LeMonde Job: WMQ0211--0001-0 WAS LMQ0211-1 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0764 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE ÉCONOMIE

a Lois Aubry : des enjeux concrets ACTIVE:LMQPAG:W busy a Israël-Palestine : quels échanges ?

55e ANNÉE – No 17034 – 7,50 F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE MARDI 2 NOVEMBRE 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI M. Strauss-Kahn XV de France, la victoire en jouant et la MNEF b L’équipe de France de rugby affrontera l’Australie, samedi à Cardiff, en finale de la Coupe b a La police scientifique du monde En demi-finale, elle a battu les All Blacks (43-31) au terme de l’un des plus beaux b fait état matches de son histoire Le public et la presse britannique ont salué cet exploit PROMIS à une défaite certaine mis à mal l’idée selon laquelle les de faux documents en demi-finales de la quatrième formations de l’hémisphère Sud Coupe du monde de rugby, le XV sont largement supérieures à celles de l’hémisphère Nord. Grâce à ce a de France a réussi l’exploit de do- Selon son avocat, miner ses adversaires. Les Bleus succès, les Tricolores atteignent JAN PETER BOENING/ZENIT ont battu (43-31) les All Blacks néo- pour la seconde fois la finale d’une le ministre zélandais. Peu convaincants depuis Coupe du monde (en 1987, ils HISTOIRE le début de la compétition, les avaient été battus par les All des finances équipiers du capitaine Raphaël Iba- Blacks). Le public de Twickenham a 1989 : la chute nez ont écrit l’un des plus beaux soutenu les Français pendant toute est en mesure moments de l’histoire du rugby la partie et la presse britannique a du mur de Berlin français. salué, lundi matin, l’exploit de son de démontrer Les joueurs ont livré une partie adversaire historique. Les Français exceptionnelle tant en défense, rencontreront, samedi 6 novembre, 1. Les Polonais, sa bonne foi pour contenir les Blacks, qu’en at- au de Cardiff taque, où leur vitesse et leur imagi- (pays de Galles), les Wallabies aus- avant les autres nation ont fait merveille. Jamais les traliens. Le Monde commence la publication a All Blacks n’avaient encaissé Dans l’autre demi-finale, dispu- Lionel Jospin d’une série de récits, de portraits et 43 points. Auteur de 28 points, tée samedi 30 octobre à Twicken- lui maintient , l’ex-rempla- ham, les joueurs australiens d’entretiens sur le dixième anniversaire çant devenu demi-d’ouverture, a s’étaient débarrassés des Spring- d’un des événements les plus mar- sa confiance orienté le jeu et, par ses coups de boks d’Afrique du Sud (27-21), quants de l’histoire du XXe siècle, la pied, réussi à semer le trouble chez grâce notamment à un drop de chute du mur de Berlin, le 9 novembre ses adversaires. Les All Blacks ont 48 mètres du demi-d’ouverture 1989. Aujourd’hui, l’histoire de la lutte et le laisse libre été largement dominés en seconde , lors de la pro- mi-temps, notamment entre la 47e longation. épique du peuple polonais et de Lech de ses décisions et la 75e . Les Français ont Walesa contre un régime à bout de alors marqué 33 points. Cette Notre cahier spécial et souffle, brèche déterminante dans le Lire page 6 équipe conquérante a également la chronique de Pierre Georges p. 26 système communiste. p. 10 et 11 Stock-options : La publicité censurée d’Amnesty sur les droits de l’homme aux Etats-Unis « Je ne vois pas pourquoi une grande puis- donc entrepris de dénoncer les maltraitances tervenus pour empêcher la diffusion de ce spot », pour qui ? sance, fût-elle la première, ne pourrait pas être policières et les mauvaises conditions de dé- confie-t-on au sein du CSA, autorité publique critiquée par une organisation comme Amnesty tention dans les prisons américaines. Pour dé- pourtant mandatée pour faire respecter les AU CŒUR du débat poli- International, même si les Etats-Unis ne sont cer- noncer une réalité « souvent éloignée de la ré- textes réglementaires en matière de publicité a tique, les stock-options, tainement pas les plus condamnables sur la putation qu’ont les Etats-Unis », les concepteurs télévisée. « Nous dénonçons toujours des vio- cette possibilité donnée aux cadres question des droits de l’homme. » Hervé de la publicité ont détourné un symbole de la lences d’Etat, proteste à Amnesty, cité par

d’accéder au capital de l’entre- Bourges, président du Conseil supérieur de culture américaine, le jean. le Journal du dimanche. Si nous ne pouvons AFP prise, restent en France réservées à l’audiovisuel (CSA), a réagi vivement, di- « Aux Etats-Unis, les droits de l’homme ne sont mettre en cause les Etats dans nos publicités, CATASTROPHE une élite. Mais, depuis près d’un manche 31 octobre, à la censure du spot publi- pas toujours aussi solides que les jeans » : les nous allons devoir nous contenter de campagnes an, un changement se profile. Plu- citaire de la section française d’Amnesty Inter- images, réalisées par Shaun Severi, montrent institutionnelles un peu vagues sur la liberté sieurs grands groupes français national décidée par les publicitaires et un homme au sol, roué de coups, un gardien d’expression. » Le crash du veulent les diffuser plus largement diffuseurs regroupés au sein du Bureau de vé- qui prend à pleines mains les fesses d’un déte- Cette pub est aussi bloquée dans d’autres parmi le personnel. Si ce système rification de la publicité (BVP). nu avant de faire sauter sa braguette, une cein- pays, comme la Grande-Bretagne. A chaque Boeing d’EgygtAir de rémunération est devenu indis- L’affaire, révélée par le Journal du dimanche ture électrique neutralisante qui foudroie un fois, un organisme d’autodiscipline a émis un Les causes de l’accident du Boeing 767 pensable au recrutement des du 31 octobre et l’émission « Culture Pub » sur homme qui se débat. Et, pour finir, le corps avis négatif avant la diffusion. La « recomman- de la compagnie EgyptAir qui s’est abî- cadres supérieurs et à leur fidélisa- M 6 du même jour, n’est pas tout à fait iné- d’un détenu, que l’on suppose être le même dation » du BVP a été suivie à la lettre par les tion, il est critiqué en France pour dite : c’est, après le Maroc et la Chine, la troi- que lors des scènes précédentes, rangé à côté deux principales régies de cinéma, Médiavi- mé, dimanche 31 octobre, dans son opacité. Aux Etats-Unis, où le sième campagne que l’organisation de défense d’autres, dans une morgue. Le tout est ac- sion (Gaumont, Pathé) et Circuit A (UGC). Et l’Atlantique au large des côtes du Mas- système est moins élitiste, 8 % des des droits de l’homme se voit interdire en compagné par la voix sensuelle de la crooneuse les chaînes de télévision semblent avoir aban- sachusetts, avec 217 personnes à bord, salariés en détiennent. Le dirigeant France. Amnesty International, qui commu- Anita O’Day, qui fredonne « April skies are in donné la partie. Seul le distributeur indépen- restaient inconnues lundi. L’enquête Michael Bloomberg critique ce nique chaque année sur un pays, a décidé, your eyes, but darling, don’t be blue, don’t cry. » dant Marin Karmitz a accepté le spot incriminé menée par le Bureau national de la sé- système qui permet à des jeunes pour 1999, de prendre à partie les Etats-Unis (Le ciel d’avril est dans tes yeux, mais chéri, ne qui devrait donc être diffusé, début novembre, d’être millionnaires à vingt-cinq pour appeler « à un meilleur respect des droits sois pas triste, ne pleure pas.) dans une petite cinquantaine de salles de ciné- curité des transports (NTSB) et le FBI ans. fondamentaux de l’homme ». Un spot d’une L’effet est vertigineux, et le BVP considère ma. En qualité de « court-métrage ». prendra plusieurs mois. Les autorités minute, conçu bénévolement par l’agence que cette pub peut « nuire aux bonnes relations égyptiennes ont écarté l’idée d’un at- Lire page 15 Bates France et produit par Première Heure, a entre Etats ». « En aucun cas nous ne serions in- Florence Amalou tentat terroriste. p. 26

POINT DE VUE La justice Au sommaire au Kosovo du numéro de novembre Avant-garde poétique et avant-garde politique La formation des professeurs. Dossier : par Manuel Vázquez Montalbán Les IUFM sont-ils archaïques ? NTRE 1918 et 1928, le par un élan dialectique, elle rejoi- ÉDITEUR GREG/DARGAUD Moscou de la Révolu- gnait l’antithèse du système capita- DÉCÈS L’année de formation-stage. E tion a vécu une décen- liste pour se succéder à elle-même La formation permanente. nie glorieuse pour la dans une nouvelle synthèse. culture : les principaux créateurs Greg, père SYLVIE PANTZ Comme aux temps qui ont immé- européens accouraient dans cette diatement suivi la Révolution fran- APRÈS quatre ans au bureau du b Entretien avec Clément Rosset. Mecque à la recherche d’eux- çaise, avant-garde culturelle et d’Achille Talon procureur du Tribunal pénal inter- mêmes. avant-garde politique se sont re- Michel Régnier, dit Greg, est mort national pour l’ex-Yougoslavie, la b Mouvement lycéen : zéro délai Si Kandinsky a accepté, au début, trouvées côte à côte dans des mo- vendredi 29 octobre, à l’âge de magistrate française Sylvie Pantz a de diriger la politique artistique, si ments passagers, première décen- soixante-huit ans, dans son apparte- été choisie par Bernard Kouchner pour zéro défaut. Le Corbusier et Walter Benjamin nie soviétique ou première pour mettre en place le système ont fait le voyage de ce qu’ils consi- décennie castriste. ment de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de- Seine). Né en Belgique, le père judiciaire au Kosovo. La tâche est b L’école et les gens du voyage. déraient comme la plate-forme de Elles ont à chaque fois connu leur ardue. La Mission des Nations lancement d’un profond change- réaction thermidorienne, qui s’est d’Achille Talon – personnage de bour- unies pour le Kosovo rencontre de b Pédagogie : les villes acteurs ment mondial, ce n’était pas pour toujours approprié indûment l’élan geois bavard, pédant et d’une im- nombreuses difficultés. faire du tourisme révolutionnaire révolutionnaire le plus généreux et mense mauvaise foi – était l’un des de l’éducation. ou pour afficher leur solidarité et le plus total. auteurs de bandes dessinées les plus Lire page 2 leur sympathie d’intellectuels ap- C’est cette relation entre les deux b partenant à la culture bourgeoise. avant-gardes que nous devons brillants et les plus prolifiques. Scéna- Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, Voyage au Yémen. 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; C’était parce qu’ils souhaitaient prendre en compte pour juger Ra- riste, dialoguiste, dessinateur, Greg Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, b Guide culture. toucher un nouveau « destinataire fael Alberti, poète « engagé » : un avait signé 250 albums et 5 romans 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, social », le prolétariat : un nouveau engagement qui se concrétise en policiers. p. 9 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, client qui leur permettrait de réali- 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; b Petites annonces. 1931, en même temps que celui des Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; ser tous leurs rêves, ce qui n’était prophètes du surréalisme. International...... 2 Tableau de bord ...... 17 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Chez votre pas le cas du client bourgeois philis- marchand France-Société ...... 6 Aujourd’hui ...... 18 de journaux tin. Lire la suite page 14 Carnet...... 9 Météorologie, jeux .... 21 Le magazine résolument enseignant 30 F - 4,57 ¤ On ne doit pas s’étonner que Abonnements...... 9 Culture...... 22 l’avant-garde culturelle européenne Horizons...... 10 Guide culturel ...... 24 se soit ralliée au communisme ou se Manuel Vázquez Mon- Entreprises ...... 15 Radio-Télévision...... 25 soit sentie attirée par lui : emportée talbán est écrivain. LeMonde Job: WMQ0211--0002-0 WAS LMQ0211-2 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0765 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999

BALKANS Chargée d’adminis- Dotée d’un mandat qui lui impose tiste des Albanais. b LA FAIBLESSE sont entrés dans ses caisses sur les est arrivé sur place. b LES ADMINIS- trer la province depuis le départ des d’administrer le Kosovo comme une des moyens financiers et le manque 150 millions prévus par les dona- TRATEURS régionaux et surtout lo- forces serbes, la Minuk (Mission des province de la Yougoslavie, elle se de personnels dont dispose la Mi- teurs. Il lui faudrait en fait 200 mil- caux de la Minuk sont souvent im- Nations unies pour le Kosovo) ren- heurte au refus des Serbes de colla- nuk grèvent lourdement sa capacité lions. Une moitié seulement du puissants face aux structures mises contre des difficultés grandissantes. borer et à la volonté indépendan- d’action. Seuls 37 millions de dollars contingent international de policiers en place par l’UCK. Désillusion au Kosovo, cinq mois après la fin de la guerre Manque de moyens, manque de personnels, un mandat politiquement ambigu et l’hostilité latente des représentants locaux de l’UCK : la Mission des Nations unies (Minuk), que dirige Bernard Kouchner, risque aujourd’hui de perdre un crédit qui lui était largement acquis à son installation «IL n’est pas évident de mettre ca, la Minuk a été incapable d’im- l’année », ajoute-t-il. Tour à tour, d’identification des personnes, en place un gouvernement interna- poser un hôpital mixte ou de relo- Bernard Kouchner et Kofi Annan parce que les états civils ont été dé- tional dans une région où l’activité ger des Albanais dans le quartier ont battu le rappel, sans succès à truits ou emportés par les Serbes. souterraine est intense depuis des nord tenu par les Serbes. Ni la ce jour. Et, en l’absence d’un sys- Tout est à reconstruire », reconnaît années », reconnaît Dennis McNa- mixité, ni même une cohabitation tème fiscal, à l’étude, ce ne sont Mario Bettati, professeur de droit mara, chef du Haut-Commissariat pacifique ne semblent envisa- pas les 10 millions de dollars tirés international et conseiller auprès aux réfugiés (HCR) à Pristina, geables. Selon un rapport publié le des premières taxes de douane qui de M. Kouchner, qui a participé à chef-lieu du Kosovo. « Nous de- 30 octobre par Belgrade, 267 non- équilibreront la balance. la rédaction d’un avant-projet de vons nous imposer en prenant garde Albanais du Kosovo ont été tués b Le vide sécuritaire. La Minuk code pénal. Théoriquement, les de ne pas être perçu comme une ad- depuis l’entrée de la KFOR. En pri- ministration coloniale », avertit un vé, la Minuk reconnaît que le re- officier supérieur de la KFOR. Près groupement des Serbes restés sur Désaccord sur les élections de cinq mois après la fin de la place (50 000 à 100 000 personnes) guerre au Kosovo, l’action de la serait le seul moyen de leur éviter La coordination des organismes parties prenantes de la Minuk Mission intérimaire des Nations les actes de vengeance des Alba- (HCR, ONU, UE, OSCE) ne se fait pas sans mal. « Chaque organisation unies au Kosovo (Minuk) se heurte nais. Considérant que la commu- a tendance à se tourner vers son siège, à Vienne, New York ou Bruxelles, à de lourdes difficultés, principale- nauté internationale a échoué à les plutôt que vers nous », relève un proche de Bernard Kouchner. Le ment aux problèmes financiers, à protéger, les Serbes boycottent le chef de la Minuk doit donc batailler pour s’imposer. En attestent les l’ambiguïté de son mandat et au Conseil de transition présidé par la grandes manœuvres autour des élections. M. Kouchner est favo- double jeu d’Albanais tendu vers Minuk. Les ponts sont donc cou- rable à l’organisation d’élections locales dès le printemps 2000. Ce un seul objectif : l’indépendance. pés et l’on assiste à une « cantoni- scrutin permettrait à la communauté internationale d’avoir des in- b Difficultés politiques. Au re- sation de fait » de la province. terlocuteurs locaux légitimes, et non « autoproclamés » comme ac- gard de la résolution 1244 du Problèmes financiers obligent, tuellement. L’OSCE, en charge de l’organisation des élections, refuse Conseil de sécurité, la Minuk est si la Minuk s’impose difficilement, de cautionner un scrutin qui serait « rapide mais sale ». Elle s’op- omnipotente. Cette administra- c’est aussi parce que le diable est poserait ainsi à recenser la population, ce qui est pourtant un préa- tion provisoire (environ 2 500 per- dans les détails. Au fil de ses treize lable. Beaucoup d’Albanais ont eu leur papiers d’identité détruits sonnes) comprend quatre « pi- des « super-préfets » dirigeant, au ment : « comment construire une décrets adoptés à ce jour, la Mis- par la police serbe lors de leur déportation vers l’Albanaie et la Ma- liers », chapeautés par Bernard nom de la Minuk, les districts de démocratie au Kosovo, alors que le sion s’est arrogé le droit d’émettre cédoine et la plupart des registres d’état civil ont disparu. Kouchner. L’Organisation pour la Pristina, Pec, Mitrovica, Prizren et cadre territorial n’est pas défini, de nouvelles plaques minéralo- sécurité et la coopération en Eu- Gnjilane. Voilà pour la théorie. l’avenir de la province pas fixé ? Les giques, a entériné l’utilisation du rope (OSCE) a en charge le pilier Dans la pratique, c’est une ba- Albanais se sont battus pour leur in- deutschemark comme monnaie reprend la barre d’un bateau lois yougoslaves sont toujours en « construction des institutions dé- taille de tous les jours, alimentée dépendance. Nous ne leur offrons officielle, réglementé le commerce échoué sur la grève après le dé- vigueur, sauf lorsqu’elles violent mocratiques » ; le HCR a les « af- par l’ambiguïté de la résolu- qu’un ersatz : l’"autonomie substan- des produits pétroliers, lancé un part, avec armes et bagages, des les standards internationaux. Seuls faires humanitaires » ; l’Union eu- tion 1244. « Elle nous demande tielle" ». appel d’offres pour réorganiser le Serbes, qui avaient la mainmise les crimes les plus graves devraient ropéenne, la « reconstruction » de d’administrer le Kosovo comme une b La « cantonisation de fait » service des télécommunications... sur tout. « C’est le vide absolu : il être instruits, dans un premier la province ; et les Nations unies, partie de la République fédérale de la province. Ambiguïté du Mais elle ne délivre pas de nou- n’y a plus de système judiciaire, plus temps. l’« administration civile ». « Nous yougoslave, mais les administrés mandat et ambiguïté des prin- veaux papiers d’identité, de certifi- de ressources, plus de contrôle aux b Une reconstruction différée. disposons de tous les pouvoirs légis- (Albanais) demandent quotidienne- cipes. Celui de la multiethnicité de cats de mariage ou de décès, de li- frontières, plus de services publics, A l’approche de l’hiver, la re- latifs, exécutifs, judiciaires et d’un ment l’indépendance », a récem- la province, défendu par la cences pour ouvrir un commerce plus de cadastre... », énumère le construction n’échappe pas non droit de regard sur les médias », ment regretté le secrétaire général communauté internationale, est ou construire une maison, pas plus général français Jean-Claude Tho- plus aux critiques. Les Kosovars, rappelle Alain Le Roy, l’un des de l’ONU, Kofi Annan. Ce qu’un actuellement une illusion. Dans la qu’elle ne lève d’impôts... Les « au- mann, numéro deux de la KFOR. qui ont assisté au débarquement cinq administrateurs régionaux, haut fonctionnaire formule autre- ville divisée de Kosovska-Mitrovi- torités locales » albanaises, non Ainsi, dans le cas de la sécurité, qui d’ONG du monde entier (plus de reconnues internationalement, fait l’objet d’une attention parti- 300 sont enregistrés au HCR) es- s’engoufrent dans ces brèches culière, à de rares exceptions près, péraient voir leurs maisons rapide- pour prendre des initiatives et ga- policiers, juges et procureurs ment rebâties (120 000 endomma- gner ainsi les faveurs de la popula- étaient Serbes. Ils ont été les pre- gées, dont 78 000 gravement). Le Une magistrate française a été choisie pour réorganiser la justice tion. miers à quitter le Kosovo après le HCR répond que « la situation ELLE est française et arrivera à Pristina dans les pro- vais d’abord consulter beaucoup, puis je verrai s’il faut « Comment bâtir une administra- 12 juin. Les opérations de police n’est pas catastrophique », mais chains jours. Magistrate, Sylvie Pantz a été choisie par mettre au point des séances de formation pour les juges, ou tion quand nous sommes incapables ont reposé sur les épaules des mili- que « les gros travaux ne commen- Bernard Kouchner pour gérer l’élément-clé de la re- éventuellement créer un système de conseils aux juges, avec de payer les salaires des 50 à taires occidentaux, peu préparés à ceront que l’an prochain ». Mi-oc- construction du système judiciaire au Kosovo : la mise en par exemple des magistrats étrangers. Ce sont des pistes aux- 60 000 fonctionnaires kosovars ? », ce genre de tâches. A ce jour, seule tobre, il avait distribué place des juges. Après quatre ans passés au bureau du quelles je réfléchis. » Y aura-t-il des juges serbes au Koso- demande un administrateur local. la moitié du contingent de 7 000 tentes chauffables et procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-You- vo ? Sylvie Pantz ne se fait pas trop d’illusions : « C’est un Des professeurs, du personnel mé- 3 150 policiers de l’ONU est arri- 30 000 kits d’urgence (matériaux goslavie (TPIY), cet ancien juge d’instruction au tribunal des objectifs, mais ce sera difficile. Pour nous, l’impartialité dical se mettent donc en grève. vée. Le deuxième volet comporte d’isolation, couvertures...) sur de grande instance de Paris part au Kosovo « avec de l’am- du juge est facile et évidente. Au Kosovo, il peut être difficile D’autres, encouragés par les « au- la création d’une Académie de po- 60 000 prévus. Il appelait surtout bition, mais sans prétentions ». « Je vais essayer d’établir un pour un Albanais dont la famille est enterrée dans une fosse torités » albanaises, refusent les lice kosovare, à Vucitrn. Sa pre- les Albanais à faire preuve de soli- système judiciaire juste et équilibré. J’espère avoir les bonnes commune de travailler avec un Serbe. » sommes versées par la Minuk, ju- mière promotion – 200 hommes et darité. idées, mais j’attends de voir qui seront mes interlocuteurs ». Sylvie Pantz entend aussi s’attaquer au dossier des gées dérisoires (environ femmes, Albanais pour la plu- Les habitants rebâtissent donc crimes de guerre, « voir qui est justiciable au Kosovo, et qui 150 deutschemarks pour un méde- part – a commmencé les cours le avec leurs moyens. La Minuk, pour EN COLLABORATION AVEC LES KOSOVARS est du ressort du TPIY ». L’ancienne directrice d’enquêtes cin). Fin juillet, Kofi Annan avait 7 septembre. En douze mois, le moment, n’a encore entrepris Cette dynamique magistrate avoue savoir peu de au Tribunal pénal international va donc « entretenir des demandé que la Minuk dispose 3 000 policiers auront été formés à aucune reconstruction. « Nous dis- choses de ce qui l’attend concrètement. Parce que sa no- liens étroits avec le bureau du procureur ». « Imaginons une d’un budget propre de 200 mil- la hâte. posions d’un incroyable crédit au- mination pour un poste créé en juillet est récente. Et parce personne soupçonnée de meurtre. Nous avons les armes qui lions de dollars (150 millions ont b Une justice balbutiante. A ce près de la population locale à notre que, contrairement aux habitudes à l’ONU, la « job des- ont servi aux exécutions, il nous manque les munitions, les été promis par les donateurs). jour, Bernard Kouchner a eu le arrivée. Par manque de moyens, cription », qui définit les activités du fonctionnaire inter- rapports d’expertise médico-légale. Le TPIY peut avoir ces in- « Mi-octobre, seuls 37 millions plus grand mal à nommer qua- nous sommes en train de le gaspil- national, « est floue ». formations. » étaient entrés dans nos caisses », rante-huit juges et procureurs qui, ler », regrette un de ses hauts En quoi consistera son travail ? « Reconstruire un sys- constate un haut fonctionnaire de toute façon, ne savent pas trop fonctionnaires. tème judiciaire non pas à l’insu des Kosovars – ce serait voué Alain Franco onusien. « Il nous manque 70 à quels textes appliquer. « Il n’y a à l’échec – mais avec leur collaboration. » Comment ? «Je et Christophe Châtelot 80 milllions de dollars pour boucler plus d’administration judiciaire, pas C. Ct Des victimes du bombardement de la télévision serbe L’impuissance d’une représentante de la Minuk par l’OTAN se retournent contre Slobodan Milosevic face à l’« administrateur » de l’UCK BELGRADE raconte-t-elle , Reporter [hebdo- techniciens le 23 avril n’était pas A LA QUESTION de savoir 26 000 habitants au nom de la vingt-sept de ses partisans.Pour de notre envoyée spéciale madaire indépendant et interdit nécessaire. Elles relèvent aussi qui dirige la petite ville de communauté internationale. Ils autant, MmePetignat-Wright ne Mirjana Stoimenovski a vu son depuis en Serbie] a mis en doute qu’aucun dirigeant de la chaîne Shtime (25 kilomètres au sud de sont vingt-neuf en tout à avoir veut pas se laisser abattre. fils Darko, vingt-cinq ans, pour la les mesures de sécurité à la RTS ce d’Etat ne s’est rendu aux enterre- Pristina), Ruzhdi Jashari hésite cette fonction dans la province. « Progressivement , les gens dernière fois le 22 avril. Electro- soir-là. Une mère de victime m’a té- ments des victimes. La direction quelques secondes. « C’est une Mais comment exercer son au- commencent à venir me voir. Ils technicien, il se rendait au travail à léphoné. D’autres familles nous ont de la RTS, contactée par Le torité sans téléphone ni photo- viennent essentiellement pour se la Radio-Télévision d’Etat serbe rejoints. Nous demandons que soit Monde, n’a souhaité faire aucun REPORTAGE copieuse, sans argent et sans plaindre du chaos. Ils ne savent (RTS), au cœur de la machine de tiré au clair ce qui s’est passé ». commentaire. Ce bombardement personne pour l’assister, hormis pas trop ce que je suis venue propagande de Slobodan Milose- aura causé la plus lourde perte de Comment exercer son traducteur ? faire ici mais réalisent que la vic, où il enchaînait depuis cinq LA RTS SAVAIT civils à Belgrade où, en onze se- son autorité « Il ne faut pas se voiler la "municipalité" albanaise ne peut ans des contrats à courte durée, Pour Mirjana Stoimenovski, la maines de campagne, une tren- sans téléphone face. Ce sont les anciens membres pas faire grand-chose . » mal payés. Il était de permanence direction de la RTS avait été pré- taine de personnes ont trouvé la de l’UCK [dissoute en septembre cette nuit-là, dans le cadre de venue que le bâtiment était mena- mort. C’est aussi la seule fois où ni photocopieuse au profit d’une force civile de IL VIENT RECLAMER SON « DÛ » « l’état de guerre » qui créait des cé de frappe aérienne ce soir-là, un groupe important de per- protection] qui dirigent la ville. Un fermier entre dans le bu- « obligations » auxquelles les em- mais elle laissa des employés y tra- sonnes a péri à l’intérieur d’un bâ- question difficile. On peut dire Ils ont nommé des gens aux reau exigü de la représentante ployés ne pouvaient se soustraire vailler. Aucun journaliste n’est timent officiel yougoslave dans la que c’est nous, les Albanais du postes-clés des commissions pour de la Minuk. Il vient, dit-il, sans risquer d’être licenciés. A mort. Les salles de rédaction joux- capitale. conseil de district ». L’ancien la culture, l’éducation ou la san- chercher son tracteur. Il affirme 2 heures du matin, un missile de tant le bâtiment bombardé La frappe contre la RTS suscita « administrateur civil du terri- té. Je ne sais pas trop ce qu’ils qu’une radio locale a annoncé l’OTAN a pulvérisé le centre tech- s’étaient depuis longtemps dépeu- une vive émotion en Occident, où toire libéré de Shtime », nommé trament dans mon dos », se la- que la mission donnait des en- nique de la RTS, tuant Darko et plées. Des équipes de journalistes, cette tournure prise par la cam- par l’UCK (armée de libération mente-t-elle. Le « conseil de dis- gins agricoles à ceux qui ont quinze de ses collègues, des élec- raconte une source à la RTS, cam- pagne de l’OTAN manqua de faire du Kosovo) au temps de la trict » de Shtime n’a aucune lé- perdu le leur pendant la guerre. triciens, une maquilleuse, un mon- paient, pendant les bombarde- basculer des opinions publiques. guerre, ménage un nouveau si- galité officielle. Comme partout « J’en avais trois. Les Serbes me teur, des gardiens. ments, sur une colline boisée de Dans les jours qui suivirent, la RTS lence. « Selon la résolution 1244 dans la province, il a été mis en les ont pris », explique-t-il. Il est Six mois plus tard, ayant « trou- Serbie centrale, où ils préparaient mentionna systématiquement des des Nations unies se devrait être place, en juin, par le gouverne- donc venu réclamer ce qu’il vé la force » de parler publique- à partir d’une radio mobile des victimes « journalistes ». « Comme aussi la Minuk », fait-il mine de ment provisoire d’Hashim Thaçi. croit être un dû. Il faudra toute ment, Mme Stoimenovski accuse la journaux télévisés « à blanc » en si, commente Mme Stoimenovski, se rappeler. Dans son minuscule Un « gouvernement » dirigé par la patience de la jeune représen- direction de la RTS et, à travers prévision du jour où la RTS à Bel- quelqu’un avait décidé que la RTS bureau, coincé entre deux lo- l’UCK, non reconnu par une tante de la Minuk pour le elle, le régime de Slobodan Milo- grade ne pourrait plus trans- devait continuer à travailler jusqu’à caux du conseil de district, Valé- communauté internationale qui convaincre que l’information lâ- sevic, d’avoir sciemment provo- mettre... ce qu’il y ait des morts, qu’on quali- rie Petignat-Wright ne le contre- en a tout de même fait son in- chée sur les ondes était fausse. qué ces morts. Cette mère, qui Le bombardement par l’OTAN fierait ensuite de journalistes pour dira pas. Débarquée terlocuteur privilégié depuis la Dépité, le paysan s’en va frap- condamne les bombardements de ne provoqua que quelques heures affecter les opinions publiques à mi-septembre au Kosovo, cette fin des bombardements. Mi-juin, per au bureau voisin, celui de l’OTAN, parle au nom de quatorze d’interruption des programmes. l’Ouest. » jeune Suisse, détachée par son M. Jashari est ainsi sorti du ma- MrJashari. familles de victimes qui se sont Les familles des victimes en gouvernement, est sensée diri- quis pour s’installer à la tête de constituées en comité. « En juillet, concluent que la présence des Natalie Nougayrède ger cette municipalité de la mairie et du district avec C. Ct LeMonde Job: WMQ0211--0003-0 WAS LMQ0211-3 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0766 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / 3

La guerre en Tchétchénie provoque Bœuf : Paris espère un compromis une véritable catastrophe humanitaire sur la levée de l’embargo Moscou a rouvert la frontière avec l’Ingouchie pour le passage des réfugiés Le gouvernement veut poser Près de la moitié de la population tchétchène au- s’est rendue, samedi, en Tchétchénie. Samedi bardement, la veille, où ont péri deux membres de des conditions rait déjà fui les bombardements de l’armée russe, 30 octobre, les Russes auraient à nouveau bombar- la Croix-Rouge. Grozny, dévastée, quotidienne- selon l’Union européenne, dont une délégation dé une colonne de réfugiés, après un premier bom- ment bombardée, manque de nourriture. à l’importation de viande anglaise MOSCOU de Moscou, pour laquelle il n’y a pas tion russe, provoquant la mort encore, nous sommes ouverts à une APRÈS le camouflet infligé à la totale avec l’Elysée, ne serait pas correspondance de catastrophe (humanitaire) », di- d’au moins 20 personnes. Le pre- coopération avec les organisations France, le 29 octobre, par les experts longtemps tenable. Déjà critiquée Deux mois après le début de sait-il. Cette visite des Européens mier ministre russe, Vladimir Pou- internationales. » européens du comité scientifique di- pour non-application des directives l’offensive russe en Tchétchénie, est intervenue au lendemain du tine, a expliqué sur la radio Echos La semaine dernière, les autori- recteur, le gouvernement de Lionel communautaires (par exemple sur quelque 350 000 civils, selon bombardement par l’aviation russe de Moscou que ces informations tés russes avaient ainsi donné leur Jospin prépare une riposte délicate, l’environnement), la France ne peut l’Union européenne, soit environ d’un convoi de véhicules, pourtant étaient le fruit d’une « propagande accord de principe pour que l’ONU car le temps presse et la voie est se permettre de rester en infraction. la moitié de la population, ont été distinctement marqué de l’em- malveillante des terroristes ». La puisse mener des opérations hu- étroite. Aux Antilles, le premier mi- Et le risque serait grand pour l’Eu- contraints de fuir leur maison. En- blème de la Croix-Rouge, près du veille, le ministre des affaires manitaires, exclusivement en In- nistre a indiqué que le gouverne- rope de se présenter aux négocia- viron 175 000 ont trouvé refuge en village de Chaami-Iourt, à 20 kilo- étrangères, Igor Ivanov, estimait gouchie et au Daghestan. La ment allait « examiner sérieuse- tions de l’OMC, à Seattle, en affi- Ingouchie voisine. Une commis- mètres à l’ouest de Grozny. Same- que les médias occidentaux diffu- Commission européenne annon- ment » les options avant d’arrêter sa chant des divergences sur les limites sion spéciale de l’ONU, chargée di, le centre de presse gouverne- saient de « fausses informations ». çait, elle, avoir débloqué 1,2 mil- position sur la levée de l’embargo de la notion de sécurité sanitaire d’évaluer les besoins humanitaire mental à Moscou affirmait que les « Au fur et à mesure des succès de lions d’euros. Mais pour les orga- que la France maintient sur le bœuf maximale. des déplacés, devrait, cette se- véhicules bombardés étaient équi- l’opération anti-terroriste [la guerre nisation non gouvernemantales britannique. Mardi 2 novembre, à Pourtant, dans la majorité plurielle maine, se rendre au Daghestan et pés de mitrailleuses. Dans la soi- en Tchétchénie], se développe un (ONG) présentes dans le nord- 11 heures, il devrait réunir les princi- comme dans l’opposition, des voix en République ingouche. rée, un communiqué du Comité in- second front, celui de l’information, Caucase, cet accord est parfaite- paux ministres concernés. Jean Gla- s’élèvent pour que la fermeté l’em- Lundi 1er novembre, les militaires ternational de la Croix-Rouge et je dirais de la désinformation », ment insuffisant. « Nous sommes vany devrait, après avoir reçu lundi porte, même si cela doit pousser le russes ont rouvert la frontière (CICR), à Genève, confirmait le disait-il. désolés que l’ONU n’aborde toujours le rapport des experts européens, ar- gouvernement à la faute. Les Verts entre la Tchétchénie et l’Ingouchie, pas le problème de l’aide humani- river à Matignon avec des proposi- veulent qu’on « ne cède pas aux in- fermée depuis le 23 octobre. Entre taire en Tchétchénie. C’est pourtant tions. Le ministre de l’agriculture et jonctions de la Commission, les impé- 20 000 et 50 000 personnes fuyant Un photographe français pris en otage sur le territoire tchétchène que la de la pêche ira ensuite à Bruxelles ratifs de santé publique devant l’em- les zones de combats et les bom- vraie catastrophe humanitaire a pour rencontrer d’abord David porter sur les intérêts économiques à bardements de l’aviation russe at- Un photographe français, Brice Fleutiaux, a indiqué être détenu commencé », estime Samuel Ma- Byrne, le commissaire européen court terme ». Le candidat à la pré- tendaient là, dans le froid et la en otage en Tchétchénie depuis le 1er octobre, selon des documents rie-Fanon, de l’antenne moscovite chargé de la consommation, puis sidence du RPR, François Fillon, au pluie, de pouvoir passer en Ingou- transmis par le FSB (Service fédéral de sécurité, ex-KGB), dimanche de Médecins du monde (MDM). élargir l’entretien avec Nick Brown, forum RMC-Le Figaro, a estimé que chie. Samedi, une mission de 31 octobre, à la presse à Moscou. Dans un texte écrit, présenté par le L’organisation continue, par ses son homologue britannique. « la crise de la vache folle est trop l’Union européenne, conduite par FSB comme une traduction des propos de Brice Fleutiaux faite par propres moyens, un travail d’aide Trois scénarios étaient étudiés par grave et que l’on n’a pas le droit de ne Tarja Halonen, ministre finlandaise ses ravisseurs, le photographe indique : « Je suis arrivé ici pour tra- médicale et de soutien psycholo- Paris pour sortir de la crise. pas utiliser toutes les précautions pos- des affaires étrangères, avait en- vailler. (...) Je me trouve dans une cave, sans lumière, ni électricité, ni fe- gique aux réfugiés, dans six camps On imagine mal que la France, sibles ». joint Moscou d’ouvrir des corri- nêtre. Mes geôliers arrivent à n’importe quelle heure et me frappent désormais bondés de Tchétchénie. bien que fragilisée, entérine une ca- dors permettant aux populations avec leurs armes. Je suis malade depuis une semaine. Les conditions sont pitulation unilatérale et accepte, SOLUTION DIPLOMATIQUE civiles de quitter la Tchétchénie. insupportables. » « Faites quelque chose au plus vite », poursuit le pho- APPEL AU SECOURS sans formuler les moindres condi- C’est donc vers un « compromis Elle s’inquiétait d’une dégradation tographe dans ce texte. « Brice Fleutiaux semble avoir été enlevé en Dimanche, le correspondant de tions, de se plier à une décision de la raisonnable » et une solution diplo- rapide de la situation humanitaire, Géorgie par des criminels liés à des groupes tchétchènes. Selon nos in- l’agence Interfax, à Grozny, indi- Commission qui, reprenant à l’iden- matique que semblait s’orienter le estimant que si le conflit n’était formations, il aurait pris contact avec des Géorgiens censés le faire pas- quait que la capitale – encerclée à tique sa position de cet été, intime- gouvernement. A Bruxelles comme pas réglé par des moyens poli- ser en Tchétchénie », a indiqué à l’AFP le chef du service de presse du 80 % par l’armée russe, et bombar- rait l’ordre à Paris d’ouvrir immédia- à Londres, les signes d’une volonté tiques, le flot de réfugiés en Ingou- FSB, Alexandre Zdanovitch. – (AFP.) dée sans répit – n’était plus appro- temment toutes ses frontières à la d’apaisement se manifestent depuis chie pourrait atteindre 250 000 visionnée en produits alimentaires viande anglaise. Ce serait désavouer quelques jours. En France, la majori- personnes. de base, et qu’aucune usine de implicitement les avis des experts té des syndicats agricoles sont parti- Recevant la délégation euro- massacre, estimant que l’attaque Aux inquiétudes émises par les pain ne fonctionnait, en l’absence français de l’Afsaa et se mettre en sans de calmer le jeu. « On respecte- péenne, le président ingouche, avait fait au moins 25 morts, dont Etats-Unis et les pays européens de gaz et d’électricité. Médecins du contradiction avec l’application ra la décision des experts européens, Rouslan Aouchev, a, une fois de deux employés tchétchènes de la concernant la dramatique situa- monde a reçu, quant à lui, un nou- sourcilleuse et quasi obsessionnelle dit-on à la FNSEA. On ne peut pas à plus, répété que sa république Croix-Rouge locale, et quelque tion humanitaire de centaines de vel appel au secours du ministère du principe de précaution, maître la fois applaudir lorsque les décisions (340 000 habitants) ne pouvait 70 blessés. milliers de réfugiés tchétchènes, tchétchène de la santé, qui dit mot de la politique française. Le fait d’experts en qui nous avons confiance faire face à un tel afflux de réfu- Selon les autorités tchétchènes M. Ivanov répondait : « Il s’agit de manquer dramatiquement de mé- que l’Allemagne, elle aussi, prenne nous sont favorables et les contester giés. « Beaucoup d’organisations une autre colonne de réfugiés, nos citoyens et le devoir de n’im- dicaments, alors que les hôpitaux son temps – pour des raisons de ca- lorsqu’elles le sont moins. » Mais les humanitaires me proposent leur fuyant Grozny vers la région nord porte quel gouvernement est de dé- du pays sont submergés de blessés. lendrier parlementaire mais aussi, responsables insistent pour que l’éti- aide, mais il y a un problème : le de Naourskaïa, samedi après-midi, fendre les intérêts de ses citoyens. officieusement, pour des motifs de quetage des viandes indiquant leur passage obligé par la bureaucratie a également été touchée par l’avia- Nous prenons des mesures, et plus Agathe Duparc santé publique – avant de lever origine et leur « parcours » depuis la éventuellement l’embargo donne naissance jusqu’à l’abattoir soit mis des arguments à Paris pour ne pas se en place dans tous les pays de l’UE précipiter à rentrer dans le droit che- dès 2000, et non en 2001, comme La Macédoine tourne la page Gligorov min communautaire. Jean Glavany prévu par Bruxelles. Paris va aussi espère obtenir prochainement de renforcer les contrôles vétérinaires LE SECOND tour de l’élection présidentielle ou moins ouvertement, une partie de la Macé- La guerre au Kosovo et les hypothèques pe- Berlin un « signe » qui ne laisserait et inciter, voire contraindre, les en- en Macédoine opposera, le 14 novembre, le so- doine.Tous les problèmes n’ont pas été résolus, sant sur l’avenir de cette province ne sont pas pas la France seule en première treprises de restauration collective à cial-démocrate Tito Petkovski au conservateur mais les relations se sont, au moins, normali- faites pour apaiser ses craintes. La Macédoine ligne. s’informer sur l’origine des viandes Boris Trajkovski. M. Petkovski (Union sociale- sées. De même sur la scène intérieure, malgré compte une forte minorité albanaise, concen- A l’opposé, une crispation du gou- qu’ils achètent aux négociants. démocrate de Macédoine, SDSM) a remporté, quelques débordements, l’évolution des rela- trée à Skopje et dans la partie ouest du pays, vernement, qui, sur ce dossier, est, dimanche 31 octobre, le premier tour avec tions interethniques entre la majorité slave et contiguë à l’Albanie et au Kosovo. Associée au souligne-t-on à Matignon, en phase François Grosrichard 35,5 % des voix devant M. Trajkovski (Organi- l’importante minorité albanaise (entre 22 % et gouvernement de centre droit, issu des élec- sation révolutionnaire intérieure de Macé- 30 % de la population, selon les estimations) tions législatives de 1998, la minorité albanaise doine-Parti démocratique pour l’unité natio- n’a pas suivi la même pente dramatique qu’au ne cesse de revendiquer plus d’autonomie, no- nale macédonienne, VRMO-DPMNE), 22,6 %, Kosovo voisin. tamment la reconnaissance de son université selon le VRMO-DPMNE. Quel que soit le résul- parallèle de Tetovo et le statut de « peuple La France va réduire d’un quart le nombre tat final de ce scrutin, auquel participaient six TALENTS D’ÉQUILIBRISTE constitutif », à la place de celui de simple mino- candidats (dont deux Albanais), cette consulta- La question se pose de savoir si le successeur rité, reconnu par la Constitution, au même titre tion fera date dans l’histoire de la Macédoine, de Kiro Gligorov saura faire preuve des mêmes que les Serbes, Turcs ou Tsiganes, beaucoup de ses coopérants militaires en Afrique avec le départ de Kiro Gligorov (quatre-vingt- talents d’équilibriste et de modérateur. La fonc- moins nombreux qu’eux. Autre signe d’inquié- DÉBUT 2000, les effectifs de la tion des officiers et des trois ans) qui ne briguait pas un troisième man- tion présidentielle n’est pas qu’honorifique. tude pour les Macédoniens, les formations po- coopération militaire de la France à sous-officiers africains, et à la créa- dat. Commandant en chef des forces armées, le chef litiques albanaises appellent à l’indépendance l’étranger devraient notablement tion de nouvelles écoles de cadres Ancien haut responsable au temps de la Fé- de l’Etat préside le conseil de sécurité, repré- du Kosovo. La majorité slave s’y oppose ferme- chuter, passant de plus de sur place (il en existe dix actuelle- dération socialiste de Yougoslavie – il créa le sente son pays à l’étranger, dispose d’un droit ment et redoute que les tensions intereth- 570 cadres en 1999 à 427. La baisse ment). Cet effort de formation re- SDSM sur les bases de l’ancienne Ligue des de veto sur les lois et nomme des candidats niques en Macédoine ne finissent par débou- est sensible dans les pays africains, quiert un budget annuel de 100 mil- communistes de Macédoine – il restera dans les dans plusieurs organes d’importance, tels que cher, ici aussi, sur un conflit armé. Dans avec qui la France a signé des ac- lions de francs (15,2 millions mémoires comme celui qui a permis à la petite la Cour constitutionnelle. l’immédiat, c’est l’avenir la coalition gouverne- cords de défense et d’assistance mi- d’euros). République de Macédoine (2 millions d’habi- A la veille de son départ, Kiro Gligorov a fait mentale, « contre nature », entre les deux for- litaire et où elle maintiendra Les crédits consacrés à cette nou- tants) de gagner pacifiquement son indépen- état de ses craintes et confessé sa « naïveté » à mations nationalistes slaves, du VRMO- 366 cadres, au lieu des 506 recensés velle formule de coopération mili- dance, en septembre 1991. Elu une première croire que la Macédoine puisse devenir un mo- DPMNE, et albanaise, du Parti pour la prospé- aujourd’hui ; soit une diminution taire devraient passer de 157 millions fois en janvier 1991, réélu en 1994, il est le pre- dèle de tolérance interethnique. « Nos voisins rité démocratique, qui est en question. La d’un quart des effectifs, liée essen- de francs, cette année, à 163 millions mier président d’une République de l’ex-You- vivent toujours dans le rêve de “Grands Etats”. campagne présidentielle a en effet radicalisé les tiellement à la suspension de la coo- de francs en 2000. Plus de 2 000 goslavie à quitter le pouvoir. Rangés derrière leurs leaders nationaux, ils rêvent discours et le retrait des Albanais du gouverne- pération avec les Comores, la Mau- places de stage, dans les écoles mili- Kiro Gligorov, surnommé « le Renard des tous à leur idée de Grande Bulgarie, Grande Ser- ment, au lendemain des élections, n’est plus à ritanie et le Niger. C’est ce que taires en France ou dans les écoles Balkans », a prôné une politique « d’équidis- bie, Grande Albanie ou Grande Croatie », a-t-il exclure. révèle Bernard Cazeneuve, député interafricaines à vocation régionale, tance » avec ses voisins serbes, bulgares, alba- récemment déclaré. Il redoute que ces extré- PS de la Manche, dans un rapport sont proposées à des cadres étran- nais et grecs alors que tous revendiquent, plus mismes ne finissent par rattraper la Macédoine. Christophe Châtelot rédigé pour la commission de la dé- gers, originaires d’une centaine de fense à l’Assemblée. pays différents. Les principaux pays bénéficiaires sont le Maroc, la Tuni- COMPENSATION sie, le Liban, le Tchad ou le Bénin, Leonid Koutchma en tête de l’élection présidentielle en Ukraine Aucune mission locale de la mais aussi, fait nouveau, la Pologne France en Afrique n’atteint le et l’Egypte. M. Cazeneuve précise MOSCOU sentaient à ce scrutin. Dans cette appelés en Ukraine « les oli- règles, M. Koutchma pouvant dé- nombre de 40 cadres, « ce qui garan- que le gouvernement a tenu à don- de notre correspondant ancienne république soviétique de garques », il n’a cessé de brandir le noncer le « communisme de tit, note le rapporteur parlementaire, ner la priorité à la coopération en Comme les sondages le pré- 50 millions d’habitants, minée par spectre « du retour du commu- guerre » prôné par son adversaire, l’absence d’intervention de militaires matière de gendarmerie, avec plus voyaient, le président sortant, Leo- la crise économique, la corruption nisme ». « Je ne me fais pas d’illu- M. Simonenko. Agé de quarante- français dans le commandement des de 300 stagiaires – dont une soixan- nid Koutchma, est arrivé en tête et les scandales financiers, la seule sion concernant l’amour que le sept ans, député et dirigeant de- armées des pays concernés ». Les taine d’officiers – d’une quarantaine du premier tour de l’élection pré- surprise de ce premier tour est ve- peuple me porte , a-t-il expliqué, puis 1993 du Parti communiste missions militaires, qui furent long- de pays différents. sidentielle qui s’est tenue en nue d’un taux de participation re- mais nous devons continuer sur la ukrainien, Petro Simonenko a pro- temps les plus importantes, comme Pour les fournitures d’armements, Ukraine, dimanche 31 octobre. lativement élevé (70 % contre 57 % voie des réformes. » mis d’augmenter les salaires et les au Tchad ou en Centrafrique, ver- les crédits pour 2000 seront prati- M. Koutchma, soixante et un ans, en 1994). Selon les enquêtes d’opi- retraites en arrêtant les privatisa- ront leurs effectifs fondre : 35 cadres quement reconduits. Ils s’élevaient à qui avait été élu en 1994, a obtenu nion de ces dernières semaines, UTILISATION DES MÉDIAS tions, en recréant un contrôle de en 2000 (au lieu de 55 l’an dernier) à 180 millions de francs (27,5 millions 36,3 % des voix, selon des résultats une même proportion d’électeurs Ses opposants ont dénoncé l’uti- l’Etat sur l’économie et « une so- N’Djamena, et 18 à Bangui, soit trois d’euros) en 1998, et seront quasi- communiqués lundi matin par la estimaient que les élections se- lisation des finances et de l’appa- ciété communiste ». fois moins qu’en 1998. ment équivalents en 2000. 172 mil- commission électorale et portant raient truquées, qu’aucune amé- reil d’Etat pour la campagne du Il plaide également pour des Cette diminution du nombre des lions de francs (26,2 millions d’eu- sur 95 % des bulletins de vote. Il lioration économique et politique président sortant. Journaux, radios liens renforcés avec la Russie et la coopérants militaires est compensée ros) seront destinés à des devra affronter, lors du second n’était à attendre dans les dix ans à et télévisions ont également été Biélorussie, n’excluant pas de se par un recours systématique à des armements au profit des pays afri- tour prévu le 14 novembre, le diri- venir et que la classe politique mobilisés, ce qui valu au président joindre au projet d’union entre ces forces prépositionnées, renouvelées cains liés à la France par des accords geant du Parti communiste ukrai- était majoritairement corrompue. ukrainien une mise en garde du deux pays. Mobilisant l’électorat le depuis la France, pour servir d’appui de défense ou d’assistance militaire nien, Petro Simonenko, qui a re- M. Koutchma, ancien apparat- Conseil de l’Europe. A Kiev, une plus frappé par la crise, dans les ou de conseil auprès des armées lo- toujours en vigueur. Au titre d’une cueilli dimanche 22,4 % des voix. chik soviétique, qui fut le directeur organisation indépendante a noté régions industrielles et minières de cales, dans le cadre du projet Re- aide à l’Organisation pour l’unité Alexandre Moroz, ancien pré- de la principale usine de missiles qu’en un mois M. Koutchma a bé- l’est du pays, le dirigeant commu- camp (renforcement des capacités africaine (OUA), un crédit de 6 mil- sident du Parlement et chef du de l’URSS, à Dniepropetrovsk, a néficié d’un temps d’antenne su- niste veut également mettre fin à de maintien de la paix). Ce projet fa- lions de francs a été ouvert pour le Parti socialiste, arrive en troisième mené une campagne électorale périeur à celui accordé à l’en- la collaboration avec le FMI et au vorise la composition de forces pro- don de matériels voués à des mis- position (11,3 % des suffrages), sui- presque identique à celle de Boris semble des douze autres rapprochement engagé par prement africaines, pour maîtriser sions de paix, notamment en Répu- vi de la candidate populiste d’ex- Eltsine en 1996. Bénéficiant du candidats. M. Koutchma avec l’Europe. les crises et favoriser la stabilité ré- blique démocratique du Congo. trême gauche Natalia Vitrenko soutien des grands barons de la fi- La campagne du second tour de- gionale en Afrique. La France a déci- (11,06 %). Treize candidats se pré- nance et de l’industrie, également vrait se dérouler selon les mêmes François Bonnet dé d’accroître son aide à la forma- Jacques Isnard LeMonde Job: WMQ0211--0004-0 WAS LMQ0211-4 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0767 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 INTERNATIONAL Le centre gauche s’impose comme la première Un cyclone dévastateur aurait fait des milliers de victimes en Inde NEW DELHI. Trois jours après le cyclone qui s’est abattu sur la côte force politique en Uruguay er est de l’Inde, l’Etat d’Orissa était toujours, lundi 1 novembre, coupé du monde. Téléphone, routes, aéroports demeuraient fermés et l’ar- mée, envoyée pour porter secours aux victimes, progressait très lente- Le candidat socialiste est en tête, au premier tour de la présidentielle ment. Aucun bilan n’est encore disponible, mais la presse indienne évoque plusieurs milliers de morts et des millions de sans-abris. Les Le candidat socialiste, Tabare Vasquez, a rem- 38,51 % des suffrages. Selon les chiffres fournis lorado, Jorge Battle, crédité de 31,32 % des voix, pluies continuent de tomber sans interruption, gênant toute action de porté, dimanche 31 octobre, le premier tour de par le ministère de l’intérieur, lundi matin, il de- auquel il sera opposé au second tour, qui est secours. La délégation ministérielle envoyée de Delhi pour faire un l’élection présidentielle en Uruguay avec vance d’environ 7 points le candidat du Parti co- prévu le 28 novembre. premier état des lieux a dû rebrousser chemin en raison des intempé- ries. Des régions entières demeurent sous l’eau et l’important port de BUENOS AIRES qu’il remporte dans la capitale, Mon- noncé qu’ils s’allieraient « pour frei- Tupamaros (MLN-T), guérilla des an- Paradip aurait été quasiment détruit. Selon un expert indien, ce de notre correspondante régionale tevideo, avec 50,1 % des suffrages, ne ner le marxisme ». nées 70. Cette coalition s’est engagée cyclone serait l’un des plus importants du siècle dans cette Changement de ou change- garantit pas pour autant que ce mé- Mais, d’ores et déjà, la montée à rouvrir le dossier des trente-quatre région. – (Corresp.) ment de style ? La victoire histo- decin charismatique de cinquante- spectaculaire de la coalition de disparus de la dictature militaire, ce rique, dimanche 31 octobre, du so- neuf ans, ancien maire de la capitale centre-gauche, Rencontre progres- qui pourrait lui apporter le soutien, cialiste Tabare Vasquez, lors du (1990-1995), soit le futur président siste-Front élargi (Epfa), sonne le au second tour, du parti Nouvel Es- Abdelaziz Bouteflika gracie premier tour de l’élection présiden- élu pour un mandat de cinq ans. Le glas du bipartisme des partis tradi- pace du sénateur social-démocrate, tielle en Uruguay, avec 38,51 % des nouveau système électoral de ballot- tionnels qui gouvernent l’Uruguay Rafael Michelini (quarante et un voix, indique que le centre gauche tage, introduit en 1996, oblige en ef- depuis 1922, avec la brutale et ans), qui est arrivé en quatrième po- 5 000 détenus en Algérie s’impose, dans le cône sud de l’Amé- fet à un second tour si le candidat le longue parenthèse de la dictature sition avec 4,4 % des voix. Le père de rique latine, comme une force poli- mieux placé n’a pas obtenu plus de militaire (1973-1985). Par ailleurs, la M. Michelini fut assassiné en 1976 en ALGER. Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a gracié 5 000 dé- tique jugée susceptible de corriger 50 % des voix. coalition de centre-gauche devrait Argentine pendant la dictature tenus à l’occasion du 45e anniversaire du déclenchement de la lutte ar- les injustices sociales du système disposer du tiers des sièges au Parle- militaire. mée, le 1er novembre 1954, qui a mené à l’indépendance. Ces mesures économique libéral. LE GLAS DU BIPARTISME ment, à partir du 1er mars 2000. Bien que l’économie de l’Uruguay de grâce concernent dans leur immense majorité des détenus de droit Après l’Argentine, où le radical Le 28 novembre, M. Vasquez de- Comme M. de la Rua à Buenos soit plus saine que celle de l’Argen- commun dont la peine, ou ce qui en reste à effectuer, est inférieure à Fernando de la Rua a été élu pré- vra donc affronter son rival du Parti Aires, à Montevideo, M. Vasquez tine et du Brésil, ce petit pays de un an de prison. Elles entrent dans le cadre de « la démarche de réta- sident de la République, le 24 octo- colorado (centre droite au pouvoir), s’inspire de la « troisième voie » du trois millions d’habitants est en blissement de la concorde civile » du président Bouteflika, a-t-on préci- bre, à la tête d’une coalition de Jorge Battle, qui a obtenu 31,32 % premier ministre britannique, Tony même temps très dépendant de ses sé de source officielle. La loi sur la concorde civile, promulguée le centre gauche, puis l’Uruguay, di- des voix. M. Battle, qui est âgé de Blair, pour instaurer une plus grande deux grands voisins et partenaires au 13 juillet et approuvée massivement le 16 septembre par référendum, manche, ce sera, le 12 décembre, le soixante-douze ans, et qui se pré- justice sociale. Prônant un « change- sein du Marché commun du cône amnistie partiellement ou totalement les islamistes armés repentis qui tour du Chili de choisir entre Ricardo sente pour la cinquième fois à la pré- ment à l’Uruguayenne », le Front sud (Mercosur). Surnommé « la se soumettent à l’Etat, à l’exception de ceux qui ont commis des Lagos (Parti socialiste au pouvoir sidence, est déjà assuré du ralliement élargi a promis des mesures en fa- Suisse de l’Amérique latine », en rai- crimes de sang, des viols, ou déposé des bombes dans des lieux pu- avec la démocratie-chrétienne) et du Parti national (ou blanco) de l’an- veur du travail, de la santé et de son de l’importance de ses dépôts blics. Ces grâces, qui s’appliquent aux détenus jugés, ne concernent Joaquin Lavin (droite). M. Lagos est cien président, Luis Alberto Lacalle l’éducation. Il a également proposé bancaires, l’Uruguay n’échappe pas à pas les condamnés pour ces faits, ainsi que les condamnés pour cor- donné favori dans les sondages, (1990-1995), qui est arrivé en troi- d’augmenter les impôts des plus la récession, au chômage (près de ruption, détention ou trafic de drogue, a-t-on précisé. La remise totale mais la différence entre les deux can- sième position avec 21 % des suf- riches. 11 %), et à une pauvreté qui touche de peine concerne 5 000 détenus dont 152 condamnés pour des faits didats présidentiels s’est considéra- frages des 2,4 millions d’électeurs. Créé en 1971, ce front couvre au- 300 000 personnes et qui s’ac- entrant dans le cadre de la loi sur la concorde civile. Depuis son élec- blement réduite ces dernières Ces deux partis, traditionnellement jourd’hui un large spectre politique compagne d’une montée de la délin- tion à la présidence de la République, en avril, M. Bouteflika a gracié semaines, créant un grand suspense hégémoniques et historiquement ri- regroupant socialistes, communistes, quance, notamment dans la capitale plus de 14 500 détenus. – (AFP.) dans la région. vaux, ont présenté ces élections radicaux de gauche, chrétiens-démo- où vit 46 % de la population. Le succès au premier tour de comme une guerre entre « le libéra- crates et anciens membres du Mou- PROCHE-ORIENT M. Vasquez et la victoire historique lisme et le communisme » et ont an- vement pour la libération nationale- Christine Legrand a ISRAËL : le président Ezer Weizman a été hospitalisé à la suite d’une inflammation de la vésicule biliaire, a indiqué, lundi 1er no- vembre, une source médicale. Agé de soixante-quinze ans, M. Weiz- man avait déjà été admis à l’hôpital le 31 août pour les mêmes raisons, mais les médecins avaient alors écarté la nécessité d’une intervention Un vote sur l’euthanasie relance le débat sur le fédéralisme américain chirurgicale. – (AFP.) NEW YORK Les médecins ont le droit de prescrire mais pas dique n’a trompé personne : les électeurs de a CISJORDANIE : une des principales rues d’Hébron, interdite de- de notre correspondante d’administrer la substance qui causera la mort. l’Oregon et leurs élus ont parfaitement puis cinq ans aux Palestiniens, a été rouverte, dimanche 31 octobre, L’adoption, le 27 octobre, par la Chambre Les électeurs de l’Etat de l’Oregon s’étaient compris que c’était leur loi, issue d’un scrutin conformément à l’accord de Charm el-Cheikh, a annoncé un porte- des représentants, d’un projet de loi interdi- prononcés une première fois pour la légalisa- populaire, que le Congrès cherchait ainsi à parole militaire israélien. Un nouveau tronçon de quelque 300 mètres sant aux médecins américains d’aider des ma- tion du suicide médicalement assisté, lors d’un invalider. de la rue el-Chouhada a été ouvert malgré une tentative d’obstruction lades incurables à se suicider en leur prescri- référendum organisé en 1994, mais leur déci- L’artifice est d’autant plus suspect que la menée par une centaine de manifestants, des colons juifs qui enten- vant les médicaments nécessaires pour se sion avait été suspendue par différents recours majorité républicaine au Congrès est en règle daient protester contre un attentat anti-israélien ayant fait cinq bles- donner la mort a relancé le débat, non pas, pa- devant les tribunaux. Le projet de loi, intitulé générale beaucoup plus prompte à enfourcher sés samedi en Cisjordanie. Un premier tronçon avait été ouvert en radoxalement, sur l’euthanasie ou le suicide « Mourir dignement », a de nouveau été sou- le cheval des droits des Etats contre l’emprise août. – (AFP.) médicalement assisté mais sur l’emprise du mis au vote populaire en 1997 et a de nouveau du pouvoir fédéral qu’à chercher à étendre les a JORDANIE/ÉTATS-UNIS : le secrétaire adjoint américain au pouvoir fédéral sur les Etats américains. été ratifié par référendum, cette fois à une ma- prérogatives de ce dernier. Trésor, Stuart Eizenstat, a annoncé, dimanche 31 octobre, à Amman Le projet de loi républicain, qui doit encore jorité plus forte (60 %). Le gouverneur de l’Oregon, le démocrate que Washington avait nommé un conseiller financier résident pour ai- passer par le Sénat, criminalise l’acte par le- John Kitzhaber, a fait savoir qu’il envisageait der la Jordanie à gérer sa dette. Il venait d’avoir un entretien avec le quel un médecin prescrit à un patient des mé- ARTIFICE JURIDIQUE de déposer un recours, qui aboutirait proba- roi Abdallah II de Jordanie. La dette étrangère jordanienne est estimée dicaments dont il sait qu’il va les utiliser pour Selon un rapport récemment diffusé par les blement devant la Cour suprême des Etats- à quelque 7 milliards de dollars (environ autant d’euros), dont 425 mil- se donner la mort : cet acte, qui deviendrait autorités de l’Oregon, quinze personnes vivant Unis, laquelle à jusqu’ici refusé de se pronon- lions à l’égard des Etats-Unis. – (AFP.) alors un crime fédéral, serait passible de dans cet Etat − dont treize atteintes d’un can- cer sur le sujet du suicide médicalement assis- a IRAN : le procès de l’ancien ministre de l’intérieur Abdollah vingt ans d’emprisonnement. Ce texte va à cer − ont eu recours à des médecins pour les té, qu’elle considère comme relevant de la Nouri s’est ouvert samedi 30 octobre à Téhéran, devant le tribunal du l’encontre d’une loi en vigueur, depuis 1998, aider à mourir, l’an dernier, première année compétence des Etats. En attendant, les habi- clergé, juridiction d’exception qui a la main lourde, et dont M. Nouri dans l’Oregon qui, à la suite d’un référendum d’entrée en vigueur de la loi « Mourir digne- tants de l’Oregon n’ont que le pouvoir de s’in- récuse la légalité dans la mesure où sa création n’est pas prévue par la organisé à l’échelle de l’Etat, est devenu le pre- ment ». digner, soutenus en cela par nombre de leurs Constitution. Initialement prévue pour le 20 octobre, puis pour le 27, mier Etat américain (et pour l’instant le seul) à Le Congrès fédéral n’ayant pas automati- compatriotes dans les journaux. « Peut-on l’ouverture du procès aurait été différée au 30 pour ne pas incommo- légaliser le suicide médicalement assisté. Sous quement la compétence pour légiférer sur ce imaginer un Congrès qui adopterait une loi der le président Mohamad Khatami lors de sa visite en France. – (AFP.) des conditions bien définies : le patient doit que bon lui semble et imposer son autorité aux interdisant aux Etats de recourir à la peine de être sain d’esprit, avoir obtenu des certificats Etats, les élus républicains ont choisi de fonder de mort ? », s’offusquait vendredi dans le ASIE de deux médecins estimant qu’il n’a pas plus leur projet de loi sur l’utilisation de substances New York Times Charles Fried, un juriste de a CORÉE DU SUD : au moins 55 personnes, en majorité des adoles- de six mois à vivre, et déclarer à deux reprises, pharmaceutiques dont le contrôle, comme la Harvard... cents, ont été tuées et 80 autres blessées, samedi 30 octobre, dans l’in- par écrit, devant témoins, à deux semaines drogue, relèvent aux Etats-Unis de la compé- cendie d’une brasserie illégale à Inchon (Nord-Ouest). L’ampleur du d’intervalle, qu’il souhaite se donner la mort. tence de l’Etat fédéral. Mais cet artifice juri- Sylvie Kauffmann bilan s’explique par une série de négligences et d’infractions, selon les premiers éléments de l’enquête. La police sud-coréenne a d’ores et déjà arrêté quatre personnes à la suite de cet incendie, l’un des plus Les talibans tentent de trouver une issue à l’affaire Ben Laden meurtriers jamais enregistrés en Corée du Sud. – (AFP.) AFRIQUE NEW DELHI des talibans, devrait convoquer den. A la recherche d’une re- gime à Islamabad, veulent sans a NIGER : de notre correspondante une réunion du haut commande- connaissance internationale qui doute aussi montrer à leur allié en Asie du Sud ment taliban pour décider com- leur permettrait de recevoir les principal qu’ils sont prêts à faire AFRIQUE Les talibans, qui contrôlent 90 % ment répondre à la demande de aides pour reconstruire le pays et des gestes à l’égard de l’Occident. a NIGER : le second tour de l’élection présidentielle opposera, le de l’Afghanistan, ne forceront pas Ben Laden de l’aider à quitter asseoir leur pouvoir, les talibans 24 novembre, Tanja Mamadou, du Mouvement national pour la socié- l’islamiste d’origine saoudienne, l’Afghanistan vers un pays de son ont bien compris que la présence DÉTERMINATION DES ÉTATS-UNIS té de développement (MNSD, ex-parti unique) et Mahamadou Issou- Ousamma Ben Laden, à quitter le choix dont le nom ne serait révélé de Ben Laden était un obstacle in- Depuis les bombardements fou, du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), aux pays, mais ils ne s’opposeront pas qu’au Mollah Omar et à l’un de ses surmontable. En même temps, ils américains, Ben Laden est en per- termes d’un arrêt de la Cour d’Etat validant et proclamant, samedi non plus à son départ. Devant les proches. Mollah Omar a fait savoir savent aussi que livrer Ben Laden pétuel déplacement autour de 30 octobre, les résultats définitifs du premier tour disputé le 17 octo- pressions renouvelées des Etats- que les talibans ne s’opposeraient – geste inconcevable dans la tradi- Kandahar, Jalalabad et les mon- bre. Le grand perdant de ce premier tour a été l’ex-président Maha- Unis, qui ont obtenu du Conseil de pas à l’offre de Ben Laden, mais tion pacthoune – serait un coup tagnes environnantes. Il vit sous mane Ousmane, arrivé troisième avec 22,51 % des voix. – (Reuters.) sécurité de l’ONU une résolution qu’ils voulaient être sûrs que celle- mortel pour leur mouvement. très haute sécurité et aucun jour- a GUINÉE : un million et demi d’enfants, âgés de six mois à cinq menaçant l’Afghanistan de sanc- ci n’était pas dictée par la peur de Pour l’instant, ils cherchent donc, naliste n’a pu l’approcher depuis ans, ont été vaccinés contre la poliomyélite sur toute l’étendue du ter- tions si Ben Laden n’était pas livré l’expulsion ou des pressions. d’une certaine façon, à gagner du décembre 1998, les talibans lui ritoire national, a-t-on annoncé, dimanche 31 octobre, de source offi- avant le 14 novembre, les dis- Depuis plus d’un an, et, en parti- temps tout en montrant leur ayant interdit tout contact avec cielle. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), les Etats-Unis, le cussions se sont multipliées, mais culier, depuis les bombardements bonne volonté en discutant direc- l’extérieur et toute déclaration po- Canada et le Japon ont fourni à la Guinée des moyens financiers et pour l’instant les positions n’ont américains sur l’Afghanistan tement avec les Etats-Unis, notam- litique. Dans les circonstances pré- logistiques pour aider à l’organisation de ces premières journées de pas changé. d’août 1998, les talibans sont divi- ment. Les talibans, qui s’inquiètent sentes, on voit mal où Ben Laden vaccination, qui entrent dans le cadre d’une campagne mondiale pour Mollah Omar, le chef suprême sés sur le sort à réserver à Ben La- quelque peu du changement de ré- pourrait se rendre et, surtout, l’éradication de la poliomyélite. – (AFP.) comment il pourrait le faire en sé- curité. Les Etats-Unis, qui ont offert Protestations contre les liens une récompense de 5 millions de Satisfaction après l’accord catholiques-luthériens dollars pour toute aide à la capture MGR CHRISTIAN KRAUSE, Le pape a qualifié ce document indulgences, qui vient de faire de Ben Laden, qu’ils tiennent pour diplomatiques israélo-mauritaniens président de la Fédération luthé- d’une vingtaine de pages comme l’objet d’une publication au Vatican le principal suspect dans les atten- rienne mondiale – qui compte quel- « une étape fondamentale sur le che- d’un Manuel des indulgences, s’ap- tats contre les ambassades améri- NOUAKCHOTT. Les lycéens de Nouakchott ont manifesté spontané- que 70 millions de fidèles dans le min de la recomposition de la pleine pliquant aux pèlerins qui se ren- caines au Kenya et en Tanzanie ment, samedi 30 octobre, contre la décision de leur gouvernement monde – et le cardinal Edward Cas- unité entre les chrétiens ». Il consti- dront à Rome en l’an 2000. (224 morts), ont déjà fait savoir d’établir des relations diplomatiques avec Israël. Cette mesure, annon- sidy, président du Conseil pontifical tue « un fondement sûr pour la Les deux signataires de l’accord que s’il quittait l’Afghanistan il ne cée jeudi, a suscité de nombreuses critiques, auxquelles le ministre pour l’unité des chrétiens, repré- poursuite de la recherche théolo- d’Augsbourg ont réaffirmé leurs parviendrait pas à se cacher pour mauritanien de la communication, Rachid Ould Saleh, a répliqué qu’il sentant le pape, ont signé, di- gique œcuménique » et doit per- positions respectives, au cours échapper aux poursuites. « Oussa- s’agissait d’une « décision souveraine ». Il a notamment estimé que les manche 31 octobre à l’église Sainte- mettre d’« affronter les difficultés » d’une conférence de presse ma Ben Laden peut fuir l’Afghanis- propos du secrétaire général de la Ligue arabe, Esmat Abdel Méguid, Anne d’Augsbourg (Bavière), une qui demeurent. commune. Mgr Krause a maintenu tan, mais ne pourra pas se cacher hostiles à la décision de la Mauritanie, « sont inappropriés et n’entrent déclaration commune sur la « justi- Cet accord « dit clairement que les que cette question « serait un point pour échapper à notre détermina- pas dans ses compétences ». Quant à l’opposition mauritanienne, elle fication » par la foi, qui met fin à un anathèmes lancés au XVIe siècle ne important à l’ordre du jour des pro- tion », a affirmé le porte-parole du travaille avec des ONG « dont on connaît les dessous », a-t-il dit, insi- contentieux de quatre siècles sur les s’appliquent plus », a commenté de chaines discussions », alors que le département d’Etat, James Rubin. nuant qu’elles appartiennent à des « organisations sionistes internatio- thèses de Martin Luther (Le Monde son côté le pasteur Marc Lienhard, cardinal Cassidy soulignait que le Pour l’instant du moins, l’éventuel nales ». A Tripoli, en Libye, le colonel Mouammar Kadhafi a discuté de du 29 octobre). Le même jour, un président de l’Eglise de la confes- pardon des péchés et les indul- départ de Ben Laden d’Afgha- la décision mauritanienne avec les ministres égyptien, soudanais et office d’« action de grâces » a réu- sion d’Augsbourg d’Alsace et de gences étaient une composante nistan semble n’être qu’un nouvel marocain des affaires étrangères, a rapporté l’agence officielle Jana. Le ni, à la cathédrale Notre-Dame de Lorraine. « Il va instaurer un nou- inséparable des festivités d’une épisode d’une saga qui risque de se porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères a exprimé, de Paris, le cardinal Jean-Marie Lusti- veau type de relations, même pour Année sainte. perpétuer encore un long mo- son côté, les « regrets de l’Iran », la décision mauritanienne allant, ger et le pasteur Michel Viot, ins- discuter de la pomme de discorde ment. selon lui « à l’encontre des aspirations de la nation palestinienne et des pecteur ecclésiastique de l’Eglise que restent les indulgences. » Car le H. T. autres pays musulmans ».–(AFP.) évangélique luthérienne de France. désaccord demeure sur le point des Lire aussi notre éditorial page 13. Françoise Chipaux LeMonde Job: WMQ0211--0006-0 WAS LMQ0211-6 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0769 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999

JUSTICE Un rapport d’expertise tion, que des faux documents au- DE SOURCE JUDICIAIRE, cette infor- çu, dimanche 31 octobre, Dominique l’affaire, mardi, lors des questions rédigé au mois d’octobre 1998 par le raient été conçus pour justifier l’in- mation fait peser des soupçons sur la Strauss-Kahn, mais rien n’a filtré de d’actualité à l’Assemblée nationale, laboratoire scientifique et technique tervention de Dominique Strauss- nature même de l’intervention de leur rencontre. Selon de bonnes entend maintenir sa confiance au de la préfecture de police de Paris, Kahn, en tant qu’avocat, pour le l’actuel ministre de l’économie et sources, il se confirme que le pre- ministre des finances, à qui il ne sou- établirait, selon le quotidien Libéra- compte de la MNEF. b CONFIRMÉE des finances. b LIONEL JOSPIN a re- mier ministre, qui pourrait évoquer haite pas imposer une décision. MNEF : un rapport de la police scientifique pourrait inquiéter M. Strauss-Kahn Une expertise établirait que des documents saisis chez des avocats de la MNEF et dans les locaux de la mutuelle auraient été fabriqués a posteriori pour justifier la rémunération perçue par l’actuel ministre de l’économie et des finances en novembre 1996 UN RAPPORT d’expertise, effec- attention toute particulière aux billage, a posteriori, de la prestation a-t-il expliqué, chargé de négocier tué en octobre 1998 par le labora- traces écrites relatives à l’interven- de M. Strauss-Kahn. Il aurait affir- en direct avec la CGE tout en restant toire scientifique et technique de la tion de l’actuel ministre de l’écono- mé que la lettre d’engagement, da- en liaison avec le directeur général préfecture de police de Paris, accré- mie et des finances. Selon les tée du 13 décembre 1994 et signée de la MNEF, M. Spithakis. Lorsque diterait l’hypothèse que de faux do- conclusions de l’expertise, le papier de sa propre main, n’aurait, en les décisions étaient prises à ce ni- cuments auraient été fabriqués qui aurait servi de support à la ré- fait, été rédigée que bien plus veau, M. Spithakis nous demandait, pour justifier l’intervention, entre daction des actes rédigés au cours tardivement. à moi et à Patrick Gentil, de rédiger 1994 et 1996, de Dominique Strauss- de la négociation n’aurait été mis Les conclusions de l’expertise et les actes, protocoles et autres docu- Kahn, en tant qu’avocat, pour le en vente que postérieurement à la les déclarations de M. Plantagenest ments inhérents à cette négocia- compte de la Mutuelle nationale date indiquée sur le document. font désormais peser des soupçons tion. » des étudiants de France (MNEF). De plus, l’examen des polices de sur la nature même de l’interven- L’avocat de M. Strauss-Kahn, Rémunérée 603 000 francs, sa pres- caractères du traitement de texte tion de l’actuel ministre des fi- Me Lef Forster, questionné, lundi tation consistait à négocier, pour le utilisé par les rédacteurs de ces nances, l’une des hypothèses les 1er novembre, sur les conclusions compte de la mutuelle, l’entrée de mêmes documents aurait permis plus fréquemment avancées étant de l’expertise policière, nous a dé- la Compagnie générale des eaux d’étayer les premiers doutes. Ce qu’il n’ait été dans ce dossier qu’un claré, « que des réponses sérieuses et (devenue Vivendi) dans le capital de type de caractères n’existait pas, « apporteur d’affaires ». Deux avo- étayées seraient apportées à la jus- Raspail participation et développe- semble-t-il, à la date indiquée sur cats de la MNEF sont, en effet, éga- tice ». « Elles permettront, a-t-il ment (RPD), holding regroupant les documents saisis. Enfin, les ex- lement intervenus dans le cadre de ajouté, d’estomper les doutes et les l’essentiel des filiales de la MNEF. perts estimeraient que certaines cette négociation ; la justice a re- soupçons qui ont pu naître à la lec- A en croire Libération, qui révèle mentions manuscrites du type «en trouvé un certain nombre de pièces ture d’une telle expertise. Sachez l’information recoupée par Le parler à Strauss-Kahn », décou- attestant leur présence dans ce qu’il n’existe chez mon client aucun Monde de source judiciaire, les vertes sur les documents qui de- dossier. Arguant du secret profes- sentiment de panique. Dès qu’il nous deux juges d’instruction parisiens vaient attester le travail réalisé par sionnel, Me Eric Turcon et Me Pa- sera possible de fournir des explica- chargés des investigations, Armand M. Strauss-Kahn, n’auraient été trick Gentil ont refusé de détailler, tions exhaustives, dans un cadre lé- Riberolles et Françoise Néher, au- portées que plusieurs mois après la devant le juge, la nature de leur gal, qui garantit les droits de la dé- raient fait expertiser de nombreux fin de l’intervention de l’actuel mi- travail. Interrogé, lundi 1er no- fense, nous démontrerons le documents saisis lors de plusieurs nistre des finances. faux » contre « MM. Spithakis, Plantagenest, l’ancien directeur de vembre par Le Monde, Me Turcon a bien-fondé de la rémunération de perquisitions ordonnées dans l’af- Le réquisitoire supplétif, délivré, Strauss-Kahn et tous autres » avait RPD. Interrogé sur les éléments du cependant confirmé, pour sa part, M. Strauss-Kahn. » faire de la MNEF. Parmi ces pièces, le jeudi 28 octobre, par le parquet été accordé aux juges après l’audi- rapport d’expertise des policiers, il « la réalité de la prestation de ils auraient, notamment, prêté une de Paris, pour « faux et usage de tion, le 14 octobre, de Philippe aurait confirmé l’existence d’un ha- M. Strauss-Kahn. » « Il était, nous Jacques Follorou La droite réagit Matignon veut se donner du temps et impose le silence DE LA RENCONTRE entre Lionel Jospin – qui veut dire que j’en parlerai plus tard et ail- confiance », il a ajouté : « Dominique Strauss- rentré quelques heures plus tôt des Antilles – et leurs », a-t-il déclaré, samedi, au cours de sa Kahn a droit à la présomption d’innocence, qui avec une grande prudence Dominique Strauss-Kahn, de retour, lui, du conférence de presse. Interrogé sur l’applica- est un droit fondamental. » Dans la bouche de LA MISE EN CAUSE de Domi- dredi que l’affaire de la MNEF de- Vietnam, dimanche 31 octobre, de 12 h 20 à tion de la « jurisprudence Bérégovoy-Balla- M. Moscovici, qui est un proche à la fois de nique Strauss-Kahn dans l’affaire vait conduire Lionel Jospin à 13 h 30 à l’hôtel Matignon, on ne sait rien. Les dur », selon laquelle tout ministre mis en exa- M. Jospin et de M. Strauss-Kahn, ces mots de la MNEF, qui s’annonçait, pour « contraindre son ministre à la dé- collaborateurs du premier ministre se sont en- men doit démissionner, il a répondu : « Vous ne confirment que le chef du gouvernement fait l’opposition, comme un moyen mission », M. Pasqua « imagine fermés dans un mutisme absolu. « Nous m’avez jamais entendu sur ces sujets depuis deux toujours « confiance » à son ministre des fi- inespéré de déstabiliser Lionel mal que [Dominique Strauss- n’avons rien à dire sur cette question », répétait- ans et demi. Ce sont des questions sur lesquelles nances et ne lui a donc pas demandé d’aban- Jospin en s’attaquant à l’un des pi- Kahn] puisse rester à son poste » s’il on à Matignon. À Bercy, les proches du mi- les politiques ne doivent pas s’exprimer par la donner son portefeuille. liers de son gouvernement, sus- ya le « moindre risque » pour lui nistre des finances n’étaient pas plus prolixes. voie polémique. Elles relèvent de la justice et je Selon un autre proche de M. Jospin, il aurait cite, à droite, plus de retenue que d’être mis en examen ou d’être Pour le chef du gouvernement, la priorité est, respecte la séparation des pouvoirs », a-t-il indi- demandé à M. Strauss-Kahn de « choisir » lui- de virulence. concerné par une information ju- d’abord, de gagner du temps et de se donner qué, avant d’ajouter : « Je ne suis pas plus em- même la meilleure solution pour se défendre. François Fillon, député de la diciaire, ce qui « n’exclut en rien la celui de la réflexion. Visiblement, Matignon et barrassé que je ne l’ai été dans le passé et que je « Jospin ne veut pas donner l’impression d’impo- Sarthe et candidat à la présidence défense ou le maintien de la pré- Bercy n’ont pas, en effet, d’indication sur le le serai demain. » Hors micro, le premier mi- ser son choix à Strauss-Kahn, car cela signifierait du RPR, interrogé dimanche somption d’innocence ». choix que pourraient faire les juges entre les nistre a précisé : « De toute façon, cette question qu’il cherche d’abord à se protéger », observe-t- 31 octobre au « Forum RMC-Le Fi- « Mairie de Paris contre MNEF, deux procédures possibles, la convocation de remontera jusqu’à moi. Je ne vais pas me presser il. A l’Hôtel Matignon comme au Parti socia- garo », a dénoncé « l’hypocrisie du Chirac contre Jospin, il semble que M. Strauss-Kahn comme « témoin assisté », ou pour y répondre. » liste, on surveille la droite et on scrute chaque premier ministre » qui « a basé son l’on soit rentré dans l’ère de la sa mise en examen. Face à cette incertitude, indice qui pourrait ressembler à une consigne élection et son succès au gouverne- cohabitation sanglante », affirme MM. Jospin et Strauss-Kahn seraient donc ÉLOGE APPUYÉ DE PIERRE MOSCOVICI venue de l’Elysée. L’attitude retenue de l’oppo- ment sur l’idée de la morale », un pour sa part, dans un communi- convenus, dimanche, de ne... rien décider de A aucun moment, M. Jospin n’a abordé le su- sition depuis la révélation de l’affaire, à l’ex- thème sur lequel « lui-même et le qué, Charles Millon, président de manière précipitée. Le calendrier sera pourtant jet avec les ministres qui l’accompagnaient ception, lundi 1er novembre, de Charles Pasqua, PS n’ont vraiment aucune leçon à la Droite libérale chrétienne. difficile à gérer, car le premier ministre sait que dans les DOM et qui n’ont pas osé, d’eux- leur apparaît comme un premier signe. « L’Ely- donner ». Quant à un éventuel dé- Quant à Philippe Séguin, ancien dès mardi, la séance des questions d’actualité à mêmes, évoquer l’affaire de la MNEF. Le seul sée compte sur cette affaire pour forcer Jospin à part de M. Strauss-Kahn du gou- président du RPR, invité di- l’Assemblée nationale pourrait permettre à la ministre à s’être publiquement exprimé sur remettre les compteurs à zéro et proposer une vernement, M. Fillon a estimé manche soir de TF 1, il s’est refusé droite d’interpeller le gouvernement sur cette cette affaire est Pierre Moscovici, ministre dé- amnistie qui arrangerait tout le monde sur qu’il est difficile « de subir une à tout commentaire, préférant affaire et qu’il ne pourra pas faire autrement légué aux affaires européennes, qui était l’invi- l’échiquier politique », observe-t-on dans l’en- mise en examen, de se défendre » « attendre de voir la réaction que de répondre lui-même. té dimanche du « Club de la presse » d’Eu- tourage du premier ministre. tout « en exerçant les plus hautes de M. Jospin » au cas où son mi- Il l’a d’ailleurs admis lui-même aux Antilles, rope 1. Après un éloge appuyé du ministre des responsabilités au sein de l’Etat ». nistre de l’économie serait mis en samedi 30 octobre. « Ce n’est pas une question finances, auquel il a exprimé ses « sentiments Laurent Mauduit Pierre Lellouche, député de Pa- examen. dont j’ai besoin de parler aujourd’hui et ici. Ce d’amitié, de solidarité, d’admiration et de et Pascale Robert-Diard ris et soutien de M. Fillon dans la campagne interne du RPR, a pour sa part déploré, dimanche, au « Grand Jury RTL-Le Monde- L’inévitable « jurisprudence » Bérégovoy-Balladur LCI », « l’hyprocrisie du système » (lire également page 12). Interrogé LES MAGISTRATS contre les code pénal pour permettre aux per- rière politique brisée bien que l’un la reconnaissance que l’accusation mai 1992, avait obtenu la démission sur l’opportunité d’une éventuelle électeurs ! La mise en cause de Do- sonnes entendues de disposer de et l’autre aient été finalement blan- n’est pas sans fondement. de son ministre de la ville, Bernard loi d’amnistie pour les infractions minique Strauss-Kahn dans l’affaire tous les droits de la défense, ce qui chis par la justice. Ce principe sacré peut-il s’appli- Tapie. relatives aux financements poli- de la MNEF fait resurgir le vieux signifie qu’elles ne sont pas de La « jurisprudence » Bérégovoy- quer de la même manière à une per- C’est instruit par les erreurs des tique, M. Lellouche a répondu : fantasme de « la République des simples témoins, mais déjà forte- Balladur a, effectivement, l’in- sonnalité investie de responsabilité socialistes dans la gestion des erre- « Je pose la question ». « Je suis ef- ment soupçonnées. Et surtout, la convénient de permettre à un juge politique et à un quidam ? Le pro- ments où trop d’entre eux étaient frayé par les proportions que ANALYSE suite habituelle d’un réquisitoire d’instruction d’influer sur la fesseur de droit Guy Carcassonne compromis qu’Edouard Balladur prennent les affaires (...) qui sont en Il pèse sur l’homme nominatif est la mise en examen. Le composition du gouvernement. Ce ne le pense pas. Dans son livre La avait fait sienne la « jurisprudence » train de gangréner notre vie poli- chef du gouvernement va donc de- n’est plus le politique qui Constitution (Le Seuil), il écrit : créée par son prédécesseur en l’ap- tique », a confié le député RPR de politique voir trancher un débat institution- commande à la justice, mais les « L’intéressé, comme justiciable, reste pliquant à Alain Carignon et à Mi- Paris, qui préfère « combattre Do- une « présomption nel et politique en se souvenant magistrats qui interviennent dans le présumé innocent tant qu’il n’a pas chel Roussin. Mais lorsque, en sep- minique Strauss-Kahn qu’[il] consi- de culpabilité » que lors de sa déclaration de poli- fonctionnement de l’exécutif. La sé- été déclaré coupable. (...) Mais le mi- tembre 1994, il a accordé un dère comme un ministre talentueux, tique générale devant le Parlement, paration des pouvoirs n’est plus nistre, lui, n’a pas la même protection « sursis » à Gérard Longuet en fai- sur le plan de ses idées et de sa poli- il avait martelé : « Il est indispen- respectée. C’est en faisant ce que le citoyen. Si l’accusation portée sant ordonner par le ministre de la tique », plutôt « que sur le plan des juges » : en décidant de mettre en sable de rétablir les règles de constat que le procureur de Paris, contre lui prend sufisamment de justice une enquête préliminaire, la affaires ». examen un membre du gouverne- l’éthique républicaine. » tout en reconnaissant que M. Juppé consistance, il doit démissionner. (...) pression politique et médiatique l’a ment, un juge d’instruction peut-il La République, il est vrai, après avait commis un délit en s’attri- Quiconque entre au gouvernement finalement contraint à se priver d’un COHABITATION SANGLANTE contrer le choix politique de la ma- avoir proclamé la séparation des buant un appartement propriété de doit savoir, et accepter, que pèse sur homme de poids et d’organisation Pour M. Lellouche, « le système jorité des citoyens ? Non, s’il est ad- pouvoirs, chère à Montesquieu, la ville de Paris, avait classé le dos- sa fonction, mais pas sur sa personne, dont il avait le plus grand besoin de financement des partis politiques mis qu’une telle décision judiciaire dans la déclaration des droits de sier afin que cette affaire n’ait pas une véritable présomption de culpabi- pour sa campagne présidentielle. a été très pollué pendant long- n’entraîne pas la démission des l’homme – ce qui implique l’indé- de conséquences excessives : une lité s’il est sérieusement accusé. La Aujourd’hui, M. Jospin est face au temps », avant d’être « nettoyé par fonctions ministérielles. Oui, si la pendance de la justice –, n’a cessé mise en examen aurait risqué d’en- femme de César doit être insoup- même dilemme. Ce passé récent ne trois lois ». « Ces pratiques ont ces- « jurisprudence » créée par Pierre de mettre aux pas les magistrats au traîner la chute du gouvernement, çonnable. Ses ministres plus encore. » peut que lui enseigner qu’il ne sert à sé », a-t-il poursuivi, en assurant Bérégovoy, et respectée par nom de la primauté des élus. C’est puisque Jacques Chirac, lors du pre- rien de prendre du temps. Bien au ensuite que « la plus grande ri- Edouard Balladur, continue à s’im- en référence à cette tradition mier conseil des ministres de son CITOYENS PAS COMME LES AUTRES contraire. La solution d’abord écar- gueur est aujourd’hui appliquée en poser. qu’Alain Juppé a pu refuser que le septennat, avait proclamé son atta- Les membres du gouvernement, tée finit toujours par s’imposer. France ». « Je crois qu’il est impor- Formellement, Lionel Jospin dis- politique se fasse dicter son chement à cette nouvelle pratique les élus en général, ne sont pas des Entre-temps, le débat s’est enflam- tant d’arrêter l’incendie. Encore pose de temps avant de répondre à comportement par le judiciaire en gouvernementale. citoyens comme les autres. En Ré- mé, l’opposition a usé des armes qui une fois nous vivons sur les tisons de cette redoutable question. Son ami lançant, en juillet 1996 : « On s’est La présomption d’innocence, publique, le prix du pouvoir est le lui ont été obligeamment fournies. quelque chose qui s’est produit il y a titulaire de l’imposant portefeuille battu en 1789 pour cela. » La pré- proclamée par la déclaration de sacrifice de l’intérêt personnel. Le premier ministre a bâti son 10 ou 15 ans », a insisté M. Lel- de l’économie, des finances et de gnance de cette analyse a nourri le 1789, fournit un autre argument Hommes politiques, ils doivent aus- image sur la rigueur morale et la louche, qui a rappelé que le mi- l’industrie n’est pas, pour l’heure, combat de tous ceux qui s’op- aux contempteurs de cette doc- si tenir compte des besoins de la première de ses promesses devant nistre de l’économie « a droit à la dans cette situation judiciaire in- posent au projet d’Elisabeth Gui- trine. Puisqu’un homme est in- majorité à laquelle ils appar- les députés était « de nouer avec les présomption d’innocence ». confortable. Mais il s’en approche. gou sur l’indépendance du parquet. nocent tant qu’il n’a pas été déclaré tiennent. Or aujourd’hui les élec- Français un nouveau pacte républi- Interrogé, lundi 1er novembre, Certes, après le réquisitoire supplé- L’exemple italien ne peut que ren- coupable par les tribunaux compé- teurs ne tolèrent plus la moindre in- cain ». Moins que d’autres, il peut sur RTL, Charles Pasqua, pré- tif du parquet citant nommément forcer leur analyse : Giulio An- tents, il n’y a pas de raison que le cartade de leurs représentants et les oublier cet autre précepte de Mon- sident du Rassemblement pour la M. Strauss-Kahn, les juges d’ins- dreotti vient tout juste d’être ac- pouvoir politique aille plus vite que « affaires » sont devenues les ter- tesquieu : « Lorsque la force de la France (RPF), ne s’est pas embar- truction peuvent se contenter de quitté après avoir été, pendant de la justice. D’autant qu’une démis- rains privilégiés des affrontements vertu cesse, la République est une dé- rassé de périphrases. Comme l’entendre comme « témoin assis- longues années, accusé des pires sion est facilement reçue par l’opi- partisans. C’est d’ailleurs pour ten- pouille. » Jean-Marie Le Pen, président du té ». Mais d’abord, cette procédure crimes. En France, Michel Roussin nion, au pire comme un aveu de ter de redonner une « virginité » à Front national, qui a estimé ven- a été introduite dans le nouveau et Gérard Longuet ont vu leur car- l’homme public, au mieux comme ses amis que Pierre Bérégovoy, en Thierry Bréhier LeMonde Job: WMQ0211--0007-0 WAS LMQ0211-7 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0770 Lcp: 700 CMYK

FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / 7

L’opération séduction de Lionel Jospin Le chômage est à la hausse face au malaise économique et social des Antilles et les productions agricoles Le débat sur les évolutions institutionnelles continue de diviser sont à la baisse Au cours de la dernière journée de son déplace- quelques indépendantistes guadeloupéens. Jeanne, président (indépendantiste) du conseil ment aux Antilles, samedi 29 octobre, aux M. Jospin leur a demandé de prendre leur régional de Martinique, dénonce, dans un entre- Abymes, le premier ministre a été interpellé par « place dans la démocratie ». Alfred Marie- tien au « Monde », un « voyage de partisan ». Même le tourisme est menacé POINTE-À-PITRE Jospin de Pointe-à-Pitre ». Devan- l’île : « Aucune minorité ne peut martiniquais, la position du gou- LES ÉTONNEMENTS sur la fra- fichent à la baisse. Les conditions de notre envoyée spéciale cé par des majorettes et des musi- s’arroger le droit de penser à la place vernement s’est révélée plus fragile gilité économique des Antilles qu’a climatiques défavorables y sont Ils sont tombés à pic, ces mili- ciens, le chef du gouvernement du peuple ». « Ceux qui ne veulent que M. Jospin ne le disait. En dé- pu révéler le voyage de deux fois pour quelque chose, mais ce n’est tants indépendantistes, venus cou- avait parcouru, à pied, l’une des pas ou plus de la France ont le droit signant ostensiblement Claude deux jours de Lionel Jospin en pas la seule raison. « Les blocages vrir de sifflets et d’insultes le dis- principales rues commerçantes du de le penser et de le dire. Ils n’ont Lise, président du conseil général, Martinique et en Guadeloupe sus- des moyens de communication et cours prononcé par Lionel Jospin, chef-lieu, offrant à la vue de tous pas le droit de l’imposer par la vio- sénateur (apparenté PS) et coau- citent eux-mêmes une certaine des approvisionnements qui ont en- samedi 29 octobre, dans le quartier – et en dépit du mot d’ordre de lence. » teur du rapport sur l’évolution des surprise, pour ne pas dire un ma- rayé le fonctionnement d’un certain populaire des Abymes. En nombre grève générale et d’« île morte » Le séjour du premier ministre DOM, comme son interlocuteur laise. Car il n’y a, hélas, rien de nombre d’entreprises, y compris trop restreint – une trentaine – lancé par les indépendantistes – s’est donc mieux terminé qu’il privilégié, M. Jospin a donné prise nouveau sous le soleil. Chaque an- dans les services publics, semblent pour impressionner, mais suffisant des boutiques au rideau bien haut n’avait commencé, mercredi 27 oc- à l’accusation lancée, le jour de son née, à pareille époque, l’examen avoir affecté le moral des ménages pour se faire entendre, ils ont don- levé sur son passage. tobre à la Martinique. Plus institu- arrivée à Fort-de-France, par des crédits de l’outre-mer, dans le et ont renvoyé une image négative né à la dernière journée de voyage tionnelle, la visite dans ce départe- M. Marie-Jeanne : « Il ne se cadre du vote du projet de loi de fi- de la Guadeloupe, alors que s’inten- du premier ministre aux Antilles, ce « SPONTANÉITÉ » ment avait été marquée dès les comporte pas en premier ministre, nances, permet de mesurer l’état sifie la concurrence des autres desti- petit goût de combat sans lequel il La même ferveur avait accueilli premières heures par l’attitude ré- mais en partisan venu rencontrer ses de dépendance des DOM vis-à-vis nations touristiques », note l’Iédom. n’est pas d’authentique victoire. M. Jospin, la veille à Saint-François solument hostile du président (in- partisans. » La présence à ce mo- de la métropole, même si le sujet Indépendamment de la menace Après la traversée par le cortège et sur la petite île de la Désirade. A dépendantiste) du conseil régional, ment-là, aux côtés du dirigeant in- n’intéresse guère plus de trois ou constante que représente la « ba- gouvernemental, au pas de charge l’heure de la conférence de presse, Alfred Marie-Jeanne (Le Monde des dépendantiste, de son homologue quatre députés de l’Hexagone. nane-dollar » produite à moindre et sous surveillance accrue, des bi- qui concluait son voyage de quatre 29 et 30 octobre) au projet de loi (RPR) de la Guadeloupe, Lucette Le secrétaire d’Etat à l’outre- coût par les multinationales nord- donvilles du quartier de Boissard, jours aux Antilles, samedi en fin d’orientation pour les DOM que Michaux-Chevry, avait entraîné mer, Jean-Jack Queyranne, obser- américaines, les planteurs guade- la confrontation a eu lieu devant la d’après-midi, il n’a donc pas man- prépare le gouvernement. Comme une réponse polémique du premier vait, dans un entretien au Monde loupéens n’ont pas atteints, et de statue d’Ignace, un officier de cou- qué de souligner, pour s’en féliciter, le soulignait un de ses conseillers, ministre, qui s’était étonné des (daté 8 octobre), que le chômage leur qui, en 1801, mena la révolte les « manifestations multiples d’une toute la difficulté, pour M. Jospin, « alliances surprenantes » entre les continue de croître dans les DOM, contre la remise en cause des ac- forme d’amitié et d’attachement » était d’arriver aux Antilles avec des indépendantistes et la droite, no- alors qu’il diminue en métropole. L’examen quis de la Révolution française. Ac- dont il avait été le témoin. Et propositions, notamment sur l’évo- tamment RPR. Le lendemain, à Plus récemment encore, le dernier cueilli par les indépendantistes aux même si les maires de gauche qui lution du statut des DOM, qui Pointe-à-Pitre, le ton a toutefois rapport annuel de l’Institut d’émis- des crédits cris d’« Ignace est à nous ! », l’accueillaient avaient eu la main n’aient pas l’air d’être « ficelées » changé face à l’attitude beaucoup sion des départements d’outre- « Nègre blanc ! », « Jospin de- lourde dans la maîtrise de la – selon l’expression du premier mi- plus conciliante à l’égard du projet mer (Iédom, établissement public de l’outre-mer hors ! », « Colonialiste ! », le pre- « spontanéité » de ces témoi- nistre – au risque d’apparaître, du du gouvernement dont a soudaine- national qui fait encore office de mier ministre a rétorqué, feignant gnages d’amitié, il n’en reste pas même coup, insuffisantes ou mal ment témoigné la présidente du banque centrale pour les collectivi- n’intéresse guère la colère : « La République, c’est la moins qu’ils donnaient suffisam- préparées. conseil régional de retour sur ses tés concernées), notait, début oc- démocratie, c’est être capable ment de force au principal message Dans ce débat institutionnel, qui terres guadeloupéennes. Mme Mi- tobre, « une nouvelle dégradation plus de trois d’écouter les autres quand ils avec lequel M. Jospin était venu sur suscite tant de passion chez les élus chaux-Chevry, qui s’était entrete- de la situation sociale » des DOM parlent. Prenez donc votre place nue sur ce sujet avec Jacques en 1998, avec une mention spéciale ou quatre députés dans la démocratie et vous y serez Chirac, est même allée jusqu’à dé- pour la Guadeloupe, qui, « affectée accueillis comme vous devez l’être ! Lionel Jospin parle des femmes aux femmes cerner un satisfecit au premier mi- par une succession de conflits so- de l’Hexagone Nous, nous sommes là pour nistre : « Il a dû sortir ses tripes et ciaux prolongés, a vu son économie construire, car ce qu’il faut ici, c’est Lors d’un déjeuner avec une quarantaine de femmes guadelou- elles n’étaient pas mauvaises », a-t- fortement perturbée ». construire. » péennes, vendredi 29 octobre à Saint-François, Lionel Jospin a parlé elle déclaré. Pour s’en tenir aux seules An- très loin, le quota octroyé dans le S’ils n’avaient pas été là, ces mili- du rôle des femmes dans la vie politique. Assis à la gauche de Lucette Enfin, et ce n’était pas le tilles – mais la situation est pire, de cadre de l’organisation commune tants, il aurait fallu les inventer Michaux-Chevry, présidente (RPR) du conseil régional et ancienne moindre des buts de M. Jospin, ce ce point de vue, à la Réunion –, le des marchés. La diversification des pour compenser la liesse populaire ministre des DOM-TOM dans le gouvernement d’Alain Juppé, le pre- séjour aux Antilles était aussi là nombre des chômeurs a augmenté productions agricoles demeure par un peu trop organisée dans les rues mier ministre a observé : « Il y a, dans mon gouvernement, des femmes pour témoigner que les DOM ne de 5,3 % en 1998 par rapport à l’an- ailleurs insuffisante : il n’y a qu’une de la proche commune de Pointe- de caractère. Lorsque l’on entend Martine Aubry, Elisabeth Guigou, Ma- relèvent pas de la chasse gardée de née précédente en Guadeloupe, et seule usine de conserverie d’ana- à-Pitre, par le maire Henri Bangou, rie-George Buffet et toutes les autres, on se rend compte que, dans ce la droite, mais bien du domaine de 11,3 % en Martinique, ce qui fait nas à la Martinique, et elle ne se président du Parti progressiste dé- gouvernement, il n’y a pas de femmes potiches, de femmes accessoires partagé de deux possibles futurs que les taux de chômage y sont maintient, en raison de la concur- mocratique guadeloupéen (PPDG), que l’on nomme et qu’aussitôt après l’on remplace. » Evoquant le nou- candidats à l’élection présiden- respectivement de 28,7 % et de rence asiatique, que grâce à l’aide qui avait équipé ses partisans d’af- vel emblème de la Charte des femmes de Guadeloupe, qui a rempla- tielle. L’opération séduction du 30,3 % de la population active. Les du Fonds européen d’orientation fiches et de tee-shirts reproduisant, cé le « potomitan », symbole du foyer et de la mère nourricière, par premier ministre, qui a multiplié les RMistes, en augmentation de 3,5 % et de garantie agricoles (Feoga). recto, le portrait officiel de « notre la « rose Cayenne », gage de beauté et de vertus, le premier ministre bains de foule, les baisers aux en Guadeloupe et de 6,3 % en Mar- L’autre grande ressource des premier ministre », et revendiquant, a déclaré : « Les femmes sont à la fois potomitan et rose Cayenne, et femmes et aux petits enfants, et tinique, représentent de surcroît Antilles, le tourisme, est aussi sé- verso, l’appartenance au « Club nous, les hommes, on se partage le reste, qui est de moins en moins. » même esquissé devant les caméras de 11 à 12 % de la population âgée rieusement menacée. Cela vaut des déhanchements hardis sur un de plus de vingt-cinq ans. Le « tra- tout particulièrement pour les air de biguine, n’avaient guère à vail informel », comme il est dit pu- croisières. « Certaines compagnies Alfred Marie-Jeanne, président indépendantiste de la région Martinique envier aux images, maintes fois ré- diquement dans les rapports offi- auraient choisi de ne plus faire es- pétées, de foules antillaises accla- ciels pour qualifier le « travail au cale à Pointe-à-Pitre, en raison de la mant Jacques Chirac. Le député noir », et les solidarités interfami- mauvaise qualité d’accueil des tou- « La culture du mépris ne peut (apparenté PC) et maire de Saint- liales et intergénérationnelles per- ristes, liée notamment à la multipli- François, Ernest Moutoussamy, n’a mettent, il est vrai, de compenser cation des conflits et à l’insécurité d’ailleurs pas hésité à souhaiter au pour partie cette situation. Mais grandissante », observe l’Iédom. être l’usage en pays dominés » premier ministre, « le même destin l’économie des deux îles est struc- L’essentiel de la clientèle hôtelière en 2002 » que M. Chirac en 1995. turellement mal en point. est composé de métropolitains, FORT-DE-FRANCE au cours du premier semestre des indépendantistes de renom se S’il n’en demandait pas tant, Le taux de couverture des expor- tandis que les touristes venus des de notre correspondant 2000. Quelle solution préconisez- renier une fois qu’ils avaient décro- M. Jospin ne s’est toutefois pas pri- tations sur les importations n’est Etats-Unis préfèrent de plus en « Vous n’avez pas rencontré vous ? ché une tôt (NDLR : une prébende). vé de répliquer implicitement aux que de 7 % en Guadeloupe et de plus les petites îles anglophones Lionel Jospin, malgré votre – La loi d’orientation est, dès le Ce n’est pas mon cas. C’est ce qui critiques lancées, deux jours plus 17 % en Martinique. Dans ce der- des Caraïbes, où le niveau de vie contre-proposition de l’inviter à départ, une loi de parti pris. C’est chagrine et en surprend plus d’un. tôt par le chef de l’Etat sur les nier département, les transferts fi- est plus bas. L’institut relève enfin s’exprimer au conseil régional une loi a minima. Toute loi qui ne Au poste que j’occupe, j’essaie, tout 35 heures et la politique écono- nanciers nets de l’Etat se sont éle- que, si le niveau de consommation devant les élus de toutes les ten- prendrait pas aussi en compte l’as- en respectant la fonction, de redon- mique du gouvernement (Le vés à 3,55 milliards de francs en reste soutenu, le comportement dances. Comment interprétez- pect fondamental du déblocage ins- ner sens à la lutte et envie de vie na- Monde du 30 octobre). Evoquant 1998, en hausse de 12,2 % par rap- des chefs d’entreprise, notamment vous ce refus ? titutionnel serait une loi bâtarde. Je tionale à la Martinique tout entière, les derniers chiffres du chômage port à 1997, et les transferts so- à la Martinique, reste prudent «en – Il ne faut pas être imbu de sa propose une loi de programme pour la sortir de l’enlisement et de – qui témoignent d’un recul record ciaux (prestations de la Sécurité raison de la concurrence toujours personne, même au poste de pre- contenant des engagements plu- l’impasse dans lesquels on cherche, en septembre –, le premier mi- sociale et allocations Assedic) ont plus vive des importations, des in- mier ministre. La culture du mé- riannuels adossés à une modifica- par toutes sortes d’artifices malen- nistre a observé : « Cette politique représenté 4,48 milliards de francs, quiétudes quant à l’évolution de dis- pris ne peut être l’usage consacré tion substantielle du statut. Son contreux, à la maintenir plongée. réussit, quels que soient les com- en augmentation de 22,8 % par positifs protecteurs (...) et des lors de visites en pays dominés. S’il contenu doit être l’œuvre des mentaires qui l’accompagnent. » rapport à l’année précédente. Les conflits sociaux ». est vrai que M. Lionel Jospin a peuples concernés, eux-mêmes Propos recueillis par productions agricoles tradition- droit à tout le respect qu’il mérite, consultés à cet effet. Jean-Marc Party Pascale Robert-Diard nelles (banane, sucre, rhum) s’af- Jean-Louis Saux eu égard à sa fonction, il est égale- – Vous avez qualifié de « nul et ment vrai que l’institution régio- non avenu » le rapport des parle- nale de Martinique mérite autant, mentaires Claude Lise et Michel fût-elle présidée par un indépen- Tamaya sur l’approfondisse- La lente insertion des départements français d’Amérique dantiste. Qui veut du respect s’en ment de la décentralisation procure. Le voyage a été un outre-mer. Ne risquez-vous pas voyage de partisan, essentielle- de vous marginaliser politique- dans l’espace caraïbe ment préparé pour venir à la res- ment en le refusant ? cousse de partisans en détresse ou – Le rapport Lise-Tamaya est-il SAINT-DOMINGUE Martiniquais ont, jusqu’à une dominicain responsable de la riel pour la Caraïbe (FIC), l’un des en mal d’émergence. un vrai rapport, dès lors qu’il est de notre correspondant époque récente, fait peu d’efforts convention de Lomé (qui régit la principaux instruments de la coo- – Dans une déclaration à l’is- dicté d’en haut, dans ses limites et Vues de Port-au-Prince ou de pour développer leurs échanges coopération européenne). Alors pération française dans la région, sue d’une séance de travail avec dans son contenu ? Il n’y a aucun Kingston, la Guadeloupe et la Mar- avec les îles voisines. L’indiffé- que les liaisons aériennes intraré- géré en étroite association avec les vos collègues présidents des ré- honneur à se soumettre à cette di- tinique semblent des îlots de pros- rence demeure largement réci- gionales restent peu nombreuses, DFA. Les entreprises des Antilles gions Guyane et Guadeloupe, rective-là. Ce rapport est dépourvu périté. L’écho des conflits sociaux proque dans cette région morce- Air Guadeloupe a ouvert une ligne françaises multiplient les voyages vous faites état d’une initiative de tout souffle, de toute perspec- qui secouent les départements lée, où les barrières linguistiques et entre Saint-Domingue et les An- de prospection dans les pays voi- qui serait rendue publique d’ici tive. Il préconise de dépouiller le français d’Amérique (DFA) ne par- les différences culturelles sont de tilles françaises. Créée en 1994 sins, notamment en République à la fin de l’année sur le déve- conseil régional tout en renforçant vient guère dans les îles voisines. puissants obstacles à l’émergence pour favoriser l’intégration régio- dominicaine où le taux de crois- loppement économique et le le système actuel, en mettant en Comme les Portoricains rattachés d’une identité caribéenne. Les in- nale, l’Association des Etats de la sance est supérieur à 7 % depuis « déverrouillage institutionnel ». place le congrès (NDLR : réunion aux Etats-Unis, Guadeloupéens et formations en provenance des An- Caraïbe (AEC) a permis une meil- trois ans. Vous êtes-vous mis d’accord ? des assemblées régionale et dépar- Martiniquais sont considérés, par tilles françaises sont rarissimes leure insertion des DFA dans le Leader de la distribution dans les – Ce n’est un secret pour per- tementale). En outre, il est antidé- leurs voisins caraïbes, comme des dans la presse dominicaine, où bassin caraïbe. Malgré des réti- îles françaises, le groupe Hayot a sonne que des contacts ont été mocratique, en ce sens qu’il favo- privilégiés bénéficiant des subven- l’actualité des pays latino-améri- cences, la France a été acceptée annoncé un investissement de établis depuis plusieurs semaines rise une dérive alimentariste, tions et des systèmes sociaux des cains hispanophones est suivie comme membre associé de l’AEC 180 millions de francs pour l’instal- entre les présidents de nos trois puisque c’est le congrès qui jugera métropoles, et qui font passer les avec attention. Dans la plupart des au titre de la Guadeloupe, de la lation d’un hypermarché à Saint- régions pour évoquer, sans excep- de l’opportunité d’interpeller le velléités indépendantistes après le îles, l’influence du puissant voisin Martinique et de la Guyane. Domingue. Apôtre de la coopéra- tion, tous les sujets ayant trait aus- gouvernement français sur une « confort » de leurs liens avec les nord-américain s’étend. Les dias- tion décentralisée, le maire (PSG) si bien à la situation sociale, au dé- possible évolution statutaire. C’est puissances du premier monde. Des poras caraïbes, en forte croissance COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE du Lamentin, en Guadeloupe, José veloppement économique durable un rapport dérobade, étriqué à sou- intellectuels de la région le re- sur la côte est des Etats-Unis, sus- Dans le cadre de la réforme de la Toribio, veut faire profiter les Do- qu’à l’exclusion du carcan institu- hait, concocté pour freiner le déclin marquent amèrement : Haïti, pre- citent de nouveaux courants coopération annoncée l’an dernier, minicains de la riche expérience tionnel actuel. A ces dossiers, nous des suppôts inconditionnels du mière république indépendante du d’échanges qui ignorent les terri- la France a étendu son champ culturelle de sa commune : «Nous avons ajouté celui du double volet gouvernement. C’est pour cela qu’il bassin caraïbe, en est aujourd’hui toires ayant conservé un lien quasi d’action dans le bassin caraïbe. voulons développer la coopération de la coopération directe avec les faut le combattre. Je prends le le pays le plus misérable, alors que exclusif avec l’ancienne puissance Plusieurs pays, dont la République entre les populations », explique-t- pays riverains et avec l’Union eu- risque de gagner sur ce terrain. les territoires dépendants figurent coloniale européenne. dominicaine, sont entrés dans la il, en rappelant que Le Lamentin ropéenne. Nos propositions, du – N’y a-t-il pas contradiction en tête des classements régionaux « On constate depuis quelques zone de solidarité prioritaire, qui a aide la ville de San Cristobal, une moins je l’espère, ne seront pas un entre la revendication indépen- en terme de revenu par habitant. années un plus grand intérêt et une remplacé l’ancien « pré-carré » agglomération proche de Saint- simple replâtrage. dantiste et la gestion d’une col- Les relations entre les DFA et les présence accrue des Guadeloupéens africain et francophone. Lors de Domingue, à organiser son espace – Vous dénoncez le projet de lectivité territoriale en charge autres îles du bassin caraïbe et des Martiniquais, tant sur le plan son passage en Martinique, Lionel urbain actuellement chaotique. loi d’orientation pour l’outre- du développement ? restent limitées. Tournés vers la économique que culturel », indique Jospin a promis une augmentation mer, dont le Parlement sera saisi – J’ai vu des anticolonialistes et métropole, Guadeloupéens et cependant Max Puig, le ministre des crédits du Fonds interministé- Jean-Michel Caroit LeMonde Job: WMQ0211--0008-0 WAS LMQ0211-8 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0771 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 FRANCE-SOCIÉTÉ Manifestation Des centaines de médecins s’inquiètent Un « corbeau » à Chamonix renseigne contre le retour de la privatisation croissante du système de soins les gendarmes programmé Lors d’un colloque, ils se sont interrogés sur la stratégie des compagnies d’assurances sur la fuite Faisant suite à l’appel contre « la dictature du autour du thème « Quels soins pour la santé ? VIII de Saint-Denis. Les participants se sont in- néolibéralisme en médecine » signé par près Pour une alternative à la logique de marché » a quiétés de la privatisation croissante du système des camions d’un millier de médecins, un colloque organisé eu lieu les 30 et 31 octobre à l’université Paris- de soins et de la Sécurité sociale. du docteur Godard CHAMONIX LES quelques milliers de profes- dans le domaine de la santé, ex- toires Glaxo-Wellcome, vendu en- délabrement du système hospita- À DEUX REPRISES, un corres- de notre envoyé spécial sionnels de la santé qui, il y a deux plique le docteur Philippe Lorrain, viron 150 francs (22,86 euros), qui lier public ne peut que favoriser les pondant anonyme a écrit aux gen- A pied ou à vélo, des familles semaines, manifestaient à Paris président du SMG. Notre charte ne sera pas remboursé par la Sé- restructurations capitalistiques darmes de Falaise (Calvados) pour entières avalent d’un pas décidé pour exprimer leurs craintes face à fondatrice qui mentionnait que l’ac- curité sociale mais que la compa- dans le secteur privé où les cli- les informer de l’itinéraire du mé- les 4 kilomètres de la rampe d’ac- une prochaine « étatisation » de la tivité médicale devait cesser d’être gnie d’assurances Axa fournira niques, hier propriétés de quel- decin de Caen, Yves Godard, qui a cès au tunnel du Mont-Blanc. Un médecine libérale (Le Monde du synonyme d’une activité commer- gratuitement à ses adhérents. ques personnes, sont de plus en disparu avec ses deux enfants de- jeune père parle au nom de son 19 octobre) ne sont pas les seuls à ciale demeure à nos yeux plus que C’est encore le cas de toutes les plus fréquemment exploitées en puis deux mois. Le « corbeau » a bébé d’un mois blotti contre lui : s’inquiéter des mutations actuelles jamais d’actualité. » nouvelles pilules contraceptives, chaîne. orienté les enquêteurs vers l’île de « Plus tard, il veut vivre dans une du système français de distribu- Les participants au colloque de dites de troisième génération, ven- Man, puis vers les îles Hébrides, vallée un peu plus propre, et il vient tion des soins et de couverture so- Saint-Denis ont multiplié les dues entre 150 et 300 francs les INSUFFLER UNE DYNAMIQUE dans le nord-ouest de l’Ecosse. Se- le dire ! » Une habitante de la ciale. Il faut désormais aussi exemples qui voient les personnes trois plaquettes, mais qui, en dépit « Nous sommes directement lon le Journal du dimanche du commune voisine des Houches compter avec un autre mouve- les plus démunies, celles qui, à ce de la loi sur la contraception, ne confrontés à la privatisation du sys- 31 octobre, cet informateur ano- renchérit : « On en a assez de respi- ment, comme l’a montré le col- titre, bénéficient de l’aide médi- sont pas remboursées par la Sé- tème de soins au travers de la mise nyme aurait été identifié par les rer du fioul à longueur de journée loque intitulé « Quels soins pour la cale gratuite, être de facto exclues curité sociale. en place de la couverture médicale gendarmes : il s’agirait d’une et de retrouver de la poussière noire santé ? Pour une alternative à la lo- d’une large fraction de soins, les Les participants au colloque de universelle [CMU], explique le doc- femme médecin de la région de sur les rebords de notre fenêtre ! » gique de marché » organisé same- cliniques privées et les médecins Saint-Denis ont plus généralement teur Noëlle Lasne, responsable de Caen, proche du docteur Godard. Comme eux, près de 1 000 per- di 30 et dimanche 31 octobre à spécialistes libéraux refusant le dénoncé les projets communs de la mission France de Médecins Les deux courriers n’ont cepen- sonnes ont répondu à l’appel de l’université Paris-VIII de Saint-De- plus souvent – contrairement aux la compagnie d’assurances Axa et sans Frontières. Tout, en théorie, dant pas permis l’interpellation du l’Association pour le respect du nis par le Syndicat de la médecine règles de la déontologie médicale de certains syndicats médicaux qui était prêt pour qu’à partir du 15 dé- médecin en fuite, qui est soup- site du Mont-Blanc, relayé par générale (SMG). Cette initiative – de les prendre en charge. Beau- visent, via l’informatisation des ca- cembre prochain, la CMU permette çonné d’avoir assassiné son une soixantaine de mouvements faisait suite au lancement d’un ap- coup ont aussi fait part de leur binets médicaux, à construire des l’accès aux soins des six millions de épouse. Parvenue trop tardive- écologistes des pays de l’arc alpin pel de la revue Pratiques, les ca- grande solitude professionnelle et filières concurrentielles sur le mar- personnes qui sont les plus pauvres ment aux enquêteurs, la première et des Pyrénées. Samedi 30 octo- hiers de la médecine utopique qui des difficultés qu’ils rencontrent ché du soin. « L’assurance-maladie de notre société. Un mois et demi lettre avait été confirmée par le té- bre, elles ont manifesté contre le dénonce les méfaits du néolibéra- quotidiennement face à des pa- est aujourd’hui devenue une struc- avant l’application de la loi, on ob- moignage d’un hôtelier de l’île de retour programmé des camions, lisme dans le champ sanitaire et tients dont les souffrances et les ture technico-administrative qui ne serve que les mutuelles sont dans un Man, qui avait identifié sur photo- détournés de la vallée depuis la qui, en quelques semaines, a réuni pathologies ne sont que les consé- fait plus que de la gestion macro- vaste mouvement de recul et ne sont graphie le docteur Godard et ses fermeture du tunnel à la suite de près d’un millier de signatures (Le quences directes de leur situation économique à court terme avec des toujours pas présentes sur la liste enfants comme ayant été ses l’incendie du 24 mars, qui avait Monde daté 31 octobre-1er no- socio-économique. alliances gestionnaires qui laissent des organismes agréés CMU. » clients entre le 7 et le 14 sep- fait 39 victimes. Récemment, le vembre). perplexe, déclare le docteur Muller. Forts de l’écho qu’ils tembre. La deuxième lettre a ministre des transports, Jean- Créé en 1975 par plusieurs di- FORMES D’EXCLUSION Ainsi, au couple CFDT-Medef qui commencent à rencontrer chez les conduit trois gendarmes sur l’île Claude Gayssot, optimiste, avait zaines de médecins généralistes de Pour le docteur Patrice Muller, tient les rênes de la gestion de la professionnels de santé, les orga- Lewis, dans les Hébrides, à la fin annoncé sa réouverture à l’au- l’« après-1968 », le SMG n’est tou- médecin généraliste et rédacteur Caisse nationale d’assurance-mala- nisateurs du colloque estiment au- du mois d’octobre. La présence du tomne 2000. Avant le drame, jours pas reconnu comme un syn- en chef de la revue Pratiques, on die, s’oppose une alliance CGT-FO jourd’hui être en mesure d’insuf- fuyard n’a, cette fois, pas été 2 000 poids lourds empruntaient dicat représentatif des profession- observe également, via le médica- avec les syndicats conservateurs fler « une dynamique confirmée. chaque jour cet axe saturé. nels de santé. « Nous avons ment, d’autres formes d’exclusion, (CSMF et SML), les plus ardents dé- politico-syndicale qui pourra s’op- Samedi, les manifestants et les toujours défendu une certaine idée moins spectaculaires mais plus ré- fenseurs de la médecine libérale à la poser avec succès à la marche for- DÉPÊCHES élus du canton ont érigé un mur de la médecine, une médecine pandues. Le docteur Muller a cité française ! » cée des tenants du néolibéralisme ». a INSÉCURITÉ : quatre cents symbolique à 300 mètres du tun- proche des plus démunis et nous re- le cas du Relenza, nouvelle molé- Les participants estiment, personnes ont manifesté contre nel. Ils ont également rendu pu- fusons toujours l’emprise du profit cule contre la grippe des labora- d’autre part, que l’état actuel de Jean-Yves Nau la violence et l’insécurité dans le blique une pétition qui a recueilli quartier de Belleville, samedi 30 oc- 98 000 signatures, dont, curieuse- tobre à Paris, à l’appel de l’Associa- ment, celles de plusieurs transpor- tion des Chinois résidant en teurs routiers. Jean-Paul Trichet, France. Le 29 septembre, un l’un des organisateurs de la jour- Les protestants réclament une meilleure prise en compte des religions dans le débat public membre de la communauté née, a avancé une explication : LES ASSISES de la Fédération protestante sident de la Fédération protestante, le pasteur ont d’ailleurs adopté à une très forte majorité chinoise avait été battu à mort à « Ces gens-là sont pris dans le sys- de France, qui se sont achevées dimanche Jean-Arnold de Clermont, a abordé ce sujet une recommandation finale demandant au Paris par des individus qui ten- tème, mais ils en voient les li- 31 octobre à Versailles, sont d’abord l’« expres- dans son discours en plaidant pour une meil- conseil de la Fédération d’accomplir toutes les taient de lui prendre une place de mites. » sion de la diversité protestante », selon la for- leure prise en compte des religions dans le dé- démarches nécessaires afin que soient mainte- stationnement. mule d’un des participants. Pendant trois jours, bat national : « En 1997, le ministre de l’intérieur nus sur les programmes du dimanche a Un homme de vingt-trois ans cette diversité a pu s’exprimer au cours des dé- et des cultes, M. Jean-Pierre Chevènement, a te- matin : « La force et le privilège du service public qui avait frappé, vendredi 29 oc- « L’Europe doit bats, et s’exposer dans un « espace forum », où nu à [...] faire part de sa compréhension de la de pouvoir contribuer à la laïcité, en particulier tobre, cinq contrôleurs de la RATP l’on rencontrait aussi bien la communauté reli- laïcité. Il a notamment insisté sur le fondement par ses émissions religieuses, exigent donc que, à la Défense (Hauts-de-Seine), a suivre l’exemple gieuse des diaconesses de Reuilly, des institu- judéo-chrétien des valeurs de la République dans ce cadre, soit offert à toute personne, libre été condamné, samedi, par le tribu- tions caritatives comme la Fondation John- française. Il me semble que nous devons le de s’y arrêter ou non, un espace de spiritualité. nal correctionnel de Nanterre à de la Suisse, Bost pour les handicapés mentaux, des mai- prendre au mot et faire entendre qu’aujourd’hui France 2, première chaîne de la télévision pu- trois mois de prison ferme. sons d’édition religieuse, mais aussi des Eglises comme hier, les courants spirituels ont le devoir blique par son audience, est celle qui permet a CORSE : huit tenanciers de qui transporte 80 % non membres de la Fédération, telles que les de se faire entendre dans tous les débats qui per- d’offrir au plus grand nombre l’accès à cet es- paillote, sur les neuf proprié- Assemblées de Dieu ou l’Eglise du Nazaréen. mettent à ces valeurs de la République d’évoluer, pace. » Les participants ont également adopté taires de restaurants de plage qui des marchandises sur De manière significative, les débats qui ont de s’adapter aux contraintes ou aux besoins nou- une résolution appelant à la vigilance sur « les devaient démolir avant dimanche attiré le plus de participants étaient ceux veaux de notre société. » dangers de certains OGM » (organismes géné- 31 octobre leurs installations bâties le rail, contre 20 % consacrés au dialogue entre les différentes tiquement modifiés) et condamnant en parti- sur le domaine public maritime, confessions et sensibilités religieuses : l’inter- « TERMINATOR » culier le développement des semences stériles ont obtempéré aux injonctions de pour la France religieux et l’œcuménisme « intra-protestant ». Dans ce plaidoyer pour une laïcité laissant « Terminator ». l’Etat. Il s’agit notamment d’Yves L’évêque de Versailles, Mgr Jean-Charles Tho- aux différentes religions un espace public d’ex- Le pasteur de Clermont a profité de ces as- Feraud, propriétaire de Chez Fran- et l’Italie » mas, invité à s’exprimer devant cet auditoire pression, la question de « la place des émissions sises pour revenir sur un thème qui lui tient cis. Sur la plage de Palombaggia, protestant, s’est livré à un solide plaidoyer en religieuses sur les chaînes de télévision du service particulièrement à cœur : la guerre civile au Pierre Poli a décidé de passer outre. faveur de la liberté religieuse, sans parvenir à public » fait figure de test : le pasteur de Cler- Congo-Brazzaville. Il est l’un des premiers si- Le préfet de région, Jean-Pierre La- L’Association pour les respect vaincre tout à fait certaines méfiances héritées mont s’est fait l’écho de nombreuses inquié- gnataires d’une pétition visant à « briser le si- croix, avait indiqué, vendredi, qu’il du site du Mont-Blanc a rappelé du passé : « Tenez-vous le même discours lorsque tudes dans les milieux protestants en souhai- lence » sur ce conflit, organisée conjointement ferait respecter le droit, si néces- son engagement de longue date, vous êtes entre évêques ? », lui a demandé un lu- tant que soit défendue leur diffusion sur par les hebdomadaires Réforme et Témoignage saire avec le concours de la force très antérieur à la tragédie. Son thérien d’Alsace... France 2, qui pourrait être remise en cause par chrétien. publique et du génie militaire. président, Georges Unia, a donc Le thème des assises portait sur les rapports plusieurs parlementaires (Le Monde du 23 sep- a FAIT DIVERS : l’accident qui a réfuté toute accusation d’oppor- entre « spiritualité et citoyenneté ». Le pré- tembre). A l’issue des assises, les participants Xavier Ternisien coûté la vie aux trois passagers tunisme : « Ça fait dix ans qu’on d’un avion de tourisme, samedi milite, qu’on alerte les gouverne- 30 octobre, dans le parc du château ments, qu’on propose. On ne nous a de Versailles (Yvelines), pourrait pas écoutés. La politique menée de- avoir pour origine un problème puis trente ans a abouti à une Au Yom Hatorah, 40 000 personnes exaltent les vertus de la famille juive mécanique, selon des sources judi- catastrophe. C’est à l’Etat de ET LE GRAND RABBIN de soixante ans après la Shoah, qua- (bains rituels) dans la région pari- science et la loi françaises. Et un ciaires. prendre ses responsabilités. Il faut France se mit à danser. Un enfant rante mille juifs de la région pari- sienne. Ecoute un rabbin expliquer rabbin de Jérusalem souhaiter «un des engagements forts. » sur l’épaule, un autre sur le bras, sienne se retrouveraient autour de qu’un malade juif avait guéri parce système de surveillance rabbinique Sans attendre la coûteuse et in- l’« âme palpitante » du judaïsme leurs rabbins et de la Torah ? » Pen- qu’il avait porté chaque jour ses te- dans les laboratoires pour vérifier certaine liaison Lyon-Turin par français – comme l’appelle David dant que le grand rabbin de France filin. Achète des vidéos : comment que tout s’y passe selon les lois de la Une cantonale ferroutage, M. Unia constate la s’égosille au micro, un sepher Torah réussir son couple ? Qui peut inter- halakah ». sous-utilisation des lignes ferro- REPORTAGE remonte la salle, caressé par des préter les songes ? S’arrête dans les Il n’y a pas de Yom Hatorah sans partielle viaires existantes. Selon lui, le Religieux et laïques, centaines de mains. Joseph Sitruk salons de mariage juif. Signe une rappel des liens sacrés avec Israël. doublement du volume de fret à gagne son nouveau pari. Le ju- pétition contre les conversions et Mais avait-on jamais été aussi loin ? SAVOIE Modane (Savoie) et la remise en rabbins et politiques daïsme religieux ne craint plus de les baptêmes imposés en Israël par Bakchi Doron, le grand rabbin d’Is- Canton de Bourg-Saint-Mau- service d’une ligne de 17 kilo- communient s’exposer. Toutes les écoles juives, des missionnaires (la secte des raël, était du voyage. Comme le rice (second tour). mètres, dite du Tonkin, sur la rive dans la ferveur les centres d’études de la Torah, les « Juifs pour Jésus »). Donne son rabbin Elbaz venu distribuer ses I., 9 975 ; V., 3 719 ; A., 62,72 % ; française du lac Léman, permet- mouvements de téchouvah (retour sang pour sauver deux petits cancé- compliments à une communauté E., 3 460. Jacqueline Poletti, RPR, traient d’absorber les 13 millions à la foi juive) ont investi les halls du reux d’un hôpital de Tel-Aviv, sous française « réunifiée autour de la To- m. de Bourg-Saint-Maurice, 1 762 de tonnes de marchandises qui Lévy, le numéro deux du gouverne- Bourget. une affiche qui indique que « le lien rah et du shabbat ». Puis le ministre (50,92 %)... ÉLUE transitent sous le Mont-Blanc. Mi- ment israélien, invité à la fête, s’est Cybertorah, médiatorah... Les en- ethnique, au sein du peuple juif, aug- des affaires étrangères israélien Da- Daniel Juglaret, div.d., 1 698 chel Charlet, le maire (divers mis à valser au son des chants hé- fants se penchent sur les ordina- mente les chances de trouver un don- vid Lévy – contre lequel circulaient (49,08 %). droite) de Chamonix, approuve : breux hurlés par les décibels. Un teurs comme leurs grands-pères sur neur compatible » ! des tracts pour dénoncer sa traîtrise [Jacqueline Poletti (RPR), candidate de l’op- « L’Europe doit suivre l’exemple de instant auparavant, un mur les parchemins sacrés. L’étude de la (il est ancien ministre du Likoud) – position, est élue de justesse face au divers la Suisse, qui transporte 80 % des d’images diffusait les visages graves Torah ne passe plus par les obscurs « JÉRUSALEM, NOTRE RÊVE ! » venu « fortifier » l’union des juifs de droite Daniel Juglaret, qu’elle ne devance que marchandises sur le rail, contre d’enfants raflés pendant la Shoah. cercles rabbiniques. Les cassettes, L’identité juive passe aussi par la France autour de Jérusalem : « Jéru- de 64 voix. Cette élection faisait suite à la dé- 20 % pour la France et l’Italie. » Des milliers d’hommes et de les vidéos, les CD-ROM rivalisent famille. Et le grand rabbin Sitruk en salem, notre flambeau ! Jérusalem, mission de Michel Barnier (RPR), conseiller gé- La détermination des élus lo- femmes passent ainsi de l’émotion avec les propositions de cours du avait fait le thème de la journée. notre rêve ! Jérusalem, notre fierté ! néral de ce canton depuis vingt-six ans, nom- caux s’est trouvée confortée par le à l’hilarité. soir, de week-ends ou de sémi- Sans rapport avec le PACS, assure- Jérusalem, notre belle capitale, uni- mé commissaire européen. Mme Poletti est la bilan touristique de l’été. Certes, Au parc du Bourget (Seine-Saint- naires dans des châteaux luxueux t-il. Il avait invité des hommes de fiée, éternelle, ouverte à toute présidente des maires de Tarentaise-Vanoise. quelques stations-service et relais Denis), dimanche 31 octobre, qua- de la région parisienne. Des logi- l’art – de Pierre-Louis Rémy, délé- croyance ! » 24 octobre 1999 : I, 9 975 ; V., 3 496 ; A., routiers n’ont pas survécu à la fer- rante mille personnes venaient de ciels proposent d’expliquer scienti- gué interministériel à la famille, à Le foule est debout, hurle avec 64,95 % ; E., 3 358 ; Poletti, RPR, m. de Bourg- meture du tunnel. Mais, dans l’en- participer à la cinquième Yom Ha- fiquement l’existence de Dieu. des médecins comme René Fryd- l’orateur. « Personne ne pourra divi- Saint-Maurice, 1 307 (38,92 %) ; Daniel Jugla- semble, l’économie n’a pas souf- torah (Journée de la Torah), devenu D’autres, plus modestement, des man et Paul Atlan – pour faire ser Jérusalem. Elle restera unifiée ! », ret, div. d., 1 030 (30,67 %) ; Yves Cochet, PS, fert. La population s’est habituée la grande manifestation populaire cours d’hébreu ou l’origine des l’éloge de la vie, de la transmission lance le chef de la diplomatie israé- 572 (17,03 %) ; Pierre Mont-Jovet, ind., 238 à l’absence des camions et de du judaïsme français. C’est la seule, fêtes juives. Ou découpent en des valeurs, des liens traditionnels lienne. Yom Hatorah, c’est pour les (7,09 %) ; Marie-Claude Wicker, FN, 117 leurs nuisances. A Chamonix, disent les plus caustiques, où, dans tranches informatiques la Torah ou de la filiation et de la conjugalité. A juifs ce moment d’exception et de (3,48 %) ; Maurice Martinet, ext. d., 49 ceux qui vivent du tourisme ont une ambiance de kermesse et de le Talmud de Jérusalem. propos du clonage et des ventes chaleur dont raffole toute commu- (1,46 %) ; Berger, div. d., 30 (0,89 %) ; Sibuet, compris l’intérêt, à long terme, de piété, il oublie ses divisions. Où reli- Entre deux morceaux de saxo- d’ovules, René Frydman exige que nauté, cette parenthèse qui lui per- div. d., 15 (0,45 %). cette situation nouvelle qui a re- gieux et laïques, rabbins et poli- phone, entre une barbe à papa et « le ménage soit fait » et « les mar- met d’oublier toute mesure et de 22 mars 1998 : I, 9 896 ; V., 4 550 ; A., doré l’image de la vallée. tiques communient dans la même un pop-corn, le visiteur glisse une chands du Temple chassés ». On en- soigner son identité. 54,02 % ; E., 4 193 ; Michel Barnier, RPR, sén., ferveur. pièce dans le tronc qui collecte tend le philosophe Benny Lévy, ve- pr. c. g., 2 789 (66,52 %) ; Daniel Juglaret, Christophe Vincent « Qui aurait pu imaginer que, pour la construction de mikve nu d’Israël, mettre en cause la Henri Tincq div. d., 1 404 (33,48 %).] LeMonde Job: WMQ0211--0009-0 WAS LMQ0211-9 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 10:01 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0772 Lcp: 700 CMYK

CARNET LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / 9

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Ses cousins et ses amis ont la tristesse de faire part du décès Décès soudain de – La Fédération française des CECOS Mlle Betty PEEBLES CONNAL, a la grande tristesse de faire part du décès, artiste-peintre et graveur, Michel Régnier, dit Greg le 29 octobre 1999, du élève d’André Lhote, de Goetz et de Friedlander, docteur Claude GERNIGON, participante du groupe d’Aigaliers, Un géant de la bande dessinée, auteur notamment d’« Achille Talon » ancien assistant sociétaire du Trait, de la faculté de médecine de Paris, membre du Salon d’automne, LE CERCLE des géants de la portent sa signature ; il est en narios des aventures de Spirou et et d’Olivier Rameau. Il crée aussi attaché consultant des Hôpitaux de Paris. bande dessinée classique franco- outre l’auteur de cinq romans po- Fantasio pour Franquin (dont le son studio de création, par le biais survenu en son domicile à Nogent-sur- Mettant au service des couples stériles Marne, le 23 octobre 1999, à l’âge de belge a perdu l’un de ses auteurs liciers publiés au Fleuve noir, merveilleux QRN sur Bretzelburg) duquel il aide plusieurs jeunes au- une remarquable expérience technique as- les plus brillants et les plus proli- d’une autobiographie intitulée Il et travaille aussi pour Hergé : il teurs – de Groot, Turk, Dupa, quatre-vingt-huit ans. sociée à une profonde humanité, Claude La levée du corps aura lieu mercredi fiques, Michel Régnier, dit Greg, pense donc je suis (Ed. Michel La- coadapte notamment les pre- etc. – à entrer dans le milieu de la Gernigon a eu un rôle éminent dans la 3 novembre, au funérarium, 2, rue des qui créa notamment le héros de font) et il prévoyait de terminer mières séries de dessins animés de bande dessinée. constitution et le développement du pre- Moines-Saint-Martin, à Bry-sur-Marne BD humoristique Achille Talon et bientôt un roman, Le Juif du cin- Tintin, et rédige plusieurs pages de Fidèle à ses amis – son amitié mier CECOS au Centre hospitalier de (Val-de-Marne), à 10 heures. Bicêtre. écrivit aussi de multiples scénarios quième, un roman-BD, Quatre deux nouvelles aventures du jour- pour Serge de Beketch, ancien de Le service religieux sera célébré au réalistes. Greg est mort brutale- pierres pour l’éternité, et de mettre naliste, Le Thermozéro et Les Pi- Pilote passé à la presse d’extrême – Ses amis du laboratoire d’andro- crématorium du cimetière du Père- ment, à l’âge de soixante-huit ans, la dernière touche à une ultime lules, qui ne seront cependant ja- droite, le fait suspecter (à tort) logie-biologie de la procréation et du ser- Lachaise, à Paris-20e, à partir de 10 h 45. dans la soirée du vendredi 29 oc- autobiographie, Le Dernier Dino- mais publiées. d’épouser les mêmes idées –, mais vice d’urologie du Centre Hospitalo-Uni- tobre, dans son grand apparte- saure. aussi fidèle à son éditeur, Dar- versitaire de Bicêtre ont la douleur de A l’issue de la cérémonie, nous pour- ment de Neuilly-sur-Seine (Hauts- Né le 5 mai 1931 à Ixelles, dans la gaud, Greg, en véritable touche-à- faire part du décès du rons prendre ensemble un verre en son LA PAGE BOUCHE-TROU souvenir. de-Seine) qu’il habitait seul depuis banlieue de Bruxelles, Greg était C’est au début des années 60 tout, manifeste un vrai sens de la docteur Claude GERNIGON. la mort, en 1995, de son épouse allé à bonne école. Tout en dessi- que le jeune auteur explose. Ad- bougeotte. Grand voyageur, il n’y Après la crémation, ses cendres iront Denise, avec qui il avait vécu qua- nant des personnages de Tarzan mirateur et ami d’Alain Saint- a guère que les pays de l’Est qu’il Pendant plus de trente ans, il a aidé nos reposer en Angleterre, auprès de ses rante-trois ans. Géant, au propre quand il était écolier, il créait son Ogan, créateur de Zig et Puce, qu’il ne connaisse pas, « parce que De- consultants à avoir l’enfant qu’ils atten- parents. daient. comme au figuré, Greg ne s’était premier journal en 1947, à l’âge de avait repris pour le journal Tintin, nise, mon épouse, ne voulait pas s’y M. John Bellingham, jamais consolé de cette dispari- seize ans, où se mêlent textes hu- il lance, en 1963, dans Pilote, le rendre ». Il devient ainsi directeur 5, rue Paul-Louis-Courier, tion : il évoquait souvent ce « petit moristiques et caricatures. Mais personnage d’Achille Talon, inspi- littéraire et représentant des édi- – Les membres du laboratoire de miné- 75007 Paris. fantôme » dont l’absence le han- c’est la rencontre avec André ré de M. Poche, que Saint-Ogan tions Dargaud à New York au dé- ralogie-cristallographie de Paris ont la douleur de faire part du décès, le mardi tait et qu’il tentait d’oublier en Franquin, « père » de Spirou et avait imaginé avant-guerre. Selon but des années 80. Auparavant, il 26 octobre 1999, à l’âge de quarante- meublant ses nuits avec des films Fantasio et de Modeste et Pompon, la volonté de René Goscinny, alors avait accepté de prendre la rédac- six ans, de leur collègue et ami, Anniversaires de décès vidéo, entassés en nombre impres- alors qu’il suit des cours de publi- rédacteur en chef de Pilote, la page tion en chef de Tintin : il y intro- – In memoriam. sionnant dans les rayons de sa bi- cité à l’institut Saint-Luc de Liège, consacrée à Achille Talon est alors duit à la fois des bandes dessinées Philippe ILDEFONSE, bliothèque. qui infléchit définitivement sa car- destinée à n’être qu’une page qui reflètent davantage l’époque professeur M. Spiru MITTELMANN, à l’université Pierre-et-Marie-Curie-Paris-VI. rière. Ce Français qui vécut toute bouche-trou, susceptible de « sau- contemporaine, en matière de 17 mars 1912 - 2 novembre 1992. son enfance et sa jeunesse en Bel- ter » pour être remplacée par une présence féminine et de concep- Une cérémonie aura lieu au funérarium 250 ALBUMS Sa femme, Veuf inconsolé, Greg avait pour- gique, dans la banlieue de éventuelle publicité. tion de la violence, et fait d’Arpajon (Essonne), à 16 heures pré- cises, le mercredi 3 novembre. Ses enfants, tant l’énergie chevillée au corps. Bruxelles, choisit alors de faire de Mais les gags et les jeux de mots connaître de nouveaux auteurs Son petit-fils. Auteur de quarante-deux albums la BD sa vocation définitive. d’Achille Talon plaisent tant aux comme Vance, Dany, Claude Au- d’Achille Talon, dessinés et écrits Après son service militaire dans lecteurs de Pilote que le nouveau clair, Derib, etc. – Les anciens élèves de l’ENIO, – Le 2 novembre 1998, disparaissait au rythme d’un par an, ses dons de les paras commandos et après héros s’impose comme l’une des Peu sensible aux honneurs, si- Les élèves, les professeurs, le per- sonnel, l’administration et la direction de dialoguiste et de scénariste firent avoir lancé son propre journal, images de marque du journal. Pro- non à celui de figurer depuis 1997 l’Etablissement scolaire Georges-Leven, M. Lionel PREJGER. aussi de lui le collaborateur des Paddy, vite stoppé mais grâce au- gressivement, ce bourgeois bavard dans Le Petit Robert, Greg a pour- ont la profonde tristesse de faire part du plus grands noms de la BD (André quel il prend le pseudonyme de et de mauvaise foi, salarié d’un tant reçu le Grand Prix des arts décès de Que ceux qui l’ont connu et aimé se Franquin, Hergé, Maurice Tillieux, Greg, il écrit et dessine plusieurs hebdomadaire baptisé ironique- graphiques et a été fait chevalier, souviennent et pensent à lui. Mitteï, Paul Cuvelier, Tibet, Eddy BD pour une agence, l’Internatio- ment Polite, s’entoure d’autres puis officier des Arts et des Mme Sarah LEVY. Paape, Dino Attanasio, etc.). Plus nal Press : Fifi, Toutsy, Minouche, personnages notoires comme son Lettres. Pour autant, cet auteur n’a Ils s’associent à la douleur de son – Le 2 novembre 1998, de deux cent cinquante albums etc. Puis Greg écrit plusieurs scé- voisin hargneux Lefuneste, Papa jamais été primé par le Festival in- époux, de ses enfants et de sa famille. Talon (inspiré du père de Popeye), ternational de la bande dessinée Pierre SORIA Maman Talon et Virgule de Guille- d’Angoulême, Mecque du neu- – Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). nous quittait. a ROLAND FLORIAN, député mars 1977 et l’est resté jusqu’en met, amie snob d’Achille Talon, vième art, comme le furent plu- me (PS) de l’Oise de 1978 à 1988, est août dernier, date à laquelle, souf- dont Greg dira qu’elle a emprunté sieurs de ses amis et autres créa- M Geneviève Suisse, Au long des jours, il nous accompagne. mort dimanche 31 octobre. Né le frant de la maladie d’Alzheimer, il des traits à sa propre mère. teurs. Toutefois, Angoulême lui a son épouse, Ses enfants et ses petits-enfants, 9 janvier 1924 à Nanterre (Hauts- a été placé sous tutelle, à la de- Parallèlement à ce héros humo- consacré une exposition rétro- font part du décès de de-Seine), Roland Florian a été at- mande de sa famille, par le tribu- ristique lancé dans Pilote, Greg spective de son œuvre, baptisée Souvenir taché parlementaire, puis chef de nal d’instance de Compiègne. Ro- dessine et écrit aussi la série Les « ABCDEFGreg », lors du dernier M. Jacques SUISSE, – Le 28 octobre dernier, quelques amis cabinet de François Mitterrand, cardien, ancien secrétaire de la As, pour le journal Vaillant, puis, festival. le 28 octobre 1999. de premier secrétaire du PS, de 1971 fédération départementale du PS, trois ans plus tard, crée les héros Ce fut l’occasion d’assister à à 1974. Membre du comité direc- Roland Florian a aussi été conseil- Bernard Prince et Comanche (pre- l’une des dernières apparitions en La cérémonie religieuse sera célébrée François TESSIER teur du PS à partir de 1971, il a été ler général de l’Oise de 1979 à mière femme de la BD western) public de ce géant de la BD, qui, le mercredi 3 novembre, à 10 heures, en l’église Sainte-Thérèse, à Châtenay-Mala- se sont retrouvés avec sa sœur Annie élu maire de Ribécourt (Oise) en 1991. avec Hermann. Il continue pour appuyé sur sa canne, accueillit les bry, suivie de l’inhumation au cimetière à Romainville. autant à fournir des scénarios de larmes aux yeux l’ovation et les local. Chick Bill à Tibet (« J’en ai écrit applaudissements de la foule. JOURNAL OFFICIEL cembre pour l’élection d’un plus de mille pages », confie-t-il), Vous pouvez député dans la 21e circonscription de Luc Orient, de Flamme d’argent Yves-Marie Labé Nos abonnés et nos action- nous transmettre Au Journal officiel du samedi de Paris. Ce scrutin est organisé naires, bénéficiant d’une vos annonces la veille 30 octobre sont publiés : après la démission de la députée réduction sur les insertions pour le lendemain b Médicaments : un décret re- (PS) Véronique Carrion-Bastok. du « Carnet du Monde », latif aux médicaments rembour- b Conseil économique et so- Au sommaire sont priés de bien vouloir jusqu’à 17 h sables et modifiant le code de la cial : un décret du président de la nous communiquer leur Permanence le samedi Sécurité sociale. République portant désignation du numéro numéro de référence. jusqu’à 16 heures b Election législative : un dé- de personnalités appelées à siéger cret portant convocation des élec- dans les sections du Conseil de novembre teurs les 28 novembre et 5 dé- économique et social. CARNET DU MONDE TARIFS 99 - TARIF à la ligne Biotechnologies : DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, le marché du vivant ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 136 TTC - 20,73 ¤ TARIF ABONNÉS 118 F TTC - 17,98 ¤ Clonage, OGM : les manipulations génétiques sont au centre de débats publics. Comment éviter de trop NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, graves dérives et répondre aux inquiétudes des opinions ? MARIAGES, FIANÇAILLES 520 F TTC - 79,27 ¤ FORFAIT 10 LIGNES Toute ligne suppl. : 62 F TTC - 9,45 ¤ Inégalités à la française THÈSES - ÉTUDIANTS : 83 F TTC - 12,65 ¤ Des riches plus riches, des pauvres plus pauvres : COLLOQUES - CONFÉRENCES : contrairement à une idée reçue, les inégalités Nous consulter se creusent en France. 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10 / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 HORIZONS HISTOIRE

LA CHUTE DU MUR 1 DIX ANS APRÈS Les Polonais avant tous les autres E 5 novembre 1989, verser le plus rapidement possible tion à la Diète. Mais, pour aggraver vante : la formation du gouverne- quand tout bascule à En 1980, Lech Walesa avait tout l’édifice. l’insulte, la liste « unique » concoc- ment. L’objectif essentiel de la di- Berlin, cela fait belle En avril, un compromis fut at- tée par le parti ne réunit pas les rection du parti, quand elle avait lurette que la Po- pris la tête d’une grève teint. Solidarité allait être légalisée, 50 % des voix nécessaires à l’élec- engagé la table ronde, avait été logne vit, non pas et des élections partiellement dé- tion. C’est alors que les dirigeants d’associer l’opposition à la gestion encore dans une qui devait être à terme mocratiques seraient organisées : de l’opposition, au lieu de pousser du pays, sans lui laisser la réalité autre Europe, mais 35 % des députés seraient « libre- leur avantage, décidèrent de du pouvoir, mais en lui faisant por- L déjà dans un autre mortelle pour le régime. ment » élus, le reste revenant à tendre une perche au parti, non ter au moins la coresponsabilité monde. Cela fait une « liste nationale » élaborée par pas pour l’empêcher de se noyer, d’une situation économique de trois mois qu’elle a un premier mi- Récit d’une lutte épique le parti. De plus, une nouvelle mais pour le dissuader de réagir plus en plus insupportable pour la nistre issu de l’opposition démo- chambre, le Sénat, était créée, et brutalement. Ils acceptèrent une population, et éventuellement de cratique. Cinq mois que les entre un système à bout son élection serait entièrement ou- modification, entre les deux , certaines réformes douloureuses. communistes au pouvoir depuis verte. C’est Alexandre Kwasniew- des règles du scrutin, pour per- Mais, entre-temps, le rapport de quarante-quatre ans ont essuyé de souffle et des opposants ski, l’actuel président, à l’époque mettre à la liste du parti d’être élue forces avait changé. Le général Ja- une retentissante défaite électo- participant relativement mineur de malgré tout. ruzelski essaya bien de confier au rale. Neuf mois que gouvernants et particulièrement têtus la négociation côté pouvoir, qui Cette crainte, cette prudence général Kiszczak la formation du opposants se sont assis autour avait avancé cette audacieuse pro- étaient-elles justifiées ? Des docu- nouveau gouvernement, mais d’une même table pour tenter de responsables de l’opposition pro- aux caméras, lui qui apparaît sur position, dans laquelle l’opposition ments, récemment mis au jour, cette fois l’opposition, unanime, sortir le pays de l’impasse. Mais fitent du mouvement social pour les écrans pour la première fois de- s’était engouffrée, obtenant non semblent indiquer que, au moins refusa de jouer le jeu. Lech Walesa, tout cela n’avait-il pas commencé avancer, une fois de plus, leur re- puis sept ans rafle la mise. Le parti, sans mal que le Sénat ait quelques dans certaines régions, des listes qui avait retourné les responsables beaucoup plus tôt ? En août 1980, vendication fondamentale, la « re- ou du moins la tendance domi- pouvoirs réels. de personnes à interner avaient été des anciennes formations satellites quand Lech Walesa a sauté allégre- légalisation » de Solidarité, les nante au sein de sa direction, celle Les dés étaient jetés, mais le ré- préparées par les organes locaux du parti, proposa au général Jaru- ment par-dessus un autre « mur », chefs du parti répondent non, mais que représente le général Jaruzels- sultat hautement incertain. Pour du ministère de l’intérieur. Un nou- zelski trois noms : Tadeusz Mazo- celui du chantier naval de Gdansk, proposent tout de même de « cau- ki, comprend que les choses ne prendre de vitesse Solidarité, alors vel « état de guerre » était-il envi- wiecki, Bronislaw Geremek et Ja- où l’électricien licencié depuis peu ser ». Plus précisément, le général peuvent pas durer en l’état. Les né- totalement dépourvue de struc- sagé ? Le général Jaruzelski assure cek Kuron, tous totalement devait prendre la tête d’une grève, Kiszczak, ministre de l’intérieur, gociations en coulisse reprennent. tures et de moyens, le pouvoir dé- que non. De fait, les temps avaient identifiés à Solidarité. En réalité, à terme mortelle pour le régime propose à Lech Walesa une ren- On aboutit à un premier compro- cida de fixer les élections au 4 juin. changé, en particulier en URSS. c’était Mazowiecki qu’il avait choi- – même si l’agonie devait encore contre, à la fin août. L’objectif à mis de principe, encore encombré Le jeu semblait tout à fait inégal. Mais ce qui s’est passé depuis ne si. Le 24 août, l’ancien député du durer neuf ans ? Ou faut-il cher- court terme est d’obtenir l’arrêt d’incertitudes : le pouvoir relégali- D’un côté, tout l’appareil d’Etat, la doit pas faire oublier qu’à ce mo- tout petit groupe catholique Znak, cher beaucoup plus loin, dans le des grèves, et, à plus long terme, serait Solidarité et l’opposition ac- presse et la télévision. De l’autre, ment-là le pacte de Varsovie exis- naguère temporairement autorisé travail de sape accompli depuis des de proposer à l’opposition une cer- cepterait de participer à des élec- rien, sinon un journal électoral, tait toujours, qu’à Berlin-Est et à par le régime, obtint l’investiture décennies par des opposants re- taine forme de participation, sinon tions « sous contrôle ». Gazeta Wyborcza, dont l’opposition Prague, et bien sûr à Moscou, le ré- du Parlement. Lentement, grave- marquablement entêtés ? à la réalité, du moins aux appa- Les conversations officielles avait pris soin d’exiger l’autorisa- gime semblait encore tout à fait ment, cet homme peu expansif le- La chute du pouvoir, ou plus rences du pouvoir. s’ouvrent, le 6 février 1989, cette tion et qui parut pour la première solide. Le choix qui fut fait alors va les bras et dessina de deux exactement sa métamorphose pro- Rien de tout cela n’est dit claire- fois en pleine lumière. L’événe- fois le 4 mai. La rédaction, dirigée par les dirigeants de Solidarité, doigts le « V » de la victoire qui gressive, s’est étalée sur au moins ment. Pourtant, il y a là quelque ment est considérable : les diri- par Adam Michnik, était installée Walesa en tête, fut déterminant avait été depuis 1980 le signe de un an. Dès l’été 1988, la Pologne chose qui ressemble à une ouver- geants d’un régime de parti unique dans une ancienne école mater- pour l’avenir du pays, et peut-être ralliement de Solidarité. est secouée de nouvelles grèves. ture. Ou à un piège. Walesa, contre convient la fine fleur de l’opposi- nelle, et le journal était tiré sur les pour le reste de l’Europe de l’Est. Il Est-ce ce jour-là que le régime Certes, l’opposition, toujours pas l’avis de sa base, accepte. Ce n’est tion, que, huit ans plus tôt, ils presses de l’organe du parti, Tryby- devait montrer au monde, et aux perdit définitivement la partie ? remise du coup violent qui lui a été pas la première fois qu’il mise, en avaient jetée en prison ou dans des na Ludu. responsables communistes, qu’une Pas forcément : la transition n’était asséné en 1981 avec l’imposition de pleine crise, sur la négociation, et centres d’internement, à discuter Cela ne suffisait évidemment transition digne était possible. pas encore terminée. Dans le gou- l’état de guerre, est encore très pas la première fois qu’il décide de l’avenir du pays. La négociation pas : restait à faire connaître les En réalité, personne encore vernement, longuement et péni- faible. Mais, « en face », le régime seul. « C’est un poker, explique-t-il. durera près de trois mois, des cen- candidats, très souvent membres n’imaginait à quel point les choses, blement constitué au mois de sep- est à bout de souffle. Et quand les Si je me fais rouler, j’arrête. Mais taines de personnes, de part et de l’intelligentsia varsovienne, désormais, iraient vite. Mais la dé- tembre, les postes « sensibles » pour l’instant, je crois qu’il faut d’autre, y participeront, y compris (intérieur, défense) restaient aux prendre le risque. » S’engagent les « bêtes noires » que sont Adam mains des communistes, avec des Le symbole de Solidarité alors de discrètes conversations Michnik et Jacek Kuron. Walesa a Les conversations officielles s’ouvrent vice-ministres de Solidarité. Et, dans une villa de la banlieue de fait de leur participation une signe que la Pologne était en train b Juin 1979 : visite triomphale du Varsovie qui appartient au minis- condition sine qua non. L’événe- le 6 février 1989. Cette fois en pleine de retrouver sa souveraineté natio- pape Jean Paul II en Pologne. tère de l’intérieur et où Lech Wale- ment est si extraordinaire qu’il nale, dans un environnement b février 1980 : premières grèves sa a été un moment interné. donnera naissance à une légende lumière. L’événement est considérable : pourtant encore totalement « so- aux chantiers navals de Gdansk. Les choses traînent, pendant des tenace, toujours vivante au- cialiste », le parti avait renoncé au b 22 septembre : création du mois. Le pouvoir, qui a obtenu un jourd’hui dans certains milieux de les dirigeants d’un régime de parti unique ministère des affaires étrangères. syndicat Solidarité par Lech premier résultat – l’arrêt des la droite polonaise : gouvernants Dans un autre domaine essen- Walesa. grèves – campe sur des positions et opposants, souvent issus les uns convient la fine fleur de l’opposition, que, tiel, Tadeusz Mazowiecki avait an- b 10 novembre : enregistrement dures et refuse toute relégalisation et les autres du parti (Kuron, Gere- noncé la couleur : le pays prendrait officiel de Solidarité. du syndicat indépendant. L’oppo- mek, etc.) se seraient entendus sur huit ans plus tôt, ils avaient jetée en prison résolument la voie de l’économie b 9 février 1981 : nomination du sition élève le débat : pas question un compromis qui assurait aux uns de marché. Les rayons des maga- général Jaruzelski comme chef de de cautionner le régime tel qu’il l’impunité, aux autres une part du ou dans des centres d’internement, sins étaient toujours vides, mais l’Etat. est. Il faut qu’il accepte au moins gâteau. dès le mois de janvier suivant, Les- b 13 décembre : proclamation de une première dose de démocratie. Au printemps 1999, à l’occasion à discuter de l’avenir du pays zek Balcerowicz annonçait son l’état de guerre ; Solidarité hors la De nouveau, il y a blocage, la du dixième anniversaire de la table plan de réformes radicales qui de- loi. presse officielle se déchaîne, le ronde, la télévision publique a dif- vait de nouveau donner à la Po- b 6 février 1989 : réunion de la nouveau premier ministre, Miec- fusé les images d’un film fourni par dans les lointaines provinces : le cision avait été prise de ne pas les logne quelques longueurs d’avance table ronde entre pouvoir et zyslaw Rakowski, décide de mettre le ministre de l’intérieur de pays se couvrit d’affichettes ou précipiter. C’est pourquoi, en juil- sur l’« ex »-camp socialiste. opposition. en liquidation le chantier de l’époque, le général Kiszczak. Fil- chacun d’entre eux posait aux cô- let, lorsque le nouveau Parlement L’ultime étape, celle de la démis- b 18 avril : légalisation de Gdansk, ce qui constitue une véri- més par des membres de ses ser- tés du symbole, universellement dut élire le président de la Répu- sion forcée, l’automne suivant, du Solidarité. table provocation pour les anciens vices, on y voit les ténors du pou- reconnu, de Solidarité : Walesa. Il y blique, Solidarité, en organisant de général Jaruzelski, de l’élection de b 8mai:sortie de Gazeta de Solidarité. Les gouvernants ont voir et de l’opposition trinquer et eut bien d’autres affiches, résultats savante manière la non-participa- Lech Walesa et de la défaite reten- Wyborcza, premier journal une idée lumineuse, censée affai- rire de concert. Le « document », d’un bouillonnement créateur où tion au vote d’un certain nombre tissante de Tadeusz Mazowiecki et indépendant. blir un peu plus leur adversaire : qui fleurait bon les vieilles mé- l’on voyait resurgir l’enthousiasme de ses propres élus, fit en sorte que des intellectuels de Solidarité grou- b 4 et 18 juin : premières autoriser un débat télévisé entre thodes, a suscité des réactions et l’insolence de l’année 1980. Du le général Jaruzelski passe... à une pés autour de lui, appartiendrait élections « semi-démocratiques ». Lech Walesa et un des piliers du ré- d’indignation. Car si, de fait, il y côté du parti, on commença à s’in- voix de majorité. La démonstration en fait à une autre histoire : celle b 18 juillet : élection du général gime, le chef des syndicats officiels. eut quelques moments de détente, quiéter. « Nous nous sommes mis était parfaite – Jacek Kuron, hilare, de la brouille, inéluctable sans Jaruzelski à la présidence de la Mal leur en prend. Walesa, et si les négociations ont été cour- nous-mêmes la corde au cou, nous jubilait ostensiblement dans les doute, entre ceux qui avaient mis à République. conscient des mauvais tours que toises, chacun restait sur ses allons à l’abattoir comme des mou- travées du Parlement, tandis que bas le système. b 24 août : élection du conseiller peut lui jouer une télévision au ser- gardes. L’enjeu était considérable, tons », confia le général Kiszczak. d’autres, furieux, trouvaient la de Solidarité Tadeusz Mazowiecki vice du pouvoir, prend, une fois de et les objectifs contradictoires. Les Il avait raison. Non seulement maœuvre scandaleuse. Le régime Jan Krauze à la tête d’un gouvernement de plus, le risque. Et, avec sa gouaille, uns voulaient perpétuer leur pou- l’opposition emporta quatre-vingt- avait senti, de très près, le vent du coalition. ses coups de boutoir, ses bons voir en cédant le minimum, les dix-neuf des cent sièges du Sénat, boulet, mais il n’avait pas, ouverte- PROCHAIN VOLET : b 9-14 novembre : visite du mots et les conseils d’Andrzej Waj- autres enfoncer dans le régime un et tous ceux – cent soixante et un – ment, été défié. Quand l’ordre chancelier Kohl à Varsovie. da sur la manière de se tenir face coin de démocratie destiné à ren- qui étaient ouverts à la compéti- Restait à passer à l’étape sui- régnait encore en RDA SLAWOMIR SIERZPUTOWSKI/GAZETA/VU SLAWOMIR KRZYSZTOF MILLER/GAZETA/VU LeMonde Job: WMQ0211--0011-0 WAS LMQ0211-11 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 09:34 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0774 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-HISTOIRE LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / 11

DESTINS EST-ALLEMANDS Martina Pilling-Paap, physicienne nostalgique D.R.

