Illustration de couverture : Philippe Mitschké SERVICE HISTORIQUE DE L'ARMEE DE L'AIR

LES AS DE LA GUERRE 1939-1945 - Tome 2 -

(de L à W)

- Daniel PORRET Franck THEVENET

Lieutenant-colonel Antoine DE LA CHAPELLE Groupe de chasse II/4 7 victoires aériennes homologuées. Le lieutenant-colonel Antoine de La Chapelle est né le 27 septembre 1916 à Lyon. Décidé à assouvir sa passion pour l'aviation, il s'engage en octobre 1935 dans 1 'armée de l'Air. C'est à Istres où il est admis comme élève du personnel navigant qu'il obtient, le 7 juillet 1936, son brevet de pilote. Il a la chance d'être désigné en janvier 1938 pour la base aérienne de Reims, là où l'équipement en matériel performant attire les jeunes aviateurs. Le 16 mai 1939, le sergent de La Chapelle est placé sous les ordres du capitaine Claude qui commande la 4e escadrille du groupe de chasse IL/4. Pour les hommes de cette unité, la "drôle de guerre" n'a rien de particulièrement risible. La disparition du capitaine Claude, dans des conditions qui relèvent de l'assassinat et non du fait d'armes, suffit pour convaincre ses équipiers du caractère particulièrement odieux de l'ennemi. Le 25 septembre 1939, le capitaine Claude, après avoir abattu un Me 109 est contraint d'abandonner son Curtiss en flammes. Il saute en parachute et pendant sa descente ses adversaires n'hésitent pas à lui loger deux balles en pleine tête. On comprend mieux la hargne avec laquelle le sergent de La Chapelle, épaulé par deux camarades, détruit trois Me 109 le 27 septembre 1939. Même si deux seulement seront homologués, les hommes ont la satisfaction d'avoir vengé leur chef regretté. Le 10 mai 1940, le sergent-chef de La Chapelle se distingue en prenant en chasse un groupe de He 111. Bien placé derrière l'un de ces bombardiers il vide ses chargeurs sur sa victime. A son tour, il est pris à partie par les mitrailleuses adverses et contraint à un atterrissage forcé. Le 19 mai, ce sont deux Hs 126 qui s'écrasent aux environs de Marie. Enfin, les 9 et 11 juin il ajoute deux avions allemands à son palmarès. Au soir de la débâcle, il totalise sept victoires aériennes homologuées. Replié en Afrique du Nord, son groupe est dissous en août 1940. Il est pris en compte par le groupe de chasse II/5 qu'il quitte en avril 1942 pour suivre les cours du centre de perfectionnement des sous-officiers. Placé en permission puis en congé d'armistice, il part en mai 1944 au stage des élèves officiers d'activé. A sa sortie, il réalise pour le compte de la Résistance de nombreuses opérations. Son action au sein de la mission interalliée Verveine, à laquelle il adhère le 15 juillet 1944 lui vaut une citation à l'ordre de la Division. Promu sous-lieutenant en septembre 1944, il est muté au centre d'instruction de la chasse à Meknès. Il retrouve la Métropole quatre ans plus tard et intégre avec le grade de lieutenant, le groupe de reconnaissance 1/33 "Belfort". Capitaine, il est affecté en juillet 1951 au groupement de contrôle tactique aérien 72 à Metz. Il y reste jusqu'en mai 1960. A cette date, commandant depuis le 1er juillet 1956, il prend la direction de la base 901 Drachenbronn. En avril 1962, il est au centre d'instruction des contrôleurs d'opérations et des contrôleurs de sécurité aérienne de Dijon. Le 26 septembre 1963, le commandant de La Chapelle était placé en position de congé définitif du personnel navigant. Promu lieutenant-colonel en avril 1964, il faisait valoir ses droits à la retraite et quittait, le 1er octobre 1968 après trente-trois années de service, cette armée de l'Air qu'il honore de ses sept victoires homologuées. Le lieutenant-colonel Antoine de La Chapelle décédait en novembre 1983. Antoine DE LA CHAPELLE à Meknès, fin juin 1940, tenant le fanion des "Petits-Poucets" Antoine de La Chapelle Tableau des victoires sûres

