Le Roi Carotte
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Opéra © Corentin Fohlen Du 13 décembre 2019 au 1er janvier 2020 Le Roi Carotte Jacques Offenbach Direction musicale Adrien Perruchon Mise en scène et costumes Laurent Pelly Orchestre, Chœurs et Studio de l’Opéra de Lyon Le Roi Carotte Opéra-bouffe féerie en trois actes, Le Roi Carotte 1872 (Théâtre de la Gaîté de Paris) Livret de Victorien Sardou d’après un conte d’Hoffmann Jacques Offenbach Edition critique Jean-Christophe Keck, Boosey & Hawkes Une œuvre fastueuse la recherche d’une virtuosité musicale Direction musicale : Adrien Perruchon longtemps oubliée et vocale, la parodie d’un conte (les Mise en scène et costumes : Né en 1869 de la rencontre entre amours d’une Cunégonde délurée avec un Laurent Pelly Offenbach et Victorien Sardou (auteur de prince déguisé en étudiant) et l’histoire Adaptation du livret et nouvelle version la pièce La Tosca), Le Roi Carotte, opéra- de la destitution d’un roi supplanté des dialogues : Agathe Mélinand bouffe féerie, est créé au Théâtre de la par une carotte et sa cour composée Décors : Chantal Thomas de navets, betteraves et radis, auxquels Lumières : Joël Adam Gaîté à Paris le 15 janvier 1872. Malgré une Chef des Chœurs : interruption forcée en raison du conflit une sorcière a procuré la vie et le don Roberto Balistreri franco-prussien en 1870-1871, le travail de plaire à autrui. Politiquement, c’est Collaboration à la mise en scène : du compositeur et du librettiste est aussi une série d’allusions à Napoléon III Christian Räth particulièrement fécond puisque l’œuvre, et à ses conseillers, dont les aspects Collaboration aux costumes : donnée tout d’abord en quatre actes, dure intemporels restent efficaces (critique Jean-Jacques Delmotte près de six heures lors de la création ! La du pouvoir et de l’autorité, de l’indécision représentation nécessitait 30 acteurs, 45 et de l’incompétence). Musicalement, Le Roi Carotte : danseuses, 150 figurants et un orchestre de c’est un florilège de toutes les facettes Christophe Mortagne 45 musiciens. Zulma Bouffar, surnommée musicales d’Offenbach, de procédés Robin-Luron : Julie Boulianne Fridolin : Yann Beuron « la Patti des opérettes », très proche et de recettes éprouvées, au moins Truck : Christophe Gay d’Offenbach et précédemment Gabrielle depuis La Vie parisienne. La partition, Pipertrunck : Boris Grappe dans La Vie parisienne, y crée avec succès riche en contrastes, doit ménager la Rosée du soir : Chloé Briot le rôle de Robin-Luron. Le faste ainsi surprise et souligner les effusions Cunégonde : Catherine Trottmann déployé conquiert le public, mais dès sentimentales avant de les tourner en Coloquinte : Lydie Pruvot 1877 l’œuvre, après avoir été donnée aussi dérision. à Londres, New York et Vienne, quitte Orchestre, Chœurs et Studio la scène pour ne plus y revenir avant le Une reprise prometteuse de l’Opéra de Lyon XXe siècle. Elle avait pourtant été réduite La reprise de la production de 2015 à trois actes, et c’est une adaptation encore permettra de revivre l’enchantement Reprise de la production de 2015 plus réduite, par Agathe Mélinand, qui d’une succession de saynètes qui nous de l’Opéra de Lyon est reprise à l’Opéra de Lyon, où elle a été entraînent dans le sillage des aventures donnée pour la première fois en 2015. du roi Fridolin XXIV de Krokodyne, avec les costumes magnifiques imaginés Du fantastique au comique par Laurent Pelly, donnant aux tubercules Opéra et au merveilleux une présence dramatique absolument Soirée de Réveillon Inspiré au départ par un conte saisissante, et les décors de Chantal Le Roi Carotte d’Hoffmann, Petit Zacharie, appelé Thomas – livres immenses d’où sortent le 31 décembre à 19h Cinabre (dont le personnage constitue les personnages, bibliothèques qui le thème de la Chanson de Kleinzach pivotent sur elles-mêmes pour ouvrir dans Les Contes d’Hoffmann), le livret les espaces de l’imaginaire, cageots s’éloigne rapidement de cet univers et cagettes du nouveau mobilier fantastique pour lui préférer une imposé au palais par Le Roi Carotte, Décembre 2019 Vendredi 13 19h30 dimension comique et merveilleuse. reconstitution d’un Pompéi antique Dimanche 15 16h Répondant aux trois caractéristiques donnant lieu à des tableaux vivants Mardi 17 19h30 énoncées dans son appellation générique, hilarants. Jeudi 19 19h30 « opéra-bouffe féerie », l’œuvre conjugue Fabrice Malkani Vendredi 20 19h30 Dimanche 22 16h Vendredi 27 19h30 Janvier 2020 Mercredi 1er 16h En français Durée : 2h45 De 10 à 110 € Dîner d’entracte Playlist à écouter sur opera-lyon.com Offenbach dans un train fantôme Conversation entre Laurent Pelly et Agathe Mélinand Agathe Mélinand : AM : Cela faisait longtemps que tu me parlais du Roi Carotte. Mauvais calcul, malgré le triomphe, l’extraordinaire