A jeune femme travaille chez L le verrier américain Guar- dian, mais elle tend une carte de visite Orwo. Orwo, du nom du conglomérat de RDA im- planté à Bitterfeld, spécialiste des films photographiques, liquidé au milieu des années 90. Six ans après son licenciement, le cœur de Mar- tina Pilling-Paap bat toujours pour cet ex-fleuron de l’industrie est-al- lemande, avec lequel elle n’arrive pas à rompre. Physicienne de formation, elle était ingénieur technico-commer- cial. Pour elle, le Mur n’avait pas grand sens : elle se rendait pour son travail en Hongrie, en Bulgarie ou à Cuba, deux mois par an. Son mari, membre du SED, le parti communiste est-allemand, allait même à l’Ouest. A la fin des an- nées 80, la vie était envisagée de manière « optimiste ». Puis est venue la chute du Mur. KRZYSZTOF MILLER/GAZETA/VU « Nous pensions que nous allions pouvoir travailler encore mieux, Bernd-Lutz Lange, cabaretier qu’Orwo continuerait d’exister et que nous n’aurions plus ces pro- blèmes de pénurie de matériel », ex- plique-t-elle, avant de préciser : « Ils nous ont aidés à trouver notre propre courage civique » « Nous n’avons pas partagé l’eupho- rie que l’on voyait à la télévision. Les gens étaient bien naïfs de croire VEC son compère Gunther un rôle important. Que les soldats en colportant des blagues avec sentiment que les choses change- qu’on pourrait avoir les avantages Böhnke, Bernd-Lutz rentrent dans les églises prier en tous les clichés sur les Polonais. Il raient pour nous si quelque chose d’un système sans en avoir les in- A déposant leurs fusils à l’entrée l’a fait aussi pour les Allemands de bougeait à Moscou. Que cela convénients. » Bien vite, il faut dé- Lange, cinquante-cinq ans, cofondateur du cabaret Acade- était incroyable pour nous. Et il y l’Est. Il n’y avait pas de telles bouge en Pologne, cela n’avait pas chanter. Une charrette de 5 000 li- mixer, en 1966, à Leipzig, incarne avait la mode : Varsovie faisait blagues du temps de la RDA. forcément des conséquences di- cenciements sur environ 15 000 un esprit saxon dont la causticité concurrence à Paris pour la lon- Après le changement, on a vu rectes pour nous. Le parti et l’Etat salariés est annoncée chez Orwo. fait merveille pour exprimer le gueur des jupes, des manteaux. réapparaître des propos antisé- étaient trop forts. Même si les Po- Mme Pilling-Paap est remerciée en mal-être des Ossis depuis la réuni- Avec peu de moyens, les Polonais mites, des clichés qui remontaient lonais avaient réussi tout seuls à 1993 : « Ce jour-là, j’ai pleuré toute fication. Il a été, le 9 octobre 1989, avaient réussi à garder leur ma- aux grands-parents. Bien sûr, il y a avoir leur démocratie, cela n’aurait la journée. » Lorsque la rumeur avec le chef d’orchestre Kurt Ma- nière de vivre. Le socialisme n’a toujours eu des « beaufs » pour pas forcément voulu dire que les court, en 1995, que l’américain zur et trois hauts fonctionnaires même pas réussi à supprimer le faire des remarques désobli- forces réformatrices en RDA se- Guardian va s’installer à Bitterfeld, communistes, un des signataires baiser sur la main, alors qu’ici tout geantes sur les Polonais, leur re- raient arrivées au pouvoir. Nous Mme Pilling-Paap s’empresse de de l’appel de Leipzig pour deman- ce qui était bourgeois était radica- procher de ne pas être ordonnés n’avons pas pensé que les événe- proposer sa candidature. Assis- tante de direction, elle n’est pas

der au politburo de renoncer à la lement éliminé. Je suis allé quel- D.R. comme les Allemands. C’est préci- ments en Pologne au début des force contre les manifestants. quefois en Pologne à cette époque. sément cette mentalité un peu années 80 pouvaient avoir une in- malheureuse de son sort. Mais elle « Qu’a représenté la Pologne On était très bien reçu. Je me sou- courage des Polonais a commencé « légère » des Polonais qui agace le fluence sur la RDA. Ils nous ont a encore un pincement au cœur de pour vous ? viens qu’on pouvait avoir le Spie- à faire comprendre qu’il y avait petit-bourgeois. Après le change- donné du courage, mais je n’aurais ne plus être active dans la produc- – En 1968, à Leipzig, les étu- gel, dans les clubs de lecture, sur peut-être quand même quelque ment, ce n’est pas l’élite qui est ve- jamais pensé à l’époque que nous tion. diants avaient manifesté, aussi, simple présentation de notre pas- chose à faire. La peur qu’ils nous nue ici acheter les voitures, ce sont puissions nous aussi un jour avoir contre la destruction par le régime seport d’Allemagne de l’Est. Cela fusillent tous, la peur des chars, de petits négociants. Il y a eu des autant de gens dans la rue que les de l’Eglise de l’université, fondée devait faire frémir nos fonction- ont commencé à être ébranlées. trafics. L’idée s’est vite répandue Polonais. La paix des cimetières « Les gens étaient par Luther. Je me sens un soixante- naires. On pouvait voir des films L’agitation permanente en Po- que tous les Polonais étaient que la RDA a connue toutes ces huitard de l’Est. Ce qui nous inté- américains. logne nous a tirés de notre ané- comme eux, que si on allait en Po- années d’après-guerre avait fini bien naïfs de croire ressait, ce n’étaient pas les pro- » Quand le mouvement Solidari- mie, jusqu’à ce que la Hongrie fi- logne on allait se faire dévaliser. par nous plonger dans une léthar- blèmes des étudiants de Paris ou té est arrivé, on a vu le courage des nisse pas ouvrir la frontière, en Mais il ne faut pas prendre cela au gie dont nous ne sortions pas. qu’on pourrait avoir d’Allemagne de l’Ouest, mais on gens, leur capacité à s’organiser. mai 1989. On a eu petit à petit le tragique. Il y a toujours des que- – Qu’est-ce qui a le plus mar- voulait des réformes, une nouvelle Ce sont les fonctionnaires du parti, sentiment que ce qui se passait à relles de voisinage entre les pays. qué ? les avantages RDA, et l’on regardait vers Prague. chez nous, qui ont alors eu recours l’Est devenait irréversible, qu’il fal- Cela ne doit pas nous faire oublier – Que pas un tank ne soit apparu On voulait ce socialisme libéré que aux vieux clichés anti-Polonais, qui lait aussi oser quelque chose. ce que les Polonais, les Tchèques dans la rue, qu’il n’y ait pas eu de d’un système Dubcek avait formulé. ont commencé à dire qu’ils étaient – Après la chute du Mur, beau- ont fait avant nous, que ce sont coups de feu. Cela a insconsciem- » La Pologne jouait aussi, pour incapables de faire fonctionner coup d’Allemands de l’Est n’ar- eux qui nous ont aidés à trouver ment été ressenti comme si l’on sans en avoir nous, un grand rôle. Elle incarnait leur économie, qu’ils ne travail- rêtaient pourtant pas de se notre propre courage civique. entrait dans une nouvelle époque, un esprit particulier, qui attirait laient pas, qu’ils étaient paresseux. plaindre des Polonais, qu’ils ac- – Est-ce que, dans les milieux vingt ans après 1968 en Tchécoslo- les inconvénients » ceux qui essayaient de maintenir C’est le parti qui a lancé cela pour cusaient de faire du commerce intellectuels de Leipzig, on dis- vaquie. Les chars, c’étaient la une tradition intellectuelle à Leip- prendre ses distances. sur leur dos. On a si vite oublié ? cutait autant sur ce qui se pas- grande peur des gens en Europe de zig. On n’a jamais réussi à y impo- – Que s’est-il passé quand les – L’image négative des Polonais sait en Pologne qu’en Russie ? l’Est. On a eu le sentiment qu’ils ne La chute de la RDA a facilité la ser complètement un Etat commu- militaires ont brisé le mouve- est venue après. A l’Ouest, des – Pas autant. Quand Gorbatchev pouvaient plus faire comme avant. vie matérielle de la famille. En 1995, niste. Il y a toujours eu en Pologne ment de Solidarité, en 1981 ? gens comme le comique Harald est arrivé, l’espoir était grand Même si, après le voyage d’Egon Mme Pilling-Paap convainc son mari ce climat spécial où l’Eglise jouait – Chez les citoyens normaux, le Schmidt ont soufflé sur les braises parce qu’on avait toujours eu le Krenz en Chine, qui s’était félicité de quitter le Plattenbau, les HLM de ce qui s’était passé sur la place de la RDA. Ces anciens immeubles, Tiananmen, on ne pouvait pas naguère réservés à l’élite du pays, 1. Manifestation, le 24 mai vraiment savoir si les autorités re- sont en décomposition. Le couple 1989, devant le tribunal courraient ou non à la violence. emménage dans une maisonnette de Varsovie, qui a refusé On ne pouvait pas l’exclure. de 100 mètres carrés, avec un petit d’enregistrer le syndicat – Pour la plupart, ce qui se jardin. Aujourd’hui, Mme Pilling- étudiant indépendant passait en Pologne restait donc Paap vote pour les ex-commu- (page 10, photo de gauche). très abstrait ? nistes du Parti du socialisme démo- – Les Polonais ont un sentiment cratique (PDS), mais refuse de 2. Election du président national très différent, ils ont une s’engager politiquement. « On nous et des vice-présidents relation à leur histoire très spé- a reproché d’avoir fait tout faux pen- du Sénat, le 4 juillet 1989. ciale, ce ne sont pas des nationa- dant quarante ans. Que les autres Au premier rang, le général listes, mais des patriotes, à force fassent maintenant ce qui est bon, Jaruzelski, Lech Walesa d’être toujours retombés sous la lance-t-elle. Je ne défends pas la et Bronislaw Geremek domination des Russes et des Alle- RDA, mais ce qui était bien en RDA : (page 10, photo de droite). mands. Les Allemands de l’Est ne l’égalité des sexes était bien mieux pouvaient pas vraiment s’identifier respectée. » Et de rappeler les 3. Une réunion de la table avec les Polonais. Ils n’avaient crèches, les garderies, les colonies ronde, le 6 juillet 1989, même pas d’identité nationale de vacances qui permettaient aux entre les représentants propre. Et puis il y a le rôle de femmes de travailler tout en ayant de l’opposition et ceux l’Eglise, qui a toujours été là pour des enfants. Mme Pilling-Paap a tou- du régime communiste le peuple, qui était le centre de tefois pris des habitudes de (ci-dessus). l’opposition. En RDA, l’Eglise n’a consommation capitalistes. « Chez joué un rôle que comme lieu de nous, tout s’appelle Toyota, Canon, 4. Tadeusz Mazowiecki, rencontre, ce qui n’avait rien à voir Sony. Nous regardons les prix, et les entre Andrzej Wielowieyski avec la foi. Nous sommes un pays Allemands ne sont pas compétitifs. » et Lech Walesa. Il vient athéiste. C’est un des grands suc- Son fils est parti étudier un an aux d’apprendre que ce dernier cès du régime communiste. » Etats-Unis : « J’espérais qu’il dirait l’a choisi comme candidat qu’il voulait partir. Et il est parti. » au poste de premier ministre Propos recueillis

TOMASZ WIERZEJSKI/GAZETA/VU (ci-contre). par Henri de Bresson Arnaud Leparmentier LeMonde Job: WMQ0211--0012-0 WAS LMQ0211-12 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 09:50 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0775 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 HORIZONS - ENTRETIENS

2000 DÉBATS POUR LE SIÈCLE À VENIR Mark Malloch Brown, administrateur du PNUD « Nous devons être des entrepreneurs du développement » Ancien vice-président de la Banque mondiale, le nouveau patron du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) veut recentrer cette agence sur son métier premier : le conseil en développement au service des plus pauvres « Vous êtes à la tête d’une or- pays du tiers-monde plutôt que trois points qui nous définissent et France Télécom pour moderniser ganisation dont le métier est continuer à verser des sommes nous rendent uniques. D’abord, son infrastructure dans ce do- l’aide publique au développe- qui vont favoriser la corruption, nous sommes une organisation maine ? Il faut qu’on soit des ment, entre autres. Or celle-ci ne être détournées de leur objet, globale, universelle. Nous sommes conseils en investissement et aussi cesse de baisser. Dans les an- bref être largement inefficaces partout. Nous sommes dans tous ceux par qui le deal, l’affaire, le nées 60, les pays riches, l’Ouest, dans la lutte pour le développe- les pays difficiles, ceux qui sont au marché, l’investissement se fera. s’étaient fixé un montant d’as- ment. plus bas, les pays qui ne bénéfi- » Dans un monde de libéralisa- sistance publique de 1 % de leur – Il faut garder le sens des pro- cient ni de relations bilatérales tion des échanges, nous ne pou- PIB ; puis ce fut de 0,7 %. On en portions. L’aide est une somme in- fortes – avec une ancienne puis- vons plus nous borner à aider des est loin... fime dans les dépenses que les sance coloniale, par exemple – ni pays qui nous demandent à la va- – Le contexte de l’aide a changé. Etats consacrent à leur politique de l’aide de la Banque mondiale vite d’intercéder en leur faveur La guerre froide, qui imposait à étrangère, à leur sécurité. La guerre parce qu’ils sont en deçà des per- pour avoir une énième aide du mi- chaque camp d’appuyer les pays de au Kosovo, estime-t-on, a coûté formances requises. Nous sommes nistère français de la coopération. sa zone d’influence, est finie. A près de 40 milliards de dollars ; la chez eux, prêts à donner notre ex- Nous devons être des fournisseurs également perdu de la crédibilité reconstruction devrait en coû- pertise. Nous sommes l’ami des de matière grise dans le domaine cette conviction d’une nécessaire ter 5... Il y a un moment où les jours de grand mauvais temps. du développement, des deal makers charité au niveau des nations, Etats devront réorienter leurs prio- » Ensuite, nous avons le savoir au niveau mondial, aidant les pays entre nations. De même que n’a rités, faire d’autres calculs coût-ef- pour accorder nos conseils, notre qui en ont besoin à capitaliser sur le cessé de croître ce sentiment qu’il ficacité, et investir sérieusement expertise, disais-je, en matière de flux d’argent public et privé prêt à ne sert pas à grand-chose de faire dans la prévention des crises dans bonne gouvernance, de politique s’investir chez eux. L’aide publique

passer du Nord au Sud de grandes un monde globalisé. DESSIN SOPHIE DUTERTRE économique à suivre, des conseils reste évidemment importante, quantités d’argent public. L’aide – Pour l’heure, votre budget dispensés de manière dépassion- parce que l’argent privé a tendance doit avoir d’autres motivations. Je est de 2 milliards de dollars... pement, la singularité du PNUD gouvernementales, judiciaires, née, sereine. Soyons plus précis. à aller dans les pays à revenu déjà distingue deux piliers nouveaux – C’est moins que le budget est que nous sommes l’agence la bancaires, boursières, adéquates. Dire que nous luttons pour éradi- moyen plutôt que dans ceux à reve- justifiant l’aide publique au déve- d’une ville de moyenne dimension. plus proche des gouvernements Cela dit, je ne suis pas sûr que quer la pauvreté est trop général, nu très faible. loppement. D’abord la mondialisa- Notre équipe est de 6 000 per- concernés, et celle en laquelle ils l’aide à l’avenir se fera de secteur trop vague. Cela, c’est la stratégie – L’argent privé, aide et inves- tion. Elle impose de reconnaître sonnes : c’est moins que les effec- ont le plus confiance, précisément public à secteur public, de gouver- de développement de tout le tissement réunis, va donc jouer qu’à la globalisation des échanges tifs d’une grande municipalité. Ce- parce qu’elle relève du système des nement (riche) à gouvernement monde, de la Banque mondiale un rôle de plus en plus impor- correspond la globalisation des la vous donne un exemple de Nations unies. Cela nous donne un (pauvre). Je vois des récipiendaires comme du programme français tant dans les politiques de déve- problèmes, bref que les patholo- l’incroyable disproportion qu’il y a accès sans pareil aux gouverne- qui appartiendront de plus en plus d’assistance aux pays pauvres. loppement. gies économiques, sociales, poli- entre ce qu’on demande à l’ONU ments, qui doit nous permettre de au secteur privé, à des associa- Notre “niche” à nous est plus spé- – Oui, avec le temps, les flux tiques ont maintenant la détes- – grosso modo, la gestion des pa- nous attaquer à cette question de tions, des fondations, des organi- cifique : donner des conseils, des d’argent privé vont devenir un élé- table habitude de franchir les thologies d’un monde globalisé – la bonne gouvernance. Avec un sations non gouvernementales. Et avis, des recettes de bonne gouver- ment essentiel, d’où la nécessité frontières. Il y a donc la nécessité et les moyens qu’on veut bien lui objectif précis : restaurer la des donateurs qui viendront aussi nance justement. Nous avons un d’aider les pays à attirer l’investis- d’une gestion de la globalisation, accorder. Mais cela ne durera pas. confiance des donateurs d’aide pu- largement du privé, là encore d’as- savoir-faire unique en ce domaine : sement. Et je pense que l’argent comme on cherchait hier à gérer Je crois qu’on va bientôt réaliser blique et aussi du secteur privé. De sociations, de fondations et aider à bâtir des institutions de public va surtout aller au niveau tel ou tel problème international. Il cette disproportion et assister à la façon à ce que ces pays, faisant d’ONG. bonne gouvernance politique et régional, pour créer les infrastruc- y a ainsi des actions préventives de réaffectation des ressources que preuve de bonne gouvernance, – Quelle est la spécificité, économique qui vont conditionner tures destinées à régler des pro- développement à mener dans la requiert la globalisation. puissent tirer profit de la globalisa- l’avantage comparatif si vous l’aptitude d’un pays à recevoir et à blèmes régionaux : lutte contre le gestion de problèmes globaux. – Mais reste cette question de tion et utiliser au mieux l’assis- voulez, du PNUD dans l’en- bien gérer l’aide. C’est cette mis- sida, protection de l’environne- » Le deuxième pilier justifiant le l’efficacité – discutée – de l’aide tance qu’ils peuvent recevoir, pri- semble des organisations et des sion qu’il nous faut développer. ment, services publics d’intérêt ré- maintien de l’assistance publique publique au développement. vée et publique. agences qui s’occupent de déve- » Enfin, nous avons la capacité gional que le marché ne pourra pas au développement, c’est la re- – C’est toute la question de la » Sans le développement d’insti- loppement ? de coordonner l’ensemble des poli- financer. Le PNUD doit garder un connaissance que chaque homme, lutte contre la corruption, pour la tutions démocratiques, aux – Il faut que nous affirmions tiques menées au service du déve- pied dans les deux secteurs, celui de chaque femme, chaque enfant a transparence, pour ce que nous ap- comptabilités transparentes, il n’y notre singularité, notre avantage loppement dans le système de l’aide publique et celui du privé. Si- droit à un travail, à un toit, à une pelons la bonne gouvernance. aura pas d’aide durable au déve- comparatif, ce que nous faisons l’ONU. Les agents de l’ONU char- tuation paradoxale : l’investisse- éducation, à la santé. Qu’il s’agit C’est une question très réelle. Elle loppement dans les pays qui en ont mieux que les autres, sans quoi gés de ce travail au niveau d’un ment privé atteint des niveaux re- bel et bien d’un droit, et non de est au cœur de la mission du Pro- besoin. La crise asiatique de 1998 a nous serons toujours en première pays me font rapport de leurs acti- cords dans certains pays en quelque chose qui dépendrait du gramme des Nations unies pour le montré la fragilité d’une croissance ligne dès qu’il y aura des coupes vités ; je préside à New York le développement et, pourtant, dans niveau de l’action philanthropique développement. Dans l’ensemble économique que n’accompagnait budgétaires. Je résumerai cela groupe de développement de ma propre maison, au PNUD, nous à tel ou tel moment de l’histoire. de l’aide multilatérale au dévelop- pas la mise sur pied d’institutions – notre spécificité – en trois points, l’ONU, où toutes les agences des faisons face à un budget déclinant. On n’a pas encore complètement Nations unies se retrouvent. C’est Le PNUD a un vrai métier, je le ré- réalisé aujourd’hui ces nouvelles ainsi que nos efforts pour réformer pète : universalité de sa présence, justifications de l’aide publique au le PNUD s’inscrivent dans un ob- action auprès des plus pauvres, développement – celles de la glo- Un Britannique réformateur jectif plus vaste poursuivi par le se- confiance des gouvernants et des balisation. Alors on est toujours crétaire général, Kofi Annan, pour sociétés civiles dans son savoir- dans un moment où l’aide pu- MARK MALLOCH BROWN a l’élé- tion que ceux-ci soient préparés à avoir une politique intégrée d’aide faire. Mais un budget déclinant... La blique baisse ; elle a diminué d’un gance de ceux qui ne se pressent ja- accueillir pareils investissements, au développement au niveau de France, qu’on trouve par ailleurs tiers au cours des cinq dernières mais tout en allant très vite. Britan- c’est-à-dire soient dotés d’un cadre chaque pays concerné. toujours dans les cinq premiers do- années. nique, tout juste arrivé à la tête d’une législatif, judiciaire et bancaire so- – Le PNUD, un super-consul- nateurs d’aide publique au déve- – Si vous deviez convaincre un des plus prestigieuses agences des lide et transparent. tant en aide au développement ? loppement, n’a fourni au PNUD, en contribuable occidental de la né- Nations unies, le PNUD, Malloch Plutôt que de financer lui-même – Dans ce domaine, nous devons 1997 et en 1998, que 5 millions de cessité de l’aide publique, que Brown a fait ses classes, un parcours des projets, avec un budget sans être de vrais entrepreneurs au ser- dollars ; cette année, sa contribu- diriez-vous ? sans faute : journaliste politique à cesse amoindri, le PNUD, dit Mal- vice des pays qui ont fait appel à tion est remontée à 15 millions de – Dans un monde global, les dif- The Economist, homme de terrain au loch Brown, doit se concentrer, ou nous. Nous devons être capables de dollars, mais nos grands contribu- ficultés laissées sans solution au- Haut-Commissariat de l’ONU pour se reconcentrer, sur ce qui fait sa leur fournir du “conseil” en teurs versent en général quelque ront des répercussions globales. les réfugiés, fondateur heureux d’une singularité : une aptitude largement comptabilité publique, privée ; être 80 millions. Deuxième argument : nous vivons société de consultants aux Etats- MARK MALLOCH BROWN reconnue à fournir aux gouverne- capables d’utiliser notre budget » On l’oublie trop : pour l’écra- des temps d’extraordinaires boule- Unis, puis vice-président de la ments concernés les meilleurs pour mettre à la disposition de nos sante majorité de la population versements économiques et Banque mondiale. On peut avoir été à plus mau- conseils en matière, justement, de « bonne gou- “clients” des équipes d’experts par- dans le monde, l’ONU, c’est moins technologiques ; ils devraient auto- vaise école pour prendre en main les destinées vernance ». Au Financial Times, il expliquait ré- mi les meilleures du monde. Nous le Conseil de sécurité qu’une orga- riser certaines sociétés à rapide- du PNUD à un moment où l’aide publique au dé- cemment : « Mon intention est d’en faire un cata- n’allons plus avoir les moyens de fi- nisation qui conduit une formi- ment sortir de la pauvreté pour ac- veloppement est en baisse et doit être réinven- lyseur de changement, souple, efficace, offrant nancer tel ou tel projet, telle ou dable action en faveur du dévelop- céder à la “classe moyenne” ; il y a, tée. une expertise de très haut niveau pour promouvoir telle réalisation ; nous allons être pement. Or vous ne pouvez pas comme jamais auparavant, la pos- Habitué de la fonction publique internatio- un développement durable. » Cela passe par des des stratèges pour aider à faire avoir à sa tête un secrétaire général sibilité de créer une classe nale, Mark Malloch Brown sait l’importance de réformes de structures – dépêcher en plus grand comprendre à un pays quel est son africain, Kofi Annan, qui porte les moyenne mondiale. Deux argu- l’aide publique, celle qui doit aller là où le sec- nombre, et en permanence, sur le terrain une avantage comparatif à l’heure de la espoirs du monde en développe- ments comme ceux-là devraient in- teur privé n’ira pas. Mais, dans le privé comme à part plus importante des 6 000 agents du globalisation : est-il, oui ou non, de ment et lui refuser les moyens de citer au maintien de l’aide. la Banque mondiale, il a pu observer que la libé- PNUD – et une réorganisation de la direction de son intérêt de développer telle ou l’action. C’est lui demander d’agir – Sans doute. Mais un gouver- ralisation des échanges – la globalisation – met- l’agence. L’une et l’autre doivent être annoncées telle industrie de consommation, une main liée derrière le dos. » nement d’Europe de l’Ouest tait aussi à portée des pays en développement, d’ici au 1er janvier 2000. de demander à Total de faire passer pourra toujours vous dire qu’il ou qui essaient de l’être, des sommes prêtes à un oléoduc sur son territoire, ou de Propos recueillis par préfère annuler la dette des s’investir comme jamais auparavant. A condi- Al. F. susciter un investissement de Alain Frachon

Pierre Lellouche, député (RPR) de Paris, au « Grand Jury RTL-"Le Monde"-LCI » « Il est urgent de repenser notre dissuasion en fonction des événements » « Croyez-vous que la France ment élu est responsable de la san- – Vous plaisantez ? Si la politique – Etiez-vous favorable à cette l’ingérence humanitaire, autant je Certaines choses, quand même, puisse maintenir l’embargo sur té publique. Je ne comprendrais étrangère de la France devait se ré- intervention ? dis : attention à ne pas tomber me préoccupent. La non-signa- le bœuf britannique alors que le pas que le gouvernement français sumer à ne parler et à ne commer- – Bien sûr, pour des raisons mo- dans la démagogie du politique- ture du traité par les Etats-Unis comité scientifique directeur de accepte l’avis des experts de cer qu’avec les gens bien – c’est-à- rales. Depuis sept mois, pour ne ment correct, parce que si on va est un coup assez dur, parce que la Commission européenne es- Bruxelles, alors qu’il y a deux comi- dire avec deux douzaines de pays prendre que des exemples ré- jusqu’à cette extrémité, on ne tous ceux qui ont envie de faire time cet embargo injustifié ? tés d’experts qui ont des avis diffé- vraiment démocratiques – et à faire cents, trois pays ont utilisé la parle plus aux Chinois, on ne péter des bombes atomiques à – Deux remarques : première- rents. Que les responsables poli- la guerre à tous les autres, on serait force, parfois pour des génocides parle plus aux Russes, on ne parle droite et à gauche vont en tirer ar- ment, ce comité scientifique direc- tiques prennent leurs vraiment très occupés. Non pas à à l’intérieur de leurs propres fron- plus à personne et on intervient gument pour continuer. Mais il y a teur n’a qu’un avis consultatif ; responsabilités ! parler ni à commercer, mais à faire tières : Milosevic au Kosovo, les partout dans le monde. plus grave encore : la décision des deuxièmement, il est composé de – Vous invoquez la subsidiari- la guerre ! Indonésiens au Timor et les – Les Etats-Unis n’ont pas rati- Américains de déployer un sys- gens qui sont d’abord des vétéri- té, mais ne s’agit-il pas plutôt, » Nous sommes dans un sys- Russes en Tchétchénie – où, d’ail- fié le traité interdisant les essais tème antimissile, en violation du naires et des spécialistes des dans ce cas, du marché unique ? tème mondial qui a totalement leurs, la guerre menace de nucléaires. D’autres pays se traité qu’ils avaient signé avec vaches, en l’occurrence, mais pas – Il y a deux principes, qu’on basculé depuis presque dix ans, s’étendre à la Géorgie et à l’Armé- livrent parfois à des essais. La l’Union soviétique en 1972. Cela des maladies à prion. Or notre trouve également en présence dans puisque c’est le 9 novembre 1989 nie. Dans les trois cas, on se France, elle, est dans une situa- veut dire que la course aux armes propre Agence de sécurité alimen- le cas de l’Organisation mondiale que le mur de Berlin est tombé. On heurte à la souveraineté natio- tion singulière : non seulement défensives contre les missiles va taire a produit un rapport qui du commerce et du bœuf aux hor- est passé d’une période où l’on nale. Moi, je souhaite naturelle- elle a arrêté les essais, mais elle commencer. Cela va poser un pro- montre, sans conteste, que le mones américain : d’une part, la li- avait – comme disait mon vieux ment que la souveraineté des uns a démantelé ses installations qui blème de crédibilité à terme, pour temps d’incubation chez les ani- berté de circulation, d’autre part, la maître, Raymond Aron – échangé s’arrête au génocide des autres. permettaient de se livrer à ces notre dissuasion. maux est de cinq ans. On nous pro- sécurité sanitaire. Le mandat que contre la dissuasion une paix im- Simplement, il faut savoir ce que essais. Le regrettez-vous ? » Je ne dis pas que la France pose d’importer de la viande bri- nous allons donner à nos négocia- morale, à un chaos international. l’on fait. – Il est arrivé un moment, vers doit, demain, rouvrir le centre tannique élevée à partir de 1996. teurs européens à Seattle, c’est Et les règles ne suivent pas. Vous » La diplomatie de la France, 1996, où il était très difficile pour d’expérimentation nucléaire de Nous sommes en 1999. La sagesse d’inclure, dans la négociation avec avez ce qui reste du comportement c’est d’intervenir uniquement sur la France de continuer à faire des Mururoa, mais il est urgent de re- voudrait qu’on attende encore les Américains, la sécurité sanitaire. des grandes puissances : on ne va un mandat de l’ONU. Sinon, on essais nucléaires. Compte tenu du penser notre dissuasion en fonc- deux ans. – Il y a eu récemment deux vi- pas chatouiller les Chinois au Tibet, entre dans ce qu’on appelle la système de force dont nous étions tion des événements, américains » On est là dans un domaine qui sites en France, celle du pré- ni les Russes en Tchétchénie. Et “ guerre juste ”, ressortie des ti- dotés, et en prévision du pro- et non américains. » relève de la subsidiarité, c’est-à- sident chinois et celle du pré- vous avez l’irruption de l’humani- roirs du Moyen Age. On entre gramme de simulation qu’on va dire de l’appréciation souveraine sident iranien, qui ont suscité taire, qui nous amène à faire des dans la jungle internationale. Et construire vers Bordeaux, on doit Propos recueillis par des Etats, et qui relève éminem- beaucoup de controverses. Sont- guerres morales, mais illégales, au nous sommes exactement à la li- pouvoir imaginer qu’on peut ces- Anita Hausser, ment de la souveraineté, car il y va elles de nature à nuire à la répu- Kosovo, où l’on est intervenu sans sière de cela. Autant je suis favo- ser les essais nucléaires sans Patrick Jarreau de la santé publique. Un gouverne- tation mondiale de la France ? mandat de l’ONU. rable aux droits de l’homme et à mettre en cause notre dissuasion. et Olivier Mazerolle LeMonde Job: WMQ0211--0013-0 WAS LMQ0211-13 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0776 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / 13 Guerre des étoiles, deuxième épisode ? 0 123 LE 18 AVRIL 1993, Bill Clinton enterrait « défi- cléaire. L’expérience du 3 octobre montre que ment américain se refuse à écarter l’hypothèse 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 nitivement », dix ans tout juste après son lance- cette obsession de sécurité est toujours bien an- qu’un de ces « Rogue States », de ces « Etats- Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F ment par Ronald Reagan, l’IDS, l’« Initiative de crée outre-Atlantique. Elle va d’ailleurs au-de- voyous », que dénonce à longueur de journée sa Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 défense stratégique », plus connue sous le nom vant d’un élément essentiel du credo américain propagande, soit un jour en mesure d’expédier Internet : http : //www.lemonde.fr de « Guerre des étoiles ». Le secrétaire à la dé- selon lequel le génie national finit toujours par quelque joujou nucléaire sur le sol des Etats- ÉDITORIAL fense, Lee Aspin, ajoutait que « son destin avait trouver une réponse aux pires périls. Unis ou d’un de leurs protégés. La dissuasion qui été scellé avec l’effondrement de l’URSS ». Ils La Chine, dont le budget militaire s’est consi- les a protégés pendant la guerre froide n’ayant avaient parlé trop vite. Le 3 octobre dernier, il a dérablement accru ces dernières années, me- plus de sens aujourd’hui, la seule solution est suffi à une caméra américaine de 54 kilogram- nace périodiquement de récupérer Taïwan par la d’intercepter les engins en vol. La paix des religions mes de toucher, au-dessus du Pacifique, une fu- force et détient désormais une vingtaine Ce serait donc se faire beaucoup d’illusions sée intercontinentale opportunément délestée d’ICBM, autrement dit des engins intercontinen- que d’attendre la dénucléarisation de la planète. U moment où des l’accolade et levaient les ana- de sa tête nucléaire pour provoquer sa désinté- taux capables d’atteindre la côte occidentale des Le diable qui est sorti de sa boîte à l’été 1945 évêques français fai- thèmes entre orthodoxes et ca- gration (Le Monde du 6 octobre). Clinton s’est Etats-Unis. La Corée du Nord, dont la popula- n’est pas près de la réintégrer. Henry Kissinger, à A saient part de leur tholiques. L’archevêque de Can- donné jusqu’au mois de juin pour décider s’il al- tion meurt de faim, a récemment essayé un mis- qui Time demandait récemment de désigner gêne devant le suc- terbury et l’évêque de Rome lait ouvrir un nouveau chapitre de la guerre des sile d’une portée suffisante pour toucher, outre l’homme le plus important de ce siècle, n’a sans cès d’Halloween et déploraient échangeaient des baisers de étoiles en déployant ce nouveau système d’in- celle du Sud, le Japon et Taïwan, et personne ne doute pas eu tort de choisir Albert Einstein. Ce la « paganisation » de la société paix. Jean Paul II pénétrait pour terception, infiniment plus simple et moins oné- peut être sûr qu’elle n’est pas sur le point de se pacifiste déterminé (« le nationalisme est une moderne, un accord historique la première fois, en 1983, dans un reux que le réseau « multicouche » imaginé en doter d’armes nucléaires, voire d’aider d’autres à maladie infantile, disait-il, c’est la rougeole de réunissait à Augsburg (Alle- temple luthérien. Mais la ré- 1983 : celui-ci, en associant notamment stations s’en procurer. l’humanité ») n’a pas seulement joué un rôle es- magne) les catholiques et les conciliation entre orthodoxes, orbitales, rayons laser et faisceaux de particules, sentiel dans la révolution scientifique qui a per- protestants de confession luthé- catholiques, anglicans, réformés, aurait coûté au bas mot 1 000 milliards de dol- « ÉTATS VOYOUS » mis la fission de l’atome. C’est lui qui, alerté par rienne. Les divisions entre les luthériens convainquait d’autant lars. Parmi ses clients figure l’Iran, dont le frère en- les travaux des Allemands dans ce domaine, a Eglises chrétiennes, les terribles moins que s’effaçait la mémoire Tout indique que le président américain s’ap- nemi irakien partage de notoriété publique les persuadé Roosevelt de fabriquer la bombe qui guerres de religion auxquelles des ruptures passées. Que sait- prête à donner le feu vert, passant outre aux ob- ambitions atomiques comme la détestation d’Is- allait détruire Hiroshima, avant de donner à la elles ont donné lieu il y a quatre on encore de ce qui sépare sur le jections des Russes selon lesquels il violerait ain- raël, lequel s’est doté, à toutes fins utiles, d’un coexistence son assise essentielle. Et l’on n’a pas siècles ne sont pas étrangères au fond un Grec orthodoxe d’un lu- si le traité « ABM » de 1972, par lequel Nixon et arsenal nucléaire sur lequel il observe une dis- parlé ici des applications civiles de l’énergie nu- recul de la foi, à la sécularisation thérien allemand, un anglican Brejnev avaient renoncé pour l’essentiel à proté- crétion sans faille. Et pourquoi la Russie n’a-t- cléaire, de leurs incidences sur l’environnement de la société européenne et à ce néo-zélandais d’un catholique ger leurs populations des fusées adverses. Il aura elle toujours pas ratifié l’accord « Start » sur la ou du poids décisif de Tchernobyl dans l’effon- besoin de « ré-enchanter » le français, un baptiste américain beau jeu de répondre que ce traité prohibe uni- réduction des armements stratégiques conclu en drement de l’URSS.... monde, fût-ce au prix du culte d’un réformé écossais ? quement des armes nucléaires, et non les petites 1991 par George Bush et Mikhaïl Gorbatchev ? des sorcières ! La paix d’Augsburg entre lu- merveilles électroniques dépourvues de toute Les choses étant ce qu’elles sont, l’establish- André Fontaine Les condamnations sont dé- thériens et catholiques est un charge explosive dont il est question au- sormais levées entre catholiques progrès, mais elle est trop tar- jourd’hui. Aussi bien propose-t-il à Moscou de et luthériens. Mais fallait-il at- dive. Ou brouillée par d’autres collaborer à la mise en place du nouveau réseau. tendre près de cinq siècles pour initiatives comme cette nouvelle Quelques jours après cet exploit, les sénateurs par Brian Cronin que « papistes » et « héré- légitimation des « indulgences » américains, imitant leurs devanciers qui avaient Le fermier tiques » enterrent leur désaccord promises aux pèlerins qui se ren- rejeté, en 1919, le traité de Versailles, infligeaient sur cette « justification » qui fai- dront à Rome en l’an 2000. un camouflet de première grandeur à l’hôte de sait sursauter Martin Luther et D’autres crispations doctrinales la Maison Blanche en refusant de ratifier le traité les jansénistes, sur cette possibi- demeurent entre catholiques et de 1996 sur la généralisation de l’interdiction des lité donnée par Rome à tout pé- anglicans sur l’ordination des essais atomiques dont il avait pris l’initiative. En cheur d’être sauvé à condition de femmes. Et, depuis la chute du effet, seuls sont bannis jusqu’à présent, aux le mériter, y compris par la pra- mur, des conflits de juridiction se termes du traité anglo-soviéto-américain de tique sonnante et trébuchante sont rallumés à l’Est entre ortho- 1963, les tests qui étaient à l’époque décelables des indulgences ? L’homme doxes et catholiques, interdisant de l’extérieur. peut-il acheter son salut ou ce- par exemple toute visite du pape lui-ci vient-il de Dieu même ? à Moscou. COUPLE DE DISSUASION Depuis le concile Vatican II Plus qu’aucun de ses prédéces- La quasi-coïncidence des deux événements est (1962-1965), il aura encore fallu seurs, Jean Paul II a accéléré la significative de l’importance capitale que trente ans de rudes négociations, marche vers la réunification. conservent, malgré la fin de la guerre froide, les à mots pesés et soupesés, pour Mais l’exercice centralisé du armements atomiques. L’opinion le sent bien, démêler un contentieux devenu gouvernement de l’Eglise catho- qui ne se serait pas tant émue du coup d’Etat du très largement incompréhen- lique, ses prises de position en Pakistan si celui-ci ne détenait pas désormais au sible à l’homme moderne. matière morale, ses initiatives grand jour, comme l’Inde, sa sœur détestée, des L’œcuménisme est ainsi fait de solitaires pour la préparation du engins nucléaires. Le pire, dans ce cas, est pour- pas en avant et de surplace. Au Jubilé chrétien de l’an 2000 en- tant loin d’être sûr. Si l’Inde s’est dotée de ces début des années 60, il avait sou- tretiennent une tension coû- engins, c’est essentiellement pour dissuader la levé des espoirs fous. A Jérusa- teuse parmi ceux qui se donnent Chine, avec laquelle ses rapports ont été souvent lem, le patriarche Athénagoras pour mission d’annoncer l’unité difficiles, de lui chercher noise. Ce faisant, elle ne et le pape Paul VI se donnaient au monde. pouvait qu’attiser les craintes du Pakistan, huit fois moins peuplé, avec lequel elle s’est trouvée 0123 est édité par la SA LE MONDE trois fois en guerre depuis leur commune nais- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; sance en 1947. On comprend que les dirigeants Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint d’Islamabad se trouvent plus tranquilles en dis- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel posant eux aussi d’armes nucléaires . Si la der- Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau nière guerre entre les deux principales puis- Directeur artistique : Dominique Roynette sances du sous-continent remonte à 1975, alors Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment Rédacteurs en chef : que rien n’a été réglé quant au Cachemire, prin- Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; cipal objet de leur querelle, ne serait-ce pas Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; parce que s’est constitué entre elles un couple Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; de dissuasion comparable, toutes proportions Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) gardées, à celui qui a empêché la guerre froide Rédacteur en chef technique : Eric Azan de devenir chaude ? Médiateur : Robert Solé Moins compréhensible à première vue peut Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg paraître la relance par les Etats-Unis de ce que Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; l’on n’ose plus appeler la course aux armements partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre puisque, l’Initiative de défense stratégique ai- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président dant, la Russie est hors d’état d’y participer. Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), Mais Reagan ne cherchait pas seulement, avec la André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) guerre des étoiles, à l’amener à composition. Il Le Monde est édité par la SA Le Monde ambitionnait de fournir à ses concitoyens une Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, protection permanente contre toute attaque nu- Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Une autre Indonésie Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. ILYA50 ANS, DANS 0123 L’INDONÉSIE s’est taillé une rude constitution d’un tandem en nette a constaté le président dimanche, portant. Nurcolish Madjid estime que image depuis les massacres de 1965- rupture avec le passé et s’appuyant comme s’il voulait introduire un peu les Indonésiens ont « une aptitude à 1966. Un long régime autocratique, sur une base populaire solide. La vo- de bon sens dans la vie publique. la démocratie » mais que, après trois Un grand roman de Louis Guilloux celui de Suharto, y a multiplié les bru- lonté de changement manifestée lors Pourquoi l’Indonésie serait-elle décennies d’obscurantisme, « ils y talités non seulement à l’égard des des élections législatives de juin a été condamnée aux cycles de violence sont mal préparés ». HUIT CENT ONZE pages de tage la douleur et l’indignation de Est-Timorais, dont le territoire a été respectée. « Le résultat est très promet- qui ont été la trame des quarante der- Les tâches qui attendent les nou- quarante-huit lignes en petits ca- ses héros devant le mal, il est sans unilatéralement occupé en 1975, mais teur et on ne pouvait espérer, dans les nières années ? Le destin du vaste ar- veaux gouvernants promettent, tou- ractères... Il faut avoir du temps de- colère. C’est un homme de bonne également vis-à-vis de tout ce qu’il circonstances actuelles, de meilleure chipel serait-il tragique ? Tout en se tefois, de sérieuses épreuves. Redres- vant soi pour lire Le Jeu de patience volonté. considérait comme des dissidents, solution », a déclaré au Monde, pour demandant sous quelle forme l’orga- ser l’économie, créer l’image de la de Louis Guilloux, l’auteur déjà re- Il s’est donné pour tâche dans ce des prisonniers communistes aux in- sa part, Nurcolish Madjid, l’une des niser, Gus Dur a déjà introduit la no- plus grande démocratie musulmane, marquable du Sang noir et du Pain grand roman sans histoire de tellectuels en passant par des ethnies voix de l’islam indonésien les plus tion de fédéralisme, terme banni et jeter de l’eau sur les feux qui brûlent à de rêves. Je l’ai lu sans passer une peindre la vie et les événements de ou des groupes qui ne réclamaient écoutées. qui, pourtant, est dans la logique de la Atjeh, dans le nord de Sumatra, en ligne, irrité parfois de tant de len- sa petite ville bretonne au cours de que leur dû. Les derniers méfaits de ce Le président Abdurrahman Wahid, géographie d’un pays dont les treize Irian Jaya ou aux Moluques n’est pas teur, de tant de détails inutiles, de plus de trente années, d’avant régime, qui a survécu un peu plus plus connu sous le nom familier de mille îles s’étalent sur 5 000 kilo- une mince entreprise. Des années ce piétinement, de ces allées et ve- l’autre guerre à l’achèvement de d’un an à la chute du tyran, ont été la Gus Dur, personnage d’une grande mètres et abritent quelque trois cents d’errements sont à corriger. Surtout, nues, de ces retours, et une fois en- celle-ci. Mais, redoutant sans doute terre brûlée au Timor-Oriental, le viol tolérance et sincère démocrate, a eu ethnies. endiguer la corruption, source de tré dans ce gros livre cependant ne la monotonie d’une peinture chro- d’accords internationaux et ce qui a la « victoire douce », ajoute Madjid. tous les autres mots, demandera à la pouvant plus m’en détacher. nologique, il s’est fait un système à été perçu par les interlocuteurs de Megawati Sukarnoputri, personnalité « APTITUDE À LA DÉMOCRATIE » fois beaucoup de détermination et C’est que Louis Guilloux joint lui qui tient un peu de la gageure, Djakarta comme un double langage, populaire et qui soulève davantage Autre réflexe de bon sens : puisque des moyens dont la nouvelle direc- par-dessus tout à l’art puissant de qui consiste à présenter les événe- y compris dans la négociation d’ac- les passions, s’est pliée, à l’exemple de le territoire de l’archipel est avant tion du pays ne dispose pas encore. faire vivre et de montrer ses per- ments, les choses et les person- cords financiers. Une solide réputa- son mentor, à cette première expé- tout maritime, ne vaudrait-il pas Mais, ainsi que le dit Wimar Witoelar, sonnages le don de sympathie qui nages dans une succession, une tion de corruption n’a rien arrangé. rience, depuis quatre décennies, de mieux en confier la sécurité à la ma- l’Indonésie n’est déjà plus la terre des est de faire aimer ce qu’il aime et juxtaposition de scènes, d’épi- Terre de barbares ? démocratie vécue. Et les autres, y rine et non à une armée de terre om- « barbares ». Ou, plus exactement, de rendre pitoyable ce qu’il plaint. sodes, comme ils reviennent à son « C’est fini », a rétorqué dans l’heb- compris les militaires placés sur la dé- nipotente depuis la fin des an- elle se révèle bien différente de ce que Ce peintre noir et sans illusion ne esprit de mémorialiste, sans au- domadaire américain Newsweek Wi- fensive, se sont inclinés, au moins nées 60 ? Il n’est pas besoin d’être des barbares en avaient fait. conclut pas à un monde absurde et cune préoccupation de les ordon- mar Witoelar, populaire animateur provisoirement. grand politique pour définir une telle condamné. Une grande espérance ner dans le temps. d’émissions télévisées. Les intenses Gus Dur a voulu également tran- priorité, mais Suharto et ses généraux Jean-Claude Pomonti anime son vaste roman ; la cité fu- tractations parlementaires qui ont cher avec le passé en privilégiant un se préoccupaient surtout du maintien ture existe pour lui ; il a fait sien le Emile Henriot abouti, les 20 et 21 octobre, à l’élec- sens différent du destin et non en de leur ordre public, donc de leur rêve de ses bâtisseurs, et s’il par- (2 novembre 1949.) tion d’Abdurrahman Wahid à la pré- jouant l’esbroufe. Les « gestion- pouvoir. Outre son incursion au Ti- PRÉCISION sidence et de Megawati Sukarnoputri naires » et « professeurs émérites » mor-Oriental et quelques participa- à la vice-présidence ont souligné un d’ancien régime, qui ont fait plonger tions à des opérations de l’ONU, l’ar- MNEF 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS sens surprenant des responsabilités. le pays dans la corruption ou s’en mée indonésienne s’est avant tout Patrick Weil, dont le nom était cité Télématique : 3615 code LEMONDE Non seulement il n’y a pas eu de ru- sont accommodés, laissent place à consacrée, depuis 1965, à la répres- par l’ancien directeur général de la Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) meur de coup d’Etat, mais tout le des gens moins prétentieux mais plus sion, de toute opposition. Ces pra- MNEF, Olivier Spithakis, dans l’en- monde s’est incliné au nom de l’inté- engagés, qui prêchent et pratiquent tiques devraient changer. tretien qu’il avait accordé au Monde Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 rêt national. Pour la première fois de- davantage la simplicité, la transpa- Aux Indonésiens encore débousso- (daté 24-25 octobre), nous demande Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 puis plus de trois décennies au sein rence, la vérité et la réconciliation. Le lés après trente années de répression de préciser qu’il a quitté ses fonc- Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE d’une assemblée indonésienne, les ré- cabinet formé le 26 octobre va dans et de bourrage de crâne, le duo formé tions de membre du conseil d’admi- Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr sultats ont été acquis par vote secret ce sens. par Gus Dur et Megawati, la fille du nistration de la MNEF en 1980 et et non par acclamation de godillots. « A Amboine, les chrétiens et les mu- fondateur du pays, offre de nouveaux qu’il est « parfaitement étranger aux Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 Le résultat des courses a été la sulmans s’entretuent. C’est de la folie », points de repère. Ce qui est très im- affaires en cours ». LeMonde Job: WMQ0211--0014-0 WAS LMQ0211-14 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 09:25 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0777 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 HORIZONS-DÉBATS La spirale de l’impuissance Aux armes, souverainistes ? par François Léotard par Thierry Wolton

ES points de vue succes- pour en faire une valeur close, mettre accent et les mêmes arguments, la E qui nous a été pré- celui du parti unique, de la presse fort heureusement. Alors que les sifs de MM. Abitbol et en avant la nation pour cacher le na- droite de l’opposition et la gauche de senté ici même comme aux ordres, de la police politique, idéologies rouge et brune avaient Coûteaux puis Pasqua tionalisme, c’est faire fausse route. la majorité n’est pas pour nous ras- un combat d’avenir par des camps de concentration et d’ex- aussi comme point commun la L Il ne suffit pas de se parer des surer. Ce n’est pas, comme on essaie C termination, auraient aimé subir haine de la démocratie, des droits dans les pages « Débats » William Abitbol et du Monde (30 septembre et 28 octo- plumes du Québec pour faire croire de nous le dire, la République Paul-Marie Coûteaux (Le Monde du cette dictature de la société de de l’homme, de l’individu, bref de bre) ne manquent pas de rendre au que l’on va sauver l’évidente singula- qu’alors on défend. Ce n’est même 30 septembre), porte-parole du consommation qu’annonce la mon- tout ce qui fonde en général la civi- débat politique, à droite comme à rité culturelle de son pays. pas la France. C’est la solitude. Rassemblement pour la France de dialisation totalitaire décrite. lisation occidentale, la mondialisa- gauche, une certaine vigueur. Ils Et puisqu’on parle d’exprimer la Alors on nous dit que l’opposition Charles Pasqua et de Philippe de L’emploi du mot « internatio- tion colporte, elle, ces mêmes va- évoquent l’impérieuse nécessité pour souveraineté des Français, pourquoi est silencieuse ! Mais si elle cesse de Villiers, est une vieille antienne. La nale » pour évoquer les rouges et leurs en s’imposant comme forme l’Union européenne, et donc pour la ne pas citer des terrains où elle a été l’être, on peut souhaiter que ce ne nation comme ultime rempart à la les bruns n’est pas mieux approprié d’échange économique. Tout sim- France, de refuser le déplacement à confisquée par un Etat justement na- soit pas dans le sens désiré par mondialisation ? Certes, le vocabu- au regard de ce qui s’est réellement plement parce qu’elle correspond à Seattle où va s’ouvrir le nouveau tional ? Cela présenterait l’avantage M. Pasqua. Le coup du « capitalisme laire se veut neuf, mais les ressorts passé. Derrière leurs discours à pré- une phase d’expansion du modèle cycle de l’Organisation mondiale du d’éviter à notre pays ses constantes apatride » auquel il faudrait ré- qu’il cache sont gros de menaces, tention universelle, les commu- capitaliste-libéral qui est, lui, commerce (OMC). mauvaises notes en démocratie : la pondre par je ne sais quelle « révolu- comme l’histoire l’enseigne. nismes au pouvoir, en Russie consubstantiel à la démocratie ainsi Il n’est pas nécessaire d’insister sur souveraineté fiscale des collectivités tion nationale », on nous l’a déjà fait. On ne parle plus de nationalisme d’abord, puis plus tard en Chine et que l’histoire le prouve. le paradoxe qui consiste à présenter locales, la souveraineté salariale dans On peut craindre que ce qui apparaît – le mot est trop lié aux drames du ailleurs, ont presque exclusivement Vouloir établir des parallèles Seattle comme « la ville de Boeing », l’entreprise, la souveraineté parle- derrière « la saveur de la France » ne siècle – pour brandir le souverai- mené des politiques nationales, entre rouge, brun et mondialisation c’est-à-dire la capitale du diable, au mentaire devant les grandes options soit rien d’autre que le goût amer et nisme en tant qu’arme absolue s’inspirant en cela du « socialisme est donc sur ce point encore erroné. moment même où l’Europe parvient de politique étrangère, ne sont-ce trouble d’un passé incertain. contre « l’uniformisation du monde dans un seul pays » prôné dès 1924 Est-ce que, derrière cet aspect parti- à dépasser la production de cette en- pas là de meilleurs combats ? Les vrais motifs de fierté nationale autour de l’American way of life ». par Staline, lui-même interprétant culier du discours souverainiste, ne treprise par un effort de volonté poli- A vrai dire, l’irritation anti-améri- ne manquent pas, ni pour nous Fran- Habile glissement sémantique pour l’enseignement de Lénine. se cache pas au fond un mépris tique, dont par ailleurs, dans le caine est la forme la plus banale et la çais ni pour nos voisins européens. masquer une politique déjà éprou- Côté brun, Mussolini qui venait pour la démocratie et pour même article, on nous dit dépourvus. plus inutile de la mauvaise humeur Ils sont également anciens, égale- vée. Cherchant à se démarquer d’un de l’extrême gauche italienne a uti- l’homme ? La question mérite Il n’est pas nécessaire non plus de nationale. Relayée par une pratique ment actuels pour les uns et pour les passé qu’ils savent sanglant et pour lisé le mythe national comme d’être posée quand il est fait appel, relever l’ironie un peu amère qui autres. Nous resterons un grand faire croire qu’ils sont les nouveaux par ailleurs, au « rassemblement de consiste à accoler les mots « Etats- peuple dans la mesure même où, en croisés du XXIe siècle, nos souverai- tous les Français dans une œuvre col- Unis » à celui d’« asservissement » Avec nous ouvrant sur les autres, nous ac- nistes d’aujourd’hui vont jusqu’à Le vocabulaire lective », c’est-à-dire à un combat quand, à plusieurs reprises, et tout cepterons que nos partenaires le travestir le passé, spéculant sans capable de transcender le libre ar- récemment encore en Europe, nous le souverainisme, soient aussi. doute sur l’absence de mémoire de se veut neuf, bitre de chacun, ce libre arbitre qui avons été incapables de chasser Mais avec le souverainisme, et leurs concitoyens pour faire passer est précisément au fondement du nous-mêmes nos propres dictatures. et, pour la première pour la première fois depuis long- leur message obsolète. Prétendre mais les ressorts principe démocratique. Avec ce Mais passons sur ces myopies na- temps, la nostalgie devient une poli- que les maux de ce siècle meurtrier programme, le discours souverai- tionales puisqu’on nous dit d’ouvrir fois depuis tique. Politique dont on oublie (la ont eu comme matrice « les hysté- qu’il cache sont niste ressemble étrangement à celui les yeux. Et ouvrons-les sur ce qui mémoire est si courte) qu’elle a déjà ries antinationales », que si l’homme des nationalistes de toutes obé- nous est dit : comparer la résistance longtemps, échoué. Qui se souvient des cam- était resté dans le cadre de l’Etat- gros de menaces, diences de ce siècle : pour eux, qu’il faudrait opposer à cette négo- pagnes virulentes, apocalyptiques, nation au lieu de prêter l’oreille à l’homme n’a jamais eu d’autre des- ciation à celle qui devait mettre un la nostalgie devient qui furent menées contre l’euro aux des idéologies à prétentions univer- comme l’histoire tin que de se mettre au service de la terme aux ambitions meurtrières du deux mêmes extrémités de selles il n’y aurait jamais eu autant nation, afin de se réaliser. Au nom IIIe Reich est non seulement gro- une politique l’échiquier politique ? de morts est une contrevérité histo- l’enseigne de ce principe, nombre de conflits tesque mais insultant pour tous ceux Sur cette question même qui nous rique. Le conflit de 1914-1918 a mo- ont éclaté. A quand le mot d’ordre qui avaient engagé – comme M. Pas- est posée, le général de Gaulle est bilisé pour la première fois des na- « Aux armes, souverainistes » ? qua – contre le nazisme le meilleur de l’indignation sélective, elle chasse justement « l’homme qui a dit oui ». tions en armes, et c’est à cause de moyen de mobiliser les masses ; par La mondialisation est un proces- de leurs espoirs et de leur volonté. le hamburger mais capitule devant la Oui à la construction politique de cet engagement total qu’il fut si la suite Hitler a fait la synthèse du sus inéluctable qui marque une Evoquer la construction euro- Silicon Valley où travaillent au- l’Europe, oui à l’ouverture de la meurtrier. Les plus sanglants nationalisme et du socialisme en étape dans la conquête par péenne comme « une force suici- jourd’hui plusieurs milliers de Fran- France sur le monde, oui à la combats de la seconde guerre mon- donnant ces deux noms à son parti. l’homme de l’espace-temps. C’est daire » alors qu’elle a précisément çais. confiance retrouvée des Français diale ont opposé la nation alle- Au-delà des discours officiels, la ra- un nouvel horizon dans l’élargisse- pour objectif et pour conséquence La diabolisation concomitante des dans leur avenir. De grâce : ne fai- mande, emmenée par un Führer à cine commune aux rouges et aux ment en continu de son univers, le d’enrayer le processus suicidaire Etats-Unis et de l’Union européenne, sons pas d’un anachronisme un ar- la recherche d’un nouvel « espace bruns a été le nationalisme, et c’est tout porté par les nouvelles techno- dans lequel l’Europe s’était engagée espaces politiques et économiques gument de médiocre polémique. Il vital » pour son peuple, à la Russie cette passion partagée qui explique logies dont il dispose. Vouloir lutter dès 1914, ce n’est pas simplement une qui sont l’un et l’autre le fruit d’une n’est pas suffisant d’avoir participé à soviétique, mobilisée derrière son qu’ils aient été amenés à se contre cette évolution est réaction- contrevérité, c’est une imposture in- construction libre et volontaire, ne la première résistance – ce qui suscite guide, Staline, pour défendre la pa- combattre : le nationalisme porte naire au sens propre du terme. Plu- tellectuelle. laisse pas d’inquiéter. Est-ce la puis- l’admiration – pour faire croire que la trie, loin des discours internationa- en lui l’exclusion de l’autre, surtout tôt que de se retrancher derrière Cette haine, à peine cachée, de sance des premiers que l’on seconde, cinquante ans plus tard, est listes d’usage. Comme l’a dit Han- s’il a la conviction que les richesses des prés carrés nationaux, et d’en l’Europe sera peut-être l’apanage condamne, lorsqu’il apparaît que de même nature. nah Arendt, ce conflit religieuses, morales, intellectuelles, appeler à la résistance, il est préfé- d’une partie de la gauche qui nous ne sommes pas en mesure d’y La politique de la chaise vide ne germano-soviétique a été une sociales, voire ethniques qui lui sont rable de veiller à ce que l’imposition s’étonne encore d’avoir vu à Berlin substituer la nôtre ? Est-ce la formi- fait de mal qu’à la chaise. La négocia- guerre du pangermanisme contre le propres doivent se répandre par- du système capitaliste libéral à un mur qui, grâce à l’Europe et aux dable réussite économique de la se- tion de Seattle reste une négociation. panslavisme, deux exacerbations delà les frontières de l’Etat-nation l’échelle de la planète s’ac- Etats-Unis, s’est effondré sur le men- conde qui ferait regretter à certains le Elle ne sera ébranlée ni par les impré- du nationalisme. qu’il prétend servir. compagne bien de la nécessaire dé- songe. Mais, pour l’opposition d’au- temps du rutabaga, des dévaluations cations ni par l’amertume solitaire. Le reste de la démonstration des Faire l’amalgame entre la mon- mocratisation, y compris, notam- jourd’hui, il peut et il doit en être au- dites compétitives et des subventions La vraie spirale qu’il conviendrait souverainistes repose sur des pré- dialisation, qui est, elle, transnatio- ment, en respectant le droit à la trement. d’équilibre ? d’enrayer ce n’est pas celle de l’asser- supposés erronés. Faire croire que nale, et le mal rouge et brun qui a différence puisque tous les hommes La droite française sera ouverte sur Prenons garde à ce que le procès vissement, pour reprendre les termes « le mondialisme marchand » est sévi sur une partie de la planète ne se ressemblent pas et qu’ils ne le monde ou elle ne sera pas. L’idée du libéralisme, lorsqu’il est instruit de M. Pasqua, c’est celle de l’impuis- une nouvelle forme de totalitarisme n’est guère sérieux. Le procédé sont pas tous faits pour vivre de la selon laquelle nous pourrions par des non-libéraux, ne devienne un sance. aussi pervers, et même plus, que les – polémique – vise à faire peur, à je- même manière. construire, dans un système fermé, jour le procès de la liberté elle- « internationales » rouge et brune ter l’opprobre sur le processus en une économie ouverte, est saugre- même. qui ont empoisonné notre époque, cours, le communisme, le fascisme nue. Confondre la force d’un pays Que l’on retrouve sous les plumes François Léotard, ancien mi- relève de la confusion. Les peuples et le nazisme étant aujourd’hui a Thierry Wolton est écrivain avec sa morosité, jouer sur l’identité également indignées, avec le même nistre, est député (UDF) du Var. qui ont connu le vrai totalitarisme, peu près unanimement condamnés, et journaliste.

mier plan, il a animé la cause ré- décerné à Vicente Aleixandre Avant-garde publicaine en propagandiste poé- [NDLR : en 1977], c’est probable- La victoire de Jean-Louis Debré tique et il l’a servie comme ment parce que le jury suédois directeur du Musée romantique ignorait qu’Aleixandre ne le méri- – preuve évidente de roman- tait pas davantage qu’Alberti, par Emmanuel Terray poétique tisme. pour avoir eu dans sa jeunesse AR une circulaire du judiciaires d’un département à revenons, sous couleur d’une «re- Quand on analyse son œuvre des velléités cryptocommunistes 11 octobre, soigneuse- l’autre » en matière de rétention ad- prise habituelle des reconduites ». Au et avant-garde de l’exil, on perçoit l’alternance dans Madrid assiégé et écrit ment tenue secrète jus- ministrative. Faut-il rappeler à ce reste, le taux de 28 % de re- entre les odes, la peinture et les des vers aussi surprenants que P grand républicain le principe de la conduites effectives, proposé aux Coplas de Juan Panadero : entre ceux-ci : qu’à ce que la presse s’en empare, le ministre de l’inté- séparation des pouvoirs ? La garde préfets comme référence, corres- politique une poésie ancrée dans l’histoire Madrid derrière lui, l’encourage, rieur invite les préfets à donner une des sceaux s’apprête à soumettre au pond à l’année 1996, pendant la- et une autre ancrée dans la quoti- Madrid entier le soutient ! impulsion plus vigoureuse à la Congrès une réforme consolidant quelle M. Debré siégeait place Suite de la première page dienneté qui n’a jamais pu s’écar- Un corps, une âme, une vie, chasse aux étrangers en situation ir- l’indépendance de la justice. Mais à Beauvau. ter de l’histoire. C’est toujours le Comme un géant se dressent régulière. quoi bon libérer les magistrats de la Le tropisme qui conduit M. Che- Ces derniers, passant outre Toutes les étapes de cette chasse tutelle de la chancellerie si c’est vènement à prendre son prédéces- leurs penchants fondamentaux sont passées en revue : M. Chevè- pour les soumettre aux injonctions seur pour modèle ne me surprend pour l’anarchisme, se sont faits Le poète surréaliste qu’avait été nement recommande la multiplica- du ministre de l’intérieur ? La varié- guère, mais il m’amène à une communistes parce qu’ils aspi- tion des vérifications d’identité té des décisions que prend la justice double interrogation. raient à une rationalité capable Rafael Alberti a continué de l’être, en se « dans les endroits (...) où se en la matière tient tout simplement Aux ministres et parlementaires de transformer les conditions concentrent les irréguliers ». Or le à la diversité des cas qui lui sont Verts et communistes qui ont ma- matérielles, essentielles, d’une fondant toujours sur la même vision code de procédure pénale (art. 78 1) soumis ; en vertu de quel principe nifesté à diverses reprises leur sym- nouvelle liberté totale, à la me- soumet les vérifications d’identité à pourrait-on contraindre les juges à pathie pour la cause des sans-pa- sure d’un homme total ou suppo- du monde, dans une optique de subversion des conditions relativement des décisions uniformes ? piers, je voudrais demander si la sé tel. strictes : réserve faite des pour- M. Chevènement exige enfin une solidarité gouvernementale ou ma- Alberti fut un propagandiste du suites ordonnées par la justice, elles « augmentation significative du joritaire va les conduire, une fois de Front populaire avant les élec- changement qui est visé, cette né- Aux portes de Madrid, ne sont légales que s’il existe un in- nombre des éloignements effectifs plus, à entériner les obsessions ré- tions de février 1936, comme il fut cessité d’un avenir conçu comme C’est le vaillant milicien ! dice permettant de penser que la dans les derniers mois de 1999 ». Aux pressives du ministre de l’intérieur. ensuite un dirigeant hors de pair une espérance à construire, né- Est-il grand, blond, mince ? personne contrôlée a commis ou va préfets donc de faire du chiffre ! Il arrive un moment où les protesta- du « bataillon du talent » dont cessité qui animait la théorie de Brun, trapu, épais ? commettre une infraction. De toute Chacun sait à quoi mènent de telles tions simplement verbales ne suf- Lister fit l’enfant chéri du Ve Régi- l’espérance – dans un sens qui n’a Il est comme tous. Est-il tous ? évidence, aucun indice matériel ne consignes : à des opérations « coup fisent plus à dégager les responsa- ment, parce que Lister aimait les rien de théologal – d’Ernst Bloch. Son seul nom est permet de présumer l’irrégularité de poing » qui ne sont rien d’autre bilités. poètes et que les poètes aimaient Et à son retour en Espagne, le Le peuple à jamais invaincu. du séjour, sinon l’apparence étran- que des rafles, aux procédures bâ- Par ailleurs, nous étions des di- Lister – y compris Hemingway, scandale que cause le poète allè- gère de l’intéressé. En ordonnant clées, aux expulsions expéditives, zaines de milliers à manifester en qui lui a tressé des couronnes, grement septuagénaire en chan- Manuel Vázquez Montalbán des contrôles ciblés pour repérer les bref ! à la multiplication des ba- février 1997 contre la loi Debré : au non seulement pendant la guerre tant la Vierge de Triana pour ap- (Traduit de l’espagnol étrangers en situation irrégulière, vures. nom de quoi devrions-nous accep- civile, mais encore dix ans plus porter son tribut à la par François Maspero) M. Chevènement veut donc officia- Pour justifier ce nouveau tour de ter aujourd’hui de MM. Chevène- tard, comme en témoignent ses réconciliation des communistes © El Pais liser la pratique courante, mais illé- vis, M. Chevènement évoque « une ment et Jospin cela même que nous écrits. et des Vierges les plus sacrées gale, du contrôle au faciès. politique d’immigration désormais refusions hier quand c’était le fait Le poète surréaliste qu’avait doit être inscrit au chapitre des M. Chevènement annonce « l’ou- équilibrée ». Fût-il répété cent fois, de MM. Debré et Juppé ? Chacun été Alberti, celui qui avait voulu intransigeances les plus éculées. verture d’un fichier des empreintes un mensonge n’en devient pas pour en conviendra : la politique appli- être un Poète dans la rue, a conti- Alberti a écrit, en tout cas à partir des demandeurs de titre de séjour ». autant une vérité. Je redirai donc, quée par le gouvernement actuel nué de l’être, en se fondant tou- de 1931, en sachant qu’il était du Il s’agit là d’une disposition intro- cent une fois s’il le faut, que la loi aux étrangers n’est pas celle que jours sur la même vision du côté des privilégiés dans une divi- duite par la loi Debré du 11 mars Chevènement du 11 mai 1998 nous avions voulue et pour laquelle monde, dans une optique de sub- sion du travail qui lui donnait la 1997, que les parlementaires socia- conserve la plupart des dispositions nous avons voté. Si nous voulons version : il a vu dans les martyrs parole et donnait aux autres la listes avaient contestée dans leurs figurant dans les lois Pasqua et De- être cohérents, à nous de tirer les du Parti communiste durant la ré- possibilité de lire ou d’écouter recours au Conseil constitutionnel bré et que les quelques ouvertures conséquences de ce constat, dans sistance contre le franquisme, cette parole. D’où un sentiment et dont M. Jospin avait solennelle- introduites dans le texte de la loi notre action présente et dans nos dans le Ve Régiment, dans Do- de la responsabilité du poète ment promis l’abrogation, comme ont été aussitôt réduites à rien par votes futurs. lores Ibarruri, une matière poé- dans l’emploi de la parole. celle des autres articles de ladite loi, l’interprétation très restrictive que tique, parce qu’il chantait une Le grand poète en a payé le dans son discours du Zénith le donne de ce texte la circulaire d’ap- avant-garde, ce qui est logique prix : les tentatives de le rabaisser 15 mai 1997. plication du 12 mai 1998. C’est donc Emmanuel Terray est direc- pour un avant-gardiste. Au cours sur le marché de la mode lui ont M. Chevènement veut parvenir à la continuité qui l’emporte. teur d’études à l’Ecole des hautes de la guerre civile, avec beaucoup valu, entre autres, de ne pas avoir une « homogénéisation des pratiques C’est bien à l’ère Debré que nous études en sciences sociales (EHESS). d’autres poètes et artistes de pre- le prix Nobel. Et si celui-ci a été LeMonde Job: WMQ0211--0015-0 WAS LMQ0211-15 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0778 Lcp: 700 CMYK

15 ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999

MANAGEMENT Les stock-op- Chez Rhodia, une centaine de non- C’est un outil de motivation et de fi- boursière où « stock-option » est de- chique et souvent attribuées de façon tions, au cœur du débat politique, cadres ont droit à ce traitement. b CE délisation des collaborateurs. b CETTE venu synonyme d’« enrichissement ». opaque. b AUX ETATS-UNIS, 8 % des restent en France très élitistes. Mais SYSTÈME de rémunération est deve- RÉMUNÉRATION est par définition vir- bLEUR APPLICATION en France est cri- salariés en détiennent. Une formule plusieurs grands groupes français nu un atout indispensable en France tuelle et aléatoire, un point fortement tiquée : les options sont concentrées qui a ses farouches partisans, mais veulent les diffuser plus largement. au recrutement des cadres supérieurs. ignoré dans cette période d’euphorie au sommet de la pyramide hiérar- aussi ses détracteurs. Des stock-options, pour qui, pourquoi ? Instrument de motivation et de fidélisation, ce type de rémunération reste en France très élitiste. A l’instar de Danone et Rhodia, plusieurs grands groupes – Alcatel, LVMH – songent à élargir le nombre des bénéficiaires MERCREDI 27 OCTOBRE, Jean- 8 % des salariés aux Etats-Unis, des cadres supérieurs. « Les stock- pour « débaucher des professionnels bénéficie depuis dix-huit mois, j’au- nyme d’« enrichissement ». Ber- Marie Messier a réuni les 250 sala- reste en France très élitiste. Mais un options font partie de l’enveloppe de grands groupes qu’elle ne pouvait rais été déçu et je me serais inter- nard Liautaud le confirme : « L’at- riés du siège de Vivendi pour leur changement se profile. Alcatel s’in- globale de rémunération, au même pas payer en salaire fixe ». Une ré- rogé. » Une attente forte qui pousse tachement au cours de Bourse peut annoncer une grande nouvelle : terroge : « Si chez Cisco, tout le titre que le salaire fixe et le bonus an- munération qui s’est étendue aux IBM, depuis 1999, à en distribuer être extrême, il devient alors le seul chacun aura désormais droit à cent monde en a, pourquoi pas chez nuel », explique Brigitte Lemercier- grandes entreprises. Les groupes à « à de jeunes talents », explique Gé- baromètre de l’entreprise. Tout le stock-options. Une révolution ! Jus- nous », déclare Serge Tchuruk, son Saltiel, directrice générale du la recherche de cadres étrangers les rard Jousset, directeur général de monde est de mauvaise humeur, si qu’à présent, M. Messier envoyait PDG. LVMH étudie, « pour l’an cabinet de recrutement Russell plébiscitent : « Cela nous permet IBM Global Services. on pert un demi-point », ironise-t-il. « en personne » à des cadres triés 2000, un élargissement du pro- Reynolds Associates, à Paris. d’être compétitifs pour notre recrute- Les stock-options apparaissent Un effet décuplé si les salariés dé- sur le volet une lettre « pour [leur] gramme de stock-options aux non- ment international », explique Jean- également comme un outil de mo- tienne beaucoup d’options. « C’est annoncer l’honneur d’appartenir au cadres », explique Concetta Lan- UNE ATTENTE FORTE René Buisson, directeur des res- tivation hors pair. « Le changement à l’entreprise de gérer cela, cercle élu », explique un dirigeant. ciaux, directrice des ressources hu- A l’origine, c’était un outil pour sources humaines de Danone. Dé- de culture est clair, commente conseille-t-il, en ne criant pas sur les Chahuté par la Bourse, Jean-Marie maines. start-up : « On a recruté des gens sormais, même les jeunes cadres Thierry Labbé, directeur général de toits lorsque son cours est en Messier espère sans doute remon- Pourquoi cet engouement ? qu’on n’aurait pas pu embaucher « en veulent de plus en plus tôt », Cisco en France ; les personnes ne hausse. » ter le moral de ses troupes. Les Qu’est-ce que les stock-options ap- autrement », affirme Bernard Liau- note Jackui Lewis, du cabinet Mer- sont plus seulement des salariés. Elles stock-options auraient-elles des portent réellement à l’entreprise ? taud, fondateur de Business Object. cer, à Londres. « Si Danone ne m’en cherchent réellement à faire plus de ABSENCE DE TRANSPARENCE vertus magiques ? Ce mode de ré- Elles sont visiblement devenues un A sa création, en 1990, l’entreprise avait pas donné, explique un cadre profit et font attention aux dé- Ce dirigeant sait de quoi il parle : munération, qui concerne environ atout indispensable au recrutement informatique a utilisé ce système supérieur de trente-six ans qui en penses. » Les 260 salariés de Cisco son entreprise, tout comme Cap (20 000 dans le monde) ont des op- Gemini, a connu un creux de vague tions à leur arrivée, huit salariés sur boursier impressionnant, et de dix voient ce plan renouvelé an- nombreux collaborateurs se sont Un système de rémunération en questions nuellement. « Cela facilite le travail trouvés « sous l’eau » : le cours de en équipe », ajoute le PDG de Busi- Bourse était beaucoup plus bas que b Que sont les stock-options ? M. Du- été attribuée au moment où le cours était au qui, à l’occasion de l’assemblée générale, auto- ness Object, où, grâce aux stock- la valeur à laquelle ils avaient ac- pont, directeur d’une multinationale, se voit plus bas, c’est-à-dire à 70 francs, que si on lui risent, ou non, le conseil d’administration à al- options, 80 % des salariés dé- quis leurs options. Dans ce cas, attribuer, à une date donnée, 10 000 stock-op- avait donné d’emblée 1 000 options à louer des stock-options. » « Les stock-options, à tiennent plus de 15 % du capital. elles ne rapportent rien. Le PDG tions à 100 francs. L’entreprise dont il est sa- 100 francs. condition qu’elles soient transparentes, ont A l’heure où les grands groupes d’un groupe de services le re- larié, lui donne ainsi le droit, à l’issue d’une b Quelle est la fiscalité ? Les stock-op- l’immense avantage de ne rien coûter à la so- veulent fidéliser les meilleurs élé- connaît : « Difficile de savoir quel se- durée fixée par contrat (cinq ans en général) tions sont imposées deux fois sur deux ciété, ni à l’Etat, elles coûtent aux actionnaires ments, les stock-options sont effi- ra l’effet sur la motivation d’un ren- d’acquérir 10 000 de ses actions. composantes : la plus-value d’acquisition et en réalité », remarquait, jeudi 28 octobre, caces, explique Bruno Fourage, du versement de tendance boursière : il b Quel avantage donnent-elles ? Le prix la plus-value de cession. Par exemple, M. Du- Jacques Chirac, à l’occasion d’une table ronde cabinet Arthur Andersen, puisque n’y a rien de concret à perdre, sou- de l’option est fixe. M. Dupont pourra acqué- pont s’est vu attribuer, le 1er janvier 1996, organisée avec douze chefs d’entreprise. le bénéfice n’est perceptible qu’au ligne-t-il, seulement une partie de ses rir des actions au prix de 100 francs, quelle 1 000 options pour une valeur totale de Accorder des stock-options revient à créer bout de cinq ans. Autre avantage : rêves. » que soit l’évolution du titre. Si en cinq ans, la 100 000 francs. Il a intérêt à ne pas céder les de nouvelles actions, c’est-à-dire à réaliser elles donnent aux salariés une vi- La principale critique formulée valeur de l’action a doublé, il aura automa- actions sur le marché avant cinq ans, soit une augmentation de capital différée dans le sion à plus long terme. A l’inverse n’est pas liée aux stock-options tiquement réalisé une plus-value de avant le 1er janvier 2001. S’il le faisait aupara- temps. C’est un avantage pour l’entreprise. des bonus annuels, qui peuvent proprement dites mais à leur appli- 100 francs. Si le cours a été divisé par deux, vant, les stock-options seraient considérées En revanche, c’est un inconvénient pour l’ac- pousser certains cadres à optimiser cation en France : une concentra- ses options n’auront aucune valeur... à moins comme un salaire et soumises aux charges so- tionnaire car cette opération diminue («di- les résultats sur l’année et « faire tion des options au sommet de la qu’il n’attende que le prix de l’action re- ciales et à l’impôt sur le revenu, ce qui revien- lue » en termes boursiers) le bénéfice es- cracher la bête, selon un cadre diri- pyramide, doublée d’une absence monte. Ce n’est qu’une fois ses options levées drait très cher à l’entreprise comme à son sa- compté par action pour les actionnaires. geant de Danone, les stock-options de transparence. Un cadre supé- et les actions correspondantes acquises qu’il larié. « Cette dilution est généralement limitée, re- rééquilibrent le tout ». rieur de haut niveau d’un groupe empochera ses gains éventuels. Au moment où il lève ses options, le 4 jan- prend M. Fourage , car les stock-options ne Les stock-options seraient-elles la industriel traditionnel affirme : b Qui bénéficie des stock-options ? vier 2001, la valeur des actions est de portent que sur un montant limité du capital » : solution miracle ? Les entreprises à « Mes stock-options, c’est plus un ho- « Seuls les salariés et les dirigeants salariés 150 000 francs. La plus-value potentielle d’ac- de moins de 1 % à pas plus de 3 % selon les la recherche du salarié « qui chet qu’autre chose. C’est en regar- peuvent bénéficier de stock-options, rappelle quisition est de 50 000 francs. Celle-ci étant spécialistes. comprend l’actionnaire » le croient dant, entre nous, dans le rapport an- Gilles Entraygues, avocat fiscaliste au cabinet imposée à 40 % depuis le 20 septembre 1995 Si la société accorde à des bénéficiaires non et ne ménagent pas leurs efforts de nuel l’évolution du capital social que Cleary Gottlieb. Les mandataires sociaux non – auparavant elle n’était imposée qu’à 26 % –, pas le droit de souscrire des options mais ce- sensibilisation. Chez Danone, le nous voyons que des options sont ré- salariés du groupe, comme les simples adminis- il empocherait 30 000 francs nets. lui d’en acquérir, elle doit acheter ses propres cours est affiché au restaurant d’en- gulièrement attribuées à quelques- trateurs, ne peuvent en bénéficier, pas plus que M. Dupont décide d’attendre pour vendre titres sur le marché pour pouvoir les rétro- treprise du siège. Chez IBM, uns. » les personnes qui détiennent déjà plus de 10 % lesdites actions. Au moment où il vend, un an céder ensuite aux bénéficiaires de stock-op- comme chez Bristol Meyer Squibb, « Il ne faut pas que cela soit attri- du capital de leur entreprise. » plus tard, elles valent 180 000 francs. Il réalise tions. Dans ce cas, son capital ne change pas il est sur le réseau intranet, acces- bué dans le secret », analyse Michel b Les stock-options présentent-elles des une plus-value de cession de 30 000 francs et il n’y aucune dilution pour les actionnaires sible dès qu’on allume son ordina- Lagorce, représentant de General risques ? A la différence des actionnaires, qui (180 000-150 000 francs). Celle-ci étant impo- mais l’entreprise supporte le coût de finance- teur. Une sensibilisation qui peut Electric (GE) en France. Son entre- achètent des titres sur leurs propres deniers sée à un taux moins élevé (26 %) que la plus- ment correspondant. Les actionnaires optent avoir des effets secondaires : «Je prise évalue de façon très précise et prennent le risque de perdre leur investis- value d’acquisition puisqu’il a accepté de rarement pour cette formule. regarde le cours parfois quatre à tous les salariés, ce qui détermine sement, les détenteurs de stock-options ne prendre un risque, il engrange un revenu Lorsqu’il s’agit d’une société non cotée, le cinq fois dans la journée », avoue le l’attribution des stock-options. Une misent aucun argent. Le pire qui puisse leur complémentaire net de 22 200 francs. coût pour l’actionnaire, qui se confond jeune cadre supérieur chez Danone secrétaire très performante en bé- arriver est qu’ils ne gagnent rien, si l’action Le 22 octobre 1999, le ministre de l’écono- souvent avec l’entreprise, est beaucoup plus qui n’a pourtant « que » 1 500 ac- néficiera, contrairement à un cadre est tombée en deça du prix garanti au départ. mie, Dominique Strauss-Kahn, s’est engagé à élevé. Comme l’entreprise ne peut assurer tions. Une « obsession » notée éga- jugé moyen. Il n’est pas question de Et encore : nombre d’entreprises s’arrangent alourdir la fiscalité sur les stock-options, et le une liquidité (possibilité de revente immé- lement dans d’autres groupes, réserver cet outil aux seuls diri- pour lisser cet aléa en accordant des « trains prélèvement total pourrait aller désormais diate) aux détenteurs de stock-options, elle pourtant traditionnels, qui élar- geants : « Cela est contraire à la d’options ». Par exemple, au lieu d’en attri- jusqu’au taux de l’impôt sur le revenu, soit doit s’engager à leur racheter les actions lors- gissent leur politique de stock-op- culture de GE, car ce serait nier l’ap- buer 1 000 d’une traite, elles en accordent 200 54 %. qu’ils auront levé les options, et ce à la valeur tions. port de chaque individu dans la chaque année, sur cinq ans. Chaque année le b Les stock-options pèsent-elles sur les que les actions auront atteinte à ce moment- Or cette rémunération est par dé- structure. » Un débat qui prix de l’option varie selon le cours du titre, à bénéfices de l’entreprise ? « De fait, martèle là. L’actionnaire paie donc la totalité des finition virtuelle et aléatoire. Un commence juste à apparaître en 100, 120 ou 70 francs. Si, au bout de cinq ans, Bruno Fourage, associé chez Arthur Ander- plus-values réalisées. point fortement ignoré dans cette France. l’action vaut 140 francs, il aura réalisé une sen, les actionnaires sont les seuls à supporter le période d’euphorie boursière où plus-value plus grande sur l’option qui lui a poids des stock-options et ce sont d’ailleurs eux Sophie Sanchez « stock-option » est devenu syno- Laure Belot Chez Rhodia, une récompense Le « combustible » de la nouvelle croissance américaine NEW YORK 800 milliards, soit 9 % des actions frir des stock-options à tous ses servées à l’usage des dirigeants de notre correspondante en Bourse aux Etats-Unis. L’intro- employés. Au moins 200 grandes d’entreprises susceptibles d’influer pour les plus méritants Lorsque les historiens se pen- duction en Bourse, en 1986, de so- entreprises américaines cotées en sur le cours des valeurs de leur so- CHEZ RHODIA, ancienne filiale ment d’être reconnue par ma hié- cheront sur l’économie américaine ciétés high-tech promises au plus Bourse offrent des stock-options à ciété. Michael Bloomberg ne cache de chimie de spécialités de Rhône- rarchie », se félicite-t-elle. des années 90, ils retiendront sans bel avenir − Oracle, Sun Microsys- la majorité ou à l’ensemble de pas non plus son manque d’en- Poulenc, aujourd’hui totalement Globalement, une centaine doute les stock-options comme tems, Silicon Graphics, Adobe, Mi- leurs salariés, parmi lesquelles thousiasme pour un système qui indépendante, on distingue trois d’« exceptionnels » ont reçu de l’un des phénomènes qui ont ca- crosoft − a lancé le mouvement. PepsiCo, Starbucks, DuPont, Mar- fabrique des millionnaires de 25 types de bénéficiaires de stock-op- 100 à 1 000 options. Mais le groupe ractérisé cette décennie et son ex- Dans les années qui ont suivi, riott, Morgan Stanley, General ans sans même leur avoir donné tions : les « réguliers », les cent n’a pas pour autant l’intention traordinaire cycle d’expansion l’aventure de jeunes informati- Mills et US Airways. l’occasion de suer quelques plus hauts cadres dirigeants ; les d’aller plus loin. « Le système des économique. Si les nouvelles ciens devenus richissimes en en- Le NCEO estime à 8 millions le gouttes. « occasionnels », deux à trois cents stock-options est relativement technologies sont considérées caissant leurs stock-options fit les nombre d’Américains titulaires de personnes, cadres moyens «à complexe. Pour toute une catégorie comme le moteur de cette crois- délices des médias et la légende de stock-options, c’est-à-dire 8 % de RISQUE DE DILUTION haut potentiel », des directeurs de personnel, il serait plus simple de sance, les stock-options, dit-on la Silicon Valley. Microsoft est ain- la main d’œuvre du secteur privé En outre, l’utilisation croissante d’usine aux chefs de ligne de pro- recevoir purement et simplement volontiers, « en sont le combus- si réputée avoir donné naissance à non-agricole. Les raisons de leur des stock-options a fait apparaître duction, et les « exceptionnels » : des actions », note le directeur des tible ». plus de 2 000 millionnaires dont popularité sont multiples : comme quelques problèmes : le risque de des ouvriers, agents de maîtrise et ressources humaines. Une opinion Il y a quinze ans, les stock-op- beaucoup ont, à leur, tour, créé forme de rémunération, elles per- dilution de la valeur des actions, cadres que l’entreprise tient à ré- que n’est pas loin de partager tions n’étaient encore que l’apa- leurs propres start-up. Celles-ci, mettent aux start-up de conserver au détriment des actionnaires tra- compenser pour leur contribution. l’agent de maîtrise alsacienne : nage d’une élite, hormis quelques avec un peu de chance et beau- leurs liquidités dans la phase cri- ditionnels. Lorsque des salariés L’adjointe au responsable du « Quand je regarde le cours des ac- exceptions, comme Intel et Apple coup de stock-options, ont à leur tique du décollage de l’entreprise, exécutent leurs options, il se crée bureau de paie d’un site alsacien tions aujourd’hui, ce n’est pas foli- Computers. En 1985, la valeur to- tour produit leur poignée de mil- tout en offrant un bon niveau de de nouvelles actions qui dimi- du groupe est de ceux-là. A sa chon, constate-t-elle. Je ne suis pas tale d’actions réservées pour les lionnaires. rémunération à des employés hau- nuent la valeur des actions déjà grande surprise, cette salariée sûre que beaucoup de salariés sou- options était de 59 milliards de tement qualifiés ; elles facilitent de détenues par les investisseurs. − dont la direction entend préser- haiteraient des stock-options. dollars ; en 1996, ce chiffre était OUTIL DE MOTIVATION ce fait la création d’entreprises ; Selon des calculs effectués par ver l’anonymat − s’est vu accorder Nombre d’entre eux préféreraient passé à près de 600 milliards. Au- La démocratisation des stock- certaines formes d’options pré- un cabinet d’études de New York, 250 stock-options, ce qui équivaut sans doute quelque chose de plus jourd’hui, selon le National Center options s’est produite dans les an- sentent des avantages fiscaux pour Strategic Compensation Research à environ 30 000 francs concret. » for Employee Ownership (NCEO), nées 80. Toys R Us a été l’une des l’entreprise émettrice, mais ce ne Associates, l’exercice de leur droit (4 566 euros). A l’occasion de un institut de recherche indépen- premières grandes entreprises en sont pas la majorité ; mais surtout, d’option par les salariés devrait ré- l’entrée en Bourse de Rhodia, cet S. Sa. dant, ce montant est évalué à dehors de l’univers high-tech à of- elles sont perçues comme un outil duire de 24 % en moyenne la va- agent de maîtrise, vingt et un ans de motivation et d’intéressement leur des titres existants dans les de maison à son actif, avait tenu important, susceptible d’entraîner quatre années à venir. Par ailleurs, de multiples réunions d’informa- une amélioration de la productivi- les stock-options commencent à tion pour inciter ses collègues à té et de renforcer l’entreprise. apparaître dans le contentieux ju- devenir actionnaires. Son travail a Bien sûr, les stock-options ont ridique : désormais, les employés été suivi d’effet : près de la moitié aussi leurs adversaires, et non des réclament aussi un dédommage- du personnel du site, soit près de moindres : Warren Buffett, long- ment pour les stock-options per- quatre cents personnes, a acheté temps l’homme le plus riche dues en même temps que leur des actions. La direction a tenu à d’Amérique avant d’être supplanté emploi. la remercier en lui allouant des par Bill Gates, considère qu’elles stock-options. « J’ai eu le senti- n’ont de sens que si elles sont ré- Sylvie Kauffmann LeMonde Job: WMQ0211--0016-0 WAS LMQ0211-16 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 10:42 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0779 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 ENTREPRISES

Soumis à des vents contraires, Thomson-CSF OMC : le système multiplie des alliances locales à l’international des sanctions mériterait Le groupe français d’électronique de défense fait une acquisition en Corée du Sud d’être réformé Thomson-CSF a annoncé, vendredi 29 octobre, le par Denis Ranque met ainsi en œuvre sa nouvelle cien français, laissé à l’écart des restructurations eu- rachat de la moitié de l’électronique de défense du « stratégie multidomestique dans le domaine mili- ropéennes (British Aerospace/GEC, Aerospatiale sud-coréen Samsung Electronics. Le groupe présidé taire ». C’est la réplique volontariste de l’électroni- Matra/ DaimlerChrysler Aerospace). Le principe de rétorsion est injuste APRÈS sa coopération avec comme l’Italie, constituait l’une puis le début de 1999, le français, Avec 6 500 salariés outre-Manche, AVANT L’OUVERTURE de la alors des barrières à l’entrée légi- l’américain Raytheon sur le des cibles de Thomson-CSF. Aga- qui réalise déjà 45 % de son Thomson-CSF se définit déjà conférence de l’Organisation mon- times, parce que l’Europe maintient contrat de surveillance de l’espace cé d’apparaître comme le grand chiffre d’affaires hors d’Europe, a comme le « numéro deux britan- diale du commerce (OMC) à l’interdiction d’importation du aérien de l’OTAN, l’entrée dans le perdant des restructurations eu- multiplié accords de coopération nique de la défense » et n’exclut Seattle, les Etats doivent s’accorder bœuf aux hormones produit par les capital du brésilien Embraer, l’al- ropéennes de la défense, Denis et acquisitions. « Cette approche pas de trouver des terrains d’en- sur les sujets qui seront l’objet de Américains. liance avec la société sud-afri- Ranque, le PDG de Thomson- paie et même rapidement », se ré- tente avec son rival BAe, par révisions ou de Ce système est un progrès du caine African Defence Systems, la CSF, déploie un beau volonta- jouit M. Ranque qui cite le contrat exemple dans les sonars. En Eu- renégocia- droit. Auparavant, l’Etat victime création d’une société conjointe risme industriel. Son projet de de 2 milliards de francs en Afrique rope continentale, il a « pris note tions. Au fil de était entièrement maître de l’ap- avec l’australien Australian De- constituer un grand groupe euro- du Sud, sur les systèmes de du soutien du gouvernement fran- ces discussions préciation de la violation et de la fense Industries et une autre avec péen d’électronique de défense combat de corvettes, obtenu çais » à un éventuel rapproche- préalables, le mesure de rétorsion alors qu’au- le singapourien Avimo, Thomson- avait été ruiné, en janvier, par la quelques mois seulement après ment de Thomson-CSF et des ac- cercle de ces jourd’hui seule l’ORD a le pouvoir CSF a annoncé, vendredi 29 octo- « trahison » du groupe britan- l’alliance avec l’électronicien lo- tivités d’électronique de défense règles dont la d’établir le fait de la violation, et bre, le rachat de la moitié de nique de défense GEC, qui a cédé cal. du nouveau géant franco-alle- réforme sera d’autoriser la riposte. De plus, il l’électronique de défense du sud- aux espèces sonnantes et trébu- mand de l’aéronautique. envisagée fixe et contrôle le niveau global des coréen Samsung Electronics. chantes offertes par British Aero- TERRAINS D’ENTENTE M. Ranque mise aussi sur son pourrait s’agrandir. Ainsi, la ques- rétorsions. Néanmoins, c’est l’Etat Cette nouvelle société franco- space (BAe). Puis Thomson-CSF a Trois fois plus petit que son actionnaire Alcatel qui devrait, tion d’un nouveau pas vers ce qui victime qui choisit les produits qui coréenne (plus de 1 milliard de été tenu à l’écart, mi-octobre, de grand rival, l’américain Raytheon, dans les prochains jours, achever pourrait être un droit mondial de la en seront l’objet et met lui-même francs de chiffre d’affaires) est la réplique franco-allemande Thomson-CSF (40 milliards de ses négociations avec l’Etat (44 % concurrence, au-delà de la seule en œuvre la sanction. bien placée pour remporter un d’Aerospatiale Matra et de Daim- francs de chiffre d’affaires) se sait du capital de Thomson-CSF) pour lutte contre les barrières à l’entrée On comprend bien l’adoption de important contrat de l’armée de lerChrysler Aerospace au nou- incapable de soutenir seul les ef- porter sa participation de 16 % à instituées contre des produits ce système hybride, entre le pur terre coréenne baptisé K-SAM veau géant britannique. forts de recherche et de dévelop- 26 %. « Les synergies que nous étrangers, est aujourd’hui posée rapport de forces et un système de (Korean Surface-to-Air Missile). « Thomson-CSF n’a pas besoin pement nécessaires aux armes de pourrons tirer de la mise en au-delà du principe de libre- droit où la victime ne disposerait « La Corée du Sud représentait dé- d’alliances globales », explique au- guerre électronique. Comme commun des technologies civiles et échange. pas de la sanction, puisque l’ordre jà 1 milliard de francs de chiffre jourd’hui M. Ranque qui admet « tout le monde n’a pas forcément militaires dans les télécommunica- Pour l’instant, les négociateurs économique mondial ne comprend d’affaires pour Thomson-CSF et avoir dû « inventer un concept envie d’acheter américain », tions sont sans commune mesure n’ont pas reçu mandat des proces- pas de bras séculier qui permettrait 2,5 milliards de commandes cette stratégique qui permet de faire face Thomson-CSF se contentera avec celles que pourront éventuel- sus de sanctions. Lorsqu’un Etat de contraindre l’Etat responsable. année, soit la moitié de notre ni- à la réalité ». Ce concept, baptisé d’être « une deuxième source d’ap- lement dégager les industriels qui s’estime victime d’une barrière à Dès lors, faute d’un super-Etat veau d’activité au Royaume-Uni », « stratégie multidomestique dans le provisionnement ». Y compris dans ont choisi la course à la taille ou l’entrée organisée par un autre mondial dont l’avènement n’est explique Jean-Paul Perrier, PDG domaine militaire », est simple : des pays comme le Royaume-Uni, l’intégration verticale », affirme Etat, il engage ce qui ressemble à pas nécessairement à souhaiter, on de Thomson-CSF International. pour avoir accès aux marchés mi- où « le gouvernement aura besoin M. Ranque. un procès. Celui-ci est pris en fait endosser cette fonction par La Corée, dont le budget militaire litaires locaux, Thomson-CSF se d’opposer une concurrence à son charge par l’Organe de règlement l’Etat victime. est supérieur à celui de pays fond dans l’industrie locale. De- nouveau champion national ». Christophe Jakubyszyn des différends (ORD), structure quasi juridictionnelle au sein de PÉNALITÉ SANS RAPPORT DIRECT l’OMC. Une première instance est Cependant, le principe fonda- alors organisée devant un « panel » mental d’un système répressif, de- qui produit un rapport constatant puis que nous avons abandonné un ou non l’existence d’une violation système de responsabilité « tri- par l’Etat mis en cause des obliga- bale » pour adopter celui de la per- tions prévues par les accords de sonnalité des délits et des peines, l’OMC. Le niveau du préjudice subi signifie que seul l’auteur de la vio- est en outre fixé. Un recours peut lation peut être sanctionné et que être formé devant une structure seule la victime peut obtenir répa- d’appel qui rend également un rap- ration. Or, actuellement, les indus- port. Si le comportement reproché triels qui ont bénéficié de la bar- est effectivement considéré comme rière à l’entrée ne sont pas critiquable, l’ORD demande à l’Etat spécialement pénalisés tandis que coupable de modifier sa réglemen- des entreprises sont sanctionnées tation pour faire cesser la barrière à sans rapport direct : ainsi, les pro- l’entrée. Par exemple, un rapport ducteurs de roquefort voient leur de septembre a demandé aux possibilité d’exportation obérée Etats-Unis de rectifier leur disposi- pour sanctionner un comporte- tif fiscal d’aide aux entreprises ment qui a bénéficié aux produc- américaines à l’exportation. teurs européens de bœuf. Le sens commun mais aussi le cœur des RIPOSTE SOUS CONTRÔLE règles qui légitiment une répression Si une modification spontanée ont du mal à l’admettre. Dans le n’est pas faite, si les Etats en litige contexte du droit pénal, on pour- ne parviennent à s’entendre, no- rait dire que cela n’est pas juste. tamment par l’adoption d’une Que faire ? Certes, rechercher les « compensation commerciale mu- moyens d’un équilibre entre le tuellement acceptable », le proces- pragmatisme requis et la préserva- sus prend une tournure plus ré- tion des principes juridiques fonda- pressive : l’Etat victime est autorisé mentaux. Mais, avant tout, obtenir à adopter des mesures de rétorsion, que la question soit ouverte à éventuellement intersectorielles, Seattle. Et, plus lucidement : re- qui vont pénaliser les produits de gretter qu’elle ne le sera pas. l’Etat responsable. Par exemple, les Etats-Unis ont prévu des accroisse- Marie-Anne Frison-Roche ments de droit de douane sur des (professeur de droit à produits européens, constituant l’université Paris-Dauphine) France Télécom : les 35 heures permettraient 900 embauches LA DIRECTION de France Télécom a proposé vendredi 29 octobre aux syndicats une réduction du temps de travail sous forme de congés sup- plémentaires et le recrutement de 900 personnes, qui maintient un solde global négatif d’emplois puisque 4 500 personnes quittent l’en- treprise chaque année. Pour les congés supplémentaires, France Télé- com propose : dix jours pour les agents soumis à des fluctuations d’horaires (samedis, soirées...), huit jours pour ceux travaillant à un ré- gime normal et qui effectueront 1 620 heures par an contre 1 679 heures actuellement, et trois jours pour ceux qui effectuent déjà une moyenne de 35 heures hebdomadaires, à la suite d’un accord so- cial précédent. La direction souhaite « faire acter dans l’accord 35 heures une amplitude d’ouverture allant de 8 heures à 20 heures, voire 22 heures, du lundi au samedi », comme c’est déjà le cas dans les ser- vices commerciaux. Le groupe propose par ailleurs le maintien des ré- munérations, sans modération salariale. Les syndicats ont jugé ces propositions insuffisantes. Une nouvelle séance de négociation est prévue le 25 novembre. Démission du président de Gap, fils des fondateurs LE PRÉSIDENT de la chaîne de magasins de vêtements Gap, Robert Fisher, fils des fondateurs, démissionnera de ses fonctions le 15 no- vembre, a annoncé la société vendredi 29 octobre. « Aider le groupe à grandir a occupé une large part de ma vie, et je sens maintenant qu’il est temps de prendre un congé sabbatique », a indiqué M. Fisher, quarante- quatre ans, dont dix-neuf passés chez Gap. L’actuel directeur général du groupe, Millard Drexler, deviendra PDG. Cette démission intervient après plusieurs mois d’un recul régulier des ventes. Gap et ses marques affiliées (Banana Republic et Old Navy) possèdent 2 600 magasins aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bre- tagne, en France, en Allemagne et au Japon, et a réalisé en 1998 un chiffre d’affaires de 9 milliards de dollars (environ 55 milliards de francs). LeMonde Job: WMQ0211--0017-0 WAS LMQ0211-17 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 10:42 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0780 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / 17

EUROPE

TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE

FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SSPSDRH TPSSDUH RVVVDTP

SSPS RVVV

AGENDA constructeur automobile Nissan TQVI La BCE est encline gouvernement s’est déjà mis d’ac-

SRIT RUSS

pour prendre une participation dans TPUV cord sur les principaux points de ce

SQHT RTPP sa filiale JATCO TransTechnology TIUT plan de relance, qui devrait être

MARDI 2 NOVEMBRE à relever ses taux, SIWU RRVW spécialisée dans les boîtes de vitesse THUR rendu public autour du 10 no-

a FRANCE : indices des prix de automatiques, a indiqué l’agence de vembre. SHVU RQST SWUI selon M. Duisenberg

vente industriels en septembre ; Ber- presse Jiji lundi. Valeo a récemment a Les ventes de voitures neuves RWUV RPPQ

cy fixe le prix de la mise en Bourse de annoncé la mise en place d’une [[[SVTW [[[ [[[LE PRÉSIDENT de la Banque cen- ont chuté de 9 % au Japon en octo-

SeF ITƒF PWyF SeF ITƒF PWyF Thomson Multimédia ; Euro Disney : société commune avec Unisia Jecs, SeF ITƒF PWyF trale européenne (BCE), Wim Dui- bre, a annoncé l’Association des « l’inclina- assemblée générale extraordinaire filiale de Nissan, ainsi qu’une alliance Indices cours Var. % Var. % senberg, a déclaré que constructeurs automobiles lundi.

consacrée au deuxième parc à thème stratégique avec le japonais Zexel, Europe 17 h 35 f se´lection 29/10 28/10 31/12 tion » de la banque « à augmenter Les constructeurs japonais ont

IDRS IUDQU

et à la présentation des résultats contrôlé par Bosch. EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH QWPPDWI les taux d’intérêt s’est certainement vendu 216 544 unités au cours du

QWHWDPW IDVI IUDUR 1999 ; fixation du prix pour introduc- EUROPE ƒ„yˆˆ SH renforcée depuis juillet », dans un mois. Les ventes avait déjà reculé

er QQQDVU IDQW IIDWH

tion de Business Objects. EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR entretien paru lundi 1 novembre de 10,8 % en septembre. Avec

IDTI IQDST

a ÉTATS-UNIS : revenus, dépenses SERVICES EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ QIUDHU dans le quotidien économique alle- 298 888 véhicules neufs (y compris

RVVVDTP PDWS PQDWW

et épargne des ménages en juillet. b AIR FRANCE : des agents de PARIS geg RH mand Handelsblatt. « Je ne sais pas camions et autobus) vendus au

IWIVDSP HDTP ITDRR

piste et des agents commerciaux PARIS wshgeg ce que la BCE va décider au cours de cours du mois, le marché automo-

QQPQDTQ PDQW PSDIP

d’Air France à Orly sont en grève PARIS ƒfp IPH son prochain conseil, le 4 novembre, bile japonais a subi un flé-

QIPQDHS PDPV PRDWP

MERCREDI 3 NOVEMBRE 55 minutes par jour « matin et soir » PARIS ƒfp PSH mais je peux me l’imaginer », a chissement de 7,3 % sur un an,

Â

PIRSDVQ HDQR UDPI

a ALLEMAGNE : chiffre d’affaires depuis le 13 octobre pour protester PARIS ƒigyxh we‚gri ajouté M. Duisenberg. Il a précisé après une baisse de 8,8 % le mois

SUIDVP HDTS TDPP

du commerce de gros en septembre. contre les grilles horaires d’un accord AMSTERDAM eiˆ que lors de la dernière réunion des précédent. C’est le trente et

± QHVSDTP PDQS IPDPH

a ÉTATS-UNIS : indice composite sur les 35 heures signé en juin, a BRUXELLES fiv PH gouverneurs tout le monde était unième mois consécutif que le

SSPSDRH HDVS IHDQT

des principaux indicateurs, annoncé la CGT dans un FRANCFORT heˆ QH unanime pour penser que le pro- marché automobile se contracte.

