Université d’Antananarivo Faculté de Droit d’Economie de Gestion et de Sociologie Département Economie - Troisième Cycle Diplôme d’études supérieures spécialisées Multidisciplinaire en Gestion des Risques et des Catastrophes DMGRC

Mémoire de fin d’études pour l’obtention du Diplôme d’études supérieures spécialisées Multidisciplinaire en Gestion des Risques et des Catastrophes

CULTURES DE RENTE ET REDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE, Cas du district d’Antalaha

Présenté par : RAZAKANDRAINY Mandimby

Encadreur pédagogique : Mr ANDRIANANJA Heriniaina Rakotovao.

Date de soutenance : 30 Août 2011

Université d’Antananarivo Faculté de Droit d’Economie de Gestion et de Sociologie Département Economie - Troisième Cycle Diplôme d’études supérieures spécialisées Multidisciplinaire en Gestion des Risques et des Catastrophes

DMGRC

Mémoire de fin d’études pour l’obtention du Diplôme d’études supérieures spécialisées Multidisciplinaire en Gestion des Risques et des Catastrophes

CULTURES DE RENTE ET REDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE, Cas du district d’Antalaha

Présenté par : RAZAKANDRAINY Mandimby

Encadreur pédagogique : Mr ANDRIANANJA Heriniaina Rakotovao.

Août 2011

REMERCIEMENTS

Avant tout, nous rendons grâce à DIEU tout puissant, de nous avoir accordé la force, l’intelligence et la bonne santé durant les années de formation et la période de stage.

Nous exprimons ici nos sincères remerciements à :

- Monsieur RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa, Directeur de la formation

DMGRC, d’avoir sacrifié son temps et ses efforts pour le bien de notre formation ;

- Monsieur ANDRIANANJA Heriniaina Rakotovao, pour ses précieux conseils et son

encadrement pédagogique ;

- Tous les enseignants et les responsables au sein de la formation DMGRC pour leur

volonté à nous partager leurs connaissances et savoirs faire

- Toutes les équipes et responsables au sein du CARE Antananarivo et Antalaha, pour

l’accueil chaleureux, qu’il nous a réservé et les aides qu’il nous a fournies ;

- Nos parents et les membres de notre famille pour leurs soutiens moraux, financiers et

matériels tout au long de notre formation ;

- Nos collègues de classe pour l’ambiance fraternelle et conviviale vécue ensemble

pendant la formation ;

Nos vifs remerciements vont aussi à l’endroit de tous ceux qui nous ont apporté de près ou de loin leur aide, dans l’élaboration de ce document, ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué à l’organisation de ce dernier dans les meilleures conditions, qu’ils trouvent ici l’expression de notre profonde reconnaissance pour leurs conseils.

i

ACRONYME BNGRC : Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes

CARE: Cooperative for Assistance and Relief Everywhere

CIRAGRI : Centre Inter Régional de l’Agriculture

CIRDR: CIRconscription du Développement Rural.

DHA : Département des Affaires Humanitaires

DIPECHO: DIsaster Preparedness ECHO

FAO: Food and Agriculture Organisation

FED : Fonds Européen pour le Développement

FOFIFA: Foibem-pirenena momba ny Fikarohana sy ny Fampandrosoana any Ambanivohitra

GRC : Gestion des Risques et des Catastrophes

MARP : Méthode Accélérée de Recherche Participative. ONG : Organisation Non Gouvernementale

PABIOM : Produits de l’Agriculture Biologique de

PADANE : Projet d’Amélioration et Développement Agricole Nord-Est

PAM : Programme Alimentaire mondial

PNUD: Programme des Nations Unies pour le Développement

PNVA : Programme National de Vulgarisation Agricole

PPU: Plan de Préparation aux Urgences

PRCE : Projet pour la Relance des Cultures et d’Exportation

ROR : Réseau et Observatoire Ruraux

RRC : Réduction des risques de catastrophe

SAVA : Sambava, Antalaha, Vohémar, Andapa

SNGRC: Stratégie Nationale de la Gestion des Risques et des Ctastrophes

STABEX: Stabilisation d’Exportation

UNISDR: United Nations International Strategy for Disaster Reduction

ii

Liste des tableaux Tableau 1 : Les variations des températures ...... 8

Tableau 2 : Renseignements des cyclones qui passent à Antalaha...... 10

Tableau 3: Evolution des superficies-rendements-productions de la vanille à Antalaha de 1995 à 1999...... 18

Tableau 4: Evolution des prix de la vanille préparée en vrac aux producteurs...... 18

Tableau 5 :Evolution des prix de la vanille verte aux paysans ...... 19

Tableau 6 : Evolution des superficies-rendements-productions du café à Antalaha de 1995 à 1999...... 20

Tableau 7 :Prix d’achat du café aux producteurs de 1993 à 1997 ...... 20

Tableau 8 :Evolution d’exportation du café de 1982 à 1986…1998 à 2000 ...... 20

Tableau 9 :Evolution des superficies-rendements-productions de girofle dans le district d’Antalaha de 1995 à 1999...... 21

Tableau 10 :Evolution des superficies-rendements-productions de poivre dans le district d’Antalaha de 1995 à 1999...... 21

Tableau 11 : Evolution des prix de girofle aux producteurs...... 22

Tableau 12 :Evolution des superficies-rendements-productions de la vanille à Antalaha de 2005 à 2009...... 23

Tableau 13 :Evolution des superficies-rendements-productions du café à Antalaha de 2005 à 2009...... 23

Tableau 14 : Evolution des superficies-rendements-productions de girofle dans le district d’Antalaha de 2005 à 2009 ...... 24

Tableau 15 :Evolution des superficies-rendements-productions de poivre dans le district d’Antalaha de 2005 à 2009...... 24

Tableau 16 : Revenu annuel des ménages par unité de consommation en 1999 et en 2000 à Antalaha ...... 27

Tableau 17 : Evolution des prix de la vanille vendue sur l’observatoire d’Antalaha...... 27

Tableau 18 : matrice de répartition d’évolution des ménages dans les groupes de revenus (pourcentage des ménages) dans le district d’Antalaha ...... 28

Tableau 19 : Problèmes rencontrés et solutions alternatives ...... 53

iii

Liste des figures Figure 1 :Carte des zones vulnérables aux cyclones et carte d'Antalaha ...... 6

Figure 2 :Cycle de la gestion des risques et des catastrophes ...... 42

iv

INTRODUCTION GENERALE

Section 1 : Contexte de l’étude

Compte tenu de sa situation géographique, sa forme du relief, son influence maritime et son régime des vents, Madagascar est exposé chaque année à de nombreux risques et aléas tels que, les tempêtes tropicales, les inondations, les sécheresses, les invasions acridiennes, les cyclones. Ces derniers touchent plusieurs régions sur la côte Est de l’Île. Les 30% à 40 % de cyclones qui se forment annuellement dans l’Océan Indien frappent ce pays 1.

La côte Nord-Est de Madagascar, par son climat tropical humide, est la région par excellence de production des cultures de rente. Ces cultures ont occupé 38% (46 960 ha) 2 des surfaces cultivées évaluées à 174 182 ha 3 dans la région SAVA, en 2000. La vanille, le café, le girofle et le poivre ont assuré l’essentiel de revenu des ménages au niveau régional. Il est à noter que la vanille y est la première grande culture de rente avec 87% 4 de ménages qui pratiquent sa culture. Cependant, les cyclones ont gravement endommagé ces cultures d’exportation régionales. Plus particulièrement, depuis 2000, le district d’Antalaha est fortement menacé par les passages cycloniques. C’est pourquoi, six cyclones 5 l’ont frappé pendant la dernière décennie. C’est la raison pour laquelle, les revenus annuels des ménages ont diminué. Cela a amplifié la vulnérabilité de la population dans ce district.

Conscient que les risques naturels sont inévitables, mais reconnait que leurs impacts peuvent être atténués grâce à une gestion mieux adaptée, le gouvernement malagasy a pris l’initiative de développer et mettre en œuvre la Politique Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes (PNGRC). La PNGRC a pour but d’atténuer les risques de catastrophes au niveau national. Ainsi, le CARE International (Cooperative for Assistance and Relief

1 Service de Météo Antalaha 2 MINAGRI/UPDR (Ministère de l’Agriculture/ Unité de Politique pour le Développement Rural), 2001 3 MINAGRI/UPDR (Ministère de l’Agriculture/ Unité de Politique pour le Développement Rural), 2001 4 Ministère de l’agriculture, 2007 5 Service de Météo Antalaha

1 Everywhere) intervient directement aux zones les plus touchée, grâce au projet DIPECHO 6 financé par l’union européenne.

Section 2 : Problématique

Ces précédents constats nous amènent à poser la question : « dans quelles mesures la politique de Réduction des Risques de Catastrophes (RRC 7) contribue-t-elle à la réduction de la vulnérabilité » de la population suite au bouleversement de leurs activités de subsistance ?

L’objectif de l’étude sur le plan théorique est d’établir que les concepts de base de RRC et le concept de capabilité de Sen sont les bases théoriques pour mettre en œuvre un programme ou une politique efficace de RRC. Tandis que, sur le plan empirique, nous choisissons le district d’Antalaha ayant la population vulnérable suite aux dégâts cycloniques, pour analyser les programmes de RRC déjà mis en place et proposer des solutions améliorant ces programmes.

Section 3 : Méthodologie

Pour répondre à cette problématique, nous procédons à deux étapes essentielles.

1. La revue de littérature :

Pour l’analyse théorique, nous nous sommes référé sur la politique de RRC. Une protection contre des menaces est obtenue d’une manière générale par les mesures d’atténuation de cette menace (atténuation de la vulnérabilité des éléments menacés), si elle se concrétise. Notre étude est basée sur : l’évaluation de la vulnérabilité et des risques de Coburn et Al (1991). Le concept de capabilité de Sen (1992) est aussi comme une base de notre analyse. Il propose de réduire la vulnérabilité d’un individu par l’augmentation de ses potentialités et le renforcement de ses capacités.

2. L’étude empirique : - Collecte des données secondaires : documentation au sein de la Commune, du district, de la région, du CIRDR, de la FOFIFA, du CARE. - Elaboration du guide d’entretien.

6 DIsaster Preparedness ECHO : projet financé par l’UE afin de réduire les risques de catastrophe 7 Politique générale d’atténuation des risques de catastrophes

2 - Descente sur les lieux : interview et entretien (individuel - focus groupe) avec les personnes ressources, les groupes de paysans. - Traitement et analyse des données. - Restitution des résultats (rédaction).

Section 4 : Plan du mémoire

Ce mémoire comporte deux parties. En premier lieu, nous procédons à un état des lieux et retraçons la perspective historique du district d’Antalaha. En second lieu, notre analyse porte sur les concepts de la RRC et sa mise œuvre.

Dans la première partie, d’une part, nous exposons le contexte du district d’Antalaha (chapitre I). Ce chapitre a pour but d’évoquer les caractéristiques spécifiques de ce district et les informations sur les cultures de rente étant comme activités principales et sources de revenus des paysans locaux. D’autre part, nous analysons les atouts et les faiblesses des cultures et des produits de rente (chapitre II). L’objectif de ce second chapitre est de montrer que les cultures de rente ont été des activités dominantes au niveau de ce district, quand il n’existait pas de cyclone pendant longtemps ; par contre elles sont des éléments vulnérables suite aux dégâts cycloniques.

Dans la deuxième partie, d’abord, les concepts de base et les fondements théoriques de la RRC (chapitre I) doivent être maîtrisés afin de pouvoir élaborer un programme ou une politique de RRC efficace. Ensuite, la mise en œuvre de la RRC permet de réduire la vulnérabilité et d’augmenter la résilience de la population. (chapitre II)

3

PARTIE I : ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVE HISTORIQUE

INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

Le climat tropical humide a permis le développement des cultures d’exportation, plus particulièrement le café, le girofle, le poivre et la vanille dans le district d’Antalaha. Ces cultures ont occupé 10 875 ha 8 de champs en 2000. Elles ont alors joué un rôle important sur l’économie locale en tant qu’activités de subsistances des paysans. Environ 80% 9 des ménages les ont pratiquées. Les produits de rente ont assuré la grande quantité de revenu annuel de ces ménages (plus de 90% 10 de revenu annuel).

Depuis 2000, ce district est fortement menacé par les cyclones tropicaux. Durant la dernière décennie, six passages cycloniques sont enregistrés au niveau de ce district. Le , du 02 Avril 2000, a été l’un des plus violents avec des vents atteignant 300km/h 11 . Ces cyclones ont aussi gravement détérioré les cultures de rente, c’est la raison pour laquelle les superficies cultivées ont diminué de 8 439 ha12 en 2009. Cela a entraîné une diminution du revenu annuel des ménages et un accroissement de nombre de la population vulnérable à l’intérieur de ce district.

Cette partie concerne l’état des lieux et la perspective historique du district d’Antalaha. Dans le premier chapitre nous évoquons le contexte local, ainsi que dans le second chapitre nous voyons les atouts et les faiblesses des cultures et des produits de rente.

8 Ministère de l’agriculture, 2001 9 CIRDR Antalaha 10 Résultat d’entretien avec les autorités locales. 11 Service de météo Antalaha 12 CIRDR Antalaha

4 CHAPITRE I : Le contexte local

Depuis longtemps, le district d’Antalaha était très connu par les cultures d’exportation de haute valeur marchande, en particulier la vanille. Cependant, à partir de l’année 2000, ce district a été fréquemment touché par les cyclones tropicaux qui ont gravement endommagé les cultures de rente. Par conséquent, les revenus annuels des ménages ont diminué.

Section I : Historique, potentialité et aléas naturels du district d’Antalaha

I.1) La situation géographique

La délimitation et la superficie :

Le district d’Antalaha se situe au Nord-Est de Madagascar, dans la province d’Antsiranana-région de SAVA. Il est limité à l’Est et au Sud-Est par l’Océan Indien, au Nord par le district de Sambava, au Nord-Ouest par le district d’Andapa et au Sud-Ouest par le district de Maroantsetra.

La superficie d’Antalaha, évaluée à 5842 km 2, constituée par environ un quart de la région de SAVA (24 149 km 2), représente 13% de la superficie de la province d’Antsiranana (44 025 km 2)13 .

13 Source : MINAGRI/UPDR (Ministère de l’Agriculture/ Unité de Politique pour le Développement Rural), 2001

5 Figure 1:Carte des zones vulnérables aux cyclones et carte d'Antalaha

Source : création propre de l’auteur.

La figure ci-dessus montre que le district d’Antalaha est parmi les zones très vulnérables aux cyclones, au niveau national. D’une manière générale, les zones classés « très vulnérables » et « vulnérables » aux cyclones se trouvent dans la côte Est de la grande Île.

6 Le relief, les paysages et géologie : adaptables aux cultures de rentes

Le relief peut subdiviser en trois zones. D’abord, la zone littorale est composée d’une bande étroite de plaine longeant la côte . Cette plaine littorale se caractérise par la prédominance de cultures vivrières (riz et autres) et de cultures de rente (vanille, café, girofle) en périphérie ; l’altitude maximale de 60 mètres permet un accès moyennement aisé. Ensuite, la zone intermédiaire dont l’altitude est comprise entre 60 et 250 mètres 14 , privilégiée par sa nature et sa situation géographique constitue des terrains alluviaux riches en éléments fertilisants. C’est le domaine des cultures de rente par excellence. Enfin, La zone montagneuse avec un relief accidenté est essentiellement marquée par une déforestation croissante résultant de la pratique de cultures sur brûlis. L’essentiel des ressources provient encore des campements de cultures établis par les paysans sur des « tavy ». Il est à souligner que le passage fréquent de violents cyclones et l’abondance des pluies favorisent le phénomène d’érosion et changent souvent les paysages en relief accidentés : glissements de terrain, crues, coulées de boue, . . .

Il existe deux grandes catégories de terrains dans le district d’Antalaha : d’une part, les terrains sédimentaires sont formés principalement à partir des dépôts de nouvelles couches par les apports fluviaux et l’action éolienne. Ces terrains relativement récents se sont emboîtés dans des couches plus anciennes et qui constituent la plus grande partie d’une étroite plaine côtière. Cette plaine, constituée de terrains sédimentaires repose en grande partie sur un socle précambrien. D’autre part, les terrains cristallins sont formés de différents types de roches (granites, gabbros, migmatites). Ces roches cristallines se sont formées à la surface où à l’intérieur de la terre quand elles sont d’origine volcanique. Il est à noter que les volcans sont depuis longtemps inactifs. Grâce à la fertilité du sol, les cultures de rente offrent des productions et des rendements importants pour les paysans.

I.2) Le climat

La température et la pluviométrie :

Le climat est de type tropical chaud et humide caractérisé par deux saisons distinctes : la saison chaude débute le mois d’octobre jusqu’au mois d’avril, est caractérisée par des pluies abondantes et des températures élevées ; et la saison fraîche s’étalant de mois de mai en mois de septembre.

