fut déposée sur la tombe du Soldat inconnu. En 1921, Henri du Moulin de Labarthète dit le De Profundis306. En 1928, encore, une messe eut lieu en souvenir des morts. Elle fut dite par le RP de la Brière. La Conférence Olivaint entretint ainsi le souvenir de ses morts, soulignant que ceux-ci appartenaient à l'élite intellectuelle et sociale de la Nation :

Notre seul programme aujourd'hui est d'être dignes d'eux et de continuer leur oeuvre. Nous avons dans le monde un rôle à remplir et une place à occuper. Soucieux de remplir ce devoir, nous venons ici chercher la préparation religieuse, intellectuelle et morale, qui nous rendra aptes à tenir dignement cette place et à remplir ce rôle. Nous devons nous armer pour tenir haut et ferme le drapeau de Chrétien et de Français 307

Le général de Castelnau

Très vite, la Conférence Olivaint, à l'initiative de son directeur, entretint des liens avec le général de Castelnau, grande figure de Verdun, député de l'Aveyron de 1919 à 1924. En 1920, Castelnau vint faire une conférence sur l'âme du soldat français, et en mars 1920, trente Olivaints, à son invitation, participèrent à une fête en l'honneur de l'armée française à Liège308. La fidélité du Père de Pully, et de nombre d'Olivaints, à cet homme ne s'est, par la suite, jamais démenti. Cette grande figure de la défense religieuse, président de la Fédération nationale catholique, ennemi juré du Cartel des gauches, correspondait bien à l'état d'esprit de l'Olivaint : conservateur, attaché aux valeurs traditionnelles qu'il jugeait inséparables de la religion, il était en même temps ouvert aux questions sociales et acquis aux efforts pour améliorer la condition des travailleurs.

306 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale 1921, op. cit., p. 13. 307 Ibid. 308 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920", Assemblée générale 1920, op. cit., p. 18.

131 Le cercle d'étudiants soldats

En mars 1920, un groupe d'étudiants-soldats fut créé au sein de la Conférence, qui marquait l'intérêt nouveau de la Conférence pour les questions militaires. Ce « cercle de poilus », comme il se nommait lui-même, regroupait principalement des étudiants affectés à la 20e section de secrétaires d'état-major et d'employés au ministère de la Guerre309. Son but était de permettre aux jeunes soldats de se former sur le plan intellectuel :

En nous donnant l'occasion de penser sérieusement, de réfléchir, les conférences empêchent l'esprit de se rouiller sous la banalité grossière de la vie de caserne. En un mot, c'est un moyen de continuer notre formation de jeunes gens chrétiens310.

Après à peine quelques mois d'existence, le cercle comptait près d'une cinquantaine de membres. L'organisation des séances de ce groupe se calquait sur celle de la CO : une Conférence, lue par l'un des étudiants- soldats, suivie d'une discussion « franche et cordiale ». En 1921, il prit le nom de Cercle militaire, et comptait alors une centaine de participants. Le bureau était, à cette date, présidé par un étudiant en histoire, lequel était secondé par un séminariste. Le cercle comprenait également de jeunes religieux de différentes congrégations, des instituteurs, des commerçants et des employés, et même quelques agriculteurs, que les conférences du jeudi soir intéressaient311.

Dénonciation du traité de Versailles

Progressivement, la Conférence Olivaint a développé un esprit ancien combattant, patriotique, sinon nationaliste, mêlant la fierté de la victoire et la crainte d'un redressement de l'Allemagne. "Avec cette victoire est revenue notre fierté nationale", déclara ainsi Paul Moissinac à l'occasion de la séance de clôture de 1920312. À la Conférence Olivaint, le souvenir de la guerre était avant tout celui de la victoire. Cela dit, le fort sentiment national des Olivaints les poussait à critiquer vertement le traité de Versailles, jugé nettement insuffisant. Ainsi, lorsque

309 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920", Assemblée générale 1920, op. cit., p. 15. 310 X, Compte rendu de la séance du 18 février 1928, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 311 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale 1921, op. cit., p. 12. 312 Séance solennelle de clôture, 1919-1920. Saint-Germain-les-Corbeil, 1920, pp. 2-7.

132 Jean Tissot, élèves des Sciences Po, déclare que le traité de Versailles est mauvais "parce qu'il laisse l'Allemagne puissante" et qu'il n'y a par conséquent pas de sécurité pour l'avenir, il se trouve, aux dires du rapporteur, une unanimité dans la salle pour approuver son point de vue313.

L'Allemagne paiera

Le nom de l'invité annuel est révélateur de l'esprit de la Conférence. Le choix n'est pas anodin, en effet, puisqu'il est le produit d'un vote du Conseil de la réunion et du bureau de la Conférence. Le nom de Castelnau, invité en 1920, symbolisait en quelque sorte les gloires et les douleurs de la Guerre, et la patrie victorieuse. En 1921, l'inquiétude renaissait ; la France se trouvait en face d'un ennemi qui se dérobait à ses obligations : Louis Bertrand, auteur des Villes d'Or, invité alors montrait que les colonies présentaient des rivages pleins de promesses. L'invitation de Barrès, un an plus tard, reflétait aussi cette inquiétude grandissante et l'exaltation du sentiment national à l'Olivaint. Mais il arrivait aussi que des anciens viennent participer aux conférences du mercredi. Ainsi, le 9 mars 1921, Émile Taudière vint-il parler à la Conférence des "Fruits de la victoire". La séance était présidée par René Pleven 314. À ses yeux, le traité de Versailles a réparé la violence de 1871. L'Alsace Lorraine est redevenue française, de même que le Congo, et le traité a donné à la France la propriété des mines de la Sarre. En outre, explique Taudière, la France a quelques précautions contre le danger d'une revanche allemande : la zone démilitarisée, la réduction des effectifs militaires allemands... Mais, précise-t-il aussitôt, "l'Allemagne ne nous a pas tout payé ; elle a fait naître la Guerre, elle doit en payer les frais". Certes, il reconnaît que l'Allemagne ne peut pas tout payer, mais elle doit payer en priorité les réparations et les pensions, et il se dit partisan d'une hausse des droits de douane, voire l'occupation de nouveaux territoires, pour la contraindre à payer. Ce sentiment, fort répandu dans l'opinion publique, est l'une des constantes de l'esprit de la Conférence Olivaint d'après-guerre.

313 Joseph du Fontenioux, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle, 1919-1920, op. cit., pp. 8-34. 314 Compte rendu de la séance, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 133 Entre crainte du pangermanisme et attrait du fascisme

Une des expressions les plus nettes de la crainte qu'inspirait à certains Olivaints la perspective d'une renaissance de l'Allemagne est l'intervention de Georges Monnier l'issue d'un exposé de Longaud sur les partis politiques en Allemagne, en 1923 : "vous dites, lança-t-il, qu'il n'y a que 25 pangermanistes au Reichstag et vous concluez que leur règne est terminé ? À la chambre italienne, les fascistes n'étaient pas plus nombreux, et voyez ce qu'ils ont fait315". On se méprendrait, cela dit, en interprétant aussi cette intervention comme une condamnation implicite de la conquête du pouvoir par Mussolini. Le même Monnier, la même année, dans un exposé sur « L'Italie d'après-guerre et le fascio », clama haut et fort ses sympathies pour le régime fasciste, dans lequel il appréciait l'ordre et l'autorité autant que le lien unissant à ses yeux le Pape et Mussolini. Et si, précise le rapporteur, quelqu'un eut l'audace de lui rappeler "le sang que cette réaction a fait couler", c'était pour s'entendre répondre aussitôt : "Une opération chirurgicale est sanglante... Qui cependant doute de son efficacité ? 316 ". Il est impossible, cela dit, à partir de ce seul exemple, de se faire une idée de l'opinion des membres de la Conférence sur la situation en Italie. Il n'est pas impossible, toutefois, que d'autres Olivaints aient été séduits par le régime fasciste naissant. Georges Monnier, en outre, n'était pas un Olivaint quelconque, mais le président de la Réunion des jeunes gens, de 1920 à 1922.

FACE A L'ENNEMI INTERIEUR

La méfiance vis-à-vis de l'ancien ennemi allemand s'est accompagnée, tout au long des années vingt, d'une dénonciation de l'ennemi intérieur. La Conférence Olivaint s'est ainsi révélée comme étant un bastion de l'anticommunisme, de l'antimaçonnisme et de l'antisémitisme.

315 Pierre Goubaux, "Rapport sur les travaux de l'année". Séance solennelle de clôture, 1923. Bourges : Tardy-Pigelet, 1924, p. 15. 316 Ibid., p. 16.

134 La politique entre à l'Olivaint

L'antisémitisme et l'antimaçonnisme n'étaient certes pas une nouveauté à la Conférence. Mais ils furent, après la Guerre, abordés plus franchement par les Conférenciers, les débats semblant avoir pris une tournure un peu plus politique au début des années vingt. Certes, le vieux règlement était toujours en vigueur, et notamment l'article 10, qui bannissait la politique des discussions. Mais, comme le relève Henri du Moulin de Labarthète, on ne jurerait pas " que la perspective de grignoter l'article 10 n'ait été, certains soirs, pour quelque chose dans l'afflux des contradicteurs à la tribune. La règle est bien tournée, mais l'on hésite à croire que la guillotine présidentielle fonctionnera pour de si légères infractions et, de fait, elle s'abstient le plus souvent317". En outre, l'interprétation traditionnelle et restrictive de l'article en question est toujours de mise : "Nous avons respecté l'article 10 de notre règlement : nous n'avons pas conspiré contre le régime", déclare ainsi Pierre Goubaux318. Mais les esprits ont changé, et l'application du règlement est d'autant moins stricte que la menace des foudres de l'administration républicaine s'est éloignée du fait de l'apaisement de la question religieuse. La question du régime, elle, demeure cela dit controversée, et, comme on le verra, il demeure au sein de la Conférence des adversaires résolus du régime républicain. L'interdit formel demeure, mais la politique fait aussi son apparition dans l'intitulé même des sujets des conférences, sous le vocable de « sociologie ». C'est sous ce terme, en effet, qu'en 1919-1920, l'on désignait les exposés politiques, comme celui, intitulé « A-t-on le droit d'être libéral ? », d’Henri Auffray :

Si, explique Joseph du Fontenioux, vers 1910 ou 1912, un conférencier avait manifesté l'intention de prendre pour sujet d'étude cette simple question (...), le bureau se fut réuni d'urgence ; il eut convoqué le hardi orateur... exigé la soumission préalable du texte... En 1920, et ceci est une indication de l'orientation

317 Séance solennelle de clôture, 1921. Bourges : Tardy-Pigelet, 1921, p. 12. 318 Séance solennelle de clôture, 1922. Bourges : Tardy-Pigelet, pp. 6-20.

135 des esprits, ici ou ailleurs, la question fut posée sans que personne ne s'en inquiétât à l'avance319.

Il est vrai que le sujet était brûlant, et Auffray tendait à répondre par la négative, condamnant en bloc le libéralisme. Lors de la discussion qui suivit la conférence, il se trouva même un membre, Jean Tissot, pour affirmer le plus sérieusement du monde qu'à ses yeux, le libéralisme n'était rien de moins qu'un péché : "La grande faute sociale de cette doctrine, expliqua-t-il, est de considérer chaque homme indépendamment de ses semblables320". De fait, la politique a véritablement acquis droit de cité au 12 rue d'Assas à partir du début des années vingt, et en 1924, on n'employait plus le terme de sociologie dans les comptes rendus, mais de politique proprement dite. On parlait ainsi de sujets politiques, au même titre que l'on évoquait les sujets littéraires, religieux, ou philosophiques. En cela, la Conférence Olivaint avait bien connu une évolution notable.

Contre le bolchevisme

En fin de compte, le renouveau du nationalisme, qui avait touché la Conférence avant-guerre, n'a été que peu affecté par le Conflit. Au lendemain de la Guerre, la Conférence Olivaint demeurait un bastion du nationaliste. Cela dit, le sentiment nationaliste des Olivaints tendait à se reporter sur d'autres adversaires, ainsi le bolchevisme :

Il faut, déclare le président des Anciens, Maurice Papillon, lors de l'Assemblée générale de 1920, nous préparer à de nouvelles luttes. Ce n'est plus contre « l'invincible armée allemande » que nous avons à combattre ; la Providence l'a punie de son orgueil, et d'ici des années nous n'avons plus à la redouter. C'est contre l'ennemi de l'intérieur que nous avons à nous défendre. Les meneurs bolchevistes, à la solde de l'étranger, profitant des difficultés économiques au milieu desquelles nous nous débattons, tentent un suprême effort pour amener le bouleversement social, dans lequel ils espèrent voir sombrer la patrie. Ils font appel aux basses passions, qu'aucun frein religieux ne retient plus, pour arriver à leur but321...

319 "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1919-1920, op. cit., pp. 8-34. 320 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 321 Maurice Papillon, Assemblée générale 1920, op. cit., p. 33.

136 Pour combattre le "bolchevisme", Maurice Papillon invitait les Olivaints à faire appel à la "clairvoyance du peuple de France", et en appela à l'union des classes, "pour refaire la richesse et la prospérité" du pays. Il appartenait donc selon lui aux Olivaints d'aller vers "le peuple" :

Vous irez à lui et vous lui montrerez le mensonge des sophismes qu'on lui expose, vous ferez droit à ses légitimes revendications, vous lui redonnerez par votre exemple l'amour du travail qu'il semble avoir oublié, et vous lui referez une mentalité chrétienne322.

Cette exhortation n'est pas restée lettre-morte. Nombre d'Olivaints, en effet, sont allés porter la « bonne parole » dans des milieux exposés aux idées progressistes, aussi bien dans la crypte de Saint-Sulpice que devant des publics hostiles.

Antisémitisme et anti-maçonnisme

L'évocation de sujets religieux, comme autrefois, donne lieu à des discussions agitées et souvent teintées d'antimaçonnisme. Ainsi, lorsque Joseph Hours évoque, dans un exposé, la question religieuse en France au XIXe siècle, la discussion permet à certains de mettre en avant "le rôle des Francs-maçons, des Juifs et des Protestants dans les luttes contre l'Eglise", tandis que du Moulin de Labarthète tient à stigmatiser "le rôle anticlérical joué par Gambetta323". Comme auparavant, il n'est pas rare que des séances entières soient consacrées à ces questions ; mais ces séances ne donnent guère lieu à de réels débats. Ainsi, lorsque, Paul Manière, dans un exposé sur la Franc- maçonnerie, déclare que celle-ci est "l'ennemi le plus sournois, tenace et puissant de l'Eglise" et que "cette volonté de désordre et d'anarchie [qu'elle] incarne ne peut avoir qu'une origine satanique", il ne se trouve guère de contradicteurs. Le 16 mars 1921, M. Nourrisson, avocat à la cour d'appel vint évoquer l'histoire de la Franc-maçonnerie. La séance, en l'absence du président Pleven, était présidée par le vice-président, Henri du Moulin de Labarthète, qui accueillit le conférencier en le félicitant de son récent ouvrage sur la Franc-maçonnerie, laquelle fut - sans surprise - dénoncée et

322 Ibid. 323 Joseph du Fontenioux, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle, 1919-1920, op. cit., pp. 8-34. 137 vilipendée tout au long de la séance. Faut-il en déduire que l'assemblée, ne disant mot, consentait, et partageait dans sa totalité ces points de vue ? Vraisemblablement pas - il est difficile en tout cas de faire de généralités. Il est clair, cependant, que l'antisémitisme et l'antimaçonnisme - de même, dans une moindre mesure, que l'antiprotestantisme - étaient des opinions dominantes à la Conférence Olivaint d'après-Guerre.

La haine du Juif

Peu de sentiments étaient aussi répandus, en effet, que l'antisémitisme dans ce cercle catholique. Et rares étaient les exposés qui n'offraient aux antisémites les plus forcenés l'occasion d'exprimer leur haine. Ainsi un exposé sur l'Autriche, de M. de Saint-Chamas, est-il prétexte à mettre en évidence le "rôle néfaste des Juifs en Europe centrale324". Il y avait, il est vrai, parmi les membres de la Conférence, à l'image de Louis Delsol avant la guerre, des antisémites particulièrement virulents. Georges Bracquart, par exemple, homme d'une haine et d'une idée : la haine, c'est celle du Juif, l'idée, c'est que le Juif est partout :

Contre le Juif, rapporte , M. Bracquart, avec ténacité, avec conviction, presque avec mysticisme, prêche la croisade. Même si l'on ne partage pas toutes ses manières de voir, on ne peut moins faire que rendre hommage à sa documentation, à sa bonne foi et à son talent325.

On devine que le rapporteur ne partage totalement pas cette haine exprimée par l'orateur. Il distingue, au demeurant, parmi les interventions qui se produisirent pour appuyer ou contredire Georges Bracquart, celle de monsieur Lapierre, "en faveur de la paix entre tous les bons Français". Une intervention d'autant plus remarquée, ajoute-t-il, "que cet orateur vigoureux est généralement d'humeur plutôt belliqueuse326". La haine du Juif, comme avant le conflit, est donc le fait d'une minorité de membres ; mais l'antisémitisme, lui, est largement répandu.

324 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 325 Georges Bidault, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1922, op. cit., p. 27. 326 Ibid.

138 Dénonciation du sionisme

Ce dernier, cela dit, s'est double à cette époque d'une dénonciation de l'aspiration des Juifs à fonder un état. Ainsi, dans une conférence du premier janvier 1921, Mignot s'en est-il pris au sionisme. Il s'efforça d'abord de montrer comment, malgré la diaspora, les Juifs avaient conservé la tradition d'Israël, grâce au Talmud, "à l'institution du ghetto et des persécutions elles-mêmes327". Il situa ensuite la naissance du mouvement sioniste en à la fin du XVIIIe siècle, sous l'influence de Mendelsohn, le grand père du musicien, et attribua une bonne part de son développement au XIXe siècle à l'action du docteur Ernst. Mais, souligne Mignot, si la revendication des sionistes était la création d'un État juif indépendant, il n'était pas question de la Palestine, du moins jusqu'au Congrès de Bâle en 1889. L'orateur s'en prenait surtout à l'attitude des Anglais, et souligna la difficulté d'un tel rassemblement de peuples divers sur un territoire si étroit. Tel était bien l'avis du président de séance, René Pleven, qui, après avoir félicité le conférencier, "proclame l'éternité du problème juif328". Et la discussion s'engagea, vive, autour de la solution à apporter au dit problème, certains proposant des solutions extrêmes, ainsi René Derville qui - sans obtenir l'acquiescement du conférencier, plus mesuré - proposa de réunir tous les Juifs sur un territoire isolé "que viendraient bombarder des avions329".

Ultramontanisme et conservatisme

De même, la Conférence Olivaint demeurait un haut lieu de l'ultramontanisme. N'entend-on point, la première année après la guerre, le jeune Henri du Moulin de Labarthète exprimer sa confiance en la SDN, "à condition qu'elle trouve enfin son chef naturel, le Pape, et son véritable fondement international, l'Eglise330" ? Sous la direction d'un Jésuite de choc, le Père de Pully, l'Olivaint entendait donc toujours se placer sous l'autorité du Pape, et l'intervention du jeune Du Moulin sonne comme en

327 Compte rendu de Jean Larcena, Archives Jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 328 Ibid. 329 Ibid. 330 Séance solennelle de clôture, 1919-1920, op. cit., p. 33. L'exposé avait pour titre "Impérialisme et nationalisme". 139 écho à celle d'un Béchaux qui, en 1876, déjà, proposait l'arbitrage pontifical pour régler les conflits. Cette fidélité à la Papauté s'accompagnait d'une hostilité toujours vive à l'encontre de la loi de séparation, qu'exprima par exemple Georges Monnier, dans une allocution adressée à Gustave de Lamarzelle :

Aujourd'hui où l'on voit des catholiques déclarer intangibles ces lois que Pie X avait qualifiées d'iniques, sacrifiant ainsi leurs convictions à leur fortune politique, nous, qui éprouvons de toutes nos forces juvéniles cette attitude soumise et asservie, nous sommes heureux de vous avoir à notre tête, vous qui n'avez jamais pactisé, et n'avez jamais désespéré de la cause de l'Eglise 331!

La question religieuse, cela dit, était beaucoup moins traitée qu'autrefois. Dans l'après-guerre, il y eut avant tout un grand développement des sujets diplomatiques. Cela reflétait, naturellement, une modification des préoccupations des Olivaints : si la nécessité d'assurer à l'Eglise de France un statut légal pouvait leur paraître toujours aussi pressant, l'avenir de l'Eglise ne leur apparaissait plus aussi sombre. En tout cas, la CO demeurait un cénacle réactionnaire, dont l'étroitesse du recrutement n'avait d'égale que celle des idées conservatrices de ses membres. On peut même se demander dans quelle mesure la Conférence n'est pas plus conservatrice encore que dans l'immédiat avant-guerre. En effet, outre que les sujets sociaux ont pratiquement disparu des discussions, la question du Ralliement comptait à nouveau, comme aux plus belles heures des années 1890, parmi les plus controversées et les plus susceptibles de susciter des débats houleux. C'est pourquoi, en 1922-1923, M. de la Villemanque, dans un exposé sur le Cardinal Lavigerie, évoqua avec une extrême prudence cette question332. Ce renouveau du conservatisme s'explique en grande partie par le retour en force des étudiants d'Action française au sein de l'Olivaint.

331 Assemblée générale 1921, op. cit., p. 10. 332 Pierre Goubaux, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1923, op. cit., pp. 18-19. 140 Chapitre II : Action sociale et action catholique

Fidèle à ses traditions, la Conférence Olivaint reprit, au lendemain du conflit, ses activités sociales. En effet, si la vie religieuse semblait connaître un déclin progressif, il n'en allait pas de même de l'action sociale et de l'action catholique, qui s'intensifiaient relativement et tendaient à se diversifier.

DES PATRONAGES AUX OEUVRES OUVRIERES

Les patronages demeurent le lieu privilégié de l'action sociale des Olivaints, mais une nouvelle forme d'apostolat s'organise autour de la question ouvrière, et donne lieu à des échanges fructueux avec les Équipes sociales de Joseph Garric.

Le patronage de Pantin

L'un des patronages les plus importants dont s'occupent des Olivaints était celui de Pantin, où s'affaire André Griffaton et, où, chaque mois, un Olivaint vient donner une conférence. En 1922, le thème retenu est celui des provinces françaises : chaque conférencier vante aux jeunes pantinois les beautés de sa province. Que l'on imagine un Paul Viot, "aimable tourangeau, dont le visage reflète les grâces de sa Touraine", cherchant à convaincre les petits ouvriers de ce faubourg industriel, qu'il y a, aux bords de la Loire, "une charmante petite ville répondant au joli nom d'Amboise" où il fait "bon vivre sous un ciel harmonieux, dans une belle lumière transparente, en visitant sa vigne333" ! Les Olivaints s'occupent aussi des patronages de Saint-Louis-de- Gonzague, Saint-Charles, Saint-Denis, et du patronage des Hirondelles. Il est difficile de savoir combien de membres se sont investis dans ces actions, mais l'effectif de la Conférence Saint-Pierre-Saint-Paul, 20 membres en 1922, en donne une idée. En 1926, il y a encore 23 membres actifs, qui visitent 25 familles et s'efforce de procurer aux enfants des vacances à la campagne334.

333 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1922, op. cit., p. 15. 334 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926". Assemblée générale 1926. Bourges : Tardy, 1926, p. 10. 141 Cercles d'apprentis

Un cercle d'apprentis fut créé dans la maison des apprentis de la rue de Crillon, par le Père de Pully, en réponse à la demande du directeur laïque de la maison, qui se serait plaint de voir ses jeunes apprentis trop délaissés du point de vue spirituel335. Trois étudiants de la Conférence, Derville, Barbezieux et Montcheuil, furent mis à contribution : régulièrement, une Conférence est organisée, pendant laquelle le Père appelle un à un les apprentis et s'occupe de leur formation chrétienne individuelle ; un goûter est ensuite servi.

L’œuvre de Billancourt

Les patronages demeurent donc l'une des activités les plus choyées par les Olivaints qui, par ailleurs, continuent de s'investir dans la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, qui, en dehors de ses réunions hebdomadaires du vendredi, "visite le quartier populeux de Montparnasse336". Mais les oeuvres ne sont plus aussi nombreuses qu'avant-Guerre, et s'apparentent plus à des initiatives privées de membres - à l'image de l'action d'un René Derville, étudiant en lettres, pour les Orphelins d'Auteuil - qu'à des actions organisées. À cela, une exception notable cependant. En mars 1919, en effet, René Pleven fonda, avec Alfred Beaucourt, professeur d'économie politique à , l’œuvre ouvrière de Billancourt qui a connu un développement notable : le jeune étudiant des Sciences Po a en effet pu installer dans les locaux de l'usine Renault, une bibliothèque populaire - qui, à la fin de l'année 1919, comptait 250 abonnés - et un bureau de consultations juridiques ouvert chaque semaine337. L’œuvre, à laquelle ont contribué plusieurs Olivaints, parmi lesquels du Fontenioux, Manière, et Cosserat, a reçu l'appui matériel du "Catholic war Council", une organisation américaine qui a mis à disposition de l'Olivaint ses locaux de la route de Versailles. Des cours y ont été organisés, aux sujets pour le moins divers, puisque l'on y traitait tout aussi bien de français, d'anglais, de calcul, de dessin industriel que de sténodactylographie ou de comptabilité. Des

335 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale 1921, op. cit., p. 16. 336 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920", Assemblée générale 1920, op. cit., p. 20. 337 Ibid., p. 19.

142 consultations juridiques y étaient données chaque semaine, pour aider les ouvriers dans leurs démarches administratives. Enfin, des conférences contradictoires y furent organisées ; parmi les têtes d'affiche, on retrouve le général de Castelnau. Rien n'indique, cependant, que ces conférences aient connu un réel succès auprès des ouvriers.

L'action oratoire et l'agitation politique

Le goût de l'action, cependant, est bien plus sensible parmi cette nouvelle génération d'Olivaints ; une action, cependant, moins sociale ou religieuse que politique. Le premier type d'actions des Olivaints est la prise de parole à l'extérieur de la Congrégation. On recense ainsi, en 1921, quinze conférences données par des Olivaints, au Cercle Fides de la rue Bonaparte, au Cercle catholique ouvrier de la Villette ou encore au Cercle d'études de la section syndicale des employés de Neuilly338. En 1922, Jean Vallet fit une conférence à la maison du peuple du 6e arrondissement de Paris sur « L’œuvre sociale de M. de Mun et du marquis de la Tour du Pin339 ». En 1923, Alexandre Richou, alors vice-président de la Réunion, traita de « l'autorité dans le Mariage chrétien » au Congrès de l'Association du Mariage chrétien340. Ces conférences étaient fréquentes : Bidault et Boissard, par exemple, en firent en 1924-25341 . Les Olivaints pratique aussi parfois une forme d'apostolat offensif, qui consiste, selon les termes de Georges Monnier, à "répandre des idées justes dans les milieux ou triomphe facilement l'erreur342". En somme, de faire de l'agitation dans les réunions publiques des partis de gauche. En 1922, à deux reprises, des opérations de ce type furent organisées dans des réunions du parti socialiste. Dans la première, consacrée à l'Internationale, Jean Mizzi, élève de l'Ecole des Mines, prit la parole pour expliquer "les saines

338 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale 1921, op. cit., p. 12 339 Ibid., p. 15. 340 Roger de Saint-Chamas, "La vie de la Conférence en 1923". Assemblée générale 1923. Bourges : Tardy-Pigelet, 1923, p. 12. 341 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale 1925, op. cit., p 21. 342 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1922, op. cit., p. 17.

143 doctrines343". Dans une autre réunion de la Section française de l'internationale ouvrière (SFIO), à Versailles, c'est un jeune Olivaint de moins de 18 ans, Jaques Petit, qui prit la parole :

Un orateur prétendait prouver l'inexistence de Dieu. Petit demanda la parole et prouva, textes en main, que Voltaire, Rousseau, Darwin, Lamarck et beaucoup d'autres croyaient en Dieu. Il descendit de la tribune au milieu d'un silence impressionnant344.

Difficile, cependant, de dire si c'est à son cran ou à son jeune âge, de n'avoir pas été expulsé de la salle. Ce type d'action est assez fréquent dans les années vingt. En 1926, par exemple, on peut lire dans un rapport annuel que M. Huntzinger "aime la bataille et affronte les réunions communistes345". Un second type d'action est, au-delà de l'action oratoire, l'action sur le terrain : ainsi, lors de la grève du premier mai 1920, plusieurs membres ont donné leur concours aux compagnies de transport. Binaud et Pleven se sont mis au service des compagnies de chemins de fer, Coppin s'est fait chauffeur d'autobus, Viot et Broucker, receveurs346. Naturellement, les rapports tendent à présenter cette action comme étant parfaitement spontanée ; cela dit, il est fort vraisemblable que cette participation de cinq Olivaints fut encouragée, sinon par l'aumônier lui-même, du moins par quelque annonce passée lors d'une séance de l'Olivaint.

Joutes oratoires

Autre activité fréquente, les joutes oratoires, qui opposaient la Conférence Olivaint à sa sœur cadette, la Conférence Montalembert du collège Saint-Louis-de-Gonzague, rue Franklin. En 1923, le thème de la joute fut le fascisme. La Conférence délégua un président de séance, Jean Rey, et quatre orateurs, deux pour et deux contre le Fascio. À l’issue des débats, un vote fut organisé, et le fascisme l'emporta avec 31 voix contre 27347. Naturellement, il convient de ne voir dans ces résultats aucun signe de

343 Ibid. 344 Ibid. 345 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit., p. 10. 346 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920", Assemblée générale 1920, op. cit., p. 21. 347 Roger de Saint-Chamas, "La vie de la Conférence en 1923", Assemblée générale 1923, op. cit., pp. 11-12. 144 séduction par l'expérience fasciste, car il s'agit avant tout d'un exercice oratoire. Un second débat, en 1926, est, cela dit, plus révélateur : le thème était en effet l'école unique et, indique le rapporteur, si la lutte fut chaude, "les laïcards [...] mordirent heureusement la poussière348".

La création d'un comité d'action

Ce foisonnement d'activités politiques et sociales a conduit l'association à constituer en son sein un comité d'action, destiné à éviter la dispersion des forces et coordonner l'activité des membres de la Conférence. Il est divisé en cinq secrétariats : le secrétariat général, le secrétariat d'ACJF, chargé de maintenir le contact avec cette dernière, le secrétariat de Billancourt, qui centralise tout ce qui concerne l’œuvre ouvrière, le secrétariat des conférenciers, et le secrétariat du recrutement, chargé notamment du parrainage volontaire en faveur des nouveaux venus349.

UN CENTRE DE FORMATION DE LA JEUNESSE CATHOLIQUE

Dans le courant des années vingt, la Conférence Olivaint a poursuivi sa collaboration avec l'ACJF, et tissé des liens avec d'autres organisations. En cela, elle a continué à servir de pépinière pour une partie de la jeunesse catholique parisienne.

De moindres liens avec l'ACJF

Proximité géographique aidant, il existe toujours des liens avec l'ACJF. Ainsi la CO offre-t-elle régulièrement à son voisin des secrétaires bénévoles, des bibliographes ou des commissaires pour les actions entreprises par l'Association catholique à Paris. On trouve ainsi, en 1922, six Olivaints dans les commissions de l'ACJF : Georges Bidault, de Gaulejac, Richou, Chenain, Pilat, et Grassin350. En 1923, Georges Bidault et René Pleven, tous deux Olivaints, sont élus au Comité général de l'association. L'année suivante, en 1924-1925, Bidault est élu vice-président, tandis que dix Olivaints oeuvrent dans différentes commissions : René Pleven, Jean

348 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, p. 10. 349 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1922, op. cit., p. 19. 350 Ibid., p. 13.

145 Levêque, Galopin, Debray, Halluitte, Ploix, Teisserenc, de la Taillade, du Ponceau, et Rémy Pasteau351. La Conférence Olivaint est toujours présente aux congrès. Ainsi, en 1926, Planchenault présente-t-il un rapport sur « l'évolution de la vie régionale352 ». Bidault et de Verdière, notamment, ont pris part à ce congrès. De même, il est fréquent qu'une délégation de l'Olivaint participe aux pèlerinages de l'Association catholique ; celui de 1925 rassembla sept Olivaints, dont Georges Bidault et Debray, derrière le Père de Pully353. Cependant, outre que la part des Olivaints participant activement aux activités de l'ACJF est très faible, il semble qu'une place moins importante y soit accordée par le Père de Pully, plus soucieux, peut-être, de fédérer les étudiants, que de les perdre dans une association généraliste. Cela explique en partie l'attrait croissant de l'Olivaint pour une autre association fédérale catholique, la Fédération française des étudiants catholiques (FFEC), vers laquelle l'Olivaint s'oriente progressivement.

Les Équipes sociales

D'autre part, des liens ont été tissés avec de nouvelles organisations catholiques, notamment les Équipes de Robert Garric. L'universitaire, ancien combattant, se proposait, dans son organisation fondée en 1919, de permettre des échanges et des liens amicaux entre jeunes intellectuels et jeunes travailleurs. Il fut l'invité de la Conférence Olivaint, en 1924-1925, lors d'une séance consacrée aux équipes sociales354. Dès 1922, Cantenot et Perret participaient aux Équipes sociales : ils furent rejoints l'année suivante par Jean Daniélou, Rémy Pasteau et Colin de Verdière, plus tard par Charles Boissard, de Clapiers, et Camus355.

351 Assemblée générale 1925, op. cit., p. 13. 352 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit., p. 10. 353 Ibid. 354 Séance solennelle de clôture, 1925. Bourges : Tardy, 1926, p. 18. 355 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit., p. 10. 146 Le groupement universitaire pour la Société des Nations

Une autre organisation à laquelle des Olivaints ont prêté leur concours fut le Groupement universitaire pour la Société des nations, fondé pendant l'hiver 1922-1923. Il s'agissait pour les fondateurs de cette organisation, au nombre desquels on trouve le journaliste Robert Lange et René Pleven, d'animer sept commissions d'études chargées de populariser dans la jeunesse étudiante et lycéenne les idéaux de la SDN et de développer des contacts. L'association, en 1924, revendiquait 2500 adhérents. On comptait au nombre de ses soutiens René Cassin, Léon Bourgeois ou Henri de Jouvenel356. Plus tard, Georges Pompidou en fit même partie. Dès 1923, on trouve trace dans les rapports annuels de la participation de membres de la Conférence Olivaint au GUSDN357. En l'occurrence, il s'agit de Pleven, Bidault, Levêque et Doulcet qui, aux dires de Roger de Saint-Chamas, "s'emploient à donner à cette institution d'esprit vraiment chrétien, ce qui est le seul moyen de rendre ladite Société (la SDN) viable et utile358".

Former un homme complet

Au travers de ces multiples activités, qui reflètent la diversité du recrutement, c'est la prétention de l'Olivaint à former un homme complet qui est affirmée : "Un Catholique soucieux d'exercer une influence un peu sérieuse doit être un homme aussi complet que possible", affirmait le Père de Pully359. La Conférence Olivaint, tout en diversifiant ses activités et ses liens à l'extérieur, veille à éviter toute spécialisation - et combat le « compartimentement » des études ; c'est pour ne pas restreindre leur champ intellectuel que les élèves de toutes spécialités doivent, dans l'esprit du Père de Pully, se mêler les uns aux autres :

La CO restera fidèle à l'excellente tradition de ses anciens. Elle demeurera une grande famille ouverte à tous les étudiants, à quelque école ou Faculté qu'ils appartiennent, et qui sont soucieux de se connaître, de se rapprocher, en tant que

356 Gilles LE BÉGUEC, "Le groupement universitaire pour la société des nations (1922-1939), Provinces contemporaines, n°1, 1990, Limoges, pp. 33-48. Cité par Christian BOUGEARD, René Pleven, un Français libre en politique, Presses universitaires de Rennes, 1994, p. 35. 357 Roger de Saint-Chamas, "La vie de la Conférence en 1923", Assemblée générale 1923, op. cit., p. 12. 358 Ibid., p. 13. 359 Assemblée générale 1923, op. cit., p 20.

147 catholiques, pour mettre en commun leurs ressources diverses, et se créer un foyer de vie intellectuelle large et désintéressée, capable de les aider à devenir ce qu'ils doivent être : une élite de l'esprit, et donc une élite morale360.

Cela dit, le Père de Pully ne manquait jamais pas de mettre en garde les Olivaints contre les risques qu'ils encourent en privilégiant l'action - et notamment l'action sociale. Il leur fallait, disait-il, penser aussi à acquérir une valeur par leurs études et par la piété, "pour éviter l'insignifiance intellectuelle et l'insuffisance de la vie intérieure361".

UN DECLIN DE LA PRATIQUE RELIGIEUSE ?

La fin de l'obligation d'appartenance à la Congrégation, la diversification des activités de la Conférence, ont, il est vrai, entraîné un relatif déclin de la pratique religieuse au sein de l'Olivaint.

Permanence des obligations religieuses

La place de la vie religieuse, au sein de la Réunion tendait - au regard des effectifs croissants - à toucher une part de plus en plus infime des Olivaints. Obligation était faite, en principe, aux membres titulaires, c’est-à-dire congréganistes, de se plier aux obligations religieuses, qui comprenaient la messe bimensuelle, et - règle non écrite mais ô combien intangible - la confession. S'agissant de la messe, une comptabilité soignée des rapporteurs successifs nous indique que la moitié des inscrits y assistaient, en moyenne : il y eut ainsi 100 présences pour 200 membres en 1921, contre 70 pour 132 membres l'année précédente. On sera édifié d'apprendre - toujours de la bouche des rapporteurs - que le nombre des communiants tendait à augmenter ! Il est ainsi passé de 40 à 70 en moyenne, pendant la même période362. Le RP de Pully était particulièrement attentif à cette question ; dans une lettre au RP Provincial, en date du 26 avril 1919, il écrivit, au

360 Ibid., p. 21. 361 Ibid., p. 22. 362 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale 1921, op. cit., p. 12.

148 sujet du nombre de communiants : "Ce n'est pas encore l'idéal. Mais l'esprit est bon. Je suis content363" . Par la suite, il semble que l'affluence à la messe ait diminué ; en 1925-1926, il y avait encore souvent la moitié des membres, parfois le tiers, et beaucoup communiaient, mais le rapporteur relève qu'un nombre croissant de Provinciaux préféraient retourner dans leur famille, le dimanche364. L'indiscrétion des rapporteurs ne s'étend pas aux confessions, et il n'existe donc pas de comptabilité de ce sacrement. Cela dit, il ne fait guère de doute qu'un passage régulier par le bureau du Père directeur - qui recevait toute la journée - était recommandé. Le Père de Pully appelait lui- même les confessions « Confessions-causeries365 ». Il s'agissait donc vraisemblablement plus d'une direction de conscience que d'une confession à proprement parler. Ces discussions étaient destinées à orienter les jeunes Olivaints dans leurs études et leur vie personnelle, peut-être aussi à déceler ou encourager quelque vocation. En tout cas, le rôle du Père directeur ne s'y limitait pas :

Il faut, écrivit le Père de Pully, préparer pour chaque jour, et adapter à des écoles diverses, une conférence intéressante et une discussion sérieuse et formatrice pour l'esprit ; il faut que je sois présent à la tribune, à côté de mon président, pendant toutes les séances, afin de surveiller et de rectifier les idées émises, de reprendre la question en fin de séance moi-même pour que tout soit net et précis, et de mettre de la vie dans mes réunions, condition essentielle du succès366.

Le rôle du Père directeur n'a donc pas beaucoup changé, par rapport à l'avant-guerre. À la grande différence de la période antérieure, cela dit, l'entre-deux guerres a été marquée, à l'Olivaint, par une extraordinaire stabilité de la direction, puisque le Père de Pully est resté vingt-trois ans à la tête de l'Olivaint. Son autorité sur les Olivaints et sur le Conseil de la Réunion en fut certainement renforcée. Plus que jamais, l'aumônier-directeur occupe une place essentielle et déterminante.

363 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 364 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit., p. 10. 365 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 28 novembre 1928. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 366 Ibid.

149 Cercle religieux

Dès 1920, le Père de Pully institua aussi un cercle d'instruction, pour compléter la formation apologétique des membres de la Conférence. La première année, les séances, qui eurent lieu chaque lundi soir pendant le Carême, réunissaient 25 auditeurs autour de l'aumônier. Les années suivantes, les effectifs connurent une croissance plus faible que ceux de la Conférence dans son ensemble. En 1922, le sixième seulement de l'effectif a suivi ces conférences du lundi, consacrées à l'unité, la sainteté et l'apostolicité de l'Eglise catholique367.

Les retraites fermées

Dès 1920, les retraites fermées de trois jours - qui ont lieu chaque année, en général, peu après Pâques à Clamart, Montsoult et Mours368. Elles ont d'abord connu un développement important : dès 1921, le nombre des participants, soixante-deux, dépassait ceux connus avant la guerre369. Mais la tendance s'est inversée dès l'année suivante : en 1922, il y eut cinquante- deux retraitants370. Le Père de Pully inaugura en 1922 une seconde retraite en juillet pour ceux qui ne pouvaient pas participer à la première, mais il ne put enrayer le déclin : dix Olivaints participèrent à la retraite de juillet 1922371, trente-huit aux deux retraites de 1923 et quarante-deux aux trois retraites de 1924 (mai, juillet et octobre). Enfin, il n'y eut que trente participants à la retraite fermée de 1926372. En outre, le Père de Pully et les anciens se plaignaient du faible nombre de jeunes à ces retraites :

Nos jeunes amis de 18 ans, échappés hier du collège, sont comme les poussins au sortir de l’œuf ! ils n'ont pas fait craquer pour rien de leur bec encore jaune la coque du collège ! Rentrer si vite « en coque », fût-ce pour trois jours, les effarouche un peu. Réfléchir, méditer, n'est pas l'exercice favori de l'extrême jeunesse. Et puis,

367 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1922, op. cit., p. 13. 368 Henri de Forbin, Assemblée générale 1931 et année 1932, op. cit., p. 7. 369 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale 1921, op. cit., p. 12. 370 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1922, op. cit., p. 13. 371 Assemblée générale 1923, op. cit., p. 10. 372 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit., p. 10. 150 sacrifier tel Meeting à la salle Wagram, tel dîner en société..., tout cela est bien pénible pour certains de nos cadets373 !

En somme, il faut que jeunesse se passe. C'est du moins le message que l'on s'efforce de faire passer. "La retraite, déclare encore Monnier, est une nourriture autrement substantielle qu'un « fin dîner » ou qu'une surprise-partie, le buffet serait-il exquis, la musique parfaite et les danseuses charmantes374!". Car la retraite est la « cellule nourricière » de l'âme de la Réunion des jeunes gens, et l'âge d'or de la Conférence, aux yeux de beaucoup, prendrait fin "le jour où les nouveaux n'auraient plus l'esprit de la Congrégation et ne feraient plus en très grand nombre la retraite annuelle375".

Une moindre ferveur religieuse ?

Très tôt, le RP de Pully s'est plaint de la moindre ferveur religieuse des nouvelles recrues. La participation aux messes de quinzaine, aux retraites, après avoir connu des sommets dans l'immédiat après guerre, était, il est vrai, le signe d'une lente mais sensible décrue. En 1925, le président de la Réunion relevait que l'aumônier se plaignait que les jeunes communiaient moins, se confessaient moins, et qu'ils semblaient craindre davantage de se confier à lui376. Publiquement, le Père de Pully dénonçait régulièrement, la paresse et la négligence de la présente génération et invoquait l'exemple édifiant des aînés377. Quant aux Conférences religieuses de Carême, elles étaient, se plaignait-il, davantage suivies par les anciens que par les jeunes. Peut-être, cela dit, le sujet de celles-ci, "La Genèse et la question scripturaire des origines", paraissait-il trop austère.

L'une des conséquences de cette baisse de la pratique collective était le manque de cohésion, qui amenait la constitution de tendances rivales. Le préfet de la Réunion, en 1925, s'en plaignit ouvertement :

373 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1922, op. cit., p. 13. 374 Ibid., pp. 13-14. 375 Ibid. 376 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale 1925, op. cit., p 23. 377 Assemblée générale 1923, op. cit., p. 9.

151 Il ne faut pas que nos luttes oratoires puissent devenir moins courtoises, que des antipathies personnelles puissent se faire jour, qu'il se forme des clans rivaux, désireux de s'éliminer l'un l'autre378.

L'engagement politique et social nuit-il à la piété ?

L'explication de cette baisse relative de la pratique religieuse est malaisée. Le Père de Pully avance d'abord un fait de génération : les jeunes gens de l'après-guerre seraient moins pieux que leurs aînés. Cela dit, outre que le RP de Pully ne s'est guère occupé de milieux étudiants avant-guerre, il n'est pas certain que les anciennes générations d'Olivaints furent réellement plus pieuses. Ensuite, il incrimine l'importance prise par l'action sociale, et en particulier les patronages :

Que nos jeunes gens, à 18 ans, se fassent « peuple » par le cœur et l'affection aux classes modestes, rien de mieux, mais que la fréquentation exclusive d'un milieu populaire (et enfantin) les rende à peu près « peuple » dans leurs goûts, leur mentalité, leur langage, c'est fort peu désirable, si nous voulons, en France, une élite qui s'impose par la hauteur de son esprit, le développement de sa culture, de son instruction religieuse, par le talent acquis379.

L'élitisme du Père de Pully tranche, ici, nettement avec celui qui était professé jusqu'alors par ses prédécesseurs, pour qui, loin de menacer la « hauteur d'esprit » des Olivaints, la fréquentation des milieux populaires permettait de confronter les jeunes gens des milieux favorisés aux réalités sociales, et correspondait surtout à un devoir de charité chrétienne. En outre, le Père de Pully va chercher plus loin encore l'origine de cette baisse de la pratique religieuse, puisqu'il incrimine enfin le trop grand engagement des Olivaints dans le monde politique :

Beaucoup ne font que de la politique. Ils consacrent un temps considérable à leurs groupes politiques et se désintéressent complètement de nos réunions catholiques, de nos groupements de formation intellectuelle religieuse. Leur foi, faute d'aliment,

378 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale 1925, op. cit., p 23. 379 Séance solennelle de clôture, 1924. Bourges : Tardy, 1925, pp. 13-14.

152 s'étiole ; leur piété s'en va, à la dérive ; ils laïcisent, à la longue, leur pensée, leur vie, leur cœur. La politique, même la meilleure, ne peut suffire à leur vie380.

À ses yeux, la génération de l'après-guerre, marquée par un plus grand individualisme, a tendance à fuir les prêtres, et subit l'influence de milieux où la religion est moins présente ou moins affirmée.

MORALISME ET PESSIMISME DU PERE DE PULLY

En fait, il convient de prendre en considération l'extrême moralisme du Père de Pully qui, doublé d'un pessimisme à toute épreuve, tendait à exagérer l'ampleur de la baisse de la pratique religieuse autant qu'à décourager un certain nombre d'Olivaints.

Contre l'utilitarisme

À de nombreuses reprises, le Père de Pully exprima donc de vives critiques à l'encontre de la jeunesse de l'époque. Il déplorait ainsi, à l'issue d'une assemblée générale de l'association, la faiblesse de la formation philosophique au lycée ou au collège, l'arrêt d'une culture générale à peine ébauchée par une spécialisation précoce, ou encore le souci de beaucoup de jeunes gens d'entrer dans les affaires. Il dénonçait aussi le "dédain inintelligent des lettres et des idées chez beaucoup, qui, sous prétexte de culture scientifique, renoncent au développement, en eux, de la vie proprement humaine", et n'avait pas de mots assez forts pour dénoncer le goût de beaucoup pour la pratique sportive, "qui les abêtit intellectuellement et les absorbe au détriment d'une vie plus sérieuse et plus utile". Et le directeur de l'Olivaint de conclure :

Ces symptômes sont alarmants, ils pourraient signifier un recul intellectuel, spirituel et moral d'une race qui a toujours été jusqu'ici la plus affinée, la plus humaine, la plus policée de toutes, et qui serait en train de se découronner, sous couleur d'utilitarisme381.

Mais ses attaques les plus vives étaient destinées aux particularismes, qui nuisaient à ses yeux à l'unité des Catholiques, et en particulier dans le milieu étudiant, et qui menaçaient selon lui l'Olivaint.

380 Ibid. 381 Assemblée générale 1922, op. cit., p. 29.

153 Départ de l'UCINA

Il est vrai qu'à cette époque, certaines écoles avaient tendance à affirmer leurs particularismes. Le groupe de l'UCINA, par exemple, décida de quitter assez tôt l'Olivaint parce que - aux dires de l'aumônier - leur parenté avec la Congrégation portait ombrage à leur particularisme d'école, et que leurs études par trop spéciales rendaient difficile la découverte parmi eux de conférenciers intéressants, pourvus d'une culture générale suffisante382. Quant aux élèves de l'Ecole centrale, qui, avant la guerre, venaient en nombre appréciable à l'Olivaint, ils ont constitué en 1919 un Cercle d'étude qui regroupait une douzaine de membres. Ainsi la Conférence Olivaint perdait-elle peu à peu de la diversité qui avait jusque-là fait sa force ; cela dit, l'initiative du Père de Pully de créer différents groupes d'écoles n'était certainement pas étrangère à cette évolution : la spécialisation de l'Olivaint avait nui à la cohésion entre les différents groupes, et a amené certains d'entre eux à prendre leur autonomie.

Un individualisme croissant

Aux yeux du Père de Pully, la faiblesse de la Conférence Olivaint résidait, plus fondamentalement, dans l'individualisme croissant exprimé par les nouvelles recrues. Il déplorait ainsi, en 1923, l'indifférentisme, voire la légèreté, que quelques-uns manifestaient devant des questions graves383. Il reconnaissait bien que les difficultés de l'heure aient pu rendre les jeunes générations plus soucieuses de trouver un emploi que de s'instruire, mais il déplorait ouvertement que leur besoin de détente les pousse parfois vers une « jouissance égoïste » :

Plus spécialement à l'Olivaint, note Roger de Saint-Chamas, cet esprit d'individualisme se manifeste de la façon suivante : un certain nombre de nos jeunes gens négligent de s'assimiler l'esprit de la conférence. Ils s'inscrivent à notre groupe sur la foi d'un ami, un autre camarade de collège. Ils se retrouvent ici avec d'autres anciens du même collège : des petits groupements se forment, qui s'isolent dans le grand et ne cherchent pas à fusionner384.

382 Ibid., p. 30. 383 Roger de Saint-Chamas. Assemblée générale 1923, op. cit., pp. 7-8. 384 Ibid.

154 Le moralisme du Père de Pully n'est certes pas une nouveauté dans la Réunion des jeunes gens. On avait vu ainsi, en 1896, le RP de Salinis sanctionner un Olivaint, Albert de Sars, parce qu'il avait eu le tort d'emmener plusieurs amis au théâtre Montparnasse385. Cela dit, avec le Père de Pully, ce discours moral et conservateur prit des dimensions jusque-là insoupçonnées : il ne manquait pas une occasion d'y faire allusion dans ses prises de parole. Il est vrai qu'avec le développement des études supérieures et le climat particulier de l'après-guerre, la jeunesse des années vingt n'était plus du tout semblable à ce qu'elle était autrefois. Cela dit, le Père de Pully tendait à faire de la Conférence un îlot de résistance face à l'esprit des "années folles". Progressivement, cette dimension morale entrait même dans le discours officiel des membres du bureau de la Conférence. Ainsi Jean Rey pouvait-il déclarer en introduction de son rapport sur les travaux de 1923- 1924 :

Nous laissons à d'autres la perspective de la six cylindres. Nous leur laissons encore le Ring, le cinéma et le Dancing. Notre ambition est de continuer une tradition que nous ont léguée les aînés dont les noms sont inscrits sur les murs de cette salle, et qui consiste à occuper notre place au milieu de la jeunesse intellectuelle française386.

C'est que la Conférence Olivaint se devait, aux yeux du Père de Pully, d'occuper une place privilégiée dans l'éducation des jeunes gens de bonne famille. À plusieurs reprises, le directeur de la Conférence s'en prit ainsi à l'attitude de la bourgeoisie catholique qui, fidèle à l'enseignement primaire et secondaire libre, négligeait, selon lui, un peu trop, l'enseignement supérieur libre, et les oeuvres catholiques d'étudiants comme la Conférence Olivaint : "Est-ce qu'on juge, écrivait-il, un bachelier suffisamment formé, pour qu'il vive désormais hors de tout cadre intellectuel et moral spécifiquement catholique 387?". Or, aux yeux du père de Pully, c'est précisément à cette période de leur vie qu'ils avaient le plus grand besoin des institutions catholiques, pour "se développer dans un milieu intellectuel favorable à la sauvegarde de (leur) foi388".

385 RP Albert de Salinis, s.j., Historique manuscrit, op. cit. 386 Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., p 6-8. 387 Assemblée générale 1929, op. cit., p. 4. 388 Ibid.

155 Chapitre III : Le Quartier latin, nouveau champ d'action

Certes, le Père de Pully était porté à rappeler régulièrement aux Olivaints leurs obligations de congréganistes : ils se devaient avant tout de fortifier leurs connaissances et leur foi, avant de s'engager dans le monde. Mais son discours était profondément ambivalent, car s'il reprochait à ses étudiants leurs lacunes intellectuelles, leur engagement excessif dans l'action sociale et politique, il était en revanche, le premier à les encourager à s'engager sur cette voie. Car, à ses yeux, l'Olivaint, dont le recrutement était extrêmement diversifié, se devait de jouer un rôle au Quartier latin, et les générations d'Olivaints qui se sont succédées dans les années vingt furent, plus que leurs devancières, engagées dans un combat politique, dont le quartier de la Sorbonne et des écoles était à la fois le terrain de prédilection et l'enjeu.

LE RECRUTEMENT DE LA CONFERENCE DANS LES ANNEES VINGT

L'une des principales spécificités de la Conférence Olivaint était l'importance et la diversité de son recrutement, qui lui offraient une place privilégiée dans le milieu étudiant des années vingt, faisant d'elle un vivier non seulement pour les organisations de jeunesse, mais aussi pour certaines organisations politiques.

Des effectifs importants

Les effectifs, dès 1921, redeviennent, en apparence, semblables à ce qu'ils étaient en 1914. Mais en apparence seulement : si, à cette date, il y a plus de 200 inscrits, il n'y a, en effet, qu'une centaine de cotisants, et seulement 79 membres titulaires389. Il faut ajouter que l'absentéisme est assez important, et qu'en moyenne, la moitié seulement des membres participent aux séances du mercredi. L'année suivante, cela dit, le nombre des titulaires s'élève à 111. En 1924-1925, il y a deux-cents inscrits, et une centaine de présences en moyenne390. Il faut ajouter à ces effectifs ceux des autres groupes qui dépendent de la Conférence Olivaint : les étudiants soldats, le groupe des Hautes études commerciales, fondé en 1922 (qui compte 45 membres en 1923), le groupe de l'école de chimie, fondé en 1923, le groupe

389 Assemblée générale 1921, op. cit., P. 19. 390 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale 1925, op. cit., p 21.

156 des électriciens de l'Ecole Violet, fondé en 1923, et les groupes de Khâgneux de Lakanal et Henri IV, fondés respectivement en 1922 et 1923 (qui comptent une vingtaine de membres). Tous ces groupes, ainsi qu'un cercle d'ouvriers, auquel le RP de Pully prêtait les locaux de l'Olivaint pour une récollection spirituelle mensuelle, permettent à l'aumônier d'affirmer qu'en 1923-1924, près de 500 jeunes gens au total ont fréquenté la Conférence Olivaint en 1923-1924391. L'importance de chiffres s'explique vraisemblablement par le fait que la cotisation était assez faible. Son montant, vingt francs, était en effet le même 1920 qu'en 1914 :

C'est que nous n'ignorons pas les sacrifices que les circonstances économiques imposent aux parents de ceux qui font leurs études à Paris, expliquait le préfet de la Réunion, Georges Monnier, et nous ne voulons pas alourdir ces sacrifices. Nous voulons, au contraire, que tout étudiant susceptible de trouver à la Réunion la force indispensable à sa foi et à sa vertu, ne soit pas écarté de nous par la crainte d'imposer aux siens un supplément de dépenses trop sensible392.

Le déficit de la Conférence, en 1921, s'élevait à plus de 5000 francs. Il était intégralement pris en charge par la Compagnie de Jésus.

Des difficultés de recrutement ?

Comme auparavant, le seul mode de recrutement existant était la cooptation. Au début, tout n'allait pas tout seul, puisque, après cinq ans d'interruption, le recrutement fut long à se mettre en place. Il semble bien, en effet, que le Père de Pully ait rencontré des difficultés de recrutement : il se plaint ainsi, en juin 1919, du faible recrutement de l'Olivaint au sein de l'Institut catholique ; il incrimine les aumôniers d'autres groupes d'étudiants (Le cercle du Luxembourg notamment), qui auraient, selon lui, interdit à leurs étudiants de fréquenter d'autres groupes, notamment la CO393. De fait, le nombre d'étudiants en droit issus de l'Institut catholique semble bien avoir diminué dans l'après-guerre. Le Père de Pully voit l'origine de cette évolution dans les conséquences sociales de la Guerre qui, écrit-il,

391 Séance solennelle de clôture, 1924. , op. cit., p. 13. 392 Georges Monnier, "La vie et les oeuvres de la Conférence Olivaint en 1921", Assemblée générale 1921, op. cit., p. 20. 393 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 26 juin 1919. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 745/3. 157 "bouleversa les fortunes les mieux assises394", et amena beaucoup d'étudiants en droit à entrer désormais dans les affaires ou les administrations :

Il ressort de cette constatation, conclut pour sa part le président de la Réunion, que si notre génération sera pauvre en intellectuels, du moins ceux-ci seront-ils supérieurs à leurs aînés, sinon pour l'étendue de leurs connaissances, du moins pour leur valeur morale, et c'est beaucoup395.

L'une des principales difficultés du recrutement était l'importance du renouvellement des effectifs : chaque année, la Conférence perdait à peu près la moitié de ses membres. Les jeunes gens de vingt ans rejoignaient l'armée, d'autres entraient dans la vie active, d'autres abandonnaient l'Olivaint pour leurs études, d'autres enfin se mariaient.

Un recrutement diversifié

Tout délicat qu'il fût à mettre en oeuvre, le recrutement de la Conférence Olivaint n'en demeurait pas moins diversifié. L'étude de la composition de l'Olivaint - superficielle, car il n'existe aucune statistique précise - montre que la diversité du recrutement est réelle : on trouve à l'Olivaint des juristes (de l'IC ou de l'enseignement d'État), quelques normaliens et des étudiants en lettres, des élèves de l'Ecole libre des Sciences politiques (ELSP), des Chartes, des Beaux-Arts (architecture), des HEC, des Travaux publics, de l'INA, des Mines, de l'Institut de Chimie396. La répartition semble être à l'avantage des juristes : ainsi, parmi les conférenciers de 1920-1921, il y avait 7 étudiants en droit, 5 élèves ou anciens élèves de l'ELSP, un normalien, un chartiste, et un étudiant en lettres, et la moitié des élus au Conseil ou au bureau de la Conférence en 1922 étudiaient le droit397. En somme, trois institutions dominent le lot : l'ELSP, l'Institut catholique et la Faculté de droit. D'autres, comme Polytechnique ou l'Ecole centrale, semblent totalement absentes. La prédominance de l'IC et de

394 Assemblée générale 1922, op. cit., pp. 10-11. 395 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1922, op. cit., p. 11. 396 Ibid., p. 38. 397 Ibid.

