Les Manuscrits Français De La Bibliothèque Jagellonne De Cracovie, Des Origines Jusqu’Au Xviiie Siècle
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Les manuscrits français de la Bibliothèque Jagellonne de Cracovie, des origines jusqu’au xviiie siècle .x. Collectio Fibulae General Editors: Piotr Tylus and Roman Sosnowski Scientific Board: Craig Baker (Bruxelles) Corrado Bologna (Pisa) Olivier Collet (Gèneve) Bernard Guidot (Nancy) Philippe Ménard (Paris) Carlo Pulsoni (Perugia) Jerzy Strzelczyk (Poznań) Martine Thiry-Stassin (Liège) Les manuscrits français de la Bibliothèque Jagellonne de Cracovie, des origines jusqu’au xviiie siècle Piotr Tylus .x. Jagiellonian University Press cracoviæ .mmxix. Seria Fibula .x. Recenzent Prof. dr hab. Bohdan Krzysztof Bogacki Projekt okładki Marcin Klag Praca naukowa finansowana w ramach programu Ministra Nauki i Szkolnictwa Wyższego pod nazwą „Narodowy Program Rozwoju Humanistyki” w latach 2014–2019 nr 0093/NPRH3/H11/82/2014. © Copyright by Piotr Tylus & Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego Wydanie I, Kraków 2019 All rights reserved Niniejszy utwór ani żaden jego fragment nie może być reprodukowany, przetwarzany i rozpowszechniany w jakikolwiek sposób za pomocą urządzeń elektronicznych, mechanicznych, kopiujących, nagrywających i innych oraz nie może być przechowywany w żadnym systemie informatycznym bez uprzedniej pisemnej zgody Wydawcy. ISBN 978-83-233-4753-8 Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellońskiego Redakcja: ul. Michałowskiego 9/2, 31-126 Kraków tel. 12-663-23-80, tel./fax 12-663-23-83 Dystrybucja: tel. 12-631-01-97, tel./fax 12-631-01-98 tel. kom. 506-006-674, e-mail: [email protected] Konto: PEKAO SA, nr 80 1240 4722 1111 0000 4856 3325 TABLE DES MATIÈRES LA CULTURE FRANÇAISE EN POLOGNE, JUSQU’À LA FIN DU XVIIIe SIÈCLE . 7 DESCRIPTIONS DES MANUSCRITS . 17 INDEX DES NOMS PROPRES . 269 LISTE DES SIGLES UTILISÉS . 299 BIBLIOGRAPHIE . 301 LA CULTURE FRANÇAISE EN POLOGNE, JUSQU’À LA FIN DU XVIIIe SIÈCLE La culture française en Pologne, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, d’après la col- lection des manuscrits français conservés à la Bibliothèque Jagellonne de Cra- covie… À quels résultats est-on parvenu au bout de ce projet de recherche ? La majorité des manuscrits français dans le fonds de la Bibliothèque Jagellonne, exécutés jusqu’à la fin du XVIIIe siècle (une centaine), provient exactement du XVIIIe, les autres ne forment qu’une partie minime et insigni- fiante – voici le premier résultat de nos recherches. À la base de cette collec- tion on peut parler de la culture française en Pologne, mais de celle du XVIIIe principalement. On y distingue quelques groupes de manuscrits. Alors, ceux qui ont été exécutés en France ou ailleurs et importés en Pologne – un groupe bien mince. Ensuite, les témoins contenant des copies de textes littéraires, mais accom- plies dans notre pays, et qu’il faut plutôt considérer comme exercices de style. Enfin, des documents, souvent des originaux (lettres, mémoires, jour- naux, manifestes, relations, instructions, discours, etc.) exécutés en Pologne, par des Polonais ou bien par des étrangers, pas forcément par des Français. Ce dernier groupe est le plus largement représenté ici et il témoigne de la culture de la langue française, en tant que moyen d’expression et de com- mmunication, en Pologne, certes, mais non seulement : aussi en Europe au sens large, partout… Il paraît le plus important et le plus révélateur. Donc, les manuscrits en français dans cette collection sont rarement des manuscrits français. Commençons cette présentation par les journaux, … et les voyages, d’abord. Nous en trouvons des exemples intéressants. Le ms. 6793 est un manuscrit original des Journaux de voyages par M. le comte Michel Mniszech. Il a été rédigé en français, mais on y trouve aussi quelques morceaux en polonais, concernant des questions de Polonais en Italie, et en italien (un seul texte s’étendant sur trois pages, à peine). Il s’agit d’un voyage de Mi- chał Mniszech, au cours des années 1767-1768. Le manuscrit se compose 7 de trois volumes reliés ensemble. Le premier concerne Rome et l’Italie, le second – le retour de Mniszech via Loreto, Padoue, Venise et Vienne, et le dernier – son retour à Wiśniowiec à travers la Silésie et la Pologne. C’est en même temps un journal de voyage et un guide touristique, et bien plus que l’un et l’autre. Michał Mniszech (1742-1806), grand adepte des idées des Lumières, aristocrate polonais qui jouissait du titre autrichien de comte, marié en secondes noces avec la nièce du roi de Pologne, Stanisław August Poniatowski ; engagé dans les plus grands événements politiques de son temps. Au cours des années 1765-1768, il a voyagé à travers l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Angleterre, la France, l’Italie et l’Autriche.1 Et il a décidé de s’exprimer en français, mais ceci n’étonne