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58 ANNÉE – Nº 17804 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- MARDI 23 AVRIL 2002 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Chirac : « La République est entre vos mains » Le second tour opposera le président sortant (19,71 %) à Jean-Marie Le Pen (16,95 %). Lionel Jospin (16,12 %) se retire de la vie politique SOMMAIRE f Le séisme politique Chirac-Le Pen. Droite contre extrê- créé par l’élimination me droite. Chirac, 19,71 % des suffra- La blessure ges exprimés, contre Le Pen, de la gauche LA FRANCE est blessée. Et pour 16,95 %. Jospin, 16,12 %, éliminé. nombre de Français, humiliée. Pour la première fois, l’extrême droi- f L’appel de Chirac Figure de proue d’une Union euro- te est présente au second tour péenne qu’elle a obstinément vou- d’une élection présidentielle. L’inté- au « sursaut lue et à la construction de laquelle grale de l’appel de Jacques Chirac au elle a puissamment contribué, elle « sursaut démocratique » des Fran- démocratique » donne d’elle- çais : « La République est entre vos même, au len- mains. » La campagne de Le Pen, f L’extrême droite demain de ce son adresse « à tous ceux qui croient er 21 avril mar- en la France éternelle », son appel à dans la rue le 1 mai qué par le cou- manifester le 1er mai. L’analyse des ronnement résultats du premier tour. Absten- f Les manifestations politique du tion record. p. 2 et 3 sinistre déma- anti-Le Pen ÉDITORIAL gogue qui ani- L’ascension de Le Pen. Le par- me l’extrême droite française, l’ima- cours du chef de l’extrême droite. Sa f ge d’un pays replié, étriqué, hanté fortune. Son immunité au Parle- Le PS appelle par son propre déclin, voire qui a ment européen. Les villes et les à voter Chirac peur de ses enfants, surtout lors- départements où il est en tête. Carl Chirac stupéfait. Il ne s’attendait L’échec de Jospin. Il quitte la politi- Les anti-Le Pen dans la rue. Mani- qu’ils vivent en banlieue. Oui, hélas, Lang, Bruno Gollnisch, Fernand Lera- pas à devoir affronter Le Pen. Le que après la présidentielle. Le festations à Paris et dans les gran- f le temps se gâte pour la France. chinel... : les hommes de Le Pen. Le débat de l’entre-deux-tours. Bayrou PS appelle à voter Chirac. Déroute des villes. A Evry, l’inquiétude des La déroute du PCF, ralliement de Bruno Mégret. Les rap- (6,86 %) en quatrième position. du PCF. L’extrême gauche à plus de jeunes de banlieue. Les réactions à l’extrême gauche J.-M. C. ports de force droite-gauche, dépar- Les résultats de Madelin, Boutin, 10 %. Chevènement et Mamère pas- l’étranger. Vu à la télévision. La chro- tement par département. p. 4 et 5 Lepage et Saint-Josse. p. 6 et 7 sent de justesse les 5 %. p. 8 et 9 nique de Pierre Georges. p. 10-11 et 56 à plus de 10 % Lire la suite page 15 L’extrême droite approche 20 % des suffrages  LE MONDE publie les résultats Lionel Jospin les voix de Jean-Pier- f complets du premier tour de l’élec- re Chevènement (5,34 %), Noël Résultats complets Ce dimanche impensable tion présidentielle dans les Mamère (5,25 %), Robert Hue dans les 22 régions, 22 régions, les 100 départements (3,39 %), Christiane Taubira où l’on pleurait chez Jospin et 875 villes. (2,32 %). Soit, pour l’ex-gauche plu- les 100 départements Jean-Marie Le Pen, qui obtient rielle, moins qu’en 1995 (35,2 %). 16,95 % des suffrages exprimés, La droite totalise 37,80 % en y et 875 villes est en progression constante : incluant Jean Saint-Josse (4,25 %), 14,4 % à la présidentielle de 1988, au lieu de 44,1 % en 1995, soit un f 15 % à celle de 1995, 15,3 % aux net recul. Le score de Jacques Chi- Cartes : la France législatives de 1997. Au total, avec rac (19,71 %) est le plus faible obte- de l’abstention Bruno Mégret (2,35 %), l’extrême nu par un président sortant. droite approche 20 % des voix. Les trois candidats d’extrême et des cinq candidats La gauche, éliminée du second gauche rassemblent 10,49 % alors tour pour la première fois depuis qu’Arlette Laguiller, seule candi- arrivés en tête 1969, rassemble 32,42 % des suffra- date en 1995, avait recueilli 5,3 % ges, si l’on ajoute aux 16,12 % de avec l’appui de la LCR. Lire notre cahier spécial Au « Paquebot », à Saint-Cloud, « Le Pen à l’Elysée, Chirac à la Santé ! » LES LARMES, la colère des partisans de Lionel Jospin (notre pho- EN QUITTANT le « Paquebot », siège du aussi, son voisin, David Chesnel, un chef d’en- sieurs semaines. » Marie-Claire, 39 ans, perma- to). Les larmes, mais de joie celles-là, de Marine, fille de Jean-Marie Front national à Saint-Cloud, tard dans la nuit, treprise de la région parisienne, exulte : « C’est nente à la fédération de Paris, en avait aussi Le Pen. Le triomphe de l’extrême droite. La joie, du côté de chez Jac- une dame en tailleur bleu glisse en confidence la même joie que si nous avions été dans les « eu l’intuition » : « Même ma mère, qui était ques Chirac, vite tempérée par le président qui refusait de croire au à son compagnon : « Ah, c’est bon d’avoir son rues de Paris en 1944. » Devant le mur d’écrans malheureusement mégrétiste, a voté pour Le score du Front national. Pierre Georges fait le récit de la soirée élec- tour ! » Ce n’est qu’un soupir, mais il libère des qui retransmettent les soirées électorales des Pen cette fois. » torale vécue depuis les sièges de campagne de tous les candidats, années de frustration. Et il résume admirable- télévisions, se presse une foule aussi diverse Venue à l’extrême droite « par anticommu- avec la séquence France du Monde et la promotion 2002 du Centre ment la soirée que viennent de vivre, diman- que l’électorat FN : de vieux messieurs en bla- nisme, après avoir lu Soljenitsyne », Danièle, de formation des journalistes de Paris. Lire pages 12 et 13

che 21 avril, quelques centaines de militants et zer, des couples BCBG, un ado vêtu d’un sweat- 53 ans, formatrice en Seine-Saint-Denis, se  / sympathisants frontistes. shirt siglé « kop of Boulogne »,un« frère » en dit : « Après Mitterrand, après Chirac, pourquoi Le Pen au second tour, « c’est une divine sur- soutane, un auteur connu de romans policiers, ne pas essayer Le Pen, au point où on en est, prise, un moment que j’attendais depuis tren- A. D.G., quelques jeunes black-blanc-beur, des qu’est-ce qu’on risque ? » Les invités du te ans », confie ce vieux compagnon de route, pères et des mères de famille. « Paquebot » croient en la victoire le 5 mai : un pied-noir nostalgique de l’Algérie françai- « Nous avons rejoint Le Pen quand nos « Affirmatif, s’égosille un ancien. C’est la Fran- se, mais dont l’ardeur politique avait fini par enfants se sont fait racketter », racontent Nico- ce réelle qui a parlé ce soir, elle a mis fin à la dia- s’émousser. « Je n’avais pas supporté l’éclate- le Aureau et son mari. C’était il y a vingt ans, bolisation de Le Pen, et les gens de gauche ne ment de la droite nationale en 1999, dit-il. ils habitaient Gennevilliers, et « il y avait déjà voteront pas pour Chirac. » Mais ce soir, je reviens, et, dès demain, je colle, de l’insécurité ». Les choses ne se sont pas Devant les buffets, des militants testent en je tracte… » arrangées et c’est à cause de cela que, cette trinquant quelques slogans de second tour. Michel Bozzi, un ancien des comités Tixier- année, de nombreux électeurs auraient osé « Le Pen à l’Elysée, Chirac à la Santé ! », celui-là Vignancour de la campagne présidentielle « ce vote de transgression », affirment plu- devrait faire l’affaire. Ils se promettent de le contre de Gaulle en 1965, se sent « libéré de la sieurs militants. Philippe Ruger, conseiller roder le 1er mai. honte absolue de vivre dans une France socialis- régional des Pays de la Loire, avait senti mon- te depuis vingt ans ». Plus jeune, plus bouillant ter la vague : « C’était palpable depuis plu- Jean-Jacques Bozonnet  a  Rivette, Le chaudron du Proche-Orient

« J’AI APPRIS une chose ces der- coup n’ont aucune raison personnel- pas de paix concevable sans accepta- en long niers mois : vous ne pourrez jamais le de se plaindre de la vie, soient de tion mutuelle. gouverner par la force un million plus en plus nombreux à se faire sau- En créant un Etat à eux, en se don- et demi de Palestiniens. C’est une ter avec les civils qu’ils ont choisis nant tant de mal pour le bâtir, les leçon dont nous devons tirer les pour cible. Ce sont des terroristes, Israéliens visaient fondamentale- conséquences. » Ainsi s’exprimait des criminels comme les autres… ment, selon le rêve de Theodor Itzhak Rabin en février 1988, quel- Leur sacrifice ne les innocente Herzl, à doter le peuple juif d’un ter- ques semaines après le début de la pas, et innocente encore moins ceux ritoire où il fût à l’abri d’un renou- première Intifada, devant un groupe qui les ont poussés à le commettre. veau des horribles persécutions qui d’amis dont Marek Halter et Eric Mais si ceux qui y ont recours sont si ont jalonné son histoire. Longtemps Laurent rapportent le témoignage nombreux, ce ne peut être que par- ils ont cru y être parvenus, notam- dans leur livre sur Les Forces de la ce que leur geste reflète un évident ment au lendemain de chacune des LE CINÉASTE explique paix (Plon-Laffont, 1994). désespoir. Et c’est à apaiser ce déses- cinq guerres qui, en 1948, 1956, pourquoi il a monté une ver- Ariel Sharon n’est manifestement poir que devraient s’attacher en 1967, 1973 et 1982, pour ne pas par- sion longue de son film Va pas près de parvenir à cette conclu- priorité tous ceux qui ne peuvent se ler des deux Intifadas, les ont oppo- savoir. Lire page 24 sion, bien que la violence à laquelle résigner à voir deux peuples con- sés à tout ou partie de leurs voisins ses troupes doivent faire face soit damnés par la géographie à vivre arabes.  /   hors de proportion avec les jets de côte à côte se laisser emporter par la L’élection Carnet...... 20 pierres auxquels Tsahal se trouvait peur, la haine et la conviction André Fontaine présidentielle...... 2 à 15 Aujourd’hui ...... 21 alors confrontée. Qu’importe appa- que les armes peuvent soumettre Abonnements ...... 14 Météorologie...... 23 remment pour lui que des jeunes l’autre, voire les en débarrasser, Lire la suite page 15 International...... 16 Jeux ...... 23 Société ...... 18 Culture...... 24 gens et des jeunes filles, dont beau- alors que, plus que jamais, il n’est et nos informations page 16 Entreprises ...... 19 Radio-Télévision...... 25 Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. 2/LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002 l’élection présidentielle

Jean-Marie Le Pen (FN) affrontera Jacques Chirac recueilli que 16,12 % des suffrages. En arrivant en tête lé à voter pour lui afin de « faire barrage » au candi- Jospin a annoncé qu’il se retirerait dès le 5 mai de la (RPR) au   de l’élection présidentiel- de ce premier tour avec 19,7 1 %, le président sortant dat d’extrême droite. Des  - vie politique. Le PCF essuie un  , le. Le président du Front national a obtenu 16,95 % se voit quasiment    . Cer-  , ont rassemblé, dès dimanche soir, à Paris et Robert Hue ne totalisant que 3,39 % des voix. Les can- des voix, éliminant ainsi Lionel Jospin (PS), qui n’a tains responsables de gauche ont d’ores et déjà appe- en province, plusieurs milliers de personnes. Lionel didats trotskistes dépassent 10 %. Le duel Chirac-Le Pen provoque un séisme politique Le premier ministre-candidat, qui n’a obtenu que 16,12 % des voix, a annoncé son retrait de la vie politique après le 5 mai. Le second tour opposera le président sortant, arrivé en tête avec 19,71 % des suffrages, au candidat de l’extrême droite, qui crée la surprise avec 16,95 %

POUR sa quatrième campagne a déclaré le chef de l’Etat, souhai- 5,75 % des suffrages, ne tire pas de présidentielle, Jean-Marie Le Pen a tant le « rassemblement » des Fran- MÉTROPOLE OUTRE-MER TOTAL l’échec de M. Hue le profit que lui provoqué un véritable séisme poli- çais en lançant : « La République Inscrits 39 350 086 1 225 306 40 575 392 promettaient les sondages. Concur- tique en accédant au second tour, est entre vos mains. » rencée par le candidat de la LCR, où il affrontera Jacques Chirac, arri- L’entourage de M. Chirac évo- Votants 28 721 939 550 052 29 271 991 Olivier Besancenot, qui a recueilli vé en tête, dimanche soir 21 avril, quait toutefois un « scénario catas- Abstentions 27,01% 55,11 % 27,86 % 4,27 % des voix, la candidate de avec 19,71 % des suffrages expri- trophe », prévoyant de nombreu- Lutte ouvrière a estimé que «ni més. Agé de 74 ans, le chef du ses triangulaires aux élections légis- Blancs ou nuls 3,38 % 4,37 % 3,40 % l’extrême gauche, ni la multiplicité FN recueille 16,95 % et élimine ain- latives à venir, où les candidats du Exprimés 27 750 962 525 999 28 276 961 des candidatures n’étaient responsa- si Lionel Jospin de la course à l’Ely- Front national, dopés par le succès bles » de la défaite de Lionel Jos- sée. En dépit de la division de l’ex- de leur leader, pourraient empê- pin, et s’est refusée à appeler «à trême droite, depuis la scission pro- cher la droite d’obtenir la majorité. Nombre de Suffrages Nombre de Suffrages Nombre de Suffrages voter Chirac ». voquée par Bruno Mégret en 1999, « Rien ne serait pire qu’une nouvel- CANDIDATS voix obtenues exprimés (%) voix obtenues exprimés (%) voix obtenues exprimés (%) f L’avenir de M. Bayrou. Avec M. Le Pen améliore son score de le cohabitation », avertissait, lundi Jacques Chirac 5 385 45619,41 188 502 35,84 5 573 958 19,71 près de 7 % des voix, le candidat de 1995 (15 %) et devance M. Chirac, matin sur France 2, le directeur de l’UDF, François Bayrou, réalise dans plusieurs départements du campagne du chef de l’Etat, Antoi- Jean-Marie Le Pen 4 770 27017,19 21 480 4,08 4 791 750 16,95 une performance inférieure à son nord, de l’est et du sud-est de la ne Rufenacht. Avant d’entamer cet- Lionel Jospin 4 398 14815,85 160 406 30,50 4 558 554 16,12 score-référence des élections euro- France. Autant de succès que le FN te seconde campagne, M. Chirac péennes (9,3 % en 1999), mais veut convertir en victoires lors des devra nommer un premier minis- François Bayrou 1 927 2756,94 11 849 2,25 1 939 124 6,86 obtient un résultat qui ménage son élections législatives à venir. A l’an- tre. Nicolas Sarkozy, Philippe Arlette Laguiller 1 615 5435,82 9 626 1,83 1 625 169 5,75 avenir, après une campagne diffici- nonce du résultat, M. Le Pen s’est Douste-Blazy et Jean-Pierre Raffa- le. Le duel Chirac-Le Pen du 1 495 9635,39 13 681 2,60 1 509 644 5,34 posé en candidat des « petits », des rin, dont les noms sont les plus sou- Jean-Pierre Chevènement second tour, et son issue plus que « sans grade », des « exclus », qu’il vent cités depuis plusieurs mois, Noël Mamère 1 474 7615,31 9 477 1,80 1 484 238 5,25 probable, ne lui permet plus, toute- a appelé à ne pas se « laisser enfer- continuaient à croire en leurs fois, de monnayer au prix fort, Olivier Besancenot 1 199 1804,32 7 602 1,45 1 206 782 4,27 mer dans les vieilles divisions de la chances respectives, estimant tous comme il l’espérait, son ralliement droite et de la gauche » pour «se que la droite devrait continuer à Jean Saint-Josse 1 199 1394,32 2 385 0,45 1 201 524 4,25 au chef de l’Etat. « Je veux parler à rassembler derrière lui ». Au terme faire de la sécurité son leitmotiv Chirac, même si ma position ne fait Alain Madelin 1 098 0803,96 5 761 1,10 1 103 841 3,90 de la première phase d’une campa- essentiel. guère de doute », a-t-il déclaré, gne qui l’a vu policer son image en f Le retrait de M. Jospin. Pour Robert Hue 954 9813,44 4 347 0,83 959 328 3,39 dimanche soir, de son QG de cam- se réclamant d’une tradition plus Lionel Jospin, la défaite est une Bruno Mégret 661 3482,38 3 488 0,66 664 836 2,35 pagne. Le président de l’UDF sou- poujadiste qu’extrémiste, tout en déroute. Le premier ministre n’ob- haite la naissance d’un « vaste ras- profitant de la focalisation du tient que 16,12 % des suffrages, Christiane Taubira 577 7532,08 78 295 14,89 656 048 2,32 semblement qui dépasse les frontiè- débat sur le thème de l’insécurité, enregistrant une baisse de plus de Corinne Lepage 527 5771,90 4 024 0,77 531 601 1,88 res anciennes ». le candidat du FN s’est présenté 7 points par rapport à son score de Alain Madelin, qui n’a obtenu comme « socialement à gauche, 1995. Considérant que la qualifica- Christine Boutin 334 0831,20 4 146 0,79 338 229 1,20 que 3,9 % des suffrages, s’est lui économiquement à droite et, plus tion de M. Le Pen pour le second Daniel Gluckstein 131 405 0,47 930 0,18 132 335 0,47 aussi refusé à énoncer une consi- que jamais, nationalement de tour constitue « un signe très gne claire pour le second tour. France ». inquiétant pour la France et pour Ce tableau ne prend pas en compte les résultats de Saint-Pierre-et-Miquelon, de la Polynésie française et des Français de l'étranger Afin d’éviter « un vote par défaut », f La victoire annoncée de notre démocratie », le candidat le candidat libéral a appelé à «un M. Chirac. Pour Jacques Chirac, le socialiste a jugé, dimanche soir, ce Delanoë ont annoncé qu’ils vote- Front national ». M. Chevènement si le pari de la « mutation » qu’il rassemblement fondé sur l’élan » et premier tour annonce avec certitu- résultat « profondément déce- raient pour M. Chirac au second s’apprêtait à présenter des candi- avait lancé en mars 2000. En perte sur « un projet réformateur ». de la victoire au second. Même s’il vant », invoquant pour l’expliquer tour. dats aux législatives dans toutes de vitesse depuis les années 1970, f Des manifestations anti- obtient, avec 19,71 % des voix, un « la démagogie de la droite » et f Le pari manqué de M. Chevè- les circonscriptions. Le comité de le PCF paye le grand écart souvent Le Pen. Dans toute la France, des résultat inférieur à ceux qu’il avait « la dispersion de la gauche ». nement. L’ancien ministre de l’in- direction du Pôle républicain, qui délicat entre la participation au milliers de manifestants ont défilé, recueillis en 1988 et en 1995, le pré- « J’assume pleinement la responsa- térieur se voyait en « troisième se réunira mardi au QG de campa- gouvernement et le soutien au dès l’annonce des résultats, pour sident-candidat est assuré de bilité de cet échec, a-t-il déclaré,et homme », il ne finit qu’en sixième gne, confirmera ou infirmera ce mouvement social. Ses récentes dénoncer la présence de M. Le Pen triompher de M. Le Pen, tant le j’en tire les conclusions en me reti- position, dépassant de peu la barre projet. batailles au Parlement – notam- au second tour, en appelant à une rejet de l’extrême droite, exprimé rant de la vie politique après la fin des 5 % – après avoir atteint 14 % f La défaite historique de ment sur les licenciements – mobilisation contre le candidat dès dimanche soir par plusieurs de l’élection présidentielle. » Au dans les sondages. Dimanche soir, M. Hue. Jamais, depuis la création n’auront pas suffi à convaincre son d’extrême droite, aux cris de : responsables de gauche, lui garan- cours des heures suivantes, plu- le candidat s’est refusé à donner du PCF au Congrès de Tours, en électorat traditionnel de son ancra- « F comme fasciste, N comme tit une avance considérable. « Si, sieurs responsables socialistes, une consigne de vote explicite se 1920, les communistes n’ont subi ge à gauche. Cette défaite aura des nazi », « Le Pen facho, Marseille dans le cadre d’une élection, le rejet dont le premier secrétaire du PS, contentant, à chaud, d’appeler à une défaite aussi lourde. Avec conséquences graves aussi bien aura ta peau. » et le mécontentement peuvent s’ex- François Hollande – qui devrait un « sursaut républicain », esti- 3,39 % des suffrages, Robert Hue, sur les finances du parti que pour primer, ils ne sauraient fonder une conduire la campagne des législati- mant que « le peuple et la France qui obtient cinq points de moins l’avenir politique de son président. Hervé Gattegno véritable politique pour la France », ves —, Laurent Fabius et Bertrand ne doivent pas être abandonnés au qu’en 1995 (8,7 %), n’aura pas réus- Arlette Laguiller (LO), qui obtient et Philippe Ridet  Jacques Chirac : « Se rassembler pour défendre les droits de l’homme » Un record d’abstentions pour

VOICI le texte intégral de la c’est l’idée même que nous nous et tous les Français à se rassembler temps de l’action. C’est dans l’ac- le premier tour d’une présidentielle déclaration prononcée par Jac- faisons de l’homme, de ses droits, pour défendre les droits de l’hom- tion que la France forge son des- ques Chirac, dimanche soir à de sa dignité. C’est l’idée que nous me, pour garantir la cohésion de la tin, retrouve son énergie, sa géné- S’IL EST UN CHIFFRE qui ze, où la participation est tradition- 22 h 55, au Tapis rouge, le siège nous faisons de la France, de son nation, pour affirmer l’unité de la rosité, sa capacité de créer et de n’aura pas surpris, dimanche nellement forte, les rangs des abs- parisien de sa campagne. rôle et de sa place en Europe et République et restaurer l’autorité partager. 21 avril, c’est bien celui de l’absten- tentionnistes se sont gonflés pour dans le monde. de l’Etat. Le moment du choix est désormais tion. Avec un taux de 27,5 % en atteindre 20,3 % (contre 14,1 % au Mes chers compatriotes, Si, dans le cadre d’une élection, le Ce rassemblement est possible. Il devant vous. Il s’agit de l’avenir de métropole (sur 99,5 % des suffra- premier tour de la présidentielle Ce soir, je veux m’expri- rejet et le mécontentement peu- est nécesaire. Nous sommes la France, de l’idée même que nous ges décomptés), le phénomène a de 1995). L’Ile-de-France est, après mer devant vous avec vent s’exprimer, ils ne sauraient riches de toutes nos sensibilités, nous faisons de notre pays, de sa pourtant atteint des pics rarement la Corse, la région où l’on vote le gravité. Avec force et détermina- fonder une véritable politique forts des valeurs de liberté et de grande tradition humaniste, de sa égalés depuis la première élection moins (32,11 % d’abstentions). Le tion. Aujourd’hui, ce qui est en cau- pour la France. Notre débat démo- responsabilité qui nous sont com- vocation universelle, de son exigen- du président de la République au Limousin détient, au contraire, la se, c’est notre cohésion nationale, cratique doit être à la mesure des munes, portés par un même idéal ce de générosité et d’ouverture, de suffrage universel, en 1965. palme du civisme (moins de 23 %). ‘‘ce sont les valeurs de la Républi- attentes des Français, conforme à démocratique, animés d’une son rayonnement. Il s’agit aussi de Au premier tour de la présiden- Dans les départements où Jean- que auxquelles tous les Français nos traditions de tolérance et de même ambition et d’un même notre capacité à vivre les uns avec tielle de 1995, 21,6 % des électeurs Marie Le Pen arrive en tête, les sont profondément attachés. respect. Il en va de notre démocra- amour pour la France. Cette élec- les autres, en nous respectant. Il inscrits s’étaient abstenus. Cette taux d’abstention ne se sont pas Aujourd’hui, ce qui est en cause, tie. J’appelle toutes les Françaises tion présidentielle doit marquer le s’agit enfin de vivre pleinement la fois, sur 40 millions d’inscrits, plus révélés supérieurs à la moyenne grande histoire de l’Europe que de 11 millions d’entre eux ne se nationale. C’est le cas du Territoire- nous avons imaginée et dans sont pas rendus aux urnes, et plus de-Belfort (23,62 %), du Nord laquelle nous sommes depuis long- de 984 000 ont voté blanc ou nul. (28,86 %), de la Drôme (25,30 %), temps engagés. Le seul record qui reste désormais du Gard (25,7 %), du Vaucluse Le temps de l’action est aussi celui à battre est celui du second tour de (24,44 %), mais aussi de l’Hérault du changement. Je veux rétablir la la présidentielle de 1969 avec (25,63 %), du Rhône (25,79 %), de sécurité. Je veux garantir les 30,1 % (22,4 % au premier). Deux l’Aisne (26,25 %) et des Ardennes besoins essentiels des Français. Je candidats de la droite modérée (27,95 %). veux une France forte en Europe, étaient alors restés en lice : le gaul- Faut-il en conclure que la prési- écoutée et respectée dans le mon- liste Georges Pompidou et le cen- dentielle a perdu son statut de scru- de. La France ne peut attendre. Voi- triste Alain Poher – en l’absence de tin favori des Français et qu’elle a ci venu le temps du sursaut démo- tout prétendant de gauche et alors fini par se « normaliser » par rap- cratique. C’est dans la difficulté que le PCF frôlait les 21,5 %. port aux autres consultations que la France trouve son chemin. L’abstention touche la plupart nationales ? Le taux d’abstention y C’est dans la fraternité, dans des démocraties occidentales, et le devient comparable à celui des l’ouverture aux autres, que la Fran- chiffre élevé de dimanche révèle deux tours des précédentes législa- ce est elle-même. une amplification du phénomène. tives de 1997 (respectivement J’en appelle à la France, cette Fran- Elle apparaît d’autant plus massive 31,4 % et 28,4 % en métropole). ce vivante, diverse, humaine et cha- qu’en France elle est calculée à par- Sans doute les congés scolaires de leureuse que nous aimons. J’en tir du nombre des inscrits et non la zone A et C expliquent-ils en par- appelle aux Françaises et aux Fran- de la population électorale poten- tie ce phénomène, de même que le çais, à chacune et chacun d’entre tielle en âge de voter, de 7 % à nombre exceptionnellement élevé vous, parce que la démocratie est 10 % supérieurs. d’indécis relevés par les divers son- le bien le plus précieux. Parce que En 2002, l’abstention aura pro- dages (Le Monde du 14 avril). la démocratie est le bien le plus pré- gressé, y compris dans les départe- Depuis 1974, la mobilisation cieux. Parce que la République est ments où elle atteignait déjà des s’est révélée toujours plus forte au entre vos mains. sommets en 1995. Comme en Cor- second tour qu’au premier. Reste à Ce soir, mes chers compatriotes, la se-du-Sud, où elle est passée de savoir si l’affrontement entre France a besoin de vous, j’ai 32,3 % en 1995 à 40,5 % le 21 avril M. Chirac et M. Le Pen permettra besoin de vous. Je souhaite que, (plus de 42 % en Haute-Corse). Ou d’inverser une tendance où se lit dans les prochains jours, chacun en Seine-Saint-Denis, fortement aussi bien la fameuse « asthénie fasse preuve de responsabilité, de abstentionniste comme la plupart démocratique » qu’une expression tolérance et de respect. des départements limitrophes de nouvelle de la protestation. Vive la République, vive Paris, où elle atteint 35,67 % la France ! ,, (27,4 % en 1995). Même en Corrè- Nicolas Weill LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002/3 l’élection présidentielle Comment le président du Front national a poli son image et profité du thème de l’insécurité Pour sa quatrième campagne présidentielle, Jean-Marie Le Pen a veillé à ne pas commettre de faux pas. Avec Bruno Mégret, l’extrême droite atteint 19,30 % des voix

LA QUATRIÈME fois est donc la les journalistes le pressaient de les malversations des politiciens. (…) n’est pas sans sifflements qu’ils bonne. Candidat malchanceux en répondre aux questions, il se Les mineurs, les métallos, les ouvriè- ont accueilli la déclaration du chef 1974, 1988, 1995, Jean-Marie contentait de répondre : « Le tra- res et les ouvriers de toutes ces indus- de la fronde, Bruno Mégret, l’ex- Le Pen affrontera Jacques Chirac vail, la persévérance et l’aide de tries ruinées par l’euromondialisme délégué général de Jean-Marie au second tour de l’élection prési- Dieu finissent par triompher de tous de Maastricht » ainsi qu’aux « agri- Le Pen, aujourd’hui président du dentielle le 5 mai. Il aurait, certes, les obstacles ! » Et de laisser aux culteurs aux retraites de misère et Mouvement national républicain, préféré avoir Lionel Jospin pour sympathisants et militants le soin acculés à la ruine et à la dispari- dans laquelle il appelle ses élec- / adversaire, mais le fondateur du d’exprimer leur joie de voir leur tion » et aux « premières victimes teurs « à se mobiliser autour de la 19,71 % Front national ne boude pas son chef, sur lequel peu auraient misé de l’insécurité » pour les inciter à candidature de Le Pen pour le Première conséquence du résultat de Jacques Chirac : il est assuré plaisir de braver – et notamment après la scission du parti en jan- se rallier à son panache. second tour ». Certains faisaient de l’emporter au second tour, avec un score record pour un président lors d’un face-à-face télévisé – vier 1999, arriver au second tour et Renouant avec son slogan des dans leur tête le calcul Le Pen e de la V République, la gauche reportant ses voix sur lui. celui auquel il ne cesse de repro- supplanter tous les candidats dans élections régionales de 1998, il se + Mégret, soit 16,95 + 2,35, et res- cher de l’avoir « ostracisé », lui et 35 départements. veut l’homme du peuple auquel il taient rêveurs devant le score his- son parti. « Je suis prêt à rencontrer s’identifie : « Homme du peuple, je torique de l’extrême droite : Jacques Chirac où il veut et quand il serais toujours du côté de ceux qui 19,30 %. 16,95% veut ! », a-t-il lancé aux journalis- Ce n’est qu’une fois souffrent, parce que j’ai connu le Beaucoup de militants présents Malgré son résultat tes qui l’interrogeaient à ce sujet. froid, la faim, la pauvreté. » Et de au « Paquebot » dimanche soir inattendu, « Ainsi, il ne pourra pas me dire sa déclaration lancer ce slogan rodé en fin de cam- revenaient également sur cette drô- le président qu’il ne m’a pas rencontré », a-t-il pagne du premier tour : « Je suis le de campagne. Une campagne du Front national aussitôt ironisé en faisant allusion faite à la presse, socialement à gauche, économique- commencée, pour l’extrême droi- a évité d’afficher aux deux rencontres secrètes qui ment à droite et, plus que jamais, te, avec les attentats du 11 septem- une attitude avaient été organisées, entre le peu avant 22 heures, nationalement de France. » « Le bre à New York et entrecoupée trop triomphaliste. chef du FN et M. Chirac, entre les Pen se présentera comme le candi- d’événements et faits divers drama- Déjà concentré deux tours de l’élection présiden- que M. Le Pen s’est dat du peuple français, alors que tiques qui n’ont fait qu’ajouter au sur le second tour, tielle de 1988. Rencontres niées Chirac apparaîtra comme l’homme sentiment d’inquiétude des Fran- Jean-Marie Le Pen par le président de la République. autorisé à sourire du syndicat des sortants, l’homme çais. Sans parler des discours des s’est présenté, lors Maisce n’est qu’une fois sa décla- du système », résumait Carl Lang, autres responsables politiques sur de son intervention, ration faite à la presse, peu avant dimanche soir, en soulignant que l’insécurité. Une surenchère à comme l’homme 22 heures, que Jean-Marie Le Pen Donnant le ton de la campagne le prochain grand rendez-vous laquelle Jean-Marie Le Pen n’a du « rassemblement », s’est autorisé à sourire. A aucun d’entre deux tours, il s’est présenté aura lieu le 1er mai, jour où, tradi- même pas pris la peine de partici- défenseur des faibles moment, dimanche 21 au soir, il lors de son intervention comme tionnellement, le Front national per mais qu’il commentait en et des déçus. ne se sera départi des nouveaux l’homme du rassemblement. fête Jeanne d’Arc. De ce jour, Jean- disant qu’on assistait à une « lepé-

/// habits d’homme assagi par les ans Surfant sur toutes les angoisses, il Marie Le Pen entend en effet faire nisation des esprits ». Pour lui, l’es- qu’il a revêtus pour la campagne se veut le défenseur des faibles, une démonstration de sa force. sentiel était ailleurs. Partant du présidentielle. Il n’y a pas si long- des déçus des représentants des Heureux de ce qui déjà est une principe que tout le monde 16,12 % temps, il aurait exulté dès les pre- partis traditionnels, des inquiets victoire, les cadres commentaient connaissait ses positions, le chef Le premier miers résultats. Dimanche soir, le de l’avenir. Aux « petits », aux abondamment les résultats, diman- du parti s’est essentiellement appli- ministre- fondateur du Front national a tenu « sans-grades », aux « exclus » il dit che soir. Ils se remémoraient sur- qué à faire une campagne d’image candidat à se montrer jusqu’au bout pru- : « N’ayez pas peur de rêver ».Pre- tout les temps de crise. Notam- et s’est plié à toutes les fantaisies, avait pris date dent. Alors que les premiers scores nant un ton mélodramatique, il ment la scission de 1999 qui vit le posant dans un café turc en train en 1995. Resté le plaçaient en deuxième position s’adresse à ceux qui ont « supporté départ de près de la moitié de ses de fumer le narguilé, fredonnant loin de son de l’élection présidentielle et que depuis vingt ans toutes les erreurs et cadres et de ses militants. Et ce un air de rap à la télévision et devi- score d’il y a  sant sans aucune agressivité avec sept ans, tous les adversaires politiques qui, il en a tout cette année, n’ont pas boudé les de suite tiré les « Socialement à gauche, économiquement à droite » tables rondes avec le président conséquences d’extrême droite. en annonçant VOICI les principaux extraits de la déclaration pro- J’appelle les Françaises et les Français, quelles que La bataille pour les signatures son retrait de noncée par Jean-Marie Le Pen, dimanche soir à soient leur race, leur religion ou leur condition sociale, occupait aussi une grande partie la vie politique. 21 h 55 du siège du Front national. à se rallier à cette chance historique de redressement des discussions. Et chacun d’aller Mon premier mouvement est la gratitude à national. de son commentaire sur les pres-   /  l’égard de toutes celles et de tous ceux qui Sachez que, homme du peuple, je serais toujours du sions « de Chirac » sur les maires. viennent ce soir de faire naître un grand côté de ceux qui souffrent, parce que j’ai connu le Des pressions qui aboutirent à la 5,75 % espoir. D’abord, aux électrices et électeurs de France froid, la faim, la pauvreté. Je veux reconstruire la cohé- défection de près de 250 promes- et d’outre-mer qui m’ont fait le cadeau inestimable de rence de notre grand peuple français, l’unité de la ses de signatures, et qui mirent le Alors qu’on leur confiance. Aux maires qui, contre toutes les pres- République, l’indépendance de la France, notre patrie, parti sens dessus dessous jusqu’au l’annonçait comme ‘‘sions et les menaces, ont parrainé ma candidature. rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire natio- 2 avril. Une épreuve qui permit le troisième Aux militants nationaux, qui ont répondu par le calme, nal et libérer nos compatriotes du fiscalisme et de la cependant à M. Le Pen d’occuper « homme » le courage, le dévouement, la fidélité, l’enthousiasme, bureaucratie. l’actualité et de jouer dans le regis- de la campagne, aux injures, aux violences, et se sont dépensés sans Je salue fraternellement tous mes compatriotes fran- tre qu’il connaît le mieux, celui de la candidate de LO compter, allant parfois jusqu’au sacrifice de leur vie. çais, qu’ils se soient abstenus ou qu’ils aient voté la victime. n’a pas approché (…) N’ayez pas peur. Rentrez dans l’espérance. L’évé- pour d’autres candidats. Je les appelle à ne pas se lais- Pour le moment solitaire, Jean- les pourcentages nement, c’est le 5 mai. N’ayez pas peur de rêver, vous ser manipuler par les vieux trucs des politiciens qui Richard Sulzer, membre de l’asso- que lui promettaient les petits, les sans-grade, les exclus. Ne vous laissez veulent conserver leur petite boutique. ciation des amis de Jacques Chirac, les sondages. pas enfermer dans les vieilles divisions de la gauche et Je suis socialement à gauche, économiquement à droi- conseiller de Jean-Pierre Soisson, La progression de la droite. Vous, qui avez supporté depuis vingt ans te et plus que jamais, nationalement de France. est venu, dimanche, féliciter d’Arlette Laguiller toutes les erreurs et les malversations des politiciens. Mais surtout, je suis un homme libre, un patriote qui M. Le Pen et confiait au journaliste est même infime Vous, les mineurs, les métallos, les ouvrières et les n’a qu’une ambition : la France et les Français. J’appelle ne pas avoir été le seul à être déçu par rapport à 1995. ouvriers de toutes ces industries ruinées par l’euro- au rendez-vous de la fraternité française, place et ave- des consignes données par le quar- Avec 4,27 %, mondialisme de Maastricht. Vous, les agriculteurs aux nue de l’Opéra le 1er mai, fête de Jeanne d’Arc et des tra- tier général de M. Chirac « d’empê- le candidat retraites de misère et acculés à la ruine et à la dispari- vailleurs de France, pour préparer ensemble la cher le Pen de se présenter ». de la LCR, Olivier tion. Vous, qui êtes les premières victimes de l’insécuri- deuxième étape de la renaissance française, le Besancenot, té, dans les banlieues, les villes et les villages. deuxième tour de l’élection présidentielle. ,, Christiane Chombeau s’est hissé pratiquement au même niveau.

- / Derrière le choc, les paradoxes du premier tour

L’INVENTION de la « gauche plu- ge de ce qui fut la majorité de M. Jos- second tour (les premiers sondages ges. En 1997, après la dissolution de rielle » avait fondé, en 1997, la pin à 32,42 %, quand le candidat d’intentions de vote lui promet- l’Assemblée nationale, elle avait reconquête de l’influence et de la socialiste et ses alliés (communistes taient, dimanche soir, entre 75 % et recueilli, aux élections législatives, place du Parti socialiste au cœur de et Verts) avaient recueilli 35,2 % il y 80 % des suffrages), le chef de l’Etat un total de 36,3 % des voix sur la vie politique française, après la a sept ans. a recueilli le plus faible résultat d’un l’ensemble du territoire. Cinq ans  En dépit de cet affaiblissement président de la République concou- plus tard, elle n’a progressé que collectif, le paradoxe des chiffres est rant à sa réélection. Avec 19,6 % des d’un point et demi ; l’opposition que le poids global de la gauche pou- voix (soit seulement 13,6 % des ins- parlementaire n’est donc pas M. Chirac a recueilli vait conférer l’optimisme à son crits), M. Chirac est très loin des encore redevenue la majorité prési- champion, à condition que celui-ci 34,09 % de François Mitterrand en dentielle. le plus faible résultat fût présent au second tour. Sans pré- 1988 et des 28,3 % de Valéry Gis- juger de la qualité des reports de card d’Estaing en 1981 (qui fut pour-   d’un président de voix, le niveau inédit atteint par l’ex- tant battu), sans parler des 44,6 % Dans le même temps, le FN et trême gauche rendait en effet plausi- du général de Gaulle en 1965. Plus son chef ont enregistré, eux, une la République sortant ble une victoire finale de M. Jospin, encore, le fondateur du RPR, qui progression constante. Parti de dès lors que le total des voix de droi- concourt pour la quatrième fois con- 0,7 % en 1974, M. Le Pen avait totali- te ne se montait qu’à 33,41 % (hors sécutive à l’élection présidentielle, sé 14,4 % en 1988 et 15 % en 1995, le

/ fin crépusculaire des années Mit- extrême droite et chasseurs). Inédi- réalise une performance inférieure FN recueillant 15,3 % des voix aux 5,25 % terrand. La solidité de cette alliance, te, la présence dans la course à l’Ely- à celles qu’il réalisa en 1995 législatives de 1997. Longtemps con- Le résultat de Noël Mamère est le meilleur jamais obtenu par un candidat à l’épreuve de cinq années de gou- sée de deux autres candidats trots- (20,84 %) et en 1988 (19,94 %) ; seul sidérée comme une menace sur la écologiste, supérieur de près de 2 points à celui de Dominique Voynet vernement et malgré la défection, à kistes en concurrence avec Arlette son score de 1981, date de sa pre- candidature même de M. Le Pen, en au premier tour de l’élection présidentielle de 1995. l’été 2000, de Jean-Pierre Chevène- Laguiller, dont la percée était annon- mière candidature, est amélioré : il ce qu’elle pouvait l’empêcher ment, avait fait de Lionel Jospin le cée, a d’évidence contribué à aug- avait obtenu 17,99 % des suffrages d’obtenir les 500 signatures indis- candidat naturel du PS à l’élection menter l’attraction d’un courant exprimés – mais ce total représen- pensables, la scission provoquée présidentielle et le champion évi- politique longtemps ultra-minoritai- tait toutefois 14,35 % des inscrits, par Bruno Mégret, en 1999, n’a pas 3,39 % dent de la gauche au second tour. re. De fait, la candidate de Lutte soit davantage qu’aujourd’hui. Et suffi à empêcher l’essor du FN de se Le Parti La dispersion de son camp aura ouvrière (LO) n’a que faiblement pourtant dans deux semaines, poursuivre. Additionné au score de communiste été la cause première de sa défaite. amélioré son score de 1995 (passant M. Chirac sera le président le mieux son ancien lieutenant (2,3 %), le n’avait jamais L’arithmétique électorale est élo- de 5,3 % à 5,75 %), et elle n’est pas la réélu de la cinquième République, résultat de M. Le Pen porte le poids été aussi bas quente : si le premier ministre a per- seule à devancer le représentant du alors que la droite républicaine, elle, de l’extrême droite à près de 20 % dans du, à titre personnel, plus de 7 PCF ; révélé par la campagne offi- marque sensiblement le pas. des suffrages, c’est-à-dire à peu de une élection. points par rapport à son score de cielle à la télévision, Olivier Besance- Avec cinq candidats – six si l’on y chose près au même niveau que le Au point que 1995 (il avait obtenu 23,5 % des suf- not (LCR) distance lui aussi Robert inclut Jean Saint-Josse (CPNT) –, la président de la République sortant, se pose frages au premier tour), la somme Hue, scellant le décrochage histori- droite obtient au total 33,4 % des dont il avait fait, depuis son entrée la question des voix de gauche, elle, n’a que que du PCF, réduit à la dimension voix (37,7 % avec le représentant en campagne, sa cible principale, et de sa survie légèrement régressé. Ajoutés au d’un groupuscule dans certains de des chasseurs) ; au premier tour de qui est désormais son dernier en tant que résultat du premier ministre, les ses bastions historiques. l’élection présidentielle de 1995, sti- adversaire. force politique totaux de Noël Mamère, Robert La situation de Jacques Chirac mulée par le duel fratricide entre Jac- nationale. Hue, Christiane Taubira et Jean- n’est, somme toute, pas moins para- ques Chirac et Edouard Balladur, Hervé Gattegno

 / Pierre Chevènement portent l’étia- doxale. Assuré de la victoire au elle avait regroupé 44,1 % des suffra- et Anne-Line Roccatti 4/LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002 l’élection présidentielle

Jean-Marie Le Pen, des paras d’Indochine au second tour de la présidentielle

Commencée aux côtés de Pierre Poujade, en 1955, la carrière politique du président du Front national s’étend sur près d’un demi-siècle. Une carrière faite de provocations et d’une lente et méthodique implantation de son parti, qui a su se nourrir des angoisses de la société française

LA PARTICIPATION du chef du sensibilités d’extrême droite qui for- Front national au second tour de ment alors le FN. Le chef n’est pas la l’élection présidentielle couronne locomotive intellectuelle. Il a pour une carrière politique de plus d’un fonction de traduire dans ses dis- demi-siècle. Jean-Marie Le Pen a cours cette stratégie destinée à toujours compté sur sa propre per- séduire les couches sociales qui crai- sonnalité pour imposer son cou- gnent la mondialisation libérale, rant politique. Fils de patron dans ses aspects politiques, sociaux, pêcheur, né le 28 juin 1928 à La mais aussi culturels. En effet, Le Pen Trinité-sur-Mer, il milite dès publie peu et signe surtout des tex- l’automne 1947, à la Corpo de tes écrits par d’autres. Ses édito- droit. Il apprend à séduire une riaux ont donc sacrifié aux référen- assemblée, à se mettre en scène, et ces, citations et tics de langage de le goût de la provocation. En plusieurs cultures de l’extrême droi- novembre 1953, il endosse l’unifor- te. En revanche, ses discours « col- me parachutiste, direction l’Indo- lent » aux attentes du public d’un chine, mais il n’y arrive qu’après la meeting ou de son électorat. Sa for- chute de Dien Bien Phu. Là, il se ce est de faire coïncider une culture jure, s’il en revenait : « Je consacre- politique, dont il assume toutes les rai ma vie à la politique. » En 1955, générations et toutes les variantes Le Pen intègre l’UDCA, mouve- avec des angoisses sociales bien plus ment de Pierre Poujade. Le 3 jan- largement répandues. vier 1956, à 27 ans, il devient le plus Il a ainsi su construire un dis- jeune député de France, porté par cours qui fournit une réponse uni- une vague éphémère. que aux multiples insécurités. L’in- Dès juillet, il s’engage à nouveau sécurité résultant de la menace de dans l’armée pour participer à l’ex- chômage, du déclin de la classe pédition de Suez, puis aux débuts ouvrière comme de celui des petits de la guerre d’Algérie. En 1957, il commerçants est conjuguée avec la poursuit le combat, cette fois dans crainte de la délinquance en une le domaine, à ses yeux décisif, de la description unique, aux causes com- politique. En 1960, il participe à la munes (la mondialisation) et au fondation du Front national pour Le 3 mai 1974, c’est la première campagne présidentielle remède simple : renvoyer les immi- l’Algérie française. Exploitant les de Jean-Marie Le Pen, lors d’un meeting à Paris, le président du grés. En 1995, Le Pen progresse ressentiments provoqués par l’indé- FN déclare : « Nous nous mettons en réserve de la France. » encore, à 15 %. Après les grèves de pendance algérienne, il se lance Le 30 mai 1997, venu soutenir sa fille Caroline, décembre 1995, son parti tente de ensuite dans la bataille présidentiel- qui se présente aux législatives à Mantes-la-Jolie (Yvelines), construire des relais militants dans le, en animant la campagne de Jean- il agresse la candidate socialiste Annette Peulvast-Bergeal. les entreprises, mais échoue devant Louis Tixier-Vignancour. Deux ans Le 16 avril 2002, lors de son avant-dernier meeting les réactions syndicales. Lors des de militantisme, pour recueillir, en régionales de 1998, Le Pen engage