158 l'ELSP s'explique naturellement par la proximité indéniable entre le recrutement de ces écoles et celle de l'Olivaint, dans la bourgeoisie. Cela s'explique aussi par le nombre important d'anciens élèves des Jésuites que ces établissements comptaient. Enfin, on ne doit pas négliger la proximité géographique des établissements par rapport à l'Olivaint : le 12 rue d'Assas, est à mi-chemin de la rue Saint-Guillaume et de la rue de Vaugirard. Comme leurs prédécesseurs, les Olivaints de l'entre-deux guerres étaient issus en général de milieux aisés, parfois aristocratiques. Il semble, cependant, qu'une certaine ouverture sociale ait marqué l'après-guerre, encouragée sans doute par les bouleversements sociaux consécutifs à la Guerre et à l'accès plus important des enfants des classes moyennes aux études supérieures. En outre, si la Conférence Olivaint recrutait toujours uniquement des Catholiques, la fin de l'obligation d'appartenance à la Congrégation a contribué à introduire dans les rangs des Olivaints des croyants parfois moins intransigeants, ou tout bonnement peu pratiquants.

UN GOUT DE L'ACTION

Cette génération des années vingt avait en commun un profond goût de l'action, qu'encourageait le RP de Pully, et qui les conduisit à dépasser l'apostolat traditionnel pour s'engager pleinement dans le domaine politique.

Critique de l'apostolat traditionnel

Car l'apostolat traditionnel était remis en question par l'évolution de la société et le développement des études supérieures :

Je crois que, aujourd'hui, si nous voulions avoir un apostolat vraiment efficace et sérieux, écrivit le Père de Pully, il nous faudrait un peu assouplir nos usages. Tous gémissent sur l'étroitesse de notre champ d'apostolat réel, qui se réduit pour beaucoup à un cercle de couvents et de bonnes âmes, à quelques prédications faites à des auditoires spéciaux, à des confessions d'âmes dévotes. La masse des tièdes, des indifférents aux cérémonies des Églises, des hommes et des jeunes gens, échappent totalement à l'influence du clergé, et surtout des religieux398.

398 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 28 novembre 1928. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 159 Or, il y avait, dans les années vingt un lieu où l'influence du clergé était relativement faible : le quartier latin. Sans hésiter, le Père de Pully le décrivait donc comme un objectif majeur de l'apostolat - on devrait dire de l'action catholique étudiante :

Les membres de la Conférence Olivaint, déclara-t-il en 1923, (...) ont tous un champ d'apostolat capital : le Quartier latin ! Cet apostolat est le plus difficile, mais c'est aussi le plus important. Il s'agit de sauver ces milliers d'étudiants catholiques des dangers qui menacent leur foi et leurs mœurs, s'ils vivent isolés et en dehors de tout milieu chrétien. Hélas ! la noyade est si facile ! Il faut au quartier latin des sauveteurs qui sachent gagner la confiance de leurs camarades isolés, et qui les amènent doucement dans ces "arches" de salut que sont nos groupes d'étudiants399.

L'action de la Conférence Olivaint dans le quartier latin était donc d'abord et avant tout une entreprise de sauvegarde religieuse.

Une génération de l'après-guerre

Mais elle était, en même temps, une entreprise offensive, car la génération des Olivaints de l'après-guerre était désireuse d'aller de l'avant. On ne peut qu'être surpris par l'omniprésence, voire le caractère récurrent, dans les discours et les exposés des membres de la Conférence, de la notion de génération. A n'en pas douter, les jeunes gens de l'après-guerre avaient conscience de leurs points communs, c’est-à-dire l'expérience de la Guerre qui avait marqué tantôt leur adolescence, tantôt leur entrée dans la vie adulte, mais aussi les circonstances de l'après-guerre, comme le soulignait Georges Bidault en 1923 :

Notre génération, grandie pendant la guerre, un peu au hasard en l'absence des pères partis au front, a reçu quelquefois le nom de « Génération sacrifiée ». Elle a fait des études quelquefois sommaires, couronnées de diplômes peut-être indulgents. Et puis, les circonstances économiques, chaque jour plus dures, grèvent lourdement le travail intellectuel, au point de devenir un péril pour l'esprit. Raison de plus pour maintenir entre nous, au-dessus de la diversité des techniques et des

399 Assemblée générale 1923, op. cit., p. 22.

160 carrières, le règne de cette pensée par laquelle l'homme seul s'élève jusqu'à sa vraie nature, et remplit l'essence de sa destinée400.

René Pleven, dans une allocution adressée en 1921 à Gustave de Lamarzelle, définissait quant à lui la génération de ceux qui avaient vingt ans pendant ou peu après la Grande Guerre comme une génération de combat :

Nous avons trop respiré l'atmosphère de ces heures inquiètes, pour que nos âmes ne s'en ressentent point. Elles en ont gardé le dégoût des sensations et des rêves affadissants, la passion de l'action et celle de l'ordre, la haine, en tout domaine, du dilettantisme. Elle a fait de nous ce qu'on peut appeler une génération au rire dur, mais qui est avant tout une génération de bataille, et qui veut être une génération de victoire401.

Le jeune président de l'Olivaint en déduisait que les jeunes de sa génération délaissaient "les hommes en place", et se préoccupaient peu des "renommées établies" :

Voilà pourquoi nous lisons de Maistre, nous lisons Bonald, nous lisons Taine. Voilà pourquoi nous sommes classiques. Voilà pourquoi nous sifflons M. Bataille ! Nous déchirons les affiches licencieuses. Voilà pourquoi nous n'aimons guère M. France402 !

Il ne fait donc guère de doute que les Olivaints de cette époque aient eu conscience d'appartenir à une même génération, aux aspirations communes.

Le goût de l'action

Ils partageaient, en particulier, un goût de l'action, qu'encourageait et cherchait à canaliser le directeur. De fait, pour un certain nombre d'étudiants, le catholicisme est une valeur combative, au même titre, pour d'autres, que le marxisme ou le socialisme. Ainsi, de la défense religieuse qui

400 Allocution de Georges Bidault, président de la Conférence Olivaint, le 6 mai 1923, adressée à Xavier Lauras à l'occasion de l'Assemblée générale de l'association. Assemblée générale 1923, op. cit.. Le texte intégral est reproduit dans les documents. 401 Allocution de René Pleven, président de la Conférence Olivaint, le 29 mai 1921, adressée à Gustave de Lamarzelle à l'occasion du Cinquantième anniversaire de la mort du Père Olivaint. Séance solennelle de clôture, 1921, op. cit. Ce n'est pas nous qui soulignons. Le texte intégral est reproduit dans les documents. 402Ibid.

161 fut le souci des générations précédentes, on en vint à une attitude offensive, qu'un Olivaint, Lafforest, résumait dans un article publié dans La Revue des jeunes. Les jeunes de sa génération, écrit-il, ont autre chose à faire que de se "lamenter sur la brièveté des jours", car ils ont "à travailler" :

Les jeunes qui entrent aujourd'hui dans la vie sont des laborieux : ils savent qu'il faut gagner son pain à la sueur de son front : c'est juste, nous acceptons403.

Lafforest évoque ensuite l'influence d'Anatole France, qu'il juge définitivement morte :

Car loin d'aimer de nous tenir éloignés de la vie ordinaire et quotidienne, nous aimons de nous y mêler chaque jour davantage, avec une compréhension plus exacte et une sensibilité plus avertie. Si nous voulons rester intellectuels, nous n'en serons pas moins hommes d'action404.

Suit l'évocation de la faculté des Lettres, où l'enseignement dispensé paraît "inconsistant" à l'auteur : ce n'est point une doctrine organisée qu'on y livre, mais une simple somme de connaissances non hiérarchisées. et cela ne suffit guère, écrit l'auteur, car :

Nous sommes tous à la recherche d'une discipline et d'un dogme. Je crois même que la plupart d'entre nous ont déjà choisi : ils sont solidement établis dans le dogme et la discipline catholiques... Dans tous les domaines, le catholicisme s'affirme, dispensateur d'énergie et de foi, le plus propre à ordonner et à construire... (...). Loin de considérer notre religion comme réservée aux faibles et aux vaincus de la vie (...), nous considérons au contraire notre foi catholique comme prodigieusement riche en possibilités créatrices. Si elle est un secours pour les tristes et les timides, elle est aussi un exaltant pour les forts et les conquérants. Nous en sommes la preuve, nous qui, au moment d'entrer dans la lutte de l'existence, prenons, pour assurer notre audace, notre foi catholique comme une arme offensive.

403 Cité par le Père de Pully, Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., pp. 24-26. 404 Ibid.

162 La Conférence Olivaint ne visait donc plus seulement à former patiemment une élite appelée à présider aux destinées de la Cité, mais à former de jeunes catholiques combattants qui, tout en préservant leur avenir par des études sérieuses, devaient prendre part aux débats de l'heure.

LA CONFERENCE ALIMENTE LES LIGUES

Une illustration de cet engagement fut l'engagement d'un nombre important de membres de la Conférence dans les ligues qui se sont développées dans le courant des années vingt. L'attitude de la CO est, dans ce domaine, dénuée d'ambiguïté : des liens étroits existaient en effet avec certaines d'entre elles, comme l'atteste l'attitude de la Conférence lors de l'Affaire Scelle.

L'affaire Scelle

La nomination à la faculté de droit de Georges Scelle, professeur de droit à l'Université de , et chef de cabinet du ministre radical socialiste du travail, Justin Godard, provoqua, en 1925, une vague de contestation et de manifestations animée par l'Action française. Une chaire à la Faculté de droit s'étant trouvée vacante, le Conseil avait, comme il était d'usage, soumis au ministère une liste de trois candidats. La coutume voulait que le ministre nomme le premier, choisi par l'Université. Or, à cette occasion, c'est le deuxième, Georges Scelle, qui fut désigné. Aussitôt, les étudiants d'Action française entrèrent en scène, organisèrent des manifestations et chahutèrent son cours. Lors d'une de ces manifestations, le 28 mars, une centaine de manifestants et onze policiers furent blessés. Deux jours plus tard, l'école de droit fut fermée, et le doyen, François Barthélémy, révoqué. Scelle donna sa démission quelque temps plus tard, au lendemain de la chute du gouvernement Herriot. La participation massive de membres de la Conférence Olivaint aux désordres du quartier latin ne fait guère de doute. Elle n'est guère surprenante, si l'on considère que le président et deux au moins de ses vice- présidents, en 1924-1925, ne cachaient guère leurs sympathies royalistes, sinon leur appartenance à l'Action française ou aux Jeunesses patriotes (JP) de Pierre Taittinger : Charles Boissard, Henri du Moulin de Labarthète, et

163 Charles Vallin. Car l'organisation de Charles Maurras, chassée de la Conférence Olivaint en 1910, avait fait un retour discret mais massif à la Conférence, à la faveur de la bienveillance du Père de Pully envers l'Action française. Ce qui est plus surprenant, et somme toute révélateur d'un état d'esprit au sein de la Conférence à l’époque du Cartel, c'est de voir cette participation aux manifestations inscrite dans le rapport annuel, au même titre que l'action dans les oeuvres ou à l'ACJF, et, qui plus est, considérée comme un devoir :

Un paradoxe de notre temps, écrit en effet René Planchenault, est qu'il soit devenu un devoir civique de dire bruyamment leur fait aux ministres que nous vaut le suffrage universel. Quel devoir pourrait être plus agréable à des étudiants ? Ceux de l'Olivaint y ont largement satisfait, et ont contribué, comme il convenait, à la déconfiture de M. François Albert, lors de l'affaire Scelle, ou à celle de M. Abraham Schrameck, lors du cortège traditionnel de Jeanne d'Arc405.

Les manifestations du premier mai et de la fête de Jeanne d'Arc, en effet, avaient été interdites en raison des heurts violents et sanglants qui avaient eu lieu les semaines précédentes entre royalistes et communistes, rue Damrémont. L'AF et les Jeunesses patriotes n'en manifestèrent pas moins. Il s'ensuivit une bataille au cours de laquelle cent dix-huit policiers et cent- cinquante membres de l'AF furent blessés, certains grièvement. Il y eut quelque deux cents personnes arrêtées406. Abraham Schramek était alors ministre de l'intérieur, et les royalistes lui reprochaient de traiter aussi durement l'Action française que les communistes. Il n'est pas étonnant de trouver, parmi les manifestants, des Olivaints, dont l'attachement à la figure de Jeanne d'Arc était l'une des constantes depuis la Guerre, au moins autant que l'antisémitisme. Cela dit, c'est avant tout au nom de leur foi que ces jeunes catholiques se sont engagés dans ces batailles :

Ces deux victoires, ajoute Planchenault, remportées sur le sectarisme, sont d'un heureux présage pour le cas où recommencerait la persécution anticléricale407.

405 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale 1925, op. cit., p 22. François Albert, ardent laïque, était ministre de l'instruction publique. Abraham Schrameck, dont les nationalistes soulignaient la confession juive, était ministre de l'intérieur. 406 Eugen WEBER, L'Action française. - Fayard, collection "Pluriels", 1985, p. 186. 407 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale 1925, op. cit., p 22.

164 Liens avec la ligue du Père Doncoeur

Et le président de la Réunion des jeunes gens de conclure en indiquant qu'en prévision "d'une nouvelle offensive", les jeunes Olivaints étaient prêts à occuper la place que leur assignera la Ligue pour les droits des religieux anciens combattants (DRAC), du RP Doncoeur, qui, "au premier appel, [avait] groupé à l'Olivaint de nombreux adhérents408". Il ne semble pas que la Conférence fût en contact direct avec le Père Doncoeur. En revanche, un responsable de la DRAC, Dom Moreau, vint, un soir, présenter la ligue lors d'une séance du mercredi. Charles Vallin, dans son rapport, évoque les "acclamations frénétiques" qui accueillirent le discours du conférencier409. De fait, il semble que la ligue du Père Doncoeur ait recruté durablement et en nombre important à l'Olivaint : le rapporteur de 1926 note ainsi qu'elle a recruté de nombreux cotisants à l'Olivaint410. Mais elle n'était pas la seule : la Fédération nationale catholique (FNC) du général de Castelnau et les Jeunesses patriotes sont ainsi parfois citées dans les rapports de fin d'année. Loin d'être le fait du hasard ou de rencontres fortuites entre les jeunes étudiants et ces mouvements, il est fort vraisemblable que cette orientation des membres vers ces mouvements fut délibérément soutenue par le Père directeur, le RP de Pully. C'est lui, en effet, qui avalisait les choix des invités extérieurs faits, en principe, par le bureau. On peut même imaginer que, pour une bonne part, les invités étaient même choisis par lui et par lui seul. En outre, on a déjà remarqué qu'il acceptait plus volontiers que ses devanciers que l'on parlât de politique. Enfin, il ne faisait, semble-t-il, pas un secret de ses opinions politiques. Ainsi, lors de la séance de clôture de 1925, présidée par , alors député de Metz et soutien affirmé de la Fédération française des étudiants catholiques411, venu parler du problème de « la réintégration de l'Alsace et de la Lorraine dans l'unité française », il prit la parole pour s'en prendre au Cartel des gauches au pouvoir : "Les sectaires passent, monsieur, et la France demeure", avant d'évoquer comme exemple pour la

408 Ibid. 409 "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1925, op. cit., pp. 3-18. 410 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit., p. 10. 411 Le RP de Pully parle de la Fédération nationale des étudiants catholiques. Ce n'est certes pas un lapsus, mais c'est en soi révélateur d'un état d'esprit. 165 jeunesse la Fédération nationale catholique (FNC) de Castelnau et l’œuvre du Père Doncoeur412. La Conférence Olivaint, sous l'impulsion du Père de Pully, a donc été un vivier pour un certain nombre de ligues, principalement l'Action française, la DRAC, la FNC et les Jeunesses patriotes. Cet apport n'était guère fortuit, mais correspondait à la volonté délibérée du Père directeur, et répondait aux aspirations de nombreux membres. Est-il, pour autant, possible d'affirmer que tous les Olivaints des années vingt partageaient cet état d'esprit ?

RENE PLEVEN, PROTOTYPE DE L'OLIVAINT D'APRES-GUERRE ?

En fait, il est difficile de dresser un portrait-type de l'Olivaint de l'après-guerre. Cela dit, René Pleven reflète tout à fait le profil d'une grande partie des Olivaint de l'époque. Le parcours de ce jeune homme nationaliste, proche de l'Action française, très actif et dynamique, élu président de l'Olivaint très jeune, est intéressant à plus d'un titre, et illustre ce goût de l'action que beaucoup d'Olivaints partageaient, au sein des ligues ou en dehors.

L'Action française, un péché de jeunesse ?

La jeunesse de René Pleven est l'objet d'un débat historiographique assez vif. Michel Denis, dans sa thèse sur les royalistes mayennais, le dit maurrassien413, tandis qu'Eugen Weber, dans son ouvrage de référence sur l'Action française, affirme qu'il a fréquenté les milieux de l'AF414. Pour sa part, le biographe de Pleven, Christian Bougeard, ne nie pas que ce fils d'officier républicain Rennais ait pu ne pas être insensible "aux sirènes patriotiques et nationalistes", mais il ajoute aussitôt qu'il n'a jamais sauté le pas : "D'autres influences, conclut-il, l'orienteront vers d'autres directions quand il sera étudiant à Paris415." En somme le nationalisme de Pleven serait un péché de jeunesse vite oublié avec le début de ses études. Pleven lui-même, dans un entretien accordé à une équipe d'historiens en 1980, s'est

412 Séance solennelle de clôture, 1925, op. cit., pp. 28-30. 413 Michel DENIS, Les royalistes de la Mayenne et le monde moderne : XIXe-XXe siècle, Paris : C. Klincsiek, 1977 : 600 p. Thèse Paris IV, 1972. 414 Eugen WEBER, L'Action française, op. cit., p. 569. 415 Christian BOUGEARD, René Pleven, un Français libre en politique, op. cit., p 28.

166 efforcé de minimiser - en le limitant à la période de son adolescence - son attrait pour l'Action française :

Pour revenir du lycée, je passais toujours devant la permanence de l'AF, ouverte à tous. Le journal était d'ailleurs affiché à la vitrine. Il m'arrivait de le lire... Un jour, un homme très sympathique (le lieutenant-colonel Bernard de Vezins) m'a invité à entrer. J'ai souvent par la suite conversé avec lui ; il m'a invité, en vain, à adhérer... L'AF jouissait d'ailleurs à cette époque, en 1916-1917, auprès de jeunes comme moi (...) d'un grand prestige, du fait de ses campagnes contre les "traîtres", pour la répression des "menées défaitistes"... C'est aussi simple que cela416.

Pleven et les "Sirènes nationalistes" de l'Olivaint

Est-ce vraiment aussi simple ? Lorsqu'en 1918 Pleven s'installe à Paris, dans une maison d'étudiants de l'Institut catholique, pour étudier le droit et suivre les cours de l'Ecole libre des Sciences politiques417, il ne tarde pas à rencontrer la Conférence Olivaint. A-t-il pour autant changé ? Pour son biographe, cela ne fait pas un pli : la Conférence Olivaint est un "cercle d'études proche des milieux de la Jeune république de Marc Sangnier418", une affirmation que le biographe ne cherche pas à étayer et qui, de fait, est fort difficile à soutenir. On a vu, en effet, comment la Conférence Olivaint avait été peu touchée par ces milieux avant guerre, et il n'y a pas trace, dans les rapports, d'une quelconque proximité avec Marc Sangnier et la Jeune République après la Guerre. On voit mal, au demeurant, comment le Père de Pully aurait pu s'entendre avec un mouvement qui avait le souci de "porter témoignage dans les milieux de gauche419". Si la Conférence devait être "proche" d'un quelconque mouvement - si tant est que l'on puisse employer un tel terme pour une organisation qui se définit au-delà des clivages politiques - ce serait plutôt de l'Action française, de la Ligue pour les droits des religieux anciens combattants (DRAC) ou - plus tard, des Jeunesses patriotes (JP), mais certainement pas de la Jeune République. René Pleven, à la mort de Georges Bidault, en 1983, rappelait lui-même la diversité des membres, lorsqu'il rendit hommage à l'ancien président du Conseil national de la Résistance

416 Entretien du 21 janvier 1980, relu par Pleven avant sa publication dans le Bulletin du Centre d'Histoire de la France contemporaine, université Paris X Nanterre, n° 1, p. 25. 417 René Pleven fut diplômé dans les trois premiers de la section "Finances publiques". En 1924 et 1925, il tenta le concours de l'Inspection des finances, sans succès. 418 Christian BOUGEARD, op. cit., p. 34. 419 Charles MOLETTE, op. cit., p. 22.

167 (CNR) en rappelant leur rencontre à la Conférence Olivaint, "où se réunissaient des étudiants catholiques de toutes origines420". Plutôt que chercher à définir René Pleven par rapport à la nature de la Conférence Olivaint, on préférera donc s'attacher aux traces qu'y laissa le personnage. Or, tout indique que le jeune étudiant fut toujours attiré par les « sirènes nationalistes ». Des sirènes à forte connotation maurrassienne.

L'ardeur de la jeunesse

Pleven, que ses condisciples pairs volontiers de "jeune et ardent421", est, on l'a vu, aux avant-postes de l'action sociale de la Conférence. Ne se met-il pas, en 1922, au service de la Fédération des Associations familiales, en tant que secrétaire du comité juridique ? Président de la Conférence Olivaint en 1920-1921, il est alors très actif dans le milieu des étudiants catholiques de l'époque : après son service militaire, effectué comme "sous- nègre" du maréchal Pétain, il est entré au comité général de l'ACJF, et fonde avec Robert Lange le Groupement universitaire pour la Société des nations (GUSDN) avant d'être élu président de la FFEC en 1923 (ce que semble ignorer son biographe). Il n'a alors que vingt-deux ans. C'est le même jeune homme que l'on retrouve à la tête de la délégation de la Conférence Olivaint qui, en 1920, se joignit à la manifestation en l'honneur de Jeanne d'Arc, aux cotés de l'Action française422. Est-ce la "maturité précoce d'un jeune rempli d'ardeur et d'enthousiasme423", qui le poussait à l'action, ou un instinct de conservation sociale ? Toujours est-il qu'il ne se refusait pas, à l'occasion, à prêter main- forte aux compagnies de transport, pendant les grèves de 1920, en remplaçant les conducteurs424.

420 Cité par Christian BOUGEARD, op. cit., p. 34. 421 Anonyme (vraisemblablement le RP Henry de Pully), Assemblée générale 1920, op. cit., pp. 6-10. 422 Ibid. 423 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920", Assemblée générale 1920, op. cit., p. 15. 424 Jean Lepargneur, "La vie et l'action de la Conférence Olivaint pendant l'année 1919-1920", Assemblée générale 1920, op. cit., p. 21.

168 Fustel de Coulanges et le nationalisme historique

S'agissant de ses opinions politiques, l'étudiant Pleven, affirme son zélé biographe "ne se situe (...) pas dans la veine du radicalisme anticlérical, mais déjà dans celle d'un centrisme républicain aucunement hostile à l'Eglise425". Qu'il ne fut pas hostile à l'Eglise n'est, en effet, pas douteux, mais son républicanisme reste encore à démontrer. Car le conférencier Pleven, en tout cas, ne cache pas, à l'Olivaint, sa sympathie pour la monarchie française qui, proclame-t-il un jour à un contradicteur imprudent, "n'a jamais cessé de favoriser les libertés locales426". L'ancien président de la Conférence est alors diplômé des Sciences Po et prépare son doctorat en droit ; il revient à la Conférence pour présenter une conférence intitulée « Fustel de Coulanges et le Nationalisme historique », dont il ne reste pas de trace, sinon le compte rendu que Georges Bidault en fit lors de la séance de clôture, laquelle était-ce jour là présidée par Maurice Barrès. Pleven a pris comme point de départ l’œuvre de Fustel de Coulanges pour livrer des méditations plus personnelles, que Bidault rapporte comme suit :

Quoi qu'en aient pensé les philosophes du XVIIIe siècle, tout n'est point à rejeter du passé. Une institution n'est pas forcément mauvaise parce qu'elle nous vient du passé ; il y a, au contraire, puisqu'elle a résisté au temps et victorieusement subi l'épreuve des faits, de grandes chances qu'elle soit bonne. Notre histoire nous présente une succession de réussites relatives ; parce qu'elles ne sont que « relatives » prétendre que ce sont des faillites, c'est un mensonge ou une duperie, dont l'origine est dans la haine du passé. Et cette haine mène droit à l'antipatriotisme, car qu'est-ce qu'une patrie dans le ciment des siècles et sans le culte des morts ? Cette haine mène droit à chercher l'imitation servile de l'étranger les modèles et les exemples qu'on ne veut plus emprunter au passé national427.

À partir de là, Pleven affirme que le plus sûr fondement du patriotisme est l'amour du passé. Et cet amour n'est véritable que s'il se traduit par le respect de l’œuvre lentement accomplie par les morts, au

425 Christian BOUGEARD, op. cit., p. 35. 426 Georges Bidault, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture 1922, op. cit., p. 22-23. 427 Séance solennelle de clôture, 1922, op. cit., pp. 22-23.

169 cours d'un effort séculaire. Une oeuvre qu'il faut poursuivre, et non bouleverser.

Quand M. Pleven se tut, poursuit Bidault, on entendit un grand silence. La contradiction ne venait pas, les membres de l'Olivaint semblaient avoir perdu l'usage de la parole. Pourtant le président parvint à susciter quelques orateurs de bonne volonté, qui apportèrent successivement à la tribune une adhésion aussi élogieuse que superflue. À la fin, cependant, un contradicteur se leva, le courage lui étant revenu entre temps, et se risqua à émettre d'une voix mal assurée des objections assez piteuses. Mal lui en prit : il fut pulvérisé. C'est tout juste s'il est revenu aujourd'hui pour vous en parler, car hélas ! c'était moi428...

En somme, et contrairement à son condisciple et ami Georges Bidault, on peut se demander si René Pleven était, alors, aussi progressiste que son biographe veut bien le laisser entendre.

Un catholique conservateur

En tout cas, il n'était certainement pas anticonformiste. Un exposé qu'il fit sur « Le divorce à travers le théâtre de Paul Hervieu » nous le présente plutôt comme un catholique conservateur, semblable à la majorité de ses semblables à l'Olivaint. Il définit en effet le bonheur comme étant "l'accomplissement du devoir" et non l'assouvissement des passions. Or, déclare-t-il, ce devoir, les époux ne peuvent pas l'accomplir "si la stabilité de la famille n'est pas assurée". Le divorce, selon lui, n'est pas nécessaire quant il y a eu faute d'un époux : "Nous n'avons pas le droit de ne pas pardonner, nous qui croyons à la rémission des péchés429".

Rejet du socialisme

Ensuite, son rejet du socialisme transparaît nettement dans l'une de ses interventions : au cours de l'année 1922-1923, en effet, lors de la discussion qui suivit un exposé de M. Couvreur sur Jaurès, Pleven condamna le dirigeant socialiste, à qui il reprocha "d'avoir fait bien peu

428 Ibid. 429 Séance solennelle de clôture, 1919-1920, op. cit., p. 33.

170 pour le peuple et bien peu pour la paix430". En cela, il rejoignait parfaitement l'opinion de la majorité des intervenants, tant et si bien que l'orateur, Couvreur, qui s'était risqué à présenter Jaurès sous un jour assez favorable, du battre en retraite, au point, aux dires du rapporteur, d'implorer l'indulgence du public pour lui-même en répétant d'un ton plaintif : "Surtout, ne me croyez pas jauressiste431".

La guerre, pour assurer la paix

Enfin, il ne semble pas avoir particulièrement fait montre d'un esprit pacifiste à la Conférence Olivaint. Ainsi, le 25 mai 1921, lors d'une séance Présidée par Pleven, Paves présenta un exposé sur la théorie de la guerre chez Joseph de Maistre dans lequel il s'efforçait de montrer que de Maistre n'était pas un apologiste de la guerre :

Les hommes, un instant égarés pas des nullités sentimentales telles que Rousseau ou par des anarchistes haïssables tels que Chateaubriand, ont eu besoin, après des années de révolution noires de trouble et d'incohérence, de retourner à l'oracle de penseurs rigoureux432.

Et le conférencier d'ajouter cependant que la guerre est une loi générale du monde, et qu'à ce titre, elle est divine en elle-même. À l’issue de l'exposé, le président Pleven remercie Paves de son propos et, peut-on lire dans le compte rendu, "le félicite aussi bien de la valeur même de son exposé que du choix qui l'a porté à nous entretenir de Joseph de Maistre". Puis il déclare que "la guerre est souvent le meilleur moyen d'assurer la paix433". On se souvient, enfin, qu'à l'issue de l'exposé d'un antisémite notoire, il avait, un jour, proclamé "l'éternité du problème juif434", et qu'à une autre occasion, il avait déclaré lire Maistre, Taine, Bonald, déchirer les affiches licencieuses et affichait son mépris pour Anatole France435.En somme, il était un Olivaint semblable à beaucoup d'Olivaints de l'époque, dont les idées, en tout cas, étaient conformes à l'esprit qui dominait dans la Conférence.

430 Pierre Goubaux, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1923, op. cit., pp. 17-19. 431 Ibid. 432 Compte rendu de la séance, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 433 Ibid. 434 Ibid. 435Ibid.

171 René Pleven apparaît donc bien, en fin de compte, comme un personnage ambivalent, que ses racines familiales attachaient peut-être à la laïcité et à la République, mais que ses rencontres de jeunesse orientaient vers d'autres voies, au moins provisoirement.

GEORGES BIDAULT, UN ANTICONFORMISTE DES ANNEES VINGT

Cela dit, la Conférence Olivaint n'était point un milieu parfaitement homogène. Il y subsistait une minorité démocrate, que représente fort bien Georges Bidault, autre grande figure de l'Olivaint des années vingt. Autant René Pleven semble pour le moins conforme au profil intellectuel des Olivaints de l'époque lors de son passage à la Conférence, autant Georges Bidault, pour sa part, tranche, tant par son anticonformisme que par son caractère iconoclaste, avec le profil courant de ses contemporains.

Une éducation classique

Né le 5 octobre 1899 à Moulins, Georges Bidault fut élevé dès l'âge de huit ans, après la mort de sa mère, au monastère de Bollengo, dans le Val d'Aoste, où s'étaient réfugiés les Jésuites d'Yzeure. Georges Bidault s'y révéla très vite brillant, mais indocile436. L'éducation donnée par les Jésuites de Bollengo était empreinte de conservatisme : nombre de Bons Pères, souvent nobles, n'avaient aucune sympathie pour la République qui les avait chassés. Ils étaient donc profondément royalistes, patriotes, voire nationalistes : l'adoption de la loi des trois ans, en 1913, y fut ainsi célébrée par une messe d'action de grâces !

Un "terrible iconoclaste"

C'est en 1921 que George Bidault rencontra la Conférence Olivaint. Il venait d'avoir été rendu à la vie civile, après ses trois ans de service militaire, et entamait des études d'histoire à la Sorbonne, dédaignant ainsi la Catho.

436 Jean-Claude DEMORY, Georges Bidault (1899-1983), biographie, p. 14. Jacques DALLOZ, Georges Bidault, biographie politique, L'Harmattan, 1993, 468 p.

172 Vice-président en 1921, Bidault, qui se distinguait par sa forte personnalité, fut élu président en 1922, et resta très présent à la Conférence jusqu'en 1925.

M. Bidault, rapporte Jean Rey en 1924, parle tous les mercredis, presque sans exception. Présenter à un public étranger à nos discussions le portrait de M. Bidault est une chose difficile, il est ce deux qu'il faut voir à l’œuvre. D'abord sa personnalité est bien marquée. Il a le plus prestigieux des dons, celui de faire écouter dans un silence complet des idées souvent contraires à une grande partie de l'auditoire ; celui-ci semble être charmé. Lorsqu'il intervient, M. Bidault entre tout de suite dans le sujet, et il le retourne sous toutes ses faces, avec une vigueur qui ne va pas quelquefois sans endommager la thèse bien ordonnée du conférencier. Et puis, il est tout dévoué à la cause qu'il défend, aussi sa sincérité lui attire-t-elle l'affectueuse sympathie de ses adversaires. Quant à ses partisans, ils sont nombreux et ne lui ménagent jamais leurs applaudissements. J'aurai tout dit quand j'aurai appelé M. Bidault « la providence des présidents ». En effet, lorsque aucun contradicteur ne s'inscrit, il suffit qu'il monte à la tribune pour y voir courir à sa suite une nuée d'orateurs qui, hélas ! ne sont jamais de son avis... Alors ses yeux pétillent de malice derrière le binocle, et triomphant, il ramène sur son front une mèche indocile437.

À n'en point douter, Georges Bidault méritait le qualificatif de « terrible iconoclaste » que lui attribue son contemporain Pierre Goubaux438. Ainsi, lorsqu'il évoquait la question des frontières, c'était pour critiquer la notion de frontière naturelle, "notion irréelle, notion surannée", à laquelle il faudrait, selon lui, substituer le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Qu'un de ses camarades - en l'occurrence Pleven - lui objecte alors le principe d'équilibre, ou qu'un autre avance les nécessités militaires et l'opinion des grands chefs militaires pour défendre les frontières naturelles, n'y changeait rien : "Ce sont là, écrit Pierre Goubaux, des contingences terrestres dont ne peuvent se soucier ceux qui, comme M. Bidault, se promènent sur les hauts sommets de la géographie politique, et même dans les nuées de ce qui pourrait s'appeler la géographie métaphysique439" .

437 "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., p. 10. 438 "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1923, op. cit., p. 20. 439 Ibid.

173 S'agissant de sa perception de la Conférence Olivaint, nul doute qu'elle se différenciait de celle de nombre de ses condisciples, plus conservateurs. À Fortunat Strowski, invité à la séance de clôture de 1924, il lança ainsi :

Nous aimons beaucoup la tradition ici ; nous sommes passionnément attachés à la magnifique histoire de notre race et de notre génie. Mais cette tradition, que nous voulons préserver et poursuivre, nous nous refusons à la concevoir avec intolérance ou étroitesse 440.

Nul doute que dans la salle, les oreilles de certains devaient siffler. Celles de Du Moulin de Labarthète, notamment, qui était particulièrement conservateur et avec qui Bidault eut souvent maille à partir.

Débats avec les maurrassiens

Ses contemporains le décrivaient donc comme un président de l'Olivaint actif, très présent lors des séances du mercredi. C'est, cela dit, après sa présidence qu'il intervint le plus souvent dans les débats, pour s'opposer à ses adversaires Maurrassiens. Car, contrairement à son condisciple René Pleven, Bidault apparaissait comme un opposant résolu à l'Action française et ses tenants. Ainsi s'opposait-il très souvent à Georges Monnier, entré plus tard dans les ordres. Ce dernier, qui, rappelons-le, fut président de la Réunion, provoqua un jour l'hydre du jeune historien en prenant fait et cause pour le nationalisme : "Concevoir l'intérêt national avant tout, déclara Bidault, c'est établir une scission inadmissible entre le domaine religieux et le domaine politique441". À d'autres occasion, il s'en prit au nationalisme intégral et au dogme du « politique d'abord », déclarant notamment qu'il n'acceptait pas "la licence de manger du curé pourvu qu'on mange du boche442". Georges Bidault refusait ainsi toute idée de subordination du spirituel au politique, mais il n'affirmait nullement non plus de primauté du spirituel, concevant plutôt les deux comme intimement liés. En tout cas, bien avant ses prises de position publiques et violentes contre l'Action française, Georges Bidault avait donc des opinions parfaitement tranchées et arrêtées sur la question maurrassienne.

440 Séance solennelle de Clôture, 1923, op. cit., p. 7. 441 Jean Rey, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., pp. 12- 15. 442 Ibid.

174 L'une des meilleures expression en est certainement le vif débat qui l'opposa en 1923-1924 à du Moulin de Labarthète à l'occasion d'un débat sur Montalembert. L'orage, écrit le rapporteur, éclata très vite :

M. Bidault ayant donné Montalembert à ceux qui manquaient d'idéal, montra quelle est l'importance immédiate de l'apostolat social. M. du Moulin se trouvait parmi nous ce soir-là. C'est une bonne fortune pour la Conférence d'entendre ce tribun à l'organe tout à la fois éclatant et harmonieux. Ses interventions sont le fruit d'un esprit brillant et original, et leur vertu est particulièrement explosive. Il déclara tout de go à M. Bidault que l'apostolat social renfermait beaucoup de choses bien nuageuses, et qu'il passait aujourd'hui au second plan, le grand effort devant être réservé pour l'abrogation des lois laïques. Mais M. Bidault n'est pas homme à abandonner la bataille. M. du Moulin descendait à peine de la tribune, qu'il y remontait à son tour. Il s'éleva contre les paroles que M. du Moulin avait prononcées contre l'apostolat social. « Remettre, dit-il, le catholicisme dans la loi serait une chose vaine, si on ne le remet en même temps dans le cœur du peuple »443.

L'incident fut vite clos, les deux orateurs s'étant ensuite clairement expliqués. Par la suite, il semble que Bidault et du Moulin, et ce tardivement dans leur vie, se soient voué une estime et un respect mutuel. Tout, cela dit, était sujet de controverse entre Bidault et ses adversaires. Il s'opposa ainsi à Monnier et du Moulin sur la question du coup d'état de Rivera en Espagne, qu'il qualifia de "pauvre aventure444". Quant au régime fasciste, autant Monnier lui trouvait des qualités, autant Bidault le condamnait sans ambiguïté445.

Un farouche opposant de l'Action française

Georges Bidault ne manquait en fait jamais une occasion de s'en prendre à ses adversaires politiques de l'AF. Lorsque, par exemple, le futur dirigeant du Parti social français (PSF), Charles Vallin, dénonça le "modernisme philosophique", il se leva à la fin de l'exposé pour protester contre, "cette tendance facile qu'ont certains catholiques à confondre dans une même réprobation, sous le nom de modernistes, ceux de leurs frères

443 Jean Rey, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., p. 16. 444 Ibid., p. 17. 445 Ibid. , p. 18.

175 qui n'ont pas l'heur de penser tout à fait comme eux446". Contre les tenants de l'ordre social, il déclarait : "L'ordre, c'est plus que la tranquillité de la rue, c'est aussi la paix dans la conscience, et avant tout la justice447". Par son tempérament, Georges Bidault tranchait donc nettement avec son camarade René Pleven. Après sa présidence de l'Olivaint, il fut délégué en août 1923 au Congrès de Pax Romana, qui avait lieu à Innsbruck. Un an plus tard, il devint vice-président de l'ACJF, où il s'est révélé à maintes reprises le militant du catholicisme social, ou plutôt, comme l'écrit Jacques Dalloz, "un militant d'une démocratie chrétienne qui se cherchait448". 31 janvier 1926, il présenta devant le conseil fédéral de l'ACJF son rapport sur les mouvements de jeunesse catholique, dans lequel il s'en prit ouvertement à l'Action française, dont la devise, « Politique d'abord » ne pouvait, à ses yeux, être celle de l'ACJF :

C'est le devoir des dirigeants, déclare-t-il, de veiller dans les circonstances présentes à ce que la jeunesse catholique ne soit, par des mouvements politiques, ni compromise en bloc, ni égarée en détail. (...) Il ne faut pas nous laisser envahir449.

Georges Bidault illustrait donc parfaitement cette frange de la Conférence Olivaint qui, héritière de la tradition sociale et attachée à la primauté du spirituel, se retrouvait le plus souvent au sein de l'ACJF. Nul doute, cependant, que cette frange de la Conférence Olivaint connut un certain déclin sous la direction du Père de Pully, qui ne cachait pas son inclination pour l'Action française.

HENRI DU MOULIN DE LABARTHETE ET L'ACTION FRANÇAISE

Mise à la porte de la Conférence Olivaint en 1910, l'Action française a donc fait, au lendemain du conflit, un retour en force au sein de la Conférence Olivaint. La personnalité du Père de Pully n'y est pas étrangère, mais on ne peut pas négliger non plus l'action de certains Maurrassiens, dont le rayonnement a marqué l'Olivaint.

446 Charles Vallin, "Rapport sur les travaux de l'année", Séance solennelle de clôture, 1925, op. cit., pp. 19-21. 447 Séance solennelle de clôture, 1924, op. cit., p. 10. 448 Jacques DALLOZ, op. cit., p. 15. 449 Ibid.

176 Henri du Moulin de Labarthète est de ceux-là, et occupe une place à part au sein de la Conférence Olivaint. D'abord en raison de sa longévité au sein de l'association : entré en 1920 à l'Olivaint, il y est resté officiellement jusqu'en 1927. Ensuite, en raison des fonctions qu'il y a occupé : vice- président de René Pleven en 1920, il fut, avec Charles Vallin, le vice- président de Charles Boissard en 1924, avant d'être élu président de la Conférence à deux reprises, cas unique dans l'histoire de l'association. Les statuts de l'époque, en effet, n'excluaient certes pas la possibilité d'une réélection, mais imposaient un délai d'un an. Enfin, Du Moulin est certainement l'un des meilleurs représentants de la mouvance des étudiants d'Action française ou proches de l'Action française, très présents et actifs au Quartier latin tout au long de la décennie.

Un président charismatique

En l'absence d'étude biographique sur Henri du Moulin de Labarthète, il est difficile de se faire une idée précise du personnage. Son passage par l'Olivaint, cela dit, fut remarqué. Président éloquent et charismatique, Du Moulin, qui était à l'Ecole libre des Sciences politiques l'un des animateurs du Groupe d'études diplomatiques, économiques et sociales (GEDES) fut particulièrement soucieux d'étendre le recrutement de la Conférence : en 1926, il fut ainsi lauréat du concours de recrutement lancé par le Père de Pully450. Au risque, peut-être, d'homogénéiser par trop la Conférence et de tuer le débat :

La Conférence eut cette année en M. du Moulin un président dont la souriante autorité, la vaste culture, l'abondante éloquence, s'imposent à tous. Il pousse les jeunes à la tribune, et nous fait ainsi bénéficier de talents qui n'osaient se hasarder. Il sait susciter des orateurs, sinon des contradicteurs. On dirait, en effet, que sur des idées, jadis âprement combattues, l'accord se fasse presque unanimement. Il n'y a certes pas à l'Olivaint de Credo littéraire ou politique, mais souvent, en constatant que les orateurs n'apportent à la thèse du conférencier qu'une adhésion plus ou moins nuancée, on regrette les jouteurs d'autrefois451.

À cette date, comme on le verra, la Conférence Olivaint était devenu un bastion de l'extrême droite maurrassienne, et il n'y avait plus guère de

450 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit., p. 9. 451 Ibid., p. 10.

177 débats. En tout cas, Du Moulin, comme Pleven avant lui, n'hésitait pas à aller exercer ses talents d'orateur en dehors des séances du mercredi, mais il semble avoir préféré les cercles littéraires aux réunions politiques. En 1926, il entretint ainsi le cercle de l'Alambic de l'évolution religieuse de Jacques Rivière452.

« L'Intelligence française est en péril »

L'attachement de Du Moulin à la Conférence n'était pas unilatéral. Ainsi, en juin 1928, il fut invité en qualité d'invité d'honneur à la séance de clôture, à la suite du désistement d'une personnalité plus prestigieuse453. À cette occasion, Du Moulin, qui venait d'être reçu au concours du Conseil d'État, s'en prit en des termes très vifs à l'Université républicaine :

Du Moulin, rapporte Pierre Goubaux, nous a parlé, en cette langue élégante, vive, imagée, originale, que chacun ici admire et jalouse quelque peu, de la nécessité de la culture générale. Il montra l'erreur de l'Université française du XXe siècle, qui, à la remorque des Universités allemandes, a confondu l'esprit encyclopédique et l'esprit de culture. Changer l'esprit de matières plus ou moins assimilées n'est pas le former. Étouffer l'intellect agent sous le poids des connaissances n'est pas le vivifier. Nos traditions françaises sont humanistes. Notre université républicaine germanisée et démocratisée les a méconnues.

À ses yeux, l'université fait fausse route, et "l'intelligence française est en péril" :

Les grands talents se font rares. Les chefs, par la suite, aussi. La mode et le snobisme tiennent lieu de jugement. L'anarchie intellectuelle résulte du fait que les esprits sont dépourvus de vigueur et de finesse pour discerner le vrai du faux. Conséquence aussi de cet affaiblissement de l'esprit la tendance moderniste de remplacer la raison exercée par un sentimentalisme vaporeux, qui conduit aux pires illusions et aux chimères les plus dangereuses.

Et Henri du Moulin de définir la culture non dans l'entassement des connaissances pratiques mais dans "les qualités acquises de l'esprit", et dans

452 Ibid. 453 Pierre Goubaux, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint". Année 1928. Bourges : Tardy, 1928, p. 3. 178 certaines habitudes intellectuelles, que le contact assidu des "maîtres de l'intelligence" peut seul donner454.

FACE A LA CONDAMNATION DE L'ACTION FRANÇAISE

La place de l'Action française au sein de la Conférence est difficile à évaluer. Il ne fait aucun doute, cependant, que les étudiants d'Action française constituassent une bonne part des effectifs. Dans une lettre adressée au RP Provincial, le RP de Pully indique ainsi en septembre 1925 que la défection des AF a entraîné une diminution de 50 à 60 % des cotisations dans les différents groupes dont il avait la responsabilité455. Cela permet d'estimer à une centaine le nombre d'Olivaints proches ou membres de l'Action française à cette date.

La crise de 1925

Tout semble indiquer que cette présence massive n'allait pas sans causer des remous, avant même la condamnation de l'Action française par le Pape. Il est fort vraisemblable, en effet, que la Conférence Olivaint ait traversé une grave crise en 1925-1926, qui expliquerait la défection des AF qu'évoque le RP de Pully et l'apaisement des débats. Dans une lettre d'octobre 1941, André Aumonier évoque les discussions qu'il a eues, à Vichy, avec d'anciens Olivaints de cette époque :

Ils évoquaient, écrit le président de 1938, les grandes années orageuses de 1925 et 1926 et ils s'accordaient à vous savoir gré d'avoir su maintenir la vérité tout en commandant l'obéissance à la hiérarchie456.

Il n'est pas impossible, en fait, que la hiérarchie de la Compagnie de Jésus se soit émue de la présence en grand nombre des AF au sein de l'Olivaint et de l'accueil qui leur était réservé par le RP de Pully, ouvertement Maurrassien. Il n'est pas impossible non plus que Georges Bidault, présent à l'Olivaint au moins jusqu'au début de l'année 1925, ait joué un rôle dans la crise. L'absence d'archives, cependant, interdit de

454 Ibid., p. 6. 455 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 25 septembre 1925. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 456 Lettre d'André Aumonier au RP de Pully, 20 octobre 1941, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 179 dépasser le stade des hypothèses457. Seule l'issue de la crise ne fait aucun doute : la tendance dirigée par Du Moulin de Labarthète a conservé la tête de la Conférence Olivaint, entraînant ou provoquant le départ des démocrates-chrétiens.

L'Olivaint, tribune de l'Action française

Les partisans de Charles Maurras avaient, il est vrai, depuis 1919 à l'Olivaint, une tribune, où ils pouvaient sans trop de mal exposer et défendre leurs thèses. Parmi leurs thèmes de prédilection, on trouve le nationalisme (traité par Henri du Moulin en 1919-1920, par M. Tissot en 1923-1924), la Franc-maçonnerie (traitée en 1919-1920 par Paul Manière), ou encore la question juive (traitée en 1921 par Pierre Mignot, en 1922 par Georges Bracquart). Certains exposés ont même un caractère doctrinal certain, comme ceux de Charles Boissard, sur le fondement philosophique du nationalisme intégral en 1923-1924 et sur la « musique intérieure » de Charles Maurras l'année suivante. C'est le cas aussi de l'exposé hagiographique de Roger de Lafforest, intitulé « Maurice Barrès, maître d'attitude ». Les débats, on l'a vu, étaient souvent très vifs, les royalistes se défendant d'être en contradiction avec la doctrine catholique et affirmant à toute occasion la valeur de leurs thèses. Sous couvert de philosophie, partisans de la démocratie et royalistes se sont donc livrés de sérieuses batailles, sous le regard attentif du Père de Pully.

Le danger Maurras et la fidélité à l'Action française

Pour ce dernier, comme pour les nombreux Jésuites proches de l'Action française, on pourrait croire que la Condamnation du journal de Maurras et Daudet aurait provoqué des cas de conscience. En apparence, cependant, il n'en fut rien ; il semble qu'ils se soient acharnés à distinguer la condamnation de l'homme et du journal de celle du mouvement monarchiste. Ainsi, et paradoxalement, ils se trouvèrent provisoirement confortés dans leurs opinions politiques. La politique intérieure étant toujours formellement bannie des débats de la Conférence Olivaint, il n'y a aucune trace de discussions sur ce délicat sujet dans les comptes rendus des séances du mercredi. En revanche, l'étude

457 Curieusement, en effet, il n'y a pas trace de rapport sur la séance de clôture de l'année 1925-1926 et le rapport de l'Assemblée générale ne mentionne pas le moindre conflit. 180 des comptes rendus du cercle militaire, dépendant de l'Olivaint, nous permet de nous faire une idée précise de l'attitude de certains Jésuites face à la condamnation. Ainsi, le 27 octobre 1926, la Conférence militaire de l'Olivaint, présidée par un certain Vallat, reçut le RP de Font-Réaulx, venu aborder la question de l'Action française458. "Maurras est un vrai danger", déclara-t-il d'emblée, "et les avertissements qu'il s'est attiré de la part du Souverain Pontife sont bien mérités". Le conférencier examine ensuite les oeuvres de Maurras, et met en avant les dangers qu'elles contiennent pour les catholiques. Maurras n'écrit-il pas qu'il n'a "jamais trouvé une certitude dans le domaine moral, philosophique et religieux" ?

On remarque (...), affirme le conférencier, dans l’œuvre de Maurras, une certaine opposition entre l'Évangile et l'Eglise, entre le Christianisme et le Catholicisme. Il envisage Jésus comme une illuminé à la manière de Tolstoï, avec des sentiments anarchiques de l'ordre passionnel, l'Eglise (...) méritant (...) d'avoir non seulement organisé, mais corrigé l'esprit évangélique devenu synonyme de certaines tendances anarchiques.

Cela dit, il convient, selon le Père de Font-Réaulx, de distinguer, dans l’œuvre maurrassienne, la doctrine personnelle et la doctrine politique :

Aussi le Pape ne nous défend pas de suivre Maurras. Il en signale simplement le danger (...). À nous, dit le Père, d'avoir ce qu'il faut pour nous en prémunir.

À un jeune Olivaint, qui évoque la lettre du Cardinal Gasparri en réponse au Cardinal Dubois, publiée le soir même dans La Croix, interprétant le passage dans lequel le cardinal conseille de se "détacher du péril le plus vite possible" comme un ordre du Pape de se retirer de l'AF, le Père de Font-Réaulx prit le journal des mains pour détacher de la lettre "son véritable sens" :

Si la lecture de l’œuvre personnelle de Maurras vous trouble et menace de faire perdre votre foi, retirez-vous évidemment. Si vous ne voyez avant tout que (...) la défense de l'Eglise romaine, et le rôle bienfaisant de cette Église dans la société, vous pouvez en toute confiance y demeurer.

458 Compte rendu de la séance du 27 octobre 1926, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 181 Si même vous ne lisez que le journal, les livres de Maurras vous étant inconnus ; si vous ne le suivez que sur le terrain politique, alors la chose est encore plus certaine. Vous n'avez aucun motif à vous retirer.

Le Jésuite, assurément expert en l'art de la casuistique, ajoute qu'aucune règle générale n'est à donner en la matière, et "c'est pourquoi le Pape ne manifeste que des désirs". À chacun, par conséquent, de juger de la ligne de conduite qu'il doit suivre. Mais :

Ceci est évidemment affaire de conscience et implique l'obéissance aux conseils de son confesseur.

Voici comment la lutte sourde des Jésuites proches de l'AF contre la condamnation toute proche allait se transporter dans les confessionnaux !

Henry de Pully entre en résistance

Le 18 novembre 1926, lors d'une séance du cercle militaire de la Conférence Olivaint, le Père de Pully a commenté l'entrevue du RP de la Brière avec le Pape au sujet de la Fédération nationale catholique et l'Action française. Selon le Père de Pully, le Pape aurait dit qu'il n'y avait "ni condamnation ni interdiction de ce journal, mais seulement mise en garde" :

La politique royaliste qui y est suivie a l'approbation de l'Eglise, mais il faut se méfier du point de vue moral et religieux à cause de ses deux dirigeants, Maurras et Daudet. Le premier est libre-penseur et le second a écrit certains romans qui ont une morale peu recommandable459.

Si la fidélité de ce compte rendu peut être mise en cause, il n'en révèle pas moins, l'interprétation que le Père de Pully fit de l'attitude du Pape envers l'Action française. Il considère, en effet, que le Pape n'a pas condamné l'Action française, mais en a simplement mis en évidence les dangers.

459 Compte rendu de la séance du 18 novembre 1926, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 182 Une semaine plus tard, évoquant devant les jeunes conscrits la question de l'infaillibilité et du pouvoir du Pape. Il montra que l'autorité du Pape est avant tout d'ordre spirituel, et laisse sur beaucoup de question un certain libre-arbitre aux croyants, et prit comme exemple, à l'appui de son argumentation, la "mise en garde" de Pie XI contre l'Action française. Son propos est ainsi résumé par le secrétaire de séance :

C'est sur le terrain de la foi qu'il a voulu se placer, laissant de côté la question politique. Libre à nous, sur ce point de défendre la forme de gouvernement qui nous semble la meilleure460.

La Conférence Olivaint, bastion de l'AF ?

La condamnation définitive de l'Action française par le Pape, en décembre 1926, a, à coup sûr, aggravé le cas de conscience que se posait le Père de Pully. Cela dit, tout indique qu'il demeura durablement attaché à l'Action française, sinon au journal, tout du moins au mouvement. Tout porte à croire que la Conférence Olivaint, quant à elle, est durablement restée l'un des bastions de l'Action française dans le milieu étudiant. Car la défection de l'Action française, en 1925, semble bien avoir été de courte durée. Le président élu à l'issue de la crise fut Henri du Moulin de Labarthète, et sa réélection, l'année suivante - au plus fort du conflit lié à la condamnation pontificale, a valeur de symbole. Son successeur, Charles Vallin, futur dirigeant du Parti social français (PSF), était lui aussi proche de l'Action française. On ignore les opinions de ses successeurs, Jacques Lot, François Ribadeau-Dumas, Henri de Forbin et Pierre de Vaucelles, mais il ne serait pas non plus étonnant qu'ils furent, à un moment ou à un autre, proches, chacun, de l'Action française ou des Jeunesses patriotes. Si, progressivement, le Père de Pully a pu se faire plus discret sur ses sentiments partisans, sa fidélité au nationalisme ne s'est pas démentie. Ainsi, le 15 décembre 1926, la Conférence Olivaint eut-elle l'occasion d'exprimer ses sentiments peu pacifistes en recevant le général Weygand au cours d'une soirée consacrée à la question de Dantzig, présidée par Henri du Moulin de Labarthète :

460 Compte rendu de la séance du 25 novembre 1926, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 183 Il y eut à ce moment, rapporte Jacques Vier, entre cet homme jeune encore, qui a tant fait pour la sécurité et la dignité française, et nous, à qui répugne l'idéologie pacifiste, premisse de nouveaux massacres, une promesse échangée : celle de ne rien sacrifier de l'intérêt national à une conception utopique et à tout prendre antipatriotique de la paix461.

À l’issue de la crise qui l'avait secouée, l'Olivaint réaffirmait ainsi son nationalisme exclusif et sa profonde germanophobie. "En vous, conclut le RP de Pully, s'adressant à Weygand, ces jeunes gens ont trouvé un chef462".

461 Séance solennelle de clôture, 1927. Bourges : Tardy, 1928, pp. 6-23. 462 Ibid.

184 Chapitre IV : L'Olivaint et la Fédération des étudiants catholiques (FFEC).

En 1928, la Conférence Olivaint fait disparaître le nom de l'ACJF de la couverture de ses publications, et le remplace par celui de la Fédération des étudiants catholiques. Aucune explication n'est donnée pour expliquer ce changement, qui intervient juste après le lancement du journal de la FFEC et peu de temps avant la création de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC). Dans le contexte qui a suivi la condamnation de l'Action française, ce changement discret reflète au moins autant une prise de distance de l'Olivaint par rapport à l'ACJF que son attachement à une organisation dont elle a suivi avec attention le développement.

LA FONDATION DE LA FEDERATION DES ETUDIANTS CATHOLIQUES

Tout comme elle avait joué un rôle déterminant dans les premières années de l'ACJF, la Conférence Olivaint a suivi de très près l'initiative lancée par l'un de ses membres, visant à constituer une association corporative d'étudiants catholiques.

Jean Levêque et l'Office central des étudiants catholiques

C'est un Olivaint, en effet, Jean L'évêque, qui fonda en 1921 l'Office central des étudiants catholiques, une organisation corporative destinée à regrouper les différentes associations d'étudiants catholiques. En 1922, l'Office devient la Fédération française des étudiants catholiques. L'office central des étudiants catholiques de Paris avait lancé un appel à toutes les villes universitaires de France et, le 26 février 1922, trente délégués - censés représenter 5200 étudiants - se réunirent à Paris. Après la messe, dans la crypte de l'Eglise des Carmes, à l'Institut catholique un banquet, et sept heures de travaux, ils établirent les statuts de la Fédération, dont Mgr Baudrillart accepta d'être le protecteur. Jean Levêque en fut élu président par acclamation 463.

463 Georges Monnier, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Assemblée générale 1922, op. cit., p. 17-18.

185 Les origines de la FFEC

A l'origine de cette nouvelle association, il y avait, semble-t-il, un contentieux entre plusieurs associations d'étudiants catholiques, désireux de constituer une association corporative, et les responsables de l'ACJF, en particulier son aumônier, le RP Corbillé, désireux au contraire de maintenir la forme unitaire de l'ACJF. Il existe à ce jour, peu d'éléments sur les circonstances de cette fondation464. On dispose, cependant, du témoignage du RP de Pully qui, une semaine après la réunion de la Catho, écrivit à son supérieur pour lui en rendre compte. Il note d'abord que c'est de l'Institut catholique - où Jean L'évêque était élève - qu'est parti le mouvement qui a abouti à la création de la Fédération et critique l'attitude de l'ACJF et de son aumônier, le RP Corbillé qui, selon lui, est responsable de la création de cette structure hors de l'ACJF465. En effet, depuis 1920, de nombreux groupes d'étudiants, en particulier en Province, réclamaient la constitution d'une union nationale :

Depuis l'origine du mouvement [...], je n'ai cessé de supplier le P. Corbillé d'aller de l'avant, de créer, dans l'ACJF, une Fédération des étudiants, afin de satisfaire à leur désir, né de ce qu'ils ont vu à l'étranger, en Belgique spécialement, afin qu'ils se sentent chez eux dans l'ACJF, qu'ils y aient leur revue, leurs manifestations en commun, leurs congrès, etc...

Il s'agissait, avant tout, de fournir aux étudiants catholiques de pouvoir se connaître, de se connaître, de s'aider dans leur entrée dans la vie active. À tout cela, l'ACJF semble n'avoir pas été très sensible :

Le comité de l'ACJF n'a jamais voulu écouter les avis du P. Lauras [Aumônier de la Conférence Laënnec de 1902 à 1932] et les miens, et a toujours refusé de s'intéresser aux étudiants comme tels. Il a manœuvré pour étouffer leurs initiatives d'union, à Paris, à Strasbourg, à Toulouse. Ce qui a fait un effet déplorable, et a fait crier partout à l'intolérance et au monopole.

