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DOSSIER PÉDAGOGIQUE

PARIS - LONDRES 1962-1989

12 MARS MUSIC 2019 * 5 JANV. MIGRATIONS 2020

EXPO PHOTOS VIDÉOS MUSIQUE

* La musique au rythme des migrations. I 2 I SOMMAIRE

PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION ...... 5

PARCOURS DE L’EXPOSITION ...... 6

CLÉS DE LECTURE DE L’EXPOSITION ...... 8

CLÉ DE LECTURE N° 1. LES JEUNES, DE NOUVEAUX ACTEURS SOCIAUX ...... 8

CLÉ DE LECTURE N° 2. CULTURES JUVÉNILES ...... 10

CLÉ DE LECTURE N° 3. LA MUSIQUE COMME ARME DE CONTESTATION ...... 13

CLÉ DE LECTURE N° 4. LONDRES ET : VILLES MOSAÏQUES ...... 16

CLÉ DE LECTURE N° 5. VERS DES UNIVERS CULTURELS POSTCOLONIAUX ...... 18

PORTRAITS CROISÉS ...... 21

STEPHEN FREARS (NÉ EN 1941)/HANIF KUREISHI (NÉ EN 1954) ...... 21

CHRIS BLACKWELL (NÉ EN 1937) ...... 21

RACHID TAHA (1958-2018) ...... 22

DEE NASTY (NÉ EN 1960) ...... 22

NENEH CHERRY, NATACHA ATLAS : DEUX ARTISTES ET FEMMES-MONDE ...... 23

POUR ALLER PLUS LOIN ...... 24

CHRONOLOGIE POLITIQUE CROISÉE PARIS ET LONDRES (1962-1989) ...... 24

ENTRÉES DANS LES PROGRAMMES SCOLAIRES ...... 26

POUR PROLONGER L’EXPOSITION ...... 36

PETIT LEXIQUE DES STYLES MUSICAUX ...... 36

VOCABULAIRE HISTORIQUE, GÉOGRAPHIQUE ET JURIDIQUE ...... 37

QUELQUES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 38

WEBOGRAPHIE ...... 39

I 3 I I 4 I PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION

faire entendre leurs droits à l’éga- lité, revendiquer leur place dans l’espace public, et contribuer aux transformations à la fois urbaines, économiques et culturelles des deux pays. *

Sont présentés plus de 600 docu- ments et œuvres d’art liés à la mu- sique – instruments, costumes, pho- tos, affiches de concerts, vidéos, pochettes de disques, fanzines… – des prêts d’institutions comme le Victoria and Albert Museum et la Tate Gallery mais aussi des en- sembles issus de collections per- sonnelles de musiciens (dont celle de Manu Dibango), un costume de le « père » de l’afro-beat, des réalisations de Jean-Paul Gaul- tier, ainsi que de de riches séries de photographes comme James Bar- nor, Charlie Phillips, Pierre Terrasson, Philippe Chancel, Syd Shelton.

Constance Mulondo © James Barnor, courtesy galerie Clémentine de la Féronnière Les différentes sections de l’expo- sition sont jalonnées d’œuvres et Du début des années 1960 à la fin des années 1980, d’installations d’artistes contemporains – Saâdane de multiples courants musicaux liés aux flux migra- Afif, Paul Villinski, Isaac Julien, Rose Eken, Hervé Di toires ont transformé Paris et Londres en capitales Rosa et Martin Meissonnier. multiculturelles. L’exposition Paris-Londres. Music Migrations propose un parcours immersif et chrono- La playlist de l’exposition fait entendre le -pu- logique pour traverser ces trois décennies décisives nk de Poly Styrene, le makossa de Manu Dibango, le de l’histoire musicale des deux villes, et faire réson- raï vintage de , le de Desmond Dek- ner un brassage inédit de rythmes musicaux avec les ker, le R&B de Soul II Soul, le mandingue de Salif Keïta, évolutions sociales et politiques, les transformations le blue beat de Millie Small, la chanson algérienne de urbaines et les flux migratoires successifs qui ont mar- Noura, le punk sans frontière de , l’asian qué l’époque. underground d’Asian Dub Foundation, la rumba rock de Papa Wemba, le reggae roots d’Aswad, le chaâbi de Paris-Londres, Music Migrations explore les liens , la poésie dub de Linton Kwe- denses et complexes entre migrations, musiques, si Johnson, le zouk de Kassav’, l’electro-rap de Neneh luttes anti-racistes et mobilisations politiques. L’ex- Cherry, l’afro-reggae d’Alpha Blondy, le reggae légen- position montre comment plusieurs générations daire de Bob Marley, le raï moderne de , le rock d’immigration dans ces deux anciennes puissances métissé des Négresses Vertes, le rhythm’n’blues de coloniales se sont emparées de la musique pour Vigon, la juju music de King Sunny Ade… t

I 5 I PARCOURS DE L’EXPOSITION

Electric Ballroom - Photo : © Pierre Terrasson

De l’indépendance de la Jamaïque et de l’Algérie en social avec ses codes, ses lieux de rendez-vous et sa 1962, à la fin des années 1980, l’exposition explore trois musique. Parmi ces jeunes, de plus en plus d’immi- décennies durant lesquelles Paris et Londres sont de- grés arrivent des colonies des empires britannique et venues des capitales multiculturelles. Avec la musique, français. Entre 1955 et 1960, 200 000 ressortissants des générations de l’immigration postcoloniale ont des pays du Commonwealth s’installent au Royaume- exprimé leurs espoirs et leurs aspirations. À travers la Uni (principalement des Antilles : Jamaïque, Trinidad production, la diffusion et la réception de musiques et Barbade, et d’Asie : Inde et Pakistan) ; entre 1954 et populaires comme le rock, le reggae, le punk, le ska, le 1962, près de 150 000 Algériens viennent en France, raï, l’afrobeat ou le rap, une histoire parallèle de Paris et portant leur nombre à 350 000. Londres est présentée en mettant l’accent sur les ex- L’immigration des colonies de l’Empire britannique périences individuelles et la jeunesse. est facilitée grâce à la loi de 1948 sur la nationalité L’exposition est ainsi organisée en trois grandes parties britannique, créant le statut de Citoyen du Royaume- chronologiques : Uni et des Colonies (Citizens of United Kingdom and the Colonies) et accordant des droits politiques aux 1ère partie - Les temps changent : coloniaux, ainsi que la possibilité de circuler libre- les années 1960 ment. En France, la constitution de 1946 déclare l’éga- lité entre tous les peuples d’outre-mer et leur garantit Au début des années 1960, le Swinging London se la liberté de circulation. Après 1962, ces mouvements teinte de ska jamaïcain et les clubs parisiens vibrent migratoires se poursuivent, à ceci près que ce sont aux sons de musiciens nés à Alger, Tunis ou Rabat. La désormais des citoyens de pays indépendants qui im- jeunesse s’affirme alors comme un nouveau groupe migrent dans le cadre d’accords négociés.

I 6 I De nombreux artistes de cette époque appartiennent tique est devenu une musique planétaire synonyme de à cette immigration, même si rares sont ceux qui le libération et de révolte. Ces allers-retours entre scènes mentionnent ; certains vont même jusqu’à changer locales et globales dessinent une nouvelle géographie leur nom Pour les baby-boomers nés entre 1945 et musicale et urbaine : l’émergence d’une culture venue 1960, la mode est au rock’n’roll, à la culture afro-amé- du Bronx, le hip hop, bénéficie ainsi de la dynamique à ricaine et à une certaine contestation de l’ordre établi. la fois des night-clubs afro et des maisons de quartier. Ces musiques contribuent à donner à Paris et Londres 2e partie - La bande-son de la révolte : leur visage de villes mondialisées : les styles originaux les années 1970 qui y sont produits, écoutés et diffusés font résonner tous les rythmes du monde. Les musiciens mais aussi Au cours des années 1970, la musique porte les re- les acteurs politiques de l’époque ont su saisir cette ef- vendications des populations reléguées aux marges fervescence en organisant de grandes manifestations de la société et propulse les identités immigrées sur telles que le défilé du bicentenaire de la Révolution sur le devant des scènes politiques et artistiques. Avec les Champs Elysées en 1989 ou le Mandela Day à Wem- une chronologie en décalé entre Paris et Londres, les bley un an plus tôt. t musiques rock, reggae et punk deviennent l’instru- ment privilégié de la contestation contre le racisme et plus généralement contre la position de minorisés imposée à des pans entiers de nouvelles générations nées à Paris et à Londres. Le carnaval de Notting Hill, la série de concerts Rock Against Racism à Londres, les concerts Rock Against Police en région parisienne, mais aussi toutes les manifestations artistiques qui émergent autour du mouvement antiraciste en France sont les preuves vivantes de cette fonction protestataire de la musique et du rôle essentiel qu’y jouent les phénomènes migratoires.

3e Partie - Aux rythmes du monde : les années 1980

Des années de lutte, résultent des rencontres et des circulations entre les différentes scènes de la diaspo- ra musicale à travers le monde. Paris et Londres de- viennent alors l’épicentre d’une énergie artistique qui rayonne grâce à des lieux emblématiques. A Paris, les musiques d’Afrique, relativement marginales jusque dans les années 1970, suscitent l’engouement, faisant de la capitale française une plaque tournante de la production musicale avec un réseau de disquaires, la- bels, cafés, salles de concerts, boîtes de nuit et studios d’enregistrement. A Londres, le reggae est très popu- laire depuis que Bob Marley y a donné ses premiers concerts. Originaire de Jamaïque, ce style si caractéris-

I 7 I CLÉS DE LECTURE DE L’EXPOSITION

CLÉ DE LECTURE N° 1 : laisse intacte la fracture entre les classes bourgeoises LES JEUNES, DE NOUVEAUX et les classes populaires. ACTEURS SOCIAUX Quelle soit scolarisée ou qu’elle ait intégré le monde Les jeunes des années soixante surgissent par la force professionnel, la jeunesse devient dans les années du nombre, résultat, après-guerre, d’un phénomène soixante un agent économique à part entière en commun à la France et aux Iles britanniques : le baby- raison de l’augmentation générale du niveau de vie boom. La reprise de la natalité s’amorce dès 1942 depuis 1950. Les jeunes déjà au travail bénéficient de et se poursuit au moins jusqu’au terme des années meilleurs revenus du fait de l’absence de chômage, de soixante (voire jusqu’au milieu de la décennie suivante qualifications qui s’élèvent, et de conditions salariales pour la France). Ainsi, celles et ceux qu’on appelle « les favorables. En Angleterre, à l’aube des années 1960, 4 jeunes » ont tout juste vingt ans lorsque se termine la des 5 millions de 15-24 ans travaillent. On estime alors guerre d’Indépendance algérienne, en 1962. Quant à la que leurs dépenses en « divertissements » oscillent génération suivante née alors que s’amorce la réces- entre 830 000 et un million de £ pour une année. Ces sion économique des années 1970, elle a entre quinze chiffres éloquents valent aussi pour celles et ceux qui et vingt ans quand tombe le mur de Berlin. La popula- dépendent du budget familial via l’argent de poche. tion des deux pays s’en ressent (la Grande-Bretagne À l’instar de ce qui s’est produit aux États-Unis, les jeu- compte 53 millions d’habitants en 1961, 56 millions en nesses britannique et française deviennent la cible 1981 ; la France 47 millions d’individus en 1961, 55 mil- des publicitaires au service d’une industrie de biens lions en 1981). Jusque dans les années soixante-dix, la de consommation de masse en plein essor. En 1953, part des moins de vingt ans en leur sein représente leurs parents avaient acheté en nombre des postes de environ 30% de la population. télévision pour suivre le couronnement d’Elisabeth II retransmis en direct des deux côtés de la Manche. Dix La sphère scolaire est concernée au premier chef ans plus tard, leurs enfants se ruent sur les transistors par ce bouleversement démographique. Le taux de portables qui leur permettent de s’affranchir d’une scolarisation des jeunes de 14 ans en France passe de écoute familiale, sur les électrophones et les 45 ou 33 68,4 % en 1957-1958 à 97,7 % en 1984-1985. Cette mas- tours, et sur les vêtements. Leur place évolue jusque sification scolaire affecte notamment le secondaire dans l’espace domestique : la taille des logements aug- qui doit faire un effort d’équipement : à Paris en 1960, mente, les jeunes disposent souvent d’une chambre la cité scolaire Paul Valéry sort de terre sous la forme individuelle, écrin de leur univers. d’une barre horizontale de deux cent mètres de long. France et Grande-Bretagne allongent l’âge de la L’assouplissement progressif des carcans sociaux et scolarité obligatoire (jusqu’à 16 ans dès 1959 pour la moraux les touche particulièrement. En Grande-Bre- France, trois ans après pour la Grande-Bretagne). Par tagne comme en France, on craint à peu près autant ricochet, l’université connaît une flambée de ses ef- qu’on loue la permissivité de la société de consom- fectifs : les 120 000 étudiants de 1950 sont 600 000 mation. En France, le recul des pratiques religieuses, en 1968 ce qui impose la construction de campus la progressive mixité des établissements scolaires qui supplémentaires comme celui de Nanterre en ré- précède celle des classes, les lois facilitant le divorce gion parisienne qui concentre déjà les sites. Outre- sont autant de signes d’un recul de l’emprise des auto- Manche, la croissance est moindre : de 102 000 en rités instituées. En outre, les jeunes Britanniques bé- 1950, on passe à 175 000 en 1965. Dans les années néficient de l’abolition de la conscription en 1960. De soixante, seulement 4 % d’une classe d’âge accède à nouveaux possibles s’ouvrent au tournant des années l’université en Angleterre, un des taux les plus faibles 60-70 avec la dépénalisation de l’homosexualité mas- des pays développés. De fait, l’accès au supérieur est culine en Grande-Bretagne, l’ouverture de centres de contrecarré par des obstacles structurels du système planning familial, ou encore, l’abaissement de la majo- scolaire britannique. Ainsi, le clivage entre les public rité de 21 à 18 ans pour laquelle l’Angleterre a deux ans schools privées et les grammar schools publiques d’avance sur la France qui ne l’accorde à ses jeunes

