Barbara Cassin, Née Le 24 Octobre 1947 À Boulogne- Billancourt (Département Des Hauts-De-Seine), Est Une Philologue Et Philosophe Française
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Barbara Cassin, née le 24 octobre 1947 à Boulogne- Billancourt (département des Hauts-de-Seine), est une philologue et philosophe française. Spécialiste de la rhétorique de la modernité, directrice de recherche au CNRS, traductrice, et directrice de collections consacrées à la philosophie, elle prend en 2006 la direction du centre Léon-Robin puis, en 2010, la présidence du Collège international de philosophie, dont elle dirige la revue Rue Descartes en parallèle, pour l'UNESCO. Elle est élue à l'Académie française le 3 mai 2018, devenant la neuvième femme académicienne, et la cinquième, à cette date, de l'effectif féminin actuel1. Laure Sylvie Barbara Cassin est née du mariage de Pierre Cassin nb 1, conseiller juridique, et d'Hélène Caroli, artiste peintre3. Elle est l'épouse d'Étienne Legendre, créateur d'un centre hippique. Elle a deux fils3,4. Étudiante à l'ombre de Heidegger (1964-1974) Après des études secondaires au lycée Jean-de-La-Fontaine de Paris, elle entre en hypokhâgne au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, où elle est l'élève du poète et philosophe Michel Deguy, puis en khâgne au lycée Fénelon3, mais n'est pas reçue au concours d'entrée à l'École normale supérieure (Paris). Elle assiste par ailleurs, au lycée Condorcet, aux cours de Jean Beaufret, un ami de Martin Heidegger.[réf. nécessaire] En 1968, elle soutient à la Sorbonne, sous la direction de Ferdinand Alquié, un mémoire de maitrise en philosophie dans lequel elle aborde les fondements logiques de l'ontologie à travers la correspondance sur ce sujet de Leibniz et d'Arnauld5. C'est en passionnée de la pensée d'Heidegger qu'elle rencontre celui-ci6 au Séminaire du Thor7, auquel elle participe8 et qui se tient la deuxième semaine de septembre 1969 chez René Char9, figure exemplaire de l'intellectuel résistant10. Tout en continuant ses études dans l'université en restructuration de l'après-Mai 68, elle travaille occasionnellement comme traductrice11. Elle est en particulier sollicitée par Gallimard pour participer à la traduction de La crise de la culture : huit exercices de pensée politique d'Hannah Arendt, où l'auteur interroge ce que sont devenues la tradition, l'histoire, la liberté, la vérité, la politique, l'éducation dans une modernité dont le discours ne se fonde plus sur l'autorité. L'opération est renouvelée deux ans plus tard pour Vies politiques du même auteur, où est évoqué le passé nazi de Heidegger.[réf. nécessaire] Elle s'inscrit en 1971 aux séminaires du centre Léon-Robin de la Sorbonne et du Centre de recherches philologiques de l'université de Lille III. Elle est chargée de cours à l'université de Saint Denis, tout en préparant son doctorat ès lettres en philosophie3, qu'elle obtient en 1974 en soutenant une thèse sur le traité pseudo-aristotélicien Sur Melissus, Xénophane et Gorgias12. Elle publie sa thèse sous le titre Si Parménide13. Professeur de philosophie (1974-1984) Elle prépare le CAPES tout en assurant, de 1974 à 1976, une vacation de pédagogue pour adolescents psychotiques à l’hôpital de jour Étienne-Marcel, à Paris, où Françoise Dolto supervise depuis dix ans la prise en charge des tout petits14. Cette rencontre avec la langue absolument étrangère, intraduisible, des fous, aussi déterminante qu'avec Heidegger9, amène le psychanalyste Jacques-Alain Miller à lui confier de 1975 à 1979 la charge d'un cours du Département de psychanalyse de l'Université de Vincennes à Saint-Denis. Entre temps, grâce à deux bourses de l'Office allemand d'échanges universitaires, elle étudie en 1976 à l'université de Fribourg, où avait enseigné Martin Heidegger, puis en 1978 à l'université d'Heidelberg. Bien qu'elle ait échoué six fois à l'agrégation de philosophie15, elle obtient le certificat de professeur et est affectée chaque année, de 1979 à 1984, dans un établissement différent (lycée François-Villon à Paris, lycée Youri-Gagarine de Chaumont, lycée Salengro d'Avion, près de Lens, lycée Lamarck d'Albert, lycée Fénelon de Cambrai, lycée Poncelet de Saint-Avold). Page 1 sur 6 Durant ce cursus, elle exerce pendant trois années, de 1980 à 1982, comme maître de conférences à l’ENA, où elle est chargée de la méthodologie des séminaires, et, de 1981 à 1984, elle enseigne comme chargée de cours au Centre de recherches philologiques de l’université Lille-III.[réf. nécessaire] En 1983, Pierre Aubenque lui délègue l'organisation du séminaire sur la pensée antique, au sein du Centre Léon-Robin de la Sorbonne.