 ;  / ; - / de campagne, à Marseille. 1965, un score décevant de 5,27 % à nouveau la stratégie du bulldozer des voix. dence à Le Pen, au titre de sa gloire alors à rassembler, non point les sion « L’Heure de vérité » du de la provocation et des effets contre la droite, qui se divise sur la Le Pen entame une traversée du passée. Le rôle de Le Pen perdra foules mais toutes les familles de 13 février 1984, va transformer en médiatiques. stratégie à adopter face au FN et désert, vit chichement de sa mai- son caractère honorifique en 1973, l’extrême droite. Il recrute ainsi les courant de sympathie. Et, lors des En septembre 1987, il soutient manque d’exploser. Une crise écla- son de disques politiques, la SERP, après la dissolution d’Ordre nou- réseaux « nationalistes révolution- européennes de 1984, qu’il qualifie- que les chambres à gaz sont «un te lors de la préparation des euro- créée en 1963 avec Léon Gaultier, veau, dont le noyau militant part naires », dont le chef, François ra de « séisme politique », il récolte point de détail de l’histoire de la secon- péennes de l’année suivante. Mena- ancien des guerres coloniales et de fonder le Parti des forces nouvelles Duprat – qui sera tué dans un atten- 11 %. Le FN additionne alors les de guerre mondiale ». Un an plus cé d’inéligibilité, Le Pen évoque la la Waffen SS. Il ne refera surface (PFN). Le Pen garde le FN, avec tat à la veille des législatives de voix de celles et ceux qui estiment tard, il récidive par un jeu de mots candidature de sa femme. Tandis qu’en 1972, quand le groupe activis- quelques amis et un groupuscule mars 1978 –, deviendra vite son que la droite française a failli en lais- douteux « Durafour crématoire », que son numéro deux, Bruno te néofasciste Ordre nouveau crée « militant » animé par plusieurs second. Le chef du FN agira dix sant en 1981 le gouvernement aux le Front national et en offre la prési- anciens SS français. Il commence années sans espoirs raisonnables socialo-communistes après que de de percer. Il lui est arrivé de Gaule eut trahi en laissant l’Algérie Une villa à Saint-Cloud héritée en 1976 commencer des réunions de préau aux Algériens en 1962. SCORES DU FRONT NATIONAL Assujetti à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), le président du Front sans public, devant un seul militant Dès lors, Le Pen tente sans suc- national a indiqué à L’Express avoir acquitté à ce titre 4 116 euros en 2001. En % des suffrages exprimés venu l’accompagner. cès d’arracher des pans entiers aux Son patrimoine est constitué, pour l’essentiel, par sa villa de Montretout, à Présidentielle Législatives Européennes partis de la droite républicaine. Il Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), non loin de laquelle s’est installé le siège du «   » 2 2 (1er tour) (1er tour) s’attache aussi à constituer, en par- FN. D’une superficie de 365 m , dans un parc de 4 800 m , cette habitation a L’héritage d’un riche sympathi- tie hors du FN, un vivier de candi- été estimée à 3,2 millions d’euros par le mensuel Capital, mais seulement à sant, le cimentier Hubert Lambert, dats. Trente-cinq d’entre eux, dont 1,6 million d’euros par M. Le Pen. Cette villa fait partie de l’héritage qu’Hu- assurera néanmoins une réelle Le Pen, sont élus députés en mars bert Lambert, décédé en 1976 à 42 ans, avait légué au couple Le Pen, lui lais- 16,95 % aisance matérielle à Le Pen, qui est 1986. Mais il ne les associe pas à la sant de surcroît ses participations dans plusieurs sociétés. Un cousin ger-

15 % 15 % toujours en 2002 le plus fortuné direction du parti. Le patron du

14,4 % main du défunt contesta un temps le testament avant d’accepter un compro- des candidats. Il touche à nouveau FN s’affiche séducteur, et chef. mis. Le revenu imposable de M. Le Pen s’est monté à 44 507 euros en 2000. Il 12,5 %

11,7 % le fond politique lors de la présiden- Mais a du mal à travailler en équi- a acquitté à ce titre un impôt de 4 201 euros en 2001. 11 %

10,5 % tielle de 1981. N’arrivant pas à réu- pe. Le Pen obtient 14,5 % lors de 9,8 % 9,8 %

9% nir les signatures de maires, Le Pen l’élection présidentielle de 1988. Il appelle à « voter Jeanne d’Arc ». sent que son électorat évolue. Les du nom de Michel Durafour, minis- Mégret, se propose. Cela suffit Son second, Jean-Pierre Stirbois, déçus de la stratégie politique de tre de la fonction publique du gou- pour que Le Pen le pousse vers la venu d’un groupuscule « solidaris- la droite sont rejoints par les déçus vernement Rocard. C’est alors sortie. Bruno Mégret part début te » mène une politique d’implanta- de la politique sociale de la gau- Bruno Mégret qui joue un rôle 1999, mais avec la majorité des tion locale à Dreux. Un score muni- che. Il laisse ses cadres entamer un moteur. Le FN opère un tournant cadres. Le Pen préfère risquer de

0,7 % cipal de 17 %, en septembre 1983, travail intellectuel et politique « social », adopte une orientation tout perdre que de partager une accorde au FN une notoriété que ambitieux au début des années antiaméricaine, antilibérale. Le Pen parcelle de son pouvoir. Il traite de 197484 86 88 88 89 93 94 95 97 99 2002 Le Pen par ses prestations télévi- 1990. C’est aussi vers cette époque s’investit peu dans ce travail de refor- « racistes » et de « nazis » ceux sur suelles, notamment lors de l’émis- que Jean-Marie Le Pen joue à plein mulation, synthèse des différentes qui il s’appuyait la veille pour diri- ger son parti. Sa priorité est alors de détruire le « félon » Mégret. Il déclare préférer faire 6 % si cela pla- Déchu de son mandat européen depuis deux ans, ce Mégret à 3 % que 12 % si Mégret obtient 6 %. Les dégâts infligés par le président du FN siège toujours à Strasbourg la scission sont lourds, des cadres s’éloignent, les relais militants dépé- BRUXELLES ce texte prenne effet au niveau application. Le Parlement européen rissent, le public militant boude les de notre bureau européen communautaire, il fallait que le Par- n’a donc finalement « pris acte » de fêtes et les manifestations. Le Pen Coutumier des actions théâtrales, lement européen en « prenne la déchéance de M. Le Pen qu’au passe tout près d’en payer le prix le président du Front national avait acte », selon une procédure établie mois d’octobre 2000, après que le lorsque son appareil démotivé pei- lancé : « I will come back ! [Je en 1976. Conseil d’Etat a rejeté son recours. ne à réunir les signatures de mai- reviendrai] », dans l’hémicycle du Or la date à laquelle le Parlement Trois mois plus tard, le tribunal de res. Aujourd’hui, Le Pen compte Parlement européen, le jour où la européen devait « prendre acte » de Luxembourg, saisi par l’intéressé, plus sur lui-même, sur son verbe et présidente, Nicole Fontaine, avait la déchéance de M. Le Pen a suscité ordonnait un sursis à exécution sus- sur sa verve que sur un appareil prononcé la déchéance de son man- un vif débat au sein de l’Assemblée pendant la déchéance, en laissant affaibli. Jean-Marie Le Pen a tou- dat. Quelques mois plus tard, de Strasbourg : le président du FN a entendre que celle-ci aurait dû être jours mis en avant son propre per- M. Le Pen pouvait affirmer : «Iam demandé que ses collègues lui prononcée par l’assemblée plénière sonnage par rapport à son parti. Il back ! [je suis de retour] », après offrent un répit, comme ils l’avaient du Parlement européen, et non par a privilégié les batailles présidentiel- que le tribunal de première instance fait quelques années plus tôt pour sa seule présidente. Mme Fontaine, les. Celle de 2002 est, à ses yeux, la de Luxembourg l’eut provisoire- Bernard Tapie, afin d’attendre l’exa- de fait, n’avait pas jugé utile d’orga- dernière élection présidentielle en ment rétabli dans son mandat de men par le Conseil d’Etat du recours niser un vote « pour » ou « contre » France (avant sa dissolution dans député européen : le chef de l’extrê- qu’il y avait formé. la déchéance, considérant que le Par- l’Europe) et la dernière à laquelle il me droite française avait habile- lement européen n’avait d’autre puisse raisonnablement participer. ment exploité la faille du système  ’ choix que de le constater. Dans son qui organise la destitution des mem- Craignant que M. Le Pen ne cher- ordonnance de référé, la juridiction René Monzat bres du Parlement de Strasbourg. che en réalité à gagner du temps luxembourgeoise n’exclut pas, elle, Voici comment. pour que sa peine devienne cadu- que le Parlement de Strasbourg puis- En France, la Cour de cassation que, la gauche ne souhaitait pas lui se avoir un véritable pouvoir d’ap- avait confirmé, le 23 novembre faire ce cadeau. Mais une majorité préciation. 1999, la condamnation du président de députés européens ont estimé Juristes et experts attendent main- du FN à trois mois d’emprisonne- qu’il fallait le traiter comme n’impor- tenant un jugement au fond plus ment avec sursis et à une année te quel autre député, quelle que soit explicite, qui décidera véritable- d’inéligibilité pour avoir agressé la réaction que pouvaient susciter ment du sort de M. Le Pen. Au ter- une élue socialiste, Annette Peul- ses idées politiques. Cette question me de ce marathon procédural, le vast-Bergeal, pendant la campagne s’est doublée d’un débat sur les chef du FN, tenant du souverainis- des législatives de 1997. Conformé- compétences du Parlement euro- me, pourrait ainsi être à l’origine ment au code électoral, cette peine péen : les fédéralistes estimaient d’une jurisprudence qui ferait préva- devait entraîner la déchéance de ses que l’Assemblée de Strasbourg ne loir la compétence des institutions mandats en cours, dont celui de devait pas être une simple chambre européennes sur celle des gouverne- député européen – qui fut pronon- d’enregistrement des décisions ments nationaux. cée par un décret du premier minis- nationales, mais qu’il pouvait avoir tre, le 22 avril 2000. Mais, pour que une marge d’appréciation sur leur Rafaële Rivais LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002/5 l’élection présidentielle Le Front national Les hommes de l’ombre Bruno Mégret invite à voter est arrivé pour Jean-Marie Le Pen en tête dans d’un candidat solitaire Le candidat du MNR tente de cacher 35 départements Les fidèles de M. Le Pen sont peu nombreux, mais ils l’ont conduit au second tour sa déception face au score de son rival

DIMANCHE 21 AVRIL, Jean- L’IRRUPTION de Jean-Marie sité Lyon-III. M. Gollnisch rejoint au profit de Carl Lang, sa cote est IL EST 20 HEURES. Au Novotel, Dans la salle, il n’y a pas foule, et Marie Le Pen a dépassé son record Le Pen au second tour de l’élection M. Le Pen en 1983 et accède deux plutôt en baisse. rue de Vaugirard, à Paris, dans le les réactions sont en demi-teinte. historique de 1995, avec 17,19 % présidentielle est d’abord celle ans plus tard au bureau politique f Marine Le Pen (33 ans) est la 15e arrondissement, où Bruno « Je suis déçue. Mais, bon... Ça lui des suffrages exprimés contre 15 % d’une aventure solitaire. Le prési- du FN. Député européen et benjamine du président du Front Mégret passe sa soirée électorale, met un pied dans la place. C’est une il y a sept ans. L’extrême droite dent du Front national s’est pour- conseiller général du Rhône, il a national. Elle a remplacé auprès de un cri de victoire fuse lorsque les amorce pour la suite », confie une dans son ensemble a, elle aussi, pro- tant appuyé, pour cette élection, été présenté par M. Le Pen comme son père Marie-Caroline, l’aînée et télévisions annoncent la présence militante. Maxime Bruneri, 25 ans, gressé puisqu’elle totalise, avec les sur un cercle limité de fidèles. son éventuel successeur. M. Goll- conseillère régionale d’Ile-de-Fran- de Jean-Marie Le Pen au second étudiant en comptabilité, votera Le électeurs de Bruno Mégret, le prési- f Carl Lang (44 ans), secrétaire nisch a pris soin de répondre qu’il ce, qui avait suivi M. Mégret au tour. Moins d’une demi-heure plus Pen, même s’il dénonce les « déri- dent du Mouvement national répu- général depuis octobre 1988 (avec n’était « pas affamé ». Sa surpre- moment de la scission. Marine tard, le candidat du Mouvement ves du Front national ». Mais il ne blicain (MNR), 19,57 % des voix. A une parenthèse de 1995 à 1998) a nante discrétion lors des difficultés Le Pen est membre du bureau poli- national républicain (MNR) réagit : fera pas campagne pour le second quelques exceptions près, la France adhéré au FN en 1978. C’est vers rencontrées dans la collecte des tique et conseillère de la région « Nous assistons à un rejet majeur de tour. « Quand les Mégret ont rempor- de M. Le Pen, après cette élection, ce député européen et conseiller parrainages a d’autant plus intri- Nord - Pas-de-Calais depuis 1998. la classe politique. Face à cette crise té la mairie de Vitrolles, il n’y a pas se situe nettement au Nord et à régional du Nord que Jean-Marie gué qu’il était très présent aupara- Avocate, elle occupe la fonction de majeure, je me félicite des scores spec- eu un seul télégramme de félicita- l’Est, ses scores allant en s’amenui- Le Pen s’est tourné pour mobiliser vant et qu’il a réapparu la veille du directrice du service juridique du taculaires de la droite nationale et tions de la part de Le Pen », regret- sant au fur et à mesure que l’on l’appareil et organiser la collecte dépôt des signatures. parti, également depuis 1998. Elle républicaine, qui atteint près de te-t-il. « Et puis, Le Pen, il a 76 ans, avance vers l’Ouest, des régions où des 500 parrainages, dossier attri- f Martial Bild (39 ans), délégué sera candidate dans la 13e circons- 20 %, et tout particulièrement, disons- c’est vieux. » Avant d’ajouter : «On les scores lepénistes sont tradition- bué initialement à la vice-prési- général adjoint, assure la responsa- cription du Pas-de-Calais aux pro- le, de celui de Jean-Marie Le Pen. souhaite la réconciliation. » « C’est nellement moins bons. dente du parti, Martine Lehideux. bilité de la communication interne chaines élections législatives. J’appelle dès maintenant les électeurs l’autre tête de nœud du Val-d’Oise », En fait, le président du Front Dans son « pré-gouvernement », du parti après avoir été le direc- f Fernand Le Rachinel (59 ans) qui se sont rassemblés autour de ma commente un supporter de national arrive en tête dans M. Le Pen avait chargé M. Lang teur national du Front national de ancien conseiller général de la Man- candidature à se mobiliser autour de M. Mégret en voyant apparaître à 35 départements : dans tous ceux du dossier social. Titulaire d’un la jeunesse. Poulain de Carl Lang, che, fidèle entre les fidèles de Jean- celle de Le Pen pour le second tour. » la télévision, en direct du QG de de la région Provence-Alpes-Côte diplôme d’Etat de kinésithérapeu- il a été en charge pendant la cam- Marie Le Pen, est l’imprimeur du Mais, derrière son apparente M. Le Pen, un responsable du Front d’Azur, sauf les Hautes-Alpes où te, il est le pourfendeur d’une pagne du pôle de la conception de parti et a joué un rôle décisif dans satisfaction, M. Mégret cache mal national. Jacques Chirac le devance ; dans « société multicommunautaire et la campagne. le recueil des signatures. son manque d’enthousiasme. Sa Bruno Mégret tente de se conso- sept départements de la région pluriethnique ». f Martine Lehideux (68 ans) est f Olivier Martinelli (32 ans), déception. Son score n’est pas à la ler en imaginant un avenir sans Rhône-Alpes sur huit, l’Ardèche fai- f Bruno Gollnisch (52 ans), une amie de longue date de directeur de cabinet de M. Le Pen hauteur de ses espoirs. «Ilyaeuun Jean-Marie Le Pen. « A l’âge que sant exception puisque M. Chirac y délégué général du FN depuis M. Le Pen. Ses relations avec le pré- depuis 2000, rédige les discours de vote utile pour Le Pen. Je m’en félici- j’ai, 53 ans, Jean-Marie Le Pen arrive en tête ; dans le Languedoc- novembre 1999, a été présenté par sident du FN ne sont pas pour M. Le Pen et est considéré comme te. C’est une manière pour nos idées n’était même pas candidat à la prési- Roussillon, où seuls l’Aude et la M. Le Pen comme la personnalité autant d’une constante harmonie. le théoricien du Front national. d’être au second tour. Je me réjouis dentielle. Quoi qu’il arrive, cette élec- Lozère ne placent pas le président idoine pour devenir son premier Alors qu’elle avait pris une place f Alain Vizier (48 ans), chargé que nos idées aient pris un nouvel tion est le dernier coup de Le Pen. Et du FN en première position, Lionel ministre. Il est diplômé de l’Institut importante dans l’opposition à de presse de M. Le Pen depuis élan pour l’avenir », nuance-t-il. je représente toujours l’avenir de la Jospin le précédant dans le premier d’études politiques de Paris, de lan- Bruno Mégret, la vice-présidente a 1986, a été l’assistant de Jean-Pier- Son épouse Catherine résiste droite nationale », juge-t-il. Car, ici, cas, Jacques Chirac dans le second ; gues orientales, docteur en droit très mal pris le fait d’être reléguée re Stirbois de 1981 à 1986 et est moins. Après l’annonce des résul- on ne parle pas d’« extrême droi- dans la région Franche-Comté, le international et lauréat de l’univer- en douzième position dans la liste devenu, pendant cette campagne, tats, elle quitte la salle au pas de te », mais de « droite nationale et candidat d’extrême droite fait le sité de Paris. Officier de réserve, il du FN aux élections européennes son conseiller en communication. course, les yeux pleins de larmes : républicaine ». grand chelem, jusque dans le enseigne depuis 1981 le japonais de 1999. Déchargée, en cours de « Je suis dégoûtée », lance-t-elle à Territoire de Belfort, le fief de Jean- juridique et économique à l’univer- route, de la collecte des signatures Elie Barth ceux qui l’entourent. Virginie Malingre Pierre Chevènement. Il en va de même en Alsace, où il renoue avec de bons scores en LES RAPPORTS DE FORCES DROITE/GAUCHE EN MÉTROPOLE dépit de son absence de militants Extr. Gauche Gauche Autres Droite Extr. Droite Extr. Gauche Gauche Autres Droite Extr. Droite et de la faiblesse du FN en cadres. Gauche + ext. gauche Droite + ext. droite Gauche + ext. gauche Droite + ext. droite En Lorraine, seule la Meurthe-et- % %%%%%%% %%%%%% Moselle met M. Le Pen en deuxiè- me position, mais il reprend l’avan- TOTAL 10,62 26,69 37,31 9,71 33,41 19,57 52,98 Lot-et-Garonne 9,50 26,04 35,54 13,32 29,60 21,54 51,14 tage dans la Haute-Marne, l’Aube, Lozère 9,69 22,49 32,18 13,07 39,46 15,29 54,75 l’Yonne, des départements où il réa- Ain 9,16 21,78 30,94 10,13 33,56 25,37 58,93 Maine-et-Loire 11,27 25,20 36,46 8,88 41,16 13,49 54,65 lise une percée, ainsi que dans les Ardennes, l’Aisne, le Nord, le Pas- Aisne 13,62 24,10 37,72 8,74 29,71 23,83 53,54 Manche 11,92 21,27 33,19 12,71 39,01 15,09 54,10 de-Calais, l’Oise, l’Eure et, dans le Allier 11,50 29,52 41,02 9,61 33,43 15,94 49,37 Marne 11,35 22,69 34,05 8,23 35,54 22,19 57,73 Sud, le Lot-et-Garonne et le Tarn- et-Garonne. Alpes-de-Hte-Prov. 11,13 25,78 36,92 14,83 28,82 19,43 48,26 Haute-Marne 11,53 21,39 32,92 9,59 32,14 25,35 57,49 Hautes-Alpes Mayenne     10,88 25,75 36,63 13,16 33,07 17,14 50,21 11,37 23,52 34,89 7,72 43,92 13,47 57,39 De plus, Jean-Marie Le Pen Alpes-Maritimes 6,61 21,45 28,06 7,29 36,13 28,52 64,65 Meurthe-et-Moselle 12,93 27,15 40,08 7,84 31,23 20,86 52,09 obtient des scores supérieurs à Ardèche 11,01 25,53 36,54 13,29 30,79 19,38 50,17 Meuse 11,63 22,66 34,29 8,98 33,56 23,16 56,73 20 % dans 25 départements. Parmi Ardennes 12,14 24,54 36,68 8,12 28,68 26,52 55,20 Morbihan 11,27 27,21 38,47 8,11 37,44 15,98 53,42 les premiers : les Alpes-Maritimes (25,99 %), le Vaucluse (25,79 %), le Ariège 11,53 36,10 47,63 13,05 22,64 16,69 39,32 Moselle 11,95 23,38 35,34 5,90 31,71 27,06 58,77 Gard (24,85 %), la Moselle Aube 9,74 22,04 31,77 9,69 34,13 24,40 58,54 Nièvre 11,92 31,48 43,40 10,26 28,03 18,32 46,35 (23,67 %), le Var (23,54 %), le Haut- Rhin (23,52 %), le Bas-Rhin Aude 10,26 31,71 41,97 11,97 23,76 22,30 46,06 Nord 11,94 27,72 39,66 8,16 30,19 21,99 52,18 (23,38 %), l’Hérault (22,98 %), les Aveyron 10,22 25,91 36,13 13,21 36,99 13,67 50,66 Oise 11,55 23,36 34,91 8,41 30,71 25,97 56,68 Ardennes (22,91 %) et l’Oise (22,76 %). Dans ces départements, Bouches-du-Rhône 8,59 25,62 34,20 9,44 28,97 27,38 56,36 Orne 11,40 21,13 32,52 9,35 37,88 20,24 58,12 le candidat progresse par rapport à Calvados 12,81 25,58 38,39 11,68 33,73 16,20 49,93 Pas-de-Calais 13,56 27,73 41,28 11,72 26,39 20,61 46,99 son score de l’élection présidentiel- le de 1995, sauf en Moselle, dans le Cantal 9,88 21,85 31,72 13,74 41,68 12,86 54,53 Puy-de-Dôme 14,10 27,69 41,79 10,11 32,50 15,60 48,09 Haut-Rhin et dans le Bas-Rhin. Charente 12,79 28,23 41,01 11,81 31,54 15,64 47,18 Pyr.-Atlantiques 10,57 28,22 38,79 13,14 36,68 11,40 48,08 A l’inverse, M. Le Pen a du mal à atteindre les 10 % en Corrèze, le Charente-Maritime 11,07 26,61 37,68 13,78 33,26 15,29 48,55 Hautes-Pyrénées 11,43 32,56 43,99 13,46 28,89 13,66 42,55 département du président de la Cher 11,76 26,98 38,74 10,47 32,73 18,06 50,79 Pyr.-Orientales 9,94 27,44 37,37 10,99 28,31 23,33 51,64 République (8,86 %), dans les Deux- Sèvres (9,27 %) et à Paris (9,35 %). Corrèze 10,35 27,93 38,28 10,14 41,54 10,05 51,59 Bas-Rhin 8,53 19,90 28,44 5,55 38,75 27,26 66,02 De même n’atteint-il pas les 11 % Corse-du-Sud 6,42 25,26 31,67 14,50 34,98 18,85 53,83 Haut-Rhin 9,19 19,59 28,78 7,31 35,39 28,51 63,90 dans le Finistère, le Lot, les Landes, l’Ille-et-Vilaine et les Pyrénées- Haute-Corse 6,20 28,51 34,71 15,92 33,54 15,84 49,37 Rhône 8,43 24,93 33,37 8,30 36,46 21,88 58,34 Atlantiques. Côte-d'Or 10,73 24,44 35,17 10,21 34,05 20,57 54,62 Haute-Saône 10,72 20,93 31,64 13,36 29,26 25,73 54,99 Dans quinze villes de plus de Côtes-d'Armor 10 000 habitants (plus de 15 000 12,93 32,23 45,16 8,34 33,71 12,79 46,51 Saône-et-Loire 11,11 26,11 37,22 9,32 33,00 20,45 53,46 pour l’Ile-de-France et pour le Creuse 11,50 28,59 40,10 11,71 35,38 12,81 48,19 Sarthe 13,12 27,03 40,15 8,35 34,44 17,07 51,51 Nord), le président du mouvement Dordogne d’extrême droite obtient plus de 11,29 29,99 41,28 12,26 32,16 14,29 46,46 Savoie 9,88 24,57 34,45 9,30 33,71 22,54 56,25 30 % des suffrages : Beaucaire, Doubs 10,57 23,26 33,82 11,99 32,05 22,13 54,18 Haute-Savoie 8,74 22,51 31,24 7,93 37,69 23,13 60,82 Saint-Gilles, Sorgues, Orange, Bol- Drôme 9,80 24,96 34,76 11,03 30,48 23,74 54,22 Paris 6,80 33,31 40,12 7,15 42,36 10,37 52,74 lène, Freyming-Merlebach, Stiring- Wendel, Carpentras, La Trinité, Eure 12,09 23,17 35,26 9,87 32,35 22,52 54,88 Seine-Maritime 13,54 28,15 41,69 8,42 31,00 18,89 49,88 Tarascon, Cluses, Pierrelatte, Eure-et-Loir 10,37 23,11 33,47 10,18 34,53 21,82 56,35 Seine-et-Marne 10,00 26,20 36,20 8,54 33,27 21,99 55,26 Cavaillon, Behren-lès-Forbach et Saint-Pol-sur-Mer. En revanche, Finistère 12,78 30,31 43,08 8,32 36,83 11,76 48,59 Yvelines 7,61 25,67 33,28 8,04 41,92 16,75 58,68 Tulle (Corrèze), dont le maire est Gard 9,46 25,13 34,59 10,51 26,94 27,96 54,90 Deux-Sèvres 12,90 28,21 41,11 10,76 37,57 10,56 48,13 aussi le premier secrétaire du PS, François Hollande, est la ville de Haute-Garonne 10,63 33,59 44,22 9,67 27,73 18,38 46,11 Somme 12,93 23,30 36,23 16,28 29,01 18,48 47,49 France métropolitaine qui a le Gers 9,87 30,12 39,99 15,21 29,82 14,98 44,80 Tarn 10,74 28,85 39,59 11,45 29,79 19,17 48,96 moins voté pour lui (6,32 %), avec Cesson-Sévigné (6,91 %) en Ille-et- Gironde 10,77 29,61 40,38 12,72 31,20 15,70 46,90 Tarn-et-Garonne 9,74 25,52 35,25 12,96 29,00 22,78 51,78 Vilaine. Hérault 9,39 27,68 37,07 11,10 26,41 25,42 51,82 Var 7,86 21,02 28,88 10,14 34,28 26,70 60,98 M. Le Pen est en tête à Orange, Marignane – commune dont le mai- Ille-et-Vilaine 12,62 29,49 42,11 7,99 38,32 11,59 49,91 Vaucluse 8,61 22,17 30,78 10,87 28,61 29,74 58,35 re, Daniel Simonpieri, est au MNR, Indre 11,87 26,28 38,16 11,85 32,60 17,39 49,99 Vendée 10,55 23,56 34,11 10,30 42,23 13,36 55,59 même si, ces derniers temps, il a pris ses distances –, Nice, Nîmes, Indre-et-Loire 11,61 26,65 38,25 10,31 34,91 16,52 51,43 Vienne 12,87 28,33 41,20 11,80 34,43 12,57 47,00 Carcassonne, Marseille, Perpignan, Isère 10,84 28,64 39,48 9,46 30,07 20,99 51,07 Haute-Vienne 13,43 31,49 44,92 10,51 31,61 12,97 44,58 Tourcoing, Avignon et Mulhouse, un fief MNR. Jura 11,66 23,62 35,28 11,27 32,05 21,40 53,45 Vosges 12,43 22,52 34,96 8,69 32,55 23,81 56,35 Bruno Mégret, quant à lui, ne Landes 9,48 31,94 41,42 15,99 30,96 11,64 42,59 Yonne 10,27 22,72 32,99 9,45 33,12 24,44 57,56 devance M. Le Pen qu’à Vitrolles, la ville dont sa femme, Catherine, Loir-et-Cher 10,82 23,90 34,72 11,45 33,08 20,76 53,84 Territoire de Belfort 10,05 17,34 27,40 21,58 24,56 26,46 51,02 est le maire. De peu, en fait, car il Loire 10,53 23,39 33,92 9,26 32,26 24,56 56,82 Essonne 9,66 29,89 39,54 8,89 33,50 18,07 51,57 n’obtient que 17,90 % de suffrages, contre 17,15 % pour le patron du Haute-Loire 11,55 21,47 33,02 10,28 35,70 21,00 56,70 Hauts-de-Seine 7,14 29,27 36,40 7,31 42,73 13,56 56,29 FN. L’extrême droite, dans son Loire-Atlantique 12,36 29,76 42,13 9,60 35,22 13,05 48,28 Seine-Saint-Denis 10,21 35,49 45,70 7,20 26,89 20,21 47,11 ensemble, passe la barre des 20 % dans 47 départements, soit la Loiret 9,23 23,82 33,05 10,24 34,30 22,40 56,70 Val-de-Marne 8,72 32,97 41,69 7,74 34,27 16,29 50,57 moitié, et celle des 25 % dans Lot 11,64 30,52 42,16 15,67 29,93 12,25 42,17 Val-d'Oise 9,17 29,65 38,81 7,46 33,39 20,34 53,72 15 départements. Extrême gauche : Olivier Besancenot, Daniel Gluckstein, Arlette Laguiller ; gauche : Robert Hue, Lionel Jospin, Noël Mamère, Christiane Taubira ; autres : Jean-Pierre Chevènement, Jean Saint-Josse ; droite : François Bayrou, Christine Boutin, Jacques Chirac, Corinne Lepage, Alain Madelin ; Extrême droite : Jean-Marie Le Pen , Bruno Mégret Ch. Ch. 6/LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002 l’élection présidentielle

Face à une victoire annoncée, M. Chirac mesure les défis qui l’attendent

Le président sortant doit dégager une majorité aux élections législatives en dépit de la menace de triangulaires avec la gauche et le FN. Il doit aussi recomposer les structures de la droite. Les chiraquiens redoutent enfin l’éventualité de mouvements sociaux contre le futur gouvernement

C’EST à la fois le meilleur et le de ce grand parti de droite considè- pire des scénarios. C’est aussi la seu- rent déjà qu’ils ont emporté une le des hypothèses qui n’ait jamais première victoire en « étouffant été sérieusement envisagée par les Jacques Chirac Alain Madelin » et en « contenant chiraquiens. Jacques Chirac a (ici, lors de sa François Bayrou ». Dès dimanche d’ailleurs longtemps attendu, diman- conférence de presse soir, cependant, M. Chirac s’est che soir, avant d’intégrer la nouvelle après l’annonce enquis personnellement des con- réalité politique qui s’offre à lui. Stu- des résultats tacts qui pouvaient être pris avec péfait par le score de l’extrême droi- du premier tour) ses rivaux DL et UDF du premier te, incrédule devant l’effondrement n’avait pas envisagé tour. A défaut d’une fusion rapide de Lionel Jospin, le chef de l’Etat a des partis de droite – hypothèse qui le duel mis plus d’une heure avant d’admet- a la préférence d’Alain Juppé –, cer- tre le duel qui l’oppose désormais à qui l’attend avec tains, dont Nicolas Sarkozy, imagi- Jean-Marie Le Pen. « Les choses vont Jean-Marie Le Pen nent plutôt, dans un premier se retourner », a longtemps répété et a mis plus temps, un rapprochement entre l’ac- M. Chirac, appelant ses conseillers à d’une heure tuel RPR et Démocratie libérale la prudence, persuadé que la gauche avant d’admettre (DL). C’est aussi l’un des éléments ne pouvait pas être absente du la situation. que Jacques Chirac devra trancher second tour. Parmi ses proches, seu- « Les choses vont rapidement. le… Bernadette Chirac avait en effet Le chef de l’Etat, conscient des dif- se retourner », envisagé que le président du FN puis- ficultés qui l’attendent, s’est lui- se se retrouver seul face à son mari. a longtemps répété C’est dire si les résultats de diman- le chef de l’Etat, che ont cueilli la droite par surprise. persuadé Mobilisation générale Certes, les amis du président ont que la gauche des parlementaires très vite compris la première consé- ne pouvait quence de la bataille qui s’annonce : pas être absente L’ensemble des parlementaires face à Jean-Marie Le Pen, Jacques du second tour. de droite étaient invités, lundi Chirac est d’ores et déjà assuré de 22 avril en fin d’après-midi, à l’hôtel l’emporter au second tour. Qui plus InterContinental, à Paris – en princi- est, avec le meilleur score qu’un prési- pe dans le salon Concorde – pour dent de la République ait jamais affi- dialoguer avec Jacques Chirac. Ce ché. Dès dimanche soir, les premiè-  / qui inclut les chiraquiens, les dépu- res estimations de vote donnaient tés UDF et Démocratie libérale qui plus de 75 % des votes en sa faveur, attiré qu’un regard glacial. Car le pré- té des Hauts-de-Seine a assumé le A partir d’une équation compara- quiètent d’ores et déjà de l’affronte- se sont prononcés au premier tour une partie de l’électorat de gauche se sident a devant lui trois échéances thème de prédilection du candidat ble, Philippe Douste-Blazy estime ment qui opposera, dans bon nom- pour François Bayrou ou Alain Made- reportant sur son nom pour faire bar- complexes. La première est de nom- Chirac : « On n’a pas parlé de l’insécu- cependant qu’il conserve toutes ses bre de circonscriptions, la droite lin, ainsi que les députés européens rage au président du FN. mer un premier ministre susceptible rité pour faire peur, mais parce que chances : « Il faut mener une politi- républicaine à une extrême droite élus en 1999 sur la liste conduite Mais le président a vite compris de mener la bataille pour les législati- nombre de Français ont peur (…). Ce que de sécurité très ferme, mais incar- dopée par le score de M. Le Pen. par Charles Pasqua et Philippe de les ambiguïtés de cette victoire atten- ves des 9 et 16 juin. Nicolas Sarkozy, que nous disent les Français est assez née par un homme modéré, très res- « C’est un scénario catastrophe », Villiers. Après avoir quitté son QG due. Alors qu’il écoutait, vers omniprésent sur les chaînes de télé- simple : “arrêtez de parler, agissez”.» pectueux des autres. » Jean-Pierre confie l’un d’eux, évoquant la pers- de campagne, le président-candidat 22 h 15, la déclaration du premier vision dès dimanche soir, s’est posé Il annonce ainsi que la campagne Raffarin, donné également comme pective de triangulaires qui avaient s’est assuré lui-même, tard dans la ministre prenant acte de sa défaite, une nouvelle fois comme l’un des sur l’insécurité, menée depuis deux premier ministrable depuis quel- déjà entraîné l’échec de la droite, nuit de dimanche à lundi, de la parti- sa porte-parole Roselyne Bachelot prétendants les plus sérieux. Répon- mois par le chef de l’Etat, se poursui- ques semaines, juge qu’il se situe, lors des législatives qui suivirent la cipation du plus grand nombre. s’est félicitée imprudemment dant aux critiques de la gauche accu- vra. Mais sans qu’il soit nécessaire, lui aussi, « au centre de gravité » de dissolution de l’Assemblée nationa- M. Chirac devait aussi rencontrer, devant lui : « Quelle formidable sant le président-candidat d’avoir assurent les plus proches conseillers la future majorité présidentielle. le en 1997. « La gauche va faire cam- lundi 22 avril en fin de matinée, rue revanche pour vous ! » Elle ne s’est fait le lit de l’extrême droite, le dépu- du président, « d’en rajouter ». Pour autant, les chiraquiens s’in- pagne en disant “Ne laissez pas tous du Faubourg-Saint-Martin, les prin- les pouvoirs à Jacques Chirac” », cipaux animateurs de sa campagne, ajoute l’un des responsables de SCORES DE JACQUES CHIRAC au nombre d’une vingtaine. Le président-candidat hésite à débattre avec M. Le Pen l’état-major du président. Celui-ci En % des suffrages exprimés devrait cependant mener personnel- lement cette bataille en disant aux même chargé, dimanche soir dans DEPUIS trois semaines, les principaux conseillers Rufenacht et Patrick Stefanini, recueillaient encore Français : « Donnez-moi la majorité sa déclaration, d’en appeler à «la de Jacques Chirac préparaient le débat télévisé qui les avis de plusieurs responsables de l’opposition. dont j’ai besoin ». De nombreux chi- cohésion nationale », « aux valeurs devait opposer le président sortant à Lionel Jospin. Nicolas Sarkozy exprimait ainsi ses réserves, tout en raquiens redoutent également que de la République », « aux droits de Initialement fixé au mardi 30 avril, ce face-à-face mesurant la difficulté de refuser l’affrontement télévi- la gauche, frustrée de ne plus être l’homme »,età« l’autorité de 20,81 %

20 % devait même être avancé au 29, afin que les quoti- sé. Responsable du service de presse au QG de campa- dans le jeu présidentiel, se radicalise l’Etat ». « Ce rassemblement est possi- 19,71 % er

18 % diens (qui ne paraissent pas le 1 mai) puissent en ren- gne de M. Chirac, Agathe Sanson assurait que la ques- et qu’elle cherche à prendre une ble », a-t-il ajouté, sans évoquer dre compte le lendemain. Mais les résultats du pre- tion serait « rediscutée lundi matin ». revanche sur le terrain social, contre plus avant les conséquences de ce mier tour ont tout remis en question. D’autres émissions avaient été envisagées, dont le futur gouvernement. séisme politique. Lors de la réunion qui a eu lieu, dimanche soir l’une animée par Emmanuel Chain sur M6. L’enregis- Tard, dimanche soir, l’un des plus 21 avril, dans le bureau de M. Chirac, la question de la trement avait été prévu mardi 23 avril. De façon plus «   » anciens fidèles amis de M. Chirac participation du président-candidat à un tel débat a générale, tout le dispositif de campagne de M. Chirac Reste enfin la recomposition de rêvait pour le président d’un nou- été posée. Seul Philippe Séguin s’y est déclaré totale- est à revoir. Trois meetings avaient été programmés : l’opposition. « On ne renoncera pas veau destin : « Il va gagner, il va ment défavorable. Les autres participants se sont le 23 avril à Rennes, le 25 à Lyon, le 2 mai à Paris. Un à la chance historique que nous gagner contre Le Pen. Il lui restera montrés plus interrogatifs. A minuit, sur France 2, la quatrième pourrait désormais s’y ajouter et des dépla- avons de changer les structures de la cinq ans pour le taper. C’est sa nouvel- porte-parole du candidat, Roselyne Bachelot, a assu- cements en banlieue parisienne sur le thème de la droite française », assure Patrick Ste- le responsabilité historique. » ré que le chef de l’Etat débattrait – « bien entendu » – sécurité devraient être multipliés. fanini, proche d’Alain Juppé et prin- 1981 88 95 2002 avec Jean-Marie Le Pen. En fait, au même moment, cipal maître d’œuvre de l’Union en Raphaëlle Bacqué Premier tour des élections présidentielles les principaux organisateurs de la campagne, Antoine Rle B. et J.-L. S. mouvement (UEM). Les partisans et Jean-Louis Saux Mme Lepage : « Faire barrage » à l’extrême droite M. Saint-Josse égale son score des européennes me M Boutin : « Une claque sans appel » à la gauche CPNT gagne des électeurs dans une soixantaine de départements

LA HANTISE de Corinne Lepa- afin qu’ils fassent barrage à Jean- favorisé la montée de M. Le Pen COARRAZE assuré 26,07 % des voix en 1999. La CPNT à l’élection présidentielle a ge, dans la campagne, c’était les Marie Le Pen », a-t-elle lancé trois par « un certain nombre de proposi- (Pyrénées-Atlantiques) Gironde a mieux résisté, CPNT n’y également permis de détecter ses Verts, « faux frères » dont elle quarts d’heure seulement après tions démagogiques », évoquant de notre envoyé spécial perdant que 2 000 électeurs. Au militants les plus efficaces pour avait fustigé la dérive idéologi- les premières estimations. notamment le vote des immigrés Même les chants béarnais repris total, le mouvement recule dans un les législatives. Le mouvement que, les accusant de négliger l’en- ou la légalisation de certaines en chœur par ses électeurs n’ont tiers des départements où il avait compte en effet en présenter 500, vironnement. Mais, dimanche «   » drogues. « J’aurais pu être heureu- pas réussi à adoucir son humeur. réalisé ses meilleurs résultats. dont 250 femmes « de tous les soir, cet antagonisme est devenu « C’est dramatique, au-delà de se », expliquait-elle en commen- Quand il monte enfin sur la grande horizons » avec l’espoir de ravir secondaire, voire dérisoire. Pour mes pires cauchemars, expliquait- tant son propre score. Mais, ce scène de la salle des fêtes de Coarra-   ’ une dizaine de circonscriptions la candidate de Cap 21, qui a elle. Nous vivons un moment rare. dimanche soir, la « citoyenne indi- ze (Pyrénées-Atlantiques), à 23 heu- Le mouvement a en revanche dans huit départements (Landes, recueilli entre 1,7 % et 1,8 % des Vous vous rendez compte que nous gnée » ne l’était pas. res passées, Jean Saint-Josse n’a gagné des électeurs dans une Gironde, Lot, Hérault, Somme, voix, le temps n’était plus à chipo- allons avoir en France, pays des Christine Boutin, dissidente de toujours pas décoléré. « Ils sont par- soixantaine de départements, Manche, Vosges et Ardèche). ter son soutien à Jacques Chirac droits de l’homme, Le Pen comme l’UDF, candidate du Forum des tis en mille morceaux, s’énerve le doublant presque son score des CPNT aurait également une au second tour. « J’appelle au ras- symbole aux yeux du monde ! » La républicains sociaux (FRS), s’est, président du mouvement Chasse, européennes dans l’Allier, pro- « capacité de nuisance » dans une semblement de tous les citoyens candidate a également accusé les pour sa part, « réjouie » de la « cla- pêche, nature et traditions. C’est gressant de 5 000 voix en Dordo- cinquantaine de départements où épris de liberté et d’humanisme Verts et l’extrême gauche d’avoir que sans appel » que les Français tous des nuls. Si la gauche avait été gne ou dans les Pyrénées-Atlanti- il aurait la possibilité de se main- venaient, selon elle, « de donner un peu moins plurielle, ils seraient ques, de 4 000 dans l’Aveyron, la tenir au second tour. Selon les cal- aux socialistes, et en général à la devant celui qu’on n’attendait pas ». Vendée ou la Vienne. Le mouve- culs de Thierry Coste, il aurait gauche plurielle ». La députée des Alors, sous les applaudissements, ment enregistre enfin une forte enfin des scores suffisamment Yvelines, qui a recueilli entre 1,1 % le candidat des chasseurs et de la progression en Corse-du-Sud, élevés dans une quarantaine de et 1,3 % des suffrages, a indiqué ruralité appelle au « réflexe républi- passant de 1 859 à 3 885 voix. circonscriptions où un appel «à qu’elle allait réunir « très vite » ses cain »,à« faire barrage au front « Une partie de notre électorat faire battre quelqu’un » pourrait comités de soutien afin d’arrêter national », lui qui tant de fois avait purement protestataire nous a quit- être efficace. une « position définitive » en vue répété qu’il ne donnerait aucune tés pour Le Pen », analyse Thierry du 5 mai. Elle a précisé, à titre per- consigne de vote au second tour. Coste, conseiller politique de Alexandre Garcia sonnel, qu’elle n’était pas « dans le Avec 4,32 % des voix, Jean Saint- Jean Saint-Josse et artisan du même camp » que Jean-Marie Le Josse assure avoir atteint son objec- grand recentrage de CPNT sur le Pen, mais elle a appelé « solennelle- tif : rassembler autant d’électeurs thème de la ruralité, à l’occasion ment à ce que les débats du second que lors des élections européennes des élections municipales de tour conduisent le président de la de 1999, où 1,2 million d’entre eux 2001. La défense de la campagne République à affirmer les valeurs de lui avaient assuré 6,7 % des voix, à contre la ville a visiblement porté droite abandonnées depuis si long- égalité avec le Parti communiste. ses fruits : « Nous avons fidélisé temps par l’opposition actuelle ». Sans le dire, « l’excité du Béarn », un électorat sur nos propres Mme Boutin a souhaité s’entretenir comme l’appellent ses proches, valeurs, résume Thierry Coste. avec Jacques Chirac de son projet espérait pourtant beaucoup mieux, Par un vote d’adhésion et non plus de « pacte national de cohésion notamment dans ses bastions tradi- de protestation, nous avons consoli- sociale » centré sur « les valeurs tionnels de Picardie, de Normandie dé notre base électorale dans des familiales » et la lutte contre la ou du Pas-de-Calais, où les résul- départements où la chasse n’a pas pauvreté. tats ont été décevants. Ainsi, plus de problèmes. » Si elle ne devait de 11 000 électeurs ont fait défaut servir qu’à « faire passer le messa- Claire Guélaud à CPNT dans la Somme, là où les ge de la ruralité aux candidats du et Benoît Hopquin chasseurs de canards lui avaient second tour », la participation de LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002/7 l’élection présidentielle Pour François Bayrou, « un vaste rassemblement doit Alain Madelin soutient naître, qui dépasse de beaucoup les frontières anciennes » « un projet réformateur » pour le second tour Le président de l’UDF, qui a obtenu 6,86 % des suffrages exprimés, estime qu’il ne suffira pas de s’opposer à l’extrême droite « comme il est naturel » Le leader libéral n’a pas donné de consigne de vote

