lA TOURNÉE DE FORET MEDITERRANÉENNE

Présentation de la région du

Extrait des Orientations régionales de production O.R.P. du Languedoc-

Les Orientations régionales Généralités deproduction serventde cadre à l'application de lapolitique Le Conflent est situé au cœur du département des Pyrénées­ Orientales. Cette région correspond à la partie médiane de la vallée de fo restière définiepar l'Etat. la Têt. Elle offre des paysages très variés. Dans les collines méditerra­ Plusieurs documents constituent néennes du Bas-Conflent, viticulture et arboriculture occupent les val­ ces ORP, dontune série defa sci· lées tandis que les versants sont couverts de landes ou de taillis de chêne vert et chêne pubescent. En revanche, en altitude, l'élevage est culesqui, après avoir présentéles la principale activité et les peuplements fo restiers sont plus productifs. fo rêts et leurenviron nement Le Conflent défini par l'Inventaire fo restier national est moins étendu naturel et économique, donnent que la véritable région naturelle. En effet, quatre communes du Haut­ Conflent ont été rattachées au dont elles sont limitrophes. Sa les orientationsde gestion pour les surface est de 73 071 hectares. fo rêts privées pour chaque petite Le Conflent est limité : région. Ces brochures, rédigéespar - au nord-ouest par le pic du Madres (2469 rn), le département de l'Aude et la vallée du Cabrils qui sépare le Conflent de la région leCentre régionalde lapropriété «Capcir ,,, fo restière, sont très bien faites, - au sud-ouest par la ligne de crêtes entre le pic de la Dona et le pic c'est pourquoi nous avons choisi Redoun, prolongée par une courbe rejoignant le village de Prats­ Balaguer, depublier une partie decelle - au sud par le pic du (2785 rn) et les crêtes qui séparent le consacrée à larégion du Conflent, Conflent du (vallée du Tech), -àl'est par les collines des Aspres et la plaine du Roussillon, lieu de notre tournée - au nord par le col de Roc Jalère et les crêtes qui séparent le dansles Pyrénées Orientales. Conflent des Fenouillèdes.

31 Au 18' siècle, le Conflent connaît une défo­ désertification et un abandon des grands restation intense due au fo nctionnement espaces montagnards. Selon les secteurs, cet d'une vingtaine de fo rges qui utilisent le abandon profite à la forêt qui s'étend natu­ charbon de bois fabriqué dans les massifs rellement ou à la friche qui, en se dévelop­ fo restiers environnants. Aujourd'hui encore, pant, accentue les risques d'incendie. on retrouve en forêt des << charbonnières >> , Aujourd'hui, le Conflent est une région secteurs aplanis de quelques mètres carrés. agricole et surtout touristique. Les grands Dès la fin du 18'siècle , la prise de conscience sites renommés (Saint-Michel-de-Cuxa, par l'Administration du danger de cette défo­ Saint-Martin-du-C anigou, Villefranche-de­ restation et le manque de bois qui se fait Conflent... ) attirent de plus en plus de visi­ sentir, conduisent les pouvoirs publics à teurs. Les massifs du Canigou et du Madres favoriser les plantations fo restières. sont fréquentés par de nombreux randon­ Au 19' siècle, la densité de population et le neurs. Les établissements thermaux de système très autarcique obligent les habi­ Vernet-les-Bains et Molitg-les-Bains reçoi­ tants à exploiter les moindres secteurs culti­ vent de nombreux curistes. vables comme en témoignent les nombreuses terrasses dont les murets sont encore bien Le milieu naturel visibles sur les versants. L'élevage ovin pour la production de la laine est très développé. Le relief Les troupeaux sont maintenus près des Le Conflent s'étend de 250 mètres d'alti­ exploitations pendant l'hiver. Dès le prin­ tude en limite de la plaine du Roussillon à temps, ils commencent à transhumer, 2785 mètres au pic du Canigou. La vallée de d'abord en moyenne altitude puis en estive la Têt est orientée globalement est-ouest où ils restent jusqu'en octobre. La forêt est donnant des versants exposés au nord et au exploitée encore intensément pour les sud. Les vallées adjacentes sont disposées besoins domestiques (cuisine, chauffage, perpendiculairement à la Têt dans le massif construction) et industriels (forges) puisque du Canigou (vallée du Llech, de la Rotja, de la métallurgie, bien que sur le déclin, reste la Carança ...) et plus obliquement dans le active : une dizaine de fo rges fo nctionnent Madres (vallée de la Castellane, de encore et deux hauts-fourneaux ont été créés Nohèdes ...). Si la vallée de la Têt est relative­ à Prades et à Ria. Un périmètre de reboise­ ment ouverte, les vallées adjacentes sont ment est créé en 1866 sur 4 790 hectares. généralement encaissées et les versants sou­ Mal accepté par les communes qui craignent vent très pentus. la réduction des parcours pour les troupeaux, La Têt prend sa source en Cerdagne, dans Photo 1: ce périmètre est réduit à 1500 hectares et le massif du Carlit, au-dessus du lac des Vue de la moyenne vallée une petite partie seulement sera effective­ (1 000 Bouillouses, et se jette dans la Méditerranée de la Têt mètres ment reboisée. d'altitude environ), à Canet. Ses affluents prennent leurs au niveau de La fermeture des mines de fer et l'exode sources dans le massif du Madres ou du et . rural, très important à partir de la première Canigou. Leur débit est tributaire des préci­ Photo CRPF guerre mondiale, provoquent une grave pitations. Ils peuvent grossir rapidement et être à l'origine d'inondations dévastatrices

