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Le magazine interactif nouvelle génération N°37 - Mars 2008 - 4,90 €

Interviews Peter Janis, Simple Plan, Black Crowes ... extrait gratuit extrait gratuit extrait gratuit extrait Roland Dyens Un maître du classique extrait gratuit Folk : Les bases extrait du finger picking gratuit N°37 - mars 2008 Sommaire

3... Edito Actualités

4... Roland Dyens et le luthier 8... Rencontre avec Peter Janis de Radial Engineering 12... The black Crowes, la nouvelle peau des frères corbeaux 14... Porcupine Tree vs Oceansize 15... : Le hard rock Made in Canada 17... , un nouvel plus grand public 18... Allô ? à l’appareil ! 19... Samick Greg Bennett JZ2, l’esprit jazz 21... Custom 77 Locket Love H/S, un rapport qualité-prix imbattable ! 22... Custom 77 Needles and Pins, mieux que l’original ?

Cours

RYTHME 24... [Riff n’ Rich] Contruire un riff avec la gamme pentatonique mineure

PRATIQUE 25... Home Studio : Comment s’enregistrer avec Cubase SX : PART 2 25... Folk, les bases du finger picking : Sady Song 29... [Solo n’ Rich] Le slide et la gamme pentatonique mineure 31... CAGED, leçon 6 : le secret du CAGED 33... Jouez à la manière de Metallica : Les solos à la Kirk Hammett 36... [Classique] L’alzapua

 Guitare Live magazine n°37 - mars 2008 www.guitare-live.com Editorial

C’est encore des nouveautés que vous allez découvrir André Stern, Pascal Vigné, Richard Chuat et Aymeric Silvert dans le Guitare Live de Mars 2008. Côté articles, en plus seront comme toujours de la partie et seront épaulés par de retrouver trois bancs d’essai de guitares pour le moins Éric Tamet qui vous proposera un cours sur les techniques très interessantes, vous découvrirez une interview exclusive du finger picking à travers le morceau «Sady song». Le mois du grand Roland Dyens, le maître incontesté de la guitare de mars concluera aussi une belle série de «défis concours» classique en France. Le Canada s’invite également dans les dans lesquels les lecteurs ont déjà pu gagner : une guitare pages de Guitare Live avec Peter Janis, l’un des fondateurs Custom77, un bon d’achat de 300€ ainsi que des CDs de de la marque Radial Engineering qui produit les très célè- Dream Theater. Et donc pour terminer en beauté, plus de bres pédales à lampes Tonebone. Il nous présentera en 2500€ de lots Line6 à remporter. Et tout ça juste en jouant avant-première les toutes nouvelles pédales de distortion de la guitare ! Merci qui ? de la firme canadienne. Le tout en vidéo s’il vous plaît ! Kévin CINTAS

Guitare Live et Guitariste.com sont des publications Audio Print, sarl au capital de 12.000€, Direction Audio Print : Laurent Pouliquen, Didier Castelnau RCS 453 032 377 Nanterre - TVA Intracommunautaire : FR 73.453.032.377

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Rédacteur en chef : André Stern (Amidala) Réalisation : Kévin Cintas Ont participé à ce numéro : Olivier Wursten Olmos, Pascal Vigné, Richard Chuat, Aymeric Silvert, Eric Tamet. Abonnement : 6 mois soit 7 numéros pour 29 € - 1 an soit 13 numéros, pour 49 € (numéro double en été) - abonnement illimité Crédits photos : André Stern. et accès intégral aux archives : 89 €

Identifiant ISSN : 1776-0879 Pour vous abonner : Publicité : Caroline Blanchon - [email protected] http://www.guitare-live.com/abonnement.php

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André Stern Éric Tamet

Pascal Vigné Richard Chuat Aymeric Silvert www.guitare-live.com Guitare Live magazine n°37 - mars 2008  Articles Défis Cours Atelier Forum

Roland Dyens et le luthier

Émouvante rencontre avec Roland Dyens, à l’occasion des concerts qu’il a donnés à l’Auditorium St. Germain de Poitiers. Et l’occasion de rendre visite au luthier Patrick Penaud, installé dans la région.

PAR ANDRÉ STERN

Certains humains viennent au monde Rencontre avec un don de magicien. Roland Dyens est l’un d’eux. Chacun de ses concerts Roland Dyens, on écoute ses disques, commence par une improvisation, on joue ses partitions, on entend beau- cela fait partie de ce qu’il appelle «ses coup parler de lui, on lit beaucoup de superstitions» ; ainsi, il s’imprègne – et choses à son sujet… mais c’est l’en- nous imprègne – de l’alchimie spécifi- tendre in natura qu’il faut. Alors, au que à la salle, au public, à son humeur moment d’écrire un article de plus, je du jour. Cela fait de chaque concert un choisis de vous laisser trouver la bio- moment particulier, hors du temps et Ses compositions et ses , graphie que chacun connaît (sur son des modes. Un moment magique. Dès qui forment la majorité du programme site officiel par exemple) et de - sim les premières notes, il nous captive auquel j’ai assisté, cisèlent les sonori- plement vous entraîner avec moi à la et nous fait oublier les vicissitudes du tés et, par-dessus tout, leurs unions, rencontre d’un homme complètement monde, les désagréments à l’accueil, d’une manière qui me rappelle, jus- charmant et profondément généreux, l’inconfort de la salle bondée. tement, le travail de Debussy ou de pour un long entretien très intimiste. Fauré. Et très exceptionnel. Il juxtapose une incroyable quantité de nuances et de sonorités, il explore Lorsqu’il se met à jouer du jazz, sa André Stern : Comment en êtes- mille voies, fait appel à toutes les tech- guitare devient orchestre, les strates vous venu à la guitare ? niques existantes, invente celles qui sonores se superposent et s’allient manquent ; et pourtant, jamais cela pour former une musique multidimen- Roland Dyens : D’une façon presque ne sonne comme le bric-à-brac disjoint sionnelle tout à fait saisissante. triviale ; ni par le biais de Segovia, ni que nous offrent à entendre la plupart par celui de Bream, mais plutôt par des guitaristes qui s’essaient, habituel- Et lorsqu’il joue du Villa Lobos, ce n’est, celui des chanteurs de Variétés, ou du lement, à ce jeu-là. bien sûr, pas une œuvre pour guitare Jazz… les racines populaires de l’ins- qu’il choisit, mais l’ qu’il trument… Il ne laisse jamais transparaître son a fait de la Bachianas Brasileiras N°5, Mon plus ancien souvenir guitaristi- incroyable maîtrise technique. On a composée pour orchestre de violon- que est lié à la chanteuse Marie-José l’impression que les notes coulent celles et voix de soprana. Cela devient Neuville, presque oubliée de nos jours, toutes seules, qu’il ne fait aucun effort. un vrai miracle et on a beau voir et mais bombe dans les années 58-60. On Et il cajole chaque son, chaque émer- entendre le maître à l’oeuvre, on se la nommait la «collégienne de la chan- gence de matière sonore. demande comment il réussit, aussi son», elle s’accompagnait d’une gui- magistralement, le difficile croisement tare, elle ne jouait que trois accords, Debussy voulait oublier que le a entre les sons pizzicatos (étouffés par mais cela suffisait à m’enchanter. Et des marteaux. Roland Dyens réussit à le gras de la main) et la mélodie aux puis, par ailleurs, le côté social de la nous faire oublier que la guitare est un notes vives et claires, en respectant les guitare, le côté «cercle», touchait ma instrument aux cordes pincées. reliefs des violoncelles et de la voix. sensibilité d’une manière profonde.

 Guitare Live magazine n°37 - mars 2008 www.guitare-live.com Articles Défis Cours Atelier Forum Ma mère est intervenue de façon Mes références sont le piano et le drastique : elle a écrit directement quatuor à cordes. Ainsi, j’ai vraiment à Robert Vidal ! C’est son épouse colorisé les études de Sor dans un qui a répondu, disant que ce qu’il y arrangement avec quatuor à cordes… avait de mieux, c’était de m’orien- ter vers l’École Normale de Musique André Stern : De quoi est fait de Paris, et d’entrer dans la classe votre travail quotidien ? d’Alberto Ponce (NDLR : élève d’Emilio Pujol, lui-même élève de Roland Dyens : Je ne fais jamais de l’immense Francesco Tarrega, voir technique seule. Mon travail est inté- André Stern, «L’histoire de la gui- rieur, loin des contingences techni- La vraie rencontre entre la guitare et tare», Guitare Live N° 10) Et voilà ques ; c’est un travail intellectuel, moi est partie d’une tocade, en colo- comment, vers 13-14 ans, je suis entré parfois loin de la guitare, dans mes nie de vacances. J’avais environ 9 ans, à l’École Normale. Vous connaissez la pensées ; à un feu rouge par exem- j’aimais si jalousement la guitare, le suite. ple. moniteur interprétait si affreusement Quand je compose, je redécouvre l’ins- ses trois chansons d’Hughes Aufray André Stern : Vous disiez, hier, trument, la guitare me fait apprendre, que j’ai eu le culot d’annoncer que je que Ponce a joué les œuvres de cela n’en finit pas, toujours à nouveau, jouais de la guitare – alors que c’était son maître Pujol et celles de son on en a jamais fait le tour… J’aime totalement faux ! élève Dyens… explorer les différents accordages, ils La composition a, donc, très tôt multiplient les possibilités jusqu’à l’in- Bien évidemment, tout le monde fait partie de vos centres d’inté- fini. à insisté pour que je joue quelque rêts ? chose… J’ai été obligé de prendre la André Stern : Parlez-nous des ins- guitare, et tout le monde s’est bien Roland Dyens : Dès que j’ai eu la gui- truments… que pensez-vous, par moqué de moi… tare en mains, je me suis mis à com- exemple, du fait que l’on fasse poser. Pour moi, c’était un tout. Au croire à certains qu’un instru- C’est ainsi que j’ai demandé à ache- début, il s’agissait de compositions ment inconfortable «fait les mus- ter une guitare, et mes parents furent spontanées, nées du désir de créer, cles» ? immédiatement d’accord. Je n’ai jamais des petites mélodies, des chansons… eu à subir le moindre frein parental à Roland Dyens : C’est une connerie ! la vie d’artiste. À l’École Normale, je suis entré en La première chose que je demande classe d’écriture, avec un professeur à un luthier, c’est que la guitare soit J’ai commencé avec un professeur merveilleux. Ce fut un voyage très confortable. particulier «à l’ancienne» (dans le bon long et très beau. Je suis nettement Je déteste ces instruments du type sens du terme), un vieux monsieur du conscient de la grande chance que ce tank ! J’ai toujours peur que ces gros- 19ème siècle, une espèce d’aristocrate fut. Aujourd’hui, cela fait la différence ses guitares, avec leurs cordes à 1 cm qui me vouvoyait. Il était fier de moi ; à 14 ans, on se demande peut-être du manche, réveillent ma tendinite et passait une heure à vanter mes à quoi ça sert… eh bien ! je dirais : ce endormie… De plus, on les vante en talents lorsque mes parents venaient sont des cours d’architecture. utilisant un mot qui me fait mal chaque me chercher… fois qu’on l’utilise : c’est la puissance ! André Stern : Parlons de matière La puissance de la guitare réside dans Ensuite, je suis entré dans un conser- sonore… son intimisme. Laissons la puissance vatoire de banlieue… et là… ça s’est sonore à d’autres instruments ! mal passé. Je suis tombé sur de Roland Dyens : C’est LA chose. semi-escrocs et des professeurs qui Passer à côté de ça, c’est, ni n’avaient de guitare que le nom. Ils plus ni moins, passer à côté étaient violonistes, mais comme il n’y de la guitare. avait rien, à l’époque, en guitare, eh bien on leur octroyait d’office ce poste, Il y a, malheureusement, sous prétexte que la guitare a des assez peu de «passeurs de cordes comme le violon ! son», ces laborantins des cou- leurs sonores ! Nous avons la Je me souviens d’une femme aux chance d’avoir cet instrument, ongles longs et vernis… J’avais déjà d’avoir la possibilité de mode- mon libre arbitre et je trouvais mons- ler le son des deux mains ! trueux les sons qu’elle produisait. Pourquoi ne pas en profiter ? www.guitare-live.com Guitare Live magazine n°37 - mars 2008  Articles Défis Cours Atelier Forum

