La Fondation

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La Fondation 20110274- Folio : p19 - Type : pINT-DEC20-11-18 14:04:03 L : 230 - H : 300 - Couleur : Black LES ORIGINES : LA FONDATION 1 million 400 000 morts, 750 000 mutilés, une laquelle le Parti adhère en tant que section française, génération, la « Génération sacrifée » rentre du front subordination du groupe parlementaire. la haine au cœur, tandis que le peuple de l’arrière n’en Exprimant les choix des militants dans les réunions peut plus de la misère et des privations. Alors que de préparation, les délégués au congrès de Tours fn dans toute l’Europe et d’abord en Allemagne s’étend décembre 1920 ont mandat de départager 3 motions : une vague révolutionnaire, en France, diférents cou- La première, pour l’adhésion, soutenue par Cachin rants du mouvement ouvrier, politiques, syndicaux, des et Frossard, ralliés depuis leur voyage à Moscou aux intellectuels progressistes veulent du neuf. positions du Comité pour la IIIe Internationale de C’est donc une évolution dans la durée, autant que Fernand Loriot. la conjoncture de l’année 1920, qui sont causes de la Elle exprime également la volonté de transformation création du PCF radicale du Parti, l’hostilité au « socialisme de guerre », De puissants mouvements revendicatifs vont éclater ; le la méfance envers les parlementaires qui ne refètent chômage presque inexistant progresse, 1920 est une année pas l’esprit révolutionnaire du corps militant. de mauvaises récoltes, le contexte politique se durcit. La deuxième, présentée par Jean Longuet, petit-fls Dans le Parti socialiste qui a soutenu l’Union de Karl Marx, pour l’adhésion avec réserves, semble très sacrée, les minoritaires opposés à la guerre à outrance proche de la première, mais en réalité s’en distingue sur emportent peu à peu l’adhésion du plus grand nombre, une question décisive, l’organisation du Parti. d’où au Congrès de Paris en octobre 1918 des change- La troisième, soutenue par Léon Blum, s’op- ments à la direction du Parti : pose à la deuxième révolution russe, qualifée de non Ludovic-Oscar Frossard devient secrétaire géné- démocratique. ral tandis que Marcel Cachin remplace Renaudel à la Comme l’a écrit l’historien Jean-Louis Robert*1: direction de l’Humanité. Un parti en plein essor qui « Il n’y avait fnalement qu’un seul enjeu au congrès connaît en 1919 un important mouvement d’adhésions. de Tours, car tout le monde savait que l’adhésion serait Il passe de 30 000 adhérents pendant la guerre – il y votée. La seule question, c’était la ligne de brisure. La en avait 100 000 à la mobilisation – à 180 000 fn 1920, droite du Parti était décidée à partir, et les partisans de et cela se poursuit après. Un parti masculin à 95%, très l’adhésion à l’exclure. Mais la majorité des délégués ouvrier à sa base, mais beaucoup moins dans sa direc- était hostile à toute rupture avec Longuet et ses amis… tion et son groupe parlementaire. C’est certainement en raison de ces hésitations que Les orientations stratégiques en débat l’année 1920 l’Internationale communiste a envoyé le télégramme de étaient claires : Zinoviev qui avait un ton très brutal, traitant Longuet Soutien sans concession ou non aux luttes sociales, d’« agent déterminé de l’infuence de la bourgeoisie ». aux luttes des peuples colonisés. Pour le courant révolutionnaire, une nouvelle page Défense de la révolution russe, plus qu’adhésion à est ouverte. ses principes. Transformation de l’organisation du Parti dans le * Le PCF, étapes et problèmes, 1920-1972, ouvrage collectif. Édi- cadre de la discipline de la nouvelle Internationale à tions sociales, 1981. 19 Nouvelles corr index_Les grandes pages d'un centenaire.indd 19 15/11/2020 21:51:13 20110274- Folio : p20 - Type : pINT-DEC20-11-18 14:04:03 L : 230 - H : 300 - Couleur : Black Les grandes pages d’un centenaire Deux chansons anonymes recueillies par Paul Vaillant-Couturier Extrait de Paul Vaillant-Couturier, Choix de textes, p. 117-119, Commune, 1934 Chanson de Craonne 1er refrain Adieu la vie, adieu l’amour Adieu toutes les femmes C’est bien fni, c’est pour toujours De cette guerre infâme. C’est à Craonne, sur le plateau Qu’on doit laisser sa peau, Car nous sommes tous condamnés Nous sommes les sacrifés. […] Refrain fnal Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendront Car c’est pour eux qu’on crève Mais c’est fni car les troufons Vont tous se mettr’en grève Vont tous se mettr’en grève Ce sera votre tour messieurs les gros De monter sur l’plateau Car si vous voulez la guerre Payez-la de votre peau. Chanson d’Odessa Valse En Russie, messieurs les barons Y a plus d’pognon C’est vraiment pas de veine Y avait qu’des marrons Nous vous les rapportons N’faites pas les bégueules Comm’nous