L'extrême-Droite À La Dérive
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View metadata, citation and similar papers at core.ac.uk brought to you by CORE provided by Archive Ouverte a LUniversite Lyon 2 L'extr^eme-droite `ala d´erive : r´e´equilibragedu syst`eme partisan et recomposition `adroite Gilles Ivaldi, Jocelyn Evans To cite this version: Gilles Ivaldi, Jocelyn Evans. L'extr^eme-droite`ala d´erive : r´e´equilibragedu syst`emeparti- san et recomposition `adroite. Revue Politique et Parlementaire, 2007, pp.113-122. <halshs- 00320680> HAL Id: halshs-00320680 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00320680 Submitted on 11 Sep 2008 HAL is a multi-disciplinary open access L'archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destin´eeau d´ep^otet `ala diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publi´esou non, lished or not. The documents may come from ´emanant des ´etablissements d'enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche fran¸caisou ´etrangers,des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou priv´es. L’extrême-droite à la dérive : rééquilibrage du système partisan et recomposition à droite Gilles Ivaldi, Chargé de recherche, URMIS-Université de Nice Sophia Antipolis-CNRS Jocelyn Evans, Reader, University of Salford, UK Revue Politique et Parlementaire, n°1044, juillet-septembre, pp.113-122 Les élections présidentielle et législatives de 2007 ont témoigné d’un profond recul de l’extrême-droite : au soir du 22 avril, Jean-Marie Le Pen recueille un maigre 10.4 % des suffrages qui le place loin derrière ses principaux concurrents ; au premier tour des législatives, son mouvement s’effondre avec 4.3 % des voix. Dépourvu de capacité de nuisance, le FN est aujourd’hui plus que jamais confronté à la difficile gestion de son positionnement au sein d’un système politique en profonde recomposition. A bien des égards, les scrutins de 2007 s’inscrivent, pour l’extrême-droite, dans la continuité directe de la séquence électorale de 2002 telle qu’elle s’était achevée au lendemain des législatives de juin. Dès après la réélection de Jacques Chirac, la dynamique de rassemblement au sein de l’UMP et le déplacement du centre de gravité de la nouvelle majorité présidentielle sur les questions d’immigration et de sécurité avaient fortement comprimé l’espace politique du parti lepéniste. Le FN revenait à son niveau de 1993 avec 11.1 % des suffrages, dans un contexte plus général de concentration des votes sur les grandes formations de gouvernement au sein de chaque bloc, dynamique centripète dont avaient pâti l’ensemble des forces situées à la marge du système. Passé le choc des législatives, l’extrême-droite semblait avoir un temps recouvré une partie de ses forces électorales à l’occasion des scrutins intermédiaires de 2004. Avec 14.7 % des exprimés, le FN progressait de près de 300.000 voix lors des élections régionales de mars et, en dépit d’un nouveau mode de scrutin peu favorable, maintenait ses listes au second tour dans 17 régions où il obtenait 156 sièges de conseillers régionaux (contre 275 en 1998). Aux élections cantonales de mars 2004, le parti lepéniste réunissait 12.1 % des suffrages et conservait pratiquement intact son pool de supporters de 1998. Relativement discret lors de la campagne référendaire de 2005 sur le Traité constitutionnel européen, le mouvement d’extrême-droite apportera également une contribution non négligeable au rejet du TCE le 29 mai en fournissant, selon les estimations, un tiers environ du contingent d’électeurs du ‘non’ (Louis-Harris, Libération , 30 mai 2005). 1 La quasi-disparition du Mouvement national Républicain (MNR) de Bruno Mégret a permis en outre au Front national d’assoir plus fermement encore sa position hégémonique au sein du pôle extrême-droitier 1. Confrontée dès 2002 au départ de plusieurs de ses chefs de file dont le maire de Marignane, Daniel Simonpieri, et la défection de nombre d’élus de terrain, la formation mégrétiste se voit affliger un nouveau coup fatal avec la perte de Vitrolles lors de la municipale partielle d’octobre 2002. Aux élections régionales de 2004, Bruno Mégret, forfait en PACA, présente ses listes dans 13 régions et totalise 1.4 % des voix ; en juin, le parti réunit moins de 0.5 % des suffrages aux européennes. Initié dès octobre 2005, le ralliement en décembre 2006 de l’ancien délégué général du FN à l’Union patriotique proposée par Jean- Marie Le Pen autour de sa candidature présidentielle achève de consacrer dans les faits l’échec de la dissidence de 1999. Aux législatives de juin 2007, le MNR présente 379 candidats et ne recueille que 0.39 % des voix. Son président échoue