André Stern : Guitare Lorsque les guitaristes accordent leur Live, multimédia d’avant- instrument… on dirait toujours qu’ils garde, est fréquenté par ont honte ! Pour moi, l’accord est un toutes sortes de guita- prélude au morceau, il doit nous y pré- ristes. Qu’aimeriez-vous parer, être agréable à entendre. C’est dire aux débutants ? Aux ce que font les musiciens indiens, avancés ? Aux profession- ou les guitaristes de flamenco, avec nels ? ou sans transition vers le morceau à jouer. Roland Dyens : Je m’adres- serai à tous de la même Accorder sa guitare par rapport à ce manière, tout comme je traite que l’on va jouer : c’est la clef des de la même façon tous ceux songes. La guitare ne sera jamais un piano. Les qui viennent à mes master-classes. armes de la guitare sont ailleurs, cer- André Stern : Votre pire moment tainement pas dans la testostérone. J’en appelle toujours à la même exi- guitaristique ? gence de leur part, quelle que soit leur De nos jours, la plupart des guitaris- quête, quel que soit leur niveau ; je Roland Dyens : Les orchestres ! Ces tes «testent» les guitares en les bas- leur dis que la musique est un art dif- Messieurs, le regard rivé sur le chro- tonnant, et ils disent «tu vois comme ficile. C’est anti-démagogique de dire nomètre du chef d’orchestre, font tout elle frise ?!». N’importe quelle guitare cela ! Mais c’est la vérité. Ce n’est pas à la va-vite, à la hussarde ; ils s’en frise, moi, si je le veux, je fais friser la un parcours du combattant, ce n’est foutent. meilleure des guitares. Mais ce qui est pas punitif, ce n’est pas non plus du intéressant, c’est de trouver comment pain béni tous les jours ; à mon niveau Je me souviens de mon premier ne PAS la faire friser, c’est de repérer comme à celui du débutant, il ne faut concerto pour guitare et orchestre : les endroits où elle est bonne, c’est de jamais être complaisant avec soi- j’étais saisi d’émerveillement, l’émer- savoir où et comment la… peloter, la même. veillement du compositeur qui écoute rendre heureuse. sa première œuvre jouée par l’orches- Il y a une chose, cependant, que tre. Mais peu après est arrivée le choc Je le sens, c’est viscéral, c’est olfactif, j’aimerais adresser aux amateurs de la mesquinerie syndicale : on a dû c’est animal, je sais où elle va s’ex- éclairés : ne vous laissez pas entrainer interrompre la répétition en plein milieu primer au mieux. Si on s’en donne la à faire de la musique au kilo ! Foca- du deuxième mouvement – alors qu’on peine, on peut faire sonner n’importe lisez-vous sur une pièce ou deux, et était à la veille du concert ! quelle guitare ; j’adore jouer sur une allez en profondeur ! guitare de basse catégorie, et en faire On a fait le reste en «quarts d’heure sortir les fleurs, parce qu’il y a moyen En revanche, ce que j’ai envie de dire syndicaux», comme cela s’appelle, de faire cela. J’aime ce pari, chaque à tous les guitaristes, tous niveaux et une heure avant le concert… guitare recèle de belles choses. Au tous styles confondus, peut sembler guitariste de les mettre en valeur. risible à première vue : pensez à bien J’arrive à un âge où je peux dire : vous accorder. je n’ai plus envie de m’imposer cela. Lors d’un festival en Italie, j’ai vu un Vous savez, en italien, on dit «prova grand guitariste tester 35 guitares en Bien s’accorder, ça veut vraiment dire d’orchestra».«Prova» veut aussi bien une heure ; une sorte de banc d’essai bien s’accorder. Le tempérament de dire répétition qu’épreuve. Non merci. géant, en public. Il a fait ce que la plu- la guitare est un compromis, part des guitaristes font : il a joué le et l’on a toujours en mains même fragment musical 35 fois de la un instrument aux cotes mal même manière. Son test était illisible, taillées. C’est dans la tona- imprégné de la neutralité vague de la lité où l’on va jouer qu’il faut moyenne. s’accorder, et non en recher- chant, une fois pour toutes, Moi, j’aurais procédé très différem- des équivalences sonores. ment. J’aurais improvisé 35 morceaux Dans mon recueil «20 lettres spécifiques mettant en avant les parti- pour la guitare», on trouve, cularités de chacune des guitares ! Et avant chaque morceau, une là, les gens auraient entendu et com- portée permettant de s’accor- pris chaque personnalité ! der pour la pièce proposée.

 Guitare Live magazine n°37 - mars 2008 www.guitare-live.com Articles Défis Cours Atelier Forum Donc je ne jouerai plus jamais avec un C’est ce que j’ai fait. J’ai remercié sent entre les mains. Et à chaque fois, orchestre. Je veux rester sur la der- Roland Dyens pour ce moment pri- il inspecte leur construction . nière impression, qui était excellente. vilégié en sa compagnie, et j’ai suivi Un jour, il se fait construire une guitare C’était en Pologne, avec un orchestre Patrick Penaud dans son Atelier, situé par le luthier Jean-Marie Fouilleul. C’est parfait, le meilleur chef qui soit. à une trentaine de kilomètres de Poi- une rencontre déterminante : «Quand tiers, en plein cœur de la campagne j’ai décidé de tout arrêter» explique- Après la répétition, il m’a demandé : poitevine. t-il, je lui ai demandé son soutien, et «Ça va pour vous ?» Habitué au tra- il me l’a accordé. Il a répondu à mes vail jusqu’ici, j’ai dit oui. Alors il m’a Patrick est né en 1956 dans le dépar- questions, il m’a donné des impulsions, répondu : «Pour moi, ça ne va pas du tement des Deux Sèvres. Après un Bac mais il ne m’a pas devancé, il m’a laissé tout, on recommence !» Et tout l’or- E, il passe sept années en voyages : chercher. Le reste de ma formation, je chestre a recommencé avec enthou- Méditerranée, USA, Angleterre (où il l’ai faite sur le terrain, en travaillant, siasme. travaille comme technicien dans un en restaurant, en réparant… c’est là que tu vois ce qu’il ne faut pas faire et Je veux rester sur cette impression. ce que tu veux faire…»

André Stern : Votre meilleur Antoine Lacroix l’aidera aussi beau- moment guitaristique ? coup. Tout comme ses connaissances en chimie, acquises dans le laboratoire Roland Dyens : Ma vie d’aujourd’hui, en Angleterre, qui s’avèrent bien utiles les gens merveilleux que je rencontre. pour les vernis, ou sa formation techni- Des amis partout dans le monde, pas que, qui l’inspire pour ses structures. une ville où je sois perdu, on m’ac- cueille, on m’invite, on est gentil avec Il passe un CAP d’ébéniste, afin de moi. pouvoir s’installer. Et maintenant ? laboratoire de physique-chimie) etc. «J’ai des commandes, je commence à André Stern : Lors de votre concert Et puis il s’inscrit à la Fac de musico- rayonner, à sortir de mon atelier !» d’hier soir, vous avez joué le bis logie, à Poitiers. Il obtient la Médaille Sa quête ? «Je ne cherche pas à sur une guitare du luthier Patrick d’or au Conservatoire de Niort, puis construire des guitares qui me font Penaud… devient professeur au Collège pendant plaisir, mais des guitares qui satisfont deux ans, puis professeur de flûte tra- les oreilles du guitariste», explique-t-il. Roland Dyens : Patrick a été mon élève. versière, puis professeur de guitare Il a bossé dur pour devenir guitariste. pendant de nombreuses années. Et puis un jour, il a eu une overdose, il a fait un rejet en tant qu’interprète, et Un jour, il claque la porte, dégoûté il a trouvé la lutherie. par l’enseignement de la musique en France, qu’il trouve absurde : «On Pour moi, c’est une belle nouvelle, t’apprend à écrire et à lire avant que cela me renforce dans ma conviction tu saches parler !» grogne-t-il. que le métier de musicien vaut d’être Pourtant, son passé musical est plutôt vécu. Il y a tant de moyens de vivre heureux. Il s’y est mis tôt : à 8 ans, il heureux de la musique ! Je me réjouis tient l’harmonium pendant la messe. que Patrick s’épanouisse en tant que Il reçoit sa première guitare à 11 ans, luthier, je vois, d’une guitare à l’autre, se met à la flûte traversière à 22 ans. qu’il fait son chemin. Tenez, le voici… Puis, par le biais de la revue «Les car- «Je travaille à sentir quelle est l’attente Vous devriez lui rendre visite… nets du guitariste», il découvre Roland du musicien, pour ne pas lui imposer Dyens : la mienne. Il y a un dicton anglais qui dit : la beauté est dans l’œil de celui «J’avais 27 ans, Roland était tout le qui la regarde : j’aime transposer cette temps dans ma tête, alors, un jour, je métaphore pour le son.» lui ai téléphoné. Et voilà, à partir de Je vous laisse découvrir cette luthe- ce jour-là, je me suis rendu à Paris rie, empreinte de la grande sobriété à tous les 15 jours, pendant 8 ans, pour laquelle Patrick Penaud aspire, à tra- prendre mes cours avec lui.» L’intérêt vers ces quelques images.• pour la lutherie, il l’a depuis ses 11 ans. Pendant sa carrière de guitariste, Le site officiel de Roland Dyens : beaucoup de bonnes guitares lui pas- http://www.rolanddyens.com www.guitare-live.com Guitare Live magazine n°37 - mars 2008  Articles Défis Cours Atelier Forum

Rencontre avec Peter Janis de Radial Engineering

Ce n’est pas souvent que les Amériques se déplacent sur le vieux conti- nent. Alors, quand on nous annonce que Peter Janis, un des fondateurs de Radial Engineering (les pédales Tonebone), est en France, nous sautons sur l’occasion. C’est ainsi qu’à Domont, chez Guitare Village, nous ren- controns le très sympathique Canadien. Il revient pour nous sur le passé et le probable futur de Radial Engineering. Rencontre avec un homme passionné, avant tout, de guitare !