(Aïguat de 1940, crues de 1992 ... ). De nom­ breuses réserves d'eau ont été réalisées par la SNCF le long de la ligne du << train jaune >> pour assurer son alimentation en électricité, ou par des particuliers, par exemple sur la Castellane. En zone basse, le débit de la Têt est régulé par le barrage de Rodès-Vinça, construit surtout pour l'irrigation des ver­ gers de plaine.

Le climat , En Conflent, le climat varie selon : - la longitude : climat de transition entre les zones climatiques typiquement méditer­ ranéennes à l'est (été chaud et sec) et atlan­ tiques au nord-ouest (meilleure répartition

32 des pluies avec comblement du déficit esti­ région : bouleversée. On trouve principale­ val), ment quatre matériaux : - l'altitude : la grande variation altitudi­ - des schistes et micaschistes dans le mas­ nale entraîne des changements climatiques sif du Madres et à l'est de la région, très marqués et par conséquent une végéta­ - du granite dans le massif du Madres et tion et des paysages très variés. On passe au nord de la région et, en moindre propor­ progressivement du climat méditerranéen au tion, dans le Canigou, climat montagnard, - du gneiss dans le massif du Canigou, - l'exposition et la fo rme des versants : à - des calcaires dans le massif du Coronat et une altitude donnée les caractéristiques cli­ souvent dans les autres massifs sous fo rme matiques peuvent être très différentes entre d'inclusion en bandes plus ou moins larges. un versant exposé au nord et un autre D'autres fo rmations constituent des unités exposé au sud. C'est le phénomène d'opposi­ beaucoup plus limitées en surface : tion de versants très marqué ici. Par - des alluvions dans le fo nd de certaines ailleurs, un versant de fo rme concave vallées, (combe) sera plus fr ais qu'un versant de - des matériaux détritiques du Pliocène forme convexe. (formations sabla-argileuses fr équentes en

Les températures : le Conflent se situe Roussillon), souvent cultivées (vignes et ver­ entre les isothermes annuels de 13°C à l'est gers), (Prades, à 350 mètres d'altitude), soc à - des mylonites (roches broyées au niveau l'ouest (Thuès-entre-Valls, à 830 mètres des failles géologiques), qui constituent des d'altitude) et 2°C au sud (sommet du versants très abrupts. Canigou, à 2785 mètres d'altitude). A noter Les caractéristiques des sols et leurs quali­ de fortes amplitudes thermiques en relation tés dépendent : avec une faible nébulosité (11°C d'amplitude - des roches : en se dégradant, les schistes et journalière annuelle moyenne). micaschistes donnent des sols riches en

