VERS UNE MEILLEURE REGLEMENTATION DES SPORTS COLLECTIFS EN EUROPE

Réflexions et propositions à la lumière des expériences dans le monde du football européen et des ligues nord-américaines

Par

Nicolas Dutoit

(Etat au 8 décembre 2010)

II

TABLE DES MATIERES

Table des matières ...... II Bibliographie ...... XI Table des abréviations ...... XXXIV

INTRODUCTION ...... 1

PARTIE I : LE MOUVEMENT SPORTIF ET LES PRINCIPAUX OBJECTIFS DU REGULATEUR ...... 4

Titre I : L’organisation du mouvement sportif ...... 4

Chapitre I : L’organisation du sport en général : le Mouvement olympique ...... 4 I. La Charte olympique ...... 4 II. Le Comité international olympique (CIO) ...... 5 A. La Session ...... 5 B. La Commission exécutive ...... 5 C. Le Président du CIO ...... 5 III. Les fédérations internationales (FI) ...... 6 IV. Les Comités nationaux olympiques (CNO) ...... 6 V. Les Comités d’organisation des Jeux Olympiques (COJO) ...... 7 VI. Autres organisations reconnues par le CIO ...... 7 A. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) ...... 7 B. L’Agence mondiale antidopage (AMA) ...... 9

Chapitre II : L’organisation du football en particulier ...... 10 I. La Fédération Internationale de Football Association (FIFA) ...... 10 A. Généralités ...... 10 B. L’organisation de la FIFA ...... 11 II. L’Union des Associations Européennes de Football (UEFA) ...... 12 A. Généralités ...... 12 B. L’organisation de l’UEFA ...... 13 C. Le système des licences aux clubs de l’UEFA ...... 14 III. L’Association Suisse de Football (ASF) ...... 18 A. Généralités ...... 18 B. L’organisation de l’ASF ...... 19

III

Chapitre III : L’organisation du sport en Amérique du Nord ...... 20 I. Le sport professionnel : l’exemple des ligues majeures ...... 21 A. L’organisation des ligues ...... 21 B. Les clubs ...... 23 II. Le sport amateur ...... 24 A. La National Collegiate Athletic Association (NCAA) ...... 25 B. La délicate distinction entre sportif amateur et professionnel ...... 25

Chapitre IV : Les modèles sportifs européens et nord-américains : opposition ou convergence ? ...... 26 I. Le modèle sportif européen ...... 26 II. Le modèle sportif nord-américain : le nouveau modèle européen ? ...... 28

Titre II : Les principaux objectifs dans la réglementation du sport ...... 29

Chapitre I : En général ...... 29 I. La lutte contre le dopage ...... 29 A. Bref historique de la lutte antidopage ...... 29 B. La notion de « dopage » ...... 30 C. Les principales bases légales de la lutte contre le dopage ...... 31 II. La lutte contre la manipulation des compétitions sportives ...... 34 A. Les relations entre le sport et les ...... 35 B. Les mesures prises pour lutter contre la manipulation des compétitions sportives ...... 35

Chapitre II : Dans les sports collectifs en particulier...... 38 I. L’équilibre de la compétition sportive ...... 39 A. L’importance de l’équilibre compétitif ...... 39 B. L’équilibre de la compétition sportive d’un point de vue économique ...... 39 C. La nécessité de réguler le marché : la régulation économique du sport ...... 41 II. La stabilité financière des clubs professionnels...... 41 A. L’importance de la bonne santé financière des clubs ...... 41 B. Les difficultés en cas de faillite d’un club ...... 42 C. La nécessité de contrôler les clubs ...... 43

PARTIE II : LES EXIGENCES VISANT A L’EQUILIBRE DE LA COMPETITION SPORTIVE ...... 44

Titre I : Les exigences agissant sur le partage des revenus ...... 44 IV

Chapitre I : La situation dans le football européen : La vente collective des droits TV . 44 I. La notion de droits TV ...... 44 II. La titularité des droits TV ...... 45 A. La position juridique du sportif ...... 45 B. La position juridique de l’organisateur ...... 46 C. Conclusion ...... 48 III. La commercialisation des droits TV au sein des principaux championnats européens ..... 48 A. Les championnats ayant adopté la vente centralisée des droits TV ...... 49 B. La vente individuelle des droits TV : Le championnat espagnol – La Liga ...... 50

Chapitre II : La situation dans les ligues professionnelles américaines ...... 50 I. La vente collective des droits TV ...... 50 II. La vente collective des produits sous licence ...... 51 III. La répartition des recettes découlant de la billetterie ...... 52

Titre II : Les exigences agissant sur le marché du travail ...... 53

Chapitre I : La situation dans le football européen ...... 53 I. Le système des transferts internationaux ...... 53 A. La notion de transfert ...... 54 B. La mise en application du système : le Règlement FIFA relatif au statut et au transfert des joueurs ...... 54 1. La protection des mineurs ...... 55 2. La protection de la formation – L’indemnité de formation ...... 55 3. La contribution de solidarité ...... 56 4. La protection de la stabilité contractuelle ...... 56 5. Le système des périodes de transfert ...... 57 II. La limitation des effectifs d’un club ...... 57 III. Les limitations quant à la composition des effectifs des clubs ...... 58 A. L’obligation d’aligner des « joueurs formés localement » (« Home-grown player rule ») 58 B. Le système « 6+5 » ...... 62

Chapitre II : La situation dans les ligues nord-américaines ...... 62 I. Le système des transferts ...... 62 A. Les clauses de renouvellement de contrat ( Renewal Clauses ) ...... 62 B. Les périodes de transfert ...... 64 V

II. La limitation des effectifs des clubs ...... 64 III. Le système de la « draft » ...... 64 A. La notion ...... 64 B. L’exclusivité de la draft ...... 64 C. La situation au sein des ligues ...... 65 IV. Le salary cap ...... 65 A. La définition de quelques notions importantes ...... 66 B. Le salary cap adopté par la NBA ...... 67 C. Le salary cap adopté par la NFL ...... 68 D. Le salary cap adopté par la NHL ...... 68 V. Les taxes sur les salaires ...... 68 A. La notion ...... 68 B. La situation au sein de la NHL ...... 69 C. La situation au sein de la MLB ...... 69 D. La situation au sein de la NBA ...... 69

PARTIE III : LES EXIGENCES EN VUE D’UNE MEILLEURE STABILITE FINANCIERE DES CLUBS DE FOOTBALL PROFESSIONNELS EN EUROPE ...... 70

Titre I : Les exigences relatives à la transparence et à l’équilibre financier des clubs .... 70

Chapitre I : Les exigences relatives à la transparence financière des clubs ...... 70 I. Les exigences découlant de la législation comptable : l’exemple du cas du « Salva Calcio » ...... 70 II. Les exigences supplémentaires en cas de cotation en bourse ...... 71 A. Remarques préliminaires ...... 71 B. Les conditions juridiques au regard de la réglementation suisse ...... 72 III. Les exigences financières dans le système des licences de l’UEFA ...... 74 IV. La mise en œuvre des critères de l’UEFA dans les associations nationales – L’exemple de la Suisse ...... 76 A. Le bilan ...... 77 B. Le compte de profits et pertes ...... 84 C. L’Annexe au compte annuel ...... 85 D. La clôture intermédiaire ...... 89 E. Le budget du compte de profits et pertes pour la saison objet de la demande de licence ... 90 F. Le plan de trésorerie pour la saison objet de la demande de licence ...... 90 G. Le budget actualisé du compte de profits et pertes pour la saison en cours ...... 90 H. Le plan de trésorerie actualisé pour la saison en cours ...... 91 VI

I. Le tableau du flux de trésorerie...... 91 J. Le rapport financier ...... 91

Chapitre II : Les exigences relatives à l’équilibre financier des clubs ...... 92 I. Les notions de base ...... 92 A. La notion de « revenus déterminants » ...... 92 B. La notion de « dépenses déterminantes » ...... 92 C. La notion de « période de surveillance » ...... 93 D. La notion de « résultat relatif à l’équilibre financier » ...... 93 E. La notion d’ « écart acceptable » ...... 94 II. Le respect de l’équilibre financier ...... 94 A. Le principe : L’interdiction de franchir les indicateurs prévus ...... 94 B. Les exceptions ...... 95

Chapitre III : Le contrôle du respect des exigences relatives à la transparence et à l’équilibre financier ...... 95 I. Le Panel de contrôle financier des clubs ...... 96 A. Introduction ...... 96 B. Les tâches du Panel CFC ...... 96 II. Le concept de conformité ...... 97 A. Les « contrôles ponctuels » ...... 97 B. Les audits de certification ...... 98 C. Les visites d’assistance ...... 98

Titre II : Les règles en matière de structures des clubs ...... 99

Chapitre I : La situation de lege lata : Les formes juridiques des clubs sportifs professionnels en Europe ...... 99 I. L’absence d’une forme juridique spécifique aux clubs sportifs : L’exemple de la Suisse ... 99 A. La forme juridique traditionnelle : l’association ...... 99 B. La forme juridique des clubs sportifs professionnels : la société anonyme (SA) ...... 101 C. Les structures pluri-sociétaires ...... 103 II. Une forme juridique spécifique aux clubs sportifs : L’exemple de la France ...... 104 A. La forme juridique traditionnelle : l’association ...... 105 B. Les formes de sociétés sportives ...... 105 C. La situation en pratique ...... 109

VII

Chapitre II : La situation de lege ferenda : Les exigences supplémentaires en matière de stabilité des clubs ...... 110 I. L’interdiction de la distribution des bénéfices ? ...... 111 II. L’interdiction d’une participation majoritaire d’investisseurs ? ...... 111 III. L’interdiction de la cotation en bourse des clubs professionnels ? ...... 112 IV. Les obligations en matière de formation des dirigeants de club ? ...... 112 V. La création d’une « société sportive européenne » ? ...... 113

PARTIE IV : LES LIMITES DECOULANT DE LA LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES EN EUROPE ...... 114

Titre I : Les relations entre le sport et l’Union européenne ...... 114

Chapitre I : Les fondements légaux ...... 114 I. L’absence d’une disposition relative au sport dans les traités de base ...... 115 II. Une base légale relative au sport dans le TFUE ...... 115 A. La genèse du Traité de Lisbonne – Rappel historique ...... 115 B. Le Traité de Lisbonne ...... 116

Chapitre II : Les documents majeurs ...... 118 I. La Déclaration relative au sport (Octobre 1997) ...... 118 II. La Déclaration de Nice (Décembre 2000) ...... 118 III. L’Etude indépendante sur le sport européen – Rapport Arnaut (Octobre 2006) ...... 119 IV. La Résolution du Parlement européen sur l’avenir du football professionnel en Europe (Mars 2007) ...... 120 V. Le Livre Blanc sur le sport (Juillet 2007) ...... 120

Chapitre III : Les arrêts majeurs de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) en matière de sport ...... 121 I. L’arrêt Walrave (1974) ...... 121 A. Faits et procédure ...... 122 B. Le jugement de la CJUE ...... 122 II. L’arrêt Donà (1976) ...... 122 A. Faits et procédure ...... 123 B. Le jugement de la CJUE ...... 123 III. L’arrêt Bosman (1995) ...... 123 A. Faits et procédure ...... 124 B. Le jugement de la CJUE ...... 125 VIII

IV. L’arrêt Deliège (2000)...... 126 A. Faits et procédure ...... 126 B. Le jugement de la CJUE ...... 127 V. L’arrêt Lehtonen (2000) ...... 127 A. Faits et procédure ...... 127 B. Le jugement de la CJUE ...... 128 VI. L’arrêt Kolpak (2003) ...... 128 A. Faits et procédure ...... 129 B. Le jugement de la CJUE ...... 129 VII. L’arrêt Simutenkov (2005) ...... 130 A. Faits et procédure ...... 130 B. Le jugement de la CJUE ...... 130 VIII. L’arrêt Meca-Medina (2006) ...... 131 A. Faits et procédure ...... 131 B. Le jugement de la CJUE ...... 132 IX. L’arrêt Bernard (2010) ...... 132 A. Faits et procédure ...... 133 B. Le jugement de la CJUE ...... 133

Titre II : La libre circulation des personnes en Europe ...... 134

Chapitre I : La libre circulation des personnes en général ...... 134 I. La libre circulation des travailleurs salariés ...... 134 A. Les titulaires du droit ...... 134 B. Les éléments constitutifs du droit ...... 134 C. L’exception des « emplois dans l’administration publique » ...... 136 II. La libre circulation des travailleurs indépendants ...... 136 A. Les titulaires du droit ...... 136 B. Le droit d’exercer des activités non salariées ...... 137 C. Les dérogations à la libre circulation des travailleurs indépendants ...... 137

Chapitre II : La libre circulation des sportifs professionnels en particulier ...... 138 I. Le principe – L’interdiction des restrictions à la libre circulation des personnes...... 138 II. Les éventuelles exceptions au principe ...... 139 A. Les équipes nationales ...... 139 B. Les périodes fixes de transfert ...... 140 C. Les indemnités de transfert ...... 141 IX

D. La période contractuelle minimale ...... 141 E. L’obligation d’aligner des joueurs formés localement ...... 142 F. Le système « 6+5 » ...... 143 G. La limitation des effectifs d’une équipe ...... 144 H. Les clauses de renouvellement de contrat dans le système des transferts ...... 145 I. Le système de la « draft » ...... 145 J. Le salary cap ...... 146

PARTIE V : LES LIMITES DECOULANT DES REGLES DE LA LIBRE CONCURRENCE ...... 147

Titre I : La situation en Amérique du Nord ...... 147

Chapitre I : Le Sherman Act ...... 147 I. Le Sherman Act Section 1 ...... 147 A. La « per se rule » ...... 148 B. La « rule of reason » ...... 148 II. Le Sherman Act Section 2 ...... 149

Chapitre II : Les exemptions ...... 149 I. L’exemption du baseball ...... 149 II. L’exemption du droit du travail – La « Labor Exemption » ...... 150 A. Généralités ...... 150 B. La Non Statutory Labor Exemption ...... 151 III. L’exemption de la vente centralisée des droits TV ...... 152

Titre II : La situation en Europe ...... 155

Chapitre I : Brève introduction au droit européen de la concurrence ...... 155 I. La notion d’entreprise ...... 155 II. Les règles applicables aux ententes (art. 101 TFUE) ...... 156 A. Le principe d’interdiction des ententes (art. 101 par. 1 TFUE) ...... 157 B. L’affectation du commerce entre Etats membres ...... 159 C. Les exemptions prévues (art. 101 par. 3 TFUE) ...... 160 D. La mise en œuvre du contrôle des ententes ...... 161 E. Les effets juridiques (art. 101 par. 2 TFUE) ...... 162 II. Les règles applicables aux positions dominantes (art. 102 TFUE) ...... 162 X

A. La notion de position dominante ...... 162 B. L’exploitation abusive d’une position dominante ...... 163 C. Les effets juridiques ...... 164

Chapitre II : Le droit européen de la concurrence appliqué au sport ...... 164 I. La « spécificité sportive » ...... 164 A. L’interdépendance entre les adversaires concurrents ...... 164 B. La nécessité d’un certain équilibre de la compétition sportive...... 165 II. L’application des règles de la concurrence au sport professionnel ...... 165 A. Les pratiques ne relevant pas des règles de la concurrence...... 166 B. Les pratiques interdites par les règles de la concurrence ...... 166 C. Les pratiques susceptibles d’être exemptées des règles de la concurrence ...... 166 III. Aperçu de la jurisprudence de l’Union européenne en matière de droit de la concurrence appliqué au sport ...... 167 A. L’organisation territoriale d’un sport : l’affaire Mouscron ...... 167 B. Les règles protégeant les associations sportives contre la concurrence : l’affaire FIA ..... 167 C. Les règles concernant la propriété multiple des clubs sportifs : l’affaire ENIC ...... 168 D. Les règles régissant la licence d’agent : l’affaire Piau ...... 169 E. Les règles antidopage : l’affaire Meca Medina ...... 169 IV. Analyse des exigences du régulateur sportif susceptible de contrevenir au droit de la concurrence ...... 170 A. L’approche méthodologique ...... 170 B. La vente centralisée des droits TV...... 171 C. La vente centralisée des produits sous licence ...... 175 D. La répartition des recettes découlant de la billetterie ...... 176 E. Les indemnités de formation dans le système des transferts ...... 177 F. La formation locale des joueurs ...... 178 G. La limitation des effectifs d’un club ...... 179 H. Le salary cap ...... 180 I. Le système des licences aux clubs ...... 182

CONCLUSION ...... 184

ANNEXE ...... 191

XI

BIBLIOGRAPHIE

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II. Textes officiels cités

A. Droit suisse cité

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Accord du 1 er novembre 2000 entre le Conseil fédéral suisse et le Comité International Olympique relatif au statut du Comité International Olympique en Suisse (RS 0.192.122.415.1).

Code civil suisse du 10 décembre 1907 (RS 210 ; CC).

Loi fédérale du 24 mars 1995 sur les bourses et le commerce des valeurs mobilières (RS 954.1 ; LBVM).

Loi fédérale du 9 octobre 1992 sur le droit d’auteur et les droits voisins (RS 231.1 ; LDA).

Loi fédérale du 19 décembre 1986 contre la concurrence déloyale (RS 241 ; LCD).

Loi fédérale du 30 mars 1911 complétant le code civil suisse (Livre cinquième: Droit des obligations) (RS 220 ; Code des obligations, CO).

Ordonnance du DDPS du 31 octobre 2001 concernant les produits et méthodes de dopage (RS 415.052.1 ; Ordonnance sur les produits dopants).

Ordonnance du 7 juin 1937 sur le registre du commerce (RS 221.411 ; ORC)

B. Droit étranger cité

1. Droit international

Convention du Conseil de l’Europe contre le dopage du 16 novembre 1989 (cité : Convention contre le dopage)

XXIV

Convention internationale de l’UNESCO contre le dopage dans le sport du 19 octobre 2005 (cité : Convention de l’UNESCO contre le dopage)

Quatrième Directive 78/660/CE du Conseil du 25 juillet 1978 fondée sur l'article 54 paragraphe 3 sous g) du traité et concernant les comptes annuels de certaines formes de sociétés, JO L 222 du 14 août 1978 p. 11 (cité : Directive concernant les comptes annuels de certaines formes de sociétés).

Règlement (CE) no 772/2004 de la Commission du 7 avril 2004 concernant l'application de l'article 81 paragraphe 3 TCE à des catégories d'accords de transfert de technologie, JO L 123 du 27 avril 2004 p. 11 (cité : Règlement 772/2004).

Règlement (CE) no 1/2003 du Conseil du 16 décembre 2002 relatif à la mise en œuvre des règles de concurrence prévues aux articles 81 et 82 du traité, JO L 1 du 4 janvier 2003 p. 1 (cité : Règlement 1/2003).

Règlement (CE) no 1400/2002 de la Commission du 31 juillet 2002 concernant l'application de l'article 81 paragraphe 3 TCE à des catégories d'accords verticaux et de pratiques concertées dans le secteur automobile, JO L 203 du 1 er août 2002 p. 30 (cité : Règlement 1400/2002).

Règlement (CE) no 2659/2000 de la Commission du 29 novembre 2000 concernant l'application de l'article 81 paragraphe 3 TCE à des catégories d'accords de recherche et de développement, JO L 304 du 5 décembre 2000 p. 7 (cité : Règlement 2659/2000).

Règlement (CE) no 2658/2000 de la Commission du 29 novembre 2000 concernant l'application de l'article 81 paragraphe 3 TCE à des catégories d'accords de spécialisation, JO L 304 du 5 décembre 2000 p. 3 (cité : Règlement 2658/2000).

Règlement (CE) no 1251/70 de la Commission du 29 juin 1970 relatif au droit des travailleurs de demeurer sur le territoire d'un État membre après y avoir occupé un emploi, JO L 142 du 30 juin 1970 p. 24 (cité : Règlement 1251/70).

Règlement (CE) no 1612/68 du Conseil du 15 octobre 1968 relatif à la libre circulation des travailleurs à l'intérieur de la Communauté, JO L 257 du 19 octobre 1968 p. 2 (cité : Règlement 1612/68).

Règlement (CE) no 19/65 du Conseil du 2 mars 1965 concernant l'application de l'article 81 paragraphe 3 TCE à des catégories d'accords et de pratiques concertées, JO L 36 du 6 mars 1965 p. 533 (cité : Règlement 19/65).

Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne, JO C 115 du 9 mai 2008 p. 47 (cité : TFUE).

Traité sur l’Union Européenne, JO C 115 du 9 mai 2008 p. 15 (cité : TUE).

Traité de Lisbonne modifiant le traité sur l'Union européenne et le traité instituant la Communauté européenne, JO C 306 du 17 décembre 2007 p. 1 (cité : Traité de Lisbonne).

XXV

Traité établissant une Constitution pour l’Europe, JO C 310 du 16 décembre 2004 p. 1 (cité : Traité établissant une Constitution pour l’Europe)

Traité de Nice modifiant le traité sur l’Union européenne, les traités instituant les Communautés européennes et certains actes connexes, JO C 80 du 10 mars 2001 p. 1 (cité : Traité de Nice)

Traité d’Amsterdam modifiant le traité sur l’Union européenne, les traités instituant les Communautés européennes et certains actes connexes, JO C 340 du 10 novembre 1997 p. 1 (cité : Traité d’Amsterdam).

Traité instituant la Communauté économique européenne du 25 mars 1957, non publié (cité : Traité CEE).

Septième Directive 83/349/CE du Conseil du 13 juin 1983 fondée sur l'article 54 paragraphe 3 point g) du traité, concernant les comptes consolidés, JO L 193 du 18 juillet 1983 p. 1 (cité : Directive concernant les comptes consolidés).

Version consolidée du traité instituant la Communauté européenne, JO C 325 du 24 décembre 2002 p. 33 (cité : TCE).

2. Droit français

Code de la santé publique, Ordonnance no 2000-548 du 15 juin 2000 relative à la partie législative du code de la santé publique, J.O. du 22 juin 2000 (cité : Code de la santé publique).

Code du sport, Ordonnance no 2006-596 du 23 mai 2006 relative à la partie législative du code du sport, J.O. du 25 mai 2006 (cité : Code du sport).

Code de commerce, Ordonnance no 2000–918 du 18 septembre 1998 relative à la partie législative du code de commerce., J.O. du 21 septembre 2000 (cité : Code de commerce).

Décret no 2004-550 du 14 juin 2004 modifiant le décret no 2001-150 du 16 février 2001 relatif aux conventions passées entre les associations sportives et les sociétés sportives créées par elles en application de l'article 11 de la loi no 84-610 du 16 juillet 1984 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives, J.O. du 16 juin 2004 (cité : Décret no 2004-550).

Décret no 2002-762 du 2 mai 2002 pris pour l'application du II de l'article 17 de la loi no 84- 610 du 16 juillet 1984 et relatif aux ligues professionnelles constituées par les fédérations sportives et dotées de la personnalité morale, J.O. du 4 mai 2002 (cité : Décret no 2002-762).

Décret no 2001-150 du 16 février 2001 relatif aux conventions passées entre les associations sportives et les sociétés sportives créées par elles en application de l'article 11 de la loi no 84-610 du 16 juillet 1984 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives, J.O. du 18 février 2001 (cité : Décret no 2001-150).

XXVI

Décret no 93-1047 du 31 août 1993 modifiant le décret no 86-409 du 11 mars 1986 relatif aux statuts types des sociétés à objet sportif, J.O. du 7 septembre 1993 (cité : Décret no 86- 409).

Loi no 99-1124 du 28 décembre 1999 portant diverses mesures relatives à l'organisation d'activités physiques et sportives, J.O. du 29 décembre 1999 (cité : Loi no 99-1124).

Loi no 84-610 du 16 juillet 1984 relative à l’organisation et la promotion des activités physiques et sportives, J.O. du 17.7.1984 (cité : Loi no 84-610).

Loi no 75-988 du 29 octobre 1975 relative au développement de l’éducation physique et du sport, J.O. du 30.10.1975 (cité : Loi no 75-988)

Loi no 66-537 du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales, J.O. du 26 juillet 1966 (cité : Loi no 66-537)

3. Droit italien

Legge 19 luglio 2007, no 106, Delega al Governo per la revisione della disciplina relativa alla titolarita' ed al mercato dei diritti di trasmissione, comunicazione e messa a disposizione al pubblico, in sede radiotelevisiva e su altre reti di comunicazione elettronica, degli eventi sportivi dei campionati e dei tornei professionistici a squadre e delle correlate manifestazioni sportive organizzate a livello nazionale, Journal officiel no 171 du 25 juillet 2007 (cité : Loi no 106 du 19 juillet 2007).

Legge 21 febbraio 2003, no 27, Conversione in legge, con modificazioni, del decreto-legge 24 dicembre 2002, n. 282, recante disposizioni urgenti in materia di adempimenti comunitari e fiscali, di riscossione e di procedure di contabilità, Journal officiel no 44 du 22 février 2003 (cité : Loi « Salva Calcio »).

Legge 29 marzo 1999, no 78, Conversione in legge, con modificazioni, del decreto-legge 30 gennaio 1999, no 15, recante disposizioni urgenti per lo sviluppo equilibrato dell'emittenza televisiva e per evitare la costituzione o il mantenimento di posizioni dominanti nel settore radiotelevisivo, Journal officiel no 75 du 31 mars 1999 (cité : Loi no 78 du 29 mars 1999).

4. Droit nord-américain

Clayton Antitrust Act du 15 octobre 1914, 15 U.S.C. § 12-27 (cité : Clayton Act ).

National Labor Relations Acts du 5 juillet 1935, 29 U.S.C. § 151 ss.

Norris-La Guardia Act du 23 mars 1932, 29 U.S.C. § 101 ss.

Sherman Antitrust Act du 2 juillet 1890, 15 U.S.C. § 1-7 (cité : Sherman Act ).

Sports Broadcasting Act de 1961, 15 U.S.C. § 1291 ss.

III. Réglementation sportive citée XXVII

er AGENCE MONDIALE ANTIDOPAGE , Code mondial antidopage , Etat en vigueur au 1 janvier 2009.

AGENCE MONDIALE ANTIDOPAGE , Statuts de l’Agence mondiale antidopage , Etat en vigueur au 1 er septembre 2009 (cité : Statuts de l’AMA).

er ASSOCIATION SUISSE DE FOOTBALL , Règlement de jeu , Etat en vigueur au 1 juillet 2007 (cité : Règlement de jeu de l’ASF).

ASSOCIATION SUISSE DE FOOTBALL , Règlement sur la procédure contentieuse , Etat en vigueur au 1 er juin 2005 (cité : Règlement procédure contentieuse de l’ASF).

ASSOCIATION SUISSE DE FOOTBALL , Statuts de l’Association Suisse de Football , Etat en vigueur au 1 er janvier 2010 (cité : Statuts de l’ASF).

COMITÉ INTERNATIONAL OLYMPIQUE , Charte Olympique , Etat en vigueur au 11 février 2010 (cité : Charte Olympique).

COMITÉ INTERNATIONAL OLYMPIQUE , Code médical du Mouvement olympique , Etat en vigueur au 1 er octobre 2009.

DEUTSCHE FUSSBALL LIGA , Lizenzordnung Spieler , Etat en vigueur au 18 août 2010 (cité : Lizenzordnung Spieler DFL ).

DEUTSCHE FUSSBALL LIGA , Spielordnung , Etat en vigueur au 18 août 2010 (cité : Spielordnung DFL ).

DEUTSCHER FUSSBALL BUND , Satzung , Etat en vigueur au 25 octobre 2007 (cité : Satzung DFB ).

DEUTSCHER FUSSBALL BUND , Spielordnung , Etat en vigueur au 30 novembre 2009 (cité : Spielordnung DFB ).

FEDERATION INTERNATIONALE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Code disciplinaire de la FIFA , Etat en vigueur au 1 er janvier 2009.

FEDERATION INTERNATIONALE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Code d’éthique de la FIFA, Etat en vigueur au 1 er septembre 2009 (cité : Code d’éthique de la FIFA).

FEDERATION INTERNATIONALE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Règlement du statut et du transfert des joueurs , Etat en vigueur au 1 er octobre 2010 (cité : Règlement de transfert FIFA).

FEDERATION INTERNATIONALE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Statuts de la FIFA , Etat en vigueur au 10 août 2010.

MAJOR LEAGUE BASEBALL , Major League Constitution , Edition 2008 (cité : Constitution MLB).

XXVIII

NATIONAL BASKETBALL ASSOCIATION , Constitution and Bylaws of the National Basketball Association , Edition 2008 (cité : Constitution NBA).

NATIONAL FOOTBALL LEAGUE , Constitution and Bylaws of the National Football League , Edition 2006 (cité : Constitution NFL).

NATIONAL HOCKEY LEAGUE , Constitution of the National Hockey League , Edition (cité : Constitution NHL).

SWISS FOOTBALL LEAGUE , Documents sur la procédure d’octroi des licences SFL – Manuel, Saison 2008/2009 , Version 2.0, 2006 (cité : Manuel des licences SFL).

SWISS FOOTBALL LEAGUE , Règlement sur l’octroi des licences de la Swiss Football League , Etat en vigueur au 14 novembre 2008 (cité : ROL).

SWISS FOOTBALL LEAGUE , Règlement sur la qualification des joueurs de la SFL , Etat en vigueur au 1 er juillet 2009.

er SWISS FOOTBALL LEAGUE , Statuts de la Swiss Football League , Etat en vigueur au 1 juillet 2008 (cité : Statuts de la SFL)

er TRIBUNAL ARBITRAL DU SPORT , Code du TAS , Etat en vigueur au 1 janvier 2010.

UNION EUROPEENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Manuel sur la procédure de l’UEFA pour l’octroi des licences aux clubs – Saison 2004/2005 , Version 1.0., 2002 (cité : Manuel UEFA I).

UNION EUROPEENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Manuel de l’UEFA sur la procédure pour l’octroi des licences aux clubs – Saison 2008/2009 , Version 2.0, 2005 (cité : Manuel UEFA II).

UNION EUROPEENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Règlement disciplinaire , Etat en vigueur au 1er juillet 2008 (cité : Règlement disciplinaire de l’UEFA).

UNION EUROPEENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Règlement de l’UEFA Champions League 2010/2011 , Etat en vigueur au 1 er mai 2010 (cité : Règlement de l’UEFA Champions League ).

UNION EUROPEENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Règlement de l’UEFA Europa League 2010/2011 , Etat en vigueur au 1 er mai 2010 (cité : Règlement de l’UEFA Europa League ).

UNION EUROPEENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Règlement de l’UEFA sur l’infrastructure des stades , Edition 2010.

UNION EUROPEENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Règlement de l’UEFA sur la procédure d’octroi de licence aux clubs , Edition 2008.

UNION EUROPEENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier , Edition 2010. XXIX

UNION EUROPEENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Règlement d’organisation de l’UEFA , Edition 2009.

er UNION EUROPEENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Statuts de l’UEFA , Etat en vigueur au 1 avril 2010.

IV. Rapports et études cités

ARNAUT JOSÉ LUIS , Independent European Sport Review , 2006 (cité Rapport Arnaut).

ASSOCIATION DES SPORTS D ’ÉQUIPE EUROPÉENS , Préserver l’héritage et l’avenir des sports d’équipe en Europe , 2008.

BESSON ERIC , Accroître la compétitivité des clubs de football professionnels français , Rapport au Premier Ministre, France, 2008 (cité Rapport Besson).

COLLIN YVON , Rapport d’information du Sénat sur les problèmes liés au développement économique du football professionnel , France, 2004 (cité Rapport Collin).

COMITÉ NATIONAL OLYMPIQUE ET SPORTIF FRANÇAIS , Ensemble pour un sport européen – Contribution du CNOSF sur le sport professionnel , 2008 (cité : CNOSF).

COMMISSION EUROPÉENNE , Communication concernant les accords d'importance mineure qui ne restreignent pas sensiblement le jeu de la concurrence au sens de l'article 81, paragraphe 1, du traité instituant la Communauté européenne , 2001 (cité : Communication de minimis ).

COMMISSION EUROPÉENNE , Livre Blanc sur le sport , 2007 (cité : Livre Blanc sur le sport).

COMMISSION EUROPÉENNE , Le modèle sportif européen , 1998 (cité : Rapport modèle sportif européen).

COMMISSION EUROPÉENNE , Rapport au Conseil européen dans l'optique de la sauvegarde des structures sportives actuelles et du maintien de la fonction sociale du sport dans le cadre communautaire - Rapport d'Helsinki sur le Sport , 1999 (cité : Rapport d’Helsinki).

DENIS JEAN-PIERRE , Rapport au Ministre des sports sur certains aspects du sport professionnel en France , France, 2003 (cité : Rapport Denis).

DELOITTE , Annual Review of Football Finance , 2009 (cité : Etude Deloitte).

DIMITROV , HELMENSTEIN , KLEISSNER , MOSER ET SCHINDLER , Die makroökonomischen Effekte des Sports in Europa , 2006 (cité : Etude Dimitrov et al.).

GROUPE D ’ACTION FINANCIÈRE , Money Laundering through the Football Sector , 2009 (cité : Rapport GAFI).

XXX

INEA, Expertise juridique sur la compatibilité de la « règle 6+5 » avec les législations du droit communautaire , 2008 (cité : Etude INEA).

INEUM CONSULTING ET TAJ, Etude sur la formation des jeunes sportifs et sportives en Europe , 2008.

KPMG BUREAU VOOR ECONOMISCHE ARGUMENTATIE , CMS DERKS STAR BUSMANN HANOTIAU ET T.M.C. ASSER INSTITUUT , « The Balance between the Game and the Money – Final Report to The Netherlands’ Ministry of Health, Welfare and Sport », in Caiger et Gardiner (éds), Professional Sport in the EU: Regulation and Re-regulation, La Haye : T.M.C Asser Press, 2000, p. 305 ss (cité : Etude KPMG et al.).

PARLEMENT EUROPÉEN , Résolution sur l’avenir du football professionnel en Europe , 2007.

PARLEMENT EUROPÉEN , Résolution sur le Livre Blanc sur le sport , 2008.

PARRISH RICHARD , GARCIA BORJA , MIETTINEN SAMULI ET SIEKMAN ROBERT , The Lisbon Treaty and EU Sport Policy – Study , 2010 (cité : Etude Parrish et al.).

PROFESSIONAL FOOTBALL PLAYERS OBSERVATORY , Etude annuelle du marché du travail européen des footballeurs , 2010 (cité : Etude PFPO).

TRANSPARENCY INTERNATIONAL , La corruption dans le sport : une réalité , 2008 (cité : Rapport Transparency ).

UNION EUROPÉENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Paysage du football interclubs européen – Rapport de Benchmarking sur la procédure d’octroi de licence aux clubs , 2008 (cité : Etude UEFA).

UNION EUROPÉENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Inscrit dans la durée : l’octroi de licence aux clubs 2004-2008 , 2009 (cité : Rapport UEFA sur les licences).

UNION EUROPÉENNE DE FOOTBALL ASSOCIATION , Investir dans la formation locale des joueurs – Messages clés , 2005 (cité : Rapport UEFA sur la formation locale des joueurs).

VAN MIERT KAREL , OREJA MARCELINO ET FLYNN PADRAIG , Notes d’information à la Commission – Orientations préliminaires sur l’application des règles de concurrence au secteur du sport , 1999 (cité : Van Miert et al.).

V. Arrêts cités

A. Cour de justice de l’Union européenne

CJUE, 16.03.2010, Bernard , aff. C-325/08 [pas encore publié].

CJUE, 18.07.2006, Meca-Medina , aff. C-519/04, Rec. 2006 p. I-6991.

CJUE, 12.04.2005, Simutenkov , aff. C-265/03, Rec. 2005 p. I-2579. XXXI

CJUE, 08.05.2003, Kolpak , aff. C-438/00, Rec. 2003, p. I-4135.

CJUE, 13.04.2000, Lehtonen , aff. C-176/96, Rec. 2000, p. 2681.

CJUE, 11.04.2000, Deliège , aff. C-51/96 et C-191/97, Rec. 2000, p. I-2549.

CJUE, 12.05.1998, Martinez Sala , aff. C-85/96, Rec. 1998 p. I-2691.

CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921.

CJUE, 23.04.1991, Höfner et Elser , aff. C-41/90, Rec. 1991, p. 1979.

CJUE, 07.03.1991, Masgio , aff. C-10/90, Rec. 1991, p. I-1119.

CJUE, 26.02.1991, Antonissen , aff. C-292/89, Rec. 1991 p. I-745.

CJUE, 12.07.1984, Hydrotherm , aff. 170/83, Rec. 1984, p. 2999.

CJUE, 23.03.1982, Levin , aff. 53/81, Rec. 1982 p. 1035.

CJUE, 13.02.1979, Hoffman Laroche , aff. 85/76, Rec. 1979, p. 461.

CJUE, 14.02.1978, United Brands , aff. 27/76, Rec. 1978, p. 207.

CJUE, 01.02.1978, Miller , aff. 19/77, Rec. 1978 p. 131.

CJUE, 14.07.1976, Donà , aff. 13/76, Rec. 1976, p. 1333.

CJUE, 16.12.1975, Suiker Unie , aff. 40 à 48, 50, 54 à 56, 111, 113 et 114/73, Rec. 1975, p. 1663.

CJUE, 12.12.1974, Walrave , aff. 36/74, Rec. 1974, p. 1405.

CJUE, 14.07.1972, Geigy AG , aff. 52/69, Rec. 1972, p. 787.

CJUE, 09.07.1969, Völk , aff. 5/69, Rec. 1969, p. 295.

CJUE, 13.02.1969, Walt Wilhelm , aff. 14/68, Rec. 1969, p. 1.

B. Tribunal de l’Union européenne

Tribunal de l’UE, 26.01.2005, Laurent Piau , aff. T-193/02, Rec. 2005, p. II-209.

Tribunal de l’UE, 30.09.2004, Meca-Medina , aff. T-313/02, Rec. 2004, p. II-3291.

Tribunal de l’UE, 22.03.2000, Coca-Cola , aff. T-125/97 et T-127/97, Rec. 2000, p. II-1733.

Tribunal de l’UE, 20.04.1999, LVM, aff. T-305 à 307/94, Rec. 1999, p. II-931.

XXXII

Tribunal de l’UE, 14.05.1998, Moritz J. Weig GmbH & Co. KG , T-317/94, Rec. 1998, p. II- 1235.

Tribunal de l’UE, 06.10.1994, Tetra Pak II , aff. T-83/91, Rec. 1994, p. 755.

C. Commission européenne

Commission européenne, 22.03.2006, Joint selling of the media rights to the FA Premier League , aff. 38173, non publiée.

Commission européenne, 19.01.2005, Joint selling of the media rights to the German Bundesliga , aff. 37214, JO L 134 du 27 mai 2005 p. 46.

Commission européenne, 23.07.2003, Joint selling of the commercial rights of the UEFA Champions League , aff. 37398, JO L 291 du 8 novembre 2011 p. 25.

Commission européenne, 01.08.2002, Meca-Medina et Majcen / CIO , aff. 38158, non publiée.

Commission européenne, 25.06.2002, ENI /UEFA , aff. 37806, non publiée.

Commission européenne, 16.04.2002, Piau/FIFA , aff. 37124, non publiée.

Commission européenne, janvier 2001, FIA/FOA , aff. 35163, JO C 169 du 13 juin 2001, p. 5.

Commission européenne, 09.12.1999, Lille/UEFA (Mouscron) , aff. 36851, non publiée.

Commission européenne, 05.06.1996, Fenex , aff. 34983, JO L 181 du 20 juillet 1996 p. 28.

Commission européenne, 19.12.1990, Carbonate de soude / Solvay , aff. 33133, JO L 152 du 15 juin 1991 p. 1.

D. Tribunal arbitral du sport

CAS, 15.04.2010, FK Pobeda, Aleksandar Zabrcanec et Nikolce Zdraveski/UEFA , aff. 2009/A/1290.

CAS, 30.01.2008, Webster , aff. 2007/A/1298.

CAS, 25.08.2006, Paok FC/UEFA , aff. 2006/A/1110.

CAS, 29.02.2000, Meca-Medina/FINA , aff. 99/A/234.

CAS 98/200, 20.08.1999, AEK Athens et SK Slavia Prague/UEFA , aff. 98/A/200.

E. Tribunaux américains

Brown v. Pro Football Inc ., 116 S. Ct. 2116 (1996).

Bridgeman v. National Basketball Association , 838 F. Supp. 172, 183-184 (D.N.J. 1993).

XXXIII

Chicago Professional Sports Limited v. National Basketball Association , 961 F.2d 667 (7 th Cir. 1992).

Federal Baseball Club of Baltimore v. National League of Professional Baseball Clubs , 259 U.S. 200 (1922).

Flood v. Kuhn , 407 U.S. 258 (1952).

Gardella v. Chandler , 79 F. Supp. 260 (S.D.N.Y. 1948).

Mackey v. National Football League , 407 F. Supp. (D. Minn. 1975).

National Collegiate Athletic Association v. Board of Regents of the University of Oklahoma , 485 U.S. 85 (1984).

Northern Pacific v. United States , 356 U.S. 1, 78 S. Ct. 514, 2 L. Ed. 2d 545 (1957).

Piazza v. Major League Baseball , 831 F. Supp. 421 (E.D. Pa.).

Powell v. National Football League , 678 F. Supp. 777 (D. Minn. 1988).

Toolson v. New York Yankees Inc ., 346 U.S. 356 (1953).

United States v. National Football League , 116 F. Supp. 319 (E.D. Pa. 1953).

United States v. National Football League , 196 F. Supp. 445 (E.D. Pa. 1961).

United States Football League v. National Football League , 842 F.2d 1335, (2 nd Cir. 1988).

VI. Autres

Déclaration de Laeken sur l’avenir de l’Europe du 15 décembre 2001, Bulletin de l'Union européenne 2001, no 12, p. 20 ss (cité : Déclaration de Laeken).

Déclaration relative aux caractéristiques spécifiques du sport et à ses fonctions sociales en Europe devant être prises en compte dans la mise en œuvre des politiques communes du 9 décembre 2000, Annexe au Traité de Nice (cité : Déclaration de Nice).

Déclaration relative aux caractéristiques spécifiques du sport et à ses fonctions sociales en Europe devant être prises en compte dans la mise en œuvre des politiques communes du 10 novembre 1997, Annexe au Traité d’Amsterdam (cité : Déclaration relative au sport).

Règlement de cotation de la Bourse suisse, Etat en vigueur au 1 er octobre 2010 (cité : RCot).

XXXIV

TABLE DES ABREVIATIONS aff. affaire AGFIS Association générale des fédérations internationales de sports AIOWF Association des fédérations internationales des sports olympiques d’hiver al. alinéa(s) ALCP Accord sur la libre circulation des personnes (RS 0.142.112.681) AMA Agence mondiale antidopage ARISF Association des fédérations internationales de sports reconnues par le CIO art. article(s) ASF Association suisse de football ASOIF Association des fédérations internationales des sports olympiques d’été BFDS Betting Fraud Detection System CAS Court of Arbitration for sport CBA Collective Bargaining Agreement CC Code civil suisse du 10 décembre 1907 (RS 210) CEE Communauté économique européenne CEV Confédération européenne de volleyball CFC Contrôle financier des clubs ch. chiffre(s) CIAS Conseil International de l’Arbitrage en matière de Sport CIO Comité international olympique Cir. Circuit Court of Appeals (federal) CJUE Cour de justice de l’Union européenne CMAD Code mondial antidopage CNO Comité national olympique CNOSF Comité national olympique et sportif français CO Code des obligations du 30 mars 1911 (RS 220) COJO Comité d’organisation des Jeux Olympiques DFB Deutscher Fussball Bund DFL Deutsche Fussball Liga DHB Deutscher Handballbund D. Minn. District of Minnesota D.N.J. District of New Jersey ed. édition éd. éditeur E.D.Pa. Eastern District of Pennsylvania éds éditeurs EHF European Handball Federation XXXV et al. et alii (et autre[s]) EUSRL entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée EWS Early Warning System F. Federal Reporter FI fédération internationale FIA Fédération internationale de l’automobile FIBA Fédération internationale de basketball association FIFA Fédération internationale de football association FINA Fédération internationale de natation FIRA Federation International Rugby Association FOA Formula One Administration Limited F. Supp Federal Supplement GAFI Groupe d’action financière ibid. ibidem [au même endroit] IIHF International Ice Hockey Federation JO Journal officiel des communautés européennes J.O. Journal officiel de la République française Inc. Incorporation LBVM Loi fédérale sur les bourses et le commerce des valeurs mobilières (RS 954.1) LCD Loi fédérale contre la concurrence déloyale (RS 241) L. Ed. United States Supreme Court Reports, Lawyers’ Edition LDA Loi fédérale sur le droit d’auteur et les droits voisins (RS 231.1) let. lettre(s) MLB Major League Baseball MLB-CBA Collective Bargaining Agreement de la Major League Baseball MLBP Major League Baseball Properties Inc. NBA National Basketball Association NBA-CBA Collective Bargaining Agreement de la National Basketball Association NBAP National Basketball Association Properties Inc. NCAA National Collegiate Athletic Association NFL National Football League NFL-CBA Collective Bargaining Agreement de la National Football League NFLP National Football League Properties Inc. NFLPA National Football League Players Association NHL National Hockey League NHL-CBA Collective Bargaining Agreement de la National Hockey League no numéro(s) ORC Ordonnance du 7 juin 1937 sur le registre du commerce (RS 221.411) p. page(s) XXXVI par. paragraphe(s) PFPO Professionnal Football Players Obervatory pt point pts points RCot Règlement de cotation de la Bourse suisse Rec. Recueil de jurisprudence de la Cour de justice et du Tribunal de l’Union européenne ROL Règlement sur l’octroi des licences de la Swiss Football League RS Recueil systématique des lois fédérales SA société anonyme SAEMS société anonyme d’économie mixte sportive locale SAOS société anonyme à objet sportif SASP société anonyme sportive professionnelle S. Ct. Supreme Court Reporter S.D.N.Y South District of New-York SFL Swiss Football League ss et suivant(e)s TAS Tribunal arbitral du sport TCE Traité instituant la Communauté européenne TFUE Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne TUE Traité sur l’Union européenne UCI Union cycliste internationale UE Union européenne UEFA Union des associations européennes de football UNESCO Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture URBSFA Union royale belge des sociétés de football association U.S. United States Reports U.S.C. United States Code v. versus vol. volume

1

INTRODUCTION

La réglementation du sport constitue un art délicat qui s’inscrit dans un monde mouvant et complexe, particulièrement en Europe. Aux normes émises par les fédérations sportives elles- mêmes se superposent des règles de droit commun qui engendrent une grande complexité. Si le sport a pu avoir l’impression durant quelques années d’échapper au droit ordinaire, il sait désormais qu’il n’en est rien, particulièrement depuis l’arrêt Bosman de 1995.

Cet ouvrage cherche à identifier des pistes de réflexion en vue d’améliorer la réglementation des sports collectifs en Europe et devrait dès lors intéresser un nombre substantiel de fédérations sportives qui, pour la plupart, mènent le même genre d’analyses à l’interne. Il s’agit en effet d’un thème très actuel qui devrait encore beaucoup évoluer ces prochaines années.

L’option a volontairement été prise de présenter la matière de façon aussi exhaustive que possible, afin d’offrir au lecteur une vision d’ensemble de la problématique. Par corollaire, il en résulte certaines lacunes dans le traitement de points spécifiques qui auraient mérité qu’on s’y attarde de manière beaucoup plus détaillée. Certains problèmes pourraient d’ailleurs aisément faire l’objet d’un ouvrage en soi, à l’image de l’application du droit de la concurrence au sport.

Le champ d’application de cette recherche, bien que volontairement très large, appelle tout de même un certain nombre de délimitations. Nous nous intéressons en priorité aux deux axes de recherche suivants : (i) les exigences visant à l’équilibre de la compétition sportive et (ii) les obligations fixées aux clubs dans le but de leur assurer une meilleure stabilité financière. Ces deux problématiques sont parfaitement complémentaires et il n’y aurait en réalité pas lieu de les séparer, si ce n’est pour des raisons didactiques. Il est en effet très fréquent qu’une mesure ayant un impact positif sur l’équilibre de la compétition sportive engendre également des effets bénéfiques au niveau de la stabilité financière des clubs. Il va de soi que l’inverse est aussi vrai, si l’on en juge par le système des licences aux clubs, instrument par excellence de la poursuite de l’objectif de stabilité des clubs, qui permet également un meilleur équilibre sportif entre les équipes.

Une première limitation concerne le choix des sports collectifs analysés. L’option a été prise de s’intéresser prioritairement au football européen et, dans une certaine mesure, aux ligues professionnelles nord-américaines. Une option alternative, d’ailleurs envisagée dans un premier temps, aurait consisté en une comparaison des moyens mis en œuvre par l’ensemble des principaux sports collectifs, à savoir le football, le basketball, le volleyball, le handball ainsi que le hockey sur glace. Toutefois, nos recherches ont rapidement démontré qu’il n’existait pas d’instruments particuliers adoptés par un sport qui ne l’auraient pas été par ses congénères et que le football constituait indéniablement la discipline la plus avancée dans la réglementation, surtout en ce qui concerne le système des licences aux clubs. Nous avons en revanche jugé utile de nous intéresser à la situation qui prévaut outre-Atlantique, tant le régulateur sportif nord-américain semble être en avance sur son homologue européen. Le sport en Amérique du Nord a en effet déjà connu des difficultés très semblables à celles qui ont actuellement cours en Europe et il est toujours intéressant de jeter un coup d’œil aux solutions envisagées ailleurs, même si nous nous sommes bien gardés d’adopter tel quel les mesures proposées, tant le cadre juridique diffère d’un continent à l’autre. 2

Nous n’examinerons pas non plus dans ce travail de recherche les implications liées à la réglementation fiscale. Nous nous limitons simplement à relever qu’il existe de grandes disparités en Europe dans l’imposition des clubs et des joueurs et que cette situation engendre une influence néfaste sur l’équilibre des compétitions sportives et la stabilité financière des clubs.

De même, les problématiques liées au sport qui occupent traditionnellement le devant de la scène médiatique, tel le dopage ou la manipulation des rencontres sportives, ne sont pas traitées de manière exhaustive dans cet ouvrage. Tout au plus leur importance pratique est-elle rappelée dans une première partie plus introductive, en expliquant bien que ces problèmes, aussi délicats et complexes soient-ils, ne constituent pas l’objet prioritaire de notre recherche.

Nous avons tenté d’organiser la matière, vaste et disséminée, de manière logique et cohérente. L’un des grands défis de cette thèse de doctorat réside sans conteste dans l’organisation de la matière. Si les articles et contributions s’intéressant aux problématiques traitées dans ce travail sont très nombreuses, comme en atteste notre volumineuse bibliographie, il n’en demeure pas moins qu’il n’existe pour l’heure, à notre connaissance, aucun ouvrage qui n’ait véritablement traité de la matière dans son ensemble. Cela constitue à nos yeux une lacune regrettable dans la mesure où l’expérience démontre clairement que la solution « miracle » pour régler toutes les difficultés économiques des sports collectifs n’existe pas – elle aurait alors été trouvée depuis très longtemps déjà – et qu’il faut donc s’en remettre à un système ou un ensemble d’exigences en vue d’atteindre les objectifs fixés. Dans ce contexte, nous considérons notre approche globale du problème – en soi contestable, particulièrement dans le cadre d’une thèse de doctorat, traditionnellement davantage orientée sur l’étude d’un point particulier – comme justifiée et même souhaitable.

Le plan adopté est divisé en cinq parties, de taille sensiblement égale. Il est bien équilibré et suit un ordre logique et cohérent, en expliquant le contexte général et les enjeux particuliers poursuivis. Il se réfère clairement à la « méthode de l’entonnoir », qui consiste à partir d’une idée générale qui va être approfondie par étapes successives.

Ce travail peut également être scindé en trois « courants » principaux : (i) introductif, (ii) descriptif et (iii) juridique.

(i) Le premier courant, correspondant à la première partie de l’ouvrage, s’attache à fixer le cadre général et introduit le lecteur à l’organisation du sport. Les principaux défis auxquels sont confrontés les fédérations sportives sont également abordés, en prenant soin de distinguer les défis qui concernent le sport en général de ceux qui ont trait spécifiquement aux sports collectifs et qui seront traités ultérieurement.

(ii) Le second courant, correspondant aux parties II et III de l’ouvrage, dresse un état des lieux de la situation législative. La partie II, qui recense les exigences visant à atteindre un meilleur équilibre de la compétition sportive, traite de la situation au sein du football européen et fait également de larges renvois aux ligues professionnelles nord-américaines. Quant à la partie III, elle s’intéresse à la stabilité financière des clubs professionnels et examine en détails le système des licences aux clubs mis en place par l’UEFA, y compris les enjeux du récent fair- 3

play financier. Il s’agit à ce stade de considérations purement descriptives, volontairement dénuées de jugements de valeurs.

(iii) Le troisième courant correspond aux parties IV et V de l’ouvrage et constitue le cœur de cette recherche. Il s’agit de confronter les instruments précédemment identifiés au droit européen, omniprésent dans cette matière. La partie IV, après avoir mis en exergue l’importance du droit européen en relation avec le sport professionnel, s’intéresse à la conformité des règles sportives avec les dispositions relatives à la libre circulation des personnes. En ce qui concerne la partie V, qui traite du droit européen de la concurrence, elle cherche à offrir au lecteur une vue d’ensemble sur les délicates et complexes questions qui se posent en relation avec le sport professionnel. Elle passe également en revue les divers instruments de régulation précédemment identifiés, en tentant un difficile pronostique quant à leur admissibilité sous l’angle du droit de la concurrence.

En conclusion et dans une optique de synthèse, nous avons adopté dix-huit thèses qui reprennent les principales idées développées dans cette étude. Cet ouvrage fait état de la législation et de la jurisprudence au 31 décembre 2010.

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PARTIE I : LE MOUVEMENT SPORTIF ET LES PRINCIPAUX OBJECTIFS DU REGULATEUR

Titre I : L’organisation du mouvement sportif

Chapitre I : L’organisation du sport en général : le Mouvement olympique

Le sport est généralement régi par le principe de l’unicité 1, selon lequel il ne peut y avoir, dans chacune des disciplines sportives, qu’un seul organe faîtier à chaque niveau géographique pour une discipline sportive donnée. Il existe ainsi des fédérations internationales, continentales 2 ou nationales.

Les disciplines sportives figurant au programme des Jeux Olympiques font toutes partie du Mouvement olympique 3 . Il s’agit d’un ensemble qui groupe, sous l’autorité suprême du Comité international olympique (CIO), les organisations, athlètes et autres personnes qui acceptent d’être guidés par la Charte olympique (I.). Son but est « de contribuer à la construction d’un monde meilleur et pacifique en éduquant la jeunesse par le biais d’une pratique sportive en accord avec l’Olympisme et ses valeurs 4 ».

Outre le CIO (II.), le Mouvement olympique comprend les fédérations internationales (FI) (III.) dont le sport est au programme des Jeux Olympiques, les Comités Nationaux Olympiques (CNO) (IV.), les Comités d’organisation des Jeux Olympiques (COJO) (V.) ainsi que les associations nationales, les clubs, de même que les personnes qui en font partie, notamment les athlètes. Le Mouvement Olympique reconnaît également d’autres organisations et institutions (VI.), tels notamment le Tribunal arbitral du Sport (TAS) et l’Agence mondiale anti-dopage (AMA).

I. La Charte olympique

La Charte olympique est la codification des principes fondamentaux, règles et textes d'application adoptés par le CIO. Elle régit l'organisation et le fonctionnement du Mouvement olympique et fixe les conditions de la célébration des Jeux Olympiques.

Par essence, la Charte olympique poursuit en priorité les trois objectifs suivants :

- elle fixe et rappelle les principes fondamentaux et les valeurs essentielles de l’Olympisme ;

- elle constitue les Statuts du CIO ;

- elle définit les droits et les obligations réciproques des principaux acteurs du Mouvement olympique, à savoir le CIO, les FI, les CNO et les COJO, qui doivent tous se conformer à la Charte olympique.

1 Voir l’art. 32 al. 1.2 de la Charte olympique. Voir également, pour plus de détails, Zen-Ruffinen (2002), p. 43 ; Giesselmann-Goetze (1988), p. 15 ss et Simon (1990), p. 58 ss. 2 En raison de leur importance, du type de sport qu’elles régissent et du niveau géographique auquel il se joue, certaines grandes fédérations ont décentralisé une partie de leur action au niveau des continents afin de résoudre des problèmes de gestion et d’organisation . Il s’agit notamment du football, du volleyball, du basketball et du handball (Zen-Ruffinen (2002), p. 44). 3 En 2010, le programme olympique se composait de trente-cinq sports et de cinquante-trois disciplines. 4 Art. 1 er ch. 1 de la Charte olympique. 5

II. Le Comité international olympique (CIO)

Le CIO est l’autorité suprême du Mouvement olympique et est réglé aux articles 15 à 25 de la Charte olympique.

Il s’agit d’une organisation internationale non gouvernementale, à but non lucratif, de durée illimitée, constituée sous la forme d’une association dotée de la personnalité juridique, reconnue par le Conseil fédéral suisse conformément à un accord 5 conclu en date du 1er novembre 2000 6.

En vertu de l’article 15 alinéa 3 de la Charte olympique, le CIO a pour but de remplir la mission 7, le rôle et les responsabilités que lui assigne la Charte olympique. Ces attributions sont exercées par ses organes, soit la Session (A.), la Commission exécutive (B) et le Président du CIO (C).

A. La Session

Il s’agit de l’assemblée générale des membres du CIO, qui est réglementée par l’article 18 de la Charte olympique. La Session constitue donc l’organe suprême du CIO et est dotée de plusieurs compétences, figurant exhaustivement à l’article 18 alinéa 2 de la Charte olympique. Elle est notamment compétente pour élire les membres de la Commission exécutive ainsi que le Président du CIO et pour choisir la ville hôte des Jeux Olympiques 8, ce qui constitue en pratique ses prérogatives les plus importantes.

B. La Commission exécutive

Il s’agit de la direction du CIO, actuellement composée de quinze membres 9. Elle assume la responsabilité générale de l’administration du CIO et la gestion de ses affaires, conformément à l’article 19 chiffre 3 de la Charte olympique. La Commission exécutive est en particulier compétente pour contrôler le respect de la Charte olympique et superviser la procédure d’admission et de sélection des candidatures pour l’organisation des Jeux Olympiques. En outre, elle dispose de la compétence résiduelle dans le sens où c’est à elle qu’incombent toutes les compétences et fonctions qui ne sont pas attribuées à la Session ou au Président.

C. Le Président du CIO

Le Président du CIO est élu par la Session, parmi ses membres, au scrutin secret pour une période de huit ans, renouvelable une seule fois pour quatre ans.

5 Accord entre le Conseil fédéral suisse et le Comité International Olympique relatif au statut du Comité International Olympique en Suisse (RS 0.192.122.415.1). 6 Art. 15 al. 1 er de la Charte olympique. 7 L’art. 2 de la Charte olympique précise cette mission dans une longue énumération. Il en ressort en particulier que le CIO doit encourager la coordination, l’organisation et le développement du sport et des compétitions sportives, assurer la tenue régulière des Jeux Olympiques et veiller à ce qu’ils se déroulent dans des conditions prenant en compte d’une manière responsable les problèmes d’environnement. Il dirige également la lutte contre le dopage dans le sport. 8 Art. 18 ch. 2.4 de la Charte olympique. 9 La Commission exécutive est composée du Président, de quatre vice-présidents et dix autres membres. 6

Il dispose d’importantes prérogatives : outre ses fonctions de représentation, il est compétent pour constituer les commissions, permanentes ou ad hoc, ainsi que les groupes de travail chaque fois que cela s’avère nécessaire, conformément aux articles 20 et 21 de la Charte olympique.

III. Les fédérations internationales (FI)

Les FI sont des organisations internationales non gouvernementales qui régissent un sport sur le plan mondial et qui sont reconnues 10 par le CIO. Elles regroupent des organisations nationales ou continentales administrant le même sport et sont régies par les articles 26 et 27 de la Charte olympique.

Les FI assurent la promotion et le développement de leur sport. Elles en surveillent le fonctionnement au quotidien et garantissent la régularité des compétitions ainsi que le respect des règles du fair-play .

Les FI peuvent également formuler des propositions à l'intention du CIO en ce qui concerne la Charte olympique et le Mouvement olympique en général, y compris l'organisation et le déroulement des Jeux Olympiques. Elles donnent en particulier leur avis sur les candidatures à l'organisation des Jeux Olympiques, notamment sur les moyens techniques des villes candidates.

Afin de discuter de problèmes communs et de s'entendre sur leurs calendriers de compétitions, les FI des sports d'été et d'hiver ainsi que les autres fédérations reconnues par le CIO ont formé entre elles des associations 11 .

IV. Les Comités nationaux olympiques (CNO)

Ils sont prévus aux articles 28 et 29 de la Charte olympique et ont pour mission de développer, promouvoir et protéger le Mouvement olympique dans leurs pays respectifs. Les CNO sont ainsi les seules organisations compétentes pour désigner dans leur pays la ville qui peut présenter sa candidature à l’organisation des Jeux Olympiques 12 . Ils ont également la compétence exclusive pour sélectionner et envoyer des équipes et des concurrents aux Jeux Olympiques Les CNO diffusent les principes fondamentaux de l'Olympisme au niveau national, dans le cadre de l'activité sportive. Ils veillent par ailleurs à la préparation des athlètes, à soutenir le développement du sport pour tous ainsi que du sport de haut niveau dans leur pays. Ils participent également à la préparation des cadres sportifs, notamment en organisant des stages.

10 Pour être reconnue par le CIO, chaque FI doit avoir des statuts, des pratiques et des activités conformes à la Charte Olympique, en particulier en ce qui concerne la lutte contre le dopage. 11 Il s’agit de l'association des fédérations internationales des sports olympiques d'été (ASOIF), de l'association des fédérations internationales des sports olympiques d'hiver (AIOWF), de l'association des fédérations internationales de sports reconnues par le CIO (ARISF) et de l'association générale des fédérations internationales de sports (AGFIS). 12 Les CNO supervisent la phase de sélection préliminaire des villes candidates potentielles. Avant de pouvoir affronter d'autres villes dans d'autres pays, la ville candidate doit d'abord être sélectionnée par le CNO au sein de son propre pays. Le CNO peut ensuite indiquer au CIO le nom de la ville choisie, en tant que ville candidate susceptible d'accueillir les Jeux Olympiques. 7

V. Les Comités d’organisation des Jeux Olympiques (COJO)

Les COJO assurent l’organisation des Jeux Olympiques, conformément à l’article 36 de la Charte olympique. Le CIO confie en effet l’organisation des Jeux Olympiques au CNO du pays de la ville hôte ainsi qu’à la ville hôte elle-même. Le CNO constituera à cet effet un COJO qui communique directement avec le CIO.

L’organe exécutif du COJO doit comprendre le ou les membres du CIO du pays hôte, le président et le secrétaire général du CNO et au moins un membre représentant la ville hôte et désigné par celle-ci. L’organe exécutif peut aussi comprendre des représentants des autorités publiques ainsi que d’autres personnalités.

VI. Autres organisations reconnues par le CIO

D’autres organisations sont également reconnues par le CIO. Nous examinerons en particulier deux institutions qui occupent une place de choix dans le monde du sport : le Tribunal arbitral du sport (TAS) (A.) et l’Agence mondiale anti-dopage (AMA) (B.).

A. Le Tribunal arbitral du sport (TAS)

1. Généralités

Le TAS est une institution indépendante de tout organisme sportif offrant des services dans le but de faciliter la résolution des litiges en matière de sport par la voie de l'arbitrage ou de la médiation. Il a été créé en 1984 et est placé sous l'autorité administrative et financière du Conseil International de l'Arbitrage en matière de Sport (CIAS) 13 .

2. Le Code de l’arbitrage en matière de sport

Depuis le 22 novembre 1994, le Code de l'arbitrage en matière de sport (Code du TAS) régit l'organisation et les procédures d'arbitrage du TAS. Ce code a été révisé à plusieurs reprises afin de codifier certains principes établis de longue date, soit par la jurisprudence du TAS, soit par la pratique constante des arbitres et du Greffe.

La nouvelle édition du Code du TAS est entrée en vigueur le 1er janvier 2010 14 . Elle est divisée en deux parties : l’une concerne le statut des organes concourant au règlement des litiges en matière de sport 15 alors que l’autre règle la procédure 16 .

Depuis 1999, le Code du TAS contient également un règlement de médiation, instaurant une procédure non contraignante et informelle qui offre aux parties la possibilité de négocier, avec l’aide d’un médiateur, la conclusion d’un accord mettant fin au litige.

3. Le Conseil International de l’Arbitrage en matière de Sport (CIAS)

13 Pour plus de détails sur le TAS, voir notamment Gardiner et al. (2006), p. 232 ss. 14 Pour une analyse des changements modifiant sensiblement la procédure devant le TAS, voir Rigozzi (2010), no 1 ss. 15 Il s’agit des art. S1 à S26 du Code du TAS. 16 Ce sont les art. R27 à R70 du Code du TAS. 8

Le CIAS constitue l'organe suprême du TAS. Il a notamment pour mission de sauvegarder l'indépendance du TAS et les droits des parties. Il assure en outre l'administration et le financement du TAS.

Le CIAS comprend vingt membres. Tous doivent être des juristes de haut niveau, très familiers avec les questions d'arbitrage et de droit du sport.

Au moment de leur désignation, les membres du CIAS doivent s'engager par écrit à exercer leurs fonctions à titre personnel, en toute objectivité et en toute indépendance. Il s'ensuit qu'ils ne peuvent en aucun cas intervenir dans une procédure devant le TAS, que ce soit comme arbitre ou comme conseil d'une partie.

Le CIAS exerce plusieurs fonctions, énumérées à l'article S6 du Code du TAS. Il les exerce soit lui-même, soit par l'intermédiaire de son Bureau, composé du Président et des deux vice- présidents du CIAS, ainsi que des deux Présidents des Chambres du TAS. Il existe cependant certaines fonctions que le CIAS ne peut pas déléguer. Par exemple, la modification du Code du TAS ne peut être décidée que par le CIAS réuni en plénum.