[réf. nécessaire] Chercheuse au centre Léon-Robin et au Ciph (1984-1992) En septembre 1984, elle organise avec Monique Canto le colloque Qu'est-ce que la sophistique ? au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle16. Simultanément son appartenance au centre Léon-Robin est entérinée par un recrutement au CNRS. Désormais attachée de recherche détachée à l'unité mixte de recherche (UMR) 8061, elle travaille avec Pierre Aubenque. Elle devient directrice de recherche en 1996 et prend la direction du centre en 2006. Parallèlement, cette même année 1984, elle prend en charge un des séminaires du Collège international de philosophie, où elle devient directrice de recherche de 1988 à 1992 et siège au conseil de 1990 à 1993. À plusieurs reprises, elle collabore avec Michel Narcy. Ensemble, ils traduisent et éditent en 1989 le livre Γ de la Métaphysique d'Aristote17. En 1990, elle est sollicitée par Eric Alliez et la revue 34 Letras, liée à Gilles Deleuze et Félix Guattari, pour préparer la fondation à Sao Paulo de la maison d'édition Editora 34. Du 10 au 13 octobre, elle réunit à la Sorbonne, pour un colloque intitulé Les Stratégies contemporaines d'appropriation de l'Antiquité, Elizabeth Anscombe, Pierre Aubenque, Jacques Brunschwig, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Umberto Eco, Paul Ricœur, entre autres18, autour d'un questionnement, qui est le sien, sur les liens entre pensée antique et monde contemporain19, la rémanence de celle-là dans celui-ci20. Cette même année 1990, elle s'engage dans le projet de construction d'une philosophie européenne en participant sous la direction de Pierre Nora à la Librairie européenne des idées du Centre national du livre. En 1991, elle initie avec Alain Badiou aux éditions du Seuil une série de publications bilingues d’œuvres philosophiques au sein de la collectionPoints-Essais. L'année suivante, c'est à cette codirection que François Wahl, démissionnaire, confie la collection L’Ordre philosophique21, qu'il avait fondée vingt-cinq ans plus tôt avec Paul Ricœur. Pluralité culturelle et modernité de la sophistique (1993-2001) De 1993 à 2000, elle coordonne, au sein du groupe de recherche GDR 1061 du CNRS, une centaine de chercheurs qui se proposent d'élaborer un dictionnaire définissant les variations sémantiques des concepts philosophiques à travers leurs emplois dans différentes langues et différents contextes. Ce travail aboutit en 2004 par la publication du Vocabulaire européen des philosophies . En 1994, elle soutient à luniversité Paris-IV une thèse d'État sous la direction de Pierre Aubenque22. Cette thèse, à laquelle Si Parménide aura servi de prolégomènes23, est publiée sous le titre L'Effet sophistique dans la prestigieuse collection de la NRF24. Outre une confrontation entre des auteurs de l'Antiquité (Homère, Parménide, Gorgias, Antiphon, Aristote) et des penseurs contemporains (Frege, Heidegger, Arendt, Lacan, Perelman, Habermas), l'ouvrage offre de nombreux documents, dont la traduction de textes dans certains cas partiellement inédits en français (le Traité du non- être de Gorgias et son Éloge d'Hélène dans leur intégralité, les Tétralogies d'Antiphon ou encore le traité Sur la manière d'écrire l'histoire de Lucien de Samosate). À la suite de l'abolition de l'apartheid, elle participe à la fondation, à l'université du Cap, d'une école de rhétorique qui devenue depuis l'Association de rhétorique et de communication de l'Afrique du Sud25 (ARCSA), avec Philippe-Joseph Salazar, membre du Collège international de philosophie, dont la thèse avait été censurée dix ans plus tôt par le gouvernement d'Afrique du Sud. Elle en est la vice- présidente26 et l'une des correspondantes pour la France27. À partir de 1995, elle siège en tant que représentante élue au Comité national du CNRS. Quelles formes de discours pour quel monde ? (2002-2006) De 2002 à 2006, le CNRS lui confie le pilotage d'un Projet international de coopération scientifique (PICS 1455) avec l'Afrique du Sud intitulé Rhétoriques et démocraties. Corollairement, l'Institut Max Planck la charge de définir le programme de philosophie que la Commission européenne28 a décidé de mettre en ligne sur le site European Cultural Heritage on line29 (ECHO). Son équipe réalise de Page 2 sur 6 décembre 2003 à juin 2004, en collaboration avec les éditions du Robert et du Seuil, la maquette de la future version en ligne du Vocabulaire européen des philosophies30. Entretemps, elle retrouve, en 2005, le Centre national du livre, qu'elle avait quitté en 1997 au bout de sept années, au sein de la commission « Philosophie et théologie », et rejoint à la Sorbonne Jonathan Barnes, qui l'avait fait connaître en 1983 par un commentaire de son Si Parménide, dans l'animation d'un séminaire de master de deuxième année. L'année suivante, elle prend en charge elle-même pour deux ans ce même séminaire et publie Google-moi : la deuxième mission de l'Amérique, un ouvrage sur le moteur de recherche deGoogle. Elle y dénonce les effets paradoxaux d'une diffusion de masse dont l'algorithme, basée à l'inverse de son propre projet ECHO sur une quantification de la popularité, tend à occulter les qualités les plus heuristiques d'une base de données.[réf. nécessaire] En 2006 et 2007, elle participe à un programme d'études, intitulé Corpus et financé par l'Agence nationale de la recherche, sur les données et les outils de la recherche en sciences humaines et sociales et intègre le groupe d'experts conseillers en matière de plurilinguisme du ministre européen de l'éducation de la commission Barroso, Ján Figel'.