PAR KÉVIN CINTAS

Commençons par le début : pour- À l’époque, nous étions les premiers à Lorsque vous créez du nouveau rais-tu me raconter la manière faire ça, avant même Mesa Boogie (ça matériel, pensez-vous plus au dont Radial Engineering est né ? devait être en 1978). professionnel ou à l’amateur ? Peter Janis : Au départ je travaillais P.J. : Toujours au professionnel. Cela dans un magasin de musique et, par On connait relativement bien les me fait penser tout de suite au Swit- connaissances interposées, j’ai ren- Tonebone de Radial Engineering, chbone (qui permet de gérer deux contré Denis (ndlr : Denis Rozon co- mais finalement une grande majo- amplis de guitare en même temps) fondateur de Radial Engineering). À rité de votre production est axée dont une personne m’a dit l’avoir vu l’époque, j’étais un passionné de musi- sur la «logistique» du musicien. sur le pedal board d’ Eric Clapton. Mais que et d’électronique. Mais je n’avais P.J. : On a commencé, au début de nous oublions pas les autres. Si, au pas les outils en main pour développer notre collaboration avec Denis, à départ, nous avons fait des pédales mon propre matériel. Denis, lui, avait faire des pédales de distortion. C’est de distortion comme la Plexitube ou la toutes les connaissances. C’est donc un peu notre passion qui nous a fait Trimod, on a aussi essayé d’adapter ce en additionnant ces énergies qu’on a développer ce genre de pédale. Mais matériel, dans la mesure du possible, commencé à travailler sur le matériel la réalité du marché est tout autre : aux moyens et attentes des musiciens guitare. il y a énormement de pédales de ce amateurs. Après deux années de pré- type, alors on s’est dit qu’il fallait déve- paration, nous allons sortir deux péda- La première pédale que nous avons lopper d’autres choses. Pas mal de les de distortion à transistor calquées conçue était une A/B box permettant compagnies ont soit les guitares, soit sur la Trimod et la Plexitube. Leur de jouer avec trois amplis sur scène le système d’amplification. Mais peu sortie est prévue pour avril 2008. en même temps. On a eu quelques travaillent entre les deux maillons de problèmes et mésaventures, car on ne la chaîne.Notre secret c’est ça : gérer savait pas trop ce qu’on faisait. Après le son de la guitare. Nous ne sommes ça, on a crée notre première pédale de pas Fender, qui fait des guitares, nous distortion à lampe. Elle contenait trois ne sommes pas Marshall, qui construit ou quatre lampes et devait bien mesu- des amplis, nous ne sommes pas rer cinquante centimètres. Mais sur- Yamaha, qui développe des systèmes tout, elle sonnait très mal ! C’était le de son : nous connectons tout ça ! Peux-tu me parler un peu de la début, le concept était là et ne deman- nouvelle PZ Pre ? Ce n’est ni une dait qu’à évoluer. distortion, ni une A/B box. Un ovni dans la production de Radial À l’époque, je jouais avec beaucoup de Engineering ? materiel sur scène, beaucoup de gui- P.J. : Pas exactement. Si tu prends le tares, beaucoup d’amplis, tantôt pour Bassbone, sorti il y a environ trois ans avoir un son clean, tantôt pour des (utilisé entre autres par Tony Levin ou grosses distortions métal. De là, on a Nathan East, rien que ça), il fonctionne pensé un ampli à lampes trois canaux. sur le même principe que le PZ Pre.

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Les gros avantages de cette pédale, Vu le succès de vos produits Quand les deux vont arriver en façade, c’est qu’elle permet de rentrer deux auprès des professionnels, est-ce il va y avoir un décalage de son dû au instruments, et surtout, grâce à deux que Radial Engineering, à plus ou fait qu’il y a un déplacement d’air entre sorties séparées, de sortir le son en moins long terme, se mettrait à la baffle et le micro, alors que, de son post-équalisation (pour les retours de concevoir des amplis ? côté, la JDX n’aura aucun retard. scène par exemple) et en pré-équali- P.J. : On a fait des amplis, il y a long- sation (pour la façade notamment). temps, mais finalement, des gens Avant de rentrer dans la console, je C’est vraiment un produit fait pour la comme Marshall, Mesa Boogie ou Ran- place mon Phazer, et là je peux ali- scène et les professionnels. dall font de très bons produits. Je ne gner ou alors «déphaser» mon son. J’en suis assez fier car c’est James pense pas que ça soit intéressant. Et On s’amusait au dernier Namm (ndlr : Taylor (www.jamestaylor.net), peut- puis ce n’est pas vraiment la direction salon international de la musique être un des guitaristes les plus connus que nous avons prise. J’ai plus envie ayant lieu tous les ans aux États-Unis) au monde qui a fait les premiers essais de faire quelque chose de nouveau, avec ça. On sortait des sons vraiment de la PZ Pre. Maintenant cette pédale quelque chose qui pourrait exciter incroyables ! On créait un environne- fait partie de son set. vraiment le musicien. ment musical différent, alors on créait d’une manière différente. Étant donné En prenant une guitare standard à que je suis musicien, quand on pense six cordes, on la joue d’une certaine à un produit, on ne pense pas unique- façon. Maintenant avec une guitare ment à l’avancée technologique, mais douze cordes, on ne va pas faire les à ce que les musiciens vont pouvoir mêmes choses. C’est l’outil qui te fait faire de cette technologie ! travailler différemment. Une petite démonstration des problé- matiques auxquelles on est confron- tés, pour montrer notre manière de travailler : prenons par exemple le JDX, un boitier de DI qui se place entre C’est une chance pour vous de la tête d’ampli et la baffle. Son gros collaborer avec des musiciens avantage par rapport à ses concur- reconnus. rents, c’est qu’en plus de prendre le P.J. : Bien sûr ! Entre nous, on est son directement de la tête d’ampli, il en train de tester le JX44, qui est un prend la réaction du haut-parleur. De système permettant de gérer quatre cette manière, le son est bien plus entrées pour quatre guitares sans fil, «musical» car il prend en compte le quatre sorties pour quatre amplifica- mouvement de la membrane de la teurs. Il y a aussi une boucle d’effet intégrée etc. Hé bien, le gars qui fait les tests, c’est un certain Carlos San- tana [rires]. En parlant de technologie, que penses-tu des systèmes numéri- ...Carlos qui ? Les artistes vien- ques, type Line6, qui sont désor- nent-ils vous voir directement ou mais une grosse part du marché c’est vous qui les démarchez pour et sont entrés dans les habitudes proposer vos «solutions»? des utilisateurs ? P.J. : C’est un mix des deux. Le P.J. : J’ai commencé à travailler sur monde de la guitare est assez petit. des sytèmes numériques en 1985 : Je Les professionnels se connaissent connais plutôt bien le matériel et les entre eux et parlent beaucoup. Par problématiques. C’est vraiment un uni- exemple,Marshall a dit à Motorhead baffle. Maintenant envisageons la vers intéressant. Mais il y a un gros de voir avec nous pour régler les pro- situation suivante : problème dans les systèmes numéri- blèmes de gestion de leurs nombreux D’un côté le JDX envoie directement ques et digitaux : il n’y a pas de stan- amplis sur scène. Pour Carlos Santana son signal à la console de façade. De dard. À cause de ça, on est obligé de c’est pendant une tournée avec Aeros- l’autre, le micro placé devant l’ampli revenir tout le temps à l’analogique. mith. Joe Perry utilisait du Radial Engi- repique le son de la baffle (qui bien Jusqu’à ce que les grands groupes se neering un peu partout dans son set. entendu peut être une baffle différente mettent d’accord sur un standard, on Les musiciens parlent entre eux... de celle reprise par le boitier JDX). aura toujours ce genre de problème . www.guitare-live.com Guitare Live magazine n°37 - mars 2008  Articles Défis Cours Atelier Forum

Ce n’est pas le même feeling et comme Ce seront des pédales à lampe ? ma sensibilité va plus vers l’analogique, P.J. : Ce sera... de la magie !• il est normal que nos produits tradui- sent cette volonté de direction. > Rejoignez le portail pour vision- ner les vidéos 1 et 2 Pour terminer, vous avez au cata- logue un bon panel de pédales de Un grand merci à Guitare Village à distortion disponible : la Trimod, Domont, ainsi qu’à l’équipe d’Arbiter la Hot british, la Plexitube et la France grâce à laquelle nous avons pu Classic. Vous avez ainsi couvert réaliser cette interview. pas mal de ce qui avait déjà été fait en terme de distortion. Penses-tu Site de Radial Engineering : qu’il existe encore quelque chose http://www.radialeng.com/ D’un point de vue guitare, avec le à créer dans le monde des péda- numérique, je perds une sorte de les de distortion ? Site du distributeur Français : connexion physique avec le matériel. P.J. : Oui, sans hésiter. D’ailleurs, si http://www.guitarenet.com/ Je ne dis pas que les systèmes digi- tout se passe bien, d’ici un an, on taux sont mauvais, mais je pense que devrait sortir deux produits à coup sûr Site de Guitare Village : ce n’est pas la même chose. très intéressants pour les guitaristes. http://www.guitare-village.com

Simple Plan, un succès éphémère ?

