Université Sorbonne-Nouvelle-Paris 3 Ecole Doctorale 122
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Université Sorbonne-Nouvelle-Paris 3 Ecole Doctorale 122 Thèse de Doctorat Europe Latine et Amérique Latine Stéphanie MERHRIOUI Le statut de la femme cubaine à l’épreuve d’une société machiste Thèse dirigée par Bernard Lavallé BENAT TACHOT Louise LAVALLE Bernard RODRIGUEZ Miguel 1 Résumé en français Le féminisme et la femme en Occident La situation de la femme est souvent mal perçue à travers le monde. Beaucoup d’entre elles sont opprimées même dans les pays les plus développés. Cela proviendrait essentiellement du machisme. Dans tous les pays le manque d’éducation, l’appartenance à une religion et les fortes traditions ancestrales font des hommes de vrais machos. Ils ont du mal à faire la part des choses et traite la femme comme une vulgaire domestique. Dans de nombreux pays, cette situation n’évolue pas et incite les femmes à se débrouiller par leurs propres moyens. Le féminisme les a aidés à lutter contre ces atrocités et à reprendre confiance en elles. Il a eu un fort impact sur la condition des femmes dans le monde et nous verrons ce qu’il leur a apporté. Beaucoup de femmes furent séduites par ce courant qui voulait redonner à la femme sa vraie valeur et sa position dans la société. Aujourd’hui, l’image de la femme est beaucoup mieux perçue mais ces dernières se heurtent toujours à de terribles inégalités que ce soit dans le monde du travail, de la politique ou dans la vie de tous les jours. C’est en Occident que naquit le féminisme, aux Etats-Unis plus particulièrement. Les femmes prirent conscience qu’elles devaient s’émanciper et non vivre sous la domination des hommes. Les sœurs Grimké1 en furent les pionnières mais la Déclaration des sentiments de Seneca Falls2 en 1848 alla beaucoup plus loin. Leurs premières revendications étaient le suffrage féminin et l’accès à l’éducation. Dès la fin du 19e siècle, elles centrèrent leurs actions dans le domaine du travail et des droits civiques. L’industrie eut besoin de main d’œuvre féminine qu’elle sous-payait par rapport aux hommes. « A travail égal, salaire égal », réclamaient les ouvrières américaines et européennes qui commencèrent à créer leurs propres syndicats et à multiplier les grèves. La lutte fut longue pour obtenir les droits civiques, elle prit une tournure violente avec les suffragettes3 britanniques qui descendirent dans la rue. Ce fut grâce à la résistance des mouvements de femmes que leurs droits furent accordés. C’est dans les pays scandinaves 1 Françoise Basch, Madeleine Rebérioux « Rebelles américaines au 19e siècle : mariage, amour libre et politique », Méridiens Klincksieck, Paris, 1990, P.27 (224 pages) 2 Susan Goodman, Daniel Royot « Femmes de conscience : aspects du féminisme américain, 1848-1875 », Presses Universitaires Sorbonne Nouvelle, Paris, 1995, P.16 (265 pages) 3 Eliane Gubin « Le siècle des féminismes », Editions de l’atelier, Paris, 2004, P.188 (463 pages) 2 qu’elles l’auront en premier. Les autres l’obtinrent entre 1916 et 1918 mais les françaises et les italiennes durent patienter le lendemain de la seconde guerre mondiale. La seconde guerre mondiale changea la donne, fascisme nazisme et colonialisme mobilisèrent des millions de femmes, elles firent face à de terribles atrocités et à la dégradation de leurs condition de vie. Ce n’est qu’après la seconde guerre que certaines d’entre elles furent propulsées au devant de la scène : elles accédèrent à l’éducation, au monde du travail ou à la politique, mais les lois de discrimination soutenues par le pouvoir exclusivement masculin se heurtèrent à leur évolution. Après 1968, la deuxième génération du féminisme naquit. Les femmes élargirent leurs revendications en tentant de devenir l’égal de l’homme. Le Women’s Lib ou le MLF4 en France voulait leur rendre la maitrise de leur corps. Dans de nombreux pays, c’est la lutte pour le droit à la contraception, à l’avortement, à l’égalité au sein du couple ou à l’autonomie. En France, la loi Veil déchaina les passions en 1974. Les Nations-Unies prirent conscience de cette évolution et proclamèrent 1975 l’année de la femme et organisèrent à Mexico la première conférence internationale qui leur était consacrées. La déclaration Universelle des Droits de l’homme de 1948, prônait l’égalité des sexes et réaffirmait par la Convention Internationale de 1979 sur l’abolition de toutes les formes de Discrimination à l’égard des femmes. Aujourd’hui, l’Europe affirme se ranger du coté de la cause des femmes mais qu’en est il réellement ? Aujourd’hui, la femme européenne étudie beaucoup plus et a accès à des postes beaucoup plus qualifiés mais malgré tout, elle se heurte à de terribles inégalités en ce qui concerne le salaire, ou à un manque d’évolution dans leurs postes. On remarque