Maghreb Lyon Raï - Chaoui Staifi Chaâbi - Kabyle Malouf Fa 5412 Fa 5260 Fa 5396 1972-1998

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Maghreb Lyon Raï - Chaoui Staifi Chaâbi - Kabyle Malouf Fa 5412 Fa 5260 Fa 5396 1972-1998 Catalogue disponible sur simple demande 5452 FA LE CENTRE DES MUSIQUES TRADITIONNELLES RHÔNE-ALPES ET FRÉMEAUX & ASSOCIÉS PRÉSENTENT UN COFFRET DE 3 CD : PLACE DU PONT PRODUCTION FA 5394 FA 583 FA 5430 MAGHREB LYON RAÏ - CHAOUI STAIFI CHAÂBI - KABYLE MALOUF FA 5412 FA 5260 FA 5396 1972-1998 FA 571 FA 582 FA 593 ATLAS SONORE RHÔNE-ALPES N° 23 - CMTRA PLACE DU PONT PRODUCTION LES MUSIQUES POPULAIRES DU MAGHREB À LYON (1972/1998) 1/ LA CASSETTE, FER DE LANCE d’un Eldorado en pleine expansion : le marché de la DE LA DIFFUSION DES MUSIQUES musique de bars et de mariages. DU MAGHREB EN FRANCE Leur musique multiforme et fraternelle, directement en prise avec la réalité quotidienne et tout ce qu’elle char- Introduction rie de douleurs, de fascinations ou de revendications, Depuis les années 1950, les cafés de la « Place du relève d’une créativité particulière. On retrouve en effet 1 Pont » du quartier de la Guillotière, ou de la Croix- une diversité de chansons populaires à la fois algé- Rousse à Lyon, ont joué un rôle social fondamental riennes, marocaines et tunisiennes : chaâbi, raï, malouf, pour plusieurs générations de migrants et ont contribué staifi, chaoui, kabyle… Fréquenter les mêmes lieux, singulièrement à l’émergence d’une musique de l’exil. jouer ensemble pour l’enregistrement d’une cassette Ces lieux ordinaires, espaces de solidarité, de détente et et utiliser des instruments électriques (synthétiseurs, d’expression, ont permis de panser la douloureuse boîte à rythmes, guitare, basse, etc.) provoque l’inven- expérience de la séparation. A l’instar de Paris et Mar- tion d’une musique hédoniste et sans complexe, quasi seille, villes phares de la concentration d’exilés du expérimentale. Sans aucun doute une world music Maghreb, Lyon fut une plate-forme pour de nombreux avant l’heure ! chanteurs et musiciens. Certains s’installèrent définiti- Ainsi, en réponse à une forte demande du public Les cafés de Lyon, DR vement dans la ville. D’autres, victimes de la célébrité consommateur de chansons du Maghreb, toute une éco- d’occasions sans cesse renouvelées de diffusion publique Rachid Staifi, Omar El Maghrebi, Amor Hafsouni, Azzi de leurs chansons véhiculées par les cassettes ou le nomie musicale se construit dans les années 80 à Lyon, (bars, galas) et privées (mariages, baptêmes, anniver- Kaddour, Mokhtar Mezhoud, Cheb Rabah El Maghnaoui, vibrant « téléphone arabe » de la communauté, conti- Paris et Marseille. La cassette est un succès. Totalement saires). Cheb Slimane, Cheb Kouider, Tazi Boukhari, Cheb nuèrent leur périple sur Paris et Marseille, en quête délaissée des médias et de l’industrie officielle, en marge Chabati, Jamal Estaïfi, Salah El Guelmi, Louiza, Rachida, des circuits de diffusion classique, elle représente un Une mosaïque de styles musicaux Chaba Nacera… A la fin des années 90, on estime à une 1. La « Place du Pont », a été rebaptisée en 1947 « Place Gabriel Péri ». Certains habitants, commerçants du quartier et beaucoup d’immigrés marché étroit mais vivace, qui surprend par sa producti- Tous les styles représentatifs de la diversité des musiques cinquantaine le nombre d’hommes et de femmes jouant qui fréquentent cet espace continuent cependant de l’appeler« Place vité, sa souplesse et la diversité de ses offres. Elle laisse populaires algériennes, marocaines et tunisiennes, sont régulièrement dans les bars, dont la moitié a enregistré du Pont », un nom donné à l’époque où le pont de la Guillotière, entrevoir aussi un riche réseau social et culturel, consti- représentés dans les productions cassettes lyonnaises : au moins une cassette. Plus des trois-quarts d’entre eux initialement en bois, commençait à cet endroit, traversait le Rhône, et chaabi, raï, malouf, staifi, chaoui, kabyle, sraoui… sont d’origine algérienne, mais on retrouve aussi des se terminait sur la presqu’île de la ville de Lyon à proximité de la place tué de lieux d’enregistrements, de maisons de produc- Bellecour. tion, d’espaces de vente des produits musicaux, et Quant aux musiciens : ils s’appellent Zaïdi El Batni, musiciens marocains et des musiciens tunisiens. Consé- 2 3 quence immédiate commerciale du raï sont retournés au pays, notamment les femmes, large- concert, sont sollicités par les producteurs lyonnais de l’exil, les musi- et des musiques ka- ment minoritaires sur le plan des productions phono- pour faire des cassettes qui seront vendues localement. ciens, loin de chez byles, tirées hors de graphiques (Louiza ou encore Naëma Dziria, qui a Moins médiatisé, moins visible, officiant dans les cir- eux, se forgent des leurs terroirs d’ap- commencé sa carrière à Lyon). Il y a ceux qui ont été cuits informels et privés de la ville, le milieu des noms de scène à partenance et pro- expulsés. Il y a