Rejetons du Québec, Simple Plan a su imposer sa musique d’éter- nels adolescents en France grâce à un soutien radio indécrottable et à une pub pour Citroën vantant autant les mérites de la voiture que du single Welcome To My Life. Mais les groupes de ce créneau ont souvent le succès éphémère… C’est donc avec prudence que s’expriment les deux guitaris- tes Canadiens, Jeff Stinco et Sébastien Lefebvre, quelques jours seulement avant la mise en bac de leur troisième album, bien entendu leur plus abouti. Jugez plutôt. PAR NICOLAS DIDIER BARRIAC

Une formule toute faite pour qua- Nous nous connaissons depuis quinze J.S. : Évidemment ça ne prend pas lifier n’importe quel troisième ans et donc les années difficiles que trois mois pour enregistrer les guita- album est qu’il s’agit de l’album traversent certaines formations sont res. Ce qui est long est de fignoler les de la maturité. Mais en ce qui déjà passées pour nous. Il ne nous idées, de revisiter les chansons, les concerne cet album éponyme, reste qu’à continuer un petit peu plus modifier, etc. Il y a eu beaucoup de est-ce que ça pourrait être vrai loin encore. Nous avons certes connu travail dans les détails. L’écriture s’est (pour une fois) ? des hauts et des bas mais là nous vou- faite en deux phases. Une première Jeff Stinco : Je pense qu’il y a un fond lons profiter de ce nouvel album sur session s’est faite très rapidement de vrai, oui. lequel nous avons beaucoup bossé. après la fin de la tournée du deuxième Sébastien Lefebvre : Le troisième album. Les chansons étaient bonnes album est important dans la carrière Qui compose à l’intérieur du mais pas tout à fait assez modernes d’un groupe. On dit que le premier sert groupe ? et différentes. Nous avons donc décidé à le présenter, le deuxième à voir s’il J.S. : Pierre (Bouvier, chant) et Chuck de les jeter et de partir sur de toutes va rester et le troisième à confirmer (Corneau, batterie) apportent très nouvelles bases. qu’il peut bel et bien rester. souvent les premières idées pour les S.L. : Il n’y avait pas encore d’évolu- J.S. : Pour moi ce disque essaie de morceaux, et le groupe les arrange tion dans ce premier jet. Elles étaient répondre la question, est-ce que nous ensuite pendant les répétitions. conformes à ce à quoi les gens pou- avons une légitimité à long terme ? S.L. : Le travail en studio a été assez vaient s’attendre après Still Not Get- Nous sommes des amis de longue date. important, ça a duré 3 mois pour finir. ting Any.

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J.S. : Nous voulions trouver quelque Aujourd’hui les sons sont tellement La guitare idéale pour vous ? chose pour nous distinguer des autres modifiés qu’il est vraiment difficile de S.L. : Celle que j’ai reçue il y a un an ! groupes. Nous avons collaboré avec s’y retrouver. Mais nous sommes très Je suis comme ça. Quand un modèle Danja et pendant un an nous avons heureux comme guitaristes au sein me plaît, je veux tout faire avec et je composé d’autres titres. Puis en studio du groupe. Rythmiquement, nous pense à aucune autre guitare jusqu’à nous nous sommes bien pris la tête sommes plus intéressants qu’avant. ce qu’il y en ait une autre que j’aime pour trouver des sons plus excitants plus ou que je la casse [rires]. C’est et recherchés. Cette exploration prend Comment est-ce que vous quali- une Framus avec un corps énorme du temps. fieriez vos jeux respectifs ? mais super légère en même temps. J.S. : Alors Sébastien est Malcom Fantastique ! Et au bout de cette exploration, Young [rires] ! J.S. : Pour moi, il y a trois types de vous êtes arrivés où, alors ? S.L. : Oui je suis plus porté sur la gui- guitares : la Les Paul, la Stratocaster J.S. : Nous avons gardé les meilleurs tare rythmique et Jeff sur la lead. Pour et la Telecaster. Entre ces trois-là, j’ar- éléments du groupe car nous ne moi, le fun arrive surtout en concert rive à satisfaire toutes mes envies. J’ai sommes pas devenus progressifs tout car j’aime l’énergie. C’est ce qui me été habitué à jouer sur un manche en à coup ! Il y a ces éléments mélodi- pousse à jouer. érable donc je tends un peu plus vers ques et rythmiques qui nous distin- J.S. : T’as un jeu assez subtil, en fait. la Stratocaster. Néanmoins, le corps, guent des autres : de grosses guitares Tu ne le réalises pas parce que c’est le sustain et le son de la Les Paul et des refrains accrocheurs. Mais nous toi qui le fais [rires]. Avec le même ne me laissent pas indifférent. Il n’y avons greffé des éléments nouveaux. son d’ampli tu es capable de faire aucun instrument parfait. La Les Paul On trouve donc des éléments de hip varier ton son rien que par la manière manque de humbucker et la Strato est hop, de musiques électroniques ou de de jouer. C’est étrange et impression- un peu trop mince par exemple. R ‘n’ B sans dénaturer ce que nous nant. J’ai joué avec énormément de faisions à la base. C’est une évolution mecs avant Sébastien et je peux dire Pour finir, est-ce que vous pensez naturelle même si la différence entre qu’il est rare de tomber sur quelqu’un à produire vous-mêmes votre pro- le premier et le deuxième opus était qui comprenne bien son matos. Pour chain album ? J’ai cru comprendre moins grande. ma part, j’ai une préoccupation mélo- que sur cet album, votre marge de dique très grande. La guitare est un manœuvre était importante… Simple Plan est surtout connu instrument très large. J’aime le bruit J.S. : C’est une possibilité mais nous pour ses refrains qui ont marqué et le côté «textural» de la guitare. Ces aimons tout de même avoir un arbitre tous vos tubes comme Welcome temps-ci, avec le groupe, je joue énor- à nos côtés. Nous sommes cinq per- To My Life. En tant que guitaristes mément et notamment en acoustique. sonnalités très fortes dans le groupe ce n’est pas un peu décevant de Je suis guitariste classique de forma- donc c’est plus sûr… ne pas pouvoir d’avantage s’ex- tion et j’adore réinterpréter nos titres S.L. : Parfois, le producteur sait nous primer ? dans ce format. remettre les idées en place. En effet, J.S. : Je n’ai jamais joué autant de leads un truc tout bête comme un accord de que sur ce disque ! Sur le titre The La plupart des guitaristes sont guitare est souvent sujet à de nom- End, par exemple, on nous dit souvent également de gros collection- breux débats internes mais en fin de que les claviers sont très accrocheurs. neurs. Vous aussi ? compte un producteur peut trancher Et bien il faut savoir que cette mélo- J.S. : C’est vrai. J’en emmagasine pas et nous rappeler que, finalement, ce die a été composée uniquement à la mal. J’aime surtout les vieux modèles. n’est peut-être pas là que se situe l’es- guitare. Parfois il arrive l’inverse : des C’est une vraie passion qui me mène à sentiel…• gens qui pensent entendre des claviers réaliser des échanges notamment. J’ai et en fait c’est de la guitare. quelques belles pièces de collection. www.simpleplan.com

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The Black Crowes, la nouvelle peau des frères corbeaux

Presque aussi connu pour son mariage, puis pour son divorce, avec Kate Hudson, Chris Robinson n’en reste pas moins avant tout le chanteur et leader des Black Crowes. Si au sein du groupe, électron libre entre hard rock sudiste et , il laisse la majorité du temps la guitare à son frère, il demeure un habitué du manche, notamment en phase de composition. Et des compo- sitions, il nous en donne de très bonnes sur Warpaint, le grand retour des Black Crowes presque vingt ans après leurs débuts et sept après leur der- nier opus, le bizarre Lions… PAR NICOLAS BARRIAC

Pourquoi le choix de ce titre, War- Il est même différent de tous les Nous ne gardons que les chansons qui paint ? autres opus. Le break de sept ans remuent quelque chose en nous et, de Chris Robinson : En fait il faut y enten- depuis la sortie de Lions n’est sans manière inexplicable, ce n’est pas le dre une charge sur l’Amérique actuelle. doute pas étranger à cela… cas de toutes. Une Amérique qui vit dans la peur éta- C.R. : Oui, c’est vrai. C’est une pro- blie par les médias et dans un capita- gression logique lorsqu’on regarde Au niveau de la production, War- lisme aberrant. Heureusement, malgré tout cela de près mais il respecte notre paint est certainement l’album le cette masse majoritaire, il existe une amour profond de nos racines musi- plus abouti, n’est-ce pas ? contre-culture de personnes refusant cales. Nous essayons de prendre leur C.R. : Oui. Le travail sur le son a été ce modèle et qui comprennent ses essence pour les fondre dans notre assez complexe et il y a un paquet de failles ainsi que les dangers auxquels vision du rock ‘n’ roll. Cette ambition couches différentes à découvrir. Paul il s’expose. Musicalement, ce titre affi- était déjà présente à mon sens dans Stacey a bien retranscrit la dynamique che notre indépendance également. Shake Your Money Maker mais chaque des Black Crowes sur le disque. Il faut La musique, pour nous, est une forme album représente une époque et un dire que tout a été enregistré en live et de liberté. Warpaint est une charge angle d’approche différents. en une seule prise. Il n’y a pas d’over- vis-à-vis de tout ce qui est plat et qui dubs (ndlr : technique de ré-enregis- ne remet rien en question. Avez-vous du mal à ne pas vous trement sur des pistes déjà existantes) répéter au fil des ? Y a-t-il ou de tours de passe-passe digitaux Imaginons un instant que nous de nombreux morceaux qui sont comme le font beaucoup de groupes sommes en 1990 et que tu entends composés et finalement non utili- de nos jours. Il y a un côté direct qu’on Warpaint. Qu’en dirais-tu ? sés car ils sont trop ressemblants ne retrouve pas ailleurs à cause de la C.R. : Je pense que je l’aimerais beau- à des chansons déjà parues ? démocratisation des techniques d’en- coup. Il n’y a pas beaucoup d’éléments C.R. : Non, pas trop. Tu sais, Miles registrement digitales. Ces techniques dans la musique qui auraient été Davis a dit que « la musique change peuvent permettre à n’importe qui de impossibles à intégrer à nos débuts. sa propre personnalité ». Du coup, en sonner de manière correcte, même Cet album est dans la droite lignée de vivant, notre musique nous a changé s’il ne sait pas bien jouer. On va vers nombreuses choses que nous avons aussi. Nous écrivons pas mal de titres une disparition de la personnalité des faites. Nos influences et nos ambitions qui ne sont pas toujours retenus. C’est musiciens. Où est passé le son carac- sont identifiables dans ce disque. rarement à cause de ressemblances. téristique du guitariste ?