TPSSDUH IDUQ TDQR

commandes industrielles en sep- communiqué. LONDRES p„ƒi IHH chain geste de la BCE serait une a L’Agence de planification

± WURIDSH IDQU HDWU

tembre. MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi hausse des taux. « Mais nous économique envisage de relever

± QQHIQDHH HDRU TDHW

b ENEL : la privatisation d’une MILAN wsf„iv QH n’étions pas encore sûrs si cela de- son estimation de croissance

± UITHDQH IDUS HDHI tranche du géant italien de ZURICH ƒ€s vait se faire plus tard cette année ou économique de 0,5 % actuellement JEUDI 4 NOVEMBRE l’électricité rapportera à l’Etat au début de l’année prochaine », a à 0,6 % pour l’année se terminant aEURO : réunion du Conseil des environ 18,076 milliards d’euros à la AME´ RIQUES ajouté M. Duisenberg. en mars 2000, a indiqué l’agence Jiji gouverneurs de la Banque centrale suite de la décision de vendre 34,5 % samedi. L’EPA estime que l’écono- a européenne. des actions de la société, a indiqué NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR FRANCE : la croissance du pro- mie japonaise enregistrera une

a ALLEMAGNE : entrées de dimanche le ministre italien au duit intérieur brut (PIB) devrait meilleure croissance sur l’année fis-

IHTPPDE PVUSDPP

commandes de l’industrie en sep- trésor, Giuliano Amato. IDHS être de 1,1 % au troisième trimestre cale en cours, grâce à la progres-

IIQPT PWIS

tembre. IDHW 1999, de 0,8 % au quatrième tri- sion récente du produit intérieur

IIHTR PVQH a ROYAUME-UNI : décision men- b LVMH : Bernard Arnault, IDHV mestre 1999 et de 0,7 % au premier brut nippon.

IHVHQ PURS suelle du comité de politique moné- président du géant français du luxe IDHU trimestre 2000, selon l’indicateur

taire de la Banque d’Angleterre sur le LVMH, serait sur le point de racheter avancé de la Caisse des dépôts et a CHINE : le gouvernement envi- IHSRP PTTH

taux de prise en pension. la maison d’enchères britannique IDHT consignations (CDC) publié lundi. sage de mettre en place une taxe

IHPVH PSUS

a ÉTATS-UNIS : demandes hebdo- Phillips, pour plus de 70 millions de IDHS La croissance pour l’ensemble de immobilière, dans le cadre d’ef-

IHHIW PRWH

madaires d’allocations chômage, livres (108,5 millions d’euros), selon [[[ [[[IDHR [[[1999 pourrait être de l’ordre de forts pour réduire le fossé entre

SeF ITƒF PVyF SeF ITƒF PVyF ventes des grands magasins en juillet. le Financial Times du 30 octobre. SeF ITƒF PWyF 2,5 %. La Caisse publie une pre- riches et pauvres, a indiqué di- mière projection pour le premier manche l’agence officielle Chine Indices cours Var. % Var. % b DANZAS : la filiale de Deutsche Ame´rique 09 h 50 f se´lection 28/10 veille 31/12 trimestre de l’an 2000 : un PIB en nouvelle. Au cours du mois, il a dé-

VENDREDI 5 NOVEMBRE « indique que IHTPPDSQ PDIW ISDUH Post a lancé une offre acceptée de E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ hausse de 0,7 %, qui jà annoncé la mise en place d’une

a la croissance au début du prochain IQRPDRR QDSQ WDPI FRANCE : conjoncture des mé- 1,4 milliard de dollars sur la société E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH taxe de 20 % sur les intérêts ban-

millénaire sera proche d’un rythme er PVUSDPP PDSW QIDIQ nages, conjoncture dans l’industrie de transport express Air Express E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i caires, à partir du 1 novembre,

de 3 % »

UIIRDRR IDRU WDTW en octobre ; Alstom et Aerospatiale international, qui traite plus de deux TORONTO „ƒi sxhiˆ . pour inciter les épargnants à dé-

IIUHHDHH IDRU UPDRT Matra entrent au CAC 40 en rempla- millions de livraisons par an sans SAO PAULO fy†iƒ€e penser et résoudre en partie le pro-

a PWTDIS QDPP PUDQW cement de Promodès et Elf. aucun moyen de transport propre MEXICO fyvƒe ETATS-UNIS : les ventes de lo- blème lié à l’accroissement des iné-

a ± SQTDSH HDPH PRDUS ROYAUME-UNI : production in- mais travaille avec des sociétés BUENOS AIRES wi‚†ev gements neufs ont reculé de galités.

IPIDVP PDHW SVDPI dustrielle en septembre. extérieures. SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev 12,8 %, en septembre, à 811 000 uni-

± SSSIDWW HDPV ISDWR a ÉTATS-UNIS : taux de chômage et CARACAS ge€s„ev qixi‚ev tés en rythme annuel, après une a AMÉRIQUE LATINE : selon une créations d’emplois en octobre, cré- baisse de 0,4 % le mois précédent, a étude du groupe bancaire BBV dit à la consommation en septembre. FINANCES annoncé, vendredi, le département sur la situation économique de la b ALLIANZ : l’assureur allemand a ASIE - PACIFIQUE du commerce. Cette baisse est très région, les « premiers indices de re- acquis près de 70 % des parts du nettement supérieure à celle atten- bond » ont commencé à apparaître ¤

AFFAIRES groupe américain de gestion de TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng URO / YEN due par les analystes financiers, qui et s’amplifieront « dans les mois à

venir » IUWRPDHV IHWDTV fortunes et de biens Pimco IQPTWDUQ s’attendaient à un recul de 3,4 %. . Le produit intérieur brut

Advisors L. P. pour 3,3 milliards de a L’indice de confiance des des pays d’Amérique latine va re- IVPQQ IPQ

INDUSTRIE dollars (3,1 milliards d’euros), a IQVTH consommateurs américains est passer en 2000 à une croissance IUWSI IPH

b DAEWOO : Kim Woo-Choong, le annoncé le groupe allemand dans un IQSIQ ressorti en baisse, à 103,2, en octo- moyenne de 3,1 %, après une ré-

IUTTV IIU

président fondateur du groupe communiqué publié dimanche IQITT bre, a annoncé, vendredi, l’univer- cession probable de 0,2 % cette

IUQVT IIR

sud-coréen, a proposé de 31 octobre. IPVIW sité du Michigan qui calcule cet in- année.

IUIHQ III démissionner, pour assumer sa part IPRUP dicateur. Cet indice de confiance

b a ITVPI IHU de responsabilité dans les BOURSES : le gouvernement IPIPS des consommateurs était grimpé à PÉTROLE : le ministre du pé-

importantes difficultés que connaît espagnol a annoncé, vendredi [[[ [[[ [[[107,2 en septembre. trole des Emirats arabes unis, SeF ITƒF PWyF SeF ITƒF PWyF

l’entreprise, a annoncé le groupe 29 octobre, la création, à Madrid, ReF ISƒF PWyF Obeid ben Saif al-Nassiri, a estimé lundi 1er novembre. Treize autres d’ici la fin de 1999, d’une bourse des Indices cours Var. % Var. % a JAPON : le nouveau plan de re- qu’il était « trop tôt » pour indiquer Zone Asie 09 h 50 f

dirigeants, dont les patrons des valeurs latino-américaines, en euros. se´lection 29/10 28/10 31/12 lance de l’économie préparé par si les pays de l’OPEP maintien-

IUWRPDHV QDHQ PWDTP

douze filiales les plus fragiles, ont fait Elle s’adresse aux groupes TOKYO xsuuis PPS le gouvernement pourrait atteindre draient les réductions de produc-

IQPTWDUQ R QPDHT

de même. Le comité sud-américains, ainsi qu’aux filiales HONGKONG rexq ƒixq 13 000 milliards de yens (115,8 mil- tion lors de leur prochaine réunion

HDHH FFFF RTDQW SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ

gouvernemental de restructuration, espagnoles, en Amérique latine, qui liards d’euros), et se concentrer sur en mars, qui doit prendre une déci-

IHHDIW IDRV SRDPV SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ

ne s’est pas encore prononcé sur ces auront ainsi un meilleur accès à la les travaux publics et le soutien aux sion à ce sujet. M. Nassiri a ajouté

PVVSDIH IDHR PDSS evv y‚hsxe‚siƒ

démissions. zone euro. Une cinquantaine de petites entreprises, croit savoir le que le prix actuel de 22 dollars le

PUDVP Q VDQQ BANGKOK ƒi„

valeurs devraient y cotiser, avec une Japan Times dans son édition de di- baril pour le panier de l’OPEP était

± RQWVDHU RDPV RQDWR BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ

b VALEO : l’équipementier capitalisation minimum, chacune, de manche. Citant des sources minis- « raisonnable tant pour les exporta-

PHVSDIQ HDRR HDWT WELLINGTON xƒiERH français négocie avec le 300 millions d’euros. térielles, le journal indique que le teurs que pour les consommateurs ».

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 29/10

HDISPRS UDRQQU FRANC...... TDSSWSU ¤URO ...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDPRTH DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

PARIS NEW YORK ´ QDQVUUR VDTTHH Action AstraZeneca LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

Embellie ` QDWRPQV QTDTIP PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

en pence à la Bourse de Londres LA BOURSE de Paris était fermée LA BOURSE américaine a enre- QDPUIWH IDTQTI

ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

er

RDUTUHQ IDSRIW

pour AstraZeneca lundi novembre, en raison des gistré une nouvelle séance posi- SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

3 000 2 787 ´ ´ VDQPVWR PDHSVW fêtes de la Toussaint. Vendredi tive, vendredi 29 octobre, et un PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

´ ´ PDWUTTH QQHDHT le 29 oct. PDPHQUI

LE TROISIÈME laboratoire phar- 29 octobre, l’indice CAC 40 avait nouveau record absolu pour le FLORIN NEERLANDAIS FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE .. IDTPTHU PSSDQP 2 900 FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR RDRISH maceutique au monde, né en avril terminé la séance sur un deuxième Nasdaq. L’indice de la Bourse MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... du mariage de l’anglais Zeneca 2 800 record historique consécutif. Il électronique américaine a gagné avec le suédois Astra, a annoncé, avait gagné 2,95 %, à 3,17 %, à 2 966,43 points vendredi 2 700 Cours de change croise´s jeudi 28 octobre, un bénéfice avant 4 888,62 points, et dépassé les et l’indice Dow Jones a progressé impôt de 3 milliards de dollars 4 900 points brièvement en cours de 1,01 %, à 10 729,86 points. Cours Cours Cours Cours Cours Cours 2 600 29/10 17 h 35 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.

(2,86 milliards d’euros) au cours de séance. DOLLAR ...... FFFF HDWSVWI IDHSPIS HDITHRI IDTRQUH HDTSSWQ 2 500

des neufs premiers mois de 1999, TAUX YEN ...... IHRDPVSHH FFFF IHWDTVHHH ITDUPHHH IUIDRIHHH TVDQUSHH en hausse de 18 % par rapport à la ¤URO...... HDWSHRQ HDWIIUR FFFF HDISPRS IDSTPPS HDTPQRH

2 400

même période de 1998 (sur une FRANCFORT LE RENDEMENT des obligations FRANC...... TDPQRIS SDWVHSS TDSSWSU FFFF IHDPRVHH RDHVWRH LIVRE...... HDTHVQV HDSVQQS HDTRHIH HDHWUTH FFFF HDQWWHH

base pro-forma). Son chiffre d’af- 2 300 LA BOURSE allemande accusait d’Etat en Europe se détendait FRANC SUISSE ...... IDSPRSS IDRTPQH IDTHRHS HDPRRSH PDSHTIH FFFF faires s’est accru dans le même un léger repli lundi 1er novembre, à fortement en début de matinée temps de 15 %, à 13,32 milliards de 2 200 l’ouverture. L’indice DAX reculait lundi 1er octobre. Celui de l’obli- de 0,18 % dans les tout premiers gation assimilable du Trésor dollars (12,7 milliards d’euros). 2 100 Taux d’inte´reˆt(%) Matif A l’annonce de ces résultats, meil- échanges , à 5 515,36 points. Ven- français émise à 10 ans s’inscri- AMJJAS O Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier dredi, la Bourse de Francfort avait vait à 5,25 % et celui du bund al- Taux 29/10 f Cours 17 h 35 f

leurs que prévu, le cours de l’action 1999 j. j. 3 mois 10 ans 30ans 29/10 prix prix

Notionnel 5,5 PDUI SDPR SDVH

a grimpé à Londres de 69 pence gagné 0,85 % . L’indice DAX avait lemand émis à même échéance à FRANCE ...... PDTS

Source : Bloomberg ´ VTDUP VTDRH

DECEMBRE 99. VPRV

QDRV SDII SDUI

(+ 2,5 %), à 2,819 pence, ce qui franchi le seuil psychologique des 5,13 %. Vendredi, aux Etats-Unis, ALLEMAGNE .. PDUS

SDRI SDRH RDRT GDE-BRETAG. SDQU Euribor 3 mois

5 500 points, à 5 525,40 points. le rendement moyen de l’émis- FFFF FFFF FFFF QDRQ SDRI SDWV donne une valorisation boursière ITALIE...... PDUS NOVEMBRE 99

HDHR IDVH PDTP de l’ordre de 50 milliards de livres. céreux Losec (Prilosec aux Etats- sion à 30 ans, qui évolue en sens JAPON...... HDHS

´ SDII TDHR TDIV

Ce faisant, AstraZeneca a retrouvé Unis et Mopral en France), premier inverse des prix, avait chuté à ETATS-UNIS... SDPV IDTW QDRP RDRW

LONDRES SUISSE...... HDUV Pe´trole QDRQ SDPT SDVT un niveau de cotation jamais at- médicament vendu au monde. As- 6,149 %, contre 6,250 % jeudi. Le PAYS-BAS...... PDUH teint depuis l’effet de l’annonce de traZeneca est en effet confronté à L’INDICE FOOTSIE des cent prin- marché obligataire avait été do- Cours Var. % la fusion, le 6 avril. la perte de brevets majeurs d’ici cipales valeurs se montrait hési- pé par la publication d’indica- En dollars f 28/10 veille

er

FFFF A l’époque, Tom McKillop, nou- trois ans, tel celui du Losec, qui ex- tant lundi 1 novembre. Après teurs montrant l’absence de ten- Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... PIDRP

± HDIR WTI (NEW YORK) ...... PIDTS

veau PDG du groupe, promettait pire en novembre 2001 aux Etats- avoir ouvert en très légère baisse sions inflationnistes. Cours Var. % ± PDSQ LIGHT SWEET CRUDE .... PIDSW des économies de 1,1 milliard de Unis et pèse 41 % du chiffre d’af- de 0,07 %, il progressait de 0,05 %, En dollars f 28/10 veille

dollars sur trois ans – liées notam- faires du groupe en pharmacie. Le à 6 259 points, une demi-heure ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

HDIR CHANGES CUIVRE 3 MOIS...... IUUPDS

ment à la suppression de manque à gagner après l’expiration après le début des cotations. Ven- Or

± HDIQ ALUMINIUM 3 MOIS ...... ISHPDS

dredi, la Bourse de Londres avait LE YEN reculait face au dollar, ± HDRW

6 000 postes dans le monde – et de brevets chez AstraZeneca pour- PLOMB 3 MOIS ...... SHWDS

Cours Var %

± HDHW SUHS ¤

une croissance de l’ordre de 10 % rait atteindre 5 milliards de dollars clôturé en hausse de 1,73 %, à lundi en début de matinée, après ETAIN 3 MOIS ...... En uros f 29/10 28/10

± HDPT

ZINC 3 MOIS...... IISH

C

HDPP

dès cette année. Cet été, des ventes entre 2001 et 2005, selon la banque 6 255,7 points. avoir connu une forte hausse au OR FIN KILO BARRE ...... WIPH

± HDPT

NICKEL 3 MOIS ...... UVHH

± HDRR

OR FIN LINGOT...... WISH

en baisse en agrochimie, puis l’an- d’investissement Goldman Sachs. cours de la nuit, soutenu par la ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF ONCE D’OR (LO) $ ...... QHU

FFFF

nonce d’un plan de restructuration Mais le groupe, six mois après la montée du marché boursier de ARGENT A TERME ...... SDPQ

` ± QDIQ PIECE FRANCE 20 F...... RWDSH

PDUS

TOKYO PLATINE A TERME ...... SVVPRDVR ` C PDWP (450 emplois supprimés), ont semé fusion, assure avoir aussi trouvé Tokyo et les anticipations d’une PIECE SUISSE 20 F...... SPDVH

´ ` FFFF

la confusion chez les investisseurs, une solution pour l’après-Losec. Le LA BOURSE de Tokyo a terminé reprise de l’économie nippone. GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIECE UNION LAT. 20 F . SIDQH

´ ± HDQW PSTDPS ` FFFF BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ... PPSDPS

inquiets de la stratégie du groupe dossier d’un nouveau médicament, en hausse de 0,3 % lundi, dopée Le dollar s’échangeait à IWWDUS HDIQ ` ± QDUS MAI¨S (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... QWH

IRUDR HDTV ` ± QDIQ en « sciences de la vie ». l’Esomeprazole-Perprazole, a été par les titres de technologie de l’in- 104,16 yens, contre 104,08 yens à SOJA TOURTEAU (CHG.). PIECE 50 PESOS MEX...... QPS

L’embellie du titre semble tenir da- déposé le 21 octobre en Suède, formation, qui profitaient de la New York vendredi. L’euro cotait SOFTS $/TONNE

HDQS CACAO (NEW YORK)...... VUH

vantage aux perspectives de déve- pour assurer la relève. forte hausse du secteur à Wall 1,0538 dollar, contre 1,0546 dollar ´ IDPR CAFE (LONDRES) ...... IPPQ Cotations, graphiques et indices en temps

FFFF loppement de nouveaux produits, Street la semaine dernière. L’indice à New York vendredi. Il s’échan- SUCRE BLANC (PARIS) ... IVI re´elsurlesiteWebdu«Monde». qu’aux ventes records de l’anti-ul- Véronique Lorelle Nikkei a clôturé à 17 996,92 points. geait contre 109,76 yens. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ0211--0018-0 WAS LMQ0211-18 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 10:26 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0781 Lcp: 700 CMYK

18 AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999

SPORTS Au terme d’une dernière titre consécutif de champion du a dû se contenter de la troisième Ayrton Senna et Michael Schuma- des constructeurs. b L’ECURIE course à Suzuka (Japon) qu’il a do- monde des pilotes de la formule 1. place à Suzuka. b MIKA HAKKINEN cher. b FERRARI, qui rêvait d’un PROST-PEUGEOT a achevé une sai- minée sans partage, Mika Hakkinen b AU CLASSEMENT GENERAL, le rejoint la caste des doubles cham- triomphe de son pilote irlandais, Ed- son de transition et compte sur (31 ans) s’est adjugé au volant de sa Finlandais devance de deux points pions du monde, parmi lesquels on die Irvine, a dû se contenter d’em- deux nouveaux pilotes pour monter McLaren Mercedes un deuxième l’Irlandais Eddie Irvine (Ferrari), qui compte notamment Alain Prost, porter le championnat du monde en puissance en 2000. Mika Hakkinen entre dans la légende des grands champions de la formule 1 Placide et déterminé, le Finlandais a gagné à Suzuka (Japon) l’ultime grand prix de la saison, ce qui lui permet d’obtenir un deuxième titre mondial d’affilée. Eddie Irvine n’a jamais été en mesure de contester sa supériorité IL A RALENTI avant de fran- Manuel Fangio, Jack Brabham, chir la ligne d’arrivée du Grand Alain Prost, Ayrton Senna et... Prix de Suzuka (Japon) pour sa- Michael Schumacher. Ce dernier, Coulthard réclame vourer l’instant. Puis Mika Hakki- grâce à sa deuxième place et la nen a tourné la paume de ses troisième de son coéquipier irlan- des excuses à Schumacher mains vers le ciel comme s’il vou- dais Eddie Irvine, « a offert » le lait remercier les forces célestes. titre des constructeurs à Ferrari, A l’issue du Grand Prix de Su- Au terme d’une saison riche en qui n’avait plus été primé depuis zuka (Japon), l’Allemand Michael coups de théâtre, le Finlandais a 1983. L’Allemand Heinz-Harald Schumacher (Ferrari) était fu- été sacré champion du monde de Frentzen (Jordan) a terminé qua- rieux contre le Britannique Da- formule 1, dimanche 31 octobre, trième devant son compatriote vid Coulthard (McLaren-Mer- pour la deuxième année d’affilée. Ralf Schumacher (Williams) et le cedes). Le double champion du Après le Grand Prix de Malaisie Français Jean Alesi (Sauber). monde reprochait à son adver- et le déclassement des Ferrari Derrière le visage lisse et le re- saire de lui avoir volontairement pour cause de déflecteurs non gard froid de Mika Hakkinen se fait perdre du temps. « Après ce conformes, Mika Hakkinen se cache un homme d’une volonté qu’il m’a fait, mon opinion est croyait assuré de conserver son hors du commun. Qu’elles soient faite sur l’accident qui a eu lieu titre. Le tribunal d’appel de la Fé- physiques ou morales, les dou- entre nous en Belgique, l’an der- dération internationale automo- leurs ont marqué sa vie. Né en nier », a déclaré Schumacher. A bile (FIA) en a décidé autrement. 1968 dans une famille modeste,le Spa, le pilote de la Scuderia avait En retirant son sacre au pilote luthérien s’est passionné très percuté la monoplace de Coul- numéro un de McLaren, la FIA a jeune pour les engins à moteur. A thard. Schumacher avait alors placé Eddie Irvine et Ferrari en six ans, il a fait l’apprentissage de accusé son rival d’avoir provoqué position de favoris, au départ de la vitesse et du risque, au volant la collision en freinant brutale- la dernière course. Mais, bien d’un kart. Sur son bolide, au ras ment sans raison. « S’il ne pré- épaulé par son coéquipier David du sol, le futur champion dessi- sente pas d’excuses, il pourrait y

Coulthard, le Finlandais s’est ré- nait déjà les meilleures trajec- AFP avoir des répercussions judiciaires vélé intouchable. toires. Il s’est adjugé cinq fois le Mika Hakkinen a su garder son sang-froid pour s’imposer à Suzuka (Japon), parce qu’il met en cause mon hon- Parti en deuxième position der- titre de champion de Finlande. devant Michael Schumacher. nêteté, a répliqué Coulthard. rière Michael Schumacher, il a Parallèlement, il a fréquenté une Schumacher a un vrai problème profité d’un mauvais départ de école de cirque et a multiplié les né, il est parvenu à enchaîner les douleur. C’est depuis cet accident titre mondial (avec huit victoires pour admettre ses fautes. Je ne nie l’Allemand – dont les roues ar- petits jobs pour assouvir finan- essais et a décroché la place de que son caractère a changé. Jo- en grands prix) et a offert à pas l’avoir gêné, mais ce n’était pas rière ont patiné – pour s’élancer cièrement ses deux passions : la deuxième pilote après le départ vial et avenant, l’homme est de- McLaren celui des constructeurs. délibéré de ma part. S’il a envie de en tête, creuser régulièrement vitesse et l’équilibre. de Michael Andretti. En qualifica- venu peu prolixe, voire introverti. La suprématie des McLaren- parler de quelque chose, il devrait l’écart et filer vers son destin. tions, en 1993, le prodige insolent Pendant les six mois de sa réédu- Mercedes, la maîtrise et l’expé- d’abord le faire avec moi, avant « J’étais confiant. Quand j’ai passé « MIRACULÉ DE LA F 1 » s’est même permis de battre l’il- cation, son enthousiasme et son rience du pilote finlandais ont d’alerter le monde entier. » la seconde, je savais que j’avais Après un passage en formule lustre Ayrton Senna. L’année sui- goût pour la fête se sont égale- laissé supposer, au début de la réalisé le plus gros », a commenté Ford 1 600, où il a gagné le titre vante, après le départ du Brési- ment taris. « Aucun pilote n’a une saison 1999, que le couronne- le septième pilote de l’histoire de en 1990, Mika Hakkinen, âgé de lien chez Williams, Mika meilleure compréhension de la va- ment de Mika Hakkinen serait un entre les pilotes McLaren, ajouté la F1 à conserver le sacre su- vingt-deux ans, a signé son pre- Hakkinen a terminé 4e du cham- leur de la vie que lui », a dit un aboutissement logique. Surtout à quelques bévues de sa part, la prême. mier contrat professionnel chez pionnat du monde. jour son confrère Damon Hill. Le après le Grand Prix de Grande- firme anglo-allemande et son pi- A trente et un ans, Mika Hakki- Lotus. Même si ses bons chronos Mais son inextinguible soif de « miraculé de la F1 », à force de Bretagne (le 11 juillet) et l’ac- lote numéro un ont vu la menace nen a rejoint ses illustres prédé- ont rapidement suscité l’intérêt titres aurait pu provoquer la mort travail et de volonté, a repris sa cident de Michael Schumacher, Ferrari-Irvine se rapprocher au fil cesseurs : Alberto Ascari, Juan des écuries, « Hakka », comme du « Finlandais volant », le 10 no- place dans un baquet dès le début qui a obligé le pilote allemand à des courses. Au soir de sa victoire on le surnomme, a dû patienter vembre 1995. Un grave accident, de la saison suivante. En 1996, il a renoncer au sacre mondial. «Ce en Hongrie, le 15 août, Mika Hak- deux ans avant de rejoindre sur le circuit d’Adelaïde, lors des décroché quatre podiums et, l’an- ne sera pas aussi facile que cer- kinen faisait remarquer qu’il au- Ferrari en tête McLaren. Embauché comme pi- essais du Grand Prix d’Australie, née d’après, sa première victoire tains peuvent le croire », avait rait dû compter 30 points lote de réserve derrière Ayrton l’a plongé dans un coma profond, au Grand Prix d’Europe à Jerez alors prudemment avancé Mika d’avance sur son rival. A cause des constructeurs Senna et Michael Andretti, il a à la suite d’une fracture du crâne. (Espagne). L’heure de la maturité Hakkinen à ceux qui lui promet- d’une roue mal fixée à Silvers- alors appris à être patient tout en Il a subi une trachéotomie et a a sonné pour lui en 1998. Pilotant taient une voie royale vers le tone, d’un accrochage avec son b Classement du Grand Prix découvrant l’humilité. La pre- passé plusieurs semaines à l’hô- une « flèche argentée » large- titre. Il ne s’est pas trompé. Entre coéquipier David Coulthard en du Japon : mière année, il n’a couru que pital. Aux côtés de sa femme, Er- ment supérieure à ses concur- les errements de son écurie, le Autriche, d’un ravitaillement ca- 1. Mika Hakkinen trois courses. Travailleur achar- ja, il a alors appris à résister à la rentes, le Finlandais a gagné le souhait de conserver l’équité lamiteux suivi de l’explosion d’un (Fin./McLaren-Mercedes), pneu en Allemagne... il en possé- les 310,596 km en 1 h 31 min 18 s 785 dait deux de moins. (moy. : 204,086 km/h) ; 2. Michael Le cumul des maladresses et la Schumacher (All./Ferrari), à5s015; Une année de transition pour l’écurie Prost-Peugeot malchance ont progressivement 3. Eddie Irvine (GB/Ferrari), installé le doute chez le Finlan- à 1 min 35 s 688 ; C’ÉTAIT ENTENDU. Après une saison 1998 une touche plus souriante à cette année de tran- rachat par Ford. Honda fit son entrée dans le ca- dais, pourtant si solide mentale- 4. Heinz-Harald Frentzen aux airs d’annus horribilis, l’écurie Prost-Peugeot sition. Une panne électrique au 19e tour ramena pital de Jordan. Williams et BMW poursuivirent ment. Voyant son deuxième titre (All./Jordan-Mugen Honda), ne pouvait pas faire pis cette année. L’équipe le Grenoblois au stand, là où l’attendait Jarno leurs études communes dans la perspective de la lui filer entre les doigts, il a même à 1 min 38 s 635 ; 5. Ralf Schumacher franco-française n’avait gagné qu’un seul point Trulli, victime d’une casse moteur dès le 4e tour. saison prochaine. Alain Prost attendait-il davan- perdu sa placidité légendaire, à (All./Williams-Supertec),à lors du précédent championnat du monde. Elle tage de Peugeot, avec qui il est en contrat jusqu’à Monza le 12 septembre. Après 1 min 39 s 494 ; 6. Jean Alesi en aura donc ramené neuf du championnat 1999. VIVE TENSION fin 2000 ? L’ancien triple champion du monde est une sortie de route dont il était (Fra./Sauber-Petronas), à un tour ; La deuxième place obtenue par Jarno Trulli, le Cette saison restera marquée par la vive ten- favorable à l’ouverture du capital de sa société. seul responsable, le pilote s’est 7. Johnny Herbert 26 septembre, au Grand Prix du Luxembourg, sion qui opposa la direction de l’écurie à son pre- N’a-t-il pas, récemment, cédé 10 % de Prost Dé- extirpé de sa monoplace et a vio- (GB/Stewart-Ford), à un tour ; ajoutée à sa sixième place à Barcelone (Es- mier partenaire, Peugeot. Si les raisons du désac- veloppement, la maison-mère de l’écurie, à LV lemment jeté ses gants sur le sol. 8. Rubens Barrichello pagne), ainsi qu’aux deux sixièmes places ac- cord ne furent jamais évoquées officiellement, Capital, le fonds d’investissement du groupe Il a ensuite cherché à se dissimu- (Bré./Stewart-Ford), à un tour ; quises par Olivier Panis plus tôt dans la saison l’entourage d’Alain Prost n’a pas fait mystère de LVMH ? ler derrière un buisson pour y 9. Jacques Villeneuve (au Brésil et en Allemagne), permettent à la for- la déception ressentie après la livraison du nou- La saison 2000 sera, quoi qu’il arrive, celle de verser quelques larmes. (Can./BAR-Supertec), à un tour ; mation dirigée par Alain Prost de terminer à la veau moteur conçu par Peugeot pour le cham- nouveaux changements. Jarno Trulli et Olivier Au Japon, Mika Hakkinen a ter- 10. Alexander Wurz septième place du championnat du monde des pionnat du monde de l’an 2000. Testé en essai Panis ne piloteront plus les voitures bleues. Le miné son championnat avec plus (Aut./Benetton-Supertec), à un constructeurs. sur un châssis hybride au milieu de la saison, le premier rejoindra Jordan, alors que le second est de panache et de sang-froid. «Je tour ; 11. Pedro Paolo Diniz Les voitures bleues ont fait mieux que les propulseur n’aurait jamais offert les perfor- à la recherche d’un nouveau volant. Le jeune es- serai encore plus fort la saison pro- (Bré./Sauber-Petronas), à un tour ; écuries Sauber, Arrows et Minardi, ce qui était mances attendues. On parla de rupture immi- poir allemand Nick Heidfeld, tout nouveau chaine. Ce n’est pas un avertisse- 12. Ricardo Zonta l’objectif minimal du début de saison. Le podium nente en coulisse, avant que la firme sochalienne champion du monde de F3 000, et le doyen Jean ment, c’est un fait », a-t-il déclaré. (Bré./BAR-Supertec), à un tour ; auquel Olivier Panis aurait pu prétendre, di- donne l’assurance de retoucher sa copie. Alesi, en partance de Sauber, les remplaceront Les prétendants aux titres 2OOO 13. Pedro de la Rosa (Esp./Arrows), manche 31 octobre à Suzuka, au Japon, après un Rarement autant que cette année l’actualité fi- dans les baquets. sont prévenus. à deux tours ; excellent départ dans la foulée de Mika Hakki- nancière et industrielle aura pris une si grande 14. Giancarlo Fisichella nen et de Michael Schumacher, aurait apporté place en formule 1. L’écurie Stewart annonça son F. P. Pierre Lepidi (Ita./Benetton-Supertec), à six tours. b Classement final du championnat du monde des pilotes : Huit mois de rebondissements pour une saison palpitante 1. M. Hakkinen (Fin.), 76 pts ; 2. E. Irvine (Irl.), 74 ; DU BON DÉBUT de saison des seize ans et prend la place de lea- Hakkinen, parti en 7e ligne, effec- vine profite de la sortie de piste de b Grand Prix d’Europe, le 3. H.-H. Frentzen (All.), 54 ; 4. Ferrari, de l’accident de Michael der au classement des pilotes. Mika tue une superbe remontée, pour fi- Mika Hakkinen au 26e tour pour fi- 26 septembre au Nürburgring : la D. Coulthard (GB), 48 ; 5. Schumacher, du rêve fou d’Eddie Hakkinen abandonne après avoir nir 2e, derrière Heinz-Harald Frent- nir 1er et s’emparer ainsi de la pre- pluie contrarie les ambitions des M. Schumacher (All.), 44 ; 6. Irvine pour aboutir au succès final heurté un mur. zen. Michael Schumacher, 5e, est mière place du classement. Grâce à favoris. Johnny Herbert s’impose R. Schumacher (All.), 35 ; 7. de Mika Hakkinen, la formule 1 a b Grand Prix de Monaco, le victime d’un problème d’ordre Mika Salo, pilote no 2 de la « Scu- devant Jarno Trulli. Mika Hakkinen R. Barrichello (Bré.), 21 ; 8. J. Herbert connu une saison palpitante. Re- 16 mai : Ferrari s’adjuge un doublé électrique. deria », les monoplaces rouges parvient malgré tout à ajouter (GB), 15 ; 9. G. Fisichella (Ita.), 13 ; tour sur émotions. avec Michael Schumacher en tête. b Grand Prix de Grande-Bre- signent un doublé en terre enne- 2 points à son compteur. 10. M. Salo (Fin.), 10 ; 11. J. Trulli b Grand Prix d’Australie, le Mika Hakkinen, parti en position tagne, le 11 juillet à Silverstone : mie. b Grand Prix de Malaisie, le (Ita.) et D. Hill (GB), 7 ; 13. P.Diniz 7 mars à Melbourne : Eddie Irvine de pointe, prend la 3e place. Michael Schumacher sort violem- b Grand Prix de Hongrie, le 17 octobre à Sépang : Michael (Bré.) et A. Wurz (Aut.), 3 ; 15. (Ferrari) signe sa première victoire b Grand Prix d’Espagne, le ment de la piste (fracture de la 15 août à Budapest : Mika Hakki- Schumacher, de retour après plus O. Panis (Fra.) et J. Alesi (Fra.), 2 ; 17. en Grand Prix. Les deux McLaren- 30 mai à Barcelone : les McLaren- jambe droite) et doit renoncer au nen effectue un cavalier seul. Il de trois mois d’absence, donne la P. de la Rosa (Esp.) et M. Gene Mercedes abandonnent suite à des Mercedes signent un doublé de- titre. Mika Hakkinen abandonne précède David Coulthard et Eddie victoire à son coéquipier et relance (Esp.), 1. ennuis mécaniques. Michael Schu- vant les Ferrari, grâce à un remar- après avoir perdu une roue. David Irvine et reprend ainsi la place de la course aux titres. Mika Hakkinen b Classement final du macher (Ferrari) termine 8e. quable Mika Hakkinen. Le Finlan- Coulthard s’impose devant Eddie leader au classement. finit 3e. Les Ferrrari sont déclassées championnat du monde b Grand Prix du Brésil, le dais se hisse à la 2e place du Irvine, qui se hisse à la 2e place du b Grand Prix de Belgique, le – puis entendues en appel –, car des constructeurs : 11 avril à Interlagos : parti en posi- classement, à six longueurs de classement. 29 août à Spa-Francorchamps : le leurs déflecteurs dépassent la lon- 1. Ferrari, 128 pts ; 2. tion de pointe, Mika Hakkinen Schumacher. b Grand Prix d’Autriche, le principe d’équité entre les pilotes gueur tolérée de 10 mm. McLaren-Mercedes, 124 ; 3. mène la course de bout en bout. Il b Grand Prix du Canada, le 25 juillet à Spielberg : Eddie Ir- McLaren prive Mika Hakkinen des b Grand Prix du Japon, le Jordan-Mugen Honda, 61 ; 4. franchit la ligne d’arrivée devant 13 juin à Montréal : Mika Hakki- vine, promu pilote no 1 de la « Scu- 10 points de la victoire. Eddie Irvine 31 octobre à Suzuka : Mika Hakki- Stewart-Ford, 36 ; 5. Michael Schumacher. Eddie Irvine, nen réalise une course parfaite et deria », gagne devant David Coul- limite les dégâts en finissant 4e. nen double Michael Schumacher Williams-Supertec, 35 ; 6. 5e, conserve sa première place au profite de l’abandon de Michael thard. Mika Hakkinen, éperonné b Grand Prix d’Italie, le 12 sep- sur la ligne de départ et termine en Benetton-Supertec, 16 ; 7. classement des pilotes. Schumacher au 30e tour pour s’em- par son coéquipier, termine malgré tembre à Monza : grâce à sa 6e tête, sans inquiétude. Le Finlandais Prost-Peugeot, 9 ; 8. b Grand Prix de Saint-Marin, parer de la première place au clas- tout 3e, mais son avance sur l’Irlan- place et à l’abandon de Mika Hak- est sacré champion du monde. Mi- Sauber-Petronas, 5 ; 9. le 2 mai à Imola : Ferrari, grâce à sement des pilotes. dais est réduite à 2 points. kinen, Eddie Irvine rejoint son rival chael Schumacher et Eddie Irvine, Arrows et Minardi, 1. Michael Schumacher, s’impose à b Grand Prix de France, le b Grand Prix d’Allemagne, le finlandais en tête du classement respectivement 2e et 3e, offrent à Imola pour la première fois depuis 27 juin à Magny-Cours : Mika 1er août à Hockenheim : Eddie Ir- (60 points). Ferrari le titre des constructeurs. LeMonde Job: WMQ0211--0020-0 WAS LMQ0211-20 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0783 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 AUJOURD’HUI-SPORTS Les sportifs français souffrent de plus en plus de problèmes d’asthme

NOVEMBRE 1999 L’usage de produits à base de Salbutamol est en hausse et alimente des rumeurs de dopage Le Salbutamol, principe actif de médicaments en France. Il apparaît dans 41 % des analyses po- sentait 33 %. Dans la plupart des cas, une contre l’asthme, vient en tête des substances in- sitives depuis début 1999, tous sports et tous ni- justification thérapeutique est produite par les terdites détectées lors des contrôles antidopage veaux d’activité confondus. En 1998, il en repré- sportifs concernés.

ÉRYTHROPOÏÉTINE (EPO), cor- nesse et des sports. Vingt-cinq venus des « dopants » abordables d’Europe. Une étude menée dans ticostéroïdes, perfluorocarbones, sports sont concernés. Tous ceux où et banalisés ? Ou doit-on considérer quatre régions de France a montré JUAN GOYTISOLO et GÜNTER GRASS hormones de croissance, interleu- interviennent des efforts d’endu- que les activités sportives drainent que l’asthme pouvait cependant kine, nandrolone... Autant de noms rance, ou de résistance prolongée en grande proportion les asthma- toucher environ 30 % des enfants A quoi sert la littérature ? avec lesquels, bon gré mal gré, il a (athlétisme, cyclisme, triathlon, na- tiques de l’Hexagone ? de douze à quatorze ans. Mais les fallu apprendre à se familiariser, tation, ski, sports collectifs). La réalité de terrain de l’antido- asthmes de l’enfance ou de l’adoles- * tant les affaires de dopage sont de- Le « poids » du Salbutamol dans page pourrait faire pencher pour la cence ne persistent généralement JEAN RADVANYI venues un lot quasi quotidien dans les analyses positives va croissant. seconde hypothèse. Car il est rare pas dans une telle proportion à le sport. Pour autant, le quotidien En 1998, il a représenté 33 % des qu’une analyse positive au Salbuta- l’âge adulte. Pourquoi Moscou relance la guerre des contrôles antidopage, en 238 cas positifs recensés sur l’année. mol ne déclenche pas la production « Aucune analyse scientifique » n’a France, apparaît, lui, bien éloigné Si l’on ajoute la Terbutaline, autre d’une ordonnance. « Dans la plu- été menée ou engagée pour en Tchétchénie de ces produits, plus ou moins so- principe actif de médicaments part des cas, une justification théra- comprendre le pourquoi de cet es- phistiqués, détournés de leurs voca- contre l’asthme, « on était à 37 % », peutique est produite », confirme-t- sor du recours à des produits conte- * tions médicales premières. Car, à relève-t-on au ministère de la jeu- on au ministère de la jeunesse et nant du Salbutamol, indique-t-on l’issue des contrôles pratiqués sur nesse et des sports, où, tout en no- des sports. Ce qui signifie que peu auprès des pouvoirs publics. Au vu SUSAN GEORGE les sportifs de l’Hexagone, quel que tant que la Terbutaline n’apparaît d’analyses positives au Salbutamol de l’ampleur du phénomène, quel- OMC : le commerce contre les libertés soit leur niveau d’activité (y compris plus cette année, on rappelle qu’«il entraînent des sanctions. ques actions se mettent malgré tout sur des non-licenciés) un nom s’ins- y a quatre ans » ces produits en- N’empêche, tout cela « fait beau- en place. « Des examens médicaux crit en tête du hit-parade des subs- traient pour «10%» dans les ana- coup quand même ! », comme on le complémentaires » devraient de plus * tances interdites détectées : le Sal- lyses positives. reconnaît dans l’entourage de Ma- en plus être demandés aux sportifs IGNACIO RAMONET butamol, principe de base de rie-George Buffet, où l’on ne concernés par ces contrôles, selon médicaments prescrits contre DES « DOPANTS » ABORDABLES manque pas de s’interroger : «Ya- le ministère de la jeunesse et des La menace Pakistan l’asthme, comme la Ventoline. Faut-il déduire de ces chiffres, t-il autant d’asthmatiques dans la vie sports. L’initiative étant placée sous Depuis le début de cette année, le dans la mesure où l’on connaît leurs courante ? » Selon l’Organisation l’égide des médecins de fédérations. * Salbutamol est cité dans 41 % des effets vasodilatateurs et déconges- mondiale de la santé (OMS), le taux Officiellement, il ne sera toutefois cas d’analyses positives, selon les tionnant des bronches, que ces mé- d’asthmatiques oscille entre 4 % et pas question, à travers ces explora- AHMED RASHID statistiques du ministère de la jeu- dicaments contre l’asthme sont de- 8 % de la population dans les pays tions médicales plus poussées, de chercher à savoir si les justifications Les talibans au cœur de la déstabilisation thérapeutiques qui peuvent être de l’Asie centrale TROIS QUESTIONS À... Cette propension à « consom- Avez-vous engagé des actions produites ne cachent pas une vo- 2 mer » des médicaments contre 3 visant à prévenir ce qui pour- lonté de dopage. Ce supplément ARMAND MÉGRET l’asthme inquiète-t-elle la Fédéra- rait être considéré comme une d’analyses viserait à « voir si la pra- * tion ? prise abusive de médicaments tique intensive d’un sport et les en- CATHERINE SAMARY En tant que responsable de la Nous voudrions pouvoir dissocier contre l’asthme ? traînements peuvent contribuer à en- 1 commission médicale de la Fé- les prises justifiées et non justifiées. Tout cela n’est pas encore validé. tretenir ou accentuer les effets de Est : une transition vers l’inconnu dération française de cyclisme Fin septembre, à la faveur du Mais nous voulons aller vers une l’asthme », explique-t-on – sérieuse- (FFC), avez-vous constaté, au ni- congrès national de la société de procédure, qui serait faite d’un en- ment – au ministère de la jeunesse * veau de votre discipline, une aug- médecine sportive à Rennes, j’ai tretien avec le coureur, suivi d’une et des sports. mentation des prises de médica- réuni les services de médecine du épreuve d’effort, puis d’examens Peut-être faudra-t-il aussi se pen- JEAN-ARNAULT DERENS ments contre l’asthme à travers les sport des CHU, des Creps et de l’In- médicaux supplémentaires s’il le cher d’un peu plus près sur cette Les Tziganes, indésirables cas d’analyses positives au Salbu- sep, qui sont accrédités pour réali- faut. Si, de lui-même, un coureur autre leçon que livrent les contrôles tamol ? ser les examens médicaux néces- souhaite se soumettre à ces tests, antidopage : s’ils manquent à ce au Kosovo Il est vrai que les cas de bronco- saires pour la délivrance de nos nous les lui ferons systématique- point de souffle qu’il leur faut re- spasmes apparaissent en nombre licences, ainsi que les médecins ré- ment. Comme les coureurs arrivent courir dans de telles proportions * croissant. Tout le monde le re- gionaux chargés des coureurs toujours avec une ordonnance, aux médicaments à base de Salbu- connaît. Cela concerne tous les Elite 2 et les médecins des équipes nous voulons œuvrer en amont, tamol pour se dégager les bronches, JEAN-CLAUDE PAYE sports. Plus le sport est à l’effort et professionnelles. Nous avons essayé prouver qu’il y a bien bronco- les sportifs français ne s’en au froid, plus le nombre augmente. d’harmoniser nos attitudes sur un spasmes et disposer d’un dossier, montrent pas moins grands adeptes Vers un Etat policier en Belgique ? Cela dit, les cas de bronco-spasmes certain nombre de choses. Notam- d’une bonne justification théra- du cannabis. Ce dernier représente ont augmenté dans la population ment sur les épreuves respiratoires peutique. environ 35 % des cas d’analyses po- * française non sportive. Mais il y a et ventilatoires d’effort visant à sitives. EITAN FEINER quand même un accroissement des mettre en évidence les susceptibili- Propos recueillis par prises non justifiées. tés éventuelles à l’effort. Philippe Le Cœur Ph. L. C. Maale Adumim, une colonie d’Israël en Cisjordanie DÉPÊCHES Football : Nantes ne sait que perdre a SKI : l’Autrichien Hermann Maier s’est imposé dans le premier * slalom géant messieurs de la saison 1999-2000, disputé à Tignes UN ENTRAÎNEUR dépité : Ray- sa politique de formation. Cette (Haute-Savoie) dimanche 31 octobre. La veille, la Suissesse Sonja Nef WALID CHARARA nald Denoueix. Un président atter- treizième journée, prolifique en avait remporté le premier géant de la saison féminine. ré : Kléber Bobin. Et, sur le terrain, buts (30), a permis à l’AJ Auxerre, a TENNIS : la Française Mary Pierce a conquis, dimanche 31 octo- et MARINA DA SILVA une équipe submergée par le vainqueur sans éclat de Montpel- bre, son premier titre de la saison en dominant sa compatriote San- Résistance obstinée au Liban sud doute. Pour sa trente-septième sai- lier (2-1), de reprendre la tête au drine Testud (7-6, 6-1) en finale du tournoi de Linz (Autriche). A son en première division, le détriment de l’Olympique lyonnais, Stuttgart (Allemagne), le Suédois Thomas Enqvist a battu, dimanche FC Nantes vit un cauchemar sans battu (0-2) à Sedan. Après sa piètre en finale, le Néerlandais Richard Krajicek (6-1, 6-4, 5-7, 7-5). * fin. défaite (2-3) à Graz en Ligue des a JUDO : Levallois, club de la championne olympique Marie-Claire DANIEL VALLOT Samedi 30 octobre, le tenant de champions, l’Olympique de Mar- Restoux, a échoué pour la troisième année consécutive, dimanche la Coupe de France a subi face à seille s’est réhabilité en dominant 31 octobre, en finale de la Coupe d’Europe féminine des clubs cham- La Corée du Sud peine à sortir l’AS Monaco (0-3) et son attaque une très faible équipe de Stras- pions, s’inclinant sur le tatami du tenant du titre, Haarlem (Pays-Bas). flamboyante sa sixième défaite bourg (4-1). a HANDBALL : Montpellier s’est incliné devant les Allemands de de la guerre froide consécutive et pointe désormais à Bordeaux, privé de son avant- Kiel (19-23), dimanche 31 octobre, lors de la 1re journée du groupe A la dix-septième place du cham- centre Lilian Laslandes, a souffert de la Ligue des champions messieurs. Chez les dames, la 1re journée * pionnat de France de football, pour obtenir le match nul (2-2) à de la Ligue des champions a vu l’ASPTT Metz battre la formation BERNARD CASSEN juste devant le dernier, Troyes. Nancy, mais le champion de France hongroise de Ferencvaros Budapest (20-19), alors qu’en 8es de finale Nantes, sept fois champion de reste en contact avec le trio de tête. aller de la Coupe de l’EHF l’équipe de Besançon a dominé les Slo- Fallacieuse théorie du libre-échange France, était encore en 1995 une ré- La surprise est venue du Havre, où vènes de Zalec (26-21) et qu’en 8es de finale aller de la Coupe des férence. Le record d’invincibilité, la lanterne rouge, bien que privée villes, Dijon a battu les Lituaniennes de Vilnius (26-20). * établi lors de cette saison (32 mat- de trois titulaires suspendus, s’est a BASKET-BALL : Pau-Orthez et Villeurbanne (ASVEL) se re- ches sans défaite), avait été cou- imposée (3-1) devant un Paris- trouvent seuls aux commandes du championnat de France au terme MARK HUNTER ronné par le titre national. Depuis, Saint-Germain amorphe. L’équipe de la 8e journée. Disputée samedi 30 octobre et dimanche 31 octobre, le club ne cesse de régresser et, de la capitale a terminé à dix après cette dernière a vu Pau s’imposer face à Strasbourg (84-74) et l’AS- Les salariés américains aimeraient faute de trouver un repreneur, la deuxième exclusion de la saison VEL face à Evreux (69-68). le temps de vivre risque de perdre tout le bénéfice de de son attaquant Laurent Robert. a MOTOCYCLISME : le Grand Prix d’Argentine, à Buenos Aires, dernière épreuve de la saison, a vu, dimanche 31 octobre, la victoire * Le championnat de France de football de D1 de l’Américain Kenny Roberts Jr (Suzuki) dans la catégorie 500 cm3 et celle du Français Olivier Jacque (Yamaha) en 250 cm3. L’Espagnol Alex JAIME MASSARDO 13e JOURNÉE CLASSEMENT Criville (Honda) et l’Italien Valentino Rossi (Aprilia) sont champions du monde respectivement dans les catégories 500 cm3 et 250 cm3. En Sedan-Lyon 2-0 hgts Les Indiens Mapuches tués à petit feu Points J G N P Diff. C Séries 125 cm3, le titre mondial est revenu à l’Espagnol Emilio Alzamora Nantes-Monaco 0-3 1 Auxerre 26 12 82 2+ 7 1 PGGGG (Honda). * Auxerre-Montpellier 2-1 2 Lyon 24 13 73 3+ 5 1 PGGGP a FOOTBALL : la Lazio Rome a conservé la tête du championnat ACHILLE MBEMBE Nancy-Bordeaux 2-2 3 Monaco 23 12 72 3+ 15 2 GGPGG d’Italie grâce à un match nul (1-1), dimanche 31 octobre, sur le terrain Le Havre-Paris-SG 3-1 4 Bordeaux 22 13 64 3+ 5 1 NGGGN de l’Inter Milan, lors de la 8e journée. La Lazio compte une longueur Les frontières mouvantes Saint-Etienne-Metz 2-0 5 Paris-SG 21 13 63 4+ 2 1 GPNGP d’avance sur la Juventus, venue difficilement à bout (1-0) de Piacenza. 6 Marseille 13 1 NGPPPG a Le FC Barcelone, battu (1-2) samedi 30 octobre à La Corogne, a cé- Marseille-Strasbourg 4-1 20 55 3 + 6 du continent africain 7 St-Etienne 19 13 54 4 0 2 NGGPG dé la tête du championnat d’Espagne au club madrilène du Rayo Val- Bastia-Troyes 5-0 8 Sedan 19 13 61 6Ð 3 3 GPPPG lecano, vainqueur dimanche (2-1) à Valladolid. Le Rayo, avec deux Lens-Rennes 1-1 * 9 Metz 18 13 46 3+ 5 3 NNGGP points d’avance sur le Barça, reçoit le week-end prochain le Real Ma- LES CARTONS 10 Rennes 18 13 53 5 + 1 2 PGGGN drid, qui est en crise après une humiliante défaite (1-3) devant l’Atle- e MICHAËL FAURE R J 11 Bastia NGPNG tico Madrid, enregistrant ainsi son 8 match sans victoire en cham- o a 17 13 45 4 + 2 1 u u g n pionnat. e e 12 Strasbourg 16 13 44 5Ð 7 2 NPPGP Les immigrés victimes s s 1 Nantes 0 19 13 Lens 15 13 43 6Ð 6 = PPGGN de la « double peine » 2 Bastia 0 28 14 Nancy 13 13 34 6Ð 1 = GNNPN a LOTO : Résultats des tirages no 87 effectués samedi 30 octobre. Montpellier 0 30 15 Le Havre 13 13 34 6Ð 7 3 GPPPG 16 Montpellier 12 13 33 7Ð 6 = PPPNP Premier tirage : 3, 5, 10, 17, 27, 49, numéro complémentaire : 33. Rap- * 16 Auxerre 3 21 ports pour 6 numéros : 3 381 575 F, 515 517 ¤ ; pour 5 numéros et le 17 Nantes 12 13 40 9Ð 6 2 PPPPP 17 Paris-SG 4 33 complémentaire : 37 187 F, 5 668 ¤ ; pour 5 numéros : 3 075 F, 468 ¤ ; THIERRY PAQUOT 18 Le Havre 6 28 18 Troyes 12 13 40 9Ð 12 1 PGPPP pour 4 numéros et le complémentaire : 174 F, 26,52 ¤ ; pour 4 numé- L’architecte, l’urbaniste et le citoyen LES ATTAQUES 1 Monaco 27 buts ¥ 2 Bordeaux 23 buts ¥ 3 Auxerre, et ros : 87 F, 13,26 ¤ ; pour 3 numéros et le complémentaire : 22 F, 3,35 ¤ ; Saint-Etienne 21 buts. pour 3 numéros : 11 F, 1,67 ¤. LES DÉFENSES 1 Lyon 10 buts ¥ 2 Metz 11 buts ¥ 3 Monaco 12 buts. Second tirage : 1, 2, 6, 10, 23, 24, numéro complémentaire : 39. Rap- LES BUTEURS 1 Trezeguet (Monaco) 10 buts ¥ 2 Guivarc'h (Auxerre), Laslandes ports pour 6 numéros : 14 474 565 F, 2 206 633 ¤ ; pour 5 numéros et le (Bordeaux)et Simone (Monaco) 9 buts. complémentaire : 87 980 F, 13 412 ¤ ; pour 5 numéros : 2 750 F, 419 ¤ ; En vente chez votre marchand de journaux - 24 F - 3,66 ¤ 14e JOURNÉE : Samedi 6 novembre : Paris-SG-Saint-Etienne, Bordeaux-Sedan. pour 4 numéros et le complémentaire : 164 F, 25 ¤ ; pour 4 numéros : Strasbourg-Nancy, Rennes-Bastia. Dimanche 7 novembre : Metz-Lens, Lyon-Le Havre, 82 F, 12,50 ¤ ; pour 3 numéros et le complémentaire : 20 F, 3,04 ¤ ; Troyes-Montpellier, Nantes-Auxerre, Monaco-Marseille. pour 3 numéros : 10 F, 1,52 ¤. LeMonde Job: WMQ0211--0021-0 WAS LMQ0211-21 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 10:38 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0784 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / 21 ------Pluvieux 02 NOVEMBRE 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé MARDI. Une vaste dépression une bonne partie de la journée. vers 12h00 DU VOYAGEUR est située au nord des îles Britan- Les pluies seront plus soutenues à niques, tandis qu’un anticyclone la mi-journée. Il fera 9 à 11 degrés. Peu est centré au large de l’Espagne. Poitou-Charentes, Aquitaine, Belfast nuageux a HÔTELLERIE. Une nouvelle Un front froid ondulant est axé à Midi-Pyrénées. – Sur Midi-Pyré- Liverpool marque d’établissements de luxe, Dublin la mi-journée du sud-ouest au nées, le temps restera couvert et Varsovie Kiev Leading Small Hotels of the nord-est de la France. Il se décale faiblement pluvieux toute la jour- World, extension des Leading Ho- Amsterdam Berlin Brèves vers l’Allemagne, avec une hausse née. Ailleurs, il pleuvra le matin, éclaircies tels of the World, vient d’appa- rapide des pressions à l’arrière. puis de belles éclaircies revien- Londres raître. Chacun de ses vingt-six 50 o Bruxelles Bretagne, pays de Loire, dront en cours d’après-midi. Les Prague membres, parmi lesquels le Lan- Basse-Normandie. – De belles températures avoisineront 12 à Couvert caster et le Raphaël à Paris, l’Hôtel éclaircies reviendront dès le matin, 14 degrés. Paris Strasbourg Vienne de la Cité à Carcassonne, le Mo- Budapest mais quelques averses se produi- Limousin, Auvergne, Rhône- Brume nasterio à Cusco (Pérou), le Dataï ront près des côtes. L’après-midi, Sur le Limousin, les pluies Nantes sur l’île de Langkawi, en Malaisie, Alpes. – Berne brouillard les nuages et les éclaircies alterne- cesseront en début d’après-midi. Bucarest le Lowell à New York et le Huka ront. Le vent d’ouest soufflera à Ailleurs, les nuages resteront Lyon Milan Lodge, en Nouvelle-Zélande, ap- 60 km/h en rafales près des côtes. abondants, avec de la pluie par Belgrade Sofia Averses partiennent, sauf exception, à la Les températures avoisineront 12 à l’ouest dès le matin. Il fera 11 à Toulouse Istanbul catégorie des « boutiques-hô- 14 degrés. 13 degrés. tels ». Des établissements intimes Pluie Nord-Picardie, Ile-de-France, Languedoc-Roussillon, Pro- Rome (moins de 100 chambres), à la dé- Centre, Haute-Normandie, Ar- vence-Alpes-Côte d’Azur, Barcelone Naples coration raffinée . Réservations au o Madrid dennes. – Le temps sera couvert Corse. – Sur le Languedoc-Rous- 40 0800-136-136. et faiblement pluvieux le matin, sillon, les pluies faibles dureront Lisbonne Athènes Orages a FRANCE. Afin de mieux ré- puis des éclaircies reviendront par toute la journée. Ailleurs, le ciel se pondre aux besoins de sa clientèle l’ouest l’après-midi. Le thermo- voilera le matin, puis deviendra Séville d’affaires, la SNCF met en service mètre marquera 11 à 12 degrés. très nuageux. Les pluies gagneront Tunis Neige une liaison supplémentaire aller- Champagne, Lorraine, Alsace, la Provence l’après-midi, puis la Alger retour entre Lille et Lyon, portant Bourgogne, Franche-Comté. – Le Côte d’Azur en fin de journée. Il à neuf le nombre de ces trains ciel restera couvert avec de la pluie fera 12 à 15 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort quotidiens, du lundi au vendredi.

PRÉVISIONS POUR LE 02 NOVEMBRE 1999 PAPEETE 22/28 P KIEV 4/12 S VENISE 12/16 C LE CAIRE 17/26 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 23/28 P LISBONNE 12/17 P VIENNE 6/15 S NAIROBI 15/28 S et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 20/26 S LIVERPOOL 8/11 S AMÉRIQUES 19/34 S EUROPE LONDRES 6/13 P BRASILIA 18/27 S RABAT 16/22 N C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 8/14 P LUXEMBOURG 6/14 P BUENOS AIR. 15/21 S TUNIS 15/27 S FRANCE métropole NANCY 12/14 P ATHENES 14/21 S MADRID 7/18 P CARACAS 25/30 C ASIE-OCÉANIE AJACCIO 13/21 N NANTES 8/13 N BARCELONE 12/20 N MILAN 11/14 C CHICAGO 2/8 S BANGKOK 23/29 S BIARRITZ 12/16 P NICE 13/20 N BELFAST 6/10 P MOSCOU 6/8 P LIMA 18/21 C BEYROUTH 17/23 S BORDEAUX 12/14 C PARIS 10/14 N BELGRADE 7/18 S MUNICH 6/14 N LOS ANGELES 15/23 S BOMBAY 22/33 S BOURGES 11/14 C PAU 10/14 P BERLIN 8/13 C NAPLES 15/24 S MEXICO 7/18 S DJAKARTA 25/28 P BREST 9/13 P PERPIGNAN 13/18 P BERNE 6/10 N OSLO 4/10 S MONTREAL 11/16 P DUBAI 23/33 S CAEN 11/13 N RENNES 8/13 N BRUXELLES 7/14 P PALMA DE M. 11/23 C NEW YORK 14/21 C HANOI 16/22 S CHERBOURG 11/13 P ST-ETIENNE 11/15 P BUCAREST 6/14 S PRAGUE 5/15 P SAN FRANCIS. 10/18 S HONGKONG 16/23 S CLERMONT-F. 12/15 P STRASBOURG 12/16 P BUDAPEST 5/14 S ROME 13/22 S SANTIAGO/CHI 7/18 S JERUSALEM 14/27 S DIJON 11/15 P TOULOUSE 12/16 P COPENHAGUE 8/12 N SEVILLE 14/23 N TORONTO 3/14 P NEW DEHLI 18/31 S GRENOBLE 11/16 C TOURS 10/14 C DUBLIN 4/10 P SOFIA 1/15 S WASHINGTON 12/23 P PEKIN 1/13 S LILLE 10/14 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 7/14 P ST-PETERSB. 7/9 N AFRIQUE SEOUL 4/11 S LIMOGES 9/14 C CAYENNE 23/33 S GENEVE 9/12 N STOCKHOLM 8/12 P ALGER 14/25 S SINGAPOUR 26/30 P LYON 12/16 P FORT-DE-FR. 24/30 P HELSINKI 6/9 P TENERIFE 16/21 S DAKAR 25/31 C SYDNEY 13/18 C MARSEILLE 14/20 N NOUMEA 22/28 S ISTANBUL 11/16 N VARSOVIE 6/16 C KINSHASA 23/29 P TOKYO 14/19 C Situation le 1er novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 3 novembre à 0 heure TU ASTRONOMIE A la découverte, avec Galilée, des gros satellites de Jupiter

EN 1609, un professeur de mathé- servation qui va suivre fait date dans prôné par l’Eglise catholique. Aussi, Copernic. Les reliefs de la Lune et les matiques de l’université de Padoue l’histoire de l’astronomie. Voici com- ce n’est pas sans malice qu’il se met taches du Soleil détruisent, par Un imposant quatuor améliore la technique de fabrication ment le savant italien la relate dans sous la protection de Cosme de Mé- exemple, le dogme aristotélicien de de la lunette inventée en Hollande. l’ouvrage qu’il s’empressera de rédi- dicis, grand-duc de Toscane, en lui l’incorruptibilité des cieux. Mais c’est Jupiter Après quelques essais, il construit ger et de faire publier, Le Message cé- dédicaçant son Message céleste. Il surtout l’étude du mouvement des ( = 142 984 km) « un instrument à ce point excellent leste (aussi connu en français sous les nomme les quatre satellites de Jupi- satellites de Jupiter – ce système de que les choses apparaissent (...) plus titres de Messager céleste et de Mes- ter les « planètes médicéennes », ce Copernic en miniature – qui met à voisines dans une raison de trente fois sager des étoiles): « Le septième jour qui lui vaudra un titre de « premier mal les arguments qui s’opposaient que si elles sont regardées seulement de janvier de l’année en cours mille six mathématicien et philosophe du jusqu’alors à l’héliocentrisme : ainsi, par la faculté naturelle ». Ne résistant cent dix, à la première heure de la grand-duc ». tous les corps ne tournent pas au- pas à l’idée de se rapprocher des nuit, comme je regardais à travers la tour de la Terre. Par ailleurs, certains astres, un certain Galilée lève donc, lunette les astres célestes, Jupiter vint VISITES RÉGULIÈRES pensaient que si notre planète était en cette fin 1609, sa lunette vers le au-devant, et (...) j’ai distingué trois A la relecture, la dédicace en ques- mobile et tournait autour du Soleil, ciel. petites étoiles, certes exiguës, mais tion ne paraît pas dénuée d’un cer- elle ne pourrait « garder » la Lune Io ( = 3 630 km) Il y contemple la Lune et son relief, pourtant très claires, qui, bien qu’elles tain courage – ou d’une certaine in- avec elle. Or Jupiter, elle, effectue ses les étoiles dites « fixes » ou « iner- fussent crues du nombre des iner- conscience – lorsque l’on se souvient révolutions tout en conservant ses Ganymède ( = 5 262 km) rantes » puis, quelques jours plus rantes, cependant suscitèrent quelque que, dix ans auparavant, le domini- quatre satellites, Callisto, Gany- tard, les étoiles dites « errantes », admiration en ce qu’elles semblaient cain Giordano Bruno fut condamné mède, Europe et Io... autrement appelées planètes. L’ob- disposées selon une ligne droite exacte au bûcher pour avoir notamment Des satellites que l’on « redécou- et parallèle à l’écliptique. » A la sur- défendu le copernicianisme. Avec vrira » en 1979, grâce aux fantas- SOLEIL ET LUNE DE LA SEMAINE prise de Galilée, loin d’être fixes, ces Jupiter, les quatre astres en question, tiques images envoyées par les 1 000 000 km • vendredi 5 novembre 1999 (à Paris) • points se déplacent nuit après nuit. écrit Galilée, « délivrent autour du sondes Voyager. Depuis 1995, la Le 13 janvier, un quatrième apparaît, centre du monde, c’est-à-dire autour sonde Galileo les visite régulière- qui vient se mêler à la danse. du Soleil lui-même, tous ensemble ment, pour le plus grand bonheur Deux mois durant, ce nouvel as- également de grandes révolutions de des astronomes, qui y voient de plus tronome note leur position. Il sait douze ans ». en plus des mondes à la fois singu- Lune (terrestre) que ces quatre planètes n’ont jamais Très curieusement, les censeurs du liers et passionnants. ( = 3 476 km) 7 h 44Lever Coucher 17 h 23 été aperçues par aucun homme Conseil ecclésiastique ne trouvent « depuis le premier commencement en l’ouvrage de Galilée « aucune Pierre Barthélémy Europe Callisto du monde jusqu’à nos temps », mais chose contraire à la Sainte Foi catho- ( = 3 138 km) ( = 4 800 km) les conclusions qu’il tire de leur ob- lique, aux principes et aux bonnes cou- servation sont de nature à renforcer tumes »... Pourtant, plusieurs des ob- PROCHAIN ARTICLE : Supérieur en taille à la planète Mercure, Ganymède est le plus gros satellite du système solaire, juste devant Titan, un des satellites de Saturne. 4 h 30Lever Coucher 16 h 45 les théories de Copernic et à re- servations du mathématicien Ganymède et Callisto, mettre en cause le géocentrisme témoignent en faveur du système de faux jumeaux

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99259 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). AFFAIRE DE LOGIQUE PROBLÈME No 144

salade. – 8. Se mouvoir harmo- Solution du jeu no 143 paru dans Le Monde du 26 octobre nieusement. – 9. Planche des Le jardinier jeunes. Canton du Loiret. – 10. Voyelles. Attaquent les nerfs. – 11. Des ordres qui ne se dis- vantard cutent pas. Bien arrivée. – 12. Vin doux. C’EST L’AUTOMNE. Le jardi- nier vient de planter des bulbes de Philippe Dupuis tulipes et de jonquilles dont les fleurs orneront votre jardin au SOLUTION DU No 99258 printemps. Il vient vous en rendre compte : « Ce sera très joli, parce HORIZONTALEMENT que pas du tout régulier. Je me suis cependant arrangé pour mettre les I. Déflagration. – II. Epuisé. oignons en terre de telle sorte qu’à Lente. – III. Plissage. Tac. – 20 centimètres de chaque tulipe il y IV. Rot. Enraciné. – V. Ereinté. ait cinq jonquilles, et qu’à 20 centi- OM. – VI. Se. Mésalliés. – mètres de chaque jonquille il y ait VII. Serpe. Sied. – VIII. Aisé. 5 tulipes ». Brest. – IX. Orbe. Rare. Ee. – X. Nues. Grésils. Est-ce possible ? Si oui, com- ment ? HORIZONTALEMENT Mettent en bon ordre. – IX. Le VERTICALEMENT premier est le plus gros. Mieux Elisabeth Busser I. La folie des vaches lui donne vaut avoir le dernier. Prince 1. Dépression. – 2. Eplorée. Ru. et Gilles Cohen beaucoup de travail. – II. Aller de troyen. – X. Stimulantes. – 3. Fuite. Rabe. – 4. Lis. Impies. – Il faudra tirer 30 salves pour être ronne suivante ne sera pas visée. pis en pis. Tombe du plaquemi- 5. Assenées. – 6. Géants. Erg. – © POLE 1999 sûr d’atteindre toutes les cases. La couronne d’après le sera suivant nier quand il est mûr. – VERTICALEMENT 7. Gréas. Ar. – 8. Aléa. Libre. – D’une manière générale, si le carré la même méthode que l’extérieure, III. Mettent les notes à la baisse. 9. Té. Colères. – 10. Intimide. – Solution dans Le Monde du a un nombre pair 2n de cases sur mais en choisissant les cases visées Renforce l’affirmation. Dans 1. Sortie du sac, elle crée la 11. OTAN. Sel. – 12. Nécessités. 9 novembre. chacun de ses côtés, on montre « en quinconce » par rapport à la l’aventure. – IV. Cours primaire. confusion. – 2. Un maître qu’il faut (et c’est suffisant) tirer première. Et ainsi de suite... Cette Améliore le confort intérieur. – aujourd’hui. Capitale régionale. – n × (n + 1) salves bien choisies. On méthode, qui utilise n × (n + 1) V. Un peu d’intox. Odeur de vio- 3. Pour prendre l’air en solitaire. peut l’établir en construisant, salves, ne peut être améliorée dans lette chez le parfumeur. Préposi- Tendance naturelle. – 4. Vivent en comme sur le dessin ci-contre, un la mesure où toute case est atteinte tion. – VI. Des gens que l’on saura marge. – 5. Morceaux de porc plan de tir en divisant le champ de mais aucune ne l’est par deux faire parler. Les Etats-Unis en ver- confits. Petite anglaise nerveuse. tir en couronnes concentriques. salves différentes. Ce problème est sion originale. – VII. Fermeture à – 6. A de beaux rôles chez Beau- Sur la couronne extérieure, on al- inspiré par un sujet d’olympiade l’intérieur. Cadeau en partant. – marchais. Personnel. – 7. Fut dans ternera deux cases visées (en gris) mathématique 1999, et sa solution VIII. Carnivore à l’œil perçant. le coup. Comme des œufs dans la et deux cases non visées. La cou- suggérée par François Lo Jacomo. LeMonde Job: WMQ0211--0022-0 WAS LMQ0211-22 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 09:25 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0785 Lcp: 700 CMYK

22 CULTURE LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999

CHANSON Six albums français gny, se réapproprie Gérard Manset, McCartney, est un album jubilatoire Monde, Brian Ferry, auteur d’un mais défend aussi la possibilité et anglo-saxons signent, avec plus Serge Gainsbourg ou Téléphone, rendant hommage aux pionniers opus consacré aux grandes mélodies d’« associations musicales très exci- ou moins de succès, un retour du composant un véritable florilège de des années 50 – Elvis Presley, Chuck des années 30, admet que ce type tantes ». b PRATIQUE courante chez disque de reprises. Parmi les bonnes la chanson française. b « RUN DEVIl Berry... – qui ont changé la vie de de disques permet « de pallier, par- les Anglo-Saxons, la reprise a mau- surprises, réCréation, de Florent Pa- RUN », la dernière livraison de Paul l’ex-Beatle. b INTERROGÉ par Le fois, un manque d’inspiration », vaise réputation en France. De Florent Pagny à Paul McCartney, les reprises fleurissent à l’automne Six albums – deux français, quatre anglo-saxons – explorent différents territoires du répertoire (chanson française, Broadway, rock des années 50) sous le signe de l’hommage, de la mélancolie, de la thérapie ou du plaisir L’ALBUM de reprises provoque émouvant de Rowland évoque souvent en France une réponse parfois celui de Scott Walker, que « aquoiboniste ». Réinterpréter penser d’arrangements truffés de des chansons, à quoi bon ? Ceux chœurs écœurants et de violo- qui s’y risquent s’exposent aussi- nades qui risquent de réhabiliter tôt aux salves des critiques. Il le rondo veneziano ? On sait que convient donc de saluer l’initiative l’easy-listening est devenu le stade de Florent Pagny, auteur avec ré- suprême de la modernité, mais Création d’un album rafraî- tout de même... chissant. On se souvient de la ver- Le répertoire, centré sur Broad- sion que le chanteur donna, en way, se prête certes à l’emphase 1989, de Comme d’habitude, signée (This Guy’s in Love With You, de Claude François, Jacques Revaux Burt Bacharach et Hal David, et Gilles Thibaut, sans doute l’une You’ll Never Walk Alone, d’Oscar des chansons les plus reprises au Hammerstein, assez différent, ici, monde. En 1996, il abattait les der- de la version qu’en donnent tous nières réticences du peuple de les week-ends les supporteurs du France en enregistrant Caruso, Liverpool Football Club), mais il composition d’un des plus grands est fâcheux d’entendre The Long cantautore italiens, Lucio Dalla. And Winding Road, de Lennon- En consacrant aujourd’hui un McCartney, accommodé avec une album entier à cet exercice, Pagny sauce encore plus chargée que confirme qu’il a du culot. L’exer- celle que le producteur Phil Spec- cice de la reprise se contente tor rata sur Let It Be. souvent d’une chanson connue in- terprétée en fin de récital ou d’un BAIN DE JOUVENCE titre placé presque en catimini au Thérapique, l’album de McCart- milieu d’un « hommage à... ». ney l’est sans doute aussi. Pour ne Florent Pagny a pris le parti d’in- pas gamberger, Sir Paul s’est réfu- terpréter des versions dance de gié, depuis la disparition de son chansons choisies dans le patri- épouse Linda, dans une hyperacti- moine des années 70 et 80. Pascal vité qui lui a permis d’enregistrer Obispo, Patrick Dupont, Sylvain trois albums en un an, expérimen- Ott, Alexandre Azaria, Ian Inverd, tal sous le nom de Fireman, « clas- Arsène Torpedo ont agité les sique » avec Working Classical, pu- échantillonneurs comme des sha- blié en même temps que Run Devil kers pour bâtir en s’amusant cet Run. Quand Bryan Ferry puise album efficace. dans le répertoire de l’entre-deux- L’opus joue sur les mots – réap- guerres, le bassiste gaucher rend propriation, plaisir de chanter. Et hommage aux pionniers qui ont parce qu’il n’hésite pas une se- changé sa vie, ceux des années 50, conde à phagocyter Gérard Man- Elvis Presley, Gene Vincent, Larry

set, Serge Gainsbourg, Art Mengo PETER LINDBERGH Williams, Carl Perkins ou Chuck EMI ou Téléphone, on lui pardonnera Florent Pagny et Paul McCartney donnent la meilleure définition du disque de reprises : s’amuser, se faire plaisir. Berry... et à son propre talent en presque de précipiter Jolie Môme glissant trois chansons de son cru. de Léo Ferré dans ces arrang- où l’on croit reconnaître une ment l’actualité avec la sortie de Bryan Ferry, l’ancien chanteur de renaître une société, coincée entre Auteur en 1988 d’un album assez ments peu adaptés. Mais la clien- simple version améliorée de l’ori- quatre albums, inégaux mais qui Roxy Music) ou de se remettre en deux cataclysmes, qui trouva re- semblable mais inférieur, Choba B tèle des hypermarchés – le public ginal (Franck Alamo), premier ont en commun d’être l’œuvre selle après une longue absence fuge dans ces mélodies inou- CCCP, à l’attention de ses admira- naturel d’un chanteur comme aveu d’échec d’une reprise. d’auteurs-compositeurs, rarement (c’est le cas de Kevin Rowland, an- bliables. teurs russes, McCartney n’avait Florent Pagny, ce qui n’est au- Véronique Sanson habite-t-elle interprètes, catégorie dominée cienne figure de proue du groupe Assez fidèle, lui aussi, à l’esprit pas hésité à reprendre une idée de cunement méprisable – se pren- les treize chansons de Michel Ber- par deux monstres de moins en de soul celtique Dexy’s Midnight des originaux, Mark Lanegan, son célèbre comparse, John Len- dra certainement au jeu. ger qu’elle interprète dans son moins sacrés et à la voix erraillée, Runners). chanteur du groupe américain non, qui s’était essayé à l’album nouvel album, D’un papillon à une Joe Cocker et Rod Stewart. Nos- Grâce à une pratique de longue The Screaming Trees, que l’on a de fan sur Rock’n’Roll (1975). MÉLODIES INOUBLIABLES étoile ? Le cas est plus compliqué : talgiques mais nullement pas- date de la reprise (les albums connu coincé dans l’impasse du On pouvait s’attendre au pire RéCréation propose pourtant un il fut un temps où, musicalement, séistes, ces tentatives permettent These Foolish Things, Another Time, post-grunge, présente sur I’ll Take lorsque McCartney décida de réu- véritable florilège de la chanson Berger et Sanson ne faisaient de remédier à une crise d’inspira- Another Place, The Bride Stripped Care of You – un titre en forme de nir cette fois-ci un aréopage de française : Requiem pour un con, qu’un. A l’annonce de ce projet, le tion (ce que reconnaît ci-dessous Bare et Taxi) et des trésors de déli- profession de foi – les chansons stars fatiguées, David Gilmour, le de Gainsbourg, Hygiaphone,de préjugé revint que, si Véronique catesse, Bryan Ferry investit bril- qu’il aime. Lanegan explore un ré- guitariste et marchand de sable de Téléphone, Heures hindoues, Sanson se livrait à un tel exercice, lamment quelques joyaux des an- pertoire à dominante folk (Tim Pink Floyd, ou Ian Paice, cogneur d’Etienne Daho, Chère amie,de c’était par faute d’inspiration. Discographie nées 30 sur As Time Goes By, la Hardin, Fred Neil) et country de Deep Purple. Contre toute at- Marc Lavoine, Les parfums de sa D’un papillon à une étoile livre un chanson mythique du film Casa- (Buck Owens), assez timidement tente, le résultat est jubilatoire. vie, de Patrice Girao et Art Mengo, message clair : celui d’une pro- b Florent Pagny, réCréation, 1CD blanca donnant son titre à l’al- mais sans commettre de faute de Run Devil Run donne immédiate- Quand j’étais chanteur, de Michel fonde mélancolie, celle de Berger Mercury. bum. C’est un disque soyeux, res- goût. ment envie de convier le voisinage Delpech, et Antisocial, de Trust, en premier lieu, plus couramment b Véronique Sanson, D’un pectueux (à l’excès ?) des versions Il en va tout autrement de Kevin à une boum, avec sa version pied sont autant de marques laissées vu dans sa dimension gentil- papillon à une étoile, 1 CD WEA. originales et du son de l’époque, Rowland. Son album procède de au plancher de All Shook Up, em- sur une époque. Pagny prend son joyeux-concerné. Mais, en choi- b Bryan Ferry, As Time Goes By, qui convie cordes, bois, cuivres, la thérapie. « Après avoir vu tant menée par un McCartney déchaî- sujet à bras-le-corps, chante bien sissant le tête-à-tête et non le ré- 1 CD Virgin. bandonéon et banjo – l’instru- de laideur dans le monde », écrit-il né qui chante comme il devait le et joue le jeu de la recréation jus- sumé d’une époque (comme b Mark Lanegan, I’ll Take Care of ment le plus moderne étant les dans les notes de la pochette – sur faire à la Cavern. Rajeuni par ce qu’au bouleversement du style. Florent Pagny), la chanteuse s’en- You, 1 CD Sub Pop/Beggars ondes Martenot ! Avec précaution laquelle il se présente à moitié nu, bain de jouvence, le rocker donne Ce n’est pas le cas de Nilda Fer- ferme dans une voie unique dont Banquet. et bon goût, Ferry glisse sa voix de en slip noir et jarretelles devant à l’arrivée l’une des meilleures dé- nandez, qui s’apprête à sortir un il lui est peu aisé de trouver la sor- b Kevin Rowland, My Beauty, crooner dans les écrins de Cole un boa rose –, le chanteur avait finitions du disque de reprises : album dont le fil conducteur tie. 1 CD Creation Records. Distribué Porter (You Do Something to Me, besoin de se refaire une beauté. s’amuser. semble être l’ambiguïté de l’iden- Moins fébriles que les Français par Sony Music. Just One of Those Things), Kurt My Beauty en donne une vision tité sexuelle, à commencer par un devant l’écueil de la reprise, les b Paul McCartney, Run Devil Weill (September Song) ou Rogers toute personnelle que l’auditeur Véronique Mortaigne catastrophique Biche, ô ma biche Anglo-Saxons marquent égale- Run, 1 CD Parlophone/EMI. and Hart (Where or When) et fait peut ne pas partager : si le timbre et Bruno Lesprit

tage hommage à leurs ascen- Bryan Ferry, chanteur COMMENTAIRE dants, de Mireille à Gainsbourg qui, lui, truffait ses chansons de LE GRAND ABANDON citations en forme de clins d’œil « Avec “As Time Goes By”, j’ai voulu recréer l’ambiance d’une époque » – sa plus belle reprise demeurant DU RÉPERTOIRE La Marseillaise. A ces choix artis- « As Time Goes By, votre nou- – Elles passaient à la radio dans univers. J’ai gommé mon accent – Ces précédents disques de tiques se sont ajoutées des vel album, est constitué de chan- les émissions de jazz. Les chansons "geordi" [le patois de Newcastle] en reprises étaient souvent inter- La reprise de chansons du ré- préoccupations d’ordre écono- sons des années 30. Ces mélo- des années 20 étaient un peu plus essayant d’imiter ces chanteurs... prétés au second degré, chantés pertoire a mauvaise réputation mique : les droits perçus par un dies font-elles depuis longtemps primitives, les gens commençaient – Une des originalités de Roxy avec une pointe d’ironie. Cela ne en France. Pratique courante artiste qui écrit paroles et mu- partie de votre culture musi- juste à assimiler le jazz. Mais les Music, votre ancien groupe, était semble pas être le cas d’As Time chez les Anglo-Saxons et les Bré- sique sont bien supérieurs à ceux cale ? années 30 représentent l’épa- la façon dont vous mêliez ce cô- Goes By ? siliens, elle est difficilement ad- d’un simple interprète. – J’avais cinq ans quand j’en ai nouissement de la chanson popu- té crooner et le rock d’avant- – D’habitude, quand je fais des mise dans un pays qui a perdu de Dans la France contemporaine, pris conscience pour la première laire américaine. Le jazz était maî- garde... reprises, j’essaie de réinventer les vue son patrimoine chanté, à un interprète qui s’empare de la fois. Ma tante, qui était aussi ma trisé, et des compositeurs formés – J’ai toujours apprécié un grand chansons. Là, j’ai cherché à ne pas l’exception de régions, comme la chanson d’un autre, surtout s’il baby-sitter, n’arrêtait pas d’écou- dans les conservatoires appor- nombre de styles musicaux. En trop m’éloigner des originaux, à re- Bretagne ou l’Occitanie, qui ont est grand, est soupçonné de dé- ter des 78 tours. Son mari, qui était taient des structures d’accords 1970, à la création du groupe, j’ai- créer l’ambiance d’une époque. inculqué à tous le goût musical naturer l’original. On se cache dans la Royal Air Force, à Gibral- plus complexes. L’influence euro- mais autant Pink Floyd, le Velvet Pour mes oreilles esquintées par les par le biais de la fête, des écoles donc parfois derrière les hom- tar, côtoyait des GI qui passaient péenne de compositeurs comme Underground, Otis Redding qu’El- guitares électriques et les synthéti- de musique, des concours. Le mages (à Brel, à Polnareff...). sans arrêt de la musique améri- Kurt Weill se faisait aussi sentir. vis, Sinatra ou John Cage... Le pre- seurs, il était rafraîchissant de tra- syndrome de l’auteur-composi- C’est pourtant par le colportage caine. Quand j’ai commencé à Les comédies musicales de Broad- mier album de Roxy Music reflé- vailler avec des instruments acous- teur-interprète, homme ou que les chansons les plus acheter mes propres disques, vers way ou d’Hollywood étaient le tait cette variété, des associations tiques et des musiciens éloignés du femme à tout faire, est paraly- connues ont survécu. Ne pas onze ou douze ans, je me suis pas- support privilégié de ces chansons musicales très excitantes. rock. I’m in The Mood For Love, sant. Le rôle de l’interprète chanter Brassens au prétexte sionné pour le jazz et le blues. Ma et un excellent moyen de pénétrer – En solo, vous avez régulière- avec la guitare de Phil Manzanera, ayant été minimisé, peu de que lui seul, de sa voix de roc, sœur aînée avait des copains la mémoire collective. ment enregistré des albums de un poème de Baudelaire dit par jeunes chanteurs ont osé explo- peut faire vivre son répertoire, dingues de Duke Ellington. Billie – Cette musique était-elle un reprises – These Foolish Things, une Française et des arrangements rer le riche corpus de la chanson. c’est le reléguer à jamais au mu- Holiday est devenue ma chanteuse moyen de vous échapper du mi- Another Time Another Place, latinos, est le seul titre avec lequel Quand Jacques Brel, Georges sée. En vertu du principe de plai- préférée. Avant et après l’école, je lieu ouvrier familial ? Taxi... Ont-ils une fonction ? nous ayons pris des libertés. J’avais Brassens ou Léo Ferré étaient re- sir et de la libre circulation des livrais des journaux. Chaque se- – L’élégance très évocatrice de – Ils me permettent de rendre l’impression, sinon, d’avoir ces au- pris par les interprètes de la rive œuvres, les « monuments » de la maine, j’épluchais Melody Maker, cette musique, son aspect léger, hommage à des influences, mais teurs fabuleux derrière mon dos, gauche, les chanteurs de la nou- chanson encore vivants de- un magazine qui, à la fin des an- glamoureux, et en même temps aussi de m’amuser, de relâcher la qui me chuchotaient : "N’y touche velle vague des années 70 s’en vraient susciter les envies de nées 50, parlait beaucoup plus de mélancolique pouvaient aider à se pression, de pallier, parfois, un pas trop, tu vas les abîmer !" » sont tenus à l’expression d’uni- leurs cadets. jazz que de rock. créer un monde meilleur. Le raffi- manque d’inspiration... Cela m’at- vers personnels ; on regrettera – Ces chansons n’avaient-elles nement que j’ai trouvé dans ces triste beaucoup, mais j’écris de Propos recueillis par qu’ils n’aient pas rendu davan- V. Mo. pas déjà un parfum rétro ? chansons m’a aidé à construire un plus en plus lentement. Stéphane Davet LeMonde Job: WMQ0211--0023-0 WAS LMQ0211-23 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 09:25 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0786 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / 23

