Pierre Bayle Et Le Dictionnaire Historique Et Critique Eva Rothenberger

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Pierre Bayle Et Le Dictionnaire Historique Et Critique Eva Rothenberger Pierre Bayle et le Dictionnaire historique et critique Eva Rothenberger To cite this version: Eva Rothenberger. Pierre Bayle et le Dictionnaire historique et critique : scepticisme moderne et his- toriographie polémique. Littératures. Université de Lorraine; Universität Augsburg, 2018. Français. NNT : 2018LORR0106. tel-02064142 HAL Id: tel-02064142 https://hal.univ-lorraine.fr/tel-02064142 Submitted on 22 Jun 2020 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. 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Contact : [email protected] LIENS Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 122. 4 Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10 http://www.cfcopies.com/V2/leg/leg_droi.php http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm Thèse en cotutelle En vue de l’obtention du Doctorat en Lettres Eva Rothenberger Pierre Bayle et le Dictionnaire historique et critique Scepticisme moderne et historiographie polémique Directeurs de recherche Prof. Dr. Rotraud von Kulessa (Université d’Augsbourg) Prof. Dr. Alain Génetiot (Université de Lorraine) Codirecteurs en Allemagne Prof. Dr. Hans-Peter Sturm (Université d’Augsbourg) Prof. Dr. Sabine Schwarze (Université d’Augsbourg) Professeurs encadrants du présent projet de recherche : directrice de thèse de l’Universität Augsbourg : Prof. Dr. Rotraud von Kulessa directeur de thèse de l’Université de Lorraine : Prof. Dr. Alain Génetiot directeur supplémentaire de l’Universität Augsbourg : Prof. Dr. Hans-Peter Sturm directrice supplémentaire de l’Universität Augsbourg : Prof. Dr. Sabine Schwarze Membres de jury : directrice de thèse : Prof. Dr. Rotraud von Kulessa directeur de thèse : Prof. Dr. Alain Génetiot examinatrice : Prof. Dr. Sabine Schwarze examinateur : Prof. Dr. Alain Muzelle rapporteuse : PD. Dr. Susanne Greilich rapporteur : Prof. Dr. Emmanuel Bury Notes Nous utilisons l’abréviation DHC pour désigner le Dictionnaire historique et critique afin d’alléger notre texte. Pour des raisons d’accessibilité au DHC dans la bibliothèque de l’Université d’Augsbourg, nous avons travaillé avec l’édition de 1820, réimprimée en 1969 par Slatkine Reprints à Genève, et nous avons suivi fidèlement l’orthographe et la ponctuation de cette édition. Une particularité en est l’omission du t à la fin des substantifs pour la forme pluriel, comme par exemple protestans, conquérans ou mahométans, dans les citations du DHC. Et parfois, il y a des différences avec l’orthographe moderne en ce qui concerne les majuscules en début de mots. Les petites majuscules marquent les articles du DHC auxquels nous nous référons, par exemple Vayer, Pyrrhon, Pascal etc. L’abréviation « rem. A » fait référence à la remarque d’un article du DHC, A dans cet exemple. Les citations de la littérature de recherche en allemand ou en anglais ont été traduites par nos soins. La traduction française se trouve dans le texte et nous avons mis les citations originales dans les notes de bas de page. 1 Introduction Pierre Bayle, le philosophe de Rotterdam, est une des personnalités les plus rayonnantes du XVIIe siècle à la veille des Lumières. Il écrit comme aucun autre sur les idéaux et les valeurs morales qui marqueront par la suite les écrivains philosophes tels que Voltaire et Di- derot. Rien n’échappe à son œil critique et à sa curiosité de sorte que ses écrits représentent un trésor riche du savoir à l’âge classique. Son œuvre témoigne d’une érudition impressionnante et d’un engagement sans équivoque qui lui à valu la réputation de philosophe et de précur- seur du siècle des Lumières. Le Dictionnaire historique et critique est le point culminant de sa carrière intellectuelle et attire, dès l’annonce de ce grand projet, la curiosité et l’intérêt d’un public varié qui est composé de gens plus ou moins lettrés, mais aussi de personnes très érudites. Bien que la taille impressionnante des deux volumes in-folio de la première édition et des trois volumes de la deuxième risque de submerger le lecteur par l’immense offre de savoir, le texte découpé en articles donne pourtant un accès facile aux idées et sujets perti- nents de la pensée baylienne. Par rapport aux ouvrages de ses contemporains, le DHC n’égale aucun autre dictionnaire précédant et suivant à cause de la rhétorique incomparable de Bayle, son style ironique et polémique ainsi que sa capacité d’inclure le lecteur directement dans ses réflexions. Jacques-Georges de Chauffepié1 