No II.– Novembre 1925 Prix : 2 francs t N J!~ C'IL~~)~

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DANS CE NUMÉRO :

LE COMPLOT TUNISIEN

par ROBERT LOUZON

COMMUNISME & MORALE

par JACQUES MESNIL 9

SALAIRES DE FEMMES

par MARTHE BIGOT

LA GRÈVE DES BANQUES

par R. HAGNAUER

ADMINISTRATION et RÉDACTION : 96, quai Jemmapes. PARIS (IOe) LA RÉVOLUTION SOMMAIRE du n° 11 (Novembre JQ25) PROLÉTARIENNE Le complot tunisien R. LouzoN. Parmi nos lettres : RevueMensuelleSyndicalisteCommuniste A propos de "Kouzbas". - Propagande coloniale. Jeunes et vieux. LE "NOYAUIf Alphonse Merrheim , P. MONATTE. ,ALFREDROSMER, Communisme et morale J. MESNIL. V. DELAGARDE,M. CHAMBELLAND, Réponse à Herclet. P. M. R. A. LOUZON, GARNERY, sur l'Unité V. ALBIN Enquête syndicale : GODONNÈCHE, VILLEVAL, de B. GIAUFFRET. GEORGESAIRELLE,J. AUFRÈRE, Réponse D. ANTONINI,G. LACOSTE,F. CHARBIT, Méthodes destructrices. J. AUFRÈRE. L. MARZET,F. RICHERAND Salaires de femmes Marthe BIGOT. Réorganisation ou désorganisation ? M. CHAMBELLAND. Adressertoute la Correspondancerelative à la Rédactionet à l'Administrationà: A TRAVERS LES LIVRES Quefaire? de N. Lénine (Jean GLAIVE).–Le Tarramagnou, de P. MONATTE Lucien Fabre (G. SYFFERT). Le Manifeste communiste, de 96, quai Jemmapes PARIS-X" Karl Marx et Fr. Engels (J. G.). ChèquePostal: 734-99 Paris NOTES ÉCONOMIQUES Permanence: de 3 à 7 heures l'après-midi, Qu'est-ce qu'une crise financière? L'or de Sibérie, le manga- CONDITIONSD'ABONNEMENT nèse du Caucase et le charbon du Kouznetsk. Chronique des monopoles (R. LOUZON). COLONIES FRANCE,ALGERIE, EXTÉRIEUR FAITS ET DOCUMENTS Sixmois 11 fr. Sixmois Les faits du mois. De Versailles à Locarno. Allocations Unan 20 fr. 1 Unan 1530 fr. familiales pour briser les grèves. Les regrets de l'U. D. de PRIX DU NUMÉRO: Meurthe-et-Moselle. - Déclaration de Cook. Révolution et France: 2 fr. Extérieur: 2 fr. 60 verbalisme.

AlfredCOSTES,éditeur,8, rue Monsieur-le-Prince PARIS (VI") : UN DDGUfïlEHT INDISPENSABLE Œuvres Complètes de KARL MARX pour tous ceux qui veulent comprendre Traduites J. MOLITOR par chose aux discussions Agrégédel'Université,Inspecteurd'Académie quelque VIENT de PARAITRE ; sur le soi-disant trotskysme

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LE COMPLOT TUNISIEN

contre la La formation de Syndicats qualifiée complot sûreté de létat

Un crime immonde, un crime de classe inouï, Le succès de la C. G. T. T. «omme non seulement il n'en a jamais été commis, à notre connaissance, par aucun régime fran- Reconnaissons-le, la nouvelle organisation fut çais, que ce soit la Restauration, l'Empire ou accueillie avec enthousiasme par tous les travail- l'Ordre Moral, mais comme le fascisme italien leurs indigènes. Le travailleur indigène tunisien lui-même n'a jamais pu en imposer jusqu'à ce qui est l'un des plus exploités du monde (nous jour à sa magistrature, va se commettre le 12 de ce indiquerons tout à l'heure ses salaires) aperçut mois en Tunisie. Six hommes, cinq Arabes et un une lueur d'espoir; il se mit pour la première Français, sont sur le point d'être condamnés au fois à espérer que ses conditions de vie allaient bagne perpétuel, ou pour le moins à une longue peut-être pouvoir s'élever. Partout se constituè- détention. pour avoir fondé des syndicats. rent ou cherchèrent à se constituer des syndi- Rappelons les faits. cats. Le secrétaire de la nouvelle organisation, Mohamed Ali, était appelé de toutes parts, non les mais Les grèves de TUl)iS et de Bizerte. seulement dans grandes villes, même dans les petites villes et dans les bleds lointains, , L'an dernier, vers la fin de l'été, une grève comme Mateur ou Metlaoui. C'est se éclate lorsqu'il au port de Tunis, chez les dockers, ceux-ci trouvait en ce dernier point, siège de la plus réclamant un salaire à celui des dockers de la de égal importante exploitation Compagnie de . La grève est générale ; elle englobe Gafsa, à quelque 400 kilomètres de Tunis, que Plusieurs centaines d'ouvriers; elle dure plu- dans les environs immédiats de Tunis éclatent sieurs semaines. Il y a à ce moment à Tunis une deux grèves. Union de Syndicats, vieille déjà de plusieurs adhérente la scission à la C. G. T. années, depuis Les Lif Lafayette. Cette Union de Syndicats est presque grèves d'HalT)lT)alT) exclusivement composée d'une part de travail- et de Potil)ville. leurs français appartenant aux corporations qui relèvent plus ou moins directement de l'Etat, A l'est de Tunis, le long du chemin de fer de comme les Postes et les Chemins de les seu- Sousse, existent des gisements de pierre à chaux les fer, en Tunisie qui comprennent un nombre nota- qui ont donné naissance à quelques entreprises wbled ouvriers français et, d'autre part, d'ouvriers de fabrication de chaux. La plus importante aux d'entre elles est la Société des Chaux et Ciments nS qualifiés appartenant corporations dela rnecamque et du bâtiment. Une grève d'ou- Thermes, à Hamman Lif, à 15 kilomètres de vriers aussi peu qualifiés que les dockers, et qui Tunis, qui occupe environ 200 ouvriers. Cette par surcroît sont tous arabes, intéresse peu Société, comme la plupart des moyennes entrepri- Union des Syndicats. Celle-ci ne soutint donc ses industrielles ou commerciales de Tunis appar- grève fort mollement. Aussi les tient, par l'intermédiaire de personnes interpo- Il que lorsque dockers décident, au cours de la grève, de se sées, à l'Evêché. A une dizaine de kilomètres ,constituer en Syndicat, ils décident unanimement plus loin, est une autre usine de chaux, qui est ne une annexe d'un très important domaine de point adhérer à l'Union des Syndicats agri- afayethstes, mais de rester autonomes. cole dépendant de la maison Félix Potin de Par l'importance de son effectif, par sa durée, Paris, appelé pour cette raison Potinville. L'en- Par les manifestations dans la rue qui l'accom- semble du domaine de Potinville occupe environ pagnent, la grève de Tunis a de l'écho dans 200 ouvriers, dont la moitié pour la fabrication corporations similaires. A Bizerte notamment de la chaux. leses dockers ne tardent pas à se mettre eux aussi Donc, en janvier dernier, deux mois environ des minoteries. la fin des de Tunis én grève, ainsi que les manœuvre après grèves et de Bizerte, fournie à Tunis les grévistes de Bizerte forment sur les 200 ouvriers occupés par la Société Ther- des syndicats. Et alors l'idée vient tout naturel- mes à Hammam Lif, 150 environ se mettent en de réunir ces Leurs revendications: ils demandent la lement. syndicats qui appartiennent grève. tous aux corporations les plus misérables, celles journée de huit heures, et un salaire quotidien de qui se recrutent quasi exclusivement dans les mi- 12 francs. Vousavez bien lu : douze francs. Leurs lieux indigènes, en une nouvelle Union de Syndi- salaires n'allaient, en effet, sauf pour les chauf- cats. d'autre on n'entend pren- feurs qui avaient 10 fr. 50, de 7 fr. 25 à 9 fr. dre Comme part point que parti dans les querelles de tendances qui divi- par jour, pour dix heures de travail, donc de sent le mouvement ouvrier français, il est décidé 72 à 90 centimes de l'heure pour un travail aussi que la nouvelle organisation n'adhérera à aucune pénible, aussi dangereux et aussi malsain que ce- des deux C. G. T. françaises, que, tout en étant lui de la chaux. -ouverte, bien entendu, à tous les travailleurs de Peu de jours après, par contagion, les ouvriers Tunisie, qu'ils soient Français, Italiens, Juifs ou de l'usine à chaux de Potinville, se mettent eux Arabes, elle resterait une organisation limitée à la aussi en grève, et les ouvriers agricoles du do- Tunisie: la C. G. T. tunisienne était ainsi créée. maine les suivent. En tout cas, dans les deux 2 LA REVOLUTION PROLETARIENNE

Sociétés, si on compte 300 grévistes effectifs, Complot contre la sûreté de l'Etat, oui, on sait.- c'est un maximum. m' grand c'est la forme moderne des lettres de cachet. Quand || Prévenu de ces grèves, le secrétaire de la quelqu'un gêne le Gouvernement ou le Capital, C. G. T. tunisienne revient de Metlaoui, et se tout en ne faisant que des choses strictement lé- dirige vers Potinville où les grévistes l'avaient gales, on l'emprisonne pour un temps sous l'incul- g| demandé. Mais il lui est impossible d'en appro- pationde complot; au bout de quelques mois on 3 cher. Deux commissaires de police, un capitaine le relâche, en attendant une amnistie ou un non- de gendarmerie, et une escouade de gendarmes lieu. C'est ainsi que Mussolini opère. Quand il 1 l'attendent sur la route pour lui barrer le passage; décide une rafle de militants, c'est sous l'inculpa- gj ils lui interdisent l'entrée du village et tout rap- tion de complot qu'il la fait opérer, puis un beau M port avec les grévistes, fait bien caractéristique jour on les « comploteurs» en liberté sans de l'arbitraire qui est la règle en Tunisie. Contre autres explications. C'est ainsi qu'on opère aussi j la force pas de résistance. Le secrétaire de la en Tunisie. Il y a cinq ans, un Tunisien, Taalbi,. C. G. T. T. : rentre à Tunis sans avoir pu voir les publia en France un livre intitulé La Tunisie mar- ij grévistes. oùremetétait la condition de tyre exposée pitoyable s11 Malgré leur peu d'importance en soi, ces deux l'indigène tunisien. Ecrit sur un ton très mo- 4 grèves -furent une révélation pour le patronat déré, rempli de faits et de chiffres tunisien. Elles montraient en effet que les grèves le livre ne pouvait être poursuivi. Alors que fit-on ur de dockers de Tunis et de Bizerte n'étaient ; pas, On arrêta. Taalbi sous l'inculpation de complot. ; comme tant de grèves indigènes précédentes, de Il resta plusieurs mois en prison, bien que natu- ff simples feux de paille, mais le début, grâce à la rellement, à aucun moment, il ne putincontestables,être établi à ": fondation de la C. G. T. T., d'un vaste mouvement son encontre autre chose que sa collaboration au de revendications de tout le prolétariat indigène. livre. Plus récemment, en 1922, lorsque Milleranu s Celui-ci, désormais organisé, allait pouvoir offrir vint en Afrique du Nord, la Résidence craignait un front puissant et permanent à l'exploitation que d'une manière ou d'une autre, par son absten- 3 patronale. Il ne serait bientôt plus possible de tion dans les réceptions, par la fermeture de ses < pratiquer nulle part des salaires de 70 centimes boutiques, etc., la population indigène de Tunis : de l'heure. Or cela il fallait à tout prix l'empê- ne manifeste au Président de la République cher. le La son On somma donc gouvernement d'agir. mécontentement de la manière dont la Républi- presse bourgeoise tunisienne déclara que les trois que la traitait. Alors que fit-on ? On arrêta une cents grévistes d'Hammam-Lif et de Potinville dizaine d'indigènes qu'on supposait capables de 4i constituaient un danger national. Ils mettaient en prendre l'initiative d'une pareille manifestation, et j péril l'existence du pays! on les inculpa de complot. Ils restèrent près de La Dépêche Tunisienne, le grand organe du trois mois en prison. & patronat, dû Bloc National et de la Résidence, écrivit textuellement: « Cette situation ne On pensait donc qu'il en serait de même cette j peut des n'avait se prolonger sans danger pour le pays. l'heure fois-ci. On savait qu'aucun inculpés .; est il d'en finir avec le de rien fait d'autre qu'organiser des syndicats et sou- grave. importe système un nombre incalcula- temporisation et de faiblesse qui conduit ce pays tenir des grèves, que malgré 4 au désordre et à la ruine. » ble de perquisitions et une instruction de près de 3 six mois il avait été impossible de trouver quoi leur On attendait Le de force. que ce soit d'autre à charge. coup donc leur mise en liberté provisoire, précédant un Le gouvernement de M. Herriot s'empressa non-lieu. On n'oubliait qu'une chose, c'est que nous d'obéir les organisations de la C. G. T. tuni- ne sommes pas sous le régime de Mussolini, ni sienne et ceux qui les soutenaient furent incon- sous celui du Bloc National; que nous sommes tinent arrêtés. sous celui du Bloc des Gauches, c'est-à-dire sous Furent incarcérés: le secrétaire 13ela C. G. T. le régime-type du mépris du Droit. 'Les hommes de tunisienne, le trésorier, trois membres de la Com- « gauche» ne peuvent se maintenir au gouverne- mission exécutive, et enfin Finidori, gérant de ment qu'à la condition de donner des gages répétés l'Avenir Social, organe du Parti communiste en au capital; pour cela il leur faut montrer que Tunisie. L'Avenir Social avait naturellement sou- pour la défense des intérêts patronaux ils savent tenu de toutes ses forces la jeune organisation et mettre les organes de l'Etat au service des inté- les grèves, comme il avait toujours soutenu à fond rêts privés avec un cynisme dont les partis con- depuis sa création tous les mouvements ouvriers. servateurs n'oseraient point faire preuve. Le gou- Finidori avait en outre personnellement été pas- vernement des Droits de l'Homme décida donc de ser une journée à Potinville et Hammam-Lif, pousser jusqu'au bout la monstrueuse illégalité; quelque temps après le déclanchement de la grève, il obtint de la Chambre des mises en accusations pour enquêter sur la condition des grévistes, en- d'Alger un arrêt de renvoi des inculpés devant le quête dont le résultat fit l'objet dans l'Avenir Tribunal criminel de Tunis. Le fait d'organiser d'un article de six colonnes dans le- des de soutenir des grèves, est la preuve Social, long syndicats, de quel la misère des ouvriers de la chaux était dé- de l'existence d'un complot contre la sûreté .crite tout au long, avec chiffres à l'appui. l'Etat; voici ce que la Chambre des mises en accu- Mais des sation vient d'oser déclarer! Ceci paraît l'hypocrisie démocratique exige que d'Alger est. hommes ne puissent être tenus en prison sans être énorme, invraisemblable, mais pourtant cela inculpés. On inculpa donc les emprisonnés, on les Lecteurs, jugez-en vous-mêmes. Voici, in extensoT de contre la sûreté de l'Etat! ! ! sans et sans en retrancher un mot, l'acte inculpa. complot y ajouter l'arrêt Former des syndicats, relier ces syndicats par d'accusation, l'acte qui forme la base de une soutenir des de la Cour. Cet acte comprend tous les faits organisation centrale, grèves : verrez s'il complot contre la sûreté de l'Etat ! relevés à la charge des inculpés, vous - On est tellement habitué en Tunisie à l'arbi- en a un seul qui a trait à quoi que ce soit d'autre y au sens traire que cela d'abord n'étonna pas outre mesure. que la défense des intérêts professionnels, LE COMPLOT TUNISIEN. 8 le plus étroit du mot, s'il y en a un seul qui de a eux incomberala construction près ou la victoire sociale, lorsque après de loin puisse être considéré comme atten- du prolétariat, ils deviendront les organes tatoire à la sûreté de l'Etat. Voici le document: de la dictature prolétarienne. La révolution sociale est impossible sans la la conquête préalable des syndi- cats, conquête des syndicats c'est la conquête des L'ACTE D'ACCUSATION masses. » - Obéissant à Le l'esprit des dirigeants communistes, procureur général près la Cour d'Alger, expose mais en l'adaptant aux tendances nationalistes loca- que par arrêt en date du 28 août 1925, la Cour, les, les conjurés s'efforcèrent de créer dans chambre des mises en a devant Tunisie des toute la le accusation, renvoyé syndicats corporatifs régionaux où n'en- Tribunal criminel de Tunis, comme accusés de trèrent, sauf de rares exceptions, que des ouvriers complot contre la sûreté intérieure de l'Etat, les musulmans. Ces syndicats recevaient le nommés: de la C. G. T. mot d'ordre T. qui siégeait à Tunis et un appareil 1° Mohamed ben Ali ben de 31 téléphonique devait les relier au Moktar, âgé devait siège central d'où ans, etc., secrétaire général de la C. G. T. T.; partir le signal de grève générale qui serait 2° Finidori 31 ans; des conspirateurs l'occasion de troubles 3° (Jean-Paul), danssanglants.l'esprit Moktar ben Haid Belgacem el Ayari, 36 ans, ce marié, 4 enfants; Assurément, programme n'était pas inscrit dans 4° les statuts de la C. G. T. T. qui se donnait comme Mahmoud ben Mohamed Chadli el Kabadi, une honnête confédération 30 ans, marié sans dont le but était l'amélio- 5° enfants; ration du sort de l'ouvrier sans distinction de races Mohamedben Ali ben Mohamedel Ghanouchi, de religion. Dans le fonctionnement 45 ans, 2 niC. G. T. de cette 6° marié, enfants; T., chacun des conspirateurs reçut un rôle Ali ben Mohamed el Karoui, 25 ans, marié, nettement déterminé; Finidori mettait à sa sans enfants, détenus. sition son journal L'Avenir Social et la dispo- de son presse fran- I)IBla procédure instruite contre les susnommésau çaise parti, Mohamedben Ali, en sa qualité Tribunal de première instance de Tunis, résultent les de secrétaire général, dirigeait la C. G. T. faits suivants: années le Mahmoud ben Mohamed el T torat Depuis plusieurs protec- des Kabadi, secrétaire du français en Tunisie était battu en brèche par syndicat ouvriers indigènes, Moktar ben Hadi deux d'adversaires dont les tendances et Belgacem el Ayari, Ali ben Mohamed el les catégories Mohamedel Karoui et buts étaient entièrement différents, mais qui s'ac- Ghanouchi,membresdu Comité exécutif, cordaient dans la mêmehaine contre la France. Alors étaient chargés de la propagande. Mohamed el Gha- que les communistes cherchent la suppression des nouchi était, en outre, préposé au recouvrement des frontières dans une réunion internationale des peu- fonds pour le Comité. ples, les nationalistes tunisiens visent à La constitution de cette C. G. T. T. fut de l'indépen- d'une précédée dance la Tunisie. Mais dans l'exécution de leurs période préparatoire destinée à en asseoir les projets, si différents soient-ils, communistes inter- bases. Pendant que Finidori menait à nationaux son Tunis, dans et nationalistes tunisiens rencontrent dans journal, une violente campagne contre la France ce pays le même obstacle qui est le protectorat de la Mohamedben Ali parcourait le sud tunisien en dé- France sur la Régence. C'est pourquoi après quel- cembre 1924, s'arrêtant notamment à l'important ques froissements motivés par la divergence radicale centre minier de Metlaoui et prêchant la constitu- de leurs doctrines, communisteset nationalistes tuni- tion de syndicats. La même propagande fut faite à contre le de la Bizerte en septembre 1924 le même tatsienss'unirent protectorat France, ben par Mohamed impérialiste et bourgeois, selon les uns, Etat Ali, par Moktar el Ayari et Finidori; à Mateur, Ppresseur de leur patrie suivant les autres. Les com- en novembre 1924 par Mohamedben Ali et Moktar nlulllstes comptaient utiliser dans la lutte el à Finidori et contre la entreprise Ayari, Zaghouan, par Mohamedben France le réveil de l'esprit national local, Ali, et a la même époque, d'une manière générale y au besoin, le fanatisme religieux susceptible de dans toute la Tunisie. En même Ali ben Provoquerla sainte: aux Mohamed el Karoui temps, s ne guerre quant nationalistes, apparaissait à Porto-Farina à pouvaient dédaigner l'appui des organisateurs l'occasion d'une certaine effervescencequi s'était nununistes ni l'effet moral produit par la présence manifestée dans ce centre. C'est ainsi que fut créée p Français, tels que Finidori, dans la lutte qui allait a la fin de 1924,la C. GrT. T., sorte de confédération s'engager contre la France. C'est dans ces conditions de syndicats qui comprenait 6.000 adhérents dont 4ue les accusés (suivent les noms), tous communistes 18 ouvriers non musulmans. Ounationalistes tunisiens, après s'être concertés, ar- Aussitôt la C. G. T. T. instituée, les conjurés se eterent entre eux la résolution de réaliser le but mirent a l'œuvre, profitant de tous les troubles ou Xe par leurs partis respectifs, c'est-à-dire l'expul- les suscitant. Le 17 janvier 1925, Mohamed el Gha- des Français de Tunisie. Les conjurés arrêtèrent nouchifait distribuer à Tunis, au nom de la siones moyens de à ce but. un tract révolutionnaire.Le 18 C.G.T.T., Ils précis parvenir janvier 1925, Ali ben ne pouvaient évidemmentsonger, suivant l'an- Mohamedel Karoui contribue à la tenue d'une réu- ge méthode usitée dans les complots d'antan, à nion publique interdite par la police, il prononce des obtelllr le départ des Français en assassinant leurs discours politiques dans une fête tenue chefs en le 6 à chez lui - Tunisie, ni en levant des bandes armées février, Halfaouine, il prêche la grève géné- apables d'affronter les troupes de la Métropole,un rale. Le 7 Mohamed el Ghanouchi et Mah- seul moyen était et de nature à obtenir le Kabadifévrier,se retrouvent succès: pratique moud el en tête d'une manifes- créer dans le pays une agitation et des trou- tation de dockers a Tunis. Mais c'est surtout dans la à la faveur l'insurrection pourrait et de éclater.édat desquels nifestéegrève d'Hammam-Lif Potinville que s'est ma- l'action des conjurés. Le 19 janvier 1925, à L'instrument qu'ils forgèrent pour faire naître ces Hammam-Lif,les ouvriers indigènes des mines Ther- troubles n'est autre que la Confédération Générale mesde chaux et cimentsse Travail formulé mettent en grève sans avoir U tunisienne, désignée par les initiales aucune revendication auprès de leur patron; jpp T. T. et composéede syndicats exclusivement ils obligent les ouvriers européensà cesser le travail. L'inspirateur de cette création paraît être Quelquesjours après, sans aucun les ouvriers jJj-aigenes.communisteV. Finidori obéissait aux directives de préavis, lee la qui indigènes l'usine à chaux de Potinville suivent lIre Internationale de Moscou résumées dans leur exempleet sont imités le même les une circulaire du communisteen date du vriers jour par ou- ner parti 26.fé- agricoles de ce domaine.Les cinq conjurés sont 1925, saisie à la poste et préconisant la con- à Hammam-Lif et à Potinville, excitant les ouvriers des masses au moyen de syndicats. « Les a la ces quête dit syn- résistance, grèves présentaient pour eux un âlcats, cette circulaire, jouent un rôle considérable haut intérêt: amener l'arrêt des industries du bâti- ans la préparation de la révolution; ils joueront un ment et déterminer la but xôle important au moment de la révolution Le grève générale, des con- sociale et jures. caractère nettement politique de ces grèves 4 LA REVOLUTION PROLETARIENNE

