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ARTS-5 PE.CTCLES Il a enregistré son premier live à l'Olympia Willy DeVill!(e lumière

Le d'Artagnan spic relooké bayou a la passion de où il peut croiser les fantômes d'Editli Piaf et de Lacenaire. Retour en force du beau Willy... Le Nouvel Observateur. — Depuis toujours, l'Olympia semble vous fasciner... . — La première fois que j'ai joué à Paris, vers le milieu des années 70, c'était au Na- shville, une boîte qui était sous l'Olympia, devant une vraie bande d'allumés. Moi, je ne rêvais que d'une chose : jouer là-haut. Mais on me disait « Trop grand pour toi, Willy... La grande salle, c'est pour Cliff Richard. Toi, t'es un punk... » Je me sen- tais tout sauf punk. N. O. — C'est aussi là que chantait votre idole Edith Piaf... W. DeVille. — C'est incroyable. Pour mon pre- mier Olympia, j'ai demandé la loge d'Edith. Le soir de la première, catastrophe ! Ma femme dé- couvre ,une trace de baiser sur la table de ma- quillage. Comme ce n'était pas la couleur de son rouge à lèvres, elle commence à me faire toute une scène.. Je savais que c'était Edith qui m'avait dé- posé ce baiser avant que je monte sur scène. Mais allez expliquer ça à votre femme ! Edith, c'est un ange. A POlympia, je sens ses ailes... N. O. - Edith, vous la chantez sur le disque d'hom- mage que les artistes américains ont sorti pour le tren- tième anniversaire de sa mort.

W. DeVille. — Je n'oserai pas commettre ce sa-. crilège ! Chanter Edith... Si j'étais peintre, je ne Willy DeVille, alias William Bosey. W. DeVille. —Le boulevard Magenta, c'était un chercherais pas à imiter Picasso... Non, j'ai triché DeVille est le nom de endroit où j'allais faire — humm... — mes em- c'est une chanson de Charles Dumont, Edith ma mère qui était d'origine basque. plettes. C'est le passé... Mais en fait, ce titre m'est chante seulement derrière... Mon père venait d'Italie et tombé dessus par hasard. A cette époque, j'avais

N. O. - DeVille, c'est votre nom ? mon grand-père avait 23 enfants. » un pianiste génial. Un soir, on venait de faire un W. DeVille. — Je m'appelle William Bosey. De- show d'enfer. On aVait mis le public à genoux. Ville est le nom de ma mère qui était d'origine Mon pianiste était si excité qu'il ne trouvait pas les basque. Mon père venait d'Italie et mon grand- connaissais tous les chats du quartier. J'en ai mots. Il répétait : « C'était... C'était... » Et tout père avait 23 enfants! adopté un : c'était un persan bleu, la même race à coup, il a lâché : « C'était... un "return to Ma- N. O. - La France et Paris sont très présents dans que le chat de Colette. Comme il avait les yeux genta" ! » Ça ne voulait rien dire mais Ca m'a plu... vos disques. L'un d'eux s'appelle « »... exorbités, je l'ai surnommé Bugs (défaut). Il est Magenta... W. DeVille. — J'habitais les Halles. Je pensais tatoué sur mon épaule. Je lui ai écrit une chanson : N. O. — Pour vous, Paris semble peuplé de fan- trouver Irma la Douce, il n'y avait qu'un trou. Heaven Stood Still e. tômes : Piaf, Colette, Lacenaire... J'avais une chambre sous les toits et quand je m'al- N. O. - Un autre disque s'appelle « Return to Ma- W. DeVille. — Ah! Lacenaire... C'est mon fa- longeais sur mon lit, je voyais les étoiles. Je genta »... vori. Son problème, c'est qu'à l'époque le n'existait pas. J'aurais adoré jouer sur scène avec lui. Bientôt, je lui dédierai une chanson. En La fin des années ditionnels de Louisiane inédits jusqu'à présent. fait, l'homme que vous avez devant vous n'est pas Enfin, il interprète « les Amants » de Piaf-Du- Willy DeVille : je suis un croisement entre Lace- galère mont sur un disque enregistré en hommage à naire le voleur et Jean Laffite le boucanier... Edith par des artistes américains parmi lesquels N. O. - C'est pour cela que vous habitez La Nou- Le beau Willy enchaîne les disques, les tour- Donna Summer, Emilou Harris, Leon Russel ou velle Orléans depuis six ans... nées et les projets d'enregistrement. Après le Pat Benatar (AB Productions, Distribution W — J'y suis bien. Je vais acheter une succès de son dernier « Backstreet of De- BMG France). En 1994, Willy va poursuivre la jonque chinoise qui appartient à un Indien Nez- sire », un petit bijou deVillissime, il sort un live série des « Victory Mixture » : le volume II sera Coupé. Elle est si bon marché que je ne peux pas magistral enregistré à l'Olympia et au Bottom enregistré avec une tribu indienne de Louisiane. résister. Je la baptiserai « Grand Dragon ». Je hisse- Line de New York (FNAC) . Au compact Et « Victory Mixture », qui sortira pour Noël rai une grand-voile orange avec un dragon chinois s'ajoute une cassette vidéo sur laquelle Willy, ac- 94, sera consacré au gospel et sera chanté avec dessus... J'irai rejoindre Jean Lafitte et on passera compagné des Wild Magnolias, reprend des tu- des chœurs d'enfants. T prendre Lacepaire... Propos recueillis par THIERRY GANDILLOT 30 DECEMBRE 1993-5 JANVIER 1994 / 75