Les précipitations : la pluviosité limons et en sable, plus ou moins mélangés de annuelle varie avec l'altitude (550 mm à cailloux plats. Le granite se désagrège en une Prades, 1500 mm au pic du Canigou). D'est arène sableuse et épaisse alors que les gneiss en ouest, dans la vallée, les différences sont s'altèrent pour donner des sols sabla-limoneux moins accentuées. Les saisons les plus arro­ de profondeur très hétérogène. Enfin, les cal­ sées sont l'automne (35% à 55% du total caires donnent des sols profonds et riches, le annuel) et le printemps. Le déficit hydrique plus souvent à base d'argile. Ces roches peu­ estival, fo rtement marqué en zone basse, vent aussi être dures et ne pas ou mal s'alté­ s'atténue avec l'altitude. En été, les orages rer : elles affleurent alors et le sol est très sont fréquents (de mai à août) et fournissent superficiel voire inexistant. Pour les schistes, l'essentiel des précipitations. Elles ne profi­ le plan de schistosité (c'est-à-dire leur incli­ tent pratiquement pas à la végétation car naison) a également une grande influence : un elles ruissellent et ne pénètrent pas dans le plan de schistosité parallèle au sol est défavo­ sol. Ces orages peuvent provoquer des crues rable à la croissance des arbres car il empêche dévastatrices (septembre 1992). En hiver, les racines de pénétrer, alors qu'un plan de les précipitations tombent sous forme nei­ schistosité à contresens est plus favorable, geuse, surtout en altitude mais aussi en - du relief et de l'activité humaine : les bas plaine où l'on assiste certaines années à des de versant, s'ils ne sont pas trop abrupts, et chutes de neige brèves mais impression­ les replats sont généralement constitués de nantes. sols d'accumulation profonds et riches. Les

Les vents : la tramontane est un vent de versants exposés au sud sont plus secs que secteur nord-ouest, violent, fr oid et sec. Le ceux exposés au nord. Les incendies y sont marin (ou marinade) est un vent de secteur plus fréquents et la végétation a plus de mal sud-est qui peut être également violent et à se réinstaller, surtout s'ils ont été autrefois apporte les précipitations. Mais les hautes surpâturés. L'érosion est donc plus fo rte et vallées en sont protégées par le Madres et le les sols sont généralement superficiels. En Canigou. revanche, sur les versants exposés au nord, les sols sont généralement plus profonds et plus fr ais. Ce phénomène est particulière­ Géologie et pédologie ment prononcé sur schistes où il est accentué La répartition des roches en Conflent est à par les différences de pente : les sols sont l'image de l'histoire géologique de cette superficiels et pierreux sur les pentes fo rtes