14 Source : Monographie du District d’Antalaha

7 Sous l’effet de la forte humidité atmosphérique et des précipitations abondantes continues, la température au niveau du district d’Antalaha est généralement, élevée. Et comme partout ailleurs, la température due au changement climatique, ne cesse d’augmenter pendant le printemps et l’été ; et d’une fraîcheur considérable pendant l’hiver.

Tableau 1: Les variations des températures

STATION ALTITUDE PERIODE TEMPERATURES Amplitude

Annuelles Mois le plus Mois le plus thermique chaud (°C) froid (°C) (°C)

Antalaha 6m 1960-1990 24,4 26,6 21,9 4,7

(Ambatoratsy) 2000-2002 24,7 28,9 18,6 10,3

Source : Direction des exploitations météorologiques (2003)

Actuellement, la température la plus élevée y atteint les 30°C et la température minimale y diminue jusqu’à 18°C.

Le district d’Antalaha est caractérisé par une forte pluviométrie d’une moyenne annuelle de plus de 2000 mm, une absence de mois vraiment sec et un faible déficit de saturation (3 à 5 mm). L’essentiel des pluies est apporté par les courants d’Est, mais l’effet orographique y intervient aussi. La raideur des pentes, la proximité de la mer, l’orientation par rapport au flux expliquent les variations locales de la pluviométrie. Les maxima sont enregistrés là où le flux moyen frappe la côte (environ 2376 mm).

La saison de pluies allant du mois de novembre au mois d’avril connaît de fortes pluies et averses violentes atteignant l’apogée au mois de janvier. La saison pluvieuse de mai à septembre se caractérise par des crachins persistants, qui pénètrent en profondeur dans les sols. Le mois le plus sec est le mois d’octobre où les pluviométries annuelles sont relativement basses (940 mm) 15 . Les mois de septembre et octobre sont en général les deux mois reconnus notoirement les plus secs.

15 Service météorologique Antalaha

8 Les vents et les cyclones :

La façade Nord-Est, comme dans l’ensemble de la côte orientale est fortement exposée en permanence aux hautes pressions localisées au Sud des Mascareignes. Le « varatraza », vent d’Est, prédomine partout en toutes saisons. Les vents d’Ouest « talio » apparaissent d’une fréquence beaucoup moindre. Pendant la saison des pluies, la majorité de vents ne dépassent pas de 25 km/h, sauf durant le passage cyclonique.

Les cyclones sont des phénomènes climatiques plus spectaculaires tant, par la quantité des précipitations que la vitesse des vents. Dans le demi-siècle juste avant l’an 2000, la population dans le district d’Antalaha n’a pas connu vraiment les dégâts cycloniques parce que le dernier cyclone y passant et y entraînant des dégâts graves avant le 3 ème millénaire a été en 1950. Mais depuis 2000 jusqu’à l’heure actuelle, il y a sept passages cycloniques 16 à l’intérieur de ce district. Le cyclone hudah et le sont classés parmi les plus violents de tous les cyclones ayant frappé ce district.

Une station météorologique bien équipée a été créée à Antalaha depuis 1975. Cette station à 60 mètres d’altitude, équipée d’un radar, et fonctionnelle depuis 1979 revêt une importance primordiale, car elle permet de détecter les cyclones à une très grande distance. Les renseignements fournis permettent aux responsables locaux de prendre à temps les dispositions nécessaires pour la protection des personnes et des biens pendant la période cyclonique.

16 Service de météo Antalaha

9

Tableau 2: Renseignements des cyclones qui passent à Antalaha.

Nom du cyclone dates Effets et impacts remarques Perte de vie humaine, destruction des zones inconnu 05 février 1950 d’habitation, des infrastructures, des cultures, … Perte de vie humaine et Cyclone catégorie 5 animale, destruction quasi- Vent maximal : 300 km/h HUDAH 02 avril 2000 totale des zones d’habitation, des infrastructures, des cultures,

Destruction des maisons, HARY 09 mars 2002 culture et infrastructures

Perte de vie humaine et Cyclone catégorie 5 animale, destruction quasi- Pression maximale : 895 hpa GAFILO 06 mars 2004 totale des zones d’habitation, vent maximal : 330 km/h des infrastructures, des cultures, … Destruction quasi-totale des 14 – 15 mars INDLALA zones d’habitation, des 2007 infrastructures, des cultures, … cyclone de catégorie 3/5 su Destruction des zones l’échelle de Saffir Simpson d’habitation déjà endommagée JAYA 03 avril 2007 pression : 949 hpa par Indlala, des infrastructures, vents moyens : 203 km/h des cultures, … vents en rafales: 250 km/h Destruction des zones JADE 06 avril 2009 d’habitation, des infrastructures, des cultures, …

Source : création propre de l’auteur

Avant l’année 2000, le district d’Antalaha n’était pas en général victimes de passage cyclonique. Il n’y avait qu’un cyclone (en 1950) qui y passait et provoquait des impacts graves, pendant 50 ans. Par contre, depuis cette année, Antalaha est classé comme une zone

10 très vulnérable aux cyclones. De 2000 à 2009, six cyclones y ont frappé et ont entraîné des dégâts graves comme la perte de la vie humaine et animale ainsi que la destruction des zones d’habitation, des infrastructures, des cultures…. Deux cyclones ont été classés très violents : le cyclone Hudah en avril 2000 avec une rafale de vent atteignant 300 km/h et le cyclone Gafilo en mars 2004 avec une rafale de vent atteignant 330 km/h.

Section II : Quelques informations sur les cultures de rente

II.1) Les différents types des cultures de rente à Antalaha

Le climat tropical humide a permis l’évolution des cultures d’exportation en particulier la vanille, le café, le girofle et le poivre. Ces cultures sont généralement conduites par des petits producteurs, qui, en l’absence de système de stabilisation des prix, subissent plus ou moins directement les fluctuations de prix sur les marchés internationaux.

Depuis quelques années, les aléas climatiques provoquent des problèmes majeurs au niveau régional. Selon son intensité, un cyclone entraîne une destruction massive de ces cultures sur sa trajectoire ; il est aussi souvent suivi par de très fortes précipitations qui durent plusieurs jours, entrainant des inondations sur une zone culturale beaucoup plus importante. En effet, les producteurs dans ce district sont très tributaires de ces aléas climatiques.

La vanille : première culture d’exportation d’Antalaha

A Madagascar, la culture de la vanille occupe près de 64 000 hectares. Cette surface est répartie sur 10 régions de la grande Ile. Plus de 80 000 de planteurs, 6 000 préparateurs et 33 exportateurs 17 constituent les principaux acteurs de cette filière. La région de SAVA assure les 80% des exportations 18 de la vanille de Madagascar parce que c’est dans cette région que l’on retrouve toutes les conditions idéales à la culture de cette orchidée.

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, Antalaha n'était qu'un village, mais actuellement ce district est très connu et célèbre tant au niveau national que international grâce à la production de la vanille. Il est jusqu’à maintenant surnommé « capitale mondiale de la vanille ». L’introduction de la culture de cette orchidée à Antalaha en 1905 a définitivement changé

17 Source : MINAGRI/UPDR (Ministère de l’Agriculture/ Unité de Politique pour le Développement Rural), 2001 18 Source : Service du commerce et du conditionnement à Antalaha

11 l’avenir de ce district et a favorisé son développement. Avant même la deuxième guerre mondiale, la région était devenue le plus important centre de production de vanille de l'île, exportant plus de 50% de la production mondiale 19 . Actuellement cette culture se trouve au niveau de 16 communes (Antalaha, Sarahandrano, Lanjarivo, Ambinanifaho, Ambalabe, Antsambalahy, Ampanavoana, Marofinaritra, Vinanivao, Andampy, Antombana, Antsahanoro, Antananambo, Ambohitralanana, Ampohibe, Ampahana) dans ce district. Toutes les opérations culturales sont assurées par une main d’œuvre familiale. Petit nombre de producteurs utilisent le salariat et l’entraide est presque inexistante dans le secteur vanille ; la majorité des chefs de ménages travaillent dans la culture de vanille, assistés par leurs conjointes. Il y a quelques ménages qui y font participer leurs enfants.

Depuis 2000, la production de la vanille ne cesse de diminuer à Antalaha à cause de différents cyclones qui y passent successivement. Beaucoup de paysans cultivateurs appellent actuellement alors des aides et des appuis pour le redressement de cette culture.

La culture de café : deuxième culture de rente locale

La production de café était très intéressante à Antalaha surtout dans les années 80. De 1981 à 1985, le café assurait les 51,85% des produits d’exportation au niveau de ce district (Source : rapport de l’évolution d’exportation au service de contrôle du conditionnement Antalaha en 1986). En général, les plantes de café sont résistantes au cyclone par rapport aux autres cultures de rentes ; mais à cause du changement des habitudes de consommation pour le café, c’est-à-dire le café robusta a été de plus en plus délaissé au profit de l’arabica (qui ne pousse pas dans le même milieu) ; la demande d’exportation de ces produits locaux a été fortement réduite à partir des années 90, ce qui amène des bas prix du café au niveau national. Cela entraîne donc une grande déception de la plupart de paysans producteurs de café. Par conséquent, ils ont coupé les caféiers pour cultiver de la vanille, du girofle, du riz, du maïs, du manioc… . Actuellement, les cultures de café sont négligées par les paysans d’Antalaha. Elles se trouvent dans toutes les communes rurales à l’intérieur de ce district ; mais les caféiers n’ont pas assez d’entretiens.

La culture de girofle classée troisième culture de rente à Antalaha

Le girofle constitue l’un des principaux produits d’exportation de Madagascar avec la vanille et le café. La production de girofle dans ce pays varie beaucoup d’une année à l’autre ;

19 Source : Service du commerce et du conditionnement à Antalaha

12 il semble que les raisons principales de ces fluctuations soient d’ordre climatique, la pluviométrie des mois de septembre-octobre-novembre a une influence non négligeable sur la quantité de la production des clous de l’année suivante, ou bien précisément une faible pluviométrie favorise la production. En particulier, dans le district d’Antalaha, les paysans ont commencé à s’intéresser à la culture de girofle dans les années 90 grâce à l’amélioration du prix de ce produit passant de 600 Fmg/kg en 1990 à 1900 Fmg/kg en 1996 20 . Malheureusement, les plantes de girofle sont très vulnérables au cyclone. En effet, la grande partie de cette culture a été gravement endommagée surtout après les passages des cyclones Hudah et Gafilo.

Depuis la moitié des années 90, le prix de girofle ne cesse de s’améliorer en général, c’est pourquoi, les paysans sont attirés par les cultures de girofle après les dégâts cycloniques. Actuellement, il n’y a pas donc un risque de la disparition de cette culture d’exportation dans le district d’Antalaha.

La culture de poivre : dernier rang de la culture d’exportation locale

Enfin, la culture de poivre est très différente par rapport aux autres cultures de rente car elle n’est pas victime du vent violent et de l’inondation pendant le passage cyclonique. Mais, les paysans ne sont pas intéressés par cette culture parce qu’il n’y a pas encore de débouchés importants par rapport aux autres produits de rente. Généralement, la demande de poivre se localise seulement encore sur le marché local.

II.2) Les perceptions des cultures et des produits de rente par les paysans locaux

Trois perceptions différentes sont obtenues lors des entretiens avec le groupe de paysans et les personnes ressources, pendant la descente sur terrain.

D’abord, pour le groupe de paysans cultivateurs, membre d’une association paysanne : « Tany Miavotra 21 », les produits de rente sont des éléments très importants et non négligeables pour la population dans la région de SAVA parce qu’ils sont les premières sources de richesse au niveau régional. Non seulement les paysans cultivateurs tirent des avantages et des bénéfices pour ces produits mais aussi et surtout les collecteurs, les

20 Source : Service de conditionnement Antalaha 21 Association paysanne appuyée techniquement et en matériel par le CARE Antalaha dans les villages de Maromokotra et Antapoly

13 exportateurs et l’Etat. En effet, la dégradation des cultures de rente à cause de cyclone n’est pas un problème des paysans seulement, parce qu’ils n’obtiennent qu’un peu de profit pour la production de rente. Ils n’ont pas alors les moyens suffisants pour les redressements de ces cultures après les passages cycloniques. C’est pourquoi, tous les concernés doivent être rassemblés pour aider ces paysans après une catastrophe naturelle, sinon il y aura un risque de la disparition des produits de rente dans cette région. Ce groupe de paysans est très satisfaisant et courageux grâce aux appuis techniques et aux offres des semences auprès du CARE Antalaha pour la réalisation de pépinière des cultures de rente au niveau de leur association « Tany Miavotra ».

Il existe aussi une autre perception tirée lors d’un entretien avec un ex-cultivateur de vanille, mais cultivateur d’igname à l’heure actuelle, dans le Fokontany d’Andrapengy. Il considère les produits de rente comme sources importantes de revenu quand il n’y avait pas de cyclone pendant plusieurs années, mais les cultures de rente créent des grosses dépenses pour le redressement et la récupération des plantes détruites, et surtout la réalisation des nouvelles plantations. Il mentionne que, à cause du changement climatique qui provoque les cyclones successifs dans le district d’Antalaha pendant la dernière décennie, les cultures de vanille et de girofle y sont gravement détruites ; c’est pourquoi, beaucoup de paysans cultivateurs ont été déçus et ont abandonné ces cultures. Ainsi les autres paysans qui ont eu le courage de planter encore la vanille et le girofle ont été malheureux parce qu’ils n’ont pas eu de rendement, mais le nouveau cyclone est arrivé pour détruire leurs nouvelles plantations. Il constate alors que même les produits de rente sont des sources importantes d’argent, il faut chercher d’autres activités génératrices des revenus et il faut pratiquer aussi les cultures vivrières pour éviter la déception, la souffrance et l’insuffisance alimentaire au moment et après le passage du cyclone.

Enfin la dernière perception est obtenue lors d’une discussion avec un chef de ménage, cultivateur de la vanille depuis sa jeunesse; il a 70 ans actuellement. Les produits de rente, en particulier la vanille produite dans notre pays ont les meilleures qualités au niveau mondial grâce au taux de vanilline très intéressant. Alors, pour lui, il faut profiter de cette occasion parce que la surface cultivable, surtout dans la région de SAVA est encore large et la population dans cette région est presque attirée par la culture de vanille. Mais, cette culture est très vulnérable au cyclone. Par conséquent, la production de vanille est faible dans le district d’Antalaha à partir de 2000 à cause de dégâts cycloniques insupportables sur le plan agricole. En général, la grande partie des cultures de vanille et de girofle a été détruite par le cyclone

14 Huddah en Avril 2000; plus tard, les pertes et les dégâts existants ont été amplifiés par le cyclone Hary (Mars 2002) et Gafilo (Mars 2004). En plus, le cyclone Indlala en Mars 2007 suivi par le cyclone Jaya en Avril 2007 a entraîné aussi des impacts négatifs pour ces cultures. Tout cela entraîne une réduction brusque des revenus des paysans. En effet, l’insécurité s’aggrave dans le milieu rural à cause de l’insuffisance des ressources financières et de la pauvreté. Face aux différents problèmes créés par les cyclones dans le district d’Antalaha, il fait appel à l’Etat, aux ONG et associations…pour aider, appuyer et motiver les paysans cultivateurs pour l’avenir de la vanilles et du girofles dans cette zone et surtout pour l’avenir de la génération future.

II.3) L’importance des cultures et des produits de rente sur l’économie des ménages

Les cultures de rente : activités principales des paysans locaux

Les cultures de rente sont classées comme des activités principales des paysans dans le district d’Antalaha. Selon un renseignement bien confirmé au service de météo à Antalaha, aucun cyclone n’a frappé directement ce district de 1950 à 2000. Cela permet de développer et de vulgariser les cultures de rente dans cette zone, surtout la culture de vanille. C’est pourquoi, la plupart des paysans dans le milieu rural cultivait de la vanille en ce moment.

Un entretien sous forme de débat avec un groupe de paysans cultivateurs à Ambohitsara, permet de connaître que durant cette période, beaucoup de cultivateurs ne voulaient pas pratiquer les cultures mixtes comme les cultures de rente-cultures vivrières parce que l’argent obtenu pendant les campagnes de vanille, de girofle et de café était suffisant pour accomplir leurs besoins. Chaque année, après les ventes de ces produits, ils effectuaient les approvisionnements de vivres (riz, maïs, haricot…) et de PPN ; en plus, ils achetaient aussi les fournitures scolaires de leurs enfants et les restes devaient gérer pour les autres dépenses annuelles jusqu’à la prochaine récolte.

Les produits de rente : sources de revenus des paysans

L’entretien avec les autorités locales (Maires, Chefs FKT, Chefs Quartiers) et avec quelques paysans dans les communes rurales d’Ambalabe, de Marofinaritra, et d’Ampahana, permettent aussi de connaître que les productions de vanille, de girofle et de café étaient les principales sources de revenus des paysans surtout ceux qui habitaient dans le milieu rural

15 avant le passage de cyclone Hudad. Ces produits de rente assuraient les 90% à 99% 22 des revenus annuels des ménages en milieu rural. Cet écart est à cause de l’existence de deux zones différentes au niveau de ce district. D’abord, les habitants dans la zone littorale avaient une autre activité génératrice de revenus (la pêche), cette activité occupait environ de 10% de revenus annuels d’un ménage en ce moment. Ensuite, tous ceux qui habitaient loin de la mer ne pratiquaient en général que les cultures de rente comme sources de revenus.