LES CENTRISTES ont décidé- te question à sa plus simple expres- IL A FALLU L’ANNONCE du sco- l’étonnait guère. « J’avais dit que ment du mal à se faire entendre… sion. « Il ne suffira pas de faire bar- re de Robert Hue pour que retentis- cette campagne était consternante. A peine était-il parvenu à transfor- rage à l’extrême droite comme il est sent les premiers applaudisse- J’avais dit que les Français ne vou- mer un échec annoncé en relatif Longtemps naturel », a-t-il simplement affir- ments. C’est que pour les libéraux, laient pas d’un match retour de succès que François Bayrou s’est estimé par les mé, sans même nommer M. Chi- les raisons de pavoiser ne se bous- 1995. Nous venons d’avoir une élec- fait voler sa « victoire ». En obte- sondages en rac. « Je veux parler à Jacques Chi- culent pas. Avec 3,9 % des suffrages tion de rejet dont j’ai partiellement nant 6,86 % des suffrages expri- dessous de rac, même si ma position ne fait recueillis à l’issue de ce premier fait les frais », a-t-il déclaré. més, alors qu’il avait longtemps 5 %, le score guère de doute », a-t-il indiqué tour, Alain Madelin devance tout plafonné sous la barre des 5 % de François plus tard. juste le candidat du PCF, mais réali-    d’intentions de vote, le président Bayrou, ici Pour l’heure, le président de se moitié moins de voix que son Mais au-delà de ce constat, Alain de l’UDF réussit en effet une per- à son QG lors l’UDF a choisi de prendre date, en concurrent de la droite non chira- Madelin a surtout appelé à la mobi- formance honorable. Ce résultat de l’annonce fixant à ses électeurs un horizon à quienne, François Bayrou. Dans ce lisation afin que le deuxième tour n’est cependant pas conforme à des résultats, plus long terme. « Il faut tout refon- match qui l’opposait à son rival de ne constitue pas « un vote par ses ambitions initiales, puisqu’il est un relatif der, tout repenser, tout reconstrui- l’UDF, le patron de Démocratie défaut ». « Il faut plus que jamais reste plus de 2 points en deçà du succès. re », a expliqué M. Bayrou, avant libérale essuie un revers. Mais la rassembler sur des choix clairs et score (9,3 %) que sa liste avait Il reste 2 d’ajouter : « Un vaste rassemble- perspective du duel Chirac-Le Pen forts », a-t-il souligné. Pour le candi- obtenu lors des élections euro- points en ment doit naître, qui dépasse de au second tour de cette présiden- dat libéral, le deuxième tour Chirac- péennes de juin 1999. Mais deçà de celui beaucoup les frontières anciennes tielle a quasiment gommé cette Le Pen n’est pas sans risque pour la M. Bayrou peut s’enorgueillir obtenu lors pour rendre à la France une Répu- déconvenue. droite. « De ce duel peut naître une d’être parvenu à émerger, en qua- des élections blique nouvelle, une démocratie Pour sa première participation situation où l’on aurait gagné sans trième position, dans le maels- européennes. nouvelle, son image dans le monde, sous ses propres couleurs à une élan. C’est pour cela que je dis oui au

tröm qui a emporté la plupart des  / exprimer l’obligation du change- élection nationale, Alain Madelin rassemblement, mais il doit se fonder représentants des partis de gou- ment dont la France a besoin. » enregistre un résultat décevant, sur un élan. Notre pays ne pourra vernement. « Nous sommes la fait valoir, dimanche soir, la perti- jours avant le premier tour, les Interrogé dans la soirée, le député mais il n’en a rien montré. « Vous pas faire l’économie des choix dont deuxième force politique à droite et nence de l’analyse et des mises en proches de M. Bayrou avaient indi- européen n’a pas souhaité préciser pouvez être fier du travail que nous notre pays a besoin », a-t-il affirmé. la troisième force républicaine en garde qu’il avait développées lors qué qu’à partir de 6 %, le candidat les contours de ce « rassemble- avons accompli. Au-delà de cette soi- Comme s’il voulait ménager un France », a ainsi souligné l’un de de sa campagne, en rappelant qu’il centriste était « incontournable ». ment », ni l’échéance à laquelle il rée, nous avons semé pour l’ave- soutien qui ne fait pourtant guère ses proches, le député du Loir-et- avait toujours parié sur le « rejet M. Chirac étant quasiment assuré entendait y parvenir. nir », a-t-il lancé à ses troupes, réu- de doute, Alain Madelin n’a donné Cher Maurice Leroy. des sortants » et pronostiqué une de sa réélection, les négociations L’un de ses proches, Hugues nies dès la fin d’après-midi dans aucune consigne de vote pour le Au passage, M. Bayrou a sans « surprise » au soir du premier qui étaient prévues entre les deux Dewavrin, concède que « le che- son QG de l’avenue de New-York à second tour. Durant la soirée où il conteste remporté le match dans tour. tours n’ont évidemment pas la min est étroit pour l’UDF ». « A-t-on Paris. Visiblement satisfaits de la n’est apparu qu’une vingtaine de le match au sein de la droite non même portée. Le député euro- le temps de demander à la droite et défaite de Lionel Jospin et de la minutes, il n’a jamais prononcé le RPR qui l’opposait à Alain Made- «     » péen, qui avait sans doute prévu au centre de faire leur examen de déroute de la gauche, les militants nom de Jacques Chirac, et il a soute- lin, le président de Démocratie La teneur de cette surprise a tou- de monnayer chèrement son sou- conscience ? », s’interroge cet et les sympathisants rassemblés nu son « projet réformateur ». libérale ayant recueilli moins de tefois déjoué ses plans. Quelques tien au chef de l’Etat, a réduit cet- ancien président des jeunes giscar- autour du buffet ne dissimulaient Au-delà du deuxième tour dont la 3,90 % des suffrages. diens. « Chirac va nous imposer un tout de même pas leur stupeur. victoire semble acquise à Jacques La fin de campagne de M. Bay- calendrier et un rouleau compres- « Pour Chirac c’est gagné »,se Chirac, Alain Madelin fixe désor- rou a donc porté ses fruits. Le can- M. Douste-Blazy sifflé par des militants UDF seur pour des investitures uniques », réjouissait-on tout en s’inquiétant mais son attention sur les échéan- didat centriste avait commencé à Les militants centristes qui étaient présents au siège de l’UDF, dimanche prédit-il, en se disant « à peu près des dégâts que pourrait provoquer ces des 9 et 16 juin. « Après la prési- se faire entendre après son inter- soir, ont copieusement sifflé Philippe Douste-Blazy lorsque celui-ci est sûr » que les législatives débouche- la présence de l’extrême droite au dentielle, il faudra gagner les législa- vention lors de la convention de apparu, peu après 20 h 30, sur les écrans de télévision. Rival chiraquien de ront sur une nouvelle cohabita- deuxième tour de la présidentielle. tives. Attention à la cohabitation », l’Union en mouvement à Toulou- François Bayrou, le président du groupe UDF de l’Assemblée nationale est tion. De quelle marge de manœu- « C’est un rejet de la politique », ana- a-t-il prévenu. Avant de se retirer se, le 23 février, où il avait tenu cité depuis longtemps parmi les prétendants à Matignon en cas de réélec- vre dispose M. Bayrou pour se fai- lysait un jeune militant tout en dans un bureau à l’étage et en tête à quelque 5 000 militants chi- tion du chef de l’Etat. re entendre ? L’intéressé élude la pointant le faible pourcentage de saluant une dernière fois ses sup- raquiens. Sa campagne avait ensui- Les élus proches de M. Bayrou estiment que le maire de Toulouse n’a question : « J’ai déjà fait entendre Jacques Chirac. « Avec seulement porters, Alain Madelin a conclu sur te été relancée par l’écho donné à plus guère de chance de parvenir à ses fins dans le contexte d’un duel ma différence, et ce dans un contex- 20 % des voix, Chirac devra entendre un mode ironique : « Comme on dit la gifle qu’il avait infligée, le 8 avril entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. « Une chose est sûre : Douste ne te extrêmement difficile », souligne les minorités », se rassurait-il. à gauche, ce n’est qu’un début, conti- à Strasbourg, à un jeune qui lui fai- sera pas à Matignon. Il ne représente pas la droite dure, et il ne représente le président de l’UDF. Sur un ton calme et sans se dépar- nuons le combat. » sait les poches. Au-delà de son pas non plus la loyauté », confie ainsi le député du Loir-et-Cher, Mauri- tir de son sourire, Alain Madelin a résultat, le président de l’UDF a ce Leroy. Jean-Baptiste de Montvalon indiqué que l’issue de ce scrutin ne Yves Bordenave 8/LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002 l’élection présidentielle

Lionel Jospin annonce son « retrait de la vie politique » dès le 5 mai

François Hollande « votera » pour Jacques Chirac et conduira la bataille des législatives. Le premier secrétaire du PS souhaite que la gauche présente un candidat unique dès le premier tour dans certaines circonscriptions

MARDI SOIR, il devait tenir « Chirac sera élu dans une mons- meeting à Montpellier. Mercredi à trueuse ambiguïté, un monstrueux Lyon, et à Paris le 1er mai, avant malentendu », a-t-il expliqué. «Le Toulouse et Nantes. Toute cette Dimanche 22 avril, fait que je vote Chirac prouve bien organisation est désormais bonne Lionel Jospin, que ce vote n’a aucune significa- pour la poubelle. Lionel Jospin éliminé après tion », a ajouté M. Hollande. Ce der- était « parti pour gagner », comme le premier tour nier avait déjà envisagé un meeting il l’avait expliqué à Marie-France de l’élection de la gauche plurielle avant le Lavarini, lorsqu’il l’avait reçue pour présidentielle, vient second tour. Jean-Christophe Cam- lui confier la communication de sa de quitter la salle badélis, pour sa part, préparait déjà campagne. Dimanche 21 avril, avec après avoir annoncé pour le lendemain du premier tour 16,12 % des voix contre 16,95 % à son retrait de la vie l’opération « Tempêtes plurielles », Jean-Marie Le Pen, le premier politique le 5 mai. destinée à rassembler la gauche. Un ministre a perdu. Au premier tour. A l’Atelier déjeuner était prévu, le 22 avril, « Tu ne m’as pas appelé, j’ai com- de campagne avec Georges Sarre, président du pris », lance Lionel Jospin à Gérard du premier ministre Mouvement des citoyens, et, Le Gall, son conseiller pour les son- apparaît, l’après-midi, une réunion de plus dages, en arrivant à son Atelier de sur un large écran, de mille représentants du monde campagne. Effectivement, les nou- l’image du leader associatif. velles sont mauvaises. Devant de l’extrême droite Personne au fond n’avait songé François Hollande, Martine Aubry, qui affrontera au « coup de tonnerre » évoqué par Laurent Fabius, Jean Glavany, Jacques Chirac M. Jospin : son élimination du Dominique Strauss-Khan et Pierre au second tour. second tour. Depuis des mois, ils Moscovici, M. Le Gall s’exécute : étaient plusieurs à parier sur son « C’est mon job. » élection à la présidence de la Répu- M. Jospin rédige alors, seul, sa blique. A la mi-janvier, Dominique déclaration aux militants et aux Strauss-Kahn assurait ainsi avec cer- Français. Il leur explique qu’il titude que « c’était plié », ne voyant « assume pleinement la responsabili- pas comment Jacques Chirac pou- té de cet échec » et en « tire les vait être réélu. Claude Bartolone, conclusions en [se] retirant de la vie un des principaux lieutenants de politique ». Bernard Kouchner Laurent Fabius, avait depuis long-

l’interroge : « Tu es sûr de toi ? » Le   temps fait un pari identique, pré- premier ministre en est sûr. voyant même une large victoire du la République souhaitait vérifier Schrameck, son directeur de cabi- tes s’étaient élevés pour appeler de gauche, et une dernière l’extrême candidat socialiste. « ’  ’   » auprès de son premier ministre net, seront faits. « Mardi midi », leurs vœux – sans jamais la nom- droite ». Seuls quelques-uns s’étaient ris- Jacques Chirac l’a joint au télé- qu’il ne souhaitait pas démission- confiait ce dernier quelques jours mer – une cohabitation. « Il n’est Le député de Corrèze a néan- qués, en toute fin de campagne, à phone peu après. Chacun avait ner dès le 22 avril et serait encore auparavant, envisageant cette hypo- pas de défaite irrémédiable que l’on moins plaidé, face à un « vainqueur un ou deux scénarios-catastrophes. bien compris que, selon la formule présent lors des deux derniers con- thèse, l’équipe Jospin aura quitté ne puisse renverser », a ainsi plaidé qui n’aura ni la dynamique nécessai- Mercredi 17 avril, Bertrand Dela- de Paris Match reprise à son comp- seils des ministres. M. Jospin l’a ras- Matignon. Dominique Strauss-Kahn. « Pour- re ni la légitimité pour avoir le souffle noë avait osé jouer les oiseaux de te par le candidat, c’était « l’Elysée suré. En revanche, dès le lundi En revanche, Lionel Jospin n’a quoi pas une victoire qui pourra effa- de conduire les élections législati- mauvais augure en évoquant la pos- ou l’île de Ré ». Mais le président de 6 mai, ses paquets et ceux d’Olivier pas dit un mot du second tour de cer cette soirée ? », a demandé pour ves », pour un rassemblement de la sibilité d’une défaite de Lionel Jos- l’élection présidentielle. Il n’a pas sa part le fabiusien Claude Bartolo- gauche plurielle en imposant des pin… au second tour (Le Monde du  repris les propos de ses lieutenants, ne, ministre de la ville, face aux candidatures uniques dans les cir- 19 avril). Surtout, lundi 15 et mardi comme Dominique Strauss-Kahn, radios. conscriptions où le Front national 16 avril, à deux reprises, Gérard Le Martine Aubry et Laurent Fabius, Avant Lionel Jospin, qui a regret- pourrait l’éliminer au premier tour. Gall relève le « risque sondagier » Lionel Jospin : « J’assume qui, dès le début de la soirée, té sobrement la « dispersion », plu- d’une présence de Jean-Marie Le avaient chacun insisté sur la nécessi- sieurs responsables, enfin, ont eu Pen au deuxième tour, même si, la responsabilité de cet échec » té de « faire barrage à l’extrême droi- des mots peu amènes pour la gau- SCORES DU PARTI SOCIALISTE ajoute-t-il, il « n’y croi [t] pas politi- te » le 5 mai. che. « La gauche plurielle, c’est bien, quement ». Certains se deman- En % des suffrages exprimés VOICI le texte intégral de la reste fier du travail accompli. François Hollande, lui, a redit sauf quand elle est trop plurielle »,a daient s’il ne fallait pas que le candi- déclaration prononcée par Lionel Au-delà de la démagogie de la depuis le QG de campagne, peu ainsi déploré François Hollande sur dat utilise cet argument, jeudi Jospin, dimanche soir à 22 h 20, droite et de la dispersion de la avant minuit, ce qu’il avait dit à la un plateau télévisé. « La gauche, à 18 avril sur TF1. « On aurait pu dra-

depuis son Atelier de campagne. gauche qui ont rendu possible cet- télévision : il « votera » Jacques force d’être plurielle, en est devenue 43,2 % matiser davantage », regrettait te situation, j’assume pleinement Chirac. Bertrand Delanoë, maire de singulière, éclatée, divisée », a ren- M. Hollande dimanche soir. Mais Si, comme on peut le la responsabilité de cet échec et Paris, précisait depuis l’Hôtel de vil- chéri François Rebsamen, maire de 25,8 % 34,1 % 23,3 % Lionel Jospin, comme M. Le Gall et penser, les estimations j’en tire les conclusions en me reti- le qu’il le fallait « quoi qu’il en coû- Dijon et secrétaire national aux 31,7 % Olivier Schrameck, son directeur de sont exactes, le résultat rant de la vie politique après la fin te » : « Ce ne sera pas un vote d’adhé- fédérations, qui du coup a annoncé cabinet, y répugne : « C’est aux du premier tour de l’élection pré- de l’élection présidentielle. Jus- sion, mais il faut faire son devoir. » qu’il sera candidat dans la première médias à pointer le danger », esti- sidentielle vient de tomber com- que-là, je continuerai naturelle- circonscription de Côte-d’Or aux me-t-il. 

me un coup de tonnerre. Voir l’ex- ment d’exercer ma fonction de élections législatives. Cette disper- 16,12 % Même quand la perche lui est ten- ‘‘trême droite représenter 20 % des chef du gouvernement. François Hollande a aussi annon- sion « empêche pour la première fois due par des journalistes trois jours

voix dans notre pays et son princi- J’exprime mes regrets et mes cé, dimanche soir, lors d’une ren- le Parti socialiste d’être présent au 5,0 avant le 21 avril. « Le 5 mai, vous pal candidat affronter celui de la remerciements à tous ceux qui contre avec la presse, qu’il condui- second tour d’une élection présiden- êtes sûr d’être qualifié ? », lui deman- droite au second tour est un signe ont voté pour moi et je salue les rait la campagne socialiste pour les tielle depuis 1969 », a-t-il ajouté, dent ainsi François Bachy et Patrick très inquiétant pour la France et Français que j’ai servis de mon élections législatives – une charge avant d’accuser des « médias com- Poivre d’Arvor, en conclusion de sa pour notre démocratie. mieux pendant ces cinq années. qui revient naturellement, selon lui, plaisants » d’« entretenir » un « vote 1965 69 74 81 88 95 2002 dernière prestation télévisée. Ce résultat, après cinq années de J’invite les socialistes et la gauche au premier secrétaire du PS. Le scru- de protestation » à l’extrême droite « Non, non, non, mais le 5 mai l’élec- travail gouvernemental entière- à se mobiliser et à se rassembler tin des 9 et 16 juin est « ouvert », comme à l’extrême gauche. A l’Ate- Premier tour des élections présidentielles tion sera finie », avait répondu ment voué au service de notre dès maintenant pour les élections car l’électorat de gauche a envie de lier de campagne, M. Hollande a Gaston Defferre : 1969 modestement le candidat socialiste. pays, est profondément décevant législatives afin de prépa- « faire entendre sa force, sa voix, sa aussi regretté qu’une partie de François Mitterrand : 1965, 1974, 1981, 1988 pour moi et ceux qui m’ont rer la reconstruction de revanche », a expliqué M. Hollande. l’électorat socialiste ait pu préférer Ariane Chemin Lionel Jospin : 1995, 2002 accompagné dans cette action. Je l’avenir. ,, Avant lui, plusieurs ténors socialis- « l’abstention, une autre l’extrême et Michel Noblecourt M. Chevènement en mauvaise posture pour imposer sa voix Il appelle à « faire barrage à Le Pen » et espère un « sursaut républicain »

JEAN-PIERRE CHEVÈNEMENT score de 1995. Dans les quatre M. Chevènement. « Au-delà des désarroi qui existe dans notre pays » a manqué son pari. Avec un score départements de Franche-Comté, présidentielles, qui doivent permet- qui a « besoin d’une refondation dépassant à peine 5 % des voix, il M. Le Pen arrive en première tre de faire barrage à Le Pen, les républicaine ». est au coude- à-coude avec le can- position, M. Chevènement n’arri- législatives donneront à nos conci- M. Chevènement est-il néam- didat des Verts, Noël Mamère, et vant que quatrième, avec 9,77 % toyens l’occasion du sursaut républi- moins encore en mesure de faire derrière François Bayrou et Arlette des suffrages. cain plus que jamais nécessaire », entendre sa voix dans un paysage Laguiller. Ce résultat est d’autant Sans évidemment évoquer, a-t-il ajouté. politique où la gauche, explosée, plus décevant que M. Chevène- dimanche soir, à la différence de « Je me suis efforcé de mener un va devoir faire front commun aux ment a été, dans la première phase Lionel Jospin, la responsabilité de débat digne, argumenté, et d’offrir législatives de juin ? Même si son de la campagne, considéré comme porte-parole, le député Michel la surprise de l’élection, capable Suchod, continuait à marteler, d’enfoncer un coin dans le scéna- Au PRG : « Voter Chirac, c’est vachement glorieux ! » sans avoir l’air d’y croire, qu’il y rio, alors programmé, d’un deuxiè- « Je ferai tout pour empêcher M. Le Pen d’être président, a déclaré Christia- aurait des candidats du Pôle répu- me tour entre M. Chirac et M. Jos- ne Taubira lors d’une conférence de presse au siège du PRG, si cela doit se blicain « partout », en juin, cer- pin. Même s’il double le score rem- traduire par le vote en faveur de M. Chirac, cela se traduira ainsi », mais, préci- tains de ses proches, comme porté par le Mouvement des se-t-elle, il faudra avant tout faire preuve d’« imagination ». Dans les cou- Karim Zeribi, proposaient, diman- citoyens (MDC) lors des élections loirs, le discours est plus franc : « Bien sûr qu’on va voter Chirac, c’est vache- che soir, « d’ancrer à gauche » le européennes de 1994 (2,54 %) ment glorieux ! », ironise Jean-Michel Baylet, président du PRG. Si les radi- « petit socle » gagné au premier – présent pour la première fois caux évoquent bien « un séisme politique incroyable »,Mme Taubira se veut tour de la présidentielle. avec des listes autonomes –, l’an- combative : « Je sais que des batailles terribles nous attendent, mais elles sont Quant à Max Gallo, président du cien ministre de l’intérieur ne peut exaltantes parce qu’elles portent sur l’essentiel. » Le premier objectif est de Pôle républicain et artisan du rap- que prendre acte de l’échec de sa ne pas passer pour les responsables de la chute de la gauche. « Lorsque les prochement avec les souverainis- stratégie initiée en septem- Radicaux proposaient de rassembler dès le premier tour les différentes forma- tes et certains gaullistes, il accusait bre 2001 avec l’annonce de sa can- tions de la gauche plurielle, ils avaient raison », souligne un communi- univoquement « Jospin et la gau- didature et la mise sur orbite du qué. Répondant aux questions des radios, Mme Taubira explique que, de tou- che plurielle » d’être à l’origine de Pôle républicain. Cet échec person- te façon, ceux qui ont voté pour elle n’auraient pas voté pour Lionel Jospin. « cette crise profonde ». Mais il nel prend évidemment un sens sup- reconnaissait aussi que le Front plémentaire rapporté aux résultats national représentait « un vrai dan- du premier tour et à la position de « la dispersion de la gauche » dans au pays un projet républicain mobili- ger » pour les législatives. Avec Jean-Marie Le Pen en challenger le résultat du scrutin, l’ancien sateur et non démagogique, a enco- tout juste 5 % des voix et des mili- de Jacques Chirac. ministre de l’intérieur a centré son re déclaré M. Chevènement. C’est tants en état de choc qui risquent Dans son fief du Territoire de propos sur le « séisme » du pre- en vain, a-t-il ajouté, que j’ai essayé d’être tentés de se recentrer sur Belfort, où il est député depuis mier tour. « Que le second tour de d’alerter, depuis des années, sur des leurs familles politiques d’origine, 1973, Jean-Pierre Chevènement, l’élection présidentielle puisse avoir questions comme l’insécurité, la les marges de manœuvre de avec 19,4 % des voix, est devancé lieu entre Jacques Chirac et Jean- désindustrialisation, l’abandon des M. Chevènement paraissent très par Jean-Marie Le Pen (22,4 %), Marie Le Pen donne la mesure de couches populaires. » Pour le dépu- étroites. qui occupe la première place et l’extrême décomposition de notre té de Belfort, le score de Jean- améliore de près de 4 points son système politique », a déclaré Marie Le Pen « traduit le profond Christine Garin LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002/9 l’élection présidentielle Avec 3,39 % des suffrages, le PCF subit La LCR et LO refusent de « porter une débâcle électorale sans précédent le chapeau » de la défaite de M. Jospin Robert Hue a obtenu le score le plus bas jamais réalisé par un candidat communiste. Se pose désormais la question de la survie du « parti » Les deux partis d’extrême gauche appellent à un « troisième tour social »

OPÉRATION SURVIE. Désor- C’EST une vraie déception pour sements parisiens. LO confirme la porters d’« Arlette ». « La politique mais, pour le PCF, il n’est plus SCORES DU PARTI COMMUNISTE Lutte ouvrière. Si l’extrême gauche présence de vrais bastions dans les de participation au gouvernement du qu’une question qui vaille : le « par- En % des suffrages exprimés rassemble plus de 10 % des suffra- zones ruralo-ouvrières de Haute- PCF a été radicalement sanctionnée », ti » se relèvera-t-il de la déroute Présidentielle Législatives Européennes ges, un niveau encore jamais atteint, Normandie et de Picardie, ainsi que tranche-t-elle. « La mort du PCF était sans précédent que lui ont infligée (1er tour) (1er tour) Arlette Laguiller fait, elle, du surpla- dans le Pas-de-Calais, jadis sous l’in- prévisible, il faut une nouvelle gauche les électeurs au premier tour de la ce. Avec 5,75 % des voix, la candida- fluence du PCF. qui s’ouvre », commente Alain présidentielle ? Avec 3,39 % des suf- te de LO est certes devant le PCF. Krivine, porte-parole de la Ligue. frages pour Robert Hue, c’est à un Mais elle n’enregistre qu’une pro- «    ’ » Voter « Chirac au second tour » ? effondrement historique qu’on a gression millimétrique par rapport Dimanche soir, le premier réflexe Il n’en est pas question pour LO. «Il assisté dimanche soir. 15,3 % aux 5,3 % réalisés en 1995. Créditée a été le même dans les deux forma- cherchera à plaire aux 20 % qui ont Le désastre est double. Jamais le de 10 % des intentions de vote dans tions : non, « la multiplication » des voté Le Pen », estime Mme Laguiller PCF n’avait été aussi bas. La barre les sondages jusqu’à début avril, candidatures d’extrême gauche après avoir mis dans le même sac 11,3 % des 5 % – dont beaucoup pensaient, 11,2 % Mme Laguiller a dû finalement parta- « n’est pas responsable » de la défaite « la politique du grand patronat de 9,9 % 9,7 % place du Colonel-Fabien, qu’elle fixe- 9,2 % ger ce score avec le candidat de la de Lionel Jospin. « On devine qu’on Chirac, Le Pen et Jospin ». Les mili- 8,6 % rait l’étiage de l’acceptable – est 7,7 % LCR, Olivier Besancenot, qui a obte- va essayer de nous faire porter le cha- tants de LO préfèrent évoquer une 6,9 % 6,8 % enfoncée. Et se pose désormais 6,8 % nu 4,27 % des voix et est passé, à son peau », s’agaçait ainsi Jean-Louis « réaction sociale ». M. Besancenot ouvertement la question de la perma- tour, devant Robert Hue. La mauvai- Gaillard, élu LO au conseil régional appelle à « un troisième tour social ».

nence du PCF comme force politique 3,39 % se nouvelle, pour LO, c’est qu’elle d’Ile-de-France. Pour les deux partis « Il faut descendre dans la rue et dire nationale. Le PCF est en effet en voie n’a pas le monopole de la représenta- trotskistes, M. Jospin ne doit s’en non au FN », souligne le jeune fac- de disparition, sinon de « groupuscu- tion de l’extrême gauche quand elle prendre qu’à lui-même. « C’est une teur, qui ne souhaitait pas, diman- larisation » totale, en Alsace, mais pensait bien l’affaire acquise. La défaite lamentable dont il est entière- che soir, formuler de consigne de aussi en Lorraine, en Basse-Norman- 198184 86 88 88 89 93 94 95 97 99 2002 « bonne », c’est que cette formation ment responsable. La multiplication vote plus explicite pour le second die ou en Franche-Comté. Des peut espérer s’épargner un débat sur des candidats existait à droite comme tour. Chacun se félicite du résultat camouflets sont infligés dans ses la création d’un grand parti des tra- à gauche », a asséné Arlette de l’autre, mais l’unité a ses limites. bastions. A Saint-Amand-les-Eaux étions bien en dessous de la réalité », a des. Le PCF va devoir s’imposer une vailleurs qu’un score très élevé Laguiller. « Ils peuvent être fiers d’eux « Besancenot réalise un très bon sco- (Nord), ville dont le maire n’est autre ainsi déclaré la secrétaire nationale cure d’austérité drastique pour faire n’aurait pas manqué de faire surgir. les socialistes ! A force d’avoir suren- re », reconnaît Mme Laguiller, avant que le président du groupe commu- du PCF, Marie-George Buffet. « Les face aux dépenses importantes qui Le candidat de la LCR devance la chéri sur la sécurité », lançait un mili- d’ajouter : « La LCR a un électorat niste de l’Assemblée Alain Bocquet, communistes sont en état d’alerte pour ont été engagées dans cette campa- canditate de LO dans une quarantai- tant de la LCR. Quand Robert Hue, bien à elle. » A ces mots, les mili- Jean-Marie Le Pen est en tête. Dans le deuxième tour et pour la suite », gne et qui ne seront pas totalement ne de villes, dont Toulouse, Besan- sur France 2, met en avant « l’absten- tants de la Ligue se mettent à siffler le Pas-de-Calais, le PCF perd les deux a-t-elle ajouté, avant d’indiquer que remboursées faute d’avoir atteint le çon, Nantes, Bordeaux, Millau, tion et le vote protestataire » pour devant le poste de télévision. tiers des voix récoltées lors de la prési- le PCF fera « tout pour faire obstacle à seuil des 5 %. Quimper et Grenoble. Il en est de expliquer la débâcle, un silence de dentielle de 1995. A l’époque, il y Jean-Marie Le Pen », laissant enten- même dans cinq arrondissements de plomb s’abat sur la salle de l’hôtel de Clarisse Fabre, Isabelle recueillait deux fois plus de suffrages dre que sa formation préférera appe- C. M. Lyon ainsi que dans quinze arrondis- l’Est parisien où sont réunis les sup- Mandraud et Caroline Monnot que Lutte ouvrière. Désormais, la ler à voter pour Jacques Chirac le candidate de cette formation l’y 5 mai. devance nettement. Peu de dirigeants communistes A ce score désastreux s’ajoute, en souhaitaient analyser à chaud la effet, un revers supplémentaire : débâcle électorale essuyée par leur celui de se faire distancer par deux parti. « On paie la participation au des trois candidats trotskistes, puis- gouvernement. C’est sûr », estimait que Arlette Laguiller (LO), mais aussi Fabienne Pourre, membre de l’exécu- Olivier Besancenot (LCR), ont respec- tif du PCF. « On a été touchés plus que tivement réunis 5,82 % et 4,32 % des d’autres car notre sortie d’une culture suffrages. Le PCF ne parvient à conte- protestataire n’a pas été comprise. nir LO que dans six départements, Faut-il revenir en arrière ? Je ne crois dont le Val-de-Marne et la Seine- pas », analysait Marie-Pierre Vieu, Saint-Denis, qui font de plus en plus l’une des responsables communistes, figure d’îlots de résistance. Ces deux qui ne « pense pas qu’on résoudra le candidats d’extrême gauche rassem- problème d’une alternative à gauche blent trois fois plus de voix que le par la constitution d’un pôle de radica- PCF. La claque est énorme pour lité » avec l’extrême gauche. La cons- M. Hue, qui avait placé sa campagne titution d’un tel pôle pourrait susci- sous le thème d’une « gauche plus ter des débats en interne, et ce ancrée à gauche ». d’autant que le candidat de la LCR a lancé, dimanche soir, un appel à une    « refonte de l’espoir à gauche ». Dimanche soir, les dirigeants com- L’exécutif du PCF doit se réunir munistes ont surtout insisté sur le lundi en fin de matinée. Deux réu- « véritable séisme politique » provo- nions du conseil national sont pré- qué par les résultats, à savoir la pré- vues les 23 et 26 avril. L’urgence est sence de Jean-Marie Le Pen au que l’onde de choc de la présidentiel- second tour. « Le PCF dénonçait la le soit jugulée pour les législatives. surdité politique à l’égard des attentes Par ailleurs, les incidences financiè- profondes de notre peuple. Mais ce res du score catastrophique du candi- que révèle ce scrutin, c’est que nous dat communiste risquent d’être lour- Les Verts ne se voient plus en « force d’appoint mais en moteur »

C’EST une petite victoire, au cée. La question n’est plus de goût amer, que les Verts n’ont pas savoir s’ils pourront avantageuse- savourée, mais une victoire quand ment négocier une nouvelle politi- même : avec un score de 5,31 % au que des transports ou de l’énergie, premier tour de l’élection prési- ou des inflexions de la part des dentielle, Noël Mamère a amené socialistes sur les sans-papiers ou son parti au meilleur résultat la double peine. « Maintenant, jamais atteint par un écologiste notre objectif est de contribuer à la sous la Ve République. Avant lui, refondation de la gauche, dont le PS en 1981, Brice Lalonde avait obte- a perdu le leadership », commen- nu 3,87 % des voix. Dominique tait dimanche soir M. Mamère. Voynet, actuelle secrétaire natio- nale des Verts, n’était parvenue,   en 1995, à rassembler que 3,35 % Les Verts sont encore loin derriè- des suffrages. re le Parti socialiste, mais peuvent M. Mamère accomplit sa meilleu- désormais prétendre à la deuxiè- re performance en Bretagne, où la me place à gauche, après la défaite pollution de l’eau inquiète grave- historique du PCF et le score ment les habitants, en Ile-de-Fran- médiocre de Jean-Pierre Chevène- ce, vote urbain par excellence, ment, qui s’est lui-même placé dans les Pays de la Loire, en Rhône- dans une perspective « ni droite ni Alpes et en Alsace, régions tradi- gauche ». Ils estiment qu’ils «ne tionnellement favorables au vote sont plus une force d’appoint, mais écologiste. A Paris et à Lyon, villes un moteur ». Il leur reste cepen- gagnées par les socialistes aux dant à réussir les législatives, dans municipales de mars 2001 grâce moins de cinquante jours. Malgré aux Verts, le candidat est à plus de l’accord électoral passé avec l’allié 2 points au-dessus de sa moyenne socialiste, qui leur a « réservé » nationale. Il n’obtient en revanche quarante-deux circonscriptions, le qu’un médiocre 4,88 % en Franche- pari s’annonce difficile. Avec la Comté, la région de Mme Voynet, et défaite de M. Jospin à la présiden- fait un flop total en Corse (2,99 %), tielle, il se corse encore un peu. où les Verts et les nationalistes Rien ne dit, en effet, que cet avaient marqué leur préférence accord résistera au départ du pre- pour Alain Lipietz. mier ministre, chacun cherchant alors à « sauver sa peau ». A «     » moins que de nombreuses triangu- Voilà les Verts assurés du rem- laires avec le FN ne permettent boursement de leurs frais de cam- aux Verts, comme en 1997, de pagne puisqu’ils ont franchi la bar- gagner quelques circonscriptions, re fatidique des 5 %, mais tel dont celles de Guy Hascoët et Yves n’était pas leur souci, dimanche Cochet. De tout cela, les Verts soir. La défaite de Lionel Jospin, au devaient discuter, lundi, lors d’un gouvernement duquel ils ont parti- conseil national. cipé pendant cinq ans, leur interdit de tirer un réel profit de leur avan- Béatrice Gurrey 10/LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002 l’élection présidentielle « Assez d’une société qui engendre les Chirac, les Le Pen, les Mégret ! » Dix mille personnes, rejointes par Olivier Besancenot et Noël Mamère, ont spontanément manifesté, dimanche soir, à travers Paris

TOUT JUSTE remis du coup de massue qu’ils ont reçu à 20 heures, des milliers de jeunes Parisiens et banlieusards sont spontanément Sur le masque de descendus dans les rues de la capi- ce jeune manifestant, une larme souligne le  propos du panneau « Je pleure... ». A Dans le cortège sans l’appel de l’association Ras mots d’ordre, sans l’front, quelques dizaines de encadrement, les plus personnes se sont retrouvées dimanche de 25 ans étaient rares soir, après l’annonce des résultats du premier tour de tale pour crier leur désarroi face à l’élection l’émergence du Front national au présidentielle, au premier rang de la scène politique. métro Odéon Abasourdis, sonnés, livides, beau- à Paris. Le long du coup ne voulaient pas croire à ce boulevard qui leur apparaissait comme un Saint-Michel, puis « cauchemar », une « aberration ». vers République, le L’appel à manifester lancé par l’as- cortège a grossi sociation Ras l’front a vite trouvé spontanément, un large écho et, s’ils n’étaient que jusqu’à regrouper quelques dizaines à 22 heures environ 10 000 devant le métro Odéon, ils se personnes.

retrouvèrent bientôt plus d’un mil- /  lier pour rejoindre le boulevard Saint-Michel. Sans mot d’ordre, coude à coude avouaient eux- Avec le renfort, entre Républi- sans mégaphone, sans encadre- mêmes que leur bonheur d’un sco- que et Bastille, des Verts – Noël ment, les manifestants s’unirent re « historique » était complète- Mamère et Yves Cochet en tête –, dans un cri « A bas, à bas le Front ment gâché par le « scénario catas- des anarchistes de la CNT et des national… Et F comme fasciste et N trophe » du premier tour. Ils militants de Socialisme par en bas, comme Nazi » et descendirent vers osaient néanmoins espérer un la manifestation, qui regroupait la Seine pour gagner la rive droite. « immense 1er mai unitaire ». environ 10 000 participants, pre- Le souffle coupé, les larmes au nait un peu l’allure des grands ras- bord des yeux, Véronique, Sadia et  ,   semblements contre la mondialisa- Myriam, 17 ans, se disaient à la fois Le cortège, où les plus de 25 ans tion. Mais le slogan « Assez d’une « scandalisées » et « angoissées » et étaient rares, fit entendre sa diffé- société qui n’offre que le chômage et accusaient « la pseudo-politique de rence avec le slogan emblématique la précarité » était cette fois prolon- gauche » menée par le gouverne- d’une « fracture générationnelle » : gé par : « Assez d’une société qui ment mais aussi « la connerie des « Nous sommes tous des enfants engendre les Chirac, les Le Pen, les adultes ». « On ne voulait pas ça », d’immigrés – première, deuxième, Mégret ! » revenait souvent sur les lèvres de troisième génération. » Ce rejet du Si certains groupes s’essayaient ceux qui, en âge de voter, s’étaient racisme vécu chaque jour dans les au débat – « on peut pas réclamer abstenus « par écœurement » ou collèges, les lycées, les cités consti- l’annulation des élections, c’est la avaient choisi un candidat radical tuait la plus forte note d’espoir de démocratie, il faut assumer », «il pour « marquer une rupture ». Une ce rassemblement dont la fraterni- s’agit pas de voter pour Chirac, mais certaine mauvaise conscience était té pagailleuse visait à « se tenir pour l’honneur de la France », «ila perceptible chez les militants d’ex- chaud ». D’où les embrassades, le préféré se présenter devant les urnes trême gauche qui, sous les banniè- folklore, et même quelques rires. que devant les juges », etc. –, tous res rouges de la Ligue communiste « Ca fait quand même du bien se retrouvaient pour réclamer bru- révolutionnaire, formèrent bientôt d’être ensemble », glissait un grou- talement : « Le Pen dehors ! Chirac le plus gros du bataillon traversant pe d’ados « blacks, blancs beurs », en prison. » l’île de la Cité avant de s’engager colère noire, rage blanche, qui Bien après le dernier métro, les dans le boulevard Sébastopol. Oli- n’avait pas oublié les promesses « enfants perdus » qui s’étaient vier Besancenot et Alain Krivine au d’une autre « manif’». agrippés aux « trois glorieuses » de la révolution de Juillet en escala- dant la colonne de la Bastille n’arri- Des milliers de manifestants en province vaient pas à se quitter. Deux mille Des manifestations spontanées ont rassemblé des milliers de personnes d’entre eux descendirent la rue de en province. A Toulouse, 3 000 personnes scandaient « Nous sommes tous Rivoli aux cris de « A l’Elysée ! » La des enfants d’immigrés ». Plusieurs centaines de Marseillais ont défilé aux place de la Concorde, ceinturée cris de « Le Pen, facho, Marseille aura ta peau ». Un millier de personnes se par les CRS, fut le théâtre, jusqu’à sont rassemblées à Strasbourg pour dénoncer « la honte » de voir le prési- 4 heures du matin, de sit-in, d’ac- dent du FN présent au second tour. A Lyon, 1 000 manifestants ont crié crochages et de charges qui causè- « Non à Le Pen ». Ils étaient 4 000 à Rennes, 2 500 à Nantes, 2 000 à Poi- rent quelques blessés légers. Les tiers, environ un millier à Caen, à Grenoble et à Lille. Plusieurs centaines de plus durs « étoilèrent » les vitrines personnes ont aussi défilé à Limoges, Montpellier, Dijon, Rouen, Bordeaux, de chez Maxim’s, mais les plus Nancy ou Saint-Etienne. Pour Michel Tubiana, président de la Ligue des sages s’interposèrent pour éviter droits de l’homme, qui s’est dit « atterré », « c’est une catastrophe pour la tout pillage. démocratie ». Patrick Gaubert, président de la Licra, « les gens qui croyaient que l’extrême droite était anéantie car divisée se sont trompés ». Robert Belleret Karim, du quartier des Pyramides, à Evry : « Ils vont venir chez nous pour nous virer ? »

ABDOULAYE, Karim et Abdelk- France ». Ils ne savent pas trop à qui dit vouloir voter pour Jacques rim sont « dégoûtés ». D’habitude, quoi s’en tenir, mais ils s’inquiè- Chirac au second tour pour empê- ces copains du quartier des Pyrami- tent déjà pour l’avenir et imagi- cher l’élection de Jean-Marie Le des, à Evry (Essonne), ne s’intéres- nent le pire. « Si Le Pen est prési- Pen. Au-delà des craintes et des sent pas à la politique et, parmi dent, ils vont venir chez nous pour inquiétudes, certains mettent aussi  nous virer ? », demande très sérieu- en garde contre les risques de ten- sement Karim, 18 ans. Outre la sions. « Si Le Pen passe, c’est sûr, il y peur d’un éventuel retour forcé au aura des émeutes. Les jeunes comme Ces jeunes issus de pays, l’adolescent craint aussi une nous, on ne peut pas l’accepter, c’est recrudescence du racisme, favori- un raciste », claironne Abdelkrim. l’immigration craignent sée par le bon score du candidat du Président d’une association, édu- Front national. « Déjà, il y avait des cateur, militant de l’intégration et une recrudescence sociétés qui nous prenaient unique- de l’insertion professionnelle, ment parce qu’elles étaient obligées, « Patson », le « grand frère » des du racisme il ne fallait pas être raciste, estime jeunes du quartier, oscille, lui, Karim. Maintenant, tout le monde entre désillusion et colère. « Je suis va montrer qui il est. » déçu, mais il fallait s’y attendre. La eux, un seul a voté, dimanche gauche pense qu’il suffit de dire 21 avril, lors du premier tour de «   ’  » qu’elle aime les Noirs et les Arabes l’élection présidentielle. Mais Jean- Educateur spécialisé auprès de pour faire du social mais elle a voulu Marie Le Pen au second tour, ils mineurs délinquants depuis peu, copier la droite sur l’insécurité et elle trouvent ça « hallucinant » et, à Abdoulaye s’inquiète, lui, d’un pos- n’est pas assez sur le terrain », analy- 23 heures, ils sont encore en train sible durcissement de l’arsenal se cet ancien animateur de quartier d’en discuter sur le petit parking au répressif. « Même si Chirac gagne, de 28 ans, qui a incité les jeunes pied de leurs immeubles. « On n’ar- ils vont nous mettre un gros facho autour de lui à s’inscrire sur les lis- rive pas à le croire. Dans notre tête, comme ministre de l’intérieur et ils tes électorales et à voter. « Moi, je c’est impossible », explique Abdou- vont changer les lois, prédit le jeune suis Français et je le resterai. Aucu- laye, 21 ans, grand costaud d’origi- homme. Déjà, ils vont remettre la ne personne ne pourra m’en empê- ne sénégalaise qui a voté pour la peine de mort, ça va être comme en cher, même Jean-Marie Le Pen, sou- première fois dimanche. Amérique. » C’est une dérive sécuri- tient le jeune homme d’origine ivoi- Jeunes de banlieue issus de l’im- taire généralisée qu’ils redoutent. rienne. Mais je dis aux jeunes qu’il migration, tous ont compris l’im- « Le score de Le Pen, c’est à cause faut commencer par voter au second portance et la signification du sco- de l’insécurité, alors, obligé, les poli- tour et aux législatives. » re de celui qui se dit « socialement ciers auront les pleins pouvoirs et ils de gauche »et« nationalement de vont en abuser », lâche Abdoulaye, Frédéric Chambon LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002/11 l’élection présidentielle L’Europe découvre avec stupeur A la télévision, le nouveau paysage politique français la soirée de toutes les surprises La défaite de Lionel Jospin est un signe de plus de la crise des gauches européennes alors que des formations de droite populistes et nationalistes ont progressé dans plusieurs pays Dès avant 20 heures, les jeux étaient faits