DÉPÊCHES a MARCHÉ DE L’ART : un col- En Italie, le risorgimento loque organisé par le député (RPR) Pierre Lellouche, intitulé « Le marché de l’art français à chorégraphique passe l’épreuve de la mondialisation », se déroulera à Paris, le 2 novembre (salle Victor-Hugo, 101, rue de l’Université, Paris 7e, de 8h30 à 18 h 30). Il entend dresser l’état des par les centres sociaux lieux du marché de l’art en France et se pencher sur les moyens qui fa- ciliteraient son ouverture. Les anciens « squats » des années 70 hébergent les a MUSIQUE : le violoncelliste ita- lien Paolo Damianile sera le pro- artistes et luttent contre la désertification culturelle chain directeur artistique de l’Or- chestre national de jazz (ONJ). Il ROME de prise de parole et de réflexion, ex- est nommé pour trois ans (contrat de notre envoyée spéciale plique Paolo Barone, courroie de renouvelable pour deux ans) et Pinocchio ? Comment peut-on transmission entre l’ensemble des prendra ses fonctions en sep- aimer cette affreuse marionnette ? centres sociaux de la région de tembre 2000. Il succède au contre- Au Théâtre Vascello, dans Rome. Ils sont la réponse de l’ex- bassiste Didier Levallet. Son projet 1 9cc GLX, le collectif Kinkaleri, trême gauche pour regrouper, struc- associera à l’ONJ des compositeurs qu’on présente comme ultra-radi- turer les oppositions. Progressive- et arrangeurs du jazz, des mu- cal, lui tord le nez pour ne garder ment, la politique a cédé le pas à la siques traditionnelles et contempo- de ses aventures qu’une étude ma- culture militante. Aujourd’hui, de raines. thématique sur les catastrophes et jeunes artistes y vivent et y tra- a DANSE : Horatios Freitas, mi- les illusions de toutes sortes. Ping- vaillent. » nistre togolais de la culture, de la

pong policier, très pince-sans-rire, Le Link de Bologne est cité par PIERO TAURO jeunesse et des sports, a interdit entre vérité et mensonge. Un tra- tous comme le lieu le plus expéri- La compagnie Travirovesce, en résidence au théâtre municipal de Fiuggi. la danse dite mapouka, afin de pro- vail qui ne chatouille pas dans le mental d’Italie, le plus structuré téger les bonnes mœurs. La ma- sens du poil. Un bloc d’irréductibi- aussi. Comme le Branca de Rome, Fiuggi, à 70 kilomètres au sud de amour fou de Monica Casadei pour Parmi les aînés – Lucia Latour, pouka, originaire de Côte d’Ivoire, lité, loin de cette danse italienne, qui tient son nom du film culte de Rome. On file observer une de ces le peintre Antonio Ligabue (lire ci- Virgilio Sieni, Michele Abbondanza est devenue un véritable phéno- trop théâtralisée, très rouge et noir, Mario Monicelli, Brancaleone s’en nouvelles résidences. Le groupe dessous), détournement de Pinoc- en tournée en Amérique du Sud –, mène de société. Axée sur les dé- qu’on découvrait dans les an- va-t-aux croisades (1970), dans le- Travirovesce donne sa première chio, idées futuristes de Marinetti... seul le Romain Enzo Cosimi était hanchements fessiers, elle a été in- nées 80. quel une armée de gueux met en performance. Quatre filles, propul- « Les années 80 ont été celles d’un là. « Qu’est-ce qui a changé ? Rien, terdite d’antenne à la télévision Aux côtés de La Furia dels Baus, déroute les mensonges de l’His- sées à l’énergie « marche ou faux départ, explique Michele Po- dit-il. Ou plutôt, la situation est pire. ivoirienne en mars 1998, avant de Peter Sellars, des Ballets toire... Les premières résidences se crève », en béret et bustier, sur- gliani, revenu en 1996 de New York Quand j’ai débuté, j’avais vingt- d’être censurée au Togo. C. de la B., de Bill T. Jones, Kinka- mettent en place. gissent du théâtre municipal. Le pour créer sa compagnie. S’il n’y trois ans, les critiques nous soute- a ÉDITION : Jean Arcache a été leri – soit Matteo Bambi et Cristina nom de leur danse : X-treme Re- avait pas pour nos aînés de théâtres naient. Aujourd’hui, plus de cri- nommé par le groupe Havas Rizzi, membres fondateurs du col- venge. Et que ça saute ! Détachées disponibles pour la danse, il n’y en a tiques, plus de projets. Les gens de PDG des Presses Solar-Belfond, lectif – avait les honneurs du Festi- « La résidence de du centre social X-Nia, à Rome, Ca- pas davantage aujourd’hui. Alors théâtre de ma génération, Romeo en remplacement de Georges Le- val Romaeuropa, programmé par tarina Inesi et Maddalena Scardi, qu’est-ce qui a changé ? La généra- Castellucci, Mario Martone, dirigent ser, décédé (Le Monde du 20 sep- la Fondation du même nom dont la Fiuggi est pour nous formées à l’Ecole d’Essen, en Alle- tion actuelle a choisi de présenter à Rome d’importantes salles. Nous, tembre). Entré dans l’édition en Française Monique Veaute est vice- magne, sont aussi des militantes. des travaux moins intellectuels, plus nous n’avons rien obtenu. Seuls les 1981, Jean Arcache, quarante-six présidente et directrice artistique. Il l’occasion d’avoir « La résidence de Fiuggi est pour en prise avec le zapping, la rapidité, lieux underground, comme les ans, était depuis 1995 directeur fallait aller à Rome pour essayer de nous l’occasion d’avoir un lieu, un la réalité des gens. Je suis heureux centres sociaux, épaulent la danse, d’Hachette Pratique et dirigeait la comprendre pourquoi la danse ita- un lieu, un théâtre. théâtre. En échange, nous donnons quand un spectateur qui n’a jamais en comprennent les enjeux politiques coordination éditoriale des filiales lienne a disparu des programma- des cours à qui veut, nous faisons vu de danse vient me trouver avec un et artistiques. » étrangères d’Hachette (Orion, Cas- tions européennes. S’est-elle étio- En échange, nous connaître la danse. Il n’y a pas de sourire réjoui. » Cosimi dit vouloir chercher sa sel, Salvat), ainsi que Marabout In- lée, faute d’être soutenue, financée, contrepartie monétaire. C’est un Le Cyber Queer de Pogliani tra- « romanité » du côté des acteurs, formatique. d’avoir trouvé un enracinement donnons des cours échange, dans le sens du potlach. verse Internet ; son Aerocity dé- tel Toto, et son identité profonde a VENTES : le conseil de surveil- identitaire ? S’il est encore trop tôt Nous défendons cette manière d’or- sosse les jeux vidéos : « Utiliser les d’artiste autour de la notion de lance de Drouot SA a nommé pour sentir les effets de la politique à qui veut » ganiser la vie avec l’art. » nouvelles technologies, le multimé- vide, du corps traversé. Romain Me Hervé Chayette, cinquante- de Giovanna Melandri, ministre Hors Rome, le Latium revit en- dia, tout cela est déjà vieux, soupire dans l’âme, il ne peut s’empêcher deux ans, président de la société et des biens et des activités culturelles core à Tuscana, Magliana in Sabi- le jeune chorégraphe. Nous sommes de parler de ce qui est au centre de membre de son nouveau direc- – ministère au sein duquel Rossana « Là encore tout se règle "à l’ita- na. Toutes les résidences réunissent dans la représentation de la simula- toutes les conversations : la réno- toire. La fonction était naguère Rummo est chargée du départe- lienne", explique Monique Veaute. à la fois la danse, le théâtre et la tion. Ce qui est jouissif, c’est que vation des façades pour le Jubilée cumulée par Me Joël Millon, démis- ment du spectacle –, on a le pres- Dans ce pays qui compte plus de musique. Autres acteurs de ces notre corps même devienne multi- du catholicisme. « Trop propres, sionnaire, avec celle de président sentiment pourtant que, depuis mille théâtres, beaucoup sont fer- nouvelles scènes : Francesco Sca- média. » Pogliani, accompagné de trop blanches. Rome ressemble à un de la Compagnie des commis- quelques mois, ça bouillonne. més. Notamment les petites salles de vetta, Monica Casadei, Rebecca son techno-compositeur Paolo De- de vos saint-honoré, et le Vatican à saires-priseurs de Paris. Elles sont D’entrée de jeu, Kinkaleri cinquante places, construites dans Murgi, Michele Pogliani, Giovanna mitry, est prêt à danser en disco- Hollywood. » désormais dissociées, Me Domi- confirme le changement. Que se les palazzi des grandes familles. Il Agostani ; Adriana Boriello, la Na- thèque pour faire connaître son nique Ribeyre ayant été élu, le 6 oc- passe-t-il en Italie ? Jeu de piste. fallait donner des lieux, des héberge- politaine, a quitté la compagnie art. Dominique Frétard tobre, président de la Compagnie. Des centres sociaux seraient deve- ments aux artistes pour qu’ils restent d’Anna Teresa de Keersmaeker à nus de véritables pôles de création en régions, former les directeurs de Bruxelles pour revenir se frotter underground. Des centres sociaux ? ces espaces rénovés, avec pour aux corps irruptifs de son Sud na- En fait, il s’agit d’une idiosyncrasie contrepartie la volonté que la culture tal. Tous désireux de cerner une à l’italienne, sans aucun rapport se développe là où elle a déserté. » « italianité » qui enracinerait leur avec le centre social tel qu’on le Lucio Argano est connu pour être travail. Utilisation de chants sardes, connaît en France. « Ces centres so- un de ces spécialistes qui montent résurrection de Pasolini dans Il fiore ciaux, au départ le plus souvent des ces programmes de repeuplement delle mille e une notte, de Virgilio squats, ont vu le jour après les an- culturel, à partir du Fonds social Sieni, recours à Dante de l’Aterbal- nées 70 comme des lieux alternatifs européen. letto, que dirige Mauro Bigonzetti, Monica Casadei fait revivre le peintre Antonio Ligabue ROME tion totalement sonné devant une œuvre traversée par de notre envoyée spéciale de telles forces occultes. Monica Casadei, fille de Ferrare, chorégraphe atta- Monica Casadei, à la tête de la compagnie Artemis, chée au très actif Teatro Stabile de Parme, vit depuis ne craint pas les sujets difficiles. Philosophe de forma- des mois une sorte d’amour fou pour le peintre pseu- tion – elle a fait une thèse sur Platon et la danse –, elle do-naïf, dangereux parce qu’envoûtant, Antonio Liga- a bouleversé son public en créant, en 1998, Senza domi- bue. L’artiste est au centre d’une création qu’elle a pré- cilio fisso, une danse construite à partir d’une enquête sentée en septembre au Festival de Rovereto. A Rome, qu’elle a menée dans la Basilicate où existe, depuis le elle nous emmène dans une très impressionnante pri- XVe siècle, une communauté albanaise qui a conservé son désaffectée, jadis réservée aux mineurs, transfor- ses chants traditionnels (musique dite « arbërësh »). mée en galerie d’exposition. Toute l’œuvre d’Antonio Ligabue, dit « le Van Gogh « J’AIME LA DANSE TRÈS PHYSIQUE » de la plaine du Pô », s’y déploie. A côté de scènes ru- Histoire et actualité. « J’ai voulu, dit-elle, lutter contre rales, il peint des animaux sauvages. « Il devenait tigre, le racisme anti-albanais. Tous des prostituées ou des ma- il devenait aigle, grimaçant pendant des heures devant quereaux dans le fantasme collectif, alors qu’ils n’étaient une glace pour saisir la gueule du fauve rugissant. Il s’est que des gens en fuite, arrivant par bateau, en perte même cassé le nez pour ressembler davantage à un oi- complète d’identité. Des réfugiés qui n’avaient rien à voir seau de proie. Sur ses très nombreux autoportraits, il est avec cette communauté albanaise de la Basilicate, inté- couvert de sang, de croûtes. Il faut que le trait lui vienne grée depuis longtemps. J’ai relié ces Albanais par le biais du premier jet, autrement il se livre à des rituels dans son des musiques, fabriquant une ligne imaginaire Basili- atelier, imitant, hurlant comme l’animal qui lui échappe, cate-Kosovo. » mais qu’il doit sortir de lui. » Le peintre est né en 1915, La même année, elle créait Angeli di carne (Anges de en Suisse, expulsé dans le Frioul sur dénonciation de sa chair) : « J’aime la danse très physique, quel que soit le mère adoptive, mort, presque célèbre, en 1965, après sujet que j’aborde, raconte cette femme férue d’arts s’être acheté douze motos Guzzi rouges, et une belle martiaux. Angeli di carne parlait d’érotisme. Mais, auto, avec chauffeur. contrairement à ce qui se fait actuellement chez vous, Peinture qui fait peur, avec en permanence la pré- mes danseurs étaient hyperhabillés. » Monica Casadei sence de cette araignée noire, féminine, dévorante. devrait faire partie de la sélection italienne invitée à Peinture proche du body art. Antonio Ligabue, qui a Montpellier 2000, dont le thème central est la Méditer- fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, toujours ranée. retournait à sa peinture. Il aimait se vêtir en femme tant il souffrait d’en être privé. On ressort de l’exposi- D. F.

L’organisation Romaeuropa mission de soutenir, de produire et de diffuser des jeunes talents b Création. En 1986, l’association réunissant tous les chorégraphes chorégraphiques. Les Amis de la Villa Médicis, que italiens. La dernière a eu lieu à b Prochains spectacles du dirige Jean-Marie Drot, avec Reggia-Emilia. La prochaine, en Festival Romaeuropa : Le Voci Monique Veaute à ses côtés, crée l’an 2000, se déroulera à dei Medici (Villa Médicis, les 6, 13, un festival à Rome, avec la Montpellier), la promotion du 20 et 27 novembre) ; Bill T. Jones collaboration culturelle de jeune cinéma (Festival de (Teatro olimpico, les 6 et 7) ; 18 académies étrangères. Viareggio) et l’organisation du Musiques des steppes d’Asie b Vocation. L’association se Festival Romaeuropa, ouvert sur centrale (Teatro olimpico, le 8) ; transforme, en 1989, en Fondation la pluriculturalité et Compagnie Montalvo/Hervieu Europa, dont la vocation est l’international. (Academia filarmonica romana, aujourd’hui quadruple : la b Développement. Monique du 13 au 18) ; Tanztheater Basel, formation culturelle, la promotion Veaute, directrice générale de la de Joachim Schlömer, avec de la danse italienne (Ente Fondation Romaeuropa, met Helmut Œhring (Teatro Promozione Danza, dont s’occupe actuellement en place avec Nelle Argentina, les 15 et 16). Emmanuelle Bibard, organise Hartling, du Hebbel de Berlin, un Romaeuropa, Via XX Settembre, 3. notamment des plates-formes réseau européen qui aurait pour Tél. : 00 (39) 06-42-013-467/8. LeMonde Job: WMQ0211--0024-0 WAS LMQ0211-24 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 09:25 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0787 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 CULTURE

SORTIR L’alliance de la couleur et du dessin Stéphane Huchard Quintet PARIS Après le pianiste Jean-Pierre Eric Bibb Como et le trompettiste Flavio Eric Bibb, guitariste et chanteur Boltro, c’est au tour du batteur dans l’atelier de Matisse à Tanger afro-américain, combine la Stéphane Huchard de représenter connaissance des racines folk et la vague française des artistes du blues acoustique (Mississippi John label Blue Note. Huchard a Hurt, Ledbelly, Woody Guthrie...) composé une formation qui L’Institut du monde arabe présente une exposition consacrée aux deux séjours du peintre au Maroc et celle du répertoire des negro témoigne de son goût pour le funk autant que pour le hard-bop Matisse a passé plusieurs mois à Tanger, en 1912 m’aidèrent (...) à reprendre contact avec la na- comme le fauvisme », affirmait le peintre à la fin spirituals. On appréciera l’austérité radieuse qui transparaît et sort du rôle du « gardien du et 1913. Il y a dessiné, beaucoup, et peint, non ture mieux que ne le permettait l’application de sa vie. Une exposition à l’Institut du monde tempo » généralement attribué au sans peine parfois. « Les voyages au Maroc d’une théorie vivante mais quelque peu limitée arabe rappelle cet épisode. dans ses enregistrements (ainsi certains thèmes du récent batteur. Pierre de Bethmann (Prysm) est au piano, Linley tion d’une théorie vivante mais quel- et l’intensité de la sensation qui doit même, dans sa sobriété en trois do- Home to Me, chez Ruf Records). Marthe à la basse, Stéphane LE MAROC DE MATISSE, Institut que peu limitée comme le fau- s’inscrire dans les couleurs, l’équi- minantes, que la deuxième version, Dans le cadre intime de l’Hôtel du Guillaume au saxophone et du monde arabe, 1 rue des Fos- visme », affirmait-il à la fin de sa vie. libre ne se trouve pas à tout coup. plus éclatante, Le Rifain assis, qui Nord, un des lieux les plus Olivier Louvel à la guitare. sés-Saint-Bernard, 5e, Mo Jus- Il ajoutait : « J’ai trouvé les paysages En 1912, Matisse ne veut pas plus n’a pas été prêtée par la Fondation accueillants pour les songwriters Sunset, 60, rue des Lombards, sieu. Tél. : 01-40-51-38-38. Du du Maroc exactement tels qu’ils sont d’un réalisme plus ou moins mo- Barnes. anglo-saxons, Eric Bibb sera Paris 1er. Mo Châtelet. Les 2 et mardi au dimanche, de décrits dans les tableaux de Delacroix dernisé par l’impressionnisme que C’est là la faiblesse de l’exposi- accompagné du bassiste Dave 3 novembre, à 21 heures. Tél. : 10 heures à 20 heures. 45 F et les romans de Pierre Loti. » Les de la disparition du motif absorbé tion : bien que les musées russes se Bronze et de Steve Simpson. 01-40-26-46-60. 80 F (12,2 ¤). (6,86 ¤). Jusqu’au 30 janvier. dessins confirment ses déclarations, par le chromatisme. soient montrés coopératifs, il Précision : soirée non-fumeurs. dessins d’un observateur attentif manque plusieurs toiles majeures L’Hôtel du Nord, 102, quai de LIVRY-GARGAN Jemmapes, Paris 10e. A deux reprises, de fin janvier à aux détails des maisons, aux pos- LA TOILE TOUCHE À SA PERFECTION de Tanger et, lacune plus triste en- mi-avril 1912 et de début octobre tures et aux vêtements de la popu- Ni description ni abstraction. Il core, celles que Matisse a exécutées M o Jacques-Bonsergent. Les 1er et Festival du jeune cinéma 1912 à mi-février 1913, Matisse a sé- lation autochtone. Au crayon ou le recherche un équilibre, qui, quel- dans les années suivantes, surtout 2 novembre, à 20 heures. Tél. : français journé à Tanger. Durant le premier plus souvent à l’encre, ils de- quefois, se dérobe. Sa Marocaine Les Marocains, de 1915-1916, pro- 01-53-19-98-88. De 100 F à 120 F Le cinéma Yves-Montand de séjour, accompagné de sa femme, meurent au contact de la nature reste à l’état de grisaille striée de priété du MoMA de New York. Afin (15,2 ¤ à 18,3 ¤). Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) Amélie, il retrouva par hasard au tangeroise. hachures charbonneuses : le dessin que ces absences soient moins vi- Hubert-Félix Thiéfaine propose une semaine consacrée Maroc le peintre canadien James Le paysage regardé de haut sans la couleur. A l’inverse, la vue sibles, des toiles plus tardives ont Une énigme, presque un aux jeunes talents du cinéma Wilson Morrice, ancien camarade tourne à l’inventaire topogra- du ciel et des collines par une fe- été ajoutées – peintes à Nice dans paradoxe, que ce chanteur, français. Parmi les réalisateurs d’études aux Beaux-Arts. Pour le phique, la vue de ville au croquis nêtre ouverte se dissipe en nuées et les années 20, alors que Matisse se auteur-compositeur à la plume retenus, trois d’entre eux second, Amélie vint le rejoindre, es- d’architecte ou d’archéologue, tout vapeurs roses, bleutées et vertes : vend bien parce qu’il s’est replié sur singulière. Malgré une discrétion viendront présenter leur dernier corté de Charles Camoin, autre ex- cela sans lourdeur, par la seule ver- désagrégation du paysage à laquelle un post-impressionnisme décoratif. extrême au niveau médiatique, il film en avant-première : Jacques condisciple et ami proche. Le tu d’un trait mince qui allie admi- tentent de résister quelques traits Ce n’est pas le meilleur hommage réussit à drainer à chacun de ses Maillot pour Nos vies heureuses (le peintre se rendait à Tanger pour rablement simplicité et précision. indécis. Pour sauver la représenta- qui puisse lui être rendu que de concerts une foule compacte et 3), Jean-Pierre Améris pour l’intensité de la lumière, l’architec- Les portraits à la plume d’hommes tion, il arrive aussi que Matisse dur- montrer si longuement qu’il ne fut enthousiaste qui connaît par cœur Mauvaises fréquentations (le 6), ture, les costumes, la végétation et assis, l’air pensif, sont des chefs- cisse et épaississe jusqu’à la brutali- pas constamment fidèle aux exi- toutes ses chansons, à commencer Sarah Levy pour Du bleu jusqu’en l’excitation qu’il espérait éprouver à d’œuvre. Ils démontrent que le né- té des cernes noirs schématiques. gences qui font la splendeur hau- bien sûr par Loreleï. Amérique (le 9). Dans le cadre de leur vue. Calcul judicieux, en dépit cessaire peut se réduire à fort peu Mais quand l’équilibre est trouvé, taine de la période tangeroise. Par Après Bercy en 1998, où il a fêté l’Aventure du premier film, une de la pluie qui gâcha des semaines : et que l’expression ne gagne rien à quand il s’établit, la toile touche im- bonheur, l’exposition ne finit pas ses vingt ans de carrière, il revient journée sera dédiée, le à la fin de son deuxième voyage, la prolifération du pittoresque. Des médiatement à sa perfection et sur ces productions laborieuses cette fois-ci à un cadre plus 6 novembre, aux réalisateurs de Matisse avait achevé vingt-trois joliesses habituelles de l’orienta- cette dernière est si stupéfiante mais sur quelques gouaches décou- modeste. quinze à vingt-cinq ans. peintures. lisme et de la peinture dite colo- qu’elle importe seule. Perfection pées et les ultimes huiles de Ma- Casino de Paris, 16, rue de Clichy, Cinéma Yves-Montand, 36, rue L’importance de cet épisode est niale, Matisse se défie comme d’au- dans le genre de la nature morte : tisse, où, s’il ne reste du Maroc Paris 9e. Mo Trinité. Le 2 novembre, Eugène-Massé, 93 Livry-Gargan. Du d’autant mieux connue que le tant de facilités et de mensonges Le Vase d’iris, de février 1912, vite qu’un souvenir à peine perceptible, à 20 h 30. Tél. : 01-49-95-99-99. 3 au 9 novembre. Tél. : peintre a voulu y voir un moment aimables – ce qui est en revenir à acheté par le collectionneur russe l’alliance de la couleur et du dessin 210 F (32 ¤). 01-43-83-90-39. décisif. « Les voyages au Maroc m’ai- Delacroix. Chtchoukine. Perfection de la fi- se reconstitue, par d’autres dèrent à accomplir une transition et Pour la peinture, l’exigence est gure : Le Rifain debout, peint pour le moyens. à reprendre contact avec la nature identique, mais l’effort d’une autre même mécène, une des plus belles GUIDE mieux que ne le permettait l’applica- ampleur. Entre la justesse du dessin peintures du siècle, plus belle Philippe Dagen REPRISES CINÉMA Sylvie Vartan INSTANTANÉ Olympia, 28, boulevard des Capu- Le Faux Coupable cines, Paris 8e. Mo Opéra. Jusqu’au Le cœur plus gros que la tête POUSSE-RAPIÈRE d’Alfred Hitchcock. Britannique, 7 novembre et du 9 au 14, à 1957, noir et blanc, copie neuve 20 h 30 ; dimanche, à 17 heures. On ne sait pas ce qui, ici, frappe mières (Claude Couffin) et ses DOMINICAL (1 h 45). Tél. : 01-47-42-25-49. De 190 F à LES NOUVELLES BRÈVES DE le plus : le spectacle lui-même ou costumes (Juliette Chanaud), Action Ecoles, 5e (01-43-29-79-89). 270 F. COMPTOIR, de Jean-Marie Gou- son public, extrêmement divers bref, fourbi toutes les armes du Un dimanche après-midi. Flâne- L’Inconnu du Nord-Express Pierre Aussedat rio. Mise en scène : Jean-Michel et communiant dans la même foi, « vrai » théâtre pour délocaliser d’Alfred Hitchcock. Américain, 1951, Tourtour, 20, rue Quincampoix, Pa- rie entre feuilles mortes et ris 4e. Mo Châtelet. Jusqu’au 13 no- Ribes. Avec Chantal Neuwirth, au point que plusieurs des ac- un texte évidemment naturaliste. noir et blanc, copie neuve (1 h 40). Champs de la sculpture, avant Action Christine, 6e (01-43-29-11-30). vembre, à 21 h 30. Relâche lundi. Lisa Schuster, Nathalie Kanoui, teurs de ces Brèves de comptoir, Il a encore imaginé de créer une l’entrée au Théâtre du Rond- La Loi du silence Tél. : 01-48-87-82-48. 90 F. Laurent Gamelon, Christian Pe- nouvelle fournée, ont des fan- temporalité dramatique propre à Point, où Marcel Maréchal officie d’Alfred Hitchcock. Américain, 1952, Orchestre national de Barbès reira et Philippe Vieux. clubs, bataillons serrés d’admira- préserver le spectacle de tout à la tête de ses Trois Mousque- noir et blanc, copie neuve (1 h 35). Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Pa- e o THÉÂTRE FONTAINE, 10, rue teurs qui assistent à plusieurs re- risque d’arythmie. Défilent les taires. Reprise d’un succès plané- Action Ecoles, 5e (01-43-29-79-89). ris 19 . M Porte-de-Pantin. Le 2, à 20 heures. Tél. : 01-42-08-60-00. Fontaine, 9e. Tél. : 01-48-74-74-40. présentations et n’hésitent pas à quatre saisons d’une année ordi- Les Oiseaux taire, créé il y a plus de dix-sept 143 F. 160 F et 210 F (24,39 ¤ et 32,02 ¤). prendre la route pour traquer naire, prétexte à entrées et sor- d’Alfred Hitchcock. Américain, 1963, ans, porté de Chine en Amé- copie neuve (2 h). Jorge Reyes, Ariane Pelicier, Du mardi au vendredi, à 20 h 45 ; leurs idoles là où elles se ties tout temps, toutes humeurs, riques. Et derniers coups de ra- Grand Action, 5e (01-43-29-44-40) ; Hervé Di Rosa samedi, à 18 heures et 21 heures. trouvent... Pour l’instant et jus- toutes couleurs. pière parisiens du bretteur lyon- Mac-Mahon, 17e (01-43-80-24-81). La Maroquinerie, 23, rue Boyer, Pa- Durée : 1 h 40. qu’à épuisement des curiosités, Et ça marche. Même quand les nais, en partance au 1er janvier. A ris 20e. Mo Gambetta. Le 2, à 20 h 30. TROUVER SON FILM elles sont à Paris, sous la place saillies de ce petit peuple à la ma- moins que le bail de la ville et du Tél. : 01-40-33-30-60. 100 F. Blanche, dans un quartier où les nœuvre du commentaire à chaud Chico Freeman y Guataca Rond-Point soit renouvelé, auquel Tous les films Paris et régions sur le New Morning, 7-9, rue des Petites- bistrots sont plus le carrefour des n’évitent pas les débordements cas il pourrait assurer la fin de la Minitel 3615 LEMONDE, ou tél. : 08- Ecuries, Paris 10e.Mo Château-d’Eau. conquêtes du corps que le toit de de leurs proférateurs – quelques saison. 36-68-03-78 (2,23 F/min). Le 2, à 21 heures. Tél. : 01-45-23-51- CONCERTS joutes populaires et souvent sa- vulgarités, l’expression de ran- Entrée sage des huit-douze ans, ENTRÉES IMMÉDIATES 41. De 110 F à 130 F. voureuses, telles que Jean-Marie cœurs qu’on a entendues ailleurs, majoritaires à cette heure, pilotés ANNULATION Gourio les a surprises puis re- et plutôt au fond du couloir, à par leurs grands-parents. Escalade Le Kiosque Théâtre : les places du transcrites à la faveur de longs l’extrême droite... Mais le patron, des sièges. Rappels historiques jour vendues à moitié prix (+ 16 F de Le metteur en scène britannique Pe- séjours au bord des zincs. sa femme, Madame Lallemand, murmurés : Louis XIII, Richelieu, commission par place). Place de la ter Brook annule la présentation de Madame Scarole, Nicole, Mari- Madeleine et parvis de la gare la pièce Sizwe Banzi est mort de La Rochelle et l’Anglais. Le réel et Montparnasse. De 12 h 30 à nette, André, Rubens, Gilles, Fi- Athol Fugard, prévue du 2 au 27 no- L’APPÉTIT DU BON MOT le roman : le Roi, la Reine et les 20 heures, du mardi au samedi ; de Là, il s’est frotté à une humani- let, Lacaisse et tous les autres ont vembre aux Bouffes du Nord dans ferrets de diamants. L’assistance 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. le cadre de la saison sud-africaine. té diverse, diseuse, intarissable, un tel appétit du bon mot invo- est chez elle, entre Astérix et La Victoria, la lettre Bouffes du Nord, tél. : 01-46-07-34- qui s’empare du moindre événe- lontaire qu’on se laisse conquérir, Guerre des étoiles. Assauts d’opé- d’après Knut Hamsun, mise en scène 50. ment pour disserter, très bête- rieur parmi les rieurs, si loin, si rette dessinés en bande, bulle en de Marc François, avec Margaret Ze- nou et Pascal Kirsch. RÉSERVATIONS ment ou très poétiquement, sur proche de ces lascars mal embou- tête : « Un pour tous, tous pour l’air du temps. Afin de transposer chés, au cœur plus gros que la Théâtre de la Bastille, 76, rue de la un. » Si la Force (« jarret de fer et Roquette, Paris 11e.Mo Bastille. Du 2 Charles Trenet ces effets de verbe à la scène, tête. poignet d’acier ») est avec d’Arta- au 21 novembre. Du mardi au same- Salle Pleyel, 252, Faubourg Saint- Jean-Michel Ribes a soigné son gnan (Émeric Marchand), Athos di, à 19 h 30 ; le dimanche, à 15 h 30. Honoré, Paris 8e. Les 4, 5 et 6 no- décor (Patrick Dutertre), ses lu- Olivier Schmitt (Olivier Breitman), Porthos (Arno Tél. : 01-43-57-42-14. 80 F et 120 F. vembre, à 20 h 30. Tél. : 01-45-61-53- 00. De 250 F à 475 F. Chevrier) et Aramis (Mathias Ma- Lulu John Lewis réchal), c’est qu’ils sont hommes de Berg. Anna-Katharina Behnke (Lulu), Julia Juon (Gräfin Gesch- Théâtre des Champs-Elysées, 15, de cœur. Déluge musical dès qu’ils e NOUVEAUX FILMS witz), Claude Pia (le peintre), Ste- avenue Montaigne, Paris 8 . Le 8 no- sautent en selle. Frappent les phen West (Schön), Orchestre de vembre, à 20 heures. Tél. : 01-49-52- mains et, encore une fois, tous en- l’Opéra national de Paris, Ulf 50-50. De 60 F à 250 F. HANTISE fants qui mérite mieux que la semble. Schirmer (direction), Willy Decker Merce Cunningham Dance Company a Hantise est le remake d’un chef- grande discrétion qui entoure sa Normalement, les méchants ont (mise en scène). Biped et pièces du répertoire. Opéra-Bastille, place de la Bastille, Théatre de la Ville, 2, place du Châ- d’œuvre de Robert Wise, La Mai- sortie. Passé un épilogue un tanti- des têtes de méchants, et les e Paris 11e. Mo Bastille. Les 2, 5, 8, 12, telet, Paris 4 . Du 9 au 20 novembre, son du diable, qui jouait sur le net fastidieux, cette production autres des têtes d’autres. Avec Mi- à 20 h 30 ; le 14, à 15 heures. Tél. : thème de la maison hantée en évi- norvégienne nous entraîne dans le 15 et 18 novembre, à 19 h 30. Tél. : lady (Cécile Paoli), les enfants ne 08-36-69-78-68. De 60 F à 575 F. 01-42-74-22-77. 100 F et 160 F. tant soigneusement tout effet vi- sillage du petit Simon, opportuné- savent plus trop s’ils ont affaire à Ballet Preljocaj Jude suel, s’appuyant uniquement sur ment rétréci pour la circonstance, Blanche-Neige ou à la sorcière. La Angelin Preljocaj : Personne Elysée Montmartre, 72, boulevard e une utilisation judicieuse du son dans l’organisme de son grand- culotte de velours rouge et les n’épouse les méduses. Rochechouart, Paris 18 . Le 13 no- vembre, à 20 heures. Tél. : 01-55-07- pour évoquer une présence surna- père afin de le sauver d’une mala- bottes sont à son crédit, celui de Théâtre de la Ville, 2, place du Châ- e o 06-00. 126 F. turelle. Jan De Bont reprend dans die qui lui fait endurer le martyre. la présente mode, qui rend sa telet, Paris 4 . M Châtelet. Jusqu’au les grandes lignes la trame du film Aidé d’un vaillant globule blanc et 6 novembre, à 20 h 30. Tél. : 01-42- DERNIERS JOURS condamnation à mort intolérable. 74-22-77. De 100 F à 160 F. de Wise – un scientifique invite d’une charmante alvéole, coupant Entre les duels, les grands de ce Nuit blanche 5 novembre : trois patients dans une maison à travers gorge, poumon, cœur et SALLE GAVEAU monde font les meilleurs bouf- Gaël Horellou (saxophone), Laurent Le Tartuffe hantée, pour étudier les effets de la vésicule biliaire, Simon affrontera fons. A ce jeu, Louis XIII (Daniel Courthaliac (piano), Clovis Nicolas Tél. réserv. : 01-49-53-05-07 de Molière, mise en scène de Jean- peur sur l’individu –, mais perd tous les dangers – du gros mous- (contrebasse), François Ricard (bat- Concert au bénéfice Berlioux) déborde Richelieu Marie Villégier. terie). de la restauration de Gaveau toute la subtilité présente dans La tique noir Mauvaise Haleine à (Jean-Pierre Moulin). Seul, le plus Athénée-Louis Jouvet, 4, square de Petit Opportun, 15, rue des Lavan- e 16 novembre 1999 – 20 h 30 Maison du diable. Il se repose sur l’écumante et verdâtre Madame petit des petits, Planchet (Bruno l’Opéra-Louis-Jouvet, Paris 9 .Tél.: dières-Sainte-Opportune, Paris 1er. Maurizio une abondance d’effets spéciaux et Bile – avant d’aller dissoudre du 01-53-05-19-19. De 35 F à 160 F. Ricci), les surpasse. C’est assez Mo Châtelet. Le 2, à 22 h 30. Tél. : des décors somptueux, qui font côté de la vessie la soldatesque de 6 novembre : BAGLINI pour passer du récit d’aventure au 01-42-36-01-36. 80 F. Noces de sang vainqueur du ressembler cette demeure à un pierre qui empêche son ancêtre de burlesque, où l’on découvrira Delinquent Habits de Federico Garcia Lorca, mise en Monte Carlo Piano Masters 99 musée et enlève tout réalisme à satisfaire à un besoin naturel de qu’une cassette de ferrets ne dif- Le Divan du monde, 75, rue des scène d’Omar Porras-Speck. Orchestre du CNR son film. Un budget démesuré est première nécessité. Toute l’origi- fère pas fondamentalement d’un Martyrs, Paris 9e. Mo Pigalle. Le 1er, à Théâtre de la Ville, 31, rue des Ab- Direction : e censé pallier le manque total d’in- nalité du film consiste à dédaigner ballon de rugby. 19 h 30. Tél. : 01-44-92-77-66. 70 F. besses, Paris 18 . Tél. : 01-42-74-22- Armin JORDAN ventivité du réalisateur ; cette la surenchère attendue des effets Faf Larage 77. 95 F et 140 F. Bataclan, 50, boulevard Voltaire, Pa- 7 novembre : abondance ne parvient pas à mas- virtuels au profit d’une imagina- e o Lekeu-Chopin-Beethoven Jean-Louis Perrier ris 11 . M Voltaire. Le 2, à 20 heures. Sauvés quer son absence de talent. tion travaillant à l’invention des Tél. : 01-43-14-35-35. 110 F. d’Edward Bond, mise en scène de 20 novembre 1999 - 20 h 30 Samuel Blumenfeld décors, la fantaisie des costumes et ૽ Les Trois Mousquetaires, Tindersticks Christian Benedetti. Orchestre du Cons. du VIIIe Film américain de Jan De Bont. avec l’harmonie des motifs. Cet artisa- d’après Alexandre Dumas. Mise en Grand Théâtre de la Mutualité, 24, Entrepôt, 16, rue Marcelin-Berthe- Dir. : Michel Capelier Liam Neeson, Catherine Zeta-Jones, nat inspiré suscite la poésie de scène : Marcel Maréchal. Rond- rue Saint-Victor, Paris 5e.Mo Mau- lot, 94 Alfortville. Tél. : 01-43-76-86- Dmitry Owen Wilson, Lili Taylor. (1 h 53.) l’œuvre, de la même façon que la Point, 2 bis, avenue Franklin-Roo- bert-Mutualité. Le 2, à 20 h 30. Tél. : 56. 50 F et 100 F. 01-40-46-15-71. 157 F. Le Voyage à La Haye fonction crée l’organe. e SITKOVETSKY, violon sevelt, Paris 8 . Tél. : 01-44-95-98- de Jean-Luc Lagarce, mise en scène SIMON ET LES GLOBULES Jacques Mandelbaum ¤ ¤ François Béranger Brigitte 10. 90 F (13,72 ) à 230 F (35,06 ). Au Lavoir moderne parisien, 35, rue de François Berreur. ENGERER, piano a Sous ce titre étrange, hélas peu Film norvégien de Vibeke Idsöe. Durée : 3 heures. Mardi, à 19 h 30 ; Léon, Paris 18e.Mo Château-Rouge. Théâtre de la Commune, 2, rue Vivaldi, Tchaïkovsky, Beethoven, Ravel propice à attirer les foules, se Avec Torbjörn T. Jansen, Benjamin mercredi au samedi, à 20 h 30 ; sa- Du 2 au 22 novembre, à 20 h 30. Edouard-Poisson, 93 Aubervilliers. cache un film fantastique pour en- Helstad, Jenny Skavlan. (1 h 25.) medi et dimanche, à 15 heures. Tél. : 01-42-52-09-14. 120 F. Tél. : 01-48-33-93-93. De 50 F à 130 F. LeMonde Job: WMQ0211--0025-0 WAS LMQ0211-25 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 09:25 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0788 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / 25

LUNDI 1ER NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.45 L’Espagne sauvage. 0.40 Elton John. 18.25 Petits arrangements TÉLÉVISION DÉBATS Sur les chemins... Odyssée Wembley 1977. Canal Jimmy avec les morts aa ARTE 20.50 Maman sur le tard. Téva Pascale Ferran (France, 1994, 19.00 Nature. 21.05 Les Sans-papiers. Forum Planète 21.20 Lonely Planet. THÉÂTRE 105 min) &. Ciné Cinémas 3 TF 1 19.45 Arte info, Météo. 22.00 L’Ecran témoin. Faut-il La Chine du sud-ouest. Planète 19.00 Trust Me aa croire au paranormal ? RTBF 1 18.25 Exclusif. 20.15 360o , le reportage GEO. 21.45 La Renaissance. [6/6]. Histoire 22.35 Pour un oui ou pour un non. Hal Hartley (Etats-Unis, 1991, De Nathalie Sarraute. 110 min) &. Cinéfaz 19.00 Etre heureux comme... L’Empire de la lumière [1/4]. 22.00 Météo, science à l’épreuve 22.30 Les Indiens d’Amérique du temps. Forum Planète Mise en scène de Jacques Doillon. 19.30 Diamants sur canapé aa 19.05 Le Bigdil. 20.45 L’Ile du Diable Avec Jean-Louis Trintignant, racontés par eux-mêmes. Blake Edwards (Etats-Unis, 1961, 19.55 L’Air d’en rire. Film. Fridrik Thor Fridriksson &. 23.00 La Vie quotidienne des Français [1/6]. Le Nord-Est : André Dussollier. Paris Première 22.25 Court-circuit 1. Anouk et les 115 min) &. Cinétoile 20.00 Journal, Météo. à la Libération. Forum Planète Premiers contacts. Odyssée 20.30 Mars Attacks ! aa autres. 22.45 Benito Mussolini. Histoire TÉLÉFILMS Tim Burton (Etats-Unis, 1996, 20.50 5 millions pour l’an 2000. Alexandra Milgrom &. MAGAZINES 23.40 Hip hop en Trans. Planète 105 min) %. Ciné Cinémas 2 20.55 Chère Marianne. 22.35 Drôle de drame a Téléfilm. Pierre Joassin &. Film. Marcel Carné &. 0.10 Base-Ball. [18/18]. Planète 20.55 Chère Marianne. 20.40 Excalibur aa 18.20 Nulle part ailleurs. Pierre Joassin. TF 1 John Boorman (Etats-Unis - Irlande, 22.40 Y a pas photo ! Les histoires 0.15 Court circuit 2. Gros lolos. 0.40 La Case de l’Oncle Doc. El Niño, 1981, 145 min) &. RTL 9 étonnantes et drôles de la télé. Gunnar Vikene (v.o.) &. Invités : Yves Lecoq ; Présence ; un mystère planétaire. 20.55 Chasseurs d’écume. Pierre Dubois ; Pete Sampras. Canal + Denys Granier-Deferre [1/3]. France 2 0.10 F 1 magazine. Amour platonique. 0.45 Football. Philipp Kadelbach (v.o.) &. 21.00 Lundi soir. Invités : Bernard Lama SPORTS EN DIRECT 22.10 Le Mur aux fées. Tant qu’il y aura des pommes. et Paul Quilès. Eurosport Michel Léviant. Festival Manuel Otero &. 21.05 Le Point. FRANCE 2 0.40 Les Derniers Vénitiens. 20.55 Football. Championnat d’Angleterre. Turquie : le drame des Kurdes. COURTS MÉTRAGES Garth Brooks alias Chris Gaines. TV 5 Liverpool - Bradford City. Canal + vert 18.15 Hartley, cœurs à vif &. 19.10 1 000 enfants vers l’an 2000. M6 21.05 La Route. Invités : Hugues Aufray 22.25 Court-circuit. Anouk et les autres. MUSIQUE Alexandra Milgrom ; Gros lolos. Gunnar 19.15 Qui est qui. et Tony Frank. Canal Jimmy 18.25 Le Flic de Shanghai &. Vikene. Amour platonique. Philipp 19.50 Un gars, une fille &. 18.00 Big Bad Voodoo Daddy. Kadelbach ; Tant qu’il y aura des 19.15 Unisexe. DOCUMENTAIRES 20.00 Journal, Météo. 19.50 La sécurité sort Montréal 98. Muzzik pommes. Manuel Otero. Arte 20.55 Chasseurs d’écume. 20.25 Concerto Palatino. Téléfilm. D. Granier-Deferre [1/3]. de la bouche des enfants. 18.10 La Chute du Mur. [2/3]. Planète Dir. Bruce Dickey et Charles Toet. SÉRIES &. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 19.20 Going Wild. L’Eden russe. Odyssée Motets arrangés pour chant 22.40 Panique sur le vol 285. 20.10 Une nounou d’enfer &. 20.00 Et si les boss devenaient et Concertos de G. Giacobbi 21.50 New York Police Blues. Téléfilm. Charles Correll. %. 20.40 Le Six Minutes sur le siècle. et A. Trombetti. Muzzik Le videur (v.o.). Canal Jimmy 0.15 Journal, Météo. employés. [5/6]. Planète 20.55 Batman aa 21.00 La Traviata. 22.10 American Gothic. Film. Tim Burton %. 20.15 360o , le reportage GEO. Opéra de Verdi. Mise en scène. Richard L’étrangleur de Boston. ?. 13ème RUE 23.10 Stargate SG-1. Eyre. Par le Royal Opera House FRANCE 3 L’Empire de la lumière [1/4]. Arte 22.15 Aux frontières du réel. L’enfant des dieux : épisode pilote Orchestra et le Chœur du Royal Opera, 20.30 Le Fracas des ailes, la 2e guerre Brelan d’as. % ; Spores %. TSR 18.20 Questions pour un champion. %. dir. Sir Georg Solti. Muzzik 20.55 Batman aa mondiale vue du ciel. [9/13]. 21.55 Requiem de Gabriel Fauré. 22.20 Buffy contre les vampires. 18.48 Un livre, un jour. Bombardements jour et nuit. Planète [1/2]. Innocence. Série Club Tim Burton. Avec Michael Keaton, RADIO Par l’English Chamber Orchestra et le Jack Nicholson (Etats-Unis, 1989, 18.55 Le 19-20 de l’information, 20.45 La Renaissance. [5/6]. Espagne, Chœur de la cathédrale de Winchester, 23.10 Stargate SG-1. Episode pilote. 135 min) %. M6 Météo. la reconquête et la conquête. Histoire dir. Martin Neary. Mezzo [1 et 2/2] L’enfant des dieux % M6 21.00 Bunker Palace Hôtel aa 20.05 Fa si la. FRANCE-CULTURE Enki Bilal (France, 1989, 20.30 Tout le sport. 95 min) &. Paris Première 20.35 Le Journal de l’Open de Paris. 21.20 Expresso - Poésie sur parole. 22.30 The Second Civil War aa 20.55 La Grande Bagarre 21.30 Les Entretiens Alfred Hitchcock Joe Dante (Etats-Unis, 1997, de don Camillo avec François Truffaut. v.o., 105 min) &. Cinéfaz Film. Carmine Gallone &. 22.10 Carnet de notes. 22.40 Itinéraire d’un enfant gâté aa 22.40 Météo, Soir 3. 22.30 Surpris par la Nuit. Claude Lelouch (France - Allemagne, 23.10 Crazy Horse, TF 1 FRANCE 2 CANAL+ 1988, 120 min) &. Canal Jimmy le plus grand d’entre tous. FRANCE-MUSIQUES 20.55 Chère Marianne 20.55 Chasseurs d’écumes 23.00 L’Examen de minuit a 22.40 Shining aaa Téléfilm. John Irvin. &. Stanley Kubrick (EU, 1980, v.o., 0.40 La Case de l’Oncle Doc. Marianne Rivais est sous-préfète. Un feuilleton en trois épisodes de Une jeune femme, Séréna (Julie 20.00 Concert. Par le Chœur de Radio 115 min) &. Ciné Cinémas 3 El Niño, un mystère planétaire. Jean, son époux, la suit fidèlement Denys Granier-Deferre, ancré en Depardieu), débarque à la cam- 23.00 September aaa France, Michel Tranchant, chef de Woody Allen (Etats-Unis, 1987, chœur et l’Orchestre national de dans ses différentes affectations. A pays malouin. Joël (Stéphane pagne dans un trou perdu pour ré- 90 min) &. Téva CANAL + France, dir. Pascal Rophé, Laure Aikin, peine nommée à son nouveau Metzger), fou de navigation, dé- pondre à une annonce matrimo- soprano : Œuvres de Stravinsky, Berg, 0.05 Le Petit César aa f En clair jusqu’à 20.40 Stravinsky, Boulez. poste, elle se heurte au maire, au robe une forte somme d’argent à niale. La rencontre avec son Mervyn LeRoy (EU, 1930, N., 22.30 Jazz, suivez le thème. v.o., 80 min) &. Ciné Classics 18.20 Nulle part ailleurs. sujet d’une histoire immobilière. son père armateur (Jacques Per- correspondant tourne court. Elle 20.30 Le Journal du cinéma. 0.50 Fantôme à vendre aa RADIO CLASSIQUE Afin d’aider sa femme, Jean en- rin), pour s’acheter un voilier de croise alors un agriculteur qui René Clair (GB, 1935, N., 20.40 Sept ans au Tibet v.o., 80 min) &. Cinétoile Film. Jean-Jacques Annaud &. quête, aidé d’une ravissante jour- compétition. Il perd la course et se tombe amoureux d’elle et braque 22.51 Tragédies minuscules. &. 20.15 Les Soirées. 2.00 Orange mécanique aaa Œuvre de Nielsen, Grieg. naliste. Un vaudeville gentillet sau- brouille avec sa famille. Les jeunes des banques pour lui offrir des ca- Stanley Kubrick (Grande-Bretagne, 23.00 L’Examen de minuit a 20.40 Vadim Repin à Verbier. Festival de vé par Anny Duperey, explosive, et comédiens sont beaux comme deaux et l’épouse. Une comédie 1971, 130 min) !. Ciné Cinémas 1 Film. Danièle Dubroux &. Verbier. Œuvres de Tartini, 0.40 Boxe hebdo. Chostakovitch, Liszt... par Guy Bedos réjouissant dans un dans les pubs pour les produits lai- décalée de Danièle Dubroux, écrite 2.00 la nuit des masques aa John Carpenter (Etats-Unis, 1978, 1.40 Vidange a 22.23 Les Soirées... (suite). Œuvres rôle à contre-emploi. tiers. On s’ennuie vite. à partir d’un fait divers réel. 90 min) !. Cinéfaz Film. Jean-Pierre Mocky. %. de Schubert, R. Schumann, Brahms.

MARDI 2 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 17.15 La Renaissance. [4/6]. 21.25 La Jeune Fille et la Mort, 15.45 Petits arrangements TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE La liberté de l’esprit [2/2]. Histoire de Schubert. avec les morts aa o 21.10 Un mur à Berlin. 18.15 Benito Mussolini. Histoire « Quatuor à cordes n 14 » en ré mineur Pascale Ferran (France, 1994, 14.35 La Cinquième rencontre... D810. Avec Julia Varady, soprano ; 105 min) &. Ciné Cinémas 2 TF 1 Justice, société. Invités : Renata Fritsch-Bournazel, 19.05 Les Authentiques. Il était Dietrich Fischer-Dieskau, piano ; Ernst Stetter, Cyril Buffet, une fois la truffe. Odyssée 16.00 Le Temps des souris. Natalia Prishepenko, violon ; Heime 15.40 Sydney Police &. Serge Bernstein, Müller, violon ; 16.30 Alf &. Jean-Michel Gaillard. Forum Planète 19.30 Eclats noirs du samba. Zeze Motta, 16.40 Sunset Beach &. la femme enchantée. Muzzik Volker Jacobsen, alto ; 16.55 Abécédaire du polar. 17.30 Melrose Place &. 22.00 La Double Vie d’Hugo Pratt. 19.35 Equinoxe. Eckard Runge, violoncelle. 17.10 Histoires de profs. Par le Quatuor Alban Berg. Mezzo 18.25 Exclusif. Invités : Gilles Cazaux, Jean-Claude L’eau : l’énergie du futur ? Odyssée 17.25 100 % question. Guilbert, Latino Imparato, 23.20 Keb’Mo’ et ses musiciens. 19.00 Etre heureux comme... 20.15 360o , le reportage GEO. 17.55 Côté Cinquième. Dominique Petitfaux, Silvina Pratt, Lors du Festival international de jazz 19.05 Le Bigdil. Joan Sfar. Forum Planète L’Empire de la lumière. [2/4]. Arte 18.25 Météo. au Spectrum de Montréal. Muzzik 19.55 L’Air d’en rire. 23.00 Sport et télévision, les enjeux. 20.30 La Chute du Mur. 18.30 Le Monde des animaux. 0.10 Chopin. A l’occasion 20.00 Journal, Météo. Invités : Janine Langlois Glandier, [3/3]. Une chronique. Planète du 150e anniversaire 19.00 Archimède. 20.50 5 millions pour l’an 2000. Daniel Beauvois, Marc-André Feffer, 20.40 La Vie en face. Week-end dans de la mort de Frédéric Chopin. RTBF 1 19.45 Arte info, Météo. Patrick Chene, Roland Faure, l’empire des sens. Voyage organisé 20.55 L’Aile ou la Cuisse 20.15 360o , le reportage GEO. [2/4]. Bernard Brochand. Forum Planète à la Biennale de Venise. Arte TÉLÉFILMS Film. Claude Zidi &. 22.50 Le Droit de savoir. 20.40 La Vie en face. 21.30 Hongkong Week-end dans l’empire des sens. MAGAZINES 0.10 Les Rendez-vous de l’entreprise. avant la rétrocession. Planète 18.45 Une femme en blanc. 21.35 Thema. Ecologie demain. Aline Isserman [2/6]. Festival 0.35 TF 1 nuit, Météo. 14.35 La Cinquième rencontre... 21.40 Le Passé du futur. Arte Variations sur le futur. 21.40 Le Passé du futur. Justice, société : L’enfance face 21.45 Emmanuel Berl. [5/5]. Histoire 20.45 Cible Hongkong. au deuil. Invitée : Marie-Hélène Lawrence Gordon Clarke. 13ème RUE FRANCE 2 22.30 L’Avenir du futur. Encrevé-Lambert. La Cinquième 22.05 Une île et des hommes. 22.10 Les coquelicots sont revenus. CINÉMAS CINÉ 23.35 Le Présent du futur. Nouvelle-Calédonie. Odyssée 14.55 Le Renard &. 0.20 La Symphonie du futur. 15.25 1 an de +. Le Honduras Richard Bohringer. Festival 16.15 Les Hommes du Président a 22.20 Et si les boss devenaient Alan J. Pakula. 16.05 La Chance aux chansons. 0.40 Le Facteur après le cyclone Mitch. Canal + 23.00 Vengeance à double face. Film. He Jianjun (v.o.) &. Jack Bender. %. M6 Avec Robert Redford, 17.10 Des chiffres et des lettres. 16.05 Saga-Cités. employés. [5/6]. Planète Dustin Hoffman (Etats-Unis, 1976, Et la lumière fut. France 3 22.30 Danger réel. v.o., 135 min) &. Ciné Cinémas 1 17.40 et 22.35 Un livre, des livres. M6 17.10 et 21.10, 0.10 LCA, Sauveteurs d’élite. 13ème RUE COURTS MÉTRAGES 16.20 The Half-Naked Truth aa 17.45 Cap des Pins &. 18.15 Hartley, cœurs à vif &. la culture aussi. Les livres. LCI 22.45 Lieux mythiques. Gregory La Cava (EU, 1932, N., 15.15 La Belle et la Bête &. [3 et 4/10]. Les sites sacrés 0.00 Libre court. v.o., 80 min) &. Ciné Classics 19.10 1 000 enfants vers l’an 2000. 16.10 M comme musique. 18.20 Nulle part ailleurs. Invités : Karin des Cornouailles. Histoire La Gotera. Grojo Sanchez 19.15 Qui est qui. Viard, Arab Strap, Charlélie Couture, et Jorge Sanchez-Cabezudo. France 3 16.30 Shining aaa 17.35 Les Bédés de M 6 Kid. Michel Muller. Canal + 23.10 Nomades. Sibérie, Stanley Kubrick (EU, 1980, 19.50 Un gars, une fille &. 18.25 Le Flic de Shanghai &. les derniers chamans. Odyssée v.o., 115 min) &. Ciné Cinémas 3 18.30 L’Invité de Pierre Luc Séguillon. 20.00 Journal, Météo. 19.15 Unisexe. 23.35 Le Présent du futur. Arte SÉRIES Invité : Pierre Mauroy. LCI 20.55 Babe, le cochon devenu berger 19.50 La sécurité sort 19.00 Archimède. Voir : Turbulence. 23.45 Rangoon. Histoire 17.20 Le Caméléon. Film. Chris Noonan. &. de la bouche des enfants. Pourquoi : Qui descend de qui ? Brève : 0.25 Maurice Béjart. Les puissances au pouvoir. TSR 22.40 Plus beau que moi tu meurs 19.54 Le Six Minutes, Météo. Place du marché. Expérience : Vide. Le temps d’un ballet. Muzzik Film. Philippe Clair &. 18.25 Le Flic de Shanghai. 20.10 Une nounou d’enfer &. Sciences animées : Cavitation. 0.25 La Vie en face. 0.15 Journal, Météo. Portrait : André Nel. Fin de partie M6 20.40 Décrochages info, La Route 66 à vélo. TSR 0.40 Tennis. Brève : Une bonne descente. 19.30 Clair de lune. E = M 6 découverte. Application : Micro-algues. Arte Il est né le divin enfant. Série Club SPORTS EN DIRECT FRANCE 3 20.50 Les Moments de vérité. 20.50 Les Moments de vérité. M6 20.10 Une nounou d’enfer. 23.00 Vengeance à double face. 21.05 Temps présent. Le concours de baisers. M6 Téléfilm. Jack Bender %. 13.30 et 20.30 Tennis. Open messieurs de 14.58 Questions au gouvernement. Le peuple de Blocher. TV 5 20.20 Happy Days. Paris (2e jour). Au palais omnisports 16.05 Saga-Cités. 0.40 Capital. C’est dur la vie. Série Club Immobilier : l’envers du décor. 21.35 Thema. Ecologie demain. de Paris-Bercy. Eurosport 16.35 Les Minikeums. Variations sur le futur. Arte 20.20 Animorphs. Le piège. Canal J 18.00 Football. Coupe de l’UEFA (32e de 17.40 Le Kadox. 22.35 100 % 2000. Invités : Spécial guest : finale). Match retour. Monaco (Fr.) - 20.45 Code Quantum. Tranche de vie. 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? Patrick Bruel ; groupe invité : les Widzew Lodz (Pol.). Au stade Louis-II, La malédiction du pharaon. Série Club 18.20 Questions pour un champion. RADIO clowns de la Fondation Théodora. TSR à Monaco. Eurosport 21.40 Ally McBeal. 22.50 Le Droit de savoir. Le coût de vos 20.40 Football. Ligue des champions Just Looking (v.o.). Téva 18.48 Un livre, un jour. élus : la République à découvert. TF 1 (1er tour, 6e journée). Canal + vert 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. FRANCE-CULTURE 22.10 That 70’s Show. COLLECTION CHRISTOPHE L. 23.00 Sud. La vallée des camions. Les 20.45 Football. Ligue des champions Thanksgiving. Canal Jimmy 20.05 Fa si la. guetteurs de la Ciotat. Une selle pour (6e journée). Groupe D. Marseille 18.40 King Kong aaa 20.34 Tout le sport. 20.30 Prima la musica. 22.30 Sex and the City. Femmes seules Merian C. Cooper 21.20 Expresso - Poésie sur parole. une vie. Les chaises de la promenade. (Fr.) - Croatia Zagreb (Cro.). Canal + et célibataires endurcis (v.o.). Téva 20.38 Le Journal de l’Open de Paris. Sud Emploi. Coup de cœur. Fun et Ernest B. Schoedsack. 22.00 Boxe. Poids super-légers. Souleymane e 21.30 Les Entretiens Alfred Hitchcock et loisirs. TMC 22.35 Friends. Celui pour qui le foot, Avec Fay Wray, 20.55 23 Festival international Mbaye - Alan Temple. Turan Baggi - c’est pas le pied (v.o.). Canal Jimmy Robert Armstrong (EU, 1933, N., du cirque de Monte-Carlo. avec François Truffaut. 23.05 Texto. Les livres sous l’oreiller. Rüdiger May. Eurosport v.o., 100 min) &. Ciné Classics 22.10 Carnet de notes. Libre cour. Invités : Didier van Cauwelaert ; 22.50 The Practice. 22.30 Météo, Soir 3. 19.30 Le Tour du monde 22.30 Surpris par la Nuit. Serge Toubiana. France 3 MUSIQUE Cadavre gênant (v.o.). Série Club 23.05 Texto. 0.40 Capital. 23.05 Les Soprano. en 80 jours aa Les livres sous l’oreiller. 0.00 Du jour au lendemain. Michael Anderson (Etats-Unis, 1956, 0.00 Libre court. Immobilier : l’envers du décor. M6 17.40 Sonate pour piano Révélations intimes. Canal Jimmy 23.10 New York District. 125 min) &. Cinétoile La Gotera. Grojo Sanchez FRANCE-MUSIQUES 0.55 Top bab. Iggy Pop. Canal Jimmy et Jorge Sanchez-Cabezudo &. en la bémol majeur, de Haydn. Femmes en péril (v.o.). 13ème RUE 20.30 Orange mécanique aaa Avec Ivo Pogorelich, piano. Mezzo Stanley Kubrick (Grande-Bretagne, 0.10 Le Magazine olympique. 20.00 Un mardi idéal. DOCUMENTAIRES 20.30 Jazz à Vienne 1998. 23.45 La Loi de Los Angeles. 1971, 135 min) !. Ciné Cinémas 2 Art douteux. Téva 22.30 Jazz, suivez le thème. Avec Monty Alexander, piano ; Hassan 20.55 Anastasia aa CANAL + 23.00 Le Conversatoire. 17.05 Du rugby et des hommes. [4/5]. J.J. Wiggins, contrebasse ; 23.55 Au-delà du réel. Anatole Litvak (Etats-Unis, 1956, ème 0.00 Tapage nocturne. Une balle contre un mur. Planète Ed Thigpen, batterie. Muzzik Le facteur humain. 13 RUE 105 min) &. TMC 15.25 1 an de +. 21.35 Quand la ville dort aaa 16.15 Le Souffle sacré. John Huston (Etats-Unis, 1950, RADIO CLASSIQUE N., 115 min) &. Cinétoile 16.40 Le Journal du cinéma. 22.25 La Patrouille perdue aa 16.50 Taxi 18.30 Le Magazine. John Ford (Etats-Unis, 1934, N., Film. Gérard Pirès &. 20.15 Les Soirées. Introduction et variations v.o., 75 min) &. Ciné Classics f En clair jusqu’à 20.45 pour flûte et piano sur Trockne Blumen 22.45 Les Hommes du Président a 18.20 Nulle part ailleurs. D 802, de Schubert, Emmanuel Pahud, flûte, Eric Le Sage, piano. FRANCE 2 CINÉ CINÉMAS 2 FRANCE 3 Alan J. Pakula (Etats-Unis, 1976, 20.15 Football. 20.40 Franz Anton Hoffmeister, 125 min) &. Ciné Cinémas 2 Babe, 22.45 Les hommes 23.05 Texto Marseille - Croatia Zagreb. un éditeur compositeur. 23.30 La Charge 23.45 Alien, la résurrection a Œuvres de Hoffmeister, Mozart, le cochon devenu berger du président a Présentée par Philippe Bertrand, de la brigade légère aa Film. Jean-Pierre Jeunet (v.o.). ?. Beethoven, Haydn, Bach, Clementi. Les aventures d’un cochon qui Belle illustration du rôle de contre- ex-animateur de « Tapages », cette Tony Richardson (GB, 1968, 1.30 Aimez-vous les femmes ? 22.40 Les Soirées... (suite). nouvelle émission littéraire men- 130 min) &. Cinétoile Film. Jean Léon &. Œuvres de Stravinski, Tchaïkovski... veut garder les moutons. Filmé pouvoir de la presse au Etats-Unis, 23.40 Le Petit Chose aa avec de vrais animaux, auxquels cette œuvre, qui reçut quatre Os- suelle se veut « vivante ». Un re- Maurice Cloche (France, 1938, portage au Musée de la vie roman- N., 95 min) &. Ciné Classics des acteurs (Christine Cavanaugh, cars en 1977, se rattache à la tradi- SIGNIFICATION DES SYMBOLES tique avec Jean-Pierre Guéno, 23.50 La Règle du jeu aaa Babe, James Cromwell, le fermier) tion hollywoodienne du cinéma auteur de Sand et Musset, une vi- Jean Renoir (France, 1939, Les codes du CSA Les cotes des films N., 120 min) &. Festival & a ont prêté leur voix, et grâce à un d’intervention, avec deux acteurs site guidée de Jean-Pierre Izzo Tous publics On peut voir travail de montage et de discrets vedettes (Dustin Hoffman, et Ro- 1.40 Le Maître % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer chez sa libraire préférée, la lecture de musique aa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique trucages numériques. Il faut aimer bert Redford) assimilés à des justi- d’un texte de Proust par Robin Re- Gérard Corbiau (Belgique, 1987, 95 min) &. Ciné Cinémas 1 ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + l’anthropomorphisme qui retire ciers. Ce film, réalisé par Alan J. Pa- nucci et un débat entre Régis Clin- ! Public adulte DD Dernière diffusion aux animaux leur privilège d’ani- kula, est un des grands classiques quart, Michèle Gazier et Michel 3.10 THX 1138 aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour George Lucas (Etats-Unis, 1970, # maux : la neutralité du regard. du film politique américain. Polac. 85 min) &. Ciné Cinémas 2 Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ0211--0026-0 WAS LMQ0211-26 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0789 Lcp: 700 CMYK

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MARDI 2 NOVEMBRE 1999 Les causes de l’accident du Boeing 767 Chassez le rugby... par Pierre Georges d’EgyptAir demeurent inexpliquées S’IL SE TROUVE quelque Nos- n’être point ridiculisé par un enne- tradamus de la 25e heure qui l’avait mi supérieur en nombre et en prévu ainsi, qu’il se montre et force. Repentance aussi pour avoir Plus d’espoir pour les 217 occupants de l’avion qui s’est abîmé au large du Massachusetts qu’on l’empaille ! S’il se trouve cru que le rugby était mort, d’une même un seul joueur français pour belle et effroyable modernité, ne NEW YORK ré comme un passager commer- avoir été abandonné en fin de principales religions et des psy- suggérer que, dans ses rêves les laissant plus sa place qu’à la lo- de notre correspondante cial. Moins de deux heures après journée à cause de la température chologues spécialisés dans ce type plus fous, en technicolor comme gique têtue des offensives plani- Ed McLaughlyn ne manifestait, qu’il en fut descendu, le de l’eau. Le vol 990 transportait de situation. Le National Trans- en tricolore, il s’était vu, lui et ses fiées, à la dictature des organisa- dimanche matin 31 octobre, aucun Boeing 767 d’EgyptAir s’abîmait 199 passagers et 18 membres port Safety Board (NTSB, bureau pairs, passer 33 points en même tions et à la culture du muscle trouble particulier lorsqu’il est en mer avec 217 personnes à bord. d’équipage ; parmi les passagers, national de la sécurité des trans- pas autant de minutes, à la terri- programmé. monté au podium pour expliquer Il ne restait plus à cet homme 129 étaient américains (dont deux ports), a été chargé de l’enquête, fiante et halloweenesque armada Depuis dimanche, vraiment un aux journalistes, dans le cadre de d’âge moyen, mince et barbu, qu’à groupes de touristes en voyage or- avec l’accord des autorités égyp- des black monsters, qu’il soit amené bon dimanche et pas seulement la première conférence de presse reprendre ses esprits et à faire son ganisé) et 62 égyptiens. tiennes, et il est assisté du FBI vivement. Légion d’honneur pour le rugby français, mais pour sur l’accident du vol EgyptAir 990 métier pour aider les familles des dont les enquêteurs chercheront d’abord, Sainte-Anne ensuite ! l’avenir même de ce sport menacé New York - Le Caire, en quoi gens qui étaient avec lui dans ANTÉCÉDENTS DU COULOIR AÉRIEN toute trace d’activité criminelle. Ils ont fait l’impossible. Pas de du pire des fléaux, l’ennui d’un consistait son travail auprès des l’avion à surmonter le choc. Une procédure presque routi- Il ne faut donc pas s’attendre à battre les All Blacks, ce qui s’est ordre absolu, comme numérisé, on familles des victimes : c’est, après Le mystère est pour l’instant to- nière s’est aussitôt mise en place, des réponses rapides. Si le FBI a déjà vu. Mais de les battre ainsi, ce sait qu’on avait tort. Totalement tout, son métier, celui de conseiller tal. On ignore tout de ce qui a pu semblable à celle qui avait suivi rendu ses conclusions sur l’affaire qui ne s’était jamais vu. Ils ont ob- tort. Chassez le rugby, il revient au psychologique auprès des victimes causer la chute subite de l’appa- l’annonce du crash du vol du vol TWA, le NTSB, en revanche, tenu ce qu’aucune équipe n’avait, galop ! Les joueurs français, re- de catastrophes, un métier qu’il reil, 55 minutes après un décollage TWA 800 en juillet 1996, au large ne devrait pas remettre les siennes de mémoire d’Ovalie, réussi : faire montés comme des coucous ou exerce au Family Enterprise Insti- sans problème de l’aéroport Ken- de Long Island avec 230 personnes avant le printemps 2000, soit près plus que trembler la montagne comme ces Irlandais qui, jadis, tute et comme consultant pour nedy à New York, dans l’océan à bord, et à celle qui avait suivi de quatre ans après l’accident. noire sur ses bases, la raser, la la- sous la conduite du bon docteur certaines compagnies aériennes, Atlantique à 60 miles au sud-est de l’annonce du crash du vol Swis- « Nous devons consacrer toutes miner, l’incendier d’un prodigieux Kennedy, enflammaient les ter- dont EgyptAir. l’île de Nantucket, au large du sair 111 en septembre 1998, avec nos ressources à faire la lumière sur incendie de terril, de terrain. Et rains d’une verte fureur aux cris de Il aurait eu, pourtant, quelque Massachusetts. On sait, en 229 personnes à bord. Ces deux cette tragédie », a déclaré Jim Hall, n’en laisser plus qu’un dérisoire et « proud, proud ! », fierté, fierté, raison d’être troublé : M. McLaug- revanche, comment il est tombé : avions avaient aussi décollé de président du NTSB. L’enquête déconfit tas de cendres. n’ont pas fait que venger leur hon- hlyn est le seul passager à être des- les enregistrements des radars l’aéroport JFK et emprunté le pourrait d’ailleurs se révéler en- La France sportive, cela lui de- neur bafoué et ridiculiser leurs cendu du vol 990 lors de son escale révèlent une chute vertigineuse, même couloir aérien, l’un des plus core plus difficile que celle sur le vient une seconde nature, se plaît à tourmenteurs. Ils n’ont pas fait, à New York dans la nuit, en prove- de 33 000 pieds d’altitude fréquentés au monde, avant de vol TWA 800 : la température de vivre la vie en Bleu. Football, rug- dans l’inverse proposition poli- nance de Los Angeles et à destina- (9 900 mètres) à 19 000 pieds (5 730 s’abîmer en mer – comme d’ail- l’eau, déjà froide en cette saison, by, Marseillaise et clairons, en tique, que culbuter la tyrannie du tion du Caire. Ce type de vol n’a mètres) en 36 secondes, soit une leurs le petit avion bimoteur de et la distance des côtes de l’empla- avant la zizique, c’est bon pour le Sud sur le Nord. pas le droit de débarquer de passa- allure de 6 960 mètres à la minute. John Kennedy Jr cet été. cement supposé de la chute vont moral des ménages et celui de la Ils ont vengé le rugby. Ils l’ont gers commerciaux lors d’escales Les sauveteurs ont repêché dans la Les familles des victimes ont été considérablement compliquer le nation ! La France sportive, vous, réinventé, comme une perpétuelle prévues dans le pays de départ, journée un corps et quelques dé- invitées à se rassembler à l’hôtel travail des sauveteurs. moi, qui n’avons jamais vu et en- renaissance de l’esprit du jeu. Ils mais Ed McLaughlyn, travaillant bris de l’avion, et tout espoir de re- Ramada près de l’aéroport où les core moins affronté Ronaldo et ont, sur les vertus prêtées à ce pour EgyptAir, n’était pas considé- trouver des survivants semblait attendaient des représentants des Sylvie Kauffmann Lomu que sur l’écran de nos fan- sport, le défi, la fierté, le courage, tasmes et par délégation de pou- le sens du collectif, le flair indivi- voir, va sortir ses peintures de duel, pratiqué un rugby de tou- guerre et ses superlatifs de cir- jours et pourtant déjà post-mo- A l’aéroport du Caire, la détresse des familles constances. C’est reparti comme derne. Ils ont été plus All Blacks en 98, de la Coupe aux lèvres et que les All Blacks, dans une ap- LE CAIRE 217 personnes, dont 18 membres d’Etat, a déclaré qu’« il n’y a pas de n’avait jamais eu de problèmes. des lèvres au cœur. Et un, et deux, proche échiquéenne et enthousias- de notre correspondant d’équipage. Des femmes et des raisons particulières de croire que la Alors pourquoi le Boeing 767 est-il et trois, et quatre ! Quatre essais. mante du jeu de blitz, stratégique « Cessez de raconter des bê- hommes s’effondrent. Un jeune catastrophe peut être liée au terro- tombé à la mer à une vitesse verti- Avec cela faut-il vous l’emballer, ici, inattendu là. Ils ont fait le tises ! » Ahmad, un jeune homme homme qui vient de se faire confir- risme ». De son côté, le PDG gineuse ? Il y a, d’une part, ceux Monsieur Jonah ? match parfait du rugby de l’an d’une vingtaine d’années, est venu mer par un employé d’EgyptAir d’EgyptAir a écarté implicitement qui s’en prennent à la direction de Eh bien non, ni grosse caisse ni 2000. Ils ont vécu un jour extraor- avec sa mère, dimanche 31 octo- que son frère était bien sur l’avion l’éventualité d’une erreur humaine, la compagnie égyptienne et, de cuivres ! Même pour couvrir l’im- dinaire, mémorable où, en plus, bre, accueillir son frère aîné qui hurle : « J’ai perdu mon frère ! » et ou d’une défaillance technique. Le l’autre, ceux qui soupçonnent une mense repentance qui devrait être pour reprendre le mot de l’ailier rentre des Etats-Unis. A ceux qui se rue en l’injuriant sur un camera- pilote, a-t-il assuré, avait plus de conspiration américaine. La presse nôtre, qui est nôtre déjà d’avoir Dominici, le ballon capricieux vous lui disent que la télévision égyp- man qui le filme. La scène se répète 13 000 heures de vol à son actif, et de lundi matin reflétait ces divi- tant et si férocement exprimé de arrive « comme des mots tienne a annoncé la disparition de de manière quasi identique chaque l’avion, livré par Boeing en 1989, sions. Pour l’hebdomadaire indé- substantifiques doutes sur la capa- d’amour ». Et ce bonheur-là, ils ne l’avion après son départ de New fois que des parents se font confir- pendant El Ousbouh, le PDG cité du XV de France à simplement l’ont point volé ! York, il répond en montrant le ta- mer la disparition d’un être cher. d’EgyptAir, Fahim Rayan, doit être bleau d’affichage : « Vous voyez Un homme qui a perdu connais- La pire catastrophe renvoyé. « Les âmes des victimes ré- bien qu’ils continuent à donner l’ho- sance est emporté en ambulance clament le départ d’un vétéran de raire d’arrivée. L’avion a simple- avec son fils. Vers 18 heures, des pour la compagnie soixante-douze ans, qui a perdu sa ment du retard. Comme d’habitude femmes en noir commencent à ar- capacité à diriger », a écrit le rédac- Grève totale des transports publics avec EgyptAir. » Comme des di- river. Elles savent que tout est per- égyptienne teur en chef de la revue.Le quoti- zaines d’autres parents de passa- du. dien officieux El Goumhouriya en a gers du vol 990, Ahmad, pour gar- La catastrophe du Boeing 767 pris le contre-pied, en exprimant le de Lille après une agression der encore espoir, s’accroche aux L’HYPOTHÈSE TERRORISTE ÉCARTÉE d’Egyptair au large du souhait que « l’accident ne fasse horaires affichés. Pourtant, cela Les responsables commencent eux Massachusetts, dimanche pas perdre confiance dans la A L’APPEL de la CGT, le trafic des autobus devait être totalement faisait des heures que l’on avait an- aussi à affluer. Le ministre des 31 octobre, est le pire des compagnie nationale ». paralysé par une grève dans la métroplole lilloise jusqu’au mardi noncé la disparition du Boeing 767 transports, Ibrahim El Doumeiri, accidents de l’histoire de la Le directeur d’El Goumhouriya, 2 novembre au matin, à la suite de l’agression d’un chauffeur de parti de l’aéroport John F. Kenne- donne des détails sur les nationali- compagnie nationale égyptienne, Samir Ragab, proche du président bus. Dimanche 31 octobre, l’ensemble des transports publics de la dy, à New York. tés des passagers. M. El Doumeiri considérée comme relativement Hosni Moubarak, admet bien métropole – les deux lignes de métro, les bus et les tramways – D’autres veulent encore croire insiste : « Nous écartons totalement sûre par les experts. Trois qu’EgyptAir a eu quelques pro- s’était mis en grève après qu’à Lambersart (Nord), près de Lille, un au miracle. Certains affirment que que l’accident soit le résultat d’un accidents ont eu lieu dans les blèmes, notamment avec le dé- chauffeur d’autobus eut été poignardé au flanc et frappé avec une la télévision s’est tout simplement acte terroriste ou d’une tentative de années 70 : tournement, le 19 octobre, d’un matraque par un passager à qui il venait de rappeler l’interdiction trompée ; et puis, « il ne faut jamais détournement avortée », affirme-t-il b 2 janvier 1971 : un Comet 4 Boeing assurant la liaison Istanbul- de fumer dans les autobus. Transporté aux urgences du centre hos- douter de la miséricorde d’Allah ». sans fournir de justification à ses heurte une dune à l’approche de Le Caire. Mais il se dit confiant pitalier régional de Lille, le chauffeur, désormais hors de danger, Le ton monte quand même. Les certitudes. En fait, l’hypothèse l’aéroport de Tripoli, en Libye, dans la capacité du PDG de la souffre d’un plaie au flanc gauche et d’une blessure à la tête. parents et amis des passagers ré- d’un acte terroriste est le pire des faisant 16 morts. compagnie, un compagnon L’agresseur, qui a pris la fuite, est recherché par les services de po- clament des explications. Pour cal- scénarios pour l’Egypte. Le tou- b 29 janvier 1973 : un d’armes du président, de les régler. lice grâce au descriptif établi par trois témoins. « Il s’agit de la mer les esprits, les autorités de risme, qui a mis près de deux ans à Iliouchine 18 s’écrase sur une M. Ragab invite en revanche « les deuxième agression en quatre jours, selon Alain Chuffart, respon- l’aéroport finissent par ouvrir une se remettre du massacre de Louxor montagne près de Nicosie, à autorités américaines à élucider le sable CGT du réseau Transpole. Je pense qu’il y en a ras-le-bol de salle aux parents et tentent d’éloi- (58 touristes tués par des extré- Chypre, faisant 37 morts. mystère » de l’accident, « au même prendre des coups pour 8 000 francs par mois. Les chauffeurs sont au gner la presse. mistes musulmans), pourrait b 25 décembre 1976 : un Boeing endroit, où deux autres avions se bout du rouleau. » Mais tout espoir est anéanti prendre un coup fatal. 707 s’écrase durant l’approche sont abîmés, un américain et un lorsque Mohamad Fahim Rayan, Les responsables américains d’atterrissage à Bangkok, en suisse, qui étaient partis du même PDG d’EgyptAir, confirme que sont d’ailleurs venus au secours Thaïlande. Cinquante-deux aéroport ». Régis Schleicher refuse l’avion s’est abîmé dans l’Atlan- des Egyptiens, puisque James Ru- passagers et vingt personnes qui tique nord, avec à son bord bin, porte-parole du département se trouvaient au sol ont été tués. Alexandre Buccianti le soutien de l’extrême droite RÉGIS SCHLEICHER, militant du mouvement terroriste Action di- M. Séguin pose ses conditions pour la mairie de Paris recte, purgeant actuellement une peine de réclusion à perpétuité à Yzeure (Allier), refuse le soutien que l’Union de défense des étu- EN RÉSERVE de la mairie de Pa- situation ». Mais, selon un sondage Jack Lang à la mairie de Paris. Il que la personne « choisie pour sor- diants et lycéens (UDEL), association créée par Jeune résistance et ris, tel est apparu Philippe Séguin, réalisé par la Sofres du 21 au 23 oc- fait, en outre, désormais partie des tir de la spirale de la défaite » soit le Groupe union et défense (GUD), a cru bon lui accorder (Le dimanche 31 octobre, sur TF 1. tobre auprès de 800 personnes, et trois ou quatre personnalités aux- « en accord total avec la stratégie Monde du 28 septembre). « Ni mes convictions, ni mon engagement L’ancien président du RPR a certes publié par Le Figaro-Magazine du quelles songent les stratèges du retenue pour les législatives et les que je situe au sein du mouvement communiste international, ne assuré ne « demander strictement 29 octobre, M. Séguin serait le seul RPR pour préparer l’« après-Tibe- présidentielles ». « Je crois ne pas souffrent l’amalgame. Quinze années d’enfermement ne sont pas de rien », en soulignant qu’il pouvait candidat de droite à pouvoir battre ri ». Cette hypothèse ne vaut ce- être le seul à considérer qu’une stra- nature à modifier en substance ce qui est à la base de mon militan- « exister en politique sans avoir une tant Dominique Strauss-Kahn que pendant que si l’actuel maire de tégie de poursuite de la cohabitation tisme, la lutte contre l’oppression et contre la barbarie. Ces mêmes op- Paris termine son mandat, puisque est mauvaise », a-t-il rappelé. Enfin, presssion et barbarie qui sont des constantes de l’idéologie et de l’or- M. Séguin, domicilié à Paris, n’est il faudra « évidemment une poli- ganisation sociale et politique de ceux dont vous me prêtez le pas élu de la capitale, et si par ail- tique de renouveau et de renouvelle- soutien », écrit-il au Monde. « Le seul rapport qu’un militnatn leurs l’Elysée ne met pas de veto à ment à Paris », et notamment que communiste et anti-impérialiste puisse établir avec les fascistes, c’est une telle perspective. « le personnel politique soit profon- la guerre révolutionnaire, la guerre de classe », conclut-t-il. dément remanié ». « RECONQUÉRIR » LA CAPITALE De son côté, Pierre Lellouche, DÉPÊCHES M. Séguin a défini lui-même, di- partisan de la candidature de Fran- a GÉORGIE : le parti au pouvoir du président Edouard Che- manche, les conditions que devrait çois Fillon pour la présidence du vardnadze a pris la tête des élections législatives de dimanche réunir le candidat du RPR à la mai- RPR, a estimé, dimanche, au 31 octobre, selon des résultats préliminaires, cité lundi matin par Professeurs d’économie, rie de Paris, une ville, a-t-il dit, qu’il « Grand-Jury RTL-Le Monde-LCI », l’agence russe Itar-tass. Après dépouillement des bulletins dans ne s’agit plus de « sauver » mais de qu’il voit « apparaître d’autres hy- 56 des 75 circonscriptions électorales, l’Union des citoyens de associations d’étudiants... « reconquérir ». Tout d’abord, il pothèses » que la candidature de Géorgie (UCG) de M. Chevardnadze a récolté 49,8 % des voix. Le faut, selon M. Séguin, « cesser l’at- M. Tiberi : « Un ancien premier mi- principal parti d’opposition, le bloc Renouveau, dirigé par le pré- titude suicidaire de l’opposition na- nistre [Edouard Balladur], un an- sident de la région autonome d’Adjarie (sud) Aslan Abachidze, est ... Mettez ... Profitez d’un tionale, à propos de Paris et des dif- cien président du RPR [Philippe Sé- loin derrière avec 19,1 % des votes. – (AFP.) Le Monde outil pédagogique ficultés liées à une crise d’image des guin] qui ont, disons, davantage de a CORSE : une très importante charge explosive a soufflé, di- autorités municipales ». « Ce n’est chances de rassembler les Pari- manche 31 octobre au soir, toute la partie centrale d’un hôtel dé- Economie de référence pas tant Jean Tiberi [qui est en siens ». « Le prochain président du saffecté situé sur une plage de Bonifacio (Corse-du-Sud). L’attentat à la disposition à des conditions cause] qu’un système, ou une appa- RPR et les militants seront appelés à n’a fait aucune victime. L’hôtel Toreano, appartenant à un ressor- rence de système, dont nous avons désigner celui qui, à leurs yeux, aura tissant italien, avait déjà fait l’objet de trois attentats durant ces de vos classes. exceptionnelles ! tous la responsabilité (...), un sys- les meilleurs chances de l’emporter à dernières années, ce qui avait entraîné sa fermeture. tème qui s’est constitué au fil du Paris », a ajouté M. Lellouche (lire Pour tout renseignement : temps, qui ne correspond plus à l’at- aussi page 12). Tirage du Monde daté dimanche 31 octobre-1er novembre : 577 777 exemplcaires 1 – 3 Tél. : 01.42.17.37.64 - Fax : 01.42.17.21.70 tente » des citoyens, a affirmé le député des Vosges. Ensuite, il faut Jean-Louis Saux LeMonde Job: WPA0211--0001-0 WAS SPA0211-1 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 09:49 S.: 111,06-Cmp.:01,10, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0508 Lcp: 700 CMYK