L'inspection de la Chasse gratifie le lieutenant-colonel Antoine de La Chapelle de 7 victoires sûres. L'Historique du groupe de chasse 11/4 source plus détaillée, lui donne 7 victoires sûres et 1 probable. Lieutenant Jacques LAMBLIN Groupe de chasse 11/7 5 victoires aériennes homologuées 4 probables. Le lieutenant Jacques Lamblin est né le 4 juillet 1907 à Saint-Fargeau (Yonne). Très tôt, il fréquente le terrain .d'aviation de sa commune de l'Yonne. Arrivé en âge de satisfaire à ses obligations militaires, il en profite pour servir dans l'aviation. Il est admis en novembre 1930 à l'école d'Istres et passe en avril 1931 son brevet de pilote. Il termine sa période réglementaire sous les drapeaux dans le groupe de chasse H/7. De retour à la vie civile, il effectue régulièrement des périodes volontaires au sein de son unité, totalisant chaque année quarante à cinquante heures de vol. Dans l'entretien qu'il a accordé au service historique de l'armée de l'Air, le lieutenant Lamblin se souvient : "Le hasard a voulu qu'en 1939 je choisisse d'effectuer ma période volontaire au mois d'août... A la fin du mois, j'étais plus entraîné que les camarades d'active de mon groupe qui ne volaient guère plus de cent heures par an. Ça expliqué simplement pourquoi j'ai eu des résultats "(1). Résultats qui ne se font pas attendre, puisque c'est à lui que revient le privilège d'ouvrir le palmarès de son groupe en abattant le 22 novembre 1939 un Do 17. Il renoue avec le succès le 7 avril 1940 en détruisant un Ju 52. Puis, la bataille de lui permet le 11 mai et le 10 juin 1940 d'obtenir trois victoires supplémentaires. Pour lui, c'est avant tout la chance qui peut expliquer de tels succès : "J'avais une chance invraisemblable. Toujours les yeux tournés là où il fallait (2). Il est vrai que la chance sourit aux audacieux et à ceux qui savent la saisir... Le 15 juin 1940, alors que son groupe s'apprête à se replier en Afrique du Nord, le sergent Jacques Lamblin livre un dernier combat contre un Do 17. Combat acharné qui le pousse à poursuivre son adversaire jusqu'en Allemagne. Là, au fond d'une vallée, l'avion allemand heurte un versant et explose sous les yeux du sergent Lamblin. Mais, dans le feu de l'action, l'appareil du sergent Lamblin a été endommagé, une balle ayant percé le radiateur. Il parvient à rejoindre ses lignes et à se poser. Il lui reste à retrouver son groupe... "Avec quelques camarades, nous avons couru après le groupe qui se repliait, lui en avion, nous en voiture. Finalement nous étions à Vichy quand nous avons appris la demande d'armistice. Nous sommes allés à Marignane et nous avons traversé la Méditerranée avec un hydravion et avons rejoint notre groupe "(3). L'ambiance en Afrique du Nord ne le satisfait pas. Le commandant Durieux qui avait l'estime et l'admiration de tous ses pilotes, est remplacé par un officier aux sympathies pro-allemandes prononcées... Aussi, est-ce sans amertume qu'il apprend en septembre 1940 sa démobilisation. Il se retire en Tunisie. En 1943, il souhaite participer à nouveau à la lutte contre l'Allemagne, mais il se heurte à l'administration militaire qui lui fait comprendre que sa présence n'est pas indispensable et l'encourage à demander son congé pour limite d'âge. Le 1er octobre 1943, il quittait le service actif, entrait dans la réserve et poursuivait ses périodes d'entraînement. Pilote aussi modeste qu'efficace, il était promu lieutenant en 1952. (1) Interview du lieutenant Lamblin, S.H.A.A., H.O., n° 371,28.11.1983. (2) Ibidem. (3) Ibid. Au centre, Jacques LAMBLIN àLuxeuil le 1er novembre 1939 Jacques Lamblin Tableau des victoires sûres (S), probables (p), appareils endommagés lE) Capitaine R.A.F. 602e Squadron et "Normandie-Niémen" 16 victoires aériennes homologuées 2 probables. Le capitaine Roland de La Poype est né le 28 juillet 1920 aux Pradeaux (Puy-de-Dôme). Emerveillé par les exploits des As de la Grande Guerre, admirateur des Mermoz et autres figures de l'Aéropostale, il est attiré très tôt par l'aéronautique '7orsque l'on est jeune, on aime toujours débuter dans des métiers relativement nouveaux, et, plus ces métiers donnent l'impression d'être glorieux, plus l'impatience vous vient d'y participer le plus rapidement possible" (1). Eduqué, comme la