est mis en lumière dans le rapport de l'inspecteur chef de service automobile dans l'armée turque et : du travail; de fait, les ouvriers d'Hammam-Lif et peut être ainsi considéré comme ayant porté les- || de Potinville ont peu à peu repris le travail sans avoir armes contre la France. Après la guerre, il est allé: obtenu la plus minime partie de leurs revendications, à Berlin étudier l'économie politique, vivant des sub- '.1..: l'arrestation des conjurés a mis fin aux grèves. Les sides de sa famille et de ceux d'Enver Pacha. ;* accusés protestent de leur innocence et affirment C'est donc imbu de l'esprit de Constantinople et n'avoir fait aucun complot. de celui de Berlin qu'il est revenu en Tunisie en A l'exception de Finidori, qui ne peut renier ses 1924. sentiments nettement communistes et hostiles à la Moktar ben Hadj Belgacem el Ayari, ancien em- 1 ni sa en faveur de l'indé- ployé des trams, s'est fait remarquer par ses idées. République, propogande révolutionnaires et il a été Il dès pendance de la Tunisie, ils excipent de leur amour révoqué. a, lors,. au moins de la crainte de la France. Pour vécu à la charge de ses camarades qui l'appointaient ou tout du des « eux, la C. G. T. T. n'était qu'une association pure- comme secrétaire syndicat traminots _ ment corporative et destinée seulement à améliorer le Déjà inculpé de complot contre la sûreté intérieure & sort des ouvriers. Mais l'information a nettement de l'Etat, lors du voyage du Président de la Républi- établi le caractère politique et à tendances insurrec- que, il bénéficia alors d'un non-lieu. J tionnelles de la C. G. T. T.'Sans ce caractère et sans Mohamed ben Ali ben Mahmoud el Ghanouchi est , ces tendances, sa création eût été inutile, puisque les secrétaire du syndicat des portefaix de la halle aux intérêts d'ordre professionnel des travailleurs étaient grains. Il a été condamné pour vol en 1915, à six déjà aux mains de l'Union des Syndicats. Les inten- jours de prison. :;; tions de la C. G. T. T. se révèlent par les cartes Mohamed ben Mohamed ben Chedli el Kabadi, se- :ii mêmes d'adhérents qui étaient distribuées et qui, avec crétaire du syndicat des fabricants de chéchias, a$ les emblèmes soviétiques représentaient un fellah amené ce groupement qui faisait partie de l'Union arabe brisant ses chaînes. des Syndicats à s'affilier à la C. G. T. T. U: la C. G. T. T. Ali ben Mohamed el Karoui, marchand de légumes) jr Les documents saisis au siège de au a contribué à la formation du ',~ ou chez les accusés, la correspondance échangée par marché central, hostiles au Syndicat des revendeurs du marché et a été chargé- eux avec des groupements protectorat ses camarades de les mettre en avec la. français, les articles violents parus dans l'Avenir par rapport G. T. ne laissaient aucun C. G. T. T. La police le représente comme l'auteur l Social, organe de la C. T., de adressées à toutes les autorités de la. doute à cet égard. C'est ainsi que dans le numéro du protestations --', 28 septembre 1924, de l'Avenir Social, la Fédération France contre le régime actuel du protectorat. communiste de Tunisie s'exprimait en ces termes, En conséquence, les susnommés sont accusés, allusion aux événements s'étaient d'avoir: au cours de l'année 1924 et dans les pre- , faisant graves qui miers mois de à Tunis et en produits à Tunis et à Bizerte, au cours des grèves: 1925, Tunisie, ensemble « à la force il faut la force. et de concert, formé un complot, c'est-à-dire formé la. ,r"! Ouvriers, répondre par résolution concertée et arrêtée entre : A la violence bourgeoise le prolétariat opposera sa d'agir, eux,. * violence. Mais cette force il ne l'emploiera pas au ayant pour but de détruire ou de changer le gouver- hasard, en aveugle, car alors elle n'amènerait que nement; soit d'exciter les citoyens ou habitants à des répressions inutiles. Cette force, il l'organisera, s'armer contre l'autorité du protectorat; soit d'exci- SC; il la disciplinera, pour en user à bon escient, à coup ter à la guerre civile en armant ou en, portant les 0:j sûr. Pour cela nous convions les ouvriers de ce pays citoyens ou habitants à s'armer les uns contre les au- J à rejoindre leurs organisations de classe: syndicat tres; soit de porter la dévastation, le massacre et le. , et parti communiste. » pillage dans une ou plusieurs communes. Tel est le du Au cours de Faits qui constituent le crime prévu et puni par ,"" programme complot. les articles 2 et et 91 Code l'information, la justice a saisi le 23 février 1925, 87, 89, paragraphes 3, du une lettre adressée à Finidori, émanant du « Comité pénal. international pour la libération des indigènes dans les colonies Union mondiale de combat en faveur de l'égalité des races» à Genève, dans laquelle le sous- NOTRE RÉPONSE cripteur déclare: « Nous sommes un comité inter- national et non pas seulement de vaines lamentations Comme nous entendons ne laisser aucun détail et de pleurs, mais de combat, c'est-à-dire que nous dans l'ombre, aucune insinuation sans réponse,. 4 voulons collaborer à la libération des indigènes dans nous allons reprendre, si fastidieux que cela puisse les colonies par tous les moyens et que nous ferons être, point par point, tout ce que dit l'accusation j tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les indi- et montrer a un loin de et les en faveur de la libé- qu'il n'y en pas qui prou- ; vidualités groupements ver qu'il y ait eu complot, ne confirme au contraire- 1* ration des indigènes. » L'auteur de la lettre demande de ensuite à être mis en rapport avec les milieux indi- que la C. G. T. T. était une pure organisation 1 gènes de Tunisie réclamant leur libération. défense professionnelle, dont pas un acte ne fut £ Dans une lettre adressée au syndicat de Mateur, dirigé contre l'Etat. Mohamed ben Ali s'exprime en ces termes: « Ici L'acte d'accusation comprend trois parties: une- nous avons formé un grand nombre de syndicats. première où l'on énonce ce que l'on veut démon- L'idée est heureuse. Tous les gens sont prêts à la sur un ton très mais sans même si celadevait nous coûter la ce trer, affirmatif, appor- lutte, vie, qui ter à l'appui aucune preuve, une seconde que l'on vaudrait mieux que de vivre humiliés et privés de de ce l'on vient d'af- tout ce qui se trouve chez les autres dans notre prétend être la preuve que pays. > firmer et qui a trait à l'activité de la C. G. T. T.,. Enfin, les intentions véritables des accusés sont et enfin une troisième qu'on présente comme la marquées par les antécédents de chacun d'eux. Com- confirmation de ce qu'on vient de démontrer et muniste notoire et convaincu, Finidori a dû quitter qui a trait aux opinions et aux antécédents des in- fi le petit emploi qu'il occupait à la municipalité de culpés. Tunis et s'est consacré à la gérance de l'A. S., jour- nal qui a mené une campagne violente contre la France au cours des derniers mois. Finidori a été D'abord : ur) rorqaq-feuilletoi). plusieurs fois condamnépour attaques contre les droits La première partie est à la manière des romans- -1 et pouvoirs.de la République française en Tunisie, feuilletons. provocation de militaires à la désobéissanceet outra- envers le ministre « Les accusés., après s'être concertés, arrêtèrent ges Résident général. le but fixé Mohamed ben Ali, chauffeur d'automobile, a passé entre eux la résolution de réaliser par en 1909 au service d'Enver Pacha: en cette qualité leurs partis respectifs, c'est-à-dire l'expulsion des il a servi la Turquie pendant la grande guerre, comme Français de Tunisie. Les conjurés (sic) arrêtèrent LE COMPLOT TUNISIEN. 5 les moyens précis de à ce etc. » Ou ? parvenir but, & avait un rôle10,6 Quand 7 Où, quand les accusés se sont-ils *dans Chacunla C. G.desT.accusésT.; concertés; ou, quand les conjurés ont-il arrêté les 5° Mohamed Ali « moyens de parvenir à leurs buts ? Sur quoi s'ap- prêcha dans l'important puie centre mimer de Metlaoui la constitution cette accusation monstrueuse que les com- dicats les de syn- utiliser « le fanatisme reli- »; autres accusés en firent autant en munistes comptaient divers points de la gieux susceptible de provoquer la guerre sainte» 1 Tunisie; lous les non seulement des 6° Distribution à Tunis d'un écrits, communistes, « tract qualifié de mais même de ceux que l'accusation appelle les révolutionnaire »; nationalistes et qui se dénomment, eux, « libé- à Tunis d'une réunion raux J Tenue publique inter- constitutionnels» ne parlent du fanatisme à des manifestations de doc- religieux que pour le combattre. Non seulement kers,dite, etc.participation; 1 Avenir Social, non seulement les journaux com- 8° Fait le plus grave: des ouvriers munistes de arabe durant la brève Hammam-Lif se indigènesà ou langue période mettent en grève sans avoir for- ils purent paraître, mais les journaux arabes mulé de revendications; « nationalistes» eux-mêmes sont d'atta- remplis 9° Ces ouvriers rentrent au travail ques contre le clergé musulman, contre les mara- sans peu à peu avoir obtenu « la plus minime partie de leurs bouts, contre les Congrégations musulmanes,c'est- revendications »; à-dire contre les seuls instruments possibles d'une « guerre 10° Dans ces grèves les accusés ont exhorté sainte ». ouvriers a la les Quant au les communistes résistance; fait, qui est vrai, que Il° soutiennent le droit des Tunisiens à l'indépen- L'intérêt des grèves d'Hammam-Lif et de dance, il faut être aussi obtus et aussi Potinville était d'amener la grève générale ignorant l'arrêt de par que le rédacteur de cette énormité pour y voir l'industrie du bâtiment; une contradiction avec l'internationalisme. « Réu- 12°Il existait déjà à Tunis avant la fondation nion internationale des peuples », ainsi que s'ex- de la C. G. T. T., une Union des Syndicats; prime l'acte d'accusation, cela signifie réunion entre 13° La carte d'adhérent à la C. G. T. T. peuples libres et donc entre indé- les « portait égaux, peuples emblèmes soviétiques» et un dessin repré- pendants. La non-domination d'un peuple sur un sentant un fellah arabe brisant ses autre chaînes. est la condition sine qua non de l'internatio- Ces nalisme. Quand on combat « la France, Etat impé- faits, d'après l'accusation, établissent le rialiste « caractère politique et à tendances insurrection- », c'est-à-dire oppresseur d'autres peuples, nelles » de la on mène là un combat non contraire mais iden- C. G. T. T. tique à celui que mènent ceux qui combattent « la Faisons d'abord remarquer que même si la France, oppresseur de leur patrie ». Aussi, ne C. G. T. T. avait été une organisation à « carac- fut-ce point un simple hasard si la première grande tère » politique et à « tendances » insurrectionneles, manifestation de l'internationalisme ouvrier, la elle n'aurait point pour cela constitué un com- fondation de la Première Internationale, eut lieu plot. Un « caractère» et des « tendances », quels a l'issue d'une manifestation pour la libération qu'ils soient, n'ont jamais été une « résolution d'une et la « nationalité, la Pologne. d'agir », résolution d'agir » seule fait , Mais cet hors-d'œuvre mélodramatique, destiné qu'il y a complot, d'après la définition juridique a mettre le lecteur dans l'atmosphère d'effroi né- du complot. cessaire, qui ne contient pas un seul fait à l'appui Mais bien plus! Où y a-t-il dans l'un quelcon- de ce qui est allégué, est, dans l'opinion même, que des treize faits allégués (sauf le sixième sur espère, de son rédacteur, dépourvu de toute va- lequel nous reviendrons) la moindre trace d'un leur juridique. Passons donc immédiatement à la « caractère politique» et de « tendances insur- seconde partie. rectionnelles » ? 1° Il a été expédié à Finidori qui n'est pas de la C. G. T. mais est secrétaire de la G. T. T. T., qui Fédé- Le n)orceau capital : la C. ration communiste de Tunisie, une circulaire du était l'ii)struri)er)t du complot. Parti communiste, envoyée à Finidori comme à tous autres secrétaires de Fédérations communistes, C'est cette est le morceau aussi bien celles de France de partie qui capital que celles d'Afrique du l'accusation. Nord, n'ayant par conséquent rien de spécial à Il s'agit d'y démontrer que la C. G. T. tuni- la Tunisie, et qui contient sur le rôle et l'impor- si.enneétait « l'instrument forgé» par les « con- tance des syndicats des appréciations que le socia- jurés» pour créer « une agitation et des trou- liste le pluspâle, le syndicaliste le plus réformiste, bles à la faveur desquels l'insurrection pourrait n'hésiteraient pas à contresigner. Bien plus, cette éclater ». circulaire, dont les idées d'après l'accusation ont Voilà la thèse. Sur quels faits s'appuie-t-elle ? inspiré la fondation de la C. G. T. T., est du V ces énumérés dans l'ordre même où 26 février, c'est-à-dire est de Voici faits, qu'elle postérieure 1s sont retenus par l'acte d'accusation : plusieurs mois à la fondation de la C. G. T. T. et que même elle n'est jamais parvenue à Finidori, Finidori était le destinataire d'une circulaire incarcéré le début du car c'est à la du1° Parti en date du 26 février 1925 depuis mois, communiste poste qu'on l'a interceptée; sur l'importance des syndicats; 2° Dans les syndicats de la C. G. T. T., il n'en- 2° Dans les syndicats de la C. G. T. T. n'entrè- tre des ouvriers musulmans. rent que à de rares exceptions près, que des ouvriers C'est là une calomnie qui fut lancée dès la musulmans; fondation de la C. G. T. T. par l'Union lafayet- 3° Un appareil téléphonique devait relier les tiste, mais dès sa fondation également la diversd' syndicats au siège de la C. G. T. T.; C. G. T. T., notamment par des communiqués 6 LA REVOLUTION PROLETARIENNE publiés dansl'Avenir Social, protesta énergique- rabaud, c'est s'attaquer à l'Etat. Mais cela n'est ment contre elle. Elle montra ses statuts qui ac- pas encore passé dans le texte des codes. ceptaient, ainsi que doit le reconnaître l'accu- Et l'accusation continue: « La même sation tous les ouvriers « sans dis- propa- elle-même, gande (c'est-à-dire prêcher la constitution de syn- tinction de race ni de religion ». En fait, ainsi dicats), fut faite à Bizerte. à Mateur., etc. » :¡jlle l'accusation est également obligé de le re- Celui qui a écrit cette sottise ne s'est même pas connaître, il y a des non-musulmans parmi les aperçu qu'il détruisait ainsi la base même de son syndiqués de la C. G. T. T. mais il n'y en a que accusation; il relève tout ce qu'ont fait les accusés J8 et on trouve que c'est peu. La raison du petit pendant la période du soi-disant complot, et il ne nombre de syndiqués non-Arabes, nous l'avons trouve que des « prêches pour la constitution de déjà indiquée, c'est que les corporations que la syndicats », et la participation à depurs mouve- C. G. T. T. s'était surtout préoccupée d'orga- ments de défense corporative comme celui de Porto- niser, étaient celles qui avaient été presque tota- Farina. Il montre ainsi que Mohamed Ali, Moktar, lement négligées par l'Union des Syndicats, c'est- El Karoui, Finidori, etc., ont été suivis dans tous à-dire celles dont la quasi-unanimité des tra- leurs déplacements, qu'on a assisté à toutes les réu- vailleurs est arabe. En veut-on une preuve ? Les nions qu'ils ont données, et qu'on ne peut rien trois secrétaires de syndicats qui sont parmi les dire d'autre de ce qu'ils ont fait ou dit que ceci: accusés sont respectivement secrétaires du Syndi- ils ont prêché la constitution de syndicats, c'est- cat des portefaix du port, du Syndicat des fa- à-dire ils se sont tenus rigoureusement dans le bricants de chéchias., et du Syndicat des reven- cadre de l'organisation et de la défense profes- deurs de légumes; or, les deux premières de ces sionnelle pour lesquelles la C. G. T. T. s'était corporations comprennent exclusivement des Ara- constituée; a un seul soit bes, il n'y pas européen qui porte- 6° Distribution à Tunis d'un tract « révolution- faix ou fabricant de chéchias; quant aux re- naire ». Dès eu connaissance de l'acte vendeurs de légumes, ce n'en est pas l'unanimité, que j'ai est arabe. d'accusation, j'ai écrit en Tunisie pour demander mais c'en est l'immense majorité qui s'il en reste encore ailleurs Dans ces conditions, ce qui est extraordinaire qu'on m'envoie, que 18 dans les dossiers du juge, un exemplaire de cetract. ce n'est pas qu'il n'y ait que non-musulmans Il ne m'est encore la Révolu- dans la C. G. T. T. c'est y en ait 18; pas parvenu. Lorsque qu'il tion Prolétarienne l'aura, elle le publiera. Mais le 3° Faut-il vraiment discuter la question du té- fait que l'acte d'accusation n'énonce pas une seule léphone ? Des syndicats qui ont l'intention de phrase de ce document qui, s'il était réellement faire installer à leurs bureaux le téléphone et révolutionnaire, serait la pièce capitale de l'accu- également au siège de leur organisation centrale, sation, alors qu'il cite abondamment des phrases ce ne peut être évidemment que pour donner empruntées à des écrits qui n'ont rien à voir avec « le signal de la grève générale» et « des trou- la C. G. T. T., montre déjà le crédit qu'il faut bles sanglants» ; apporter à la qualification de« révolutionnaire » Remarquons seulement qu'il est bien entendu, à ce tract; l'accusation ait le soin de ne le apportée malgré que pas 7° Tenue à Tunis d'une réunion interdite. Ex- dire, qu'il s'agit là uniquement du téléphone de tout le du de non d'un pliquons. La liberté de réunion n'existe pas en monde, téléphone l'Etat, Tunisie. Les réunions traitant de « quelconque téléphone privé plus ou moins occulte; sujets politi- ques ou religieux» ne peuvent avoir lieu qu'avec 4° Chacun des accusés avait un rôle bien déter- une autorisation du gouvernement. Mais la loi miné. Eh oui, quand on arrête le secrétaire géné- n'exige pas d'autorisation pour les autres réunions. ral d'une C: G. T., son trésorier, des membres de En conséquence, la C. G. T. T. tint ses réunions sa Commission executive, et le gérant d'un jour- de propagande syndicale sans demander d'autori- nal qui depuis quatre ans porte en sous-titre : sation. Contre toute légalité la police prétendit les journal « communiste-syndicaliste » il serait ex- et dressa Celles-ci, car il traordinaire le secrétaire n'ait interdire, procès-verbal. que pas pour y en eut plusieurs, eurent lieu néanmoins, les or- rôle de faire le secrétaire, le trésorier, celui de affirmant leur droit absolu de tenir faire le trésorier ganisateurs (car vous comprenez bien que des réunions corporatives sans autorisation; et la lorsqu'on dit que « Mohamed el Ghanouchi était n'osa tout de même point les dissoudre au recouvrement des fonds le Co- police qui préposé pour par la force, mais qui y assista de bout en bout, ne mité» ce n'est là qu'une périphrase pour dire étaient sorties à un Mohamed el put jamais prétendre qu'elles que Ghanouchi était trésorier de la seul moment de leur objet corporatif. C. G. T. T.), que les membres de la Commission Pour la manifestation de dockers du 7 février exécutive n 'aient pas pour rôle de« faire de la et le discours à Halfaouine du na- et le du 6, l'accusation, propagande », que gérant journal qui turellement, oublie de dire de quoi il s'agissait. s'intitule « syndicaliste» n'ait pas mis le journal avaient été arrêtés Mohamed Moktar el « à la des Le 5, Ali, disposition» syndicats. Ayari, Finidori. Bien entendu, ces arrestations 5° Mohamed Ali « prêcha la constitution de soulevèrent une forte émotion chez les syndiqués svndicats à Metlaoui ». Nous ignorions que le de la C. G. T. T.; il s'en suivit une manifestation fut de Gafsa était tabou, et que demander aux de dockers qui allèrent en groupe demander à la exploités de la plus importante entreprise mi- Résidence qu'on relâche les emprisonnés; c'est à nière de Tunisie de se constituer en syndicats la tête de cette manifestation que marchaient El était faire preuve d'agitation politique. Pour Ghanouchi et El Kabadi. C'est au même propos que nous cela nous semblait le type de l'agitation la veille El Karoui avait pris la parole à Hal- svndicale et corporative, mais il paraît que non, faouine et il se peut fort bien, en effet, qu'il y et après tout c'est peut-être l'accusation qui a ait proposé une grève générale de protestation raison : la banque Mirabaud, propriétaire de contre les arrestations. Mais qui osera prétendre Gafsa, est suffisamment puissante pour pouvoir que lorsque après une campagne de la presse pa- prétendre que l'Etat c'est elle. S'attaquer à Mi- tronale sommant le gouvernement d'agir pour met- LE COMPLOT TUNISIEN. 7 tre fin aux grèves et à l'organisation syndicale, 10° Dans les grèves les accusés ont encouragé des ouvriers syndiqués voient le gouvernement obéir les grévistes à la résistance! Dire à des grévistes et arrêter leur leaders, le fait d'aller en corps ré- de faire grève jusqu'à satisfaction, c'est là évidem- clamer la libération de ceux-ci, voire même propo- ment une action qui n'est pas d'ordre profes- ser une grève générale de protestation, soit un acte sionnel ! qui démontre le « caractère politique» et les 11° Les d'Hammam-Lif et de Potinville « grèves tendances insurrectionnelles» de l'organisa- présentaient l'intérêt de pouvoir arrêter toute l'in- tion ? dustrie du Bâtiment! Non, mais, est-ce qu'il n'y Quant au fait qu'un des accusés aurait chez lui, aurait plus de chaux à Marseille et en Algérie ? La dans une fête, prononcé un discours politique, dont Tunisie a toujours reçu de la chaux de l'extérieur, on n'ose pas, d'ailleurs, donner la teneur, passons. elle en aurait reçu davantage, voilà tout, mais la On a encore droit de causer politique chez soi, je construction ne risquait point d'être arrêtée pour pense, même en Tunisie, et même quand on est cela; membre de la C. G. T. T.; 12° Oui, il existait à Tunis avant la C. G. T. T. 8° Les grévistes d'Hammam-Lif n'ont pas posé une Union des Syndicats, adhérente à la C. G. T. de revendications. C'est là un mensonge. Les gré- Lafayette. Nous avons indiqué dès le début pour- vistes d'Hammam-Lif, ainsi qu'en fait foi l'article quoi les travailleurs du port de Tunis s'étaient de VAvenir Social paru pendant la grève et au- refusés à y adhérer, refus qui fut l'origine de la quel j'ai déjà fait allusion, réclamaient la journée fondation de la C. G. T. T. Mais en tout cas, est-ce de huit heures au lieu de dix, et un salaire de que la C. G. T. Lafayette serait comme les cor- 12 francs par jour au lieu de celui de 7 à 9 francs porations fascistes ? Est-ce qu'elle aurait un mono- Jusque-là pratiqué. pole légal ? Ce qui est vrai, c'est que les grévistes de la En quelque intime liaison que soit la C. G. T. deuxième grève, ceux de Potinville, eux, ne formu- Lafayette avec le gouvernement, plus encore à lèrent pas immédiatement leurs revendications. Ils Tunis qu'à Paris, je ne sache pas que le régime seumirent en grève, puis ils demandèrent au se- syndical que vient d'inaugurer Mussolini soit en- crétaire de la C. G. T. T. de venir les trouver pour core en vigueur en Tunisie. Il peut y avoir encore rédiger leurs revendications. Mais quand on con- défense des « intérêts professionnels» ailleurs naît tant soit peu les Arabes, et les magistrats que dans les syndicats de gouvernement; tunisiens ne peuvent pas faire autrement que les 13° La carte de membre-de la C. G .T. T. porte mau- connaître, il faut être de la plus insigne- les « emblèmes soviétiques ». Cela, c'est un faux, vaise foi pour voir là autre chose que l'acte le un pur faux. Nous mettons au défi l'accusation plus naturel qui soit. Ces ouvriers de Potinville de produire une seule carte, un document quelcon- sont presque tous des Fezzani, c'est-à-dire des que émanant de la C. G. T. T. et qui porte la fau- pauvres nègres arrivés plus ou moins récemment cille et le marteau. des oasis sahariennes du Fezzan, dans l'Extrême- En revanche, il est exact que la carte porte un Sud tripolitain, dépourvus de la plus élémentaire dessin représentant un travailleur arabe qui brise culture, embarrassés devant l'acte le plus simple. ses chaînes. Mais, je le demande à tous ceux qui Quand ils ont quoi que ce soit à faire qui sorte connaissent tant soit peu le mouvement ouvrier, de leur travail ordinaire, une lettre à écrire, un y a-t-il un symbole qui ait été plus employé que mandat à envoyer ou à recevoir, il leur faut aller celui-là par les organisations ouvrières dans tous consulter l'écrivain public ou quelqu'un d'analo- les pays ? Il est vrai que le travailleur en ques- gue. Sachant qu'ils étaient malheureux, sachant tion est représenté sous les traits d'un Arabe, mais qu'à quelques kilomètres de là des malheureux dans un pays qui compte plus de 1,700,000 Arabes comme eux avaient refusé de travailler, ils cessè- sur moins de deuxmillions d'habitants au total, on rent eux aussi le travail, mais pour formuler des ne peut pourtant pas représenter le travailleur revendications précises, il leur fallait consulter sous les traits d'un ouvrier de Belleville! l'homme de l'art! C'est pourquoi ils demandèrent Mohamed Ali pour qu'il les leur établisse. C'est Que reste-t-il de l'accusation ? Y a-t-il dans tout en se rendant à cette demande, que Mohamed Ali ce qui est reproché à la C. G. T. T. le moindre trouva la route barrée par les gendarmes. Si acte qui ait un « caractère politique» ou des Mohamed Ali avait pu toucher les grévistes de « tendances insurrectionnelles », encore bien moins Potinville, leur cahier de revendications corpora- le caractère d'un complot contre l'Etat ? Je le tives aurait été établi aussi précis que le furent répète: tous les faits allégués, loin de démontrer ceux de toutes les grèves dont la C. G. T. T. son caractère politique, confirment au contraire s'occupa. La seule grève dont le caractère de dé- son caractère purement professionnel. Mais, main- fense professionnelle ne fut pas précisée en un tenant, dans une troisième partie, on va tout dou- cahier de revendications fut justement celle dont cement glisser au procès d'opinion. il fut interdit par la force au secrétaire de la C. G. du T. T. de s'occuper. Preuve évidemment Le caractère non corporatif de la C. G. T. T. ! procès d'opir)ior). 9° Les grévistes, « après l'arrestation des con- Ce qui va maintenant prouver le complot, ce jurés », ont « peu à peu repris le travail, sans ne vont plus être les faits, mais les opinions des avoir obtenu la plus minime partie de leurs re- -nccusés, telles qu'elles se révèlent par leurs arti- vendications ». Cela, c'est le bouquet. Une grève cles, la correspondance qu'ils ont reçu, leurs anté- qui échoue est une grève politique ! Après cette cédents. Ce sont des communistes, ce sont des « preuve », on peut tirer l'échelle. Mais au fait, « nationalistes », donc ils ont comploté! puisque les grévistes sont rentrés sans avoir obtenu Voyons en détail ces articles, cette correspon- la plus minime partie de leurs « revendications », dance et ces antécédents. Voyons s'il y en a un seul c'est donc qu'ils avaient posé des « revendica- qui peut être considéré comme ayant trait en quoi tions ». que ce soit à la formation d'un complot. 8 LA REVOLUTION PRO LET ARIENNE

