Guts Of Darkness

Les archives du sombre et de l'expérimental

juillet 2006

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Un sommaire de ce document est disponible à la fin. Page 2/223 Les chroniques

Page 3/223 YOKOTA (Susumu) : Sakura

Chronique réalisée par dariev stands

Printemps au Japon. Voilà l’évocation surgissant au détour d’une écoute de ce « Sakura » (fleur de cerisier, en japonais), œuvre fluide, liquide, parfois manquant de consistance. Une œuvre qui a le pouvoir d’interrompre le cours du temps, de draper les environs dans une sorte de solennité fragile, incitant à une contemplation pastorale et mélancolique. Ce n’est pas un hasard si cet album mutin et végétal sort sur le label « Leaf »… Tout est à la fois figé et éphémère dans cette musique, comme pour une plante. Les connaisseurs de la mythique musique de la série Silent Hill seront en proie à quelques frissons sur l’anxieux « Tobiume ». En effet, il évoque l’ambient bruitiste et glauque créé par Akira Yamaoka. Yokota se serait-il inspiré du génial compositeur pour « Sakura » ? On sait qu’une autre partie de son travail émane de la vision des films d’Hayao Miyazaki. On pense aussi, à certains moments de l’album, aux travaux de Brian Eno, en particulier ceux avec David Byrne. « Uchu Tanjyo », retour à la sensation de calme dominante du disque, utilise une voix parlée comme base. Une idée qui illustre à merveille l’état d’esprit du discret Susume, désireux de restaurer la mélodie du monde grouillant autour de nous, de redonner aux bruits organiques environnants leur touche de musicalité qui leur a été volée par l’indélicate oreille humaine, trop habituée qu’elle est au marasme urbain. Aussi faut-il peut être se rendre dans une forêt pour redécouvrir cet environnement sonore d’une oreille neuve, et ‘écouter’ à nouveau les bruits dits ‘parasites’. Et c’est ce que nous propose Yokota : écouter plutôt que d’entendre. Ecouter pour mieux ressentir. Réapprendre à apprivoiser les sons. N’a-t-il pas déclaré : « La manière d’écouter la musique est une composante de la musique elle-même » ? Peu tenté par les orchestrations lourdes ou les effets, il prend le risque de s’abandonner au dépouillement. Ce qui n’était pas musical le devient ici, et remplace donc ce qui aurait pu être une boîte à rythme ou un sample… Les craquements (de vinyle ?) de « Gekkoh » ainsi que les cymbales de « Ganshi » invoquent la pluie, tandis que des nappes – sur ce dernier morceau – rappellent un Boards Of Canada naturaliste, qui aurait mangé des feuilles au lieu de champignons hallucinogènes. Un BOC décharné, moins frappé, plus simple d’accès, aussi. « Hisen », à priori axé sur le rythme et la répétition, joue avec les samples de violons d’usage, ici posés sur un beat trafiqué au son caoutchouteux. Le jeu continue avec « Azukiiro No Koori », (visiblement influencé par le « Selected Ambient Works 2 » d’Aphex Twin), toujours ludique avec ses samples de chorale d’enfants. La voix sur « Kodomotachi » fredonne des mots inintelligibles, dans le but avoué de chercher la musicalité dans les sons et non pas les mots. Ainsi, la musique de Yokota devient multiculturelle, indéchiffrable mais également compréhensible par le plus grand nombre. Ces sons primitifs pourraient avoir été captés par un enfant dans le ventre de sa mère. Contemplatif, « Sakura » n’en est pas moins tendu parfois, comme sur « Naminate » aux accents jazz qui pourtant aurait gagné à plus de chatoiement. Car le principal reproche que l’on pourrait faire à tout cela, malgré une diversité surprenante, c’est la linéarité au sein même des morceaux. Tous bâtis sur un schéma répétitif et souvent en mille-feuilles (la feuille, décidément), ils restent confinés dans l’ambient malgré leur fraîcheur. Le danger de seulement ébaucher les émotions insufflées dans le cerveau sans réellement les mener à terme n’est ici pas esquivé, et si ce disque, tout en retenue asiatique, convainc en tant qu’indéniable réussite ambient, il n’est à conseiller qu’aux amateurs du genre où, à la rigueur, aux fans de l’OST de Silent Hill qui cherchent desépérément quelque chose qui s’en approcherait.

Page 4/223 Note : 4/6

Page 5/223 SCHULZE (Klaus) : Are You Sequenced?

Chronique réalisée par Phaedream

Il y a toute une polémique entourant la parution de Are You Sequenced? À l’origine, c’était un album studio. Avant sa mise en marché, joue l’intégrale lors d’un mémorable concert en Angleterre, à Derby le 27 Avril 96. Il sent que cette prestation est plus puissante que l’œuvre en studio et décide d’en faire la version finale. Parallèlement un nouveau remixe de l’œuvre originale est produite sans l’approbation, ni la participation de Klaus Schulze. C’est ainsi qu’Are You Sequenced a connu 2 pressages. Le cd de la prestation live mixé par Schulze et un autre mixé par un dj de la compagnie de production de l’époque. Mixage que je n’ai pas détesté, en passant. À cette période, le cd était disponible autant en format simple, qu’en double format, semant encore plus la confusion. Dix ans plus tard, Revisited Records fait un nouveau mixage et ajoute une pièce en boni, qui n’a rien à voir avec l’œuvre mixé par l’anonyme dj, rendant encore la situation d’Are You Sequenced? encore plus floue. Mais n’ayez crainte, Klaus Schulze fait le point dans le petit guide qui accompagne cette nouvelle ré édition. Oui… mais la musique! La musique? Imaginez Plastikman sur sa table de dj, faisant la cour aux élucubrations musicales de Master Schulze. Are You sequenced? N’est ni plus ni moins la réponse de Klaus Schulze au mouvement techno. Sur des effluves à la In Blue, le maître de l’électronique Berlin School nous présente une longue fête musicale avec de puissants solos de synthétiseurs à faire rougir de honte ceux qui aspirent à la notoriété synthétique. Un pur festin où Schulze fait danser ses claviers avec frénésie sur des rythmes endiablés aux essences d’une techno progressive. Tout au long d’une belle ligne séquentielle, Schulze joue avec ses rythmes, autant avec puissance, qu’avec candeur. Et c’est ce qui fait la justesse d’Are You Sequenced? Derrière cette grande ouverture de la Berlin School à la techno, (Schulze collabore avec Namlook depuis 1994) Schulze conserve l’essence des amplitudes atmosphériques et en fait un unique mélange qui conserve la noblesse des originalités d’antan. Un grand titre, une kermesse grandiose par un grand maestro. Et Vat Was Dat? Justement, qu’est-ce que c’est? Une longue pièce dans la même veine qu’are You Sequenced? mais avec plus d’intensité, plus de folie. Un long délire séquentiel qui se transforme en un hymne à la frénésie des mouvements en saccade. Derrière une muraille d’un mouvement séquentiel techno, Schulze joue avec les voix et s’amuse à imaginer des scénarios musicaux tordus auxquels on peut sentir les effluves de ses œuvres antérieures. Un croisement entre In Blue, Totentag et Das Wagner Disaster. Un puissant mouvement séquentiel qui conserve son rythme débridé, ainsi que ses vocalises, jusqu’à la dernière des notes. Une perpétuelle transe démoniaque à s’en rompre les os, tellement la frénésie aspire le rythme. Le tout, fort bien entouré des atmosphères symphoniques si chères à Klaus Schulze. Cette ré édition d’Are You Sequenced? par Revisited Records est à ne pas manquer, surtout si vos oreilles ne se sont jamais frotté à cet œuvre intense de Klaus Schulze. Évidement, le son s’en trouve amélioré, mais pas au point de renier l’œuvre originale. Par contre Vat Was Dat? fait parti des bonnes pièces en prime offerte dans cette foulée des ré éditions des œuvres de

Schulze. Une autre grande œuvre de Schulze, lui qui, il me semble, n’arrête pas d’en produire.

Note : 5/6

Page 6/223 SCHULZE (Klaus) : In Blue

Chronique réalisée par Phaedream

In Blue…Ah, le doux retour du Temple d’Ashra. Je me souviens quand j’ai acheté In Blue en 1995. Il se passait peu de choses en Amérique du Nord, en ce qui a trait à la MÉ style Berlin School. J’écoutais les derniers souffles de Software sur Innovative Communication qui était distribué chez HMV, alors que Tangerine Dream s’éloignait de plus en plus de son style avec Turn of the Tides et Tyranny of Beauty. Et, dès les premières écoutes, je savais que Klaus allait m’en mettre plein les oreilles. Attaché vous bien après votre chaise, In Blue est, en ce qui me concerne, un pur classique de la MÉBS (Musique Électronique Berlin School). C’est le mariage parfait entre l’essence des séquences analogues des années 70 et la froideur digitale des technologies de l’époque, Une grande œuvre que Revisited Records a astiqué pour nous offrir un merveilleux coffret de 3 cd, dont 1 en prime, ainsi qu’un merveilleux livret où Schulze nous parle de In Blue. Into the Blue est une longue pièce en 5 segments. La première partie est une ode à la musique atmosphérique. Une longue kermesse qui transpire la sensibilité, la mélancolie. Des notes aux apparences de guitares et des chœurs symphoniques traversent ce ciel bleuté et à la 15ième minute, Schulze se déchaîne avec ses percussions. Blowin’ the Blues Away nous transporte dans l’univers Schulzien où les longues séquences sont tourmentées par des assauts de percussions, d’instruments à vents (trompettes, hautbois), d’arrangements orchestraux. Tout cet amalgame musical se démène avec intensité sur des rythmes soutenus par des couches de synthé qui s’harmonisent avec les différentes orientations séquentielles. C’est un titre incroyablement riche qui joue avec les ambiances et qui démontre l’incroyable ingéniosité de Schulze avec les claviers. Le segment de 30 minutes qu’est Wild And Blue est totalement divin. Schulze fait la course entre son clavier, sa batterie et ses notes qui confondent avec une guitare, tout simplement sublime. Les mots me manquent. Un chef d’œuvre, il n’y a rien d’autre à ajouter. Return of the Temple, sur le 2ième cd est le point de réunion entre le génial Manuel Göttsching (Ashra Temple) à la guitare et Klaus Schulze, eux qui avaient initié Ash Ra Temple en 1970. L’intro est vaporeuse à souhait, la guitare de Göttsching meuble une atmosphère sereine aux essences espagnoles et, comme sur In Blue, les percussions de Schulze annoncent une nouvelle tangente plus animée. Nerveuses, les lignes du synthé croisent les notes de guitares sur une séquence basse et un superbe jeu de percussions, comme un orchestre aguerrie, qui n’a rien perdu de sa souplesse musicale, encore moins de son sens des excentricités harmonieuses. Un titre déviant aux 101 richesses sonores exploitées à fond par deux maîtres au sommet de leur art. Serenade in Blue est effectivement en mode sérénade. Un titre un peu plus nostalgique que Return of the Temple. La guitare de Göttsching est sublime et s’harmonise aux longues séquences et aux souffles synthétiques d’un Schulze tout aussi à mélancolique. Une superbe harmonie qui se joue sur différents paliers musicaux un peu plus tranquille, je dirais savoureusement hypnotique, que ce qui précède sur In Blue. Une excellente fermeture pour ce grand double cd. Le cd en prime n’améliore pas la grandeur qu’est l’original, mais ouf….! Musique Abstract est un délire séquentiel intense. Du Schulze en grande forme qui étale sa frénésie abstraite à pleine grandeur. Rythme effréné, chœur fantomatique, percussions endiablées et synthé nerveux donnent un titre explosif qui semble effectivement sortir des sessions de In Blue. Une grande surprise. Return of the Temple 2 est effectivement joué avec Göttsching. Un titre aux atmosphères évolutives, il fut joué sur un poste de radio Berlinois, Radio 1, en 1997. Out of the Blue 2 est un long titre qui respecte la philosophie musicale de Schulze. Mais je n’y ai rien trouvé qui pourrait laisser croire qu’elle sortirait des sessions de In

Page 7/223 Blue. Le synthé sinueux de Schulze se dandine sur des percussions en mode hypnotique. Plus posée, l’onde synthétique s’envole sur de bonnes couches sonores aux effluves de la tournée de 83. Un titre qui progresse sur le même tempo, avec des cassures ici et là, mais qui revient inlassablement à ses lignes d’origine. Un titre qui aurait dû faire parti du ré édition de Dziekuje Poland avec ses sonorités arabesques que l’on retrouve sur le très digital Audentity. Même sans le cd en prime, In Blue devrait faire partie de votre discographie, donc imaginer avec le cd en boni. Que vous aimiez le jazz, le classique, la musique contemporaine ou peu importe les genres, In Blue à ceci de particulier; c’est un chef d’œuvre. Schulze joue avec les rythmes et les accords avec une étonnante dextérité et nous présente son univers musical avec sagesse et maturité. Et Klaus Schulze en a fait des œuvres pas ordinaires. Je pense à X, Body Love, Mirage et Black Dance…et bien d’autres. La particularité de In Blue est sa profondeur. À chaque ion, on sent ce brin de nostalgie et une sérénité qui nous transporte comme peu d’œuvres peuvent le faire. Une œuvre colossale qui vieillit super bien, comme le meilleur des grands vins.

Note : 6/6

Page 8/223 LURKER OF CHALICE : Lurker Of Chalice

Chronique réalisée par Powaviolenza

Side-project de Wrest (aka Jeff Whitehead), la tête pensante des Leviathan ricains (que l'on a aussi retrouvé dans le dernier Sunn0))), "Black One"), Lurker Of Chalice n'a de commun avec son groupe principal qu'un certain côté ambient, développé l'an dernier dans l'excellent et introuvable "A Silhouette In Splinters" de Leviathan, ainsi qu'une noirceur extrême. Mais là où celle de Leviathan est plus terrifiante / suicidaire, la noirceur de Lurker Of Chalice est cotonneuse. Apaisante. Ce disque est parfait pour s'endormir : Lurker Of Chalice, c'est se faire aspirer lentement mais sûrement dans un vortex d'une noirceur insondable, mais sans douleur. Lurker Of Chalice, c'est flotter entre l'espace et l'océan. Lurker Of Chalice, c'est visiter la ville sous-marine de R'lyeh dans le corps d'un Yith sans pour autant risquer de se faire défoncer les tentacules par un Grand Ancien - l'ambiance de cette galette est par ailleurs très Lovecraftienne. On pense souvent à une sorte de version de My Bloody Valentine ("Granite", "Vortex Chalice"...). L.O.C. sait aussi se faire très, très pesant, comme dans "Minions" qui ne peut qu'évoquer Neurosis, "Spectre As Valkerie Is" qui aurait pu être composée par Broadrick, avec son début Godfleshien et son développement black-shoegaze Jesu-esque sous LSD, ou encore "Fastened To The Five Points", final doomesque à souhaits. Et pour les amateurs de l'aspect le plus BM des compos de Wrest, il y a "Piercing Where They Might", avec son riffing lancinant Blut Aus Nordien et ses dissonnances à la Thorns. Si en plus je vous dis que tout en gardant un certain côté crade propre aux groupes de toute cette scène américaine, la prod' est tout simplement mortelle (très ample et nuageuse), et qu'instrumentalement parlant, c'est extrêmement bien foutu - vocalement comme guitaristiquement, c'est fouillé et classieux et par ailleurs, le jeu de batterie de Wrest est vraiment chouette, assez minimaliste et jazzy... Lorsque l'on arrive à rentrer dans ces neuf titres uniques et variés (mais cohérents), on n'en sort réellement plus : ce disque s'écoute en boucle. Trois autres albums de L.O.C. sont composés et (on l'espère) sortiront peut-être un jour. Si Sofia Coppola portait une nouvelle de Lovecraft au cinéma, Lurker Of Chalice en serait sûrement la bande-son parfaite. Totalement excellent. 5,5/6

Note : 5/6

Page 9/223 VENETIAN SNARES : Rossz Csillag Allat Született

Chronique réalisée par dariev stands

Aphex Twin, Venetian Snares : même combat ? Détrompez-vous. Dans la famille des incorrigibles barges, le sieur Aaron Funk est bien l’enfant terrible, le bâtard mutant. Et « Rossz Csillag Alatt Szueletett » (‘né sous une mauvaise étoile’, un titre qui va comme un gant à ce disque), son œuvre la plus sombre et expérimentale, est un chef d’œuvre absolu, une merveille comme il n’en atterrit que rarement sur nos platines. « Fini de rigoler » semble crier ce terrible disque, qui déjà se détache singulièrement de la foisonnante discographie de l’infernal canadien. « Rossz… » c’est un peu la rencontre de la nuit de la Saint-Barthelemy et d’une free party… A la fois violent et dépressif, il est pourtant le fruit d’un concept aussi original que difficile à retranscrire. Profondément inspiré par la Hongrie, le disque et les 11 morceaux sont donc titrés en Hongrois. L’atmosphère, également, rappelle la tristesse glauque des villes des pays slaves, et serait la bande-son idéale d’une histoire de meurtres à Prague ou à Budapest. Budapest, donc, source d’inspiration principale du disque puisque son créateur, au cours d’un voyage, aurait eu l’idée du concept de cet album en regardant les très nombreux pigeons de la ville au dessus du Palais Royal… Bien connus de ceux qui y ont été, ces pigeons sont le fil conducteur de l’album puisque la musique est censée nous transporter dans la peau d’un pigeon survolant la ville ! Et ce n’est pas la seule allusion à la Hongrie puisque « Öngyilkos Vasárnap » sample le « Gloomy Sunday » de Billie Holiday, ici renommé « suicide sunday » et transformé en hip-hop ténébreux. Or il s’avère que cette chanson fut composée par un Hongrois en 1933 et interdite à Budapest pour cause de nombreux suicides des personnes qui l’avaient écoutés ! Je vous invite à vous renseigner sur l’histoire de cette chanson qui est par la suite devenue une légende urbaine hongroise assez passionnante. Pour ce qui est de notre chef d’œuvre ; concrètement, toutes ces inspirations et ambitions se traduisent par un breakcore en furie typique du monsieur mais cette fois-ci accouplé à un orchestre de chambre, avec violons, , trompettes et glockenspiel ! Le tout parfois accompagné de superbes chœurs sépulcraux baignés dans un écho abyssal (le fantastique« Szamar Madar ») Encore une fois, point d’esbroufe ! Pour ceux qui penseraient qu’il s’agit d’une fantaisie de producteur electronica désireux de se la jouer, il convient de préciser que les beats sont agencés de manière à mettre en valeur l’orchestre, et non pas balancés n’importe comment par-dessus. Aaron Funk lui-même a écrit toutes les partitions et a même appris à jouer du violon éléctrique et de la trompette pour certains titres ! Les coulées de cordes à la Bartok (tiens, un Hongrois) installent un spleen glacial, qui se voit ensuite pilonné par les breakbeats métalliques, de façon encore plus aléatoire que chez Squarepusher ou Aphex Twin. Impossible de prévoir quand les drills vont surgir. Parfois ils attaquent d’entrée, parfois au bout d’une longue durée (« Hajnal », et sa montée progressive vers la folie), parfois ils sont tout bonnement absents, nous laissant à la solitude des cordes languissantes, comme sur « felbomlasztott mentõkocsi » (qui veut dire « ambulance désintégrée »). L’effet de surprise et d’angoisse n’est que plus fort quand la morsure des pigeons (les beats, donc) vient s’abattre sur l’architecture baroque de Budapest (les cordes). Hum, c’est pas croyable, j’ai l’impression de vous raconter un film, de vous gâcher la surprise, tant cette musique est cinématographique au plus haut point ! Mention spéciale à « Szerencsétlen », à ce titre. Difficile de ne pas se faire son propre film (noir, évidemment) à l’écoute d’un tel machin. On est ici bien loin du pantouflard Richard D. James qui désormais consent à délivrer au bas peuple quelques vieux fonds de tiroirs pour entretenir la légende tous les 2 ans… Aaron Funk crée, lui. Deux ou trois albums par an, en moyenne. L’équivalent musical de du réalisateur Takeshi Miike, pour rester

Page 10/223 dans le cinéma. C’est sûr, ce n’est pas l’irruption de bouts de narration (plutôt rares dans l’electro) qui nous éloignera du septième art… Ainsi, une voix féminine confesse sa peur des pigeons au début de « Masodik Galamb » avant le déchaînement quasiment dramatique du morceau (finalement, cela peut rappeler les procédés de Fantomas). Les interludes magnifiques s’étiolent au gré du disque, fausses accalmies parmi une débauche de drum & bass frappadingue et haletante… « Kétsarkú Mozgalom », la pièce la plus ambitieuse, laisse complètement hébété, vidé, soufflé, sur le cul. Au beau milieu, la musique s’arrête, pour laisser place aux interrogations existentielles d’une autre voix féminine, avant de reprendre dans un torrent de trompettes free jazz et de sons électroniques qui rappellent un peu « 4 » de Aphex Twin par le côté « autiste » du truc, mais en mille fois moins apathique. La musique de Venetian Snares est en colère. Elle fait peur, rend triste et donne envie de sauter partout, aussi. Voire même de lire du Dostoïevsky ou du Patrick Suskind. Comme mettre 7/6 n’est pas possible, je me contenterait de vous dire que ce disque n’en est certainement qu’au début de sa légende, et que le jour où un groupe de « pop » s’en inspirera comme Radiohead a pu s’inspirer des travaux de Autechre pour Kid A, eh bien, ça risque de donner quelque chose ! Indispensable et unique au monde. A suivre pour le reste de la tortueuse discographie de ce ouf malade (©Dean Martin). Vous reprendrez bien un peu de paranoïa ?

Note : 6/6

Page 11/223 LJA : Til avsky for livet

Chronique réalisée par Nicko

Voilà du black metal comme je l'aime ! Ljå n'a pas inventé la poudre, simplement les norvégiens savent bien utiliser les différents ingrédients du genre. Quand ça blaste, c'est l'artillerie lourde avec un son dépouillé (bref, un son black metal UG quand même) et puissant. Le chant est écorché et convainquant. L'alaternance entre blasts et mid-tempi est optimale, ce qu'il faut pour bien headbanger (!), avec des enchainements au poil, ce qui procure une intensité jouissive, soutenue par des riffs de tueurs. Je rapprocherais sans soucis cette formation des discrets suédois de Sigrblot, le côté folk en moins. On sent une véritable maitrise de leur sujet avec des atmosphères parfois bien crade du fait d'un chant lorgnant parfois du côté de Killjoy de Necrophagia. De plus, l'album est bien construit avec de bonnes variations de tempos et d'ambiance, des titres ayant même quelques légères touches viking, discrètes mais efficaces. Bref, je trouve cet opus raffraichissant, bien ficelé, brutal sans

être bourrin et tout simplement excellent. Une réussite de bout en bout. La surprise de ce début d'année.

Note : 5/6

Page 12/223 RED MOURNING : Six four six

Chronique réalisée par Nicko

Voici les parisiens de Red Mourning qui sont de retour après une première démo 3-titres sortie il y a 2 ans. Le style de base est le même, à savoir du gros metal sudiste influencé par les groupes de Louisiane. Sur cette nouvelle démo, on retrouve 6 titres plutôt courts (2-3 minutes ; on était déjà habitué à cela par le passé) et dans l'ensemble plus brutaux qu'avant. Leur metal est très teinté de hardcore avec des passages bien speed, allant même ves le thrash par moments. Et c'est là où ça passe moins bien. Autant je trouve les parties de mid-tempo convainquantes et pleines de feeling, autant les parties speed viennent selon moi gâcher ce feeling. C'est bête parce que sinon, l'amélioration est probante sur les parties plus lentes à mi-chemin entre Down et Black Label Society (on a connu pire comme référence...). Le chant hurlé ne m'a pas non plus convaincu, alors que celui plus posé m'a rappelé Zakk Wylde et il est beaucoup plus fort et intéressant. Aussi, ce qu'il manque au groupe, c'est une grosse guitare rythmique qui donnerait une pure pêche à l'ensemble. Ceci dit, Red Mourning a de bons atouts, un super feeling, mais devrait revoir ses parties speed (pourquoi ne pas carément les supprimer d'ailleurs ?) car elles cassent le rythme et l'atmosphère sudiste générale.

Note : 3/6

Page 13/223 BLACK LABEL SOCIETY : Stronger than death

Chronique réalisée par Nicko

Un an après "Sonic brew", Zakk Wylde sort ce deuxième album pour le compte de son dernier groupe (quasiment un one-man band d'ailleurs), Black Label Society. Au programme, du metal sudiste dans la droite lignée du premier album. Et c'est bien ça le problème, l'évolution est minime. "Sonic brew" représentait une sorte de bouffée d'air frais dans la carrière du guitariste, tant l'album montrait de nouvelles perspectives musicales pour Zakk. Je me souviens même qu'à la sortie de ce "Stronger than death", je l'avais vraiment trouvé nul car il n'y avait pas ce sentiment de nouveauté, il était beaucoup trop proche de son prédécesseur. Bon, avec le temps, on s'y fait, il y a de bonnes choses, mais c'est clair que c'est juste du metal sudiste sans réelle surprise, les morceaux ne sont pas particulièrement recherchée, le format couplet-refrain est de mise pour chaque titre. En gros, voilà un album simple et facile à assimiler, qui aurait pu être un peu plus chiadé niveau inspiration. Ce qui me plait par contre, c'est le son de guitare "larséné" et distordu au possible. Mais bon, là, ce qui sauve l'album, c'est que t'as Zakk à la 6-cordes, et qu'à partir de là, sur ce plan, il n'y a rien à ajouter parce qu'il y a littéralement de purs moments de folie... N'empêche, je reste un peu sur ma faim avec l'impression d'avoir un album "prétexte" pour repartir sur scène (où là, c'est la boucherie !). Je ne dirai pas nons plus que le CD est bâclé, mais bon, il aurait pu faire mieux le père Wylde !

Note : 3/6

Page 14/223 BURST : Conquest Writhe

Chronique réalisée par Powaviolenza

Tout premier album de Burst, "Conquest Writhe", sorti chez Prank Records (label des grands His Hero Is Gone, Damad / Kylesa, Artimus Pyle...), a un côté bien plus crust que les autres réalisations de ces géniaux suédois et a tendance à être un peu "oublié" dans la discographie de Burst. Ces onze titres sont pourtant tout aussi essentiels que les autres, et il s'y trouve parmi les meilleurs riffs jamais composés par Burst; en effet, le riffing Burstien si particulier est déjà bien présent, plein de ces envolées guitaristiques magnifiques et de ces harmonisations classieuses dont Burst ont le secret. "Conquest Writhe" est de loin l'album le plus violent de Burst : ici, pas de planant, ni de doucereux - même si l'on commence à sentir les prémices des arrangements qui feront la grande classe des prochains albums ("Juxtaposed"). Seulement de l'intense ("Conquest : Writhe", "Nefarious", abrasifs à l'extrême), du crève-coeur, du dissonnant ("The World Denied"). Burst poussent même le vice jusqu'à inclure un titre avec violent et noisy à souhait ("Decomposed"), ainsi qu'une ENORME reprise d'un des grands classiques d'Unsane, "Scrape". Fans de "Prey On Life" ou d'"Origo", ne passez

SURTOUT PAS à côté de "Conquest Writhe".

Note : 5/6

Page 15/223 BURST : Prey On Life

Chronique réalisée par Powaviolenza

"Prey On Life" aurait pu être mon deuxième album préféré de Burst avec une autre production. Malheureusement, si Fredrik Reinedahl avait fait du super taf sur les deux albums précédents, ce deuxième vrai album de Burst (et premier pour Relapse) est beaucoup trop propre, trop produit; le son des guitares est imposant et clair, mais tout comme le mix général, manque ENORMEMENT de gras. J'insiste. Burst était un groupe ultra-abrasif; "Prey On Life" laisse un arrière goût amer, comme si on avait voulu édulcolorer volontairement le son de cet album pour le rendre plus vendable. Mais passons... S'il y a bien un seul avantage à ce choix pour le moins étrange de production, c'est la place énorme laissée aux arrangements; comme nous le laissait deviner leur précédent et ultime EP, "In Coveting Ways", Burst évolue vers quelque chose de toujours plus subtil, délaissant l'intensité omniprésente de leurs débuts pour quelque chose de toujours plus fouillé et progressif. Des arrangements, cet album en regorge donc, pour la plupart magnifiques et pertinents : on trouve donc désormais des interludes réellement beaux ("Fourth Sun", "Epidemic"), du chant clair pas si dégueu ("Crystal Asunder"), et surtout, des riffs toujours aussi Burstiens (c'est à dire harmoniquement magnifiques et toujours originaux) mais gorgés d'une louche supplémentaire d'effets en tout genres. La grande force de cet album réside donc dans sa finesse, mais en passant à quelque chose de plus beau et moins torturé / rageur, Burst perd vraiment un de ses plus gros atouts. Des titres comme "Sculpt The Lives", "Vortex" ou "Monument" (au feeling proche du petit côté crust de "Conquest Writhe") auraient été violentissimes avec une prod' adaptée, putain de merde ! Ce qui pourrait passer pour un détail pour certains me gâche totalement le plaisir de l'écoute, et même si je finis parfois par m'y faire (l'absence d'intensité peut finalement donner à l'album un aspect reposant), la sensation que cet album aurait pu être réellement mieux reprend toujours le dessus et m'empêche de rentrer totalement dans ce néanmoins excellent album qu'est "Prey On Life", qui sera peut-être (qui sait?) remixé / remasterisé un jour, Burst ayant, à en croire le son de leur album suivant (le génial

"Origo"), visiblement compris qu'un bon son doit laisser autant de place à la clarté qu'au gras.

Note : 4/6

Page 16/223 WITCHBURNER : Final detonation

Chronique réalisée par Yog Sothoth

Ha ça, ils ont fière allure les petits gars de Witchburner dans le livret de ce Final detonation (4ème album quand même). Vestes à patch en cuir avec les Tshirts à l'éffige de Possessed et autre joyeusetés issues des 80s, cartouchières et bibines tendues vers le ciel (et des lunettes de soleil du meilleur effet...), on tient là le bon vieux cliché du Metalleux allemand "à l'ancienne". Et du coté de la musique, c'est un peu pareil : on a affaire ici à du Thrash germanique bien old school, lorgnant du coté des débuts de Kreator, Sodom ou encore Destruction, headbangant à souhait, et qui accumule au passage les pires clichés du genre. Les rythmiques galopantes et le chant gargouillesque sont bien évidement de sortie, et les paroles sont tellement bateaux qu’on peut presque les reprendre en chœur sans les connaître (cf la tracklist). D’où le dilemme. D’un côté, on peut facilement se laisser prendre au jeu d’un disque fun et sans prétentions, qui fait gentiment remuer la tête et permet de se poser un peu entre un Blut aus nord et un Esoteric, par exemple. De l’autre, on regrette quand même une (auto) production qu’on aurait souhaité plus tranchante et rentre-dedans, un manque de 2nd degré évident qui rend le tout un peu indigeste voir même saoulant sur la durée. Un groupe qui ne fera sûrement pas date mais qu’on pourrait trouver sympa en fin de matinée au Wacken, devant une centaine d’allemands déjà complètement imbibés… ce qui n’est déjà pas si mal.

Note : 3/6

Page 17/223 BURST : Origo

Chronique réalisée par Powaviolenza

"Origo" reprend exactement là où "Prey On Life" nous avait laissés en 2003 : toujours la même formule chez les Burst - riffing unique aux harmonies géniales et originales, cavalcades guitaristiques suédoises, chant hargneux et varié, arrangements énormes, sens aigu de la compo qui tue, feeling épique / tristounet... Rien de bien nouveau, finalement : Burst est toujours un groupe qui tue. Mais "Origo" ne se contente pas de bêtement répéter les trois premiers Burst : tout est ici peaufiné à l'extrême, et les quelques erreurs du passé sont corrigées. Le son de "Prey On Life", clair mais manquant vraiment d'intensité, a évolué vers un son sensiblement pareil, mais bien plus puissant : les suédois ont vraiment trouvé la production idéale sur "Origo", assez ample pour laisser la place aux arrangements (encore plus présents qu'avant, et encore plus classes aussi), mais assez grasse pour garder un petit aspect abrasif, même si on est bien loin des deux premiers à ce niveau : la balance violence / subtilité est totalement maîtrisée. On trouve ainsi des brûlots dignes du passé énervé de Burst ("Slave Emotion", par exemple, rappelle énormément "Black But Shining", sans atteindre le même niveau de perfection) cotoyant des titres extrêmement travaillés, tels que le très progressif et Opeth-ien "It Comes Into View", ou bien le magnifiquement arrangé "Flight's End" (dont le passage avec le piano est vraiment MORTEL). En revanche, quelques fautes de goûts peuvent frapper : "Where The Wave Broke" (hommage à Mieszko de Nasum, groupe où officiait Jesper Liveröd, la basse de Burst) et quelques petits passages disséminés ici et là sonnent un peu trop mous à mon goût, et les voix claires, désormais omniprésentes, ne sont pas toujours pertinentes. Certains reprocheront à "Origo" ce petit côté "emo" (qui n'était pas aussi développé dans les précédents Burst) mais ce disque est définitivement le plus lumineux de la discographie des suédois. Sûrement aussi le plus accessible, le plus varié, et le plus mature. 5,5/6, car j'ai le sentiment que Burst nous pondra la prochaine fois l'album mortel et parfait que tout le monde attend d'eux.

Note : 5/6

Page 18/223 VATICAN'S CHILDREN : Satan

Chronique réalisée par Twilight

Etrange projet gothique, les Vatican's children en deux albums aux pochettes soignées et un LP n'auront jamais rien tenté pour obtenir autre chose qu'un statut de groupe culte. Peu intéressés par la notoriété, c'est de manière confidentielle qu'ils ont écoulé ce premier album qui, comme son titre l'indique n'a rien de très joyeux. Leur musique assez particulière s'inspire tant d'un rock gothique pesant que d'accents cold mais également de touches rituelles glauques qui évoquent parfois des relents des premiers Norma Loy ('Ice Machine'). Optant pour des structures résolument dépouillées, le groupe compose à partir d'une basse et d'une guitare éléctrique (parfois bien torturée) pour une trame caverneuse et sombre, à laquelle s'ajoutent des percussions de temps à autre ('Satan'), des samples (l'excellent 'Darkside' et ses boucles de violon obsédantes et malsaines). Si tout évoque la noirceur ('We have nothing to do with...), le ton se fait de temps à autre mélancolique (encore que désanchanté serait parfois plus juste, 'A fragment'). Le parti pris atmosphérique (Vatican's children n'est pas là pour faire danser les foules, exception faite peut-être de 'Try it' qui rappelle The Invincible Spirit) pourra surpendre au départ mais d'une certaine manière, il peut se rapprocher d'albums comme 'Burning from the inside' de Bauhaus. Du coup, on comprend mieux la démarche de 'Satan' qui prend alors des formes d'exorcisme personnel.

Note : 5/6

Page 19/223 CASH (Johnny) : American recordings

Chronique réalisée par Trimalcion

"Man in black", tel était son surnom. Sur cette pochette, en prêcheur diabolique attendant sa future victime sur le bord d'une route désertée du Tennessee, l'image de Johnny Cash n'est pas sans rappeler celle du légendaire bluesman Robert Johnson. Noirs ses habits, noire son âme. Malade (diabète, problèmes cardiaques, Parkinson), donné pour fini depuis longtemps, avec l'image caricaturale et fausse du countryman bouseux, qui émergea dans les années 1950, connut son pic de gloire en 1968 avec deux légendaires concerts "pénitentiers" (At Folsom Prison/At San Quentin) et tomba dans un oubli progressif, il se rappela à une nouvelle génération grâce au producteur Rick Rubin, en compagnie de qui il enregistra une série de quatre albums (le cinquième, sorti tout récemment à titre posthume, est un florilège de chutes de studios et inédits) sous-titrés "American recordings" (également le nom du label), mêlant chansons originales du maître, reprises de vieux standards folk et reprises d'artistes contemporains. Rick Rubin, oui, le producteur de (attention) Slayer, les Beastie Boys, Public Enemy, Cult, Red Hot Chili Peppers... Forcément, un gourou du thrash, du rock et du rap qui vient chercher Johnny Cash, ça en a interpellé plus d'un. Ce premier volume est, plus encore que les suivants, un véritable retour aux sources, une cure de jouvence où le "Solitary man" est plus seul que jamais : il chante et s'accompagne lui-même à la guitare sur tous les titres. Aucun invité de prestige, rien. "All that matters is that the guitar and I are one". Voilà qui est dit. Entre une majorité de chansons de Cash et quelques reprises de standards country/folk présentées dans leur plus simple appareil, se glissent une chanson de Leonard Cohen, une autre de Tom Waits... Une superbe épure musicale portée par une voix chaude, grave et sensible, qui raconte ses histoires avec une tristesse douce-amère et un feeling monstrueux. Pour beaucoup découverte d'un répertoire et d'un très grand interprète de ce patrimoine (de ce fragment de l'histoire populaire américaine), ce disque très dépouillé ne sera pourtant que le début d'un parcours ménageant bien d'autres surprises.

Note : 3/6

Page 20/223 CASH (Johnny) : Unchained

Chronique réalisée par Trimalcion

Deux ans après l'étonnante collaboration Cash/Rubin pour "American recordings", les deux gaillards remettent ça, en convoquant cette fois-ci l'artillerie lourde. En effet, si le premier volume de la série ne laissait entendre que le seul Johnny Cash au chant et à la guitare sèche, il a été décidé pour le deuxième de faire appel à Tom Petty et à son groupe les Heartbreakers. Cette formation country/rock intègre, qui n'a plus rien à prouver depuis longtemps, vient apporter des arrangements riches et chatoyants à ce répertoire, un peu moins fourni en compositions de Johnny Cash que le volume précédent. Les époques choisies pour les reprises sont diverses (reprises de Beck et de Soundgarden au rendez-vous !), mais le son homogène, la voix bien timbrée de Cash, et les thèmes éternels de la blessure sentimentale, de la nostalgie d'une époque révolue, de la liberté inlassablement recherchée... en assurent l'intemporalité. Ce qui me gêne le plus à titre personnel, c'est précisément le son, un peu trop "classiquement" country pour moi. Bien sûr, après le premier volume, il s'agissait de montrer une autre facette de l'art de Johnny Cash, celle qui se rapproche le plus du glorieux temps où le groupe de "l'homme en noir" faisait exploser un "Cocaine blues" devant un parterre de taulards enthousiastes. Mais, malgré quelques blocs de pure beauté, l'émotion est moins présente, la tonalité d'ensemble moins sombre et douloureuse. Le plus dispensable des "American recordings" de Johnny Cash.

Note : 2/6

Page 21/223 CASH (Johnny) : American III: Solitary man

Chronique réalisée par Trimalcion

Enregistré en 7 jours seulement, comme s'il s'agissait de son dernier album, ce troisième volume des "American recordings" de Johnny Cash (avec Rick Rubin aux manettes) ne ressemble pas à ses prédécesseurs : les arrangements cristallins s'imposent avec la force de l'évidence ; la voix de l'homme en noir est à présent nettement altérée par la maladie, avec ces fêlures de timbre qui ne la rendent que plus émouvante. En gros, la seconde partie de l'album est faite de compositions originales tandis que la première est faite de reprises, et quelles... Parce que Cash s'est emparé de plusieurs titres célèbres a priori étrangers à son répertoire habituel (notamment "One" de U2, ici), on a pu le taxer d'opportunisme. Cruelle erreur : tous ces titres, Johnny Cash les fait siens. S'il n'a bien évidemment aucun mal pour les magnifiques "I won't back down" de Tom Petty et le classique "Solitary man" de Neil (qui aurait tout aussi bien pu être composé pour lui), ouvrant ce disque, il en va de même pour "One", qui perd en lyrisme ce qu'elle gagne en humanité et en profondeur. Et que dire de "The mercy seat", cette sublime chanson de Nick Cave, litanie désespérée et lancinante d'un homme attendant d'être exécuté dans le couloir de la mort. Interprétée par les Bad Seeds, cette charge ravageuse, au son sali, prenait un tour quasiment épique et hypnotisant. Avec Cash, c'est la blessure de l'homme simple qui est mise au jour ; la tragédie n'étant plus portée que par les brisures de cette voix fragile et bouleversante. Et si l'on est à la première écoute désagréablement surpris par ce grand écart, on ne tarde pas à apprécier cette reprise à sa juste valeur (d'ailleurs, Nick Cave dut l'apprécier aussi puisqu'il accepta de participer au volume suivant des "American recordings" de Cash). "I see a darkness", une merveille de Will Oldham (qui chante avec Cash sur le refrain), tirée de l'album du même nom, fait presque figure de passage de relais. Quant à la seconde partie du disque, plus attendue de la part d'une légende de la musique country, elle apporte simplement la preuve que les "vieilles" chansons de Cash, à peine rajeunies, passent encore fort bien la rampe.

Note : 4/6

Page 22/223 CASH (Johnny) : American IV: The man comes around

Chronique réalisée par Trimalcion

Au crépuscule de sa vie, tandis que la maladie le ronge inexorablement, Johnny Cash enregistre son tout dernier disque, sans doute le plus terrible et le plus bouleversant. Des compositions impériales, une voix brisée, un sentiment d'abandon. Jamais l'émotion n'aura été aussi palpable ; jamais l'humeur aussi sombre. "The man comes around" est son véritable testament (le cinquième volume des "American", paru très récemment et à titre posthume, n'est qu'une série de chutes de studio). Johnny Cash en est à ce point conscient qu'il fait débuter son disque avec cette énorme chanson éponyme, qui cite en voix parlée des versets de l'Apocalypse, et qui évoque le jugement de Dieu sur sa frêle créature. Après cette monstrueuse entrée en matière, complet changement de registre : c'est l'émotion à vif, la blessure à fleur de peau, chantée comme jamais, qui apparaît, et ce par le biais d'une reprise de... Nine Inch Nails : "Hurt" est tout simplement une immense chanson. Enlevez-lui ses oripeaux indus, remplacez la voix de Trent Reznor par celle d'un Johnny Cash au bord de la rupture : elle en prend une tout autre dimension, une tout autre force... Incroyable. Et attention, toutes les reprises sont du même tonneau, avec des titres systématiquement transcendés par un homme qui donne son chant du cygne : "Bridge over troubled water" de Simon & Garfunkel, "I hung my head" de Sting. Ne brandissez pas les boucliers ! Johnny Cash se saisit de ces mélodies et en livre autant d'épures bouleversantes. Même "In my life" des Beatles semble avoir, du tout au tout, changé de signification, passant de l'enjouement de la version originale à un triste bilan de fin de vie (écoutez Cash chanter : "In my life, I love you more" ! Ce n'est pas le même monde.) Les arrangements, qui s'enrichissent souvent d'un orgue redoutablement efficace, sont au diapason. La plus grande surprise vient peut-être d'une reprise de Depeche Mode, "Personal Jesus", qui pourtant s'intègre bien à l'humeur du moment. Et les reprises de standards folk ne sont pas en reste : superbe la rengaine rageuse de "Sam Hall" ; superbe l'éloge funèbre de "Danny boy", accompagnée de l'orgue seul ; superbe, ce "Desperado" désillusionné ; superbe la complainte de "Streets of Laredo". Et puis il y a ce classique de Hank Williams, "I'm so lonesome I could cry", où Nick Cave vient prêter son organe vocal. Parmi les compositions de Cash, outre l'énorme "The man comes around", "Give my love to Rose" et "Tear stained letter" semblent porter un regard nostalgique et attendri sur un passé que l'on sait révolu. Ultime pied-de-nez, c'est sur la reprise d'un classique de la variété américaine, gai et optimiste en diable, très accrocheur et pour tout dire irrésistible lorsque les choeurs se joignent en fin de course, "We'll meet again", que se conclut ce disque-épitaphe. Comme si Johnny Cash n'avait pas voulu rester pour toujours seul et perclus dans les ténèbres, à l'image de cette terrible pochette. "We'll meet again, don't know where, don't know when. But I know we'll meet again some sunny day..." À coup sûr, ce ne sera plus dans le monde d'ici-bas...

Note : 5/6

Page 23/223 ARCANE : Alterstill

Chronique réalisée par Phaedream

Arcane est un projet musical indépendant à la carrière du compositeur de musique pour documentaires à la BBC, et autres acabits, Paul Lawler. Réalisé en 2001, Alterstill profitait de la vague de succès que connaissaient les 2 premières œuvres d’Arcane. Titre distribué de façon indépendante par Lawler Music, sa distribution fut à courte échelle, de sorte que le titre fut vite écoulé. Synth Music Direct en a obtenu les droits et Alterstill est maintenant disponible sur le catalogue New Harmony. Un opus qui semble être un gros titre concept, Alterstill est plutôt un mélange de titres joués en concert au Jodrell Bank, pour les parties II et III, au Mount Festival pour la partie V et des sessions d’enregistrements pour les parties I et IV. Et qu’est-ce que ce mélange donne? Tout d’abord c’est de la Musique Électronique, style Berlin School aux harmonies très Tangerine Dreamienne, notamment avec la présence de synthé aux allures symphoniques. Alterstill est un cd très enjoué qui laisse peu de place aux longues quêtes ambiantes. C’est un opus solide qui prend de la Berlin School que les longues nappes séquentielles soutenues par de solides percussions et des synthés fort riches, tant en couleur qu’en pesanteur. Les parties I et III sont dynamiquement mélodieuses. Et la mélodie n’est pas sacrifiée pour une absence de rythme. Non! C’est fondant, progressif et très animé, notamment la partie III qui pourrait faire les frais de n’importe quelle compilation. Un gros refrain synthétique qui danse sur des lignes nerveuses et un bon jeu de percussions. Imaginer une chanson dont les paroles sont remplacées par des notes de synthé. Ici c’est identique. Paul Lawler réussi à harmoniser, sans paroles, une chanson fort mélodieuse avec couplets et refrain. Le tout assaisonné de somptueux écarts de conduite du synthé. Un peu comme une guitare qui insiste trop, sans tomber des les pièges du solo. Un excellent titre qui fait taper du pied et hocher de la tête. Un bon moment dans la MÉ, tout genres confondus. La partie IV est un autre titre au rythme puissamment langoureux qui opte pour une cadence à fond de train. Les parties II et V sont des titres plus exploratoires avec une utilisation sulfureuse des synthés qui arborent des habits de flûtes mellotronnées. De longs titres, qui permettent à Lawler d’explorer ses idées à fond, et qui progressent sur des légers battements polyrythmiques, où mélodies croisent de superbes solos de synthé, soutenus par des percussions qui, par moments, prennent des tangentes insoupçonnées. Alterstill est un bon cd de Musique Électronique, genre Berlin School. À elle seule, la partie III risque de donner la piqûre, et ce sans amoindrir l’impact créatif des autres parties. Un excellent cd pour initier les curieux, tant c'est rythmé et puissant. Disons que je le classerais facilement dans le guide du débutant. Si l’expérience vous tente, il est disponible en ligne sur le site de Synth Music Direct.

Note : 5/6

Page 24/223 NEW MODEL ARMY : The love of hopeless causes

Chronique réalisée par Twilight

Curieusement, j'avais longtemps négligé cet album, hypnotisé que j'étais par les excellents '' ou 'Ghost of Cain' et c'était une belle erreur car voilà un disque riche et très bien construit au niveau mélodique. C'est vraiment du bon New Model Army, à la fois puissant et éléctrique mais également avec une touche de sensibilité, exprimée notamment dans la mélancolie des claviers. Le chant passionné de Justin se mêle à merveille aux textures où l'on décèle influences post punk goth, rock sombre et cette tentation parfois folk au niveau de l'écriture si typique du groupe. New Model Army fait son truc et il fait de manière inspirée, il suffit pour s'en convaincre de prêter une oreille à 'Here comes the war', 'Living in the rose' ou 'My people'.

Note : 5/6

Page 25/223 SEELENKRANK : Engelsschrei

Chronique réalisée par Twilight

Au commencement de BlutEngel était Seelenkrank...C'est suite à quelques problèmes contractuels lors d'un changement de label que Christian 'Chris' Pohl se verra contraint d'abandonner le nom. Artistiquement parlant, on note du coup assez peu de changements par rapport à la musique des débuts de BlutEngel, une électro froide et sèche, inspirée de l'EBM et de la techno, avec la touche de noirceur dark wave de rigueur. Si l'on fait abstraction de l'artwork du livret (et son fatras de vampirisme/fétichisme à deux balles pour ados prépubères), la musique tient bien la route. N'ayant pour l'heure pas cédé aux sirènes du fric, Chris sait encore composer des morceaux dansants qui savent allier la froideur martiale du rythme avec de petites touches mélodiques (notamment les excellents 'The perfect lie', 'Private joy', 'Meister der verbotennen Träume' ou 'Fehlfunktion'), la voix déformée par les effets à un aspect glacé, même sur les chansons plus calmes ('Mistress of the dark') qui accentue ce côté sombre et froid, un brin agressif parfois. Certes, on a bien quelques instrumentaux de remplissage parfaitement inutiles ('Fetisch', 'Psycho control') et quelques ratages comme 'Leaving' (son inspiration médiévalo-symphonique Bontempi) et 'In meinen Träume' (qui se veut le titre super émouvant de la galette) mais qui ne nuisent gobalement pas à l'écoute d'un cd un peu long mais fleurant bon une dark wave froide tels que les Allemands savaient nous en servir il y a quelques années.

Note : 3/6

Page 26/223 THE SMITHS : Meat is murder

Chronique réalisée par Twilight

'Meat is murder' est un album culte des Smiths, ça n'est pourtant pas leur meilleur, loin de là. Est-ce à cause du slogan végétarien et de cette pochette, parfaite illustration à t-shirt ? Possible. Toujours est-il que si ce n'est nullement le chef-d'oeuvre de la bande à Morrissey, il reste un bon disque, ne serait-ce que par l'excellent morceau éponyme, surprenant et glauque avec son introduction de meuglements et de nappes basses avant de poursuivre sur une sorte de valse funèbre purement mélancolique, une merveille. On peut aussi citer le très bon 'Barbarism begins at home' avec ses suites d'accords un brin vicieuses et 'How soon is now'. Pour le reste du disque, le feeling est là, le rythme aussi, l'alchimie entre rock sombre et new wave également. Le point faible de 'Meat is murder' est son absence de titres réellement acrocheurs (en dehors de ceux cités) de la trempe de 'This charming man', 'There's a night that never goes out' ou 'Panic'. Si le chant de Morrissey fonctionne à merveille, il manque tout de même cette flamme désenchantée et vénéneuse (encore que sur les deux dernières chansons...) qu'on trouve sur d'autres disques. Ne me faîtes pas non plus dire ce que je n'ai pas dit, les Smiths n'ont jamais enregistré de mauvais album, celui-ci n'échappe pas à la règle. C'est juste que de la part d'un groupe aussi magique, on peine à se satisfaire de ce qui est juste bon.

Note : 4/6

Page 27/223 THROBBING GRISTLE : CD1

Chronique réalisée par Trimalcion

La musique de Throbbing Gristle, si l'on met de côté la dénonciation du caractère violent et inhumain de la société qu'elle porte en elle, cherche à mettre en oeuvre des outils sonores nouveaux pour l'époque, avec cette volonté d'expérimenter en concert, durant des performances plus ou moins improvisées, qui les fait se rapprocher de l'univers de Can ; cette utillisation des premières machines, cette place laissée au hasard qui fera fructifier la mise en sons de l'atmosphère du lieu et du moment, les raproche aussi des happenings de John Cage (le fameux 4'33, où un acteur sort son instrument et ses partitions, puis les remballe et décide de ne pas jouer) ; les moyens techniques, même s'ils sont encore à la traîne sur ce que pouvaient déployer, du fond de leur laboratoire, les compositeurs contemporains "sérieux" familiers du medium électronique comme Stockhausen, sont toutefois suffisants pour atteindre l'objectif que les premiers musiciens "industriels" se sont fixés : le défi, l'instrumentalisation du medium musical pour aller vers autre chose, de plus sourd et de plus profond : extirper péniblement l'inhumaine vérité du système, des ravages qu'il fait subir à la conscience humaine. Art contemporain, courant punk nihiliste. Les performances publiques ont toujours constitué la moëlle de l'art de Throbbing Gristle, dans la mesure où ce sont elles qui permettent de tester de la manière la plus radicale et souvent la plus intenable les limites du spectateur (sonorités insupportables, images chocs...) Sur disque, les témoignages sont nécessairement frustrants... même s'ils sont devenus nombreux, statut "culte" du groupe aidant (il existe une box contenant 24 heures de musique de Throbbing Gristle en concert ! 24 heures !) Sur le fond, que nous apporte ce disque sorti plusieurs années après la disparition du groupe ? Pas grand-chose de nouveau, puisqu'il s'agit de la même expérience que celle de "Heathen earth" : une prestation dans les conditions d'un live, mais enregistrée en studio pour bénéficier d'une meilleure qualité technique. Sauf que celle-ci a été captée un an avant. A posteriori, après la sortie en 1979 de "20 jazz funk greats", TG a-t-il préféré retenter l'expérience et laisser ce matériel-ci dans les cartons au profit d'un "Heathen earth" qu'il jugeait plus abouti ? Je n'en sais rien. Si c'est le cas, cela montrerait une fois de plus que des artistes peuvent être mauvais juges de leur propre création car ce "CD1" n'a rien à envier à "Heathen earth", ou même à la plupart des titres de DOA (on est même un poil au-dessus) : mêmes ambiances crispantes et névrotiques, mêmes montées insupportables d'adrénaline, un son particulier qui n'appartient qu'à eux...Une bonne carte d'embarquement vers les contrées les plus sombres et effarantes de l'electro-indus des pionniers. Dans le livret, chaque membre du groupe fait le point sur ce que cette musique a pu apporter de nouveau et de régénerateur, et c'est fort intéressant. Haut-voltage...

Note : 4/6

Page 28/223 NEW MODEL ARMY : All of this - the 'live' rarities

Chronique réalisée par Twilight

Bien que non approuvée par le groupe, cette compilation live est pourtant un disque tout à fait digne d'intérêt. Dans l'idée de base, tout d'abord, soit celle de présenter des morceaux moins courants sur les autres live ou des chansons moins reconnues comme les hits marquants et pourtant de grande qualité, dans le packaging ensuite imitant une boîte pour bande audio, et enfin, il donne à tous l'opportunité de posséder ces titres tous extraits de faces B, de bonus vinyl, etc, bref des objets limités que le fan ne possède pas forcément. La qualité sonore ? Rien à dire, elle est impeccable et très spontanée, j'entends par là qu'elle restitue New Model Army dans sa sincérité avec Justin s'adressant au public notamment. Quel bonheur de vibrer sur la mélancolie bluesy de 'A liberal education', la fougue roulante de 'The Hunt' (un morceau que j'apprécie énormément pour ma part et trop peu présent sur les best of), la passion de 'Ambition' ou de l'excellent 'Betcha'. Ce n'est plus à prouver, New Model Army est une formation taillée pour la scène, chaque enregistrement de qualité est donc un achat qui se jusitife pleinement.