A cette époque, les ménages qui avaient de nombreux pieds de vanille, de café et de girofle obtenaient beaucoup plus d’argent après les ventes de ces produits. Mais, ces gens n’avaient pas l’habitude d’épargner pour la prévision des dégâts liés aux aléas naturels. D’une manière générale, s’il y avait de surplus pour leurs dépenses annuelles, ils les dépenseraient tous aux différents plaisirs comme l’achat de voiture Renault 4, de radio cassette, de groupe électrogène, de télévision, de lecteur vcd/dvd…parce qu’ils espéraient déjà l’argent obtenu aux prochaines récoltes. Par conséquent, quand le cyclone a frappé ce district, beaucoup de paysans rencontreraient les problèmes d’insuffisance financière et alimentaire. .

Le chapitre premier montre que le climat tropical humide, le type du sol … ont permis le développement des cultures de rente comme la vanille, le girofle, le café et le poivre dans le district d’Antalaha. C’est la raison pour laquelle, depuis longtemps, elles étaient des activités de subsistance de la plupart des paysans locaux. Cependant, ces cultures sont des éléments très vulnérables aux cyclones ; c’est pourquoi, les passages cycloniques depuis l’an 2000, les ont gravement détruits. Dans le prochain chapitre nous analysons les atouts et les faiblesses des cultures et des produits de rente.

22 Résultats d’entretien confirmés aussi à la base des données du district d’Antalaha.

16 CHAPITRE II : Les atouts et les faiblesses des cultures et des produits de rente

L’année 2000, a été une année de référence sur l’histoire des cultures de rente et de l’aléa climatique dans le district d’Antalaha. Avant cette période, comme on a déjà évoqué dans le chapitre premier que ces cultures jouaient un rôle très important sur l’économie des ménages ; par contre, après cette année, elles sont des éléments vulnérables aux cyclones, en entraînant aussi une pauvreté dans la zone et une vulnérabilité de la population locale. Dans le prochain chapitre, notre étude est basée sur les atouts et les faiblesses de ces différentes cultures d’exportation au niveau de ce district ; dont la section I concerne la situation des cultures de rente avant 2000, et la section II englobe les analyses sur les impacts des cyclones aux cultures de rente.

Section I : La situation des cultures de rente à Antalaha, avant 2000

I.1) Le développement de la culture de vanille, avant 2000

Les différents appuis à la production de la vanille

Dans les années 90, il existait quelques appuis à la production de la vanille dans la région SAVA. D’abord, un opérateur privé du PABIOM (Produits de l’Agriculture Biologique de Madagascar) installé à Ambohitsara-Antalaha depuis 1995 a contribué à la vulgarisation agricole, particulièrement à la culture de vanille. Il a eu pour mission d’évaluer les impacts des organisations d’appui à la production agricole et à la vulgarisation. Il en a été de même de l’appui du PADANE au PNVA quant à l’appui à la production et la restructuration du monde rural. En plus, le lancement du PNVA dans les CIRAGRI de la région SAVA a nécessité l’intervention du Centre Régional Nord du FOFIFA pour l’animation des ateliers concernant les cultures vivrières et de rente, notamment de la vanille. Les thèmes de ces ateliers se concentrent surtout à l’appui, à la diffusion des techniques culturales de la vanille, à la multiplication de trois variétés performantes (Manitry ampotony, tsy laitry et (F*P) 102 – 174) et à la multiplication et présentation d’une collection de vanille sans virus. Ensuite, le Projet pour la Relance des Cultures et d’exportation (PRCE) de la STABEX, financé par le FED a appuyé les organisations paysannes par la cession des boutures saines aux planteurs, la vulgarisation d’une nouvelle technique culturale intensive à travers des encadreurs agricoles mais aussi par le financement en matériels de préparation

17 (couvertures, thermomètres, claies…). Enfin, en 1998, le projet Masoala du CARE International a initié la vulgarisation technique permettant d’obtenir la meilleure qualité de vanille.

L’évolution des superficies-rendements-productions de la vanille

Grâce à l’absence de cyclone et aux différents appuis à la production de la vanille au niveau régional, les superficies-rendements-productions de cette filière ont augmenté pendant les années 90, dans le district d’Antalaha.

Tableau 3:Evolution des superficies-rendements-productions de la vanille à Antalaha de 1995 à 1999.

Année 1995 1996 1997 1998 1999 Superficie (en ha) 3415 3575 3550 3565 3593 Rendement (t/ha) 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 Production (t) 375 390 375 435 710 Source : Ministère de l’agriculture (2001)

Le tableau ci-dessus montre que la superficie cultivée de 3415 ha en 1995 est passée à 3593 ha en 1999 (soit une hausse de 5,2%). La production passant de 375 t à 710 t a connu quant à elle une augmentation de 89,3% en 5 ans.

La hausse de la superficie cultivée correspond plutôt à un meilleur entretien des vanilliers et au renouvellement des vieilles plantes mais non à une augmentation physique des plantations. La hausse du prix de la vanille verte passant de 2 500 Fmg à 6 500 Fmg par kg en 1994 à redynamiser l’espoir des cultivateurs qui accordent désormais plus d’attention à leur vanillerie. Tout cela entraîne l’augmentation très importante de la production en ce moment.

Les prix d’achat de la vanille aux producteurs

Tableau 4:Evolution des prix de la vanille préparée en vrac aux producteurs.

ANNEES 1997 1996 1995 1994 1993 Prix minimum (en Fmg) 35 000 20 000 25 000 36 500 12 500 Prix maximum (en Fmg) 95 000 70 000 90 000 65 000 25 000 Source : PADANE-DRA-Antalaha

18 Tableau 5:Evolution des prix de la vanille verte aux paysans

ANNEES 1998 1997 1996 1995 1994 1993 Prix minimum (en Fmg) 6 000 5 000 4 000 5 100 2 500 1 750 Prix maximum (en Fmg) 15000 10 000 7 500 10 000 6 500 4 000 Source : PADANE-DRA-Antalaha

Grâce à la qualité supérieure de la vanille de Madagascar, il existe une demande permanente de ces produits sur les marchés internationaux, depuis longtemps. C’est la raison pour laquelle, les prix de la vanille aux producteurs ont généralement augmenté dans les années 90. Les argents obtenus par les paysans pendant la campagne de la vanille ont assuré la grande partie des revenus annuels des ménages dans cette zone.

Une analyse plus approfondie montre aussi les pertes des producteurs sur le marché de la vanille. Environ 10% de la production vanillière ont été vendus aux prix bradé (ou kororevaka) c’est-à dire des prix deux fois moindre que ceux pratiqués sur les marchés contrôlés, dont la vente était sous forme de crédit fleur (vente en jamola) 23 ou sous forme de crédit nature (riz) appelée aussi « vonjy 24 » au secours en période de soudure.

I.2) La situation de la culture de café avant 2000

L’évolution de la culture de café avant le cyclone Hudah

Avant 1989, l’institution « opération café » a agi dans une action de vulgarisation dont les principaux thèmes ont été : le recépage consistant à couper les vieux caféiers pour permettre la pousse de rejet ; la vulgarisation de la culture de boutures améliorées et la technique de préparation des produits. Cependant, depuis 1990 l’opération de café n’existe plus à cause de problème de financement. Par conséquent, la qualité marchande a réduit et la productivité a été faible.

23 Quand les paysans ont besoin d’argents avant la campagne de la vanille, ils vendent aux collecteurs ou aux exportateurs… leurs vanilles qui n’ont pas encore récolté, à bas prix. 24 Même cas, mais ces vanilles au champ sont échangées contre le riz.

19

Tableau 6: Evolution des superficies-rendements-productions du café à Antalaha de 1995 à 1999.

Années 1995 1996 1997 1998 1999 Superficie (en ha) 7240 7250 6930 6970 6970 Rendement (t/ha) 0,33 0,35 0,3 0,32 0,35 Production (t) 2410 2560 2070 2260 2420 Source : Ministère de l’agriculture.

Les superficies cultivées comme la production sont restées quasi-constantes sinon en légère baisse. Ceci s’explique par l’inexistence de nouvelles plantations et le manque d’entretien des caféiers. Le rendement n’a pas évolué à cause de la défaillance de vulgarisation de nouvelle technologie et de la non régénération des vieilles plantations.

Les prix d’achat du café aux producteurs

Au cours d’une année le prix du café passe par trois stades. Au début de campagne le prix est relativement faible, en milieu de campagne le prix atteint le maximum et en fin de campagne le prix baisse pour rejoindre le niveau initial. Ce phénomène s’observe chaque année et s’explique par le fait que la première production de mauvaise qualité n’intéresse que les petits acheteurs. Ensuite, la demande importante fait augmenter le prix et quand celle-ci baisse, le prix chute également.

Tableau 7:Prix d’achat du café aux producteurs de 1993 à 1997

ANNEES 1993 1994 1995 1996 1997 En début de campagne 800 5000 3000 2000 3 500 En milieu de campagne 2 000 10 000 6 000 6 000 6 000 En fin de campagne 1 000 7 000 2 000 2 000 4 000 Source : PADANE – DRA Antalaha.

Tableau 8:Evolution d’exportation du café de 1982 à 1986…1998 à 2000

ANNEES 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1998 1999 2000

Cafés 2621820 1821660 1707020 1520482 1367000 998196 734000 795000 195000

(en kg)

Source : service de conditionnement Antalaha

20 Il est nécessaire d’analyser le prix du café avec l’évolution de taux d’exportation de ce produit parce que la fluctuation des prix d’une année à l’autre est fonction de la demande extérieure. Le tableau 8 montre que depuis les années 80 jusqu’à l’an 2000, les quantités du café exportées dans le District d’Antalaha ne cessent de diminuer à cause de la régression de demande des cafés malgaches sur les marchés internationaux. Le prix faible, instable, non augmenté et donc non incitatif de ces produits causé par la réduction de la demande extérieure a constitué un facteur de désintéressement des paysans vis-à-vis du café qui demeure néanmoins une source substantielle de revenus.

I.3) Les cas du girofle et du poivre

Les superficies occupées par les girofles et les poivres à Antalaha

Dans le district d’Antalaha, les cultures de girofle et de poivre n’ont occupé que de faible superficie par rapport à la vanille et au café. Les tableaux suivants témoignent de cette moindre importance quant à la superficie, la production et le rendement de ces deux produits.

Tableau 9:Evolution des superficies-rendements-productions de girofle dans le district d’Antalaha de 1995 à 1999.

Années 1995 1996 1997 1998 1999 Superficie (en ha) 155 160 165 170 190 Rendement (t/ha) 0,2 0,2 0,2 0,18 0,2 Production (t) 30 30 35 30 40 Source : Ministère de l’agriculture (2001)

Tableau 10 :Evolution des superficies-rendements-productions de poivre dans le district d’Antalaha de 1995 à 1999.

Années 1995 1996 1997 1998 1999 Superficie (en ha) 30 30 25 25 30 Rendement (t/ha) 0,3 0,3 0,2 0,4 0,5 Production (t) 10 10 6 10 15 Source : Ministère de l’agriculture (2001)

D’abord, concernant le girofle, aucune action spécifique de vulgarisation technique n’a été menée ni pour améliorer le rendement ni pour augmenter la superficie en ce moment. C’est pourquoi, la superficie est généralement restée constante et le rendement très faible, 0,2

21 tonne par hectare. Cette situation s’explique par trois principaux phénomènes : premièrement, les paysans déçus par un mauvais prix de vente du girofle dans les années 80 ont détruit leur champ de girofliers pour y planter du riz ; en plus, les plantations mal entretenues ne produisaient qu’une faible quantité ; et enfin, les paysans ne daignaient même plus récolter leur produit pour éviter une perte de temps aux préparations coûteuses non rémunératrices.

Ensuite, même cas pour le poivre, il y avait une baisse de la superficie cultivée et une constance de la production. Aucune mesure incitative n’a été signalée pendant les années 90. Les actions de vulgarisation n’ont pas touché la filière poivre.

Les prix d’achat de girofle aux producteurs

Tableau 11 : Evolution des prix de girofle aux producteurs.

ANNEES 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 Prix (fmg/kg) 600 900 766 900 18OO 1850 1900 Source : Ministère de l’agriculture

A la fin des années 80, les prix du girofle aux producteurs commençaient à baisser après la suppression de la Caisse de la Stabilisation du prix de girofle et surtout à cause de la surproduction de girofle sur le marché mondial.

Dans les années 90, les prix de girofle aux producteurs s’amélioraient passant de 600Fmg en 1990 à 1900fmg en 1996. Cette amélioration provenait de l’accroissement de la demande extérieure à cause de l’augmentation de besoin pour les produits dérivés de clous et de feuilles du girofle. L’eugénol sert à fabriquer la vanilline artificielle. Les essences de clous, de griffes, de feuilles et de branches servent en pharmacie pour la préparation des divers médicaments ; en parfumerie, en savonnerie, pour la préparation des pates dentifrices, pour la préparation de certaines peintures et vernis ; en chirurgie (propriétés bactéricides et anesthésiant), en droguerie.

La vanille, le café et le girofle ont assuré jusqu’à 2000, l’essentiel de revenus de grand nombre de ménages dans la côte Nord Est de Madagascar, en particulier à Antalaha. A cette époque, les fluctuations de prix des produits de rente liés à l’instabilité sur les marchés mondiaux ont presque entraîné une diminution des revenus des ménages. Mais, on constate que cette situation n’a pas eu des impacts graves pour le niveau de vie des paysans parce que généralement, ils n’ont pas eu encore des difficultés pour leurs nourritures, la scolarisation de

22 leurs enfants, l’accès aux soins… . C’est la raison pour laquelle, ces produits de rente ont resté encore leur principale source de revenus et ont assuré leur vie.

Section II : Les conséquences des dégâts cycloniques pour les cultures de rente et sur les revenus des ménages à Antalaha

Dans cette étude, nous choisissons comme référence le cyclone Hudah parce qu’il est un cyclone très violent et destructeur dans le district d’Antalaha. Il est à noter donc que depuis 2000, les cultures de rente au niveau de ce district sont dans une situation critique.

II.1) L’évolution des superficies-rendements-productions des différentes cultures de rente après les dégâts cycloniques

Les cyclones les plus violents passant dans le district d’Antalaha pendant les années 2000 ont été le cyclone Hudah le 02 avril 2000 et le cyclone Gafilo en 06 mars 2004. Le vent très violent et les inondations pendant les passages de ces deux cyclones y ont entraîné les pertes de vie humaine et la destruction quasi-totale des zones d’habitation, des infrastructures et surtout des cultures. Ainsi, quand les superficies cultivées par la vanille ont augmenté avant l’an 2000 ; par contre elles ont été constantes de 2005 à 2009 et même cas pour le café.

Tableau 12 :Evolution des superficies-rendements-productions de la vanille à Antalaha de 2005 à 2009.

Années 2005 2006 2007 2008 2009 Superficie (en ha) 4500 4500 4500 4500 4500 Rendement (t/ha) 0,4 0,3 0,3 0,5 0,7 Production (t) 1800 1350 1350 2250 3150 Source : CIRDR Antalaha (2000)

Tableau 13 :Evolution des superficies-rendements-productions du café à Antalaha de 2005 à 2009.

Années 2005 2006 2007 2008 2009 Superficie (en ha) 3500 3500 3500 3500 3600 Rendement (t/ha) 0,3 0,5 0,4 0,35 0,5 Production (t) 1400 1750 1050 1225 1750 Source : CIRDR Antalaha (2000)

23 Comme tous les aléas naturels, le cyclone entraîne non seulement les dégâts immédiats mais aussi les effets secondaires, par exemple la pauvreté. Dans le district d’Antalaha, la vie de grand nombre de paysans dépend surtout de la culture de rente ; il est déjà mentionné en premier chapitre que les produits de rentes sont leurs principales sources des revenus. Ainsi, les dégâts provoqués par les cyclones forts comme Hudad et Gafilo ont créé une pauvreté dans la zone. Par conséquent, la population est vulnérable suite à l’insuffisance alimentaire et financière ; c’est la raison pour laquelle, les paysans n’ont pas eu les forces et les moyens pour travailler aux champs de leurs cultures ; d’où les superficies cultivées par la vanille et le café n’ont pas évolué de 2005 à 2009.

Tableau 14 : Evolution des superficies-rendements-productions de girofle dans le district d’Antalaha de 2005 à 2009

Années 2005 2006 2007 2008 2009 Superficie (en ha) 85 90 130 250 270 Rendement (t/ha) 0,4 0,4 0,45 0,5 0,5 Production (t) 34 36 58,5 125 135 Source : CIRDR Antalaha (2000)

Après le passage du cyclone hudah, la quasi-totalité de la culture de girofle dans le district d’Antalaha a été détruite ; mais grâce à la hausse de prix des clous de girofle en ce moment, les paysans ont eu une grande motivation de cultiver encore le girofle. Ainsi, la superficie cultivée par cette culture a augmenté pendant les cinq dernières années des années 2000, passant de 85 ha en 2005 à 270 ha en 2009, avec une amélioration de rendement et production respectivement : 0,4 t/ha – 34 t en 2005 et 0,5 t/ha – 135 t en 2009.