également ceux qui habitaient Lyon, mais musiques du Maghreb à Lyon apparaît ainsi, « modeste partir de leur lieu pulsées sur la scène consacraient l’essentiel de leur activité musicale à Paris, et génial » selon la formule empruntée à Daniel d’origine ou de leur internationale par ville à maints égards bien plus structurée en terme de Mermet ; c’est à dire sans prétention, poussé par l’envie genre musical de des grandes figures débouchés professionnels pour les musiciens. Inverse- de jouer ensemble, de s’exprimer et de vivre leurs prédilection. Ainsi comme Khaled et ment, il y a aussi les chanteurs connus d’Algérie, du aventures communes dans le rythme des bendhir et des de la région de Sétif, Idir. La compilation Maroc ou de Tunisie, qui de passage à Lyon pour un darbouka, des nappes de synthétiseurs et des sonorités on retrouve les « Place du Pont » Les portes du quartier, le pont de la Guillotière (Photo Th. Carrage/CMTRA) musiciens Nordine nous ouvre sur des Staïfi, Amar Staïfi, répertoires popu- Cheb Jamal Estaïfi, laires liés à des aires Farida Staïfia, Moha- La Place du Pont Aujourd’hui (Photo Thomas Carrage/CMTRA) culturelles fortement med Staïfi, Rabah, Rachid, Samir ou encore Abde- localisées, et sur des musiques minorées, largement louahab Staïfi.De Batna : Zaïd el Batni. Du village de mé con nues du public français. Chaabat El Ham, dans la région oranaise : Hocine Chabati et Cheb Chabati (dit, le jeune). De Guelmia : La Place du Pont : lieu de convergences Salah el Guelmi. De Maghnia : Rabah el Magh naoui. Un Par scène lyonnaise, nous entendons les musiciens qui seul artiste semble porter haut et fier une identité natio- ont été édités par les producteurs-éditeurs de la Place nale et transnationale, Omar el Maghribi (le marocain), du Pont et qui, bien que sollicités partout en France mais qu’il écrit aussi El Maghrebi (le maghrebin), signi- dans les réseaux des communautés nord-africaines de fiant par ce choix, qu’il ne joue pas exclusivement un France, ont animé, nourri, enrichi la vie musicale de style régional, mais qu’il intègre dans sa musique la Lyon et de ses environs. diversité des musiques populaires du Maroc et du Il y a bien sûr, en premier lieu, les musiciens habitants Maghreb. de Lyon, ceux que l’on retrouve encore aujourd’hui aux Si la ville de Paris attire les stars de la musique abords des commer ces ou des cafés de la Place du Pont. classi que arabe, les musiciens des styles chaâbi et Enracinés de longue date dans l’agglomération, ces kabyles, la scène lyonnaise est davantage marquée par musiciens ont choisi Lyon. Pour certains d’entre eux, ils les productions de musiques chaoui et staifi, en raison habitent la ville depuis plus de 40 ans. Il y a également des d’une forte immigration d’hommes et de femmes des musiciens de la région Rhône-Alpes, qui venaient éditer régions de l’Est algérien, en particulier des villes de à Lyon, car les producteurs et les studios n’existaient Sétif et de Batna. Plus confidentielles et familiales, ces pas dans leur ville, ainsi retrouve-t-on dans la sélection musiques n’ont pas connu la destinée médiatique et des musiciens stéphanois ou grenoblois. Il y a ceux qui 4 5 chaudes des accordéons et des zornas. Souvent ouvriers créations, sur le plan artistique et sur le plan écono- souvent en étroite connexion avec d’autres lieux de la semaine et artistes le week-end, le niveau de profes- mique, des exilés eux-mêmes. Bon marché, colorées, production parisiens et marseillais et avec les princi- sionnalisme de ces musiciens est variable, mais ils ont elles sont enregistrées, parfois en une journée, selon les pales capitales du Maghreb. Loin de l’image conven- en commun une énergie musicale sans pareil et une codes musicaux propres de l’époque : utilisation de la tionnelle des producteurs, les hommes qui gèrent ces forte volonté d’expression. réverbe, forte présence des synthétiseurs, conditions sociétés ont des parcours de commerçants inventifs, d’enregistrements proches de la prestation « live », voyageurs et transnationaux. En plus de leur activité de La cassette : un objet démocratique de diffusion chansons et airs instrumentaux parfois précédés de producteurs, ils sont aussi souvent simultanément édi- de chansons et de poésies messages parlés et d’interjections improvisées sur le teurs et distributeurs, mais aussi organisateurs de Le travail de valorisation de cette mémoire de l’exil moment. Réalisées à moindre coût, sans intermédiaire, concerts, disquaires, musiciens à leurs heures, ou s’oriente sur la cassette, cet objet démocratique de dif- elles sont très vite rentabilisées, malgré leurs prix de vente encore vendeurs au marché aux puces… Rois des fusion de chansons et de poésies, tombé en désuétude. (25 Francs). D’une durée moyenne de 40 minutes, elles réseaux informels et des opportunités commerciales, Le medium cassette, supplanté à la fin des années 1980 comprennent en général 6 titres, de 5 à 8 minutes.
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