Note : 5/6

Page 29/223 THE PSYCHEDELIC FURS : All of this and nothing

Chronique réalisée par Twilight

En créant les Psychedelic Furs, les frères Butler avaient l'ambition d'expérimenter avec la liberté du psychédélisme et la rage des débuts du punk rock. Mené par le plus charismatique d'entre eux, Richard (qui, impressionné par une brève rencontre avec Andy Wharol, n'était pas loin de souhaiter développer quelque chose de similaire au Velvet Underground), le groupe subira bien des déboires à ses débuts finissant par trouver sa voie dans une new wave mâtinée de cold wave qui lui permettra d'écrire des chansons fabuleuses et tordues avant de terminer sur des sonorités plus commerciales et de finir assez lamentablement leur carrière. Qui se rappelle encore des Psychedelic Furs aujourd'hui ? Peu de gens, et souvent en se souvenant de 'Pretty in pink', morceau figurant sur la B.O du film du même nom, et de loin pas leur meilleur. Heureusement, cette compilation propose un large panel d'une carrière de plus de 12 ans. On y découvre un groupe intéressant, oscillant entre les Cure, Echo and the Bunymen et Minimal Compact, proposant une musique en demi-teinte, plus perverse qu'elle ne le semble à première écoute. Soyons juste, les mélodies sont bonnes mais tout leur charme vénéneux vient en grande partie du talent de Richard Butler et de son chant rocailleux. De la passion, une forme de désenchantement lumineux et écorché typique des meilleurs groupes new wave des 80's ('Love my way' et ses claviers magiques, l'excellent 'No easy street'), avec des touches plus sombres ('Sister Europe' et sa rythmique lancinante, 'Imitation of Christ' ou encore 'President Gas'), voilà le son de la bonne période des Psychedelic furs qui dévoilent un son nettement moins coloré que ne le laissait présager leur nom. Hélas, si le charme opère très clairement sur la première partie de leur carrière, la seconde moitié des 80's se révèle moins féconde en bonnes choses. Les rythmiques subissent clairement la production de ces années, le saxo qui au début fleurait bon les relents punkoides se met à sonner de plus en plus variétoche et si 'Pretty in pink' fait encore illusion avec son refrain martelant, 'The ghost in you' et ses horribles claviers 80's, 'Heaven' ou 'Heartbreak beat' peinturluré d'insupprotables cuivres ne parviennent pas à dissimuler un net déclin au niveau de l'inspiration; les mélodies ont perdu leur noirceur introvertie. Même le timbre fatigué de Richard sonne sans conviction. N'en demeure pas moins que cette compilation propose une excellente rétrospective de quelques-uns des joyaux d'une formation qui n'eût-elle cédé au dernier moment aux sirènes de la popularité aurait pu devenir 100% culte.4,5/6

Note : 4/6

Page 30/223 ARCANE : Gather Darkness

Chronique réalisée par Phaedream

Selon la légende, Arcane aurait vu le jour lors d’une froide soirée hivernale de 1970 à Dusseldorf. Le réalisateur de film expérimental Gerhard Shreck et l’auteur d’œuvres de science fiction Max Richter composent de la musique de film dans un sous-sol froid et humide. Ils travaillent avec de l’équipement analogue et la majorité de cet équipement est construite par Shreck. Un 3ième membre se greffe au duo en 1973, Hans-Ulrich Buchloh disciple de la philosophie Stockhausen. Ensemble ils ont assez de matériel pour réaliser un 1ier album, Alterstill, qui sera ré édité une 1ière fois en 2001 et une 2ième, en 2006. Ce premier opus d'improvisations électroniques reçoit les éloges de la presse, mais est ignoré du grand public. Le trio gagne en popularité avec la parution de leur 2ième album, Teach Yourself to Crash Cars en 1976. Une tournée Européenne s’ensuit. Arcane se produit dans des petits clubs. Les amateurs sont enthousiasmes devant ce nouveau trio qui joue de la musique hautement atmosphérique aux effluves rythmiques de Tangerine Dream, mais avec une sonorité plus sombre, plus ténébreuse. Le nom circule. Arcane est sur toutes les lèvres. La réputation du trio dépasse les frontières Européennes. Alors que le groupe trône au sommet en 1977, et qu’il est reconnu internationalement, une tragédie secoue le monde bien obscur d’Arcane. Max Richter est retrouvé mort dans une chambre d’hôtel de Budapest. Le verdict du coroner est stupéfiant, Richter s’est donné la mort par immolation. Sous le choc, les nombreux fans, ainsi que plusieurs médias doutent de cette possibilité. Après tout Richter était un étrange, qui avait ses idées bien arrêtées et qui fricotait avec du drôle de monde. D’autres versions circulent, alimentant encore plus la légende. Richter aurait été assassiné à cause de ses orientations et allégeances politiques, ou autres obscures raisons. Incapable de poursuivre plus loin, Shreck et Buchloh abandonnent leurs carrières musicales. Quelques 20 ans plus tard et afin d’honorer la mémoire de Max Richter, Arcane reprend vie. Produit avec un sens profond de respect pour leur compatriote disparu, Gather Darkness reprend les mêmes lignes séquentielles sombres et intrigantes qui ont fait les délices des premiers adeptes de ce groupe culte. Des lignes qui roulent sur elles mêmes, en harmonies avec de longues tirades répétitives et hypnotiques. Gather Darkness est un rassemblement obscur où Shreck et Buchloh emprunte les mêmes souffles analogues des années 70. Un croisement entre les rythmes soutenus par des percussions et des basses séquentielles. Des sphères musicales rondes qui épousent des cadences aux ambiances torturées par des mellotrons aux saveurs de flûtes et aux effluves de trompettes. Fortement influencé par Tangerine Dream, les amateurs de Musique Électronique, genre Berlin School, aux grosses séquences synthétiques vaporeuses, aux modes pulsatifs minimalistes seront au 7ième ciel. Et, quand vos oreilles auront croisés l’excroissance musicale d’Encore sur Time Will Run Back, vous aurez compris qu’Arcane est entré, et avec raison, dans la légende par la grande porte. Évidemment, nous sommes en 2006 et le mythe d’Arcane a été maintes fois revu, remâché et corrigé. Selon des preuves amassées ici et là, Arcane ne serait qu’un seul individu; Paul Lawler.

Une histoire à suivre.

Note : 4/6

Page 31/223 ARCANE : Future Wreck

Chronique réalisée par Phaedream

Ce 2ième opus d’Arcane cultive encore plus le mythe derrière l’histoire. Sur l’endos de la pochette, on y aperçoit 3 visages, enfonçant encore plus l’histoire…ou la légende. Est-ce qu’Arcane est vraiment un trio? Quelle est la vraie histoire derrière Arcane? Mythe ou réalité? Est-ce qu’Arcane serait l’incarnation du Rêve Mandarin qui a connu une première mortalité suite au départ de Baumann en 1977? Une chose est certaine, en fait plutôt deux choses sont certaines. Primo; Paul Lawler a capté l’imaginaire de bien des gens lors de cet immense canular suite au lancement du premier opus d’Arcane (Gather Darkness) et, secundo; la musique d’Arcane, tout comme l’histoire de Tangerine Dream d’ailleurs, est plus mythique que conforme à la genèse musicale du Rêve Mandarin. Prenons Future Wreck. L’intro y est très sulfureux, avec des chœurs spectraux aux airs graves et sombres. Une atmosphère plus lugubre que dégageait le très obscur Phaedra. Une bonne ligne de basse circule parmi ses abstrus effets sonores, dont des flûtes mellotronnées aux différentes couleurs de ténèbres ambiants. Au travers cette étrange course atmosphérique l’épave se promène comme un lycanthrope peut errer dans une forêt dense. Déjà surchargés, les ambiances se multiplient avec l’arrivée d’une autre couche synthétique ornée de légères et très discrètes percussions. La bête s’arrête, reprend son souffle et regarde. Par petits pas elle s’amène, lorgnant ses airs avec malice. Une flûte à la main, elle appelle au renfort. Les premières notes arrivent et c’est l’explosion. Sur un rythme pesant, Future Wreck s’anime avec ses cris de cors et ses strates synthétiques aux lourdeurs conjoncturelles sur une bonne batterie qui frappe avec insistance. La ressemblance avec le Rêve Mandarin est étonnante, surtout avec l’aspect symphonique des synthétiseurs. Les Mangeurs de Plastiques offrent un début atmosphérique assez sombre. Une fine ligne de basse circule parmi des effets sonores épars, dont une ligne métallique qui émane un étrange son froid sur des notes qui klaxonnent leur impatience. Une douce ligne synthétique s’anime avec quelques riffs et des notes à la Tangram mettent la table à une ligne plus animée. The Plastic Eaters exploite des rythmes variés aux essences très mélodieuses. On se ferme les yeux et on croirait entendre une extension de Tangram. The Visible Empty Man utilise les mêmes sentiers musicaux. Intro ambiante avec des notes, oubliées en Pologne en 1983, qui progresse lentement et amasse des strates atmosphériques plus animées avec l’utilisation des mellotron en mode trompettes. Une autre ligne séquentielle s’ajoute avec des percussions électroniques plus animées et le rythme s’installe avec finesse et aux différents virages musicaux qui croiseront des temps plus débridés, comme plus reposés. Planet of the Blind est la pièce la plus courte. Donc, elle ne perd pas de temps. Après un doux intro mellotronné suavement, une ligne pulsative se promène, accotée par des notes pesantes et circulaires. Le rythme s’anime grassement et entame une mélodie aux progressions étonnantes qui vrillent autour d’imposants clins d’œil musicaux aux différentes séquences et harmonies que l’on retrouve sur Tangram de Tangerine Dream. Future Wreck d’Arcane est une imposante oeuvre. Plus de 60 minutes de Musique Électronique aux essences de la Berlin School. Un croisement parfait entre les rythmes et les ambiances sur une approche plus sombre, plus ténébreuse qui plaira aux amateurs de musique exploratoire et obscure. Et Arcane n’est l’histoire d’un seul homme. Un homme à l’imagination aussi

Page 32/223 débordante que ses talents de compositeur et d’arrangeur, Paul Lawler. Et que tombe le rideau…

Note : 4/6

Page 33/223 : Fire burns in our hearts

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Premier album de Clandestine Blaze, ce "Fire burns in our hearts" présente un black metal total à la production extrêmement crue et volontairement dégueulasse. Le groupe finnois est très violent musicalement sur ce premier titre qui sonne très brutal black metal et blast beats à fond la caisse. "Anti-Christian warfare" présente la facette du groupe que j'affectionne le plus de Clandestine Blaze, à savoir un black metal mid-tempo vicieux, qui fonctionne sur l'atmosphère, un ou deux riffs lancinants répétés au sein d'un même titre et les vocaux rapeux de Mikko Aspa. "Fire burns in our hearts" est construit sur une alternance entre titres violents avec batterie rapide ("Clandestine Blaze", "Native resistance") et morceaux plus mid-tempo, généralement plus longs et que je trouve plus efficaces ("Anti-Christian warfare", "Children of God"). Les deux derniers titres répondent moins à cette règle, nous présentant un Clandestine Blaze direct mais moins bourrin avec un "Killing the waste flesh" pouvant rappeler et un dantesque "Icons of torture" au riff excellent pour finir. La production en rebutera probablement certains, le rendu sonore est assez sourd et sans relief, les guitares très saturées et le chant est un cri de torture sans fin. Un bon premier album de Clandestine Blaze, pas mon favori du groupe, mais un fier assaut de black metal dur sur l'homme.

Note : 4/6

Page 34/223 CLANDESTINE BLAZE : Night of the unholy flames

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Successeur d'un "Fire burns in our hearts" en guise de bon premier essai, ce "Night of the unholy flames" emmène l'ensemble beaucoup plus loin. Tout d'abord, il est la preuve qu'on peut sonner plus sale en ayant une meilleure production. Ce second album bénéficie d'une meilleur production que "Fire burns in our hearts", pourtant, il sonne plus crade et plus vicieux encore. Les vocaux ont un traitement bien supérieur à ceux que l'on pouvait entendre sur le premier album, ils sortent des tripes du braillard et sonnent globalement plus graves et envoutants. "Chambers", le premier morceau du disque, devrait vous convaincre d'emblée des progrès réalisés par le groupe, aussi bien au niveau de la production qui est parfaite pour ce type de musique, que de la composition globalement plus efficace. "Cross of the black steel" présente un riff qui pourrait bien être tiré d'un album de funeral doom (voir Stabat Mater, dont Mikko Aspa est le seul maître à bord), un morceau lent dans lequel l'auditeur s'embourbe sans échappatoire possible. Le titre éponyme est tout simplement dantesque, à l'image de "Chambers", deux titres qui font bloc et imposent un Clandestine Blaze qui se complait dans la fange, la haine de l'humanité et la pulsion de mort. Le batteur ne fait pas preuve de beaucoup de variété dans son jeu, c'est probablement voulu afin de conférer une impression de monotonie et de stagnation à l'ensemble. Paradoxalement, "There's nothing..." présente un Clandestine Blaze plus vivant et varié au niveau des tempos quoique toujours aussi basique dans les riffs. "Future lies in hands of the strong" clôt l'album sur une note toujours aussi obscure avec quelques cris de mourant. Clandestine Blaze accouche dans la douleur d'une ode à la négativité, la noirceur, la colère, la frustration et la haine. Une excellente pièce belliqueuse, extrême et jusqu'au-boutiste.

Note : 5/6

Page 35/223 CLANDESTINE BLAZE/ : split album

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Une collaboration qui s'annonce intéressante sur le papier et qui se confirme une fois la galette assimilée. Pas d'évolution au niveau du style pratiqué par Clandestine Blaze, mais une création qui globalement se bonifie avec le temps et l'expérience. D'un "Will to kill" fangeux qui aurait eu sa place sur "Night of the unholy flames", en passant par un "Blasphemous Lust" punk et simpliste dans l'esprit, un "Raping the innocent " doté d'un riff d'introduction énorme , pour finir sur le néant total avec "Genocide operation", Clandestine Blaze enfonce le clou après des réalisations précédentes réussies. Un projet qui est bel et bien une valeur sûre du black metal contemporain. Les trois titres qui suivent sont la dernière apparition du Deathspell Omega avec Shaxul, période du groupe que je préfère. On notera au passage que les paroles de DSO dans le livret du cd ont été rayés pour les rendre illisibles, comme si on en avait honte ou qu'on voulait faire table rase d'un certain passé. Musicalement, cette partie Deathspell Omega est énorme en tout point. Un black metal avec des riffs acérés qui font mouche à chaque occasion, une inspiration musicale indéniable et un certain talent dans l'interprétation. Trois titres bien longs qui présentent un Deathspell Omega musicalement annonciateur du chef d'oeuvre "Inquisitors of Satan", inimitable voire unique. Ce disque est probablement un des meilleurs splits qu'il m'ait été donné d'écouter jusqu'ici, voire le meilleur, tant les deux groupes excellent dans un art qui leur est propre et qui finalement se complètent à merveille, on passe d'un Clandestine Blaze extrême et froid à un Deathspell

Omega talentueux et efficace. Une réussite énorme. Indispensable!

Note : 6/6

Page 36/223 ATARAXIA : Sueños

Chronique réalisée par Twilight

Je l'aime un peu, beaucoup...oui, c'est ça, ce disque, je l'aime beaucoup...un peu moins en fait, mais...Pour faire court, 'Suenos' se découpe en trois parties distinctes de quatre morceaux chacune. La première d'entre elle, 'Eco promitto Domino', est plutôt rythmée et riche en inspirations médivalo-folk ('Saderaladon', 'Belle Jolande' ou 'Il bagatto')) avec des touches orientales de fort bon aloi. La seconde, 'L'âme d'eau' débute curieusement sur une atmosphère de cabaret/taverne pour guitare sèche et accordéon ('Mon âme sorcière') pour enchaîner sur des plages plus calmes telles qu'en raffole Ataraxia, toutes en nappes de synthé et guitares classiques; c'est beau, mélancolique, profond ('Mnemosine'). C'est sur la troisième, 'Sandy dunes', que je suis plus mitigé. On oscille entre le très bon (le très martial et grandiloquent 'Funeral in Dacta') et l'ennuyeux ('The corals of Aqaba') et le moyen ('Nemrut Dagi' qui renoue avec les ambiances des débuts du groupe). Bon, le problème est que le style Ataraxia, on commence à le connaître et les structures offrent de moins en moins de surprises malgré une qualité d'écriture certaine. D'un autre côté, les mélodies sont efficaces et après un 'Lost ' mou et ennuyeux, les rythmes et les touches symphoniques de ce 'Suenos' sont plutôt bienvenues.

Note : 4/6

Page 37/223 ORBITAL : In sides

Chronique réalisée par dariev stands

Considérés comme des vétérans de la scène Acid House à la sortie de ce disque, les frères Hartnoll avaient pourtant déjà à l’époque un parcours plutôt enviable derrière eux… Après le carton de singles comme « Chime » dans une Angleterre en ébullition découvrant la House, le groupe s’est progressivement dégagé de bien des carcans musicaux dans lesquels on aurait pu les enfermer. Conservant l’euphorie des années rave tout en se détachant du phénomène de mode, Orbital a glissé, lentement, au fil des albums, vers une musique de plus en plus sophistiquée et de moins en moins dancefloor, sans pour autant signer sur Warp, traçant une route aussi dangereuse que singulière. « In Sides » constitue l’aboutissement de leur évolution. Il est l’œuvre la plus réussie du duo, après laquelle ils s’enliseront dans une suite de disques nettement moins intéressants qui récolteront force moqueries et critiques du public. Bien peu de groupes les ont suivis sur ce terrain glissant… Du coup, on tient là un chef d’œuvre isolé de la techno, le plus souvent mésestimé, et parfois même accusé de lorgner vers une house « progressive » !! La longueur des morceaux et le fait que certains soient organisés en diptyque n’y est pas pour rien, sans doute… Mais cette appellation fallacieuse est encore trop restreinte pour décrire « In Sides ». En effet, plutot que de House, il convient ici de parler de « musique électronique », point barre. Orbital fabrique une techno libre, ambitieuse, lunaire et dénuée de samples. Sur « In Sides », le pari a visiblement été fait de réaliser l’album quasiment en autarcie, sans paroles, et avec une conscience politique s’il vous plaît. En effet, en bons militants écolos qu’ils étaient, Orbital rappelle que « The Girl With The Sun In Her Head », la magnifique entrée en matière au son imitant celui d’un orgue Hammond, a été symboliquement enregistrée grace à l’énergie solaire. On imagine les frères Hartnoll, enfermés dans leur bunker-studio orné de panneaux solaires, coupés du monde, bricolant cette perle de house bizarre et colorée, indescriptible (on a même parlé de « neo techno ») de dix minutes… La pochette au goût surréaliste de John Greenwood illustre parfaitement cette musique fantasque et non-linéaire, et surtout mille fois plus inventive qu’une bonne partie de la scène electronica… Combien de disques peuvent se targuer de nous embarquer si loin, si aisément ? « In sides » (décrit par le groupe comme « Six unrelated sound scenarios ») se laisse apprivoiser dès les premières écoutes, pour ne plus nous lâcher, à l’image de ce « The Box » (inspiré par John Barry), rubix-cube musical qui happe l’auditeur dans un tourbillon de sons sans fin, une infernale ritournelle à ne pas écouter dans toutes les conditions, si vous voulez mon avis. En bien des points, Orbital était à la techno ce que Tool est au metal… Univers torturé, morceaux épiques et complexes, et cette petite touche cérébrale et parfois effrayante… Tout y est. « Dŵr Budr » - « Dirty water » en gallois - prend également les chemins de traverse puisque le morceau commence dans une tranquille digression aquatique pour muer en percus tribales. Le tout sur un beat emprunté au « Planet Rock » d’Afrika Bambaataa. « P.E.T.R.O.L. » (encore une référence à la pollution et aux marées noires ?) renoue avec la dance mais pas avec l’académisme. Les ruades psychédéliques des beats jonglent entre les deux baffles, et la cadence effrénée (pourtant les BPM restent soft) emprunte à la Drum & Bass. Chose amusante, ce titre a été écrit à l’origine pour le jeu « WipeOut » (dont la B.O. est tout à fait recommandable) ! « Out There Somewhere », séparé en deux parties de plus de 10 minutes chacune, s’étire dans des contorsions fantasmagoriques, accompagnées de sons de cris de baleine et de bips futuristes, le tout posé sur un beat pratiquement mid-tempo, sans basses. Vous l’aurez compris, « In Sides » est un joyau, un disque quasiment parfait, agencé comme un album du Floyd, sans compromis ; ce qui obligera d’ailleurs leur

Page 38/223 maison de disques a inventer un nouveau format de vinyle hybride pour contenir tout l’album sur 3 disques (si si !).

Note : 6/6

Page 39/223 REMY : Sense

Chronique réalisée par Phaedream

Il n’y a pas grand monde qui ait encore parlé de ce nouvel album de Remy, peut-être parce qu'il est différent et que l'on ne sait pas comment l'aborder.Pourtant Remy est un nom qui circule facilement dans les sphères de la Musique Électronique, genre Berlin School. En fait, Remy est sans doute l’artiste qui se rapproche le plus du style de Klaus Schulze. Il aime explorer et peaufiner ses longues compositions. Jouant sur les rythmes, les atmosphères et les multiples couches synthétiques. On disait de Sense qu’il aurait un style différent. C’est donc avec un certain empressement que j’avais hâte de l’entendre. J’étais surtout impatient d’entendre ce qui s’annonçait comme étant différent. Being démarre bien. L’ambiance est intime. Un doux piano et un violoncelle se font la cour sur une trame mélodramatique. Un peu comme un générique de film, les notes coulent avec beauté et se fondent en une belle mélodie sombre. C’est avec Destination que l’on peut saisir le sens de différent. Après un début atmosphérique assez étrange, où on a l’impression que des billes flottent en apesanteur sur d’épaisse couche synthétique, les sons se distordent et font place au violoncelle qui se brouille sur des voix fantomatiques. Ses voix chantent sans vraiment chanter. Le violoncelle frotte sans vraiment frotter. On a l’impression de flotter dans un monde irréel. Tranquillement, des notes se joignent et forment un genre de beat ‘’funky bass’’ bien étouffé. Ce mouvement est drapé d’une onde synthétique qui donne une épaisse couche sonore à un tourbillon musical qui prend graduellement forme. Une cadence zombiesque, inondée de strates synthétiques assez intenses, inonde les hauts parleurs, faisant oublier cette intro assez déroutante. Dès cet instant, Destination crache un rythme soutenu inondé par des synthétiseurs enveloppants, dont fusent d’admirables et percutants solos. Un moment de culture qui demande une grande ouverture, mais qui en vaut totalement la peine. Mais, avisez vos voisins, car certains pourraient en être inquiétés. Après un titre aussi déroutant, Behaviour fait figure d’enfant pauvre. Un beau mellotron couvre les atmosphères d’une belle strate de chœurs synthétiques sur les crachats de fumée à la Blade Runner. Une plage sombre qui est inondée d’effets sonores qui faisaient les délices de Schulze dans les années 70. Maze me rappelle les étranges collaborations entre Klaus Schulze et Arthur Brown. Ici c’est entre Remy et Mattie, un artiste alors inconnu pour moi, que ça se passe. Sur de beaux arrangements aux effluves d’un violoncelle, Mattie explique la pression et les pièges du labyrinthe. La musique est superbe et reflète à la perfection les angoisses d’être piègé dans des couloirs sans fins. On y est, on sent ces couloirs, tant la musique est réaliste. Une superbe trame angoissante, digne d’un film à hautes émotions. Cet atmosphère hypnotique nous fige jusqu’à que le violoncelle se mette à trébucher et à cet instant la batterie embarque, propulsant Maze dans une direction musicale plus cadencé. Le violoncelle se métamorphose en violon et c’est la course effrénée entre les percussions, qui cognent avec précision et férocité, et le violon qui chauffe les cordes avec force et agilité. Ce beau concept se dessine sur une basse superbement efficace et de gros solos de synthé. Un titre hautement travaillé. Un grand moment qui semblait pourtant assez banal. Mortality est la pièce sur Sense. Continuant sur les arrangements de violoncelle qui terminait Maze, Mortality avance dans un couloir étroit où la froideur se réchauffe sur une fine ligne synthétique qui se berce aux grées des illusions perdues. Un titre intense qui abrite des chœurs discrets et qui dérive sur une ligne plus animée. Et on ne peut faire autrement que de dresser un

Page 40/223 parallèle avec la sinueuse et sensuelle ligne qui faisait les charmes de Body Love, de Schulze, avec batterie méthodique en plus. Un autre bon titre sur Sense. Ce dernier opus de Remy se termine dans les vocalises de Mattie. Deja Vu est un titre sans rythme qui vrille sur d’immenses strates synthétiques et les voix mi-humaines et mi-droïdes de Mattie. La musique est somptueusement dense, et la présence de Mattie ajoute un élément intriguant. Il joue avec sa voix, comme un instrumentiste, passant d’un timbre suave à la Bowie, aux intonations ténébreuses à la Zombie. Différent Sense? Oui si on considère l’évolution ou les déviations de son propre style comme étant différente. Pour moi c’est du Remy. Un artiste qui marche sur les traces de son inspiration à merveille. Comme Schulze, il sort des sentiers de la musique programmée pour offrir une oeuvre plus personnelle et plus intense. Des titres comme Destination et Maze débordent d’intelligence et d’audace. Sense de Remy s’adresse à un public plus averti. Un public qui n’a pas peur de se frotter les oreilles à une musique plus avant-gardiste. De la Musique Électronique, style Berlin School, mais extrêmement plus progressive. Moi, j'en suis accord accro, mais il m'a fallu quelques écoutes. N'est-ce pas la caractéristique d'un trait de génie?

D'une oeuvre remarquable?

Note : 5/6

Page 41/223 BASTIEN (Pierre) : Pop

Chronique réalisée par Trimalcion

Pop ! Dire que je m'imaginais déjà Pierre Bastien et son mecanium reprendre quelques tubes des Beatles... J'en fus pour mes frais. Peu importe, "Pop" est du pur Pierre Bastien, et c'est déjà énorme. L'homme est seul autour de son arsenal d'instruments mécanisés, refabriqués entièrement par ses soins. Il faut voir ça : un rouleau cranté qui tourne sur lui-même (actionné par un moteur) pour toucher régulièrement les touches d'un clavier, un luth dont les cordes sont pincées par une sorte de grue en mécano, des instruments à percussion actionnés par un invraisemblable fatras de poulis et de cables. Mettez le machin en branle, et vous obtiendrez une trame rythmique aussi exotique qu'improbable, aussi répétitive qu'absorbante. Peu de compositeurs parviennent à être à ce point originaux, à se créer ainsi une telle poétique sonore. Sur le continuum machinal (rehaussé d'échantillons qui s'y fondent miraculeusement), Pierre Bastien joue ses petits motifs à la trompe, à la trompette, à l'orgue... Parfois, il se contente d'enclencher ou d'arrêter ses instruments, de manière plus ou moins aléatoire, tel un Ligeti faisant joujou avec ses métronomes. Comparé à l'historique "Musiques machinales", "Pop" s'avère nettement moins typé jazz ou world music. Ça n'a rien de pop non plus, bien évidemment (quoique...) Fascinant toujours, mais intransigeant, plus sec, plus minimaliste dans son approche du son et dans ses structures, l'album fait naviguer l'auditeur dans un monde qui se rapproche davantage de l'abstraction musicale. Peut-être pas le vecteur idéal pour découvrir l'univers du compositeur, donc (bien que des morceaux comme "Tut", par exemple, ou le sensuel "Eke", fassent vraiment tout basculer). Mais c'est un disque de Pierre Bastien...

Note : 4/6

Page 42/223 ZORN (John) : The circle maker

Chronique réalisée par Progmonster

Pour en finir avec John Zorn, et si ce n'a déjà été fait, mettons les points sur les i : malgré la quantité faramineuse de disques qu'il a produit, enregistré et/ou distribué, pour la postérité, on ne retiendra de lui que trois choses : la création de son label Tzadik, l'expérience Naked City et, enfin, sans doute le plus beau de tous, Masada, au coeur même de son oeuvre. Oui, j'écarte volontairement Painkiller ; pour vos remarques d'insultes, l'espace "Vos commentaires" vous attend ci-dessous. Car, je persiste et signe, s'il ne fallait en retenir qu'un, Masada s'imposerait sans contestations possibles car il n'existe aucun autre projet à mon humble avis qui soit parvenu, comme celui-ci, à synthétiser de manière aussi remarquable et nuancée l'aspect multiple de l'artiste. Masada s'est depuis décliné (dispersé ?) en des tas d'autres versions, notamment une électrique qui a fait s'user beaucoup de touches de clavier encore tout récemment sur nos pages, apportant chacunes un éclairage nouveau sur un répertoire tout simplement exceptionnel. Dans l'exercice de l'écrit, avec Masada, John Zorn a su rester simple. C'est une qualité rare que le saxophoniste est heureusement parvenu à conserver ici malgré une carrière en tous points portée sur l'excès. En guise de relecture, souvenez-vous, il y eut déjà le très bon "Bar Kokhba" en 1996. "The Circle Maker", autre double album qui le suit de peu, affine le concept en consacrant chacun des deux disques à une formation bien précise ; sur le premier volume intitulé "Issachar", évolue le Masada String Trio constitué de Greg Cohen, Mark Feldman et Erik Friedlander. On y retrouve fatalement les aspirations contemporaines du compositeur servi par une interprétation fantastique de retenue et d'intuitivité. "Zevulum", le second volume, introduit le Bar Kokhba Sextet, doublant le nombre de participants du Masada String Trio en leur adjoignant les services de Cyro Baptista, Joey Baron et Marc Ribot. Comme vous pouvez le voir, peu à peu, l'Electric Masada prend forme mais attention, il n'est nul question ici de folie furieuse. Aussi mesuré que le Masada String Trio, le Bar Kokhba Sextet apporte une touche plus exotique à l'ensemble, rappelant étonnamment par endroits les musiques de film de Lalo Schiffrin. Le bruit n'est pas une fin en soi non plus. Grâce aux perspectives complémentaires qu'il propose, "The Circle Maker" s'avère être une oeuvre d'un raffinement prodigieux et, en ce qui me concerne, une des pièces maîtresses du catalogue Tzadik.

Note : 6/6

Page 43/223 RABBINICAL SCHOOL DROPOUTS : Cosmic tree

Chronique réalisée par Progmonster

Après Natfule's Dream, peu avant Koby Israelite, voici que nous arrive sur un plateau d'argent les Rabbinical School Dropouts. C'est presque devenu une tradition depuis les Klezmatics que d'aborder la musique klezmer sous un angle post-moderne, plus audacieux, en accord avec son temps sans pour autant rejeter son essence même. Le trio des frères Friedmann a bien compris cela et nous propose sa vision des choses, éclatée mais toujours généreuse. Par rapport aux artistes que je citais en tout début de chronique, il me semble que ce large ensemble de dix musiciens a plus d'atouts en mains pour séduire sans efforts. C'est dans la bonne humeur qu'ils viennent décrisper les tensions véhiculées généralement par ce genre de musique, son sens aigu de la dramaturgie aussi, dans une débauche d'énergie et d'idées parfois saugrenues qui souvent s'avèrent payantes. Rien de vraiment extrême à signaler, les Rabbinical School Dropouts ne sont pas du genre à opérer des changements radicaux à 180° ; leur musique toujours entraînante trouvera à coup sûr oreilles réceptives auprès de ceux qui continuent d'apprécier à leur juste valeur le Kocani Orkestar, Taraf des Haïdouks ou encore la musique de Goran Bregovic, autrement dit celle de fanfares bigarrées qui célèbrent la vie dans un feu d'artifice exaltant qui semble ne jamais vouloir finir. Imaginez la teuf d'enfer aux Bar Mitzvahs ! Alcool, cotillons et confettis toute la soirée... Et pour l'aspect sombre et expérimental me direz-vous ? Eh bien, ma foi, c'est vrai que le relatif optimisme qui se dégage de "Cosmic Tree", brûlant comme le soleil de juillet, pourra difficilement faire croire à qui que ce soit qu'il reste encore un quelconque résidu de ces deux fameux adjectifs. Cela reste de la très bonne musique, et puisqu'on la trouve sur un label qui intéresse beaucoup de monde, il me semblait

évident d'en parler. Après, à chacun de trouver son bonheur. Et pour moi, le choix est fait.

Note : 3/6

Page 44/223 PEROWSKY (Ben) : Camp songs

Chronique réalisée par Progmonster

Une fois n'est pas coutume, cette publication de la série "Radical Jewish Culture" s'écarte de sa ligne de conduite qui frise parfois le pléonasme. "Camp Songs", je vous le dit tout de suite, c'est du jazz moderne, ni plus ni moins. Merci. Au revoir... Le prétexte ici - et qui par ailleurs explique le titre donné à l'album - était d'adapter une petite dizaine de mélodies apprises en leur temps par Perowsky en colonnie de vacances. Évoluant en trio (dans un esprit pas loin de celui de Keith Jarrett dans pareille circonstance) en compagnie de Drew Gress et l'excellent Uri Caine au piano, c'est en discutant avec ce dernier lors de différentes tournées qu'ils prirent tous deux conscience qu'ils avaient ce socle là aussi en commun. Rien d'enfantin vraiment dans ces titres complètement transfigurés. C'est bien simple ; si rien de tel n'avait été mentionné, on aurait bien été incapable de le deviner ! Dans le lot, Ben Perowsky place tout de même deux compositions de son cru, "Mess Hall" et surtout "Ashen", exercice sur sable mouvant, cousin éloigné des abstractions délicieuses du "Life Time" de Tony Williams, pas le groupe, l'album Blue Note de 1964. L'autre surprise est la participation active sur le lunaire "Birkat Hamazon" de Oren Bloedow et Jennifer Charles, l'âme jumelle de Elysian Fields, dont Perowsky a pendant longtemps été le batteur, ceci expliquant très certainement cela. Lunaire parce que le chant du duo semble provenir d'une autre planète pendant que le trio joue sur un pattern rythmique qui n'est pas sans rappeler les touches impressionistes des tous premiers Weather Report. "Camp Songs" n'est pas de ces albums qu'il faut absolument avoir écouté mais sa touchante ingénuité laissera d'agréables souvenirs à ceux qui feront tout de même l'effort de lui consacrer quarante-cinq petites minutes de leur si précieuse vie.

Note : 4/6

Page 45/223 ISRAELITE (Koby) : Dance of the idiots

Chronique réalisée par Progmonster

Malgré leurs prix de plus en plus exorbitants - j'insiste - il faut reconnaître que les gars de chez Tzadik savent très bien comment emballer leur came. Au sujet de Koby Israelite, voici ce que l'on peut lire à peu de choses près : "Aussi complexe et talentueux que Naked City, Frank Zappa ou Mr.Bungle, cet album est une exploration passionante de l'expérience juive." Rien que ça. La suite de l'histoire, on l'a déjà tous expérimenté ; on a le disque convoité entre nos mains, on le retourne dans tous les sens, on relit par deux fois les notes de pochette, on se dit que merde, celui-là, il nous le faut. Pris de sueurs, on passe tout de même à la caisse avec un noeud aux tripes, on allonge les quelques 25 euros qu'il faut pouvoir débourser pour acquérir l'objet et on repart avec un sentiment partagé entre satisfaction et culpabilité. L'arnaque du prix se fera-t-elle détrôner par l'arnaque du produit en lui-même ? Par chance, non. Mais en usant à tort et à travers de références aussi intouchables dans le firmament des artistes qui comptent, la déception ne pouvait que surgir tôt ou tard. Le travail du multi-instrumentiste reste impressionant quoi qu'on en dise, et sa faculté à aborder des tas de styles différents, du hard au klezmer, de la musette au lounge, du tango au surf, du jazz à la world music, prouve en effet qu'on ne nous a pas menti sur la marchandise. Cependant, à l'instar d'un groupe comme Estradasphere, "Dance of The Idiots" enchaîne douze plages aux univers distincts si bien que l'interpénétration fictive de ces différentes approches ne pourra jamais se produire, chacune veillant à ne jamais se retrouver hors cadre. Réflexion faite, il n'est pas outrageant de penser que cette vue panoramique déployée aujourd'hui par un tas d'autres artistes n'est pas nécessairement due à l'influence des références précitées, mais plutôt la manifestation concrète de l'émergence de toute une génération de personnes riches de cultures musicales diverses. Un disque dans l'air du temps en quelque sorte, sauf que ce n'est toujours pas la norme. Et quelque part, tant mieux.

Note : 4/6

Page 46/223 ZOHARA : Scorched lips

Chronique réalisée par Progmonster

Énigmatique et passionné, "Scorched Lips" compte parmi les réalisations Tzadik que l'on peut écouter pour le plaisir qu'il procure et non pas par pur snobisme comme c'est hélas trop souvent le cas. Derrière cette formation internationale réunie sous la bannière Zohara, on retrouve le couple Michael Grébil et la chanteuse Zahava Seewald dont vous vous souvenez peut-être si jamais d'aventure vous aviez laissé traîner vos oreilles du côté de Psamim, autre groupe mis en valeur par John Zorn dans sa série "Radical Jewish Culture". Beaucoup de points communs entre les deux même si leurs approches respectives sont à nuancer, faisant ainsi la différence sur le long terme. Ici, un peu plus de place est accordée à Seewald dont le chant haut perché contraste avec les références du genre. Compte tenu du contexte et de l'habillage, les échos de Meira Asher ou Ghalia Benali se profilent à l'horizon ; si elle n'a pas les penchants extrêmistes de la première, elle a toutefois en commun avec elle la mise en exergue de ses racines. Plus proche de la seconde finalement, ne serait-ce parce que toutes deux ont débuté sur le sol belge, la quête de sens qui les anime a engendré chez elles un goût prononcé pour la curiosité, ce qui finit par se traduire par des confrontations culturelles et esthétiques de toute beauté. Comparé à Psamim, Zohara se permet de grandes escapades musicales dans des sphères autrement plus instables que l'instrumentation purement acoustique qu'on leur connaît. Il y a de discrètes touches électroniques et électriques par endroits qui permettent à l'ensemble de s'évader dans des décors qui charrient tout le poids de l'histoire, non sans s'abandonner à une furie formellement plus rattachée au jazz ("See The Sun", "In The Darkness") tout en maintenant ce voile de mystère permanent face à l'auditeur. Psamim revisitait à sa manière certains traditionnels juifs. Zohara va plus loin, et en ce sens rejoint les travaux solos de Zahava Seewald - mais je songe aussi alors à Sussan Deyhim - où c'est l'impact poétique qui prévaut sur des considérations platement religieuses.

Note : 5/6

Page 47/223 BASTIEN (Pierre) : Téléconcerts

Chronique réalisée par Trimalcion

À l'occasion de ces concerts enregistrés à la Maison de la Radio, Pierre Bastien s'entoure de quelques nouveaux comparses pour enrichir ses textures sonores. Même si cela nuit parfois à ce côté un peu nocturne et envoûtant, véritablement unique, que l'on entendait sur "Musiques machinales", force est de constater que l'ennui n'est jamais au rendez-vous. Les parties gérées par le mecanium semblent moins complexes, mais riches en grincements, craquements, cliquetis, scies, mouvements pendulaires et autres tic-tac... À ce fouillis sonore plus ou moins répétitif (mais menacé de rouille), s'ajoutent (et c'est nouveau pour Pierre Bastien) les éclats électroniques concoctés par Mitsuaki Matsumoto. Le jeu pourrait être, comme le suggère le compositeur, de deviner quel son appartient à qui. Défi d'autant plus ardu qu'il y a Alexei Aigui et son violon jazzy lyrique à la Grappelli, avec quelques embardés bruitistes, comme pour donner la réplique à l'arsenal mécanique de Pierre Bastien, ainsi que des détours vers un certain pointillisme sériel, d'où jaillit parfois une terrible tension ; également là, la vibration tubulaire des sanzas peut apporter elle aussi une touche plus humaine, ainsi que les exquises mélodies qui affleurent parfois sur les lèvres de Pierre Bastien (la fin du dernier téléconcert, assez spectaculaire). Chaque téléconcert crée son monde propre, se développe, et se dirige vers un but - les transitions entre les mouvements sont soigneusement ménagées. Le résultat de tout cela est, vous vous en doutez, indescriptible, entre rythmiques à la Moondog, mécanisme dément digne d'un Conlon Nancarrow, mélodies naïves, mouvements de transe, et poésie sonore annonciatrice d'un retour à l'enfance...

Note : 4/6

Page 48/223 McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : S/t

Chronique réalisée par Progmonster

C'est sur le label Neon, filiale de RCA, que sera publié le mythique Centipede, groupe ponctuel réunissant parmi les plus grands noms de la scène jazz progressive britannique du début des années soixante-dix. Quel dommage que l'on continue encore à vanter l'intérêt pourtant tout relatif de cet imposant double album alors que quelque temps auparavant, la même firme de disque publiait un disque bien plus mâture et plus extravagant encore, j'ai nommé le premier Brotherhood of Breath, sous la tutelle du pianiste sud-africain Chris McGregor. Parcourir ne serait-ce que d'une oreille distraite ces quelques quarante précieuses minutes de musique ferait comprendre à un sourd tout le fossé qui sépare cette oeuvre de l'entreprise de Keith Tippett, très certainement influencé par le travail effectué ici par treize personnes seulement. Prolongement naturel des Blue Notes avec lesquels il ne fit que quelques rares dates en 1968, le Brotherhood of Breath se veut un ensemble protéiforme, adaptable à l'envi, selon les disponibilités de chacun, et qui accueille en son sein parmi quelques uns des noms les plus prestigieux de la scène jazz anglo-saxonne. Pour ce premier enregistrement, sont enrôlés Mike Osborne, Alan Skidmore, Marc Charig, Nick Evans et John Surman, excusez du peu. Mais la formation de base n'est pas en reste avec des musiciens tels que Dudu Pukwana, Mongezi Feza, Louis Moholo ou encore Gary Windo, qui apparaîtra plus tard. Tout ce beau monde a gravité peu ou prou autour de la nébuleuse canterburienne, autant dire qu'ils n'ont rien à envier au fameux "Septober Energy". En un mot comme en cent, le premier disque du Brotherhood of Breath vient des tripes, parle au tripes là où le double blanc mythique n'est qu'onanisme intellectuel. Chris McGregor signe là un formidable point d'intersection où se croisent les ensembles légendaires de Duke Ellington, Charles Mingus, Sun Ra et l'Art Ensemble of Chicago, tout en apportant la petite touche exotique de rigueur qui ne fait aucun mystère sur leurs origines. Trombones et trompettes éructent, les saxophones se plient, les percussions s'affolent, c'est une orgie de son dont les vibrations persistent encore bien après avoir arrêté l'écoute de l'album. Mais qui, après une telle claque, aurait envie de s'arrêter ?

Note : 5/6

Page 49/223 McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Live at Willisau

Chronique réalisée par Progmonster

Il y a toutes sortes de pochettes de disque. La plupart du temps, elles sont redondantes ; illustrant, image à l'appui, ce qu'un titre que l'on a voulu particulièrement éloquent était déjà sensé évoquer. Il y en d'autres qui, au-delà de l'éventuelle laideur que l'un ou l'autre leur accordera, parviennent à capturer l'essence même de la musique qu'elle contient. À mes yeux, tel est le cas de cet obscur "Live at Willisau", sans doute le meilleur témoignage en concert jamais publié de Chris McGregor et son Brotherhood of Breath, et ce en dépit des efforts remarquables et répétés du label américain Cuneiform de remplir le vide depuis laissé par sa disparition des catalogues. Véritable force de la nature, quoi de mieux qu'un baobab pour représenter la consistance et la puissance dégagées par ce large ensemble qui prend ses racines dans la terre de ses ancêtres ? Quoi de mieux aussi qu'une douzaine de bras tendus vers le ciel en guise de branches pour symboliser cette unité, cette fraternité qui soude chacun des membres du groupe ? Le line-up est sensiblement différent que celui des enregistrements studio ou du témoignage posthume à Brême paru sous l'intitulé "Travelling Somewhere" en 2001 et qu'il suit chronologiquement d'une semaine à peine. Radu Malfatti et Gary Windo montrent le bout de leur nez, John Surman laisse, lui, définitivement sa place à Evan Parker. Le son est rugueux, rond, comme un vrai live, et le Brotherhood of Breath part à l'assaut de ces onze morceaux sans trop attendre. C'est de la sève qui coule dans les veines de ces hommes ; ça part du sol et ça vous traverse de bas en haut, c'est de la pure énergie ! En fait, McGregor et les siens font le chemin exactement inverse de celui effectué par Joseph Jarman, Malachi Favors et Lester Bowie. Ce n'est plus le jazz qui se souvient de l'Afrique mais l'Afrique qui redonne une leçon de jazz. J'en vois déjà quelques uns m'attendre au coin du bois pour me demander si c'est aussi brutal que du Globe Unity ? La réponse est non. Mais la liste des musiciens devrait déjà vous donner un sérieux élément de réponse quant à leur manière d'aborder les choses. Vraiment, le Brotherhood of Breath est un ensemble jazz exceptionnel à la candeur communicative que je vous encourage à découvrir toutes affaires cessantes.

Note : 5/6

Page 50/223 McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Travelling somewhere

Chronique réalisée par Progmonster

Quelle excellente surprise ! On le sait, Cuneiform a entrepris depuis un certain nombre d'années maintenant de remettre au goût du jour la scène jazz britannique de la fin des années soixante en nous prodiguant maints témoignages en concert de formations emblématiques tels que National Health, Gilgamesh, Nucleus et bien sûr Soft Machine dont le nombre de publication posthumes en concert doit à présent dépasser le nombre de disques officiels. Je craignais qu'on oublie les expatriés de Brotherhood of Breath qui, s'ils ne sont pas anglais de souche, ont pourtant toutes les raisons de figurer en bonne place dans ce processus de réhabilitation. Le label américain Cuneiform nous le prouve ! À force, il paraît évident aujourd'hui que ce diable de Steve Feige223aum se soit débrouillé pour avoir l'exclusivité des droits de l'ancienne radio publique de Brême car, vous l'aurez deviné, c'est encore à partir de cette source décidément intarissable que s'est forgé ce généreux "Travelling Somewhere". Le son est vivifiant, clair. Peut-être trop diront certains. Le rythme, soutenu. Le lyrisme : intact. Les paysages parcourus, nombreux : on passe de la presque marche funèbre "Ismite is Might" à l’enjoué et tribal "Kongi’s Theme". Chaque titre ne semble tenir qu'à un fil et on sent qu'à tout moment le groupe peut s'abandonner au chaos. Pas de manière excessive, c'est ce qui lui donne tout son sel. C’est un disque plein. Plein à plus d’un titre puisqu’il atteint à quelques secondes près les 80 minutes, ce qui a nécessité un fondu sur le titre "Do It" qui clôt l’album, à croire qu’ils avaient encore assez de matière pour alimenter un second disque ! Je ne suis pas loin de la vérité, mais je l'ignore encore... Parce que le Brotherhood of Breath est une formation jazz de toute beauté criminellement sous-représentée, "Travelling Somewhere" s'imposait au moment de sa sortie comme un passage obligé pour qui désirait se laisser charmer à son tour par cette musique qui eut en son temps - et bien plus qu'on ne voudrait le croire - une influence considérable sur les musiciens britanniques de l'époque à qui l'on n'a jamais cessé de rendre hommage. Rendons à l'infortuné Chris

McGregor ce qui lui appartient !

Note : 4/6

Page 51/223 McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Bremen to Bridgewater

Chronique réalisée par Progmonster

Comme je le laissais suggérer, Cuneiform ne tarda pas à remettre les couverts trois ans plus tard avec "Bremen to Bridgewater", nouveau témoignage posthume en concert qui réédite tout bonnement l'exploit de "Travelling Somewhere" mais en deux fois plus long encore puisqu'il s'agit d'un double cd, ni plus ni moins ! Autant dire que si vous n'aimiez pas le premier, y a peu de chances pour que vous accrochiez à celui-ci. C'est dire aussi et surtout si le matériel existe, même s'il aura fallu attendre autant d'années pour pouvoir enfin en voir la couleur... Tout ce qu'il faut, en somme, c'est juste la dose nécessaire de volonté. Cette fois, la sélection s'attarde sur trois performances ; la première d'entre elle à nouveau capturée par Radio Bremen en 1971, soit peu après la sortie de leur premier disque. La seconde (deux titres seulement) et la troisième étant issues de deux concerts donnés en 1975 au Bridgewater Arts Centre, à sept mois d'intervalle. Les sources audio varient en qualité - rien de dramatique toutefois - mais les performances rachètent aisément ces quelques menus défauts. De plus, le Brotherhood of Breath se présente ici avec des line-ups différents à chaque fois, une grande majorité des membres comme Harry Beckett, Marc Charig, Nick Evans, Mongezi Feza, Harry Miller, Mike Osborne, Dudu Pukwana et, bien sûr, Chris McGregor, en constituant le socle de base. Autour d'eux gravitent les habitués Gary Windo, Alan Skidmore, Evan Parker, Louis Moholo ou Radu Malfatti, mais on notera surtout la présence exceptionnelle de Elton Dean (Soft Machine) pour les dates anglaises. Évoluant à douze ou treize personnes, le Brotherhood of Breath sonne plus que jamais comme une procession aux couleurs châtoyantes de fous furieux et d'illuminés en tout genres, une invitation à la communion et à l'abandon, sans tenir compte le moins du monde des différences qui poussèrent McGregor et les siens à entrer en dissidence. À l'aube d'une finale de Coupe du Monde navrante, je saisis la balle au bond pour écrire ici et maintenant que le football n'a pas pour vertu de rassembler les peuples. Au contraire, elle hatise les haines et divise les gens. Seule la musique rassemble. Une musique universelle et vibrante comme celle de la Confrérie du Souffle.

Note : 4/6

Page 52/223 McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Country cooking

Chronique réalisée par Progmonster

À ma connaissance, "Country Cooking" est l’ultime enregistrement du pianiste sud-africain, peu avant son décès en 1990. Une vraie hécatombe à vrai dire puisque le groupe n'a laissé qu'un orphelin en la personne de Louis Moholo. Publié à l’origine chez Venture en 1988, le nouveau sous-label de Musea, Great Winds, s’en empare pour témoigner des derniers soubresauts d’un artiste attachant. C’est à l’occasion du festival de Nos et Mannheim auquel il fût convié que Chris McGregor remit en selle une troisième et ultime version du Brotherhood of Breath. Pour ce faire, il s’entoure d’une douzaine de musiciens, parmi lesquels on retrouve Annie Whitehead au trombone, Jeff Gordon au saxophone ténor et Harry Beckett à la trompette. Comme d'autres artistes avant lui, et un peu à l'instar de Graham Collier, réactiver un groupe en lui prêtant son nom ne garantit pas nécessairement qu'on en retrouve instantanément l'esprit. Pour autant, le résultat n’est en aucun cas catastrophique ! Plus soigné, plus polissé, plus aux normes des productions actuelles en quelque sorte, "Country Cooking" se révèle être un excellent album de jazz qui nous reconcilie avec ces formations en big bands que l’on a tendance à voir d’un mauvais oeil ("Sweet As Honey"). Mais l’énergie, la furie, ce déchaînement des passions que provoquaient l’écoute de leur tous premiers albums sont effectivement bel et bien absents. Ici, c’est l’esthétisme qui est privilégié au détriment de l’intensité et de l’urgence. Plus proche d’un Count Basie ou d’un Duke Ellington, plus loin que jamais d'un Mingus ou d'un Sun Ra dont le Brotherhood of Breath incarnait pourtant autrefois une alternative crédible. Par chance, l'hybridation des styles et des couleurs restent d'application, même si cela se fait à présent de manière bien plus propre sur soi, avec des soupçons de musiques des îles et des rythmiques Afro-Latines. Intacte aussi est la luxuriance des arrangements de McGregor où l’interaction entre les différents ensembles de cuivres brille, encore et toujours, de mille feux. Cette réincarnation tardive du Brotherhood of Breath n'est plus habitée par la révolte mais par un soucis de bien faire. "Country Cooking", c'est aussi, comme je le disais plus haut, l’ultime témoignage d’un homme qui, toute sa vie, s’est battu pour valoriser la musique de son pays tout en combattant les idéaux fascisants qui l’en avaient chassé.

Note : 3/6

Page 53/223 ARCANE : 33 1/3 rpm

Chronique réalisée par Phaedream

Plus de 4 ans depuis la parution, ‘’underground’’ avons-nous compris, d’Alterstill. Arcane reprend du service avec un cd tout aussi suave et ténébreux que les trois premiers opus. Le mythique groupe reprend là où Future Wreck avait terminé. Un étrange titre aux significations tout aussi inconnues. La légende voudrait que cet album serait un inédit, la partie 2 de l’introuvable Teach Yourself To Crash Cars, paru en 1973. C’est coiffé de cette extension de légende que les premiers souffles de RPM se font entendre. Les 2 premiers titres en sont les pièces charnières. Deux longues parties aux essences très ténébreuses où les rythmes secouent des atmosphères d’orgue d’église, de flûtes surnaturelles et de chœurs spectraux. La 1ière partie débute avec un souffle atmosphérique qui laisse tomber des effets sonores très étranges, aux sons des bêlements de mouton. On a l’impression d’assister à une marche cérémoniale digne d’une une messe noire. Une brume synthétique s’ancre et des fluides aux essences de flûtes issues des ténèbres se font entendre. Une fine ligne très basse en émerge et se dandine sur un rythme lent et hypnotique. Les flûtes côtoient des accords d’une six-cordes mythique, tant on est pas certains d’en avoir entendu les riffs. Ce doux mélange s’anime sur une ligne aux réverbérations sonores animées par une pulsation de batteries et des solos de synthé lancinant. Une ode qui traîne son hymne avec lourdeur et passion. La partie 2 marche sur les même aspects que sa première moitié. Le ton est par contre moins ténébreux et les sonorités sont étrangement comparables à celles de Tangerine Dream. De quoi relancer le débat. Dr Wutzke's Psychedelic Wonder Machine est un titre plus animé. Un méchant contraste après les longues tirades atmosphériques de la pièce éponyme. Les séquences bougent avec insistance sur des lignes aux saveurs de Thief. Les synthés sont aérés en mode pop et traversent allègrement des sonorités aigues et fluides. Moins animé, et plus menaçant, Silent Thief on a Desert Train progresse sur une ligne hypnotique. Les percussions roulent sur un rythme pulsatif hachuré, décoré des strates synthétiques à la fois orageuses et mélodieuses. Parlant mélodie, The Taxidermist nous en propose une belle. Sur une belle séquence hypnotique, drapée d’une percussion qui épouse à perfection les nappes synthétiques, The Taxidermist est une superbe mélodie qui clôturerait n’importe quel film à saveur romantique. Une autre superbe pièce d’Arcane, qui les collectionne.33 1/3 RPM est un bon cd. Un opus que l’on doit diviser en 2; une première partie aux ambiances atmosphériques très riches avec des soubresauts d’animation et une deuxième partie en rythme, aux harmonies somptueuses et mélodieuses. Selon moi, il s’agirait du meilleur opus d’Arcane. Si vous avez aimé les précédents, celui-ci comblera vos plus grandes attentes. Vu la complexité et les hautes manœuvres séquentielles et synthétiques de la pièce titre, 33 1/3 RPM est un cd qui s’adresse à ceux qui aiment une musique plus élaborée, plus progressive.