I 8 I Place de la Nation à Paris, au concert organisé par le magazine Salut les copains, le 22 juin 1963. Photographie Reporters associés. © Reporters Associés/GAMMA RAPHO qu’en 1974. Parmi les peurs qui cheminent avec la mise La récession économique qui s’annonce et les iné- en place de cette société permissive, celles de la vio- galités sociales qu’elle entraine rebattent les cartes. lence, de la promiscuité et de la permissivité sexuelles, Le temps des utopies se referme comme une paren- de la consommation de drogues volontiers associées thèse. Les difficultés à entrer dans le monde du tra- aux goûts et à la consommation musicale des jeunes. vail révèlent les limites d’une massification scolaire La censure y exerce encore une certaine veille : le Je qui n’a pas été suivie d’une vraie démocratisation. Le t’aime moi non plus (1969) de Serge Gainsbourg et remodelage constant des cadres familiaux depuis Jane Birkin n’est pas diffusé sur la BBC tandis que le l’après-guerre est aussi mobilisé pour expliquer la sup- magazine (contre)-culturel Oz est mis en procès en posée perte de repères des jeunes. Dans ce contexte 1971 pour avoir mis en couverture un ourson doté dégradé, une autre frange de la jeunesse, encore plus d’un énorme pénis. affectée par les processus de relégation fait entendre sa voix, celle des enfants de la première génération En ce crépuscule des sixties, jeunes Français et Britan- d’immigrés arrivée à Londres ou en région parisienne niques restent au diapason de leurs pairs états-uniens. depuis le milieu des années cinquante. Aux difficultés Ils remettent en cause les assignations dans lesquelles sociales et économiques qui les frappent plus que les les enferme la société de consommation de masse. autres s’ajoute le racisme de plus en plus librement L’investissement des étudiantes et des étudiants dans et violemment pratiqué dans les deux pays parfois les mouvements protestataires exprime d’autres as- jusqu’au meurtre. Les émeutes qui éclatent à Not- pirations que celles de l’accession à un confort maté- ting Hill, Brixton, Toxteh (banlieue de Liverpool) ou à riel même si cet anticonformisme ne draine pas l’en- Vaulx-en-Velin en 1981 sont symptomatiques des ten- semble de ces classes d’âge. Sur un air de révolution sions raciales et sociales aggravées par les violences et dans un contexte international anxiogène (Guerre policières. Une partie des jeunes s’implique alors du Viêt-Nam) la jeunesse se rebelle contre un monde dans un militantisme antiraciste qui porte le désir de du travail et un ordre mondial qui se construisent sans construire de sociétés multiculturelles. À Londres, elle, tout en l’engloutissant. cela se traduit par le mouvement Rock Against Ra-

I 9 I cism ; aux Minguettes, ce sont des jeunes qui portent jeunes occidentaux : ses sons (qui se diversifient les revendications d’une population avide de plus de avec des groupes tels que les Rolling Stones plus justice, d’égalité et de fraternité. Cela ne préserve pas blues, les Kinks, les Who), ses modes et leurs bou- une frange marginale de leurs pairs de verser dans la tiques dédiées (celle de la styliste Mary Quant, sur violence raciste. À Paris, le forum des Halles devient King’s Road où se vend la mini-jupe de sa création), le quartier privilégié par les skinheads pour affronter ses égéries (le célèbre mannequin Twiggy photo- les bandes venues de banlieue, tandis qu’à Londres, graphiée par David Bailey), ses lieux emblématiques les meurtres perpétrés par les mouvements proches diurnes (Carnaby Street), ou nocturnes (Soho, le de l’extrême droite ensanglantent par deux fois le Marquee Club, Annabel’s sur Mayfair). C’est dans quartier Penjâbi de Southhall en 1976 (assassinat de ce Swinging London que s’esquissent et s’affirment Gurdip Signh Chaggar) puis en 1979 (assassinat de les avant-garde, contours mouvants d’une culture Blair Peach, étudiant et militant anti-raciste). jeune en formation dans laquelle les apports de l’im- migration sont cantonnés aux marges. En France, De son émergence dans les années soixante, au terme le début de l’été 1963 est marqué par l’organisation des années quatre-vingt, la jeunesse est devenue d’un grand concert à l’initiative de la station de ra- un acteur social aux visages multiples, aux fractures dio Europe n°1 et de l’émission Salut Les Copains de réelles, mais encore capable de secouer l’ordre social Franck Ténot et Daniel Filipacchi. Pour le premier fabriqué par ses ainés. anniversaire du magazine éponyme, dont le dernier numéro s’est écoulé à 1 million d’exemplaires, un CLÉ DE LECTURE N° 2 : concert gratuit est annoncé au soir du 22 juin 1963 CULTURES JUVÉNILES place de la Nation. Auditrices et auditeurs peuvent y voir et y écouter les copains aux vies chroniquées Les cultures juvéniles émergent au milieu des an- dans le support de presse et aux succès discogra- nées 1950 en France et en Grande-Bretagne. Fas- phiques diffusés en radio : Johnny Halliday, Sylvie cinés par les James Dean et Marlon Brando en Vartan, Danyel Gérard et Richard Anthony sont blouson de cuir du cinéma américain, des bandes de la partie, celles et ceux que le sociologue Edgar de jeunes à Paris et à Londres adoptent leurs co- Morin appelle les « yé-yé » dans un célèbre éditorial des vestimentaires et se livrent à l’écoute du rock du Monde publié quelques jours plus tard. 150 à n’roll, musique électrifiée dérivée du blues et de la 200 000 jeunes envahissent la place pour l’occa- country. Si la fin des années 1950 voit les bandes de sion, la police et les organisateurs sont dépassés par blousons noirs défrayer les chroniques de presse la foule présente qui se disperse non sans quelques pour faits de violence, c’est en 1963 que la question incidents. Les soirées ouvertes au Golf Drouot pour des cultures juvéniles surgit dans le débat public à y écouter de jeunes groupes de rock depuis 1961 la fois en France et en Angleterre. Au Royaume-Uni, n’ont pas permis d’anticiper une telle déferlante. Le un jeune groupe originaire de Liverpool à l’allure as- goût spécifique des jeunes pour tout ce qui gravite sez sage, les Beatles, vient d’enregistrer son premier autour de ces rythmes plus rapides, amplifiés, élec- single. Dans l’année, il met sur le marché ses deux trifiés, sur lesquels filles et garçons twistent, est de- premiers . Les adultes assistent médusés venu un fait social incontournable. aux scènes d’hystérie collective que provoque cha- cune de ses apparitions. Après avoir pris dans leurs Sur le modèle de ce qui se passe aux Etats-Unis, offre et rets la jeunesse britannique, les Beatles se lancent à demande s’entrainent l’une l’autre en matière de pro- la conquête de l’Europe avant de devenir la tête de duits et de pratiques culturelles dédiés aux jeunes. Les pont de la British Invasion qui déferle sur les Etats- médias y tiennent une place déterminante. Aux pre- Unis à partir de 1964. Londres devient rapidement miers magazines (Disco Revue) ou dispositifs pluri- l’épicentre national puis mondial de la culture des médiatiques (Salut les copains en presse et radio),

I 10 I Clés de lecture de l’exposition s’ajoutent des émissions de télévision (Age tendre dio Caroline qui rassemble 7 millions d’auditeurs en et tête de bois). En France, comme en Angleterre, trois semaines, ou encore Radio London, contraint la presse musicale adapte ses contenus éditoriaux la BBC à créer Radio 1 spécifiquement dédiée à la pop pour capter ce jeune public : Rock n’Folk, le Melody music. L’industrie musicale au sens large, des disques Maker, le New Musical Express qui avaient davan- en passant par les appareils d’écoute et de duplica- tage à voir avec les « musiques noires »* réorientent tion, est au cœur des productions et pratiques cultu- progressivement leurs centres d’intérêt vers le rock. relles des jeunes. C’est par la musique que s’effectue D’autres se créent pour accompagner le phénomène leur sociabilisation et leur insertion dans des groupes comme le mensuel Best (1968). La télé anglaise domi- de pairs. À cette époque en Grande-Bretagne, les née par la très austère BBC est, elle aussi, contrainte sons moins formatés, plus métissés et produits sans de s’ouvrir aux goûts des jeunes : en 1964, Top of the moyens techniques couteux, sont le fruit des Sound pops est lancée pour concurrencer la célèbre émis- Systems* jamaïcains pour animer des soirées musi- sion qui fait chanter les stars de la pop d’ITV Ready cales dans des lieux dédiés (le Flamingo à Soho s’en Steady Go ! Sur les ondes, le succès des radios pirates est fait une spécialité) ou non (les salles municipales anglaises qui émettent depuis des bateaux, telle Ra- accueillent les prémices en couvert du Carnaval de

Les Beatles et Sylvie Vartan à l’Olympia, Paris, 1964. Photographie de Bob Lampard © Lampard-Rancurel Photothèque

I 11 I Notting Hill à la fin des années 50). À Paris, les cafés En France, la discothèque montreuilloise de la Main nord-africains de la capitale permettent aux artistes Bleue devient, au mitan des années 1970 l’épicentre de faire résonner les musiques de l’exil. des nuits afro-antillaises parisiennes puis du tout Pa- ris branché. De son côté, Serge Gainsbourg réinvente Dès la fin des années 60, les cultures juvéniles et leurs l’hymne national (Aux Armes et cætera, 1979). Tout pratiques revêtent les atours de la contestation. La aussi tellurique dans le message, le reggae de Bob Guerre du Viêt-Nam, la disparition de groupes fonda- Marley attire l’été suivant au Bourget plus de monde teurs dans les mésententes et d’icônes du rock dans que le Pape quelques jours auparavant, prouvant la la drogue (Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison, vitalité et les transformations des cultures juvéniles. et Brian Epstein, le manager des Beatles) président Plus transgénérationnelles en ce qui concerne leurs à ce basculement. Alors que les mobilisations étu- publics, elles sont aussi plus poreuses aux enjeux po- diantes se teintent d’internationalisme, la décennie litiques et sociaux. 1968-1978 est celle de l’affirmation de courants et partis politiques nationalistes et xénophobes. Au Les années 80 sont un nouveau temps de mutation. sein du parti conservateur Enoch Powell développe Les cultures juvéniles s’enrichissent des apports des idées proches du British National Front fondé des descendants de la première génération d’im- en 1967. En France, Jean-Marie Le Pen créé le Front migrés, plus visibles et revendicatifs que leurs ainés. national en octobre 1972. Le contexte est celui du Elles bénéficient de nouveaux moyens de diffusion, début de la récession économique. La culture jeune le compact disc, le clip video, la chaine de télévision reflète ces évolutions, offrant une place plus grande musicale, le méga concert. L’ensemble peut servir à la contestation, à la radicalité, voire aux circulations une cause charitable dans une large communion : et contacts. C’est le temps de l’underground et de du Band Aid au Nelson Mandela des Special AKA, ou la contre-culture. Les free festivals comme celui de aux concerts de SOS Racisme. La jeunesse des deux Wight rassemblent les jeunes britanniques. La presse capitales vibre désormais au rythme d’une culture musicale traditionnelle est bousculée en Angleterre mondiale qui hésite entre l’américanisation par MTV par de nouvelles publications plus critiques et irré- et les sons métissés du Douce France orientalo-rock vérencieuses qui s’exposent à la censure, (Oz), tandis de Carte de Séjour, de l’Afrobeat de Fela Kuti, ou du que le fanzinat punk dans toute sa variété et son éco- bhangra* d’Asian Underground qui mêle les sons nomie de moyens explose. Certains titres de presse traditionnels du Pendjab à ceux très synthétiques de s’ouvrent à d’autres sonorités : si les uns deviennent l’électro. des acteurs majeurs du secteur - Actuel en France - d’autres restent plus confidentiels tel le magazine britannique Echoes spécialisé dans la chronique des « musiques noires ». Tandis que les charts struc- turent encore les émissions de radio, des créneaux spécifiques (nocturnes parfois) se consacrent à des genres moins accessibles (l’animateur John Peel le fait à l’antenne de Radio one, tard, le mercredi, dans Night ride). Les formes musicales évoluent et les genres se diversifient : le psychédélisme est associé à la consommation de drogues et aux solos de gui- tares, le punk aux sons agressifs, à l’amateurisme, aux morceaux courts et énergiques, il s’hybride volon- tiers avec des sonorités et des pratiques caribéennes pour servir la cause antiraciste aux rythmes du ska.