que le taux de femmes actives est plus important en Europe du Nord comme dans les pays scandinaves qu’en Europe du Sud et en Irlande, dans les pays de l’Est, il y a de forts taux de chômage, et c’est aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne que se concentre la majorité des emplois à temps partiel5. Concernant la représentation des femmes en politique6, il existe de grands écarts. La Suède est la championne avec 42% de femmes au parlement. Le Danemark, les Pays-Bas, la Finlande et 4 Naty García Guadilla « Libération des femmes : le MLF (Mouvement de Libération des Femmes), PUF, Paris, 1981, P.29 (146 pages) 5 Margaret Maruani « Travail et emploi des femmes », Editions La Découverte, Paris, 2003, P.33 (121 pages) 6 Alisa del Re, Jacqueline Heinen, Pamela Abbott « Quelle citoyenneté pour les femmes ?la crise des Etats providence et de la représentation politique des femmes en Europe », L’harmattan, paris, 1996, P.94 (320 pages) 3 l’Allemagne dépassent les 30%. Et au bas de l’échelle nous retrouvons le Portugal (13%), l’Italie (12%), la France (10,6%) et la Grèce. Depuis l’unification de l’Europe, les femmes ne sont plus seules. La LEF7 joue un rôle très important auprès d’elles. Il s’agit de la plus grande organisation de femmes dans l’Union Européenne. Son but est de promouvoir les droits des femmes et l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’Union Européenne. Il travaille dans différents domaines tels que la situation économique et sociale des femmes, les femmes dans la prise de décision, la violence envers les femmes, la diversité des femmes,…Elle travaille principalement avec les institutions de l’Union Européenne : le parlement européen, la Commission européenne et le Conseil des ministres de l’Union Européenne. La femme en Amérique Latine La femme latino-américaine a du batailler pour changer son image. Ce continent est réputé pour son machisme et naitre femme est un combat quotidien. En tout cas, personne n’arrive à se mettre d’accord quant à la date d’apparition du féminisme sur le continent. Il serait apparu dès le milieu du 19e siècle dans les pays du Cône Sud8 grâce à un petit groupe de femmes émigré d’Europe, éduqué et issu des classes moyennes urbaines. Leur objectif n’était pas de se révolter mais de faire prendre conscience aux femmes qu’elles avaient le droit à l’éducation et que cela pouvait améliorer leurs conditions de vie. En Argentine, la lutte des femmes pour les droits civiles, l’éducation, l’amélioration des conditions de la classe travailleuse et le suffrage prirent des proportions internationales. La célébration du Congrès de 1910, permit de nouer des liens de solidarité avec des femmes des pays voisins et d’autres continents par la suite. Lors de ce congrès, d’autres thèmes vinrent s’ajouter à la liste des revendications, comme le divorce, la santé féminine et l’application de l’économie domestique dans le foyer. C’est à partir de ce moment précis que les femmes prenaient l’appellation de féministes. Dans les autres pays d’Amérique Latine, les femmes voulaient se regrouper en mouvement autonome de femmes. Elles n’avaient pas encore un caractère féministe mais leurs revendications premières étaient de réaffirmer le rôle de la femme dans la société ainsi que la lutte pour leurs droits civiques et culturels. 7 Marie Ramot « Lobby Européen des Femmes, la voie institutionnelle du féminin », L’harmattan, Paris, 2006, P.16 (162 pages) 8 Marysa Navarro, Virginia Sánchez Korrol « Mujeres en América latina y El Caribe », Narcea Editions, Madrid, 2004, P.155 (206 pages) 4 Après l’obtention du suffrage féminin dans la totalité des pays, dans les années 60, la deuxième vague du féminisme vit le jour dans les années 70, née du développement de la nouvelle gauche et par ce sentiment d’oppression quotidienne incarné par les dictatures qui ravageaient la plupart des pays. La lutte pour la démocratie était devenue la priorité de ces femmes qui souhaitaient recevoir plus de considération. Julieta Kirkwood, une chilienne, fonda un mouvement d’opposition à la dictature dont le slogan était « dans le pays et à la maison », slogan qui fut repris lors des manifestations féministes sur tout le continent. Les années 80 étaient qualifiées de « décennie perdue »9 due à la crise économique et aux dictatures du Cône sud et aux guérillas en Amérique Centrale. La femme était marginalisée comme n’importe quelle autre minorité ce qui leur fit prendre conscience de leur sort. Elles décidèrent d’accepter dans leurs rangs des femmes provenant des milieux populaires issues des mouvements sociopolitiques. C’est au cours de cette décennie que furent mises en place les rencontres féministes latino- américaines et caribéennes. Ce lieu de rencontre était un lieu de débat, de discussion mais aussi de confrontation d’idées et de projets.