04/07/19 LIGNES DE MIRE LE JOURNAL DU JURA www.journaldujura.ch 3

Jeandupeux (au centre), alors sélectionneur national, taillant le bout de gras avec deux de ses ouailles, Heinz Hermann (à gauche) et , en septembre 1988, avant une victoire 4-1 au Luxembourg. KEYSTONE L’international imérien LES 100 ANS DU FC SAINTI (5) Co-entraîneur des Suisse Legends avec , le 15 septembre, Daniel Jeandupeux, ancien joueur et sélectionneur national, est à coup sûr le plus illustre footballeur de la ville.

PAR DAN STEINER

V Le FC Saint-Imier fête cette année un siècle d’existence. L’occasion de revenir sur ces décennies avait provoqué un retard de pas venir entraîner Sion...» Il a je laisserai les clés du camion à de péripéties avec une série d’articles. Après Saintimania (Le JdJ du 11 janvier), Bernard Challandes plus d’une demi-heure.» Il foncé. «Il y a des gens comme ça, Bernard...» (14 février), les festivités de ce centenaire (1er mars) et des morceaux choisis d’histoire (9 mai), un avoue ne pas se souvenir de ses qui, quand on est à un carre- S’il n’a que de lointains souve- coup de fil à l’autre illustre ancien imérien, désormais installé dans le sud de la France, s’imposait. heures de gloire. «Le fils d’un four, vous disent où aller.» nirs des personnes qu’il a cô- coéquipier du FC Zurich Remontée de balle: désigné toyées à Saint-Imier à l’époque, on, Daniel Jeandu- l’entend-on sourire au bout du crues. Et j’étais international. m’avait une fois envoyé un re- meilleur technicien de France Daniel Jeandupeux se réjouit peux, ancien interna- fil, depuis le sud de la France, C’est impensable aujourd’hui», cueil d’articles. J’avais l’im- en 1991 par «France Football» – de se laisser surprendre. tional helvétique son pays d’adoption. Finale- lâche-t-il avec un ton effaré. pression que je n’avais jamais il avait alors mené le Stade «Quand je jouais dans le jardin, puis, à son tour, sélec- ment, c’est son père qui le dis- De fait, c’est en quittant le vécu certaines choses», se Malherbe de Caen à son on voyait passer les ‹stars› Ntionneur confédéral, ne fait suadera de garder les cages. «Il championnat de Suisse pour la marre-t-il. «Je n’ai jamais vrai- meilleur résultat, une 5e place d’alors, qui s’arrêtaient et nous pas officiellement partie de la m’a bien eu. Il m’a dit que, si je France, dont la culture footbal- ment été une personne qui ra- –, l’ancien ailier aux centres donnaient quelques conseils.» grande histoire du FC Saint- voulais être gardien, je devais listique l’a toujours impré- conte ses exploits.» précis du pied gauche sortait Et maintenant, encore intéres- Imier. «Nous avons déménagé d’abord jouer devant pour bien gnée, qu’il a fait de son sport Ni qui rumine. Et qui en veut à pourtant d’une période com- sé par le ballon rond? «Je re- à La Chaux-de-Fonds quand comprendre comment pense son métier. Instituteur, Daniel Marc Berdoll. International fran- pliquée comme sélectionneur garde un peu la et les j’avais 9 ou 10 ans. Mais, à cette et agit un attaquant.» Jeandupeux donnait des cours çais, l’attaquant de l’OM l’avait national, avec 39% de victoires matches internationaux. Mais, époque, les juniors commen- Il a finalement suivi les con- dans une école de commerce «ramassé» en octobre 1977, pro- en 28 matchs à la tête de sinon, j’arrose mon jardin pour çaient une ou deux années seils paternels. A raison, puis- de l’Hexagone. Mais son pen- voquant une double fracture ou- l’équipe de Suisse. Mais il aime que mes tomates soient belles.» plus tard...» qu’il tâtera de la LNA dès la fin sum à Bordeaux devenait trop verte chez le Bordelais. Dès ce à penser que l’initiative de lui Bon, le natif