I 12 I Clés de lecture de l’exposition

CLÉ DE LECTURE N°3 : aux productions musicales de l’aube des années LA MUSIQUE COMME ARME soixante d’être à l’image de leurs auteurs : futiles et DE CONTESTATION légères. Les amourettes des Beatles ou celles des yéyés seraient le fait d’une jeunesse insouciante em- Accompagner revendications et protestations en barquée dans la prospérité des Trente Glorieuses. musique n’a rien d’une nouveauté. Les voix de Mahalia Élément central des cultures juvéniles, la musique Jackson ou de Joan Baez ont mis en musiques les re- en tant que médiation a pourtant accompagné vendications des marcheurs pour les droits civiques voire influencé les prises de conscience politiques des africains-américains. Les guitares sèches de Joe de la jeunesse en articulant des textes aux contenus Hill puis Woodie Guthrie en ont fait autant pour les soutiers du capitalisme. Électrification et amplifi- cation sont dispensables. En revanche, elles donnent une autre puissance à des textes écrits et des mor- ceaux composés pour fédérer une audience plus large à une cause particu- lière. De même, la massifica- tion de la diffusion, l’élargis- sement des opportunités de duplications, ainsi que la multiplication des média- tions utilisables à l’ère de la culture et de la médiatisa- tion de masse confèrent La couverture de l’ des Clash, Black Market Clash des pouvoirs inédits aux © CBW/Alamy Stock Photo musiques engagées. Les di- mensions collectives ne sont plus assujetties aux ques- politiques, engagés et militants avec les sonorités tions de lieu, de distance de frontières, de temps. Sans du moment. En faire le catalogue est impossible être l’apanage exclusif des jeunes, l’association contes- mais quelques grandes thématiques en donnent un tations/engagements/musique connait de beaux aperçu. Dénoncer la guerre, celle du Viêt-Nam pour moments depuis les années 1960. Les jeunesses de commencer (« Gimme shelter » des Rolling Stones Londres et de Paris ont activement participé, chacune en 1969) ou l’interventionnisme américain (« Was- à leur manière, à cette explosion de la musique comme hington bullets » des Clash en 1980) promouvoir la arme d’affirmation et de contestation. paix (« Imagine » de Lennon en 1971), prôner la to- lérance et le désarmement (« Russians » de Sting « Voici que se lève, immense, bien nourrie, ignorante en 1985), soutenir la lutte anti-apartheid (« Nelson en histoire, opulente, réaliste, la cohorte dépolitisée Mandela » de The Special Aka en 1984) ou célébrer et dédramatisée des Français de moins de vingt les indépendances africaines au rythme du calypso ans ». À l’instar de François Nourrissier dans Les (« Birth of Ghana » de Lord Kitchener) sont autant Nouvelles Littéraires au lendemain de la nuit la d’aspects d’une géopolitique mondiale tumultueuse Nation du 22 juin 1963, il a souvent été reproché à laquelle les jeunes français et britanniques des

I 13 I années soixante jusque dans les années quatre- de a donné un hymne à celles et ceux vingt sont sensibilisés par le biais des chansons aux qui souhaitent rappeler qu’avant d’être issus de l’im- sonorités variées. En Grande-Bretagne mais aussi migration, les jeunes descendants d’immigrés sont en France, suivant l’exemple étatsunien des droits surtout français, tandis que les Béruriers Noirs en civiques, elles traitent des questions sociales vo- scandant « La jeunesse emmerde le Front National » lontiers mêlées aux questions raciales ; ce sont des offrent en partage leur brulot antinationaliste et an- sujets sensibles pour une jeunesse soucieuse des si- tiraciste. Ces textes engagés autour d’une variété tuations d’injustices manifestes : en 1967, bien avant de causes, du local au mondial, s’appuient sur le jeu, les Clash, The Equals chantent « Police on my back », l’hybridation, le métissage des sonorités : la reprise pour dénoncer le harcèlement policier contre les de « Douce France » mêle des sons rock de guitares jeunes : Monday, Tuesday, Wednesday, Thursday, Fri- électriques à ceux des percussions ou des cordes day, Saturday, Sunday, I’ve been running. Quelques orientales, recette que Rachid Taha décline ulté- années plus tard, Linton Kwesi Johnson dans « In- rieurement avec des sons plus électro sur l’album gland is a bitch » dénonce les conditions d’emploi « Diwân », par exemple. Ainsi, la coloration musicale dégradées réservées aux populations caribéennes choisie peut facilement renforcer le propos du texte : de Londres : J’ai fait du travail de jour et du travail de le son dub de Guns of Brixton des Clash permet d’as- nuit, j’ai bossé dans le nettoyage et comme gardien, socier musicalement les populations caribéennes on dit que les Noirs sont paresseux, mais si vous aviez au harcèlement policier, les sonorités de l’Afrobeat vu combien je bossais vous m’auriez pris pour un – entre musique traditionnelle Yoruba, guitare élec- fou. Carte de séjour en reprenant « Douce France » trique et sonorités jazz et soul – permet de fédérer

Concert Rock Against Police à la ZUP d’Argenteuil (Val-d’Oise), en hommage à Djamel Aouada, un initiateur de Rock Against Police, avec le chanteur-écrivain Mounsi (au micro) et ses amis musiciens, le 25 avril 1981. Collection Agence IM’média © photo Archives agence IM’média

I 14 I Clés de lecture de l’exposition

différentes audiences musicales derrière les textes. ce type d’évènements : il s’agit moins de contrer la Le poids grandissant conféré aux images a remode- consommation de drogue et les comportements lé les équilibres entre contenus des morceaux, mise inappropriés des jeunes, que de museler une contes- en musique et tout ce qui relève du visuel. Pour faire tation éprise d’utopie politique. Par un jeu de miroir, passer le message de l’antiracisme, les groupes du les opérations festivalières du mitan des années 80 label 2tone tels que The Specials ont misé sur des autour de SOS Racisme ou de , chanteur textes ancrés dans les réalités sociales, des sons qui initiateur et organisateur du Band Aid, aux vedettes braconnent en Jamaïque et en terres de rock, et un sages, aux protocoles huilés pour la retransmission univers visuel entièrement en noir et blanc. La visi- télévisée, semblent beaucoup moins effrayantes bilité des groupes punks et leur colère nihiliste est pour les autorités instituées. Reste que cela fait évè- décuplée par la radicalité de leurs textes, l’énergie de nement, ancré dans une géographie de la ville qui se leur musique et l’image qu’ils offrent à celles et ceux musicalise à l’occasion d’un moment revendicatif sur qui les regardent, une sorte de retour à l’envoyeur de ses places, dans ses stades, ou à l’échelle de tout un la violence que la société leur assène jusqu’au réem- quartier. L’endroit et le moment où s’énonce le dis- ploi très provocateur de signes de l’ère nazie. D’au- cours engagé n’est pas sans impact sur sa réception : cuns s’empresseront de dire que ces usages relèvent les concerts de Rock against police, contre les vio- davantage d’une absence de conscience politique lences policières dans les banlieues se tiennent au de la jeunesse, d’autres, au contraire, d’une maitrise pied des tours des grands ensembles. Lorsque la ville aiguisée de la communication visuelle à des fins po- se montre rétive à offrir des espaces pour l’expres- litiques. Le débat est ouvert comme l’est celui de sion musicale contrôlée, ses marges laissées à l’aban- l’authenticité des motivations et de l’engagement de don, terrains vagues et friches sont libres d’accueillir formations musicales au service d’une multitude de le rap game. Quand les autorités urbaines refusent causes (famines, apartheid, pauvreté, catastrophes l’hospitalité au message musical, alors autant la naturelles). Avec les années 1980, le règne des vi- prendre métaphoriquement d’assaut comme le font déo-clips de MTV, l’enchainement des opérations de les NTM dans leur titre « Paris sous les bombes », charité musicale sous forme de disques, de concerts celles des graffeurs qui impriment leurs signatures destinés à lever des fonds sèment la confusion à tel sur le territoire urbain. point qu’on utilise l’oxymore de charity business pour qualifier le phénomène. Au final, musicaliser la ville est une façon d’en affirmer la dimension multiculturelle. Chacun peut butiner et Les protest songs ont une longue et prolifique des- braconner dans les sonorités et les messages qui s’y cendance, c’est aussi le cas des évènements qui leur expriment. À Londres, l’East End vit au rythme de la ont souvent servi d’écrin qu’il s’agisse de manifesta- banghra*, du rock et de la ; Notting Hill a célé- tions, de marches, de rassemblements, de festivals, bré les épousailles du reggae et du punk ; à Paris, le raï* de carnavals. Depuis Monterey et Woodstock aux et le chaâbi se chantent aussi bien à Bercy à l’occasion Etats-Unis, les festivals sont devenus des marqueurs du concert qui réunit , Khaled et Rachid Taha, de la contestation/mobilisation autour de la mu- qu’à Barbès, tandis que le rap* s’installe entre la Vil- sique. Ceux qui se tiennent ensuite en Angleterre lette et Saint Denis, il s’énonce avec des accents plus dans le sillage de celui de l’île de Wight en 1969, par- ensoleillés entre et Toulouse. A l’heure de fois qualifiés de free festivals, en sont un prolonge- la mondialisation, les territoires urbains concentrent ment. A la même période, en France, ils sont sou- une population cosmopolite affectée par les inéga- vent interdits car considérés comme incubateurs lités socio-spatiales : la musique est une arme pour potentiels de révoltes juvéniles. La décennie 1970 en rendre compte et les dénoncer depuis les lieux où est scandée des deux côtés de la Manche par une elles sévissent, par celles et ceux qu’elles touchent. surveillance politique et policière constante de

I 15 I CLÉ DE LECTURE N°4 : vient un Etat souverain, le Bangladesh, un mouvement LONDRES ET PARIS : VILLES MOSAÏQUES migratoire en provenance de ce nouveau pays touche la capitale britannique. Là encore, le regroupement La seconde moitié du 20e siècle est marquée par un familial intervient dans un second temps. Si la com- accroissement et une accélération des mobilités munauté afro-caribéenne représente 5% de la popu- humaines. Ce phénomène géographique est corré- lation de Londres, la composante native ou descen- lé, d’une part, à l’histoire politique internationale de dante de ressortissants d’Asie du Sud-Est pèse pour cette période qui voit disparaître les empires colo- 13% dans la population de la capitale. Composante niaux et d’autre part, à son histoire économique, faite la plus récente de la mosaïque londonienne, l’immi- de croissance puis de récession. Le cosmopolitisme gration issue des anciennes colonies d’Afrique noire qui caractérise aujourd’hui les populations de Paris et (Ghana, Nigeria, Ouganda) pèse pour 7% environ de la Londres, villes mosaïques, est le produit de ces diffé- population totale de la ville. rents bouleversements. Paris devient également une ville mosaïque après 1945 Le Royaume-Uni, longtemps terre d’émigration, est et plus significativement encore au cours des décen- devenu au cours des années 1970 une terre d’immi- nies suivantes. L’arrivée des populations en prove- gration. Alors que 680 100 personnes sont arrivées au nance des deux grandes composantes africaines de cours des années 1950, elles sont deux fois plus nom- son ancien empire colonial, le , d’une part, breuses dans la décennie suivante. Elles atteignent et l’Afrique subsaharienne, de l’autre explique cette les deux millions lors de la période de 1970-1980. Au- mutation. Les Algériens de France arrivent en nombre jourd’hui, un quart des Londoniens est né hors du avant, pendant et après la guerre d’indépendance Royaume-Uni. En effet, ce sont essentiellement les algérienne. De « Français musulmans » ou « Algé- grandes villes du pays, et la capitale au premier chef, riens de France », ils deviennent immigrés algériens qui ont accueilli les vagues migratoires successives. à partir de 1962. L’immigration en provenance de La communauté caribéenne, en provenance de Tri- l’Afrique subsaharienne s’amorce à la même période, nidad et de la Jamaïque est la première à fouler le sol mais c’est vraiment à partir des années 1980 qu’elle londonien. C’est en 1948 qu’accoste dans l’avant-port s’accélère : Paris et sa banlieue accueillent la majori- de Londres, à Tilbury, le navire Empire Windrush avec té des plus de 17 000 personnes originaires de cette à son bord 492 personnes originaires de la Jamaïque, partie du continent qui vivent en France en 1962 ; elles inaugurant une vague migratoire précoce qui dure sont dix fois plus nombreuses vingt ans plus tard, et jusqu’aux années 1960. Dans la capitale, leur nombre 275 000 environ en 1990. Cette présence plus visible passe de 4 200 en 1951 à 98 000 personnes dix ans est, comme pour Londres, en grande partie le fruit du plus tard (cf. Chronologie croisée Paris-Londres). regroupement familial. En 1990, 12,9 % des Franciliens ne disposent pas de la nationalité française et 4,6 % Les migrations en provenance d’Asie du Sud-Est, par- ont acquis la nationalité française au cours de leur vie. ticulièrement de l’ancien empire des Indes, ont, elles aussi, débuté dans les années 1950, peu après l’acces- L’arrivée échelonnée des populations en provenance sion à l’indépendance de l’Inde et la partition avec les des anciens empires coloniaux à Londres et à Paris deux Pakistan. Dans cette communauté, les Penjâbis s’opère dans un contexte de croissance économique. sont particulièrement nombreux. Qu’ils soient sikhs La question de l’emploi et du logement est centrale ou hindous, ils fuient les troubles qui affectent une pour l’installation de ces populations en ville. Dans les région aux frontières contestées. Dans un premier deux capitales, les services publics (rails, transports, temps, ce sont les hommes qui émigrent. Le regrou- postes, hôpitaux) sont jusqu’aux années 70 souvent pement familial s’effectue au cours des années 1960 demandeurs, voire coordonnateurs des demandes de et 1970. Quand en 1971, l’ancien Pakistan oriental de- main d’œuvre alors nécessaire à la reconstruction puis

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Cours de français, reportage réalisé par Janine Niepce pour le Centre d’éducation civique des Africaines à Paris, 1962. Paris, musée national de l’Histoire de l’immigration, palais de la porte Dorée © Jeanine Niepce – Musée national de l’Histoire de l’immigration, palais de la porte Dorée Paris

à l’expansion industrielle d’après-guerre. Il faut ici men- des travaux publics. C’est dans les usines qu’éclosent tionner le cas spécifique des personnes nées dans les et se médiatisent les premières mobilisations et grèves différents départements d’Outre-Mer dont l’émigra- spécifiques aux travailleurs immigrés (en 1971 et 1972, à tion vers la métropole est organisée par une agence l’usine Penarroya de Lyon, à Grunswick en 1977 en An- de l’état née en 1963 (le BUMIDOM) et qui jusqu’en 1981 gleterre, à Poissy au début des années 80). encadre le départ de quelques 160 000 natifs de la Martinique ou de la Guadeloupe auxquels il faut ajou- Avec l’emploi, le logement est l’indicateur le plus ter les Réunionnais. Bon nombre de ces personnes marquant de la violence sociale qui s’exerce dans les sont dirigées vers les emplois publics. De part et d’autre anciennes métropoles contre les populations immi- de la Manche, les immigrés sont surtout « les hommes grées. Les hôtels-meublés, les foyers de travailleurs à tout faire de la croissance » : le terme « travailleur im- immigrés, les bidonvilles et grands ensembles sont migré » fréquemment employé dans le langage cou- les logements des populations arrivées en Île-de- rant en est une traduction. Hors des services publics, France au cours des décennies de l’après-guerre. ils sont particulièrement nombreux dans les emplois Quelques chiffres pour mesurer ces conditions de mal rémunérés de l’industrie : ouvriers spécialisés et logement dégradées ou qui le sont devenues : en manœuvres de l’automobile, du bâtiment ou encore 1965, les Nord-Africains, à eux seuls, représentent