Le CIAS élit lui-même son Président, qui se trouve être également le Président du TAS, ainsi que ses deux vice-présidents, le président de la Chambre d'arbitrage ordinaire, le président de la Chambre arbitrale d'appel et les suppléants de ces deux derniers. Il désigne également les arbitres du TAS et approuve le budget et les comptes du TAS.

4. Le fonctionnement du TAS

Le TAS exerce ses fonctions par l'intermédiaire des arbitres, qui sont au nombre de cent- cinquante au minimum, avec l'aide du greffe du TAS, lui-même dirigé par le Secrétaire général. Il est composé de deux chambres : une « Chambre d'arbitrage ordinaire », pour les litiges soumis au TAS en qualité d’instance unique, et une « Chambre arbitrale d'appel », pour les litiges résultant de décisions prises en dernière instance par des organismes sportifs. Chaque chambre est dirigée par un président nommé par le CIAS.

Le rôle des présidents de chambre consiste à diriger les premières opérations de l'arbitrage après que celui-ci a été mis en œuvre et avant que les formations d'arbitres ne soient constituées. Ils sont souvent appelés à rendre des ordonnances sur requête de mesures provisoires ou sur requête d'effet suspensif et interviennent dans le cadre de la constitution des formations d'arbitres. La direction de la procédure est ensuite reprise par les arbitres, une fois ceux-ci nommés.

Les arbitres du TAS sont désignés pour une période renouvelable de quatre ans par le CIAS. Le Code précise que le CIAS doit faire appel « à des personnalités ayant une formation juridique et une compétence reconnue en matière de sport 17 ».

Bien que les arbitres du TAS soient proposés par des organismes sportifs, il n'en demeure pas moins qu'ils doivent exercer leurs fonctions en toute objectivité et indépendance. Au moment de leur désignation, ils doivent signer une déclaration écrite à cet effet.

17 Art. S14 du Code du TAS. 9

Les arbitres ne sont pas attachés à une chambre particulière du TAS et peuvent donc siéger dans des formations en procédure ordinaire ou en appel. Les formations du TAS sont composées d’un seul arbitre ou de trois.

B. L’Agence mondiale antidopage (AMA)

1. Généralités

A la suite des évènements qui ont secoué le monde du cyclisme en 1998 18 , le CIO a pris l’initiative d'organiser une conférence mondiale sur le dopage. Ainsi, du 2 au 4 février 1999, s’est tenue à Lausanne une réunion comprenant toutes les parties intéressées à la lutte contre le dopage. Cette conférence a abouti à la « Déclaration de Lausanne sur le dopage dans le sport ». Ce document a arrêté la création d'une agence internationale antidopage indépendante devant être opérationnelle pour les Jeux Olympiques se déroulant à Sydney en l’an 2000.

Conformément à la Déclaration de Lausanne, l'Agence mondiale antidopage (AMA) a été fondée le 10 novembre 1999 à Lausanne pour promouvoir et coordonner la lutte contre le dopage dans le sport sur le plan international.

Le siège de l’AMA est à Lausanne, en Suisse, et son bureau principal se situe à Montréal, au Canada. Les buts de l’institution sont prévus à l’article IV des Statuts de l’AMA et peuvent être résumés comme suit :

1) Promouvoir et coordonner au plan international la lutte contre le dopage ;

2) Renforcer les principes éthiques pour la pratique du sport sans dopage ;

3) Elaborer une liste des méthodes et substances prohibées ;

4) Organiser des contrôles hors compétition sans préavis ;

5) Créer les laboratoires de référence et harmoniser les normes de procédure scientifique ;

6) Promouvoir les procédures disciplinaires et sanctions ;

7) Elaborer des programmes de prévention ; et

8) Promouvoir et coordonner la recherche en matière de lutte contre le dopage.

2. L’organisation de l’AMA

L'AMA a été constituée sous la forme juridique d’une fondation, à l'initiative du CIO et avec le soutien et la participation d'organisations intergouvernementales, de gouvernements et autres organismes publics et privés engagés dans la lutte contre le dopage. Au final, l'AMA compte un nombre égal de représentants du Mouvement olympique et des gouvernements.

18 Il s’agit de l’affaire Festina , du nom d’une équipe cycliste participant au Tour de France 1998, dont l’un des soigneurs a révélé un dopage organisé et médicalisé au sein de cette structure. Ces aveux ont engendré un énorme scandale relatif au dopage à grande échelle dans le cyclisme professionnel. 10

L'AMA est composée d'un Conseil de fondation ( a.), d’un Comité exécutif ( b.) et de plusieurs comités ( c.). a) Le Conseil de fondation

Conformément aux articles VI à X des Statuts de l’AMA, le Conseil de fondation, composé de trente-huit membres, est l'instance décisionnelle suprême. Il est composé à parts égales de représentants du Mouvement olympique et des gouvernements. b) Le Comité exécutif

Prévu à l’article XI des Statuts de l’AMA, le Comité exécutif, composé de douze membres, est responsable de la direction et de la gestion pratique de l'Agence, de la mise en œuvre de toutes ses activités et de l'administration de ses fonds. Il est lui également composé à parts égales de représentants du Mouvement olympique et des gouvernements. c) Les comités

Les comités ont un rôle consultatif et peuvent transmettre à l’AMA des recommandations au sujet de ses programmes.

En 2010, l’AMA pouvait s’appuyer sur les comités suivants :

- le comité des sportifs ;

- le comité « Education » ;

- le groupe d’experts « Questions éthiques » ;

- le comité « Finance et Administration » ; et

- le comité « Santé, médecine et recherche ».

Chapitre II : L’organisation du football en particulier

Après ce bref aperçu de l’organisation du sport en général au niveau mondial, il nous semble utile de nous intéresser plus en détails au football en particulier, sport collectif sur lequel portera la plus grande partie de notre recherche. Si le football s’inscrit bien évidemment dans le Mouvement olympique, il endosse néanmoins fréquemment un rôle de moteur dans la régulation du sport.

I. La Fédération Internationale de Football Association (FIFA)

A. Généralités

La FIFA est une association de droit suisse, inscrite au registre du commerce, dont le siège est à Zurich. En tant que FI en charge du football, sport olympique, elle fait évidemment partie intégrante du Mouvement olympique.

Conformément à l’article 2 de ses Statuts, la FIFA a pour but : 11

- d’améliorer constamment le football et de le diffuser dans le monde en tenant compte de son impact universel, éducatif, culturel et humanitaire et ce, en mettant en œuvre des programmes de jeunes et de développement ;

- d’organiser ses propres compétitions internationales ;

- de fixer des règles et de veiller à les faire respecter ;

- de contrôler le football sous toutes ses formes par l’adoption de toutes les mesures s’avérant nécessaires ou recommandables afin de prévenir la violation des Statuts, des règlements, des décisions de la FIFA et des Lois du Jeu ;

- d’empêcher que des méthodes et pratiques ne mettent en danger l’intégrité du jeu et des compétitions ou ne donnent lieu à des abus dans le football association.

B. L’organisation de la FIFA

Bien que la FIFA constitue la FI la plus importante et la plus puissante du monde, son organisation interne est tout à fait classique et correspond au schéma ayant traditionnellement cours au sein des fédérations sportives.

Conformément à la théorie de la séparation des pouvoirs, la FIFA est composée d’un organe législatif (1.), exécutif (2.) et juridictionnel (3.).

1. L’organe législatif

Le Congrès, prévu aux articles 22 à 29 des Statuts de la FIFA, remplit cette fonction législative. Il se compose de toutes les associations membres 19 , qui disposent chacune d’une voix 20 .

Le Congrès peut être ordinaire ou extraordinaire 21 . Il prend des décisions liées aux statuts de la FIFA, à leur mise en œuvre et à leur application. En outre, il approuve le rapport annuel, décide de l'admission de nouvelles fédérations dans la FIFA et tient des élections, notamment pour la présidence de la FIFA.

2. Les organes exécutifs

Ce rôle est rempli par le Comité exécutif, prévu aux articles 30 et 31 des Statuts de la FIFA. Il se compose d'un Président, élu par le Congrès dans l'année qui suit la Coupe du Monde, de huit vice-présidents et de quinze membres, désignés par les confédérations et associations nationales. Il se réunit deux fois par an au moins. La durée du mandat des membres est de quatre ans. Son rôle consiste notamment à déterminer les dates, lieux et formats des compétitions ainsi que de nommer et révoquer le Secrétaire général sur proposition du Président de la FIFA. Il dispose en outre de la compétence résiduelle, c’est-à-dire qu’il est

19 En 2010, deux-cent-huit associations nationales étaient affiliées à la FIFA. 20 Par souci de démocratie, chaque fédération nationale dispose d'une voix, quelle que soit la puissance de son football. 21 En principe, le Congrès se réunit tous les deux ans. Toutefois, depuis 1998, ce rassemblement de la « famille du football » intervient chaque année, les réunions biennales étant alors qualifiées d'extraordinaires. 12 compétent pour tout cas ne relevant pas du domaine de compétence du Congrès ou qui n’est pas réservé à d’autres organes.

Le Président de la FIFA, conformément à l’article 32 des Statuts, représente légalement la fédération. Entre autres compétences, il est responsable de la mise en œuvre des décisions du Congrès et du Comité exécutif par le secrétariat général, du contrôle des travaux du secrétariat général ainsi que des relations entre la FIFA et les confédérations, les membres, les instances politiques et les organisations internationales.

Les tâches administratives sont remplies par le secrétariat général. Ce dernier est assisté dans son travail quotidien par de nombreuses commissions permanentes qui prennent des décisions devant être ratifiées par le Comité exécutif.

3. Les organes juridictionnels

La FIFA dispose également de deux organes juridictionnels, la Commission de discipline ( a.) ainsi que la Commission de recours ( b.). a) La Commission de discipline

Le fonctionnement de la Commission de discipline est régi par le Code disciplinaire de la FIFA. Elle siège en principe 22 en présence de trois membres au moins et peut prendre des sanctions à l’encontre des membres, des clubs, des officiels, des joueurs ainsi que des agents de matches et des agents de joueurs, conformément à l’article 58 des Statuts de la FIFA. b) La Commission de recours

Le fonctionnement de la Commission de recours est également régi par le Code disciplinaire de la FIFA. Conformément à l’article 60 des Statuts de la FIFA, cette instance connaît des recours interjetés contre les décisions de la Commission de Discipline, pour autant qu’elles ne soient pas définitives.

Les décisions de la Commission de recours sont définitives et contraignantes pour toutes les parties intéressées, sous réserve d’un recours auprès du TAS.

II. L’Union des Associations Européennes de Football (UEFA)

Après quelques généralités (A.) et une brève présentation de son organisation (B.), il nous semble utile, dans cette partie plus introductive, de nous pencher également sur le système des licences aux clubs (C.) qui s’inscrit en filigrane de notre troisième partie consacrée à la stabilité financière des clubs.

A. Généralités

L’UEFA, association de droit suisse dont le siège se trouve à Nyon, est la fédération compétente pour la réglementation du football au niveau européen. Elle constitue l’une des

22 Dans certains cas toutefois, le président de la Commission de discipline peut trancher seul, conformément à l’art. 78 du Code disciplinaire de la FIFA. 13 cinq confédérations mises en place par la FIFA, dont elle fait dès lors partie intégrante, tout comme, par extension, du Mouvement olympique.

L’UEFA poursuit de nombreux objectifs. Conformément à l’article 2 de ses Statuts, elle a notamment pour but de surveiller et contrôler le développement du football en Europe sous toutes ses formes 23 , d’empêcher que des méthodes ou pratiques ne mettent en danger la régularité des matches ou des compétitions ou ne donnent lieu à des abus dans le football 24 , de redistribuer les revenus provenant du football conformément au principe de solidarité et de soutenir le réinvestissement en faveur de tous les niveaux et secteurs du football, en particulier du football de base 25 , pour ne citer que les plus pertinents en relation avec la problématique traitée dans cet ouvrage.

B. L’organisation de l’UEFA

Sur le même modèle que sa « fédération-mère », la FIFA, l’UEFA est composée d’organes législatifs (1.), exécutifs (2.) et judiciaires (3.).

1. L’organe législatif

Ce rôle est rempli par le Congrès, qui se tient chaque année 26 , juste avant celui de la FIFA. Conformément aux articles 12 à 20 des Statuts de l’UEFA, le Congrès est notamment compétent en matière d’amendement des Statuts ainsi que pour les élections, en particulier celle du Président de l’UEFA.

2. Les organes exécutifs

Le Comité exécutif est l'organe exécutif suprême de l'UEFA et est réglé aux articles 21 à 28 de ses Statuts. Il se compose du Président et de quinze membres 27 élus par le Congrès. La durée du mandat du Président et des membres du Comité exécutif est de quatre ans.

Le Comité exécutif exerce la haute direction de l’UEFA et la surveillance de l’administration. Il dispose en outre de la compétence résiduelle, dans le sens où il peut prendre des décisions dans toutes les affaires qui ne sont pas attribuées au congrès ou à un autre organe par la loi ou les statuts.

Le Président dispose de nombreuses prérogatives, conformément à l’article 29 des Statuts. Il représente l’UEFA et dirige les séances du Congrès et du Comité exécutif. Il remplit également d’importantes fonctions de représentation, notamment en relation avec l’ensemble des autres parties prenantes.

Aux côtés du Comité exécutif et du Président, de nombreuses commissions ainsi que des panels mettent en pratique la politique de l'UEFA et exercent des fonctions de conseil.

23 Art. 2 let. c des Statuts UEFA. 24 Art. 2 let. e des Statuts UEFA. 25 Art. 2 let. i des Statuts UEFA. 26 La tenue d’un Congrès extraordinaire peut être organisée par le Comité exécutif de l'UEFA ou sur demande écrite d’au moins un cinquième des associations membres. 27 Les membres du Comité exécutif doivent exercer une fonction active dans leur association. Si cette condition n'est plus remplie pendant un mandat, le membre concerné ne peut plus se représenter lors de l'élection suivante. 14

3. Les organes juridictionnels

Les organes de juridiction de l'UEFA se composent de l'Instance de contrôle et de discipline (a.), de l'Instance d'appel ( b.) et de l'inspecteur disciplinaire ( c.). a) L'Instance de contrôle et de discipline

L’Instance de contrôle et de discipline est régie par l’article 33 des Statuts de l’UEFA et surtout par les articles 21 à 47 du Règlement disciplinaire de l’UEFA. Elle se compose d’un président et de neuf membres. En règle générale 28 , elle prend ses décisions en présence de tous ses membres. b) L’Instance d’appel

L’instance d’appel est régie par l’article 34 des Statuts de l’UEFA ainsi que par les articles 21 à 41 et 48 à 66 du Règlement disciplinaire de l’UEFA. Elle est compétente pour traiter les appels contre les décisions de l’Instance de contrôle et de discipline. c) L’inspecteur disciplinaire

Conformément à l’article 30 du Règlement disciplinaire de l’UEFA, le Comité exécutif nomme les inspecteurs disciplinaires, dont la tâche consiste à représenter l’UEFA dans les procédures disciplinaires. Ils peuvent notamment ouvrir une enquête disciplinaire, interjeter un appel ou un appel joint. Cette fonction est très proche du rôle joué par un procureur dans la justice ordinaire.

C. Le système des licences aux clubs de l’UEFA

Avant de nous intéresser à proprement parler à la licence aux clubs de l’UEFA (2.), il est utile de rappeler que d’autres sports collectifs ont également adopté un tel système (1.), sur le modèle il est vrai du football.

1. La licence aux clubs en général

La licence aux clubs vise prioritairement à améliorer la fiabilité financière des clubs, leur crédibilité économique et la protection des créanciers. Le système des licences aux clubs permet ainsi aux fédérations ou aux ligues de n’admettre à une compétition que les clubs qui jouissent d’une certaine santé financière. D’autres buts peuvent toutefois également être assignés à cette licence, comme par exemple la qualité des infrastructures ou l’amélioration de la qualité du spectacle proposé 29 .

Le système des licences aux clubs a été expérimenté dans plusieurs sports d’équipe, tels le football, le basketball ou le hockey sur glace notamment. En septembre 2009, une conférence a d’ailleurs été organisée – sous les auspices de la Commission européenne – et réunissait plusieurs dirigeants de sports d’équipes ayant introduit le système des licences aux clubs 30 .

28 Les exceptions sont régies par le Règlement disciplinaire de l’UEFA, en particulier son art. 24, qui peut prévoir le recours à un juge unique pour des cas particuliers. 29 Zen-Ruffinen (2002), p. 50 ss. 30 Voir notamment le site internet http://ec.europa.eu/sport/news/news813_en.htm ainsi que les documents qui y figurent. 15

Il ressort néanmoins de ces discussions que le système des licences aux clubs le plus évolué et qui constitue le modèle pour les autres sports est celui mis en place par le football européen.

2. La licence aux clubs UEFA en particulier a) La genèse de la licence aux clubs UEFA

L’UEFA a décidé de créer en 1998 une Task Force chargée d’examiner la possibilité d’introduire une procédure d’octroi de licence 31 . En juin 2000, cette Task Force présenta au Comité exécutif de l’UEFA un « Intention Paper ». En avril 2001, un groupe pilote composé de huit associations nationales 32 a été mis sur pied pour élaborer un Manuel de licence aux clubs. Après la ratification par le Comité exécutif du « Manuel sur la procédure de l’UEFA pour l’octroi des licences aux clubs » (Manuel UEFA I), la procédure d’octroi de licence fut introduite auprès des cinquante-deux associations membres 33 .

La mise en place du système des licences UEFA a connu plusieurs étapes. On a tout d’abord élaboré une première version du Manuel UEFA qui est entré en vigueur pour la saison 2004/2005 34 .

Puis une deuxième version de ce Manuel UEFA – qui remplace la précédente – a été adoptée et est entrée en vigueur pour la saison 2008/2009 35 . Elle reprenait dans une large mesure les exigences développées dans la première version en étant toutefois plus cohérente et plus précise 36 .

Par la suite, un « Règlement de l’UEFA sur la procédure d’octroi de licence aux clubs » a été adopté en octobre 2008 et a remplacé la deuxième version du Manuel UEFA 37 . Il reprenait les exigences développées précédemment dans les différentes versions du Manuel UEFA sur la procédure de l’UEFA pour l’octroi des licences aux clubs.

Enfin, le 1 er juin 2010, une nouvelle édition intitulée « Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier » est entrée en vigueur (Annexe). Elle reprend exactement les mêmes dispositions que le règlement de 2008 en y ajoutant des dispositions spécifiques relatives au fair-play financier 38 . b) La notion de « licence aux clubs UEFA »

31 Pour une présentation plus détaillée de l’histoire et des buts du système des licences UEFA, voir Benz et Gehring (2009), p. 80 ss. 32 Ce groupe était constitué de l’Angleterre, de l’Espagne, du Luxembourg, des Pays-Bas, de la Norvège, de l’Ecosse, de la Slovénie et de la Suède. 33 Mätzler (2004), p. 142. 34 Manuel UEFA I. 35 Manuel UEFA II. 36 On a en effet tenu compte, avec l’aide de spécialistes, des expériences découlant de la première version du Manuel (Benz et Gehring (2009), p. 85.). 37 Le Comité exécutif de l’UEFA a adopté ce règlement lors de sa séance du 26 septembre 2008. Il est entré en vigueur le 1 er octobre 2008 et est applicable depuis la saison 2009/2010. Voir également Benz et Gehring (2009), p. 85. 38 Voir infra Partie III, Titre I, Chapitre II. Pour plus de détails sur les licences aux clubs, voir notamment Vieweg et Neumann (2006), p. 9 ss ; Schellhaass (2006), p. 25 ss ; Rauball (2006), p. 61 ss ; Walker (2005), p. 47 ss ; Mätzler (2004), p. 137 ss ; Müller (2003), p. 23 ss ; Schmidt (2003), p. 49 ss ; Reichert (2003 a), p. 3 ss ; Reichert (2003 b), p. 98 ss ; Ebel et Klimmer (2001), p. 179 ss ainsi que Schimke (1996), p. 102 ss. 16

L’UEFA définit la licence octroyée aux clubs comme le « [c]ertificat accordé par le bailleur de licence qui atteste que le candidat remplit tous les critères minimaux dans le cadre de la procédure d’admission pour participer aux compétitions interclubs de l’UEFA 39 ».

La licence aux clubs UEFA est donc une autorisation octroyée à un club lui permettant de participer à une compétition déterminée, moyennant le fait qu’il ait rempli toutes ses obligations, notamment celles relatives à sa gestion financière. c) Les objectifs poursuivis par la licence UEFA

L’article 2 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier prévoit les objectifs suivants :

- poursuivre la promotion et l’amélioration constante du niveau de qualité de tous les aspects du football en Europe et continuer de donner la priorité à la formation et à l’encadrement des jeunes joueurs dans chaque club ;

- veiller à ce que les clubs aient un niveau de gestion et d’organisation approprié ;

- adapter l’infrastructure sportive des clubs, de manière à mettre à la disposition des joueurs, des spectateurs et des médias des installations adaptées, bien équipées et sûres ;

- préserver l’intégrité et le bon déroulement des compétitions interclubs de l’UEFA ;

- permettre le développement, à travers toute l’Europe, du benchmarking clubs sur des critères financiers, sportifs, juridiques, d’infrastructure, administratifs et liés au personnel ;

- améliorer les performances économiques et financières des clubs et renforcer leur transparence et leur crédibilité ;

- accorder l’importance nécessaire à la protection des créanciers, en s’assurant que les clubs s’acquittent de leurs dettes envers les joueurs, les administrations sociales et fiscales, et les autres clubs dans les délais ;

- introduire davantage de discipline et de rationalité dans les finances des clubs ;

- encourager les clubs à fonctionner sur la base de leurs propres revenus ;

- promouvoir les investissements responsables dans l’intérêt à long terme du football ;

- protéger la viabilité à long terme et la pérennité du football interclubs européen.

Dès la première version du Manuel UEFA, il avait été précisé que « (…) le but de cette licence n’est pas d’imposer des restrictions aux clubs mais de leur permettre d’améliorer leur infrastructure pour la rendre conforme aux standards minimaux fixés, de favoriser la

39 Voir art. 3 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier. 17 transparence financière du football afin d’attirer de nouveaux investisseurs et, enfin, d’augmenter la sécurité et le plaisir des supporters avant, pendant et après la rencontre 40 ».

Il ressort de l’analyse des buts du système des licences aux clubs dans le football que même si elle est omniprésente, la stabilité financière des clubs n’est pas l’unique objectif visé par cette procédure. On cherche également à améliorer la qualité générale de la prestation dans son ensemble, en agissant par exemple sur les infrastructures et la formation des jeunes joueurs. d) Les critères devant être remplis par les candidats à la licence

Les clubs doivent satisfaire toute une série de critères pour obtenir leur précieuse licence. Ces exigences sont divisées en cinq catégories : critères sportifs, d’infrastructure, administratifs et liés au personnel, juridiques ainsi que financiers. aa ) Les critères sportifs

Ils sont prévus aux articles 17 à 23 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair- play financier. Ils exigent notamment de la part des clubs qu’ils mettent sur pied un bon système de formation des jeunes, encadrés par des entraîneurs formés et qualifiés. Les clubs sont en outre tenus de prendre en charge la formation scolaire des jeunes. Ils doivent également veiller à encourager le fair-play et sensibiliser les joueurs au respect des questions d’arbitrage. Un suivi médical doit également être assuré. bb ) Les critères d’infrastructure

Ces exigences sont contenues aux articles 24 à 26 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier ainsi que dans le Règlement de l’UEFA sur l’infrastructure des stades. Les participants aux matches doivent pouvoir bénéficier d’installations de qualité similaire en termes d’équipements et de propreté dans toute l’Europe. Des installations d’entraînement appropriées doivent être proposées aux joueurs de tous les clubs pour leur permettre d’améliorer leurs qualités techniques.

S’agissant des spectateurs, ils doivent pouvoir bénéficier d’un environnement sûr, confortable et accueillant. Quant aux représentants de la presse et des médias, ils doivent pouvoir effectuer leur travail dans de bonnes conditions. cc ) Les critères administratifs et liés au personnel

Ils sont prévus aux articles 27 à 42 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair- play financier. En substance, les clubs se doivent de solliciter un appui professionnel de divers secteurs. En particulier, la direction du club doit être assurée de manière professionnelle 41 . Les joueurs de toutes les équipes doivent être encadrés par des entraîneurs qualifiés et bénéficier d’une assistance médicale de qualité. dd) Les critères juridiques

Les articles 43 à 45 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier se contentent d’exiger la production de différentes déclarations et documents juridiques, tels

40 Manuel UEFA I, p. 6. 41 Voir également, sur la question de la formation professionnelle, infra Partie III, Titre II, Chapitre II, III. 18 un extrait du registre du commerce, les statuts du club ou les confirmations d’affiliation et de participation aux compétitions. Le candidat à la licence doit également fournir un contrat écrit avec une société de football 42 . ee ) Les critères financiers

Ils sont prévus aux articles 46 à 52 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair- play financier 43 .

III. L’Association Suisse de Football (ASF)

A. Généralités

Créée en 1895, l’ASF fut, en 1904, l’un des sept membres fondateurs de la FIFA. Elle est devenue la plus importante fédération nationale sportive en Suisse. Son siège est à la Maison du football suisse à Muri, dans le Canton de Berne.

Conformément à l’article 2 de ses Statuts, « [l]’ASF a pour but le développement physique de la jeunesse et des adultes (hommes et femmes) et la diffusion du football ».

L’ASF se compose de trois sections : la Ligue Amateur (1.), la 1ère ligue (2.) et la Swiss Football League (SFL) (3.) 44 . Chaque section possède la personnalité juridique et dispose de ses propres organes. Les clubs appartiennent à la section dans laquelle leur première équipe dispute ses matches de championnat.

1. La Ligue Amateur

La Ligue Amateur est compétente pour organiser, avec les associations régionales, les championnats des ligues inférieures, des juniors, seniors, vétérans, dames, la Coupe suisse des seniors et la Coupe suisse des vétérans.

Son but est de promouvoir le football auprès des enfants, des jeunes, des femmes et des hommes de tous âges.

2. La 1 ère Ligue

Cette section de l’ASF est compétente pour l’organisation du championnat des équipes qui lui sont attribuées. Elle fixe l’organisation et le déroulement du championnat de 1 ère ligue, la « troisième » division helvétique.

3. La Swiss Football League (SFL)

Il s’agit de la section qui s’occupe du football non amateur. En vertu de l’article 3 de ses Statuts, la SFL a notamment pour but de promouvoir le football en Suisse, de gérer le football non-amateur en Suisse, de sauvegarder les intérêts communs de ses clubs et d’organiser les compétitions pour ses clubs.

42 Voir l’art. 12 al. 1 let. b du Règlement de l’UEFA sur l’octroi de licence aux clubs et le fair-play financier. 43 Voir également infra Partie III, Titre I, Chapitre I, III. 44 Voir l’art. 18 des Statuts de l’ASF. 19

La procédure d’octroi de licence aux clubs en Suisse se déroule ainsi sous l’égide de la SFL 45 .

B. L’organisation de l’ASF

L’ASF est organisée sous la forme d’une association et comprend des organes législatifs (1.), exécutifs (2.) et juridictionnelles (3.).

1. Les organes législatifs

La fonction législative est en premier lieu exercée par l’Assemblée des délégués ( a.). Le Conseil de l’Association ( b.) dispose cependant également de compétence dans l’adoption ou la modification des règlements. a) L’Assemblée des délégués

L’Assemblée des délégués, prévue aux articles 23 à 29 des Statuts de l’ASF, se compose de vingt-huit délégués de la SFL, vingt-six délégués de la 1ère ligue et quarante-sept délégués de la Ligue Amateur. Elle a lieu en principe tous les deux ans et chaque délégué dispose d’une voix. Une assemblée extraordinaire des délégués peut néanmoins être tenue lorsque le Comité central le juge nécessaire ou lorsqu'une section ou 1/5 des membres en font la demande.

Cette assemblée dispose de nombreuses compétences, notamment en matière d’élections et de modifications des Statuts. En particulier, il lui incombe d’élire le Président de l’ASF ainsi que les membres des organes juridictionnelles. b) Le Conseil de l’Association

Cet organe, réglementé à l’article 30 des Statuts de l’ASF, dispose également de certaines compétences législatives. Il est notamment habilité à rendre une décision définitive quant aux propositions présentées au sujet des règlements de l’ASF et à interpréter les Statuts.

Le Conseil de l’Association se compose de vingt-cinq membres, dont les sept membres du Comité central et six membres pour chaque section. Deux assemblées ordinaires au moins ont lieu chaque année, une au printemps et une en automne. Le Comité central, les comités des sections, les organes de l'ASF et les commissions permanentes ont le droit de présenter des propositions.

2. L’organe exécutif

Le Comité central, prévu aux articles 31 à 35 des Statuts de l’ASF, exerce la haute surveillance dans tous les domaines d’activité de l'ASF. Il se compose du Président central, des présidents de chaque section et d’un autre membre de chaque section, si bien que le Comité central siège à sept.

Cet organe dispose de toutes les compétences qui ne sont pas, légalement ou statutairement, conférées à un autre organe ou à une commission permanente. Il peut déléguer des compétences au secrétaire général ou au directeur du département technique.

45 Pour plus de détails sur la procédure d’octroi de licence aux clubs mise en place par la SFL, voir Dutoit (2007), no 1 ss et Baumann (2006), p. 464 ss. 20

3. Les organes juridictionnels

Les organes juridictionnelles de l’ASF se composent du Tribunal sportif ( a.) et de la Cour de Cassation ( b.). a) Le Tribunal sportif

Règlementé à l’article 37 des Statuts de l’ASF et aux articles 1 et 2 du Règlement sur la procédure contentieuse de l’ASF, le Tribunal sportif « (…) décide de tout différend de nature sportive découlant de l’application du règlement de jeu et d’autres règlements régissant les compétitions et qui ne relève pas de la compétence définitive d’une autorité de l’Association, des sections ou des associations régionales 46 ».

En principe, le Tribunal sportif rend justice dans la composition de trois ou cinq membres. Le président du tribunal peut toutefois décider comme juge unique si l’état des choses et la situation juridique lui semblent avoir un sens évident ou si une urgence particulière s’impose.

Le Tribunal sportif décide définitivement, sous réserve d’un pourvoi en nullité auprès de la Cour de cassation ( b.). b) La Cour de cassation

Cette instance est prévue à l’article 38 des Statuts de l’ASF et aux articles 3 à 6 du Règlement sur la procédure contentieuse de l’ASF. Elle statue, en siégeant à trois membres, sur les jugements du Tribunal sportif. Le pourvoi en nullité est uniquement possible s’il existe l’un des trois motifs suivants :

(i) une partie n’a pas été admise à faire valoir tous ses moyens en conformité de la loi ;

(ii) des prescriptions de procédure ont été violées ;

(iii) en cas de violation manifeste des statuts ou des règlements.

Les décisions de la Cour de cassation sont définitives, sous réserve d’un recours au TAS.

Chapitre III : L’organisation du sport en Amérique du Nord

Cet ouvrage fait de larges renvois à la situation qui prévaut aux Etats-Unis et il est dès lors nécessaire de présenter les grandes lignes de l’organisation du sport nord-américain, complètement différente de sa voisine européenne.

Une nette distinction doit ainsi être opérée entre le sport professionnel (I.) et le sport amateur (II.).

46 Art. 1 er du Règlement sur la procédure contentieuse de l’ASF. 21

I. Le sport professionnel : l’exemple des ligues majeures

Même s’il est évident que le sport professionnel nord-américain ne se limite pas uniquement aux ligues majeures 47 , nous avons néanmoins restreint notre analyse à ces dernières, qui organisent des sports collectifs. En effet, lorsque l’on cherche à s’inspirer des instruments de régulation mis en place en Amérique du Nord, ce sont en priorité aux ligues professionnelles que l’on fait référence.

Après avoir mis en exergue quelques caractéristiques communes aux ligues (A.), nous nous intéresserons à la situation des clubs (B.) au sein de ces ligues.

A. L’organisation des ligues

Les ligues majeures nord-américaines sont constituées de la Major League Baseball (MLB), la National Football League (NFL), la National Basketball Association (NBA) et la National Hockey League (NHL).

Les ligues sont toutes organisées sous la forme juridique de l’association, ce qui leur laisse une certaine marge de manœuvre quant à leur structure interne et leur réglementation.

1. Les sources normatives

Toutes les ligues sont soumises à une Constitution adoptée par leurs membres, complétée par des règlements ( Bylaws ). Il s’agit des règles de base des ligues qui déterminent l’organisation au sein de la ligue ainsi que la manière dont elle doit être conduite 48 .

Aux côtés de cette réglementation interne sont conclus des accords avec les syndicats de joueurs dont l’importance pratique est considérable : les Collective Bargaining Agreements (CBA). Ces accords règlent de manière très détaillée les rapports entre les joueurs et les clubs affiliés à la ligue. Ils s’appliquent sur une durée déterminée 49 et font l’objet d’âpres négociations à chaque fois qu’ils doivent être renouvelés 50 .

2. Le rôle du Commissioner

Suivant l’exemple du baseball 51 , toutes les ligues disposent désormais d’un Commissioner . Bien que chaque ligue ait ses spécificités propres, il n’en demeure pas moins que les raisons sous-jacentes à l’instauration d’un Commissioner sont les mêmes pour toutes les ligues, à

47 Le golf, le tennis ou les courses de voitures sont des sports également très populaires aux Etats-Unis. 48 Le baseball est réglementé par la « Major League Constitution », le football américain par la « Constitution and Bylaws of the National Football League », le hockey sur glace par la « Constitution of the National Hockey League » et le basketball par la « Constitution and Bylaws of the National Basketball Association ». 49 En ce qui concerne le baseball, l’actuelle CBA-MLB a été conclue le 20 décembre 2006 et est valable jusqu’en 2011. Pour ce qui est du football américain, la CBA-NFL est entrée en vigueur le 8 mars 2006 et est applicable jusqu’en 2012. Quant au basketball, l’actuelle CBA-NBA, conclue en 2005, est applicable jusqu’en 2011. Enfin, s’agissant du hockey sur glace, la CBA-NHL est valable du 22 juin 2005 au 15 septembre 2011. 50 Pour plus de détails sur les CBA dans le sport américain, voir notamment Champion (2004), §18 et Berry (2002), §4. 51 A la suite du scandale du Black Sox de 1921, où plusieurs membres du Chicago White Sox avaient accepté de l’argent de la part de parieurs, la MLB a estimé qu’il était nécessaire de disposer d’un bras fort et d’une source de pouvoir centralisé afin de démontrer que la ligue était en mesure de s’autogérer et de régler ses problèmes seule. Elle a donc mis en place un Commissioner afin de prévenir d’autres incidents de ce genre (Cozzillio et Levinstein (1997), p. 59 à 60). 22 savoir la nécessité de nommer une personne compétente pour s’occuper de la bonne marche des affaires et du contrôle opérationnel sur une base quotidienne 52 .

Dans toutes les ligues, le Commissioner assume des responsabilités dans le développement des CBA. Il s’occupe en outre d’élaborer et d’interpréter la réglementation sportive, de gérer la ligue d’un point de vue économique en concluant par exemple les contrats de vente des droits audiovisuels, d’exercer le pouvoir disciplinaire à l’intérieur de la ligue et, plus généralement, de résoudre les litiges pouvant s’y développer. Il approuve également les contrats conclus entre les équipes et les joueurs 53 .

Le Commissioner remplit par ailleurs une fonction disciplinaire. La plupart des cas traités par les Commissioners concernent des affaires en relation avec les paris54 , l’usage de drogue ou de mauvaise conduite personnelle 55 . Le Commissioner est habilité 56 à sanctionner non seulement les joueurs mais également les clubs 57 ainsi que les propriétaires de clubs 58 .

3. Des ligues fermées

Chaque ligue fonctionne selon un système fermé qui exclut toute évolution à un autre niveau de compétition. Chaque club peut ainsi aisément se projeter dans le futur, sans risque de relégation.

Il s’agit d’une caractéristique propre du « modèle sportif américain » qui se distingue fondamentalement du « modèle sportif européen »59 .

4. Des ligues hermétiques

En plus d’être « fermées », les ligues américaines sont « hermétiques », dans le sens où il est difficile pour de nouveaux clubs de faire leur entrée dans un championnat.

Il est en effet fréquent que la ligue prévoie qu’un transfert de propriété ou l’acquisition d’un club doive être approuvé au cours d’un vote par les trois-quarts des clubs appartenant à la ligue.

Cette limitation à l’acquisition et au transfert d’un club trouve une première explication dans l’organisation même des ligues. Dans la mesure où les ligues sont fermées et où, en vertu de la répartition des revenus, la somme allouée à chaque équipe dépend des résultats financiers des autres membres de la ligue, il semble logique que les clubs aient souhaité garder une marge de manœuvre quant à l’admission ou non d’un nouveau membre.

52 Dans le même sens, Cozzillio et Levinstein (1997), p. 59. 53 Voir également Rigozzi (2005), p. 51. 54 Voir notamment le scandale du Black Sox ainsi que la liste de personnes suspendues pour avoir traité avec des parieurs dressée par Greenberg et Gray (1998), p. 1223 ss. 55 Idem ., p. 1222. 56 Le Commissioner ne jouit pas d’un pouvoir ou d’une autorité implicite. La légitimité des actions qu’il entreprend découle plutôt d’une autorisation donnée préalablement dans la Constitution, les règlements ou le Collective Bargaining Agreement . Voir également Greenberg et Gray (1998), p. 1218 et Sobel (1977), p. 421. 57 Le Commissioner peut notamment infliger de sévères amendes, destituer une équipe de la ligue ou geler la rétrocession des revenus découlant des ventes collectives si un club ne remplit pas certaines obligations qui lui incombent. 58 Voir notamment les affaires Ted Turner et George Steinbrenner . Pour plus de détails, voir le journal San Francisco Chronicle du 31 juillet 1990, D1. 59 Voir également infra Partie I, Titre I, Chapitre IV, II. 23

De même, il semble légitime que les clubs puissent s’exprimer et approuver ou non la délocalisation d’un club, puisque les revenus qu’ils recevront de la part de la ligue dépendent des recettes des autres membres et qu’il est admis que le transfert d’un club peut produire une compétition accrue entre des équipes géographiquement proches et réduire sensiblement les recettes de chacune.

A titre illustratif, l’article III section 3.5 de la Constitution NFL, qui pose un certain nombre de conditions au transfert d’un club, a la teneur suivante :

« No membership, or any interest therein, may be sold, assigned, or otherwise transferred in whole or in part except in accordance with and subject to the following provisions :

(A) Application for the sale, transfer, or assignment of a membership, or of any interest therein, must be made in writing to the Commissioner. Upon receipt of such application, the Commissioner is empowered to require from applicant and applicant shall furnish such information as the Commissioner deems appropriate, including :

(1) The names and addresses of each of the buyers, transferees, or assignees thereof ;

(2) The price to be paid for such sale, transfer, or assignment, and the terms of payment, including a description of the security for the unpaid balance, if any ;

(3) A banking reference for each buyer, transferee, or assignee ; and

(4) If the buyer, transferee, or assignee is a corporation, a copy of the Articles of Incorporation and Bylaws thereof, together with a copy of the shares certificates of each class of stock to be outstanding, the names and addresses of the directors and officers thereof, the names and the addresses of the stockholders therein, and the price paid or to be paid and the time of payment for said stock, a copy of any proposed voting trust agreement and any voting trust certificates.

(B) Upon receipt thereof, the Commissioner shall conduct such investigation as he deems appropriate. Upon completion thereof, the Commissioner shall submit the proposed transfer to the members for approval, together with his recommendation thereon, and all information in respect thereto that the Commissioner deems pertinent. All sales, transfers, or assignments, except a transfer referred to in Section 3.5 (C) hereof, shall only become effective if approved by the affirmative vote of not less than three-fourths or 20, whichever is greater, of the members of the League.”.

B. Les clubs

Selon la définition donnée par BOURG , les clubs des ligues majeures sont des « (…) entreprises franchisées ayant acquitté un droit d’entrée qui varie selon la discipline, le chiffre d’affaires de la ligue et la taille démographique de la ville. Cette licence commerciale équivaut à l’attribution d’un monopole sur un espace géographique donné 60 ».

60 Bourg (2004), p. 164. 24

Les clubs professionnels nord-américains ont la possibilité de recourir à diverses formes juridiques pour organiser leur structure. Ils peuvent ainsi faire appel à la Corporation , au Partnership ou au Sole Proprietship 61 .

En avril 1986, PRICE WATERHOUSE COOPERS a publié une étude sur la forme juridique adoptée par les clubs de NBA, NHL, NFL et MBL.

Il ressort de ce rapport que la NBA, qui était composée de vingt-trois équipes à l’époque, comprenait douze clubs ayant opté pour la forme de la Corporation alors que les onze autres clubs avaient adopté la forme du Partnership .

S’agissant de la NHL, composée de vingt et un clubs, dix-huit équipes étaient des Corporations , deux des Sole Proprietship et une avait adopté la forme du Partnership .

Au sein de la NFL, qui comprenait vingt-huit équipes, la situation était la suivante : vingt-sept clubs avaient adopté la forme du Partnership alors qu’une seule équipe opérait sous la forme de la Corporation .

Pour ce qui est de la MBL, divisée entre la National League et l’ Amerian League et comprenant en tout vingt-six équipes, dix-huit clubs avait adopté la forme de la Corporation , six celle du Partnership et deux équipes avaient fait le choix du Sole Proprietship .

GREENBERG et GRAY se sont également livrés à un exercice de recensement des formes juridiques adoptées par les clubs en se référant aux (nombreux) cas qui ont été portés devant les tribunaux 62 .

Il ressort de ces analyses qu’il n’existe pas une forme juridique qui domine et s’impose naturellement aux clubs sportifs professionnels nord-américains, bien que l’adoption du Sole Proprietship soit évidemment plus rare en pratique.

II. Le sport amateur

Il existe également aux Etats-Unis une forte tradition du sport au niveau amateur, en particulier au sein des universités et collèges américains. Certaines écoles sont d’ailleurs parfois davantage connues pour leurs succès sportifs que pour l’excellence de leur programme académique.

Cette forte indépendance entre le sport et l’éducation est propre au système nord-américain. S’il est vrai qu’il existe également des compétitions entre universités en Europe 63 , le contexte général est néanmoins complètement différent, tant d’un point de vue commercial que médiatique.

Il importe en effet de bien comprendre que ce n’est pas parce qu’il s’agit de sport amateur que l’activité commerciale est absente, bien au contraire. Certains sports pratiqués au niveau

61 Voir également Greenberg et Gray (1998), p. 1118 ainsi que Weistart et Lowell (1979), p. 898. 62 Greenberg et Gray (1998), p. 1119 ss. 63 La Boat Race , la course d’aviron qui oppose chaque année les universités anglaises de Cambridge et d’ Oxford , constitue certainement la compétition inter-universités la plus célèbre en Europe. Mais dans ce cas également, la ferveur et la commercialisation de l’événement n’ont pas de commune mesure avec ce qui a cours aux Etats- Unis, notamment dans le football américain et le basketball. 25 amateur, tels notamment le football américain ou le basketball, peuvent ainsi rapporter annuellement plusieurs millions de dollars en revenus télévisuels et marketing.

Après avoir présenté la National Collegiate Athletic Association (A.), nous nous attarderons sur la délicate distinction entre sportif amateur et sportif professionnel aux Etats-Unis (B.).

A. La National Collegiate Athletic Association (NCAA)

La NCAA est l’entité la plus importante du sport amateur aux Etats-Unis 64 . Fondée au début du 20 ème siècle sur injonction du Président des Etats-Unis Theodore Roosevelt , qui s’inquiétait de la violence entourant les matches de football dans les collèges et universités, la NCAA était à l’origine seulement une instance élaborant des règles 65 . Toutefois, en 1921, l’association a organisé son premier championnat inter-collège, puis en a organisé une dizaine d’autres jusqu’en 1941.

Au début des années 1950, la NCAA a obtenu son premier contrat télévisuel pour le football américain, évalué à plus d’un million de dollars. Ce contrôle sur les droits audiovisuels de ses membres a fait de la NCAA l’instance de régulation la plus puissante et la plus importante du sport amateur aux Etats-Unis.

A ce jour, la NCAA est composée de plus de mille institutions membres. Toutes les institutions ayant reçu une accréditation pour leur programme académique peuvent devenir membre de l’association, pour autant qu’elles adoptent ses règles. Au travers de nombreux comités, la NCAA supervise la conduite et les besoins de ses institutions membres. Elle légifère dans plusieurs domaines.

Dans ce contexte, on se rend compte que les défis et difficultés rencontrés par la NCAA ne sont pas très différents de ceux que connaissent les fédérations sportives en Europe 66 .

B. La délicate distinction entre sportif amateur et professionnel

La distinction entre sportif amateur et professionnel fait l’objet de nombreuses controverses, tant la frontière les séparant est difficile à cerner.

Chaque association sportive a développé, individuellement, sa propre définition du sportif amateur, si bien qu’il n’est pas rare que certaines définitions se chevauchent 67 .

68 Comme le relèvent YASSER ET AL . , dans l’absolu, le critère fondamental distinguant le sportif amateur du professionnel consiste en ce que « (…) the former actually pays to play while the latter plays for pay ».

Cette définition est toutefois ambigüe et même illusoire dans la mesure où il existe plusieurs types de sportif amateur. Celui qui joue au tennis une fois par semaine avec un ami n’a pas

64 Voir également Hosty (2005), §13:2 ainsi que Berry et Wong (1986b), p. 67 ss. 65 Pour plus de détails sur les circonstances dans lesquelles la NCAA a été adoptée, voir notamment Hosty (2005), §13:2, p. 4. 66 Dans le même sens, Halgreen (2004), p. 73. 67 Pour un aperçu de quelques définitions proposées par différentes associations, voir Berry et Wong (1986b), p. 2. 68 Yasser et al (2003)., p. 1 ss. 26 beaucoup de points communs avec un athlète se préparant pour les Jeux Olympiques ou un joueur de basketball participant aux championnats interuniversitaires. Ces derniers sont néanmoins également considérés comme des sportifs amateurs malgré l’engouement médiatique et les importantes recettes qu’ils engendrent.

A l’origine, la majorité des associations sportives interdisait tout versement d’argent ou indemnités aux sportifs amateurs. Au vu des recettes engendrées par certaines compétitions amateurs, la tendance a logiquement évolué vers davantage de tolérance en matière d’indemnités 69 . Ainsi, dans les cas précités de l’athlète olympique et du joueur universitaire de basketball, si leurs services ne seront pas directement rémunérés, ils recevront néanmoins des compensations indirectes, tels des bourses ou du matériel d’entraînement. Il existe donc une certaine zone grise, qui n’a pas manqué de faire l’objet de litiges avec la NCAA 70 .

La distinction entre sportif amateur et professionnel n’est pas uniquement académique mais connaît de véritables implications pratiques. En effet, en vertu de l’article III §1 (b) de la Constitution de la NCAA, un sportif qui signe un contrat ou reçoit de l’argent de la part d’une équipe professionnelle perd son éligibilité pour participer aux compétitions interuniversitaires 71 .

S’agissant du cas des athlètes olympiques, la problématique a en outre des ramifications internationales. Au cours des années 1980, le CIO a aboli la distinction entre le sport amateur et professionnel, ouvrant ainsi les Jeux Olympiques à tout individu, y compris aux stars de la NBA américaine. Il ressort de ce qui précède qu’il est tout à fait possible qu’un athlète soit considéré comme amateur par le Comité olympique américain et professionnel par les règles de son université, ce qui ajoute évidemment à la confusion 72 .

Chapitre IV : Les modèles sportifs européens et nord-américains : opposition ou convergence ?

Nous sommes d’avis qu’une comparaison 73 des modèles sportifs européens et nord- américains est essentielle dans la mesure où lorsque l’on évoque la possibilité d’introduire en Europe des instruments de régulation nord-américains, il est souvent opposé qu’ils ne sont pas conciliables avec le modèle sportif européen, garant d’une vision du sport « à l’européenne ». Il convient donc de s’attacher à tenter de découvrir en quoi consiste ce « modèle sportif européen » (I.), puis de comprendre les raisons qui s’opposeraient à l’importation du modèle nord-américain tel quel (II.).

I. Le modèle sportif européen

69 Dans le même sens, Berry et Wong (1986b), p. 1 ss. 70 Plusieurs écoles ont ainsi été sanctionnées par la NCAA ces dernières années pour des violations des « extra benefits » dans les domaines du tennis, de l’athlétisme et du golf (Yasser et al. (2003), p. 1). 71 A noter qu’un joueur peut être exclu du championnat interuniversitaire uniquement s’il est salarié d’une équipe professionnelle dans la même discipline. En revanche, dans l’hypothèse d’un joueur professionnel de baseball qui participerait simultanément au championnat de basketball avec son université en tant que joueur amateur, aucune exclusion de l’équipe de baseball ne se justifierait. 72 Halgreen (2004), p. 72. 73 Pour une brève présentation des principales caractéristiques des modèles sportifs européens et nord- américains, voir Nafziger (2008), p. 100 ss. Voir également, pour plus de détails, Kaburakis (2004), p. 108 ss ainsi que la thèse d’Halgreen (2004). 27

Le débat politique sur le sport en Europe accorde une importance considérable au modèle sportif européen. En 1998, la Commission européenne a d’ailleurs établi un document de travail intitulé « Le modèle sportif européen 74 ».

Néanmoins, et malgré tous les discours qui tiennent ce modèle pour acquis, la Commission européenne a estimé dans son « Livre Blanc sur le sport 75 » qu’il n’était pas réaliste d’essayer de définir un modèle commun d’organisation du sport en Europe 76 .

A note avis, il semble toutefois possible d’identifier quelques caractéristiques communes qui esquissent un modèle sportif européen, bien que le constat qui s’impose est celui d’une grande diversité des choix nationaux77 .

Le modèle européen est organisé sur un mode hiérarchique et peut être représenté sous forme de pyramide. La base est constituée par les clubs. La majorité d’entre eux est constituée sous une forme associative et exclut toute recherche de profit. Cet amateurisme est d’ailleurs aux yeux de la Commission européenne l’une des caractéristiques du sport européen 78 .

Le deuxième niveau est constitué par les organisations locales qui sont responsables de l’organisation des compétitions dans leur champ géographique. Leur champ d’action se limite à une région, dans laquelle ils sont chargés d’organiser des championnats régionaux ou de coordonner le sport à l’échelle régionale 79 .

Les fédérations nationales, à raison d’une par discipline en vertu du principe d’unicité 80 , représentent le niveau suivant. Elles s’occupent de l’ensemble des grandes questions relatives à leur discipline et représentent leur sport au sein des instances européennes et internationales. Elles organisent des championnats nationaux et font office d’instruments régulateurs. Comme il n’y a qu’une fédération nationale par discipline, elles jouissent d’une situation de monopole 81 .

Le sommet de la pyramide est formé par les institutions européennes, dont l’organisation reprend celle des fédérations nationales. Elles reconduisent le principe d’un monopole national, ne reconnaissant comme adhérent qu’une fédération nationale par sport 82 . Ces organisations tentent de maintenir leur position au moyen de règles prenant généralement la forme de sanctions pour ceux qui prennent part à des championnats non reconnus ou non autorisés par la fédération internationale 83 .

Cette structure pyramidale implique une interdépendance des différents niveaux, non seulement sur le plan de l’organisation, mais aussi sur le plan de la compétition, des rencontres sportives étant organisées aux différents niveaux. Il est ainsi tout à fait possible qu’un club jouant au niveau régional puisse se qualifier pour des championnats organisés au

74 Rapport modèle sportif européen (1998), p. 1 ss. 75 Pour plus de détails sur cet important document, voir infra Partie IV, Titre I, Chapitre II, V. 76 Livre Blanc sur le sport (2007), p. 13. A l’intérieur même de l’Europe, la Commission européenne distingue déjà deux modèles sportifs différents : celui de l’Est et celui de l’Ouest. 77 Dans le même sens, Rapport Collin (2004), p. 111. Voir également Szyszczak (2007), p. 4 ss. 78 Rapport modèle sportif européen (1998), p. 2. 79 Idem , p. 3. 80 Voir supra Partie I, Titre I, Chapitre I. 81 Rapport modèle sportif européen (1998), p. 3. 82 Rapport Collin (2004), p. 113. 83 Rapport modèle sportif européen (1998), p. 3. 28 niveau national voire international, grâce à un système de promotion. Par contre, tout club qui ne se qualifie pas se verra relégué. Ce système de promotion et de relégation constitue l’une des caractéristiques principales du modèle sportif européen 84 et se distingue fondamentalement du système nord-américain.

II. Le modèle sportif nord-américain : le nouveau modèle européen ?

Dans le contexte de notre recherche, nous avons d’emblée été confronté à une question fondamentale dont la réponse allait conditionner toute la suite de notre étude : faut-il adopter « tel quel » le modèle sportif nord-américain ?

En d’autres termes, le système ayant actuellement cours en Europe est-il encore viable ou au contraire complètement obsolète et non adapté aux réalités économiques actuelles ? Va-t-il naturellement évoluer vers un modèle de ligue fermée « à l’américaine », le seul susceptible de concilier les intérêts économiques et sportifs des clubs ? Le modèle nord-américain est-il vraiment la panacée, le but vers lequel tendre tant il règle adéquatement tous les défis du sport ?

Plusieurs auteurs se sont penchés sur ces questions, en particulier sur le fait de savoir si la transposition du modèle américain des ligues fermées au modèle européen était envisageable et souhaitable 85 . On parle à ce sujet d’ « américanisation » du sport.

Pour notre part, nous sommes convaincus que l’adoption en Europe de ligues fermées n’est pas souhaitable tant elle s’opposerait de manière frontale au « modèle européen ». Nous partons du principe que le système de promotion et relégation constitue une donnée de base de l’équation et n’est pas négociable.

Nous ne considérons dès lors pas la fermeture des ligues comme un instrument susceptible d’améliorer la santé financière des clubs 86 . Selon notre conception, le vrai défi consiste à adapter certains outils ayant fait leurs preuves en Amérique du Nord aux réalités européennes, mais en aucun cas de transformer le modèle européen en important toutes les solutions nord- américaines telles quelles.

84 Idem , p. 4. 85 Voir notamment Parrish et Miettinen (2008), p. 20 ss ; Gardiner et al. (2006), p. 163 ss ; Szymanski (2006), p. 304 ss ; Lavoie (2005), p. 61 ss ; Gouguet (2005), p. 21 ss ; Szymanski (2004), p. 19 ss ; Gardiner (2000), p. 17 ss ; Hoehn et Szymanski (1999), p. 205 ss ainsi que Primault et Rouger (1999), p. 181 ss ; 86 Dans le même sens, Bolotny (2005), p. 35. 29

Titre II : Les principaux objectifs dans la réglementation du sport

Nous n’envisageons pas sous ce titre de traiter de manière exhaustive tous les défis auxquels le régulateur sportif doit faire face. Notre objectif, plus modestement, consiste uniquement à mettre en exergue le fait que les objectifs du régulateur sportif sont nombreux et complexes.

Dans un premier temps, nous évoquons deux problématiques incontournables et qui peuvent potentiellement toucher toutes les disciplines sportives, qu’elles soient individuelles ou collectives : le dopage et la manipulation des compétitions sportives. Puis, dans un second chapitre consacré aux défis spécifiques des sports collectifs, nous abordons les deux grands thèmes – indissociables l’un de l’autre – qui seront traités de manière plus détaillée dans la suite de cet ouvrage : l’équilibre de la compétition sportive et la stabilité financière des clubs.

Chapitre I : En général

Lorsque l’on cherche à identifier les principaux défis auxquels sont confrontés les instances sportives, le dopage nous vient naturellement à l’esprit. En raison du nombre de cas de sportifs convaincus de dopage et de l’importante couverture médiatique que ces « affaires » génèrent, il est indéniable que ce thème doit être placé dans les priorités de l’agenda des fédérations sportives.

Si la thématique du dopage (I.) est omniprésente dans le débat et a déjà fait l’objet de nombreux travaux scientifiques, y compris sous l’angle du droit 87 , elle ne doit toutefois pas éclipser d’autres problèmes pouvant eux aussi mettre à mal l’intégrité du sport et de la compétition. Ces derniers mois, un sujet en particulier est apparu brûlant et a eu un large écho dans la presse : la manipulation des compétitions sportives en lien avec les activités de paris (II.).

I. La lutte contre le dopage

Il s’agit de l’une des principales préoccupations des fédérations sportives et l’une des plus grandes menaces du sport actuel. Les instances du sport déploient d’ailleurs beaucoup d’énergie en vue d’éradiquer ou à tout le moins limiter ce véritable fléau.

Le CIO considère la lutte contre le dopage comme une priorité. Il s’agit en effet d’une question d’éthique et de santé, en lien avec les principes fondamentaux du Mouvement olympique.

A. Bref historique de la lutte antidopage

Cette problématique n’est pas récente. La pratique consistant à améliorer les performances en recourant à des substances ou à d’autres moyens artificiels est en effet aussi ancienne que le sport de compétition lui-même.

La nécessité de réglementer le dopage dans le sport s’est imposée dès les années 1920. En 1928, l’association internationale des fédérations d'athlétisme a été la première organisation sportive internationale à interdire le recours à des substances stimulantes. Beaucoup d’autres fédérations ont suivi son exemple, mais les restrictions sont demeurées sans effet faute de

87 Pour un bon aperçu général des règles en matière de dopage, voir notamment Vieweg et Siekmann (2007), p. 30 ss. 30 tests. Le problème s’est aggravé dans l’intervalle avec l’apparition des hormones synthétiques dans les années 1930 et leur utilisation grandissante à des fins de dopage dans les années 1950. Le décès d’un cycliste danois pendant les Jeux Olympiques de Rome en 1960 — l’autopsie avait révélé des traces d’amphétamine — a accentué les pressions exercées sur les autorités sportives pour introduire des contrôles du dopage.

En 1966, l’Union cycliste internationale (UCI) et la FIFA ont été parmi les premières fédérations internationales à effectuer des contrôles du dopage pendant leurs championnats du monde respectifs. L’année suivante, un autre décès tragique, celui du cycliste Tom Simpson pendant le Tour de France, avait montré l’urgence de la lutte contre le dopage.

En 1967 le CIO a créé une commission médicale et dressé une première liste de substances interdites. Des contrôles de dopage ont été effectués à l’occasion des Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble et des Jeux Olympiques d'été de Mexico en 1968.

La plupart des fédérations sportives internationales ont commencé à réaliser des contrôles du dopage dans les années 1970. En 1986, le CIO a interdit le dopage sanguin. D’autres tentatives de dopage ont consisté à augmenter le taux d’hémoglobine des sportifs, notamment avec l’érythropoïétine, qui a été ajoutée en 1990 à la liste des substances interdites par le CIO.

En 1998, la police française a découvert une grande quantité de substances interdites lors d’un contrôle effectué pendant le Tour de France. Ce scandale s’est soldé notamment par une discussion sur le rôle des pouvoirs publics dans la lutte contre le dopage, qui a conduit à la création, le 10 novembre 1999, de l’AMA 88 .

B. La notion de « dopage »

Le mot « dopage » vient sans doute du néerlandais « dop », qui désigne une boisson alcoolisée à base de peaux de raisin que les guerriers zoulous consommaient pour augmenter leurs prouesses au combat. L’utilisation du terme s’est répandue au début du XXe siècle, d’abord pour faire référence au dopage illicite des chevaux de course 89 .

La définition du dopage est capitale, car elle détermine le champ d’application de la lutte contre ce phénomène. Elle est indispensable à la sécurité du droit.

Il existe plusieurs définitions du dopage, qui ont évolué au fil du temps.

1. L’exigence d’une faute de l’athlète

La première définition du dopage 90 exigeait une faute de l’athlète. Ainsi, lors du Colloque européen sur le dopage tenu à Uriage-les-Bains en janvier 1963, la première définition officielle prévoyait que « (…) l’utilisation de substances ou de tous moyens destinés à augmenter artificiellement le rendement en vue ou à l’occasion de la compétition et qui peut porter préjudice à l’éthique sportive et à l’intégrité physique et psychique de l’athlète » est considérée comme du dopage.

88 Voir supra Partie I, Titre I, Chapitre I, VI, B. 89 Zen-Ruffinen (2002), p. 434. 90 A l’époque, on parlait plutôt de « doping ». 31

Cette définition s’est toutefois révélée peu praticable en raison du caractère intentionnel de l’infraction 91 .

2. L’énumération des substances et méthodes prohibées

Les définitions les plus récentes 92 se contentent d’énumérer les substances et les méthodes prohibées 93 . Il n’est désormais plus nécessaire que l’athlète ait agi fautivement. L’innocence de l’athlète ne supprime donc pas le cas de dopage, mais uniquement la sanction 94 .

3. L’absence de définition universellement reconnue

Il n’existe pas de définition universellement reconnue du dopage. Celle proposée par la « Conférence mondiale sur le dopage » semble toutefois être considérée comme la référence, eu égard aux nombreuses fédérations sportives qui l’ont adoptée dans leur réglementation et aux textes étatiques qui ont très fréquemment 95 repris cette définition.

Cette définition a la teneur suivante :

« Est considéré comme dopage l’usage d’un artifice (substance ou méthode) potentiellement dangereux pour la santé des athlètes et/ou susceptible d’améliorer leur performance, ou la présence dans l’organisme de l’athlète d’une substance ou la constatation de l’application d’une méthode qui figurent sur une liste annexée au Code Antidopage du Mouvement olympique ».

C. Les principales bases légales de la lutte contre le dopage

Des organisations internationales ainsi que certains Etats ont adopté des textes afin de lutter contre le dopage dans le sport (1.). Mais l’instrument qui constitue véritablement la pièce maîtresse du système et qui a été adopté par l’ensemble du Mouvement olympique est le Code mondial antidopage (CMAD) (2.).

1. Les textes étatiques a) La Convention du Conseil de l’Europe contre le dopage

Le 16 novembre 1989, le Conseil de l’Europe a adopté une Convention contre le dopage. Ce texte a essentiellement pour but la réduction et, à terme, l’élimination du dopage dans le sport, conformément à son article 1 er .

Selon l’article 2 de la Convention, le dopage est « l’administration aux sportifs ou l’usage par ces derniers de classes pharmacologiques d’agents de dopage ou de méthodes de dopage ».

91 Dallèves (1993), p. 116. 92 Ainsi en est-il notamment de la Convention du Conseil de l’Europe contre le dopage, du Code de la santé publique française ou du Code médical du Mouvement olympique. 93 Voir les art. 1 er et 2 du Code mondial antidopage (CMAD). 94 Zen-Ruffinen (2002), p. 434. 95 La Suisse constitue à cet égard une exception notable. Elle donne au dopage sa propre définition en prévoyant, à l’art. 2 de son ordonnance sur les produits dopants, qu’est réputé dopage « l’utilisation de produits des classes de substances interdites ou de méthodes interdites par la présente ordonnance ». 32

L’Annexe à la Convention contre le dopage reprend la liste de substances interdites prévue dans le CMAD. b) La Convention internationale de l’UNESCO contre le dopage dans le sport

Le 19 octobre 2005, l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a adopté une Convention internationale visant à promouvoir la prévention du dopage dans le sport et la lutte contre ce phénomène en vue d’y mettre un terme.

Le principal apport de cette convention est de consacrer la reconnaissance par la communauté internationale des principes animant le CMA 96 . Conformément à l’article 1 er de la Convention UNESCO contre le dopage, la volonté des Etats parties est de se doter d’un instrument juridique afin de promouvoir la prévention du dopage et la lutte contre ce phénomène en vue d'y mettre un terme. Dans ce but, les Etats parties s'engagent à respecter les principes du CMAD, comme cela ressort de l’article 4 de la Convention UNESCO contre le dopage. c) Les réglementations nationales

Certains pays ont adopté des dispositions législatives dans le domaine du dopage. C’est le cas notamment de la France qui, avec son Code de la santé publique 97 , est souvent citée comme un modèle à suivre par les autres pays.

2. Le Code mondiale antidopage (CMAD) a) Généralités

Le CMAD a été adopté par l’ensemble du Mouvement olympique 98 et constitue « (…) le document fondamental et universel sur lequel repose le Programme mondial antidopage dans le sport 99 ».

Ce texte est entré en vigueur le 1 er janvier 2004 et est accompagné de cinq standards internationaux destinés à harmoniser les différents domaines de l’antidopage, à savoir : (i) le contrôle du dopage, (ii) le travail des laboratoires, (iii) la liste des substances et méthodes interdites, (iv) les autorisations d’usage à des fins thérapeutiques et (v) la protection des renseignements personnels.

Le CMAD a notamment permis de formaliser un certain nombre de règles et de clarifier les responsabilités des différents acteurs de la lutte contre le dopage, amenant une harmonisation là où les règles et les pratiques variaient entre les différents sports et pays. b) Les principales caractéristiques du CMAD

96 Le CMAD étant un document non gouvernemental qui s’applique uniquement aux membres des organisations sportives, la Convention de l’Unesco contre le dopage constitue le cadre juridique permettant aux gouvernements de traiter d’aspects spécifiques du problème du dopage qui ne relèvent pas du domaine du mouvement sportif. 97 Voir en particulier les art. 3611 ss du Code de la santé publique. 98 Ainsi, conformément à l’art. 44 de la Chartre olympique, le CMAD est obligatoire pour l’ensemble du Mouvement olympique. 99 Voir l’introduction au CMAD, p. 11. 33

Il n’est pas dans notre intention de nous livrer à une étude complète du CMAD. Nous souhaitons uniquement mettre en exergue certaines de ses principales caractéristiques, afin de mieux cerner son importance pratique. aa ) Le notion de dopage

La notion de dopage est prise dans un sens large. En vertu des articles 2.1 à 2.8 CMAD, la violation des règles antidopage ne comporte pas seulement le fait de se doper, mais encore la tentative de se doper, le refus de se présenter à un contrôle, la violation des exigences de disponibilité des sportifs pour les contrôles hors compétition, la falsification de prélèvements, la possession de substances ou méthodes interdites, le trafic de substances ou méthodes interdites, l’administration, la tentative d’administration d’une substance ou méthode interdite à un sportif, de même que l’assistance, l’incitation, la contribution, l’instigation, la dissimulation, toute forme de complicité entraînant la violation d’un règlement antidopage ou toute autre tentative de violation.

