Langues Juives De La Diaspora Langues Et Histoire 6 Claude Mossé Judaïsme Et Hellénisme
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SOMMAIRE 3 Izio Rosenman Editorial Dossier : Langues juives de la diaspora Langues et histoire 6 Claude Mossé Judaïsme et hellénisme. 10 Jacques Hassoun Les Juifs d'Alexandrie et le multiculturalisme. et Izio Rosenman 17 Les Septante. 20 Mireille Hadas-Lebel La renaissance de l'hébreu et de la conscience nationale juive. 26 Delphine Bechtel La guerre des langues entre l'hébreu et le yiddish. 48 Yossi Chetrit L'influence du français dans les langues judéo-arabes d'Afrique du Nord. 57 Itzhok Niborski Le Yiddish, un passé, un présent et un futur ? 70 Haïm Vidal-Sephiha Langue et littérature judéo-espagnoles. 78 Charles Dobzynski Le Yiddish langue de poésie. Langues et traces 86 Régine Robin La "nostalgie" du yiddish chez Kafka. 97 Kafka Discours sur la langue yiddish. 100 Henri Raczymow Retrouver la langue perdue . Les mots de ma tribu. 105 Jacques Burko Emprunts du Yiddish par le polonais. 110 Marcel Cohen Lettres à Antonio Saura . Passage des langues 115 Marc-Henri Klein La Tour de Babel l'origine des langues. Du religieux au mythe. 120 Kafka Les armes de la ville. 121 Rolland Doukhan Ma diglossie, au loin, ma disparue. 129 Haïm Zafrani Traditions poétiques et musicales juives au Maroc. 137 Albert Memmi Le bilinguisme colonial. 140 M. Zalc Le yiddish au Japon Plurielles n°7 Hiver-Pintemps 98-99 1 SOMMAIRE Études 142 Shlomo Ben Ami Après les accords de Wye Plantation où va-t-on ? 147 Lucie Bollens-Beckouche Les femmes dans la Bible. 152 Dominique Bourel Moses Mendelssohn, fondateur d'un judaïsme moderne et ouvert. 155 Anny Dayan Rosenman Entendre la voix du témoin. 162 Egon Friedler L'intégration des Juifs en Argentine vue par des écrivains juifs. 165 Michael Löwy Romantisme, messianisme et marxisme dans la philosophie de l'histoire de Walter Benjamin. 177 O.Revault d'Allonnes La loi de quel droit? A propos d'Arnold Schoenberg. 185 Nahma Sandrow Isaac Gordin, un maskil créateur du théatre yiddish. Littérature 189 Berthe Burko-Falcman Le chien du train ( nouvelle). 194 Anonyme Romances judéo-espagnols. 195 Wislawa Szymborska Encore (Poème). 196 Antoni Slonimski Elegie pour les villages juifs (Poème). 197 Evgueni Evtouchenko Babi Yar (Poème). Document 199 Déclaration du 7ème Congrès de la Fédération des Juifs Humanistes et Laïques. Illustrations pages 19,47,56,96,114,136 Les textes des articles n'engagent que leurs auteurs. 2 Plurielles n°7 Hiver-Printemps 98-99 EDITORIAL par Izio Rosenman Langue, culture et identité. On trouve dans un recueil de midrashim datant du Moyen-Age, le texte suivant : "Les enfants d'Israël ont été délivrés d'Égypte grâce à quatre mérites : ils n'avaient pas changé leur nom, ils n'avaient pas changé leur langue, ils n'avaient pas révélé leurs secrets et ils n'avaient pas abandonné la circoncision." (Shohar Tov 114, Yalkut Shimoni, cité par H.N. Bialik,Sefer Haagada ). Explication qui garde toute son actualité. En effet, si elle décrit ce qui a longtemps caractérisé le comportement juif, elle est aussi intéressante quant à la façon dont elle désigne et spécifie le coeur de l'identité juive. Par ce qui touche au corps (l'alliance par la circoncision, en hébreu Brit Mila), par ce qui à la personnalité et à l'incription de l'individu dans le système générationnel (le nom), enfin par ce qui concerne la langue, outil de communication, de symbolisation, et d'inscription de l'individu dans son groupe et plus généralemnt dans la communauté des hommes, avec une dimension d'échange, de culture et d'identité collective. Dans la société moderne, démocratique et ouverte dans laquelle nous vivons, ce sont précisément ces trois aspects de l'identité juive qui sont en question, àce qui pousse à s'interroger sur la transmission et la permanence de cette identité. Nous consacrons le dossier de ce numéro de Plurielles aux "langues juives en diaspora". L'identité juive moderne, est en effet éclatée, en diverses composantes et modalités, multiplicité qui reflète à sa manière la multiplicité des langues juives, qui furent un de ses supports majeurs. Ces langues juives de diaspora sont en voie de disparition. Les causes en sont multiples : intégration progressive des Juifs dans des sociétés démocratiques, comme celle des Etats- Unis ou de l'Europe occidentale, destruction d'une grande partie du judaïsme européen lors de la Shoah, puis oppression culturelle subie dans les pays de l'Est sous les régimes communistes. Émigration des communautés juives d'Afrique du Nord, où elles étaient implantées depuis des siècles. Plurielles n°7 Hiver-Pintemps 98-99 3 Editorial Malgré un investissement certain par la jeune génération, ce dont témoignent l'entretien avec Itzhok Niborski et l'article de Haïm Vidal-Sephiha, malgré l'intérêt, notamment universitaire, qu'elles suscitent, et la reconnaissance institutionnelle que ces langues ont acquis (notamment