Note : 5/6

Page 54/223 VAN RICHTER (Max) : Resurrection

Chronique réalisée par Phaedream

Max Van Richter est le membre mythique du légendaire trio Arcane. Décédé en 1977, alors qu’il s’était enflammé, le phénix synthétique ressuscite de ses flammes et nous livre un opus des plus percutant. Un mélange entre les grosses envolées des synthétiseurs et les lourds battements d’un rock pesant et mélodieux. Tant qu’il faut s’interroger à savoir si effectivement Ressurrection est un cd de Musique Électronique ou un cd de rock psychédélico-progressif. Des tintements de percussions métalliques se promènent entre les haut-parleurs. Des notes graves tombent. Elles meurent et ressuscitent de leurs échos. Une superbe ligne séquentielle s’amène, préparant la table à une explosion de rythmes où claviers, batteries, guitares et basses crachent un rythme pesant, sinueux et entraînant. Intro, complets, refrains et finale. Ressurection ouvre ce premier (et dernier?) opus de Max Von Richter avec force, mélodie et rythme. The Gouse Of Visual Syndrome poursuit sur la même structure musicale que Resurrection. D’ailleurs tout l’opus est bâti comme un cd de rock, voire de ‘’heavy rock’’, sans les principes du ‘’headbanger’’. Donc The Gouse of Visual Syndrome débute comme une lente procession hypnotique sur une cadence pulsative. La guitare gémit dans une atmosphère lugubre aux arômes des œuvres ténébreusement lentes d’Alice Cooper. Un bon titre genre rock psychédélique, tout comme The City of Walking Hallucinations qui possède une excellente structure de percussions. Un autre titre délicieux. Un petit peu plus longue, The Abduction Syndrome navigue en ondes synthétiques aux guitares atmosphériques. Un titre plus électronique aux saveurs de la Berlin School qui progresse sur une belle ligne séquentielle basse en loupe imparfaite. Le clavier fait partir une superbe mélodie qui me fait penser à Sacco e Vanzetti, tant par sa structure que son impact sur la boîte à pensées. Une superbe mélodie synthétique qui s’étire jusqu’aux premiers souffles intrigants de Prophecy. Un titre sombre qui progresse sur des notes basses et menaçantes. Explosif, Prophecy déboule sur des percussions roulantes et de juteux solos de guitares. Un autre titre enflammé aux essences très rock. Psychokinetic Hymn ramène Richter à ses origines plus électroniques. Une très belle ode synthétique qui nous coupe les jambes avec son merveilleux jeu de clavier séquentiel, en mode spirale. D’autres strates synthétiques recouvrent cette mélodie, lui donnant une profondeur encore plus dense et plus texturale. Une superbe ballade qui se termine sur un non moins superbe jeu de batteries. Un autre bon titre sur Resurrection. The Las Exit ferme cet œuvre mythique de Richter avec un titre sobre, aux lignes séquentielles nerveuses. Discrètes, les premiers souffles de flûtes se mêlent à une guitare qui cherche confort auprès d’une robe jazzé. Hypnotique le beat avance jusqu’à qu’il croise des percussions qui martèlent avec la force d’un géant aux attentions plus tendres que sauvages, plongeant The Last Exit dans les premiers méandres atmosphériques de Ressurrection. Paul Lawler semble être le caméléon de la Musique Électronique, style Berlin School. Derrière sa mythologique invention d’Arcane et de son sombre personnage, il crée une musique aux frontières infranchissables. J’ai adoré Ressurrection, un cd limitrophe à mes premières amours de rock percutant et de mes actuels penchants pour une Musique Électronique rythmé, sans verser dans le techno. Ressurrection est un opus puissant. Un ‘’must’ ’pour les amateurs de musique sombre et expérimental (tiens tiens…) et un excellent item pour le guide du débutant en matière de Musique

Électronique.

Page 55/223 Note : 5/6

Page 56/223 CERTAMEN (Adam Bownik) : I awoke in a dream

Chronique réalisée par Phaedream

Certamen est l’un des rares compositeurs qui est capable d’écrire de longs titres sans tomber dans les pièges des incontournables passages ambiants, parfois soporifiques et trop étirés. Avec I Awoke in a Dream, il poursuit là où il nous avait séduit avec Earth. La seule différence est l’utilisation d’un ‘’vocoder’’. Une machine à voix implique nécessairement l’utilisation de ..voix. Un élément qui fait peur aux amateurs du genre. Sur ce dernier opus, dont les compositions ont été écrites en 2005, Certamen chuchote, voire chante, des poèmes aux dimensions ésotérisme. De courts textes sur les mystères et les énormes pouvoirs des rêves. Habituellement qui dit ‘’vocoder’’ dit aussi rythme à la techno, style Kraftwerk ou Johan Timman sur Trip Into the Body. C’est mal connaître Adam Certamen Bownik. Le synthésiste Polonais privilégie toujours les rythmes et les élaborations musicales néo progressives du style Berlin School. Comme sur Earth, I Awoke in a Dream est divisé en trois titres. Des rythmes variés sur des séquences progressives, pesantes et nerveuses en constante ébullition et évolution. De longues séquences aux multiples paliers, qui croisent parfois des corridors plus sereins, mais qui sont toujours soufflés par des synthétiseurs aux effluves harmonieux. Des mélodies agrémentées par des lignes qui se croisent, se décroisent et multiplient les tourbillons musicaux sur des percussions métalliques et des effets sonores virevoltants. Par moment on a l’impression d’être assailli par des nuées de chauve souris électroniques qui se dirigent vers la sonorité de pointe. Avec ses synthétiseurs, Certamen habille ses compositions par lignes juxtaposées, laissant tomber des notes éparses qui se replieront en d’autres strates synthétiques encore plus enveloppantes. Les solos sont juteux et fort nombreux. Les séquenceurs jouent sur des lignes basses et nerveuses aux rythmes déviants et progressifs, soutenus par ses percussions électroniques coiffées de nombreux effets sonores. Tout au long de l’opus, les enceintes acoustiques en sont assaillies et tremblent sur leurs impacts. Les sons sont multidirectionnelles et enveloppent la pièce, d’où l’on écoute la musique. De puissants et soyeux solos de synthés sur des lignes qui saccadent en retenu et enveloppent les atmosphères déjà fort riche du synthésiste Polonais. L’utilisation du ‘’vocoder’’ n’est pas si entravant que l’on peut l’imaginer. Les récitations sont courtes et inondées de solos synthétique aux mille torsades. Donc, la musique prédomine plus que les textes parlés un peu partout sur chaque titre. Si la pièce titre et Paranormal World Of Imagination baignent dans de structures musicales parallèles, Neurostimulation est quelque peu différente. Plus lente et plus atmosphérique, elle coule sur un rythme sensuel et fort intriguant. Tantôt grave, voire menaçante, la mélodie se tortille sur différents paliers et finie par épouser des rythmes vrillant et intensément sombre. Le meilleur titre sur cet opus de Certamen. I awoke in a dream est un cd résolument intense. Mélodieux d’un bout à l’autre, c’est un opus bien structurés. Chaque titre progresse avec de puissants rythmes sur des percussions ingénieuses et fort élaborées. Un croisement entre les strates synthétiques symphoniques de Klaus Schulze et Tangerine Dream sur les lignes séquentielles uniques à Certamen, que les amateurs de Earth connaissent fort bien. Si vous aimez les longs titres en progression qui ne cessent d’étonner, I Awoke in a Dream est pour vous.

Note : 5/6

Page 57/223 PESTILENCE : Consuming impulse

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Après un premier coup d'éclat dans le monde du death/thrash avec "Malleus maleficarum", Pestilence se radicalise et balance son disque le plus brutal avec "Consuming impulse". Par pitié ne faites pas attention à cette pochette qui m'a valu nombre de moqueries dans les soirées mondaines organisées dans mon superbe appart'. En tout cas, brutal, Pestilence l'est, presque débile en fait. Affublé d'une prod' ultra sèche et tranchante, sa meilleure à ce jour (en tout cas la mieux adaptée) pas si éloignée d'un vieux Sinister, le groupe bourrine à tout va. Attention, on ets très loin du brutal death hein, disons qu'on aurait là une espece de "Leprosy" de Death qui ne s'arrêterait jamais, recouvert d'une hargne vraiment implacable. Dès "Dehydtared" le ton est donné : à fond, et sur du riff béton. Argh, bon dieu ce que c'est carré. voilà bien la force de ce dique, c'est carré, impeccable, et les gratteux en font un atout. chaque riff sonne super brutal, taillé dans le roc, simple mais executés avec une telle conviction qu'on ne peut que déguster cela façon "parpaing dans les dents". Et tout le long du disque ce sera le même scénario : à fond façon "death old school" avec cette super sensation de vitesse, puis gros ralentissement sombre (argh "Chronic infection") avec des petites mélodies dark voire des claviers en renforts. Il n'y a aps à dire l'inspiration ets là du début à la fin, Pestilence sort là ses meilleurs riffs dans un style death/thrash implacable que seul lui saura pratiquer ainsi. La voix de Martin Van Drunen se fait plus écorchée et revendicatrice, entre un Schuldiner et un john Tardy, et permet au disque de gagner en efficacité. Bien evidemment, histoire de montrer que la paire de riffeurs nesont pas que des brutes, nous aurons droit à une très belle instrumentale "Proliferous souls", presque annonciatrice de l'album "spheres" par son ambiance spatiale et désolée. Très binaire, quelque part entre un vieux Obituary, un vieux Sepultura et Coroner, "Consuming impulse" se montre comme un vrai défouloir, cachant une violence parfois insoupçonnée, une violence qui ne se traduit pas forcément pas un excès de vitesse ou de riffs, mais juste par une détermination dans l'execution et une volonté d'en découdre que seul le death/thrash et plus particulièrement Pestilence saura nous apporter.

Note : 5/6

Page 58/223 PESTILENCE : Spheres

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Dernier album pour Pestilence, "spheres" marque enfin une réelle évolution, et cette fois ci non des moindres. en effet, adieu le death metal binaire et rentre dedans, bonjour les experimentations. Pestilence se met à la guitare synth et dans la lignée d'un Cynic se met à composer des morceaux plus alambiqués dont l'atmosphère très spatiale saura peut-être convaincre les fans les moins brutales de Nocturnus. La plus grosse difficulté pour cet album est d'oublier le passé death du groupe. Le tempo s'est ralenti, les patterns rythmiques se font plus recherchés, les riffs parfois cassés demeurent pour autant simple (bien que manquant d'accroches), la basse n'hésite bien evidemment pas à faire sa vie de son côté, bref nous sommes en 93 et Pestilence avait déjà bien compris qu'il fallait changer. Le problème ici, c'est que mis de côté cette ambiance "spatiale" fort réussie, les années ont sacrément entamé ce "Spheres". Cette prod, froide et clinique, qui masque le manque d'efficacité des riffs, mais qui ne parvient pas à faire oublier les sons absolument immondes de la guitar synth (pour les neophytes, une guitare dont les effets simulent un clavier). Ces derniers sonnent affreusement kitsch, type vieux bontempi, et si utilisés seuls (le sinstrumentales) leur aspect vintage charme quelque peu, leur utilisation au sein d'une compo "metal" gâche tout. Alors attention, ce dernier point risque d'être très discutable selon les personnes, ce disque est si particulier que soit l'on aime soit on deteste. L'adjonction de ces breaks et structures jazzy, et ces passages complètement barrés risquent de sévèrement refoirdir le metalleux de base, déjà calmé par la relative mollesse des riffs présentés. En revanche l'amateur d'explorations diverses (ici une espece de mélange death/jazzy avant-gardiste), des riffs en 6/8 et des solos de guitar synth complètement barrés pourrait bien trouver son bonheur ici. Pour ma part, un peu au milieu de ces deux clichés, j'aurai tendance à dire qu'il manque quelque chose à ce disque. Cette prod' trop kitsch, ces claviers qui peuvent transcender comme gacher une mesure et l'impression que le mélange donne plus lieu à du mauvais goût qu'autre chose. En même temps je n'étais pas déjà fan de Cynic hein... Plus accessible que ce dernier cependant, "Spheres" aura je pense tout de même sa chance vers les death metalleux les plus frileux en matière d'experimentations.

Note : 4/6

Page 59/223 PESTILENCE : Malleus maleficarum

Chronique réalisée par pokemonslaughter

En 88 Roadrunner ne s'était pas vraiment encore illustré en matière de death metal, préférant encore signer les groupes "in the move" de l'époque à savoir tout la pléthore de groupes thrashy de l'époque. Pourtant, les gars ont eu du flair (ce fut souvent le cas, malgré tout ce qu'on peut leur reprocher). Avec Pestilence, le label fait un grand pas en avant niveau brutalité. En effet ces hollandais pratiquent un death/thrash super propre et carré, incisif comme un mach3, dont l'efficacité ici comme sur son successeur laisseront de straces encore en 2006. Dès son intro sous forme d'accord d'obédience black metal, on sent que le groupe n'est pas là pour rigoler. Une ambiance sombre planera ainsi tout le long de l'album, implicite par cette prod' très 8à's et etouffée, et explicite par ces harmonies à 2 guitares très noires qui apparaissent de temps à autres. Pour le reste, les 30 premières secondes de "¨Parricide" vont vite fixer les choses. Un riff tout con, très haché et plaf ! C'est parti. la grosse rythmique death/thrash est là, super en place, et les riffs "made in Pestilence" sont déjà présents. Que dire ici ? Chaque morceau est impeccable avec son lot de surprises, bien construits, bien pensés dans une dynamique d'album. On retrouve même une petite instrumentale migonne avec "Osculum infame". Dans l'ensemble, on navigue en plein bonheur death/thrash, alternant mid tempo et grosses accélérations death old school. On notera même une grosse explosion avec "Extreme unction", gros brûlots mega speed de 2min, façon "skin her alive" de Dismember. On regrettera simplement ce son ayant un peu vieilli (la grosse caisse est assez inaudible sur monlp, rendant certaine sparties un peu floues), et Martin Van Drunen qui se cherche encore, eructant un peu dans tous les senscomme un certain Max Cavalera sur "Morbid Visions". Mais la comparaison s'arrête là, Pestilende manie à merveille son death/thrash, le façonnant à la fois varié, vindicatif, mélodique, sombre et foncièrement agressif... De mon côté, déjà une réussite.

Note : 5/6

Page 60/223 PESTILENCE : Testimony of the ancients

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Voilà une chro qui ne risque pas de faire vraiment plaisir à marco, si je me souviens bien de son amour pour cet album. Marrant, beaucoup de gens aps vraiment fans de death considèrent ce disque comme un classique du genre, et pourtant de mon côté je n'y vois qu'un disque standard du style. Il faut dire, succéder au super brutal "consuming impulse" n'était pas chose aisée, surtout avec le départ de Martin Van Drunen. Pestilence a alors choisi d'aérer un peu son jeu. Entre les morceaux tout d'abord par le biais de ces instrumentales qui entrecoupent chaque morceau et tentent manifestement de s'intégrer au sein d'un concept qui m'échappe un peu encore. Au sein même des morceaux également, avec des morceaux moins direct, n'hésitant pas à faire des breaks, à se faire plus cassant, à oublier un peu la rythmique traditionnelle death metal et se poser pour des patterns un peu plus bossés (prémices lointains de l'album suivant). Les coupures/aérations proposées sur ce "Testimony of the ancients" laissent cependant à désirer, les enchaînements se montrent franchement hasardeux, genre elles sont plus là pour faire jaser les journaleux qu'autre chose, parce qu'en matière d'apport au disque, il n'y a pas grand chose à retirer. La véritable avancée ici réside dans la ^progression du songwriting, moins borné vers la brutalité, plus porté sur l'efficacité, tel un Coroner période "Grin" (en mieux hin hin), avec quelques solos d'anthologies. Les riffs se montrent plus alambiqués avec quelques mélodies bien trouvés ("Stigmatized" par exemple, "Testimony") et des nappes de claviers en renforts de certains accords pour les refrains. A noter d'ailleurs la voix de Patrick Mameli qui se rapproche vraiment d'un Death période "Spiritual Healing" (la prod' n'en est d'ailleurs pas bien loin). La chose vraiment dommage en réalité dans cet album (d'où sa note) c'est clairement sa production. Aucune puissance, aucune intensité ne s'en dégage. Trop propre, trop lisse, la batterie sonne sans aucune puissance, quel dommage quand Marco Foddis martèle ses fûts à sa façon très metronimique, me rappelant par moment le Sepultura de "Arise" ! Idem pour les guitares, heureusement sauvées par la qualité de leurs riffs (la paire Uterwijk/Mameli reste une référence), je n'ose même pas imaginer le résultat si le groupe avait bénéficié d'un son adapté à leur death metal. Alors ouais je chipote un peu, mais très franchement, on m'avait tellement parlé de cet album, que je n'ai pu qu'en être déçu. Pour moi, un album qui se voulait ambitieux, travaillé, qui y parvient sans jamais complètement atteindre son but. Reste cependant un disque de death metal dont la maturité en séduira plus d'un, et qui au vu de sa réédition saura vous mettre l'eau à la bouche pour vous procurer les autres galettes du groupe.

Note : 4/6

Page 61/223 KATATONIA : Deliberation

Chronique réalisée par pokemonslaughter

bon là c'est de trop, déjà que "My twin" frisait la totale inutilité, ce "Deliberation" enfon ce un peu plus la crédibilité du groupe après leur médiocre "The great cold distance". Je comprend que peaceville ait envie de sufer sur le succès du groupe, mais de là nous prendre pour des abrutis là faut pas déconner. Alors bien sûr, cet Ep est destiné aux fans, aux collectionneurs, et par conséquent on peut leur filer la pire merde qui soit, ils achèteront quand même juste pour avoir "la collec'". Mais là franchement ne dépensez pas plus de 3€ pour ça. En gros, on retrouve "Deliberation" en version album. C'est vrai que ce morceau est sympa, un des meilleurs de l'album, très désabusé, mais à la limite on l'avait déjà en original. S'enchaîne un "remix" de "In the white" : urban dub qu'ils l'appellent ahah. Bon en gros, rajoutez un beat basique, des grattes acoustiques et quelques claviers, garder le chant et c'est bon... Complètement inutile en fait. Mais bon il s'agit d'un remix hein. nan le vrai ponpon revient à "Code against the code", titre inédit complètement naze dans lequel il ne se passe en fait carrément rien... Pas la peine d'aller plus loin, on dirait que le groupe veu faire une ballade, mais je crois que depuis "Lats fair deal.." ils n'y parviennent plus vraiment... Un mot sur le clip, tout à fait classique, avec des images travaillées façon moderne décadent mais sans grande inspiration, ça se regarde bêtement quoi... Bref, un bon vieux 2 car je ne vois vraiment aucun interêt à ce truc si ce n'est rajouter du rouge dans ma discothèque, car dans tout ce noir ça manquait un peu.

Note : 2/6

Page 62/223 URKRAFT : Eternal cosmic slaughter

Chronique réalisée par Yog Sothoth

Mais c'est suuuuuuupeerrrrr... imaginez un peu, un groupe nordique (du Danemark, ça change un peu) qui se positionne dans un créneau pas du tout usé jusqu'à la corde... le clone d'In flames / ! Si on quand même vu quelques bons groupes emerger de cette scène (Darkane !!), je commence à avoir du mal à me taper ces rythmiques technico-mélodico-chiantes repompées sur le voisin et le chant braillé typique de là haut... Ils ont même poussé le vice jusqu'à coller des parties guitares / clavier qui rivalisent de platitude avec le son bien stéréotypé juste comme il faut et les textes futuristes-clichesques-sert-à-rien. Et le pire dans tout ça, c'est que c'est même pas mauvais, juste bateau (et au final, c'est peut-être bien la pire des choses qui puissent arriver à un disque...)

Note : 3/6

Page 63/223 CODE INDIGO : Chill

Chronique réalisée par Phaedream

Code Indigo est le point de rencontre entre quatre virtuoses de la Musique Électronique contemporaine. Des musiciens chevronnés qui maîtrisent leurs instruments et les technologies qui les entourent à la perfection ne peuvent faire autrement que de produire de grandes œuvres. Chill est leur 4ième cd studio, et c’est un merveilleux opus. Plus que de la Berlin School, je situerais leur musique comme une fusion entre deux formes musicales; la musique électronique aux essences symphoniques et mélodieuses et une musique plus progressive, limitrophe aux œuvres de Pink Floyd et de Mike Oldfield. Autumn Fades débute sur un tempo très flottant. Les notes de synthé tombent avec douceur sur une guitare qui fuse des accords et des courts solos déchirants. Le rythme progresse sur une fine ligne basse qui pulse avec discrétion et un synthétiseur plus enveloppant, nourrissant l’atmosphère avec de douces lignes aux effluves d’un soyeux violon. Sobres, les percussions soutiennent ce tempo qui s’anime subtilement sur des riffs agressifs d’une guitare prisonnière qui hurle de ses émouvants solos. Autumn Fades se fond sur Chill avec douceur. De jolies notes de piano émergent d’une brume synthétique qui nous amène à l’atmosphérique Vapour Tales, une introduction à Ten Degrees per Second. Le départ est lent et ponctué de voix et de percussions qui cognent comme un tonnerre. Le rythme s’anime avec une belle strate synthétique aux essences de chœurs. La guitare charge, telle une rebelle qui veut se faire ouïr. Et, sortie de nulle part, une belle mélodie se fait entendre. Le genre de mélodie qui colle aux oreilles. Que l’on chantonne sur de longues périodes. Cette ligne synthétique se promène avec grâce et est prise d’assaut par les gémissements de la guitare de Lobban qui torture cette ligne mélodieuse avec de gros riffs pesants et de beaux solos stridents. Entrecoupée des passages atmosphériques, qui ajustent les essences synthétiques, cette sérénade survit et progresse sur des lignes plus mordantes et enveloppantes, toujours agressée par une superbe guitare. Vapour Trails nous amène vers Back with Weather. Deux titres animés par des rythmes variés, aux essences et aux chœurs tribaux, un peu comme sur Songs of Distant Earth de Mike Oldfield. Les harmonies sont entrecoupées par des passages ambiants ou atmosphériques, mais sont en constante progression sur des rythmes lents, voire pesants. Le synthétiseur est enveloppant, à l’image des arrangements orchestrales et rivalise avec une incroyable guitare qui n’en finit plus de charmer, tant par la vitesse de ses accords que la justesse de ses solos. Un autre excellent moment sur Chill. Vapour est un titre aux atmosphères de Pink Floyd. Les voix nasillardes de la radio sur des bruits parasites, d’autres isolées, des échanges verbaux qui se mélangent à des notes de piano éparses dans une ambiance qui devient de plus en plus sombre. Suivant ce principe de voix égarées, Cultures démarre sur des percussions aux ambiances tribales et un beau synthé aux dimensions flûtées. Tantôt mélodieux, tantôt atmosphérique Cultures se casse sur des arrêts et départs qui le relance avec plus d’harmonies. Sur des percussions plus insistantes il s’anime avec des grosses riffs de guitares, ainsi que de fumant solos, toujours enveloppés d’un synthétiseur harmonieux, qui maintient la mélodie en vie. Cette belle ambiance animée se poursuit avec Culture Shift et ses rythmes des îles. De légères percussions, style marimba, animent un tempo relaxant sur les lamentations très suggestives de la six-cordes à Lobban. La guitare traîne avec langueur jusqu’à l’atmosphérique Vapour Tails. Un titre statique avec des voix dévoyées et une fine ligne pulsative qui est survolée par des effets synthétiques qui poussent un tempo en spirale. Un doux titre qui se termine sur un doux murmure des notes de piano. Lost Radio est un long titre en

Page 64/223 quatre subdivisions. Ça débute avec des effets vocaux de radio. Un léger tempo, sur une fine ligne de basse, s’étend avec un piano harmonieux. Les percussions sont bien dosées et épousent à merveille les harmonies des voix qui circulent et flottent dans cet univers aux teintes de romance et de douloureuses nostalgies La mélodie progresse avec un piano plus dynamique et de superbes strates synthétiques qui veillent à sa progression. Le synthétiseur est tout simplement divin. Il laisse partir des lignes enveloppantes et sa sonorité se mêle à la guitare qui épouse un tempo lent et sensuel. Nous sommes à un point de rencontre où tous les instruments convergent sur un ensemble plus qu’harmonieux. Disciplinés, ils nous enveloppent dans une texture harmonieuse que l’on voudrait pour une éternité. Le Tuning Out ferme les notes avec une ambiance jazzé à saveur planante. Chill est certainement l’un des bons cd que j’ai entendu cette année. Aux limites d’un Musique Électronique progressive, c’est un opus à saveur mélodieuse, avec des arrangements forts harmonieux, qui couvrent plusieurs styles musicaux. Une grande œuvre que les amateurs de Pink Floyd et de Mike Oldfield n’auront aucune difficulté à apprécier. Toujours entre deux rythmes, entre deux strates, entre deux lignes, Chill est un cd riche et envoûtant,avec des solos de guitares à fendre l'âme, totalement à l’opposé de son titre.

Note : 5/6

Page 65/223 CLANDESTINE BLAZE : Fist of the Northern destroyer

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Difficile de succéder aux deux réalisations excellentes qu'étaient "Night of the unholy flames" et le split avec Deathspell Omega. Clandestine Blaze, c'est un peu comme la nicotine: on sait pertinemment que c'est nocif, que ça nous tue à petit feu et pourtant on ne peut pas s'en empêcher quand on a commencé. Clandestine Blaze, c'est pareil: c'est nocif pour notre santé mentale, c'est laid et dégueulasse et pourtant on y revient souvent. "Fist of the Northern destroyer" emmène l'ensemble encore un peu plus loin que "Night of the unholy flames", tout en lui étant bien proche. Ce troisième opus est mieux produit et globalement plus efficace. Le titre éponyme est excellent et l'on retrouve cette alternance assez habituelle chez le groupe finnois entre morceaux au tempo rapide et titres plus posés, longs et lancinants; par exemple, cette différence entre les deux premiers titres est notable. La bestialité et la monotonie de "Doll of darkness" nous renvoit directement aux titres les plus sombres de l'opus précédent, Clandestine Blaze n'évolue pas mais se montre plus constant avec un disque sans faille et toujours aussi dur sur l'homme. Le côté simpliste et primitif de "Ribs of virgin" n'est également pas nouveau pour le groupe, mais à l'image d'un excellent "There comes the day", l'ensemble se bonifie avec le temps et l'expérience. Bref, Clandestine Blaze continue à enchaîner les très bonnes réalisations avec une aisance déconcertante, on guette l'erreur, personnellement, je ne la trouve toujours pas. Ce "Fist of the Northern destroyer" est au-dessus de "Night of the unholy flames" et s'impose comme le meilleur album du groupe à mes yeux, preuve que Clandestine Blaze progresse sans cesse, spécialement au niveau des ambiances et de la structure des compositions. A se procurer d'urgence.

Note : 5/6

Page 66/223 COMPILATION DIVERS : Overflow

Chronique réalisée par Marco

10ème sortie pour le label allemand Polymorph, foyer des cultes Polygon ou des excellents Arbre Noir, 'Overlow' a pour but avoué de réunir des fonds afin de venir en aide aux victimes des inondations de 2002 en Allemagne. Packaging soignés, sorties choisies avec soin, le label a véritablement contribué discrètement à l'explosion de l'hybridation electronica, ambient et industriel, au même titre qu'un Ad Noiseam. Bien que moins 'médiatisé', Polymorph est tout autant un foyer de révélations de qualité, malgré une activité modeste. 'Overflow' regroupe ainsi les protégés du label, des confirmés Polygon (ex-Mortal Constraint), Disharmony ou Arbre Noir aux inconnus comme Samhain ou Audiokular. Le ton très atmosphérique et mélodieux de cette compilation s'exprime au travers de chaque compo, Samhain ouvrant déjà les hostilités avec son séduisant mélange d'electronica légère et onirique. Les deux morceaux d'Arbre Noir sont un voyage exotique des plus enivrants, percus, didgeridoo et nappes éthérées à l'appui. Polygon est également présent sous deux incarnations, une collaboration très dark space-ambient de 17 minutes avec Halbschlaf (l'autre binome de Mortal Constraint) ainsi que Polyspace, projet qui n'est pas sans rappeler Displacer de chez M-Tronic, avec For A Space. Ce dernier offre par ailleurs un titre plutôt coloré et moins froid, mélodies et beats très 'lounge'. Les slovaques de Disharmony poursuivent leur trip electro-ambient à l'esprit très 90s (Abscess en tête) sans les atours plus dark-ambient auxquels ils nous ont habitués sur album, laissant ce rôle au side-project Oxyd, un des derniers poulain de Polymorph. Une très bonne compilation, a la fois variée et cohérente, qui a en plus el double mérite de présenter le catalogue du label tout en servant modestement une cause humanitaire.

Note : 5/6

Page 67/223 POLYGON : Omnon

Chronique réalisée par Marco

C'est en réécoutant cet album que je me suis rendu compte d'une chose étonnante pour ne pas dire troublante. Si l'univers sonore de Polygon et ses concepts évoluent dans des sphères plus introspectives que celles de Biosphere, on ne peut finalement que constater quelque affinité dans ce besoin d'exploration et d'observation de l'infiniment grand. De l'aveu de Ingo lui-même, 'Omnon' est un hommage aux grands personnages qui ont exploré l'espace dans leurs oeuvres quelles soient littéraires (Stanislav Lem, auteur de 'Solaris'), cinématographiques (Kubrick pour '2001 : l'odyssée de l'espace') et bien entendu musicales (Lustmord, Chris Carter et même Robert Rich). Pour en revenir au parallèle avec Biosphere (promis je vous lâche après), l'évidence s'impose dès lors que l'on s'immerge dans ce trip spatial extrêmement méticuleux, sensible dans ses atmosphères, soucieux d'une progression riche en rebondissements. L'histoire assez bateau dirons-nous est celle de la découverte d'un univers inconnu jusqu'ici et de la rencontre avec des entités extra-terrestres. Les textes accompagnant les visuels du livret en donne une lecture assez captivante à l'image d'un scénario de cinéma. Ainsi 'Omnon' s'apparente à une oeuvre cinématographique à part entière mais aussi à un concerto ambient ou à une peinture aux couleurs et aux textures froides derrières lesquelles on finira par trouver la vie. Fermez les yeux, vous verrez ces images figées sur celluloïde, bouchez-vous les oreilles et vous entendrez disctinctement la curiosité, l'inquiétude, la peur et l'émerveillement des protagonistes, tendez la main et vous sentirez les couleurs du tableau. Sur les deux longs disques qui composent 'Omnon' Polygon joue malicieusement d'une ambient spatiale certes sombre mais laissant une place à toute intervention inattendue (voix, mélodies, séquences electro discrètes), dépassant le stade de l'illustration sonore d'un film puisque l'oeuvre s'écrit avec le concours de l'auditeur. Cette impression rare à l'écoute d'un disque est certainement la plus grande prouesse de 'Omnon', alliée à un sens renversant des arrangements, à la fois retenus et affables. L'oeuvre d'art se prolonge avec un packaging tout simplement fabuleux, peintures, textures du papier, textes...Cet incroyable objet n'a malheureusement connu qu'un tirage de 500 exemplaires, ce qui au regard de son apport musical devient manifestement ridicule. Essentiel et grandiose !

Note : 6/6

Page 68/223 POLYGON : Beyond nothing

Chronique réalisée par Marco

3 ans après 'Refuge', Mortal Constraint n'est plus et Ingo Lindmeir peut se consacrer exclusivement à son projet personnel. Ce 'Beyond nothing' bien que court en raison de son format explore les aspect déjà abordés sur 'Refuge' tout en levant le voile sur l'orientation future. 'Approximation' se situe dans la droite lignée de cette electro froide aux mélodies fines et aux rytmmiques ici apparentées à des percussions accompagnées d'un chant entre scansion et chuchotements. 'Beyond nothing' quant à lui est entièrement instrumental, oeuvrant dans une ambient glaciale, ponctuée de boucles et de nappes profondes comme on en trouvera sur le chef-d'oeuvre à venir, 'Omnon'. Un objet sympathique mais un peu trop court, surtout après trois ans de silence pour Polygon.3,5/6

Note : 3/6

Page 69/223 CLANDESTINE BLAZE : Deliverers of faith

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Après un superbe "Fist of the Northern destroyer", Clandestine Blaze remet le couvert pour ce quatrième album intitulé "Deliverers of faith". Ouch, première chose qui frappe, la production: on est assez loin du son de "Fist of the Northern destroyer", le rendu sonore est ici beaucoup plus crade et fleure bon le Darkthrone notamment au niveau de la batterie ou de ce premier morceau intitulé "Beyond the reason" qui y ressemble à s'y méprendre, tout comme le suivant "Psychopatia sexualis", à croire que l'album a été enregistré pendant une overdose d'écoute de Darkthrone old-school. Puis le morceau indispensable de cet album arrive et on reconnait le Clandestine Blaze laid, froid et lancinant des albums précédents. "Winter of white death" est superbe en tout point, probablement un des meilleurs morceaux de la discographie du groupe, 12 minutes au plus profond de la haine, du ressentiment et du mépris, ce titre est un tourbillon malveillant de noirceur. Un "Falling" tout en rapidité lui succède, qui me rappelle un peu les débuts de Clandestine Blaze sur "Fire burns in our hearts". "Tormented" comprend quelques nappes de claviers, chose qu'on n'a pas l'habitude d'entendre avec ce groupe, pas un clavier élaboré je vous rassure, une nappe discrète mais qui fait toute la différence dans un titre qui sonne très funeral doom. "Grave of gratification" est le deuxième très bon titre de l'album, qui finalement s'avère pour moi moins bon que les deux précédents, "Night of the unholy flames" et "Fist of the Northern destroyer". Il comporte certes deux très bons morceaux dont un "Winter of white death" d'anthologie, mais sur la longueur, certains titres me semblent plus faibles, voire dispensables. Clandestine Blaze n'arrête pas pour autant de se vautrer dans le fiel, l'ichor, la fange et l'inhumanité (renforcée par les coupures de presse relatant des tortures et autres meurtres à l'intérieur du livret). "Deliverers of faoth" n'est pas le meilleur Clandestine

Blaze à mes yeux mais se pose néanmoins comme un bon album de black metal brut, froid et haineux.

Note : 4/6

Page 70/223 TEMNOZOR : Sorcery of fragments

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

"Sorcery of fragments" est la réédition en cd de la première demotape du groupe russe Temnozor intitulée "Sorcery is strengthening the black glory of Rus" agrémentée de cinq titres bonus. Depuis, Temnozor s'est fait connaitre notamment avec l'album "Horizons". Temnozor pratique sur cette demo un black metal folklorique avec flûte bien réussi avec une alternance au niveau des vocaux entre voix criardes typiquement black metal et voix grave emphatique qui donne tout son charme slave à la musique du groupe. "Sorcery is strengthening the black glory of Rus" est une bonne demo, certes pas aussi efficace que l'album qui suivra, mais un bon témoignage du potentiel du groupe à l'époque de l''enregistrement, le point faible étant la production notamment au niveau des guitares qui sonnent beaucoup trop distantes, légères et aigues. Cependant, elle contient de très bons titres comme le titre éponyme, "Dip dup snop", le naïf mais jubilatoire "Maslenitza" ou "Glorification of the fallen ones". La musique de Temnozor est parfois assez cheap et naïve dans les sonorités, comme les débuts de Nokturnal Mortum par exemple, à l"exemple de "Maslenitza" et sa ligne de flûte festive ou sur "In the crowns of ancient oaks, the wind is crying so silent" et son synthé aux sonorités particulières. Les cinq titres bonus se rapprochent déjà plus de ce que l'on pourra écouter sur le magnifique "Horizons", notamment "Pagan sunrises- the faith of fire" et la voix sur "Shine, fire in the night", même s'ils sont beaucoup moins efficaces et ne bénéficient pas du traitement sonore de l'album suivant. "Sorcery of fragments" est donc une belle initiative afin de mettre à disposition ce matériel uniquement disponible sur cassette et en y ajoutant quelques bonus intéressants et qui annoncent la tuerie qui succédera avec "Horizons". Les débuts d'un groupe intéressant à la démarche musicale peu commune.

Note : 4/6

Page 71/223 STARGAZER : The scream that tore the sky

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Quel sentiment inégalable que de recevoir un album de cette trempe après avoir simplement écouté les deux extraits présents sur le site du groupe. On se dit à ce moment qu'on a eu le nez fin. Carrément même. Stargazer est un groupe australient relativement anonyme jusqu'ici, pourtant ce "The scream that tore the sky" est un chef d'oeuvre absolu. Stargazer n'officie pas dans ce style australien de black/death metal ravageur prisé par des groupes comme Destroyer 666, Abominator, Denouncement Pyre, Gospel of the Horns, voire Urgrund. Non, Stargazer est unique et impossible à confiner dans une catégorie musicale bien précise tant il sait mélanger les influences sans partir dans toutes les directions, et c'est là le tour de force de cet album. Pour être honnête, Stargazer joue un mélange de death metal avec un soupçon black metal très technique et des structures parfois progressives: une sorte de death metal avant garde qui reste musical contrairement à certains groupes certes doués avec leurs instruments mais qui ont du mal à proposer des compositions structurés et écoutables. Le duo se qualifie lui-même de "Extreme technical bizarre metal", ça colle plutôt bien mais je vous invite à écouter les extraits, ce sera beacoup plus parlant. Personnellement, Stargazer m'a mis d'accord d'entrée avec l'introduction instrumentale inspirée, mélodique et technique dotée de superbes mélodies. Puis le titre éponyme arrive et oui, on comprend définitivement que l'on tient là une perle. Le duo australien n'a aucun point faible et je suis ravi d'entendre des musiciens aussi talentueuxdans le cadre d'une musique extrême avec une mention spéciale au batteur et au bassiste (qui se sert d'une basse fretless également) qui nous offrent une performance fabuleuse. Le jeu est inspiré, l'exécution instrumentale est sans faille, les compositions sont recherchées, bref, n'en jetez plus. Si, encore un peu. La production est très bonne également avec un côté old school volontaire qui sied à merveille à la musique de Stargazer. "The scream that tore the sky" est composé de onze pistes: sept morceaux et quatre interludes instrumentaux dont l'intro "...Of the sun", un "Harbringer" étrange, un "Tongues" uniquement à la basse (superbe) et l'outro "All that is...", mélodique et calme. L'unique point noir est que cet album est paru sur le label polonais Agonia Records qui a la fâcheuse réputation, avérée cependant, d'arnaquer aussi bien une partie de sa clientèle mais également certains groupes qu'il produit. Au passage, Stargazer est en train de se libérer du label car ce dernier n'a pas respecté ce qu'il avait promis concernant une éventuelle version vinyl notamment. L'imagerie du groupe est également assez particulière, très influencée par la pensée orientale et à milles lieues des thèmes habituellement traités par les groupes extrêmes. Oui, Stargazer est unique je vous dis. "The scream that tore the sky" est un des tous meilleurs albums en ma possession et c'est un sacrilège que ce groupe ne soit pas plus reconnu (ça ne saurait tarder), surtout quand on voit la médiocrité de certaines formations plus prisées. Un chef d'oeuvre d'intelligence, de maîtrise, de variété et de talent. Qu'on se le dise.

Note : 6/6

Page 72/223 THE GOD MACHINE : Scenes from the second storey

Chronique réalisée par Progmonster

Le monde manque d'alternatives. Le rock manque d'alternatives. S'il arrive au second d'être souvent le reflet du premier, les nouvelles perspectives que la musique peut bien offrir au hasard d'une réussite inespérée ne bénéficient hélas jamais du même élan de réciprocité dont nous aurions peut-être tous grandement besoin. Dans cette grande marmite où se bousculent parfois des tas de groupes aux saveurs aussi contraire que sel et sucre, émerge une fois toutes les lunes une formation qui se suffit à elle-même, une formation qui porte en elle un tel brassage d'influences qu'elle permettrait presque qu'on puisse se passer de toutes les autres. Tel est sans doute le cas du groupe américain The God Machine dont le nom prédestiné ne pouvait rester plus longtemps encore en dehors de nos colonnes. Notre trio ne manque pas d'ambition. En réalité, c'est cette ambition même qui a tracé le chemin de leur destinée, un aller sans retour dont la verticalité de la pente est si importante qu'elle ne pouvait qu'engendrer leur inéluctable chute. The God Machine est un groupe à guitares ; c'est avec elles qu'ils dessinnent la plupart de leurs fougueuses esquisses. Bien qu'apparu au bon moment, The God Machine, parce qu'il ne pouvait se réduire à un simple groupe grunge de plus, n'a jamais reçu l'attention qu'il méritait. Avec "Scenes From The Second Storey", imposant double album qui force le respect, c'est comme si Proper-Shepard et les siens s'étaient donnés pour objectif de faire perdurer le souvenir tenace de "Ritual de lo Habitual", son souffre, son poison, ses rêves ou ses hallucinations. Pour autant, si leur musique connaît les coups de sang, nous n'y trouverons rien de vraiment tumultueux. The God Machine a l'audace de faire des chansons aux périmètres flous, compositions tortueuses sous leurs apparences pourtant communes qui nécessitent du temps avant de pleinement s'ouvrir à vous, un rock alternatif atmosphérique qui brode des ambiances souvent bien lourdes - pas par le poids des guitares mais par l'approche souvent tribale des percussions - d'où s'extraient des sentiments contrastés, douloureux, entre peine et rage contenue. Le final est d'anthologie ; "Seven" et ses seize minutes qui partent en vrille dans un imaginaire enfumé, "Purity" et sa longue introduction pour quatuor à cordes et enfin "The Piano Song" à l'énoncé transparent nous feraient presque croire que les premières heures du post rock ont vu le jour quelque part par ici. Seule l'excessive longueur du voyage que représente "Scenes From The Second Storey" pourrait en décourager plus d'un, mais le jeu en vaut la chandelle. Qui plus est, il n'est dit nulle part qu'il était interdit de faire des pauses.

Note : 4/6

Page 73/223 GORGUTS : Obscura

Chronique réalisée par Progmonster

Entre "The Erosion of Sanity" et le présent "Obscura", cinq longues années se sont écoulées. Cinq longues années au cours desquelles les canadiens de Gorguts étaient littéralement donnés pour morts. D'ailleurs, c'est peut-être un signe, Roadrunner n'a pas perdu de temps en les remerciant juste un an après l'échec relativement cuisant de leur dernier disque... La cause semblait donc être entendue. Seulement, quand en 1998 Gorguts revient à la surprise générale avec un tout nouveau contrat et un tout nouveau disque, plus personne ne les attend. Gravissime erreur ! C'est que, à l'image du grand nettoyage qui s'est opéré au sein du groupe - exception faite du chanteur et guitariste leader Luc Lemay - Gorguts ne nous donne plus à écouter aujourd'hui du death métal basique comme c'était autrefois le cas. Le groupe est méconnaissable, transfiguré, et dans le bon sens du terme ! Sans doute inspiré par les Cynic et autre Meshuggah qui, grâce à certains de leurs manifestes, ont placé la barre un peu plus haut, et dans le strict alignement des Converge et autres Dillinger Escape Plan qui n'ont pas encore livré le meilleur d'eux-mêmes, "Obscura" est expulsé des entrailles de la Terre pour nous proposer sa vision complètement possédée d'un métal extrême ultra technique, mais alors ultra ultra technique. Outre l'ambiance lourdissime, Gorguts nous délivre un festival de blasts épileptiques sur riffs dissonnants au possible, un truc monstrueux, un truc assez indescriptible en fait. Violent, mais surtout très déroutant. En se reposant sur les bases acquises depuis l'énorme "Necroticism" de Carcass en 1991, le groupe canadien ajoute une sacré dose d'adrénaline mais aussi vitesse d'attaque et précision chirurgicale à une musique qui, à la base, n'en est pas dépourvu. De cette énorme pièce brutale et sans concessions qu'est "Obscura", c'est moins la rage diffuse que la confusion qu'elle génère qui retiendra toute notre attention. Et comme souvent dans pareil cas de figure, deux camps s'opposent ; soit on déteste, soit on adore.

Note : 6/6

Page 74/223 BOARDS OF CANADA : A few old tunes

Chronique réalisée par dariev stands

Il y a quelques années, Mike Sandison et Marcus Eoin, le duo derrière l’entité Boards Of Canada, ont fait un aveu quelque peu surprenant à un webzine américain : ils ont reconnu être frères. Si ce lien de sang a été dissimulé pendant tant d’années, c’était pour leur éviter la comparaison avec les frères Hartnoll de Orbital (qui depuis a splitté) ! Cette révélation pour le moins cocasse serait anodine si les premiers travaux de ceux que l’on peut désormais appeler les frères Sandison n’étaient pas nimbés d’un mystère encore tenace, maintenu par le doute quand à la provenance de ces enregistrements (BoC ou fake astucieusement répandus sur internet par des nerds fanatiques ?). A la lumière de leur parenté enfin dévoilée, on peut désormais comprendre la quantité astronomique de musique produite par le duo bien avant « Twoism », qui reste la limite entre le BoC « connu » et le BoC « d’avant », primitif, celui que le groupe ne tient pas forcément à montrer… En effet, il existerait des centaines d’heures de musique inédite quelque part dans des tiroirs, le groupe ayant traversé une phase « shoegazing » durant les années 80. Tout cela tenait de la rumeur, avant que tombe cette fameuse info, qui explique donc pourquoi les deux écossais ont toujours déclaré avoir composé leurs premiers travaux à 7-8 ans, sur des vieux magnétophones, à la maison… Comme le feraient deux jeunes garçons qui s’amusent. Les thèmes de la famille et de la nostalgie enfantine, véritables mamelles de leur musique, trouvent ici leur justification. Et par la même occasion, l’amoncellement de sorties pirates estampillées BoC se voit authentifié. Quoi de plus naturel pour deux frères vivant ensemble de composer et enregistrer sans relâche, même sans but de commercialiser toute leur musique ? Voilà pourquoi leurs chansons sont souvent si insulaires, si repliées sur elles-mêmes. Cette compilation sortie en K7 de manière confidentielle sur leur label, et destinée à leurs amis (ni une démo ni un bootleg en fait), avait refait surface il y a peu de temps sur internet… Même si la patte des écossais est ici reconnaissable, il est intéressant de constater l’évolution depuis ces 30 morceaux jusqu’à leurs albums actuels. Beaucoup plus lo-fi et hip-hop que leurs successeurs, ils sont aussi plus bordéliques, et curieusement assemblés. On discerne ça et là des pistes qui se retrouveront sur leurs sorties futures, comme ce « Happy Cycling » qui fermera « Music Has The Right… » quelques années plus tard. Assez inégale, cette compil assemblée à l’emporte pièce regroupe des travaux ambient assez glauques (« house of abid’adab ») tout comme des remix (« Trapped », ou dance machine revu par BoC)… Ce qui n’empêche pas certaines de leur meilleures pistes d’être dans le lot (« Spectrum »). « The Way You Show » dénote pas mal, puisqu’il s’agit d’une déconstruction en règle du « Celebration » de Kool & The Gang, similaire à ce que fera subir Autechre plus tard à de pauvres chansons de hip-hop… Bref, une compilation disparate, mais à la force évocatrice presque aussi pregnante que les autres disques du groupe, c'est bien là l’essentiel. Idéal pour les ambiances d’après-midi pluvieux…

Note : 4/6

Page 75/223 BARRETT (Syd) : The madcap laughs

Chronique réalisée par Progmonster

Voilà presque une semaine déjà que Syd Barrett a quitté ce monde ; un monde qui n'était pas le sien, un monde dans lequel il ne se retrouvait pas de toute manière, un monde enfin qui s'est depuis toujours attaché à distinguer ce qui était bien de ce qui ne l'est pas. Avec tout le recul nécessaire, il reste malgré tout toujours aussi difficile de cerner avec exactitude quelle est la source à l'origine du statut culte dont a pu bénéficié l'artiste et dont il jouira encore longtemps, vous pouvez compter là-dessus. Serait-ce du au prestige généré par un groupe de légende qui, pour son propre bien-être, a préféré se décapiter sans plus attendre ? Ou serait-ce plutôt en raison de la fascination morbide qu'exerce sur nous des personnages hauts en couleurs tels que celui-là ? Schizophrène notoire, le cocktail notoriété/LSD n'a pas réussi à Barrett, agravant de manière radicale ses problèmes mentaux et relationnels. Elle est bien curieuse la nature humaine qui parvient tout de même - quand ça l'arrange - à transformer ce dont elle a généralement peur en objet de culte inconditionnel. "The Madcap Laughs", premier des deux albums officiels que Barrett publiera de toute sa vie au cours d'une seule et même année, est à l'image de son auteur ; hésitant, multiple, gauche, fantasque. C'est sans doute ce que l'on attend de lui, et c'est aussi ce qui me gêne. Faut-il grossir à ce point le trait d'un personnage que l'on sait déjà lunatique, dans le but un peu maigre de nous le rendre un peu plus sympathique, quitte à ce que cela se fasse au détriment de l'homogénéité de l'album ? Dispersé dans des titres produits par ses différents amis (les Pink Floyd, bien sûr, mais aussi trois quart du Soft Machine), Barrett reste le liant d'un disque fragmenté, traversant comptines folk, jams doucement hallucinées, instants magiques ("Golden Hair") et prises alternatives diverses, faux départs inclus ("Free") pour donner ce cachet vérité qui me semble forcé. C'est finalement encore dans les instants les plus simples où Barrett reste le plus touchant et le plus authentique qu'il faut aller chercher l'âme qui habite "The Madcap Laughs".

Note : 4/6

Page 76/223 BARRETT (Syd) : Barrett

Chronique réalisée par Progmonster

Quand démarre le second Barrett, "Baby Lemonade" montre d'emblée le fossé qui le sépare de son prédécesseur. David Gilmour, son ami d'enfance, et avec lui Rick Wright, prennent leur mal en patience et vont aider Barrett - parfois à son insu raconte la légende - à faire de son nouveau disque quelque chose de plus construit, de plus réfléchi que "The Madcap Laughs". Trouver l'équilibre idéal est toujours une gageure, et ce ne sera pas non plus pour cette fois... Même les arrangements de "Love Song", pourtant sans la batterie soutenue de Jerry Shirley (Humble Pie) qui officie sur tout l'album, ou encore "Dominoes" et sa guitare acide jouée à rebours, font prendre toute la mesure de ce changement d'optique. Sur des plages telles que celle-là, curieusement, c'est comme si on avait dépouillé Syd Barrett de sa propre oeuvre pour n'en garder que la voix, quoi d'autre ? On a même droit à un blues vaseux, "Maisie", semblant confirmer ainsi qu'on aurait donc essayé de reproduire le feeling d'un groupe rock. Les seuls airs de Pink Floyd première époque, on les perçoit dans le sens inné de la ritournelle pop que possède l'auteur, pas particulièrement dans les traitements que ses chansons subissent ici. En de rares endroits, on trouve encore quelques zones d'ombres où le côté acoustique folk parvient encore à s'exprimer, le rattachant comme il peut et seulement par des pointillés à son premier essai. Dans tous les cas, on est loin de Nick Drake et sa poésie introvertie, de John Martyn et ses égarements jazzistiques. Peut-être que le Bowie de "Space Oddity" est le seul à pouvoir approcher de manière fugace la folie douce qui se trimballe sur cette collection de titres ultimes. On retiendra surtout que, électrifié ou pas, Syd Barrett se plaît toujours à se balancer sur son rocking chair, pas toujours dans le rythme d'ailleurs ("Rats" et

"Wolfpack"), le visage figé dans une pause morbide à mi-chemin entre sourire et grimace.

Note : 3/6

Page 77/223 CORTISOL : Meat

Chronique réalisée par Progmonster

"Meat" ou une certaine idée de l'agonie. Sans doute parmi les dernières publications officielles du désormais défunt label Great White North, cet album de Cortisol passe sur vous comme le souffle chaud et puissant d'une onde de choc que personne ne voyait venir. Mais au ralenti. Voilà sans doute la donne essentielle pour mieux comprendre tout le potentiel dévastateur déployé par le groupe canadien : la lenteur, une infinie lenteur qui aime à se complaire dans l'horreur. Tout semble se dérouler en slow motion, chaques centimètres de votre épiderme étant soigneusement ôtée de votre enveloppe charnelle par un scalpel à la précision diabolique et dont la douleur vous transperce au-delà de tout ce que vous aviez pu jusque là imaginer. Bien entendu, dans le genre vision d'apocalypse, Cortisol ne sont pas les premiers, et qui dit Apocalypse dit bien sûr Neurosis. On retrouve les hurlements gutturaux de Steve Von Till sur un titre comme "Boots", alors que sur "Protocol of The Lost Bodies", Mike, le chanteur, prend cette fois son rôle très au sérieux. Toutefois, c'est un profond sentiment de désolation qui s'élève des cendres encore brûlantes de ce "Meat", de celles que l'on a déjà foulé de nos pieds du côté de chez Khanate. Quand arrive "Hog Tied", on se rend compte que notre trio prend soin de ne pas tomber dans les clichés véhiculés par le genre, ouvrant et refermant cette courte pause (sept minutes tout de même) par des blasts de batterie speed. Mais ailleurs, et en particulier sur la tétanisante plage titre qui met fin à ce périple, c'est toujours le même mal, le même venin qui coule et qui alimente ces images d'épouvante de corps calcinés, déchiquetés. Quand il n'y a plus d'espoir au dehors comme en dedans, on est bien obligé de regarder les choses telles qu'elles sont, et le disque de Cortisol ne fait rien d'autre en nous renvoyant tout simplement à notre condition humaine ; de la viande, avec ou sans cervelle, nous ne sommes qu'un putain de tas de viande.

Note : 5/6

Page 78/223 FREE SYSTEM PROJEKT : Impulse

Chronique réalisée par Phaedream

Je sais, pour l’avoir expérimenté, que d’honorer un titre de chef d’œuvre peut faire dresser les oreilles, froncer les sourcils. Et pourtant, en voilà un autre. Comme Tubular Bells de Mike Oldfield ou encore Charriots of Fire de , Impulse de Free System Projekt est une pure merveille musicale. Vrai que c’est de la Musique Électronique, style Berlin School. Mais contrairement à la croyance que ce genre de musique peut être d’un minimaliste redondant, Impulse explose en rythmes sombres aux évolutions progressives, en mélodies, en séquences alternatives et déviantes toujours à la recherche d’une symbiose musicale pour concrétiser l’harmonie des sphères. Bref un cd truffé d’arrangements mielleux au doux parfum d'une sombre nostalgie. Impulse est le tout premier album de FSP, qui à l’époque était le groupe d’un seul homme; Marcel Engels. Épuisé depuis un bon moment, la compagnie Strange Charm a décidé de le ré édité en ajoutant un long titre en prime, And then there were 2, pour le plus grand plaisir des amateurs d'Engels. Cette première œuvre est un pur bijou. Un titre rarement égalé dans la catégorie de musique électronique. Est-ce du pur Berlin School? Selon la définition, je dirais que non! Ici les pièces sont relativement courtes et sont toujours rehaussées de séquences entraînantes ou mélodieuses. Le genre serait plutôt du New Berlin School. Originalement produit en 1996, l’opus n’a pas vieilli d’une ride et sonne toujours aussi bien qu’aux premières écoutes, si l’on veut prendre pour acquis que ce genre de musique suit l’évolution de ses œuvres et non de la technologie qui l’entoure. Un peu comme le classique ou le jazz. Elle peut être contemporaine et quelquefois novatrice, mais jamais archéenne De la première à la dernière note, Engels nous présente un cd sans bavures, fort mélodieux aux rythmes moulants. Dans sa première enveloppe, soit avec ses six titres, Impulse nous entraîne sur des rythmes soutenus où les atmosphères et les moments ambiants sont de courtes durées et sont propice à des scénarios musicaux d’une tendresse et d’une émotivité à fleur de peau. Laissons tomber les préjugés à savoir si la MÉ est anti-musique et laissons-nous bercer dans les méandres intimistes et mélodieux qu’est la structure musical d’Impulse. Après tout, même si la musique est mécanique, sa conception est hautement humaine. Avec Impulse, Marcel Engels va plus loin que de la simple musique assisté ou créée par ordinateur ou par des machines sans âmes. Six pièces de moins de dix minutes chaque. Hautement mélodieux, les synthé fusent des solos et des accords d’une sensibilité que j’ai rarement entendu sur un cd de MÉ. Les rythmes s’accordent aux harmonies avec de somptueux détours et des revirements qui étonnent. Des percussions quand il en faut, des nappes brumeuses là où s’est requis. De courtes envolées séquentielles qui ne sont que des prétextes à immiscer des tempos aux parcours déroutants. Une histoire contée à l’envers où les émotions survolent des séquences tordues où les atmosphères frôlent la démence et l’ingéniosité. Ingénieux, car chaque chapitre est solidement ancré dans des rythmes qui se moulent aux émotions rescapées par de sublimes passages musicaux où les instruments à saveur nostalgique, romantique comme le piano, les flûtes, clavecin et violon/violoncelle sont les prisonniers d’ambiances sombres et poignantes. Un étonnant opus où Engels se met à nu et nous conte les souffrances d’une quelconque histoire sombre et déroutante. La pièce en boni? C’est pas vraiment essentiel. Elle est le reflet des capacités de Marcel Engels à jouer avec les rythmes et les atmosphères. Impulse est une grande œuvre à découvrir. De la musique électronique mélodieuse. Un opus qui va meubler n’importe quel moment d’une vie, car dans chaque recoin, on y trouve une ligne qui secoue une

Page 79/223 corde sensible. Une œuvre intense, une œuvre à posséder.