FINIDORI de races, ou est-ce une organisation de réfugiés Lors des grèves de Bizerte, le directeur de la orientaux, Egyptiens, Syriens, Hindous, fort nom- Sûreté publique de Tunisie, un nommé Campana, breux en Suisse, ou bien n'est-ce rien du tout ? Je décida de mettre fin à la grève. Venu pour cela n'en sais rien, mais ce qui est sûr, c'est que le texte à il fait venir à son bureau le même de la lettre montre que Finidori n'était pas exprès Bizerte, avec cette car ce principal dirigeant de la grève, un Arabe du nom en correspondance association, de Kemiri, et lui tint ce langage: « Tu vas dire que donne de cette lettre l'acte d'accusation montre à tes camarades une do que la lettre saisie était une première lettre, car ce d'accepter augmentation dans une ce tant (augmentation ridiculement faible, de 10 cen- n'est que première lettre qu'on expose times de si me souviens et de que l'on est, et à cette lettre Finidori ne répondit l'heure, je bien) incarcéré lors- rentrer au travail; si tu ne le fais pas, tu auras évidemment pas, puisqu'il était déjà affaire à moi. » La réunion des a lieu : que cette lettre qui lui était adressée fut saisie à grévistes Laubardemont donnez-moi une « Voici ce qu'on vous offre, dit Kemiri, je vous la poste. disait : conseille de refuser. » ne fait ni une ligne d'un homme, et je me charge de le faire Campana de la ont ni deux; aussitôt informé, il fait arrêter Kemiri. pendre; nos magistrats République les s'assemblent devant le trouvé mieux: qu'on leur donne une ligne adressée Furieux, grévistes poste ils se de le faire de police, réclamant leur secrétaire. Ils ne se livrent à un homme, et chargent dépor- à aucune violence, ne tentent en aucune manière ter. d'envahir le poste, mais déclarent qu'ils resteront MOHAMED ALI là jusqu'à ce qu'on leur ait rendu Kemiri. Alors Passons à Mohamed Ali. « Il peut être consi- M. Campana décide de les faire partir par la déré comme ayant porté les armes contre la force: il leur fait tirer dedans par ses agents; France. » Ah ! parfait ! Voilà au moins un délit, deux hommes tombent blessés mortellement, un que dis-je, un délit, un crime, parfaitement carac- grand nombre d'autres sont blessés, plus ou moins térisé. Un crime qui n'est ni prescrit, ni amnistié. grièvement (1). Au lendemain de ce drame, l'Ave- Alors pourquoi ne le poursuivez-vous pas ? Pour- nir Social écrit ce que rapporte l'acte d'accusa- quoi, si cela est, s'il a commis ce crime prévu et tion : « Ouvriers, à la force il faut répondre par puni de mort par vos Codes, ne vous débarrassez- la force. mais cette force ne s'emploiera pas au vous pas de lui en le poursuivant de ce chef, car hasard. nous convions les ouvriers de ce pays à nous savons bien, et vous le savez comme nous, rejoindre leur organisation de classe, syndicats et que votre fable grotesque de complot n'a été ima- Parti communiste. » Cet appel est identique à ginée que pour vous débarrasser de cet homme dont tous ceux qui sont lancés après les événements de les qualités vous gênent ? Pourquoi édifiez-vous ce genre. C'est en fait un appel ait calme. Eh une accusation dont pas le moindre élément ne bien! pour les accusateurs, c'est le « programme tient, quand vous en avez à votre portée une autre, du complot» ! On croit rêver en lisant de pa- infiniment plus redoutable, et plus facile à éta- reilles choses. blir ? Si Mohamed Ali a porté les armes contre D'autre part, Finidori a été plusieurs fois con- la France, vous devez le poursuivre. Si vous ne le damné pour délit de presse comme gérant de l'Ave- faites pas, c'est que vous mentez. nir Social. C'est exact, mais peut-être convien- Oui, c'est vrai, Mohamed Ali a beaucoup voyagé. drait-il d'ajouter que toutes ces condamnations ont Oui, il est vrai qu'en 1909, au lendemain du été prononcées contre lui postérieurement à son renversement d'Abdul-Hamid, il est allé en Tur- incarcération pour complot, et toutes, sauf une, quie assister aux débuts du nouveau régime, voir pour des articles parus après s&n incarcération, de près le premier essai de régénération d'un peu- articles dépendant de la campagne générale menée ple d'Islam, coreligionnaire du sien. Oui, c'est par le Parti communiste français à propos de la vrai, Mohamed Ali a été en Allemagne, oui, ce guerre du Rif, et qui n'ont donc rien à voir avec chauffeur d'automobiles a été demander aux uni- un complot tunisien antérieur de quelque six mois. versités allemandes cet enseignement supérieur que Rappelons d'ailleurs à ce propos que la légis- vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour lation tunisienne sur la presse est différente de empêcher les indigènes tunisiens d'acquérir. Et à celle de France, et qu'en fait, elle permet, grâce voir l'Europe, Mohamed Ali n'a pas perdu son à une disposition empruntée à la législation de la temps; il y a constaté que la classe ouvrière, si Restauration sur la lèse-majesté, de poursuivre elle y est encore serve, a néanmoins pu, grâce à toute attaque même purement théorique, contre le ses grèves, grâce à ses syndicats et à ses C. G. T. régime. y conquérir des conditions de vie notablement su- Enfin, pour en finir avec Finidori qu'on veut périeures à celles de ses compatriotes. Et alors, bien présenter comme un « communiste notoire et revenu en Tunisie, il s'est mis de suite à la beso- convaincu », on l'accuse d'avoir été le destinataire gne, il s'est mis à organiser les ouvriers tunisiens, d'une lettre adressée par « l'Union mondiale de ses frères, comme il avait vu organisés les ouvriers combat en faveur de l'égalité des races» de Ge- de Constantinople, de Berlin ou de Paris, afin nève. Je ne sais ce qu'est cette Union au titre ron- qu'ils puissent eux aussi revendiquer de plus flant, et Finidori, je pense, pas davantage. Est-ce courtes journées de travail et de plus hauts salai- une association protestante, comme pourrait le res. Je sais bien que c'est là son crime, son véri- faire croire l'expression bien protestante d'égalité table crime, celui pour lequel vous le poursuivez, mais alors ayez le courage de l'avouer, et ne nous (1) Le moindre petit délit n'ayant pu être reproché parlez pas d'armes portées contre la France, crime à Kemiri, on dut le remettre en liberté, sans même que vous prétendez être le plus grand des crimes, ouvrir une information, mais non sans l'avoir d'abord et que vous laisseriez sans poursuivre ! embarqué de force pour Marseille sous le prétexte qu'il était Algérien. M. Campana, auteur de cet abus MOKTAR EL AYARI de pouvoir, abus de pouvoir qui coûta la vie à deux A Moktar el Ayari on reproche d'être un vieux hommes, est directeur de la Sûreté de toujours publi- militant syndicaliste, d'avoir été dès le lendemain que Tunisie. de la guerre un des plus actifs militants des tram- LE COMPLOT TUNISIEN 9

ways, d'avoir été secrétaire de son syndicat, non de changer le gouvernement, ou d'exciter les appointé tant qu'il travailla, puis appointé durant citoyens ou habitants à s'armer contre l'autorité quelques mois une fois révoqué. Ce passé syndi- du protectorat, ou d'exciter à la guerre civile en caliste est évidemment une preuve que dans la nou- armant ou en portant les citoyens ou habitants à velle organisation il ne poursuivait pas des buts s'armer les uns contre les autres, ou à porter la syndicaux! Il est vrai que vous avez un autre dévastation, le massacre et le pillage dans une ou reproche à lui faire: il fut déjà une fois victime plusieurs communes ». C'est pourtant ce qu'osent » de votre arbitraire. Lors du complot Millerand de prendre MM. Fulconis, Froger et Gros, magis- 1922, vous l'avez déjà tenu en prison contre tout trats. droit durant plusieurs mois pour un complot que Oui, certes, il y a eu « résolution d'agir con- votre justice elle-même dut reconnaître inexistant. certée et arrêtée » entre les accusés pour défendre Evidemment, voici une raison pour que cette fois les travailleurs il indigènescontre l'exploitation pa- soit coupable. tronale dont ils sont les plus pitoyables victimes. Mais pourquoi ne signalez-vous pas, pendant Oui, certes, il y a eu « résolution d'agir concertée que vous y êtes, par pendant avec ce que vous et arrêtée » pour constituer des syndicats dans les dites de Mohamed Ali, qu'il fut un de ces malheu- corporations les plus maltraitées, et de réunir ces reux que vous obligeâtes pendant la guerre à se syndicats en un organisme central. il lui Oui, certes, faire Acasser la gueule pour vous défendre; vous ya eu « résolution d'agir, concertée et arrêtée » donnâtes même la croix de guerre. Il est donc un de faire obtenir, au besoin par la grève, de meil- de ceux qui par les sacrifices personnels qu'ils leurs salaires et de plus courtes journées de tra- vous ont consentis peuvent vous rappeler avec le vail aux travailleurs de Tunisie en général, et en plus d'autorité les promesses que vous aviez faites particulier aux travailleurs indigènes, les plus ex- a leur peuple durant la guerre. Circonstance ag- ploités et les plus négligés jusqu'ici par les an- gravante pour Moktar. ciennes organisations. Oui, il y a eu tout cela. Votre acte d'accusation le démontre surabondam- MOHAMEDEL GHANOUCHI ment, mais il ne démontre que cela, et précisément se contente de démontrer il mon- a été con- parce qu'il cela, Mohamed el Ghanouchi, portefaix, tre par là même que c'est cela que vous pour- damné il y a vingt ans à six jours de prison pour suivez. Vous avez sciemment et Affaires dénommé, délibé- vol. C'est possible. Briand, ministre des rément, la fondation d'une organisation syndicale: étrangères, a bien été condamné il n'y a guère plus complot contre la sûreté de l'Etat. Vous vous êtes longtemps, à une peine à peu près du même ordre donc servi des attributs vous sont donnés pour qui pour outrage public à la pudeur. poursuivre le crime, pour poursuivre un acte par- faitement légal. Ainsi vous avez commis le crime MOHAMEDEL KABADI de forfaiture. Mohamed el Kabadi a amené son syndicat à quitter la C. G. T. lafayette et à s'affilier à la Si c'est à vous que nous nous en prenons, mes- C. G. T. tunisienne* Lèse-majesté à l'égard de la sieurs Fulconis, Froger et Gros, si nous dénonçons C. G. T. lafayette, donc complot contre l'Etat. votre forfaiture alors que le jugement définitif n'est pas encore rendu, c'est parce que vous seuls ALI EL KAROUI pouviez empêcher le forfait de s'accomplir. Seule, l'existence d'un rudiment d'honneur Ali el « ses camarades professionnel Karoui a été chargé par chez vous, conseillers à la Cour, arrivés au terme de les mettre en rapports avec la C. G. T. T. ». de hommes Vous les votre carrière, pouvait empêcher ces entendez bien: ce sont ses camarades, d'être condamnés pour un crime inexistant. Car la revendeurs du marché récemment constitués en devant vous les le les mettre en juridiction laquelle renvoyez, syndicat, qui l'ont « chargé ». de Tribunal criminel de Tunis n'est pas composé de rapport avec la C. G. T. T., et non lui quia pris mais d'ennemis directs des accu- cela dé- juges, d'ennemis, l'initiative de ces rapports. C'est qui sés. Le pseudo-jury qui aura à décider de leur sort montre qu'il est du complot! est constitué de trois magistrats (des magistrats tunisiens !) et de six assesseurs jurés désignés par une Commission de magistrats et de hauts fonc- tionnaires. De ces six assesseurs, trois au minimum LA FORFAITURE seront Français, trois seront des colons ou des industriels c'est-à-dire des Voilà et entériner des français, gens pour qui ce qu'ont osé rédiger tout « bicot» et tout ouvrier est a priori coupa- hommes qui ont la prétention d'appartenir à l'élite, ble. a l'élite de la bourgeoisie française. Il s'est trouvé un et trois Devant une telle juridiction, la condamnation procureur général pour signer cela, des de la C. G. magistrats dont les noms méritent de passer à la organisateurs T. T. est acquise : de la Chambre des d'avance; de quoi que vous les accusiez, fût-ce Postérité Fulconis, président d'avoir volé les tours de ils seront mises en accusations, Froger et Gros, juges, pour Notre-Dame, 1 avaliser. condamnés. Le patronat français de Tunisie les ! de toute soli- abattra sans le moindre remords de conscience: ona beause sentir dégagé la n'est faite les communistes ni daritéAh avec une classe qui en est arrivé à un pareil justice pas pour 1 là pour les indigènes. degré d'ignominie, on reste confondu devant rapidité d'une telle déchéance. Jamais au siècle Les articles du Code dont l'accusation réclame dernier on n'aurait trouvé dans toute la magistra- l'application prévoient comme peines, le premier, ture française un seul juge qui aurait osé préten- la déportation dans une enceinte fortifiée, c'est-à- dre que d'un tel document il ressortait qu'entre les dire l'emprisonnement à vie dans une quelconque accusés il y avait eu « une résolution d'agir, con- île du Salut, le second, la détention, c'est-à-dire certée et arrêtée, ayant pour but de détruire ou un emprisonnement de cinq à vingt ans. 10 LA REVOLUTION PROLETARIENNE

Mohamed Ali, dans une lettre adressée à Mateur que cite l'accusation, disait: « Ici nous avons Parmi nos Lettres formé un grand nombre de syndicats. Tous les gens sont à la lutte, même si cela devait Dans une précédente lettre, prêts Airelle demandait avec nous coûter la vie. » Mohamed Ali ne se trompait A propos inquié- ; il la formation de tude ce qu'était devenue« Kouz- i, pas. Quand envisageait que syn- Hdeae uKouzbasKOUZDhas bas », la Coopérativede produc- dieats lui coûterait peut-être la vie, ce n'était tion fondée par des ouvriers • point là exagération d'Oriental, c'était une appré- mineurs russes revenus d'Amérique. De premières ciation exacte de la réalité. Organiser les ouvriers réponses arrivent, réponses rassurantes. Louzon publie indigènes, essayer de poser une limite à « l'humi- dans les « Notes économiques» certaines précisionset liation » et à leur est quelques nouvelles données par un camarade de pas- l'exploitation qui imposée, De son côté, Airellem'écrit ceci: *• c'est là un crime que les « civilisateurs» ne sau- sage. Dans le dernier numéro de la R. P. tu as donné des } raient pardonner. On y risque la vie. extraits de ma lettre. L'un de ces extraits concernait « Kouzbas », coloniesibérienne, au sujet de laquelleje *; manifestais de l'inquiétude. Or, un numéro du « Worker », quotidien communiste SERONS-NOUS SEULS américain, vient de me parvenir. J'y trouve, en réponse ^H à des articles de journaux capitalistes qui représentent Kouzbas commeun échec,des détailsdonnés par Simon |!j A DÉNONCER LA FORFAITURE? Hahn, chef de l'administration des achats et des ventes de la colonie. D'après Simon Hahn, Kouzbas non seulement se Mais a-t-il nous dans cette « affaire maintient, mais prospère.La production augmente, la n'y que », situation des ouvriers qui avons quelque chose à dire 1 Ce qui reste d'an- s'améliore. Les progrès seraient plus rapides encoresi l'on disposait deplus de capitaux. * ciens dreyfusards laissera-t-il s'accomplir jusqu'au Mes craintes n'étaient donc pas fondées et j'en suis bout cette cynique violation du Droit, sans agir ? très heureux. d'erreur Il ne d'un Ici, pas possible, s'agit pas En dépit de la réputation de bordereau dont l'écriture peut être prise presque contre- révolutionnaires H indifféremment l'écriture de celui-ci ou de Propagande cherche à nous la qu'on pour coloniale. faire, vérité *3 celui-là. Les faits sont patents. Ils sont tout au fait son petit bonhomme de ".M contenus dans l'acte d'accusation et ils ne chemin. Témoin, la lettre sui- long a J| sont pas niés. Il s'agit seulement de savoir si oui vante qui nous été adresséepar un militant commu- niste qui s'est consacré particulièrement aux questions ou non ces faits constituent la preuve que les coloniales: accusés ont formé un complot pour changer le à Si votrenoyau n'était pas en lutte avec l'appareil on 'J| gouvernement, exciter les habitants s'armer, devrait éditer en brochure de coloniale les porter la dévastation, le massacre et le pillage. propagande articles dePéra et de Louzon,si excellents,encorequej'y >ïj Nous posons la question à tous ceux qui se pré- proposerais quelquesretouchesou éclaircissements. ) tendent soucieux du Droit et de la Justice, à ceux Mais je considèrecommeégalementdisloquéela Com- qui se sont constitués les gardiens officiels des mission coloniale qui fonctionnait assez bien en 24, Droits de l'Homme, aux intellectuels qui affirmè- disloquéeparce qu'on a voulula remplacerà peu près par J rent leur dreyfusisme, aux professeurs du Collège Doriot tout seul, qui ignorait l'Afrique du Nord et le '$ de France, à ceux de la Sorbonne et des autres reste.Il est laborieuxet se renseigne,mais.-en attendant Facultés, aux Hadamard, aux Langevin, aux Basch, on a privé l'ex-Commissionde sa personnalité et de son Buisson, Aulard, Seignobos, Richet, Gide, et nous « allant». Et commentDoriot agréerait-ilma proposition leur disons: vous avez en mains la pièce qui de donner auxdits deux articles la publicité qu'ils &* contient tout le s'il vous en faut méritent? procès; d'autres, *9 dites-le-nous, nous parviendrons bien à vous les D'un camarade de la Mais vous vous devez de dé- région procurer. après cela Jeunes etetvieux.vieux du Centre quelques remarques cider à moins que vous ne consentiez a quitter qui valent autant pour les * votre « tour d'ivoire» que lorsque vous sentez syndicats que pour le Parti J derrière vous! Il me semblequeM. s'est écartéde la Section (avec * Rothschild « » svn- les autres camarades vieux d'ailleurs) parce que l'état Nous nous adressons aussi aux organisations d'esprit des «jeunes» arrivantsl'a (etlesa) dégouté.C'est dicales et on entend bien que nous ne voulons d'ailleurs un phénomène que j'ai également constaté. pas dire par là seulement les syndicats unitaires.- Les jeunes (jeunes en toute chose) sont assez prêts de 'M Nous leur disons: il a d'un en 1834, mépriser les «vieux ». Avecun vague instinct qui s'allie [ y près siècle, très bien avecl'amour de la sans en Angleterre, alors que se constituaient les pre- bouteille, guèresavoir, mières six Dorchester sans guère comprendre,sans avoirjamais rien fait, sans Trade-Unions, journaliers du vouloir comprendrele vrai travail, ils s'imaginent tout furent condamnés à la relégation pour avoir cons- bouffer.Malheureusementbeaucoupse calmenttrès titué un syndicat d'ouvriers agricoles. Depuis lors trop, trop vite. vite, à la suite de la formidable protestation qui s'en - :*• suivit, jamais une puissance occidentale, que ce fût la ou n'a osé France, l'Angleterre quelque autre, Le "Bulletin Communie" f priver de leur liberté les fondateurs d'organisa- été fait tions syndicales. Or ce qui n'a jamais Boris Souvarine vient de reprendre la publication - depuis 1834 va être refait demain en Tunisie par du Bulletin Communiste.Il y avait place à côté de un régime qui se prétend le plus démocratique la B. P. pour un organe s'attachant plus particuliè- sans com- rement au redressement du Parti communiste. qui ait jamais été. Abandonnerez-vous, Nous ":J battre, le fruit des luttes passées ? Laisserez-vous saluons la naissance du Bulletin Communisteet nous la classe dans un terri- y voyons une marque du développement de l'oppo- rétablir pour ouvrière, sition toire de la France, le régime d'il y a révolutionnaire. qui dépend Le prix de l'abonnement au B. C. est de 10 francs, un siècle f trois mois; 18 francs, six mois; 35 francs, un an. ; R. LouzoN. Son adresse : 123, rue Montmartre, Paris. ALPHONSE MERRHEIM

Pendant quinze ans, nous avions été, Merrheim partir sur-le-champ. Mais qui partirait ? L'un et moi, mieux que deux camarades d'idées, nous des militants ayant déjà l'expérience des grèves avions été comme deux frères. Un jour, au len- violentes f Non, on envoya Merrheim. Voulait- demain de la guerre, nous étions devenus des on lui faire commencer son apprentissage ou frères ennemis. Dans la violence des discussions, bien l'écraser tout de suite sous le fardeau ? qui ont déchiré le syndicalisme, j'ai souffert Le fardeau ne l'écrasa point; à force de volonté plus que personne de son égarement. Jamais il suppléa à son inexpérience et conduisit le je n'ai oublié l'homme qu'il était, ni qu'il s'était mouvement mieux qu'un vétéran. Ses corres- donné tout entier au mouvement; jamais je sur la grève, à la Voir, du ne pondances Peuple, l'ai méprisé. II a pu être injuste pour nous, irappèrent Pouget qui comprit, le premier pour moi; j'ai fait effort pour ne pas l'être envers peut-être, quelles qualités rares il y avait en ce lui. Et je suis bien sûr que ses nouveaux cama- petit homme timide, arrivé en redingote et rades, qui n'ont trouvé que de froides paroles à qui beaucoup ne ménageaient pas les railleries. a. Jeter sur sa tombe, ne l'ont pas compris et Après Cluses, ce furent les grèves d'Hennebont aimé comme nous l'avions aimé et compris. et de la Meurthe-et-Moselle. Les militants actuels ,Ils ne pouvaient parler que de la dernière de la métallurgie ne feraient pas mal d'aller période de sa vie, la moins glorieuse; les autres rechercher dans le Mouvement socialiste de 1905 et de 1906 les de ces périodes, celle de son apostolat de militant syn- monographies grèves, dicaliste, celle des années de guerre où il a modèles du genre, écrites par Merrheim. incarné la résistance ouvrière, nous appar- Un volume des meilleures études données de tiennent et ce sont elles qui dresseront sa grande droite et de gauche par Merrheim serait sin- figure dans l'histoire du mouvement ouvrier. gulièrement utile;, ses premières monographies Le père Bourderon ne pouvait pas l'avoir ne seraient pas les moins intéressantes. oublié, et il a eu le courage d'écrire dans le Nul militant n'a plus apppris dans les faits Peuple que l'attitude de Merrheim durant la eux-mêmes que Merrheim. C'est en analysant guerre constituait la plus belle page de sa vie. son expérience des grèves, qu'il a découvert la Les souvenirs de quinze années de vie côte puissance du Comptoir de Longwy et du à côte m'enveloppent et me serrent la gorge. Comité des Forges et qu'il les a révélés, peut-on J'avais fait sa connaissance presque à son ar- dire, aux militants ouvriers. Il en tirait les consé- rivée à Paris, en 1904; ensemble nous avions quences pratiques au point de vue de l'organi- mis debout la Vie Ouvrière d'avant-guerre et jus- sation ouvrière: nécessité de renforcer la Fédé- qu'en 1918 nous avions suivi le même chemin.- ration d'industrie des Métaux, d'y englober les Je le revois un après-midi de 1904, dans le diverses Fédérations de métier; nécessité aussi bureau de Pages Libres où nous fîmes connais' de suivre pas à pas les agissements du patronat sance. Charles Guieysse l'avait invité à déjeuner: des Forges. il voulait recueillir les impressions faites par Personne n'a plus fait que Merrheim poui le milieu des militants syndicalistes parisiens de adapter le syndicalisme à la lutte contre le l'époque sur un ouvrier de province, abonné à grand patronat moderne, pour faire dans l'en- Pages Libres, et devenu secrétaire de Fédération semble du mouvement ce qu'il tentait dans la depuis un mois ou deux. La conversation engagée Fédération des métaux, pour reprendre et pro. entre eux se poursuivit avec nous tous, au longer l'œuvre de Pelloutier, pour dissiper le bureau. Guieysse m'avait d'ailleurs présenté verbalisme et réaliser l'organisation syndicale comme le « syndicaliste » de l'endroit. C'était consciente de son rôle révolutionnaire. On lui a immédiatement un premier lien entre nous. reproché sa phobie des « braillards ». Il l'avail Ce qui nous frappa tous, ce fut le sérieux, la en effet. Il était leur bête noire. Ils étaient le timidité de Merrheim en présence de la tâche sienne. L'homme pondéré du Nord qu'il étail dont on l'avait chargé; il ne disait pas, mais on resté, le travailleur acharné qui donnait 18 heures sentait qu'il avait la crainte d'être inférieur à par jour à sa fonction, à ses idées, ne pouvail cette tâche et qu'il tendrait sa volonté tranquille souffrir ceux qui se contentaient de discourii d'homme du Nord à se rendre capable de l'ac- sur des lieux communs et qui étaient bier complir. incapables de se colleter avec les réalités dt A la fusion de la Fédération du Cuivre avec régime capitaliste puisqu'ils. ne chercliaienl celle des Métaux, Bourchet était passé du secré- même pas à se les représenter. tariat du Cuivre à celui des Métaux. Un jour, En suivant pas à pas l'action du Comité de: brusquement, Bourchet donna sa démission. Il Forges, en s'efforçant de comprendre le monde fallait un autre militant du Cuivre pour lui succé- économique, Merrheim fit une seconde décou der. On avait été chercher Merrheima Roubaix. verte : il vit venir, dès 1910-1911, la guerre Après bien des hésitations, il avait accepté. mondiale. Aujourd'hui, cela peut sembler banal Quelques semaines après, survenait la fusil- Ceux qui se souviennent savent qu'à l'époque lade de Cluses. Un secrétaire des Métaux devait personne en France ne voyait venir la guerre 12 LA REVOLUTION PROLETARIENNE