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Si bon nombre de guitaristes sont Le groupe, à mon sens, a toujours devenus connus c’est souvent grâce à été plus intéressant sur scène leur liberté d’expérimentation ou à leur qu’en studio et il semblerait que son unique. Aujourd’hui tout cela dis- tu adores vraiment le live, à en paraît complètement et nous ne vou- juger par ton attitude. Est-ce que lons pas tomber dans le piège. tu es d’accord avec cela et, si c’est le cas, es-tu également une per- The Black Crowes est connu pour sonne heureuse en studio ? être le groupe de deux frères. C.R. : Oh que oui ! J’adore être en Comment décrirais-tu ta relation studio, que ce soit avec les Black de compositeur avec ton frère Crowes ou non. En 2007, j’ai produit Rich ? pas mal de disques pour d’autres artis- C.R. : Féconde. Nous avons écrit énor- tes et je suis constamment en studio mément de chansons dont certaines pour travailler de nouvelles idées. Vous avez sorti sept albums sont devenues très populaires. Parfois, Toutefois, c’est vrai que la scène est studio. S’il ne fallait en garder le chemin que nous empruntons pour l’aboutissement de tous les efforts. Si que trois, ce serait lesquels ? écrire est assez tortueux [rires] mais on se donne la peine de bosser comme C.R. : The Southern Harmony And globalement c’est une bonne relation. des fous en studio, c’est pour pouvoir Musical Companion, Warpaint et Three Je pense que c’est le lot de toute rela- jouer de superbes chansons à jouer en Snakes & One Charm. The Southern tion artistique avec n’importe quelle concert. Je retire autant de satisfac- Harmony And Musical Companion est, personne. Quand cette personne est tion de ces deux formes d’expression, selon la majorité de nos fans, l’album son propre frère, les liens sont encore en fait. qui comporte le plus de classiques donc plus forts. Mais quand je regarde en je suis obligé de le choisir ! Warpaint est arrière, je suis assez fier du travail Dans quelle mesure as-tu l’im- pour sa part la meilleure illustration de accompli. Je crois que mon frère et moi pression d’avoir évolué en tant ce qu’est le groupe aujourd’hui. Enfin, nous entendons le mieux lorsque nous que musicien depuis vingt ans ? Three Snakes & One Charm car c’est composons de nouvelles chansons. C.R. : Beaucoup, j’espère. À mon mon disque préféré et généralement avis, la musique est comme n’importe celui que les gens n’ont pas compris. Y a-t-il une forme de compétition quel domaine : plus on joue, meilleur C’est notre album le plus psychédé- entre vous deux pour trouver la on devient. En même temps, plus on lique et il possède une qualité nébu- meilleure chanson possible ou traverse des épreuves dans sa propre leuse qui me comble de joie à chaque est-ce que vous jouez collectif ? vie, plus cela va avoir un effet sur sa fois que je l’écoute ! Il y a moins de C.R. : Je ne ressens pas cela comme musique et l’enrichir, la rendre plus guitares mais je l’aime. une compétition mais il est clair qu’il profonde. J’essaie de m’exprimer de y a de la fierté individuelle lorsqu’on manière plus variée à travers mes The Black Crowes - Warpaint trouve une idée géniale. Mais en géné- textes et mes chansons qu’au début. Silver Arrow Records - PIAS ral nous collaborons pour enrichir au Du coup, la représentation de ce que Site officiel du groupe : mieux le répertoire des Black Crowes. nous voulons exprimer est plus fine. www.blackcrowes.com

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Porcupine tree vs Oceansize

On vous a déjà récemment parlé de Porcupine Tree et d’Oceansize, deux groupes proches musicalement et dans la vie, mais leur actualité est tel- lement dense que toute occasion est bonne à saisir pour s’entretenir avec eux. Et en ce jour de grève de taxis parisiens, l’interview sera d’autant plus agréable qu’une rencontre entre Steven Wilson, tête pensante en chef de Porcupine Tree, et les piliers six-cordistes d’Oceansize, Gambler (égale- ment claviériste) et Mike Vennart (également chanteur), est possible. Une discussion entre amis dans laquelle nous nous sommes glissés et qui révé- lera quelques détails amusants sur le parcours de deux groupes en pleine ascen- sion méritée. PAR NICOLAS BARRIAC

Revenons sur vos débuts respec- Et du côté d’Oceanize, est-ce que D’ailleurs, Steven, cette recher- tifs. Steven, les premiers trucs vous aussi vous avez dû multi- che de la « pop song » parfaite a que tu as écrits ont été le fruit plier les groupes pour trouver toujours été une de tes ambitions d’un travail solitaire exclusive- les bonnes personnes pour vous au travers de Blackfield notam- ment, n’est-ce pas ? lancer sérieusement ? ment ? Steven Wilson : Oui. La solitude a été Gambler : Oceansize existait sur S.W. : Oui c’est exact. Maintenant je un peu mon pain quotidien durant papier avant même que le groupe ne garde mes idées pop pour Blackfield toute ma vie… Tout ce que j’ai entre- soit formé. car sur Fear Of A Blank Planet de Por- pris a toujours été initié par moi-même M.V. : Notre batteur, Mark Heron, et cupine Tree nous avons laissé tomber car je ne voyais pas qui d’autre aurait moi parlions de monter un groupe ce style. Il est vrai que je suis un grand pu trouver cela intéressant. Porcupine depuis des années avant que nous ne admirateur de gens comme Brian Tree ne fait pas exception : c’était dif- passions à l’acte. Bizarrement, il croyait Wilson, Paul McCartney, Jeff Lynne ou ficile de trouver des gens pour m’ac- que nous allions faire un power trio ABBA car ils pouvaient écrire des chan- compagner au début alors qu’avec avec Jon Ellis à la basse. Mais quelques sons phénoménales. Elles ont peut- quelques albums déjà établis de bons jours avant notre première répétition, être un côté «gnangnan» mais elles profils sont venus à moi. J’avais aussi je l’ai informé que Steve Durose allait sont aussi immortelles. Comme le dit fondé un groupe de heavy metal, également nous rejoindre à la guitare. Mike, il est extrêmement dur de parve- Paradox, quand j’avais douze ans Je lui ai parlé de mon pote Gambler nir à faire cela de façon convaincante. et que je venais de découvrir Iron qui était arrivé de Leeds la semaine Avec le temps, j’ai réalisé que je n’y Maiden, Saxon, Diamond Head, etc. d’avant et qui ferait un bon claviériste arriverais pas malgré mes tentatives. Mes parents m’ont acheté une guitare [rires]. Le groupe s’est monté dans Mon domaine d’expertise – si je peux Kay. Vous vous rappelez de ça ? la confusion et sur un malentendu ! l’appeler comme ça – réside davan- Mike Vennart : C’était ma première Avant cela, je n’avais joué que des tage dans des morceaux plus ambi- également ! Elle ressemblait vague- trucs insignifiants. En fait, tous les tieux et complexes contrairement à ment à une Stratocaster. groupes auxquels j’ai participé étaient Aviv Geffen. C’est pour cela que j’aime S.W. : La mienne coutait 25£ ! Elle m’a parasités par la volonté de plaire. À écrire avec lui au sein de Blackfield. en tout cas permis de former mon pre- mon sens, c’est la meilleure façon pos- mier groupe alors que j’étais encore à sible d’écrire de la merde. Néanmoins, À part Aviv Geffen, tu n’as men- l’école. Ce fut le premier d’une longue j’ai beaucoup de respect pour les gens tionné que des gens qui se sont liste de combos pourris auxquels j’ai qui écrivent de bonnes chansons pop. faits connaître dans les années participé dans les années 80 ! J’avais Je crois d’ailleurs, qu’il est plus difficile 60 ou 70. Penses-tu qu’encore une veste avec des patchs de Praying d’y arriver que de composer un mor- aujourd’hui il y a des artistes Mantis et de Saxon [rires]. ceau de jazz ultra complexe... [rires]. exceptionnels dans la pop ?

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S.W. : Oui. Je ne suis pas un gros fan Tu le laisserais produire un disque meilleur des trois, je trouve. Mon mais je dois dire que Coldplay écrit des de Porcupine Tree ? titre préféré figure en revanche sur choses formidables. S.W. : Oui et c’est bien le seul que je le deuxième album. C’est la dernière M.V. : J’allais dire la même chose ! laisserais approcher de ma musique ! piste, Ornament/The Last Wrongs. Sur S.W. : Je n’achèterais pas leurs dis- J’adorerais entendre ce qu’il en ferait le nouveau mes préférées sont Com- ques mais lorsque j’entends Speed Of [à ce moment, Mike Vennart part pour memorative 9/11 T-Shirt et Sleeping Sound ou Fix You, je suis très admi- une autre interview]. Dogs And Dead Lions. ratif. Je pense qu’il s’agira des Penny G. : Sur Frames, nous sommes reve- Lane et I’m Not In Love de demain. Gambler, y a-t-il une chanson ou nus à un style plus proche du premier M.V. : Go Your Own Way ! un album de Porcupine Tree que album en opposition aux anthems S.W. : Exactement : Fleetwood Mac tu apprécies particulièrement ? d’Everyone Into Position. Nous vou- – Rumours est un autre grand classi- G. : J’adore la chanson avec un papillon lions un disque plus proche de nos que intemporel. Il est à mon sens de de nuit sur l’écran géant, là… Tu vois personnalités. Je dois avouer que nous plus en plus difficile d’être bon dans laquelle c’est ? avons délibérément cherché à sortir ce domaine car tout le monde a le S.W. : Je ne sais pas, je joue toujours deux singles sur Everyone Into Posi- même son de nos jours. Il n’y a plus face au public et donc dos à l’écran tion… De ce fait, le disque est très « autant d’inventivité dans la produc- [rires]. Ah si, je pense que c’est The naturel » et aucun single n’est en vue ! tion aujourd’hui surtout en comparai- Start Of Something Beautiful. Nous ressentons à nouveau l’esprit ini- son du travail accompli sur I’m Not In G. : Oui c’est celle-là ! La mélodie est tial du groupe.• Love par exemple où le producteur fait très jolie ainsi que le solo. En fait, pour un boulot monstre sur les voix et les les albums je préfère les vieux disques Snapper – Wagram (Porcupine Tree textures. Heureusement, il reste des pour être franc. – Nil Recurring) types comme Trent Reznor. Il n’écrit InsideOut – Wagram (Oceansize - certainement pas les meilleures chan- Et toi, Steven, que penses-tu Frames) sons du monde mais toutes ses pro- d’Oceansize ? www.porcupinetree.com ductions sont carrément fabuleuses. S.W. : Leur dernier album est le www.oceansize.co.uk Danko Jones le hard rock made in canada

La majorité de ceux qui découvrent Danko Jones en festival les considèrent comme leur coup de cœur. Après dix ans de carrière, les Canadiens commencent enfin à récolter les fruits d’un dur labeur. Symbole de cette réussite, leur nouvel album, brillamment produit par Nick Raskulinecz, qui voit le chant se faire net- tement plus mélodique et accrocheur tout en mettant autant d’emphase sur la guitare énergique de Jones. Ce dernier, tout juste sorti de quelques séances photos, revient pour nous sur quelques sujets épars avec une fougue nord- américaine qui n’est pas sans rappeler sa musique. PAR NICOLAS BARRIAC