lourdeur de la production a empêché le bénéfice… Laurent Pelly : Effectivement, c’est au moment de La Grande Duchesse LP : de Gerolstein, au Châtelet, il y a dix ans, que j’ai pour la Pourtant, curieusement, c’est un ouvrage, malgré son côté première fois lu le livret du Roi Carotte. Sans doute étonné démentiel, qui me fait finalement plus penser aux Contes par le titre qui me paraissait assez curieux pour un opéra, d’Hoffmann qu’à La Belle Hélène. Peut-être à cause du même bouffe... Et c’est ainsi que j’ai découvert cette féérie Kleinzach d’Hoffmann dont les auteurs se sont inspirés insensée de 1872 et que j’ai voulu la mettre en scène. pour leur roi… AM : AM : Oui. Entre 1872 et 75, Offenbach opte pour la féérie. Peut-être que parce-que, pendant l’écriture, la guerre de Il va composer Le Roi Carotte, Le Voyage dans la lune et 70 a éclaté, qu’Offenbach et Sardou ont du arrêter pour même, Orphée aux enfers qui devient un Opéra-féérie en quitter Paris. Quand ils sont revenus, la guerre était finie, quatre actes en 1874. la république avait été proclamée, il y avait eu la commune, Bref. Revenons-en à notre féérie potagère. la chûte du second empire… Et Offenbach et Sardou se sont remis à leur féérie. C’est peut-être pour cela que cette LP : folie a ce côté désenchanté et noir qui te fait penser aux Oui, j’avais envie de travailler sur cette construction Contes d’Hoffmann. impossible, opératique et délirante dont on a perdu Mais dis-moi encore ce qui t’a plu dans le livret original ? aujourd’hui, évidemment, toutes les références. Le Roi Carotte, me semblait comme un blockbuster LP : commercial et déjanté de l’ancien temps. Le côté foisonnant, le côté impossible. Le mélange des genres. La magie, la fantaisie, la folie, l’humour et AM : évidemment la violente satire politique. C’est toujours Oui, comme les fééries du Châtelet, Le tour du monde en du domaine de l’intuition. C’est très important pour 80 jours, Michel Strogoff !... moi aussi, de faire découvrir une oeuvre inconnue d’Offenbach. De faire entendre cette musique qu’on ne LP : connaît pas. Pour Le Roi Carotte, c’est au Théâtre de la Gaité Lyrique, futur théâtre d’Offenbach lui-même que ça se passe. Six AM : heures de spectacles, cent vingt personnes sur scène, des Nous avions déjà travaillé tous les deux sur une autre dizaines de décors, des centaines de costumes. féérie, Le petit voyage dans la lune réduit en un acte pour déjà, l’Opéra de Lyon. La partition avait été réduite AM : aussi. Mais, cette fois, il ne s’agit pas de réduction. Nous Et Le Roi Carotte n’a été jamais repris sur un grand sommes partis, pour notre travail, de la version en trois plateau. Paris, Londres, New York, Vienne et puis s’en va. actes sous titrée Opérette-féérie en 3 actes et onze tableaux Et il n’en existe pas d’enregistrement. Pourtant, cent- plus pensable à représenter aujourd’hui. Même si c’est déjà quatre-vingt-quinze représentations à la création ! Un vrai extrêmement riche et compliqué. tabac ! LP : LP : Alors, après avoir adapté toutes ces œuvres d’Offenbach Le souci était aussi commercial… comment aborde-t-on un livret aussi ébouriffé ? AM : AM : Pour moi, le premier contact avec le livret a plutôt été du Alors, dis-moi, une fois qu’on a le livret réécrit, les domaine de l’épouvante. Comment faire tout ça ? Et puis, nouveaux dialogues, comment et où, vont se dérouler les il y une différence, c’est que le livret n’est ni de Meilhac et merveilleuses aventures de nos amis ? Halevy, ni de Barbier, ni de Crémieux mais de Victorien Sardou. Il est composé d’un mélange de styles. Comédie LP : du pouvoir, comédie médiévale, reconstitution antique à la Pour toutes les raisons que tu viens de citer, sauce 1870 (Pompéi), scènes de cour en parodies politique la problématique de la mise en scène est exactement et potagères, princesse délurée, jeune fille emprisonnée, la même. D’ailleurs, le sens de l’émerveillement du public sorcière… Bref. Aventures, amours, suspense, etc. A la n’est sans doute plus le même qu’en 1872… Si on devait différence de Meilhac et Halevy, le style de Sardou est représenter de manière réaliste toutes ces folies, il faudrait finalement plus traditionnel et sérieux malgré le sujet, les des moyens hollywoodiens ou faire un film. sujets, totalement fous, Sardou est moins parodique et Le travail est donc plutôt sur le mélange des genres. presque plus romantique… Etre à la fois sur une représentation épique, comique, archéologique, entomologique, botanique… enfin bref, LP : créer un univers entre réalité, rêve et cauchemar. La As-tu eu la tentation de retourner au style de Meilhac et scénographie de Chantal Thomas n’est donc qu’une Halevy ? machine à jouer. Nous n’allons pas, d’une manière réaliste, dérouler linéairement toutes les péripéties du livret.