Je me rappelle de quels sarcasmes on accueillit être sauvé par deux syndicalistes, Merrheim et son étude de la Vie Ouvrière sur v l'Approche de Bourderon. la Guerre ». Prophétiser la venue de la guerre,- Tandis que Merrheim était porté plus parti- c'était même pour d'aucuns inoculer du pessi- culièrement vers Martov, Rosmer et moi nous misme à lardasse ouvrière. l'étions vers Trotsky. Puis, je fus mobilisé. Je On a dit et même écrit que Merrheim n'avait ne revis plus Merrheim qu'à mes permissions de fait que répéter et recopier Delaisi. Il n'en est déténte. Chaque fois, je le trouvais plus ulcéré rien. Il a autant appris à Delaisi qu'il n'a appris par ce qui se passait dans le mouvement syn- de lui et ce qui est vrai c'est que tous deux, vers dical. Comme Dumoulin, il était plus impla- le même temps, d'observatoires différents, ont cable que moi contre ceux qui prostituaient le vu avancer la tempête formidable, que les spé- syndicalisme dans l'union sacrée. cialistes des questions diplomatiques, les grands Mais la revanche de l'esprit révolutionnaire économistes, les hommes d'Etat n'apercevaient viendrait; notre mouvement serait redressé ; pas. les meilleurs se rangeaient autour de Merrheim. Durant ces dix années, de 1904 à 1914, Mer- Pour la classe ouvrière il était le guide éprouvé. A ce moment il a rheim a été un exemple de fonctionnaire, de personnifié, concentré tous militant syndical. Il n'a fait qu'un avec sa les espoirs révolutionnaires de ce pays. fonction; il n'a pensé, travaillé, vécu que pour Pourquoi n'est-il pas resté ce qu'il avait su l'organisation, pour le mouvement. Personne être en ces années terribles ? n'a moins gaspillé son temps et ses forces; Après le Congrès de Paris, 1918, durant les personne n'a donné au syndicalisme. derniers mois de guerre, Dumoulin m'écrivait plus au Grâce à son esprit méthodique et tenace, il front : «Il ne faut plus compter sur Merrheim; trouvait le d'abattre la de quitte l'espoir de le ramener; il est perdu pour moyen besogne plu- » sieurs. Le petit chaudronnier de Roubaix était nous. devenu la plus haute figure du mouvement Je me refusais à l'admettre; je pensais que lors- syndicaliste français. qu'il nous sentirait autour de lui il se ressaisirait. Il devait lui rendre encore un ser- Hélas, quand je fus démobilisé, Merrheim était plus grand nous vice quand la guerre vint bouleverser tout. Il perdu pour en effet. Mais Dumoulin aussi. Mais Million encore allait l'avait annoncée, dans l'incrédulité générale. s'éloigner de nous. Quand elle fut sur nous, et S'ils étaient restés, si nous nous étions re- qu'elle dispersa trouvés les résistants de la courba tout, qu'elle ouvrit les écluses de sang, tous, première heure, il fut comme nous. Les enfants qui avec quelle facilité le syndicalisme français se épouvanté serait redressé sans se osent comparer la guerre du Maroc à la guerre briser. de 1914 ne savent ce disent. On voit Comment Merrheim, qui avait traversé les qu'ils les bien qu'ils ce qu'est un déferlement épreuves plus dures, a-t-il pu faiblir un jour ? ignorent Je me suis torturé de guerre mondiale où des peuples entiers sont l'esprit pour trouver une les uns contre les autres. Les indi- explication. jetés quelques Le fardeau a-t-il fini vidualités qui gardent les yeux ouverts sont par l'écraser ? La lassi- alors comme affolées de la folie ambiante. Il tude l'a-t-elle pris un jour? Le manque de foi dans les destinées de la classe ouvrière ? devait trouver sa voie en septembre, quand le Bureau confédéral à dans Pour une part, j'attribue son éloignement partait à son à Paul le train gouvernemental. Une ombre avait entourage, Meunier, à Dulot, à entre nous à l'occasion du discours de Hoschiller. Par ceux-là la bourgeoisie nous passé l'a volé sans s'en rendît A Jouhaux aux obsèques de Jaurès; il avait cru qu'il compte. fréquen- devoir, à l'une des réunions du Comité ter des bourgeois intelligents, même quand ils petites sont un militant ouvrier à confédéral, accepter le discours de Jouhaux. honnêtes, glisse Mais il devait se ressaisir vite et c'est autour de regarder les problèmes non plus du point de vue de mais du de vue de ces lui que la poignée de résistants à la guerre se classe, point opposé rassembla, d'abord dans notre de bourgeois; il ne regarde plus avec des yeux petit logis d'ouvrier. Merrheim en arriva à ne recon- la Vie Ouvrière, dans ce 96, quai Jemmapes plus où se trouve la R. P., au Comité la naître son mouvement et à ne pas voir tout ce puis pour nous lie à la Révolution russe. reprise des relations internationales. qui A mon retour à en octobre Ses collègues des Métaux ont leur part de res- Paris, 1914, je Lenoir a dit à Roubaix sur la. m'étais mis en rapports avec Martov, qui venait ponsabilité. de dans la Guerre Sociale une à tombe de Merrheim qu'ils l'avaient soutenu, publier réponse aidé à Hervé nous apprenant que tous les partis socia- grandir. listes russes s'étaient contre la Ils l'ont abaissé, oui. prononcés guerre. Le Merrheim nous domina Martov, un jour de la fin 1914, nous amena qui fut grand, qui tous, restera dans l'histoire de notre mou- Trotsky. C'est eux qui convoquèrent au quai qui la réunion des survivants vement, c'est d'abord celui qui fut un modèle Jemmapes français de militant de 1904 à c'est de l'internationalisme pour la venue de Grimm, syndicaliste 1918, la conférence internatio- enfin et surtout celui qui alla à Zimmeiwald. qui préparait première Ses dernières années ne faire oublier nale qui se tint seulem. nt en septembre 1915 à peuvent Zimmerwald. Zimmerwald où l'honneur de la tout ce qu'il fut pendant quinze ans. classe ouvrière et du socialisme français devait PIERRE MONATTE. UN NOUVEAU LIVRE D'HENRIETTE ROLAND HOLST

ET MORALE COMMUNISME

Un fait qui frappe tout observateur intelligent ses querelles intestines. Il y avait toutes chances, c'est la stérilité actuelle du P. C. au point de vue et c'est ce qui est arrivé effectivement, qu'un du développement des idées marxistes, bien que parti comme le parti français où la conscience ses dirigeants se vantent toujours d'être les seuls communiste faisait entièrement défaut, n'imitât vrais représentants de la pensée de Marx. Et je que les traits les moins bons du parti russe sans :ne parle pas seulement ici du P. C. français où a rien acquérir de ses qualités profondes, sans rien fini par prédominer complètement l'esprit petit- saisir de son caractère religieux (j'entends ce mot bourgeois qui est la caractéristique de la majorité dans le sens le plus large, dans le sens de ce qui de la population du pays, avec sa haine de tout ce lie notre vie à un idéal et fait qu'un individu qui n'est pas « conforme », sa vulgarité native, sacrifie à une cause ses intérêts personnels). son hostilité instinctive pour toute supériorité in- A mon retour de Russie je signalai ce danger tellectuelle ou morale comme pour toute origi- à des camarades qui devaient en être viètimes nalité. Je parle en général de tous les partis com- moins de trois ans plus tard, mais qui eux-mêmes munistes, y compris le parti russe. attachaient trop peu d'importance aux problèmes Le parti bolchévik s'était consacré à une tâche moraux et étaient trop hypnotisés par la Révo- politique pratique, c'est vers une réalisation pro- lution russe « prise en bloc» pour réagir comme chaine dans ce domaine que convergeaient ses la situation l'aurait exigé et exposer en toute sin- efforts et son activité politique et critique même. cérité la vérité aux militants, dussent certaines Lénine a enrichi le marxisme en ce sens: ses écrits légendesen souffrir et certaines illusions conso- sont avant tout des guides pour l'action ou, si lantes être dissipées. l'on veut, des manuels de tactique socialiste. On Aujourd'hui que les faits ont démontré sur- ne peut le considérer comme un grand théoricien, abondamment la réalité du danger et que les élé- non qu'on ne trouve chez lui par moments des ments les plus sains du communisme paraissent Vues théoriques profondes, non qu'il n'ait pensé enfin décidés à résister activement, un livre aux problèmes philosophiques et moraux du comme « Communisme et Morale », émanant de marxisme (sa correspondance le démontre), mais l'une des personnalités les plus fidèles, les mieux parce que sa préoccupation essentielle fut tou- averties, les plus dignes de confiance à tous les jours la tactique en vue d'obtenir la victoire sur égards, que compte le mouvement communiste le terrain de la lutte révolutionnaire. mondial, vient à son heure et fera certainement La forte saveur polémique des écrits de Lénine impression sur tous ceux qui ne sont pas aveuglés vient de ce caractère de son action. Mais ce n'est par un sectarisme borné ou par des préoccupa- point lui rendre justice que de chercher dans un tions d'intérêt personnel. aspect extérieur de son style le fond de sa pensée. Henriette Roland Holst milite depuis près de L'idolâtrie léniniste, instituée par des gens plus trente ans dans un pays où les conditions morales "préoccupés d'hériter de son pouvoir que de s'ins- rendent la lutte pour le socialisme très difficile : pirer de son esprit et de continuer son œuvre, a la Hollande est le pays des petites sectes protes- 1porté à faire passer pour des principes généraux tantes et dans la vie politique on y trouve la ce qui était pour lui des expédients de guerre et même division des partis à l'infini, le même achar- pour des préceptes de,morale des règles de tacti- nement dans les idées, la même obstination chez que. les adversaires dans les discussions nécessaire- Il Il ne faut pas s'étonner dans ces conditions de ment interminables. y est fort difficile de for- la corruption croissante et de la dégénérescence mer un parti de masse et la théorie l'emporte né- rapide des communistes dans ces dernières cessairement sur la pratique. Mais dans ces dis- partis cussions les éclairés années. Des moyens d'action, destinés originai- esprits acquièrent une grande rement à servir à la lutte révolutionnaire contre puissance dialectique, et la connaissance, si ré- la bourgeoisie dans ses périodes aiguës, sont deve- pandue là-bas, des langues .étrangères leur permet nus monnaie courante de la polémique dans les d'avoir du mouvement mondial une vision d'en- discussions entre camarades. Dans les éléments semble que l'on rencontre bien rarement chez les arrivés au communisme par suite de ses succès militants de nos contrées. Henriette Roland Holst 'd'après-guerre et des espoirs de réalisation immé- a participé avant la guerre à la plupart des con- diate qu'avait fait naître le triomphe de la Ré- grès socialistes internationaux. Elle fut des socia- solution russe, éléments très mélangéset en partie listes que la guerre ne fit point dévier et qui jetè- de valeur morale inférieure, toutes les pratiques rent dès 1915 à Zimmervald les bases de la IIIe In- excluant les soucis de conscience et permettant ternationale. Théoriquement comme pratiquement, aux individus de se débarrasser de tout scrupule elle a donné des preuves de sa clairvoyance et devaient évidemment trouver un terrain favorable de sa connaissance profonde du mouvement social a leur développement. Le danger de cet état de aussi bien dans ses réalités actuelles que dans choses m'était très nettement dès 1921 en ses origines premières. Depuis longtemps les mili- apparu t tants connaîtraient son « Russie, où le parti bolchévik, par suite de causes français ouvrage Action multiples et notamment du caractère clandestin de masse révolutionnaire », publié en Hollande de sa lutte contre le tsarisme, avait pris l'habi- en 1918, et dont la traduction gît depuis plusieurs tude de ces redoutables pratiques et en usait dans années dans les bureaux des éditions de l' « Huma- il LA REVOLUTION PROLETARIENNE nité », si le parti communiste avait vraiment souci vive, sans qu'on le lui ait appris, les injustices de développer la conscience de Ses membres, de commises, les violations du pacte social élémen- les instruire et les porter à la réflexion, plutôt taire. , que de publier, par ordre, des catéchismes. Henriette Roland Holst a eu raison d'insister L'œuvre d'Henriette Roland Holst est considé- avec force sur cette base sociale de la morale : rabler non seulement en sociologie mais aussi en une société communiste, et spécialement la so- littérature, car elle est l'un des premiers écri- ciété sans classes et sans état nue le marxisme- vains de la Hollande, heureux pays où bon nombre offre comme but suprême, ne se peut concevoir d'intellectuels appartiennent aux partis les plus sans un développement complet de ces vertus so- avancés (le petit P. C. hollandais n'a pas compté ciales : maîtrise de soi, sens de la responsa- moins de trois écrivains de renom) : elle a écrit bilité, esprit de justice, sincérité, loyauté, etc. Et d'admirables poèmes, dont plusieurs lui ont été même dès aujourd'hui les relations entre commu- inspirés par la Révolution russe (j'ai naguère nistes devraient constituer en quelque mesure une essayé d'en donner une idée dans Clarté, voir le anticipation de cette société supérieure et offrir numéro du 15 février 1923) ; elle a écrit aussi des le caractère de camaraderie dont les rapports so- drames en vers tous empreints de l'esprit révolu- ciaux y seront empreints. tionnaire et rayonnant l'espoir en une société Les actes antisociaux auxquels le prolétariat meilleure, vraiment communiste, sans parler de est contraint de recourir dans sa lutte pour son ses biographies de Rousseau et de Garibaldi et émancipation contre une bourgeoisie qui veut le de son livre sur les conditions du renouvellement maintenir sous sa dépendance étroite et l'exploite de l'art dramatique (1924), livre où les considé- pour ses fins propres, ne perdent pas leur carac- rations historiques et sociales prennent la place la tère par le fait d'être dictés par les nécessités de plus importante et qui étudie notamment le dé- la lutte: déclarer avec Préobrajensky qu'il n'y veloppement du théâtre en Russie depuis la Révo- a pas d'autre morale ,que celle qui répond aux lution. besoins de classe actuels, c'est habituer les esprits à considérer comme naturels et comme recomman- :.* dables des actes antisociaux, qui finiront néces- Dans son dernier Henriette Roland Holst sairement par être employés non seulement contre livre, l'adversaire de combat, en ce qui concerne la morale, la thèse classe, mais aussi contre l'adver- rationaliste utilitaire défendue les deux théo- saire quelqu'il soit et même contre le simple con- par Il riciens du P. C. russe, Préobrajensky, dans un tradicteur. en résulte une habitude de mauvaise livre sur « la morale et les règles de classe» qui foi que nous avons, hélas! constatée trop souvent a été traduit en allemand, mais qui (est-il besoin dans les milieux communistes. de le dire ?) est parfaitement inconnu en France, Le mensonge, l'espionnage, le mouchardage, la et dans son sur le matéria- trahison, etc., sont des actes antisociaux, quel Boukharine, ouvrage le lisme historique. Selon ces auteurs la morale ne que soit but dans lequel on s'en sert. Comme le serait que l'expression des intérêts de classe et dit très bien Henriette R. H., ces actes atteignent toute de morale serait faite au de la non seulement ceux qui en sont victimes, mais règle profit aussi ceux classe ou du groupe dont elle émane. Pour les com- qui les font: la violence, la tromperie, munistes toute action serait bonne dès qu'elle la dissimulation empoisonnent l'âme. Aussi aurait été recommandée par les congrès du parti, faut-il garder conscience de l'opposition qui mauvaise si elle allait à l'encontre des décisions existe entre ces moyens et le but, quand les néces- sités d'une lutte acharnée un de ces congrès. sociale pour devenir Il y a quelque temps déjà que l'on insiste à meilleur amènent à les employer. Il faut ne jamais plaisir dans certains milieux sur l'idée de la rela- oublier qu'il existe une morale supérieure aux tivité de la morale, mais les milieux où l'on culti- exigences actuelles de la tactique, morale sociale vait l'amoralisme n'étaient pas jusqu'ici des mi- qui sera pleinement réalisée dans une société lieux socialistes. C'est Nietzsche qui a donné à vraiment communiste; il faut savoir se défendre l'amoralisme son expression la plus frappante et contre soi-même, contre les mauvais instincts que ses du reste mal et mal inter- l'acharnement du combat* réveille en nous; il idées, comprises ne faut imiter les nationalistes prétées, ont trouvé, leur vogue dans les milieux pas qui glorifient les plus corrompus de la société, dans ceux qui comme héroïques les actes les plus ignobles dès répondent le mieux à la phase de décomposition qu'ils ont pour prétexte la grandeur de la « na-r actuelle du régime capitaliste. tion ». On aurait pu espérer que cette mentalité Que les formes de la morale varient avec la de guerre ne s'introduirait pas dans les milieux constitution de la société, et par conséquent en qui se réclament du communisme. Mais on y ren- fonction des phénomènes économiques, est chose contre bien des déchets de la guerre, bien des évidente; mais cette relativité de la morale n'im- gens pour qui être révolutionnaire est une sorte plique pas l'inexistence d'un fonds d'idées mo- de débauche, sans parler de ceux pour qui c'est rales stables, n'ayant nullement une origine di- une profession. Cet afflux d'éléments suspects ou vine ou surhumaine, mais tenant au fait même malsains était sans doute inévitable dans une pé- de l'association, association indispensable à riode aussi trouble que celle que nous traversons : l'homme qui est un animal social par excellence ce qu'il importait était de ne pas leur laisser pren- et dont l'espèce n'aurait pu subsister si les indi- dre la prédominance. vidus ne s'étaient associés, vu la faiblesse et l'im- *** perfection physiques de l'homme si on le com- pare, par exemple, aux grands mammifères qui Marx a eu des commentateurs, des eopistes, des vivent isolés ouen groupes familiaux. Ces vertus imitateurs, des abréviateurs et des popularisa- morales fondamentales sont celles qui impliquent teurs, mais on ne peut dire qu'il ait eu des conti- la confiance réciproque, sans laquelle il n'y a pas nuateurs. Comme tous les véritables savants, il de véritable association possible. L'enfant en a élargissait ses synthèses au fur et à mesure que la notion innée et ressent de la façon la plus se multipliaient ses observations et ses expérien-- COMMUNISME ET MORALE 15 ces : pour suivre son exemple il aurait fallu con- mordiale pour la compréhension de notre muer a les voies activité lie explorer qu'il avait ouvertes, psychique et particulièrement de la pas s'arrêter où il était arrêté, fouiller les che- des masses. psychologie il n'avait n'Ills où pas eu le temps de s'engager, Le communisme, qui doit embrasser toute la vie ûetncner selon ses méthodes des terrains restés sociale, ne peut se borner à être une vierges. C'est ce doctrine éco- que l'on n'a pas fait : il s'était nomique : Marx a été au plus pressé en étudiant occupe surtout de l'économique, et de la politique d'abord les ses phénomènes économiques dans leurs dans rapports avec l'économique: on en est conséquences il n'a à reste et ceux sociales, jamais songé limiter là, qui ont voulu appliquer le maté- a ce domaine les recherches des partisans de ses rialisme historique à l'étude de l'art ou des con- conceptions. Le matérialisme historique est le ceptions morales l'ont fait d'une manière si fécond des plus et si principes d'explication de l'histoire po- lourde grossière qu'ils ont nui à la réputa- litique, mais comme le dit très bien R. il serait de Marx. On ne sans à H., tion peut penser dégoût erroné de croire qu'il ait le pouvoir d'expliquer comme celles d'Achille Loria, et la complètement tous les phénomènes sociaux d'ordre .(les études n'est haut la TTTeinternationale guère plus que spirituel: « Le matérialisme historique ne possède' li internationale sous ce rapport. pas plus le monopole de de la Henriette Roland travaille selon l'explication vie que l Holst, elle, la vie empirique extérieure ne forme toute la vie. esprit de Marx, elle ne se contente pas de ré- Pas plus que la vie de l'homme n'est faite duire son œuvre en elle ne la consi- unique- catéchismes, ment d'éléments conscients et rationnels, la reli- dère pas comme une bible, éternelle et immuable, gion, l'art et la philosophie ne peuvent se' ramener échappant aux contingences historiques; elle entièrement à des ni ni origines rationnelles, ne peu- n ignore les conceptions scientifiques et philo- vent complètement se résoudre par l'opération de sophiques qui prédominaient à l'époque de Marx, les l'entendement. » fli nouvelles recherches qui en ont montré les Dans ses deux derniers livres, l'auteur s'est insuffisances et dont il eût été le premier à tenir efforcée de contribuer à combler les lacunes du compte s'il avait vécu assez longtemps pour en communisme marxiste dans le domaine de connaître la psy- les résultats. chologie : ses exposés, riches en suggestions sur Dans son livre sur la morale et plus explicite- ment les questions les plus diverses, incitent à la ré- encore dans son autre livre récent d'études flexion et font voir la et la « multiplicité complexité marxistes Sur la Vie et la Beauté» qui con- des problèmes qui se posent à ceux qui veulent tient une étude capitale sur le matérialisme histo- contribuer activement à la formation d'une société rique et l'art, Henriette R. H. a démontré que mériterait vraiment ce nom et ne ou qui sacrifierait l'activité artistique comme l'activité religieuse pas les masses travailleuses et leurs forces de sont des activités spéci- au d'une minorité de fiquesl'activitéde philosophique production profit détenteurs l'homme et que si elles subissent l'in- de la richesse. Ces problèmes sont.de tous les ordres fluence de sa condition économique elles ne sont et embrassent tous les domaines de la vie: il n'en Pas ainsi le Boukharine a simplement, que prétend faut négliger aucun, car c'est souveraine sottise propos de l'art « fonctions des forces de pro- de ne le moment » : elles au que s'imaginer qu'il s'agit pour '