Il faut toutefois relever que le sportif peut justifier la prise de produits dopants par l’usage à des fins thérapeutiques au sens de l’article 4.4 du CMAD 100 . bb ) Le principe de la responsabilité objective

Conformément à l’article 2.1.1 CMAD, chaque athlète doit « s’assurer qu’aucune substance interdite ne pénètre dans son organisme ». Ainsi, en cas de contrôle positif, il ne sera pas nécessaire de prouver la faute du sportif : la simple présence de produits dopants suffit.

Il s’agit donc d’une responsabilité objective dans le sens où aucune faute de l’athlète n’est requise 101 . c) La révision du CMAD

Dans le but de renforcer encore les programmes antidopage dans le monde entier, l’AMA a lancé en 2006 un processus de révision du CMAD qui a conduit à l’adoption d’une nouvelle version, entrée en vigueur le 1 er janvier 2009.

Cette nouvelle édition va encore plus loin dans l’harmonisation puisque tous les sportifs bénéficient désormais des mêmes procédures et protections antidopage, quels que soient leur sport, leur nationalité ou le pays où ils sont contrôlés. aa ) Les substances spécifiées

Le CMAD introduit une nouvelle notion : les « substances spécifiées », prévues à son article 4.2.2. Il ne parle dès lors plus de « substances spécifiques 102 », désormais intégrées aux premières.

100 Jäggi (2008), p. 11. 101 Au sujet de la délicate question du respect des droits fondamentaux de l’athlète, voir notamment Soek (2002), p. 2 ainsi que Vieweg et Paul (2002), p. 3, qui estiment que les droits des athlètes sont violés. Contra : Kaufmann-Kohler et al. (2003), p. 37 ss. 102 Avant la réforme, les « substances spécifiques », conformément à l’ancien art. 4.3 CMAD, étaient soit particulièrement susceptibles d'entraîner une violation non intentionnelle des règlements antidopage compte tenu de leur présence fréquente dans des médicaments, soit moins susceptibles d'être utilisées avec succès comme agents dopants. 34

L’athlète contrôlé positif ou étant en possession de « substances spécifiées » a la possibilité d’établir comment la substance en question s’est retrouvée dans son organisme ou en sa possession et que sa consommation ne visait pas à améliorer ses performances ou à masquer d’autres produits selon l’article 10.4 CMAD 103 . bb ) Les sanctions

Le CMAD révisé a introduit la notion de circonstances aggravantes à son article 10.6. Il est ainsi possible d’infliger une sanction allant jusqu’à quatre ans de suspension.

En outre, il existe désormais une suspension provisoire obligatoire. Dans une optique d’accélération de la gestion des cas de dopage, l’article 7.5.1 CMAD impose une suspension provisoire obligatoire à la suite d’un résultat anormale de l’échantillon A en relation avec des substances interdites. cc ) Un mécanisme d’incitation aux aveux

En application de l’article 10.6 CMAD, un sportif accusé d’avoir violé des règles antidopage avec circonstances aggravantes peut éviter l’application d’une sanction supérieure à deux ans de suspension en procédant à des aveux.

Par ailleurs, lorsqu’un sportif avoue une violation des règles antidopage, avant même d’avoir reçu un avis de prélèvement d’échantillon et que cet aveu est la seule preuve fiable à ce moment-là, la période de suspension pourra être réduite de moitié par rapport à la sanction normale applicable.

Concernant le mécanisme déjà connu de réduction de la suspension en cas d’aide substantielle fournie par le sportif, il devient encore plus tentant puisque la période de suspension pouvant être levée passe de la moitié aux trois quarts de la période de sanction normalement applicable, conformément à l’article 10.5.3 CMAD. dd ) Les contrôles manqués

Le CMAD révisé a introduit des critères quant au nombre de contrôles pouvant être manqués. Conformément à l’article 2.4 CMAD, la combinaison de trois contrôles manqués et/ou manquements à l'obligation de transmission d'informations sur la localisation pendant une période de dix-huit mois constitue une violation des règles antidopage.

II. La lutte contre la manipulation des compétitions sportives

La lutte contre la manipulation des compétitions sportives constitue un nouveau champ de bataille pour le régulateur sportif, au moins aussi important que celui du dopage. En effet, si le résultat d’une rencontre est connu à l’avance, la compétition n’a plus aucun intérêt.

103 Cette nouveauté devrait sensiblement limiter les effets de la responsabilité objective dans la mesure où la sanction sera désormais déterminée en fonction de l’intention de l’athlète. Dans le même sens, Jäggi (2008), p. 13. 35

La manipulation des compétitions sportives s’inscrit dans le cadre plus large de la lutte contre la corruption dans le secteur du sport 104 . Elle peut obéir à diverses motivations, dont la plus fréquente est certainement l’argent. La manipulation des compétitions sportives s’inscrit en effet souvent dans un contexte de paris et l’apparition de sociétés de paris offshore actives dans différents pays et au travers d’internet augmente sensiblement le risque de tricherie.

Un examen complet des relations entre le sport et les paris (A.) ainsi que des mesures de lutte contre la manipulation des compétitions sportives (B.) sortirait largement de notre cadre d’analyse. Au risque de nous répéter, notre but n’est pas de traiter cette problématique de manière exhaustive mais simplement d’attirer l’attention du lecteur sur le fait que le régulateur sportif doit faire face à de nombreux et délicats problèmes.

A. Les relations entre le sport et les paris

Le sport entretient une relation étroite avec les paris depuis de très nombreuses années. Pour certaines disciplines, telles les courses de chevaux, l’organisation de paris est d’ailleurs vitale. A défaut, elles ne seraient tout simplement pas viables financièrement.

S’il est vrai que tous les sports ne sont pas aussi dépendants des paris que les courses de chevaux, il n’empêche que les montants générés par l’industrie du pari sont si importants qu’il pourrait être tentant d’influer sur la « glorieuse incertitude du sport ». L’aléa sportif se concilie en effet assez mal avec la sécurité recherchée par les investisseurs, fussent-ils parieurs. Les activités de paris ont toujours suscité la convoitise de la criminalité organisée et les paris sportifs n’échappent malheureusement pas à cette règle 105 . Les compétitions sont alors manipulées en s’assurant la coopération de certains acteurs du sport, tels les joueurs 106 ou arbitres 107 .

Le danger se concrétise particulièrement dans des sports populaires, à grande échelle, qui génèrent et drainent des masses financières importantes 108 , à l’image du football.

B. Les mesures prises pour lutter contre la manipulation des compétitions sportives

Afin d’éviter les effets néfastes engendrés par les paris sportifs, il est nécessaire de réglementer cette activité, aussi bien au niveau étatique (1.) que des instances sportives (2.). En outre, il faut que ces interventions soient concertées, dans le sens où il est important que les fédérations sportives puissent collaborer étroitement avec les autorités nationales et internationales. Des contacts doivent par exemple être noués entre les instances sportives et le Groupe d’action financière (GAFI) 109 .

104 Voir le Rapport Transparency (2008), p. 6 à 12. Les principaux modes de corruption dans le sport sont la manipulation de matches, la soustraction ou le détournement de fonds destinés au sport, les pots-de-vin concernant le lieu d’organisation d’un championnat ou visant à modifier des résultats sportifs, les commissions occultes liées aux transferts de joueurs et le trucage d’élections d’instances sportives. 105 Gafner et De Preux (2010), no 36 ss. 106 Selon le Parquet de Bochum , en charge d’une vaste enquête sur des affaires de fraude en relation avec les paris sportifs, quelque deux-cents matches de football ont tout récemment été truqués. Neuf championnats européens ainsi que plusieurs rencontres de Champions League sont concernés. 107 En Allemagne, en 2005, un arbitre a avoué devant la justice avoir manipulé plusieurs rencontres pour le compte d’une organisation criminelle croate liée à une agence de paris en ligne. 108 Rapport GAFI (2009), p. 7 ss. 109 Le GAFI est l’instance intergouvernementale désignée pour coordonner les unités d’information nationales travaillant avec les forces de police sur le blanchiment d’argent et la corruption dans le football. Il a récemment publié un rapport intitulé « Money Laundering through the Football Sector ». 36

1. Les mesures prises par les autorités étatiques

La réglementation de l’industrie des paris par le gouvernement constitue une première solution. D’ailleurs, dans de nombreux pays, notamment occidentaux, les paris sont rigoureusement réglementés par les autorités. Ces activités sont en effet souvent considérées comme moralement répréhensibles et de nombreux Etats les ont interdits, restreints 110 ou ont institué des monopoles publics 111 .

Compte tenu de la mondialisation des paris, le fait qu’un pays réglemente les paris en ligne n’aura cependant que peu d’impact sur le comportement des parieurs. L’apparition d’internet a en effet révolutionné le monde du paris et a placé le législateur dans une situation délicate, tant il est vrai qu’il est difficile de réglementer un marché global et sans frontières. Il est donc indispensable d’avoir une approche globale et concertée du problème.

2. Les mesures prises par les instances sportives

Les instances sportives ont également un rôle à jouer dans la lutte contre la manipulation des compétitions. Elles peuvent en effet réduire significativement le risque de corruption en adoptant certaines mesures, telles par exemple l’interdiction de parier sur son propre sport ou la mise en place de sanctions appropriées en cas de manipulation de compétitions. Nous allons brièvement évoquer les mesures entreprises dans le monde du football. a) L’exemple de la FIFA

La FIFA prévoit à l’article 15 de son Code d’éthique l’interdiction de « (…) la participation directe ou indirecte de tout officiel, joueur et agent de joueurs, à toute forme de paris, loteries et autres activité similaires ainsi que la détention directe ou non, d’intérêts économiques dans des entreprises exerçant cette activité ».

Quant à l’article 61 du Code disciplinaire de la FIFA, il a la teneur suivante :

« 1. Celui qui offre, promet ou octroie un avantage indu à un organe de la FIFA, à un officiel de match, à un joueur ou à un officiel, pour lui ou un tiers, afin d’amener cette personne à violer la réglementation de la FIFA sera puni : a) d’une amende d’au moins CHF 10'000.-, b) d’une interdiction d’exercer toute activité relative au football, et c) d’une interdiction de stade.

2. La corruption passive (solliciter, se faire promettre ou accepter un avantage indu) est sanctionnée de la même manière.

3. Dans les cas graves et en cas de récidive, la sanction de l’alinéa 1 lettre b pourra être prononcée à vie.

110 La restriction peut porter sur certains territoires, comme le Nevada aux Etats-Unis, ou sur certaines institutions, comme les casinos. 111 Pour plus de détails, voir notamment Hamdan (2008), p. 1 ss. 37

4. Dans tous les cas, l’autorité prononcera la confiscation des valeurs patrimoniales qui ont servi à commettre l’infraction. Ces valeurs seront utilisées pour le programme de développement du football. ».

Outre ces dispositions réglementaires, un système préventif d'alerte pour la compétition préliminaire de la Coupe du Monde 2010 a été mis en place : le Early Warning System (EWS). Son but est de surveiller les paris portant sur les matches de toutes les compétitions organisées sous l’égide de la FIFA. b) L’exemple de l’UEFA

L’UEFA a également adopté des mesures en vue de lutter contre la manipulation de ses compétitions. Ainsi, l’article 5 alinéa 2 du Règlement disciplinaire de l’UEFA prévoit notamment que celui qui corrompt ou tente de corrompre, de manière active ou passive (let. a) ou qui agit de façon à influencer le déroulement et/ou le résultat d’un match par un comportement contraire aux buts statutaires de l’UEFA, en vue d’obtenir un avantage indu pour lui-même ou pour un tiers (let. j) ou qui participe directement ou indirectement à des paris, à des activités similaires en relation avec des matches de football organisés par l’UEFA ou a des intérêts financiers directs ou indirects à des telles activités (let. l) enfreint les principes de loyauté, d’intégrité et d’esprit sportif.

Les sanctions envisageables, conformément à l’article 14 du Règlement disciplinaire de l’UEFA, sont les suivantes :

- la mise en garde ;

- le blâme ;

- l’amende ;

- l’annulation de résultats de matches ;

- la répétition de matches ;

- la déduction de points ;

- la déclaration de forfait ;

- le match à huis clos ;

- la suspension de stade ;

- l’organisation de matches dans un pays tiers ;

- l’exclusion de la compétition en cours et/ou à venir ;

- le retrait d’un titre ou d’un mérite ; ou

- le retrait d’une licence.

38

Récemment, une décision a été rendue dans un contexte de corruption à l’encontre d’un club macédonien, le FK Pobeda . Le club a été jugé coupable d’avoir délibérément perdu un match et a été suspendu huit ans par l’UEFA de toutes compétitions européennes 112 .

S’agissant des personnes physiques en particulier, l’article 15 du Règlement disciplinaire de l’UEFA prévoit les mesures disciplinaires suivantes :

- la mise en garde ;

- le blâme ;

- l’amende ;

- la suspension pour un certain nombre de matches, pour une durée déterminée ou indéterminée ;

- la suspension de fonction pour un certain nombre de matches, pour une durée déterminée ou indéterminée ;

- l’interdiction d’exercer toute activité liée au football ; ou

- le retrait d’un titre ou d’un mérite.

Tout comme la FIFA, l’UEFA a également mis en place un mécanisme de prévention : le Betting Fraud Detection System (BFDS). Il s’agit d’un système informatique de détection des fraudes qui surveille tous les paris suspects pouvant intervenir au cours des compétitions UEFA et des championnats nationaux de première et deuxième division.

L'objectif principal est le contrôle centralisé de tous les matches de football professionnels européens et la coordination de mesures efficaces pour protéger l'intégrité des compétitions de football européennes. Ce système permet aux associations membres de recevoir des données détaillées sur les matches suspects ainsi que des instructions quant aux investigations à mener.

Chapitre II : Dans les sports collectifs en particulier

Les difficultés en relation avec le dopage et la corruption dans le sport touchent toutes les disciplines sportives, individuelles ou collectives. Toutefois, s’agissant plus particulièrement des sports d’équipe, s’ajoutent encore d’autres défis, également très délicats.

Là non plus, nous ne prétendons pas à l’exhaustivité. Conscients que le régulateur d’un sport collectif doit faire face à plusieurs impératifs, telles par exemple l’obligation d’indépendance des clubs 113 ou la sécurité dans les stades 114 , nous avons néanmoins souhaité limiter notre recherche à deux thèmes principaux, que nous considérons être essentiels et

112 Cette décision a été prise par l’Instance d’appel de l’UEFA le 27 mai 2009 et la sanction a été confirmée par le TAS (CAS, 15.04.2010, FK Pobeda, Aleksandar Zabrcanec et Nikolce Zdraveski v. UEFA , aff. 2009/A/1290). 113 En 1998, l’UEFA avait adopté un règlement intitulé « Intégrité des compétitions interclubs de l’UEFA : indépendance des clubs » dont la validité a ultérieurement été confirmée dans l’affaire ENIC aussi bien par le TAS (CAS 98/200, 20.08.1999, AEK Athens et SK Slavia Prague v. UEFA , aff. 98/A/200) que par la Commission européenne (Commission européenne, 25.06.2002, ENIC / UEFA , aff. 37806). Voir également infra Partie V, Titre II, Chapitre II, III, C. 114 Voir Dutoit (2008), no 1 ss. 39 complémentaires : l’équilibre de la compétition sportive (I.) et la stabilité financière des clubs professionnels (II).

I. L’équilibre de la compétition sportive

A. L’importance de l’équilibre compétitif

Le postulat fondamental consiste en ce que la qualité du spectacle produit par deux équipes dépend de l’équilibre des forces en présence. Autrement dit, plus la compétition est équilibrée, plus l’intérêt des supporters est élevé et plus les recettes du championnat sont importantes 115 .

Il est en effet admis que la différence de niveau des participants joue un rôle important puisqu’une compétition avec un seul club dominant n’est pas aussi intéressante que celle comprenant plusieurs clubs de valeur sensiblement égale 116 . Plus l’issue de la compétition est incertaine, plus le produit offert est attractif. Il s’ensuit que dans le monde du sport, les clubs n’ont pas seulement besoin de compétitions mais aussi, d’un point de vue économique, de concurrents de qualité égale 117 .

Il s’agit d’une particularité du sport puisque dans les autres secteurs de services ou industries, on cherche à bannir les entreprises non compétentes du marché. Les athlètes et clubs sportifs ont donc non seulement intérêt à ce qu’il existe d’autres concurrents mais également qu’ils soient économiquement viables. Dans une affaire relative au basketball professionnel américain, la Cour a d’ailleurs été relevé que « (…) a league with one team would be like one hand clapping 118 ».

Il importe en outre de garder à l’esprit que le maintien de l’équilibre de la compétition sportive, bénéfique d’un point de vue économique, s’oppose au principe découlant du sport lui-même qui veut que le club tende à devenir le meilleur possible afin de dominer ses concurrents. Il existe donc une tension inhérente entre les intérêts privés de chaque club et les intérêts collectifs de la ligue 119 .

B. L’équilibre de la compétition sportive d’un point de vue économique

L’équilibre de la compétition sportive constitue un thème important, qui se trouve au cœur de la réflexion de nombreux économistes du sport, européens comme américains 120 .

Une analyse économique détaillée de la compétition sportive sortirait largement du cadre de cette recherche. Nous avons toutefois jugé utile de mettre en exergue une partie de la

115 Bourg et Gouguet (2007), p. 187. 116 Dans le même sens, Disney (2007), p. 149. 117 Etude KPMG et al. (2000), p. 315. Dans le même sens, Bourg (2005), p. 44, considère qu’il est important que la notion d’incertitude demeure le fondement même de toute compétition. Selon cet auteur, les organes en charge de la gestion des championnats doivent avoir pour objectif la préservation d’un équilibre des clubs engagés. 118 Chicago Professional Sports LP vs NBA , 95 F 3d 593, 598 (7 th Cir. 1996). 119 Cette tension a notamment été illustrée dans le monde du football européen par la création d’un groupe de dix-huit clubs européens, le G-14, qui cherchait à créer une ligue supranationale, financièrement plus intéressante que la participation aux championnats nationaux. Cette tentative a finalement avorté et le G-14 a été dissout en 2008 au profit de l’Association européenne des clubs. Pour plus de détails sur le G-14, voir Grant (2009), p. 405 ss. 120 Pour un aperçu général des diverses tendances, voir Fort et Maxcy (2003), p. 155. 40 littérature consacrée à ce vaste sujet, tant l’approche économique apporte un éclairage intéressant et parfois critique sur la nécessité de réguler le marché. On distingue en principe entre (i) les développements théoriques et (ii) l’analyse empirique de l’équilibre compétitif.

121 122 (i) ROTTENBERG ainsi qu’EL-HODIRI et QUIRK sont les premiers économistes à s’être intéressés à la question de l’équilibre sportif. Plus récemment, FORT et 123 124 125 126 QUIRK , HOEHN et SZYMANSKI , DOBSON et GODDARD ainsi que KESENNE ont également étudié la question, souvent dans une perspective comparatiste entre les modèles européens et nord-américains 127 .

(ii) La littérature empirique porte sur deux thèmes principaux : l’analyse de l’équilibre sportif proprement dit d’une part et l’examen de ses effets sur les supporters d’autre part 128 .

Selon une définition largement admise par les économistes du sport, « [l]’équilibre compétitif est considéré (…) comme étant le rapport de l’écart-type du pourcentage de victoires effectif sur l’écart-type théorique 129 ». Il résulte de cette définition que la compétition sera vive si ce rapport est proche de zéro et qu’elle sera au contraire de plus en plus déséquilibrée à mesure que le ratio augmente. Cet indicateur permet ainsi de mesurer l’évolution de la concurrence à l’intérieur d’une même compétition et de comparer les degrés d’incertitude de plusieurs championnats entre eux 130 .

Certains auteurs se sont d’ailleurs livrés à ce genre d’exercice 131 . De prime abord, il ressort de leur analyse que les interventions du législateur n’ont aucun effet sur l’équilibre de la compétition sportive, confortant ainsi la « proposition d’invariance » développée par 132 ROTTENBERG en 1956 déjà . Selon cette théorie, la répartition des talents entre les clubs est absolument identique qu’il existe ou non des restrictions à la mobilité des joueurs ou des règles de partage des revenus, tant que les propriétaires des clubs cherchent à maximiser les profits. Ces résultats ont conduit certains auteurs à estimer que « [t]he competitive balance issue is perhaps the most widely-held sports myth 133 ».

Cette approche est toutefois critiquée en tant qu’elle ne constitue pas un indicateur complet et totalement pertinent pour mesurer les inégalités de performances des équipes. En effet, une domination stable et persistante de quelques clubs, toujours les mêmes, n’est pas prise en compte dans cet indicateur. Il convient dès lors d’utiliser plutôt une mesure de corrélation des résultats sportifs annuels des équipes. Avec un tel instrument, il ressort en effet clairement

121 Rottenberg (1956), p. 242 ss. 122 El-Hodiri et Quirk (1971), p. 1302 ss. 123 Fort et Quirk (1995), p. 1265 ss. 124 Hoehn et Szymanski (1999), p. 205 ss. 125 Dobson et Goddard, (2001) p. 1 ss. 126 Késenne (1999), p. 117 ss. 127 Pour une liste des principales contributions relatives aux développements théoriques de la compétition sportive, voir Marburger (2002), p. 122 ss. 128 Pour une liste des principales contributions en la matière, voir Fort et Maxcy (2003), p. 155. 129 Bourg (2005), p. 44 . 130 Idem , p. 45. 131 Voir notamment Bourg (2005), p. 45 ss, qui a examiné la répartition des forces dans les cinq principaux championnats de football en Europe, à savoir la France, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie. 132 Rottenberg (1956), p. 242 ss. 133 Noll (2002), §19:11, p. 29. 41 que les équipes victorieuses ont davantage tendance à demeurer des équipes victorieuses durant ces dernières années 134 , et donc que la compétition sportive n’est pas équilibrée.

C. La nécessité de réguler le marché : la régulation économique du sport

Partant du constat – largement partagé par les acteurs du sport – que l’équilibre de la compétition sportive ne peut être assuré sans une intervention externe, nous sommes d’avis que le marché du sport nécessite une régulation économique.

Comme le souligne à juste titre FRISON -ROCHE , « plusieurs définitions de la régulation demeurent recevables. Il faut simplement s’entendre sur les mots, dans une vision pragmatique du langage, (…) ce qui rend la définition efficace, sans que cela prétende exprimer les choses en elles-mêmes (…) 135 ».

Selon notre conception, nous entendons par « régulation économique » l’ensemble des techniques articulées entre elles pour organiser ou maintenir des équilibres économiques dans des secteurs, tels les sports collectifs, qui n’ont pas la force et les ressources de les produire eux-mêmes.

L’objet de la régulation est économique : il s’agit de maintenir des équilibres sur un marché. Pour y parvenir, on utilise le droit qui prévoit des règles constitutives d’outils permettant d’atteindre les objectifs fixés.

II. La stabilité financière des clubs professionnels

A. L’importance de la bonne santé financière des clubs

L’autre grand objectif poursuivi par le régulateur consiste à s’assurer que les clubs soient économiquement viables. Dans l’intérêt du sport en général, il est important que les clubs bénéficient d’une certaine santé financière ou, à tout le moins, ne connaissent pas de problèmes d’ordre financier. En effet, de tels difficultés ternissent non seulement l’image et le crédit du club, mais aussi ceux de la fédération et du sport concernés.

Pourtant, lorsque l’on regarde les statistiques relatives à la santé financière des clubs de football en Europe 136 , on s’aperçoit que leur situation n’est guère reluisante. Ainsi, en 2008, sur 654 clubs ayant fait l’objet d’une analyse financière individuelle, 47% d’entre eux n’ont pas terminé l’année 2008 en équilibre financier. Plus grave encore, près de la moitié de ces clubs déficitaires ont enregistré des pertes significatives, soit plus de 20% de leurs revenus 137 .

Récemment, certains clubs dont la situation financière était devenue si catastrophique ont même été mis en faillite, avec toutes les fâcheuses conséquences qui en découlent. Ainsi en est-il par exemple du FC Servette de Genève , dont le juge a prononcé la faillite le 4 février 2005 138 .

134 Lavoie (2005), p. 101ss. 135 Frison-Roche (2004), p. 7 ss. 136 Voir notamment l’Etude UEFA (2008), p. 1 ss ainsi que la traditionnelle Etude Deloitte sur la situation financière des clubs professionnels. 137 Voir l’Etude UEFA (2008), p. 12. 138 Pour plus de détails, voir notamment Oppatja (2005), no 1 ss. 42

En outre, il semble désormais que les difficultés financières touchent tous les championnats européens, y compris la Premier League anglaise, réputée pourtant être la ligue la plus riche d’Europe 139 .

Au vu de ces développements, il est absolument nécessaire d’intervenir afin de stabiliser la situation financière des clubs et surtout éviter des faillites aux conséquences très néfastes pour le sport.

B. Les difficultés en cas de faillite d’un club

La faillite d’un club pendant un championnat nuit au déroulement de la compétition 140 , d’un point de vue aussi bien économique (1.) que sportif (2.).

1. Les conséquences économiques

En principe, dans la compétition économique « classique », la disparition d’une entreprise ne porte pas atteinte aux perspectives des autres sociétés : la suppression d’un concurrent peut même améliorer leur situation. Il en va différemment s’agissant des clubs dans une compétition sportive. Ces derniers sont en effet dépendants les uns des autres dans l’offre de leur « produit ». L’absence de concurrents entraîne la disparition des matches et compétitions et les clubs n’ont donc plus aucun « produit » à offrir.

La diminution du nombre de matches que la disparition d’un club entraîne peut en outre se répercuter sur les contrats audiovisuels et de sponsoring conclus par l’organisateur de la compétition.

2. Les conséquences sportives

La faillite d’un club au cours d’un championnat peut également entraîner un certain nombre d’inégalités purement sportives ayant une influence néfaste sur l’intégrité de la compétition.

En cas de disparition d’un club au cours d’un championnat, plusieurs questions se posent, dont aucune réponse ne semble idéale. A titre illustratif, voici notamment quelques problèmes qu’il faut résoudre :

- Que faut-il faire des points gagnés par l’équipe désormais en faillite ?

- Qu’en est-il des points gagnés contre cette équipe en faillite, alors que d’autres clubs n’ont pas encore eu l’occasion de l’affronter ?

- Quelles sont les incidences sur le classement ?

Comme le laissent entendre ces quelques interrogations, la situation en cas de faillite d’un club est très problématique et il importe d’agir en amont afin d’éviter à tout prix une telle issue.

139 Voir notamment les récents scandales sur la situation financière des grands clubs historiques de Southampton et Portsmouth. 140 Pour plus de détails sur les effets de la faillite d’un club, voir notamment Adolphsen (2005), p. 65 ss ; König et De Vries (2003), p. 96 ss ainsi que Reichert (2003a), p. 3 ss. 43

C. La nécessité de contrôler les clubs

Il est nécessaire d’effectuer des contrôles au niveau de la situation financière des clubs, aussi bien dans une perspective de stabilité des clubs que d’équilibre de la compétition sportive.

L’absence de contrôle pourrait en effet conduire des clubs à ne pas se préoccuper de leur situation financière et à négliger leurs obligations sociales ou fiscales afin de bénéficier de liquidités supplémentaires pour être en mesure d’engager des joueurs ou des entraîneurs de plus haut niveau, voire en plus grand nombre 141 . Cela engendrerait dès lors de profondes inégalités dans la compétition sportive.

141 Dubey et Dupont (2002), p. 12. 44

PARTIE II : LES EXIGENCES VISANT A L’EQUILIBRE DE LA COMPETITION SPORTIVE

Titre I : Les exigences agissant sur le partage des revenus

Les exigences en matière de partage des revenus visent à atteindre un meilleure équilibre compétitif. On cherche à éviter que l’écart entre les clubs les plus populaires et les équipes moins médiatisées ne se creuse encore davantage par les revenus que ces clubs réalisent. L’idée est de lisser les revenus réalisés par l’ensemble des clubs afin notamment d’éviter que les clubs les plus riches ne puissent acquérir tous les meilleurs joueurs, au détriment des clubs moins prestigieux. Une compétition qui serait complètement dominée par une seule équipe attirerait en effet bien moins d’intérêt de la part des (télé-)spectateurs qu’un championnat très serré où chaque équipe est susceptible de battre son adversaire.

Chapitre I : La situation dans le football européen : La vente collective des droits TV

En Europe, la mutualisation des gains ne connaît pas une grande tradition et les interventions du régulateur en vue de garantir l’équilibre de la compétition sportive ont jusqu’à ce jour davantage porté sur le marché du travail 142 .

Ainsi, dans le monde du football, seules les recettes découlant de la vente des droits TV font parfois l’objet d’un partage entre les différents clubs participant à la compétition.

Après avoir défini ce que l’on entend par droits TV (I.), nous nous intéresserons à la délicate question de leur titularité (II.). Enfin, nous passerons en revue la situation qui a cours dans les principaux championnats européens de football (III.).

I. La notion de droits TV

Dans la mesure où chaque pays est compétent pour légiférer dans le domaine de la commercialisation des droits audiovisuels 143 , il existe diverses définitions des droits TV. Il en découle une absence d’homogénéité de la notion, renforcée encore par l’évolution technique considérable dans ce domaine, qui remet toujours plus en cause ses contours.

Dans un souci de clarté, nous avons néanmoins jugé nécessaire d’arrêter une définition du concept et avons considéré, avec ZEN RUFFINEN ET AL ., que les droits TV dans le sport constituent « …le[s] droit[s] d’exploiter les images d’une manifestation sportive, c’est-à-dire de filmer ces images, de les retransmettre et/ou de les vendre 144 ».

D’une manière générale, on distingue trois catégories de droits relatifs à l’exploitation de ces images : (i) les droits primaires, (ii) secondaires et (iii) tertiaires.

(i) Les droits primaires visent la retransmission en direct de la manifestation sportive. Cette retransmission peut avoir lieu par voie terrestre, câblée ou par satellite. Elle

142 Voir infra Partie II, Titre II. 143 Voir l’art. 345 TFUE. 144 Zen-Ruffinen et al. (1999), p. 146. 45

peut être diffusée en « pay-TV 145 », en « pay-per-view 146 » ou en « video-on- demand 147 ».

(ii) Les droits secondaires portent sur l’enregistrement des manifestations en vue de leur rediffusion ultérieure, que ce soit en entier ou seulement par extraits.

(iii) Quant aux droits tertiaires, ils concernent la vente des cassettes-vidéo ou des CD- ROM et leur fourniture aux sponsors. Ils portent également sur l’exploitation des images sur Internet.

II. La titularité des droits TV

Avant de se pencher sur les modes de commercialisation adoptés par les principaux championnats européens de football (III.), il est nécessaire au préalable d’aborder la question de la titularité des droits TV 148 . En effet, la commercialisation des droits TV ne peut être effectuée que par le titulaire des droits en question.

Les radiodiffuseurs sont disposés à payer d’importantes redevances uniquement à la personne qui leur permet de diffuser des images alors qu’elle serait en droit de le leur interdire. Il convient donc de définir qui est le titulaire originaire des droits TV, question fondamentale pour le financement des clubs et des fédérations sportives.

A priori , deux groupes d’acteurs sont susceptibles de pouvoir prétendre être titulaires des droits TV : le sportif (A.) et l’organisateur de la manifestation sportive (B.).

A. La position juridique du sportif

Le sportif pourrait fonder sa titularité sur le droit d’auteur ou sur le droit à l’image. Nous analyserons ci-dessous la législation suisse en la matière 149 .

1. Le droit d’auteur

Pour que le sportif puisse bénéficier de la protection de ses droits d’auteur, il faut que la manifestation sportive puisse être considérée comme une œuvre artistique. Conformément à l’article 2 alinéa 1 LDA, on entend par œuvre, quelles qu’en soient la valeur ou la destination, « (…) toute création de l’esprit, littéraire ou artistique, qui a un caractère individuel ».

145 La « pay-TV », ou chaîne à péage, est une chaîne de télévision dont l’accès est assujetti, au moins partiellement, à une commercialisation. Le téléspectateur paye un abonnement et reçoit un programme fixe. 146 Le « pay-per-view », ou paiement à la séance, peut être défini comme une catégorie de canaux de télévision à péage dans lesquels des films ou retransmissions sportives sont diffusés à plusieurs reprises et accessibles à l'unité. Le téléspectateur paye un abonnement qui ne lui donne le droit de regarder que certaines compétitions sportives déterminées à l’avance dans le contrat d’abonnement ; le téléspectateur ne paye en définitive que la « consommation » effective. 147 La « video-on-demand », ou vidéo à la demande, est une technique de diffusion de contenus vidéo numériques offerts ou vendus par les réseaux câblés comme Internet ou les réseaux non câblés comme la téléphonie 3G. 148 Voir également Osterwalder (2004), p. 93 ss ; Zen-Ruffinen (2002), p. 350 ss ainsi que Zen-Ruffinen et al. (1999), p. 145 ss. 149 Pour un bref aperçu du droit à l’image du sportif s’appliquant en Grande-Bretagne, Allemagne, Chine et Etats-Unis, voir White N. (2009), p. 69 ss. 46

La prestation sportive ne constitue pas une création de l’esprit et elle n’est ni littéraire ni artistique. Elle ne peut ainsi pas être considérée comme une œuvre protégée par le droit d’auteur et le sportif ne peut pas se prévaloir de cette protection.

2. Le droit à l’image

En droit suisse, l’image fait l’objet d’une protection en tant que telle. Le droit à l’image est en effet une composante autonome des droits de la personnalité au sens des articles 28 ss du Code civil suisse (CC).

Selon ce droit, chaque individu peut en principe décider lui-même s’il entend ou non que son image soit reproduite, publiée ou diffusée par un tiers, sous quelque forme que ce soit. La protection à l’image n’est toutefois pas la même pour le simple quidam ou pour les personnes qui, à l’instar des sportifs, sont devenues publiques par leur notoriété. Ces personnes doivent en effet accepter que leur image soit captée à l’occasion d’événements qui se réfèrent à leur activité publique ou qui sont à l’origine de leur célébrité.

Pour les sportifs, cela signifie qu’ils doivent, lorsqu’ils apparaissent en public à l’occasion de compétitions, accepter que leur image soit diffusée sur les écrans de télévision, aux fins d’information du public 150 .

3. Conclusion intermédiaire

Au vu de ce qui précède, on peut donc retenir qu’en Suisse, le sportif n’est pas titulaire des droits audiovisuels d’une compétition. Il ne dispose dès lors pas d’un droit lui permettant d’interdire la transmission ou d’exiger une redevance en contrepartie de l’autorisation de diffusion.

B. La position juridique de l’organisateur

La désignation de l’organisateur peut se fonder sur plusieurs critères. On peut d’une part se référer au « critère économique ». Selon ce critère, l’organisateur est celui qui prend implicitement sous sa responsabilité la constitution et le fonctionnement d’une ou plusieurs épreuves sportives 151 . Ce critère postule que les clubs, aussi bien recevant 152 que visiteur 153 , sont les organisateurs et donc les dépositaires des droits TV.

On peut d’autre part considérer comme organisateur celui sans lequel l’épreuve ne pourrait exister : il s’agit du « critère de la création d’un produit susceptible de commercialisation ». Selon cette théorie, un match n’est pas considéré comme un événement en soi mais comme un élément constitutif de l’événement que représente l’ensemble de la compétition. Pris en lui- même, ce match n’aurait pas de grande signification s’il n’était pas l’une des étapes vers l’attribution d’un titre. La fédération assume l’organisation administrative de la manifestation sportive. Elle établit en particulier les modalités de la compétition, le calendrier des matches,

150 Zen-Ruffinen et al. (1999), p. 149. 151 Pour une présentation détaillée des obligations des clubs de football suisses en matière de sécurité, voir Dutoit (2008), no 9 ss. 152 Le club recevant est considéré comme un organisateur dans la mesure où il assume la mise sur pied effective de la compétition et supporte les éventuelles pertes financières. 153 Le club visiteur est considéré comme un organisateur lorsqu’il prend lui-même en charge les frais de déplacement de son équipe, s’occupe de vendre des billets pour ses propres supporters et participe de manière concrète à l’organisation effective de l’épreuve. 47 nomme les arbitres, octroie les licences aux clubs et joueurs et prononce les sanctions disciplinaires. Ce critère postule donc que l’organisateur, et par conséquent le dépositaire des droits TV, est la fédération faîtière.

En Suisse, l’organisateur peut en théorie fonder sa titularité sur le droit d’auteur (1.), le droit d’être maître chez soi (« Hausrecht ») (2.) et la législation contre la concurrence déloyale (3.).

1. Le droit d’auteur

Comme relevé ci-dessus 154 , la prestation sportive ne constitue pas une œuvre protégée par le droit d’auteur. L’organisateur, pas plus d’ailleurs que le sportif, ne saurait dès lors être titulaire d’un droit d’auteur sur elle.

2. Le droit d’être maître chez soi (« Hausrecht »)

Selon cette théorie, l’organisateur est titulaire des droits TV par le simple fait que la manifestation se déroule « chez lui », c’est-à-dire dans un lieu dont il est le propriétaire ou le locataire 155 . La vente des droits TV peut dès lors être envisagée comme une contrepartie à la renonciation à exercer son « Hausrecht » vis-à-vis des médias intéressés à couvrir la manifestation.

3. La législation contre la concurrence déloyale

En mettant sur pied une manifestation sportive, l’organisateur accomplit un travail dont l’exploitation du résultat lui appartient. C’est la raison pour laquelle il peut recourir à la législation contre la concurrence déloyale pour interdire à une télévision de retransmettre la manifestation.

En Suisse, pour que la Loi fédérale contre la concurrence déloyale (LCD) s’applique, il faut qu’il existe un rapport de concurrence entre l’organisateur et la société de télévision d’une part et que la retransmission non autorisée constitue un comportement de concurrence déloyale au sens de l’article 2 LCD d’autre part, c’est-à-dire « trompeur ou qui contrevient de toute autre manière aux règles de la bonne foi et qui influe sur les rapports entre concurrents ».

Le rapport de concurrence est établi dans la mesure où les deux parties s’adressent au même public et où la retransmission de l’événement par la télévision est apte à influencer directement la position commerciale de l’organisateur, notamment en ce qui concerne la vente des billets d’entrée 156 .

Pour ce qui est du comportement déloyal de la part de la société de télévision, cette condition semble également remplie. En effet, la société de télévision adopte un comportement déloyal lorsqu’elle profite du travail, de l’engagement financier et de la responsabilité de l’organisateur pour la retransmission d’images qui ne s’obtiennent normalement que contre rémunération et qui, sans lui, n’existeraient pas 157 . Il s’ensuit que lorsqu’une société de télévision retransmet sans autorisation les images d’une manifestation sportive, elle viole

154 Voir supra Partie II, Titre I, Chapitre I, II., A., 1. 155 Zen-Ruffinen et al. (1999), p. 151. 156 Idem. , p. 152. 157 Ibid . 48 l’article 5 LCD qui prévoit qu’ « agit de façon déloyale celui qui reprend grâce à des procédés techniques de reproduction et sans sacrifice correspondant le résultat du travail d’un tiers prêt à être mis sur le marché et l’exploite comme tel ».

4. Conclusion intermédiaire

Il ressort de cette analyse que la titularité des droits TV appartient à l’organisateur de la manifestation en application aussi bien du « Hausrecht » que de la législation contre la concurrence déloyale 158 . Ce dernier est dès lors en droit d’interdire la transmission d’images ou d’exiger une redevance en contrepartie de l’autorisation de diffusion.

C. Conclusion

Les droits TV appartiennent à l’organisateur de la manifestation sportive, et non au sportif. Dans la mesure où la mise en place d’une manifestation sportive implique souvent plusieurs organisateurs, chacun d’entre eux dispose de la titularité des droits TV, si bien qu’il sont co- titulaires 159 .

Ainsi, conformément au droit suisse, les clubs, mais aussi la fédération faîtière, disposent de la compétence de vendre les droits TV. Cette question demeure toutefois plutôt académique puisqu’en pratique, le système fonctionne bien grâce à des accords entre toutes les parties prenantes 160 .

III. La commercialisation des droits TV au sein des principaux championnats européens

L’analyse de la titularité des droits TV a démontré qu’aussi bien les clubs que les fédérations faîtières sont compétents pour leur vente. En d’autres termes, il est possible et légitime de procéder aussi bien à une vente collective des droits par l’intermédiaire de la fédération qu’à une vente individuelle, où chaque club est compétent pour céder les droits TV des matches qui le concernent.

On distingue ainsi entre (i) la commercialisation centralisée et (ii) la commercialisation individuelle des droits TV.

(i) La « commercialisation centralisée » signifie que les droits TV sont vendus par la fédération nationale qui redistribue aux clubs les recettes tirées de la vente selon une clé de répartition préétablie 161 .

Cette mesure a pour but principal d’assurer un certain équilibre de la compétition sportive. Elle permet en effet une redistribution des recettes et renforce ainsi la structure des compétitions au sein du sport européen 162 .

158 Dans le même sens, Schimke (2003), p. 15. 159 Dans le même sens, Zen-Ruffinen et al. (1999), p. 154. 160 Dans le même sens, Verow et al. (2005), p. 327 ss. 161 Pour une comparaison des clés de répartition adoptées en France, Allemagne et Angleterre, voir Rapport Besson (2008), p. 33 ss. 162 Rapport Arnaut (2006), p. 50 ss ; Livre Blanc sur le sport (2007), p. 19, recommandation no 48. Pour une critique de l’efficacité de ce mécanisme, voir Szymanski (2002), p. 3 ss. Contra : Etude UEFA (2008), p. 46. 49

(ii) Quant à la « commercialisation individuelle » des droits TV, elle signifie que chaque club vend ses propres droits individuellement.

Ce mode de commercialisation est principalement défendu par les grands clubs de football. Ces derniers disposent en effet d’une immense popularité à travers le monde et peuvent sans peine conclure des contrats très lucratifs, leur rapportant beaucoup plus d’argent que ne leur verse la ligue à la suite de la répartition des recettes entre tous les clubs ayant participé à la compétition.

Nous proposons ci-après un rapide survol de la situation qui prévaut dans les principaux championnats en Europe en matière de commercialisation des droits TV, en distinguant les championnats ayant adopté la vente centralisée de ceux qui sont restés fidèles à la vente individuelle.

A. Les championnats ayant adopté la vente centralisée des droits TV

1. Le championnat allemand – La Bundesliga

En Allemagne, les fédérations sportives sont seules compétentes pour commercialiser les droits TV relatifs aux compétitions qu’elles chapeautent.

2. Le championnat anglais – La Premier League

Depuis sa création en 1992, la FA Premier League a toujours vendu ses droits sur une base collective.

3. Le championnat français – La Ligue 1

L'article 333-1 du Code du sport dispose que toute fédération sportive peut céder aux sociétés sportives, à titre gratuit, la propriété de tout ou partie des droits d'exploitation audiovisuelle des compétitions ou manifestations sportives organisées chaque saison sportive par la ligue professionnelle dès lors que ces sociétés participent à ces compétitions ou manifestations sportives.

L'Assemblée Fédérale de la Fédération Française de Football du 9 juillet 2004 a donc décidé la cession de la totalité des droits d'exploitation audiovisuelle des compétitions ou manifestations sportives organisées chaque saison par la Ligue de Football Professionnel.

Le décret n°2004-699 du 15 juillet 2004 énonce que la ligue professionnelle commercialise à titre exclusif les droits d'exploitation audiovisuelle et de retransmission en direct ou en léger différé, en intégralité ou par extraits, quel que soit le support de diffusion, de tous les matches et compétitions qu'elle organise 163 .

4. Le championnat italien – La Serie A

La loi de 1999 a adopté le système de la vente individuelle des droits TV 164 . La loi limitait le montant des droits TV payés pour la retransmission des matches italiens détenus par le même opérateur à 60% au total. Cette législation avait été adoptée dans le but de contrecarrer les

163 Voir également Rapport Besson (2008), p. 33 ss et Verheyden (2003), p. 18. 164 Loi no 78 du 29 mars 1999. 50 projets du groupe Murdoch , désireux d’entrer sur le marché de la « pay-TV » en Italie et d’acheter tous les droits de retransmission des clubs de football de Serie A 165 .

En 2007 166 , l’Italie a promulgué une nouvelle loi 167 et est passée au modèle de la vente centralisée des droits TV. La ligue est désormais exclusivement compétente pour la vente des droits TV 168 .

B. La vente individuelle des droits TV : Le championnat espagnol – La Liga

En Espagne, les clubs sont généralement considérés comme les titulaires des droits TV, bien qu’aucune disposition légale spécifique ne soit prévue. Il n’existe ainsi aucun consensus sur la question de savoir si les droits TV doivent être négociés de manière individuelle ou sur une base collective.

Ainsi le FC Barcelona , le Real Madrid CF et l’ Atletico Madrid CF vendent en principe leurs droits de manière individuelle, au contraire des autres clubs qui les ont vendus sur une base collective.

Chapitre II : La situation dans les ligues professionnelles américaines

La nécessité d’agir sur la répartition des recettes réalisées par le sport est une réalité qui a été clairement identifiée par le régulateur nord-américain depuis de nombreuses années déjà. A l’inverse de son homologue européen, il est fortement intervenu en matière de partage des revenus puisqu’il prévoit non seulement des règles en matière de vente collective des droits TV (I.) mais également une répartition des revenus générés par la vente des produits sous licence (II.) et de la billetterie (III.).

I. La vente collective des droits TV

L’objectif est de s’assurer que les clubs les plus faibles de la ligue continuent de bénéficier d’une certaine couverture télévisuelle et reçoivent également des revenus audiovisuels. A défaut, le risque existe que l’écart entre les clubs augmente et fausse complètement l’équilibre de la compétition sportive.

En 1960, les clubs de la NFL décidèrent de céder leurs droits à la ligue et de l’autoriser à les commercialiser sous forme de paquets. Depuis lors, conformément à l’article X Section 10.3 de la Constitution NFL, tous les revenus télévisuels de la saison régulière doivent être divisés de façon égale entre tous les membres de la ligue, indépendamment de la source de ces revenus.

165 Dubey et Dupont (2002), p. 26. 166 Il convient toutefois de noter que les effets des accords entrés en force avant le 31 mai 2006 sont sécurisés jusqu’au 30 juin 2010 au plus tard. De facto , les effets de la vente centralisée des droits TV ne seront visibles qu’à partir de la saison 2010-2011 au plus tôt. 167 Loi no 106 du 19 juillet 2007. 168 Ferrari (2009), p. 404. Le but était d’éviter la polarisation qui s’était produite dans le championnat italien sous le régime de la vente individuelle. A titre illustratif, au cours de la saison 2007/2008, la vente des droits TV avait rapporté environ 115 millions d’euros à la Juventus de Turin , le club le plus riche du championnat italien, alors que dans le même temps le FC Empoli n’avait encaissé que 10 millions d’euros pour la cession de ses droits TV, soit onze fois moins que son illustre concurrent (Etude Deloitte (2009), p. 17). 51

Toutes les ligues ont désormais adopté des règles similaires. A titre illustratif, l’article X Section 4 de la Constitution MLB prévoit que « (…) the Major League Clubs grant to the Commissioner (…) the exclusive right to sell on their behalf (…) exclusive or non-exclusive television and radio or other video or audio media rights, including the Internet and any other online technology, live or taped (…) ».

II. La vente collective des produits sous licence

Les ligues nord-américaines sont allées plus loin dans la mutualisation des recettes puisqu’elles ont également adopté un système de vente collective des produits sous licence, c’est-à-dire des produits marketing.

Les clubs cèdent leurs droits à une entité 169 de la ligue qui se charge de les vendre en « paquets » à des entreprises souhaitant associer les marques et logos d’une équipe à ses produits 170 .

Cette entité indépendante dispose d’un droit exclusif sur les noms, logos, symboles, emblèmes ou signes des clubs et de la ligue 171 . Elle se charge de la vente de ces produits et les revenus ainsi générés sont équitablement répartis entre les équipes de la ligue.

Comme les clubs cèdent leurs droits à ces entités, elles ont en contrepartie l’obligation d’accorder les mêmes prérogatives aux associations de joueurs, sous peine de risquer des poursuites judiciaires 172 . Il en résulte en pratique une négociation très complexe, comme l’illustre l’exemple de la NFL qui prévoit, au §4 de ses contrats-types de joueurs, la clause suivante :

« (a) Player grants to Club and the League, separately and together, the authority to use his name and picture for publicity and the promotion of NFL football, the League or any of its member clubs in newspapers, magazines, motion pictures, game programs and roster manuals, broadcast and telecast, and all other publicity and advertising media, provided such publicity and promotion does not constitute an endorsement by Player of a commercial product. Player will cooperate with the news media, and will participate upon request in reasonable activities to promote the Clubs and the League. (…)

(b) Player hereby assigns to the [National Football League Players Association] NFLPA and its licensing affiliates, if any, the exclusive right to use and to grant to persons, firms, or corporations (collectively “licensees”), the right to use his name, signature, facsimile, voice, picture, photograph, likeness, and/or biographical information (collectively “image”) in group licensing programs. Group licensing programs are defines as those licensing programs in which a licensee utilizes a total of six (6) or more NFL player images on products that are sold at retail or used as promotional or premium items. Player retains the right to grant permission to a licensee to utilize his image if that licensee not concurrently utilizes the images of five (5) or more other NFL players on products that are sold at retail or are used as promotional or premium items. If player’s inclusion in a particular NFLPA program is precluded by an individual exclusive endorsement agreement, and player provides the NFLPA

169 Il s’agit notamment de la National Basketball Association Properties Inc . (NBAP), de la National Football League Properties Inc. (NFLP) ou de la Major League Baseball Properties Inc . (MLBP). 170 Roberts (2002), §21:8, p. 25 ; Greenberg et Gray (1998), p. 706. 171 Halgreen (2004), p. 364 ; Greenberg et Gray (1998), p. 706. 172 Halgreen (2004), p. 368. 52 with timely written notice of that preclusion, the NFLPA will exclude player from that particular program. In consideration for this assignment of rights, the NFLPA will use the revenues it receives from group licensing programs to support the objectives as set forth in the By-laws of the NFLPA. The NFLPA will use its best efforts to promote the use of NFL player images in group licensing program, to provide group licensing opportunities to all NFL players, and to ensue that no entity utilizes the group licensing rights granted to the NFLPA without first obtaining a license from the NFLPA (…). ».

Les recettes liées à la vente des produits sous licence constitue traditionnellement une source de revenus importante pour les associations de joueurs, qui tentent dès lors d’obtenir les autorisations d’un maximum de joueurs. Ainsi, environ 95% des joueurs de la NFL font parties des « group licensing programs »173 .

Afin d’éviter les confusions entre les activités de marketing de la ligue et celles des associations de joueurs, il est très fréquent que le contrat individuel de l’athlète comprenne une clause prévoyant expressément l’obligation d’obtenir le consentement préalable de la ligue ou du club avant de conclure un contrat avec l’association de joueurs 174 .

III. La répartition des recettes découlant de la billetterie

Aux Etats-Unis, les ventes de tickets constituent la plus importante source de variation dans les revenus entre les clubs. En outre, à l’exception du football américain, les recettes découlant de la vente des tickets sont les sources de revenus des clubs les plus importantes 175 .

Les ligues américaines ont adopté différentes pratiques en relation avec la répartition des recettes liées à la vente des tickets.

Jusqu’en 2002, la NFL prévoyait que les recettes découlant de la vente des tickets étaient réparties entre les équipes à hauteur de 60% pour le club recevant et 40% pour le club visiteur, après déductions 176 . Désormais, la règle veut que les 40% du prix de chaque billet vendu soient versés dans un pot commun. Les sommes ainsi collectés sont ensuite intégralement et équitablement réparties entre toutes les équipes de la ligue 177 .

Quant au baseball, il prévoit une répartition similaire mais dans des proportions moindres : seuls 10 à 20% des recettes découlant de la vente des tickets reviennent au club visiteur, le reste allant directement dans les caisses de l’équipe recevante.

En revanche, ni la NBA et ni la NHL n’ont adopté une telle mesure. Les clubs se contentent donc d’encaisser les prix des billets lorsqu’ils jouent à domicile, sans rien toucher pour les matches se déroulant à l’extérieur.

173 Pour plus de détails, voir Greenberg et Gray (1998), p. 706 à 709. 174 Halgreen (2004), p. 370. 175 Noll (2002), §19:8, p. 17. 176 Font notamment partie des déductions autorisées les impôts fédéraux, d’Etat et municipaux sur la vente des tickets ainsi que la location du stade à hauteur de 15% des recettes hors impôts. 177 Foster et al. (2006), p. 32. 53

Titre II : Les exigences agissant sur le marché du travail

Le régulateur sportif a également cherché à agir sur le marché du travail afin de parvenir à un meilleur équilibre de la compétition sportive. C’est même sur ce marché que sont nées les premières tentatives de régulation des instances sportives.

Chapitre I : La situation dans le football européen

Au traditionnel système des transferts s’ajoutent désormais des instruments plus originaux, récemment mis en place par le régulateur européen. Cette soudaine augmentation de règles agissant sur le marché du travail s’explique en grande partie par les conséquences engendrées par l’arrêt Bosman 178 , qui ont sensiblement réduits les effets du système des transferts au sens classique. Les fédérations sportives ont donc dû remettre l’ouvrage sur le métier afin de trouver des solutions originales.

Nous nous limitons ici à présenter les instruments développés dans le football européen, étant entendu qu’à notre connaissance, aucun autre sport collectif européen n’a mis en place un système différent et efficace.

I. Le système des transferts internationaux

Les systèmes de transferts de joueurs permettent d’assurer la stabilité des clubs et l’équilibre des compétitions sportives 179 .

En effet, manifestée par un grand nombre de sportifs en même temps, la volonté de changer de club mettrait en danger la stabilité de ces clubs et l’homogénéité des compétitions. Si les joueurs pouvaient passer en tout temps et sans contrôle d’un club à un autre, le déroulement des compétitions serait faussé dans la mesure où les clubs pourraient être tentés d’engager des joueurs expérimentés au moment des phases finales des championnats 180 . C’est la raison pour laquelle le passage d’un club à un autre n’est en général pas libre mais, au contraire, obéit à des règles complexes destinées à le réglementer strictement 181 .

En outre, l’indemnité de formation, qui découle du système, remplit une double fonction. D’une part elle vise à inciter les clubs à préparer la relève, c’est-à-dire à former des jeunes joueurs talentueux aptes à évoluer en ligue nationale. D’autre part, elle a pour but de répondre à un souci d’équité : il est juste que le club qui a consenti un important investissement pour former un joueur puisse bénéficier d’un certain retour d’investissement lorsqu’un joueur formé décide de changer de club, afin de pouvoir poursuivre son effort 182 .

Pour l’UEFA, « le système des transferts agit clairement comme un mécanisme de solidarité financière important envers les clubs de nombreuses divisions à revenus moyens et de pratiquement toutes les divisions à faibles revenus. Ainsi, en 2008, les transferts ont permis

178 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921 ; pour plus de détails, voir infra Partie IV, Titre I, Chapitre III, III. 179 Livre Blanc sur le sport (2007), p. 16 ainsi que Rapport Arnaut (2006), p. 38 ss. Pour une analyse détaillée du système des transferts, voir notamment Dubey (2000), p. 272 ss. 180 Dubey (2000), p. 277. 181 Garrigues (1982), p. 298. 182 Zen-Ruffinen (2002), p. 246. 54 d’améliorer de plus de 10% la marge de bénéfice de 138 clubs et de 14 divisions en Europe 183 ».

Après avoir cerné la notion de transfert (A.), nous présenterons brièvement les règles mises en place par la FIFA (B.), en mettant l’accent sur la réforme du système consécutive à l’arrêt Bosman 184 .

A. La notion de transfert

Le transfert, dans son acceptation habituelle, signifie « le passage d’un joueur d’un club à un autre ainsi que son enregistrement, en tant que membre de l’équipe du nouveau club, auprès de la nouvelle fédération nationale 185 ». Il s’agit d’un phénomène propre aux sports d’équipe, le plus souvent des sports fortement commercialisés, tels le football, le hockey sur glace, le basketball ou le volleyball.

Deux cas de figure peuvent se présenter : le (i) transfert définitif et le (ii) prêt.

(i) En cas de transfert définitif, le sportif change de club à titre permanent, il passe définitivement dans un autre club.

(ii) Lorsqu’il s’agit d’un prêt, le sportif change de club à titre temporaire : il passe à un nouveau club pour une période déterminée, puis revient généralement dans son ancien club ou rejoint un autre club, avec l’assentiment de son club d’origine. Dans ce contexte, le nouveau club dispose parfois d’une « option » sur le joueur, ce qui signifie qu’il peut transférer définitivement le joueur s’il fait valoir cette option jusqu’à une certaine date 186 . Si, en revanche, le contrat de travail avec le club d’origine prend fin au moment du terme du prêt, le joueur peut choisir librement un nouveau club.

Le transfert peut intervenir au niveau national ou international. Lorsqu’il se déroule entre deux clubs membres d’une même fédération nationale, on parle de transfert interne. En revanche, lorsqu’il a lieu entre deux clubs membres de deux fédérations nationales distinctes, il s’agit d’un transfert international 187 . Nous nous limiterons par la suite à l’analyse des transferts internationaux, sous l’angle du règlement adopté par la FIFA.

B. La mise en application du système : le Règlement FIFA relatif au statut et au transfert des joueurs

Suite à l’arrêt Bosman 188 , les fédérations sportives ont dû se résoudre à modifier leurs règlements de transfert de façon à respecter les obligations qui découlaient du jugement.

183 Etude UEFA, p. 57. 184 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921 ; pour plus de détails, voir infra Partie IV, Titre I, Chapitre III, III. 185 Baddeley (1994), p. 182. Voir également Van den Bogaert (2005), p. 164 ss. 186 Zen-Ruffinen (2002), p. 243 ss. 187 Dubey (2000), p. 274. 188 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921 ; pour plus de détails, voir infra Partie IV, Titre I, Chapitre III, III. 55

Après de longues et complexes discussions entre la Commission européenne et la « famille du football » 189 , le Règlement FIFA relatif au statut et au transfert des joueurs à été modifié le 5 juillet 2001 190 .

Le 18 décembre 2004, le Comité Exécutif de la FIFA a adopté un nouveau « Règlement du Statut et du Transfert des Joueurs » (ci-après : Règlement de transfert FIFA) qui est entré en vigueur le 1 er juillet 2005. Il s’agit uniquement d’améliorations formelles et matérielles apportées à la version précédente et les principes convenus avec la Commission européenne le 5 mars 2001 ont évidemment été maintenus.

Enfin, une nouvelle mouture du règlement a été approuvée par le Comité exécutif de la FIFA en date du 7 juin 2010 et est entrée en vigueur le 1 er octobre 2010. Elle n’apporte pas de modifications majeures à la version précédente.

Globalement, cinq axes principaux peuvent être dégagés de ce nouveau Règlement de transfert FIFA 191 .

1. La protection des mineurs

L’article 19 du Règlement de transfert FIFA précise que les joueurs âgés de moins de 18 ans ne peuvent pas faire l’objet d’un transfert international, à moins qu’ils ne se rendent dans un autre pays avec leur famille.

A l’intérieur de l’Union européenne, les joueurs de moins de 18 ans peuvent néanmoins être transférés, mais à la condition qu’ils aient l’âge requis pour pouvoir travailler dans le pays, qu’un projet pour leur formation sportive et leur éducation scolaire ait été élaboré par le nouveau club formateur et qu’un excellent encadrement leur soit garanti.

En outre, depuis le 1er octobre 2009, chaque transfert international et chaque premier enregistrement d’un joueur mineur doivent être approuvés par une sous-commission de la FIFA.

2. La protection de la formation – L’indemnité de formation

Conformément à l’article 20 du Règlement de transfert FIFA, jusqu’à l’âge de 23 ans, une indemnité de formation est due lorsqu’un joueur signe son premier contrat non-amateur avec un club autre que celui auprès duquel il a été formé ou qu’il est transféré en tant que joueur non-amateur dans un club professionnel.

Les détails concernant l’indemnité de formation sont prévus dans l’annexe IV du Règlement de transfert FIFA 192 .

189 Voir notamment Weatherill (2007), p. 221 ss ; Blanpain (2003), p. 46 ss et Parrish (2003), p. 138 ss. 190 Pour une analyse détaillée du nouveau règlement de transfert adopté par la FIFA, voir notamment Drolet (2009), p. 167 ss. 191 Voir notamment Dubey et Dupont (2002), p. 16 ss ; Gardiner et al. (2006), p. 371 ss ainsi que Gardiner (2001), p. 406 ss. 192 Pour un aperçu du montant des indemnités de transfert dans les principaux championnats européens ainsi que leur impact sur les bénéfices des clubs, voir notamment Etude UEFA (2008), p. 15 et 56 ss. 56

3. La contribution de solidarité

L’article 21 du Règlement de transfert FIFA dispose que si un joueur professionnel est transféré avant l’expiration de son contrat, le ou les clubs qui ont participé à la formation et à l’éducation du joueur reçoivent une partie de l’indemnité versée à l’ancien club. Il s’agit de ce que l’on appelle la « contribution de solidarité ».

Les détails concernant la contribution de solidarité sont prévus dans l’annexe V du Règlement de transfert FIFA.

Il est notamment indiqué que si un joueur professionnel est transféré alors qu’il est sous contrat, 5% de toute indemnité payée au club précédent, à l’exception de l’indemnité de formation, seront déduits du montant total de cette indemnité et distribués par le nouveau club à titre de contribution de solidarité aux clubs ayant pris part à la formation et à l’éducation du joueur.

Le nouveau club est responsable du calcul et de la distribution du montant de la contribution de solidarité en fonction de la carrière du joueur telle qu’indiquée dans le passeport du joueur.

4. La protection de la stabilité contractuelle

La protection de la stabilité contractuelle est consacrée aux articles 13 ss du Règlement de transfert FIFA. Ces dispositions prévoient que les contrats sont conclus pour une durée maximale de cinq ans et une durée minimale d’un an, afin d’éviter des transferts en cours de saison. Une période obligatoire de stabilité contractuelle est prévue, pendant laquelle une rupture unilatérale de contrat fait l’objet de sanctions pécuniaires et sportives.

Les indemnités de promotion ayant été condamnées par l’arrêt Bosman 193 , les clubs ont cherché des alternatives. Ils concluent désormais des contrats de longue durée avec leurs joueurs de telle sorte qu’ils ne se retrouvent presque jamais en fin de contrat. Ainsi, lorsque le joueur abandonne son emploi sans juste cause, le club, en tant qu’employeur, a droit à une indemnité, en application de l’article 17 du Règlement de transfert FIFA et en conformité avec le droit du travail du pays en question.

Les montants astronomiques payés par les grands clubs pour s’attacher les services de certains joueurs ne constituent dès lors plus des indemnités de transfert au sens technique mais sont plutôt des indemnités pour rupture de contrat sans juste cause. En d’autres termes, les dirigeants achètent l’exclusivité de service d’un joueur pour leur club.

Il s’agit de ce que l’on appelle « l’effet pervers » de l’arrêt Bosman . Juridiquement, deux parades sont fréquemment utilisées par les clubs pour garantir une contrepartie financière substantielle en cas de départ d’un joueur. Premièrement, on fait signer au joueur des prolongations de contrat successives moyennant une hausse de salaire. La période de protection est ainsi automatiquement renouvelée et le club ne risque pas de voir un joueur partir du club sans indemnité. Deuxièmement, une clause de résiliation, dite clause de rachat, est fixée dans le contrat de travail liant le joueur au club. Le but étant de réfréner les ardeurs de potentiels acquéreurs, cette clause est souvent exorbitante 194 .

193 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921 ; pour plus de détails, voir infra Partie IV, Titre I, Chapitre III, III. 194 Mangeat et Bulle (2008), p. 7. 57

5. Le système des périodes de transfert

Conformément à l’article 6 du Règlement de transfert FIFA, un joueur ne peut être enregistré qu’au cours de l’une des deux périodes annuelles d’enregistrement fixées par l’association nationale. La première période d’enregistrement commence à la fin de la saison et s’achève avant le début de la nouvelle saison. Cette période ne doit pas excéder douze semaines. Quant à la deuxième période d’enregistrement, elle doit se situer au milieu de la saison et ne pas excéder quatre semaines.

Ces fenêtres de transfert ont pour objectif principal l’équité de la compétition. En effet, si les clubs pouvaient s’assurer les services de certains joueurs à n’importe quel moment de la saison, la compétition serait complètement faussée et les clubs les plus riches disposeraient d’avantages énormes 195 .

II. La limitation des effectifs d’un club

La limitation des effectifs d’un club vise en premier lieu à maintenir un équilibre au sein des compétitions sportives. Cette mesure permet en effet d’éviter que les clubs les plus fortunés s’attachent les services de l’ensemble des joueurs les plus talentueux, achetant ainsi en quelque sorte le succès. Par ailleurs, il a récemment été constaté que certains grands clubs acquéraient volontairement certaines joueurs dans le seul but qu’ils ne puissent offrir leurs services à des clubs concurrents, quand bien même il est établi que ces joueurs ne seront pas titulaires au sein de l’équipe.

En second lieu, une restriction des effectifs conduit – de facto – à une limitation du nombre de salaires à verser et a dès lors un impact positif sur la santé financière des clubs.

En principe, la limitation des effectifs d’un club s’exerce par le biais d’une règle interne à la ligue qui limite le nombre de sportifs qu’une équipe peut avoir sous contrat par saison ou qu’elle peut engager dans la compétition sportive 196 .

Dans le football européen, la situation est assez contrastée. Les clubs allemands, italiens et français 197 ne connaissent pas de limitation de la taille de leurs effectifs alors que l’Angleterre et l’Espagne ont adopté des règles à ce sujet.

En particulier, l’Angleterre prévoit que ses clubs peuvent comporter un maximum de vingt- cinq joueurs sous contrat, dont huit doivent avoir été « formés localement 198 ». S’agissant des joueurs de moins de vingt et un ans, leur nombre est illimité. L’Espagne limite également les effectifs de ses clubs de football à vingt-cinq joueurs.

195 En Suisse, la réglementation mise en place par la ligue nationale de hockey sur glace est à cet égard très contestable. Un joueur appartenant au CP Berne a ainsi l’occasion d’évoluer avec le HC Fribourg-Gottéron le samedi et d’affronter la même équipe avec son club employeur le mardi suivant, en ayant en tête tous les schémas tactiques de son adversaire. 196 Mentzel (2007), p. 187. 197 S’agissant de la France, elle a récemment abandonné cette exigence avec pour conséquence une sensible augmentation des effectifs des clubs. Pour plus de détails, voir notamment Rapport Besson (2008), p. 61 ss. 198 Pour plus de détails sur la formation locale des joueurs, voir infra Partie II, Titre II, Chapitre I, III., A. 58

III. Les limitations quant à la composition des effectifs des clubs

Avant l’arrêt Bosman 199 , la règle dite « 3+2 » était applicable. Cela signifiait que le nombre de joueurs étrangers inscrits sur la feuille de match était limité à trois par équipe et on pouvait en plus aligner deux joueurs ayant joué dans le pays en question pendant une période ininterrompue de cinq ans, dont trois dans le secteur junior 200 . Il s’agissait de ce que l’on appelle « le système des quotas »201 .

