Les Archives Du Sombre Et De L'expérimental

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Guts Of Darkness Les archives du sombre et de l'expérimental juillet 2006 Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com © 2000 - 2008 Un sommaire de ce document est disponible à la fin. Page 2/223 Les chroniques Page 3/223 YOKOTA (Susumu) : Sakura Chronique réalisée par dariev stands Printemps au Japon. Voilà l’évocation surgissant au détour d’une écoute de ce « Sakura » (fleur de cerisier, en japonais), œuvre fluide, liquide, parfois manquant de consistance. Une œuvre qui a le pouvoir d’interrompre le cours du temps, de draper les environs dans une sorte de solennité fragile, incitant à une contemplation pastorale et mélancolique. Ce n’est pas un hasard si cet album mutin et végétal sort sur le label « Leaf »… Tout est à la fois figé et éphémère dans cette musique, comme pour une plante. Les connaisseurs de la mythique musique de la série Silent Hill seront en proie à quelques frissons sur l’anxieux « Tobiume ». En effet, il évoque l’ambient bruitiste et glauque créé par Akira Yamaoka. Yokota se serait-il inspiré du génial compositeur pour « Sakura » ? On sait qu’une autre partie de son travail émane de la vision des films d’Hayao Miyazaki. On pense aussi, à certains moments de l’album, aux travaux de Brian Eno, en particulier ceux avec David Byrne. « Uchu Tanjyo », retour à la sensation de calme dominante du disque, utilise une voix parlée comme base. Une idée qui illustre à merveille l’état d’esprit du discret Susume, désireux de restaurer la mélodie du monde grouillant autour de nous, de redonner aux bruits organiques environnants leur touche de musicalité qui leur a été volée par l’indélicate oreille humaine, trop habituée qu’elle est au marasme urbain. Aussi faut-il peut être se rendre dans une forêt pour redécouvrir cet environnement sonore d’une oreille neuve, et ‘écouter’ à nouveau les bruits dits ‘parasites’. Et c’est ce que nous propose Yokota : écouter plutôt que d’entendre. Ecouter pour mieux ressentir. Réapprendre à apprivoiser les sons. N’a-t-il pas déclaré : « La manière d’écouter la musique est une composante de la musique elle-même » ? Peu tenté par les orchestrations lourdes ou les effets, il prend le risque de s’abandonner au dépouillement. Ce qui n’était pas musical le devient ici, et remplace donc ce qui aurait pu être une boîte à rythme ou un sample… Les craquements (de vinyle ?) de « Gekkoh » ainsi que les cymbales de « Ganshi » invoquent la pluie, tandis que des nappes – sur ce dernier morceau – rappellent un Boards Of Canada naturaliste, qui aurait mangé des feuilles au lieu de champignons hallucinogènes. Un BOC décharné, moins frappé, plus simple d’accès, aussi. « Hisen », à priori axé sur le rythme et la répétition, joue avec les samples de violons d’usage, ici posés sur un beat trafiqué au son caoutchouteux. Le jeu continue avec « Azukiiro No Koori », (visiblement influencé par le « Selected Ambient Works 2 » d’Aphex Twin), toujours ludique avec ses samples de chorale d’enfants. La voix sur « Kodomotachi » fredonne des mots inintelligibles, dans le but avoué de chercher la musicalité dans les sons et non pas les mots. Ainsi, la musique de Yokota devient multiculturelle, indéchiffrable mais également compréhensible par le plus grand nombre. Ces sons primitifs pourraient avoir été captés par un enfant dans le ventre de sa mère. Contemplatif, « Sakura » n’en est pas moins tendu parfois, comme sur « Naminate » aux accents jazz qui pourtant aurait gagné à plus de chatoiement. Car le principal reproche que l’on pourrait faire à tout cela, malgré une diversité surprenante, c’est la linéarité au sein même des morceaux. Tous bâtis sur un schéma répétitif et souvent en mille-feuilles (la feuille, décidément), ils restent confinés dans l’ambient malgré leur fraîcheur. Le danger de seulement ébaucher les émotions insufflées dans le cerveau sans réellement les mener à terme n’est ici pas esquivé, et si ce disque, tout en retenue asiatique, convainc en tant qu’indéniable réussite ambient, il n’est à conseiller qu’aux amateurs du genre où, à la rigueur, aux fans de l’OST de Silent Hill qui cherchent desépérément quelque chose qui s’en approcherait. Page 4/223 Note : 4/6 Page 5/223 SCHULZE (Klaus) : Are You Sequenced? Chronique réalisée par Phaedream Il y a toute une polémique entourant la parution de Are You Sequenced? À l’origine, c’était un album studio. Avant sa mise en marché, Klaus Schulze joue l’intégrale lors d’un mémorable concert en Angleterre, à Derby le 27 Avril 96. Il sent que cette prestation est plus puissante que l’œuvre en studio et décide d’en faire la version finale. Parallèlement un nouveau