I 17 I 42,1% des habitants des bidonvilles. Des 31 000 Désormais, à Londres aussi bien que dans l’agglomé- Nord-Africains qui y vivent précairement, 20 000 ration parisienne, les quartiers qui concentrent les sont concentrés dans la région parisienne. Le temps populations immigrées sont touchés par les proces- des bidonvilles et des grands ensembles correspond sus de transformation des hypercentres des deux à celui du regroupement familial. Quelques quartiers capitales : flambées des prix de l’immobilier, rareté à la population homogène où l’on trouve des com- du locatif financièrement accessible, processus de merces spécifiques se constituent dans la capitale : gentrification et/ou de muséification à des fins touris- Nord-Africain, et pour cette raison particulièrement tiques. Autant d’évolutions qui laissent entrevoir une surveillé pendant la guerre d’Algérie, celui de Bar- possible reconfiguration territoriale des mosaïques bès a ensuite accueilli l’immigration d’Afrique sub- actuelles. saharienne autour de la Goutte d’Or et de Château Rouge. Dans cette géographie, la banlieue de Paris est le territoire qui loge, non exclusivement, mais CLÉ DE LECTURE N°5 : en grande partie, les populations arrivées depuis VERS DES UNIVERS CULTURELS les années 1960. La carte des activités industrielles POSTCOLONIAUX des années de croissance y croise celle des grands ensembles dans les banlieues de l’Est et du Nord de La sono mondiale qui fait vibrer aujourd’hui Londres Paris plus encore qu’ailleurs. et Paris brasse des genres et des langages musicaux hérités, métissés et réinventés dans des temporalités Les problématiques spatiales d’implantation et de loge- qui sont celles des tensions politiques marquant la fin ment des populations immigrées sont à Londres sensi- de la période coloniale et l’ouverture de l’ère des indé- blement différentes. Des quartiers communautaires se pendances. Or les musiques populaires ne sont pas les sont formés au fil des vagues migratoires sur le territoire seules productions culturelles à avoir été façonnées même d’une capitale dix fois plus étendu que celui de par ces processus historiques. Paris. Les Inner Cities* de Lambeth, Brixton ou Notting Hill concentrent, sans exclusive, dès les années 1950, une En la matière, est qualifiée depostcoloniale toute forte population caribéenne qui ne trouve souvent à se œuvre issue d’auteurs s’exprimant dans une langue hé- loger que dans des taudis et de l’habitat dégradé. Des ritée de la période coloniale (français ou anglais pour commerces ethniques se sont installés dans les rues de les écrivains africains francophones ou anglophones, ces quartiers aux côtés de lieux destinés à retisser du lien anglais pour les écrivains indiens, néerlandais pour culturel aux rythmes du calypso ou du reggae*. Les po- les auteurs indonésiens...) et dont le contenu traite, pulations issues de l’ancien empire des Indes sont très travaille, interroge les présupposés et les héritages de présentes à Tower Hamlets dans l’East End où se trouve la colonisation. Si certains vivent et exercent leur art la célèbre artère de Brick Lane, îlot désormais identifié dans les anciennes métropoles coloniales, il est admis dans l’espace urbain sous le nom de Banglatown. Avant d’élargir ce premier noyau à celles et ceux affilés à des de devenir un symbole du multiculturalisme londonien communautés autochtones (Kanaks, Maoris, Abori- après que le maire de la ville, Ken Livingstone ait mené gènes par exemple) ou issues des traites esclavagistes une politique de rénovation urbaine visant à transfor- (Créoles) résidant et travaillant dans les capitales des mer le site en l’équivalent bangladais de Chinatown, pays indépendants issus des anciennes colonies. ces quartiers, aujourd’hui prisés par les touristes, ont concentré les difficultés sociales dans un habitat dégra- Cette définition est directement inspirée desthéo - dé. Au sud-ouest de la capitale, Southall est un des fiefs ries postcoloniales des sciences sociales qui s’éla- la communauté penjâbie alors que les Pakistanais sont, borent dès la fin des années soixante aux Etats-Unis pour leur part, très nombreux, à Ilford, dans le grand Est et en Grande-Bretagne dans le sillage des travaux de Londres. pionniers de Frantz Fanon (1925-1961), Edward Saïd

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(1935-2003), ou depuis les années 1980 en France. D’abord issues de chercheuses et chercheurs sou- cieux de dénoncer le colonialisme depuis les an- ciennes métropoles, ces théories se sont ensuite enrichies des apports venant des subaltern studies (Gayatri Chakravorty Spivak, née en 1942) – qui sou- haitent énoncer leurs analyses depuis les dominé.es plutôt que depuis les élites – ou encore les Black stu- dies. Après la critique du colonialisme, les sciences sociales se sont employées à débusquer les traces des relations de domination issues de la période coloniale dans les sociétés d’aujourd’hui. Le préfixe « post » n’indique pas seulement une rupture chro- nologique entre le temps de la colonisation et celui des indépendances (dans ce cas, en effet, on emploie le terme post-colonial avec un tiret), mais souligne une volonté d’identifier ces traces de domination dans le but de les dépasser. Les productions cultu- relles sont des objets d’études importants pour les chercheuses et chercheurs des postcolonial studies qui en analysent les modalités d’expression linguis- tique et les thématiques variées qu’elles traitent : exil, diaspora, persistance de modes de domination, 1989, date de publication originale. évolutions des identités, regards sur une histoire pas- sée ou contemporaine, etc. Le développement du champ est propice pour examiner avec de nouvelles empire français, ou de territoires maintenus sous lunettes, la littérature coloniale, à commencer par administration française (DOM-TOM), intéressent des auteurs tels que Rudyard Kipling, Joseph Conrad davantage l’université anglaise que la sphère aca- ou Pierre Loti. démique française. Toutefois, depuis l’ouvrage pro- grammatique de Bill Ashcroft, Gareth Griffiths et En Grande-Bretagne, comme en France, la littéra- Helen Tiffin,The Empire Writes Back publié en 1989, ture postcoloniale peine à être identifiée et quali- le chantier est suffisamment dynamique pour espé- fiée comme telle ; la clarification des appellations rer disposer d’outils d’exploration plus nombreux et s’annonce longue et complexe tant les crispations accessibles dans les années à venir. autour du passé colonial restent vives. Outre- Manche, cette catégorie a souvent été, et est en- Le domaine littéraire postcolonial est donc extrême- core parfois, recouverte par celle de « littérature ment vaste, dépassant largement celui lié à Londres et du Commonwealth » ; en France, c’est l’étiquette de Paris, auquel on se limitera ici. En 1958, Colin MacInnes « littérature francophone » qui prévaut, ce qui agite livre dans le classique Absolute Beginners, le portrait depuis plusieurs années le milieu littéraire dont une d’une capitale anglaise en proie aux tensions et aux partie réclame une dénomination moins écrasante émeutes raciales. Ses héros, des teenagers adeptes et franco-centrée, celle de « littérature-monde » des sous-cultures juvéniles marquantes des années (Jean-Marie-Gustave Le Clézio, Patrick Chamoi- 1950 - Mods et des Teddy Boys – évoluent dans des seau). On remarque aussi qu’une partie des pro- quartiers marqués par une forte présence immigrée. ductions littéraires et culturelles issues de l’ancien Dès la fin des années 1960, le futur prix Nobel de

I 19 I littérature V.S. Naipaul retrace le parcours du Paris nord-africain des meublés, des cafés, et des bi- politicien Ralph Singh dans The Mimic Men. D’origine donvilles, est confrontée à la violence du traitement indienne, ce dernier, comme Naipaul, a grandi dans réservé aux subalternes qui ont, ici, le visage des ou- les Caraïbes, et fait ses études à Londres, ville dans vriers spécialisés et des Algériens de France. L’année laquelle il revient pour écrire ses mémoires d’homme suivante, en 1968, l’auteur né au Mali Yambo Ouo- politique exilé. Outre les circulations entre les diffé- loguem publie au Seuil Le Devoir de violence pour rents territoires qui constituèrent un jour l’empire lequel il reçoit le Prix Renaudot, pour la première britannique, l’auteur aborde par l’entremise de son fois attribué à un auteur africain. Le livre retrace l’his- personnage les relations de dominations propres au toire fictive de la dynastie africaine des Saïfs et leur postcolonial. Hanif Kureishi, écrivain, scénariste et ré- compromission dans la traite négrière au profit des alisateur de films est une de figures les plus prolifiques marchands occidentaux et arabes. Critiqué, accusé dans ce domaine (cf : portrait croisé Stephen Frears/ de plagiat, l’auteur quitte la France peu après et re- Hanif Kureishi). Monica Ali, romancière anglaise née tourne au Mali où il décède en 2017. Dans le sillage au Bangladesh, aborde pour partie les mêmes ques- de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de tions dans son roman à succès Brick Lane, y ajoutant 1983, la littérature postcoloniale connait une nou- le prisme du genre. Née d’un père anglais et d’une velle dynamique. Le livre de Mehdi Charef Le thé au mère jamaïcaine, la romancière Zadie Smith fait pa- harem d’Archi Hamed, adapté peu après au cinéma raître White Teeth en 2000, qui propose une immer- est une œuvre fondatrice. Le roman prend place sion dans la banlieue métissée du nord de Londres dans une banlieue parisienne de grands ensembles, où vivent des communautés jamaïcaines et d’autres cadre de vie violent et dégradé d’un jeune garçon issues de l’ancien empire des Indes. Au-delà de l’adap- entre deux cultures. Une dizaine d’années plus tard, tation d’œuvres littéraires, le cinéma postcolonial un autre film à l’écho considérable s’ancre dans ces britannique rencontre le succès populaire avec des territoires semblant concentrer bien des difficultés comédies telles que Bend it like Beckham (Joue-la de l’ère post-coloniale : La haine de Mathieu Kasso- comme Beckham), sortie sur les écrans en 2002, qui vitz (1995). Les productions culturelles postcolo- met en scène une jeune fille penjâbie de la banlieue niales, au diapason des fractures qui traversent une de Londres qui excelle dans la pratique du football. société française à la fois métissée et gangrénée par À la croisée des théories postcoloniales et des pro- la montée du racisme, posent leurs regards sur les ductions culturelles, il faut mentionner la formation jeunes des banlieues qui concentrent les difficultés au début des années 1980 du British Black Art Mou- socio-économiques. La littérature postcoloniale vement fortement influencé et promu par le socio- issue d’auteurs d’Afrique subsaharienne passe égale- logue Stuart Hall, figure de proue des cultural studies ment par Paris : la camerounaise Calixthe Belaya dans de l’université de Birmingham. Réunissant plasticiens, Le petit prince de Belleville (1992) dessine l’itinéraire cinéastes, peintres, le mouvement s’inscrit dans une d’un polygame en proie aux velléités d’indépendance démarche antiraciste, critique du colonialisme, de de ses épouses. En 2011, la romancière sénégalaise reconnaissance des communautés caribéennes et installée en France depuis deux décennies Khadi africaines en Angleterre. Il parvient à organiser diffé- Hane poursuit – dans une veine que la critique juge- rentes expositions à Londres (The Other Story à la ra parfois outrancière – l’écriture de fiction autour Hayward Gallery en 1989). des conditions féminines avec Des fourmis dans la bouche qu’elle situe dans le quartier parisien de la En France, en 1967, le roman de Claire Etcherelli Elise Goutte d’Or. ou la vraie vie met en scène un Paris marqué par l’histoire coloniale. Amoureuse d’un immigré algé- Avec ces quelques jalons s’ébauche un aperçu de ces rien qu’elle rencontre sur les chaines de montage univers culturels postcoloniaux en construction qui automobiles de l’usine qui les embauche tous deux, font des anciennes capitales impériales, Londres et l’héroïne du livre, dont l’intrigue se déroule dans le Paris, le territoire privilégié de leur décor. t