plupart des jeunes français de l'époque, dans la crainte de l'Allemagne, conscient du danger nazi, il entend se préparer à servir son pays. C'est ainsi qu'il se, porte volontaire pour suivre une préparation militaire supérieure. Celle-ci, outre la perspective d'être incorporé en qualité d'officier, lui offrait la possibilité de choisir son arme. On l'a deviné, l'armée de l'Air recueillait toutes ses faveurs. Le 15 août 1939, il s'engage à Angers en qualité d'élève pilote. Là il effectue plusieurs vols d'entraînement au-dessus de la Loire, s'initie aux techniques de la navigation et passe en février 1940 son brevet. Au terme de son apprentissage, sorti dans un bon rang de sa promotion, le 15 mars 1940 il se porte candidat pour l'école de chasse d'Etampes. Il complète son instruction en pilotant des Morane 225 et 406 ainsi que des Dewoitine 500. Alors qu'à l'aube du 10 mai 1940, les armées allemandes pénètrent en force le territoire national, le jeune Roland de La Poype n'a pas encore achevé sa formation de chasseur. A Etampes où l'on craint des bombardements, les ordres de repli se succèdent. Les jeunes pilotes se retirent d'abord sur Angers, ville où, faute de mieux, ils couchent dans un moulin à même le sol. Puis ils se dirigent vers La Rochelle pour quelques semaines, en pleine débâcle. Survient l'armistice. Un de ses camarades l'informe que le général de Gaulle a lancé de Londres un appel à tous ceux qui sont résolus à continuer la lutte. Quel est l'état d'esprit de cet homme de vingt ans ? : "11 n'y a pas cinquante solutions : ou on reste et à ce moment-là on ne sait pas quel est le sort qui nous attend, ou de Gaulle continue à se battre et on va avec de Gaulle. Au point de vue familial, cela posait des problèmes. On pouvait se dire qu'on allait reprendre ses études, que la vie aurait pu être assez agréable, mais on voyait mal comment on allait supporter l'occupation allemande. Nous avons préféré jouer cette chance de continuer le combat plutôt que d'être faits prisonniers, bêtement sans combattre" (2). Reste à trouver le moyen de quitter le territoire national. Le 23 juin 1940, un navire polonais en partance pour l'Angleterre se propose d'aider les pilotes français. Quelques jours plus tard, ceux-ci touchent le sol britannique et sont installés dans un campement de fortune en attendant les ordres. De juillet 1940 à janvier 1941, il participe aux opérations que Churchill et de Gaulle mènent sur l'Afrique Occidentale Française, dans l'espoir de gagner ces territoires à leur cause. A son retour sur le sol britannique, il est sélectionné pour entrer dans une école de pilotage anglaise, afin d'acquérir les techniques en vigueur dans la R.A.F.. Il recommence son instruction à Odiham, où durant trois mois il vole sur les quelques avions disponibles. En avril 1941, il est désigné pour l'école de Seawell, puis pour l'O.T.U. de Ternhill (3). Là, en compagnie notamment de Jacques Andrieux (4), il s'entraîne sur Spitfire, dernière étape avant d'être placé dans une unité combattante. De ses nombreux séjours dans les écoles britanniques, il conserve un agréable souvenir et sait gré aux instructeurs de la de l'avoir initié au vol de nuit. En juillet 1941, le sergent de La Poype est muté au 602° Squadron. Au sein de cette formation, il multiplie les missions d'escorte de bombardiers à haute altitude, ainsi que des opérations de reconnaissance au ras de l'eau. Il entre enfin en contact avec la Luftwaffe et obtient même une victoire. Laissons-le conter son premier combat (5) : ''J ' aperçus un "Messer" bien au-dessus de moi, à plus de 30 000 pieds ; après une chandelle, accroché à l'hélice, j'ai pu mettre mon "Spit" en position de tir, sous les trois quarts arrière d'un Me 109 G., sur lequel trois triangles s'étalaient largement -un colonel de la Luftwaffe, probablement, je ne sais- mais je lui lâchai une longue rafale si près que je pensais l'emboutir, puis mon avion bascula, et ce n'est que quelques jours après la projection du film enregistré par la caméra de tir que cette victoire