464 A notre connaissance, il n'existe même aucune étude sur la FFEC. 465 Lettre du RP de Pully à X, vraisemblablement le RP Provincial, s.d., Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. Comme beaucoup d'autres, cette lettre a été endommagée par le conservateur qui a classé le fonds. Celui-ci a en effet jugé bon de ne garder de la lettre que ce qui lui paraissait intéressant, jetant notamment à la corbeille la première et la dernière page. Une référence à la réunion permet cependant de situer cette lettre début mars 1922. 186 La Conférence Olivaint et la Conférence Laënnec n'ont pas été épargnées par les critiques que les groupes provinciaux adressaient à l'ACJF. Lors de la réunion du 26 février, les groupes de Bordeaux, Toulouse, Lille, Montpellier, auraient fait montre d'une "hostilité violente", à l'égard de l'ACJF, et des groupes qu'elle considère comme ses "paravents", l'Olivaint, Laënnec, Le groupe de l'Ecole centrale, le groupe de Polytechnique, c’est-à- dire les groupes dirigés par les Jésuites. Ils leur reprochent notamment d'avoir voulu établir un secrétariat de l'Union des étudiants au sein de l'ACJF.

Nos jeunes gens ont su se défendre avec tant de prudence et de tact, poursuit le RP de Pully, qu'ils ont su faire voter le maintien de ce qu'ils avaient obtenu pour Paris : l'union amicale avec l'ACJF et le secrétariat chez elle.

De fait, la commission élue comptait parmi ses cinq membres le président de la Conférence Olivaint, Roger de Saint-Chamas, un délégué des polytechniciens, et un délégué de Laënnec. Les deux autres commissaires, L'évêque - délégué de l'Institut catholique - et le délégué des étudiants de Strasbourg, se seraient efforcés eux aussi de maintenir des rapports cordiaux avec l'ACJF. Tous les groupes ACJF présents à l'Institut catholique ont adhéré (Nancy, Grenoble, Poitiers, Lilles, Angers), sauf Marseille et Lyon. "Le Père Dubruel (Toulouse) et le Père Dieuzayde (Bordeaux), écrit Pully, ont dit à L'évêque (...) qu'ils étaient de son avis, et ne voyaient aucun inconvénient à ce que les étudiants catholiques se rapprochent et se connaissent".

La Compagnie de Jésus face à la FFEC naissante

Face au Père Corbillé qui, semble-t-il, prônait, au moins au début, la fermeté face à l'organisation naissante, le RP de Pully prône une attitude bienveillante de l'ACJF :

J'ai demandé au Père Corbillé de profiter du moment, puisque la commission élue est bien composée, et de décider son comité à se montrer fraternel pour les étudiants, à les aider, encourager ; car loin d'être un danger pour elle [L'ACJF], comme elle le craint toujours, je crois qu'au contraire, peu à peu, si elle manœuvre plus habilement et plus cordialement, cette Union des étudiants catholiques, en bons rapports avec elle, pourra lui ramener des sympathies et des collaborations. Mais qu'elle lui tende franchement la main, et non le poing !

187 Pully propose donc d'encourager le développement de l'organisation naissante, en bonne entente avec l'ACJF, et ce notamment par le lancement d'une revue :

Si nous les aidions (discrètement) à la lancer, à l'organiser, réunissant une équipe des nôtres qui y écrirait, nous préviendrions leurs tentatives auprès des Dominicains ou des Sulpiciens de l'IC, nous garderions notre influence, et nous y établirions une collaboration discrète avec l'ACJF, pour la faire connaître et valoir dans le monde étudiant.

Ainsi le souci du Père de Pully, comme d'autres responsables de jeunesse de la Compagnie de Jésus, est-il d'entretenir, avec tact, l'influence des Jésuites dans cette nouvelle organisation, et de faire pièce aux Dominicains, bien implantés dans le milieu estudiantin. Nul doute que le Provincial n'a pas été insensible à cette argumentation. Naturellement, eu égard à la défiance de certains groupes de province envers les Jésuites et leur crainte d'être inféodés à l'ACJF, le Père de Pully recommande la plus grande discrétion, notamment dans la revue :

Le Père Corbillé voudrait que (...) les non SJ n'y écrivent pas, que ce soit "Notre revue"... je crois qu'ici encore trop d'exclusivisme et de tendance au monopole nous mènerait à l'échec. Il faudrait, au contraire, que tous les aumôniers d'étudiants puissent y écrire, et tous les étudiants, à quelque groupe qu'ils appartiennent. (...).

Henry de Pully va même plus loin, en proposant que cette revue devienne la revue de la Compagnie de Jésus destinée aux "jeunes gens cultivés". De fait, sans que l'on connaisse davantage les détails des tractations, la direction de la FFEC est revenue aux Dominicains. L'aumônier général en fut en effet le Père Janvier. Cela dit, les Jésuites, à commencer par le Père de Pully, contribuèrent pour beaucoup à l'essor de la FFEC et de son organe, lancé en 1928, L'Étudiant catholique. On se méprendrait donc, en opposant - comme on peut être tenté de le faire - la JEC, aux mains des Jésuites, à la FFEC, dirigée par les Dominicains.

188 Ainsi, à son retour du congrès de la FFEC de Clermont, en 1932, le Père de Pully se félicite de l'accueil chaleureux des autorités ecclésiastiques, l'évêque du Puy et celui de Clermont. Et l'aumônier d'ajouter :

C'est l'avantage certain d'une Fédération, où "Le Jésuite" n'apparaît pas comme élément dirigeant et accaparant, mais simplement mêlé à tous ceux qui dirigent les associations d'étudiants en France466.

En somme, si en 1888, la Conférence Olivaint avait permis à la Compagnie de Jésus de prendre la direction de l'ACJF, en 1922, l'action du Père de Pully a partiellement permis aux Jésuites de ne pas être totalement exclus de la FFEC naissante.

UNE FEDERATION DE CERCLES D'ETUDIANTS

Dès les origines, la FFEC prit une forme fédérale, et non unitaire. Chaque groupe adhérent gardait son entière autonomie : "La FFEC, rapporte René du Ponceau, n'impose à ses adhérents aucun credo politique et sociale. Le titre de catholique est le seul qu'elle exige de ses membres467". Une commission administrative de dix membres dirigeait la Fédération.

Un regroupement de cercles d'étudiants

En 1925, la FFEC revendiquait 35 cercles affiliés, dans une quinzaine de villes universitaires, et 6000 adhérents, la moitié à Paris. En 1931, elle revendique 15000 adhérents, répartis en 53 groupes. Parmi les cercles parisiens, on trouvait, outre la Conférence Olivaint et la Conférence Laënnec, le cercle du Luxembourg, le Cercle Psichari, le Cercle d'Hulst et le Cercle Montalembert du 104 rue de Vaugirard468, qu'il ne faut pas confondre avec la Conférence Montalembert, conférence des élèves de Franklin (Saint-Louis de Gonzague).

466 Lettre du RP de Pully au RP Provincial, 16 avril 1932. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 467 René du PONCEAU, Rapport présenté au congrès de la FFEC du 19 mars 1927, La FFEC, n° 26, Collection "Action populaire", Paris : Spes, 1927, 16 p. Ce document est conservé dans le dossier FFEC du fonds de la Conférence Laënnec conservé aux Archives jésuites de la Province de Paris, sous la cote I PA 745. René du Ponceau était un membre de la Conférence Olivaint. 468 La Réunion des étudiants du 104 de la rue de Vaugirard a été fondée à la toute fin du XIXe siècle, et fut, très tôt, affiliée à l'ACJF. Le Cercle d'Hulst, quant à lui, fut fondé en 1906 par d'anciens élèves de Franklin. 189 Il n'est pas rare que des groupes aient appartenu à la fois à la FFEC et à l'ACJF. C'est le cas, en particulier, d'une grande partie - sinon de la totalité - des groupes dirigés par les Pères Jésuites, qui ne pouvaient décemment quitter l'ACJF, dirigée par la Compagnie. Pour justifier cette double appartenance, le RP de Pully affirmait publiquement que la FFEC était rattachée directement à l'Action catholique469. Mais la Fédération a aussi regroupé des organisations en froid avec l'ACJF, notamment le Cercle du Luxembourg.

Une "union corporative"

La FFEC se définit comme une "union corporative", répondant aux caractéristiques de la génération de l'après-guerre : "le goût de l'action et le besoin d'affirmer (ses) conviction470". Elle se démarque nettement de ce qui existait jusqu'alors. Certes, il existait bien des "foyers de vie religieuse intense", ces groupes catholiques, comme la Conférence Olivaint, où l'esprit s'ouvrait à d'autres horizons que ceux des amphithéâtres :

Mais [ces groupes catholiques] concevaient leurs cercles comme des oeuvres de préservation et de formation, oasis aux frais ombrages dans un désert hostile. S'ils envisageaient la nécessité d'une action religieuse, sociale ou civique, à travers le pays, c'est dans les rangs des grandes associations générales de jeunesse telles que l'ACJF qu'ils dépensaient leur activité. Notre jeune témérité s'enhardit à croire que l'action des étudiants catholiques avait, cependant, lieu de s'exercer sur le plan corporatif471.

Un triple but

La Fédération, organisation catholique, nationale et corporative, avait ainsi un triple but. Le premier était de ranimer la vie religieuse collective des étudiants français. Pour cela, elle organisait des veillées d'adoration à Montmartre, chaque année, ainsi qu'un hommage annuel à Jeanne d'Arc, rue de Rivoli. En 1927, le cortège avait été supprimé depuis quelques années sur

469 Lettres de Jersey, revue interne à la Compagnie de Jésus, 1931-1932, pp. 642-644. 470 René du PONCEAU, op. cit. 471 Ibid.

190 instructions ministérielles, mais la FFEC n'en a pas moins porté une couronne de Saint-Augustin place des Pyramides, "après avoir franchi une demi-douzaine de barrages de police, non sans quelques péripéties, mais sans éprouver aucun dommage472". Le deuxième était d'agir en toute occasion sur le terrain estudiantin au nom des étudiants catholiques, c’est-à-dire créer une action étudiante catholique, au service principalement des étudiants isolés ou peu fortunés. La FFEC organisa ainsi un service de logement, créa une carte de réduction dans les commerces du quartier latin et créa l'association des « Amis de l'étudiant français », sous la haute protection de Henri Bordeaux., une association d'entraide pour les étudiants en difficulté. La troisième était de représenter l'étudiant catholique français devant l'opinion française et étrangère toutes les fois que se révélerait utile cette représentation, dont les étudiants catholiques avaient trop longtemps - au goût de la FFEC - laissé le monopole "à des organisations neutres ou laïques473".

Pour une formation morale de l'étudiant

L'esprit qui anime la Fédération correspondait tout à fait à celui de la Conférence Olivaint. On y retrouvait, en effet, le goût de la formation intellectuelle et morale, et la prétention de former, à terme, une nouvelle élite catholique. En 1925, dans la première livraison de L'Étudiant catholique, revue de la FFEC, l'aumônier général de la Fédération, le Frère dominicain Marie- Albert Janvier, détaillait la formation des étudiants que la Fédération entendait mettre en oeuvre. Il s'agissait d'abord d'une formation intellectuelle :

Il faut, écrit-il, que l'étudiant catholique sache ce qu'il doit croire et ce qu'il doit pratiquer. Il ne suffit pas qu'il ait la foi du charbonnier. Il lui appartient d'établir un parallélisme aussi parfait que possible entre sa science profane et sa science religieuse, de connaître les vérités qu'il sera tenu de respecter scrupuleusement dans l'exercice de sa profession474.

472 Ibid. 473 Ibid. 474 L'Étudiant catholique, n° 1, 1925, p. 1.

191 Mais, ajoute-t-il, il faut aussi à l'étudiant une formation morale.

Trop souvent, hélas, surtout chez les jeunes, gens tourmentés par les passions, il y a loin de la croyance à la conduite. (...). Il est nécessaire que l'étudiant apprenne à estimer les moyens naturels et surnaturels dont l'emploi persévérant trempe la volonté, l'habitude à la lutte et à l'effort, règle les mouvements du cœur, de la sensibilité et les oriente vers le Bien475.

Mais la FFEC avait bien, aussi, l'ambition lointaine de former une élite catholique :

Elle a pour but de former non pas seulement des avocats, des médecins, des notaires, des industriels, etc., mais des hommes ayant conscience d'abord de leurs devoirs professionnels, sachant éviter les excès, les injustices dont se plaint avec raison le public ; des hommes éclairés qui, comme époux, comme pères, respecteront les lois morales ; des citoyens qui s'intéresseront à leur pays ; des chrétiens instruits de leur religion qui, profondément convaincus, seront armés pour la défense et la diffusion de leur foi. À cet effet, nous nous efforçons de combattre l'esprit de "réalisme" exagéré qui anime, dit-on, les nouvelles générations, de leur inspirer le goût des études générales : littérature, histoire, philosophie, religion ; sans cela, nous aurons des spécialistes et des techniciens, nous n'aurons pas des hommes capables, plus tard, de servir, en qualité de dirigeants, l'Eglise et le pays476.

Les Congrès

La manifestation majeure de la Fédération était le congrès annuel, grand rendez-vous de la jeunesse catholique, où les différents groupes se retrouvaient et affichaient leur signe distinctif : la faluche. Car le corporatisme de la FFEC est de nature ostentatoire : les étudiants catholiques doivent s'affirmer en tant que tels et se montrer. Dans la livraison de novembre 1928 de L'Étudiant catholique, il est ainsi demandé aux adhérents de la FFEC de porter en toute occasion leur signe distinctif : un ruban bleu de roi sur le béret, sur la droite, en cavalier sur le ruban aux couleurs de la Faculté.

475 Ibid. 476 Anonyme, L'Étudiant catholique, n° 27, juin-juillet 1931, p. 3.

192 Le premier congrès, en 1922, eut lieu à Strasbourg. Le second, en 1923, à Grenoble, vit très vraisemblablement l'élection de René Pleven477. En 1925, la FFEC organisa une « Semaine de l'étudiant catholique » avec pour thème "l'Idéal de la profession". Cette semaine a, semble-t-il, provoqué la colère de certains milieux laïques, M. Maurice Charny, dans La Défense laïque, criant au "péril jésuite" et s'alarmant de voir la jeunesse universitaire "passer au cléricalisme478".

« Pax Romana »

La FFEC avait aussi une action internationale, au travers de sa participation aux congrès de la Confédération internationale des étudiants catholiques (CIEC), dite Pax Romana. Le projet d'une confédération des organisations d'étudiants catholiques est né en Suisse, peu après la Guerre. La CIEC est née en 1921, lors du congrès de Fribourg, qui réunissait 18 nations479. La principale manifestation de cette organisation était le congrès annuel qu'elle organisait dans une ville européenne. Rapidement, Pax romana a dénoncé le bellicisme : "Notre individualisme, et notre gros défaut de nationalisme, peut-on lire dans un manifeste de la Confédération, il faut l'avouer, ont fait que nous n'avons pas été jusqu'ici assez catholiques au vrai sens du mot480". En conséquence de quoi les organisations nationales sont invitées à collaborer avec des étudiants étrangers. La FFEC a, pour sa part, borné son action à l'instauration de liens entre les étudiants catholiques des différents pays d'Europe, en se gardant de toute dérive pacifiste :

Notre action, écrit René du Ponceau, s'est exercée pour garder à Pax Romana son caractère de secrétariat international d'entraide catholique universitaire, s'abstenant de toute action proprement politique, mais en travaillant à la pacification des esprits et des cœurs481.

477 La liste, lacunaire, des présidents de la FFEC est publiée en annexe. 478 Cité par René du PONCEAU, op. cit. 479 L'Étudiant catholique, n° 3, mai-juin 1928, pp. 12-13. 480 L'Étudiant catholique, n° 24, mars 1924. 481 René du PONCEAU, op. cit.

193 LA CONFERENCE OLIVAINT AU SEIN DE LA FFEC

La FFEC, à la différence de l'ACJF, n'était donc pas une oeuvre dirigée par les Jésuites, mais la Conférence Olivaint ne s'est pas moins investie très largement dans cette organisation, au point de délaisser - comme on l'a vu - l'ACJF, qui ne répondait plus, à ses yeux, aux attentes de la jeunesse étudiante catholique.

L'action du RP Yves de la Brière

Le RP Yves de la Brière, professeur à l'Institut catholique fut, dans l'entre-deux guerres, l'un des plus fidèles soutiens de la Conférence Olivaint et a certainement oeuvré pour le rapprochement de la vieille association jésuite avec la FFEC. À plusieurs reprises, il vint faire des conférences ; il traita ainsi de la question religieuse en Alsace et en Lorraine, des rapports du Saint-Siège avec la Société des nations ou encore de Pierre Olivaint. Le 8 juin 1921, il donna une conférence sur les « fondements chrétiens du droit international » : "La seule internationale qui tienne, c'est le catholicisme", déclara-t-il482. Pleven, au cours de la discussion, émit l'idée que la sanction internationale par excellence était celle de l'opinion publique, ce qui lui valut une rectification du Père de la Brière qui jugeait cette force insuffisante. Il était l'auteur d'une étude sur Pierre Olivaint, qu'il vint présenter à la Conférence Olivaint en 1924-1925. Le 25 mai 1925, il prononça un sermon virulent sur la tombe du Père Olivaint à l'occasion des noces d'Argent de la Conférence estimant que "la cause de Dieu, en France, périclite plus que jamais" et qu'il faut, par conséquent, au pays, "des catholiques ardents, intrépides, qui se donnent joyeusement et tout entiers à une cause si sainte483". L'inclination du Père de la Brière pour la Conférence Olivaint le conduisit à en parler en termes élogieux dans la deuxième livraison de L'Étudiant catholique :

Foyer ardent de formation catholique, école d'application à la piété, au zèle, à la charité, elle garde jalousement la tradition intellectuelle de la haute culture littéraire et classique. Elle veut que ses membres unissent au courage de bien faire le souci de penser juste et le talent de bien dire, au service de Dieu, de la patrie et des lettres484.

482 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 483 Assemblée générale 1925, op. cit., pp. 2-4. 484 Yves de la BRIÈRE, "La Conférence Olivaint", L'Étudiant catholique, n° 2, avril 1928, pp. 16-18.

194 Autant que le Père de Pully, le RP de la Brière, collaborateur des Études, marqua plusieurs générations d'Olivaints et encouragea la collaboration de ceux-ci à la FFEC.

Forte présence dans l'organigramme

En fait, la proximité de la Fédération avec l'Institut catholique a elle aussi encouragé ces liens : c'est un proche de l'Olivaint, Mgr Baudrillart, qui a pris la FFEC sous sa protection. Pendant longtemps, le Nihil obstat de L'Étudiant catholique fut délivré par le prorecteur de l'IC, et plusieurs professeurs de la faculté catholique, notamment l'ancien Olivaint François Hébrard, ont apporté leur concours à cette revue. En tout cas, la participation de la Conférence Olivaint à la Fédération - que son aumônier, par tempérament préfère appeler Fédération nationale des étudiants catholiques - est très précoce, et importante : le premier, le troisième et le sixième président de la FFEC (Levêque, Pleven et Goubaux), le premier rédacteur du bulletin de la Fédération (Richou), étaient Olivaints. Dans les premières années, et de manière durable, la répartition des postes au sein du bureau fédéral a laissé une large place à la Conférence Olivaint. Ainsi, en 1929, si le poste de président est occupé par un membre du cercle Montalembert, le vice-président et le trésorier sont Olivaints : au total, cette année-là, ce sont cinq Olivaints que l'on recense dans les instances de la FFEC, Moissinac et Bizard, vices présidents, Richard trésorier et, enfin, Demoreuille485. Chaque année, plusieurs membres de l'Olivaint se consacrent donc aux activités de la Fédération. Parmi eux, on trouve Demoreuille, trésorier de la Fédération en 1928, Jean Tissot et de Gaulejac, qui s'y consacrent également à partir de 1923486.

Forte participation aux activités

La présence de quelques membres de l'Olivaint dans les instances de la FFEC ne reflète que très imparfaitement la participation de la CO à la vie de la Fédération. L'Olivaint, en effet, a participé en nombre à plusieurs de ses activités.

485 L'Étudiant catholique, n° 8, mars 1929. 486 Roger de Saint-Chamas, "La vie de la Conférence en 1923", Assemblée générale 1923, op. cit., p. 13 195 Chaque année, des membres de la Conférence ont participé à la vie religieuse collective de la FFEC, qui, aux dires de René Planchenault, ne trouve nulle part "meilleur accueil [qu'à L'Olivaint] lorsqu'elle organise une nuit d'adoration à Montmartre ou une Messe en l'honneur de Jeanne d'Arc à Saint-Augustin487". En 1929, par exemple la CO a pris part, en décembre, à l'adoration nocturne à Montmartre, en avril, à la messe pascale, en mai enfin à la messe de sainte Jeanne d'Arc, à Saint-Augustin488. La Conférence fut présente à plusieurs pèlerinages organisés par la FFEC, comme le pèlerinage jubilaire à Rome de 1926489 et celui, toujours à Rome, de 1928, auquel 5 Olivaints ont pris part490. En 1929, aux fêtes d'Orléans, le RP de Pully et 15 membres de l'Olivaint ont assisté aux cérémonies religieuses, et se groupèrent autour du RP Janvier, aumônier de la fédération, pour le défilé de la jeunesse catholique à travers la ville491. En janvier 1931, la CO a envoyé une délégation au congrès de la FFEC à Nancy. Elle participa à la visite des champs de bataille de Lorraine et au banquet de clôture à Verdun492. En mai de la même année, elle participa une nouvelle fois à la fête de Jeanne d'Arc, derrière le drapeau de la FFEC, et envoya une délégation aux « fêtes du centenaire » de Jeanne d'Arc, qui se déroulaient à Rouen493. En 1932, elle prit la tête de la section parisienne de la FFEC lors du pèlerinage à Rouen494, envoya une délégation au congrès de Clermont et une autre aux deux pèlerinages de la Fédération, à Chartres et à Rouen495. La participation à la revue est aussi importante. L'Étudiant catholique comptait ainsi plusieurs articles signés par des membres de l'Olivaint. On citera, pour mémoire, un article de Marcel Coppin sur Huysmans ou une contribution de Pierre Lesguillier intitulée "L'évolution du droit moderne", en avril 1931, ou encore la conclusion de Vallin à une large enquête sur la «

487 René Planchenault, "Rapport sur la vie et l'action de la Réunion en 1924-1925", Assemblée générale 1925, op. cit., p 21. 488 Assemblée générale 1929, op. cit., p. 13. 489 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit., p. 10. 490 Assemblée générale 1929, op. cit., p. 12. 491 Ibid., p. 13. 492 1931, p. 10. 493 1931, p. 10. 494 L'Étudiant catholique, n° 35, juin 1932. 495 Lettres de Jersey, publication interne à la Compagnie de Jésus, 1931-1932, pp. 642-644.

196 crise de la culture générale »496. En 1932, Jacques Célier faisait partie du comité de rédaction de l'Etudiant catholique.

LA FFEC ET LA JEC : UN DIFFICILE PARTAGE DES TACHES

Les relations entre la FFEC et l'ACJF ont toujours été tendues, mais ces tensions se sont accrues lorsque est apparue la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC).

Méfiance de l'ACJF à l'égard de la FFEC

Dès sa création, la FFEC suscita des craintes de la part de l'ACJF. La nouvelle organisation n'allait-elle pas enlever à l'ACJF ses éléments intellectuels, et, au prétexte d'action corporative, les détourner de l'action sociale ? Certains reprochaient à la FFEC de procéder à la ségrégation des étudiants par rapport aux autres catégories de la population. La FFEC répondait à ses reproches en affirmant la nécessité, à côté de l'association généraliste qu'était l'ACJF, de développer une association corporative spécialisée, pour répondre aux attentes du milieu étudiant. Aux yeux de ses dirigeants, il n'y avait pas de risque de concurrence entre les deux associations puisque, affirme René du Ponceau, "l'ACJF a reconnu elle-même que les deux associations ne pouvaient avoir le même champ d'action497". Pour preuve, les responsables de la nouvelle association relevaient, en 1927, que 12 de leurs groupes appartenaient en même temps à l'ACJF498. Dans une large mesure, la création de la FFEC s'explique donc par l'inexistence, en 1923, de structures regroupant les étudiants catholiques, l'ACJF, à l'époque, ne s'étant pas encore spécialisée. En somme, la FFEC est née d'un décalage entre le désir d'union corporative d'un certain nombre d'étudiants catholiques et la faible volonté de l'ACJF de s'engager dans un processus de transformation.

496 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit., p. 11. 497 René du PONCEAU, op. cit., p. 13. 498 Ibid.

197 Méfiance de la FFEC à l'égard de la JEC

La création de la JEC, en 1929, peut apparaître ainsi comme la réponse tardive de la vieille ACJF aux aspirations des étudiants catholiques. Elle a, par conséquent, été relativement mal ressentie par la FFEC, qui y a vu une concurrence et un ferment de division. À l’issue du congrès d'Alger d'avril 1929, auquel l'Olivaint avait envoyé une délégation de 20 (!) membres 499, les instances de la Fédération publièrent un communiqué sous forme de mise en garde, qui laisse apparaître une certaine inquiétude :

La FFEC voit avec le plus grand intérêt le mouvement qui se dessine au sein de la jeunesse intellectuelle sous le nom de JEC. Considérant qu'il existe, à l'heure actuelle, des associations d'étudiants catholiques dans toutes les villes universitaires, constituées sous la direction de prêtres nommés par leurs ordinaires et groupés en une fédération dont le TRP Janvier est l'aumônier, elle demande fraternellement aux promoteurs de la JEC, dans l'intérêt d'une bonne organisation de l'action catholique, de ne réaliser aucune formation nouvelle dans le milieu étudiant sans être entré en relation au préalable avec la FFEC et s'être mis d'accord avec elle sur l'opportunité et les modalités des réalisations projetées500.

Les relations entre les deux organisations semblent avoir été relativement tendues par la suite. Le Congrès de Nancy de février 1931 fut l'occasion d'aborder de front la question des relations de la FFEC avec la JEC. Des malentendus existaient, notamment sur le champ d'action des deux associations ; la JEC était parfois - par ignorance ou mépris - appelée "Jeunesse écolière catholique" par certains aumôniers de la FFEC501.

Les Pères Janvier et Lalande se mettent d'accord

Une mise au point était nécessaire, qui fut, semble-t-il, effectuée par un échange de courrier entre les aumôniers généraux des deux organisation. Au cours d'une réunion des aumôniers consacrée aux liens de la Fédération

499 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. Il y eut, au total, à Alger, 400 congressistes. Le vice-président de la Fédération était à l'époque un Olivaint, Pierre Moissinac. 500 L'Étudiant catholique, n° 18, mai 1930, p. 23. 501 L'Étudiant catholique, n° 29, décembre 1931, p. 4-5.

198 avec l'ACJF, le 20 novembre 1931, le Père Janvier rendit ainsi publique la réponse qu'il allait adresser au Père Lalande, aumônier de l'ACJF, suite à une communication de celui-ci qui, vraisemblablement, faisait suite au congrès de Nancy502. Il remerciait d'abord, au nom de la FFEC, le P. Lalande de l'assurance donnée que la JEC n'entendait point constituer une nouvelle organisation professionnelle d'étudiants. En contrepartie de cette reconnaissance de fait de l'autorité de la FFEC dans le milieu étudiant, il ajoutait que la Fédération était disposée à admettre la formation de sections JEC dans le sein même des cercles d'étudiants catholiques, sous la direction des prêtres chargés de ces oeuvres, qui en deviendraient les aumôniers. Il s'appuyait en cela sur des expériences qui auraient été menées à Bordeaux, Lille et Nancy. Enfin, le Père Janvier demande à l'ACJF, "puisqu'elle reconnaît nos groupes de la Fédération comme les représentants normaux des intérêts de la corporation universitaire catholique", de bien vouloir diriger les étudiants vers ces groupes, "à charge pour ceux-ci de lui permettre le recrutement de ses dirigeants dans les milieux universitaires et leur formation dans l'esprit de ces directives503".

La JEC, au service de a FFEC

De son côté, la JEC semble ne pas avoir cherché à entrer en concurrence avec la FFEC. À plusieurs reprises, le mensuel jéciste Chantiers rendit compte des congrès FFEC, sans le moindre signe de mépris. Ainsi le P. Duye écrivait-il en 1937 dans le Bulletin des aumôniers de l'ACJF qu'il ne s'agissait pas pour la JEC de concurrencer ni de doubler la FFEC, mais, affirmait-il, "en maintenant vivante la préoccupation d'influencer tout le milieu universitaire, le souci de pénétrer partout [...], il faut enraciner les sections dans toutes les oeuvres catholiques d'étudiants qui voudront bien s'ouvrir au mouvement jéciste504". Il s'agit aussi, ajoute-t-il, d'intensifier le rayonnement de ces oeuvres et de promouvoir les initiatives de la FFEC : "Bref, se mettre au service de ce qui existe déjà".

502 L'Étudiant catholique, n° 29, décembre 1931, p. 5. 503 Ibid. 504 n° 24, mai-juin 1937. 199 L'attitude du Père de Pully

On sait que le Père de Pully a soutenu la Fédération, à sa naissance, contre l'ACJF, qui refusait la création d'une organisation proprement destinée aux étudiants. On sait aussi combien il défendit l'idée d'une présence discrète des Jésuites au sein de cette fédération, en vue de rapprocher lentement cette dernière de l'ACJF. Il semble que la création de la JEC n'ait guère changé son point de vue. Ainsi s'est-il abstenu, lors du congrès FFEC de Clermont en 1932 de participer à la réunion au cours de laquelle le Père Lalande vint parler de la JEC, pressentant qu'elle serait orageuse. Il avait entendu, en effet, des étudiants et des aumôniers FFEC "s'étonner que « les Jésuites » et « leur JEC » s'imposent ainsi au Congrès, et y vinssent troubler la concorde par une propagande propre à diviser505". Il ne cachait pas, au demeurant, sa lassitude devant ces éternelles divisions :

Je suis (...) las de cet émiettement indéfini, à Paris surtout, de nos étudiants, en petits groupements insignifiants, ayant tous le même but, végétant la plupart, coûtant cher, occupant inutilement des prêtres dont on manque partout ailleurs, et dispersant les rares bonnes volontés que nos 5 ou 6 anciennes associations parisiennes d'étudiants suffiraient hélas ! plus que jamais à concentrer506 !

Si l'unité était plus forte en province qu'à Paris, c'est parce qu'il n'y avait le plus souvent qu'une association catholique par université. Dans la capitale, les rivalités étaient beaucoup plus fortes. L'union était donc le maître mot du Père de Pully, et par là même le mot d'ordre de la Conférence Olivaint. Jean-Marie Quidet, secrétaire général adjoint de la FFEC, et par ailleurs membre de la Conférence Olivaint, pouvait ainsi déclarer en 1933 :

La réunion des oeuvres, sous la présidence de Moiny, secrétaire général de la JEC, montra la nécessité et l'utilité d'une collaboration entre nos deux mouvements, sur la base des accords de Nancy. La divergence des méthodes ne doit pas nous faire oublier l'esprit commun qui nous anime ni la nécessité primordiale d'une union en dehors de laquelle il ne saurait y avoir d'Action catholique507.

505 Lettre du RP de Pully au RP Provincial, 16 avril 1932. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 506 Ibid. 507 L'Étudiant catholique, n° 40, avril 1933, p. 42.

200 LA CRISE DE LA FFEC

Il convient de noter que la FFEC, à la différence de la JEC, souffrait d'un patent manque d'unité, lié à sa forme fédérale, et elle connut une crise de croissance au début des années trente.

Crise financière et démission de Janvier

Quelques mois à peine après la publication des accords avec le Père Lalande, le Père Janvier démissionna de sa charge, officiellement pour des raisons liées à la fatigue, et il fut remplacé par Monseigneur de la Serre, prorecteur de l'Institut catholique, désigné par le Cardinal Verdier508. Les conditions de cette démission sont floues ; il est remarquable, cependant, qu'elle soit intervenue en même temps que celle du président Fresquet, à l'issue d'une Assemblée extraordinaire du Conseil fédéral, en date du 29 janvier 1932. Il semble que la Fédération connut à l'époque des difficultés de trésorerie assez importantes, qui amenèrent même le nouveau bureau, présidé par Max Legendre, à envisager de suspendre la publication de L'Étudiant catholique. Il n'est pas impossible que la FFEC ait traversé à cette époque une crise d'identité liée au développement de la JEC. Les effectifs officiels ont en tout cas décru, puisque le nouveau président annonça lors du congrès de Clermont 12600 étudiants dans 47 associations, contre 15000 pour son prédécesseur509.

Une organisation artificielle ?

En fait, les rentrées des cotisations étaient particulièrement faibles, au regard des effectifs revendiqués. En 1931, la Fédération revendique 51 cercles catholiques affiliés dans toute la France510, et quinze mille membres511. Mais il est difficile de voir autre chose dans ce nombre impressionnant que la somme des effectifs des cercles. Combien de cercles

508 L'Étudiant catholique, n° 31, février 1932, et n° 34, mai 1932. 509 L'Étudiant catholique, n° 34, mai 1932. 510 Les cercles adhérents de Paris, tels qu'ils sont énumérés dans la vingtième livraison de L'Étudiant catholique, étaient : la Conférence Laënnec, la Conférence Olivaint, l'Association des étudiants de l'Institut catholique, la Réunion des étudiants du 104 rue de Vaugirard, l'Union fédérale des étudiants en sciences, le cercle d'Hulst, le Cercle Lucien Poulet, le Groupe Duchesne, le , le groupe catholique des HEC, le Groupe catholique de l'Institut de chimie, le Groupe des architectes catholiques des Beaux-Arts, la Confédération internationale des étudiants catholiques (CIEC), l'Union catholique de l'Institut national agronomique, le Groupe catholique de la faculté de Pharmacie, les Chevaliers de Saint-Denis, et le Cercle Saint-Maur. 511 L'Étudiant catholique, n° 27, juin-juillet 1931.

201 payaient réellement la cotisation collective qu'ils devaient à la Fédération ? Il est difficile de le savoir. En tout cas, le tirage de l'Étudiant catholique nous ramène, semble-t-il, à de plus justes proportions, puisqu'il s'élevait en mars 1931 à 1600 exemplaires512. On sait, en outre, que le nombre de délégués aux Congrès n'excédait pas quelques centaines, et on peut estimer que seuls ces délégués participaient - plus ou moins activement - à la vie de la Fédération.

Absence d'esprit fédéral

En outre, l'un des indices de la faiblesse de cette structure fédérale est la médiocre participation des cercles à la revue elle-même. En novembre 1930, Alexandre Quesnel, le responsable de la rubrique concernant les nouvelles des cercles s'en plaignait ouvertement :

Les groupes, écrit-il, agissent pratiquement comme s'ils considéraient la Fédération comme une sorte de section administrative composée d'un groupe d'étudiants chargés d'assurer au plus le congrès annuel513.

De fait, cette rubrique de la vie des cercles, si fournie les premières années, s'était progressivement étiolée, et il n'y avait guère que quelques groupes provinciaux pour la fournir régulièrement. La Conférence Olivaint était la première à ne plus fournir d'informations. Ainsi, lorsque, en 1931, le président de la Fédération envoya aux cercles une lettre pour connaître leurs effectifs, il ne reçut que 12 réponses. L'absence d'esprit fédéral était plus vive à Paris qu'en Province, ce qui conduisit le bureau de la Fédération à refuser, en 1932 que le congrès de 1933 soit organisé à Paris, au prétexte que les cercles parisiens, divisés en trop de petits groupements sans cohésion n'étaient pas à même d'organiser un congrès réussi514. Cette faiblesse de la structure fédérale avait avant tout une incidence sur la situation financière de la Fédération. Le président Max Legendre s'en

512 L'Étudiant catholique, n°24. La revue était, aux dires de ses rédacteurs, en dépôt dans 16 librairies parisiennes ; mais il est peu probable qu'elle y connût un grand succès. 513 L'Étudiant catholique, n° 20, novembre 1930. 514 Lettre du RP de Pully au RP Provincial, 16 avril 1932. op. cit.

202 plaint ouvertement en 1934, déplorant la lenteur de la rentrée des cotisations : "Il y a là, écrit-il, un manque d'esprit fédéral absolument lamentable515".

Tentatives parisiennes d'union

En février 1931, la FFEC et l'Etudiant catholique s'installent rue d'Assas, au numéro 21, pratiquement en face de la Conférence Olivaint. Cette proximité géographique a naturellement encouragé les liens et la participation des Olivaints à la FFEC. À cette date, un Olivaint membre de la FFEC prit une initiative pour renforcer les liens distendus entre les différents cercles catholiques parisiens. Il adressa le 25 mars 1931 une lettre aux présidents des cercles, dans laquelle il soulignait l'insuffisance des rapports entre les différents groupements d'étudiants catholiques de Paris qui fut révélée lors des congrès de Nancy et d'Alger : "Leurs représentants, écrit-il, erraient solitaires et désemparés au milieu des groupements cohérents de province516". Pierre Moissinac proposait donc que chaque cercle de Paris invite, à tour de rôle, les autres cercles. Le programme serait composé par le cercle invitant et la réunion aurait lieu une fois par trimestre. La Conférence Olivaint donna l'exemple, le 29 avril 1931, en organisant une soirée consacrée à l'éducation et à l'instruction, ouverte à tous les groupes catholiques parisiens. Peu, parmi ces derniers, ont cependant répondu favorablement : seuls ont participé le Cercle catholique de l'école de chimie, le Cercle d'Hulst517 et l'Union pour la France (UPF), cercle catholique de l'Abbé Guichard, récemment affilié à la Fédération518. Rien n'indique que l'expérience ait été renouvelée. Cela dit, l'idée d'un resserrement des liens entre les cercles parisiens fit son chemin et, en novembre 1931 fut créée une section parisienne de la FFEC.

515 L'Étudiant catholique, n° 47, mars 1934. 516 L'Étudiant catholique, n° 26, mai 1931. 517 Le cercle d'Hulst a été créé en 1906 par d'anciens élèves du collège Stanislas. 518 L'UPF, lit-on dans un manifeste publié dans le numéro 35 de l'Etudiant catholique, regroupait "des jeunes décidés à maintenir dans le pays la paix religieuse par la lutte contre tout laïcisme cherchant à abolir chez l'individu comme dans la nation toute idée religieuse". Dans une certaine mesure, l'organisation de ce cercle catholique s'inspire de celle de la Conférence Olivaint. On y retrouve une école de conférenciers, une école de journalisme, ainsi qu'un centre d'études et de documentation ; cela dit, il n'y avait pas, semble-t-il de conférence hebdomadaire. 203 UNE ORIENTATION CORPORATIVE

Dès l'origine, la FFEC avait pour but de représenter les étudiants catholiques devant les pouvoirs publics. Après la crise qui a atteint la Fédération, celle-ci se porta de plus en plus sur le terrain corporatif, avec le souci, vraisemblablement, de se distinguer de la JEC.

Le soutien de « l'Écho de Paris »

La FFEC bénéficiait, avec l'Écho de Paris, d'une tribune. Ce journal, dont Henri de Kérillis était le rédacteur en chef, ouvrait ses colonnes, une fois par semaine, à la vie étudiante, et reproduisait régulièrement les communiqués de la FFEC. Le journal conservateur créa même un cercle littéraire, ouvert à toutes les organisations étudiantes : le « cercle littéraire de l'Echo de Paris », se réunissait une fois par mois et les étudiants catholiques venaient y conférer. Parmi eux, on trouvait, en 1933, Charles Célier et Michel de Saint- Girons, de la Conférence Olivaint, Charles A. de Vaugelas, président de la FFEC, et Gilbert Gadoffre519. Cette ouverture de ce journal sur le monde étudiant répondait à la prétention de certaines organisations, comme la FFEC, à organiser et représenter les étudiants.

L'affirmation du corporatisme

Au tournant de la décennie, en effet, la FFEC semble se sensibiliser de plus en plus aux questions liées à la situation des étudiants. Au point de s'orienter peu à peu vers un corporatisme de plus en plus affirmé, dont on peut trouver de nombreux exemples dans L'Étudiant catholique. En février 1931, la FFEC dénonce ainsi la "suppression", c’est-à-dire la fermeture aux étudiants, de la bibliothèque Mazarine520. En avril 1932, Max Legendre proteste contre le vote de la Chambre des députés, permettant aux capacitaires en droit de plus de vingt-cinq ans de prendre en dispense du baccalauréat des inscriptions en vue de la licence. Il s'agissait, affirmait-il, "d'une grave atteinte à la valeur des études supérieures, qui

519 L'Écho de Paris, 3 février 1933. 520 L'Étudiant catholique, n° 23.

204 doivent nécessairement s'appuyer sur une culture générale521". Il ajoutait que cette disposition risquait d'accroître l'encombrement de la carrière juridique. "Étudiants, Français et Catholiques", cette devise de la Fédération prenait donc tout son sens au début des années trente522.Un des signes les plus nets de cette orientation corporative de la FFEC fut la constitution, lors du congrès de Clermont-Ferrand de 1932, auquel la Conférence Olivaint participa, de "commissions d'intérêts corporatifs". À cette date, la défense des intérêts corporatifs des étudiants catholiques était vraiment au cœur des préoccupations de la Fédération. Le nouveau régime de la Préparation militaire supérieure (PMS) envisagé par la Chambre des députés en 1933 et le décret Chéron qui réformait les grands concours faisaient l'objet des foudres du bouillant président de la Fédération, Max Legendre523. La FFEC, cela dit, n'appela pas pour autant à la grève : la FFEC considérait la grève comme "une menace qu'il faut savoir employer utilement et lorsqu'elle est la conclusion d'une campagne intelligemment menée, elle peut donner les meilleurs résultats. Je n'en veux pour preuve que les grèves relatives à l'affaire Scelle...524". La FFEC s'en est donc tenue à des pressions et des menaces de recours au Conseil d'État, et s'estime à l'origine du rétablissement, par dérogation, des concours de l'Inspection des finances et des Affaires étrangères525.

Défense religieuse

Au-delà de la défense d'intérêts corporatifs, la FFEC n'oublie pas son caractère religieux, et prolonge l'entreprise de défense religieuse menée depuis les débuts de la Troisième République par la Conférence Olivaint puis l'ACJF. Elle trouve, pour cela, le relais de L'Écho de Paris, qui lui ouvre ses colonnes, lorsque, par exemple, la FFEC, par un communiqué, proteste contre la suppression des émissions religieuses du dimanche sur Radio-Paris. Il s'agit, peut-on lire, "d'une grave atteinte à la liberté de conscience, une fâcheuse méconnaissance de la portée intellectuelle et nationale des conférences qui y étaient prononcées, la création d'un état de fait infiniment préjudiciable aux étudiants catholiques ainsi privés d'un grand

521 L'Étudiant catholique, n° 33, avril 1932. 522 L'Étudiant catholique, n° 24, mars 1931. 523 L'Étudiant catholique, n° 40, avril 1933. 524 L'Étudiant catholique, n° 41, mai 1933, pp. 34-35. 525 Ibid.

205 enseignement moral526". Au nom de ses 15000 membres, la FFEC adresse donc un appel au gouvernement pour le rétablissement de ces émissions. C'est que, sous l'impulsion de son bouillant président Max Legendre, la FFEC revendique le monopole de la représentation des étudiants catholiques français : "Au point de vue de la défense des intérêts corporatifs, la Fédération estime être le seul mandataire autorisé des étudiants catholiques français527".

Face au 6 février 1934

La FFEC a réagi vivement après les émeutes du 6 février 1934, d'autant plus vivement que l'un des siens - ou du moins revendiqué comme tel, l'étudiant Jean Fabre, est mort au cours de la fusillade de la Concorde. Max Legendre lança immédiatement un appel aux étudiants dans lequel il appelle les étudiants à se préparer à l'action en vue de "rétablir le véritable ordre social par la convergence des activités individuelles dans une oeuvre commune528". Dans la livraison du mois de mars 1934 de L'Étudiant catholique, un article non signé s'en prend plus directement au système parlementaire en place :

Nous ne devons plus maintenant admettre le dogme de l'infaillibilité et de la toute puissance parlementaire. (...). La Chambre élue peut se tromper en accordant sa confiance à un gouvernement qui ne recherche pas le bien commun529.

L'auteur ajoute que le 6 février était, à ses yeux, "Le groupement spontané et irrésistible d'un peuple indigné, revanche du bien commun sur la légalité530".

L'Olivaint rend hommage aux morts du 6 février

Selon toute vraisemblance, la ligne suivie par la Conférence Olivaint pendant les événements était semblable à celle de la FFEC : lors de la séance du mercredi 6 février 1935, le président Pierre Moissinac demanda ainsi un moment de recueillement pour les morts du 6 février de l'année précédente.

526 L'Écho de Paris, 2 février 1934. 527 L'Écho de Paris, 17 février 1934. 528 L'appel est reproduit parmi les documents. 529 "Les manifestants du 6 février 1934", L'Étudiant catholique, n° 47. 530 Ibid.

206 La prière traditionnelle du début de séance fut dite à leur intention531. Il ne fait guère de doute, par ailleurs, que les rangs des manifestants aient compté un certain nombre d'Olivaints. Ainsi André Aumonier, président de la Conférence en 1938, témoigne-t-il que, jeune étudiant et jeune Olivaint, il a connu, "les manifs, les coups donnés et reçus et l'embarquement de force dans le panier à salade" et se trouvait place de la Concorde le 6 février 34532.

"On est fatigués du régime".

Conférence catholique et conservatrice, l'Olivaint partageait avec la FFEC un antiparlementarisme assez net. Le 17 novembre 1930, une séance est ainsi consacrée à la question du parlementarisme, au cours de laquelle Poirson analyse les causes de la crise de ce dernier en Europe. Il en distingue trois, principalement : la lenteur du travail parlementaire, l'instabilité gouvernementale liée au grand nombre de partis politiques "et à l'ambition des parlementaires", enfin "l'incompétence et le manque de vertu des parlementaires533". Si le président de séance se dit étonné de l'âpreté des attaques à l'égard du régime, beaucoup d'Olivaints interviennent à la tribune pour abonder en son sens : Pierre de Vaucelles critique le suffrage universel, de la Charie le manque de compétence des parlementaires, et Robert Buron - aux dires du secrétaire de séance - "trouve simplement que l'on est fatigués du régime534". Enfin, Jacques Chapsal, vice- président de la Conférence, prend la parole pour réclamer des chefs : "leur absence, dit-il, est cause de la crise535". Le Père de Pully, au terme de cette discussion, constate à son tour la crise du parlementarisme, dont les causes sont à trouver, selon lui, dans l'absence de loi morale, dans l'institution du suffrage universel "qui n'est pas conforme à la raison", et dans l'état de pulvérisation des partis qui conduit à ne plus voir ce que doit poursuivre un État : le bien public. La semaine suivante, Pierre de Vaucelles prend la parole pour apporter la contradiction à Poirson en avançant quelques remèdes contre la crise du parlementarisme. Ce dernier, selon lui, est à rebâtir, non à abandonner, et il propose comme modèle la Constitution d'Emmanuel Sieyès, jamais appliquée mais qui présente bien des avantages. Car, précise-t-

531 Bulletin mensuel de la Conférence Olivaint, n° 1, mars 1935, p. 3. 532 André AUMONIER, Un corsaire de l'Eglise, op. cit., p. 27. 533 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 534 Ibid. 535 Jacques Chapsal, doctorant en droit, préparait alors le Conseil d'État. 207 il, il s'agit de limiter le rôle des Assemblées : "le pouvoir exécutif doit accroître son pouvoir et son prestige536". En 1931, Pierre de Vaucelles est élu président de la Conférence. Son premier vice-président est Robert Buron, docteur en droit, qui sort major de l'ELSP la même année. Leur attitude critique à l'encontre du régime en place semble bien être partagée par une majorité des membres de la Conférence Olivaint.

536 Compte rendu de la séance du 24 novembre 1930, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 208 Chapitre V : Déclin et crise d'un conformisme des années trente.

À la fin des années vingt, on peut considérer que la Conférence Olivaint est à son apogée : son ancienneté, son réseau d'anciens, son recrutement nombreux et diversifié, la protection de la Compagnie de Jésus, son rayonnement dans l'ACJF et la FFEC, lui donnent une place à part dans le monde des étudiants catholiques. Rapidement, cependant, elle entame un déclin qui entraîne sa chute : en novembre 1942, la Conférence Olivaint est dissoute, transformée en aumônerie de l'ELSP, avant de renaître, cinq ans plus tard seulement, sous l'impulsion d'un nouvel aumônier, le RP Huvenne.

UN CONFORMISME DES ANNEES TRENTE

La Conférence, en apparence, n'a pas été trop affectée par la crise de 1925-1926. Certes, les effectifs se sont tassés après la crise : il y eux deux- cents quatre membres en 1926 contre deux-cents vingt-quatre l'année précédente537. Mais il semble que le renouvellement fut important et à moyenne échéance, les adhésions ont toujours été aussi nombreuses, et l'affluence aux réunions est demeurée régulière : en 1932, l'Olivaint regroupait 200 étudiants (dont 150 en droit, en lettres ou à l'ELSP), et il y avait 80 présences en moyenne aux séances du mercredi538.

Un rayonnement maintenu

La composition de l'Olivaint ne semble pas non plus avoir été affectée. Le rapport annuel de 1929 nous indique ainsi qu'à cette date, la CO regroupe des jeunes gens d'origines universitaires diverses : le Droit, le barreau, la Sorbonne, l'ELSP, les Beaux-Arts, les Chartes, les Mines, l'école Centrale, et Polytechnique539. En 1930, l'Olivaint, qui comptait 210 membres, se composait aux trois quarts d'étudiants en droit, en lettres ou Sciences politiques (c’est-à-dire élèves de l'ELSP), et pour le dernier quart de scientifiques. 60 % des étudiants sont inscrits dans la Congrégation540. Les deux tiers des membres préparaient diverses licences, doctorats ou

537 Pierre Goubaux, "La vie et l'action de la Réunion en 1925-1926", Assemblée générale 1926, op. cit., p. 9. 538 Lettres de Jersey, 1931-1932, pp. 642-644. 539 Assemblée générale 1929, op. cit., p. 7. 540 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 745/3. 209 diplômes ; le dernier tiers préparait les grands concours541.Avec les autres groupes, HEC, Chimie, Violet, Bréguet, le cercle militaire, Khâgneux du lycée Henri IV et les groupes populaires, plus de cinq cents jeunes gens fréquentaient toujours le 12 de la rue d'Assas. Le rayonnement de la Conférence était donc toujours aussi grand, et ce d'autant plus qu'il ne se résumait pas aux quelques deux-cents membres (avec, en moyenne, quatre-vingt nouveaux chaque année) : les différentes catégories de membres instituées par le Conseil de la Réunion permettaient en effet de toucher bien plus d'étudiants. A côté des membres titulaires, les seuls disposant du droit de vote - contrepartie de leur investissement au sein de la Congrégation, et des membres (non titulaires ou non encore titulaires, qui n'étaient ni électeurs ni éligibles) qui, tenus de payer la cotisation, constituaient avec les membres titulaires le corps proprement dit de la Conférence, une troisième catégorie fut créée : la catégorie des invités qui sont des inscrits ou des sympathisants ne pouvant (ou ne pouvant pas encore) être des membres proprement dits de la Conférence. Ils sont cependant tenus de s'inscrire, et de verser une faible cotisation. Enfin, les invités de séances, amis de membres, très nombreux chaque année et, sont volontiers admis à une ou deux séances, après quoi, ils doivent impérativement s'inscrire au moins dans la catégorie des Invités permanents542 :

À chaque réunion, écrivit le RP de Pully, les étudiants amènent des invités. Ce sont plusieurs centaines d'étudiants non inscrits, incroyants ou indifférents, qui ainsi, chaque année, sont touchés par notre action intellectuelle. C'est d'ailleurs le seul mode d'apostolat possible dans les milieux intellectuels du Quartier, parce que discret, invisible, individuel. Toute autre méthode d'apostolat choque plutôt ces milieux indépendants, ombrageux, et qui s'écartent, si on a l'air de les sermonner publiquement , par voie de journaux, tracts, papiers divers distribués au quartier543...

On ne peut donc, pour faire le compte des jeunes gens touchés par l'Olivaint, se restreindre au nombre, déjà relativement important, des membres titulaires. Au total, ce sont vraisemblablement trois à quatre cents étudiants que la Conférence Olivaint touchait chaque année. Ce n'est pas énorme, si on compare ce nombre à celui des membres de la Conférence

541 Lettres de Jersey, revue interne à la Compagnie de Jésus, 1931-1932, pp. 642-644. 542 Annuaire 1931, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 736. 543 Lettres de Jersey, revue interne à la Compagnie de Jésus, 1931-1932, p. 642.

210 Laënnec qui, en plein essor, comptait huit-cents membres, dont deux-cents trente-cinq congréganistes544. Cela dit, il ne fait aucun doute que l'on ne peut parler de réelle influence d'un passage à la Conférence Olivaint que pour une minorité de tous ces étudiants, vraisemblablement un quart à peine des inscrits : ceux qui participaient à l'Académie des jeunes, à la vie religieuse, ont présenté un exposé au moins le mercredi soir, voire prirent des responsabilités au sein d'un bureau. En fin de compte, peu de membres participaient vraiment activement : ainsi n'y avait-il chaque année guère plus d'une cinquantaine d'intervenants aux débats qui suivaient les conférences du mercredi.

Un certain immobilisme

Naturellement, les causes du déclin de la Conférence sont nombreuses. Parmi elles, cependant, on peut distinguer l'extrême conformisme de la Conférence qui tendait la marginaliser de plus en plus dans le milieu étudiant. Alors que se sont multipliées, dans les années trente, les initiatives nouvelles dans les milieux catholiques, la Conférence Olivaint demeurait en effet plus que jamais attachée à ses traditions et ne parvient pas à se renouveler :

La Conférence Olivaint, déclare le RP de Pully lors de l'Assemblée générale de 1927, demeure, non pas par traditionalisme étroit, mais par conviction, ce quelle a toujours été. Un jeune catholique qui aspire aujourd'hui à exercer une influence sur le pays doit être capable de parler en public. Trop de jeunes l'oublient, et se préparent ainsi pour plus tard de douloureuses et irrémédiables impuissances545.

L'aumônier veillait, en effet, à maintenir vivaces les traditions pluridécennales de l'Olivaint, et ce par l'intermédiaire des séance solennelles, des Assemblées générales, mais aussi des commémorations, comme les noces d'argent, du 24 mai 1925. Après une messe rue d'Assas, un pèlerinage eut lieu sur la tombe du Père Olivaint, rue de Sèvres, au cours duquel le RP de la Brière prononça un sermon virulent, qui fut suivi d'une visite de l'ancienne salle de l'Olivaint, utilisée alors par l’œuvre des Russes émigrés. La journée s'acheva rue d'Assas où eut lieu le traditionnel banquet, suivi des

544 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 745. 545 Assemblée générale 1927. Bourges : A. Tardy, 1928.

211 toasts et d'un discours de l'historien de la Congrégation, Geoffroy de Grandmaison546. Rien, cependant, n'exprimait mieux l'immobilisme de la CO que le respect scrupuleux du vieux règlement des séances du mercredi. Aucune modification, en effet, n'a jamais été apportée à leur déroulement des depuis l'instauration de la règle des interventions à la tribune en 1896. Alors que les revendications féministes se multipliaient dans la société française, la Conférence Olivaint demeurait en outre plus que jamais interdite aux jeunes filles : "L'élément féminin, ne peut, en aucune façon, franchir les portes constitutionnelles de notre Conférence" déclara, péremptoire, Henri de Forbin, à l'issue de sa présidence de l'Olivaint547. L'une des rares innovations des années vingt fut la création, en 1928, de huit sections, en vue de rapprocher les membres qui faisaient les mêmes études, sans les isoler pour autant ce leurs amis et camarades d'écoles différentes548. Il s'agissait des sections de droit (130 membres), des Sciences Po (80 membres), de lettres, des sciences, des arts, de la section commerciale et coloniale, de la section professionnelle (avocats, clercs, inspecteurs des finances...), et de la section s'occupant d’œuvres (patriotiques, ACJF, Équipes...). Chaque section avait des délégués et organisait des séances de section, indépendantes des séances du mercredi, sur un sujet laissé au libre choix des sections par l'aumônier. En dehors de cela, le Père de Pully encouragea aussi l'organisation de séances de préparation aux concours. Le 9 mars 1931, la Conférence organisa ainsi, pour ses membres, une réunion spéciale destinée aux candidats à l'Inspection des Finances, animée par un ancien Olivaint, reçu en 1928 dans ce grand corps, Alfred Redouin. Vingt-huit Olivaints y assistèrent549.

Une concurrence croissante

L'Olivaint, dans les années trente, souffrait de plus en plus de son isolement. En 1914, déjà, le Père Aucler se plaignait de la concurrence des Pères Dominicains qui s'installaient aux abords de la rue d'Assas. Pour déjouer leur entreprise, il avait recommandé de leur proposer la chapelle de

546 Assemblée générale 1925, pp. 2-4. 547 Henri de Forbin, Assemblée générale 1931 et année 1932, op. cit., p. 7. 548 L'Étudiant catholique, n° 5, décembre 1928. 549 L'Étudiant catholique, n° 26, mai 1931.

212 la rue d'Assas, de manière à ce que les jeunes gens pris en main par les Dominicains soient "attirés par les affiches de la Conférence Olivaint550". Ainsi, les pères Jésuites auraient pu faire disparaître toute rivalité apparente, à leur profit. La Guerre intervint sur ces entrefaites, mais il est certain que cette concurrence s'est accrue après la Guerre. La création par le Père de Pully de groupes catholiques dans certaines écoles ou lycées posa ainsi parfois des problèmes : en 1932, il eut, par exemple, quelques accrochages avec des aumôniers de lycée, en particulier à Henri IV, où le directeur de l'Olivaint animait un groupe de Khâgneux « talas », à Pâques551. Dans l'entre-deux guerre, les principaux concurrents de la Conférence Olivaint furent certainement les Pères Maristes, du 104 de la rue de Vaugirard. Leur conférence, composée essentiellement de leurs pensionnaires, connaissait en effet un succès certain. Dans une lettre de 1925, le Père de Pully se plaint de la rivalité qui oppose les deux Conférences, et de la faible propension des Maristes à laisser leurs étudiants fréquenter les Jésuites. Il évoque pour s'en féliciter, le cas d'un étudiant du 104 qui demande à fréquenter la Conférence Olivaint, ce qui indique qu'il ne manque pas d'entretenir de son côté la rivalité552. C'est que, loin de se résigner face à la concurrence croissante, le Père de Pully adopte une attitude offensive :

Pour moi, si j'écoutais ma lassitude, je jalouserais ceux qui ont une oeuvre plus simple, plus restreinte à diriger, ou sans fatigue intellectuelle, comme un patronage, et qui y vivent en paix, dans un coin. (...) Mais j'estime que la Compagnie a d'autres traditions et d'autres devoirs à remplir au quartier latin. Pour que nos oeuvres en vaillent la peine, et soient vraiment fécondes au quartier, il faut qu'elles groupent une élite nombreuse, variée, qui permet seule à notre vie religieuse, intellectuelle et corporative d'être ce qu'elle doit être pour attirer et attacher nos jeunes gens553.

550 Lettre du RP Aucler à X, peut-être le RP Provincial, du 25 juin 1914. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/2. 551 Lettre de Henry de Pully à X, vraisemblablement le RP Provincial, 7 mars 1932. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 552 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 25 septembre 1925. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 553 Ibid.

213 Il ne redoute donc pas les heurts avec d'autres groupements. En tout état de cause, il est certain que le 104, rue de Vaugirard, qui s'est beaucoup développé après-guerre, a privé la Conférence Olivaint d'une partie de sa « clientèle » privilégiée.

Une moindre cohésion des membres ?