XXI * Et le gouvernement de sévir contre les grévistes, que les autres fonctionnaires ne pourront qu'aban- donner avec quelques réserves de style! On B. GIAUFFRET touche là du doigt les conséquences de la frag- de l'Enseignement des Alpes-Maritimes mentation syndicale. Et malgré cela, d'aucuns, dans l'intimité, mé- I prisent une unité réalisée avec les amorphes ou avec les exaltés. Ils ont tort. la masse Il est normal que le mouvement ouvrier soit Séparer divisé en et il est pratiqué de l'élite idéologique est une absurdité, tendances, parfaitement puéril c'est couper la voiture de l'attelage qui doit Pen- de tomber dans un noir pessimisme parce que des traîner. La vise aux immé- - millions de prolétaires ne sont pas taillés sur le masse, qui avantages s'il. diats, a besoin de vues d'ensemble, de la vision de même modèle. Toute la question est de savoir de la volonté de Révolution lui vaut mieux que chaque tendance forme son orga- l'avenir, que ap- nisation ou s'il vaut mieux les tendances co- porte l'élite; mais l'élite a besoin de sentir peser que derrière elle le poids des amorphes, sans quoi elle existent et luttent dans la même organisation. dans une toutes les sur l'unité, galopera phraséologie incompréhensible Malgré phrases poussés et sans action, elle se fera décimer dans les gestes à fond il n'est pas rare de voir les militants avouer vains. qu'il est préférable que chaque tendance forme son Comment les réformistes au- Que l'on n'objecte pas que les tendances se organisation. combattront pareillement dans une même organi- raient-ils le désir de retrouver aux A. G. des empê- sation. Sans doute lutteront-elles cheurs de collaborer et de banqueter eii rond ? souvent, mais, * Comment les auraient-ils le désir de re- du moins, n'y aura-t-il plus rivalité de boutique, rouges mais surtout n'aurons-nous plus de Syndicats trouver devant eux les prudents qui, en face des la masse adhérente forcera les motions extrémistes et réalisées - bran- sauelettiques et jamais coupeurs de cheveuxen quatre à remettre à plus leraient de la tête en demandant de l'eau dans le tard leur fastidieux l'unité vin 7 Aussi les discours sur l'unité ne exercice; syndicale sont, trop apaisera les tendances, surtout si l'on veut bien souvent, qu'artifices pour attirer des adhérents. Au les essentielles de l'administra- on chacun respecter règles fond, préfère continuer le petit train: tion syndicaliste : maîtrechez soi. Cette conception, on la complète Souveraineté des assemblées et la suivante: « Union sur des générales dispa- par proposition rition des infiltrations parlementaires (vote par questions d'intérêt immédiat. » Et alors cela vous a un air séduisant. lettre, etc.); petit Non rééligibilité des fonctionnaires syndicaux, Mais il faut dénoncer vigoureusement l'er- car monsieur veut conserver une fonc- reur fait du morcellement une doc- lorsqu'un qui syndical tion syndicale (et le point d'honneur veut que l'on trine. Entre des organisations d'idéologies diffé- ne sache s'en et autre rentes il a de front pas aller) lorsqu'un brigue n'y jamais unique sincère, sa succession, ils ne manquent point d'agiter les suivi, mais il y a rivalité de maisons. La grève tendances. des banques, dira-t-on, a montré l'union des divers Syndicats ? Mais, cette grève, ne s'est-elle point II terminée par la lutte entre les divers Syndicats; fatalement est arrivé ce qui devait arriver: cha- Que l'on m'excuse de défendre aussi longuement que groupement a cherché à gagner les autres à une Unité, que rien ne peut remplacer, qu'en ap- ses méthodes d'action, d'où suspicion d'abord et parence chacun veut, mais qu'en réalité on ne veut dislocation enfin, chacun rejetant la faute de pas, car si on la voulait, elle serait faite. Il faut l'échec sur le voisin et s'il y avait eu succès que nous mesurions bien son absolue nécessité, il chacun eut voulu s'en attribuer le mérite. faut que nous sachions bien quelle hypocrisie l'em- Mais un exemple plus triste encore c'est la pêche d'aboutir pour être en mesure de l'imposer. désunion profonde qui dresse l'un contre l'autre Nous n'aboutirons pas sans sacrifices. Nul ne les groupements de fonctionnaires; pour les trai- veut en consentir de réels. Notre rôle doit être de tements, les confédérés ont eu leurs objectifs et les préparer. Un des obstacles majeurs est la con- leur tactique la Fédération des fonctionnaires fusion permanente entre I. S. R. et gouverne- a eu les siens les unitaires les leurs. La bataille ment des Soviets; certes, les confédérés sont mal des traitements a été livrée dans la pleine confu- venus de nous la reprocher, puisque leurs chefs sion des revendications; criant : 1.800 ! 1.800 ! sont confondus dans le personnel gouvernemental un confédéré et un unitaire ne demandaient point de France ou d'ailleurs, mais ils nous la repro- la même chose! Et maintenant voici le fond de chent. Ne devons-nous pas lever leur objection et la coupe: les corporations luttant les unes contre déplacer le centre de l'I. S. R. ? Je pense que oui. les autres pour le partage d'un gâteau insuffisant; Les confédérés nous reprochent sans cesse que voici les journaux bourgeois inondés de commu- les hommes de la C. G. T. U. sont les mêmes que niquésdes P. T. T., des Indirectes, des institu- ceux du Parti communiste et ce n'est pas le geste teurs; voici Citroën arbitre dans nosconflits cor- d'adhésion de Monmousseau et autres qui atté- poratifs, comme si, pour ces conflits, il n'y avait nuera leur grief; ici encore leur reproche est hy- pas un arbitre désigné: la C. G. T. Unique; mais pocrisie pure puisque beaucoup de leurs dirigeants pour cela il faudrait une C. G. T. Unique! Enfin sont, par les loges, inféodés à un parti: le Bloc voici le comble de l'odieux: les dames-employées des gauches; mais pourtant ne serait-il pas sage des P. T. T. faisant grève contre les institutrices ! de demander aux chefs de la C.G.T.U. de ne point METHODES DESTRUCTRICES 17 afficher sans cesse leur intimité avec le P. C., de plein la bouche pour le réduire à un ne servilement syndicalisme ce point répéter les mots d'ordre que de secte et à faire de la C. G. T. U. une parti lance et d'agir souvent sans liaison du simple avec ce plus dépendance parti. parti ? Les deux lettres suivantes montrent comment nos III bolchévisateurs comprennent le rôle de l'I.S.R. quel cas ils font des décisions régulièrement prises Pratiquement, après l'échec du les que Congrès d'Unité, par organismes intéressés, comment ils veulent pouvons-nous faire ? Il nous semble possible imposer au mouvement l'I. S. autre syndical, R. com- MUun Congrès réussisse, à une condition, prise, les règles et les obligations qui peuvent con- est qu'il ne soit pas provoqué par les éléments venir dans le parti ou dans l'I. qui sont C. mais qui ne se trouvés du goût pour « plumer les sauraient donner aux syndicats comme à l'I.S.R. volailles ». Ce Congrès d'Unité doit être provoqué qu'un caractère de secte. Par une organisation neutre; à mon avis par les Je passe sur les mensonges qu'on emploie pour syndicats autonomes (par ceux du moins dont aboutir à ce but. P. M. entree dans l'autonomie fut une protestation contrela scission et qui répudient le syndicalisme opinion) ou par la Fédération des fonction- aires. C'est à cete dernière surtout Lettre de BERLIOZ elle que je pense; a proclamé son désir d'unité en annonçant Secrétaire du Bureau latin de l'I. S. R. qu'elle adhérerait à la C. G. T. Unique recons- ituee; elle doit faire plus; elle doit provoquer Paris, le 2 octobre 1925. aux lecteurs de la R. adhérents à la Fédé- Camarade, ation P., des fonctionnaires, de propser à la pre- Le camarade Wolf, délégué du C. I. P. au con- nnere. assemblée de leur Syndicat ou de leur grès de votre Fédération, nous apprend tardive- syndical, un ordre du jour dans ce sens; ment une a eue Conseil1 ue faut qu'à conférence qu'il avec le Bu- pas attendre que le bureau de la Fédé- reau fédéral, vous vous êtes déclaré prêt à conti- ration s'émeuve ou que tel ou tel de ses membres nuer le travail du C. I. P. pour les pays latins. demande la réunion d'un Congrès d'Unité; il faut D'autre part, une note parue dans l'Humanité que, d'en bas, arrive l'exigence de ce Congrès, et nous a informés que la Fédération unitaire vous Que la Fédération des fonctionnaires prenne la avait désigné pour ce travail. de Responsabilité le convoquer aussitôt que possi- Nous vous faisons remarquer que cette désigna- bil, on a assez bafouillé. tion est contraire aux les si règles habituelles, secré- Et cela échoue? taires des C. I. P. pour les pays latins ne pouvant C'est ici que l'on verra ceux pour qui l'unité être le Secrétariat un désignés que par général à est motif de discours et ceux qui la veulent. Moscou, qui s'adresse aux militants qui lui sem- C'est ici que nous devrons faire taire nos préfé- blent le rences plus qualifiés. et nos rancoeurs; nous devrons, dans chaque Sans vouloir préjuger de la nomination défini- corporation, réaliser l'unité corporative et suivre tive qui sera décidée par nos camarades à Moscou, de la Instituteurs de la Fédération ae loi majorité. nous vous prions toutefois d'essayer de reprendre 1 enseignement, par cette porte nous rentre- avec la Belgique, l'Italie, l'Espagne et le Portugal aes peut-être à la vieille C. G. T.; cela sera dur des liaisons trop longtemps interrompues. Commu- ceux qui s'en étaient écartés le cœur plein d'es- niquez-nous la liste des adresses dont vous disposez Ppir; mais refaire un bout d'unité est le seul acte dans ces pays, nous pourrons les compléter si elles révolutionnaire que l'on puisse tenter à cette sont insuffisantes. heure; et il est inutile d'être à tant de sacrifi- Il est ces prêt exact que le C. I. P. du Livre avait chargé pour la cause, si l'on n'est pas capable de re- le camarade Baveau d'être son correspondant pour le flot con- tourner œuvrer, minorité décidée, dans les pays latins durant ces deux ou trois derniers lusionniste. B. GIAUFFRET. mois. Cette décision a été prise en raison de ce que vous n'adressiez aucune correspondance à nos camarades russes et surtout parce que vous sem- Vont-ils saboter IL S. R. ? bliez être en désaccord formel, sur des questions importantes de tactique, avec la majorité de la C. G. T. U. et 1'1. S. R. où une communauté de vues absolue est naturellement indispensable entre une organisation et ses représentants. Hills DESTRUCTRICES Salutations communistes. (Signé) : BERLIOZ. Ce qui advenir de fâcheux le pouvait plus pour mouvement syndical révolutionnaire, c'est qu'on Lettre du camarade ÀUFRÈRE transportât dans son sein les conflits qui se dérou- à lent l'intérieur et autour du parti communiste. Paris, le 9 octobre 1925. Nos bolchévisateurs n'y ont pas manqué. Depuis deux ans, nous en avions vu maintes preuves, de- Camarade, puis les fameuses thèses des Treize au Comité di- En main votre aimable lettre du 2 courant m'an- recteur du en commun par Treint nonçant que ma désignation au secrétariat du et parti, rédigées I. P. du latins était irré- Monmousseau et qui marquèrent le début de la C. Livre, pour les pays crise du parti français jusqu'au rôle subalterne gulière. consenti par la C. G.T. U. au sein du Comité d'ac- Je suis très ennuyé de vous contredire, mais tion. ayant toujours eu le souci de la vérité, je dois De telles devaient normalement abou- vous apprendre, puisque vous semblez l'ignorer, pratiques aux for a saboter le syndicalisme de masse dont on a que ma désignation « contraire règles habi- 18 LA REVOLUTION PROLETARIENNE tuelles » a été décidée à une réunion du C. 1. P., quelle désormais votre lettre en est la démons- tenue à Moscou le 27 décembre 1924, sous réserve tration on ne peut être « qualifié» pour rem- de ratification par la C. E. de notre Fédération. plir une fonction syndicale. A cette réunion, en plus du signataire de ces lignes. Salutations syndicalistes. assistaient les camarades Otto Vial-Collet, Gâbel, JULIEN AUFRÈRE, Derbichev, Smirnov, etc. Secrétaireadiointdela FédérationunitaireduLivre Ayant été désigné par la C. E. fédérale, en P.-S. écrit accord sur ce avec ce Ayant au C. I. P. de Moscou, le point qui avait été décidé à 15 septembre 1925, j'ose espérer 'que si, contraire- Moscou, je pouvais me croire le représentant du ment à ce que j'ai demandé, la réponse passe par C. J. P. mais, indirectement, j'appris que mon ex- ce Bureau Latin dont vous êtes l'animateur; vous clusion du P. C. me vaudrait ma déchéance à bref voudrez bien agir avec la même diligence que précé- délai. En aux des secré- demment, c'est-à-dire me la remettre dans un mois effet, différentes réunions ou taires des C. I. P. qui sont convoquées par vous, je deux. J. A. n'ai pas été invité une seule fois. Peut-être n'étais-je pas très « qualifié ». Les camarades qualifiés ne sont pas très nombreux, aussi en lisant votre lettre je me rends compte SALAIRES DE FEMMES combien VI. S. R. eut la main heureuse en vous choisissant pour la représenter. Tous nous rendons Il existe un certain nombre de questions qui justice à vos nombreuses connaissances syndicales permettent d'apprécier avec assez de précision la et à votre vieille expérience. mentalité des gens: le- salaire féminin est de Les quinze années que le signataire de ces lignes celles-là. a consacrées à la cause syndicaliste J'évolution- Pour le conservateur, pour le réactionnaire, pour naire sans aucune fonction rétribuée sont le bourgeois rétrograde et combien de prolétai- certainement bien peu de chose en comparaison res ont sur ce point une mentalité de bourgeois des efforts inouïs que vous faites au 144 de la rétrograde! la fémme a, moins encore que le rue Pelleport, pour hâter le triomphe de cette ré- travailleur masculin, le droit d'exiger le produit volution dont vous serez certainement l'un des intégral de son travail. Si elle est obligée par la plus brillants dictateurs. nécessité de gagner sa vie, elle ne doit recevoir? Pour ce qui est de la désignation de R,aveau, qu'un salaire inférieur, un salaire d'appoint, des- je vous avoue que les nombreux amis que je pos- tiné à compléter celui du mari qu'elle est censée sède dans le P. C. et la fraction communiste du avoir. Livre ne vous en déplaise ne seront pas peu Nos camarades postiers confédérés sont en train surpris en apprenant cela. D'autant plus qu'à depuis quelque temps de donner des preuves répé- notre Congrès, Raveau nia formellement m'avoir tées de cet esprit rétrograde. remplacé au C. I. P. Les camarades délégués se Dans le but de faire attribuer des traitements demanderont qui de vous ou de Raveau est le men- supérieurs à ceux qui leur avaient été primitive- teur. Je vous laisse, à vous, le militant qualifié, ment dévolus par la dernière Commission chargée le soin de répondre. de la revision des salaires des fonctionnaires, ils-' Ces mœurs nouvelles ne me surprennent pas ont entrepris une véritable campagne contre les, outre mesure, elles sont devenues chose courante traitements des institutrices. de la part de ceuxqui se font les maquignons de « Jadis, disent-ils, l'institutrice gagnait moins l'idée révolutionnaire. Mais où vous vous surpas- que la dame employée des P. T. T., ce qui était sez, cher camarade, c'est quand vous écrivez que juste, parce qu'elle donne moins d'heures de ser- je semble ne pas être d'accord avec les mots d'ordre vice; aujourd'hui l'institutrice reçoit beaucoup de Ill. S. R. et la majorité de la C. G. T. U. Vrai- plus que la dame employée! » Et de crier au ment, VI. S. R. a en vous un représentant de va- scandale. leur, qui a de l'esprit et du flair. Doucement. Si quelque chose était scandaleux, J'ai été, jusqu'au dernier Congrès fédéral, mem- c'étaient bien les salaires dérisoires que l'on osait bre de la C. E. de la C. G. T. U. Je n'ai jamais offrir à celles à qui l'on confiait 50, 70, 80 et jus- écrit une ligne ou prononcé une parole pouvant qu'à 140 enfants! Sila durée des vacances semble être interprétée contre ces deux organismes. Je ne au premier abord, pour le personnel scolaire, un vois pas où vous vous basez pour justifier vos avantage considérable, tous ceux qui ont exercé dires. le métier enseignant pendant quelques années ont Mon crime n'est pas là. Je vais vous l'indiquer acquis la triste conviction que ce prétendu avan- puisque vous, le militant ultraqualifié, n'osez le tage est tout simplement une nécessité, tant est faire: je suis l'ami de Monatte, de Rosmer, de profond l'épuisement causé par les -mois de tra- Godonèche. Cette amitié qui date de quinze an- vail scolaire. Il y aurait aussi à rappeler l'exces- nées ne s'est jamais démentie un seul instant. En- sive lenteur de l'avancement dans l'enseignement, semble, nous avons combattu jadis le réformisme, aussi bien que les heures de travail à la maison. ensemble nous combattons aujourd'hui ceux qui, On a dit tout cela, on l'a redit, répété encore, affublés du masque communiste, liquident le P. C. nous n'y insisterons pas. français à l'instar des Fischer et Maslov, alle- Voyons donc la cause profonde de la différence mands en attendant d'en faire autant de la actuelle des salaires entre institutrices et dames C. G. T. U. employées. Nous ne sommes pas des fonctionnaires ni des Depuis 1913, les institutrices ont obtenu l'égalité « léninistes » de 1925, de ces « léninistes» que de traitements avec les instituteurs, égalité qu'elles Lénine renierait s'il était encore de ce monde. De ont réclamée pendant plus de trente ans et que plus, mon admiration pour la révolution russe ne justifie pleinement l'identité absolue de la prépa- pouvant supporter que Lénine et Trotsky pussent ration et du travail. ne pas en être les champions au même titre m'a Pourquoi les postiers réservent-ils aujourd'hui valu le retrait de l'estampille S. F. I. C. sans la- tous leurs coups aux institutrices ? Comme les REORGANISATION OU DESORGANISATION ? 19 journalistes les plus ils addition- ront et le tout entier les bourgeoisants, par répercussion prolétariat nent traitements des ménages universitaires et en profitera par le nouvel essor que recevra cette P otestent parce que l'institutrice apporte au bud- revendication si éminemment prolétarienne : à get familial une somme égale à celle de son com- travail égal, salaire égal. pagnon. Malheureusement beaucoup de travailleurs en Mais où il y a deux travailleurs, ne doit-il pas sont encore à se sentir humiliés à. la pensée que avoir deux salaires? L'institutrice les travailleuses à côté d'eux -elleY n'éprouve- qui besognent pour- pas la même fatigue, n'a-t-elle pas les mêmes raient être payées autant qu'eux. En ne réagissant esponsabilités l'instituteur ? De droit contre ce d'essence féodale et bour- son que quel pas préjugé travail devrait-il être déprécié? Pourquoi celle geoise c'est à eux-mêmes qu'ils font tort, l'exploi- fait d'homme ne recevrait-elle sa- tation du féminin ne de lairequi besogne pas prolétariat fournissant d'homme? bénéfices qu'au patronat: patronat capitaliste ou La a été Le femme depuis toujours l'exploitée-type. Etat-patron. travail non salarié ou chichement salarié est Nos camarades postiers feraient preuve non seu- son lot historique, et il n'est pas de bon bourgeois lement d'esprit de justice, mais encore de simple soit partisan de cette exploitation féminine, habileté s'ils exigeaiént pour la question du salaire quinedans la et famille, et au travail, par les bas sa- des dames employées la seule solution logique aIres. Les postiers ne voient-ils pas qu'en atta- qu'elle comporte: la réalisation de l'égalité de quant les traitements des institutrices, ils se ran- traitement pour le personnel des deux sexes accom- aux côtés conserva- ou un travail gent de la réaction la plus plissant le même travail équivalents trice ? , MARTHEBIGOT. Ils disent défendre les dames employées des ––-.-– P,p T. T. Les dames sont infériorisées de employées façon évidente, non pas parce qu'elles reçoivent Après le Congrès de la C. G. T. U. moins que les institutrices, mais parce qu'elles ne son! pas payées au taux de leurs collègues mas- culins. RÍOHGHNISHTION irimEmHsm ? 'Les Congrès de la Fédération postale nous ap- Portent écho de leurs revendications. Elles aussi Au dernier Congrès, de la C. G. T. U., un débat voudraient bien l'égalité de traitement, mais, ainsi f s'est ouvert sur la réorganisation syndicale. Il faut advint jadis aux institutrices dans la même dire: « un débat s'est ouvert» et non: « la lutte,ouil il ne de bons dans discussion est terminée », comme le fait la Vie les manque pas collègues, Postes, qui préfèrent de gros avantages pour Ouvrière (23 octobre) qui témoigne en la circons- à la réalisation du traitement les tance d'une de la eux, égal pour étrange conception discipline deux sexes! Aux premières et timides demandes syndicale. des dames on a fait sourde oreille. Il Tout n'est-il étrange dans la vie syndicale- me employées pas souvient d'un jour pas très lointain où un unitaire d'aujourd'hui 1 Qu'on en juge! Postier m'affirmait: « Jamais l'égalité de traite- Un rapport, publié dans le n° 18 de la Vie ment ne pourra être établie dans les Postes; le Syndicale, sur « la réorganisation des Unions et service de la dame employée est- loin de valoir la liaison entre les divers organismes » était celui de son collègue. » Depuis ce temps, les dames soumis au Congrès confédéral. Ce rapport officiel employées ont répondu comme il convenait à cet demandait la suppression des Unions dépar- argument comme d'ailleurs les institutrices tementales de syndicats et leur remplacement par avant à à une affirma- des Unions Il ne visait avaient eu, elles, répondre régionales économiques. tion identique. les syndicats en aucune façon. Une courte discus- Aujourd'hui un progrès est réalisé. Nous lisons sion s'engage le dixième jour du Congrès. On y sur le tract répandu par la Fédération postale apprend qu'un contre-projet est déposé par les Pour préparer la grève de deux heures: « la organisations du Rhône. Ce contre-projet n'a dame employée. qui effectue les mêmes opérations jamais été soumis aux syndicats. Revol lui-même que le commis des P. T. T. » Très bien, très dit qu'il n'a jamais été publié (Vie Ouvrière, bien. Enregistrons l'aveu et alors concluons: la 25 septembre). Ce' contre-projet comporte une Postière ne doit pas gagner ce que gagne l'insti- transformation complète du mouvement syndical et tutrice, elle doit recevoir exactement le salaire du dépasse singulièrement la réorganisation demandée Postier. Le même travail doit être rétribué au par le rapport confédéral, puisqu'il décide le rem- même taux, quel que soit le sexe du travailleur. placements des syndicats locaux et de métiers exis- S'il en était ainsi les ménages « postiers» n'au- tants par des syndicats régionaux d'industrie qu'il raient rien à envier aux ménages « scolaires» et faut créer le plus vite possible. Comme subjugué les travailleuses isolées né connaîtraient pas des par des arguments supérieurs ou de mirifiques salaires hors de proportion avec le coût de la vie. avantages découverts instantanément, le Congrès Il est les militants de la Fé- accepte en principe le contre-projet du Rhône,, , grand temps que et discuté dération postale fassent pour le personnel féminin exposé sommairement! Sans l'ombre Postes les' efforts su accomplir les mi- d'une hésitation, le rapporteur confédéral avait des qu'ont le seul avait été sou- litants de l'Enseignement. Ceux-ci ont su compren- abandonné projet officiel, qui dre que la femme, traitée en paria dans une corpo- mis aux syndicats, pour se rallier au contre-projet. ration, devient la cause d'un abaissement général Ainsi des délégués, mandatés pour voter un projet un autre- du statut corporatif. Que le personnel des Postes connu et discuté, ont adopté, de leur chef, le à son tour et que les dames em- projet, inconnu et pas discuté, dont on peut dire comprenne il ployées prennent conscience que l'heure est venue que, s'il est mis en application, bouleversera Pour elles de la lutte pour l'égalité des salaires; les notre C. G. T. U. de fond en comble! institutrices leur ont ouvert la voie, à elles de ne 'Le camarade Delarue, trésorier de la première Pas laisser plus longtemps déprécier leur travail. région confédérale, a exprimé -(Vie Ouvrière, Tous et toutes dans la Fédération postale y gagne- 9 octobre) sa surprise de la « défaillance » 20 LA REVOLUTION PROLETARIENNE