dans son ancien fief de Vitrolles avec 2.03 %. Le « noyau » populaire anti-système de l’électorat d’extrême-droite En totalisant un peu plus de 3.8 millions de suffrages (10.4 % des voix) au premier tour de l’élection présidentielle de 2007, Jean-Marie Le Pen réalise son plus faible score personnel depuis 1988 et perd 970.000 électeurs au regard de la performance d’avril 2002 (16.9 % des exprimés). Ce revers est d’autant plus sévère qu’il intervient à l’occasion du scrutin présidentiel, élection « phare » où le leader du Front national recueillait en moyenne 4.5 millions de suffrages depuis 1988, et jusqu’à 5.5 millions lors de son duel historique face à Jacques Chirac en mai 2002. Tableau 1 – Résultats nationaux du FN (1984-2007) Année Election Voix % inscrits % exprimés 1984 Européenne 2 210 334 5,99 10,95 1986 Législative 2 703 442 7,20 9,65 1986 Régionale 2 658 500 7,12 9,50 1988 Présidentielle 4 376 742 11,46 14,40 1988 Législative 2 359 528 6,22 9,66 1989 Européenne 2 129 668 5,56 11,73 1992 Régionale 3 375 079 8,92 13,60 1993 Législative 3 159 477 8,11 12,42 1994 Européenne 2 050 086 5,25 10,52 1995 Présidentielle 4 571 138 11,43 15,00 1997 Législative 3 785 383 9,58 14,94 1998 Régionale 3 273 549 8,26 15,00 1999 Européenne 1 005 225 2,50 5,69 2002 Présidentielle 4 804 713 11,66 16,86 2002 Présidentielle (2 nd tour) 5 525 034 13,41 17,79 2002 Législative 2 862 960 6,99 11,34 2004 Régionale 3 564 059 8,70 14,70 2004 Européenne 1 684 868 4,06 9,81 2007 Présidentielle 3 834 530 8,62 10,44 2007 Législative 1 116 136 2,54 4,29 Résultats France entière. Source : Ministère de l’Intérieur 1 Cf. Ivaldi (Gilles), 2005, « Les formations d'extrême-droite : Front national et Mouvement national républicain » in Bréchon (Pierre) (dir.), Les partis politiques français , La Documentation Française, Collection « Les Etudes », pp.15-44. 2 En avril 2007, la répartition du vote Le Pen épouse globalement les contours des zones de force du chef de file de l’extrême-droite en 2002 2, dont on se souvient qu’elles avaient débordé des frontières électorales traditionnelles de la « lepénie » pour s’étendre à des terres rurales et rurbaines jusque là plus réticentes au vote FN 3. Le président du Front national réalise une nouvelle fois ses meilleurs performances dans un grand quart nord-est (Picardie, Champagne-Ardenne, Lorraine, Alsace, Franche-Comté) ainsi qu’autour du bassin méditerranéen (PACA, Languedoc-Roussillon). Proportionnellement, son influence diminue de manière significative en région Rhône-Alpes (Ain, Drôme, Isère, Rhône, Savoie et Haute- Savoie), en PACA ainsi que dans ses bastions historiques du Bas-Rhin et de l’Hérault ; elle se renforce en revanche dans le Nord-Pas-de-Calais ainsi qu’en Corse où le leader FN obtient parmi ses meilleurs résultats en 2007 4. Figure 1 : Le vote Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle de 2007 En termes sociologiques, le vote Front national en 2007 conserve son caractère essentiellement masculin caractéristique depuis les premiers succès électoraux des années 1980. Il continue de souffrir du déficit de crédit auprès des 18-24 ans ou des professions supérieures les plus diplômées, qui était apparu de manière particulièrement saillante à l’occasion de la mobilisation anti-FN au second tour de l’élection présidentielle de 2002. A la stabilité de la distribution spatiale du vote évoquée plus haut fait écho un resserrement net de l’électorat Le Pen sur les catégories socio-professionnelles qui forment depuis plusieurs 2 Sur l’ensemble des circonscriptions métropolitaines ( n=555), le coefficient de corrélation r=0.850 à p<0.01 entre le % de vote Le Pen au premier tour de la présidentielle de 2002 et le score du leader FN en 2007 (% des s.e.) ; la corrélation s’élève à 0.904 si l’on considère la distribution du vote Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002. 3 Cf. Perrineau (Pascal), 2003, « La surprise lepéniste et sa suite législative », in Perrineau (Pascal) et Colette Ysmal (dir.), Le Vote de tous les refus. Les élections présidentielle et législatives de 2002 , Presses de Sciences Po, pp.199-222. 4 Il y a cinq ans, Jean-Marie Le Pen avait déjà connu une poussée notable en Corse. En 2007, il engrange les bénéfices de la stratégie portée par son directeur de cabinet, Olivier Martinelli, de rapprochement avec la mouvance nationaliste sur les thèmes de l’identité, qui lui a permis notamment d’obtenir près de 25 parrainages sur l’île. 3 années le socle du succès électoral du Front national : la petite-bourgeoisie (travailleurs indépendants, artisans, commerçants, agriculteurs), d’une part, les catégories populaires, notamment les ouvriers, d’autre part (Cf.