33 en exposition sud, plus fr ais et meubles sur logue de typologie forestière, a recensé 22 les pentes faibles en exposition nord. Enfin, stations (ou groupes de stations), étage alpin en altitude, le froid et la neige entravent la exclus. Ces stations se différencient selon minéralisation de la matière organique qui l'altitude, l'exposition des versants, la pro­ s'accumule dans les horizons supérieurs. Les fo ndeur du sol, la végétation et la nature de sols issus de roches calcaires sont souvent la roche. Globalement on distingue : décarbonatés sous l'action agressive de l'eau - une station de bas de versant et fo nd de et des humus. vallon à bonnes potentialités, - deux stations sur roches calcaires, l'une sur sol superficiel à très faibles potentialités, Les étages de végétation l'autre sur sol de profondeur moyenne à fo rte A la grande variation d'altitude correspon­ à potentialités moyennes ou bonnes, dent plusieurs étages de végétation. La - trois stations sur roches cristallines à limite entre deux étages peut varier, surtout l'étage mésoméditerranéen, dont deux sur en fo nction de l'exposition (un étage donné sol superficiel à très faibles potentialités, la montera plus haut sur un versant exposé au troisième sur colluvions à bonnes potentiali­ sud) : tés, - l'étage mésoméditerranéen, où le chêne - cinq stations sur roches cristallines à vert (ou le ciste de Montpellier) est prépon­ l'étage supraméditerranéen, deux sur sol dérant, s'étend de 300 à 700 mètres d'alti­ superficiel à potentialités faibles voire très tude. Il peut monter exceptionnellement faibles, trois sur sol de profondeur faible à jusqu'à 900 mètres dans les vallées très moyenne à potentialités moyennes, ouvertes aux influences méditerranéennes, - cinq stations sur roches cristallines à - l'étage supraméditerranéen, où le chêne l'étage montagnard inférieur, à bonnes pubescent (ou le ciste à fe uilles de laurier) potentialités, est prépondérant, s'étend de 500 à 1200 - trois stations sur roches cristallines à mètres d'altitude, l'étage montagnard supérieur, à très bonnes - l'étage montagnard, où le hêtre est pré­ potentialités, sent, s'étend de 900 à 1700 mètres d'altitude, - trois stations sur roches cristallines à - l'étage subalpin, où le pin à crochets et le l'étage subalpin, à potentialités moyennes à rhododendron sont prépondérants, s'étend de bonnes. 1700 à 2200 mètres d'altitude, - l'étage alpin, où la fo rêt de production cède la place aux pelouses d'altitude, s'étend Fa une, flore Photo 2: au-dessus de 2000 mètres d'altitude. et richesse écologique Vue à la fois de la basse vallée (pêchers en fleurs) Grâce à sa situation géographique entraî­ et du massif du Canigou, Les stations fo restières nant une grande diversité naturelle, grâce massif mythique au Canigou, dernier grand massif monta­ des catalans. Le guide des stations des fo rêts du gneux à l'est de la chaîne des Pyrénées à Photo CRPF Conflent, élaboré en 1996 à partir du cata- moins de 50 km de la Méditerranée, le Conflent présente une faune et une flore d'une grande richesse. Dans le massif du Madres, on note la présence de 15 espèces végétales et 30 espèces animales menacées ou protégées au niveau national et, dans le Canigou, 20 espèces végétales et 28 espèces animales. Des indices de présence d'ours et de lynx auraient été observés, notamment dans le massif du Madres, ce qui peut laisser à penser que ces animaux fe raient des intru­ sions dans le département. D'autres ani­ maux tels que le Desman des Pyrénées (petit mammifère vivant près des cours d'eau, appelé aussi << Rat trompette ,, ), la Rosalie alpine (insecte des hêtraies) sont présents en Conflent. Les habitats forestiers prioritaires (au sens de la directive européenne << Habitats >>) concernent des ripisylves et cer-

34 taines forêts de pin à crochets. Des hêtraies sée au titre des « grands sites européens >> en et châtaigneraies présentent également un raison de « la valeur affective et symbolique intérêt notable. Enfin, certaines tourbières du plus célèbre sommet des Pyrénées ». et landes ou pelouses d'altitude sont priori­ Dans le massif du Canigou, 9144 hectares taires, ce qui peut avoir une influence sur la (dont le périmètre des deux réserves natu­ gestion fo restière. Notons que l'abandon relles de Py et de ) sont classés en d'importantes surfaces cultivées ou pâturées Zone de protection spéciale (ZPS) au titre de nuit à cette richesse. la directive européenne pour la protection

Les espèces chassables sont principale­ des oiseaux (directive 79/409 dite « directive ment des mammifères (sanglier, chevreuil, Oiseaux >> ). cerf, lièvre) et des oiseaux. Le Grand tétras, Le massif du Madres-Coronat (19 000 hec­ présent en altitude dans les massifs du tares dans les Pyrénées-Orientales) et une Madres et du Canigou, bénéficie d'un plan de partie du Canigou (11 000 hectares dont les chasse. réserves naturelles de Py et Mantet) ont été proposés pour être inclus dans le réseau européen de préservation des habitats Espaces protégés « Natura 2000 >> Cf. p. 39. réglementairement