Si, en dehors de , rock, du avec des éléments Du point de vue du son, comment tu n’avais que trois mots pour de punk rock par-ci par-là mais jamais définis-tu Never Too Loud ? décrire votre nouvel album, les- de hard rock sur toute la longueur D.J. : Encore une fois, je dirais « hard quels emploierais-tu ? d’un disque. Si Never Too Loud sonne rock » car nous n’avons pas essayé de Danko Jones : Généralement, j’en uti- comme ça, c’est en grande partie à redéfinir quoique ce soit avec «Never lise deux : hard rock. Donc là ce sera : cause de mon chant. J’utilise bien plus Too Loud». La seule ambition de cet du hard rock [rires]. Notre but a été de de mélodies que précédemment au album était de recréer l’atmosphère faire un disque de hard rock, tout sim- lieu de mon « growl » auquel je me des albums avec lesquels j’ai grandi et plement. Ce n’est pas quelque chose suis habitué. C’était la solution de faci- qui souvent avaient un côté bien plus que nous avions fait sur nos albums lité pour moi d’utiliser cette technique doux que notre album, malgré leur précédents. Nous avions joué du heavy de chant. indéniable étiquette hard rock. www.guitare-live.com Guitare Live magazine n°37 - mars 2008 15 Articles Défis Cours Atelier Forum

Qu’est-ce qu’une bonne chanson Changeons de sujet et évoquons D.J. : Oui. Je chantais pour moi-même de hard rock ? les tournées, un domaine dans au départ pour voir ce que donnaient D.J. : Bonne question. C’est difficile à lequel vous excellez. Comment mes chansons mais lorsque j’ai parti- dire. Un bon morceau de metal pos- vis-tu sur la route ? Est-ce que cipé à mes premiers groupes au lycée, sède un bon groove, mais un bon c’est une partie de ton métier que personne ne voulait chanter donc je titre de hard rock ? [il réfléchit] C’est tu apprécies ? m’y suis collé. Je trouvais ma voix hor- impossible à dire. C’est simplement D.J. : Je suis un peu du genre hyperac- rible mais je n’avais pas le choix si je une question de feeling. L’étiquette tif. Je ne me demande jamais ce que voulais faire avancer les choses… Fina- «hard rock» est tellement large qu’une je vais faire durant les cinq prochaines lement, je ne me défendais pas trop unique définition serait dure à trouver. heures [rires]. Du coup, je gère assez mal derrière un micro et j’arrivais sans bien les moments de flottement qui trop de mal à chanter juste. De ce fait, J’ai l’impression que pour avoir sont assez courants en tournée. Et puis en fondant Danko Jones, il était hors un gros public aujourd’hui il faut en dehors du groupe je gère quelques de question d’avoir quelqu’un d’autre soit plus doux que vous, comme articles pour des magazines de rock et que moi à ce poste [rires]. , ou alors bien plus j’anime une émission de radio. heavy, comme Shadows Fall par Est-ce que tu te rappelles de ta exemple. Tu n’as jamais l’impres- Tu ne te coupes jamais du monde première guitare ? sion d’être entre deux eaux ? de la musique ? D.J. : Mmmh. C’était donc une gui- D.J. : Totalement. Je me fais souvent D.J. : Pas trop, c’est vrai, et en tout tare acoustique. C’était une mini-gui- cette remarque. La preuve que quelque cas pas de manière sensationnelle… Je tare pour enfants. En revanche, je me chose cloche est que les gens ont du suis un type normal qui aime surfer sur souviens très bien de ma première mal à nous catégoriser : punk, garage, le net et jouer aux jeux vidéos. guitare électrique. Il s’agissait d’une rock, nous avons tout subi ! Nous Fender Squire. J’ai dû la vendre car n’avons de look défini. Je ne porte pas Comment en es-tu venu à t’in- j’étais fauché et je me suis acheté un une mèche à la MySpace donc nous ne téresser à la musique, initiale- autre modèle : une vraie merde ! La sommes pas emo [rires]. Je m’habille ment ? toute première « vraie » guitare que en noir mais je n’ai pas de tatouages D.J. : Ma mère m’a forcé à jouer du j’ai pu me payer était une Telecaster donc je ne suis pas un blackeux. Je piano mais je n’ai pas pris beaucoup et je m’en suis même servi durant des n’ai pas de dreads et un bouc donc je de cours car je n’aimais pas cela. Je ne années au sein de Danko Jones. Il y a ne suis pas un clone de Korn. Je crois voyais pas l’intérêt de jouer du même deux ans et demi j’ai changé de marque que nous serons toujours tous seuls instrument que ma mère [rires]. Je pour une Gibson Explorer. C’est le mais complètement indépendants et regardais les groupes de rock à la télé- modèle de mes rêves car j’ai toujours contents de jouer nos chansons. C’est vision et je voulais faire comme eux ! adoré voir Paul Stanley et James Het- l’essentiel. Si vous aimez le rock, vous Je pense qu’à ce moment-là, on aurait field avec les leurs. Je ne savais pas si nous aimerez. pu me donner n’importe quel instru- c’était agréable à jouer comme guitare ment d’une formation rock et j’en mais elle avait l’air tellement cool que Comment se fait-il que vous ne aurais joué jusqu’à ce que mes doigts je m’en foutais ! Aujourd’hui, je ne la soyez pas encore plus connus, saignent ! J’ai décidé de jouer de la changerai pour rien au monde. Elle est alors ? guitare mais ma mère ne voulait pas hyper confortable sans que je puisse D.J. : Justement parce que nous ne que j’en prenne une électrique par peur expliquer pourquoi… Peut-être est-ce rentrons dans aucune mode. Il n’y a du bruit. Lorsque j’ai enfin eu gain de la forme du corps qui permet de poser que les vrais amateurs de musique cause, ce fut une révélation. Ma mère le bras de manière agréable ? En tout qui savent voir à travers les schémas pensait que ce serait simplement une cas, elle me procure une force psycho- préétablis et les groupes préfabriqués. lubie mais il ne s’agissait pas de cela. logique immense et pour un guitariste Nous plaisons à notre public pour Je voulais au moins améliorer mon jeu comme moi c’est essentiel ! notre musique et rien d’autre, certai- pour me permettre de composer et nement pas pour nos coupes de che- voir si j’avais un peu de talent dans ce Est-ce que tu as des plans pour veux. Je suis fier de nos chansons car domaine. Je me suis rapidement rendu réaliser un modèle signature pour nous utilisons les trois mêmes putains compte que je n’avais ni les capacités Gibson ? d’accords que tout le monde et nous ni la motivation pour devenir un nou- D.J. : Pour le moment je ne suis que relevons le défi de les faire sonner veau Eddie Van Halen et donc je me sponsorisé par la marque. En revanche, de manière originale. D’une certaine suis focalisé sur le chant et le travail j’ai bien envie d’essayer une Flying V et façon, je pense que nous l’avons réa- de composition. je pense jouer sur le modèle que Jeff lisé à travers chacun de nos albums à Waters d’Annihilator va leur faire !• quelques reprises… En tout, quatre ou Tu es venu au chant un peu par cinq fois peut-être ? hasard, n’est-ce pas ? www.dankojones.comv

16 Guitare Live magazine n°37 - mars 2008 www.guitare-live.com Articles Défis Cours Atelier Forum The Mars Volta un nouvel album plus grand public

En bâtissant sa réputation sur l’ex-présence de ses leaders dans le culte At The Drive-In, The Mars Volta s’est rapidement imposé comme un des seuls groupes affiliés à la scène progressive qu’il était acceptable d’apprécier sans passer pour un geek collectionneur de figurines de Dark Vador. Mieux, si l’on ne tombait pas en admiration devant cette musique avant-gardiste consti- tuée de brics, de brocs, de noise, de , de heavy et de trash, on passait pour un étroit d’esprit trop attaché à des valeurs musicales linéaires. Alors avant même que ne sorte le quatrième album du big band d’Omar Rodri- guez-Lopez, The Bedlam In Goliath, on savait déjà qu’il fallait l’adopter. Les yeux fermés et les oreilles ouvertes. PAR NICOLAS BARRIAC

Pourtant, à peine dix secondes après Il possède la même préoccupation On espère qussi qu’entre accroche et avoir appuyé sur « lecture », The harmonique tout en enrichissant le son avant-garde, le groupe continuera à Bedlam In Goliath affiche un carac- des titillements phoniques caractéristi- faire le bonheur des fous de guitare tère plus digeste que les passages ques d’, prouvant par la tout en brossant dans le sens du poil les plus accessibles des deux disques même occasion que l’expérimentation les lecteurs des Inrocks. précédents. Peut-être est-ce dû à un peut bel et bien se mettre au service de tracklisting refusant tout titre de plus l’accroche mélodique. Goliath ou Abe- Ce n’est pas avec ce disque que The de dix minutes, peut-être est-ce l’ab- rinkula le montrent de manière aussi Mars Volta se débarrassera de tout sence d’expérimentations sonores trop convaincante que Bertrand Renard ces détracteurs – les textes de Cedric poussées, peut-être est-ce le tempo avec son « compte est bon ». Bixler-Zavala sont toujours aussi parti- ravageur qui parcourt l’ensemble des culiers, le chaos menaçant de la musi- pistes, toujours est-il que les douze Omar Rodriguez-Lopez, et que aussi – mais il devrait consolider morceaux de l’album possèdent une , le guitariste des Red une fanbase toute acquise à l’univers essence mélodique remarquable. La Hot Chili Peppers rempilant ici pour son singulier des ex-At The Drive-In dont courbe d’intérêt commence à osciller à rôle d’invité permanent, déchaînent la on ne compte plus les projets artisti- la moitié de l’album mais elle se main- furie sur leurs instruments et donnent ques en cours. Néanmoins, à l’heure tient toujours plus haut que sur Fran- une texture remarquable à des com- actuelle, aucun n’est aussi poussé que ces The Mute et Amputechture. positions sans compromis. Frusciante, ce groupe au line-up changeant où se pour la première fois, donne raison au retrouveront forcément les amateurs Ces disques méritent la médaille des groupe de l’avoir inclus dans le line-up de musique cérébrale, de mesures asy- albums les plus surestimés du XXIème tant chacune de ses interventions se métriques et de concepts bizarroïdes. siècle. Injuriant le rock progressif en révèle délicieuse par sa technique et Novice ou aguerri, laissez-vous séduire se réclamant comme tel à grands ren- son feeling. par The Bedlam In Goliath, un album forts de guitares psychédéliques et dense au-delà de l’imaginable et pos- d’alternances on ne peut plus prévi- Autre star du disque : le nouveau sédant autant de guitares que sur l’en- sibles et non-inventives de passages batteur . Par son jeu semble de la discographie (passée et calmes et énervés, ils ne possédaient furieux, il repousse les limites musica- future) de Raphaël. Scientifiquement pas un gramme de la qualité du brillant les de l’ensemble du groupe. Lorsque testé.• premier opus du groupe produit par le l’on joue des partitions comme celles génial Rick Rubin. Avec sa structure en de The Mars Volta, il semble que l’an- Discographie : chansons, son travail sonore remar- nihilation progressive de limites soit la De-Loused In The Comatorium (2003) quable et sa noirceur omniprésente. seule stratégie valable à suivre d’al- (2005) Heureusement, l’album The Bedlam In bum en album. Si on ne pourra pas Amputechture (2006) Goliath se positionne comme le suc- leur donner tort à l’écoute de l’album. The Bedlam In Goliath (2008) cesseur idéologique tant attendu de On espère maintenant que le groupe De-Loused In The Comatorium. se stabilisera dans ce parfait équilibre. www.themarsvolta.com www.guitare-live.com Guitare Live magazine n°37 - mars 2008 17 Articles Défis Cours Atelier Forum

Allô ? Willy Deville à l’appareil !