Note : 6/6

Page 80/223 SADIST : Above the light

Chronique réalisée par pokemonslaughter

A l'instar de certains routiniers en musique, il nous arrive nous aussi de sombrer dans un quotidien assommant et néfaste pour nos écrits. Quoi de mieux alors qu'une petite bombe dans un style qui justement commençait à tourner en rond ? Alors voilà Sadist ce n'est pas vraiment du death, encore moins du black ni vraiment un groupe orienté "progressif" ou "technique", non c'est un peu tout ça à la fois. Phrase convenue ? Sûrement, pourtant il faut bien avouer qu'à l'écoute de ce "Above the light" il reste difficile de décrire la musique de Sadist, et à fortiori de la catégoriser. Prenez une base solidement metal : riffs de guitares naviguant entre death et thrash, batterie bien énervée avec un son de double pédale bien d'époque (par le batteur de Necrodeath d'ailleurs). Rajoutez y des structures plutôt progressives, des claviers en nappes, clavecins, ou autres et flûtes, des solos de guitares super techniques, des ambiances sombres, des.. des... Argh il y a tellement de choses dans ce disque. Et pourtant son écoute demeure d'une facilité déconcertante. Sadist a trouvé l'alchimie parfaite entre death, black et experimentations diverses, le plus souvent des breaks où la basse prend les reines, des cassures où le clavier pose ses ambiances (il y a même de la flûte), et tout celà je vous le rappelle en 93. Comment est-il possible que ce disque ait été oublié si vite ??? La faute manifestement à un mauvais travail du label car "Above the light" vient d'être réédité récemment. Alors comment vous donner envie de vous procurer ce cd ? Imaginez un disque dans lequel les morceaux se complètent les uns les autres, mêlant une basse sauvage avec des claviers qui n'ont pas pris une ride, le tout avec la puissance et la grâce d'un guitariste absolument génial (tous ses solos sont démentiels, et que dire de cette instrumentale sobrement nommée "Sadist" dont l'ambiance renvoie Nocturnus sur pluton ?). Sadist a posé là un disque absolument énorme, un pavé que je m'aventurerai à quailifier de "dark metal", des mélodies super bien trouvées ("Breathin' cancer", "Enslaver of lies" et son break central super sombre et prenant) dont les ambiances rappelleront parfois Dark Tranquillity période "The gallery", des riffs agressifs et inspirés... Et en plus de cela, Sadist se fait aérien quand il le souhaite, lourd à son envie... Un disque qui joue avec les habitudes, un groupe qui n'hésite pas à jouer sur les oppositions metal/non metal, à mélanger efficacité et technique (quel bonheur de voir ces riffs thrashy super entraînants s'enchaîner après une partie calme avec guitare acoustique et petite nappe de synthé)... On pourra reprocher par moment des structures un peu bancales, on se demande où veut en venir le morceau, mais en général, les parties qui le composent sont si inspirées qu'on pardonne vite cette imperfection. Gros 5/6 donc, et vous savez quoi, il parait que le suivant est encore meilleur...

Note : 5/6

Page 81/223 BOLT THROWER : Realm of chaos

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Histoire de ne pas mourrir idiot, parlons un peu de cette seconde galette de Bolt Thrower. Ce "Realm of chaos" marque non seulement l'entrée sur Earache, mais aussi son dernier album dans une veine plutôt brutale. Et franchement... Tant mieux. Alors, certes il y a de l'amélioration nette par rapport au très primaire et "jeune" "In battle there is no law" mais soyons clair d'entrée, "Realm of chaos" accuse gravement son âge. En fait, autant commencer directement par ce qui fâche, ce sont ces blasts tout faibles utilisés à profusions qui vont plomber un peu le disque. Car au delà de cette faute de goût à la limite du pardonnable (le groupe lui-même regrette ces blasts), le groupe a nettement progressé. Le riffing se fait plus complexe, moins punky et surtout beaucoup plus death metal. On retiendra d'ailleurs quelques petites perles sur "All that remains" ou "through thy eyes of terror", avec ces riffs qui font mouche et cette impresison que le groupe veut réellement en découdre. Ceci étant dit, l'ensemble reste relativement classique, pas de grosses surprises à l'horizon. Cependant on notera déjà une forte propension à ralentir le rythme (en gros soit ca blaste, soit c'ets mid tempo) et à se montrer très à l'aise dans cet exercice, préfigurant l'évolution à venir. Mais pour ce "Realm of chaos", il sera difficile d'en conserver des traces mémorables. Je ais que certains sont totalement fans de ce disque, et j'avoue que j'aimerai bien en connaître les raisons car si la créativité et la progression au niveau du riffing sont nets, la production assez plate et le jeu de batterie trop limité demeurent des éléments nefastes à mon sens. Attention ceci dit, "Realm of chaos" reste un disque qui s'avère plaisant à l'écoute, avec son lot de breaks bien death croustillant, et de ralentissements bien sentis, tout en fleurant bon cette époque révolue. D'où mon 4/6 car il faut bien l'avouer, l'ensemble reste bien sympa, mais en connaissant le reste de la carrière du groupe, il est dommage de voir que tous les éléments qui feront le succès du groupe (chant, riffs, patterns rythmiques, accroche) ne sont ici qu'embryonnaires...

Note : 4/6

Page 82/223 SACRAMENTUM : Far away from the sun

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Après le split de Dissection (évitons de parler du come back hein), le sieur Nodveidt a laissé le petit monde du metal dans l'attente de dignes successeurs de "the somberlain" et "Storm of the light's bane"... Il faut dire ces deux immenses disques ont carrément donné naissance à toute une scène dont faisait bien evidemment partie Sacramentum. Au milieu d'un Lord Belial super énervé, d'un Mork Gryning polymorphe ou d'un Necrophobic encore bien death, Sacramentum joue la carte du super mélodique. Alors certes les blasts sont super présents, mais aucune réelle brutalité ne s'en dégage. La faute à un son de batterie très particulier (j'aime pas du tout) et à un jeu assez bizarre (pas toujours carré le sieur). Toujours est il que malgré cetta apparente brutalié, le style Sacramentum se dégage surtout par ces superbes harmonies de guitares, composées à 2 voire souvent 3 lignes dont l'inspiration ne fait jamais défaut. Formant une sorte de nappe mélodique d'une épaisseur à couper au couteau, ces leads amènent des atmosphères parfois quasi rêveuses (le superbe "Cries from a restless souls") ou bien tout simplement belles, dans ce style suèdois désormais fort galvaudé. Sacramentum, et surtout son compositeur Anders Brolycke maîtrise parfaitement cet art de la lead noire et accrocheuse, tantôt maléfique ("The visions and the voice", très illustrative du changement d'ambiance subtil) tantôt lumineuse ("Beyond all horizons" qui me fait penser au seigneur des anneaux allez savoir pourquoi), voire désespérée ("Darkness fall for me" superbe outro). Bref, "Far away from the sun" confirme ce qu'on esperait sur le maxi précédent et y ajoute une dimension de "voyage" musicale très intéressante. Le disque dégage manifestement quelque chose d'attirant malgré ses textes super niais et cette batterie au son assez space (c'est mieux que celui d'avant cependant)... Bref, "Far away from the sun" se pose ici comme une pièce maîtresse du genre black/death suèdois, communément appelé dark metal (aah les étiquettes), digne vassal du géant Dissection, et excellent comparse "plus calme" de Lord Belial... Dire que c'était sorti sur Adipocere, les temps changent...

Note : 5/6

Page 83/223 WRIGHT (David) : Reflections

Chronique réalisée par Phaedream

David Wright, c’est l’homme derrière AD Music, Code Indigo et Callisto. Tous des noms synonymes de musique électronique de haute qualité, où la mélodie prédomine sur des harmonies synthétiques aux arrangements orchestraux digne des grandes œuvres de Vangelis. Ce n'est pas de la MÉ, style Berlin School. C'est différent. Un mélange de progressif avec des arrangements orchestraux et une touche d'effets atmosphériques. Un mouvement que certains appellent la England School ou la New Berlin School. Pourtant, c’est à Klaus D. Mueller, longtemps gérant de Klaus Schulze et de Manuel Gottsching, que nous devons la découverte et l’éclosion de David Wright. En 1989 ce dernier produisait sa première cassette, Reflections. Impressionné, Mueller la distribuera, ainsi que ses œuvres suivantes sous l’étiquette POEM, jusqu’en 1994. En 2001, AD Music redonne un second souffle à Reflections avec une nouvelle ré édition remasterisé digitalement. Don’t look Back ouvre Reflections avec force. Une bonne ligne de basse épouse un rythme saccadé avec une forte batterie qui marque un tempo puissant. L’atmosphère est survoltée et survolée par un synthé qui siffle une ligne mélodieuse des plus intenses. Un titre dynamique qui a sûrement influencé Christian Richet sur Overture. Romance est un long titre atmosphérique avec des arrangements de synthétiseur aux essences de quartet à cordes. La première séquence est acoustiquement douce avec un beau nuage synthétique enveloppant. Romance prend toute sa profondeur avec l’éclosion de sa mélodie avec des chœurs poignants et des souffles d’un harmonica perdue dans les brumes désertiques. Un splendide titre envoûtant et romanesque qui ne peut qu’inspirer les rêves. January’89 est aussi animé que Don’t look Back. Les notes du synthétiseur déboulent à vitesse accélérée, poussée par des percussions sauvages et entourée d’une épaisse nappe synthétique. Un étrange mélange. C’est comme entendre Phil Collins déchaîné sur I don’t care Anymore dans une bulle atmosphérique. Song for 'Tricia est une jolie ballade à la synth pop avec de puissantes percussions. Le synthé est en mode flûte de pan et se promène avec harmonie sur de belles nappes synthétiques aux essences d’orchestres à cordes. Une superbe et entraînante mélodie. Abintra (A love Song) est à l’image de son titre, soit une jolie ballade d’amour avec une guitare aux limites de la galanterie Mexicaine. Le tout sous de suaves synthétiseurs aux essences enveloppants. Seashores est un autre long fleuve atmosphérique avec des notes de guitares aux essences d’une harpe qui flottent dans un univers ambiant aux sonorités de vague et d’écume de la mer. Le synthé est doux et orchestral avec ses chœurs célestes qui ont sans doute inspirés Raphael sur le séduisant Music to Disappear in. Reflections clôture ce premier effort de David Wright avec une berceuse synthétique à la même douceur abyssale que l’on retrouve sur Seashores. Il est intéressant d’entendre cette première œuvre de David Wright. En 1989, le Nouvel Âge avait la cote et ça transpire sur quelques titres comme Seashores, Romance et la pièce éponyme. Reflections demeure un bon titre qui subit le poids des années. Yn très bon opus pour partir une carrière. Déjà à cette époque, on sent que Wright a le sens des harmonies et des arrangements. Il renferme quelques bijoux d’ingéniosité et de tendresse. Un opus tout à fait à l’image de l’imposante carrière de David Wright, mélodieux, agressif par instants, mais surtout finement écrit et couché sur ondes synthétiques avec énormément d’adresse et de sensibilité. Épuisé depuis belle lurette, il est disponible en ligne sur le site de AD Music.

Page 84/223 Note : 5/6

Page 85/223 MOONBOOTER : Teralogica

Chronique réalisée par Phaedream

Syngate à l’art de dénicher de beaux petits talents cachés; Erik Seifert, Dorian, Certamen, Head Heart & Soul et plusieurs autres que je ne connais pas encore. Tous des artistes qui ont un point en commun; la passion de la MÉ. Est-ce de la Berlin School? Franchement je n’en suis pas certains. Les catégories, sous divisions et sous genres connectés à la MÉ sont si similaires et contradictoires à la fois que c’en est déroutant. Mais l’important c’est la musique et ici nous avons un cd de 65 minutes de musique mélodieuse et énergique. De quoi passer un bon moment. Teralogica c’est Bernd Scholl (Ne pas confondre avec l’autre Bernd Scholl). Un nouveau venu qui a des années d’expérience sur la scène techno Allemande. Un artiste qui aime quand ça bouge, quand ça cogne. À moins que l’on affectionne seulement la musique ambiante, il n’y a pas grands failles à Teralogica. First Sunset est une superbe mélodie. Le genre de truc qui colle à l’oreille. Un beau piano nous enchante sur une bonne ligne basse et pesante. Appuyé par de soyeuses percussions qui claquent avec discernement. Un titre léger qui a du punch avec de belles envolées synthétiques. Strandmusique suit avec dynamisme. Un titre agressif qui cogne avec une lourde basse rythmique. Derrière ce beat d’enfer, et les percussions qui roulent, une mélodie synthétique virevolte et se promène au gré des variations séquentielles. Un autre truc soyeux qui accroche, surtout lorsque la section des cordes s’ajoute, donnant plus de profondeur et de recherche sonore. Let there be Music enchaîne avec un beat sur fond d’écho. Un autre beat ‘’tape du pied’’ qui est poussé par une voix électronique et une ligne de basse à saveur de plancher de danse. Water Melody est représentative de son titre. Une douce mélodie qui prend naissance sur un fond de vagues d’océan. Mélancolique le piano est rejoint par un synthé à la Kitaro et une couche de guitare, donnant un effet de ballade cosmique. C’est beau et ça détend. C’est aux limites du New Age. Le synthé à la Kitaro est sublime, tout comme les arrangements. Under the Surface reprend les mesures rythmiques. Le début est craquant avec les sonorités basses en forme de boucle. Les percussions s’amènent, augmentant la cadence, les synthés enveloppent, donnant plus de richesse. Un titre à tempo bouclé qui bouge sur des notes synthétiques en mode écho. Analog Bubbles poursuit sur un rythme tout aussi nerveux. Hésitantes, les notes progressent sur un fond tamisé d’un faible écho. Après le premier passage, le beat s’active plus sur des percussions claquantes. Le tout prend place et moule un rythme soutenu par un jeu de synthé éclectique et une bonne ligne de basse nerveuse. Wind Blows caresse les seules notes atmosphériques. Le tempo est suspendu et entouré d’effets sonores, dont une percussion qui s’anime de plus en plus. Le rythme progresse sur une bonne basse et un synthé qui accentue son étendue aux travers des différentes variations sonores. Ce qui donne un tempo atmosphérique différent des rythmes endiablés que l’on retrouve au long de Terralogica. Le rythme casse sur une superbe apparition du piano. Mélodieusement divin. Le style de titre qui accroche dès la première écoute. Là aussi, les arrangements sont superbes. Sensuel, Burning for You nous berce sur un rythme sobre et une voix féminine qui tranche dans cet univers métallique. Le genre de truc qui pourrait jouer à la radio. Beachjam embrasse un style jazz. Très léger il s’étire sur un mode hypnotique que des notes de saxophone et de guitare viennent embellir. Sous une intro où les percussions vaporeuses prédominent Wrong Order vrille et s’entortille sur un synthé fuyant aux airs de violon arabe. Un titre au tempo lent et envoûtant. Orgasmik sort de son cocon suavement. Les rythmes sont hésitants sur une bonne ligne basse qui attend le signal. Doucement le stroboscope sonore se met en marche et le rythme techno déferle sur une sublime descente synthétique. Un titre survolté, qui a la bougeotte.

Page 86/223 Du délire technique/techno qui joue sur les rythmes et se termine sur un message ‘’vocoder’’ de Bernd Scholl qui vous invite sur son site web. J’ai été agréablement surpris par Teralogica et le travail de Moo223ooter. C’est un titre qui a du coffre et qui se situe aux limites du techno. Bernd Scholl m’a carrément étonné avec ses arrangements et ses mixes. Chaque titre couve une mélodie, et chaque mélodie se démarque des autres. Ce n’est pas un piquage sans fin qui détonne et lasse. C’est bien travaillé, cousu et élaboré. Un travail génial. Faites vous plaisir et jouer le à haut volume, question de s’en payer toute une. Un excellent cd pour les chaudes nuits de festivités estivales.

Note : 5/6

Page 87/223 UNDERGROUND RESISTANCE : World 2 world

Chronique réalisée par dariev stands

Encore un EP lancé tel un missile balistique par la nébuleuse UR, et pas des moindres, puisque sur celui-ci figure encore Jeff Mills... Cofondateur de la fratrie cagoulée avec l'ombrageux Mad Mike en 1990, il quitta le navire seulement deux ans après, en 1992 (suivant de peu Robert Hood), date de parution de ce EP. Trop ambitieux pour le collectif de Detroit, il préfèrera voler de ses propres ailes, ce qui l'amènera à parcourir le monde... Mais nous n'en sommes pas encore là. Pour l'heure, Mills nous concocte 4 titres affûtés comme des couteaux, aux ambiances luxuriantes, évoquant une pluie de sons acides sur le superbe "Jupiter Jazz", avec ses sifflements évoquant des oiseaux tropicaux. Quoiqu'il en soit, cet EP nous plonge dans une atmosphère de jungle, humide, verdoyante, et ce ne sont les pas les samples au début de "amazon" qui me contrediront. Un titre très maîtrisé, dont la syncope rythmique aura sûrement inspiré l'écossais Mylo pour son tube "Drop the pressure", entendu partout l'an dernier. La face B, plus étirée, plus posée, reste dans le ton avec des samples de bruits d'orages et des beats évoquant le clapotis d'une ondée sur les cimes (hum pourquoi je parle tant de pluie dans mes chroniques moi ? ça doit être la chaleur...) Un festival de sonorités que cette livraison UR. Une bonne pioche de plus.

Note : 5/6

Page 88/223 GENE LOVES JEZEBEL : Immigrant

Chronique réalisée par Twilight

Révélés par un très bon premier album, les frères Aston confirment le tir de manière efficace par ce deuxième essai qui tout en restant proche des racines batcave (notamment dans les parties roulantes de son jeu de batterie et dans le feeling décadent) témoigne déjà de tentations plus flamboyantes qui les poussent dans les voies d'un rock gothique passionné où leur timbre mélancolique est particulièrement mis en valeur (les excellents 'Always a flame', 'Shame' ou 'The immigrant' avec son arrière-goût de Specimen). D'autres morceaux moins réussis comme 'Stephen' ou 'The cow' témoignent pourtant de l'affirmation toujours plus marquée de l'identité d'un groupe suffisamment mature pour n'avoir point besoin de se cantonner à des schémas trop conventionnels pour exister et prendre des risques. Autre point positif de cette galette, les jumeaux ont su se montrer sobres au niveau vocal, évitant des surcharges d'aigus et de 'yeah yeah' parfois agaçants. Clairement indispensable, 'Immigrant' est également proposé dans une version à un prix sympa avec un cd bonus proposant outre quelques inédits des versions alternatives de chansons qui figureront sur l'album suivant ('Discover'): le hit 'Desire' ainsi qu'une chanson, 'Gorgeous', tranquille, qui n'a au final rien du tout à voir avec celle du même titre que l'on trouvera sur 'Discover'. Après écoute, il devient évident que à défaut d'avoir été des leaders de file du mouvement goth, Gene loves Jezebel méritent mieux qu'un rang de simple second couteau.

Note : 5/6

Page 89/223 GENE LOVES JEZEBEL : Kiss of life

Chronique réalisée par Twilight

Malgré sa jolie pochette, 'Kiss of life' n'est pas un bon disque. Certes, les jumeaux Aston n'ont eu de cesse album après album de s'écarter toujours plus de leurs racines post punk mais là où 'Discover' proposait une sorte de rock gothique flamboyant teinté de glam plutôt efficace et convaincant au niveau des mélodies et du feeling général, 'Kiss of life' nous montre un groupe ayant cédé aux sirènes du succès qui saborde lui-même ce qui faisait son charme. Caractérisé par une production rock FM assez typique de la fin des 80's, ce disque est un monument de rock pompier et surtout pompant. Si l'excellent et tristissime morceau éponyme, malgré son côté slow, ainsi que 'Jealous' ou éventuellment 'It'll end in tears' font illusion, notamment par le feu des guitares et la beauté du chant, le reste s'enfonce vite dans les poncifs d'un genre mené par Simple Minds, Survivor et autres daubes qui pullulaient sur les ondes à l'époque: mélodies rock plates ('Two shadows'), guitares se voulant puissante mais sans relief et même le timbre si particulier des frères Aston semble dépossédé de sa mélancolie intrinsèque, sans parler des 'youhouhou' mal venus sur certaines pièces. Au final, 'Kiss of life' n'est qu'un essai de vilain rock US pour public peu exigeant; réécoutez vite les premiers albums !

Note : 2/6

Page 90/223 KAT ONOMA : Live à la Chapelle

Chronique réalisée par Trimalcion

Hier soir, cinéma : "Bled number one" de Rabah Ameur-Zaïmeche, un excellent film racontant le retour au pays d'un Algérien expulsé de , retour dans un village qui l'étouffe peu à peu. Mise en scène quasiment "cassavetes-ienne". Au début, je crois que je vais m'ennuyer ; et puis je suis énervé par mon voisin qui fait ses commentaires tout haut pendant le film. Soudain, le vide se fait autour de moi : une étrange torpeur m'envahit à l'écoute des réverbérations poisseuses et malsaines d'une guitare électrique qui se répercutent à l'infini. Il me semble reconnaître. Cette voix grave qui récite un poème de William Blake avec une pointe d'accent français... J'y suis. Rodolphe Burger. J'avais oublié combien le charme oppressant et mélancolique de ses notes était puissant. Et c'est "Bled number one" qui me le rappelle. Le guitariste et chanteur de Kat Onoma y fait deux apparitions, aussi mystérieuses que terrassantes. "Petit vagabond", c'est précisément le moment d'anthologie qui ouvre ce live-testament du groupe français, enregistré sur ses terres alsaciennes. Blues crade et brumeux, rythmes électroniques, jazz-rock sombre qui dépasse Erik Truffaz ou Sonic Youth pour aller s'aventurer du côté le plus obscur de la chanson française, exploré à sa manière par le meilleur Bashung. C'est peu dire que la bande à Rodolphe Burger et Philippe Poirier a fait figure d'OVNI dans le rock français, que du fond de son souterrain, elle en a ébranlé les fondations. Même si tout n'est pas parfait dans ce live, l'envoûtement agit, la guitare engloutit tout, la voix résonne du plus profond d'une crypte, les cuivres flottent comme autant de fantômes incertains. Aucun groupe hexagonal n'est capable de créer des atmosphères pareilles. Et la dantesque reprise de "Radioactivity" de Kraftwerk pour conclure, qui, vous vous en doutez, ressemble à l'original comme une créature à son ombre... Kat Onoma, ou l'emprise des ténèbres...

Note : 5/6

Page 91/223 POLYGON : Images

Chronique réalisée par Marco

Après l'époustouflant 'Omnon', Ingo Lindmeier sort de son hyper-sommeil pour livrer 'Images'. Qu'en dire si ce n'est qu'il prolonge les quelques passages electro de son prédécesseur en conservant ces atmosphères glaciales si particulières depuis 'Refuge'. Bien évidemment, l'évolution depuis cette époque est bien explicite, la froideur rêche cédant la place à des ambiances relativement plus 'chaudes'. Mais la caractéristique principale de l'allemand est de sans cesse exprimer beaucoup avec une sobriété exemplaire : à l'heure où le créateur est asservi par ses machines, cédant à la tentation d'en faire toujours plus, de superposer des couches et de finalement noyer son propos, Polygon fait définitivement partie de ses projets lucides qui ont avant tout pris conscience de ce qu'ils désiraient exprimer. Cela n'est donc pas fortuit si 'Images' se veut dépouillé, ses mélodies et ses boucles abruptes organisant un propos plus hermétique que pouvait l'être celui du très émotionnel 'Omnon'. Loin s'en faut pour que 'Images' soit une version trop intellectualisée de Polygon, car la musique de l'allemand parle avant tout aux sens, avec ce qu'il faut de raison pour créer un contraste unique. Il reste que cet album est peut-être le plus 'cérébral' de Polygon, il ne lui manque finalement qu'une interaction vocale emblématique comme sur 'Refuge' ainsi qu'une progression hypnotique digne de 'Omnon'.

Note : 4/6

Page 92/223 DISPLACER : Remixes for free ?

Chronique réalisée par Marco

Pour patienter avant la sortie de 'Cage's fighter lullaby', nouvel album de Displacer chez M-Tronic, le netlabel Crime League inaugure ses activités en proposant une compilation en ligne de remixes orchestrées par quelques collègues du canadien. Bizarrement cela commence par deux remixes pour Timid (ce dernier lui rendant la pareille plus loin) et Fractured, deux projets évoluant dans des univers proches de ceux de Displacer. On reconnaît donc la patte de Mike Morton, très douce et à l'écoute des moindres éléments des morceaux d'origine pour une nouvelle lecture personelle. C'est également le cas des remixeurs qui s'attaquent ici à l'oeuvre du canadien. Re_Agent offre une version vitaminée pour dance-floor, beat de base et arpégiateur old-school qui fleure bon les 90s, Empusae se concentre sur la rythmique, collant au côté trip-hop de Displacer pour une version plutôt sobre, tout comme Prospero et sa version plus 'groove' et quasi chill-out de 'Disconnected'. Les 'hardcore' Terrofakt jouent la carte de la lobotomie avec un mélange de breakcore ici très ralenti mais carrément industriel, alors que Raxyor s'essaye à une jungle atmosphérique assez barbante. Enfin Monstrum Sepsis proprose une version fantômatique de 'Artifical living', à la manière d'un vieux Gridlock. Une compilation qui à le mérite d'être variée grâce aux remixeurs conviés, mais un peu trop inégale. A vos clicks !

Note : 3/6

Page 93/223 REVEREND BEAT-MAN AND THE CHURCH OF HERPES : Your favourite position is on your knees

Chronique réalisée par Twilight

Plutôt connu pour oeuvrer dans un registre rockabilly complètement déjanté et personnel, Reverend Beat Man n'en est donc pas à une expérimentation prête...Accompagné des officiants de Church of Herpes, c'est pourtant bien loin de ses bases de prédilection qu'il s'aventure puisqu'il flirte ici avec une approche tout à fait digne de celle de Foetus ou d'Einstuerzende Neubauten ('Move'), soit une sorte de cabaret indus mêlant orgues, bruitisme, beats électroniques ou percussions métalliques...Quant aux vocaux du prêcheur lui-même, rocailleux et grésillants d'effets à souhait, ils se coulent à merveille dans cet étrange gospel expérimental. Celà nous donne une collection de pièce proprement hallucinantes comme la reprise bruitiste du 'Blue suede shoes' de Elvis Presley, des chansons plus prenantes construites sur l'orgue ('Prophecy') ou des boucles de samples ('Bad treatment' ou l'excellent 'Faith, hope, love' avec ses voix quasi robotiques), sans parler de titres plus agressifs ('Move'). Voilà assurément oeuvre peu conventionnelle mais parfaitement maîtrisée et cohérente qui plaîra davantage aux fans d'indus old school qu'aux rockeurs.

Note : 5/6

Page 94/223 ROME : Berlin

Chronique réalisée par Marco

Un nouveau groupe chez CMI luxembourgeois cette fois-ci, nommé Rome et qui se fait connaître aujourd'hui avec ce mini-album intitulé 'Berlin'. L'humour mis à part, voilà qui devrait présager de quelques minutes surréalistes. Que nenni, Rome est un énième groupe neofolk, issu d'un background plus punk nous dit la maigre bio, attaché à écrire de vraies chansons. Certes le chant se veut détaché, langoureux ou éthéré façon cold-wave (le très bon 'The orchards'), la musique prend tour à tour des aspects martiaux ('Like lovers'), atmosphériques et rituelles façon Coph Nia ('Clocks') et neoclassique ('Herbstzeitlose' et ses notes mélancoliques au piano). Difficile de juger vraiment Rome sur un mini-album, 'The orchards' présente véritablement un talent certain pour le songwriting, mais le reste s'il est agréable n'est pas spécialement enthousiasmant. L'album est prévu pour la rentrée, espérons qu'il offrira un aperçu du potentiel du groupe beaucoup plus évident que ce 'Berlin' plutôt terne.

Note : 3/6

Page 95/223 BATTERED : Battered

Chronique réalisée par Nicko

Et encore un..... Battered, inconnu au bataillon, est un groupe norvégien composé de membres de quelques glorieuses (!) formations norvégiennes telles que Einherjer. Mais alors qu'Einherjer évolue dans un registre très viking metal, Battered, lui, joue du thrash metal moderne. Donc, ça bastonne, ça va vite et il y a des solos qui vont à mille à l'heure. Bref, du thrash metal, avec une production actuelle. Et c'est là qu'est l'os, c'est "bêtement" du thrash metal, rien de plus, sans originalité avec des riffs death-isant, un chant rappelant le style de Raise Hell. Les riffs sont bateau (tiens, tiens...), à l'image du rendu final. Pour le reste, c'est du déjà entendu 100 fois et en mieux, mais c'est vrai que c'est pas mauvais non plus. Ca s'écoute, mais ça s'oublie aussi vite. C'est pas avec cet opus que Battered va sortir de la masse, ça, on peut en être sûr. Après, les fans du style peuvent aimer et investir, mais pour les autres, passez votre chemin.

Note : 3/6

Page 96/223 COÏT : Brutal

Chronique réalisée par Nicko

Coït, marrant comme nom. Les suisses évoluent dans un hardcore/death bien brutal qu'ils qualifient eux de rock extrême ! Ce qui est sûr, et ce quelque soit les étiquettes, c'est que Coït ne va pas révolutionner le genre (brutal !), grosse rythmique avec une basse très présente, un gros chant bien gras et vindicatif, la batterie enchaine up-tempo et partie bien boeuf et speed. Bref, pas dans la dentelle. Coït porte bien son nom ! Ce qui est plkaisant dans cette galette, c'est l'énergie qu'elle dégage. Clair qu'en concert, dans le pit, ça doit être bien furieux ; surtout à l'écoute des morceaux live, bien tarés, à la fin du CD. Coït, c'est des morceaux courts, sans répis, sans fioritures, 2-3 minutes et ça balance la purée, in-your-face (!). Je pense sans trop me tromper que les coreux devraient prendre leur pied avec ceCD. Ca tabasse bien, on sent parfois l'influence de Black Bomb

A, les compos sont entrainantes et l'énergie est présente. Que demander de plus ?

Note : 4/6

Page 97/223 LAIKA & THE COSMONAUTS : C'mon do the Laika !

Chronique réalisée par Trimalcion

Le surf-rock, ça vous dit quelque chose ? La plupart du temps, on pense aux Beach Boys... et on se plante complètement. Car même si ce sous-genre est lui aussi né en Californie dans les années 1960, le messie n'en est pas Brian Wilson mais Dick Dale, le seul homme qui puisse se vanter, avec Jimi Hendrix, dans les sixties, d'avoir révolutionné la guitare électrique, excusez du peu. Le surf, c'est de la musique purement instrumentale (jamais de chant ou très rarement), caractérisée par une rythmique rapide, des morceaux brefs et à l'emporte-pièce, une inspiration aussi bien rock 'n' roll qu'orientalisante, et surtout un son énorme de guitare amplifiée et réverbérée, gorgé de méthanol. Accessoirement, c'était un trip pour les surfeurs de Venice Beach qui voulaient prolonger la fête. Tarantino en a bien incidemment popularisé quelques standards avec la BO de "Pulp Fiction" en 1994, mais les Finlandais de Laika & The Cosmonauts ne l'ont pas attendu pour sortir ce premier album qui date de 1988 - époque encore peu propice à ce genre de tentative revival. En plus, vous avez bien lu, le meilleur groupe de surf à l'heure actuel est finlandais, si si. Plaisant, ce genre de paradoxe. En ce qui concerne plus spécifiquement cet album, il prend la forme d'un manifeste quasi-parfait, aucune concession n'y est faite : c'est du rock instrumental sans aucune exception, des morceaux brefs et tranchants qui s'enchaînent avec frénésie, à l'exécution confondante de fluidité. Beaucoup de reprises, dont une du thème de James Bond (eux aussi, ils peuvent), ou, histoire de montrer qu'on n'a pas oublié d'où l'on vient, une du classique surf de Dick Dale "Misirlou" (eh non, Tarantino n'est pas le premier à y avoir pensé) où l'orgue toujours bonnasse de Matti Pitsinki vient remplacer la section de cuivres. Un disque pêchu, jouissif et un peu fou. Quel bon disque de surf ne l'est pas ?

Note : 4/6

Page 98/223 LAIKA & THE COSMONAUTS : Surfs you right

Chronique réalisée par Trimalcion

On vante souvent la folie musicale de nos amis japonais, éloignés d'un certain intellectualisme européen ou d'une quelconque recherche d'authenticité, qui mélangent les genres sans aucun respect, ni aucune notion en tête de "bon goût", et c'est tant mieux. Mais sur la côte ouest des Etats-Unis, le rock des années 1960 fut lui aussi capable de ce genre d'emballement. Car le surf déjanté ne respectait rien, ni le rock 'n' roll, ni la musique classique, ni le folklore d'Europe de l'est, ni la musique libanaise. C'est ce que viennent nous rappeler à très bon escient les Finlandais (!) de Laika & The Cosmonauts, formidable groupe formé à la fin des années 1980 avec cette mission : faire ressusciter ce sous-genre musical. Ce deuxième album est comparable au premier, si ce n'est que le son (authentifié surf à 100%, avec Fender réverbérée et gonflée à bloc, véritable ogresse) a pris de l'ampleur. L'entrée en matière ("Surfs you right") est digne des plus grands moments de Dick Dale et emporte tout sur son passage. Pour le reste, je vous invite à jeter un coup d'oeil sur le titre des morceaux, suffisamment expressifs en eux-mêmes. "Zunami", "A night in Tunisia", "Don't monkey with Tarzan", "Surf-Ro-Mania", "Point of no return"... autant de moments d'une folie salvatrice qu'il serait vain de vouloir décrire plus avant : du surf et rien d'autre ! Rendez-vous à Honolulu, vol direct depuis Helsinki.

Note : 5/6

Page 99/223 LAIKA & THE COSMONAUTS : Instruments of terror

Chronique réalisée par Trimalcion

"Instruments of terror"... Avec un titre pareil, je suis sûr que j'ai réussi à attirer nombre de curieux. Et pourtant, rien n'a changé. Laika & The Cosmonauts restent les messagers du surf. Plus simplement : un putain de bon groupe de rock qui arrache tout. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est Al Jourgensen, qui les avait conviés à faire la première partie de Ministry lors de la tournée "Filth Pig" (faut bien que je trouve un autre argument pour attiser la curiosité de certains, même si on est à mille lieues du metal indus pratiqué par ces derniers). Ce troisième album des Finlandais (1992-94) n'est sans doute pas meilleur que le précédent (quoique... il est plus long, c'est déjà ca) ; il ne dévie pas d'un iota de la ligne de conduite que le groupe s'était fixée dès le départ. Pourtant, ne serait-ce qu'en raison de la mémorable reprise du célèbrissime thème de Lalo Schifrin "Mission impossible", il serait criminel de ne pas y jeter un coup d'oreille. (Bernard Herrman et Henry Mancini sont aussi au rendez-vous !) Toute la puissance et l'insouciance dévastatrice de ce sous-genre si singulier y sont représentées. Le son unique, reconnaissable entre mille, est là et bien là. Si les pionniers se nommèrent Dick Dale, Ventures ou Trashmen... leurs héritiers forment aujourd'hui un collectif des plus divers. Vous ne vous en doutiez peut-être pas, mais lorsque vous écoutez le premier album de Naked City ou "Radio" du même groupe, lorsque vous vibrez de la même démence qui anime Mr Bungle ou Secret Chiefs 3, c'est l'esprit surf qui vous anime. Laika & The Cosmonauts, s'ils sont (un peu) plus sages et plus "classiques", parviennent ici, une fois encore, à le maintenir en vie. Baha-Ree-Bah !

Note : 5/6

Page 100/223 LAIKA & THE COSMONAUTS : Absurdistan

Chronique réalisée par Trimalcion

Après trois premiers albums mémorables qui les imposent comme un des meilleurs groupes de la mouvance revival surf, après une grande tournée américaine qui leur apporte une certaine reconnaissance internationale, et surtout après le succès en 1994 du film de Tarantino "Pulp fiction", qui remet au goût du jour un genre pour lequel ils se battent depuis longtemps déjà, Laika & The Cosmonauts ont décidé de faire preuve de plus d'ambition : terminé le son 100% pur surf labellisé et certifié authentique, terminées les reprises, terminée la succession de morceaux dont la longueur n'excède pas les 2 minutes. Même s'il est encore tributaire des précédents efforts (on n'efface pas du jour au lendemain 10 ans de "surf guitar"), Absurdistan s'ouvre à une sorte de rock alternatif un peu néo-psychédélique, un peu crossover, qui reprend également le meilleur des influences passées (Henry Mancini, Ennio Morricone ou les Shadows mixés avec quelques espagnolades). Tout n'est qu'instrumental, bien évidemment. Et si le groupe perd en identité ce qu'il gagne en variété, on prend tout de même un plaisir certain à ce jeu de guitare piquée (qui s'oriente parfois vers une wah-wah plus funky), à cet orgue omniprésent, à cette incroyable fluidité mélodique qui illumine la musique de ce combo nordique, dont les membres préfèrent certainement les plages californiennes aux mornes grisailles de la mer baltique. Je suis certain que l'originalité de ce disque éclatera aux oreilles de ceux qui découvriront le groupe avec lui ; pour les autres, ils préféreront sans doute se tourner en priorité vers les précédents albums et la grande classe surf, ou bien (par exemple) vers le dernier disque de Secret Chiefs 3.

Note : 3/6

Page 101/223 AMENRA : Mass III

Chronique réalisée par Chris

Premier véritable album de Amenra, "Mass III" fait - comme son nom le laisse supposer - suite aux "Mass I" (une démo cd) et "Mass II : Sermons" (un cd-r autoproduit). "Mass III", troisième production du jeune label Hypertension permet au groupe d'exprimer son rock lourdissime à l'aide d'une production assez énorme. Dès le départ Amenra s'incrit dans la lignée directe de groupes comme Cult Of Luna ou Isis, assénant un post-hardcore violent, pesant et incisif avec un chant hurlé assez typique du genre. Le groupe se montre habile à contruire des compositions intelligentes et vraiment intéressantes où comme à l'accoutumée dans cette mouvance musicale les décharges électriques se partagent la scène avec des passages plus calmes, ambiants, et progressifs. On assiste donc à une première partie d'album assez conventionnelle stylistiquement parlant, puis à partir du troisième titre le groupe dévoile un penchant pour des atmosphères plus typées post-rock. On assiste même à l'irruption d'un chant féminin éthérée évoquant fortement celui de "The weight" sur l'album "Oceanic" d'Isis. Les belges parviennent sans problème à surprendre leur auditoire jusqu'au bout, grâce à des compositions longues mais vraiment prenantes et efficaces, où la noirceur règne en maîtresse absolue ! Bref, il est clair que ce disque risque fort de faire le bonheur des amateurs de post hardcore au sens large, de part son accessibilité relativement aisée, ses indéniables qualités mélodiques, et son énorme puissance de frappe !

Amenra est un client très sérieux et son album : chaudement recommandé !

Note : 5/6

Page 102/223 MILLS (Jeff) : Purpose maker compilation

Chronique réalisée par dariev stands

Quand la musique techno à un message à faire passer, il vaut mieux regarder dans les notes de pochette, ou sur le sillon du vinyle, que dans les paroles de la musique elle-même, souvent inexistantes. Ici, visiblement, Jeff Mills, le spielberg de la techno qu’on ne présente plus, échappé de Detroit pour perpétrer la bonne parole autour du monde, avait quelque chose à nous dire : “ Only the consciousness of a purpose that is greater than any man can seed and fortify the souls of men ”. C’est la seule phrase présente dans le livret du CD, elle est également présente dans le clip de “The Bells”. Voilà qui impose une solennité toute mystique à l’objet présentement chroniqué. Tout d’abord, à quoi avons nous affaire ici ? A de la techno tout ce qu’il y a de plus classique, à priori, mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’un « best of » du monsieur. Il s’agit d’une compilation d’une série de EP tournant autour des mêmes recherches, dont la base était la 11eme sortie de son label de Chicago, Axis (sortie nommée « Purpose Maker » tout simplement, dont on retrouve ici « Casa » et « Reverting »). Le point de départ étant apparemment cette fameuse phrase très mise en avant par Mills. Histoire de marquer la nouvelle direction ainsi empruntée, il fondera un autre label, nommé « Purpose Maker » également, spécialement pour accueillir les disques de cette série. Après 5 EP, Mills décide que tout cela mérite une plus ample visibilité du public, et compile les meilleures pistes sur un CD, qui sera par la suite maintes fois réédité… Une mise en avant évidente de la part du DJ de detroit, puisque la plupart de ses sorties sont des vinyles pressés à peu d’exemplaires. Bien entendu, cette médiatisation sera payante, puisque le mirifique « The Bells » sera reconnu comme le tube le plus emblématique de la techno, excusez du peu ! Et force est de constater, à l’écoute, qu’il s’agit d’une somme, d’une quintessence comme peu l’ont réussi. « The Bells » est de loin le titre le plus réussi de ce CD, toutes les autres pistes semblent n’en être que des déclinaisons, tant ce titre aux accents mélodiques envoûtants et à la transe spasmodique (on croirait presque entendre une machine à laver derrière tant la densité du son est énorme) concentre tout ce qui constitue un morceau techno. Universel, tout simplement. Revenons-en au concept « Purpose Maker ». (car il s’agit bien d’un concept, le Kid de Detroit étant connu pour être un infatigable théoricien). C’est un travail sur les samples, les boucles répétées, l’épuration, et le potentiel hypnotique de la techno. Tout un programme, me direz vous, mais à l’écoute du cd, ce qui saute aux oreilles au premier abord, c’est la simplicité. Voire même la ressemblance entre certains morceaux, comme ce « Reverting » trop proche de « Outsider ». Les nuances sont ici subtiles. Ainsi, le kick de grosse caisse omniprésent ferait presque oublier que les boucles ne cessent jamais d’évoluer. Le gimmick monolithique de « Alarms » par exemple, à l’apparente banalité, cache en fait une polyrythmie bien réelle à l’arrière plan. La récurrence de sons secs dans les beats de certains titres aux consonances latino (« Casa », « Tango », « Cubango »…) évoque ce que bien plus tard on appellerait le minimal, avec des artistes comme Villalobos et Herbert. Mais comme les moins jeunes le savent, la techno, par essence, a toujours été minimale. Ce n’est pas vraiment le minimalisme que vise Mills ici, c’est quelque chose de plus compliqué à saisir. De la même façon, difficile de déterminer de quel genre il s’agit : Techno ? House ? Un peu des deux ? Une musique clairement attifée pour le dancefloor mais Mills semble avoir longuement pensé ces morceaux, comme on penserait un disque d’ambient. « Paradise » parvient même à nous faire penser à du hip-hop old school, simplement par un minuscule sample qu’on devine être une voix d’enfant noir, mais à la réflexion cela pourrait aussi bien être le produit d’une machine. Curieuse sensation. « Fly Guy » offre

Page 103/223 un détour vers des sonorités plus ouatées, plus rondes. Toujours difficile à cerner. L’accent n’est pas mis sur les BPM, ni sur la mélodie, encore moins sur la production : sommaire, ni crade ni clinquante. C’est peut-être là la réussite de ce disque : créer quelque chose de détaché des modes, au son ni américain ni européen, intemporel, susceptible de plaire à tout le monde. Refus de mettre un avant un indice, de donner des pistes, de se cataloguer. Refus de la facilité. Rien à faire, l’esprit UR est toujours là… Détail rigolo, au moins la moitié des titres de cette compilation pourraient être des noms de clubs…

Note : 5/6

Page 104/223 JIANNIS : Plugged

Chronique réalisée par Phaedream

En 1997 Klaus Schulze étonnait avec le rythmique Dosburg Online. Tangerine Dream rageait ses anciens fans avec des titres aux rythmes aseptisés, délaissant les évolutions séquentielles. Bref, l’univers de la MÉ, style Berlin School, trouvait son évolution aux travers des rythmes plus harmonieux et des cd aux titres plus courts, plus dynamiques. Pour les purs et les durs, l’époque était à la nostalgie. On regrettait les longues kermesses musicales aux envolées séquentielles interminables et déviantes. C’est dans ce contexte que Plugged de Jiannis tombait dans les bacs. Avec trois longs titres aux saveurs très allemandes, Jiannis ré ouvrait les livres d’histoires de la MÉ séquentielle. Erstes Schattenspiel ouvre avec un début atmosphérique sur chant de baleines intersidérales et des voix sur un ‘’vocoder’’ qui me rappelle Neuronium avec Chronium Echoes. C’est très calme, le mellotron fuse ses airs de flûte dans une nébulosité dense où des cris synthétiques se lamentent sur une approche très Tangerine Dream dans les sombres années 70. Doucement, une séquence envoûtante à la Body Love prend le pas avec de superbes solos de synthé sur une ligne minimaliste jusqu’à la vingtième minute où un suave mellotron pousse une ligne plus basse et plus animée qui se fond sur la première modifiant subtilement le cours. Un long titre qui se termine dans les méandres atmosphériques de son introduction. Zweites Schattenspiel est plus palpable. Après l’usuelle intro planante sur un mellotron aux essences de flûte, noyés dans de sombres chœurs. Des percussions s’animent, un peu comme celles de Man machine de Kraftwerk, et une séquence plus vivante pulse sur un synthé enveloppant qui dévie et se divise en plusieurs petites lignes mélodieuses, hypnotiques et langoureuses. Le mellotron impose une ligne orchestrale arabesque, donnant une profondeur insoupçonnée à un titre assez ambivalent. La finale est superbe avec le mélange de percussions nerveuses et un synthé plus mélodieux aux effluves orchestraux qui se subdivise en multi lignes très animées. Drittes Schattenspiel termine ce dernier jeu d’ombre avec une intro très ambiante aux nappes synthétiques denses et sombres. D’où des solos de synthé très aigus, comme les premiers Neuronium, scient cette obscur environnement. Derrière cette ambiance synthétique éthérée, le séquenceur forme une ligne plus percutante, imposant un rythme nerveux sur une ambiance statique. Les deux lignes se rencontrent et forment une symbiose lancinante et envoûtante Et là on pénètre dans le somptueux univers des batteries et rythmes de Klaus Schulze. Évolutions des lignes, solos de synthés tordus et aigus. De grands moments qui se termine dans le calme des œuvres aux essences atmosphériques. Plugged de Jiannis est pour ceux qui s’ennuient des premières grandes œuvres de Klaus Schulze (époque de Body Love) et des premiers Neuronium. Ça n’apporte rien de nouveau. Il ne faut pas s’attendre à ce que les sphères de la Berlin School aient été revisitées avec de nouvelles idées. Cette une exacte copie carbone de ce qui se faisait à l’époque. Est-ce dommage ou est-ce une bénédiction? Je ne le sais pas. Je me dis qu’une fois qu’on a les œuvres de Schulze, Neuronium et celles de TD dans ses sombres et expérimentales années, avons-nous réellement besoin de Plugged? Cette ré édition s’adresse aux purs et durs. Aux nostalgiques de ces années. Ceux qui veulent découvrir la subtile langueur de la Berlin School devraient se taper les œuvres analogiques de Klaus Schulze. Si il vous reste de la place, Plugged de Jiannis est un excellent substitut que je classe bien avant Radio Massacre International et Air Sculpture. Moi! J’ai bien aimé…non. J’ai adoré. Que voulez-vous? Je suis un nostalgique qui aime ces vieilles

Page 105/223 messes musicales.

Note : 5/6

Page 106/223 NEW MODEL ARMY : Carnival

Chronique réalisée par Twilight

New Model Army vieillit et New Model Army vieillit bien. Si l'on avait pu déplorer une petite 'passe à vide' dûe à des changements de label et la mort de Rob Heaton qui avait vu le groupe sortir pas mal de live, de compilations et d'inédits et Justin enregistrer en solo, ce passé-là semble révolu. Certes, dire que la magie est totalement intacte serait mentir, difficile d'égaler des must comme 'Thunder and consolation' ou 'Ghost of Cain'...Pourtant Justin Sullivan et sa bande sont toujours bien là aux commandes de leur rock contestataire et écorché, comme en témoigne ce 'Carnival', dernier opus en date. Certes, la recette est toujours la même, un savant dosage de restes post punk, de rock avec une bonne touche de goth, mais ça fonctionne, le groupe a toujours la fibre pour dénicher la mélodie ('Prayer flags', Too close to the sun') et l'énergie est intacte. Batterie roulante, basse lourde, guitares énervées, chant passionné...avec parfois des incursions plus intimistes (le beau 'Carlisle Road', 'Red earth'). Certaines chansons sont même de très bonnes surprises, notamment le flamboyant 'Too close to the sun' qui m'évoquent des échos d'un Pink Floyd gothique et énervé ou 'Blue beat' et ses orgues poignants. A noter la présence judicieuse d'arrangements de cordes ('Another imperial day', 'Too close to the sun') qui ajoutent un plus dans l'énergie intrinsèque des titres. Encore une réussite signée Sullivan and Co...4,5/6

Note : 4/6

Page 107/223 NATTEFROST : Absorbed in Dreams and Yearning

Chronique réalisée par Phaedream

Voici quelque chose qui pourrait intéresser les amateurs de Musique Électronique sombre et mouvante. Nattefrost est le musicien scandinave Bjorn Jeppesen. Avec Absorbed in Dreams and Yearning, il traverse les frontières du Danemark pour nous présenter un cd aux nouvelles sonorités. Selon le guide de presse, c’est une œuvre novatrice qui peut conduire jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle école de pensées musicales; la Scandiavian School. De quoi attirer immédiatement l’attention des fans. Tant les puristes que les curieux. Voyons ce que ça donne. The Battle that lasted Eternally débute avec des bruits de combats de gladiateurs et des hennissements de chevaux. Un titre qui inspire un rythme harmonieux sur avec une ligne en boucle nerveuse, traversée d’effets sonores bien structurés. Le synthé est agile et souffle discrètement une suave mélodie qui se tortille en haussant les octaves. Une belle ouverture harmonieuse qui laisse ses empreintes sonores. Where the Gods are Watching est un court titre nerveux qui rappelle les élans analogues de Jean Michel Jarre sur ses Chants Magnétiques. La séquence est bien ronde sur des lignes de synthétiseurs aux harmonies conflictuelles. C’est avec Through Clear and Frosty Nights que l’on est saisi de l’effet Nattefrost. C’est un long titre qui navigue sur une ligne séquentielle basse et alanguie aux nombreux effets atmosphériques analogues. Ce titre coiffe le génie d’une lourdeur intense qui se dandine sur des accords d’une basse bouclée minimaliste. Le synthétiseur nous berce de mélodies aux notes claires, creusant un contraste harmonique irréel. Le tempo est déviant et emprunte différents visages harmonieux dont un qui nous semble étrangement familier lorsque l’on a l’impression d’entendre les lignes du célèbre hit Pop Corn, mais joué d’une façon maladroite, comme à l’envers. L’effet accroche immédiatement. Visions of a Pale Moon emprunte les lugubres effluves de Through Clear and Frosty Nights, mais avec un rythme plus dégagé, plus aéré. Toujours lent, le rythme varie sa cadence sur ses propres accords. Valhal est le gros titre sur Absorbed in Dreams and Yearning. Une grosse ligne sombre émerge d’une intro très statique. Le rythme en est pesant et se dandine sur une bonne percussion, des coups de cymbales à l’étouffée et un beau refrain accrocheur d’un synthétiseur suave et savoureusement mélodieux. Les synthés sont riches en mellotron et embrassent une texture atmosphérique qui s’étire jusqu’à ce qu’une ligne plus aérée se pointe. Là, Bjorn Jeppesen récite une ode qui trouve écho sur un vent éthéré. Descending from the Stars est un autre titre fort rythmé aux superbes odeurs des premières œuvres de Jarre. Le genre de pièce que l’on trouve trop courte. Absorbed in Dreams and Yearning prend forme sur une ligne séquentielle basse et nerveuse. Alors que le synthé épouse une forme plus atmosphérique, plus ambiant. Cette étrange symbiose donne un rythme obsédant car on ne sait pas qui guide quoi. L’atmosphère est encore limitrophe aux incantations analogues des premières œuvres de musique électronique. Un titre étrange, bien enveloppé aux dimensions sonores bien particulières. The Northern Lights termine ce dernier opus sur une note très atmosphérique. La ligne est ambulante et coule sur des accords harmonieux, qui forment une douce mélodie aux notes mélancoliques, entre les rêves et les désirs. Conformément au guide de presse, Absorbed in Dreams and Yearning de Nattefrost est un opus qui effectivement possède une étrange sonorité. Rassurez-vous, la Berlin School n’est pas en danger. Mais elle s’enrichit drôlement. C’est un cd à la fois sombre et mélodieux, enrobé d’une structure atmosphérique mouvante et minimaliste aux confins d’une Berlin School progressive. Tout au long de l’aventure musical, Nattefrost étale ses lignes envoûtantes qui ont une petit quelque chose d’indéfinissable qui accroche aisément. On a la vague impression d’être dans une dérive

Page 108/223 atmosphérique alors que les séquences sont animées et bouillonnantes. Est-ce unique? Je ne peux l’affirmer, mais ça me rappelle les premières œuvres énergiques de Steve Roach. Ce qui est assez particulier. J’ai bien aimé, d’un bout à l’autre. Et je suis impatient d’entendre le prochain opus de Nattefrost. Un nouvel artiste amplement intéressant, qui semble avoir un bon potentiel de créativité. Du Berlin School nouveau genre? Ça n’arrive pas tous les jours.

Note : 5/6

Page 109/223 ATARI TEENAGE RIOT : Burn, Berlin, Burn !

Chronique réalisée par Trimalcion

Atari Teenage Riot... un nom impossible, qui annonçait par avance un mix entre le noisy rock destructeur de Sonic Youth, la techno, catégorie lobotomie, et l'extrêmisme punk le plus ravagé. La formation d'Alec Empire est depuis lors devenue mythique. Avec raison. "Burn, Berlin, Burn !" nous promet la rage et la destruction, et tient toutes ses promesses. Cette compilation, qui reprend du matériel issu de leurs deux premiers albums ("Delete yourself" et "The future of war") est un cocktail molotov, une bombe incendiaire qui vous éclate à la gueule plus sûrement que tout ce qui se faisait à l'époque. Comment décrire ce disque ? C'est une déclaration de guerre, non seulement contre l'extrême-droite, mais contre le système entier, qui envoit toute l'Allemagne (et le reste du monde) se faire enculer (je cite, hein), en combinant les sons de guitare électrique, les beats, et les paroles (gueulées) les plus violents qu'on puisse trouver sur la place. "Start the riot", "Fuck all !", "Deutschland has gotta die", "Destroy 2000 years of culture", "Delete yourself", voilà un programme politique qui aurait sans doute mis un peu plus d'animation aux dernières élections allemandes. Un trop plein d'énergie destructrice qui explose. Non au repos. Non à la subtilité. Ça tabasse sans discontinuer tout au long des 14 titres. Pourquoi se donner la peine de décrire une série de coups de poing dans la gueule ? L'alternance des voix masculine et féminine (celle de Hanin Elias, dont l'hystérie n'a rien à envier à la petite chanteuse de Melt Banana, par exemple) s'avère particulièrement efficace. Accessoirement, rares étaient les concerts du groupe qui se terminaient sans violence. À la simple écoute de ce disque, on comprend pourquoi. Si vous cherchez le must dans la fusion entre la haine cathartique qui émane du hardcore/punk et le marteau-pilon des BPM, n'allez pas plus loin, vous avez trouvé. Et mort aux cons.