Faut-il voir aussi dans le déclin de la Conférence une conséquence d'une évolution plus profonde, liée à l'émergence d'une nouvelle génération ? Il est vrai qu'à partir de 1926, la génération de la Guerre disparaît, avec le dernier ancien combattant, des organes de direction de la Conférence Olivaint. Cette génération, dont la devise, « Unis comme au front » reflétait leur aspiration à l'union des Catholiques et, au-delà, des Français, s'est estompée progressivement, et le Père de Pully n'hésite pas à accuser la génération montante de n'avoir rien de commun avec sa devancière. Lors de l'Assemblée générale du 11 mars 1928, il demanda ainsi aux étudiants de réagir contre "les tendances inquiétantes de la jeunesse qui monte, et qui ne vaut plus celle des années magnifiques d'après-guerre" :

Malgré quelques cérémonies d'apparat, et dont on fait peut-être un peu trop état dans la presse, la masse des étudiants actuels est peu religieuse ; elle ne s'intéresse pas aux choses intellectuelles et ne sera donc pas une élite véritable ; elle n'a pas d'idéal et ne recherche que les plaisirs égoïstes et vains, elle fuit nos associations catholiques, qui lui paraissent trop sérieuses, et gênantes pour une indépendance qu'elle veut absolue554.

Cela dit, il est difficile de voir autre chose dans cette diatribe du Père de Pully qu'une nouvelle expression de son indéfectible pessimisme qui, lui aussi, est certainement à la fois une expression et une cause du déclin de la Conférence dans les années trente.

La croisade du Père de Pully contre le non-conformisme

L'aumônier, vieillissant, s'est en effet engagé, à partir de 1930, dans une véritable croisade contre le non-conformisme des étudiants.

554 Pierre Goubaux, "Rapport sur la vie et l'action de la Conférence Olivaint", Année 1928, p. 3.

214 Le RP de Pully a publié 10 ouvrages au cours de sa vie. En 1931, il publie L'éducation et la formation du caractère, un ouvrage dans lequel il dénonce l'insuffisance de la formation de l'esprit et s'en prend à l'Université française dont le grand péché, à ses yeux, est la neutralité philosophique et morale de son enseignement555. Selon lui, les obligations mondaines menacent les jeunes gens de la société, les sorties du samedi soir, par exemple "leur rendant plus difficile la pratique de la communion du dimanche556" ! C'est encore dans son dernier ouvrage qu'il donne la meilleure illustration de son moralisme intransigeant. Dans Le non-conformisme des générations nouvelles, paru en 1936, Henri de Pully dénonce en effet, pêle- mêle la "mentalité scabreuse et antifamiliale" des jeunes, leur "esprit frondeur", leur "révolte de l'esprit", et la sempiternelle "crise de l'intelligence"557. Il s'attaque aussi au "personnalisme" de ces garçons qui ont la prétention de se marier eux-mêmes (!), ainsi que leur non- conformisme religieux, avant, cependant, de louer le non-conformisme politique des nouvelles générations de droite et d'extrême droite :

Elles sont révolutionnaires, ces jeunesses monarchistes, écrit-il, qui accusent les démocraties parlementaires de conduire tous les peuples à la ruine par leurs excès démagogiques et (...) veulent rétablir l'autorité du chef unique, père de la Patrie, arbitre et modérateur, héréditaire. Elles sont révolutionnaires, ces Jeunesses patriotiques, qui ne veulent plus d'une République "sans justice, sans dignité et sans honneur", et réclament pour la France un État vraiment français, défenseur intransigeant des intérêts nationaux558.

Dix ans après la condamnation de l'AF, le Père de Pully semble donc ne pas avoir perdu son inclination pour les jeunesses royalistes. La référence aux Jeunesses patriotes n'est pas, non plus surprenante, mais de Pully la fait suivre d'une édifiante évocation des jeunesses de l'Ordre nouveau, qui, écrit- il, "aspirent à remplacer une « politique abstraite et inhumaine » par une politique concrète et humaine qui emprunterait à la fois au nationalisme et au socialisme leurs éléments saints et dynamiques559".

555 Henri de PULLY, L'éducation et la formation du caractère. Avignon : Aubanel, 1931, 78 p. 556 Ibid., p. 77. 557 Henri de PULLY, Le non-conformisme des générations nouvelles. Avignon : Aubanel, 1936, 82 p. 558 Ibid., p. 33. 559 Ibid.

215 La Croisade du Père de Pully a peut-être trouvé quelque écho au sein de la Conférence Olivaint. En tout cas, son pessimisme et son moralisme intransigeant ont vraisemblablement éloigné beaucoup de recrues potentielles. Ce qui, à en croire l'intervention du RP de Pully lors de la dernière Assemblée générale publiée, celle de 1931, ne le décourageait pas :

Nous continuerons notre tâche, tant qu'il y aura des jeunes capables de réagir contre les courants actuels de l'indifférentisme religieux et moral, d'individualisme farouche et de réalisme antiintellectuel ; tant qu'il y aura des jeunes capables de comprendre les véritables conditions d'existence et de formations d'une élite à la française, portant au front la triple auréole de la foi chrétienne, de l'intelligence, et d'une exquise cordialité. Espérons que le Minotaure, l'homme-taureau de l'antiquité païenne, même déguisé en jeune Yankee fin de siècle, ne sera pas trop longtemps chez nous l'arbitre des élégances, des goûts et des aspirations de notre jeunesse560.

Le déclin de la Conférence Molé-Tocqueville

Le déclin de la Conférence Olivaint dans les années trente ne s'explique pas seulement, cela dit, par ce conformisme et le moralisme de son directeur. À ce propos, le déclin d'une autre organisation, la Conférence Molé-Tocqueville, est particulièrement éclairant. Cette dernière est née en 1876 de la fusion de la Conférence Molé, fondée en 1832 , et de la Conférence Tocqueville, créée en 1863. Elle a été reconnue d'utilité publique en 1897. Il s'agit d'une Conférence parlementaire, une imitation du Parlement où, une fois par semaine, des étudiants, dans une ambiance qui alliait le souci des rites et la camaraderie de bon aloi, s'initiaient aux secrets de la méthode délibérative561. De nombreux parlementaires de la Troisième République y ont fait leurs classes. Comme la Conférence Olivaint, la Molé a connu un déclin dans les années trente. Elle souffrait en effet de son image aristocratique, à l'écart des grands brassages sociaux des années de crise, de son goût peut-être excessif des convenances et des traditions, de la concurrence d'autres groupes d'étudiants mais aussi du développement des écoles de partis et des appareils de propagande placés dans le sillage des grands partis.

560 Assemblée générale 1931 et année 1932, op. cit., p. 9. 561 Gilles LE BÉGUEC, op. cit., pp. 775-820.

216 Car, explique Gilles Le Béguec, face à la montée des partis et de l'esprit de parti, la Conférence Molé a perdu son atout majeur : ses traditions d’œcuménisme. Ainsi, à la mi-février 1934, alors Du Moulin de Labarthète occupe le fauteuil de président de la Molé, la minorité fut amenée à se retire avec éclat562. Un climat d'intolérance régnait désormais à la Molé. A n'en pas douter, la Conférence connaissait des symptômes semblables. La politisation des débats, dans les années vingt, et la crise de 1925-1926, ont entraîné une radicalisation de la Conférence. Il n'est pas inintéressant de noter, au demeurant, qu'à l'Olivaint, comme plus tard à la Molé, le président Du Moulin de Labarthète fut l'un des agents - pour ne pas dire l'agent principal - de cette radicalisation, qui aboutit au départ de la minorité démocrate-chrétienne. L'Olivaint, dans les années trente, s'est refermée sur elle-même, sur ses rites, ses traditions, son élitisme, et sur son nationalisme intransigeant. Elle s'est ainsi éloignée de l'ACJF, et, pour tout dire, de la frange démocrate-chrétienne du monde étudiant.

Une prise de distance vis-à-vis de la FFEC ?

Il est difficile de savoir jusqu'à quel point la Conférence Olivaint s'est progressivement isolée du reste du monde étudiant. À ce propos, son éloignement de l'ACJF, en 1928, marque une étape importante, mais il est difficile de savoir s'il y en eut d'autres. Un témoignage, en tout cas, celui d'André Aumonier, président de l'Olivaint en 1938, permet d'envisager l'hypothèse d'une prise de distance par rapport à la FFEC : "La Conférence Olivaint (...), écrit-il, réunissait les catholiques de Sciences Po qui prenaient leurs distances avec la Fédération française des étudiants catholiques563". À première vue, cette hypothèse paraît quelque peu surprenante, au vu de ce que l'on sait des liens étroits entre l'Olivaint et la FFEC depuis 1923. On sait, en outre, que la prise de distance de la CO par rapport à l'ACJF et la JEC s'est effectuée au profit de la FFEC, dont l'Olivaint partageait les vues, au moins jusqu'en 1934. On verra, en outre, que le nationalisme du Père de Pully et des membres de l'Olivaint s'accommodait bien mieux des prises de position de la FFEC, soutenue par le général de Castelnau et Henri de Kerillis, que du pacifisme de l'ACJF. En matière sociale, la CO partageait avec la FFEC une certaine inclination pour les

562 Ibid., p. 816. 563 André AUMONIER, Un corsaire de l'Eglise, op. cit., p. 26.

217 Équipes sociales de Robert Garric. Ce dernier, en 1929, participa même au congrès de Bordeaux, où il prononça un discours564, et l'on pouvait lire dans l'éditorial de l'Etudiant catholique de février 1929 que la FFEC considérait Garric "comme l'un des siens565". Au demeurant, ces liens privilégiés entre la FFEC et les Équipes a abouti, en 1936, à la publication de l'Etudiant catholique dans La revue des jeunes566 Il n'est pas impossible, cela dit, que la Conférence Olivaint se soit progressivement éloignée de la Fédération dans la seconde moitié des années trente. Il se pourrait, par exemple, que l'attrait de certains responsables de la FFEC pour le Personnalisme d'Emmanuel Mounier ait effarouché le Père de Pully, qui n'avait de cesse de dénoncer le philosophe grenoblois et ses idées. Ainsi l'Etudiant catholique consacra-t-il, en janvier 1933, une pleine page à la revue Esprit, dans laquelle on pouvait lire :

La revue Esprit, le mouvement qu'elle suscite est une belle entreprise, la plus noble qui soit car elle vise à la restitution des valeurs, à une reprise du spirituel. Elle engage la lutte à l'heure la plus grave. C'est pourquoi elle n'a pas à ménager ceci ou cela. Il y a un fil rompu, qu'il faut rattraper, une brisure, qu'il faut réparer567.

Il n'est pas impossible, donc, que le Père de Pully ait amené la Conférence Olivaint à prendre ses distances par rapport à la FFEC. Son tempérament pessimiste, en tout cas, était de nature à l'y pousser. En l'absence de sources précises pour étayer cette hypothèse, on se gardera, cela dit, de lui accorder trop de crédit. De toute façon, qu'elle fut ou non éloignée de la FFEC à la fin des années trente, la Conférence Olivaint était, de manière certaine, passablement isolée dans le Quartier latin.

564 L'Étudiant catholique, n° 8, mars 1929. 565 L'Étudiant catholique, n° 7, février 1929. 566 Bernard COMTE, Une utopie combattante, l'Ecole des cadres d'Uriage, Fayard, 1991, p. 56. 567 Article de M. Bazan, L'Étudiant catholique, n° 38, janvier 1938.

218 DIFFICULTES FINANCIERES

L'un des signes les plus nets de l'isolement et du déclin de la Conférence est la crise financière, dans laquelle la Réunion de la rue d'Assas s'est trouvée à partir de 1926.

Une conséquence de la crise de 1925

Il semble, au vu de la progressive réduction de la pagination des comptes rendus annuels, que la diminution des ressources de la Conférence soit directement liée à la crise de 1925-1926. La condamnation de l'Action française, puis la prise de distance de la Conférence Olivaint par rapport à l'ACJF et son affiliation à la FFEC ont entraîné une chute des recettes et de lourdes difficultés budgétaires. Dès 1925, le Père de Pully demandait des crédits supplémentaires à son supérieur568. En 1931, la situation semble s'aggraver particulièrement ; le Père de Pully s'en ouvrit au RP Provincial, et lui indiqua qu'il avait "de la peine à faire vivre, vaille que vaille, [sa] grande maison de 450 étudiants569". Ces difficultés, indique-t-il, proviennent essentiellement du fait que, contrairement à d'autres cercles d'étudiants, il ne dispose pas d'une "maison de famille importante", qui pourrait lui apporter des subsides. Dès 1925, en effet, il demandait que fut mise une telle maison à sa disposition, sans succès. Il est difficile, en l'absence de chiffres précis, d'apprécier à leur juste mesure les difficultés financières de la Conférence. Il est certain que les recettes ont diminué, car si le nombre des inscrits n'a pas sensiblement diminué, les dons des Anciens se font rares570. Quant aux charges de la maison de la rue d'Assas, il est vraisemblable qu'elles aient augmenté du fait de la crise. Il semble étonnant, cela dit, que le Père de Pully en soit réduit à demander de l'aide à son supérieur alors que, jusque-là, la Compagnie de Jésus n'avait, semble-t-il, jamais hésité à combler le déficit de l'Olivaint, pourtant souvent égal à la moitié du budget annuel. On peut donc se demander dans quelle mesure la Compagnie de Jésus n'a pas réduit sa participation financière à la suite de l'orientation politique prise par l'Olivaint à partir de 1925.

568 Lettre à X, vraisemblablement le RP Provincial, 25 septembre 1925. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 569 Lettre du 29 avril 1931. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 570 Lettre du 29 avril 1931, Op. cit.

219 Faible participation des anciens

En fait, les faibles rentrées d'argent des anciens constituent le problème principal auquel la Conférence est confrontée. Les cotisations des étudiants ne suffisent pas. Et l'association n'est pas d'utilité publique, contrairement à la Conférence Molé-Tocqueville, ce qui crée quelque jalousie, car cette dernière, dit le Père de Pully "est purement politique et ne poursuit aucun but moral571". En 1924, il y avait encore à l'Olivaint 135 anciens d'avant-guerre, notamment Henri Aubrun, professeur à l'IC, Maurice Flayelle, sénateur, Louis Galtier, adjoint au maire de Bordeaux, Émile Taudière, conseiller général à Niort, Henri Degroote, conseiller général à Hazebrouck. On comptait dans leurs rangs 5 notaires, 11 avocats et 4 inspecteurs des finances. Or, en 1934, après 15 ans d'activité depuis la Guerre, alors que plus d'un millier d'étudiants catholiques a fréquenté le 12 de la rue d'Assas, il n'y a que 261 anciens, et en 1936, il n'y en a plus que 250. Il ne fait donc aucun doute que la Conférence Olivaint est en perte de vitesse : la personnalité du Père de Pully et la crise de 1925-1926 qui, à l'Olivaint, s'est achevée par la victoire des militants d'Action française, a très vraisemblablement éloigné de la Conférence les plus modérés des anciens. Ainsi, par exemple, est-il parfaitement vain de chercher le nom de Georges Bidault dans les annuaires successifs des anciens : comme d'autres militants de la démocratie chrétienne, il a sans doute préféré s'éloigner d'une organisation devenue étroitement conservatrice.

LA COMPAGNIE DE JESUS PREND SES DISTANCES

Très tôt, semble-t-il, la hiérarchie jésuite a pris conscience de la crise de la Conférence Olivaint. La faible ouverture d'esprit du Père de Pully, et la forte implantation de l'Action française ont vraisemblablement causé quelques soucis au RP Provincial, aux yeux duquel la CO avait failli quelque peu à sa mission.

571 Anonyme, vraisemblablement le RP de Pully, Assemblée générale 1931 et année 1932, op. cit., p. 3. 220 Une « chapelle fermée »

Il semble que le Père de Pully fut assez tôt contesté par ses pairs, et notamment par le Père Provincial, pour sa gestion de la Conférence Olivaint. Le principal reproche, avancé dès 1929, est la fermeture de la CO sur elle- même ; "Je vous avoue, écrit-il au Provincial, que cela me chiffonne que votre révérence nous reproche d'être une chapelle fermée572". Naturellement, le RP de Pully s'en défend, avançant à son supérieur que les jeunes gens de ses cercles proviennent le plus souvent à des milieux qui n'ont rien d'aristocratiques. "Ils sont, écrit-il, souvent d'origine modeste". À l’évidence, le jugement ici avancé vaut peut-être pour certains cercles dont s'occupe le RP de Pully, mais certainement pas pour la Conférence Olivaint proprement dite qui, pour l'essentiel, recrutait dans la bonne bourgeoisie catholique parisienne. Il défend ensuite plus particulièrement la Conférence Olivaint qui, à n'en pas douter, fait l'objet des critiques du Provincial :

Elle est, écrit son directeur, précisément le contraire de la plupart des groupes très fermés qu'on multiplie aujourd'hui, étroitement professionnels, et qui établissent des cloisons entre les jeunes gens (... Jeunesse agricole chrétienne, Jeunesse ouvrière chrétienne, Scouts...). Ici, au contraire, tous se mêlent et fraternisent : tout âge, toute classe, toute Faculté et toute école, tout jeune cultivé pourvu que catholique, de tout collège et de tout lycée... Nous sommes presque les seuls maintenant à maintenir un lien et une fusion entre les divers éléments de la jeunesse studieuse573.

Il ne fait guère de doute, cependant, que c'est pour une bonne part l'orientation politique de la Conférence que le Père Provincial visait en parlant de « chapelle fermée », et le RP de Pully s'abstient bien de répondre sur ce point. Il est beaucoup plus soucieux de défendre la conception des Conférences du mercredi, critiquée, semble-t-il, par d'autres aumôniers jésuites :

Les étudiants ne supporteraient pas des parlotes interminables de vieux messieurs. Ils en entendent toute la journée aux cours. Ils en sont saturés. Ils veulent travailler

572 Lettre du 23 décembre 1929. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 573 Ibid.

221 et parler eux-mêmes, être actifs, faire des conférences et les discuter entre eux, librement, à la tribune où ils apprennent à parler en public574.

Revenir à une forme plus traditionnelle de conférences faites par d'éminents, ce serait, selon lui "la fin de la Conférence Olivaint". Cela dit, il y a bien les séances solennelles, ouvertes, elles à un invité de marque :

Ceux qui viennent partent toujours ravis, voire enthousiastes de nos jeunes, qu'ils trouvent charmants. Je suis assassiné de gens qui déclarent exceptionnel ce milieu de jeunes, et veulent absolument que leurs filles y trouvent le jeune mari idéal, si difficile à trouver ailleurs575 !

Il est difficile de savoir si cet argument trouva un quelconque écho auprès de la hiérarchie.

Le Provincial dénonce le pessimisme du Père de Pully

Quoi qu'il en soit, il ne fait aucun doute que le Provincial a, très tôt, pris la pleine mesure du pessimisme de l'aumônier de la rue d'Assas et de son impact notable sur les jeunes gens de la Conférence, voire sur la Conférence elle-même. Le Père de Pully ne s'en est, du reste, jamais caché. Dans une lettre au Père supérieur de la rue de Sèvres, en 1931, il exprimait ainsi sa déception face à la jeunesse, "de moins en moins religieuse et de moins en moins intellectuelle576". Il soulignait par là même la difficulté de sa tâche : "Je crois, ajoute-t-il, que plus que jamais un effort est nécessaire pour former et garder à l'Eglise une élite intellectuelle, capable d'exercer une influence dans le pays". Cette vocation formatrice de la Conférence Olivaint, que l'aumônier affirmait toujours était conforme à la visée de l'ACJF, telle qu'elle fut exprimée, par exemple, par le P. Lalande, aumônier général de l'ACJF, dans un article du Bulletin des aumôniers de l'ACJF en 1935 : "Nous formons nos jeunes gens à la politique, écrit-il, à une politique chrétienne, celle qui est basée sur les enseignements de l'Eglise en matière familiale, sociale et internationale577". Il ajoute, cela dit, que cette politique n'est pas

574 Ibid. 575 Ibid. 576 Lettre du 30 juin 1931. Archives jésuites de la province de Paris, I PA 735/3. 577 H. LALANDE, "Ligues et politique", Revue des aumôniers de l'ACJF, n°16, novembre-décembre 1935. 222 une politique de parti, facteur de division des Catholiques susceptible de "compromettre l'action de l'Eglise" aux yeux de ceux qu'elle entend conquérir, à droite comme à gauche. En cela, justement, on perçoit bien la différence d'état d'esprit entre la hiérarchie jésuite et le Père de Pully, pour qui, au contraire, sans être nécessairement une politique de parti, la politique à laquelle formait son association était profondément conservatrice. Le pessimisme du Père de Pully avait tendance à le renforcer dans son conservatisme, dans son refus de toute évolution, et dans toute ouverture sur le monde extérieur. C'est sans doute la raison pour laquelle le Provincial tint tient à lui en faire personnellement le reproche, "en toute simplicité et en toute loyauté", dans une lettre qu'il lui adressa en juillet 1933 pour le rassurer à la suite de rumeurs faisant état du possible limogeage de l'encombrant aumônier :

Je sais, mon cher Père, que votre tempérament vous porte plutôt au pessimisme, et il en est parfois résulté que tels ou tels aient manifesté que leur optimisme ou, si vous voulez, leur "naïveté" trouvait peu son compte dans une vision uniformément portée au noir. De là quelques cercles plus restreints, qui donnent l'impression que les jeunes catholiques se raréfient, mais aussi raréfaction qui peut avoir pour cause ou pour prétexte quelque malentendu578.

Dans sa réponse, le Père de Pully, reconnaît son pessimisme et promet de faire des efforts, "afin de ne pas trop défraîchir la candeur naïve de braves gens579". La lettre du Provincial, rédigée alors que l'incertitude régnait sur l'avenir de l'aumônier vieillissant, apparaît donc comme une mise en garde.

La « déconfessionnalisation » et la question des vocations

Le caractère du Père de Pully et l'orientation politique de la Conférence n'étaient pas, loin de là, les seuls objets de souci pour la hiérarchie jésuite. On sait, en effet, que la Réunion des jeunes gens, fut, depuis les origines, un vivier pour la Compagnie de Jésus. Son déclin, et surtout sa déconfessionnalisation relative, ne pouvaient donc apparaître aux yeux de la Compagnie, que comme le signe d'une crise profonde.

578 Lettre du RP provincial à Henry de Pully, 19 juillet 1933. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 579 Lettre du 22 juillet 1933. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 223 L'évolution la plus déterminante, à cette période, fut la lente disparition de la Congrégation. Jusque-là, elle constituait l'ossature de la Conférence Olivaint ; après la Guerre, il n'était plus nécessaire d'en faire partie pour être membre de l'Olivaint, et, progressivement, l'inscription à la Congrégation a perdu son caractère naturel, automatique, pour devenir exceptionnel. C'est que la pratique religieuse avait, elle aussi, perdu du terrain à l'Olivaint :

À l'Olivaint, écrit le P de Pully en 1932, j'ai toujours maintenu notre Congrégation, envers et contre tout. Pendant 7 à 8 ans, après la Guerre, elle m'a donné une élite magnifique d'étudiants, profondément religieux, des communiants en masse à toutes nos messes. Depuis 4 ou 5 ans, hélas ! les jeunes sont bien peu religieux, bien peu fidèles à leurs pratiques, bien peu solides dans leur foi et dans leurs mœurs. C'est un tour de force perpétuel que de maintenir la Congrégation avec eux580.

De fait, à cette date, il n'y a plus guère de dévotion mariale, et le lien organique entre la Conférence Olivaint et la Congrégation qui lui a donné naissance s'est fortement estompé, par la quasi-disparition de cette dernière. Si les Olivaints sont toujours catholiques - il ne semble pas, que cette règle ait souffert beaucoup d'exceptions - le critère de la pratique religieuse a pratiquement disparu, et beaucoup de membres de la Conférence, dans les années, n'ont sans doute jamais eu vent de l'existence de la Congrégation : "On parlait de la Réunion de manière confidentielle, témoigne André Aumonier. Elle semblait réservée à ceux qui avaient donné des garanties de leur foi chrétienne581". Cette relative déconfessionnalisation de la Conférence Olivaint eut des conséquences très importantes sur la vie de l'association. D'abord, la désaffection des Olivaints pour les pratiques collectives (retraites fermées, messes, adorations) porte atteinte à l'homogénéité et à la convivialité du groupe. En mars 1931, par exemple, il n'y avait plus que vingt-six membres pour participer à la retraite de trois jours, soit le dixième à peine de l'effectif582. La Conférence du mercredi, devenue pour beaucoup des membres la seule activité de l'Olivaint, ne permettait pas à elle seule aux

580 Lettre du RP de Pully à X, vraisemblablement le RP Provincial, 7 mars 1932. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 581 Entretien du 1er février 1996. 582 L'Étudiant catholique, n° 26, avril 1931.

224 jeunes étudiants de bien se connaître, et de s'apprécier au-delà de leurs différences. Surtout, cette évolution eut de graves conséquences sur l'appréciation que la Compagnie porte sur l'Olivaint. Car, aux yeux du Provincial, avant d'être une réunion de jeunes gens destinée à former une élite influente, la Conférence Olivaint demeure une Oeuvre religieuse, destinée notamment à fournir à la Compagnie des vocations. Il l'exprime très clairement dans une lettre qu'il adresse en juillet 1933 au Père de Pully :

Je ne puis (...) vous cacher que je suis assez péniblement impressionné par le fait que la Conférence Olivaint qui donne pas mal de vocations aux Séminaires ou à certains ordres religieux ne fournit aucun contingent depuis déjà pas mal d'années à la Compagnie. Vous savez comme moi (car je me souviens des nombreuses vocations que vous avez dirigées vers nous au temps de Marneff583) que l'influence du directeur est souvent décisive sur telles hésitations que manifestent les jeunes gens quand se manifestent en eux les signes de vocation religieuse. Je m'étonne dès lors que personne ne soit venu à nous depuis si longtemps alors que la Conférence Olivaint est vraiment une oeuvre entre nos mains584.

Dans sa réponse, le Père de Pully admet le faible nombre de vocations, et s'en dit attristé, admettant qu'elles ont pris un caractère exceptionnel585. Entre 1919 et 1933, on recense pourtant au total 38 vocations : 8 Jésuites (dont le futur cardinal Jean Daniélou), 5 dominicains, 8 bénédictins (dont Georges Monnier, à Solesmes), 1 Chartreux, et 16 hommes d'Église586. Ce chiffre n'apparaît pas particulièrement faible, si on le compare à la situation antérieure : de 1875 à 1905, il y avait eu une trentaine de vocations sacerdotales et religieuses. Mais, rapportée à l'évolution générale des vocations en France dans les années trente, la Conférence Olivaint apparaît, il est vrai, très en retrait : il y a eu ainsi mille trois cents vocations sacerdotales en 1939 contre neuf cents dix ans plus tôt587.

583 C'est à Marneff qu'Henri de Pully, jeune prêtre, séjourna jusqu'en 1913. 584 Lettre du RP provincial à Henry de Pully, 19 juillet 1933. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 585 Lettre du 22 juillet 1933. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 586 Ibid. 587 Jacques Duquesne, "Les effets de la seconde guerre mondiale", L'ACJF, une création originale, op. cit., p. 101.

225 LES OLIVAINTS DEMANDENT LE DEPART DU PERE DE PULLY

La hiérarchie jésuite n'était pas la seule, cela dit, à prendre conscience de l'ampleur de la crise que traversait la Conférence. Il ne fait aucun doute que les Olivaints de l'époque, s'ils étaient peu conscients de l'incidence de la question des vocations sur l'évolution de leur association, ont prit conscience du malaise causé par la personnalité de plus en plus encombrante de leur vieil aumônier, au point de demander en 1937 au Père Provincial de le relever de ses fonctions.

Un "devoir de conscience"

Déjà, en 1933, les remontrances du Père provincial adressées à Henry de Pully avaient vraisemblablement pour origine des indiscrétions ou des plaintes de membres de la Conférence. Mais elles demeurèrent, semble-t-il, sans effet : "Le Père de Pully était mortel", témoigne André Aumonier, qui souligne son ton moralisateur588. À son bureau à longueur de journée, il attendait toujours de pied ferme les confessions des jeunes gens, et, chaque semaine, poursuivait sa croisade conformiste. Les remontrances du Provincial s'étaient donc révélées dénuées d'effets. En juillet 1937, les responsables étudiants de la Conférence et de la Réunion se sont donc fendus d'une lettre qu'ils adressèrent discrètement au Père Provincial pour lui exprimer leur malaise et le prier de prendre des mesures. Parmi les signataires de cette lettre, on trouve André Aumonier, alors premier vice-président de la Conférence et rédacteur de la lettre, ses condisciples Jean de Bouvroy et Jean Célier, et Pierre de Sarcus, président de la Réunion. Invoquant un "devoir de conscience" pour entreprendre ainsi une démarche sans en avertir le RP de Pully, ils évoquaient d'emblée la crise que traverse la Conférence :

Nous avons pu constater au cours de cette année que l'Olivaint descendait de plus en plus rapidement une pente dont l'origine remonte à plusieurs années ; il nous a paru opportun de vous signaler, en vue d'une solution que vous jugerez peut-être inutile, les causes de cette décadence589.

588 Entretien du 1er février 1996. 589 Lettre du 4 juillet 1937. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. Outre André Aumonier, les signataires sont Pierre de Sarcus, Jean Célier et Jean de Bouvroy. 226 Les signataires insistent alors sur l'importance de la Conférence, le caractère unique de ce cercle catholique qui réunit des étudiants de diverses Facultés ou écoles en dehors du cadre professionnel pour être éclairés "à la lumière de la vérité chrétienne des événements contemporains de tous ordres ou de chercher dans le passé un enseignement adapté aux heures présentes". Alors que beaucoup - à commencer par Henry de Pully - reprochent aux nouvelles générations de se lancer dans la vie sans connaissances suffisantes et sérieuses, en laissant en arrière-plan la culture intellectuelle, la Conférence Olivaint, "où l'on apprend à penser et à parler", permet aux jeunes étudiants de se forger un jugement "sûr".

"Un peu d'espérance" !

Or, l'échec de la formation de l'Olivaint vient justement d'un trop fort décalage entre le tempérament des Olivaints et le jugement de leur directeur spirituel :

Dans les deux domaines intellectuel et spirituel, la direction de l'Olivaint semble ne plus correspondre à la mentalité actuelle de la Conférence.

Sur le plan spirituel, il est reproché au directeur le moralisme de ses instructions, qui, à croire les signataires de la lettre, feraient fuir nombre de bonnes volontés :

Les messes du dimanche, messes de quinzaine, voient arriver nombre de membres après le sermon, et parfois plus tard, quand le sermon sur lequel comptaient les retardataires n'a pas eu lieu.

Sur le plan intellectuel, l'influence de l'aumônier lors des séances du mercredi ne semble pas plus manifeste :

Ses conclusions sont écoutées dans beaucoup d'attention ; et il a semblé à plusieurs d'entre nous qu'elles étaient placées trop exclusivement sur le plan politique. Ce qui leur manque surtout, c'est un peu d'air, un peu d'espérance - fondée ou non - sur un avenir que nous voyons sombre et que les soirées de l'Olivaint ne contribuent pas à éclairer ; ce pessimisme est anémiant.

227 Les signataires, qui attendent visiblement du Provincial qu'il relève le Père de Pully de ses fonctions, achèvent d'enterrer celui-ci en rappelant que s'il ne correspondait plus à la mentalité présente des Olivaints, "c'est cependant lui qui a donné et vécu l'ère glorieuse de l'Olivaint (...). Le père a incarné le genre de direction qui convient seul à la Conférence ; un autre genre serait, croyons-nous, voué à l'échec ou transformerait l'Olivaint qui est par-dessus tout un cercle où la pensée est libre !". Le RP Provincial n'a naturellement pas accédé à la requête des impétrants. Il a annoté la lettre en remerciant les signataires de leur lettre et "de [leur] confiance", ajoutant : "Je serais heureux de vous voir (...) bien que je ne prévoie pas cette année une solution qui vous donne satisfaction". En somme, le Provincial renouvelait temporairement sa confiance au Père de Pully, mais la situation de celui-ci, âgé de 60 ans, était sans doute scellé. Il restait à savoir ce que la Compagnie allait faire de son oeuvre, touchée par un déclin certain. La Guerre intervint avant qu'une décision fût prise.

228 Chapitre VI : La Guerre et la transformation de la Conférence Olivaint.

Le déclenchement du second conflit mondial, en 1939, a, comme le précédent, profondément affecté la Conférence Olivaint, qui s'est retrouvée privée d'une grande partie de ses effectifs, avant d'être dissoute en novembre 1942 par la Compagnie de Jésus, et transformée en une aumônerie des étudiants de l'École libre des Sciences politiques. Haut lieu du nationalisme et de la germanophobie, mais peut-être aussi d'un antinazisme chrétien, la Conférence a formé des générations de jeunes catholiques partagés entre le zèle pour la Révolution nationale et la résistance à l'envahisseur.

« NE SOYONS PAS PACIFISTES, SOYONS PACIFIQUES »

En l'absence de sources suffisantes, il est difficile d'appréhender de manière sûre l'attitude des Olivaints et de leur aumônier face à la montée des périls, et en particulier face à Munich. Depuis longtemps, cependant, la Conférence s'est montrée profondément nationaliste et germanophobe, et, lorsque le conflit mondial éclate, le Père de Pully appelle les jeunes gens de l'Olivaint à partir en « croisade » contre le « paganisme » et la « barbarie »590. Après la défaite, les Olivaints se sont dispersés, et tandis que la Conférence se dissout progressivement à Paris, quelques liens ont été renoués à Vichy, puis dans la résistance.

Contre le pacifisme

L'un des ferments de division entre la Conférence Olivaint et l'ACJF, au tournant de la décennie, fut certainement la question de la paix. Alors qu'au 14 de la rue d'Assas, les partisans d' étaient fort nombreux, au 12, siège de l'Olivaint, le pacifisme était honni. Ainsi, en décembre 1927, à l'issue d'un exposé de Charles Vallin consacré à la Rhénanie, le Père de Pully lança : « Ne soyons pas pacifistes, soyons pacifiques591 ». À plusieurs reprises, par la suite, il invita les Olivaints à demeurer méfiants à l'égard des anciens ennemis. Au demeurant, il n'hésitait

590 L'Olivaint, Bulletin de liaison des membres de la Conférence Olivaint, n°1, janvier 1940, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA, 435/3. 591 Charles Vallin, "Impressions de Germanie", 14 décembre 27. Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 229 pas, à l'occasion, à justifier la guerre : "La violence, déclara-t-il en 1927, est permise lorsqu'elle est juste. Notre Seigneur lui-même a chassé les vendeurs du Temple. Il y a donc de saintes colères592". Au plus fort du débat sur le pacifisme, qui opposait au début des années trente les responsables de l'ACJF au général de Castelnau, il écrivait :

Je ne crois pas que les catholiques se divisent en pacifistes et en bellicistes, comme certains sembleraient vouloir le faire croire. Je ne crois pas non plus qu'on puisse les opposer en partisans de la collaboration ou de la non-collaboration entre peuples. C'est inexact. Les catholiques de droite veulent simplement d'une collaboration qui ne soit pas une duperie systématique, et un suicide national, organisé par des politiques incapables, ou suspects d'alliance secrète avec les grands financiers internationaux judéo-germaniques, qui ont déjà ruiné la moitié de nos familles françaises ! L'opposition est là, et non sur le principe même de la collaboration. L'ignorance des faits me semble invraisemblable chez certains catholiques. Quelle responsabilité ils endossent pour quand les conséquences tragiques se dérouleront... les radicaux Franc-maçons seront alors les premiers à se décharger sur eux de leurs propres responsabilités593.

L'inspiration maurrassienne de ces lignes est indubitable, et atteste que le Père de Pully est fort éloigné de l'état d'esprit - ouvert, sinon pacifiste - qui dominait alors dans les hautes sphères de l'ACJF. Mais l'ennemi désigné était moins le Juif ou le Franc-maçon que l'Allemand. Car la Conférence Olivaint de l'entre-deux guerre est avant tout marquée par une profonde germanophobie.

Germanophobie et antinazisme

Dire que l'ensemble de la Conférence partageait l'opinion du Père de Pully serait naturellement excessif. Il se trouvait encore, et même après 1926, des pacifistes à l'Olivaint, à l'image de ce conférencier qui affirma, péremptoire, en 1931, que si Jeanne d'Arc était encore en vie, elle serait "partisante de la SDN (sic)594". En tout état de cause, cependant, le sentiment national était très fort à la Conférence Olivaint, en principalement dirigé contre l'Allemagne. Immédiatement après la guerre, ce sentiment

592 Compte rendu de la conférence de Verdeil sur Paul de Cassagnac, journaliste. 593 Lettre à X, 23 novembre 1931, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 594 Intervention de M. Varangot au cours de l'exposé de Jean-Yves Le Branchu sur "Dieu est-il Français ?" de Sieburg, Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 230 s'était expliqué par la lenteur avec laquelle l'Allemagne s'acquittait de ses réparations. Par la suite, il a été sensiblement renforcé par les progrès électoraux des « pangermanistes ». Le 5 novembre 1930, Poirson étudie ainsi les élections allemandes du 14 septembre 1930, et la situation politique en Allemagne595. Se fondant sur une étude des programmes électoraux des différents partis, il constate que beaucoup demandent la révision du plan Young et du traité de Versailles. La France ne pouvant leur donner satisfaction, conclut le conférencier, "c'est donc par la guerre, qu'ils pourront faire exécuter leur programme". Au cours de la discussion, le ton est donné par Pierre de Vaucelles, qui prédit une dictature en Allemagne qui apporterait la guerre. En février 1931, la salle de la rue d'Assas fut le théâtre d'un débat animé autour de l'ouvrage de Sieburg, Dieu est-il Français ?. À l’issue de la discussion, le Père de Pully prit la parole pour affirmer que le livre de Sieburg n'était qu'une propagande allemande en faveur de la révision des traités : "Dieu est-il allemand, conclut-il, voilà plutôt le livre qu'un Français pourrait écrire, étant donnée l'idée dominante chez l'Allemand, idée de race qui se croit supérieure596". La germanophobie, fortement répandue parmi les membres de la Conférence, s'accompagnait en effet chez plusieurs d'entre eux, et d'abord chez leur aumônier, d'une dénonciation du racisme des « pangermanistes », c’est-à-dire des partisans d'Adolf Hitler. René Laurent, dans un exposé intitulé "Pangermanisme 1931", présenté le 15 avril 1931 dénonçait le racisme du parti d'Adolf Hitler : "Le programme de ce chef et de son parti consiste à écarter de partout les Juifs qui ne sont pas de sang germain, à créer en Allemagne une classe moyenne, enfin à obtenir un nouveau règlement du couloir polonais597". De Villelongue intervint au cours du débat pour distinguer deux phases dans la politique allemande : la première étant celle de l'oubli - qui vise à effacer les responsabilités de l'Allemagne, la deuxième étant celle de la réalisation de ses désirs : la révision des traités et l'Anschluss. Le Père de Pully, enfin, clôt le débat en affirmant que l'idée raciste est plus dangereuse que l'idée nationaliste ; le nationalisme, dit-il, n'est qu'un bouclier défensif, tandis que l'idée raciste est belliqueuse par elle- même.

595 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 596 Compte rendu de l'exposé de Jean-Yves Le Branchu sur "Dieu est-il Français ?" de Sieburg, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 597 Compte rendu, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 740. 231 Une nouvelle veillée d'armes

De l'atmosphère de la Conférence Olivaint à la veille de la Guerre, il est possible de se faire une idée grâce au témoignage d'André Aumonier, qui entra à l'Olivaint peu après son inscription à l'École libre des Sciences politiques, en 1935, et y resta jusqu'en 1940. Aumonier avait eu Georges Bidault comme professeur d'histoire à Louis-le-Grand, mais c'est le Père Corbillé, aumônier de l'ACJF, qui l'orienta vers la rue d'Assas.

Je le rencontrai au moment des inscriptions en Faculté. Au terme de quelques conversations, il me dit : ‘ André, l'Action catholique n'est pas faite pour vous. Il y a la Conférence Olivaint, vous devriez vous y inscrire598.

Dans la conférence de la rue d'Assas, il voyait un lieu de formation à la prise de parole en public, d'approfondissement de sa formation religieuse. Mais, écrit-il, l'Olivaint permettait aussi de son fortifier son "tissu de relations". Poussé par Henri Dhavernas, son parrain, qu'il a connu aux scouts599, il fut élu président en 1938 après avoir remporté le prix de l'Académie des jeunes :

Nous faisions venir pour des grandes conférences les personnalités phares qui éclairaient l'événement, chacune selon son analyse. Le général Weygand, le cardinal Baudrillart, recteur de l'Institut catholique de Paris, Georges Bidault. Il fallait tout faire : les démarches, les tracts à la Ronéo et le discours d'introduction. Et quand tout était fini, nous tournions encore à minuit autour de l'Eglise Saint- François-Xavier pour refaire le monde ; avec Pierre Nicolaÿ qui devait devenir vice- président du Conseil d'État, avec Jean Célier mort durant la guerre, et son frère Pierre qui devait contribuer à conduire l'évolution de la Sidérurgie lorraine dans les années 1970-1980600.

André Aumonier décrit l'atmosphère de l'Olivaint comme celui une veillée de guerre :

598 André AUMONIER, Un corsaire de l'Église, op. cit., p. 25. 599 Entretien du 1er févier 1996. 600 Ibid.

232 Si nous faisions venir le général Weygand à la Conférence Olivaint, écrit-il, c'est qu'il exprimait dans une langue claire des choix moraux et politiques à l'opposé de l'abandon au fatalisme. Le cardinal Baudrillart était, avant la lettre et en contraste avec le souvenir qu'il a laissé, un résistant spirituel601.

En somme, le choix des invité était déterminé par des choix politiques et, à la Conférence, la réflexion, ajoute-t-il, se faisait plus grave. La troisième République, en particulier, était l'objet des critiques les plus vives :

La République, autrefois patriote, semblait gangrenée de l'intérieur. La « République des camarades », en passant de la littérature où l'avait située Daniel Halévy à la politique où elle illustrait les compromissions, alimentait une question qui deviendrait odieuse sous l'occupation nazie : quelle était l'influence des francs- maçons et des Juifs dans le renoncement spirituel de la France chrétienne602 ?

On retrouve bien, ici, l'esprit nationaliste de la Conférence du début des années trente. Et la présence de Georges Bidault, que cite André Aumonier, parmi les invités de l'époque, n'en est que plus douteuse : on voit mal, en effet, ce qui aurait pu amener le candidat du parti démocrate populaire aux élections de 1936, à venir à la Conférence Olivaint, alors qu'il ne figurait pas même dans l'annuaire des anciens de 1936 et que les invités de l'époque avaient pour nom, outre Weygand et Baudrillart, Daniel-Rops, Henri Massis603 et Jean Guitton, qui vint à l'Olivaint - vraisemblablement pour présider la séance de clôture - en plein Front populaire604.

« Vous êtes des Croisés »

Tout indique donc que la Conférence Olivaint, à la veille de la Guerre, fut encore profondément marquée par son esprit nationaliste et antiparlementaire. Proche du général Castelnau, de Weygand, de Kérillis, elle a nourri pendant les années trente un sentiment très nettement germanophobe, qui s'accompagnait d'un rejet du nazisme. Rien, au demeurant, ne l'exprime mieux que la lettre que le Père de Pully adressa aux membres de la Conférence Olivaint dispersés sur le front

601 Ibid., pp. 27-28. 602 Ibid., p. 28. 603 André Aumonier, "La parole est aux interpellateurs", L'Olivaint, Bulletin de liaison des membres de la Conférence Olivaint, n°1, janvier 1940, p. 1. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. L'écrivain maurrassien, semble-t-il, peu de temps 604 André Aumonier, entretien du 1er février 1996. 233 en 1940, publiée dans la première - et, semble-t-il dernière - livraison du bulletin de liaison des membres de la Conférence. Dans cette lettre, l'aumônier s'adressait à tous les Olivaints qui avaient revêtu l'uniforme pour les encourager dans les épreuves qu'ils s'apprêtaient à traverser, "comme [leurs] pères, il y a vingt ans605". La guerre trouvait à ses yeux son fondement dans le combat contre le nazisme :

En vérité (...) vous voilà tout à coup face à la tâche humaine la plus haute et la plus grave qui soit. Lisez attentivement l'Encyclique Summi Pontificatus, de Pie XII et vous le comprendrez, dans le tressaillement intime de tout ce qu'il y a de noble et de profond en vous : vous êtes des « Croisés », il s'agit d'une « Croisade ». Il s'agit de défendre la Chrétienté toute entière, qui est menacée par un nouveau paganisme et une nouvelle barbarie ; et avec elle la civilisation humaine, la personnalité humaine, l'âme humaine, foulées aux pieds par des forces brutales, qui, si elles triomphaient transformeraient les peuples en charniers, et les existences humaines en geôles abominables606.

Cela dit, le nazisme n'est pas le seul ennemi de la Chrétienté à ses yeux : il y a aussi le communisme, que l'aumônier évoque plus loin dans le bulletin, de manière fort peu équivoque :

Que la Providence nous accorde promptement la victoire, elle viendra peut-être du blocus, peut-être des événements intérieurs à l'Allemagne, peut-être encore du péril bolcheviste, qui finira par grouper tous les peuples, l'Allemagne comprise, dans une croisade pour la défense de la civilisation chrétienne607.

De l'antinazisme et de l'antibolchevisme, il est, en fin de compte, difficile de dire ce qui l'emportait chez lui.

L'OLIVAINT DISPERSEE

L'appel sous les drapeaux a réduit les effectifs de la Conférence comme une peau de chagrin. On ne connaît pas le nombre de membres de 1939-

605 L'Olivaint, Bulletin de liaison des membres de la Conférence Olivaint, n°1, janvier 1940, p. 1. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 606 Ibid. 607 Ibid., p. 7.

234 1940, mais on peut imaginer qu'il ne fut pas plus élevé qu'en 1940-1941 : l'Olivaint ne comptait alors plus que 10 membres608.

Sous les drapeaux

Seuls sont restés à Paris, aux cotés du RP de Pully, Jean Célier, pour raison de santé, Xavier de la Chevalerie et Nicolas Faÿe, qui continuaient leurs études rue Saint-Guillaume. Pour l'essentiel, les Olivaints se trouvaient sous les drapeaux dès 1939, servant le plus souvent comme sous-lieutenant : c'était le cas de Michel Saint-Girons, de Jean-François Mallein, de Pierre Nicolaÿ, Frédéric Foucard, et de Robert Demoreuille. D'autres suivaient une Préparation militaire supérieure (PMS) ou un peloton d'élèves officiers de réserve (EOR), comme Yves Règnery, François Nicolaÿ, Étienne Boyer Chamard, Augustin du Mesnildot, ou encore André Aumonier.

Résistance à l'occupant ?

En juin 1940, le projet de banquet de fin d'année, que devait présider le RP Georges Monnier, jésuite et Capitaine aviateur d'état-major, fut balayé par la débâcle. Après la défaite et l'armistice, les activités de l'Olivaint, furent pratiquement suspendues. On ignore totalement quelle fut l'attitude du Père de Pully, âgé alors de soixante-trois ans. On sait, en revanche, que le 12 de la rue d'Assas, à l'initiative de l'aumônier de la Conférence Laënnec, Michel Riquet, devint un foyer de résistance : plus jeune et dynamique que le Père de Pully, il fit de la Conférence Laënnec une plaque tournante de la lutte contre l'occupant. Le 11 novembre 1940, il convoqua ainsi ses étudiants pour leur lire des passages des mémoires de Clemenceau qui dénoncent le défaitisme récurrent de Philippe Pétain en 1918609. Il devint par la suite l'un des animateurs de Combat en zone Nord, et fut arrêté au siège de l'Olivaint et de Laënnec le 18 janvier 1944. Les Olivaints restés à Paris ont-ils suivi certains de leurs camarades de la Conférence Laënnec dans cette voie ? Rien ne permet de l'affirmer. Michel Riquet, cependant, devait retrouver à Mathausen un Olivaint, Jacques Rémy-Morin, qu'il avait connu lorsque le jeune homme présidait la Conférence Olivaint en 1941. Âgé de vingt ans, élève des Sciences Po,

608 Rapport du RP Gruchon sur la Conférence Olivaint, 15 octobre 1941, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 609 Jean LACOUTURE, Jésuites, op. cit., p. 418.

235 assimilé dans la résistance au grade de sous-lieutenant, Jacques Rémy-Morin avait été arrêté une semaine avant Michel Riquet, en service commandé, et mourut en déportation le 2 juin 1944610. Il est difficile, cela dit, d'y voir autre chose qu'une exception. L'aumônier de la Conférence en 1941-1942, le Père Beirnaert, ne reconnaissait-il pas que "personne, à part de rares amis, ne connaissait autour de lui l'activité secrète qu'il avait assumée611" ?

Le réseau du Secrétariat général à la jeunesse

À la différence de la Conférence Laënnec, la Conférence Olivaint, dont l'existence était alors très précaire, peut donc difficilement être considérée comme une "plaque tournante de la résistance". Au demeurant, certains réseaux de membres de la Conférence Olivaint se reconstituaient à Vichy, autour du Secrétariat général à la jeunesse. À Vichy, certains anciens, en effet, occupaient des fonctions importantes : Henri du Moulin de Labarthète, chef du cabinet civil du Maréchal Pétain, et aussi Henri Dhavernas, inspecteur des finances, commissaire général des Scouts de France. C'est autour de ce dernier que s'est progressivement constitué un impressionnant réseau d'anciens de l'Olivaint. On trouvait en effet dans le Secrétariat d'État à la famille et à la jeunesse, créé en juillet 1940, pas moins de quatre membres ou anciens membres de la Conférence Olivaint : Charles Vallin, président du Parti social français (PSF) dont le secrétaire d'État, Ybarnégaray, était le vice-président, Charles Célier, auditeur au Conseil d'État et chef de cabinet de Paul Baudoin, Pierre Goutet, avocat au Conseil d'État et à la Cour de Cassation, qui prend en 1940 la direction de la Jeunesse, coiffée le 6 septembre par le Secrétariat général à la jeunesse (SGJ), et Dhavernas, inspecteur des Finances. Ces deux derniers étaient de hauts responsables des Scouts de France, appelés à Vichy par Baudoin. Deux autres Olivaints les rejoignirent un peu plus tard : André Mattéi, philosophe, nommé chef du bureau de la formation des cadres au sein de la direction de la Formation des jeunes, où il est amené à s'occuper de l'Ecole d'Uriage, avant d'être "éliminé" par le gouvernement Laval en mars 1942612, et André Aumonier.

610 In Memoriam Jacques Rémy-Morin, Archives du RP de Boissière, s.j. 611 Ibid. 612 Bernard COMTE, op. cit., pp.158 et 498.

236 Ce dernier se trouvait en captivité lorsqu'il reçut un télégramme officiel de Pierre Goutet et Henri Dhavernas, l'enjoignant de les rejoindre au SGJ. Aumonier fut d'abord chef de bureau en charge des maisons de jeunes613, puis il suivit Dhavernas qui lança le mouvement Compagnons de France et devint l'adjoint de Guillaume de Tournemire en septembre 1942614. Dans une lettre qu'il adresse au RP de Pully en octobre 1941, André Aumonier indique qu'il a aussi retrouvé à Vichy Ribadeau-Dumas615, Saint- Chamas, Lapierre et Verdeil. Au total, ce sont donc dix Olivaints, au moins, qui se sont retrouvé au service du nouveau régime. Hauts-fonctionnaires pour la plupart, ils partageaient un commun rejet du régime républicain, et un commun attachement à l'entreprise du Maréchal Pétain. En octobre 1941, le Père de Pully venait d'être nommé à Angers - c’est-à-dire mis à la retraite. Il y mourut, de sa bonne mort, en 1945. À Paris, un jésuite était en charge de régler la situation de la Conférence Olivaint ; André Aumonier indique au RP de Pully qu'il a pris contact avec lui :

À mon sens, conclut-il, l'Olivaint doit se donner pour but de comprendre et de faire avancer la Révolution nationale : il y a dans les Messages [du Maréchal Pétain] des mines de travaux à exploiter616.

REORIENTATION DE LA CONFERENCE

À l'automne 1941, en effet, le Père de Pully fut démis de ses fonctions de directeur de l'Olivaint, à l'âge de soixante-quatre ans. Il était nommé à Angers, ou d'autres directeurs de la Conférence avaient, avant lui, pris leur retraite, et fut remplacé par le RP Louis Beirnaert, proche du Père de Montcheuil et de la Jeunesse étudiante chrétienne.

613 Ibid., p 99. 614 André AUMONIER, Un corsaire de l'Église, op. cit., p. 35. 615 Né en 1910, Roger Ribadeau-Dumas était docteur en droit. Il avait d'abord travaillé à la Banque nationale pour le commerce et l'industrie, avant de se lancer, en 1940, dans la production cinématographique, à Vichy. 616 Lettre d'André Aumonier au RP de Pully, 20 octobre 1941, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735/3. 237 Un triste état des lieux

L'âge du directeur de l'Olivaint n'était naturellement pas étranger à la décision du Provincial. Cela dit, cette dernière avait d'autres motivations. La Conférence Olivaint, en effet, ne répondait plus aux attentes de la Compagnie de Jésus. Après un lent déclin, elle s'était pour ainsi dire dissoute d'elle-même du fait de la Guerre. Restait à savoir ce que la Compagnie de Jésus entendait faire de ce qu'il en restait. Un Jésuite, le RP Gruchon, fut chargé d'étudier dans le détail l'état de l’œuvre et son avenir. Son rapport fut lourd de conséquences617. La première constatation est que le bâtiment de la rue d'Assas nécessitait des travaux d'urgence. Sans être insalubre, les locaux avaient en effet besoin d'être refaits à neuf pour accueillit à nouveau des étudiants. Or, le budget de la Conférence, structurellement déficitaire en temps normal, était exsangue : du fait de la rareté des cotisations, les dépenses ordinaires excédaient trois fois les recettes. En outre, l'enquêteur voyait peu de possibilités de résorber le déficit à moyen terme : "L'Olivaint n'est pas, comme Laënnec, ni comme l'USIC, un groupement d'étudiants appartenant à une profession bien déterminée, à une sorte de corporation, à laquelle on peut faire appel pour secourir la jeunesse". La situation de l’œuvre s'avérait donc particulièrement précaire. Abordant ensuite la question de l'avenir de l’œuvre, le P. Gruchon constata en préambule que l'Olivaint n'était plus la Réunion des meilleurs jeunes gens issus des collèges jésuites, auxquels s'adjoignaient d'autres jeunes venus du dehors :

Les meilleurs de chez elle ont précisément évolué vers la Jeunesse catholique, puis à nouveau les meilleurs de la Jeunesse catholique ont évolué vers les mouvements spécialisés. Il ne fait pas de doute que les plus apostoliques des jeunes gens et ceux qui veulent se former plus spirituellement tendent à entrer dans les mouvements jécistes et d'Usic.

La priorité, poursuit-il, doit donc aller à ces derniers mouvements, en leur fournissant par exemple des maisons de retraite avenantes aux portes de Paris et une maison "qui soit un carrefour étudiant en plein quartier latin". Car :

617 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735. 238 L'Olivaint est trop loin du quartier des écoles. La Conférence Saint-Michel et les Dominicains, qui ont l'oreille des étudiants, songent à s'y transporter. Le premier occupant supplantera les autres.

On retrouve, à nouveau, la crainte qu'inspiraient aux Jésuites les avancées des Dominicains dans le monde étudiant. En plus de l'éloignement et de cette concurrence, l'Olivaint, écrit l'enquêteur, a souffert du développement des groupes catholiques dans les Ecoles, les Facultés, et même à l'Institut catholique, encouragé par la FFEC. De ce fait, elle se trouvait privée d'une bonne partie de son recrutement, et n'est plus qu'une sorte "d'organe témoin", réduit à quelques membres issus de l'Ecole libre des Sciences politiques, sans même que la Conférence Olivaint soit, au demeurant, le groupe catholique officiel des Sciences Po. Partant de ce constat accablant, le RP Gruchon envisageait quatre possibilités d'avenir pour la Conférence Olivaint : soit devenir "une conférence inter-groupe", pour les étudiants de Droit, lettres et Sciences Po, où seraient débattus "assez académiquement" des sujets d'ordre civique, familial ou religieux, soit se transformer en "un groupe inter-khâgne", soit regrouper "des écoles plus déshéritées", comme Violet et Bréguet, soit, enfin, devenir "un lieu de rendez-vous" pour les anciens des collèges jésuites. Surtout, il estimait préférable de transférer l’œuvre en plein cœur du quartier latin car il faut, affirme-t-il, "aller à ceux qui réclament ce que le clergé séculier peut difficilement leur donner". L'Olivaint, qui n'était inféodée à aucune école, pouvait en effet, en se transportant, devenir selon lui un véritable carrefour, ainsi qu'un lieu "de formation et de direction spirituelle".

La Conférence Olivaint, groupe catholique des Sciences Po

En fin de compte c'est la première hypothèse qui fut retenue. L'hypothèse d'un déménagement fut écarté, et, en septembre 1942, la Conférence Olivaint était transformée en groupe catholique des élèves de l'École libre des Sciences politiques618.

618 Note anonyme sur la transformation de la Conférence Olivaint, 1er septembre 1942, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735. Cette note est reproduite parmi les documents. 239 Le 1er septembre 1942, en effet, la Conférence Olivaint telle qu'elle se présentait depuis 1875 cessait d'exister. Sa direction et l'administration de la nouvelle Conférence Olivaint étaient confiées au Père Beirnaert et la Conférence Olivaint "nouvelle manière", renonçant à la diversité de son recrutement, comprenait désormais essentiellement le groupe des Sciences politiques. Elle restait rue d'Assas, dans des locaux refaits à neuf et meublés. La principale transformation, cela dit, résidait moins dans l'homogénéité du recrutement que dans ses visées. Il semble bien, en effet, que, suivant en cela les prescriptions du Père Gruchon, l'Olivaint, pendant la Guerre, ait totalement renoncé aux sujets politiques, pour se restreindre à des sujets d'une platitude jamais égalée jusqu'alors et, de surcroît, traités "assez académiquement" . Qu'on juge plutôt : pendant l'hiver 1942, les sujets traités avaient pour titre « Clercs d'hier et d'aujourd'hui », ou encore « Vingt ans de bonheur.... le paradis des enfants sages... ou le grand malheur d'être heureux619 », et si, le 13 novembre 1942, l'intitulé de la Conférence de Gérard Bondu était « La politesse », ce n'était certainement en référence - même ironique - à l'invasion de la zone sud par les Allemands, deux jours plus tôt ! Si la Conférence Olivaint ne disparaît pas totalement en 1942 - son esprit, lui, s'est envolé. Septembre 1942 marque donc l'achèvement d'une histoire de soixante-sept ans.

LES GENERATIONS DE L'ENTRE-DEUX-GUERRES

La transformation de la Conférence en 1942 démontre a contrario que le premier conflit mondial n'avait pas affecté profondément le cours de l'histoire de l'Olivaint. Avant et après la Grande Guerre, en effet, la Conférence de la rue d'Assas poursuivait les mêmes buts, avec les mêmes moyens, les mêmes références et les mêmes rites. Seul le contexte différait véritablement. En cela, il peut paraître artificiel de distinguer les générations de l'entre-deux-guerres de leurs devancières. Comme avant la Guerre, la Conférence, sous la direction du Père de Pully, a ainsi contribué à former plusieurs générations d'hommes engagés dans la vie publique, et marqués, pour certains, par l'expérience du second conflit mondial.