Cette grande richesse a conduit les pou­ Autres périmètres voirs publics à créer de nombreux espaces protégés en Conflent. n'entraÎnant pas l'instauration En 1953, 3000 hectares de fo rêts privées d'une réglementation dans les communes de Py et Mantet, dans le spécifique massif du Canigou, ont été classés en << forêt Le projet de Parc naturel régional des de protection » au sens des articles L.411-1 à Pyrénées catalanes englobe tout le Haut­ L.413-1 du Code fo restier. Ce classement a Conflent jusqu'à au nord et Py au surtout pour but la protection contre l'éro­ sud. La charte est en cours d'élaboration. Ce sion et les risques naturels (crues, ava­ Parc pourrait devenir un partenaire de pre­ lanches, glissements de terrain, etc.). Il mier plan pour les fo restiers. D'ores et déjà, interdit bien sûr tout défrichement, mais le projet de Parc collabore avec les orga­ aussi tout changement d'affectation ou tout nismes fo restiers dans le cadre d'actions de mode d'occupation du sol de nature à com­ préfiguration, notamment pour l'aménage­ promettre la conservation ou la protection ment concerté d'un secteur de la forêt de la des boisements. La prise en compte de ces Matte en Capcir. impératifs dans la gestion de ces forêts est contrôlée par la Direction départementale de Par ailleurs, certains sites fo nt l'objet l'agriculture et de la fo rêt (D.D.A.F.). d'inventaire au titre des Zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floris­ Cinq réserves naturelles à Py (3930 hec­ tique (ZNIEFF) et des Zones d'intérêt com­ tares), Mantet (3000 hectares), Nohèdes munautaire pour les oiseaux (ZICO). (2137 hectares), et Conat. Enfin, il existe à Nyer une réserve naturelle volon­ taire créée par le Département sur des ter­ rains lui appartenant. Au total, ce sont donc près de 10 000 hectares, soit 13% du terri­ L'agriculture Tab. l: toire du Conflent qui sont classés en réserve En zone basse, dans les vallées, l'arboricul­ Surface et répartition naturelle. ture (production de pêches, de nectarines, des différents types Le massif du Canigou, les abbayes de d'abricots en plaine et, plus haut, production de formation Saint-Martin-du-Canigou () et de Saint-Michel-de-Cuxa (), le réseau de grottes André Lachambre >> (Corneilla-de­ « Types de formation Surface (ha) % Conflent, Ria-Sirach, ) et les gorges de la Carança (Thuès-entre-Valls) sont clas­ Terrains agricoles 5 546 7,6 sés au titre de la loi de 1930 sur les sites Formations boisées 36 538 50,0 24 557 33,6 classés. Ils concernent en partie des parcelles Landes et friches Autres 6 430 8,8 boisées. Total 73 071 100 Une partie du Canigou (8250 hectares), à cheval sur Conflent et Vallespir, a été clas- Source : Inventaire forestier national 1990

35 Feuillus Résineux La forêt Essences Surface (ha) % Essences Surface (ha) % La fo rêt occupe 36 500 hectares, soit 50% Chêne pubescent 5 252 18,9 Pin sylvestre 4 42 1 15,9 de la surface totale du Conflent. De 1980 à Chêne vert 2 504 9,0 Pin laricio 1 639 5,9 1990, la surface boisée s'est accrue de 7160 Hêtre 2 145 7,7 Pin à crochets 4 790 17,1 hectares (soit 27,8% de la surface boisée), ce Châtaignier 1 062 3,8 Sapin pectiné 1 575 5,7 Frênes 1 998 7,2 Autres résineux 546 2,0 qui a augmenté le taux de boisement de 10,7. Autres feuillus 1 902 6,8 Les fo rêts situées en crête, sur les pentes Total feuillus 14 863 53,4 Total résineux 12 971 46,6 très fo rtes ou dans les secteurs critiques (couloirs d'avalanche), représentent 23% de Source : Inventaire forestier national 1990 (Formations boisées de production) la surface fo restière. La majeure partie est donc une forêt productrice de bois. Le Conflent est boisé pour 53% de fe uillus (chêne vert, chêne pubescent, hêtre et fr êne) Tab. ll : de pommes) tient une place prépondérante. et pour 4 7% de résineux (surtout pin à cro­ Répartition en surface Un peu de viticulture est également prati­ chets et pin sylvestre). et en pourcentage quée dans un secteur restreint (Espira-de­ de la surface forestière Conflent). Les récentes primes à l'arrachage Les peuplements des principaux résineux des vignes et des vergers ont conduit cer­ et feuillus. tains propriétaires à boiser des terres encore les plus fré quents récemment cultivées mais, jusqu'à mainte­ En zone basse, il s'agit de taillis de chêne nant, ce mouvement n'a pas connu une vert, de chêne pubescent et parfois de châtai­ grande ampleur en Conflent. Il s'agit de gnier introduit aux 18' et 19' siècles. Dans petites parcelles sur lesquelles ont été instal­ les secteurs plus riches (bas de versant, lés des pin maritime, pin laricio et fe uillus replats) des fe uillus précieux (merisier, précieux. fr êne, érables) se mélangent aux chênes. Au Le Conflent est aussi le domaine de l'éle­ contraire, dans les sols superficiels, les pins vage bovin extensif pour la production de sylvestre et pins noirs (d'Autriche et de veaux élevés en estive (pâturage d'altitude), Salzmann) s'installent parfois. Actuellement, aujourd'hui prépondérant par rapport à l'éle­ la seule production des taillis est le bois de vage ovin. Les animaux de grande qualité chauffage. De jeunes boisements réalisés