Les objectifs visés par cette mesure étaient multiples : encourager la formation des joueurs, maintenir un certain équilibre sportif dans les compétitions en empêchant les clubs les plus riches de s’attacher les services des meilleurs joueurs, assurer un réservoir de joueurs suffisant pour l’équipe nationale et également permettre l’identification des supporters avec leur équipe.

A la suite de l’arrêt Bosman et de l’interdiction des « quotas » qui en a résulté, les instances du football ont cherché des alternatives afin de pallier aux effets négatifs de cette jurisprudence.

En effet, depuis cet important arrêt de 1995, on constate qu’une proportion significative des joueurs de football évoluant dans les grands championnats européens ne sont pas éligibles pour l’équipe nationale de la fédération à laquelle leur club est affilié. Il s’ensuit que seuls quelques clubs ayant recruté les meilleurs joueurs nationaux et surtout étrangers parviennent à se qualifier pour les phases finales des compétitions interclubs, si bien que les écarts entre les équipes s’accroissent toujours davantage. Cette situation nuit gravement à l’équilibre de la compétition sportive et nécessite une intervention sur la composition des effectifs des clubs.

En outre, comme il est désormais possible de recruter des joueurs entièrement formés à l’étranger, à un coût généralement inférieur que s’il fallait les former soi-même, les clubs n’investissent pas toujours suffisamment dans la formation de leurs juniors. Ces pratiques se répercutent inévitablement sur la qualité des équipes nationales.

Les instances du football ont dès lors cherché à remédier à cette situation préoccupante et ont développé deux nouveaux concepts : les exigences en matière de « joueurs formés localement » mises en place par l’UEFA (A.) et le système « 6+5 » soutenu par la FIFA (B.).

A. L’obligation d’aligner des « joueurs formés localement » (« Home-grown player rule »)

Cette mesure a été imaginée par l’UEFA et s’applique déjà à plusieurs compétitions. L’idée consiste à introduire une règle sportive selon laquelle les clubs doivent inclure, dans leur équipe, un nombre minimum de joueurs formés localement, indépendamment de leur nationalité.

1. Les objectifs poursuivis

199 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921 ; pour plus de détails, voir infra Partie IV, Titre I, Chapitre III, III. 200 Gardiner et Welch (2000), p. 110. 201 Pour une présentation du système des quotas avant l’arrêt Bosman, voir notamment McArdle (2000), p. 37 ss. 59

Ce concept vise à favoriser la formation des joueurs et à encourager la compétition 202 . Dans ses messages clés 203 , l’UEFA soutient que ce projet poursuit les buts suivants :

- contribuer à créer des conditions égales pour tous ;

- encourager et améliorer la formation des joueurs locaux ;

- défendre le football des équipes nationales 204 ;

- tenir compte du cadre juridique complexe du football européen ;

- consulter toutes les parties concernées ; et

- défendre les valeurs sportives.

MIEGE résume les motivations de l’UEFA de la manière suivante :

« Premièrement, le manque d’investissement des clubs professionnels dans la formation de joueurs menace l’avenir du football européen. C’est notamment le cas des clubs les plus riches qui préfèrent acquérir des joueurs de haut niveau à un coût élevé auprès d’autres clubs, plutôt que d’assumer eux-mêmes la charge de leur formation.

Deuxièmement, les clubs les plus riches sont en mesure de proposer des salaires plus attractifs aux jeunes joueurs, qui sont tentés de quitter au plus tôt les clubs qui les ont formés, sans que ces derniers puissent « rentabiliser » leurs efforts de formation. Cette situation est de nature à menacer l’équilibre compétitif entre les clubs participant aux compétitions de l’UEFA.

Troisièmement, dans certains cas, les clubs les plus riches acquièrent un nombre tellement élevé de jeunes joueurs que ces derniers ne peuvent être alignés régulièrement sur le terrain, ce qui est préjudiciable non seulement pour eux-mêmes mais également pour les sélections nationales dont ils dépendent.

Quatrièmement, il résulte de cette situation un fort risque de découragement des clubs formateurs à poursuivre un effort qui leur coûte cher et dont ils ne perçoivent plus le « retour sur investissement »205 .

Pour les auteurs du RAPPORT ARNAUT , le lien entre le budget d’un club et les succès sportifs sera moins direct si les clubs sont encouragés à introduire dans leur équipe un nombre minimum de joueurs formés localement, à la place de simplement payer les talents sur le marché. L’argent ne pourra pas « acheter le succès » et les clubs riches souhaitant maintenir leur domination seront forcés de devenir des clubs formateurs 206 .

202 Rapport Arnaut (2006), p. 48 ss. 203 Rapport de l’UEFA sur la formation locale des joueurs (2005), p. 1 ss. 204 Selon l’Etude PFPO (2010), p. 1 ss, le pourcentage de joueurs étrangers dans les clubs des cinq principaux championnats européens de première division (Allemagne, Angleterre, Espagne, France et Italie) ne cesse d'augmenter. 205 Miege (2008), p. 28. 206 Rapport Arnaut (2006), p. 49. 60

Quant à l’Association des sports d’équipe européens, la fédération regroupant les principaux sports d’équipe 207 , elle a arrêté la position suivante au sujet de la formation locale des joueurs :

« Les clubs ont le devoir d’investir dans la formation locale des joueurs. Ils ne sont pas seulement des sociétés commerciales, mais font partie des communautés locales correspondantes et favorisent l’identité nationale. C’est pourquoi des mesures incitatives appropriées doivent être prises pour garantir que tous les clubs s’engagent dans la formation de leurs joueurs et qu'un certain équilibre sportif soit maintenu dans les compétitions. Ces mesures ne doivent pas avoir pour effet d’encourager le trafic ou l’exploitation des jeunes joueurs et des mesures concrètes doivent être proposées pour prévenir cette situation 208 ».

2. La notion de « joueur formé localement »

Un joueur formé localement est soit un joueur formé par le club (i), soit un joueur formé par l’association (ii).

(i) Conformément aux articles 18.10 du Règlement de l’UEFA Champions League et du Règlement de l’UEFA Europa League , « un joueur formé par le club est un joueur qui, entre l’âge de 15 ans et l'âge de 21 ans et quels que soient sa nationalité et son âge, a été inscrit auprès de son club actuel pendant une période, continue ou non, de trois saisons complètes ou pendant une période de 36 mois ».

(ii) En ce qui concerne les joueurs formés par l’association, les articles 18.11 du Règlement de l’UEFA Champions League et du Règlement de l’UEFA Europa League disposent qu’ « un joueur formé par l’association est un joueur qui, entre l’âge de 15 ans et l'âge de 21 ans et quels que soient sa nationalité et son âge, a été inscrit auprès d’un ou de plusieurs clubs affiliés à la même association nationale que son club actuel pendant une période, continue ou non, de trois saisons complètes ou de 36 mois ».

3. La situation au sein des principales compétitions européennes a) Les compétitions interclubs de l’UEFA : la Champions League et l’ Europa League

L’UEFA impose aux clubs participant à la Champions League et à l’ Europa League d’intégrer dans leurs effectifs un nombre minimum de « joueurs formés localement ».

Les règles de l’UEFA, et particulièrement la règle des joueurs formés localement, ne sont pas directement applicables aux joueurs mais sont incluses dans la réglementation des fédérations nationales, qui ont le pouvoir exclusif de les appliquer et de gouverner la relation entre les clubs et les joueurs.

L’UEFA a mis en place cette réglementation en trois étapes : aa ) Etape I : Saison 2006-07

207 Il s’agit du basket-ball (FIBA Europe), du handball (EHF), du football (UEFA), du hockey sur glace (IIHF), du rugby (FIRA) et du volleyball (CEV) européens. 208 Association des sports d’équipe européens (2008), p. 11. 61

Les équipes doivent prévoir un minimum de quatre joueurs formés localement dans un groupe limité à vingt-cinq joueurs. bb ) Etape II : Saison 2007-08

Les équipes doivent prévoir un minimum de six joueurs formés localement dans un groupe limité à vingt-cinq joueurs.

cc ) Etape III : Saison 2008-09

Les équipes doivent prévoir un minimum de huit joueurs formés localement dans un groupe limité à vingt-cinq joueurs. b) Les principaux championnats européens

L’examen des règlements adoptés par les fédérations nationales des principaux championnats de football démontre que l’implémentation de la règle des joueurs formés localement s’est rarement opérée au niveau national. Ainsi, la France, l’Espagne et l’Italie n’ont pas introduit cette exigence pour leur championnat nationaux.

Quant à l’Angleterre, une telle mesure sera introduite au niveau de la Premier League à partir de la saison 2010-2011. La règle prévoira un minimum de huit joueurs formés localement dans un groupe limité à vingt-cinq joueurs.

A l’heure actuelle, parmi les principaux championnats européens, seule l’Allemagne (aa.) a introduit la règle des joueurs formés localement au niveau de son championnat national. La Suisse a également adopté cette mesure pour son championnat de 1 ère division (bb.). aa ) Le championnat allemand – La Bundesliga

Conformément aux § 53 a alinéa 2 du Spielordnung DFB et § 11 alinéa 2 lettre c du Spielordnung DFL, un joueur formé par un club est un joueur qui a été inscrit auprès de son club pendant une période de trois ans entre l’âge de 15 et 21 ans. Un joueur formé par l’association est un joueur qui a été inscrit auprès d’un club appartenant à l’association allemande de football (DFB) pendant une période de trois ans entre l’âge de 15 et 21 ans.

En application des § 53 a du Spielordnung DFB, § 5a du Lizenzordnung Spieler DFL et § 11 du Spielordnung DFL, les clubs doivent avoir sous contrat au moins quatre joueurs formés localement durant la saison 2006/2007, six joueurs durant la saison 2008/2008 et huit joueurs durant la saison 2008/2009. bb ) Le championnat suisse – La Super League

Conformément à l’article 51 du Règlement de jeu de l’ASF, un joueur formé localement est un joueur qui, indépendamment de sa nationalité et de son âge, a été inscrit entre l'âge de 15 ans et de 21 ans soit pendant trois saisons complètes (même si elles ne se suivent pas), soit pendant une période de 36 mois pour un club de l'ASF. Les joueurs qui n'ont jamais été qualifiés antérieurement dans une fédération étrangère et qui ont résidé au moins trois ans en Suisse sont, en cas de qualification pour un club de l'ASF entre l'âge de 15 ans et de 21 ans, considérés d'emblée comme des joueurs formés localement. 62

L’article 6 du Règlement sur la qualification des joueurs de la SFL dispose que le nombre total de joueurs qualifiés dans chaque club est limité à vingt-cinq joueurs, dont au maximum dix-sept joueurs non formés localement L’alinéa 2 précise que les joueurs formés localement de moins de 21 ans ne comptent pas dans le contingent prévu à l’alinéa 1.

B. Le système « 6+5 »

L’idée consiste à introduire une règle qui oblige les clubs à aligner, au début d’un match, au moins six joueurs éligibles pour l’équipe nationale du pays du club en question, sachant qu’il n’existe aucune restriction pour les joueurs remplaçants.

Ce projet a fait l’objet de nombreuses critiques de la part de l’Union européenne. Nous aurons l’occasion d’y revenir 209 .

Chapitre II : La situation dans les ligues nord-américaines

Les ligues nord-américaines exercent une forte régulation sur le marché du travail afin de parvenir à leurs objectifs en matière d’équilibre de la compétition sportive. Au traditionnel système des transferts (I.) s’ajoutent des restrictions au niveau des effectifs des clubs (II.) ainsi que des systèmes plus originaux, tels la « draft » (III.), le célèbre et contesté « salary cap » (IV.) ou les récentes taxes sur les salaires (V).

I. Le système des transferts

Toutes les ligues réglementent en détails le passage d’un joueur d’un club à un autre. Plusieurs mécanismes sont prévus et ne diffèrent pas fondamentalement du système mis en place en Europe, à l’exception notable des clauses de renouvellement de contrat.

A. Les clauses de renouvellement de contrat ( Renewal Clauses )

Il convient de bien distinguer entre les clauses de réserve (1.) et les clauses d’option (2.). Nous aborderons également la question du « tampering » (3.), qui vient verrouiller le système mis en place par les clauses.

1. La clause de réserve ( Reserve Clause )

La clause de réserve a fait son apparition dans les années 1880 déjà 210 . La ligue professionnelle de baseball l’a introduite dans le but d’empêcher les clubs de se « voler » des joueurs.

Cette mesure prévoit l’interdiction pour les clubs de négocier ou de conclure un contrat de travail avec un joueur « réservé » à un autre club de la ligue.

Le club disposait d’un droit exclusif de « réserver » un joueur. Cela signifie qu’à l’expiration du contrat de travail le liant à son joueur, le club pouvait unilatéralement décider de prolonger ou non leur collaboration 211 .

209 Voir infra Partie IV, Titre II, Chapitre II, II., F. 210 Pour une étude très détaillée sur la clause de réserve et son origine, voir Sobel (1977), p. 83 à 245. 63

A l’heure actuelle, cette mesure n’est plus appliquée dans les ligues, à tout le moins sous cette forme que l’on peut qualifiée d’extrême. Elle a été progressivement remplacée par la clause d’option, moins restrictive quant aux droits des joueurs.

2. La clause d’option ( Option Clause )

Comme dans le cas d’une clause de réserve, le club a le droit exclusif de reconduire un nouveau contrat de travail avec les joueurs évoluant pour lui et dont le précédent contrat arrive à son terme.

En revanche, elle diffère de cette dernière quant à la durée de l’exclusivité du droit de conclure un contrat. Si la clause de réserve prévoyait une exclusivité illimitée dans le temps, la clause d’option se contente d’une exclusivité limitée en principe à une année.

La limitation de la durée de l’exclusivité peut dès lors conduire à une situation où un joueur, à l’issue de cette période d’exclusivité, se retrouve libre de tout contrat : il s’agit de ce que l’on appelle les agents libres ( free agents ), qui peuvent librement négocier et signer des contrats avec de nouveaux clubs.

En pratique, cette belle liberté est cependant rarement réalisée. Un accord informel entre les clubs prévoit en effet une règle selon laquelle toute équipe qui engage un agent libre ( free agent ) doit indemniser le précédent club employeur du joueur. Il s’agit de la « Rozelle Rule », du nom d’un ancien Commissioner de la NFL qui a réglé un litige 212 concernant l’indemnité à payer au club précédent pour s’être attaché les services d’un agent libre.

A partir de la fin des années 1980, toujours dans le but de restreindre la possibilité de devenir un agent libre ( free agent ), certaines ligues ont décidé d’apporter une légère modification à la clause d’option en introduisant un droit de préemption ( The Right of First Refusal ). Dans le monde de la NFL par exemple, le droit de préemption permet à la précédente équipe de s’aligner sur l’offre faite à un agent libre et ainsi retenir le joueur. Si le club renonce à s’aligner sur l’offre concurrente, il conserve néanmoins son droit à être indemnisé, conformément à la « Rozelle Rule ». La seule différence d’avec la « Rozelle Rule » découle du fait que le système d’indemnisation est déterminé par une formule plutôt que par le Commissioner 213 .

3. L’interdiction du « démarchage » ( Tampering Rule )

La plupart des ligues professionnelles nord-américaines ont introduit, en complément de leur clause d’option, une règle interdisant aux clubs de négocier ou de faire des offres à un joueur dont les droits sont détenus par un autre club de la ligue. Il s’agit de la « tampering rule »214 . Du point de vue des clubs, cette règle a le mérite de verrouiller le système et surtout d’affaiblir au maximum la position du joueur dans la négociation 215 .

211 Le joueur n’a donc pas la possibilité d’opposer au club qu’il souhaiterait s’engager avec une nouvelle équipe. Cette mesure, très contestée, a été comparée par certains à de l’esclavage moderne. Voir en particulier Sobel (1977), p. 83 ainsi que les propos rapportés du Sénateur Sam Ervin . 212 Mackey v. National Football League , 407 F. Supp. (D. Minn. 1975). 213 Halgreen (2004), p. 173. 214 Pour plus de détails sur l’implémentation de la mesure au sein des ligues professionnelles nord-américaines, voir notamment Greenberg et Gray (1998), p. 212 ss. 215 Halgreen (2004), p. 172. 64

B. Les périodes de transfert

De manière parfaitement identique à ce qui se fait en Europe, toutes les ligues ont prévu des dispositions afin d’empêcher les clubs d’engager de nouveaux joueurs après une certaine date.

Ces réglementations ont pour but de sauvegarder l’équilibre de la compétition sportive en empêchant les clubs de fausser le championnat en engageant des renforts en cours de saison.

II. La limitation des effectifs des clubs

Toutes les ligues professionnelles nord-américaines prévoient une limitation du nombre de joueurs qu’un club peut avoir sous contrat. L’objectif est de promouvoir l’équité de la compétition sportive en contrôlant l’accès des clubs aux ressources que constituent les joueurs.

A titre illustratif, l’article XXXIII NFL-CBA prévoit une limitation de la taille des équipes à un maximum absolu de cinquante-trois joueurs. Cette disposition opère par ailleurs des distinctions complexes entre les notions de liste active et inactive ainsi que de pré-saison.

III. Le système de la « draft »

A. La notion

Toutes les ligues nord-américaines ont adopté cet instrument de régulation. Il s’agit d’une règle qui permet aux clubs de choisir des jeunes joueurs ( rookies ) venant des universités, lycées, ligues mineures 216 ou de l’étranger. Un classement des joueurs selon leur valeur sportive est établi annuellement et le club le moins bien classé à l’issue de la saison précédente a la possibilité de sélectionner en premier un rookie 217 .

Le but de ce système est de rééquilibrer le potentiel des clubs en permettant aux équipes qui ont obtenu de moins bons résultats sportifs de se renforcer avant leurs concurrents les ayant devancé au classement de la saison précédente.

Du point de vue du joueur, ce dernier n’a pas vraiment voix au chapitre et ne peut refuser le choix de son nouveau club 218 .

B. L’exclusivité de la draft

A partir du moment où un club a sélectionné un joueur, son droit de conclure un contrat avec ce dernier est exclusif et l’athlète a l’interdiction de s’engager avec un autre club de la ligue.

216 Les clubs de ligues mineures concluent fréquemment des accords avec des clubs de ligues majeures qui permettent à de jeunes joueurs de s’aguerrir. La situation est positive pour tout le monde : les ligues mineures accueillent des joueurs talentueux alors que les ligues majeures ont la possibilité de faire jouer des éléments prometteurs. Les ligues mineures constituent ainsi des sortes d’antichambre des ligues majeures. 217 Halgreen (2004), p. 78. 218 Bourg et Gouguet (2007), p. 195. 65

La durée de cette exclusivité varie d’une ligue à l’autre. A l’origine, la durée de l’exclusivité était illimitée. Le club conservait donc un droit sur le joueur sélectionné même si aucun contrat n’avait jamais été conclu entre eux 219 .

La situation a toutefois évolué et, sous l’impulsion du baseball, l’exclusivité du droit de conclure un contrat est désormais limitée et s’étend au maximum jusqu’à la prochaine « draft ».

C. La situation au sein des ligues

La mise en application de la draft varie d’une ligue à l’autre. Il est dès lors difficile de proposer un schéma commun à toutes les ligues, même si l’idée de base demeure toujours la même, à savoir la possibilité pour les clubs les moins bien classés lors du dernier championnat de choisir en priorité les joueurs dont ils souhaitent s’attacher les services.

Au sein de la NFL, le système de la draft est réglé de manière très détaillée par l’article XVI NFL-CBA. Il se déroule en sept tours et est assez restrictif du point de vue des joueurs puisqu’un athlète sélectionné qui n’a pas signé de contrat durant la période prévue ne peut pas s’engager avec un autre club jusqu’à la prochaine draft .

A l’inverse, la NBA prévoit un système plus souple pour les joueurs à son article X NBA- CBA. Si le club qui a sélectionné le joueur ne lui fait pas d’offre dans le délai convenu, l’athlète devient libre et peut négocier avec n’importe quel autre club. La draft se déroule uniquement sur deux tours et connaît un système original : la loterie de la draft (Draft Lottery ). Il s’agit d’introduire une part de hasard pour l’obtention du premier choix de la draft puisque le « vainqueur » est tiré au sort, selon un système complexe qui offre tout de même davantage de chances de gagner aux équipes les mois bien classées lors de l’exercice précédent 220 .

Pour ce qui est de la NHL, l’article VIII NHL-CBA réglemente en détails la procédure de la draft , qui se déroule en sept tours et a lieu en juin.

S’agissant enfin de la MLB, la draft existe également mais elle ne connaît pas le même engouement populaire et médiatique que dans les autres ligues. La raison principale en est qu’il est extrêmement rare qu’un jeune joueur sélectionné puisse immédiatement être incorporé au sein d’un club d’une ligue majeure et y jouer un rôle significatif. La plupart du temps, les jeunes sélectionnés iront s’aguerrir durant quelques saisons en ligues mineures avant de rejoindre le club qui les a sélectionné.

IV. Le salary cap

Le salary cap est un concept qui a été développé assez récemment dans le sport en Amérique du Nord. Cet instrument vise d’une part à assurer le maintien de l’équilibre de la compétition sportive en empêchant les clubs les plus riches d’ « acheter le succès » et d’autre part à améliorer la performance financière de ces derniers en limitant leurs dépenses.

219 Voir Weistart et Lowell (1979), p. 504. 220 La draft de 2008 constitue un bel exemple de cette part de hasard puisque, à la surprise générale, ce sont les Chicago Bulls qui ont obtenu le droit de choisir leur rookie en premier alors que leurs chances de pouvoir le faire n’étaient que de 1,7%. 66

L’introduction de ce système de plafonnement de la masse salariale a été et demeure très critiquée en Amérique du Nord. Il continue de faire régulièrement l’objet de fortes contestations, notamment sous l’impulsion des syndicats de joueurs.

Cette mesure a fait l’objet de plusieurs études et tous les économistes ne sont pas unanimes quant à son réel impact sur l’équilibre de la compétition sportive. En revanche, la plupart sont d’accord avec les conclusions de FORT / QUIRK , qui relèvent ce qui suit :

« [t]he problem of maintaining financial viability for teams located in weak-drawing markets is a major one for sports leagues. (…) An enforceable salary cap is the only one of the cross- subsidization schemes currently in use that can be expected to accomplish this while improving competitive balance in a league .221 »

A. La définition de quelques notions importantes

1. Le salary cap a) Généralités

Le salary cap consiste à définir un pourcentage du revenu généré par le sport qui doit être alloué pour le salaire des joueurs.

Ce concept est développé et âprement négocié dans le cadre des CBA. Il en résulte un ensemble de dispositions extrêmement complexes, avec de nombreuses exceptions ainsi que des exceptions aux exceptions 222 . b) Les différents types de salary cap

En principe, on distingue entre le « soft salary cap », adopté par la NBA et qui contient de nombreuses exceptions et le « hard salary cap », davantage dogmatique et appliqué au sein de la NFL.

On opère également une distinction entre les « team salary caps », qui touchent l’ensemble de l’équipe et les « individual salary caps » qui s’applique à chaque joueur pris individuellement.

2. Le « revenu déterminant » du club

Une question centrale en relation avec le plafonnement des salaires consiste à définir ce que l’on inclut dans les revenus du club. En effet, dans la mesure où la part allouée aux salaires des joueurs correspond à un certain pourcentage du revenu total du club, ces derniers auront avantage à ce que toutes les sources de revenu soient inclues dans le calcul. Dans une perspective d’équilibre de la compétition sportive, il serait néanmoins problématique de prendre en compte l’ensemble des entrées financières tant la situation peut varier d’un club à l’autre.

Il convient dès lors de faire un arbitrage de la situation et de trouver un compromis, ce qui se traduit, dans le sport nord-américain, par la conclusion d’une CBA.

221 Fort et Quirk (1995), p. 1296. 222 Halgreen (2004), p. 215. Voir également, pour plus de détails, Staudohar (1999), p. 71 ss. 67

Historiquement, certains types de recettes ont été exclus du « revenu réel », telles celles découlant du merchandising ou des loges de luxe, puisque ces revenus peuvent fortement varier d’un club à l’autre selon leur popularité et du coup réduire substantiellement l’impact de la mesure sur l’équilibre de la compétition sportive.

A partir de la saison 1995-96, la NBA s’est néanmoins écartée de cette pratique et a consenti à inclure les recettes liées au merchandising dans le calcul du revenu déterminant. Il en a logiquement résulté une augmentation des salaires des joueurs.

3. Le salaire du joueur

Il se pose ici la question de savoir si l’on inclut dans le salaire tout ce que reçoit le joueur de la part du club ou si certaines « indemnités », tels que des bonus ou primes de match, restent en-dehors du cadre convenu.

La NFL et l’affaire Sanders vs. Dallas Cowboys offre une bonne illustration de ces pratiques. En 1995, le joueur Deion Sanders a été transféré chez les Dallas Cowboys et une prime de 13 millions de dollars a été convenue à la signature du contrat. Il était prévu de répartir ce montant comme suit : 1,87 million de dollars annuellement pour les sept premières années du contrat alors que son salaire de base pour les trois premières années n’était « que » de 187'000 dollars 223 .

Le Commissioner de la NFL a toutefois jugé que cette pratique contrevenait à l’esprit du salary cap et a dès lors annulé le contrat. A la suite d’une autre affaire du même genre, un compromis a finalement été trouvé et a conduit à l’introduction d’une nouvelle règle interdisant d’avoir un écart supérieur à 50% entre le salaire de base et les primes annuelles.

B. Le salary cap adopté par la NBA

1. Le principe

L’article VII de la NBA-CBA prévoit que 50% 224 du revenu déterminant devra être alloué aux salaires des joueurs. Cela correspond à une masse salariale totale de 57,7 millions de dollars par club pour la saison 2009-2010.

A l’inverse, cette même disposition prévoit également un montant minimal devant être versé aux joueurs de l’équipe ( minimum team salary ). Il correspond à 75% du maximum autorisé et se montait, au cours de la saison 2009-2010, à au moins 43,28 millions de dollars.

La NBA prévoit en outre un salary cap individuel, qui s’adresse à chaque joueur pris individuellement, indépendamment du reste de l’équipe 225 .

2. L’exception principale : La « Larry Bird Exemption »

223 Après trois ans, une forte augmentation du salaire de base de Sanders était prévue puisqu’il n’entrait plus dans la limitation imposée par le salary cap , étant alors devenu un agent libre ( free agent ). 224 En réalité, la NBA-CBA détaille le pourcentage du revenu déterminant alloué aux salaires des joueurs saison après saison, prévoyant, sur une base évolutive, 49,5% pour la saison 2005/06 et 51% pour la saison 2011/12. 225 Voir le très détaillé art. VII de la NBA-CBA. 68

La « Larry Bird Exemption » a une grande importance pratique et a conduit à une application du salary cap qualifiée de « soft » au sein de la NBA.

Le salary cap adopté par la NBA porte en effet uniquement sur les montants que les clubs peuvent allouer pour la signature de contrat avec de nouveaux joueurs. En d’autres termes, il n’existe aucune restriction quant aux sommes qu’un club peut verser à un joueur évoluant déjà sous ses couleurs et dont il souhaite prolonger le contrat.

C. Le salary cap adopté par la NFL

La NFL a introduit une limitation qui porte non seulement sur les montants que les clubs peuvent allouer pour la signature de contrat avec de nouveau joueurs ( soft cap ) mais également sur les sommes totales qui peuvent être allouées à l’ensemble des joueurs, y compris ceux qui sont déjà sous contrat ( hard cap ).

Conformément aux articles XXIV ss de la NFL-CBA, chaque équipe se voit allouer, pour les saisons 2010 et 2011, 58% du revenu déterminant. En d’autres termes, cela signifie que 58% de l’ensemble des revenus réalisés par la ligue doivent être divisés à parts égales entre les clubs et le montant obtenu constitue la limite supérieure des salaires pouvant être versés aux joueurs. Un montant minimum est également prévu et se monte à 50% du revenu déterminant.

Durant la saison 2009-2010, la masse salariale de chaque équipe s’élevait à 128 millions de dollars au maximum, le plancher étant fixé à 87,6% de ce montant, soit à 112,13 millions de dollars.

D. Le salary cap adopté par la NHL

La NHL a également adopté un hard salary cap , à la suite d’âpres négociations et d’une très longue grève ayant entraîné l’annulation pure et simple de la saison 2004-05. L’article 50 NHL-CBA règle de manière très détaillée ce système, complexe à souhait.

Dans les grandes lignes, il peut être relevé que les clubs peuvent allouer aux salaires des joueurs 75% du revenu déterminant, soit un taux beaucoup plus important que dans les autres ligues. Ainsi, pour la saison 2010-11, chaque club dispose d’une enveloppe salariale de 59,4 millions de dollars au maximum.

V. Les taxes sur les salaires

Certaines ligues ont cherché des compléments ou des alternatives au salary cap . Elles ont alors développé un système de taxes sur les salaires, dénommé « luxury tax » ou « payroll tax ».

A. La notion

Il s’agit d’un arrangement par lequel les clubs s’engagent à verser à la ligue une taxe perçue sur leurs dépenses salariales excédentaires par rapport à un maximum décidé annuellement. Cette mesure présente l’avantage de préserver l’équilibre de la compétition sportive en pénalisant les clubs dépensant davantage que la limite autorisée et, dans le même temps, octroie aux équipes une marge de manœuvre plus importante que dans le cas du salary cap .

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Cet instrument de régulation a d’abord été mis en œuvre au sein de la NHL (B.) puis dans la MLB (C.) et la NBA (D.), avec des fortunes diverses.

B. La situation au sein de la NHL

Une taxe sur les salaires a d’abord été introduite par la NHL pour la saison 1994-95. Le taux de la taxe a été fixé à 125% et la mesure était dès lors très contraignante pour les clubs.

Non satisfaits de leurs conditions salariales, les joueurs de la NHL ont entrepris une grève de trois mois qui a conduit à l’abolition de cette taxe.

C. La situation au sein de la MLB

1. De la saison 1997 à 2006

En 1997, et malgré la récente et douloureuse expérience de la NHL, la MLB a néanmoins pris l’option d’introduire une taxe sur les salaires, qualifiée de « soft ». Il s’agissait d’imposer aux cinq équipes enregistrant les charges sociales les plus élevées une taxe de 35% sur le montant correspondant à la différence entre les revenus versés à leurs joueurs et le salaire médian de la cinquième et sixième équipe du championnat ayant les charges sociales les plus élevées.

2. A partir de la saison 2007

Lors de la négociation de la nouvelle CBA, la taxe sur les salaires, dénommée « Competitive Balance Tax », a été affinée et s’applique désormais à tous les clubs de la ligue.

Elle est prévue à l’article XXIII MLB-CBA qui dispose qu’ « [a] Club with a final Actual Club Payroll that exceeds the Tax Threshold applicable in that Contract Year (“Tax Threshold”) shall be assessed a Competitive Balance Tax on the difference between its final Actual Club Payroll and the Tax Threshold. AClub with a final Actual Club Payroll at or below the Tax Threshold shall incur no Competitive Balance Tax for that Contract Year. (…)

The Tax Threshold shall be $148 Million in the 2007 Contract Year, $155 Million in the 2008 Contract Year, $162 Million in the 2009 Contract Year, $170 million in the 2010 Contract Year and $178 Million in the 2011 Contract Year. ».

Le taux de la taxe peut se monter à 22,5%, 30% ou 40% en fonction du montant de l’excédent.

D. La situation au sein de la NBA

En plus de son système de soft salary cap , la NBA a également adopté une taxe sur les salaires qui fait office de sanction pour les clubs qui dépasseraient la limitation de salaire prévue.

Le montant de cette taxe est déterminé par une formule très complexe, prévue à l’article VII NBA-CBA. A titre illustratif, durant la saison 2009-2010, une taxe de 100% était prévue si la masse salariale excédait 69,92 millions de dollars, la limite étant fixée à 57,7 millions de dollars cette année-là.

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PARTIE III : LES EXIGENCES EN VUE D’UNE MEILLEURE STABILITE FINANCIERE DES CLUBS DE FOOTBALL PROFESSIONNELS EN EUROPE

Dans le but de parvenir à une certaine stabilité financière des clubs sportifs professionnels, les instances du football ont établi des normes en matière de transparence financière (Titre I) ainsi que des règles relatives aux structures des clubs professionnels (Titre II).

Titre I : Les exigences relatives à la transparence et à l’équilibre financier des clubs

Ces règles constituent la pierre angulaire de tout le système mis en place en vue d’assurer la bonne santé financière des clubs professionnels. Elles permettent de garantir la transparence et l’information nécessaire à leur stabilité.

Après avoir passé en revue les exigences relatives à la transparence (Chapitre I) et à l’équilibre financier (Chapitre II) des clubs, nous examinerons les mécanismes mis en place par l’UEFA afin de contrôler le respect de ces exigences (Chapitre III).

Chapitre I : Les exigences relatives à la transparence financière des clubs

Outre les exigences découlant de la législation comptable ordinaire (I.) et d’une éventuelle cotation en bourse du club (II.), nous examinerons également les obligations particulières en matière financière contenues dans la réglementation de l’UEFA (III.) et surtout de la SFL (IV.).

I. Les exigences découlant de la législation comptable : l’exemple du cas du « Salva Calcio »

A partir du moment où un club revêt l’habit d’une société de capitaux, il s’expose également à devoir obéir aux règles de droit commun en matière de comptabilité. En particulier, il devra non seulement se conformer à la législation nationale en la matière mais également à la réglementation mise en place par l’Union européenne, comme l’a récemment démontré le cas des clubs de football italiens.

Au niveau de l’Union européenne, les prescriptions en matière d'information financière imposées aux sociétés à responsabilité limitée dans l'UE sont principalement contenues dans la « Directive concernant les comptes annuels de certaines formes de sociétés » ainsi que dans la « Directive concernant les comptes consolidés » (ci-après : les directives comptables).

En février 2003, l’Italie a adopté une loi dénommée « Salva Calcio ». Cette législation avait pour effet de permettre à certains clubs de sport professionnels, notamment les grands clubs de football pour lesquels les contrats passés avec les joueurs constituent la charge la plus élevée, de publier des comptes qui sous-estiment les véritables coûts d'un exercice donné. En vertu de cette loi, les clubs italiens avaient la possibilité de dissimuler des pertes et offraient donc aux investisseurs une image trompeuse de la situation financière réelle.

La loi « Salva Calcio » permettait en effet aux clubs d'inscrire à l'actif de leur bilan, à un poste particulier, les moins-values découlant d'une dépréciation de leurs droits d'exploiter les performances des joueurs professionnels, calculées sur la base d'une évaluation faite par un expert assermenté. Autrement dit, les clubs italiens pouvaient porter à l’actif du bilan des pertes réelles. 71

En outre, la loi précisait que les sociétés devaient, à des fins comptables et fiscales, procéder à un amortissement linéaire en tranches annuelles égales, même si les contrats passés avec les joueurs courraient sur une plus courte durée. Les clubs italiens avaient donc la possibilité d’amortir certains contrats de joueurs sur une période plus longue que leur durée de vie économique utile.

La Commission européenne a considéré que la loi « Salva Calcio » contrevenait au droit européen et a dès lors invité l’Italie à modifier sa législation 226 . Les directives comptables concernant les comptes annuels et les comptes consolidés des sociétés prévoient en effet que les contrats des athlètes, lorsqu'ils sont considérés comme des immobilisations incorporelles, doivent être amortis sur leur durée de vie utile, qui correspond généralement à la durée de ces contrats. Un contrat ne peut dès lors être amorti sur une période supérieure à sa propre durée.

En outre, les directives comptables prévoient que la valeur de l'actif immobilisé doit être ramenée à sa valeur réelle à la date du bilan si l'on peut s'attendre à ce que cette perte de valeur soit permanente.

Suite à un accord entre la Commission européenne et les autorités italiennes, la procédure d’infraction contre l’Italie concernant sa loi « Salva Calcio » a été clôturée 227 . Cet accord est intervenu en octobre 2005 après que les modifications demandées ont été apportées et que la loi « Salva Calcio » a été abrogée.

Cet exemple démontre bien que les dispositions de droit comptable adoptées au niveau national ou associatif doivent impérativement respecter la législation européenne, en particulier le principe de l’image fidèle de la situation financière.

II. Les exigences supplémentaires en cas de cotation en bourse

A. Remarques préliminaires

Certains clubs ont fait le choix d’entrer en bourse dans le but de s’assurer des rentrées financières supplémentaires. En octobre 1983, Tottenham Hotspur a été le premier club à entrer en bourse. Il fut suivi quatre ans plus tard par le club danois de Bronby Copenhague . Mais le mouvement a véritablement pris de l’ampleur dans les années 1990, avec l’entrée en bourse de quatorze clubs pour la seule année 1997, principalement en provenance de Grande- Bretagne.

Toutefois, malgré des débuts prometteurs, notamment en regard des performances de Manchester United et Tottenham Hotspur qui, entre 1994 et 1996, ont vu leur actions augmentées de plus de 400%, les performances des actions des clubs de football sont globalement assez décevantes. Ainsi, en 2009, la Grande-Bretagne ne compte plus que sept clubs encore cotés en bourse, alors qu’il y en a eu jusqu’à presque trente dans un passé pas si lointain 228 .

La cotation en bourse n’a en effet pas que des avantages pour les clubs, qui sont soumis à des obligations contraignantes en matière de publicité et de transparence. Certains ont donc opté

226 Communiqué de presse de la Commission européenne du 7 juillet 2004, IP/04/854. 227 Communiqué de presse de la Commission européenne du 13 octobre 2005, IP/05/1271. 228 Etude Deloitte (2009), p. 58. 72 pour un retrait de la bourse dans le but de réduire les charges liées à la réglementation et aux coûts qui y sont liés.

B. Les conditions juridiques au regard de la réglementation suisse

Une émission publique de titres, puis leur cotation en bourse, est assujettie, par tous les droits nationaux, à un certain nombre de conditions au contenu juridique ou économique. Nous nous intéresserons ci-après plus particulièrement à la réglementation suisse 229 .

Si une société fait admettre ses actions à la cotation sur un marché boursier, elle se soumet, outre aux règles du droit des sociétés, aux dispositions régissant le marché des capitaux, en particulier au droit boursier. Il se crée ainsi une cohabitation entre le droit commercial et le droit boursier.

1. Les conditions initiales de cotation

Ces conditions doivent déjà être satisfaites au moment de l’émission ou de la cotation. Nous les avons divisées en quatre groupes. a) L’organisation interne de l’émetteur

Il se pose ici la question de savoir si la forme juridique de l’association est admissible pour une entreprise qui entend réaliser du profit et attirer des investisseurs de l’extérieur. Il s’agit là d’un problème ayant trait au droit commercial qui n’intéresse pas directement les investisseurs. Ces derniers considèrent en effet que ce ne sont pas les entreprises comme telles qui sont émises puis cotées, mais leurs titres. Pour eux, ce qui importe, c’est que l’organisation soit conforme aux exigences de droit commercial et qu’il en aille de même pour les valeurs traitées.

En Suisse, les articles 10 ss du Règlement de cotation de la Bourse suisse (RCot) ne restreignent pas aux seules SA l’admission à la cotation. Il s’ensuit qu’un club revêtant l’habit d’une association pourrait théoriquement entrer en bourse, pour autant évidemment qu’il satisfasse aux autres exigences en matière de cotation. Il s’agit en tous les cas d’un problème théorique en ce qui concerne les clubs de football professionnels suisses puisqu’ils ont l’obligation de se constituer en société anonyme (SA) 230 . b) L’ancienneté de l’émetteur

La cotation en bourse est réservée aux titres des entités qui démontrent leur solidité en pouvant faire état d’un certain nombre d’années d’existence.

En Suisse, l’article 12 RCot prévoit que l’admission des émetteurs est subordonnée à la condition d’avoir publié des comptes pour trois exercices sociaux complets au moins. c) Le capital et sa structure

L’émetteur doit satisfaire diverses obligations en relation avec la structure de son capital.

229 Pour plus de détails, voir Zufferey (2000), p. 83 à 101. 230 Art. 10 des Statuts de la SFL. 73

En Suisse, le RCot prévoit notamment les exigences suivantes :

- le capital propre figurant au bilan doit s’élever au minimum à 25 millions de francs suisses (art. 15 RCot) ;

- la demande de cotation doit porter sur l’ensemble des valeurs déjà existantes de la même catégorie (art. 18 RCot) ;

- la diffusion des titres dans le public, au moins à hauteur de 25%, doit être suffisante pour que l’on puisse s’attendre à ce que le négoce boursier ait lieu (art. 19 RCot) ;

- les coupures formant la somme totale de la valeur doivent permettre la liquidation d’une transaction boursière à hauteur d’une unité de cotation (art. 22 RCot). d) L’actionnariat

Le droit boursier ne se préoccupe pas de la composition de l’actionnariat dans ses aspects de droit commercial. Il ne s’oppose ainsi pas à ce qu’un club ait différentes catégories d’actions, avec des droits de vote privilégiés 231 .

En revanche, la réglementation boursière est attentive à la négociabilité des produits financiers qu’elle propose. En Suisse, il est ainsi exigé que les valeurs soient transférables et que les restrictions de transfert mises en place par les émetteurs en accord avec le droit commercial ne perturbent pas le marché, conformément à l’article 21 RCot. e) Conclusions intermédiaires

Les conditions initiales de cotation en bourse peuvent être remplies assez aisément par les clubs sportifs professionnels. En effet, les exigences de la réglementation boursière se recoupent largement avec les dispositions que sont naturellement amenés à prendre les clubs professionnels qui veulent être gérés de façon moderne.

2. Les règles de comportement permanentes

L’émetteur doit non seulement satisfaire aux conditions de cotation pour ses titres au moment où il en fait la requête mais il doit également être en mesure de respecter des normes de comportement permanentes, notamment en matière d’information et de publication. En Suisse, pour rester cotée, une société doit remplir différentes obligations, prévues aux articles 49 à 56 RCot. a) La transparence

La transparence, et en particulier la transparence comptable, constitue le souci premier du droit des marchés financiers. Les bourses ont ainsi toutes des exigences de transparence comptable renforcées qui vont généralement bien au-delà de ce que fixe le droit commercial national.

231 En pratique, c’est même fréquemment le cas afin de permettre aux initiateurs du « going public » de conserver leur pouvoir de décision dans le club. 74

En Suisse, l’article 8 alinéa 3 LBVM prévoit que le règlement de cotation doit prendre en compte les standards internationaux reconnus. Cela implique le respect du principe de « true and fair view » lors de l’établissement des comptes, conformément aux articles 49 à 51 RCot. b) L’organisation administrative

Les clubs qui souhaitent être cotés en bourse ont de nombreuses obligations administratives à satisfaire. Ces exigences ont trait pour l’essentiel à l’information périodique que les émetteurs doivent fournir. Il est évident que ce devoir d’information exige de la part des clubs une professionnalisation de leur management, ce qui peut induire des frais considérables.

En Suisse, les sociétés cotées en bourse ont un devoir de publicité régulière, à savoir un devoir d’annonce général sur des éléments de fait ou des événements de nature technique ou administrative susceptibles d’influencer les cours. En outre, elles doivent notamment établir un rapport financier périodique, informer sur la conduite et le contrôle de l’entreprise à l’échelon le plus élevé, communiquer les faits susceptibles d’influencer les cours (« publicité événementielle ») et assurer la publicité des « transactions du management »232 . c) Les divers autres problèmes

Ils sont de nature très diverses. A titre illustratif, on peut citer les exemples suivants :

- la difficulté technique d’organiser une assemblée générale où plusieurs milliers de personnes ont le droit de participer ;

- les coûts en commissions pour les intermédiaires générés par les opérations financières d’émission, de cotation et d’augmentations de capital subséquentes ;

- la nécessité d’une liquidité minimale dans le but d’offrir aux investisseurs la possibilité d’acheter et de vendre en tout temps leurs titres233. d) Conclusions intermédiaires

Si les conditions initiales de cotation peuvent aisément être remplies, il en va différemment des règles de comportement permanentes. Ces dernières demandent en effet un gros effort de la part des clubs et engendre une hausse significative des coûts administratifs. De plus, la marge de manœuvre des clubs est réduite du fait de l’obligation de dégager des résultats financiers positifs à court terme.

III. Les exigences financières dans le système des licences de l’UEFA

Dans le domaine de la gestion financière des clubs, le football européen fait figure de modèle. Le système d’octroi de licences aux clubs mis en place par l’UEFA exige en effet que les clubs respectent toute une série d’obligations en matière de gestion financière et de présentation des comptes qui vont bien au-delà de ce qui est prévu dans d’autres fédérations sportives 234 .

232 Bauen et al. (2007), p. 361. 233 Voir également Zufferey (2000), p. 98 ss. 234 Galli (2003), p. 177 ss et Galli (2002), p. 99 ss. 75

Au travers de ses critères financiers, l’UEFA vise en priorité à atteindre les objectifs suivants :

- améliorer le potentiel économique et la capacité financière des clubs, renforcer leur transparence et leur crédibilité ainsi qu’accorder l’importance nécessaire à la protection des créanciers ;

- sauvegarder la continuité des compétitions internationales durant la saison ;

- superviser le fair-play financier dans les compétitions interclubs de l’UEFA 235 .

L’adoption des critères financiers actuels s’est déroulée par étape. L’UEFA a d’abord édicté un Manuel UEFA I qui est entré en vigueur à partir de la saison 2004/2005. Ce manuel prévoyait notamment des exigences en matière de comptes et d’absences d’engagements impayés 236 .

Consciente des lacunes de la première version du Manuel et désireuse de poursuivre la politique des « petits pas », l’UEFA a adopté une deuxième version de son Manuel, qui remplace la précédente. Cette nouvelle mouture prévoit l’obligation pour les clubs de fournir non seulement des indications sur leur situation financière actuelle, mais également des informations financières historiques et prévisionnelles 237 .

En 2008, un pas supplémentaire a été franchi avec l’entrée en vigueur d’un authentique « Règlement de l’UEFA sur la procédure d’octroi de licence aux clubs », qui remplace la deuxième version du Manuel. Ce règlement reprend l’ensemble des exigences développées dans les versions précédentes du Manuel, en les organisant sous forme d’articles, complétés par des annexes 238 .

Finalement, le 1 er juin 2010, une nouvelle édition intitulée « Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier » est entrée en vigueur (Annexe I). Elle reprend exactement les mêmes dispositions que le règlement de 2008 en ce qui concerne les critères financiers devant être remplis par les clubs 239 . Ces exigences sont contenues aux articles 46 à 52 qui sont complétées par les annexes V à IX.

Nous renvoyons le lecteur à l’Annexe, en mettant toutefois en exergue que les candidats à la licence doivent fournir, entre autres pièces, (i) un bilan, (ii) un compte de résultat, (iii) un tableau des flux de trésorerie, (iv) une annexe aux états financiers annuels, comprenant un résumé des principales méthodes comptables ainsi que d’autres notes explicatives et (v) un rapport financier de la direction. Nous nous limitons à reproduire ci-dessous la structure des dispositions pertinentes en matière de critères financiers, que nous traitons de manière plus détaillée dans le cadre de l’analyse de la situation au sein de la SFL 240 .

1) l’entité présentant les états financiers (art. 46)

235 Manuel UEFA I, p. 90. 236 Idem , p. 90 à 114. 237 Manuel UEFA II, p. 63 à 119. 238 Il s’agit des art. 44 à 52 du Règlement de l’UEFA sur la procédure d’octroi de licence aux clubs et des annexes V, VI, VII, VIII et IX. 239 La nouveauté réside en effet dans l’adoption d’une section III intitulée « Surveillance des clubs ». Voir les art. 53 à 60 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier ainsi que les annexes X et XI ; voir également infra Partie III, Titre I, Chapitre II. 240 Voir infra Partie III, Titre I, Chapitre I, IV. 76

2) les états financiers annuels (art. 47)

3) les états financiers pour la période intermédiaire (art. 48)

4) l’absence d’arriéré de paiement envers des clubs de football (art. 49)

5) l’absence d’arriéré de paiement envers le personnel et les administrations sociales ou fiscales (art. 50)

6) la lettre d’affirmation préalable à la décision d’octroi de licence (art. 51)

7) les informations financières prévisionnelles (art. 52).

IV. La mise en œuvre des critères de l’UEFA dans les associations nationales – L’exemple de la Suisse

La procédure des licences est mise en œuvre en premier lieu par les associations nationales 241 . Nous nous sommes dès lors intéressés de manière plus approfondie aux exigences requises en Suisse par la SFL.

Conformément au Règlement sur l’octroi des licences SFL (ROL), les clubs doivent produire une documentation financière complète s’ils entendent obtenir leur licence. L’annexe V du ROL ainsi que le Manuel des licences de la SFL 242 exposent ces exigences de manière très détaillée.

Les comptes annuels doivent être établis sur la base des dispositions du droit de la SA, indépendamment de la forme juridique du candidat à la licence. Ces comptes annuels doivent être contrôlés et révisés selon les principes de la profession en Suisse ainsi que des normes d’audit suisses.

La documentation financière se compose des pièces suivantes:

- Bilan ;

- Compte de profits et pertes ;

- Annexe aux comptes annuels ;

- Clôture intermédiaire ;

- Budget du compte de profits et pertes pour la saison objet de la demande de licence ;

241 Pour un aperçu de la situation en Angleterre, Italie et Espagne, voir Galli (1998), p. 18 ss. Voir également Malatos (1988), p. 20 ss pour un aperçu de l’organisation du sport professionnel dans différents pays d’Europe. 242 Voir p. 26 à 55 du Manuel des licences de la SFL. Ce Manuel a été élaboré sur la base de la décision de l’UEFA d’introduire pour le début de la saison 2004/05 une licence pour la participation aux compétitions européennes de tous les membres se trouvant sous sa responsabilité. Il a été révisé et complété en tenant compte des exigences prévues dans la seconde version du Manuel UEFA et il est entré en vigueur lors de la saison 2008/09. 77

- Plan de trésorerie pour la saison objet de la demande de licence ;

- Budget actualisé du compte de profits et pertes pour la saison en cours ;

- Plan de trésorerie actualisé pour la saison en cours ;

- Tableau de flux de trésorerie pour les comptes annuels ; et

- Rapport financier de la direction de l’entreprise.

A. Le bilan

Le bilan est établi au jour statutaire de fin d’exercice comptable du candidat. Le bilan doit mentionner les chiffres de l’année précédente. L’estimation et l’évaluation des différents postes du bilan se font sur la base des dispositions légales du droit de la SA.

Il faut appliquer les règles de structure et d’évaluation suivantes :

1. Les liquidités

Les liquidités comprennent les espèces, les avoirs en banque, à vue ou à terme avec une échéance inférieure à un an ainsi que les fonds en transit.

On évalue les liquidités à leur valeur nominale. Les monnaies étrangères sont converties au cours du dernier jour de l’année.

2. Les titres

Sont inscrits comme titres au bilan les titres de participation tels les actions ou les bons de participation qui ne sont pas destinés à être conservés durablement et peuvent être vendus rapidement. Les titres comprennent également les papiers monétaires, les obligations, les options ou les futures, négociés en bourse.

Les titres sont évalués de la manière suivante :

- Les titres ayant une valeur boursière sont évalués au cours de clôture, tel qu’il est exprimé sur les relevés bancaires ;

- Les titres n’ayant pas de valeur boursière sont évalués à leur valeur d’acquisition, déduction faite des amortissements nécessaires ;

- Les titres en monnaies étrangères sont convertis au cours du dernier jour de l’année.

3. Les créances

Les créances sont ventilées selon leur nature :

- créances découlant de livraisons et de prestations ;

78

- créances découlant de transferts de joueurs. Le total des créances résultant de transferts de joueurs doit apparaître séparément au bilan. On entend par transfert de joueurs les ventes et les prêts à des tiers ;

- créances vis-à-vis d’entreprises associées ;

- créances vis-à-vis d’entreprises avec lesquelles il existe un rapport de participation ;

- créances vis-à-vis de personnes physiques et/ou morales liées directement à des membres des organes du candidat à la licence ;

- autres créances. Les postes individuels des autres créances équivalant à plus de 10% du total de la rubrique doivent être mentionnés séparément dans l’annexe.

Normalement, les créances sont inscrites au bilan à la valeur nominale. Pour les créances douteuses, une provision adéquate doit être constituée. Les créances en monnaies étrangères sont converties au cours du dernier jour de l’année.

4. Les comptes de régularisation d’actifs

Les comptes de régularisation d’actifs sont des charges qui ne se matérialisent que durant l’exercice suivant et qui ne doivent en conséquence pas grever l’exercice en cours (actifs transitoires). Les prestations fournies qui n’ont pas encore été facturées sont comptabilisées comme créances.

5. Les stocks

Les stocks sont des actifs dont la vente est prévue dans le cadre d’une activité commerciale normale ou en cours de fabrication et dont la vente est prévue ultérieurement.

Les stocks de marchandises doivent être évalués selon le principe de la valeur la plus basse entre la valeur selon le coût historique (coût d’acquisition ou de fabrication) et la valeur réalisable nette (valeur qui correspond au prix de vente, après déduction des coûts estimés pour la finalisation et la vente).

6. Les immobilisations corporelles

Les immobilisations corporelles sont ventilées comme suit :

- immeubles, autres immobilisations ;

- paiements effectués et investissements dans la construction (acomptes).

Les immobilisations corporelles sont comptabilisées au bilan à leur valeur d’acquisition après déduction des amortissements nécessaires. Les amortissements s’effectuent en fonction de la durée d’utilisation économique.

7. Les placements financiers

Les placements financiers sont ventilés comme suit : 79

- participations dans des entreprises associées ;

- prêts à des entreprises avec lesquelles existe un rapport de participation ;

- autres participations ;

- prêts à d’autres sociétés de participations.

On distingue : a) Les participations majoritaires

Les participations majoritaires sont des participations dans d’autres sociétés, avec plus de 50% des voix ou dans des sociétés dans lesquelles le candidat exerce d’une autre manière la direction et le contrôle direct. Les participations majoritaires sont évaluées à leur prix d’acquisition ( purchase method ). La consolidation et l’évaluation du goodwill sont effectuées à l’échelon du candidat. b) Les participations minoritaires

Les participations minoritaires sont des participations dans d’autres sociétés avec moins de 20% des voix, mais dans lesquelles le candidat exerce une influence notoire. Les participations minoritaires sont évaluées à leur prix d’acquisition ( purchase method ). L’inscription comptable des résultats des participations et l’évaluation du goodwill sont effectuées à l’échelon du candidat. c) Les autres participations

Les autres participations sont des participations dans d’autres sociétés avec moins de 20% des voix, ou lorsque le candidat ne peut exercer aucune influence, mais qui ne sont pas comptabilisées comme titres. Les autres participations sont évaluées à leur prix d’acquisition ou à leur valeur vénale. d) Les prêts

Les prêts sont évalués à leur valeur nominale. Les monnaies étrangères doivent être converties au cours du dernier jour de l’année. On prend en compte un éventuel risque de perte.

8. Les autres titres

Les autres titres sont ventilés comme suit :

- autres prêts ;

- cautionnements.

Les autres prêts et cautionnements sont évalués à leur valeur nominale. Les monnaies étrangères sont converties au cours du dernier jour de l’année. On prend en compte un éventuel risque de perte. 80

9. Les immobilisations incorporelles

Les immobilisations incorporelles sont ventilées comme suit :

- concessions, droits industriels protégés et droits et valeurs similaires ainsi que licences sur de tels droits et valeurs ;

- goodwill et écarts d’acquisitions (résultant d’évaluation d’entreprises acquises) ;

- valeur des joueurs (sommes de transfert, indemnités de formation et primes de signature) ;

- acomptes versés sur l’acquisition de joueurs.

En principe, le nom du club de football ne possède pas de valeur activable et, en conséquence, il ne peut pas être inscrit à l’actif du bilan. Les droits au nom et/ou au logo du candidat acquis par des tiers à titre onéreux peuvent être activés au prix de vente, mais doivent être amortis de manière linéaire. La durée maximale d’amortissement ne doit pas dépasser vingt ans. Il faut vérifier chaque année le montant activé et s’assurer qu’il n’a pas perdu de valeur. a) Activation de la valeur des joueurs

Les sommes de transfert acquittées doivent être inscrites séparément au bilan, en tant que valeurs patrimoniales immatérielles. Elles doivent être amorties sur la durée du contrat avec le joueur. Dans ce contexte, les principes suivants doivent être respectés :

- Seuls les coûts de transfert pouvant être directement attribués et qui ont été payés par le club acquéreur au club cédant peuvent être activés.

- Les amortissements s’effectuent de manière linéaire sur la durée du contrat, au maximum toutefois sur trois ans.

- En cas de prolongation anticipée du contrat, la nouvelle durée d’utilisation est déterminante pour l’amortissement de la valeur résiduelle. Les amortissements doivent être adaptés en fonction de la nouvelle durée d’utilisation pour les périodes ultérieures.

- Toutes les valeurs de joueurs activés doivent être vérifiées chaque année pour s’assurer qu’elles n’ont pas subi de réduction. Si la valeur déterminée pour le joueur est inférieure à la valeur comptable résiduelle, il faut corriger cette dernière par un amortissement. La preuve du maintien de valeur comptable pour chaque joueur activé doit être apportée chaque année et mise à disposition du réviseur pour contrôle. Dans ce contexte, une comparaison de la valeur comptable avec la valeur réelle ou effective sur le marché doit être effectuée. En cas de blessures, de baisse de performance ou autre, les corrections de valeur correspondantes doivent être prises en compte. La valeur comptable est la valeur inscrite au bilan après déduction des corrections de valeurs cumulées.

- La valeur de marché est la valeur la plus élevée entre le produit de vente net réalisable d’un actif (produit de la vente moins frais de vente) d’une part et sa valeur 81

d’utilisation (valeur des flux financiers futurs générée par l’utilisation de l’actif et sa réalisation à la fin de la durée d’utilisation) d’autre part. b) Activation des indemnités de formation

L’activation des coûts internes de formation (les propres juniors du candidat) n’est pas admise. Les indemnités de formation payées à des tiers indépendants sont traitées comme des coûts de transfert. c) Activation des primes de signature payées

On distingue entre les primes de signature à passer directement dans les charges et les primes de signature avec clause de remboursement qui doivent être activées pour ce montant.

Les principes suivants doivent être respectés :

- Si les primes de signature représentent un forfait versé au joueur lors de la signature du contrat et que ce contrat entre le club et le joueur ne prévoit pas de remboursement en cas d’interruption ou de résiliation anticipée, elles doivent passer directement en charges dans le compte de résultat.

- Si les primes de signature représentent une avance sur salaire versée au joueur lors de la signature du contrat et que le contrat entre le club et le joueur prévoit un remboursement au club du montant non échu en cas d’interruption ou de résiliation anticipée, le montant doit être inscrit comme charge payée d’avance au bilan. L’activation de ces charges doit apparaître dans les frais de transfert activés.

Le candidat à la licence a le choix entre débiter les primes de signature payées directement via le compte de résultat ou de les activer selon les principes indiqués ci-dessus.

10. Les engagements à court terme (durée inférieure ou égale à une année) a) Envers des instituts de crédit

Les engagements envers des instituts de crédit peuvent être résiliés dans un délai d’un an, y compris la part des dettes bancaires à long terme dont l’échéance est à court terme.

Les engagements bancaires à court terme sont évalués à leur valeur nominale. Les monnaies étrangères sont converties au cours du dernier jour de l’année. b) Résultant de livraisons et de prestations

Les engagements résultant de livraisons et de prestations concernent des créanciers auxquels le paiement devra s’effectuer dans un délai d’un an. Ils comprennent les engagements générés par les activités courantes mais également les engagements pas encore payés envers les employés, y compris les charges et prestations sociales.

Les engagements résultant de livraisons et de prestations doivent être évalués à leur valeur nominale. Les monnaies étrangères doivent être converties au cours du dernier jour de l’année. 82

c) Les acomptes reçus

Les acomptes reçus à caractère de pure prestation anticipée doivent en principe être ventilés dans les engagements à court terme. Exceptionnellement, ils peuvent être ventilés dans les engagements à long terme.

Les acomptes reçus, tout comme d’ailleurs les engagements en général, doivent être inscrits au bilan à leur valeur nominale. d) Résultant de transferts de joueurs

Le total des engagements résultant de transferts de joueurs doit être inscrit séparément au bilan. On entend par transferts de joueurs les achats et les prêts de joueurs en provenance de tiers.

Les engagements sont inscrits au bilan à raison du montant dû. Les engagements contestés, pour autant qu’ils ne soient pas manifestement injustifiés, doivent être inscrits au bilan. Le cas échéant, un poste actif de correction à la valeur estimée peut leur être opposés. e) Vis-à-vis d’entreprises liées

Le total des engagements vis-à-vis d’entreprises liées est publié séparément au bilan.

Les engagements envers des entreprises liées sont inscrits au bilan à leur valeur nominale. f) Vis-à-vis d’entreprises avec lesquelles existe un rapport de participation

Le total des engagements vis-à-vis d’entreprises avec lesquelles existe un rapport de participation est publié séparément au bilan.

Les engagements vis-à-vis d’entreprises avec lesquelles existe un rapport de participation sont inscrits au bilan à leur valeur nominale. g) Les autres engagements

Les postes individuels des autres engagements équivalant à plus de 10% du total de la rubrique doivent être publiés séparément à l’annexe.

Les autres engagements sont inscrits au bilan à raison du montant dû. h) Les provisions

Les provisions sont ventilées comme suit :

- impôts ;

- pensions et cas similaires ;

- autres. 83

Les postes des autres provisions équivalant à plus de 10% du total de la rubrique doivent être publiés séparément à l’annexe.

Les provisions servent à enregistrer sur la période concernée les charges et les pertes dont le motif est connu au jour du bilan, mais dont le montant n’est pas encore déterminé. Elles permettent également de prendre en compte les engagements et les coûts existant au jour du bilan mais dont le montant et l’échéance ne peuvent être déterminés avec précision ou dont l’existence est douteuse. Pour calculer les provisions, on utilise des estimations ou des méthodes de calcul économiquement raisonnables.

Une provision doit être établie pour les risques en cours sur les affaires en suspens. Si la valeur comptable d’un joueur qui passe à autre club est supérieure à la somme convenue pour le transfert, la différence doit être corrigée au moment de la conclusion du contrat. i) Les comptes de régularisation de passifs

Les comptes de régularisation de passifs sont ventilés comme suit :

- billetterie ;

- publicité ;

- autres.

Les informations suivantes doivent être publiées séparément à l’annexe :

- primes de résultats ;

- conventions concernant les participations aux bénéfices ;

- prestations sociales correspondantes ;

- indemnités convenues et indemnités de licenciement.

Les postes des autres comptes de régularisation de passifs équivalant à plus de 10% du total de la rubrique doivent être publiés séparément à l’annexe.

Les comptes de régularisation de passifs contiennent :

- les charges pas encore prises en compte dont le revenu correspondant a été comptabilisé sur l’exercice en cours mais pour lesquelles la facture ou la liquidation du paiement n’interviendra que pour l’exercice suivant ;

- les paiements reçus pour des prestations qui ne seront effectuées que durant l’exercice suivant et qui ne peuvent pas encore être comptabilisées comme recettes pour l’exercice en cours.

11. Les engagements à long terme (durée supérieure à une année)

84

Les engagements à long terme sont des engagements dont l’échéance n’est pas située durant le prochain exercice. Les règles de structure et d’évaluation s’appliquent comme dans le cas des engagements à court terme.

12. Le capital propre

Le capital propre est ventilé comme suit:

- capital souscrit ou capital social ;

- agio ;

- réserves ;

- réserves légales ;

- réserves pour rachat d’actions propres ;

- autres réserves ;

- report des bénéfices ou des pertes ;

- bénéfice annuel ou perte annuelle.

B. Le compte de profits et pertes

Le compte de profits et pertes est établi pour la période comptable statutaire et doit indiquer les chiffres de l’année précédente.

Les produits sont constitués au minimum des postes suivants :

- les entrées ;

- la publicité ;

- les droits de diffusion ;

- les transferts ;

- les activités commerciales (notamment le merchandising et les cessions de droit d’utilisation) ; et

- les autres recettes d’exploitation (notamment les primes de mise à disposition pour joueurs de l’équipe nationale, les primes de signature, les compétitions interclubs de l’UEFA, les cotisations de membres et les subsides).

S’agissant de la structure minimale des charges, elle est la suivante :

- les charges de matériel ;

85

- les charges de personnel ;

- les amortissements ;

- les autres charges d’exploitation (notamment les droits de diffusion, les transferts, la publicité, le merchandising, l’administration, la location et le bail et l’organisation des compétitions).

C. L’Annexe au compte annuel

L’Annexe fait partie intégrante de la documentation financière et elle doit correspondre aux positions figurant dans le bilan et le compte de profits et pertes.

Les indications suivantes doivent au moins y figurer :

1. Les informations de base concernant la société

Dans l’Annexe, le candidat à la licence doit transmettre les informations suivantes :

- son nom ou sa raison sociale, sa forme juridique et sa structure organisationnelle ;

- son siège et son domicile sociaux ;

- la durée de l’exercice comptable et la date de bouclement des comptes ;

- les informations sur les membres de son organe de surveillance (noms, prénoms, adresses, fonctions) ; et

- les informations sur les membres de son organe exécutif ayant un pouvoir de représentation (noms, prénoms, adresses, fonctions).

2. Les autres créances

Les postes individuels qui représentent plus de 10% du total de la rubrique « Autres créances » doivent être présentés séparément dans l’Annexe.

3. Le tableau des immobilisations

Le tableau des immobilisations fait partie intégrante de l’Annexe. Il comprend les immobilisations corporelles, les placements financiers, les autres titres et les immobilisations incorporelles avec les valeurs d’acquisition, les amortissements cumulés et les valeurs comptables. Des précisions sur d’éventuels nantissements, cessions à fins de garantie, cessions ou réserves de propriété doivent être indiquées concernant les différents postes des actifs immobilisés figurant dans le tableau des immobilisations.