me fut attribuée" (6). En août 1942, la visite de l'amiral Jobelin venu inspecter les Français Libres le décide à quitter ses camarades. Ce dernier lui fait la proposition de partir combattre au sein d'une unité française. Bien qu'attaché à son Squadron, le flight lieutenant de La Poype accepte la proposition. A cela deux raisons majeures : d'abord le goût pour l'aventure, ensuite, la perspective d'avoir à livrer des combats sur la terre ferme et non plus au-dessus de la mer du Nord. On ne dira jamais assez l'angoisse des pilotes parfaitement conscients qu'en cas de crash, leur espérance de vie ne dépasserait pas les quatre minutes dans cette étendue glacée. Le projet du "Normandie" étant gardé secret, l'aspirant de La Poype ignore qu'il s'est porté volontaire pour les lointaines contrées de la Russie. Quelque peu hésitant à l'annonce de cette mutation, il reste fidèle à sa décision : "Commej j'avais dit oui, on m'a dit "vous partez pour la Russie". Je ne voulais pas vraiment partir, mais j'ai dit oui quand même. "(7). Il quitte l'Angleterre à la fin de l'été 1942. Un long périple par le Cameroun, le Tchad, l'Egypte, la Syrie et l'Iran l'amène à toucher le sol soviétique en décembre 1942. "La Russie était en guerre. Nous ne parlions pas la langue, mais nous avons été reçus de façon chaleureuse, compte tenu des moyens dont disposaient les Russes" (8). Néanmoins, l'intégration n'est pas des plus faciles. Les obstacles sont nombreux : la langue, d'abord, mais aussi la nourriture, le confort et, enfin le climat. Il faut lutter contre le dépaysement aggravé par la difficulté de correspondre avec les familles restées en France. Mais la guerre, priorité absolue, balaie les états d'âmes. C'est à Ivanovo, à 250 kilomètres au nord-est de Moscou que le groupe de chasse n03 s'installe au début du mois de décembre 1942 et se prépare à la lutte à venir. Confiants dans les possibilités de leur Yak, les pilotes gagnent le front en mars 1943. Très vite, le sous-lieutenant Roland de La Poype se trouve confronté à des conditions de combat tout à fait nouvelles. En patrouille dans le ciel soviétique, il s'étonne de ne rencontrer que rarement des appareils ennemis : " De temps à autre, avec un peu de chance, il nous arrivait d'apercevoir des traînées dans le ciel qui trahissaient des avions au-dessus de nous. Le reste du temps, c'était l'attaque éclair de Messerschmitt sur nos patrouilles de deux Yak. Ils descendaient sur nous d'en haut et dans le soleil : quelques traçantes nous arrivaient dessus, par derrière, et l'ennemi dégageait. Le temps de nous ressaisir, il n'était plus question de revenir, ni eux, ni nous : nous n'en avions pas le temps"(9). Pourtant, le 16 juin 1943, bien décidé à ne pas laisser filer ses adversaires, il se lance à la poursuite d'un Fw 189. Il amorce un piqué qui en quarante secondes le fait brutalement passer de 4 500 à 1 000 mètres d'altitude. Ses tympans ne résistent pas à un tel choc, et c'est le visage en sang qu'il atterrit quelques instants plus tard. Il est aussitôt transporté à l'hôpital. C'est à son retour qu'il apprend la disparition du commandant Tulasne et du capitaine Littolf (10). Le groupe est désormais placé sous l'autorité du commandant Pierre Pouyade (ll). Le 31 août 1943, le sous-lieutenant de La Poype ouvre son palmarès en détruisant un Ju 87. Puis, du 1er au 22 septembre 1943, il abat deux Fw 190 et deux Ju 87. Il termine la première campagne par deux victoires les 4 et 13 octobre 1943 sur un Hs 126 et un Fw 190. Avant même que ne commence l'offensive que le "Normandie" lance le 16 octobre sur la Prusse Orientale, le lieutenant de La Poype, en mission de chasse libre surprend des Me 109 au décollage. Il obtient ainsi sa huitième victoire en terre soviétique. Le 18 octobre, il abat à quelques heures d'intervalle deux Ju 87 et deux Fw 190. Il clôt son palmarès les 23 et 26 octobre 1944, sur un Fw 190 et un Me 109. Le 27 novembre 1944, le lieutenant Roland de La Poype reçoit avec Marcel Albert le titre de "Héros de l'Union soviétique" ainsi