L’ÉLIMINATION de Lionel Jos- situe entre la droite et l’extrême pin et l’irruption au second tour de L'EXTRÊME DROITE EN EUROPE droite. Il s’agit du résultat le plus Jean-Marie Le Pen a été une surpri- Score de l'extrême droite aux dernières législatives (sauf France), en % important en Europe pour un candi- se complète pour les gouverne- moins de 5 de5à10 de 10 à 15 de 15 à 20 plus de 20 dat représentant la droite xénopho- ments des Quinze et les observa- be et anti-immigrés. » Aucun élu, teurs étrangers. * Résultats du premier ni aucun parti se réclamant de l’ex- NORVÈGE f En Allemagne, seuls quelques tour de l'élection trême droite n’est représenté ni présidentielle 14,3 % rares responsables politiques se aux Communes (659 élus), ni au sont risqués à commenter ces résul- Parlement européen (87 députés tats inattendus. Parmi eux, britanniques). Michael Glos, responsable du grou- f En Espagne, le « tremblement pe parlementaire de l’Union chré- GRANDE-BRETAGNE de terre politique français », selon tienne-sociale (CSU), dont le prési- 0% le quotidien El Païs, incitait diman- dent, Edmund Stoiber, est le candi- che soir les dirigeants politiques à dat de la droite à la chancellerie. DANEMARK la prudence. Sous le choc, la socia- « Il y a manifestement en France des 12 % liste Trinidad Jimenez, chargée des anomalies dont Jean-Marie Le Pen a questions de politique étrangère semblé profiter, a estimé M. Glos. au PSOE, s’est déclarée « horrifiée Nous devons y faire attention en Alle- BELGIQUE par ce qui vient de se passer à magne : l’immigration sans régle- 9,9 % R. TCHÈQUE Paris » et tentait d’expliquer le scru- mentation ne doit pas se développer tin par « des circonstances spéciales FRANCE AUTRICHE et il faut être attentif aux risques d’at- 20 % qui ont à voir avec la fragmentation tentats terroristes. » 19 %* des candidats et un certain vote anti- 20 heures. Sur l’écran de TF1 apparaissent les visages des deux HONGRIE Lundi matin, l’un des plus impor- partis politiques et antisystème ». candidats du second tour : Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. SUISSE tants quotidiens allemands, la Süd- 22,5 % Le leader historique du Parti deutsche Zeitung, parlait d’une communiste espagnol, Santiago ILS SAVAIENT, et on lisait sur enfants, le plus beau jour de ma « performance tactique » pour Jean- ITALIE Carillo, était effondré. « La gauche leur visage qu’il fallait s’attendre à vie », confiait une jeune femme au ESPAGNE 3,9 % Marie Le Pen, mais d’une « catas- 0,1 % européenne doit sérieusement se un choc. Peu avant 20 heures, QG de Jean-Marie Le Pen. « Les trophe pour la gauche », une «sur- demander ce qui ne va pas chez elle Patrick Poivre d’Arvor et Claire gens, ici, ont l’impression d’être prise comme la Cinquième Républi- GRÈCE et quelles sont ses failles, a-t-il expli- Chazal, sur TF1, David Pujadas et enfin reconnus », remarquait un que n’en a jusqu’ici jamais vécue ». qué au Monde, car ce qui arrive Olivier Mazerolle, sur France 2, lais- reporter de TF1. Il y avait, parmi « Jacques Chirac est en tête, poursui- n’est pas seulement français : les saient entrevoir le bouleverse- ces militants heureux, qui avaient vait le journal, mais quel triste triom- socialistes ont perdu au Portugal, la ment : Le Pen face à Chirac au un verre à la main, d’élégantes jeu- phe. En agitant le thème de l’insécu- 250 km gauche italienne a perdu devant Ber- second tour. A 20 heures, les chif- nes femmes, des jeunes gens bien rité, le président est parvenu à lusconi et à présent l’extrême droite fres s’inscrivaient sur l’écran. Ils ne élevés en costume-cravate, mais angoisser les électeurs. » mé au Monde, à titre personnel, est arrivé en France est répugnant, débarque la gauche française au varieraient plus guère au cours de aussi des hommes nettement plus f En Grande-Bretagne, la pré- « sa vive inquiétude » devant écrit le Sun, L’Europe est aujour- premier tour… » la soirée. Hormis un bref suspense, âgés, barbus et fumeurs de pipe, et sence du chef du Front national au l’échec de Lionel Jospin et les ris- d’hui embarrassée et déshonorée. » f En Italie, selon son camp, on vers 21 heures, lorsque l’écart quelques crânes rasés. second tour suscite l’inquiétude et ques de crise qu’il pourrait entraî- La presse de qualité est tout aussi salue ou déplore la défaite de la entre Le Pen et Jospin sembla se la commisération de la presse bri- ner « pour toute la gauche euro- sévère. Le Times observe : «La gauche. Pour Antonio Tajani, chef réduire, les jeux étaient faits. Pour « ’    » tannique. « Un désastre frappe la péenne ». La presse populaire France n’a maintenant qu’à s’en de groupe à Strasbourg de Forza la première fois dans l’histoire de A 22 heures, le héros du jour fai- France », titre le Financial Times, cloue notre pays au pilori. « Ce qui prendre à elle-même si le choix se Italia, le parti de Silvio Berlusconi, la V e République, l’extrême droite sait sa déclaration, enjoignant à proche des milieux d’affaires. « Le « les gauches sont maintenant bat- était présente au second tour de ses partisans de se taire pour pou- triomphe de Le Pen secoue la Fran- tues en Europe ». Le ministre des l’élection présidentielle. Une fem- voir parler devant les caméras. ce », estime le Daily Telegraph (con- Pour le président du CRIF, c’est « un message aux communications, Maurizio Gaspar- me en blouson rouge pleurait au C’était bizarre, un peu incohérent, servateur). « Le Pen choque la ri (Alliance nationale), ironise sur QG de Lionel Jospin. On la rever- et même singulièrement décousu. France », titre le Guardian (centre- musulmans leur indiquant de se tenir tranquilles » le « naufrage du Parti socialiste et rait plusieurs fois au cours de la soi- Cela commençait par une analyse gauche). L’éditorial du Sun (droite) Le quotidien israélien Haaretz, pour qui la communauté juive française de Jospin après des années au pou- rée. Les heures suivantes, il y aurait politique à l’ancienne, comme si Le est intitulé : « Jour de honte pour « paraissait confuse » après l’annonce du score de Jean-Marie Le Pen, a voir avec d’ex-ministres qui ont insul- beaucoup de gens en larmes. Pen était devenu d’un seul coup le la France ». repris dans son édition de lundi – disponible sur Internet – des propos tenus té le gouvernement italien ». A gau- La surprise était telle qu’on en commentateur de lui-même. S’y Ni Downing Street ni le Foreign par le président du Conseil représentatif des institutions juives de France che, où les critiques des « cou- oubliait les autres révélations de ce glissait l’éloge funèbre d’une mili- Office n’ont fait le moindre com- (CRIF). Selon Roger Cukierman, le résultat du premier tour devrait contri- sins » français contre Silvio Berlus- premier tour : l’effondrement sans tante – « Béret bleu , grande résis- mentaire, en s’accordant un délai buer à réduire l’antisémitisme des musulmans et les comportements anti- coni étaient fréquemment la réfé- précédent du Parti communiste, la tante et patriote » – décédée le de réflexion. Mais en privé, cer- israéliens parce que « son score est un message aux musulmans leur indi- rence, on se sent un peu orphelins. remontée spectaculaire de Fran- matin même. Suivait un emprunt tains hauts responsables ne quant de se tenir tranquilles ». Dimanche soir, M. Cukierman avait déclaré, Chez les Démocrates de gauche çois Bayrou, le bon résultat d’Oli- au pape Jean Paul II : « N’ayez pas cachaient pas leur désarroi. Denis selon l’AFP : « C’est un choc. Cela dit, à y réfléchir, on comprend que c’est le (DS, principale formation de l’op- vier Besancenot. Même ceux qui peur ! » Et cette étonnante formu- McShane, le plus francophile et résultat de la réaction des Français devant les problèmes d’insécurité. C’est position), Vannino Chiti constate ne s’en tiraient pas trop mal hési- le : « J’appelle les Françaises et les francophone des ministres une réaction de défense que je déplore et que je comprends. » Il avait aussi que « si la gauche se divise, elle taient à se réjouir ouvertement. Français, quelle que soit leur race, adjoints du Foreign Office, a expri- appelé à voter Chirac, ajoutant que « pour nous, le choix est clair ». perd ». A l’extrême gauche, Fausto L’élimination de Lionel Jospin était leur religion ou leur condition socia- Bertinotti, de Refondation commu- si bizarre qu’ils n’osaient pas trop le, à se rallier à cette chance histori- niste, insiste sur « l’écroulement du évoquer leur propre cas. Seule que de redressement national. » Le centre gauche en Europe, aujour- Arlette Laguiller était semblable à Pen rassembleur des races et des Inquiétude des parlementaires européens d’hui la gauche européenne doit se elle-même. Devançant la question, religions ? Cette soirée était décidé- repenser et proposer des alternatives elle annonçait qu’elle n’appellerait ment celle de toutes les surprises. BRUXELLES tour. Les Belges socialistes, eux, sont effondrés : Jean- de société ». pas à voter Chirac. Elle usait d’un La plus grande était à venir : Lio- de notre bureau européen Maurice Dehousse, ancien maire de Liège, déplore que f En Belgique, le gouverne- euphémisme pour constater, d’un nel Jospin annonçait son retrait de L’usage ne veut pas que le président du Parlement « l’Europe bascule à droite », avec « la France après l’Ita- ment, informé des premiers résul- ton détaché, que le sort de Jospin la politique. « J’assume pleinement européen commente les résultats d’une élection nationa- lie, l’Espagne et le Portugal ». Il affirme que « puisque la tats français, a annulé une réunion était « inattendu » mais ajoutait, la responsabilité de cet échec et j’en le. Pourtant, l’Irlandais Pat Cox a jugé « les résultats suffi- République est en jeu, les socialistes doivent voter Chirac prévue sur le thème du renouveau d’un air sévère, que l’intéressé était tire les conclusions en me retirant de samment inattendus et préoccupants » pour y déroger, au second tour ». Claude Desama, qui fut longtemps politique… Louis Michel, le minis- « entièrement responsable » de cet- la vie politique après la fin de l’élec- dimanche 21 avril, à la demande du Monde. M. Cox s’est député européen socialiste, estime que l’« Europe paie tre des affaires étrangères (libéral te « défaite lamentable ». Il n’avait tion présidentielle. » Enfin, c’était le dit « préoccupé de constater qu’un tiers des Français n’ont la faiblesse qu’elle a eue d’accepter la banalisation de l’ex- francophone) était, selon son à s’en prendre qu’à lui-même, et tour de Jacques Chirac, traits tirés pas voté, et qu’un tiers de ceux qui ont voté ont opté pour trême droite en Autriche » : « Les gouvernements euro- entourage, « accablé ». Elio Di l’extrême gauche n’était en rien res- et yeux cernés, l’air de tout sauf les extrêmes ». Il estime qu’il s’agit d’« une leçon impor- péens se sont contentés de faire les gros yeux (…), ils ont ren- Rupo, le président du PS franco- ponsable de ce qui était arrivé. d’un vainqueur. Là aussi, l’allocu- tante pour toute la classe politique européenne ». M. Cox du l’extrême droite familière ». Il estime en outre que la phone, a évoqué « un jour noir Laurent Fabius, sur TF1, parlait tion était un peu étrange. Ni le se dit toutefois « persuadé » que « les démocrates vont se gauche « s’est tiré dans le pied, en se morcelant », et que pour la démocratie ». L’extrême de « cataclysme », de « coup de nom de Lionel Jospin ni celui de rallier au candidat démocrate au second tour »,etque « Lionel Jospin n’a pas su répondre à la campagne de Chi- droite, en revanche, jubilait. Filip massue ». François Hollande trou- Jean-Marie Le Pen n’étaient pro- « le résultat replacera la France en tête de la politique de rac sur l’insécurité ». Dewinter, le leader du Vlaams vait cette défaite « injuste, cruel- noncés. Le ton était grave. Jacques tolérance en Europe, qui a toujours été la sienne ». Le belge Paul Lannoye (Vert) s’inquiète de la montée Blok, une formation d’extrême le ». Dominique Strauss-Kahn était Chirac appelait à un « sursaut Plus explicite, l’Anglais Graham Watson, président du de la droite et de l’extrême droite en Europe. Il déplore droite qui a réalisé 15 % en Flandre le premier, à gauche, à dire sans démocratique », affirmait que la groupe libéral du Parlement européen, espère que «la que « les discours musclés qui défendent les identités régio- lors des dernières législatives, ambages qu’il voterait Chirac au « cohésion nationale était en cau- gauche va voter Chirac au second tour ». M. Watson nales ou nationales reçoivent une forte écoute ». Johannes jugeait « spectaculaire » la perfor- second tour : « Il faut, pour l’hon- se » et « l’idée même que nous nous s’étonne du score de Jacques Chirac, « étonnamment Voggenhuber, eurodéputé Vert autrichien, estime que mance de Jean-Marie Le Pen. neur de notre pays, que le score de faisons de l’homme, de ses droits, de bon, compte tenu des “affaires” dans lesquelles il est impli- « la renaissance des nationalismes en Europe pourrait « Une logique européenne est à l’œu- Jean-Marie Le Pen soit le plus faible sa dignité ». Bref, un discours de qué, et qui l’auraient fait tomber au Royaume-Uni ». Il esti- bien signer la fin de la Convention sur l’avenir de l’Euro- vre : elle se manifeste en France, possible. » L’image du pupitre vide combat contre le FN sans que ce me que « la gauche n’a pas réussi à répondre aux préoccu- pe ». Il s’étonne aussi du score d’un homme dont, au Par- après l’Italie, l’Autriche, le Dane- de Lionel Jospin, orné du slogan parti ni son chef ne soient nom- pations de son électorat », et qu’elle a fait les frais de son lement, il n’a remarqué qu’un « discours agressif », à l’oc- mark, les Pays-Bas ou la Belgique », devenu dérisoire « Présider autre- més. Ce n’était pas la moindre des éclatement. Toujours chez les libéraux, le Belge Daniel casion de la déchéance de son mandat. expliquait-il au Monde, dimanche ment » revenait sans cesse comme bizarreries de cette étrange soirée. Ducarme exprime sa « consternation » et appelle les soir. un symbole de cette soirée. démocrates à voter pour Jacques Chirac au second Rafaële Rivais de nos correspondants « C’est, après la naissance de mes Dominique Dhombres Des syndicats de policiers appellent à une « réaction républicaine » Les marchés prennent acte de Les grandes confédérations de salariés devaient réagir dans la journée de lundi la probable victoire de M. Chirac LES CENTRALES syndicales, coup d’entre eux ont voulu donner « bafouée ». « Nous ferons tout ce consigne de vote. Mais elles pour- sous le choc, semblaient s’être un message très fort », a-t-il décla- qui est en notre pouvoir pour faire raient, cette fois-ci, sortir de leur LE MARCHÉ des changes n’a pas vacillé, lundi 22 avril en début de donné le mot, dimanche 21 avril ré à l’AFP, se disant « choqué » et en sorte que le seul candidat répu- réserve pour appeler à un sursaut matinée, après avoir pris connaissance des résultats inattendus du pre- au soir, pour remettre à plus tard « très surpris » par les résultats. blicain encore en lice soit élu au républicain. mier tour de la présidentielle. Alors qu’il avait progressé lors de la leurs réactions. A l’heure où plu- M. Dintinger, premier responsa- second tour », s’est exclamé Jean- La commémoration du 1er mai, semaine précédente, l’euro a amorcé un léger déclin dans les premiè- sieurs milliers de personnes mani- ble syndical à commenter le séis- Luc Garnier, responsable du syndi- qui s’annonçait sous de sombres res transactions, s’échangeant à 0,8888 dollar contre 0,8926 vendredi. festaient à Paris et en province me du premier tour de l’élection cat Alliance, qui se dit « catastro- auspices, en raison des divisions Pas plus de réaction à l’ouverture des marchés boursiers. pour exprimer leur émotion et présidentielle, a précisé qu’il osait phé, comme tous les syndicats et et de lassitudes syndicales, pour- A Paris, le CAC 40 a commencé la séance par un maigre repli de 0,2 %, leur rejet du Front national, ni la « aussi croire que les Français n’ont associations républicaines, de voir rait donner l’occasion aux syndi- à 4 597,21 points. « La douche froide », titrait David Naudé, économis- CGT, ni FO, ni la CFDT, ni la CGC, peut-être pas souhaité ce message- la montée de l’extrême droite ». cats d’exprimer publiquement et te à la Deutsche Bank, dans sa note du matin. « La seule bonne nouvel- pas plus que SUD ou la FSU ne là ». – qui sait ? – ensemble leur inquié- le (…) est que nous savons déjà qui sera le prochain président », écrit-il.  sont sorties de leur silence. Seule Les deux principaux syndicats ’  1  tude face à la progression de l’ex- « Le premier tour des élections présidentielles en France ne devrait pas la CFTC, par la voie de son secré- de gardiens de la paix, l’UNSA- Les dirigeants des grandes confé- trême droite, à quatre jours du avoir d’incidence majeure sur les marchés financiers des places euro- taire général, Jacky Dintinger, a Police et Alliance, ont été égale- dérations, désireux de pouvoir fai- second tour. L’hypothèse est péennes, estiment les économistes du courtier Global Equities. L’issue très vite commenté les résultats ment très prompts à réagir. «Je re le point en interne, avaient déci- d’autant plus sérieuse que le Front du second tour ne semblant pas devoir réserver de surprise, le véritable du premier tour de l’élection prési- prends acte de ce qui s’est passé dé de ne commenter publique- national appelle ses militants à enjeu porte sur les législatives et les accords de désistement RPR-FN qui dentielle, et surtout la présence de aujourd’hui et j’espère qu’il va y ment les résultats que dans la jour- célébrer par une manifestation ce détermineront une éventuelle nouvelle cohabitation avec la gauche. » Jean-Marie Le Pen au second tour. avoir une réaction républicaine »,a née du lundi 22 avril. Rien ne fil- jour-là, comme il le fait chaque Les investisseurs devraient de fait rapidement se repencher sur l’actua- « Beaucoup de Français ont mon- déclaré Joaquin Masanet, secrétai- trait de leurs intentions tôt ce lun- année, la fête de Jeanne d’Arc. lité des sociétés cotées, comme la suppression de 10 000 emplois cette tré qu’ils étaient déçus de la classe re général de l’UNSA-Police, qui di matin. Traditionnellement, les année et 10 000 autres en 2003 chez Ericsson, annoncée lundi matin. politique traditionnelle, et beau- estime que la République a été confédérations ne donnent pas de Claire Guélaud 12/LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002 HORIZONS C’ ÉTAIT LE DIMANCHE DE JEAN- MARIE LE PEN

’ÉTAIT un beau moi, en Savoie, Le Pen arrive premier ! » Aus- puis, à 20 heures, à l’annonce des sondages, te Micheline, qui tient le bar au premier dimanche à l’Atelier. si surpris que ce conseiller de l’Elysée qui Noël Mamère tortille sa moustache et dit sous-sol, dans une salle immense censée Du Paquebot Jack et Monique s’efforce lui aussi à l’incrédulité : « Atten- d’un ton éteint : « C’est dramatique. » Tous accueillir les masses. A la télévision, PPDA Lang, déjà maquillés, dez, attendons, les grandes villes d’Ile-de- sont debout, sonnés, dans une loge étroi- annonce « du jamais vu » et David Pujadas avaient été parmi les France ne sont pas encore tombées ! » te. Sauf Dominique Voynet, assise, la tête « un bouleversement politique ». L’ambian- premiers à rallier le Il est trop tard pour attendre. Jean- entre les mains. ce est mortifère. Avec sa barbe en collier, à l’Atelier, QG de campagne de Marie Le Pen n’en peut plus d’attendre. Le choc sera le même, rue Duroc, au siè- ses lunettes et la rondeur de son visage, C Lionel Jospin. C’était C’est son jour. C’est son heure. C’est son ge du Parti radical de gauche où, sans les Larry, militant depuis 1948, ressemble un beau dimanche, quelque part vers dimanche Lui aussi a les chiffres, les four- affiches de campagne de Christiane Taubi- incroyablement à Robert Hue. Il est l’un du Tapis rouge 17 h 45, du côté de la rue Saint-Martin, et chettes. Il jubile. Il y croit. Il ne doute pas. ra et celles datant de la belle époque du des rares à s’être déplacés : « Je suis venu Jacques Séguéla, en sportswear noir, sui- Simplement il a du métier, et il s’offre le radicalisme, on pourrait se croire dans un parce qu’en général, c’est une fête, ces soi- vait de près. Souriant. Bronzé. Décontrac- luxe, peu avant 20 heures, d’apparaître cabinet de médecin ou d’avocat. Parquet, rées-là. » La fête ne commencera jamais. A té. On ne le reverra plus de la soirée. dans l’escalier du Paquebot, siège du FN à boiseries, fauteuils de cuir, la fin d’après- 20 heures, Robert Hue est annoncé à 3,6 % à la Cité C’était… La preuve, Martine Aubry, Saint-Cloud. Et de feindre de descendre, le midi est douce et ensoleillée. Elle l’était, et Jean-Marie Le Pen… Quelques sympathi- radieuse, le confia à TF1 : « On va avoir un visage impassible, le regard inexpressif, du moins, jusqu’à ce que les résultats tom- sants et adhérents commencent à arriver et beau dimanche. » Elle, comme les autres, comme préoccupé. Seulement il y a Jany, bent : « C’est pas possible ! », « C’est une se disent « consternés », « choqués », Paradis, était venue chercher sa feuille de route son épouse, et Jany dit : « C’est incroyable, blague », « C’est pas vrai, c’est pas vrai ! », « extrêmement préoccupés par le drame de pour la soirée, avant de repartir vers les j’en ai la chair de poule. C’est la renaissance « Putain ! » Eric Montes, secrétaire géné- ce soir «. Micheline, quarante ans de parti, télés. Elle, comme les autres, n’imaginait de la France. » Seulement il y a Jean-Marie ral adjoint du parti, s’emporte : « Cela fait est sonnée : « Je ne comprends pas que les pas le pire. Pas encore. Et puis, stupeur, un Le Pen, qui ne se tient plus d’une si grande cinq ans qu’ils font des conneries ; la pro- ouvriers n’aient pas besoin de nous. » Yvette tour de Paris sondage, deux sondages sortis des urnes nouvelle qu’il veut être le premier à l’an- chaine fois, on leur apprendra à faire des est franchement en colère : « Les Français vinrent, vers 19 heures, donner du corps à noncer. Et il n’est pas 20 heures, l’heure au campagnes. » n’ont rien compris. » Et André, en larmes une méchante rumeur : Le Pen très haut, Le quelques instants auparavant, se reprend Pen deuxième, Le Pen deuxième ! et ne veut pas accabler Robert Hue : « J’ai des QG Il ne faut jamais croire les rumeurs et à toujours voté pour mon patron et je voterai peine les sondages. Jacques Chirac est dans « Le Pen voulait faire battre Chirac. toujours pour lui, c’est le seul qui dit les cho- son bureau, au dernier étage de son QG. Il ses franchement. » Accoudé au bar, un des électoraux pour est arrivé vers 18 h 15, en compagnie de Finalement, il va le faire élire » très rares jeunes militants qui se sont dépla- Bernadette, son épouse. Et il s’est enfermé cés essaie de se faire à l’idée qu’il va voter aussitôt, entouré d’une vingtaine de -   () Jacques Chirac. Il n’en revient toujours pas. conseillers et de barons de la droite. Ils sont « Je n’aurais même jamais imaginé cela. » les résultats tous là, Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Raffa- Derrière son bar, Micheline fixe la télévi- rin, Philippe Douste-Blazy, François Fillon, clocher des convenances et obligations Catherine Mégret n’a pas de ces soucis : sion et dit : « La pauvre ! » quand apparaît Antoine Rufenacht, le directeur de campa- républicaines, que, du Paquebot, Le Pen « J’aurais dû mettre du waterproof. » Un ver- Marie-George Buffet. Et puis elle lance à du premier gne, Michèle Alliot-Marie – bon, on ne va brûle, à 19 h 50, la politesse aux chaînes de re de punch à la main, elle rit nerveusement Yvette, qui ne l’écoute pas : « Putain, dans pas faire l’appel ! – tous là. Sauf Dominique télévision et aux radios : « Je suis assez lar- après avoir versé une petite larme : « Ils les HLM, comment on va se faire huer. » de Villepin, le secrétaire général de l’Elysée gement, pour l’instant, devant Jospin. Cela auraient pu penser à Bruno ! » « Ils », ce Cité Paradis, au QG de Jean-Pierre Chevè- qui garde la maison, l’autre maison. Et c’est m’inspire que le travail, la persévérance et sont les électeurs d’extrême droite, qui ont nement, l’arrivée du candidat, à 19 heures tour. Récit lui qui, vers 18 h 45, informe par télépho- l’aide de Dieu finissent par triompher de préféré Le Pen à Mégret. Les « Mégret, comme prévu, a été discrète, presque furti- ne : Le Pen serait très haut, Le Pen serait tous les obstacles. » Mégret ! » repris en chœur ne trompent pas ve. Max Gallo, le président du Pôle républi- deuxième ! Les sondages autorisent le con- L’aide de Dieu ? On doutera ailleurs, par- grand-monde. On est au mauvais endroit cain, l’a précédé de quelques minutes et du service ditionnel. La prudence l’impose. tout, qu’il s’agisse là d’une divine surprise. au meilleur moment. Jean-Yves Le Gallou, s’est engouffré sans mot dire dans le local Et justement, Jacques Chirac déteste ce La rumeur, les sondages, la confirmation le numéro deux du MNR, déplore les de campagne. Accompagné de Georges sar- genre de conditionnel. La nouvelle lui font le tour des sièges de campagne, à la dégâts « du vote utile » sans lequel « nous re, de Sami Naïr et de sa femme Nisa, le paraît si énorme, si improbable, que le pré- vitesse et avec l’impact d’une nouvelle à serions au moins à 5 % » tout en philoso- « Che » gagne son bureau. « Je reviendrai France et sident appelle la garde rapprochée au sang- fragmentation. Chez les Verts par exemple, phant sur le principe d’« hétérotélie » qui, vous voir », dit-il aux journalistes. Il ne froid et à la mesure. : « Attendez, cela va réfugiés quelque part du côté de chez Amé- selon lui, a caractérisé cette élection. L’hété- reviendra pas, sauf pour sa déclaration offi- changer. Ce n’est pas possible que la gauche lie entre la Butte Montmartre et Pigalle. Ils rotélie, « développée dans Les Lois du tragi- cielle. Pour les militants, le baptême est des étudiants ne soit pas au deuxième tour. » Et pourtant ! squattent un théâtre, le Trianon, un établis- que, c’est quand le cours des choses prend rude. Emmanuel, rallié à la jeune garde de A 19 h 20, Nicolas Sarkozy et Jean-Pierre sement rococo, aux fresques défraîchies. une direction contraire à celle que vous sou- Génération République, pleure, « tout sim- Raffarin, qui se marquent même dans ce Une affiche annonce pour le 23 avril la pre- haiteriez lui donner. Le Pen voulait faire bat- plement », dit-il. Christophe, un autre rôle-là, sortent du bureau et foncent vers mière de Chance, « comédie musicale de tre Chirac. Finalement, il va le faire élire ». jeune, est prostré. « Il y a deux mois, Le Pen du Centre les journalistes. Non pour aller aux nouvel- bureau ». Est-ce drôle ! Pas du tout. Guy Le garde du corps de Bruno Mégret, était à 7 %… », répète-t-il deux fois. Un troi- les mais pour en donner. « Nous aussi on a Hascoët, portable en main, vient d’appren- Richard, l’analyse plus directement : « L’im- sième, Marco, qui « mangerait un chien Le Pen deuxième. » Et la nouvelle déjà circu- dre : « Chez moi, là-haut, à Roubaix, il est à portant, c’est que la droite nationale soit où pour pas que Le Pen soit au deuxième tour », de formation le parmi les militants et les cadres du RPR, plus de 24 %. » Daniel Le Bret ne cesse de elle est, même si Le Pen est un sale con. » veut espérer et questionne : « Vous savez si incrédules. Incrédules et surpris. Aussi sur- répéter : « Je flippe, je flippe. » Yves Contas- Place du Colonel-Fabien, peu avant ça peut encore changer ? » Cela ne change- pris que Michel Barnier, sorti à son tour du sot essaie de se rassurer : « Toute la soirée, 20 heures, il n’y a pratiquement pas de mili- ra pas. Il y a ceux qui se consolent : « Jean- saint des saints pour porter la bonne – et on va avoir des chiffres pipeau. C’est pas cré- tants au siège du PCF. « On ne comprend Pierre est au-dessus de 5 %, on va être rem- des journalistes c’est selon – mauvaise nouvelle : « Chez dible, ou alors il faut prendre le maquis. » Et pas, normalement il y a du monde », s’inquiè- boursés », et puis ceux qui accusent : «Jene regrette pas d’avoir voté Jean-Pierre, mais honte aux abstentionnistes et honte à Jospin qui a fait toute sa campagne au centre. » Les visages se sont fermés, salon de l’Aveyron, dans le 12e arrondissement. Oli- vier Besancenot et les militants de la Ligue communiste révolutionnaire atten- daient leurs résultats. Ils sont « formida- bles ». Ils n’attendaient pas Le Pen. Et c’est l’effarement. Un jeune militant s’effondre sur l’épaule d’une amie, les larmes aux yeux : « C’est catastrophique pour les gens de gauche. Maintenant je ne sais pas sur quel pied danser. Tout ce que je sais, c’est que le deuxième tour se fera dans la rue. » Jean-Marie-Le Pen parle à la télévision. Et ses propos sont couverts par le chant des militants trotskistes : « Et F comme fasciste et N comme nazi, à bas, à bas le Front natio- nal. » « Ils nous ont gâché la soirée », lâche une militante. Tous disent n’avoir aucun regret. « On ne peut s’en vouloir d’avoir voté à gauche. Jospin récolte les fruits d’une politi- que qui a fait le jeu du libéralisme. » Et « F comme fasciste… ». Le chant reprend, en boucle. « 20 % des gens votent pour des nazis. » C’est donc « dans la rue que va se faire la mobilisation à gauche ». Et effective- ment, très peu de temps après, la salle se vide. Répondant au mot d’ordre lancé par Alain Krivine de se joindre à une manifesta- tion organisée par Ras le’front, place de l’Odéon, les militants de la LCR montent à la manif. Drapeaux rouges en main, auto- collants sur les vêtements, ils se dirigent vers le métro. Et un autre chant se fait entendre dans les couloirs souterrains : « Tout est à nous, rien n’est à eux. Tout ce qu’ils ont ils l’ont volé. Partage du travail, par- tage des richesses, ou alors ca va péter... » Au siège du Parti des travailleurs, le télé- viseur était en panne. Ecran noir à 20 heu- res. Cela ressemble à un gag. Une militante, l’oreille collée à un transistor, répercute le chiffre qu’elle semble presque la seule à attendre : « Gluckstein, 0,6 % ! » Rien. Les

 :  /conversations   se poursuivent. « On a battu Au Paquebot à Saint-Cloud, Jean-Marie Le Pen jubile : « Le travail, la persévérance et l’aide de Dieu finissent toujours pas triompher. » notre record », s’enhardit un jeune. Rien. LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002/13 HORIZONS REPORTAGE