I 20 I PORTRAITS CROISÉS

STEPHEN FREARS CHRIS BLACKWELL (NÉ EN 1941) (NÉ EN 1937) HANIF KUREISHI (NÉ EN 1954) Sans Chris Blackwell, Bob Marley, le reggae et les mu- siques jamaïcaines plus largement n’auraient cer- Eté 1985. An 6 de l’ère Thatcher : ultralibéralisme tainement pas connu le succès mondial qu’on leur économique et conservatisme moral président aux connaît aujourd’hui. Blanc jamaïcain, C. Blackwell destinées d’une Angleterre plongée dans la grande grandit entre les quartiers chics de Kingston, la capi- grève des mineurs et confrontée aux multiples ten- tale, et l’Angleterre où il fait ses études. En 1959, il fonde sions sociales et raciales. My beautiful laundrette, dans son île, la société Island avec laquelle il procède arrive sur les écrans. Le film met en scène la liaison à l’enregistrement d’un album de standards du jazz homosexuelle entre un jeune garçon issu de la com- interprété par un pianiste et chanteur aveugle origi- munauté pakistanaise, Omar, et Johnny, un marginal naire des Bermudes, Lance Hayward. Blackwell a alors déclassé proche du mouvement skinhead adepte du 21 ans. Son essai comme assistant sur le tournage de paki-bashing. Cette fiction, tournée avec un petit bud- James Bond contre Dr. No marque moins l’histoire get, a pour cadre un lavomatic londonien., Aucun de du cinéma que la sortie d’eau d’Ursula Andress sur ses créateurs n’est militant de la cause homosexuelle. une plage paradisiaque de la Jamaïque. Blackwell re- Immense succès, le film, fruit de la première collabo- tourne à la musique. Il obtient son premier hit trois ration entre Stephen Frears, réalisateur, avec le scé- ans plus tard avec une reprise version ska de My boy nariste-romancier anglo-pakistanais Hanif Kureishi, lollipop interprétée par la jeune jamaïcaine Millie se montre très irrévérencieux vis-à-vis du thatché- Small. Entre-temps la Jamaïque a accédé à son indé- risme. Il ouvre la voie à de multiples décloisonne- pendance, tandis qu’ a ouvert ses bu- ments dans les productions culturelles britanniques, reaux à Londres. L’éventail musical de la compagnie que ce soit dans leur façon d’aborder l’homosexua- de disques s’élargit à d’autres artistes, plus pop rock, lité dans les milieux populaires (viendront ensuite tels Steve Winwood, Nick Drake, Mott The Hoople, Billy Elliot ou encore Pride), ou dans le traitement The Slits ou Roxy Music. En Jamaïque, Bob Marley qu’il propose du multiculturalisme et du racisme de and the Wailers existe depuis 1963, mais la carrière la société londonienne (viendront ensuite Joue la du groupe peine à décoller au-delà de l’île. Son as- comme Beckham ou This is England). Sammy et Ro- sise musicale prend toutefois de l’ampleur à la faveur sie s’envoient en l’air (1987) réunit deux ans plus tard d’enregistrements menés avec Lee « Scratch » Perry, le même duo. Stephen Frears est depuis devenu un mythique producteur local à l’aube des années 1970. réalisateur consacré, Hanif Kureishi un auteur incon- De sombres querelles de droits d’auteurs conduisent tournable de la scène littéraire anglaise. Ses romans à finalement les pas du groupe vers les bureaux londo- succès The Buddha of Suburbia (1990), Black Album niens d’Island Records. Blackwell signe Bob Marley en (1995) ont fait l’objet d’adaptations télévisuelles (My 1972 et produit dans la foulée deux albums, Catch A son the fanatic) ou cinématographiques (Intimacy Fire et Burnin’, auxquels il imprime une touche rock. par Patrice Chereau). Les deux hommes ont donné Plus rien n’arrête désormais le succès planétaire du une centralité aux questions qui travaillent la socié- reggae. En 1980, au Bourget, Bob Marley devenu té et l’identité britanniques en contexte postcolo- « le pape du reggae », mais sans ses Wailers, réunit nial pavant la voie du succès pour d’autres auteurs, 50 000 spectateurs : c’est plus que la foule réunie comme la romancière d’origine bangladaise Monica au même endroit quelques semaines plus tôt par le Ali avec son roman Brick Lane, publié en Angleterre Pape en visite en France. en 2003.

I 21 I les membres du groupe à l’origine de cette subversive version. Ils la jouent sur scène à Paris lors du concert qui fête l’arrivée des marcheurs. D’autres souvenirs renvoient l’image d’un artiste qui, du- rant sa carrière en solo, asso- cie sa voix éraillée à des mu- siques baignées d’éléments repris du reggae, du rap, de la soul, du funk, de la techno, du flamenco, du raï ou du chaâ- bi., Les chansons assurent sa notoriété sont engagées contre le racisme (Voilà Voilà en 1993) ou rappellent la douleur de l’exil tout en puisant dans les répertoires classiques de la chanson orientale (le tube , sorti en 1993, est une reprise Carte de séjour, Rhorhomanie, 1984 © D.R. de chanteur parisien d’ori- gine algérienne Dahmane El Harrachi). Rachid Taha RACHID TAHA joue des frontières musicales comme des frontières (1958-2018) culturelles qu’il franchit en blond platine (photo- graphié par Mondino pour l’album Olé Olé en 1995), « Il revient à ma mémoire coiffé d’improbables chapeaux. Il côtoie ou croise sur Des souvenirs familiers… » scène , , Fela Kuti, ou encore Mick Jones des Clash avec lequel il donne A l’évocation de Rachid Taha, les souvenirs familiers une mémorable version de en 2006, qui reviennent sont d’abord ceux d’une chanson in- en hommage à Joe Strummer, chanteur de la forma- temporelle de Charles Trenet, Douce France, que le tion anglaise, mort en 2002. Le décès de Rachid Taha groupe Carte de Séjour transforme à l’aide d’un , en septembre 2018 met fin à une carrière singulière, d’une darbouka, et d’une assise instrumentale rock marquée du sceau du décloisonnement et de l’éclec- (guitare-basse-batterie), en un manifeste pour une tisme. France métissée accueillant les enfants d’immigrés nés ou grandis dans l’Hexagone. Cette chanson sort en 1986, trois ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, dont le point de départ avait été déclenché par les affrontements entre la police et de jeunes militants antiracistes des quartiers populaires de la région lyonnaise, non loin de là où vivent alors

I 22 I Portraits croisés

DEE NASTY NENEH CHERRY, NATACHA ATLAS : (NÉ EN 1960) DEUX ARTISTES ET FEMMES-MONDE

Dee Nasty né en 1960, de son vrai nom Daniel Bigault, L’itinéraire biographique et musical de la chanteuse natif de Bagneux, voyage régulièrement aux Etats- Neneh Cherry (née en 1964) reflète de façon exem- Unis à partir de ses 18 ans. Sa discophilie est portée plaire l’intensité et la diversité des circulations hu- sur la funk et le rap américains. Au début des années maines et musicales à travers le monde dans le der- 80, il anime des programmes sur différentes radio nier tiers du XXe siècle. De mère suédoise et de père libres (radio Arc en Ciel, RDH de Bad Benny basée à sierra-léonais, elle est adoptée enfant par le nouveau Rosny sous Bois, puis Radio 7 sur laquelle officie Syd- compagnon de sa mère, le célèbre trompettiste de ney, animateur de l’émission de télévision H.I.P.H.O.P) free jazz Don Cherry. Affranchie des liens familiaux, et fait des sets de rap/hip-hop dans quelques soirées elle navigue entre l’Europe et les Etats-Unis avant antillaises de la capitale. En 1984, il publie Paname City de s’installer à Londres où elle amorce un parcours Rappin, considéré comme le premier album de rap, musical aussi riche qu’éclectique. Du ska et du punk, dans lequel il revisite dans la langue de Molière, le New elle s’oriente vers le funk et le rock en collaborant par York New York de Grand Master Flash. Ce disque fon- exemple avec le groupe The The. Son premier suc- dateur est pourtant assez confidentiel et Dee Nasty, cès Buffalo Stance est issu de l’album Raw Like Sushi après différentes expériences en salles (au Bataclan en 1992. Il mélange rap et house music. Au cours de par exemple), investit un terrain vague dans le quar- sa carrière, Neneh Cherry butine du côté des sons tier de La Chapelle pour y organiser des après-midis trip-hop de Massive Attack et de Portishead, des de free jam. C’est là que Martin Messionner et Bernard classiques du rock (en samplant le Born To Be Wild Zekri de Radio Nova le repèrent pour lui proposer à de Steppenwolf), du jazz, avant de connaître en 1994 partir de novembre 1988, une demie heure d’antenne la consécration internationale avec le duo très world quotidienne. L’émission Deenastyle joue alors un rôle music qu’elle forme avec la star sénégalaise Youssou déterminant dans la promotion et la diffusion de la N’Dour pour le tube Seven Seconds. Elle collabore scène rap francilienne puis nationale. Son influence ponctuellement avec Pulp et Gorillaz, la fine fleur de en tant que musicien, homme de radio, DJ et produc- la pop britannique. Sa musique s’accompagne d’en- teur s’étend encore aujourd’hui sur l’ensemble de la gagements multiples contre le Sida, en faveur des scène rap et du deejing en France. Il faut ici souligner le droits des femmes ou encore des migrants. rôle joué par le magazine Actuel et son prolongement radiophonique Radio Nova dans l’émergence, l’affir- La trajectoire de Natacha Atlas, également née en mation et la promotion du rap en France mais aussi de 1964, n’est pas moins sinueuse et riche. Native de la « sono mondiale ». Reportages et programmation Belgique, de parents égyptiens, elle grandit en Angle- ont très largement contribué en une décennie à faire terre où elle est révélée au début des années 1990 par connaître la rumba zaïroise, l’afrobeat de Lagos, le rap la musique du collectif Transglobal Underground. S’y de Saint Denis, ou la house de Chicago à tel point qu’en mêlent électro, musique arabe et extrême orientale. juillet 1989, Jean-Paul Goude en fera un des axes pour Héritière des grandes figures féminines de la chan- penser son défilé du Bicentenaire au cours duquel son arabophone telles la Libanaise Fairuz (née en retentissent les tambours guinéens et la Marseillaise 1934) ou l’Algérienne Cheikha Remitti (1923-2006), martelée par le percussionniste sénégalais Doudou Natacha Atlas rencontre le succès public en France N’Diaye Rose du haut de son char qui remonte les en reprenant, en 1999, Mon amie la rose de Françoise Champs-Elysées. Hardy.

I 23 I POUR ALLER PLUS LOIN

CHRONOLOGIE POLITIQUE CROISÉE PARIS ET LONDRES (1962-1989)

FRANCE ANGLETERRE FRANCE ET ANGLETERRE

1946 : La Constitution française de la Quatrième 1964 : Les accords Nekkache-Grandval imposent République déclare l’égalité entre les peuples un contingentement de l’immigration venue d’Al- d’outremer. La circulation des migrants colo- gérie. niaux vers la Métropole augmente. 1965 : Le Race Relation Act interdit les discrimi- 1948 : Le British Nationality Act crée le statut de nations dans l’espace public. citoyen du Royaume Uni et des colonies qui per- met la libre circulation vers le Royaume Uni. 1966 : Première édition du Carnaval de Notting Hill. 1948 : L’Empire Windrush débarque plus de 800 caribéen des Antilles Britanniques au port de Til- 1967 : Création du National Front, parti d’extrê- bury, près de Londres. me droite britannique.

Août 1958 : Premières émeutes de Notting Hill 1968 : Discours d’Enoch Powell promettant des (un gang de jeunes britanniques blancs attaquent fleuves de sang si l’immigration du Common- une jeune suédoise, mariée à un musicien jamaï- wealth n’était pas limitée. cain). 1968 : Le Race Relation Act étend l’interdiction Février 1959 : Premier Carnaval caribéen orga- des discriminations dans le logement et dans nisé dans la mairie de Saint Pancrass. l’emploi.

1962 : L’Algérie et la Jamaïque sont indépen- 1971 : L’Immigration Act limite l’entrée des ci- dantes, les immigrés qui en viennent sont désor- toyens du Commonwealth. mais des nationaux de ces pays. 1972 : Création du Front national, parti d’extrê- 1962 : Le Commonwealth Immigration Act me droite français. conditionne l’entrée des citoyens des pays an- ciennement colonisés par le Royaume Uni à l’ob- 1er juillet 1972 : La loi Pleven fait des propos ra- tention préalable d’un permis de travail. cistes un délit.

1963 : Création du BUMIDOM pour encadrer la 1972 : Les circulaires Marcellin-Fontanet subor- migration de Martinique, Guadeloupe et la Réu- donnent la délivrance d’une carte de séjour à l’ob- nion vers la Métropole. tention d’un contrat de travail et d’un « logement décent ». Juin 1963 : Concert de la Place de la nation. Entre 150 et 200 000 jeunes se retrouvent pour cé- 1974 : Crise pétrolière et suspension de l’im- lébrer les un an de l’émission de radio « Salut les migration économique en France (suspendue copains ! » également, l’immigration familiale et finalement rétablie par décret en 1976). 1964 : les Beatles jouent à l’Olympia (Paris).

I 24 I Chris Steele-Perkins, Série Notting Hill Carnival, 1975-1977 © Magnum.

1975 : Premier festival populaire des travailleurs 1983 : La Marche pour l’égalité et contre le ra- immigrés à Suresnes (banlieue de Paris). cisme arrive à Paris le 3 décembre.

1976 : Fondation de Rock against Racism en réac- 1984 : Convergence 84 arrive à Paris le 1er dé- tion aux propos racistes d’Erik Clapton. cembre.

1977 : Grèves de Grunwick au Royaume Uni. 1984 : Création de SOS Racisme.

1978 : Grand concert Rock against Racism à 1985 : Grand concert de la Concorde organisé Londres. par SOS Racisme.

1978 : Troisième Festival populaire des travail- 1988 : Grand concert Free Mandela organisé à leurs immigrés à la salle de la mutualité à Paris Londres. avec à l’affiche Nass El Ghiwan. 1988 : Création d’un Délégation interministé- 1979 : Margaret Thatcher devient Première Mi- rielle à la ville. nistre du Royaume Uni. 1989 : Défilé du bicentenaire de la révolution 1980 : Création de Rock against the Police en française orchestré par Jean-Paul Goude et Wali France. Badaru.

1981 : François Mitterrand président de la Répu- blique française.

I 25 I ENTRÉES DANS LES PROGRAMMES SCOLAIRES

DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT ÊTRE EXPLOITÉES

ANGLAIS THÈME 1 : LANGAGE Des connaissances linguistiques Section II : LV1 OU LV2 Langages artistiques : mu- et des connaissances relatives aux La Bande-son de la sique et chansons, poésie… modes de vie et à la culture du ou marche dans “Une jeunesse en des pays ou de la région où est parlée marche : la marche pour l’égali- la langue confortent cet usage. [...] té et contre le racisme“ : CYCLE 3 THÈME 2 : VOYAGES Indissociable de l’apprentissage « London Calling », ET ET MIGRATIONS de la langue, l’élargissement des 1979 (chanson) CYCLE 4 Voyages scolaires, touris- repères culturels favorise la prise de tiques. Exil, migration et conscience de certaines différences, Section I : émigration. développe curiosité et envie de L’immigration à Londres : communiquer. une immigration du com- monwealth : THÈME 3 : RENCONTRES James Barnor, Marie Hallowi, AVEC D’AUTRES CULTURES modèle de couverture de Repères historiques et Drum à Trafalgar square, 1966 géographiques. Inclusion et (photographie) exclusion. Paul Trévor, Inside a tailoring workshop, Brick Lane, 1980 (photographie)

ÉDUCATION THÈME 2 : ECOUTER, COM- L’éducation musicale conduit les Section II MUSICALE PARER ET COMMENTER élèves vers une approche autonome La bande-son de la marche : CLASSE et critique du monde sonore et Bob Marley « Get up, Stand DE 6ème Décrire et comparer des musical contemporain. Elle veille up », 1980 (chanson) éléments sonores issus de parallèlement à inscrire les musiques Alpha Blondy « Opération contextes musicaux diffé- étudiées dans une histoire et une coup de poing », 1982 rents. géographie jalonnée de repères (chanson) Identifier des caractéris- culturels. tiques qui inscrivent une œuvre musicale dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique contemporain, proche ou lointain.