Après Calvin Russel il y a deux mois et Tom Petty le mois dernier, voici un autre rocker américain qui a flirté avec un peu trop de substances mangeuses de neu- rones durant sa carrière. À 57 ans, Willy DeVille, l’éternel ex-Mink DeVille, ne semble plus avoir tout son cerveau et réaliser une interview téléphonique avec lui relève du parcours du combattant entre les questions à éviter, les questions à répéter et les questions auxquelles il ne veut pas répondre… On en oublierait presque la sortie en début de mois de , le dernier bébé discographique de ce rocker ronchon ! « Allô ? » PAR NICOLAS BARRIAC

Tu ne viens pas d’une famille de Justement, à propos de ton par- Si tout était tout le temps pareil, les musiciens. Qu’est-ce qui t’a fait cours au cinéma : as-tu déjà pensé choses seraient vite ennuyeuses. J’es- venir vers le monde de la musi- écrire un scénario ou carrément saie de faire des chansons différentes que ? réaliser un long métrage ? car j’estime avoir une dextérité musi- Willy DeVille : Avec mes deux grands W.D.V. : En fait, je suis en train d’écrire cale suffisante pour me permettre de frères, dans les années 50, nous écou- un livre sur des anecdotes de ma vie. me frotter à des styles éclectiques. tions beaucoup la radio par exemple Ça va s’appeler With Every Reason To Comme ça, en tant qu’artiste je suis en allant à l’école et ça me plaisait de Live. Ca parle des gens que j’ai connus satisfait car j’ai l’impression d’utiliser discuter de ce qui passait. Même en durant ma vie et qui sont tous issus tout mon talent. Faire un album s’ap- marchant dans la rue, la musique était de la rue. C’est un livre riche en émo- parente à une démarche de mathéma- partout car les gens se baladaient avec tions : il va vous faire rire et pleurer. ticien. Ça peut être peu emmerdant leurs radios transistors. En fait, dès parfois mais il y a toujours la scène que je pouvais écouter la radio quel- Tu penses que ça pourrait être au bout du compte. La scène et le que part, je sautais sur l’occasion. Et adapté à l’écran ? studio ont chacun leurs avantages et puis j’ai rencontré un type qui connais- W.D.V. : Oui, vraiment. Si William Bur- leurs inconvénients mais, en faisant sait super bien le rock ‘n’ roll. On roughs a eu droit à son film je ne vois le métier que je fais, je ne peux pas écoutait beaucoup de reprises en ce pas pourquoi je n’y aurais pas droit. négliger l’un de ces deux aspects. temps et lui savait toujours qui avait Qui me jouerait ? Aucune idée… écrit les originales. C’est ce même gars Est-ce que tu connais des artistes qui m’a appris à jouer de la guitare. Il Parlons du nouvel album. Pour- de la scène française ? m’a appris pas mal d’autres trucs aussi quoi ce titre Pistola ? Tu es venu W.D.V. : Euh… Je ne sais pas… Est-ce [rires]. Je passais beaucoup de temps régler quelques comptes à la John que Vanessa Paradis est française ? chez lui à fumer de la marijuana et à Wayne ? Elle sort encore des trucs ? écouter . W.D.V. : En argot américain, quand tu qualifies une nana de « pistola », ça Oui, pas plus tard que l’année der- Pourquoi avoir choisi la musique veut dire qu’elle est bonne. Et comme nière ! Tu connais sa musique ? plutôt qu’un autre art ? mon album est bon, je me suis dit que W.D.V. : En fait, elle a participé à une W.D.V. : C’est marrant que tu dises ça c’était assez logique ! De plus, j’adore émission de télévision en France et car l’année prochaine j’espère pouvoir le son de ce mot et franchement ça elle m’a cité comme étant une de ses organiser une exposition de mes des- sonne comme un titre de disque. influences. Du coup, nous avons pu sins. J’aimerais aussi me remettre aux chanter Stand By Me ensemble. Ca films car jouer la comédie me manque. Quelles sont selon toi les chan- passait sur une émission qui s’appelle Je suis preneur même pour de la figu- sons les plus emblématiques de Taratata, je crois… Il y avait aussi Jon ration [rires]. En ce moment j’ai des l’album ? Bon Jovi mais il n’est pas français, si milliers de personnages en tête qui W.D.V. : Il n’y en a pas de plus emblé- ? Sinon, j’ai bossé avec Jean-Claude aimeraient être filmés ! matiques que d’autres sur cet album. Petit sur un album de Mink Deville.

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En revanche, bien que je le connaisse W.D.V. : Oui. a même été n’es plus crédité en tant que gui- bien, je n’ai encore jamais pu travailler enregistré à Paris avec l’esprit d’Édith tariste. Tu aurais donc rangé ton avec Charles Dumont. J’ai dû rencon- Piaf qui nous hantait. Ce disque était instrument ?! trer d’autres musiciens français mais vraiment un grand moment pour moi, W.D.V. : [rires] Je savais que ça allait ils ne me viennent pas à l’esprit là… notamment quand j’ai vu l’orchestre arriver. En fait, ça me gave de détailler Ça remonte quand même à quinze ans jouer des partitions que j’avais créées. qui joue de quoi sur tel ou tel morceau minimum. Le disque n’a jamais été travaillé par mais je peux vous assurer que je joue Capitol aux États-Unis et je le regrette encore de la guitare. Tu apprécies sûrement le français, amèrement car l’album le méritait. Mink DeVille a sorti deux albums Willy DeVille - Pistola avec des titres en français : Coup Revenons à Pistola pour finir. J’ai Eagle - Naïve de Grâce et Le Chat Bleu… remarqué dans le livret que tu www.willydevillemusic.com

Samick Greg Bennett JZ2, l’esprit jazz

Le nom de Samick vous évoque peut-être quelque chose. Cette marque, assez connue dans les années 80-90, pour sa production plus ou moins bonne, a été primée aux Etats-Unis, en 2006 par la MMR (Association Nationale des Revendeurs) comme l’ «Electric Line of the Year». Plein de promesses donc pour la Samick Greg Bennett JZ2 qui affiche un prix de 722€.

Les jazzmen utilisent depuis des La guitare qui nous intéresse décennies des guitares qui présentent aujourd’hui est une ¾ de caisse. Le la particularité d’être le chaînon man- design de la Samick Greg Bennett JZ2 quant entre la guitare électrique et la est dans la plus pure tradition des guitare acoustique folk : les «hollow guitare jazz. Pas d’excentricité, ni de bodies». On les retrouve le plus géné- grande nouveauté. Voyons tout de ralement sous deux formes : suite si elle est à la hauteur de ses La demi-caisse : comprenez qu’elle fait concurrentes... la moitié d’une caisse normale de gui- tare acoustique. Elle a une résonance Lutherie Côté manche, on retrouve une touche limitée et doit être branchée dans un Au premier coup d’oeil, la JZ2 a la en palissandre avec un marquage tra- ampli. Une fois branchée, la caisse classe ! Le rouge translucide est du pézoïdal des cases, un manche et une offre une tenue de note particulière et plus bel effet et l’accastillage doré tête en acajou. La finition est absolu- une chaleur chères aux bluesmen. rehausse le tout : il n’y a pas à dire, ça ment impeccable. Tous les bindings se La trois-quarts de caisse : comme son en jette ! De plus, une binding «ivoire» rejoignent parfaitement. Pas de déca- nom l’indique, elle est à peine un quart entoure l’intégralité la guitare : table lage dû à une finition trop pressée. plus fine qu’une guitare folk. Elle est (bombée), dos (bombé également), Jusqu’au bas de la touche, on retrouve en général assez agréable à jouer tant touche, plaque de protection... tout le filet qui finit dans des courbes très en acoustique que branchée. Pour le y passe ! Probable que les guitaristes stylées. Petite ombre au tableau, le choix, tout dépend du son désiré. préférant les designs plus minima- dos n’est pas, comme on pourrait le listes trouveront l’instrument un peu penser, un érable moucheté, mais bien chargé. un acajou couvert d’une feuille imitant On se rapproche pour vraiment appré- le noble bois. C’est un peu dommage. cier la qualité de la lutherie. On trouve Côté accastillage, les mécaniques donc une table bombée en épicéa ainsi grover sont parfaites, tant par la tenue qu’un dos et des éclisses en acajou. d’accord que par le choix des boutons. www.guitare-live.com Guitare Live magazine n°37 - mars 2008 19 Articles Défis Cours Atelier Forum