teur », un mois auparavant, s’échauffe : « A force d’avoir surfé sur les affaires, on a Le Pen ! Ça revient à la figure de la gauche comme un boomerang ! Jospin avait moqué Chirac en lui disant qu’il était candidat au poste de ministre de l’Intérieur. Eh bien, maintenant, Jospin n’est même pas candi- dat au poste de conseiller général de Cintegabelle ! » Les autres leaders de droite évitent de se réjouir trop ouvertement. Françoise de Panafieu, députée RPR de Paris : « C’est désolant d’en arriver là. Mais maintenant, c’est à la gauche de prendre ses responsabili- tés. » Dominique Perben, encore incrédu- le : « On change carrément de paysage. Mais il faut digérer tout cela. » Nicolas Sarkozy, qui a quitté parmi les premiers le QG pour se rendre à TF1, appa- raît sur les écrans dans un silence général. TF1 diffuse une image du comédien Pierre Arditi, membre du comité de soutien de Lionel Jospin, et un militant hurle : « Voilà, la nomenklatura ! » Antoine Rufenacht, directeur de campa- gne, explique : « C’est la sanction de la politique conduite par les socialistes depuis cinq ans. Je ne dis pas que je m’en réjouis. Mais maintenant, il faut s’engager dans l’action. » Seule Nicole Catala, députée RPR de Paris, marque clairement son inquiétu- de : « Il est anormal que la gauche n’ait pas de champion dans un pays comme le nôtre. Cela annonce une campagne très violente au second tour. Et surtout, des mouvements sociaux très durs pour la sui- te. » Le séguiniste Henri Guaino expli- que : « On paye la défaillance de la vie poli- tique depuis vingt ans. Personne ne peut se réjouir de l’image que donne le pays aujourd’hui. » Le secrétaire général du RPR, Serge Le Pelletier, soupire : «La situation n’est pas très réconfortante car cela marque un ras-le-bol général. » Bernard Niquet, chef de cabinet de Bernadette Chirac confie : « Quand je pense que, depuis un mois, Mme Chirac est la seule à dire son inquiétude sur le sco- re de Le Pen… » Les militants RPR continuent pourtant d’exprimer leur aversion pour la gauche. Martine Aubry, qui apparaît sur les écrans, est copieusement sifflée. Le score histori- Jacques Chirac vient de prononcer sa déclaration après s’être assuré que Lionel Jospin ne démissionne pas de Matignon. Il repart à l’Elysée. quement bas du Parti communiste est applaudi. Claude Goasguen lance : « Jos- Et puis la télé est réparée. Sur l’écran, Bayrou, « très bon, excellent même », passe voix de gauche : « Y’a du boulot. » Puis se Moscovici, de François Hollande, de Lau- pin paye le rejet de l’exploitation des affaires vaguement neigeux, Robert Hue appa- au second plan. « On n’a même pas la satis- reprend : « C’est la perspective de nombreu- rent Fabius, de Jean-Paul Huchon. Il est qui alimente l’antiparlementarisme. C’est le raît : « Et y a même la couleur ! » Les résul- faction de le proclamer », lâche Emma- ses triangulaires aux législatives. Et, à l’arri- acclamé. Des hurlements accompagnent glas de 68, la fin d’Epinay et, suprême déri- tats ? Le Pen ? « Le premier mai va être nuel, 39 ans. Non loin, Elise, 27 ans, pleure vée, une nouvelle cohabitation, avec une vic- sa décision de se retirer de la vie politi- sion, cela se termine par Le Pen. » Mais à chaud », se réjouit un militant. D’autres de dépit et de colère : « Vous imaginez ? toire de la gauche. » Pierre Arditi répond à que : « Non, non ! » On entend des fem- quelques pas de lui, Zaïr Keddadouche, rêvent « d’une mobilisation à l’italienne ». Sur cinq personnes qu’on croise dans la rue, toutes les télévisions, toutes les radios : mes pleurer à gros sanglots. On tente d’in- qui représente les beurs au sein du QG de Juliette, elle, militante depuis 1998 après une n’a pas voté, une autre a voté Le Pen. » « Moi, si c’est ça, je repars en Grèce. Mais terroger Bertrand Delanoë, qui avait été le Chirac, s’inquiète : « Le problème, c’est être passée par le PC et la LCR, explique Socialiste, elle avait décidé de voter Bay- avant, je vote Chirac. » Le mathématicien seul, quatre jours avant le premier tour, à qu’aux législatives, aucun type de droite ne tout simplement que, « en tant que marxis- rou il y a peu. « Pour son courage. » Michel Broué, ami en trotskisme de Lionel imaginer la défaite de son ami Lionel… au va plus vouloir parler des beurs et nous te, elle n’attend rien des élections. Je ne Julien, 23 ans, l’a, lui aussi, mauvaise : Jospin, répète : « Je suis dézingué, et second tour. Il tourne les talons. Quelques n’aurons aucun candidat. » crois qu’à la lutte des classes, à la force de « En fait, c’est la pire des situations pour furieux. Dans mon article du Monde, j’expli- jeunes entonnent une Marseillaise tandis Une poignée de militants, devant une la rue ». Elle s’abstiendra donc. Juliette est Bayrou. Chirac sera de toute façon élu. Il quais que Le Pen talonnait Jospin. On m’a que fusent des cris : « A la République ! » télévision, applaudit Dominique Strauss- déjà ailleurs. Dans la suite. La suite, c’est n’a pas besoin de ses voix au second tour. » dit que ça servait à rien de faire peur. Je les Michèle Sabban lâche entre ses larmes : Kahn qui vient de dire qu’il votera Chirac. que le Parti des travailleurs, grâce à sa par- Et ce qui le motivait, justement, c’était «le attends, ceux qui m’ont traité de con, mer- « TF1, ils ont fait la campagne de Chirac et Le juge Eric Halphen, interrogé devant le ticipation « à la mascarade présidentiel- vote anti-Chirac, anti-affaires, l’intégrité de de. Ils l’ont, leur Berlusconi, leur élection à de Le Pen. » « Quand on fait dix minutes sur QG de Jean-Pierre Chevènement, dit à peu le », a recruté 400 nouveaux militants. La l’homme Bayrou. Et dire qu’on va être obli- l’italienne ! » Régine Deforges est tout aus- Patrick Dils tous les soirs… », lance Jean- près la même chose quelques minutes plus suite, c’est que la présence de Le Pen au gés de voter pour lui, alors qu’on voulait si furibarde : « On a le choix entre la Répu- second tour « symbolise le rejet de la politi- incarner le changement ». blique bananière et les gros bras. » que menée depuis vingt ans en France et le Dans l’ancien atelier d’architecte qui Un instant, on a voulu espérer que les fait qu’aucun candidat ne représente vrai- sert de siège de campagne à Alain Made- résultats des DOM-TOM puissent changer « Quand je pense, que depuis un mois, ment le pays ». La suite, c’est qu’un peu lin, les mêmes mots, les mêmes commen- la donne. « C’est plié », assure Laurent me plus tard dans la soirée, lorsque Lionel Jos- taires fusent : « Un cataclysme, un désas- Fabius. « Même avec les DOM-TOM ça ne M Chirac est la seule à dire son inquiétude pin viendra à la télévision dire sa fierté de tre, un tremblement de terre. » Mais les peut faire qu’au mieux 0,3 % de plus… » la politique conduite et son retrait de la conclusions sont différentes. « C’est « C’est une histoire de fous », commen- sur le score de Le Pen… » vie politique, cette dernière annonce sera inquiétant, mais si c’est vrai, on enterre les te-t-il avant de faire mine de s’interroger applaudie. Et accompagnée d’un seul com- socialistes pour un bon bout de temps », dit sur l’auteur de la phrase « les Français sont  ,       mentaire : « Salaud ! » un militant. « De Gaulle avait raison, lan- des cons ». Au premier étage du Novotel de la por- ce un autre. Les Français sont un peuple Laurent Cohen, de la Fondation Jean- te de Bagnolet, sur le mur du salon Lon- ingouvernable. » Dans la salle décorée de Jaurès, Pierre Guelman, le conseiller parle- Marie Le Guen. D’autres sèchent leurs lar- tard. Mais son apparition provoque de tel- dres-Kensington, quelques discrètes affi- photos d’Alain Madelin, de citations du mentaire du premier ministre, et Bernard mes : « Ne pleure pas. Il ne faut pas leur les huées et sifflements que personne ne ches appelant à voter « pour le camp des commandant Massoud, les commentai- Rullier, directeur de cabinet de Jean-Jack montrer ça. ILS sont trop contents. » l’entend. travailleurs » rappellent qu’il s’agit du QG res partent un peu dans tous les sens. Ce Queyranne, sont en larmes. « J’espère que Nathalie Mercier, la conseillère image Dans son bureau, Jacques Chirac a appe- provisoire de Lutte ouvrière pour la soirée qui a du mal à passer, plus encore que Le la France va se réveiller doucement », dit de Lionel Jospin, venue de RSCG, ne lais- lé Lionel Jospin pour évoquer avec lui sa électorale. Pas de photos d’Arlette Pen, ce n’est pas tellement qu’Alain made- Catherine Tasca. Jean-Luc Mélenchon se se pas entrer les caméras. « Y’en a mar- situation politique et s’assurer qu’il ne Laguiller, pas de banderole. Juste le rouge lin soit en dessous des 5 %, mais plutôt prend la tête entre les mains. Pierre Mos- re ! On n’a pas vu Lionel Jospin de toute la démissionne pas de Matignon avant le flamboyant de la tribune et de la tenture qu’il soit dépassé par Olivier Besancenot covici le prend dans ses bras. L’éditrice du campagne, et ce soir ça continue », râle un second tour. Puis il s’enferme dans son de fond. Les premières estimations tom- ou par Jean Saint-Jossse. C’est que « dans Temps de répondre (Stock), Monique cameraman. Un journaliste de bureau, en compagnie de Jérôme Monod bent. On n’applaudit même pas au score ce pays, on reste sur des idées archaïques, Nemer, est prostrée. Canal+ s’en mêle : « C’est le FN ici, ou et de quelques-unes de ses conseillers, d’Arlette. La consternation est manifeste. qu’on refuse le libéralisme alors qu’il est Les journalistes qui suivent la campa- quoi ? ». Un confrère de TF1 porte enco- pour rédiger son discours. Peu avant « La présence de Le Pen au second tour est appliqué partout en Europe », en somme gne de Lionel Jospin embrassent et tapo- re son badge du QG de Jacques Chirac, 23 heures, le staff du président-candidat un choc. L’extrême droite n’a jamais été très que le seul vrai candidat libéral soit totale- tent dans le dos des attachés de presse qui tout proche, autour du cou. « Vous descend dans la salle de presse où va avoir bien pour la classe ouvrière », dit Jean-Pier- ment lâché par une « France des candi- pleurent. « Les médias ne nous ont pas devriez le planquer », dit l’homme du ser- lieu la déclaration. Jérôme Mono apparaît, re, militant depuis 1968. Francis, atterré, dats trotskistes ». « En un mot, affirme un aidés », assure Noëlle Chatelet, la sœur du vice d’ordre un peu brutalement. « On est souriant, suivi de Patrick Stefanini, Jac- réagit vite : « Si Le Pen arrive au pouvoir, jeune responsable du Val-de-Marne, « les candidat, sur son portable. Aux radios, déjà chez Le Pen, ou qui ? », répond-il. ques Toubon, Roselyne Bachelot. Agathe imaginons un soulèvement, et souhaitons- Français ne savent plus trop où ils habitent elle parle de « mauvais rêve ». « J’ai un peu Finalement, Nathalie Mercier laisse Samson, l’adjointe de Claude Chirac, qui le ! Mais même si c’est Chirac, il faut conti- électoralement ». le même sentiment que quand j’étais allée entrer… les caméras du service public. n’a jamais caché son aversion pour l’extrê- nuer à se battre. C’est par les luttes qu’on C’était un beau dimanche. Et puis, à en Italie. » Jean Glavany tombe sur une « On est télé-Messier ? on est télé-Bou- me droite, paraît atterrée. Dès la fin de sa change les choses, l’élection n’est qu’un ygues ? télé Générale des eaux ? », s’agace déclaration, il fait un rapide tour de son moyen. » « Y’a Arlette qui arrive ! » Et un journaliste de « Sept à huit ». «Ila QG, salue, en compagnie de Bernadette, Arlette ne dira pas autre chose : «SiLe perdu ! Arrêtez de vouloir encore contrôler les militants assemblés, puis repart en voi- Pen arrivait au pouvoir, nous devrions nous « Il y a un proverbe qui dit “fais ce que doit, son image. C’est fini. » ture à l’Elysée, à 23 h 30. défendre par de tout autres moyens que le Dans le camp d’en face, Philippe Séguin C’était un beau dimanche. Et là-bas, bulletin de vote. » La salle l’acclame, et advienne que pourra”, mais c’est tout de même était arrivé de l’Hôtel de Ville catastro- dans les Pyrénées-Atlantiques, à Coarraze, déjà les premiers militants partent mani-   phé : « L’extrême droite est à 17 % ! » Jean Saint-Josse fête ses 4,25 %. Furieux. fester dans Paris. un peu triste. C’est injuste » Lorsque, à 20 heures, les deux têtes de Chi- Désemparé. Atterré. Non par son score. Rue de l’Université, au siège de l’UDF, rac et Le Pen apparaissent sur l’écran Mais par tout le reste. « Dites-moi que ce chez François Bayrou « la bravoure », on géant, installé à l’intérieur du QG, c’est ne sont pas les bons chiffres. » Et il conclut : n’en est pas tout à fait à ces projets révolu- 20 heures, précisément parce que les Fran- journaliste qu’il l’embrasse et serre dans pourtant une explosion de joie. Le « Ceux qui n’ont pas voté, ils ont le cul serré, tionnaires. Mais la stupeur et l’accable- çais surent qu’ils ne savaient pas trop où ses bras devant trois caméras. conseiller régional RPR d’Ile-de-France, ce soir. » ment expriment le même état de choc. ils habitaient, cela devint un très rude Sylviane Agacinski pleure dans les bras Roger Karoutchi, gêné, explique : « Les Quand les deux visages, ceux de Jacques dimanche à l’Atelier. « Pays de merde ! », d’une jeune femme. « Il y a un proverbe gens sont surtout contents de savoir que Chi- Pierre Georges Chirac et de Jean-Marie Le Pen, s’affi- lâche l’assistante de Julien Dray. Les mili- qui dit : “Fais ce que dois, advienne que rac est déjà gagnant… » avec la séquence France chent à la télévision, un silence de plomb tants socialistes pleurent pour certains, sif- pourra", mais c’est tout de même un peu Dans son bureau, le président Chirac, et la promotion 2002 (presse écrite) s’installe. Quelques minutes. « C’est dra- flent, les interventions d’Arlette Laguiller, triste. C’est injuste. » Peu avant 22 heures, qui avait préparé un discours en prévision du Centre de formation des matique », murmure un responsable UDF. d’Olivier Besancenot. Et surtout de Jean- elle s’efforce de traverser la salle avec le d’un second tour l’opposant à Lionel Jos- journalistes (CFJ) de Paris : En écho, un militant dit : « Dans le pays Pierre Chevènement. Ils en veulent à tous, sourire. elle est acclamée. « Je vais lui dire pin, le jette au panier et en prépare un David Allais, Nicolas Barotte, des droits de l’homme, c’est invraisembla- toutes. Sauf à « Mamère, pas Mamère », que vous êtes tous là », confie-t-elle à une autre. Roselyne Bachelot, toute à sa joie, Clémentine Blondet, ble ! On va être à l’image de l’Italie et de ordonne un responsable. Lorsque Nicolas militante. Une nouvelle apparition de Le lui lance en voyant apparaître les résul- Stéphane Jourdain, l’Autriche. » D’autres, proches de celui qui Sarkozy explique que la défaite de Lionel Pen déclenche un concert de huées et de tats : « Pour vous, quelle revanche ! » Jac- Gurvan Le Guellec, a « dit « non » à Charles Millon aux régiona- Jospin est le résultat de « cinq années « no pasaran ! », « Le Pen facho, le peuple ques Chirac lui jette un regard sévère. Marie-Pauline Mollaret, Nicolas les de 1998, alors que ce dernier avait accep- d’inaction », la salle hurle. aura ta peau ! » A 22 h 20, Lionel Jospin Pierre Bédier, le maire de Mantes-la- Reynaud, Louise Prothery, Delphine té les voix du FN », se déclarent « abasour- C’était un beau dimanche. Et au final fait enfin son apparition dans la grande Jolie, la ville même où Jacques Chirac avait Saubaber, Sooren Seelow, Aude dis, anéantis, effondrés ». Même le sore de Jean-Christophe Cambadélis compte les salle de l’Atelier. Il est entouré de Pierre essuyé des crachats et des « supermen- Soulaine et Caroline Veunac 14/LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002 HORIZONS KIOSQUE DANS LA PRESSE FRANÇAISE a LIBÉRATION Diagnostic sur la dépression électorale française Serge July Une France affreuse triomphe. La gauche jospino-plurielle suicidée, Désengagement des électeurs, montée de l’abstention et des votes blancs, érosion des partis de gouvernement un face-à-face caricatural et à bien des égards honteux entre Super- au profit des votes protestataires : autant de tendances lourdes décryptées par la Sofres dans son « Etat de l’opinion » menteur et Superfacho. Le systè- me politique français, en déséquili- L’EXERCICE est évidemment dé- gouvernement » ; celle-ci est si mar- ficie d’une stabilisation certes re- l’année 2001, la gauche devance net- bre depuis des années, a fini par licat avant une séquence électorale quée que « la crise électorale n’est marquable après cinq ans de gou- tement la droite dans l’opinion. imploser. Le chef de l’Etat, en aussi déterminante que celle du pas loin de donner le jour à une crise vernement, mais qui reste fragile, « S’il s’avère que la droite l’emporte imposant une campagne monothé- printemps : dresser L’Etat de l’opi- politique ». Le constat est sévère : surtout si on compare le poids élec- alors que l’indicateur est orienté à matique sur la sécurité, a ouvert la nion 2002 (Le Seuil) et évaluer, depuis la présidentielle de 1995 et à toral du PS français à ses homolo- gauche, on en conclura que les boîte de Pandore. L’insécurité a notamment, le rapport des forces l’exception des européennes équili- gues de l’Union européenne. A gau- dimensions d’image personnelle ont occulté tout autre sujet. C’est un politiques expose à se voir démenti brées de 1999, tous les scrutins che, et surtout à droite, le poids des désormais une importance considéra- gouffre sinistre qui a englouti par les urnes. Pour autant, l’en- démontrent que « la France est élec- votes protestataires d’extrême gau- ble dans le choix des électeurs et pren- toute la campagne. C’est dire l’am- quête annuelle de la Sofres, sous la toralement de droite » ; le total des che et d’extrême droite stérilise nent le pas sur des considérations poli- pleur du désespoir : les électeurs direction d’Olivier Duhamel et de voix de la droite parlementaire et donc une part croissante de l’électo- tiques ou partisanes », conclut ont fait avec ce qu’ils avaient, Philippe Méchet, est aussi instruc- de l’extrême droite est supérieur rat (16,7 % en moyenne au premier l’auteur. deux éclopés de la politique. Il tive qu’utile. d’au moins 5 points à celui du total tour pour l’ensemble des scrutins Philippe Méchet n’est pas moins vaut mieux le savoir : la France est Le diagnostic établi par Jean Chi- gauche-extrême gauche. Or, à l’ex- depuis 1995), sans constituer des prudent dans l’examen des atouts un pays déboussolé, affolé, qui a che et Dominique Reynié est, en ception du premier tour de la prési- réservoirs sûrs de second tour. de Lionel Jospin et de Jacques Chi- peur de ses ombres, qui, politique- effet, celui d’une « France en dépres- dentielle de 1995, la « droite de gou- L’analyse de Stéphane Marcel, de rac. Le premier « bénéficie de l’atout ment, n’arrive pas à se tourner sion électorale ». Le premier trait vernement », handicapée par une la Sofres, n’est pas moins saisissan- de son bilan, de son image de sérieux vers l’avenir. Elle ne fera pas l’éco- caractéristique de la période 1995- le mouvement : « Pour une fraction extrême droite qui n’a cessé de lui te. L’évolution du rapport de forces et d’un parti populaire. Mais la cam- nomie d’une refonte institu- 2002 est le « désengagement des élec- croissante de l’électorat, l’élection pré- « barrer la route », recule systémati- droite-gauche dans l’opinion, calcu- pagne sera pour lui décisive tant il tionnelle, d’une clarification du teurs ». « La crise de la participation sidentielle suscite le choix d’un vote quement d’une élection à l’autre, et lé à partir des enquêtes mensuelles aura à établir entre lui et l’opinion un pouvoir. électorale est si nette que l’abstention critique, qui commande de ne pas elle n’a su tirer aucun bénéfice des sur la popularité des partis politi- contact chaleureux qui lui a souvent n’épargne plus désormais l’élection limiter à l’abstention l’analyse de la cinq ans d’opposition qu’elle vient ques, démontre que, depuis 1980, fait défaut en tant que premier minis- a LA TRIBUNE présidentielle. » La progression régu- crise qui affecte la participation poli- de traverser. Quant à la gauche de « lorsqu’un camp domine à la veille tre et qui reste le point fort de son Philippe Mudry lière, depuis 1974 et jusqu’au record tique », notent les deux auteurs. gouvernement – au sein de laquelle de l’échéance, il remporte toujours principal adversaire ». La France vient de se laisser de 1995 (4,85 % des inscrits), des vo- Le deuxième phénomène majeur la dynamique des Verts compense l’élection, que celle-ci soit présiden- entraîner par un de ces vertiges tes blancs et nuls accentue encore est « l’érosion électorale des partis de l’essoufflement du PCF –, elle béné- tielle ou législative ». Or, à la fin de Gérard Courtois qui l’aspirent trop souvent et qui lui donnent, aux yeux de l’étran- ger, un caractère parfois si inquié- tant. La tentation de la rupture est une constante de notre histoi- « Un 11 septembre politique », suggère la presse de province re. Le vote d’hier en est une nouvelle manifestation. C’est Les éditorialistes tentent d’expliquer l’ouragan politique provoqué par le premier tour de la présidentielle bien la pratique du pouvoir, et son mode de fonctionnement, POUR l’ensemble de la presse contribué à gonfler le score du can- Jacques Chirac et machiavélique- se La Dépêche.«Pas seulement à peu flatteur. Pourquoi un pays qui incapable de répondre aux pro- régionale, c’est une France en crise didat du Front national jusqu’à un ment récupérée par le chef du Front cause des trois candidats trotskistes. va plutôt bien économiquement va blèmes concrets des Français, qui qui émerge du premier tour de niveau record : « Un électeur sur national, a occupé l’essentiel des Les voix obtenues par Jean-Pierre aussi mal politiquement, s’interro- est en cause. l’élection présidentielle. Pour les cinq aura offert à Jean-Marie Le Pen débats ». Chevènement et Christiane Taubira gent aussi bien L’Alsace que Ouest- Dernières Nouvelles d’Alsace, le scru- l’intense satisfaction de vérifier sa Quant à François-Régis Hutin, auront manqué, aussi, à Lionel Jos- France ? Et celui qui donnait a RTL tin provoque « un 11 septembre poli- fameuse formule : préférer l’original dans les colonnes de Ouest-France, pin », souligne cette dernière. Bref, « volontiers des leçons de démocra- Alain Duhamel tique », pour Sud-Ouest un « oura- à la copie ». Pour Jean-Philippe il explore d’autres explications, c’est un « Mai 68 à l’envers » où l’ex- tie va être montré du doigt ». C’est la plus grosse surprise de gan », pour La Dépêche du Midi Mestre, du Progrès, également, si multiples et plus diffuses : « Lassitu- plosion des rues laisse la place à Un avenir plutôt sombre se pro- l’histoire électorale française. Jean- « une colère sourde, primaire, ins- les résultats du premier tour sont de, désarroi, insécurité, peur, éloigne- l’explosion des urnes. file. Certains imaginent le pire, si Marie Le Pen au second tour, Lio- tinctive », tandis que Pierre Taribo, ce qu’ils sont, c’est parce que «la ment des réalités, une politique déca- Alain Plombat va plus loin, dans Le Pen maintenait ses candidats nel Jospin éliminé, pas un expert dans L’Est républicain, diagnosti- France a peur ». Mais aussi, note lée par rapport aux citoyens.» En Midi Libre :«La responsabilité de ce aux législatives (Nice Matin), ne l’avait sérieusement imaginé. que une France en état de « décom- Olivier Picard des Dernières Nouvel- réalité, chacun semble encore sous scénario noir incombe à l’ensemble d’autres pensent à la reconstruc- Jacques Chirac sera mécanique- position », en proie à « une crise les d’Alsace, c’est aussi que Le Pen le choc. « C’est incompréhensible des acteurs de la vie politique », tion. « Il faudra du sang-froid pour ment, arithmétiquement, le bénéfi- convulsive des pouvoirs établis ». « ne fait plus peur ». comme le suicide d’un ami », lâche, écrit-il avant de préciser que les reconstruire sur les décombres de ciaire de ce duel improbable. Reste- La qualification de Jean-Marie Le Ce premier tour, ajoute Le Pro- laconique, Francis Laffon pour L’Al- électeurs ont « joué avec le feu »Et cette présidentielle »(DNA). Cette ra, au lendemain du second tour, Pen pour le second tour et l’échec grès, donne « une plus-value nota- sace, en rapportant les propos d’un c’est « éjecté de ce jeu de dupes, que situation « stupéfie l’étranger » la crise de la politique et le malaise de Lionel Jospin laissent les édito- ble à ceux qui s’étaient occupés à dirigeant socialiste. le premier ministre a fait hier une sor- mais surtout « donne à beaucoup de la société. La première est écla- rialistes interloqués. « Qu’arrive-t-il inquiéter » la France et « une moins- tie digne ». C’est un « jeu de massa- la gueule de bois » (Le Parisien).Ce tante, le second plus diffus. Jamais à la France ? », se demande l’Est value tout aussi sensible à ceux qui     cre », assure L’Alsace :«Il y avait matin, la France s’est réveillée le scepticisme vis-à-vis de la politi- républicain. « Comment a-t-on pu n’avaient pas su la rassurer ». Et Autre raison invoquée : la divi- comme un air ludique à choisir entre « abasourdie, surprise d’avoir osé que et de ses représentants institu- en arriver là ? », insiste Le Parisien. Jean-Philippe Mestre de rappeler sion de la gauche. C’est « la faillite seize candidats », souligne le quoti- l’extrémisme ». tionnels n’a été aussi fort. Si la cri- Marc Chevanche répond sans hési- que « la psychose sécuritaire, certes de la cohabitation », assure Jean- dien. se du politique apparaît plus pro- tation dans Nice Matin : le problè- naïvement minimisée par Lionel Jos- François Bège pour Sud-Ouest. Cel- Résultat des courses, la France se Sylvie Chayette fonde en France qu’ailleurs, c’est me de l’insécurité a évidemment pin, mais opportunément jouée par le de « la gauche en miettes », préci- montre depuis hier sous un jour (lemonde. fr) que notre pays est à la recherche de son nouveau rôle, de sa nouvel- SUR LE NET le identité, de sa nouvelle vocation et de nouvelles espérances. La Les ultimes analyses de la presse européenne Les documents cités sont accessibles vieille société politique oscille. Il à l’adresse www.lemonde.fr/surlenet faudra en reconstruire une autre e et ce ne sera pas facile d’en être « La campagne la plus insipide de la V République » a favorisé l’émergence des « tiers candidats » Présidentielle l’architecte. a Le ministère de l’Intérieur donne LA PRESSE EUROPÉENNE s’at- nels de la gauche et de la droite qui lui-même qualifié MM. Chirac et dispersion qui s’adapte très bien à la accès sur son site aux résultats vali- a L’HUMANITÉ tendait d’autant moins au résultat pourrait produire en juin un Parle- Jospin de « clowns » –, a publié protestation et à l’extrémisme ». dés du premier tour de l’élection Claude Cabanes du premier tour qu’elle avait sou- ment hostile et incontrôlable. (…) En une analyse sur comment « les Enfin, en Allemagne, où l’on ne présidentielle, département par Tout le système politique français vent jugé la campagne ennuyeuse. même temps, la panique s’est empa- paladins de la droite ont dilapidé s’attendait guère à une surprise, le département. est ébranlé par ce séisme catastro- Les journaux dominicaux britanni- rée des partisans de Chirac et de Jos- l’héritage du gaullisme ». Bild am Sonntag, supplément www.interieur.gouv.fr/avotreservice phique. Cet événement est essen- ques n’excluaient toutefois pas pin quand les sondages ont indiqué En Espagne, ABC (droite) a dominical du quotidien populaire /elections/presid2002/ tiellement le produit de la surdité, une surprise en insistant sur l’im- qu’ils parviendraient de justesse au annoncé « un scrutin marqué par la Bild, n’a pas écrit une ligne sur le a Le site commun du monde.fr et de l’arrogance et du cynisme de pact causé par la multiplication second tour. » peur de l’abstention et l’avance des sujet. La Frankfurter Allgemeine de tf1.fr donne accès à la base de tout un monde « d’en haut » dont des petits candidats. Ainsi The En Italie, La Stampa aura été le mouvements extrémistes » et El Zeitung a cru s’en tirer avec une donnée électorale du Monde per- fait partie le monde politique. Il Observer a titré : « Des électeurs seul journal à consacrer dimanche Pais (gauche) a titré : « La France pirouette, écrivant, dans un édito- mettant de consulter les résultats paye très cher d’avoir ignoré les impatients menacent les vieilles certi- deux pages à l’élection. Elle a non plus n’est plus ce qu’elle était.» rial sur l'« école des présidents », par ville et par département consta- souffrances, les dures peines de tudes de la France. » L’implosion publié un tableau des affaires dans Lluis Basset y a parlé de « la campa- que, « quel que soit le gagnant, la tés sur place par les correspon- tous les jours, les désespoirs, les des « tiers candidats » d’extrême lesquelles a été impliqué Jean- gne la plus insipide de l’histoire de France restera gouvernée par dants du quotidien et de les compa- cris, les appels du monde que l’on gauche et d’extrême droite mena- Marie Le Pen, ajoutant : « Quel que la V e République ». Il y a « des noms l’ENA ». rer avec ceux de 1995. dit « d’en bas ». Quel responsable, çait, selon Paul Webster, de désta- soit celui qui arrivera à l’Elysée, il et des visages qui s’ajustent comme http://elections.lemonde.fr qui depuis une décennie a partici- biliser le pays : « Un nouvel âge de aura des rapports difficiles avec l’Ita- autant de chaussettes aux senti- Patrice de Beer a La Place-Beauvau publie égale- pé aux cercles du pouvoir, peut militantisme est à la source de la lie. » Il Giornale, propriété du frè- ments et aux marottes des (avec nos correspondants ment les résultats officiels aux s’en tenir pour quitte ? révolte contre les leaders tradition- re de Silvio Berlusconi – qui avait citoyens », ce qui a produit « une à Berlin, Madrid et Rome) deux tours de l’élection présiden- tielle depuis 1965. www.interieur.gouv.fr/rubriques/b/b3_ par elections/tout_savoir_sur_les_elections Abonnez-vous au pour 26,35 e (172,84 F) mois /index_html/Prsesidentielles_65-95.pdf a Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : Le Cevipof affine ces résultats en LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex donnant l’évolution des familles Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 26,35a (172,84 F) par mois par prélèvement automatique. politiques au premier tour sous la e ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : V République. Adresse : http://elections2002.sciences-po.fr Code postal : Localité : /RefHisto/T1-Presid.pdf a Le Laboratoire d’économie publi- Offre valable jusqu’au 30/06/2002 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 201MQPAE que de l’université Paris-I mène Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR Organisme créancier : Société Editrice du Monde une étude sur une technique de N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 prévision des résultats aux élec- J'autorise l'établissement teneur de tions présidentielle et législatives mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... (par Internet) comme alternative au journal Le Monde. Prénom ...... aux sondages d’opinion. N° ...... rue ...... http://laep.univ-paris1.fr Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... /elections2002/ ment ou d’interrompre mon abonnement à a Previsions-elections.com, appli- tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) quant de tels modèles, donne les Date :...... résultats prévisibles du second Signature : ...... tour par département. N° ...... rue ...... www.previsions-elections.com a Code postal Ville ...... Ipsos et CSA publient en ligne leur sondage sortie des urnes analysant IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER quel électeur a voté pour quel candi- Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- dat (âge, CSP, engagement partisan, tion. Il y en a un dans votre chéquier. vote en 1995, motivation et hésita- Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : tion entre différents candidats) . Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. www.ipsos.fr/sondage.htm Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 825 022 021 (0,15 e TTC/min) et www.csa-tmo.fr/fra/dataset “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 /data2002/opi20020421b.htm Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 [email protected] LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002/15 HORIZONS ANALYSES 0123 l’oubli ; un Jean-Pierre Chevènement dépendantes, en passant par le con- qui met en lumière une tendance de  La blessure qui est allé au bout de son élitisme gé paternité ou les emplois-jeunes. fond à l’œuvre dans la société françai- dévoyé, en proclamant : « Sortez les Bref, Lionel Jospin a, un temps, su se : le transfert, en « métropole », Suite de la première page sortants », soit le slogan de Jean- renouer avec une politique réforma- d’une mémoire coloniale, avec un élé- Marie Le Pen depuis 1956. Et que dire trice qui, après tant d’années de crise, ment constitutif de celle-ci : la peur L’Europe des extrêmes Du moins si l’on prend au pied de de Christiane Taubira, dont les voix a réconcilié progrès économique et communautarisée du « petit blanc » la lettre le « message » des élections ; auraient suffi à faire que la compéti- progrès social. et le sentiment d’abandon qui lui est dans ce mai-68 électoral auquel nous tion du second tour reste ouverte, et Le travail mais aussi la manière de lié ; l’angoisse identitaire face à l’is- L’EUROPE, à la fin des années du Nord en Italie, le Parti du peu- venons d’assister, mouvement à qui ne fut candidate que parce que, Lionel Jospin – faite d’austérité et de lam, le refus de la diversité culturelle 1990, était majoritairement social- ple au Danemark, le Parti de la rebours puisqu’il ne s’agit plus de après tout, puisque tout le monde y dignité – comme son départ de la vie – et ethnique – de la France d’aujour- démocrate. L’Union européenne Vérité et de la Vie en Hongrie, le « jouir sans entraves » mais bien de allait de sa candidature, pourquoi ne publique conforme à l’éthique qu’il a d’hui adossé à la tradition jacobine était alors tout occupée à trouver parti dit Schill en Allemagne, la lis- punir sans limites. A l’épreuve natio- pas y aller de la sienne… fait prévaloir pendant son long bail à d’assimilation. l’équilibre le plus juste entre les te Pim Fortuyn aux Pays-Bas. Et, nale que constitue le poids dans la La gauche est donc d’abord victime Matignon, méritent le respect. Il n’y Le refus d’assumer cette nouvelle nécessités de la production des bien sûr, Le Pen et Mégret dans vie publique d’un courant qui cher- d’elle-même et de l’esprit boutiquier aura pas, comme pour l’actuel occu- société a été amplifié par le choc du richesses et l’impératif de leur une France qui paraît moins que che à aiguiser les tensions, et dont la qui a été celui des dirigeants de ses pant de l’Elysée, de troisième tentati- 11 septembre, puis par le transfert en redistribution. Elle s’affairait à jamais en position de donner des devise revendiquée est « travail, différents composantes qui, tous, ont ve pour Lionel Jospin, qui rompt ainsi France du conflit du Proche-Orient, défendre un « modèle social euro- leçons aux autres, en dépit de sa famille, patrie » de triste mémoire, eu à cœur de se démarquer, donc de avec une tradition politique nationale avec son lot de glissements condui- péen » compatible avec les exi- propension naturelle à le faire… s’ajoute celle qui est inscrite dans un critiquer Lionel Jospin et son bilan. Ils bien établie. Le reproche que l’on sant à l’enfermement identitaire. De gences d’une globalisation écono- Les situations ne sont pas les résultat qui porte atteinte au crédit ont été entendus. Mais il n’y avait pas peut d’ailleurs adresser à la gauche, ce point de vue, les propos du prési- mique dont ses quinze membres mêmes d’un pays à l’autre, et le de la France hors des frontières, et de fatalité en la matière, comme en et en premier lieu à Lionel Jospin lui- dent du CRIF, Roger Cukierman, au figuraient – et figurent toujours – mouvement n’est pas uniforme. d’abord à l’intérieur de celles de beaucoup d’autres. Il a simplement même, est de ne pas avoir accompa- quotidien Ha’aretz, proclamant que le parmi les principaux bénéficiai- L’extrême droite aurait plutôt ten- l’Union européenne. manqué des dirigeants à la hauteur gné ce travail de l’indispensable péda- score de Le Pen « est un message aux res. Elle faisait l’euro, au lende- dance à refluer en Allemagne et Mais avant d’aller plus avant, et de de l’enjeu. gogie, inséparable de toute démar- Musulmans pour qu’ils se tiennent main de la chute du mur de Ber- en Autriche. Et si les formations chercher, comme il se doit, à compren- En démocratie, bien entendu, le che mendésiste, et de s’être trop pré- tranquilles », ajoutant que cela servi- lin ; elle préparait l’arrivée dans populistes et nationalistes se font dre ce qui s’est passé, ce qui se passe suffrage universel est souverain. Il occupé – contradiction aussi ancien- rait à « réduire » l’antisémitisme illus- ses rangs des pays d’Europe cen- entendre dans toute l’Europe de dans cette France du nouveau siècle, s’impose donc, et s’imposera ; mais ne que la gauche en France – d’une tre, de façon choquante et irresponsa- trale et orientale que l’URSS avait l’Est, l’extrême droite hongroise, gardons à l’esprit cette donnée : le chacun reste libre d’apprécier le juge- extrême gauche purement incantatoi- ble, cette dérive. coupés de leur milieu naturel. par exemple, n’a pas réalisé de tremblement de terre politique qu’est ment des électeurs, au nom de re et, dans sa version Laguiller, sectai- Pour la gauche, momentanément Dans toutes ces tâches, l’Europe percée, au contraire, dimanche le premier tour de l’élection présiden- valeurs supérieures ; celles qui, par re. Une gauche qui répugnerait aux écartée si elle sait éviter les règle- social-démocrate n’a pas failli – et 21 avril, lors du deuxième tour tielle a, sur un plan strictement électo- exemple, fondent l’existence d’un contraintes de la gestion se condam- ments de compte et rassembler ses cela devrait pouvoir consoler un des élections générales, rempor- ral, une seule cause : la dispersion, Conseil constitutionnel. De ce point nerait aux oubliettes de l’Histoire. forces, comme pour la droite désor- tantinet Lionel Jospin. tées par la gauche. absurde, de la gauche. Celle-ci, qu’on de vue, le vote du 21 avril est injuste. Le vote du 21 avril est aussi, par le mais forte de son champion, une gau- L’Europe vire aujourd’hui à Du sentiment de l’impuissan- la considère dans ses limites « modé- Et dangereux. niveau d’audience atteint par l’extrê- che et une droite « de gouverne- droite, et, dans ce mouvement, la ce de l’Etat face à une redistribu- rées » ou en incluant l’extrême gau- Une fois la fièvre du dimanche me droite, une énigme ; et un danger ment » qui croyaient pouvoir s’affron- France, tristement exceptionnel- tion des pouvoirs au profit des ins- che, ne recule pas, d’un scrutin prési- retombée, en effet, le bilan de Lionel majeur pour quiconque aspire à gou- ter comme si de rien n’était, l’enjeu le, devance tous les autres puis- titutions européennes, face à la dentiel à l’autre ; alors que la droite Jospin restera. Comme celui, riche, verner ce pays sans renier les valeurs est bien là, celui de la cohésion du que, pour la première fois, le can- globalisation économique et modérée perd de cinq à dix points par d’une gauche de gouvernement qui universelles dont il se réclame. Deux pays, donc de l’intégration. didat de l’extrême droite est pré- financière également, à la percep- rapport aux scrutins précédents. Ce a su tenir l’essentiel de ses engage- fronts sont ouverts, deux plaies béan- Et maintenant ? Jacques Chirac va sent au second tour de l’élection tion assez commune d’une mon- sont ainsi 44 % des Français qui ne ments, qui a su faire l’euro et les tren- tes, toutes deux politiques. se succéder à lui-même. Ainsi le prési- présidentielle. Il y a quelques tée de la criminalité, les explica- seront pas représentés au second te-cinq heures, faire reculer le chôma- Le premier front est classique, et dent qui suscite la plus faible adhé- années déjà que le tournant est tions avancées sont multiples tour. M. Le Pen n’est donc là que par- ge, accompagner la relance de la met en regard les attentes du corps sion de toute l’histoire de la Cinquiè- pris. Les sociaux-démocrates ont pour rendre compte de cette défai- ce que Jean-Pierre Chevènement l’a croissance et apporter de nouveaux social et les infrastructures politiques, me République, celui qui pendant perdu en Italie, en Espagne, en te de la social-démocratie. Mais il permis, lui qui a choisi de se séparer droits – de la couverture maladie uni- telles que nous les connaissons, et sept ans a présidé à l’affaiblissement Autriche, au Danemark, notam- y a un thème commun qui paraît de celui qui, en 1997, l’avait tiré de verselle à l’allocation pour personnes dont nous savons qu’elles devraient de la fonction présidentielle, sera le ment. A Berlin, le chancelier dominer : l’immigration. Partout, être puissamment réformées pour fai- président le mieux élu de notre lon- Gerhard Schröder, le patron du l’Europe prend de plein fouet une re sa juste part à la revendication gue histoire politique. Ayant fait sa SPD, n’est pas en bonne position ; vague migratoire venue du Sud. d’autonomie qui est celle aussi bien propre campagne, ainsi consciencieu- il n’y a guère, pour les grands Elle oblige à repenser le vieil Etat- Victoire de l’insécurité   des collectivités que des individus. sement que celle de Jean-Marie Le pays, que la Grande-Bretagne providence, elle met à mal la cohé- Pour faire face à la montée des micro- Pen, en martelant le thème de l’insé- pour rester néotravailliste, mais sion de certaines collectivités, elle corporatismes, il faudra bien se con- curité, Jacques Chirac est face à un le cocktail blairiste fleure plus le charrie nombre de peurs et de fan- vertir à une véritable et puissante choix capital. Il peut faire comme les centre que la gauche. tasmes. Elle pose un défi princi- décentralisation. La politique n’a de siens, au soir du premier tour, qui ont On ne trouverait rien à redire pal, qui doit être abordé sans sens que si elle parvient à faire sentir rivalisé dans la surenchère droitière et à ce mouvement d’alternance angélisme ni simplisme : celui de son influence – si possible positive – sécuritaire, au risque une fois de plus politique au sein de l’Union s’il ne l’intégration. L’extrême droite n’y sur la vie de la population, et si elle de permettre à Le Pen d’expliquer s’accompagnait d’une percée apporte pas de solutions, ou alors offre à celle-ci une perspective, des que « l’original » vaut mieux que la parallèle inquiétante de l’extrême- inacceptables. A la social-démo- choix qu’elle soit à même de maîtri- copie, et d’entretenir ainsi le courant droite. C’est le FPÖ en Autriche, le cratie de réinventer, vite, un ser. Or la crise actuelle est surtout cel- et toutes les dérives. Il peut aussi choi- Vlaams Blok en Belgique, la Ligue modèle d’intégration. le du découragement, du sentiment sir de restaurer sa fonction, et son pro- d’inutilité. De nouvelles formes d’ac- pre crédit. tion peuvent réunir des foules, dès Dans ses premières paroles, il s’est 0123 lors qu’elles donnent l’impression, fût- placé au-delà de son camp. Au-des- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani ce au prix de raisonnements rapides sus des calculs politiciens. Comme Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux. et parfois trop simples, qu’il s’agit de s’il était désormais conscient qu’il lui Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel peser sur le cours des choses. Ainsi un reviendra de représenter la droite et Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain débat essentiel pour l’avenir a lieu la gauche. Son histoire personnelle depuis plusieurs mois : il s’agit de la était jusqu’à présent celle d’une car- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel confrontation, au sein de la commis- rière politique, avec des moyens que Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau sion de Bruxelles, entre « libéraux » la morale publique réprouve. Le voilà Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin « régulateurs » Directeur artistique : François Lolichon et ; autrement dit, qui soudain tutoie l’Histoire. Et peut Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard comment armer l’Union européenne enfin jouer le rôle dont il a rêvé : être Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer face à la mondialisation. Or ce débat président d’une République qu’il Rédaction en chef centrale : a été absent de la campagne. S’il a sur- faut réformer, pour la faire de nou- Alain Debove, Eric Fottorino, Alain Frachon, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, gi, c’est… à Barcelone, face à veau aimer. C’est ce que nous souhai- Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre Rédaction en chef : 300 000 manifestants. Peut-on sug- tons. Pour que ce beau pays qu’est la François Bonnet (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; gérer plus clairement que le débat France, avec toutes les couleurs qui Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; politique franco-français est large- l’habitent et qui forgent déjà son ave- Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Franck Nouchi (Culture) ; ment vidé de son sens ? nir, garde le cap de la raison et du Josyane Savigneau (Le Monde des Livres) ; Serge Marti (Le Monde Economie) Le second front est plus lourd. Il est progrès. Médiateur : Robert Solé résumé dans le livre de l’historien Ben- jamin Stora, Le transfert de mémoire, J.-M. C. Directrice des projets éditoriaux : Dominique Roynette Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directrice de la coordination des publications : Anne Chaussebourg Directeur des relations internationales : Daniel Vernet

de, et leur taux de fécondité est très ments. L’élection du premier minis- le New York Times, « Sharon grandit Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président Le chaudron du supérieur à celui des juifs : on ne tre au suffrage universel, qu’Israël Arafat… Il a changé un dictateur peut attendre d’eux qu’ils applaudis- est seul à pratiquer, soumet en per- vacillant en héros et a semé la discor- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Proche-Orient sent un homme comme Sharon, qui manence ses gouvernements à la de entre Israël et son plus grand ne songe à leurs yeux qu’à les humi- tyrannie des sondages, et Benyamin allié ». Même jugement pour le Le Monde est édité par la Société Editrice du Monde (SAS) Suite de la première page lier. La conférence qui a récemment Nétanyahou, son rival du Likoud (la Washington Post : ce qu’il a obtenu Durée de la société : quatre-vingt dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 145 473 550 ¤. Actionnaires directs et indirects : Le Monde SA, Le Monde et Partenaires Asso- réuni à Kuala Lumpur les ministres droite), ne se prive pas de dénoncer « est à l’opposé de ce qu’il espérait… ciés, Société des Rédacteurs du Monde, Société des Cadres du Monde, Société des Employés du A chaque fois l’idée se répandait des affaires étrangères des 57 Etats les faiblesses d’un tenant du titre sa brutale offensive n’a pas eu raison Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, que, comme nous l’a dit un jour Gol- islamiques a rejeté, avec l’absten- dont il brigue ouvertement la succes- des kamikazes, elle risque d’accroître Société des Lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, da Meir, « l’expérience qu’ils venaient tion des seules Malaisie et Bosnie, sion. encore le sang versé ». A part le Wall Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations, Société des Personnels du Monde. de subir constituerait pour eux un « toute tentative de lier le terrorisme à Yasser Arafat, qui paraissait, de Street Journal, qui ne cesse de prê- www.lemonde.fr édité par Le Monde Interactif. choc suffisant ». l’action du peuple palestinien dans son côté, abandonné par ses trou- cher la fermeté tous azimuts, la pres- Président du conseil d’administration : Jean-Marie Colombani. Directeur général : Bruno Patino On en est toujours là, après la rup- l’exercice de son droit inaliénable à pes et complètement découragé, se américaine se montre d’ailleurs ture de ce « processus d’Oslo » qui établir son Etat indépendant avec fait maintenant figure de héros, et dans son ensemble de plus en plus avait suscité tant d’espoir : ce que Jérusalem comme capitale. » Le prin- n’a guère esquissé de geste pour réservée à l’égard de Sharon. Il ne Sharon, et beaucoup de ses compa- ce héritier Abdallah d’Arabie saoudi- appuyer l’effort de détente de Colin manque pas de journaux ni d’hom- triotes avec lui, recherchent aujour- te a dit à Colin Powell, lors de leur Powell. Reste que le premier minis- mes politiques à Jérusalem pour dire d’hui, c’est manifestement une vic- récente rencontre à Rabat, où la moi- tre israélien a tout de même pris une la même chose. toire assez retentissante pour que tié de la population a manifesté con- lourde responsabilité en n’appor- George W. Bush s’est certes gardé personne ne puisse s’aviser de la tre les actions de Tsahal en Cisjorda- tant pas d’autre réponse aux propo- jusqu’à présent de marcher sur les remettre en question. A voir la nie, que le prestige et la crédibilité sitions de négociation, formulées traces de son père ou de Ronald Rea- façon dont il a dit, dans un récent de l’Amérique dans la région étaient unanimement par le sommet arabe gan, qui n’avaient pas hésité à forcer entretien avec l’Express, que s’il avait en train de s’effondrer. L’ambassa- de Beyrouth, que d’envoyer ses trou- assez brutalement la main des diri- Israël – Palestine été en charge de la guerre d’Algérie deur à Londres de la même Arabie pes nettoyer la Cisjordanie. Et si l’on geants de Jérusalem, mais enfin il il l’aurait gagnée, on voit bien ce saoudite a publié en première page comprend à la rigueur qu’il ait inter- est sorti de la réserve qu’il avait jus- qu’il a en tête : une guerre coloniale. d’Al Hayat, le principal journal de la dit à Arafat de se rendre à cette con- qu’à présent observée vis-à-vis du Mais nous ne sommes plus au diaspora arabe, un hommage poéti- férence, on ne voit pas ce qu’il a Proche-Orient, et s’est prononcé temps des Kitchener ou des Gallieni. que à une jeune « martyre ». gagné, sinon d’indisposer les diri- sans ambigüité en faveur de la créa- LA MÉCANIQUE Ce n’est pas par hasard qu’il n’y a Du coup, le secrétaire d’Etat amé- geants de l’Union européenne, en tion d’un Etat palestinien, ce à quoi plus de guerres coloniales dans le ricain a reconnu devant la presse interdisant à leurs représentants d’al- aucun de ses prédécesseurs n’avait monde d’aujourd’hui, que la Russie que « le chaudron était près de débor- ler s’entretenir avec le « raïs » pales- jamais songé. peine tant à soumettre les Tchétchè- der », et que les Israéliens devaient tinien. Tôt ou tard, Sharon devra faire ce DE LA HAINE nes, la Chine les Tibétains et les admettre, quelle que soit la justifica- que ses protecteurs américains lui musulmans du Xinjiang. Pas par tion de leur offensive, que leur situa- «    » disent : évacuer les zones occupées EN KIOSQUE CHAQUE JEUDI, 3 E hasard non plus que nous assistons tion stratégique commençait à en La visible vérité, c’est que non seu- par son armée, ordonner un cessez- en France, essentiellement parmi être affectée, de même, a-t-il ajouté, lement il n’a aucune confiance dans le-feu, accepter le principe d’un Etat des jeunes d’origine maghrébine, à que celle des Etats-Unis. La Maison le président de l’Autorité palestinien- palestinien et reprendre les négocia- 0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SAS). La reproduction de tout article est interdite sans une série de manifestations d’antisé- Blanche ne peut pas ne pas se sou- ne, mais qu’il le hait, et que s’il ne tions avec l’Autorité palestinienne l’accord de l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 57 437 mitisme. Chacun sent bien que le ris- cier de l’impact d’une radicalisation tenait qu’à lui il y a longtemps qu’il au point où, il y a deux ans, elles ISSN 0395-2037 que existe que des membres des de ses amis arabes tant sur le mar- l’aurait éliminé. Comme les Améri- avaient bien failli aboutir. Restera à Imprimerie du Monde deux communautés en viennent tôt ché pétrolier que sur ses projets cains ne le laissent pas faire, il cher- Arafat, cette fois, à ne pas faire la 12, rue Maurice-Gunsbourg Président-directeur général : Dominique Alduy ou tard aux mains. d’opérations contre l’Irak de Sad- che à tout prix à empêcher tout ce fine bouche, en s’imaginant qu’à for- 94852 Ivry cedex Directeur général : Stéphane Corre Il y aurait plus d’un demi-milliard dam Hussein. qui pourrait étayer son… autorité. ce il pourrait obtenir mieux… 21 bis, rue Claude-Bernard - BP218 75226 PARIS CEDEX 05 de musulmans, dont pas loin de Ariel Sharon, il est vrai, n’est pas Mais le résultat est à l’exact opposé. PRINTED IN FRANCE Tél : 01-42-17-39-00 - Fax : 01-42-17-39-26 200 millions d’Arabes, de par le mon- entièrement libre de ses mouve- Comme l’écrit Nicholas Kristof dans André Fontaine 16/LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002 INTERNATIONAL proche-orient

L’Autorité palestinienne n’est-elle plus qu’un souve- ser Arafat, le chef palestinien retenu  rées par l’aviation israélienne en  tion, elle, se prépare à une  israélienne. nir ? La bande de  et  sont les deux der- de facto à , en Cisjordanie. Mais ses pro- après les attentats-suicides en Israël font oublier que Pour  , ministre palestinien de la coo- niers îlots où semblent encore exister des vestiges de ches collaborateurs reconnaissent que presque plus ce territoire fut l’un des tout premiers espaces de pération internationale, le retrait des territoires réoc- ce qui fut le   de Yas- rien n’y fonctionne. A Gaza, les  opé-  accordé aux Palestiniens. La popula- cupés annoncé par Tsahal doit être vérifié. Israël est en passe de venir à bout de l’Autorité palestinienne Le gouvernement de Yasser Arafat éprouve une difficulté croissante à exister sous les coups de Tsahal. A Ramallah, où le chef palestinien est confiné depuis le 3 décembre 2001, une alerte quant à un éventuel assaut de l’armée israélienne a tenu les « internationaux » en haleine pendant tout le week-end

GAZA venu au bureau, ce matin, c’est parce « L’Autorité palestinienne, dans ble, s’ils déportent Arafat, ce sera la d’ailleurs pas une journée ou une en période de crise, d’un civisme de notre envoyé spécial que j’avais rendez-vous avec vous ! », l’esprit des gens d’ici, c’était le symbo- fin de l’Autorité et la mort d’un sym- nuit sans attaques de Palestiniens extraordinaire ! » « C’est fini ! Il n’y a plus d’Autorité sourit le ministre. « Je n’ai plus rien le, l’ébauche d’un Etat souverain, bole. » sur la « frontière », et sans répli- Ailleurs encore, dans un bel palestinienne ! » Dans son grand à faire. Les Israéliens ont bombardé d’une entité politique. Cette impres- A Gaza, on se prépare donc à une ques israéliennes, avec des morts appartement rafraîchi par la brise bureau avec vue sur la mer, au cin- les laboratoires de médecine légale, sion subsiste. En réalité, c’est exacte- éventuelle réoccupation israélien- de part et d’autre. Par rapport à la qui souffle de la Méditerranée, un quième étage d’un bâtiment ultra- j’ai libéré les prisonniers, les trafi- ment le contraire : le gouvernement ne. Même si on voit mal pourquoi, Cisjordanie, Gaza a beau faire figu- haut fonctionnaire du ministère de moderne du centre de Gaza-ville, quants de drogue. Comment voulez- ne fonctionne plus. C’est pourquoi la dans un futur proche, Ariel Sharon re d’oasis, la paix n’est que très rela- la coopération internationale Freih Abou Miden, ministre de la vous, que dans cette bande de Gaza lutte va continuer, se durcir même. » irait se risquer à une pareille opéra- tive. – équivalent d’un ministère des justice de cette Autorité qui en a de coupée en trois par l’armée, autour Ziad Abou Amr, chef du comité tion, sans doute coûteuse en hom- affaires étrangères – n’a pas de moins en moins, fulmine. Costume des colonies juives, qu’un juge, un «  ’ » mots trop définitifs pour décrire gris, cravate assortie, ce modéré procureur, un avocat habitant au Ailleurs en ville, le ministre des une « Autorité palestinienne qui poursuit, d’une voix lasse, son énon- sud puissent siéger au nord ? » Fin de la première phase de l’offensive postes et télécommunications, n’existe plus ». cé du désastre. « Dès le début de l’In- Israël a affirmé, dimanche 21 avril, que son armée s’était retirée de Imad Falouji, assure pourtant conti- Responsable du département tifada, j’ai été l’un de ceux qui ont «    » Naplouse et de la majeure partie de Ramallah, annonçant la fin de la premiè- nuer à travailler, presque « comme Asie-Pacifique, ce vieux militant du dit : “Ne militarisons pas le soulève- Les destructions sont visibles par- re phase de son offensive en Cisjordanie. Le premier ministre, Ariel Sharon, avant » : il dit être en contact, de FDLP, l’une des composantes de ment. Manifestons de manière pacifi- tout. Depuis des mois, régulière- a déclaré que la « lutte contre le terrorisme se poursuivra par d’autres manière régulière avec l’entourage l’Organisation de libération de la que.” Je n’ai pas été écouté. Nous ment, hélicoptères et avions israé- moyens », en allusion aux plans de bouclage des villes autonomes et de créa- de Yasser Arafat, prisonnier dans Palestine, estime que « normale- sommes tombés dans le piège tendu liens ont pilonné la ville. Chaque tion de « zones tampons » en Cisjordanie, le long de la « ligne verte » sépa- son complexe de la Mouqata’a, à ment, ce devrait être le chaos. Mais par Sharon. Mais aujourd’hui, j’ai attentat-suicide ou attaque de com- rant ce territoire d’Israël et tout autour de Jérusalem-Est occupée et Ramallah. Dans un autre monde. ce n’est pas le cas. On n’a plus de poli- cessé de songer à la paix. Car l’extré- mandos a provoqué une riposte de annexée. M. Sharon a affirmé que son gouvernement « refuserait même de « C’est vrai qu’il est difficile de tra- ce, plus de forces de sécurité. Il ne res- misme à l’œuvre chez nous renvoie, l’Etat juif. Le complexe de Yasser discuter l’évacuation des colonies jusqu’aux élections », prévues pour octo- vailler. Tout fonctionne au ralenti. te qu’un semblant d’administration. dans un jeu de miroirs, à l’autre extré- Arafat, le long de la plage, est en rui- bre 2003, « et peut-être au-delà », s’il est élu pour un second mandat. Les Mais, en tant que ministre, je suis là, D’ailleurs, rien n’a jamais vraiment misme, celui des Israéliens. Il va fal- nes. Dans le centre, l’immense espa- Palestiniens ont accusé M. Sharon de chercher à « tromper la communauté au bureau, gérant les affaires couran- fonctionné. A part le ministère de la loir deux générations pour réparer ce jadis attribué aux différents bâti- internationale », en affirmant qu’Israël avait étendu en fait son contrôle à tes. Il y a douze ministres et l’on se santé et de l’éducation, et ce, pour tout ça. » ments de la police, de l’« académie toute la Cisjordanie. Israël maintient le siège du complexe présidentiel pales- réunit régulièrement. Mais tout est d’évidentes raisons. Moi, je travaille Gaza est, avec Jéricho, en Cisjor- militaire », des centres d’entraîne- tinien, à Ramallah, et de l’église de la Nativité, à Bethléem. – (AFP.) devenu très compliqué. Les pièces dans un bureau où le téléphone mar- danie, l’ultime îlot de cette « auto- ment, n’est plus qu’un mille-feuille détachées n’arrivent plus en raison che mal, où l’Internet est coupé. J’ai nomie » palestinienne. C’est ici de béton plié par les missiles tirés du blocus imposé par “l’autre côté”. quinze personnes sous mes ordres. Je qu’en 1994, au lendemain des en décembre 2001. Le président de politique du Conseil législatif pales- mes. « Mais nous vivons ici dans un Et nous n’avons plus aucun lien avec leur ai donné congé. » Pour lui, l’ave- accords d’Oslo, que tout a commen- la Banque mondiale, James Wolfen- tinien, qui ne passe pas pour être monde obsessionnel, ajoute les Israéliens, ce qui pose évidem- nir dessine les contours imprévisi- cé. Quand Yasser Arafat est rentré sohn, a estimé, dans un entretien un béni-oui-oui de Yasser Arafat, M. Abou Amr ; tout le monde ne ment de gros problèmes. On vit dans bles d’un conflit sans fin. Il pense au pays. Et que ces deux villes sont au Herald Tribune que les opéra- bien au contraire, appelle aujour- parle que de ça. Même ceux d’entre une situation d’urgence, à tous les que la question n’est pas de savoir devenues les premiers espaces de tions israéliennes ont privé l’Autori- d’hui tout le monde à se rallier au nous qui sont peu intéressés à l’ordi- niveaux ». Il ajoute : « Vu les circons- si les chars israéliens réoccuperont souveraineté. Et c’est ici, redoutent té palestinienne de la moitié de ses « raïs »,le« symbole indépassable naire par la politique ne songent tances, il est remarquable que le taux Gaza. La seule incertitude, c’est la beaucoup d’habitants de Gaza, que revenus et fait pour « 600 millions de l’histoire de la cause palestinien- qu’à une chose, ne débattent que de criminalité ne se soit pas envolé. date de l’invasion. tout risque de se terminer en cas de dollars de dégâts matériels ».A ne ». « Car si les Israéliens pénètrent d’une chose : la perspective d’un En fait, c’est tout le contraire qui se d’invasion israélienne. « Si je suis Gaza comme en Cisjordanie. dans Gaza, ce qui est tout à fait possi- retour des Israéliens. » Il ne se passe passe : les Palestiniens font preuve, Bruno Philip A Gaza : « Ici, tout le monde prendra les armes » D’autres « internationaux » ont rejoint le QG de M. Arafat

GAZA C’est une maison du centre-ville. L’homme est en DIMANCHE matin 21 avril, l’aler- sieurs demandes de visite du diplo- du couvre-feu et du retrait de l’ar- de notre envoyé spécial civil, attablé devant l’inévitable tasse de café. Sur la te était grande au sein du groupe mate français – fût-ce pour exercer mée israélienne de la ville même de A Gaza, on se prépare au pire. Certains pensent table, un sac en plastique. Dans le sac, une cartou- d’« internationaux », membres de le droit d’accès consulaire à ses con- Ramallah pour se rapprocher du qu’une invasion de l’armée israélienne est inélucta- chière avec quatre grenades quadrillées. Dans une la Campagne civile de protection citoyens –, les autorités israéliennes complexe présidentiel. Là, grâce à ble. D’autres l’estiment simplement probable, voire pièce, à côté, un gros cylindre de métal : « C’est une du peuple palestinien, qui se sont avaient averti M. Piéton, samedi, une habile diversion, une douzaine seulement possible. Mais tout le monde s’y prépare mine antichar, explique l’homme. Tous les soirs, on portés volontaires pour servir de qu’il pourrait se rendre le lende- d’entre eux ont réussi à tromper la plus ou moins. La ville est sur le pied de guerre. Pas la place en ville dans un endroit différent. » Près de la « bouclier humain » au président main à la Mouqata’a. vigilance des soldats de Tsahal et à tant en raison d’un déploiement de forces armées porte, une mine antipersonnel traîne, vaguement Arafat et à son entourage, assiégés entrer dans la Mouqata’a, « malgré ou de police : celles-ci n’occupent plus leurs caser- camouflée dans un sac. « Nous nous sommes organi- par l’armée israélienne à Ramallah.     des tirs de dissuasion dirigés vers le nes, soit parce qu’elles ont déjà été bombardées, soit sés dans toute la ville. Il y a un “point zéro” où, en cas Ils affirmaient avoir des informa- Pour François Weiser, professeur sol et des jets de grenades assourdis- parce qu’elles risquent de l’être. d’invasion, tous les combattants se réuniront pour tions de source sûre, renforcées, d’histoire-géographie dans le Nord- santes. Les nouveaux venus sont pour « En cas d’invasion », explique le directeur général recevoir des armes. Tous les 100 mètres, on installera disaient-ils, par un article du quoti- Pas-de-Calais, joint en début de soi- la plupart américains ; les autres sont adjoint de la police, Mahmoud Asfour, qui reçoit en des explosifs. Nous avons le feu vert de l’Autorité dien israélien Haaretz, selon lesquel- rée, le permis de visite accordé à de nationalité australienne, belge, civil, dans une maison anonyme où il a fait déplacer palestinienne, mais, sur le terrain, nous sommes livrés les l’armée israélienne allait donner M. Piéton – qui a brièvement ren- danoise, suisse et française ». son bureau, « ordre a été donné aux policiers de ren- à nous-mêmes. On fait ce qu’on veut. » l’assaut aux bâtiments. contré M. Arafat – était une maniè- A Paris, dans un communiqué trer chez eux, de quitter leurs uniformes et de rendre « Ils vont profiter de la diversion re pour Israël de « proposer une por- publié dimanche, la France a «mis les armes aux forces d’occupation. Il n’y a pas de pré- «    » que constitue l’évacuation de la ville te de sortie ». Mais le groupe, dit-il, en garde contre toute action de force paration officielle à une éventuelle invasion ». L’acti- Selon l’homme et ses camarades, une invasion de Ramallah et des autres villes » a fait preuve d’une grande « maturi- menée contre le siège de l’Autorité visme est donc à chercher du côté des militants, pas israélienne dans Gaza reléguera les combats de Jéni- pour le faire, prévoyait Neta Golan, té politique et d’autonomie de pen- palestinienne à Ramallah, qui pour- des « militaires ». C’est-à-dire de tous ces hommes ne et de Naplouse au rang d’aimable partie de cam- la jeune Israélienne qui fait partie sée », chacun et tous, « même ceux rait mettre en danger la sécurité phy- en armes, issus de ce foisonnement de groupes, pagne. « A Gaza, soutient le militant, il n’y a plus de du groupe. Pour elle, comme pour qui envisageaient de partir bientôt », sique du président Arafat et des per- qu’ils soient du Hamas (islamiste), du Fatah (le parti civils. Le jour où les Israéliens arriveront, tout le mon- ses camarades, ce n’était pas un ayant refusé de sortir. sonnes présentes sur les lieux ». La de Yasser Arafat) ou d’autres composantes de l’OLP. de prendra les armes. Moi-même, parce que je sais hasard si les autorités israéliennes La visite du diplomate a apporté veille, l’Union européenne en avait Dans le camp de réfugiés de Jabaliya (près de que nous finirons par perdre, mais seulement au ter- avaient soudain autorisé le consul du baume au cœur du groupe, mais fait de même et avait demandé 100 000 personnes), dès le soir venu, des Jeep me d’une résistance acharnée, j’ai décidé de me suici- général de France à Jérusalem, c’est un développement inattendu, « instamment » qu’il soit « immédia- patrouillent les rues. Partout en ville, de hautes bar- der avec toute ma famille. Nous irons mourir dans les Denis Piéton, à se rendre auprès survenu dans l’après-midi, qui a fait tement permis » aux organisations rières de sacs de sable et de pierres ont été dressées rues avec nos ceintures remplies d’explosifs, mais d’eux. Israël estime pouvoir ainsi remonter le moral en flèche. Une non gouvernementales « l’accès dans les rues. La nuit, les activistes les « truffent » nous mourrons debout. » persuader le groupe de sortir de la vingtaine de membres de l’associa- aux populations palestiniennes ». parfois d’explosifs, retirés dès le matin pour éviter Mouqata’a, estimait-elle. tion International Solidarity Move- des « accidents ». B. P. De fait, après avoir refusé plu- ment ont en effet profité de la levée M. Na.