tel est son propre terme du Bureau de la la base, comment construire ? Et il suffirait de C. G. T. U., « défaillance» qui, seule, a permis « quelques bons militants » pour faire vivre un une telle décision du Congrès. Mal lui en prit ! syndicat régional? Sans sections locales bien vi- Les rédacteurs de la Vie Ouvrière eurent tôt fait vantes, le syndicat régional ne sera rien. Et s'il de le remettre à sa place. Prise à la diable, par des existe des sections locales bien vivantes, s'il y a délégués non mandatés pour la prendre, la déci- possibilité d'en reformer, d'en créer, pourquoi ne sion du Congrès a, paraît-il, force de loi. A l'heure pas les laisser s'organiser en syndicats, avec toute qu'il est, en application de la discipline syndi- l'autonomie des syndicats, avec cette liberté d'ac- cale, personne n'a plus le droit de discuter le prin- tion qui, dans beaucoup de cas, est la condition cipe du projet Revol. C'est-à-dire que tout le même du développement de nos syndicats? monde doit préparer la constitution des syndicats Au fond, le problème de la réorganisation syn- réginonaux d'industrie, sans s'occuper de savoir dicale, c'est le problème du recrutement. Les orga- si cette constitution est désirable, possible, si elle nisations locales vivent difficilement parce que les sera profitable au mouvement. Tout au plus travailleurs en sont partis. Ce qu'il faut recher- peut-on s'occuper des modalités d'application du cher, c'est le moyen de les y ramener. Ce n'est contre-projet défendu par Revol. Encore faut-il pas celui de comprimer les frais généraux. S'il prendre garde de ne pas dévier de la « ligne ». n'y a pas de vie dans l'organisation confédérale, Car, à l'instar., il y a aujourd'hui une « ligne » ce n'est pas une charpente nouvelle qui en appor- syndicale. tera. Surtout quand la charpente nouvelle risque, Nous nous trouvons donc devant un projet de comme c'est le cas, de ne pas tenir debout. réorganisation adopté avant même d'être connu. Pour résoudre le problème du recrutement, il Depuis le Congrès, le camarade Revol a publié faut rapprocher l'organisation syndicale des tra- une série d'articles pour l'expliquer. C'est avant vailleurs. 'La forme régionale l'en éloigne encore. le Congrès qu'il fallait publier ces articles. Joints Le syndicat régional d'industrie sera plus souvent à la résolution du Congrès de l'U. D. du Rhône, un « appareil » bureaucratique, vivant loin des publiée dans la Vie Ouvrière du 7 août, ils au- syndiqués, qu'un organisme de lutte au sein même raient tout au moins fourni une base de discussion des entreprises. Au lieu de ramener la confiance, sur les avantages et les inconvénients comparés il excitera encore la méfiance des ouvriers, par le du rapport confédéral et du contre-projet du fait qu'il sera convenablement et d'avance doté de Rhône. La discussion n'ayant pu se produire avant permanents. La tendance naturelle des ouvriers le Congrès, ne trouvez pas drôle, camarades « offi- d'une entreprise quelconque est de faire confiance ciels », qu'elle se fasse jour aujourd'hui et que à ceux qui, au milieu d'eux, tentent l'organisation la décision du Congrèselle-même soit remise en et l'action, avec tous les risques qu'elles compren- question. nent tandis qu'on se méfie en général de celui qui La multiplicité des syndicats n'est pas seulement « vient de Paris» ou d'ailleurs pour placer des un aspect de l'originalité de notre mouvement syn- cartes rouges. Si les camarades responsables de dical. Quoi qu'en dise, on ne peut nier que c'est l'organisation peinent chaque jour avec vous dans aussi une force. Grâce au grand nombre de ses syn- l'usine, vous sentez que le syndicat ne se sépare dicats, la C. G. T. U. possède de. multiples points pas de vous, que vous en êtes une partie vivante. d'appui dans la masse ouvrière. Ces multiples points Dès que le syndicat s'éloigne, vous commencez à d'appui la rendent mieux capable que toute autre ne plus vous sentir qu'une machine à cotiser. organisation d'interpréter en permanence la vo- Le camarade Revol a exposé que la section lonté du prolétariat. La multiplicité des syndicats, d'usine serait le point d'appui le plus sûr du syn- avec la représentation unitaire dans les Congrès, dicat régional d'industrie. Si par section d'usine permet à tout exploité de se faire entendre dans- en entend une organisation vivant par ses pro- la C. G. T. U., de même qu'elle permet à la pres moyens, capable de mener sa lutte particu- C. G. T. U. d'exprimer des aspirations réellement lière sur son terrain, avec ses hommes, disposant communes à la plus grande partie des exploités. de l'autonomie administrative et générale néces- La vraie « démocratie ouvrière », la voilà! Et saire, ce n'est qu'un changement du nom des syn- quelques modifications qu'on puisse apporter à la dicats, c'estle syndicat d'usine! Si, au contraire, structure de la C. G. T. U., je pense qu'il faut on ne considère la section d'usine que comme un bien se garder de réduire le nombre des organisa- organisme d'exécution du syndicat régional, vivant tions de base. sur la caisse du syndicat régional, comme le de- Or, le projet du Rhône en prévoit une réduc- mande Revol, s'il s'agit seulement de « chasser tion énorme. La résolution du Congrès de l'U. D. les derniers vertiges du corporatisme et du loca- ne dit-elle pas : lisme », alors je n'hésite pas à écrire que le projet « Régionalement, tenant compte de la leçon que du Rhône nous emmène à la destruction des fonda- de multiples défaites nous obligent à méditer, les tions mêmes de la C. G. T. U. syndicats devront être organisés sur la base de la Du reste des exemplesexistent d'organisations qui, région industrielle; de cette façon, il sera pos- en « chassant les derniers vestiges du corporatisme sible de reconstituer de fortes organisations avec et du localisme » ont du même coup « chassé » la multitude d'organisations locales qui vivent dif- leurs adhérents. Ces exemples sont concluants. ficilement ou ne vivent pas faute de militants dé- Si le prochain C. C. N. veut bien en tenir voués ou éclairés. Avec le syndicat régional, il compte, jamais il ne consentira à mettre en appli- suffira de quelques bons militants pour que le cation sans un examen plus sérieux, le projet Re- .syndicat régional fonctionne sérieusement et tra- vol en ce qui concerne les syndicats régionaux d'in- vaille utilement à la réalisation des revendications dustries. En ce qui concerne la suppression des communes. Là encore, coordination des efforts et Unions départementales, espérons qu'il se rappel- économie des frais généraux. » lera les arguments opposés avant Saint-Etienne au Si les multiples organisations locales vivent dif- projet anarcho-syndicaliste, auquel le projet Revol ficilement, croit-on vraiment qu'une seule organi- ressemble comme un frère. sation régionale vivra mieux? S'il n'y a rien à MAURICECHAMBELLAND. LES GRANDS CONFLITS OUVRIERS

LA GRÈVE DES BANQUES

II

Le déclanchement du mouvement. unitaire adoptèrent mon point de vue, mais dans la pratique et ceci motiva ma démission du mi-juillet, des mouvements partiels écla- secrétariat général du S. U. les camarades uni- tervf-.atellt à Angers et dans plusieurs autres villes de taires ne se assez écoutés dans la cor- - Ils ont bien jugèrent pas DVmee' pour motif, l'impossibilité poration pour être suivis et préférèrent se ranger car les syndicats sont inexistants dans ces à la nIvre,olts et n'ont faire au- tactique lafayettiste. cune pu par conséquent y Nous avons dit que les employés de la B. N. C. agitation. étaient sortis sur le refus de leurs d'accor- Marseille les patrons di puis c'est qui s'ébranle; là, syn- der une augmentation supérieure à 55 francs par die f réformistes sont assez puissants, mais les mois; un mot d'ordre fut lancé qui obtint de suite syvrucTucats unitaires n'existent pas. Dès le début un plein succès: le mot d'ordre des 100 francs du mbuveplent, les réformistes déclarent au gou- mensuels en sus des appointements, comme qu'ils seront à sa dans les réajus- 1v eauxnernent disposition tement au renchérissement de la vie provoqué par pubiies pour assurer le succès de l'emprunt. l'inflation. Cesdifferents mouvements éclatant un dans oust les peu Le mercredi 29, sur le refus des directeurs de coins de la province n'avaient pas été sans recevoir la le Crédit une délégation, 'Lyonnais s'ébran- ser certaine effervescence dans la capitale, lait à son tour, le lendemain, le Comptoir d'Es- n31utantque les banquiers avaient d'une façon gé- compte et des établissements secondaires entraient "6rale répondu par une fin de non-recevoir aux en danse et les de de maisons étaient venues leur de- pendant quinze premiers jours anderdélégations qui la grève, continuellement de nouvelles maisons à des augmentations. succursales de des Et vendredi 24 16 la direc- Paris, d'importantes province l' le juillet, à heures, grands établissements de crédit donnaient, tour à tir. 11 la Banque Nationale de Crédit refusant leur adhésion au mouvement. à son une tour, d'accorder personnel augmentation La tactique des « petits paquets» fut donc ri- Inpérieurede à 55 francs par mois, les employés cet établissement sortent à en totalité goureusement appliquée. peu près En ce qui concerne la Société Générale, huit siège du boulevard des Italiens et dans les trois la sortie du Crédit cet éta- m succursales de la rue Le de jours après Lyonnais, srandes Peletier, blissement n'était pas encore en grève et lorsqu'il PO6S (rue Scribe) et de la rue Notre-Dame-des- victoires. s'y mit, un tiers à peine du personnel suivit; à grève mais l'importante succursale du Trocadéro qui groupe La mijotait depuis longtemps, certes, des milliers d'employés, il fallut que des bruta- elle aurait peut-être gagné à être déclenchée un lités lieu devant la contre la clôture de policières eussent porte p?ls. Plus tard, c'est-à-dire vers les « débaucheurs », pour décider l'ébranlement; de l'emprunt, après que les organisations sait Lucien à la S. secré- ~~sion au- on que Vol, employé G., yncticales ayant pu réaliser l'unité de combat, taire général de la Fédération de la finance confé- raîent- fait la préparation nécessaire. Enfin, on démissionna de son à la suite des n Pas événements. dérée, poste, toujours le maître des véhémentes critiques qu'on lui fit sur son attitude. Des le premier jour, les principaux militants d la B. le N. c., Bischoff et Nordey, empêchèrent Le cahier de revendications. s syndicats d'intervenir dans le conflit, désirant 6 mouvement restât strictement limité à leur Un Comité de grève central comprenant des em- que un tel état de toutes de toutes svn- ptta Lbrhssement.Pour s'être élevé contre ployés maisons, tendances, l'auteur de ces lignes fut copieusement diqués au non, fut formé à raison de deux catho- a esprit, deux InJurié par ces camarades. liques, deux confédérés, unitaires et deux non La B. N. C. était dehors, les autres maisons de- syndiqués par établissement, chiffre qui fut mo- alent sortir. Plusieurs conversations eurent lieu difié par la suite. Magnifique manifestation d'unité. confédérés et unitaires, car il est bon d'ajou- Les secrétaires des Unions départementales furent entreque réa- au sein du à ir1", l'unité de front s'était spontanément admis Comité, titre de conseillers à la B. N. C. entre employés syndiqués et techniques. Isee des Ce Comité de élabora un cahier de reven- êon syndiqués de toutes tendances: Durieu, grève Corporations françaises, ne fut pas le moins dications et le jour où ce cahier de revendications acharné et ceci est un point important sur lequel fut présenté à la salle Japy, les trois représen- -nous reviendrons plus loin. tants des Syndicats catholiques, confédérés et uni- Les de suite la tactique taires se tinrent la main les esel confédérés préconisèrent par pendant que vingt « petits paquets »; je les combattis person- mille grévistes adoptaient le cahier, dans un en- nellement avec quelque violence, déclarant préfé- thousiasme indescriptible; geste symbolique quo rable, puisque la B. N. C. était dehors, la grève nous ne voulons affaiblir d'aucun commentaire. générale immédiate. Le cahier de revendications établi par le Comité Le Conseil et l'assemblée générale du Syndicat central de grève reprenait à peu près tous les pa- 22 LA REVOLUTION PROLETARIENNE de l'ancien ragraphes cahier des unitaires, sauf plus de vingt mille employés se réunissaient cha- pour les de début appointements que le nouveau que jour, on attendait avec impatience les répon- cahier fixait à sept cents francs parmois; d'autres ses du ministre et à la de traitaient bien entendu de la chaque matin, suite points reconnaissance chaque nouvelle entrevue avec le ministre, il fallait officielle des syndicats, du Conseil de discipline, enlever au dam • de du de rogner ceci, cela, grand des gré- l'organisation travail, la retraite propor- vistes qui avaient mis tout leur espoir dans l'inter- tionnelle, des allocations familiales, des congés de vention gouvernementale et avaient maternité etde maladie qui beaucoup et enfin un paragraphe fut de peine à croire à une telle impuissance de ce ajouté concernant l'échelle mobile de traitement, « côté. mot d'ordre que les masses ne comprennent pas Nous dans un précédent numéro quelle encore et qu'il faudrait bien se donner la peine était, la avons,dit de leur mentalité dans cette corporation; pour les expliquer. employés de banque, si embrigadés dans leurs ad- Le paiement intégral des journées de grève était ministrations, il était de naturellement probablement impossible inclus dans ce cahier. parler d'action directe; la petite bourgeoisie de la banque devait faire à ses dépens l'expérience d'une Les entrevues ministérielles. grève menée par le gouvernement. Le 27 août, aucun résultat n'étant acquis, Ie Comment fut menée cette grève ? Tous le savent Comité national de grève (organisme comprenant à présent. Ce sont les innombrables entrevues avec des délégués de province et qui avait été formé le ministre du Travail, quelquefois même avec le entre temps par-dessus le Comité central) modifia Président du Conseil, qui englobèrent à peu près assez profondément le cahier de revendications, en toute l'activité du Comité central de grève. maintenant seulement « la revision générale des Dès le début de la grève de la B. N. C., avant salaires, avec établissement d'un salaire minimum même que les autres maisons se soient ébranlées, de base» ; le 29 août, après un mois de grève, les dirigeants du Syndicat confédéré avaient mis toujours par l'intermédiaire du ministre, les pa- M. Durafour, le ministre du Travail, au courant trons, qui n'avaient pas encore à cette date eu du mouvement, le priant instamment d'arbitrer d'entretien avec les délégués des grévistes (fait le conflit; M. Durafour, bien embêté dans cette caractéristique entre mille autres), firent des con- histoire, songea un moment à confier cette affaire tre-propositions dans lesquelles on relevait: pas à son collègue Caillaux, ministre des Finances, de révocation pour fait de grève, sauf quelques prétendant qu'il était plus à même que lui de cas pour « fautes professionnelles» (on sait ce donner -à la grève une solution pratique, mais, par que cela veut dire); salaire minimum de base, pas la suite, ce projet fut abandonné; M. Durafour de réponse pour le moment, il sera mis ultérieure- fut « condamné» à rester l'arbitre principal du ment à l'étude; ces propositions sont valables jus- conflit. qu'au 31 août. Et c'était tout. Mais, non seulement pour les catholiques, mai? C'était cela, c'est-à-dire rien, que le ministre aussi pour les confédérés, il n'était pas possible avait pu obtenir après plus d'un mois d'entretien: que la pression du ministre du Travail ne fasse impuissance significative et dont les employés de pas fléchir les banquiers. Sous le Bloc National, banque ont pu (la recrudescence d'adhésions au ça aurait peut-être été possible, disaient les cama- Syndicat unitaire semblerait le prouver) faire leur rades confédérés, mais depuis l'avènement du Bloc profit. des Gauches, nous avons des ministres qui « dé- Des dissentiments éclatèrent à ce moment, d'une fendent les intérêts des travailleurs ». part entre les unitaires du Comité national de Lorsque le cahier de revendications dont nous grève (Lépine et Platon) et la majorité de ce avons parlé plus haut fut ratifié par les grévistes, même Comité qui voulait la reprise du travail le le premier geste du Comité central de grève fut 31 août, sur les bases patronales; d'autre part, d'aller le déposer chez M. Durafour. Celui-ci le entre le Comité national et le Comité central, ce lut attentivement et répondit aux grévistes : dernier s'étant prononcé pour la continuation des « Toutes vos revendications sont parfaitement jus- hostilités. tifiées; elles sont d'ailleurs d'une modération exem- L'effritement commença, hélas! à ce moment plaire et, après l'intervention que je ferai auprès dans le camp des grévistes; la déception était forte- d'eux, je suis persuadé que MM. les banquiers Le 9 septembre, le ministre de la Justice, rem- vous donneront satisfaction sur tous les points. » plaçant le Présidentdu Conseil, adressa au Comité Ici se place la première entrevue entre les ban- national de grève et aux patrons une proposition quiers et M. Durafour; la tâche de ce dernier d'arbitrage; tandis que le Comité national 4e ne fut pas aussi facile qu'il l'aurait pensé lui- grève acceptait, les patrons refusèrent catégori- même; dès le premier entretien les banquiers lui quement, par lettre individuelle, de se prêter fi, signifièrent qu'ils n'acceptaient aucun des desi- cette dernière tentative de conciliation, déclarant derata de leurs employés tant que ceux-ci n'au- s'en tenir uniquement à leurs propositions du raient pas réintégré leur travail (vieille antienne); 29 août; dernier et retentissant soufflet inflIge ils se déclarèrent décidés cependant à examiner au gouvernement par les maîtres de l'heure. avec « bienveillance» une possibilité d'augmenta- Il n'y avait donc plus qu'à rentrer: : c'est e,6'ce tion; quant à la reconnaissance des Syndicats, il que firent les grévistes le samedi 12 septembre, ne pouvait en être question, les patrons se décla- tandis que le Comptoir d'Escompte réintégrait rèrent prêts à discuter avec une délégation d'em- le 14. ployés de leurs établissements respectifs. Nous pouvons ajouter qu'en insistant sur les Le ministre rendit compte ensuite au Comité de démarches ministérielles, nous avons fait à pell grève de ces premiers « résultats ». près entièrement la chronologie de ce mouvement; Les « pourparlers » étaient engagés; ils durè- car tout le reste fut accessoire, sauf, deux impo- rent ainsi pendant un mois. Inutile de démontrer santés manifestations de solidarité dont nous par' comment, dans les immenses meetings de Japy où lerons plus loin. ZA GREVE DES BANQUES 23

Les manifestations. Les mouvements de solidarité.

Naturellement, d'action dirécte, on en fit peu Signalons l'admirable mouvement de solidarité ou presque pas; catholiques et confédérés voulant qui eut lieu à Marseille le jeudi 20 août; on sait que les employés de banque restent des enfants que la grève y éclata bien avant que Paris et le bien sages; les jaunes ne furent pas châtiés comme reste de la province se fussent ébranlés; le 20 août, auraient dû l'être; pour quelques malheureuses il y avait donc près de cinq semaines que les em- tentativesus qui eurent lieu, M. Durafour prit son ployés de banque de Marseille étaient dans la lutte; air de croquemitaine et déclara tout de go que les leur mouvement était entouré là-bas de la sym- avaient compromis son action auprès des pathie générale, non seulement des ouvriers, mais incidentsbanquiers. même des petits commerçants; on rendait hom- mage à leur « modération », à leur « gentillesse» ; Quelques manifestations se firent cependant et le lundi le qui aussi, lorsque 17, mot d'ordre fut lancé obtinrent un grand succès; nous ne signalerons par les Syndicats lafayettistes on pouvait s'atten- celle eut lieu un à 14 heures, au que qui jour dre à ce qu'il fût suivi. Le jeudi 20, la vie fut valais de la Bourse, sous le péristyle où les gTé- arrêtée dans la cité d'une demi- complètement grande méridio- vistes empêchèrent pendant plus nale : pas un tramway, ni un fiacre ne circulèrent, heure la cotation de se faire et celle de l'Agence une usine ne fut ouverte. Les défilè- Nahon pas grévistes du Comptoir d'Escompte où une vingtaine rent en grand nombre dans la ville et furent haran- camarades résolus envoyèrent dinguer tous les sous les fenêtres de la mairie le de la chaus- gués par très dé- livres de compte de l'Agence au milieu de mocratique maire Flaissières. sée, cependant que les jaunes se réfugiaient en Il est démontré ce le hate par geste que prolétariat dans les caves. ne reste jamais sourd lorsqu'on fait appel à sa Si il y avait eu beaucoup d'actions dans ce générosité. Les organisateurs du mouvement, tout genre-là, l'issue de la grève n'aurait pas été dou- lafayettistes qu'ils soient, doivent être félicités teuse. pour cette manifestation de solidarité. A Lyon, les postiers refusèrent d'encaisser les effets laissés en souffrance par les employés de Le patronat de la Finance. banque de la région et cela, malgré les menaces de révocation faites à leur égard par M. Chaumet. Mais qu'est-ce donc que ce patronat des banques "dont.a la ? Tous les résistance fut si formidable La et camarades le savent, ce sont les banques qui au grève l'opinion. contrai- Jourd'hui mènent le gouvernement et le fut à faire ce on a vu, par une L'opinion publique- particulièrement favo- qu'elles désirent; rable au mouvement; tous s'accordaient à trouver gnentaffiche que le Comité de grève a placardé sur tous murs la les revendications des employés de banque légiti- de Paris, que les banques possédaient mes et leur modération les lesPlupart des bons de la Défense nationale. exemplaire; quêtes organisées un peu partout furent bien accueillies, Dans son remarquable livre « 'L'Impérialisme, même chez les commerçants. étape du capitalisme », Lénine a excel- La dernière financier presse bourgeoise fut aussi assez « impar- étudié le mécanisme du capital tiale », on a beau « bourrer les crânes» à l'enunenta comment celui-ci finirait par englo- satiété, ret expliqué il est bien difficile tout de même de faire admettre complètement le capital industriel. qu'on peut vivre, à l'heure actuelle avec six cents Le président du Syndicat des banquiers est francs par mois, aussi la presse bourgeoise se .1: Lehideux, directeur de la Banque Lehideux tint-elle sur une réserve prudente; même M. Clé- homme froid et bien représentatif ment Vautel, le « rigolo» du Journal, fit un arti- 'Ete Cie, cynique, l'état d'esprit du capitalisme d'après-guerre. cle favorable aux grévistes, cependant que dans il ce même organe on pouvait lire le 6 août en arti- Est-ce à dire que, dans le clan patronal, n'y 'cle de fond: « Les deux thèses; ce que disent aucun dissentiment ? On ne le croire. 1eut pourrait les grévistes, ce que répondent les banques. » la résistance aux desiderata des grévistes fut Seul M. Gustave Hervé dans la Victoire- chargea par le Crédit Lyonnais et parle Comptoir à fond contre le Syndicat unitaire. menéed Escompte Crédit fut même le seul (le Lyonnais les Et la presse « fasciste» ? M. Taittinger dans V11Parla de révocations pour faits de grève), la Liberté écrivit plusieurs articles favorables aux secondaires se déclarèrent, des Je établissements Na- grévistes; nous avons vu que, à la B. N. C., Durieu de la prêts à transiger; la Banque des « fut un Ionaledébut grève, extérieur, Corporations françaises » acharné; Française pour le Commerce cependant l'Action Française profita de la entre voulut accorder des avantages inté- grève autres, la pour faire une démagogie facile contre la plouto- ressants, mais comme toujours en pareil cas, cratie des M. Léon Daudet écrivit dans pression et les directeurs banquiers. de Lehideux se fit sentir l'Action Française du 24 août: « Quel sera le des Petites maisons furent priés de se mettre au Pas premier de nos soucis en arrivant au pouvoir, des grandes. après une si longue lutte et de si grands sacri- D'ailleurs, le cynisme des banquiers fut effarant. fices : la délivrance de la classe moyenne (en capi- , les même ceux qui tales dans le texte). » Sans attacher une impor- Jusqu'à présent, patrons, tance démesurée à l'action de nos étaient le plus « lutte de classe» couvraient leur réactionnaires, aux d'un démocratisme de bon aloi; nous ajouterons que cette tentative jointe aux refus grévistes études de Valois dans le Nouveau mais les banquiers ont changé tout cela; dans les Georges Siècle, M. Lehideux ne se sur « Le salaire-or » constitue là une base pour entretiens avec M. Durafour, cette est cer- genaIt pas dire n'avait aucun compte a le fascisme futur et que démagogie pour qu'il tainement aussi que l'attentat de Ray- rendre, qu'il ne voulait pas et c'est tout: signe des dangereuse temps. - nier à Douarnenez. 24 LA REVOLUTION PROLETARIENNE