Tableau 15 :Evolution des superficies-rendements-productions de poivre dans le district d’Antalaha de 2005 à 2009.

Années 2005 2006 2007 2008 2009 Superficie (en ha) 14 15 20 67 69 Rendement (t/ha) 0,5 0,3 0,6 0,5 0,4 Production (t) 7 4,6 12 35 27 Source : CIRDR Antalaha (2000)

En général, la culture de poivre n’est pas victime de cyclone, mais la faible superficie occupée par cette culture à Antalaha s’explique par l’insuffisance des débouchés de ces produits.

24 II.2) Analyse des impacts du cyclone hudah pour les cultures de rente et sur les revenus des ménages

Depuis l’année 2000, les cyclones et la tempête tropicale ont gravement endommagé les cultures de rente dans la côte Nord-Est de Madagascar. Alors, les producteurs dans cette région ont été confrontés non seulement aux risques économiques liés à l’instabilité des prix sur les marchés internationaux mais aussi et surtout aux risques climatiques dus à l’exposition de la façade orientale de ce pays aux cyclones.

Selon le rapport spécial « mission FAO/PAM d’évaluation de l’incidence des cyclones et de la sécheresse sur les disponibilités alimentaires à Madagascar » en 1 er juin 2000, 33 000 hectares de cultures d’exportation ont été perdus par les inondations et les vents violents. Ainsi, la réduction des exportations de vanille, de café et de clous de girofle ont entraîné aussi une diminution de revenus pour les agriculteurs touchés.

Les impacts du cyclone Hudah pour les cultures de rente

Le cyclone Hudah, un des plus violents dans les années 2000, a frappé le Nord de Madagascar le 02 Avril 2000, avec des vents atteignant 300 km/h dans le district d’Antalaha. Les inondations et les vents ont provoqué des nouveaux dégâts dans les infrastructures et les cultures de plein champ, en particulier aux cultures d’exportation. Ce cyclone a gravement endommagé les cultures de rente comme la vanille, le café et le girofle et on prévoit que ses effets dureront de trois à sept ans, selon la durée utile de ces plantations

Les impacts du cyclone Hudah pour la culture de la vanille :

La vanille, une des principales cultures d’exportation, est essentiellement cultivée dans la région de SAVA. En moyenne, environ 1000 tonnes 25 de vanille ont été exportées chaque année avant le passage de cyclone Hudah, ce qui a constitué une source importante de revenus pour la population de cette région.

Les inondations qui ont suivi les vents violents causés par le cyclone Hudah, ont gravement endommagé les plantations de vanille, surtout dans le district d’Antalaha. Dans les plantations inondées, la pourriture a causé des dégâts irréversibles aux sarments et aux

25 Source : MINAGRI/UPDR (Ministère de l’Agriculture/ Unité de Politique pour le Développement Rural), 2001, « Monographie de la région SAVA »,

25 gousses. En général, les superficies détruites ont été estimées à 4355 hectares sur 25500 hectares des superficies cultivées, pour une production estimée à 870 tonnes 26 .

Les impacts du cyclone Hudah pour la culture du café :

Le café peut être considéré comme deuxième culture de rentes dans la région de Sava. Cette culture a été endommagée essentiellement par les vents forts du cyclone Hudah qui ont fait tomber les feuilles et les grains et ont cassé les branches. Les plantations de café dans les vallées ont été inondées pendant plusieurs heures, ce qui a nui à la qualité des grains. Les superficies détruites ont été estimées à 7800 hectares, pour une production estimée à 2500 tonnes de café vert ; soit environ 4% de la production nationale 27 . On a eu besoin de trois à quatre ans pour un rétablissement complet de cette culture.

Les impacts du cyclone Hudah pour la culture du girofle :

Les clous de girofle sont produits dans le Centre-Est et le Nord-Est, c'est-à-dire dans les zones frappées par le cyclone Hudah. Les plantations de girofle sont généralement situées à flanc de colline et par conséquent exposées aux dégâts dus aux vents et à l’érosion. A Antalaha, les vents violents du cyclone Hudah ont totalement défolié et desséché les arbres. En effet, environ 95% 28 de plantations de girofle ont été détruites par ce cyclone au niveau de ce district. Il faudra environ sept ans avant que les arbres replantés soient productifs et les pertes de production devraient se prolonger beaucoup plus que celles des autres cultures.

Les impacts des dégâts provoqués par Hudah sur les revenus des ménages.

Il y a eu une diminution des revenus des ménages dans le district d’Antalaha entre 1999 et 2000 à cause de la dégradation des cultures de rente provoquée par le cyclone Hudah.

Le revenu par unité de consommation en 1999 et en 2000

Par rapport au taux d’inflation calculé au niveau national (près de 12% entre 1999 et 2000), mais l’inflation observé en milieu rural a été plus élevée et a dépassé 20%. On a donc appliqué un déflateur : 1,29 pour Antalaha.

26 Source : Rapport Spécial : Mission FAO/PAM d’évaluation de l’incendie, des cyclones et de la sécheresse sur les disponibilités alimentaires à Madagascar. 27 Source : Rapport Spécial : Mission FAO/PAM 28 Source: CIRDR Antalaha.

26 Tableau 16 : Revenu annuel des ménages par unité de consommation en 1999 et en 2000 à Antalaha

Revenu annuel (en milliers de Fmg) 1999 2000 (déflaté) Moyenne 1197 1189 Médiane 1045 949 Répartition en quartiles 25% 777 630 50% 1050 949 75% 1456 1480 Indice de Gini 0,27 0,40 Nombre d’observation 444 444 Source : ROR (1999- 2000)

Tableau 17 : Evolution des prix de la vanille vendue sur l’observatoire d’Antalaha.

1999 2000 Evolution des prix

% ménages Prix moyen % ménages Prix moyen ayant vendu de vente/kg ayant vendu de vente/kg

Vanille verte 95% 14 600 Fmg 67% 56 800 Fmg +289%

Vanille préparée non triée 14% 31 300 Fmg 5% 231 700 Fmg +640%

Source : ROR, (1999-2000)

La moyenne des revenus dans le district d’Antalaha a oscillé autour de 1,2 million de Fmg en 1999 et en 2000, par contre l’inégalité des revenus a été considérablement se creusée : l’indice de Gini a été passé de 0,27 à 0,40. Le passage du cyclone Hudah au début d’avril 2000 a provoqué la destruction de nombreuses plantations de vanille, ce qui a provoqué aussi la flambée des prix de ce produit. Le prix de la vanille verte a augmenté de 288%, celui de la vanille préparée non triée 647%. Les impacts des dégâts cycloniques sur les revenus tirés par les ventes de la vanille durent au moins trois ans, parce que la vanille est une culture pérenne : reconstituer une plantation détruite coûte cher et l’entrée en production demande au minimum trois années.

27 La matrice d’évolution du revenu

La construction de la matrice a été réalisée à partir des quartiles de revenu de 1999. Les ménages ont été séparés en quatre groupes de taille égale (colonne « Total » à droite) ; on retrouve les bornes de revenu de ces groupes dans le tableau ci-dessus « revenu des ménages par unité de consommation ». Les noms donnés aux catégories de revenu (très faible, faible, moyen, élevé) ne font pas référence à une quelconque classification au niveau nationale, mais sont utilisées pour de commodité, reflétant une situation relative au sein de l’observatoire. Ces mêmes bornes ont ensuite été appliquées les groupes de revenu de 2000, en utilisant le revenu déflaté.

Tableau 18 : matrice de répartition d’évolution des ménages dans les groupes de revenus (pourcentage des ménages) dans le district d’Antalaha

2000 Revenus très Revenu faible Revenu Revenu élevé Total 1999 faible moyen Revenu très faible 14% 4% 4% 3% 25% Revenu faible 9% 5% 4% 7% 25% Revenu moyen 10% 4% 5% 6% 25% Revenu élevé 6% 4% 5% 10% 25% 39% 17% 18% 26% 100% Source : ROR, (1999-2000)

Les quartiles de revenu de 1999 s’établissent à 777, 1050, et 1456 (milliers de Fmg). Sens de lecture du tableau : en ligne, les quartiles de revenu 1999 tels qu’ils se répartissent en 2000, le total de la ligne est égale à 25% ; en colonnes, la répartition des ménages en 2000 d’après l’évolution de leurs revenus. Les ménages qui se situent sur la diagonale sont ceux qui n’ont pas changé de catégorie entre 1999 et 2000.

A Antalaha, l’impact des mauvaises conditions climatiques ou bien précisément de cyclone Hudah est très visible et remarquable, parce que 39% des ménages sont classés en 2000 dans la catégorie de revenu « très faible ». Parmi eux, seuls 14% y étaient déjà en 1999, les autres sont venus des catégories plus favorisées. Il est par contre intéressant de noter que la catégorie « revenu élevé » s’est maintenue encore à 26%, surtout grâce à l’amélioration de la situation de 16% des ménages ; parce que la flambée des prix de la vanille suite au cyclone a bénéficié à ceux qui avaient des stocks.

28 Remarques

Il est déjà mentionné en haut que six cyclones ont frappé le district d’Antalaha, pendant les années 2000. Chaque cyclone a eu ses impacts, mais le degré des dégâts dépend de l’intensité de chacun. Trois cyclones ont été classés parmi les plus violents : Hudah (2000), Gafilo (2004) et Indlala (2007), en ce moment. C’est pourquoi, le district d’Antalaha a été dans une situation critique pendant cette période, parce que les activités de subsistance de la population ont été gravement dégradées par les vents violents et les inondations suite aux passages cycloniques.

Depuis longtemps, la vie de la plupart de ménages dans le district d’Antalaha a dépendu généralement aux revenus tirés par les ventes des produits de rente. Or, les cultures de rente sont des éléments très vulnérables aux cyclones. En plus, ces cultures ont besoin de temps et de somme importante d’argents pour les activités de redressement après leurs destructions. Au moins trois ans après leurs plantations qu’il existera de récolte pour la vanille et le café, ainsi que sept ans pour le girofle. Les revenus annuels des ménages ont alors diminué brusquement, depuis 2000. Cela a entraîné une pauvreté au niveau de ce district qui a été le facteur principal de la vulnérabilité de la population locale.

29 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Cette partie nous a permis de montrer que les cultures de rentes ont tenu une place importante dans le district d’Antalaha, avant 2000. Par contre, les passages cycloniques depuis cette année, ont endommagé ces cultures d’exportation locales. C’est la raison pour laquelle, la perte de revenus annuels des ménages est l’un des facteurs principaux de la vulnérabilité de la population locale.

Le climat tropical humide, ainsi que l’absence de cyclone pendant plusieurs années ont favorisé le développement des cultures de vanille, de café, de girofle et de poivre à Antalaha. C’est la raison pour laquelle, les cultures de rente ont été des activités de subsistance des paysans locaux. En outre, les produits de rentes ont assuré la grande quantité de revenus des ménages. Cependant, la côte Nord-Est de l’Île est exposée régulièrement aux cyclones depuis quelques années. Ainsi, les cultures de rente sont très vulnérables aux vents violents et aux inondations pendant les passages cycloniques. En particulier, les pertes des productions de la vanille, du girofle et du café suite aux dégâts provoqués par le cyclone Hudah (2000) suivi par les cyclones Hary (2002), Gafilo (2004), indlala (2007), Jaya (2007) et Jade (2009), ont été les facteurs principaux de la vulnérabilité de la population dans le district d’Antalaha.

Les responsables, tant au niveau mondial, national que régional constatent que les aléas et les risques naturels sont inévitables, mais les impacts peuvent être atténués grâce au programme ou à la politique de RRC mieux adapté(e). Nous voyons donc les concepts de RRC et sa mise en œuvre à Madagascar dans la partie suivante.

30

PARTIE II : LES CONCEPTS DE RRC ET SA MISE EN ŒUVRE

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

La première partie avait pour objet d’analyser l’importance des cultures de rentes et les impacts des dégâts cycloniques sur ces cultures dans le district d’Antalaha.

Depuis longtemps, les cultures de rente sont des activités de subsistances des paysans à Antalaha. La plupart de la population y a considéré les produits de rente comme premières sources de revenu. Cependant, les dégâts cycloniques depuis l’année 2000, ont entraîné des impacts graves sur ces cultures d’exportation locales. En effet, les revenus annuels des ménages ont diminué et cela a amené jusqu’à la vulnérabilité de la population.

Face à cette situation, il est impossible d’empêcher le passage d’un cyclone dans un pays, ou région, ou localité. Les politiques de lutte contre cet aléa se concentrent principalement sur une réduction de la vulnérabilité des éléments ou des individus qui seront probablement affectés. Actuellement, la réduction des risques de catastrophes est un défi au niveau international, national et régional. C’est la raison pour laquelle, beaucoup de concepts de RRC sont publiés à l’heure actuelle au niveau mondial. Ainsi, l’Etat malagasy a élaboré la stratégie nationale de gestion des risques et des catastrophes, contenant la politique nationale de gestion des risques et des catastrophes, en 2001. En plus, différents ONG interviennent en matière de RRC, dans les zones les plus vulnérables au niveau national.

La deuxième partie contient, deux chapitres concernant les concepts de RRC et sa mise en œuvre à Madagascar, dont le chapitre I montre « les concepts de base de RRC » et le second chapitre évoque« la mise en œuvre de RRC à Madagascar. »

31 CHAPITRE I : Les concepts de base de RRC

En matière de réduction des risques de catastrophes (RRC), beaucoup de concepts doivent être maîtrisés pour atteindre à des objectifs fixés. Dans ce chapitre, nous choisissons comme base de référence les concepts des risques, des catastrophes, de capabilité, ainsi que les concepts de la prévention.

Section I : concepts des risques – catastrophes naturelles et de capabilités de Sen

I.1) Les notions de l’aléa, de la vulnérabilité, de la capacité, de la résilience, du risque, de la catastrophe

Les aléas : sources principales des risques et des catastrophes

L’aléa est un phénomène dangereux, une substance, une activité humaine ou condition pouvant causer des pertes de vies humaines, de blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, des pertes de moyens de subsistance et des services, des perturbations socio-économiques, ou des dommages à l’environnement. 29

Un événement ou phénomène, rare ou extrême, qui survient dans l’environnement naturel ou l’environnement créé par l’homme, et affecte négativement la vie humaine, les biens ou les activités, au point de créer une catastrophe. 30

Il existe six catégories d’aléa.

- Les aléas naturels composés par les aléas climatiques ou hydrographiques (cyclones, tempêtes, inondations, sécheresse), les aléas géologiques (séisme, tsunami, glissement de terrain, éruption volcanique), les aléas biologiques (épidémies humaines, infestation parasitaire/d’insectes). - Les aléas anthropiques ou dus par l’homme comme la pollution industrielle, les radiations nucléaires, les déchets toxiques, les ruptures de barrage, les accidents de transport, les explosions d’usine, les incendies et déversements de produits chimiques.

29 UNISDR 2009 : United Nations International Strategy for Disaster Reduction 30 Mitigation des catastrophes UNDMTP

32 - Les aléas environnementaux qui peuvent être naturels ou causés par l’homme, comprennent la pollution de l’environnement, la déforestation, la désertification, l’infestation parasitaire…ect - Les aléas complexes incluant les guerres et les conflits civils (agressions armées, révoltes, terrorisme et autres actions provoquant des déplacements de la population et des réfugiés), peuvent être associés ou non aux aléas naturels. - Les aléas brusques, à déclenchement soudain tels que des aléas géologiques ou climatiques comme les tremblements de terre, les inondations, les tempêtes tropicales, les éruptions volcaniques, les glissements de terrain. - Les aléas progressifs, à développement lent : tels que des aléas comme la sécheresse, la dégradation de l’environnement, la désertification, la déforestation, l’infestation par parasites.

A Antalaha, les cyclones et les inondations sont souvent les aléas qui détruisent les agricultures, les infrastructures, les cases d’habitation… Donc, tous les programmes de RRC au niveau de ce district doivent être basés sur ces deux aléas.

La vulnérabilité : une tendance des choses à être endommagées par les aléas

Les caractéristiques et les circonstances d’une communauté ou d’un système qui le rendent susceptible de subir les effets d’un danger. Cette définition identifie la vulnérabilité comme une caractéristique de l’élément d’intérêt (de la communauté ou du système) qui est indépendante de son exposition.31

La vulnérabilité est le degré auquel une communauté, un service ou une région géographique sont exposés à vraisemblablement subir des dommages ou des graves perturbations sous l’impact d’une catastrophe menaçante particulière, dommages dus à leur nature, à leur type de construction, et à leur proximité d’une zone dangereuse ou d’une région sujette aux catastrophes 32 .