4. Le tableau des participations

Est considérée comme participation toute entité légale sur laquelle le candidat peut exercer une influence déterminante. Celle-ci est présumée lorsque le candidat détient directement ou indirectement 20% des droits de vote. 86

Les participations détenues par le candidat doivent figurer à part dans l’Annexe, avec les informations suivantes :

- raison sociale, forme juridique et capital social ;

- taux de participation (part du capital détenu et nombre de voix) ; et

- membres de l’organe de contrôle et des organes opérationnels ayant un pouvoir de représentation (fonctions, noms, prénoms et adresses).

5. Les biens nantis ou cédés

Les biens figurant au bilan et qui ont été cédés ou mis en gage à titre de garantie doivent être mentionnés spécifiquement avec indication du type, de la charge, de la limitation au pouvoir de disposer et du montant imputé. Les biens engagés sont indiqués à leur valeur comptable telle qu’elle figure au bilan et le montant mis en gage doit être précisé.

6. Les autres engagements

Les postes individuels qui représentent plus de 10% du total de la rubrique « Autres engagements » doivent être présentés séparément dans l’Annexe.

7. Les autres comptes de régularisation de passifs

Les informations suivantes doivent apparaître individuellement :

- les primes de performance ;

- les conventions relatives à une participation aux bénéfices ;

- les prestations sociales y relatives ;

- les indemnités de licenciement convenues et les obligations de continuer à payer ; et

- les postes individuels qui représentent plus de 10% du total de la rubrique « Autres comptes de régularisation de passifs » doivent être indiqués séparément.

8. Les autres provisions

Les postes individuels qui représentent plus de 10% du total de la rubrique « Autres provisions » doivent être indiqués séparément.

9. Les facilités d’emprunts

Les facilités d’emprunts ou les comptes-courants doivent figurer séparément avec les indications suivantes :

- le ou les nom(s) du ou des partenaire(s) contractuel(s) ;

87

- la durée du contrat ;

- la limite du crédit ; et

- la prétention au jour de la clôture des comptes.

10. Les actions ou parts propres

Le candidat doit indiquer les actions propres qu’il détient ou la part au capital qu’elles représentent à la date à laquelle le bilan est arrêté. Le candidat doit motiver ses décisions d’achat et de vente des actions ou parts dans l’Annexe.

11. Les propriétaires ou actionnaires importants

Afin d’identifier les propriétaires ou actionnaires importants des différents candidats, il convient d’indiquer les noms, prénoms, adresses et participations des actionnaires détenant plus de 5% du capital du candidat. Toute différence entre la participation au capital et le nombre de voix doit être signalée.

Si ces propriétaires ou actionnaires sont des personnes morales, les noms, prénoms et adresses des personnes physiques responsables du contrôle et de la direction de ces sociétés doivent également être indiqués.

12. Les transactions importantes avec des entreprises associées

Les transactions importantes avec des entreprises associées doivent être annoncées. Une transaction est considérée comme importante lorsqu’elle excède 5% du chiffre d’affaires de la période sous revue. Les aspects suivants de telles transactions doivent être révélés :

- le genre de transaction ;

- l’importance de la transaction pour chaque partie ;

- le montant de la transaction.

Sont considérés comme des entreprises associées :

- les propriétaires ou actionnaires détenant plus de 5% des parts ;

- les entreprises avec lesquelles existe un rapport de participation (filiales ou sociétés appartenant pour plus de 20% au même groupe que le candidat) ; et

- les membres du comité et les membres de la direction.

13. Le tableau des joueurs

Le tableau des joueurs doit au moins indiquer la totalité des joueurs figurant à l’actif des comptes, ainsi que l’ensemble des joueurs inscrits auprès de l’association nationale qui appartiennent à l’équipe du candidat jouant au plus haut niveau.

88

Les joueurs empruntés à un autre club et qui jouent pour le candidat ainsi que les joueurs prêtés à d’autres clubs doivent figurer séparément dans le tableau avec mention du partenaire contractuel et du montant annuel du prêt.

Le tableau des joueurs doit contenir les indications minimales suivantes :

- le nom et la date de naissance ;

- les dates de début et de fin de contrat ;

- les frais d’acquisition directe de l’inscription ;

- le cumul des amortissements reportés et de fin de période ;

- les charges ou amortissements au cours de la période ;

- la perte de valeur au cours de la période ;

- les cessions (coûts et cumul des amortissements) ;

- la valeur comptable nette ; et

- les profits ou pertes résultant de l’annulation d’inscriptions de joueurs ou de droits de transfert.

14. Les activités de transfert

Sous cette rubrique doivent figurer les arrivées et départs ainsi que les joueurs empruntés ou prêtés à d’autres clubs. Les prolongations de contrats de prêt doivent également apparaître sous ce point qui doit contenir les informations suivantes :

- le joueur (identifié par son nom ou son passeport de joueur) ;

- la date du contrat de transfert ;

- l’ancien et le nouveau club ;

- le montant du transfert ou du prêt ;

- l’échéance ;

- le montant déjà payé ; et

- la dette ou la créance résiduelle.

Les arrivées de joueurs peuvent être reprises de manière forfaitaire de la documentation servant à établir l’absence d’engagements impayés découlant d’activités de transfert au 31 décembre. Lors de ventes, la valeur comptable avant la transaction et le résultat du transfert doivent être indiqués séparément.

89

15. Les contrats importants

Les contrats importants doivent être mis à disposition du bailleur de licence. Un contrat est considéré comme important lorsqu’il risque, avec une certaine vraisemblance, d’influencer les évaluations et les décisions à faire dans le rapport à propos du candidat ou si son omission ou une présentation erronée est susceptible d’influencer la décision économique du bailleur de licence. Un contrat est notamment important lorsqu’il excède 5% du chiffre d’affaires de la période sous revue.

Cette rubrique doit également contenir toutes les prolongations de contrats de joueurs ou d’entraîneurs, de contrats TV ainsi que tous les contrats portant sur la cession de droits à des tiers qui donnent à ceux-ci la possibilité d’exercer une influence sur le candidat, pour autant qu’ils soient importants.

Les éléments suivants doivent notamment être mentionnés :

- le partenaire contractuel ;

- l’objet du contrat ;

- le volume du contrat ;

- la durée du contrat et les éventuelles options de prolongation ; et

- les modalités de paiement.

Ces contrats devront être déposés avec la possibilité de les consulter. Il est recommandé de mentionner tous les contrats TV, même ceux qui ne sont pas importants.

16. Les autres obligations financières ne figurant pas au bilan

Les autres obligations financières ne figurant pas au bilan et leurs principes d’évaluation doivent être énumérés. Il s’agit notamment des engagements liés aux transferts et aux achats, tels les obligations découlant de transferts de joueurs déjà réalisés, d’autres obligations d’investissements, des obligations de garantie ou des promesses de crédit irrévocables.

17. Les obligations éventuelles

Les obligations éventuelles, telles que par exemple des prétentions en dommages et intérêts, doivent figurer dans l’Annexe, avec mention de l’issue probable et du montant des prétentions en dommages et intérêts, y compris les frais juridiques.

D. La clôture intermédiaire

Si son exercice comptable se termine plus de six mois avant le délai d’introduction de la demande de licence, le candidat à la licence doit procéder à une clôture intermédiaire pour la période transitoire. Cette clôture intermédiaire consiste en un examen succinct et les conclusions ne doivent pas faire l’objet d’une assurance.

90

Cette période transitoire couvre la période du 1 er juillet au 31 décembre (en cas de fin d’exercice comptable au 30 juin).

La clôture intermédiaire doit être élaborée selon les mêmes directives que les comptes annuels. Les dispositions du droit de la SA et les principes d’établissement régulier des comptes annuels sont applicables. Les comptes intermédiaires se composent du bilan, du compte de profits et pertes et de l’Annexe.

L’organe de révision doit établir un rapport séparé sur l’examen succinct.

E. Le budget du compte de profits et pertes pour la saison objet de la demande de licence

Le budget du compte de profits et pertes doit englober la période de la saison pour laquelle la licence est demandée. Le candidat y estime de manière plausible les produits et les charges sur la base des chiffres de l’année précédente.

Il est recommandé d’établir le budget du compte de profits et pertes sur une base trimestrielle, afin de prendre en considération les variations saisonnières et d’avoir la possibilité de s’appuyer sur des comparaisons trimestrielles entre la réalité et les estimations. Il va de soi qu’il est également possible d’élaborer le budget du compte de profits et pertes sur une base mensuelle, comme cela se fait d’ailleurs pour le plan de trésorerie.

Le budget du compte de profits et pertes doit contenir des valeurs comparatives qui correspondent aux valeurs du compte de profits et pertes de la saison précédente.

F. Le plan de trésorerie pour la saison objet de la demande de licence

Le candidat à la licence doit démontrer par le biais d’un plan de trésorerie mensuel qu’il sera en mesure de satisfaire aux besoins de liquidités pour la durée de la saison pour laquelle la licence est demandée. Un solde positif de l’avoir en liquidités doit résulter du plan de trésorerie de chaque mois.

Le plan de trésorerie doit englober la période de la saison pour laquelle la licence est demandée. Le candidat y estime de manière plausible ses recettes et ses dépenses de la saison pour laquelle il demande l’octroi de la licence sur la base des chiffres de l’année précédente et, si nécessaire, des chiffres actuels de la clôture intermédiaire.

Le plan de trésorerie est élaboré sur la même base et selon les mêmes présomptions que le budget du compte de profits et pertes, afin de prendre en considération les variations saisonnières.

G. Le budget actualisé du compte de profits et pertes pour la saison en cours

Le budget actualisé du compte de profits et pertes englobe la saison en cours. Le candidat y actualise de manière plausible les produits et les charges jusqu’à la fin de la saison, sur la base des données effectives de la clôture intermédiaire si nécessaire.

Il est recommandé d’établir le budget actualisé du compte de profits et pertes sur une base mensuelle, comme le plan de trésorerie. 91

Le budget actualisé du compte de profits et pertes doit contenir des valeurs comparatives qui correspondent aux valeurs du compte de profits et pertes de la saison précédente.

H. Le plan de trésorerie actualisé pour la saison en cours

Le candidat à la licence doit démontrer par le biais d’un plan de trésorerie mensuel qu’il sera en mesure de satisfaire aux besoins de liquidités nécessaires à l’activité sportive pour la fin de la saison en cours.

Le plan de trésorerie actualisé englobe la saison en cours. Le candidat y estime de manière plausible ses recettes et ses dépenses pour le reste de la saison, sur la base des chiffres actuels de la clôture intermédiaire si nécessaire.

Le plan de trésorerie actualisé doit être élaboré sur la même base et selon les mêmes présomptions que le budget actualisé du compte de profits et pertes.

I. Le tableau du flux de trésorerie

Sur la base des comptes annuels, le candidat à la licence doit établir un tableau pour le flux de trésorerie. Le tableau du flux de trésorerie doit présenter les versements de l’année comptable ainsi que des informations comparatives avec l’année précédente.

Si une clôture intermédiaire s’avère nécessaire et qu’un examen est effectué, un tableau de flux de trésorerie doit également être établi pour la période transitoire.

J. Le rapport financier

Le candidat à la licence doit présenter un rapport financier et le faire signer par le conseil d’administration ou par le directeur au nom du conseil d’administration. Ce rapport financier doit donner des informations sur les domaines suivants :

1. Les activités principales

Il est recommandé de noter tous les détails des activités principales de l’entreprise et tous les changements importants qui ont marqué l’activité durant l’année comptable.

2. Le rapport d’exploitation

Ce rapport doit transmettre une image exacte du développement de la gestion de l’entreprise au cours et à la fin de l’année comptable. Il convient au surplus d’informer sur le développement futur prévu de la branche de l’entreprise.

Au niveau des données pouvant être considérées comme des pronostics, la prudence est de rigueur. Il convient tout particulièrement de mentionner en détails les événements importants qui peuvent avoir des répercussions sur l’entreprise et ses filiales et qui se sont produits depuis la fin de l’année comptable pour laquelle une clôture des comptes a été effectuée.

3. Le conseil d’administration

92

Il convient de mentionner le nom des personnes qui, à un moment ou à un autre de l’année comptable, ont été en fonction en tant que membres du conseil d’administration de l’entité.

Il est recommandé de noter la date de leur nomination et de leur retrait. Il est en outre également recommandé de mentionner les modifications au niveau des membres du conseil d’administration depuis la fin de l’année comptable et, le cas échéant, la rotation prévue du conseil d’administration lors de l’assemblée générale annuelle.

4. Les parts des membres du conseil d’administration

Il est recommandé de faire mention des parts des membres du conseil d’administration. Ces informations se rapportent aux parts détenues par les membres du conseil d’administration. Si aucune part n’est détenue, il faut également le mentionner.

Si le candidat à la licence est tributaire d’un prêt du conseil d’administration, il convient également de le mentionner.

Chapitre II : Les exigences relatives à l’équilibre financier des clubs

Les obligations qui incombent aux clubs en vue d’atteindre l’équilibre financier sont désormais connues sous le vocable de « fair-play financier ». Il s’agit d’un concept mis en place par l’UEFA qui vise à accroître l’équité dans les compétitions sportives tout en assurant une stabilité financière des clubs à long terme. L’idée de base de l’UEFA est de contraindre les clubs à respecter un équilibre entre les dépenses et les recettes sur une période de trois années 243 .

Les exigences relatives à l’équilibre financier sont prévues aux articles 58 à 63 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier.

I. Les notions de base

Il est nécessaire au préalable de cerner un certain nombre de notions afin d’être en mesure de comprendre les mécanismes mis en place par l’UEFA en vue d’assurer l’équilibre financier des clubs.

A. La notion de « revenus déterminants »

Conformément à l’article 58 alinéa 1 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier, « [l]es revenus déterminants sont définis comme les revenus provenant des recettes de billetterie, des droits de diffusion, du sponsoring et de la publicité, des activités commerciales et des autres revenus d'exploitation, plus soit le profit soit les revenus résultant de la sortie d'inscriptions de joueurs, l’excédent résultant de la cession d’immobilisations corporelles et les revenus financiers. Ils ne comprennent pas les éléments non monétaires ni certains revenus provenant des opérations non footballistiques ».

L’annexe X du règlement règle les détails.

B. La notion de « dépenses déterminantes »

243 On parle fréquemment à ce sujet de la « break-even rule ». 93

L’article 58 alinéa 2 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier dispose que « [l]es dépenses déterminantes sont définies comme les coûts de vente, les prestations en faveur du personnel et les autres frais d’exploitation, plus soit l’amortissement soit les coûts d’acquisition d’inscriptions de joueurs, les charges financières et les dividendes. Elles ne comprennent pas la dépréciation/perte de valeur des immobilisations corporelles, l’amortissement/la perte de valeur sur les immobilisations incorporelles (autres que les inscriptions de joueurs), les dépenses relatives à des activités de développement du secteur junior et de la collectivité, les autres éléments non monétaires, les charges financières directement attribuables à la construction d’immobilisations corporelles, les charges fiscales ni certaines dépenses liées aux opérations non footballistiques ».

L’annexe X du règlement règle les détails.

C. La notion de « période de surveillance »

En vertu de l’article 59 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier, une « période de surveillance » est la période au cours de laquelle un bénéficiaire de la licence est évalué dans le cadre de l’exigence relative à l’équilibre financier.

En principe, la « période de surveillance » couvre les trois « périodes de reporting » suivantes:

1) La « période de reporting T »

Il s’agit de la période de reporting s'achevant lors de l'année civile au cours de laquelle les compétitions interclubs de l'UEFA commencent.

2) La « période de reporting T-1 »

Il s’agit de la période de reporting s'achevant lors de l'année civile précédant celle au cours de laquelle la saison des compétitions interclubs de l'UEFA commence.

3) La « période de reporting T-2 »

Il s’agit de la période de reporting précédant la période de reporting T-1.

Ainsi, la période de surveillance évaluée lors de la saison 2015/16 couvrira les périodes de reporting s’achevant en 2015 (période de reporting T), en 2014 (période de reporting T-1) et en 2013 (période de reporting T-2).

D. La notion de « résultat relatif à l’équilibre financier »

Le « résultat relatif à l’équilibre financier » constitue la différence entre les revenus déterminants et les dépenses déterminantes, conformément à l’article 60 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier qui renvoie pour les détails à l’Annexe X.

Le « résultat global relatif à l’équilibre financier » est la somme des résultats de l’équilibre financier pour chaque période de reporting couverte par la période de surveillance, c’est-à- dire les périodes de reporting T, T-1 et T-2. 94

En cas de résultat global relatif à l’équilibre financier déficitaire pour la période de surveillance, le club a encore la possibilité de prouver que le déficit global est réduit par un excédent résultant de la somme des résultats de l'équilibre financier des deux périodes de reporting précédant T-2, à savoir T-3 et T-4.

E. La notion d’ « écart acceptable »

L’article 61 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier dispose que l’« écart acceptable » est le résultat global relatif à l’équilibre financier déficitaire maximum qu’un club peut présenter sans violer l’exigence relative à l’équilibre financier.

Il est prévu que cet écart acceptable s'élève à cinq millions d’euros. Il peut cependant dépasser ce seuil jusqu’à hauteur des montants suivants si ce dépassement est entièrement couvert par des contributions d’actionnaires et/ou de parties liées :

- quarante-cinq millions d’euros pour la période de surveillance évaluée au cours des saisons de licence 2013/14 et 2014/15;

- trente millions d’euros pour la période de surveillance évaluée au cours des saisons de licence 2015/16, 2016/17 et 2017/18;

- un montant inférieur tel que décidé en temps utile par le Comité exécutif de l’UEFA pour les périodes de surveillance évaluées au cours des saisons de licence suivantes.

II. Le respect de l’équilibre financier

En application de l’article 62 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier, les clubs candidats à la licence doivent fournir des informations relatives à leur équilibre financier, notamment pour les périodes de reporting T-1 et T-2.

Conformément à l’article 63 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier, l’exigence relative à l’équilibre financier est remplie si aucun des indicateurs prévus n’est franchi et si le bénéficiaire de la licence présente un résultat relatif à l’équilibre financier excédentaire pour les périodes de reporting des deux années précédentes.

Autrement dit, le club qui ne satisfait pas à l’un des indicateurs prévus par le Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier devrait en principe être réputé ne pas respecter l’équilibre financier (A). Il existe toutefois des exceptions à ce principe (B.)

A. Le principe : L’interdiction de franchir les indicateurs prévus

Si un club candidat à la licence ne réalise pas l’une des conditions décrites par les indicateurs I à IV, il est réputé avoir franchi l'indicateur correspondant.

1. Indicateur I : La poursuite de l’exploitation

Pour que la condition soit remplie, le rapport de l’auditeur sur les états financiers annuels ne doit pas comporter de paragraphe d’observation ou exprimer une conclusion avec réserve en ce qui concerne la capacité à poursuivre l’exploitation. 95

2. Indicateur II : Les fonds propres

Les états financiers annuels, couvrant la période de reporting T-1, ne doivent pas révéler une détérioration du passif net par rapport au chiffre correspondant figurant dans les états financiers de l’année précédente, à savoir la période de reporting T-2.

De même, les états financiers intermédiaires ne doivent pas révéler une détérioration du passif net par rapport au chiffre correspondant à la précédente date de clôture statutaire, c’est-à-dire la période de reporting T-1.

3. Indicateur III : Le résultat relatif à l’équilibre financier

Le club candidat à la licence ne doit pas faire état d’un résultat relatif à l’équilibre financier déficitaire pour une ou deux des périodes de reporting T-1 et T-2.

4. Indicateur IV : L’absence d’arriérés de paiement

Le club candidat à la licence ne doit pas présenter des arriérés de paiement au 30 juin de l’année au cours de laquelle les compétitions interclubs de l’UEFA commencent.

B. Les exceptions

Même lorsque l’un des indicateurs I à IV est franchi, l’exigence relative à l’équilibre financier peut être remplie, si le club satisfait à l’une des deux conditions suivantes :

1. Un résultat global relatif à l’équilibre financier excédentaire

Le club candidat à la licence doit présenter un résultat global relatif à l’équilibre financier excédentaire pour les périodes de reporting T-2, T-1 et T.

2. Un résultat global relatif à l’équilibre financier se situant dans les limites de l’écart acceptable

Le club candidat à la licence doit présenter un résultat global relatif à l’équilibre financier déficitaire pour les périodes de reporting T-2, T-1 et T qui se situe dans les limites de l’écart acceptable, après prise en compte de l’excédent éventuel pour les périodes de reporting T-3 et T-4.

Chapitre III : Le contrôle du respect des exigences relatives à la transparence et à l’équilibre financier

Il est admis que même les réglementations les plus complètes et les plus pointues en matière de transparence et d’équilibre financier ne seront d’aucune utilité et resteront très souvent lettre morte si elles ne sont pas assorties d’un contrôle strict de leur respect.

Consciente de cet état de fait, l’UEFA a adopté un système lui permettant de vérifier le respect par les clubs de leurs obligations en matière de transparence et d’équilibre financier.

96

I. Le Panel de contrôle financier des clubs

A. Introduction

En mars 2009, le Comité exécutif de l’UEFA a approuvé la création d’un Panel de contrôle financier des clubs (Panel CFC). Conformément à l’article 17 du Règlement d’organisation de l’UEFA, le Panel CFC se compose d’experts confirmés dans les domaines financiers et juridiques. Il est constitué d’un président et de huit membres au maximum 244 .

En application de l’article 19 du Règlement d’organisation de l’UEFA, le Panel CFC réalise ou décide de la réalisation d’audits de conformité afin de s’assurer que la licence a été correctement accordée d’une part et que les clubs ont rempli leurs obligations d’autre part. Pour ce faire, le Panel CFC peut notamment évaluer les éléments suivants :

- l’exhaustivité des informations financières des clubs ;

- l’identification de la société mère ;

- le contrôle des états financiers par un auditeur indépendant ;

- la capacité du club à poursuivre son exploitation ;

- l’absence d’arriérés de paiement envers des clubs de football résultant d’activités de transfert ;

- l’absence d’arriérés de paiement envers le personnel (y compris les joueurs) et les administrations sociales et fiscales ; et

- les budgets du club et sa capacité à faire face à ses engagements dans l’avenir.

Le Panel CFC peut également effectuer des contrôles ponctuels ou mener des investigations pour s’assurer que les dispositions sur l’intégrité sont bien observées par les clubs.

B. Les tâches du Panel CFC

L’article 53 du Règlement de l’UEFA sur l’octroi de licence aux clubs et le fair-play financier a la teneur suivante :

« Le Panel de contrôle financier des clubs : a) sélectionne, réalise et/ou décide de la réalisation des audits de conformité tels que définis à l’article 71 ; b) dirige la procédure de surveillance des clubs telle que définie à l’article 54 et évalue en particulier les informations préparées par le bénéficiaire de la licence et soumises au bailleur de licence, juge si elles sont appropriées, et détermine si toutes les exigences liées à la

244 Jean-Luc Dehaene , ancien Premier ministre de la Belgique, a été désigné au poste de Président. Il est entouré des huit experts suivants : Jacobo Beltrán (Espagne), Egon Franck (Allemagne), Umberto Lago (Italie), Johan Lokhorst (Pays-Bas), Brian Lomax (Angleterre), Petros Mavroidis (Grèce), Brian Quinn (Ecosse) et Yves Wehrli (France). 97 surveillance ont été remplies et, le cas échéant, quelles informations complémentaires sont nécessaires ; c) s’acquitte de toutes les autres tâches spécifiées dans les articles correspondants du Règlement d’organisation de l’UEFA.

Dans le cadre de ses responsabilités, le Panel de contrôle financier des clubs assure l’égalité de traitement de tous les bénéficiaires de la licence et garantit le strict respect de la confidentialité concernant toutes les informations fournies.

Le Panel de contrôle financier des clubs doit constamment garder à l’esprit les objectifs généraux du présent règlement, en particulier afin de déjouer toute tentative visant à les contourner. ».

Le Panel CFC a donc pour but de s’assurer que le système des licences aux clubs est appliqué correctement. Sa tâche principale est de mener à bien des audits financiers dans les clubs, afin de s’assurer que les licences ont été correctement octroyées. Il peut effectuer des contrôles ponctuels et mener des investigations pour s’assurer que les dispositions sur l’intégrité sont respectées par les clubs.

Conformément à l’article 71 du Règlement de l’UEFA sur l’octroi de licence aux clubs et le fair-play financier, il peut être procédé à tout moment à des audits de conformité auprès du bailleur de licence et, en présence de ce dernier, auprès du candidat à la licence. Ces audits de conformité visent à s’assurer que le bailleur de licence et le candidat à la licence ont bien rempli leurs obligations et que la licence a été correctement octroyée au moment de la décision définitive du bailleur de licence.

Si l’exigence relative à l’équilibre financier n’est pas remplie, le Panel CFC peut soumettre le cas aux organes de juridiction de l’UEFA, à charge pour ces dernières de prononcer les sanctions qu’ils estimeront adéquates, conformément au Règlement disciplinaire de l’UEFA.

II. Le concept de conformité

Afin de garantir une application uniforme du système d’octroi de licence par l’ensemble des associations membres, un concept de conformité a été mis en œuvre par l’UEFA, au moyen de « contrôles ponctuels » (A.), d’audits de certification (B.) et de visites d’assistance (C.).

A. Les « contrôles ponctuels »

Les contrôles ponctuels sont effectués directement par l’administration de l’UEFA en fonction d’une sélection aléatoire de bailleurs de licence. L’UEFA se réserve, à tout moment, le droit d’effectuer des contrôles ponctuels auprès du bailleur de licence et, en présence de celui-ci, auprès du club candidat.

En pratique, l’UEFA effectue un audit des dossiers des clubs soumis au système d’octroi de licence et examine la documentation relative aux cinq catégories de critères. Elle examine également les décisions d’octroi de licence, afin de s’assurer que le bailleur de licence a 98 procédé en conformité avec les dispositions prévues dans le Règlement de l’UEFA sur l’octroi de licence aux clubs et que la licence a été correctement octroyée 245 .

Le non-respect des exigences impératives minimales peut déboucher sur des sanctions à l’encontre du club concerné et du bailleur de licence. Ces sanctions, définies par les instances disciplinaires de l’UEFA, peuvent prendre la forme d’une disqualification du club de la compétition en cours ou d’une interdiction de participer à des compétitions futures pour lesquelles il s’est qualifié 246 .

B. Les audits de certification

Ces audits sont effectués par une société de certification indépendante qui réalise une évaluation annuelle de chaque bailleur de licence. Centré sur la procédure mise en œuvre par les bailleurs de licence, le principal objectif est d’augmenter l’efficacité dans l’octroi des licences.

Le non-respect des exigences minimales peut déboucher sur des conséquences financières pour le bailleur de licence concerné, accompagnées de « contrôles ponctuels » et de sanctions disciplinaires de la part de l’UEFA 247 .

C. Les visites d’assistance

Des visites d’assistance sont effectuées par l’administration de l’UEFA dans le but d’aider et de soutenir les bailleurs de licence. Ces visites sont organisées selon une approche basée sur le risque, tenant compte de différents facteurs, tels que la rotation du personnel chargé de l’octroi de licence et la participation à des enquêtes comparatives. En pratique, l’UEFA identifie les bailleurs de licence ayant besoin d’assistance et met en œuvre les mesures et plans d’action qui s’imposent, en coopération avec l’association concernée.

Suite à une visite d’assistance, aucune action disciplinaire ne peut être engagée contre un bailleur de licence. Il se verra accorder la possibilité de prendre les mesures d’amélioration requises et le temps nécessaire pour les mener à bien 248 .

245 Voir également Benz et Gehring (2009), p. 84 ss. 246 Rapport UEFA sur les licences (2009), p. 45. A titre illustratif, le club grec PAOK Saloniki n’a pas été admis pour la saison UEFA 2006/07 en raison du fait qu’il a reçu sa licence trop tardivement. Cette décision a par ailleurs été confirmée par le TAS (CAS, 25.08.2006, Paok FC v. UEFA , aff. 2006/A/1110). 247 Rapport UEFA sur les licences (2009), p. 46. 248 Ibid . 99

Titre II : Les règles en matière de structures des clubs

Chapitre I : La situation de lege lata : Les formes juridiques des clubs sportifs professionnels en Europe

A partir d’une certaine activité commerciale, il est impératif de bénéficier de structures transparentes, d’une gestion professionnelle et de contrôles de gestion réguliers et sérieux pour assurer la viabilité de l’entreprise. Se pose dès lors la question du choix de la forme juridique à adopter.

L’approche adoptée dans le forme juridique des clubs varie selon les pays 249 . En « Europe du Nord 250 », on estime que l’intérêt public n’exige pas une intervention de l’Etat et on préfère dès lors s’abstenir de légiférer sur une forme juridique spécifique aux clubs sportifs professionnels. Il en va en revanche différemment dans les pays dits d’ « Europe du Sud 251 » où le législateur a eu tendance à intervenir et à créer des « sociétés sportives ».

Nous allons examiner un exemple de chaque tendance, la Suisse représentant le courant des Etats « abstentionnistes » (I.), la France celui des nations « interventionnistes » (II.).

I. L’absence d’une forme juridique spécifique aux clubs sportifs : L’exemple de la Suisse

En Suisse, l’Etat a tendance à s’abstenir et n’intervient pas de manière spécifique dans la gestion des clubs sportifs. Il postule que le cadre légal offert par le droit ordinaire est suffisamment large et souple pour que les caractéristiques des clubs sportifs professionnels soient toutes correctement prises en compte.

Après avoir analysé la forme traditionnelle des clubs (A.), nous examinerons la forme juridique que revêt en principe les clubs professionnels helvétiques (B.).

A. La forme juridique traditionnelle : l’association

Il s’agit de la forme traditionnellement dévolue aux clubs amateurs et qui concerne l’immense majorité des entités sportives en Suisse. En effet, au niveau amateur, le sport est pratiqué dans une optique idéale et désintéressée. On ne s’y livre à aucune activité commerciale – ou alors tout à fait secondaire – et il n’existe dès lors pas d’intention de réaliser des bénéfices, de sorte que le problème de leur distribution ne se pose pas. Aucun investissement ou mise de fonds n’est en outre nécessaire. Sur le plan économique, les enjeux sont ainsi modestes et les comptes essentiellement équilibrés. Il n’existe en principe pas de problèmes de financement de l’activité ni, d’une manière générale, de nécessité d’effectuer des investissements 252 .

En outre, le choix des clubs sportifs en faveur de l’association s’explique par la facilité dans l’adoption de cette forme sociale et le cadre légal très peu contraignant régissant l’organisation de la vie sociale 253 . La forme juridique de l’association est donc tout à fait adaptée pour les clubs amateurs.

249 Will (1999), p. 74. 250 On peut notamment inclure dans ce groupe la Suisse, l’Allemagne et l’Angleterre. 251 La France, l’Italie, la Grèce et l’Espagne font notamment partie de ce second groupe. 252 Peter (2004), p. 7 ss. 253 Baddeley (1994), p. 23. 100

Les caractéristiques de l’association sont les suivantes 254 :

1. Le but

L’association poursuit un but idéal. Il lui est par conséquent impossible de distribuer d’éventuels profits à ses membres.

2. Le droit de vote

Il s’agit en principe d’un régime démocratique. Conformément à l’article 67 CC, chaque membre a droit à une seule voix si bien que la certitude du contrôle par un seul membre est exclue 255 .

3. L’activité commerciale

L’association peut exercer une activité en la forme commerciale. Dans ce cas, il est nécessaire qu’elle s’inscrive au registre du commerce, comme le prévoit l’article 61 alinéa 2 CC. L’activité commerciale est autorisée seulement pour « atteindre son but », ce dernier devant impérativement rester idéal. Ainsi, l’article 91 ORC prévoit qu’une entité juridique ne peut pas être inscrite au registre du commerce en tant qu’association lorsqu’elle poursuit un but économique tout en exploitant une entreprise en la forme commerciale.

4. Les titres

L’association peut émettre des obligations. En revanche, il est exclu d’incorporer dans des titres des droits sociaux, et encore moins des droits patrimoniaux dans la mesure où les membres n’en ont aucun. Il est en conséquence impossible de céder des parts sociales et partant le contrôle, si bien qu’aucune plus-value ne peut être réalisée.

5. La responsabilité des membres

L’article 75 a CC dispose que l’association répond seule de ses dettes, qui sont garanties par sa fortune sociale, sauf disposition contraire des statuts. Cette nouvelle disposition 256 s’articule logiquement avec l’article 71 CC qui prévoit que les membres de l’association peuvent être tenus de verser des cotisations si les statuts le prévoient. Elle en constitue le simple corollaire.

Ainsi, les membres ne peuvent jamais être appelés à contribuer aux dettes sociales, au-delà du montant qu’ils doivent, à titre de cotisation 257 .

6. La transparence

Le nouvel 258 article 69 a CC prévoit que la direction tient un livre des recettes et des dépenses ainsi que de la situation financière de l’association. Par ailleurs, si l’association est tenue de

254 Peter (2004), p. 74 ss ; Peter (2000), p. 15 ss ainsi que Peter (1999), p. 31 ss. Pour plus de détails, voir Baddeley (1994), p. 24 ss. 255 Des aménagements sont toutefois possibles. Voir notamment Perrin et Chappuis, p. 70 ss. 256 A la suite d’une initiative parlementaire acceptée à l’unanimité, une réforme législative du 17 décembre 2004, entrée en vigueur le 1 er juin 2005, a fondamentalement modifié les art. 71 et 75 a CC. 257 Perrin et Chappuis, p. 186. 258 Cette disposition a été introduite par un train de modifications législatives adopté par le Parlement fédéral le 16 décembre 2005 et est entrée en vigueur le 1 er janvier 2008. 101 s’inscrire au registre du commerce, les articles 957 ss CO relatifs à la comptabilité commerciale sont applicables.

Le but est d’introduire une réglementation de l’obligation de révision dans le droit des sociétés. Il ne sert en effet à rien d’introduire davantage de rigueur dans la gestion comptable et le contrôle des sociétés commerciales si les principes adoptés peuvent être éludés sans risque dès lors qu’il est licite d’exercer une activité commerciale sous la forme de l’association.

Ainsi, cette nouvelle disposition introduit pour toutes les associations l’obligation de tenir une comptabilité écrite. Il suffit qu’un livre soit tenu, qui récapitule les recettes et les dépenses. Il faut encore qu’un bilan fasse état, périodiquement, de la différence entre ces deux totaux puisqu’il faut mettre en évidence la « situation financière de l’association »259 .

Ces exigences rudimentaires ne concernent que les associations qui ne doivent (art. 69 b CC a contrario ) ni ne veulent s’inscrire au registre du commerce. Les autres sont soumises aux exigences plus sévères des articles 957 ss CO.

7. Les organes

L’association est libre d’organiser librement ses structures internes puisque le législateur a consacré le principe de la primauté des statuts sur la loi 260 . Il en découle une autonomie relativement large de l’association. La loi n’a prévu que deux organes : l’assemblée générale 261 et la direction 262 .

B. La forme juridique des clubs sportifs professionnels : la société anonyme (SA)

Au contraire des clubs sportifs amateurs 263 , les clubs professionnels s’adonnent à une authentique « industrie exercée en la forme commerciale » et il s’agit de véritables entreprises. En raison de la nécessité de disposer de moyens financiers toujours plus considérables, il leur faut obtenir des fonds propres. Comme les montants à investir sont importants, ce sont principalement des personnes morales qui engagent des fonds, dans une perspective commerciale et de profit. Elles veulent évidemment avoir leur mot à dire quant à l’utilisation qui sera faite de leurs fonds et souhaitent participer aux éventuels profits générés par l’entreprise 264 . Partant, la forme de l’association n’est plus adéquate et les clubs sportifs professionnels se tournent vers d’autres formes juridiques, avant tout commerciales 265 .

Ainsi, dans le monde du football helvétique, la SFL prévoit l’obligation pour les clubs de se constituer en SA 266 . Il en va de même en ce qui concerne le hockey sur glace.

259 Perrin et Chappuis, p. 105. 260 Art. 63 al. 1 CC. 261 Art. 64 à 68 CC. 262 Art. 69 CC. 263 En Suisse, on parle d’ailleurs de « football non amateur » pour désigner le football professionnel (voir notamment l’art. 18 ch. 2 des Statuts ASF et l’art. 3 des Statuts SFL). 264 Peter (2004), p. 10 ss. 265 Pour une comparaison approfondie entre une association et une société anonyme active dans le secteur du sport, voir Kalbermatter (2001), p. 29 à 81. 266 Voir l’art. 10 des Statuts de la SFL. 102

En Suisse, la SA est régie par les articles 620 ss CO. La loi la définit comme étant celle qui se forme sous une raison sociale, dont le capital-actions est déterminé à l’avance, divisé en actions, et dont les dettes ne sont garanties que par l’actif social 267 .

Les caractéristiques de la SA sont notamment les suivantes 268 :

1. Le but

Le but de la SA est en principe économique, c’est-à-dire qu’elle vise à réaliser des profits qui sont ensuite répartis entre ses membres. On notera toutefois que le législateur a expressément prévu l’hypothèse de la SA à but idéal. En effet, l’article 620 alinéa 3 CO dispose que la SA peut être fondée aussi en vue de poursuivre un but qui n’est pas de nature économique.

2. Le droit de vote

Aux termes de l’article 692 alinéa 1 er CO, les actionnaires exercent leur droit de vote proportionnellement à la valeur nominale de toutes les actions qui leur appartiennent. Il s’agit en principe 269 d’un régime purement censitaire, si bien qu’une prise de contrôle est tout à fait possible et est dans la nature même de cette forme sociale.

3. L’activité commerciale

La SA exerce une activité en la forme commerciale. Il s’agit de son essence même et elle est dès lors tenue de s’inscrire au registre du commerce, conformément à l’article 640 CO.

4. Les titres

La propriété de la SA est incorporée dans des actions qui peuvent être émises sous forme de titres, nominatifs ou éventuellement au porteur 270 . Il s’agit de papiers-valeurs qui incorporent des droits sociaux et patrimoniaux et qui peuvent être cotés en bourse, assurant ainsi la fluidité des transferts.

5. La responsabilité des membres

Elle est limitée à l’obligation de libérer la valeur nominale des titres souscrits 271 , conformément à l’article 680 alinéa 1 er CO. Toute autre obligation est impérativement exclue.

6. La transparence

La loi, par l’intermédiaire des articles 662 ss et 957 ss CO, garantit une certaine transparence du point de vue des renseignements et des comptes.

7. Les organes

267 Art. 620 al. 1 CO. 268 Peter (2004), p. 75 ss ; Kalbermatter (2001), p. 28 ss ; Peter (2000), p. 21 ss ; Peter (1999), p. 42 ss. Pour plus de détails, voir Böckli (2009), p. 23 ss. 269 Il existe toutefois des exceptions : les actions à droit de vote privilégié (art. 693 CO), les clauses d’agrément (art. 685 a ss CO) ainsi que les limitations diverses (art. 692 al. 2 CO). 270 Les actions au porteur garantissent, si cela est souhaité, le caractère anonyme des membres. 271 La responsabilité d’un actionnaire peut exceptionnellement être plus étendue en cas d’application du principe de la transparence (« Durchgriff ») ou du principe de la confiance (« Vertrauenshaftung »). 103

Trois organes au sein de la SA sont prévus : l’assemblée générale (art. 698 à 706 b CO), le conseil d’administration (art. 707 à 726 CO) et l’organe de révision (art. 727 à 731 a CO) 272 .

C. Les structures pluri-sociétaires

Dans l’analyse de la forme juridique des clubs, il est important de ne pas se limiter à la seule question du choix de la forme sociale, en mettant en opposition association et société commerciale. Il convient en effet de réaliser que l’activité d’un club peut en réalité être organisée en recourant à plusieurs sujets de droit revêtant des formes juridiques éventuellement différentes, et qu’elle peut être structurée de manières très diverses en fonction des circonstances 273 .

Dans le but de s’assurer que l’activité d’origine, idéale et fondamentale, soit en tout état de cause protégée et donc sauvegardée 274 , il arrive fréquemment que les fédérations sportives exigent des clubs qu’ils séparent leur activité commerciale de leur activité à vocation idéale. On cherche ainsi à obtenir la pérennité de la fonction « sociale » du club.

Ainsi, dans le monde du football professionnel suisse, l’article 10 des Statuts de la SFL prévoit que les clubs peuvent être organisées sous la forme juridique de l’association ou en une structure pluri-sociétaires composée d’une association et d’une SA. Dans ce dernier cas, la création de la SA ne s’accompagne toutefois pas d’une absorption ou d’une dissolution de l’association. Au contraire, l’association préexistante demeure, chargée du secteur « amateur » du club. Un contrat de coopération entre les deux entités est alors nécessaire et l’article 11 des Statuts de la SFL précise son contenu minimal, à savoir :

- l’obligation de fixer un début et une fin au contrat en précisant qu’il s’éteint automatiquement si la SA tombe en faillite ;

- l’obligation pour la SA de faire en sorte que ses organes et employés se soumettent aux Statuts et Règlements de l’ASF et de la SFL, en particulier aux juridictions prévues par les Statuts de l’ASF et de la SFL ; l’obligation pour la SA de s’engager à concéder aux autorités de la SFL compétentes en matière de licences un droit de regard sur sa situation financière en leur remettant les rapports établis à leur intention par l’organe de contrôle ou de révision ;

- l’obligation de prévoir expressément que tous les droits de la propriété immatérielle qui ont pris naissance avant la constitution de la SA ainsi que tous les droits exploitables qui y sont liés appartiennent exclusivement à l’association ;

- l’obligation de prévoir expressément que le mouvement juniors reste du ressort de l’association et que les éventuels droits qui en résultent ainsi que leur concession sous forme de licence appartiennent à l’association.

272 La loi prévoit également deux autres organes dans des situations extraordinaires: les liquidateurs en cas de liquidation de la société (art. 740 ss CO) ainsi que le curateur en cas d’ajournement de la faillite lors d’un surendettement (art. 725 a al. 2 CO). 273 Peter (2004), p. 85. 274 Peter (2000), p. 24. 104

Outre ces exigences découlant de la réglementation des fédérations sportives, il est fréquent que les clubs sportifs professionnels se structurent en groupe de sociétés pour des raisons d’opportunité, telles l’optimisation de leur financement ou l’organisation de leurs activités.

Comme toute autre activité commerciale, il peut en effet être approprié de constituer une filiale commune avec d’autres clubs dans le but par exemple d’exploiter des images sous forme de droits télévisés, de jeux électroniques de toute sorte voire même de merchandising 275 .

On peut également chercher à créer une ou plusieurs filiales afin d’isoler certaines activités pour cloisonner les risques qu’elles comportent, ou pour disposer de centres plus clairs de responsabilité, voire pour faire participer des tiers à une partie de l’activité et pas aux autres, voire encore pour coter en bourse l’une ou l’autre des activités et pas d’autres 276 .

II. Une forme juridique spécifique aux clubs sportifs : L’exemple de la France

En France, l’Etat est intervenu à diverses reprises et le législateur a créé plusieurs formes juridiques spécifiques aux clubs sportifs.

La loi du 29 octobre 1975 277 (dite « Loi Mazeaud ») relative au développement de l’éducation physique et du sport, prévoyait que « les groupements sportifs employant des joueurs ou des athlètes professionnels ou rémunérés pouvaient être autorisés par le ministre chargé des sports à prendre la forme de sociétés d’économie mixte locales ». Cette forme connut peu de succès, puisque deux clubs 278 seulement avaient usé de cette possibilité au moment de la promulgation, en 1984, de la nouvelle loi sur le sport 279 .

La loi du 16 juillet 1984 280 (dite « Loi Avice ») a abrogé celle de 1975. Elle prévoyait, en son article 11, que « lorsqu’une association sportive affiliée à une fédération sportive participe habituellement à l’organisation de manifestations sportives payantes procurant des recettes d’un montant supérieur à un seuil fixé par décret en Conseil d’Etat et qu’elle emploie des sportifs contre des rémunérations dont le montant global excède un chiffre fixé par décret en Conseil d’Etat, elle doit, pour la gestion de ces activités, constituer une société anonyme régie par la loi du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales ». Le club sportif devait alors adopter le régime juridique d’une société anonyme à objet sportif (SAOS) ou celui d’une société anonyme d’économie mixte sportive locale (SAEMS).

Cette loi a connu de nombreuses modifications après son adoption. En particulier, s’agissant des clubs professionnels, la loi du 28 décembre 1999 a modifié leur statut et a créé une nouvelle forme juridique : la société anonyme sportive professionnelle (SASP).

La dernière évolution apparaît comme la plus importante, ou en tout cas comme la plus symbolique. Elle réside dans la création, par une ordonnance no 2006-596 du 23 mai 2006, d’un « Code du sport » réunissant l’ensemble des dispositions les plus directement liées à la pratique des activités physiques et sportives. Le « Code du sport » regroupe autour des

275 Peter (2000), p. 25. 276 Voir Peter (2004), p. 86 ss, ainsi que les schémas explicatifs. 277 Il s’agit de la Loi no 75-988. 278 Il s’agissait de Lille et Mulhouse. 279 Gerschel (1994), p. 47. 280 Il s’agit de la Loi no 84-610. 105 dispositions de la loi du 16 juillet 1984, qui est abrogée, un certain nombre de textes précédemment codifiés ailleurs 281 .

A. La forme juridique traditionnelle : l’association

L’article L. 121-1 du Code du sport prévoit que « tout groupement sportif doit être constitué sous la forme d’une association, conformément aux dispositions de la loi du 1er juillet 1901 ». L’article 1 er de la loi du 1 er juillet 1901 définit l’association comme « une convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices ».

L’association sportive est une association un peu particulière. Elle obéit non seulement aux règles de droit commun applicables aux associations (1.) mais est en plus soumise à des règles spéciales s’appliquant aux clubs sportifs (2.).

1. Les conditions générales

La constitution d’une association nécessite un consentement libre et éclairé, une capacité suffisante, un objet social et une cause licites ainsi que la conclusion d’un contrat d’association, les statuts. L’association doit en outre avoir une dénomination et un siège social. Elle doit être dirigée par des personnes ayant indiqué leur identité complète, être déclarée à la sous-préfecture du lieu où l’association a son siège et être inscrite dans le Journal Officiel. Par ailleurs, l’association ne peut pas être inscrite au Registre du commerce et des sociétés, conformément à l’article 123-1 du Code de commerce.

2. Les conditions spécifiques

Pour être agréés conformément à l’article 121-4 du Code du sport et ainsi bénéficier de l’aide de l’Etat, les clubs sportifs doivent avoir adopté des statuts garantissant le fonctionnement démocratique de l’association, la transparence de sa gestion et l’égal accès des femmes et des hommes à ses instances dirigeantes, les droits de la défense en cas de procédure disciplinaire et l’absence de toute discrimination dans l’organisation et la vie de l’association 282 .

B. Les formes de sociétés sportives

L’article 122-1 du Code du sport prévoit que toute association sportive affiliée à une fédération sportive qui participe habituellement à l’organisation de manifestations payantes procurant des recettes dépassant certains seuils ou qui emploie des sportifs dont le montant total des rémunérations excède d’autres seuils doit constituer, pour la gestion de ces activités, une société commerciale régie par les dispositions du Code de commerce et par celles du Code du sport 283 .

Le décret 2002-608 du 24 avril 2002 a fixé le seuil des recettes de manifestations payantes à 1'200'000 euros et celui des rémunérations versées aux sportifs à 800'000 euros. Ces deux seuils sont alternatifs si bien que dès que l’un d’eux est franchi, le club doit adopter l’une des formes suivantes : l’entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée (EUSRL) (1.),

281 Buy et al. (2009), p. 18 ss. 282 Pour plus de détails, voir Décret no 2002-762. 283 Buy et al. (2009), p. 263. 106 la société anonyme à objet sportif (SAOS) (2.) ou la société anonyme sportive professionnelle (SASP) (3.).

1. L’entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée (EUSRL)

L’EUSRL a été instituée par la loi no 99-1124 du 28 décembre 1999. Elle se distingue des autres sociétés sportives dans la mesure où elle est la seule société sportive n’ayant pas la forme d’une société anonyme. Ses principales caractéristiques sont les suivantes : a) L’interdiction de verser des dividendes

La loi interdit l’EUSRL de verser des dividendes à son associé unique. Ils doivent être impérativement affectés à la constitution de réserves qui ne peuvent pas être distribuées 284 . b) La gérance et la direction de l’association

L’EUSRL ne peut pas avoir pour dirigeant l’association 285 . Le gérant nommé par l’associé unique doit être une personne physique qui n’est pas, à l’origine tout au moins, un associé puisque seule l’association peut créer une EUSRL. Sa situation peut toutefois évoluer si l’association décide de lui céder toutes ses parts.

En tout état de cause, le gérant de l’EUSRL ne peut pas être un dirigeant de l’association sportive, associé unique de l’EUSRL 286 . c) La rémunération des gérants

Le gérant de l’EURSL peut être rémunéré. Sa rémunération est fixée par l’associé unique. Il a également droit au remboursement de ses frais de représentation, voyages et déplacements sur justification. En revanche, il ne peut percevoir aucune rémunération de la part de l’association sportive 287 .

2. La société anonyme à objet sportif (SAOS)

La SAOS a été créée par la loi du 16 juillet 1984 288 . Le législateur ne voulait pas s’éloigner de l’esprit sportif et en particulier du principe du bénévolat 289 . La recherche du profit n’est donc pas permise, même dans le sport professionnel.

Comme toutes les sociétés anonymes de droit commun, les SAOS peut choisir de s’organiser soit selon le modèle de la société à conseil d’administration 290 , soit selon celui de la société directoire et conseil de surveillance 291 .

284 Art. 122-10 du Code du sport. 285 Art. 223-18 du Code du commerce. 286 Art. 2 II 2° du Décret no 2001-150. 287 Art. 2 II 3° du Décret no 2001-150. 288 C’est également le cas de la SAEMS. Ces deux sociétés sont très proches l’une de l’autre et la principale caractéristique qui les sépare a trait à la détention du capital. Le capital de la SAOS est détenu par l’association sportive et des partenaires privés alors que celui de la SAEMS est détenu, pour sa plus grande partie, par l’association et des personnes morales de droit public. 289 Gerschel (1994), p. 50 ss. 290 Art. 89 à 117 de la Loi no 66-537. 291 Art. 118 à 150 de la Loi no 66-537. 107

Ses principales caractéristiques sont les suivantes : a) La composition de l’actionnariat

L’article 122-6 du Code du sport dispose que l’association sportive qui constitue la société sportive doit détenir au moins le tiers du capital social et des droits de vote à l’assemblée générale de la SAOS concernée. b) La cession des actions

La cession des actions est soumise à l’agrément de la société 292 . La procédure à suivre en matière de cession d’actions d’une SAOS résulte du décret no 93-112 du 22 janvier 1993. Il est ainsi prévu que toute cession de titres conférant un droit de vote ou donnant accès au capital d’une SAOS doit préalablement être déposée auprès du préfet du département où se trouve le siège social du club sportif. Conformément à l’article 122-6 du Code du sport, le contrôle préfectoral porte seulement sur la régularité de la cession avec les dispositions de la loi du 16 juillet 1984. Il s’agit d’un contrôle de légalité qui se limite à la vérification de la conformité aux dispositions du Code du sport relatives à la cession des titres et à ses effets. Il ne peut en aucun cas porter sur l’opportunité d’accueillir un nouvel actionnaire 293 . c) L’interdiction de verser des dividendes

Conformément à l’article 122-10 du Code du sport, le bénéfice de la SAOS est affecté à la constitution de réserves qui ne peuvent donner lieu à aucune distribution. En outre, afin d’être certain qu’aucun bénéfice ne sera distribué aux actionnaires, il est prévu que le boni de liquidation ne puisse être versé qu’à la fédération sportive à laquelle est affilié le club sportif qui a constitué la société. d) Les incompatibilités spécifiques

Le dirigeant de l’association ayant créé la SASP ne peut être également président ou membre du conseil d’administration, président ou membre du conseil de surveillance, ou membre du directoire de cette société 294 . Ces interdictions ne visent toutefois pas le directeur général éventuel et les directeurs généraux délégués. e) L’administrateur « association sportive » et ses représentants permanents

Les sièges d’administrateur sont répartis entre les représentants du groupement sportif et ceux des autres actionnaires de telle sorte que les représentants du groupement sportif détiennent au moins un tiers des voix au conseil. L’association a le pouvoir de nommer au sein du conseil un ou plusieurs représentants permanents, ces derniers détenant ensemble au moins un tiers des voix. Cela lui assure ainsi un pouvoir de contrôle réel sur la gestion de la société. f) La rémunération des dirigeants

292 Voir le Décret no 86-409. 293 Buy et al. (2009), p. 281. 294 Art. 2 II 2° du Décret no 2001-150. 108

Aux termes de l’article 122-5 du Code du sport, les membres élus des organes de direction de la SAOS ne peuvent pas être rémunérés au titre de leur fonction de direction. Ils ne pourront donc être rémunérés par la société uniquement s’ils sont titulaires d’un véritable contrat de travail antérieurement à leur élection et qu’ils continuent de l’exercer en même temps que leur mission d’administrateur 295 . En outre, les dirigeants de la société ne peuvent pas percevoir de rémunération de la part de l’association, conformément à l’article 2 du décret du 16 février 2001.

3. La société anonyme sportive professionnelle (SASP)

La SASP a été créée par la loi no 99-1124 du 28 décembre 1999. Il s’agit d’une société anonyme comparable aux sociétés anonymes de droit commun avec des dirigeants susceptibles d’être rétribués et des bénéfices pouvant être partagés. Ses caractéristiques principales sont les suivantes : a) La composition de l’actionnariat

Le Code du sport ne prévoit pas de participation obligatoire de l’association au capital de la SASP. En revanche, lors de la formation de la SASP, il est nécessaire que l’association soit un des associés fondateurs. Rien n’empêche par la suite l’association de céder ses titres et d’abandonner sa qualité d’actionnaire. b) La cession des actions

La cession des titres de la SASP n’est soumise à aucun contrôle administratif, contrairement au régime de la SAOS. c) Le versement des dividendes

Les actionnaires de la SASP peuvent participer aux bénéfices, conformément à l’article 122- 10 du Code du sport. Il s’est agi d’une petite révolution dans le monde sportif français dans la mesure où jusqu’à la loi du 28 décembre 1999, aucun groupement sportif ne pouvait distribuer de bénéfices. C’est d’ailleurs toujours le cas pour l’EUSRL et la SAOS , en plus bien sûr des associations. Chaque action donne droit non seulement à une part du bénéfice distribué, mais également à une part des réserves si elles sont distribuées et du boni de liquidation 296 . d) Les incompatibilités spécifiques

Le dirigeant de l’association ayant créé la SASP ne peut être également président ou membre du conseil d’administration, président ou membre du conseil de surveillance, ou membre du directoire de cette société 297 . Ces interdictions ne visent toutefois pas le directeur général éventuel et les directeurs généraux délégués. e) Le conseil d’administration et le conseil de surveillance

La composition du conseil d’administration et du conseil de surveillance est soumise au droit commun, contrairement à la SAOS. L’association n’y a donc pas obligatoirement de

295 Art. 225-22 du Code de commerce. 296 Buy et al. (2009), p. 285. 297 Art. 2 II 2° du Décret no 2001-150. 109 représentants permanents. Si l’association est l’un des administrateurs de la société sportive, il ne peut pas être son représentant permanent au sein du conseil 298 . f) La rémunération des dirigeants

La rémunération des organes de direction de la SASP au titre de leur fonction n’est pas interdite, contrairement à la SAOS. La SASP peut donc rémunérer ses mandataires sociaux ; en revanche, les dirigeants de la société ne peuvent recevoir aucune rémunération de l’association 299 .

C. La situation en pratique

Comme cela ressort du tableau ci-dessous, la grande majorité des clubs professionnels français a choisi, logiquement, la forme de la SASP, notamment dans le secteur du football.

Association SASP SAOS EUSRL Société économie mixte (SEMSL- SAEMS 300 ) Basketball 9 (26%) 16 2 7 34 clubs Football 0% 37 2 1 40 clubs Handball 9 (64%) 2 1 1 1 14 clubs Rugby 1 (3%) 26 3 30 clubs Volleyball 41 (97%) 1 42 clubs Cyclisme 3 (33%) 3 3 9 clubs Athlétisme 16 (94%) 1 17 clubs Basketball féminin 12 (85%) 2 14 clubs Handball féminin 12 (100%) 12 clubs Hockey 13 (92%) 1 14 clubs Source : Association nationale des ligues de sport professionnelles

Ce tableau retrace la situation à la fin de l’année 2009. Il faut toutefois savoir qu’une réforme est en cours visant à faire disparaître les sociétés sportives SAOS, SASP et EUSRL pour qu’elles évoluent en société de droit commun avec le maintien d’obligations relatives à la spécificité du sport et de son organisation. En effet, le droit des sociétés sportives tel que présenté est très rigide. Cette rigidité constitue d’ailleurs « (…) un épouvantail pour les

298 Art. 225-20 du Code du commerce. 299 Art. 2 II 3° du Décret no 2001-150. 300 Il est désormais interdit de constituer une SAEMS. Seules peuvent demeurer les SAEMS déjà existantes au moment de la date de publication de la loi no 99-1124 du 28 décembre 1999. 110 investisseurs potentiels dont l’objectif ne peut plus être de faire du mécénat mais bien au contraire de participer à des entreprises en développement durable 301 ».

En France également, la loi 302 oblige l’association sportive et la société qu’elle a créée à définir leurs relations dans une convention devant être approuvée par l’autorité administrative pour entrer en vigueur. Cette convention doit traiter un certain nombre de thèmes et comprendre plusieurs clauses déterminées par voie réglementaire. Elle organise les relations au sein du club en donnant le pouvoir sportif à l’association alors que la société détient le pouvoir financier, notamment les contrats des joueurs professionnels 303 .

Les éléments suivants doivent notamment être prévus dans la convention :

- la définition des activités liées au secteur amateur et celles liées au secteur professionnel et la répartition de ces activités entre l’association et la société sportive ;

- la répartition entre l’association et la société des activités liées à la formation des sportifs ;

- la participation de la société aux activités de l’association ;

- les conditions d’utilisation des infrastructures sportives ;

- le sort des signes distinctifs dont l’association est propriétaire ;

- les conditions d’utilisation par la société sportive des signes distinctifs de l’association ;

- la participation des équipes professionnelles aux compétitions officielles ;

- la durée de la convention ;

- la résiliation anticipée de la convention ;

- le renouvellement de la convention.

Il est par ailleurs fréquent que les clubs sportifs professionnels se structurent en groupe de sociétés pour des raisons d’opportunité 304 . La France ne fait évidemment pas exception à cette tendance.

Chapitre II : La situation de lege ferenda : Les exigences supplémentaires en matière de stabilité des clubs

301 Marmayou et Rizzo (2008), p. 25. 302 Art. 2 du Décret no 2001-150 modifié par le Décret no 2004-550. 303 Buy et al. (2009), p. 289 ss. Il s’agit de l’équivalent du contrat de coopération suisse (voir supra Partie III, Titre II, Chapitre I, I., C.). 304 Outre les avantages traditionnels reconnus aux groupes de sociétés sportives (voir supra Partie III, Titre II, Chapitre I, I., C.), la constitution d’une structure pluri-sociétaire permet aux clubs français de sortir du carcan du Code du sport puisque certaines sociétés du groupe se verront appliquer le droit commun des sociétés commerciales (Marmayou et Rizzo (2008), p. 25). 111

Nous sommes d’avis qu’il serait souhaitable d’imposer aux clubs professionnels européens le respect de certaines exigences supplémentaires afin de leur assurer une meilleure stabilité. Nous avons envisagé toute une série d’instruments susceptibles de contribuer à une meilleure assise des clubs. Nous sommes parfaitement conscients du caractère parfois « utopique » de certaines propositions mais souhaitons en premier lieu susciter la discussion et le débat.

I. L’interdiction de la distribution des bénéfices ?

Il s’agit d’affecter les éventuels bénéfices à la constitution de réserves et non pas de les reverser aux actionnaires.

Cette mesure a déjà été expérimentée par certains clubs français ayant adopté la forme de l’EUSRL ou de la SAOS 305 .

Prise par un pays individuellement, cette mesure n’est pas réaliste et le législateur français l’a finalement compris puisque depuis les années 2000, il est désormais possible d’adopter la forme de la SASP qui permet la distribution de dividendes aux actionnaires.

Il n’en demeure pas moins que l’idée d’interdire la distribution des bénéfices, dans une perspective de stabilité des clubs, n’est pas inintéressante et mérite que l’on y prête attention. En effet, si tous les clubs européens avaient l’obligation d’affecter leurs bénéfices à leurs réserves, il n’y aurait plus de distorsion de concurrence puisque la situation serait identique sur tout le marché. Les clubs ne rechercheraient plus la maximisation des gains à court terme en vue de satisfaire leurs actionnaires, ce qui aurait évidemment un impact très positif sur leur stabilité.

II. L’interdiction d’une participation majoritaire d’investisseurs ?

Cette proposition correspond à la règle du « 50+1 » déjà en vigueur en Allemagne 306 . Il s’agit d’une clause qui interdit une participation majoritaire d’investisseurs en obligeant les clubs à détenir au moins la moitié des actions plus une.

Cette règle permet en outre de lutter contre le risque d’offre public d’achat et améliore ainsi la stabilité des clubs.

Le paragraphe 16 c alinéa 2 du Satzung DFB a la teneur suivante :

« Eine Kapitalgesellschaft kann nur eine Lizenz für die Lizenzligen und damit die Mitgliedschaft im Ligaverband erwerben, wenn ein Verein mehrheitlich an ihr beteiligt ist, der über eine eigene Fußballabteilung verfügt, und der im Zeitpunkt, in dem sie sich erstmals für eine Lizenz bewirbt, sportlich für die Teilnahme an einer Lizenzliga qualifiziert ist.

Der Verein („Mutterverein“) ist an der Gesellschaft mehrheitlich beteiligt („Kapitalgesellschaft“), wenn er über 50 % der Stimmenanteile zuzüglich mindestens eines weiteren Stimmenanteils in der Versammlung der Anteilseigner verfügt. Bei der Kommanditgesellschaft auf Aktien muss der Mutterverein oder eine von ihm zu 100 % beherrschte Tochter die Stellung des Komplementärs haben. In diesem Fall genügt ein Stimmenanteil des Muttervereins von weniger als 50 %, wenn auf andere Weise sichergestellt

305 Sur cette question, voir le Rapport Denis (2003), p. 46 ss. 306 Voir notamment Ouart (2010), p. 54. 112 ist, dass er eine vergleichbare Stellung hat wie ein an der Kapitalgesellschaft mehrheitlich beteiligter Gesellschafter. Dies setzt insbesondere voraus, dass dem Komplementär die kraft Gesetzes eingeräumte Vertretungs- und Geschäftsführungsbefugnis uneingeschränkt zusteht.

Lizenzvereine und Kapitalgesellschaften dürfen weder unmittelbar noch mittelbar an anderen Kapitalgesellschaften der Lizenzligen beteiligt sein; dies gilt für die Mitglieder von Organen der Kapitalgesellschaften bzw. der Lizenzvereine mit Ausnahme des jeweiligen Muttervereins entsprechend. Als mittelbare Beteiligung der Kapitalgesellschaft gilt auch die Beteiligung ihres Muttervereins an anderen Kapitalgesellschaften.

Lizenzvereine und Kapitalgesellschaften (Lizenznehmer), die Aufgaben der Vermarktung auf eine andere Gesellschaft (Vermarktungsgesellschaft) übertragen, müssen an dieser Vermarktungsgesellschaft dann mehrheitlich beteiligt sein, wenn diese selbst Verträge über die Vermarktung des Lizenznehmers im eigenen Namen oder im Namen des Lizenznehmers schließt. Dies gilt nicht, wenn sich aus der vertraglichen Vereinbarung zwischen dem Lizenznehmer und der Vermarktungsgesellschaft ergibt, dass der Lizenznehmer den jeweiligen Vertragabschlüssen im Bereich der Werbung, insbesondere des Sponsorings, der Fernseh-, Hörfunk- und Online-Rechte sowie der Überlassung von Nutzungsrechten vorab zustimmen muss. Bei Kapitalgesellschaften der Lizenzligen genügt auch eine mehrheitliche Beteiligung des Muttervereins an der Vermarktungsgesellschaft.

Über Ausnahmen vom Erfordernis einer mehrheitlichen Beteiligung des Muttervereins nur in Fällen, in denen ein Wirtschaftsunternehmen seit mehr als 20 Jahren vor dem 1.1.1999 den Fußballsport des Muttervereins ununterbrochen und erheblich gefördert hat, entscheidet der Vorstand des Ligaverbandes.

Dies setzt voraus, dass das Wirtschaftsunternehmen in Zukunft den Amateurfußballsport in bisherigem Ausmaß weiter fördert sowie die Anteile an der Kapitalgesellschaft nicht weiterveräußert bzw. nur an den Mutterverein kostenlos rückübereignet. Im Falle einer Weiterveräußerung entgegen dem satzungsrechtlichen Verbot bzw. der Weigerung zur kostenlosen Rückübereignung hat dies Lizenzentzug für die Kapitalgesellschaft zur Folge.

Mutterverein und Kapitalgesellschaft können nicht gleichzeitig eine Lizenz besitzen. ».

III. L’interdiction de la cotation en bourse des clubs professionnels ?

Il s’agit d’une règle qui interdit les clubs de faire appel public à l’épargne. On cherche avec cette mesure à assurer une plus grande indépendance et une meilleure stabilité du club, en empêchant les investissements publics. La France a déjà expérimenté cet instrument, prévu à l’ancien article 122-8 du Code du sport.

IV. Les obligations en matière de formation des dirigeants de club ?

L’idée sous-jacente consiste en ce que la professionnalisation du sport nécessite également une professionnalisation des clubs et des structures sportives. Les dirigeants du sport devraient dès lors être en mesure de gérer les sociétés sportives de manière professionnelle 307 .

307 CNOSF (2008), p. 38. 113

Le constat qui s’impose pourtant est celui que la direction des clubs est encore fréquemment confiée à d’anciens sportifs sans connaissances spécifiques en matière de management ou de gestion d’entreprise 308 . Dans le but de disposer de personnes qualifiées pouvant assurer une bonne et saine conduite des clubs, il serait souhaitable de mettre en place des exigences qui obligent les dirigeants de clubs à disposer de certaines compétences, en fonction du poste occupé 309 . A titre illustratif, le basketball français à mis en place une formation spécifique pour les dirigeants de club.