Nabil Chaath, ministre palestinien de la coopération internationale « Nous voulons une force de protection pour éviter un nouveau Jénine »

L’armée israélienne devait karem et dans plusieurs localités et [Ahmed Qoreï, président du Conseil ter la participation de toute partie six jours à Israël pour y exécuter avoir achevé son retrait des terri- villages. législatif palestinien]. Ce sont les étrangère au procès, mais une fois une tuerie. Pendant six autres toires autonomes réoccupés Israël exige que lui soient Israéliens qui ont insisté pour que qu’Israël se sera retiré. Jusqu’à ce jours, ils n’ont laissé absolument dimanche 21 avril, à l’exception livrés les meurtriers du ministre nous les transférions et pour que que l’affaire du complexe présiden- personne entrer dans la zone, et, de deux zones : le complexe prési- du tourisme, Rehavam Zeevi cela se fasse sous supervision amé- tiel de Ramallah soit réglée, la vie les quatre jours suivants, ils ont dentiel de Ramallah et l’église de [assassiné en octobre 2001] pour ricaine. Nous les avons transférés du président Arafat est en danger : autorisé un accès limité. En dix la Nativité à Bethléem… lever le siège du complexe de dans un véhicule américain, por- il demeure sous la menace d’Israël. jours, ils ont donc pris le temps de Le retrait israélien doit absolu- Ramallah… tant le fanion des Etats-Unis et Israël exige la reddition des faire le ménage. Ils n’ont pas laissé ment être effectif. Ce à quoi on C’est nous qui les avons arrêtés accompagné d’un véhicule de assiégés de l’église de la Nativité les gens qui ont réussi à partir se assiste, à l’heure actuelle, est un et transférés de Naplouse à Ramal- l’ONU et d’un autre de l’Union à Bethléem… regrouper et ils les ont dispersés simili-retrait, puisque les forces lah, à la demande des Israéliens européenne. Si Israël n’en avait pas Il y a environ deux cents assiégés dans plusieurs villages. Cette dis- israéliennes restent aux portes des eux-mêmes et en vertu d’un accord été d’accord, nous n’aurions pu le dans l’église de la Nativité. Ils y persion vise à empêcher un recense- zones évacuées et reviennent passé entre Ariel Sharon, Abou faire puisque nous requérions un sont entrés avec l’accord des autori- ment précis des absents. quand bon leur semble, comme Mazen [Mahmoud Abbas, numéro sauf-conduit pour passer d’une vil- tés religieuses, conformément au Vous allez participer à la confé- cela a déjà été le cas à Kalkilya, Tul- deux de l’OLP] et Abou Alaa le à une autre. La condition posée droit d’asile. Ils étaient tous sur la rence euroméditerranéenne de par Ariel Sharon à la liberté de place de la Nativité au moment de Valence, lundi et mardi. Qu’atten-  mouvement du président Arafat – l’offensive israélienne, c’est-à-dire dez-vous des Européens ? liberté toute fictive d’ailleurs – était aux accords. Les Etats-Unis doivent qu’ils n’étaient pas barricadés là Nous demandons aux Européens leur arrestation et leur traduction assumer leur responsabilité. C’est à depuis des jours et des semaines. d’adopter une position claire, de en justice, et non leur extradition se demander si le président Bush Parmi eux, il y a beaucoup de civils. refuser toutes les conditions en Israël. est mal informé ! Qui plus est, de Israël n’a pas le droit de les considé- posées par Israël, tous ses menson- Et puis, l’accord sur la coopéra- quel droit les Israéliens peuvent-ils rer comme des otages, ni de récla- ges concernant le retrait de ses for- tion judiciaire que nous avons con- poser des conditions à une résolu- mer leur exil à tout jamais, comme ces, et nous voulons une force de clu avec Israël et que j’ai moi- tion des Nations unies [la résolu- si lui-même était appelé à demeu- protection pour empêcher un nou- même signé, pour la partie palesti- tion 1402, adoptée le 30 mars, qui rer à Bethléem à tout jamais. Nous veau Jénine. C’est lorsque ces deux nienne, lors d’une réunion au Cai- appelle au « retrait des troupes sommes disposés à négocier en pré- mesures auront été prises que l’on re, ne prévoit en aucune manière israéliennes des villes palestinien- sence de toute partie étrangère, pourra parler de cessez-le-feu, de l’extradition des Palestiniens arrê- nes, y compris Ramallah » et mais, en attendant, il faut que leur conférence internationale ou tés. Lorsque les Israéliens disent demande aux deux parties d’appli- soient livrés de l’eau, des vivres et d’autre chose. aujourd’hui que leur extradition quer immédiatement une « trêve des médicaments. est le préalable à la levée du siège significative »]. Mais je voudrais parler de Jéni- Propos recueillis par de Ramallah, ils contreviennent Nous sommes disposés à accep- ne. C’est notre Srebrenica. Il a fallu Mouna Naïm LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002/17 INTERNATIONAL

En Saxe-Anhalt, Gerhard Schröder subit Attentats meurtriers un sévère revers électoral aux Philippines MANILLE. Trois attentats ayant causé au moins quatorze morts, La CDU voit dans ce résultat l’annonce d’une défaite du SPD aux élections législatives de septembre dimanche 21 avril, dans la ville de General Santos (sud des Philippines), ont été revendiqués par le groupe rebelle musulman d’Abu Sayyaf. BERLIN pour être représenté au Landtag avant les élections législatives du progression similaire au niveau de Toutes les victimes ont été touchées par une explosion devant un de notre correspondant (Parlement régional). Très logique- 22 septembre, la consultation en toute l’Allemagne. C’est d’ailleurs, grand magasin de cette ville de l’île de Mindanao, alors qu’une opéra- Les sociaux-démocrates du SPD ment le gouvernement de Saxe- Saxe-Anhalt a été vécue comme depuis des mois, le thème essen- tion conjointe de l’armée philippine, avec un millier de soldats améri- ont subi, dimanche 21 avril, une Anhalt devrait être gouverné par un test de ce qui pourrait se produi- tiel de la campagne du FDP qui, cains, est menée contre Abu Sayyaf, dans l’île de Basilan (extrême sud cuisante défaite lors de l’élection une coalition CDU-FDP dirigée re dans cinq mois à l’échelon natio- sans sectarisme ni conviction rigi- de l’archipel). Abu Sayyaf est soupçonné par Washington et Manille régionale du Land de Saxe-Anhalt. par le chef local de la CDU, Wol- nal. Les ténors des deux grands de, n’a d’abord pas exclu, pour d’être lié au réseau terroriste Al-Qaida d’Oussama Ben Laden. Il retient Ce mauvais résultat du SPD était fgang Böhmer, gynécologue-obsté- partis, à commencer par le chance- gouverner le pays, de s’allier au de nombreux otages, dont un couple de missionnaires américains enle- certes probable – et d’ailleurs pré- tricien de 66 ans rallié aux chré- lier Gerhard Schröder et le candi- SPD et envisage maintenant plu- vés il y a onze mois à Basilan. – (AFP, AP.) vu par tous les instituts de sonda- tiens-démocrates après la réunifi- dat de la droite à la chancellerie, tôt une coalition avec la CDU. ge. Mais la déroute, elle, ne l’était cation allemande, en 1990. M. Böh- Edmund Stoïber, n’avaient Dès dimanche soir, par la voix pas. Or c’est bien d’une déroute mer a pris cependant garde de ne d’ailleurs pas ménagé leur peine de son secrétaire national, Franz Imposantes marches en Kabylie qu’il s’agit : avec quelque 20 % des pas annoncer qu’il formerait une en participant activement à la cam- Müntefering, le SPD a admis sa voix (les résultats définitifs coalition avec le FDP, laissant la pagne. défaite, l’attribuant notamment au TIZI-OUZOU. L’anniversaire du « printemps berbère », un mouvement n’étaient pas encore connus porte ouverte à toutes les spécula- taux d’abstention qui a dépassé les destiné à promouvoir la culture et la langue berbères en Algérie, a don- dimanche soir), le SPD a perdu tions.    50 %. né lieu à d’importantes manifestations, samedi 20 avril, en Kabylie. La près de la moitié des suffrages Le SPD qui, déjà minoritaire, Comme de bien entendu, la L’élection de Saxe-Anhalt a pour plus spectaculaire a eu lieu à Tizi-Ouzou (110 kilomètres à l’est d’Al- obtenus en 1998, lors de l’élection gouvernait à Magdebourg avec la CDU a vu dans les résultats de premier résultat d’offrir à la droite ger), où plus de 100 000 personnes se sont rassemblées devant l’univer- précédente. Parallèlement, les neutralité bienveillante des néo- dimanche la préfiguration de la la majorité du Bundesrat, chambre sité. Quelques heurts se sont produits en fin de parcours, mais la police chrétiens-démocrates de la CDU communistes du PDS, est quant à défaite du chancelier Schröder, l’in- des Etats qui examine, vote ou s’est montrée plutôt discrète. Cette manifestation survenait deux jours obtiennent plus de 37 % des voix ; lui repoussé dans l’opposition. dice que l’électorat, fatigué de la rejette toutes les lois votées par le après un rassemblement de 10 000 Berbères dans le village d’Agouni quatre ans plus tôt, frappés par le Dès dimanche soir, le ministre-pré- coalition SPD-Verts, était prêt à Bundestag. Récemment encore, le Arous (province de Tizi-Ouzou) pour célébrer la mémoire d’un adoles- discrédit d’un parti empêtré dans sident SPD sortant, Reinhard Höp- donner la victoire à une solution Bundesrat n’avait voté que de jus- cent mort l’an dernier en détention. Le décès de ce jeune avait provo- une affaire de financement dou- pner, a annoncé qu’il quittait la vie alternative. Angela Merkel, prési- tesse la nouvelle loi sur l’immigra- qué de graves troubles en Kabylie, qui ont coûté la vie à une centaine teux comme par la lassitude susci- politique. dente de la CDU, s’est ainsi tion proposée par le gouverne- de manifestants. – (AFP, Reuters.) tée par le règne trop long du chan- Cette cuisine locale dans un « réjouie » du « formidable résul- ment. Avec la majorité d’aujour-  celier Helmut Kohl, la CDU n’avait Land de l’Est marqué par le plus tat » du scrutin, estimant qu’il d’hui, la loi aurait été repoussée. obtenu que 22 % des voix. fort taux de chômage de toute l’Al- s’agissait d’une « claire mise en Si, demain, M. Schröder devait a ESPAGNE : l’ETA a fait exploser une voiture piégée, samedi Les libéraux du FDP font, quant lemagne, et où les néocommunis- cause de Gerhard Schröder qui être réélu chancelier, il devrait 20 avril, à Getxo, près de Bilbao. La déflagration, qui semblait viser le à eux, un retour remarqué en ras- tes du PDS disposent d’un socle avait fait de la politique envers l’ex- compter avec un Bundesrat d’op- domicile tout proche de Cosme Delclaux, l’avocat enlevé par l’organisa- semblant près de 13 % des suffra- électoral stable de quelque 20 % RDA son affaire personnelle ». position, ce qui ne lui faciliterait tion armée séparatiste en 1997 et remis en liberté après remise d’une ges. Lors de l’élection précédente, des suffrages, n’explique pas seul Même analyse du côté du FDP, pas la tâche… rançon, semble-t-il incomplète, n’a pas fait de victime. Cet attentat sur- ils n’avaient pas réussi à dépasser l’intérêt porté à l’élection de Saxe- qui a vu dans sa vigoureuse percée vient alors que le gouvernement a adopté, vendredi, en dépit de vives la barre des 5 %, seuil obligatoire Anhalt. Dernier scrutin régional de Saxe-Anhalt les prémices d’une Georges Marion réticences de l’opposition socialiste, une première version d’un projet de loi régissant les partis politiques. Ce texte sera l’instrument légal avec lequel le gouvernement Aznar espère pouvoir faire interdire Bata- suna, la coalition indépendantiste, considérée comme la « vitrine politi- La Hongrie rejette le populisme de Viktor Orban que » de l’ETA. – (Corresp.) a RWANDA : l’ancien président, Pasteur Bizimungu, et son bras et se tourne vers la gauche pour entrer dans l’Union européenne droit, Charles Ntakirutinka, ont été arrêtés, a annoncé, samedi 20 avril, un porte-parole de la police à Kigali, Tony Kuramba. « Ils aident tous BUDAPEST tiers comme le sauveur providen- revient au pouvoir en 1996, comme tion laxiste des finances publiques. deux la police dans les enquêtes concernant l’activité politique illégale de notre envoyé spécial tiel de son pays. Spécialiste des ministre des finances, jusqu’en Une autre mission du nouvel exécu- qu’ils ont menée clandestinement », a déclaré M. Karumba. Pasteur Bizi- Confirmant les résultats du pre- finances, c’est un personnage élé- 1998. Depuis l’avènement de la tif sera le rétablissement de bons mungu, un Hutu, avait démissionné de la présidence, en mars 2000, à mier tour des élections législatives, gant mais réservé. Son parti a obte- démocratie, chaque élection a vu rapports avec les pays voisins, sur- la suite d’un désaccord avec Paul Kagamé, l’homme fort du pays. – les Hongrois ont renvoyé dans l’op- nu 46,1 % des voix. L’appoint des un changement de majorité. tout avec la Roumanie et la Slova- (Reuters.) position, dimanche 21 avril, le libéraux, qui totalisent 5,2 % des Peter Medgyessy va avoir une quie. Le hasard semble jouer en a RUSSIE : un évêque catholique de nationalité polonaise, Mgr jeune premier ministre conserva- suffrages, va lui permettre de for- tâche délicate pour ressouder le faveur de Peter Medgyessy. Celui- Jerzy Mazur, chef du plus grand diocèse du monde (cinq fuseaux horai- teur, Viktor Orban, au pouvoir mer le futur gouvernement de coali- pays. La tentation nationaliste de ci a passé une partie de son enfan- res), dont le siège est à Irkoutsk, en Sibérie, a été expulsé, vendredi depuis 1998, lui préférant le socialis- tion. Les deux formations ont rem- Viktor Orban lui laisse en héritage ce en Roumanie, où son père avait 19 avril, de Russie. Son visa a été annulé à son arrivée à Moscou, en pro- te Peter Medgyessy, allié au centre- porté un total de 198 sièges contre une société fracturée. Le seul déno- été, à partir de 1947, conseiller éco- venance de Varsovie, et il a été placé dans le premier avion à destina- gauche. Lors du deuxième tour, la 188 pour les conservateurs. minateur commun des Hongrois nomique à l’ambassade de Hon- tion de la capitale polonaise. Les relations entre l’Eglise orthodoxe rus- coalition des socialistes (MSZP) et Les socialistes sont les héritiers semble être l’aspiration de faire de grie. Les Roumains espèrent qu’il se et le Vatican traversent une période de vive tension, depuis l’éléva- des libéraux de l’Alliance des démo- de l’ancien Parti communiste hon- la Hongrie et de ses 10 millions adoptera, sur la question de la tion au rang de diocèses de quatre administrations apostoliques (struc- crates libres (SZDSZ) est sortie d’habitants un pays capable de fai- minorité hongroise de Roumanie, tures provisoires), décidée en février par le Saint-Siège. – (AFP.) gagnante avec un score de 51,3 % re entendre sa voix dans le concert une attitude plus conforme aux a JAPON : la visite surprise du premier ministre au sanctuaire face aux conservateurs de Fidesz, Le futur premier européen. Les négociations d’élar- principes de l’Union européenne Yasukuni de Tokyo a provoqué la colère de la Chine et de la Corée du qui ont obtenu 48,7 % des voix. gissement, qui doivent s’achever que M. Orban, qui avait promis à Sud. Junichiro Koizumi s’est rendu, dimanche 21 avril, à ce lieu dédié La défaite de M. Orban, dont les ministre, dans les prochains mois pour per- ses membres un statut de « Hon- aux victimes japonaises des conflits, mais aussi à des criminels de discours nationalistes avaient susci- mettre aux premiers pays candi- grois de l’extérieur ». guerre. A quarante jours de l’ouverture du Mondial de football, que le té ces derniers mois des tensions Peter Medgyessy, dats d’adhérer à l’Union européen- Japon organise avec la Corée du Sud, le ministère sud-coréen des affai- avec les voisins de la Hongrie, mar- ne en 2004, sont entrées dans une Mirel Bran res étrangères a « regretté profondément [cette] visite ». – (AFP, Reuters.) que un coup d’arrêt à un glisse- aura une tâche phase cruciale. ment populiste qui, à la veille de Les socialistes, qui avaient l’élargissement de l’Union euro- délicate pour ouvert la voie à l’intégration dans péenne, inquiétait de la part du l’Union par une politique de réfor- meilleur élève de la transition post- ressouder le pays me libérale, devraient avoir avec communiste en Europe centrale et Bruxelles une relation plus déten- orientale. Au premier tour, les élec- due. Ils se sont engagés pendant la Actionnaires de Accor, teurs avaient déjà écarté du Parle- grois, dont ils ont gardé une bonne campagne à renégocier certaines ment le Parti de la justice et de la partie de l’appareil des années concessions faites par le gouverne- vous êtes invités vie du leader d’extrême droite, 1980. Peter Medgyessy fut, de ment Orban, notamment concer- Istvan Csurka (MIEP), qui n’avait 1988 à 1989, vice-premier ministre nant la propriété des terres agrico- à participer à pu franchir la barre des 5 %. du gouvernement de Miklos Neme- les. Mais leur programme économi- La forte participation (73 %) a ph, lorsque la Hongrie s’essayait que est plus adapté à l’adhésion l’Assemblée Générale Mixte témoigné de l’importance de l’en- encore timidement à l’économie de que celui du gouvernement sor- 147 000 COLLABORATEURS jeu pour les électeurs. La campa- marché. En 1990, après l’effondre- tant. de votre société gne a été la plus houleuse qu’ait ment du bloc soviétique, alors que Malgré les soutiens dont ils dispo- connue le pays depuis la chute du les communistes passent dans l’op- saient dans la droite européenne, communisme. Peter Medgyessy, position, Peter Medgyessy part M. Orban, souvent très critique à HÔTELLERIE 59 ans, n’a pas le charisme d’un Vik- dans le privé, prenant la direction l’égard des investissements étran- tor Orban, qui se présente volon- de la filiale hongroise de Paribas. Il gers, s’était vu reprocher une ges- 3 700 hôtels Le mardi 7 mai 2002 à 10h00 415 000 chambres à l’hôtel Sofitel Paris Forum Rive Gauche 90 pays 17, boulevard Saint-Jacques, 75014 Paris Après l’attentat de Djerba, le ministre allemand Sofitel, Pour participer à l’Assemblée, vous devez demander à votre de l’intérieur se rend en Tunisie pour enquête Novotel, Mercure, Suitehotel, banque ou à votre intermédiaire financier d’immobiliser vos Thalassa, Coralia, titres et de déposer le certificat d’immobilisation à la Société SFAX moins aux graves incidents surve- locale de l’Union générale des tra- Générale, Service des Assemblées Générales 32, rue du Champ Ibis, Etap Hotel, Formule 1, de notre envoyée spéciale nus à Tunis, dans le quartier de La vailleurs tunisiens (UGTT), que les de Tir, 44300 Nantes, au plus tard le mardi 30 avril 2002. Le ministre allemand de l’inté- Marsa, dimanche 14 avril, et à choses ont dégénéré. Des élèves Motel 6, Red Roof rieur, Otto Schily, accompagné Sfax, deuxième ville du pays, où la du lycée technique, voisin de la Votre banque vous procurera les documents suivants : notamment du directeur adjoint de principale synagogue du centre-vil- grande synagogue, se sont joints - convocation à l’Assemblée Générale, la police criminelle fédérale, Bern- le a été prise pour cible, par deux au cortège syndicaliste. Arrivés hard Falk, est arrivé, dimanche fois, lundi 1er et mardi 2 avril. A devant l’entrée, certains d’entre - formulaire de demande de carte d’admission et de vote par 21 avril, sur l’île tunisienne de Djer- Tunis, un groupe d’inconnus s’est eux en ont forcé la porte avant de correspondance ou par procuration. ERVICES ba. L’explosion d’un camion introduit par effraction à l’inté- mettre en pièces les livres de priè- S devant la synagogue de la Ghriba, rieur de la synagogue de La Marsa, re. Selon des témoins, la police est 13 millions d’utilisateurs Au cas où vous ne pourriez être présent à l’Assemblée, vous le 11 avril, a fait seize morts et plu- dont les vitres ont été brisées et les rapidement intervenue, empê- quotidiens devrez renvoyer au plus vite, à la Société Générale, le formulaire sieurs dizaines de blessés. Onze murs recouverts d’inscriptions, chant les jeunes manifestants de unique qui vous permet de donner pouvoir ou de voter par touristes allemands figurent parmi a-t-on appris auprès d’habitants détruire la Torah et de vieux 31 pays correspondance, après avoir immobilisé vos titres comme les personnes décédées. Aux yeux du quartier. Des livres de prière manuscrits en hébreu. Des élèves indiqué ci-dessus. des autorités allemandes, l’hypo- ont été saccagés, d’autres volés. et un syndicaliste ont été interpel- Ticket Restaurant, thèse d’un accident, défendue dès Sur ordre des autorités, les traces lés, puis relâchés. Clean Way, People Care, Les renseignements pratiques et les documents concernant l’annonce du drame par le gouver- du saccage ont été effacées. Le lendemain, 2 avril, un groupe cette Assemblée peuvent être obtenus auprès du service nement tunisien, est définitive- de « jeunes voyous, venus des ban- Incentive House Relations Actionnaires au 0811 01 02 03 (prix appel local) ment « exclue ». Les enquêteurs «   » lieues », selon un témoin, ont ten- allemands privilégieraient la piste A Sfax, des policiers montent la té de forcer à nouveau la porte. Ils ou sur internet www.accor.com/finance. d’un attentat, fomenté par un grou- garde à l’entrée de la grande syna- en ont été empêchés « par la poli- pe islamiste implanté en Europe et gogue, avenue d’Algérie. Des bar- ce et des jeunes du quartier ». C’est Retransmission vidéo de l’Assemblée Générale lié au réseau Al-Qaida d’Oussama rières métalliques ont été scellées la première fois, dans l’histoire de Agences de voyages Ben Laden (lire aussi page 18). dans le sol, de même qu’à l’entrée la ville, que de tels actes sont com- en direct, puis en différé, M. Schily devait s’entretenir de cet- de la deuxième synagogue de Sfax, mis à l’encontre de la petite com- Casinos sur Internet www.accor.com/finance te affaire, lundi, à Tunis, avec le pré- plus petite, située elle aussi dans le munauté juive, qui compte, selon Restauration sident Zine El Abidine Ben Ali. centre-ville. C’est au cours d’une ses responsables, une trentaine de La presse tunisienne n’a accor- manifestation, organisée le membres. Services à bord des trains dé, jusqu’à présent, que peu de pla- 1er avril, en « solidarité avec le peu- ce au drame de la Ghriba et encore ple palestinien », par la section Catherine Simon 18/LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002 SOCIÉTÉ santé

Après le mouvement de protestation des sages-femmes, sesses ne présentant pas de risques ». Un an plus tard, Etats-Unis ou en Allemagne. Gérées par des - M. Kouchner, on semble craindre l’intérêt des sectes au printemps 2001,  , ministre aucune de ces maternités alternatives n’a vu le jour. Ses , ces structures accueilleraient des femmes qui pour ce type d’établissement. Des médecins estiment délégué à la santé, avait promis « l’expérimentation de promoteurs militent en faveur de «  - mettraient au monde des bébés sans interventions médi- par ailleurs que l’hôpital devrait pouvoir concilier les maisons de naissance pour la prise en charge de gros-    », comme il en existe aux cales (péridurale, césarienne…). Dans l’entourage de aspects    de l’accouchement. Les maisons de naissance butent sur la résistance du pouvoir médical Bernard Kouchner avait promis, en avril 2001, l’ouverture de structures gérées par des sages-femmes et pratiquant des accouchements non médicalisés. Un an plus tard, aucun des dix projets élaborés n’a abouti, faute d’accord des pouvoirs publics et en raison de l’opposition de certains médecins

IL Y A UN AN, les sages-femmes l’accouchement ont été évalués ne l’étonne pas : « La maison de mes et les parents », analyse Brigitte Loïc Marpeau, chef de service à la réorganisant les équipes de sages- manifestaient pour la première fois « sans risque », seraient suivies naissance est une notion qui bouscu- Carenne, présidente de la maison clinique obstétrique de Rouen (Sei- femmes. » dans l’histoire de leur profession. avant, pendant et après la naissan- le les idées reçues. Elle implique de de naissance. ne-Maritime) refuse que l’on oppo- Néanmoins, défenseurs et oppo- Si elles réclamaient majoritaire- ce, par la sage-femme de leur donner une autonomie aux sages- Du côté du ministère, l’entoura- se « médicalisation et humanité ». sants des maisons de naissance se ment des revenus dignes de leur sta- choix. Elles mettraient au monde femmes et de dire ce qui n’a pas ge de Bernard Kouchner met en « Certains auraient-ils le monopole retrouvent sur la nécessité de réflé- tut médical, certaines dénonçaient leur enfant sans technicité, besoin de la médecine. » avant la nécessité de trouver un du cœur ?, demande-t-il. On peut chir à la prise en charge de la nais- aussi les « usines à bébés » où elles c’est-à-dire sans péridurale, ni inter- A Montpellier (Hérault), une mai- cadre juridique dérogatoire et de faire de la médecine très humaine sance en France. « L’idée de maison n’étaient plus des « accompagnatri- ventions médicales (césariennes, son de naissance toute neuve, à s’assurer d’une sécurité maximum en toute sécurité. » Pour lui, ces mai- est là pour nous rappeler que l’accou- ces » mais des « techniciennes ». épisiotomie, ou forceps). En cas de proximité de l’hôpital, n’attend que pour les patientes. Surtout, le minis- sons signeraient « un retour en chement est d’abord un événement Dans la lettre qu’il a adressée à tou- problème, elles seraient immédiate- le feu vert institutionnel pour tère a reçu, il y a quelques mois, arrière ». Le plan de périnatalité de physiologique », reconnaît Pierre tes les sages-femmes, en avril 2001, ment transférées en maternité. ouvrir ses portes. Fondé sous for- une note de la Mission interministé- 1998 – visant à réduire la morbidité Boulot. « Maintenant que le haut ris- Bernard Kouchner, ministre délé- Parmi les projets, celui de l’hôpi- me associative par quatre sages- rielle de lutte contre les sectes que est bien pris en charge, il faut se gué à la santé, promettait « l’expéri- tal Antoine-Béclère, à Clamart femmes libérales, ce lieu a recueilli (MILS) le mettant en garde sur les demander comment on gère l’accou- mentation de maisons de naissance (Hauts-de-Seine), qui prévoit la un avis défavorable de la commis- projets de maison de naissance. « La technicisation chement normal », insiste Mme Cribal- pour la prise en charge de grossesses construction d’un petit pavillon sion régionale de naissance. « Nous « Aucun n’est parfaitement clair », let. Elle déplore que « l’on se soit con- ne présentant pas de risques ».Un contigu à la maternité, est considé- avons été mis devant le fait accom- affirme Maryline Deuxdeniers, cor- systématique de centré sur le médical en oubliant la an plus tard – et bien que le minis- ré, par le ministère de la santé, com- pli. C’est un projet qui ne s’inscrit pas respondante de la MILS pour le sec- gestion psychologique. Résultat : deux tre ait montré son attachement à me « le plus avancé »… sur le dans un réseau », regrette Pierre teur santé et affaires sociales. l’accouchement a fait jours après leur sortie de la maternité, ce dossier dès 1998 –, une dizaine papier. « Notre dossier est dans les Boulot, chef de service à la materni- « Cela arrange beaucoup de monde des femmes appellent le pédiatre, le de projets existent mais aucun ne limbes du fait d’un manque de volon- té du centre hospitalo-universitaire cette histoire de sectes, mais il s’agit passer au second plan généraliste puis le psychiatre ». s’est encore concrétisé. té des pouvoirs publics », regrette le (CHU) de Montpellier et président d’un faux procès », s’insurge Franci- Alors que près de 90 % des accou- Si les progrès de la médecine et professeur René Frydman, chef du de la commission régionale. «Le ne Dauphin. Pour cette responsa- l’accompagnement chements s’avèrent « normaux », l’amélioration du suivi prénatal ont service de gynécologie obstétrique vrai problème c’est la peur d’îlots ble de l’équipe de sages-femmes de les femmes ont tendance à réclamer permis de diviser par cinq la morta- d’Antoine-Béclère. Cette hésitation d’indépendance pour les sages-fem- l’Institut mutualiste Montsouris, à humain » les établissements de niveau 3 pour lité infantile entre 1950 et 1990, Paris, le dossier de Béclère est pour s’assurer d’une sécurité optimale. « la technicisation systématique du l’instant suspendu « à cause du lob- « Il faut lutter contre cet argument suivi de la grossesse et de l’accouche- Des grossesses de plus en plus médicalisées by très fort de certains médecins qui et la mortalité périnatale – a insti- sécuritaire. Une trop forte médicalisa- ment a fait passer au deuxième plan La dernière enquête nationale réalisant plus de ne veulent pas être dépossédés ». tué trois niveaux de maternités en tion peut être délétère », insiste le l’accompagnement humain », périnatale a été réalisée en 1998. 1 500 accouchements par an et Favorable à des projets inscrits fonction des soins de néonatalogie professeur René Frydman, premier regrettent Myriam Szejer, pédopsy- b Surveillance prénatale.54% 10,3 % dans des maternités de dans un réseau périnatal, Francine proposés et a fixé à 300 accouche- médecin français à avoir pratiqué chiatre, et Francine Dauphin, sage- des femmes enceintes ont passé moins de 500 accouchements. Le Dauphin estime qu’il faut « repren- ments par an le seuil en dessous la fécondation in vitro. Francine femme, qui, dans un récent ouvra- plus de trois échographies début du travail a été déclenché dre confiance dans la physiologie et duquel la sécurité n’est plus assu- Dauphin se dit persuadée que «le ge intitulé Les Femmes et les bébés (contre 48,5 % en 1995). 66,5 % pour 20,3 % des femmes. Les la capacité de l’humain en pouvant rée. Gisèle Criballet, sage-femme combat » en faveur des maisons de d’abord (Albin Michel), militent en ont accepté de réaliser un césariennes sont passées de avoir la technique en cas de besoin » libérale à Montpellier et membre naissance finira par aboutir. faveur de « lieux détechnicisés et dépistage sanguin du risque de 15,9 % en 1995 à 17,5 % en 1998. et se dit persuadée qu’il existe une de la commission régionale de la « Actuellement, les femmes n’ont pas conviviaux », comme il en existe trisomie 21 et 11 % des femmes 58 % des femmes (contre 48,6 % « demande sociale » pour les mai- naissance, s’interroge : « N’est-ce la possibilité de trouver leur che- aux Etats-Unis, au Québec, en Suis- ayant accouché ont eu une en 1995) ont subi une péridurale. sons de naissance. « J’entends trop pas une aberration politique min. » Mais elle reconnaît que ces se, aux Pays-Bas ou en Allemagne. amniocentèse. Les préparations à Une épisiotomie a été réalisée de femmes dire “on m’a déclenchée, d’ouvrir des maisons de naissance projets butent aussi sur « une ques- En France, ces maisons seraient la naissance concernent 69,7 % pour 71,3 % des primipares et je ne sais pas pourquoi”, ou “j’ai rien après avoir fermé les petites materni- tion de culture. Les femmes françaises des lieux gérés par des sages-fem- des primipares et 25 % des 36,2 % des multipares. Sur senti”. Tout cela laisse des traces tés ? » Pour elle, il faut trouver une sont très soumises à la puissance mes, situés à proximité d’une multipares. l’ensemble de la population, le dans le psychisme », insiste-t-elle. solution médiane. « Créons médicale ». maternité, où des futures mères b Accouchement. 37,8 % ont eu taux d’épisiotomie est passé de Les maisons de naissance ne d’abord des services d’accouche- volontaires, dont la grossesse et lieu dans des maternités 38,4 % en 1981 à 50,9 % en 1998. font cependant pas l’unanimité. ments physiologiques à l’hôpital en Sandrine Blanchard La Geburtshaus de Francfort a fêté son millième bébé Un mort et trois disparus Dirigée par une association parentale, cette petite structure privilégie les méthodes naturelles au mont Blanc FRANCFORT traire permis à Susanna d’accou- vent après la naissance. Mais c’est maternités classiques. On prend la de notre correspondant cher de façon très naturelle. Deux la maman qui décide ce qu’elle veut décision à temps de manière qu’el- LE CORPS d’un skieur Depuis la naissance de son pre- chambres au choix, sobrement faire, nous l’écoutons », ajoute les puissent, par exemple, y aller à autrichien, disparu mier enfant, Susanna est une habi- aménagées : dans chacune, un lit à Christina Wittich, directrice adjoin- pied. C’est à dix minutes », observe avec trois autres person- tuée des lieux : elle vient une fois deux places, un mobilier de bois, te. Le nombre d’inscriptions est Karin Alscher, qui n’a encore nes, samedi 20 avril,  des tissus aux tons chauds. Les d’ailleurs limité à une vingtaine jamais eu besoin, dit-elle, d’appe- dans une avalanche de femmes sur le point de mettre au par mois, afin de garantir la dispo- ler d’urgence une ambulance. blocs de glace à 4 000 monde peuvent amener leurs nibilité de l’équipe d’accueil. Avec 200 naissances en 2001, la mètres d’altitude sur le L’émergence de ces draps, la musique qu’elles aiment. Pour atténuer les douleurs de maison de la Böttgerstrasse est uni- mont Blanc (Savoie), a « L’idée de base est de ne pas consi- l’enfantement, différentes que en son genre à Francfort. Mais été retrouvé dimanche maternités alternatives dérer la grossesse comme une mala- « méthodes naturelles » sont pro- il existe une centaine d’établisse- par les secouristes (pho- die. Il s’agit de limiter le recours à la posées. Acupuncture et homéopa- ments similaires en Allemagne. On to). Les trois autres dis- s’est d’abord faite en technique », dit Karin Alscher, la thie sont parmi les plus utilisées. estime entre 4 % et 5 % le nombre parus seraient à sept directrice du lieu : « Nous ne prati- Certaines femmes suivent pen- d’accouchements effectués en mètres de profondeur. réaction aux hôpitaux quons pas de péridurale », ajoute dant leur grossesse des cours de dehors du milieu hospitalier, chez Les recherches ont cette jeune femme blonde pour yoga. Une grande baignoire per- soi, et surtout dans les maisons de cependant été « suspen- bien se démarquer des hôpitaux, met d’accoucher dans l’eau. Le naissance. dues pour plusieurs par semaine à la Geburtshaus de où cette technique est pourtant recours aux bonnes vieilles métho- semaines » en raison de .-. / Francfort suivre un cours d’allaite- nettement moins fréquente que des, encore très en vogue en Alle-   la dangerosité du sec- ment. L’imposante villa du début dans des pays comme la France. magne, n’est pas négligé, comme Si les relations se normalisent – teur, a indiqué le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) du XXe siècle est située dans une Autre différence : deux ou trois les coussins chauds remplis de les sages-femmes de la Geburts- de Chamonix. Les chances de retrouver vivants les trois skieurs sont petite rue tranquille. Dans une vas- heures après l’accouchement, les noyaux de cerise… haus appellent leurs homologues jugées « quasi inexistantes ». Une cinquième personne, un Autrichien, te salle lumineuse, Susanna retrou- femmes repartent chez elles, leur Seules les candidates dont la de l’hôpital quand une maman dégagée par les secouristes, avait été transférée vers un hôpital genevois ve d’autres femmes et bénéficie bébé dans les bras. grossesse ne présente aucun ris- doit aller y terminer son accouche- dans un état jugé « grave » par les médecins. d’un soutien « précieux ». C’est là Fondée voilà dix ans, la Geburts- que sont accueillies. En cas de diffi- ment –, l’émergence de ces mater- que Tom, son garçon, est né voilà haus de Francfort a fêté sa milliè- culté pendant l’accouchement, les nités alternatives s’est d’abord fai- huit semaines : « Une amie m’avait me naissance il y a quelques mois. femmes sont de toute façon trans- te en réaction aux hôpitaux. Le frère de l’auteur présumé parlé de cet endroit. Je ne voulais Aucun médecin, mais une douzai- férées vers les deux cliniques les « Dans la mouvance féministe, cer- pas accoucher à l’hôpital, une gran- ne de sages-femmes se relaient plus proches, le St-Marien et le taines sages-femmes mécontentes de l’attentat de Djerba libéré de machinerie où l’on n’a rien à pour faire tourner la maison. Bürgerhospital. « Environ 10 % à de leur travail en clinique ont voulu dire. » « Chaque femme est suivie indivi- 15 % des femmes commencent le tra- prendre en main leur activité, en LE TRIBUNAL de grande instance de Lyon a ordonné, samedi 20 avril, La maison de naissance a au con- duellement avant, pendant et sou- vail ici, puis sont orientées vers des opposition à une approche masculi- la remise en liberté, sans aucune mesure de contrôle, de Walid ne très technique », relève Eveline Naouar, le frère de l’auteur présumé de l’attentat contre la synagogue   ...   Weyel, qui fut parmi les fondatri- de Djerba, en Tunisie. Le jeune Tunisien, qui vit avec sa famille à Saint- ces de la Geburtshaus francfortoi- Priest, près de Lyon, a été interrogé, le 18 avril, par la direction de la se : « Cette influence féministe s’est surveillance du territoire (DST), puis placé en rétention administrative Vous êtes gynécologue-obsté- éducation, car on ne peut rester til avec les bébés. Ils méritent que largement estompée. Nous recevons à l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, pour séjour irrégulier en France. 1 tricienne à la maternité des dans l’illusion, de la part tant du l’on se creuse les méninges pour des femmes de tous horizons. » Le préfet du Rhône lui avait signifié un arrêté de reconduite à la fron- Bleuets, à Paris, et vous publiez corps médical que des patientes, de réussir un accueil le plus sécurisé et La Geburtshaus est pilotée par tière vers la Tunisie. Le juge délégué a estimé que le placement en un livre (Carnets d’une obstétri- tout maîtriser. Il faut poser un le plus humain possible. C’est une une association parentale. Elle ne rétention ne reposait sur aucun fondement juridique, puisque cette cienne, Albin Michel, à paraître le contrat avec la femme et son réflexion de société. L’écoute, la pré- reçoit aucune subvention publi- mesure, notifiée au parquet de Lyon le 18 avril, est intervenue 24 heu- 2 mai) dans lequel vous militez conjoint pour faire une médecine vention, l’éducation sont des fac- que. Pour arrondir les fins de res avant que ne soit pris l’arrêté préfectoral de reconduite à la frontiè- pour une « médicalisation raison- intéressante. Il ne faut ni le tout teurs d’intégration sociale. mois, deux marchés aux puces, re, mettant à exécution ladite rétention. Lundi, le tribunal administra- née de la maternité ». Pourquoi ? technique ni le tout affectif. « pour les enfants », comme il se tif de Lyon devait examiner le recours formé contre l’arrêté de recon- On ne fait pas assez de philoso- Que pensez-vous des projets doit, et une fête sont organisés cha- duite par son avocat, Laurent Sabatier. – (Corresp.) phie dans les études de médecine ! Pourquoi insistez-vous dans 3 de maisons de naissance ? que année. Bien que l’intervention  A toute nouvelle technique, il fau- 2 votre livre sur « la nécessité La France est un pays riche qui des sages-femmes soit prise en drait une pensée. L’échographie, par impérieuse » de réfléchir à la métho- peut proposer plusieurs solutions charge par la Sécurité sociale, un a ANTISÉMITISME : une avocate juive du barreau de Montpellier exemple, est un instrument formi- de de préparation à la naissance ? aux femmes enceintes. Il n’y a pas accouchement est tout de même a déposé plainte contre X…, vendredi 26 avril, après avoir reçu une dable de dépistage mais il faut don- C’est de la médecine préventive, de structure idéale. A chacun de facturé 570 euros, pour financer le lettre de menace anonyme, également envoyée à deux de ses confrè- ner les moyens d’en comprendre les d’éducation. Elle est moins valori- réfléchir à son pouvoir. Il est fonctionnement de la maison. res. Un courrier similaire, posté du centre de tri de Nîmes, a été reçu limites et les acquis. Autre exemple, sée et médiatisée que la médecine nécessaire d’humaniser les hôpi- « Ce forfait est plus ou moins rem- par un avocat avignonnais, Guy Guenoun, président de l’Association la péridurale a permis de passer de thérapeutique. J’ai appris la prépa- taux et de raisonner la médecine boursé par les assurances publiques d’information et de défense contre les actes antisémites (Aidaa). « Tu enfanteras dans la douleur » à ration à la naissance après mes étu- avec les médecins, les sages-fem- ou privées », observe Karin Als- a SANTÉ : le parquet de Besançon a indiqué avoir ordonné « Tu accoucheras sans douleur ». Les des, pourtant, notre métier, c’est mes et les psychanalystes. Il est cher. Pour la directrice de la l’ouverture d’une enquête préliminaire, vendredi 26 avril, sur des femmes n’avaient plus mal mais aussi la prévention. Il faut beau- temps de connaître les frontières Geburtshaus, cet obstacle finan- « dysfonctionnements » au centre hospitalo-universitaire (CHU) de la n’avaient plus de perception. Main- coup d’écoute, d’inventivité, pour entre nos métiers, nos structures, cier reste néanmoins dissuasif. ville. Des enquêtes administratives avaient été ouvertes à la suite d’ac- tenant, la péridurale peut être que la femme accouche au mieux mais aussi d’en affirmer la sou- Bien davantage que l’absence de cusations d’actes d’euthanasie pratiqués dans le cadre de thérapies de dosée. Elle permet d’accompagner aujourd’hui. Préparer à la naissan- plesse. médecin. fin de vie, qui avaient conduit les autorités sanitaires à transmettre, une naissance sans la soustraire ni ce, c’est autant de gagné pour l’en- fin mars, un premier rapport au procureur de la République. l’idéaliser. Tout cela nécessite une fant après. Il faut essayer d’être sub- Propos recueillis par S. Bl. Philippe Ricard LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002/19 ENTREPRISES mondialisation