GÉOGRAPHIE THÈME 1 : HABITER [...]on se fonde sur une étude de Section I : CLASSE UNE METROPOLE deux cas de métropoles choisies L’immigration à Londres : DE 6ème Les métropoles et leurs pour l’une dans un pays développé, une immigration du com- habitants. pour l’autre dans un pays émergent monwealth : ou en développement. Il s’agit de James Barnor, Mike Eghan, caractériser ce qu’est une métro- Picadilly Circus Londres 1967, pole, en insistant sur ses fonctions 1967 (photographie) économiques, sociales, politiques et culturelles, sur la variété des espaces Section I : qui la composent et les flux qui Immigrations africaines : la parcourent. Elles sont marquées Janine Niepce, Étudiant et sa par la diversité de leurs habitants : femme devant le Panthéon résidents, migrants pendulaires, - Reportage pour le centre touristes, usagers occasionnels, d’éducation civique des Afri- la pratiquent différemment et caines à Paris (titre de la série), contribuent à la façonner. 1962 (photographie)

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DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT ÊTRE EXPLOITÉES ÊTRE EXPLOITÉES

ANGLAIS THÈME 1 : LANGAGE Des connaissances linguistiques Section II : FRANÇAIS VIVRE EN SOCIÉTÉ, Il s’agit de découvrir diverses formes, Section I : LV1 OU LV2 Langages artistiques : mu- et des connaissances relatives aux La Bande-son de la CLASSE PARTICIPER À LA SOCIÉTÉ dramatiques et narratives, de la L’immigration à Londres : sique et chansons, poésie… modes de vie et à la culture du ou marche dans “Une jeunesse en DE 5ème Avec autrui : familles, amis, représentation des relations avec une immigration des pays ou de la région où est parlée marche : la marche pour l’égali- réseaux autrui ; de comprendre la complexité du commonwealth : la langue confortent cet usage. [...] té et contre le racisme“ : de ces relations, des attachements Armet Francis, Une mère CYCLE 3 THÈME 2 : VOYAGES Indissociable de l’apprentissage The Clash « London Calling », et des tensions qui sont figurés dans et ses enfants, 1965 V&A’s ET ET MIGRATIONS de la langue, l’élargissement des 1979 (chanson) les textes, en mesurer les enjeux ; de collections CYCLE 4 Voyages scolaires, touris- repères culturels favorise la prise de s’interroger sur le sens et les difficul- tiques. Exil, migration et conscience de certaines différences, Section I : tés de la conquête de l’autonomie au Section II : émigration. développe curiosité et envie de L’immigration à Londres : sein du groupe ou contre lui. De convergence à SOS communiquer. une immigration du com- racisme : le concert comme monwealth : nouveau répertoire de l’antira- THÈME 3 : RENCONTRES James Barnor, Marie Hallowi, AVEC D’AUTRES CULTURES modèle de couverture de cisme : Alain Bashung et Frank Repères historiques et Drum à Trafalgar square, 1966 Margerin, Bashung pour géographiques. Inclusion et (photographie) “Sos Racisme”, 1985 (disque exclusion. Paul Trévor, Inside a tailoring vinyle) workshop, Brick Lane, 1980 (photographie) FRANÇAIS QUESTIONNEMENTS Il s’agit de s’interroger sur les ambiva- Section III : CLASSE COMPLÉMENTAIRES lences des représentations du milieu Des scènes underground DE 4ème La ville, lieu de tous les urbain : lieu d’évasion, de liberté, parisienne aux succès du Rap ÉDUCATION THÈME 2 : ECOUTER, COM- L’éducation musicale conduit les Section II possibles ? S’interroger sur de rencontres, de découvertes, des banlieues : MUSICALE PARER ET COMMENTER élèves vers une approche autonome La bande-son de la marche : les ambivalences des repré- mais aussi lieu de « perdition », de Willy Vainqueur, Fêtes et forts, CLASSE et critique du monde sonore et Bob Marley « Get up, Stand sentations du milieu urbain solitude, de désillusion, de peurs ou 1984 (photographies – série) DE 6ème Décrire et comparer des musical contemporain. Elle veille up », 1980 (chanson) d’utopies ; de réfléchir aux consé- éléments sonores issus de parallèlement à inscrire les musiques Alpha Blondy « Opération quences à venir du développement contextes musicaux diffé- étudiées dans une histoire et une coup de poing », 1982 des mégalopoles. rents. géographie jalonnée de repères (chanson) Identifier des caractéris- culturels. tiques qui inscrivent une œuvre musicale dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps FRANÇAIS VIVRE EN SOCIÉTÉ, Le but est de découvrir des œuvres, Section I : historique contemporain, CLASSE PARTICIPER À LA SOCIÉTÉ des textes et des images à visée Les scènes musicales proche ou lointain. DE 3ème Dénoncer les travers satirique, relevant de différents arts, “antillaise” : entre expression de la société genres et formes ; de comprendre et revendication : les raisons, les visées et les modalités Jessica Oublié, « Série Planche GÉOGRAPHIE THÈME 1 : HABITER [...]on se fonde sur une étude de Section I : de la satire, les effets d’ironie, de BD - Peyi an nou », 2017 CLASSE UNE METROPOLE deux cas de métropoles choisies L’immigration à Londres : grossissement, de rabaissement (bande-dessinée) DE 6ème Les métropoles et leurs pour l’une dans un pays développé, une immigration du com- ou de déplacement dont elle joue, habitants. pour l’autre dans un pays émergent monwealth : savoir en apprécier le sel et en saisir la ou en développement. Il s’agit de James Barnor, Mike Eghan, portée et les limites. caractériser ce qu’est une métro- Picadilly Circus Londres 1967, On peut exploiter des dessins pole, en insistant sur ses fonctions 1967 (photographie) de presse ou affiches, caricatures, économiques, sociales, politiques et albums de bande dessinée, des culturelles, sur la variété des espaces Section I : extraits de spectacles. qui la composent et les flux qui Immigrations africaines : la parcourent. Elles sont marquées Janine Niepce, Étudiant et sa par la diversité de leurs habitants : femme devant le Panthéon résidents, migrants pendulaires, - Reportage pour le centre touristes, usagers occasionnels, d’éducation civique des Afri- la pratiquent différemment et caines à Paris (titre de la série), contribuent à la façonner. 1962 (photographie)

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DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT ÊTRE EXPLOITÉES

GÉOGRAPHIE THÈME 1 : L’URBANISATION Il s’agit de sensibiliser les élèves aux Section III : CLASSE DU MONDE nouvelles formes d’organisation Le « grand mix » : figures et DE 4ème Espaces et paysages de l’ur- des espaces et des territoires que lieux de cette nouvelle culture : banisation : géographie des cette mondialisation provoque et Cartographie de Paris centres et des périphéries. d’aborder avec eux quelques-uns des et de Londres problèmes qu’elle pose. Hervé Di Rosa, Le Peuple des René (huile sur toile) « 2ème festival culturel des travailleurs immigrés », Révolution Afrique, novembre 1976 (presse écrite)

THÈME 2 : […] montrer aux élèves l’importance Section I : LES MOBILITÉS HUMAINES des grands mouvements transna- Immigrations africaines : ET TRANSNATIONALES tionaux de population que le monde Janine Niepce, « Cours de Un monde de migrants. connaît et qui sont d’une ampleur français », Reportage pour le considérable. Ce sous-thème est centre d’éducation civique des abordé par une étude de cas locale Africaines à Paris (titre de la ou régionale, au choix du profes- série) (photographie) seur, mise en perspective à l’échelle mondiale, afin de pouvoir monter en généralité.

GÉOGRAPHIE THÈME 1 : Il s’agit de présenter aux élèves ces Section II : CLASSE DYNAMIQUES TERRITO- principaux bouleversements. La géo- Génération Reggae : DE 3ème RIALES DE LA FRANCE graphie des aires urbaines permet CONTEMPORAINE de sensibiliser les élèves à la diversité Alex Bartsch, “Covers” – Série Les aires urbaines, une des espaces (centraux, péricentraux, de 6 photographies nouvelle géographie d’une périurbains, suburbains) concernés France mondialisée. par l’urbanisation et aux relations entre les aires d’influences urbaines.

FRANÇAIS VIVRE EN SOCIÉTÉ, Le but est de découvrir des œuvres, Section I : CLASSE PARTICIPER À LA SOCIÉTÉ des textes et des images à visée Les scènes musicales DE 3ème Dénoncer les travers satirique, relevant de différents arts, “antillaise” : entre expression de la société genres et formes ; de comprendre et revendication : les raisons, les visées et les modalités Jessica Oublié, « Série Planche de la satire, les effets d’ironie, de BD - Peyi an nou », 2017 grossissement, de rabaissement (bande-dessinée) ou de déplacement dont elle joue, savoir en apprécier le sel et en saisir la portée et les limites. On peut exploiter des dessins de presse ou affiches, caricatures, albums de bande dessinée, des extraits de spectacles.

I 28 I ENTRÉES DANS LES PROGRAMMES SCOLAIRES

DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT ÊTRE EXPLOITÉES ÊTRE EXPLOITÉES

GÉOGRAPHIE THÈME 1 : L’URBANISATION Il s’agit de sensibiliser les élèves aux Section III : HISTOIRE THÈME 2 : L’effondrement rapide des empires Section I : CLASSE DU MONDE nouvelles formes d’organisation Le « grand mix » : figures et CLASSE LE MONDE DEPUIS 1945 coloniaux est un fait majeur Les scènes musicales étran- DE 4ème Espaces et paysages de l’ur- des espaces et des territoires que lieux de cette nouvelle culture : DE 3ème Indépendances et construc- du second XXe siècle. On étudiera les gères à Londres : banisation : géographie des cette mondialisation provoque et Cartographie de Paris tion de nouveaux États : modalités d’accès à l’indépendance Ian Berry, Une soirée privée à centres et des périphéries. d’aborder avec eux quelques-uns des et de Londres L’effondrement rapide des à travers un exemple au choix. Notting Hill, 1964 (photogra- problèmes qu’elle pose. Hervé Di Rosa, Le Peuple des empires coloniaux. phie) René (huile sur toile) « 2ème festival culturel des Section III: travailleurs immigrés », Mandela Day : « African Sounds », 1983 (af- Révolution Afrique, novembre fiches) 1976 (presse écrite) THÈME 3 : FRANÇAISES Dans la seconde moitié du XXe siècle, Section I : THÈME 2 : […] montrer aux élèves l’importance Section I : ET FRANÇAIS DANS UNE la société française connait des La musique : élément central LES MOBILITÉS HUMAINES des grands mouvements transna- Immigrations africaines : RÉPUBLIQUE REPENSÉE transformations décisives : place de la culture jeune : ET TRANSNATIONALES tionaux de population que le monde Janine Niepce, « Cours de Femmes et hommes dans des femmes, nouvelles aspirations Tourne-disque Teppaz, (objet) Un monde de migrants. connaît et qui sont d’une ampleur français », Reportage pour le la société des années 1950 de la jeunesse, développement de Section II : considérable. Ce sous-thème est centre d’éducation civique des aux années 1980 : nouveaux l’immigration, vieillissement de la Les Femmes, figures de la abordé par une étude de cas locale Africaines à Paris (titre de la enjeux sociaux et culturels, population, montée du chômage. mobilisation dans les quartiers ou régionale, au choix du profes- série) (photographie) réponses politiques. Ces changements font évoluer le populaires : seur, mise en perspective à l’échelle modèle social républicain. L’étude de Numéro Spécial Justice, mondiale, afin de pouvoir monter en quelques exemples d’adaptation de IM’Media, hiver 1985 généralité. la législation aux évolutions de la so- (magazine) ciété offre l’occasion de comprendre De convergence à SOS ra- certains enjeux du débat politique cisme : le concert comme et les modalités de l’exercice de la nouveau répertoire de l’anti-

citoyenneté au sein de la démocratie racisme : GÉOGRAPHIE THÈME 1 : Il s’agit de présenter aux élèves ces Section II : française. Concert SOS racisme – 1985, CLASSE DYNAMIQUES TERRITO- principaux bouleversements. La géo- Génération Reggae : 15 juin 1985 (affiche) DE 3ème RIALES DE LA FRANCE graphie des aires urbaines permet CONTEMPORAINE de sensibiliser les élèves à la diversité Alex Bartsch, “Covers” – Série Les aires urbaines, une des espaces (centraux, péricentraux, de 6 photographies nouvelle géographie d’une périurbains, suburbains) concernés ANGLAIS THÈME : La classe de seconde se consacre à Section I : France mondialisée. par l’urbanisation et aux relations LV1 ou LV2 L’ART DE VIVRE l’art de vivre ensemble, dans le pré- L’immigration à Londres : entre les aires d’influences urbaines. ENSEMBLE sent, le passé, et l’avenir, fondé sur une immigration du com- CLASSE différentes formes de sociabilité monwealth DE SECONDE ou de solidarité, qu’il s’agisse de James Barnor, Mike Eghan, l’évolution des sociétés tradition- Picadilly Circus Londres 1967, FRANÇAIS VIVRE EN SOCIÉTÉ, Le but est de découvrir des œuvres, Section I : nelles ou de la redéfinition des 1967 (photographie) CLASSE PARTICIPER À LA SOCIÉTÉ des textes et des images à visée Les scènes musicales rapports sociaux, partagés entre DE 3ème Dénoncer les travers satirique, relevant de différents arts, “antillaise” : entre expression valeurs collectives et individualisme Section II : de la société genres et formes ; de comprendre et revendication : […]. La connaissance et l’analyse Le Carnaval de Notting Hill les raisons, les visées et les modalités Jessica Oublié, « Série Planche des sociétés dans leur diversité et Chris Steele-Perkins, « Not- de la satire, les effets d’ironie, de BD - Peyi an nou », 2017 leur complexité, leurs systèmes de ting Hill » (1975, ensemble de grossissement, de rabaissement (bande-dessinée) normes photographies) et de valeurs, favorisent la prise ou de déplacement dont elle joue, de distance, et permettent en retour savoir en apprécier le sel et en saisir la de renouveler le regard et d’appro- portée et les limites. fondir la réflexion sur sa propre On peut exploiter des dessins culture. Il s’agit de dépasser les préju- de presse ou affiches, caricatures, gés, de surmonter les difficultés liées albums de bande dessinée, des à la rencontre et de faire face aux extraits de spectacles. malentendus.