Le sabotage du front unique. que la B. N. C. était seule dehors, ne voulait pas même fasse ne Cependant, après la les révocations qu'on d'adhésions au syndicat pour rentrée, pas effrayer la masse et six semait furent prononcées à tour de bras; rien qu'à Paris, alors, après de de lutte, six semaines n'ayant absolument rien plus quatre cents camarades furent jetés sur on le et en la se donné, se croit assez fort pour briser l'unité pavé province, répression patronale de combat et le mouvement seul. fit sentir de façon encore plus vigoureuse. Tous pour diriger les du confédérés JL)ailleurs, le sabotage du front unique a con- dirigeants mouvement, unitaires, tinué la les unitaires ont formé un ou catholiques furent impitoyablement remerciés, îjprès grève: un de Comité de défense des révoqués seuls et les lafayet- malgré pour certains, temps présence déjà tistes ne demandaient cela en ont long dans les maisons; ceux qui avaient seulement qui que profité la dans une réunion ne furent pour rompre tout entretien. pris parole pas plus Les Comités de furent dissous la épargnés; répression impitoyable et comme si les grève après grève, alors qu'ils auraient dû au contraire sub- patrons avaient voulu perpétuer l'unité après la sister grève, les militants ils mirent plus que jamais et mieux, le Cri de la Ban- malgré eux-mêmes, dans son dernier numéro un article dans la même charette Durieu, des Corporations que publiait secrétaire des et en deuxième page avec comme titre « Front uni- françaises, Blanchard, confédérés, avec les avec les seu- Platon, secrétaire des unitaires: touchant sym- que masses, toujours; chefs bole. lement, jamais », comme si le front unique pou- Et maintenant un de la dont vait se réaliser sans les masses ou sans les chefs. parlons peu façon Cette mauvaise nuira fort le front unique fut appliqué pendant la grève. On tactique malheureuse- sait comment il fut on sait comment le ter- ment au recrutement des deux syndicats et au réta- formé; blissement de rain avait été préparé par le Syndicat unitaire, où l'unité qui avait été cependant faci- en étaient entre les confédérés et unitai- litée dans cette corporation par la lutte menée en syndicats commun. re les pourparlers d'unité de combat; eh bien! on dire et c'est Et cependant les employés de banque avaient peut répéter que spontanément que fait là une leur dans les comités de grève de chaque maison entrè- expérience qui avait été profita- rent ou non de toutes ten- ble; le Syndicat unitaire, je le crains, ne saura syndiqués syndiqués conserver le bénéfice de dances, de toutes opinions. pas l'impuissance minis- Au Comité de au Comité de térielle, quoique le nombre de ses adhérents ait grève central, grève sensiblement 650 à le national, la représentation proportionnelle fut ri- augmenté (de 1,700) depuis début du conflit. Souhaitons, s'il en est temps goureusement appliquée. se ressaisisse et à la tac- D'ailleurs, les Comités de grève avaient pris le encore, qu'il qu'il revienne soin nécessaire de ne se réunir heure tique du front unique,les réformistes et les catho- qu'une par étant malheureusement enclins à faire jour, consacrant le reste du temps au débauchage liques trop ou aux entretiens ministériels. cavaliers seuls. Au sein des Comités de il eut A cette condition seulement, les employés de grève, y certes, bientôt transformer en des dissentiments, mais il était de règle et logique banque pourront victoire d'ailleurs de s'incliner devant la leur récente défaite; il le faut, car ils ont donné majorité. là un bel de Ces points bien établis, il faut donc dire que le exemple combativité qu'on ne leur factum intitulé « La grève des employés de ban- soupçonnait pas. et les unitaires dans l'Humanité du Et c'est pourquoi, malgré tout, ce mouvement que », paru mérite d'être inscrit en bonne lundi 7 septembre, sous la signature de la Fédé- place dans l'histoire ration unitaire des et du uni- du mouvement ouvrier français. employés Syndicat RENÉ HAGNAUER. taire des employés de banque constitue une viola- tion flagrante de l'unité de combat. P.-S.- Il serait indispensable de constituer une Nous serions d'ailleurs curieux de savoir si l'as- Fédération unitaire de la finance; la finance est une semblée générale du Syndicat unitaire ou même industrie; la constitution de cette Fédération ne son Conseil d'administration ont eu connaissance serait pas comme le croient certains camarades, un de ce factum et l'ont approuvé. 1 recul de l'unité; bien au contraire, cette Fédéra- Nous ne pouvons, faute de place, citer en entier tion permettrait aux unitaires d'engager d'égal à le texte de ce factum où il est parlé, entre autres, égal, des pourparlers sur cette importante ques- de cinq points que les unitaires n'ont cessé de ré- tion avec la Fédération lafayettiste. Il paraît, sous clamer au Comité central et on ajoute plus loin : prétexte de réagir contre « l'odieux corporatisme» « Les unitaires malgré que leurs propositions qu'on veut nous doter aujourd'hui d'un Syndicat fussent imprégnées du principal souci d'emmener unique des employés; ce serait une suprême idiotie la grève à la réussite le plus rapidement possible; et (j'en parle par expérience) l'impossibilité de bien qu'ils restassent persuadés que le refus de faire dans la banque une propagande importante; leurs propositions compromettait sérieusement les intérêts des employés de banque sont absolu- l'avenir du mouvement ont toujours, au nom ment distincts de ceux des employés de chez Da- de la discipline, pour ne pas briser l'unité si né- moy, par exemple, qui devraient être plutôt rat- cessaire, caché leur juste mécontentement et con- tachés à la Fédération de l'alimentation ou sur- senti que la question ne soit pas portée devant les tout, des représentants de commerce. grévistes eux-mêmes. » Ce « resserrement» dont, sous la pression de Par conséquent, on reconnaît qu'on était la mi- Suzanne Girault et de Sauvage on nous menace à la Fédération unitaire des bien norité et qu'on n'a pas voulu que la question soit Employés est portée devant les grévistes. Alors, pourquoi s'in- significatif de l'état d'esprit qui règne à la surger ainsi et à propos de quelmotif 1 Pour faire C. G. T. U., dont on veut faire la doublure du du verbalisme simplement. Parti communiste. Ce qu'il y a de plus raide, c'est que les unitaires Quoi qu'en pensent ces messieurs, l'originalité au début de la grève, se sont sentis absolument du syndicalisme, c'est précisément d'être corpo- incapables de mener la grève seuls; Platon, lors- ratif. R. H. A TRA VERS LES LIVRES 25

de chasseur, s'élance à sa poursuite, le traque, le A travers les Livres débusque de ses plus secrets refuges. Les « économistes» invoquent-ils la liberté de critique? Cette liberté, rétorque Lénine, n'est autre que cellede l'opportunisme. Opposent-ils le « mouvement spontané » des masses à-la « conscience » des intellectuels N. LÉNINE: Qvefaire? (Un vol. de la « Bibliothèque socialistes? Cette Communistec soumission à la «spontanéité», s'exclame Lénine, cet ».) écrasement du conscient par le spontané, de la théorie Nétant nous autres, des léninistes de l'an 1924, par la pratique, du politique par l'économique, c'est nous ne pas, aussi de Et c'est et c'est tou- un faisons nullement tenir le «léninisme» dans l'opportunisme. encore, Petit nombre de formules stéréotypées à l'usage des jours de l'opportunisme que de vouloir ravaler le Parti ommis-voyageurs en bolchevisation. Le « léninisme» au rôle d'une arrière-garde traînarde et nonchalante. n est pas un dogme, tombé du ciel sur la terre comme Loin de se tenir timidement à la remorque du mouve- le bouclier de Mars. Le «léninisme n, c'est l'expé- ment spontané, le Parti doit s'installer résolument aux Jadis Son rôle est d'initiative rience révolutionnaire de Lénine, formulée par Lénine avant-postes. et de commande- Ui-mênie; ce sont les résultats auxquels Lénine est ment, non de passivité et d'obéissance. arrivé au cours d'un tiers de siècle de luttes opiniâtres Mais pour que le Parti puisse jouer pratiquement sa contre les déviations de droite fonction de chef, il faut qu'il se purifie d'abord de ses contreet del'opportunisme,contre la dissociation anti-marxiste erreurs ne sont autre chose au sur- la gauche, opportunistes, qui de théorie et de la pratique. Et voilà qui explique plus que le fruit d'infiltrations bourgeoises.Il faut qu'il Pourquoi on ne connaîtra bien le «léninisme» qu'à la devienne un parti véritable: à savoir une organisation condition de ne rien ignorer de l'action de Lénine, centralisée, sélectionnée, disciplinée, aguerrie de révo- jour où, jeune étudiant, il arrive à Saint-Pétersbourg lutionnaires professionnel*n'ayant en vue que le succès Jusqu'à11 ne de la révolution. se celui où, Titan foudroyé, il s'abat pour plus relever. Qu'est-ce qu'un révolutionnaire professionnel? Nulle Mettez-vous bien ca dans la tête, ô léninistes de part, Lénine n'a caractérisé d'un trait rapide ce type an1, 1924!. nouveau dont il annonçait en 1902 l'apparition pro- Cette action de on ne la suivre à la chaine. Ce révolutionnaire professionnel est exacte- Lénine, peut ment le contraire du avec face qu'au moyen des textes. Aussi serait-il désirable type qu'il stigmatise -mépris Posséder en français bien entendu un choix du nom de « misérable et grossier manouvrier en delen fait des écrits essentiels du chef bolchevik. Cela matière de révolution, s'entend. Or voici le portrait Pourrait tenir, j'imagine, en cinq ou six volumes de qu'il nous trace dudit manouvrier. chacun trois ou quatre cents pages. Que l'Interna- Un révolutionnaire mou, hésitant dans les questions ionaie satisfasse au plus tôt à ce modeste desideratum, bornédans son son inertie elle pourra se vanter d'avoir fait notre «bolche- théoriques, horizon,justifiant et » pour à par la spontanéitédu mouvementdemasse, plus semblable yisation un peu plus que tous nos bolchevisateurs revêt, avec leurs ratiocinations « idéologiques» et leurs à un secrétairede trade-union qu'à un tribun populaire gesticulations « organisatoires ». sans un plan hardi et de grande envergure qui force le La bruit de ses un révolutionnaire d publication de Quefaire? n'a pas fait grand respect adversaires, inexpéri- dans notre Landerneau communiste, tant y est grande menté et maladroit dans son métier (la lutte contre la i.ndi.fférence les dépassent un tant est-ce là un révolutionnaire? Non, ce pour questions qui les Treint police politique) peu l'étroite sphère où les Suz.-Girault, n'est qu'un misérable et grossier manouvrier ! sottet autres Ilbert prétendent enfermer le Parti avec eUx-mêmes.Jusqu'ici nous n'avons connu de Lénine La valeur d'une organisation de révolutionnaires des écrits postérieurs à la guerre et à la révolution. professionnels s'est avérée au feu des deux révolutions queQue faire? est de 1902. La social-démocratie russe de 1905 et de 1917. En 1902, quand Lénine la préconi- eXIstaitalors en tant que parti organisé depuis sait au milieu du chaos des tendances contradictoires Quatre ans, et comme tous les partis de la IIe Inter- qui s'entrechoquaient au sein du socialisme russe, une nationale, elle se trouvait tiraillée intérieurement entre organisation de spécialistes et de techniciens de la Opportunistes (alias « révisionnistes ») et révolution- révolution, pouvait sembler utopique et irréalisable. Dans le jeune parti russe, les révisionnistes Lénine cependant parvint à la réaliser. Les résistances étaientnaires. dénommés ÉCONOMISTES.Le camarade A. Mar- qu'il eut à vaincre, il faut, pour s'en rendre compte, tynov, qui fut économiste (et contre qui Quefaire? est avoir lu Que faire? Particulièrement a donné récemment des Lecture indispensable, en outre, pour la connaissance e dirigé) voicigens: (1 cette tendance le court signalement que de Lénine lui-même. Il est tout dans ce petit livre d'une pocial-démocrates qui, craignant d'effrayer les ou- énergie brûlante, d'une dialectique acharnée, d'une vriers arriérés, ne posaient pas de mots d'ordre poli- ironie parfois féroce, et oit la brutalité de l'argumen- nets et menaient l'agitation exclusivement sur tation elle-même concourt au résultat de persuasion jaquese terrain des revendications économiquesdes ouvriers. » cherché. Il n'y a pas à dire: cet homme extraordinaire Que faire? est ainsi tout plein de l'écho des luttes était un chef, un très grand chef. Quelle ne devait pas Passionnées mirent aux au sein du socia- être, sur les masses un peu molles, la puissance de cet qui prises, de athlète de la volonté considérant écrivait lisme international, les partisans et les adversaires qui, l'avenir, opportunisme. Nous savons aujourd'hui qu'à l'excep- par exemple avec tranquillité: tion de de Rosa Luxembourg et d'une faible Le russe aura à subir des incom- Lénine, de 1898-1902- prolétariat épreuves nuipe, lessoi-disant « révolutionnaires» parablement plus dures que le prolétariat allemand, autsky et Plekhanov y compris n'étaient pas il aura à combattreun monstre une loi beaucoup moins infectés d'opportunisme que les auprès duquel PPortunistes mais à cette la d'exception dans un pays constitutionnel semble un proprement dits; époque,et Lénine pygmée.L'histoire nous impose maintenant une tâche aitferenciation était bien difficile à faire, j1un-mêmene semble pas l'avoir entrevue. urgente, la plus révolutionnaire de toutes les tâches QUefaire? est un document de tout premier ordre urgentes du prolétariat de n'importe quel autre pays. tentera d'écrire l'histoire intellectuelle du L'accomplissementde celletâche, la destruction du rem- Pour qui le bolchevisme 11Dolchevisme. A vrai dire, en 1902, part le plus puissant non seulementde la réaction euro- existait pas encore dans la terminologie socialiste mais aussi de la résistance du Le mot et la chose ne firent leur apparition que péenne, asiatique, ferait russe. en et prolétariat russe l'avant-garde du prolétariat révolution- cannée suivante. Mais la chose existait germe, naire international. i intérêt le plus certain de Quefaire? c'est précisément e nous rendre sensible la genèse du bolchevisme. A ceux qui, dès ce moment-là, objectaient: Pour Celui-ci ne s'est donné pour une théorie et accomplir cette tâche formidable, démesurée que vous jamais il n'a voulu vous il faut des et vous n'en avez Mnepratique absolument nouvelles: être, assignez, hommes, Il n'a été, il n'est, sur le triple terrain de la doctrine, pas, Lénine répondait: del'organisation et de la tactique, qu'une réaction systé- matique et totale contre les errements opportunistes. Pourquoi n'en aurions-nous pas? Parce que nous opportunisme! Lénine, avec son merveilleux instinct sommes peu préparés? Mais nous nous préparons, 26 LA REVOLUTION PRO LET ARIENNE nous continueronsà nous préparer, et nous serons prêts. de porter l'agitation à son comble. Sous son impulsion, A la surface de cette mare stagnante qu'est la « lutte des comités de salut public se forment, des cortèges économiquecontre les patrons et le gouvernement"(pré- monstres transmettent à la préfecture les doléances coniséepar les économistes),il s'est formé, il est vrai, un populaires. Naturellement, le gouvernement ne reste pas inactif limon. Mais nous saurons nous débarrasser de celimon. devant ce soulèvement de deux millions d'hommes. Maintenant précisément, le révolutionnaire russe, animé cer- une Des troupes envahissent le pays. C'est l'émeute par théorie vraiment révolutionnaire, s'appuyant taine. Mais le Tarramagnou ne veut pas que le sang sur la classe révolutionnaire véritable qui s'éveille spon- coule. Sa haine de la violence le ressaisit tout entier. tanément à l'action, pourra enfin se redresserde toute sa Lui seul se sacrifiera: ayant conscience qu'il passera taille et déployersesforces colossales. Etnous arriverons pour un traître, il accepte d'aller à Paris négocier avec à cequ'il en soit ainsi, soyez-ensûrs, messieurs! le président du Conseil. Et lorsqu'il revient, charge d'annoncer aux révoltés qu'ils auront satisfaction On doit regretter sincèrement que le traducteur de s'ils rentrent d'abord dans la légalité, ce qu'il avait Que faire? n'ait pas éclairci le texte de Lénine où prévu se réalise: il apparaît comme un lâche et un fourmillent les allusions à quantité de circonstances, vendu aux yeux de ceux pour qui, naguère, il était le de faits et de personnalités qu'ignore forcément le Rédempteur. Plein d'amertume, fort, pourtant, de lecteur français au moyen de notes plus nombreuses. l'idée qu'en servant d'holocauste il arrache à la ruine Telle qu'elle est, cette traduction doit être lue et mé- le peuple cévenol, le Tarramagnou, lors d'une ren- ditée par tous les communistes, jusques et y compris contre entre la foule et la force armée, va de lui-même ceux qui n'ont que Lénine et le léninisme à la bouche. au-devant des balles des soldats. Il y a dans Quefaire? des phrases qui, si Lénine vivait M. Lucien Fabre a traité ce sujet, qui ne manque encore, le feraient classer immédiatement dans la pas d'envergure, avec la force et l'adresse d'un grand droite par nos léninistes de 1924. JEANGr,ArVE. écrivain. En plus d'une intelligence profonde des choses dont il parle, il a fait preuve, dans les plus minces * détails, d'un souci d'exactitude qui confère à son livre ** un accent de vérité souvent prenant. Telles pages, ! où s'étalent à nu les laideurs et les souffrances engen- LUCIENFABRE:Le de la drées par la détresse rurale, offrent bien l'impression- Tarramagnou. (Editions de la misère moderne. « Nouvelle Revue Française ».) nante image d'une des formes Par contre, l'auteur nous permettra de ne nourrir Parmi tant de médiocrités prétentieuses et de futiles que très peu d'illusions sur la valeur des résultats àa niaiseries qui paraissent chaque jour, c'est une joie de attendre du mouvement qu'il nous a dépeint. Nous rencontrer une œuvre puissante, où les plus hautes doutons fortement qu'il puisse en sortir quelque chose qualités littéraires s'allient à une rare richesse d'obser- d'efficace. L'enthousiasme et le sacrifice de soi ne vation.Solide étude d'un milieu paysan bouleversé sauraient, en effet, suffire à résoudre un problème par les ravages d'une crise économique, Le Tarrama- intimement lié à tant de facteurs sociaux. Et puis, gnou nous a causé cette joie. M. Lucien Fabre s'est restreinte au cadre étroit d'une région, sans organi- souven'u, pour l'écrire, du mouvement qui souleva, sation solide, sans vision précise du but à atteindre, il y a quelques vingt ans, les populations de plusieurs toute tentative partielle des producteurs d'échapper départements du midi de la France. L'ossature de son aux méfaits d'une exploitation inique demeure aléa- livre est faite de cet événement historique, et le prota- toire et vaine. Seule une action d'ensemble pour la goniste même du drame social qui se déroule sous nos destruction du régime dont ils sont les serfs libérera à yeux n'est pas sans avoir quelques traits de ressem- la fois de leur misère les prolétaires des champs comme blance avec le falot Marcellin Albert. ceux des villes. G. SYFIEUT. L'action se passe en pays cévenol où, depuis long- temps, règne une misère générale.Cultivateurs et vigne- i=** rons se sont endettés, sont devenus, peu à peu, la proie des usuriers et des marchands, de biens. Dans la dé- KARLMARXet FR. ENGELS,Le Manifestecommuniste, tresse qui les accable, ils gardent cette résignation nouvelle édition. morne que mirent en eux des siècles d'esclavage et de crainte. Un sentiment les domine et les paralyse: Un camarade me disait qu'il ne laisse pas s'écouler celui de leur impuissance. -Désarmés contre l'hostilité une année sans relire d'un bout à l'autre son Manifeste. des éléments, ils ne sesentent, pas moins incapables «C'est ce qui m'a permis, ajoutait-il, de résister victo- d'échapper à l'emprise d'une société dont les institu- rieusement aux tentatives farouches de bolchevisation tions et les lois permettent l'aggravation de leur lamen- dont j'ai été l'objet.» Cette nouvelle édition, revue et table destinée. corrigée, contient un historique de la célèbre Ligue des un homme caresse le rêve d'ar- Communistes, une analyse du Manifeste et un petit Cependant surgit qui index des noms cités, seront fort utiles aux cama- racher ces paysans à leur apathie. C'est Hilarion qui reste-t-il Cadour, que son amour de la glèbe a fait surnommer rades avides de s'instruire: sans doute, en le Tarramagnou, le petit homme de la terre. Avec encore, même dans le parti communiste, nonobstant une ardeur d'apôtre, Hilarion entreprend de convaincre l'entreprise de mécanisation cérébrale nommée bolche- ceux qui l'entourent qu'il est des améliorations pos- visation! J. G. sibles à leur vie sordide et précaire. Il leur montre la nécessité de s'unir devant les exactions des profiteurs comme devant les exigences des fermiers, des huissiers, des percepteurs. Lentement, il suscite les énergies. On l'écoute et bientôt on l'acclame dans les campagnes NOUS AVONS REÇU: qu'il parcourt. C. Derulle : La Sidérurgie. (Bibliothèque sociale des L'effet de sa propagande est tel que le Tarramagnou métiers. Doin, édit.). s'aperçoit un jour que ses auditeurs le dépassent et en 2 fr. ne se contentent plus des remèdes réformistes qu'il MarcelWillard : Cequeyai vu Bulgarie.Prix: leur propose. Un combat se livre en lui. Franchira-t-il (Cootypographie, 11, rue de Metz, Courbevoie). les limites qu'il s'est assignées? Continuera-t-il à La guerre (Recueil de devoirs choisis). Prix: 4 fr. préconiser les discussions avec les pouvoirs publics, (Edit. des « Humbles »). à espérer du seul Parlement les mesures propres à fr. atténuer la misère de ses compatriotes? Ou bien G. Ichok : La protectionsocialede la santé. Prix: 20 ira-t-il à la solution vers laquelle, à présent, incline (Rivière, édit.). d'instinct tout le peuple soulevé par lui: l'action L. Gachon : Maria. roman. Prix: 7 fr. 50. (Edit. du révolutionnaire? Dans la fièvre d'une réunion, pris Monde Moderne). par l'enthousiasme d'une salle déchaînée, le Tarra- magnou connaît la fin de ses hésitations. Désormais, G. Dupin (Ermenonville): Le règne de la Bête. loin de calmer les colères des impatients, il s'efforcera Prix: 7 francs. (Librairie du Travail.) NOTES ECONOMIQUÈJ

plus accentuée du billet de banque, celui-ci étant pour Qu'est-ce qu'une crise la plus grande partie garantie par la créance de la sur l'Etat. financière ? Banque Cette politique, ainsi que nous l'avons fréquemment difficultés financières d'un Etat n'ont rien de montré, était une politique d'industriels. Il s'agissait Les avec de payer ce qu'avait coûté la guerre en expropriant lionunun les difficultés financières d'un particu- les rentiers sans toucher aux industriels. lier- Quand l'Etat n'a plus d'argent dans ses caisses, rien de commun, malgré les apparences, avec Mais maintenant, les rentiers, c'est-à-dire l'ensemble a na du de la et moyenne bourgeoisie, de ceux la situation commerçant qui n'a pas de quoi payer petite « qui sesttraites, ou le pauvre bougre qui ne sait comment «font des économies », qui travaillent pour se mettre Payer son déjeuner. de côté » de quoi s'assurer, comme dit Herriot, une raison de cette différence est simple. C'est que, vieillesse honorable, ne veut plus être expropriée LaPour faire davantage, elle veut surtout être assurée de pouvoir le son échéance ou payer son restaurateur, nouveau en toute sécurité ses Particulier s'avisait d'opérer un prélèvement sur le à placer nouvelles écono- le de son ou même seulement à mies dont actuellement elle ne sait que faire, et par j v^te-monnaie voisin, son renversement du Bloc National au 11 Mai, elle lqUer des moyens de paiement, le gendarme lui s'est montrée assez forte main au collet pour vol ou fausse-monnaie, pour contrebalancer l'in- Iliettraitla l'Etat, lui, peut faire ces deux choses sans fluence jusqu'alors dominante du Comité des Forges tandisleque au con- et autres grands industriels. Maiselle l'a contrebalancée ï!-® gendarme lui mette la main au collet; la dominer c'est au collet de celui qui se refuserait à subir le seulement, elle ne peut entièrement, il y a dl^e ou à accepter en paiement la monnaie actuellement équilibre entre les forces de la grande et é;;:' evement.que le main. de la petite bourgeoisie, d'où la crise, dite financière, érnise gendarme mettrait sa actuelle. Des lors, étant donné que l'ensemble des ressources d d'un considé- des Citoyens pays est presque toujours touiement supérieur aux besoins de l'Etat, et qu'en cas les possibilités de fabrication de monnaie reus l'Etat re",ent illimitése, comment peut-il arriver que L'or de Sibérie, le manganèse *")itParfois dépourvu de ressources? que ce crise financière n'est du fst réalité qu'on appelle pas Caucase en une crise financière. C'est une crise politique, sens profond du mot, c'est un conflit de classes, ou et le charbon au d'un conflit de de Kouznetsk. elass précisément le point culminant classes. Si palpitantes que puissent être lesvariations du cours La grande crise financière à laquelle on compare du Dollar, les manœuvres et contre-manœuvres de la souvent la crise actuelle, celle qui fut la préface de la Banque de Paris et de Caillaux, ce sont choses de peu révolution de 89, en est un exemple saisissant. Les d'importance, en comparaison de la nouvelle politique du Trésor sous Louis XVI n'excédaient certes des concessions inaugurée par l'U. R. S. S. dont nous besoinsS' de la faculté contributive des Fran- avons dans l'avant-dernier numéro car avec etIl beaucoup, déjà parlé oçnais. était donc très facile d'y satisfaire par l'impôt. elle c'est le sort même de la Révolution qui se joue. uais qui paierait l'impôt? C'était là la question. , Aussi je m'empresse de profiter de l'occasion qui m'est La bourgeoisie avait acquis une puissance telle donnée par un article de Souvarine dans le Bulletin à toute Communiste et la lettre d'Airelle dans le m n était assez forte pour se refuser augmen- par publiée tation d'impôt qui la frapperait seule; de leur côté les dernier numéro de la Révolution Prolétarienne pour Privilégiés », c'est-à-dire les grands propriétaires y revenir. de la noblesse et du clergé possédaient encore Ce qui caractérise les concessions de l'or de la Léna onClers à ce du lesune puissance suffisante pour se refuser que l'impôt et du manganèse Caucase, et les oppose aux précé- touchât. Cette égalité de force entre les deux classes dentes c'est, non seulement, certaines des conditions nemies amenait la paralysie de l'Etat. auxquelles elles ont été consenties, mais également ce LEtat n'est l'instrument d'une classe domi- à quoi elles s'appliquent. Pour la première fois en effet que la Soviets concèdent ce ninte à l'égard d'une classe dominée. Lorsque les qu'on pourrait appeler des classe dominée arrive à être aussi forte que la classe « industries clefs ». jusque-là dominante, il n'y a plus de classe réellement La Russie, je le répète, était avant la guerre le plus oramante, donc plus d'Etat. L'Etat n'existe plus important producteur du monde en manganèse, et le 4Uen apparence; cela se manifeste par l'impuissance manganèse est un corps essentiel à la métallurgie OùIl est de remplir sa fonction essentielle: lever l'im- moderne; il est presque aussi impossible de faire de POt. D'où ce qu'on appelle une crise financière. Une l'acier sans manganèse que sans fer. Pour l'or, la Russie crise financière résulte donc simplement de l'établisse- n'était que le quatrième producteur mondial, mais ment d'un équilibre de forces entre deux classes. défalcation faite des pays Anglo-Saxons, elle venait La crise actuelle en est la confirmation. au premier rang; elle était le seul producteur d'or im- Depuis l'armistice, l'Etat français a pratiqué sans qui ne dépendit dont de Londres ou de En empruntant sans arrêt, il a diminué Washington.portant Il en résulte que par son or et son manga- arrêtl'inflation.de rendu ainsi de en plus aléa- nèse l'U. R. S. S. a la possibilité de jouer un rôle de Iecréditle l'Etat, plus dans l'économie mondiale. Or, ce vient Flre remboursement de sa dette à la Banque de premier plan qui rance, et amené par suite la dépréciation de plus en d'être concédé à Harriman est la totalité des gisements 28 LA REVOLUTION PROLETARIENNE