sont commercialisés sous le label « Rosée des depuis une dizaine d'années (voir plus loin) Pyrénées '' · L'élevage ovin subsiste, non plus produiront plus tard du bois d'œuvre. Les pour la laine, mais pour la production landes à cistes et genêts sont fréquentes. d'agneaux. Les exploitations sont souvent En altitude, les peuplements de pin syl­ situées dans les vallées et les animaux occu­ vestre sont présents jusqu'à 1800 mètres. Ils pent les parcours de basse altitude en demi­ cèdent ensuite la place aux pins à crochets. saison, avant la montée en estive et à la des­ Le hêtre se trouve à partir de 1000 mètres cente. Les estives sont utilisées à partir de en peuplement pur à l'état de taillis ou en mai jusqu'en octobre. mélange avec d'autres essences (pin syl­ Des productions agricoles nouvelles dans vestre, sapin pectiné, pin à crochets). Les la région, transformées par le producteur, sapins pectinés adultes couvrent des sur­ connaissent un succès croissant (foie gras, faces plus restreintes mais on en trouve sou­ magret, etc.). De plus en plus, les agricul­ vent à l'état de semis sous les autres teurs essaient de profiter du développement essences. Selon leur qualité et leur âge, ces touristique en créant des structures peuplements peuvent produire du bois de d'accueil : gîtes, fermes-auberges, campings chauffage (hêtre), du bois d'industrie et du à la ferme, etc. bois d'œuvre (hêtre et résineux).

Feuillus Résineux Total Volume Production Volume Production Volume Production

m' %* m'lan %* m' %* m'lan %* m' %* %* Tab. lll : m'lan Volume et production 836 500 71,8 35 200 77,1 550 200 35,2 17 550 36,8 1 386 700 50,8 52 750 56,5 des résineux et des feuillus et part Source : Inventaire forestier national 1990 (Formations boisées de production) de la forêt privée. * Volume (ou production) en forêts privées par rapport au total des forêts, toutes propriétés confondues

36 Enfin, l'important réseau hydrographique permet le développement de ripisylves com­ posées le plus souvent d'aulne, de peuplier et Les forêts privées du Conflent de saule. Des fe uillus précieux sont souvent présents en mélange ainsi que des chênes Caractéristiques vert et pubescent en zone basse. Les forêts privées de production occupent actuellement un peu plus de 17 000 hectares, soit 60% de la surface totale de ces forêts. Entre 1980 et 1990, Les problèmes phytosanitaires l'accroissement des forêts privées s'élève à 1000 hectares (soit 6,2% de la superfi­ y En zone basse, le principal agent qui pro­ cie des forêts privées). Les feuillus sont largement majoritaires (plus de 70%). Le vo lume bois sur pied en forêt privée représente un peu plus de 50% voque des dégâts est la chenille procession­ de du volume total, toutes propriétés confondues. La production annuelle est de près de naire du pin (Thaumetopoea pityocampa). 53 000 m3. Le volume et la production des essences feuillues représentent plus Elle attaque non seulement les pins mais de 60% du total feuillus-résineux en forêt privée. aussi accessoirement les cèdres à partir du La structure de la propriété est très hétérogène. La surfaces des forêts va de moment où les arbres fo nt un mètre de haut. quelques ares à plus de 4000 hectares pour la plus grande. Les propriétés dont la Cette chenille peut provoquer d'importantes surface est supérieure à 10 hectares représentent 2.4% en nombre mais 61.2% défoliations qui entraînent rarement la mort en surface. Les grandes forêts (de surface supérieure à 100 hectares) sont rares des arbres. Des traitements aériens sont alors que les petites (de surface inférieure à 4 hectares) représentent 93 % du régulièrement effectués. En année très favo­ nombre total. Trois groupements forestiers rassemblant des petits propriétai res rable, des cocons sont observés jusqu'à 1500 ont été constitués dans le but de réaliser des boisements sur des unités gérables. mètres d'altitude. Les très grandes propriétés appartiennent à des institutionnels (banques et assu­ rances). A signaler certaines parcelles de montagne qui appartiennent à des indivi­ En altitude, les pins à crochets sont parfois sions en « biens non délimités », c'est à dire que chaque indivisaire possède une victimes d'attaques d'armillaire. L'affaiblis­ surface précise mais non localisée dans la parcelle. sement des arbres dû au manque d'éclaircie accentue les fo rts dépérissements observés surtout dans le massif du Canigou. Gestion actuelle