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DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT ÊTRE EXPLOITÉES

FRANÇAIS VIVRE EN SOCIÉTÉ, Le but est de découvrir des œuvres, Section I : CLASSE PARTICIPER À LA SOCIÉTÉ des textes et des images à visée Les scènes musicales DE 3ème Dénoncer les travers satirique, relevant de différents arts, “antillaise” : entre expression de la société genres et formes ; de comprendre et revendication : les raisons, les visées et les modalités Jessica Oublié, « Série Planche de la satire, les effets d’ironie, de BD - Peyi an nou », 2017 grossissement, de rabaissement (bande-dessinée) ou de déplacement dont elle joue, savoir en apprécier le sel et en saisir la portée et les limites. On peut exploiter des dessins de presse ou affiches, caricatures, albums de bande dessinée, des extraits de spectacles.

GÉOGRAPHIE THÈME 1 : L’URBANISATION Il s’agit de sensibiliser les élèves aux Section III : CLASSE DU MONDE nouvelles formes d’organisation Le « grand mix » : figures et DE 4ème Espaces et paysages de l’ur- des espaces et des territoires que lieux de cette nouvelle banisation : géographie des cette mondialisation provoque et culture : Cartographie de Paris centres et des périphéries. d’aborder avec eux quelques-uns des et de Londres problèmes qu’elle pose. Hervé Di Rosa, Le Peuple des René (huile sur toile)

« 2ème festival culturel des travailleurs immigrés », Révolution Afrique, novembre 1976 (presse écrite)

THÈME 2 : LES MOBILITÉS […] montrer aux élèves l’importance Section I : HUMAINES ET des grands mouvements transna- Immigrations africaines : TRANSNATIONALES tionaux de population que le monde Janine Niepce, « Cours de Un monde de migrants. connaît et qui sont d’une ampleur français », Reportage pour le considérable. Ce sous-thème est centre d’éducation civique des abordé par une étude de cas locale Africaines à Paris (titre de la ou régionale, au choix du profes- série) (photographie) seur, mise en perspective à l’échelle mondiale, afin de pouvoir monter en généralité.

I 30 I ENTRÉES DANS LES PROGRAMMES SCOLAIRES

DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT ÊTRE EXPLOITÉES

GÉOGRAPHIE THÈME 1 : Il s’agit de présenter aux élèves Section II : CLASSE DYNAMIQUES TERRITO- ces principaux bouleversements. Génération Reggae : DE 3ème RIALES DE LA FRANCE La géographie des aires urbaines Alex Bartsch, “Covers” – Série CONTEMPORAINE permet de sensibiliser les élèves à la de 6 photographies Les aires urbaines, diversité des espaces (centraux, une nouvelle géographie péricentraux, périurbains, subur- d’une France mondialisée. bains) concernés par l’urbanisation et aux relations entre les aires d’influences urbaines.

HISTOIRE THÈME 2 : LE MONDE L’effondrement rapide des empires Section I : CLASSE DEPUIS 1945 coloniaux est un fait majeur Les scènes musicales étran- DE 3ème Indépendances et construc- du second XXe siècle. On étudiera gères à Londres : tion de nouveaux États : les modalités d’accès à l’indépen- Ian Berry, Une soirée privée à L’effondrement rapide des dance à travers un exemple au choix . Notting Hill, 1964 (photogra- empires coloniaux. phie)

Section III: Mandela Day : « African Sounds », 1983 (affiches)

THÈME 3 : FRANÇAISES Dans la seconde moitié du XXe siècle, Section I : FRANÇAIS DANS la société française connait La musique : élément central RÉPUBLIQUE REPENSÉE des transformations décisives : place de la culture jeune : Femmes et hommes dans des femmes, nouvelles aspirations Tourne-disque Teppaz, (objet) la société des années 1950 de la jeunesse, développement aux années 1980 : nouveaux de l’immigration, vieillissement de Section II : enjeux sociaux et culturels, la population, montée du chômage. Les Femmes, figures de la réponses politiques. Ces changements font évoluer le mobilisation dans les quartiers modèle social républicain. L’étude populaires : de quelques exemples d’adaptation Numéro Spécial Justice, de la législation aux évolutions de IM’Media, hiver 1985 la société offre l’occasion de com- (magazine) prendre certains enjeux du débat De convergence à SOS politique et les modalités de l’exer- racisme : le concert comme cice de la citoyenneté au sein de la nouveau répertoire de l’anti- démocratie française. racisme : Concert SOS racisme – 1985, 15 juin 1985 (affiche)

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DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT ÊTRE EXPLOITÉES

ANGLAIS THÈME : L’ART DE VIVRE La classe de seconde se consacre Section I : LV1 ou LV2 ENSEMBLE à l’art de vivre ensemble, dans le L’immigration à Londres : CLASSE présent, le passé, et l’avenir, fondé sur une immigration du com- DE SECONDE différentes formes de sociabilité ou monwealth de solidarité, qu’il s’agisse de l’évo- James Barnor, Mike Eghan, lution des sociétés traditionnelles Picadilly Circus Londres 1967, ou de la redéfinition des rapports 1967 (photographie) sociaux, partagés entre valeurs collectives et individualisme […]. Section II : La connaissance et l’analyse Le Carnaval de Notting Hill des sociétés dans leur diversité et Chris Steele-Perkins, « Notting leur complexité, leurs systèmes Hill » (1975, ensemble de pho- de normes et de valeurs, favorisent tographies) la prise de distance, et permettent en retour de renouveler le regard et d’approfondir la réflexion sur sa propre culture. Il s’agit de dépasser les préjugés, de surmonter les diffi- cultés liées à la rencontre et de faire face aux malentendus.

HISTOIRE THEME 1/ CROIS- […] il s’agit de mettre en relation Section I : CLASSE SANCE ECONO- l’immigration avec les bouleverse- L’immigration à Paris : DE PREMIERE MIQUE MONDIALISATION ments de la société française dans immigrations «antillaise » PROGRAMME ET MUTATIONS DES son ensemble. Les questions et le Bumidom, africaines 2018-2019 SOCIETES de l’intégration et de la promotion et maghrébines des immigrés sont posées. […] Formulaires BUMIDOM CROISSANCE Des questions sociales nouvelles Jessica Oublié, « Série ET MONDIALISATION apparaissent : intégration profes- Planche BD - Peyi an nou », sionnelle des jeunes et des femmes, 2017 (bande-dessinée) immigration, déclin de certaines régions industrielles, précarité... MUTATIONS Section II : DES SOCIETES L’immigration des « Trente L’antiracisme en marche glorieuses » mérite une attention - Rock against police : particulière. Elle est marquée par la musique comme outils de une diversification des origines conscientisation des jeunes LIENS POSSIBLES AVEC des immigrés. Leurs conditions de - Les Femmes, figures de LE THEME 4 / COLONISA- vie difficile contrastent avec une la mobilisation dans TION ET DECOLONISA- société en pleine prospérité. les quartiers populaires TION L’arrivée massive des Maghrébins - Scènes musicales under- (près de 39% des migrants en 1975) ground et culture squat , dans le contexte des séquelles Amadou Gaye, ensemble de la décolonisation réveille des de photographies réactions xénophobes. La crise des de La Marche pour l’égalité années 1970 restreint leur entrée contre le racisme (1983) (loi de 1974) et ralentit l’intégration Pourquoi le fait colonial a-t-il marqué durablement les sociétés ?

I 32 I ENTRÉES DANS LES PROGRAMMES SCOLAIRES

DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT ÊTRE EXPLOITÉES

HISTOIRE THEME 2 Dans le contexte de la fin des Section II CLASSE IDEOLOGIES ET OPINIONS années 1960, la critique des médias Une jeunesse en marche : DE TERMINALE EN EUROPE traditionnels accompagne celle la marche pour l’égalité et PROGRAMME de la société gaullienne et l’aspiration contre le racisme ACTUEL MEDIAS ET OPINION à une prise de parole directe et Ken Sprague, « Stop Racism » SERIES L & ES PUBLIQUE libérée, en phase avec les change- (1977, affiche) ments sociaux et moraux du temps, Alain Bahung, « Touche pas entre en contradiction avec à mon pote » (1985, pochette le monopole d’État sur les ondes. d’album dessinée par Franck Par ailleurs, tous ceux qui contestent Margerin) le système considèrent également les médias comme des agents des classes dominantes et de la société de Ministère consommation. En 1968, la radio est encore omni- présente et c’est d’abord elle qui influe sur l’opinion. Très imprégnés d’une culture de l’écrit, les leaders du mouvement privilégient quant à eux la presse alternative et les affiches, telles celles de l’école des Beaux Arts La télévi- sion reste en revanche sous strict contrôle étatique ;

GEOGRAPHIE THEME 4 : Le thème 4 invite à s’interroger Section III - Sono mondiale CLASSE FRANCE ET EUROPE sur la place et le rôle de l’Union et grand mix musical, DE PREMIERE DANS LE MONDE européenne et de la France dans le les connections du local processus de mondialisation. au global. Jean-Paul Goude, Costume du défilé : Valseuse maghrébine et son chauffeur - “Bicente- naire de la Révolution fran- çaise, Paris, 14 juillet 1989”

I 33 I

DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT ÊTRE EXPLOITÉES

HISTOIRE THÈME : ARTS, SOCIÉTÉS, Étude autour de pochettes Section I : DES ARTS CULTURES de disque et d’affiches mais aussi La musique, élément central LYCÉE L’art et les identités cultu- de la mode. de la culture jeune : relles. L’art et les autres. Tourne-disque Teppaz (objet) La classe de Terminale doit s’appuyer THÈME : ARTS, CORPS, sur l’art du XXème siècle. Section II EXPRESSIONS Un air de révolution Le corps et l’expression créatrice.

THÈME : ARTS ET IDÉOLOGIE L’art et la protestation sociale et culturelle

THÈME : ARTS, ARTISTES, CRITIQUES ET PUBLICS L’art, l’artiste et le public. L’art et ses lieux d’exposition et de diffusion.

THÈME : ARTS, SCIENCE ET TECHNIQUES L’art et les innovations scientifiques et techniques.

THÈME : ARTS, GOÛT, ESTHÉTIQUES L’art et ses codes

GEOGRAPHIE THEME INTRODUCTIF L’étude consiste à approcher Section I : CLASSE CLEFS DE LECTURE D’UN la complexité du monde Cartographies de l’immigra- DE TERMINALE MONDE COMPLEXE par l’interrogation et la confronta- tion à Paris et à Londres dans PROGRAMME DES CARTES POUR COM- tion de grilles de lectures géo- les années 1960 ACTUEL PRENDRE LE MONDE politiques, géoéconomiques, géoculturelles et géoenvironne- THEME 2 : mentales. LES DYNAMIQUES DE Les processus et les acteurs LA MONDIALISATION impliqués dans la production et la consommation de biens et de services à l’échelle mondiale; les flux et mobilités générés à partir de l’étude d’une ville mondiale

I 34 I ENTRÉES DANS LES PROGRAMMES SCOLAIRES

DICIPLINE THÈMES OBJETS SECTIONS ET ŒUVRES DE NIVEAUX DU PROGRAMME D’ENSEIGNEMENT L’EXPOSITION POUVANT ÊTRE EXPLOITÉES

EMC DANS L’EGALITE ET La notion d’engagement est La partie de l’exposition LES LYCEES LES DISCRIMINATIONS présente centrée sur les années 70 et les PROGRAMME années 80 est riche d’exemples ACTUEL EXERCER SA CITOYEN- et permet une approche com- NETE EN FRANCE ET DANS parative entre la France et le L’UNION EUROPEENNE Royaume Uni.