Note : 5/6

Page 110/223 FROESE (Edgar W.) : Orange Light Years

Chronique réalisée par Phaedream

Edgar, mon cher ami Edgar. Je suis l’un de tes plus fidèles supporteurs. Et jamais, au grand jamais je ne saurais dire du mal de toi, de tes œuvres. Et j’ai toujours autant de difficulté à écouter les autres. Tes ex fans qui aujourd’hui te tombent dessus à bras raccourcis, prétendant qu’Edgar est devenu qu’une machine à tenter d’imprimer de l’argent. Non, je te suis toujours fidèle, même si : Tangerine Dream n’est plus le souffle de l’ombre qu’il a jadis été et que tu continue à créer des œuvres qui n’ont aucun rapport avec ce nom légendaire : Depuis des lunes, tu remasterise, refais, re-peinture, reprend et re reprend tes œuvres : Tu vends des droits sur des enregistrements de qualité douteuse pour la très contreversée série des Bootmoon, et que nous (TES FANS) nous tapons des enregistrements merdiques qui n’ont aucun respect pour la panse que nous gardons garnie pour toi : tu aseptise tes œuvres sous le couvert d’une nouvelle édition, et que l’on se rend compte que l’art de remastering avec toi est bien en cela de ce que d’autres peuvent faire : tu me semble être bien plus attiré par l’aspect pécuniaire que créatif. Bref, mon ami Edgar, comment faire pour convertir des fans à ta nouvelle philosophie de la création? Orange Light Years est le combientième projet de remasterisation? Orange Light Years est la combientième collection de tes œuvres, incluant celles de TD? Hummm…le compte est gros, hein? Ça fait beaucoup de compil, beaucoup de ré édition. Que se passe-t-il Edgar? L’inspiration n’y est plus? Je n’ai rien contre Orange Light Years, il faut bien me comprendre. C’est une belle compilation qui comprends quelques inédits, des vieilles pièces prises dans les premières œuvres d’Edgar d’il y a près de 30 ans, mais aussi des pièces aussi jeunes que celles de Dalinetopa et Ambient Highway. Et c’est là l’os majeur. Edgar, tu as tout mis sur le même niveau sonore. Tu as pris des classiques et tu les as habillés de cette ambiance musicale d’aujourd’hui. Ambiance qui, il faut bien l’avouer, et à des milles de distance de ce qui régnait sur tes premières œuvres. Et qu’est-ce que ça donne? Des remix. Oui, encore des remix. Et quels remix! Toi et tes copains avez du travailler fort pour ses remix, hein? Je vous imagine tous autour d’un pc à retravailler Scarlet Score For Mescalero ou Metropolis. Ouf! Que ça pas dû être facile Edgar. L’effet mellotron, les chœurs, les lignes perdues dans l’ivresse d’un questionnement. Oh la la mon Edgar. Il y a dû y avoir beaucoup de discussions autour de ces remixages, de ces revernissages. À les ‘’Tangerinser’’, comme sur Beyond the Storm ou sur le coffret de 5 cd Tangents. Je ne dis pas que c’est mauvais Edgar. J’aime bien les nouvelles versions de Dome Of Yellow Turtles et Tropic Of Capricorn en passant. J’ai un peu de difficulté avec ta version de Maroubra Bay, l’original étant tellement génial. Je cherche juste à comprendre. À comprendre où est la valeur ajoutée à cet autre collection après l’épisode du Ambient Highway (un autre coffret compil de 5 cd sur ton œuvre) et de la réédition de tous tes cd en solo. Et ce depuis 2 ans. Depuis deux ans Edgar tu as tout repris ton catalogue. Alors pourquoi cette compil? Je ne sais plus. J’ai peur. Je me dis que tes ex fans ont peut-être raison après tout. Était-ce pour l’argent? Non? Ahhh, je comprends. C’est pour faire découvrir ton œuvre aux nouveaux venus. Ceux qui n’ont pas encore tomber sous le charme de l’exotique et mellotronné Epsilon in Malaysian Pale? Du très osé Ages ou encore des mélodieuses lignes séquentielles perverses de Stuntman et Pinnacles? C’est pour eux! Eh bien si c’est le cas, ça se tient. Car si Orange Light Years est la première œuvre qu’ils écoutent, de toi, ils vont aimer. C’est mélodieux, fort bien orchestré. Les passages sont rehaussés d’un petit quelque chose qui attire, qui charme, démontrant hors de tout doute que tu as toujours la touche. Il y a des moments où tu étonne. Comme avec Timanfaya, j’ai l’impression qu’il sort tout droit de Stuntman ou de Pinnacles. Oui, je crois que

Page 111/223 quelqu’un qui ne connaît pas ton catalogue avec autant de passion que tes vieux fans va apprécier, car ça s’écoute d’un bout à l’autre avec tendresse, en rêvant ou en lisant. C’est bien fait. En fait, je peux facilement le conseiller, car c’est une aussi bonne collection que Beyond The Storm paru en 1995. Cette fois-ci, elle survole plus tes récentes œuvres et la compil est entouré de cet aura musical de tes nouvelles productions. Ceux qui aiment aussi l'approche New Age (je pensais que ce mouvement, que dis-je, cette inertie musicale était mort Edgar)seront aussi charmé. Je dois admettre que ça me fait tout drôle d’entendre une partie de Stuntman dans un contexte similaire. Mais, Edgar, j’aimerais que tu cesses de penser à tes nouveaux fans et penser un peu plus à ceux qui te suivent depuis le début. À quand une petite œuvre originale? Quand inonderas-tu nos oreilles de tes habilles mélanges mélodieux de mellotron, séquenceur et synthétiseur? Comme il y a près de 30 ans. Dieu que ça serait délicieux. Au revoir Edgar, et ne t’en fais pas. Je résisterais aux attaques de tes fans, de tes anciens fans qui, ils n’ont pas tort tu sais, disent que tu as perdu la touche et que tu as besoin d’argent pour la retrouver.

Amitiés Phaedream

Note : 4/6

Page 112/223 FROESE (Edgar W.) : Dalinetopia

Chronique réalisée par Phaedream

Ça faisait un bail depuis qu’Edgar Froese n’avait pas produit une œuvre en solo. Depuis plus de 20 ans. Son dernier projet solo remonte en 1983 avec Pinnacles. En 22 ans il s’en passe des choses. Peu après Pinnacles justement, Tangerine Dream a pris un virage New Age, s’éloignant des grosses compositions tordues aux multiples paliers et torsions séquentiels. Pour Edgar il était révolue le temps des grosses compositions. Des longues nappes et multi couches de synthétiseurs accouplés avec les mellotrons et les guitares. L’heure était aux courtes compositions, comme des caméos pour un clip ou des musiques de films. Dalinetopia s’inscrit dans un même parcours. C’est un cd aux rythmes légers, comme les derniers Tangerine Dream, extra guitare. Une œuvre posthume à son mentor, Salvator Dali. Daleroshima ouvre avec un rythme léger qui s’agite sur des percussions claquantes et traînantes. La sonorité est dense et rappelle un peu l’atmosphère qu’il y avait sur Pinnacles. Dalozapata possède un rythme plus lent. Toujours arqué sur une bonne percussion qui tombe avec force sur des notes qui éclatent et fusent en une aura mélodieuse. Les arrangements sont très bons. J’aime bien le jeu du synthé qui se mêle aux cris de la six-cordes à Edgar. Dalamuerte s’élève sur un beau fond de synthétiseur soyeux. Avec des notes égarées d’une guitare acoustique. Une flûte mellotronnée surgit et épouse un superbe solo de guitare. Edgar crie, en pleine lune, son désarroi. Un titre sombre, intense et superbement riche qui vient nous chercher le petit brin de poil. Dalerotica est plus agité, mais sans vraiment bouger. Un peu comme les derniers titres de TD. On a l’impression que ça roule, alors que c’est assez statique avec les effets sonores qui circulent sur différentes lignes de synthé et une séquence basse. Les percussions roulent et des choeurs hypnotiques stagnent dans une sphère synthétique très dense. Daliesquador est un titre où le synthé est lourd à la séquence agile. Le titre évolue sur différentes strates de synthétiseurs aux couleurs orchestrales et aux sonorités très Froesienne dans les années 70-80. Une pièce qui fait bon d’entendre. On se ferme les yeux et…non! Pas jusque là, mais pas trop loin. L’une des bonnes plages sur Dalinetopia. Un doux piano nous surprend en ouverture de Dalumination, le plus long titre Dalinetopia. De légères percussions, accompagnées de cymbales, progressent en harmonie avec les accords de piano. Doucement le titre évolue, modifiant subtilement sa cadence et il explose soyeusement avec une nuée de violon, gracieuseté des orchestrations mellotronnées. Un beau titre romanesque qui pourrait aisément figurer sur une trame sonore d’un film romantique. Dalagalor débute comme une berceuse. Une mélopée particulière où le rythme froisse une mélodie qui épouse des cadences en spirales. Sublime, la guitare y est très haute et Edgar en sort de merveilleux solos sur une cadence traînante et sensuelle qui se réfugie sur un synthé flûtée et enchanteur. Une trouvaille qui enchante comme certains titres sur Legend, …oui oui. Daluna casse un peu ce charme .C’est un titre pesant au tempo agressif et statique. Encore là, Edgar nous frotte les oreilles avec des solos et des riffs langoureux au spectre de glace. C’est froid et c’est métallique. Et malgré tout, Edgar réussit à y percer une mélodie. Dalysisiphus débute avec un choeur suave. Le tempo glisse avec douceur sur des arrangements orchestraux lents et des percussions qui marquent une cadence lourde. Dalinetopia cloture ce dernier opus d’Edgar Froese avec un rhytme sobre, une douce ligne de synthé mélodieuse, saupoudrée de choeurs et d’effets synthétiques lourds, pour en habiller l’effet. Un bon titre suave qui augmente en intensité sur de bonnes percussions roulantes, démontrant qu’Edgar a encore du jus dans le corps. De Pinnacles à Dalinetopia, la marche est haute… et fait mal. Mais comme à l’époque de Pinnacles, Edgar

Page 113/223 Froese nous livre un opus très près des œuvres de TD. Enracinant encore plus l’impression populaire à l’effet qu’il en a toujours été le guide musical. Donc, c’est du Tangerine Dream, tout ce qu’il y a de plus contemporain. La seule différence réside au niveau de la marque, la griffe ou l’essence, si vous voulez. C’est un opus où on sent l’amertume et les cris du cœur, ainsi que les blessures à l’âme qu’Edgar a subit au cours des dernières années. Et même si les titres et l’esprit rendent hommage à Salvatore Dali. C’est un cd très personnel qui nous révèle un être plus humain que je ne l’aurai imaginé. Si vous aimez les sonorités contemporaines de TD, il est excellent. Si, comme moi, vous vous ennuyez de l’autre Edgar Dream, il y a, par moments, quelques brins sonores qui en traînent encore. Peut-être qu’Edgar a encore un petit tour à faire…

Note : 4/6

Page 114/223 PRONG : Prove you wrong

Chronique réalisée par Progmonster

Aux côtés de King's X ou plus encore Helmet, Prong fait partie de ces quelques rares groupes américains aux velleités métal dont l'approche musicale originale s'est pourtant révélée être un handicap, mais entendons nous ; en terme de succès populaire. Dans les faits, peu ou pas de groupes à l'époque ne proposaient de grammaire semblable à celle déployée par le trio mené de main de maître par Tommy Victor. Revenir après "Beg to Differ" ne devait pas être chose facile et clamer d'entrée de jeu qu'ils sont là pour nous prouver qu'on a tort, c'est symboliquement faire peut-être preuve de faiblesse. Comme on a coutume de le dire dans pareils cas, "Prove You Wrong" est un album de transition. Après le départ du bassiste Mike Kirkland, Troy Gregory vient resserer les rangs, ce qui nous fait donc deux ex-membres des Swans (avec Ted Parsons) évoluant désormais dans le groupe ! Si l'affiche est prometteuse - mais Victor a toujours su bien s'entourer - "Prove You Wrong" jete les bases d'un changement qui, alors et aujourd'hui plus encore sans doute, sonne en réalité comme une concession au son de toute une époque. Gregory n'est que de passage, et bien qu'il assure le chant sur un titre comme "Brainwave", son apport ne révolutionne en rien le monde Prong, excepté cette tendance marquée à lorgner vers la scène fusion crossover au son de basse caractéristique ample et claquant à la fois. Prong aligne quand même quelques bons titres ("Irrelevant Thoughts", "Torn Between", "Territorial Rites") mais dans l'ensemble la sauce hardcore ne prend pas parce que le groupe nous a déjà offert mieux. Parce que l'on sait aussi qu'ils peuvent nettement mieux faire. Sur des titres comme "Hell If I Could" ou même la reprise des Stranglers, "Get A GRip (On Yourself)", on sent une influence Killing Joke pas déplaisante qui, ô ironie du sort, va redéfinir au-delà de toutes attentes le devenir de ce groupe influent mais toujours resté dans l'ombre.

Note : 3/6

Page 115/223 PRONG : Cleansing

Chronique réalisée par Progmonster

"Cleansing", c'est de la balle. Prong y retrouve la pêche qui manquait au finalement très molasson sur la longueur "Prove You Wrong". Il n'y a pas de hasard là-dessous : plusieurs éléments importants ont favorisé ce revirement heureux. Un changement de line-up, même si contrairement à Troy Gregory la basse de Paul Raven est criminellement sous-mixée dans les passages les plus puissants. Ensuite, un changement d'optique ; à sa mixture brevetée qui, en vers et contre tout, les aura toujours rendu foncièrement impénétrables pour un grand nombre, Prong ajoute quelques soupçons indus (le remarquable "Cut-Rate", en deux temps) et une recherche mélodique un peu plus marquée que d'habitude (comme sur "No Question" par exemple), permettant ainsi au groupe d'échapper à la lassitude qui leur a été souvent reprochée. Mais c'est aussi le genre qui veut ça. Enfin, pour parachever le travail, un changement de producteur - et non des moindres - puisque c'est Terry Date qui est chargé de rendre bien gras les riffs de guitares de l'ami Victor. Rien d'étonnant à ce que la même année, Prong ait partagé l'affiche de nombreux concerts de Pantera. Ils ne sont pas que gras les riffs contenus sur les douze titres du nouveau Prong... Des bends acides, une diversité de riffs à l'imagination jamais démentie, une puissance qui s'exprime de manière générale sous des déclinaisons différentes, allant du mid tempo post punk à la lourdeur pure et simple. Néanmoins, malgré ces bons points, ce n'est toujours pas avec ce pourtant très respectable "Cleansing" que Prong parviendra à convaincre les plus sceptiques ! C'est à croire que chacun dispose d'un certain seuil au-delà duquel il devient difficile d'assimiler quoi que ce soit : là où certains se repasseraient sans problème l'album en boucle, beaucoup auront décroché dès le troisième titres alors que d'autres encore seront parvenus à rester captivé pendant une bonne demi-heure, mais vraiment pas plus.

Question de sensibilité. Ou pas.

Note : 4/6

Page 116/223 PRONG : Rude awakening

Chronique réalisée par Progmonster

Maintenant que la formation s'est stabilisée, il est peut-être temps pour Prong d'affiner son propos. C'est bien ce que "Rude Awakening" se donne pour objectif. Et y parvient ! La dose indus/cyber que l'on devinait seulement sur "Cleansing" prend désormais des proportions nettement plus considérables, les discrètes programmations de Paula Jones et Charles Clouser en soutien des rythmiques apportent à Prong une toute autre dimension. Après tout, il n'est pas inutile de rappeler que nous sommes alors en 1996 et que tout le monde ou presque s'y est déjà essayé, du pire au meilleur, de God Lives Underwater à G//Z/R... Quant à l'aspect mélodique, eh bien, il suffit d'écouter la plage titre pour se rendre compte du changement ; sur le couplet, Tommy Victor troque son habituelle rancoeur hardcore au profit d'un véritable chant ! Évidemment, ce n'est pas le genre d'argument qui devrait séduire ceux qui jusque là avaient suivis avec plus ou moins de réserve le virage esthétique laborieusement négocié par le groupe. Prong n'arrondit pas les angles pour autant mais, au contraire, multiplie ces derniers pour éviter de se reposer, encore et toujours, sur leur science des riffs - qu'on se rassure - tout de même d'application ici. De plus, il me semble que "Rude Awakening" jouit d'un bien meilleur équilibre au niveau de la répartition des titres ; à savoir qu'ils ne délivrent pas leurs meilleurs cartouches - comme à leur habitude - dans les quinze premières minutes, mais les répartissent équitablement sur tout l'album, maintenant l'auditeur en haleine et lui réservant quelques belles surprises tout au long du parcours. Bien que la formation se soit donc stabilisée, son manque de résultat probant cette fois encore aura malgré tout raison de son existence. Pour ressurgir quelques sept années plus tard, sous une toute nouvelle formule, avec "Scorpio Rising". Mais ça, c'est une autre histoire... Enfin... Quoi que... Pas vraiment.

Note : 4/6

Page 117/223 HELMET : Betty

Chronique réalisée par Progmonster

Suis-je bête ! J'allais commencer cette chronique par un paternaliste "On oublie trop souvent que..." En fait, non, même pas ! La question mérite d'être posée très franchement : qui - je vous le demande - qui seulement sait que Page Hamilton, au même titre que Lee Ranaldo, Thurston Moore ou Michael Gira, fût disciple de Glenn Branca, artiste contemporain admirable dont la vision moderne de l'orchestre passait obligatoirement par un ensemble de guitares électriques à l'accordage la plupart du temps absolument non conventionnel ? À la lumière de tels faits, appréhender l'oeuvre de Sonic Youth, des Swans et même Helmet paraît couler de source tant chacunes de ces formations ont su tirer le meilleur des enseignements de l'avant-garde pour insuffler une force nouvelle et originale à leurs compositions. Ainsi en est-il bien entendu de Helmet. Difficile de prime abord de faire pourtant un quelconque rapprochement tant l'image du groupe colle à celui d'un son compact, écrasant, finalement bien éloigné des préoccupations de la musique contemporaine "dite" sérieuse. Mais alors que faites vous de "Beautiful Love" et son intro jazz virant noise ? C'est que pour dresser ce parallèle que d'aucun trouveront improbable - si jamais on juge utile de le faire, mais rien n'est moins sûr - il faut s'attarder sur les accords utilisés justement, dans la structure des morceaux aussi aux cassures parfois alambiquées mais tellement jouissives ("Wilma's Rai223ow", "Rollo", "Vaccination"). Bon... Après avoir déroulé le tapis rouge, faut bien avouer que "Betty" ne joue pas dans la même cour que "Meantime". Faut dire qu'entre les deux, y a un grand absent : Steve Albini. Avec Andy Wallace aux commandes, le son est plus sec (le piccolo de John Stanier claque sur chaque plage, instituant un style depuis lors copié et recopié à l'envi par toute la scène néo-métal), y a moins de crasse, ça brille plus. "Betty", pour tout dire, a clairement l'air d'être l'album qu'attendait Interscope pour amortir son investissement aussi coûteux que médiatique. Page Hamilton ballade sa voix lascive sur une collection de titres expéditifs et percutants - quoi qu'on en dise - et s'ils ne possèdent certes pas la désinvolture de leur effort précédent, ils n'en demeurent pas moins tout aussi emballants. N'est-ce pas cela la mâturité ?

Note : 5/6

Page 118/223 HELMET : Aftertaste

Chronique réalisée par Progmonster

Une fois n'est pas coutume, je ne tournerais pas autour du pot ; "Aftertaste" a la triste réputation d'être un mauvais album de Helmet. Je dois bien avouer que je suis très loin de partager ce point de vue. Et d'abord que lui reproche-t-on exactement à ce disque ? Les critiques, je les ai lues et entendues dans les colonnes et dans les voix des mêmes qui reprochaient alors à "Betty" son aspect ouvertement mainstream ! Pourtant, ce que propose "Aftertaste", c'est quelque chose comme le potentiel énorme atteint par "Betty" avec un son plus en accord avec les côtés les plus rugueux de "Meantime". En somme, un subtil compromis pour ce qui devait être alors le dernier album du trio avant longtemps. Dans un sens, le fait que Hamilton et les siens ne se dispersent pas, comme ce fût le cas sur leur précédent effort (on se souvient encore de "Beautiful Love", "The Silver Hawaiian" ou "Sam Hell" qui, tous trois, prenaient des détours inattendus), renforce l'aspect terriblement compact d'un album qui, contre toute attente, ne laisse aucune place aux temps morts, les titres s'enchaînant très vite à la manière des Pixies. Les titres sont en moyenne un peu plus long d'une petite minute, le temps nécessaire pour Hamilton de placer si nécessaire de rares solii bien noise, comme sur "Driving Nowhere". Helmet se concentre sur ce qu'il sait faire le plus naturellement du monde, et le fait remarquablement bien. Les riffs sont de plomb, comme à leur habitude, avec une sérieuse propension à l'obsession - quelques notes en boucle ; rien de tel que pour headbanger illico presto ("Like I Care", "It's Easy to Get Bored") ! Les plans rythmiques toujours aussi bandants ("Diet Aftertaste") ont tendance à se multiplier au fur et à mesure que l'on progresse dans l'album au point où toutes ces qualités se retrouvent concentrées sur les quatre ou cinq tous derniers titres de l'album mettant un terme à celui-ci dans ce qu'il convient de définir comme une forme d'apothéose, une vraie débauche d'énergie qui ne relâche à aucun moment la pression. Bref, en ce qui me concerne : que du bonheur ! À écouter à fond de balle en bagnole, ou chez soi. Sous un soleil de plomb ou avec quarante de fièvre.

Note : 5/6

Page 119/223 WOLFSHADE : Evening star

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

"Evening star" est le premier album d'un jeune one-man band français du nom de Wolfshade. Après le premier album de Nihilistic Kaos, on peut en tout cas dire que Forgotten Wisdom Productions ne fait pas dans la sécurité étant donné qu'il produit une nouvelle fois le premier album d'un groupe, cette fois-ci Wolfshade donc, qui contrairement au groupe sus-cité n'a jamais officiellement sorti de demo auparavant. Dès l'introduction réussie bien que courte, on sent l'ombre d'un Burzum lent et ultra mélodique planer sur ce disque. La majorité de l'album est mid-tempo, Wolfshade officiant dans un black atmosphérique aux sonorités mélancoliques, dont Burzum et Xasthur me semblent être les principales influences, en tout cas, celles qui ressortent le plus à l'écoute de "Evening star". Les vocaux sont saturés à mort, assez distants et les riffs se veulent volontairement répétitifs pour contribuer à installer une ambiance des plus funestes. On sent bien que Kadhaas maitrise plutot bien les instruments, la boite à rythme me gêne parfois un peu, surtout la grosse caisse qui se fait vraiment trop distante à mon goût. L'album est correct, cependant, il me semble qu'un détour par la case démo n'aurait pas été superflu pour cette très jeune formation. Certes, je ne suis pas non plus très friand de ce genre de black metal, répétitif à outrance et qui selon moi ne parvient pas à se détacher suffisamment des influences de groupes de black metal habituellement qualifiés de "dépressif". Ceci dit, Wolfshade est sans aucun doute un projet d'avenir, Kadhaas démontrant un fort potentiel pour faire passer des émotions noires et réellement tristes comme sur "Oneiric Nebula" par exemple et "The shadow out of time" qui est le meilleur titre de l'oeuvre. L'ombre d'un "A gate through bloodstained mirrors" de Xasthur me semble trop fortement peser sur les compositions de Wolfshade qui ne parvient pas à achever son identité réelle....encore. "Evening star" est donc un premier disque correct bien que trop monotone à mon goût ( ce qui pour moi est un inconvénient peut très bien être un avantage pour d'autres) et pas encore assez personnel. A surveiller dans le futur tout de même...

Note : 3/6

Page 120/223 NIHILISTIC KAOS : Les homélies du vice

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Après moults manifestations dans l'underground sous formes de démos, Nihilistic Kaos sort son premier album en cd intitulé "Les homélies du vice". A la vue du titre et de la pochette, l'infâme Körös pérennise le concept sexe, sang et perversion qu'il affectionne tout particulièrement. Plusieurs gros progrès ont été réalisés: la production est nettement meilleure que sur les demos, les compositions sont plus travaillées et la boite à rythme claque vraiment bien et bénéficie d'une bonne programmation. Côté purement musical, cet album nous propose des riffs black/thrash efficaces au long de huit compositions qui me semblent parfois inégales entre elles. Les riffs et rythmes sont plutôt basiques me rappelant parfois un Akitsa en moins raw, comme sur "Célébrations de l'apitoiement par exemple" par exemple ou encore sur "Sade". Cet album est pour moi un peu inégal car il contient quatre titres fort bons et quatre autres qui ne sont pas du même acabit. "Caligula", "Célébrations de l'apitoiement", "Les rats" et "Sade" figurent parmi les très bons titres. "Caligula", qui contient un sample vocal tiré du film du même nom, représente bien l'album: direct, efficace, sans fioriture. Le timbre vocal de Körös se marie bien avec le sample vocal, ce qui donne un résultat étonnant. La force de cet album est de proposer des chanteurs différents sur la moitié des titres ce qui a l'avantage de varier l'ensemble au niveau vocal, surtout que les participants ne sont pas des manches. "Célébrations de l'apitoiement" nous présente Ebola au chant (hurleur dans Ond Aand) avec des vocaux assez particuliers: graves et étouffés d'un côté, plus aigus et fous de l'autre. Le titre le plus court du disque mais qui fait bonne figure. "Les rats" et "Sade" sont les deux meilleurs titres du disques, la contribution vocale de Kurgan (Die Unaussprechlichen Kulten Editions) y est primordiale. Son chant très particulier apporte une touche excellente à ses deux morceaux, de plus, il a écrit de fort bonnes paroles pour "Les rats", tandis que le texte du titre "Sade" est écrit par Xaphan (Finis Gloria Dei, ex-Seigneur Voland). On notera également la participation de Mrik de Devilish Era et Wolok au chant et à l'écriture sur "Saprophagus" dans un style vocal qui n'a rien à voir avec ses propres créations musicales. A noter également que Körös n'hésite pas à mettre la main à la patte, la gente féminine pourra l'apprécier dans sa plus naturelle condition. "Les homélies du vice" est un fort bon premier disque de

Nihilistic Kaos, bien travaillé et ficelé dans un artwork réussi.

Note : 4/6

Page 121/223 CAULDRON BLACK RAM : Skulduggery

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Le death metal ne me séduit pas particulièrement à la base, surtout pas le death metal américain ultra bourrin, sans variation et prêt à consommer comme par exemple Cannibal Corspe qui se répète à outrance et en moins bien en plus. J'apprécie cependant le death metal lourd, pas forcément blasté à foison, dont les riffs lorgnent souvent vers le thrash et le heavy, des groupes comme Argholsent, Crucifier, Anwyl ou Unleashed sont ceux que j'apprécie le plus dans la catégorie. Cauldron Black Ram fait définitivement parti des formations de death metal que j'apprécie. Ce groupe australien est composé de membres de l'excellent et unique Stargazer, Martire ainsi que Portal et propose un death metal lourd à la production occulte et presque sourde. Le rendu est fortement old school et influencé par le thrash sur "Verily hollow demon". Rien qu'à la vue de la pochette, on sait que Cauldron Black Ram est un groupe à part, leurs textes traitant de l'occulte et des pirates ("Barbaric city"). Le groupe fait également preuve de groove sur des titres comme "Corpsebreath" ou "Devil bellied", titre d'un ep du groupe d'ailleurs. L'ensemble est monolithique et comporte une ambiance lourde et boueuse à laquelle je ne suis pas habitué dans le death metal. La voix n'est d'ailleurs pas death metal outre tombe dans le genre de Cannibal Corpse ou Deicide mais plus éraillé et dans un style plus thrashy. Pour ne rien gâcher, l'album se clot sur le meilleur titre de l'album selon moi, "Atop a fiery steed", inspiré, varié et techniquement bien fait. "Skulduggery" s'impose comme un album de death metal old school fort bon, gageons que Cauldron Black Ram sortira de l'anonymat avec un album de cet acabit et je l'espère, d'autres réalisations aussi réussies et enthousiasmantes dans le futur.

Note : 4/6

Page 122/223 UNCREATION'S DAWN : Death's tyranny

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Ce troisième album du groupe finlandais Uncreation's Dawn, je l'attendais de pied ferme. "Lightning hammer falls", le second méfait du groupe, annonçait déjà un fort potentiel. Cependant, je ne pourrais pas dire que je m'attendais à quelque chose d'aussi performant avec "Death's tyranny". Le disque s'ouvre sur une intro au piano de plus de trois minutes fort sombre puis la boucherie commence. Uncreation's Dawn pratique un black metal sans compromis, on pourrait y voir une mixture entre Warloghe et un Grand Belial’s Key plus froid, tout en mettant en avant une identité réelle forgée à l’aide de deux albums, un split ep avec Baptism et un ep “ Uncelestial ”. Ce troisième opus contient une tripotée de titres excellents, "Lifeless dominions open" et sa rythmique impitoyable en tête. Cet album d'une heure dégage un feeling noir des plus jouissifs avec quelques touches de metal plus traditionnel du plus bel effet. Ce qui est également très plaisant sur cet album est l'impression qu'il n'y a aucune faille, aucun titre de remplissage inutile, l'ensemble est très bien composé et on ne s'embête pas une minute. "Luciferian conquest" et "Flame of heresy" sont deux énormes titres, probablement mes favoris du disque, le premier étant très proche d'un Grand Belial's Key plus froid et plus raw, "Flame of heresy" me rappelle un black metal qui se fait de plus en plus rare, pas si loin d'un Warloghe par exemple avec un riff orgasmique au milieu. "Death's tyranny" fait plus que confirmer le bon potentiel entrevu sur "Lightning hammer falls", l'ensemble est plus puissant, plus varié et globalement plus efficace. Maintenir une telle qualité sur une heure n'est pas chose aisée mais force est de constater qu' Uncreation's Dawn y parvient totalement. A fist in the face of God: une belle réussite pour cet album qui est un des meilleurs disques de black metal sorti cette année. Qu'on se le dise.

Note : 5/6

Page 123/223 RICH (Robert) : Sunyata

Chronique réalisée par Marco

Il était temps que Robert Rich apparaisse en ces pages. Héritier de la vision pionnière de l'ambient, celle de Brian Eno ou John Cage pour ne citer qu'eux, l'américain est aujourd'hui un de ses plus grands représentants. Ses études de psychologies et son goût pour l'expérimentation sonore (notamment les fameux 'Sleep concerts', expériences uniques d'études de la musique sur le sommeil en temps réel) ont fait de lui une sommité chez les grands pontes de l'acoustique comme chez ses pairs. Sa remarquable évolution vers une ethno-ambient toujours en phase avec son propos, inspirée voire mystique, parfois plus 'dure', l'ont amené à collaborer avec les plus grands (Steve Roach, Lustmord etc.). A là vue de son impressionante discographie force est d'admettre que plus d'une vie serait nécessaire pour en faire le tour. Pourtant avec cette première cassette éditée sur son propre label il y a plus de 20 ans, Robert Rich annonce déjà la couleur . Trois longues pièces d'ambient évolutive sur lesquelles les variations subtiles s'opèrent dans une continuité mélodique qui non seulement ne casse en rien la caractéristique éthérée si chère au genre ethno-ambient mais la porte en des contrées oniriques marquées par les éléments et une spiritualité saisissante mais jamais envahissante. Si 'Sunyata' parait bien dépouillé en comparaison avec les albums les plus connus de l'américain, il n'en reste pas moins intéressant de par la maîtrise et la clarté des sons et des séquences qui ne subissent aucunes interruptions ni parasitage. Une limpidité que Rich aura à coeur de maintenir dans toute son oeuvre et qui ne s'est par ailleurs jamais démentie. Le début d'une très grande aventure musicale.

Note : 4/6

Page 124/223 RICH (Robert) : Trances / Drones

Chronique réalisée par Marco

Dans la droite lignée de ses premiers pas discographiques avec 'Sunyata', Robert Rich enfonce le clou en faisant rimer simplicité avec richesse bluffante. Peut de choses en apparence distinguent 'Trances' et 'Drones' de leur prédécesseur si ce n'est une amplitude sonore encore mieux élaborée. Les variations s'ajoutent les unes aux autres avec une subtilité déconcertante (lignes de basse surgissant de nulle part, harmoniques soutenant les longues pièces évolutives). Là où beaucoup se casseraient les nappes en peinant et en aboutissant uniquement au seul ennui, Rich arrive à captiver sur des pièces d'une vingtaine de minutes qui doivent autant aux pionniers du genre (on navigue parfois aux confins de la space-ambient) qu'à sa sensibilité propre. Cela est particulièrement flagrant sur 'Cave paintings' notamment, où l'américain semble avoir été sensibilisé aux saveurs hypnotiques du SPK de 'Zamia Lehmanni', pourtant encore à venir. Plus profond et quasi-tellurique, 'Hayagriya' est plus grave aussi, comme si Lustmord s'était invité à la fête, mais c'est sans compter avec l'aspiration d'une ouverture vers l'extérieur de Rich, qui conserve constamment une oreille sur la teneur mélodique de sa musique. Du grand art !

Note : 5/6

Page 125/223 RICH (Robert) : Numena

Chronique réalisée par Marco

'Numena' où les premiers retours du grand public à l'égard de Robert Rich. Outrageusement classé dans les bacs à disques new age pendant longtemps, la musique de l'américain est bien plus spirituelle et subtile pour n'être réduite qu'à un banal exercice de relaxation ou un support pour pseudo-mystique en mal de sensations. Habité par une lumière numineuse (d'essence divine) cet album voit l'apparition plus marquée d'éléments ethniques tels que flûtes et percussions diverses. Distillés intelligemment le long de ces nappes claires d'où resonne le chant de la terre nourricière et de ses 'habitants' (animés et inanimés), les arrangements servent une progression non linéaire vers une quiétude véritable. Les sons flottent, virevoltent, s'estompent pour mieux occuper l'espace. La production fluide est typique de l'américain exulte de détails sonores réjouissants et démontrent une fois de plus le talent de Rich. Reconnaissons cependant que cette tranquillité est peut-être trop subordonnée à cette même production, ce qui rend le tout très agréable et riche, mais en-deça de l'aura créative du compositeur qui va exploser véritablement par la suite.

Note : 4/6

Page 126/223 RICH (Robert) : Rainforest

Chronique réalisée par Marco

Passons sur l'affreuse pochette estampillée new age en espérant qu'elle n'est pas le reflet exact du contenu. Hélas, trois fois hélas ! 'Rainforest' est bien du Robert Rich, mais un Robert Rich qui, poursuivant son exploration des mythes et du sentiment spirituel (et précisémment élémentaliste/animiste), se lance ici dans une oeuvre aux saveurs un peu trop formatées. Alors bien sûr, le son, l'interprétation sont là, rien à redire là-dessus si ce n'est une production 'medium' qui fait la part belle aux mélodies (flûtes, ocarina) mais qui ici s'avère vite horripilante. Finalement, tout en devient presque commun, impression de déjà entendu et surtout que l'ami Rich a quand même édulcoré l'âme de ses nappes, drones et percus. Bien heureusement il reste quelques perles qui évitent la sensation de voir l'américain oublier ses premiers émois ('Surface', les superbes 'The raining room' et 'Veil of mist'). Pour résumer 'Rainforest aurait pu être transcendé dans son exécution (enfin surtout sa composition) si Rich n'avait pas fait l'impasse sur la profondeur de champs et l'aspect hypnotique qui faisaient sa marque de fabrique jusqu'ici. Alors oui, en ce sens le disque est moyen, moins ennuyeux passé les premiers morceaux, mais dans l'ensemble assez décevant.

Note : 3/6

Page 127/223 THE HERETIC : Gospel songs in E minor

Chronique réalisée par Nicko

The Heretic est un groupe espagnol assez intéressant, inovateur d'un certain point de vue. J'avais déjà eu l'occasion de chroniquer leur précédent album et, même s'il était inégal, il subsistait de réelles réussites et d'excellentes idées, notamment une intro pas piquée des anetons ! Sur ce nouvel album, le groupe part d'une base thrash assez moderne, au sens très large vu que ça comprend aussi du black et du death. On a donc une rythmique de plomb principalement speed. A partir de là, le groupe crée son propre univers musical rappelant l'atmosphère des films d'horreur avec de ce fait un petit côté Necrophagia (en moins sick et gore cependant) dû à l'utilisation discrète mais efficace de claviers et autres divers bruitages. Les espagnols aiment aussi pas mal mélanger les genres et les types de chant. D'ailleurs, le chant criard ressemble étrangement à celui d'Ihsahn, ce qui fait que The Heretic peut se placer comme une sorte d'"Emperor" du thrash metal (toute proportion gardée, hein ?!) et toujours cette volonté d'aller de l'avant, de vouloir explorer de nouveaux territoires, de nouvelles sonorités. Cet état d'esprit m'a fait aussi penser à The Wicked (groupe finlandais bien tarés !) en quand même moins fourre-tout ! Alors même si l'album a un peu tendance à s'essouffler sur la fin, la qualité est présente ainsi que l'amélioration depuis le précédent album. Un CD vraiment intéressant.

Note : 4/6

Page 128/223 BLACK LABEL SOCIETY : Alcohol fueled brewtality live !! + 5

Chronique réalisée par Nicko

Sortir un album live après seulement deux albums studio montre bien une chose. Black Label Society est fait pour la scène ! Et effectivement, à l'écoute de ces 13 morceaux, on ne peut que le reconnaitre. La différence avec les versions studio est énorme. La musique de BLS (plus que jamais LE groupe de Zakk Wylde) prend toute son ampleur en concert. Pas que les albums manquent de saveur, simplement, ils n'ont rien d'exceptionnel, ils proposent une série de titres sympas avec un bon feeling, mais là, sur scène, toute la quitessence du riffing et des solos de Zakk est présente. Le live transcende réellement les musiciens et par là même la musique qui en découle. Quelle feeling dans le jeu du guitariste et quelle puissance aussi ! Toute la personnalité du garçon et de son style est sur cette galette, le son gras et poisseux, le style à base de blues/rock, les harmoniques de folie, cet état d'esprit rock n' roll jusqu'au bout des ongles. "A.N.D.R.O.T.A.Z" est là aussi pour dégoûter tous les apprentis guitaristes de l'assistance et la reprise personnelle mais bonne du "No more tears" du Godfather Ozzy enfonce encore un peu plus le clou pour un live vraiment excellent. En guise de bonus, on a droit à un deuxième CD comportant 5 titres en semi-acoustique avec quelques reprises bien sympas comme le "Snowblind" de Black Sabbath (Ozzy encore...) ou le "Heart of gold" de Neil Young.

Bref, un petit extra pour un album qui ne manquait déjà pas d'atouts. L'essence même de Black Label Society !

Note : 5/6

Page 129/223 RICH (Robert) : Geometry

Chronique réalisée par Marco

Composé avant 'Rainforest', 'Geometry' mettra pourtant trois ans avoir de se voir édité pour la première fois. On aurait d'ailleurs préféré qu'il en soit autrement vu la fadeur de 'Rainforest', mais les mystères de l'édition musicales étant insondables nous en resterons là pour l'anecdote. Il n'empêche que 'Geometry' compense largement la déception du maudit album new age de l'américain. Compense, voire transcende l'oeuvre de Rich depuis 'Trances' et 'Drones'. 'Geometry' est un feu d'artifices sonore à l'amplitude multidimensionnelle. Les boucles, nappes et percussions suivent des tracés libres de tout plan architectural imposé. Ici la forme est libre, le fond s'en accommode avec un enthousiasme des plus colorés, passant d'une space-ambient old-school (les deux 'Primes', 'Interlocking circles'), mélancolique ('Amrita'), à une ethno-ambient flamboyante ('Geomancy') ou tout en retenue ('Nesting grounds'), avant de terminer sur l'hypnotique 'Logos'. Le langage musical s'articule sur 'Geometry' comme un mécanisme aux rouages interchangeables, un tracé de formes définies dans leur non-définition, appelant l'auditeur à se créer sa propre vision et architecture. Flûte volatile, nappes en va-et-vient fluides et en constante évolution, percussions subtiles, sensation d'apesanteur et d'une indéfinissable mélancolie qui nous pousse à nous détacher de toute pensée terrestre, 'Geometry' est une expérience musicale forte à travers laquelle apparaissent des paysages et des monuments intemporels à l'étendue infinie. Un chef-d'oeuvre qui permet de se lancer dans un voyage sans cesse différent, imprévisible et surtout porteur des promesses que l'on ose à peine chuchoter à l'état d'éveil.

Note : 6/6

Page 130/223 LIFE OF AGONY : Ugly

Chronique réalisée par Saïmone

A force de parler de LOA avec nos amis (enfin, pas tous) internautes, je me suis dit qu'il était enfin temps de s'attaquer au reste de la discographie de ces désormais médiocre agonisants. Mais avant la honte, il y a "Ugly" - et l'ironie du sort fera que l'ignoble ex-futur remplaçant de Caputo provient de l'immonde Ugly Kid Joe, responsable de l'insupportable "Everything About You"; mais passons. "Ugly" donc, sans doute le dernier - déjà ? - album écoutable de LOA. On avait eu la claque grungy-hardcore-metal de Rivers Runs Red, un sommet de plombier lyrique porté par la voix incomparable de Caputo; on a là un album de metal alternatif clairement plus soft, plus mélodique et accessible. Aux oubliettes les riffs moshisants, les choeurs tough guy et les gueulantes chialées jusqu'à plus de larmes. Ici, on bouffe Alice in Chains, on désaipaissit le son, faut qu'ça glisse comme dirait l'autre; et entre nous, ça manque singulièrement de puissance. Pourtant, ça fonctionne. Faut dire qu'il y a "let's pretend", le titre à se repasser 500 fois dans la journée pour être sûr qu'on a pas loupé ce final diabolique à filer la chaire de poule même à Trimalcion. Et puis, il y a le titre éponyme, qui fait penser à du Soundgarden, casquette à l'envers vissée sur la tête, baskets montante et palm mute / solo en son clair en plein milieu. Complètement cliché mais ultra efficace. Il en sera ainsi pendant une cinquantaine de minutes. Et c'est bien ça qui est terrifiant: j'ai envie de ne pas aimer ce disque, car il ne rivalise en aucun cas avec ce premier opus du feu de Dieu. Mais je n'y arrive pas, je succombe aux riffs made in Robert - toujours les mêmes en plus ! - à la voix de "magick" Keith (le plus grand chanteur metal des early 90's ?) et cette ambiance qui réveille les plus belles heures de ma jeunesse - mon adolescence en l'occurence, les boutons, les baskets, l'appareil dentaire, les gros seins des filles qui ont redoublé 2 ou 3 fois, le jean délavé à la javel et déchiré aux genoux... Toute une époque dans ce disque !

Note : 5/6

Page 131/223 LIFE OF AGONY : Soul searching sun

Chronique réalisée par Saïmone

Inaudible. Est-ce bien LOA ? Difficile à croire. Aseptisé, vide, niais, naïf, tout un programme. La pochette nous avait mit la puce à l'oreille. Le premier titre aussi: "hope". Et pour la première fois j'aurais envie de lui dire TA GUEULE CAPUTO. C'est quoi ce chant que tu nous fais là ? Sérieusement ? Qu'est-ce qui te prend ? Je sais que tu es triste, mais là... Tu chantes comme un metalcoreux, pire, comme un neo-metalleux. C'est mièvre ! C'est mou ! J'le comprends, le Robert, il s'est pas cassé le cul pour pondre des tueries avec une voix comme ça... Parfois ça frise le punk rock ! N'importe quoi les gars. Et puis, appeller un de ses titres "Weeds" alors qu'on est soit-disant des depressifs, c'est pas un peu foireux ? Surtout quand celui-ci est un sommet de fun. Mais le pire est atteind lorsque vous vous embarquez vers des horizons plus pop, honteusement rose bo223on, à la "My mind is dangerous", ou du Avril Lavigne masculinisé. RIDICULE. On atteind là des sommets de niaiserie. Pourtant, au beau milieu de ce desert d'inspiration, vient poindre un joyaux, une perle, l'un des plus beaux morceaux composé par le quatuor, "Desire", le spleen incarné avec sa rythmique presque jazzy, la voix de Caputo ENFIN convaincante dans sa complainte de l'adulte passant à côté de sa vie. Magnifique. Quant au reste, c'est la poubelle. Et ne parlons pas de la transformation de l'album en marchandise commerciale via le remplissage à des fins rentables avec des bonus gerbants de nullité. Téléchargez "Desire" et vendez votre exemplaire.

Note : 2/6

Page 132/223 PEEPING TOM : S/T

Chronique réalisée par Saïmone

Mike Patton est un sacré petit malin. Il sort son disque de pop fun juste quand le soleil pointe son nez et que les filles sortent les débardeurs "3 grammes de tissus" nombril à l'air décolté façon grand canyon et tout ça sans soutient gorge s'il vous plait. J'imagine que tout les sosies de Christophe Willem vont se faire avoir, en allant à la fac avec ce disque dans le discman (oui, dans quoi d'autre ?), arrivant dans cet amphi Chateaubriand et cherchant du regard les nombreuses femmes dont il est tombé amoureux tout au long de l'année. Il fait chaud, faut bien le dire. Nos yeux s'égarent, la sueur coule lentement, fait briller les belles peaux et donnera un aspect gras aux plus malchanceux d'entres nous. Les filles sont gentilles, elles sourient. Et nous, comme des cons, on glousse avec elles, en parlant du dernier épisode de Desperate Housewives. On parle Nouvelle Star, on chantonne, on dansotte, l'été arrive quoi. Et ce foutu disque avec nous. Comment résister ? Ca groove, ça reste dans la tête pendant 3 plombes, ça se danse, ça plait aux filles - bah oui, Fantomas, ça ne fait pas le même effet. Mike Patton est charmant, il fait son crooner tout du long, tente des incartades avec ses amis vers une sorte de proto-pop futuriste avec ces mélodies qu'on lui connait - rien de neuf depuis Faith no More. Faith no more tient, dont Peeping Tom serait la version 2006 sans guitares et avec tout ce que la scène alternative propose de plus hype - Razhel, Amon Tobin, Odd Nosdam, Doseone,... Et force est de constater que ce disque est loin d'être génial, d'ailleurs je n'écoute que les 5 premiers titres, après je suis fatigué de danser et j'ai envie de faire des bisous à toutes les filles qui m'entourent, alors elles s'enfuient, je me retrouve tout seul et j'écoute Napalm Death pour ruminer que finalement, toutes les filles sont pareilles et que ce sont toutes des... hum... vous devinez ma pensée. Mysogyne, mais avec du coeur.

Note : 4/6

Page 133/223 REVEREND BEAT-MAN AND THE UN-BELIEVERS : Get on your kness

Chronique réalisée par Twilight

Le révérend Beat-Man doit faire partie de ces personnages condamnés à errer dans les limbes pour l'éternité...Musicien de rockabilly, soit la musique du diable, il va de soi que le paradis lui est inerdit mais son timbre rocailleux à faire pâlir Tom Waits ne doit pas être du goût de Lucifer non plus, du coup pour l'enfer, même les diablotins ne doivent pas avoir les oreilles assez solides...Notre prêcheur définit sa musique comme du 'primitve gospel blues trash', ce qui me semble assez bien ciblé. Il est évident que monsieur connaît ses classiques, les anciens (Johnny Cash, Elvis, Jerry Lee Lewis...) mais également la tradition surf et le côté barjot de formations comme les Cramps et les Meteors. La musique elle-même, bien que personnelle, puise aux sources traditionelles dans ses arrangements (guitares bluesy, piano à La Lewis, textes pastichant le gospel...) même si notre facétieux bonhomme aime à brouiller les pistes: une piste de synthé en plein gospel blues avec harmonica ici ('Save my soul from hell'), des choeurs bizarres ('Fuck you Jesus fuck you oh Lord') par là... Au niveau vocal par contre, c'est le délire total, son timbre rocailleux et fou donne à ses compositions ce fameux aspect trash qui peut plaire aux psychobillies et pourquoi pas ? Certains métalleux ouverts. C'est particulier et c'est tant mieux. Reverend Beat-Man reprend un héritage bien établi mais il personnalise à merveille son

évangile et donne un souffle certain que lui reprocheront sans doute les plus traditionalistes des rockabillies.

Note : 4/6

Page 134/223 SEX GANG CHILDREN : Medea

Chronique réalisée par Twilight

Après le split des Sex gang children, Andi avait débuté une carrière solo tandis que son compère Dave Roberts débutait un projet baptisé Carcrash International. A priori, l'aventure semblait devoir s'arrêter là...La compilation 'Hungry years' aura pourtant pour effet de faire réfléchir les deux ex-collègues qui contre toute attente retrouveront l'envie de composer ensemble. Cette renaissance ne durera pas, les conflits internes mettront rapidemnt un terme à la deuxième carrière des Sex gang children (avec ce line-up du moins, puisque Andi utilisera encore le nom par la suite), non sans qu'ils aient pondu un vrai nouvel album, ce 'Medea' qui, vu la qualité de ses compositions, ressemble à tout sauf un coup de marketing. Nous sommes en 1991, le groupe a pris de la bouteille mais pas perdu de sa folie. Les chansons de l'album n'ont certes plus l'énergie brute des débuts post punk/batcave mais elles en conservent l'esprit. Simplement, l'énergie est plus canalisée, plus contenue, ce qui loin d'être un reproche permet au contraire aux deux compères de lui donner une touche classieuse de fort bon aloi. Ceci se ressent notamment au niveau des arrangements; j'en prends pour exemple le superbe violon mélancolique et les touches folk de 'Arms of Cicero', le génial 'Giaconda smile' et ses tempi lents mais puissants, les guitares presque orientales de 'Skin'... Le morceau le plus proche des racines post-punk reste le bon 'Barbarossa', beaucoup plus rapide et roulant dans sa rythmique, au feeling obscur. Mais cette impression de maîtrise, de maturité se traduit également au travers du chant de Andi. Notre homme a eu l'occasion de poursuivre ses expérimentations dans le cabaret, contrôle bien sa voix et sait dorénavant lui conférer une touche décadente sans forcer trop dans les aigus; elle y gagne du coup en profondeur et en émotion. 'Medea' est donc le témoignage d'un duo inspiré qui a su utiliser au mieux ses expériences personnelles pour progresser et qu'importe au final si cette réunion n'aura été qu'éphémère...

Note : 5/6

Page 135/223 SEX GANG CHILDREN : Pop up

Chronique réalisée par Twilight

Passez votre chemin, cette compilation proposant des versions alternatives et des mixes différents (de l'album, 'Medea' surtout) ne vaut pas grand chose. Vu la séparation rapide de Andi Sexgang et Dave Roberts après leur tentative de reformer les Sex gang children, le temps du superbe 'Medea', gageons que le label se sert de chutes de studio, de différentes interprétations pour faire d'une pierre deux coups et vendre deux albums au lieu d'un. Je ne dis pas que tout est inutile, la version acoustique de 'Arms of my Cicero' est très belle mais en dehors du fait qu'on a coupé la batterie, elle n'offre guère de changement notable. Seuls quelques intermèdes comme l'expérimental 'Archimeda dub : Eurêka', un 'Welcome to my world' très en guitare ou 'Belgique blue' axé sur des parties de guitare classique et folk réussies sauvent l'ensemble du ratage total. Autrement, ça sent salement l'arnaque par des mixes qui consistent surtout à retirer une piste ou deux par rapport à l'orignial...c'est mal !

Note : 2/6

Page 136/223 SYNGATE - SATZVEY CASTLE : Satzvey Castle 2004

Chronique réalisée par Phaedream

Depuis 2002, le label Syngate a mis sur pied un festival annuel de Musique Électronique, le Satzvey Castle. Un bon festival qui réuni des artistes de la maison mère, ainsi que des artistes d’autres bannières, dont Groove. À chaque année Syngate en produit un cd regroupant les meilleurs moments de cet évènement. En 2004, les invités étaient Oliver Ganz, Stockman, Valleyforge ainsi que les guitaristes Maxxess et F.D.Project. Des artistes de la relève qui ont une vision plus dynamique, voire progressive, de la MÉ. La première partie est assumée par Oliver Ganz et F.D. Project. Deux artistes qui privilégient une approche mélodieuse sur des séquences courtes entrecoupées de brefs passages atmosphériques. Ces courts intermèdes servent bien souvent à modifier les rythmes et les séquences où tout simplement à faire entrer d’une façon explosive la guitare de Frank Dorittke, alias F.D. Project. Bien que plus longue Dance of the Arpeggiators est construite en trois segments qui démontrent les efficacités des courts passages ambiants. Valley Forge et Maxxess sont un peu différents. Les intros et les séquences sont longues, privilégiant les marches progressives, sur des variations de tempo comme sur Searching America / NYC In A Nutshell et C20 H25 N30 - Lost In Caleidoscope Skies. Les ambiances et les rythmes sont plus hypnotique appuyés par de grosses strates de synthé et de séquences basses et lentes. Ces synthés sont enveloppants et denses avec des effets de loupe qui se rapprochent des atmosphères d’Ashra (My Pink Jaguar), dans les années psycho électroniques. Dans les deux cas, la guitare est furieuse et lance des solos très aigus, F.D. Project étant très agressif. Les percussions sont assommantes et jouent un rôle majeur au niveau rythmique, notamment sur les superbes mélodies du duo Ganz / Dorittke, Der Drachenflug et Improvised Encore, deux très belles pièces qui collent instantanément à l’oreille. D’ailleurs, la section de Ganz et F.D.Project est superbe. Je connaissais très peu Oliver Ganz et je trouve sa musique bien séquencé, bien rhytmé. De la musique électronique harmonieuse et entraînante. Plus aventureux, le duo Valleyforge Maxxess recherche les longues atmosphères progressives aux sonorités diverses et à la guitare plus discrète, excepté pour Parking Lot at SAN où Maxxess nous démontre tout son talent. La section de Stockman est plus tranquille, quoique les lignes séquentielles soient très efficaces. Il nous offre deux mélodies, dont Get The Mood une aux saveurs des îles, sur des tonalités de flûte traversière. Satzvey Castle 2004, et les autres de la série, est une bonne occasion de découvrir quelques uns des artistes du catalogue Syngate. Il y en pour tout les goûts; Ceux qui aiment les rythmes enlevant et les mélodies qui collent à la Jean Michel Jarre seront comblés avec Oliver Ganz et F.D. Project. Ceux qui aiment les atmosphères plus tempérées et progressives, Valleyforge et Maxxess répondront à vos attentes.

Note : 5/6

Page 137/223 INDRA : Maharaj

Chronique réalisée par Phaedream

Depuis la parution Echo in Time en 2005, le catalogue d’Indra ne cesse de croître pour le plus grand plaisir de ses fans. Écrit en 1995, Maharaj s’inspire de la culture Indienne, sans pour autant embrasser ses racines. À l’époque, Indra par était fasciné par les mystères hindous, surtout l’immensité du Taj Mahal. Donc, c’est sous influence hindoue qu’Indra nous balance une excellente œuvre à saveur de la vieille Berlin School. Deep est un titre intensément dense et envoûtant. Le synthé nous enrobe et fige le temps, alors qu’une fine ligne basse sensuelle nous enchante sur un rythme lent et ‘’groovy’’. Percussions célestes et vent éthéré se joignent à cette marche lubrique qui se fond sur Into the Mystery où y règne une nébulosité croissante sur des synthés plaintifs dans une brume cosmique. De légères percussions animent cette sphère statique qui se meut avec lourdeur. Le cliquetis des percussions est comme un chant d’hypnose qui progresse sur des notes claires, discordantes et dispersées sur d’étranges effets sonores qui dérangent un peu la concordance de notre magnétisme. Forever poursuit l’ambiance des longs espaces sur fond de vagues, de ruisseaux qui fuient les tempêtes sous les sonorités de percussions hétéroclites, fusionnant effets des ombres analogues aux ombres digitales. Au loin, une percussion plus nette se détache et progresse avec force sur un synthé solitaire qui croise une ligne pesante et animée. Une ligne qui progresse avec un tempo plus accentué et qui se modifie subtilement sur de superbes solos de synthés et des arrangements orchestraux aux saveurs de violon et violoncelle. Forever nous hypnotise avec son rythme martelant, sur des strates fuyantes du synthétiseur. Du Berlin School progressif et très agressif, comme on en entend rarement. Un gros gong annonce The Messenger qui exploite aussi les sentiers d’une longue intro aux atmosphères sombres. Ces airs se meuvent sur des ondes synthétiques denses et flottantes immergés par des roulements de cymbales, créant une illusion de ténèbre croissant. Une fine ligne s’anime sur un tempo hypnotique au travers un royaume d’effets sonores hétéroclites. Concentré sur ses bruits d’ambiance, qui se mêlent délicatement aux percussions, nous remarquons à peine l’évolution plus animée d’un rythme qui change subtilement sa cadence. Un titre étrange qui modifie son cours comme un caméléon change son apparence. Coming in the City ouvre avec un cliquetis, qui fait penser à des pendules géantes et qui se mêle à des notes de xylophone, qui, elles, explosent en percussions indisciplinées. Un violoncelle se dandine sur un rythme hypnotique et Coming in the City avance avec grâce et complexité. Un titre totalement génial où Indra nous démontre l’art d’habiller une musique hypnotique avec intelligence et imagination. Guitare acoustique, basse groovy, flûte éthérée, synthé déviant et effets sonores se joignent à cette procession qui étonne avec l’addition constante de notes et d’éléments musicaux que l’on n’attendait pas. Cet amalgame étrange se transforme en douce mélodie minimaliste qui colle et émerveille. Coming in the City est résolument l’un des titres les plus créatifs que j’ai entendu, dans le genre Berlin School, depuis fort longtemps. J’ai passé d’agréables moments à écouter cette réédition d’Indra. Malgré que l’œuvre date de 11 ans, il y a encore des éléments qui surprennent. Un cd dans la plus pure tradition de la Berlin School et même un peu plus. Un peu plus progressif, dans un univers aux traditions assez conservatrices.