au Conseil de l'Europe, pour le yiddish et le ladino comme langues minoritaires non territoriales d'Europe), il leur manque le terreau collectif de l'expérience quotidienne, qui seule peut maintenir en vie une langue et engendrer la création. Mais ces langues, avec la richesse de leur patrimoine, avec leur mémoire et la trace qu'elle ont laissée, constituent encore aujourd'hui une composante importante de notre conscience historique donc de notre judéité. Elles sont aussi le témoignage de notre présence parmi les peuples et les cultures dans lesquels nous avons vécu, que ce soit en Europe ou dans le bassin méditerranéen, portant l'empreinte d'une osmose féconde entre notre histoire, notre culture, notre identité et leurs environnements linguistiques et spatio- culturels. Nous espérons consacrer un dossier dans un prochain numéro, à l'hébreu contemporain et à la littérature israélienne, et aussi à la société israélienne. On remarquera en effet que ne figure pas dans ce dossier, sauf à titre historique, la langue hébraïque, langue qui aujourd'hui après sa renaissance et les avatars de l'histoire est sans aucun doute un support majeur de l'identité juive : langue de la tradition juive, langue de l'Etat d'Israël, et langue moderne d'une grande partie du peuple juif. Ainsi la question de la langue, ou des langues, comme le rappelle le midrash cité plus haut, pose le problème de notre survie comme minorité culturelle. En dehors d'une pratique religieuse et dans un contexte où nous nous retrouvons intégrés culturellement, socialement, économiquement et politiquement, pouvons nous conserver notre identité juive sans une langue qui nous serait propre en tant que groupe minoritaire. Sur plusieurs générations la production culturelle juive qui est actuellement vivace en français, langue majoritaire et langue maternelle d'une grande partie des écrivains juifs français, pourra-t-elle se maintenir, en dehors de toute pratique ou à tout le moins proximité avec une langue juive ? Et qu'en sera-t-il de notre mémoire collective dont une grande partie est déposée dans ces langues ? 4 Plurielles n°7 Hiver-Printemps 98-99 Dossier : Langues juives en diaspora. LANGUES ET HISTOIRE Plurielles n°7 Hiver-Pintemps 98-99 5 Claude Mossé : Judaïsme et hellénisme. Judaïsme et hellénisme par Claude Mossé ongtemps, la Bible ne fut connue que de Grèce, et l'on sait qu'il consacra plusieurs dans sa traduction grecque et son nom mois au siège de Tyr. C'est donc après sa mort et Lmême vient du terme grec qui signifie quand s'opéra entre ses généraux le partage de son livre (biblos). Pourtant, curieusement, Grecs et empire que les Juifs se trouvèrent pour la Juifs semblent s'être longtemps ignorés. Il y a première fois en contact avec l'hellénisme. A la bien dans les textes bibliques antérieurs a veille de la conquête d'Alexandre, la Judée l'époque hellénistique quelques rares allusions formait un état d'un type particulier au sein de aux "Ioniens". Mais le terme Ioudaioi n'apparaît l'empire perse, depuis que le Temple avait été pas dans les textes grecs avant Hécatée d'Abdère, restauré par Cyrus qui avait également autorisé le contemporain d'Alexandre. Comme le remarque retour des exilés. Les successeurs de Cyrus Flavius Josèphe, historien juif du premier siècle avaient manifesté à l'égard des Juifs et de leur de notre ère, c'est parce que les Juifs n'habitaient religion la même tolérance qu'à l'égard des autres pas un pays maritime et ne se plaisaient pas au peuples de l'Empire, se bornant à prélever un commerce que les Grecs qui, dès le second tribut sur la population. Quand la Judée tomba millénaire fréquentaient les ports palestiniens, ne aux mains des Macédoniens, les Juifs ne firent se sont pas intéressés à ce petit peuple composé que changer de maîtres, sans que fût portée d'artisans et de paysans. L'archéologie a montré atteinte à leur liberté de pratiquer leur culte. Bien cependant que les Grecs n'ignoraient pas plus, au cours de guerres qui opposèrent pour la entièrement les populations de l'intérieur. Mais possession de la "Syrie creuse" les maîtres de ils les englobaient sous le vocable commun de l'Égypte (les Ptolémées) aux maîtres de l'Asie "Syriens". (les Séleucides), les Juifs fournirent des soldats C'est la conquête d'Alexandre qui allait aux premiers qui demeurèrent maîtres du pays modifier la situation. Des récits tardifs évoquent pendant tout le IIIème siècle. C'est au cours de ce la présence du conquérant à Jérusalem, mais ils même siècle que de nombreux Juifs émigrèrent sont rejetés par la plupart des commentateurs. dans la ville nouvelle créée par Alexandre lors de Alexandre s'intéressait surtout à la mainmise sur son séjour en Égypte, et qui allait devenir la les ports d'où lui parvenaient les secours attendus 6 Plurielles n°7 Hiver-Printemps 98-99 Dossier : Langues juives en diaspora capitale intellectuelle du monde méditerranéen, parmi les grands propriétaires, tels les fameux Alexandrie.