'Él~ÙDE SUR L'organisation
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'Él~ÙDE SUR L'ORGANISATION DE ••• L'AFRJ' UE INDIG.ÈNE SOUS LA DOMINATION ROMAINE . ~~ , , PAl! , ' ,.' - JULES MAURICE Associé correspondant national de la Société des Antiquaires de France. Extrait des Memoires de la Sociéte nationale des Antiquaires .de France, t. LV. PARIS ~896 • , , - -- ;;> , 1 .JIll w<-ê1/ " ~ , . f/ iL ,~ " fi (/f/I/ifJYI- - l' é 10010404 ÉTUDE SUR L'ORGANISATION ~-~ ?', ,. " \".....li) • c • • \ L'AFRIQUE INDIGÈNE SOUS LA DOMINATION ROMAINE. .... L,o' tU ,.~., Par M. Jules MA.URICE, associé corre n~\-\i.QMIi, NA;;;;~, \.~..,.... .,... 11''''' ,~ ,or lb ,~ ,':' '.' .. '1''\ ' , ' ,,' ~. /",.., 1.- 1- .. ~ * , , . • I. - LES SUJETS DE ~"'4U"'E DU ~À.ftCt..J Il n'est pas possible d'apporter encore une pleine lumière sur le sort qui fut réservé aux populations indigènes en Afrique (Numide, Puni que, Berbère) pendant. l'occupation romaine; pourtant l'on peut démontrer dès maintenant que, sauf sur Je territoire de Carthage et en exceptant les villes ou les tribus détruites ou emmenées en esclavage après des guerres parti culièrement acharnées, Rome épargna les anciens habitants du pays, leur fit une condition civile et leur permit exceptionnellement de devenir des ci toyens romains et même de parvenir aux hon neurs suprêmes (jus adipiscendorum in urbe ho norum). .,'\ '.. .' " " .' • 2, ETUDE SUR L'ORGANISATION Après la troisième guerre punique, les dix légats sénatoriaux envoyés avec Scipion en Afrique pour régler le sort de la province laissèrent une partie du pays conquis à ses anciens habitants, les condamnant à payer un tribut qui, selon Appien, porta tant sur le sol que sur les per sonnes et sur les femmes que sur les hommes (cp6pov wp~crcxv l'ltl 't'~ 'Y~ xcxl l'ltl 't'Otç crwp.cxcr~v &vopl xcxl yuvcx~xl op.olwç) 1• . Çicéron parle d'un stipendium, sorte d'impôt de guerre, payable en argent et réparti par dis tricts. De cet impôt vint à cette population de cultivateurs le nom d'hom'ines stipendiarii qui se retrouve dans les documents suivants : 10 Dans la. tex agrm'ia de 643 U. C. (ou 111 av. J.-C.) 2; . 20 Dans la célèbre inscription de Gurza, de 742 de Rome (ou 10 av. J ,-C,), qui parle des senatus populusque civitatium stipendiariorum pago Gur genses 3~. 3° Dans divers discours de Cicéron : Orationes pro 1. C. Balbo et in Verrem. Cicéron confirme le dire d'Appien sur la situa tion faite aux vaincus après la destruction de Carthage (Vectigal est certum, quod stipendium dicitur, ut Hispanis plerisque Poenorum quasi J 1. Appien, De rebus punicis, 135. 2. C. J. L., I, p. 80 et sq. 3. C. J. L., VIII, 68. DE L'AFRIQUE INDIGÈNE.· 3 victoriae praemium ac poena belli). Cicéron désigne ici la population punique ou liby-phéni cienne, mais ailleurs il leur donne le nom d'Afri cains, Afri, Sardi, Hispani, agri stipendio mul ctati 1. Il s'agit donc des habitants de la province d'Afrique dans ses limites primitives. L'orateur revient sur leur sort dans le discours pour Balbus 2 et montre leur situation déjà sus ceptible d'une amélioration; beaucoup sont appe lés à la cité romaine. Or, cette population avait été reçue en deditio après la guerre, suivant la formule antique, si dure, et Cicéron s'indigne de ce que, à ces stipendiaires qu'il rapproche des ennemis et des esclaves, on fasse, en leur facilitant l'accès de la cité romaine, un sort supérieur à ceux des alliés de Gadès, de Sagonte, de Carthage, dont il a pris en main la cause. C'est que Rome avait- besoin des cultivateurs indigènes, l'émigration italienne n'étant pas suffi sante pour exploiter le pays; et, laissant, suivant son habitude, les vaincus sur le sol conquis, elle améliora leur sort en le rendant plus stable et 1. Cicéron, Omtio in Verrem, 3, 6, 12. Marquardt fait remar· quer que le mot plerisque indique qu'il y avait des villes libres dont le territoire était immunis. Manuel des antiquités romaines, t. X, p. 248. 2. Oratio pro 1. C. Balbo, 18. ÉTUDE SUR L'ORGANISATION exceptionnellement en permettant à un assez grand nombre l'accès de la cité. Il y eut alors une partie du territoire, dis tincte des propriétés privées des ltaliens et du reste de l'ager publicu,s, que la lex agraria désigne comme ager publicus stipendiariis datus adsi gnatus. Les Romains n'avaient pas l'habitude de chan ger les lois constitutives des provinces, et il est probable que la lex agraria de 64.3 dut rester longtemps applicable en Afrique. Frontin, qui écrivit plus tardivement, au 1er siècle de l'ère chrétienne, dit qu'il existe en Afrique des agri colo1Jici de même droit que ceux de l'Ita lie, c'est-à-dire déchargés d'impôts; d'autres qui sont immunes à d'autres titres 1; puis le territoire de la province, des municipes et des cités de péré grins; enfin des agri colonici stipendiarii 2. « Les champs soumis au stipendium, ajoute-t-il, qui n'ont aucune servitude et ne peuvent être réclamés par aucun étranger, appartiennent à des particuliers dans d'autres conditions que la propriété privée ordinaire. Ils peuvent être ven dus, mais ne peuvent pas faire l'objet d'une man cipation. Leur propriété est accordée à leurs cul- L Frontin, lib. II, p. 36. 