et Prosper Marchand2 cherchent à continuer l’ouvrage baylien, en écrivant également des dictionnaires, mais n’y réussissent pas. La rela- tion entre Bayle et son texte, ainsi que la relation entre le contenu et la forme du DHC sont trop particulières et le rend inimitable. Si on s’interroge sur ce rapport entre la forme et le contenu dans le DHC et se met à la recherche de ce que Bayle en dit dans son ouvrage, on ne trouve que de rares informations. Dans l’article sur Pierre Pomponace, Bayle exprime, lors de la discussion de l’immortalité de l’âme, l’idée que « la principale pièce d[u système péripatéticien] est [...] que le corps natu- rel comprend deux substances, dont l’une s’appelle matière, et l’autre s’appelle forme ».3 De 1 Jacques Georges de Chauffepié, Nouveau Dictionnaire Historique Et Critique : Pour Servir De Supplement Ou De Continuation Au Dictionnaire Historique Et Critique, De Mr. Pierre Bayle, La Haye & Amsterdam, Pierre de Hondt & Z. Chatelain, 1750-56. 2 Prosper Marchand, Dictionaire historique ou Mémoires critiques et littéraires : concernant la vie et les ouvrages de divers personnages distingués, particulièrement dans la république des lettres, La Haye, P. de Hondt, 1758-59. 3 Pomponace, rem. F. 2 Introduction 3 plus, la forme du corps naturel est corruptible, c’est-à-dire décomposable, et périt régulière- ment quand la composition des deux substances périt.4 Selon cette argumentation d’Aristote l’âme périt lors que la mort la sépare du corps ce que Bayle se donne pour but de réfuter. Cet exemple montre que les réflexions sur le rapport entre la forme et la matière datent de l’Antiquité et occupent dès lors les philosophes et les érudits. Transmise au contexte des ré- flexions scientifiques sur les ouvrages littéraires, la question se focalise sur le rapport entre la forme et le contenu des textes. Julius Rodenberg souligne que « [d]ans la plupart des cas, on ne voit pas que la forme et le contenu d’un livre sont liés par une corrélation étroite et tendre et qu’il n’est en conséquence pas indifférent quelle forme extérieure les pensées d’un auteur prennent sur leur chemin vers la publication. »5 Le choix du genre littéraire que l’auteur fait pour donner une forme à son texte joue alors un rôle prépondérant puisqu’il influence, par ce moyen, la présentation visuelle et donc l’effet que le texte effectuera sur les récepteurs. Ruth Whelan met plus l’accent sur la relation entre l’auteur et l’ouvrage et explique que [L]a page de titre du Dictionnaire porte non pas la liste d’une équipe de rédacteurs, mais le nom d’un seul auteur, Pierre Bayle [...]. Or, ce nom d’auteur [...] est un phénomène nouveau chez un écrivain qui a voulu rester dans l’anonymat jusqu’alors. Exigé comme préalable au Privilège ac- cordé par les États de Hollande, le nom de l’écrivain n’exprime pas moins une relation spécifique, une symbiose entre l’auteur et sa création littéraire.6 La polyvalence du DHC et la multitude des sujets abordés ne cesse d’occuper les lecteurs de Bayle et surtout les chercheurs de différents domaines. La théologie trouve dans la pen- sée baylienne autant de points de départ que l’histoire, la philosophie et les lettres. Depuis la première édition de 1697 jusqu’au XXIe siècle, Bayle fournit des sujets et des probléma- tiques qui ne perdent pas leur actualité parce qu’ils concernent les questions et les valeurs fondamentales du genre humain. Elisabeth Labrousse est une des chercheuses les plus importantes et fournit une biogra- phie détaillée de Bayle7 ainsi qu’une étude exhaustive de son œuvre.8 Elle y retient surtout ses côtés de critique, d’historien et de philosophe qui formeront également notre centre d’intérêt. Labrousse définit quatre grands axes : 1o la vérité de fait où elle déploie la dimension métho- dologique et scientifique de l’historiographie chez Bayle; 2o la vérité de raison ce qui poursuit le fil philosophique; 3o la vérité révélée ce qui focalise les questions religieuses concernant le fidéisme, le problème du mal, la liberté et les querelles des théologiens; 4o les doctrines pra- 4 Voir Pomponace, rem. F. 5 Julius Rodenberg, Größe und Grenzen der Typographie : Betrachtungen über typographische Grundfragen, wie sie sich in der Buchkunst der letzten siebzig Jahre widerspiegeln, Stuttgart, C.E.Poeschel Verlag, 1959, Préface, p. I; « Es wird meistens übersehen, daß Forum und Inhalt eines Buches in inniger Wechselwirkung zueinander stehen und daß es deshalb nicht gleichgültig ist, welche äußeren Formen die Gedanken des Autors auf dem Weg zu ihrer Veröffentlichung annehmen.
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