D’une manière générale, on peut considérer que la conduite d’un club professionnel se divise en trois secteurs principaux : l’opérationnel, le stratégique et le « sportif »310 . Il importe donc de disposer de personnes qualifiées et formées dans chacun de ces secteurs.

V. La création d’une « société sportive européenne » ?

Dans ce chapitre consacré aux différentes propositions susceptibles d’améliorer la stabilité des clubs professionnels, il est impossible de passer sous silence une thématique qui a été très souvent discutée et qui a occupé ces dernières années une place considérable dans les débats en relation avec le droit du sport : la société sportive européenne.

Partant du principe que les formes juridiques applicables aux clubs européens sont très variées, certains auteurs 311 sont d’avis qu’il vaudrait la peine de créer une société sportive européenne afin de lutter contre cette situation qui est susceptible de fausser les conditions de concurrence économique et financière en Europe.

L’idée serait de créer une forme juridique qui s’appliquerait de manière uniforme à travers toute l’Europe, à l’image de ce qui a été entrepris avec la société européenne 312 .

308 Dans le même sens, Benz et Gehring (2009), p. 97. 309 Ainsi, en ce qui concerne le responsable des finances, l’art. 29 du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier prévoit des exigences minimales devant être remplies par le titulaire du poste, à savoir être détenteur d’un diplôme d’expert-comptable, d’auditeur qualifié ou d’une « attestation de compétence » émise par le bailleur de licence sur la base d’une expérience d’au moins trois ans dans les questions financières. 310 Benz et Gehring (2009), p. 95. 311 Voir notamment Will (1999), p. 86. 312 La « société européenne » est une société qui peut exercer ses activités dans tous les États membres de l’Union européenne sous une forme juridique unique et commune à tous ces États, définie par le droit communautaire. 114

PARTIE IV : LES LIMITES DECOULANT DE LA LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES EN EUROPE

Avant de nous intéresser à proprement parler aux dispositions applicables en matière de libre circulation des personnes en Europe (Titre II), il nous a paru essentiel d’examiner au préalable les relations que le sport entretient avec l’Union européenne (Titre I).

Titre I : Les relations entre le sport et l’Union européenne

De prime abord, le lecteur peut s’interroger sur les raisons qui justifient la confrontation de règles émises par des fédérations sportives au droit européen, ou droit de l’Union européenne.

En premier lieu, il convient de circonscrire la notion, vaste et amorphe, de « droit européen ». Sous ce vocable, nous entendons l’ensemble des règles de droit sur lesquelles est fondée l’Union européenne ainsi que les règles qu’elle édicte 313 . Il ne s’agit donc pas du droit du Conseil de l’Europe ni de l’ensemble des droits nationaux des pays géographiquement situés en Europe.

Son application au sport professionnel, par opposition au sport amateur, ne fait plus de doute depuis les années 1970 déjà. Toutefois, l’interpénétration de ces deux mondes s’est réalisée de manière progressive pour atteindre un pic en 1995, avec la jurisprudence Bosman 314 , où le droit européen est véritablement entré – et à pieds joints – dans l’arène sportive.

Depuis lors, la majorité des instruments susceptibles d’agir sur l’équilibre de la compétition sportive se heurte aux règles européennes, en particulier aux dispositions relatives à la libre circulation des personnes et à la libre concurrence315 .

Quant à la Suisse, pays non membre de l’Union européenne mais dont cet ouvrage renvoie à de nombreuses reprises à sa réglementation sportive, elle n’échappe pas non plus à l’application des règles européennes en matière de libre circulation des personnes et de droit de la concurrence, par le biais des « accords bilatéraux ».

Ainsi, toute étude s’intéressant à la réglementation sportive en Europe se heurtera inévitablement à l’application du droit européen. Dans cette optique, il nous a semblé utile et nécessaire de dresser au préalable un bref état des lieux de la législation européenne applicable.

Chapitre I : Les fondements légaux

Avant de s’intéresser au Traité de Lisbonne proprement dit (II.), il convient de faire un petit retour en arrière sur la situation législative avant son adoption et s’intéresser aux traités fondateurs (I.).

313 Les principales sources sont constituées par le Traité sur l’Union européenne (TUE) et le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). 314 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921 ; pour plus de détails, voir infra Partie IV, Titre I, Chapitre III, III. 315 Dans le même sens, Greenfield et Osborn (2001), p. 168, qui relèvent l’influence de plus en plus importante du droit européen depuis l’arrêt Bosman . 115

I. L’absence d’une disposition relative au sport dans les traités de base

Le mot « sport » n’est pas mentionné dans les traités de base. Les préoccupations premières des pères fondateurs de l’Europe étaient en effet axées sur la création d’un marché commun, puis d’un marché unique reposant sur les quatre libertés de circulation 316 et la concurrence 317 . Il est dès lors logique qu’aucune compétence spécifique n’ait été prévue dans les traités fondateurs.

Avant l’adoption du traité de Lisbonne, le sport n’était toutefois pas absent des préoccupations communautaires. Outre les documents majeurs adoptés par l’Union européenne que nous analyserons ci-après 318 , le sport était indirectement concerné par de nombreuses politiques communautaires, tels la concurrence, la santé, l’audiovisuel ou l’éducation. Au fil des ans, l’aspect économique du sport, particulièrement son exploitation professionnelle et commerciale, avait considérablement augmenté et de nombreuses références étaient faites au marché du sport. Ainsi, malgré l’absence d’une disposition relative au sport dans les traités de base, le droit communautaire était omniprésent dans le monde du sport, tout particulièrement lorsqu’il s’agissait du sport en tant qu’activité économique.

II. Une base légale relative au sport dans le TFUE

Après un bref rappel historique des événements ayant conduit à l’adoption du Traité de Lisbonne (A.), nous examinerons ce traité de manière plus détaillée, en s’intéressant plus particulièrement à la disposition relative au sport (B.).

A. La genèse du Traité de Lisbonne – Rappel historique

En raison de l’élargissement de l’Union européenne en 2004 à dix nouveaux pays, ce qui portait le nombre d’Etats membres à vingt-cinq, il était devenu urgent de réformer les institutions, initialement prévues pour fonctionner à six membres.

Le Traité de Nice a tenté de remédier à cette situation difficile, sans succès. Une Déclaration relative à l’avenir de l’Europe, dite Déclaration de Laeken, a alors été annexée à ce traité, le 15 décembre 2001. Cette déclaration prévoyait notamment la mise en place d’une Convention européenne sur l’avenir de l’Europe 319 .

La Convention européenne sur l’avenir de l’Europe, qui a débuté ses travaux en février 2002 pour les achever en juillet 2003, a proposé un « Traité établissant une Constitution pour l’Europe ».

Ce traité prévoyait que le sport devait figurer dans les matières pour lesquelles l’action de l’Union européenne était permise pour compléter celle des Etats membres. Deux dispositions étaient dédiées au sport. D’une part l’article I-16 paragraphe 2 relatif aux domaines des actions d’appui, de coordination ou de complément précisait que « l’Union Européenne disposait d’une compétence pour mettre en œuvre cette activité de promotion dans le domaine du sport ». D’autre part, à l’article III-182 paragraphe 2 lettre g, il était prévu que « l’action de l’Union européenne [devait viser] à développer la dimension européenne du sport, en

316 Il s’agit de la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux. 317 Zen-Ruffinen (2002), p. 281. 318 Voir infra Partie IV. Titre I, Chapitre II. 319 Voir pt III de la Déclaration de Laeken. 116 promouvant l’équité dans les compétitions et la coopération entre les organismes sportifs ainsi qu’en protégeant l’intégrité physique et morale des sportifs, notamment des jeunes sportifs ».

Cependant, en 2005, le Traité établissant une Constitution pour l’Europe a été rejeté par la France et les Pays-Bas et il n’est dès lors pas entré en vigueur. Il s’ensuivit une période de réflexion de deux ans qui a conduit à l’adoption, en octobre 2007, du Traité de Lisbonne.

B. Le Traité de Lisbonne

Le Traité de Lisbonne a été signé le 13 décembre 2007 et est entré en vigueur le 1 er décembre 2009. Après quelques brèves généralités (1.), nous examinerons plus avant la disposition spécifique relative au sport (2.). Nous nous attarderons également sur l’accueil qui a été réservé à cette disposition par les instances sportives (3.).

1. Généralités

Contrairement au projet de Traité établissant une Constitution pour l’Europe, le Traité de Lisbonne conserve les traités existants tout en les modifiant en profondeur. Le Traité instituant la Communauté européenne (TCE) est ainsi rebaptisé « Traité sur le fonctionnement de l’Union » (TFUE) 320 alors que le Traité sur l’Union européenne (TUE) garde son nom 321 . Une nouvelle numérotation des dispositions de ces deux traités a en outre été opérée 322 .

Les principales nouveautés apportées par le Traité de Lisbonne sont les suivantes 323 :

- la création de la fonction de « Président du Conseil européen 324 » ;

- la création de la fonction de « Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité 325 » ;

- le renforcement des pouvoirs du Parlement européen ainsi que des droits et obligations des parlements nationaux ;

- l’introduction d’un système de vote à la double majorité d’Etats et de population 326 ;

- le changement de dénomination de la « Cour de justice des communautés européennes » en « Cour de justice de l’Union européenne » et du « Tribunal de première instance » en « Tribunal de l’Union européenne » ;

- l’introduction d’un droit d’initiative citoyenne.

2. La disposition relative au sport : l’article 165 TFUE

320 Art. 1 er du Traité de Lisbonne. 321 Art. 2 du Traité de Lisbonne. 322 Comme ce fut d’ailleurs déjà le cas une première fois avec l’adoption du Traité d’Amsterdam en 1999. 323 Il s’agit ici d’une simple énumération des principales nouveautés, sans aucune prétention d’exhaustivité. Nous renvoyons pour le surplus aux ouvrages spécialisés. 324 Cette fonction est occupée par Herman Van Rompuy depuis le 1 er janvier 2010. 325 Cette fonction est occupée par Catherine Ashton depuis le 1 er décembre 2009. 326 Ce système ne prendra cependant effet qu’au 1 er novembre 2014. 117

Plutôt que d’insérer une nouvelle disposition spécifique consacrée au sport, le choix a été fait d’ajouter une référence au sport au sein de la section relative aux questions d’éducation, de jeunesse et de formation professionnelle. La proximité qui existe entre les valeurs véhiculées par le sport et celles transmises au titre de l’éducation permet de justifier un tel rapprochement 327 .

L’article 165 TFUE dispose que « l’Union contribue à la promotion des enjeux européens du sport, tout en tenant compte de ses spécificités, de ses structures fondées sur le volontariat ainsi que de sa fonction sociale et éducative. ».

Son action pour y parvenir consistera « (…) à développer la dimension européenne du sport, en promouvant l'équité et l'ouverture dans les compétitions sportives et la coopération entre les organismes responsables du sport, ainsi qu'en protégeant l'intégrité physique et morale des sportifs, notamment des plus jeunes d'entre eux ».

Avec l’adoption de cette disposition, le sport est désormais inscrit dans le droit primaire, et « l’Union européenne met enfin les deux pieds sur le terrain sportif 328 », permettant de mettre fin à l’insécurité juridique née du traitement jurisprudentiel des phénomènes sportifs 329 .

La Commission européenne dispose désormais d’un programme spécifique au droit européen du sport, soutenu par un budget. Elle peut parler d’une seule voix dans les forums internationaux et les ministres des sports des différents Etats membres se rencontrent officiellement au Conseil officiel des ministres du sport. En d’autres termes, les institutions européennes peuvent mener une politique européenne du sport, par exemple en mettant en œuvre le plan d’action Pierre de Coubertin contenu dans le Livre Blanc sur le sport 330 .

3. L’accueil de cette disposition par les instances sportives

D’une manière générale, l’insertion d’une base juridique spécifique pour le sport est très bien accueillie par les parties prenantes du monde sportif. Une disposition communautaire relative au sport était en effet attendue depuis un certain temps par les professionnels de ce secteur 331 . a) Position de l’association des sports d’équipe européens

Au sujet de l’article 165 TFUE et de la « spécificité sportive », l’association des sports d’équipe européens a arrêté la position suivante 332 :

« Les sports d’équipe européens affichent leur soutien au Traité de Lisbonne, qui contient désormais une disposition dévolue au sport. En tant que partenaires européens responsables, professionnels, démocratiques et représentatifs, les sports d’équipe européens expriment

327 Priollaud et Siritzky (2008), p. 275. 328 Rangeon (2010), p. 34. 329 Ibid . 330 Pour une étude détaillée de l’impact de cette nouvelle disposition sur la réglementation du sport, voir Etude Parrish et al. (2010), p. 1 ss. Voir également Zylberstein (2008b), p. 102 ss. 331 Les professionnels du secteur n’étaient d’ailleurs pas les seuls dans l’attente de l’adoption d’une telle disposition puisqu’en mai 2002 déjà, lors d’une réunion informelle des ministres chargés du sport à Almeria (Espagne), onze Etats membres (sur les quinze que comptait à l’époque l’Union européenne), s’étaient prononcés en faveur de l’inclusion dans les traités d’un article relatif au sport. 332 Voir le communiqué de presse de l’association des sports d’équipe européens intitulé « L’association des sports d’équipe européen (ETS) est née ». 118

également leur souhait de collaborer plus étroitement avec leurs homologues politiques au niveau européen, à savoir le Parlement européen, le Conseil de l’Union européenne et la Commission européenne, afin d’œuvrer en faveur d’une Europe du sport plus équilibrée.

En ce qui concerne l’application du droit européen au sport, les sports d’équipe européens partagent le point de vue selon lequel la spécificité du sport doit être pleinement reconnue par l’ensemble des institutions de l’Union européenne ». b) Position de la FIFA et du CIO

Dans un communiqué de presse commun, le CIO et la FIFA se sont quant à eux déclarés ravis de voir la position du sport au sein de l'Union européenne renforcée grâce au Traité de Lisbonne. Ces organisations relèvent en particulier le fait que l’article 165 TFUE souligne l'importance du sport en Europe, reconnaît sa spécificité et fait de sa promotion un objectif communautaire 333 .

Chapitre II : Les documents majeurs

Plusieurs documents relatifs au sport ont été élaborés par l’Union européenne. Nous nous bornerons ici à présenter très succinctement les plus importants, en y incluant le Rapport Arnaut 334 .

I. La Déclaration relative au sport (Octobre 1997)

A la suite du Traité d’Amsterdam, une « Déclaration relative aux caractéristiques spécifiques du sport et à ses fonctions sociales en Europe devant être prises en compte dans la mise en œuvre des politiques communes au sport » a été adoptée 335 . Elle a la teneur suivante :

« La Conférence souligne l’importance sociale du sport et en particulier son rôle de ferment de l’identité et de trait d’union entre les hommes. La Conférence invite dès lors les institutions de l’Union européenne à consulter les associations sportives lorsque des questions importantes ayant trait au sport sont concernées. A cet égard, il convient de tenir tout spécialement compte des particularités du sport amateur. »

II. La Déclaration de Nice (Décembre 2000)

La Déclaration de Nice a été adoptée à la suite du Conseil européen de Nice en 2000, après d’intenses discussions. Elle précise que « (…) la Communauté doit tenir compte, même si elle ne dispose pas de compétences directes dans ce domaine, dans son action au titre des différentes dispositions du Traité des fonctions sociales, éducatives et culturelles du sport, qui fondent sa spécificité, afin de respecter et de promouvoir l'éthique et les solidarités nécessaires à la préservation de son rôle social ».

333 Voir le communiqué de presse conjoint du CIO et de la FIFA à l’adresse suivante : http://fr.fifa.com/aboutfifa/developing/releases/newsid=1141620.html#le+traite+lisbonne+fait+promotion+sport 334 Bien que ce document n’ait pas été élaboré par les organes de l’Union européenne, nous avons néanmoins souhaité le présenter dans ce chapitre, tant il est vrai qu’il revêt une grande importance dans la définition de la place qui doit être accordée au sport au sein de l’Union européenne, notamment du point de vue des fédérations sportives. 335 Pour un examen plus détaillé de cette Déclaration et de sa genèse, voir notamment Parrish et Miettinen (2008), p. 34 ss ainsi que Dubey (2000), p. 174 ss. 119

Il semble donc que la Déclaration de Nice se montre en faveur de la nature spécifique du sport. Elle fait notamment référence aux points suivants :

- la pratique d’activités physiques et sportives par des personnes handicapées et le rôle économique et social des activités bénévoles dans le sport ;

- l'autonomie des organisations sportives et leur droit à l'auto-organisation au moyen de structures associatives appropriées ;

- la préservation des politiques de formation des jeunes sportifs ;

- la protection des jeunes sportifs, également en ce qui concerne les pressions commerciales exercées ;

- les dangers pour l’équité sportive de la propriété ou du contrôle économique par un même opérateur financier de plusieurs clubs sportifs participant aux mêmes compétitions dans une même discipline ;

- la nécessité de développer des initiatives en faveur de l’utilisation partagée d’une partie des recettes issue de la vente centralisée des droits de télévision qui soutiennent le principe de solidarité entre tous les niveaux de pratique sportive et toutes les disciplines 336 .

III. L’Etude indépendante sur le sport européen – Rapport Arnaut 337 (Octobre 2006)

En raison du fait que le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, qui contenait un article relatif au sport, n’a pas été adopté, les ministres des sports français, allemands, italiens, espagnols et anglais ont reconnu la nécessité d’une action politique. La présidence britannique de l’Union européenne a dès lors pris l’initiative de mettre en œuvre une « Etude indépendante sur le sport européen » divisé en deux parties principales, l’une traitant de la spécificité du sport dans le droit européen en général, l’autre utilisant le football européen comme un cas d’école en vue d’étudier et de proposer un certain nombre de solutions concrètes.

Ce rapport traite notamment des éléments suivants :

- le droit européen et la nature spécifique du sport ;

- le modèle européen du sport ;

- les questions de gouvernement d’entreprise ;

- les instruments juridiques susceptibles de conférer au sport une plus grande stabilité ;

- les recommandations adressées aux institutions européennes et aux Etats membres ainsi qu’aux instances du football.

336 Voir également Parrish et Miettinen (2008), p. 37 ss. 337 Lorsque nous ferons référence à ce document dans la suite de cet ouvrage, nous le dénommerons « Rapport Arnaut ». 120

D’une manière générale, ce rapport soutient fortement l’augmentation de l’autonomie du sport par rapport au droit européen. Il cherche à obtenir une certaine consolidation de l’autorité des fédérations sportives 338 .

IV. La Résolution du Parlement européen sur l’avenir du football professionnel en Europe (Mars 2007)

En date du 29 mars 2007, le Parlement européen a adopté une résolution sur l’avenir du football professionnel en Europe. Cette résolution énonce des propositions sur les thèmes suivants :

- la gouvernance ;

- la lutte contre les activités criminelles ;

- le rôle social, culturel et éducatif du football ;

- l’emploi et les questions sociales ;

- la lutte contre le racisme ;

- le droit de la concurrence et le marché intérieur ;

- la vente des droits de télévision et le droit de la concurrence ;

- le dopage.

Cette résolution suggère des solutions semblables à celles préconisées dans le rapport Arnaut, à savoir la reconnaissance de la spécificité sportive 339 .

V. Le Livre Blanc sur le sport (Juillet 2007)

La Commission européenne a présenté son Livre Blanc sur le sport le 11 juillet 2007. Il s’agit de la première initiative prise par la Commission européenne pour traiter de manière approfondie les problèmes liés au sport. Il a pour objectif général de donner une orientation stratégique concernant le rôle du sport en Europe, de stimuler le débat sur des questions spécifiques, de renforcer la prise en considération du sport dans le processus décisionnel de l’Union européenne et de sensibiliser le public aux besoins et aux spécificités du secteur 340 .

Le Livre Blanc sur le sport porte sur les aspects suivants :

- le rôle sociétal du sport ;

338 Pour une analyse plus détaillée du contenu du Rapport Arnaut, voir notamment Garcia (2009), p. 127 ss ; Wathelet (2008), p. 53 ss ; Colucci (2008), p. 24 ss ainsi que Parrish et Miettinen (2008), p. 40 ss. A noter que certains, en particulier Wathelet (2008), p. 53, ont fortement remis en cause le caractère indépendant de l’étude ainsi que ses conclusions. 339 Voir la Résolution sur l’avenir du football professionnel en Europe du Parlement européen, p. 1 ss. Pour plus de détails, voir notamment Garcia (2009), p. 130 ss et Wathelet (2008), p. 69. 340 Livre Blanc sur le sport (2007), p. 2. 121

- la dimension économique du sport ;

- l’organisation du sport en Europe ; et

- la suite à donner au Livre Blanc sur le sport 341 .

Les propositions concrètes d’initiatives européennes futures forment ensemble un « plan d’action Pierre de Coubertin » qui contient les actions qu’il incombera à la Commission européenne de mener ou de soutenir.

D’une manière générale, le Livre Blanc sur le sport refuse de développer une approche interventionniste et entend se limiter à veiller au respect des libertés fondamentales, lorsque cela est nécessaire. La Commission européenne précise en particulier que « conformément à la jurisprudence établie, la spécificité du sport continuera d’être reconnue, mais elle ne saurait être interprétée de sorte à justifier une dérogation générale à l’application du droit communautaire 342 ». La Commission européenne rejette en outre la nécessité de modifier le TFUE.

Ce Livre Blanc sur le sport a été fortement critiqué par les milieux sportifs qui réclament des conclusions plus fermes de l’Union européenne pour aider le futur développement du sport 343 . Il est en particulier demandé de reconnaître entièrement l’autonomie et la spécificité du sport ainsi que le rôle central et l’indépendance des fédérations sportives dans l’organisation, la réglementation et la promotion de leurs sports respectifs.

Chapitre III : Les arrêts majeurs de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) en matière de sport

344 Comme le relève à juste titre DUBEY , c’est à la CJUE que revient le rôle le plus important dans l’affirmation des interactions possibles entre sport et construction européenne. Nous allons ci-après exposer les états de faits et les enseignements généraux à tirer des arrêts majeurs de la CJUE en matière de sport.

I. L’arrêt Walrave (1974)

Passé quasi inaperçu au moment où il a été prononcé, cet arrêt est désormais célèbre dans la mesure où il constitue la première intervention de la CJUE dans le domaine du sport. Il admet que le droit communautaire peut s’appliquer aux activités sportives réglementées par des organisations privées, bien qu’aucun traité communautaire ne l’ait mentionné. En ce sens, cet arrêt de 1974 annonçait déjà les nombreuses interactions futures entre le sport et le droit communautaire 345 .

341 Pour une analyse plus détaillée du contenu de Livre Blanc sur le sport, voir notamment Weatherill (2009b), p. 107 ss ; Garcia (2009), p. 132 ss ; Velasquez Hernandez (2008), p. 77 ss ; Stein (2008), p. 46 ss ; Parrish et Mietinen (2008), p. 42 ss ; Blackshaw (2007), p. 87 ss ; Muresan (2007), p. 281 ss ; Fonteneau (2007), p. 7 ss ; Husting (2007), p. 27 ss ainsi que Miege (2007), p. 1 ss. 342 Livre Blanc sur le sport (2007), p. 15. 343 Voir en particulier le communiqué de presse du 11 juillet 2007 émis par l’UEFA conjointement avec d’autres fédérations sportives. 344 Dubey (2000), p. 88. 345 Dans le même sens, Zen-Ruffinen (2002), p. 293. 122

A. Faits et procédure

Il s’agit d’un litige opposant deux entraîneurs cyclistes de demi-fond à leur fédération internationale 346 . Bruno Walrave et Longinius Koch , tous deux de nationalité néerlandaise, prêtaient habituellement leurs services, contre rémunération, dans des courses cyclistes de demi-fond dites de « stayers », en qualité d’entraîneurs, c’est-à-dire de pilotes de motos dans le sillage desquelles courent les cyclistes. L’UCI avait établi, pour les championnats du monde de la spécialité, un règlement dont une disposition prévoyait qu’à partir de 1973, l’entraîneur devrait être de la nationalité du coureur. Walrave et Koch ont attaqué cette disposition devant un tribunal néerlandais, estimant qu’elle contrevenait à la législation européenne, dans la mesure où elle empêchait un entraîneur d’un Etat membre de prêter ses services à un coureur d’un autre Etat membre 347 .

Estimant que se posaient des problèmes d’interprétation du droit communautaire, le juge néerlandais a saisi la CJUE de trois questions préjudicielles qui ont toutes trait à la validité de la disposition litigieuse du règlement UCI par rapport au droit communautaire :

« (1) S’agit-il d’un contrat de travail, auquel cas la validité de la disposition doit s’apprécier par rapport à l’article 48 du Traité CEE [devenu 39 TCE puis 45 TFUE] ?

(2) S’agit-il au contraire d’un contrat de prestation de service, auquel cas cette validité doit être vue par rapport à l’article 59 Traité CEE [devenu 49 TCE puis 56 TFUE] ?

(3) Qu’en est-il enfin de la validité de la disposition au regard de l’interdiction générale de discrimination en raison de la nationalité, consacrée par l’article 7 du Traité CEE [devenu 12 TCE puis 18 TFUE]? »

B. Le jugement de la CJUE

Dans cet arrêt, la CJUE a dégagé le principe selon lequel les discriminations fondées sur la nationalité sont interdites en sport même si la réglementation qui les fonde est édictée par une organisation sportive de nature privée.

Elle s’est toutefois empressée d’apporter deux tempéraments à cette règle. Premièrement, il faut que l’activité sportive ait un caractère économique. Il doit donc s’agir d’une activité sportive pratiquée par des professionnels et non pas des amateurs. Deuxièmement, elle a précisé que la participation de sportifs étrangers à certaines rencontres pouvait être exclue pour des raisons purement sportives tenant au caractère spécifique de ces rencontres.

II. L’arrêt Donà (1976)

L’arrêt Donà vient confirmer, deux ans plus tard, l’arrêt Walrave , auquel la CJUE se réfère largement. Elle précise tout au plus que les rencontres entre équipes nationales de différents pays constituent un exemple de rencontres à caractère spécifique énoncé dans l’arrêt Walrave , intéressant uniquement le sport et justifiant une restriction au champ d’application des dispositions communautaires.

346 CJUE, 12.12.1974, Walrave , aff. 36/74, Rec. 1974, p. 1405. 347 Dubey (2000), p. 89. 123

A. Faits et procédure

Ce litige a trait au football professionnel 348 . Le président du club italien de Rovigo, Mario Mantero , avait chargé Gaetano Donà d’effectuer des sondages à l’étranger afin d’y trouver un joueur susceptible de renforcer son équipe. Pour ce faire, Donà fit paraître une annonce dans un journal sportif belge, mais Mantero refusa de prendre en compte les offres consécutives à l’annonce et de rembourser à Donà les frais de cette dernière. Il estimait que les démarches de Donà avaient été prématurées, puisque les articles 16 et 28 lettre g du Règlement organique de la fédération italienne de football ne permettaient de faire participer à des rencontres que les joueurs affiliés à cette fédération et que l’affiliation n’était en principe accordée qu’aux joueurs de nationalité italienne. Il aurait donc fallu attendre la fin du « blocage des frontières » pour agir. Gaetano Donà porta l’affaire devant le tribunal de Rovigo. Il estimait que les dispositions du règlement organique étaient contraires aux articles 7 [devenu 12 TCE puis 18 TFUE], 48 [devenu 39 TCE puis 45 TFUE] et 59 [devenu 49 TCE puis 56 TFUE] du Traité CEE 349 .

Le tribunal de Rovigo a posé quatre questions préjudicielles à la CJUE :

« (1) Les articles 48 [devenu 39 TCE puis 45 TFUE], éventuellement l’article 7 [devenu 12 TCE puis 18 TFUE] donnent-ils le droit à un travailleur ou à un indépendant ressortissant d’un des Etats membres d’effectuer sa prestation en n’importe quel lieu de la Communauté ?

(2) Les joueurs de football, dans le cas où leurs prestations ont un caractère professionnel, peuvent-ils y prétendre ?

(3) Si oui, ce droit est-il effectif même lorsque l’on est en présence de règles contraires édictées par une fédération sportive compétente pour régler le sport en question sur le territoire d’un Etat membre ?

(4) Ce droit peut-il être directement invoqué devant les juridictions nationales ? »

B. Le jugement de la CJUE

La CJUE considère qu’une réglementation édictée par une organisation sportive privée, réservant aux seuls ressortissants de l’Etat membre concerné le droit de participer, en tant que joueur professionnel ou semi-professionnel, à des rencontres de football, est incompatible avec les articles 18, 45 et 56 TFUE. La CJUE réaffirme par ailleurs qu’elle admet une exception pour motifs non économiques, tenant au caractère et au cadre spécifiques de certaines rencontres, intéressant uniquement le sport en tant que tel, comme les rencontres entre équipes nationales de différents pays.

III. L’arrêt Bosman (1995)

Il s’agit à coup sûr de l’arrêt le plus célèbre rendu par la CJUE en matière de sport. Il a généré un véritable « choc psychologique » dans la mesure où, pour la première fois, les mondes sportifs et politiques ainsi que l’opinion publique ont véritablement pris conscience de l’intrusion des règles communautaires dans le sport350 .

348 CJUE, 14.07.1976, Donà , aff. 13/76, Rec. 1976, p. 1333. 349 Dubey (2000), p. 90 ss. 350 Dubey et Dupont (2002), p. 2. 124

On peut tirer de cet arrêt deux enseignements principaux. Le premier est que le système des transferts qui prévoit qu’un joueur, à l’expiration de son contrat, ne peut être employé par un autre club que si ce dernier a versé au club d’origine une indemnité de transfert contrevient au droit européen. Le second enseignement important réside dans le fait qu’il est interdit de prévoir dans la réglementation sportive une limitation du nombre de joueurs ressortissant d’un Etat membre de l’Union européenne.

La portée de cet arrêt est énorme puisque aussi bien le système des indemnités de transfert que les clauses de nationalité ont été déclarés incompatibles avec le principe de la libre circulation des personnes. En outre, bien que rendu en matière de football, l’arrêt Bosman a des conséquences pour tous les sports d’équipes.

L’arrêt Bosman a certes été un arrêt symbolique, mais il a surtout constitué une importante source d’incertitudes. Si la CJUE ne s’est prononcée que sur la libre circulation des travailleurs, cette jurisprudence a néanmoins ouvert la voie à d’autres questions sur la compatibilité de certaines normes sportives avec le droit communautaire, en particulier le droit de la concurrence 351 .

A. Faits et procédure

Ce litige concerne à nouveau le football professionnel 352 . Jean-Marc Bosman , joueur professionnel de nationalité belge, est passé en 1988 du Standard de Liège au Royal Club de Liège, les deux clubs militant à cette époque en première division belge. La somme de transfert s’élevait à trois millions de francs belges. En vertu d’un contrat venant à expiration le 30 juin 1990, Jean-Marc Bosman recevait un salaire mensuel moyen de 120'000 francs belges, comprenant une rémunération de base de 75'000 francs belges à laquelle il fallait ajouter les primes de match.

En avril 1990, le Royal Club de Liège a proposé au joueur un nouveau contrat pour une saison, en réduisant la rémunération de base au minimum prévu par le règlement de l’Union royale belge des sociétés de football association (URBSFA), c’est-à-dire 30'000 francs belges. Devant le refus de l’intéressé, le club l’a placé sur la liste des transferts. Conformément aux règles applicables de l’URBSFA, la somme de transfert a été fixée à 11'743'000 francs belges en cas de transfert imposé 353 .

Aucun club n’ayant manifesté son intérêt pour un transfert imposé, Jean-Marc Bosman a contacté lui-même un club français de deuxième division, l’US Dunkerque. Le contrat d’engagement prévoyait un salaire mensuel moyen d’environ 100'000 francs belges et une prime d’engagement de 900'000 francs belges.

351 Voir notamment les Conclusions de l’Avocat général Lenz dans l’arrêt Bosman , pts 253 à 286. Voir également infra Partie V, Titre II, Chapitre II, II. 352 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921. 353 Au moment des faits de l’affaire Bosman , le système belge de transfert était très particulier et complexe. Il procédait à une distinction entre le transfert « libre », le transfert « imposé » et le transfert « administratif ». S’agissant plus particulièrement du transfert « imposé », il était réalisé avec l’accord du joueur concerné et celui de son nouveau club mais sans que l’assentiment de l’ancien club ne soit en revanche nécessaire. Le paiement d’une indemnité réglementaire, appelée « indemnité de formation » était toutefois requis ; son montant était calculé en multipliant le revenu brut annuel du joueur par un coefficient variant en fonction de son âge. 125

Un contrat a également été conclu le 27 juillet 1990 entre le Royal Club de Liège et l’US Dunkerque. Il prévoyait le transfert du joueur pour une saison, moyennant versement par le club français au club belge d’une indemnité de 1'200'000 francs belges, payable dès réception par la Fédération française de football du certificat de transfert délivré par l’URBSFA. Ce même contrat accordait en outre au club de l’US Dunkerque une option irrévocable sur le transfert définitif du joueur pour un montant de 4'800'000 francs belges.

Les contrats passés entre d’une part les clubs et d’autre part l’US Dunkerque et Jean-Marc Bosman étaient toutefois assortis d’une condition résolutoire qui les rendait caducs si l’URBSFA ne transmettait pas le certificat de transfert à la FFF avant le premier match de la saison fixé au 2 août 1990.

Nourrissant des doutes sur la solvabilité de l’US Dunkerque, le Royal Club de Liège n’a pas demandé à l’URBSFA de transmettre le certificat. Les deux contrats sont ainsi restés sans effets 354 .

S’agissant de la procédure, elle est complexe 355 . M. Bosman a d’abord saisi le tribunal de première instance de Liège, puis le litige l’a conduit à demander à la Cour d’appel de Liège de déclarer les règlements UEFA et FIFA, relatifs aux transferts et aux clauses de nationalité pour les footballeurs professionnels, contraires au droit européen. Saisie par la juridiction nationale, la CJUE a dû se prononcer, à titre préjudiciel, sur les questions suivantes :

« Les articles 48 [devenu 39 TCE puis 45 TFUE], 85 [devenu 81 TCE puis 101 TFUE] et 86 [devenu 82 TCE puis 102 TFUE] du Traité CEE doivent-ils être interprétés en ce sens qu’ils interdisent :

- qu’un club de football puisse exiger et percevoir le paiement d’une somme d’argent à l’occasion de l’engagement d’un de ses joueurs arrivés au terme de son contrat par un nouveau club employeur ;

- que les associations ou fédérations sportives nationales et internationales puissent prévoir dans leurs réglementations respectives des dispositions limitant l’accès des joueurs étrangers ressortissants de la Communauté européenne aux compétitions qu’elles organisent ? »

B. Le jugement de la CJUE

La CJUE a rendu son jugement en se basant uniquement sur les dispositions relatives à la libre circulation des personnes. Elle a ainsi considéré que l’article 45 TFUE « (…) s’oppose à l’application de règles édictées par des associations sportives, selon lesquelles un joueur professionnel de football ressortissant d’un Etat membre, à l’expiration du contrat qui le lie à un club, ne peut être employé par un club d’un autre Etat membre que si ce dernier a versé au club d’origine une indemnité de transfert, de formation ou de promotion 356 ».

Elle a ajouté que cette disposition s’oppose également « (…) à l’application de règles édictées par des associations sportives selon lesquelles, lors des matches des compétitions qu’elles

354 Dubey (2000), p. 91 ss. 355 Pour plus de détails, voir Dubey (2000), p. 95 ss. 356 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921, pt 114. 126 organisent, les clubs de football ne peuvent aligner qu’un nombre limité de joueurs professionnels ressortissants d’autres Etats membres 357 ».

IV. L’arrêt Deliège (2000)

Dans cet arrêt, la CJUE a eu l’occasion de réaffirmer la primauté du droit communautaire sur l’ordre sportif. Cette décision lui a également permis de reconnaître aux fédérations sportives leur rôle organisationnel et normatif pour le sport qu’elles chapeautent, ainsi qu’une certaine autonomie dans le contexte sportif 358 .

A. Faits et procédure

Il s’agit d’une affaire concernant le judo et plus particulièrement les quotas de sélection 359 . Christelle Deliège , judoka belge, avait, à de nombreuses reprises, obtenu des résultats de haut niveau. Elle avait notamment été championne de Belgique, médaillée d’or dans divers tournois internationaux et médaillée d’or aux championnats du monde junior.

En 1994, l’Union européenne de judo avait adopté des règles relatives aux tournois européens de catégorie internationale A. Ces tournois, comme les championnats d’Europe de mai 1996, permettaient d’obtenir des points pour le classement dans les listes européennes servant à déterminer les qualifications pour les Jeux Olympiques d’Atlanta. Il était prévu que seules les fédérations nationales pouvaient inscrire leurs athlètes et que, pour chaque fédération européenne, sept judokas de chaque sexe pouvaient être inscrits sur lesdites listes, soit en principe un judoka par catégorie. Toutefois, si aucun athlète n’était désigné dans une catégorie, il était possible d’inscrire deux judokas dans une autre catégorie, sans néanmoins excéder la limite de sept hommes et de sept femmes.

Conformément aux critères de sélection établis par la Fédération internationale de judo, étaient qualifiés pour les Jeux Olympiques d’Atlanta, dans chaque catégorie, les huit premiers des derniers championnats du monde ainsi qu’un certain nombre de judokas pour chaque continent. Pour l’Europe, neuf hommes et cinq femmes pouvaient être qualifiés dans chaque catégorie. Ceux-ci étaient sélectionnés sur la base des résultats obtenus par chaque judoka au cours d’un certain nombre de tournois durant la période préolympique. L’Union européenne de judo avait fixé les critères de sélection aux trois meilleurs résultats obtenus lors des tournois de catégorie A et des championnats d’Europe seniors, durant la période comprise entre les championnats du monde 1995 et les championnats d’Europe de 1996.

Pour obtenir sa qualification pour les Jeux Olympiques d’Atlanta, Christelle Deliège était jugée, comme les autres judokas, en fonction des performances et des résultats obtenus lors des tournois de catégorie internationale A. Elle a été sélectionnée par la Ligue francophone de judo pour prendre part au tournoi de Bâle en décembre 1995 mais a par la suite été écartée par la Ligue belge et n’a pas pu y prendre part. Ultérieurement, elle n’a pas non plus été sélectionnée pour le des 10 et 11 février 1996 bien que, d’après elle, les deux athlètes sélectionnées à sa place par la Ligue belge avaient obtenu des résultats moins brillants que les siens 360 .

357 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921, pt 137. 358 Zen-Ruffinen (2002), p. 305. 359 CJUE, 11.04.2000, Deliège , aff. C-51/96 et C-191/97, Rec. 2000, p. I-2549. 360 Dubey (2000), p. 98 ss. 127

Christelle Deliège a été informée en mars 1995 qu’elle n’était pas présélectionnée pour les Jeux Olympiques d’Atlanta. Prétendant avoir été empêchée de participer aux tournois internationaux de catégorie A de Bâle et de Paris, elle saisit le juge des référés du Tribunal de première instance de Namur le 26 janvier 1996. Elle lui demande d’ordonner à la fédération belge de lui permettre de concourir au tournoi de Paris, pour lequel elle a sélectionné deux athlètes aux résultats moins bons, d’ordonner aux organisateurs de l’autoriser à participer à tous les tournois de catégorie A et de saisir la CJUE d’une question préjudicielle relative au caractère illicite des conditions fédératives d’accès aux compétitions.

Saisi de cette affaire, le tribunal de Namur a posé à la CJUE la question préjudicielle suivante :

« Un règlement qui impose à un sportif professionnel, semi-professionnel ou candidat à un tel statut d’être en possession d’une autorisation ou d’une sélection de sa fédération nationale pour pouvoir concourir dans une compétition internationale et qui prévoit des quotas nationaux d’engagement ou de semblables compétitions, est-il ou non contraire aux articles 59 [devenu 49 TCE puis 56 TFUE] ainsi qu’aux articles 85 [devenu 81 TCE puis 101 TFUE] et 86 [devenu 82 TCE puis 102 TFUE] du Traité CEE ? »

B. Le jugement de la CJUE

La Cour a reconnu la validité d’une règle obligeant un athlète à être en possession d’une autorisation ou d’une sélection de sa fédération pour pouvoir participer à une compétition sportive internationale. Elle a jugé qu’une telle règle ne contrevenait pas à la libre prestation de services prévue à l’article 45 TFUE puisqu’elle découlait d’une nécessité inhérente à l’organisation d’une telle compétition.

V. L’arrêt Lehtonen (2000)

Rendu trois jours après l’arrêt Deliège , l’arrêt Lehtonen s’inscrit dans la même lignée, en reconnaissant une certaine spécificité au sport. Dans cet arrêt, la CJUE a accepté le principe des périodes de transfert.

A. Faits et procédure

Ce litige concerne le basketball et plus particulièrement le système des transferts 361 . Le règlement de la FIBA prévoyait l’interdiction d’engager un joueur ayant déjà joué durant la même saison dans un pays de la même zone géographique. Pour la zone européenne, la date limite d’enregistrement des joueurs étrangers était fixée au 28 février. Après cette date, le transfert de joueurs venant d’autres zones demeurait en revanche encore possible.

Selon le règlement de la fédération belge, les transferts entre clubs belges de joueurs affiliés à la Fédération royale belge des sociétés de basketball pouvaient avoir lieu chaque année pendant une période déterminée. En 1995, cette période courait du 15 avril au 15 mai et en 1996, du 1 er au 31 mai. Les joueurs étrangers ou professionnels qui s’affiliaient après le 31 mars de la saison en cours n’étaient plus qualifiés pour jouer les matches de compétition, de coupe et de play-off de la saison en cours. Les joueurs de nationalité étrangère, ressortissants de l’Union européenne compris, ne pouvaient être qualifiés que s’ils avaient rempli toutes les

361 CJUE, 13.04.2000, Lehtonen , aff. C-176/96, Rec. 2000, p. 2681. 128 formalités prévues par le règlement de la fédération belge. Ils devaient en outre satisfaire au règlement FIBA pour obtenir une licence.

Le club belge Castors Canada Dry Namur-Braine ASBL (ci-après : Castor Braine) a engagé le joueur finlandais Jyri Lehtonen pour participer à la phase finale du championnat de Belgique 1995/96. A cet effet, les parties ont conclu le 3 avril 1996 un contrat de travail de sportif rémunéré. Cet engagement avait été enregistré le 30 mars 1996 auprès de la FRBSB, la lettre de sortie du joueur ayant été délivrée par la fédération finlandaise le 29 mars 1996. Le 5 avril 1996, la Fédération royale belge des sociétés de basketball a informé Castors Braine que, si la FIBA ne délivrait pas la licence nécessaire à la qualification du joueur, le club pourrait être sanctionné au cas où il alignerait Jyri Lehtonen .

Le 6 avril 1996, bien que la FIBA n’ait pas délivré la licence au joueur, le club a malgré tout aligné Jyri Lehtonen au cours d’un match et a gagné la rencontre. A la suite d’une réclamation du club adverse, la fédération belge est intervenue et a prononcé comme sanction la perte du match par forfait pour avoir aligné le joueur en violation des dispositions du règlement de la FIBA concernant les transferts à l’intérieur de la zone européenne. Lors du match suivant, le club a de nouveau inscrit Jyri Lehtonen sur la feuille de match mais ne l’a pas fait jouer. Il a néanmoins été sanctionné une nouvelle fois par un score de forfait. Le club a donc renoncé aux services du joueur pour les matches suivants des play-off 362 .

M. Lehtonen et Castors Braine ont assigné la fédération belge de basketball devant le Tribunal de première instance de Bruxelles, statuant en référé. Le Tribunal a posé à la CJUE la question préjudicielle suivante :

« La réglementation d’une fédération sportive qui interdit à un club d’aligner en compétition un joueur professionnel d’un autre Etat membre s’il n’a pas été qualifié avant une date déterminée est-elle contraire ou non aux articles 7 [devenu 12 TCE puis 18 TFUE], 48 [devenu 39 TCE puis 45 TFUE], 85 [devenu 81 TCE puis 101 TFUE] et 86 [devenu 82 TCE puis 102 TFUE] du Traité CEE ? »

B. Le jugement de la CJUE

La CJUE a jugé qu’une règle interdisant à un club d’aligner des joueurs en provenance d’autres Etats membres après une date déterminée était valable. Elle a considéré qu’une réglementation visant à assurer la stabilité des équipes afin de garantir la régularité des compétitions et l’intégrité des championnats doit être reconnue comme légitime.

Dans le cas d’espèce, le système a néanmoins été jugé contraire à la libre circulation des travailleurs puisqu’il existe une différence de traitement qui n’est pas justifiée. Pour la Cour en effet, « il ne ressort pas des éléments versés au dossier le transfert entre le 28 février et le 31 mars d'un joueur provenant d'une fédération de la zone européenne présente plus de risques pour la régularité du championnat que le transfert, au cours de la même période, d'un joueur provenant d'une fédération n'appartenant pas à ladite zone 363 ».

VI. L’arrêt Kolpak (2003)

362 Dubey (2000), p. 102 ss. 363 CJUE, 13.04.2000, Lehtonen , aff. C-176/96, Rec. 2000, p. 2734. 129

L’arrêt Kolpak a eu un large impact dans le monde du sport 364 . Cette jurisprudence répond en effet à une question fondamentale pour les fédérations sportives, à savoir la définition de l’espace géographique à l’intérieur duquel la libre circulation des joueurs est imposée par le droit communautaire.

A. Faits et procédure

Ce litige concerne le handball 365 . M. Kolpak , ressortissant slovaque, a conclu en mars 1997 un contrat de travail à durée déterminée expirant le 30 juin 2000 en vue d'occuper le poste de gardien de but dans l'équipe allemande de handball du TSV Östringen eV Handball, club allemand de deuxième division. En février 2000, un nouveau contrat à durée déterminée a été conclu, arrivant à échéance le 30 juin 2003. M. Kolpak percevait un salaire mensuel, résidait en Allemagne et détenait un titre de séjour en règle.

Sur la base de sa réglementation interne, le Deutscher Handballbund (DHB) lui a délivré une licence de joueur marquée de la lettre « A », en raison de sa nationalité slovaque.

M. Kolpak , qui avait sollicité la délivrance d'une licence de joueur non assortie de la mention propre aux ressortissants des pays tiers, a contesté cette décision et a introduit une action en justice devant le Landgericht de Dortmund. Il a fait valoir que la République slovaque fait partie des pays tiers dont les ressortissants peuvent prétendre participer sans aucune restriction aux compétitions, dans les mêmes conditions que les joueurs allemands et les joueurs communautaires, en vertu de l'interdiction de discrimination découlant des dispositions combinées du TCE [devenu TFUE] et de l'accord d'association Communautés-Slovaquie.

Le Landgericht a imposé à la DHB d'accorder à M. Kolpak une licence de joueur sans la mention « A », au motif que ce dernier ne devait pas être traité différemment qu’un joueur communautaire. Le DHB a fait appel de ce jugement devant l' Oberlandesgericht de Hamm. Cette instance a décidé de surseoir à statuer et a posé à la CJUE la question préjudicielle suivante :

« L'article 38 paragraphe 1 de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et la République slovaque s'oppose-t-il à ce qu'une fédération sportive applique à un sportif professionnel de nationalité slovaque une règle - par elle élaborée - suivant laquelle les clubs ne sont autorisés à aligner, lors des matches de championnat ou de coupe, qu'un nombre limité de joueurs originaires de pays tiers, non membres des Communautés européennes ? »

B. Le jugement de la CJUE

La Cour a jugé qu’une règle sportive autorisant les clubs à n’aligner qu’un nombre limité de joueurs originaires de pays tiers contrevenait à l’accord d’association Communautés- Slovaquie.

Autrement dit, la libre circulation des sportifs est étendue à tous les ressortissants des pays qui ont signé des accords d’association.

364 Voir notamment Martins (2009a), p. 227 ss. 365 CJUE, 08.05.2003, Kolpak , aff. C-438/00, Rec. 2003, p. I-4135. 130

VII. L’arrêt Simutenkov (2005)

L’arrêt Simutenkov , qui confirme la jurisprudence Kolpak relative aux accords d’association, étend le champs d’application de la libre circulation des sportifs aux ressortissants des pays ayant conclu des accords de coopération.

A. Faits et procédure

L’arrêt Simutenkov concerne le football 366 . Igor Simutenkov est un ressortissant russe qui, à la date des faits du litige au principal, demeurait en Espagne, où il était titulaire d’un titre de séjour et d’un permis de travail. Étant engagé comme joueur de football professionnel en vertu d’un contrat de travail conclu avec le Club Deportivo Tenerife , il détenait une licence fédérale en qualité de joueur non communautaire.

Au cours du mois de janvier 2001, M. Simutenkov a présenté, par l’intermédiaire de son club, une demande à la fédération espagnole de football afin que cette dernière remplace la licence fédérale dont il était titulaire par une licence identique à celle dont disposent les joueurs communautaires. A l’appui de cette demande, il invoquait l’accord de partenariat Communautés-Russie.

Par décision du 19 janvier 2001, la fédération espagnole a rejeté cette demande en application de son règlement général et de l’accord qu’elle a conclu le 28 mai 1999 avec la ligue nationale de football professionnel.

Estimant que la distinction opérée par cette réglementation entre les ressortissants d’un État membre de l’Union européenne et les ressortissants d’États tiers est, pour ce qui concerne les joueurs russes, incompatible avec l’article 23 paragraphe 1 de l’accord de partenariat Communautés-Russie et qu’elle limite l’exercice de sa profession, M. Simutenkov a introduit un recours devant le Juzgado Central de lo Contencioso Administrativo contre la décision du 19 janvier 2001 portant rejet de sa demande de nouvelle licence.

Son recours a été rejeté par jugement du 22 octobre 2002. M. Simutenkov a alors interjeté appel devant l’ Audiencia Nacional qui a décidé de surseoir à statuer et a posé à la Cour la question préjudicielle suivante:

« L’article 23 paragraphe 1 de l’accord de partenariat entre les Communautés européennes et la Russie s’oppose-t-il à l’application par une fédération sportive à un sportif professionnel de nationalité russe, régulièrement employé par un club de football espagnol, tel que celui en cause dans le recours au principal, d’une règle selon laquelle les clubs ne sont autorisés à aligner, dans les compétitions organisées à l’échelle nationale, qu’un nombre limité de joueurs originaires d’États tiers qui ne sont pas parties à l’accord sur l’Espace économique européen ? »

B. Le jugement de la CJUE

La CJUE a jugé qu’une règle sportive autorisant les clubs à n’aligner qu’un nombre limité de joueurs originaires d’États tiers qui ne sont pas parties à l’accord sur l’Espace économique

366 CJUE, 12.04.2005, Simutenkov , aff. C-265/03, Rec. 2005 p. I-2579. 131 européen contrevenait à l’accord de partenariat entre les Communautés européennes et la Russie.

En d’autres termes, la libre circulation des sportifs est étendue à tous les ressortissants des pays qui ont signé des accords de partenariat.

VIII. L’arrêt Meca-Medina (2006)

Cet arrêt, très critiqué, a eu un retentissement énorme auprès des fédérations sportives. Il marque en effet un brusque retour en arrière 367 dans la définition d’une spécificité sportive, en déplaçant la frontière entre les réglementations sportives qui échappent à l’application du droit communautaire et celles qui tombent dans son champ d’application.

Ce jugement est en outre le premier à examiner une réglementation sportive à la lumière des dispositions du droit européen de la concurrence 368 .

A. Faits et procédure

L’arrêt Meca-Medina a trait à la natation 369 . Les requérants sont deux athlètes professionnels pratiquant la natation de longue distance, l’équivalent aquatique du marathon. Lors d’un contrôle antidopage effectué le 31 janvier 1999, durant la Coupe du monde de la discipline se déroulant au Brésil, où ils avaient terminé respectivement premier et deuxième, les requérants ont été testés positifs à la nandrolone. Le taux relevé pour M. Meca-Medina était de 9,7 nanogrammes par millilitres d’urine alors que celui de M. Majcen se montait à 3,9 nanogrammes par millilitres.

Le 8 août 1999, la Fédération internationale de natation (FINA) a pris la décision de suspendre les requérants pour une période de quatre ans.

Sur appel des requérants, le TAS a confirmé, par sentence arbitrale du 29 février 2000, la décision de suspension 370 .

En janvier 2000, des expériences scientifiques ont montré que les métabolites de nandrolone peuvent être produites de manière endogène par l’organisme humain en cas de consommation de certains aliments, tels que la viande de porc mâle non castré, à un taux pouvant dépasser le seuil de tolérance admis.

Au vu de cette évolution, la FINA et les requérants sont convenus, par un accord d’arbitrage du 20 avril 2000, de déférer à nouveau l’affaire, aux fins d’un réexamen, au TAS.

Par sentence arbitrale du 23 mai 2001, le TAS a réduit la sanction de suspension des requérants à deux ans.

367 Zylberstein (2008a), p. 101 ss et Infantino (2006), p. 111 ss. Contra : Pfister (2007), p. 58 ss. Voir également, pour une analyse détaillée de l’arrêt, Weatherill (2009a) p. 81 ss et Weatherill (2006), p. 645 ss. 368 Dans l’arrêt Bosman , bien que la problématique de la conformité du système des transferts avec le droit de la concurrence ait été analysée par l’Avocat général Lenz , la Cour s’était contentée de constater son caractère illicite sur la seule base de la libre circulation des personnes, sans se préoccuper plus avant du droit de la concurrence. 369 CJUE, 18.07.2006, Meca-Medina , aff. C-519/04, Rec. 2006 p. I-6991. 370 CAS, 29.02.2000, Meca-Medina v. FINA , aff. 99/A/234. 132

Par lettre du 30 mai 2001, les requérants ont déposé une plainte auprès de la Commission européenne, dénonçant une infraction aux articles 81 [devenu 101 TFUE] et 82 [devenu 102 TFUE] TCE.

Par décision du 1er août 2002, la Commission a rejeté la plainte des requérants, après avoir analysé la réglementation antidopage litigieuse selon les critères d’appréciation du droit de la concurrence et conclu que cette réglementation ne tombait pas sous le coup de l’interdiction des articles 81 [devenu 101 TFUE] et 82 [devenu 102 TFUE] TCE 371 .

Le 11 octobre 2002, les requérants ont introduit devant le Tribunal de l’UE un recours tendant à l’annulation de la décision litigieuse.

Par arrêt du 30 septembre 2004, le Tribunal de l’UE a rejeté le recours des requérants 372 .

Les requérants ont recouru contre cette décision et ont demandé son annulation auprès de la CJUE.

B. Le jugement de la CJUE

La CJUE a annulé l’arrêt du Tribunal de l’UE du 30 septembre 2004. Elle a jugé que cette instance avait commis une erreur de droit en estimant qu’une réglementation pouvait être écartée d’emblée du champ d’application des articles 101 et 102 TFUE au seul motif qu’elle était considérée comme purement sportive au regard de l’application des articles 45 et 56 TFUE. Selon la Cour, il est au contraire nécessaire de vérifier au préalable si cette réglementation répond aux conditions d’application propres des articles 101 et 102 TFUE.

Elle a ainsi considéré que les conséquences répressives de la réglementation antidopage ainsi que l’importance des sanctions pouvant être prononcées en cas de sa violation peuvent avoir une influence sur la concurrence, avec un potentiel effet négatif sur cette dernière. Ainsi, pour être conformes au TCE, de telles réglementations doivent respecter l’interdiction de fausser le jeu de la concurrence, et à cette fin, être limitées aux éléments strictement nécessaires pour assurer le bon fonctionnement de la manifestation sportive.

En l’espèce, la Cour a néanmoins jugé que ni le seuil faisant passer une personne en situation de dopage, ni la sévérité des éventuelles sanctions n’allaient au-delà de ce qui est nécessaire afin de garantir le bon fonctionnement de la manifestation sportive. Elle n’a ainsi pas pu établir de caractère disproportionné de la réglementation antidopage mise en cause et a par conséquent rejeté le recours.

IX. L’arrêt Bernard (2010)

Il s’agit de la première décision en matière sportive rendue par la CJUE depuis l’entrée en vigueur du nouvel article 165 TFUE consécutif à l’adoption du traité de Lisbonne.

L’arrêt Bernard vient compléter et peaufiner son célèbre prédécesseur Bosman , en confirmant l'interdiction des indemnités de transfert non liées au coût réel de formation.

371 Commission européenne, 01.08.2002, Meca-Medina et Majcen / CIO , aff. 38158. 372 Tribunal de l’UE, 30.09.2004, Meca-Medina , aff. T-313/02, Rec. 2004, p. II-3291. 133

On dénote toutefois un changement de ton dans les considérations de la Cour. Certains auteurs sont d’ailleurs d’avis que cet arrêt constitue un important tempérament aux conséquences les plus extrêmes de la jurisprudence Bosman 373 .

A. Faits et procédure

L’arrêt Bernard concerne le football 374 . Olivier Bernard est un jeune joueur français qui a conclu, au cours de l’année 1997, un contrat de joueur « espoir » avec le club de football français Olympique Lyonnais pour une durée de trois saisons.

Avant la date d’expiration de ce contrat, l’Olympique Lyonnais a proposé à M. Bernard la signature d’un contrat de joueur professionnel pour une durée d’une année à compter du 1 er juillet 2000.

M. Bernard a refusé de signer ce contrat et a conclu, au mois d’août 2000, un contrat de joueur professionnel avec Newcastle UFC, un club de football anglais.

L'Olympique Lyonnais a dès lors entamé des procédures judiciaires afin de faire condamner M. Bernard et Newcastle UFC à lui verser 53'357 euros à titre de dommages et intérêts, ce qui équivaut à la rémunération que ce joueur aurait perçue pendant une année s’il avait signé le contrat proposé par le club.

Saisie en dernier lieu, la Cour de cassation a décidé de surseoir à statuer et a posé à la CJUE les questions préjudicielles suivantes :

« (1) Le principe de libre circulation des travailleurs posé par l’article 39 TCE [devenu 45 TFUE] s’oppose-t-il à une disposition de droit national en application de laquelle un joueur ‘espoir’ qui signe à l’issue de sa période de formation un contrat de joueur professionnel avec un club d’un autre État membre de l’Union européenne s’expose à une condamnation à des dommages-intérêts ?

(2) Dans l’affirmative, la nécessité d’encourager le recrutement et la formation des jeunes joueurs professionnels constitue-t-elle un objectif légitime ou une raison impérieuse d’intérêt général de nature à justifier une telle restriction ? »

B. Le jugement de la CJUE

La CJUE a jugé qu’un système des transferts qui garantit l’indemnisation du club formateur n’est pas contraire aux dispositions relatives à la libre circulation des travailleurs.

En revanche, un régime, tel que celui en cause au principal, selon lequel un jeune joueur qui est transféré dans un club d’un autre État membre s’expose à une condamnation à des dommages et intérêts dont le montant est sans rapport avec les coûts réels de formation contrevient à l’article 45 TFUE et doit être interdit.

373 Dutoit (2010), no 47 ss. Plus nuancés, les auteurs de l’Etude Parrish et al. (2010), p. 31, relèvent que l’arrêt Bernard se contente de confirmer l’arrêt Bosman , la seule nouveauté notable consistant à s’appuyer sur le nouvel art. 165 TFUE. 374 CJUE, 16.03.2010, Bernard , aff. C-325/08. 134

Titre II : La libre circulation des personnes en Europe

Après une brève présentation relative à la libre circulation des personnes en général 375 (Chapitre I.), nous nous intéresserons plus particulièrement à la libre circulation des sportifs professionnels (Chapitre II.).

Chapitre I : La libre circulation des personnes en général

Le marché intérieur se définit comme « un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée »376 . La libre circulation des personnes constitue donc l’une des quatre grandes libertés fondamentales de ce marché.

Au sein de la libre circulation des personnes, on distingue entre les travailleurs salariés (I.) et les travailleurs indépendants (II.).

I. La libre circulation des travailleurs salariés

Conformément à l’article 45 TFUE, la libre circulation des travailleurs est assurée à l’intérieur de l’Union européenne. Elle implique l’abolition de toute discrimination, fondée sur la nationalité, entre les travailleurs des Etats membres, en ce qui concerne l’emploi, la rémunération et les autres conditions de travail.

On cherche à garantir au titulaire de ce droit l’exercice d’une activité salariée dans les mêmes conditions que celles applicables aux travailleurs nationaux. Les modalités sont fixées par le Règlement 1612/68 du 15 octobre 1968 relatif à la libre circulation des travailleurs à l'intérieur de la Communauté (Règlement 1612/68).

Nous allons dans un premier temps définir le cercle des bénéficiaires de ce droit (A.) puis nous nous pencherons sur ses éléments constitutifs (B.). Nous examinerons enfin l’exception à ce principe (C.).

A. Les titulaires du droit

Ce droit est reconnu à tout ressortissant d’un Etat membre ainsi qu’aux membres de sa famille, quelle que soit la nationalité de ces derniers. Il n’est en outre pas nécessaire que le titulaire ait lui-même une activité professionnelle pour que les membres de sa famille puisse bénéficier de ce droit à exercer un emploi salarié.

Le cercle des bénéficiaires de ce droit est donc très largement défini.

B. Les éléments constitutifs du droit

1. Le droit d’exercer une activité salariée

375 Il s’agit ici uniquement de rappeler les principales dispositions en matière de libre circulation des personnes au sein de l’Union européenne. Pour une présentation plus détaillée de la matière, nous renvoyons à la doctrine spécialisée. 376 Voir art. 26 par. 2 TFUE. 135

Aux termes de l’article 45 TFUE, la libre circulation des travailleurs salariés comporte le droit de répondre à des emplois effectivement offerts, de se déplacer et de séjourner librement dans l’Etat membre concerné pour occuper l’emploi obtenu et d’y demeurer après cessation de l’activité professionnelle.

Ces dispositions ont été interprétées largement puisque la CJUE a étendu le droit de répondre à des emplois effectivement offerts à toute personne qui est à la recherche réelle d’un emploi 377 .

Une limitation temporelle du droit de séjour dont il bénéficie à cette fin est acceptable. Toutefois, la CJUE a jugé que les délais fixés tant au niveau communautaire qu’au plan national sont inopposables au demandeur d’emploi « qui apporte la preuve qu’il continue à chercher un emploi et qu’il a des chances véritables d’être engagé »378 .

Par ailleurs, le travailleur retraité ainsi que la victime d’une incapacité temporaire ou permanente de travailler sont admis à rester dans l’Etat d’accueil 379 .

2. Le droit au traitement national

Une fois admis dans l’Etat membre où il va travailler, le salarié sera protégé par la règle du traitement national.

En effet, l’article 45 TFUE dispose que la libre circulation implique l’abolition de toute discrimination, fondée sur la nationalité, entre les travailleurs des Etats membres, en ce qui concerne l’emploi, la rémunération et les autres conditions de travail.

Cette règle confère au salarié tout un ensemble de droits qui sont définis par le Règlement 1612/68, en particulier les articles 1 à 12. Il s’agit notamment des droits suivants : a) Les droits relatifs à l’accès à l’emploi

Les ressortissants communautaires jouissent de la même priorité que les nationaux pour obtenir un emploi 380 .

Tous les textes restreignant le droit au travail des étrangers sont inapplicables 381 . b) Les droits relatifs à l’exercice de l’emploi

L’égalité de traitement est garantie dans les conditions d'emploi et de travail, notamment en matière de rémunération, de licenciement, et de réintégration professionnelle ou de réemploi 382 . c) Les droits relatifs aux avantages sociaux et fiscaux

377 CJUE, 12.05.1998, Martinez Sala , aff. C-85/96, Rec. 1998 p. I-2691. 378 CJUE, 26.02.1991, Antonissen , aff. C-292/89, Rec. 1991 p. I-745 379 Voir l’art. 2 du Règlement 1251/70. 380 Art. 1 er par. 2 du Règlement 1612/68. 381 Art. 4 du Règlement 1612/68. 382 Art. 7 par. 1 du Règlement 1612/68. 136

Les travailleurs migrants doivent conserver le bénéfice des cotisations qu’ils ont versées antérieurement 383 .

Pour ce faire, on a adopté le Règlement 1408/71 du 14 juin 1971 relatif à l'application des régimes de sécurité sociale aux travailleurs salariés, aux travailleurs non salariés et aux membres de leur famille qui se déplacent à l'intérieur de la Communauté (Règlement 1408/71). Ce règlement vise à coordonner les réglementations nationales de sécurité sociale. d) Les droits en matière syndicale

Les travailleurs migrants bénéficient de l'égalité de traitement en matière d'affiliation aux organisations syndicales et d'exercice des droits syndicaux, y compris le droit de vote. Ils peuvent en outre être élus aux élections syndicales384 . e) Les droits au bénéfice de la famille

Outre les droits propres du salarié, sa famille peut également bénéficier des droits et avantages de caractère social qui sont reconnus aux nationaux, tels que les bourses d’études, les cartes de réduction pour famille nombreuse ou les prêts d’accession à la propriété 385 .

C. L’exception des « emplois dans l’administration publique »

L’égalité de traitement n’est toutefois pas absolue. Elle ne trouve en effet pas application pour les emplois dans l’administration publique, qui échappent dès lors aux contraintes de la libre circulation des travailleurs salariés, conformément à l’article 45 paragraphe 4 TFUE.

II. La libre circulation des travailleurs indépendants

La libre circulation des travailleurs indépendants soulève des problèmes complexes dans la mesure où elle ne se limite pas aux activités des personnes physiques mais englobe également celles des personnes morales qui leur sont assimilées.

Nous allons tout d’abord définir le cercle des bénéficiaires de ce droit (A.) puis nous nous pencherons sur son contenu (B.). Nous examinerons enfin les dérogations à ce principe (C.).

A. Les titulaires du droit

Ce droit est reconnu aux ressortissants des Etats membres qui exercent une profession indépendante de quelque nature qu’elle soit. Il peut s’agir de personnes exerçant des professions libérales, de commerçants, d’artisans ou d’exploitants agricoles. En outre, certains membres de la famille du titulaire sont également bénéficiaires indirects du droit de séjour et ont la possibilité d’y entamer une activité professionnelle 386 .