PROGRAMME Aux deux champs tradi- En classe de première, deux grandes Voir séquence pédagogique LYCÉE tionnels de compétences questions irriguent le travail « Le rôle de la musique dans ÉDUCATION dont le développement de l’année. La première interroge les la création de l’identité multi- MUSICALE organise les enseignements rapports de la musique aux autres culturelle de Paris – Londres », OBLIGATOIRE musicaux depuis le début domaines de la création artistique, réalisée par Alex Aguiar, pro- ET FACULTATIF du collège - percevoir, la seconde étudie les diverses façons fesseur d’éducation musicale produire -, l’enseignement dont la musique organise le temps de (Académie de Créteil) obligatoire de musique au son discours, c’est-à-dire sa forme. cycle terminal de la série L’étude de chacune de ces questions littéraire en ajoute explicite- parcourt la profondeur de l’histoire ment un troisième : penser de la musique et des arts et prend la musique dans le monde en compte la période contempo- d’aujourd’hui. raine

ENSEIGNEMENT PROBLÉMATIQUE : La problématique « Les rapports de Section I : FACULTATIF LES RAPPORTS DE LA MU- la musique à la société » et permet La musique, élément central MUSIQUE SIQUE À LA SOCIÉTÉ de traiter : de la culture jeune : LYCÉE - Le rôle de la musique et des musi- Les scènes musicales étran- ciens dans le champ social gères à Paris - La notion de goût : phénomènes de modes, médias, etc. Section II : - Les métissages musicaux (parti- Punk et reggae culièrement depuis le milieu du XXe siècle) Section III : - Enrichissement des traditions Le Rap français musicales occidentales, formes et esthétiques hybrides (influences croisées entre musiques popu- laires et musiques savantes)

I 35 I POUR PROLONGER L’EXPOSITION

PETIT LEXIQUE sante à base de percussions (tama et sabar princi- DES STYLES MUSICAUX palement) émergeant dans les années 1970. Il est joué sur un rythme ternaire. Provenant en partie • Afrobeat : Popularisé en Afrique de l’Ouest dans de la musique religieuse et conservatrice Njupp, les années 1970, l’afrobeat est un mélange de mu- musique traditionnelle du peuple sérère, le mba- sique traditionnelle du Nigéria, de jazz, de highlife lax est sans doute la musique la plus populaire au (genre musical africain) et de funk. Créé par le Sénégal. musicien, chanteur et homme politique Fela Kuti (1938-1997), ce courant musical allie percussions et • Musique bhangra : Style de musique apparu à la chants africains à des musiques afro-américaines fin des années 1980, il se développe dans la com- comme le funk et le free-jazz. munauté indienne et pakistanaise immigrée au Royaume-Uni. Originaire du Pendjab (région à che- • Dubstep : Le dubstep est un genre musical prin- val sur l’est du Pakistan et le nord-ouest de l’Inde), cipalement originaire de Croydon, district du Sud le bhangra désigne principalement la musique qui de Londres. Il émerge à la fin des années 1990. Les utilise le tambour dhol. origines du genre peuvent être retracées à l’émer- gence du sound system jamaïcain au Royaume-Uni • Punk : Le terme punk, qui signifie en anglais « vau- au début des années 1980. Popularisé au début des rien » ou « voyou », désigne un mouvement mu- années 2000, le dubstep s’est développé à partir sical et culturel. Genre musical dérivé du rock, le de plusieurs genres tels que le broken beat, le drum apparait au milieu des années 1970 en and bass, le dub et le reggae. Il se caractérise par Grande-Bretagne. Il s’accompagne d’un mouve- un rythme syncopé et une ligne de percussions ment protestataire porté par des jeunes arborant basses fréquences (ou basslines en anglais). des signes provocateurs comme la crête iroquoise, style de coiffure emblématique du mouvement. • Grime : Apparu au début des années 2000 dans le district de Bow à Londres, le grime est un genre • Raï : Genre musical né à une époque indéterminée musical influencé par le UK garage, ladrum and dans la région algérienne de l’Oranie. Popularisé bass, le hip-hop et le dancehall. Les radios pirates dans les années 1980 par des artistes tels que Cheb britanniques ont joué un rôle déterminant dans le Khaled ou Chaba Fadela, ces derniers parviennent à développement du genre en diffusant le son des élever le raï au rang de musique nationale en Algérie. pionniers de ce style de musique, comme Dizzee Il s’internationalise dans les années 1990, dans un Rascal, Wiley ou Skepta. contexte de menaces pesant sur ces représentants algériens en pleine guerre civile algérienne, particu- • Hip-hop : Le hip-hop est mouvement culturel, lièrement après l’assassinat de en 1994. artistique et musical né aux Etats-Unis à la fin des années 1970. Fortement ancré dans le contexte so- • Reggae : Apparu en Jamaïque à la fin des années cial et urbain américain des années 1970, ses prota- 1960, le reggae est une musique populaire née de gonistes cherchent d’abord à lutter contre la vio- la fusion du ska et des rythmes calypso venus de la lence dans les ghettos noirs et latinos de New York, Trinité avec le blues et le nord-améri- en particulier du South Bronx (arrondissement cain. Elle se caractérise par un rythme binaire syn- de la ville de New York), par l’expression artistique copé avec décalage du temps fort. Le terme reggae comme le rap, le graff et la danse. définit en 1967, est à attribué au chateur jamaïcain Frederic Toots Hibbert. Ce genre musical est sou- • Mbalax : Musique populaire moderne originaire vent associé au mouvement rastafari, un mouve- du Sénégal, le mbalax est une musique très dan- ment d’émancipation social, culturel et spirituel ja-

I 36 I maïcain né dans les années 1930, promouvant une migrés importèrent ce concept en Angleterre puis relecture africaniste des Saintes Ecritures. l’exportèrent eux-mêmes en France dans les an- nées 1980. • Rock’n Roll : Le rock and roll, littéralement « balance et tourne » en français, est un genre • : L’expression souvent traduite par musical qui émerge aux Etats-Unis entre la fin des « musiques du monde », désigne souvent dans années 1940 et le début des années 1950. Influencé le monde anglo-saxon les musiques possédant majoritairement par le rhythm and blues, le jazz et la des composantes ethniques, traditionnelles ou musique country, le rock’n roll est structuré autour folkloriques. Dans le monde francophone, cette de l’assise rythmique fournie par la guitare, la basse expression désigne plutôt des musiques actuelles et la batterie. Il s’exporte en Europe à la fin des an- autrefois qualifiées d’ethno-jazz, decross-over ou nées 1950 et donne naissance de nombreux autres de world fusion. genres musicaux, en particulier au Royaume-Uni. À la fin des années 1960, il est volontiers associé à la • Yéyés : Courant musical français de la première politique et aux mouvements de jeunesse protes- moitié des années 1960. Il s’inspire du rock et du tataires, notamment contre la guerre du Viêt-Nam. twist américains dans lesquels étaient souvent répétés dans les chansons l’expression « yeah » • Rythm’n blues : Genre de musique populaire (« ouais ») et qui finira par donner le nom à ce cou- afro-américaine émergeant dans les années 1940, rant, particulièrement apprécié par la génération il est souvent écrit R&B ou R’n’B. Inspiré du jazz, des baby-boomers. du gospel et du blues, il mêle le chant à des instru- ments comme la guitare, le saxophone ou encore la batterie. Le R&B a été utilisé pour désigner plu- VOCABULAIRE HISTORIQUE , sieurs types de musiques au fil des années. Dans GÉOGRAPHIQUE ET JURIDIQUE les années 1950 il désigne plutôt un certain type de blues, tandis que dans les années 1970, il est davan- • Cultures urbaines : Expression souvent mise tage associé au funk. au pluriel, elle rassemble l’ensemble des pratiques culturelles, artistiques et sportives issues de l’es- • Ska : Style de musique né en Jamaïque dans les pace urbain, incluant le graffiti, le rap, le beatbox ou sound systems de la fin des années 1950. Le ska est encore le breakdance. issu de la fusion du rock, du reggae et du jazz. Il s’agit de la première forme de musique pop jamaïcaine • Deuxième génération et/ou « Beurs » : L’ex- aux origines indigènes et urbaines. Il est héritier du pression « deuxième génération » désigne les en- rhythm and blues jamaïcain, lui-même inspiré du fants nés en France de personnes étrangères ayant R&B américain. Le son typique du ska est rythmé immigré en France. Le terme « beur » ou « beu- par un contretemps marqué par la guitare, les cla- rette » au féminin, est un néologisme politique qui viers et parfois les cuivres. désigne les descendants des émigrés d’Afrique du Nord installés et nés en France, soit des immigrés • Sound systems : Originaire des ghettos de de la deuxième génération. Apparu avec la création Kingston en Jamaïque et populaire dans les années de la radio associative Radio Beur en 1982, il est po- 1950, le concept de sound system (système de so- pularisé en 1983 par le quotidien Libération, l’asso- norisation) vient de DJ qui installaient des géné- ciation SOS Racisme et le Parti Socialiste lors de la rateurs, des platines vinyles et des haut-parleurs Marche pour l’égalité et contre le racisme (parfois et organisaient des fêtes dans la rue. A la fin des rebaptisée la « Marche des Beurs »). Il a pu par la empires coloniaux, de nombreux Jamaïcains im- suite prendre une connotation négative.

I 37 I • Statut des immigrés en France : Ce domaine QUELQUES RÉFÉRENCES est particulièrement complexe à cause des nom- BIBLIOGRAPHIQUES breuses modifications qui ont touché l’ordon- nance du 2 novembre 1945. Depuis 2005, le droit • ESCAFRE-DUBLET ANGELINE, EVANS MARTIN, des étrangers est rassemblé dans le Code de l’en- MALFETTES STEPHANE (DIR.), Paris-Londres. trée et du séjour des étrangers et du droit d’asile Music Migrations 1962-1989, Paris : Musée national (Ceseda). Le statut des ressortissants de certains de l’histoire de l’immigration/RMN, 2019, 200 p. États d’Afrique anciennement sous autorité fran- çaise, dépendent de conventions bilatérales pas- • Hommes & migrations, 1983 : le tournant média- sées entre la France et ces États concernés. Les im- tique, n° 1313, janvier-mars 2016, 174 p. [PER H&M]. migrés algériens et tunisiens restent ainsi soumis www.hommes-et-migrations.fr/index.php?/nume- à un régime clairement dérogatoire. (source prin- ros/7640-le-debut-des-annees-1980-tournant- cipale : www.vie-publique.fr/politiques-publiques/ mediatique-de-la-question-de-l-immigration-en- politique-immigration/legislation-reglementa- france tion-statut-etrangers-entree-sejour-travail-eloi- gnement/) • ABRIOUX FLORENCE, Les musiques jeunes comme étrangeté culturelle, entre contestation et • Statut des immigrés en Grande-Bretagne institutionnalisation, Les Annales de la Recherche « citizens of United Kingdom and the co- Urbaine, n°94, 2003, pp. 130-138 lonies » : Depuis le British Nationality Act de www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_2003_ 1981, le droit de la nationalité et de la citoyenne- num_94_1_2518 té britannique distingue principalement deux types de citoyenneté : les citoyens britanniques • ARNAUD LIONEL, Réinventer la ville : artistes, et les citoyens provenant des anciennes colonies, minorités ethniques et militants au service des rassemblés sous la notion de citoyens du Com- politiques de développement urbain : une compa- monwealth. Aujourd’hui, ces derniers ne sont pas raison franco-britannique, Rennes : Presses univer- juridiquement considérés comme des étrangers sitaires de Rennes, 2008, 173 p. (Res Publica) et bénéficient de la plupart des droits des citoyens britanniques. Seules certaines positions de l’ar- • BOUBEKER AHMED ET HAJJAT ABDELLALI, His- mée, des services de renseignement et du Foreign toire politique des immigrations (post)coloniales : and Commonwealth Office leur restent cependant France, 1920-2008, Paris : Amsterdam, 2008, 317 p. fermées. • BOUCHER MANUEL, Rap, expression des lascars : • Villes globales : Popularisée en 1991 par Saskia signification et enjeux dans la société française Pa- Sassen, sociologue et économiste américaine, l’ex- ris : L’Harmattan, 1999, 496 p. pression global city, traduite par « ville mondiale » • CELESTINE AUDREY (AVEC DES PHOTOGRA- ou « ville globale », désigne une métropole ayant PHIES DE DAVID DAMOISON), La fabrique des une position stratégique à l’échelle mondiale. La identités : l’encadrement politique des minorités puissance et le rayonnement de la ville globale ou caribéennes à Paris et New York, Paris : Karthala, mondiale, vont au-delà l’échelle nationale et sont 2018, 275 p. (Questions transnationales) [9A 306 ; dynamisés par une intégration maximale au pro- 409 4 CEL] cessus de mondialisation. • DRISS EL YAZAMI, YVAN GASTAUT ET NAÏMA YAHI (DIRECTION), Générations : un siècle d’his- toire culturelle des maghrébins en France, Paris :

I 38 I POUR PROLONGER L’EXPOSITION

Cité nationale de l’histoire de l’immigration, 2009, WEBOGRAPHIE : 347 p. • Musiques africaines, une histoire parisienne • ECLIMONT CHRISTIAN-LOUIS, Swinging Sixties : France culture, LSD, La série documentaire, 2018 Londres-Paris, Paris : Flammarion, 2009, 238 p. www.franceculture.fr/emissions/series/la-sce- ne-parisienne-des-musiques-africaines • ESCAFRE-DUBLET ANGELINE, Culture et immigra- 4 épisodes podcastables tion : de la question sociale à l’enjeu politique, 1958- 2007, Rennes : Presses universitaires de Rennes • Rock Against Police, Des lascars s’organisent. Une (PUR), 2014, 310 p. série de 6 documentaires sonores http://rapdocsonores.org/index.php/episode-1- • HAMMOU KARIM (PREF. HOWARD BECKER), Une saffirmer-tel-quon-est-et-pas-tel-quon-devrait- histoire du rap en France, Paris : Editions La Décou- etre/ verte, 2014, 308 p. [10D 781.649 HAM]

• HAMMOU KARIM, Révoltes postcoloniales et mémoire dans le rap français (1992-2012), Mu- sée du Quai Branly, Université populaire / Les grandes révoltes, 1h30 mnhttp://www.quai-branly. fr/fr/expositions-evenements/au-musee/univer- site-populaire/les-grandes-revoltes/de-tails-de-le- venement/e/revoltes-postcoloniales-et-memoire- dans-le-rap-francais-1992-2012-36806/

• KERGARIOU CAROLINE DE, No future : une his- toire du punk : 1974-2017, Paris : Perrin, 2017, 654 p.

• LAPEYRONNIE DIDIER, L’individu et les minorités : la France et la Grande-Bretagne face à leurs immi- grés, Paris : PUF, 1993, 368 p.

• TONNAC JEAN-PHILIPPE DE, Bob Marley, Paris : Gallimard, 2010, 353 p.

I 39 I Informations pratiques

Accès Métro - Tramway - Bus - Porte Dorée PALAIS DE LA PORTE DORÉE RÉFÉRENCES COULEUR : LOGO R1 30/10/18 C=40 M=42 J=63 N=0 Les personnes à mobilité réduite accèdent au Palais par le 293, avenue Daumesnil, 75012 Paris.

Département des Ressources pédagogiques Mathias Dreyfuss, chef de département Christiane Audran-Delhez, professeure-relai de l’académie de Versailles Valérie Morin, professeure-relai de l’académie de Paris Ibtissem Hadri-Louison, professeure-relai de l’académie de Créteil Amélie Loiseau, Chargée de suivi administratif et financier Nina Lostis, stagiaire

Rédaction Véronique Servat, professeure d’histoire-géographie, académie de Créteil

Contact : E [email protected]

PALAIS DE LA PORTE DORÉE MUSÉE NATIONAL DE L’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION • AQUARIUM TROPICAL 293, avenue Daumesnil - 75012 Paris - palais-portedoree.fr