Les facteurs de la vulnérabilité sont en général : la pauvreté, la croissance démographique, l’insécurité alimentaire, la dégradation de l’environnement, l’infrastructure, la manque d’éducation et de formation, la situation sanitaire, l’accès à l’eau, le facteur socioculturel. Donc, les éléments vulnérables englobent les personnes, les biens, les systèmes

31 UNISDR 2009 32 Mitigation des catastrophes, UNDMTP

33 ou les autres éléments présents dans les zones de risques et qui sont ainsi soumis à des pertes potentielles.

Il est important aussi pour les planificateurs du développement de faire un certain effort pour quantifier les aspects « tangibles » de la vulnérabilité et les pertes dans ce secteur, afin d’assister la planification de la mitigation des catastrophes et de la préparation contre les catastrophes. Cependant, les aspects « intangibles » de la vulnérabilité seront souvent aussi importants que les aspects quantifiables ; ils ne doivent pas être négligés.

Il faut faire une évaluation et une analyse de la vulnérabilité pour pouvoir réaliser les programmes de mitigation des catastrophes efficaces. D’une manière générale, on évalue la vulnérabilité d’éléments menacés spécifiques, par rapport à des menaces des catastrophes potentielles. Elle implique l’analyse des données théoriques et empiriques concernant les effets de phénomènes particuliers sur des types particuliers de structures. Pour les besoins d’études socio-économiques plus générales, l’analyse inclut la prise en considération de tous les éléments significatifs d’une société, y compris les aspects physiques, sociaux et économiques (à court terme comme à long terme) ; sont inclues aussi la capacité des services essentiels de continuer à fonctionner, et la solidarité des mécanismes locaux et traditionnels de réaction.

La vulnérabilité d’un élément est en général exprimée en pourcentage de perte pour un niveau donné de sévérité d’un aléa. La mesure utilisée pour la perte dépend de l’élément menacé; elle peut donc être mesurée par la proportion de personnes tuées ou blessées par rapport à la population totale, par le coût de réparation, ou par le degré de dommage physique défini par une échelle appropriée. Pour un grand nombre d’éléments, comme la construction, la perte peut être définie en termes de proportion des bâtiments ayant subi un certain niveau particulier de dommage.

Dans le cas d’Antalaha, la culture de rente est un élément plus vulnérable au cyclone. Ainsi, après les passages des cyclones violents comme Hudah et Gafilo, plus de 90% 33 de cette culture sont endommagés par les vents violents et les inondations.

Le lien entre le risque, l’aléa et la vulnérabilité

Le risque est la combinaison de la probabilité d’un événement et de ses conséquences négatives. Les risques de catastrophe comprennent différents types de pertes qui sont souvent

33 Source : CIRDR Antalaha.

34 difficiles à quantifier. Ces derniers se manifestent généralement en termes de vies humaines, des états de santé, des moyens de subsistance, des biens et services.

Il existe une relation importante entre risque, aléa et vulnérabilité ; c’est-à-dire : Risque=Aléa ×Vulnérabilité 34 . D’après cette formule, le risque est la probabilité qu’un aléa devienne une catastrophe quand il rencontre un certain degré de vulnérabilité. Donc, plus la probabilité de survenue d’un aléa est élevée, plus la population est vulnérable, plus le risque est élevé.

Pour quantifier le risque, il faut analyser et/ou évaluer : d’abord, la probabilité de réalisation d’un aléa c’est-à-dire la probabilité que se réalise un aléa naturel ou technologique à un certain endroit ou dans une région ; ensuite, les éléments menacés : identification et inventaire des personnes ou bâtiments ou autres éléments qui devraient être affectés par l’aléa, s’il se concrétisait, puis estimation, quand c’est requis de leur valeur économique ; et enfin, la vulnérabilité des éléments menacés : quels dommages les personnes ou les bâtiments ou les autres éléments subiraient s’ils avaient à subir un certain niveau de désastre.

Une carte des risques est nécessaire pour mesurer et exprimer les risques dans un endroit ou dans une région. Cette carte montre la répartition spatiale ou géographique des pertes attendues lors d’une ou plusieurs calamités naturelles. Les plus communément utilisés sont : premièrement, la carte d’après scénario ou plus précisément la présentation de l’impact d’un aléa isolé qui frappe. Cette carte est souvent utilisée pour estimer les ressources vraisemblablement nécessaires pour répondre à une situation d’urgence. Ensuite, la carte des risques par année qui montrent le calcul des niveaux probables de pertes, incluant tous les niveaux des aléas durant une période donnée. Enfin, l’étude des pertes potentielles qui est une carte de l’impact probable d’un aléa attendu, lorsqu’il frappe ; elle couvre une région ou un pays et montre où se trouvent les communautés qui vont probablement souffrir de lourdes pertes.

La relation entre la catastrophe, l’aléa et la vulnérabilité

La catastrophe est une rupture grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société impliquant d’importants impacts et pertes humaines, matérielles, économiques ou environnementales que la communauté ou la société affectée ne peut surmonter avec ses

34 Cours : introduction aux concepts de base de R/GRC (prévention des risques et relèvement précoce, vulnérabilité, histoire des catastrophes…)

35 seules ressources. Les catastrophes sont souvent décrites comme le résultat d’une combinaison entre l’exposition à un danger, les conditions de vulnérabilités existantes ; et l’insuffisance des capacités ou des mesures visant à réduire ou à faire face aux éventuelles conséquences négatives 35 .

Pour simplifier, la catastrophe est le résultat de la combinaison de l’aléa et de la vulnérabilité, ou bien précisément : catastrophe = aléa + vulnérabilité 36 , ou encore : catastrophe = concrétisation d’un risque .

Les catastrophes sont catégorisées selon leurs causes apparentes (nature des aléas). Donc, comme les aléas il existe aussi des : - catastrophes naturelles incluant des catastrophes climatiques ou hydrométéorologiques, géologiques et biologiques, - catastrophes anthropiques ou dues par l’homme, - catastrophes complexes, - catastrophes à déclenchement soudain ou à développement rapide, - catastrophes progressives ou à développement lent.

Pour évaluer la catastrophe, il faut examiner en premier lieu, l’impact d’une catastrophe sur la société, les besoins de secours, pour sauver des vies et maintenir en vie les survivants ; et en second lieu, les possibilités d’activer la récupération et la reconstruction dans un contexte de développement. Cette évaluation est une tâche de gestion cruciale, qui contribue directement et de façon efficace à la prise de décision, à la planification et au contrôle d’une réponse organisée.

La différence entre la capacité et la résilience.

D’une part, la capacité est la combinaison de toutes les forces et de tous les moyens disponibles au sein d’une communauté, d’une société ou d’une organisation qui peuvent être utilisés pour atteindre des objectifs fixés. Dans le cadre de RRC, cette capacité peut comprendre les infrastructures, les moyens matériels, les institutions, les capacités de la société à faire face, ainsi que la connaissance humaine, les compétences et les attributs tels que les relations sociales, le leadership et le management. La capacité peut également avoir le sens d’aptitude.

35 UNISDR 2009 36 Cours : introduction aux concepts de base de R/GRC (prévention des risques et relèvement précoce, vulnérabilité, histoire des catastrophes…)

36 La capacité à réagir est alors la capacité des personnes, des organisations et de systèmes, en utilisant les compétences et les ressources disponibles, à faire face et à gérer des conditions difficiles, des situations d’urgence ou des catastrophes. Cette capacité à réagir exige de continuer la sensibilisation ainsi qu’une bonne gestion des ressources, aussi bien en temps normal que durant les crises ou des conditions défavorables.

D’autre part, la résilience est la capacité d’un système, d’une communauté ou d’une société exposée aux risques de résister, d’absorber, d’accueillir et de corriger les effets d’un danger, en temps opportun et de manière efficace, notamment par la préservation et la restauration de ses structures essentielles et de ses fonctions de base.

La résilience désigne donc la capacité à « revenir » ou à « rebondir » après un choc. La résilience de la communauté, en ce qui concerne les risques potentiels des événements est déterminée dans la mesure où la collectivité a les ressources nécessaires et est capable de s’organiser elle-même avant et pendant les périodes de besoin.

I.2) Les concepts de capabilités de Sen

Le concept de capabilités de Sen met l’accent sur le processus de constitution du bien- être en mettant en valeur les libertés réelles d’être et d’agir. En introduisant la capacité d’action des individus aux choix du bien-être, cela amène donc à l’analyse de la vulnérabilité et de la résilience

L’approche de capabilités de Sen

Le mot capabilité est à l’origine du mot anglais « capability » qui désigne l’ensemble de moyens nécessaires pour satisfaire les besoins d’un individu (Dubois et Al, 2003).

Selon Sen (1992), la capabilité est un ensemble de vecteurs de fonctionnements qui permet à un individu d’être et d’agir dans sa vie. L’ensemble des capabilités représentent, dans l’espace des fonctionnements, sa liberté de choisir entre des modes de vie possibles : («being and doing »).

Le concept de liberté joue un rôle important pour la notion de la capabilité. La liberté d’un individu apparaît comme le reflet de l’ensemble des capabilités dans l’espace des fonctionnements (Dubois et Al, 2003). Selon Sen (1999), la liberté est un moyen de combattre la misère et l’oppression, dans un monde d’opulence et d’inégalités.

37 Dans le concept de capabilités, nous distinguons les notions de capacités et de potentialités. Les capacités désignent alors le fait d’être capable de faire face quelque chose (« doing »), grâce aux caractéristiques personnels des individus et aux opportunités sociales, et les potentialités désignent le fait d’en avoir les moyens (« being »), au travers des dotations en capital des individus.

Les potentialités : (dotation en capital)

Les potentialités offrent les moyens aux personnes vulnérables de faire face au risque. « Les potentialités de l’individu regroupent ses dotations en capital mais aussi les aptitudes particulières de l’individu qui ne peuvent être valorisées économiquement et ne constituent donc pas du capital à proprement parler. » (Rousseau et Al, 2004, p.4). Il existe quatre types de capital dont peut disposer un individu :

- Le capital physique : l’ensemble des actifs productifs, des actifs ménagers et des stocks détenus par l’individu. - Le capital financier ou monétaire : les ressources provenant de l’épargne ou de l’emprunt et destinées à acquérir des actifs réels. - Le capital humain : le stock des ressources personnelles économiquement productives. - Le capital social : les ressources issues des interactions culturelles et structurelles générant des externalités durables affectant la situation économique des individus.

Les capacités

La capacité, comme nous avons évoqué précédemment, est l’ensemble de moyens disponibles qui peuvent être utilisés par l’individu, la communauté ou la société pour atteindre des objectifs fixés ; et la capabilité offre les moyens pour donner ou augmenter cette capacité des gens. Sen (1999) distingue deux sortes de capacités :

- Les caractéristiques personnelles :

Chaque individu diffère de l’un à l’autre par ses caractéristiques externes, son environnement, et la diversité de ses traits personnels (âge, sexe, aptitude physique et mentales). Les besoins de chacun, différent selon ses caractéristiques différentes. Un malade a besoin de plus de revenu par rapport à une personne en bonne santé pour qu’il puisse accéder à un traitement, un handicapé peut avoir besoin d’une prothèse, une personne âgée d’une aide permanente et une femme enceinte de plus de nourriture. (Sen 1999). L’inégalité des capacités apparaît sur des traits de caractère propre à chaque individu. « Un individu peut avoir

38 beaucoup de facilité à apprendre et à assimiler, alors qu’un autre devra fournir beaucoup plus d’efforts pour arriver à un niveau inférieur . » (Dubois et Al, 2003, p.16)

- Les opportunités sociales :

Elles sont les dispositions prises par la société, en faveur de l’éducation, de la santé… qui permettent d’accroitre la liberté substantielle des individus afin de vivre mieux. L’accès à l’éducation publique, au suivi médical, à la campagne de vaccination, à la prévention de morbidité, à la campagne d’hygiène peuvent modifier la qualité de vie individuelle et favoriser une participation plus effective aux activités économiques et politiques.

Dans certaines régions, seuls les garçons ont le droit d’aller à l’école, et les filles restent à la maison pour travailler avec leur mère. Mais, l’alphabétisme est un facteur d’exclusion économique pour toutes les activités dans lesquelles la production répond à des spécificités écrites ou s’accompagne des stricts contrôles de qualité.

Capabilités, risques et vulnérabilité

Il existe plusieurs manières de définir la vulnérabilité, mais d’après Dubois et Al (2003, p.17) : « elle est la probabilité de voir sa situation ou ses conditions de vie de se dégrader quelque soit le niveau de richesse, face aux fluctuations de la vie ».

Notre objectif est de réduire cette vulnérabilité, d’une part en diminuant les risques encourus par les ménages et d’autre part en augmentant leurs capabilités.

Pour estimer, la vulnérabilité d’un ménage, il faut tenir compte des trois caractéristiques suivantes : d’abord, la prédisposition aux risques (fréquence) ; c’est-à-dire, il est intéressant de connaître si le ménage étudié vit dans une zone à hauts risques, et s’il y a une grande probabilité de voir sa situation se dégrader lors d’un choc (manque de potentialités à mettre en œuvre). Ensuite, l’élasticité à résister aux chocs (intensité), dont il y a quelques questions à répondre pour juger la vulnérabilité du ménage : quelle est la capacité d’un ménage à résister aux effets d’un événement catastrophique ? Jusqu’à quel point son stock de capabilités peut-il lui permettre de s’ajuster aux risques ? Ses capabilités sont-elles suffisantes ? Enfin, la robustesse des capabilités (effets à court et à long terme) ; cela amène à une étude pour connaître si les capabilités mises en œuvre pour résister à un choc ont des effets durables ou transitoires.

Pour l’analyse de la vulnérabilité, les responsables ont l’habitude d’identifier seulement les risques encourus par les ménages ; mais il faut considérer surtout l’ensemble

39 des capabilités possédées par ces ménages afin de mettre en œuvre les potentialités nécessaires pour résister aux chocs négatifs. La vulnérabilité d’un individu dépend de ses capabilités parce que, d’une manière générale, un individu ayant beaucoup de capabilités n’est pas vulnérable.

La relation entre vulnérabilité, risques et capabilités se traduit par la formule suivante :

È¿ÉÇË» ²ËÂÄ éÈ·¸¿Â¿Ê é = ¹·Æ·¸¿Â¿Ê é

Cela veut dire que les risques rendent l’individu plus vulnérable, mais les capabilités nous aident à être moins vulnérables pour résister aux chocs négatifs 37 . La vulnérabilité est une fonction croissante du risque ; alors, quand le risque augmente, elle amplifie en même temps. Par contre, la vulnérabilité est une fonction décroissante des capabilités, c’est-à-dire, si les capabilités d’un individu augmentent, il sera moins vulnérable.

Après avoir rappelé les concepts de base de la GRC et de capabilités de Sen, nous étudions ensuite les concepts de la prévention ou de réduction des risques de catastrophe (RRC).

Section II : les concepts de la prévention ou RRC

II.1) Le fondement de la RRC

En 2005, les Nations Unies ont adopté un instrument appelé Cadre d’Action de Hyogo afin de réduire les risques de catastrophe naturelle. Cet instrument a pour but fondamental d'instaurer la résilience des nations et des collectivités face aux catastrophes par une réduction considérable des pertes dues aux catastrophes d'ici 2015, pertes tant en vies humaines qu'au niveau du capital social, économique et environnemental des collectivités et des pays. (Brochure de présentation de Cadre d’Action de Hyogo) L’UNISDR définit la RRC comme un concept et pratique de la réduction des risques de catastrophes grâce à des efforts pour analyser et gérer les causes, notamment par une réduction de l’exposition aux risques, qui

37 Dubois et Al, 2003

40 permet de réduire la vulnérabilité des personnes et des biens, la gestion rationnelle des terres et de l’environnement et l’amélioration de la préparation aux événements indésirables 38 .

Le deuxième but stratégique de cet instrument vise à mettre en place, à tous les niveaux, notamment au niveau des communautés, les institutions, mécanismes et capacités qui peuvent aider systématiquement à accroître la résilience face aux aléas, ou les renforcer s’ils existent déjà 39 .

Elle comprend les mesures à long terme destinées à réduire l’amplitude ou la durée des effets négatifs éventuels sur une société menacée par des risques de catastrophes inévitables ou impossibles à prévenir, on y parvient en réduisant la vulnérabilité de la population, des structures, des services, des activités économiques par rapport aux aléas considérés.

Dans le cycle de la gestion des risques et des catastrophes, la RRC appelée aussi mitigation ou atténuation des dégâts ou prévention des catastrophes se situe dans la phase avant catastrophe et c’est l’ensemble des moyens permettant de limiter les conséquences d’une future et éventuelle catastrophe.

Dans cette phase, des activités seront mises en œuvre pour qu’une communauté, des infrastructures, des biens ou un système soient résistants face aux éventuels dégâts causés par un aléa. Ces activités se différent en fonction du type des aléas. Les mesures de préventions permettent d’éviter, de préférence, de minimiser les effets néfastes causés par un aléa. La RRC peut être réalisée par la combinaison de la réduction de la menace ou de la sévérité de l’aléa et de la réduction de la vulnérabilité en augmentant la capabilité.