que l'ordre de Lénine avec Etoile d'argent (Marcel Albert recevait l'Etoile d'or). Cette plus haute distinction de l'Armée rouge, couronne l'ardeur, le talent et le courage que ce jeune homme de vingt- cinq ans témoigne dans sa lutte de tous les jours contre l'ennemi commun. Un mois plus tard, il quitte ses camarades de combat pour une permission qui lui permet quatre ans après son départ, de retrouver le sol natal. A la Libération, Roland de La Poype devenu capitaine, commande pendant quelques mois une escadrille au Bourget, avant de quitter définitivement en 1947, l'armée de l'Air. Survivant de cette fantastique aventure que fut le "Normandie-Niémen", combattant de la première heure, Roland de La Poype a fondé sa propre entreprise d'emballage. Ses activités ne l'éloignaient cependant ni de l'aviation -il possède son propre appareil- ni de l'Union soviétique où, à la faveur de nombreux colloques mais aussi pour affaires il se rendit plusieurs fois. (1) Interview du capitaine Roland de La Poype, S.H.A.A., H.O. n° 144, séance du 9 mai 1979. (2) Ibidem. (3) Unité d'entraînement opérationnel. (4) Cf. biographie du général Jacques Andrieux. (5) LA POYPE (Roland de ), De l'Angleterre à la Russie : deux techniques, le même combat, Icare (63), p. 60. (6) Il n'est pas dans notre propos de mettre en cause cette victoire, simplement le tableau de l'inspection de la Chasse omet de la mentionner. (7) S.H.A.A., H.O. n° 144. (8) Ibidem. (9) LA POYPE (Roland de), op. cit., p. 66. (10) Cf. biographie du capitaine Albert Littolf. (11) Cf. biographie du général Pierre Pouyade.

Roland DE LA POYPE, au Bourget le 20 juin 1945 Roland de La Poype Tableau des victoires sûres (S), probables (P), appareils endommagés (E) Commandant Pierre LAUREYS dit KENNARD Groupe de chasse IV/2 "Ile-de- France" 5 victoires aériennes homologuées.

Le commandant Pierre Laureys est né le 7 août 1919 à . Après des études secondaires aux lycées Carnot et Pasteur qui le conduisent au baccalauréat, il entre en apprentissage chez son père qui lui enseigne les techniques de la photogravure. Il part de nombreuses fois à l'étranger pour perfectionner et compléter ses connaissances. Le 28 février 1940, il s'engage pour la durée de la guerre au titre du bataillon de l'Air n° 109 à Tours. Huit jours après, il part pour l'école de pilotage de Saint-Brieuc où il obtient son brevet. La débâcle, puis l'armistice le mènent à Bordeaux. Il assiste, impuissant à l'effondrement moral de ses compatriotes. Pour lui la guerre n'est pas finie. Mais laissons le conter son évasion : "Nous partîmes donc en direction de Bordeaux, puis de là, en direction de Dax où nous retrouvâmes notre école. Le dimanche 23 juin décida de notre sort. Dans une salle basse d'un vieux café nous entendîmes l'appel du général de Gaulle. Le lendemain nous partions pour Saint-Jean-de-Luz. où nous espérions trouver un cargo en partance (pour l'Angleterre N.D.L.R.). Il pleuvait, il tombait sur ce merveilleux petit port un véritable déluge d'eau. Les Polonais embarquaient. Devant nous on arrêtait des Français qui cherchaient à s'embarquer. Vers six heures, d'une chaloupe en partance, des aviateurs polonais nous appellent "Pilotes français ? Venez, venez !". D'un regard nous nous consultons puis l'un après l'autre nous sautons dans une petite barque, puis dans une autre et sommes happés dans la chaloupe sous les yeux ébahis des marins et gardes mobiles. La chaloupe déjà, quitte lentement le port... (...) Et à travers le brouillard pluvieux je vis... mes parents ; non ce n'était pas un rêve, c'était bien eux, c'était bien cela qui devait être la dernière et terrible vision de la France qui s'éloignait... "(1). Le 28 juin 1940, il signe, sous le pseudonyme de Pierre Kennard, un engagement dans les Forces Aériennes Françaises Libres. Le général de Gaulle en fait son secrétaire- chauffeur. Mais il est venu pour se battre, pour offrir ses talents d'aviateur à ce pays qui est seul dans la lutte. Le 2 mai 1941, il est versé en école d'opérations. Le 11 mai 1942, il est