sommes honnêtes Nous v’nons vous les r’mettre Sur la gueule. GASTON MONMOUSSEAU (1883 – 1960) Admis aux Chemins de fer de l’État à Paris, d’abord « révolutionnaire » au sein de la CGT ; secrétaire de dans les bureaux de la gare Montparnasse, il passe au la Fédération des cheminots en avril 1920 ; révoqué et dépôt de Vaugirard comme ouvrier fn 1913. poursuivi à la suite de la grève de 1920 ; secrétaire général Gaston Monmousseau est nommé titulaire aux ate- de la CGTU de 1922 à 1932 ; adhérent du Parti commu- liers des Batignolles : charron au « Petit entretien » des niste en 1925, élu à son Bureau politique constamment Chemins de fer de Clichy. de 1926 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale ; directeur Gaston Monmousseau déclenche un mouvement pour de La Vie ouvrière ; élu député à Noisy-le-Sec en 1936 ; obtenir des lavabos et a la satisfaction de faire passer réélu en 1945 au Bureau politique du PCF et au secréta- l’efectif syndical de 12 membres à 70 soit 90 % du riat de la CGT réunifée, directeur à nouveau de La Vie personnel. Militant anarchiste et antimilitariste, puis, ouvrière. Aragon à rendu hommage à sa langue : durant la guerre, animateur de la tendance minoritaire « Celui qui parle ce langage si essentiellement français, 20 Nouvelles corr index_Les grandes pages d'un centenaire.indd 20 15/11/2020 21:51:13 20110274- Folio : p21 - Type : pINT-DEC20-11-18 14:04:03 L : 230 - H : 300 - Couleur : Black Les grandes pages d’un centenaire avec ses mots de Touraine, qu’on le goûte comme le vin gardé cette saveur de jeunesse, ce bouquet enivrant, qui de là-bas… Devait être d’une très bonne année, car il a fait voir les choses avec les couleurs de l’avenir. » « Le 7 novembre 1917 lorsque à croupetons sous les wagons du Petit entretien de Clichy nous burinions dans le cambouis, la nouvelle prompte comme l’éclair nous mit tous debout : les bolcheviks russes avaient pris le pouvoir et déclaré la paix au monde. Je m’en souviens, comme si c’était de hier, c’est vers 17 heures que cet événement nous fut transmis et nous lâchâmes brusquement nos outils. » JEANNE LABOURBE Institutrice, fondatrice du club de la IIIe Internationale à Moscou à l’été 1918 Jeanne Labourbe (1877 créatrices avec Jacques Sadoul du Collège communiste – 1919), institutrice en étranger. Fin 1918, demande à être envoyée dans le port Russie, adhérente au d’Odessa pour favoriser la fraternisation avec les marins POSDR (Parti ouvrier et les soldats de l’intervention française. Arrêtée ainsi social démocrate de que d’autres révolutionnaires par des ofciers russes Russie) depuis la révo- blanc et des ofciers français dans la nuit du 1er au lution de 1905, l’une des 2 mars 1919, torturée et exécutée. Extrait des Cahiers de l’Institut Maurice Torez, n°13, 1969, p. 110-113 « Au camarade Lénine. De la part du secrétaire du groupe franco-anglais des internationalistes de Moscou auprès du club de la IIIe Internationale, Vozdvijenka 20… Nous avons décidé de vous prier de vous intéresser à nous. Je pourrais dès maintenant vous faire parvenir quelques essais littéraires pour la cause que nous brûlons de servir. J’ai déjà transmis au Commissariat des Afaires Etrangères un projet d’adresse aux soldats de Mourmansk. Parmi nous il y a des propagandistes. Partout où je me suis adressée, on m’a assurée que nous pourrions être utiles, mais c’est tout ce que j’ai pu obtenir… Je m’adresse à vous directement parce que m’y oblige le temps que je perds inutilement par suite des formalités. Je vous prie de dire s’il est désirable que je continue mes tentatives… La propagande que nous menons parmi ceux qui viennent au club ne nous satisfait pas. Nous en sommes tous convaincus. Jeanne Labourbe, Club de la IIIe Internationale. » La seconde lettre, plus brève : « Notre appel est sorti aujourd’hui. Demain nous tenons une assemblée. Nous commençons lundi à enseigner le français, l’allemand et l’anglais. Si vous me privez de votre confance, il ne me reste rien à faire. Je vous donne ma parole d’honneur que je ne suis coupable d’aucune négligence. Jeanne Labourbe. P.S. Cinq propagandistes de notre groupe sont partis pour Mourmansk. » FRÉDÉRIC DAUCROS (-) Ouvrier agricole puis employé de commerce ; mutin de la mer Noire ; candidat communiste aux élections légis- latives de 1936 dans le Var ; conseiller municipal d’Hyères (Var). Interviewé chez lui, 1, rue Fanguerot à Hyères, évoque avec émotion le souvenir de cette institutrice française fxée à Odessa et membre du Parti bolchevik […] et les paroles qu’elle prononça, le 26 février 1919, n’ont jamais quitté sa mémoire : Extrait de Mutins de la Mer Noire, p. 217-218 « Camarades marins français, l’Armée rouge avance sur Odessa.
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