Note : 5/6

Page 138/223 BOARDS OF CANADA : Aquarius

Chronique réalisée par dariev stands

“Il est important de laisser de l’espace pour l’imagination de l’auditeur”. Voilà une déclaration révélatrice de la part de Marcus Eoin Sandison, moitié du duo BoC. Parsemant leurs morceaux de symboles, allusions mathématiques et autres messages subliminaux, ils ont donné du blé à moudre à bien des nerds à travers le globe. Vouloir décortiquer un de leurs disques est un travail de titan tant les références et les bizarreries numériques abondent. Si l’on connaît bien leur passion pour le shoegazing et surtout My Bloody Valentine, il y en a une autre qui ne ressort pas forcément pour la musique, c’est leur amour pour l’Incredible String Band. Collectif hippie psyché des années 60, ils semblerait qu’ils viennent de la même bourgade écossaise que nos deux frères bidouilleurs… En creusant un peu, on se rend vite compte que le groupe cite très souvent les années 60 comme une influence dans les interviews. Le côté un peu pastoral de leur musique proviendrait donc de là. Ce single 7’’, sorti quelques mois avant la signature du groupe sur Warp, contient deux morceaux inédits (même si Aquarius se retrouvera dans une version différente sur Music has the right)… Aquarius est l’annonciateur de la future orientation du groupe. Calme, lumineux, il contient des samples de rires d’enfants, un gimmick auquel on les a un peu trop réduits. Ce morceau est surtout un étrange écho au « Aquarius » de la comédie musicale « Hair »… La face B nous plonge dans les entrailles de la terre, cernés par des beats telluriques étouffants et autres sons évoquant l’univers végétal, le vivant… Une de leurs pièces les plues réussies, sombre, rampante et humide, parfaite illustration du BoC « d’avant ». Le titre se termine sur une orgie de beats presque industriels qui voit les nappes se retirer pour laisser le martèlement seul oppresser nos oreilles. Un final comme ils n’en oseront plus par la suite. Voilà, c’était le EP-charnière, la suite sera constituée de gros morceaux, la partie émergée de l’iceberg, les deux albums cultes…

Note : 4/6

Page 139/223 JOY DIVISION : Substance 1977-1980

Chronique réalisée par dariev stands

“How can I find the right way to control / All the conflicts inside / all the problems beside, As the questions arise / and the answers dont fit / Into my way of things.” Quand Ian Curtis murmure ces mots, à la fin de « Komakino », inédit des sessions de « Closer » à la guitare percussive allant de pair avec le rythme (tribal, proche d’Atrocity Exhibition), on sent qu’il y a un malaise. Sans dire qu’il n’en avait plus pour longtemps, les problèmes qui rongeaient l’esprit du chanteur épileptique faisaient plus que surnager dans sa musique : ils l’alimentaient. Issue du mal-être, la musique de Joy Division a d’abord été un exutoire punk pour l’expulser, puis finalement une sorte de manifeste résigné pour vivre avec ce mal-être, tant bien que mal. Ne pas confondre le doute perpétuel, le questionnement, avec l’apitoiement. Toujours influencé par Jim Morrison dans sa démarche, Curtis apporte jusqu’à la scène ce flot de paranoïa, de tripes nouées, de pleurs étouffés, avec la transe maladive que l’on connaît. Cette transe – et c’est ça qui est magique avec ce groupe – on la retrouve intacte sur disque, d’abord dans la colère du premier EP du groupe, « An Ideal For Living », qu’on retrouve en intégralité ici. Ce EP datant de 77 avait fait scandale à l’époque à cause de sa pochette reprenant une illustration des jeunesses hitlériennes et montrant des images du ghetto de Varsovie. L’intro de Warsaw justement, ouverture du disque (et aussi de la présente compilation) voit le groupe énumérer - en guise du « 1,2,3,4 » classique du punk – une suite de chiffres à priori incohérente : « 3,5,0,1,2,5 »… En fait il s’agit du numéro de matricule de Rudolf Hess, un des leaders du parti nazi. Ironique, non ? Une blague qui met mal à l’aise, mais qui permet bien de situer l’état d’esprit très particulier qui régnait dans la scène musicale anglaise de l’époque… Evidemment, là où la plupart des groupes punk revendiquent ouvertement, Joy Division déjà, suggère. Ainsi, difficile de se rendre compte à la première écoute que « No Love Lost » parle bel et bien de camp de concentration ! Par la suite, le groupe abandonnera cette provoc gratuite qui leur a valu bien des accusations, pour ne garder que le malaise. Leur nom étant déjà en soi une provocation bien plus grande que, par exemple, le « concept » Marilyn Manson. Le malaise primera donc sur la colère, intériorisée, et les guitares, en plus d’être agressives, se feront enveloppantes, formant comme un linceul pour les psaumes d’un Ian Curtis dont la voix semble avoir pris 30 ans, en prédicateur possédé. La production du visionnaire Martin Hannett n’y est pas pour rien, elle est même ce qui différencie le plus les 4 titres de 77 du reste de la compil, faite d’inédits et de singles de 79 et 80. C’est ce qui empêche ce disque d’avoir la note maximale (outre le fait que les albums ne l’ont pas eue non plus)… A part ça, frappant de constater à quel point aucune seconde de musique n’est ici superflue. Les imprécations chaotiques de cette voix de vieillard, plaquées sur une section rythmique robotique forment un tout si cohérent qu’on se demande comment une telle musique a-t-elle pu être créée par 4 personnes. L’adjonction de quelques rares éléments extérieurs comme un synthé incongru et terrifiant sur « These Days » et une boîte à rythme sur « She’s Lost Control » ne vient guère perturber l’immuable mécanique. Difficile de disserter sur certains titres de ce disque sans faire injustice aux autres. Les plus connus étant le sournois et reptilien « Dead Souls », repris plus tard par NIN, les tubes « Love Will Tear Us Apart » et « Transmission » (où Curtis ordonne aux auditeurs de danser tel un général de la Werchmarcht – et ils obéissent) ou encore l’impressionnant « Digital », peut-être une bonne illustration sonore d’une crise de spasmophilie… Vous l’aurez compris, se contenter des deux albums et passer outre cette compilation (à l’origine publiée pour

Page 140/223 épancher les dettes du fisc de New Order en 88, no comment) serait une grave erreur.

Note : 5/6

Page 141/223 HOCICO : Aqui y ahora en el silencio

Chronique réalisée par Twilight

Que ce soit clair, c'est avec ce mini (exercice pour lequel le groupe semble décidément doué) que j'ai découvert Hocico et malgré le fait que je possède presque l'ensemble de leur discographie, il reste clairement et encore mon essai favori de nos psychopates mexicains. Le morceau d'entrée 'Starving children' est mon préféré composé par le groupe: beat lent et lourd, vocaux dans une lignée Wumpscut et une touche mélodique imparable qui confère à l'ensemble quelque chose de glacé et funèbre que je trouve pour ma part totalement addictif. 'Poltergeist' se rapproche du Hocico plus classique, rapide, direct et pêchu. C'est calibré dancefloor mais de manière efficace; sans être forcément 100% original Racso ne cède jamais à la facilité dans ses loops et c'est probablement ce qui place son groupe au dessus de pas mal d'autres dans un genre ultra saturé. Dans le même genre, nous avons une belle pièce sous la forme de 'Spit as an offense', encore plus efficace car conjuguant force et mélodie. Le morceau est d'ailleurs proposé sous forme d'un remix de Suicide Commando, pas mal fichu du tout car respectant cet équilibre de sauvagerie et de mélodie tout en imprimant la marque du Belge. Quant à 'Nothing back', je lui trouve des petits relents de Skinny Puppy. Marque de fabrique de Hocico, les instrumentaux glauques tiennent largement la route et confirment la qualité de ce disque que l'on regrette de savoir si court.

Note : 6/6

Page 142/223 : Kasmodiah

Chronique réalisée par Twilight

Pas besoin d'aller loin, dès 'Return', le timbre mélancolique de Veljanov capture l'auditeur et le plonge dans le monde de Deine Lakaien, un monde qui après l'essai un brin expérimental de 'Winter fish testosterone tour' se fait plus accessible, plus feutré, non que ces termes doivent être pris comme des remarques négatives. L'actualité chargée du groupe, la mise en chantier du projet électro-médiéval Qntal pour Ernst Horn, une tournée conjointe, sans oublier une collaboration de Veljanov sur Estampie, la formation médiévale de Michael Pop, ne pouvaient manquer d'influencer en retour Deine Lakaien, tendance amorcée depuis un moment déjà, le duo ayant adapté leurs compositions pour une interprétation acoustique. Je ne cherche pas à dire que Deine Lakaien s'est mué en projet électro médiéval lui aussi, c'est bien à cette dark wave si particulière que nous avons affaire. La différence réside dans une approche plus chaude au niveau des sons, plus pop au niveau de l'assemblage des loops, dans un esprit se rapprochant quelque peu de 'Dark star', en moins rapide, avec une petite nouveauté sous forme d'ajout de violon et d'instruments médiévaux (le bon 'Sometimes'). Si les tournures sont moins alambiquées, moins originales (encore que parfois...), elles renforcent en revanche le potentiel vocal de Veljanov qui porte l'album magistralement avec des pièces très poignantes (le beau 'The game' au piano, l'atmosphérique 'Kasmodiah'...). Les fans de dark wave électro auront tout de même un 'Lass mich' très efficace à se mettre sous la dent ainsi qu' un 'Fight' qui mêle en son sein valse triste et poussée violentes à la Prodigy, démontrant de belle manière que Deine Lakaien restent fidèles à eux-mêmes et sont capables de toutes les audaces. Encore une réussite au compte d'un duo que les muses ne semblent pas décidées à abandonner...4,5/6

Note : 4/6

Page 143/223 COMPILATION DIVERS : Cryosphere

Chronique réalisée par Marco

Nouveau label fondé par Alessandro Tedeschi de Netherworld, Glacial Movements est vous vous en seriez doutés dévoué aux souffles gelés des régions hyperboréennes. Pour autant 'Cryosphere' ne se cantonne pas à donner une image strictement nordique de la chose, puisque la compilation se veut internationale. Les russes Closing The Eternity qui ont les honneurs du morceau liminaire offrent un travail basé sur des 'field recordings' en y ajoutant cloches et divers instruments exotiques, annonçant de prime abord un aspect rituel qui va prendre différentes formes. Car 'Cryosphere est une véritable célébration du frisson qui parcourt la lointaine banquise, un frisson porté par autant de visions oniriques que d'interactions avec les éléments. Les allemands Tho-So-Aa et leur mélange rituel et space-ambient combinent ces deux aspects avec une pièce saisissante, comme plus loin leurs compatriotes reconnus Troum et leur longue plongée hypnotique et évolutive au coeur des rochers de glace, ou encore les français de Lightwave, proches d'une space-ambient à l'esprit très 70s. On retrouve Northaunt pour un titre dans l'esprit de son dernier album, mélodique et minimaliste ainsi que Netherworld dont le superbe 'Kryos' se fond dans des harmoniques tout en échos. Le canadien Aidan Baker, fidèle à lui-même, joue de sa guitare électrique pour créer un halo de coton et de mouvements aériens de toute beauté, peut-être le titre le plus lumineux de cette compilation. Enfin Tuu abandonne ses éléments les plus ethniques auxquels il a la plupart du temps recours pour une incursion dans des contrées beaucoup plus sombres. Oophoi se rapproche du style de Northaunt avec un aspect plus dark-ambient classique (on pense aussi à New Risen Throne) mais qui clôt parfaitement 'Cryosphere'. Une première sortie très réussie pour ce nouveau label, qui colle vraiment à son sujet en proposant des approches homogènes mais personnelles à chaque projet. Une compilation raffraîchissante en cet été infernal !

Note : 5/6

Page 144/223 CANOVAS (Javi) : Light Echoes

Chronique réalisée par Phaedream

Après Impasse, paru l’an dernier Javi Canovas nous présente son 2ième opus, Light Echoes. Toujours dans les méandres profonds d’une Musique Électronique, style Berlin School, le synthésiste espagnol nous offre trois titres aux structures quasi identiques. Dès les premières lignes, Canovas nous projette dans un monde aux atmosphères sombres et planantes. Une ligne séquentielle basse et nerveuse, à la Impulse de Free Sytsem Project, secoue la pièce éponyme à la 3ième minute. Dès lors, Light Echoes s’anime sur un rythme nerveux aux synthés plaintifs qui ressemblent aux sonorités de Tangerine Dream. Une 2ième ligne, plus nerveuse, s’ajoute et le titre prend une dimension musicale plus riche qui se transpose jusqu’à la 9ième minute, où un synthé flûté tranche l’atmosphère et sépare l’atonique du rythmique. Light Echoes explore les recoins de sa minuterie avec langueur sur un synthé aux couches statiques et de belles séquences mellotronnées qui flottent dans une atmosphère densément statique qui s’anime l’espace d’un court instant sur des percussions indisciplinées qui mettent du mordant dans un titre un peu long. Vous avez aimé ce premier titre? Two Toned Rock On Mars est bâtit dans le même moule. Intro court et planant, mouvement séquentiel bas et nerveux, épousant les ténébreuses lignes de Logos de Tangerine Dream. L’atmosphère est nappée d’onctueux solos de synthés et de suaves passages mellotronnées aux essences de flûtes éthérés et d’arrangements orchestraux denses. S’ensuit, rythmes et non rythmes, statiques et circulaires, percussions ou envolées planantes. Interpherometry traverse aussi une structure similaire. Le rythme est circulaire et minimaliste sur un séquenceur bas et toujours nerveux, en mode semi percussions. Les synthés sont pénétrants avec ses chœurs gothiques qui étirent les dernières minutes d’un titre qui se meurt dans une sobriété attendue. Light Echoes n’a aucun mystère. Comme sur Impasse, Javi Canovas livre un cd sans bavures, ni surprises. De la Berlin School sans imagination, sans les additifs qui piquent l’étonnement. Ceux qui aiment les longues tirades musicales tortueuses de la Berlin School en seront ravis. Par contre, ceux qui aiment ce genre avec plus de complexités et de trouvailles risquent de demeurer sur leur appétit.

Note : 4/6

Page 145/223 COMPILATION DIVERS : Noise.il

Chronique réalisée par Marco

Il y a longtemps que les israëliens n'ont plus rien à prouver en matière d'agressions sonores engagées, et ils le prouvent encore une fois ici avec cette nouvelle compilation de chez Topheth Prophet. Cela démarre plutôt tranquillement, drones et samples de documentaires pour les morceaux de MortalManifest qui trainent plutôt en longueur. Longueur rattrappée par l'incroyable et brutal 'I'll be the Weininger of my time' par Lebanon, un assaut bruitiste des plus dérangé, voix hurlée en plein milieu des interférences. Les murs noise montent et descendent tandis qu'une flûte s'élève au-dessus de la masse incandescente. Plus convenu mais assez chargé en atmosphère, l'autre titre du même groupe, 'Zionistzermatism' achèvera de vous nettoyer les confuits auditifs si tant est qu'ils soient restés imperturbablement bouchés ('Bleeding ears' de Gedem). Il faut reconnaître que sans être friand de power electronics je trouve à cette compilation le grand mérite d'être vivante au-delà du bruit et de la fureur. Un pays, un peuple en colère, cela s'entend, et nul besoin de s'enfoncer dans de quelconques considérations politiques pour en retirer la substance. En cela le reste de la compilation suit cette ligne indéfectible du genre, celle par laquelle beaucoup ne font que nous ennuyer, mais dont de trop rares exceptions relèvent bien heureusement le niveau. 'Noise.il' ou une catharsis sonore extrême pour oreilles averties.

Note : 4/6

Page 146/223 DARKTHRONE : A blaze in the northern sky

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

1991: j'aurais aimé voir la tête du staff de Peaceville Records quand ils ont reçu le master de "A blaze in the Northern sky", eux qui avaient signé un groupe de death metal avec la sortie de "Soulside journey", premier album des norvégiens. Ils ont du être supris et se sont probablements rongés les ongles jusqu'au sang en attendant la réaction de la presse et des fans. Quinze ans plus tard, ils doivent en rire et être fiers d'avoir un combo de la trempe de Darkthrone dans leur équipe. "A blaze in the Northern sky" est le black metal tout simplement. "Kathaarian life code" vaut l'achat de l'album à lui tout seul: son introduction mythique, son développement rageur, sa longueur délicieuse. La production de l'album est crade, ultra aggressive et émétique: un effet totalement voulu et réussi. Suit un titre tout aussi culte, "In the shadow of the horns", repris maintes et maintes fois, le témoignage d'une époque, une première partie martiale avant le raz-de-marée. La voix de Nokturno Culto est méphitique, effrayante, superbe. "Paragon Belial" continue sur la même lancée avec son break jouissif avant un "Where cold winds blow" direct, jusqu'au-boutiste et doté d'un solo. Le titre éponyme est également superbe, une véritable tourmente d'insanité, de haine et de mépris. On remarquera au passage le jeu de batterie de Fenriz, la légende débute. "The pagan winter" clôt l'album de belle manière, la qualité est excellente et l'ambiance inégalable. Pas de répit, pas d'ennui, Darkthrone fonce tête baissée et pose les bases de sa légendaire carrière avec ce second album monolithique, le premier véritablement black metal. Un album repompé à toutes les sauces mais jamais égalé. Quinze après, cet album n'a pas pris une ride et est toujours aussi appréciable, c'est à ça que l'on reconnait les chefs d'oeuvre. Ce "A blaze in the Northern sky" en est incontestablement un, Darkthrone is truly "a fist in the face of God". Un mythe est né.

Note : 6/6

Page 147/223 HOCICO : Signos de aberracion

Chronique réalisée par Twilight

Voilà un bon album d'électro, dark, pêchu et dansant à souhait...problème : c'est un disque d'Hocico. Problème ? A dire vrai, pour moi, oui. La raison ? Même si ça reste du bon, il marque une forme d'essoufflement pour le duo mexicain qui a opté pour une approche résolument dansante, certes très correcte et même meilleure que pas mal de formations du genre mais néanmoins plus banale, plus facile et un tantinet 'boum boumesque'. Du coup, de formation à part, Hocico a mis le pied dans la mare de l'électro de masse. Certes, on a bien les instrumentaux plus angoissants, leur marque de fabrique, mais cette technique commence à être un peu trop connue elle-aussi. Le feeling est bon, les beats cognent, Erk hurle comme un diable, les touches mélodiques sont là mais ça manque de quelque chose en plus. Pour ma part, autant je puis écouter sans peine l'album dans son entier, autant je peine à trouver LE titre qui se détache, le son glacial qui tue et file le frisson...On me trouvera peut-être dur vis à vis d'Hocico...c'est vrai, je le suis, justement parce que en matière de dark électro, ils m'avaient apporté quelque chose en plus. Du coup, si 'Signos de aberracion' est un bon disque, il ne m'a pas donné envie de poursuivre plus loin dans l'aventure Hocico. Dans son édition limitée, il est néanmoins accompagné d'un mini bonus , nettement plus intéressant et efficace, tant au niveau des structures rythmiques et des sons que je trouve pour ma part plus angoissants sur 'Silent wrath' et 'Instantes de perfeccion'.

Note : 4/6

Page 148/223 HOCICO : Blasphemies in the holy land

Chronique réalisée par Twilight

Hocico en concert, tout le monde est d'accord là-dessus, c'est une tuerie...Le duo mexicain dégage une infatiguable énergie mêlée de pêche et de rage qui semble ne jamais faiblir. Un premier essai avait tenté de la capturer ('') mais il était limité à 500 copies et la production manquait cruellement de force. Succès obligeant, Hocico revient avec un nouveau live capturé lors de ses concerts en Israël (c'est original) qui semble plus à même de rendre un peu de la noirceur live des deux compères. Niveau son, c'est mieux en effet, la production est meilleure, plus équilibrée et témoigne bien tant de la violence que de la mélodie que l'on peut trouver dans les compositions de Racso. Quant à Erk, plus en forme que jamais, il hurle comme un possédé comme si sa voix ne fatiguait jamais. Du coup, ce live offre de vrais bons moments ('Ecos', 'Poltergeist', 'Keep barking dogs' et surtout 'Bloodshed, bien meilleure que sur le cd). Ensuite, tout est question de goût quant à la playlist; pour ma part, elle témoigne un peu trop de l'orientation récente, plus dancefloor, du groupe et me plait moins mais gageons qu'elle ravira les fans.

Note : 5/6

Page 149/223 RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Hog Wild

Chronique réalisée par Phaedream

Hog Wild est un cd un peu difficile à passer, surtout après les petits bijoux parut l’année dernière. J'ai fait le tour des copains, afin de m'assurer que j'avais bien écouté. Pas de doutes, cette impression est dans le ton. Un cd acéré qui ne fait pas dans la dentelle. Toujours en respectant sa structure de composition, le trio Anglais improvise entre la Berlin School et un Krautrock modéré. Un croisement entre l’underground, le psychédélique, la MÉ et du progressif. Bref un cd qui cherche un style, ou peut-être un groupe qui cherche à se redéfinir. Enregistré au célèbre National Space Center, en Angleterre, la partie un débute avec The Music Box. L’intro est lourd et atmosphérique. Nous sommes en terrain connu. Le rythme s’agite un peu, mais demeure très statique. La séquence est souple et agrémentée par un beau mellotron et les accords de guitare. Des percussions fouettent cette ambiance et la séquence mute en augmentant légèrement la cadence. Une bonne pièce à évolution lente. Below Zero est très atmosphérique. Le rythme est absent et est guidé par un synthé ténébreux qui refuse de voir le jour. They Go Boom possède une approche différente du répertoire de RMI. Un style jazzy/groovy qui flirte avec un rythme sensuel. La batterie et la guitare sont très bonnes. Dirty Work possède un beat nerveux, on se sentirait dans une course. La cadence augmente en pulsations, mais sans jamais déviée, et est au prise avec une guitare fantomatique. Une plage nerveuse qui danse sur des cymbales, de la guitare et un bon séquenceur. Night Owls enregistré au Jay Taylor’s Night & Day de Manchester est plus près de la Berlin School que ce que nous entendons sur NSC. Une longue pièce qui joue sur ses rythmes et qui est digne des bons moments séquentiels de RMI. Le beat est nerveux, la guitare omniprésente. Plus la pièce progresse, et plus les séquenceurs et percussions nous ramènent vers l’ambiance électronique de la Berlin School. Hog Wild est différent. C’est un cd qui s’éloigne de la Berlin School pour embrasser une approche un peu plus psychédélique progressive, comme à l’époque un peu folle d’Ashra Temple. Il faut le savoir, et une fois que l’on sait, ça passe un peu mieux.

Note : 4/6

Page 150/223 NACHTMYSTIUM : Eulogy IV

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Je n'ai jamais été un gros fan du Nachtmystium pré-Eulogy IV qui proposait un black metal certes bien fait mais beaucoup trop commun et linéaire pour être séduisant, comme sur "Demise" par exemple. En revanche, ce mini cd a été une totale surprise dans la mesure où je ne m'attendais certainement pas à ce style de musique. "Eulogy IV" présente un groupe oscillant entre black metal et moments plus rock/garage bluesy, avec des solos excellents qui n'ont rien à voir avec du black metal pur souche. Le mélange prend de suite, j'ai rarement entendu quelque chose de cette trempe dans le style. La production du disque est étonnante, elle sonne très garage rock et finalement, ce mélange entre metal extrême et tendance plus rock est cohérent. L'interprétation musicale est sans faille, les vocaux d'Azentrius sont accrocheurs et les solos sont réellement un très bon point de ce disque. Ces derniers ne font pas dans la surenchère technique mais dégagent des émotions mélancoliques fortes. La première édition de ce disque est paru chez le label suédois Total Holocaust Records, la version vinyle avec 3 bonus chez les allemands de Perverted Taste et ce disque a été récemment réédité chez Southern Lord avec 4 bonus. Bizarrement, je trouve cet enregistrement assez mélancolique et nostalgique dans ses sonorités, on ressent un désespoir réel sans tomber dans les effets à outrance du type claviers ou voix macabres. "Eulogy IV" est le meilleur disque de Nachtmystium à ce jour, le plus personnel également, bien plus que ce que le groupe proposait auparavant et aussi par rapport à son successeur, l'album "Instinct: Decay". Un disque bien original et surprenant fortement recommandé.

Note : 5/6

Page 151/223 THE STONE : Zakon Velesa

Chronique réalisée par Iormungand Thrazar

Et un groupe inconnu de plus, un! Injustement méconnu qui plus est. C'est bien gentil les chroniques de groupes que tout le monde connait mais on est là pour découvrir non? Donc je vous ai sorti une petite perle de l'underground qui devrait probablement avoir plus de reconnaissance dans le futur, en tout cas, je l'espère pour eux. The Stone, ex-Stone to Flesh, est un groupe serbe de black metal plutôt rapide sans être blasté tout le temps non plus et très mélodique. "Zakon Velesa" est le troisième album de ce groupe, après "Tragom Hromoga Vuka" et "Slovenska Krv", qui sans être fantastiques ni au même niveau que ce disque, démontrait déjà un fort potentiel que l'expérience leur permettra sans aucun doute de décupler par la suite. Là où auparavant, on ressentait un peu trop les influences de Darkthrone et de Dissection, avec "Zakon Velesa", on sent que le groupe trouve réellement sa voix et son identité, on pourrait parfois penser à Taake, notamment sur "Prividjenja" ou "Svarozi Krug", mais point de plagiat ici. Un black racé, carré, mélodique à souhait, les vocaux de Nefas me font parfois penser à ceux de Hupogrammos Disciple's de Negura Bunget, à la différence près qu'ici, on chante en serbe. De gros progrès ont donc été réalisés au niveau de la structure des compositions et également au niveau de la production qui est beaucoup plus puissante et moins amateure qu'auparavant. The Stone nous présente avec "Zakon Velesa" un fort bon troisième album, compact, homogène et diablement efficace. Le ep sorti à la suite "Cujete li, smeju nam se mrtvi..." est également très bon, possiblement encore meilleur, ce qui me permet d'avoir de très grands espoirs concernant le quatrième album du groupe intitulé "Magla", paru en juin 2006 chez le label allemand Folter Records et dont je me délecte d'avance. Un belle découverte que ce groupe performant dont on entend trop peu parler. Pour le moment...

Note : 5/6

Page 152/223 PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Schlingen-Blängen

Chronique réalisée par Trimalcion

Un ressenti organique du son, une transformation de l'espace-temps de l'auditeur, une perception hallucinatoire de la tonalité, une recherche du "son d'or", une expérience contemplative et mystique... voilà ce que propose Charlemagne Palestine. Ses recherches seront d'ailleurs menées en parallèle avec d'autres formes d'art, car les préoccupations du compositeur américain dépassent largement le medium musical. Cette pièce aurait pu porter le même nom qu'un chef-d'oeuvre de jeunesse pour orgue d'Olivier Messiaen : "Apparition de l'Église éternelle", au lieu de cela, elle s'intitule "Schlingen-Blängen". Un seul instrument : l'orgue. Un seul accord joué. Un même continuum sonore qui s'étale dans l'espace durant plus de 70 minutes. D'abord une note, puis deux, puis plusieurs : un énorme cluster qui va en s'élargissant, qui vous happe, vous envahit, vous transperce... Si Charlemagne Palestine (quel nom, bon sang...) a en commun avec ses collègues "minimalistes" (étiquette détestée ; on l'utilise faute de mieux) "répétitifs" (Riley, Glass, Reich...) l'intérêt pour les musiques non-occidentales et l'exécution d'une sorte de transe, aucun autre ne verse à ce point dans le spirituel, le sacré. Car cet orgue, au profit duquel le compositeur délaisse temporairement pianos ou synthétiseurs, n'a rien à voir avec le petit clavier électrique des oeuvres de jeunesse d'un Philip Glass, par exemple. C'est un instrument d'église, qui recrée ce fameux "bourdon" céleste ("drone"), qui s'incruste dans la mémoire tel une perception quasi-inconsciente. "Schlingen-Blängen" est donc une quête de l'extase mystique. L'espace se remplit au fur et à mesure. Étriqué au commencement, il apparaît bientôt immense : une mer, scintillante de mille éclats solaires (dont la plupart semblent nous échapper), qui échoue dans nos oreilles par vagues successives. Écoutez ce disque sans rien faire d'autre, la tête entre les enceintes. Il n'y aura pas de demi-mesure. Soit vous n'y tiendrez pas cinq minutes ; soit vous partagerez mon enthousiasme, au sens étymologique de ce terme...

Note : 6/6

Page 153/223 GISMONTI (Egberto) : S/t

Chronique réalisée par Progmonster

À défaut de pouvoir parler de l'oeuvre du brésilien Hermeto Pascoal, par faute d'albums (très) difficiles à se procurer, j'aimerais aborder le travail d'un autre de ses compatriotes, peut-être plus modeste, tout aussi peu connu finalement, et avec qui il partage cette formidable ouverture d'esprit qui les ont amené tous deux à s'épanouir dans une grande diversité de langages différents sans jamais oublier de faire valoir leurs racines. Guitariste de formation, Egberto Gismonti apprend le piano classique en bénéficiant d'une même partie des enseignements dont se sont nourris avant lui des gens comme Philip Glass, Leonard Bernstein ou Astor Piazzolla ; ça vous situe déjà un peu le niveau. Mais Egberto a la bougeotte et ne veut pas s'enliser à Rio où la Bossa Nova occupe presque tout l'espace musical. Son premier album n'y échappe pourtant pas, ressassant cette même amertume indolente qu'il entonne, comme bon nombre de ses congénères, à la guitare et au chant. Mais tout en se reposant sur ces bases auxquelles il ne pourra de toute façon jamais échapper, son album éponyme de 1969 montre d'ores et déjà de manière éloquente le désir profond de l'artiste à vouloir se mêler de ce qui ne le regarde pas, en piochant des éléments que l'on trouverait d'habitude en musique du monde bien sûr ("Salvador"), mais aussi en musique symphonique (forte présence d'un large orchestre sur plus de la moitié de l'album, à l'image de "Lirica II") ou encore en jazz ("Tributo a Wes Montgomery" - tout est dans le titre - ou encore les délires swinguant de "O Gato", vraisemblablement dédié au trublion argentin). Et quand on mélange tout ça, comme il arrive à Egberto de le faire, on se retrouve face à une forme hybride d'un progressif qui s'ignore, dans ses choix d'arrangements ("Computador", pour piano et flûte) ou dans la superposition de ses thèmes ("Clama Claro" ou le plus pastoral "O Sonho"). Voilà donc une excellente entrée en matière qui nous prédit des perspectives immenses.

Note : 3/6

Page 154/223 GISMONTI (Egberto) : Sonho'70

Chronique réalisée par Progmonster

S'il fallait voir les choses sous un angle providentiel, il paraît clair que les incessantes allées et venues qui s'intensifient alors à l'aube d'une nouvelle décennie entre le Vieux et le Nouveau Continent représentent une énorme chance pour Egberto Gismonti. Et ce dernier aura l'intelligence de la cultiver comme un atout ; les expériences qu'il tire en Europe, que ce soit en France en tant que chef arrangeur, en Allemagne lors de tournées, et en Italie où il dégote quelques contrats, vont lui servir à peaufiner son art, à donner à sa musique une dimension universelle en dépit des couleurs locales toujours très marquées qui en tracent les grandes lignes. Oui, à l'écoute d'un disque d'Egberto Gismonti, il est impossible de se tromper sur la provenance de l'auteur. Mais dans le même temps, force est de reconnaître que vous n'aviez jamais rien écouté de tel dans le genre. Sur "Sonho'70", deuxième disque sur ses terres et premier signé pour le compte d'un gros label, notre compositeur continue de ratisser large en nous proposant une nouvelle synthèse des musiques brésiliennes - je dis bien "des" musiques, pluriel - sous l'éclairage d'arrangements où sophistication et élégance vont de paire. Xylophones, cuivres et autres percussions viennent renforcer davantage cette impression. L'orchestre symphonique est ici le maillon central autour duquel tout s'articule. On pourrait presque songer aux travaux qu'entreprendra William Sheller... 15 ans plus tard ! Les mélodies vocales qu'il distille sur tout le disque, résonnant comme un fatalisme heureux en compagnie d'une charmante jeune fille qui donne à tout ceci un côté encore plus aérien, vous surprendront à s'incruster assez rapidement dans votre mémoire ("Janela De Ouro", "Indi" ou "Pendulo" pour n'en citer que quelques uns). Dans l'ensemble, la légerté qui transparaît au détour des chansons de ce "Sonho'70" possèdent malgré tout cette aura de mystère indéfinissable, superbement représentée ici par le quasi intimiste "Lendas".

Note : 4/6

Page 155/223 GISMONTI (Egberto) : Orfeo novo

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"Orfeo Novo" inaugure symboliquement la longue fidélité - pour ne pas dire l'histoire d'amour - qui liera le brésilien à la terre allemande (à partir du milieu des années soixante-dix, il entamera une collaboration prolifique avec ECM). Pour l'heure, le label MPS à qui l'on doit quelques redoutables pièces de jazz psychédéliques, comme le fameux "Knirsch" du Wolfgang Dauner's Et Cetera, offre donc à Gismonti la possibilité d'enregistrer son premier album européen (aussi curieux que cela puisse paraître, il avait déjà publié deux 45tours en France). Fort logiquement, on y retrouve quelques uns de ses titres les plus marquants issus de ses deux premiers disques et réarrangés pour l'occasion. Excepté sa suite en trois actes de "Portraits for Guitar & Flute", tous les autres titres figuraient sur son premier album éponyme ou sur "Sonho'70". Si on retrouve avec toujours autant de plaisir sa choriste, le grand absent de la session, c'est le grand orchestre. En soi, c'est une bonne chose car cela évite la redite. En forçant ainsi Gismonti à repenser l'arrangement de certaines de ses oeuvres, on découvre que la force et le charme qu'elles détiennent résident en réalité au coeur même de leur écriture. "Indi" troque son entrée solennelle au profit d'un dialogue pour quatuor à cordes, c'est pas plus mal, "O Sonho", pour flûte, voix, piano et contrebasse, reste toujours aussi enchanteur, quant à "Parque Laje", il s'étire sur de longues minutes tout en préparant le terrain pour le "Salvador" à suivre où tout le talent, la maîtrise et l'intuition du guitariste ont désormais tout un boulevard devant eux pour s'exprimer. L'ambiance est fatalement plus introspective, tout à l'acoustique et donc dominée par sa douze cordes. Une première ébauche intimiste qui, de fait, inaugure une démarche qu'il sera appelé à répéter. "Orfeo Novo" fonctionne donc d'ores et déjà comme une sorte de best of, juste un peu plus austère, un peu plus allemand en somme.

Note : 4/6

Page 156/223 GISMONTI (Egberto) : Agua & vinho

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Avec son quatrième album, notre multi-instrumentiste brésilien entame un partenariat de circonstance avec la version locale du label EMI. Ce ne sera pas la première fois ; Gismonti aime à reprendre du Gismonti, l'artiste allant piocher régulièrement dans son propre répertoire, soit pour l'aborder sous un jour nouveau, soit pour affiner davantage son écriture. À l'instar d'autres célèbres musiciens de culture anglo-saxonne, Egberto ne voit pas la musique comme un art fini et considère son propre matériel comme une matière remodelable à l'envi. Ainsi, la mélodie de "Federico" est trop familière que pour ne pas l'avoir déjà entendue sous un autre titre sur un de ses albums précédents, alors que "Janela de Ouro", tout en gardant ses bases, se transforme peu à peu en jam endiablée. Car, oui, la grande nouveauté de cet album, c'est que le musicien constitue autour de lui un véritable groupe, avec une batterie surtout mise en avant, puisqu'il est tout à fait capable de s'occuper du reste... Ce n'est pas tout de suite évident sur l'éclaireur "Ano Zero" mais on finit vite par tendre l'oreille quand ce subtil changement intervient pour de bon. Pour autant, on ne verse évidemment pas dans le rock, mais de toute évidence sa musique gagne en densité ; rien de mal en soi mais un mal nécessaire pour ceux qui ne parviennent toujours pas à s'immerger dans une musique étrangère si elle ne partage pas avec eux un minimum de repères communs. Quand ça s'agite un peu, c'est bien sûr à Hermeto Pascoal que l'on songe, et au-delà, toute la scène fusion jazz qui officie alors aux États-Unis (le surprenant "Tango"). Ceci étant, Gismonti continue à rester curieux de tout, aussi est-ce toujours plaisant de se voir ballader dans des atmosphères très différentes tout au long d'un album qui reste toujours homogène (l'ambiance étrange de "Volante" à rapprocher peut-être d'un Robert Wyatt, et le superbe instrumental pour clarinette et quatuor à cordes "Eterna"). "Agua &

Vinho" poursuit donc la lente évolution d'un artiste qui par essence refuse toute catégorisation.

Note : 4/6

Page 157/223 GISMONTI (Egberto) : S/t

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Connu aussi sous les titres "Luzes Da Ribalta" ou "Arvore" pour ne pas le confondre avec son premier album éponyme, ce qui représente en réalité son second disque pour le compte de EMI se contente dans un premier temps de reprendre la recette de "Agua & Vinho", à savoir la relecture de certaines de ses anciennes compositions ("Tango" et "Salvador" notamment) dans un cadre différent, voire très différent. Le "Tango" précité qui en quatre minutes à peine passait autrefois d'une gentille bossa à un délire jazz électrique subit ici un traitement radical, rendant le titre presque méconnaissable, l'acoustique prédominant au profit d'un ensemble de cordes ! Lentement d'ailleurs, après un début sous des airs de faux flamenco post moderne où le format chanson - mais relativement complexe dans son agencement - se mélange à des tas d'autres éléments qui finalement portent la griffe pluri-disciplinaire toute personnelle de l'auteur, l'album glisse vers un classicisme de toute beauté, délaissant peu à peu le chant (axe central de "Encontro No Bar" ou de la ballade douce amère de "Memoria E Fado") et dressant en lieu et place autant de dialogues différents entre orchestre et saxophone soprano (l'obscur "Academia de Danca" que ne renierait pas Jan Garbarek), orchestre et piano ("Adagio"). Les deux derniers titres de l'album synthétisent à ce titre parfaitement la démarche entreprise, la troisième relecture (déjà) de "Salvador" la voyant s'enrichir de percussions qui soulignent par six fois son appartenance à la culture carioca. Malgré le nombre conséquent de musicien, le disque garde une ambiance feutrée qui en définitive contraste avec les aspirations percussives de "Agua & Vinho". Un ton au-dessus pour la profondeur qui s'en dégage, le cinquième Egberto Gismonti assume les choix du compositeur et fait preuve d'une rare ambition qui lui permettent ici de se hisser au rang de Heitor Villa-Lobos, autre compositeur brésilien

à qui Gismonti, de toute évidence, doit beaucoup...

Note : 4/6

Page 158/223 GISMONTI (Egberto) : Academia de dancas

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"Academia de Dancas", parmi les disques les plus ambitieux de toute la carrière d'Egberto Gismonti, a bien failli ne jamais voir le jour ! La raison ? La frilosité des labels... Que vouliez-vous que ce soit d'autre ? Quand le brésilien vint soumettre la maquette de son nouveau projet en cours aux gérants d'EMI-Odeon, ceux-ci lui prédirent un échec commercial sans précédent, avec pour conséquence directe la rupture pure et simple du contrat qui les liait. Le rendement, y a que ça de vrai... Ce sont aux critiques positives et à la collection de prix qui lui furent décernés peu après que l'on doit le salut du disque. Mieux ; tout ceci permit au guitariste de négocier une licence sous laquelle il publiera désormais la suite de ses travaux. Pourtant, "Luzes Da Ribalta" n'était pas lui non plus un album d'un abord des plus évidents, surtout quand on songe à quoi correspondent les canons de la musique brésilienne. Qu'avait donc ce fameux "Academia de Dancas" pour faire craindre le pire à ses créanciers ? Depuis ses tous débuts, Egberto Gismonti a démontré qu'il était un touche à tout de génie, mais jusqu'ici, il veillait - inconsciemment ou non - à ne jamais se laisser déborder par les évènements. Aussi précieuses et riches étaient elles en trouvailles et en rebondissements en tout genre, ses chansons s'inscrivaient dans un format acceptable, dépassant rarement les quatre minutes. La grande première que représente ce disque c'est que justement, épaulé par un groupe de musiciens aptes, comme lui, à se jouer de tout, Gismonti donne une élasticité inédite à ses titres qui s'enchaînent sans temps morts. À ce changement de forme s'ajoute aussi un lifting sur le fond, rapprochant esthétiquement le tout de ce qui ne s'appele pas encore le rock progressif (entrée en force du piano électrique). "Academia de Dancas" inaugure en quelque sorte une forme inédite de jazz progressif aux teintes world fusion marquées. Un disque important dans la carrière de Gismonti - de ceux qu'il faut connaître - allant au bout de sa logique pour se rapprocher de l'Occident. À nous de faire les derniers pas qui nous séparent pour aller à sa rencontre.

Note : 5/6

Page 159/223 GISMONTI (Egberto) : Coracoes futuristas

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Sur les bases du déjà très réussi "Academia de Dancas" qui statuait de manière éloquente sur la grande ouverture d'esprit, l'insatiable curiosité et le goût du risque vivifiant d'Egberto Gismonti, "Coracoes Futuristas" enfonce le clou d'une exploration musicale totalement décomplexée en s'abandonnant une fois encore à cette grammaire alors très en vogue des aspirations jazz électriques, voire progressives. Sous la direction de Mario Tavares, notre multi-instrumentiste brésilien retrouve dans les faits une formation quasi similaire à celle qui évoluait sur son album précédent, les quelques nuances qui s'y trouvent permettant peut-être à cet essai-ci de réaliser mieux encore ses aspirations de départ (je songe à la section de cuivres qui est mise à contribution ici, petite par la taille, grande par le talent). D'entrée de jeu, l'enchaînement "Dança das Cabeças", "Café" et "Carmo" montrent l'étendue des champs visités, passant de la rigueur acoustique des guitares au soutien d'un piano électrique aux touches de couleurs déterminantes, le tout dans une ambiance où l'entrain véhiculé ne peut dissimuler le doute qui le hante. Ces mélodies flottantes possèdent un charme si trouble qu'il s'avère difficile de pointer avec précision quelle est leur vraie nature. Comme dans la vie, il n'y a ni bien ni mal, seulement deux facettes complémentaires qui s'expriment tour à tour. "Trem Noturno" ne change pas d'un iota cette formule qui marche et qui pourtant ne ressemble à aucune autre. Une formule où large orchestre, piano jazz et rythmiques impaires héritées des grands disques de la cause progressive transalpine se marient avec un rare bonheur. Si le "Ano Zero" de "Agua & Vinho" est revu et corrigé à la sauce Keith Jarrett Quartet, "Coracoes Futuristas" nous présente également d'autres titres qui vont à leur tour faire l'objet d'autres déclinaisons, souvent fort éloignées des versions qui nous sont proposées ici. Gismonti poursuit donc son parcours bien étonnant en faisant mieux que se moquer des modes ; il les sublime.

Note : 5/6

Page 160/223 GISMONTI (Egberto) : Danca das cabeças

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Au gré de ses prestations en Europe en ce début d'années soixante-dix, Gismonti parvint tout de même à se faire un nom. Au point de susciter la convoitise de certains labels. Et parmi eux - je vous en ai déjà touché un mot - Manfred Eicher, papa de la jeune firme ECM promise à un bel avenir. Si l'audace de Gismonti fût finalement payante lors de la publication de ces deux derniers disques, il pu aussi se rendre compte qu'il ne bénéficiait pas hélas d'un soutien indéfectible. Sentant le vent tourner, répondre positivement aux avances de l'allemand était donc pour lui la meilleure chose à faire... Accueilli avec les honneurs et assuré d'une parfaite liberté artistique, fin 1976 il entre au Talent Studio de Norvège où il établira ses quartiers à l'avenir pour réaliser ce "Danca das Cabeças" d'ores et déjà hors norme. Le pari relevé sur ce disque tourne le dos aux derniers soucis esthétiques assumés par l'artiste. On y retrouve le Gismonti tout acoutsique, amateur de choses belles et simples ; plus qu'un retour au source, c'est presque à un retour à la nature même que nous convie ce disque tant l'atmosphère qui y est capturée semble avoir été prise au coeur même de la forêt amazonienne ! Le guitariste et flûtiste n'est pas seul ; il convie un autre de ses compatriotes, Naná Vasconcelos, dont les talents de percussionistes ont depuis lors mis tout le monde d'accord, pour dresser, à deux, ce portrait imaginaire d'un monde vierge de toute trace de l'homme. Articulé autour de deux longues suites de plus de vingt minutes chacunes, les thèmes s'y enchaînent dans des transitions subtiles, les amateurs y reconnaîtront au passage quelques anciennes mélodies du musicien adaptées et transfigurées, comme à son habitude. Des deux parties de ce "Quarto Mundo", la seconde est la moins dépaysante, la plus connotée néo-classique, d'autant que Gismonti y évolue quasi seulement au piano. Il n'en demeure pas moins que ce "Danca das Cabeças" est une expérience rare, une nature qu'elle partage avec les autres oeuvres de l'artiste, tout en leur étant dissemblable.

Note : 4/6

Page 161/223 GISMONTI (Egberto) : Carmo

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Un rythme funky et une basse qui slappe sans compter ; le choc est rude à l'entame de "Carmo", nouvelle réalisation en terres brésiliennes. De la production aux choix même des compositions, il paraît évident que Gismonti a au moins essayé ici de viser un succès public beaucoup plus grand. Plus que jamais "Baião Malandro" nous fait prendre la mesure de toute l'influence d'un groupe comme Weather Report. Ou serait-ce plutôt l'inverse ? Car ne l'oublions pas ; l'originalité première du groupe de Zawinul et Shorter était de marier leurs aspirations jazz aux mélodies étrangères, et donc latines aussi. C'est encore une musique guidée par les soubresauts d'une basse énorme qui se fait entendre sur "Educação Sentimental" ou "Raga", avec une pointe Mahavishnu Orchestra peut-être pour l'intervention des cordes et la dextérité ineffable de notre guitariste classique. Le chant n'est pas tout le temps présent, mais quand il l'est, l'orientation pop est clairement de mise, renforcée par les voix féminines d'un choeur étendu, ravivant le souvenir d'une Dulce qu'on entendait pourtant de moins en moins ("Apesar de Tudo", "Feliz Ano Novo" ou "As Primaveras"). À titre d'exemple, "Café", affublé pour la première fois d'un texte, n'efface pas le souvenir de sa version antérieure mais subjugue néanmoins par sa capacité à sonner totalement inédit. La découverte de "Carmo" au fur et à mesure nous fait considérer ce nouveau travail comme le plus hybride réalisé jusque là par Egberto Gismonti. Son esthétique est fortement rattachée au jazz électrique, le duo clavier-saxophone soprano de "Bodas de Prata" nous ramenant encore et toujours au Weather Report de "Blackthorn Rose", mais la nette propension à vouloir cadrer tout ça dans un format chanson plus conventionnel nous force à dresser un bilan plutôt mitigé. Il y a encore de fort belles choses à écouter sur ce disque, et c'est peut-être aussi parce qu'il est l'instigateur d'une rencontre tout à fait inédite que "Carmo" garde intact, en vers et contre tout, son pouvoir d'attraction.

Note : 3/6

Page 162/223 GISMONTI (Egberto) : Sol do meio dia

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Ce que j'appele la partie de ping pong a donc bel et bien commencé. Depuis "Danca das Cabeças" en 1977, Egberto Gismonti va alterner avec une précision d'horloger suisse albums européens (sur ECM) et albums sudaméricains (sur EMI). "Sol Do Meio Dia" renoue le contact avec le Gismonti acoustique de sa première session norvégienne, "Carmo" apparaissant plus que jamais comme une parenthèse, voire comme une pure fantaisie puisque non destiné à la base au marché international. Pour ce nouvel enregistrement, Gismonti élargit le cercle de ses collaborateurs. À y regarder de plus près, il ne manque finalement que Don Cherry - dont le rôle est repris ici par le saxophoniste Jan Garbarek - sinon on aurait eu là un album inédit de Codona, avant même qu'ils ne se forment, autour de Collin Walcott et Naná Vasconcelos, mais orienté Brésil pour le coup. Comme si cela ne suffisait pas, un autre virtuose de la douze cordes, et fidèle du label allemand, vient rajouter son grain de sel ; Ralph Towner. Tout ce beau monde sait jouer, bien sûr, mais le font rarement au delà d'un petit commité en trio. Et puis, surtout, l'objet ici n'est pas d'épater la galerie avec ses prouesses personnelles. Considérablement marqué par le succès réservé à "Danca das Cabeças", Gismonti joint l'utile à l'agréable ; il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que c'est là une piste à explorer, qui plaît et qui répond sans doute à une demande. Mais qui plus est, en tentant de faire revivre l'esprit des musiques dites "primitives", il est en accord parfait avec la démarche personnelle qu'il a entreprise voilà bientôt dix ans. "Sol Do Meio Dia" est un album d'un calme olympien et d'une beauté nue, dédié aux indiens Xingu avec lesquels il vécu pendant un petit temps. Le résultat est moins tribal qu'on pourrait se l'imaginer, le guitariste en profitant une nouvelle fois pour revoir la copie de certaines de ses dernières oeuvres ("Palácio de Pinturas", "Café" et "Baião Malandro" pour piano solo). Intimiste, troublant et hautement inspiré.

Note : 4/6

Page 163/223 GISMONTI (Egberto) : No caipira

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L'album commence sur un air suave de bossa nova pour guitare et voix et à cet instant, on se dit alors que Gismonti a beaucoup de chance d'échapper ainsi à la schizophrénie... Car entre ses productions destinées au marché brésilien où la volonté de rester affilié à un style est manifeste et ses productions européennes, beaucoup plus introverties, qui jetent à leur manière les bases d'une world fusion qui n'a pas encore conscience de son identité, il y a de quoi développer des troubles de la personnalité. Cependant, le cru 1978 d'Egberto Gismonti est sans commune mesure avec les coudées franches et conquérantes que s'était permis "Carmo". L'équipe n'est pas la même, beaucoup moins éparpillée qu'à son habitude, constituant même avec les désormais fidèles Mauro Senise au saxophone, Zeca Assumpção à la basse et Ze Eduardo "Néné" Nazario à la batterie, le groupe Academia de Danças que le compositeur prendra le choix délibéré de mettre plus en avant dans un proche avenir. Benito Juarez reprend la tâche autrefois dévolue à Mario Tavares, et si différence notable il y a au niveau de l'orchestration, s'aventurant clairement dans les eaux sombres de la musique contemporaine ("Danca das Sombras"), c'est avant tout lié au rôle prépondérant que Gismonti a décidé de lui donner sur certaines plages. Ainsi en est-il de sa relecture de "Palácio de Pinturas", originellement paru sur l'album qui donne son nom au groupe. À mesure que l'on progresse dans le disque, "Saudações" fait figure d'exception, d'erreur de casting, tant "No Caipira" se montre essentiellement tourné vers la mise en exergue des qualités musicales déployées par les différentes forces en présence. Ainsi oscille-t-on entre titres d'inspirations jazz moderne aux rythmiques échancrées ("Frevo", "Frego Rasgado") et un symphonisme poignant ("Sertão Brasileiro") qui surprendra plus d'un amateur de musique de films. Plus généreux et plus rond que ses productions allemandes quand parole est donnée au groupe, la gravité sévit sur les pièces orchestrales. D'un abord à priori peu engageant au départ, "No Caipira" se révèle être au final un album plein de nuances, riche et subtil à la fois, et même assez noir.

Note : 5/6

Page 164/223 GISMONTI (Egberto) : Solo

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À force de flirter avec les genres, classique, contemporain, progressif, jazz ou world, on finirait presque par oublier à quel point Egberto Gismonti est un musicien incroyablement doué. Sur ce premier vrai exercice en solitaire, fêtant en quelque sorte dix ans de carrière déjà bien remplies, le brésilien nous montre qu'il évolue dans ce contexte comme un poisson dans l'eau. Et fidèle aux principes qu'il s'est fixé depuis toujours, il nous gratifie en toute logique de cinq nouvelles interprétations de titres déjà bien ancrées dans son répertoire. Les récents "Selva Amazônica" et "Frevo" issus de "No Caipira", "Ano Zero" (de "Agua & Vinho"), "Salvador" (de son tout premier album) et enfin "Ciranda Nordestina". Si les albums à registre classisants de Keith Jarrett on tendance à vous faire bailler faute d'une palette sonore exclusivement centrée sur le piano et que vous rêviez d'un compromis entre Ralph Towner et le John McLaughlin de Shakti, alors pourriez vous peut-être vous laisser tenter par cet album d'Egberto Gismonti et y trouver votre bonheur puisqu'il possède les mêmes qualités contemplatives des aristes précités tout en apportant un soin particulier à varier les plaisirs ("Salvador" et

"Selva Amazônica" - malgré ses vingt longues minutes - étant joués à la douze cordes).

Note : 3/6

Page 165/223 GISMONTI (Egberto) : Circense

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Pour son nouvel opus, Gismonti va s'inspirer de l'art du cirque. La pochette ne fait aucun mystère à ce sujet. Et si on pouvait craindre le pire pour toutes ces raisons, alimenté qui plus est par la rythmique bop grossière, limite grotesque, de "Karatê" en ouverture, on se rassure tout de suite avec - une fois n'est pas coutume - une série de thèmes tous inédits et dont la mélodicité est d'une absolue splendeur. Je vous parlais il y a peu de Shakti, et nous sommes en plein dedans à l'écoute d'un morceau comme "Cego Aderaldo" illuminé par l'intervention du violoniste indien Lakshminarayana Shankar. "Magico", pour guitare acoustique, choeur féminin et orchestre, n'usurpe pas son nom, comme vous pouvez vous l'imaginez. Puis c'est un dialogue saxophone soprano - piano auquel nous avons droit sur "Palhaço". Je me réjouis de l'élégance et de la désarmante vérité qui se dégage de ces titres, mais qui n'ont en fait rien à voir avec l'univers du cirque. Ou alors est-ce là un aspect qui m'a toujours échappé. Le rapport devient plus évident par la suite, mais heureusement sans reproduire l'échec du premier titre dont on aimerait croire qu'il était juste là pour donner le ton de l'album. Comme on peut l'entendre sur "Tá Boa, Santa ?", la rythmique plus relevée et le thème principal, coloré et foisonnant, sont plus en accord avec l'idée fantasque suscitée par un tel projet. C'est encore plus parlant sur le bien nommé "Equilibrista" dont les vertus hallucinatoires du piano aurait déjà fait tombé n'importe qui depuis bien longtemps. Mais sur ce fil tendu soumis aux caprices du vent, le sopraniste Mauro Senise se ballade fièrement. Une touche enfantine qui semblait inévitable ("Ciranda") puis romantique mais dispensable ("Mais que a Paixão") viennent mettre un terme à l'album. En résumé, mis à part quelques fautes de goût d'ordre tout à fait personnel, "Circense" affiche le profil d'un album parfaitement recommandable aux admirateurs du compositeur.