de la cité imé- des années 60, dans les monta- lourd. C’est ce qui l’a fait cesser moment, sa carrière de joueur et quelques copains à la fin des rienne a tout de même un pas- gnes neuchâteloises, bien cette activité. Et passer pro. allait décliner... «Comme je suis années 90 a porté ses fruits. DANIEL JEANDUPEUX sé très lié à la société, puisque avant ses 20 ans. Où on avait heureux dans ma vie, je consi- Par la suite. son oncle n’était autre que une nouvelle fois essayé de bri- dère que c’était un passage obli- Réunis plusieurs fois à Berne, Pierre «Pellos» Colombo, illus- der ses élans techniques. «A gé. Ça fait partie des aléas. Au- ils avaient rassemblé des idées tre ancien. «Il était président mes débuts à La Chaux-de- rais-je rencontré ma femme, pour développer le foot helvéti- du club à cette époque et il Fonds, on me disait: ‹Arrête tes plus tard, lorsque j’étais entraî- que. «Un peu philosophe, Jac- m’emmenait parfois à la bu- carrousels!› Mais, dans la rue, J’ai failli commencer comme neur à Toulouse?» ques Guhl (réd: ancien coach vette du stade.» quand on était gamins, on gardien. Car il y avait la national intérimaire et écri- La Fin-des-Fourches, l’élégant jouait comme on pouvait. Ain- Précurseur en Suisse? vain) avait judicieusement dit: V Naissance A Saint-Imier, footballeur la connaît bien si, je n’aurais peut-être pas ap- casquette, les genouillères, Il est des gens qui forgent des ‹On ne va pas former des le 7 février 1949. puisqu’il habitait à un jet de pris à dribbler. Ça aurait été les gants. C’était fascinant.” destinées. Difficile donc d’ima- joueurs pour demain, mais V Domicile Le Verdier, France. pierre de là. «A la rue du Midi. dommage...» DANIEL JEANDUPEUX giner que c’est sur le banc du pour dans 10, 20 ans.» V Carrière Joueur 1967-71: C’est le début du foot pour QUI A FINALEMENT EU LA BONNE IDÉE FC Sion que Daniel Jeandupeux FC La Chaux-de-Fonds; 1971- D’ENFILER LE COSTUME D’ATTAQUANT moi.» Dans le jardin de sa Interdit d’être pro lançait sa deuxième carrière. De belles tomates 75: FC Zurich; 1975-77: Giron- grand-mère, lui et son frère uti- Considéré comme une tête re- Bon, le président n’avait pas Longue balle: en septembre dins de Bordeaux; 1979-80: lisaient les cadres du séchoir à lativement dure, l’Imérien n’a Passe en retrait: se souvient-il pour nom . prochain, il sera de retour à FC Sion; 1980-83: FC Zurich; linge pour s’ébattre. Il était pas vraiment suivi ces consi- du 26 mars 1969? Il met le pied «C’est René-Pierre Quentin (réd: Saint-Imier pour le week-end 1969-77: Suisse. Entraîneur dans le but. De là à épouser gnes. Il faut dire que le foot sur le ballon. «Pas vraiment...» seul buteur suisse lors de la anniversaire du centenaire du 1979-80: FC Sion; 1980-83: FC une carrière de gardien? «J’ai d’alors fleurait bon l’amateu- Sa première cape internatio- Coupe du monde 1966) – qui FC, avec, comme point d’or- Zurich. 1983-85: Toulouse FC; effectivement failli commen- risme. «En Suisse, il était inter- nale, une défaite en amical, à m’avait déjà fait venir comme gue, le 15, une rencontre entre 1986-89: Suisse; 1990-94: SM cer comme ça. Car il y avait la dit d’être pro! D’ailleurs, j’ai dû Valence, en Espagne. «C’est joueur à Zurich – qui m’appelle la première équipe et les Caen; 1994-95: RC Strasbourg. casquette. Et les genouillères m’entraîner une dizaine de fois vrai... C’était un match cu- pendant mes vacances en Espa- Suisse Legends, qu’il coachera Dirigeant 1997-2000: Le Mans et les gants. C’était fascinant», en quatre mois d’école de re- rieux. Une panne d’électricité gne et me demande si je ne veux avec Bernard Challandes. «Oh! UC; 2004-12: SM Caen.