pas, étant donné que c’était un homme « mondial ». L’autre cas est différent, bien plus modeste, mais c’est aussi un cas « français », celui d’Augustyn Karol Boromeusz Lipiński, né à une date inconnue et mort en 1814, chanoine des cathédrales de Płock et de Cracovie, juge ecclésiastique et archidiacre de Cracovie, qui a fait un voyage en Italie et à travers la France. Son journal porte le titre de notes : Notaty z podróży po Włoszech i po Francyi odbytej w r. 1780 przez Augusty- na Lipińskiego, Kanonika płockiego [Notes de voyage à travers l’Italie et la France, accompli en 1780 par Augustyn Lipiński, chanoine de Płock]. Lui aussi, il a choisi d’écrire ses notes de voyage en français (et en italien), et non pas en polonais, tout en étant Polonais, ni en latin, tout en étant un homme d’Église, un ecclésiastique d’antan. Quand nous parlons de journaux, on ne peut pas oublier le ms. 6118 qui contient le Journal du Théâtre de Varsovie. Ce document commence le 14 jan- vier et prend fin le 31 décembre 1781. Et il a été rédigé en français. Le Théâtre de Varsovie avait une dimension européenne. Le choix du français en tant qu’une langue internationale, européenne et celle des artistes, n’avait rien de surprenant, c’était une solution naturelle. Mais les journaux présents dans cette collection sont aussi autres. Le ms. 6438 comprend un journal (incomplet) de La Diète de Repnine (en polo- nais : Sejm Repninowski) qui s’est tenue à Varsovie entre le 5 octobre 1767 et le 8 mars 1768. Le fait que l’on a rédigé ce journal en français paraît une chose significative : un document à valeur internationale. On possède un autre ma- nuscrit français (lui aussi incomplet, comme le précédent) contenant le jour- nal de la même diète, celle de Repnine : le ms. 6579. En fait, on dispose ici de la première mise en page de ce document, contemporaine de l’événement en question – un témoin bien précieux. 1 Sur ce personnage cf. Polski Słownik Biograficzny, t. XXI/1, Wrocław-Warszawa- Kraków-Gdańsk 1976, p. 480-484. 8 Notre collection manuscrite embrasse également des textes littéraires écrits en français mais par des auteurs polonais. Il faut penser en premier lieu au ms. 6287 où l’on trouve des œuvres d’Antoni Sebastian Dembowski (1682- 1763 ; évêque de Płock et de Cujavie, homme d’État et homme de lettres) – un auteur polonais qui a choisi d’écrire en français, entre autres. Le recueil en question contient les manuscrits autographes de ce personnage. Le ms. 7042 est doublement intéressant. D’abord, il contient deux poèmes concernant Wojciech Suchodolski, composés en Pologne, en français. Ensuite, on y repère les copies de quelques pièces révolutionnaires, ce qui témoigne de l’attachement d’une partie des élites polonaises aux idées de la Révolution française. Un autre exemple de poèmes composés en français par un auteur polonais – cette fois-ci, il s’agit d’une Polonaise – se trouve dans le ms. Przyb. 99/51. Et comme dans le cas précédent, on peut y lire en même temps des co- pies de textes français. Le choix fait par l’auteur de cette compilation prouve que c’était une personne séduite par les Lumières, et par la Révolution fran- çaise. Je renvoie aux notices détaillées de ces témoins, présentes dans ce livre, avec lesquels on aborde un autre aspect de la culture française en Pologne, à cette période-là. En fait, il n’y est pas question de la culture française à proprement parler, mais des idées nouvelles, pas forcément françaises (quoique principalement françaises), cependant exprimées en français et à la française. Ainsi, on trouve dans le ms. 2939 une copie de l’Éthocratie de Paul-Henri Thiry baron d’Hol- bach. Ce témoin constitue l’un des exemples du rayonnement des Lumières en Pologne. Et non seulement les Lumières en tant que telles importent dans une partie de nos manuscrits, mais avant tout leur fruit : la Révolution fran- çaise. Les élites polonaises se montrent favorables au souffle révolutionnaire. Et on trouve quelques exemples de cette attitude dans la collection en ques- tion, excepté les cas évoqués ci-dessus. Que l’on pense, entre autres, au ms. 6386 qui transmet une copie d’une chanson de la Révolution française : Le salut de la France, dont les paroles ont été composées par Adrien-Simon Boy, au cours des derniers mois de l’année 1791. On peut penser aussi au ms. 7242 contenant Zabawki (les Jeux) de Stanisław Wodzicki (1764-1843), aristocrate polonais, poète et traducteur. On y repère deux traductions en polonais ac- complies par celui-ci, celle de La Marseillaise (Hymne des Marselois – Hymn Marsylijczyków Polski) et celle d’un catéchisme républicain. Mais on trouve bien plus de pièces révolutionnaires dans un autre manuscrit de Wodzicki (le ms. 7243), copié par lui : il a fait dans celui-ci un choix de textes divers en français, y compris l’Hymne à l’Être suprême ou bien la Chanson des Anar- chistes , ou encore L’inutilité des Prêtres (un vaudeville), etc.