Le chevalet, quant à lui, pèche un peu. La projection sonore de la JZ2 permet, Il tient très bien l’accord, mais il est en effet, de jouer sans se brancher, fait d’un métal un peu brut. On aurait mais le son est partiellement amputé préféré quelque chose d’un peu plus de son spectre sonore. Elle n’aura doux et harmonieux. De plus, lors des que peu de middle et encore moins attaques de main droite un peu brus- de basse. On a parfois l’impression de ques, le cordier se met à résonner, jouer sur une guitare type manouche créant quelques bruits parasites pas tant le son est sec. très agréables. Tout cela sera réparé lors du branche- ment de la guitare. C’est dans cette On aime : Électronique configuration que la JZ2 va donner - La finition La JZ2 est équipée de deux micros tout son potentiel. - Le look Duncan Design remplissant pour le Les fréquences se rééquilibrent, le On regrette : mieux leurs rôles, mais nous y revien- son devient chaud et prend une cer- - Le cordier drons plus tard. Sans plus fioritures, taine profondeur. On sent que la gui- - Le prix un sélecteur trois positions et un tare résonne et que les micros font potentiomètre de volume et de tonalité leur travail au mieux. En son clair, les viennent contrôler chacun des micros. positions rythm et intermédiaire sont C’est le minimum, mais c’est largement absolument superbes. Même en bran- suffisant pour ce genre d’intrument et chant la guitare directement dans une les genres de musiques pour lesquels table de mixage via une D.I (boîte de il est conçu. direct), on arrive à obtenir un son très satisfaisant. Le résultat avec ampli est Confort de jeu à la hauteur de nos espérances. La Pile entre la folk et l’électrique ! Les disto n’est pas vraiment son cheval de Caractéristiques : cordes sont assez dures et offrent une bataille, il est donc logique que seuls Corps acajou, 1 pan coupé, arc véni- dynamique très intéressante, sans pour les sons légèrement crunchy convien- tien, table bombée épicéa sélectionné, autant être injouables pour les petites nent vraiment à cette guitare. kit feuille d’érable pommelé, manche mimines. Avec un peu d’habitude, et tête acajou, manche collé, touche on peut même aller jusqu’à exécuter En conclusion palissandre, 22 cases, mécaniques quelques bends. Le manche est plutôt La JZ2 est une guitare qui a une cer- Gold GROVER, chevalet combiné JAZZ, rond et correspond parfaitement à ce taine classe et avec laquelle il est palissandre, métal doré ajustable, cor- qu’on peut attendre d’une guitare jazz. certain que vous ne passerez pas dier Jazz doré, flottant, 2 Micros JAZZ Seul problème, c’est qu’il faut jouer un inaperçu. Branchée, elle devient un double bobinage Duncan Design, 2 peu fort pour pouvoir avoir de belles instrument très satisfaisant qui vous Volumes, 2 Tonalités, switch 3 posi- notes. L’effleurement des cordes n’est donnera beaucoup de plaisir à jouer. tions. pas très convainquant. Le rapport qualité-prix est convenable même si, pour 722€, bien des mar- Site de la marque : Son ques plus connues telles Epiphone, http://www.gregbennettguitars.com/ On commence par l’aspect acoustique. Ibanez ou Gretch peuvent proposer Site du distributeur français : Comme annoncé au début de cet arti- des instruments qui ont fait leurs preu- http://fr.invmusicgroup.com/ cle, la ¾ de caisse est censée nous ves. L’avenir nous dira maintenant si la Pleins feux sur INV Music : offrir des volumes sonores assez suffi- Samick JZ2 est à placer aux côtés de http://www.guitariste.com/pleins- sants pour jouer sans amplification. ces marques incontournables.• feux-sur/invmusic/

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Custom 77 Locket Love H/S, un rapport qualité-prix imbattable !

Certes, la production de Custom 77 n’innove en rien dans le monde la guitare. Les Paul like et autre copie de SG sont l’essentiel des séries de la marque. Seuls deux modèles de Telecaster viennent troubler l’omniprésence des copies Gibson. Deux modèles de Telecaster nommés «Locket Love». Ne me demandez pas d’où sort ce nom... Mais après tout, est-il plus bizarre qu’un «Telecaster « ou qu’une énième référence catalogue sans personnalité ? Et pour 325€, la Locket Love HS en à revendre de la personnalité !

Esthétique Le manche, bien que très agréa- Et ça change tout. Une équalisation Au risque de me répéter, je dirais que ble à jouer, n’est pas adapté à une au centre, du gain, du volume et on la Locket Love, à l’instar des autres action trop basse. Toujours dans l’es- est parti jusqu’au bout de la nuit ! Ça séries de Custom 77, n’a rien de prit «minimaliste», ce manche vissé sonne terrible, l’écart de volume entre nouveau. Forme Telecaster ; finition n’offre pas un accès aux aiguës très les deux micros se résorbe et on passe butterscotch (un hit en matière de pratique. Le talon est gros et peu pra- d’une position à l’autre sans devoir telecaster), touche érable, plaque de tique. En même temps ce n’est pas refaire tout le son ! protection noire 3 ply etc. La tête de la guitare faite pour shredder sur la La personnalité de la guitare est enfin manche change légèrement des habi- 24ème case... (et pour cause, elle n’en mise en valeur, c’est une vraie gui- tuelles copies. Carrée, avec les méca- a que 21). Le corps en frêne donne tare de rock avec son caractère bien niques en 3x3 de chaque côté, elle une bonne résonance à la guitare. On trempé. Elle est vraiment taillée pour donne à la guitare un aspect un peu a finalement une lutherie très simple, les rythmiques crunchy et les solos mastoc. C’est d’ailleurs là toute la per- mais vraiment efficace. twangy ! C’est un régal ! sonnalité de la Locket Love : du brut ! Tout va dans ce sens : du chevalet vin- tage trois pontets séparés aux méca- niques type Kluson, en passant par le manche au profil en D et au touché bois. C’est un style et si vous aimez les binding à gogo, les belles incrustations dans la touche ou les tables aux beaux bois figurés, La Locket Love n’est pas faite pour vous. Son Les premiers tests, sur un émula- teur d’ampli, n’ont pas été des plus concluants. On a du mal à trouver En conclusion les sons et les réglages adéquats : Bien que se situant dans la gamme pas facile de trouver où se situe le de prix des guitares bas de gamme, «Modern77» (micro double bobinage la Locket Love ne s’adresse pas qu’aux placé en position manche) ou le «nona- débutants. Elle ravira les amateurs de meyet» (micro simple bobinage placé rock cherchant une guitare de carac- en position chevalet). Tantôt le micro tère pour un moindre coût. Certes, Lutherie manche bave, tantôt le micro cheva- la finition et la lutherie sont vraiment Toujours très rock ‘n’ roll dans l’esprit, let manque de corps. On ne sait pas minimales, mais elles sont tout à fait ça sonne, mais il ne faut pas hésiter où donner de la tête. Je change donc satisfaisantes. Pour ce prix là, peu de à donner de sa personne, cela aussi de système et branche la Locket Love marques peuvent proposer un instru- fait partie du caractère de la guitare. directement dans un ampli à lampe. ment aussi abouti que celui-ci. www.guitare-live.com Guitare Live magazine n°37 - mars 2008 21 Articles Défis Cours Atelier Forum

On aime : Plaque 3 plis noire - Le rapport qualité-prix, imbattable. Boutons chromés On regrette : 1 Micro double Alnico «Modern77» et - Le peu de finitions disponibles un micro simple «nonameyet» - Le design de la tête... sans doute 1 Bouton de volume affaire de goût. 1 Bouton de tonalité Caractéristiques : 1 Selecteur 3 positions Manche 1 pièce en érable (maple) Corps en aulne (Alder) Manche vissé profil type «D» Touche érable (maple) Chevalet à 3 pontets indépendants type «vintage» Mécaniques type Kluson chromées Débutants ou amateurs éclairés, si Poids : environ 3,5kg vous aimez les Telecaster, n’attendez Accastillage chromé pas plus longtemps : la Locket Love Incrustations points sur les touches et Site du constructeur : est faite pour vous !• sur la tranche du manche www.custom77.com

Custom 77 Needles and Pins, mieux que l’original ?

On voit depuis quelque temps, sur le net, des marques apparaître sans pour autant qu’elles soient dans les rayons de vos magasins préférés. C’est un pari audacieux que ces marques font, misant tout sur le bouche à oreille et la qualité de leurs ins- truments. C’est le cas de Custom 77. Non, vous ne trouverez jamais une Custom 77 en boutique. Elle ne sont vendues que sur le net. Alors avant de se lancer et d’ache- ter à l’aveuglette, on a testé deux modèles et le moins que l’on puisse dire, c’est que dans les deux cas le rapport qualité-prix est très bon. Pour 545€, la Needles and Pins, copie conforme de la célèbre ES335, s’impose comme une guitare très surprenante. On va vous expliquer pourquoi c’est bon !

Esthétique Lutherie Sous le rouge translucide, très réussi, Ici encore, pas de surprise, la guitare les veinages du bois apparaissent légè- est absolument impeccable. La prise rement. Quoi de mieux pour apprécier en main s’effectue le plus facilement la qualité du corps en érable ? C’est et le plus naturellement du monde, vrai que la guitare n’est pas un modèle les premières notes sont un véritable d’innovation : accastillage chromé, délice ! Le manche est d’un confort plaque de protection noire 3 plis, bin- excellent. Plutôt rond et fin, il permet- ding ivoire, repère de touche rectan- tra à n’importe quel main de jouer sans Son gulaire et mécanique type kluson. Mais difficulté. Chaque note a une - dyna Ici encore, on ne remarque rien de après tout, pourquoi changer ce qui mique impeccable, des graves aux bien innovant : deux micros humbuc- marche ? Côté finition, aucune faute aiguës, la guitare renvoie ce que vous ker (micros à double bobinage), un n’est à noter, pas de binding mal collé lui lancez. Personnellement, je n’avais réglage de volume et de tonalité pour ou de coulure de vernis. Ce qui n’est pas pris autant de plaisir à jouer sur chaque micro et un sélecteur de micro malheureusement pas le cas de toutes une guitare de cette gamme là depuis trois positions. C’est quand on bran- les guitares fabriquées en Corée... les vieilles Fender Stratocaster Japon. che la Needles and Pins que ça fait

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Si vous croisez un jour une Needles Couleur rouge transparent, vernis and Pins et que vos finances ne sont brillant pas vraiment bonnes, fuyez, car si Accastillage chromé vous y posez les doigts vous serez Incrustations rectangle sur la touche obligé de l’acheter !• et incrustations points sur la tranche du manche Binding sur le tour du corps et sur le manche mal ! Les micros Vintage77 sont des Plaque 3 plis et contours micros cou- pures merveilles, ils peuvent être à la leur noire fois doux et crémeux, ou puissants et Boutons de mécaniques nacrés type tranchants. Kluson vintage Le Vintage77, placé en position manche, Boutons noirs, type Top Hat avec supporte moins bien les hauts taux de inserts argentés saturation. Celui placé en position che- 2 Micros double Alnico «Vintage77», valet reste moins brouillon grâce aux type PAF aiguës bien plus présentes. On aime : 2 Boutons de volume Mais si vous restez dans le crunchy, - Tout ! 2 Boutons de tonalité une incroyable palette de son s’offre On regrette : 1 Selecteur 3 positions à vous. En son clair, ça reste toujours - Pour le prix, pas grand chose ! très chaud. Les sons cristallins ne sont pas tellement le fort de cette guitare, Caractéristiques : mais finalement on ne demande pas Manche 2 pièces érable (maple) ça à une guitare aussi «rock ‘n’ roll» ! Corps érable (maple) Manche collé En conclusion Profil manche fin, type slim 60’s Comme vous avez pu le voir, j’ai été Touche palissandre (rosewood) conquis par cette guitare. C’est une Mécaniques type Kluson véritable guitare taillée pour le rock et Chevalet Tune-O-Matic le blues. Qu’on l’effleure, qu’on la fasse Frettes fines et larges (2.7mm) pleurer ou qu’on lui rentre dedans, elle Cordes d’Addario 10-46 Site de la marque : répond à chaque fois aussi bien. Poids : environ 3,6kg www.custom77.com

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