Mardi 2 novembre

EXPLOIT Philippe Bernat-Salles, tout sourire, vient de marquer le quatrième essai français, celui qui condamne les All Blacks et ouvre aux Bleus les portes de la finale : le XV tricolore, retrouvé, a signé à Twickenham, en battant la Nouvelle-Zélande (43-31), l’une des plus belles victoires de l’histoire du rugby français. KIERAN DOHERTY/REUTERS LES TEMPS FORTS LA CHRONIQUE DE FRANCIS MARMANDE b 1 FRANCE Les Bleus ont livré une des plus belles parties de leur histoire, pour vaincre (43-31) la Donc, en finale ! Nouvelle-Zélande, dimanche 31 octobre, à Twickenham, en Comme un soleil bleu e C’EST cette joie qu’on n’ou- inespérée, de trucs impos- demi-finales de la 4 Coupe du blie pas. Une joie offerte. La sibles, des joueurs de jeu. En- CE SOIR, il est difficile d’être rai- tier. On a déjà vu cette scène, la travagant : il y a tout d’un coup une monde. En finale, samedi joie d’un jeu brillant, disputé traîneurs, ils se font institu- sonnable. Ce soir, il est difficile veille. Les Australiens étaient venus équipe qui prend du plaisir à se pas- 6 novembre, à Cardiff, l’équipe sans faiblir, tout dans la vi- teurs (c’est là, les d’écrire sur autre chose que sur le jouer une partie de rugby de bon ser la balle à la main, à courir, à de France retrouvera tesse : la joie qui n’est qu’à ricanements). Dans quel but ? plaisir, le si grand plaisir que donne niveau. Les Sud-Africains étaient tomber, se relever, courir toujours, l’Australie. page II eux, celle de vingt gaillards qui Juste pour rendre le jeu au jeu. l’invraisemblable victoire de venus défendre des symboles et ac- et une équipe que ce délire ludique se donnent du plaisir. Une joie Ce qui advint. En plus, il a fait l’équipe de France, parce qu’invrai- complir une tâche essentielle. Ab- exaspère. b 2 CHEF D’ORCHESTRE telle qu’on l’attendait. Telle beau. semblable. Ce soir, il est difficile surdement, ils avaient en tête le Pour les Blacks, clairement, la Christophe Lamaison, le demi que leur trio d’entraîneurs Dès que l’arbitre eut avalé d’expliquer quoi que ce soit. Com- système que les Anglais, sept jours partie est finie. Lomu a fait son nu- d’ouverture français, a orienté leur demandait de la susciter. son sifflet, à la fin, toute sorte ment expliquer, quand, à l’évi- plus tôt, avaient prétendu employer méro d’homme-boulet, comme le jeu à merveille et réussi Contre les faits. Au moment de gens, par cohortes, se sont dence, toute explication aura l’air contre eux-mêmes, substituant le d’habitude. Les avants ont été so- 100 % de ses coups de pied – juste. Puisque cela arrive. arraché le micro, qui de la télé, de venir trop tard ? football au rugby. Ce qui faisait lides et constants, comme d’habi- pour inscrire 28 des 43 points Puisqu’ils savaient tous qui de la radio, pour klaxon- Reprenons. Racontons l’histoire deux erreurs : croire en un système tude. Les demis ont été sérieux et de son équipe. page III trois, l’inestimable Skrela, Ma- ner qu’ils étaient sûrs de ce ré- de ce plaisir, pour le plaisir de la ra- et se tromper de ballon. Les Anglais précis, comme d’habitude. Voilà. so qui sortit de ses gonds, et sultat, mais seuls à y croire. conter. Donc, l’équipe de France avaient perdu. Les Sud-Africains C’est réglé. Il n’y a que des Français b 3 HÉROS Pierrot-la-science (Ville- Très bien, très bien. Skrela, lui, devait être battue par les All Blacks. ont perdu à leur tour. Ceux qui ont pour feindre de n’avoir pas compris Si l’ailier preux), que cela arrive. La le fils de deux immigrés partis Tout était prêt, raisons, excuses, osé, ceux que l’enjeu et le risque et se mettre à danser la farandole à français preuve. Cette joie qui fait à pied de Cracovie pendant la consolations. La finale mettrait en n’ont pas suffi à inhiber, ont gagné. quinze. Aux Blacks, on trouve l’air Philippe croire à la vie. Cette joie en- guerre pour s’arrêter dans le présence la Nouvelle-Zélande et Les plus joueurs ont été récompen- las. Ils en ont assez de ce match, Bernat-Salles tière d’un match parfait, so- Gers, se louant dans les l’Australie. Soit. Rien à redire. Il ne sés par le jeu, les Australiens eux qui doivent penser au suivant. a fait jeu égal nore, éclatant. fermes, Skrela l’avait écrit. Il restait à espérer, côté français, comme les Français. Ils ne sont pas là pour s’amuser, avec le redouté De temps en temps, le Quin- aspire maintenant à retourner qu’une défaite honorable. Sans eux. , ze français joue comme per- incognito à ses élèves, à ses doute se souvenait-on encore que DÉLIRE LUDIQUE Dès lors, tout s’enchaîne dans le c’est l’ensemble de l’équipe de sonne au monde. Pas tous les écoles, à la maison qu’il a bâ- les Ecossais n’avaient pas été si loin Mais, au coup d’envoi, on n’a genre stupéfiant. Le ballon s’amuse France qui, à l’image d’Olivier jours, encore heureux ! Mais tie de ses mains. de l’emporter dimanche dernier toujours pas compris. A la néo- à rebondir dans les bras de Domini- Magne (photo), a su se quand ça arrive, c’est un autre Des Français, nul en parti- contre des Blacks qui jouaient par phyte qui affirme alors, après dix ci qui s’amuse à prendre Wilson de dépasser pour battre les grands rugby. Ce soir, les All Blacks culier ne sera cité à l’ordre de moments chacun pour soi, chacun minutes, qu’« ils ne se débrouillent vitesse. Lamaison s’amuse à taper favoris de l’épreuve. page IV sont la meilleure équipe du la nation. On a vu une équipe, pour sa notoriété, son image et ses pas si mal », il est aisé de rétorquer en l’air pour Dourthe qui prend monde. Sans conteste. Tels des mains, des passes justes, recettes publicitaires. Mais de là à qu’elle n’a encore rien vu et que, si Wilson de vitesse une deuxième b 4 NOUVELLE-ZÉLANDE sont les faits. Mais ils ont été des rires, des poussées ter- ce que cet excès de vanité les les Français ont bien commencé, les fois. Le dernier essai français est Sur la pelouse de battus, dans tous les do- ribles, des plaquages, des re- égare... Sans doute n’avait-on pas autres ne vont pas tarder à s’y une facétie, dont le héros ne peut Twickenham, les All Blacks maines, clairement, sans ra- groupements implacables, la oublié que les Français, dans les mettre. La preuve : peu après, ils s’y être que Bernat-Salles, qui fait sont redevenus de simples pine, sans discussion. C’est sérénité du pied qui rassure, dernières années, se sont fait une mettent et Lomu exécute sa part de l’avion dans l’en-but adverse. joueurs de rugby ainsi. Le jeu n’a d’intérêt qu’à des essais sous toutes les cou- spécialité de vaincre les invincibles contrat médiatique en marquant un A cet instant, évidemment, tous néo-zélandais. « Nous sommes ce prix : à la condition que les tures. Ils ont joué comme Blacks et que ceux-ci auraient, essai démoralisant, lui tout seul les spectateurs et téléspectateurs déçus. Nous avons déçu nos meilleurs du monde puissent « avant », sans mépriser une peut-être, quelque appréhension. contre cinq ou six. ont compris. Que font-ils ? Ils se supporteurs », a déclaré être pris. Si l’impression de la seconde qu’ils jouaient main- Mais de là à ce que ce sentiment les A ce moment, l’arbitre, le sardo- marrent. Ils ne trouvent rien à dire. l’entraîneur John Hart. page IV demi-finale France-Nouvelle- tenant. Les Blacks ont joué perde... nique Fleming, accable les Français Ils rient, simplement. Du reste, les Zélande à Twickenham (43-31, comme « après », c’était déjà A la Marseillaise, les Bleus sont de pénalités. A la mi-temps, l’hu- commentateurs ne trouvent rien à b 5 AUSTRALIE dimanche 31 octobre 1999) trop tard. loin de rivaliser avec les chœurs de meur est maussade. Le deuxième dire, eux non plus. Les uns pleurent Dans l’autre demi-finale, reste si forte en soi, dans le En réalité – laquelle n’a que l’Armée rouge. N’empêche. Ils exploit de Lomu est accueilli avec et les autres halètent. Ils ont oublié samedi 30 octobre, à corps même où elle dure, dans trop à voir là-dedans – c’était chantent, ils font de leur mieux. Ils indifférence : le train-train mono- leurs prédictions. Les explications Twickenham, les Wallabies ont le mouvement de l’esprit un « essai » de plus, anticipé, ne semblent pas particulièrement tone de l’inexorable. Pour un peu, s’embrouillent, les phrases ne disposé (27-21) des qu’elle accélère, ce n’est pas que de se placer depuis long- émus. Vient le haka. Très bien, le on arrêterait de regarder. Il fait si s’achèvent pas, les langues Sud-Africains, champions du d’avoir battu un adversaire, temps dans l’hypothèse de ce haka. Si ce n’est qu’à force d’avoir beau dehors. On pourrait aller fourchent. Personne n’y comprend monde en titre, grâce largement, c’est de l’avoir joué triomphe. Pour voir. Comme servi à des réclames, d’avoir été jouer au ballon... plus rien. Comprendra-t-on notamment à un drop du demi ainsi, contre lui, avec lui, sans un essai de l’intérieur : pour montré et remontré, il ne fait plus si Il semblerait que les Français se jamais ? Probablement non. Heu- d’ouverture Stephen Larkham, l’ombre d’un doute. Dans le éprouver en soi un rien de grosse impression. Galvaudé, il est soient fait la même réflexion. «Il reusement non. Le destin ne s’est lors de la prolongation. refus de se soumettre aux tout ce que les joueurs savent ravalé au rang de distraction folklo- fait beau, la pelouse est douce. On pas accompli. La raison du plus fort pages V et VI faits. dans leur ventre en entrant rique. Les joueurs français le re- devrait jouer. » Ce qu’ils osent illico. n’a pas été la meilleure. C’était Tel est, depuis le début, le sur le terrain. En tenant les gardent, les mains sur les hanches. Lamaison a envie tenter un drop ? Il juste un petit moment de liberté, b 6 PHILIPPE SELLA désir de Jean-Claude Skrela. 80 minutes. En réussissant A ce moment-là, on aurait dû le tente. Il le réussit. Un autre ? contre toute attente et toute L’ancien trois-quarts centre Skrela, Maso et Villepreux tout ce qu’ils entreprennent. comprendre. Ce flegme et cet air Pourquoi pas ? Il le réussit. Il n’a logique. Ce soir, il serait déplacé du SU Agen et de l’équipe de furent, il n’y a pas si long- Sinon, à quoi bon ? Après détaché côté bleu. Côté noir, le sé- d’ailleurs toujours l’air ni ému, ni d’être raisonnable. France, redoutable plaqueur, temps, des joueurs de plein tout, ce n’est qu’un jeu. rieux, le devoir, l’obligation d’être à effrayé. « Tout cela est extrava- raconte tout de cet art délicat. champ, des joueurs de relance Donc, en finale ! la hauteur et de bien faire son mé- gant », se dit-on. Parfaitement ex- Philippe Dagen page VII LeMonde Job: WPA0211--0002-0 WAS SPA0211-2 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 08:12 S.: 111,06-Cmp.:01,10, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0509 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 LE CHIFFRE DU JOUR Les Bleus ont renversé la « montagne noire » 43 POINTS LE XV DE FRANCE, Londres (demi-finale). Dans un stade de Twickenham médusé, le XV de France a bousculé les All Blacks (43-31), en inscrivant 43 points contre la Nouvelle-Zélande, s’ouvrant ainsi les portes de la finale de la Coupe du monde dimanche 31 octobre, de France a trouvé son ha- à Twickenham, en demi-finales LE XV ka : c’est La Marseillaise. Il a aussi de la 4e Coupe du monde, retrouvé son rugby : c’est un jeu est devenu l’équipe ayant inscrit merveilleux d’audace et de déter- le plus de points aux All Blacks mination. Les hommes de Jean- dans un match international. Claude Skrela et Pierre Villepreux En revanche, la victoire ont renversé leur « montagne des Tricolores (43-31, 12 points noire » au moment le mieux choisi, d’écart) n’est pas la plus large en demi-finale de la Coupe du qu’ils aient remportée monde, dans l’endroit le plus chic, face aux hommes en noir. Twickenham. Quinze joueurs dé- Les Bleus s’étaient en effet criés, au moral supposé chancelant, imposés (22-8) avec 14 points ont dévasté les certitudes de l’ogre d’avance, le 26 juin 1994, néo-zélandais. Quinze hommes en à Christchurch, bleu et en révolte, devant un public dans le cadre d’une tournée incrédule, ont fait mentir les « ex- en Nouvelle-Zélande. perts » qui leur avaient promis un raz-de-marée unicolore, un mas- sacre noir à cacher aux enfants. La tornade fut tricolore, survoltée, op- portuniste. Quatre essais, quarante- trois points. « Les Français ont ex- ceptionnellement bien joué. » Avec les compliments de John Hart, l’en- traîneur néo-zélandais. Jeff Wilson, l’arrière et vice-capitaine des Blacks, n’avait « jamais vu ça ». Le 8 octobre, le XV de France avait livré, face à la Namibie, un de ses plus mauvais matches ; le 31, la même équipe inflige à la Nouvelle- Zélande un score record (43-31). On cherche un brin de logique ? «We are french, on est français », suggère Raphaël Ibanez, plus que jamais ca- pitaine d’un « drôle de groupe ». La fameuse légende du XV de France a de beaux jours devant elle. Dans vingt ans, dans cinquante ans, les Néo-Zélandais, et d’autres, averti- ront toujours les blasés : « L’équipe LA PHRASE DU JOUR de France peut battre n’importe qui... » Comment leur donner tort ? « Sur dix fois, on peut les battre Pour , « le rugby, KIERAN DOHERTY/REUTERS une fois. C’est cette fois-ci. Parfois, c’est un jeu où trente joueurs s’af- , à la suite d’une judicieuse passe au pied de Christophe Lamaison, marque le troisième essai français (60e). la Nouvelle-Zélande rate des mat- frontent pendant quatre-vingts mi- ches. Nous, on en rate souvent. Mais nutes et, à la fin, ce sont les quinze Ils ont défié la coutume : « On sa- vail des « gros » : « Un maul, on COUPE DU MONDE c’était celui-là le plus important. » hommes les plus déterminés qui vait qu’il ne fallait pas se laisser avance, un drop. Un maul, on Demi-finale l’emportent ». Le flanker français, prendre par le doute au moment du avance, un drop ; un maul, on , dont l’immense talent a illuminé le coup d’envoi. Après le haka, les All avance, pénalité, et encore pénalité. FRANCE 43 NOUVELLE-ZÉLANDE 31 ailier du XV de France, match, est un insolent tranquille. Blacks sont capables de tout. » Je n’avais jamais vu ça. » Dimanche 31 octobre • Stade de Twickenham, à Londres • Temps doux • auteur d’un essai, Lorsque les Néo-Zélandais ont en- Quand, dans les mêmes cir- En huit minutes, la stratégie et la Terrain bon • Public enthousiaste • 70 000 spectateurs • Arbitre : M. Fleming (Eco.) après la victoire française tamé leur haka, il a préféré tourner constances, les Anglais entonnent volonté ont triomphé de la force LES ÉQUIPES sur la Nouvelle-Zélande le dos. « J’ai déjà joué plusieurs fois en réponse leur célèbre Swing Low, pure de Jonah Lomu. L’avantage FRANCE Entraîneurs : Skrela et Villepreux • Garbajosa • Bernat-Salles ; Dourthe ; en demi-finales contre eux, je l’ai vu à la télévision. Sweet Charriot, le capitaine Raphaël des All Blacks (14 points) a fondu. Ntamack (Glas, 80e) ; Dominici (Mola, 78e) • Lamaison ; Galthié (S. Castaignède, 76e) • de Coupe du monde de rugby Le haka, ça va, je connais. » Dans Ibanez n’a « rien trouvé de mieux Bientôt, il ne sera qu’un souvenir. Magne ; Juillet (Brouzet, 32e) ; M. Lièvremont (Costes, 65e) • Pelous ; Benazzi • Tournaire ; (43-31). l’ambiance électrique du début de que La Marseillaise ». Autour de lui, Les Français jouent tout à bloc, Ibanez (cap.) ; Soulette (De Villiers, 58e) match, Richard Dourthe l’a imité. il a entendu « quinze mecs qui avec l’énergie des condamnés. N ELLE -ZÉLANDE Entraîneur : Hart • Wilson • Umaga ; Cullen ; Ieremia (Gibson, 58e) ; connaissent les paroles ». Une Christophe Dominici chipe un bal- Lomu • Mehrtens ; Kelleher (Marshall, 78e) • Kronfeld ; Randell (cap.) ; Thorne • Maxwell ; bonne moitié a pleuré. « C’est là lon au milieu du terrain, sous le nez R. Brooke (Willis, 72e) • Dowd (Meeuws, 58e) ; Oliver ; Hoeft.

qu’on a gagné le match », affirme de Christian Cullen. Essai (56e). Les LE MATCH y Richard Dourthe. All Blacks s’énervent, tentent tout FRANCE NOUVELLE-ZÉLANDE

et n’importe quoi, même des jeux y POSSESSION DE LA BALLE 1re MI-TEMPS FRISSON DANS LES TRIBUNES interdits (passages à vide avec per- e 42,5 % 57,5 % 2 MI-TEMPS Pendant quatre-vingts minutes, cussion). Une passe au pied de La- TOTAL

y les Français ont fait ce qu’ils avaient maison dans le dos de la défense y JEU CHEZ L'ADVERSAIRE dit qu’ils feraient : un pressing haut, envoie Richard Dourthe à l’essai 23 minutes 30 minutes

e yyy agressif, parfaitement maîtrisé par (60 ). 11 donty4 7 NOMBRE D'ACTIONS DANS LES 22 M ADVERSES 12 dont 5 7 la botte magique de Christophe La- Les Français ont inscrit 26 points 18 dont 9 9 ACTIONS OFFENSIVES POSITIVES 16 dont 8 8 yy maison ; une défense de fer, tout en moins de quinze minutes. Aux y

juste transpercée par deux « tout All Blacks, les seigneurs du jeu. 74dont 3 ACTIONS DÉFENSIVES DÉCISIVES 6 dont 3y3 droit » de Jonah Lomu et un essai Cette hérésie va-t-elle se payer en Des joueurs libres et responsables 3 dont 2 1 BALLES RÉCUPÉRÉES 62dont 4 tardif de Jeff Wilson (80e). Avant le fin de match ? Olivier Magne jaillit y LES POINTSy a réalisé l’impos- due, a repris du service au bon premier essai de l’extraterrestre des de sa moitié de terrain, dribble les L'HOMME DU MATCH LA FRANCE FRANCE: 4 essais de Lamai- Mêlées : Comme tous ses coéquipiers du sible contre ceux que l’on pen- moment. Le fusible de l’encadre- terrains de rugby (23e), les Bleus se trois-quarts néo-zélandais, et Phi- son (20e), Dominici (56e), France : 5 (4 + 1), dont 1 pack français, Olivier Magne a sait invincibles. Les Néo-Zélan- ment avait bien failli sauter. Au- pinçaient pour y croire. Ils avaient lippe Bernat-Salles aplatit sous le Dourthe (60e) et Bernat-Sal- perdue. réussi une performance épous- les (75e) ; 4 transformations Nouvelle-Zélande : 8 (3 + dais, dont la suprématie sur le jourd’hui, sa jubilation est un volé des ballons en touche, bous- nez de Wilson (73e). Incorrigible in- touflante. Exerçant une pression de Lamaison ; 3 pénalités de 5), dont 1 perdue. constante sur les avants All Black, rugby mondial ne faisait aucun plaisir bien rare. Il récompense culé la mêlée noire. Ils n’avaient solent, Olivier Magne singe les Lamaison (2e, 50e, 54e) ; 2 e e le troisième-ligne aile (26 ans, 1,88 doute, ont été ses qualités d’authenticité. pas plié sous les chandelles, ils gestes de victoire des trois-quarts drops de Lamaison (47 , 49 ). Touches : m, 95 kg) a contribué à bloquer les NOUVELLE-ZÉLANDE : 3 France : 10 (4 + 6), dont 4 percussions des Néo-Zélandais et a humiliés par Le plus dur est pourtant à avaient tout osé, ne s’étaient refusé all black, le dos de la main contre le essais de Lomu (24e, 45e) et perdues. participé aux moindres actions de Wilson (80e) ; 2 transforma- Nouvelle-Zélande : 16 (10 quinze gar- faire. Cette équipe n’a plus d’ali- aucune relance. Christophe Domi- front. e e contre, comme lors de l'essai de tions de Mehrtens (45 , 80 ) ; + 6), dont 2 perdues. çons en bleu bi. Les excuses d’un calendrier nici avait joué quelques tours pen- Fin de ce match d’anthologie. La 4 pénalités de Mehrtens (9e, Philippe Bernat-Salles. 18e, 22e, 39e). métamorpho- trop chargé ou de compétitions dables à ses opposants directs. L’ai- fille de rejoint son LE FAIT DU MATCH Christophe Lamaison, au- sés. L’équipe mal organisées ne tiennent plus. lier avait trouvé une faille dans la papa pour un tour d’honneur. Ab- FAUTES teur de 28 points (1 essai, 4 trans- de France pos- Le XV de France est maintenant muraille néo-zélandaise ; trois ca- delatif Benazzi a revêtu une tu- Pénalités : formations, 3 pénalités et 2 En faveur de la France : 9 drops), a grandement participé à sédait une obligé de rester au niveau qu’il a drages-débordements plus loin, il nique noire échangée avec Josh (2 + 7), dont 3 tentées et trans- cette victoire historique. Le bu- chance sur dix atteint face aux Néo-Zélandais. était tout près des poteaux ad- Kronfeld. Le trophée lui va si bien. formées (1 + 2). teur de Brive, grâce à deux drops et deux buts, a permis au de réaliser un tel exploit. Encore On sait de quoi il est vraiment verses. Pas un coup de chance : En faveur de la Nouvelle-Zélan- de : 18 (12 + 6), dont 7 tentées XV de France de recoller au score en sept minu- tes, quand il a été mené 10-24 à la 45e minute. fallait-il qu’elle soit prête à la capable. « C’est dans la tête. » « On savait que leurs trois-quarts ont Eric Collier (7 + 0) et 4 transformées (4 + 0). saisir. La peur d’être humiliés, la L’affirmation – simpliste – de- un rideau défensif très étiré, qu’ils à Londres Infographie : Le Monde avec Pierre Lepidi peur physique, aussi, d’adver- mande un développement. Le laissent de la place entre le demi saires que l’on sait trop forts ont jeu appartient aux joueurs, et d’ouverture et le premier centre, pré- joué. Dans ces cas-là, on ne quand ils décident de jouer ils cise Olivier Magne. On a travaillé pense plus qu’à survivre. Les savent ce qu’ils ont à faire. Le des combinaisons toute la semaine joueurs réalisent alors des choses rôle de l’entraîneur paraît alors pour s’engouffrer. » Christophe Do- Chez Jean-Claude Skrela, le rêve reste un bonheur intime inimaginables, qui deviennent secondaire. Il y a de cela peu de minici s’est effondré sous les po- « VOUS ÊTES CONTENT ? Vous n’en avez pas L’équipe de France cherchait un jeu, le sien, possibles. Ils se découvrent un temps encore, on sentait les teaux, Richard Dourthe a joué le l’air... » C’est vrai, Jean-Claude Skrela semble en- qu’elle ne trouvait pas. Que s’est-il produit, di- potentiel que l’on n’avait jamais joueurs français téléguidés du demi de mêlée et Christophe La- core tendu lorsque, près d’une heure après le manche 31 octobre, sur la pelouse de Twickenham, pu faire exister jusqu’à ce jour. banc de touche. maison le finisseur. Essai français match, il rejoint la salle de conférences dressée pour qu’en un match ce groupe capable du moins Peut-être va-t-on entendre que L’intensité de leur engage- (20e), et un premier frisson traverse dans l’enceinte du stade de Twickenham. « Que bon et promis au pire accouche du meilleur face à la c’est dans la préparation de la se- ment, leur dépassement constant Twickenham. dire ? La France est en finale. On travaille depuis trois plus redoutable des formations ? « Je n’ai rien à ré- maine d’avant-match que le dé- ont montré qu’ils étaient des Avant la mi-temps, les Néo-Zé- mois, on savait que c’était pour cela. » L’entraîneur pondre à cela. Demandez-le aux joueurs », répond le clic a eu lieu ? Les raisons du suc- joueurs libres et responsables. landais donnent les premiers signes français n’est jamais bavard et toujours avare de coach. « Il n’y a eu aucune préparation particulière cès vont être nombreuses, mais Les entraîneurs peuvent toujours de panique. A la reprise, les favoris ses émotions. Dimanche soir, il n’a pas changé ses d’avant-match. Je leur ai simplement dit d’aller au le rationnel n’est plus suffisant. parler ; pour que les joueurs de la Coupe du monde tardent à re- habitudes. Ses deux compères, Jo Maso, le mana- bout de leur rêve », assure-t-il. Il avoue avoir vision- Les Français, jusque-là hésitants, comprennent, il est nécessaire venir. Les Français patientent en ger, et Pierre Villepreux, l’entraîneur adjoint, l’ont né « x fois la vidéo du match Australie-Nouvelle-Zé- réalisaient un jeu, en contre-at- qu’ils vivent ces paroles. Ils l’ont cercle. Raphaël Ibanez rappelle les laissé venir seul, accompagné de Raphaël Ibanez, le lande », seul match perdu (7-28) par les All Blacks taque et dans la conservation de fait contre la Nouvelle-Zélande, consignes : « Continuer à occuper capitaine du XV de France. lors des Tri-Series, le 28 août. balle, qu’ils ne produisaient plus ce qui devrait provoquer un dé- leur moitié de terrain, jouer plus « Les Blacks gagnent souvent, mais de temps en De ses détracteurs, il ne veut pas dire un mot : «Il depuis plusieurs saisons. L’op- clic. C’est en renouvelant ces ex- souvent dans l’axe. » Un mauvais temps ils perdent. » Jean-Claude Skrela a passé la se- n’y a que la réponse du terrain. » Quand on lui rap- portunisme était français, la périences que le rugby français renvoi de Christophe Lamaison – sa maine à répéter cette formule. Ce soir, il assure qu’il pelle les propos de , l’entraîneur aus- réussite aussi. La chance est ce peut reprendre sa vraie dimen- seule erreur du match – aurait pu n’a jamais douté de cette équipe. Pas même durant tralien, qui, la veille, clamait sa certitude d’affronter coup de pouce du destin qui sou- sion. La chance française de mettre le camp français sens des- ce qu’il nomme les « périodes difficiles ». Depuis cet les All Blacks en finale, il se contente d’un : « Je ne fe- rit aux audacieux – le rebond fa- gagner la Coupe du monde sus-dessous. Jeff Wilson a lancé après-midi du 21 novembre 1998 et ce match perdu rais jamais ça. » A cinq jours de la finale de la Coupe vorable, la bonne décision de existe, mais une autre semaine « Big Jonah » vers son second essai au contre l’Australie (21-32), le XV du monde, l’entraîneur français ne se relâche pas. l’arbitre. Ce groupe qui avait dé- difficile attend les Français. La (44e). Un instant, les Bleus doutent. de France accumulait revers et contre-perfor- Même Pierre Villepreux, son vieux complice, a dû jà réalisé deux grands chelems a confiance retrouvée ne doit pas L’instant suivant, leur pack a cata- mances. Tout juste s’était-il tiré sans gloire du piège composer avec cette austérité. « Avant la fin du retrouvé, subitement, son identi- émousser ce besoin fondamental pulté la défense néo-zélandaise de Lansdowne Road, à Dublin, pour l’ouverture du match, raconte Jean-Claude Skrela, je l’ai vu qui té, « surmotivé » par l’importance d’aller puiser au fond de soi les près de l’en-but et Christophe La- Tournoi des Cinq Nations. La suite ne fut qu’échecs commençait à agiter un drapeau français. Je lui ai mis de l’événement. La culture fran- vertus nécessaires aux grandes maison a armé un drop dans le plus plus ou moins retentissants, parachevés en juin par une allumée, il l’a de suite replié. » çaise du jeu, que l’on croyait per- occasions. grand calme (46e). Sur son aile, une tournée dans l’hémisphère Sud et la déroute de Christophe Dominici admire le tra- Wellington, le 26 juin (54-7). Yves Bordenave LeMonde Job: WPA0211--0003-0 WAS SPA0211-3 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 08:31 S.: 111,06-Cmp.:01,10, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0510 Lcp: 700 CMYK

LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / III

« C’est comme si on avait battu le Brésil en football ! » LES PREMIÈRES NOTES du ta du toréador. Cette corrida im- concert d’avertisseurs ont reten- provisée, qui se répète ici après ti sur la place du Capitole sur le chaque victoire sportive digne coup de 18 heures. Pendant tout d’être fêtée, est restée bon en- l’après-midi ensoleillé de ce der- fant. nier dimanche d’octobre, les Quelques automobilistes rues de Toulouse étaient prati- étrangers à la liesse rugbystique quement vides. Les cafés qui re- qui passaient là par hasard ont transmettaient France-Nou- bien été un peu secoués par le velle-Zélande, place Saint-Pierre, pack de supporteurs. La mêlée avaient certes fait le plein de fut « virile mais correcte ». Le RUSSEL BOYCE/REUTERS

KIERAN DOHERTY/REUTERS supporteurs, mais les terrasses propriétaire d’une rutilante Fer- Christophe Lamaison (photo de gauche) inscrit le premier essai français, à la 20e minute, après une lumineuse percée des arcades du centre-ville rari immatriculée à l’étranger du trois-quarts aile Christophe Dominici, qui à son tour aplatira en seconde mi-temps (56e, photo de droite). étaient réservées aux seuls tou- pourra en témoigner. D’autres ristes. Quand les premières voi- automobilistes ont été salués tures sont arrivées en klaxon- par une sorte de haka rigolard et nant, le serveur du Grand Café débonnaire. Même cet im- « Titou » Lamaison a beaucoup tenté et tout réussi Albert a essayé d’expliquer à ses prudent qui osa fendre la foule clients, un peu surpris, le sens de avec un maillot noir frappé de la cette agitation crépusculaire : fougère des All Blacks n’eut à su- Le demi d’ouverture, auteur de 28 des 43 points français, a été l’artisan de la victoire des Bleus « C’est du rugby ! La France est en bir que quelques quolibets en- finale. On a battu la Nouvelle-Zé- joués. L’Ovalie respecte les vain- ET « Titou » Lamaison entra. le voilà au pied d’un Everest qui, beaucoup tenté. Il a tout réussi : tout cas son record dans un match lande ! » Et comme les attablés cus, quand elle ne les admire Tout le monde voulait l’approcher, curiosité géographique propre au un essai, quatre transformations, international. ne parvenaient manifestement pas. le toucher, comme si ce simple rugby, lui montre en point de mire trois pénalités et deux drops, qui Contre les All Blacks, Christophe pas à prendre la mesure de l’évé- Malgré tout, cette mini-fête contact pouvait faire rejaillir sur l’Australie. Pour préparer cette as- lui arrachent ce commentaire Lamaison ne s’est pas satisfait de nement, le garçon s’est cru obli- n’avait rien des grands rassem- l’heureux récipiendaire un brin du cension, il dispose encore d’une amusé : « Après les cinq de De Beer la rigueur du buteur. Il est vrai que gé de préciser : « C’est comme si blements qui saluent les vic- miracle. Dans la cohue des ba- semaine. Ce soir, il préfère savou- en quarts de finale et celui de Lark- l’homme d’en face lui proposait un on avait battu le Brésil en foot- toires du Stade toulousain. La dauds en quête d’autographes et rer un peu plus, un peu mieux, la ham en demi-finales, je me suis dit rude défi. Andrew Mehrtens, qua- ball ! » liesse ne pouvait non plus se des journalistes chasseurs de com- lente agonie des All Blacks, sans que c’était la mode. » lifié de « meilleur demi d’ouverture La victoire, qualifiée comparer à la soirée de folie qui mentaires, il revivait encore et en- s’attarder sur les caprices du des- du monde » par son entraîneur, d’« énorme » par les connais- suivit la victoire des Bleus lors core, ce dimanche 31 octobre, ce tin. UN RECORD PERSONNEL sait donner aux rencontres la ca- seurs, n’a provoqué qu’une mi- de la Coupe du monde de foot- bel après-midi d’automne où, de- Il y a tout juste huit jours, le bu- Il a longtemps sacrifié aux dures dence de ses choix de jeu. Dans nuscule fiesta publique à Tou- ball, à l’été 1998. Le public tou- mi d’ouverture d’un XV de France teur tricolore avait pour nom Ri- exigences du buteur. Drôle de mé- l’état de grâce de la seconde mi- louse. A 20 heures, la place du lousain se rattrapera, à coup sûr, en lévitation, il sut mettre les fabu- chard Dourthe ; il y a quatre se- tier ! Quand, au terme de l’entraî- temps, « Titou » s’est hissé à son Capitole avait déjà repris son as- le 6 novembre, quand les rugby- leux All Blacks à sa botte. maines, le demi-d’ouverture nement, les copains s’en re- niveau, au point de bousculer sans pect habituel d’un dimanche soir men rejoindront les footballeurs Qu’importe le futur, ces lende- s’appelait . tournent vers la chaleur du vergogne l’évidente hiérarchie de presque ordinaire. La petite au panthéon des champions du mains dont les joueurs de rugby Aujourd’hui, le héros, c’est Chris- vestiaire, il faut en remettre un la Coupe du monde. En moins de foule qui se pressait dans un monde. Dans les bars où les sup- savent qu’ils ne chantent pas tou- tophe Lamaison, l’ex-remplaçant, coup, dix coups, mille coups. huit minutes, il a su ramener la angle ne criait plus « On est en fi- porteurs finissaient presque sa- jours, la chronique de l’ovale, qui cumule les deux rôles, comme S’acharner à viser au pied, de tous France dans le droit chemin d’un nale ! » en arborant des maillots gement la troisième mi-temps, la friande de ces exploits d’un jour si de rien n’était. les coins du terrain, l’étroit pas- match qui semblait lui échapper. A tricolores. En costumes et robes victoire finale ne faisait plus au- dans lesquels elle mitonne ses lé- Hommage aux vaincus, hom- sage entre les perches qui vaut chaque fois, la bonne décision ; à de soirée, ce public-là s’apprêtait cun doute, comme pour se faire gendes, l’a déjà consacré. Chris- mage à l’équipe, cette bande de promesse de deux ou trois points. chaque fois, le XV bleu qui re- à passer la soirée à l’Opéra. Une pardonner d’avoir trop douté tophe Lamaison restera l’auteur de forbans qui ne fait décidément Et, des fois, le jour du match, rien trouve un peu plus ses couleurs. heure plus tôt, à l’angle opposé, jusqu’à présent. Pourtant, tout ces 28 points qui assommèrent les rien comme les autres, « Titou » ne rentre, c’est l’absence, le vide, le « Notre pack faisait un travail for- une petite troupe beaucoup plus avait bien été prévu pour faire la Néo-Zélandais sur la pelouse de s’efface derrière le groupe : « Le bi- désert du tableau d’affichage. Lui midable. On sentait le public avec bruyante assurait le spectacle. fête à Toulouse, ce week-end. Twickenham, firent triompher les lan personnel, je m’en fous, dit-il n’a pas trop l’habitude de ces nous. Il fallait tenter, soit une chan- Les voitures qui se trouvaient Mais les établissements n’étaient Français en terre anglaise, les pro- tout crûment. Le rugby est un sport manques. Les statistiques delle, soit un drop. Les deux fois, je prises dans la nasse devaient guère pavoisés de bleu : c’est pulsèrent pour la deuxième fois en collectif. » Il faut presque insister confirment sa régularité. Avec n’ai pas hésité », avoue-t-il simple- passer sous un drapeau français, pour Halloween que les calicots finale de la Coupe du monde. pour qu’il parle de ses buts, de l’équipe nationale, il approche ment. Son jeu au pied dans le dos comme un taureau sous la mule- orange et noir étaient de sortie. En 1987, « Titou » n’était qu’un cette réussite insolente jetée à la d’une moyenne de 10 points par de la défense néo-zélandaise, obli- cadet de Bayonne, un adolescent face du maître du genre, le All rencontre. Ce Nouvelle-Zélande- geant Jonah Lomu à ces retours trop émerveillé pour se dire qu’un Black Andrew Mehrtens. Di- France, avec 28 points sur son sur lui-même qu’il n’aime guère, a ARRÊT DE VOLÉE jour peut-être ce serait son tour. Et manche, Christophe Lamaison a compte personnel, constitue en accentué ce doute que les Français disent avoir lu de plus en plus dans REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE les yeux de leurs adversaires. En TROIS QUESTIONS À... chose considérable. Tous les clubs Craignez-vous que ce succès cet après-midi de gloire, il se re- THE TIMES fessionnalisme est venu, le rug- de France auront des retombées 3 un peu inattendu du XV de connaît une erreur, un dégage- (Grande-Bretagne) by, au fond, n’a pas vraiment MAX GUAZZINI de ce qui s’est passé dimanche. France provoque une inflation des ment malheureux, qui offrit un es- Ce triomphe français prend place changé. (...) En tous les cas, il C’est un moment historique qui ne salaires des joueurs, comme ce fut sai à l’ailier surdimensionné des All parmi les plus grandes surprises s’est passé ce qui se passe quand Max Guazzini, vous êtes pré- concerne pas que les Français ; il le cas avec la Coupe du monde de Blacks. de l’histoire du sport. (...) Après le sport marche. Ce que dit Max 1 sident du Stade français. intéresse tout l’hémisphère Nord. football ? Cela n’avait guère d’importance. un moment aussi rare, un mo- Godemet, entraîneur adjoint : Qu’est-ce que cette victoire du XV Il ne faut pas comparer les deux « Titou » était heureux. Heureux ment à savourer, la finale sera « Je devais rester calme, parce de France peut apporter aux clubs Au mois de septembre, au dé- événements. De plus, les joueurs d’avoir servi la cause du rugby forcément décevante, mais aussi que c’est moi qui transmets les français ? 2 but de la saison, vous aviez français sont dans l’ensemble plu- français et celle de l’hémisphère la plupart des matches de rugby, consignes que Xavier Gousse, C’est une victoire merveilleuse. manifesté votre indignation de tôt bien payés. Ils le sont mieux Nord, car, dit-il, « depuis trop long- et des événements sportifs en notre kiné, leur fait passer quand Vaincre les All Blacks, c’est tou- devoir débuter le championnat de que dans certains pays, notam- temps, les donneurs de leçons sont général. il rentre sur le terrain. Mais là, à jours un formidable événement France en l’absence de vos joueurs ment de l’hémisphère Sud. Je ne au Sud ». Il avait tout de même un moment, Xavier m’a dit : "Je pour le rugby français. Et cette vic- retenus dans les sélections natio- crois pas à un risque d’inflation. En une petite pensée pour lui-même, THE SYDNEY MORNING HERALD crois qu’ils n’ont plus besoin de toire, particulièrement, en demi-fi- nales. Maintenez-vous, vos posi- revanche, j’espère que cette Coupe mâtinée d’une touche d’humour (Australie) nous". » La réussite des entraî- nales de la Coupe du monde, tions ? du monde va permettre à des landais : « A Twickenham, ça se On disait qu’ils ne le feraient ja- neurs, c’est bien d’avoir permis constitue une grande leçon d’hu- Attention, je n’ai jamais regretté jeunes de découvrir le rugby et de passe toujours bien pour moi. En mais. Même dans leur propre aux joueurs de se passer d’eux. milité et de courage pour tous les que mes joueurs soient sélection- le pratiquer. Nous avons déjà des 1997, on avait gagné de la même camp, il y avait un doute certain. (Philippe Rochette) joueurs de rugby du monde. Je suis nés en équipe de France ou d’Ita- écoles de rugby qui accueillent des manière contre l’Angleterre, après Mais la France a frappé un grand très ému. A titre personnel et en lie, pour Diego Dominguez. J’ai enfants. Mais on se heurte à des avoir été mené à la mi-temps. Je n’ai coup pour l’avenir du rugby dans Les rugbymen français n’ont ga- tant que président d’un club qui a toujours soutenu l’effort des en- problèmes de structures, notam- pas pour autant l’intention de venir l’hémisphère Nord en écartant gné qu’une demi-finale de Coupe apporté six de ses joueurs dans ce traîneurs du XV de France. Simple- ment en région parisienne. Le vivre ici. » Son avenir immédiat, il les All Blacks à Twickenham. du monde hier, mais battre les groupe, je ressens cela comme un ment, j’ai exprimé mon désaccord nombre de stades n’est pas exten- va le vivre à Cardiff, samedi 6 no- Pour la Nouvelle-Zélande, c’est Néo-Zélandais, c’est le match honneur ; cet après-midi, sur la pe- parce qu’au même moment nous sible et nous manquons parfois vembre, pour se rapprocher un la suite d’un maléfice gallique d’une vie que beaucoup de louse de Twickenham, nous avions devions disputer des matches de d’espace. peu plus de l’Australie. qui, dans un passé récent, lui a joueurs échangeraient volontiers Christophe Dominici, Christophe championnat importants quant à traditionnellement joué un mau- contre un trophée final acquis Juillet, Marc Lièvremont et Pieter nos résultats dans la compétition Propos recueillis par Pascal Ceaux vais tour quand les Français se face à un adversaire moins hup- de Villiers. Pour le club, c’est une nationale. Yves Bordenave à Londres sont alignés en face des hommes pé. (...) A force de mythifier en noir. Jamais, avant, les Blacks quelques joueurs stars – et, sur n’avaient concédé 43 points dans ce plan, un Lomu vaut bien un un match, mais jamais, aussi, ils Ronaldo −, on oublie parfois Des poteaux verticales : le système permet un démon- n’avaient paru si vulnérables qu’ils pratiquent un sport collec- tage aisé et un enlèvement rapide au pro- sous la pression. tif et qu’une bonne entente re- fit, par exemple, de buts de football. trouvée des hommes, une conju- pour engranger b ORNEMENT. La plupart des poteaux Le jeu français a retrouvé son gaison intelligente de leurs sont peints en blanc mais il n’y a aucune pétillement à Twickenham et la talents, peuvent transcender un obligation en la matière. A la base des France a perpétué l’énigme de groupe. les points montants, en revanche, des protections son rugby. Elle était réduite à (Jean-Michel Helvig) sont imposées pour amortir les chocs néant par la majorité des spécia- b SITUATION. Les poteaux se dressent de éventuels avec les joueurs, dont le regard listes, la semaine dernière. Mais THE GUARDIAN chaque côté du terrain et trônent au centre est accaparé par la balle aux abords de la ce sont Les Tricolores qui (Grande-Bretagne) de la ligne de but. Ils se composent de deux ligne d’essai. Ces protections sont faites de boivent avidement le champagne Sans regarder le résultat – et les tiges verticales de 11 m à 12 m de hauteur mousse synthétique recouverte de matière ce soir, en regardant les critiques Springboks trouveront cela diffi- et d’environ 4 cm d’épaisseur, distantes de plastique souple et imperméable. S’ils pré- rabattre leur caquet. Magne, Be- cile à avaler – la demi-finale a été 5,60 m et reliées entre elles par une barre servent l’intégrité physique des prati- nazzi, Lamaison et Dominici ont réduite à une farce par l’in- transversale placée à 3 m du sol. Si la balle quants, ces renforts constituent également été les plus brillants des Fran- compétence combinée d’un passe entre les poteaux et au-dessus de la une aubaine pour les annonceurs publici- çais, qui ont produit un jeu dont homme avec un micro et d’un barre transversale, suite à un coup de pied, taires, qui trouvent là un support supplé- la Nouvelle-Zélande avait secrè- autre avec un sifflet. Quand le l’auteur de l’action et son équipe récoltent mentaire. tement craint le retour. speaker du stade annonça au pu- trois points, ou seulement deux s’il s’agit b COÛT. Chez Filmasport, une société blic de Twickenham qu’il restait de la transformation d’un essai. française du Calvados, une paire de po- LIBÉRATION deux minutes de temps supplé- b MATIÈRES. Le bois, peu solide et en teaux en acier vaut 8 180 F. Un équipement (France) mentaire, l’Australie menait 18- proie à la moisissure, n’a plus droit de cité en aluminium, certes plus durable, revient, Dire que Twickenham a passé 15 avec conviction. Les Sud-Afri- dans les stades. Désormais, on utilise ex- lui, à 11 420 F, sachant que ces prix sont une après-midi d’émotions inou- cains s’étaient défendus magni- clusivement du métal. Deux possibilités : majorés de 20 % à 25 % par les revendeurs. bliables deviendra un lieu fiquement, mais leurs avants l’acier ou l’aluminium, qui résiste mieux à Avec les frais d’acheminement, les coûts commun. Mais la plus touchante commençaient à craquer. Ils la corrosion. Les montants doivent être augmentent encore considérablement, car fut certainement celle causée par n’attendaient sûrement pas une scellés dans le sol à une profondeur d’au pour expédier ce matériel terriblement im- les All Blacks. Les Français fai- espérance de vie prolongée de moins 1 m, dans un bloc de béton, afin posant il faut parfois recourir à un convoi saient leur tour d’honneur et sept minutes au lieu des deux d’éviter les accidents et les risques de exceptionnel. eux, vaincus, perdus, les atten- prévues. Cette politesse est ve- chute. La barre transversale vient s’emboî- daient patiemment pour leur nue de Derek Bevan, qui a étiré ter dans des taquets soudés aux deux tiges faire une haie d’honneur. Le pro- le continuum de l’espace-temps. KIERAN DOHERTY/REUTERS Florent Guyotat LeMonde Job: WPA0211--0004-0 WAS SPA0211-4 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 08:12 S.: 111,06-Cmp.:01,10, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0511 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 Le lévrier a fait le tour du géant Le duel entre Philippe Bernat-Salles et Jonah Lomu était très attendu. Le Français n’a pu mater son adversaire direct, mais s’est montré aussi percutant que lui en attaque TOUT COMMENCE par un pour un tacle. Las ! l’ovale lui mètres de son mouvement mais en ajoute un autre par Richard Fâcheuse tendance anglo-saxonne choc, bien sûr, et il est à sens passe sous les crampons. Jonah Philippe Bernat-Salles n’en fait Dourthe. A 6 minutes de la fin, unique. Cinquième minute de jeu, Lomu n’a qu’à plier les genoux pas partie. Une passe redoublée une contre-attaque au pied d’Oli- HEUREUSEMENT que la dimanche, les Français ont été en ce dimanche 31 octobre sur la pour ramasser l’offrande et mar- entre Jonah Lomu et Jeff Wilson vier Magne, déclenchée par Chris- France a gagné contre la Nou- aussi entreprenants que leurs ad- pelouse de Twickenham : le che- quer en coin le premier essai des l’a laissé en chemin. Les All Blacks tophe Lamaison, envoie Philippe velle-Zélande. Pour ses auteurs, la versaires, même en première mi- min de Philippe Bernat-Salles, All Blacks. ont fait le trou (10-24). L’homme- Bernat-Salles parapher le succès victoire – surtout lorsqu’elle est temps. 1,80 m, 79 kg, croise celui de Jonah « J’étais un peu perdu en ce dé- montagne n’a pas failli à sa re- des Bleus au terme d’une course méritée, comme celle des Bleus – Il y eut aussi, avant la pause, Lomu, 1,96 m, 118 kg. L’ailier des but de match. Je savais que je de- nommée. de plus de 80 mètres. Jonah Lomu relègue les incidents du match au cette action tricolore dans l’en-but All Blacks vient de récupérer de vais monter sur lui rapidement, Dans les jours précédant la ren- est resté à l’autre bout du terrain, rang des rémi- néo-zélandais : Olivier Magne a manière acrobatique un ballon mais j’hésitais à me jeter franche- contre, l’ancien ailier du Racing les mains sur les hanches comme niscences ac- aplati le ballon en même temps venu de la droite. Le cuir a touché ment. J’y allais en deux temps. Je club de France, Philippe Guillard, dans un signe de reddition. «On cessoires. A que Jonah Lomu. Je comprends le sol avant de parvenir dans ses connaissais sa réputation. Je savais avait laissé un message sur le télé- s’est beaucoup moins vus en contrario, en fort bien que Jim Fleming n’ait bras. Jonah Lomu n’est pas, a comment il jouait. J’avais vu ses phone portable de Philippe Ber- deuxième mi-temps, lui et moi. Fi- cas de défaite, pas accordé l’essai aux Français, priori, dans les meilleures condi- matches à la télévision et je nat-Salles qui disait en substance : nalement, je n’ai pas eu grand- l’amertume vu qu’il était impossible, à l’œil tions pour lancer une attaque. connaissais même ceux que je « J’ai rencontré Jonah Lomu. Il a chose à faire dans ce match, si ce aurait été la nu, de départager les deux D’autant que son vis-à-vis fonce n’est “mettre les cannes” sur cet es- plus forte : on joueurs. Néanmoins, au lieu de sur lui à grandes enjambées. C’est sai de fin de match », se félicitera aurait eu rai- prononcer un renvoi aux la première rencontre de l’après- Nike déshabille Adidas le Français. son de s’en 22 mètres, il aurait dû ordonner midi entre le géant des antipodes prendre à l’arbitrage de l’Ecossais une mêlée à 5 mètres de la ligne et celui que l’on surnomme le « lé- Dans le match des équipementiers, Nike, grâce à la victoire de la MAILLOT, SHORT ET CHAUSSETTES Jim Fleming, qui a grandement de but, car le dernier joueur à tou- vrier d’Ibron », du nom du village France sur la Nouvelle-Zélande (43-31), a pris une tardive mais belle re- L’arbitre siffle la fin de la ren- manqué de cohérence. L’entame cher la balle dans le champ de jeu béarnais où il fut initié aux joies vanche sur son concurrent allemand, Adidas. On se souvient de la course contre. Les Bleus effectuent un de la rencontre a, en effet, donné était l’arrière néo-zélandais Jeff du rugby. « J’ai voulu me jeter dans à la promotion dont avait fait l’objet le Mondial de football de 1998. En fi- tour d’honneur dans un Twicken- lieu à une très mauvaise direction Wilson. ses jambes. Et bing, j’ai rebondi sur nale, la France d’Adidas était venue à bout du Brésil, chaussé et habillé ham acquis à leur cause. Un der- du jeu, alors qu’il n’y eut rien à re- La seconde période s’est curieu- lui. Cela ne commençait pas très par Nike. Une année plus tard, la lutte s’est déplacée sur les terrains de nier tête-à-tête attend Philippe dire en seconde période. sement révélée d’une tout autre bien », racontera plus tard le no 14 rugby. Au lendemain de la finale perdue au Stade de France, le groupe Bernat-Salles et Jonah Lomu. Les Les quarante premières minutes facture : 8 pénalités à l’encontre des Bleus. américain rachetait pour 172 millions de francs et pour six ans – selon le vainqueurs sont invités dans les du match furent l’incarnation dé- des Français, et autant en la défa- Jonah Lomu est-il le seul joueur magazine Capital – le contrat des Tricolores. De son côté, Adidas répli- vestiaires des vaincus afin sespérément parfaite des fâ- veur des Néo-Zélandais, dont les de la planète rugby à effrayer de quait en s’offrant la tunique noire des Néo-Zélandais pour 280 millions d’échanger leurs maillots comme cheuses tendances de l’arbitrage infractions ont enfin été punies. la sorte ses adversaires ? « Des tri- de francs. La demi-finale de Twickenham voit donc sortir vainqueur de la le veut la tradition. « J’y suis allé anglo-saxon, ces vieilles habitudes Mais il était nettement plus facile bunes, vous avez sans doute l’im- mêlée la firme de l’Oregon. En misant sur la France, Nike a réussi un pari en tee-shirt car j’avais peur de pa- qui veulent que les Français, répu- pour Jim Fleming de se montrer pression qu’on a peur de le plaquer. que beaucoup estimaient risqué et incertain. Il est en passe d’être gagné. raître ridicule torse nu à côté de lui. tés indisciplinés, soient plus sur- équitable, car les Français ont Eh bien, oui, on a peur de le pla- Mais un troisième adversaire, en la personne de Reebok, qui équipe Il m’a donné son maillot, son short veillés et punis que les autres. On joué remarquablement et n’ont quer », avouera Richard Dourthe l’Australie, pourrait mettre les deux géants d’accord. et ses chaussettes. Je vais garder avait le sentiment que les règles guère perdu le ballon, évitant ainsi après la rencontre. « Jamais per- tout ça précieusement », sourit n’étaient pas les mêmes pour les de commettre des fautes. Le chan- sonne ne l’a retourné. Si jamais je Philippe Bernat-Salles. deux équipes ; les chiffres, comme gement radical de la deuxième le retourne, dimanche, je mange un n’avais pas vus. Probablement que peur de toi. » A ce moment-là de Tiré à quatre épingles, Jonah souvent, parlent d’eux-mêmes : partie de rencontre est donc rat », s’était exclamé Philippe Ber- j’étais impressionné par le person- la partie, Philippe Bernat-Salles Lomu viendra, plus tard, saluer le 13 pénalités ont été sifflées contre moins dû à une amélioration de nat-Salles, voici quelques jours. nage », confiera Philippe Bernat- n’a pas le cœur à rire. coup d’éclat réalisé par ses adver- la France et seulement 2 contre la l’arbitrage qu’à l’application des Salles. Les hommes de Jean- Sauf que le scénario va basculer saires en salle de presse. « Il faut Nouvelle-Zélande. Bleus. « J’ÉTAIS UN PEU PERDU » Claude Skrela et Pierre Villepreux dans les instants qui suivent. Deux toujours être vigilant avec les Fran- Je ne conteste pas les sanctions Malgré toutes ces approxima- Retour à Twickenham. Un quart rentrent aux vestiaires avec sept drops de Christophe Lamaison re- çais car ils aiment courir avec le dont ont fait l’objet les Tricolores, tions, l’honneur est sauf à l’issue d’heure après ces présentations points de retard (10-17). L’ailier donnent le moral aux troupes. ballon », dira-t-il avant de signer qui correspondent à de réelles in- de ces demi-finales. L’Australie et vite expédiées, un deuxième ren- des Bleus n’a pas encore baissé la « C’est alors qu’on s’est mis à les re- des autographes à des bénévoles fractions au règlement. Au de- la France étaient les plus fortes et dez-vous attend Philippe Bernat- lance, mais il se dit que la seconde garder dans les yeux. On a vu qu’il et à des journalistes. Happé par meurant, les All Blacks ont aussi elles se disputeront le titre. Les Salles et Jonah Lomu. Cette fois- mi-temps ne sera pas une partie se passait quelque chose chez eux, des chaînes de télévision, le co- commis des fautes. Comme les Wallabies, eux aussi, ont bien failli ci, le ballon qui arrive dans les de campagne. qu’ils s’interrogeaient. Moi, je me losse n’aura pas l’occasion de Bleus, ils ont plongé au-delà du pâtir d’une piètre direction du jeu, mains du natif du royaume de Les premières minutes lui suis mis à monter comme un idiot croiser une dernière fois le regard ballon et se sont mis en position à cause des six trop longues mi- est d’excellente facture. donnent raison. Le mastodonte sur Lomu et à agiter les bras devant pétillant de son rival ; son rival, de hors-jeu... Mais cela n’a étran- nutes supplémentaires accordées L’ailier du Biarritz Olympique ose du Pacifique marque son lui pour lui montrer que j’étais là », qui, dimanche, lui rendait 16 cm et gement pas retenu l’attention de par le Gallois Derek Bevan au alors l’impossible : il se jette de- deuxième essai (45e). Une grappe se souvient le Béarnais. 39 kilos. Jim Fleming. La logique veut que terme du temps réglementaire. vant lui, le pied droit en avant, à la de maillots bleus est accrochée à Le XV de France marque un es- l’équipe qui produit le jeu bénéfi- On ne pourra pas dire que l’ar- façon d’un footballeur se lançant ses basques dans les derniers sai par Christophe Dominici, puis Frédéric Potet à Londres cie de la clémence de l’arbitre. Or, bitre les a aidés à l’emporter.

LES RÉACTIONS Pour les Néo-Zélandais, rien ne s’est passé comme prévu Jacques Chirac (président de tention à la finale : la perdre se- la République) : « Vous avez su rait terrible, terrible... » démontrer toute la valeur du Certains (trop ?) de jouer la finale, ils devront affronter l’Afrique du Sud pour la troisième place rugby français et un courage ex- Jacques Fouroux (ancien en- ceptionnel face à des All Blacks traîneur du XV de France) : LES MINES étaient sombres, la que tous les spécialistes don- « Ce changement peut s’expliquer délégation réduite au minimum. Il naient favoris. C’est un grand toujours de la même manière est si rare de devoir entonner l’air moment pour notre pays et je se- avec les Français : nous sommes de la défaite, au pays des All Blacks. rai, comme tous les Français, à des Latins, des Latinos. C’est La bande à Lomu n’ira pas en finale vos côtés pour la finale de same- quand ils sont au fond du trou de la Coupe du monde. En 80 mi- di prochain. » qu’ils se rebellent et qu’ils vont nutes intenses, les petits Français chercher les vertus indispensables ont coupé la route des invincibles, Lionel Jospin (premier mi- pour ce jeu avec beaucoup plus qui se voyaient déjà disputer à leurs nistre) : « Quel match ! Comme d’envie. Les qualités de base, ils voisins d’Australie l’honneur d’être des millions de Français, j’ai sui- les ont. Il faut seulement un le premier pays de l’hémisphère vi l’accomplissement de votre ex- contexte particulier pour les ex- Sud à remporter la compétition ploit et vibré devant votre talent. primer toutes ensemble. (...) John pour la seconde fois. Depuis le début de la Coupe du Hart, l’entraîneur néo-zélandais, Dans leur malheur, John Hart, monde, je vous savais capables n’avait pas le droit de dire dans l’entraîneur, Taine Randell, le capi- de vous dépasser. Maintenant, le journal L’Equipe : “Nous taine, et Jeff Wilson, son second, rendez-vous pour la finale. » sommes trop forts pour être ont pris le temps de féliciter leur battus”. (...) Maintenant, il ne vainqueur inattendu. A la sortie de Marie-George Buffet (ministre faut pas avoir joué la finale la pelouse de Twickenham, ils leur de la jeunesse et des sports) : avant, comme nous l’avions fait avaient déjà dressé, en guise « Cette équipe porte beaucoup en 1987 après une fantastique d’hommage, une haie d’honneur de valeurs. J’ai eu la joie de victoire sur l’Australie en demi- improvisée. Et, pourtant, à cette pouvoir les rencontrer à la veille finale. Il ne faut pas honorer des minute encore, les All Blacks, rede- du match, je les ai sentis très seconds, il faut honorer de futurs venus des Néo-Zélandais ordi- concentrés et très déterminés. champions. Parce que c’est naires, étaient bien en peine de Cette équipe, cette Fédération, ce jouable face aux Australiens, il s’expliquer ce qui leur était arrivé. président, qui agissent pour faire n’y a pas d’équivoque possible. » Malgré les vertueuses dénéga- reculer le fléau du dopage, – (France.sports.com) tions qui avaient précédé la ren- montrent que cela n’empêche contre, ceux dont tout le monde, pas de gagner. Ce refrain “On Grant Fox (demi d’ouverture des adversaires aux bookmakers est en finale”, on l’a déjà enten- des All Blacks, champions du londoniens, avait fait les favoris du du. Il ne faut jamais faire trop monde contre la France en tournoi se voyaient déjà en finale. de parallèles, c’est dangereux. 1987) : « Je prévois un très long Avant le coup d’envoi, ils avaient Mais, dans les deux cas, l’équipe été pour plusieurs des joueurs. fait distribuer à la presse le pro- de France a relevé le défi. » Nous allons entrer en période de gramme de la semaine à venir. A la deuil pendant les quatre pro- date du 6 novembre, était inscrit : MARTINEZ/REUTERS DYLAN Le pilier Carl Hoeft et l’ailier Jonah Lomu illustrent la déception des All Blacks. (ancien en- chaines années. Mais, au moins, « Match contre l’Australie au stade traîneur du XV de France), au les élections [il s’agit des élec- du Millennium. » Les All Blacks table expérience. » Celle-ci n’a pas bien mieux que nous de chaque oc- campagne de presse en Nouvelle- micro de Radio-France Bor- tions générales néo-zélandaises, iront bien à Cardiff. Ils y dispute- été suffisante face à un adversaire casion », estime John Hart. Zélande, dans laquelle sa démission deaux-Gironde : « J’ai senti que qui auront lieu le 27 novembre] ront, jeudi 4 novembre, la troisième qui a, par moments, « joué extrême- « Ils ne nous ont laissé aucune pourrait être exigée. L’entraîneur les Français étaient très forts dès seront reléguées en pages inté- place à l’Afrique du Sud. Une vic- ment bien ». De l’aveu même des chance, poursuit Jonah Lomu, pen- avait déjà subi de rudes attaques en le début de la partie et que les rieures des journaux pendant un toire leur procurerait une qualifica- All Blacks, la partie s’est divisée en dant ces 30 minutes. On savait pour- 1998-1999, au terme de cinq dé- Blacks avaient perdu leur rugby. moment. » – (AFP.) tion directe pour la prochaine édi- deux. Lors des 45 premières mi- tant qu’avec eux, il faut toujours être faites consécutives des siens. Pour Les Français se sont mis la pres- tion de l’épreuve. Une nouvelle nutes, en dépit de l’intensité du vigilant. Car ils aiment courir avec le obtenir une nouvelle chance, les All sion pour arriver jusqu’en demi- Daniel Constantini (entraî- défaite les contraindrait à disputer combat et de la pression exercée ballon. » Jeff Wilson, enfin : «Les Blacks devront désormais attendre finale, avec peut-être la peur de neur de l’équipe de France de les qualifications. John Hart par le cinq de devant tricolore, les Français étaient tout simplement les quatre ans, même s’ils retrouveront ne pas y arriver. Une fois là, ils handball) : « Le football, on sait compte sur cet enjeu pour mobili- Néo-Zélandais sont parvenus à ins- meilleurs. Nous, pendant ces 30 mi- le XV de France dès l’automne se sont libérés. Les Blacks, que très bien que, quelle que soit la ser à nouveau ses troupes, abattues crire deux essais, pour mener 24-10. nutes, on n’a pas su jouer correcte- 2000, lors d’une tournée prévue l’on attendait beaucoup, n’ont valeur des deux équipes, le ha- par leur élimination. Puis est venue l’incroyable demi- ment. » dans l’Hexagone. Pour la finale, pas respecté les Français et se sard y a beaucoup de place. Rien ne s’est vraiment passé heure, celle où les Néo-Zélandais l’entraîneur des All Blacks a tenu à sont vus en finale sans vouloir Alors que le rugby est beaucoup comme le prévoyaient les Néo-Zé- n’ont vu que du bleu. AUSTRALIE FAVORITE souhaiter « bonne chance » aux forcer. » plus une science exacte. On landais. Ils tiennent cependant à « A ce moment-là, explique Taine Quelles conséquences vont être deux équipes. Il désigne cependant voyait les Blacks surpuissants, en écarter toutes les sortes d’excuses. Randell, nous avons commis trop tirées d’un tel revers ? Il est d’au- l’Australie comme son favori : Jean Gachassin (ancien inter- véritable rouleau compresseur, et « Nous sommes déçus. Nous avons d’erreurs. Ils nous ont mis énormé- tant plus difficile à supporter que, « Elle aura l’avantage de disposer national) : « Ils ne se sont pas on ne s’imaginait pas très bien déçu nos supporteurs, a admis l’en- ment de pression, et ils jouaient le cette saison, les All Blacks n’avaient d’un jour de préparation supplémen- compliqué la vie : quelques comment les Français allaient traîneur des All Blacks. Je prends plus souvent dans notre camp. » été battus qu’une seule fois, par taire, en ayant joué samedi. Et il sera passes, un petit coup de pied s’en sortir. Et puis, ils ont renver- l’entière responsabilité de ce résultat. D’un seul coup, les redoutables l’Australie, le 28 août, dans le Tour- très difficile aux Français de renou- par-dessus. Ils ont désorganisé sé la vapeur, au point que ce Il n’est en tout cas pas lié à la relative hommes en noir ont ressemblé à noi des tri-nations (28-7), que son veler une telle performance. » les “Alleblaque”. C’est ça, jouer sont les Blacks qui ont vraiment jeunesse de mon équipe, car nous des joueurs dépassés. « Les Français équipe avait d’ailleurs gagné. John à la française. Il n’y a que nous jeté l’éponge à la fin. » avions acquis en deux ans une véri- étaient trop rapides. Ils se saisissaient Hart peut s’attendre à une rude P. Ce. qui sachions faire ça. Mais at- – (rugby365.co.uk) LeMonde Job: WPA0211--0005-0 WAS SPA0211-5 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 08:12 S.: 111,06-Cmp.:01,10, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0512 Lcp: 700 CMYK

LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / V Les Australiens gagnent à grand-peine un combat asphyxiant Londres (demi-finale). Les Wallabies, champions du monde 1991, ont mis fin à la série de dix victoires des tenants du titre sud-africains. Il leur a fallu passer par les prolongations pour gagner (27-21) cet affrontement des meilleures défenses, où seuls des coups de pied ont été marqués DANS SON JARDIN, Jacques solidaires et rigolards, ils ont tra- le vent mais opiniâtre jusque dans Prévert mesurait le bonheur en versé cette Coupe du monde avec les esquives. Ou bien , une « petite seconde d’éternité ». le sourire et de bonnes blagues. perforateur assidu, mais ineffi- Samedi 30 octobre, sur la pelouse Las ! ils poursuivent toujours leur cace, de la défense. Ou Gregor de Twickenham, les Wallabies ont quête de plaisir. Eux les déposi- Gregan, brillant demi de mêlée, attendu plus d’une demi-heure taires du jeu de l’imagination, ils fluide et presque insaisissable. Bal- avant que leurs cœurs ne se sou- en ont singulièrement manqué de- lon en main, il est celui qui est pas- lèvent un peu plus fort et que leurs puis un mois, et plus encore dans sé le plus près de la ligne d’essai têtes ne tournent. Ils ont dû batail- leur accession à la finale. sud-africaine. « Cette équipe se ler jusqu’à la fin de la prolongation Reste leur extraordinaire capaci- construit toute seule, les joueurs pour éliminer l’Afrique du Sud, te- té à se faire caméléons pour mieux prennent leur destin en main sans nante du titre, en demi-finale de la vaincre leur adversaire. Les Aus- trembler », a expliqué Rod Mac- Coupe du monde 1999 (27-21). traliens ont étudié le jeu au pied queen. Après avoir pris l’avantage (18-15) des Sud-Africains. Ils les ont pris à Les Australiens sont en finale. à 30 secondes de la fin du temps leur propre piège en déployant à Fidèles au rendez-vous qu’ils réglementaire, les Wallabies ont été mis au supplice des arrêts de jeu par un arbitre qui a laissé jouer Derek Bevan et le temps perdu huit minutes de temps supplémen- taire – quand le délégué du match « Je n’ai pas à me plaindre de l’arbitrage. Derek Bevan a très bien dirigé en avait fait annoncer deux – et a les débats », a déclaré l’entraîneur sud-africain . Et pour accordé aux Springboks une péna- cause, grâce aux sept minutes de temps supplémentaire accordés en se- lité qui leur permettait d’égaliser conde période par l’arbitre gallois, les Springboks ont pu revenir au score (18-18) et d’obtenir le droit à la et jouer ainsi la prolongation. « Il a volé le match aux Australiens », pes- prolongation. taient, de leur côté, certains spectateurs à la fin du temps réglementaire Ce fut un match âpre avec des alors même que le quatrième arbitre n’avait annoncé que deux minutes instants lumineux, dont les prota- d’arrêt de jeu. gonistes sont sortis exténués. Des problèmes de chronomètre auxquels Derek Bevan est habitué. Of- L’après-midi fut plus celle des ficiant en 1995, lors de la demi-finale de Durban qui avait vu les Sud- techniciens que celle des esthètes : Africains vaincre les Français, il avait simplement sifflé la fin de la ren- aucun essai inscrit. Elle fut ryth- contre quelques minutes avant la fin du temps réglementaire. Louis Luyt, mée, à défaut d’être passionnante. ancien président de la fédération sud-africaine, lui avait même offert une Il y a eu ces six minutes inventées, montre en or à l’occasion du banquet organisé après la victoire (15-12) plus la multitude de pénalités face aux Néo-Zélandais. Un cadeau que Derek Bevan aurait rendu. ajoutées par l’arbitre écossais De- rek Bevan. Il y a eu, bien sûr, cette prolongation jouée dans les gerbes leur tour, et mieux que leur adver- s’étaient donné quand le monde d’eau. Il y a eu encore, comme si le saire, ce fameux jeu au pied. On n’avait d’yeux que pour les All rugby devait toujours s’en re- attendait aussi les Australiens en Blacks. « Il leur faudra bien un ad- paître, cette foi si intense, cette défense ; ils sont venus souffrir si versaire », n’a cessé de plaisanter le passion de la victoire et cette souvent dans les 22 mètres sud- capitaine pendant la hargne partagées par les deux africains, à l’exemple de cette Coupe du monde. Les Australiens équipes. longue phase de jeu en fin de ne cachent pas qu’ils sortent épui- match : cinq minutes intermi- sés de ce match étrange de samedi. ATTAQUER PAR LES AIRS nables durant lesquelles ils ont Ils ont une semaine pour dormir, Les Sud-Africains avaient entre- tenté en vain de briser la ligne de récupérer, et rêver. Samedi 6 no- pris d’attaquer par les airs la forte- défense des Springboks. De mauls vembre, il fera nuit en Australie resse australienne (un seul essai en passes de long en large du ter- quand la finale commencera. Le encaissé en quatre matches). En rain, ils ont gardé le ballon et leurs pays décidera le même jour, par ré- quarts de finale contre l’Angle- espoirs en vie. férendum, s’il veut s’ériger ou non terre, la formule fut payante grâce Reste aussi le cœur des Austra- en République. Au stade du Mil- à et à sa botte pro- liens, qui les pousse à des éclats in- lennium à Cardiff, les Wallabies lifique. Mais les champions du dividuels ou collectifs. Ainsi Mat- souffriront. Leur quête de bonheur monde en titre ont aussi joué à la thew Burke, héros de ce samedi (il passera par là. main. Ils voulaient franchir cet in- a marqué 24 des 27 points) mais croyable rideau défensif et réussir aussi défenseur ardent et relan- Bénédicte Mathieu là où avaient failli les Irlandais et ceur de chaque instant, agacé par à Londres les Gallois. A la main ou au pied, ils se sont trouvés fort dépourvus. Dans Twickenham battu par des

vents violents, Jannie De Beer a MAX NASH/AP souvent échoué, et les avants sud- Le pilier sud-africain observe l’arrière australien Matthew Burke africains se sont heurtés à l’intran- tenter de transformer l’une des dix pénalités qui lui ont été offertes. sigeance australienne. Ils ont alter- né passes croisées et percussions, opposés, le schéma était le même : que les Australiens soient noyés apporté leur jeunesse pendant que tenté leur chance côté ouvert et les Wallabies essayaient d’imposer par les coups de pied sud-afri- les anciens partageaient leur expé- jusqu’au bout des ailes. En vain. leurs combinaisons pour perforer cains. Mais « nous avons été les rience. Le savoir-faire méticuleux Parfois, on entendait le bruit des une ligne compacte, mais leurs fi- meilleurs », a sobrement com- de Rod Macqueen, leur entraîneur, chocs et des grognements. gures semblaient imposées, trop menté Rod Macqueen, l’entraî- a achevé de façonner une forma- Les Australiens attendaient les vite lues par des Springboks intra- neur des Wallabies. tion inflexible (Le Monde du 30 oc- Boks avec cette fièvre qui semble itables. Après leur élimination en quarts tobre). Tous ont travaillé à oublier Comme leurs grands aînés, les habiter depuis un mois. Les Pas d’essai donc, mais du vent et de finale de la Coupe du monde leur élimination de 1995, à rebâtir plaquages bien calés sur le bas du de la pluie pour savonner les der- 1995, alors qu’ils étaient cham- un mythe sévèrement écorné par corps pour renverser l’adversaire nières velléités d’imagination. Et pions en titre, les Wallabies ont des équipes du Nord comme du les Wallabies savent tout faire comme une quille ont succédé aux cette souffrance qui creuse les vi- déprimé, puis n’ont plus voulu en- Sud. LA QUALITÉ du match Austra- l’Angleterre en marquant cinq courses effrénées pour rattraper sages, raidit les jambes et rend les tendre parler de médiocrité ou de A l’école exigeante de Rod Mac- lie-Afrique du Sud, tant par l’esprit drop-goals. Cette fois, dans le un rare fugitif. Dans les 22 mètres mains fébriles. La logique voulait logique. De nouveaux joueurs ont queen, les Wallabies sont restés manifesté par les acteurs que par temple du rugby londonien, le l’engagement et la maîtrise tech- vent tourbillonnant et moins de COUPE DU MONDE nique, préfigure sans doute le rug- sérénité l’ont sans doute empêché by moderne. de qualifier son équipe pour la fi- Demi-finale TROIS QUESTIONS À... sur le moment et j’ai vu qu’il allait Paradoxale- nale. AUSTRALIE AFRIQUE DU SUD de droite à gauche. Je savais que si je 27 21 a.p. JANNIE DE BEER ratais c’en était fini pour nous. Mais ment, c’est par S’appuyant sur une tactique Samedi 30 octobre • Stade de Twickenham, à Londres • Temps pluvieux • Terrain bon • des pénalités comme celle-là, j’en le jeu au pied réaliste basé sur le jeu au pied, les Public enthousiaste • 70.000 spectateurs environ • Arbitre : M. Bevan (Gal.). Nick Mallett a dit que vous aviez réussis des dizaines tous les jours. de Stephen Springboks ont concentré leurs ef- LES ÉQUIPES. 1 très bien mené le jeu, malgré la Après, lorsqu’on est rentré aux Larkham et forts sur la défense, qui a été Matthew Bur- exemplaire. Réalisant des exploits AUSTRALIE Entraîneur : Macqueen • Burke • Tune (Little, 62e) ; Herbert (Tune, pression qui était sur vos épaules... vestiaires avant la prolongation, on 100e) ; Horan (Grey, 74e) ; Roff • Larkham ; Gregan • Wilson ; Kefu ; Cockbain (Finegan, Je pense que j’ai peut-être tenté s’est dit que ça pouvait nous sourire. ke que les Aus- techniques, la dernière ligne ren- 59e) • Eales (cap.) ; Giffin (Connors, 93e) • A. Blades ; Foley ; Harry. trop de drops [cinq pour un seul On y croyait. traliens l’ont voyait inlassablement les missiles emporté. Ils ont pourtant réalisé envoyés de l’autre camp. Cela pa- AFRIQUE DU SUD Entraîneur : Mallett • Montgomery • Kayser (Terblanche, 73e) ; Fleck ; réussi]. Mais le premier n’est pas pas- Muller (Honiball, 81e) ; P. Rossouw • De Beer ; Van der Westhuizen (cap.) • A. Venter ; sé loin. Alors, je me suis dit que j’al- C’est par un drop qu’est venue des mouvements d’envergure, qui raissait simple. Pourtant, la e e Skinstad (Vos, 72 ) ; Erasmus • Andrews (Van den Berg, 60 ) ; Otto • Visagie ; Drotske ; lais essayer à nouveau dès que j’en la victoire, mais de l’autre côté n’ont pas traduit, au score, la dif- moindre erreur créait une situa- e 3 Du Randt (O. Le Roux, 60 ). aurais l’occasion. Et le suivant, je l’ai cette fois... Qu’avez-vous ressenti à férence qui séparait les deux tion dangereuse. Curieusement, LE MATCH y dévissé. Là, j’ai pensé que ce n’était ce moment-là ? équipes. Magnifiques en défense, on était proche d’une perfection AUSTRALIE AFRIQUE DU SUD probablement pas mon jour. Mais il De l’admiration. C’est un drop organisés pour récupérer sur le qui ne trouvait pas sa récompense y re plan profond les percées de Tim au tableau d’affichage : pas d’essai POSSESSION DE LA BALLE 1 MI-TEMPS faut dire que les Australiens magnifique qu’a réussi Stephen 2e MI-TEMPS s’étaient bien préparés pour ce type Larkham. Mais on n’avait toujours, Horan ou de Stephen Larkham, pour tout un match offensif. Le 48 % 52 % PROLONGATIONS d’action. Ils venaient toujours faire le à ce moment du match, que trois les Sud-Africains ont réussi à sau- drop de Stephen Larkham était un JEU CHEZ L'ADVERSAIRE y y TOTAL pressing et me mettaient la pression, points de retard. Seulement, on vegarder leur camp. Dans la lignée pied de nez à son vis-à-vis, mon- 18 minutes 21 minutes alors que les Anglais, eux, s’étaient savait que si on faisait match nul on des plus belles équipes kangou- trant que les Wallabies savent tout

yyy

y rous, le XV de John Eales a fait re- faire. 17 dont 7 7 3 NOMBRE D'ACTIONS DANS LES 22 M ADVERSES 13 dont 5 7 1 contentés de rester sur leur ligne. aurait perdu à cause de l’expulsion de [il avait été vivre, lui, l’art des grands anciens. D’ailleurs, ce que les Australiens 21 dont 8 10 3 ACTIONS OFFENSIVES POSITIVES 16 dont 5 9 2 yy La tradition de ce jeu semble ont réalisé lors de cette demi-fi- yyy A la fin du temps réglemen- exclu face à l’Uruguay. Or, en cas toujours animer les joueurs aus- nale laisse supposer qu’ils sont ca- 83dont 4 1 ACTIONS DÉFENSIVES DÉCISIVES 5 dont 3y2 0 2 taire, vous réussissez une péna- d’égalité à la fin de la lité cruciale. a confié prolongation, si aucun essai n’a été traliens. Mélange de légèreté, de pables d’obtenir la couronne 73dont 4 0 BALLES RÉCUPÉRÉES 6 dont 2 3 1 sérieux, d’intelligence tactique, de mondiale. Si les nations de l’hémi-

y que vos coéquipiers remplaçants sur marqué, c’est l’équipe avec le moins LES POINTS Mêlées : L'HOMME DU MATCH la ligne de touche étaient tous en de joueurs expulsés sur l’ensemble perfection technique, de maîtrise, sphère Sud ont donné le senti- Matthew Burke AUSTRALIE : 8 pénalités de Australie : 11 (3 + 4 + 4), , qui a inscrit 8 train de prier. Cela a-t-il eu une in- du tournoi qui est déclarée ils nous ont donné à voir des ment de dominer le monde rug- Burke (12e, 22e, 26e, 40e, dont aucune perdue. pénalités sur 10 tentées (80%), a gestes et des mouvements d’une bystique, on doit saluer les efforts 65e, 74e, 86e, 97e) ; 1 drop Afrique du Sud : 7 (3 + 3 égalé le record pour un match de fluence sur votre manière de buter ? vainqueur]. C’est pourquoi nous de Larkham (94e). + 1), dont aucune perdue. Coupe du Monde et surtout gagné Non, absolument pas. Depuis que nous devions de marquer un essai. rare qualité dans la férocité de l’af- de l’Angleterre pour combler le le duel de buteurs qui l'opposait à AFRIQUE DU SUD Ce qu’on a essayé de faire, mais on frontement. fossé. Et ceux de la France qui, : 6 pé- Touches : Jannie de Beer. Malgré la pluie et le j’ai évoqué ce sujet, cette histoire a e e Les Sud-Africains, même s’ils bien que distancée sur le fond du nalités de De Beer (24 , 37 , Australie : 21 (10 + 6 + 5), vent tourbillonnant de Twickenham, pris des proportions hors du a été pris à notre propre jeu. On a 43e, 79e, 80e, 83e) ; 1 drop dont 2 perdues. paraissent dégagés du poids re- jeu, se trouve être, après sa vic- e l'arrière de New South Wales a fait commun. Ce n’est pas parce qu’on essayé de jouer au pied au-dessus de De Beer (52 ). Afrique du Sud : 23 (6 + 12 preuve de sang-froid et de préci- présenté par l’apartheid, traînent toire sur les Néo-Zélandais, le hé- + 5), dont 2 perdues. est chrétien qu’on va gagner la de leur défense toute la rencontre, sion pour propulser les Wallabies toujours les vestiges d’un combat raut du grand combat des nations FAUTES en finale. Coupe du monde ! Non. Ça ne et c’est au pied qu’ils nous battent, Pénalités : LE FAIT DU MATCH Le magistral drop de 48 m, réussi marche pas comme ça. Le rugby, ce en adoptant le plan de jeu que qui leur reste collé à la peau : la du Nord pour renverser la ten- En faveur de l'Australie : 15 (7 par Stephen Larkham a permis aux Aus- n’est qu’un jeu. Ce n’est pas parce nous avions contre l’Angleterre et force brute et l’efficacité à tout dance. Le jeu de l’an 2000 ne gar- + 6 + 2), dont 10 tentées (5 + traliens de compter trois points d'avan- prix sont les impératifs à respecter. dera sa vraie valeur que s’il revient 3 + 2) et 8 transformées ce à six minutes de la fin de la prolon- qu’on perd que c’est la fin du que nous avions décidé de garder (4 + 2 + 2). gation. Le demi d'ouverture s'est ins- monde... Pour ce qui est de la contre eux. En effet, c’est assez Favorisé par un temps clément et à la simplicité, à la lucidité, et au En faveur de l'Afrique du Sud : piré de son opposant Jannie de Beer pénalité, je l’ai abordé d’une ironique. abrité derrière des avants domina- dépassement de soi dans un 14 (5 + 7 + 2), dont 7 tentées (auteur de 34 points dont 5 drops face teurs, Jannie De Beer avait réalisé monde où le virtuel et l’apparence (3 + 3 + 1) et 6 transformées aux Anglais), qui a tenté ce geste à cinq manière relâchée. Le vent était (2 + 3 + 1) reprises en demi-finale, pour une seule réussite. changeant tout au long de la Propos recueillis par un exploit peu commun contre sont devenus références. Infographie : Le Monde avec Pierre Lepidi rencontre. J’ai étudié ses variations Nemer Habib LeMonde Job: WPA0211--0006-0 WAS SPA0211-6 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 08:12 S.: 111,06-Cmp.:01,10, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0513 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999 La revanche de « Bernie » l’Australien Longtemps malmené par le sort, le demi d’ouverture des Wallabies, Stephen Larkham, a signé le drop de la victoire contre l’Afrique du Sud, samedi à Twickenham (27-21)

IL ÉTAIT à peine plus de drop... En face de lui, le regard sept jours... Ou bien y a-t-il vu 18 heures. Depuis plusieurs mi- tourné vers ce ciel noyé dans les une offrande faite à un nutes, la pluie s’abattait en ra- lumières des projecteurs, Jannie concurrent que les épreuves n’ont fales. L’obscurité tombait déjà sur De Beer, son vis-à-vis, n’a pu que pas épargné ? la pelouse de Twickenham. Il res- constater : samedi 30 octobre, sur C’est que Stephen Larkham, tait encore quelques plaquages à ce terrain, propriété du XV d’An- « Bernie », vit avec cette 4e Coupe ne pas manquer, quelques ballons gleterre qu’il avait crucifié de sa du monde une sorte de résurrec- à exploiter avant d’en terminer botte imparable une semaine au- tion. Ce fils de fermier australien, avec cette partie qui, au bout de paravant au Stade de France, à né en 1974 dans la région de Can- ces presque deux heures d’affron- Saint-Denis, Dieu l’avait lâché ; il berra, homme discret, peu ba- tement intensif, avait poussé les avait choisi son camp et, cette vard, un rien taciturne, est tout corps jusqu’à l’épuisement. Il s’en fois, ce n’était pas celui du pieux simplement le joueur le plus pro- est fallu d’un rien. Une longue ouvreur des Springboks mais bien digieux du XV australien. Pour- passe sèche et précise du demi de celui de « Bernie », le numéro 10 tant, jusqu’au dernier moment, sa mêlée australien , retrouvé des Wallabies. sélection est demeurée incertaine. négociée à une quarantaine de Peut-être Jannie de Beer, RUSSELL BOYCE/REUTERS mètres sur la gauche des poteaux homme de foi et de prières, a-t-il SAISON TERMINÉE (à droite) a plongé trop tard : le drop de Stephen Larkham a pris la adverses, et sitôt la balle récep- vu dans ce retour des choses la « On est mal... » En ce matin direction des poteaux des Springboks, redonnant l’avantage aux Australiens en prolongation... tionnée, en un geste réflexe, ra- manifestation d’une justice imma- d’avril 1999, Rod Macqueen, l’en- pide et vif comme un éclair, Ste- nente pour un trop-plein de traîneur australien, a toutes les Bien sûr, il peut toujours imagi- poste de demi de mêlée dans vient joueur hors normes et se phen Larkham qui décoche ce chance dont il aurait abusé il y a raisons de s’inquiéter. Stephen ner quelques solutions d’attente, l’équipe nationale. hisse au rang des Andrew Merh- Larkham, la pièce maîtresse de ces improvisées sur le tas, pour parer L’entraîneur observe ce grand tens ou Henry Honiball. Rod Mac- Wallabies qu’il prépare depuis le au remplacement de « Bernie ». dadais dynamique et bon pla- queen peut dès lors envisager de Rod Macqueen déconcerté par les Bleus mois de septembre 1997 au ren- Mais de là à conquérir la Coupe queur qui affiche 1,88 m sous la conquérir le titre mondial. Las, la dez-vous mondial de 1999, vient du monde, il y a un fossé que Rod toise et rend 87 kilos sur la ba- blessure au genou, en avril, dou- La victoire française sur les Néo-Zélandais (43-31) a surpris l’en- de se blesser lors d’un match dis- Macqueen sait infranchissable. lance. Il décide d’en faire son ar- blée, en août, d’une entorse au cadrement technique des Australiens. L’entraîneur Rod Macqueen puté avec son équipe des ACT L’entraîneur australien ne se rière. Sans broncher, comme tou- pouce, porte un coup à sa straté- va devoir revoir ses plans. « Cela va changer notre préparation, a t- , dans le cadre du Su- berce d’aucune illusion : l’équipe jours, « Bernie » s’exécute, et gie. il admis ; nous nous attendions à rencontrer les Blacks en finale, et per-12. Les radios ont révélé une qui brandira le trophée mondial, revêt le maillot numéro 15. Pour- Heureusement, quelques se- nous avions commencé à nous préparer en conséquence. » Il a avoué entorse au genou droit. Les méde- samedi 6 novembre à Cardiff, le tant, un an plus tard, en no- maines avant de s’envoler pour disposer de peu d’informations sur ses prochains adversaires : cins sont pessimistes. « Bernie » devra pour partie à l’efficacité et vembre 1996, contre le pays de Dublin, « Bernie » annonce son « Contrairement aux Néo-Zélandais, que nous connaissons très bien, devra s’éloigner des stades durant au talent de son demi d’ouver- Galles à Cardiff, c’est au poste rétablissement. Il n’a que six mat- nous ne savons pas grand-chose des Français. » Rod Macqueen ne plusieurs mois et ne pourra pas ture. Et le sien est à l’infirmerie... d’ailier qu’il débute sur le circuit ches dans les jambes, n’a participé tarit pas d’éloges sur le jeu des Tricolores : « Leur prestation en s’entraîner avant quelques se- Voilà plus de quatre années que international. à aucune rencontre internationale deuxième mi-temps est le plus beau rugby que nous ayons vu dans maines. Sa saison est terminée. Sa les deux hommes se connaissent. depuis novembre 1998 à Twicken- cette Coupe du monde. Les Français ont mis une grosse pression sur province continuera le Super-12 En 1995, Rod Macqueen s’oc- HORS NORMES ham face aux Anglais, mais sera les Blacks et ont su tirer profit des erreurs de ces derniers. Leurs sans lui, et l’équipe nationale en- cupait du club des ACT Brumbies, Replacé à l’arrière, il dispute en- tout de même du voyage en avants se sont bien battus, avec Olivier Magne et Abdel Benazzi, qui tamera le tournoi des Tri-séries en une équipe montée de toutes suite douze matches internatio- Grande-Bretagne. Il rentre le ont été extraordinaires, alors que, derrière, Christophe Lamaison a l’absence de son ouvreur. A cet pièces avec quelques individuali- naux avant de se révéler à l’ouver- 10 octobre pour affronter l’Irlande démontré toute la qualité de son jeu au pied, aussi bien pour les pé- instant, Rod MacQueen se de- tés locales et quelques réservistes ture en 1998 : « Ma vraie place. Là, (23-3) sans savoir que l’histoire ne nalités que dans le jeu. Leurs ailiers Philippe Bernat-Salles et Chris- mande s’il peut encore nourrir un d’autres provinces. C’est là qu’il a je suis complètement naturel », dit- fait que commencer.... tophe Dominici sont très rapides ; nous devrons les surveiller de près espoir de ramener, pour la découvert Stephen Larkham, le- il. Effectivement, à l’ouverture, en finale. » Et l’entraîneur australien de conclure : « Ce match du deuxième fois, le trophée Webb quel jouait, à vingt et un ans, les Stephen Larkham s’épanouit. De Yves Bordenave 6 novembre sera très difficile, mais nous sommes impatients d’y être. » Ellis à Canberra. doublures de George Gregan au bon joueur international, il de- à Londres « Un Springbok ne joue pas pour perdre » LES CHAMBRES d’hôtel avaient été réservées à kenham, où les pénalités de Jannie De Beer répon- Cardiff pour une longue semaine, le temps de se daient à celles de Matthew Burke. L’ouvreur sud- préparer pour la finale de samedi. Mais c’est dans la africain, héros du quart de finale avec cinq drops soirée du jeudi 4 novembre que les Springboks fou- réussis face aux Anglais, était, cette fois, attendu au leront la pelouse du Millennium Stadium. Pour la coin du pré. Cinq tentatives, une seule réussite. «De troisième place. Beer a très bien mené le jeu, répond Nick Mallett. Les Sud-africains étaient sûr d’eux. Leur sponsor Tout le monde l’attendait, mais il a su garder les pieds principal, Nike, avait déployé une campagne digne sur terre, en adoptant cette attitude humble qu’on lui d’un vainqueur de la Coupe du monde. Des bande- connaît. » roles placées par l’équipementier américain aux alentours de Twickenham vantaient l’invincibilité COMME À LA MAISON des Springboks en Coupe du monde – il s’agit de L’humilité échappe pourtant au vocabulaire sud- leur deuxième participation – et souhaitaient africain – sauf pour le pieux De Beer. Depuis des « Bonne chance quand même, [à] messieurs les Aus- jours, Joost Van der Westhuizen annonçait la vic- traliens ! » Des « Joost do It » fleurissaient sur des toire finale. Il n’était pas le seul. Les supporters boks pancartes, rappelant à la colonie bok accourue en étaient venus en nombre pour soutenir leur équipe. nombre dans la banlieue londonienne que leur capi- Les ateliers de peinture sur corps fleurissaient au- taine, Joost Van der Westhuizen, devait mener ses tour du stade plusieurs heures avant le coup d’envoi. troupes à la victoire. Des gilets « purs Boks » en « série limitée », des bil- Mais, samedi 30 octobre, les Wallabies ont mis fin tong (viande de bœuf séchée) et des boere rolls (sau- à une série de dix victoires consécutives des Sud- cisse sud-africaine) étaient proposés aux suppor- Africains dans la compétition mondiale. Il y a moins teurs. De quoi se sentir comme à la maison. d’un an, les Anglais mettaient un terme à une autre L’impression est confirmée au moment de série des Boks, celle des victoires en tests-matches l’hymne national, repris en cœur par les joueurs et (17) qu’ils partagent dorénavant avec les All Blacks par les supporteurs. « On se serait cru au Newlands de . [au Cap] ou au Loftus Park. A la maison, quoi ! », D’aucuns pourraient en conclure que « la cabane confiait, après-coup, Robbie Fleck, le centre des est tombée sur l’antilope ! » Pas Nick Mallett, l’entraî- Springboks. Et Van der Westhuizen de renchérir : neur sud-africain : « On ne ressent aucune honte « J’ai eu la chair de poule. » Ce dernier tentait de res- après cette défaite parce que les joueurs ont donné ter digne après la défaite : « Nous étions humbles leur maximum. Ce fut un match fantastique, qui s’est dans la victoire. Nous saurons l’être dans la défaite. » joué à peu de chose. On va maintenant se concentrer Le capitaine gratifia toutefois l’assistance, en sur la rencontre de jeudi et, ensuite, penser à l’édition guise de conclusion, d’une phrase toute d’orgueil 2003. » blessé : « Quand on joue pour l’Afrique du Sud, on ne Mallett préfère encenser l’adversaire, qui serait joue pas pour perdre. » responsable des fautes commises par ses troupes. Une partie d’échecs a eu lieu sur le terrain de Twic- Nemer Habib à Londres

INTERNET www.sru.org.sg/ LE RUGBY est très populaire à pouriennes. L’Etat, connu pour LA PHOTOGRAPHIE Singapour, bien que l’équipe du pratiquer une éducation très en- DE JOHN VINK pays ne soit pas parvenue à parti- cadrée, apprécie fortement cette ciper à la 4e Coupe du monde. A nouvelle activité, qui, selon le mi- Sur la place de l’Hôtel de Ville, défaut de performances de haut nistère du développement, à Paris, deux jeunes sorcières niveau, la Fédération nationale a « forge le caractère et l’esprit en VTT et rollers ont arrêté misé sur des formes dérivées de d’équipe ». leur course devant l’écran la discipline, comme le « touch Mais les jeunes Singapouriens ne géant retransmettant, rugby », dont elle livre une des- sont pas les seuls à s’adonner au dimanche 31 octobre, cription sur son site Internet : «Il touch rugby. Si l’on en croit les la demi-finale n’y a pas de plaquages, de mêlées chiffres fournis par le site, qui de Coupe du monde ou de mauls. » doit tout de même y inclure les France-Nouvelle-Zélande Les contacts violents sont donc pratiquants très occasionnels, la à Twickenham. Avaient-elles prohibés, et il suffit de toucher discipline compterait environ jeté un sort aux All Blacks, son adversaire pour stopper sa 1 million d’adeptes en Nouvelle- soudain privés de leurs noirs course, d’où l’appellation Zélande – y compris des adultes, pouvoirs ? Ou envoûté des « touch », qui se traduit de l’an- conquis par ce passe-temps ré- Bleus ressortis triomphants glais par « effleurer ». créatif plus reposant que le rugby des enfers de l’ovale auxquels Ainsi dépourvu des dangers traditionnel –, et à peu près on les croyait condamnés ? d’empoignades rugueuses, le 600 000 joueurs en Australie, où La magie d’Halloween, en tout touch rugby convient particuliè- elle serait le sport le plus répan- cas, a ressuscité le Quinze rement aux enfants et a été intro- du. de France. duit dans certaines écoles singa- F. G. LeMonde Job: WPA0211--0007-0 WAS SPA0211-7 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 08:12 S.: 111,06-Cmp.:01,10, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0514 Lcp: 700 CMYK

VII / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999

STRATÉGIES Le gros lot pour France Télécom ET SUBITEMENT le plomb se transforma en or... L’investisse- ment, jusqu’ici incertain, de France Télécom dans la Coupe du monde de rugby aux côtés du XV de France pourrait se révéler être une très bonne affaire après l’ex- ploit des Bleus face aux All Blacks. Lorsque British Telecom (BT) vint voir France Télécom, fin mai 1999, pour lui demander d’assurer la partie française des télé- communications de la Coupe, la première réaction de l’opérateur public français fut l’étonnement. France Télécom avait lui-même postulé pour être le partenaire de l’épreuve, et c’est assez logique- ment BT qui l’avait emporté. De plus, en France, le partenaire na- turel de BT n’est-il pas Cégétel, principal concurrent de France Télécom ? Mais la filiale de Viven- di avait décliné l’offre de son allié britannique, estimant sans doute que le jeu n’en valait pas la chan- delle, compte tenu du peu de re- Philippe Sella à l’attaque pendant tombées à attendre de cette France-Angleterre 1984 (32-18) : Coupe en France et des maigres « Durant ce match, raconte l’ancien chances accordées au XV trico- trois-quarts centre des Bleus, j’avais lore. En outre, France Télécom renvoyé chez lui l’ailier anglais Carleton. ayant fait du rugby l’un des piliers J’ai gardé la photo chez moi. J’ai marqué de sa nouvelle politique de spon- beaucoup d’essais dans ma carrière, soring lancée en avril 1998, il mais cette photo, celle d’un geste n’était pas question pour Cégétel défensif pourtant, m’est de faire indirectement de la pub particulièrement chère. »

pour son principal concurrent. PRESSE-SPORTS/L’EQUIPE Ayant déjà l’expérience du Mondial de foot, dont il fut le prestataire en matière de télé- communications, France Télécom Récit en mêlée : Philippe Benetton, troisième-ligne, et Philippe Sella, trois-quarts centre accepta l’offre de partenariat technique de BT, non sans négo- cier « des contreparties marke- ting », explique François Jacob, responsable du sponsoring à France Telecom. Contreparties es- sentiellement constituées de pan- neaux dans les stades et d’exploi- « Retourner un pilier de 120 kilos tations publicitaires.