Ce droit est également reconnu aux sociétés qui leur sont assimilées. Peuvent notamment bénéficier de cette assimilation les sociétés qui possèdent la nationalité d’un Etat membre et

383 Art. 7 par. 2 du Règlement 1612/68. 384 Art. 8 du Règlement 1612/68. 385 Art. 9 à 12 du Règlement 1612/68. 386 Art. 11 du Règlement 1612/68. 137 qui exercent une activité commerciale, quel que soit leur statut et pour autant qu’elles poursuivent un but lucratif.

B. Le droit d’exercer des activités non salariées

Les activités non salariées peuvent s’exercer soit sous la forme du droit d’établissement, soit sous la forme de la libre prestation de service.

1. Le droit d’établissement

Il se définit comme le droit reconnu au ressortissant d’un Etat membre de s’installer dans un autre Etat membre pour y exercer une activité non salariée. Conformément à l’article 49 TFUE, le droit d’établissement comporte l’accès aux activités non salariées et leur exercice ainsi que la constitution et la gestion d’entreprise dans les conditions définies par la législation du pays d’établissement pour ses propres ressortissants.

Le droit d’établissement peut s’exercer à titre principal ou à titre secondaire.

A titre principal, il implique l’installation de travailleur indépendant ou l’implantation du siège social d’une société dans un Etat autre que l’Etat d’origine.

A titre secondaire, il s’agit de l’installation d’un établissement annexe à l’établissement principal, telle une filiale, une agence ou une succursale. Cette possibilité est surtout utilisée par les personnes morales.

2. La libre prestation des services

Conformément à l’article 56 TFUE, les restrictions à la libre prestation des services sont interdites à l’égard des ressortissants des Etats membres.

La notion de « services » est définie à l’article 57 TFUE en termes négatifs. Ils englobent les « prestations fournies normalement contre rémunération » qui n’entrent pas dans le champ d’application des autres libertés qui sont effectuées dans le cadre d’activités industrielles, commerciales, artisanales ou dans celui de professions libérales 387 .

A la différence du droit d’établissement, la libre prestation des services n’implique pas l’obligation de résidence pour le prestataire. Il peut tout au plus être prévu un droit de séjour temporaire qui sera lié à la durée de la prestation.

La prestation devra donc s’effectuer dans les mêmes conditions que celles qui sont imposées aux prestataires nationaux.

C. Les dérogations à la libre circulation des travailleurs indépendants

Conformément à l’article 51 TFUE relatif au droit d’établissement, certaines activités sont soustraites à l’application de ce principe, en raison de leur nature. Ainsi est-ce le cas des activités « participant, même à titre occasionnel, à l’exercice de l’autorité publique ». Il en va de même en matière de prestations de services.

387 Des règles particulières sont prévues par l’art. 58 TFUE pour les services en matière de transports et de services financiers. 138

Chapitre II : La libre circulation des sportifs professionnels en particulier

I. Le principe – L’interdiction des restrictions à la libre circulation des personnes

Les sportifs qui exercent leur activité contre rémunération peuvent émettre le désir d’aller travailler dans un autre Etat membre. Il convient alors de se demander si le droit communautaire les protège dans leur souhait d’accéder au marché des activités sportives d’un autre Etat membre.

La CJUE a dû déterminer dans un premier temps si et dans quelle mesure les activités sportives, et donc les règlements sportifs, étaient soumis aux dispositions des traités. Dans son arrêt Walrave 388 , la Cour nous a enseigné que lorsqu’il est considéré en tant qu’activité économique au sens de l’article 2 TCE [devenu 3 TUE], le sport doit respecter le droit communautaire, notamment l’interdiction de toute discrimination fondée sur la nationalité ainsi que les dispositions concernant la libre circulation des personnes.

La CJUE, tout en développant ce raisonnement, a précisé dans l’arrêt Donà 389 que le principe de non discrimination devait s’appliquer aux joueurs professionnels ou semi-professionnels qui fournissent des services rémunérés ou qui ont signé un contrat de travail.

Les sportifs sont considérés comme des travailleurs salariés au sens de l’article 45 TFUE lorsqu’ils fournissent un travail avec un lien de subordination et contre rémunération 390 . Le fait qu’un sportif reçoive un salaire pour sa prestation constitue un indice en faveur de l’existence d’un rapport de travail 391 . La rémunération n’a par ailleurs pas à être conséquente pour être considérée comme une contrepartie à la prestation du sportif. Il suffit qu’elle constitue un moyen effectif d’améliorer sa qualité de vie 392 .

Il convient néanmoins de relever que toute activité sportive rémunérée n’entre pas automatiquement dans le champ d’application matériel du TFUE. L’activité doit en effet être réelle et effective, c’est-à-dire qu’elle ne doit pas être tellement réduite qu’elle se présenterait comme purement marginale et accessoire 393 . A contrario , la Cour a également indiqué, dans l’arrêt Deliège 394 , que le simple fait qu’une fédération ou une association sportive place unilatéralement ses membres dans la catégorie des sportifs amateurs ne signifie pas en soi que ces membres ne sont pas engagés dans des activités économiques au sens prévu à l’article 3 TUE.

Les sportifs peuvent en outre être reconnus comme des prestataires de service qui bénéficient également de la libre circulation 395 . Dans l’arrêt Deliège , la CJUE a rappelé qu’il n’est pas important de savoir si la rémunération provient directement de l’employeur du sportif ou d’un tiers, comme par exemple un sponsor. Elle a ainsi admis que les activités sportives,

388 CJUE, 12.12.1974, Walrave , aff. 36/74, Rec. 1974, p. 1405. 389 CJUE, 14.07.1976, Donà , aff. 13/76, Rec. 1976, p. 1333. 390 Blanpain (2003), p. 68 ss. 391 Krogmann (2001), p. 10 ss. 392 CJUE, 23.03.1982, Levin , aff. 53/81, Rec. 1982 p. 1035, pts 15 à 18. 393 CJUE, 13.04.2000, Lehtonen , aff. C-176/96, Rec. 2000, p. 2681, pt 44. 394 CJUE, 11.04.2000, Deliège , aff. C-51/96 et C-191/97, Rec. 2000, p. I-2549. 395 La majorité de la doctrine analyse la libre circulation des sportifs à l’aune des dispositions relatives au mouvement des travailleurs salariés. Il faut toutefois relever que le sportif peut aussi être un travailleur indépendant ; dans le même sens, White R. (2007), p. 34. 139 notamment la participation d’un athlète de haut niveau à une compétition internationale, étaient susceptibles d’impliquer la prestation de plusieurs services distincts, mais étroitement imbriqués, pouvant relever de l’article 56 TFUE 396 .

Il ressort de ce qui précède que le critère décisif pour évaluer si une activité sportive prise pour elle-même tombe dans le champ d’application matériel du droit communautaire est celui de la rémunération versée en contrepartie de l’activité 397 . Si ce critère est rempli, le sportif peut se prévaloir des règles relatives à la libre circulation des personnes.

Les règles communautaires ne se limitent toutefois pas au territoire des seuls Etats membres de l’Union européenne. L’Union européenne a en effet conclu certains accords d’association avec des pays tiers qui font mention de dispositions de non-discrimination fondée sur la nationalité pour ce qui est des conditions de travail et de la rémunération des travailleurs. Autrement dit, des joueurs qui sont des nationaux ressortissants d’un pays qui a conclu de tels accords d’association avec l’Union européenne ne peuvent pas être exclus d’une équipe sur la base de leur nationalité. La Cour l’a d’ailleurs expressément confirmé dans ses arrêts Kolpak 398 et Simutenkov 399 , qui concernaient respectivement des ressortissants slovaques et russes.

S’agissant de la Suisse, l’Accord sur la libre circulation des personnes (ALCP) reprend l’ensemble de ces règles et il ne fait dès lors nul doute que le sportif suisse peut bénéficier de la libre circulation des personnes au sein de l’Union européenne. A l’inverse, la réglementation suisse est également tenue de respecter ces dispositions, notamment en ce qui concerne le système des quotas.

II. Les éventuelles exceptions au principe

Le principe relatif à la libre circulation des sportifs professionnels n’est pas absolu et comprend des exceptions. L’exception la plus évidente et qui a d’ailleurs d’emblée été reconnue par la jurisprudence concerne la formation des équipes nationales (A).

D’autres exceptions au principe de libre circulation des personnes ont également été reconnues par la Cour, telles les périodes fixes de transfert (B.), certaines indemnités de transfert (C.), ou la période contractuelle minimale (D.).

Certaines questions demeurent toutefois ouvertes et pourraient faire l’objet de décisions à l’avenir. On pense notamment à l’obligation d’aligner des joueurs formés localement (E.), au système « 6+5 » (F.) ou à la limitation des effectifs au sein des équipes (G.).

Se pose enfin la question de la compatibilité avec les dispositions sur la libre circulation des personnes d’instruments actuellement en vigueur en Amérique du Nord et qui pourraient éventuellement être introduits en Europe : les clauses de renouvellement de contrat dans le système des transferts (H.), le système de la draft (I.) et le salary cap (J.).

A. Les équipes nationales

396 CJUE, 11.04.2000, Deliège , aff. C-51/96 et C-191/97, Rec. 2000, p. I-2549, pts 56 ss. 397 Dans le même sens, Dubey (2000), p. 136. 398 CJUE, 08.05.2003, Kolpak , aff. C-438/00, Rec. 2003, p. I-4135. 399 CJUE, 12.04.2005, Simutenkov , aff. C-265/03, Rec. 2005 p. I-2579. 140

Le fait qu’un joueur de nationalité allemande n’ait pas la possibilité d’évoluer pour l’équipe nationale italienne semble parfaitement logique et ne choque personne. Pourtant, techniquement, il s’agit d’une restriction à la libre circulation du joueur allemand puisqu’on l’empêche, de facto , d’exercer son activité professionnelle au sein de l’équipe nationale italienne.

Cette première exception au principe de la libre circulation des sportifs a été reconnue très tôt par la jurisprudence. Ainsi, dès sa première décision en matière sportive, l’arrêt Walrave , la Cour a considéré que la participation de sportifs étrangers à certaines rencontres devait pouvoir être exclue pour des raisons purement sportives tenant au caractère spécifique de ces rencontres 400 . Cette notion a encore été précisée dans l’arrêt Donà , qui a explicitement indiqué que les rencontres entre équipes nationales de différents pays constituent un exemple de rencontres à caractère spécifique, intéressant uniquement le sport et justifiant une restriction au champ d’application des dispositions communautaires 401 .

De même, dans l’arrêt Bosman , la Cour a confirmé que les équipes nationales constituaient une exception et devaient être exemptées de l’application des règles relatives à la libre circulation des personnes 402 . Enfin, cette exception a une nouvelle fois été confirmée dans l’arrêt Deliège 403 .

Il est donc incontesté que ces règles, qui sont nécessaires pour l’organisation efficace des compétitions internationales et qui sont motivées par des considérations purement sportives, n’entrent pas en conflit avec le droit communautaire 404 .

B. Les périodes fixes de transfert

Les joueurs ne sont pas libres de changer de club à leur guise. Ils doivent en principe le faire durant une période bien définie, ce qui est susceptible de contrevenir au principe de la libre circulation des travailleurs.

Dans son arrêt Lehtonen 405 , la CJUE a toutefois accepté le principe des périodes de transfert. Elle a reconnu que certaines restrictions à la liberté de mouvement pouvaient être justifiées pour assurer des objectifs sportifs légitimes.

En outre, au cours des négociations relatives au Règlement de transfert FIFA 406 , la Commission européenne a reconnu qu’une rupture de contrat au cours de la saison sportive était susceptible de bouleverser l’équilibre de la compétition et devait dès lors être sanctionnée par des règles sportives 407 .

Il est donc admis que la fixation d’échéances pour le transfert de joueurs dans les sports d’équipes ne contrevient pas au droit à la libre circulation des personnes.

400 CJUE, 12.12.1974, Walrave , aff. 36/74, Rec. 1974, p. 1405, pt 8. 401 CJUE, 14.07.1976, Donà , aff. 13/76, Rec. 1976, p. 1333, pt 14. 402 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921, pt 127. 403 CJUE, 11.04.2000, Deliège , aff. C-51/96 et C-191/97, Rec. 2000, p. I-2549, pts 67-68. 404 Dans le même sens, Rapport Arnaut (2006), p. 34. 405 CJUE, 13.04.2000, Lehtonen , aff. C-176/96, Rec. 2000, p. 2681 ; voir supra Partie IV, Titre I, Chapitre III, II. 406 Voir supra Partie II, Titre II, Chapitre I, I., B. 407 Rapport Arnaut (2006), p. 37 ss. 141

C. Les indemnités de transfert

Les indemnités de transfert, à savoir le versement d’une somme d’argent au club précédant pour avoir formé le joueur ou permis qu’il accomplisse des progrès, sont susceptibles de restreindre la libre circulation des sportifs. En effet, si le nouveau club souhaitant s’attacher les services d’un joueur doit obligatoirement payer une indemnité au clubs employant précédemment ledit joueur, les transferts de joueurs vont inévitablement être limités et, par corollaire, restreindre la libre circulation des sportifs.

Cette question a déjà été abordée par la CJUE dans sa décision la plus célèbre, l’arrêt Bosman 408 .

Au préalable, il importe de bien distinguer la situation avant et après l’arrêt Bosman .

Avant l’arrêt Bosman , conformément à l’article 14 alinéa 1 de son Règlement concernant le statut et le transfert des joueurs versions 1997 et précédentes, la FIFA considérait que l’indemnité de transfert était composée d’une indemnité dite de promotion et d’une indemnité dite de formation. L’indemnité de promotion était versée à chaque nouveau changement et avait pour but de compenser les progrès que le club avait permis au joueur d’accomplir. Quant à l’indemnité de formation, elle était due si le joueur changeait de club pour la première fois. Elle avait pour but d’inciter les clubs à préparer la relève et cherchait à répondre à un souci d’équité 409 .

Suite à l’arrêt Bosman , les indemnités de promotion ont été déclarées incompatibles avec les dispositions relatives à la libre circulation des personnes. La CJUE a en effet considéré qu’elles restreignaient la libre circulation des joueurs qui souhaitaient exercer leur activité dans un autre Etat membre en les empêchant ou en les dissuadant de quitter leur club, même après l’expiration du contrat, puisque le nouveau club devait payer à l’ancien une indemnité de transfert.

En revanche, en ce qui concerne les indemnités de formation, elles demeurent valables pour autant qu’elles correspondent aux frais réels supportés par les clubs « pour former tant les joueurs professionnels que ceux qui ne le deviendront jamais »410 . Cette jurisprudence a récemment été confirmée dans l’arrêt Bernard , qui précise que les indemnités de formation peuvent être justifiées par un objectif de protection de la formation 411 .

D. La période contractuelle minimale

Le fait de contraindre un joueur à rester fidèle à un club pour une certaine période constitue à l’évidence une entrave à la libre circulation des travailleurs consacrée à l’article 45 TFUE. Pour certains, il s’agit même d’un type de travail forcé 412 .

408 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921 ; pour plus de détails, voir supra Partie IV, Titre I, Chapitre III, III. 409 Il semblait en effet juste qu’un club ayant consenti à d’importants investissements en matière de formation puisse bénéficier d’une indemnité lorsqu’un joueur décidait de changer de club. 410 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921, pt 109. 411 CJUE, 16.03.2010, Bernard , aff. C-325/08 ; pour plus de détails, voir supra Partie IV, Titre I, Chapitre III, IX. Voir également Dutoit (2010), no 1 ss. 412 Voir Blanpain (2003), p. 61 ss. 142

Il convient donc d’examiner si une telle restriction au principe de libre circulation des sportifs peut être justifiée par des motifs objectifs et si elle respecte le principe de proportionnalité. A l’heure actuelle, la CJUE n’a pas encore eu à trancher un litige portant sur cette problématique 413 .

S’agissant tout d’abord des raisons qui ont poussé les fédérations sportives à introduire une période contractuelle minimale, elles nous semblent parfaitement justifiées. Le fait de contraindre un joueur à rester fidèle à une équipe durant une certaine période permet en effet d’éviter que les clubs les plus riches achètent le succès en s’attachant les services des joueurs en forme à un moment donné. Il permet également aux clubs « formateurs » de « rentabiliser » leurs investissements placés dans l’éducation du joueur. Ces objectifs sont donc parfaitement légitimes et ne prêtent pas le flan à la critique.

En ce qui concerne le principe de la proportionnalité, il convient d’analyser la situation de cas en cas. En matière de football, la période contractuelle minimale se monte à seulement une année et ne semble pas excessive.

Eu égard à l’impact positif d’une telle mesure sur l’équilibre de la compétition sportive et la stabilité des clubs, nous considérons qu’une telle restriction à la libre circulation des sportifs est justifiée et doit dès lors être déclarée conforme au droit communautaire, pour autant qu’elle ne se prolonge pas sur une trop longue période.

E. L’obligation d’aligner des joueurs formés localement

Une règle obligeant les clubs à aligner un certain nombre de « joueurs formés localement » est susceptible de contrevenir aux règles relatives à la libre circulation des personnes. A l’image du système des quotas prévu avant l’arrêt Bosman 414 , on introduit par cette mesure des contingents restreignant la possibilité pour les joueurs non formés localement d’exercer leur activité professionnelle.

Là également, la Cour n’a pas encore eu l’occasion de se prononcer sur la compatibilité de la mesure avec le droit communautaire. La Commission européenne, ou plus exactement deux commissaires appartenant à cette institution 415 , ont néanmoins publié un communiqué de presse en mai 2008 416 , dans lequel ils considèrent que l’UEFA a opté pour une approche qui semble respectueuse du principe de libre circulation des travailleurs lorsqu’il s’agit de promouvoir la formation de jeunes joueurs européens. Ils constatent également que les mesures visent à soutenir la promotion et la protection de la formation de qualité des jeunes footballeurs dans l’Union européenne.

A priori , la compatibilité de cette règle avec le droit communautaire n’est pas évidente. La Commission européenne a donc lancé en 2006 une étude sur la formation des athlètes en Europe, intégrant un volet plus particulier sur la règle des joueurs formés localement instaurée

413 Le TAS, en revanche, a eu l’occasion d’examiner, sous un autre angle, la problématique de la période contractuelle minimale dans sa célèbre affaire Webster (CAS, 30.01.2008, Webster , aff. 2007/A/1298). Voir également, sur cette question, De Weger (2009), p. 191 ss ; Soek (2009), p. 201 ss ainsi que Mangeat et Bulle (2008), no 1 ss. 414 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921 ; pour plus de détails, voir supra Partie IV, Titre I, Chapitre III, III. 415 Il s’agissait de M. Spidla , en charge des affaires sociales et de l’égalité des chances et de M . Figel , responsable de la formation, de la culture et de la jeunesse. 416 Communiqué de presse de la Commission européenne du 28 mai 2008, IP/08/807. 143 par l’UEFA. Le rapport, intitulé « Etude sur la formation des jeunes sportifs et sportives en Europe » a été publiée le 28 mai 2008 417 .

Il ressort de cette analyse qu’il n’existe pas de discrimination basée sur la nationalité. En effet, contrairement au système sanctionné dans l’arrêt Bosman 418 , la règle des joueurs formés localement se réfère seulement au lieu de formation du joueur, sa nationalité n’étant absolument pas prise en compte. Par conséquent, tout citoyen d’un Etat membre de l’Union européenne peut avoir accès ou être intégré dans un centre d’entraînement situé dans n’importe quel autre Etat membre.

Il convient néanmoins de relever qu’en ce qui concerne la discrimination fondée sur la nationalité, la CJUE, dans sa jurisprudence Masgio , a précisé que toute règle qui empêcherait ou dissuaderait un citoyen d’un Etat membre de quitter son pays d’origine pour exercer sa liberté de circulation constitue une entrave intolérable, même si une telle réglementation est applicable indépendamment de la nationalité des travailleurs concernés 419 .

Nous sommes toutefois d’avis que la règle des joueurs formés localement ne peut pas être considérée comme empêchant tout jeune joueur de quitter son pays dans la mesure où seules trois années de formation sont concernées par la règle. En outre, ces trois années peuvent être effectuées dans différents clubs d’une même fédération. Il s’ensuit qu’à notre avis, la règle des joueurs formés localement ne conduit à aucune discrimination à raison de la nationalité 420 .

Dans le même sens, le Livre Blanc sur le sport indique à son point 9 que « les règles imposant un quota de joueurs formés au niveau local pourront être jugées compatibles avec les dispositions du traité relatives à la libre circulation des personnes si elles n’entraînent aucune discrimination directe fondée sur la nationalité, et si les éventuels effets discriminatoires indirects qui en résultent peuvent être considérés comme proportionnels à l’objectif légitime poursuivi, qui peut être d’encourager et de protéger la formation et l’épanouissement des jeunes joueurs talentueux ».

F. Le système « 6+5 »

Plus que toute autre mesure proposée, le système « 6+5 » rappelle la politique des quotas prévue dans les anciens règlements de transfert et condamné sèchement par l’arrêt Bosman 421 . Il n’existe absolument aucun signe d’infléchissement de la position des instances européennes sur ce point particulier et il est très peu probable que le système « 6+5 » puisse être reconnu conforme au droit communautaire.

Plusieurs voix se sont déjà élevées et ont demandé le rejet de ce projet. Ainsi, le commissaire Spidla , en charge des affaires sociales et de l’égalité des chances, a considéré que la règle du « 6+5 » constituait une discrimination directe basée sur la nationalité. Il a en outre rendu attentif les Etats membres que s’ils appliquaient la règle « 6+5 », il serait obligée de lancer des procédures d’infraction contre eux 422 .

417 Voir en particulier la seconde partie qui traite de la règle des joueurs formés localement. 418 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921 ; pour plus de détails, voir supra Partie IV, Titre I, Chapitre III, III. 419 CJUE, 07.03.1991, Masgio , aff. C-10/90, Rec. 1991, p. I-1119, pts 18 et 19. 420 Dans le même sens, Conzelmann (2009), p. 223 ss. Contra : Wathelet (2008), p. 61 ss. 421 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921. 422 Voir le message du Commissaire Spidla du 28 mai 2008, qui montre le « carton rouge » à la règle « 6+5 » proposée par la FIFA : http://ec.europa.eu/luxembourg/docs/press/2008/message_commissaire_spidla.pdf. 144

De même, le Parlement européen, dans sa Résolution sur le Livre Blanc sur le sport, a invité les Etats membres et les organisations sportives à ne pas introduire de nouvelles réglementations créant des discriminations directes fondées sur la nationalité, telle que la « règle 6+5 » proposée par la FIFA.

Quant à la FIFA, elle a mandaté un institut spécialisé en droit européen afin qu’il établisse un rapport sur la compatibilité de la règle « 6+5 » avec le droit communautaire, en particulier sous l’angle de la libre circulation des personnes 423 . Cette expertise explore en détails toutes les possibilités qui permettraient de remettre en cause l’arrêt Bosman 424 , en soutenant en particulier que le contexte économico-sportif a nettement évolué depuis lors, et s’efforce de minimiser l’atteinte de la règle « 6+5 » au droit communautaire 425 .

Selon ces experts, la règle du « 6+5 » n’enfreint pas le droit européen dans la mesure où le cœur du droit relatif à la liberté de circulation n’est nullement affecté. Ils estiment en effet que le système du « 6+5 » pourrait tout au plus représenter une discrimination indirecte puisque, contrairement aux clauses précédentes concernant les étrangers, elle n’est pas directement liée à la nationalité des footballeurs professionnels.

Quoi qu’il en soit, la question n’est plus vraiment d’actualité puisque la FIFA elle-même a abandonné ce projet en juin 2010. Nous renonçons dès lors à étudier plus avant ce projet qui, en tout état de cause, nous semble clairement contrevenir aux dispositions assurant la libre circulation des personnes en Europe.

G. La limitation des effectifs d’une équipe

Le fait de limiter le nombre de joueurs qu’une équipe peut avoir sous contrat a pour conséquence indirecte de limiter la libre circulation des athlètes. En effet, dans la mesure où un club ne peut disposer de plus d’un certain nombre de joueurs, les sportifs se voient entravés dans l’exercice de leur activité professionnelle. Si une telle règle n’existait pas, de plus nombreux joueurs pourraient exercer leur profession.

Il convient dès lors d’examiner si une telle restriction au principe de libre circulation des sportifs peut être justifiée par des motifs objectifs et si elle respecte le principe de proportionnalité. A l’heure actuelle, il n’existe à notre connaissance aucune jurisprudence en la matière.

S’agissant tout d’abord des raisons qui ont poussé certaines fédérations sportives à introduire une limitation des effectifs d’une équipe, elles nous semblent justifiées. On vise par cette mesure à éviter que les clubs les plus fortunés s’attachent les services de l’ensemble des joueurs les plus talentueux, achetant ainsi en quelque sorte le succès. Cet objectif nous paraît tout à fait légitime.

En ce qui concerne le principe de la proportionnalité, nous sommes d’avis qu’il est respecté. Dans le football, la limitation des effectifs se monte à vingt-cinq joueurs alors que seuls onze joueurs peuvent être alignés. En outre, il n’existe aucune limitation du nombre de jeunes

423 Voir l’Etude INEA, p. 1 ss. 424 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921 ; pour plus de détails, voir supra Partie IV, Titre I, Chapitre III, III. 425 Miege (2009), p. 14. 145 joueurs pouvant être sous contrat avec un club. Cette mesure nous semble dès lors parfaitement respecter le principe de proportionnalité.

Eu égard à l’impact positif d’une telle mesure sur l’équilibre de la compétition sportive et la stabilité des clubs, nous sommes d’avis qu’une telle restriction à la libre circulation des sportifs est justifiée et conforme au droit européen.

H. Les clauses de renouvellement de contrat dans le système des transferts

Une fédération sportive européenne qui souhaiterait importer le système américain des transferts, en particulier les pratiques liées aux clauses de renouvellement, se heurterait à notre avis de manière frontale aux règles garantissant la libre circulation des sportifs en Europe.

Les clauses de renouvellement de contrat américaines restreignent en effet drastiquement la mobilité des joueurs. Au vu de la manière dont l’arrêt Bosman 426 a réformé l’ancien système des transferts du football européen, pourtant bien moins restrictif que les règles qui s’appliquent dans ce domaine en Amérique du Nord, nous sommes persuadés que de telles clauses seraient inévitablement déclarées incompatibles avec le droit européen, eu égard aux importantes restrictions imposées à la libre circulation des joueurs.

Il n’y a donc pas lieu, à notre avis, de tenter d’importer les clauses de renouvellement de contrat en Europe.

I. Le système de la « draft »

Le système de la draft limite la mobilité du joueur. En effet, comme cette mesure introduit un droit exclusif pour le club de conclure un contrat avec le joueur de son choix, ce dernier, en contrepartie, est délesté de la possibilité d’offrir ses services à d’autres employeurs. Il en résulte indéniablement une restriction à la libre circulation des personnes.

Indépendamment de considérations plus politiques ou pratiques quant à la mise en place d’un tel instrument en Europe, nous allons examiner si le système de la draft est conforme à la libre circulation des personnes.

S’agissant des objectifs poursuivis, ils nous semblent tout à fait légitimes. Les fédérations sportives européennes qui mettraient en œuvre un tel système viseraient à rééquilibrer le potentiel des clubs en permettant aux équipes les plus faibles de se renforcer en priorité. Il s’agirait donc d’un instrument visant à améliorer l’équilibre de la compétition sportive qui devrait être reconnu comme légitime par les instances européennes.

En revanche, en ce qui concerne la question du respect du principe de la proportionnalité, nous sommes plus réservés. Un tel système impose tout de même beaucoup de restrictions aux jeunes joueurs et il serait certainement possible de trouver des alternatives moins contraignantes.

Au vu de ce qui précède, nous estimons que le système de la draft , tel qu’appliqué en Amérique du Nord, n’est pas conforme aux dispositions relatives à la libre circulation des personnes en Europe.

426 CJUE, 15.12.1995, Bosman , aff. C-415/93, Rec. 1995, p. I-4921. 146

J. Le salary cap

Le salary cap , qui prévoit un plafonnement de la masse salariale des joueurs, pourrait constituer une entrave à la libre circulation des travailleurs. Cette mesure, qui limite les salaires versés aux joueurs, pourrait inciter certains athlètes à renoncer à exercer leur activité dans d’autres Etats membres.

Il convient dès lors d’examiner si une telle restriction au principe de libre circulation des sportifs peut être justifiée par des motifs objectifs et si elle respecte le principe de proportionnalité.

S’agissant tout d’abord des raisons qui pousseraient certaines fédérations européennes à introduire un plafonnement de la masse salariales, elles sont multiples et nous paraissent toutes justifiées. On cherche en premier lieu évidemment à réduire les charges de clubs et leur assurer du même coup une meilleure stabilité. Cette mesure a en outre pour effet d’empêcher les grands clubs, avec d’importants budgets, d’engager tous les meilleurs joueurs, au détriment des petits clubs moins riches, ce qui a évidemment un impact très positif sur l’équilibre de la compétition sportive. Les motivations des fédérations sportives sont donc toutes parfaitement légitimes.

Pour ce qui est du principe de la proportionnalité, nous estimons là encore qu’il n’est pas violé. L’adoption d’une telle mesure n’aurait pas pour effet d’empêcher les joueurs d’offrir leurs services dans d’autres Etats membres. Elle réduirait uniquement, pour certains joueurs, le salaire auquel ils auraient pu prétendre sans une telle limitation. En revanche, leur rémunération n’est pas supprimée si bien qu’ils conservent la possibilité de jouer dans tous les différents championnats nationaux de l’Union européenne, au bénéfice de la libre circulation des travailleurs.

Eu égard à l’impact positif d’une telle mesure sur l’équilibre de la compétition sportive et la stabilité des clubs, nous sommes d’avis que le salary cap doit être considéré comme conforme à la libre circulation des personnes.

147

PARTIE V : LES LIMITES DECOULANT DES REGLES DE LA LIBRE CONCURRENCE

La situation qui nous intéresse au premier chef concerne évidemment le droit européen de la concurrence (Titre II). Il nous a toutefois paru utile, au préalable, de s’intéresser à la situation outre-Atlantique, tant l’approche américaine diffère dans l’application des règles de la libre concurrence (Titre I).

Titre I : La situation en Amérique du Nord

Aux Etats-Unis, le droit de la concurrence a eu un impact considérable sur les sports professionnels collectifs à partir des années 1970. Auparavant, il ne jouait aucun rôle 427 dans l’industrie du sport professionnel, en raison notamment de la large immunité octroyée par la Cour Suprême au baseball professionnel, qui était alors le seul sport collectif économiquement viable 428 .

Toutefois, à partir de 1971, la NFL, la NBA et la NHL ont été les cibles fréquentes d’actions antitrust à l’encontre de leur réglementation. Dans la plupart des cas, elles ont néanmoins gagné leurs procès 429 .

La grande majorité des litiges se réfèrent au Sherman Act de 1890 430 (Chapitre I.). Cette législation est toutefois fréquemment « mise hors jeu » en raison de l’existence d’exemptions (Chapitre II.), l’une des principales caractéristiques du droit américain de la concurrence appliqué au sport professionnel.

Chapitre I : Le Sherman Act

Dans le contexte des ligues sportives professionnelles, la plupart des cas relatifs au droit américain de la concurrence se réfèrent au Sherman Act de 1890, particulièrement à ses deux premières sections.

I. Le Sherman Act Section 1

La Section 1 a la teneur suivante :

« Every contract, combination in the form of trusts or otherwise, or conspiracy, in restraint of trade (…) is declared illegal (…) ».

On remarque que cette formulation est très vague et nécessite l’interprétation des termes « contract », « combination », « conspiracy » et « restraint of trade »431 .

427 A l’exception notable d’une décision de 1953, United States v. National Football League , 116 F. Supp. 319 (E.D. Pa. 1953), qui a conduit à l’adoption du Sport Broadcasting Act . Voir également infra Partie V, Titre I, Chapitre II, III. 428 Roberts (2002), §21:1, p. 2. 429 Voir notamment Roberts (2002), §21:1, p. 3, qui énumère également une liste de cas dans lesquels les ligues n’ont pas obtenu gain de cause. 430 Halgreen (2004), p. 90 et Roberts (2002), §21:2, p. 4. 431 Dans le même sens, Halgreen (2004), p. 90, Roberts (2002), §21:2, p. 4 ss ainsi que Greenberg et Gray (1998), p. 6. 148

Cette interprétation est précisément la source de la grande incertitude qui accompagne les litiges mettant aux prises les ligues sportives et le droit de la concurrence, probablement d’ailleurs l’un des domaines du droit où la doctrine est la plus insaisissable 432 . L’interprétation donnée à ces termes reflète fréquemment les préférences politiques personnelles, ce qui a conduit ROBERTS à exprimer la réflexion suivante : « (…) how any antitrust case is resolved often depends more on the political policy preferences of the court(s) hearing the case than on any identifiable principles 433 ».

Sans trop entrer dans les détails, on distingue en principe deux méthodes d’analyse : la « per se rule » (A.) et la « rule of reason » (B.).

A. La « per se rule »

Certaines pratiques sont réputées être abusives lorsqu’elles appartiennent à une catégorie de comportements qui sont par nature anticoncurrentiels. Tel est notamment le cas des accords sur les prix ou des boycotts de différentes natures434 .

Lorsque le comportement incriminé tombe sous le coup de la « per se rule », les autorités américaines n’enquêtent en principe pas sur les objectifs poursuivis ou les effets de la mesure.

Comme l’a relevé la Cour Suprême dans un arrêt datant de 1957 déjà, « (…) there are certain agreements or practices which because of their pernicious effect on competition and lack of any redeeming virtue are conclusively presumed to be unreasonable and therefore illegal without elaborate inquiry as to the precise harm they have caused or the business excuse for their use 435 ».

B. La « rule of reason »

Cette approche est adoptée dans les cas où le comportement n’est pas manifestement anticoncurrentiel.

Partant du principe, soutenu par la « Populist School 436 », que la formulation pour le moins imprécise du Sherman Act confère aux tribunaux le pouvoir de développer un « common law of antitrust », la Cour Suprême a adopté une « rule of reason » dans l’application des cas ayant trait au droit de la concurrence.

En application de la « rule of reason », la Cour revoit toutes les circonstances du cas. Elle doit notamment considérer « (…) the facts peculiar to the business to which the restraint is applied ; its condition before and after the restraint was imposed ; the nature of the restraint and its effect, actual or probable. The history of the restraint, the evil believed to exist, the purpose or end sought to be attained, are all relevant facts 437 ».

432 Dans le même sens, Roberts (2002), §21:1, p. 4. 433 Roberts (2002), §21:2, p. 5. 434 Voir notamment Roberts (2002), §21:2, p. 6 et les notes de bas de page 8 à 10. 435 Northern Pacific v. United States , 356 U.S. 1, 78 S. Ct. 514, 2 L. Ed. 2d 545 (1957). 436 Selon cette école de pensée, les règles de libre concurrence poursuivent des objectifs économiques, politiques et sociaux. Très critiqué, ce courant s’est vu opposer une nouvelle approche, dénommée « Chicago School », qui place le bien-être du consommateur au cœur du débat. Pour plus de détails, voir notamment Roberts (2002) §21:2, p. 5 à 8 et Greenberg et Gray (1998), p. 6 et 9. 437 United States v. National Football League , 116 F. Supp. 319 (E.D. Pa. 1953). 149

II. Le Sherman Act Section 2

La Section 2 a la teneur suivante :

« Every person, who shall monopolize, or attempt to monopolize, or combine or conspire with any other person or persons, to monopolize any part of the trade or commerce (…), shall be deemed guilty of a felony (…) ».

Dans les cas de monopole, la difficulté consiste à définir la notion de « marché déterminant » (relevant market ). Logiquement, plus il sera défini de manière large, plus les chances de reconnaître une entreprise exerçant un monopole seront minces 438 .

Chapitre II : Les exemptions

Il s’agit de l’une des principales caractéristiques du droit américain de la concurrence appliqué au sport. Les auteurs européens se réfèrent d’ailleurs fréquemment à ces exemptions, arguant qu’elles permettent au régulateur américain d’atteindre de manière plus efficace son objectif d’équilibre de la compétition sportive 439 .

Les exemptions portent sur le baseball (I.), le droit du travail (II.) et la vente centralisée des droits TV (III.).

I. L’exemption du baseball

En 1922, la Cour Suprême a eu l’occasion pour la première fois de se prononcer sur l’application du droit de la concurrence au sport professionnel. Dans l’affaire Federal Baseball Club of Baltimore, Inc. v. National League of Professional Baseball Clubs 440 , elle a considéré que les équipes ainsi que les ligues de baseball ne faisaient pas partie du commerce entre Etats ( interstate commerce ) et n’étaient dès lors pas sujet au Sherman Act 441 .

En 1949, le cas Gardella v. Chandler 442 laissa toutefois entendre que le baseball ne serait peut-être plus protégé des actions antitrust à l’avenir. Quatre ans plus tard, en 1953, la Cour Suprême a eu à nouveau l’occasion de se prononcer sur cette problématique et a confirmé sa première décision prévoyant l’exemption des règles de concurrence pour le baseball. Dans cet arrêt Toolson v. New York Yankees 443 , la Cour a estimé qu’il appartenait au Congrès de décider si le droit de la concurrence est applicable au baseball. Malgré cette invitation à légiférer, aucune loi n’a été adoptée par le Congrès 444 .

En 1972, dans son arrêt Flood v. Kuhn 445 , la Cour Suprême a réaffirmé pour la troisième fois le principe selon lequel le baseball est exempté des règles de la concurrence.

438 Halgreen (2004), p. 94. 439 Voir notamment Bourg (2005), p. 57. 440 Federal Baseball Club of Baltimore v. National League of Professional Baseball Clubs , 259 U.S. 200 (1922). 441 Pour plus de détails, voir Greenberg et Gray (1998), p. 31 ss, en particulier p. 32 in fine concernant le commerce entre les Etats. Voir également Weistart et Lowell (1979), p. 482 ss. 442 Gardella v. Chandler , 79 F. Supp. 260 (S.D.N.Y. 1948). 443 Toolson v. New York Yankees Inc ., 346 U.S. 356 (1953). 444 Halgreen (2004), p. 179. 445 Flood v. Kuhn , 407 U.S. 258 (1952). 150

Un tempérament a néanmoins été apporté en 1993 avec le cas Piazza v. Major League Baseball 446 . Dans cette affaire, il a été jugé que l’exemption aux règles de la concurrence ne s’applique que dans le contexte particulier des clauses de renouvellement de contrat, et non au sport en général.

Cette exemption ne donne donc pas un blanc-seing au régulateur sportif qui se verrait ainsi libérer de toute obligation en matière de droit de la concurrence, contrairement à une idée répandue en Europe.

II. L’exemption du droit du travail – La « Labor Exemption »

Très grossièrement résumé, l’exemption du droit du travail permet d’exclure l’application du droit de la concurrence aux règles prévues dans les CBA. Autrement dit, les différents mécanismes prévus dans les CBA en vue de garantir un meilleur équilibre de la compétition sportive ne peuvent pas être attaqués par le biais du droit de la concurrence. Il s’ensuit que la menace brandie par le droit de la concurrence sur les réglementations des ligues est considérablement amoindrie par cette exemption 447 .

A. Généralités

Dans le monde sportif américain, les relations qu’entretiennent le droit du travail et de la concurrence figurent sans conteste parmi les problématiques les plus complexes.

Bien que l’arrêt Brown v. Pro Football Inc. 448 de 1996 ait eu le mérite d’apporter certaines réponses, il n’en demeure pas moins que de nombreuses questions restent ouvertes.

Sans trop entrer dans les détails, ce qui nous conduirait largement hors de notre cadre d’analyse, on peut retenir que l’exemption du droit du travail est contenue dans trois lois différentes : (i) le Clayton Act , (ii) le Norris–La Guardia Act et (iii) les National Labor Relations Acts .

(i) Le Clayton Act de 1914 constitue la première source. Sa Section 6 prévoit notamment que le travail d’êtres humains ne constitue pas un article de commerce, si bien que, de prime abord, les règles qui restreignent le travail des athlètes ne tombent pas sous le coup d’une restriction au commerce entre Etats 449 .

(ii) Le Norris–La Guardia Act , entré en vigueur en 1932, empêche les tribunaux américains d’introduire « (…) any restraining order or temporary or permanent injunction in a case involving or growing out of a labor dispute ».

(iii) Quant aux National Labor Relations Acts , ils prévoient des obligations pour chaque partie, les employeurs et les syndicats, afin de négocier dans un environnement stable plutôt que de devoir faire appel au gouvernement pour résoudre les éventuels litiges. Aucune référence spécifique n’est en revanche faite à l’exemption du droit de la concurrence.

446 Piazza v. Major League Baseball , 831 F. Supp. 421 (E.D. Pa.). 447 Dans le même sens, Halgreen (2004), p. 189. 448 Brown v. Pro Football Inc ., 116 S. Ct. 2116 (1996). 449 Halgreen (2004), p. 183. 151

La difficulté principale a trait au fait qu’aucune de ces lois ne prévoit expressément l’application de l’exemption du droit de la concurrence dans le cadre des conventions collectives de travail (CBA). La Cour Suprême a dès lors pris l’option de combler cette lacune et a développé un nouveau concept, dénommé « Non Statutory Labor Exemption ».

B. La Non Statutory Labor Exemption

Dans le contexte de l’exemption du droit du travail, la première décision prise par la Cour en matière sportive a été le célèbre arrêt Mackey v. National Football League (1.). Trois jugements postérieurs sont venus complétés et précisés le concept, à savoir Bridgeman v. National Basketball Association (2.), Powell v. National Football League (3.) et Brown v. Pro Football Inc. (4.).

1. L’affaire Mackey v. National Football League

Mackey est un joueur de football américain qui a contesté l’application de la « Rozelle rule 450 » sous l’angle du droit de la concurrence 451 . La Cour, après avoir donné acte au joueur que les exemptions prévues dans le Clayton Act et le Norris–La Guardia Act ne s’appliquaient qu’à la protection de l’activité du syndicat, a jugé que la Non Statutory Labor Exemption protégeait également les activités de l’employeur, pour autant que ces règles soient prévues dans une CBA.

2. L’affaire Bridgeman v. National Basketball Association

Dans l’arrêt Mackey , la Cour avait laissé ouverte la question de savoir si la Non Statutory Labor Exemption devait survivre à l’expiration de la CBA.

L’arrêt Bridgeman v. National Basketball Association a donné à la Cour l’occasion de préciser sa jurisprudence sur ce point particulier. Elle a jugé que l’exemption ne devait pas survivre à l’expiration de la CBA mais a toutefois indiqué que les dispositions prévues dans l’ancienne CBA devaient être protégées jusqu’au moment où les propriétaires de club ne pouvaient plus « reasonably believe that the practice or a close variant of it would be incorporated in the next collective bargaining agreement 452 ».

3. L’affaire Powell v. National Football League

Seulement une année après la jurisprudence Bridgeman , une nouvelle occasion a été donnée à la Cour de se prononcer sur l’application de la non statutory labor exemption à une CBA qui a expiré 453 .

En première instance, la District Court a indiqué que l’exemption survivait à la CBA. En revanche, elle a jugé que la Non Statutory Labor Exemption avait expiré au moment où les propriétaires et joueurs avaient atteint une impasse dans les négociations d’une nouvelle CBA.

450 Voir supra Partie II, Titre II, Chapitre II, I., A., 2. 451 Mackey v. National Football League , 407 F. Supp. (D. Minn. 1975). 452 Bridgeman v. National Basketball Association , 838 F. Supp. 172, 183-184 (D.N.J. 1993). Il s’agit de ce que l’on appelle le « reasonable employer test », qui n’a été adopté dans aucune autre jurisprudence. Ce concept a été fortement critiqué par Wise et Meyer (1997), p. 71 ss. 453 Powell v. National Football League , 678 F. Supp. 777 (D. Minn. 1988). 152

En appel, la Eighth Circuit a annulé la décision de la District Court . Elle a considéré que la Non Statutory Labor Exemption s’appliquait encore à l’expiration de la CBA, même si les négociations étaient dans une impasse.

4. L’affaire Brown v. Pro Football Inc.

La Cour Suprême a finalement elle aussi été saisie d’une affaire en relation avec la Non Statutory Labor Exemption 454 .

Elle a confirmé une application de l’exemption en faveur de l’employeur puisqu’elle a jugé que la Non Statutory Labor Exemption demeure aussi longtemps que les parties sont en négociation pour une nouvelle CBA.

III. L’exemption de la vente centralisée des droits TV

En 1951, le Département de la justice a introduit une action civile à l’encontre de la NFL et de ses membres au motif que sa réglementation relative aux diffusions télévisuelles et radiophoniques contrevenaient au droit de la concurrence. La Cour donna raison au Département de la justice et considéra en effet que certaines restrictions n’étaient pas conformes au droit de la concurrence 455 .

Huit ans après la première décision rendue en la matière, la NFL et ses membres ont déposé une demande visant à l’adoption d’une déclaration indiquant qu’un contrat d’exclusivité conclu entre la NFL et « Columbia Broadcasting System » ne viole pas le précédent jugement.

La Cour a refusé d’adopter une telle déclaration et a indiqué qu’une vente centralisée des droits TV éliminait la concurrence entre les clubs et était donc contraire au précédent jugement de 1953 456 .

A la suite de cette dernière décision, la NFL s’est plainte d’une inégalité de traitement. En effet, à la même époque, les équipes de NBA et de NFL vendaient déjà de manière collective leurs droits audiovisuels 457 . Une intervention du législateur était dès lors attendue pour rétablir l’ordre en matière de vente des droits TV.

Comme le relèvent GARETT et HOCHBERG , le Congrès américain avait en réalité édicté le « Sport Broadcasting Act » avant même que l’encre n’ait fini de sécher sur la dernière décision du juge Grim 458 . Le Congrès estimait en effet que la vente collective des droits TV était nécessaire pour « (…) assure the weaker clubs of the league continuing television income and television coverage on a basis of substantial equality with the stronger clubs 459 ».

Conformément au texte clair du « Sport Broadcasting Act », il est désormais incontesté que la vente centralisée des droits TV ne contrevient pas aux règles de la concurrence. La

454 Brown v. Pro Football Inc ., 116 S. Ct. 2116 (1996). 455 United States v. National Football League , 116 F. Supp. 319 (E.D. Pa. 1953). 456 United States v. National Football League , 196 F. Supp. 445 (E.D. Pa. 1961). 457 Cozzillio et Levinstein (1997), p. 279. 458 Garret et Hochberg (2002), §20:19, p. 51. 459 Voir Rapport du Sénat no 1087, 87 ème Congrès, 1ère Session 2 (1961) ainsi que le rapport de la Chambre des représentants no 1178, 87ème Congrès, 1ère Session 2-3 (1961). 153 jurisprudence a toutefois eu un rôle à jouer dans la délimitation du champ d’application de cette loi.

Dans l’affaire NCAA vs. Board of Regents 460 de 1984, la NCAA avait interdit à ses membres de vendre individuellement leurs droits audiovisuels. La « College Football Association » était néanmoins entrée en négociation avec un radiodiffuseur. En réaction, la NCAA avait édicté une « Official Interpretation » des règles relatives à la vente des droits TV qui avait la teneur suivante :

« The Association [NCAA] shall control all forms of televising of the intercollegiate football games of member institutions during the traditional football season. (…) Any commitment by a member institution with respect to the televising or cablecasting of its football games in future seasons necessarily would be subject to the terms of the NCAA Football Television Plan applicable to such season. ».

La Cour Suprême a jugé que la réglementation de la NCAA contrevenait à la Section 1 du Sherman Act . Elle a considéré qu’une analyse per se était inappropriée dans le cas présent. Elle s’est dès lors livrée à un examen de la « rule of reason » et est parvenue à la conclusion que la réglementation de la NCAA violait le droit de la concurrence.

Cette décision tend à démontrer que le « Sports Broadcast Act » ne s’applique qu’aux accords conclus par les quatre ligues professionnelles, à l’exception des collèges ou du soccer 461 .

En 1988, dans l’affaire United States Football League v. National Football League 462 , la Cour a une nouvelle fois eu l’occasion de se prononcer sur l’application du « Sports Broadcasting Act ». La demanderesse, une association créée en 1982, a mis sur pied un championnat de football américain se déroulant à l’origine au printemps. Toutefois, en 1984, elle a modifié son organisation et a décidé de déplacer son championnat à l’automne, entrant dès lors en concurrence directe avec la NFL, dont les compétitions se déroulent de septembre à janvier.

L’ United States Football League a saisi la Cour, arguant qu’en raison des contrats conclus avec tous les diffuseurs, la NFL empêchait de facto les ligues concurrentes de conclure des contrats audiovisuels et engendrait dès lors un important effet anticoncurrentiel sur le marché.

La Cour a rejeté la demande de l’ United States Football League , considérant que l’exemption accordée par le « Sports Broadcasting Act » comprenait des contrats conclus avec plus d’un seul diffuseur.

Enfin, en 1992, l’affaire Chicago Professional Sports Limited vs. National Basketball Association 463 a apporté un tempérament à l’application de cette exemption. A l’époque de la décision, la situation relative aux droits audiovisuels était assez complexe dans le monde de la

460 National Collegiate Athletic Association v. Board of Regents of the University of Oklahoma , 485 U.S. 85 (1984). 461 Garret et Hochberg (2002), §20:19, p. 52. S’agissant du football ( soccer ), la question s’est même posée de savoir si ce sport pouvait bénéficier de l’exemption des règles de la concurrence, eu égard au fait que la disposition pertinente se réfère au « football ». Toutefois, à la suite d’une interprétation historique, il a été établi que le terme « football » contenu dans la loi se référait exclusivement au football américain, à l’exclusion du football « à l’européenne » (Wise et Meyer (1997), p. 1744). 462 United States Football League v. National Football League , 842 F.2d 1335, (2 nd Cir. 1988). 463 Chicago Professional Sports Limited v. National Basketball Association , 961 F.2d 667 (7 th Cir. 1992). 154

NBA en raison du fait que tous les droits TV n’avaient pas été transférés à la ligue et que les clubs étaient dès lors restés propriétaires d’une partie d’entre eux.

L’équipe des Chicago Bulls avait conclu un contrat avec WGN, une « superstation 464 », lui octroyant l’exclusivité pour vingt-cinq matches par saison. La NBA a cependant modifié ses règlements et décidé que chaque équipe pouvait désormais octroyer seulement vingt matches par saison à une « superstation ».

La Cour a considéré que cette restriction imposée par la ligue constituait une violation du droit de la concurrence qui ne pouvait se justifier par la « rule of reason ». Elle a ajouté que le « Sports Broadcasting Act » ne trouvait pas application dans le cas présent en raison du fait que ce sont les Chicago Bulls eux-mêmes, en conformité avec la réglementation de la NBA, qui sont propriétaires des droits.

464 Au contraire des diffuseurs locaux (tels ABC, CBS ou NBC), les « superstations » peuvent émettre un signal qui peut être reçu au-delà du territoire local par de nombreuses autres chaînes. 155

Titre II : La situation en Europe

Le droit européen de la concurrence constitue une matière autonome, qui fait d’ailleurs l’objet de nombreux commentaires et études 465 . Dans le cadre de cette recherche, nous nous limiterons à brièvement exposer les fondements du droit européen de la concurrence, en particulier les articles 101 et 102 TFUE (Chapitre I.). Puis nous aborderons de manière plus spécifique les relations qu’entretient le droit de la concurrence avec le sport (Chapitre II.).

Chapitre I : Brève introduction au droit européen de la concurrence

La concurrence est un mécanisme de base de l’économie de marché qui se justifie par le fait qu’elle offre au consommateur la possibilité de choisir le fournisseur proposant la meilleure prestation d’une part et qu’elle exerce sur les entreprises une pression qui les conduit à améliorer leur offre d’autre part.

Dans un marché de libre concurrence, les entreprises feront en principe tout ce qu’elles peuvent pour attirer de nouveaux clients et garder la confiance de ceux qu’elles ont déjà. Elles parviennent généralement à leur but en maintenant des prix aussi bas que possible et en cherchant continuellement à produire des biens de meilleure qualité.

Ainsi, la libre concurrence est profitable tant pour les consommateurs que pour les entreprises elles-mêmes. Elle est favorable aux consommateurs puisqu’elle conduit aux prix les plus bas et elle stimule les entreprises en les contraignant au dynamisme.

L’Union européenne a donc fait le choix d’une économie de marché compétitive et a établi les règles de la concurrence en se basant sur le principe qu’un marché où règne la concurrence, par opposition au contrôle étatique ou au monopole privé, est le meilleur moyen d’assurer une efficience économique 466 .

Le droit de la concurrence est le cadre qui protège et encourage la libre concurrence entre les entreprises sur le marché. On tente d’atteindre cet objectif en interdisant les associations d’entreprises ou de pratiques concertées restreignant ou faussant le jeu de la concurrence (art. 101 TFUE) d’une part et l’abus de position dominante (art. 102 TFUE) d’autre part.

I. La notion d’entreprise

Elle n’est pas définie dans le TFUE. Dans le cadre du droit européen de la concurrence, la notion d’entreprise comprend « (…) toute entité exerçant une activité économique indépendamment du statut juridique de cette entité et de son mode de financement 467 ».

Il ressort de cette définition que l’on met davantage l’accent sur l’importance économique de l’entreprise que sur un pur critère juridique. La CJUE a d’ailleurs rappelé que « la notion d’entreprise, placée dans un contexte de droit de la concurrence, doit être comprise comme désignant une unité économique du point de vue de l’objet de l’accord en cause, même si, du point de vue juridique, cette unité économique est constituée de plusieurs personnes, physiques ou morales 468 ».

465 Voir en particulier, pour un bon aperçu de la matière, Waelbroeck et Frignani (1997), p. 3 ss. 466 Bellamy et Child (2008), p. 40. 467 CJUE, 23.04.1991, Höfner et Elser , aff. C-41/90, Rec. 1991, p. 1979, pt 21. 468 CJUE, 12.07.1984, Hydrotherm , aff. 170/83, Rec. 1984, p. 2999, pt 11. 156

Il s’ensuit que la notion d’entreprise, dans le cadre du droit européen de la concurrence, est extrêmement large.

II. Les règles applicables aux ententes (art. 101 TFUE)

L’article 101 TFUE a la teneur suivante :

« 1. Sont incompatibles avec le marché commun et interdits tous accords entre entreprises, toutes décisions d’associations d’entreprises et toutes pratiques concertées, qui sont susceptibles d’affecter le commerce entre Etats membres et qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence à l’intérieur du marché commun, et notamment ceux qui consistent à :

a) fixer de façon directe ou indirecte les prix d’achat ou de vente ou d’autres conditions de transaction, b) limiter ou contrôler la production, les débouchés, le développement technique ou les investissements, c) répartir les marchés ou les sources d'approvisionnement, d) appliquer, à l'égard de partenaires commerciaux, des conditions inégales à des prestations équivalentes en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence, e) subordonner la conclusion de contrats à l'acceptation, par les partenaires, de prestations supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux, n'ont pas de lien avec l'objet de ces contrats.

2. Les accords ou décisions interdits en vertu du présent article sont nuls de plein droit.

3. Toutefois, les dispositions du paragraphe 1 peuvent être déclarées inapplicables :

- à tout accord ou catégorie d'accords entre entreprises, - à toute décision ou catégorie de décisions d'associations d'entreprises, et - à toute pratique concertée ou catégorie de pratiques concertées

qui contribuent à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique, tout en réservant aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte, et sans :

a) imposer aux entreprises intéressées des restrictions qui ne sont pas indispensables pour atteindre ces objectifs, b) donner à des entreprises la possibilité, pour une partie substantielle des produits en cause, d'éliminer la concurrence. »

La rédaction de cette disposition est caractérisée par la formulation d’une règle d’interdiction (par. 1) et de ses effets (par. 2), tempérée par l’exercice d’un pouvoir d’octroi de dérogations à cette règle (par. 3).

157

Comme l’a relevé la CJUE, l’article 101 TFUE « s’adresse à toutes les entreprises de la Communauté dont il règle le comportement, soit par la voie d’interdictions soit en vertu de l’octroi d’exemptions »469 .

A. Le principe d’interdiction des ententes (art. 101 par. 1 TFUE)

Ce principe a pour objectif de maintenir l’existence d’une concurrence effective dans le marché commun.

Cette disposition a un caractère impératif : il n’est pas possible de s’y soustraire contractuellement ou d’y déroger d’une autre façon, sauf dans les limites du paragraphe 3 470 .

Après avoir examiné ce que l’on entend par accords entre entreprises (1.), il conviendra de se pencher sur les significations respectives des notions de décisions d’associations d’entreprises (2.) et de pratiques concertées (3.).

1. Les accords entre entreprises

La notion d’accord doit elle aussi être interprétée de façon extensive, en faisant prévaloir l’intention des parties sur la forme choisie. Les accords supposent la conclusion d’une convention mais leur forme juridique importe peu. « Il suffit que les entreprises en cause aient exprimé leur volonté commune de se comporter sur le marché d’une manière déterminée pour qu’il y ait accord au sens de l’article 85 paragraphe 1 [devenu 81 par. 1 TCE puis 101 par. 1 TFUE] du traité 471 ».

Cet accord peut prendre de nombreuses formes et atteindre des degrés divers, sans qu’il soit nécessaire de le conclure de manière formelle. Constitue ainsi déjà une infraction à l’article 101 TFUE « le fait pour les parties de déduire un engagement de l’autre sur la base de son comportement, sans avoir établi d’accords exprès 472 ».

2. Les décisions d’associations d’entreprises

Bien que l’article 101 paragraphe 1 TFUE mentionne seulement les accords entre entreprises, cette disposition concerne également les accords entre associations d’entreprises.

Il convient tout d’abord d’examiner la notion d’associations d’entreprises ( a.) puis de définir celle de « décisions » d’associations d’entreprises ( b.). a) La notion d’associations d’entreprises

Elle n’est pas définie dans le traité. La notion recouvre les formes juridiques les plus diverses et peut regrouper une grande variété de personnes physiques ou morales, généralement propriétaires ou exploitants d’entreprises, des syndicats professionnels ou interprofessionnels à caractère patronal, ou, dans le contexte sportif, des fédérations faîtières.

469 CJUE, 13.02.1969, Walt Wilhelm , aff. 14/68, Rec. 1969, p. 1, pt 5. 470 Voir infra Partie V, Titre II, Chapitre I, II., C. 471 Tribunal de l’UE, 14.05.1998, Moritz J. Weig GmbH & Co. KG , T-317/94, Rec. 1998, p. II-1235, pt 134. 472 Commission européenne, 19.12.1990, Carbonate de soude / Solvay , aff. 33133, JO L 152 du 15 juin 1991 p. 1, pt 59. 158

L’élément essentiel de toute association au sens du traité est la présence d’un organe de coordination 473 . b) La notion de « décision » d’associations d’entreprises

La constitution d’une association d’entreprises n’est pas forcément en soi restrictive de concurrence. Ainsi, ce n’est que lorsqu’elle prend une décision qui s’impose à ses membres qu’un effet anticoncurrentiel peut en résulter.

Une décision d’associations d’entreprises se distingue d’un accord conclu entre des entreprises par le fait qu’elle est prise sur le fondement d’une volonté collective exprimée dans un acte portant création et organisation d’une association, tel que des statuts, une charte ou un règlement intérieur. Elle s’en rapproche en revanche par le caractère contraignant qu’elle revêt à l’égard de ses membres 474 .

Une simple recommandation émanant d’une association et diffusée auprès de ses membres suffit, qu’elle qu’en soit la forme juridique. Le plus souvent, il s’agit de règlements, directives, recommandations ou circulaires, qui sont parfois appelés « décisions », sans que pour autant la terminologie retenue puisse être déterminante. Le caractère unilatéral de cette manifestation de volonté collective en ressort nettement 475 .

3. Les pratiques concertées

L’interdiction des pratiques concertées permet de poursuivre des comportements qui ne s’intégreraient pas – ou alors très difficilement – dans les notions d’accords entre entreprises et de décisions d’associations d’entreprises. L’idée est de pouvoir « (…) appréhender sous les interdictions de l’article 81 paragraphe 1 TCE [devenu 101 par. 1 TFUE] une forme de coordination entre entreprises qui, sans avoir été poussée jusqu’à la réalisation d’une convention proprement dite, substitue sciemment une coopération pratique entre elles aux risques de la concurrence 476 ».

Contrairement aux accords entre entreprises et aux décisions d’associations d’entreprises, les pratiques concertées ne sont pas contraignantes, ou tout au moins n’ont-elles pas été conçues initialement pour l’être 477 .

Une pratique concertée comporte deux éléments : une concertation ( a.) et un comportement sur le marché faisant suite à cette concertation ( b.). a) Une concertation

Elle suppose un échange d’informations entre les intéressés qui soient susceptibles d’exercer une influence sur leurs comportements 478 . Cet échange d’informations ne doit pas nécessairement être assimilé à un véritable plan commun, au moyen duquel les concurrents

473 Waelbroeck et Frignani (1997), p. 133. 474 Blaselle (2002), p. 172. 475 Pour une illustration de la conception large de la décision d’associations d’entreprises, voir Commission européenne, 05.06.1996, Fenex , aff. 34983, JO L 181 du 20 juillet 1996 p. 28. 476 CJUE, 14.07.1972, Geigy AG , aff. 52/69, Rec. 1972, p. 787. 477 Blaselle (2002), p. 174. 478 CJUE, 16.12.1975, Suiker Unie , aff. 40 à 48, 50, 54 à 56, 111, 113 et 114/73, Rec. 1975, p. 1663. 159 fixeraient ensemble leur comportement futur sur le marché. Il suffit qu’il existe une simple communication de renseignements qui soient suffisamment importants pour inciter des opérateurs économiques à adopter un même comportement 479 . b) Le comportement des entreprises

Le principe de base de l’interdiction des pratiques concertées consiste en ce que les entreprises doivent déterminer de manière autonome leur politique commerciale et le traitement de leur clientèle. C’est la violation de ce postulat d’autonomie qui fonde la condamnation au sens de l’article 101 TFUE 480 .

Comme l’a relevé le Tribunal de l’UE dans l’affaire LVM , « [s]’il est exact que cette exigence d’autonomie n’exclut pas le droit des opérateurs économiques de s’adapter intelligemment au comportement constaté ou à escompter de leurs concurrents, elle s’oppose en revanche rigoureusement à toute prise de contact directe ou indirecte entre de tels opérateurs ayant pour objet ou pour effet soit d’influencer le comportement sur le marché d’un concurrent actuel ou potentiel, soit de dévoiler à un tel concurrent le comportement que l’on envisage de tenir soi- même sur le marché 481 ».

Lorsque des concurrents échangent entre eux des informations commerciales confidentielles, concernant par exemple leurs prix de vente, leurs livraisons, leurs carnets de commande, leurs stocks ou le taux d’utilisation de leurs capacités, il y a lieu de présumer qu’il s’agit d’une pratique concertée 482 .

Il convient également de noter que la pratique concertée peut consister dans l’action d’une seule entreprise, si cette action est le résultat d’une coordination avec une autre, même située à un niveau différent 483 . Il s’agit alors de pratiques concertées verticales.

B. L’affectation du commerce entre Etats membres

Toute entente ou pratique concertée entre deux ou plusieurs entreprises n’est pas forcément un cartel en soi. Il faut encore que cet accord ait pour but ou pour conséquence de limiter, de fausser ou de potentiellement affecter le commerce entre Etats membres de manière sensible.

L’affectation peut n’être que potentielle (1.) mais elle doit être sensible (2.).

1. La probabilité suffisante

L’article 101 TFUE condamne une entente dès lors qu’elle est seulement « susceptible d’affecter le commerce entre les Etats membres ». L’utilisation du mot « susceptible » indique qu’il n’est pas nécessaire d’établir concrètement les effets de l’entente sur les échanges 484 . Dans le même sens, la Cour a jugé qu’il n’est pas nécessaire qu’il soit « (…) établi que les

479 Blaselle (2002), p. 179. 480 Idem , p. 175 ss. 481 Tribunal de l’UE, 20.04.1999, LVM, aff. T-305 à 307/94, Rec. 1999, p. II-931, pt 720. 482 Waelbroeck et Frignani (1997), p. 143. 483 Idem , p. 144. 484 Dans le même sens, Waelbroeck et Frignani (1997), p. 205. 160 accords ont, en effet, sensiblement affecté ces échanges, preuve qui, dans la plupart des cas, ne saurait d’ailleurs que difficilement être administrée à suffisance de droit 485 ».

Dans un autre arrêt, la CJUE a précisé que « pour être susceptible d’affecter le commerce entre Etats membres, l’accord doit, sur la base d’un ensemble d’éléments objectifs de droit ou de fait, permettre d’envisager avec un degré de probabilité suffisant qu’il puisse exercer une influence directe ou indirecte, actuelle ou potentielle sur les courants d’échange entre Etats membres dans un sens qui pourrait nuire à la réalisation des objectifs d’un marché unique entre Etats 486 ».

2. Le caractère sensible de l’atteinte

L’affectation du commerce est sensible dans la mesure où une restriction est perceptible et revêt une certaine importance. Dans un arrêt de principe 487 , la Cour a jugé qu’un accord échappe à la prohibition de l’article 101 TFUE lorsqu’il n’affecte le marché que de manière insignifiante, compte tenu de la faible position qu’occupent les intéressés sur le marché des produits en cause.

La jurisprudence communautaire considère donc que l’entente ne tombe sous le coup de l’interdiction de l’article 101 TFUE uniquement si elle affecte le marché en cause de manière sensible : il s’agit de la clause de minimis .

En ce qui concerne la détermination du seuil de sensibilité, la jurisprudence communautaire n’indique pas, de façon générale, comment il convient de procéder à cette détermination 488 .

Une communication de la Commission européenne précise qu’il s’agit des accords entre entreprises dont la part de marché ne dépasse pas les seuils de 10% pour les accords entre concurrents et de 15% pour les accords entre non-concurrents ainsi que tous les accords entre petites et moyennes entreprises 489 .

C. Les exemptions prévues (art. 101 par. 3 TFUE)

L’interdiction contenue à l’article 101 paragraphe 1 TFUE n’est pas absolue. Les entreprises peuvent ainsi demander des exemptions et obtenir du même coup que la pratique prohibée puisse être autorisée.

En application de l’article 101 paragraphe 3 TFUE, pour pouvoir bénéficier d’une exemption, les ententes doivent répondre à quatre conditions cumulatives.