affecté au groupe de chasse IV/2 "Ile-de-France". Le 19 août 1942 lors du "coup de Dieppe", il inaugure brillamment son palmarès en abattant deux Dornier 217. Pierre LAUREYS dit "KENNARD", au GC IV/2 "Ile de France" Puis, le mois de mars 1943 lui permet d'étoffer son palmarès. Les 9 et 14 mars, il abat trois Fw 190. Lui qui écrivait en mai 1941 : "Pourquoi suis-je parti, pourquoi ai-je ,quitté ceux que j'aimais, ceux qui étaient tout mon bonheur ? Pourquoi, parce que j'avais le sentiment que ce n'étalf pas fini, que le Général qui nous appelait avait besoin de notre future valeur combattante, et puis je préférais mourir que vivre sous l'occupation allemande. La guerre n'est pas finie" (2) est allé au bout de son engagement et a contribué directement à la victoire des Alliés. A la Libération, il est démobilisé et passe dans la réserve. Il reprend alors son métier de photograveur et fonde, en 1950, la revue Aviation Magazine qu'il dirige jusqu'en 1968, date à laquelle il prend la présidence de la société Clichés-Union. Mais le monde de la presse aéronautique et celui des affaires ne l'éloignent pas de l'armée de l'Air. Au moment de la guerre d'Algérie, il effectue, sur sa demande un séjour de plusieurs mois dans ce département qui lutte pour son indépendance. (1 ) Lettre écrite par le caporal-chef Pierre Kennard, S.H.A.A., Fonds Martial Valin, Z 23327. (2) Ibidem. N.D.L.R. Ces lettres ont été écrites sur la demande des britanniques soucieux de connaître les raisons profondes de ces pilotes français venus combattre à leur côté. Elles s'articulaient autour de deux questions : " Que faisiez-vous avant la guerre ? " "Pourquoi êtes-vous parti ? " Pierre Laureys dit Kennard Tableau des victoires sûres (S), probables (P), appareils endommagés (E) Sous-lieutenant Emile LEBLANC Groupes de chasse 111/3 et 11/3 7 victoires aériennes homologuées 1 probable. Le sous-lieutenant Emile Leblanc est né le 24 mars 1907 à Jussy-Champagne (Cher). Parti à vingt ans satisfaire à ses obligations militaires, il ne quittera plus l'armée. Brigadier puis maréchal des logis au 8e régiment de chasseurs, il entre en octobre 1930 dans l'aviation et sert au 37e régiment installé à Rabat. Créée en 1932, l'école de formation des sous-officiers du personnel nayigant lui ouvre de nouvelles perspectives. Reçu quatrième du premier concours de recrutement, le 14 octobre 1932 il commence son apprentissage à Istres. Breveté pilote en juillet 1933, c'est avec le grade d'adjudant-chef qu'il est affecté à la fin de l'été 1939, à la 6e escadrille du groupe de chasse III/3. S'il effectue le 26 septembre 1939 la première mission de guerre impartie à son unité, il lui faut attendre le 15 mai 1940 pour décrocher sa première victoire. En patrouille il abat un Do 17. Trois jours plus tard, seul, c'est un Hs 126 qui est victime de ses tirs décisifs. Le lendemain, en collaboration avec ses camarades il descend un autre Hs 126 et attaque avec succès un He 111. Le 16 juin, deux nouveaux Hs 126 s'ajoutent à son palmarès. Replié en Afrique du Nord, son groupe est dissous le 12 août 1940. Le 26 août il se joint aux effectifs du groupe de chasse H/3 avec lequel il participe aux opérations que l'armée de l'Air d'armistice mène en Syrie. C'est ainsi qu'il obtient, le 2 juillet 1941, une victoire sur un Hurricane. Le 28 janvier 1944, au cours d'un exercice aérien commandé le sous-lieutenant Emile Leblanc pilotant un Hurricane entrait en collision avec un P. 39 du groupe de chasse 1/4. Tué sur le coup, il ne devait jamais assister à la libération de son pays. Emile LEBLANC au GC 11/3, sur le terrain d'Alger Maison-Blanche Emile Leblanc Tableau des victoires sûres

Marcel LEFÈ VRE, devant son "Père Magloire", peu avant son accident Marcel Lefèvre Tableau des victoires sûres (s), probables