619 Tract annonçant les conférences, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 735. Ce dernier exposé fut pronconcé en présence de M. Boivin-Champeau, sénateur et conseiller national 240 Vrais et faux Olivaints

L'aspect lacunaire des archives de l'Olivaint de l'entre-deux guerres pose un grave problème pour l'étude de la postérité de la Conférence. Il est, en effet, impossible, souvent, de savoir avec précision qui a, ou n'a pas, fréquenté le haut de la rue d'Assas entre 1919 et 1940. Après la Guerre, le nouveau directeur de la Conférence Olivaint, le RP Julien Huvenne, se plaisait ainsi à répéter que le gouvernement Bidault de 1947 avait compté dix anciens de l'Olivaint620. Parmi ceux que l'Olivaint revendiquait comme ayant été des siens, on pouvait même relever les noms d'Alain Poher, de Robert Lecourt, de Jean Letourneau, d'André Colin, ou encore de Jean Lecanuet621. Or, il semble assez peu vraisemblable que ces personnalités aient réellement fréquenté l'Olivaint. À l’inverse, il possible d'imaginer que d'autres étudiants qui fréquentaient le Quartier latin à l'époque, et que l'Olivaint n'a pas revendiqué comme étant des siens par la suite, aient fait partie - ou au moins côtoyé - la Conférence dans les années trente. Est-il, par exemple, impossible que François Mitterrand, qui vivait au 104 de la rue de Vaugirard et appartenait à la Conférence Montalembert, ait parfois fréquenté l'Olivaint ? Il paraît, par ailleurs, assez vraisemblable que Paul Delouvrier, président de l'association des élèves de l'Institut catholique en 1934, ait connu la Conférence. Il apparaît raisonnable, cela dit, de ne pas extrapoler, et de s'en tenir aux noms que les annuaires et les rapports nous ont livré, en gardant présent à l'esprit que l'étude du parcours des Olivaints de cette période est inévitablement incomplète, dans l'état actuel de la documentation.

Les Olivaints pendant la Guerre : une question de génération ?

On a vu comment un réseau d'amitiés et de relations avait réuni une dizaine d'anciens responsables de l'Olivaint à Vichy. Dans le même temps, plusieurs anciens Olivaints rejoignirent très tôt la résistance. Le premier d'entre eux est naturellement Georges Bidault, naturellement, qui rejoignit « Combat », devenant, après la mort de Jean Moulin, président du Conseil national de la résistance (CNR). À l'Olivaint,

620 Par exemple dans une lettre au Provincial, en date du 20 décembre 1963. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 738/1. 621 Ces noms furent publiés dans le programme de la soirée du Xe anniversaire de la Conférence Olivaint d'après-guerre, qui eut lieu le 27 février 1957 à l'hôtel Lutetia. Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 738/3. 241 puis à l'ACJF, Georges Bidault avait fréquenté un jeune étudiant en droit, qui fut secrétaire de la Conférence en 1923-1924, André Debray. Né en 1905, ce dernier avait obtenu sa licence de droit à la faculté de Paris après des études secondaires au collège Sainte-Croix de Neuilly. Après son passage à l'Olivaint puis à l'ACJF, il entra en 1927 comme stagiaire à la banque de Paris et des Pays-Bas où il accomplit un parcours professionnel exemplaire : nommé au sein des cadres de direction en 1938, il en devint directeur en octobre 1944622. C'est qu'entre temps, pendant l'occupation allemande, il a mis très tôt ses compétences au service de la Résistance, à laquelle il s'est rallié dès l'armistice de 1940 sous le pseudonyme de Bossuet. Tout au long de la guerre, il fit parvenir à Londres d'importants renseignements sur la situation économique et industrielle de la France occupée, puis mit en place un réseau de financement de la Résistance. Il est fort vraisemblable qu'il fut alors en contact avec son condisciple de l'Olivaint et de l'ACJF, René Pleven, qui oeuvrait au sein du Comité national français puis du Comité français de libération nationale (CFLN). Il participa activement aux combats qui marquèrent la libération de Paris, ce qui lui valut d'être blessé, le 25 août 1944, lors de l'attaque des Tuileries. Commissaire aux finances du CNR et président du comité de financement de la Résistance pour Paris, il vit ses services distingués par l'attribution de la Légion d'honneur, de la Croix de Guerre, et de la médaille de la Résistance avec rosette. Le 19 décembre 1946, il fut élu par l'Assemblée nationale au Conseil de la République pour y représenter le Mouvement républicain populaire. Robert Buron, vice-président de l'Olivaint en 1931, s'engagea, lui aussi, très tôt la résistance. Secrétaire général du Comité d'organisation de l'industrie cinématographique à l'automne 1940, il a rejoint les équipes démocrates chrétiennes puis le Comité général d'études du CNR et participa à la rédaction des Cahiers du travaillisme français. Il est frappant de noter les trois premiers, Georges Bidault, René Pleven et André Debray, tous différents qu'ils furent, appartenaient à la même génération, la génération de l'après-guerre, et ont tous les trois fait un passage prolongé par l'ACJF. À l’inverse, aucun des Olivaints présents à Vichy n'avait suivi un tel parcours : Dhavernas, et Goutet étaient des scouts, proches du Père Doncoeur. Ils étaient germanophobes, et à ce titre opposés à la collaboration.

622 Dictionnaire des parlementaires français, p. 274.

242 Au demeurant, il est intéressant de relever que le retour de au pouvoir, en avril 1942, chassera la plupart des Olivaints pétainistes de leurs postes. Souvent giraudistes, ils étaient à la fois sensibles aux valeurs de la Révolution nationale et désireux de voir le territoire français libéré des Allemands. Naturellement, on se gardera bien de porter un jugement définitif à partir de ces quelques exemples. Cela dit, le clivage qui apparaît ici entre les anciens de l'ACJF et ceux qui ont choisi des voies plus conservatrices, n'est pas une nouveauté. Il a marqué, en effet, toute l'histoire de l'Olivaint dans l'entre-deux guerres.

Un apport notable à la vie publique

Comme les générations précédentes, les Olivaints de l'entre-deux guerre ont souvent occupé des places de premier plan dans la vie publique. On ne s'attardera pas sur l'apport de la Conférence Olivaint à la vie politique. En effet, s'il ne fait pas de doute qu'un certain nombre - difficile à évaluer - d'élus et de ministres du Mouvement des républicains populaires (MRP) ont fait un passage par la Conférence Olivaint, il est certain que celui- ci fut peut-être moins marquant dans leur parcours que celui qu'ils ont effectué à l'ACJF. Pour autant, il convient de ne pas négliger le rôle social de la Conférence Olivaint, qui permettait rencontres et amitiés durables, à l'image de celle de Georges Bidault et René Pleven. En fait, l'Olivaint, sous la direction du Père de Pully, n'a pas vu sortir de ses rangs une génération d'hommes politiques animés par les mêmes aspirations : qu'y a-t-il de commun, en effet, entre Charles Vallin et Georges Bidault. La génération politique précédente, au contraire, partageait un grand nombre de valeurs communes. C'est bien là l'expression de la crise qu'a traversé l'Olivaint à partir de la fin des années vingt. Dans la première édition française du Who's Who ont été recensés au moins 21 anciens Olivaints, qui s'ajoutent à ceux qui arrivèrent à maturité avant la Guerre623. C'est bien là le signe que la Conférence a continué à produire - ou à reproduire - des élites. Le nombre de fonctionnaires a, quant à lui, considérablement augmenté, du fait de l'apaisement de la question religieuse autant que de la

623 Who's Who in France. Paris : Lafitte, 1953.

243 plus forte proportion d'élèves de l'ELSP. On trouve parmi eux Adéodat Boissard, fils du professeur de droit Adéodat Boissard624, Guy de Carmoy, professeur à l'Institut d'études politiques après-guerre625, Bernard d'Été, administrateur de la Croix-rouge626, Gabriel Marcotte de Sainte-Marie, contrôleur d'État des sociétés nationales de construction aéronautique, Paul Chayet, inspecteur général des finances627, et bien d'autres encore, notamment Dominique de Grièves, Joseph Chobert, Alfred Redouin, Charles Roger-Machard, et Henri du Moulin de Labarthète. Parmi les fonctionnaires, on trouve aussi des auditeurs au Conseil d'État : Jacques Delcasse de Monsegou, Pierre Font-Réaulx Mais la Conférence Olivaint a surtout alimenté l'université et - c'est là une nouveauté - plus seulement facultés catholiques. Certes, il y a toujours autant de professeurs de l'Institut catholique, comme Paul Cordonnier, professeur à la Catho qui enseigna aussi à l'Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC)628, Henri Aubrun, professeur de droit à l'IC avant la Guerre, Bernard de Francqueville, professeur à l'IC, mort en déportation, et André Piettre, professeur de droit à l'IC. Mais l'Olivaint comptait aussi dans les rangs de ses anciens, Alexandre Célier, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris après la Guerre629, Émile Auzou, Alfred Beaucourt, professeur de droit, André Mattéi, professeur de philosophie, Jacques Chapsal, premier directeur de l'Institut d'études politiques de Paris (IEP), et Joseph Hours, professeur d'histoire à la Khâgne de Lyon. Le parcours de ce dernier est particulièrement intéressant : né en 1896, il était à l'Olivaint en 1920, l'année de sa réussite à l'agrégation d'histoire. Maurrassien dans sa jeunesse, il écrivit, dans les années trente, dans l'Aube et dans Sept, fit partie des groupes clandestins lyonnais pendant l'occupation et appartint au MRP. Sur le tard, enfin, sa trajectoire politique

624 Né en 1901, Adéodat Boissard a fait son droit à Paris. Diplômé de l'ELSP, il fut reçu à l'Inspection des finances en 1927. En 1940, il était directeur général de l'enregistrement et des domaines. A la libération, il fut sous-gouverneur du Crédit foncier. 625 Né en 1907, Guy de Carmoy était diplômé de l'ELSP. De 1948 à 1952, il fut directeur à l'Organisation européenne de coopération économique. 626 Né en 1906, Bernard d'Été fut chef du service de l'Inspection des finances en 1944. Il était issu de Janson-de-Sailly et de l'ELSP. 627 Licencié en droit, diplômé de l'ELSP, Gabrielle Marcotte de Sainte-Marie, né en 1903, était, en 1940, contrôleur financier. 628 Né en 1893, Paul Cordonnier était un ancien élève de l'IC, diplômé de l'ELSP, docteur en droit. Croix de guerre 14-18, Commandeur de l'ordre de Saint Grégoire le Grand, il fut professeur de droit commercial à l'Institut catholique de 1929 à 1952 et à l'ESSEC de 1945 à 1952. 629 Né en 1912, le Comte Alexandre Célier était diplômé de l'ELSP et licencié ès lettres, et maître des requêtes au Conseil d'État. 244 s'est infléchie à nouveau vers la droite : comme Georges Bidault, il prit en effet position en faveur de l'Algérie française630. Comme les professeurs, Les avocats sont toujours aussi nombreux à l'Olivaint. Dans l'annuaire de 1936, ils représentaient plus du quart des inscrits dont la profession était indiquée. On peut relever, parmi eux, le nom de Bernard Colin de Verdière, qui fit sa carrière à la cour d'appel de Paris631. De même, l'Olivaint formait toujours des hommes de lettres, à l'image d'Adrien Dansette, l'historien du Boulangisme, spécialiste d'histoire religieuse632 , et de Henri d'Amfreville633, et des journalistes, comme Paul Guérin, normalien, rédacteur en chef de l'Aurore, François Ribadeau- Dumas, directeur de La semaine à Paris ou encore Vincent René. Enfin, même si le nombre de vocations ne satisfaisait pas tout à fait la hiérarchie jésuite, la Conférence Olivaint n'a pas moins vu sortir de ses rangs des religieux et des hommes d'Église de premier plan, comme les Jésuites Jean Daniélou, Claude de Dainville, André Gérardin et Pierre Schaeffer (Ces deux derniers étaient missionnaires), ou comme l'évêque de Monaco, Mgr Rivière. Du président du PSF à l'évêque de Monaco, en passant par le Prince de Polignac, l'annuaire des anciens résumait donc bien toute la singularité de la Conférence Olivaint, à la fois cercle politique et cercle mondain.

630 Jean-François Sirinelli, Génération intellectuelle, khâgneux et normaliens dans l'entre-deux guerres. Paris : Fayard, 1988, p. 105. 631 Bernard Colin de Verdière, né en 1904, titulaire de la médaille du Maroc (1924-1925) et de la Croix de Guerre 1939-1945 était avocat à la cour d'appel de Paris. 632 Fils du député Jules Dansette, Adrien Dansette, né en 1901, était diplômé de l'ELSP et docteur en droit. Il est l'auteur d'un grand nombre d'essais historiques, sur le Boulangisme, la Deuxième République et le Second Empire, la Libération de Paris, Leclerc. Il a aussi rédigé une « Histoire religieuse de la France contemporaine ». 633 Né en 1908, Henri d'Amfreville a fait ses études à Stanislas puis à la Catho, dont il fut plus tard le président d'honneur. Homme de lettres, artiste-peintre, il était décoré de la Croix de guerre 39-40. 245 CONCLUSION : Le cercle des élites disparues

L'histoire de la Conférence Olivaint, de ses origines au second conflit mondial, a longtemps été occultée de la mémoire de l'association elle-même. Ainsi s'il était écrit, en 1947, dans la lettre adressée aux anciens pour annoncer la renaissance de la Conférence Olivaint que celle-ci reprenait "la suite de son brillant passé634", le nouveau directeur, le RP Julien Huvenne, s'est efforcé d'affirmer la singularité de l'organisation qu'il avait contribué à créer au lendemain de la Guerre. Ainsi pouvait-on lire sous sa plume en 1963 :

La Conférence Olivaint d'avant-guerre a pu former de nombreux hommes politiques, mais ce n'était pas en vertu de son principal objectif635.

À ses yeux, la Conférence, de ses origines au second conflit mondial, n'avait, en effet, d'autre but que religieux et moraux. Il a ainsi contribué à répandre l'idée que la Conférence Olivaint, jusqu'en 1947, n'avait guère été qu'une réunion littéraire et religieuse, sans la moindre visée formatrice. Le Père Huvenne pensait donc avoir révolutionné cette vieille association en la proclamant « Centre d'éducation politique », et en lui donnant pour but d'engager massivement les jeunes dans la vie politique, afin de former une élite politique empreinte de philosophie chrétienne, voire une élite politique chrétienne. Il est vrai que le 28 mars 1948, accompagné des membres de la Conférence, il avait été reçu par le Pape Pie XII, qui encouragea à cette occasion son entreprise :

634 Lettre du président Piere Dournes aux anciens, 30 décembre 1947, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 738/1. 635 Prospectus de l'année 1963-1964, Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 738/3. 246 Autant il est louable de se tenir au-dessus des querelles contingentes qui enveniment les luttes de partis, pour rester fermement unis sur les points essentiels de la justice, de la charité et de la sagesse chrétienne, autant il serait blâmable de laisser le champ libre pour diriger les affaires de l'État aux indignes et aux incapables636.

Le Père Huvenne eut sans doute été surpris, cependant, d'apprendre qu'un autre directeur de l'Olivaint l'avait fait avant lui, en 1878. Car à cette date, quelques années à peine après sa fondation, la Conférence Olivaint s'était déjà résolument engagée dans la formation de jeunes gens appelés à gérer les intérêts publics. De 1875 à 1940, la Conférence Olivaint a toujours hautement affirmé sa prétention à regrouper en son sein, à encadrer et, en définitive, à former une élite catholique, destinée à exercer une influence sur la société en défendant l'Église. Sous l'impulsion des prêtres de la Compagnie de Jésus, elle a regroupé en soixante ans des milliers d'étudiants, aux cursus variés, constituant patiemment un réseau d'ancien et cherchant toujours à accroître son rayonnement dans le milieu des étudiants catholiques. Ainsi la Conférence Olivaint a-t-elle participé, au plus près, à la création des deux plus grandes associations de la jeunesse catholique de la troisième République, l'ACJF et la FFEC. Ainsi retrouve-t-on ses meilleurs membres aux commandes de ces organisations, ou dans d'autres cercles d'étudiants. Ainsi retrouve-t-on ses anciens aux avant-postes du Parlement, de l'Université, du Barreau. Marquée par l'héritage du Père Olivaint, la Conférence de la rue d'Assas a allié un goût marqué pour les questions sociales et un conservatisme aiguisé par les expulsions dont elle a fait l'objet : cercle d'opposition au régime, la Conférence Olivaint a nourri les partis politiques de droite et d'extrême droite, et plus tard les ligues. Ainsi s'est-elle trouvée mêlée aux débats de son temps, du Ralliement à l'épreuve des Guerres mondiales, de l'Affaire Dreyfus à l'Affaire Scelle, de la Séparation à la condamnation de l'Action française. L'interdit formel dont les questions politiques étaient frappées n'empêchait pas, en effet, les débats en son sein. Elle a vu s'affirmer deux courants, le premier, tenant de la primauté du spirituel sur le temporel, était celui de la génération de l'ACJF des années 1900 : à l'Olivaint, c'est en 1910 qu'il a connu son apogée, en obtenant l'affirmation de l'apolitisme de la Conférence, et par là même l'expulsion de l'Action française. Cette dernière, en effet, était le fer de lance du second

636 Archives jésuites de la Province de Paris, I PA 748. 247 courant, réactionnaire, légitimiste, qui affirmait la primauté de l'action politique immédiate sur les considérations spirituelles. Ce courant, à son tour, eut son heure de gloire à l'Olivaint, en 1925 et 1926, entraînant, par ricochet, le déclin de la Conférence. Les causes de ce déclin ne manquent pas. Outre les conséquences de la condamnation de l'Action française et de la fermeture de l'Olivaint sur elle même, il est certain que le vieillissement, le moralisme et l'intransigeance de son aumônier ont beaucoup nui au rayonnement de la Conférence. La condamnation de la Conférence Olivaint par la Compagnie de Jésus intervint en 1942 : à cette date, l'association, dans sa soixante-huitième année, n'était plus que l'ombre d'elle-même. C'est que, au-delà des causes conjoncturelles de son déclin, la Conférence Olivaint souffrait de s'être éloignée, à son corps défendant, de sa tradition d’œcuménisme philosophique. Cet œcuménisme, on le sait, ne s'est jamais vraiment étendu, des origines à la guerre, à l'appartenance politique ni à la religion, mais, même restreint au domaine des idées, il avait le mérite d'encourager le dialogue entre des courants très différents du catholicisme. Progressivement, du fait peut-être, d'une plus grande maturité et du plus grand goût d'action des générations d'étudiants qui la fréquentaient, la Conférence Olivaint a perdu sa fonction d'échange. L'Olivaint, lieu clos socialement, clos politiquement, devenait peu à peu un lieu de non-débat. Dans une société française en plein renouvellement, en plein brassage, la Conférence Olivaint, en se repliant sur elle-même, se privait de toute faculté de transformation, d'évolution. Elle demeurait en quelque sorte, le cercle d'élites en perte de vitesse, sinon, alors que la classe moyenne s'affirmait et devenait l'enjeu des débats politiques. À l’aube des années quarante, la Conférence Olivaint était bel et bien en retard sur son temps.

248 ANNEXES

ANNEXE I

BUREAUX DE LA CONFERENCE OLIVAINT (1874-1942)

1874-1875 Président : Jules Auffray Vice-présidents637 : Louis Lebleu Gustave de Lamarzelle Secrétaires : Édouard Pontal Gaston Tourret Directeur : RP Hubin ------1875-1876 Président : Gustave de Lamarzelle Vice-présidents : Joseph Aubineau Léon Chalumeau Edmond Demolins Secrétaires : Auguste Béchaux Georges Philippon Marc de Maynard André d'Audeville Directeur : RP Hubin ------1876-1877 Président : Auguste Béchaux Vice-présidents : René-François Saint-Maur Edmond Demolins Édouard Pontal Secrétaires : André d'Audeville Georges Philippon Hélion de Rotalier Émile Couard Bibliothécaires : Henri de Grandmaison Henri de Létourville Trésorier : Paul Chardon Directeur : RP Hubin ------

637 Sauf exception, précisée par une note en bas de page, le nom qui apparaît en premier est celui du vice- président rapporteur. 249 1877-1878 Président : Gustave de Lamarzelle Vice-présidents : René-François Saint-Maur638 Édouard Pontal Émile Couard Secrétaires : Hélion de Rotalier Raymond Saleilles René Laudet Jean de la Bassetière Directeur : RP Hubin ------1878-1879 Président : Albert du Demaine Vice-présidents : Raymond Saleilles Édouard Pontal Paul Gandy Secrétaires : René Laudet Joseph Bith Henri de Grandmaison Albert Foucault Trésorier : Joseph Griffaton Directeur : RP Hubin ------1879-1880 Président : Raymond Saleilles Vice-présidents : Raoul de Guestiers René Laudet Maurice Roger Secrétaires : Henri de Grandmaison Paul Kinon Victor Debreyne Charles Geoffroy de Grandmaison Trésorier : Raoul de Guestiers Directeur : RP Hubin

638 En 1878, le rapporteur n'est pas l'un des vice-présidents, mais Albert du Demaine. 250 ------1880-1881 Président : Maurice Roger Vice-présidents : René Laudet639 Albert Foucault Gaston de Létourville Secrétaires : Charles Geoffroy de Grandmaison Victor Déléris Lucien Normand Achille Lévarey Trésorier : Raoul de Guestiers Directeur : RP Hubin ------1881-1882 Président : Raoul de Guestiers Vice-présidents : Anatole Bucquet Henri de Létourville Maxime Legendre Secrétaires : Victor Déléris Joseph de Saint-Agathe Fernand Laudet Julien Griffaton Trésorier : Evariste Martin Directeur : RP Hubin ------1882-1883 Président : Édouard Pontal Vice-présidents : Maxime Legendre Anatole Bucquet Charles Geoffroy de Grandmaison Secrétaires : Lucien Scheffter Louis Walzer Sosthène Richard Joseph Parent du châtelet Trésorier : Jacques David Directeur : RP Hubin

639 En 1881, le rapporteur est Edouard Pontal. 251 ------1883-1884 Président : Maxime Legendre Vice-présidents : Charles Geoffroy de Grandmaison Lucien Normand Joseph Parent du châtelet Secrétaires : Julien Griffaton Louis Lemarignier Georges Danzas Prosper Prieur Trésorier : Joseph Roger Directeur : RP de Rochemonteix ------1884-1885 Président : Joseph Parent du châtelet Vice-présidents : Georges Danzas Eugène Audinet Louis Lemarignier Secrétaires : Robert Pinot Eugène Godefroy Jean Mazodier Adrien Bezuel d'Esneval Trésorier : Joseph Roger Directeur : RP Alet ------1885-1886 Président : Maxime Legendre Vice-présidents : Louis Lemarignier Charles Dauvillier Jean Mazodier Secrétaires : Joseph de Valence Adrien Bezuel d'Esneval René Ysnel Eugène Boulard Trésorier : Jean Mazodier Directeur : RP Alet

252 ------1886-1887 Président : Lucien Normand Vice-présidents : Charles Dauvillier640 Jean Mazodier Joseph de Valence Secrétaires : Xavier Lauras Gaston de Bellaigue Joseph de Séroka Paul Duchon Trésorier : Jean Mazodier Directeur : RP Le Tallec ------1887-1888 Président : Jean Mazodier Vice-présidents : Xavier Lauras641 Joseph de Valence Adrien Bezuel d'Esneval Secrétaires : Louis Laya George Maze Édouard Le Camus Paul Bureau Trésorier : Xavier Lauras Directeur : RP Le Tallec ------1888-1889 Président : Xavier Lauras Vice-présidents : Joseph de Valence George Maze Paul Auvynet Secrétaires : Paul Duchon Maurice Papillon Antoine Saillard Emile Auzou Trésorier : Maurice Papillon Directeur : RP Le Tallec

640 En 1887, le rapporteur est Joseph Parent du châtelet. 641 En 1888, le rapporteur est Lucien Normand. 253 ------1889-1890 Président : Joseph de Valence Vice-présidents : Charles de Calan Georges Maze Paul Bureau Secrétaires : Antoine Saillard Paul Festugière Bernard Cara de Vaux Joseph Arthuis Directeur : RP Le Tallec ------1890-1891 Président : Charles de Calan Vice-présidents : Henri Rubat du Mérac Antoine Saillard Louis Arthuis Secrétaires : Raymond Dargent Joseph Caillet Joseph Grenier Jean Toubeau de Maisonneuve Directeur : RP Le Tallec ------1891-1892 Président : Antoine Saillard Vice-présidents : Henri Rubat du Mérac642 Hyacinthe Glotin Raymond Dargent Secrétaires : Louis Galtier Maurice Monteil Henri Biais Pierre Duchaussoy Directeur : RP Le Tallec

------1892-1893 Président : Henri Rubat du Mérac Vice-présidents : Louis Galtier Jean Colin de Verdière Maurice Monteil Secrétaires : Henri Biais Jean Lauras Emile Montmeylian Henri Bourgois Directeur : RP Le Tallec ------

642 En 1892, le rapporteur est Maurice Monteil. 254 1893-1894 Président : Louis Galtier Vice-présidents : Jean Colin de Verdière Maurice Monteil Louis Delsol Secrétaires : Emile Montméylian Henri Bidou Joseph Chéguillaume Louis Thiéblin Directeur : RP Le Tallec ------1894-1895 Président : Maurice Monteil Vice-présidents : Édouard Julhiet Jean Colin de Verdière Henri Biais Secrétaires : Jean Lauras Jules Babeau Gabriel Colmet-Daage André Lesort Directeur : RP Le Tallec ------1895-1896 Président : Jean Colin de Verdière Vice-présidents : Louis Delsol Jules Babeau Jean Lauras Secrétaires : André Lesort Edmond de la Gorce Henri Plouvier Joseph Ribault Directeur : RP de Salinis ------

1896-1897 Président : Louis Delsol Vice-présidents : Jules Babeau643 Louis Thiéblin André Lesort Secrétaires : Henri Bazire Joseph Ribault Henri de la Salle Ernest de Saugy Directeur : RP J. Moisant ------

643 En 1897, le rapporteur est Henri Bazire. 255 1897-1898 Président : Jules Babeau Vice-présidents : Henri Bazire644 André Lesort Ferdinand Delsol Secrétaires : Léon Haas François Hébrard Marcel Uzannaz-Joris Albert d'Aubigny Directeur : RP J. Moisant ------1898-1899 Président : Henri Bazire Vice-présidents : Joseph Ribault645 Albert d'Aubigny Marcel Usannaz-Joris Secrétaires : François Hébrard Frédéric Duval Henri de la Salle Joseph Zamanski Directeur : RP Alfred Havret ------1899-1900 Président : Joseph Ribault Vice-présidents : Ferdinand Delsol646 Marcel Usannaz-Joris Frédéric Duval Secrétaires : Henri de la Salle Joseph Zamanski Pierre Guyot Alexandre Celier Directeur : RP Paul Aucler

644 En 1898, le rapporteur est Joseph Ribault. 645 En 1899, le rapporteur est Ferdinand Delsol. 646 En 1900, le rapporteur est Joseph Zamanski. 256 ------1900-1901 Président : Joseph Zamanski Vice-présidents : François Hébrard Marcel Uzanna-Joris Alexandre Celier Secrétaires : Pierre de Bricourt Pierre Guyot Emmanuel Le Maout Louis Couvrat-Desvergne Directeur : RP Paul Aucler ------1901-1902 Président : François Hébrard Vice-présidents : Alexandre Celier Victor Bettencourt Louis Couvrat-Desvergnes Secrétaires : Régis Lauras Pierre Vimal Etienne Bechaux Gonzague de Reynold Directeur : RP Paul Aucler ------1902-1903 Président : Victor Bettencourt Vice-présidents : Pierre Gerlier Pierre Vimal Pierre de Bricourt Secrétaires : Emmanuel Le Maout Emmanuel Lacombe Léonce Celier Pierre Lefebure Directeur : RP Paul Aucler

------1903-1904 Président : Pierre Gerlier Vice-présidents : Pierre de Bricourt Pierre Vimal Louis Couvrat-Desvergnes Secrétaires : Etienne Bechaux Léonce Celier Pierre Lefebure Jean Keraly Directeur : RP Paul Aucler

257 ------1904-1905 Président : Alexandre Celier Vice-présidents : Pierre de Bricourt647 Maurice Éblé Etienne Bechaux Secrétaires : André Leroux Pierre Lefebure Maurice de Gailhard-Bancel Gabriel Rochette de Lempdes Directeur : RP Paul Aucler ------1905-1906 Président : Pierre de Bricourt Vice-présidents : Pierre Lefébure Maurice Éblé Jean Keraly Secrétaires : Gabriel Rochette de Lempdes Henri Cauvière Bernard de Francqueville Albert Delaunay Directeur : RP Paul Aucler ------1906-1907 Président : Jean Kéraly Vice-présidents : Claude Desjoyaux Pierre Lefébure G. Rochette de Lempdes Secrétaires : Bernard de Franqueville Robert Warin Pierre de Longuemare Guy de Revel Directeur : RP Paul Aucler

------1907-1908 Président : Claude desjoyaux Vice-présidents : Maurice de Waru Henri Cauvière Léonce Celier Secrétaires : René d'Aubeigné Robert Facque Amaury de la Grange Robert Warin Directeur : RP Paul Aucler ------

647 En 1905, le rapporteur est Eugène Langevin. 258 1908-1909 Président : Léonce Celier Vice-présidents : Henri Cauvière Maurice de Gailhard-Bancel Robert Warin Secrétaires : René d'Aubeigné André de Chalendar Robert Facque François de Kergos Directeur : RP Paul Aucler ------1909-1910 Président : Henri Cauvière Vice-présidents : Bernard de Francqueville René d'Aubeigné Robert Warin Secrétaires : Emmanuel Callon André de Chalendar Henri Goury du Roslan Fernand Margerin Directeur : RP Paul Aucler ------1910-1911 Président : Bernard de Francqueville Vice-présidents : Jean Libert Robert Facque Fernand Margerin Secrétaires : Théodore Dauchez René Francez Jean de Raismes Emile Taudière Directeur : RP Paul Aucler ------

1911-1912 Président : Henri Cauvière Vice-présidents : René Francez Jean Libert Jean de Raismes Secrétaires : Max Bechetoile Francis du Fontenioux Guy de Préaudeau Henri de la Tour Directeur : RP Paul Aucler

259 ------1912-1913 Président : René Francez Vice-présidents : André de Chalendar Emmanuel Callon François du Fontenioux Secrétaires : Maurice Bouttier Jean de Lasalle Guy de Préaudeau Henry de Villedieu Directeur : RP Paul Aucler ------1913-1914 Président : André de Chalendar Vice-présidents : Emmanuel Callon Jean de Lasalle Emile Taudière Secrétaires : Bernard d'Eté Paul Moissignac Ernest Vergniaud Jean de Villedieu Directeur : RP Paul Aucler ------1919-1920 Président : Paul Moissinac Vice-présidents : Joseph du Fontenioux René Pleven Paul Maniere Secrétaires : Sébastien Bijon Jacques Cosserat Adrien Dansette André Griffaton Directeur : RP Henri de Pully

------1920-1921 Président : René Pleven Vice-présidents : Henri Dumoulin de Labarthète Jean Izarn René Derville Secrétaires : Henri Binaud Jean Larcena Félix Longaud Roger de Saint-Chamas Directeur : RP Henri de Pully

260 ------1921-1922 Président : Roger de Saint-Chamas Vice-présidents : Georges Bidault Sébastien Bijon Georges Le Boulanger Secrétaires : François Barbier Bernard Colin de Verdière Jean Lapierre André Lebreton Directeur : RP Henri de Pully ------1922-1923 Président : Georges Bidault Vice-présidents : Pierre Goubaux Jean Mizzi Bernard Tissot Secrétaires : Georges Cantenot Bernard de Gaulejac Jacques Langlois Jacques Sauvain Directeur : RP Henri de Pully ------1923-1924 Président : Bernard Colin de Verdiere Vice-présidents : Jean Rey Georges Cantenot Jean Danielou Secrétaires : André Debray Albert Galopin Rémy Pasteau Gabriel de Sainte-Marie Directeur : RP Henri de Pully

------1924-1925 Président : Charles Boissard Vice-présidents : Charles Vallin Henri Dumoulin de Labarthète Albert Galopin Secrétaires : Jacques d'Amfreville Jean de Monès Guy de Saint-Hilaire Guilhen Teisserenc Directeur : RP Henri de Pully

261 ------1925-1926 Président : Henri Dumoulin de Labarthète Vice-présidents : Charles Vallin648 Adéodat Boissard Cyprien Meyère Secrétaires : Bernard de Beaurepaire Bernard de Louvagny Xavier Guiraud Raphaël Thiéblin Pierre de Vaucelles Directeur : RP Henri de Pully ------1926-1927 Président : Henri Dumoulin de Labarthète Vice-présidents : Adéodat Boissard Jacques Robin Jacques vier Secrétaires : Réné Homo Alfred Redouin Jacques de Romefort Georges Verdeil Directeur : RP Henri de Pully ------

1927-1928649 Président : Charles Vallin Vice-présidents : Pierre de Font-Reaulx Pierre de Vaucelles Jacques Vier Secrétaires : ? ? ? ? Directeur : RP Henri de Pully

648 En 1926, le nom du rapporteur n'est pas connu. 649 A partir de 1928, et jusqu'à une date inconnue, les bureaux sont élus au début de l'année civile. Pour simplifier la présentation, et par convention, sont appelés "bureau 1927-1928" le bureau élu en janvier 1928, "bureau 1928-1929" le bureau élu en janvier 1929, et "bureau 1929-1930" le bureau élu en janvier 1930. 262 ------1928-1929 Président : Jacques Lot Vice-présidents : François Ribadeau-Dumas Pierre de Font-Reaux Georges Verdeil Secrétaires : Robert Boyer Roger Houzel Pierre Lenoir Roland de Villelongue Directeur : RP Henri de Pully ------1929-1930 Président : François Ribadeau-Dumas Vice-présidents : Pierre Lenoir650 Henri de Forbin Roger Houzel Secrétaires : Christian de Lavarène Charles Lucet Roger Ribadeau-Dumas Jean Sadoul-Chastelain Directeur : RP Henri de Pully ------1930-1931 Président : Henri de Forbin Vice-présidents : André Mattei Pierre de Vaucelles Jacques Chapsal Secrétaires : Jacques Celier Jean Garreau Yves Millet Louis Sorel Directeur : RP Henri de Pully ------

1931-1932 Président : Pierre de Vaucelles Vice-présidents : Robert Buron Jean Le Roy André Piettre Secrétaires : Gabriel des Francs Bernard Lot Henri Sabatier André Vinsot Directeur : RP Henri de Pully ------

650 Le nom du rapporteur de l'année 1930 n'est pas connu. 263 1932-1933 Président : ? Vice-présidents : ? ? ? Secrétaires : ? ? ? ? Directeur : RP Henri de Pully ------1933-1934 Président : Marcel Coppin Vice-présidents : ? ? ? Secrétaires : ? ? ? ? Directeur : RP Henri de Pully ------1934-1935 Président : Pierre Moissinac Vice-présidents : ? ? ? Secrétaires : L. De Bonrepos P. Célier P. Monnier P. Nicolai Directeur : RP Henri de Pully ------

1935-1936

Président : Henri Dhavernas ?651 Vice-présidents : ? ? ? Secrétaires : ? ? ? ? Directeur : RP Henri de Pully

651 Témoignage d'André Aumonier, 23 mai 1996. 264 ------1936-1937 Président : Maurice de Longevialle Vice-présidents : André Aumonier ? ? Secrétaires : ? ? ? ? Directeur : RP Henri de Pully ------1937-1938 Président : André Aumonier Vice-présidents : ? ? ? Secrétaires : ? ? ? ? Directeur : RP Henri de Pully ------1938-1939 Président : Michel Saint-Girons Vice-présidents : Jean Celier652 Philippe Huet Xavier de la Chevalerie Secrétaires : ? ? ? ? Directeur : RP Henri de Pully

------1939-1940 Président : ? Vice-présidents : ? ? ? Secrétaires : ? ? ? ? Directeur : RP Henri de Pully

652 Le nom du rapporteur de l'année 1939 est inconnu. 265 ------1940-1941 Président : ? Vice-présidents : ? ? ? Secrétaires : ? ? ? ? Directeur : ? ------1941-1942 Président : Jacques Rémy-Morin Vice-présidents : ? ? ? Secrétaires : ? ? ? ? Directeur : RP

266 ANNEXE II

PRESIDENTS DE LA REUNION DES JEUNES GENS

1852-1854 Charles de Maistre 1854-1860 Paul Lauras 1860-1863 Michel Cornudet 1863-1866 Roger de Beauffort 1866-1869 Édouard Lefébure 1869-1872 Ludovic Espivant de la Villeboisnet 1872-1873 Polyeucte Berlier de Vauplane 1873-1874 Paul Josseau 1874-1876 Gustave de Lamarzelle 1876-1879 Gaston Tourret 1879-1880 Gustave de Lamarzelle 1880-1883 Joseph Griffaton 1883-1885 Henri de Létourville 1885-1888 Joseph Parent du châtelet 1888-1889 Maxime Legendre 1889-1890 Xavier Lauras 1890-1891 Joseph de Valence 1891-1894 Maurice Papillon 1894-1897 Jules Schaeffer 1897-1899 Henri Aubrun 1899-1901 Alfred Courcoux 1901-1904 Joseph Zamanski 1904-1907 Pierre Gerlier 1907-1910 Pierre Lefébure 1910-1911 Maurice de Gailhard-Bancel 1911-1912 Pierre Lefébure 1912-1913 Henri Cauvière 1913-1914 Jean de Lasalle 1919-1920 Jean Lepargneur 1920-1922 Georges Monnier 1922-1923 Roger de Saint-Chamas 1923-1924 Georges Bidault 1924-1925 René Planchenault 1925-1928 Pierre Goubaux 1928-1930 Marcel Coppin 1930-1931 Robert Boyer 1931-1932 Jacques Celier 1932-1936 ? 1936-1937 Pierre de Sarcus 1937-1942 ?

267 ANNEXE III

PRESIDENTS DES SEANCES DE CLOTURE

1875 : M. le Comte de Germiny 1876 : M. le Comte Albert de Mun, député du Morbihan 1877 : M. Chesnelong, sénateur 1878 : M. Ernoul, ancien Garde des Sceaux 1879 : M. de la Bouillerie, ancien ministre 1880 : M. Michel Cornudet, ancien Maître des Requêtes au Conseil d'Etat 1881 : M. Robinet de Cléry, ancien Avocat général à la Cour de Cassation. 1882 : M. d'Herbelot, ancien Avocat général près la Cour d'appel de Paris. 1883 : M. le Prince de Léon, député du Morbihan. 1884 : M. Hémar, ancien Avocat général près la cour d'appel de Paris. 1885 : M. le Comte Albert de Mun, député du Morbihan. 1886 : M. Carel, professeur à la faculté de droit, Avocat à la cour d'appel de Caen. 1887 : M. de Lamarzelle, député du Morbihan. 1888 : M. le général de Charette653. 1889 : M. Jacquier, avocat, professeur aux Facultés catholiques de Lyon. 1890 : M. de Cazenove de Pradine, député de la Loire-Inférieure. 1891 : M. le Comte Mercier, Premier ministre de la Province de Québec. 1892 : Mgr. d'Hulst, recteur de l'Institut catholique, député du Finistère. 1893 : M. Lerolle, conseiller municipal de Paris. 1894 : M. Thureau-Dangin, de l'Académie française. 1895 : M. le Baron Denys Cochin, député de la Seine. 1896 : M. Georges Bonjean, juge au Tribunal de la Seine. 1897 : M. le Duc de Broglie, de l'Académie française. 1898 : M. Emile Ollivier, de l'Académie française. 1899 : M. Raynaud, vice-recteur de l'Institut catholique. 1900 : M. l'amiral de Cuverville. 1901 : M. Jacques Piou, député. 1902 : M. Emille Keller, ancien député du Haut-Rhin. 1903 : M. Ferdinand Brunetière, de l'Académie française. 1904 : M. Henry Joly, membre de l'Institut. 1905 : M. René Bazin, de l'Académie française. 1906 : M. C. Grousseau, député du Nord. 1907 : M. Emille Ollivier, de l'Académie française. 1908 : M. F. de Ramel, avocat au Conseil d'Etat, député du Gard. 1909 : M. Pierre de la Gorce. 1910 : M. L. Jenouvrier, sénateur. 1911 : M. Henry Bordeaux. 1912 : M. Henry Welschinger, membre de l'Institut. 1913 : M. l'Amiral Bienaimé, député de Paris. 1914 : M. Louis Madelin. 1915-1919 : Interruption. 1920 : M. le général de Castelnau. 1921 : M. Louis Bertrand. 1922 : M. Maurice Barrès, de l'Académie française, député de Paris. 1923 : M. Fortunat Strowski, professeur à la Sorbonne. 1924 : M. Henry Bordeaux, de l'Académie française. 1925 : M. Robert Schuman, député de la Moselle. 1926 : ? 1927 : M. Charles le Goffic, ancien président de la société des gens de lettres. 1928-1929 : ?

653 Le général de Charette, zouave pontifical en 1861 était un ancien membre de la Congrégation 268 1930 : M.Fourcade, Ancien batonnier, sénateur des Hautes Pyrennées. 1931 : M.René Pinon, Professeur à l'Ecole libre des Sciences politiques. 1932 : M.Henri Robert, Batonnier d'Assises, de l'Académie française. 1933-1935 : ? 1936 : M. Jean Guitton 1937 : M. le général Weygand, de l'Académie française. 1938-1941 : ?

ANNEXE IV

LISTE DES PRESIDENTS DE L'ASSOCIATION CATHOLIQUE DE LA JEUNESSE FRANÇAISE (1886-1956)

1 : Robert de Roquefeuil, 1886-1897. 2 : Henry reverdy, 1897-1899. 3 : Henri Bazire, 1899-1904. 4 : Jean Lerolle, 1904-1909. 5 : Pierre Gerlier, 1909-1913. 6 : Alexandre Souriac, 1913-1922. 7 : Charles Flory, 1922-1926. 8 : François de Menthon, 1926-1930. 9 : J. Courel, 1930-1933 10 : André Debray, 1933-1936. 11 : André Colin, 1936-1939. 12 : Alain Barrère, 1939-1946. 15 : André Vial, 1953-1956.

ANNEXE V

LISTE DES PRESIDENTS DE LA FFEC

1921-1923 : Jean Lévêque 1923-1924 : René Pleven 1924-1925 : Frédéric Pasteau 1925-1926 : Jean Léveque 1926 : Pierre Goubaux 1926-1927 : Marcel Rémond 1927-1929 Gabriel Rémond 1929-1930 : Julien Bauduy 1930-1931 : R. de Fresquet 1931-1934 : Max Legendre 1934-1935 : Charles-Armand de Vaugelas 1935-1937 : Roger Millot 1938-1941 : Robert Boudet

269 ANNEXE VI

LISTE ALPHABETIQUE DES CONFERENCIERS 1875-1914

Achard de la vente (Joseph). - La propriété des églises et presbytères (25 janvier 1882). Aine (Edmond). - Les migrations des Boers et leurs relations avec l'Angleterre (31 janvier 1900). Amigues (Henri). - Le duel (3 avril 1889). André (Édouard). - La femme romaine aux deux premiers siècles de l'ère chrétienne (26 avril 1882). - Le roman et les romanciers grecs (21 février 1883). Anglade (Maurice). - Comment fut préparée la spoliation du clergé en 1789 (6 mars 1901). Ardant (Gabriel). - Le Juif et la mobilisation du sol (8 décembre 1886). Arnould (Louis). - Le caractère et les vertus privées de l'empereur Auguste (10 mars 1886). Arthuis (Louis). - Les grèves (12 novembre 1890). Artigues (F. d'). - Silhouettes orientales : Voyage en Orient (10 janvier 1877). Astruc (Jules). - L'Eglise du voeu national au Sacré-Coeur (27 avril 1887). Aubeigné (René d'). - Comment on fait une révolution (10 janvier 1906). - Une leçon : Bismarck avant 1870 (29 avril 1908). - Le régime représentatif, ses principes (6 avril 1910). Aubert (-). - Shakespeare (1876). Aubert (Félix). - Les géographes de l'antiquité (22 décembre 1880). Aubigny (Albert d'). - L'école nouvelle (10 mai 1899). Aubineau (Joseph). - Les comédies de Hroswita (1875). - Rapport sur les activités de l'année 1875-1876 (21 juin 1876). Aubrun (Henri). - Le Kulturkampf allemand (1er février 1893). - Lamennais (28 novembre 1894). - La patrie (31 mars 1897). - Questions d'enseignement supérieur (24 novembre 1897). - Les projets de charité légale (11 mars 1903). - Moralistes d'Outremer (27 janvier 1904). - Le salariat doit-il faire place à un autre régime ? (8 janvier 1908). Aucler (RP Paul). - Les universités d'Angleterre et d'Allemagne (14 février 1900). - Comment on retrouve la Jérusalem du temps de Jésus-Christ : étude archéologique (5 mars 1902). - La monarchie des Habsbourg et le Congrès eucharistique de Vienne (20 novembre 1912). Audeville (André d'). - Gilles de Bretagne, drame en cinq actes (1876). - La cour de France en 1632 (23 mai 1877). - Jacques Cœur ou l'argentier du roi, drame en cinq actes (5 mars 1879). Audinet (Eugène). - « Les Allemands » du Père Didon (25 mars 1884). Auzou (Émile). - Les lectures publiques à Rome (16 mars 1887). - Les vrai Louis XIII (23 novembre 1887). - Fromentin (5 décembre 1888). - La question coloniale (4 décembre 1889). - L'enseignement supérieur en France (3 décembre 1890). - L'histoire et la géographie dans l'enseignement secondaire (2 décembre 1891). Avenel (Georges d'). - Le concordat de 1801 (28 novembre 1877). Babeau (Jules). - La moralisation dans l'armée (30 novembre 1895). - Le culte du moi (27 novembre 1895). Babelon (Ernest). - Une querelle scientifique entre les Jésuites et les Bénédictins. Origine de la diplomatique. (12 décembre 1877). - Les découvertes modernes dans la haute Asie (11 décembre 1878). - La légende de Nemrod (21 janvier 1880). Baril (Georges). - Au retour du congrès eucharistique de Montréal (9 novembre 1910, avec M. Pierre Gerlier). Barneville (Pierre de). - L'esthétique du roman contemporain (13 février 1889). - L'élément musical dans la poésie française (15 avril 1891). - Causerie sur l'esthétique (12 avril 1893).

270 Barral (Octave de). - Le conflit des nationalités dans la monarchie austro-hongroise (26 janvier 1898). Bassereau (Raymond). - La jeunesse de Victor Hugo (28 janvier 1914). Bayle (Joseph). - Les réformes de l'orthographe (7 mai 1890). Bazin (René). - Le dilettantisme moral et littéraire (23 février 1893). Bazire (Henri). - L'initiative de pensée et d'action chez les catholiques (16 décembre 1896). - Rapport sur les travaux de l'année 1896-1897 (16 juin 1897). - A la veille de la Séparation (15 novembre 1905). Beauchesne (Adelstan de). - Étude sur Lamartine (2 mai 1877). - Les poèmes d'Ossian (3 avril 1878). - Étude sur Alfred de Musset (19 mars 1879). Béchaux (Auguste). - Chateaubriand (novembre 1875). - L'arbitrage international et le droit des gens (6 et 13 décembre 1876). - Une démocratie modèle (5 février 1890). Béchaux (Etienne). - Seize ans de gouvernement catholique en Belgique (23 janvier 1901). - Les formes actuelles de l'usure et la répression de l'agiotage (5 février 1902). - La grève de Milan (7 décembre 1904). Béchetoille (Max). - A l'assaut de la chambre des Lords : un aperçu de la crise constitutionnelle anglaise (1er février 1911). - Les universités et la vie nationale (20 mars 1912). Bellaigue (Gaston de). - De la religion dans les funérailles (26 mai 1886). Benoit (Charles). - Le félibrige et la résurrection des libertés de l'ancienne France (5 février 1908). Benoit (Gaston). - La critique impressionniste : une controverse entre M. Jules Lemaître et M. Ferdinand Brunetière (7 mars 1906). Bernon (Just de). - La révolution d'après J. de Maistre (1876). - Les classes laborieuses de l'Allemagne au quinzième siècle (26 février 1879). - Les assemblées politiques en Allemagne (7 avril 1880). - Le mouvement constitutionnel en Prusse de 1805 à 1850 (2 février 1881). Berthaud (Maurice). - Cités aveugles : le projet, les objections (8 février 1911). Bessières (Jean). - Étude sur Savonarole (16 janvier 1884). Bessières (Joseph). - Modifications du régime de la propriété en France (20 décembre 1893). Béthune (François). - L'action catholique en Belgique (24 février 1892). Bettencourt (Victor). - Un publiciste chrétien au XIXe siècle : Louis Veuillot (15 décembre 1897). - L'enseignement supérieur professionnel (27 novembre 1901). - La question de l'apprentissage (1er mars 1905). - A l'école des catholiques belges. Comment organiser et diriger l'action sociale ? (23 janvier 1907). Beuf (Lucien). - Hugues de Lionne (23 mai 1883). Beyaert (Néotère). - Le principe fondamental de l'économie politique (30 mai 1877). Bezuel d'Esneval (Adrien). - L'affaire du collier (29 avril 1885). - Le rôle de la noblesse dans l'histoire de France (12 mai 1886). - Monsieur de Talleyrand, esquisse d'un portrait (30 novembre 1887). - Barbey d'Aurevilly (1er mai 1889). Biais (Henri). - Influence de Saint-François d'Assise sur l'art, la morale et la littérature en Italie (8 avril 1891). - Les symbolistes (4 mai 1892). - Munich (12 décembre 1894). Bidou (Henri). - Le concept de l'homme chez les écrivains russes (14 mars 1892). - Lacordaire et le romantisme (19 avril 1893). - Le succès d'Antigone au Théâtre Français (17 janvier 1894). - Le théâtre statique (9 janvier 1895). - Essai sur la méthode historique des sociologues (2 décembre 1896). - Les études sociales au théâtre (4 mai 1898). - Les principes de l'oeuvre de Zola (19 novembre 1902). Bilard (Marcel). - La révocation de l'Édit de Nantes (1875). - Le mariage religieux et le mariage civil (1876). Billy (Robert de). - Le rire, étude psychologique (13 mai 1914). Bith (Joseph). - Étude sur le rôle et les réformes de Turgot (13 février 1878). - Monographie d'un ouvrier parisien au XIXe siècle (18 décembre 1878). - La question des Principautés danubiennes (14 décembre 1882).

271 Bodinier (Victor). - L'hypnotisme provoqué, ou le magnétisme devant la science (10 mai 1882). Boissarie (Docteur Joseph). - La clinique de Lourdes (24 janvier 1894). (-). - Robespierre et Thermidor (17 février 1892). Bos (Roger du). - Le projet de loi sur les retraites ouvrières (23 février 1910). Bouchard (Joseph). - L'origine du pouvoir. Examen des articles 3 et 16 de la Déclaration des Droits de l'Homme (17 janvier 1877). - Compte rendu sur « Les Jansénistes au XVIIe siècle et leur dernier historien, M. Sainte Beuve », de M. l'abbé Fuzet (23 mai 1877). Boudier (Pierre). - Comment doivent se comporter les catholiques au pouvoir ? Une terre d'expériences : la Belgique. (19 novembre 1913). Bouillerie (Antonin de la). - Les catholiques irlandais et le Home Rule (19 février 1913). Bourgeois (André). - La participation aux bénéfices (20 février 1907). Bourgeois (Henri). - L'Irlande depuis O'Connel (27 mai 1891). - l'Eglise et la Renaissance (25 novembre 1891). - L'Indépendance de la Belgique en 1830 (18 janvier 1893). Bourrut-Lacouture (Etienne). - Le poète de la revanche : Paul Déroulède (29 avril 1914). Bouttier (Georges). - La situation de l'Alsace-Lorraine dans l'empire allemand (15 novembre 1911). Boyreau (Emmanuel). - Montalembert orateur (23 décembre 1885). - Le réalisme dans les romans de Tolstoï et de Dostoïevski (23 mars 1887). Brenier (Henri). - Le problème international et ses solutions (27 mars 1889). - L'alliance franco-russe avant Cronstadt (3 novembre 1892). - La mission lyonnaise en Chine (8 décembre 1897). Bricon (Etienne). - Molière et Labiche (11 avril 1883). Bricourt (Pierre de). - Berryer (3 mai 1899). - Le bien de famille (7 février 1900). - Le monopole de l'alcool, conférence contradictoire avec M. François Celier (25 mars 1903). - La question du logis (18 novembre 1903). - Rapport sur les travaux de l'année 1903-1904 (18 juin 1904). - Les syndicats jaunes (22 novembre 1905). - La question agraire et le rôle du propriétaire foncier : fédération de métayers et syndicats de forestiers du Centre (11 janvier 1911). - Introduction de l'étudiant à la vie sociale (15 novembre 1912). Briout (Edgar). - Le Juif en Algérie (9 février 1898). Broise (RP René de la). - Idéalisme et réalisme dans la peinture des scènes de l'Evangile : les « Evangiles illustrés » de M. Müntz et la « Vie de N. S. Jésus-Christ » de M. James Tissot (20 décembre 1899). Broutelle (Honoré). - Le caractère de Louis XIV (19 novembre 1890). Bros (Albert). - Les compagnies commerciales de colonisation (7 mars 1900). Brun (Henri). - Chateaubriand (26 mai 1893). - Le peuple serf et le peuple souverain (23 janvier 1895). - Lamartine, poète de la nature et de la religion (17 mars 1897). Bucquet (Anatole). - La suppression des tribunaux administratifs (16 février 1881). - L'instruction gratuite et obligatoire en France, en Angleterre et en Allemagne (17 mars 1882). - Rapport sur les travaux de l'année 1881-1882 (30 juin 1882). Bureau (Paul). - La centralisation et ses effets au point de vue de l'instabilité gouvernementale (18 janvier 1888). - De l'éducation et de l'établissement des jeunes gens en Angleterre (26 décembre 1889). - La journée de huit heures (11 mai 1892). - New-York (14 février 1894). Cahour (Francis). - Nos illusions sur les États-Unis (30 novembre 1910). Caillet (Joseph). - Le pouvoir de l'État (2 mai 1888). - L'avenir de la France en Océanie (20 février 1889). - Histoire du mouvement socialiste en Allemagne (18 février 1891). Calan (Charles Lalande de). - La royauté en août 1792 (9 janvier 1889). - Les insurrections de l'Ouest (13 novembre 1889). - Rapport sur les travaux de l'année 1889-1890 (18 juin 1890). - Les poètes français de la Bretagne (4 mars 1891). - L'émigration (23 décembre 1891). - Le Play (11 janvier 1893). - La science sociale et le peuplement du globe (7 février 1894). - Les héros de roman du XIIIe siècle (14 novembre 1894). - A travers l'histoire du mariage (15 janvier 1896). - La province française dans l'histoire moderne (23 novembre 1898).

272 Callon (Emmanuel). - Le rôle social du propriétaire terrien, d'après « l'Émigré » de M. Paul Bourget, « le Fils de l'Esprit » de M. Georges Fonsegrive, « le blé qui lève » de M. René Bazin (26 février 1908). - Les romans sont-ils l'image exacte de la vie ? (10 mars 1909). - Le « Moi » est-il haïssable ? (2 février 1910). - Rapport sur les travaux de l'année 1913-1914 (28 mai 1914). Cara de Vaux (Bernard). - Le scepticisme contemporain (27 février 1889). - Les religions de l'Inde (12 mars 1890). Caruyer de Beauvais (Jacques le). - La peinture française au XXe siècle : l'anarchie et la réaction de l'ordre (4 février 1914). Catta (Tony). - La représentation des intérêts peut-elle être mise utilement au programme de nos revendications ? (27 février 1907). Cauvière (Henri). - Les partis politiques en Allemagne (14 février 1906). - A propos de la Conférence de La Haye : l'arbitrage international et son avenir (20 novembre 1907). - Paul Bourget et le traditionalisme (9 décembre 1908). - Rapport sur les travaux de l'année 1908- 1909 (29 juin 1909). - La réforme des conseils de guerre et la projet de loi du 11 juin 1909 (17 novembre 1909). - Ce que peut et ce que veut la Confédération générale du travail (8 mars 1911). - La théorie et la pratique de l'unité socialiste (12 février 1913). Celier (Alexandre). - Les associations de jeunesse catholique au XIXe siècle (20 novembre 1901). - Rapport sur les travaux de l'année 1901-1902 (13 juin 1902). - La France moderne et le régime des cultes (à propos de quelques propositions récentes tendant à la séparation de l'Eglise et de l'État) (25 novembre 1903). Celier (François). - Le monopole de l'alcool, conférence contradictoire avec M. Pierre de Bricourt (25 mars 1903). Celier (Léonce). - Méthodes d'enseignement populaire, autrefois et aujourd'hui (26 novembre 1902). - Les méfaits de l'érudition (24 février 1904). - L'esthétique des villes et les abus de l'embellissement (15 mars 1905). - Avant-coureurs du réformisme moderne : l'idée de réforme dans l'Eglise au XVe siècle (4 décembre 1907). - Les origines du royaume d'Italie (17 mai 1911). - Un cas de conscience gouvernemental : Bossuet et Jacques II (5 mars 1913). Chabannes (Georges de). - Les nominations épiscopales en France et à l'étranger : étude juridique et historique (13 décembre 1905). Chabanon (Émile). - l'Ecole de Salerne (1er février 1882). Chaillou (Auguste). - Le sérum antidiphtérique (21 novembre 1894). Chalendar (André de). - Le travail à domicile, ses dangers, leurs remèdes (6 mai 1908). - Comment nous défendre ? L'organisation catholique (24 novembre 1909). - M. Maurice Barrès et les aspirations de la jeunesse contemporaine (8 janvier 1913). - Rapport sur les travaux de l'année 1912-1913 (20 mai 1913). Challamel (Léon). - Fénelon et son nouveau critique, M. Jules Lemaître (15 février 1911). Chalumeau (Léon). - L'arbitrage pontifical au Moyen-Age (1876). -Compte rendu sur « Les problèmes de philosophie contemporaine » de Caro (10 janvier 1877). Chamaillard (Adrien de). - Comment assurer la sincérité des opérations électorales ? (22 janvier 1908). Chambon (Jean du). - Le provincialisme (27 mai 1903). Champchesnel (Sébastien de). - La politique de Cavour de 1856 à 1859 (10 février 1897). Champfeu (Pierre de). - Cinquante années de la marine française (1864-1904) : son apogée, sa décadence, son avenir prochain (7 janvier 1914). Charie (Maurice de la). - L'actionnariat ouvrier est-il destiné à compléter le salariat ? (22 mai 1911). Charlet (Auguste). - La colonisation française en Tunisie (12 décembre 1900). Chéguillaume (Joseph). - La coopération industrielle (15 février 1893). - Les Russes en Asie et dans la Méditerranée (23 novembre 1893). Chevallier (René). - Le poison et l'ambition chez les grands (10 janvier 1900). Clair (R.P. Charles). - Les articles organiques (26 mai 1880).

