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Clôture de la 69e Berlinale

Deux films controversés primés

La fin de la Berlinale a été marquée par la disparition de Bruno Ganz à qui le festival a rendu un vibrant hommage. Aussi, la cérémonie a été marquée par la traditionnelle remise des prix, durant laquelle, d’ailleurs, le jury a primé des films controversés. Probablement, cela est motivé par la volonté de la présidente du jury d’alimenter les débats et la réflexion. C’est elle même, toute confiante et toute de rose vêtue, qui a remis l’Ours d’or à l’Israélien Nadav Lavid pour son film Synonymes. Ce dernier met en scène “Yoav, un jeune Israélien, (qui) atterrit à Paris, avec l'espoir que la France et le français le sauvent de la folie de son pays”. Le moins que l’on puisse dire de ce film qui offre au cinéma israélien, pour la première fois, un Ours berlinois, est très controversé. En effet, le réalisateur avec la langue de son personnage Lavid écorche Israël et révèle : “Je suis arrivé en France pour fuir Israël. Fuir cet état méchant, obscène, ignorant, sordide, fétide, grossier, abominable, odieux, lamentable, répugnant, détestable, abruti, étriqué, bas d’esprit et de cœur.” À ce propos, le réalisateur, lors de sa conférence de presse à la Berlinale, s’est défendu en déclarant : “Il y a beaucoup d’idées politiques, et parfois extrêmes et provocantes, mais je ne pense pas que cela soit un film politique. Mon film contient de sévères critiques.” L’autre réalisateur ayant attiré l’attention est le Français François Ozon qui a donné la parole aux victimes de la pédophilie. Ozon n’est pas un inconnu des festivals. Après six nominations aux césars, trois sélections à Venise et à Cannes et quatre à Berlin, il s’est vu remettre le Grand Prix du jury pour son film Grâce à Dieu qui dénonce la pédophilie au sein de l'Église catholique. Le film a été au cœur de la polémique bien avant cette distinction qui risque de la raviver et de susciter en même temps l’intérêt du public. En tout cas, le réalisateur tient ici les ingrédients d’un succès public annoncé. Et il peut remercier père Preynat qui a actionné la justice pour retarder la sortie du film, puisque le verdict du procès du père n’est pas encore prononcé. À rappeler que cette 69e édition s’est tenue du 7 au 17 février et a vu la programmation de 400 films dans les différentes sections du festival.

Palmarès :

Ours d'or: Synonymes de Nadav Lapid Grand prix du jury: Grâce à Dieu de François Ozon Prix Alfred Bauer: Systemsprenger (System Crasher) de Nora Fingscheidt Interprétation féminine: Yong Mei dans Di jui tian chang (So Long, My Son) de Interprétation masculine: dans Di jui tian chang (So Long, My Son) de Wang Xiaoshuai Mise en scène: Angela Schanelec pour Ich war zuhause, aber (I Was at Home, But) Scénario: Maurizio Barucci, Claudio Giovannesi & Roberto Saviano pour La paranza dei bambini (Piranhas)

Contribution artistique: Rasmus Videbæk pour l'image de Out Stealing Horses réalisé par Hans Petter Moland.

Ours d'or du court métrage: Umbra de Florian Fischer et Johannes Krell, Allemagne

Prix du jury du court métrage: Blue Boy de Manuel Abramovich, Argentine

Prix du court métrage Audi: Rise de Barbara Wagner et Benjamin De Burca, Brésil

Meilleur premier film : Oray de Mehmet Akif Büyükatalay, Allemagne (Perspektive Deutsches Kino) Meilleur documentaire: Talking About Tree de Suhaib Gasmelbari, Soudan (Panorama).