L'inspection de la Chasse gratifie le lieutenant Marcel Lefèvre de 11 victoires sûres et de 3 probables tandis que l'historique du Normandie-Niémen (SHAA 6D5) seule source à donner le détail lui attribue 12 victoires sûres et 3 probables. Lieutenant-Colonel Georges LEFOL Groupes de chasse II/5 et I/5 12 victoires aériennes homologuées 1 probable. Le lieutenant-colonel Georges Lefol est né le 13 mars 1913 à Tunis. Titulaire de son brevet de pilote, il se présente en février 1934 à l'intendance militaire de Nîmes où il souscrit un engagement volontaire dans l'armée de l'Air. Affecté à l'école de pilotage d'Etampes il suit, de février à avril 1934, un stage de perfectionnement qui le désigne, à sa sortie, pour la base aérienne 105. A l'issue de son service légal, le sergent de réserve Lefol décide de rester dans l'armée. Le 14 mai 1937, il est dirigé sur la base aérienne de Reims où il s'intègre à la 5e escadre de chasse. Volontaire et ambitieux, il prépare avec succès en août 1939, le concours d'entrée à l'École militaire de l'air. Le 3 septembre 1939, la France déclarait la guerre à l'Allemagne. L'heure étant à la mobilisation de toutes les énergies, de tous les talents, l'aspirant Georges Lefol prenait place au sein de la 3e escadrille du groupe de chasse n/5. En ses débuts, la "drôle de guerre" sera pour lui plus une lutte de tous les jours contre l'aviation ennemie, qu'une longue et pénible attente. Dès le 6 novembre, il abat un Me 109 et remonte aussitôt à l'attaque pour en mettre un autre en flammes. Au soir de cette journée, seule une victoire lui est officiellement comptée. Le 15 novembre 1939, lorsqu'il quitte son escadrille pour Versailles et ses futurs camarades de promotion, le groupe de chasse II/5 est conscient du vide laissé par ce pilote. La guerre devait écourter son séjour dans la ville royale et replonger le jeune sous-lieutenant Lefol dans cette ambiance mêlée d'angoisse et d'excitation qu'il avait connue quelques mois auparavant. Le 18 mars 1940, il est placé sous les ordres du capitaine Moingeon qui commande la 2e escadrille du groupe de chasse 1/5. Le sang froid et la dextérité de notre sous-lieutenant ne sont pas engourdis par ces semaines passées en marge du conflit. La preuve, il l'apporte en détruisant un Do 17 le jour même où la bataille de France est amorcée. Ce n'est qu'un début, comme en témoigne la lecture de son palmarès. Au soir de la bataille de France, avec douze victoires aériennes homologuées, il entre par la grande porte dans le cercle très fermé des As français de la seconde guerre mondiale. Replié avec son groupe au Maroc, il est placé le 18 novembre 1940 en congé d'armistice, regagne la métropole et se retire dans la banlieue lyonnaise, à Caluire. Démobilisé quelques jours après le débarquement allié en Afrique du Nord, il est affecté à Lyon au groupe de sécurité aérienne publique. A la Libération il est sur la base aérienne 105 de Bron, puis au moment de sa dissolution, en avril 1946, il est nommé à l'école des moniteurs de Tours. En décembre 1946, il quitte l'armée. Rappelé à l'activité en avril 1952, il retrouve Reims, base de ses débuts, où il reste jusqu'en janvier 1953. Après une année passée à Versailles à l'état-major de la défense aérienne du Territoire il suit, à Dijon, une formation de contrôleur d'opérations aériennes. Une nouvelle carrière s'ouvrait pour ce brillant pilote. En décembre 1957, il est à la zone de défense aérienne du Sud-Est et, un mois plus tard il est promu commandant du centre de contrôle d'opérations de base défense aérienne. Deux ans plus tard il est affecté au groupe des moyens généraux de la 5e escadre de chasse basée à Orange. En août 1959, le commandant Lefol prend ses fonctions au centre de contrôle et de détection de Lyon, poste qu'il occupe jusqu'à son départ à la retraite le 13 mars 1960. Promu au grade de lieutenant-colonel, il quittait ainsi une armée de l'Air qu'il servit avec ardeur et talent. Georges LEFOL, au GC 11/7, lors d'un briefing, en compagnie de Edouard Salès Georges Lefol Tableau des victoires sûres (s), probables (p), appareils endommagés

ISBN 2-904521-16-X Service historique de l'armée de l'Air BP 110 - 00481 ARMEES Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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