273 Clapier (Luc de). - Les soulèvements de la Pologne (11 février 1885). Clavier (Donatien). - La fable (1875). - Le duel et le code pénal (1876). - Une étude sur la terreur à Nantes (9 janvier 1878). Closel (Henri du). - Le socialisme municipal (22 mars 1905). Coëtlosquet (Édouard du). - Maurice de Guérin (1875). Colin de Verdière (Jean). - Le général de Sonis (26 novembre 1890). - L'Eglise et l'Etat (20 janvier 1892). - Le procès du maréchal Bazaine (22 novembre 1893). - Rapport sur les travaux de l'année 1893-1894 (6 juin 1894). Colmet Daage (Gabriel). - Les mariages franco-espagnols (20 décembre 1892). - Les conspirations sous Louis XIII (13 décembre 1893). Colmet de Santerre (Robert). - Le jury civil (25 avril 1888). Conil-Lacoste (Henri). - Renaissance, réforme et humanisme au XVIe siècle (11 février 1914). Cordonnier (Jean). - A propos du millénaire normand. L'esprit de conquête et de colonisation chez les Normands (10 janvier 1912). Cornudet (Léon). - Victor Pavie (7 mars 1888). - Les puritains et le jugement de Marie Stuart (30 avril 1890). - Les Monts-de-Piété (29 avril 1891). - Les caisses d'épargne (30 mars 1892). Cottineau (-). - Etude sur « La Constitution de l'Angleterre » de M. Leplay (1876). Coüard (Emile). - Origine de l'art dramatique en France au Moyen-Age (21 février 1877). - Grégoire VII et la querelle des investitures (25 avril 1877). - Compte rendu sur « Un homme d'autrefois » par le marquis Costa de Beauregard (28 novembre 1877). Couprie (Claude). - La liberté du travail en temps de grève (23 mai 1906). Courcoux (Docteur Alfred). - La lutte contre la tuberculose (20 avril 1904). Courdoux (André de). - Le livre du « Prince » de Machiavel (1875). Cousin (Albert). - Compte rendu sur « La vie domestique » de De Ribbes (25 avril 1877). Cousin (Pierre). - L'idée de la tradition familiale dans l'oeuvre de M. Henri Bordeaux (20 mai 1914). Couvrat-Desvergnes (Louis). - Le rachat des chemins de fer par l'Etat (28 mars 1900). - Le crédit agricole (15 mai 1901). - L'Etat doit-il obliger les patrons à s'assurer contre le risque professionnel? (20 janvier 1902). - Le christianisme de Paul Bourget (27 avril 1904). Dabry (Abbé Pierre). - L'impôt progressif (19 décembre 1894). Damas (Pierre de). - M. de Villèle et la Restauration (11 mai 1881). - Nihilisme et nihilistes (22 mars 1882). Dampierre (Robert de). - La Triple Entente en face de la Triple Alliance, ses origines et ses résultats (21 avril 1909). Danzas (Georges). - « En Alsace ! » (14 janvier 1885). - Rapport sur les travaux de l'année 1884-1885 24 juin 1885). Dargent (Raymond). - La crise agricole (13 mai 1891). - La question monétaire (20 novembre 1895). - La Tunisie (20 janvier 1897). Dauchez (Théodore). - Les Français sont-ils égaux devant le bulletin de vote ? (6 mars 1907). - L'abolition de la peine de mort (25 mars 1908). - Tribunaux et prisons pour enfants : les réformes nécessaires (3 février 1909). Dauvillier (Charles). - Organisation du barreau anglais (30 janvier 1884). - Le jury (25 février 1885). - Gustave Flaubert, « Madame Bovary » et le naturalisme dans le roman (2 décembre 1885). - La prochaine guerre franco-allemande (20 avril 1887). Decq (Édouard). - La question étrangère en Algérie (14 mai 1913). - Le jansénisme et l'esprit révolutionnaire : de la constitution civile du clergé à la loi de 1905 (18 mars 1914). Deharveng (Henri). - Une expérience sociale : la législation australienne (réglementation des salaires, retraites ouvrières, etc...) (15 mai 1912). Delarue (Pierre). - Le Cid dans la littérature espagnole et la littérature française (12 mars 1879). Delaunay (Albert). - L'idéalisme du socialisme (21 décembre 1904). - Le droit et le devoir (21 mars 1906).

274 Delaunay (Paul). - Alcooliques et névrosés : silhouettes d'écrivains (2 mai 1900). Delbreil (Joseph). - Le compagnonnage (14 janvier 1880). Déléris (Victor). - Le testament de Pierre-le-Grand (26 mars 1879). - François Coppée (4 mai 1881). Delpeuch (Édouard). - Le darwinisme (7 février 1877). - Compte rendu sur « L'art d'écrire » de M. Antonin Rondelet (16 janvier 1878). - Les dialogues de Platon (10 décembre 1879). Delsol (Ferdinand). - Brizeux (11 décembre 1895). - Un artiste officiel au XVIIe siècle (12 janvier 1898). - Rapport sur les travaux de l'année 1898-1899 (6 décembre 1899). Delsol (Louis). - L'antisémitisme et les catholiques en France (11 avril 1894). - Rapport sur les travaux de l'année 1895-1896 (17 juin 1896). Demaine (Albert du). - Compte rendu sur « L'appréciation générale de la théocratie » de M. Pierre Laffitte (13 février 1878). - Rouget de l'Isle et la « La Marseillaise » (10 avril 1878). - Rapport sur les travaux de l'année 1877-1878 (24 juin 1878). - La société française et le dix-huitième siècle (31 janvier 1879). - Du naturalisme dans le roman contemporain (26 novembre et 3 décembre 1879). - Les Contes de Perrault (17 novembre 1880). - La morale et la politique de Machiavel. Etude sur le traité « Du Prince » (14 février 1883). Demolins (Edmond). - Le mouvement communal et municipal au Moyen-Age (1875). - La constitution de la Biscaye (1876). - L'affaiblissement de la noblesse par la royauté et le Tiers-Etat(1876). - Histoire d'une famille de paysans ruinée par le code civil (15 novembre 1876). - Comptes rendus sur « L'état actuel des hautes études en France et en Allemagne » de M. Boutmy (17 janvier 1877). - La réforme ecclésiastique au XIe siècle (28 février 1877). - Histoire de France. Préface (21 novembre 1877). - Rivalité de Louis XI et de Charles le Téméraire (6 mars 1878). - Les guerres d'Italie au quinzième siècle (15 janvier 1879). - La lutte pour la liberté d'enseignement (28 avril 1880). Denis (Maurice). - Du rôle de l'Etat et de l'initiative privée dans la lutte contre l'alcoolisme (24 avril 1901). Denjoy (Jean). - La monarchie au dix-huitième siècle et la Révolution (30 novembre 1881). Desforges (Pierre). - Talleyrand au Congrès de Vienne (10 février 1892). - La vieille Bastille (17 mai 1893). Desjoyaux (Claude). - Les préjugés démocratiques dans l'organisation des associations scolaires et paroissiales (21 février 1906). - La diplomatie du royaume d'Italie après 1870 (17 avril 1907). - Rapport sur les travaux de l'année 1906-1907 (12 juin 1907) - Le projet de chambre haute du duc de Broglie (1873) (29 janvier 1908). - Le bon féminisme, étude de psychologie sociale (10 février 1909). - Deux politiques réalistes : Édouard VII et le prince de Bülow (12 janvier 1910). - L'Europe et la tentative de restauration monarchique en 1873 (8 mai 1912). Deslandres (Paul). - « Le trompette de Saeckingen » de Scheffel (14 décembre 1898). - La France et l'Europe en 1900 (29 novembre 1899). - Le drame bourgeois au XVIIIe siècle (5 décembre 1900). - La Corse (4 décembre 1901). - Le catholicisme en Espagne (3 décembre 1902). - Un dramaturge moraliste, M. Brieux (2 décembre 1903). - Les Albigeois et l'Inquisition (8 décembre 1909). - La Révolution était-elle fatale ? A propos d'un nouvel historien de la Révolution (7 mai 1913). Desmousseaux de Givré (Félix). - Sommes-nous des Latins ? (22 février 1905). - La question de l'éducation primaire en Angleterre (24 avril 1907). - Un nouveau fonctionnaire : l'attaché commercial (13 janvier 1909). - Ce qu'aurait dû être la Ligue d'éducation nationale (6 mars 1912). Despéramons (André). - Etude sur Jasmin (20 décembre 1882). Deverre (Georges). - L'esthétique musicale de Wagner (6 mai 1903). Deville (Alphonse). - Les luttes religieuses en Angleterre au Moyen-Age : Henri II et saint Thomas Bescket (22 novembre 1876). - Les coalitions et les grèves (14 avril 1880). - Le scepticisme de Montaigne (1er juin 1881). - La philosophie au théâtre (17 et 31 janvier 1883).

275 Dezellus (Paul). - Le mystère de la Passion à Oberammergau (21 janvier 1891). Dhéré (Alphonse). - La Pôle Nord (23 mars 1881). Dhéré (Hyppolyte). - De l'étude des sciences géographiques (27 février 1878). - L'Afghanistan et le conflit anglo-russe (12 février 1879). - Le Zululand et la politique anglaise dans l'Afrique australe (18 février 1880). - Le canal de Panama (8 mars 1882). - Savorgnan Brazza et le Congo (18 avril 1883). - La Nouvelle-Calédonie (23 février 1887). Diamanti (Octave). - Etude sur le mahométisme (2 mai 1883). - Les causes de l'unification de l'Italie (12 mai 1887). - Machiavel et le droit des gens moderne (14 novembre 1888). - Le gouvernement et les moeurs de la Perse (22 mars 1893). - L'Egypte et l'influence française (16 mai 1894). - La Syrie et la Palestine (27 mars 1895). Diard (Maurice). - Lord Palmerston et sa politique en Orient (18 janvier 1882). Didelot (-). - Fouquet (1876). Doncieux (Georges). - Victor de Laprade (19 janvier 1881). Doury (Gabriel). - La psychotérapie et le traitement des névroses contemporaines (3 mai 1905). Dreuilhe (Charles). - L'influence française en Orient (13 décembre 1899). Dubreuil-Chambardel (Louis). - L'enseignement de l'histoire dans les écoles primaires (18 février 1903). Duchaussoy (Pierre). - Le luxe moderne (20 mai 1891). - M. Thiers, historien, orateur, homme d'Etat (18 mai 1892). Duchon (Louis). - L'héroïsme dans le Cid et Hernani (21 janvier 1885). - La Renaissance de la poésie povençale (10 février 1886). Duchon (Paul). - Le pessimisme dans la poésie française contemporaine (16 février 1887). - Les chasseurs alpins (11 décembre 1889). Dudon (Paul). - A propos de « L'étape » de M. Paul Bourget (16 avril 1902). Dunan (Charles). - L' « Emile » de J.-J. Rousseau (5 décembre 1877). - La philosophie de La Fontaine (14 mai 1879). Durand (Celestin). - La société française au temps de Saint-Louis (31 mars 1886). Dutau (R.P.). - Voyage en Orient (1876). Éblé (Maurice). - La question du salaire chez les économistes catholiques (2 mars 1904). - Les premières écoles catholiques d'économie sociale (30 novembre 1904). - Pourquoi les catholiques sont-ils divisés en plusieurs écoles sociales ? (21 novembre 1906). Estève (Edmond). - Les Parnassiens (13 mars 1889). - La méthode littéraire de M. Taine (6 janvier 1892). Été (Bernard d'). - L'impôt sur le revenu est-il justifiable ? (22 janvier 1913). - La lutte entre les canaux et les chemins de fer (21 janvier 1914). Faber (Paul). - La question du Luxembourg : le Grand-Duché et ses voisins (15 mars 1911) Facque (Robert). - Plus d'écoles officielles ! (31 janvier 1906). - Le collectivisme agraire. Comment justifier la propriété foncière ? (15 mai 1907). - Les associations de pères de famille. Doivent-elles être confessionnelles ? Doivent-elles se fédérer ? (11 mai 1910). - L'avenir de la mutualité (29 mars 1911). Faidherbe (Alexandre). - L'assistance publique en Flandre avant 1789 (9 mars 1892). Fels (André de). - La représentation proportionnelle (9 mars 1910). Ferry (André). - La ligue de l'enseignement et les patronages laïques (12 mai 1897). Festugière (Paul). - La musique (8 mai 1889). - La légitimité de la philosophie dans ses rapports avec la science et la religion (12 février 1890). Fleuriot-Kérinou (Francis). - Le dernier fils d'Arthur, poème (17 mars 1880). - « Le serment d'un captif », drame en deux actes et en vers (mars 1883). Flicoteaux (Emmanuel). - La suppression des Templiers (4 mars 1903). - Saint Bernard et les Clunistes : un problème d'art religieux (15 février 1905). Flicoteaux (Marcel). - De l'intuition chez Balzac (15 janvier 1902). Florans (Roger de). - Le théâtre chrétien (12 avril 1899).

276 Flotte (Daniel B. de la). - Le massacre des Carmes (13 janvier 1886). - L'évêque Grégoire (1er décembre 1886). - Ludovic Halévy (8 février 1888). Follet (René). - Molière et les médecins (26 avril 1899). Fontenioux (François du). - La rénovation sociale par les élites (27 novembre 1912). Fontgalland (Pierre de). - Les syndicats agricoles et le projet Ruau (17 février 1909). Foucault (Albert du). - La diplomatie secrète sous Louis XV (19 février 1879). - Etude sur Joubert (7 décembre 1881). Francez (René). - Qu'a été et qu'a valu la peinture française depuis quarante ans ? (20 décembre 1911). - Rapport sur les travaux de l'année 1911-1912 (24 mai 1912). François-Saint-Maur (René). - Les grandes époques de la poésie française (20 décembre 1876). - Compte rendu sur « Les origines de la France contemporaine » de M. Taine (24 janvier 1877). - La chanson de Roland (14 février 1877). - Rapport sur les travaux de l'année 1877-1878 (24 juin 1878). Francqueville (Bernard de). - Nos affaires étrangères depuis dix ans (29 novembre 1905). - Pourquoi et comment recruter l'armée noire ? Les projets Mangin et Messimy (1er décembre 1909). - Rapport sur les travaux de l'année 1909-1910 (25 mai 1910). Friocourt (Pierre). - A quelles conditions les catholiques peuvent-ils encourager le mouvement syndical ? (11 mars 1914). Gailhard (Jules). - Michel de l'Hospital (15 avril 1885). - L'insurrection des Camisards (6 février 1889). Gailhard-Bancel (Hyacinthe de). - Les syndicats agricoles (18 décembre 1901). - L'organisation des retraites ouvrières par caisses régionales et professionnelles (20 décembre 1905). Gailhard-Bancel (Maurice de). - Le droit du père de famille dans l'éducation (18 mai 1904). - La défense patronale à Anvers : la grève et le lock-out de 1907 : Causes et leçons du conflit (12 février 1908). - Les recommencements de l'histoire : de la corporation au syndicat. A propos de la répression des fraudes (11 décembre 1912). Gailliard (Henri de). - Les luttes pour la liberté de l'enseignement (2 mars 1881). Galliard (Gabriel). - L'Eglise et l'instruction populaire (4 avril 1894). Galloo (André). - Dix ans après la mort de Ruskin (20 janvier 1900). Conservateur socialiste par esthétique (19 janvier 1910). - Sommes-nous prêts à la guerre ? (22 novembre 1911). Gallut (Emmanuel). - La peine de mort (26 décembre 1888). - Le monopole de l'Université (5 mars 1890). Galtier (Louis). - Mgr Frayssinous (11 février 1891). - Les orateurs parlementaires de la Monarchie de Juillet (9 novembre 1892). - Rapport sur les travaux de l'année 1892-1893 (14 juin 1893). - Des causes qui ont amené le second Empire (18 avril 1894). - La question arméno-turque (13 janvier 1897). Gandy (Paul). - Etude physiologique sur la cellule vivante (8 mai 1878). - Etude sur O'Connell (20 novembre 1878). - Le nervosisme (4 février 1880). Gazeau (Luc). - Comment se pose aujourd'hui le problème de la décentralisation ? (8 janvier 1902). Gaulle (Henri de). - Etudes sur Descartes (16 janvier 1878). - Les conséquences du cartésianisme (22 janvier 1879). Gautherot (Gustave). - Le dogme révolutionnaire : comment le combattre ? (25 novembre 1908). Gauthier-Villars (Henri). - Les Parnassiens (1er mars 1882). - L'humour américain (4 avril 1883). Gayffier (Léonce de). - La poésie contemporaine. Sommes-nous en décadence ? (4 février 1885). - « La morte » de M. Octave Feuillet (3 mars 1886). Geoffroy de Grandmaison (Charles). - L'influence des évêques aux premiers siècles de la Gaule (21 avril 1880). - L'Eglise et l'Etat (12 janvier 1881). - Etude sur Xavier de Maistre (23 novembre 1881). - La femme au XIXe siècle (12 décembre 1883). - Rapport sur

277 les travaux de l'année 1883-1884 (18 juin 1884). - La correspondance de Louis Veuillot avec madame la Vicomtesse de Pitray (18 mars 1885). Gerlier (Pierre). - Le mouvement gréviste contemporain (19 décembre 1900). - L'avenir du mouvement syndical : le contrat collectif de travail (22 avril 1903). - Rapport sur les travaux de l'année 1902-1903 (10 juin 1903). - La législation sociale et la famille (10 novembre 1909). - Au retour du Congrès eucharistique de Montréal (9 novembre 1910, avec M. Georges Baril). - Au retour de Rome : Pie X et la jeunesse catholique de France (12 novembre 1913). Germain (André). - M. de Vogüé, le poète et le penseur (23 novembre 1904). Germiny (Robert de). - Les trusts et le président Roosevelt (19 février 1908). Gibergues (Charles de). - L'apprentissage hier, aujourd'hui, demain (17 janvier 1912). - L'impôt et les familles nombreuses (26 février 1913). Gilles (Robert). - Une loi nécessaire : la protection de l'ouvrier contre les maladies professionnelles (25 janvier 1911). Glotin (Hyacinthe). - Les criminels et la responsabilité (20 mars 1889). - Les prisons (23 avril 1890). - L'unité de l'espèce humaine (14 janvier 1891). - Godefroy (Eugène). - La politique religieuse de Louis XIV (26 novembre 1884). Gorce (Edmond de la). - Rome et la question italienne (29 avril 1896). Gouraud (Xavier). - L'hygiène et la nouvelle loi sanitaire (7 mai 1902). Gouriou (Docteur). - Mes souvenirs de la guerre des Balkans (9 avril 1913). Goury du Roslan (Henri). La dépopulation : le problème, les remèdes (16 février 1910). Grandmaison (Henri de). - Compte rendu sur « Les corporations ouvrières » de M. Harmel (9 janvier 1878). - Le mouvement corporatif en France depuis 1791 jusqu'à nos jours (22 mai 1878). Grandmaison (Louis de). - La chevalerie (6 mai 1885). Granger (Noël). - La ligue ou un mouvement populaire à la fin du XVIe siècle (24 mars 1886). Granges (Charles des). - « L'Apôtre » de M. Henri de Bornier (15 février 1882). Grenier (Joseph). - Les assemblées de Vizille et de Romans 1788-1888 (15 mai 1889). Griffaton (Joseph). - Madame de Maintenon (1876). - Examen de diverses brochures sur la situation des associations religieuses en France (28 février 1877). - Compte rendu sur « Molière et Bourdaloue » de M. L. Veuillot (5 décembre 1877). - Les races slaves et la question d'Orient (23 janvier 1878). Griffaton (Lucien). - L'Inquisition et Philippe II (21 décembre 1881). Griveau (André). - Taine (13 février 1901). Guestiers (Raoul de). - Etude sur l'histoire de la Révolution française, de Théophile Lavallée (1875). - Les dernières oeuvres de Donoso Cortès (7 janvier 1880). - Rapport sur les travaux de l'années 1879-1880 (16 juin 1880). - La « Conquête jacobine » (17 novembre 1881). - Du suffrage universel (6 février 1884). - La Franc-Maçonnerie (12 mars 1884). Guibald (Louis). - Molière, Plaute et Térence (26 février 1880). - Guyot (Pierre). - La liberté d'enseignement (1er mars 1899). - La mission de l'avocat (17 janvier 1900). Guyot (Pierre). - La mer et le marin dans la poésie française au XIXe siècle (28 novembre 1900). - La mission de l'avocat (17 janvier 1900). Gyarfas (Elemér de). - Une séparation faite à l'amiable : l'Eglise et l'Etat en Hongrie (24 mai 1905). Haas (Léon). - Les socialistes et le capital (19 janvier 1898). Halleux (Louis). - L'hérédité au point de vue naturel (5 mars 1884). Hans (Pierre). - La situation juridique du Pape au point de vue international (27 février 1901). - Le projet Rouvier (16 juin 1903) et l'impôt sur le revenu (3 février 1904). Harmel (Léon). - Les syndicats (3 février 1887). - L'action de la jeunesse catholique (1er février 1888). Hébrard (François). - Les grands magasins (24 mars 1897). - Le droit de grève (16 mars 1898). - La cité de Ruskin (8 mai 1901). - Rapport sur les travaux de l'année 1900-1901 (19 juin 1901). - L'esprit de l'enseignement primaire officiel (18 mars 1903). - Essai

278 d'organisation catholique en vue de la séparation (11 janvier 1905). - Education populaire : la formation préalable (2 mai 1906). - Dans quel esprit abrder l'éducation populaire ? (17 mars 1909). Héroux (Omer). - La séparation de l'Ecole et de l'Etat au Canada français (18 novembre 1908). Heurtaux-Varsavaux (Gustave). - Les syndicats professionnels (21 décembre 1887). Heuveln (Jules Van den). - La liberté religieuse (16 mai 1877). Hubin (R. P.). - Voyage en Orient : Constantinople, Athènes, Jérusalem (22 novembre 1882). Hudault (Joseph). - Les contrastes de la vie dans notre littérature contemporaine (13 avril 1904). Hugleville (Hélion d'). - La suppression des parlements par l'Assemblée constituante (23 avril 1913). Janet (Pierre-Claudio). - Les Elections en Angleterre en 1895 (8 janvier 1896). Jarry (Henri). - Les défauts de l'enseignement (7 décembre 1898). - Les coopératives. Faut-il les propager ou demander leur suppression ? (5 décembre 1906). - La vénalité des charges ministérielles et les projets du gouvernement (27 novembre 1907). - L'application de la loi sur le repos hebdomadaire : causes de l'échec et améliorations possibles (5 mai 1909). - Une réaction contre l'individualisme : nos récentes lois sur la petite propriété (30 avril 1913). Josso (François). - Une controverse de nos jours au temps de Saint Louis : les rapports du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel (6 mai 1914). Jouenne (-). - La vie à Londres (18 mai 1881). Julhiet (Édouard). - Les assurances ouvrières obligatoires (5 décembre 1894). - Rapport sur les travaux de l'année 1894-1895 (17 juin 1895). - L'Allemagne et les progrès de son industrie (18 novembre 1896). Kergos (François de). - Idéalisme ou réalisme en littérature ? (27 mai 1908). Keraly (Jean). - Théodore Botrel, barde breton (27 janvier 1904). Ketterer (Emile). - Le procès de Galilée (2 février 1878). Laborde (Henri). - La liberté d'association (25 avril 1894). Lac (R. P. du). - Le travail des femmes dans l'industrie et l'habillement à Paris et la loi des 2 et 3 novembre 1892 (14 décembre 1892). La Casinière (Henri de). - Les restes du romantisme dans la littérature contemporaine (15 janvier 1908). Lacombe (Emmanuel). - Rivarol (14 mars 1900). - Alphonse Daudet (20 mai 1903). Lacretelle (Etienne). - A quoi tient l'expansion commerciale de l'Allemagne ? (18 février 1914). Lagarde (Ernest). - L'art chrétien dans les peintures de Michel-Ange et de Raphaël (5 janvier 1887). - Saint François d'Assise (8 janvier 1890). Lagarde (Henri). - La Hollande (7 mars 1894). Lagérie (Roland de). - Roosevelt et Chamberlain ; l'impérialisme en Angleterre et en Amérique (5 avril 1905). La Grange (Amaury de). - L'Angleterre et ses rivales : étude économique (18 décembre 1907). Lamarzelle (Gustave de). - La féodalité (1875). - Pie IX et la Révolution (7 mai 1879). - Pour la défense de l'âme française : la question des humanités (8 novembre 1911). Lamarzelle (Henri de). - Les catholiques et le mouvement syndical (8 février 1905). Langevin (Eugène). - De l'actualité d'Alfred de Vigny (16 décembre 1903). - Henri de Régnier poète et le symbolisme (14 décembre 1904). - Rapport sur les travaux de l'année 1904-1905 (9 juin 1905). - J. M. de Heredia, ou l'art de rendre l'imitation originale (6 décembre 1905). - Un méconnu : Auguste Barbier (16 janvier 1907). - La poésie religieuse contemporaine (11 décembre 1907). - Les insuffisances de Sully-Prudhomme (20 janvier 1909). - La démission de l'esthétique catholique (7 février 1912). Lanier (Paul). - Les Mémoires du général baron de Marbot (27 janvier 1892).

279 Laplatte (Georges). - Le Saint-Simonisme (3 février 1897). - Le néo-christianisme (23 février 1898). Lasalle (Jean de). - L'armée aux grèves (28 février 1912). Latil (Victor). - Les localisations cérébrales (17 décembre 1879). Laudet (Fernand). - Les romans d'Octave Feuillet (9 février 1881). - A propos des « Souvenirs d'enfance et de jeunesse » d'Ernest Renan (5 décembre 1883). Laudet (Robert). - Un héros de la charité : l'apôtre des lépreux, Joseph de Veuster (4 janvier 1911). Laudet (René). - Compte rendu sur le « Plan d'un nouvel équilibre en Europe » de Joseph de Maistre (12 décembre 1877). - Etude sur Calderon (4 décembre 1878). - Etude sur Schiller (19 novembre 1879). Lauras (Jean). - Réorganisation de l'Eglise catholique en France par Napoléon 1er (12 novembre 1891). - Montalembert (8 mars 1893). - Les avocats et le barreau (6 mars 1895). - Soyons Français (17 novembre 1897). Lauras (Régis). - La prospérité économique de l'Allemagne (21 novembre 1900). - L'Etat doit-il obliger les patrons à s'assurer contre le risque professionnel ? (20 janvier 1902). Lauras (Joseph). - La défense militaire de la France par la navigation aérienne (20 avril 1910). Lauras (Xavier). - La rentrée des Bourbons en France (27 janvier 1886). - La France et l'Algérie (22 décembre 1886). - La responsabilité des accidents du travail (16 janvier 1889). Laurent (Charles-Henri du). - Rome et le Vatican, impressions et souvenirs (1er juin 1904). Laurentie (Joseph). - Marie Stuart d'après les nouveaux documents (27 février 1884). - Les poésies de M. Sully-Prudhomme (20 mai 1885). Laya (Louis). - La Louisiane (7 décembre 1887). Le Bec (Pierre). - Les classes sociales tendent-elles à s'unifier ou à se différencier ? (19 décembre 1906). Le Bleu (Louis). - Térence et la comédie latine (1875). - La décentralisation (mai 1876). - Rapport sur les travaux de l'année 1874-1875 (14 juin 1875). Le Breton (Paul). - Le collège royal et l'enseignement supérieur au XVIe siècle(22 janvier 1896). Le Brun (Raphaël). - Les Français à Madagascar (18 novembre 1885). Le Camus (Édouard). - Le château de Chantilly (19 janvier 1887). - Le comte de Falloux (6 Mars 1889). Le Cointe (Pierre). - Les lois Doumergue. Comment les combattre avant ? Comment y résister après ? (11 novembre 1908). Leconte (Joseph). - Constantinople (4 février 1903). Lefébure (Pierre). - Le mouvement colonial en Allemagne (10 décembre 1902). - Le Maroc et le traité franco-anglais (29 mars 1905). - Rapport sur les travaux de l'année 1905-1906 (30 mai 1906) - L'école primaire depuis cent ans et nos revendications présentes (28 avril 1910). - Un nouveau complot huguenot-maçonnique : l'accablement de la jeunesse par l'obligation postscolaire (26 avril 1911). - Comment établir en France la répartition scolaire ? (16 avril 1913). Lefèvre-Pontalis (Gérard). - Les Mémoires de Saint-Simon (19 février 1890). - La question antiesclavagiste (4 février 1891). Le Franc (Hyacinthe). - La tradition française (25 janvier 1888). - Le suffrage universel (20 novembre 1889). Legendre (Maxime). - Le principe de non-intervention (3 mai 1882). - La réforme judiciaire (10 janvier 1883). - Rapport sur les travaux de l'année 1882-1883 (18 juin 1883). - Frédéric II et Marie-Thérèse (9 janvier 1884). - La liberté de la presse (7 avril 1886). - Le cardinal Pie (24 novembre 1886). - Le droit d'association (22 février 1888). - Le cardinal de Bonnechose (21 novembre 1888). - Le mariage et la loi civile (19 mars 1890). - L'expédition du Mexique (22 avril 1891). - La réparation des erreurs judiciaires (16 novembre 1892). - La liberté de l'enseignement primaire (13 mars 1895). Le Liepvre (Charles). - L'organisation des catholiques à Bergame (14 mars 1906).

280 Le Maout (Emmanuel). - De l'amendement du prisonnier : supériorité de l'emprisonnement cellulaire sur l'emprisonnement en commun (21 mars 1900). Lemarignier (Louis). - Camille Desmoulins, Robespierre et la Révolution (28 février 1883). - Mgr Dupanloup et la loi de 1850 sur la liberté d'enseignement (13 février 1884). - A propos de « La France juive » de Drumont (5 mai 1886). - Rapport sur les travaux de l'année 1885-1886 (26 juin 1886). - Le mariage dans les comédies (9 mars 1887). L'Epervier (Hervé de). - Que deviendra la chambre des Lords ? (13 mai 1908). Lèques (Georges). - Les projets de monopole des assurances (13 mars 1912). Lerolle (Jean). - Les origines du mouvement social catholique en France (10 février 1904). Leroux (André). - Le testament de Windthorst, étude sur l'union des catholiques allemands (11 décembre 1901). - Unificaiton et autonomie en matière d'enseignement primaire (le bill Balfour, 3 décembre 1902) (14 janvier 1903). - Les procédés de résistance des catholiques allemands (1er février 1905). Lescane (Germain). - Etude sur « Hernani » de Victor Hugo (28 janvier 1880). Lesort (André). - La légende de Faust chez Goethe et chez Calderon (20 février 1895). Lestapis (Arnaud de). - Au temps de la Révolution : fallait-il émigrer ? (15 janvier 1913). Letalenet (Henri). - Les origines de l'empire de Chine (1876). - Etude sur une inscription assyrienne (1876). - Le déluge, d'après un poème assyrien (24 janvier 1877). Le Tallec (R. P.). - Le général de Pimodan (18 décembre 1889). - Notre-Dame de Chartres (4 juin 1891). - Pie IX : le Pontife, le Roi, le Père (13 janvier 1892). - Pélerinage de la Jeunesse catholique à Lourdes et à Paray-le-Monial (15 novembre 1893). Lethielleux (Pierre). - Les idées politiques de Fénelon (14 janvier 1914). Létourville (Gaston de). - Compte rendu sur « Le procès des ministres de Charles X » de M. Daudet (27 mars 1878). Létourville (Henri de). - Les Misanthropes (11 janvier 1882). - Trois jours à Louvain (27 mai 1885). Levarey (Achille). - Corneille avant le Cid (24 novambre 1880). Libert (Jean). - Le Français doit-il émigrer ? (23 novembre 1910). - Rapport sur les travaux de l'année 1910-1911 (30 mai 1911). Loeper (Maurice). - La culture intellectuelle et artistique du médecin (27 avril 1898). Lohse (Félix). - La crise du patriotisme à l'école laïque (17 janvier 906). Longhaye (R. P.). - Bouvines, trilogie en vers avec choeurs (23 avril 1879). - Les lois de la parole (10 mars 1880). Longuemare (Pierre de). - Voyage en Sicile (25 janvier 1905, avec projection des vues prises par M. Joseph Leconte). - Y aura-t-il toujours des guerres ? La guerre n'a-t-elle que des effets désastreux ? (8 mai 1907). Lorencky (Guillaume de). - Beowulf, poème saxon (8 décembre 1880). Malaingre(André). - La médecine à Rome sous les Césars (7 février 1883). Malarkey (John). - La nationalisation du sol (9 mai 1883). Mareille (Marc). - L'art en Chine et au Japon (11 mars 1896). Margerin (Fernand). - La question du désarmement (24 mars 1909). - De l'influence allemande en France, et comment la combattre ? (10 mai 1911). Martin (Alfred). - Le travail et le salaire (1875). Martin (Evariste). - Compte rendu sur « Les utopies et les réalités de la question sociale » de M. Xavier Roux (23 janvier 1878). - Etude sur le rôle et l'influence de Colbert (27 mars 1878). - Philosophie pratique, ou recherche sur la connaissance des hommes et de soi- même d'après les systèmes de physionomie, phrénologie, chiromancie et graphologie (7 février 1882). Martin (Joseph). - Les Caisses rurales (6 février 1895). Martin (Octave). - Macbeth (7 janvier 1885). Marty (Henri). - Comment préparer la France de demain ? L'Education nouvelle (23 décembre 1908).

281 Mathis (Henri). - Le problème des races chrétiennes d'Europe après la révolution Jeune- Turque (16 décembre 1908). Maynard (Marc de). - La critique littéraire d'après Pascal (1876). Maze (Georges). - Fénelon et Cambrai (16 décembre 1885). - M. Pailleron (15 décembre 1886). - L'amitié (11 janvier 1888). - Les poésies du RP Tricard (16 mai 1888). - Lamartine (21 mai 1890). Mazodier (Jean). - Le ministère Casimir-Périer (4 mars 1885). - L'avènement de Bonaparte à l'Empire (17 février 1886). - La critique de Sainte-Beuve (26 janvier 1887). Mélot (Auguste). - Révision de la Constitution en Belgique (10 janvier 1894). Ménard (Anthime). - Etude sur la Constitution américaine (7 mai 1884). Ménard (Joseph). - Les juridictions politiques (24 janvier 1900). Méry (Gaston). - Les apparitions de Tilly-sur-Seules (18 et 25 janvier 1899). Michaux (Docteur Paul). - L'action sociale des patronages (17 décembre 1890). Mijoule (Joseph). - Taine et le problème religieux (26 janvier 1910). - Un poète de retour aux champs : Arsène Vermenouze et le félibrige (16 novembre 1910). Miré (Henri de). - Le plain-chant (25 février 1891). Moisant (R. P. Joseph). - Montalembert, chef du parti catholique (9 mars 1898). Moissinac (Paul). - Bossuet et la théorie du pouvoir absolu (3 décembre 1913). Montauzan (Camille de). - Les idées sociales de Jean Grave et de Sébastien Faure (26 février 1896). Monteil (Maurice). - Le militarisme (9 décembre 1891). - Rapport sur les travaux de l'années 1891-1892 (15 juin 1892). - Décadence et fin de siècle (3 mai 1893). - Mgr Freppel (28 février 1894). - L'oeuvre de Puvis de Chavannes (2 mai 1895). - Le rire dans l'histoire (17 février 1897). - La caricature politique en France depuis la Révolution (30 novembre 1898). - La caricature militaire depuis la Révolution (22 novembre 1899). Montmeylian (Emile de). - Les Français au Canada (7 janvier 1891). - La presse (15 mars 1893). Moreau (Joseph). - Le régime du travail au Moyen-Age et dans les temps modernes (2 et 30 avril 1879). Morel (Édouard). - Le socialisme dans l'antiquité et les temps modernes (15 février 1888). - L'eclavage africain (23 janvier 1889). Morel (Maurice de). - Pierre Loti (14 mars 1888). - Brizeux (16 mai 1888). Mouly (Joseph). - Louis Pasteur (23 avril 1902). Noaillat (Georges de). - Comment rétablir le budget du culte catholique ? - Les divers projets (9 mai 1906). Normand (Lucien). - Les cahiers de Malouet (27 avril 1881). - La France colonisatrice (25 avril 1883). - De l'intervention de l'Etat en faveur des ouvriers sans travail (30 avril 1884). - Le divorce au Palais (10 décembre 1884). - Rapport sur les travaux de l'année 1887-1888 (20 juin 1888). -Voyage au Cap Nord (12 décembre 1888). - La France et ses missions en Afrique (16 janvier 1895). - Le fisc et les Congrégations (13 novembre 1895). Nové-Josserand (Jean). - Le féminisme au XXe siècle (4 décembre 1912). Nusbaumer (Eugène). - Nietzsche et la théorie du surhomme (10 mai 1904). Nyssens (Albert). - Compte rendu sur « Les Etats-Unis » de M. Claudio Jannet (7 mars 1877). Ojardias (Albert). - La Sainte-Alliance (21 février 1894). - L'oeuvre de Richard Wagner et la renaissance de l'art idéaliste (9 décembre 1896). Papillon (Maurice). - Le procès des Templiers (18 avril 1888). - Le duc d'Enghien (30 janvier 1889). Parat (Emile). - L'action directe et la violence ouvrière (6 janvier 1909). Parent du Châtelet (Joseph). - Voyage en Orient : le Liban, l'Egypte (16 mai 1883). - Le dernier voyage du RP Hubin (21 novembre 1883). - La Sainte Vierge et la France (17 décembre 1884). - Les catacombes de Rome (17 novembre 1886). - Rapport sur les travaux de l'année 1886-1887 (22 juin 1887). - La peinture au Salon de 1888 (23 mai 1888). - L'éminence grise (le P. Joseph) (16 avril 1890).

282 Parscau du Plessis (Raymond de). - Les légendes et les traditions bretonnes (18 février 1885). - Etude sur les hommes de mer (17 mars 1886). - La poésie des races celtiques (4 mai 1887). - La marine militaire moderne (22 février 1888). - La pêche (11 mars 1891). - Les explorations sous-marines et le fond de la mer (24 avril 1895). Pélissier (Édouard). - Les articles organiques (1876). Pelletier (Maurice). - L'art nouveau (21 janvier 1903). - Les sociétés coopératives de production (25 mai 1904). Pescher (Joseph). - L'hypnotisme et la suggestion (6 janvier 1886). Peyerimhoff (- de). - La psychologie des Jacobins (4 janvier 1893). Philippon (Georges). - Beaumarchais (1875). - Romieu de Villeneuve (31 janvier 1877). - Compte rendu sur « Bernard Délicieux et l'Inquisition albigeoise » de M. Hauréau (2 mai 1877). Picard (Auguste). - L'esprit scientifique dans la littérature contemporaine (15 janvier 1890). Pierling (R. P.). - Les derniers jours d'Alexandre Ier (1er décembre 1897). Pillet (Emile). - Les rayons X et la photographie à travers les corps opaques (18 mars 1896). Pinot (Robert). - Histoire de la lutte pour la liberté d'enseignement (19 novembre 1884). - « Monsieur Vincent » et le Coadjuteur pendant la Fronde (9 décembre 1885). Piot (Georges). - Conciliation et arbitrage en matière de grèves (16 novembre 1904). Plantier (R. P.). - La jeunesse catholique de Lyon (1er mars 1893). Plista (Achille). - Le Talmud (16 décembre 1891). Plouvier (Henri). - Le gouvernement démocratique en Suisse (15 avril 1896). Pontal (Édouard). - Compte rendu sur « Les Jésuites et l'Université devant le Parlement au XVIe siècle » de M. Desjardins (7 février 1877). - Compte rendu sur la « Revue des questions scientifiques » (21 février 1877). - L'Eglise et les classes agricoles au Moyen- Age (14 mars 1877). - Monographie de la grande Confrérie de Notre-Dame (19 décembre 1877). - Les articles organiques et le Concordat de 1801 (13 mars 1878). - Essai sur les transformations de l'architecture religieuse depuis ses origines jusqu'à la Renaissance (23 février 1881). - Rapport sur les travaux de l'année 1880-1881 (22 juin 1881). - « Torquemada » de Victor Hugo (29 novembre 1882). Poret (Jacques de). - La providence dans l'histoire (13 décembre 1882). Porquet (Jean). - Le droit d'aînesse en France et spécialement en Normandie (31 janvier 1912). Porte (Joseph de la). - Historique de la Déclaration des Droits de l'Homme (3 novembre 1884). Postansque (Alexandre). - Les idées politiques du duc de Saint-Simon (20 février 1884). Prédeau (Guy de). - Le principe des nationalités (29 novembre 1911). Prieur (Prosper). - Le roman chrétien (19 décembre 1883). Pyfferoen (Oscar). - L'action catholique en Belgique (24 février 1892). Quinquet de Monjour (Paul). - Le féminisme (17 décembre 1902). Quirielle (Pierre de). - M. Taine, historien de la Révolution (28 janvier 1885). Rauglaudre (Henri de). - La poésie est-elle morte en France ? (7 décembre 1910). - Du pessimisme : sa valeur en littérature et en morale (6 décembre 1911). - La critique de M. Jules Lemaître (28 mai 1913). Reyne (Joseph). - La messe du Sacré-Coeur de M. Gounod (27 novembre 1878). - Les Noëls de Provence et du Comtat (8 janvier 1879). Revel (Guy de). - L'évolution du parti libéral en Angleterre (12 décembre 1906). Reverdy (Henri). - Pélerinage de la Jeunesse française à Rome (11 novembre 1891). - Paysages bretons (7 décembre 1892). - Le prochain Conclave (20 mars 1895). - Le rôle de la Jeunesse catholique française (19 avril 1899). - Les lassitudes et les espérances des catholiques de France (16 janvier 1901). Reynold de Cressier (Gonzague de). - Les institutions de la Suisse (20 janvier 1901). - Le Sonderbund (26 février 1902).

283 Ribault (Joseph). - Le mouvement breton contemporain (28 avril 1897). - Le risque professionnel (22 décembre 1897). - Rapport sur les travaux de l'année 1897-1898 (15 juin 1898). - Le minimum de salaire (21 décembre 1898). Richard (Sosthène). - Jeanne d'Arc dans les Lettres, dans les Arts (14 mai 1884). - Les finances de la Restauration (14 décembre 1887). Riché (Georges). - Un idéaliste : Beethoven (22 février 1911). - Le conflit actuel entre l'Etat et les compagnies de chemins de fer (14 février 1912). Rigaud (Casimir). - Patay (4 décembre 1895). Rincquesen (- de). - Les expositions universelles (21 mars 1877). Rincquesen (André de). - L'aviation va-t-elle supprimer la cavalerie ? (24 janvier 1912). Rincquesen (Jean de). - La crise commerciale de 1907 et ses conséquences présentes (28 mai 1909). - L'impôt sur le revenu et ses conséquences sociales (24 décembre 1909). Rive (Théodore de la). - Les causes morales du mouvement catholique en Angleterre (30 mars 1881). - Saint François de Sales écrivain (17 mai 1882). Rivet (Auguste). - L'enseignement primaire en présence des lois actuelles (28 janvier 1891). Rocafort (J.). - Un élément mal connu de la guerre au catholicisme (14 novembre 1906). Rochette de Lempdes (Victor). - L'abandon des campagnes par les populations rurales (25 janvier 1893). Rochette de Lempdes (Gabriel). - De la propriété des Eglises : l'histoire, le droit positif, l'équité (31 mai 1905). Rochot (Ernest). - A quoi tient la supériorité de l'Amérique du Nord sur l'Amérique du Sud ? (1876). Roger (Maurice). - Introduction et discussion logique du réalisme dans la littérature française (12 mai 1880). - « La Moabite » de Déroulède (1er décembre 1880). Rome (Etienne). - L'apologétique de Pascal (28 janvier 1903). Ropartz (Joseph-Guy). - Les mélodies bretonnes (26 mai 1887). Rotalier (Hélion de). - La préface de Cromwell (1876). - Etude sur « Rome vaincue », tragédie de M. Parodi (29 novembre 1876). Rotours (André des). - La question bulgaro-serbe (20 janvier 1886). Rotours (Jules des). - Compte rendu sur « La famille avant la Révolution » de M. Ch. de Ribbes (6 février 1878). - La question irlandaise hors d'Irlande (25 novembre 1885). - La politique financière des Jacobins (2 février 1887). - L'Etat et ses fonctions (29 janvier 1890). Rotours (Robert des). - Le programme naval de la France (3 mai 1911). Roussiers (Paul de). - Le pouvoir temporel du Pape (1876). Rousselière (Maurice de la). - La liberté testamentaire (1876). Rubat du Mérac (Henri). - Les orateurs de la Révolution (10 décembre 1890). - Rapport sur les travaux de l'années 1890-1891 (17 juin 1891). - Les drapeaux de la France (8 février 1893). - France, Pologne, Russie (31 janvier 1894). - L'abbaye de Cluny (13 février 1895). - Les biens du clergé et l'Assemblée constituante (5 février 1896). - Les magistrats français dans la littérature avant la Révolution (10 mars 1897). - L'impérialisme anglais (16 mai 1900). Ruyssens (Alphonse). - La suppression des octrois (22 février 1882). Sabatier (Jean). - Le catholicisme en France pendant le XIXe siècle ; causes de décadence et germes de renaissance (27 janvier 1909). Saillard (Antoine). - La question sociale (22 mai 1889). - La Révolition en Franche- Comté, 1789 à 1795 (27 avril 1892). Saint-Basile (Henri Gaultier de). - Histoire économique et sociale des populations agricoles de Normandie (9 décembre 1903). - La désertion des campagnes ; les causes, les conséquences, les remèdes (18 janvier 1905). Saint-Blancard (Louis de). - Le mouvement pangermaniste et la crise autrichienne (1er mai 1901). - Allons-nous à un rapprochement anglo-allemand ? (24 avril 1912). Saint-Maixent (René de). - Etude sur le caractère religieux de Henri IV (20 mars 1878).

284 Saint-Maur (François). - Rapport sur les travaux de l'année 1876-1877 (19 juin 1877). Saint-Pulgent (Léon de). - Un nouveau « Contrat social » : le solidarisme (5 juin 1907). Saint-Raymond (Fernand). - Le libre-échange et la protection (Etude posthume lue par M. de Préaudeau, 1875). Saleilles (Raymond). - Le théâtre contemporain : Rome vaincue, Peul Forestier, l'Ami Fritz (7 mars 1877). - La poésie du désespoir (6 février et 15 mai 1878). - Rapport sur les travaux de l'année 1878-1879 (25 juin 1879). - L'idée du droit en Allemagne et en Angleterre (3 mars 1880). Salle (Henri de la). - Pourquoi et comment la Réforme a échoué en France au XVIe siècle (27 janvier 1897). - L'instruction primaire et la Révolution (22 février 1899). - La jeunesse de Madame Roland (30 avril 1902). Salles (Georges). - Kant a-t-il fondé la notion de la dignité de la nature humaine ? (25 mars 1914). San Carlos (Louis de). - La crise cubaine (1er février 1899). Sanard (Prosper). - François Coppée, poète dramatique (4 mars 1896). Sardin (Henri). - Les chiens de guerre (3 février 1892). Sars (Albert de). - Gambetta (23 mars 1898). - La vie et l'industrie du chiffonnier parisien (15 mars 1899). - Politique de tsars : la question finlandaise (20 mars 1901). - Les syndicats agricoles des bûcherons du Centre et des viticulteurs du Midi (16 mars 1904). - La question du vote des femmes (13 mars 1907). Sart (Raoul du). - La question agraire en Irlande et le rôle d'O'Connell (16 mars 1881). Saugy (Ernest de). - Leconte de Lisle (22 avril 1896). - L'Abyssinie et la chute du ministère Crispi (24 février 1897). - Autour de la neutralité suisse (16 février 1898). Sayette (Louis de la). - Enseignement classique et éducation démocratique (12 mars 1902). Scheffter (Lucien). - L'Hôtel de Rambouillet (11 février 1880). - La politique française en Allemagne avant et après Sadowa (26 novembre 1883). Schneider (Adolf). - La vie de l'étudiant allemand (6 février 1901). Selle (Henri de la). - Ames en route : Brunetière, Bourget, Huysmans, Retté (11 mars 1908). - L'esprit théorique et l'esprit pratique chez Jean-Jacques Rousseau : éducation et gouvernement (4 mai 1910). Séroka (Joseph de). - Les grèves (19 mai 1886). - Garcia Moreno (16 novembre 1887). Sévène (Paul). - Etude sur le théâtre contemporain : les pièces à thèse (1875). Silvy (Léon). - Sorti du Kantisme. Une renaissance de la philosophie spiritualiste : l'oeuvre de M. Dumesnil (28 novembre 1906). Sortais (Gaston). - Berryer (1875). Suau (Pierre). - L'apologétique de Ferdinand Brunetière (9 janvier 1907). Sussex (Gabriel de). - La théorie générale de la graphologie (12 février 1896). Sylvain (Georges). - Haïti (28 janvier 1890). Taigny (Olivier). - Chateaubriantdet sa politique (23 avril 1884). Taudière (Emile). - L'art dans les sociétés modernes (22 mars 1911). Teillard de Chazelles (René). - Compte rendu sur « L'organisation de la famille » de M. Le Play (20 février 1878). Thiéblin (Louis). - L'Eglise et le siècle d'après Mgr Ireland (2 mai 1894). - Paul Bourget voyageur (29 janvier 1896). - Mgr d'Hulst intime (25 novembre 1896). - Henri Lavedan (11 janvier 1899). Thuilard (Paul). - Les Parlements (12 janvier 1887). Toubeau de Maisonneuve (Jean). - Donoso Cortès (26 février 1890). Tour (Charles de la). - La révocation de l'Edit de Nantes (12 mai 1909). Tour (Henri de la). - Les droits de l'enfant en matière de liberté d'enseignement et les prochaines lois scolaires (18 janvier 1911). Tournade (R. P.). - La vie d'un missionnaire en Chine (2 mars 1892). - Les sociétés secrètes en Chine (9 mai 1900).

285 Tourret (Gaston). - Le pontificat de saint Pierre à Rome (1875). - La situation légale du christianisme pendant les trois premiers siècles (18 avril 1877). Tramecourt (Renaud de). - O'Connell (22 avril 1885). - La France au Congrès de Vienne (3 février 1886). Troude (Robert). - Le dieu des primaires, étude sur la religion du progrès (13 avril 1910). Truck (RP). - Légendes d'Alsace (26 avril 1893). Tyszkiewicz (Georges). - La question agraire en Russie (30 janvier 1907). Usannaz-Joris (Marcel). - Les deux annexions de la Savoie à la France (2 mars 1898). - La politique et l'administration française aux colonies (8 février 1899). - Figues, scènes et paysages d'Orient, d'après Eugène Fromentin et Pierre Loti (13 mars 1901). Valence (Joseph de). - Le village sous l'ancien régime (19 mars 1884). - Le pouvoir temporel du Pape devant la raison, l'histoire et la politique (2 mars 1887). - Les salons de la Restauration (28 novembre 1888). - Rapport sur les travaux de l'année 1888-1889 (22 juin 1889). - Le repos du dimanche (28 mai 1890). Vallage (Paul). - La querelle des anciens et des modernes au XVIIe siècle (1875). Vathaire (François de). - Les habitations à bon marché (23 décembre 1896). - Les caisses d'épargne (19 février 1902). Verckruyss (Georges). - La nature humaine d'après Pascal (9 mars 1881). Vergniaud (Ernest). - Les responsabilités de la guerre de 1870 (10 décembre 1913). Veuillot (Bernard). - Louis Veuillot fut-il un catholique social ? (26 novembre 1913). Veuillot (François). - L'action catholique en France (16 mars 1892). - La Jeunesse catholique et l'action sociale (30 novembre 1892). - La représentation professionnelle et le Sénat (1er mai 1895). - Le droit d'association (18 décembre 1895). Veyrenc (Flavien). - L'utopie anarchiste (8 mars 1899). Vianey (Joseph). - Le lyrisme dans Corneille (11 avril 1888). Villedieu (Henri de). - Qu'est-ce que le beau en musique (1er mai 1912, conférence illustrée d'auditions musicales). - Y a-t-il une musique catholique ? Doit-il y en avoir une ? (29 janvier 1913). Villedieu (Jean de). - La décentralisation régionale : sur quelles bases l'entreprendre ? (4 mars 1914). Vimal (Pierre). - L'indépendance de la critique contemporaine (21 février 1900). - Les contremaîtres dans la littérature contremporaine (13 mai 1903). - Trois tentations de Maurice Barrès (9 mars 1904). - Le dilettantisme de Sainte-Beuve (17 mai 1905). - Le Gobinisme (28 mars 1906). - La légende du dilettantisme (18 mars 1908). Vliebergh (-). - La situation actuelle des partis politiques en Belgique (2 février 1898). Walzer (Louis). - Le budget du culte catholique et le Concordat (18 avil 1882). - Etude sur Dante (6 décembre 1882). - Les Mémoires du prince de Metternich (23 janvier 1884). - Les Mémoires du baron de Vitrolles (11 mars 1885). Warin (Robert). - Gentilshommes d'autrefois : une leçon pour le temps présent (24 janvier 1906). - L'évolution du syndicalisme : de la loi de 1884 à la CGT (2 décembre 1908). Waru (Robert de). - L'évolution du libéralisme (7 février 1906). Waru (Maurice de). - Finances et démocratie (1er avril 1908). - Rapport sur les travaux de l'année 1907-1908 (5 juin 1908). Wilbien (Jules). - Ambroise Paré (15 décembre 1880). Zamanski (Joseph). - Daudet et le problème de la vie (10 mai 1898). - Rapport sur les travaux de l'année 1899-1900 (19 juin 1900). - Vraie et fausse démocratie (11 février 1903). - Les indications de l'Encyclique du 8 septembre et le programme des catholiques sociaux (13 novembre 1907).

286 ANNEXE VII

LISTE ALPHABETIQUE DES CONFERENCIERS 1919-1942654

Abd-El-Djalil (M.). - L'art marocain (1926-1927). Amfreville (Henri d'). - La Raison et la Foi (1923-1924). - Psychologie de la jeunesse dans le roman moderne (16 mars 1927). Argila (M. d'). - Le coup d'Etat espagnol (1923-1924). Auffray (Henri). - A-t-on le droit d'être libéral ? (1919-1920). - L'enthousiasme, étude de psychologie (16 février 1921). Aurenche (M.). - Le cinéma (1923-1924). Balloy (Armand de). - L'application pratique du principe des Nationalités (27 avril 1921). Barbier (Paul). - « Nation et civilisation » de Lucien Romier (1926-1927). - Le problème des élites (1928-1929). Beauchamp (M. de). - Les parlers locaux (3 juin 1931). Bergeron (Paul). - De la légitimité de la propriété foncière (1919-1920). Bernoville (M.). - La semaine des écrivains catholiques (1922-1923). Beuvron (Jean de). - France et Pologne (13 février 1935, sous la présidence de René Pinon). Bidault (Georges). - Le déclin de l'Europe d'après la thèse d'Albert de Mangeon (1921-1922). - Les causes des guerres et les motifs des paix (1922-1923). - L'ACJF. Ses principes et ses méthodes (1924-1925). Bijon (Sébastien). - La France et l'Espagne (1920-1921). - Etude sur « Le jardin sur l'Orante » de M. Barrès (1922-1923). Binaud (Henri). - L'économie nouvelle de Georges Valois (1919-1920). Boissard (Adéodat). - Louis Bertrand (1924-1925). - L'autonomisme alsacien (29 février 1928, sous la présidence du général de Pouydraguin, ancien gouverneur de Strasbourg). Boissard (Charles). - Le fondement philosophique du nationalisme intégral (1923- 1924). - La « Musique intérieure » de Charles Maurras (1924-1925). - La question d'Alsace-Lorraine (1924-1925). - La réforme administrative (10 novembre 1926). - Montherlant (15 février 1928, avec Henri du Moulin de Labarthète). - Stendhal (1928- 1929). - La Raison est-elle française ? (Juin 1931). Bondu (Gérard). - La politesse (13 novembre 1942). Bonnes (M.). - Clercs d'hier et d'aujourd'hui (9 décembre 1942). Bonnichon (M.). - Peut-il y avoir une philosophie chrétienne (1929-1930, débat avec André Mattéi, en présence de Mgr Verdier). Bonnichon (Paul). - Trois formes de pessimisme : Baudelaire, Gide, Mauriac (27 mars 1935). Bour (E.). - Le centenaire de Saint-François d'Assise (11 mai 1927). Bover (M.). - L'organisation du travail aux Etats-Unis (26 février 1930). Boyer (M.). - Ernest Psichari (1928-1929). - Machinisme et civilisation (10 décembre 1930). Bracquart (Georges). - Les Juifs chez nous (1921-1922).

654 Les archives, lacunaires, laissent un nombre important de blancs. Il n'existe ainsi, à ce jour, aucune documentation sur les conférences des années 1925-1926, 30-31, 31-32, 32-33, 33-34, 36-37, 37-38, 38- 39, 39-40, 40-41 ; quant aux informations concernant les années 1929-1930, 1934-1935, 1935-1936, et 1941-1942, elles sont très incomplètes. 287 Brière (RP Yves de, professeur de droit international chrétien à l'Institut catholique). - La question religieuse en Alsace et en Lorraine (1919-1920). - Les fondements naturels et chrétiens du droit international (8 juin 1921). - Les rapports du Saint- Siège avec la Société des nations (1921-1922). - L'aspect religieux de la question de Palestine devant la Société des nations (1922-1923). - Pierre Olivaint (1924-1925). Bruyas (Jean). - Vingt ans de bonheur... le paradis des enfants sages... ou le grand malheur d'être heureux... (18 novembre 1942, sous la présidence de M. Boivin- Champeau, sénateur et Conseiller national). Buron (Robert). - Le rêve dans la littérature moderne (25 mars 1931). Cantenot (Georges). - Albert de Mun (1922-1923). - Le droit et la philosophie (1923-1924). - Les équipes sociales (1924-1925). Capierre (M.). - L'Entente cordiale (1923-1924). Charie (M. de la). - Les responsabilités de l'Angleterre dans la Révolution russe (1927-1928). - Le désarmement allemand (8 janvier 1929). - Maurice Barrès devant le Mystère (28 janvier 1931). Clapiers (Maurice). - Mistral prosateur (19 janvier 1927). Colin de Verdière (Bernard). - Le contrat social (1922-1923). - La réforme de l'enseignement secondaire (1923-1924). - Que restera-t-il d'Anatole France ? (1924- 1925). Coppin (M.). - Un Mousquetaire au XIXe siècle. Chateaubriand (30 novembre 1927). - L'évasion d'Alain Gerbault (1928-1929). - Machiavel (25 février 1931). Corbier (Aymar de). - La détresse paysanne (20 février 1935). Cornu (Henri). - Les idées religieuses des noirs (1924-1925). Courbier (M.). - Impressions sur la Russie soviétique (1927-1928, après une croisière dans la Mer noire). Couvreur (M.). - Jaurès (1922-1923). Dainville (M. de). - L'Amour (9 mai 1928). - La jeune fille moderne (4 décembre 1929). Danielou (M.). - Marcel Proust (16 mai 1923). - Paul Claudel (1923-1924). - Les oeuvres du cardinal Ferrari (1927-1928). Dansette (Adrien). - L'autorité du père de famille (1919-1920). - Le parti socialiste, la CGT et la IIIe Internationale (1920-1921). Debbané (M;). - L'action des puissances en Orient depuis 1918 (3 décembre 1930). Debray (André). - Nos responsabilités sociales (1924-1925). Delorme (Henri). - Les responsabilités à l'origine de la Grande Guerre (1920-1921). Demoreuille (M.). - Les véritables responsabilités de la Guerre 27 avril 1927). - Sainte Jeanne d'Arc (1928-1929). Derville (René). - Albert Samain poète (1919-1920). - La Question irlandaise (1920- 1921). - L'oeuvre de François Coppée (1921-1922). Desiry (M.). - Playdoyer pour la culture (1926-1927). Dugas (Jean). - Frédéric Mistral (9 février 1921). Enden (Michel de). - Le Bolchevisme en Russie (1921-1922). Fayol (M.). - Mentalité et méthode des Américains (25 avril 1928, sous la présidence de M. Faye, professeur à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand). Flory (Charles). - L'ACJF (1919-1920). Font-Réaulx (M. de). - L'Angleterre et la révision du Prayer Book (1927-1928). - Le régionalisme (6 novembre 1929). Forbin (M. de). - Les tendances actuelles de l'Histoire (1928-1929). Fourcade (Maître). - Le Barreau (1928-1929). Franqueville (Pierre de). - La Hongrie et l'Europe danubienne (30 janvier 1935). Galland (Charles). - « Le dictateur » de Jules Romain (8 décembre 1926). - Julien Benda et la véritable « La trahison des clercs » (14 mars 1928). - La France gardera- t-elle la Sarre ? (1927-1928). Galopin (Albert). - Le Wagnérisme (1921-1922). - Montalembert (1923-1924).