2. Lex agraria, ligne 27; ceux: des vétérans, par exemple: « Is ager locus domneis privatus ita utei quoi optima lege privatus est esta. 1) DE L'AFRIQUE INDIGÈNE. 5 tivateurs, à charge de faire porter ses fruits à la terre et d'acquitter un tribut }) (Et stipendiarios qui nexum non habent, neque possidendo ab alio quacri possent, possidentur tamen a privatis sed (atia conditione) et veneunt sed nec mancipatio eorum legitima potest esse. Possidere enim illis quasi fructus tollendi causa et pmestandi tributi conditione concessum est 1) . Siculus :Flaccus Z dit que dans les provinces la guerre fut la cause d'une nouvelle division et assi gnation des champs, parmi lesquels les meilleurs furent donnés aux vainqueurs, soldats et vété rans; mais que des sentiments de dignité, la faveur ou l'amitié conduisirent les Romains à laisser aux vaincus une partie de leurs biens ou à leur en rendre d'autres en place des leurs (red ditum commutatum pro suo 3 ). Les agrimensores reviennent plusieurs fois sur cette mesure, et il n'est pas douteux qu'ils l'appliquent à l'Afrique. Ainsi, sur le territoire des colonies fondées en Afrique, des terres étaient rendues aux anciens propriétaires et, suivant un usage exposé par les 1. Frontin, lib. II, p. 35, 36; Gromatici veteres, édit. Lach· man. 2. Il faut remarquer que le travail des agrimensores est assez postérieur à l'annexion des provinces d'Afrique et qu'ils y ont tenu compte des conditions de la propriété en Afrique. 3. Siculus Flaccus, De conditionibus agrorum, p. 155 : « Nec tamen omnibus personis victis ablati sunt agri. )) , 6 ÉTUDE SUR L'ORGANISATION auteurs du Corp. inscr. lat. à propos de la lex agraria 1, elles étaient assimilées à celles contre lesquelles elles étaient échangées; et ainsi se déter minèrent les agri colonici stipendiarii. Ces terres étaient donc assimilées à celles oc cupées par les soldats, mais elles ne jouissaient - pas des mêmes immunités 2 • Elles ne pouvaient pas non plus se vendre comme la propriété ro maine ou celle des alliés 3. 1. Lex agraria de 643, L 45: « ••• colono eive quei in colone(i numera) scriptus sit, datus et adsignatus est quodve ejus. » Et les auteurs du G. 1. L. font à ce propos la remarque suivante: « Ager ita pro colonico commutatus redditum eodem jure sit coloni quo vere colonicus ejus fuerat. » • 2. Hygin, De cand. agr.) p. 117 : «Quive veteribus pos- sessoribus redditi commutatique pro suis sunt. Hi agri leges accipiunt ab his qui veteranos deducunt. » Frontin, p. 36, De cantr. agr.) dit des agri calanici stip. : « Controversias inter se tales movent quales in agris immunibus et privatis soIent evenire. » 3. Les Africains s'étaient adonnés à la culture avant la prise de possession du pays par les' Romains. Strabon, l. X VII, c. III, 15, dit que Massinissa avait transformé ses Numides en soldats, en citoyens et en cultivateurs ('to~ç N0fL<xo<xç 1toÀmxoÙç Y.<X't<XO"Y.EVC<O"<xç Y.<xI YEWpYOi,ç); le même auteur parle, l. XVII, c. xxv, de la fertilité de la Massoesylie. Les environs de sa capitale Cirta étaient particulièrement cultivés. Salluste rapporte que Metellus, dans la guerre contre Jugurtha, ravage surtout les campagnes autour de Vacca. César (Bell. Arric. , LVI) dit que des champs ont été donnés à cultiver aux Gétules dans ce qui deviendra le royaume d'Hiempsal (Numidie occidentale). D'après Hirtius, Sittius, compagnon de César, ravage les champs du Hodna, à l'ouest du mont Aurès. Il est impossible de dire si les DE L'AFRIQUE INDIGÈNE. 7 La Numidie et la Maurétanie n'ayant pas été annexées à la suite de guerres acharnées comme la province d'Afrique, l'impôt de capitation ne dut pas y être supporté par les anciens habitants du pays; on se contenta de leur faire payer l'im pôt du sol en argent, stipend'ium, auquel se joi gnirent certainement des dîmes en nature néces sitées par le service de l'annone. Le travail de ces cultivateurs étant nécessaire pour l'exploitation de la province, on ne les autorisa pas à vendre leurs champs, mais seulement à céder à leurs pairs le droit de les cultiver, et ainsi une popula tion de cultivateurs dut se perpétuer toujours à peu près la même sur les mêmes terres. Au me siècle, en 238, l'Afrique donna la pourpre impériale à Gordien; Hérodien 1 et Capi tolin Z, racontant l'avènement de cet empereur et le soulèvement populaire qui le porta au trône, nous disent que la révolte fut provoquée par les exactions d'un agent du' fisc, rationaZis, 'YP~fLf.W' 't'EUe., et que les insurgés, qui étaient des culti vateurs africains, Afri veZ rust'ici, firent un empe reur pour avoir un chef, ce qui semble une pré tention bien grande pour ces petits cultivateurs; cultures de certaines régions où étaient fixés les indigènes remontent au début du 1er siècle, mais les Musulames purent cultiver dès le règne de Tibère et les Nattabutes vers la meme• epoque.• 1.