Note : 5/6

Page 166/223 GISMONTI (Egberto) : Sanfona

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Egberto Gismonti aborde les années quatre-vingt dans un esprit de synthèse. "Solo" rendait hommage à sa manière à dix ans de bons et loyaux services. "Sanfona" procède à peu près de la même manière et viendrait comme un complément idéal - mais copieux - à ce résumé de carrière qui n'a pourtant jamais cessé de se remettre en question. "Sanfona" est double. Le premier disque permet à ces amis de l'Academia de Danças de briller pour la première fois à l'échelle internationale. Parmi les titres revisités à cette occasion, l'incontournable "Frevo", "Em Familia" et un "Maracatu" sept fois plus long que la version d'origine ! Dans le contexte du groupe, basse et batterie remplissent l'espace par la dynamique de leur jeu alors que flûte et saxophone viennent apporter une touche passionnelle supplémentaire aux mélodies inspirantes écrites par Gismonti. Les zones de silence et les variations qui s'opèrent au sein de ce morceau simple devenu suite n'est pas sans rappeler la trame narrative qui avait fait de "Quarto Mundo" la réussite que l'on sait sur "Danca das Cabeças". Formellement, il est désormais indiscutable que le langage dans lequel l'auteur s'épanouit le mieux est bien celui du jazz même si - et c'est précisément ce qui fait tout son charme - il lui apporte des couleurs originales. Le second disque revient à une formule en solo puisque ce qu'il nous propose d'écouter est un récital d'Egberto Gismonti capté en concert à . C'est donc à nouveau le Gismonti de "Solo" qui s'exprime ici sauf que les seules touches de clavier qu'il touchera ici seront ceux d'un accordéon sur "Vale Do Eco". Ailleurs, guitare et voix suspendent avec toujours autant de magie des décors féériques où pluie et beau temps régulent l'imaginaire du compositeur fertile. Deux disques, même s'ils apportent chacun une facette différente, c'est peut-être beaucoup. C'est peut-être même de trop si on déjà en sa possession un disque comme "Solo". Mais

"Sanfona" est magré tout le meilleur résumé que Gismonti aurait jamais pu souhaiter.

Note : 4/6

Page 167/223 GISMONTI (Egberto) : Cidade coraçao

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Le brésilien nous avait habitué au changement en douceur, à la transition dans la continuité. Et depuis "Carmo" en 1977, dernier album en date où Egberto s'était risqué à changer d'outil, on n'avait plus entendu le musicien se frotter à d'autres grammaires que celles dans lesquelles il semblait avoir enfin trouvé l'épanouissement. L'entrée en matière de "Cidade Coraçao" s'apparente à une claque. Mais contrairement à d'autres albums, comme "No Caipira" ou "Circense", dont les titres en ouverture avaient tout du malheureux faux pas, ici l'orientation radicale prise dès les premières secondes va se poursuivre pendant près de trois quart d'heure. On croirait entendre du Vangelis ; c'est dire... Les trois pelés et deux tondus que ça intéresse auront tout de suite compris que le synthétiseur occupe une place prépondérante sur ce disque fatalement étonnant. On se désespère à chercher les vibrations organiques que nous procure depuis toujours sa douze cordes. L'album dresse la liste d'un nombre conséquent de musicien participant au projet, mais on a bien du mal à y croire. À la place on trouve des sonorités datées, certes, mais pas nécessairement toujours jetables, où Gismonti parvient malgré tout à donner du relief à ses mélodies au parfum lunaire. Mais ceci ne se fait pas sans risques, le brésilien ne pouvant pas toujours se montrer capable d'éviter les pièges sournois tendus par les avancées technologiques. La boîte à rythme peut simuler les percussions, les nappes de clavier peuvent travestir les mélopées de violon mais parfois ce n'est pas suffisant pour défendre une idée. Malgré tout cela, une des grandes forces de l'album est de s'écouter comme une longue suite en seize petits actes, rappelant dans le meilleur des cas, les prétentions symphoniques d'un groupe comme The Enid, voire le "1984" d'Anthony Phillips pour ceux qui connaissent, ou encore le Weather Report de "River People". Curieusement, le passage à l'électronique semble moins porter préjudice à la musique de Gismonti, peut-être à cause de sa nature étrangère. "Cidade Coraçao" n'est sans doute pas le disque clef qui permettra de découvrir l'oeuvre du bonhomme mais c'est là encore une expérience tout à fait singulière que j'invite les plus curieux à explorer.

Note : 4/6

Page 168/223 GISMONTI (Egberto) : Bandeira do Brasil

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"Bandeira do Brasil" (ou plus simplement "Egberto Gismonti" comme on le trouve répertorié aussi parfois) se complait dans le plus détestable en matière de musique électronique, chose que Gismonti était pourtant parvenu à éviter sur la quasi intégralité de son essai précédent dans le domaine, "Cidade Coraçao", auquel le premier titre ici fait ouvertement référence. Débauche de boîte à rythme, sons indignes, le tout au service d'une musique de carnaval qui ainsi retranscrite ne marche pas ; on croirait entendre du mauvais Telex ! Il n'y a plus que le saxophoniste Nivaldo Ornelas pour donner du répondant à un Gismonti qui vraisemblablement s'amuse avec ses nouveaux jouets ("Sol no Asfalto/ Mambembe"). Heureusement, l'amorce d'une réorientation s'opère à partir de "Carta Maritima" où les premières notes du sitar affiché en bonne place sur la pochette du disque se font enfin entendre. Développant son improvisation sur de simples accords de piano, on retrouve immédiatement les qualités méditatives de l'oeuvre du brésilien. Et c'est avec un presque égal bonheur qu'on le retrouve sur "Força Lascada", si ce n'est que les programmations reviennent à la charge, mais pas de désastre cette fois (en tout cas, pas pour l'instant). Egberto Gismonti nous a depuis longtemps habitué aux voyages, ses disques ressemblant souvent à des espèces de carnet de route bien agréables à parcourir, des passeports ouverts sur le rêve. Celui qu'il transporte avec lui cette fois s'est perdu, à ne pas en douter, quelque part sur la route des Indes. Son long séjour ("Passe de Mágica/Caravela") empreint de mysticisme ne le dissuade pourtant pas de refermer la boucle en se sentant obligé de partager avec nous sa vision d'un Brésil moderne sur un "Festa Brasileira" en écho au titre détestable qui avait la lourde tâche d'ouvrir ce nouveau recueil. Si les intentions de l'artiste sont louables, les quelques belles choses qui se trouve sur cet album en côtoient de trop laides que pour ne pas en subir directement les préjudices.

Note : 3/6

Page 169/223 GISMONTI (Egberto) : Duas vozes

Chronique réalisée par Progmonster

Sept ans plus tard, Egberto Gismonti retrouve son compère Naná Vasconcelos pour ce qui, fatalement, tend à être perçu comme une suite à "Danca das Cabeças". Le parcours des deux hommes a connu depuis des fortunes diverses et c'est riche d'expérience nouvelles qu'ils se retrouvent donc à nouveau pour un tête à tête toujours aussi porteur d'images fortes, et peut-être aussi plus facile à assimiler pour le quidam. Découpés en huit titres distincts qui n'ont de raison d'être qu'à travers la volonté qu'ils affichent à vouloir se frotter à toutes les cultures (le presque africain "Tomarapeba"), ce sont là autant de petits plaisirs simples mis bout à bout plutôt que, on s'en souvient encore, une imposante suite en six actes. Les deux ont leur charme, mais je dirais que si l'exercice sur "Duas Vozes" est moins jusqu'au boutiste dans son agencement, l'objectif visé et l'émotion qui en découle sont sensiblement les mêmes. Pas de volonté apparente de nous plonger ici dans une ambiance prédéterminée, juste le désir de célébrer la culture des hommes à travers un de ses modes d'expression les plus authentiques. Il y a de plus une vraie dynamique derrière le choix des titres et leur succession, la majorité d'entre eux étant développés à la guitare acoustique (ce compris "Rio de Janeiro", antépénultième déclinaison issue de la cuisse du "Maracatu" enregistré trois ans plus tôt en compagnie de Academia de Danças). Seuls les brumeux "Don Quixote", au piano puis "O Dia, À Note", au dilruba, logés en fin d'album, viendront calmer le jeu. Puisque l'occasion nous en est donnée, saluons aussi le travail percussif de Vasconcelos, ainsi que ses interventions vocales inimitables, qui, toutes, contribuent grandement à donner à l'album ce petit parfum de paradis perdu. Qui n'a jamais rêvé d'en trouver un et de s'y perdre à tout jamais ?

Note : 4/6

Page 170/223 GISMONTI (Egberto) : Trem caipira

Chronique réalisée par Progmonster

"Trem Caipira" représente sans doute un vieux désir jamais assouvi par l'artiste brésilien. Pour la première fois en quinze ans de carrière, en dépit d'hommages appuyés récurrents répartis sur bon nombre de ses disques et d'une filiation évidente qu'il a de plus toujours revendiqué, ce n'est qu'en 1985 que le musicien ose enfin s'attaquer au répertoire de son maître à penser, Heitor Villa-Lobos, chacun des titres présentés ici étant issus de son répertoire. S'il y a un regret à formuler, il est bien simple même si je ne vais sans doute pas l'enoncer de la manière la plus directe qui soit ; Egberto Gismonti n'a jamais éprouvé le besoin de cacher ses prétentions symphoniques. Bien au contraire, sur des albums tels que "Arvore" ou "No Caipira", elles s'affichent avec complaisance. Que ce soit aux côtés de Mario Tavares au début ou avec Benito Juarez par la suite, Gismonti a souvent tenu à avoir un chef d'orchestre à ses côtés pour faire en sorte que ses partitions puissent être dotées, elles aussi, du souffle de vie... Or, concession à l'époque oblige, notre brésilien fait fi de toutes ces bonnes intentions, de tous ces principes somme toute académiques, et préfère - vous me voyez venir à des kilomètres - s'en remettre aux bienfaits d'une instrumentation synthétique ; en d'autres termes, souvent inadaptée. Pour ceux qui n'ont jamais rien écouté de leur vie du plus célèbre compositeur brésilien de musique contemporaine Villa-Lobos, "Trem Caipira" peut être une manière de tenter de rattraper le temps perdu. Mais nous sommes en droit de nous demander si cela lui rend vraiment service ? Plus pondéré que les passages les plus atroces du très mitigé "Bandeiras do Brasil", l'album faillit tout de même dans sa tâche et se révèle bien vite pénible à écouter. Egberto Gismonti ayant pris l'habitude de réadapter très souvent les titres qu'il interprète, il n'est pas vain d'espérer qu'un jour il se mette en tête de rectifier le tir d'un disque qui mérite de toute évidence un traîtement bien plus approprié.

Note : 2/6

Page 171/223 GISMONTI (Egberto) : Feixe de luz

Chronique réalisée par Progmonster

Va bien falloir se faire une raison ; l'ère du tout à l'informatique est en marche, et même un musicien de la trempe d'Egberto Gismonti, qui doit une grande partie si ce n'est l'essentiel de son succès à son choix immuable pour l'acoustique, ne peut y échapper, multipliant les concessions plus que de raison. "Feixe de Luz" perpetue donc le travail entrepris depuis "Cidade Coraçao" en 1983, les synthétiseurs prenant semble-t-il définitivement le relais d'une orchestration véritable autrefois capable aussi de discretion. Ne commettant pas d'impairs comparables aux titres les plus discutables de "Bandeira do Brasil" et veillant cette fois à maintenir l'équilibre qui faisant tant défaut sur "Trem Caipira", cette nouvelle réalisation s'en sort tout compte fait plutôt bien. Les sons modernes utilisés via les claviers numériques se gardent de ne jamais noyer la participation des intervenants extérieurs (saxophone, clarinette, guitare électrique, violoncelle), faisant donc de cet album une suite digne de l'esprit véhiculé sur "Cidade Coraçao". Comme ce dernier, toutes les plages sont enchaînées et regroupées en trois petites suites de durées diverses. Le Gismonti romantique ("Illuminada") côtoie le Gismonti plus cérébral ("Inhambù de Fogo"), et on peut passer ainsi de moments plutôt cacophoniques à d'autres plutôt lumineux. De par la force de certains thèmes, le souvenir de l'incroyable vitalité qui parcourait le sillon de "Circense" refait surface ; un travail antérieur remarquable auquel il applique ici les derniers traîtements de la technique studio. À l'instar d'artistes comme Hermeto Pascoal ou Frank Zappa pour ne citer qu'eux, Egberto Gismonti a su trouver dans la technologie numérique un allié de poids, apte à matérialiser ses désirs à moindre frais. "Feixe de Luz" est un album hybride de plus, pas forcément celui que l'on recommendera aux néophytes, mais qui possède à son actif assez d'atouts susceptibles d'intéresser les amateurs de musique progressive, passablement rodés à la culture du mauvais goût.

Note : 3/6

Page 172/223 GISMONTI (Egberto) : Danca dos escravos

Chronique réalisée par Progmonster

Avec une succession quasi ininterrompue d'albums à l'esthétique souvent discutable ces cinq dernières années, on aurait pu croire que le cas Egberto Gismonti était désormais à ranger parmi les affaires définitivement classées. C'est oublier que son contrat qui le lie à ECM nous a souvent apporté des albums d'une infinie préciosité, et "Danca Dos Escravos" ne faillit pas à la règle. Avec le temps, le label allemand semble être devenu l'espace privilégié où le guitariste brésilien peut étaler toute la beauté de son art. Et si je parle précisément de guitare, ce n'est pas un hasard, puisque le musicien se dédie cette fois exclusivement à la pratique de cet instrument. Il n'est pas seul pour ce faire, invitant quatre autres musiciens de dimension internationale (deux américains, un japonais et un européen) à se joindre à lui pour cette réunion pleine de promesses. Bien sûr, les plus mordus d'entre vous penseront tout de suite au Guitar Trio constitué en son temps par Al Di Meola, Paco De Lucia et John McLaughlin. Mais, faut-il le rappeler, si Gismonti s'avère être un musicien extrêmement doué et sensible, il n'est définitivement pas de ceux qui considèrent que ce que la guitare peut livrer de meilleur doit obligatoirement passer par une torture appliquée des os du métacarpe. Sans verser dans l'ultra répétitif, le California Guitar Trio semble être encore le meilleur point de comparaison. C'est un travail subtil, un fil de soie qui se tisse avec grande délicatesse devant nos yeux ébahis, un travail d'orfèvre qui s'articule autant autour des harmoniques que des harmonies. "Danca Dos Escravos" est certes un album de guitare classique, mais il nous emmène bien plus loin, grâce notamment aux rythmes chaloupés qui guident depuis toujours les pas d'Egberto Gismonti. Cette dernière chronique met un terme au résumé non exhaustif que j'ai pris l'initiative d'entreprendre au sujet de certaines des parutions les plus emblématiques de ce musicien brésilien important durant ses vingt premières années de carrière.

Note : 4/6

Page 173/223 PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Alloy

Chronique réalisée par Trimalcion

Alga Marghen a eu la bonne idée d'éditer en CDs, sous l'intitulé "the Golden Research", l'oeuvre de Charlemagne Palestine (pour une large part introuvable jusqu'alors), et ce en optant pour un ordre chronologique (autre bonne idée). Voici le premier volume de cette série de digipacks. Il regroupe deux pièces pour "late night electronic sonorities", Holy 1 et 2, utilisant les oscillateurs (ou "générateurs") de l'époque (1967), sortes de synthétiseurs produisant des ondes périodiques et donnant l'impression d'un son fluctuant, dont le volume suivrait une courbe sinusoïdale. Le compositeur décrit ces pièces comme une tentative expérimentale de créer une texture sonore riche, épaisse, inspirée de certaines atmosphères urbaines, par la superposition de couches de sons, recréant une sorte d'énorme bourdon tibétain synthétique. Force est de constater que l'effet de transe escompté n'est pas au rendez-vous. Cette musique a pris un énorme coup de vieux, à l'image des oscillateurs qu'elle utilise, qui, s'ils ne parviennent pas à établir une atmosphère sacrée qui emploierait des techniques modernes, s'y entendent en revanche très bien pour nous coller un terrible mal de tête. La troisième pièce de ce volume, qui lui donne son nom, est heureusement d'un tout autre calibre : "Alloy" (1969), enregistrée en public (le son est absolument dégueulasse, mais ça participe assez bien de l'ambiance générale), reprend "Holy" en fond sonore, mais lui ajoute des sons percussifs (carillons, "alumonium" : un instrument inventé par le compositeur fait de rails en alu de différentes longueurs), et surtout une trame sonore bien plus riche et profonde, grâce aux voix psalmodiant, et grâce à l'emploi d'une conque et du "long string drone" amplifié de Tony Conrad (commanditaire de l'oeuvre, qui devait accompagner un de ses films). Le résultat est une sorte d'ambient-indus avant la lettre, glauque et rituelle, qui reprend à son compte la profondeur sépulcrale des trompes et autres instruments de cérémonie tibétains, pour en tirer une atmosphère sombre et cauchemardesque du meilleur effet. Là encore, Charlemagne Palestine explore jusqu'à plus soif certaines sonorités bien précises, qu'il étire aux dimensions d'un rite sacré.

Note : 4/6

Page 174/223 PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : In-mid-air

Chronique réalisée par Trimalcion

"In-Mid-Air" constitue le troisième volume consacré par le label italien d'avant-garde Alga Marghen à l'oeuvre de Charlemagne Palestine. Les pièces qu'il contient (inédites jusque-là), crées entre 1967 et 1970, sont à classer parmi celles où la recherche s'axe presque exclusivement sur la plastique du son, sa sculpture, et sur la découverte de ce fameux "son d'or" qui permettrait au sujet percevant de dépasser la réalité physique d'un phénomène pour élargir sa conscience de la chose, aller "au-delà". En ce sens, on a pu comparer l'oeuvre du compositeur américain à celle d'un Mark Rothko en peinture : au-delà de la couleur, il y a plus à voir. Ici plus à entendre : un méta-son, une autre réalité sonore. La démarche en elle-même semble au-dessus de tout soupçon. L'outil : un medium purement électronique cette fois-ci. Car l'électronique pure (synthétiseurs modulaires, générateurs de fréquences... déjà utilisés par Stockhausen, Pierre Henry, Xenakis... rien de bien nouveau, donc) l'électronique pure permet d'obtenir le son le plus pur, et cela se vérifie entièrement ici. En conséquence, il sera particulièrement intéressant d'observer cette musique (vagues, bourdon, stridences, flux et reflux, mouvements perpétuels...) à travers l'affichage "oscilloscope" de votre lecteur Windows Media. Sans cela, et malgré la fascination réelle exercée en certains moments, on a tendance à légèrement s'ennuyer. Il faut bien que jeunesse se passe...

Note : 3/6

Page 175/223 YORKE (Thom) : The eraser

Chronique réalisée par Progmonster

Le premier album solo du chanteur de Radiohead n'en est pas un. C'est Thom Yorke lui-même qui tient à remettre les choses à leur juste place. Tout a démarré avec "Black Swan", prévu pour figurer au générique de la récente adaptation cinématographique du roman de Philip K.Dick, "A Scanner Darkly". Thom émit le souhait de voir le producteur attitré du groupe anglais, Nigel Godrich, prendre part au projet. Les essais effectués supplantant rapidement les premières bribes d'idées émises, nos deux compères se retrouvent avec une dizaine de chansons sur les bras à mettre en boîte. Emballé dans l'urgence avec un minimum de moyen, reposant sur un travail électronique sommaire et la reconstruction partielle de bandes témoins d'anciennes sessions du groupe, "The Eraser" - cet album fantôme qui n'aurait jamais dû être mais dont on insiste malgré tout sur l'existence concrète - ravira fort probablement les amateurs de "Kid A". L'occasion nous est donnée (pour ceux qui en doutaient encore) de voir en Thom Yorke bien plus que le chanteur de Radiohead. Certes, l'absence des frères Greenwood se fait ressentir. La combinaison des deux est sans doute à l'origine du liant qui donne à la musique du groupe toute sa dimension. Mais Thom Yorke n'a pas son pareil pour nous trouver des mélodies bouleversantes (la plage titre, "Analyse" ou "Atoms for Peace"), même quand elles se déploient sur un fatras sonore qui pêche parfois par un excès de paresse. Les circonstances particulières dans lesquelles s'est déroulé l'enregistrement de l'album devraient aisément pouvoir expliquer ce travers. Prolongeant par endroits les pistes soulevées sur "Hail to The Thief", "The Eraser" paraît dans l'ensemble quand même bien plus linéaire que tout ce que le groupe a bien pu accomplir jusqu'ici. Finalement, n'aurait-il pas tout simplement pour tâche inavouable celle de satisfaire les fans de Radiohead qui se languissent depuis qu'on leur a promis un album pour le courant de l'année ? Ce rôle, aussi ingrât soit-il, il le remplit parfaitement et il pourra même, selon les cas, l'outrepasser allégrement.

Note : 4/6

Page 176/223 YAKUZA : Samsara

Chronique réalisée par Progmonster

Pendant que certains se la pètent en croyant pouvoir lever de la meuf comme du gibier en passant en boucle "Peeping Tom", pendant que d'autres maudissent la chaleur estivale en faisant entrer grisaille et dépression dans leur chaumière à l'écoute du dernier Thom Yorke, certains n'attendent même pas la sortie du dernier Mars Volta, "Amputechture", pour se masturber seul dans leur chambre face au poster géant de Cedrix qui porte encore les traces d'un hommage tout récent. C'est l'été, il fait chaud, y a de quoi péter les plombs. D'autres ennfin prennent un plaisir égoïste d'une toute autre nature en s'envoyant en travers des écoutilles "Samsara", le troisième album des fabuleux Yakuza. Comme son nom ne l'indique pas, il s'agit là d'un trio hardcore originaire de Chicago qui se targue d'avoir tourné avec des formations telles que The Dillinger Escape Plan, Isis, Lacuna Coil, Mastodon ou Opeth, pour ne citer que les plus connues. Ce qui est certain, c'est que dans le créneau qu'il occupe, le groupe fait figure d'exception ; en se permettant des incartades complètement flippées à renfort d'effets psychotropes non identifiés ("Monkeytail", "20 Bucks", "Exterminator"), Yakuza charrie avec lui les ombres portées d'autres groupes défricheurs de talent qui officiaient bien avant lui. Bruce Lamont abandonne parfois son chant rageur, capable de nuances qui le font osciller entre Chris Cornell et Les Claypool (!), au profit du saxophone ; ce n'est qu'alors que nous reviennent en mémoire les souvenirs des tous premiers Guapo, quand ils étaient encore chez Pandemonium, voire à Ground Zero. Mais l'agression haineuse et gratuite demeure tout de même le fond de commerce de nos trois compères ("Cancer Industry", "Dishonor", "Just Say Know") malgré un champ d'influences des plus vastes qui incluerait, pêle-mêle, l'âge d'or du grunge, Alice in Chains ou Pearl Jam, le seul bon System of A Down, je parle du premier, mais aussi, tant qu'à faire, Critter's Buggin, Hawkwind, Jane's Addiction, Led Zeppelin, Neurosis, et j'en passe... Plutôt que de tenter de tous vous les énumérer, soyons pragmatiques, et notez tous dès à présent ce nom : Ya-Ku-Za !

Note : 6/6

Page 177/223 PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Music for big ears

Chronique réalisée par Trimalcion

Grosses cloches pour grosses oreilles... Le seul instrument que l'on entend sur ce disque, c'est cela. Une tintinnabulation retentissante qui se répète, s'amplifie, s'accélère, et se répercute à l'infini. Si Charlemagne Palestine avait déjà tâté du carillonnage sur quelques précédents opus, jamais il ne l'avait pratiqué avec autant d'enthousiasme. J'entends d'ici les rires sarcastiques. Pour quel mariage une telle célébration, un tel déploiement de cloches en folie ? N'empêche, ce disque est un véritable manifeste esthétique, en même temps qu'une oeuvre de pleine maturité : jamais le compositeur américain n'avait si bien réussi à nous faire pénétrer au coeur de sa démarche : trouver un son nouveau au-delà du son physique, qui découlerait de lui, pour nous faire accéder à un niveau supérieur de conscience, tout en nous plongeant dans le phénomène sonore de telle sorte qu'on en oublie tout le reste. Écoutez bien cette musique, écoutez-là en profondeur, vous y percevrez des harmonies nouvelles, des bourdonnnements en infra ou ultra sons, qui existaient auparavant mais dont vous n'aviez pas encore pris conscience ; vous percevrez même des instruments nouveaux (les cloches dans l'aigu se transforment en orgue !), illusions générées par la résonnance extraordinaire de l'instrument que le compositeur s'est choisi. Il s'agit également d'une grande performance "physique" pour l'interprète, comme souvent avec Charlemagne Palestine : Staalplaat lui commande une pièce pour le carillon Daimler-Benz d'une église de Berlin, qu'il exécute en compagnie du carillonneur attitré de l'"instrument" : on n'imagine pas cela de tout repos. Et au-delà des considérations conceptuelles, au-delà de la transe qui s'accomplit à coup sûr, il y a l'appel du sacré, comme une sorte de Joie qui émane de ce disque, simple mais imparable, un véritable sentiment d'exaltation...

Note : 5/6

Page 178/223 THE PAPER CHASE : Now you are one of us

Chronique réalisée par Progmonster

Des disques comme celui-ci n'aident vraiment pas à chasser la fatigue et la lassitude qui guettent le chroniqueur bénévole. Je ne vais pas reproduire ici le compte rendu que j'avais dressé au sujet de "God Bless Your Black Heart", pourtant ce serait la meilleure chose à faire. Il n'y a vraisemblablement plus rien à attendre de l'agréable découverte que fût The Paper Chase à l'époque où le groupe nous livra "Hide Your Kitchen Knives". Depuis lors, John Congleton et les siens ne font que se répéter, et de manière de moins en moins convaincante. Tout est devenu si prévisible, c'est affligeant. Cela n'a pas dissuadé pour autant Kill Rock Stars de renouveller leur contrat, à se demander s'ils ont écouté les bandes de cet album... et du précédent ! Tout se passe comme si The Paper Chase s'était fixé pour but d'atteindre la reconnaissance internationale en s'appuyant sur une formule qu'ils n'ont en rien changé, convaincus de son excellence et persuadés qu'à force d'insister cela finira bien par payer. Personnellement, rééditer autant de fois que possible leur second album pour atteindre cet objectif m'aurait nettement moins dérangé ; d'abord, parce que je ne me sentirais pas obligé de le racheter, ensuite parce que ça aurait évité au groupe de perdre une grosse partie de sa respectabilité (à mes yeux du moins). En ce qui me concerne donc, je vais arrêter de me mentir et d'espérer que The Paper Chase puisse me surprendre à nouveau. Pour ceux qui n'ont jamais écouté aucun de leurs disques, "Hide Your Kitchen Knives" ou ce "Now You Are One of Us" feront amplement l'affaire. Mais si vous jetez votre dévolu sur l'un des deux, n'importe lequel, veillez à ne pas écouter l'autre au risque d'éprouver la même profonde déception.

Note : 3/6

Page 179/223 THE SWORD : Age of winters

Chronique réalisée par Progmonster

Vous connaissez la meilleure ? Aujourd'hui, pour être dans le coup, faut être rétro ! Retro métal même. Comme si le qualificatif stoner était devenu indigne, politiquement incorrect. On ne dit plus femme de ménage, mais technicien de surface. Désormais, il faudra donc dire retro métal et non plus stoner. Alors, vous faites comme vous voulez, mais pour moi, le combo texan The Sword ne fait rien d'autre que du stoner. Point. Je m'en fous moi si ça fait plus de dix ans que le stoner existe ! Et le hard rock alors ? Enregistré dans le froid de l'hiver, The Sword nous livre pourtant là un album qui prend tout son sens si on l'écoute en période de fortes chaleurs. "Age of Winters" vous laissera une forte impression de déjà entendu, c'est certain, mais quel régal les amis de s'envoyer entre les oreilles des riffs bien gras et doomesques comme ceux prodigués autrefois par Tony Iommi ! Parce que si ce disque vous fera headbanguer comme un demeuré plus vite que vous n'auriez pu vous l'imaginer en dépit d'un chant peu engageant mais - c'est une chance - proportionnellement peu présent, ce sera en grande partie dû au son, énorme, qui dégage une force et une puissance proprement irrésistibles. Chose rare, l'album se bonifie titres après titres. Non seulement les riffs paraissent encore plus efficaces, à la fois simples et terriblement percutants, mais The Sword nuance son propos sans avoir l'air d'y toucher ; avec des harmonies vocales qui malgré leurs discretions font toute la différence ("The Horned Goddess"), par le biais d'une touche acoustique bienvenue en guise de mise en bouche juste avant que "Iron Sword" ne révèle sa nature implacablement belliqueuse, au travers d'une pièce plus ambitieuse comme l'épique "Lament for the Aurochs" qui avoisine les huit minutes ou enfin le redoutable "March of the Lor", instrumental énergique aux multiples facettes. Une fois n'est pas coutume, je dirais que l'engouement provoqué par ce "Age of Winters" est amplement justifié. C'est bourrin et groovy juste comme il faut. Rock'n'Roll !

Note : 5/6

Page 180/223 LABBÉ (Pascale) / MORIÈRES (Jean) : Un bon snob nu

Chronique réalisée par Trimalcion

Deux instruments solistes qui se répondent, qui jouent l'un avec l'autre une heure vingt durant : la flûte zavrila, invention de Jean Morières lui-même, s'inspirant d'un instrument japonais, dont le son chaud et profond se marie bien avec tous les registres, de l'ethnique au sériel, de la rigueur d'écriture à l'improvisation ; et la voix de Pascale Labbé, capable elle aussi de tous les rebonds, cris et chuchotements, jeux laryngés et buccaux, sauts et plongeons. Ces deux-là n'en sont pas à leur coup d'essai ensemble, ayant collaboré déjà à deux reprises pour "Ping pong" et "Wakan", sortis sur Nûba, le label qu'ils ont tous deux fondé. Cette complicité semble évidente à l'occasion de leur troisième duo, tant leur dialogue est naturel ; une sortie sur le label Signature leur amène en outre une exposition supplémentaire dont ils n'ont pu que se féliciter. Il faut donc les encourager, pour leurs recherches, pour leur prise de risque. Seulement voilà... ce genre de musique "primitive contemporaine" m'a semblé à moi, tout compte fait, beaucoup moins intéressant que toutes les sources où les artistes sont allés puiser. On retrouve dans la voix de Pascale Labbé bien des inflexions entendues dans telle ou telle berceuse pygmée (la musique pygmée est beaucoup moins "primitive" que bien d'autres, d'ailleurs, mais là n'est pas le sujet) ; ajoutez à cela une bonne louche de Meredith Monk, trois cuillérées à soupe de Martine Viard, et du côté de Jean Morières une inspiration dont on ne sait pas trop où elle va le plus se nourrir, si c'est du côté de l'Afrique, du Japon, du free jazz, ou de la "Sequenza" de Berio pour flûte seule. Et cela ne fait pas un grand disque, non, loin de là, même s'il se camoufle derrière une élégante rhétorique du miroir (packaging, textes, titres-palindromes). On s'ennuie ferme ; on cherche le souffle vital qui nous projettera, au-delà de la simple tentative expérimentale et de l'aspect ludique, vers une dimension spirituelle. En vain.

Deux disques pour manquer son but, était-ce bien utile ?

Note : 2/6

Page 181/223 BRAINWORK : Soundclouds

Chronique réalisée par Phaedream

Un coup de cœur. Un sublime coup de cœur. J’avais discrètement écouté Back to Future il y a deux ans et j’avais trouvé ça bien. C’est donc sans attente que j’allais écouter ce dernier opus de l’Allemand Uwe Saher, aussi connu pour sa musique plus énergique avec son autre projet musical, Element 4. Rainpearls ouvre Soundclouds avec une intro ambiante. Des notes limpides circulent dans cet univers fixe et une autre ligne plus pesante, à la sonorité des glockenspiels, se promène cousinée sur un épais manteau d’ondes d’un synthé louvoyant. Cet étrange ballet statique couvre l’atmosphère de notes basses, alliant un rythme hésitant à un mouvement immobile qui hausse l’intensité de son œuvre, avec des notes plus hautes et un synthé aussi mélodieux qu’errant. Une étrange danse surréaliste qui me rappelle l’étrange sonorité que Richard Pinhas avait créé sur ces albums East West et l’Éthique. Silverlake suit avec des notes qui dansent avec hésitation sur un souffle bas. Un synthé lance une nappe flottante aux effets sonores analogues. Discrètement, un beat s’installe sur une pulsation sobre, accompagnée de cymbales. Naviguant sur une mer hypnotique, le rythme prend plus de couleur dès qu’il rencontre le passage des percussions sèches qui claquent avec l’écho signifiant le mi-parcours. Dès lors, Silverlake étend ses vagues sur un beat hypnotique progressif, accompagné de plusieurs lames de synthé aux couleurs aussi flamboyantes que l’irisation de ses chœurs. Polarlight est un autre titre à la saveur hypnotique qui fait le charme de Rainpearls. Plus lourde l’atmosphère tourne à l’intérieur d’un mouvement cylindrique. Les notes, tant hautes que basses, dansent lascivement sur d’onctueuses strates d’un synthé dominant l’air spastique. Avec Sky Trains, on passe en mode plus rythmé. Sans forcer la psychose hypnotique du techno, le beat vrille sur un mouvement séquentiel bas animé par de bonnes percussions, qui parfois tonnent avec ingéniosité. La ligne de basse est superbe et les synthés y sont denses et épousent le rythme avec les multiples facettes d’une ‘’dance music’’ modérée. Uwe Saher allonge de bons solos sur un titre qui épouse les strates d’un minimalisme de la Berlin School. Summer Clouds débute sur un beau synthé aux arrangements orchestraux. Des notes animées circulent sur un beau mellotron flûté. Cette flûte nous inonde d’une belle mélodie et le rythme tombe avec lourdeur. Les nuages de l’été dansent sur un rythme pesant, aux limites d’un rock symphonique, avec une superbe flûte harmonieuse et des synthés mélodieux. Un bon titre qui a du mordant. Eternal Ascend ferme ce dernier opus de Brainwork sur un rythme lent et intense. À l’image de l’œuvre entière. Les percussions résonnent sur des notes qui cherchent le rythme sur leurs échos, ceinturées de synthétiseurs aux formes éparses et aux lignes rythmiques et enveloppantes. Honnêtement? J’ai tombé en bas de ma chaise. Soundclouds de Brainwork est une œuvre colossale, comme il en pousse une fois de temps en temps. Le genre de musique qui résonne et raisonne, tout en décapant la peinture des murs. Un cd extrêmement puissant qui étonne, tant par la diversité de ses rythmes que de la retenu des ses mouvements en spirales. Le noir coulé dans le blanc, comme le rythme fondu dans des strates hypnotiques et envoûtantes. Un incontournable qui allie les mouvements séquentiels de la Berlin School aux mouvements ‘’techno dance ‘’ et d’un rock symphonique modérés, avec une superbe atmosphère mellotronnée. C’est l’un des bons titres en 2006, et ce tant au niveau de la Musique Électronique conventionnelle à celle plus contemporaine. Une œuvre majeure qu’il faut posséder et jouer à fond. Une trouvaille pour 2006.

Page 182/223 Note : 5/6

Page 183/223 RF : View of distant towns

Chronique réalisée par Progmonster

"View of Distant Towns" est un tournant dans la carrière de Ryan Francesconi (oui, RF, c'est lui) mais aussi pour le label japonais Plop, jusque là peu tourné vers l'électro-acoustique, et chez qui il entame une nouvelle collaboration. L'américain fait partie du nombre toujours croissant de personnes à avoir été marqué par le Japon, le pays, ses gens et sa culture. C'est ce qui transparaît nettement sur cette nouvelle collection de titres aux qualités pour le moins extrêmement introverties. Le multi-instrumentiste a développé ses propres logiciels de traîtement de sons ; ce sont eux qui permettront de rattacher son travail à celui d'autres artistes comme Encre, Four Tet, Mice Parade ou Plaid. La dominante acoustique demeure néanmoins, RF se montrant aussi à l'aise derrière une guitare acoustique qu'en maniant violon, violoncelle ou trompette. Dans de telles conditions, l'esthétique post rock apparaît comme incontournable mais la magie de ce disque dépasse ce cadre trop réducteur. La culture de l'individualisme poussée au bout de sa logique à créer des êtres dont le seul mode de relation au monde est devenu celui de l'isolement. C'est cette solitude, cet abyssal néant face auquel on se retrouve sur la majorité des plages, qui est retranscrite ici. Une ombre parmi d'autres ombres. Nos regards se croisent sans que l'on puisse faire en sorte de garder autre chose en mémoire que le souvenir d'un visage flou. Des voix fantômes, des paysages qui le sont tout autant. Malgré des titres comme "Ladder in Place" qui pourraient donner l'impression qu'il s'agit là d'un vulgaire album de lounge de plus, "View of distant towns", avec un aplomb hors du commun pour extraire du silence autant d'instants volés, partage en réalité plus de points communs avec des albums comme "Hex" de Bark Psychosis, "A Continual Search for Origins" de Rothko, "Spirit of Eden" de Talk Talk ou même "Secrets of The Beehive" de David Sylvian. Une forme de pop épurée à l'extrême, d'une mélancolie profonde et inconsolable, dont les rares notes éparses suffisent à dessiner sur nos joues ces larmes depuis trop longtemps retenues.

Note : 4/6

Page 184/223 PHANTOM VISION : Calling the fiends

Chronique réalisée par Twilight

Je suis un peu mitigé au moment de chroniquer ce troisième cd des Portugais; leur seconde essai ayant marqué un léger progrès par rapport aux erreurs de jeunesse du premier, j'attendais pas mal de ce 'Calling the fiends', histoire de voir s'il marquerait une évolution ou une régression...Une évolution ? Pas vraiment et pourtant...Disons que le groupe colle totalement à son style, soit un gothic rock nouvelle tendance truffé de sonorités électro (bien gérées maintenant), avec vocaux caverneux dans une ligne Sistersienne. D'un côté, pourquoi pas ? Autant affuter ses armes...D'ailleurs, ça porte ses fruits, les lignes de guitare sont plutôt soignées et efficaces mélodiquements ('More than than', 'Change the past'). Problème, les Phantom Vision ne cessent de se retourner sur leurs propres tics, notamment l'écho sur le chant qui fait répéter chaque phrase deux fois (à la longue, c'est agaçant et c'était déjà le cas sur les deux disques précédents) et une boîte à rythmes sèche qui pourrait être plus appuyée selon moi, pareil pour certains bip bip très new wave qui gâchent des tentatives plus musclées (After the chaos'). Vous l'aurez compris, le combo se la joue sécurité, reste dans son style à lui, du coup pour l'originalité, tintin ! Pour rester positif, on sent qu'ils sont maintenant plus assurés dans leur manière de composer, de plus en plus de morceaux se détachent et gagnent une identité véritable, notamment l'excellent 'Change the past' (les variations sur la voix sont bienvenues) ou les bons 'From a stranger' et 'In my head'. En somme, s'il s'agissait de leur premier opus, la tâche serait plus simple pour moi, je pourrais dire que voilà un album tout à fait correct, plutôt prometteur. Il s'agit de leur troisième, du coup, on en vient à se demander si The Phantom Vision quitteront un jour cette position de second couteau prometteur...Allez, les gars, un peu d'audace, vous y êtes presque !

Note : 4/6

Page 185/223 ROYKSOPP : Melody A.M.

Chronique réalisée par dariev stands

De la Norvège, on attend certes quelques prouesses musicales, mais le plus souvent de genres autres que la musique électronique. C’était un style dans lequel les Norvégiens ne s’étaient pas encore réellement démarqués aux yeux du grand public, contrairement à l’Islande, qui attire tous les regards. C’est désormais chose faite grâce à Röyskopp, étrange formation nordique dont le nom (un jeu de mot Norvégien entre les mots « fumée » et « champignon ») désigne ces champignons très amusants qui produisent une fumée bizarre quand on leur marche dessus. Cet étrange patronyme digne d’une formation hippie-folk anglaise des années 60 n’est pas innocent vu la teneur en psychédélisme de ce premier album. En effet, l’influence des non moins allumés Boards Of Canada (qu’on devine aimer les champignons aussi), perce ça et là sous la couche de givre. C’est un vrai marron glacé cet album. Les mélodies, omniprésentes, sont souvent enfantines et désuètes, quand elles ne sont pas carrément jouées par ce qui semble être des claviers congelés, aux sonorités aigues et tintantes, comme de la glace. En plus d’être une véritable moisson de gimmicks, le disque se révèle être un excellent anti-dépresseur, colorant le froid arctique par des touches de couleurs vives, un peu comme les fleurs de la toundra (ceux qui l’ont déjà vu en photo comprendront). On peut aussi voir ce disque comme une œuvre hivernale (ou plutôt d’hibernation), évoquant les heures passées au coin du feu pendant la longue nuit polaire. L’univers du groupe, quelque part entre Air, Björk et le label Warp, contient beaucoup d’ingrédients à la mode… Le côté rétro 70’s totalement assumé, les mélopées lancinantes (superbe « So Easy ») et suaves, le nom qui sonne exotique. Suspect ? Pas vraiment. Le groupe a commencé en 98 sur le label Tellé, minuscule structure créée pour sortir les disques des potes, avant de se faire signer par le prestigieux (mais très surfait) label Wall Of Sound en 2001. Année de parution de ce CD. Le succès fut immédiat et fulgurant, pour un disque pourtant bricolé à la maison les années précédentes, sans moyens, par deux illustres inconnus. C’est donc sur le deuxième album que se reportera l’effet néfaste dudit succès... Ici, tout est encore vierge, innocent, bourgeonnant, et incroyablement frais. Un vrai bo223on la vosgienne, je vous dis ! Ce disque a relancé l’électro en son temps, rien de moins. « Eple », aujourd’hui connu de toutes les oreilles (grâce à une publicité – époque ingrate) est une petite aurore boréale sonore ; « Sparks » évolue dans un registre moins groovy, quoique chaloupé, avec sa voix à la Billie Holiday (ce n’est pas un sample pourtant). Une merveille également. N’oublions pas les délicieux « Poor Leno » et « Remind Me », très new wave, chantés par Erlend Oye, la voix de Kings Of Convenience. Des tubes en puissance, mais malgré tout intimistes et downtempo, ce qui n’est pas monnaie courante. « A Higher Place » semble reprendre les sonorités de « Eple » de façon disparate, enveloppées dans des claviers oniriques… Le reste de l’album paraît hélas assez fade à côté de ces perles, même si tout se laisse écouter avec plaisir. Un disque pour « chiller » dans tous les sens du terme, en fait. A savourer consciencieusement, surtout depuis que le groupe a perdu cette identité et cet univers qui leur était si propre. Le mot de la fin sera laissé à une expression aperçue dans un de leurs videoclips (poétiques et d’une perfection visuelle toute scandinave) : Tundra rocks !

Note : 4/6

Page 186/223 / CHARLEMAGNE PALESTINE : Mort aux vaches

Chronique réalisée par Trimalcion

Dans la catégorie des expérimentations les plus étouffantes et les plus tétanisantes, voici une musique à placer aux tous premiers rangs, un disque rare, hélas, unique collaboration entre le groupe finlandais de techno avant-gardiste Pan Sonic et l'un de ses pères spirituels, le compositeur américain minimaliste et mystique Charlemagne Palestine, réunis à l'initiative du fameux label néerlandais Staalplaat pour sa série d'oeuvres intitulées (ô joies de la transgression et de l'exercice de la liberté artistique sans limite) "Mort aux vaches" ! série très recommandable qui compte aussi des albums de Kreidler, Piano Magic, Flying Saucer Attack, ou White Winged Moth. Et qu'est-ce qui réunit donc nos compères sur le présent disque ? Une obsession commune, outre un minimalisme forcené : le drone ; oui, ce bourdonnement électronique viscéral qui vous prend aux tripes pour ne plus vous lacher une heure durant (il n'y a pas d'interruption entre les cinq parties ; il s'agit d'une seule et même pièce), qui se meut avec une telle lenteur, gagne en intensité, s'enrichit d'échos lointains, s'accompagne d'une pulsation parfois insoutenable où la machine imite l'organe, puis redevient machine, broyeur. Ce son unique et vorace engloutit l'auditeur, et la digestion se fait au rythme de ses (très) lentes métamorphoses. Même s'il n'y a pas là toute la richesse harmonique de l'extraordinaire "Schlingen-Blängen", du seul Charlemagne Palestine, on y retrouve constamment cette occupation de l'espace, cet emprisonnement de la conscience. C'est par ailleurs une B.O. excellente pour film d'épouvante imaginaire, à base d'exorcisme vaudou, de tueurs en série ou de Near Death Experience. Recommandé enfin aux amateurs de harsh-noise ou de drone-doom qui voudraient faire varier les plaisirs. Terrifiant.

Note : 4/6

Page 187/223 MOTHER DESTRUCTION : Hagazussa

Chronique réalisée par Twilight

Pour ses premiers pas en 'solo' (ou en d'autres termes sans Sixth comm, ce qui n'est que partielle réalité puisque le complice Patrick O' Kill n'est jamais bien loin), Amodali a choisi d'ancrer les rituels chamaniques de plein pied dans la réalité. En clair, celà signifie la parfaite fusion d'une musique rituelle, très basée sur les percussions, et de son pendant électronique. Les deux pôles se distinguent parfois clairement, ainsi l'excellent 'Fetch' composé de grincements de guitare et d'un martèlement de tambour chamanique, le bon 'Tundra' et ses battements lourds progressivement noyés dans les roulements de percussions arabisantes ou le faible 'OND' aux textures techno. Plus réussi, 'Calyx', croisement d'ambient/breakbeat aux climats organiques qui témoigne du lien existant entre l'essence des beats tels qu'on les trouve en techno et les traditions anciennes Entre deux, nous avons le sensuel et vaguement oriental 'Kalamaya', mystique en diable avec ses structures répétitives, ses sonorités indiennes, son chant féminin promené dans des effets parfaitement utilisés, 'To Odr', violente pièce aux breakbeats sauvages (pas si loin de The Prodigy) et aux vocaux emplis de rage organique ou l'instrumental rythmé 'Hagazussa'. Le chant, pour en revenir à lui, n'est présent que de manière fugitive, sous forme d'incantations, de bribes qui s'étirent au milieu des nappes ou des beats, ce qui contribue au climat mystique crée par les structures répétitives et minimales. Uh titre comme 'Vanaheim' évoque même des échos de . Vous aurez compris que cet essai a pu déstabiliser les fans des débuts peu habitués à de telles incursions dans le domaine de l'electronica; il faut cependant reconnaître que si ce disque n'est pas une réussite totale, Mother Destruction a su évoluer tout en restant fidèle à ses convictions spirituelles et en opérant des rapprochements pas si contre nature qu'il n'y paraît.

Note : 4/6

Page 188/223 TANGERINE DREAM : Green Desert

Chronique réalisée par Phaedream

Que d’histoires et d’anecdotes autour de la parution de Green Desert en 1986. De quoi alimenter les longs débats sur la légende de Tangerine Dream. Selon des nébuleux bouts d’histoires, Green Desert était sensé voir le jour à la place de Phaedra en 1973. D’ailleurs, les enregistrements se seraient réalisés en août 1973. Pour des raisons obscures, certains parlent des contextes musicaux alors que Virgin aurait souhaité une sonorité plus commerciale que le space rock d’Ohr Music des années 70, les enregistrements se sauraient perdus et c’est Phaedra qui est sorti plutôt que Green Desert. Plus de 12 ans plus tard, les enregistrements refont surface sur Zomba Music. Même là, les fans et les historiens sont sceptiques quand aux origines de Green Desert. Les purs, les durs sont outrés, car Edgar Froese (ce cher Edgar) n’aurait pas pu s’empêcher de rajouter des lignes et des ‘’overdubs’’ sur les pistes originales, avec des équipements qui n’existaient même pas en 73, avant la parution finale de Green Desert en 1986, créant encore plus de confusion autour de Green Desert et de sa provenance. Oui, mais la musique! La musique? Tout simplement sublime. À elle seule, la pièce titre traverse tous les courants musicaux de cette faste période; longue intro ambiante sur synthé flottant à laquelle se joint une fine ligne séquentielle basse, la batterie de Chris Franke (il était bon le petit) et la bonne guitare space blues rock d’Edgar. Le rythme est fuyant et couvre les limites du planant au plus hard des psychédélique space rock de l’époque. C’est comme mettre en boîte les spasmes séquentiels et les cris analogues de Body Love, de maître Klaus Schulze. Un titre grandiose dont je doute qu’il soit totalement écrit en 73, tant les effluves de Sorcerer et Stratosfear sont présentes. Parlant Sorcerer, White Clouds a tout des apparences d’un restant. Souffles analogues sur synthé suave et un roulement de batterie superbe qui coiffe une très belle mélodie. Astral Voyager (c’est là que le débat s’amplifie) est une formidable pièce sur un séquenceur ultra nerveux qui roule à fond de train. Le genre de séquences qui n’existait pas à l’époque, mais c’était aussi à l’époque où Franke et Froese s’enfermaient en studio pour produire une multitude d’iris sonores qui plus tard seront les jalons musicaux de cette fièvre expérimentale. Donc, rythme rond sur une séquence solide parfumé de belles couches d’un synthé fluide aux essences mellotronnées des œuvres solitaires de Froese (Pinnacles). Un excellent titre. Indian Summer est un passage ambiant où les notes tombent avec intensité dans une mer sonore calme, bercée par un doux synthé rêveur. Le genre de titre qui a fait les délices des amateurs de planant dans les années 70, mais dont on retrouve aussi l’atmosphère sur Wavelenght. Green Desert produit en 73? J’en suis sceptique. Je suis convaincu qu’il fut écrit dans les années 70. Mais je pencherais plus à la période post Phaedra, soit 76-77. Quoiqu’il en soit, ça demeure un excellent cd. Le meilleur produit offert par TD dans les années 80. C’est un must, ne serait-ce que pour comprendre la féerie des grandeurs de cet étrange duo qu’était Franke et Froese. Du grand art électronique contemporain qui devrait trouver sa place dans toutes les collections d’amateurs de Tangerine Dream. Et même plus…

Note : 5/6

Page 189/223 TANGERINE DREAM : Stratosfear

Chronique réalisée par Phaedream

Je ne vous parlerai pas d’histoires de tension interne. Ni de la trop grande place qu’Edgar Froese aurait pris. Ni de l’ingéniosité de Franke qui réussit à rouler des percussions sur des lignes séquentielles. Encore moins de la dextérité et du génie derrière le mellotron de Baumann. Non. Je vais vous parlez de musique. Je vais vous parlez de Stratosfear. Unclassique de la Musique Électronique contemporaine. Une légère guitare remplit l’air sur un sombre mellotron. S’ensuit une ligne basse et ronde au rythme mordant sur un synthé mélodieux et symphonique. La cadence se multiplie sur une séquence où les notes roulent comme des percussions. Le titre est grugé par de brefs intermèdes où les synthés et le séquenceur s’ajustent en mode spectrale sur des percussions soufflées aux cymbales. Le tout, admirablement coiffée par la juteuse guitare d’Edgar Froese. Et le reste est de l’histoire. Stratosfear, ainsi que son titre éponyme, marqueront la destinée de Tangerine Dream, autant que Stairway to Heaven a marqué celle de Led Zeppelin. Alors que la musique électronique, ou plutôt le ‘’space rock’’, des années 70 se bourrent de lourds synthés analogues (mouvements tout de même soutenu par Phaedra et Rubycon) ainsi que de longues lignes flottantes et hypnotiques, Tangerine Dream offre un album plus mélodieux. Un album qui suit les traces de Phaedra et qui allie aussi une musique électronique expérimentale aux fusions d’un rock progressif aux essences d’un folk brumeux. Sur une belle ligne de basse, un doux mellotron souffle un air qui colle à l’âme. Edgar Froese nous défile une belle passe de guitare acoustique. Ce bel intro sombre vers une tonalité lugubre aux souffles d’un synthé ostensiblement pervers et intriguant sur fond d’effets sonores hétéroclites. Le mellotron et la guitare reprennent le souffle mélodieux du début et envoient Big Sleep In Search Of Hades au pays des rêves. Un superbe moment. At The Border Of The Marsh From Okefenokee démarre sur une note sombre qui tombe avec amertume sur un fond d’harmonica. L’ambiance est torride et représente aisément l’atmosphère d’un quelconque sombre marais. Un titre qui a dû inspirer The Sorcerer avec sa ligne basse et intrigante. Le mellotron y est suave et Peter Baumann laisse ses dernières empreintes sonores avec une dextérité qui sera difficilement remplaçable sur les prochains opus de TD. Encore là, les roulements séquentiels sont sublimes et épousent à la perfection une ambiance décousue où la flûte mellotronnée de Baumann sauve les passages tordus. Du grand TD qui démontre qu’un bout d’idée peut prendre plusieurs formes. Invisible Limits termine ce classique de la Musique Électronique contemporaine de superbe façon. Une fine ligne de basse poursuit l’intrigante atmosphère de la pièce précédente avec des faibles accords de guitare. Un doux synthé couvre l’air avec le mellotron éthéré de Baumann. Edgar agite sa six-cordes avec sensualité. Ce doux intro casse sa progression dans un fracas sonore, guidé par de roulantes percussions. Une nouvelle ligne se dessine sur un synthé aux souffles d’une guitare. Elle flotte et épouse un séquenceur débridé qui accélère le rythme sur un incroyable jeu de synthé/guitare. Un excellent moment où Froese asperge ses cordes d’une huile magique car elles fondent avec étonnement dans un mélange électro/acoustique. Invisible Limits s’éteint sur un beau passage nocturne où le grand piano se forge une route parmi les débris galactiques et transfère ses harmonies à une superbe flûte, dont le souffle tourmente nos oreilles, bien des secondes après sa dernière exhalaison. Après la parution de Stratosfear, Tangerine Dream allait entreprendre une tournée Nord Américaine qui, quelques trois décennies plus tard, reste gravé dans bien des mémoires. Une tournée captée sur un sublime album double, Encore.

Page 190/223 Note : 6/6

Page 191/223 DELEYAMAN : 3

Chronique réalisée par Sheer-khan

En s'enfonçant toujours un peu plus sur les chemins qui le traversent, Deleyaman se sculpte. Il s'annoblit. A mesure qu'elle prend de l'assurance, Béatrice Valantin gagne en fragilité. Et plus Aret sait où il va, plus clairement il montre d'où il vient.

Entre pièces discrètes et délicates à la vibration troublante,

"Raven days, Eversince, Dejlig rosa...", et oeuvres maîtresses à l'équilibre riche et stupéfiant, "3" s'impose à la fois comme le plus abouti, et le plus ambitieux recueil des quatre voyageurs. Le groupe n'hésite plus à s'éloigner des rivages diaphanes de la sobriété pour s'en aller tisser un univers plus riche et complexe

à la croisée de l'épaisseur acoustique et du céleste synthétique :

"Cilicia, Ispahan, Labor Chant, The Doubt and Louyce"... une harmonie de matériaux à la puissance esthétique bouleversante et à la force émotionnelle éprouvante. Car malgré sa douceur, Deleyaman

Page 192/223 bouscule. Les mélodies d'Aret Madil touchent souvent à une forme d'absolu mélancolique désarmant; on se laisse submerger par la profondeur des rapports harmoniques; le travail résolument obsessionnel sur l'orchestration et l'acoustique donnant à l'ensemble une clarté et une densité proprement subjuguantes.