38 UNISDR 2009 39 UNISDR 2009

41 Figure 2:Cycle de la gestion des risques et des catastrophes

Source de base: Croix Rouge Française, 23Janvier 2009. Présentation à l’Atelier technique régional de la Commission de l’Océan Indien.

II.2) Les actions primordiales de réduction des risques

Il existe différentes actions à réaliser pendant la phase de prévention, mais dans le pays en voie de développement comme Madagascar, les cibles prioritaires sont la communauté et le secteur économique.

Les mesures visant la société et la communauté

D’abord, la mitigation des catastrophes ne sera achevée que s’il existe un consensus sur le fait que la mitigation est souhaitable, faisable et financièrement abordable. En maints endroits, les aléas menaçants ne sont pas reconnus comme tels, ou les démarches que la population pourrait entreprendre pour se protéger ne lui sont pas connues, ou une demande de la communauté réclamant une protection fait défaut. En plus, les plans de mitigation devraient viser « une culture de la sécurité », selon laquelle la population est parfaitement consciente des aléas qui la guettent, se protège autant que faire se peut, et appuie entièrement les efforts faits en son nom pour la protéger. En outre, une prise de conscience par la population peut être stimulée de nombreuses façons ; cela va des campagnes à court terme, mais très visibles, recourant aux ondes, aux brochures et aux affiches ; à des campagnes à plus long terme, plus

42 discrètes, conduites dans le cadre de l’éducation générale. Ensuite, l’objectif est de développer une acceptation quotidienne d’un problème de sécurité, grâce à laquelle les gens prennent automatiquement des précautions qu’ils ont consciemment intégrées ; c’est réalisable une fois que les gents sont conscients de la possibilité d’occurrence d’un aléa, mais pas effrayés par elle. Une conscience du risque peut être renforcée sur place par le rappel d’événements passés ; par exemple un poteau, portant des marques qui rappellent la hauteur de l’eau lors d’inondations précédentes. Enfin, il est important aussi de combattre le caractère sensationnel des aléas. La plupart de leurs manifestations ne sont pas des catastrophes. Des reportages ne présentant que les aléas devenus catastrophiques provoquent la peur et le fatalisme.

Les mesures économiques

Un développement économique équitable est un élément clef d’une mitigation des catastrophes. Une économie forte, dans laquelle les profits sont partagés par l’ensemble de la société, est la meilleure protection contre des catastrophes futures. Une forte économie signifie davantage d’argent à investir dans les bâtiments solides, des agricultures, et des réserves financières plus importantes pour faire face à des pertes futures.

Les composantes importantes d’un programme général de mitigation sont les mesures de mitigation qui aident la communauté à réduire ses pertes économiques futures, qui aident aussi ses membres à surmonter leurs pertes et améliorent leur capacité de récupérer après ces pertes, ainsi que les mesures qui permettent aux communautés de financer un niveau plus élevé.

Certains aspects de la planification économique sont intéressants dans le sujet de l’atténuation des risques de catastrophes. La diversification des activités économiques est aussi importante en économie pour réduire les risques. Une économie basée sur une industrie unique (ou sur la monoculture) est toujours plus vulnérable qu’une économie fondée sur de nombreuses activités différentes. Comme dans le cas d’Antalaha, les activités économiques de la plupart de paysans sont les cultures de rente étant plus vulnérables aux cyclones, donc après un passage de cyclone plus ou moins violent, la majorité de la population est aussi vulnérable. Les liaisons entre les différents secteurs d’une économie (le transport des biens, la circulation de l’information, le marché du travail) peuvent être plus vulnérables aux perturbations provoquées par une catastrophe que les infrastructures physiques que représentent les moyens de production. Le tourisme est un secteur économique extrêmement vulnérable aux catastrophes, ou même à la simple rumeur qu’une catastrophe est possible. Le fait que

43 l’industrie et l’économie dépendent de l’infrastructure (route, réseaux de transports, services de l’électricité et des téléphones…) signifie que la priorité devrait être accordée à la protection de ces services : les pertes consécutives à leur défaillance sont coûteuses pour l’ensemble de la communauté.

Des stimulations ou des actions économiques sont une part importante du pouvoir de l’autorité. Des subsides, des prêts, des taxes ou des exemptions de taxe, des amendes peuvent être utilisés pour influencer les décisions de la population en matière de réduction des risques liés aux catastrophes. L’emplacement d’une industrie est couramment influencé par des stimulations du gouvernement ; ces stimulations peuvent être utilisées à attirer l’industrie vers des emplacements plus sûrs, ou servir à attirer la population vers de nouveaux sites. Les impôts sur la propriété peuvent être employés à pénaliser des structures relativement vulnérables ou construites sur des sites moins souhaitables. Des subsides ou des prêts peuvent être offerts pour aider les propriétaires à améliorer leurs propriétés et rendre leurs bâtiments plus résistants aux catastrophes. Il est à noter que l’application des taxes et des impôts est impossible pour les simples agriculteurs dans le pays en voie de développement comme Madagascar, mais l’offre des subsides et des prêts est intéressant pour eux afin de diversifier leurs cultures.

Les stratégies de la RRC (mitigation)

Toute stratégie qui veut réussir devrait inclure une série de mesures prises dans le menu des actions possibles (combinaison). Le mélange approprié sera différent suivant chaque lieu et chaque type d’aléa. Alors, des actions spécifiques destinées aux individus et à la communauté locale pour réduire leurs risques par rapport à des aléas particuliers doivent être incluses dans les stratégies de réduction des risques. La sélection d’une stratégie appropriée devrait être guidée par une évaluation et la prise en compte des coûts et bénéfices (en termes de pertes futures épargnées) d’une série de mesures possibles. Ainsi, pour être politiquement acceptable, une stratégie de réduction des risques devra peut-être contenir un mélange d’améliorations immédiatement perceptibles, et de bénéfices moins visibles, mais maintenables à long terme.

Les mesures de réduction des risques sont beaucoup plus faciles à mettre en place sitôt après une catastrophe, ou ce qui a failli être une catastrophe ; une connaissance de l’impact d’un aléa semblable, quelque part ailleurs, peut aussi aider à obtenir un appui public et politique en faveur d’une protection contre les catastrophes.

44 Les stratégies de réduction des risques entreprises durant la reconstruction après une catastrophe devraient englober tous les aléas dont la manifestation est vraisemblable dans le futur. Elles devraient aussi être encouragées aussi loin que possible de la région en reconstruction vers d’autres régions courant un risque de la part d’aléas semblables.

Il est intéressant de remettre le pouvoir dans les mains de la communauté locale, en encourageant la planification et la gestion par elle, et en recourant à une assistance extérieure que lorsque celle-ci est nécessaire. Pour terminer, il est à souligner que les stratégies de mitigation, dans de nombreux cas, seront intégrées comme composantes dans des programmes de développement à plus grande échelle.

Ce premier chapitre a pour objet de rappeler les fondements théoriques et les concepts de base de la gestion des risques et des catastrophes qui sont des éléments importants pour élaborer un programme efficace en matière de RRC. Dans le prochain chapitre, nous évoquons l’application et la mise en œuvre de la RRC.

45 CHAPITRE II : La mise en œuvre de la RRC et analyses

Madagascar est régulièrement confronté aux aléas naturels à savoir : les cyclones, les tempêtes tropicales, les inondations, la sécheresse, qui sont d’origine météorologique et les invasions acridiennes. Ainsi, la pauvreté, la croissance démographique, l’insécurité alimentaire, la dégradation de l’environnement, l’infrastructure, le manque d’éducation et d’information…ect, accentuent l’intensité des risques et des vulnérabilités de la population. Face à cette situation, le gouvernement malgache a décidé d’élaborer la Politique Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes (PNGRC) ;

En particulier, le district d’Antalaha est exposé aux divers dangers liés aux passages des cyclones. Pour mettre en œuvre, la PNGRC au niveau de ce district, CARE Antalaha à travers le projet DIPECHO, intervient dans le cadre de RRC afin de réduire la vulnérabilité de la population à cause de dégâts cycloniques.

Section I : La politique nationale de la gestion des risques et des catastrophes (PNGRC) à Madagascar

La PNGRC englobe les différents objectifs et principes de GRC au niveau national. Elle met aussi l’accent sur l’importance de la phase de la prévention ou bien précisément de la RRC pour atténuer les risques de catastrophe.

I.1) Les objectifs de la politique nationale de gestion des risques et des catastrophes

La GRC est une approche de la gestion des catastrophes sous l’angle du développement, qui met l’accent sur les conditions sous-jacentes des risques, conduisant à de fréquentes catastrophes. Le but est d’augmenter la capacité à gérer efficacement et à réduire les risques et donc la fréquence et l’ampleur des catastrophes. La politique Nationale de GRC contient alors quelques objectifs correspondants aux besoins nationaux 40 :

- Réduire les effets négatifs des catastrophes naturelles et de celles causées par l'homme sur la population, le patrimoine et l'environnement de Madagascar ; - Réduire la vulnérabilité socio-économique et physique du peuple malgache;

40 SNGRC, 2003

46 - Considérer que la sécurité et la protection des personnes, l’environnement physique et naturel de Madagascar doivent être au centre des préoccupations du gouvernement élu et des dirigeants, et qu’aucun effort ne sera épargné pour utiliser tous les secteurs, le gouvernement, la société civile et privée, et tous les niveaux, aussi bien national, que provincial, local et familial, pour garantir cette sécurité et cette protection; - Donner la priorité à l'amélioration des compétences du gouvernement et de la société malgache pour prévenir, atténuer et répondre efficacement aux urgences récurrentes; - Reconnaître le fait que les problèmes associés aux catastrophes relèvent totalement de la responsabilité du gouvernement et s'assurer que les dispositifs les mieux adaptés sont mis en place, compte tenu des ressources disponibles; - Adopter une approche de la gestion des catastrophes centrée sur les personnes et sur tous les types de dangers; - Admettre que la réduction de la vulnérabilité et des catastrophes est un élément essentiel de la planification pour un développement à long terme; - Développer des dispositifs institutionnels efficaces de gestion des risques de catastrophe reliant les différents niveaux du gouvernement et la société malgache; - Promouvoir l'autonomie au sein des communautés par le biais de programmes permanents d'éducation et de sensibilisation.

I.2) Les principes de la politique nationale de gestion des risques et des catastrophes 41

La politique nationale en matière de GRC tient compte du profil de risque et de vulnérabilité de Madagascar, ainsi que du contexte culturel et socio-économique de la nation. Elle admet que les risques naturels sont inévitables, mais reconnaît que leurs impacts peuvent être atténués grâce à une gestion mieux adaptée. Les principes suivants sont proposés pour guider le futur développement du programme de gestion des risques et des catastrophes à l’intérieur de ce pays.

-La GRC malgache est centrée sur les personnes, non sur la technologie et les experts. Elle place les communautés au centre des préoccupations en terme de gestion des cataclysmes. Elle insiste sur les savoir-faire locaux, les méthodes d’apprentissage locales, cherche à comprendre et à renforcer les mécanismes communautaires pour faire face aux catastrophes, par le biais de stratégies technologiques et de mitigations appropriées.

41 SNGRC 2003

47 -La GRC malgache est une approche « tous risques ». Elle met l’accent sur l’identification, l’analyse, le contrôle et le traitement systématique de tous les risques.

-Elle consiste à réduire les faiblesses physiques des personnes, les vulnérabilités sociales, environnementales et économiques. Elle optimise la planification nationale pour le développement pour garantir que les communautés les plus exposées aux risques soient prioritaires pour la réduction des vulnérabilités environnementales et socio-économiques. Elle promeut les méthodologies d’analyse/d’évaluation des risques dans la planification pour le développement.

-Elle vise à être intégrée dans le développement socio-économique de Madagascar. Ainsi, elle est identifiée et traitée comme telle, dans les priorités du gouvernement.

-La GRC malgache utilise une approche sur deux fronts, qui vise le renforcement du cadre national institutionnel et des moyens pour la coordination, tout en construisant simultanément les compétences locales et communautaires pour se préparer à affronter les cataclysmes et réduire leurs impacts.

-Elle opère conjointement avec la politique de décentralisation pour aider au renforcement des compétences provinciales, régionales et locales pour être en harmonie avec leurs nouveaux mandats, responsabilités et rôles.

-La GRC encourage l’aide internationale à être en cohérence avec les principes énoncés plus hauts et tourne ses efforts vers la protection des communautés les plus pauvres et les plus faibles. Elle encourage la couverture équitable du pays et l’utilisation efficace des ressources rares.

-La GRC reconnaît le lien intime entre les catastrophes, la pauvreté humaine et l’environnement pour un développement durable. Elle est perçue comme la composante d’un programme intégré de la gestion de l’environnement et la réduction de la pauvreté et est mise en œuvre sur la base de subsidiarité entre les secteurs-clés.

-Elle reconnaît l’importance de la coopération régionale et internationale et insiste sur la place Madagascar au sein des cadres de coopération techniques et politiques régionaux et internationaux.

48 -Elle reconnaît les potentialités générées par la mondialisation et l’informatique, et elle les exploite au bénéfice de la capacité de GRC malgache.

Elle vise à établir une structure institutionnelle durable et pérenne capable de gérer efficacement dans tous les secteurs-clés et à tous les niveaux.

-Elle considère également que l’aide humanitaire aux populations en crise doit être une préoccupation centrale de la communauté internationale et que les efforts ne sont pas épargnés pour aider au développement d’un environnement sûr pour le peuple malgache.

Il est à noter que ces principes sont basés sur le contexte de catastrophes et sur le contexte socio-économique à Madagascar, ainsi que les expériences internationales. En tant que tels, ils reflètent les points forts, les lacunes et les priorités d’un pays confronté à d’énormes défis dans son développement socio-économique et les bonnes pratiques internationales les plus pertinentes.

La stratégie nationale de gestion des risques et des catastrophes (SNGRC) est une base de référence dans le cadre de GRC au niveau national, mais chaque région ou district a ses problèmes rencontrés face aux aléas. Par exemple, si la région au sud de Madagascar souffre par la sécheresse et l’insuffisance de pluie, par contre la côte Est et Nord-Est de l’Île supporte les vents violents et les inondations à cause de cyclone. C’est la raison pour laquelle, les programmes de RRC dépendent du type d’aléa et du milieu pour mettre en œuvre. Nous analysons alors dans la section suivante, la mise en œuvre de la réduction des risques de catastrophe dans le district d’Antalaha.

Section II : L’application de la RRC dans le district d’Antalaha

CARE International est une organisation non gouvernementale qui intervient dans différentes régions au niveau national, en matière de gestion des risques et des catastrophes. En particulier, cette ONG contribue à la réduction des risques de catastrophes dans le district d’Antalaha depuis 2008, à travers le projet DIPECHO.

49 II.1) CARE International et son intervention en matière de RRC à Antalaha

Historique et mission du CARE

CARE International (Cooperative for Assistance and Relief Everywhere) est un organisme non gouvernemental qui s’est installé à Madagascar en 1992. Ses missions se concentrent sur la sécurité alimentaire, l’eau et l’assainissement, la santé, l’agriculture et l’environnement, la santé, l’infrastructure, et actuellement il intervient aussi à la gestion des risques et des catastrophes.

Coordonnés du CARE :

BUREAU CENTRAL :

Tana Water Font Rue Dr Rajaonah B.P. 1677

Ambodivona 101 - Antananarivo

CARE Antalaha :

BP : 27 Ambondrona

206 Antalaha

Valeurs fondamentales :

Excellence : « Nous nous posons constamment des défis pour un niveau toujours plus élevé de performance et de savoir pour assurer un impact plus grand »

Intégrité : « Nous agissons en conformité avec la mission de CARE, nous sommes honnêtes et transparents dans ce que nous faisons et ce que nous disons et nous acceptions la responsabilité de nos actions collectives et individuelles »

Respect de la dignité humaine : « Nous affirmons la dignité, le potentiel et la contribution des participants, donateurs, partenaires et personnel »

Engagement : « Nous donnons le meilleur de nous même au service de la mission de CARE »

Esprit d’équipe : « Nous conjuguons nos efforts et nous exploitons les complémentarités des compétences pour atteindre nos objectifs »

50 Objectif :

Comme tous les organismes de développement internationaux, son objectif est de réduire la pauvreté ; plus précisément de diminuer le nombre de personnes classées pauvres, d’ici 2015.

Mission :

Le CARE a généralement pour mission d’offrir des aides et des appuis aux personnes et aux ménages des communautés les plus vulnérables. Dont, ses principes sont comme suit : « Notre diversité, nos ressources et notre expérience font notre force. Nous encourageons les solutions novatrices. Nous plaidons et agissons pour la responsabilisation individuelle et collective. Nous mettons notre professionnalisme au service d'un changement durable pour :

- renforcer les capacités d'autonomie ; - créer des opportunités économiques ; - apporter de l'aide en situation d'urgence ; - contribuer aux prises de décisions stratégiques à tous niveaux ; - combattre la discrimination sous toutes ses formes.

Guidés par les aspirations des communautés locales, nous engageons le meilleur de nous- mêmes et recherchons l'excellence dans l'accomplissement de notre mission de solidarité».