PREMIÈRE RÉCOLTE Cégétel, aujourd’hui, doit se mordre les doigts après l’éclatante victoire française. Le pari pris par France Télécom de miser sur le lancé à 100 à l’heure, quel plaisir ! » rugby – premier poste d’investis- sement sponsoring de l’opérateur devant le Tour de France – prend plaquer à tour de bras, dans tous solutions : soit j’allais chercher l’ad- essai sur un ballon récupéré à la des allures de jackpot. « Le spon- Il n’y a pas deux les coins, à tous les postes, à tout versaire jusqu’à l’impact, soit, en suite d’un plaquage. Le public, lui, soring, c’est ça. Ça permet de vivre moment, plaquer et encore pla- « glissant » – on appelle ça la dé- ne verra souvent que l’attaque, l’ai- des moments historiques », com- manières de plaquer quer. Purs esthètes du jeu, s’abste- fense en mouvement –, je l’obligeais lier qui déborde et plonge dans l’en- mente François Jacob, eupho- nir. Pour stopper net ce qui res- à se débarrasser du ballon par une but. Mais il n’a pas vu, ou alors il a rique à l’issue du match de Twic- un adversaire. semble à un autobus dont les mauvaise passe. Cette technique oublié aussitôt, de quelle manière ce kenham. freins auraient lâché dans une rue tend à disparaître. Le meilleur pla- ballon a été gagné. Ce sont pourtant Dès mardi 2 novembre, France Il n’y en a qu’une : en pente, un seul mot d’ordre : queur, c’est celui qui permet à son des plaisirs intenses à vivre. Je me Télécom va exploiter à fond cette « Défense ! défense ! » équipe de récupérer le ballon. » Et souviens d’un match contre l’Angle- victoire. « En cas de défaite, nous celle qui permet « Avant », bien sûr, il fallait déjà cela, c’est toujours vrai. « Le pre- terre, à Paris, durant lequel j’avais avions prévu un slogan de repli : savoir plaquer, mais c’était dif- mier geste d’un attaquant, confirme renvoyé chez lui l’ailier Carleton. J’ai France Télécom partenaire du rug- de le stopper net. férent. « Le plaquage, Philippe Benetton, c’est de pla- gardé la photo chez moi. J’ai mar- by. Maintenant, on va plus que ja- poursuit Philippe Benet- quer. » qué beaucoup d’essais dans ma car- mais jouer la carte du XV de Oui, mais comment ton, est un geste de base. rière, mais cette photo, celle d’un France. » Un coup à la manière A mes débuts, Jacques TRE bon plaqueur, ça ne geste défensif pourtant, m’est parti- d’Adidas avec l’équipe de France faire maintenant Gratton, un ancien du SUA s’invente pas. On naît culièrement chère. » de foot et le fameux slogan « La – le meilleur plaqueur que j’aie ja- E Le bon plaqueur est devenu une comme ça, ou pas. C’est ain- victoire est en nous ». que les joueurs mais connu –, me faisait travailler la si : il ne faut pas être malingre, star, et on a oubié qu’il n’a pas tou- Mais, surtout, cette résurrec- technique à l’entraînement. Il fallait LE PLAQUAGE avoir le goût du défi physique, être jours eu le beau rôle. Souvent, tion des Bleus tombe à point ressemblent, au galop, attraper l’adversaire au niveau du vaillant, garder les yeux ouverts même, il jouait celui du « mé- nommé pour soutenir le pro- bassin et se laisser glisser ensuite jus- Pour arrêter le porteur dans les circonstances les plus ex- chant », celui à qui l’on demandait gramme à long terme de dévelop- à des autobus dont qu’à ses mollets afin de stopper sa du ballon, il faut le plaquer. trêmes, et posséder un mental de de détruire le plus rapidement pos- pement du rugby en France, au- course. On devait d’abord l’empê- Geste de base du rugby − compétiteur. En résumé, aimer sible le meilleur joueur adverse. quel France Télécom veut les freins auraient cher de courir . » Les choses ont « Le type qui ne veut pas plaquer «ça». « La volonté de s’exprimer, le « L’agressivité défensive, jure Phi- durablement attacher son nom et bien changé. L’évolution était sen- n’a rien à faire sur un terrain », goût de la compétition, sont des don- lippe Sella, permet de faire mal à ses marques. « Si la France rem- lâché dans une rue sible depuis quelques saisons, mais clame Philippe Benetton – nées essentielles. Le mental est la l’adversaire au noble sens du terme, porte la finale, nous et le rugby al- c’est au cours de la Coupe du le plaquage doit être effectué qualité première. J’ai passé mon pas de l’envoyer à l’hôpital. Ce qui lons gagner cinq ans », estime en pente ? monde 1995 que les Springboks les bras non collés au corps temps à travailler ce paramètre psy- est vrai, en revanche, ce sont les François Jacob. ont imposé au rugby mondial une et se porter entre les chevilles chologique, confesse Philippe Sella. conséquences psychologiques d’un Le choix du rugby a été mûre- Philippe Benetton dimension physique jamais at- et les épaules de l’adversaire. Il s’exprime dans la tête surtout par plaquage sévère mais correct. Un ment réfléchi après un examen teinte. Il a fallu s’adapter. Le rugby moderne a entraîné le refus forcené de perdre. Tout dé- adversaire à qui vous faites mal, sur minutieux des « douze sports les et Philippe Sella « Le plaquage a complètement une modification dans la façon pend de la vitesse d’intervention du lequel vous avez pris le dessus, est plus médiatisés », du football à la évolué, explique Philippe Benetton. de l’exécuter. Maintenant, plaqueur. Hier comme aujourd’hui, déstabilisé pour le reste de la partie. formule 1 en passant par le bas- expliquent. En experts D’abord en quantité. Il y a encore l’idéal est de bloquer le haut ce qui compte, c’est l’accélération à Un gars meurtri est un gars craintif. ket, le tennis, la voile, le cy- dix ans, un bon défenseur plaquait du corps pour empêcher l’impact. Celui qui craint, hésite, ra- Il perd de sa lucidité. Vous abordez clisme... France Télécom demeure huit à dix fois par match. Au- la libération de la balle. lentit un peu au moment du contact alors les autres duels en position de certes partenaire du Tour de jourd’hui, à moins de quinze pla- Les irrégularités ne sont pas est condamné à perdre le défi. » force. » France. Ses agences peuvent E type qui ne veut pas quages, on considère souvent que le rares, comme la cravate – Acte de bravoure et de sacrifice, On imagine les conséquences sponsoriser des clubs de foot sous plaquer n’a rien à joueur a raté son match. La tech- plaquage à hauteur du cou – le plaquage est devenu un geste-clé quand le plaquage n’est pas infligé les marques Ola ou Itineris. L’opé- faire sur un terrain de nique du geste elle aussi s’est trans- ou le plaquage à retardement. du rugby d’aujourd’hui. Le public « dans les règles de l’art »... «Les rateur soutient aussi le projet de rugby ! » Cette fière formée. A l’entraînement, désor- Elles sont sévèrement réprimées. veut des essais. Les joueurs veulent entorses, du genou notamment, sont course autour du monde à la devise est signée Phi- mais, on s’applique à garder un en marquer, mais ils veulent aussi liées à de mauvais appuis au mo- voile, The Race, de Bruno Peyron. lippe Benetton, plus genou au sol afin de percuter l’ad- ne pas en encaisser. La défense est ment de l’impact, énumère Philippe Mais le rugby reste de loin le pre- de cinquante sélec- versaire avec un centre de gravité au devenue une phase décisive du jeu, Benetton. Les fractures de côtes ou mier poste d’investissement. tions en équipe de plus bas. De plus, en match, le pla- là où une rencontre se gagne ou se de la mâchoire sont, elles, le fruit de L quage est devenu une action collec- de France au poste de trois-quarts ce qu’on appelle les plaquages à re- « C’est le sport qui correspond le France au poste de perd. Question qui brûle les lèvres : mieux aux valeurs que nous souhai- troisième-ligne. A trente et un ans, tive. Car il faut s’y coller le plus centre (111 sélections), est au- peut-on prendre du plaisir à pla- tardement. Ceux-là sont interdits car tons promouvoir », explique le res- il continue, sous les couleurs de souvent à deux ! Le premier plaque jourd’hui jeune retraité et consul- quer à tour de bras ? A passer très dangereux. Le joueur, dès qu’il ponsable du sponsoring. C’est son club, le SU Agen, de justifier aux jambes – disons à l’ancienne – tant sur Canal+. Sur le terrain, il 80 minutes à défendre ? La réponse n’a plus la balle, se trouve en phase aussi un sport en devenir et en- sur les terrains du championnat de pour stopper le joueur lancé. Le était un joueur modèle gros pla- est sans ambiguïté : les grands pla- de décélération, de décontraction. core accessible financièrement. France sa réputation de vaillant dé- deuxième, qui doit être très proche queur. Même lui, un précurseur du queurs aiment plaquer. Son corps n’est pas prêt à recevoir « Jusque-là, conclut François Ja- fenseur. Les gros plaqueurs comme de l’action, intervient ensuite au ni- genre, mesure l’évolution du geste « Un pilier de 120 kilos qui arrive un choc. » L’importance du pla- cob, on avait un petit lopin de lui, même s’ils ont pris de l’âge, par veau du buste pour bloquer le haut et celle de sa finalité par rapport à lancé à 100 à l’heure, c’est doulou- quage dans le jeu est devenu telle terre : la gymnastique, à laquelle les temps qui courent, on ne peut du corps et les bras de l’adversaire, l’époque où il jouait – c’était pour- reux. Mais quand on parvient à le aujourd’hui que « l’homme du nous restons d’ailleurs très atta- plus s’en passer. L’évolution du et l’empêcher de passer le ballon à tant hier. « La défense alors n’était retourner, quel plaisir ! Il y a même match » est souvent désigné au chés. Disons que, maintenant, on rugby ayant suscité l’apparition de un partenaire. L’idéal est de domi- pas valorisée comme aujourd’hui. un double plaisir, insiste Philippe nombre d’interventions réussies s’est offert un grand champ et on a gabarits de plus en plus phénomé- ner physiquement l’attaquant pour On pensait rugby, ballon, attaques. Benetton. Celui, personnel, d’avoir durant la partie. Il y a dix ans, ce bien l’intention de le labourer pour naux, des gars de plus de 100 kilos le renvoyer dans son camp, ou en- Durant le match, le plaquage n’était gagné son défi, et celui, collectif, genre de performance passait le faire fructifier. » La première ré- qui courent le 100 m en moins de core, beaucoup mieux, lui faire lâ- pas essentiel pour les trois-quarts. Le quand les copains récupèrent le bal- complètement inaperçu. O tempo- colte a eu lieu plus tôt que prévu. 12 secondes – et même des piliers, cher le ballon. » but n’était pas uniquement de blo- lon. » « C’est vrai, renchérit Phi- ra... maintenant –, il faut pouvoir les ar- Autre Agenais, Philippe Sella, re- quer un joueur, mais de faire avorter lippe Sella. La cerise sur le gâteau, Pascal Galinier rêter. Et, pour y parvenir, il faut cordman de sélections en équipe une offensive collective. J’avais deux c’est quand votre équipe marque un Charles Latour-Conil LeMonde Job: WPA0211--0008-0 WAS SPA0211-8 Op.: XX Rev.: 01-11-99 T.: 08:15 S.: 111,06-Cmp.:01,10, Base : LMQPAG 16Fap: 100 No: 0515 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 LA COUPE DU MONDE DE RUGBY 1999

Une soirée avec l’équipe de France « Mangerez-vous désormais du bœuf anglais ? » BENAZZI, en bras de chemise, y gagne plus d’argent. » De son que la Coupe du monde n’avait pas une demi-Badoit à la main, passe propre aveu, il est « rond commme démarré jusqu’à cette demi-finale. entre les tables du restaurant Lou une bille ». Mais il sait encore se tenir Tout le monde ou presque pariait sur Pescadou, restaurant français à droit. les All Blacks. Les Français, ce soir, ont l’accent provençal, qui s’ouvre sur Jean est arrivé tout droit d’un ravivé ma flamme pour le rugby. A 24- Old Brompton Road. L’endroit est autre bistrot français, Le Bouchon 10, les All Blacks ont cru que l’affaire bondé, et les convives trinquent à bordelais, quand la rumeur a couru était dans le sac. Mais les Français ont leurs héros. L’équipe de France vient que l’équipe dînerait au Pescadou. exercé une telle pression que leurs ad- d’arriver, pour son dîner de fête, ce- Avec le jeune homme se trouvent versaires ne pouvaient plus suivre. » lui d’après la victoire. « On l’avait Françoise et Olivier, qui travaille Carolyn tient à ajouter : « Quel es- bien préparée, cette semaine », rit Be- chez HMV, l’équivalent de la FNAC. prit d’équipe remarquable, comme un nazzi, heureux géant, qui s’attarde Olivier est également fin saoûl. Les seul homme, vers un seul but ! » Pour auprès de ses copains venus d’Agen, compères avaient commencé leur le trio, « la France a élevé le jeu à un sa ville, son club. La joyeuse bande bordée dès midi, au Bouchon. Le niveau jamais atteint ». Jean et Oli- est à Londres depuis le jeudi. Elle dé- restaurateur avait installé trois vier en sont encore débordants d’or- guste de fins poissons arrosés de vin écrans pour que la centaine de gueil. « Au fil du match, on a senti rosé. Une des jeunes femmes de la clients présents puissent suivre le qu’on retrouvait le groupe France. tablée s’étonne encore des paroles match. C’est l’essai de Dourthe qui résume le amicales qui lui ont été adressées sur « C’est un endroit pour habitués. On mieux cet esprit collectif. C’est proba- les gradins de Twickenham par des y avait, l’année passée, suivi la demi- blement le match le plus complet de Londoniens enthousiastes. «En finale du Mondial de foot. L’ambiance toutes les Coupes du monde. deuxième mi-temps, ils criaient “Allez y est garantie. On y boit du pastis, du Quoique... C’est une réminiscence de les Bleus !”, et quand tout a été fini, ils cidre ou des mauresques. Mais pour la première Coupe, avec Blanco et Sel- m’ont timidement demandé : “Man- cette demi-finale-ci, la salle a carré- la. A 24-10, on s’est dit qu’on était au gerez-vous désormais du bœuf an- ment explosé. On a chanté plusieurs fond du trou. Tout d’un coup, les Fran- glais ?” » fois La Marseillaise. Pensez donc, le çais sont revenus, et ont joué sérieux. Non loin de là, le médecin de rugby, c’est le Sud-Ouest ! » Jean est Et on a senti que les All Blacks l’équipe de France sourit. Lui qui de Bordeaux, Olivier de Toulouse. n’avaient plus envie de la gagner, cette surveille de si près le régime alimen- « Magne est de Brive, Dourthe est de partie, dépassés qu’ils étaient ! » taire de ses ouailles leur a donné Dax, Brouzet de Bègles-Bordeaux. » Le médecin de l’équipe l’avait sen-

pour ce soir quartier libre alimen- BUTLER/AP ADAM Au Bouchon se sont amenés plu- ti, lui aussi : « Dans le vestiaire des taire. « Ils ont le droit de choisir leur A Twickenham, de nombreux supporteurs français ont goûté la folie de ce match. sieurs Anglais, tout aussi passionnés. Blacks, quand je suis allé saluer mon menu, de boire quelques verres, de Ainsi, Craig, professeur d’éducation collègue, ils étaient comme prostrés. » s’amuser. » plus cher », lance-t-il avant de dispa- peau pointu aux couleurs tricolores. presse devant le restaurant, il y a physique dans les Caraïbes, Rebecca Alain, le barman, ramène le calme. Benazzi quitte la table pour aller raître dans une voiture. Sur le trot- Mais la porte ne s’entrouvre guère Jean, qui depuis quatre ans vit à et Carolyn, qui toutes deux tra- « Ce n’est pas fini, la fête ! Dans huit retrouver ses équipiers à l’étage. toir, des supporteurs se tordant le que pour laisser passer le bébé de Londres, où il est développeur Inter- vaillent chez Nike. « Fantastique ! In- jours, ce sera la Grande Fête. Allez les Ntamack en profite pour sortir du cou pour tenter d’apercevoir leurs Ntamack, puis Benazzi – encore net. Pourquoi la capitale britan- croyable ! », répète Carolyn, à qui le Bleus ! » restaurant avec son bébé, endormi favoris derrière la vitre. La plupart lui –, qui vient les saluer. nique ? « Parce qu’on y trouve plus fa- barman offre un pastis. Craig : «En dans ses bras. « C’est ce que j’ai de sont maquillés et portent un cha- Parmi la petite troupe qui se cilement un emploi à sa taille, et qu’on tant que rugbyman, je peux vous dire Danielle Rouard à Londres Le cri d’Auckland, à 4 heures : « Mais réveillez-vous, les mecs ! » QUAND, vers 3 h 30 lundi, les ré- qui a joué au Paris Université Club. veils ont commencé à sonner, les La défaite consommée, tout le Néo-Zélandais, détendus et de monde rend hommage à la magni- bonne humeur, ont allumé leur fique performance française. En poste de télévision. Déjà fleuris- plaisantant avant le match, certains saient les analyses stratégiques sur avaient tout de même pris quelques la meilleure manière de battre les précautions. « Si par hasard le XV de Wallabies en finale. Même ap- France a l’intention de jouer au rug- proche de l’autre côté de la mer de by, on ne sait jamais ce qui peut se Tasmanie, où les Australiens n’envi- passer. » Le résultat a confirmé sagent pas un instant d’avoir à ren- leurs craintes : « Les Français ont ga- contrer la France, samedi 6 no- gné de manière typiquement fran- vembre, à Cardiff. çaise. » A la mi-temps, malgré l’avantage Inutile de dire que cette défaite des All Blacks (17-10), une certaine est un désastre non seulement pour tension se fait sentir parmi les sup- l’équipe, mais aussi pour le pays. porteurs qui se sont regroupés dans On anticipe déjà les conséquences les bars de la ville, devant un écran politiques et économiques : retour géant en plein air sur le port d’Auc- du Parti travailliste aux prochaines kland et au centre de presse de la élections générales et mini-dépres- Coupe Louis-Vuitton. Les Français sion... « Porter le maillot noir est le du défi pour la Coupe de l’America plus grand honneur dans ce pays. rigolent en osant imaginer l’inima- Certains de ses joueurs n’ont pas l’air ginable, en cette terre où le rugby de se rendre compte. Ils ont le talent, est tout. D’autant qu’au gré de la mais ont-ils la passion ? », s’interro- seconde mi-temps le public néo-zé- geait un commentateur sur TV One. landais découvre peu à peu un scé- L’entraîneur John Hart, livide et nario d’horreur : être battu en de- bouleversé, s’est platement excusé mi-finale et, en plus, par la France. à la télévision auprès de tous les « Ce n’est pas drôle », souffle, in- supporteurs, qui sont tristes et quiet, l’un des techniciens de la télé- amers mais aussi fous de rage de vision néo-zélandaise TV One en- cette pure et simple « trahison ». voyé au centre de presse Les couteaux sont déjà sortis, Hart Louis-Vuitton filmer les réactions et le capitaine de l’équipe sont les françaises. premiers menacés. La radio, entre Après plusieurs « Mais bon Dieu, ses commentaires, joue des airs mé- réveillez-vous les mecs ! », l’un des lancoliques du type Leonard Cohen. supporteurs concède, affligé : « Ils Le rêve de ramener une deuxième sont en train de se faire massacrer. » fois la Coupe du monde au pays « Les Français ont réussi à désor- vient de mourir de mort subite. ganiser les All Blacks, qui ne savent plus comment s’y prendre », analyse Florence de Changy Simon Limmer, un Néo-Zélandais à Auckland Tableau de la phase finale

QUARTS DE FINALE DEMI-FINALES FINALES À CARDIFF 21 h sur CANAL+ GALLES - AUSTRALIE AFRIQUE DU SUD- 9 - 24 À TWICKENHAM PLACE NELLE -ZÉLANDE e

AUSTRALIE - 3 À SAINT-DENIS AFRIQUE DU SUD JEUDI 4 NOV. AFRIQUE DU SUD- À CARDIFF ANGLETERRE 27 - 21 44 - 21 16 h, sur TF1 FRANCE- AUSTRALIE À DUBLIN SAMEDI 6 NOV. ARGENTINE- À CARDIFF FRANCE 26 - 47 À TWICKENHAM À ÉDIMBOURG FRANCE- ECOSSE- NELLE -ZÉLANDE NELLE -ZÉLANDE 43 - 31 18 - 30

RÉALISATEURS MARQUEURS BUTEURS 1 Quesada (Argentine) 1 Lomu (Nelle-Zélande) 1 Quesada (Argentine) 102 points 8 essais 102 points 2 De Beer (Afrique du Sud) 2 Wilson (Nelle-Zélande) 2 De Beer (Afrique du Sud) 97 points 6 essais 97 points 3 Burke (Australie) 3 Wood (Irlande) 3 Burke (Australie)) 76 points Bernat-Salles (France) 66 points 4 Wilkinson (Angleterre) Luger (Angleterre) 4 Wilkinson (Angleterre) 69 points Satala (Fidji) 4 essais 64 points Infographie "Le Monde" LeMonde Job: WDE4499--0001-0 WAS MDE4499-1 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 11:49 S.: 111,06-Cmp.:01,08, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0176 Lcp: 700 CMYK

MARDI 2 NOVEMBRE 1999

EUROPE CONJONCTURE FOCUS LA SANTÉ AU TRAVAIL EN EUROPE Emmanuel Constans, Le nouveau passage entre NE MOBILISE GUÈRE directeur au ministère la bande de Gaza et la Cisjordanie La Fondation de Dublin, où Pascal Paoli pourrait est chargé de recherches, est un centre de l’économie  et des finances, stimuler 45 % d’observation

C’est le taux d’inflation roumain cette a deux ans les échanges CISJORDANIE encore méconnu. année. Mais le pays dispose d’un atout pour préparer économiques Sa dernière de taille avec ses femmes d’affaires qui, les administrations entre Israéliens enquête insiste offensives, se lancent de plus en plus françaises au passage à la monnaie unique et Palestiniens sur la montée Bande dans la création d’entreprises (page IV) (page V) de Gaza de la précarité (page VI) ISRAËL (page VIII)



Les lois Aubry obligent à repenser Faire battre les 35 heures la gestion du temps.

Au-delà de l’entreprise  et de ses salariés, chacun est concerné aux rythmes de la vie

mesure que se précise culations établies et abolissent des rêts et des contraintes, une collec- L'onde de choc de la réduction du temps de travail le basculement dans les frontières étanches. Eclaté, le tra- tivité locale a la capacité de réunir 35 heures, un doute ta- vail s’imbrique et mord sur les les différentes parties, les commer- A temps de la vie sociale. Il perturbe çants, les employeurs, les repré- raude un nombre crois- sant d’observateurs. Et si la réus- les relations à autrui et à l’exté- sentants de salariés et les consom- site ou l’échec de la loi Aubry se rieur, avec sa famille d’abord, mais mateurs, les établissements jouait sur la maîtrise des temps aussi avec les administrations, scolaires et les services publics. En- Trajets Travail domestique l’école ou la crèche, sans parler des semble, ils devraient être plus fa- en minutes par jour – de tous les temps, celui du travail en minutes par jour comme du hors travail, – au moins complications qu’il entraîne pour, cilement en position d’harmoniser HOMMES FEMMES autant que sur l’emploi ? pêle-mêle, faire ses courses, conti- les horaires en fonction des be- HOMMES FEMMES 68 60 52 50 Comme à chaque fois, en pareil nuer à s’investir dans la vie asso- soins, ici des transports en 280 260 cas, un signe ne trompe pas. La flo- ciative ou civique et même prati- commun, là des ouvertures de ma- raison de livres qui abordent le su- quer un sport collectif. gasins, par exemple. 1986 1999 1986 1999 131 142 jet prouve que des spécialistes s’en Conjointement, la vie rythmée Mais les limites apparaissent sont emparés et qu’ils y voient un en trois phases bien distinctes vite. Administrations, services mu- enjeu d’avenir. Pour parler de ce (l’éducation, puis le travail et enfin nicipaux et banques, pour se limi- qu’ils appellent les « temps so- la retraite) n’a plus de caractère in- ter à ces quelques cas, rechignent à 1986 1999 1986 1999 ciaux », ils ont même forgé un tangible. Entre l’allongement de la se mettre au diapason de la de- terme, surgi dans le débat, sans scolarisation, les exigences de la mande sociale et y opposent des que l’on sache très bien d’où il formation tout au long de la vie et préoccupations sociales, tout aussi vient et qui l’a fait naître. On l’extension des préretraites, ce légitimes parfois. Si, à Amsterdam, connaît en revanche la raison de sont des repères commodes qui les bibliothèques sont ouvertes le leur choix : pour exprimer les disparaissent, ajoutant à la porosi- dimanche, on imagine la levée de conséquences en cascade de la di- té des différents temps de l’exis- boucliers qui s’ensuivrait ailleurs. lution des temps, ils ne pouvaient tence. Et le mouvement n’est pas De son côté, l’entreprise devrait en rester à la traditionnelle opposi- près de s’arrêter : l’entrée dans la se saisir d’un dossier qu’elle ne tion entre le temps de travail et le société informationnelle, avec le peut plus ignorer, tant sont nom- temps libre, valable depuis l’ère in- déferlement des métiers de l’intel- breuses les incidences en interne Le temps de travail diminue dustrielle triomphante. ligence, la place grandissante prise et les impacts sur son environne- Parce qu’elle « implique une re- par les emplois de services et, pour ment. Mais elle hésite à le faire, ÉVOLUTION DE LA DURÉE HEBDOMADAIRE DU TRAVAIL composition des temps sociaux », couronner le tout, la remise en même si, comme Jean-Louis Beffa, en heures donc, ainsi que le déclarait le so cause de l’entreprise comme lieu PDG de Saint-Gobain, certains di- 44 ciologue Jean-Yves Boulin (Le unique du travail, tout concourt à rigeants en arrivent à penser qu’il Monde du 29 juillet), la réduction accélérer une « désynchronisation » faudra bien échanger de la flexibi- 43 du temps de travail agit, en creux, déjà engagée. lité compétitive contre de la flexi- 42 comme le révélateur d’un proces- bilité personnelle. D’ailleurs, à la sus de plus large ampleur qui RISQUES DE BLOCAGE suite du juriste Alain Supiot, des 41 conditionne les rapports écono- Face à ces bouleversements experts imaginent que la négocia- 40 miques et sociaux de la société fu- convergents, qui détruisent les tion, élargie, ne devrait plus se li- ture. Mais c’est aussi sur ce terrain bases d’un ordonnancement an- miter aux seuls partenaires sociaux 39 que les 35 heures posent plus de cien, la problématique des temps de l’entreprise. Ils préconisent de 1983 1987 1991 1995 1999 problèmes qu’ils n’en résolvent. sociaux offre quantité de portes passer du dialogue social au dia- Soumises à une contrainte législa- d’entrée, mais désigne parallèle- logue civil, en quelque sorte. tive, les entreprises se sont d’abord ment un nombre équivalent de Optimistes, d’autres observa- préoccupées des conséquences in- risques de blocage. Car, si la de- teurs, enfin, mettent beaucoup ternes, et ne se sont guère souciées mande d’une réorganisation est d’espoir dans une approche des effets périphériques sur les manifeste, qui permettrait de re- constructive des temps sociaux. autres temps de la vie. trouver une cohérence individuelle Pour gommer les excès de la préca- Toutes les solutions adoptées, de et collective, voire de conjurer la rité et de la flexibilité, ils évoquent l’annualisation à la modulation des menace de dilution du lien social, ici la proposition d’un contrat horaires, du fractionnement à la la résistance au changement peut d’actif qui prendrait en compte diminution journalière, ont des ré- être forte. tous les moments de la vie profes- percussions sur la gestion indivi- Il faut s’en réjouir, les femmes sionnelle, ou rejoignent l’idée d’un duelle et collective du temps. Pour – de plus en plus actives – sont les contrat d’activité, cher à Jean Bois- des causes diamétralement oppo- mieux à même de peser sur les sonnat dans son rapport pour le sées, ce n’est pas un hasard si les choix, comme elles ont commencé Commissariat général du Plan, Le Loisirs cadres et les femmes se retrouvent à le faire en Italie. A temps partiel, travail dans vingt ans (Editions en minutes par jour en première ligne, les uns parce souvent, elles sont aussi en train Odile Jacob, 1995). Surtout, ils HOMMES FEMMES Sociabilité que le temps de travail se répand de découvrir que la réduction du veulent croire que la satisfaction en minutes par jour dans tous les interstices, les autres temps de travail et la flexibilité des temps sociaux ouvrira de nou- 235 peuvent aggraver les inégalités velles perspectives pour la création 210 165 197 HOMMES FEMMES parce que l’émiettement risque d’accroître l’assujettissement aux sexuelles, de même qu’elles d’emplois de services aux per- 56 57 60 56 tâches domestiques. peuvent accentuer les inégalités sonnes et pour des activités favori- Réduction du temps de travail sociales et culturelles. Le temps li- sant le lien social. ou pas, le thème est sous-jacent béré n’a pas la même valeur pour Comme quoi, sous un vocable 1986 1999 1986 1999 1986 1999 1986 1999 aux évolutions économiques et so- tous, ni le même usage. sibyllin, se nouent des enjeux aux ciales actuelles. En tendance Le territoire peut jouer un rôle ramifications multiples, que l’ap- longue, le chômage et la précarité décisif, ainsi que le prouvent, là plication des 35 heures devrait bien sûr, mais également la mon- encore, des expériences italiennes obliger à aborder. Sauf à rater une tée en puissance du travail à temps sur les temps de la cité, et un début occasion. Sources : INSEE partiel comme la généralisation de de réflexion dans quelques villes la flexibilité, bousculent les arti- en France. Au confluent des inté- Alain Lebaube LeMonde Job: WDE4499--0002-0 WAS MDE4499-2 Op.: XX Rev.: 29-10-99 T.: 20:39 S.: 111,06-Cmp.:01,08, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0177 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 DOSSIER ̄ TEMPS SOCIAUX Au total, le travail n’occupe que 15 % Questions-réponses de la journée d’un Français Les temps A cet effet, Alain Supiot pro- ous pouvez le faire Au-delà de ces constats, parfois hors de leur travail (contacts hu- sociaux pose « une ouverture du champ de vous-même : il suffit Les plus actifs d’évidence, une autre enquête de mains, pratiques techniques) : c’est 1 et les femmes la négociation, et un élargissement d’inscrire sur un petit l’Insee, « Travail et mode de vie », le cas de 51 % de ceux qui tra- Dominique Méda, philosophe, corrélatif du cercle des négocia- V réalisée en janvier 1997 auprès de vaillent plus de 50 heures, contre carnet, dont chaque réclament plus de assigne aux femmes un rôle déci- teurs », patronat et syndicats page représente une durée de 6 000 personnes, soumet les activi- 37 % en moyenne. Ces opinions sif dans la « profonde réorganisa- n’étant plus légitimes à traiter 10 minutes, la nature de l’activité loisirs, tandis tés de ces dernières à cette simple sont également corrélées au niveau tion du système socioproductif » seuls de ces sujets. que vous êtes est en train d’ac- question : « Qu’est-ce qui est pour de qualification, au degré d’auto- qu’elle pense indissociable de la complir. Sous les auspices de l’In- que les précaires vous le plus important pour être heu- nomie dans le travail, à certains réduction du temps de travail. Les temps sociaux see, un échantillon de seize mille reux ? » (« Des actifs à la recherche métiers : les personnes qui aspirent Auteur de Le Travail, une valeur et la réduction personnes de plus de quinze ans se voudraient s’investir d’un nouvel équilibre entre travail à consacrer plus de temps aux acti- en voie de disparition et, plus ré- 3 du temps de travail sont livrées à l’exercice à deux re- et hors-travail », Premières syn- vités hors travail « ne sont pas celles cemment, de Qu’est-ce que la ri- Parmi les temps sociaux, ex- prises, en 1986 et en 1998-1999. Dé- davantage thèses, Mai 1999). Le travail est qui ont les métiers les plus pénibles et chesse ? (Editions Alto-Aubier), plique Alain Supiot dans son rap- ception : la moitié de notre journée d’autant plus volontiers cité les moins gratifiants. Au contraire », haut fonctionnaire au service sta- port, le temps des loisirs « a été (12 heures) est consacrée à ce que dans l’entreprise comme une « composante du bon- notent les auteurs. tistique du ministère de l’emploi, construit dans le modèle fordiste l’Insee nomme « le temps physiolo- heur » qu’il est soit absent (cas des Dans ces conditions, la réduction elle estime que « si elle était por- comme un temps de la consomma- gique » : dormir, manger, se laver, citation par l’entreprise d’autres chômeurs) ou précaire (cas des du temps de travail (RTT) ne peut tée par l’ensemble de la société, tion », de sorte que le temps libre s’habiller... Surprise : l’activité la temps sociaux, consacrés à la CDD) ; à l’inverse, inactifs et sala- avoir le même impact pour tous. seule la combinaison de l’objectif s’est transformé en temps mar- plus fréquente est ensuite « le construction des compétences riés en contrat à durée indétermi- Une étude des conséquences d’ac- d’égalité hommes/femmes et de la chand dont la valeur devient temps libre », consacré aux loisirs techniques et humaines... et remet née citent en premier la santé, puis cords de RTT sur la vie des salariés, reconnaissance d’un temps fami- fonction du pouvoir d’achat. Par et à la sociabilité (4 heures et de- en cause les frontières du travail. la famille. menée par Jeanne Fagnani, cher- lial » pourrait imposer des trans- suite, « la valeur du temps dispo- mie), suivi, à égalité, avec 3 heures La durée du travail domestique cheur au Matisse (Paris-I/CNRS), formations telles que les temps nible décroît pour une partie im- et demie chacun (soit 15 % d’une ayant parallèlement diminué pour SATISFACTION montre par exemple que « le travail sociaux seraient enfin pris en portante de la population » qui, journée), par le « temps domes- les femmes, le « temps contraint » Autre paradoxe : les actifs dont le à temps partiel associé à des horaires compte. Jusqu’à présent, rappelle n’ayant pas de revenus stables, tique » (ménage, courses, jardi- (physiologique, travail, travaux do- temps de travail est le plus intense variables fractionnés et/ou atypiques Dominique Méda, le temps de est aussi privée des contextes so- nage) et le temps de travail (la mestiques) a diminué de 30 mi- se plaignent le plus de ne pouvoir ne contribue aucunement à faciliter travail, normé par l’industrie, ciaux et culturels « qui lui permet- moyenne inclut les week-ends). nutes au bénéfice du « temps consacrer du temps à des activités la gestion de la vie quotidienne des était masculin. traient de valoriser le volume crois- Cette description varie selon deux libre ». Cette demi-heure supplé- « plus satisfaisantes » (76 % de ceux salariés ayant des enfants à Comme en Italie, ce sont les sant de temps disponible dont elle critères principaux : l’activité, mais mentaire s’est répartie entre... la té- qui travaillent plus de 50 heures le charge ». Si plus de 50 % des ac- femmes effectuant une double dispose ». Alain Supiot re- surtout le sexe. Le temps domes- lévision principalement (+ 16 mi- disent, contre 60 % en moyenne), cords sur les 35 heures prévoient journée qui doivent poser le pro- commande de ne pas sombrer tique des femmes est près de deux nutes), la sociabilité « active » mais ils expriment aussi le plus la une RTT sous forme de jours de blème de la conciliation des « dans l’illusion optimiste et désas- fois plus long que celui des (repas, invitations, + 10 minutes), satisfaction d’effectuer des tâches congé supplémentaires et 37 % temps consacrés aux tâches de la treuse du caractère naturellement hommes ; c’est l’inverse pour le les loisirs (+ 5 minutes). qu’ils ne pourraient réaliser en de- sous forme de réduction horaire famille, au travail et pour soi. Il émancipateur de la réduction du temps de travail ; le temps libre du quotidienne – ce qui peut effective- leur échoit « de porter ce nouveau temps de travail ». Il en déduit retraité est supérieur de 80 % à ce- ment ouvrir la voie à « l’améliora- modèle de société, caractérisé, qu’une politique d’équipements lui du salarié, etc. Le Forum européen des temps de vie tion de l’articulation famille/tra- d’une part par la pluralité – à un culturels doit être associée à la En treize ans (1986−1999), le vail » –, 70 % des accords prévoient temps unique et rigide censé déter- politique sociale, pour « rendre temps de travail des actifs a dimi- A l’initiative des Francas (Francs et franches camarades, mouve- également, voire exclusivement, la miner tous les autres, dans la accessible à tous une valorisation nué de 14 minutes en moyenne, ment d’éducation populaire) et de Synergence, une entreprise diri- flexibilisation du temps de travail forme et le contenu, se substituent non marchande du temps libre ». mais de façon très inégale : il a aug- gée par Didier Livio, ancien président du CJD (Centre des jeunes di- en fonction des variations de l’acti- des temps multiples à articuler –, menté de 8 minutes pour les sala- rigeants), vient de naître le Forum européen des temps de vie. Au vité : « Or les dispositifs actuels d’autre part, par la dimension ci- Les temps sociaux riés à temps complet, de 10 minutes séminaire « fondateur », réuni à Paris le 19 octobre, de nombreuses (crèches, nourrices, écoles...) sont to- toyenne ». C’est, selon Dominique et l’organisation pour les techniciens et les em- institutions ou organisations se sont déclarées intéressées. Dont talement inadaptés à ces fluctua- Méda, « faire soudainement entrer 4 du travail ployés, de 30 minutes pour les l’Association des maires de France, les Caisses nationales d’alloca- tions. (...) Sans souci des réper- dans l’entreprise les autres dimen- Dans son ouvrage Temps et cadres, et a diminué de 6 minutes tions familiales et d’assurance-vieillesse, la CFDT et des collectivités cussions sur les rythmes sociaux, la sions de la vie sociale, c’est exiger ordre social (PUF, 1994), le socio- pour les ouvriers. En fait, la baisse territoriales. loi [sur les 35 heures] pourrait fré- d’elle que la norme de l’emploi soit logue Roger Sue a défendu la globale traduit l’éclatement du sta- Persuadés que l’organisation des temps sociaux constitue « un en- quemment aboutir à une aggrava- aussi formatée, de l’extérieur, par thèse selon laquelle le travail tut de salarié, avec la progression jeu majeur de société » et qu’il faut « replacer l’homme au centre de la tion des conditions d’articulation les autres vies du salarié ». n’est d’ores et déjà plus au centre du chômage, des contrats à temps problématique », les créateurs du Forum veulent disposer d’un cadre travail/famille, surtout pour les pa- de l’activité humaine. En un siècle partiel et à durée déterminée et d’outils pour « relier et faire travailler ensemble » les univers de rents qui disposent de ressources fi- Les temps sociaux et demi, le temps de travail, sur la (CDD), tandis que l’intensification l’éducation, de la famille, de l’entreprise, de la cité et du secteur as- nancières limitées ». et la négociation durée totale d’une vie humaine, a du travail de certains profession- sociatif. Avec un site Web puis des colloques, ils se donnent trois ans 2 sociale été réduit des deux tiers ; le tra- nels, cadres ou non, traduit la solli- pour convaincre. Antoine Reverchon Pour Alain Supiot, professeur vail s’avère de moins en moins de droit du travail et auteur, avec nécessaire à la production, le des experts européens, d’un rap- temps libre de plus en plus néces- port sur les transformations du saire à la consommation et le Les Allemands tiennent à leur repos du dimanche travail et le devenir du droit du temps de formation ou de loisirs travail en Europe (Au-delà du tra- à la construction des compé- vail, Flammarion), le temps libre tences. FRANCFORT mitation des horaires d’ouverture ». La loi a dimanche. Cette journée particulière doit être « ne faisait jamais irruption dans Un autre sociologue, Frédéric de notre correspondant d’ailleurs déjà été assouplie en 1996 à l’issue préservée « pour la vie de la famille et de la so- l’agenda de la négociation. Il était de Coninck, a décrit dans Travail a polémique a commencé pendant d’une longue discussion. La fermeture des ma- ciété », rappellent-ils. Le chancelier Schröder régi par des rythmes collectifs cen- intégré, société éclatée, paru aux l’été, au plus fort des vacances. Plu- gasins a été retardée à 20 heures en semaine appelle à « faire attention à ne pas laisser sés s’accorder a priori avec le PUF en 1995, le paradoxe d’une sieurs grandes surfaces, dont l’in- (contre 18 h 30) et 16 heures le samedi (contre commercialiser tous les domaines de notre vie ». temps de travail ». De même pour société où les lieux et les temps L 14 heures auparavant). Dans la foulée, précise Désormais favorable à une libéralisation plus contournable Kaufhof du cœur de le temps de formation, « tradi- de la socialisation des individus Berlin, ont ouvert le dimanche. Certaines en- l’IFO, les ventes des commerçants ont « signifi- large en semaine, le syndicat des commerçants tionnellement tenu à l’écart du sont de plus en plus dispersés et seignes avaient obtenu des dérogations mais cativement » progressé, tandis que l’emploi du de détail avance des considérations écono- temps de la production ». extérieurs au collectif de travail, la plupart ont enfreint la loi interdisant les ou- temps des consommateurs s’est simplifié : «La miques pour « ne pas briser le tabou du di- Aujourd’hui, la réglementation mais où, parallèlement, « l’en- vertures dominicales. Outre un indéniable suc- libéralisation est synonyme d’effets positifs sur le manche », et soulève un vrai problème de so- ne devrait plus « ignorer la ques- treprise cherche à mobiliser cès commercial, ces initiatives intempestives bien-être des consommateurs. » Selon les son- ciété : une ouverture en continu des magasins tion des rythmes de la vie collec- l’homme au travail dans l’inté- ont déclenché un large débat sur l’assouplisse- dages, une majorité relative de clients se pro- favoriserait la disparition des petits tive, dont elle doit au contraire as- gralité de ses compétences », ment des horaires d’ouverture des magasins. nonceraient pour un nouvel assouplissement commerces de détail au profit des géants du surer l’existence », le temps de la alors que celles-ci se Depuis, la controverse a pris de l’ampleur. des horaires d’ouverture. Les groupes de secteur et appauvrirait le tissu urbain. vie sociale ne pouvant « être construisent en dehors d’elle. Dernier rebondissement en date, à la mi-oc- grande distribution font également pression Les syndicats et les Eglises, très influents abandonné aux interstices du L’organisation de plus en plus tobre, un institut de recherches économiques en ce sens. Ils voient l’occasion de développer dans la vie sociale allemande, se mobilisent temps de travail salarié, car ces inégalitaire du travail différencie en vue – l’IFO – a tout simplement suggéré leurs chiffres d’affaires, tout en permettant pour défendre le droit des salariés à prendre insterstices sont en train de dispa- ainsi les cadres dont le temps et dans un rapport remis au gouvernement de le- aux consommateurs de faire leurs courses du champ par rapport à leur vie profession- raître ». Dès lors, on ne peut en- l’intensité de travail croissent et ver les restrictions d’horaires pendant les jours quand bon leur semble. Mais l’IFO ne pré- nelle. La communauté évangélique a engagé visager la réglementation du dont les différents temps so- de la semaine, samedi compris. Devant le tollé, conise pas, au contraire de certaines en- une grande campagne de publicité contre le temps de travail « du seul point de ciaux se voient mis à contribu- le chancelier Gerhard Schröder a dû se pro- seignes, d’ouvrir le dimanche, en dehors de sacrifice du dimanche : « Le jour libre commun vue de l’entreprise ou de l’organi- tion par le travail – au point noncer quelques jours plus tard contre cette li- dates exceptionnelles. est un bienfait pour tous, même pour ceux qui sation du travail salarié ». On ne d’engendrer parfois stress et béralisation totale. La polémique, où se mêlent Ce rapport conforte les opposants déclarés à n’en profitent pas pour aller à la messe, ex- peut plus abandonner ces ques- conflits, et une catégorie de arguments économiques et arguments mo- l’ouverture dominicale des commerces. De plique-t-elle, en ajoutant que le dimanche est tions aux décisions patronales ou « précaires » –, dont la réduc- raux, oppose en fait deux conceptions de la vie nombreux hommes politiques, du SPD à la un signal que la vie est davantage que travailler, à la négociation collective, tion du temps de travail est plus sociale. CDU en passant par les Verts, plaident pour un acheter et posséder ». puisque l’intérêt général est en synonyme d’exclusion que Les experts de l’IFO considèrent qu’« il n’y a réaménagement mesuré des horaires. Mais jeu. d’enrichissement humain. aucune justification économique valable à la li- pas question de remettre en cause le repos du Philippe Ricard Les services publics italiens s’adaptent à la flexibilité des horaires

FLORENCE centaine. Désormais, l’entrée en Côté administration, déjà 180 gui- leurs, qui se méfient, à juste titre, des Prochaine étape : la réalisation de De notre envoyée spéciale 180 guichets classe s’effectue entre 7 h 50 et chets communaux ont modifié transformations, estime Sergio Sora- la Journée du citoyen. D’ici à la fin oujours montrée du doigt 8 h 45. Pour faciliter les change- leurs horaires. Jusqu’à présent ou- ni, secrétaire territorial de la CISL de l’année, les services administra- pour l’incurie de ses ser- communaux ments d’habitudes, des services verts au public jusqu’à 13 heures du de Florence. Mais ils savent se tifs – communaux et d’Etat – de- vices publics, l’Italie est préscolaires et postscolaires ont été lundi au samedi, ils sont désormais rendre disponibles lorsqu’ils vront ouvrir au public le jeudi de T mis en place, qui proposent des ac- ouverts, en plus, un ou deux après- comprennent les motifs des change- 9 heures à 19 heures, selon un pro- pourtant en train de réali- ont déjà modifié ser une révolution. En accordant tivités aux enfants. Chaque année, il midi par semaine (lundi et/ou jeudi) ments et qu’ils peuvent en discuter les tocole d’accord signé en septembre aux maires le pouvoir de « coordon- leurs plages faut convaincre les parents des de 14 h 30 à 17 h 30. En contrepar- modalités. » Dans les services, cer- entre la ville, la préfecture et les ner les horaires » des services pu- nouveaux élèves : « Il en est ainsi de tie, les employés ne travaillent plus tains ne sont cependant pas satis- syndicats. « Cette journée continue blics, des administrations et des d’ouverture tous nos projets, parce qu’ils de- qu’un samedi matin sur deux et re- faits, « parce que ce système modifie ne pourra pas se faire à nombre commerces, afin de mieux répondre mandent une forte participation des çoivent une prime. Tous les syndi- leur vie », ajoute Alessio Ammanna- d’heures constant, estime Alessio aux besoins des habitants, la loi de gens », observe Cristina Bevilacqua, cats florentins – CISL, CGIL et UIL ti, du secrétariat de la CGIL de Flo- Ammannati. Or le nombre d’heures 1990 a libéré une vague d’énergie et études pour cerner leurs besoins », responsable du bureau Temps et et leurs coordinations féminines – rence. De plus, certains travaillent supplémentaires est déjà très impor- de créativité. Des villes ont imaginé indique Grazia Turchi, responsable espaces. ont signé l’accord : « La flexibilité au noir l’après-midi, pour complé- tant, et nous voulons les éliminer. » des projets originaux, pilotés par du programme Temps et espaces Parfois, une initiative s’essouffle, demande un sacrifice aux travail- ter des salaires plutôt maigres. Entre 1995 et 1999, l’effectif de la des bureaux des temps. En 1997, pour la région de Florence. En 1996, comme celle des « Parcours piétons commune est passé de 7 000 à une autre loi apporte un nouvel soit un an après avoir basculé du sûrs ». Après avoir étudié les che- 5 800 employés. « La Journée du ci- élan à cette modernisation en sim- centre droit au centre gauche, la ca- mins empruntés par les écoliers, un Bibliographie toyen nécessitera donc des em- plifiant les démarches administra- pitale toscane crée un bureau parcours est signalé sur les trottoirs bauches », observe le syndicaliste. tives et en créant les bureaux de re- Temps et espaces, directement rat- grâce à des empreintes de pas colo- b Temps de travail, temps sociaux, retraite, de Xavier Gaullier (Editions En tout cas, le mot flexibilité ne lations avec le public (URP). taché au maire. rées. L’école Rosai-Calamendrei a pour une approche globale, Esprit, collection Société, 1999, fait pas peur à la gauche. « C’est un A l’origine de cette aventure des A Florence, chaque matin entre été la première, à Florence, à faire coordonné par Annie Gauvin et 264 p., 148 F., 22,56 ¤). point incontournable du plan de ré- temps, les femmes communistes de 8 h et 8 h 30, 50 000 enfants se cette expérience en 1997 pour les Henri Jacot (Editions Liaisons b Une troisième voie pour le gulation des horaires, explique Da- l’ex-PCI (aujourd’hui DS, Democra- rendent à l’école, le plus souvent élèves âgés de onze à quatorze ans. sociales, 1999, 228 p., 149 F, 22,71 ¤). travail, de Jean-Louis Laville niela Lastri, maire adjoint (DS) de tici di sinistra) et leur chef de file, accompagnés par leurs parents en « L’idée était d’alléger le trafic et b Au-delà de l’emploi, sous la (Desclée de Brouwer, 1999, 220 p., Florence en charge du programme Livia Turco, actuelle ministre des af- voiture. Pour tenter d’alléger le tra- aussi de rendre les enfants plus auto- direction de Alain Supiot 120 F, 18,29 ¤). Temps et espaces. Mais ne banali- faires sociales, qui, dès 1988, propo- fic automobile, le bureau Temps et nomes, en toute sécurité », explique (Flammarion, 1999, 322 p., 98 F, b Temps et ordre social, de Roger sons pas cette question car il s’agit de sèrent une loi d’initiative populaire espaces a proposé la désynchroni- Marco Mori, président de l’école. Le 14,94 ¤). Sue (PUF, 1994, 320 p., 158 F, la vie des gens. L’idée est de rendre la appelée « Les femmes changent les sation des horaires, lancée en 1997 bilan n’est pas encore dressé, mais b Qu’est-ce que la richesse ?, de 24,09 ¤). ville plus facile à vivre, sans qu’elle temps ». après un an et demi de concertation le nombre d’enfants piétons ne Dominique Méda (Alto-Aubier, 1999, b Travail intégré, société éclatée, soit hostile aux travailleurs. » Après la promulgation de la loi et qui touche aujourd’hui 43 écoles semble pas avoir beaucoup 424 p., 120 F, 18,29 ¤). de Frédéric de Coninck (PUF, 1995, de 1990, « des villes ont réalisé des élémentaires et primaires sur une progressé. b Les Temps de la vie, emploi et 304 p., 188 F, 28,66 ¤). Francine Aizicovici LeMonde Job: WDE4499--0003-0 WAS MDE4499-3 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 09:47 S.: 111,06-Cmp.:01,08, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0178 Lcp: 700 CMYK

DOSSIER LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / III

Jean-Louis Laville, sociologue au CNRS ̄ « La réduction du temps de travail peut devenir CHRONIQUE un facteur d’inégalité » par Erik Izraelewicz Nation, « Pourquoi parler des temps l’instar des actions menées en Ita- C’est évident pour les emplois- sociaux ? lie sur le temps des villes. Cette jeunes dans les associations. Il – Evoquer les temps sociaux, au- idée passe par la prise de parole de existe une demande grandissante CAC 40 et PEA trement dit les rapports entre le l’usager, laquelle peut permettre de mutualisation des expériences, temps de travail et tous les temps de trouver des modes d’adapta- ce qui est le meilleur moyen ’entreprise a-t-elle encore, à l’heure de la mondialisation, qui se situent hors travail salarié, tion aux besoins collectifs. d’avancer vers une véritable pé- une nationalité ? Spontanément, la réponse que tout un c’est admettre l’éclatement de » Il s’agit aussi de structurer une rennisation de ces emplois. C’est chacun apporte est affirmative : IBM est américain, Sony l’ancienne division de la vie en nouvelle offre de services de vrai parallèlement pour la réduc- japonais et Siemens allemand. Qui pourrait en douter ? trois périodes : l’éducation, le tra- proximité (gardes d’enfants, aides tion du temps de travail. La région EtL pourtant. « Big Blue » vend plus d’ordinateurs à l’étranger vail et la retraite. Le tout, dans un aux personnes âgées...). Dans ces Nord - Pas-de-Calais a lancé, à qu’aux Etats-Unis, Sony est possédé essentiellement par des ac- contexte où la scolarisation des domaines, les conditions d’accès partir de 1995, des Assises pour le tionnaires qui ne sont pas japonais, et Siemens fait travailler plus jeunes se prolonge tandis que l’on sont sélectives ou trop compli- travail et l’emploi qui ont réuni de salariés hors d’Allemagne que dans son pays d’origine. Qu’est- assiste à une baisse d’activité des quées. On doit pouvoir aboutir, au plusieurs milliers de personnes et ce qui définit alors la nationalité d’une entreprise ? plus âgés. Ainsi, en France, le taux contraire, à une organisation débouché sur une mise en réseau La question, éminem- d’emploi des hommes actifs de économique de ces services à Jean-Louis Laville de plus de 3 000 entreprises. Les ment politique, vient de en milliards de dollars plus de 55 ans n’est plus que de haute teneur relationnelle qui b Chercheur au CNRS débats entre salariés, chômeurs, faire l’objet d’un rapport, 2500 44%! suppose la définition d’une poli- (Crida-LSCI Paris), Jean-Louis partenaires sociaux et consultants très documenté, du » S’y ajoutent la professionnali- tique de prix, de qualité des pres- Laville, âgé de quarante-cinq ans, ont « dégelé » les rapports. Commissariat général du 2000 sation massive des femmes et le tations et de garanties sociales. analyse en sociologue les rapports » Ce n’est pas un hasard si cette Plan. Une équipe réunie développement du travail à temps L’expérience de plusieurs années entre l’économie et la société région est en pointe pour le autour de l’un des diri- 1500 partiel. Tous ces changements ont de mesures en leur faveur prouve contemporaine. nombre d’accords signés. Contre geants d’Aerospatiale-Ma-

tendance à accroître les inégalités, que la baisse des prix n’est pas un b Il a publié de nombreux la dictature de l’urgence, ce sont tra, Jean-François Bigay, a 1000 , Economica parce qu’ils induisent des formes levier approprié si elle n’est pas ouvrages dont Une troisième voie des processus de réflexion et d’ac- planché pendant plusieurs 500

de partage du travail individuelles combinée avec des systèmes sus- pour le travail (Editions Desclée de tion sur les moyen et long termes mois sur le sujet. La ré- Cyclope dont les contraintes pèsent sur les ceptibles de construire la Brouwer), qui vient de paraître. qui permettent d’aller vers un ponse qu’elle donne n’est 0 groupes sociaux les moins bien confiance entre usagers et presta- nouveau contrat social. pas simple : la nationalité Source : défendus. taires. Le moment est sans doute – Les temps sociaux peuvent d’une entreprise existe ; 1990 92 94 96 98 – Comment la réduction du venu de penser à des réseaux lo- femmes peuvent s’adresser pour donc être un levier possible de elle résulte d’une combi- Volume mondial des opérations temps de travail influe-t-elle sur caux de services, près du terrain et mieux connaître la panoplie des transformation de la société ? naison complexe de multi- de fusions-acquisitions ce mouvement ? des besoins. services disponibles. Dans la période des « trente glo- ples facteurs – historiques, – La loi sur les 35 heures réintro- – Les temps sociaux participe- » De la même manière, se pose rieuses », quand on créait de l’em- territoriaux, humains, culturels, etc. Le mouvement de restructu- duit une logique plus négociée et raient de l’émergence de nou- la question des nouveaux cadres ploi, on générait de l’intégration ration en cours – avec ses OPA, OPE et autres mariages en série – plus collective. Mais on s’aperçoit veaux types d’emploi ? collectifs du travail pour organiser sociale. Aujourd’hui, la situation donne aux recommandations de ce travail une importance accrue. que la réduction du temps de tra- – Outre les services aux per- les passages entre le travail rému- est plus compliquée. L’accroisse- Mais ces fusions en série ont aussi une conséquence incidente, vail ne signifie pas automatique- sonnes, il faut aussi penser aux néré, la formation, le bénévolat, le ment des inégalités peut être favo- plus anecdotique peut-être, mais révélatrice de ces enjeux. Les ment davantage de temps libre. Si services culturels, de loisirs, d’acti- travail indépendant et le travail rable à l’emploi si les riches em- mariages se traduisent en effet par une contraction du nombre l’on prend le cas des femmes par vité de voisinage, et même d’auto- d’utilité sociale. Ces transitions ploient les pauvres à leur service. des entreprises françaises cotées en Bourse, par une réduction du exemple, une partie des heures production. Au total, la création doivent être prévues, aménagées Mais une société de services n’est choix de sociétés accessibles pour les actionnaires et gestionnaires dégagées sont consacrées aux ac- d’emplois peut se coupler avec un et s’opérer dans le cadre d’un droit pas forcément une société de ser- de portefeuilles. Ces rapprochements débouchent souvent sur la tivités domestiques, ce qui accen- renforcement de la cohésion so- commun et ne plus seulement dé- viteurs. La société a les services disparition de certains grands noms de la cote : l’UAP était le nu- tue la division sexuée du travail ciale. Multiplier les opportunités boucher sur des situations aty- qu’elle mérite. Le choix est poli- méro un de l’assurance il y a peu ; absorbée par AXA, elle n’existe dans la famille. Tant et si bien que de participation à des activités piques ou précaires. tique. Etant donnée la baisse ten- plus. Le pétrochimiste Rhône-Poulenc va se fondre dans le spécia- la réduction du temps de travail maintenant le lien social est décisif – Comment avancer sur ces dancielle du temps de travail sur liste des sciences de la vie Aventis – à l’issue de son mariage avec peut devenir un facteur d’inégali- pour éviter que la vie quotidienne sujets ? l’ensemble de la vie, soit la société l’allemand Hoechst. Paribas ne sera bientôt plus qu’une filiale de té. ne soit envahie par la logique d’un – La question de l’aménagement se fragmente, l’emploi « digne » la BNP. Le pétrolier Elf va se perdre dans les bras de son ennemi – A quelles conditions peut-il marché tout-puissant et par un in- des temps sociaux est à intégrer est réservé à une minorité et les de toujours, TotalFina. Toutes ces entreprises absorbées sont en être autrement ? dividualisme négatif. dans les négociations en entre- autres sont condamnés à la préca- amenées à disparaître, un jour ou l’autre, des tableaux de la – La réduction du temps de tra- » Une politique de temps so- prise liées au temps de travail. Au- rité. Soit s’instaure une nouvelle Bourse de Paris – avant parfois de disparaître tout court. vail pourrait être l’occasion d’aller ciaux suppose également d’envisa- delà, c’est le défi d’une combinai- forme de plein emploi pour tous, Les autorités sont constamment obligées de réviser la liste des vers une politique d’égalité et de ger le rapport au territoire, jusqu’à son inédite entre action publique rendu possible car complété par membres du CAC 40, ce club des quarante principales capitalisa- qualité de la vie. Cela suppose présent peu pris en considération. et initiatives de la société civile qui une pluriactivité à tous les âges : le tions françaises – et de modifier la composition du thermomètre d’abord de dégager des « blocs » Il y a là des enjeux très concrets, émerge. Une gestion technocra- travail rémunéré n’est plus la seule qui mesure l’évolution de la place. Avec ces restructurations de temps (une journée ou une de- tels que l’amélioration des trans- tique des lois comme celles sur les activité valorisée socialement. Le « franco-françaises », la substance reste cependant dans l’Hexa- mi-journée) et non pas des frac- ports publics pour diminuer les 35 heures et les emplois-jeunes ne plein-emploi pour demain risque gone. tions qui passent inaperçues. temps de trajet. Il y a matière à ré- peut conduire qu’à la déception. d’être un leurre si ne sont pas exa- Tel n’est pas le cas en revanche lorsque la fusion débouche sur... » Ensuite, tout dépend de la fa- pondre aux demandes des usagers En revanche, si des espaces auto- minés les changements institu- l’exil, lorsque les mariés décident de se domicilier hors de nos çon d’articuler les 35 heures avec et des citoyens par la création nomes d’expression sont promus tionnels pour légitimer cette pluri- frontières. Pechiney était une star de Paris : avec son mariage à une politique en faveur des ser- d’espaces facilitant la mise en rela- pour confronter les idées et les activité. » trois, elle quitte la France. Privatisée, la Seita convole avec Taba- vices. Il y a là beaucoup de chan- tion des demandeurs et des of- pratiques de ceux qui vivent les ré- calera : Altadis, la société née de cette fusion, sera de droit es- tiers à ouvrir. Améliorons d’abord freurs. En Allemagne, il existe ain- formes, leur diffusion et leur am- Propos recueillis pagnol. Même l’Etat français accepte le transfert hors de son terri- les services publics existants, à si des « centres de mères » où les plification deviennent possibles. par Alain Lebaube toire d’une entreprise dans laquelle il a pourtant quelque intérêt (15 % du capital) : EADS, le fruit du rapprochement entre Aero- spatiale-Matra et DASA, sera de droit néerlandais. Tout cela a-t-il, à l’heure d’Internet, une quelconque importance pour l’économie Cinq villes s’organisent pour vivre de la nation ? Pour l’Etat comme pour le marché, c’est en fait une mauvaise nouvelle. Ces localisations résultent, pour l’essentiel, de choix fis- caux. Les « fusionnés » choisissent le pays où les impôts sont le aux nouveaux rythmes de leurs citoyens moins élevés. Il y a donc là un risque de perte de substances fis- cales. Ces délocalisations réduisent ensuite l’offre de titres propo- sée aux petits porteurs français qui souhaitent alimenter leurs in 1998, cinq villes, Saint- taire, dans une expérimentation de les attentes des uns et des autres plans d’épargne en actions (PEA), cette niche fiscale française. Denis, Charleville-Mé- Saint-Denis, leur prise en charge en quasi- en ce qui concerne l’ouverture des Même si elles sont cotées à Paris, ces sociétés, ayant perdu leur F zières, Lille, Poitiers et continu (soirée et week-end commerces entre midi et 2 heures. nationalité française, ne sont plus éligibles à ce type de plan. Strasbourg, se sont enga- Charleville-Mézières, compris). « Aujourd’hui, il est La ville a aussi d’ores et déjà réuni L’harmonisation européenne presse. gées dans un programme de dé- évident que l’attente dans ce do- un groupe de travail avec les res- couverte-action sur « Les poli- Lille, Poitiers et maine ne s’arrête pas le soir ni le ponsables de l’université, les syn- tiques de temps dans les week-end, insiste Jean-Claude Vi- dicats étudiants, les syndicats du territoires », lancé par l’Ecole fran- Strasbourg se sont dal. Cette nouvelle réalité temporelle personnel administratif et des en- çaise d’excellence territoriale, or- renvoie à un besoin social fort, dont seignants, et la société des trans- ganisme de réflexion parrainé par lancées dans la prise en charge nécessite de nou- ports en commun pour réfléchir le Centre européen des entreprises veaux financements. Elle pose aussi notamment à une meilleure orga- publiques (CEEP) et par la Confé- des programmes des questions relatives à l’organisa- nisation des transports. Manière de voir dération européenne des syndicats tion des services et au développment « L’université de Poitiers accueille Le bimestriel édité par (CES). de régulation des compétences du personnel. » quelque 26 000 étudiants. Or, ex- « La désynchronisation des temps plique Dominique Royoux, presque de travail constitue une nouvelle des différents temps : NOUVELLES ATTENTES tous commencent leurs cours à la donne pour la ville, explique Jean- L’application des 35 heures in- même heure le matin et le trafic des LA MONDIALISATION Claude Vidal, sociologue, respon- scolaires, transports, terroge aujourd’hui l’ensemble de bus qu’ils empruntent pour s’y sable des études locales à la mairie l’offre des services urbains. «Le rendre provoque des embouteillages CONTRE L’ASIE de Saint-Denis (Seine-Saint-De- loisirs... temps libéré par la réduction du paralysant toute la circulation dans nis). Aujourd’hui, selon une enquête temps de travail va en effet susciter la ville. Si on arrivait à étaler ne se- a réalisée auprès des habitants de la « Face à ces mutations tempo- de nouvelles attentes. Les services rait-ce que sur une demi-heure les Tempêtes sur l’Asie, par Ignacio Ramonet. commune de dix-huit ans et plus, relles, relève Jean-Claude Vidal, il y culturels de la ville par exemple se- horaires du début des cours, cela a Un désastre social sans précédent, par John Evans. seuls 10 % d’entre eux ont des ho- a un enjeu fort de régulation. Sans ront amenés à accueillir davantage aurait une incidence importante sur a Le coût exorbitant du développement chinois, par Roland Lew. raires de travail traditionnels. Les quoi, de nouvelles inégalités risquent de citoyens », relève Dominique la fluidité de la circulation. » autres ne travaillent pas ou ont des de se creuser entre ceux qui ont les Royoux, directeur du service re- Dominique Royoux ne cache pas a Nationalisme égaré de la Malaisie, par David Camroux. horaires décalés. Cette diversifica- moyens de maîtriser leur temps, d’en cherche et développement de Poi- que les structures partenaires a La Corée du Sud à l’heure du FMI, par Ilaria Maria Sala. tion des situations (temps partiel, acheter sous forme de services, de tiers (Vienne), collectivité locale étaient loin d’être convaincues au a travail le week-end, etc.) a un im- choisir les moments les plus propices qui vient elle-même d’ouvrir sa départ de l’intérêt de cette ap- Craquements du modèle japonais, par Evelyne Dourille-Feer. pact sur l’organisation de la ville. pour telle ou telle activité, et ceux propre négociation sur les proche temporelle. « Mais la sensi- a Le couple nippo-américain à l’heure du soupçon, par Bruce Elle bouleverse complètement la de- qui le subissent. Ces évolutions sou- 35 heures. Une démarche que la bilisation est rapide, dit-il. En fait, Cumings. mande de garde d’enfants en bas lèvent aussi des contradictions : ain- ville souhaite coordonner avec un au carrefour de l’individuel et du a âge par exemple. » si ce que l’usager souhaite en ma- redéploiement des horaires de ses collectif, la question temporelle ré- L’Indonésie, atout maître du jeu américain, par Noam tière de meilleure maîtrise des temps services, répondant aux nouveaux sonne chez les individus, renvoyant à Chomsky. CONTRADICTIONS de sa vie, le salarié risque de le subir besoins des usagers. leur vécu personnel », observe-t-il a L’Inde à la recherche d’alliés, par Jyotsna Saksena. Nombre de parents ont ainsi dé- en matière de flexibilité des temps Poitiers mène aujourd’hui une comme Jean-Claude Vidal. a Du bon usage des « valeurs asiatiques », par Bernard Cassen. sormais besoin de déposer leurs de travail », souligne-t-il, insistant réflexion stratégique afin d’inté- Au fond qui mieux qu’une col- enfants dans les crèches, non plus sur la nécessité d’engager, autour grer cette question des temporali- lectivité locale peut essayer de ré- a Remise en question du « modèle » occidental, par Philip pour toute la journée, mais pour de toutes ces nouvelles probléma- tés dans les différents projets terri- guler et de coordonner entre elles S. Golub. quelques heures seulement, et à tiques, une concertation impli- toriaux qui constitueront son futur les différentes logiques tempo- a Violence contre démocratie en Indonésie, par Françoise l’intérieur de plages horaires de quant les salariés et les em- contrat d’agglomération. Une ré- relles qui s’expriment au- Cayrac-Blanchard. plus en plus élargies. Afin de bien ployeurs, mais aussi les usagers et flexion qu’elle a engagée conjoin- jourd’hui ? La ville n’est-elle pas le mesurer la teneur de ces attentes les institutions concernées. tement avec des partenaires exté- lieu où se rencontrent tous les Et d’autres articles, accompagnés d’une importante bibliographie, et de pouvoir envisager une évolu- Développant depuis de nom- rieurs. temps : le temps de travail, le d’une liste de sites Internet et d’un glossaire. tion des modes de garde proposés, breuses années un service impor- Dans le cadre de son projet de temps scolaire, le temps de trans- la mairie va prochainement lancer, tant de maintien à domicile pour réaménagement du centre-ville, port, le temps domestique, le CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX – 45 F – 6,86 ¤ à la demande des entreprises si- les personnes âgées dépendantes, elle va, par exemple, organiser une temps des loisirs... tuées sur le territoire communal, la ville de Saint-Denis s’est déjà table ronde entre commerçants et une enquête auprès des salariés. engagée, avec du personnel volon- consommateurs pour confronter Laetitia Van Eeckhout LeMonde Job: WDE4499--0004-0 WAS MDE4499-4 Op.: XX Rev.: 29-10-99 T.: 20:39 S.: 111,06-Cmp.:01,08, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0179 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 EUROPE ̄ DROIT ET ÉCONOMIE Les apprentis jouent la carte de la mobilité par Stéphane Corone

e pas parler la langue er Région Centre et 20 % par le CFA cument dit “ Europass-Formation ” du pays d’accueil n’est Le 1 janvier 2000 et les entreprises. « Il ne pourra y destiné à attester au niveau La loi impuissante pas un problème in- avoir de développement de ces communautaire la (ou les) pé- N échanges sans le soutien financier riode(s) de formation effectuée(s) surmontable pour nos entrera en vigueur apprentis : dans le bâtiment, le des- de l’Union européenne », estime (...) dans un autre Etat membre » ; sin est un langage universel ! » Au- l’« Europass- Marielle Soulié, au Comité central une « charte de coopération », qui face au bogue ? cun obstacle ne semble pouvoir de coordination de l’apprentis- définira des modalités communes résister à l’enthousiasme de Formation », destiné sage du BTP (CCCA-BTP), un or- de mise en place, sera établie le Jacques Miché, directeur du ganisme paritaire qui gère le pro- 17 novembre ; des conférences mpossible de l’ignorer : la mauvaise habitude prise par les in- Centre de formation d’apprentis à valoriser les séjours duit d’une taxe parafiscale nationales réunissant les respon- formaticiens de coder l’année par ses deux derniers chiffres (CFA) du bâtiment Jean-Fontaine, destinée au financement de 93 sables régionaux du dispositif se dans la majorité des programmes pose de sérieux problèmes. à Orléans. Depuis 1995, ce CFA en alternance des CFA de la profession. Elle a en ef- tiendront dans chaque Etat (le Cette pratique, justifiée à l’origine par un souci d’économiser envoie ses élèves, qui préparent fet calculé que 600 apprentis du 26 novembre pour la France). Le deI la place mémoire, va coûter bigrement cher. La Commission euro- un CAP de maçonnerie ou de me- jeunes à l’étranger BTP seulement sur 57 000 ont bé- ministère de l’éducation natio- péenne estime à 500 milliards d’euros (3 300 milliards de francs) les nuiserie, faire des séjours de trois néficié, depuis 1996, d’un séjour. nale a déjà publié une note de dépenses au niveau mondial pour corriger les logiciels et à 1 500 mil- semaines sur des chantiers dis- Les entreprises sont également « Il est regrettable que les pro- service (B.O. du 23 septembre) et liards d’euros (9 800 milliards de francs) le montant des sinistres qui persés en Europe. Cette année, satisfaites de la formule, puis- grammes européens d’échange, tels celui de l’emploi a adressé un risquent de survenir (1). Les juristes de tous bords planchent pour trente-six des neuf cent cinquante qu’elles ne rechignent pas à lais- que Leonardo, négligent l’appren- courrier à ses directions régio- répondre à la délicate question de savoir qui va payer l’addition. apprentis sont concernés : douze ser partir leur apprenti tout en tissage. » Claudine Boudre-Millot, nales pour informer leurs établis- Mais ces sinistres annoncés posent des problèmes horriblement partent en Allemagne, grâce à continuant à le payer et à en assu- à l’agence française Leonardo, dé- sements du nouveau dispositif. compliqués en droit. l’appui du Secrétariat franco-alle- mer la responsabilité juridique et ment : « 20 % des projets financés « Cela fait des années que, au Les entreprises, clientes et fournisseurs, sont au centre de la pro- mand de Sarrebruck ; les vingt- la couverture sociale. « Bien que émanent de CFA, un chiffre équi- travers du “ Réseau de formation blématique. Elles sont d’abord clientes de produits informatiques. A quatre autres (douze maçons et nous ayons rempli les formulaires valent à leur poids dans la forma- en Europe“ (Re.Form.E) , qui asso- ce titre, elles risquent d’être victimes d’un programme qui ne passe douze menuisiers) vont, pour les européens de Sécurité sociale, le tion professionnelle. » Jusqu’ici, en cie au CCCA-BTP ses équivalents pas l’an 2000. Peuvent-elles se retourner contre leurs fournisseurs ? premiers, en Allemagne ou en Es- CFA a dû payer une assurance tout cas, les CFA du BTP n’ont allemand, espagnol, italien, néer- Par ailleurs, elles livrent des produits à la fabrication desquels pagne, et, pour les seconds, au complémentaire personnelle de quasiment jamais obtenu les fi- landais et portugais, nous réflé- concourt bien souvent l’informatique et qui, de ce fait, peuvent se ré- Danemark et en Finlande, dans le 500 à 600 F à chaque jeune », pré- nancements demandés. chissions à la mise en place de véler défectueux. Peuvent-elles faire jouer leur contrat d’assurance ? cadre de la « section euro- cise le directeur, qui a également parcours européens, en analysant En qualité de cliente, l’entreprise dispose théoriquement de deux re- péenne » ouverte en septembre choisi avec soin les entreprises DYNAMIQUE FAVORABLE les expériences déjà réalisées. » De cours, basés l’un sur la garantie des vices cachés et l’autre sur la ga- 1998. Le programme comprend d’accueil des apprentis étrangers C’est pourquoi Marielle Soulié ces observations, Marielle Soulié rantie de conformité. La garantie des vices cachés pourrait éven- deux séjours, en première et en « pour que tout se passe bien ». place aujourd’hui quelque espoir a conclu que la question juridique tuellement jouer, à condition d’abord que le codage litigieux ne soit deuxième année. En retour, le Ces exigences limitent numéri- dans une décision du Conseil de restait, après l’obstacle du finan- pas connu de l’entreprise utilisatrice du programme et, ensuite, CFA accueille un nombre à peu quement les échanges – «Je ne l’Union, en date du 21 décembre cement des séjours, le problème qu’elle ait engagé une action contre le fournisseur dès qu’elle a eu près équivalent de jeunes étran- pourrais guère en accueillir plus de 1998 (J.O. C.E. du 22 janvier 1999) le plus délicat. « L’apprenti, lors- connaissance du problème qui se profilait. gers, venus des organismes de cinquante », note Jacques Miché. et applicable au 1er janvier 2000, qu’il voyage, n’est ni véritablement Connaissance que les auteurs estiment avérée aux alentours de formation partenaires. Chaque organisme de forma- « visant à la promotion de par- un étudiant ni un vrai salarié. Les 1995. Une action en justice était donc concevable à cette date. D’au- « Ces échanges permettent aux tion prend en charge les frais de cours européens de formation en juridictions nationales doivent leur cuns ont également envisagé une action sur le fondement de la apprentis de prendre connaissance voyage et de séjour de ses ap- alternance, dont l’apprentissage ». étendre les modalités qui prévalent conformité. En effet, le vendeur doit livrer un produit conforme aux de techniques inédites, dont ils fe- prentis : soit un million de francs Ce texte ne prévoit aucun finan- pour les salariés, telles que le dé- spécifications convenues dans le contrat. Malheureusement, jusqu’à ront bénéficier leur employeur une par an pour le CFA d’Orléans, cement supplémentaire, mais il tachement. » récemment, les contrats ne contenaient aucune référence explicite fois de retour ; ils permettent aussi dont 50 % pris en charge par le peut cependant engendrer une Précisément, annonce Margari- au passage à l’an 2000. Le juge devra donc suppléer à l’idée que les à nos enseignants et aux tuteurs de Fonds social européen au titre du dynamique favorable en fixant da Marques, responsable de l’Eu- parties se faisaient de la longévité du produit. s’inspirer des meilleures pratiques, Programme d’initiative commu- des conditions d’échanges ropass à la direction générale En 1986, une société informatique installait un programme appelé professionnelles et pédagogiques », nautaire (PIC) Emploi, 30 % par la « de qualité ». Il est créé un « do- éducation et culture à Bruxelles, Lima dans un cabinet d’assurances. En 1988, elle précisait à son client explique Jacques Miché. Surtout, la réunion du 17 novembre de- que la maintenance du logiciel était gratuite et « sans limitation de « les apprentis, qui doivent s’adap- vrait aboutir à une « proposition durée ». En 1996, elle informait son client qu’un nouveau logiciel, Li- ter, se sentent valorisés. Ils sont ex- Un passeport, garant de la qualité de recommandation au Conseil » ma 2, « destiné à gérer les dates de l’an 2000 » était disponible, sur le- trêmement motivés. Je n’explique sur la mobilité des personnes en quel elle consentait une remise de 50 %. Insatisfait, le client a deman- pas autrement que les jeunes qui Sur sa couverture : le logo de l’Union européenne. L’Europass- formation (étudiants, salariés ou dé au tribunal de Mâcon de condamner le prestataire informatique à sont partis ont eu un taux de réus- Formation ressemble, en réalité, à un passeport. En première page, apprentis), qui viserait, d’une mettre à jour gracieusement son logiciel. Le tribunal de Mâcon refu- site aux examens de près de 100 %, l’identité de son détenteur ; en page deux, celle de l’organisme de part, à leur conserver tous leurs sa, estimant qu’il n’était pas concevable que l’engagement du presta- contre 70 % en moyenne. Pourtant, formation d’origine ; sur toutes les autres pages, un espace vierge, droits sociaux, d’autre part, à ap- taire soit à perpétuité, sans rapport avec les usages professionnels et nous n’avions pas choisi les meil- destiné à décrire les formations suivies et l’expérience de travail ac- pliquer le droit du pays d’accueil : les réalités économiques. Mais la cour d’appel de Dijon estima, à l’in- leurs, respectant au contraire l’hé- quise au cours du séjour, signé et cacheté par l’organisme d’accueil. un apprenti français en Alle- verse, que le terme de « durée illimitée » couvrait la durée de vie du térogénéité de notre public. » « L’Europass-Formation n’est ni un diplôme ni une équivalence, mais magne se trouverait ainsi doté, logiciel. Jacques Miché se réjouit égale- une simple attestation qui garantit la qualité du parcours », précise pendant son séjour, du statut En tant que fournisseur d’un pro- ment de la notoriété apportée par Margarida Marques, à la Commission européenne. « L’étape suivante d’apprenti allemand. Serait-ce en- duit défectueux, l’entreprise est-elle sa section européenne, qui draine sera de faire valider cette attestation par les branches professionnelles fin la clarification tant attendue ? Pour faire jouer assurée ? L’assurance a pour voca- vers son CFA « un recrutement de locales, dans le pays d’accueil comme dans celui d’origine », ajoute tion la couverture d’un risque. bonne qualité ». Jacques Miché, directeur du CFA d’Orléans. Antoine Reverchon son assurance, Mais, qui dit risque dit aléa. Si le co- dage est effectué sur deux chiffres, l’entreprise doit il y aura vraisemblablement sinistre le 1er janvier 2000 ou les jours sui- Emmanuel Constans, ou l’art d’enseigner impérativement vants. Or cette date allant inexora- blement survenir, elle ne constitue vérifier tous ses pas un aléa. Les assureurs ré- pondent donc, a priori, qu’ils ne l’euro dans les ministères logiciels et avoir couvriront pas les dégâts. En re- vanche, l’aléa est constitué si l’assu- une police ré a pris ses précautions pour qu’il n’y ait pas de problèmes et que, as facile de faire prendre des chiffres nécessaire pour que commerçants. Des comités de pi- en vigueur malgré cela, un sinistre survient. conscience aux organes Il reste deux ans les administrés y comprennent lotage présidés par les préfets et Pour pouvoir faire jouer son assu- de l’Etat et à leurs quelque chose. Exemple : la des comités de suivi dirigés par les er P le 1 janvier 2000 rance, l’entreprise doit donc impé- agents qu’ils doivent pour que la monnaie contravention pour stationnement trésoriers payeurs généraux rativement faire vérifier préalable- préparer, sans délai, le bas- interdit, qui coûte 75 francs, ne rendent compte à la mission des ment tous ses logiciels. Il faut culement à l’euro, qui interviendra unique soit comprise pourra être affichée pour le chiffre mesures prises pour faire avancer également que sa police soit en vigueur à la date du 1er janvier 2000. le 1er janvier 2002 ! « Les gens se trop compliqué de 11,43 euros. Ce les procédures et les esprits. Ce point qui paraît évident a pourtant déjà soulevé des litiges. Ain- disent “on a le temps”, alors que par tous, du montant pourrait être 11 ou 12 euros et le si, deux sociétés prestataires de services informatiques ont vu leur deux ans, c’est très court. Nous ris- Parlement devra avaliser cette PRESSER LE PAS police résiliée en octobre 1998. Leur assureur n’acceptait de pour- querions de ne pas être prêts si nous d’une amende mise à jour. Emmanuel Constans n’est pas suivre le contrat qu’à la condition que les sociétés signent un avenant attendons, pour nous y mettre, les La mission est au centre d’un mécontent : 150 000 fonction- excluant les dommages qui trouveraient leur origine dans un dys- nouvelles pièces et les nouveaux bil- au règlement dispositif complexe. Un de ses naires ont été formés ; 75 % des fonctionnement dû au codage des programmes. Face à ce défaut lets », explique Emmanuel groupes de travail rassemble les magasins pratiquent le double affi- d’assurance, certains clients des SSII menaçaient de se retirer. Elles Constans, directeur au ministère des marchés publics associations d’élus et publiera fin chage de leurs prix ; 5 000 entre- refusèrent donc de signer l’avenant et demandèrent, en référé, au tri- de l’économie, des finances et de novembre un guide pratique à l’in- prises tiennent leur comptabilité bunal de commerce de Paris de proroger leur contrat. Le juge rejeta l’industrie et chef de la mission in- tention des collectivités locales. en euro et acquittent leur TVA leur demande, estimant que l’assureur était parfaitement en droit de terministérielle de préparation des Un autre, spécialisé dans la dans cette monnaie ; 5 % des résilier le contrat chaque année. Mais la cour d’appel de Paris décida administrations publiques à l’euro. favorable génère, chez les Etats communication, a édité des affi- recettes fiscales en provenance que la résiliation était certes légale, mais que, compte tenu des Sa carrière le prédestinait à cette membres, la confiance sans laquelle chettes incitatrices à destination des entreprises (TVA, droits de risques de dommage imminents, il fallait proroger le contrat, à titre pédagogie. Enarque et Dijonnais, aucun accord n’est possible », des patrons de PME. Des observa- douane, impôt sur les sociétés) conservatoire, jusqu’à ce que les sociétés soient en mesure de trou- c’est un homme du sérail. Il a lon- explique Emmanuel Constans. toires départementaux favorisent sont libellés en euro. ver un nouvel assureur. guement pratiqué le ministère-roi, En 1995, il rentre à Paris pour di- la concertation avec les associa- Le chef de la mission entend Or, on le sait, il est pratiquement impossible aujourd’hui de trou- comme inspecteur des finances et riger les Monnaies et Médailles. Il tions de consommateurs et de presser le pas. Son ministre a de- ver un assureur qui accepte de couvrir les risques informatiques. A rapporteur général du Conseil des s’attelle à leur modernisation. mandé que l’on réfléchisse à un titre d’exemple, les assureurs américains qui acceptent la couverture impôts, puis conseiller technique L’embauche reprend après vingt échéancier de montée en puis- du bogue demandent des primes allant jusqu’à 60 % du montant de au cabinet du ministre du budget, ans d’interruption dans l’usine de sance de la nouvelle monnaie, no- la garantie, celle-ci pouvant atteindre 100 millions de dollars (92 mil- secrétaire général adjoint du comi- Pessac (Gironde), qui double sa tamment dans les administrations. lions d’euros). En d’autres termes, le juge des référés, qui est censé té interministériel pour les ques- production en deux ans. Son mi- « Cette anticipation est indispen- prendre une décision conservatoire, a obligé l’assureur à contracter tions de coopération économique nistre, Dominique Strauss-Kahn, sable, commente Emmanuel contre son gré. européenne (SGCI). lui demande en mars 1999 de Constans. Car il nous faut régler les Cette décision reflète bien la complexité de la situation. Laisser prendre la direction de la mission problèmes au plus vite, afin d’éviter l’assureur rompre le contrat à la veille de sinistres prévisibles est « UN DESSEIN SUBORDONNÉ » interministérielle « euro », admi- qu’ils ne s’agglomèrent au moment certes choquant, mais d’un point de vue strictement juridique il ne Fin 1988, le voilà européen puis- nistration de mission – donc lé- du basculement. Conseillons ainsi fait aucun doute que l’assureur a le droit de résilier le contrat chaque qu’il rejoint Bruxelles où il dirige le gère – avec six membres perma- aux créateurs d’entreprise de dépo- année. Comme l’indique Jérôme Kullmann (2), le raisonnement de la cabinet de Christiane Scrivener, nents à Bercy et une cinquantaine ser leurs fonds propres en euros afin cour d’appel est sous-tendu par l’idée de loyauté. En effet, le risque commissaire chargée de la fiscalité de correspondants dans chaque di- d’éviter les frais et les procédures lié au bogue n’a pas été écarté lors de la signature du contrat, en et de la douane, puis de la rection du ministère de l’économie statutaires d’une conversion après 1996, date à laquelle l’assureur comme l’assuré avaient conscience consommation. Six années pas- et dans les autres ministères. ̄ 2002. » – ou étaient censés avoir conscience – du problème qui allait sionnantes, car « il s’agissait d’éla- La mission se soucie que l’infor- Son principal souci qui répond à survenir. borer de bonnes propositions et de matique parlera euro et vérifie Emmanuel Constans une exigence de Dominique En réalité, dès lors qu’un sinistre majeur se profile, le juge a ten- les faire adopter à l’unanimité par 1 300 applications, procédures et Strauss-Kahn? Que l’entrée en dance à faire jouer l’assurance. Il privilégie ainsi, pour des raisons le conseil des ministres ». La logiciels, comme celui de la paie b Emmanuel Constans, cinquante scène de l’euro se fasse « dans la d’équité, mais aussi pour des motifs économiques, une mutualisation commissaire et son directeur de des deux millions de fonction- et un ans, sort inspecteur des cohésion sociale », c’est-à-dire que des risques, quitte à déformer l’esprit de la loi. Ce qui prouve que cabinet ont contribué à la suppres- naires de l’Etat. Sous l’égide du finances de l’Ecole nationale l’opinion soit convaincue qu’arrive l’assurance a au moins un point commun avec l’informatique : on ne sion de la TVA aux frontières intra- ministère de l’équipement, la ré- d’administration (1973-1975) et « l’euro pour tous » et non « l’euro peut plus s’en passer. L’une et l’autre sont victimes de leur succès ! communautaires, surmonté l’hos- daction d’un vade-mecum des devient rapporteur général des riches ». Un colloque, en jan- tilité des Britanniques à un taux de marchés publics incite les adminis- du Conseil des impôts. vier 2000, débattra des conduites à Agence Juris Presse TVA minimal harmonisé ou aidé trations à passer tout de suite à b 1989-1995 : il dirige le cabinet de tenir à l’égard des plus vulnérables Espagnols et Britanniques à sur- l’euro pour des contrats qui dure- Christiane Scrivener, commissaire et des moins « branchés », les ex- (1) « Le problème informatique de l’an 2000 », communication de monter leur différend de quelques ront bien au-delà de 2002. européen. 1995-1999 : il dirige clus, les personnes âgées, les PME la Commission du 25 février 1998. écus sur les droits d’accises sur le A l’initiative du ministère de la les Monnaies et Médailles. et les petits commerçants. Afin (2) Jérôme Kullmann, « Réflexions sur les aspects juridiques de sherry. « L’Europe, c’est cela : un justice, la mission fait préparer les b Depuis 1999, il est chef qu’ils s’approprient, eux aussi, la l’assurance face au bogue de l’an 2000 », in La Semaine juridique, grand dessein subordonné à des textes législatifs et réglementaires de la mission interministérielle monnaie du futur. entreprises et affaires, no 35, p. 1 339. dossiers qui peuvent sembler parfois nécessaires pour la « conversion de préparation des médiocres, mais dont le traitement des seuils », autrement dit l’arrondi administrations publiques à l’euro. Alain Faujas LeMonde Job: WDE4499--0005-0 WAS MDE4499-5 Op.: XX Rev.: 29-10-99 T.: 20:39 S.: 111,06-Cmp.:01,08, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0180 Lcp: 700 CMYK