288 Gaulejac (Bernard de). - La vie communale au Moyen-Age (1921-1922). - Les Templiers (23 mai 1923). - La liberté politique (1923-1924). Glotin (Louis). - Les relations de la France avec la Syrie (13 avril 1921). Goubaux (Pierre). - L'individualisme celte (1922-1923). - Quelques réflexions sur le progrès (1923-1924). - La situation présente de l'Allemagne (1924-1925). - Un magistrat de l'Ancien Régime : le président de Lamoignon (1924-1925). - Les lacunes de notre politique commerciale (9 novembre 1927). - La question des responsabilités de la guerre. Thèse de l'Entente (1927-1928). Grégoire (Roger). - Qu'est-ce qu'un Français ? (22 avril 1936). -? (16 décembre 1942). Griffaton (Michel). - La loi sur les loyers (1921-1922). Guilhaumé (M.). - Maurice de Guérin (8 février 1928). Halluitte (Jean). - Les idées politiques de Lamartine (1921-1922). - Mirabeau (1922-1923). - Le syndicalisme chrétien (1923-1924). - La Société des nations (1924- 1925). Hamel (Maurice). - Ruskin (1921-1922). - La montagne (1922-1923). Hours (Joseph). - La question religieuse en France au XIXe siècle (1919-1920). Houzel (Roger). Faisons le point sur l'Amérique ! (27 novembre 1929). - La décadence des Etats-Unis (18 février 1931). Huet (Philippe). - Quête de fantaisie (2 décembre 1942). Huntzinger (M.). - L'état actuel du syndicalisme (1926-1927). Izarn (Jean). - L'Etat et la famille (1919-1920). Keller (M.). - Tendances de l'art moderne (25 janvier 1928). Laffite (M.). - La révision des traités (4 mars 1931). Lafforest (Roger de). - La jeune génération à pied d'oeuvre (1923-1924). - Barrès, maître d'attitude (1924-1925). Laisney (M.). - Eugénisme et Birth Control (6 mai 1931). Langle (Fleuriot de). - A propos des « Souvenirs d'enfance et de Jeunesse » - « La relève du matin » de M. de Montherlant (1921-1922). Langlois (Jacques). - Berlioz (1921-1922). Langre (Jean de). - Les transformations du Moi chez Barrès (9 février 1927). - Le Maroc artistique et pittoresque. Notes d'un voyageur (2 mai 1928, avec projection). Lapierre (Jean). - La question scolaire (1921-1922). - Le malentendu franco-syrien (1922-1923). Larcena (Jean). - La question du bonheur (1919-1920). - La poésie (6 avril 1921). - La misère et la charité au temps de Louis XIII et de Mazarin (1922-1923). Lasteyrie (Bernard de). - L'aviation française : problèmes et politique (6 mars 1935). Lastic (Jacques de). - Baudelaire (1924-1925). Lathillade (M. de). - L'évolution de la civilisation (1923-1924). Laurent (M.). - Le rôle de la femme dans la société moderne (11 mars 1931, avec M. Piettre). Lavarene (M. de). - L. P. Fargue (1928-1929). Lebel (M., étudiant canadien). - Les Canadiens et la France (27 mai 1931). Le Boulanger (Georges). - La Question polonaise (1920-1921). Le Branchu (M.). - Dieu est-il français ? (11 février 1931). Lebreton (André). - Le natioalisme de Maurice Barrès (1921-1922). Lenoir (Pierre). - Allons-nous vers un nouveau Moyen-Age ? (1928-1929). - La musique. Claude Debussy (13 novembre 1929). Le Roy (M.). - L'héritage de la Révolution (7 janvier 1931). Lerolle (Michel). - De Jean-Jacques Rousseau à Saint-François-d'Assises : Francis James (1926-1927).

289 Leroux (Jacques). - L'architecture et la littérature contemporaine (1er décembre 1926). - Cinéma et arts plastiques (7 mars 1928). - Babbit et Eupalinos, ou le passé et l'avenir de la recherche artistique (13 mai 1931). Lesguillier (Pierre). - Education et instruction (29 avril 1931, séance spéciale, ouverte à tous les groupes de la Fédération des étudiants catholiques, sous la présidence du RP Janvier). Lesort (Paul-André). - Un mot bien vague : la civilisation (1er avril 1936). Longaud (Félix). - La rive gauche du Rhin (1919-1920). - La Question de la Haute- Silésie (4 mai 1921). - Le cosmopolitime littéraire et les origines du romantisme français (1921-1922). - Les partis politiques en Allemagne (1922-1923). Lot (Jacques). - Pierre Coti (1923-1924). - Le fantôme de Chantecler. Rostand de 1900 à 1910 (1927-1928) - Le sentiment dans le théâtre de Géraldy (1927-1928). - La personnalité dans la littérature contemporaine (20 novembre 1929). - Les Mémoires de Bülow (18 mars 1931). Lucet (Ch.). - Jean Giraudoux (1928-1929). Lucet (Jean). - L'odre de Marcel Arland (5 février 1930, avec M. Ribadeau-Dumas). Manière (Paul). - La Franc-Maçonnerie (1919-1920). Massif Riskalla (M.). - La question d'Egypte (1923-1924). Mattéi (André). - Peut-il y avoir une philosophie chrétienne (1929-1930, débat avec M. Bonnichon, en présence de Mgr Verdier). - Bernanos ou le problème de la mystique dans le roman (12 novembre 1930). - Rapport sur les travaux de l'année 1930-1931 (24 juin 1931). Mazloum (M.). - Le rôle historique de la Syrie (1922-1923). Melot (M., avocat au barreau de Bruxelles). - La question flamande en Belgique (Février 1931). Ménan (M.). - Berryer (28 mars 1928). Menthon (Bernard de). - La science et la foi (1923-1924). Meyère (Cyprien). - Ernest Psichari (1924-1925). Mignot (Pierre). - Le problème du Sionisme (29 juin 1921). Mizzi (Jean). - Le bassin de la Sarre (1922-1923). Mizzi (Louis). - Talleyrand (1923-1924). Moissinac (Paul). - Bossuet et sa théorie de la Monarchie absolue (1919-1920). - La reprise des relations avec le Vatican (20 avril 1921). Molin (Léon). - L'école unique (1924-1925). Monès (Jean de). - La Restauration économique de l'Autriche (1924-1925). - Les assurances sociales (1927-1928). Monnier (Georges). - La Restauration française de Blanc de Saint-Bonnet (1919- 1920). - Les associations cultuelles (1920-1921). - Sur la trace de nos 120 morts. Un de nos modèles : Henri de Villedieu (1921-1922). - L'Italie d'après-guerre et le fascio (1922-1923). - Les résultats du fascisme (1923-1924). Montalais (M. de). - L'art dans la littérature (19 mars 1930). - Le langage musical (21 janvier 1931). Montaut (Bernard de). - Le Soldat Inconnu (23 février 1921). Moreau (Dom). - La DRAC (1924-1925). Moulin de Labarthète (Henri du). - Nationalisme et impérialisme (1919-1920). - La petite entente (1920-1921). - L'Humanisme chrétien (1921-1922). - Montherlant (15 février 1928, avec Charles Boissard). Nicolay (Pierre). - Le rôle social de la bourgeoisie (29 avril 1936). Nielly (M). - L'esprit américain (1926-1927). Nonneville (Hubert de). - Le bonheur et l'éducation de la femme dans le monde moderne (6 février 1935). Nosten (Jean). - Don Quichotte (1921-1922). - La poésie religieuse de Verlaine (1922-1923).

290 Nourrisson (M., avocat à la Cour d'appel de Paris). - Le droit d'association et les congrégations religieuses (1919-1920). - L'histoire politique de la Franc-Maçonnerie au XIXe siècle (16 mars 1921). Olivier (Philippe). - Le problème de l'union des Eglises : son histoire, ses solutions présentes (25 novembre 1942). Pasteau (Rémy). - Chersterton (1923-1924). Paves (Joseph). - La théorie de la guerre de Joseph de Maistre (1920-1921). Perret (Paul). - Le nationalisme (1929-1930, en présence de Mr. de Lapradelle, professeur de droit international). Petit (J.). - Le procès du parti radical sous la troisième République (1923-1924). - La Franc-Maçonnerie et la France, fléau méconnu (22 décembre 1926). - L'esprit français (1927-1928). Pichaud (Emmanuel). - La famille, élément premier des sociétés (1919-1920). Piettre (M.). - La philosophie du laïcisme (16 novembre 1927). - Le rôle de la femme dans la société moderne (11 mars 1931, avec M. Laurent). Pirel (Emile). - Bourget (1924-1925). Planchenault (René). - La Révolution et les oeuvres d'art (1919-1920). - La guerre et les guerriers au temps de Jeanne d'Arc (25 mai 1921). - L'Etat de la France en 1789 (1923-1924). Pleven (René). - Le divorce, dans le théâtre de Paul Hervieu (1919-1920). - Fustel de Coulanges et le nationalisme historique (1921-1922). Poirson (Jacques). - La question de Dantzig (15 décembre 1926). - Le conflit entre la Pologne et la Lituanie (21 mars 1928, sous la présidence de M. Georges Blondel, professeur au Collège de France). - Le sens des élections allemandes (15 novembre 1930). - La crise du parlementarisme en Europe. Causes et effets (17 novembre 1930). Ponceau (René du). - Le laïcisme en France (1924-1925). - Quelques réflexions sur l'idée de patrie (6 avril 1927). - Le problème de la colonisation (1928-1929). Proux (M.). - Le problème des cultuelles (6 juin 1923). - Le problème de la natalité (1923-1924). Psichari (Jean, directeur d'études à l'Ecole des langues orientales). - Ernest Psichari (2 mars 1921). Quidet (Jean-Marie). - Amour et amitié (20 mars 1935). Redouin (M;). - Les rapports de la politique et de l'économique depuis un demi siècle (4 mai 1927). Rey (Jean). - Paris dans les romans d'Alphonse Daudet (1922-1923). - Madame de Sévigné (1924-1925). - De Jean de Tinan à Charles Péguy (23 novembre 1927). Rey (M., journaliste). - Benjamin Disraëli (26 janvier 1927). Ribadeau-Dumas (François). - L'héritage de Jean Moréas, poète (21 décembre 1927). - Apologie de l'action (1928-1929). - Péguy (1928-1929). - L'ordre du jour de Marcel Arlan (5 février 1930, avec Jean Lucet). Ribadeau-Dumas (Roger). - Querelle de romancies : l'homme... ou le héros ! (13 mars 1935, sous la présidence de Marc Chadourne). Richou (Alexandre). - George Sand (1921-1922). Ricour de Bourgies (Jean, auteur dramatique). - Les lettres et les arts en Extrême- Orient (1921-1922). - La question du divorce (1924-1925). Robert (Pierre-Jean). - Arthur Rimbaud (1924-1925). Rochettes de Lempdes (Michel). - L'origine de l'intervention française en Indochine (1926-1927). Romefort (Jacques de). - Les collèges d'Ancien Régime (16 février 1927). - L'actualité des moines bénédictins (1er février 1928). Ryelandt (M.). - L'union nationale en Belgique et la question des langues (1922- 1923). Sadoul-Chastelain (J.). - L'Art. Du Moyen-Age à nos jours (1928-1929).

291 Saint-Chamas (Roger de). - Diverses conceptions de l'oeuvre d'art (1920-1921). - L'Autriche (1921-1922). - Le rôle social et moral de l'armée (1922-1923). Saint-Hilaire (M. de). - Paul Bourget moraliste (24 novembre 1926). Sainte-Marie (M. de). - Les idées sociales de Léon XIII (1923-1924). Sauvain (M.). - La génération de l'absolu (1923-1924). Scalabre (Camille). - Maurice Maeterlinch (19 février 1930). Socard (Tony). - Le Palais et les Jardins de Versailles (1921-1922). Taudière (Emile, conseiller général des Deux-Sèvres). - Les fruits de la victoire (9 mars 1921). Télémaque (Lionel). - L'évolution de la doctrine de Monroë (1921-1922). Tissot (Jean). - Le traité de Versailles (1919-1920). - Jules Lemaître (1922-1923). - La nationalisme (1923-1924). Vacheron (Gabriel). - La cathédrale de (1919-1920). Vaissière (Roger de la). - La politique de Machiavel (1924-1925). Vallet (Jean). - « L'explication de notre temps » de Romier (1924-1925). Vallin (Charles). - Le modernisme philosophique (1924-1925). - François Mauriac (1924-1925). - La politique extérieure des Soviets (3 novembre 1926). - Impressions de Rhénanié (14 décembre 1927). - Les preuves de l'existence de Dieu dans la philosophie de Jules Lagneau (18 avril 1928). - La question des responsabilités de la Guerre. Thèse des Empires centraux (1927-1928). Varangot (M.). - Léon Harmel (20 mai 1931). Vaucelles (M. de). - Les deux Allemagnes et la politique française (23 février 1927). - Le nationalisme turc et Moustapha Kemal (16 mai 1928). - Les remèdes à la crise du parlementarisme en Europe (26 novembre 1930). Verdeil (M.). - Paul de Cassagnac journaliste (1926-1927). - Bernanos. Sous le soleil de Satan (22 février 1928). - Le théâtre d'après-guerre (1927-1928). Villelongue (M. de). - Paul Valéry et la religion de l'Obscurisme (30 janvier 1929). - Sous le signe du rond-de-cuir : l'Etatisme et les fonctionnaires (17 décembre 1930). Villemanque (M. de la). - L'oeuvre du cardinal Lavigerie (1922-1923). Vier (Jacques). - Les abbés philosophes (17 novembre 1926). - Démosthène et Clémenceau (7 décembre 1827). Vincent (M.). - François Mauriac (1928-1929). Viot (Paul). - La conquête morale de la vérité (1921-1922). Vorges (M. de). - Les Réparations (30 mai 1923). Willemin (Docteur). - La stigmatisée bavaroise Thérèse Neumann ( 23 janvier 1929).

292 DOCUMENTS

DOCUMENT I

LETTRES DE LEON XIII ADRESSEE A LA CONFERENCE OLIVAINT

* Lettre du 11 mars 1878

Nous nous réjouissons d'autant plus vivement de la vitalité et des progrès de votre association qu'elle s'attache à la saine formation de jeunes gens plus choisis. En effet, les autres associations, en se proposant le but louable d'écarter les dangers auxquels se trouve exposée la jeunesse, particulièrement la jeunesse ouvrière, et de lui procurer les bienfaits d'une éducation religieuse et professionnelle, s'occupent surtout des jeunes enfants et de ceux qui leur sont unis par les liens de la parenté, de l'habitude et des affaires. La vôtre, au contraire, en s'adressant à une classe d'hommes de laquelle doivent sortir les jurisconsultes, les philosophes, les professeurs des sciences et lettres, les magistrats et tous ceux qui sont appelés aux fonctions les plus élevées, est d'un intérêt général pour la société, et elle tournera au bien spirituel et temporel de la société ou à sa ruine, suivant que votre classe s'imprégnera plus abondamment et plus profondément des principes de la religion et de la science, ou qu'elle subira l'influence des principes corrupteurs. C'est pourquoi vous vous êtes réunis afin de puiser dans des conférences et des discussions, dans l'étude sérieuse d'auteurs graves et approuvés, une connaissance approfondie de la religion et de la science, et par la pratique des oeuvres de la piété et de la miséricorde chrétienne, de vous former à l'apprentissage des oeuvres auxquelles plus tard vous donnerez un plus large et plus efficace concours. Combien rapides sont vos progrès spirituels, nous l'avons appris avec plaisir de votre bien aimé et vénérable directeur ; aussi nous félicitons du fond du cœur votre association et nous demandons dans nos prières que le nombre de ses membres s'augmente encore ; nous sollicitons pour elle cette assistance divine qui la confirme dans le but qu'elle s'est proposé, la préserve de toute embûche, de l'erreur, l'embrase d'un amour plus ardent pour Dieu, l'Eglise, le Prochain, et lui assure pour le bien de tous une extension chaque jour plus grande. En attendant, chers fils, puisse la bénédiction apostolique que nous accordons très affectueusement à chacun des directeurs et des membres de votre association, comme un témoignage de notre paternelle bienveillance, être pour tous le gage de la faveur céleste. Fait à Rome, à Saint-Pierre, le 11 mars 1878, la première année de notre pontificat Léon XIII

* Lettre du 21 avril 1879

Nous nous réjouissons, chers fils, de ce que, selon nos désirs, notre dernière lettre ait été, pour votre association comme le point de départ d'une ardeur nouvelle ; nous le voyons, en effet, aux sentiments si religieux de votre récente adresse, expression fidèle de la fermeté avec laquelle vous poursuivez vos buts, aux témoignages de votre dévouement envers ce siège apostolique, et à l'extension croissante de votre réunion qu'attestent vos nombreuses signatures. Nous vous félicitons donc, vous qui vous destinez un jour soit à former la jeunesse à la science et à la vertu, soit à gérer les intérêts publics, soit à faire respecter les lois ou à en faire l'application aux actes et aux droits de chacun, soit enfin à soulager les infirmités physiques et toutes les infortunes ; nous vous félicitons de ce que, aujourd'hui, poussés par le zèle de la religion et de la charité, vous

293 faites, avec l'entrain de la jeunesse, un sérieux apprentissage de toutes ces carrières. Il est impossible, en effet, qu'après une telle préparation, vous ne concouriez pas puissamment un jour à sauvegarder la foi et à rétablir un ordre des choses conforme à la justice. C'est pourquoi nous présageons à votre association un développement plus grand encore, une vitalité chaque jour plus puissante et des grâces célestes de plus en plus abondantes. En attendant, chers fils, comme gage de ces promesses et témoignage de notre paternelle bienveillance, nous vous accordons à tous, du fond du cœur, la bénédiction apostolique. Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, le 21 avril de l'année 1879, de notre pontificat la deuxième Léon XII, Pape

DOCUMENT II

COUTUMES DE LA CONFERENCE OLIVAINT 1879

I La Conférence Olivaint est une annexe de la Réunion de la rue de Sèvres. Elle a pour but : 1° D'unir plus étroitement ensemble les jeunes gens qui font partie de cette réunion. 2° De les préparer, par le travail et l'exercice de la parole, à devenir les défenseurs des intérêts de l'Eglise et du pays. II Elle a pris le nom de Conférence Olivaint, en souvenir du RP Olivaint, qui a été longtemps le directeur de la Réunion des jeunes gens de la rue de Sèvres, et qui est mort pour la foi. C'est un nom militant.

III

Tous les membres de la Réunion des jeunes gens de la rue de Sèvres font, de droit, partie de la Conférence Olivaint ; aucun candidat étranger à la Réunion ne peut être admis dans la Conférence. IV La Conférence Olivaint est dirigée et administrée par un Conseil composé : 1° Du Père directeur de la Réunion, qui est en même temps directeur de la Conférence ; 2° D'un président et de trois vice-présidents ; 3° De quatre secrétaires ; 4° D'un trésorier. Le président de la Réunion en exercice et les anciens présidents de la Conférence sont, de droit, membres du conseil.

294 V Le conseil est renouvelé chaque année, par voie d'élection, au mois de décembre, en même temps que le conseil de la Réunion. VI Les membres du conseil dont le mandat est expiré ne peuvent être nommés qu'à des fonctions supérieures à celles dont ils étaient précédemment investis ; sinon, ils sortent du conseil. Le président est toujours remplacé, mais il peut être réélu, après une année, ainsi que les autres dignitaires. VII Le mode d'élection est le même que celui en usage dans la Réunion ; le conseil sortant présente au choix des électeurs trois noms pour la nomination du président et deux noms pour chacun des vice-présidents. L'élection a lieu à la majorité absolue des suffrages. Tous les membres de la Conférence peuvent prendre part à l'élection. VIII Les secrétaires sont nommés par le P. Directeur, le président et les vice-présidents nouvellement élus. IX Le conseil se réunit chaque semaine. Il établit par avance l'ordre du jour et les séances du mois, et désigne pour chacune d'elles le président et le secrétaire. Le président et les vice-présidents doivent présider à tour de rôle ; les secrétaires sont également chargés, chacun à son tour, de la rédaction des procès-verbaux. Le conseil est chargé de préparer et d'admettre les sujets de conférences, de suivre le travail des conférenciers, de prévoir et de régler tout ce qui touche au progrès, à la dignité et à l'honneur de la Conférence. X La Conférence tient séance toutes les semaines, le mercredi à 8 h 1/2 du soir. XI

La séance s'ouvre par le Veni Sancte, que récite le P. Directeur. Après la prière, le président donne la parole au secrétaire de semaine, pour lire le procès-verbal de la séance précédente. Des observations peuvent être présentées à l'occasion du procès-verbal. Le procès-verbal adopté, le président proclame le sujet de la conférence et invite le conférencier à prendre la parole. Les conférences doivent toujours être écrites. Lorsque le conférencier a terminé la lecture de son travail, le président déclare la discussion ouverte. La discussion est libre et générale, mais les membres de la Conférence ne peuvent prendre la parole qu'avec l'autorisation du président. Le président dirige la discussion et, au besoin, la résume. En dernier lieu, le conférencier répond aux observations qui lui ont été présentées ; après la réplique, la discussion est close. La politique est sévèrement bannie des travaux écrits et des discussions. Le président donne lecture du programme de la prochaine séance, que le conférencier doit lui remettre huit jours à l'avance. Ce programme reste affiché pendant toute la semaine dans la bibliothèque de la Réunion.

295 La séance est terminée par la prière Sub tuum, récitée par le P. Directeur.

DOCUMENT III

LES SEANCES DU MERCREDI, DECRITES PAR UN MEMBRE DE LA CONFERENCE, EUGENE LANGEVIN, EN 1905 Vous avez présentes les multiples physionomies de nos séances. Vous avez encore dans les yeux et les oreilles ces séances, relativement calmes mais passionnées pourtant, où le conférencier, plutôt qu’un tribun, est un lettré d’une action oratoire moyenne, mais d’un style ensorceleur. Quand il a fini, les plus délicats d’entre nous osent à peine rompre l’enchantement de peur de paraître béotiens dans leurs critiques ; ils se glissent à la place d'où l'on discute, pour exprimer, avec hésitation, leurs doute sur telle ou telle idée partielle ou générale. Car, Mesdames et Messieurs, pour le dire en passant, nous ne sommes pas une société d'admiration mutuelle, mais plutôt de perpétuelle émulation et contradiction. Nous sommes "des amis prompts à nous censurer" comme en voulait Boileau. Nous ne décidons pas non plus avec la facilité effrayante ordinaire chez les parleurs de profession, quoique bon nombre d'entre nous soient des professionnels de la parole : les sujets de conférences nous sont annoncés chaque mois, et, sur un placard, au moins pendant huit jours, sont affichés un plan détaillé et une abondante bibliographie, en sorte que chacun de nous puisse, sur les textes et les commentaires, se faire au préalable une opinion raisonnée. Parfois c’est un jeune homme qui, d’une lèvre imberbe et tremblante, nous lit une étude où il a mis bien des veilles. Le moment venu de l’interroger ou de le critiquer, les aînés se font élogieux, pour une fois, et, aux applaudissements de tous, des cadets osent prendre part à la discussion et s’habituent ainsi à affronter un public. Nous avons des séances où l’actualité plus aiguë du sujet a décidé notre bureau à inviter certains de nos anciens ou de nos amis illustres dans l’Institut ou le Parlement. Quelle réconfortante joie que leur venue ! Ils nous apportent leurs exhortations et leurs lumières ! Et ils nous parlent avec tant de simplicité, de distinction et de savoir qu'on ne les croirait pas du Parlement, avec un tel charme qu'on ne les dirait pas de l'Institut. Nous nous retirons emportant une foi religieuse et sociale plus claire, une charité plus chaude, et une saine fierté d’avoir frayé une minute avec des puissances. (Applaudissements) Mais surtout voyez encore ces allures fougueuses et provocatrices qu’ont plusieurs de nos conférenciers ; vous entendez ce timbre de clairon que prend leur voix dès qu’ils commencent à lire un travail bâti comme une forteresse, et garni avec un soin extrême de tous les engins offensifs et défensifs les plus formidables. Soudain, après quelques salves à blanc, ils attaquent. Dans la salle, beaucoup frémissent, sentant criblés les beaux châteaux d’idées qui leur sont chers. Oh ! que ne peut-on riposter de suite ! Enfin, les adversaires ont la parole. Tour à tour, avec emportement, ils déchargent leur artillerie de fin et de gros calibre sur le hardi thésiste. Celui-ci ne sait pas toujours attendre qu'ils aient achevé. De l’une à l’autre tribune, celle de l’orateur principal et celle des contradicteurs, c’est un échange de volées terribles, souvent l’auditoire ne peut s’y tenir ; il s’en mêle. Le président a beau secouer sa sonnette : fût-elle grosse comme le bourdon de Notre-Dame, elle ne dominerait pas ce vacarme superbe. La sortie est tumultueuse, et, dans la rue, le noctambule préposé à l’extinction des becs de gaz contourne de loin avec terreur des groupes d’où s’échappent des gestes et des cris, et où il serait satisfait, et rassuré peut- être, d’apprendre qu’il s’agit de la question de l’apprentissage ou du Dilettantisme de Sainte-Beuve. (Sourires et applaudissements).

296 DOCUMENT IV

TEXTE DE PRESENTATION DE LA REUNION, 1906 RÉUNION DES JEUNES GENS ------Conférence Olivaint Conférence Laënnec Fortes in fide, diligatis invicem

La Réunion des Jeunes gens, fondée en 1852, a pour but d'offrir aux jeunes gens, qui viennent à Paris suivre les cours de l'enseignement supérieur, les moyens de rester fidèles à tous les devoirs de la vie chrétienne en se préparant à devenir des hommes de valeur et des catholiques militants. A l'âge où sont le plus menacés leurs moeurs et leur foi, les étudiants trouvent à la Réunion ce qui peut efficacement les prémunir : sociétés d'amis unis par une piété virile, exercices périodiques qui invitent à la fréquentation régulière des sacrements, instructions religieuses où sont approfondis les fondements de nos croyances. Ils y trouvent aussi de quoi mettre en oeuvre les connaissances qu'ils acquièrent pour se préparer à l'action : c'est le but des Conférences fondées au sein de la Réunion. La Conférence Olivaint, spécialement ouverte aux étudiants en droit et en lettres, les forme, par le travail, et l'exercice de la parole, à devenir les défenseurs des intérêts de l'Eglise et du pays. Elle s'honore de compter nombre de ses anciens parmi les membres les plus distingués du Parlement, du barreau, et de l'enseignement supérieur. Des cercles d'études y sont annexés, qui donnent aux jeunes gens l'occasion d'étudier d'une manière plus familière, plus approfondie et plus synthétique. On s'y attache à mettre en regard des faits sociaux et des lois économiques les principes du droit naturel et des directions de l'Eglise : on s'y prépare directement par l'étude à l'action. La Conférence Laënnec offre aux étudiants en médecine tous les éléments d'une sérieuse préparation aux concours. Ils y trouvent une bibliothèque soigneusement tenue au courant des publications les plus récentes, des pièces d'ostéologie et une collection pharmaceutique très variée. Les aînés, internes des hôpitaux, y guident les plus jeunes dans leur travail. Les succès de ses membres dans les concours attestent l'excellence de la formation qu'ils se donnent entre eux, et les situations qu'ils acquièrent leur permettent d'exercer la plus bienfaisante influence. Pour habituer les jeunes gens à la pratique de la charité, la Réunion a créé une Conférence de Saint-Vincent-de-Paul (Conférence Saint-Pierre-Saint-Paul) qui visite les pauvres de la paroisse Notre-Dame de Plaisance. Elle les entraîne à l'action sociale par la collaboration qu'elle donne à dix patronages paroissiaux de Paris et de la banlieue, et par la part très active qu'elle prend aux travaux de l'Association catholique de la jeunesse française, dont elle est le groupe le plus nombreux et le plus ancien. Heureux d'apporter leur concours au Comité catholique de la rue de Grenelle, les jeunes orateurs de la Conférence Olivaint ont multiplié les Conférences de propagande à Paris et dans les département circonvoisins. Les bibliothèques et les salles de travail sont ouverts tous les jours de 8 heures du matin à 11 heures du soir. La cotisation, pour frais de loyer, de chauffage, d'éclairage, etc., est de 20 francs par an. Les jeunes gens qui désirent faire partie de la Réunion sont priés de s'adresser au secrétariat de l'Association catholique de la jeunesse française, rue des Saint-Pères, 76.

297 DOCUMENT V

CIRCULAIRE DU CONSEIL DE LA REUNION DE 1910 ENTRAINANT L'EXCLUSION DES OLIVAINTS MEMBRES DE L'ACTION FRANÇAISE

REUNION DES JEUNES GENS ------CONFÉRENCE OLIVAINT Paris, le 21 juin 1910

Mon cher ami, Au moment où, l'année scolaire touchant à sa fin, le Conseil de la Réunion prépare, suivant l'usage, les débuts de l'année suivante, j'ai d'autant plus le sentiment de remplir un devoir en vous communiquant les décisions prises à cet effet, que je me trouve presque au terme de mes fonctions. Regardant le passé, je ne puis que remercier les membres de la Réunion d'avoir, par leur assiduité, leur entrain, leurs efforts, assuré la prospérité croissante de notre oeuvre. Mais il me semble que je vous dois encore de vous aider à garantir l'avenir en vous prévenant de tous les écarts qui pourraient altérer l'esprit de la Conférence Olivaint. Je suis persuadé que de tels écarts sont moins le fait d'une intention délibérée que d'une méconnaissance involontaire de nos traditions et de nos principes. Ils peuvent s'expliquer aussi par une certaine ignorance de l'interprétation exacte qu'il convient de donner à nos statuts. Je veux donc, par cette lettre, dissipant toute équivoque, indiquer à tous la règle précise au maintien de laquelle j'ai le devoir de veiller, et dont l'observation généreuse contribuera puissamment à rendre plus étroite que jamais l'union des esprits et des coeurs à la Conférence Olivaint. C'est un principe absolu de notre Réunion qu'elle se tienne en dehors de la politique. Que faut-il entendre par là ? - Deux choses : I.) Ouverte à tous les jeunes gens catholiques qui viennent y chercher le moyen de développer leur vie religieuse et de cultiver leur talent, elle ne peut en aucune façon se prêter à une action politique et réserve toutes ses forces pour l'oeuvre de défense et de conquête religieuses. Comprenant d'ailleurs parfaitement que la question politique est de celles dont nul Français ne peut se désintéresser, elle n'écarte personne pour ses opinions en cette matière, et laisse à chacun de ses membres pleine liberté de lutter au dehors pour le triomphe de ses idées, à condition que ceux qui la représente évitent ce qui pourrait la compromettre elle-même dans un mouvement de parti. Mais dans ses réunions propres, elle ne saurait se permettre qu'on se livre à aucune manifestation politique. Est-il nécessaire d'ajouter qu'il est non moins contraire aux traditions de la Conférence Olivaint de joindre à des manifestations de ce genre une agitation tumultueuse et violente, où la lutte risque trop souvent d'atteindre les personnes par delà les idées ? II.) Nos statuts portent que « la politique est sévèrement bannie de nos travaux et de nos discussions ». Au cours de nos séances, on ne doit donc jamais faire allusion de près ou de loin, ni en termes directs, ni en termes voilés - le sens en est aussi clair, et l'infraction tout aussi réelle - au maintien ou au changement de la forme du gouvernement. Cette règle formelle ne restreint en aucune manière le large accueil que nous aimons à faire aux sujets qui nous sont proposés et dont l'approbation est réservée au bureau. Mais plus elle sera loyalement observée, plus il sera facile à la Conférence

298 Olivaint de continuer à traiter, suivant une tradition qui doit nous être chère, les questions les plus diverses et les plus actuellement intéressantes, sans se préoccuper de savoir du programme de quel parti politique ou social elles peuvent ressortir. Je ne doute pas que ces principes, ratifiés par le Conseil dans sa séance du 17 juin 1910, ne reçoivent votre approbation. Bien précisés, connus de tous, leur violation dorénavant, vous le comprendrez, sera d'autant plus grave qu'il sont d'esprit plus large. Ce serait se mettre dans un cas entraînant normalement la radiation de la liste de nos membres. Afin donc qu'il ne puisse y avoir dès à présent aucune hésitation, permettez-moi de vous demander, mon cher ami, de me renvoyer la feuille ci-jointe. Vous tiendrez, j'en suis certain, à me confirmer ainsi que vous êtes au courant des principes définis par cette circulaire, reconnaissant avec moi qu'omettre de le faire semblerait nécessairement être un refus d'adhérer à ces principes. Cela équivaudrait à nous laisser entendre qu'on renonce à demeurer membre d'une conférence aux règles de laquelle on croirait ne pas pouvoir se soumettre. Je vous prie donc instamment, pour ne laisser aucune prise à l'oubli, toujours plus puissant à mesure que passent les jours, de me renvoyer autant que possible par retour du courrier, la formule ci-incluse. Vous voudrez bien, suivant les indications qu'elle porte, me l'adresser rue d'Assas, n° 12. Croyez, mon cher ami, à mes sentiments très affectueusement dévoués.

Pierre Lefébure

DOCUMENT VI

TRACT DE LA RENTREE DE 1919

AUX ÉTUDIANTS

La Conférence Olivaint vous invite, mes chers amis, à venir à elle. Venez la faire bénéficier des richesses de votre jeune talent ! Si vous voulez éviter de gâcher vos dons naturels, dans la poursuite débilitante des plaisirs ; - si, malgré vos études particulières, vous comprenez l'importance d'une culture générale, continuée au delà du lycée ou du collège ; - si vous tenez à garder l'élévation de l'esprit, la noblesse des sentiments, l'idéal de vie dont votre foi chrétienne vous fait un devoir ; - si vous voulez acquérir l'art précieux de la parole ; - si vous appréciez les charmes et les délicatesses de l'amitié qui s'épanouit dans un milieu d'élite : venez à nous. Il n'en faut peut-être pas davantage pour vous préserver de toutes les déchéances qui guettent l'étudiant isolé, désoeuvré, uniquement sollicité par les plaisirs vulgaires, avec lesquels est incompatible la vie de l'esprit, la vie de l'âme. La vie humaine n'est belle - et bonne - que si elle sait échapper à la banalité courante et à la médiocrité de tant d'existences.

LA CONFERENCE OLIVAINT

299 DOCUMENT VII

ALLOCUTION DE RENE PLEVEN, PRESIDENT DE LA CONFERENCE OLIVAINT, LE 29 MAI 1921, ADRESSEE A GUSTAVE DE LAMARZELLE A L'OCCASION DU CINQUANTIEME ANNIVERSAIRE DE LA MORT DU PERE OLIVAINT.

Chaque génération a ses têtes, qui la symbolisent. Lorsqu'ils atteignent les alentours de la vingtième année, les jeunes gens choisissent, parmi leurs prédécesseurs, quelque chef, dont ils se proposent de suivre les exemples. Ainsi naissent ces mouvements intellectuels ou moraux qui donnent une physionomie particulière à la jeunesse de chaque époque et de chaque pays. Notre génération, celle qui a eu vingt ans pendant la guerre, a connu ce besoin d'incarner ses aspirations. Elle n'a pu le faire sans embarras. L'ordre naturel des choses n'eût point été troublé que, comme ses devancières, elle eût porté son choix sur quelques-uns de ses aînés. La guerre l'a empêché. Ceux qu'elle eût discerné, et dont il est facile de citer les noms : les Psichari, les Auguste Cochin, les Jean-Marc Bernard, d'autres qui appartenaient à cette Conférence, lui ont été ravis. Ceux qui de droit devaient être nos guides succombèrent pour nous protéger, et, privés de ces chefs naturels, il nous fallut en chercher d'autres, un peu plus loin. C'était, Messieurs, une délicate besogne. Notre adolescence, instruite, formée à la guerre, ou pendant la guerre, avait entendu le bruit des combats, et, à l'âge où d'ordinaire on ne connaît de la vie que les sourires, nous recevions l'empreinte sévère des deuils subis, et des angoisses supportées. Davantage que les poètes, les grandes exemples, les sacrifices ont été notre pâture. Les Rhétoriciens de 1917, les bleus de 1918, connaissaient mieux la vie de Guynemer que les ouvrages de Verlaine ou de M. Anatole France. Nous avons trop respiré l'atmosphère de ces heures inquiètes, pour que nos âmes ne s'en ressentent point. Elles en ont gardé le dégoût des sensations et des rêves affadissants, la passion de l'action et celle de l'ordre, la haine, en tout domaine, du dilettantisme. Elle a fait de nous ce qu'on peut appeler une génération au rire dur, mais qui est avant tout une génération de bataille, et qui veut être une génération de victoire. Cet état d'esprit, un peu tendu sans doute, mais qui est le nôtre, nous a interdit de goûter ce qui avait fait les délices de nos pères, en littérature. C'est ainsi, Messieurs, que les Jeunes d'aujourd'hui délaissent les hommes en place, et se préoccupent peu des renommées établies. Voilà pourquoi nous lisons de Maistre, nous lisons Bonald, nous lisons Taine. Voilà pourquoi nous sommes classiques. Voilà pourquoi nous sifflons M. Bataille ! Nous déchirons les affiches licencieuses. Voilà pourquoi nous n'aimons guère M. France ! Vous comprenez maintenant, monsieur le Président, la raison profonde de notre respect, de notre admiration pour vous. Ce que nous repoussons, c'est ce que vous avez, sans discontinuer, combattu ! Nous détestons la composition, vous disais-je. Et vous n'en avez jamais consenti. Nous détestons la faiblesse et la tiédeur, et, dans une carrière où l'une et l'autre vous guettent, par la facilité qu'elles apportent et les succès qu'elles procurent, vous les avez toujours dédaignées. Nous sommes férus d'autorité et de discipline, et l'autorité comme l'ordre n'ont pas de plus fidèle défenseur que vous. Si bien, Monsieur le président, que nous, les recrues, nous sommes vis-à-vis de vous, le vétéran, en complète communauté de volonté et d'espoir. Vous étiez président de la Réunion en 1874. Les idées que vous y avez aimées sont celles de la Conférence de 1921. Je suis sûr, Monsieur, que cette conjonction de vos idées et des nôtres ne vous sera pas indifférente. Vous avez été le soldat des heures cruelles. Vous avez connu les luttes déprimantes où on sait qu'en dépit de tout effort, on finira par être battu. Nos jeunes énergies, vibrant à l'unisson de la vôtre, vous garantissent la revanche. Croyez, Monsieur le président, qu'elles souhaitent la gagner avec vous.

300 DOCUMENT VIII

ALLOCUTION DE GEORGES BIDAULT, PRESIDENT DE LA CONFERENCE OLIVAINT, LE 6 MAI 1923, ADRESSEE A XAVIER LAURAS A L'OCCASION DE L'ASSEMBLEE GENERALE DE L'ASSOCIATION.

Dans l'espèce de discrédit où sont tombées aujourd'hui auprès du plus grand nombre toutes les valeurs qui ne sont pas immédiatement monnayables, c'est l'originalité de la Conférence Olivaint, et c'est sa force de garder dans toute leur ferveur le souci permanent de la culture la plus largement humaine, et le goût passionné des idées. Nous ne serions plus une élite, si nous perdions ces caractères qui nous distinguent au milieu du matérialisme ambiant. Aussi plus que jamais notre devoir comme notre désir sont-ils de nous y attacher, et, s'il est possible, de les accentuer encore. Nous rencontrons pour cela quelques difficultés, il ne faut pas le dissimuler. Notre génération, grandie pendant la guerre, un peu au hasard en l'absence des pères partis au front, a reçu quelque fois le nom de « Génération sacrifiée ». Elle a fait des études quelquefois sommaires, couronnées de diplômes peut-être indulgents. Et puis, les circonstances économiques, chaque jour plus dures, grèvent lourdement le travail intellectuel, au point de devenir un péril pour l'esprit. Raison de plus pour maintenir entre nous, au-dessus de la diversité des techniques et des carrières, le règne de cette pensée par laquelle l'homme seul s'élève jusqu'à sa vraie nature, et remplit l'essence de sa destinée. Malheureusement, cette vérité n'est pas aperçue de tous ; les « scientifiques », en particulier, trop astreints par des programmes colossaux, ou trop préoccupés de considérations strictement utilitaires, ne rallient qu'en bien petit nombre le champ de nos controverses. Bien des écoles spéciales étroitement particularistes restent pour nous terra incognita. Nous n'en sommes que plus heureux d'accueillir parmi nous ceux qui, suivant le chemin que vous avez tracé, apportent à nos débats le concours de leur précision et de leur esprit critique. Puissent-ils, sous le couvert de votre nom et de votre exemple, venir plus nombreux désormais : nous les attendons.

DOCUMENT IX

NOTE DE PRESENTATION DE LA CONFERENCE OLIVAINT EN 1925.

Bien des jeunes gens, qui ne connaissent que leur groupe d'école, s'étonneront peut-être de la variété des sujets traités à la Conférence Olivaint, et de la vie que reflète nos débats de tribune. Dans leur Cercle d'études, composé uniformément de camarades de leur école, les membres qui s'offrent pour faire une conférence sont parfois assez rares, les sujets ne franchissent guère les limites étroites de certains sujets sociaux ou religieux et les discussions d'idées manquent souvent d'animation et de vertu formatrice pour l'esprit. Cette juste réflexion a sa valeur : elle souligne l'utilité d'une Conférence ouverte à tous les jeunes gens catholiques, débordant les frontières d'école, réunissant dans une coopération intellectuelle des amis venus de toutes les facultés et de toutes les Ecoles de Paris.

301 Les compétences et les formations d'esprit s'ajoutent les unes aux autres, se complètent, s'affrontent, et il en résulte un élargissement de l'horizon intellectuel et un surcroît de vie important. Aussi, tout en reconnaissant l'utilité des groupes d'école, du point de vue religieux à l'école, nous pensons ici que certains éléments, plus curieux d'esprit, plus soucieux que la moyenne de leur culture générale et d'une formation sérieuse à la parole publique, devraient, tout en s'occupant de leur groupe spécial et limité de camarades d'écoles (ou de collège), s'inscrire dans un cercle général comme la Conférence Olivaint, où toutes les réunions sont libres, et se concilient sans peine avec la fréquentation du groupe d'école. Dans un cercle général, les relations peuvent aussi s'étendre agréablement et utilement, car l'exclusivisme professionnel dans les relations est, même du point de vue catholique, un danger sérieux, à une époque où les jeunes catholiques ont tendance à se compartimenter d'une façon étanche, et à se morceler à l'infini, se contentant d'un petit cercle étroit de camarades du même collège, de la même pension, de la même école, d'une même bonne oeuvre ; ce compartimentage est à la fois le signe et le principe d'un particularisme croissant, qui isole toujours davantage nos jeunes gens catholiques les uns des autres, les empêche de se connaître et de s'aimer, les conduit à ne s'intéresser qu'à ce qui favorise leur individualisme et à se désintéresser du grand but qu'ils devraient viser, en se rapprochant amicalement les uns des autres : la défense du catholicisme en France, par la mise en commun, pendant leur vie d'études, de leurs efforts intellectuels, de leurs essais littéraires et oratoires, de leurs échanges affectueux de bons offices et d'une sympathie réciproque qui les agglutinerait utilement pour l'avenir.

Il faut dire la même chose des Étudiants catholiques qui se contentent soit d'un cercle politique exclusif, soit des limites trop étroites d'un patronage, ou d'une conférence Saint-Vincent de Paul. Notre élite catholique de demain manquera de cohésion, de force, de valeur intellectuelle, si, pendant le temps de leur formation, nous jeunes prennent le pli de se compartimenter à l'excès, de s'opposer les uns les autres sous des prétextes futiles, de ne pas s'intéresser en commun à la grande cause de Dieu et de l'Eglise, de préférer tel ou tel point de vue particulier à la préparation intellectuelle d'ordre général absolument nécessaire aux catholiques, s'ils veulent exercer dans leur pays une influence véritable et ne pas être des citoyens de seconde zone. Voilà pourquoi, à coté de la multiplicité des groupements particularistes et clos, parfois minuscules, qui isolent et séparent nous jeunes gens, nous tenons à conserver à la Conférence Olivaint son caractère traditionnel de cercle général, ouvert à tous les étudiants, élèves des Ecoles, grands lycéens, jeunes gens catholiques de l'enseignement secondaire. Outre le profil religieux et moral qui résulte de l'association d'une élite, spontanément venue de partout, dans un but universaliste et spécifiquement catholique, le profit intellectuel qui résulte d'une activité d'ensemble et d'une émulation, bien moindre dans un milieu restreint et uniforme, est certain. Que nos anciens et que tous nos amis nous aident à faire connaître la Conférence Olivaint autour d'eux, et travaillent avec nous au rapprochement des jeunes catholiques d'élite, qui sont soucieux de leur formation intellectuelle et religieuse, en vue d'une influence future sérieuse à exercer dans notre cher pays.

302 DOCUMENT X

APPEL AUX ETUDIANTS

de Max Legendre, président de la FFEC au lendemain du 6 février 1934655

Étudiants,

Vous étiez encore des enfants pendant la guerre, mais vous comprenez déjà la signification de l'héroïsme dépensé et des sacrifices acceptés par vos pères. Vous avez vu peu à peu avec surprise et déception leur oeuvre compromise. Désormais, c'est vous qui portez la responsabilité de la patrie : l'un d'entre vous a été tué, plusieurs ont été blessés. Votre génération s'est engagée. Vous êtes la précieuse réserve de la nation. Vous savez ce qu'il en coûte de subordonner le bien du pays aux appétits particuliers. Vous devez donc vous préparer à agir et dès maintenant tendre à rétablir le véritable ordre social par la convergence des activités individuelles dans une oeuvre commune.

Étudiants catholiques,

On vous a dit d'où vient l'autorité, que le pouvoir doit être sage et fort et tendre au bien de tous. Que chacun d'entre vous sente combien l'heure est grave et porte un regard sur lui-même et sur la France avec abnégation et loyauté. Il n'est pas d'exemple dans l'histoire qu'une jeunesse hardie et fidèle à son idéal patriotique et religieux, défaille dans ses destinées.

655 L'Étudiant catholique, n° 45-46, Janvier-février 1934, p. 25. Au cours de la manifestation, un étudiant, Jean Fabre, a été tué. La FFEC le revendique comme l'un des siens. 303 DOCUMENT XI

NOTE ANONYME SUR LA TRANSFORMATION DE LA CONFERENCE OLIVAINT EN 1942

1° - La direction et l'administration de la Conférence Olivaint sont confiées au Père Beirnaert. 2° - Cette Conférence Olivaint "nouvelle manière", renonçant à accueillir comme autrefois toutes sortes d'étudiants, comprendra essentiellement le groupe des Sciences politiques et ses activités variées. Le groupe de Chimie, autrefois membre de la Conférence Olivaint, sera hébergé pour ses réunions jusqu'à nouvel ordre. Par contre, seront exclues toutes les formations (groupes philos ou autres), pouvant faire double emploi avec des organisation et groupes existants et risquant de créer des rivalités entre catholiques. 3° - Le Père Beirnaert occupera tout le local de la Conférence Olivaint, 12, rue d'Assas, parce qu'il forme un tout. La Conférence Laënnec s'entendra avec le Père Beirnaert pour l'usage de la chapelle. 4° - Le Père Beirnaert est soumis au RP d'Ouince : - pour l'orientation de l'oeuvre, et lui demande des directives voulues pour les questions qui peuvent se poser. - pour les comptes financiers : il lui demandera les permissions pour les dépenses, il lui rendra ses comptes, sans préjudice du compte qu'il doit rendre chaque année lors de la visite provinciale.

5° - Pour la surveillance du local - le P. Beirnaert demeurant aux Études - le RP provincial désigne un Père. Celui-ci habitera le bureau du fond. Il y travaillera, y passera la nuit. Rattaché par ailleurs à la rue de Grenelle, c'est à la rue de Grenelle qu'il dira la messe et prendra ses repas. 6° - Finances : - La Province remet au P. Beirnaert les locaux de l'Olivaint refaits à neuf et meublés, ainsi que l'usage de la bibliothèque existante (le Directeur peut liquider les ouvrages vieillis, à condition d'employer, selon l'Institut, l'argent recueilli à rajeunir la bibliothèque). - La Province remettra au Directeur chaque année 4.320 francs - représentant le revenu d'un capital de l'oeuvre (120.000 francs de capital environ) actuellement bloqué. Elle y ajoutera une somme forfaitaire de 1.000 francs par an pour la chambre occupée par le Père chargé de la surveillance du local. - En échange de ces différents services, le Directeur prend à sa charge les loyers et frais généraux, les consommations, l'entretien des locaux... 7° - La chapelle. La chapelle faisant partie de l'oeuvre, ne s'en distingue pas et entre dans l'ensemble. A ce titre, le Père directeur en prend l'entretien. - Il reçoit chaque année une somme forfaitaire de la Conférence Laënnec, pour l'utilisation que cette dernière fait de la chapelle. (A noter, en contrepartie que Laënnec rétribue le concierge). Paris, le 1er septembre 1942

304 SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

La documentation utilisée est présentée en quatre ensembles :

I - ARCHIVES A - Archives nationales B - Archives de la Préfecture de police C - Archives jésuite de la Province de Paris D - Fonds privés

II - TEMOIGNAGES, ORAUX ET ÉCRITS

III - SOURCES IMPRIMEES A - Périodiques B - Publications éditées la Congrégation ou la Conférence Olivaint C - Autres publications contemporaines

IV - ÉTUDES A - Généralités B - Études sur la jeunesse catholique C - Biographies

305 I - ARCHIVES

A - ARCHIVES NATIONALES - 34 AS, Association catholique de la Jeunesse française. Ce fonds d'archives, soumis à autorisation, est constitué par les microfilms de quelques dossiers du fonds conservé aux Archives jésuites de la Province de Paris, et, lui, librement consultable. - Série F 7 : quelques sondages, souvent infructueux, notamment dans les cartons 12387 à 12411 (police des cultes), 13213 à 13228 (mouvement catholique) et 12428 à 12521 (surveillance des cléricaux). - Série F 19 : quelques sondages, souvent infructueux. A noter le carton 5632 (La Contre-révolution).

B - ARCHIVES DE LA PREFECTURE DE POLICE Aucun dossier intéressant n'y a été mis à jour.

C - ARCHIVES JESUITES DE LA PROVINCE DE PARIS - I PA 735-740 : Fonds de la Conférence Olivaint (1875-1970).

Origine du fonds La majeure partie des documents conservés aux Archives jésuites de la Province de Paris provient d'un dépôt effectué dans le courant des années 1970, par le conseiller spirituel de la Conférence Olivaint . Il s'agit des Archives constituées par les directeurs successifs de la Conférence, de 1875 à 1969, date à laquelle la Compagnie de Jésus à cessé de diriger la Conférence, auxquelles ont été adjointes certaines pièces, provenant des archives personnelles de plusieurs aumôniers- directeurs et des archives du Père Provincial.

Description sommaire Ce fonds de plusieurs milliers de pages se compose, pour ce qui concerne la période étudiée dans le présent travail, d'une série d'historiques manuscrits ou, de dossiers comprenant la correspondance active et passive des RR PP Aucler et de Pully, des catalogues, registres et annuaires de 1852 à 1936, des Comptes rendus des séances de clôture et des Assemblées générales publiés de 1875 à 1932, et des comptes rendus manuscrits des séances du mercredi, de 1903 à 1931

- I PA 745 : Fonds de la Conférence Laënnec. Ce fonds d'archives de la Conférence-soeur de l'Olivaint contient un dossier extrêmement intéressant sur la Fédération française des étudiants catholiques. - I PA 500 : Fonds de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF). Ce fonds est principalement constitué des archives conservées par les aumôniers successifs de l'ACJF. Il contient, entre autres, une correspondance extrêmement intéressante, un dossier sur la querelle de l'ACJF avec le général de Castelnau, et, bien sûr, le journal de l'Association. - Dossiers personnels des aumôniers. De manière générale, on peu de documents ont été conservés sur les aumôniers directeurs de l'Olivaint. Lorsqu'un dossier personnel existe, il se résume le plus souvent à quelques lettres, photos et journaux de retraites.

306 D - FONDS PRIVES - Archives du RP de Boissière Le RP de Boissière, ancien conseiller spirituel de la Conférence Olivaint, a eu la gentillesse de mettre à notre disposition une partie de ses Archives personnelles, qui comportent quelques pièces se rapportant à la période étudiée.

Malheureusement, aucun autre fonds privé n'a pu être mis à jour jusqu'à maintenant.

II - TÉMOIGNAGES ORAUX ET ÉCRITS

ANDRÉ AUMONIER, entretiens du 1er février et 23 mai mai 1996, Paris, rue de l'Université. HERVÉ DUFRESNES, entretien du 13 février 1996, Paris, Automobile Club.

III - SOURCES IMPRIMÉES

A - PERIODIQUES

1. Publications des organisation de jeunesse

Les Annales de la jeunesse catholique, organe de l'ACJF L'Etudiant catholique, organe de la FFEC La Revue des aumôniers de l'ACJF La Revue des jeunes

2. Publications de la Compagnie de Jésus

Études Lettres de Jersey Le Messager du coeur de Jésus

2. Presse nationale

L'Aube Le Correspondant L'Écho de Paris Esprit L'Éveil démocratique L'Univers

307 B - PUBLICATIONS EDITEES PAR LA CONFERENCE OLIVAINT OU LA REUNION DES JEUNES GENS.

1. Séances annuelles de clôture de la Conférence Olivaint

REUNION DES JEUNES GENS. - Séance annuelle de clôture, année scolaire 1874- 1875. - Paris : imprimerie Jules Le Clere, s.d. - 34 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance annuelle de clôture, année scolaire 1875- 1876. - Paris : imprimerie Jules Le Clere, s.d. - 28 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1876-1877. - Bourges : imprimerie Pigelet et Tardy, 1884. - 63 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1877-1878. - Bourges : imprimerie Pigelet et Tardy, 1878. - 53 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1878-1879. - Paris : imprimerie Emile Martinet, 1879. - 75 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1879-1880. - Créteil : imprimerie Créte 1879. - 62 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1880-1881. - Paris : Gaume et Cie éditeurs, 1881. - 87 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1881-1882. - Paris : Gaume et Cie éditeurs, 1882. - 80 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1882-1883. - Paris : Gaume et Cie éditeurs, 1883. - 62 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1883-1884. - Bourges : imprimerie Pigelet et Tardy, 1884 - 78 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1884-1885. - Lons-le-Saunier : P. Gallard, 1885 - 67 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1885-1886. - Lons-le-Saunier : P. Gallard, 1886 - 59 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1886-1887. - Paris : imprimerie de l'Archevêché, 1887 - 51 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1887-1888. - Paris : J. Meersch, 1888 - 74 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1888-1889. - Paris : imprimerie de l'Archevêché, 1889 - 63 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1889-1890. - Paris : imprimerie de l'Archevêché, 1890 - 40 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1890-1891. - Paris : imprimerie de l'Archevêché, 1891 - 48 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1891-1892 - Paris : imprimerie de l'Archevêché, 1892 - 47 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1892-1893. - Paris : typographie M. Schneider, 1893 - 44 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1893-1894. - Paris : typographie M. Schneider, 1894 - 48 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1894-1895. - Paris : typographie M. Schneider, 1895 - 41 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1895-1896. - Paris : typographie M. Schneider, 1896 - 55 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1896-1897. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1897 - 43 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1897-1898. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1898 - 52 p.

308 REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1898-1899. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1900 - 54 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1899-1900. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1900 - 69 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1900-1901. - Blois : grande imprimerie de Blois, 1901 - 48 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1901-1902. - Paris : imprimerie Quelquejeu, 1902 - 44 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1902-1903. - Paris : imprimerie Quelquejeu, 1904 - 50 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1903-1904. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1904 - 53 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1904-1905. - Paris : J. Dumoulin, 1905 - 48 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1905-1906. - Paris : imprimerie R. Leroy, 1906 - 48 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1906-1907. - Paris : imprimerie Quelquejeu, 1907 - 70 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1907-1908. - Paris : imprimerie Quelquejeu, 1908 - 52 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1908-1909. - Blois : grande imprimerie de Blois, 1909 - 54 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1909-1910. - Blois : grande imprimerie de Blois, 1910 - 58 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1910-1911. - Blois : grande imprimerie de Blois, 1911 - 50 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1911-1912. - Tournai : Casterman, 1912 - 46 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1912-1913. - Autun : imprimerie dernot, 1913 - 43 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Séance solennelle de clôture, année scolaire 1913-1914. - Paris : imprimerie F. Leroy, 1914 - 50 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, année 1919-1920. - Saint- Germain-les-Corbeil : imprimerie Willaume, 1920 - 34 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1921. - Bourges : imprimerie Tardy-Pigelet et fils, 1921 - 37 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1922. - Bourges : imprimerie Tardy-Pigelet et fils, 1922 - 46 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1923. - Bourges : imprimerie Tardy-Pigelet et fils, 1924 - 23 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1924. - Bourges : A. Tardy, 1925 - 30 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1925. - Bourges : A. Tardy, 1926 - 31 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de clôture, 1927. - Bourges : A. Tardy, 1928 - 23 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Séance solennelle de fin d'année, 1929. - Bourges : A. Tardy, 1930 - 19 p.

2. Assemblées générales

REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1905. - Paris : J. Dumoulin, 1905 - 36 p.

309 REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1906. - Paris : J. Dumoulin, 1907 - 40 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1908. - Paris : Quelquejeu, 1908 - 35 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1909. - Paris : Quelquejeu, 1909 - 48 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1910. - Blois : Grande imprimerie de Blois, 1910 - 38 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1912. - Paris : F. Leroy, 1913 - 42 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Réunion annuelle et Assemblée générale 1913. - Saint-Germain-les-Corbeil : imprimerie F. Leroy, 1913 - 62 p. REUNION DES JEUNES GENS. - Assemblée générale 1914. - Saint-Germain-les- Corbeil : imprimerie F. Leroy, 1914 - 50 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1920. - Saint-Germain-les-Corbeil : imprimerie Willaume, 1920 - 36 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1921 - Bourges : imprimerie Tardy-Pigelet et fils, 1921 - 23 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1922 - Bourges : imprimerie Tardy-Pigelet et fils, 1922 - 39 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1923 - Bourges : imprimerie Tardy-Pigelet et fils, 1923 - 23 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1924 - Bourges : A. Tardy, 1924 - 17 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1925 (Noces d'argent de la Conférence) - Bourges : A. Tardy, 1926 - 24 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1926 - Bourges : A. Tardy, 1927 - 13 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1927 - Bourges : A. Tardy, 1928 - 10 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1929 - Bourges : A. Tardy, 1930 - 16 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1930 - Bourges : A. Tardy, 1930 - 16 p.

3. Autres publications

RÉUNION DES JEUNES GENS. - Souvenir du 25e anniversaire de sa fondation, 19 mai 1878, Paris : imprimerie R. Leroy, 1878 - 58 p. RÉUNION DES JEUNES GENS. - Les noces d'argent de la Conférence Olivaint, souvenirs recueillis par J. Parent du Châtelet, 27 mai 1900, Blois : Grande imprimerie de Blois, 1900, 82 p. RÉUNION DES JEUNES GENS. - Pierre Olivaint, 28e anniversaire, Paris : M Schneider, 1896. - 46 p. CONFERENCE OLIVAINT. -Nécrologie 1914-1919, Brochure de 66 pages, Saint- Germain-les-Corbeil : Imprimerie Willaume, 1920, 66 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Année 1928 - Bourges : A. Tardy, 1929 - 14 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1930 et année 1931 - Bourges : A. Tardy, 1929 - 14 p. CONFERENCE OLIVAINT. - Assemblée générale 1931 et année 1932 - Bourges : A. Tardy, 1932 - 16 p. CONFÉRENCE OLIVAINT. -Bulletin mensuel de la Conférence Olivaint, N° 1, mars 1935, 5 p

310 C - AUTRES PUBLICATIONS CONTEMPORAINES

1. Ouvrages du RP Henri de Pully

PULLY (Henri de). - Ferdinand Brunetière. L'utilisation de l'apologiste. - Bruxelles : Société belge de librairie, 1910, 32p. PULLY (Henri de). - Aux épouses et aux mères qui pleurent. L'âme existe. - Paris : Beauchesnes, 1916, 1917.2 tomes. PULLY (Henri de). - La chasteté et la conscience. - Paris : Librairie de la Jeunesse, 1931, 23 p. PULLY (Henri de). - La divinité de Jésus-Christ. - Paris : Beauchesnes, 1924, 114p. PULLY (Henri de). - L'éducation de la femme, hier et aujourd'hui. - Avignon : Aubanel, 1930, 85 p. PULLY (Henri de). - L'éducation et la formation du caractère. - Avignon : Aubanel, 1931, 78 p. PULLY (Henri de). - Le problème de la foi et l'élite cultivée actuelle. - Avignon : Aubanel, 1932, 150 p. PULLY (Henri de). - Le mariage et le foyer. - Paris : D. Rivière, 1934, 224 p. PULLY (Henri de). - Le non-conformisme des générations nouvelles. - Avignon : Aubanel, 1936, 82 p.