Le CARE a une vision très optimiste : « Nous voulons bâtir un monde d'espoir, de tolérance et de justice sociale. La pauvreté y sera vaincue, les peuples y vivront dans la dignité et la sécurité. Nous sommes une force globale et un partenaire de référence au sein du mouvement mondial consacré à l'éradication de la pauvreté. Nous sommes reconnus pour notre engagement total en faveur de la dignité humaine ».

L’intervention du CARE dans le cadre de RRC à Antalaha

Historique :

Le programme de préparation aux catastrophes d’ECHO (DIPECHO : DIsaster Preparedness ECHO) vise les communautés vulnérables qui vivent dans les régions du monde les plus exposées aux cataclysmes. Comme il est très difficile d’empêcher les catastrophes naturelles de survenir ou d’influer sur elles, le programme cherche surtout à réduire la

51 vulnérabilité des populations. L’impact d’un choc ne devient une catastrophe que lorsque la capacité de résilience de la communauté à y faire face est faible. Il est tout à fait possible de réduire cette vulnérabilité et d’accroître ainsi, la capacité de la population à réduire les effets des chocs éventuels. Madagascar fait partie des pays bénéficiant des projets de préparation aux catastrophes financés par la Commission Humanitaire de l’Union Européenne. CARE Madagascar est parmi les ONGs qui mettent en œuvre les projets DIPECHO pour réduire la vulnérabilité aux catastrophes dans différentes zones d’intervention à Madagascar. En particulier, le district d’Antalaha est bénéficiaire du projet DIPECHO réalisé par le CARE Antalaha, ayant pour objectif principal de réduire les effets de cyclone en mieux préparant les populations vulnérables dans les zones touchées.

Il est à noter aussi que le projet DIPECHO se réalise en deux étapes, dont le DIPECHO I a démarré en novembre 2008 et la fin de ce projet en mars 2010 ; en plus le DIPECHO II a débuté en septembre 2010 et s’achèvera en septembre 2011.

Le projet DIPECHO I dans le district Antalaha .

Titre du projet : « Mise en œuvre d’actions pilotes de préparation aux cyclones à Madagascar dans la région de SAVA »

Zone géographique d’intervention : région : SAVA ; district : Antalaha ; communes : Antalaha, Lanjarivo, Ambinanifaho, Ampahana, Antsahanoro, Antananambo, Marofinaritra, Antombana, Ampohibe, Ambalabe, Ambohitralanana, Ampanavoana.

Contexte et résumé du projet :

De par sa position géographique et son relief aux pentes abruptes, le district d’Antalaha est particulièrement exposé aux divers dangers liés aux passages des cyclones. Les vents violents, les raz-de-marée dans les villages côtiers et les crues soudaines de rivières qui accompagnent les pluies torrentielles détruisant tout sur leur passage condamnent la population à un état de pauvreté extrême.

Depuis 2000, cinq cyclones l’ont frappé dont trois classés parmi les plus violents : Hudah (2000), Gafilo (2004), Indlala (2007). Après chaque passage de cyclone, même si la population connaît les phénomènes cycloniques et leurs conséquences depuis longtemps, elle n’a pas assez de moyens de s’y préparer et d’y faire face. C’est dans ce contexte qu’intervient

52 le projet DIPECHO pour réduire les effets des cyclones en mieux préparant les populations vulnérables dans les zones les plus touchées dans le district d’Antalaha.

Objectif principal : réduire les effets des cyclones en mieux préparant les populations vulnérables dans les communautés des zones les plus touchées du Nord-Est de Madagascar.

Objectifs spécifiques : la capacité de réponse des communautés les plus vulnérables aux cyclones dans les 12 communes de district d’Antalaha est renforcée grâce au développement de stratégies de préparation et au renforcement des capacités communautaires.

Leçons apprises pendant la réalisation du projet :

Tableau 19 : Problèmes rencontrés et solutions alternatives

Problèmes rencontrés Comment ont-ils été résolus ? L’événement politique à Madagascar Amélioration de la stratégie de provoque un faible taux de participation aux sensibilisation en faisant une mobilisation réunions communautaires pendant la phase porte à porte, en organisant une réunion de de démarrage. préparation avec la communauté.

Responsabilisation du comité sur la continuation des actions à la suite de la réunion. L’instabilité de poste pour certaines maires Impliquer les autorités communales (Adjoint ralentit pratiquement la mise en œuvre de au Maire, Président conseil, secrétaire certaines activités liées à la GRC. comptable…) dans le processus de mise en place jusqu’à la mise en œuvre. L’effectif du personnel du projet est faible Recrutement des stagiaires pendant la phase par rapport à l’ambition et au volume de diagnostic (étudiant en vacances à d’activité Antalaha)

Augmentation des heures de travail (pendant le week end, très tard la nuit…)

Source : document de projet DIPECHO I,(2009)

Résultats obtenus :

- Les comités au niveau de la région, du district, des communes et des villages ainsi que des services déconcentrés de l’Etat sont crées, et disposent de PPU (Plan de préparation aux urgences)

53 - Le système d’alerte précoce entre les communautés est renforcé et opérationnel au niveau des 100 villages - Des dispositifs de protection sont mis en place afin de protéger les villages contre les glissements de terrain, les inondations et le vent, en particulier pour les villages côtiers et au bord des rivières. - Les acquis du projet sont documentés et diffusés auprès du BNGRC et de ses partenaires.

Le projet DIPECHO II dans le district d’Antalaha

Le projet DIPECHO II est en cours, donc il n’y a pas encore des renseignements complets concernant ce projet.

Titre : Mise en œuvre des actions de préparation et de mitigation aux cyclones à Madagascar, région SAVA, district Antalaha

Objectif principal : Contribuer à la réduction de la vulnérabilité et accroître la résilience des populations au niveau régional.

Objectif spécifique : A la fin du projet, les institutions et les communautés locales des zones de l’action sont en capacité d’être proactives et de faire face aux cyclones.

II.2) Analyses et recommandations

Analyses du projet DIPECHO

Le projet DIPECHO I, grâce à ses objectifs permet aux populations vulnérables d’atténuer les impacts des cyclones et de fournir des mesures de préparation aux aléas futurs dans les zones d’intervention, en même temps les capacités des communautés sont renforcées.

D’après les résultats obtenus, d’abord, l’existence de PPU (plan de préparation aux urgences) de chacun de 12 communes est un atout important dans le cadre de RRC à l’intérieur de ce district, parce que ce document englobe toutes informations nécessaires qui facilitent les prises des décisions et des mesures d’atténuation des risques, tels que :

- Les informations complètes concernant les activités économiques au niveau de chaque commune. (par exemple : l’agriculture, la pêche, l’artisanat, l’exploitation forestière…)

54 - Les détails des aléas qui ont la probabilité élevée de frapper la commune. (Par exemple : le cyclone, l’inondation,…) - Les listes des éléments menacés par les aléas (vies humaines, matériels et outillages, agricultures : vanille, café, girofle, riz, arbre fruitière …, élevages : bovin, volaille .., greniers, maison d’habitation, abris, infrastructures publiques : école, hôpital, bâtiment administratif …, infrastructures d’assainissement : wwc, canal d’évacuation …, source d’eau potable…) - Les renseignements pour la vulnérabilité de la commune tels que le nombre de famille qui mange à leur faim durant les mois suivant les aléas, les taux d’absentéisme des élèves, le nombre de maisons pouvant résister aux vents dans le village,… - Les informations sur les risque à l’intérieur de la commune à savoir : l’insécurité alimentaire, la prolifération des malades, les sans abris, la diminution de la cohésion sociale, le faible niveau d’instruction des élèves, la mauvaise gestion des informations relatives aux passages des aléas, et l’augmentation de coût de vie.

Ces différentes informations sont des moyens importants qui permettent d’élaborer efficacement un programme de RRC pour la commune.

Ensuite le renforcement du système d’alerte précoce entre la communauté au niveau de 100 villages est une preuve de l’amélioration de la capacité des populations vulnérables dans ces villages pour qu’ils puissent mieux préparer aux aléas futurs. Enfin, la mise en place des dispositifs de protection pour protéger les villages côtiers et au bord des rivières contre les glissements de terrain, les inondations et le vent est un élément nécessaire afin de réduire les risques liés aux cyclones et aux inondations.

Il est à noter que le projet DIPECHO II est un projet en cours, mais la constatation sur terrain nous permet de connaître que ce projet fournit tous les moyens nécessaires tels que la construction des barrages, l’offre des semences et l’appui technique aux paysans, la réalisation des pépinières (de poivre, des arbres fruitières, de girofle, de café,…), l’organisation de l’IEC (Information-Education-communication) dans la communauté,…ect pour réduire la vulnérabilité et accroître la résilience de la population au niveau de ce district.

Recommandations

Selon les résultats d’analyse, lors de la première partie, les pertes des revenus mensuels des ménages à cause de la dégradation des cultures d’exportations locales (vanille,

55 café, girofle), suite aux dégâts cycloniques, ont été les facteurs principaux de la vulnérabilité des ménages dans le district d’Antalaha. Cependant, une stratégie ou un programme d’amélioration du revenu de ces ménages n’est pas mentionné dans le document du projet DIPECHO I du CARE Antalaha. Il faut donc intégrer la création et/ou l’amélioration des activités génératrices des revenus pour qu’un projet soit pertinent à la réduction durable de la vulnérabilité de la population au niveau de ce district.

La vulnérabilité montre la probabilité pour un ménage de voir sa situation ou ses conditions de vie se dégrader ou s’enfoncer, quelque soit le niveau de richesse, face aux fluctuations de la vie. Face à la concrétisation d’un risque (ici risques climatiques et baisse des revenus des ménages), le degré de la vulnérabilité va être lié aux capabilités dont dispose le ménage. En général, un ménage ayant beaucoup de capabilités n’est pas vulnérable. Les capabilités définies par Sen regroupe les capacités (capacités personnelles des individus et opportunités sociales) et les potentialités du ménage (dotation en capitaux : capital physique, capital financier, capital humain, capital social). Pour résister aux chocs extérieurs, le ménage doit être doté des potentialités et avoir la capacité de mobiliser ces potentialités (Dubois, Rousseau, 2001). Pour le cas d’Antalaha, les capabilités de ménage peuvent accroitre à traves ses dotations en capitaux (potentialités) afin d’augmenter son revenu par la création ou le renforcement des activités génératrices des revenus adaptables dans ce district, comme la vulgarisation de la culture de riz, les appuis matériels des pêcheurs, la vulgarisation des activités artisanales, le redressement des cultures de rentes détruites par les cyclones et l’introduction de nouvelle culture de rente plus ou moins résistante aux cyclones.

La vulgarisation de la culture de riz

Le riz, étant un aliment de base des Malgaches, peut être aussi une source intéressante de revenu pour les agriculteurs. Les producteurs de riz dans cette région sont plus résilients face aux dégâts cycloniques parce que cette culture peut se pratiquer en deux saisons par an avec de rendement et de production plus ou moins importants par rapport aux autres régions, grâce à la fertilité du sol. Donc, après le passage d’un cyclone, ces producteurs ont assez de vivre, et quand ils ont encore beaucoup de stocks, ils pourront gagner plus d’argent car le prix de ce produit augmente généralement sur le marché local pendant cette période. Ainsi, la vulgarisation de la culture de riz est un moyen efficace pour atténuer les risques face aux cyclones. Le rendement et la production peuvent être améliorés par l’introduction de nouvelle technique de culture (par exemple : « ketsa valo andro »), et par l’augmentation des

56 superficies cultivées. C’est pourquoi, les ONG locaux et les autorités locales doivent fournir des moyens matériels et des appuis techniques aux paysans afin d’améliorer cette culture et d’attirer ces paysans à la pratiquer.

Les appuis matériels des pêcheurs

Le district d’Antalaha a une large zone littorale. Pour les ménages qui habitent dans cette zone, la pêche est une activité génératrice de revenu ; mais généralement, les problèmes des pêcheurs sont tout simplement l’absence et/ou l’insuffisance des matériels. Ainsi, il faut fournir des matériels comme les filets, les pirogues…au groupe ou à l’association des pêcheurs dans la zone côtière afin de réduire la vulnérabilité de la population au niveau de cette zone.

La vulgarisation des activités artisanales

Actuellement, le district d’Antalaha est très connu par l’exploitation et le trafic des bois précieux, en particulier les bois de rose. L’existence de ces bois précieux est une grande opportunité pour ce district. L’action qu’il faut mener serait la formation des menuisiers dans la transformation des bois bruts en produits artisanaux afin qu’il y ait plus de valeur ajoutée aux produits. De même, il faut sensibiliser la population à savoir tirer profit des potentialités et à exporter eux-mêmes les produits locaux pour avoir des revenus. L’Etat doit rester dans son rôle de facilitateur et de contrôle. Si ce projet réalise, beaucoup de ménages obtiendront de revenus importants. En effet, le nombre de personnes vulnérables diminuera.

Le redressement des cultures de rente détruites par les cyclones

Il est difficile d’abandonner les cultures de rente, surtout celle de la vanille dans le district d’Antalaha. Cette culture d’exportation traditionnelle est très adaptable aux types du climat et du sol au niveau régional. En plus, elle est aussi une activité habituelle pour les paysans locaux grâce aux expériences et aux habitudes de sa pratique pendant longtemps. Les autorités et les organismes de développement locaux doivent chercher alors les moyens afin d’aider les paysans pour les redressements même sur la culture de la vanille seulement. Il est à noter que les plantes de vanille sont moins vulnérables aux cyclones, quand elles sont cultivées dans le versant des montagnes.

57 L’introduction de nouvelle culture d’exportation plus résistante aux cyclones

Actuellement, la coopérative « SAVA volamaitso » réalise un projet important qui a pour but d’introduire la culture de cacao au niveau régional. La filière cacao constitue un moyen pour sauver les paysans dans cette région de la dégradation de la filière vanille parce que le cacaoyer est plus ou moins résistant aux cyclones par rapport au vanillier. Cela empêchera également la population de saccager les richesses naturelles de l'île dont les bois précieux. « Nous allons planter 10 000 ha de cacaoyer soit 6 250 000 pieds dans les 4 districts de la Sava », a annoncé le Président de la coopérative.

La coopérative a déjà commencé à faire la vulgarisation. Elle fournit les pépinières et accompagne les paysans dans la plantation. Pour ce faire, elle a engagé des techniciens. La coopérative assure la fourniture des jeunes plants, le défrichement, la trouaison ; bref, elle allège les dépenses des paysans qui tiennent chacun un carnet sur les dépenses effectuées par la coopérative et dont ils doivent rembourser la moitié à la première année de récolte et le reste à la deuxième. Le paysan s'engage pour sa part à fournir ses produits à la coopérative, au même prix que sur le marché.

Contrairement à la vanille, le cours du cacao a connu une nette embellie. Le prix de cette matière première est en ce moment à son plus haut niveau. Sur le « Liffe » de Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars 2011 cotait 1 925 livres sterling, vendredi vers 13H30 GMT contre 1 811 livres la tonne pour l'échéance de décembre.42

Le développement de cette filière dans le district d’Antalaha crée donc une nouvelle source importante des revenus pour les ménages. Cela permet d’accroître la résilience de la population vulnérable aux cyclones. La réalisation de ce projet fournit alors une meilleure solution pour réduire les risques de catastrophe, au niveau régional.

Dans le dernier chapitre, nous constatons que le gouvernement malgache a élaboré la PNGRC comme une base de référence en matière de GRC, au niveau national. Ainsi, l’ONG CARE intervient dans les zones vulnérables aux aléas naturels. Dans le district d’Antalaha, les interventions du CARE dans le cadre de RRC sont très intéressantes, mais la constatation sur terrain montre que les programmes de RRC déjà mise en place doivent être améliorés pour réduire la vulnérabilité de la population suite aux dégâts cycloniques, depuis l’an 2000.

42 Source : Madagascar Matin du vendredi du 13 mai 2011, n°0571

58 CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Cette partie nous a permis, de montrer l’importance de la RRC dans le cadre de gestion des risques et des catastrophes, tant sur le plan théorique qu’à la mise en œuvre.

Les notions et les éléments clés sur les risques et les catastrophes permettent de comprendre et de maîtriser l’interdépendance entre l’aléa, la vulnérabilité, la capacité, la résilience, le risque et la catastrophe. Ainsi, le concept de capabilité de Sen montre une relation importante entre la vulnérabilité, le risque et la capabilité. La connaissance et la maîtrise de ces concepts facilitent l’élaboration des stratégies et des mesures de prévention et/ou de réduction des risques.

Sur le plan pratique, la politique nationale de gestion des risques et des catastrophes, détermine les orientations générales en matière de gestion des risques et des catastrophes. Cette politique, à travers ses objectifs et ses principes met l’accent sur l’importance de la réduction des risques de catastrophes au niveau national. Dans le cadre de RRC, le CARE international intervient directement dans les zones et les régions les plus touchées par les aléas. Le but de son intervention est d’atténuer en maximum les risques de catastrophes. En particulier, le CARE Antalaha, à travers le projet DIPECHO financé par l’Union Européenne cherche tous les moyens et toutes les possibilités afin d’atténuer les effets des cyclones, de réduire la vulnérabilité et d’accroître la résilience de la population au niveau de ce district. Quelques enseignements ont été tirés du mémoire pour améliorer les actions du CARE à Antalaha, tels que le renforcement et/ou la création des activités génératrices des revenus et l’introduction de nouvelle culture de rente plus ou moins résistante aux cyclones.