Après le rachat du groupe de défense ADI par le fran- ses sociétés australiennes sont passées dans le giron les entreprises « aussies » n’ont souvent pas d’autre figurent dans le classement des 400 plus grandes çais Thales, c’est au tour du premier groupe produc- de multinationales, les   n’étant choix pour se développer. La moitié des entreprises sociétés mondiales. Indifférents à cette mondialisa- teur d’or australien  de tomber dans l’es- pas en reste pour participer à ces rachats en série. cotées sont des filiales de groupes étrangers. A tion, les Australiens adoptent parfois dans leur con- carcelle du géant américain Newmont. De nombreu- Compte tenu de l’   , l’inverse, seules quatre entreprises australiennes sommation des  . L’Australie, terre ouverte pour les investisseurs étrangers Estimant que la libéralisation de son économie constituait son unique chance de survie, le cinquième continent a accepté que ses entreprises soient détenues par des multinationales. La moitié des sociétés cotées à l’Australian Stock Exchange sont des filiales de groupes mondiaux

SYDNEY Whitlam, de 1972 à 1975. Depuis, les   ... de notre correspondant responsables politiques sont tous Normandy a cédé. Le plus impor- devenus internationalistes. » La déci-   tant producteur d’or en Australie En 2001, le groupe sion, en avril 2001, du gouverne- et son principal actionnaire, le minier australien ment libéral de John Howard de ne Vous êtes professeur d’écono- groupe canadien Franco Nevada, BHP, qui possède pas autoriser le géant anglo-néer- 1 mie politique à l’université de ont dû se résoudre, à la mi-février, notamment une landais Shell à racheter, pour 6 mil- Sydney. Peut-on dire que l’écono- à perdre leur indépendance. Le mine de fer à liards d’euros, le pétrolier austra- mie australienne a perdu son indé- géant américain Newmont a Pilbara, dans l’Ouest lien Woodside n’indique pas un pendance ? dépensé 5 milliards d’euros pour (photo), a fusionné revirement de la politique d’ouver- L’Australie n’a jamais été auto- remporter la bataille boursière qui avec le britannique ture du pouvoir en place. « Can- nome économiquement. Nous l’opposait à son concurrent sud- Billiton. Début 2002, berra craignait que Shell arrête avons tout d’abord été dépen- africain AngloGold. Le vainqueur c’est le principal d’exploiter ce gisement situé au nord- dants des fonds provenant de l’an- de cette longue offre publique producteur d’or ouest du pays pour le garder comme cienne puissance coloniale, la d’achat (OPA) peut désormais se du pays, Normandy, une réserve d’or noir. Cela n’a rien à Grande-Bretagne. Puis, après vanter d’être la plus grosse société qui a perdu voir avec un regain de protection- 1945, les Etats-Unis ont commen- productrice d’or au monde. Quel- son indépendance, nisme », affirme un analyste. cé à investir massivement chez ques mois plus tôt, un autre grou- racheté Les syndicats australiens sem- nous. Les Japonais ont suivi dans pe minier australien, BHP, s’était par l’américain blent également résignés à voir les années 1980. résolu à fusionner ses activités Newmont. leurs sociétés locales tomber dans avec le britannique Billiton. le giron de multinationales. Des L’Australie était pourtant bien « Aujourd’hui, treize des quinze plus centrales lancent parfois des cam- 2 placée pour garder un lea- importants groupes miniers austra- / pagnes de protestation autour de dership mondial dans des activités liens ont été rachetés par des capi- causes environnementalistes, mais comme l’industrie minière. Que taux étrangers », souligne un nationales. Depuis une bonne ving- d’affaires, l’assureur AMP, occupe nation est également beaucoup plus les mouvements nationaux de con- s’est-il passé ? expert à Sydney. taine d’années, les différents gouver- une bien modeste 307e place, et riche que d’autres pays bien plus peu- testation sont pratiquement inexis- La taille de notre économie est Cette industrie n’est pas la seule nements qui se sont succédé, toutes News International, le géant des plés comme l’Indonésie ou les Philip- tants. Les jeunes semblent être les une goutte d’eau dans l’océan à avoir attiré l’intérêt des investis- tendances confondues, ont estimé médias dirigé par Rupert Murdoch, pines. Dans la région Asie-Pacifique, seuls à se préoccuper de la mondia- mondial, mais nous aurions pu en seurs internationaux. De nom- que l’ouverture de notre économie est en 371e position. Souffrant en dehors de la Chine et du Japon, lisation de leur économie. Deux effet nous servir de notre poids breuses sociétés de services des était notre unique chance de sur- d’une taille relativement modeste à l’Australie est le plus gros marché au manifestations violentes, organi- stratégique dans le marché de cer- antipodes sont passées dans le vie. » Ce raisonnement n’est pas l’échelle planétaire, les entreprises niveau de sa solvabilité comparée au sées par des mouvements opposés tains minerais pour développer giron de multinationales, les fran- sans fondements. « L’Australie est australiennes sont des proies faci- nombre de ses habitants. » Le cadre à la globalisation, se sont tenues en notre croissance. Nous avons man- çais Vivendi et Suez n’ayant pas confrontée aujourd’hui au même les pour les grands groupes. Le législatif, fortement inspiré du septembre 2000 à Melbourne et en qué une belle opportunité mais été les derniers à participer à cette problème qui a tué la Nouvelle- modèle de l’ancienne puissance mai 2001 à Sydney. Mais ces campa- nous avons eu la vie trop facile. moisson de rachats. L’ensemble de Zélande, analyse Jean-François Var- coloniale britannique, la langue gnes de protestation semblent L’Australie voyait chaque année la production automobile locale let, le directeur général pour l’Aus- La facilité pour anglaise, parlée partout, la chute désintéresser une très grande majo- l’argent rentrer dans ses caisses est contrôlé par des Américains et tralie de BNP Paribas. Une société récente du dollar australien et la rité de la population. en se contentant de vendre ses des Japonais. Le plus important australienne qui se développe avec trouver des solutions facilité pour les investisseurs de Rien ne paraît donc pouvoir s’op- minerais et sa laine. Nous n’avons groupe de défense, ADI, a été succès sur son marché intérieur peut trouver des solutions de finance- poser à la poursuite des rachats de pas développé d’industries de repris en 1999 par le français très rapidement devenir domina- de financement ment auprès des banques locales sociétés australiennes. Un des der- transformation. La conséquence Thales. « La moitié des sociétés trice. Mais sa taille reste trop limitée sont d’autres avantages de poids. niers secteurs relativement protégé est que nous achetons au prix fort industrielles cotées à la Bourse pour pouvoir affronter les géants auprès des banques Une multinationale est égale- par le gouvernement était la ban- des produits fabriqués à l’étran- australienne, l’ASX, sont des filiales mondiaux à l’étranger. Son unique ment presque assurée de ne ren- que, mais Canberra a récemment ger à partir de nos matières pre- d’entreprises étrangères, calcule un solution est donc de se faire racheter locales est un contrer aucune résistance syndi- fait savoir qu’il ne s’opposerait pas mières. Et notre balance annuelle analyste financier. L’Australie est un par un concurrent international. » cale ou politique si elle souhaite à la reprise d’un des quatre plus des comptes courants enregistre des pays les plus ouverts aux capi- Les sociétés australiennes ayant avantage de poids acquérir une société australienne. grands groupes financiers (NAB, depuis vingt ans un déficit de près taux internationaux. » une dimension mondiale se comp- « La globalisation est perçue comme Westpac, Commonwealth Bank et de 12 milliards d’euros. Cette situation peut paraître tent sur les doigts d’une seule un impératif incontournable à la fois ANZ). Si l’Australie semble connaî- logique pour un pays dont la popu- main. En 2001, seules quatre entre- pays est de surcroît très attrayant par les libéraux et les travaillistes, tre depuis quelques mois un regain D’autres rachats d’entreprises lation totale ne dépasse pas 19 mil- prises australiennes figuraient pour les investisseurs. « C’est un souligne Frank Stilwell, professeur de protectionnisme vis-à-vis des 3 australiennes par des groupes lions d’habitants. « Notre marché dans le classement des 400 plus marché à la fois tout petit et très d’économie politique à l’université immigrés clandestins, elle reste étrangers sont-ils à prévoir ? n’est pas très grand, reconnaît importantes multinationales, éta- grand, note M. Varlet. Sa popula- de Sydney. Le dernier gouverne- plus que jamais ouverte à l’argent Il ne reste pas grand-chose à Bernd Neubauer, le directeur géné- bli par le magazine américain For- tion totale peut paraître modeste, ment à avoir tenté de contrôler le flot venant de l’étranger. racheter. ral d’Invest Australia, l’organisme tune. Le groupe des antipodes qui mais elle reste bien supérieure à cel- d’investissements étrangers était public chargé d’attirer les multi- enregistre le plus important chiffre le de Hongkong ou Singapour. Cette celui dirigé par le travailliste Gough Frédéric Therin Propos recueillis par F. T. Les groupes français ne sont pas en reste Le nouvel argument de vente : « Achetez Aussies »

SYDNEY çois Varlet, le directeur général nos ressortissants vivent en Australie SYDNEY 123 franchisés, ont augmenté de 12 %. Un récent de notre correspondant pour l’Australie de BNP Paribas. contre à peine 3 000 au Japon. » de notre correspondant sondage a montré que 80 % des Australiens inter- La distance n’empêche pas les Pendant quatre-vingts ans, nous Si les grands groupes sont pres- Il est gros. Il en est même plutôt fier puisqu’il se rogés estimaient important de soutenir les socié- groupes français de faire des affai- étions la banque des lainiers et que tous présents, nombre de fait appeler « Big Kev ». Dans ses publicités télévi- tés locales. Un chiffre étonnant au vu du peu de res en Australie. Loin de là. Accor, notre agence était rattachée au PME-PMI n’ont pas encore pros- sées, Kevin McQuay porte sans ciller un blouson protestations que soulèvent les rachats d’entrepri- Axa, BNP Paribas, Pechiney, Per- bureau de Lille. » pecté ce marché. « Ici, dès qu’on taillé dans un drapeau australien. Pour vendre ses ses australiennes par des groupes internationaux. nod Ricard, Suez, Vivendi… Dans les années 1950, l’industria- offre un service de très bonne quali- produits d’entretien, son argument est toujours le Les multinationales tentent toutefois depuis 239 sociétés hexagonales sont lisation du pays a conduit plu- té à sa clientèle, on est les rois du même : ils sont fabriqués en Australie, par des sala- quelques mois de se donner une image « aus- aujourd’hui implantées aux antipo- sieurs grandes entreprises françai- pétrole, résume Alain Tchakmak, riés australiens travaillant pour des sociétés austra- sie ». Le géant pharmaceutique SmithKline Bee- des, un chiffre en hausse de 38 % ses à tenter l’aventure au bout du directeur général de Bakers Mai- liennes... Ce type de communication fait mouche cham a répliqué en août 2001 à une publicité de en six ans. monde. Pechiney a ouvert sa filiale son. En deux ans et demi, notre dans un pays en pleine résurgence nationaliste. l’australien Herron – qui mettait en avant la Avec près de 70 000 salariés (un locale à cette époque et le groupe, entreprise de fabrication de pain Dans une publicité télévisée, Tom Potter, le créa- nationalité américaine de son concurrent – en effectif comparable à celui de l’en- qui possède sur l’île une de ses précuit surgelé est parvenue à tailler teur de la chaîne de livraison à domicile Eagle Boys expliquant dans un spot télévisé que les antidou- semble de l’industrie minière), ces plus importantes usines d’alumi- des croupières à nos concurrents Pizza, explique le plus sérieusement du monde : leurs de son rival étaient fabriqués à l’étranger, entreprises enregistrent un chiffre nium, « cherche actuellement à réa- présents depuis bien plus long- « J’estime qu’il y a une seule chose réellement impor- alors que ses Panado étaient made in Australia. d’affaires total de 9 milliards à liser de nouvelles acquisitions », temps. » L’Australie est un marché tante que les “Aussies” doivent regarder dans une Cet exposé ne semble pas avoir convaincu les con- 12 milliards d’euros. Au 30 juin révèle Bernd Neubauer, directeur développé, mais de nombreuses pizza. Est-ce que la société (qui la fabrique) est à sommateurs : la part de marché de Herron est 2000, les investissements cumulés général d’Invest Australia, l’orga- niches restent encore inoccupées. 100 % australienne ? Si ce n’est pas le cas, votre passée de 25 % à 32 %… des entreprises françaises « down nisme public chargé d’attirer les argent est livré à l’étranger. » Après trois mois de under » (la tête en bas, les pieds en capitaux étrangers aux antipodes. F. T. campagne, les ventes de cette enseigne, avec F. T. haut), comme on dit ici, ont légère- ment dépassé 2,9 milliards     ’ d’euros, un chiffre inférieur à celui Les privatisations lancées à la fin enregistré en Chine mais bien des années 1980 et au début des La Bourse veut sauvegarder son indépendance supérieur aux sommes investies au années 1990 ont, pour leur part, Japon. La France est depuis plu- attiré les grands noms français spé- Produits innovants et alliances avec d’autres places doivent permettre de retenir les entreprises sieurs années le septième plus cialisés dans les services, un sec- important investisseur étranger teur qui représente 71 % du pro- SYDNEY été multiplié par onze pour attein- Singapour, Taiwan et Séoul », expli- de créer une Bourse et un marché sur l’île-continent. duit intérieur brut australien. La de notre correspondant dre une moyenne de 55 000. En que Jean-François Varlet, le direc- obligataire de dimension régionale. décision de l’assureur Axa d’instal- « Notre principal défi est de com- juin 2000, le montant des fonds teur général pour l’Australie de « L’ASX a lancé des négociations   ler en Australie son siège pour la penser notre taille limitée en offrant investis en Bourse a atteint 350 mil- BNP Paribas. avec près d’une douzaine de Bourses Cette forte présence tient tout région Asie-Pacifique répondait à une gamme de produits et de ser- liards d’euros. Ce volume a pres- Pour attirer les investisseurs, régionales », révèle M. Varlet. d’abord à des raisons historiques. une exigence du gouvernement vices de plus en plus large et en multi- que doublé en cinq ans, et il a prati- l’ASX a développé des produits Dans les années 1880, les grands fédéral qui avait posé cette condi- pliant les alliances avec d’autres quement triplé depuis le début des financiers très sophistiqués. « Nous F. T. groupes lainiers du nord de la Fran- tion en contrepartie de la cession places. Sinon, les grands groupes années 1990 en raison de l’introduc- avons été parmi les premiers à mettre ce et de Mazamet (Tarn) se sont en 1995, pour 600 millions d’euros, iront se faire coter ailleurs. » Colin tion en 1996 des fonds de pension en place en 1997 un système de tran- installés dans ce pays quatorze de la majorité du capital de Natio- Scully, le directeur opérationnel de privés obligatoires. En 2015, les sactions entièrement électronique, se fois plus étendu que l’Hexagone, nal Mutual. la Bourse australienne, l’Australian fonds en gestion devraient dépas- vante M. Scully. En 1976, nous qui s’est très rapidement dévelop- « Pour financer leur expansion, Stock Exchange (ASX), née en 1997 ser 1 350 milliards d’euros. « Nous étions la troisième place au monde à pé dans l’élevage de moutons desti- les entreprises étrangères n’ont de la fusion des six places installées ne pouvons pas pour autant nous créer un marché pour les options. » nés à l’industrie textile. Chargeurs aucun mal à trouver des fonds dans les capitales des principaux reposer sur nos lauriers, car nous ne Le Sydney Futures Exchange (SFE) est aujourd’hui encore la principa- auprès des banques et des investis- Etats de la Fédération, est confron- représentons que 1,5 % de la capitali- est, quant à lui, le plus important le entreprise de cardage (l’activité seurs locaux, souligne un diploma- té aux problèmes des Bourses de sation boursière mondiale », avoue marché à terme en volume dans la qui consiste à démêler et à net- te. Accor et Axa sont ainsi cotés à la taille moyenne. Colin Scully. région Asie-Pacifique. toyer la laine) aux antipodes. La Bourse australienne, l’ASX. Le cadre L’ASX a connu un bel essor ces Au-delà du lancement de nou- Compagnie générale maritime juridique pour créer une antenne dernières années. La capitalisation   veaux produits, l’ASX cherche à (CGM) a rapidement suivi les lai- est également bien moins complexe des 1 460 sociétés cotées aux anti- « L’ASX est certes la deuxième ou multiplier des accords de partena- niers afin d’assurer le transport que ceux en vigueur en Asie et les podes est passée de 81,5 milliards à la troisième Bourse d’Asie derrière riat avec d’autres places. Le gouver- des ballots entre l’Australie et l’Eu- conditions de vie pour nos expatriés 442,5 milliards d’euros en onze Tokyo et Hongkong en termes de nement fédéral a engagé en 2001 rope. « Nous sommes arrivés quant sont bien plus agréables. Ceci expli- ans. Le nombre quotidien de tran- capitalisation, mais son chiffre d’af- des pourparlers avec les autorités à nous en 1881, raconte Jean-Fran- que notamment pourquoi 40 000 de sactions a durant la même période faires est toujours inférieur à celui de de Singapour et de Hongkong afin 20/LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002 CARNET

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » –Mme Béatrice Cazes, – Hossegor. Paris. M. Bertrand Cazes et sa compagne, Sophie Bodenes, Bernard Thibaut, Décès ses enfants, son époux, Francis Lemarque – Jean Guillaumin, Le docteur Jean-Pierre Cazes, Amélie et Harry Guzlan, Anne Scheibling-Maniez, M. Henri-Jean Darriau, Romane et Nathaelle, Olivier et Frédérique Scheibling- son frère, Agnès et Franck Espiasse-Cabau, Seve, Parents et amis, Robin, Marion et Anouk, Chantre d’un Paris populaire et poétique ont la profonde douleur de faire part du Rafael, Hugo, Calliste, Lancelot, ses enfants et petits-enfants, décès de Tatiana, Maud Huan et ses enfants, L’AUTEUR, compositeur, inter- de soutien au PCF, sans toutefois sa sœur, ses neveux et nièces, ont la tristesse d'annoncer le décès de Mme Françoise prète Francis Lemarque est mort adhérer au parti, et à des tournées Les familles Dagnaud, Dutaillis et CAZES-DARRIAU, Lapeyre, samedi 20 avril à son domicile de La dans les pays de l’Est, en Chine et Nicole BRUNIER-SCHEIBLING. Ainsi que ses nombreux amis, Varenne-Saint-Hilaire (Val-de-Mar- en Corée du Nord. Il écrit aussi survenu à Saint-Laurent-du-Var, le ont la douleur de faire part du décès de ne). Il était âgé de 84 ans. Ce fin Soleil d’acier, une chanson à la gloi- 18 avril 2002. Une cérémonie d'adieu aura lieu le mélodiste laisse un millier de chan- re d’un satellite lancé par l’Union mardi 23 avril 2002, à 11 heures, au Les obsèques religieuses seront sons, dont bon nombre (Le Temps soviétique. « Je ne suis pas vraiment cimetière communautaire de Bron- Anne-Marie THIBAUT, célébrées en l'église Saint-Jean- née RODIER, du muguet, A Paris, Marjolaine, un chanteur militant, je ne fais qu’ef- Parilly (Rhône). l'Evangéliste, à Nice, le mardi 23 avril, à Mathilda, Bal, petit bal, Le petit cor- fleurer les problèmes, expliquait-il 14 h 45. « Nous ne te verrons pas vieillir. donnier, Quand un soldat) sont en 1997. Je n’ai jamais été commu- survenu subitement à Hossegor (Landes), Voici le jour ancrées dans la mémoire collective. niste, comme on l’a dit parfois. Visites à l'athanée de Nice, 42, avenue le vendredi 19 avril 2002. Francis Lemarque était le chantre Même si j’ai marché parallèlement à en trop, le temps déborde. » Saint-Augustin. d’un Paris aussi mythique que dispa- leur route pendant pas mal de temps Ses obsèques religieuses seront « Mon âme attend le Seigneur, ru, celui du musette et de la java qui et m’en suis écarté par la suite. » célébrées le mardi 23 avril, à 10 h 30, en plus que le Veilleur l'aurore. » faisaient guincher le petit peuple Outre ses chansons, Francis Bernard HAILLANT, l'église de la Sainte-Trinité de Hossegor, auteur-compositeur-interprète, où l'on se réunira. cosmopolite de la Bastille. Sa carriè-   Lemarque a composé des musi- Cet avis tient lieu de faire-part et de re, longtemps éclipsée par le succès ques de film, notamment pour Le Grand Prix du disque remerciements. Une messe sera célébrée à son qu’il écrivit pour Yves Montand, ne conscience de classe et décide, en cave se rebiffe, Maigret voit rouge, de l'Académie Charles-Cros, Prix de la Sacem, intention, en présence de la famille, le saurait être réduite à cette veine réa- 1934, avec son frère Nathan, de et surtout Playtime, de Jacques – Son épouse, lundi 6 mai, à 10 h 30, en l'église Saint- liste poétique. Francis Lemarque rejoindre le groupe Mars, affilié à la Tati, en 1967. Toujours attaché à est décédé le 17 avril 2002. Ses enfants Jacques-du-Haut-Pas, 252, rue Saint- était aussi un chanteur profondé- Fédération des théâtres ouvriers de ses racines, il est aussi l’auteur, ont la douleur de faire part du décès de Jacques, Paris-5e. ment engagé, compagnon de route France. Avec Nathan, il crée un duo avec l’écrivain Georges Coulonges, La cérémonie sera célébrée le 24 avril, M. Pierre DUCOURT, du Parti communiste. de chansonniers, les Frères Marc, et de Paris Populi, une fresque sur à 9 h 30, en l'église Saint-Marcel, Paris- ancien président de l'ACVG Anniversaires de décès Né à Paris le 25 novembre 1917, sympathise pour les idées du Parti l’histoire du peuple de Paris depuis 13e. poste section du Loiret, Nathan Korb était fils d’immigrés communiste. Dans l’ambiance du la Révolution. Interprétées par – In memoriam. juifs. Son père, tailleur, a déserté Front populaire, il chante dans les Juliette Gréco, Mireille Mathieu, 41, rue Esquirol, survenu le 19 avril 2002, à l'âge de l’armée tsariste, sa mère a fui les usines en grève et se lie d’amitié Mouloudji et Serge Reggiani, ces 75013 Paris. soixante-treize ans. Le 23 avril 2002 marque le quinzième pogroms en Lituanie. L’enfant gran- avec Jacques Prévert et son composi- chansons lui vaudront le prix de anniversaire de la mort de Les obsèques auront lieu en l'église de dit rue de Lappe, dans le quartier teur, Joseph Kosma. Mobilisé en l’académie Charles-Cros, en 1973. –Mme Georgette Villacèque, Saint-Léonard-de-Noblat (Haute- Gérard BEZAULT. de la Bastille, où se mêlent Auver- 1940, il rejoint bientôt la zone libre Grand défenseur du patrimoine son épouse, Vienne). gnats, Italiens et Européens de et rencontre à Marseille le produc- de la chanson française, Francis M. et Mme Georges Villacèque, Il aurait soixante ans. l’Est. L’appartement familial est teur et directeur artistique Jacques Lemarque avait publié en 1994 une M. et Mme Marc Villacèque, Cet avis tient lieu de faire-part. situé juste au-dessus du Bal des Canetti. Son entrée dans la Résistan- précieuse Anthologie de la chanson ses enfants, Trois Colonnes. « Les premières ce est précipitée par un drame fami- française, réalisée dans son studio Anne, Olivier, François et Lucie, 5, allée des Florentides, Cours ses petits-enfants, 45650 Saint-Jean-le-Blanc. notes que j’ai entendues en venant lial, lorsqu’il apprend, en 1943, la de La Varenne Saint-Hilaire. Cette Pierre et Juliette, Graphiste, grande expérience au monde, ce fut un air d’accor- déportation de sa mère. même année, il fêtait ses cinquante ses arrière-petits-enfants, édition et presse, déon, rappelait Francis Lemarque ans de carrière au Casino de Paris et ont le chagrin de faire part du décès de – Jean-Pierre Vidon,    Brigitte Guien-Vidon donne cours à domicile en 1997, à l’occasion des Nuits de publiait Lemarque 94, un album de pour toutes versions Fernand VILLACÈQUE, et Pierre-Aurélien nacre, à Tulle. Pendant toute mon C’est à Paris, en 1946, que Pré- fidélité à ses passions de jeunesse, ont la douleur de faire part du décès de X'Press sur Mac. ancien instituteur, enfance, j’ai ensuite été bercé par la vert le présente à Montand. En plei- entre swing manouche, valse et tan- Tél. : 06-76-75-85-60. musique qui montait jusque dans ne ascension, le chanteur va popu- go. En 1996, une autre génération Mme Perfetta VIDON, ma chambre. Lorsque la guerre a été lariser ses chansons, Ma douce val- (Alain Souchon, Anne Sylvestre, survenu à son domicile, le vendredi née SANTELLI, 19 avril 2002, dans sa quatre-vingt- professeur de collège déclarée et qu’on a fermé les bals lée, A Paris, C’est à l’aube ou Quand Romain Didier) le fêtait à l’Audito- treizième année. CARNET DU MONDE musettes, j’ai eu des insomnies. Je un soldat. La notoriété de Francis rium des Halles, à Paris, avant qu’il d'enseignement technique honoraire, officier d'académie, Fax : 01-42-17-21-36 n’entendais plus l’accordéon ! » Lemarque l’amène à écrire pour ne retrouve son public sur la scène Il a été inhumé au cimetière de Rodez Il commence à travailler dès l’âge Juliette Gréco et André Claveau, du Théâtre Silvia-Monfort. Francis (Pyrénées-Orientales), le lundi 22 avril, survenu à Suva (îles Fidji), le Téléphone : de onze ans, exerçant différents Renée Lebas et Marcel Amont, Lemarque avait rassemblé en 1992 au côté de son fils 13 avril 2002, dans sa quatre-vingt- 01-42-17-39-80 petits métiers, vendeur en bimbelo- Patachou et Henri Salvador. Son ses souvenirs dans J’ai la mémoire septième année. Francis. 01-42-17-38-42 terie, ouvrier imprimeur, métallur- engagement dans « le camp des tra- qui chante (Presses de la Cité). 01-42-17-29-96 giste, garçon de courses ou figurant. vailleurs » ne se dément pas puis- L'inhumation aura lieu le 23 avril, à 16, rue Pomarola, 11 heures, au cimetière de Verzé (Saône- e-mail:[email protected] Il se forge rapidement une qu’il participe à de nombreux galas Bruno Lesprit 66000 Perpignan. et-Loire). LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002/21 AUJOURD’HUI sports

   a sérieusement hypothéqué ses 21 avril, à Paris, lors de la 3e journée des -. Les la compétition. Biarritz conserve la première place de , l’entraîneur du Stade français, a été sévèrement chances de qualification pour les demi-finales du coéquipiers de Fabien Galthié ont été incapables de la poule A, alors que , net vainqueur de critiqué par   et Fabrice Landreau, le championnat de France de rugby en concédant le concrétiser les bonnes intentions affichées et n’ont Montferrand samedi (45-23), reste en tête de la pou- président et le manager du club parisien. « Tout le pro- match nul (20-20) face à , dimanche toujours pas enlevé la moindre victoire à ce stade de le B. Après le match contre Biarritz,  - blème tourne autour de lui », a indiqué Max Guazzini. Tenu en échec par Biarritz, le Stade français plonge dans le doute Rugby b Le club parisien a été tenu en échec par Biarritz (20-20) sur son terrain et a hypothéqué ses chances de qualification pour les demi-finales du championnat de France. Le système de jeu mis en place par l’entraîneur John Connolly est l’objet de sévères critiques à l’intérieur même du club LE PRINTEMPS ne diffuse ne nous colle pas à la peau. Non seule- qu’une odeur dans les coulisses du ment on a beaucoup de mal à l’appli- Stade français : celle de la grande quer, mais on sort épuisés du ter- lessive. C’est à un nettoyage drasti- L’ailier international rain. » Ce plan de jeu se résumerait que que se prépare le président du parisien Christophe selon Max Guazzini à une récitation club parisien, Max Guazzini qui, Dominici a fait son de combinaisons apprises par cœur dimanche 21 avril, ne pouvait plus retour dans les rangs à l’entraînement. Bref à un jeu tota- contenir son exaspération après le du Stade français. Il lement stéréotypé, dépourvu de tou- match nul (20-20) enregistré par ses est ici à la lutte avec te inspiration. De son côté, le capi- joueurs sur leur pelouse du Stade le troisième-ligne taine Fabien Galthié, toujours aussi Jean-Bouin, pour la 3e journée des biarrot Christophe peu disert, s’est bien gardé d’entrer play-off, devant le Biarritz olympi- Milhères (à gauche). que. Nul doute que le président pré- Comme on le voit, férerait même clore ici cette saison les tirages de maillot Toulouse vers qu’il qualifie de « transitoire ». se produisent aussi les demi-finales Si un contrat ne les liait pas jus- sur les terrains qu’à la fin de la saison, il se serait de rugby. Après Toulouse a nettement battu probablement déjà séparé de John un match qui s’est (45-23) Montferrand, samedi e Connolly, son entraîneur australien, conclu sur un score 20 avril, lors de la 3 journée des qu’il a désigné sans ménagement de parité (20-20), play-offs du championnat de Fran- comme le responsable de l’impuis- Biarritz conforte ses ce. Face à une équipe auvergnate sance de ses joueurs. Il lui impute chances de participer soudée et organisée, les champions les mauvaises performances réali- aux demi-finales de France ont réalisé leur meilleur sées cette saison, et surtout l’échec du championnat de match de la saison, inscrivant en Coupe d’Europe et les deux pre- e France, tandis que trois essais par Jean Bouilhou (5 ), mières défaites de son équipe lors e les Parisiens devront Frédéric Michalak (25 ) et Cédric Hey- des play-off (face à Bourgoin et à mans (69e), contre deux pour leurs se contenter de Agen). adversaires, par Aurélien Rougerie viser une troisième e e Il déplore aussi, en des termes (34 ) et Johnny Ngauamo (81 ). Ce place, synonyme de peu satinés, son manque de ferme- succès permet aux hommes de Guy qualification té. « Tout le problème tourne autour Novès d’envisager une qualification de lui. On a un entraîneur qui ne européenne. pour les demi-finales, qui auront er parle pas français. Les joueurs ne le  / lieu le samedi 1 juin. Dans l’autre comprennent pas, ils sont perdus. En match de la poule B, Béziers, long- plus, il les félicite après ce match eu son effet sur le terrain. Et Patrice 20 mètres des poteaux », a analysé australien était retenu par Christo- de l’ailier champion du monde, Joe temps mené au score, a souffert e nul », constatait-il, avant de se pro- Lagisquet, coentraîneur des Biar- John Connolly. Dès la 4 minute, et phe Juillet et l’arbitre sifflait un Roff, affublé d’un masque à la Bel- pour s’imposer (18-17) devant Perpi- jeter vers la saison 2002-2003 : «Je rots en convenait avec une pointe à l’issue d’une très longue séquence essai de pénalité en faveur du Biar- phégor depuis une fracture du nez, gnan. Agen s’est incliné de justesse e suis très motivé pour l’an prochain. d’ironie au coup de sifflet final : de jeu, le buteur italo-argentin a ritz olympique (37 ). La réplique du sur un acte de rébellion de Franck à Bourgoin (22-20), désormais e Nous aurons un entraîneur qui aura « Le vol du week-end, nous l’avons échoué une conversion, largement Stade français ne se faisait pas atten- Comba (83 ). Une action stricte- deuxième de la poule A derrière Biar- une autre autorité sportive. Il y aura commis. » à sa portée. dre. Elle arrivait par le Canadien ment individuelle, comme le déplo- ritz. Le Berjallien Benjamin Boyet, e aussi de nouveaux joueurs. » Sous l’œil de Serge Blanco, le pré- Mike James (43 ), après un bon tra- rait le talonneur, Fabrice Landreau. auteur de dix-sept points, s’est illus- Un seul être lui manque : Bernard   sident de la Ligue, les Basques, excel- vail de Christophe Dominici, qui « Nous sommes tellement focalisés tré par la précision de ses tirs. Laporte. Depuis le départ de celui- L’initative du jeu n’aura été que lemment organisés en défense, ont n’avait pas joué à Jean-Bouin sur nos performances personnelles ci, parti prendre la direction de parisienne, ou presque. « On a joué résisté aux innombrables assauts depuis sa blessure à l’épaule, le que nous donnons le meilleur de nous- l’équipe de France, Max Guazzini se raisonnablement bien. Ce résultat est stadistes. Sans parvenir à prendre le 6 janvier. mêmes, mais individuellement », dans le débat. Il reconnaît tout de sent orphelin. Est-ce à la suite à son d’autant plus frustrant que nous avi- large. Les Parisiens ne comptaient a-t-il déclaré, avant d’accabler, lui même peser beaucoup moins sur le appel que l’entraîneur du XV de ons les moyens de gagner. Seulement, qu’un maigre avantage de trois   aussi, John Connoly et ses tactiques. jeu parisien que sur celui du XV de France, auréolé du grand chelem, il y a tellement de tensions en ce points, à trois minutes de la La seconde période a été à l’ima- « Nous étions partis pour figurer France. Qu’en est-il désormais des est venu, mercredi 17 avril, remon- moment que les joueurs commettent mi-temps. Jusqu’à une incursion ge de la première. Si les Parisiens parmi les quatre meilleurs, et l’on s’ef- chances de Paris d’atteindre les ter les bretelles des joueurs pari- des fautes au dernier moment. des Biarrots et de Serge Betsen qui, ont été courageux, ils ont aussi été frite petit à petit, poursuit-il. Nous demi-finales ? siens ? Programmée ou non, cette Jamais, par exemple, je n’ai vu Diego altruiste, servait John Isaac pour le improductifs, finissant seulement sommes beaucoup trop prévisibles. « Mathématiquement, c’est encore rencontre avec leur ancien mentor a Dominguez rater une pénalité à premier essai de la partie. Le centre par répondre à un essai biarrot (77e) Même si l’envie est là, le projet de jeu possible. Mais je m’en fous, je n’ai jamais aimé les maths », répond le président du Stade français qui a bloqué – à l’exception de celles con- La domination des coureurs italiens suscite de nouvelles interrogations cernant David Auradou, Patrick Tab- bacco et Pieter De Villiers – les négo- Cyclisme b Paolo Bettini (Mapei) a signé son deuxième succès dans Liège-Bastogne-Liège, devançant quatre compatriotes ciations avec les joueurs en fin de contrat. Ce match nul n’a pas totale- ANS (Belgique) pe aux premières places d’une clas- plus tard avec l’Américain Lance chercher d’éventuelles traces investigations de Luigi Bocciolini, ment condamné Paris, mais le sursis de notre envoyé spécial sique : le cyclisme est devenu relati- Armstrong, s’en était vanté publi- d’EPO ou de NESP – la nouvelle for- le procureur chargé de ce dossier, est des plus minces. Ils se sont serré la main à quel- vement familier de ce type de situa- quement. Il fait aujourd’hui l’objet me d’EPO – seront connus d’ici ont fait apparaître qu’un certain ques centaines de mètres de l’arri- tion. Ce sont même trois maillots d’un procès en Italie. quelques jours. nombre de coureurs possédaient et François Aubel vée. Sur la ligne, située au sommet portant les mêmes logos qu’il a pu Le doublé signé par les coureurs utilisaient EPO, hormones de crois- de la dernière côte de la journée, à voir s’afficher à plusieurs reprises  de Mapei à Liège vient confirmer sance, insuline, analgésiques et Ans, dans la banlieue de Liège, Pao- sur un même podium depuis le Dimanche 21 avril, avant le l’emprise exercée par les cyclistes caféine. STADE FRANÇAIS-BIARRITZ 20-20 lo Bettini a devancé d’une bonne milieu des années 1990. Sur Paris- départ de Liège, 39 coureurs issus italiens et les équipes italiennes sur Le magistrat a transmis le dossier Top 8-Poule A longueur Stefano Garzelli. Un com- Roubaix, l’équipe italienne Mapei a des équipes ONCE, Euskaltel, les classiques depuis le début de à Giacomo Aiello, le président de la 3e journée patriote, mais aussi un coéquipier, signé trois triplés entre 1995 et Lotto, Mercatone Uno et Crédit cette année : Mario Cipollini, qui commission antidopage du Comité Stade Jean-Bouin, à Paris ; puisqu’il porte comme lui le 1999, la formation belge Domo agricole ont subi des prélèvements porte les couleurs d’Acqua e sapo- olympique national italien (CONI). bon terrain ; temps chaud ; maillot de l’équipe transalpine l’imitant en 2001. En 1994, l’équipe sanguins. Tous ont été déclarés ne, a enlevé Milan-San Remo puis Début avril, ce dernier a requis de 10 000 spectateurs ; arbitre : M. Dumé (Côte-d'Argent) Mapei. A 28 ans, Paolo Bettini a italienne Gewiss avait réalisé un tri- aptes, présentant un hématocrite Gand-Wevelgem, Andrea Tafi lourdes sanctions – de six mois à signé, dimanche 21 avril, son plé retentissant à la Flèche wallon- inférieur ou égal à 50 %. Jeudi (Mapei) s’adjugeant le Tour des quatre ans et demi de suspension – POINTS deuxième succès dans la classique ne. C’est à partir de cette date que 18 avril, des contrôles antidopage Flandres. Mais le peloton italien a à l’égard de treize coureurs italiens, STADE FRANÇAIS : 2 essais de James e e cycliste Liège-Bastogne-Liège, l’usage de l’érythropoïétine (EPO) urinaires inopinés avaient été prati- aussi « brillé » sous d’autres feux, dont quatre coéquipiers ou ex-coé- (40 )etComba (83 ), 2 transforma- tions (11e et 42e) et 2 pénalités (11e et après celui enregistré en 2000. Cet- au sein du peloton italien a été qués par l’Union cycliste internatio- ceux de l’actualité médico-judiciai- quipiers de Marco Pantani chez 46e)deDominguez. te victoire porte à quatre le nom- reconnu officiellement : le docteur nale (UCI). L’identité des coureurs re et des contrecoups du « blitz » Mercatone Uno. La mise en œuvre BIARRITZ : 2 essais de pénalité (37e)et bre des succès des cyclistes italiens Michele Ferrari, qui travaillait alors contrôlés n’a pas été dévoilée. Les opéré par les policiers italiens lors des peines demandées relève désor- de Roff (78e), 2 transformations (11e et dans la « Doyenne » au cours des avec Gewiss, avant de collaborer résultats de ces tests, qui visent à du Tour d’Italie, en juin 2001. Les mais de la Fédération italienne de 42e) et 2 pénalités (11e et 46e)deRoff. cinq dernières éditions. A elles seu- cyclisme. les, les équipes italiennes ont D’autres dossiers, dont ceux con- LES ÉQUIPES même trusté huit éditions sur neuf cernant l’Allemand Jan Ullrich STADE FRANÇAIS (entraîneur : Connolly) Le Tour de France a déjà arrêté la liste de ses « invités » Jonnet – Poulain, Comba, Venditti depuis 1994. (Telekom) et huit coureurs espa- (Mytton, 51e), Dominici – Dominguez, Les couleurs italiennes ont consti- gnols de la formation ibérique iBa- Galthié (cap.), Pool-Jones – Juillet tué la tonalité dominante du final ANS teurs du Tour classent au second son investissement (son contrat arri- nesto. com, ont par ailleurs été (Mona, 64e), Rabadan – James, Auradou de cette 88e édition. Au point que de notre envoyé spécial plan, et qui donc auraient peu de ve à échéance fin 2002). La décision transmis par le CONI aux fédéra- (Chaffardon, 72e) – Lemoine, Landreau e les coureurs italiens et les forma- Ils savent. Officiellement, la liste chances d’être invitées : les forma- sera prise « après l’annonce de la tions concernées. Le CONI doit (August, 60 ), Emmanuelli. tions transalpines auxquelles ils des équipes à qui seront attribuées tions suisse Phonak, allemande sélection », selon Michel Gros. La encore clore les dossiers de Dario BIARRITZ (entraîneurs : Lagisquet et appartiennent ont signé un score des invitations pour le Tour de Fran- Gerolsteiner et italienne Mercatone société BigMat a également annon- Frigo (Tacconi) et Marco Pantani. Rodriguez) Brusque – Bernat-Salles sans appel et digne d’un champion- ce – les « wild cards » – ne doit être Uno, dont le leader est Marco Panta- cé l’arrêt de son partenariat en cas Ce dernier, soupçonné d’usage d’in- (Legg, 64e), Bousses (Bidabe, 48e), Isaac, nat national : ils ont monopolisé entérinée que le 2 mai. Mais les orga- ni. Daniel Baal, qui, dès la mi-mars, d’absence au Tour de France. suline, doit être entendu mercredi Roff – Peyrelongue, Morlaes – Milheres, Nauroy (Chouchan, 45e), Betsen – les cinq premières places, Ivan Bas- nisateurs de la Grande Boucle ont avait assuré que les six équipes fran- Les autres formations françaises, 24 avril. Roumat (Nouchi, 51e), Versailles – Avril, so (Fassa Bartolo) finissant à déjà quasiment arrêté les noms des çaises en attente d’une invitation – Bonjour, Crédit agricole et La Fran- Gonzales (cap.) (Curnier, 55e), Fitzgerald 15 secondes des deux coureurs de bénéficiaires des précieux sésames. seule Cofidis est qualifiée d’office – çaise des jeux, auraient moins de Philippe Le Cœur (Puleoto, 12e et Gonzales, 79e). la Mapei et devançant de 8 secon- « Nous sommes à peu près fixés »,a ne seront pas toutes retenues, a lais- soucis à se faire quant à leur présen- des Mirko Celestino (Saeco) et Mas- indiqué, dimanche 21 avril à Liège, sé entendre que trois d’entre elles ce sur la Grande Boucle. Tout com- simo Codol (Lampre). Jean-Marie Leblanc, directeur délé- suscitent des interrogations : AG2R me l’équipe italienne Saeco. Mais les C’est au cœur du quartier… ita- gué d’Amaury Sport Organisation Prévoyance, Jean-Delatour et Big- formations italienne Acqua e Sapo- lien de Liège, dans l’avant-dernière (ASO). Le « patron » du Tour de Mat-Auber 93. ne (avec Mario Cipollini) et alleman- difficulté du jour, la côte de Saint- France s’est refusé à donner plus de de Team Coast (avec Alex Zülle, Fer- Nicolas, que s’est dénouée une précisions, se bornant à indiquer   nando Escartin et Angel Casero, der- course qui avait été marquée par que, « comme nous, tout un chacun « Nous ne sommes ni pessimistes ni nier vainqueur du Tour d’Espagne) une très matinale et très longue peut déjà avoir une idée de cette lis- optimistes, a déclaré, samedi 20 avril, restent aussi en lice. Une chose est échappée du Français Fabrice te », pour laquelle 12 équipes sont Michel Gros, le directeur sportif de en tout cas certaine : « Il n’y aura Salanson (Bonjour). Sur ces en lice. la formation Jean-Delatour. Le passé que cinq invitations », affirme Jean- 900 mètres d’ascension raide, Stefa- Quelques indications, en creux, nous a appris à attendre. Il y a deux Marie Leblanc, l’idée d’en attribuer no Garzelli et Paolo Bettini se sont ont cependant filtré, samedi 20 avril, ans, tout le monde nous donnait invi- une sixième, un temps évoquée, et extirpés en force du petit groupe à travers les propos de Daniel Baal, tés au Tour, et finalement nous n’avi- de passer ainsi à 22 équipes au dans lequel ils figuraient depuis le directeur de l’activité cyclisme ons pas été retenus. » En cas de non- départ étant écartée. une trentaine de kilomètres. chez ASO. Ce dernier a cité plusieurs sélection au Tour de France, la socié- Des coureurs d’une même équi- noms d’équipes que les organisa- té Jean Delatour pourrait stopper Ph. L. C. 22/LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002 AUJOURD’HUI sports