Elle est également très hétérogène selon la situation géographique de la forêt Les risques d'incendie (relief, sols), sa surface (les grandes forêts sont plus gérées que les petites), l'exis­ tence ou l'absence de desserte et la motivation du propriétaire. La création de Les risques d'incendie sont très élevés réserves naturelles a également créé beaucoup de blocages. Neuf propriétés pour dans toute la partie basse de cette région (en 4700 hectares sont dotées d'un plan simple de gestion agréé en vigueur. Ceci dessous de 1000 mètres d'altitude) soumise à correspond à un taux de réalisation des plans simples de gestion, dans les proprié­ de fo rtes influences méditerranéennes, avec tés de plus de 25 hectares, de 25% en nombre et 34% en surface. Par ailleurs, des précipitations mal réparties, une séche­ des professionnels (coopérative, experts forestiers ...) gèrent actuellement. de resse estivale marquée et des vents violents façon suivie, 4 propriétés pour 2100 hectares (de 1 0 à 1200 hectares). La gestion pratiquée dans les forêts privées est généralement assez classique : qui peuvent souffler pendant une longue - en zone basse, les taillis de chêne sont traités soit en taillis simple par coupe rase période. Cette sensibilité au feu est accen­ tous les 40 à 50 ans, soit par « éclaircie de taillis », tuée par la nature des fo rmations basses, - en altitude, les taillis de hêtre de qualité sont convertis en futaie par balivage extrêmement combustibles, et par la quasi intensif. Les peuplements résineux sont traités en futaie régulière ou, plus rare­ absence, sur de grandes surfaces, de cou­ ment, en futaie irrégulière. Jusqu'ici, les interventions ont surtout eu pour but la pures agricoles dans le massif fo restier. Des remise en valeur des forêts : début de renouvellement des peuplements âgés ou équipements de protection ont été installés de qualité médiocre, et amélioration des jeunes peuplements d'avenir. pour la prévention (tours de guet) et pour la Les ripisylves dont l'entretien est essentiel dans le cadre de la lutte contre les crues lutte (citernes d'eau). De nombreuses pistes ne sont que très rarement entretenues par les propriétai res. Après 1992, c'est le permettant l'accès aux secteurs les plus sen­ service de Restauration des terrains en montagne qui s'est chargé de nettoyer le sibles pour les secours et pour les équipes lit des cours d'eau. qui assurent la surveillance en été ont égale­ ment été créées. Tous ces aménagements sont réalisés après l'élaboration des Schémas

Moins de 4 de 10 de 25 Plus de 4ha à 10 ha à 25 ha à 100 ha de 100 ha Total Nombre 3 398 167 52 28 8 3 653 Tab. IV: Surface (ha) 2 31 1 27,0% 1 009 11,8% 796 9,3% 1 268 14,9% 3 162 37,0% 8 546 100% Répartition des propriétés privées Source : données cadastrales au 31 décembre 1996 par tranches de surface