de manganèse exportable (1), et ce qui a été concédéà largeur. Il y a donc de la place pour plusieurs exploi' la Lena Goldfieldsest le principal des gisementsd'or. tations! Onvoit doncqu'il s'agit là detoute autre chosequ'une En fait, ainsi que cela m'a été affirmépar un cama- concession, comme celle autrefois donnée à Wirth rade de Russie que j'ai eu l'occasion d'interroger sur de quelques milliers d'hectares de forêts, dans un ce sujet, la partie du gisement concédéeà la Lena est pays qui, commela Russie, a près de la moitié de son entièrement distincte de celle qui avait été concédée immense territoire couverte de forêts inexploitées; au Kouzbas, l'organisation ouvrière financée par le qu'il s'agit également de toute autre chose que de prolétariat d'Amérique. concéder à un Américain les gisements de pétrole de En outre, je peux dire à Airelleque d'après des ren- l'Ile Sakhaline occupéepar lesJaponais, dans l'espoir seignements qui peuvent être considérés comme cer- que l'Amérique forcerait le Japon à évacuer, ou, tains, le Kouzbas, qui est dirigé par un vieux militant lorsque cet espoir fut déçu, consentir cette concession hollandais, ingénieur de son métier, Rutgers, marche aux Japonais à condition qu'ils évacuent d'eux-mêmes remarquablement. l'île. Ici il s'agit d'une positionessentiellede l'Economie et Le Kouzbas n'est d'ailleurs pas seul à bien marcher. russe, concédéesans raison politique majeure. Il en est de même par exempledu Trust Métallurgique Du moment que l'on se mettait à concéder ces deux de l'Oural, ce qui est d'autant plus caractéristique que « industries-clefs », il n'y avait pas de raisons pour l'Oural est la seule région de Russie qui possèdeune que l'on ne continue pas, que l'on ne concède pas suc- vieille population ouvrière, l'industrie y datant du cessivementchacune des autres industries-clefs,comme xvme siècle; la bonne marche de ses exploitations le pétrole de Bakou, le textile de Moscou,etc. Un dis- fournit donc une preuve remarquable de la capacité cours fort ambigu de Rakowski, à Londres, sur les de du de concessions de au gestion prolétariat. possibilités pétrole Caucase, Je cite ces deux exemples parce qu'ils m'ont été l'annonce du départ pour la Russie d'Anglais allant donnés; il est probable ne sont pas les seuls- étudier « la réorganisation» de l'industrie textile de qu'ils au dans de Devant de pareils faits on a d'autant plus la rage Moscou, etc., montre que l'esprit certains cœur lorsqu'on voit la bureaucratie risquer d'arrêter tout au moins, les concessionsde l'or et du manganèse tout ce mouvement de création n'étaient bien qu'un premier pas. Il semble heureuse- prolétarienne parce ment! s'est manifestée dans qu'elle trouve plus commodede se contenter de rece- qu'une forte réaction le voir des redevances à jours fixes chez les capitalistes Parti Russe. Déjà Radek, dans une interview donnée concessionnaires. à un journal anglais, dont je n'ai pas le texte mais qui était paraît-il fort net, s'est prononcécontre les conces- -–- –- sions de la Lena et de Harriman. Plus récemment un article d'Ossinsky, reproduit par une grande partie de la presse internationale, insistait sur la nécessité pour l'Economie soviétiste de se développer sur son CHRONIQUE DES MONOPOLES propre fonds,avecexclusivementses propresressources. C'est l'évidence même. Lénine disait avec raison que la périodede la N. E. P. était la continuation de la période oui. de guerre. C'était la guerre qui continuait avec le capi- Finaly, talisme, transposéeseulementsur le terrain économique mais surtout Gunzbourg, Lazard et Stern. Sur ce terrain la guerre est infiniment plus difficile, plus dangereuseque sur l'autre. On n'y vaincra pas en On a raison de dénoncer la de la se contentant de nier le toute-puissance danger (2). Banque de Paris et des Pays-Bas en régime de Bloc * * des gauches, ona raison de concrétiser cette Banque en un nom, mais le nom de Finaly, son directeur Il m'est infiniment plus agréable de répondre aux général, n'est peut-être pas pour cela très bien choisi. questions posées par la lettre d'Airelle au sujet du La puissance de la Banque de Paris et des Pays- bassin de Kouznetsk car il est plus agréablede donner Bas en des de de bonnes nouvelles de mauvaises. n'est, effet, faite que de celle maisons que banque particulières qui la constituent. Oui, la concessiondonnée à la Lena comprend aussi Les maîtres de la de Paris et des un gisement de charbon dans le bassin de Kouznetsk. Banque Pays-Bas, Mais ce bassin est l'un des plus puissants du monde; ceux dont Finaly, directeur général, n'est que l'em- il a quelque 300 kilomètres de longueur sur 100 de ployé, ce sont: la maison de banque Gunzbourg, la maison de banque Lazard, la maison de banque Stern. (1) La Russiepossèdeun autre importantgisementde Gunzbourg,Lazard, Stern, voilà les véritables puis- manganèse,celuide Nikopol,à côtédu gisementde fer de sances dont la Banque de Paris n'est que la raison Krivoi-Roget à proximitédu charbondu Donetz. socialecollective, et le La situationde ce mineraien pleincœurdu plusgrand Finaly prête-nom. centremétallurgiqueRusse,ledestineà servirexclusivement aux besoinsde la métallurgierusse,et non à être èxporté. * L'exporterserait un crime. ** (2) Souvarinemereprocheausside ne pas avoirparléde et la contre-partiedesconcessions,de ceà quoilesconcession- Finance honneur. nairess'engageaientenversl'Etat des Soviets.Cen'est pas sérieux.Je n'en ai pas parléparceque ces conditionssont M.Dervillé,administrateur de la Banque de Paris et toutes pareillesà cellesqu'imposentles Etats capitalistes des membre du Conseil de l'Ordre de la à leursconcessionnairesquecesoientl'Afriquedu Nordpour Pays-Bas, sesconcessionsd'or ou de diamant,le Chilipoursesconces- Légion d'honneur est mort. M. A. Bénac, administra- sionsde nitrate, voiremêmel'Algériepour ses concessions teur de la Banque de Paris et des Pays-Bas, a été aussi- de l'Ouenza: redevances,minimumde production,etc. tôt nommé à sa comme membre du Conseilde Laseuleobligationquin'estpas courantedanslesconditions place, imposéespar lesEtats capitalisteset qui est une règledans l'Ordre de la Légion d'honneur. lescontratsdeconcessionssoviétiquesestcelled'unminimum Les grandes institutions honorifiques de l'Etat, de capitalà investirpar le concessionnairedansson exploi- tation.Maisc'estlà une conditionsuperfétatoire: le conces- Légion d'honneur, Institut, etc., faites pour assurer le sionnaire,si c'est un capitalistesérieux,ce qui est le cas prestige de classe de la bourgeoisie,suiventl'évolution d'Harrimanet dela Goldfields,a l'intentiondetirerbénéfice générale: elles deviennent la propriété des grands de sa concessionen l'exploitant;pour l'exploiteril lui faut procéderà desinstallations,édifierdesbâtiments,amenerde monopoles. l'outillage,etc.,autrementdity investirtout lecapitalnéces- La Banque de Paris et des Pays-Bas a droit à un saire.Quececisoit doncspécifiéou non dansle contratde. certain nombre de au Conseil de l'Ordre de la concession,ce sera toujours fait. Piatakoff a, parait-il. sièges trouvéseptavantagesà l'octroidecesconcessions;qu'onles Légion d'honneur, tout comme dans un quelconque lisedansle Bulletincommunisteet onserendracomptequ'il Conseild'administration d'une affaire où elle est inté- n'yen a pasun seulquinepuisseêtreinvoquépourjustifier ressée. l'un de ses on lui n'importequelleconcessiondonnéepar n'importequelEtat Quand représentants claque, capitaliste. en nomme un autre. R. LouzoN. E~ ~T-~t

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LES FAITS DU MOIS

JEUDI 1er OCTOBRE. La mission Caillaux-Vincent JEUDI 15. Les maires de Saint-Denis et d'Halluin Auriolquitte Washington. Aucunaccord n'est conclu. sont suspendus. à la Prolétarienne de - Manifestation des T. C.R. P. aux Arts - Répression: Perquisitions Décoratifs. Ille. Budapest: Procès de Rakosi. SAMEDI3. du Comité d'Action, VENDREDI16. du « « rend Meeting qui Signature pacte» à Locarno. compte de son mandat ». Manifestation des T. C. R. P. à la Saint- : Painlevé rend les « conditions Lazare. gare deA Nîmes» publiques paix offertes à Abd el Krim. Congrèsradical à Nice: discours d'Herriot et de NDI 5. A Locarno, conférence Germano-Alliée. Caillaux. MARDI6. - Meeting des T. C. R. P. Un Comité de Répression: Nouvellesarrestations à Halluin. • vigilance est nommé avec mandat de décréter la Au Havre: extension de la des grève. grève inscrits. SAMEDI17. Obsèques d'André Sabatier. - A la frontière belge, arrestation de royalistes transportant des armes. A Douarnenez, procèsdes assassinsdu 1erjanvier. Conseilfédéral des cheminots unitaires. MERCREDI7. A Bordeaux, explosion à bord d'un - bateau de munitions en partance pour le Rif. DIMANCHE18. Conférence Nationale du P. C. à Répression : A Annecy Guibert récolte trois mois. Ivry. Répression: Huit condamnations à Versailles. Italie : Mort du député maximaliste Pilati, blessé - coursde la «nuit rouge »de Florence. Démission Conseil National de la Fédération postale uni- aeau d'Aragona. taire. 8. Au Chaumont-Palace compte rendu de LUNDI19. Lesgrévistes de la T. C. R. P. reprennent JEIUDIa « délégation ouvrière » au Maroc. le travail. Répression: Trente camarades parisiens sont SAMEDI10. Le Comité de Vigilancedes T. C. R. P. condamnés en correctionnelle. lance l'ordre de grève. La grève générale est décidée Pour lundi. Le gouvernement fait saisir les exem- MARDI20. Mise en liberté provisoire de l'ingénieur plaires d'un numéro spécial de l'Humanité, et le assassin Lafosse. numéro de la Vie Ouvrière. Miseen liberté provisoire de Doriot. Angleterre: Mort de Fred Bramley. - Près de 300 T. C. R. P. sont révoqués. DIMANCHE11. Arrighi, emprisonné, est élu conseil- Répression: Cinq camarades condamnés à Bar-le- ler d'arrondissement à Aulnay-sous-Bois.Laboureur, Duc. également est éluà Pontarion (Creuse). Syrie: Le Times annonce de troubles à emprisonné, Damas. graves Lundi 12. Grèvegénéralecontre la guerre du Maroc' brutalités policières. André Sabatier est tué par un MERCREDI21. Répression: A Troyes, Marcel contremaître à Suresnes. Nombreuses arrestations, récolte trois mois. Cuny celle de Doriot. Incidents à Saint-Denis et Fin de la alluin.dont grève des inscrits du Havre. JEUDI22. Acquittement des briseurs de de Répression: Bellanger, Cachin, Midol, Doriot, Douarnenez. grève onmousseau,M Chasseigne, Suz. Girault, Thorez, BOniiefons, Gilbert sont condamnés Mort de Merrheim. a des Raynaud, Berrar, peines allant de six à treize mois de prison. Le conflit de frontière gréco-bulgares'étend. ATARDI* - Le contremaître Lafosse avoue avoir VENDREDI23. Les assassins du cheminot Béliard tué Sabatier. Il est arrêté. sont acquittés. - La grève des T. C. R. P. continue. Répression: Condamnationsà Bourgeset à Orange 77"Les révoqués confédérés des P. T. T. sont réin- Nouvelle crise des tégrés. changes. - DIMANCHE25. A « Répression: Arrestation de Guibert à Annecy. Paris, Congrès des Jeunes ouvriers» organisé par les J. C. , MERCREDI14. Grève des inscrits au Havre. A - Laporte, maire de est Paris, de nombreux sont condamnés. Saint-Denis, révoqué. grévistes Allemagne: Les communistes gagnent 23 sièges Angleterre: Arrestation de huit leaders du P. C. aux élections municipales de Berlin. 30 LA REVOLUTION PROLETARIENNE

LCNDI26. Aux assises de la Seine procès Bajot- route. En Angleterre, les adversaires les plus acharnés Daudet. du mandat sur l'Irak, avec Mossoul. sont les jingoes du Conseilde la S. D. N. pour le conflit gréco-bulgare. Daily Mail et du Daily Express. - Rakovsky est nommé ambassadeur des Soviets en Mais qu'est-ce que cette Europe qui paraît prendre remplacement de Krassine, qui passe à Londres. aujourd'hui conscience de son unité? Que fera-t-elle? MARDI27. Démission du cabinet Painlevé. Où ira-t-elle ? Comment s'adaptera-t-elle à une poli- terre à terre qui donne le coup de grâce aux grands Répression: Un camarade récolte deux mois à rêvestique et aux un autre mois grandes illusions? Pontarlier, cinq à Béziers. Les conséquences de Locarno se manifesteront dans Syrie: Damas est évacué par la population civile. deux-directions: dans la politique extérieure des Etats MERCREDI28. A Aix, procès de Caretti, arrêté lors et dans la politique intérieure de chacun d'eux des manifestations Castelnau, le 9 février. Cette Europe qui tente de se reconstituer s'oppose nécessairement à tout ce à Aux Sociétés Savantes, meeting contre la terreur qui reste en dehors d'elle: blanche en la Russie d'une part, et, de l'autre, aux Etats-Unis. Bulgarie. Le Journal de Genèvele constate en ces termes: JEUDI 29. - Constitution du nouveau ministère Pain- levé. « Tranquilles à l'ouest et dans l'Europe centrale où les frontières vont être stabilisées pour longtemps, les Justice de classe : A Aix, Caretti est condamné à peuples seront maintenant en mesure de consacrer sept ans de réclusion. leur attention entière au problème russe, qui reste la Syrie: Les légations étrangères protestent contre seule grande inconnue de l'avenir sur notre continent, le bombardement de Damas par l'artillerie de Sarrail. et aux problèmes extra-européens, dont dépend le sort de notre » SAMEDI31. Banquet du parti socialiste en l'hon- civilisation. neur de son 100.000e adhérent. Quand la bourgeoisie parle de consacrer toute son attention au on sait ce cela veut Le gouvernement rappelle de Syrie le général problème russe, que Sarrail. dire. Pour elle, le problème russe consiste avant tout à jeter bas le régime soviétique. Mais ce n'est pas là Russie: Mort du camarade Frunze, commissaire une tâche à laquelle elle est en mesure de s'essayer du peuple à la guerre. aujourd'hui. Celle sur laquelle chaque nation d'Europe devra d'abord porter son attention, c'est sa situation intérieure. C'est un long chemin, plein de Ces problèmes revêtent différents aspects: dans les De Versailles zigzags et d'immenses détours. pays qui ont assaini leurs finances, c'est la crise écono- a A Versailles, les impérialismes mique qui règne en permanence, avec un lourd problème Locarno. vainqueurs s'étaient mis d'ac- du chômage. En France, où le franc est malade mais cord, après de laborieux pour- où il n'y a pas de crise économique, la question est parlers, sur les moyens les meilleurs de ligoter l'Alle- toujours pour l'Etat, de trouver de l'argent, et le Parallèlement ils essayaient, d'accord aussi, moyen d'alimenter normalement une caisse toujours magne.d'abattre la Russie des Soviets. Mais leurs intérêts vide. On en arrivera sans doute à rudoyer un peu les essentiels étant différents, et parfois antagonistes, ils détenteurs de richesses, par des conversions et des ne tardèrent pas à se séparer, chacun travaillant pour consolidations forcées, mais ce qui est sur c'est que ces son compte. L'impérialisme français voulait exploiter « sacrifices » seront accompagnés d'une offensive la victoire et établir solidement son hégémonie sur capitaliste contre les salaires. On mettra en avant la l'Europe. Il s'assura la fidélité des Etats de la Petite- nécessité de réduire les prix de fabrication,, l'âpreté de Entente et de la Pologne, point d'appui précieux en la concurrence étrangère; des tentatives ont déjà été Europe centrale et dans les Balkans, à la fois contre faites en France et hors de France; il y en aura d'autres, l'Allemagne et contre la Russie. Il suscita et entretint, renforcées. contre l'Allemagne, des mouvements séparatistes, Il y aurait bien d'autres questions à examiner à utilisant tantôt des Bavarois ultra - réactionnaires, propos de Locarno, mais c'est sur celles-ci que, selon tantôt une tourbe de louches Rhénans déguisés en nous, la classe ouvrière doit d'abord porter son atten- démocrates. Le point culminant de cette politique, tion. Après avoir dépensé sans compter, après avoir c'est l'occupation de la Ruhr. fait miroiter les milliards innombrables des réparations, L'impérialisme britannique, amplement servi par il faut maintenant faire des comptes, équilibrer son les traités, se trouva bientôt absorbé par de sérieux budget, payer ses dettes. La bourgeoisie se prépare à problèmes intérieurs: crise économique dans la métro- la bataille qui vient et sa tactique ne manque ni pole et rudes secoussesdans tout l'Empire. Il limita ses d'imagination, ni de souplesse. Par les allocations efforts à contrecarrer les visées et les manœuvres de familiales - « générosité » qui ne lui ccÙte rien, l'ar- l'impérialisme français. gent étant pris globalement sur les salaires elle Si solidement ligotée qu'elle fût, l'Allemagne garda divise les ouvriers et elle ne manque pas non plus une certaine liberté de mouvement. Elle s'appuya, d'utiliser à son avantage l'énorme afflux de main- plus ou moins sincèrement, sur la Russie et elle s'appli- d'œuvre étrangère. qua à entretenir la rivalité et les différends franco-bri- Si la classe ouvrière ne comme il convient, tanniques. réagit pas le si elle se laisse entraîner dans des voies sans issue par Cela dura des années,années. pendant lesquelles gaspillage les hommes qui parlent, à tort et à travers, de fas- fou de la guerre continua; on ne reconstruisait pas, on cisme et de ses efforts et ses sacrifices res- ajoutait des ruines à des ruines. Il fallut reconnaître révolution, de faire une teront faits en pure perte, ils passeront à côté du but que l'Europe ne possédait plus les moyens et elle est battue d'avance. Il faut partir de la défense politique qui, dans la paix, continuait la guerre. D'au- du salaire, de la journée de huit heures. Sur ce terrain, tant que le créancier américain rappelait, sans ménage- la classe ouvrière conscience de son unité et ment. qu'il était le maître et qu'il était temps de régler prendra les dettes. de sa force. C'est une première opération nécessaire. Après, il sera possible d'aller plus loin. C'est la leçon L'heure était venue pour un Briand de dire: Cessons du conflit qui met aux prises, en Angleterre, les mi- d'agiter toute cette défroque de la guerre et de remuer neurs et les propriétaires de mines. Elle est valable cette ferraille. Nous savons bien que si nous voulons pour tous les pays, surtout après Locarno. --- A. R. vivre, il nous faut vivre en paix. S'il plaît à nos petits- fils de recommencer, libre à eux. Pour nous, éclopés A comme nous le sommes, voyons le présent et efforçons- nous de le rendre supportable. La tendance vers cette Allocations Au Congrès de la C. G. T. U. sagesse tardive est si forte que c'est un gouvernement familiales une intervention de Rousseau, allemand où siégeaient les nationalistes qui approuva pour briser les le secrétaire de l'Union locale ce langage pacifique. Elle se manifeste partout, car on de Tourcoing, fit impression; est las partout d'une grande politique qui doit toujours grèves.greves. il dénonçait le système d'allo- rester à l'état de velléité parce qu'on ne possède pas cations familiales institué par le patronat textile du les moyens matériels indispensables pour tenter de la Nord. L'expérience du 12 octobre devait confirmer pousser jusqu'au bout. Il faut toujours s'arrêter en peu après le danger de cette institution patronale. FAITS ET DOCUMENTS 31

Un rédacteur du Journal, M. Raoul Sabatier, a M. Ley aurait pu ajouter que l'institution tant vantée- - le 23 octobre, les renseignements lui, outre du tra- exposé d'après du par qu'elleannulel'effort revendicatif fournis par M. Ley, le directeur du Consortium vailleur père de famille au momentde réclamerson dû, de Roubaix-Tourcoing,«commentles réformes divise la classeouvrièreen deux d'un côtéceux Textile ont dans les centres industriels du camps: socialesord l'offensiveparalysécommuniste » : qui bénéficientdu sursalaire, c'est-à-dire les pères de famille, de l'autre ceuxqui ne peuventen profiter, c'est- L'ouvricrdu Nord estprolifique. Il adore ses enfants à-dire les célibataireset lespersonnesmariéesmais sans et subit docilementl'autorité de la Donner aux ménagère. enfants. siens plus de bien-être lui tient essentiellementà En créant le sursalaire, le Consortiumn'a jamais fait coeur.C'estpour cela,pour desaugmentationsde salaires, œuvrede philanthropie, mais plutôt cherchéun moyen soutint autrefois des grèvessi longueset si rudes. de diviserles travailleurs en deux catégoriesrivales et qu'il véri- En revanche,il éprouva toujours une répugnance ennemies: les bénéficiairesd'une part, les non-bénéfi- tableà participer à des mouvementsdont le but ne lui ciaires d'autre part. apparaissait pas utilitaire. Sans levouloir,sans doute,M. Leyvientenfindejeter De cette l'institution des alloca- etd'avouerune de ces t' psychologies'inspira lemasque partie vérités. familiales. Depuis le 1er mars 1920, en effet, le ti_Consortiumons du Textilealloueensusdu salaire,au person- A nel des usines adhérentes,des primes dont l'importance Le patronat de Roubaix-Tourcoing, encouragé par avec le un 2 les résultats obtenus, se croît nombre d'enfants; enfant, francs; premiers propose d'élargir eux enfants, 5 francs; trois enfants,J' 8 francs; quatre ses institutions d'assistance et de ligoter par elles la enfants,en/' 12 15 six enfants, totalité des ouvriers qu'il exploite. M. Sabatier donne 18 francs; cinq enfants, francs; sur ce les suivants: francs, et ainsi de suite.Pour avoirdroità cesprimes, point renseignements certainesconditionssontnécessaires,dontonva immédia- L'institution des allocations familiales n'était que sociale. Celle-ciest en voiede enieut apercevoirFefficacité. l'amorced'une expérience Louvrier allocations le 1er dernier r n'est admis au bénéficedes fami- développement.Depuis septembre fonc- qu'aprèsun délaideprésenced'un moisdansl'usine. tionne, dans le textile Roubaix-Tourcoing,un service Quiconqueliale8I .s quitte, sans justification, avant le dernier d'allocationsmaladie. L'ouvrier obligé de chômerpour JOu ddit mois, Vétablissementauquel il est attaché,perd raison de santé reçoit 5 francs par jour pendant trois jourmontantdes lemoisen cours. mois, 5 francs pour chaquevisite médicaleet, s'il y a L allocationsacquisespour ? Père defamille a doncintérêt à rester,autant quepos- nécessitéd'interventionchirurgicale,de 100à 300francs, chezle mêmepatron. La main-d'œuvrese stabilise. suivant l'importancede l'opération. Les membresde la sible, de cerégime, de l'ouvrier ont droit aux indemnitésde visite jpt,de fait, depuis la mise en application famille e nombredes mutations d'ouvriers a diminué dans les médicaleet d'opération. usinesdu textilede 70pour cent. Pourparticiper à ces avantages,une seulecondition Autre condition: pas de grève. Toute cessationcon- payer à l'Etat et la demande en fut formulée par certéedu travail motive la suppression des allocations M. AlbertPeyronnet,alors qu'il était ministredu Travail le d'un brave la cotisationannuellede 9 des Pour mois.Imaginezmaintenant l'intérieur francs, exigée assujettis en une de ces où, dans la corporation, à la loi de 1910sur lesretraites ouvrièreset paysannes. isserand

d'action et à la grèvede 24 heures, afifrmantson respect Notre camaradeénumèrecequepeut faire leprolétariat: de la discipline syndicale,déclare ne pouvoir s'associer boycotterla fabrication des munitions et leur transport, à cettemanifestation; agiter le pays et organiser une grève de protestationde Regrette que la Commission administrative de la 24 heures. C. G. T. n'ait pas cru devoir adopter une attitude plus MONMOUSSEAUdit qu'en 1914, on n'a pas donné le énergique en matière de protestation contre la guerre mot d'ordre de fraternisation et il est mort dix millionS du Maroc; de soldats. Au Maroc, il tombedes centainesde travail- Charge son déléguéau Comitéconfédéralde poser à leurs.La fraternisation est la véritablearmede libération nouveaula questiond'une actionplus vigoureuseà entre- des soldats. prendre contreles guerres du Maroc et deSyrie et contre Rien n'est plus caractéristique des méthodes aC" la répression; tuelles du Parti communiste. Assurément il ne suffit Décidequel'Union organisera,par sespropresmoyens, pas de «pleurnicher» qu'on veut la paix pour l'imposer. une campagnedeprotestationdans la région et engageles Ce n'est pas d'ailleurs ce que proposait le délégué des cheminots de Châlons. Mais qu'a donc fait le Parti travailleurs à manifester leur haine contre la politique mots « communiste depuis qu'il a lancé ses fameux d'aventures des gouvernants aux cris de : A bas la d'ordre? A-t-il empêché de fabriquer un seul avion, guerre! » une seule auto mitrailleuse, un seul tank, un seul *** canon? En a-t-il empêché le transport ? Il a parlé, parlé interminablement. Mais peut-il montrer le Déclarationsnue&o~t!aQMr~atn:~oMn

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