BOUSSOLE LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / V

EUROPE Les chiffres de l’économie mondiale

Les prix de l'énergie ravivent légèrement l'inflation ÉTATS-UNIS JAPON ALLEMAGNE BELGIQUE ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI EURO 11 UE 15 Taux d'inflation en pourcentage 2,5 PRODUCTION INDUSTRIELLE (en %) 2,2 Sur un an ...... 3,2 (juillet) 0,6 (juillet) – 2,5 (juillet) – 2,7 (juillet) 1,5 (juin) 1,3 (juin) 0,4(juillet) 1,8 (juillet) – 1,2 (juillet) – 0,1 (juillet) – 0,2 (juillet) GRÈCE Sur trois mois ...... 1,1 (juillet) 0,3 (juillet) – 0,4 (juillet) – 0,6 (juin) 0,7 (juin) 0,6 (juin) 0,2 (juillet) 1,2 (juillet) 0,2 (juillet) 0,4 (juillet) 0,5 (juillet) 2,0 1,5 TAUX DE CHÔMAGE (en %) ROY.-UNI 1,5 1,3 1999...... 4,2 (août) 4,7 (août) 9,2 (août) 9,1 (août) 15,7 (août) 11,0 (août) 12,0 (mai) 3,2 (juillet) 6,1 (mai) 10,2 (août) 9,3 (août) 1,1 UE 15 PRIX À LA CONSOMMATION (en %) 1,0 1,0 1,2 Sur un an...... 2,0 (juillet) 0,4 (mai) 0,8 (sept) 1,3 (sept) 2,5 (sept) 0,6 (sept) 1,9 (sept) 2,0 (sept) 1,2 (sept) 1,2 (sept) 1,2 (sept) ZONE EURO Sur un mois ...... 0,0 0,0 – 0,3 + 0,3 + 0,2 + 0,2 + 0,3 + 0,5 + 0,4 0,0 0,1 0,5 PIB EN VOLUME 2e trimestre 2e trimestre 2e trimestre 1er trimestre 2e trimestre 2e trimestre 2e trimestre 2e trimestre 2e trimestre 2e trim. 2e trim. (dernier trimestre connu, en %) 1999 1999 1999 1999 1999 1999 1999 1999 1999 1999 1999 0,0 Sur un an...... 3,9 1,1 0,6 1,7 3,6 2,1 0,8 3,2 1,4 1,6 1,6 Mai 99/ Juin 99/ Juil. 99/ Août 99/ Sept 99/ mai 98 juin 98 juil. 98 août 98 sept 98 Sur trois mois ...... 0,5 0,2 0,0 0,3 1,1 0,6 0,4 0,8 0,6 0,4 0,4 Source : Eurostat DÉFICIT PUBLIC / PIB (en %)

a Avec un taux de 1,2 %, l’inflation annuelle de la zone euro est restée 1997...... 0,1 – 3,3 – 2,7 – 2,1 – 2,6 – 3 – 2,7 – 1,4 – 1,9 – 2,5 – 2,3 stable. Toutefois, depuis quatre mois, ce taux est à la hausse (0,9 % en 1998*...... 1,4 – 5,5 – 2,1 – 1,3 – 1,8 – 2,9 – 2,7 – 0,9 – 0,6 – 2,1 – 1,5 juin 1999 par rapport à juin 1998). Cette légère reprise est observée DETTE PUBLIQUE / PIB (en %) dans quasiment tous les pays de la zone euro, seuls les Pays-Bas et le 1998...... ND ND 61 117,3 65,6 58,5 118,7 67,7 49,4 73,8 69,5 Portugal ont une évolution plus contrastée. a C’est le poste « énergie » (+ 6,4 % en septembre 1999 en taux annuel BALANCE COURANTE** contre + 5 %, + 3,2 %, + 1,4 % au cours des trois mois précédents) qui, à (en % du PIB annuel) 3e trimestre 3e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trim. 4e trim. lui seul, est responsable de ce frémissement. Le poste alimentation Solde trimestriel 1997 ...... – 0,4 0,4 0,1 1,4 0,1 0,6 0,6 1,4 0,2 0,4 0,3 ayant de nouveau une contribution négative. Solde trimestriel 1998 ...... – 0,90 0,76 – 0,03 1,54 – 0,61 0,81 0,39 1,17 0,24 0,32 0,26 a Hors zone euro, l’inflation continue à décélérer au Royaume-Uni et * prévisions Commission européenne en Grèce. En France, le taux de la hausse des prix demeure très bas ** y compris les flux intrazones pour UE15 et EURO11. Le chiffre de la balance courante belge inclut celui du Luxembourg. (0,6 %). Bien qu’en très légère augmentation, il est deux fois inférieur à la moyenne de la zone euro. Source : Eurostat. Pour plus d’informations : http://europa.eu.int/eurostat.html

FRANCE Les chiffres de l’économie française PÉROU

Informatique : les grandes entreprises mieux équipées DERNIER MOIS VARIATION Les investisseurs surveillent de près le pouvoir que les PME CONNU SUR UN AN Croissance annuelle en pourcentage NOMBRE DE SALARIÉS CONSOMMATION DES MÉNAGES - 3,1 % (aôut) + 3,6 % (aôut) EXPORTATIONS IMPORTATIONS PIB Taux d'équipement en % 1-9 10-19 20-99 + de 99 TAUX D’ÉPARGNE 16,7 % (1er trim. 99) + 0,1 % 26,8 Micro-ordinateurs fixes, 60 55 47 48 61 52 74 53 et non connectés à un réseau POUVOIR D’ACHAT DES MÉNAGES + 14 % (1er trim. 99) 16 % 14,6 12,7 92 11,4 Micro-ordinateurs fixes, 70 78 e 27 49 44 44 42 TAUX DE SALAIRE HORAIRE OUVRIER + 0,4 % (2 trim. 99) + 1,6 % 10,2 connectés à un réseau 6,9 7,3 6,9 INVESTISSEMENT 20,3 % (1er trim. 99) + 3,5 % Micro-ordinateurs portables, 59 3,3 23 33 24 37 38 43 45 2,4 2,7 non connectables COMMERCE EXTÉRIEUR 0,6 0,1 0,3 (en milliards de francs / euros) + 9,5 MdF / + 1,4 milliard d’euros (août) – 55 % Micro-ordinateurs portables, 61 83 34 55 24 29 (solde cumulé sur 12 mois) + 146 MdF / + 22,1 milliards d’euros (98/99) + 5,8 % connectables 14 20 Mini-ordinateurs ou 64 ENQUÊTE MENSUELLE SUR LE MORAL 24 24 45 46 51 49 63 – 6 (sept) – 10** ordinateur central DES MÉNAGES – 22,2 1995 96 97 98 99 1995 96 97 98 99 1995 96 97 98 99 1994 1997 Plusieurs réponses étant possibles, le total est supérieur à 100 ENQUÊTE MENSUELLE DANS L’INDUSTRIE* Source : Insee opinion des chefs d’entreprise + 19 (sept) 15** Source : Nord-Sud Export sur les perspectives générales

a ENTRE 1994 et 1997, la part des entreprises équipées de micro-ordina- TAUX DE CHÔMAGE DES JEUNES (– de 25 ans) + 21,0 % (septembre) – 1,07 % a Le Pérou a entrepris un redressement économique incontestable depuis teurs connectés en réseau a augmenté de près de 25 points et la part de dix ans. Cela explique pourquoi il n’a pas été atteint aussi fortement que la PART DU CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE celles équipées en portables, connectables ou non, de 18. (UN AN) DANS LE CHÔMAGE TOTAL 37,1 % (septembre) – 1,3 % majorité des pays d’Amérique latine par les crises financières récentes. a SELON L’ENQUÊTE menée par l’Insee (Les Comptables à la pointe de a Les déséquilibres macroéconomiques ont été réduits. L’ajustement des l’informatique, octobre 1999), les grandes entreprises (100 salariés et plus) EMPLOIS AIDÉS DANS LE SECTEUR paiements extérieurs se poursuit en dépit du ralentissement enregistré en ont encore un taux d’équipement supérieur à celui des PME (moins de MARCHAND 1 514 500 (septembre) + 0,6 % 1998, imputable à la chute des cours des matières premières et au passage 10 personnes). En 1997, plus de 90 % des grandes entreprises possédaient EMPLOIS AIDÉS DANS LE SECTEUR du cyclone El Niño. un réseau de micro-ordinateurs, contre moins de 50 % chez les petites. NON MARCHAND 420 659 (septembre) – 5,57 % a L’interrogation porte aujourd’hui sur la tête du pays. Alberto Fujimori, le a LES PORTABLES ont réussi leur percée depuis trois ans : 64 % président péruvien, a centralisé les pouvoirs à outrance et a tendance à su- des entreprises en sont équipées (contre 37 % en 1994). Une majorité INTÉRIM 503 923 (mai) + 11 % bordonner les intérêts du Pérou aux siens et à ceux de ses protégés. Cet in- sont connectables au réseau de la firme elle-même, mais aussi à celui des * solde des opinions négatives et positives, données CVS ** solde net douze mois auparavant terventionnisme peut, dès lors, être source d’insécurité pour les investis- clients. Source : Insee, Dares, Douanes et Unedic. seurs. (Nord Sud Export, Le Monde.) ̄ UN CHIFFRE Les accords signés entre Israéliens et Palestiniens pourraient 22 relancer les échanges économiques dans la région

ans e 4 octobre, Yasser Ara- son fonctionnement, puisqu’il plus souvent recours à des inter- nale (SFI) a ainsi annoncé qu’elle fat, président de l’Auto- Les projets reste entièrement sous contrôle is- médiaires, ce qui fait grimper leurs contribuerait à hauteur de 9,3 mil- rité palestinienne, a ap- raélien, et quant au projet por- coûts de revient. Les entreprises lions de dollars à la construction L’ÂGE DES GARÇONS L prouvé l’accord sur le de développement tuaire – l’accord est intervenu dans palestiniennes n’étant pas très d’un hôtel à Bethléem (projet d’un LORSQU’ILS QUITTENT « passage protégé » permettant aux le cadre des négociations de compétitives par rapport aux en- montant total de 48 millions de LEURS PARENTS Palestiniens de traverser le terri- ne se réaliseront pas Charm el-Cheikh – les travaux de- treprises jordaniennes ou égyp- dollars), cofinancé également par toire israélien afin de se rendre de vant commencer au 1er octobre. En tiennes, elles se retrouvent gran- la Banque européenne d’investis- Aujourd’hui, selon l’enquête la bande de Gaza à la Cisjordanie. tant que les rapports raison des aspects techniques (il dement handicapées par les sement (BEI) pour un montant de que vient de publier l’Institut Cette mesure permettra, pour la s’agit d’un contrat important dont surcoûts occasionnés par les ma- 13,2 millions de dollars. national de la statistique et des première fois, une continuité entre des forces seront le montant s’élève à 80 millions de tières premières importées. Israël a également tout à gagner études économiques (Insee) les morceaux épars qui constituent dollars, 75,6 milliards d’euros), la La confiscation des terres pales- d’un apaisement dans la région sous le titre Le Départ des en- les territoires autonomes palesti- aussi déséquilibrés, construction va être retardée, mais tiniennes, l’appropriation des res- pour la reprise de son propre tou- fants : satisfaction et désarroi niens. La même disposition, pré- plus aucune contrainte n’est impo- sources en eau, le contrôle de la risme, qui a connu pendant la des parents, les garçons ont vue par l’accord sur la bande de restant en faveur sée du point de vue politique, pour production et du commerce pales- période où Benyamin Nétanyahou vingt-deux ans lorsqu’ils Gaza et la région de Jéricho en retarder l’exécution. tiniens, les bouclages répétés des était premier ministre un tasse- quittent leurs parents, et les (Oslo I) signé au Caire en mai 1994, de l’Etat hébreu La logique des différents accords territoires, l’éparpillement du ter- ment sensible. Le nombre de tou- filles, vingt ans et demi. n’avait pas été appliquée, jusque- signés par les Israéliens et les Pa- ritoire en mini-enclaves... tous ces ristes a reculé de 4 % en 1998 par L’accès à l’autonomie rési- là, par les Israéliens. suite, de cohabiter plus sereine- lestiniens est d’instaurer, dans la éléments rendent extrêmement rapport à 1997, ce chiffre ayant dé- dentielle des enfants contribue Les Palestiniens devront, pour ment. Ce passage, en dépit des région, un nouvel ordre écono- difficile la mise en place d’une jà connu une baisse de 3 % en au sentiment parental d’entrer emprunter ce passage, adresser contraintes, devrait néanmoins mique qui s’appuierait sur trois pi- économie autonome pouvant af- 1996, année où le tourisme avait dans une nouvelle phase du une demande à l’Autorité palesti- permettre de dynamiser le liers : la formation d’un ensemble fronter les marchés régionaux bien perdu 7 % par rapport à 1995. Le cycle de vie. Très souvent, les nienne et une carte magnétique commerce au sein de l’entité pa- tripartite entre la Jordanie, les ter- que le secteur privé palestinien directeur de la Banque mondiale a parents cessent, à ce même valable entre trois mois et un an, lestinienne et de sortir de l’isole- ritoires autonomes et Israël ; la soit dynamique. passé cet été quelques jours entre moment, leur activité profes- selon les cas, leur sera ensuite at- ment le million d’habitants de la constitution d’une zone de libre- Israël et les territoires palestiniens sionnelle, connaissant ainsi tribuée par un comité de liaison is- bande de Gaza. Il va également fa- échange qui s’étendrait à l’Egypte, CONDAMNÉS À COOPÉRER pour discuter des projets de déve- une augmentation de leur raélo-palestinien. Des conditions ciliter une plus grande mobilité des à la Syrie et au Liban d’ici à 2010, Mais au fond Israël n’a pas be- loppement régional. temps libre et, par conséquent, de sécurité draconiennes sont po- travailleurs palestiniens. D’une et, enfin, la mise en place d’une soin de changements radicaux L’espoir suscité par l’élection une diminution de leurs reve- sées puisque la route ne sera ou- moyenne quotidienne de 38 000 en zone de coopération élargie qui puisque son économie n’est pas d’Ehoud Barak est quelque peu re- nus. Dès le premier départ, les verte que de 7 heures à 17 heures 1997, leur nombre est passé à associerait les pays du Conseil de dépendante du marché régional. tombé en raison de la lenteur avec femmes sont déjà plus nom- et qu’une distinction s’opérera 45 000 en 1998, auquel il faut ajou- coopération du Golfe. L’Etat hébreu réalise près des trois laquelle les discussions ont repris, breuses à avoir cessé de tra- entre les personnes détentrices ter les 55 000 clandestins. Mais Ces projets ne peuvent quarts de son commerce extérieur simplement pour mettre en œuvre vailler : 36 % sont inactives ou d’un laissez-passer et celles qui cette augmentation récente tient connaître de réalité tant que les avec les Etats-Unis et l’Europe. l’accord de Wye River signé par retraitées, contre 10 % des n’en auront pas. Celles-ci ne pour- avant tout au nombre moins élevé Palestiniens n’auront pas les Quant à ses exportations, elles son prédécesseur. Si Israël a finale- hommes. ront quitter Gaza que dans des bus de jours de bouclage des terri- moyens de gérer eux-mêmes leur sont essentiellement constituées ment accepté de transférer à Même si les parents gagnent escortés par les Israéliens. Une toires imposés par les Israéliens (il propre économie et que le rapport de produits de haute technologie. l’Autorité palestinienne le contrôle moins d’argent, le départ des autre route devrait voir le jour est passé de 57 en 1997 à 14,5 en des forces sera aussi déséquilibré. Si les Israéliens n’ont pas la même administratif sur une zone repré- enfants procure à 25 % d’entre entre la bande de Gaza et le nord 1998) et non à une nouvelle poli- En effet, l’économie palestinienne urgence que leur voisins à s’en- sentant 7 % de la Cisjordanie et eux une plus grande aisance fi- de la Cisjordanie d’ici à février tique israélienne vis-à-vis des est complètement dépendante de tendre, ils sont malgré tout que les travaux de construction du nancière. En même temps, 2000 au plus tard. mouvements de personnes. l’Etat hébreu (80 % des échanges condamnés à coopérer avec les Pa- port de Gaza vont enfin pouvoir 23 % des femmes et 16 % des L’accord donnera aussi davan- extérieurs et du déficit sont réali- lestiniens, les Jordaniens, les Sy- débuter, les négociations sur le hommes pratiquent plus d’ac- COHABITATION SEREINE tage de débouchés aux entreprises sés avec Israël). Le PIB par habi- riens et les Libanais sur un certain statut final des territoires palesti- tivités de loisir. Ce changement Mais il ne s’agit là que d’une palestiniennes de Cisjordanie qui tant est de 16 180 dollars en Israël, nombre de problèmes tels que niens occupés n’ont pas commen- peut avoir d’autres origines étape provisoire, le premier mi- aborderont le marché de Gaza, qui de 1 219 dollars dans les territoires l’utilisation des ressources hydrau- cé dans la pratique et de nom- que la « décohabitation », nistre israélien, Ehoud Barak leur était pratiquement fermé ou autonomes et de 1 520 dollars en liques, l’interconnexion des ré- breux prisonniers palestiniens qui mais 11 % des femmes et 7 % s’étant toujours déclaré pour un rendu extrêmement compliqué Jordanie. Le déficit commercial pa- seaux électriques, la lutte contre la devaient être libérés ne l’ont tou- des hommes affirment que pont suspendu entre les deux terri- puisqu’elles devaient passer par un lestinien est passé de 800 millions désertification ou encore l’exploi- jours pas été. vivre à nouveau sans enfants toires palestiniens afin d’éviter le intermédiaire. de dollars en 1990 à 1,4 milliard en tation coordonnée de la mer Dans ce contexte, le rêve de Shi- les a incités à élargir leurs acti- plus possible les risques de friction Le protocole sur les relations 1996 et à 1,7 milliard en 1998. Les Morte. mon Pérès de voir un nouvel ordre vités, soit parce qu’ils avaient entre Israéliens et Palestiniens. Il économiques, signé en avril 1994 à obstacles administratifs et juri- Un autre domaine pourrait faire régional est loin de pouvoir se plus de temps libre (72 % reprend ainsi l’idée chère à Ythzak Paris, prévoyait déjà la construc- diques sont tels que le commer- l’objet d’une coopération régio- concrétiser, même si, ponctuel- d’entre eux), soit parce qu’ils Rabin, ancien premier ministre is- tion de passages protégés et l’ou- çant palestinien a les plus grandes nale : le tourisme. Les Palestiniens lement, des « petites choses » se craignaient de s’ennuyer raélien, qui prônait la séparation verture d’un aéroport et d’un port difficultés à exporter ses marchan- investissent dans ce domaine grâce font entre Israéliens, Palestiniens (17 %), soit parce que l’occa- des deux peuples, tout au moins pour les Palestiniens. En fait, l’aé- dises. Les nombreuses entraves à l’aide, notamment, des organisa- et Jordaniens. sion s’en est présentée (8 %). dans un premier temps afin de leur roport a été inauguré en décembre imposées aux déplacements des tions financières internationales. permettre éventuellement, par la 1998, avec de fortes contraintes sur Palestiniens les obligent à avoir le La Société financière internatio- Agnès Levallois LeMonde Job: WDE4499--0006-0 WAS MDE4499-6 Op.: XX Rev.: 30-10-99 T.: 10:33 S.: 111,06-Cmp.:01,08, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0181 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 FOCUS ̄ LA MÉCANIQUE DE L’ÉCONOMIE Le rachat d’actions perd de son attrait par Jean-Paul Betbèze ertaines grandes entre- dans le même temps. Il fondait aussi théoriques : régularisation de cours ; prises, qui s’étaient préci- Longtemps interdite sa proposition d’autoriser le rachat attibution d’actions ou octroi d’op- pitées pour racheter leurs d’actions sur des considérations ma- tions d’achat d’actions aux salariés ; C croéconomiques. Loin d’être une remise de titres en paiement ou en propres actions lorsque le mais autorisée dans Le site législateur l’a autorisé dans la pro- démarche malthusienne, le rachat échange, notamment dans le cadre portion de 10 % de leur capital, le une certaine limite permet d’affecter le capital là où il d’opérations de croissance externe ; 2 juillet 1998, semblent commencer er est nécessaire : « Les sociétés, qui, annulation à des fins d’optimisation à utiliser cette technique de façon depuis le 1 juillet pour s’être recentrées sur leur métier du résultat par action ; conservation et la sellette plus rationnelle. de base ou pour avoir atteint un stade des titres acquis. Mais la mise en Dans le bilan de la Commission 1998, cette pratique de maturité avancée, ont des surplus œuvre est largement en deçà des des opérations de Bourse (COB), les de capitaux, ne les détruisent pas en chiffres annoncés : la COB a visé, a monnaie unique européenne bouleverse les structures chiffres sont parlants : entre le a connu une certaine les rendant au marché, car celui-ci entre le 1er janvier et le 15 juin, pour des entreprises européennes. Des grandes se marient ; des 1er janvier et le 30 septembre 1999, saura les utiliser au mieux des intérêts 59,9 milliards d’euros (393,3 mil- petites, devenues des actifs liquides, se vendent. Mais com- 165 sociétés du premier marché ont vogue qui faiblit d’autres entreprises en manque de liards de francs) alors que le mon- ment se recomposent en Europe les entreprises déjà mon- obtenu de leur assemblée générale fonds propres », lisait-on dans le rap- tant des rachats effectivement effec- dialesL ou celles devenues européennes à la suite de fusions et acqui- l’autorisation de procéder à un ra- aujourd’hui port. tués depuis l’entrée en vigueur de la sitions ? Si l’on considère qu’une entreprise est constituée de trois chat d’actions propres. Sur les Le goût prononcé manifesté par réforme est inférieur à 3 milliards sortes d’unités de production, de distribution, de pilotage, (contrôle, 38 valeurs inscrites au CAC 40 au leur sentiment que les actions de leur la place de Paris et les dirigeants des d’euros (19,6 milliards de francs). recherche, financement et décision), on voit que la dynamique en 19 octobre, 35 ont mis en place un firme sont sous-évaluées ». Le second grandes entreprises pour le rachat cours accroît le degré de liberté du système. Elle fait donc peser une programme de rachats. repose sur « la théorie “de l’agence” d’actions semble à Bernard Esam- RÉGULARISATION incertitude croissante sur les diverses catégories de sites, placés Cette vogue s’explique d’abord qui permet de faire converger les inté- bert « un peu excessif ». Ils « ont cru « Pour un capitaliste comme moi, alors sur autant de sellettes (petit siège bas où l’on interrogeait, il y a par le fait que ces rachats ont été rêts des actionnaires et des dirigeants, que ce rachat aurait un effet relutif, le rachat d’actions est légitime, com- bien longtemps, les accusés). longtemps interdits. Le rapport éta- en partageant entre eux les ressources ce qui est vrai à trois ou six mois, mais mente Pierre-Henry Leroy, gérant Pour examiner l’évolution du tout, il faut étudier la dynamique de bli à la demande de la COB par Ber- excédentaires des entreprises ». Aux cet effet s’éteint vite : à long terme, le de Proxinvest, gestionnaire de votes chacune des parties. Pour les unités de production, il s’agit du coût nard Esambert, président du conseil premiers, le rachat de leur mise ap- rachat est neutre » sur les cours. pour le compte d’investisseurs. complet, incluant ce qui dépend du lieu de production, aujourd’hui de surveillance de la banque Arjil, portera des liquidités ; aux seconds, Si l’action Alcatel, qui avait été Quand une entreprise a un excédent et demain, mais aussi le transport pour l’acheminement auprès du avait souligné, fin 1997, le retard pris le rachat d’actions permettra d’attri- « massacrée » en septembre 1998, de fonds propres ou un problème de client final, aujourd’hui et demain. en la matière par la France par rap- buer des stock-options. est remontée de près de 70 %, ce communication, elle peut avoir inté- Les sites de production actuels calculent ainsi, dans leur logique port aux Etats-Unis, mais aussi par M. Lefeuvre voit une corrélation n’est pas parce que sa direction a rêt à y recourir. Mais c’est un peu d’extension, leur coût complet de développement. Ils intègrent le rapport à l’Espagne ou aux Pays- entre les destructions d’actions qui décidé de demander l’autorisation comme l’avance à l’allumage pour coût du travail, avec l’effet de la fiscalité (sur l’entreprise, sur le sala- Bas. Cet engouement s’explique ont spectaculairement augmenté de racheter sept millions de ses ac- une automobile : c’est une astuce rié), mais aussi la nature du bassin d’emploi sur lequel ils se situent, aussi par les avantages du rachat. aux Etats-Unis depuis 1994 et le fait tions pour un total de 4 milliards de pour donner un coup de fouet, pour la proximité des centres de formation et de recherche, pour eux- Tout d’abord, comme le souligne que, selon la Fed, la banque centrale francs, mais parce que « son PDG, prouver que l’on se resserre sur son mêmes et pour attirer les familles, les facilités et agréments offerts Olivier Azières, associé de Deloitte américaine, le montant des stock- Serge Tchuruk, a enfourché Internet, métier et qu’on y sera plus efficace. Il par le lieu... La compétitivité d’un site intègre ainsi des dizaines de Touche Tohmatsu, « il s’agit de l’ap- options exercées outre-Atlantique racheté des sociétés américaines de n’empêche : une entreprise brillantis- facteurs, certains liés directement au coût du travail, d’autres in- plication du nouveau critère de per- soit passé de 7 milliards de dollars logiciels et donné l’impression d’être sime et qui opère sur un secteur en directement, et toujours dans une logique prospective. Les réseaux formance, le retour sur fonds en 1994 à 64 milliards en 1998. dans le peloton de tête », estime croissance ne devrait pas racheter ses de sous-traitants, les grappes où des sous-traitants majeurs pilotent propres : en réduisant le capital, on Le rapport Esambert confirmait M. Esambert. actions. » les autres, sont des éléments-clés. augmente son rendement » ; c’est ce besoin d’équilibre en rappelant Le bilan de la COB confirme les Alcatel lui donne raison. La direc- Mais cette logique n’est pas entièrement celle des sites futurs des l’effet « de relution », terme qui que Microsoft avait racheté, de 1990 hésitations des entreprises. Les pro- tion a obtenu de l’assemblée géné- entités européennes pour lesquels la concurrence sera plus rude. Si s’oppose à « dilution ». à 1997, 134 millions de ses actions, grammes de rachat visés par la rale de ses actionnaires, le 19 juin l’on peut concevoir des investissements de simple entretien, par mais qu’il en avait créé 336 millions Commission font état d’objectifs 1999, l’autorisation de lancer, éven- exemple, pour certains sites qui seront graduellement modernisés, ARBITRAGE tuellement, pendant dix-huit mois, d’autres peuvent être frappés, et Ce rachat est aussi une façon Les stock-options touchent surtout les grandes sociétés un deuxième programme de rachat beaucoup plus vite, d’usure mo- d’arbitrer intelligemment entre les UTILISATION DES TITRES RACHETÉS PAR MARCHÉ en % d’actions portant sur un maximum Les centres rale, de fermeture. Et d’autres sources de financement dont dis- de 3 % du capital. La réalisation de vont naître. Les choses peuvent pose une entreprise. Lorsque le taux Utilisation Premier Second Nouveau ce programme dépendra, dit-on de décision seront, beaucoup changer et l’histoire des emprunts dépasse à peine 5 % des titres rachetés marché marché marché chez Alcatel, de nombreux para- des groupes qui s’incarne au- et que le rendement exigé par les mètres : du cours du titre, du niveau sans doute, proches jourd’hui dans une géographie actionnaires excède les 15 %, «le RÉGULARISATION DE COURS 99 98 92 d’endettement du groupe, des taux des lieux financiers, qui a peu bougé sur deux siècles chef d’entreprise se dit qu’il serait de des emprunts, des lancements de ne dit rien du futur. bonne gestion de s’endetter pour rem- CESSION/ÉCHANGE 78 46 54 stock-options et des opportunités, non pas tant pour Pour les unités de distribution, bourser un capital qui lui coûte trop c’est-à-dire des possibilités ou non elles seront évidemment cher ». SALARIÉS/OPTIONS 82 47 54 d’acquérir des actifs, autrement dit des raisons d’accès proches du marché, du client fi- Evariste Lefeuvre, de la Caisse des de réaliser des croissances externes nal pour ce qui concerne l’ins- dépôts et consignations, rappelle ANNULATION 58 27 10 plus prometteuses. La régularisation tance commerciale, et liées aux que deux courants expliquent les du cours de Bourse n’est plus qu’un au financement systèmes de transport pour les stratégies de rachats. Le premier se CONSERVATION 30 15 21 lointain souvenir. entités logistiques. Des hubs fonde sur « le signal donné au mar- que pour avoir (moyeux) vont ainsi se créer. Ils ché par les dirigeants qui exposent Source : C.O.B Alain Faujas réunissent des capacités de un contact plus direct transport des colis et conte- neurs, des appels téléphoniques avec les actionnaires et envoient comme autant de institutionnels, rayons (spokes) des produits, des Les femmes d’affaires roumaines messages ou, de plus en plus, des ensembles produits-mes- les compagnies sages vers le client, intermé- d’assurances, diaire ou final. Le coût, la quali- veulent remettre l’économie du pays sur les rails té, et évidemment la fiabilité de tels centres (et donc les taux de les fonds de pension, panne ou de grève par exemple) seront décisifs. Les ports, aéro- BUCAREST une dizaine d’autres collabora- de 23 millions de consommateurs, et avec ports, gares, call centers et plus de notre correspondant Véritable moteur teurs, pour un chiffre d’affaires disposant, de surcroît, d’une main- encore les systèmes d’inter- ia Craciun, femme d’af- équivalant à 6 millions de francs. d’œuvre qualifiée et bon marché. la communication connexion entre ces divers faires roumaine, jette de la société « Nous sommes passés à la vitesse Les femmes pourraient-elles as- modes de transport vont ainsi un énorme dossier sur supérieure grâce aux stations d’épu- surer une meilleure gestion de ce financière P ration de l’eau et à l’importation de bateau ivre qu’est l’économie rou- structurer l’organisation logis- son bureau. « Il y a là- pendant l’ère tique de l’espace européen. dedans une cinquantaine de formu- piscines », déclare-t-elle. Son suc- maine ? « Elles prennent moins de qui les accompagne Pour les unités de tête ou de laires à remplir pour pouvoir mon- communiste, cès fait plutôt exception. Depuis risques et font preuve d’un compor- coordination des groupes, l’in- ter une modeste entreprise spéciali- que la Roumanie a viré au centre tement plus responsable dans les af- terrogation sur leurs lieux d’installation est actuellement en cours. Il sée dans les salades », lance-t-elle les Roumaines, droit, fin 1996, le pays s’impose faires en agissant davantage sur le ne sert plus à grand-chose en effet d’avoir des centres marketing, sur un ton de colère. « Faire signer une politique d’austérité qui sanc- long terme, affirme Mihaela Mi- comptables, financiers ou de recherche dans divers pays qui étaient chaque papier demande des jours et aujourd’hui, tentent tionne les PME, dont une bonne roiu, analyste du phénomène fé- auparavant autant de marchés. La logique actuelle va conduire les des jours de travail. Et il faut encore partie ont fait faillite. Dans un ministe en Roumanie. Malheureu- groupes à raisonner par régions mondiales (trois le plus souvent) et trouver des pistons et verser des des- de s’organiser pays où la monnaie – le leu – se sement, elles restent peu considérées à voir comment s’y implanter. L’enjeu est celui des centres de déci- sous-de-table », ajoute-t-elle. De dévalorise constamment, où dans les réseaux d’affaires. Un juge- sion d’abord. Ils seront ainsi, sans doute, proches des lieux finan- fait, démarrer une affaire en Rou- bout à l’autre du pays, elles se font l’inflation ne cesse d’augmenter ment qui correspond à la place ciers, non pas tant pour des raisons d’accès au financement que manie est un véritable parcours du de plus en plus visibles et tentent – elle devait être ramenée de 60 % qu’elles occupent dans la famille pour avoir un contact plus direct avec les actionnaires institution- combattant aux accents parfois de s’organiser. en 1998 à 45 % cette année –, in- roumaine, majoritairement tradi- nels, les compagnies d’assurances, les fonds de pension, et avec la surréalistes. Quel intérêt y a-t-il, En 1998, une première associa- vestir est risqué. Les exemples ne tionaliste. » communication financière qui les accompagne. Ces lieux financiers en effet, à devoir obtenir le feu tion de femmes d’affaires, l’AFIR, manquent pas. Un constat qui concerne, à des seront décisifs, avec leur langue, leur système juridique, leur biais vert des ministères de la défense, réunissant une centaine d’entre Carmen, trente-cinq ans, s’est degrés différents, tous les pays aussi, et l’inclination qu’ils auront pour les centres futurs de produc- de l’intérieur et des services de elles, a été créée à Bucarest. «Au lancée dans le commerce il y a ayant appartenu à l’espace tion ou de logistique. La question des centres d’excellence dans tel renseignement, par exemple, pour début, nous avons éveillé beaucoup neuf ans en improvisant une petite communiste. Selon une étude ré- ou tel type d’activité se posera ensuite, avec l’idée sans doute de ré- créer une entreprise de production de suspicion, déclare Cristina boutique à Caracal, ville située à cente de l’Unicef, les femmes partir les forces et, en Europe, de les implanter dans deux ou trois de salades ? C’est là un mystère de Grigorescu, présidente de l’asso- 200 kilomètres de Bucarest. Trois d’Europe de l’Est travaillent trois grands pays pour dire (aussi) qu’il s’agit là d’entreprises citoyennes l’administration roumaine. ciation. En Roumanie, les femmes ans plus tard, elle était déjà une fois plus que les femmes occiden- et limiter d’autant les risques de boycottage. ont des difficultés à mener une af- spécialiste de la vente en gros dans tales. Par ailleurs, la Roumanie se Ce qui est clair, c’est que les concepts et logiques en jeu dans cette DÉBROUILLARDISE faire parce que les hommes de chez la capitale. « Je faisais tourner des distingue par un harcèlement phase de désorganisation-réorganisation des firmes dans le monde, Faut-il des qualités particulières nous sont habitués à traiter avec des centaines de milliers de dollars,se sexuel sur les lieux de travail plus et singulièrement en Europe, ne posent pas de problème intellectuel pour trouver son chemin dans le partenaires du même sexe. Notre souvient-elle. En 1997, j’ai tout per- développé. Raison de plus pour extrême. Tout le monde les comprend : il s’agit là au fond d’un pro- dédale de l’économie postcommu- but est de soutenir leurs initiatives du en quelques jours à cause de la s’imposer dans un paysage écono- gramme d’optimisation. Il n’est donc pas impossible alors d’aller niste ? Etre de sexe féminin favo- au sein d’un paysage économique chute dramatique du leu. » A mique plutôt agressif. Donner plus plus loin et de penser les nouveaux espaces qui vont naître de ces lo- rise-t-il la naissance d’entre- des plus sinueux. Nous essayons de l’époque, le cours de change leu- de pouvoir de décision aux giques : concentration du pouvoir dans les centres financiers, à cour- prises ? On finirait par le croire, à faire en sorte, par exemple, que dollar avait triplé en l’espace de femmes semble bien être un atout tiser donc, lieux d’excellence à créer ou à renforcer dans les centres entendre dire ici et là que les l’obtention d’un crédit pour mettre quelques jours. pour remettre l’économie rou- de facilités, hubs à promouvoir, sites industriels à aider, à renforcer... femmes sont plus aptes à franchir sur pied une affaire ne soit plus une maine sur les rails. Mais cette après les avoir sélectionnés. les obstacles que rencontrent les aventure. » PERFORMANCE MÉDIOCRE bataille ne fait que commencer. La politique dite du territoire doit donc être fiscale (statut de l’ex- entrepreneurs hommes pendant Cristina Grigorescu a fait ses Des centaines de sociétés d’im- patrié par exemple), éducative (centres de formation et d’excellence, cette période de transition de preuves. Elle affirme avoir démar- portation ont fait faillite. Mais Mirel Bran recherche, langues...), politique (simplification et efficacité des l’économie centralisée au marché ré son affaire avec une feuille de Carmen n’est pas du genre à dé- structures administratives...), promotion médiatique des territoires. libre. papier et un crayon. Son capital de sespérer. « Il m’a fallu du temps Personne, évidemment, ne connaît l’issue du jeu, mais on sait bien Les femmes roumaines ont un départ se limitait à ses compé- pour accepter d’avoir perdu sept que les centres qui se créent aujourd’hui seront ceux de l’Amérique sens très développé – et obligé – tences dans le domaine du traite- ans de ma vie... », affirme-t-elle. élargie à l’Amérique latine, de l’Asie qui ira à la Chine, de l’Europe de la débrouillardise. Ce sont elles ment de l’eau. Après la chute de Aujourd’hui, elle s’est reconvertie qui gagnera vers l’Oural. qui ont été le véritable moteur de Ceausescu (le dictateur roumain dans le marketing d’une entreprise L’issue est donc stratégique, forgeant aujourd’hui les nouvelles la société durant les quatre décen- exécuté avec son épouse), elle a de biscuits et s’estime heureuse organisations des espaces productifs, et donc la croissance et les nies de la dictature communiste. conçu et vendu des études dans ce d’avoir trouvé du travail. Le taux emplois futurs en nombre et en qualité. Nul ne pourra dire qu’il n’a Assurer la survie de la famille en créneau où la demande est encore de chômage atteint actuellement pas été prévenu, ni n’a rien vu venir. Nul ne peut espérer non plus étant confrontée, après huit énorme en Roumanie. Un an plus 11,3 % de la population active. Les une répartition égale des lieux ou l’issue des discussions pour l’ob- heures de travail journalier, à tard, elle ouvrait à Bucarest un investissements étrangers, seuls tenir : pendant que l’on parlera, les lois de l’espace joueront. Ce sont toutes les pénuries imaginables atelier pour le reconditionnement capables de sortir l’économie rou- celles des rapports coût/efficacité et des polarisations. n’était pas une mince affaire. Il n’y de pompes hydrauliques, devenu maine de sa léthargie, se sont éle- a pas de statistiques officielles sur par la suite une entreprise d’as- vés à seulement 4,5 milliards de Direction des études économiques et financières du Crédit lyonnais le nombre de femmes entrepre- semblage. Aujourd’hui, sa société dollars en dix ans. Une perfor- neurs en Roumanie mais, d’un compte trente-cinq employés et mance médiocre pour un marché LeMonde Job: WDE4499--0007-0 WAS MDE4499-7 Op.: XX Rev.: 29-10-99 T.: 20:39 S.: 111,06-Cmp.:01,08, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0182 Lcp: 700 CMYK

TRIBUNES LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 / VII ̄ Flexibilité : il faut encore y croire ! ARTICLES ET REVUES Par Gérard Maarek par Daniel Cohen

ans son rapport sur les perspec- ploi. De même, l’ancienneté moyenne des sala- tives de l’emploi publié en juin Pour décrire la situation qui prévaut dans riés dans leur entreprise y est plus élevée. Les D 1999, l’OCDE a examiné la rela- les pays développés, les économistes ont for- flux d’entrée et de sortie du chômage sont tion pouvant exister entre la lé- La loi de Zipf gé le concept de « chômage d’équilibre ». Il plus réduits, par conséquent la durée du chô- gislation visant à protéger l’emploi et les per- s’agit du point auquel se neutralisent les mage augmente. Chemin faisant, l’étude véri- formances du marché du travail. Les comportements des entreprises et des sala- fie aussi le fait que les bénéficiaires de la LPE « ZIPF’S LAW FOR CITIES : AN EXPLANATION », conclusions sont pour le moins abruptes : riés. Les premières fixent leurs prix et leur ni- sont les salariés ayant le plus grand pouvoir de Xavier Gabaix « La rigueur de la réglementation n’a que peu veau d’activité, compte tenu des coûts sala- de marché. On trouve donc une corrélation Quarterly Journal of Economics, août 1999. ou pas d’incidence sur le niveau global du chô- riaux et des autres conditions d’exploitation. positive entre le degré de rigueur de la LPE et « MÉTROPOLE URBAINE ET CONCURRENCE TERRITORIALE », mage. » Cette petite phrase a de quoi étonner Les seconds, par le truchement de leurs orga- le taux d’emploi des hommes de trente-cinq à de Jacques Thisse et Masahisa Fujita les lecteurs assidus des publications de l’or- nisations syndicales, adaptent leurs exi- cinquante-quatre ans, alors que la relation Economie et Statistiques, 326-327. ganisme international. En 1994, dans l’énon- gences de rémunération aux niveaux de prix est inverse pour ce qui concerne les femmes cé de sa « Stratégie pour l’emploi », n’était-il et de chômage courants. Les uns et les autres et les jeunes. S’agissant de l’emploi tempo- u cours des dix dernières années, la géographie économique pas affirmé qu’il fallait jouent de leur pouvoir de raire, la rigueur de la législation dans ce do- a connu un essor considérable sous l’impulsion de l’infati- « revoir les dispositions re- marché et des avantages maine tend à en modérer l’usage, tandis que gable Paul Krugman et d’une kyrielle d’économistes, tels latives à la sécurité de l’em- que leur confère le code du les rigidités de l’emploi permanent l’encou- Jacques Thisse et Masahisa Fujita qui y ont consacré l’essen- ploi qui freinent l’expansion L’étude de l’OCDE travail. Le « chômage ragent. La résultante de ces deux effets est tielA de leurs travaux. A l’heure de la mondialisation, le « territoire » a de celui-ci dans le secteur d’équilibre » dépend donc incertaine et dépend du dosage retenu. pris, paradoxalement peut-être, une importance nouvelle dans l’analyse privé » ? L’OCDE serait- évoque avec raison largement du cadre institu- L’apparition des CDD au milieu des années économique. Aux côtés des nations et des institutions supranationales elle en train de se renier ? tionnel. 80, et des agences d’intérim plus récemment, figure désormais en bonne place, grâce à ces travaux, une unité de déci- La réalité est plus pro- les avantages d’une Dans le cas de la France, a abouti à une explosion de cette forme de sion essentielle : la métropole. saïque. cela signifie qu’aurait dû contrat, l’emploi permanent restant forte- Pour MM. Thisse et Fujita, il ne fait aucun doute que la « grande Même si sa méthodolo- certaine stabilité être pris en compte tout un ment contraint. Un jeu complexe se met donc ville », avec ses banlieues et sa périphérie, est désormais le véritable gie n’est pas irréprochable, faisceau de données a en place entre « demandeurs » de protection cœur de la question « géographique ». C’est là que se joue la rencontre ce rapport se révèle, à de la main-d’œuvre priori pénalisantes pour et « demandeurs » de flexibilité, les entre- entre les différents marchés : ceux du travail et des biens, la tertiarisa- l’examen, sans surprise. l’emploi. Les accords por- prises. L’accord va se faire en libéralisant tion de l’économie, tout autant que la nouvelle culture du « juste à Elle retient une définition dans l’entreprise tant sur les salaires et les l’emploi temporaire, c’est-à-dire, en pra- temps » renforçant l’importance du lien de proximité entre le produc- restrictive de la « flexibili- conditions de travail sont tique, au détriment de ceux qui sont à la re- teur et le consommateur. Et s’il ne fallait retenir qu’une seule re- té », celle relative aux négociés entre partenaires cherche d’un emploi. Le dualisme du marché commandation de politique économique née de ces travaux, ce serait conditions d’embauche et de licenciement. sociaux au niveau de la branche, pour être du travail est consommé. de transférer aux communautés urbaines l’essentiel des pouvoirs nés de L’analyse théorique montre, et l’étude le vé- étendus ensuite à toutes les entreprises qui L’étude de l’OCDE évoque avec raison les la décentralisation. rifie, que le niveau et la structure de l’emploi en font partie. Le SMIC est indexé sur le sa- avantages d’une certaine stabilité de la main- La question urbaine, au sens large, qu’il s’agisse des enjeux en ma- sont plus affectés que le taux de chômage par laire moyen et s’impose dans toutes les ré- d’œuvre dans l’entreprise. L’adaptation de tière de transports, de formation professionnelle ou de lutte contre les cet ensemble de variables. gions et à toutes les catégories de salariés. ses savoir-faire aux besoins spécifiques de inégalités, n’a jamais eu autant d’importance. Au-delà des questions de Les conséquences sur le taux de chômage Une fraction de la force de travail (des l’employeur est plus facilement acceptée. La politique économique, les économistes ont été attirés par la compré- sont uniquement indirectes, leur intensité jeunes, des immigrés, des personnes peu formation continue bénéficie à celui qui la hension d’une loi mystérieuse : la loi de Zipf, du nom de celui par qui dépendant surtout d’autres caractéristiques qualifiées...) continue d’être exclue du mar- dispense, etc. La question demeure de savoir elle fut énoncée, en 1949. Selon celle-ci, la première ville est plus peu- du marché du travail (modalités de la négo- ché du fait de cette réglementation. si cette stabilité doit être obtenue par la plée que la deuxième dans un rapport qui est universel dans le temps et ciation salariale, minima de salaire et minima L’interaction entre minima sociaux (RMI contrainte réglementaire ou si elle peut être dans l’espace, tout comme le rapport de la deuxième à la troisième, de sociaux, etc.) qui varient d’un pays à l’autre. pour simplifier) et minimum de salaire a éga- un sous-produit des relations contractuelles la troisième à la quatrième... Cette constance a été vérifiée dans de Il demeure qu’en publiant cette étude, sans lement des effets redoutables. Il est mainte- telles qu’elles se mettent en place spontané- nombreux pays, dont la France au cours du XXe siècle. en peser les termes, l’OCDE a marqué contre nant compris que l’incitation à reprendre un ment dans une économie de marché évoluée. Pour Paul Krugman, qui s’en est fait le propagandiste, cette loi de son camp. emploi est des plus limitées pour les per- La meilleure protection des salariés n’est-elle Zipf est la preuve que la géographie économique a un objet bien pré- L’organisme inclut sous le vocable de légis- sonnes assistées, puisque l’aide n’est pas du- pas celle que procure un fonctionnement cis : comprendre pourquoi les agglomérations se forment avec une telle lation pour la protection de l’emploi (en rablement cumulable avec un salaire. Or, il durable de l’économie au voisinage du plein- régularité. Hélas, comme le démontre Xavier Gabaix dans la dernière li- abrégé LPE) des items comme les formes du n’est question d’aucun de ces sujets dans emploi ? vraison du Quarterly Journal of Economics, ce Graal pourrait n’être contrat de travail (CDD, CDI, intérim), la l’étude de l’OCDE ! Tout nouvel entrant sur le marché est alors qu’une baudruche. Dès qu’un ensemble a priori aussi hétérogène que priorité à l’embauche consentie à certaines En dépit de ces lacunes, le rapport reste assuré, au-delà des difficultés cycliques, de les villes qui composent un territoire est tiré − avec des aléas − par une catégories de travailleurs, les indemnités de riche d’enseignements. Il confirme qu’une lé- trouver un emploi au salaire courant. Le re- croissance nationale commune, alors une loi mathématique connue licenciement, la nécessité ou non d’une auto- gislation trop tatillonne en matière d’em- déploiement de la force de travail devient permet de montrer que celles-ci seront nécessairement ordonnées se- risation administrative, les conditions sup- bauche et de licenciement modifie le fonc- possible sans difficultés dans un marché actif. lon les rapports qui ont été trouvés par Zipf. Il n’y a là nulle propriété plémentaires imposées en cas de licencie- tionnement du marché du travail dans le sens Les plus anciens d’entre nous se souviennent « économique » mais une propriété mathématique sans contenu parti- ments collectifs, etc. Selon ces critères, la d’une plus grande viscosité. Dans les pays où de cet âge d’or, celui des années 60. Un re- culier, à l’image, disons, de la loi des grands nombres. France se classe parmi les pays les moins la LPE est rigoureuse, le taux d’emploi (rap- gard porté outre-Atlantique nous persuade Loin de pousser à l’analyse « micro-spatiale » de l’agglomération, flexibles (au 21e rang sur 26). Ne sont pas port de la population occupée à la population que la chose est toujours possible. Le renfor- l’analyse de Xavier Gabaix reporte l’explication à des niveaux plus tradi- prises en considération toutes les autres ca- en âge de travailler) est faible. Les entreprises cement de l’arsenal législatif et réglementaire tionnels, à savoir les manières par lesquelles des forces « communes » à ractéristiques du marché du travail qui maintiennent leurs effectifs à l’étiage pour n’est sans doute pas le meilleur moyen de une nation, telles que la démographie ou le progrès technique, habitent contribuent à sa plus ou moins grande capa- éviter les coûts induits par d’éventuels licen- nous en rapprocher... la croissance métropolitaine. Au-delà de la curiosité mathématique qui cité à converger, par le mouvement des sa- ciements, quitte à laisser insatisfaite une sous-tend le processus en question, la loi de Zipf sort renforcée de cet laires, vers une situation proche du plein-em- fraction de la demande qui s’adresse à elles. Gérard Maarek est économiste de banque. examen. Mais tout reste à penser des enjeux qui la sous-tendent.

Les cinq enjeux d’Internet pour la France PARUTIONS

par Stéphane Treppoz Y A-T-IL UNE VIE APRÈS LES 35 HEURES ? de Jean-Michel Leterrier uand plus de 100 millions d’indivi- nages aisés) : c’est une mesure coûteuse, mais Poste n’ouvre pas le courrier qu’on lui confie. Il Qualifier le travail, valoriser les loisirs pour que ceux-ci ne soient pas dus, en cinq ans, adoptent Inter- qui marquerait une volonté politique à la hau- en va de la protection de la vie privée de cha- « creux, vides et passifs » : c’est le thème de cet essai. Il s’en prend à la net, plus rapidement que tout teur de l’enjeu ! Le coût des appels locaux né- cun. « société du spectacle [qui] marche au même pas que la loi du marché, Q cessaires pour se connecter à un fournisseur Quatrième enjeu : faire muer nos entre- et ce pas, c’est celui du profit ». autre média avant lui, quand le Web occupe près d’une heure la d’accès à Internet est le second chantier priori- prises vers cette concurrence planétaire. Si ces L’auteur estime que la « réduction programmée du temps de travail vie quotidienne d’un foyer américain sur cinq, taire. On ne peut que se féliciter de l’introduc- sociétés ont désormais la chance d’avoir le fournit l’occasion de revenir aux idéaux des pionniers de la conquête du on ne doit plus parler d’une évolution mais bien tion, à la demande pressante du gouvernement, monde entier pour client, elles doivent aussi temps libre » et se livre à une réflexion sur la culture, qui doit être d’une véritable révolution. A cet égard, la Toile, du forfait « Libre@ccèsInternet » par l’opéra- partager les consommateurs français avec une « renouvelée, redimensionnée aux enjeux actuels, revivifiée ». c’est trois révolutions en une qui, au prix d’un teur historique pour les communications lo- myriade de concurrents étrangers ! Certes, des Il s’agit de réconcilier « travail et loisirs, loisirs et culture ». Une dé- coût d’acheminement de l’information en cales. Il reste néanmoins à faire en sorte que PME hexagonales rencontrent déjà un succès monstration à laquelle on peut souscrire, mais qui n’est pas totale- baisse dans des proportions considérables, va soit mis en place un tarif d’interconnexion spé- certain à l’étranger, mais il en faudra des mil- ment neuve. profondément changer la façon que nous avons cifique permettant l’arrivée de concurrents al- liers d’autres pour que la France réussisse ! (Editions de l’Atelier, 96 p., 68 F, 10,3 ¤.) D. U. de nous informer et de nous divertir, de ternatifs à France Télécom, seuls garants de la Cette mutation sera lourde de conséquences communiquer et d’acheter. pérennité d’une baisse des prix favorable aux pour certains acteurs de l’économie comme les TÉLÉCOMMUNICATIONS ET INTERNET Internet est, tout d’abord, un moyen majeur consommateurs. « intermédiaires » (distribu- Collectivités locales et territoires à l’heure des choix de s’informer et de se divertir. Il suffit d’aller sur Deuxième enjeu : former tion, services financiers). En Les collectivités locales ne peuvent guère rester à l’écart du phéno- le site de son quotidien préféré pour savoir ce les Français à Internet. C’est Il est indispensable effet, un consommateur mène Internet, mais elles ne savent pas toujours comment s’y qui se passe dans le monde entier ou de navi- sans doute le défi le plus n’hésitera pas à acheter un prendre, surtout au moment où les offres prolifèrent sur un marché guer sur un site immobilier pour chercher la ré- compliqué à relever, car de convaincre livre, un micro-ordinateur déréglementé. sidence de ses rêves. C’est désormais le changer les habitudes fait ou un voyage via Internet, Résultat d’un travail collectif (la mission d’étude et de conseil pour le consommateur qui va chercher l’information peur ! L’école a un rôle dé- le corps enseignant de faire dès lors qu’il connaît le prix développement des technologies de réseaux – Ecoter – regroupe qui l’intéresse, et ce quand il le souhaite. terminant à jouer, en parti- du bien qu’il souhaite ac- utilisateurs et acteurs du marché des nouvelles technologies de l’in- Internet est de plus en plus un outil de culier pour les jeunes moins sa mue vers Internet, puis quérir. De la même façon, la formation et de la communication), le livre présente les différents communication sans pareil. Que l’on parle d’e- favorisés qui n’auraient pas télématique se doit d’évo- usages de l’Internet (de la « démocratie électronique » au développe- mails, des forums de discussion (le concept de la chance d’avoir un ordina- de lui en donner les moyens luer : si le Minitel permet- ment économique en passant par la gestion interne), et surtout balise messagerie qui a connu un grand succès sur le teur à leur domicile. Il est in- tait de faire payer un service les étapes d’un projet : étude de marché, choix des technologies, Minitel) ou des messages éclairs (la possibilité dispensable de convaincre le 2,23 francs par minute, soit financement, réglementation, appels d’offres aux opérateurs... De de discuter en direct et par écrit avec un corres- corps enseignant de faire sa mue vers Internet, 134 francs de l’heure, et qu’un site Internet pro- nombreux exemples (Parthenay, Marly-le-Roi, Metz, Sophia-Anti- pondant à l’autre bout du monde). puis de lui en donner les moyens. C’est en réus- pose désormais ce service pour le prix d’un ap- polis...) ponctuent cet ouvrage essentiellement pratique. Enfin, Internet est déjà et deviendra de plus sissant dans ce domaine que les Américains ont pel local, nos fournisseurs de services sur Mini- (Mission Ecoter, préface de Michel Hervé, 293 p., 100 F, 15,24 ¤.) A. Re en plus un outil d’achat important. En sus des pris une avance considérable sur nous. Désor- tel devront s’aligner en trouvant un mode de avantages de la vente à distance (plus de mais, il n’y a plus une école outre-Atlantique où financement différent (probablement des reve- CRITIQUE DE L’ORGANISATION DU TRAVAIL contraintes de déplacement ou d’horaires d’ou- un certain nombre de cours n’imposent une re- nus publicitaires) ou accepter un déclin inéluc- de Thomas Coutrot verture des magasins), il permet de vendre cherche sur Internet ou la soumission d’un de- table. Une seule certitude : le consommateur L’économiste Thomas Coutrot entend renouer avec la tradition cri- moins cher. En effet, un distributeur virtuel a voir par e-mail. A l’école, Internet doit faire par- sera le grand vainqueur ! tique de l’organisation capitaliste du travail. Et c’est effectivement des charges d’exploitation inférieures à celles tie du cursus de base, au même titre que les Cinquième enjeu : adapter nos lois à la révo- l’épine dorsale de son propos. Pas question de considérer l’entreprise d’un distributeur traditionnel. D’ores et déjà, mathématiques. Après tout, si l’on accepte de lution Internet. Dans un monde où le concept néolibérale comme le « nec plus ultra de la rationalité » alors qu’elle 10 % des livres et des micro-ordinateurs ont été passer par une formation de plusieurs jours à la de frontière n’a plus de sens, nous ne pouvons n’est « qu’un système de pouvoir conditionné par les rapports de forces ainsi achetés via Internet l’an dernier aux Etats- conduite automobile, il serait logique que l’on plus raisonner « hexagonal ». C’est aux autori- sociaux de son époque ». Unis, 25 % des transactions boursières se sont accepte un processus similaire, mais seulement tés compétentes qu’il incombe de prendre une Elle a « abandonné le paternalisme ou le caporalisme, mais tend aussi à effectuées de la même façon. de quelques heures, pour maîtriser Internet. part importante dans les négociations multila- liquider les contre-pouvoirs que détenaient les collectifs de travail et les Dans ce contexte, quels sont les enjeux d’In- Troisième enjeu : protéger la vie privée des térales en cours sur la myriade de sujets tor- métiers ». ternet pour la France ? La question n’est plus de internautes et prévenir la consultation par des tueux que pose cette révolution : comment et Par exemple, en reprenant le contrôle de la définition des qualifica- savoir si nous devons accompagner cette évolu- mineurs de contenus illicites ou inadaptés à leur où perçoit-on la TVA (différence de taux entre tions par le biais de « critères classants ». Elle a aussi, selon l’auteur, tion, mais bien de déterminer comment nous âge. Il est inévitable qu’au milieu d’une infinité pays), peut-on empêcher le discount (sur le livre réussi à instaurer « une discipline d’airain », tout en laissant « des allons pouvoir tirer le meilleur parti de cette ré- de contenus disponibles librement se glissent par exemple), comment éviter les paris sur les marges parfois importantes à la créativité des salariés ». Et elle réserve volution. Avec 6 % des ménages français une infime minorité de sites peu recomman- courses hippiques (monopole du PMU) depuis l’essentiel de ses gains de productivité aux cadres dirigeants ainsi connectés à Internet, contre le double en dables. Sur cette question, la réponse des prin- une société située à l’étranger ? qu’aux actionnaires et aux opérateurs financiers (« l’alibi de la pres- Grande-Bretagne et en Allemagne, voire cinq cipaux fournisseurs d’accès a toujours été sans Une fois ces enjeux pris en considération, sion des actionnaires est idéal pour s’affranchir de toute responsabilité fois plus aux Etats-Unis, nous sommes encore équivoque : mise à disposition des abonnés gageons qu’en France, d’ici cinq ans, le prix des sociale... »). loin du compte ! d’un logiciel de filtrage permettant de bloquer micro-ordinateurs aura significativement Au terme de cette dénonciation, Thomas Coutrot rejette le concept Premier enjeu : rendre l’accès à Internet fi- l’accès à des sites inadéquats pour les mineurs baissé, que 25 % des foyers seront connectés à d’économie solidaire au motif qu’elle ressemble à un pâté d’alouette nancièrement abordable pour tous. Si le prix et pleine collaboration avec les autorités Internet et que plus d’un internaute sur deux (« un peu de solidarité, beaucoup de libéralisme ») ainsi que celui de des micro-ordinateurs diminue, il reste supé- compétentes en cas de procédure judiciaire. Il sera une femme. Comme c’est déjà le cas au- fonds d’épargne salariale contrôlé par les syndicats. En revanche, il rieur, en France, à celui aux Etats-Unis. C’est faut néanmoins savoir que les fournisseurs jourd’hui outre-Atlantique. remet en selle l’autogestion, les travailleurs s’associant au sein de aux fabricants de faire un effort qui pourrait d’accès ne consultent jamais (sauf décision de coopératives. Car, selon lui, il s’agit de bâtir « un projet de être relayé par le gouvernement via un dégrève- justice) les millions d’e-mails qu’ils acheminent Stéphane Treppoz est PDG d’AOL Compu- démocratisation radicale de l’entreprise et de l’économie ». ment fiscal (quitte à limiter celui-ci pour les mé- quotidiennement, de la même façon que La Serve France. (La Découverte, collection « Repères », 128 p., 49 F, 7,47 ¤.) D. U. LeMonde Job: WDE4499--0008-0 WAS MDE4499-8 Op.: XX Rev.: 29-10-99 T.: 20:39 S.: 111,06-Cmp.:01,08, Base : LMQPAG 28Fap: 100 No: 0183 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / MARDI 2 NOVEMBRE 1999 INITIATIVES Plus d’un tiers des salariés prêts Le dossier européen de la santé à financer leur formation Près d’un salarié sur deux (41 %) a déjà suivi une formation en de- au travail reste en souffrance hors de son temps de travail, indique un sondage de l’IFOP pour la Fédération de la formation professionnelle (606 salariés du secteur privé interrogés en septembre 1999), et 56 % seraient prêts à le faire. 43 % ont déjà financé, pour tout (16 %) ou partie, leur formation, et a directive-cadre euro- CES. Mais les éléments disponibles périence des utilisateurs. Toujours 38 % disent être disposés à le faire (ou le refaire). péenne « Santé et sécurité Imprécise, montrent que cette opération en Italie, un « groupe de femmes Les réponses positives sont plus nombreuses chez les hommes, les sur les lieux de travail » a s’avère « plus difficile que prévu », pour la santé au travail », réunissant cadres, les jeunes, les Parisiens que chez les femmes, les provin- L selon Marc Sapir. Le dossier fait des représentantes des trois confé- été adoptée voici dix ans. la directive-cadre ciaux, les moins qualifiés ou les plus âgés. 39 % de ceux qui seraient Quel bilan en dresser aujourd’hui ? émerger les grandes tendances de dérations syndicales (CGIL, CISL et prêts à s’autofinancer le feraient pour un « projet personnel », 25 % Un seul organisme s’est attelé à adoptée il y a dix ans l’évolution des conditions de travail. UIL), a élaboré un programme de pour une « qualification reconnue par l’entreprise », 23 % pour cette tâche : la Confédération euro- « Les problèmes rencontrés en France recherche dans l’objectif de préve- « changer de métier », 10 % pour une « formation diplômante ». péenne des syndicats (CES), à tra- n’a eu que peu se retrouvent partout en Europe, no- nir les troubles musculo-squelet- Parmi les mesures d’incitation au financement personnel, les salariés vers son bureau technique syndical tamment l’intensification du travail, tiques (TMS) des « petites mains », interrogés privilégient la réduction d’impôt (63 %), bien avant le (BTS). Celui-ci a réalisé une évalua- d’incidences sur le développement de la précarité et ces ouvrières qui accomplissent des compte-épargne formation (21 %) ou les prêts bancaires à taux ré- tion comparative des différentes de la sous-traitance », observe Fran- tâches répétitives très rapides (jus- duits (10 %). transpositions de la directive dans les législations çois Desriaux, rédacteur en chef de qu’à quarante à soixante actions Interrogés enfin sur le type de formation qu’ils choisiraient, 47 % les législations nationales. Un bilan Santé et travail. Pourtant, les orien- par minute). En Italie, observe citent le stage traditionnel, concentré sur une courte durée, 26 % le mitigé. A l’occasion de cet anniver- nationales tations communautaires concer- Laurent Vogel, la prévention est cours du soir, formule s’étendant sur une période plus longue, et saire, la revue trimestrielle Santé et nant l’emploi mettent en avant la une tradition syndicale, héritée des 11 % seulement l’autoformation ou la formation à distance mettant travail, publiée par la Mutualité tives. » Pour autant, « la Commission nécessité d’accroître la flexibilité. luttes des années 70 sur les condi- en jeu des moyens plus ou moins modernes de communication (cas- française, en propose un aperçu, en européenne n’a soumis aucune af- tions de travail. Ce dynamisme settes audio, vidéo, cédéroms, Internet). partenariat avec la CES, dans un faire à la Cour de justice euro- PRÉVENTIONS vient aussi « d’une alliance réussie dossier intitulé « Tour d’Europe de péenne », s’étonne Laurent Vogel, Les syndicats semblent avoir du des syndicats avec une partie impor- l’action syndicale » (en vente depuis chercheur au BTS. mal à se saisir des questions de pré- tante du monde scientifique », le 27 octobre). D’autres pays, en revanche, ont vention. Cependant, les pratiques constate Laurent Vogel. Peut-être AGENDA saisi l’occasion pour refondre leur sont très variables d’un pays à aussi de la situation des médecins OBTENIR UN CONSENSUS système de prévention, comme l’Es- l’autre et d’un secteur à l’autre. En du travail, qui, depuis 1978, ne sont b TOURISME. L’Agence française de l’ingénierie touristique (AFIT) A l’époque, l’adoption de la direc- pagne et dans une moindre mesure Italie, dans le secteur du bois, une plus employés par les entreprises organise le mercredi 3 novembre à Paris ses troisièmes rencontres, tive de 1989 n’avait pas déclenché les Pays-Bas, l’Autriche et l’Italie. étude originale a été menée en Tos- mais par le service public. consacrées au « montage et financement de projets touristiques ». de bagarres entre les syndicats et le Parfois en plusieurs étapes. «Le cane, associant syndicalistes, méde- En Espagne, dans une entreprise Elus, concepteurs, gestionnaires et financiers se retrouveront pour patronat. Et pour cause : elle était premier projet présenté par le minis- cins du travail, employeurs et sala- textile où règnent en maître le chro- s’informer et échanger sur les montages de projets, notamment rédigée de façon peu précise afin tère du travail espagnol a été rejeté riés, qui a permis de définir de nomètre et le travail à la chaîne, les dans le cadre d’une Europe de plus en plus présente. d’obtenir un consensus. Malgré par celui de l’économie, qui s’ap- nouvelles normes de sécurité sur syndicats ont lutté pied à pied Renseignements : Forum Communications, 01-42-96-12-92. tout, elle était « porteuse d’acquis puyait sur l’argument du patronat re- certaines machines à partir de l’ex- contre la résistance des médecins à susceptibles de contribuer à une har- latif au coût du dispositif, chiffré jus- faire le lien entre le travail et les b PROSPECTIVE. L’Institut français des relations internationales monisation dans le progrès des qu’à la dernière peseta. Ce qui était TMS. Ils estimaient que ces troubles (IFRI) fête son vingtième anniversaire les 3 et 4 novembre à Paris au conditions de travail », estime Marc osé ! », souligne Laurent Vogel. Les Repères étaient dus aux tâches ménagères. travers d’une conférence intitulée « L’entrée dans le XXIe siècle – les Sapir, directeur du BTS, dans une syndicats se sont beaucoup battus. En Grande-Bretagne, une réforme enjeux de la mondialisation », où représentants des institutions interview au magazine. Aujourd’hui, les CCOO (Commis- b Avec l’adoption de l’Acte unique sur les conditions de travail sur les russes, américaines, européennes, japonaises, homologues de l’IFRI Parmi les innovations, il y avait sions ouvrières) estiment avoir européen fin 1986, les compétences plates-formes pétrolières offshore a et responsables politiques et économiques croiseront leurs points l’élargissement du champ d’inter- « 40 000 délégués de prévention élus. de la Communauté européenne bien du mal à atteindre son but, les de vue. vention des politiques de préven- Et ce sont des gens exigeants. » Pour dans le domaine de la santé et de travailleurs n’ayant pas pu être as- Renseignements : 01-40-61-60-00 ; www.ifri.org tion à l’ensemble des facteurs ayant la CES, l’argument du coût, qui re- la sécurité ont été sensiblement sociés à l’évaluation des risques. Le une incidence sur la santé ; la vo- vient souvent, n’est pas recevable. étendues. Les articles 118A et 100A taux d’accidents ne cesse de croître. b DÉVELOPPEMENT LOCAL. Dix mille entreprises publiques lonté d’impulser la participation de « En France et ailleurs, poursuit le du traité constitueront les bases S’il est malgré tout possible exercent, en Europe, leur activité au niveau local. A l’initiative de la travailleurs ; l’intégration du chercheur, les services de médecine juridiques d’une série de directives d’avancer, le dossier montre aussi Fédération nationale des sociétés d’économie mixte et de ses homo- concept d’évaluation des risques ; et du travail coûtent aux employeurs réglementant l’environnement du qu’en matière de prévention tout logues allemande, italienne et suédoise, ce secteur d’activité tiendra enfin la nécessité d’une pluridisci- l’équivalent de moins de 10 % des in- travail. ne pourra se régler au niveau de sa convention le 10 novembre à Bruxelles. plinarité dans les services de santé demnités versées pour les accidents b Le Bureau technique syndical l’entreprise, où les salariés, notam- Renseignements : 01-53-32-22-10. au travail. du travail et maladies profession- (BTS) européen pour la santé et la ment les précaires, et leurs repré- Les problèmes ont commencé nelles. » Derrière cette obsession du sécurité a été fondé en 1989 par la sentants ont du mal à peser face à bTURQUIE. Sous le titre « La Turquie : la grande nation industrielle lors de la transposition dans les dif- coût, il y a l’idée que « l’on n’amé- Confédération européenne des l’employeur. Or les directives se li- aux portes de l’Europe », le Centre français du commerce extérieur férents droits nationaux de la direc- liore les conditions de travail que si syndicats (CES) pour assurer le mitent à régir les rapports entre (CFCE) organise le 15 novembre un matinée de conférences sur tive-cadre. Des oppositions ont sur- cela est rentable pour les entreprises. suivi de l’élaboration de cette employés et salariés. Pour Marc Sa- l’économie de ce pays. L’après-midi est réservée à des entretiens in- gi un peu partout. « Pour Ce qui veut dire aussi chiffrer la va- législation, sa transposition dans pir, il conviendrait donc de les re- dividuels avec des responsables des postes d’expansion économique schématiser, reprend Marc Sapir, on leur de la vie humaine. » Après la les Etats membres puis son voir, car selon lui les enjeux en Turquie. peut dire que dans les trois grands transposition, l’étape suivante, c’est application. Il joue un rôle d’expert concernent aussi l’« autorité pu- Renseignements : fax, 01-40-73-33-61. Etats – la France, la Grande-Bre- le passage du droit à son applica- auprès des instances européennes blique ». tagne et l’Allemagne – il y a eu la vo- tion pratique. Il est encore trop tôt en charge des questions de bTÉLÉCOMMUNICATIONS. Après deux années de déréglementa- lonté de minimiser l’impact des direc- pour dresser un bilan, estime la conditions de travail. Francine Aizicovici tion des télécommunications, la convention « Cable Tech », qui se tiendra du 16 au 18 novembre à Paris, présentera le bilan des opéra- teurs. Une journée sera également consacrée aux nouveaux usages des télécommunications par les collectivités locales. La Fondation de Dublin, une institution Renseignements : fax, 01-45-35-39-27 ; [email protected]

b BOURSE. Le premier Salon de l’information professionnelle fi- nancière, économique et boursière, qui aura lieu les 16 et 17 no- en quête de reconnaissance vembre au Palais Brongniart à Paris, proposera des conférences sur « La valeur de l’information financière », « Les droits et responsabi- lités des fournisseurs et diffuseurs d’informations », etc. Renseignements : 01-56-79-15-13. ette institution est dis- maires sont exposés à des posi- organisations patronales, qui crète. Trop, peut-être. A La dernière étude tions de travail douloureuses, siègent au conseil d’administra- b RESSOURCES HUMAINES. La mondialisation des entreprises, les l’exception d’une poi- contre 42 % pour les salariés per- tion, se trouvent donc dans la po- C manents. « Ces résultats, com- sition singulière d’avoir à approu- fusions-acquisitions ont un impact considérable sur la gestion des gnée d’experts et de de cet observatoire ressources humaines. La Conférence internationale sur la gestion syndicalistes, rares sont ceux qui mente Pascal Paoli, sont d’autant ver le lancement d’enquêtes qui des carrières et la mobilité, qui aura lieu du 17 au 19 novembre à Pa- connaissent l’existence de la Fon- créé en 1975 insiste plus significatifs qu’ils s’inscrivent mettent le doigt sur certaines pra- ris, réunit un panel d’experts internationaux sur ces sujets. Parmi les dation pour l’amélioration des dans une période, les années 90, où tiques de l’entreprise préjudi- autres thèmes au programme : l’impact de l’euro sur la mobilité, la conditions de vie et de travail, ins- sur l’intensification l’on considérait généralement que ciables à la santé publique. Cette sélection de profils internationaux, la préparation à l’expatriation, la tallée à Dublin. Sa création, par les conditions de travail allaient en contradiction ne semble pourtant question des doubles carrières... une décision du conseil des mi- des cadences s’améliorant. La baisse des acci- pas peser sur le fonctionnement Renseignements : CRN Conférence, 01-53-01-35-40. nistres des Communautés euro- dents du travail, le développement de la Fondation. « Nous n’avons ja- péennes, remonte pourtant à en entreprise du secteur tertiaire et l’arrivée de mais entendu parler de blocage, ex- b RETRAITES. Le premier Salon de la prévoyance et de la retraite 1975. nouvelles technologies assuraient, plique-t-on au Medef. Il est vrai réunira, les 19 et 20 novembre à Paris, plus de cent entreprises du Conçue pour être un observa- et une précarisation pensait-on, un environnement de que certaines enquêtes ne nous pa- secteur : caisses de retraite, mutuelles, assurances, banques. toire des conditions de travail à travail plus protégé. Ce n’est pas le raissent pas toujours exploitables, Epargne salariale, nouveaux produits de prévoyance, problèmes de l’échelle européenne, elle réunit toujours plus grande cas. » La prochaine enquête, qui mais c’est surtout en raison de leur la dépendance et concurrence européenne seront les thèmes des aujourd’hui une équipe de 70 per- sera lancée en février 2000, devrait trop grand académisme. De toute ateliers. sonnes, dont 15 responsables de Commission ou sur les négociations mettre davantage l’accent sur les façon, ces travaux rejoignent l’ap- Renseignements : 01-48-03-13-04 ; www.prevoyanceretraite.com recherche. Ses travaux sont desti- à venir entre partenaires sociaux questions de précarité et de temps proche générale de la Fondation qui nés aux institutions européennes, afin de leur fournir des données de travail. est syndicale. » « Il y a débat, b ÉDUCATION. L’utilisation d’Internet et des différents systèmes mais aussi aux représentants des chiffrées qui puissent alimenter le Cadences en augmentation, dé- confirme Pascal Paoli, mais il est de télé-enseignement sera au centre des débats de Online Educa Etats membres et des partenaires débat. » veloppement d’horaires aty- très rare que nos propositions soient Berlin 1999 qui aura lieu à Berlin (Allemagne) du 24 au 26 novembre. sociaux. Tous les cinq ans depuis Dernière en date, l’enquête sta- piques, généralisation du stress... rejetées ou nos documents modi- Cette cinquième conférence internationale sur la technologie appli- 1991, elle réalise une grande en- tistique de 1996 dresse un tableau Les phénomènes que met au jour fiés. » quée à l’enseignement traitera de la conception de contenu pour des quête statistique sur les conditions plutôt contrasté des conditions de la Fondation ne sont pas toujours A la Fondation, des experts chu- prestations en ligne, d’université virtuelle, de gestion des connais- de travail à l’échelle européenne. travail en Europe. Les problèmes à l’avantage des employeurs. Les chotent que certains sujets, sances en milieu industriel, etc. Ces enquêtes donnent lieu ensuite classiques liés à l’environnement comme la sous-traitance par Renseignements : 00-49-30-32-76140 ; [email protected] à des éclairages plus précis sur des physique du travail restent élevés : exemple, n’ont guère la faveur du sujets tels que la politique de pré- 28 % des travailleurs sont exposés patronat. « Il y a des frictions, b SANTÉ. Les enjeux et les perspectives de l’assurance-maladie se- vention des risques, la précarité, le à des bruits intenses et 45 % confirme Willy Buschak, secrétaire ront l’un des thèmes abordés lors du cinquième forum international travail des femmes... d’entre eux ont des positions de de la Confédération européenne de la gestion de la santé qui aura lieu les 25 et 26 novembre à Paris. travail pénibles. Les problèmes de des syndicats. Le patronat n’est pas Parmi les autres sujets au programme, la formation et l’évaluation MÉCANIQUE COMPLEXE santé le plus souvent signalés sont toujours très disposé à aborder les des médecins, réseaux et dossiers de soins électroniques. La Fondation de Dublin fonc- les douleurs dorsales (30 %), mus- questions relatives au rôle du comi- Renseignements : 01-49-53-67-35 ; [email protected] tionne selon une mécanique culaires (17 %), mais aussi le stress, té d’entreprise ou à la sécurité au complexe. Placée sous la tutelle de qui touche 28 % de travailleurs eu- travail. Mais on ne peut parler de la Commission, elle dispose d’une ropéens. blocage, c’est exact. » gestion autonome. Son conseil L’enquête met surtout en relief SUR INTERNET d’administration se compose de deux tendances qui traversent les PROPOSITIONS INDICATIVES représentants des gouvernements, milieux professionnels des pays Rien n’oblige les fonctionnaires b ENTREPRISES. Le site de Kompass a fait peau neuve et se trans- de la Commission, mais aussi des européens : une intensification de Bruxelles à tenir compte des forme en portail des entreprises. On y trouve non seulement des in- organisations syndicales et patro- croissante des cadences et une ̄ enquêtes de la Fondation et à leur formations sur 1,5 million d’entreprises et sur 2,7 millions de diri- nales de chaque Etat membre ; le précarisation toujours plus grande donner une traduction réglemen- geants, les rapports annuels (pour les seules entreprises cotées en Medef et la CFDT pour la France. du travail. Entre 1991, date de la Pascal Paoli taire. Les propositions formulées Bourse), mais aussi des rubriques d’ordre général : revue de presse, L’initiative des travaux revient précédente enquête, et 1996, le par les chercheurs en marge de connexion vers l’agence de voyages en ligne Amadeus.net, pages aux chercheurs. Les propositions pourcentage de personnes qui dé- b Ancien inspecteur du travail, leurs enquêtes sont purement in- jaunes, etc. Certaines de ces informations sont payantes. Autre in- doivent ensuite être validées, par clarent que leur rythme de travail Pascal Paoli est responsable de dicatives. En fait, l’influence des convénient : certaines pages s’affichent très lentement. consensus, par le conseil d’admi- s’est accéléré, a augmenté de six recherche à la Fondation travaux de la Fondation dépend www.kompass.fr nistration. « Dans le choix de nos points. Quant à l’emploi précaire européenne pour l’amélioration surtout de la capacité des parte- sujets, nous essayons de rester (contrats à durée déterminée et des conditions de vie et de travail, naires sociaux et des responsables bCRÉATION. La Fondation Vivendi a inauguré en septembre un site proches de l’agenda politique euro- intérimaires), il touchait 15 % de dont le siège est à Dublin. politiques européens, les parle- d’aide à la création d’entreprises. Pas de création ex nihilo sur ce péen, explique Pascal Paoli, chargé salariés en 1996. b Il fut également chargé de mentaires notamment, à en tirer site, mais plutôt une sélection ordonnée des sites existant déjà pour de recherche à la Fondation de Cette précarité est souvent as- mission à l’Agence nationale pour profit. aider à faire son business plan, trouver des financements, etc. Dublin. Nous nous efforçons d’anti- sociée à une pénibilité accrue des l’amélioration des conditions de www.fondation.vivendi.fr ciper sur le programme social de la tâches puisque 57 % des intéri- travail (Anact). Agnès Bardon