Disons le tout net : la conjugaison d'une inspiration mélodique magistrale et d'une véritable science des étoffes sonores fait de

"Cilicia", "Labor Chant" ou "Ispahan" de véritables fragments de perfection musicale. Tout en délicatesse, "Raven Days" ou

"Eversince" brillent par leur évidence et les merveilleuses réussites harmoniques qu'elles représentent; noire, sobre et austère, "Sister" angoisse ou ravive les rancoeurs que l'on a en soi. De plus en plus aboutie et identitaire jusque dans ses sonorités, la musique de Deleyaman n'en devient pas, au contraire, plus facile à évoquer. L'alchimie est totale, de Mia la sorcière, aux maillets implacables et aux cymbales subtiles, à l'humanité terrible de Gérard Madilian qui donne au chant de son Doudouk une profondeur organique douloureuse, menant "Ispahan" au sommet de la complainte. D'instants retenus et fragiles en véritables vagues de mélancolies sonores, l'album impose une identité de plus en plus

Page 193/223 forte où résonnent la culture de chacun des musiciens; de la cold wave à la musique sacrée en passant par le narcotique et l'âme arménienne. "Home", première composition unissant les langues turque et arménienne depuis le génocide, possède l'austérité de ces oeuvres douloureuses et pudiques qui trouvent toute leur force dans le seul fait d'exister. Un rappel, un espoir, mais aussi un constat tragique et désolé. Plus spirituelle, moins intimiste à mesure qu'elle assume ses ambitions de grandeur, l'oeuvre du quatuor n'en demeure pas moins un sublime oreiller à solitude... un point de vue privilégié sur les douceurs du soir, les échos de la nuit et les lueurs de l'aurore. Soignée, subtile et élégante, mais aussi, et surtout, merveilleusement émouvante, la musique de

Deleyaman aide réellement à vivre.

Note : 6/6

Page 194/223 SIGUR ROS : Hlemmur

Chronique réalisée par Nicko

Ce qui est sympa avec Sigur Ros, c'est qu'au milieu de ses albums officiels, le quatuor nous livre des CD en tout genre, des p'tits délires, des trucs pas courants, des expérimentations, bref tout un tas de sorties, pas toujours indispensables, qui nous montre un groupe en constante recherche, en constante créativité, qu'il ne se contente pas d'écrire et de sortir à intervalle régulier des albums de 50-60 minutes, mais, par exemple comme ici, une BO d'un documentaire islandais concernant une ligne de bus de la capitale Reykjavik, dans lequel y sont montrées la détresse et la pauvreté des plus démunis des habitants de la ville, représentés et mis en musique d'admirable manière à l'aide de pièces relativement courtes (2-3 minutes pas plus), quasiment toutes totalement atmosphériques, calmes et 100% instrumentales, où on peut parfaitement reconnaitre le style islandais, à savoir une musique posée, douce, feutrée, apaisante, mais sans fausses illusions ni optimisme débordant, rappelant tout ce que le groupe a pu faire de plus calme par le passé et assez proche de son merveilleux album de 2002 - sorti à peine 6 mois plus tôt, "()", et bien que moins évident à apprivoiser (car manquant d'arrangements et de structures travaillées), il en reste très bon, inspiré et propose une bande son très appropriée au documentaire sur cette ligne de bus, dont le terminus, Hlemmur, semble être le seul point final de ses usagers les plus désoeuvrés, à l'image de cette chronique, dont le seul point est final.

Note : 4/6

Page 195/223 ELECTRIC PRESS KIT : Analogic

Chronique réalisée par Twilight

On vous l'a déjà dit, chroniquer c'est génial mais pas tout le temps. Là en l'occurence, c'est pas le pied. Vous vous souvenez de Electric Press Kit ? J'avais eu le plaisir de chroniquer leur précédent ep que j'avais personnellement bien aimé, mélange de cold wave, de post punk, de noisy pop avec des touches d'indus...Ils ont sorti leur premier album; à priori, il y a de quoi se réjouir...Pas vraiment au final et je me trouve mal à l'aise à rédiger ces lignes car je me demande s'il s'agit bien du même duo. Bon, à priori, ça débutait pas si mal, 'Too late' et 'Breakdown' étant deux titres rapides, assez punkoïdes...problème, le son est tellement pourri que même si ça fait partie de la démarche, on s'interroge sur son bien fondé. Les vrais problèmes commencent avec 'Nightmare's hill'...je ne parle pas du son qui donne l'impression d'un bootleg réalisé avec un walkman mais lui-même ne parvient pas à dissimuler un chant complètement faux. Si 'Bullet in my head' renoue avec un climat punk qui pourrait être intéréssant, le résultat s'avère déplorable, on a l'impression d'un mixage totalement approximatif entre une boîte à rythmes étouffée, une guitare noisy et un chant décalé, noyé, qui évoluent tout trois chacun de leur côté, sans la moindre cohérence, d'où et c'est là le problème, une impression d'amateurisme total. C'est d'autant plus navrant que Electric Press Kit ne le sont pas, autant leur style spécial semblait maîtrisé sur l'opus précédent, autant tout sonne ici comme l'essai d'un groupe ado sans moyens peu encore au fait de ses instruments. Hélas, ça ne s'arrête pas là, 'Tu voles avec les anges' propose une boîte à rythmes maladroitement programmée, des sons new wave hors de propos et un chant naïf, de nouveau étouffé mais pas assez pour en masquer les défauts. C'est la plongée aux enfers, 'Le soleil se lève nulle part' est mené par un mur de grattes, un beat qui semble s'être égaré là par hasard, quant aux vocaux, une catastrophe...le son est si pourri de toute manière qu'heureusement, on ne comprend pas la moitié de ce qui est dit. Ouf ! De belles nappes de claviers débutent 'Les secrets suspsendus', un rythme adéquat...on se reprend à espérer...et là, catastrophe ! Un chant faux, mal maîtrisé, digne d'un ado trop dark (qui lui, aurait au moins tenté de polir un peu sa qualité)...Du coup, tout le potentiel mélancolique s'envole en fumée ! Le pire est qu'on retrouve les mêmes défauts sur 'Joke'...A ce stade-là, ça en devient une torture d'écouter ce cd...Je ne sais que vous dire si ce n'est que je n'y comprends rien, ni à la démarche, ni au résultat, ni au pourquoi, ni au comment...Ce disque a tout d'une répétition d'un groupe d'ados débutant enregistré au dictaphone par leur copain, je cherche ce qui pourrait sauver cette chronique et je ne trouve rien, rien de rien...sale boulot!

Note : 1/6

Page 196/223 EINSTURZENDE NEUBAUTEN : Tabula Rasa

Chronique réalisée par Twilight

'Tabula Rasa' marque un pas important de la carrière de Einstuerzende Neubauten et d'une certaine manière, le titre n'est probablement pas le fruit du hasard. Si 'Haus der Lüge' témoignait d'une approche plus accessible, le groupe la combinait avec des structures industrielles en continuité avec ses précédents travaux. Lä, dès les premières notes de 'Die Interimliebenden', c'est un changement assez radical, non dans la démarche puisque le groupe continue de produire la majorité de sa musique par des éléments de récupération, exception faite des guitares, mais dans le ton général. Le feeling semble plus apaisé, calme, cette première pièce ayant presque un arrière-petit côté dub spécial. OVNI ? Non, car 'Zebulon' est lui-aussi beaucoup plus tranquille, dépouillé à l'extrême pour le chant, quelques pincements de corde...même si la dernière minute éclate en lignes de guitare dans une veine noisy. 'Blume' est peut-être l'un des morceaux les plus surprenants, une voix féminine, presque enfantine, celle de Blixa en arrière-fond, puis des guitares mélancoliques...mais on est en plein feeling blues ! Ben oui. Attention néanmoins calme ne veut pas dire paix. 'Blume' est une pièce vénéneuse au parfum capiteux, 'Interimliebenden' a quelque chose de déséspéré dans le chant...'12305(te Nacht) renoue avec une tension plus organique, les sonorités sont plus lourdes, nocturnes, le chant sonne un brin plus inquiet...Ce feeling est repris sur 'Sie'...A nouveau aucune violence mais une rythmique plus tribale, empreinte d'une certaine tension telle qu'on peut la sentir en parcourant le bitume humide d'une grande ville avec les lumières se reflétant dans les gouttes sur le sol...On se sent comme hypnotisé par ce roulement sourd qui gronde imperceptiblement à l'intérieur...'Wüste', ma pièce préférée, c'est comme se retrouver face au mur...des nappes de violon mélancoliques et inquiétantes à la fois, des bruissements qui rongent comme le pus ronge une blessure...ce titre baigne dans la fièvre, une fièvre urbaine, insomniaque, presque érotique qui enfle lentement et inéluctablement. 'Headcleaner', chanson finale, renoue avec du pur Neubauten old school...La plaie infectée, il faut amputer ! Guitares sifflantes et malsaines, beats appuyés et métalliques, voix torturées et hurlées, breaks secs, alternance de secondes de silence pesantes et explosions de bruit...jusqu'à une coupure après six minutes (sur 15 !)...quelques sons, des montées de grincements, un corps exorcisé qui se tord dans la douleur...une douleur qui monte, monte et explose totalement sur la reprise du thème de base qui à nouveau se brise, laisse place à un sifflement insupportable et continu comme celui de la mort clinique...et reprise du thème, et retombée...Les nerfs sont soumis à rude épreuve pour qui se laisse emporter dans cette tourmente industrielle. Album déconcertant, disque de la rupture dans la continuité, 'Tabula Rasa' ne fait pas totalement table rase du passé mais tourne clairement une page pour un groupe qui après avoirdéchiqueté le membre pour mettre l'os à nu va maintenant prendre tout son temps pour le disséquer.

Note : 4/6

Page 197/223 THIS SLOW MOTION : Blind Transmissions

Chronique réalisée par Twilight

Selon le livret, 'Blind transmissions' est une compilation de morceaux enregistrés par This slow motion pour des performances publiques, des bandes originales et autres essais non inclus dans leurs albums. Ce qui est certain, c'est que compilation ou non, ce cd colle parfaitement à l'unnivers atypique du duo grec. On y trouve des essais frisant le néoclassique, ainsi l'excellent 'Initialisation' qui se présente comme une sorte de messe lourde sur fond de percussions pesantes, touches symphoniques, qui éclate au final sur quelque chose de passionné et grandiloquent. D'autres morceaux comme 'Elegy', 'Huittinen' ou 'Isotron' sont de purs croisements entre post punk ('Crescent lands') et new wave expérimentale (on songe parfois à Tuxedomoon) mais le ton frise parfois un électro presque EBM (le bon 'NGC 520'), limite technoïde ('Insert part 1'), sans parler de touches plus expérimentales ('Insert-part2'). Avec une extraordinaire habileté, le duo manie noirceur gothique, grandiloquence néoclassique, rythmiques post punk et influences électro à coups de percussions lourdes, de carillons , de synthés endiablés... Marque de fabrique, le timbre si particulier de Theodor Samoladas, capable d'atteindre des aigus que n'aurait pas renié Klaus Nomi ou Francesca Nicoli, ce qui confère à la musique de This slow motion un aspect décadent qui frise parfois la folie. C'est très particulier, on aime ou non...moi j'en suis tombé amoureux à la première écoute.

Note : 5/6

Page 198/223 ARKHAN : M.A.C.H.I.N.E

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Ouargll cette puissance de feu ! Ces suisses là devraient faire un tour en proche Orien, ils régèleraient le truc rapidos ! Arkhan, combo suisse comptant en ses membres des gars d'Ipsum, nous balance là une vraie petite surprise de death, un gros condensé de ce qui se fait actuellement. En gros si l'on met de côté la boite à rythme (impeccablement programmée cependant, puissante, et qui rajoute à l'aspect mécanique et dévastateur de l'ensemble), le disque est réellement impressionnant de bout en bout. Un chant super puissant à la Malevolent Creation sur "Eternal", des riffs qui emprutent autant au death old school qu'au brutal death, des breaks mélodiques inspirés avec ces quelques claviers qui posent des ambiances cybernétiques, et surtout des compos qui balancent du gros riff death/thrash à foisons. Stylistiquement, on pensera donc beaucoup à Malevolent Creation en beaucoup plus varié : des breaks dans tous les sens, des quasi mosh parts, des mélodies suèdoises qui tombent à pics, des claviers qui débarquent de Mars façon Nocturnus (mais toujours quand il le faut, et c'est parfois vraiment énorme cf "Nemesis"), cette boite à rythme dévastatrice et froide... Argh ce disque est monstrueux, et que dire du niveau de composition ? Il y a tout ici, et avec inspiration, tous les types de breaks sont là, le dynamisme est présent tout du long. quand Arkhan ralentit on est écrasé, quand ils accélèrent on est collé au siège, et quand ils hurlent on jouit... Aaah et ces petits solos très old schools cçomme sur "The prisoner", autant de petits détails qui font deviner que l'on a affaire à un grand disque... Assurément, vous le savez je suis très pointilleux dans ce style, mais croyez moi avec ce disque, vous ne pouvez pas vous tromper, "Machine" possède tout, une synthèse de ce qui se fait de mieux en death ces dix dernières années, avec la touche de modernité en plus... La classe tout simplement...

Note : 5/6

Page 199/223 ANTHEMON : Kadavreski

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Anthemon sont loins d'être des nouveaux venus dans la scène metal goth française... Pourtant je n'avais encore jamais eu jusque là l'occasion d'écouter leur musique réellement. C'est donc avec des oreilles quasi vierges que j'entamai l'écoute de ce "Kadavreski". Premier constat, le concept entourant le premier morceau, tiré du dcadavre exquis si cher aux poètes, est franchement difficile à s"ingurgiter. En gros, chacun compose des parties pour un morceau sans savoir ce que les autres ont fait, on met ça en commun, et on arrange le tout. Résultat : un gros pavé de 20 minutes remplis de riffs et breaks dans tous les sens, véritable kaléidoscope à styles, heavy, doom, goth, atmosphérique, agressif, avec tous types de voix, sans structures réellement définie... Pris comme une histoire, le morceau se montre intéressant, bien allongé dans son lit, bercé puis malmené comme les vagues sur un bateau... Mais dans le cadre d'une écoute "standard" laissez tomber, vous ne retiendrez rien. Reste que le concept est vraiment sympa, et pour une fois réalisé correctement... Le truc dommage en fait, c'est que le disque n'ait pas été composé comme ça jusqu'au bout. Car les trois autres pistes, plus standards se montrent finalement plus conventionnelles malgré leurs structures qui, posées sur un autre disque apparaitraient comme super complexes. Bon, je pinaille un peu, car des disques de la richesse de ce "Kadavreski" il n'en sort pas tous les jours. Un chanteur qui maîtrise tous les styles, un clavier qui sait sonner grandiloquent (et même electro à d'autres moments) quand il le souhaite, des grattes qui savent se faire heavy quand il le faut (parfois saccadé, d'autres harmonies tristes, voire arabisantes), bien aidé par un son "made in ampli à lampes" à la fois chaud et puissant, Anthemon a posé un disque qui nécessite de l'investissement. On est loin de la bouffe super prémâché qu'on nous sert depuis quelques années. Alors, après on regrettera certaines fautes de goûts (notamment les influences prog' mal

Page 200/223 digérées) et des parties parfois mal agencées, mais globalement c'ets une bien belle galette que l'on a là, sombre, travaillée, presque bourgeoise quelque part héhé... Le medley d'influences posées ici fonctionne plutôt bien et c'est donc avec un très très gros 4 et une invitation plus qu'enthousiaste à aller écouter ce disque que je conclurai cette chronique d'un disque fort plaisant.

Note : 4/6

Page 201/223 POEMA ARCANVS : Telluric manifesto

Chronique réalisée par pokemonslaughter

bon là faut s'accrocher, Poema Arcanvs ils jouent un "truc" pour lequel il faut montrer un coeur bien accroché pour ne pas fuir en courrant. J'ai pu lire de ci de là, que le groupe marchait bien à l'étranger, me voilà bien surpris, parce que ce "Telluric manifesto" j'ai eu vraiment du MAL. En gros, ces chiliens, collègues de Mar de Grise sbien évidemment, jouent une musique dont l'origine lointaine s emontre plutôt doom, mais qui sur la forme se révèle être un véritable kaleidoscope à styles. J'ai ainsi beaucoup pensé à Noekk pour cet aspect organique de la musique, mélangé à un chant et des structures très prog'. On retrouve pêle même des rythmiques très doom/death, un chant death bien puissant mélangé à un chant clair très Noekk qui ne sont pas sans rappeler My Dying Bride, d'autres moments plus dark metal avec les leads sombres, des cassures en tout genres pour lancer des breaks ambients, du piano, des nappes (presque une ambiance lounge sur "Us"), des arrangements technoïdes, des structures qui partent totalement en vrilles... Arf, difficile de se raccrocher à quelque chose dans cet album, tant il se complaît à nous malmener dans différents horizons musicaux. Parfois sombre, parfois carrément kitsch, des fois limite "faux", en tout cas toujours surprenant, "Telluric manifesto" aura au moins le mérite de se montrer ultra personnel et original. Je n'ose d'ailleurs même pas imaginer comment ils construisent leur morceau en répète... Le problème, c'est qu'en mélangeant autant de choses, et bien on perd un peu tout le monde avant même de les accrocher. De mon côté, ces parties progs m'ont totalement rebutées, de même que le chant soit hors sujet, soit horripilant... Et que dire de ces juxtapositions hasardeuses, genre j'alterne un passage à la Evoken avec un piano buccolique et un chant sirupeux années 80... Bref, si je reconnais les qualités intrinsèques en termes de prises de risques et de réalisations, certaines parties montrent trop de mauvais goût pour réellement m'interpeller, d'où cette note bien sévère malgré ses passages sombres toujours réussis... A écouter cependant les plus téméraires d'entre nous sauront peut-être trouver la clef pour pénétrer l'univers étrange (limite Alice au pays des merveilles) de Poema arcanvs.

Note : 3/6

Page 202/223 FLESHDOLL : [w.o.a.r.g]

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Et un groupe de death de plus ! Pinaize si àa continue y en aura plus que de groupes de true black ! D'autant plus surprenant quand on voit le niveau des dernières sorties françaises. Impureza, Arkhan, maintenant ce Fleshdoll tout à fait sympathique sur le fond... Ma foi ! En gros ces derniers jouent dans la catégorie "brutal mais pas trop", alternant new school et old school, brutalité traditionnelle et mélodies. On retrouve ainsi, coincées entre deux blasts Cannibal Corpse-ien, des petites mélodies discretos (des harmonies tremolo le plus souvent) qui savent aérer un peu la musique proposée par Fleshdoll. Bon, on ne peut pas vraiment dire que le groupe en fasse son cheval de bataille hein...Le trip ici est foncièrement brutal, appuyé par des riffs thrashy et d'autres plus death américain à l'ancienne (Deicide, Cannibal Corpse) et boosté par une prod' bien gonflée aux amphet's. Et là je crois que tout est globalement dit hein... Le groupe ne possède à vrai dire aucune personnalité, mais ça à la limite on commence à en avoir l'habitude. Les morceaux proposés sont bons sans plus, sûrement très efficaces live, mais qui vont sûrement laisser relativement froid tout amateur de muique extrême dans le style depuis plus de 4 ans... Du death qui passe donc, qui a en tout cas le mérite d'essayer de lier ancienne et nouvelle école, et qui le fait correctement, mais sans le moindre génie ou réelle inspiration. Du death bien goupillé, ça aussi on en a l'habitude maintenant, il faut plus désormais...

Note : 3/6

Page 203/223 RAIN PAINT : Disillusion of purity

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Tiens à l'instar de Novembre, Rain Paint a mis la main à la patte pour faire avancer son style et proposer quelque chose de plus intéressant que ce qu'ils ont fait sur leur premier album "Nihil nisi mors". Ici le style s'est radicalement standardisé : on navigue dans une espece de metal vaguement tristounet, plutôt énergique misant sur l'efficacité et se srefrains plutôt que sur le rafinnement de ses arrangements. Enfin, je chambre un peu, car ces derniers sont quand même nombreux, notamment au niveau du chant, principal progrès sur cet album : Aleksi en fait presque trop ! Il passe en revue un peu tous les styles, du plus pur lover au grosses peformances heavy/glamouzes, et avec l'aide d'Henri Villberg de Rapture ajoute même quelques vocaux death de ci de là. Il faut bien avouer qu'il finit presque par souler par moment, mais sur un morceau comme le très Anathemien"Heart will stop" il faut bien avouer que sa prestation est énorme, notamment avec cette petite trouvaille dans son phrasé (après 2 minutes). c'est un peu le lot commun de cet album : il ne paye pas de mine avec son style très rock atmo à minettes, incluant quelques mélodies types vieux In Flames ou des breaks atmo, mais les surprises vont bon train. Un refrain par ci, une mélodie par là, et surtout une énergie bien attirante. Proche des classiques To die For et consorts, Rain paint s'est créé sa personnalité avec ce disque. Moins d'ambiance, plus d'efficacité. Ceci étant dit, on ne pourra pas mettre de côté l'ensemble assez superficiel, tant dans la prod' que dans les morceaux assez convenus (structures simples, tout ets là pour le refrain). On notera des arrangements d'un goût particulier et un mélange de style parfois hasardeux... Le genre de groupes difficilement catégorisable malgré sa musique finalement vraiment pas originale... Bref "disillusion of purity" montre quand même de nets progrès, notamment au niveau du chant et sur l'aspect parfois rock'n'roll posé à l'ensemble. Malgré cela, la prod' aseptisée, le mauvais goût de certaines parties (certaines juxtapositions death/clairs sont affreuses, en plus d'être ultra kitschs), et certaines mélodies qui frisent le niais me refroidiriont quant à rellement pointer du doigt le disque. "disillusion of purity" reste donc simplement un bon disque, sympathique et bien ficelé, pour lequel j'espère avoit réussi à donner envie aux potentiels intéressés...

Note : 4/6

Page 204/223 NOVEMBRE : Materia

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Quelle surprise que ce Novembre, groupe dont je possédais la quasi totale discographie, finalement revendue sans regrets, et qui parvient à me redonenr envie d'acquérir cette disco avec cet excellent "Materia". Oubliez cette pochette pompée à Katatonia, et ce côté niaiseux qui se dégge de l'ambiance, Novembre va, pour cet album en tout cas, bien plus loin. dès l'intro de "Verne" Novembre pose une ambiance nostalgique et introspective d'une force absolument imparable. La première partie du disque est ainsi composée de véritables petites perles de metal émotionnel propre à la rêverie et au regret. Des compos chiadées au possible, remplies de mélodies en tout genres (acoustiques, en contrepoints, à deux leads, d'autres plus simples type Katatonia...), portées par un chant monocorde qui sait apporter un certain charme à l'ensemble avec ses phrasés simples et efficaces ("Memoria stoico/Vetro" totalement splendide au moment de son break carrément doom désespéré), transcendées par un songwriting de qualité supérieure (ralentissements, accélérations, breaks en tout genres, chaque morceau est d'une variété ahurissante). On pense bien évidemment à Opeth ou à Anathema en plus chiadé, mais ce serait oublier les années et toute l'experience que Novembre a su mettre à profit pour se créer son propre style, entre rock atmo, metal à la old katatonia, passages bien extrêmes, et ambiance nostalgique feutrée. Le véritable défaut de ce disque ce sera en fait l'incroyable niveau de sa première partie de disque. Dès "Geppetto" le rythme imposé par les morceaux précédents se voit cassé par cette compo un peu bancale, un peu trop niaise et sans grosse surprises. Bon ok "Comedia" remet vite les pendules à l'heure avec son démarrage digne d'un gros groupe de black, et son enchaînement avec un couplet d'un tragique vraiment poignant, put-être le moment le plus touchant du disque.. Mes aïeux quel progrès au chant ! Malheureusement, après ce soubresaut de quasi génie (oui bon hein on va pas trop s'enflammer, ce n'est "que" superbe héhé), "the promise" débarque avec ces guitares parfois Floydiennes et se montre un bon cran en dessous... Idem pour la suite, qui se fait plus niaise, plus calibrée, présentant un metal atmo sympa mais sans la super classe qui caractérisait les morceaux sus-cités... Attention, on est loin d'avoir des morceaux chiants, l'ambiance nostalgique est toujours là, voire carrément dépressive sur le début de "Materia", mais le chant commence à lasser, les oppositions judicieuses avec du chant extrême sont trop rares, peut-être le disque est-il trop long ? Peut-être l'inspiration commence-t-elle à faire défaut ? ("Nothinjgrad" est à mon sens le plus mauvais morceau du disque). Toujours est-il que la qualité des harmonies et arrangements présentés ici forcent le respect, voire selon sa position l'admiration. On pourra toujours reprocher une approche un peu mièvre de l'ensemble, "Materia" étant clairement le disque le plus rock de Novembre, mais c'est à mon sens aussi leur meilleur album. Alors à quoi bon faire son intégriste ? "Materia" est un excellent disque, et ça je crois qu'il faudrait être sourd pour ne pas l'entendre.

Note : 5/6

Page 205/223 LACRIMAS PROFUNDERE : Filthy notes for frozen hearts

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Tiens on m'aurait menti ? Lacrimas Profundere je croyais que c'était du metal atmo vaguement doomy avec des vocaux extrêmes, et pas un n-ième ersatz de Him/Charon/entwine. non parce que très franchement, ce "Filthy notes for frozen hearts" est complètement déprimant de non-inventivité. On navigue dans un rock/metal vaguement tristounet misant tout sur des atmosphères feutrés et un chant de lover (le sieur doit beaucoup aimer Type O Negative...) qui fait des clins d'oeil au premier rang. Et là je crois que tout est dit... Tous les morceaux font trois minutes, aucune prise de risque, les refrains sont téléphonés, les couplets déjà entendus dix milles fois (vous savez ces vieux riffs mutés éculés) et les structures bien évidemment sans surprises. Alors ouais, cela s'écoute sans trop de difficultés et en tant qu'ancien amateur du genre, j'avoue m'être bien régalé aux premières écoutes (d'où la note) mais un tel conformisme ne mérite pas que l'on accorde une note supérieure à la moyenne. Car quand je dis zero surprise c'est vraiment rien, nada, niet, que dalle. Même alternance de morceaux heavy et d'autres plus "ballades", mêmes mélodies de claviers toutes connes, mêmes rythmiques, et en plus le chanteur n'est même pas vraiment talentueux... On m'aurait dit que c'était le nouveau Charon, je n'aurai pas bronché en fait. Attention messieurs au syndrôme de "bouffe" mmusicale... Non très franchement, à part la prod' assez sombre, moins "polie" que les autres, et ce songwriting finalement irréprochable (normal, ils prennent aucun risque), je ne vois pas ce qui pourrait rendre ce disque aussi célèbre que ses illustres influences qu'il plagie ici à foison...

Note : 2/6

Page 206/223 LAID IN ASHES : Bastards from hell

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Numero 665, Laid in Ashes. Bonjour vous venez pourquoi ? Une chronique monsieur. Ah, c'est vrai que vous m'avez pas l'air bien avec votre pochette affreuse genre "regarde je sais faire les yeux de morts vivants tout blanc !". Examinons ça. Ah oui, la prod' est pas folichonne c'est clair. Allez hop 2/6. Ah merde c'est vrai faut pas faire comme l'autre webzine d'en face, on ne va pas s'arrêter là. Bon, ok, mettez vous à genous, écartez les jambes. *chlak* *chlak* font les gants en latex*. Humpf, ah ouais c'est que vos riffs de grattes ne sont pas super frais... Et lorsque vous criez ca donne quoi ? Ah ouais, va falloir faire quelque chose pour ce chant death, non parce que là vous n'y êtes pas du tout, c'est totalement décalé avec le reste de votre anatomie. Vous enlevez votre T-shirt ? Voyons voir ce qu'il y a sous les croûtes. Ahah ! J'en étais sûr, des petites mélodies repompées de ci de là, bien planquées derrière ces riffs bien encroûtés vu leur âge. Non ca va pas du tout ici, heureusement que vous êtes un bon gaillard et que vous avez une bonne structure, non parce que sinon vous passiez pas loin du drame là... Ouais vous êtes surprenant même, avec tous ces vices planqués, vous parvenez à fonctionner et à faire votre taff... Ceci dit, si vous voulez vous reconvertir dans la bonne musique, de mon côté je n'aurai qu'un seul traitement à vous proposer : le lavement.

Note : 2/6

Page 207/223 MISERY INC : Random end

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Aie, Firebox se met à sortir du metal extrême "pop" lui aussi... Mais où va-t-on ? Bah en fait, faut bien l'avouer il est pas si mal ce Misery Inc. derrière ces airs de suiveur difficilement caché derrière une pochette bien cool. La chronique peut-être vite vue dans le style pratiqué par nos amis de Misery Inc. ne laisse pas place à l'erreur, et en l'occurence ici, ils savent éviter les principales. En gros, prenez des gros riffs death/thrash bien modernes, une alternance de chant death et clairs vraiment sympas, les deux se montrant bien puissants et attachants (avec en prime le petit ton mélancolique du chant clair qui me rappelle de façon lointaine Entwine ou plutôt Rain paint), et ajoutez-y des structures bien simples et efficaces qui privilégient l'accroche aux artifices divers. D'ailleurs, ce sera un peu toujours le même schéma sur chaque morceau, pas de réelles surprises, on pouvait s'y attendre tant parvenir à étonner l'auditeur dans ce style éculé relève du quasi-miracle. Mais pourtant, Misery Inc. parvient à faire mouche avec ses refrains bien catchy voire parfois légèrement nostalgiques(pas tous attention ! Mais on dira que la moitié des morceaux peut faire figure de hit), ses solos très Children Of Bodom-ien ou bien ses accélérations classiques mais efficaces. Un peu facile par moment il faut bien le reconnaître (sur la longueur le disque s'essouffle), de par ses riffs trop typés death/thrash actuel du genre d'un Hatesphere ou de Soilwork, ou avec ses refrains vraiment trop téléphonés... Bref, "Random end" n'est clairement pas un disque qui fera date c'est certain, maispourtant, malgré sa prod' pas franchement impressionnante et son style super éculé et casse-gueule, et bien j'ai toujours passé un moment sympa à son

écoute. De temps en temps, un disque bien facile d'accès comme ça et inspiré cela fait du bien croyez-moi...

Note : 4/6

Page 208/223 VII ARCANO : Nothingod

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Y a un truc fou quand même actuellement, c'est même pas la quantité de promos, mais surtout le tas de formations inconnues qui les constituent. C'est effarant de voir qu'à chaque nouvelle fournée, toute votre culture est remise en question avec tous ces groupes pas forcément nouveaux d'ailleurs. Et puis on les écoute et alors on comprend tout de suite mieux. Bloody hell, c'est ça la scène actuelle ? Loin de moi l'idée de vouloir faire le vieux con qui crache sur tout, mais franchement cela fait peur. VII arcano eux, rentrent dans la case "vieux groupe qui essaye de percer 15 ans après". Et oui ce groupe a été fondé en 89 ! ahah... Bref, je vais pas épiloguer sur la bio du groupe, c'est sur leur site pour les courageux. Pour le reste, VII arcano c'est du death/thrash façon moderne. C'est à dire des gros riffs thrashy balancés à 2000 à l'heure, le tout sur un rythme bien évidemment toujours enlevé, avec les quelques blasts de circonstance, la double éclair et le gros chant extrême super pas efficace. Le truc, c'est que VII Arcano comme bon nombre de ses copains qui galèrent pendant 15 ans (bon y en a pas des masses non plus des aussi obstinés), ne fait que repomper ce qui se fait actuellement en terme de riffs, et se paye même le luxe de se montrer mou, la faute à une prod' beaucoup trop propre et peaufinée pour le style... Seul point positif, le dernier morceau qui d'un coup se fait super sombre sur la fin, avec pas mal d'arrangements et du clavier ! Alors oui, le groupe maîtrise bien les "lancers" de riff (ne riez pas), mais pff tout ça ets tellement éculé et ne procure tellement "rien" qu'un banal 3 ne pourra qu'aller comme un gant à ce disque somme toute... banal.

Note : 3/6

Page 209/223 LOVE FORSAKEN : Sex, war and prayers

Chronique réalisée par pokemonslaughter

putain le titre trop blasphématoire ! Du sexe, de la guerre, un crâne en photo, yaouh ca va bourrer sec ! Ah ben nan du tout. En même temps venant d'un groupe avec "love" dans le nom fallait se méfier. En fait Love Forsaken, ils doivent adorer toute cette scène de death mélo à claviers très tendance dans les pays de l'Est. Non parce qu'ils font exactement pareil, et qu'en plus ils le font même pas bien. En fait Love Forsaken part d'une base plutot thrash/death, entendez des riffs simples tout en power chords, avec parfois des incartades plus barrés comme sur le sympathique "the human race" qui sait aller fouiner plus loin dans les rythmiques. Ah oui, car je ne vous l'avais pas dit, Love Forsaken ils n'hésitent pas à faire du trchnique, entendez les écoles genre Cynic et compagnie, mélangé à toute la scène metal progressif. Le résultat est vraiment pas top, les claviers sont très mal mélangés au reste, le chant est complètement hors propos, sympa au premier abord (bien hargneux !), complètement saoulant dès le second morceau (toujours pareil !). Pourtant on ne peut pas reprocher au groupe de ne pas avoir bossé son album, en témoigne la très progressive "Forsaken love" de plus de 8 minutes qui n'oublie pas d'être bien kitsch avec sa vieille rythmique de refrain... Mais le problème ici, c'est la platitude de l'ensemble. Il y a tout dedans, et pourtant on n'a rien... Ah si, sûrement pour laisser une bonne impression de fin, l'outro est sympa avec sa boite à musique et sa gonzesse qui gémit.. Allez rien que pour les gémissements top sex ca vaudra bien deux boules.

Note : 2/6

Page 210/223 HELLSPAWN/HATEFUL/IMPUREZA : Tworzenia, resurrezione, démence

Chronique réalisée par pokemonslaughter

Ah ! Après un 4 way split et une réédit' de la démo de Black Bleeding pas folichonne, Nihilistic Holocaust retrouve un excellent niveau avec ce split présentant les trois poètes que sont Hellspawn, Hateful et Impureza. Ici, pas la peine de tergiverser cinquantes années : il s'agit de brutal death, qui plus est du bon. Hellspawn se montre le plus classique des trois groupe avec son death metal très typé américain, avec son batteur aux blasts épileptiques et riffs qui ne sont pas sans rappeler un vieux Hate Eternal. L'ensemble se montre bien fignolé, les titres passent bien, mais on attend toujours ce break qui va tuer ou tout simplement cette sensation de brutalité qui pêche un peu... Bon, mais sans l'étincelle quoi. Pour Hateful, le niveau monte encore. Dès "Ravenous", le ton est donné, gros blast qu'on sent tout de suite plus old school, chant death traditionnel qu'on imagine sans peine aller fouiner du côté du hardcore. Le groupe propoise l'interprétation la plus énervée des trois présents ici, avec ce côté vieille école très attachant. On pense immédiatement à des groupes comme Internal Bleeding, et très franchement, contrairement au groupe précédent, ici la brutalité on l'a, et en pleine gueule ! Des riffs inspirés, des changements de rythmes nombreux sans verser dans la surenchère. Allez hop trois morceaux de deux minutes et c'est bâché ! Tant mieux, ca nous fera 6 morceaux de Impureza. Car ces français qui sortent un peu d enulle part proposent là une musique super maîtrisée, peut-être pas au niveau des commentaires dythirambiques que j'ai pu lire à son égard, mais qui a le mérite de se placer nettement au dessus du marasme death metal underground dans lequel bon nombres de groupes se complaisent. Avec "La luz de la luna negra" on comprend vite que le groupe est là pour apporter quelque chose. Une influence Nile très nette, des textes en espagnols et surtout des passages acoustiques types flamenco très surprenants mais globalement bien amenés. On en aurait d'ailleurs aimé en entendre plus ! Car pour le reste impureza reste certes efficace, mais très classique, avec les blasts marteau piqueurs qui ne s'arrêtent jamais, les ralentissements bien lourds et surtout l'ambiance souffrée (merci la prod', claire et puissante bien qu'un peu étouffée). Un groupe qui a intérêt à creuser son concept, et à quitter ses influences Nile trop présentes encore. Un morceau comme "La checa del perverso" montre d'ailleurs parfaitement ce dont le groupe est capable : brutal, super sombre, et créatif avec sa rythmique centrale décharnée... Bref, très bon split il faut bien l'avouer, trois découvertes intéressantes, notamment bien évidemment Impureza qu'il va désormais falloir suivre de près...

Note : 4/6

Page 211/223 INDRA : Sideral Music

Chronique réalisée par Phaedream

Hummm… une autre réédition du catalogue du synthésiste Roumain. Cette fois-ci Indra nous amène dans un voyage atmosphérique où les rythmes sont absorbés par des longs passages statiques. Sideral Music est un voyage audacieux qui demande énormément d’ouverture et de curiosité culturelle. Car il y a matière à étrangeté musicale. Atlantis baigne dans une atmosphère emphatique dense où des notes éparses épousent de sublimes harmonies sur un fond d’effets sonores agressant. Guitare acoustique, flûte éthérée, mouvements pour songes de nuits tourmentées. Indra réussi à coller des notes et des étranges lignes aux mélodies écourtées par des frappes et des percussions claquantes. Toujours aussi statique Orion Bliss est plus harmonieux, si l’on veut bien accepter le principe qu’une harmonie n’est pas nécessairement gage de mélodie. Indra nous berce aux limites d’une imagination voilée par de lourds sédatifs. Orion Bliss glisse sur une nappe vaporeuse, entourée d’effets sonores analogues dans un cosmos inter sidéral. À mi chemin entre la froideur des océans galactiques et la chaleur des âmes sédentaires en quête d’un romantisme médiéval. Je ne peux pas dire que j’ai percuté mon lampadaire. J’ai trouvé ça très long. Mais vous savez combien j’aime le planant? Si vous ne le savez pas encore, je le redis; je déteste. En ce qui me concerne Sideral Music emprunte les voix lactées, surtout avec Orion Bliss, du Nouvel Âge américanisée par Ray Lynch et David Lanz. Pour amateur d’ambiant, de statique et de musique céleste, avec un zest d’inconfort sonore sur Atlantis.

Note : 3/6

Page 212/223 INDRA : Signs

Chronique réalisée par Phaedream

Une des forces d’Indra est sa diversité. Le synthésiste Roumain n’as pas peur d’évoluer dans un mode artistique qui est le sien. De la Berlin School rétro aux fonds cratères ambiants, en passant par la New Berlin School, ses opus sont aussi étonnants que déroutants aux premières écoutes. Mais il y a toujours ce petit quelque chose qui revient et qui fait qu’on réécoute. Signs est plein de ces petits quelques choses. Un cd colossal qui étonne par sa pluralité des genres. Tout en écho Atlas on Stage nous hypnose avec sa fine ligne séquentielle, son beat suave et ses percussions aux saveurs analogues. Les notes de synthé s’emmêlent en écho et entament une marche hypnotique sur fond orchestral. Alors que des mouvements aux couleurs de section à cordes se tordent avec langueur, le titre épousent une ligne qui vrille et qui tourne et tourbillonne en se repliant sur elle-même. Un titre étonnant qui accroche instantanément. La table est mise pour Signs. Un album aux diverses sonorités qui propose des titres légers, mélodieux qui oscille entre un techno léger, un new age timide et quelques bonnes lignes séquentielles à la Berlin School. Indra est maître de son royaume et exploite les notes et pulsations en spirale, donnant une profondeur inouïe à ses compositions. Si Saltimbanc est aux limites du New Age avec son synthé pianotant et son rythme léger, Ariel est un titre plus profond. Un doux synthé souffle sur un séquenceur hésitant, formant un fond d’écho. Le tempo est lent et se balance sur des percussions traînantes et des soyeux tablas. Avec The Bride is Happy c’est le temps de taper du pied. L’approche est assez techno avec son beat sec et ses accords lourds, un peu à la Depeche Mode. Sheik’s Dream est une autre trouvaille. Sur une ligne hésitante, modulée avec une basse sensuelle, un synthé s’échappe et laisse partir une ligne à saveur d’accordéon aux accords asiatiques. Le synthé fuse de superbes solos, qui se répandent par écho, accroché par de solides percussions. Un titre superbe qui évolue sur un génial passage où percussions et synthé provoquent un remous qui intensifie la cadence. Un des très bons titres du catalogue Indra. Quick Movement propose une ligne séquentielle tourbillonnante à saveur Berlin School. Sans être hypnotique, le beat vrille autour de percussions galopantes et de notes désordonnées qui épousent des mouvements mélodieux. To Jenna possède un beat techno soft à la Jarre qui tourbillonne autour d’un synthé mélodieux et des effets sonores analogues qui ont marqués les premières œuvres de Jarre. Un beau titre tout aussi mélodieux qu’entraînant. Plus posé The Monk émerge des bruits rauques atmosphériques et embrasse une fine lige séquentielle hypnotique, à la Berlin School. Le beat charme et étonne avec ses lignes aux effets tribaux. Next Future assomme avec ses grosses percussions. Le rythme est statique et se balance sur une ligne continue supporté par un synthé fabuleusement désordonné qui s’approche du style Schulze. En mi parcours, le rythme casse et devient plus animé avec de très bons solos de synthé et des percussions plus endiablées. Un autre titre très fort. Telos clôture Signs sur une note ambiante. Le synthé pleure parmi les courts effets sonores. Pleure-t-il ou souffle-t-il? Peu importe. Il est mélancolique à plein nez et d’une douceur qui n’a d’égale que sa beauté. Signs est l’un des bons cd de 2005. Indra embrasse tous les genres avec autant de facilité qu’il maîtrise ses synthés. C’est un cd fort harmonieux qui s’écoute du début à la fin, sans voir le temps.

Pas une note de perdue, pas de gaspillage artistique. Un 55 minutes bien placé qui vaut amplement la dépense.

Note : 5/6

Page 213/223 THE NEW YORK ROOM : 1991-1995

Chronique réalisée par Twilight

Dans les X-Files du goth, je vous présente New-York Room, groupe dont je n'ai jamais entendu parler, sorti sur un label que je ne connais que vaguement (comme si j'étais la référence absolue aussi...) et sur lequel, je n'ai trouvé pratiquement aucune info, si ce n'est que outre cette compilation, ils ont tout de même produit 4 cds ! Bref, ce disque existe, le groupe aussi, une chronique s'impose, d'autant que la musique est plutôt intéressante. Sur les vingt-deux morceaux ici présentés, The New York Room pratique une dark wave couvrant un spectre d'influences allant de et Love is colder than death à Cocteau Twins ('Blue Dahlia') en passant par The Baroness. Les compositions oscillent en effet entre tentations néoclassiques ('Maria', 'The Ruins of Athens'), heavenly ('Winter gardens'), touches electrogoth ('Etheral gloom') et gothiques ('Kiss of the succubus'). De ce point de vue, le chant de Michelle participe de beaucoup à la dynamique des compositions mises en place par Matthew Ervin qui sait user de simplicité sans tomber dans la facilité. Pas de réelle faiblesse dans cette collection, même si on ne hurle pas forcément au génie non plus, mais des titres qui se détachent nettement ('Minion of the gypsies', 'Maria', le médiéval 'The seventeen-year-locusts', le 2ème mouvement des 'Ruins of Athens' ou le mélancolique 'Redemption' au piano). Pour les amateurs de heavenly goth, cette mystérieuse production tient tout à fait ses promesses.

Note : 4/6

Page 214/223 THE NEWLYDEADS : Dead end

Chronique réalisée par Twilight

Malgré une pochette à esthétique vaguement deathrock/batcave, c'est plutôt du côté de Nine Inch Nails, Revolting Cocks et Marilyn Manson qu'il faut chercher les influences des Newlydeads: de ce point de vue, le groupe s'inscrit parfaitement dans son époque: guitares pêchues, feeling rock'n'roll décalé, quelques samples pour parachever le tableau et une voix malmenée entre Ministry et Manson, sans compter une palette variée d'effets, parfois à l'intérieur du même titre. Ce n'est pas désagréable à l'écoute mais contrairement aux parrains du genre, les Newlydeads ne parviennent pas à s'extirper d'une certaine linéarité. On écoute volontiers le cd mais aucune chanson ne se détache particulièrement. Il leur manque l'imparable énergie de Ministry et un certain sens de la mélodie efficace à la Manson; du coup, malgré quelques tentatives réussies ('Hot pink hot rod'), les voilà qui produisent une musique pour kids en rebellion, vite oubliée une fois adulte.

Note : 2/6

Page 215/223 CAUDA PAVONIS : Pistols at dawn

Chronique réalisée par Twilight

C'est une formule assez originale qu'a choisi le duo Cauda Pavonis : voix, batterie. Bien sûr, il y a aussi un peu de programmation pour étoffer mais vu le chant de Su Farr, on se rend compte, qu'il suffit amplement et qu'il n'y a pas besoin de beaucoup plus. On songe volontiers à une version plus grave de la jeune Siouxise ou à Scary Bitches et il permet au groupe un développement mélodique certain mis en avant par les orchestrations volontiers dépouillées. La faiblesse du disque réside peut-être justement dans le manque de punch de la musique elle-même; c'est bon mais on peut regretter que le jeu de batterie ne soit pas plus développé, plus sauvage, ça reste un peu neutre. La programmation est certes très bien maîtrisée et originale (notamment de par ses sonorités baroques) mais c'est bien Su qui porte l'essentiel de l'aspect émotionel de par sa voix et fait de titres comme 'Sanctify', 'Wardance', 'She's the cure' , 'Requiem' ou 'Daibolique' de bien belles pièces mêlant vieil esprit cold wave, new wave dépressive et gothic rock pour une collection de chansons plutôt réussies et agréables. Cauda Pavonis, un groupe un brin à part dans le paysage anglo-saxon.4,5/6

Note : 4/6

Page 216/223 Informations

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Page 217/223 Table des matières

Les chroniques ...... 3

YOKOTA (Susumu) : Sakura ...... 4

SCHULZE (Klaus) : Are You Sequenced?...... 6

SCHULZE (Klaus) : In Blue...... 7

LURKER OF CHALICE : Lurker Of Chalice ...... 9

VENETIAN SNARES : Rossz Csillag Allat Született ...... 10

LJA : Til avsky for livet ...... 12

RED MOURNING : Six four six ...... 13

BLACK LABEL SOCIETY : Stronger than death ...... 14

BURST : Conquest Writhe...... 15

BURST : Prey On Life ...... 16

WITCHBURNER : Final detonation ...... 17

BURST : Origo...... 18

VATICAN'S CHILDREN : Satan...... 19

CASH (Johnny) : American recordings ...... 20

CASH (Johnny) : Unchained...... 21

CASH (Johnny) : American III: Solitary man...... 22

CASH (Johnny) : American IV: The man comes around ...... 23

ARCANE : Alterstill ...... 24

NEW MODEL ARMY : The love of hopeless causes...... 25

SEELENKRANK : Engelsschrei ...... 26

THE SMITHS : Meat is murder...... 27

THROBBING GRISTLE : CD1...... 28

NEW MODEL ARMY : All of this - the 'live' rarities...... 29

THE PSYCHEDELIC FURS : All of this and nothing...... 30

ARCANE : Gather Darkness...... 31

ARCANE : Future Wreck ...... 32

CLANDESTINE BLAZE : Fire burns in our hearts ...... 34

CLANDESTINE BLAZE : Night of the unholy flames ...... 35

CLANDESTINE BLAZE/ DEATHSPELL OMEGA : split album ...... 36

ATARAXIA : Sueños ...... 37

ORBITAL : In sides ...... 38

REMY : Sense...... 40

Page 218/223 BASTIEN (Pierre) : Pop...... 42

ZORN (John) : The circle maker...... 43

RABBINICAL SCHOOL DROPOUTS : Cosmic tree ...... 44

PEROWSKY (Ben) : Camp songs ...... 45

ISRAELITE (Koby) : Dance of the idiots...... 46

ZOHARA : Scorched lips...... 47

BASTIEN (Pierre) : Téléconcerts ...... 48

McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : S/t ...... 49

McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Live at Willisau...... 50

McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Travelling somewhere...... 51

McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Bremen to Bridgewater...... 52

McGREGOR'S BROTHERHOOD OF BREATH (Chris) : Country cooking ...... 53

ARCANE : 33 1/3 rpm...... 54

VAN RICHTER (Max) : Resurrection...... 55

CERTAMEN (Adam Bownik) : I awoke in a dream ...... 57

PESTILENCE : Consuming impulse ...... 58

PESTILENCE : Spheres...... 59

PESTILENCE : Malleus maleficarum ...... 60

PESTILENCE : Testimony of the ancients...... 61

KATATONIA : Deliberation ...... 62

URKRAFT : Eternal cosmic slaughter...... 63

CODE INDIGO : Chill...... 64

CLANDESTINE BLAZE : Fist of the Northern destroyer...... 66

COMPILATION DIVERS : Overflow...... 67

POLYGON : Omnon...... 68

POLYGON : Beyond nothing ...... 69

CLANDESTINE BLAZE : Deliverers of faith ...... 70

TEMNOZOR : Sorcery of fragments...... 71

STARGAZER : The scream that tore the sky ...... 72

THE GOD MACHINE : Scenes from the second storey ...... 73

GORGUTS : Obscura...... 74

BOARDS OF CANADA : A few old tunes...... 75

BARRETT (Syd) : The madcap laughs...... 76

BARRETT (Syd) : Barrett...... 77

CORTISOL : Meat ...... 78

Page 219/223 FREE SYSTEM PROJEKT : Impulse ...... 79

SADIST : Above the light...... 81

BOLT THROWER : Realm of chaos...... 82

SACRAMENTUM : Far away from the sun...... 83

WRIGHT (David) : Reflections ...... 84

MOONBOOTER : Teralogica...... 86

UNDERGROUND RESISTANCE : World 2 world ...... 88

GENE LOVES JEZEBEL : Immigrant...... 89

GENE LOVES JEZEBEL : Kiss of life ...... 90

KAT ONOMA : Live à la Chapelle ...... 91

POLYGON : Images ...... 92

DISPLACER : Remixes for free ? ...... 93

REVEREND BEAT-MAN AND THE CHURCH OF HERPES : Your favourite position is on your knees...... 94

ROME : Berlin ...... 95

BATTERED : Battered ...... 96

COÏT : Brutal fantasy...... 97

LAIKA & THE COSMONAUTS : C'mon do the Laika ! ...... 98

LAIKA & THE COSMONAUTS : Surfs you right...... 99

LAIKA & THE COSMONAUTS : Instruments of terror...... 100

LAIKA & THE COSMONAUTS : Absurdistan...... 101

AMENRA : Mass III ...... 102

MILLS (Jeff) : Purpose maker compilation ...... 103

JIANNIS : Plugged...... 105

NEW MODEL ARMY : Carnival...... 107

NATTEFROST : Absorbed in Dreams and Yearning...... 108

ATARI TEENAGE RIOT : Burn, Berlin, Burn !...... 110

FROESE (Edgar W.) : Orange Light Years ...... 111

FROESE (Edgar W.) : Dalinetopia ...... 113

PRONG : Prove you wrong...... 115

PRONG : Cleansing ...... 116

PRONG : Rude awakening...... 117

HELMET : Betty...... 118

HELMET : Aftertaste...... 119

WOLFSHADE : Evening star ...... 120

NIHILISTIC KAOS : Les homélies du vice ...... 121

Page 220/223 CAULDRON BLACK RAM : Skulduggery...... 122

UNCREATION'S DAWN : Death's tyranny ...... 123

RICH (Robert) : Sunyata...... 124

RICH (Robert) : Trances / Drones ...... 125

RICH (Robert) : Numena ...... 126

RICH (Robert) : Rainforest ...... 127

THE HERETIC : Gospel songs in E minor...... 128

BLACK LABEL SOCIETY : Alcohol fueled brewtality live !! + 5...... 129

RICH (Robert) : Geometry...... 130

LIFE OF AGONY : Ugly...... 131

LIFE OF AGONY : Soul searching sun...... 132

PEEPING TOM : S/T...... 133

REVEREND BEAT-MAN AND THE UN-BELIEVERS : Get on your kness ...... 134

SEX GANG CHILDREN : Medea...... 135

SEX GANG CHILDREN : Pop up ...... 136

SYNGATE - SATZVEY CASTLE : Satzvey Castle 2004...... 137

INDRA : Maharaj...... 138

BOARDS OF CANADA : Aquarius...... 139

JOY DIVISION : Substance 1977-1980 ...... 140

HOCICO : Aqui y ahora en el silencio...... 142

DEINE LAKAIEN : Kasmodiah...... 143

COMPILATION DIVERS : Cryosphere ...... 144

CANOVAS (Javi) : Light Echoes ...... 145

COMPILATION DIVERS : Noise.il ...... 146

DARKTHRONE : A blaze in the northern sky...... 147

HOCICO : Signos de aberracion...... 148

HOCICO : Blasphemies in the holy land ...... 149

RADIO MASSACRE INTERNATIONAL : Hog Wild ...... 150

NACHTMYSTIUM : Eulogy IV ...... 151

THE STONE : Zakon Velesa ...... 152

PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Schlingen-Blängen...... 153

GISMONTI (Egberto) : S/t...... 154

GISMONTI (Egberto) : Sonho'70 ...... 155

GISMONTI (Egberto) : Orfeo novo...... 156

GISMONTI (Egberto) : Agua & vinho ...... 157

Page 221/223 GISMONTI (Egberto) : S/t...... 158

GISMONTI (Egberto) : Academia de dancas ...... 159

GISMONTI (Egberto) : Coracoes futuristas ...... 160

GISMONTI (Egberto) : Danca das cabeças...... 161

GISMONTI (Egberto) : Carmo ...... 162

GISMONTI (Egberto) : Sol do meio dia...... 163

GISMONTI (Egberto) : No caipira ...... 164

GISMONTI (Egberto) : Solo...... 165

GISMONTI (Egberto) : Circense...... 166

GISMONTI (Egberto) : Sanfona...... 167

GISMONTI (Egberto) : Cidade coraçao ...... 168

GISMONTI (Egberto) : Bandeira do Brasil...... 169

GISMONTI (Egberto) : Duas vozes...... 170

GISMONTI (Egberto) : Trem caipira ...... 171

GISMONTI (Egberto) : Feixe de luz ...... 172

GISMONTI (Egberto) : Danca dos escravos ...... 173

PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Alloy ...... 174

PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : In-mid-air...... 175

YORKE (Thom) : The eraser ...... 176

YAKUZA : Samsara ...... 177

PALESTINE (B. 1945) (Charlemagne) : Music for big ears...... 178

THE PAPER CHASE : Now you are one of us ...... 179

THE SWORD : Age of winters...... 180

LABBÉ (Pascale) / MORIÈRES (Jean) : Un bon snob nu...... 181

BRAINWORK : Soundclouds...... 182

RF : View of distant towns...... 184

PHANTOM VISION : Calling the fiends ...... 185

ROYKSOPP : Melody A.M...... 186

PAN SONIC / CHARLEMAGNE PALESTINE : Mort aux vaches ...... 187

MOTHER DESTRUCTION : Hagazussa ...... 188

TANGERINE DREAM : Green Desert ...... 189

TANGERINE DREAM : Stratosfear ...... 190

DELEYAMAN : 3...... 192

SIGUR ROS : Hlemmur...... 195

ELECTRIC PRESS KIT : Analogic...... 196

Page 222/223 EINSTURZENDE NEUBAUTEN : Tabula Rasa...... 197

THIS SLOW MOTION : Blind Transmissions...... 198

ARKHAN : M.A.C.H.I.N.E ...... 199

ANTHEMON : Kadavreski...... 200

POEMA ARCANVS : Telluric manifesto ...... 202

FLESHDOLL : [w.o.a.r.g] ...... 203

RAIN PAINT : Disillusion of purity...... 204

NOVEMBRE : Materia...... 205

LACRIMAS PROFUNDERE : Filthy notes for frozen hearts...... 206

LAID IN ASHES : Bastards from hell...... 207

MISERY INC : Random end...... 208

VII ARCANO : Nothingod ...... 209

LOVE FORSAKEN : Sex, war and prayers...... 210

HELLSPAWN/HATEFUL/IMPUREZA : Tworzenia, resurrezione, démence...... 211

INDRA : Sideral Music...... 212

INDRA : Signs ...... 213

THE NEW YORK ROOM : 1991-1995 ...... 214

THE NEWLYDEADS : Dead end ...... 215

CAUDA PAVONIS : Pistols at dawn ...... 216

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