59 CONCLUSION GENERALE

Cette étude s’est proposée comme objectif de déterminer en quoi la mise en œuvre de la stratégie et de la politique de RRC, ainsi que l’intervention de CARE, permettent de réduire la vulnérabilité et d’accroître la résilience de la population.

La méthodologie que nous avons utilisée est la revue de littérature sur les concepts de RRC et la théorie de capabilité d’Amartya Sen. Nous avons porté, d’une manière pratique, ces connaissances théoriques dans le cas du district d’Antalaha.

Au terme de la présente étude, nous avons constaté que le facteur principal de la vulnérabilité de la population d’Antalaha est la perte de revenu suite à la destruction des cultures de rente. Face à ces problèmes, CARE, à travers le projet DIPECHO, a apporté un appui technique aux paysans, une distribution de semences, une construction d’infrastructures de protection contre les glissements de terrain et les inondations. Toutefois, ces actions menées par CARE s’avèrent être un moyen nécessaire mais non suffisant en vue de réduire la vulnérabilité de la population. La politique et la stratégie de RRC efficaces face à ce problème doivent être orientées sur l’augmentation et l’amélioration de revenus des ménages, à travers la réalisation des activités génératrices des revenus, comme la vulgarisation agricole- artisanale, l’amélioration des matériels des pêcheurs.et l’introduction de nouvelle culture de rente qui peut remplacer les cultures endommagées par le cyclone.

Ce thème a également ses intérêts particuliers. Son approfondissement nous a permis de dégager que toute mise en œuvre des mesures visant à réduire la vulnérabilité face aux risques de catastrophes doit faire l’objet d’une évaluation préalable du contexte local, des besoins et des attentes de la population. Ce faisant, la méthode accélérée de recherche participative (MARP) s’avère la plus efficace et pertinente pour les raisons suivantes : elle donne l’occasion aux populations locales de participer au choix des activités qui affectent leurs moyens d’existence, constitue la base du processus de renforcement du leadership local et des institutions communautaires, favorise l’appropriation locale des interventions extérieures, et incite l’intégration de tous les secteurs indispensables à la gestion durable du processus de développement.

60 ANNEXE

Annexe 1 : Répartition des cultures de rente par district : région SAVA

District vanille café girofle poivre TOTAL

Sambava 9950 8270 200 290 18710

Antalaha 3593 6970 190 30 10783

Andapa 4040 5065 60 20 9185

Vohémar 2960 3760 180 - 6900

TOTAL 20543 24065 630 340 45578

Source : Annuaire statistique 1998 – 1999 – SSA – MinAgri.

Annexe 2 : cultures de rente : condition de culture et compte caractéristique

Café

Temps des travaux

Opérations culturales UT (J/H) - Défrichement 50 - Piquetage achat de plants 31 - Plantation 12 j - Récolte transport 60 j - Pilonnage 17 j - Entretiens 20 j Source : PADANE - DRA Antalaha

I

Compte caractéristique de culture

Désignation des Temps Valeur Produits Gain opérations

- Défrichement 50 j 250 000 350 - Piquetage tronaison 31 j 155 000 (à 6000 Fmg) achat des plants

- Plantation 12 j 60 000 - Récolte transport 60 j 300 000 - Pilonnage 17 J 85 000 - Entretien 17 J 100 000 - Sous-total 950 000 2 100 000 1 150 000

Source : PADANE - DRA Antalaha

Girofle

Temps des travaux

Opérations culturales UT (J/H) - Défrichement 30 - Piquetage 2 - Tronaison, plantation 4 - Fauchage 15 - Remplacement des manquants 1 - Fauchage 70 - Récolte et transport 100 - Séchage 12 - Fauchage 10 - Séchage 10

Source : PADANE - DRA Antalah

II

Compte caractéristiques de culture

Opération culturale UT CJ ou PU COUT - Défrichement 30 5 000 150 000 - piquetage 2 5 000 10 000 - Tronaison Plantation 5 000 20 000 - Fauchage 15 5 000 750 000 - Remplacement de 1 5 000 5 000 manquants - Fauchage 70 25 000 400 000 - Récolte et transport 100 5 000 500 000 - Séchage 12 5 000 60 000 - Fauchage 10 5 000 50 000 - Récolte et transport 150 5 000 750 000 - Séchage 10 5 000 50 000 Total des Charges 2 745 000 Source : PADANE - DRA Antalaha

Vanille :

Conditions de la culture

Opération culturale UT J/H - Défrichement 30 - Créations de drains 60 - Achat des tuteurs 2 500 - Achat des lianes (FFTPM) 2 500 - Préparation des lianes 15 - Plantation des tuteurs 15 - Plantation des lianes 20 - Fauchage 25 - Curage des canaux de drainage 20 - Fauchage 30 - Taille des tuteurs 10 - Enroulement de lianes 10 - Curage des canaux 10 - Fécondation artificielle 30 - Poinçonnage 2 - Récolte et transport Source : PADANE - DRA Antalaha III

Compte caractéristique de culture

Opération culturale UT Coût Coût total - Défrichement 30 5 000 150 000 - Création des drains 60 5 000 300 000 - Achat des tuteurs 2 500 50 125 000 - Transport tuteur Forfaitaires 42 000 - Achat des lianes 2 500 500 125 000 - Transport des lianes Forfaitaires 42 000 - Préparation de lianes 15 5 000 75 000 -Plantation de tuteurs 15 5 000 75 000 - Plantation lianes 20 5 000 100 000 - Fauchage 25 5 000 125 000 - Curage des canaux 20 5 000 100 000 - Fauchage 30 500 150 000 - Taille de tuteurs 10 5 000 50 000 - Enroulement des 10 5 000 50 000 canaux - Curage des canaux 10 5 000 50 000 - Fécondation 30 5 000 150 000 artificielle - Poinçonnage 2 5000 50 000 - Récolte Source : PADANE - DRA Antalaha

IV

Poivre :

Condition de culture

Opération culturale Temps de travail - Défrichement 30 j - Piquetage 10 j - Coupe, transport de tuteur 10 j - Plantation de tuteur 10 j - Fauchage 10 j - Plantation de bouture - - Remplacement des manquants 8 j - Paillage 10 j - Fauchage 20 j - Taille de tuteur 20 j - Taille de liane et attachage 10 j - Récolte et transport 25 j Source : PADANE - DRA Antalaha

Annexe 3 : Photos : culture de vanille

V

Annexe 4 : photos de la culture de girofle

Annexe 5 : photos : cultures de café

Annexe 6 : photos : cultures de poivre

VI

Bibliographie

Ouvrages

1- COBURN A., SPENCE R., PONOMIS A., 1991, Evaluation de la vulnérabilité et des risques, Première édition, PNUD / DHA (Programme des Nations Unies pour le Développement / Département des Affaires Humanitaires), 70 pages.

2- DUBOIS J. L., LACHAUD J.P., MONTAUD J.M., POUILLE A., 2003 , Pauvreté et développement socialement durable , Presses Universitaires de Bordeaux, 306 pages.

3- FAINULA K., 2003, La Stratégie Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes , Antananarivo Madagascar, Project MAG/99/005/A/07/31-05/31 UNDP/CNS , 102 pages.

4- ROOS B., 1994, Economie des catastrophes , Deuxième édition, PNUD / DHA (Programme des Nations Unies pour le Développement / Département des Affaires Humanitaires), 54 pages.

5- SHELIA B., 1995, Introduction aux aléas, Deuxième édition, PNUD / DHA (Programme des Nations Unies pour le Développement / Département des Affaires Humanitaires), 177 pages.

6- STEPHENSON Ph., 1991, Catastrophes et développement , Première édition, PNUD / DHA (Programme des Nations Unies pour le Développement / Département des Affaires Humanitaires), 55 pages.

Articles

1- DUBOIS J.L et GASTELLU JM., 1997, « En économie : l’unité retrouvée, la théorie revisitée », in Ménages et Famille en Afrique , MARC PILON et Al. (dir), Etudes du CEPED n°15, Paris, pp. 75-78.

2- GONDARD-DELCROIX C. et ROUSSEAU S., 2004, « Vulnérabilité et Stratégies durables de gestion des risques : une étude appliquée aux ménages ruraux de Madagascar », Dossier 3 : Les dimensions humaine et sociale du Développement Durable , 18 pages. VII

3- ROUSSEAU S., 2003, « Capabilités, risques et vulnérabilité », in Pauvreté et Développement Socialement Durable, DUBOIS J-L, LACHAUD J-P, MONTAUD J- M, POUILLE A (eds), Presses Universitaires de Bordeaux, pp. 11-22.

4- SEN A., 1992, Inequality Reexamined , Oxford University Press.

………1993 « capability and Well-Being », in The Quality of Life , M.C. NUSSBAUN and A SEN (eds), Clarendon Press, oxford, pp. 30-35.

………1999, Développement as Freedom, Anchor Books, New York, pp. 18-75.

Rapports et documents :

1- BNGRC (Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes), « Plan National de Contingence sur les Cyclones et les Inondations 2010-2011 », 42 pages.

2- BNGRC (Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes), Janvier 2009, « Renforcement de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes », 34 pages.

3- CARE, Documents de projet DIPECHO I, 18 pages.

4- DROY I., RASOLOFO P., 2001, « Entre cyclone et marchés mondiaux, la vulnérabilité des ménages de la côté Est de Madagascar », La pauvreté à Madagascar : Etat des lieux, facteurs explicatifs et politiques de réduction, Antananarivo, 4-7 février 2001.

5- DUBOIS J.S, ROUSSEAU S., 2001, « Reinforcing Household’s Capabilities as Way to Reduce Vulnerability in Equitable Terms”, Conference Justice and Poverty: Examing Sen’s Capabilty Approach, Cambridge, 5-7 June 2001.

6- FAO/PAM (Food and Agriculture Organisation/Programme Alimentaire mondial), 2000, Rapport spécial, « Mission FAO/PAM d’évaluation de l’incidence des cyclones et de la sécheresse sur les disponibilités alimentaires à Madagascar », 17 pages.

7- MINAGRI/UPDR (Ministère de l’Agriculture/ Unité de Politique pour le Développement Rural), 2001, « Monographie de la région SAVA », 155 pages.

8- Monographie de la commune urbaine d’Antalaha.

VIII

9- Monographies des communes rurales : Lanjarivo, Ambinanifaho, Ampahana, Antsahanoro, Antananambo, Marofinaritra, Antombana, Ampohibe, Ambalabe, Ambohitralanana, Ampanavoana.

10- PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), 2004, « la réduction des risques de catastrophes, un défi pour le développement », 148 pages.

11- UNISDR (United Nations International Strategy for Disaster Reduction), 2009 «Réduction des risques de catastrophe : bilan mondial – Risques et pauvreté dans un climat en évolution –Investir aujourd’hui pour lendemains plus sûrs».

Webographie

1- www.care.mg/Contact.htm (2011.05.26)

2- www.care.mg/Doc/HISTORIQUE.PDF (2011.05.26)

3- www.carefrance.org/?page=page&id=22 (2011.05.26)

4- www.COI.IOC;org/.../ECHO.présentation- DIPECHO (2011.06.30)

5- www.commerce.gov.mg (2011.07.06)

6- www.midi. Madagascar.mg (2011.07.15)

7- www.primature.gov.mg/cpgu/webfiles/SNGRC.pdf (2011.06.30)

8- www.sava.gov.mg/index.php?option:com...task (2011.07.06)

9- www.snu.mg/new/sites/pnud/category.php? (2011.07.20)

10- www.undp.org.mz/.../Microsoft%20word%20 (2011.07.23)

IX

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ...... i ACRONYME ...... ii Liste des tableaux ...... iii Liste des figures ...... iv INTRODUCTION GENERALE...... 1 PARTIE I : ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVE HISTORIQUE ...... CHAPITRE I : Le contexte local ...... 5 Section I : Historique, potentialité et aléas naturels du district d’Antalaha ...... 5 I.1) La situation géographique ...... 5 I.2) Le climat ...... 7 Section II : Quelques informations sur les cultures de rente ...... 11 II.1) Les différents types des cultures de rente à Antalaha ...... 11 II.2) Les perceptions des cultures et des produits de rente par les paysans locaux ...... 13 II.3) L’importance des cultures et des produits de rente sur l’économie des ménages ...... 15 CHAPITRE II : Les atouts et les faiblesses des cultures et des produits de rente ...... 17 Section I : La situation des cultures de rente à Antalaha, avant 2000 ...... 17 I.1) Le développement de la culture de vanille, avant 2000...... 17 I.2) La situation de la culture de café avant 2000 ...... 19 I.3) Les cas du girofle et du poivre ...... 21 Section II : Les conséquences des dégâts cycloniques pour les cultures de rente et sur les revenus des ménages à Antalaha ...... 23 II.1) L’évolution des superficies-rendements-productions des différentes cultures de rente après les dégâts cycloniques ...... 23 II.2) Analyse des impacts du cyclone hudah pour les cultures de rente et sur les revenus des ménages ...... 25 PARTIE II : LES CONCEPTS DE RRC ET SA MISE EN ŒUVRE ...... CHAPITRE I : Les concepts de base de RRC ...... 32 Section I : concepts des risques – catastrophes naturelles et de capabilités de Sen ...... 32 I.1) Les notions de l’aléa, de la vulnérabilité, de la capacité, de la résilience, du risque, de la catastrophe ...... 32 I.2) Les concepts de capabilités de Sen ...... 37 X

Section II : les concepts de la prévention ou RRC ...... 40 II.1) Le fondement de la RRC ...... 40 II.2) Les actions primordiales de réduction des risques ...... 42 CHAPITRE II : La mise en œuvre de la RRC et analyses ...... 46 Section I : La politique nationale de la gestion des risques et des catastrophes (PNGRC) à Madagascar ...... 46 I.1) Les objectifs de la politique nationale de gestion des risques et des catastrophes ...... 46 I.2) Les principes de la politique nationale de gestion des risques et des catastrophes ...... 47 Section II : L’application de la RRC dans le district d’Antalaha ...... 49 II.1) CARE International et son intervention en matière de RRC à Antalaha ...... 50 II.2) Analyses et recommandations...... 54 CONCLUSION GENERALE ...... 60 ANNEXE ...... I Annexe 1 : Répartition des cultures de rente par district : région SAVA ...... I Annexe 2 : cultures de rente : condition de culture et compte caractéristique ...... I Annexe 3 : Photos : culture de vanille ...... V Annexe 4 : photos de la culture de girofle ...... VI Annexe 5 : photos : cultures de café ...... VI Annexe 6 : photos : cultures de poivre ...... VI Bibliographie ...... VII

XI

« CULTURES DE RENTE ET REDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHE, Cas du district d’Antalaha » ______Auteur : RAZAKANDRAINY Mandimby Adresse : Lot II M 7 Bis Antsakaviro, Antananarivo 101 Téléphone : 0330944920 - 0346300677 Courriel : [email protected]

RESUME

L’objet de ce mémoire est de comprendre le lien entre la capabilité, le risque et la vulnérabilité. Les risques rendent l’individu plus vulnérable, mais les capabilités nous aident à être moins vulnérables pour résister aux chocs négatifs (Dubois et Al, 2003). C’est pourquoi, pour analyser cette vulnérabilité, il faut identifier en même temps, les risques encourus par les ménages et l’ensemble des capabilités qu’ils possèdent. Nous avons comme objectif de réduire la vulnérabilité, soit en diminuant les risques encourus par les ménages, soit en augmentant leurs capabilités. L’approche de capabilité de Sen constitue notre théorie de référence. Elle met l’accent sur la liberté d’être et d’agir au niveau individuel comme au niveau social dans la dynamique de bien-être. Elle propose alors de réduire la pauvreté en améliorant les capabilités des individus à long terme, à travers l’accroissement de leurs potentialités et de leurs opportunités sociales. Sur le plan empirique, la mise en œuvre du projet DIPECHO permet de réduire la vulnérabilité de la population dans le district d’Antalaha. Les capabilités des ménages bénéficiaires de ce projet augmentent grâce au renforcement des dotations en capital physique (semences, matériels agricoles, …) et en capital humain (techniciens en agriculture, formateurs, animateurs) fournis par CARE Antalaha. Cependant, le facteur principal de la vulnérabilité des ménages locaux est la baisse de leurs revenus, suite à la destruction de leurs cultures de rente par les dégâts cycloniques. C’est pourquoi, il faut créer et/ou améliorer des activités génératrices des revenus adaptables dans la zone. Cela a aussi besoin de renforcement du capital financier, du capital physique, du capital humain et du capital social pour augmenter les potentialités des groupes les plus vulnérables.

Mots-clés : capabilité, capital, cultures, destruction, dotations, potentialité, renforcement risque, vulnérabilité