Tennis : Juan Grâce à la Coupe de la Ligue, Bordeaux sauve sa saison Carlos Ferrero

Football b Les Girondins ont obtenu samedi leur première victoire dans cette épreuve en disposant de Lorient (3-0) s’impose à et se sont qualifiés pour la prochaine Coupe de l’UEFA. Auteur de deux buts, le Portugais Pauleta a été éblouissant Monte-Carlo

CE SERA sans doute le dernier lions d’euros, la prime promise au l’international portugais n’a mis que inscrit son 34e but de la saison en ailleurs. Les dirigeants bordelais en L’ESPAGNOL Juan Carlos Ferrero acte officiel d’un président déchu. vainqueur. 5 minutes à retrouver le chemin des 43 matches, toutes compétitions semblent convaincus, au point de s’est adjugé le tournoi de Monte- Gérard Bourgoin, bien que débou- « Ce match nous permet d’attein- filets, d’un tir croisé du droit. Et que confondues. Et sa 60e réalisation s’être déjà mis en quête de son suc- Carlo, troisième des neuf Masters lonné la veille de la présidence de la dre l’objectif fixé en début de saison, dire du troisième but bordelais, depuis un et demi, date à laquelle il cesseur. Ce dernier pourrait être l’at- Series de l’ATP Tour, en dominant Ligue nationale de football (LNF), c’est-à-dire une qualification en cou- estampillé « chef-d’œuvre » ? Chris- a posé ses crampons dans la Giron- taquant lorientais Jean-Claude Dar- facilement en finale son compatrio- s’est vu autoriser à remettre, samedi pe d’Europe », affirme l’entraîneur tophe Dugarry reçoit la balle côté de. Un chiffre célébré par l’intéressé cheville, annoncé depuis plusieurs te Carlos Moya (7-5, 6-3, 6-4), 20 avril au Stade de France, aux des Girondins de Bordeaux, Elie droit, contrôle de la poitrine avant lui-même : sûr de son fait et de son semaines dans la Gironde. Samedi dimanche 21 avril. Agé de 22 ans, côtés de son successeur présumé, Baup. « C’est sympa, je suis content d’enchaîner, à l’aveugle, sur un cen- doublé, le Portugais a, comme le soir, pourtant, le Guyanais ne fut Juan Carlos Ferrero a ainsi glané le l’avocat Frédéric Thiriez, la Coupe pour moi et pour l’équipe, mais on a tre que le Portugais reprend d’une veut la nouvelle coutume, fêté son pas à la hauteur de sa réputation, et sixième titre de sa carrière, le de la Ligue au capitaine des Giron- été surpris par l’ampleur de la victoi- volée acrobatique du droit, laissant second but en relevant son maillot, même étrangement absent, diront deuxième dans un tournoi Masters dins de Bordeaux, Christophe re. On pensait que ça serait beaucoup le portier lorientais Stéphane Le Gar- laissant apparaître un insolent les supporteurs des Merlus, qui cons- Series, après Rome en 2001. «La Dugarry. A la droite de l’ex-roi du plus dur », confiait pour sa part le rec pantois. « Pauleta est assez épa- « 60 » inscrit en lettres bleues sur puèrent leur chouchou, sorti à la 75e balle de match que je sauve au poulet, la ministre de la jeunesse et milieu de terrain Vikash Dhorasoo. tant », concède Vikash Dhorasoo. son T-shirt. minute. Le virage opposé, celui des second tour face à Felix Mantilla, des sports, Marie-George Buffet, L’homme affole les statistiques. Sorti à deux minutes de la fin, il a Bordelais, répondit par des applau- m’a fait beaucoup de bien sur le participait également à sa dernière -’   Non content d’avoir inscrit les deux été ovationné. Forcément, l’atta- dissements et scanda un « Darche- plan mental. J’espère désormais con- remise officielle. A sa gauche, l’an- Les Girondins étaient trop forts tiers des buts de son équipe en quant lusitanien attise les convoiti- ville à Bordeaux » lourd de sens. tinuer sur ma lancée afin d’arriver cien premier ministre Alain Juppé pour la lanterne rouge du champion- championnat, celui que l’on surnom- ses et, à 28 ans, Pedro Miguel Paule- « Je ne peux pas imaginer qu’un dans les meilleures conditions possi- retrouvait le Stade de France et affi- nat de France. Surtout, ils dispo- me en Gironde « le cyclone des Aço- ta ne devrait pas laisser passer l’occa- joueur professionnel laisse filer un bles à Roland-Garros », s’est félici- chait le sourire du vainqueur : le mai- saient d’une botte plus très secrète, res » » (archipel dont il est natif) a sion d’aller chercher fortune match. Et, même si on l’annonce à té l’Espagnol. Samedi, celui-ci re de Bordeaux venait en effet d’as- celle du buteur portugais Pedro Bordeaux, il est à Lorient jusqu’à la avait battu le Français Sébastien sister au triomphe de son équipe, Miguel Pauleta. Le buteur le plus fin de la saison », répliquait Yvon Grosjean (6-3, 1-6, 6-0) lors d’une victorieuse de Lorient (3-0). prolifique du championnat a encore Tenu en échec, Auxerre voit s’éloigner le titre Pouliquen. Plus précisément jus- demi-finale dont le déroulement a Le succès de la formation girondi- frappé samedi soir. Deux fois. «Ila Auxerre, auteur d’un match nul à Sedan (3-3), dimanche 21 avril en match qu’au 11 mai, date de la finale de la été gêné par la pluie. Les deux hom- ne, qui, par deux fois (en 1997 face à fait ce qu’il avait à faire », a simple- en retard de la 20e journée du championnat de France, se trouve quasiment Coupe de France, qui verra les Mer- mes disputent cette semaine le Strasbourg et en 1998 face au Paris- ment commenté Elie Baup. Son écarté de la course au titre. Le point obtenu permet en revanche aux Bour- lus retrouver le Stade de France, cet- tournoi de Barcelone (Espagne). SG), avait échoué à ce stade après homologue lorientais, Yvon Pouli- guignons de conforter leur troisième place, synonyme de tour préliminaire te fois face à Bastia. Le buteur lorien-  les tirs au but, n’a pas souffert de quen, s’est montré plus disert : de la Ligue des champions. L’AJA, qui a manqué un penalty, possède deux tais ferait mieux de se montrer plus contestation. Les Bordelais inscri- « Pauleta, qui n’avait plus marqué longueurs de retard sur Lyon et trois sur le leader, Lens. Les buts de la ren- incisif s’il veut recevoir le trophée a AUTOMOBILISME : le Finlan- vent enfin leur nom au palmarès de depuis cinq matches, s’est – malheu- contre ont été inscrits par Pius N’Diefi (27e,32e) et Henri Camara (63e) pour des mains du nouveau président… dais Marcus Grönholm, au volant la Coupe de la Ligue, décrochent reusement pour nous – réveillé pour Sedan, par Khalilou Fadiga (34e) et Djibril Cissé (43e,46e) pour Auxerre. Same- de la République, cette fois. d’une Peugeot 206 WRC, a enlevé leur billet pour la prochaine Coupe ce match. » di 27 avril, Lens recevra Guingamp, pendant que Lyon se déplacera à Bor- le Rallye de Chypre, dimanche de l’UEFA et empochent 2,28 mil- Un réveil plutôt violent puisque deaux et Auxerre à Monaco. Samedi 4 mai, Lyon recevra Lens. Etienne Labrunie 21 avril, le Britannique Colin McRae (Ford Focus), longtemps en tête de la course, étant victime BORDEAUX-LORIENT : 3-0 Dans le club italien d’Empoli, le médecin truquait les contrôles antidopage d’une dernière journée désastreu- Coupe de la Ligue se. Grönholm a devancé de près de FINALE 1 minute son coéquipier Richard Stade de France, à Saint-Denis ; ROME serait dû qu’à une initiative individuelle et mal- vers des joueurs moins déshydratés afin d’accélé- Burns et conforté sa première pla- bon terrain ; temps doux ; correspondance heureuse de son médecin, licencié depuis. rer les contrôles et de rentrer plus vite à la mai- ce au classement du championnat 75 923 spectateurs ; Empoli s’en sort bien. Francesco Amman- Tout a commencé lors du match contre la Pis- son ». Une justification qui apparaît aux enquê- du monde des pilotes. Le Finlan- arbitre : M. Sars nati, l’ancien médecin du club toscan, qui évo- toiese, le 3 mars. L’inspecteur de la FIGC s’aper- teurs fédéraux plutôt saugrenue. dais Tommi Mäkinen a hissé sa lue en Série B (la D2 italienne), avait été cueilli çoit d’étranges manœuvres du docteur Amman- Alors qu’à Rome on interrogeait le médecin Subaru à la troisième place. BUTS en flagrant délit alors qu’il tentait de manipuler nati, qui marque d’un trait deux noms parmi les indélicat, un contrôle sanguin surprise a été a BASKET-BALL : l’Elan Béar- BORDEAUX : Pauleta (5e,60e), e le tirage au sort des joueurs qui devaient être joueurs de son équipe au moment où, comme effectué à Empoli. Histoire d’en finir avec les nais Pau-Orthez a gagné sa pre- Meriem (42 ). contrôlés à la fin de deux matches, début mars. le prévoit le règlement, il faut tirer au sort deux polémiques, le club a rappelé que l’hématocrite mière Coupe de France en domi- AVERTISSEMENTS La commission de discipline de la Fédération footballeurs par équipe pour le contrôle antido- de chacun de ses joueurs était contrôlé réguliè- nant Villeurbanne (80-73), diman- LORIENT : Chabert (13e); italienne de football (FIGC) n’a pas suivi, ven- page. La fiche d’Empoli ayant été truquée, l’ins- rement et se trouvait dans la norme. Mais la che 21 avril, au Palais omnisports Delhommeau (26e). dredi 19 avril, les propositions de la commis- pecteur fait en sorte que deux autres joueurs présence dans son staff médical d’un médecin, de Paris-Bercy. Chez les dames, BORDEAUX : Costa (14e); sion antidopage du Comité olympique italien soient soumis au contrôle. Deux semaines plus Giovanni Falai, issu du cyclisme rend encore Valenciennes s’est adjugé la Coupe Meriem (28e);Afanou (84e). (CONI), qui suggérait de retirer 6 points à tard, la Fédération décide de tendre un piège plus inconfortable la situation de l’équipe tosca- de France en battant Bourges Empoli. Elle a choisi de ne pas sanctionner le au médecin. Celui-ci répète l’opération et, cette ne. D’autant que ce médecin a déjà été associé (73-70). LES ÉQUIPES club, qui garde ainsi toutes ses chances d’accé- fois, ce sont bien les deux joueurs qu’il indique par le passé, selon la presse italienne, à des irré- a HOCKEY SUR GLACE : l’équipe der à la Série A à la fin de la saison, mais a infli- qui vont au contrôle antidopage. Les résultats gularités dans la préparation de coureurs cyclis- de Biélorussie a assuré son LORIENT (entraîneur : Pouliquen) : Le Garrec – Druon, Delhommeau gé une suspension de quatre ans à Francesco des analyses les concernant sont attendus pro- tes. Des accusations de Znedek Zeman à cette retour parmi l’élite mondiale grâ- (Martini, 64e), Ferron, Diop, Bouzin – Ammannati. chainement. affaire en passant par les suspensions, cette sai- ce à un succès acquis face à la Fran- Chabert (Keita, 46e), Abardonado (cap.), Znedek Zeman, l’entraîneur tchèque qui le son, de plusieurs joueurs évoluant dans des ce (3-1), samedi 20 avril à Eindho- Bedrossian, Feindouno – Darcheville, premier, l’été 1998, avait osé lever le voile sur le «      » clubs transalpins pour usage de nandrolone, le ven (Pays-Bas), lors du dernier (Guel, 75e). dopage en parlant d’un Calcio qui « devait sor- Interrogé par le responsable de la lutte anti- football italien est toujours dans la tourmente. match du groupe A du champion- BORDEAUX (entraîneur : Baup) : tir des pharmacies », ne voit dans cette affaire dopage du CONI, le docteur Ammannati a « C’est encore un Calcio hors la loi », affirme nat du monde de 1re division. Roux – Jemmali, Afanou, Sommeil, que la confirmation de ses accusations. Le Cal- reconnu l’infraction, mais – selon son avocat – Znedek Zeman. Selon lui, il n’existe qu’une a MOTOCYCLISME : le Japonais Basto – Smertine, Eduardo Costa – Dhorasoo, Meriem (Miranda, 87e)– cio est malade, répète-t-il à qui veut l’entendre. s’est défendu d’avoir administré des produits façon de réagir : par des sanctions exemplaires. Tohru Ukawa a gagné devant son Dugarry (cap.), Pauleta (Sanchez, 88e). Le technicien tchèque ne croit guère aux argu- dopants. Le but de la manipulation, selon le coéquipier italien Valentino Rossi ments avancés par Empoli, pour lequel tout ne médecin, n’était que « de piloter le tirage au sort Salvatore Aloïse le Grand Prix d’Afrique, 2e épreuve du championnat du monde, à  RÉSULTATS RUGBY Welkom (Afrique du Sud). L’Italien SUPERBIKE Marco Melandri (Aprilia) s’est Espagne TOP 8 (3e journée) Grand Prix du Japon, à Sugo e imposé en 250 cc et le Saint-Mari-  22  FOOTBALL LIGA (35 journée) Poule A Première manche : 1. Colin Edwards (Usa, Hon- Celta Vigo-FC Barcelone 2-1 Stade français-Biarritz 20-20 da) 37 min 24 s 515 ; 2. Tamada (Jap, Honda), nais Manuel Poggiali (Gilera) en  France Real Madrid-Tenerife 4-1 Bourgoin-Agen 22-20 37 min 24 s 676 ; 3. Haga (Jap, Aprilia), 37 min 125 cc devant le Français Arnaud e Las Palmas-Rayo Vallecano Madrid 0-2 29 s 001 ; 4. Hodgson (GBr, Ducati), 37 min 36 s Tournois masculins de Barcelone (Esp) et de NATIONAL (34 journée) Classement : 1. Biarritz, 8 pts ; 2. Bourgoin, 7 ; Vincent (Aprilia). Valladolid-Osasuna Pampelune 1-0 770 ; 5. Bayliss (Aus, Ducati), 37 min 45 s 828. Houston (USA), jusqu’au 28 Clermont Foot-Calais 3-0 3. Agen, 5 ; 4. Stade français, 4. a NATATION : Clichy a battu le Cannes-Toulouse 1-1 Vitoria Alaves-Saragosse 2-1 Poule B Seconde manche : 1. Makoto Tamada (Jap, Hon-  23  Reims - Saint-Maur Lusitanos 4-1 Malaga-Majorque 0-0 Toulouse-Montferrand 45-23 da) 37 min 26 s 628 ; 2. Edwards (Usa, Honda) record de France féminin des  Valence-Racing CP 2-1 Betis Séville-Real Sociedad Saint-Sébastien 3-0 Béziers-Perpignan 18-17 37 min 29 s 925 ; 3. Hodgson (Gbr, Ducati) 37 min clubs du 4 × 100 m quatre nages, Brest-Angoulême 2-0 Athletic Bilbao-FC Séville 0-1 Classement : 1. Toulouse, 9 pts ; 2. Montferrand, 30 s 097 ; 4. Bayliss (Aus, Ducati) 37 min 30 s en 4 min 16 s 70, lors des cham- Ligue des champions, demi-finale aller : Alès-Besançon 0-2 Espanyol Barcelone-Villarreal 3-1 7 ; 3. Béziers, 5 ; 4. Perpignan, 3. 308 ; 5. Haga (Jap, Aprilia) 37 min 34 s 084. e Classement du championnat du monde (après pionnats de France, dimanche FC Barcelone-Real Madrid (Canal+ , 20 h 45) Angers-Dijon 0-1 Valence-Deportivo La Corogne 1-0 POULE DE MAINTIEN (3 journée) 4 courses) : 1. Troy Bayliss (Aus, Ducati), 174 pts ; Noisy-le-Sec - Sète 0-0 Classement : 1. Valence, 66 pts ; 2. Real Madrid, Castres-Montauban 62-21 21 avril à Chalon-sur-Saône (Saô-  2. Edwards (Usa, Honda), 150 ; 3. Hodgson (Gbr, Boulogne-sur-Mer - Pau 0-0 65 pts ; 3. Deportivo La Corogne, 61 ; Narbonne-La Rochelle 45-33 Ducati), 98. ne-et-Loire). Championnats d'Europe à Antalya (Tur), Louhans-Cuiseaux - La Roche-sur-Yon 3-1 4. FC Barcelone, 57 ; 5. Celta Vigo, 57 ; 6. Betis Pau-Colomiers 33-33 a TENNIS : la Croate Iva Majoli a jusqu’au 28 (Eurosport) Classement : 1. Reims, 69 pts ; 2. Clermont Foot, Séville, 56 ; 7. Vitoria Alaves, 51 ; 8. Malaga, Bordeaux-Bègles - Dax 30-12 AUTOMOBILISME 69 ; 3. Toulouse, 67 ; 4. Valence, 64 ; 5. Cannes, enlevé le tournoi sur terre battue  24  49 ; 9. Athletic Bilbao, 49 ; 10. Espanyol Classement : 1. Colomiers, 33 pts ; 2. Narbonne, RALLYE DE CHYPRE 63 ; 6. Angoulême, 63 ; 7. Louhans-Cuiseaux, Barcelone, 47 ; 11. Valladolid, 45 ; 12. FC Séville, 33 ; 3. Pau, 32 ; 4. Montauban, 31 ; 5. Castres, 30 ; de Charleston (Caroline du Sud), 48 ; 8. Besançon, 44 ; 9. Alès, 44 ; 10. Racing CP, Classement final : 1. Marcus Grönholm (Fin, Peu-  44 ; 13. Villarreal, 40 ; 14. Rayo Vallecano 6. Bordeaux-Bègles, 29 ; 7. La Rochelle, 25 ; geot) 4 h 21 min 25 s 7 ; 2. Burns (Gbr, Peugeot), à dimanche 21 avril, en battant en 42 ; 11. Sète, 42 ; 12. Angers, 41 ; 13. 8. Dax, 23. Ligue des champions, demi-finale aller : Madrid, 40 ; 15. Real Sociedad Saint-Sébastien, 56 s 8 ; 3. Mäkinen (Fin, Subaru), à 59 s ; finale la Suissesse Patty Schneider Boulogne-sur-Mer, 41 ; 14. La Roche-sur-Yon, 40 ; 16. Las Palmas, 39 ; 17. Majorque, 39 ; Manchester United-Bayer Leverkusen 40 ; 15. Brest, 39 ; 16. Dijon, 35 ; 17. Pau, 33 ; VOLLEY-BALL 4. Rövanperä (Fin, Peugeot), à 1 min 18 s 7 ; 5. Sol- (7-6 [7/5], 6-4). (TF1, 20 h 45) 18. Osasuna Pampelune, 38 ; 19. Saragosse, 36 ; berg (Nor, Subaru), à 2 min 17 s 9 ; 6. C. McRae 18. Noisy-le-Sec, 31 ; 19. Saint-Maur Lusitanos, 20. Tenerife, 35. Championnat de France, demi-finales a LOTO : résultats des tirages 30 ; 20. Calais, 16. (Gbr, Ford), à 2 min 45 s 5 ; 7. Schwarz (All, Hyun-  25  Paris Volley-Sète 3-0 (match aller : 3-1) daï), à 2 min 47 s 4 ; 8. Martin (Est, Ford), à 4 min no 32 effectués samedi 20 avril. Pre- Italie Cannes-Tourcoing 1-3 (1-3) Allemagne e 22 s 6 ; 9. Eriksson (Suè, Skoda), à 7 min 17 s 7 ; 10.  e SERIE A (32 journée) mier tirage : 5, 11, 16, 20, 34, 46 ; BUNDESLIGA (32 journée) Finale les 27 avril, 4 et 5 mai Panizzi (Fra, Peugeot), à 8 min 12 s 2. Championnats d’Europe messieurs à Patras Sankt Pauli Hambourg-Hambourg SV 0-4 Brescia-Fiorentina 3-0 CYCLISME Classement du championnat du monde des pilo- complémentaire : 39. 6 numéros : (Grè), jusqu’au 28 (France 2 le 27, 16 h 45, Cottbus-1860 Munich 1-1 Chievo Vérone-Inter Milan 2-2 tes : 1. Marcus Grönholm (Fin), 31 pts ; 2. Panizzi 282 031 ¤ ; 5 numéros et complé- France 3 le 28, 16 h 50, et Eurosport) Bayern Munich-Hertha Berlin 3-0 Lazio Rome-Hellas Vérone 5-4 Liège-Bastogne-Liège (Belgique) (Fra), 20 ; 3. Burns (Gbr), 19 ; 4. Mäkinen (Fin), 14 ; mentaire : 12 167,90 ¤ ; 5 numé-  26  Schalke 04-Nuremberg 2-1 Milan AC-AS Rome 0-0 1. Paolo Bettini (Ita, Mapei), les 258 km en 6 h 5. Sainz (Esp) et Rövanperä (Fin), 9 ; 7. Bugalski Leverkusen-Brême 1-2 Parme-Atalanta Bergame 1-1 39 min 44 s, (moyenne: 38,80 km/h) ; 2. Garzelli (Fra) et Solberg (Nor), 7 ; 9. Loeb (Fra) et C. McRae ros : 864,80 ¤ ; 4 numéros et com- - Dortmund-Cologne 2-1 Pérouse-Bologne 1-0 (Ita, Mapei) m.t. ; 3. Basso (Ita, Fassa Bortolo), (Gbr), 6 ; 11. A. McRae (GbR), 2. plémentaire : 41,80 ¤ ; 4 numéros : Wolfsburg-Rostock 4-0 Plaisance-Juventus 0-1 à 15 s ; 4. Celestino (Ita, Saeco) 23 s ; 5. Codol (Ita, Classement du championnat du monde des 20,90 ¤ ; 3 numéros et complémen- Euroligue dames (finale à quatre) à Liévin, constructeurs : 1. Peugeot, 68 pts ; 2. Subaru, Mönchengladbach-Stuttgart 2-2 Torino-Lecce 1-1 Lampre) 28 s ; 6. Kessler (All, Telekom) 35 s ; taire : 4,40 ¤ ; 3 numéros : 2,20 ¤. jusqu’au 28 (Pathé Sport, le 26, 20 h 30 et le Fribourg-Kaiserslautern 3-1 Udinese-Venise 1-0 7. Van Petegem (Bel, Lotto) 1 min 3 s ; 8. Casagran- Ford, 27 ; 4. Mitsubishi, 6 ; 5. Hyundai, 2. 28, à 19 heures) Classement : 1. Bayer Leverkusen, 66 pts ; Classement : 1. Inter Milan, 66 pts ; 2. Juventus, de (Ita, Fassa Bortolo), 9. Rebellin (Ita, Gerolstei- ESCRIME Second tirage : 3, 6, 11, 20, 33, 41 ;    2. Borussia Dortmund, 64 ; 3. Bayern Munich, 65 ; 3. AS Rome, 64 ; 4. Chievo Vérone, 51 ; ner), 10. Vinokourov (Kzk, Telekom), t.m.t. complémentaire : 25. 6 numéros : Coupe du monde, fleuret masculin à Bonn (All) 62 ; 4. Schalke 04 Gelsenkirchen, 61 ; 5. Hertha 5. Lazio Rome, 50 ; 6. Milan AC, 49 ; 7. Bologne, Classement de la Coupe du Monde (après Championnat du monde en Suède, jusqu’au Quarts de finale : Wessels (All) b. Bissdorf (All) 1 500 000 ¤ ; 5 numéros et complé- Berlin, 58 ; 6. Werder Brême, 53 ; 49 ; 8. Pérouse, 43 ; 9. Torino, 42 ; 10. Bergame, 4 épreuves) : 1. Johan Museeuw (Bel, Domo- 10 mai (Pathé Sport) 15-11 ; Attely (Fra) b. Or (Isr) 15-9 ; mentaire : 5 860,40 ¤ ; 5 numéros : 7. Kaiserslautern, 53 ; 8. Stuttgart, 46 ; 9. 1860 42 ; 11. Plaisance, 39 ; 12. Hellas Vérone, 39 ; Farm Frites), 170 pts ; 2. Cipollini (Ita, Acqua e Schlechtweg (All) b. Joppich (All) 15-9 ; Sanzo  27  Munich, 46 ; 10. Wolfsburg, 43 ; 13. Parme, 38 ; 14. Brescia, 37 ; 15. Udinese, Sapone), 120 ; 3. Bettini (Ita, Mapei), 110 ; 4. Tafi 892,50 ¤ ; 4 numéros et complé- 11. Hambourg SV, 40 ; 12. Mönchengladbach, (Ita) b. Pierucci (Ita) 15-10. 37 ; 16. Lecce, 28 ; 17. Fiorentina, 22 ; (Ita, Mapei), 109 ; 5. Van Petegem (Bel, Lotto), mentaire : 36,40 ¤ ; 4 numéros : 38 ; 13. Energie Cottbus, 35 ; 14. Hansa Demi-finales : Wessels b. Attely 15-11 ; Sanzo b.  18. Venise, 17. 89, etc. e Rostock, 33 ; 15. Nuremberg, 28 ; 16. Fribourg, Schlechtweg 15-8. 18,20 ¤ ; 3 numéros et complémen- Championnat de France de D1, 33 journée 27 ; 17. Cologne, 23 ; 18. Sankt Pauli BASKET-BALL MOTOCYCLISME Finale : Wessels b. Sanzo 15-7. (Canal+, 20 h 45) taire : 4 ¤ ; 3 numéros : 2 ¤. Hambourg, 22. COUPES DE FRANCE Grand Prix d’Afrique du Sud, à Welkom TENNIS  MotoGP Angleterre Finale messieurs TOURNOI MASCULIN DE MONTE-CARLO Coupe d'Europe, demi-finale : Castres e 1. Tohru Ukawa (Jap/Honda CRV-Repsol), les PREMIER LEAGUE (36 journée) Pau-Orthez - Villeurbanne 80-73 (Monaco, terre battue) (Fra)-Munster (Irl) ; France 2, 14 h 40. 118,776 km en 44 min 39 s 467, (moyenne : Chelsea-Manchester United 0-3 Finale dames Demi-finales : Carlos Moya (Esp) b. Tim Henman 159,581 km/h) ; 2. Rossi (Ita-Honda), à 0 s 932 ;  Liverpool-Derby 2-0 Valenciennes-Bourges 73-70 (Gbr), 6-4, 5-7, 6-3 ; Juan-Carlos Ferrero (Esp) b. 3. Capirossi (Ita-Honda), à 8 s 259 ; 4. Katoh (Jap- er Newcastle-Charlton 3-0 Fed Cup, groupe mondial (1 tour) avec Sébastien Grosjean (Fra), 6-3, 1-6, 6-0. Leeds-Fulham 0-1 HANDBALL Honda), à 26 s 962 ; 5. Checa (Esp-Yamaha), 27 s Argentine - France, jusqu’au 28 (Pathé Sport Finale : Juan-Carlos Ferrero b. Carlos Moya, 7-5, West Ham-Sunderland 3-0 e 227 ; 6. Jacque (Fra-Yamaha), 27 s 889 ;… 15. Laco- le 28, 20 h 45) DIVISION 1 (24 journée) 6-3, 6-4. Bolton-Tottenham 1-1 ni (Fra-Aprilia), à 1 min 32 s 725. Toulouse-Angers 22-22 TOURNOI FÉMININ DE BUDAPEST  28  Middlesbrough-Blackburn 1-3 Classement du championnat du monde (après Sélestat-Nancy 27-33 (Hongrie, terre battue) Leicester-Aston Villa 2-2 2 courses) : 1. Valentino Rossi (Ita), 45 pts ; 2. Che- Demi-finales : Myriam Casanova (Sui) b. Eleni ACBB-Nîmes 23-21  Southampton-Everton 0-1 ca (Esp), 27 ; 3. Ukawa (Jap), 25, etc. Daniilidou (Grè), 6-4, 2-6, 7-5 ; Martina Müller Ivry-Chambéry 21-22 250 cc Formule 1 : Grand Prix d'Espagne à Barcelone Arsenal-Ipswich 2-0 (All) b. Tatiana Poutchek (Blr), 6-2, 6-1. Istres-Dunkerque 22-25 1. Marco Melandri (Ita, Aprilia), les 110,292 km en (TF1, 14 heures) Classement : 1. Arsenal, 75 pts ; 2. FC Liverpool, Finale : Martina Müller b. Myriam Casanova, 6-2, 74 ; 3. Manchester United, 73 ; 4. Newcastle, Créteil-Bordeaux 32-22 45 min 52 s 922 ; 2. Battaini (Ita, Aprilia), à 2 s 3-6, 6-4.  67 ; 5. Chelsea, 61 ; 6. Leeds, 60 ; 7. West Ham, Montpellier - Paris-SG 34-30 962 ; 3. Nieto (Esp, Aprilia), à 5 s 213 ; 4. Rolfo (Ita, TOURNOI FÉMININ DE CHARLESTON Coupe du monde, Amstel Gold Race (Pbs) 50 ; 8. Tottenham, 47 ; 9. Middlesbrough, 45 ; Classement : 1. Montpellier, 67 pts ; 2. Chambé- Honda), à 6 s 290 ; 5. Locatelli (Ita, Aprilia), à 6 s (Usa, terre battue) (France 2, 15 heures) 10. Aston Villa Birmingham, 44 ; 11. Everton, ry, 58 ; 3. Dunkerque, 57 ; 4. Paris-SG, 51 ; 675 ; 6. De Puniet (Fra, Aprilia), à 8 s 102, etc. Demi-finales : Patty Schnyder (Sui) b. Jennifer  43 ; 12. Southampton, 42 ; 13. Charlton, 42 ; 5. Créteil, 50 ; 6. Ivry, 50 ; 7. Istres, 45 ; Classement du championnat du monde (après Capriati (USA), 6-4, 6-3 ; Iva Majoli (Cro) b. Sandri- 14. Fulham, 40 ; 15. Bolton, 40 ; 16. Blackburn, 8. Toulouse, 44 ; 9. Nîmes, 40 ; 10. Nancy, 39 ; 2 courses) : 1. Franco Battaini (Ita) et Randy de ne Testud (Fra) 6-2, 6-4. Coupe d'Europe, demi-finale : Leicester 39 ; 17. Sunderland, 38 ; 18. Ipswich, 33 ; 11. Angers, 37 ; 12. ACBB, 37 ; 13. Sélestat, 33 ; Puniet (Fra), 26 pts ; 3. Miyazaki (Jap) et Melandri Finale : Iva Majoli b. Patty Schnyder, 7-6 (7/5), (Ang)-Llanelli (PdG) 19. Derby, 29 ; 20. Leicester, 24. 14. Livry-Gargan, 33 ; 15. Bordeaux, 31. (Ita), 25, etc. 6-4. LE MONDE/MARDI 23 AVRIL 2002/23 AUJOURD’HUI

Oslo Stockholm 23 AVR. 2002 PRÉVISIONS 23 avril 23 avril prévisions vers 12h prévisions vers 12h Moscou Temps calme Ville par ville, les minima/maxima de Riga température et l’état du ciel. S : ensoleillé; Lille et très N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige. Minsk FRANCE  Le Havre Madrid...... 7/23 S Belfast Copenhague Ajaccio ...... 10/19 N Milan ...... 9/22 S Reims Dublin Liverpool Brest lumineux ...... 9/19 S 3/16 S Paris Varsovie Kiev Biarritz Moscou...... 9/23 S ...... 7/17 C Strasbourg M 23  Bordeaux ...... Munich Berlin Rennes Troyes Amsterdam ...... 6/20 S ...... 11/20 S Londres Lever du soleil à Paris : 6 h 47 Bourges Naples Orléans Brest ...... 7/17 S Oslo...... 8/16 S Bruxelles Nantes Prague Coucher du soleil à Paris : 20 h 52 ...... 8/14 N .... 11/20 S Tours Caen Palma de M. Mulhouse Un bel anticyclone centré sur le proche ...... 7/16 N 6/16 S Odessa Cherbourg Prague ...... Bourges Dijon Strasbourg Atlantique protège la France des pertur- Paris Vienne .... 5/20 S ...... 8/20 S Clermont-F. Rome Munich Budapest bations océaniques. Celles-ci circulent sur ...... 6/20 N ...... 13/26 S Dijon Séville Poitiers Nantes le nord de l'Europe et n'apportent que ...... 8/21 N ...... 7/12 P Clermont- Grenoble Sofia Limoges Berne Ferrand Bucarest des voiles nuageux inoffensifs sur l'est ...... 9/17 N 5/15 S Lille St-Pétersb...... Chamonix du pays. Lyon Lyon Milan ...... 9/19 S ...... 9/17 P Belgrade Limoges Stockholm Grenoble Sofia 8/20 N ...... 21/26 C Lyon ...... Ténérife Bretagne, pays de Loire, Basse-Nor- Toulouse Istanbul ...... 10/22 S ...... 4/16 S Bordeaux mandie. Au petit matin, quelques bancs Marseille Varsovie Aurillac ...... 5/18 N 11/21 S Nancy Venise ...... Montélimar de grisaille naviguent le long des cotes de Rome Nantes...... 8/22 S Vienne...... 11/15 P la Manche. Ailleurs, le soleil brille déjà. Barcelone Naples Nice...... 12/19 S Madrid Dans l'après-midi, des petits cumulus se 8/19 N AMÉRIQUES Biarritz Montpellier Nice Paris...... Toulouse forment. Les températures sont compri- ...... 17/26 S Marseille Lisbonne Pau ...... 6/20 S Brasilia Athènes ses entre 16 et 22 degrés. 9/19 S Tarbes ...... 12/23 S Perpignan Buenos Aires Perpignan 26/29 P Séville Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen- Rennes...... 8/21 S Caracas ...... -2/17 S tre, Haute-Normandie, Ardennes. Le St-Etienne ...... 5/18 S Chicago Tunis 6/18 N ...... 19/24 S Ajaccio Alger matin, des voiles nuageux parfois denses Strasbourg...... Lima .... 12/20 S circulent sur les Ardennes et l'Ile-de-Fran- Toulouse...... 9/22 S Los Angeles Rabat ...... 11/28 S ce. Ailleurs, le soleil domine. L'après-midi, Tours ...... 7/19 S Mexico 1/9 P Montréal...... nuages et éclaircies se partagent le ciel. Il Soleil ...... 6/12 S Peu nuageux Couvert fait de 15 à 20 degrés. FRANCE - New York 10/19 S Champagne, Lorraine, Alsace, Bour- Cayenne ...... 23/29 P San Francisco Brèves éclaircies Averses Pluie . 6/23 S gogne, Franche-Comté. Le ciel matinal Fort-de-Fr...... 26/29 P Santiago Ch. 23/27 P ...... 1/11 S est recouvert d'un voile nuageux épais. Nouméa...... Toronto Orage Neige Brouillard Vent fort 7/13 S Au fil des heures, ces nuages d'altitude se Papeete...... 25/31 P Washingt. DC déchirent pour laisser place à quelques Pointe-à-P...... 24/31 C AFRIQUE St Denis Réu.. 23/29 P éclaircies. Les températures affichent de Alger...... 10/20 S 15 à 20 degrés...... 17/22 S EUROPE Dakar 22/32 S Kinshasa...... Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi- Amsterdam.... 10/16 C Le Caire...... 17/29 C Pyrénées. Le soleil reste l'acteur princi- ...... 13/18 S Athènes ...... 17/22 P 10/19 S Nairobi pal de cette journée. Seuls quelques fins Barcelone ...... Pretoria...... 13/25 S nuages blancs circulent de temps à autre. Belfast...... 10/16 S Rabat ...... 15/27 S Les températures sont très agréables, ...... 10/18 S Belgrade 14/18 P Tunis ...... atteignant 20 à 24 degrés au meilleur de Berlin ...... 6/15 C la journée. Berne...... 3/19 C ASIE-OCÉANIE Mercredi 24 avril 9/20 C ...... 29/35 P Sur le sud et l'ouest Bruxelles ...... Bangkok Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. du pays, le soleil Bucarest ...... 7/13 P Beyrouth...... 16/21 S Le Limousin et l'Auvergne profitent d'une domine. Sur un bon Budapest...... 10/18 S Bombay ...... 26/34 S matinée ensoleillée puis d'une après- quart nord-est de la Copenhague.. 7/12 S Djakarta ...... 24/30 P midi partagée entre soleil et nuages. France, les nuages ...... 9/15 S ...... 24/32 S Ailleurs, des voiles de nuages élevés circu- Dublin Dubaï sont plutôt ...... 7/19 C ...... 26/28 P lent. Les températures s'échelonnent Francfort Hanoï dominants le matin 8/20 S ...... 22/28 S entre 15 et 20 degrés. Genève ...... Hongkong puis le soleil fait ...... 5/11 S ...... 7/21 S Helsinki Jérusalem son retour ...... 7/14 S ...... 26/42 S Languedoc-Roussillon, Provence- Istanbul New Delhi l'après-midi sauf ...... 8/15 S ...... 8/14 S Alpes-Côte d'Azur, Corse. C'est le bleu Kiev Pékin sur l'Alsace où des du ciel qui domine sauf sur la Corse où Lisbonne...... 13/25 S Séoul ...... 14/21 C petites pluies 7/15 S ...... 27/33 P des passages nuageux apportent quel- Liverpool ...... Singapour peuvent se ques averses. Les températures sont com- Londres...... 8/22 S Sydney ...... 18/23 P produire. prises entre 18 et 24 degrés. Luxembourg . 5/19 C Tokyo ...... 14/21 S PRÉVISIONS POUR LE 24 AVRIL SITUATION LE 22 AVRIL À 0 HEURE TU PRÉVISIONS POUR LE 24 AVRIL À 0 HEURE TU Ces chiffres véritablement astronomiques qui donnent le vertige  l’échelle. Très bien. Mais à quelle qui n’a pas vraiment de significa- par exemple que la Terre a une échelle ? Il faut au moins que les tion. masse de 6 000 milliards de mil- Tous les lundis plus petites planètes – Pluton, D’où une nouvelle invention liards de tonnes. Pour les corps de datés mardi, Mercure, Mars, Vénus et la Terre, L’activité du Soleil des astronomes : l’année-lumière. plus grande taille, le Soleil sert la vie des astres dans l’ordre croissant – soient visi- vue dans l’extrême Sa dénomination ambiguë la fait de référence. Il est plus de bles. Comprimons-les au maxi- ultraviolet parfois confondre avec une unité 300 000 fois plus massif que notre DEPUIS qu’il en a fait le tour – à mum, à la taille d’un point, d’une par le satellite de temps, mais il s’agit bien de planète. Lorsque les astronomes tous les sens de l’expression –, pointe de feutre sur une feuille de américano-européen mesurer l’espace. Une année- s’expriment au sujet des planètes l’homme trouve sa planète petite. papier. A l’échelle du dix-milliar- SOHO. Située lumière représente la distance par- géantes, des étoiles ou des Quarante mille kilomètres de cir- dième à laquelle nous sommes ain- à quelque 150 millions courue par la lumière (qui se galaxies, ils le font donc en masses conférence, c’est finalement assez si passés, notre planète, dont le de kilomètres déplace à 300 000 kilomètres par solaires. Donnons-en la mesure peu lorsqu’on sait qu’un taxi diamètre réel s’élève à 12 000 kilo- de nous, notre étoile seconde) en une année. Soit, en exacte pour le vertigineux plaisir dépasse souvent les 300 000 km mètres, ne mesure plus que est un million arrondissant, 10 000 milliards de de se sentir léger : elle est exacte- avant de prendre sa retraite à la 1,2 millimètre… On se dit alors de fois plus volumineuse kilomètres. Proxima du Centaure, ment de 1,989 × 1030 kg. S’il fallait casse. L’auto n’a pourtant parcou- que, sur la feuille, le Soleil ne doit que notre planète. sise à un peu plus de 4 années- écrire tous les zéros, le chiffre ne ru que le chemin qui va de la Terre pas être bien loin. lumière, s’en trouve presque rap- tiendrait pas sur la largeur d’une

à la Lune, l’astre le plus proche de On se trompe. Pour réaliser ce // prochée… Quant à la galaxie d’An- colonne du Monde. nous… petit jeu, mieux vaut être dehors dromède, voisine de notre Voie Un des aspects les moins fasci- et se munir d’un rouleau de papier Confrontés à l’immensité de l’es- Pluton se situent respectivement lactée, elle se situe à plus de deux Pierre Barthélémy nants de l’astronomie n’est pas ce hygiénique… En effet, au dix-mil- pace et à des chiffres à rallonge, à 5,2, 9,3 et 39,3 UA. Pour aussi millions d’années-lumière. L’ima- jeu mental avec les nombres fara- liardième, le Soleil ne fait certes les astronomes ont vite compris grande qu’elle nous paraisse, l’uni- ge que nous en recevons aujour- mineux que les chercheurs plus que 14 raisonnables centi- l’utilité d’inventer de nouvelles té astronomique n’est toutefois d’hui a donc été émise bien avant LUNE DE LA SEMAINE manient avec une aisance décon- mètres de diamètre, mais il se unités de distance. Lorsqu’ils s’oc- pas adaptée à l’évaluation des dis- qu’Homo sapiens n’apparaisse sur vendredi 26 avril 2002 (à Paris) certante. Prenons les notions de situe tout de même à… 15 mètres cupent du système solaire, ils se tances nous séparant des étoiles Terre. distance par exemple. Il peut venir de la lilliputienne Terre. Jupiter se servent de l’unité astronomique et des galaxies. Pour les unités de masse, en à l’esprit de parents soucieux promène à 78 mètres, Saturne à (UA), qui équivaut à l’espacement Ainsi, Proxima du Centaure, revanche, les savants ont été d’ouvrir l’imagination de leurs 140 mètres et, pour sa part, Pluton moyen entre la Terre et le Soleil, l’étoile la plus proche de nous, moins inspirés. Pour les planètes, petits vers le ciel de vouloir repré- se cache à l’autre bout du quartier soit 150 millions de kilomètres. flotte à environ 40 000 milliards on parle en kilogrammes ou en 18h51Lever Coucher 6h40 senter notre système solaire à ou du village, à 590 mètres. A cette aune, Jupiter, Saturne et de kilomètres, soit 266 000 UA, ce tonnes. Les curieux retiendront le 25/4

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I - 4. Bien appliqué. - 5. Planches. Les œufs en chocolat Au centre du terrain. - 6. Fin de CINQ GROS ŒUFS industriels Les œufs A et E pèsent à eux liqueur et combien pèse un œuf à II journée en semaine. Galette en chocolat sont emballés dans deux 252 grammes. la crème ? pour le chef. - 7. A trouvé à se des papiers de couleurs différentes Les œufs A, B et C pèsent à trois Si non, quelle(s) pesée(s) supplé- III caser. Deux points. - 8. Ce n’est marqués des lettres A, B, C, D et E. 420 grammes. mentaire(s) faudrait-il effectuer ? pas avec elles que vous vous élè- Certains sont fourrés à la crème et Les œufs B, C, D et E pèsent à IV verez. - 9. Prises en pitié. Risque pèsent davantage que ceux qui con- eux quatre 569 grammes. Elisabeth Busser de tout faire sauter. Peut tout tiennent de la liqueur. Peut-on de manière certaine et Gilles Cohen V faire sauter. - 10. Ville. Belle des On dispose d’une balance électri- déterminer à quoi est fourré cha- © POLE 2002 champs. Progresse lentement que qui indique les poids avec une cun des cinq œufs ? Solution dans Le Monde du VI dans les arbres. - 11. Pour faire très grande précision. Ainsi : Si oui, combien pèse un œuf à la 30 avril. honte. Compositeur autrichien. - VII 12. On le dit drôle, mais il ne l’est pas. VIII Philippe Dupuis IX Solution du jeu n˚ 270 paru que le volume de la sphère est SOLUTION DU N° 02 - 096 dans Le Monde du 16 avril. égal à A + C + V. Or le « trou » a X Les deux boules évidées ont pour volume C + V. Horizontalement le même volume, donc pèsent C’est qu’il reste volume A qui ne I. Pépiniériste. - II. Apiculture. - autant. dépend que de la hauteur h. HORIZONTALEMENT liaison. Article. - IX. Fait plaisir à III. Rôti. Ira. Lai. - IV. Rua. Géode. Les bons dictionnaires vous le l’âne. Olivier inspiré par le chant Il. - V. As. Ornières. - VI. Isolant. diront : le volume SP du segment C’est en l’occurrence : I. Sont passés du style Louis XV des oiseaux. - X. Plus loin et Grec. - VII. Né. Ive. PSA. - VIII. sphérique situé entre deux plans à la machine à coudre. - II. Prend après. Laissons-le éclater, sur- Etuve. Du. SAV. - IX. Ut. Ergono- parallèles séparés par la distance h 125² ȏ cm2. les devants. - III. Pierre gravée. tout s’il devient fou. mie. - X. Ressaisirent. et symétriques par rapport au cen- 6 Travailleur manuel. Exécute. - IV. tre de la sphère est égal à la som- Personnel. Opposé à Thémis. - VERTICALEMENT Verticalement me V. Place en hauteur. Pièce jaune. 1. Parraineur. - 2. Epoussette. - b du volume A(h) de la sphère qui Plus généralement, le volume Nerveuse petite anglaise. - VI. 1. Il y a tromperie quand il suit 3. Pita. - 4. Ici. Olives. - 5. Nu. aurait h pour diamètre et d’un segment sphérique quelcon- Ne fera jamais face. Singulier à le tour. - 2. Du travail en atten- Gravera. - 6. Ilienne. GI. - 7. b du volume C du cylindre de que est donné par la formule : la campagne. - VII. Bousculées dant de trouver mieux. Grand Etroit. Dos. - 8. Ruade. Puni. - 9. même hauteur. en Chambre. Entré en résistance fournisseur d’informations. - 3. Ir. Ergs. Or. - 10. Sel. Erasme. - En ajoutant le volume V des ȏ h2 ȏ h (r2 + R2) V= + dès 1827. - VIII. Dégager. Fait la Saison chaude. Bouts d’intestin. 11. Aise. Ain. - 12. Exil. Civet. calottes sphériques, cela signifie 6 2