2. Sur la Congrégation et ses Pères directeurs .

GEOFFROY DE GRANDMAISON (Charles). - La Congrégation (1801-1830). Paris : Plon, 1899, 419 p.

2. Sur le Ralliement et l'attitude de l'Eglise.

MERMEIX. - Le Ralliement et l'Action française. - 1927. - 479 p. PIOU (Jacques). - Le Ralliement et son histoire. - Paris : 1928. - 232 p.

3. Sur la jeunesse catholique.

DIMIER (Louis). - L'Action libérale dans les élections. Le cas Bazire. - Paris : 1914. - 311 p. BIDAULT (Georges). - L'ACJF et les mouvement politiques de jeunesse. Rapport présenté au Conseil fédéral de l'ACJF (31 janvier 1926) - Besançon : 1926. - 23 p. COUSIN (Louis). - Le Sillon et les catholiques. Paris : Lethielleux, 1909, 224 p.

4. Sur l'Action française et les ligues. DONCOEUR (P.), BERNARDOT (V.), LAJEUNIE (E.), LALLEMENT (D.), MAQUART (F.X.), MARITAIN (Jacques) - Pourquoi Rome a parlé. - Paris : Spès, 1927. - 391 p. PUJO (Louis). - Réponse au livre des six. L'aggression contre l'esprit. Comment Rome s'est trompée. - Paris : 1929. - 386 p. VEUILLOT (François). - La Rocque et son parti comme je les ai vus. - Paris : 1938. - 95 p.

311 IV - ÉTUDES

A - GENERALITES

1. Sur la Troisième République

AZÉMA (Jean-Pierre), WINOCK (Michel). - La troisième République. - Paris : Hachette, collection « Pluriel », 1976, 510 p. AZÉMA (Jean-Pierre). - De Munich à la Libération. - Paris : Le Seuil, collection « Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1979. - 412 p. BERSTEIN (Serge), BECKER (Jean-Jacques). - Victoire et frustrations, 1914-1929. - Paris : Le Seuil, collection « Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1990. - 455 p. BORNE (Dominique), DUBIEF (Henri). - La crise des années trente. - Paris : Le Seuil, collection « Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1976. - 322 p. MAYEUR (Jean-Marie). - La vie politiaque sous la Troisième République. - Paris : Le Seuil, 1984. - 445 p. MAYEUR (Jean-Marie). - Les débuts de la IIIe République, 1871-1898. - Paris : Le Seuil, collection « Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1973. - 256 p. REBÉRIOUX (Madeleine). - La République radicale ?, 1898-1914. - Paris : Le Seuil, collection « Nouvelle histoire de la France contemporaine », 1975. - 258 p. RÉMOND (René). - Les droites en France. - Paris, Aubier, 1982, 544 p.

2. Sur l'Église et les catholiques

CHOLVY (Gérard), HILAIRE (Y. M.). - Histoire religieuse de la France contemporaine. - Toulouse, Privat, Tome 2, 1965, Tome 3, 1966. CHOLVY (Gérard). - Mouvements de jeunesse chrétiens et Juifs : sociabilité juvenile dans un cadre europée, 1799-1968. - Paris, Cerf, 1985. - 432 p. CHOLVY (Gérard), COMTE (Bernard), FEROLDI (Vincent). - Jeunesses chrétiennes au XXe siècle. - Paris, Editions ouvrières, 1991. - 174 p. CHOLVY (Gérard). - La religion en France, de la fin du XVIIIe à nos jours. - Paris, Hachette, 1991. - 219 p. COUTROT (Aline), DREYFUS (François-Georges). - Les forces religieuses dans la société française. - Paris, Colin, 1966, 344 p. DANSETTE (Adrien). - Histoire religieuse de la France contemporaine. - Paris, Flammarion, 1965, 893 p. LEVILLAIN (Philippe). - Albert de Mun. Catholicisme français et catholicisme romain du Syllabus au Ralliement. - Rome : Ecole française de Rome, 1983. MONTCLOS (Xavier de), dir. - Églises et chrétiens dans la Deuxième Guerre mondiale. La région Rhônes-Alpes. Actes du colloque de Grenoble (1976) - Lyon : Presses universitaires de Lyon, 1978. - 383 p. PETIT (Hugues). - L'Eglise, le Sillon et l'Action française, Thèse de droit. - Université Grenoble II - Pierre Mendès France, 1993. Microfilm : Lille 3, atelier de reproduction, 1994, 1176 p. RÉMOND (René), LATREILLE (André). - Histoire du catholicisme en France. Tome 3 : la période contemporaine. - Paris, Spès, 1962. - 693 p. WINOCK (Michel). - "La République des catholiques", L'Histoire, n° 199, mai 1996, pp. 40-45.

312 3. Sur la Compagnie de Jésus

CALVEZ (Jean-Yves). - "Les Jésuites", Etudes, janvier 1995, pp. 75-82. LACOUTURE (Jean). - Jésuites, tome 2, "Les revenants". - Paris : Seuil, Collection Points, 1991, 683p. WOODROW (Alain). - Les Jésuites : histoire de pouvoirs. - Paris : Lattès, 1991, 239 p.

4. Sur le nationalisme, l'antisémitisme et les Ligues

GIRARDET (Raoul). - Le nationalisme français, 1871-1914. - Paris, Colin, 1962, 693 p. PHILIPPET (Jean). - Les Jeunesses patriotes et Pierre Taittinger (1924-1940). - Paris : Mémoire de l'Institut d'études politiques de Paris, 1967. - 274 p. PIERRARD (Pierre). - Juifs et catholiques français. - 1970, 336 p. PORTIER (Nicolas). - L'Action française à la conquête de la jeunesse et de l'université. - Institut d'études politiques de Paris : Mémoire de troisième année, novembre 1990. - 235 p. RIOUX (Jean-Pierre). - Nationalisme et conservatisme. La Ligue de la Patrie française. - Paris, 1977, 120 p. SUTTON (Michael). - Charles Maurras et les catholiques français : 1890-1914. Nationalisme et positivisme. - Paris : Beauchesnes, 1994, 365 p. WINOCK (Michel). - Édouard Drumont et compagnie. Antisémitisme et fascisme en France. - Paris : Seuil, 1982.

5. Sur le climat des années trente TOUCHARD (Jean). - "L'esprit des années trente : une tentative de renouvellement dela pensée politique française", in Tendances politiques dans la vie française depuis 1789. - Paris : 1960. - pp. 90-120. LOUBET DEL BAYLE (Jean-Louis). - Les non-conformistes des années trente. Une tentative de renouvellement de la pensée politique fraçaise. - Paris : 1969. - 496 p.

6. Sur le quartier latin dans l'entre-deux-guerres

SIRINELLI (Jean-François). - Génération intellectuelle, khâgneux et normaliens dans l'entre-deux guerres. Paris : Fayard, 1988, p. 105.

B - ÉTUDES CONCERNANT LA JEUNESSE CATHOLIQUE

1. Sur la Conférence Olivaint et les Conférences politiques.

BASTIDE (Emmanuelle), La Conférence Olivaint : 1947-1987, un lieu de formation des élites à la vie civique. - Paris : Institut d'Études politiques, Mémoire de DEA préparé sous la direction de M. Jean-Marie Mayeur, 1990, 130 pages. LE BÉGUEC (Gilles), L'entrée au Palais Bourbon : les filières privilégiées d'accès à la fonction parlementaire, 1919-1939. Thèse, Paris X, Nanterre, 1989. Lille : Atelier de reproduction de l'Université Lille 3, 1990.

2. Sur l'ACJF et la JEC.

313 CENTRE SÈVRES. - L'ACJF, une création originale. Colloque public organisé par la faculté de théologie et de philosophie du Centre Sèvres, 20-21 novembre 1987. Paris : Médiasèvres, 1988, 170 p. MICHEL (Alain-René). - La jeunesse étudiante chrétienne de 1924 à 1944 : attitude civique et spiritualité. Lille : Thèse de troisième cycle, 1985, 865p. MOLETTE (Charles). - L'Association catholique de la jeunesse française (1886- 1907). Préface de Pierre Renouvin. - Paris : Armand Colin, 1968. - 815 p. ROUCOU (Christophe). - Les origines de la Jeunesse étudiante chrétienne et France (1929-1936). - Paris : Université Paris IV, 1973, 164 p.

3. Pour la période de la Seconde guerre mondiale

COMTE (Bernard). - Une utopie combattante, l’École des cadres d’Uriage, 1940- 1942. - Fayard, 1991. - 639 p. GIOLITTO (Pierre). - Histoire de la jeunesse sous Vichy. Paris : Perrin, 1991, 698 p.

C - BIOGRAPHIES

1. Sur le Père Olivaint

BAYLE (Abbé Antoine). - Oraison funèbre des RR PP Olivaint, Ducoudray, Caubert, de Benguy, sj, prononcé le 26 mai 1872. - Paris : Téqui, 1894, 42 p. CHÂTILLON (Madame de). - Le RP Pierre Olivaint, de la Compagnie de Jésus, sa vie, son oeuvre et son martyre. Pari : Josse, 1872, 250 p. CLAIR (RP Charles). - Le RP Olivaint, prêtre de la Compagnie de Jésus, Paris, Victor Palmé, 1878, 490 p. FEVAL (Paul). - Pierre Olivaint, petite esquisse d'un grand portrait. Paris : Palmé, 1878, 34p. OLIVAINT (Pierre). - Aux jeunes gens, conseils du RP Olivaint, recueillis par le RP Charles Clair, Paris, J. Lefort, 1894, 533 p.

2. Sur le Père Aucler

BROU (Alexandre). - Le Père Paul Aucler. - Paris : Beauchesnes, 1922. - 175 p.

3. Sur René Pleven

BOUGEARD (Christian). - René Pleven, un Français libre en politique. - Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1994, 473 p.. DENIS (Michel). - Les royalistes de la Mayenne et le monde moderne : XIXe-XXe siècle. - Paris : C. Klincsiek, 1977 : 600 p. Thèse Paris IV, 1972.

4. Sur Georges Bidault

Jean-Claude DEMORY, Georges Bidault (1899-1983), biographie, p. 14. Jacques DALLOZ, Georges Bidault, biographie politique, L'Harmattan, 1993, 468 p.

314 INDEX DES PERSONNES, DES INSTITUTIONS ET DES PÉRIODIQUES

Académie des Sciences morales et politiques : 96. Action française (AF), mouvement, Action française, journal : 5, 66, 104- 109, 112, 113, 117, 140, 163-164, 166-167, 168, 174-184, 219, 220, 247, 248. Action libérale populaire (ALP) : 86-87, 99. Action populaire : 87. ALBERT, François : 164. ALET, RP : 43. ALEXIS, Amélie : 7. AMFREVILLE, Henri d' : 244. AMIGUES, Henri : 60, 61. ADERLEDY, RP : 49. ANDRE : 95. ANDRE, Henri : 129. ANDRIEUX, Préfet : 37. Annales de la jeunesse catholique, Les : 100n. ARDANT, Gabriel : 67. ARNOULD, Louis : 97, 99. Association catholique, L' : 95. Association catholique de la jeunesse française (ACJF) : 4, 5, 49-55, 57-59, 60, 63, 80, 81, 82, 83, 84, 86, 87, 89, 99, 100n, 101n, 105, 110n, 111, 112-114, 122, 145-146, 164, 167, 175, 185, 186, 187, 188, 189, 190, 194, 197-200, 205, 209, 212, 217, 219, 222, 225n, 229, 230, 232, 242, 243, 247, 248. Association des étudiants de l'Institut catholique : 201n. Aube, L' : 69, 244. Aurore, L' : 245. AUBEIGNE, René d' : 66, 75, 106, 107-109. AUBIGNY, Albert d' : 97. AUBINEAU, Joseph : 44n. AUBRUN, Henri : 74, 220, 244. AUCLER, RP Paul : 71, 72, 73, 76, 77, 80, 82, 91,105, 107-109, 113, 120, 121, 127, 131, 212, 213n. AUFFRAY, Henri :135, 136. AUFFRAY, Jules : 14, 94-95, 97. AUMONIER, André : 7, 128n, 179, 207, 217, 224, 226-228, 232-233, 235, 237. AUZOU, Emile : 61, 244. AVENEL, Georges d' : 100. AZEMA, Jean-Pierre : 7. * BABEAU, Jules : 69. BABELON, Ernest : 100. BAILLY, Emmanuel : 53. BARBEZIEUX : 142.

315 BARRAL, Octave de : 109. BARRES, Maurice : 169, 180. BARTHELEMY, François : 163. BASTIDE, Emmanuelle : 4. BATAILLE : 161. BAUDOIN, Paul : 236. BAUDRILLART, Mgr : 100n, 185, 195, 232, 233. BAZAN : 218. BAZIRE, Henri : 74, 76, 80, 81, 82, 87, 111. BEAUCHESNE, Adelstan de : 100. BEAUCOURT, Alfred : 125, 129, 142, 244. BEAUMARCHAIS : 43. BECHAUX : 91. BECHAUX, Auguste : 28, 74, 92, 96, 100, 140. BECHAUX, Etienne : 101. BEIRNAERT, RP Louis : 236, 237, 240. BELUZE : 54. BENOIT XV : 95. BERLIER DE VAUPLANE, Polyeucte : 92. BERNON, Just de : 44. BERRYER : 11. BERTRAND, Louis : 133. BETTENCOURT, Victor : 82, 86. BIDAULT, Georges : 138, 143, 145, 146, 147, 160-161, 161n, 167, 169, 170, 172-176, 179, 220, 232, 233, 241, 242, 243, 245. BIENAIME, Amiral : 98, 119. BIGORGNE, Laurent : 7. BINAUD, Henri : 144. BITH, Joseph : 45. BIZARD : 195. BOISSARD : 143. BOISSARD, Adéodat : 244. BOISSARD, Charles : 146, 163, 176, 180. BOISSIERE, RP de : 7, 236n. BOIVIN-CHAMPEAU : 240n. BONALD : 161, 171. BONDU, Gérard : 240. BONFILS, RP : 7. BORDEAUX, Henri : 191,. BOSSUET : Voir Debray. BOUGEARD, Christian : 147n, 166, 167n, 168n, 169n. BOULLENGER : 129. BOULU, docteur : 94. BOUILLERIE, de la : 33. BOUTTIER, Georges : 119n. BOUVROY, Jean de : 226. BOYER CHAMARD, Etienne : 235. BOYLESVES, RP de : 11. BRACQUART, Georges : 138, 180.

316 BRIAND, Aristide : 229. BRICOURT, Pierre de : 74n, 75, 82, 84n, 85, 86. BRIERE, RP Yves de la : 131, 182, 194-195, 212. BRIOUT, Edgar : 69n. BROU, Alexandre : 70n, 71n, 72n, 75n, 76n, 77n, 102, 105, 107n, 111n, 113, 120, 121n. BROUCKER : 144. Brugelette, Collège de : 9, 20. BRUNETIERE, Ferdinand : 70. BUCHEZ, Philippe : 18. BUCQUET, Anatole : 45. Bulletin des aumôniers de l'ACJF : 199, 222. BUREAU, Paul : 100. BUISSON : 85. BURON, Robert : 207, 208. * Cahiers du Travaillisme français : 242. CAIRE, César : 98. CALAN, Charles Lalande de : 46n. CALLON, Emmanuel : 89n. CANAT DE CHIZY : 50. Canterbury, Collège de : 127. CAMBON, Jules : 122. CAMUS : 146. CANTENOT, Georges : 146. CARMOY, Guy de : 244. CASSAGNAC, Paul de : 230n. CASTELNAU, Général de : 131-132, 133, 143, 165, 166, 230, 233. CAUVIERE, Henri : 85, 118, 120. CAZENOVE DE PRADINE : 33, 45, 98. CELIER : 91. CELIER, Alexandre : 74, 82, 103, 244. CELIER, Charles : 204, 236. CELIER, Jacques : 197. CELIER, Jean : 226, 232, 235. CELIER, Léonce : 78, 103. CELIER, Pierre : 232. Cercle catholique des étudiants de Paris : Voir Cercle du Luxembourg. Cercles catholiques d'ouvriers (CCO) : 27, 47-48, 49, 80, 95. Cercle de l'Alambic : 178. Cercle d'Hulst : 189, 201n, 203. Cercle Lucien Poulet : 201n. Cercle du Luxembourg : 53-54, 157, 189, 190. Cercle Montalembert (du 104 de la rue de Vaugirard) : 128, 189, 195, 240. Cercle Psichari : 189 Cercle Saint-Maur : 201n. CHALENDAR, André de : 85, 89n, 101, 116n, 117. CHAMBORD, Comte de : 31, 32, 33, 95, 100n. CHAPSAL, Jacques : 207, 244.

317 CHARIE, de la : 207. Charlemagne, Lycée : 95. CHARNY, Maurice : 193. CHATEAUBRIAND : 43, 171. CHAYET, Paul : 244. CHENAIN : 145. CHERON : 205. CHESNELONG : 33, 37. CHEVALERIE, Xavier de la : 235. CHOBERT, Joseph : 244. CLAIR, RP Charles : 12, 13, 17n, 20n. CLAPIERS, Maurice : 146. CLEMENCEAU : 235. CLOVIS : 65. COCHIN, Baron Denys : 98. COLETTE : 103. COLIN, André : 240. COLIN DE VERDIERE, Jean : 61. COLIN DE VERDIERE, Bernard : 146, 245. Collège de France : 18, 100n. COMBES, Émile : 95. Comité français de libération nationale (CFLN) : 242. Comité national conservateur : 98n. Compagnons, mouvement : 237. COMTE, Bernard : 218n, 237n. Confédération générale du travail (CGT) : 120. Confédération internationale des étudiants catholiques (CIEC), dite Pax romana : 175, 193, 201n. Conférence Fénelon : 12. Conférence Laënnec : 13, 90, 186, 187, 189, 201n, 211, 235-236, 238. Conférence de Maistre : 12. Conférence Montalembert (de Franklin) : 128, 144, 189. Conférence Montalembert (du 104 de la rue de Vaugirard) : Voir Cercle Montalembert. Conférence Molé : 13, 94, 216 Conférence Molé-Tocqueville : 98n, 216-217, 220. Conférence Ozanam : 13, 54. Conférence Pie IX : 12, 14. Conférence Ravignan : 50. Conférence Saint Pierre et Saint Paul : 13. Conférences de Saint-Vincent-de-Paul : 18, 19, 128. Conférence Saint Médard : 18. Conférence Saint-Michel : 239. Conférence du stage des avocats : 81, 98n, 99. Conférence Tocqueville : 216. CONIL : 38. Conseil d'État : 94, 205, 236, 244. Conseil de la République : 242. Conseil national de la Résistance (CNR) : 167-168, 240, 242.

318 COPPIN, Marcel : 144, 196. CORBILLE, RP : 80, 186, 187, 188, 232. CORDONNIER, Paul : 244. CORNUDET, Michel : 9n, 43. Corporation, La : 95. Correspondant, Le : 98n, 100n. COSSERAT : 142. COÜARD, Émile : 69, 101. COUPRIE, Claude : 83. Cour de Cassation : 236. COUSIN, Victor : 18, 20. COUVREUR : 170-171. Croix, La : 181. * DAINVILLE, Claude de : 245. DALLOZ, Jacques : 172n, 176. DANIEL-ROPS : 233. DANIELOU, Jean : 146, 225, 245. DANSETTE, Adrien : 245. DANSETTE, Julien : 245n. DARBOY, Mgr : 22. DARWIN : 144. DAUDET, Alphonse : 180, 181. DAUVILLIER, Charles : 118. DEBRAY, André : 146, 242. Défense laïque, La : 193. DEGROOTE, Henri : 220. DELAUNAY, Paul : 100. DELCASSE DE MONSEGOU, Jacques : 244. DELOUVRIER, Paul : 240. DELPUITS, RP Jean-Baptiste : 10. DELSOL, Louis : 65, 67-68, 69, 97, 99, 137. DEMAINE, Albert du : 30n, 42. DEMOLINS, Edmond : 96, 100n. DEMOREUILLE : 195, 235. DEMORY, Jean-Claude : 172n DENAIS, Joseph : 98. DENIS, Michel : 166. DEROULEDE : 68, 97n, 119. DERVILLE, René : 139, 142. DESCARTES : 43, 44, 99n. DESJOYAUX, Claude : 100, 118n. DESLANDRES, Paul : 100. DEVILLE, Alphonse : 98. DHAVERNAS, Henri : 232, 236, 237, 242. DIEUZAYDE, RP : 187. DONCOEUR, RP : 165-166, 242. DORNIC, Jacqueline : 128n. DOULCET : 147.

319 DOUMERGUE : 85. DOURNES, Pierre : 246. DREYFUS : 65, 66, 68-70, 76, 101, 247. DRUMONT : 66. DUBOIS, Mgr : 181. DUBRUEL, RP : 187. DUCHATEAU : 11. DUDON, RP : 74, 102. DUPANLOUP, Mgr : 22. DUQUESNES, Jacques : 225n. DUVAL-ARNOULD, Louis : Voir Arnould. DUYE, Père : 199. * ÉBLE, Louis : 75. ÉBLE, Maurice : 82, 100. Écho de Paris, L' : 102, 204, 205, 207n. École d'agriculture d'Angers : 97n. École des Beaux-Arts : 201n, 209. École Bréguet : 210, 239. École Centrale : 154, 158, 187, 209. École des Chartes : 101, 102n, 106, 158, 209. École de Chimie : 156, 158, 201n. École des hautes études : 100n. École libre des Sciences politiques (ELSP) : 89, 97n, 98n, 100n, 103, 106, 122, 133, 142, 158, 159, 167, 169, 176, 209, 217, 229, 232, 236, 239, 240, 244, 244n, 245. École des Mines : 117, 143, 158, 209. École normale supérieure : 18, 19. École Polytechnique : 158, 187, 209. École des Ponts : 117. École des Roches : 100. École supérieure des sciences éconoques et commerciales (ESSEC) : 244. École des Travaux publics : 158. École Violet : 157, 210, 239. ENTHOVEN, Raphaël : 7. Élèves officiers de réserve (EOR), pelotons d' : 235. Équipes sociales : 141, 146, 212, 218. ERNOUL : 33. ERNST, Docteur : 139. Esprit : 218. ESTEVE, Edmond : 101. ÉTE, Bernard d' : 244. Études, Les : 22, 77, 101n, 195. Étudiant catholique, L' : 188, 191, 192, 193n, 194, 195, 196n, 197, 198n, 199, 200n, 201, 202, 203, 204, 205n, 207, 212, 218, 224n. Éveil démocratique, L' : 11. * FABIUS, Laurent : 5. FABRE, Jean : 207.

320 Faculté libre de droit de Lille : 96. FACQUE, Robert : 85. Fédération des associations familiales : 168. Fédération électorale catholique : 87. Fédération française des étudiants catholiques (FFEC) : 5, 146, 165, 168, 185-208, 209, 217-218, 219, 239, 247. Fédération gymnique et sportive des patronages de France : 101. Fédération nationale catholique (FNC) : 102, 131, 165, 166, 181. Fédération sportive de France : 101. FELS, André de : 97. FERRY, Jules : 35, 36, 37. FESTUGIERE, Paul : 102. FLAYELLE, Maurice : 220. FLICOTEAUX, Emmanuel : 102. FLICOURT, Pierre : 116n. FONTENIOUX, François du : 101. FONTENIOUX, Joseph du : 130, 133n, 135, 137n, 142. FONT-REAULX, RP de : 181-182. FONT-REAULX, Pierre : 244. FORBIN, Henri de : 150n, 183, 211. FOUCARD, Frédéric : 235. Français, Le : 98n. FRANCE, Anatole : 161, 162, 171. FRANCEZ, René : 101, 115n, 116, 122. FRANCQUEVILLE, Bernard de : 244. FRESQUET : 201. FUSTEL DE COULANGES : 169. * GADOFFRE, Gilbert : 204. GAGARIN, RP Jean : 9, 11. GAILHARD-BANCEL, Hyacinthe de : 98. GAILHARD-BANCEL, Maurice de : 75, 81, 82, 110, 112, 113. GALLOO, André : 119. GALOPIN, Albert : 146. GALTIER, Louis : 98, 122, 220. GAMBETTA : 137. GARIBALDI : 23. GARNIER, abbé : 100n. GARRIC, Robert : 141, 146, 218. GASPARRI, Cardinal : 181. GAULEJAC, Bernard de : 145, 195. GAULLE, Henri de : 43-44, 91, 99. GAUTHEROT, Gustave : 97, 99, 100. GAUTHIER-VILLARS, Henri, dit Willy : 103. GEOFFROY DE GRANDMAISON, Charles : 10n, 31, 33, 34n, 36, 46, 50, 74, 93, 94n, 95-96, 212. GERARDIN, André : 245. GERLIER, Pierre : 75, 81, 82, 83-84, 102. GERMINY, Comte de : 33.

321 GILLIBERT, RP Bernard : 7. GLOTIN, Hyacinthe : 67. GOBLET : 64. GODARD, Justin : 163. GOÜARD-LUYS : Voir Coüard. GOUBAUX, Pierre : 134n, 135, 140n, 141n, 144n, 145n, 146n, 149n, 150n, 165n, 171n, 173, 177n, 178, 195, 196n, 197n, 209n, 214n. GOUTET, Pierre : 236, 237, 242. GRANDMAISON, Henri de : 99. GRANDMAISON, Louis de : 101. GRASSIN : 145. GRATIEN : 67. GREGOIRE XVI : 20. GREVY, Jules : 35. GRIEVES, Dominique de : 244. GRIFFATON, André : 141. Groupe des architectes catholiques des Beaux-Arts : 201n. Groupe catholique de la faculté de pharmacie : 201n. Groupe catholique des HEC : 201n, 210. Groupe catholique de l'Institut de chimie : 201n, 210. Groupe d'études diplomatiques, économiques et sociales (GEDES) : 176. Groupe Duschesne : 201n. Groupement universitaire pour la Société des Nations (GUSDN) : 147, 168. GROUSSEAU, C. : 98. GRUCHON, RP : 235n, 238-239, 240. GUESTIERS, Raoul de : 13. GUICHARD, Abbé : 203. GUITTON, Jean : 233. * HALEVY, Daniel : 233. HALLUITTE, Jean : 146. HANS, Pierre : 74. HARMEL, Léon : 45, 47, 67. Hautes études commerciales (HEC) : 156, 201n. HAVRET, RP : 71. HEBRARD, François : 82, 86, 101, 119n, 195. HENNEQUIN : 11. HENRI V : Voir Comte de Chambord. HERRIOT : 163. HERVIEUX, Paul : 170. HITLER, Adolf : 231. Histoire de France, L' : 100n. HOURS, Joseph : 137, 244. RP Julien : 12, 27-28, 30, 38, 42, 47, 48. HUDAULT, Joseph : 74. HUGO, Victor : 44. HULST, Mgr d' : 27n, 38, 39, 58, 100n. HUNTZINGER : 144. HUVENNE, RP Julien : 5, 209, 241, 246, 247.

322 * Institut catholique (IC) : 38, 39, 59, 63, 89, 93, 95, 100, 101, 102n, 106, 110, 122, 157, 158, 167, 173, 185, 186, 187, 188, 194, 195, 201, 201n, 220, 232, 239, 240, 244, 244n, 245n. Institut d'études politiques de Paris (IEP) : 4n, 244. Institut national agronomique (INA) : 125, 128, 158. IRELAND, Mgr : 70. * JANVIER, Frère Marie-Albert : 188, 191, 196, 198-199, 201. JARLOT, RP : 110n, 113n. JAURES : 170-171. JEANNE D'ARC : 164, 167, 190, 196, 230. JENOUVRIER, L. : 98. Jeune République : 167. Jeunesse agricole chrétienne (JAC) : 221. Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) : 185, 188, 197-200, 201, 204, 217, 237. Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) : 221. Jeunesses patriotes (JP) : 163, 165, 166, 167, 183, 215. Jeunesses de l'Ordre nouveau : 215. JOLLY, Jean : 93n. JOSSEAU, Paul : 92. Journal de Saint-Germain, Le : 94. * KERALY, Jean : 74. KERILLIS, Henri de : 204, 218, 233. * LAC, RP du : 52. LACORDAIRE : 18, 19, 24, 32. LACOUTURE, Jean : 23n, 24, 25, 35n, 37n, 235n. LACRETELLE, Etienne : 50. LAËNNEC, Hyacinthe : 13. LAFFOREST, Roger de : 162, 180. LA GRANGE, Amaury de : 97. LALANDE, RP : 198-199, 201, 222. LAMARCK : 144. LAMARTINE : 43. LAMARZELLE : 91. LAMARZELLE, Gustave de : 14, 15, 30, 74, 92, 93-94, 97, 140, 161. LAMENNAIS : 18. LAMY, Étienne : 86. LANGE, Robert : 147, 168. LAPIERRE, Jean : 237. LA ROCHETTE : 33. LASALLE, Jean de : 121. LAURAS : 91. LAURAS, Joseph : 119n. LAURAS, Paul : 9. LAURAS, RP : 186.

323 LAURAS, Xavier : 51, 60, 61, 161n. LAURENT : 231. LAVAL, Pierre : 237, 243. LAVIGERIE, Cardinal : 140. LE BEGUEC, Gilles : 4, 7, 54n, 99, 147n, 216n, 217. LE BRANCHU : 230n, 231n. LECANUET, Jean : 240. LECLERC, Maréchal : 245. LE COINTE, Pierre : 85. LECOURT, Robert :240. LEFEBURE, Pierre : 76n, 84n, 85n, 107-109, 116, 120, 121. LEGENDRE, Max : 201, 202, 204, 207. LEGENDRE, Maxime : 45. LEMAITRE, Jules : 97n. LEMARIGNIER, Louis : 66. LEMMI, Adriano : 65. LEON, Prince de : 31, 65. LEON XIII : 29, 30, 49, 57, 58, 69, 109. LEPARGNEUR, Jean : 121n, 125, 129, 131n, 132n, 142n, 144n, 168. LE PLAY, Frédéric : 96, 100. LEROLLE, Jean : 81,87, 97, 99, 105, 112. LE ROY, Albert : 102. LESGUILLIER, Pierre : 196. LESPINAT, François : 112. LE TALLEC, RP : 43, 53, 59-60, 61, 70. Lettres de Jersey : 190, 196n, 209n, 210n. LEVEQUE, Jean : 146, 147, 185, 195. LIBERT, Jean : 120. Ligue pour les droits des religieux anciens combattants (DRAC) : 100, 100n, 165-166, 167. Ligue de la Patrie française : 97n. Ligue des patriotes : 68. Ligue de propagande catholique et sociale : 58-59. LOCKE : 18. LOHSE, Félix : 119n. LONGAUD, Félix : 134. LONGUEMARE, Pierre de :118. LOT, Jacques :183. LYON-CAEN : 106. * MAC MAHON : 25, 35. MADELIN, Louis : 121. MAISTRE, Charles de : 9. MAISTRE, Joseph de : 9, 44, 161, 171. MALLEIN, Jean-François : 235. MALVY : 97n. MANIERE, Paul : 130, 137, 142, 180. MARGERIN, Fernand : 119n. MARTIN : 45.

324 MARTIN, Évariste : 45. MARTY, Henri : 75. MASSIS, Henri : 233. Massillon, Collège : 95. MATTEI, André : 236, 244. MAURRAS, Charles : 109, 180, 181, 182. MAYEUR, Jean-Marie : 4n, 62n. MENDELSOHN : 139. MERVEILLEUX DU VIGNAUX : 50. MESNILDOT, Augustin du : 235. Messager du coeur de Jésus, Le : 59. MICHELET, Jules : 18, 20. MIGNOT, Pierre : 139, 180. MITHOUARD, Adrien : 98. MITTERRAND, François : 240. MIZZI, Jean : 143. MOINY : 200. MOISANT, RP Joseph de : 71. MOISSINAC, Paul : 130, 132. MOISSINAC, Pierre : 195, 198n, 203, 207. MOLETTE, Charles : 4, 36n, 48n, 51, 52n, 54n, 57n, 58n, 60n, 70n, 74n, 82n, 87n, 111n, 122n, 167n. Mongré, Collège de : 100n. Moniteur, Le : 98n. MONNIER, Georges : 129n, 131n, 132n, 134, 140, 141n, 142n, 143, 145n, 148n, 150n, 151, 157, 158n, 174, 175, 185n, 225, 235. MONTALEMBERT : 20, 24, 32, 175. MONTCHEUIL : 142. MONTCHEUIL, Père de : 237. MONTEIL, Maurice : 60, 67. MONTLOSIER, de : 10. MOREAU, Dom : 165. MOREAU, Jean-Nicolas : 128n. MOULIN, Jean : 240. MOULIN DE LABARTHETE, Henri du : 131, 135, 137, 138, 163-164, 174, 175, 176-179, 180, 183, 184, 217, 236, 244. MOUNIER, Emmanuel : 218. Mouvement républicain populaire (MRP) : 242, 243, 244. Mouvement social, Le : 88. MUN, Albert de : 32, 33, 47-48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 57, 58, 74, 82, 95, 98, 112, 143. MUSSOLINI, Benito : 134. * NAPOLEON III : 22, 94, 104. NATHAN : 65. NICOLAŸ, François : 235. NICOLAŸ, Pierre : 232, 235. NORMAND, Lucien : 39, 40n, 46, 47n, 92, 99. NOURRISSON : 137.

325 * Oeuvre des Cercles : voir Cercles catholique d'ouvriers. Office central des étudiants catholiques : 185. OLIVAINT, RP Pierre : 9, 11, 12, 17-25, 33, 38, 39, 52, 91, 92, 161n, 194, 211. OLLE-LAPRUNE : 75. OLLIVIER, Émile : 62, 76. ORLEANS, Duc d' : 107. OZANAM, Frédéric : 17. * PAPILLON, Maurice : 51, 126, 136, 137. PARENT DU CHATELET, Joseph : 12, 14n, 25n, 38, 41n, 42, 43, 44n, 50-51, 60, 61, 66, 94n, 95. PARENT DU CHATELET, Marie-Thérèse : 95. PARIS, comte de : 58, 100n. Parti social français (PSF) : 175, 183, 236. PASTEAU, Rémy : 146. PAVES, Joseph : 171. Pax Romana : Voir Confédération internationale des étudiants catholiques. PAYOT : 85. PELLETAN, Camille : 37. PERRAUDIERE, René de la : 101. PERRET, Paul : 146. PETAIN, Philippe : 97n, 98n, 99, 168, 235, 236, 237. PETIT, Hugues : 112. PETIT, Jacques : 144. Peuple français, Le : 100n. PIE IX : 20, 22, 29, 32, 33, 47, 59, 93. PIE X : 77, 112, 121, 140. Pie XI : 182. PIE XII : 234, 247. PIETTRE, André : 244. PILLAT : 145. PIOT, Georges : 82. PIOU, Jacques : 62, 97n, 98. PITOT, RP : 37. PLANCHENAULT, René : 129n, 143n, 146, 150n, 151n, 156n, 164, 196, PLEVEN, René : 129, 130, 137, 139, 142, 144, 145, 146, 147, 161, 166-172, 173, 176, 177, 178, 193, 194, 195, 242, 243. PLISTA, Achille : 67. PLOIX : 146. POCQUET DU HAUT JUSSE : 103. POHER : 240. POIRSON, Jacques : 207, 231. POLIGNAC, Prince François : 97n, 245. PONCEAU, René du : 146, 189, 190n, 193, 197. PONTAL, Édouard : 31, 44, 66. PORTIER, Nicolas : 106. Préparation militaire supérieure (PMS) : 205, 235.

326 PREVOSTS, Michel : 27n. PULLY, RP Henri de : 98n, 99n, 126n, 127-128, 129, 130, 131, 139, 142, 146, 147, 148, 149, 150, 151, 152, 153-155, 156, 157, 158, 159, 160, 162n, 164, 165, 166, 167, 168n, 176, 177, 179, 180, 182-183, 184, 186, 187, 188, 189, 190, 195, 196, 200, 202n, 207, 209, 210, 211, 212, 213, 214-216, 217, 218, 219, 220, 221, 222-223, 224, 225, 226-228, 229, 230, 231, 234, 235, 237, 240, 243. * QUESNEL, Alexandre : 202. QUIDET, Jean-Marie : 200. * RAMIERE, RP : 23. RANDON, Maréchal : 22. RAVIGNAN, RP : 9, 20. RAVIGNAN, Baron de : 37. RECAMIER, général : 75. REDOUIN : 212, 244. REGNERY, Yves : 235. REMOND, René : 7. REMY-MORIN, Jacques : 235-236. RENE, Vincent : 245. Réunion des étudiants du 104 de la rue de Vaugirard : 201, 213-214, Revue des aumôniers de l'ACJF : Voir Bulletin des aumôniers de l'ACJF. Revue des jeunes, La : 162, 218. Revue sociale, La : 100. REVERDY, Henri : 57, 59, 74, 81. REY, Jean : 144, 154, 173, 174n, 175n. RIBADEAU-DUMAS : 183, 237, 245. RIBAULT, Joseph : 69, 74. RICHARD : 195. RICHOU, Alexandre : 143, 145, 195. RINCQUESSEN, de : 91. RINCQUESSEN, André de : 119n. RIQUET, RP Michel : 235-236. RIVIERE, Jacques : 178. RIVIERE, Mgr : 245. ROBINET DE CLERY : 39. ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT, Duc de la : 19. ROCHEMONTEIX, RP de : 43, 51. ROCHETTE DE LEMPDES : 60. ROGER, Maurice : 92. ROGER-MACHARD, Charles : 244. ROMAND-DAMAT, J. : 27n. ROLAND-GOSSELIN, Abbé : 78. ROQUEFEUIL, Félix de : 9. ROQUEFEUIL, Robert de : 51, 52. ROQUEFEUIL, RP de : 125. ROTOURS, des : 91. ROTOURS, Robert des : 119n.

327 ROUSSEAU : 144. RUBAT DU MERAC, Henri : 60, 61. * SAILLARD, Antoine : 98, 99. SAINT-BLANCARD, Louis de : 118n, 119n. SAINT-CHAMAS, Roger de : 138, 143n, 145n, 147, 154, 237. SAINTE-MARIE, Gabriel Marcotte de : 244. SAINT-GIRONS, Michel de : 204, 235. Saint-Louis de Gonzague, Collège : 97n, 128, 144, 189n, 190. SAINT-MAUR, François : 16n, 24. SAINT-SIMON : 18. SALEILLES, Raymond :32, 33, 36, 44n, 92. SALINIS, RP Albert de : 71, 90, 154. SANGNIER, Marc : 109-112, 167. SARCUS, Pierre de : 226. SARS, Albert de : 154. SCELLE, Georges : 163-164, 205, 247. SCHAEFFER, Pierre : 245. SCHRAMECK, Abraham : 164. SCHUMAN, Robert : 165. Science sociale, La : 100n. Secours national : 100n. Secrétariat d'État à la famille et à la jeunesse : 236. Secrétariat général à la Jeunesse (SGJ) : 236-237. Section française de l'internationale ouvrière (SFIO) : 144. Semaine à Paris, La : 245. Semaines sociales : 100. SEMBAT, Marcel : 97n. Sept : 244. Sénat : 92. SEROKA, Joseph de : 45. SERRE, Mgr de la : 201. SHAKESPEARE : 43. SIEBURG : 230n, 231. SIEYES, Emmanuel : 208. Sillon : 100n, 102, 104, 109-112, 113. SIRINELLI, Jean-François : 245n. Société des bonnes études : 10-11, 12, 41, 53. Société des études littéraires : 53. Société française d'histoire de la médecine : 100, Société générale d'éducation et d'enseignement : 23, Société de géographie : 100n. Société de l'histoire de France : 95. Société des nations (SDN) : 139, 147, 194, 230. Société de Saint-François-Xavier : 19, 20. Stanislas, Collège : 36, 99, 203n, 245. STROWSKI, Fortunat : 174. SWETCHINE : 9, Syndicat des publicistes chrétiens : 95.

328 * TAILLADE, de la : 146. TAINE, Hippolyte : 100n, 161, 171. TAITTINGER, Pierre : 163. TAUDIERE, Emile : 74, 97, 98n, 133, 220. TAUDIERE, Henri : 98n. TAUDIERE, Jacques : 98n. TEISSERENC : 146. THIEBLIN, Louis : 70. TISSOT, Jean : 133, 136, 195. TOUR DU PIN, Marquis de la : 143. TOURNEMIRE, Guillaume de : 237. TOURVILLE, Henri de : 100n. * Union catholique de l'Institut national agronomique (UCINA) : 128, 154, 201n. Union fédérale des étudiants en sciences : 201n. Union pour la France (UPF) : 203. Union sociale d'ingénieurs catholiques (USIC) : 63, 238. Univers, L' : 24, 59, 95. Uriage, École d' : 237. * VALENCE, Joseph de : 16, 34, 45n, 46, 50, 53. VALLAT : 181. VALLET, Jean : 143. VALLIN, Charles : 164, 165, 175, 176n, 177, 183, 196, 229, 236, 243. VARANGOT : 230n. VAUCELLES, Pierre de : 183, 207, 208, 231. VAUGELAS, Charles A. de : 204. Vaugirard, Collège de : 9, 20, 71, 94, 99, 100n. VAYSSIERE, Gustave de : 102. VERDEIL : 230n, 237. VERDIER, Cardinal : 201. VERDIERE : 146. VERGNIAUD, Ernest : 119, 119n. VEUILLOT : 91. VEUILLOT, François : 60, 61, 64, 68, 101. VEUILLOT, Louis : 32. VEZINS, Bernad de : 167. Vie nouvelle, La : 100n. VIER, Jacques : 184. Vie spirituelle, La : 102n. VILLELONGUE, de : 231. VILLEMANQUE, de la : 140. VIMAL, Pierre : 74, 99. VIOT, Paul : 141, 144. VIRIEU, Hélène de : 7. VIVIANI : 95. VIVIER, Bernard : 128n.

329 VOLTAIRE : 94, 144. * WEBER, Eugen : 164n, 166. WEYGAND, Général : 183-184, 232, 233. WILLY : Voir Gauthier-Villars. * YBARNEGARAY : 236. YOUNG : 231. * ZAMANSKI, Joseph : 74, 75, 82, 88, 102. ZOLA, Émile : 69.

330 Table des matières

Sigles et abréviations ...... 3 INTRODUCTION ...... 4 Remerciements ...... 7

PREMIERE PARTIE

UN CERCLE CATHOLIQUE LITTÉRAIRE ET CONSERVATEUR. (1874-1888)

Chapitre I - LA FONDATION DE LA CONFERENCE OLIVAINT ...... 9 La Congrégation ...... 9 L'héritage de l'antique Congrégation, 9. - La Congrégation de Paris et la société des bonnes études, 10. - Renaissance de la Congrégation et essais de conférences littéraires, 11.

La création et l'organisation de la Conférence ...... 12 De la Conférence littéraire de la rue de Sèvres à l'Olivaint, 12. - Premiers rites, 13. - Devenir les défenseurs de l'Eglise et du pays, 14. - La politique exclue des débats, 16. Pierre Olivaint, un nom militant ...... 17 Un milieu modeste, 17. - Un jeune historien révolutionnaire, 18. - Un converti, 18. - Un professeur d'histoire qui veut devenir un Saint, 19. - Du coté des Jésuites persécutés, 20. - Un moraliste, 21. - « Gardez la vérité dans la charité », 22. - Un martyr de la Commune, 23. - Un nom militant, 24.

331 Chapitre II - DES SOLDATS DU PAPE AU SERVICE DE LA CONTRE- REVOLUTION ...... 26 Un cercle religieux ...... 26 Une vie spirituelle intense, 26. - Le RP Hubin, 27. - Des catholiques "ardents et convaincus", 28. Des soldats du Pape ...... 29 La bénédiction du Pape, 29. - Des "soldats de la grande armée catholique", 30. Des soldats de la tradition ...... 31 Un cercle réactionnaire , 31. - L'Olivaint et les Chevau-Légers, 33. - "Nous voulons une France catholique", 34. L'épreuve de l'expulsion de 1880 ...... 35 Les lois et décrets Ferry , 35. - Une veillée d'armes avant l'expulsion, 36. - L'Institut catholique recueille l'Olivaint, 38. - "Nous ne fréquentons guère le monde officiel", 39. - Une génération de l'expulsion ?, 39.

Chapitre III - UN CERCLE LITTERAIRE AUX PREOCCUPATIONS SOCIALES ...... 41 Une conférence littéraire ...... 36 La séance du mercredi, 41. - Une liberté de ton ?, 42. - Des sujets littéraires, 43. - Des débats historiques, 44. Intérêt pour les questions économiques et sociales ...... 44 Débats d'actualité, 44. - Attrait pour la question sociale, 45. - L’'intervention de l'État, 46. - Liens avec les Cercles catholiques d'ouvriers, 47. - Albert de Mun, soutien de la Conférence, 47. - Vers l'action sociale, 48.

Chapitre IV - L'OLIVAINT ET LA FONDATION DE L'ASSOCIATION CATHOLIQUE DE LA JEUNESSE FRANÇAISE (ACJF) ...... 49 La fondation ...... 49 Naissance de l'ACJF, 49. - La Conférence Olivaint face à l'ACJF, 50. Les Jésuites prennent la direction de l'ACJF ...... 51 Les réticences de la Compagnie, 51. - Albert de Mun en appelle au Provincial, 52. - Les Jésuites prennent la direction, 53 . - Démission du Cercle du Luxembourg, 53. - Rapide développement de l'ACJF, 54.

332 DEUXIEME PARTIE LA CONFÉRENCE OLIVAINT FACE À LA RÉPUBLIQUE (1888-1914)

Chapitre I - LE RALLIEMENT ...... 57 La Jeunesse catholique sur le terrain constitutionnel ...... 57 Un ralliement ambivalent, 57. - La Ligue de propagande catholique et sociale, 58. - Ralliement de la Compagnie de Jésus, 59. Le ralliement de la Conférence...... 59 Le Père Le Tallec, le Zouave Pontifical, 59. - L'impact de l'Encyclique Rerum novarum, 60. - Débat sur le Ralliement, 61. - Premiers signes d'apaisement, 62.

Chapitre II - LA DEFENSE RELIGIEUSE ...... 63 Défense religieuse ...... 63 La faculté de circulation de l'Olivaint, 63. - Menaces sur les Congrégations, 63. - Un esprit offensif, 64. Un cercle antisémite ? ...... 65 Haine des Franc-maçons, 65. - L'antisémitisme, le fait d'une minorité ?, 66. - Louis Delsol, président antisémite, 67. - Echos de l'Affaire Dreyfus, 68. Face à la Séparation ...... 70 L'Olivaint en crise, 70. - Le RP Aucler, 71. - La Conférence Olivaint au début du siècle, 72. - A la veille de la Séparation, 73. - Concordat ou séparation, 74. - L'opposition aux Inventaires, 74. - Une "école normale de jeunes militants", 75. Vers un renouveau catholique ?, 77. - Essor de la vie spirituelle à l'Olivaint ?, 78

Chapitre III - UNE NOUVELLE GENERATION DE CATHOLIQUES SOCIAUX ...... 78 Développement de l'Action sociale ...... 78 Sociaux parce que catholiques, 80. - L'emprise de l'Olivaint sur l'ACJF, 81. - Une nouvelle génération ?, 83. -

333 De l'apostolat à l'action politique ...... 84 L'action "religieuse et sociale", 84. - Contre l'« école officielle », 85. - Une société sans classes, 86. - Appui apporté à la Fédération électorale, 87. - L'Action libérale populaire, 87.

Chapitre IV - LE DEVELOPPEMENT D'UN RESEAU D'ANCIENS...... 89 L'Olivaint développe son réseau d'anciens ...... 89 Séparation de l'Olivaint et de Laënnec, 90. - Les effectifs de la Conférence Olivaint, 90. - L'apparition des banquets annuels, 91. - La mémoire de l'Olivaint, 92. Les grandes figures des anciens ...... 92 Gustave de Lamarzelle, "un croisé toujours en armes" , 93. - Julles Auffray, défenseur de l'Eglise, 94. - Charles Geoffroy de Grandmaison, l'historien de l'Olivaint, 95. - Auguste Béchaux, professeur d'économie politique, 96. L'Olivaint, pépinière des élites catholiques ? ...... 96 La formation d'une élite politique, 97. - Hommes du Barreau, universitaires et hommes de lettres, 99. - Peu de fonctionnaires, 101. - L'apport de l'Olivaint à l'Eglise et aux ordres religieux, 101. - Quelques cas atypiques, 102. - Une méritocratie, 103.

Chapitre V - ENTRE L'ACTION FRANÇAISE ET LE SILLON. A LA RECHERCHE D'UNE TROISIEME VOIE ...... 166 Vers l'exclusion de l'Action française ...... 166 "S'abstenir de toute lutte et de toute passion politique", 104. - L'AF à la conquête de la jeunesse universitaire, 105. - L'Action française exclue de fait de l'Olivaint, 106. - Action catholique versus action politique, 107. - René d'Aubeigné s'oppose au Conseil, 107. - Primauté du politique contre primauté du spirituel, 109. Faible influence du Sillon ...... 109 Une influence indirecte, 110. - Tensions entre l'ACJF et le Sillon, 111. L'ACJF, une troisième force ? ...... 112 Une voie étroite, 112. - L'Olivaint et la primauté de la religion, 113. -

334 Chapitre VI - L'OLIVAINT ET LA GRANDE GUERRE ...... 115 Des problèmes de recrutement ...... 115 Conséquences de l'allongement du service militaire, 115. - Efforts de recrutement, 116. - Faible animation des conférences, 117. Marche à la Guerre ...... 118 Vers la Guerre, 118. - Le patriotisme de l'Olivaint, 119. - Le chauvinisme du Père Aucler, 120. - A la veille du conflit, 121. - Une génération sacrifiée, 121

335 TROISIEME PARTIE APOGÉE ET DÉCLIN : L'OLIVAINT AUX MARGES DE LA RÉPUBLIQUE (1919-1942)

Chapitre I - LE POIDS DE LA GRANDE GUERRE ...... 125 Renaissance et réorganisation de la Conférence ...... 125 Reprise des activités, 125. - Réorganisation de la Congrégation, 126. - Création d'une association légale, 126. - Le Père de Pully, un directeur combattif, 127. - Le groupe d'Institut agronomique, 128. - Les écoles de conférenciers, 129. - L'Académie des jeunes, 129. L'esprit ancien combattant ...... 130 Le souvenir de la guerre, 130. - Le général de Castelnau, 131. - Le cercle d'étudiants soldats, 132. - Dénonciation du traité de Versailles, 132. - L'Allemagne paiera, 133. - Entre crainte du pangermanisme et attrait du fascisme, 134. Face à l'ennemi intérieur ...... 134 La politique entre à l'Olivaint, 135. - Contre le Bolchevisme, 136. - Antisémitisme et anti-maçonnisme, 137. - La haine du Juif, 138. - Dénonciation du Sionisme, 139. - Ultramontanisme et conservatisme, 139.

Chapitre II - ACTION SOCIALE ET ACTION POLITIQUE ...... 141 Des patronages aux oeuvres ouvrières ...... 141 Le patronage de Pantin, 141. - Cercles d'apprentis, 142. - L'oeuvre de Billancourt, 142. - L'action oratoire et l'agitation politique, 143. - Joutes oratoirs, 144. - La création d'un comité d'action, 145. Un centre de formation de la Jeunesse catholique...... 145 De moindres liens avec l'ACJF, 145. - Les Équipes sociales, 146. - Le Groupement universitaire pour la Société des Nations, 147. - Former un homme complet, 147. Un déclin de la pratique religieuse ? ...... 148 Permanence des obligations religieuses, 148. - Cercle religieux, 150. - Les retraites fermées, 150. - Une moindre ferveur religieuse ?, 151. - L'engagement politique et social nuit-il à la piété ?, 152. Moralisme et pessimisme du Père de Pully ...... 153 Contre l'utilitarisme, 153. - Départ de l'UCINA, 154. - Un individualisme croissant, 154. - Former un homme complet, 147.

336 Chapitre III - LE QUARTIER LATIN, NOUVEAU CHAMP D'ACTION ..... 156 Le recrutement de la Conférence dans les années vingt...... 156 Des effectifs importants, 156. - Des difficultés de recrutement, 157. - Un recrutement diversifié, 158. Un goût de l'action ...... 159 Critique de l'apostolat traditionnel, 159. - Une génération de l'après-guerre, 160. - Le goût de l'action, 161. La Conférence alimente les Ligues ...... 163 L'affaire Scelle, 163. - Liens avec la ligue du Père Doncoeur, 165. René Pleven, prototype de l'Olivaint d'après-guerre ? ...... 166 L'Action française, un péché de jeunesse ?, 166. - Pleven et les "sirènes nationalistes de l'Olivaint, 167. - L'ardeur de la jeunesse, 168. - Fustel de Coulanges et le nationalisme historique, 169. - Un catholique conservateur, 170. - Rejet du socialisme, 170. - La guerre, pour assurer la paix, 171. Georges Bidault, un anticonformiste des années vingt ...... 172 Une éducation classique, 172. - Un "terrible iconoclaste", 172. - Débats avec les maurrassiens, 174. - Un farouche opposant de l'Action française, 175. Henri du Moulin de Labarthète et l'Action française ...... 176 Un président charismatique, 177. - « L'intelligence française est en péril », 178. Face à la condamnation de l'Action française ...... 179 La crise de 1925, 179. - L'Olivaint, tribune de l'Action française, 180. - Le danger Maurras et la fidélité à l'Action française, 180. - Henri de Pully entre en résistance, 182. - La Conférence Olivaint, bastion de l'AF ?, 183.

337 Chapitre IV - L'OLIVAINT ET LA FEDERATION DES ETUDIANTS CATHOLIQUES (FFEC) ...... 185 La fondation de la Fédération des étudiants catholiques ...... 185 Jean Levêque et l'Office central des étudiants catholiques, 185. - Les origines de la FFEC, 186. - La Compagnie de Jésus face à la FFEC naissante, 187. Une fédération de cercles d'étudiants ...... 189 Un regroupement de cercles d'étudiants, 189. - Une "union corporative", 190. - Un triple but, 190. - Pour une formation morale de l'étudiant, 191. - Les congrès, 192. - « Pax Romana », 193. La Conférence Olivaint au sein de la FFEC ...... 194 L'action du RP Yves de la Brière, 194. - Forte présence dans l'organigramme, 195. - Forte participation aux activités, 195. La FFEC et la JEC : un difficile partage des taches ...... 197 Méfiance de l'ACJF à l'égard de la FFEC, 197. - Méfiance de la FFEC à l'égard de la JEC, 198. - Les Pères Janvier et Lalande se mettent d'accord, 198. - La JEC, au service de la FFEC, 199. - L'attitude du Père de Pully, 200. La crise de la FFEC ...... 201 Crise financière et démission de Janvier, 201. - Une organisaiton artificielle ?, 201. - Absence d'esprit fédéral, 202. - Tentatives parisiennes d'union, 203. Une orientation corporative ...... 204 Le soutien de « L'Echo de Paris », 204. - L'affirmation du corporatisme, 204. - Défense religieuse, 205. - Face au 6 février 1934, 206. - L'Olivaint rend hommage aux morts du 6 février, 206. - "On est fatigués du régime", 207.

Chapitre V - DECLIN ET CRISE D'UN CONFORMISME DES ANNEES TRENTE ...... 209 Un conformisme des années trente ...... 209 Un rayonnement maintenu, 209. - Un certain immobilisme, 211. - Une concurrence croissante, 212. - Une moindre cohésion des membres ?, 214. - La croisade du Père de Pully contre le non- conformisme, 214. - Le déclin de la Conférence Molé- Tocqueville, 216. - Une prise de distance vis-à-vis de la FFEC ?, 217. Difficultés financières ...... 219 Une conséquence de la crise de 1925, 219. - Faible participation des anciens, 220.

338 La Compagnie de Jésus prend ses distances ...... 220 Une "chapelle fermée", 221. - Le Provincial dénonce le pessimisme du Père de Pully, 222. - La « déconfesionnalisation » et la question des vocations, 223. Les Olivaints demandent le départ du Père de Pully ...... 226 Un "devoir de conscience", 226. - "Un peu d'espérance !", 227.

Chapitre VI - LA GUERRE ET LA TRANSFORMATION DE LA CONFERENCE OLIVIANT ...... 229 "Ne soyons pas pacifistes, soyons pacifiques" ...... 229 Contre le pacifisme, 229. - Germanophobie et antinazisme, 230. - Une nouvelle veillée d'armes, 232. - « Vous êtes des Croisés », 233. L'Olivaint dispersée ...... 234 Sous les drapeaux, 235. - Résistance à l'occupant ?, 235. - Le réseau du Secrétariat général à la Jeunesse, 236. Réorganisation de la Conférence ...... 237 Un triste état des lieux, 238. - La Conférence Olivaint, groupe catholique des Sciences Po, 239. Les générations de l'entre-deux-guerre ...... 240 Vrais et faux Olivaints, 241. - Les Olivaints pendant la Guerre : une question de génération ?, 241. - Un apport notable à la vie publique, 236.

CONCLUSION ...... 246

339 ANNEXES I. Liste lacunaire des bureaux de la Conférence de 1874 à 1942 249 II. Liste lacunaire des présidents de la Réunion des jeunes gens.. 267 III. Liste lacunaire des présidents des séances de clôture ...... 268 IV. Liste des présidents de l'ACJF (1886-1956) ...... 269 V. Liste lacunaire des présidents de la FFEC ...... 269 VI. Liste des conférenciers de 1875 à 1914 ...... 270 VII. Liste lacunaire des conférenciers de 1919 à 1942...... 287

DOCUMENTS ILettres de Léon XIII adressées à la Conférence Olivaint...... 293 II. Coutumes de la Conférence Olivaint en 1879 ...... 294 III. Les séances du mercredi, décrites par un membre de la Conférence, Eugène Langevin, en 1905 ...... 296 IV. Texte de présentation de la Réunion en 1906 ...... 297 V. Circulaire du conseil de la Réunion de 1910 entraînant l'exclusion des Olivaints membres de l'Action française ...... 298 VI. Tract de la rentrée de 1919 ...... 299 VII. Allocution de René Pleven, président de la Conférence Olivaint, le 29 mai 1921, adressée à Gustave ce Lamarzelle à l'occasion du Cinquantière anniversaire de la mort du Père Olivaint 300 VIII. Allocution de Georges Bidault, président de la Conférence Olivaint, le 6 mai 1923, adressée à Xavier Lauras à l'occasion de l'Assemblée générale de l'association ...... 301 IX. Note de présentation de la Conférence Olivaint en 1925 ...... 301 X. Appel aux étudiants de Max Legendre, président de la FFEC au lendemain du 6 février 1934 ...... 303 XI. Note anonyme sur la transformation de la Conférence Olivaint en 1942 ...... 304

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE ...... 305

INDEX DES PERSONNES, DES INSTITUTIONS ET DES PERIODIQUES 315

340