remixe de l’œuvre originale est produite sans l’approbation, ni la participation de Klaus Schulze. C’est ainsi qu’Are You Sequenced a connu 2 pressages. Le cd de la prestation live mixé par Schulze et un autre mixé par un dj de la compagnie de production de l’époque. Mixage que je n’ai pas détesté, en passant. À cette période, le cd était disponible autant en format simple, qu’en double format, semant encore plus la confusion. Dix ans plus tard, Revisited Records fait un nouveau mixage et ajoute une pièce en boni, qui n’a rien à voir avec l’œuvre mixé par l’anonyme dj, rendant encore la situation d’Are You Sequenced? encore plus floue. Mais n’ayez crainte, Klaus Schulze fait le point dans le petit guide qui accompagne cette nouvelle ré édition. Oui… mais la musique! La musique? Imaginez Plastikman sur sa table de dj, faisant la cour aux élucubrations musicales de Master Schulze. Are You sequenced? N’est ni plus ni moins la réponse de Klaus Schulze au mouvement techno. Sur des effluves à la In Blue, le maître de l’électronique Berlin School nous présente une longue fête musicale avec de puissants solos de synthétiseurs à faire rougir de honte ceux qui aspirent à la notoriété synthétique. Un pur festin où Schulze fait danser ses claviers avec frénésie sur des rythmes endiablés aux essences d’une techno progressive. Tout au long d’une belle ligne séquentielle, Schulze joue avec ses rythmes, autant avec puissance, qu’avec candeur. Et c’est ce qui fait la justesse d’Are You Sequenced? Derrière cette grande ouverture de la Berlin School à la techno, (Schulze collabore avec Namlook depuis 1994) Schulze conserve l’essence des amplitudes atmosphériques et en fait un unique mélange qui conserve la noblesse des originalités d’antan. Un grand titre, une kermesse grandiose par un grand maestro. Et Vat Was Dat? Justement, qu’est-ce que c’est? Une longue pièce dans la même veine qu’are You Sequenced? mais avec plus d’intensité, plus de folie. Un long délire séquentiel qui se transforme en un hymne à la frénésie des mouvements en saccade. Derrière une muraille d’un mouvement séquentiel techno, Schulze joue avec les voix et s’amuse à imaginer des scénarios musicaux tordus auxquels on peut sentir les effluves de ses œuvres antérieures. Un croisement entre In Blue, Totentag et Das Wagner Disaster. Un puissant mouvement séquentiel qui conserve son rythme débridé, ainsi que ses vocalises, jusqu’à la dernière des notes. Une perpétuelle transe démoniaque à s’en rompre les os, tellement la frénésie aspire le rythme. Le tout, fort bien entouré des atmosphères symphoniques si chères à Klaus Schulze. Cette ré édition d’Are You Sequenced? par Revisited Records est à ne pas manquer, surtout si vos oreilles ne se sont jamais frotté à cet œuvre intense de Klaus Schulze. Évidement, le son s’en trouve amélioré, mais pas au point de renier l’œuvre originale. Par contre Vat Was Dat? fait parti des bonnes pièces en prime offerte dans cette foulée des ré éditions des œuvres de Schulze. Une autre grande œuvre de Schulze, lui qui, il me semble, n’arrête pas d’en produire. Note : 5/6 Page 6/223 SCHULZE (Klaus) : In Blue Chronique réalisée par Phaedream In Blue…Ah, le doux retour du Temple d’Ashra. Je me souviens quand j’ai acheté In Blue en 1995. Il se passait peu de choses en Amérique du Nord, en ce qui a trait à la MÉ style Berlin School. J’écoutais les derniers souffles de Software sur Innovative Communication qui était distribué chez HMV, alors que Tangerine Dream s’éloignait de plus en plus de son style avec Turn of the Tides et Tyranny of Beauty. Et, dès les premières écoutes, je savais que Klaus allait m’en mettre plein les oreilles. Attaché vous bien après votre chaise, In Blue est, en ce qui me concerne, un pur classique de la MÉBS (Musique Électronique Berlin School). C’est le mariage parfait entre l’essence des séquences analogues des années 70 et la froideur digitale des technologies de l’époque, Une grande œuvre que Revisited Records a astiqué pour nous offrir un merveilleux coffret de 3 cd, dont 1 en prime, ainsi qu’un merveilleux livret où Schulze nous parle de In Blue. Into the Blue est une longue pièce en 5 segments. La première partie est une ode à la musique atmosphérique. Une longue kermesse qui transpire la sensibilité, la mélancolie. Des notes aux apparences de guitares et des chœurs symphoniques traversent ce ciel bleuté et à la 15ième minute, Schulze se déchaîne avec ses percussions. Blowin’ the Blues Away nous transporte dans l’univers Schulzien où les longues séquences sont tourmentées par des assauts de percussions, d’instruments à vents (trompettes, hautbois), d’arrangements orchestraux.

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