37 départementaux d'aménagement des forêts des programmes forestiers financés par le contre l'incendie (SDAFI), des Plans d'amé­ Fonds européen d'orientation et de garantie nagement des fo rêts contre l'incendie (PAF I) agricole (FEOGA) en 1981 a permis l'amélio­ et, à l'avenir, des Plans de protection contre ration et la création de nombreuses pistes, les risques d'incendie de fo rêt (PPRIF). Si le soit en tant que desserte forestière, soit en risque est moindre dans les secteurs d'alti­ tant que pistes de protection contre l'incen­ tude, l'incendie qui a touché le bas de la fo rêt die. En général, ces pistes ne se dégradent de Cobazet, dans le massif du Madres, à plus pas exagérément et, moyennant un entretien de 1200 mètres montre que le risque zéro régulier, elles sont pérennes. n'existe pas et qu'il faut rester vigilant. Actuellement, des pistes internes restent certainement à créer pour desservir les pro­ Les dégâts de gibier priétés, mais c'est sûrement sur le réseau Le grand gibier est en forte augmentation public que le plus gros travail (et le plus oné­ depuis quelques années. Les fo rêts ne subis­ reux) reste à faire : la résorption des « points sent pas encore de dégâts notables mais les noirs , (ponts étroits limités en tonnage, propriétaires doivent rester très vigilants. murs de soutènement fr agiles, traversées de Les demandes et les attributions de bracelets villages difficiles, etc.) est indispensable à dans le cadre des plans de chasse doivent l'économie fo restière. Une concertation avec absolument tenir compte de cette augmenta­ les autres utilisateurs est indispensable. tion pour que l'équilibre faune-flore soit pré­ servé. Le sanglier, dont les populations L'environnement économique explosent littéralement depuis quelques années, provoque des dégâts importants L'industrie du bois en Conflent n'est pas dans les parcelles agricoles. très développée. Une entreprise de déroulage existe à Ria-Sirach. Elle fabrique des cagettes pour les fruits mais utilise des peu­ pliers et des pins maritimes venant d'autres Les jeunes boisements régions (vallée du Rhône et sud-ouest). La seule activité utilisant les ressources locales Des plantations à base de cèdre de l'Atlas, est l'exploitation et la vente du bois de chauf­ pin laricio de Corse, pin sylvestre, pin de fage (chêne vert, chêne pubescent et hêtre en Salzmann, pin pignon, pin d'Alep, pin mari­ altitude). Il faut également noter la présence time mais aussi douglas, feuillus précieux d'une scie mobile permettant de débiter à (frêne, merisier, noyer) et sapins méditerra­ Ce texte est extrait façon de petits volumes de bois. néens sur des surfaces plus restreintes, ainsi du Tome 2 que mélèze d'Europe en altitude, ont été réa­ Le bois d'industrie résineux (pin sylvestre, des Orientations lisées. Celles-ci couvrent environ 1000 hec­ pin à crochets) et fe uillu (hêtre) part vers les régionales usines de pâte à papier : Saint-Gaudens en de production tares. Haute-Garonne et Tarascon dans les du languedoc­ Pour le moment, ces boisements sont Bouches-du-Rhône (Cellurhône). Selon la Roussillon, Schéma encore jeunes. Les résultats sont positifs qualité, le bois d'œuvre est acheté par des régional de gestion mais plusieurs années d'observation seront scieurs du département (Roussillon, sylvicole des forêts encore nécessaires avant de tirer des conclu­ Cerdagne, Capcir), des départements voisins privées du Conflent. sions définitives. (Aude et Ariège) ou d'Espagne. Il a été rédigé par le Centre régional de Depuis quelques années, l'association la propriété forestière La desserte << Bois-énergie 66 » qui regroupe des fores­ du languedoc­ tiers, des utilisateurs, des professionnels du Un schéma de desserte du Conflent a été Roussillon avec l'aide chauffage, et des transformateurs du bois a élaboré par la Compagnie du Bas-Rhône­ du Ministère chargé pour but de développer la filière bois-énergie, Languedoc en 1986, à l'initiative de la de l'agriculture d'informer les maîtres d'ouvrage et de soute­ Direction départementale de l'agriculture et et de la forêt privée nir les actions techniques et fi nancières. de la fo rêt des Pyrénées-Orientales. Il n'a été française Plusieurs chaufferies ont été installées, des que très ponctuellement suivi à cause du unités de stockage ont été construites et une relief parfois très accidenté, de la présence CRPF déchiqueteuse a été achetée. Cette filière de d'espaces protégés dans certains secteurs et 378 rue de la Galéra chauffage au bois déchiqueté peut fo urnir un du coût très élevé de l'amélioration des voies Parc Euromédecine 1 débouché pour les bois que l'on ne parvient BP du réseau public (mise à gabarit pour sup­ 4228 pas à commercialiser pour d'autres utilisa­ Montpellier pression des limitations de tonnage, résorp­ 34097 tions. Cedex tion des points noirs La mise en place 5 << >> ) . •

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