Deux conditions positives doivent d’abord être remplies :

- les accords doivent contribuer à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique ;

485 CJUE, 01.02.1978, Miller , aff. 19/77, Rec. 1978 p. 131, pt 15. 486 CJUE, 09.07.1969, Völk , aff. 5/69, Rec. 1969, p. 295, pt 5. 487 CJUE, 09.07.1969, Völk , aff. 5/69, Rec. 1969, p. 295, pt 7. 488 Decocq et Decocq (2004), p. 313. 489 Voir la Communication de minimis de la Commission européenne. 161

- les accords doivent réserver aux utilisateurs une part équitable du profit qui en résulte.

Suivent deux conditions négatives :

- les accords ne doivent pas imposer aux entreprises intéressées des restrictions non indispensables pour atteindre ces objectifs ;

- les accords ne doivent pas donner à ces entreprises la possibilité d’éliminer la concurrence.

Outre la possibilité de bénéficier d’une « exemption individuelle », il existe également un système, répondant à un souci de rationalisation, qui permet aux ententes cartellaires prohibées d’obtenir une exemption automatique à certaines conditions, et cela par le biais de règlements ad hoc octroyant ce qu’il est convenu d’appeler des « exemptions par catégorie ».

Lorsqu’un accord remplit les conditions prévues dans un règlement d’exemption par catégorie, il n’est pas soumis à l’obligation de notification individuelle: il est automatiquement valide et exécutoire. Il existe, par exemple, des règlements d’exemption par catégorie pour les accords verticaux 490 , les accords de recherche et de développement 491 , les accords de spécialisation 492 , les accords de transfert de technologie 493 et les accords de distribution automobile 494 .

D. La mise en œuvre du contrôle des ententes

Le règlement 17/62 avait mis en place un système de contrôle centralisé selon lequel les ententes susceptibles de restreindre et d’affecter le commerce entre Etats membres devaient, pour bénéficier d’une exemption, être notifiées à la Commission européenne, qui disposait d’une compétence exclusive pour l’autorisation d’accords restrictifs de la concurrence remplissant les conditions énoncées à l’article 101 paragraphe 3 TFUE.

Le règlement 1/2003 du 16 décembre 2002 modifie de manière substantielle les règles de mise en œuvre de l’article 101 TFUE. L’ancien système des notifications préalables des accords anticoncurrentiels à la Commission afin d’obtenir une exemption a été supprimé. Désormais, le contrôle des ententes est décentralisée et il appartient aux autorités de concurrence nationales et aux juridictions des Etats membres d’appliquer non seulement l’article 101 paragraphe 1, mais également le paragraphe 3 de cette disposition.

Il est de la responsabilité des entreprises de s’assurer de la conformité de leurs accords avec le droit de la concurrence. En principe, la Commission européenne a plus particulièrement vocation à traiter des affaires qui concernent plusieurs Etats membres, tandis que les autorités de la concurrence nationales se concentrent plutôt sur les cas à dominante nationale ou qui concernent un nombre limité d’Etats membres 495 .

490 Voir le Règlement 19/65. 491 Voir le Règlement 2659/2000. 492 Voir le Règlement 2658/2000. 493 Voir le Règlement 772/2004. 494 Voir le Règlement 1400/2002. 495 Rocca (2005), p. 3. L’auteur ajoute que dans le domaine du sport, la Commission européenne continue à jouer un rôle important dans la mesure où les règles et les comportements adoptés par des fédérations internationales présentent souvent un caractère transfrontalier. Toft (2006), p. 12, précise toutefois que la Commission 162

E. Les effets juridiques (art. 101 par. 2 TFUE)

La conséquence civile immédiate et automatique qui découle du constat de l’existence d’un cartel pour lequel une exemption n’entre pas en ligne de compte est sa nullité pure et simple, conformément à l’article 101 paragraphe 2 TFUE. L’accord conclu entre les parties ou leur décision n’ont ainsi aucun effet juridique.

II. Les règles applicables aux positions dominantes (art. 102 TFUE)

L’article 102 TFUE a la teneur suivante :

« Est incompatible avec le marché commun et interdit, dans la mesure où le commerce entre États membres est susceptible d'en être affecté, le fait pour une ou plusieurs entreprises d'exploiter de façon abusive une position dominante sur le marché commun ou dans une partie substantielle de celui-ci.

Ces pratiques abusives peuvent notamment consister à:

a) imposer de façon directe ou indirecte des prix d'achat ou de vente ou d'autres conditions de transaction non équitables;

b) limiter la production, les débouchés ou le développement technique au préjudice des consommateurs;

c) appliquer à l'égard de partenaires commerciaux des conditions inégales à des prestations équivalentes, en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence;

d) subordonner la conclusion de contrats à l'acceptation, par les partenaires, de prestations supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux, n'ont pas de lien avec l'objet de ces contrats. »

L’interdiction des pratiques abusives dans l’exploitation d’une position dominante a pour objectif de maintenir l’existence d’une concurrence effective dans le marché commun. Le but poursuivi est identique à celui des interdictions des ententes (art. 101 TFUE) dans la mesure où ces deux dispositions sont complémentaires.

Il convient dans un premier temps d’examiner la notion de position dominante (A.) puis de s’intéresser à ce qui constitue l’abus d’une telle position (B.). Nous aborderons également brièvement les effets qui en découlent (C.).

A. La notion de position dominante

La CJUE a défini le concept de position dominante comme « une position de puissance économique détenue par une entreprise qui lui donne le pouvoir de faire obstacle au maintien d’une concurrence effective sur le marché en cause en lui fournissant la possibilité de

européenne encourage les autorités de concurrence nationales à intervenir dans les cas où elles semblent mieux placées pour rendre une décision. 163 comportements indépendants dans une mesure appréciable vis-à-vis de ses concurrents, de ses clients et, finalement, des consommateurs 496 ».

Il convient toutefois de relever que la position dominante, à la différence d’une situation de monopole ou de quasi-monopole, n’exclut pas en soi l’existence d’une certaine concurrence. Elle « (…) met la firme qui en bénéficie en mesure sinon de décider, tout au moins d’influencer notablement les conditions dans lesquelles cette concurrence se développera, et, en tout cas, de se comporter dans une large mesure sans devoir en tenir compte et sans pour autant que cette attitude lui porte préjudice 497 ».

L’existence d’une position dominante résulte en général de la réunion de plusieurs facteurs, qui, pris isolément, ne seraient pas nécessairement déterminants.

La part de marché détenue par l’entreprise constitue un facteur particulièrement important. D’après la jurisprudence 498 , lorsqu’elle atteint 70 à 80%, elle est automatiquement constitutive d’une position dominante.

Lorsque la part de marché est moins importante, il faut prendre en considération d’autres éléments comme le rapport entre la part de marché de l’entreprise et celle de ses concurrents, l’avance technologique dont elle dispose, la réputation ou l’image de marque attachée au produit qu’elle vend, l’existence d’un réseau commercial particulièrement performant ou encore la maîtrise de l’accès aux ressources 499 .

Il importe peu que l’entreprise appartienne à un Etat membre de l’Union européenne ou à un pays tiers, dès lors qu’elle détient une position dominante sur le marché de l’Union européenne.

B. L’exploitation abusive d’une position dominante

La position dominante n’est pas interdite en soi et son existence n’implique aucun reproche à l’égard de l’entreprise concernée. Elle signifie seulement que « l’entreprise est tenue d’adapter en conséquence son comportement afin de ne pas porter atteinte à une concurrence effective sur le marché 500 ».

L’article 102 TFUE ne définit pas l’abus mais se borne à donner une liste non exhaustive d’exemples d’abus de position dominante (let. a. à d.).

La jurisprudence a développé une conception objective de l’abus. Il ne recouvre donc aucune notion de faute. Est un abus le « recours à des moyens différents de ceux qui gouvernent une compétition normale des produits ou services sur la base des prestations des opérateurs économiques 501 », dont l’effet est de réduire encore la concurrence sur un marché où celle-ci est déjà affaiblie par la présence de l’entreprise en question.

496 CJUE, 14.02.1978, United Brands , aff. 27/76, Rec. 1978, p. 207, pt 65. 497 CJUE, 13.02.1979, Hoffman Laroche , aff. 85/76, Rec. 1979, p. 461, pt 39. 498 Voir notamment l’arrêt de la CJUE, 13.02.1979, Hoffman Laroche , aff. 85/76, Rec. 1979, p. 461, pts 50 ss. 499 Voir notamment l’arrêt du Tribunal de l’UE, 06.10.1994, Tetra Pak II , aff. T-83/91, Rec. 1994, p. 755, pts 109 à 123. 500 Tribunal de l’UE, 22.03.2000, Coca-Cola , aff. T-125/97 et T-127/97, Rec. 2000, p. II-1733, pt 80. 501 CJUE, 13.02.1979, Hoffman Laroche , aff. 85/76, Rec. 1979, p. 461, pt 91. 164

C. Les effets juridiques

Si l’infraction est établie, la Commission européenne prend une décision ordonnant à l’entreprise d’y mettre fin et peut, le cas échéant, lui infliger une amende. Les tribunaux nationaux peuvent aussi constater l’existence de l’abus. Il faut noter qu’il n’existe pas, en matière d’abus de position dominante, de possibilité d’exemption comme en matière d’entente.

Quant aux conséquences civiles, il appartient aux tribunaux nationaux de les apprécier 502 .

Chapitre II : Le droit européen de la concurrence appliqué au sport

Au vu de l’importance croissante des activités économiques générées par le sport ces dernières années 503 , de nombreuses questions en matière d’application de règles de la concurrence ont été soulevées, comme pour n’importe quel autre « business ».

Toutefois, comme l’a relevé à juste titre le commissaire européen Van Miert , il faut chercher à obtenir un équilibre entre le respect du principe de concurrence et les exigences d’une politique qui garantisse les objectifs socio-culturels du sport 504 .

Après avoir mis en exergue la spécificité sportive en relation avec l’application des règles de la concurrence (I.), nous nous intéresserons à l’application des règles de la concurrence au sport (II.). Nous procéderons ensuite à un petit tour d’horizon des décisions rendues par la CJUE en matière de droit de la concurrence appliqué au sport (III.) avant de brièvement analyser les instruments de régulation susceptibles de contrevenir aux règles de la concurrence (IV.).

I. La « spécificité sportive »

Le sport connaît de nombreuses particularités qui font qu’il ne peut pas être considéré comme un « business » comme les autres. Ces caractéristiques spécifiques du sport sont fréquemment dénommées « spécificité sportive » et doivent être prises en compte lors de l’appréciation de la conformité des règles sportives avec le droit communautaire, en particulier des règles relatives à la libre concurrence 505 .

A. L’interdépendance entre les adversaires concurrents

Les manifestations sportives opposent un certain nombre de clubs ou athlètes. Cette interdépendance entre les adversaires concurrents est en soi une spécificité du sport qui le différencie des autres secteurs de service ou des autres industries 506 .

En effet, dans la compétition économique classique, la disparition d’un concurrent constitue généralement une bonne nouvelle pour les entreprises dans la mesure où elle leur permet

502 Waelbroeck et Frignani (1997), p. 228. 503 On estime que le sport génère environ 3% du total de l’activité économique mondiale. En outre, comme le relève l’Etude Dimitrov et al. (2006), p. 13, le sport représente près de 4% du PIB de l’Union européenne. Voir également Pons (1999), p. 3. 504 Van Miert et al. (1999), p. 5. 505 Dans le même sens, Van Rompuy et Pauwels (2009), p. 294 ss. 506 S’agissant de l’interdépendance des clubs sportifs, voir également supra Partie I, Titre II, Chapitre II, I., A. 165 d’acquérir de nouvelles parts de marché. Dans le sport en revanche, les clubs sont très dépendants les uns des autres et ne peuvent vivre sans l’existence de concurrents, puisqu’il est impossible de produire un match seul. En ce sens, le sport « (…) est sans aucun doute l’unique secteur économique où il existe une certaine solidarité entre les concurrents 507 ».

Une importante différence d’avec la compétition économique classique réside donc dans le fait que dans la compétition sportive, plusieurs compétiteurs doivent nécessairement être 508 présents . Ainsi, comme le relève à juste titre le RAPPORT ARNAUT , les clubs sportifs ne peuvent pas être considérés comme des compétiteurs horizontaux normaux 509 .

B. La nécessité d’un certain équilibre de la compétition sportive

Comme relevé à plusieurs reprises dans cet ouvrage, l’équilibre de la compétition sportive constitue un des objectifs fondamentaux poursuivis par le régulateur sportif. En effet, si les manifestations sportives veulent intéresser le spectateur, elles doivent laisser planer un doute quant à leur résultat. Les compétitions doivent par conséquent comporter un certain degré d’égalité.

Cette nécessité d’équilibre compétitif ne se retrouve en revanche pas dans les autres secteurs de l’économie. En effet, dans la compétition « classique », chaque entreprise essaie de surpasser ses concurrents et le législateur n’a aucune raison d’intervenir afin de rétablir un équilibre entre les compétiteurs. Il faut laisser opérer le libre marché, ce qui confirme le postulat du législateur quant à l’économie de marché compétitive 510 .

On s’aperçoit donc que le sport constitue un marché « à part » qui ne peut pas être assimilé à un « business » comme les autres.

II. L’application des règles de la concurrence au sport professionnel

Dès le premier arrêt rendu en matière de sport, l’arrêt Walrave , le sport professionnel a été considéré, à juste titre, comme une activité économique. A partir de ce moment, il est évident que rien ne faisait obstacle à l’application du droit européen de la concurrence dans le monde du sport professionnel.

Il a toutefois fallu attendre le célèbre arrêt Bosman pour que l’application des règles de concurrence au sport fasse l’objet d’une analyse fouillée de l’Avocat général Lenz 511 . Ce dernier était d’avis que les règles de transfert enfreignaient les articles 101 et 102 TFUE puisqu’elles remplaçaient le système normal de l’offre et de la demande par un mécanisme uniforme qui donnait lieu à la préservation de la situation de concurrence existante. Malgré l’arrivée à échéance du contrat, le joueur restait de facto affecté à son club précédent 512 .

Dans le cas d’espèce, la CJUE n’avait finalement pas eu à se pencher sur la compatibilité du système des transferts au regard du droit communautaire de la concurrence, mais l’idée de

507 Pons (2001), p. 3. 508 Benz et Gehring (2009), p. 37 ss. 509 Rapport Arnaut (2006), p. 50. 510 Voir supra Partie V, Titre II, Chapitre I. 511 Conclusions de l’Avocat général Lenz dans l’arrêt Bosman , pts 253 à 286. 512 Ibid. , pt 262. 166 soumettre les réglementations sportives au droit européen de la concurrence était lancée et inquiéta beaucoup les instances sportives.

Visiblement à juste titre puisqu’en 2006, la CJUE a rendu un jugement dans lequel elle s’est livrée à une analyse de la compatibilité d’un règlement antidopage avec le droit de la concurrence 513 .

Les règles élaborées par les instances sportives ne tombent toutefois pas toutes dans le champ d’application du droit de la concurrence. On distingue en effet entre les pratiques ne relevant pas du droit de la concurrence (A.), celles interdites par les règles de la concurrence (B.) et celles susceptibles d’être exemptées des règles de la concurrence (C.).

A. Les pratiques ne relevant pas des règles de la concurrence

La Commission européenne a identifié des pratiques qui échappent totalement aux lois de la concurrence. Il s’agit des règles sans lesquelles un sport ne pourrait pas exister, ou des règles qui sont nécessaires à son organisation ou à l’organisation des compétitions, comme par exemple le nombre de joueurs alignés sur le terrain ou la taille des poteaux, c’est-à-dire les règles dites « sportives »514 .

B. Les pratiques interdites par les règles de la concurrence

La Commission européenne, dans son Rapport préparant le Sommet d’Helsinki 515 , a mis en exergue des pratiques qui doivent être clairement interdites par les règles de concurrence. Il s’agit notamment des cas suivants :

- l’entrave aux importations parallèles de produits sportifs ;

- les ventes de billets d’entrée dans les stades qui créent des discriminations entre les utilisateurs résidents en dehors d’un État membre par rapport aux clients résidant dans cet Etat membre ;

- les accords de sponsoring lorsqu’ils ferment un marché, en écartant, sans raison objective, d’autres fournisseurs ;

- les systèmes de transferts internationaux basés sur des indemnités calculées de façon arbitraire, sans rapport avec les coûts de formation ;

- les pratiques d’organisations sportives consistant à utiliser leur pouvoir réglementaire afin d’exclure du marché, sans raison objective, tout intervenant économique qui, même en respectant les normes de qualité ou de sécurité justifiées, n’a pas pu obtenir de ces organisations un certificat de qualité ou de sécurité de ses produits.

C. Les pratiques susceptibles d’être exemptées des règles de la concurrence

513 CJUE, 18.07.2006, Meca-Medina , aff. C-519/04, Rec. 2006 p. I-6991. 514 Pons (2001), p. 3. 515 Voir Rapport d'Helsinki (1999), p. 1 ss. Pour plus de détails sur ce rapport, voir notamment Weatheril (2007), p. 143 ss ; Parrish (2000), p. 39 ; Foster (2000), p. 60 ss ainsi que Minkman et al. (2000), p. 311 ss. 167

Enfin, la Commission européenne semble avoir admis une troisième catégorie, intermédiaire, celle des pratiques susceptibles d’être exemptées des règles de la concurrence. Elle fournit même une liste exemplative et non exhaustive des situations susceptibles d’être exemptées des règles de la concurrence 516 :

- des accords entre clubs professionnels ou des décisions de leurs associations visant d’une part à assurer le maintien d'un équilibre entre les clubs, en préservant une certaine égalité de chances et l'incertitude des résultats et d’autre part à encourager le recrutement et la formation des jeunes joueurs ;

- un système de transferts ou de contrat-type basé sur des indemnités calculées de façon objective, en rapport avec les coûts de formation ou une exclusivité relative à des droits de retransmission sportive, limitée dans sa durée et sa portée ;

- l’autorisation d’accords de sponsoring sur la base d’un appel d’offre selon des critères de sélection transparents et non discriminatoires pour une courte durée ;

- la vente en commun des droits TV.

III. Aperçu de la jurisprudence de l’Union européenne en matière de droit de la concurrence appliqué au sport

Hormis les cas relatifs à la vente centralisée des droits TV, traités ultérieurement 517 , nous passons en revue les principes décisions relatives au sport rendues par les instances judiciaires communautaires en matière de droit de la concurrence.

A. L’organisation territoriale d’un sport : l’affaire Mouscron

La communauté urbaine française de Lille a porté plainte contre l’UEFA aux termes de l’article 102 TFUE au sujet d’une règle qui oblige chaque club à jouer son match à domicile sur son propre terrain 518 . Le club de football belge de Mouscron s’est ainsi vu refuser le droit de jouer son match à domicile en France voisine, à Lille.

La Commission européenne a rejeté la plainte et a considéré la règle « At home and away from home » ainsi que les exceptions y afférents comme une règle sportive qui n’est pas régie par les articles 101 et 102 TFUE.

La Commission européenne a précisé que l’organisation du football sur le territoire national n’était pas mise en doute par le droit communautaire. Elle a qualifié la règle d’indispensable à l’organisation des compétitions nationales et internationales afin d’assurer une certaine égalité des chances entre les clubs et a jugé qu’elle n’allait pas au-delà du strict nécessaire.

B. Les règles protégeant les associations sportives contre la concurrence : l’affaire FIA

En 1999, la Commission européenne a transmis une communication des griefs à la Fédération internationale de l’automobile (FIA) ainsi qu’à deux sociétés : Formula One Administration

516 Rapport Helsinki (1999), p. 9. 517 Voir infra Partie V, Titre II, Chapitre II, IV., B., 2. 518 Commission européenne, 09.12.1999, Lille/UEFA (Mouscron) , aff. 36851. Voir également le communiqué de presse de la Commission européenne du 9 décembre 1999, IP/99/965. 168

Limited (FOA), qui vend les droits de retransmission du championnat de Formule 1, et International Sportsworld Communicators , qui commercialise les droits de retransmission de plusieurs épreuves automobiles internationales de premier plan 519 . Elle estimait que la FIA se trouvait dans une situation de conflit d’intérêts entre son rôle de régulateur du sport d’une part, et ses activités d’organisation de championnats d’automobiles d’autre part.

La Commission européenne avait identifié quatre problèmes relevant du droit de la concurrence :

- La FIA usait de son pouvoir pour bloquer les séries d’épreuves qui rivalisaient avec ses propres compétitions ;

- La FIA avait usé de son pouvoir pour écarter du marché une série d’épreuves concurrentes ;

- La FIA abusait de son pouvoir pour acquérir tous les droits de retransmission des compétitions automobiles internationales ;

- La FOA et la FIA protégeaient le championnat de Formule 1 contre la concurrence en immobilisant tout ce qui était nécessaire pour organiser un championnat rival.

A la suite de longues discussions, la FIA et la FOA ont soumis à la Commission européenne un certain nombre de modifications substantielles de leurs réglementations et de leurs arrangements commerciaux, les dernières en janvier 2001. En particulier, la FIA a consenti à limiter son rôle à celui d’un régulateur impartial, en charge notamment d’assurer la sécurité des courses, et la FOA a accepté des modifications permettant que d’autres compétitions mondiales que la Formule 1 puissent concurrencer celle-ci 520 .

La Commission européenne a accepté les modifications proposées par la FIA et la FOA et un accord a dès lors été trouvé 521 .

C. Les règles concernant la propriété multiple des clubs sportifs : l’affaire ENIC

ENIC , une société détenant des parts dans six clubs de football professionnels au sein de divers Etats membres, a porté plainte contre une règle adoptée par l’UEFA en 1998 qui prévoyait l’interdiction de contrôler – directement ou indirectement – plus d’un club participant à une compétition organisée sous son égide 522 .

La Commission européenne a rejeté la plainte au motif qu’il ne s’agit pas d’une restriction à l’article 101 TFUE puisque l’objectif visé par la règle était de ne pas altérer la concurrence et de garantir l’intégrité des compétitions organisées par l’UEFA. La Commission européenne a d’ailleurs expressément indiqué que la règle « vise à s’assurer de l’incertitude des résultats et à garantir que le consommateur ait le sentiment que les matches sont des compétitions

519 Voir le communiqué de presse de la Commission européenne du 30 juin 1999, IP/99/434. 520 Voir notamment Cygan (2007), p. 80 ss ; Dubey et Dupont (2002), p. 30 ; Parrish (2003), p. 135 ss et Gardiner (2001), p. 410 ss. 521 Commission européenne, janvier 2001, FIA/FOA , aff. 35163. Voir également le communiqué de presse de la Commission européenne du 30 octobre 2001, IP/01/1523. 522 Commission européenne, 25.06.2002, ENIC / UEFA , aff. 37806. 169 sportives honnêtes 523 ». Il a encore été précisé que la règle n’allait pas au-delà du strict nécessaire pour assurer son objectif légitime.

D. Les règles régissant la licence d’agent : l’affaire Piau

Dans cette affaire 524 , le Tribunal de l’UE a dû se prononcer sur la compatibilité du règlement de la FIFA gouvernant les activités des agents de joueurs de football avec le droit communautaire de la concurrence 525 .

Le Tribunal a tout d’abord constaté que les clubs de football et les associations nationales qui les rassemblent sont respectivement des entreprises et des associations d'entreprises au sens du droit communautaire de la concurrence. Par conséquent, la FIFA, qui regroupe les associations nationales, est elle-même une association d'entreprises.

Il a ensuite relevé que le règlement gouvernant l’activité des agents de joueurs constitue une décision d’associations d’entreprises et rappelé que l'exigence d'une licence pour exercer la profession d’agent de joueurs constitue une barrière à l’accès à cette activité économique et affecte le jeu de la concurrence.

Cette restriction ne peut toutefois être admise qu’aux conditions fixées à l’article 101 paragraphe 3 TFUE régissant l’octroi d’une exemption.

En l’espèce, le Tribunal de l’UE a considéré que la Commission européenne 526 n'avait pas commis d'erreur manifeste d'appréciation en estimant que les restrictions qui découlent du caractère obligatoire de la licence pourraient bénéficier d'une telle exemption.

E. Les règles antidopage : l’affaire Meca Medina

Il s’agit du premier arrêt où la CJUE s’est véritablement prononcée en faveur de l’application des règles de la concurrence au sport 527 .

Au point 28 de l’arrêt, il a été précisé que lorsque l’activité en cause entre dans le champs d’application du traité, les conditions de son exercice sont alors soumises à l’ensemble des obligations qui résultent des différentes dispositions du traité.

En outre, la CJUE a ajouté au point 31 que même si une mesure est considérée comme sportive au regard de la législation sur la libre circulation, il reste encore à apprécier, séparément, si elle constitue une règle sportive au regard du droit de la concurrence.

La Cour a donc jugé qu’une réglementation ne pouvait être écartée d’emblée du champ d’application des articles 101 et 102 TFUE au seul motif qu’elle était considérée comme purement sportive au regard de l’application des articles 45 TFUE et 56 TFUE. Il est au

523 Commission européenne, 25.06.2002, ENIC/UEFA , aff. 37806, pt 28. 524 Tribunal de l’UE, 26.01.2005, Laurent Piau , aff. T-193/02, Rec. 2005, p. II-209. 525 Pour plus de détails, voir notamment Martins (2009b), p. 247 ss ; Heermann (2007), p. 267 ss ainsi que Lindström-Rossi et al. (2005), p. 72 à 73. 526 Commission européenne, 16.04.2002, Piau/FIFA , aff. 37124. 527 CJUE, 18.07.2006, Meca-Medina , aff. C-519/04, Rec. 2006 p. I-6991. Voir également supra Partie IV, Titre I, Chapitre III, VIII. 170 contraire nécessaire de vérifier au préalable si cette réglementation répond aux conditions d’application propres des articles 101 et 102 TFUE.

Dans le cas particulier, la CJUE n’a néanmoins pas pu établir le caractère disproportionné de la réglementation antidopage mise en cause. Le recours visant à l’annulation de la décision de la Commission européenne d’août 2002 a par conséquent été rejeté par la Cour.

IV. Analyse des exigences du régulateur sportif susceptible de contrevenir au droit de la concurrence

Il s’agit ici uniquement de donner un aperçu de l’approche des instances judiciaires en matière de droit de la concurrence et des principales conditions qui doivent être remplies pour qu’une règle contrevienne au droit de la concurrence ou bénéficie d’une exemption.

Nous sommes parfaitement conscients que notre argumentation est très lacunaire et mériterait d’être largement étoffée. Notre propos consiste en effet uniquement à offrir quelques pistes de réflexion, sans prétendre à l’exhaustivité. Nous avons souhaité « trancher » les questions relatives à la licéité des instruments de régulation identifiés afin de pouvoir « offrir » au lecteur, en guise de conclusion, une proposition de système de réglementation des sports collectifs

S’agissant du point particulier et sensible de la compatibilité au droit de la concurrence, nous demeurons toutefois lucides et sommes conscients qu’il s’agit de problèmes complexes qui justifieraient à eux seuls la rédaction d’une nouvelle thèse de doctorat. Il s’agit toutefois essentiellement de questions d’argumentation, et nous nous sommes efforcés de soulever quelques points qui nous paraissent déterminants, notamment en relation avec les conditions d’exemptions prévues à l’article 101 paragraphe 3 TFUE.

A. L’approche méthodologique

Comme cela ressort de l’arrêt Meca-Medina , les exigences spécifiques des articles 101 et 102 TFUE doivent être examinées, indépendamment de la nature de la règle, même si elle est purement sportive. Il faut en particulier déterminer si les règles régissant l’activité sportive émanent d’une entreprise, si celle-ci restreint la concurrence ou abuse de sa position dominante, et si cette restriction ou cet abus affecte le commerce entre les Etats membres 528 .

Les instances judiciaires européennes ont introduit un test en quatre phases pour évaluer si une règle adoptée par une fédération sportive enfreignait le droit de la concurrence. Une règle sera considérée comme contrevenant au droit de la concurrence si les quatre conditions cumulatives suivantes sont remplies :

1. L’association sportive qui a adopté la règle a agi comme une entreprise ou une association d’entreprises

L’association est considérée comme une entreprise lorsqu’elle mène à bien une activité économique, comme par exemple lors de la cession de droits TV.

528 CJUE, 18.07.2006, Meca-Medina , aff. C-519/04, Rec. 2006 p. I-6991, pts 30 et 33. 171

Elle agit en tant qu’association d’entreprises lorsque ce sont ses membres qui mènent à bien une activité économique.

2. La règle contestée restreint la concurrence dans le sens prévu à l’article 101 TFUE ou constitue un abus de position dominante en vertu de l’article 102 TFUE

Dans l’analyse de cette condition, il convient de prendre en compte (i) le contexte global dans lequel les règles ont été adoptées ou produisent leurs effets et leurs objectifs et de déterminer (ii) si les effets restrictifs sont inhérents à la poursuite des objectifs visés et (iii) y sont proportionnés.

3. La règle contestée affecte le commerce entre les Etats membres

Toute règle émise par une association d’entreprises ne constitue pas forcément un cartel en soi. Il faut encore que cet accord ait pour but ou pour conséquence de limiter, de fausser ou de potentiellement affecter le commerce entre Etats membres.

Le sport étant organisé sous la forme d’une pyramide, où une fédération internationale contrôle les activités des associations nationales, il est évident que de nombreuses règles adoptées par la fédération-mère auront un impact international 529 .

4. Les conditions d’exemption formulées à l’article 101 paragraphe 3 TFUE ne sont pas remplies

Des restrictions à la libre concurrence peuvent être déclarées inapplicables si elles contribuent à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique, tout en réservant aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte.

En d’autres termes, lorsque les avantages sont tels qu’ils compensent les effets restrictifs, une exemption au sens de l’article 101 paragraphe 3 TFUE se justifie.

B. La vente centralisée des droits TV

Le sport à la télévision est un produit qui présente un certain nombre de particularités, en soi génératrices d’effets anticoncurrentiels. Il s’agit d’un produit éphémère 530 pour lequel la demande est difficilement élastique 531 et où la forte concentration des droits dans les mains de certaines fédérations sportives réduit le nombre des droits disponibles 532 .

Suite à l’analyse de la conformité de la mesure selon le test en quatre phases (1.), nous passerons en revue les principales jurisprudences rendues en la matière par les instances européennes (2.).

1. Analyse selon la méthodologie en quatre phases

529 Parrish (2003), p. 118. 530 La durée du produit se limite en effet à la retransmission en direct. 531 En principe, le spectateur désireux de suivre un événement sportif donné ne se contentera pas d’un autre programme sportif en lieu et place de celui qu’il souhaitait regarder. 532 Dubey et Dupont (2002), p. 26. 172

Phase 1 : L’association sportive qui a adopté la règle peut-elle être considérée comme une entreprise ou une association d’entreprises ?

La fédération sportive qui, conformément à son propre règlement, vend elle-même les droits TV, doit être considérée comme une entreprise et entre dès lors dans le champ d’application des articles 101 et 102 TFUE.

Phase 2 : La règle en question restreint-elle la concurrence dans le sens prévu à l’article 101 paragraphe 1 TFUE ou constitue-t-elle un abus de position dominante ?

La vente par un organe central et sur une base exclusive de droits audiovisuels à des radiodiffuseurs fait obstacle à une cession individuelle de ces droits par les clubs. Il empêche toute concurrence entre les clubs au niveau de la vente des droits TV.

En outre, les tiers ne peuvent acheter ces droits qu’auprès d’une seule source, la fédération sportive. Les opérateurs commerciaux tiers n’ont donc pas le choix et sont contraints d’acheter les droits en question aux conditions fixées en commun dans le cadre de l’appel d’offres lancé par l’organe central. Ce dernier restreint ainsi la concurrence en ce sens qu’il fixe les prix et toutes les autres conditions commerciales pour l’ensemble des clubs.

En l’absence d’accord de vente centralisée, les clubs fixeraient ces prix et conditions indépendamment les uns des autres et en concurrence les uns avec les autres. Il est dès lors indéniable qu’il existe une restriction de la concurrence.

Phase 3 : Le commerce entre les Etats membres s’en trouve-t-il affecté ?

La vente centralisée des droits TV est de nature à affecter le commerce entre les Etats membres puisqu’il s’agit d’une entente qui couvre plusieurs pays et qui implique la fixation de prix. Si les prix étaient fixés par les clubs et non pas les ligues, il en résulterait des disparités qui inciteraient les clubs et radiodiffuseurs à se lancer dans le commerce transfrontalier.

Phase 4 : Les conditions d’exemption prévues à l’article 101 paragraphe 3 TFUE sont-elles remplies ? a) La règle en question contribue-t-elle à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique ?

La vente centralisée permet d’améliorer la distribution des droits TV en créant un produit de qualité, exploité exclusivement par la fédération sportive et indépendant des intérêts des clubs individuels.

Le fait qu’il n’existe qu’un seul point de vente garantit par ailleurs une couverture intégrale des matches et réduit les risques financiers encourus par les radiodiffuseurs puisque la valeur des droits des clubs individuels chute très rapidement en cas d’élimination de la compétition sportive. b) La règle en question réserve-t-elle aux utilisateurs une part équitable du profit qui en résulte ?

173

Les consommateurs tirent indéniablement profit de la mesure puisqu’elle leur permet d’avoir accès à une meilleure couverture des matches.

En outre, le rendement généré par l’unique point de vente permet aux radiodiffuseurs d’investir davantage d’argent dans l’amélioration de la transmission télévisuelle. c) La règle en question impose-elle aux entreprises intéressées des restrictions non indispensables pour atteindre ces objectifs ?

Les restrictions à la concurrence sont toutes indispensables à la vente centralisée et aux avantages qu’une telle commercialisation engendrent.

Les fédérations sportives ont un intérêt légitime à créer un produit qui profite à toutes les parties prenantes et en particulier aux consommateurs, distinct des seuls intérêts individuels des clubs. d) La règle en question offre-t-elle aux entreprises intéressées la possibilité d’éliminer la concurrence ?

La commercialisation centralisée des droits TV n’éliminent pas la concurrence sur le marché. Il existe en effet différentes catégories de droits TV et les radiodiffuseurs disposent ainsi de plusieurs sources d’approvisionnement possibles.

2. Les principales décisions rendues par les instances européennes a) La décision « Champions League » du 23 juillet 2003

La Commission européenne a considéré que la vente collective des droits TV affecte le fonctionnement du marché pour quatre raisons principales :

- elle est susceptible de réduire le nombre de droits individuels pour les acquéreurs potentiels,

- elle permet uniquement des transactions périodiques,

- elle lie les produits dans des offres globales,

- elle freine le développement de nouvelles technologies de présentation visuelle et sonore 533 .

La Commission européenne conditionne donc la validité de la cession centralisée au respect d’un certain nombre de principes, susceptibles de subir quelques modifications en fonction des particularités de chacun des marchés en cause :

- un appel d’offre public et transparent,

- la conclusion de contrats opérant le transfert des droits d’une durée maximale de trois ans,

533 Commission européenne, 23.07.2003, Joint selling of the commercial rights of the UEFA Champions League , aff. 37398. 174

- une segmentation des droits médiatiques (droits TV, droits radiophoniques, Internet, UMTS, …)

- la constitution de plusieurs lots de droits vendus séparément,

- l’autorisation donnée aux clubs de commercialiser individuellement une partie des droits en cause.

Au terme de son analyse, la Commission européenne est arrivée à la conclusion que les conditions cumulatives prévues à l’article 101 paragraphe 3 TFUE sont remplies et que les règles de vente centralisée peuvent donc bénéficier d’une exemption 534 . b) La décision relative à la ligue allemande

La ligue allemande a demandé à la Commission européenne de se prononcer sur la conformité de la vente centralisée des droits TV avec le droit européen de la concurrence.

La Commission européenne, en application du règlement 1/2003 535 , a pris une décision le 19 janvier 2005 rendant juridiquement contraignants les engagements de la ligue allemande de football visant à libéraliser la vente centralisée des droits TV 536 . Cet accord permet à la ligue allemande de continuer de commercialiser les droits TV d’une manière centralisée sous la marque de la ligue mais garantit que les procédures appliquées sont ouvertes, transparentes et non discriminatoires. En particulier, la ligue s’est engagée à proposer des lots de droits dissociés, pour une durée n’excédant pas trois saisons 537 . c) La décision relative à la FA Premier League

Depuis sa création en 1992, la FA Premier League a vendu ses droits sur une base collective à un seul diffuseur, BskyB . La décision de la Commission européenne relative à l’exemption de l’accord conclu entre la FA Premier League et BskyB a renforcé de manière significative le monopole de ce diffuseur sur les droits du sport anglais 538 .

En juin 2001, la Commission européenne a ouvert d'office une enquête sur la vente en commun des droits médiatiques portant sur la Premier League britannique. Un an plus tard, la Premier League a notifié ses règles concernant la vente en commun des droits commerciaux sur son championnat, en demandant une attestation négative en application des règles de concurrence de l'Union européenne.

534 Voir également Olfers (2004), p. 69 ss. 535 Le Règlement 1/2003 est entré en vigueur le 1er mai 2004. L’art. 9 de ce règlement prévoit que « lorsque les entreprises concernées offrent des engagements de nature à répondre aux préoccupations dont la Commission les a informées dans son évaluation préliminaire, la Commission peut, par voie de décision, rendre ces engagements obligatoires pour les entreprises ». Il s’agit de la toute première décision de ce type adoptée par la Commission européenne. Voir également supra Partie V, Titre II, Chapitre I, II., D. 536 Commission européenne, 19.01.2005, Joint selling of the media rights to the German Bundesliga , aff. 37214. Comme le relève Toft (2005), p. 7, il ne s’agit pas d’une décision d’exemption mais d’engagement, conformément à l’art. 9 du Règlement 1/2003. 537 Commission européenne, communiqué de presse, IP/05/62. Voir également Parrish et Miettinen (2009), p. 15 et Torft (2006), p. 11. 538 Parrish et Miettinen (2009), p. 15. 175

En décembre 2002, la Commission européenne a envoyé une communication des griefs à la FA Premier League . Elle a mis en évidence des incompatibilités potentielles entre les accords relatifs à la vente collective des droits et l’article 101 TFUE 539 .

En décembre 2003, la FA Premier League a proposé un certain nombres d’amendements à sa politique de vente. Elle a en particulier pris les mesure suivantes :

- augmentation du nombre de matches diffusés en direct à la télévision britannique,

- vente des droits par lots, interdiction pour un diffuseur d’acheter l’intégralité des lots,

- séparation des droits britanniques et irlandais,

- accès facilité aux droits des téléphones portables et Internet,

- durée maximale des contrat fixée à trois ans,

- vente des droits selon une procédure transparente et non discriminatoire,

- possibilité pour les clubs d’exploiter les droits inutilisés ou inexploités 540 .

Sur la base de l’article 9 du règlement 1/2003, la Commission européenne a pris une décision le 22 mars 2006 rendant juridiquement contraignants les engagements de la FA Premier League relatifs à la vente des droits TV 541 .

C. La vente centralisée des produits sous licence

Phase 1 : L’association sportive qui a adopté la règle peut-elle être considérée comme une entreprise ou une association d’entreprises ?

Les fédérations sportives qui vendent ou chargent une entité indépendante de commercialiser les produits sous licence agissent comme des entreprises soumises aux règles de la concurrence.

Phase 2 : La règle en question restreint-elle la concurrence dans le sens prévu à l’article 101 paragraphe 1 TFUE ou constitue-t-elle un abus de position dominante ?

Le vente par un organe central et sur une base exclusive de produits à des sponsors fait obstacle à une vente individuelle de ces produits par les clubs. Il empêche toute concurrence entre les clubs au niveau de la cession des droits sur ces produits.

En l’absence d’accord de vente centralisée, chaque club serait libre de fixer les montants nécessaires pour avoir le droit de s’associer au produit et ces prix et conditions seraient déterminés indépendamment les uns des autres. Il est dès lors évident qu’une vente centralisée de ces produits constitue une restriction de la concurrence.

539 Pour plus de détails, voir Commission européenne, communiqué de presse, IP/02/1951. 540 Parrish et Miettinen (2009), p. 15. Voir également le communiqué de presse de la Commission européenne du 16 décembre 2003, IP/03/1748. 541 Commission européenne, 22.03.2006, Joint selling of the media rights to the FA Premier League , aff. 38173. Voir également le communiqué de presse de la Commission européenne du 22 mars 2006, IP/06/356. 176

Phase 3 : Le commerce entre les Etats membres s’en trouve-t-il affecté ?

La vente centralisée des produits sous licence est de nature à affecter le commerce entre les Etats membres puisqu’il s’agit d’une entente qui couvre plusieurs pays et qui implique la fixation de prix. Si les clubs et non pas la ligue fixaient les prix, il en résulterait des disparités qui inciteraient les clubs et sponsors à se lancer dans le commerce transfrontalier.

Phase 4 : Les conditions d’exemption prévues à l’article 101 paragraphe 3 TFUE sont-elles remplies ? a) La règle en question contribue-t-elle à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique ?

La vente centralisée des produits sous licence permet de créer un produit de qualité, indépendant des intérêts particuliers des clubs individuels. Elle améliore sensiblement la qualité et l’assortiment des produits distribués en regroupant les forces et reprenant les bonnes idées développées auparavant par les clubs individuellement. b) La règle en question réserve-t-elle aux utilisateurs une part équitable du profit qui en résulte ?

Les consommateurs tirent profit d’une telle mesure puisqu’elle leur permet d’avoir accès à de meilleurs produits, de plus grande qualité. c) La règle en question impose-elle aux entreprises intéressées des restrictions non indispensables pour atteindre ces objectifs ?

Les restrictions à la concurrence sont toutes indispensables à la commercialisation centralisée des produits sous licence.

Les fédérations sportives ont un intérêt légitime à créer un produit qui profite à toutes les parties prenantes et en particulier aux consommateurs, distinct des seuls intérêts individuels des clubs. d) La règle en question offre-t-elle aux entreprises intéressées la possibilité d’éliminer la concurrence ?

La vente centralisée des produits sous licence n’élimine pas la concurrence sur le marché dans la mesure où les sponsors potentiels disposent de plusieurs sources d’approvisionnement possibles.

D. La répartition des recettes découlant de la billetterie

Phase 1 : L’association sportive qui a adopté la règle peut-elle être considérée comme une entreprise ou une association d’entreprises ?

Les fédérations sportives qui prévoient un règlement obligeant ses membres à se répartir les recettes découlant de la billetterie agissent comme des associations d’entreprises.

177

Phase 2 : La règle en question restreint-elle la concurrence dans le sens prévu à l’article 101 paragraphe 1 TFUE ou constitue-t-elle un abus de position dominante ?

L’obligation pour le club recevant de verser une partie des recettes réalisées aux guichets est susceptible de restreindre la concurrence. Si une telle règle n’existait pas, les clubs les plus populaires pourraient réaliser des revenus supérieurs à certains de leurs concurrents et améliorer ainsi leur compétitivité.

Phase 3 : Le commerce entre les Etats membres s’en trouve-t-il affecté ?

L’adoption d’une telle règle affecte le commerce entre les Etats membres dans la mesure où elle a des effets sur l’ensemble du marché européen.

Phase 4 : Les conditions d’exemption prévues à l’article 101 paragraphe 3 TFUE sont-elles remplies ? a) La règle en question contribue-t-elle à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique ?

La répartition des recettes de la billetterie assure un certain équilibre de la compétition sportive et permet ainsi d’améliorer la qualité du produit offert, à savoir la manifestation sportive. b) La règle en question réserve-t-elle aux utilisateurs une part équitable du profit qui en résulte ?

Les consommateurs assisteront à des matches plus équilibrés et donc plus intéressants grâce à cette mesure qui a un impact très favorable sur l’équilibre de la compétition sportive. c) La règle en question impose-elle aux entreprises intéressées des restrictions non indispensables pour atteindre ces objectifs ?

La répartition des revenus liés à la billetterie respecte le principe de proportionnalité pour autant que la clé de répartition ne soit pas excessivement restrictive. Nous considérons qu’une répartition octroyant des revenus supérieurs au club recevant par rapport à l’équipe visiteuse respecte le principe de proportionnalité. d) La règle en question offre-t-elle aux entreprises intéressées la possibilité d’éliminer la concurrence ?

La concurrence sur le marché n’est pas remise en cause par l’adoption d’une telle mesure. Les clubs continuent à se livrer à une féroce concurrence en vue d’attirer un maximum de spectateurs à leurs matches.

E. Les indemnités de formation dans le système des transferts

Phase 1 : L’association sportive qui a adopté la règle peut-elle être considérée comme une entreprise ou une association d’entreprise ?

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La fédération sportive qui prévoit dans ses règlements le versement d’indemnités de formation lors d’un transfert de joueur doit être considérée comme une association d’entreprises. Ces membres exercent des activités économiques et l’application des articles 101 et 102 TFUE est donc justifiée.

Phase 2 : La règle en question restreint-elle la concurrence dans le sens prévu à l’article 101 paragraphe 1 TFUE ou constitue-t-elle un abus de position dominante ?

Les indemnités de promotion restreignent la concurrence dans la mesure où, comme le relève à juste titre l’Avocat général Lenz , il remplace le « (…) système normal de l’offre et de la demande par un mécanisme uniforme qui donne lieu à la préservation de la situation de concurrence existante 542 ».

En revanche, s’agissant spécifiquement des indemnités de formation qui nous occupent dans ce contexte, aucune restriction à la concurrence ne peut être retenue. Ses effets restrictifs sont inhérents à la poursuite des objectifs recherchés et respectent le principe de proportionnalité.

La deuxième phase du cadre d’analyse n’étant pas remplie, les indemnités de formation sont réputées ne pas contrevenir au droit européen de la concurrence et il est dès lors inutile de poursuivre plus avant l’analyse de la conformité au droit de la concurrence 543 .

F. La formation locale des joueurs

Phase 1 : L’association sportive qui a adopté la règle doit-elle être considérée comme une entreprise ou une association d’entreprises ?

Les fédérations sportives qui adoptent une telle règle agissent comme des associations d’entreprises, dont leurs membres exercent des activités économiques.

Phase 2 : La règle en question restreint-elle la concurrence dans le sens prévu à l’article 101 paragraphe 1 TFUE ou constitue-t-elle un abus de position dominante ?

Une règle sportive obligeant les clubs à aligner un certain nombre de joueurs formés localement est de nature à restreindre la concurrence. On limite en effet le système normal de l’offre et de la demande en empêchant les clubs de recruter les joueurs de leurs souhaits.

Phase 3 : Le commerce entre les Etats membres s’en trouve-t-il affecté ?

La règles des joueurs formés localement est de nature à affecter le commerce entre les Etats membres puisqu’il s’agit d’une mesure qui couvre plusieurs pays et qui implique la fixation de contingents de joueurs dans les équipes. Il en résulte une altération des activités économiques internationales.

Phase 4 : Les conditions d’exemption prévues à l’article 101 paragraphe 3 TFUE sont-elles remplies ?

542 Conclusions de l’Avocat général Lenz dans l’arrêt Bosman, pt 262. 543 Pour plus de détails sur la compatibilité du système des transferts avec le droit européen de la concurrence, voir notamment Egger et Stix-Hackl (2002), p. 81 ss. 179 a) La règle en question contribue-t-elle à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique ?

L’obligation d’aligner des joueurs formés localement assure un certain équilibre de la compétition sportive et permet ainsi d’améliorer la qualité du produit offert, à savoir la manifestation sportive. b) La règle en question réserve-t-elle aux utilisateurs une part équitable du profit qui en résulte ?

Les supporters profitent de la mise en place d’un tel instrument, qui leur permet de davantage s’identifier à leur équipe favorite en alignant des joueurs qui ont été formés au sein même du club ou au moins dans la fédération nationale. c) La règle en question impose-elle aux entreprises intéressées des restrictions non indispensables pour atteindre ces objectifs ?

Les restrictions à la concurrence engendrées par l’obligation d’aligner des joueurs ayant été formés localement sont toutes indispensables. Elles ne vont toutefois pas au-delà de ce qui est nécessaire en prévoyant que seul un certain nombre de joueurs, représentant moins d’un tiers de l’effectif total, doivent remplir les conditions de la « formation locale ».

Les fédérations sportives ont un intérêt légitime à introduire une telle règle, qui profite aussi bien aux consommateur finaux qu’aux clubs. d) La règle en question offre-t-elle aux entreprises intéressées la possibilité d’éliminer la concurrence ?

La concurrence sur le marché n’est pas remise en cause par l’adoption d’une telle mesure. Les clubs continuent en effet à se livrer à une féroce concurrence en vue d’engager les meilleurs joueurs.

G. La limitation des effectifs d’un club

Phase 1 : L’association sportive qui a adopté la règle doit-elle être considérée comme une entreprise ou une association d’entreprises ?

Les fédérations sportives qui adoptent une telle règle agissent comme des associations d’entreprises dont les membres exercent des activités économiques, si bien que l’application des articles 101 et 102 TFUE est justifiée.

Phase 2 : La règle en question restreint-elle la concurrence dans le sens prévu à l’article 101 paragraphe 1 TFUE ou constitue-t-elle un abus de position dominante ?

Une règle sportive limitant le nombre de joueurs qu’une équipe peut avoir sous contrat restreint la concurrence puisqu’elle empêche les clubs d’engager autant de joueurs qu’ils souhaiteraient. Cela engendre une limitation de l’offre et influe inévitablement sur le système normal de la concurrence.

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Phase 3 : Le commerce entre les Etats membres s’en trouve-t-il affecté ?

Une telle mesure est de nature à affecter le commerce entre les Etats membres puisqu’il s’agit d’une règle qui couvre plusieurs pays et qui implique la fixation d’une limitation du nombre de joueurs dans les équipes. Il en résulte une altération des activités économiques internationales.

Phase 4 : Les conditions d’exemption prévues à l’article 101 paragraphe 3 TFUE sont-elles remplies ? a) La règle en question contribue-t-elle à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique ?

Le fait de limiter le nombre de joueurs qu’une équipe peut avoir sous contrat est de nature à améliorer le produit offert, à savoir la manifestation sportive.

En raison de cette limitation, les clubs vont chercher les meilleurs athlètes professionnels et ne pas se contenter de bons joueurs amateurs. La qualité du spectacle offert n’en sera que meilleure. b) La règle en question réserve-t-elle aux utilisateurs une part équitable du profit qui en résulte ?

Les consommateurs tirent profit de l’augmentation de la qualité de la prestation offerte. En limitant le nombre de joueurs que chaque équipe peut engager, on s’assure d’embaucher les meilleurs et la qualité du spectacle ne peut qu’augmenter. c) La règle en question impose-elle aux entreprises intéressées des restrictions non indispensables pour atteindre ces objectifs ?

Cette restriction est indispensable pour atteindre les objectifs visés et respecte le principe de proportionnalité. d) La règle en question offre-t-elle aux entreprises intéressées la possibilité d’éliminer la concurrence ?

La concurrence sur le marché n’est pas remise en cause par l’adoption d’une telle mesure. Les clubs continuent à se livrer à une féroce concurrence en vue d’engager les meilleurs joueurs.

H. Le salary cap

Phase 1 : L’association sportive qui a adopté la règle doit-elle être considérée comme une entreprise ou une association d’entreprises ?

Les fédérations sportives qui adopteraient le système du salary cap agiraient comme des associations d’entreprises et seraient donc soumises aux règles de la concurrence.

Phase 2 : La règle en question restreint-elle la concurrence dans le sens prévu à l’article 101 paragraphe 1 TFUE ou constitue-t-elle un abus de position dominante ?

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Une règle sportive limitant le montant des revenus versés aux joueurs restreint la concurrence au sens de l’article 101 paragraphe 1 TFUE. Par ce moyen, on modifie en effet le système normal de l’offre et de la demande en empêchant les clubs de verser des salaires aussi élevés qu’ils le souhaiteraient et surtout, on fixe aux joueurs une limite supérieure du revenu auquel ils peuvent prétendre. Il s’agit ici clairement d’une restriction aux principes de la libre concurrence.

Phase 3 : Le commerce entre les Etats membres s’en trouve-t-il affecté ?

Le système du salary cap est de nature à affecter le commerce entre les Etats membres puisqu’il s’agit d’une règle qui couvre plusieurs pays et qui altère les activités économiques internationales.

Phase 4 : Les conditions d’exemption prévues à l’article 101 paragraphe 3 TFUE sont-elles remplies ? a) La règle en question contribue-t-elle à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique ?

Le fait de limiter la masse salariale de chaque club permet de réduire l’écart entre les clubs. Les clubs les plus riches ne disposent plus de la possibilité d’engager tous les meilleurs joueurs et d’ « acheter » en quelque sorte le succès.

Une telle mesure a donc un effet très positif sur l’équilibre de la compétition sportive et améliore sensiblement le produit offert, à savoir la manifestation sportive. b) La règle en question réserve-t-elle aux utilisateurs une part équitable du profit qui en résulte ?

Les supporters auront la chance d’assister à des matches plus équilibrés et donc plus intéressants grâce à l’introduction de cette mesure qui a un impact très favorable sur l’équilibre de la compétition sportive. c) La règle en question impose-elle aux entreprises intéressées des restrictions non indispensables pour atteindre ces objectifs ?

A ce stade, il convient de distinguer entre le soft salary cap et le hard salary cap 544 .

S’agissant du soft salary cap , nous sommes d’avis qu’il respecte le principe de proportionnalité mais déplorons le fait qu’il n’ait pas de réel impact sur l’équilibre de la compétition sportive. Les conditions d’exemption prévues à l’article 101 paragraphe 3 TFUE ne semblent donc pas remplies.

Pour ce qui est du hard salary cap , si son efficacité quant à l’amélioration de l’équilibre de la compétition sportive ne fait pas de doute, cette mesure ne semble en revanche pas respecter le principe de proportionnalité. Les restrictions imposées nous semblent excessives et ne peuvent donc pas non plus, à notre sens, bénéficier de l’exemption prévue à l’article 101 paragraphe 3 TFUE.

544 Voir infra Partie II, Titre II, Chapitre II, IV. 182

Il s’ensuit qu’à notre avis, le salary cap doit être considéré comme contraire au droit européen de la concurrence 545 .

I. Le système des licences aux clubs

Phase 1 : L’association sportive qui a adopté la règle doit-elle être considérée comme une entreprise ou une association d’entreprise ?

Les fédérations sportives qui adoptent le système des licences aux clubs agissent comme des associations d’entreprises et doivent dès lors être soumises aux articles 101 et 102 TFUE.

Phase 2 : La règle en question restreint-elle la concurrence dans le sens prévu à l’article 101 paragraphe 1 TFUE ou constitue-t-elle un abus de position dominante ?

Le système des licences aux clubs est susceptible de restreindre la concurrence au sens de l’article 101 paragraphe 1 TFUE. En exigeant le respect de certains critères, on empêche certains clubs d’accéder à un marché. A l’inverse, dans un « business » classique, l’accès au marché est en principe complètement libre : un commerçant ne dispose ainsi d’aucun moyen pour empêcher un important concurrent de s’installer dans le même village.

Phase 3 : Le commerce entre les Etats membres s’en trouve-t-il affecté ?

Le système des licences aux clubs est de nature à affecter le commerce entre les Etats membres puisqu’il s’agit d’une règle qui couvre plusieurs pays et qui altère les activités économiques internationales.

Phase 4 : Les conditions d’exemption prévues à l’article 101 paragraphe 3 TFUE sont-elles remplies ? a) La règle en question contribue-t-elle à améliorer la production ou la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique ?

Il est indéniable que les exigences découlant du système des licences aux clubs améliorent considérablement la qualité du spectacle. En forçant les clubs à respecter une certaine orthodoxie financière, on empêche des distorsions de concurrence entre les clubs puisque tous sont soumis aux mêmes règles.

A défaut d’un tel système au niveau européen, la compétition serait complètement biaisée. Des clubs en équilibre financier seraient opposés à des équipes massivement endettées en raison de l’acquisition des meilleurs joueurs du moment. Sur le plan sportif, il en résulterait un profond déséquilibre, à l’opposé de l’objectif recherché. b) La règle en question réserve-t-elle aux utilisateurs une part équitable du profit qui en résulte ?

545 Pour une analyse détaillée de la compatibilité du salary cap avec le droit européen de la concurrence, voir Heermann (2003), p. 125 ss. Voir également, sur cette problématique, Stopper (2003), p. 143 ss. 183

Les exigences prévues dans le système des licences poussent les clubs à améliorer leur offre, par exemple en ce qui concerne les infrastructures. Les supporters, en tant que consommateurs finaux, en sont les premiers bénéficiaires. c) La règle en question impose-elle aux entreprises intéressées des restrictions non indispensables pour atteindre ces objectifs ?

A l’heure actuelle, le système des licences aux clubs mis en place dans le monde du football ne va pas au-delà du strict nécessaire. Il prévoit des obligations pour les clubs en matière sportive, administrative, juridique, d’infrastructure et financière. Toutes ces exigences nous semblent respecter le principe de proportionnalité et visent à atteindre une amélioration du produit offert au consommateur final. d) La règle en question offre-t-elle aux entreprises intéressées la possibilité d’éliminer la concurrence ?

La concurrence sur le marché n’est pas remise en cause par l’adoption d’une telle mesure. Les règles sont les mêmes pour tous les clubs. A partir du moment où ils remplissent les exigences d’octroi de la licence, ils l’obtiennent, indépendamment de tout autre facteur. La concurrence entre les clubs est donc assurée.

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CONCLUSION

Au terme de cette étude, nous constatons que les défis auxquels doivent faire face les sports collectifs en Europe et en Amérique du Nord sont très semblables. On cherche en effet partout à garantir l’équilibre de la compétition sportive et à assurer la santé financière des clubs.

Les mesures mises en œuvre afin d’atteindre ces objectifs diffèrent en revanche selon les continents, essentiellement pour des questions de droit, mais également de culture. A titre illustratif, l’abandon du système de promotions et relégations au profit de ligues fermées serait complètement irréaliste en Europe, tant une telle mesure s’éloigne de sa culture sportive.

Paradoxalement, ce sont les Etats-Unis, le berceau du capitalisme et du libre marché, qui ont le plus réglementé le marché sportif, bien aidé en cela par le droit américain, qui accorde de larges exemptions en matière de droit de la concurrence appliqué au sport.

Il ne faut toutefois pas se méprendre : si le législateur ou les tribunaux américains ont permis aux ligues sportives professionnelles d’adopter des instruments de régulation, c’est bien parce qu’il est établi que le marché du sport nécessite une régulation. La situation en Europe après l’arrêt Bosman et la dérégulation qui s’en est suivie tend d’ailleurs à confirmer qu’une intervention du régulateur sportif est nécessaire dans le sport, marché incapable de s’autoréguler.

Il s’agit évidemment de trouver un équilibre. Le temps où le sport se croyait au-dessus les lois et où chacun régnait sur son propre royaume est heureusement révolu. Il est maintenant admis par tous, dirigeants de fédérations sportives y compris, que le droit ordinaire a un rôle à jouer dans la régulation du sport.

Le droit ordinaire doit notamment constituer une sorte de « garde-fou ». Il doit protéger l’ensemble des parties prenantes, y compris et surtout les joueurs. En ce sens, les dispositions relatives à la libre circulation des personnes remplissent parfaitement ce rôle. Selon notre analyse, elles ne s’opposent à pratiquement aucune de nos mesures susceptibles d’améliorer l’équilibre de la compétition sportive et la stabilité financière des clubs. Tout au plus empêchent-elles l’instauration du système de la « draft » qui serait de toute manière que difficilement compatible avec l’organisation du sport en Europe. S’agissant des clauses de renouvellement de contrat « américaines », ces dispositions s’y opposent et fonctionnent en cela comme une soupape de sûreté, tant un tel régime, notamment celui de la clause de réserve, n’a plus lieu d’être au XXIème Siècle.

La situation est en revanche différente en ce qui concerne l’autre grand domaine du droit européen qui s’applique à la règlementation sportive, le droit de la concurrence. Contrairement au régulateur américain, son homologue européen est pleinement soumis à ces règles et une application trop dogmatique des ces dispositions réduirait à néant ses efforts 546 . Il convient dès lors d’appliquer le droit de la concurrence de manière mesurée, en usant notamment de l’exemption prévue à l’article 101 paragraphe 3 TFUE. Comme nous l’avons brièvement relevé, il existe de sérieux arguments pouvant justifier de telles exemptions.

L’application du droit européen de la concurrence au sport constitue en tous les cas une question centrale qui aura un impact considérable sur le futur du sport professionnel. Nous

546 Dans le même sens, Foster, p. 86, qui estime que l’attitude des autorités compétentes en matière de compétition est décisive dans la protection de la spécificité sportive prévues dans les règlements européens. 185 espérons que cette étude puisse contribuer à la prise de conscience de la part des autorités compétentes de l’importance d’une application mesurée du droit européen de la concurrence. Il en va de la survie des sports collectifs professionnels en Europe sous leur forme actuelle.

En conclusion, nous avons souhaité « offrir » au lecteur une vue d’ensemble des questions traitées et de notre position à leur égard. Nous avons dès lors arrêté les dix-huit thèses suivantes :

Thèse I : Il faut instaurer un système de licences aux clubs et de fair-play financier

Incontestablement, le système des licences aux clubs constitue un instrument très utile pour les fédérations sportives. Il permet d’imposer toute une série d’exigences, notamment en relation avec le fair-play financier, qui forcent les clubs à adopter un comportement cohérent et raisonnable en matière de gestion financière.

Le système des licences aux club a donc un impact très positif sur la stabilité financière des clubs ainsi que l’équilibre de la compétition sportive, en empêchant les clubs de s’endetter massivement afin de recruter de nouveaux joueurs, ce qui créerait inévitablement un déséquilibre sportif avec les clubs se soumettant à une certaine discipline financière.

Thèse II : Il faut adopter des « fenêtres » pour les transferts de joueurs

Les fenêtres de transfert, ou périodes exclusives durant lesquelles un sportif peut changer de club, permettent d’éviter que les clubs se livrent des guerres en cours de saison afin d’engager le joueur en forme du moment, à coup de millions d’euros.

Un tel concept permet d’une part de garantir l’équité de la compétition sportive en empêchant les clubs d’acheter le succès à tout moment et d’autre part à sauvegarder leur stabilité financière en les privant d’engager des montants astronomiques à la suite d’une seule défaite.

Thèse III : Il faut verser des indemnités de formation lors de transferts de joueurs

Les indemnités de formation versées lors du transfert d’un joueur ont pour objectif de compenser les progrès que le club précédent a permis au joueur d’accomplir. Il s’agit d’une mesure tout à fait justifiée qui permet en outre d’améliorer l’équilibre de la compétition sportive, les « grands » clubs ne pouvant se contenter de piller les plus « petits », puisqu’ils doivent leur verser des indemnités.

Thèse IV : Il faut prévoir des périodes contractuelles minimales lors des transferts de joueurs

Dans le même ordre d’idée de ce qui prévaut sous notre thèse II, les périodes contractuelles minimales auxquelles sont astreints les joueurs permettent d’éviter que les clubs se livrent à une surenchère afin d’embaucher le joueur en forme du moment.

Cette mesure participe à un meilleur équilibre de la compétition sportive et contribue également à la stabilité financière des clubs.

Thèse V : Il ne faut pas prévoir des clauses de renouvellement de contrat « à l’américaine »

186

Par clauses de renouvellement de contrat « à l’américaine », nous entendons les clauses de réserve ou d’option qui lient les joueurs à un club pour de nombreuses années.

Si une telle mesure contribue certainement à un meilleur équilibre de la compétition sportive, en empêchant les clubs les plus riches d’acheter le succès en pillant leurs compétiteurs, elle est clairement trop restrictive du point de vue des joueurs. D’ailleurs, les règles relatives à la libre circulation des personnes en Europe s’y opposent et jouent à cet égard parfaitement leur rôle de soupape de sûreté.

Thèse VI : Il faut prévoir l’obligation pour les clubs d’aligner des joueurs formés localement

L’UEFA s’est montrée très inspirée dans l’élaboration du concept des joueurs formés localement et une telle règle mérite d’être exportée dans les autres fédérations de sport collectif.

Outre les objectifs de formation des jeunes, on cherche avec cet instrument à éviter que des clubs riches puissent s’attacher les services de tous les meilleurs joueurs, ce qui nuirait évidemment à l’équilibre de la compétition sportive. Les clubs les plus riches sont en mesure de proposer des salaires plus attractifs aux jeunes joueurs, qui sont tentés de quitter au plus tôt les clubs qui les ont formés, sans que ces derniers puissent « rentabiliser » leurs efforts de formation. Cette situation est de nature à menacer l’équilibre compétitif entre les clubs.

Thèse VII : Il faut limiter les effectifs des clubs

Logiquement, la limitation des effectifs des clubs part du postulat que la réduction du nombre de salariés devrait avoir un impact positif sur les finances des clubs.

Cette règle permet également de lutter contre une récente tendance des grands clubs de s’attacher les services de nombreux joueurs talentueux, pas forcément dans le but de les aligner sur le terrain mais plutôt dans l’optique d’empêcher d’autres clubs de les acquérir. Une telle pratique nuit évidemment à l’équilibre des compétitions sportives et, dans ce contexte, l’adoption d’une règle limitant le nombre de joueurs pouvant être sous contrat avec un club contribue à améliorer l’équilibre de la compétition sportive.

Thèse VIII : Il ne faut pas introduire une règle « 6+5 »

Outre des objectifs de formation et de renforcement des équipes nationales, une telle mesure agit sur l’équilibre de la compétition sportive en cherchant à réduire l’écart qui se creuse entre les « grands » clubs et les plus « petits ».

Si nous pouvons totalement adhérer aux objectifs poursuivis, tous légitimes, nous nous devons néanmoins de constater que cette règle contrevient clairement au droit européen, en particulier aux règles relatives à la libre circulation des personnes. Elle vise à rétablir la situation précédant l’arrêt Bosman en introduisant un système de quota de joueurs étrangers.

A l’origine de l’initiative, la FIFA a d’ailleurs compris que l’adoption d’une telle règle était irréaliste et a récemment abandonné ce projet.

Thèse IX : Il faut adopter une vente centralisée des droits TV 187

Il incombe à la ligue, et non aux clubs, de conclure les contrats avec les radiodiffuseurs. Les montants ainsi générés reviendront dès lors à la ligue qui se chargera des les redistribuer à l’ensemble des clubs, selon une clé de répartition préétablie.

La vente centralisée des droits TV permet une répartition équitable des recettes. Chaque club reçoit ainsi une « part du gâteau » et l’effet sur l’équilibre de la compétition sportive est très bénéfique. Cet instrument permet d’éviter que l’écart entre les plus petites équipes et les grands clubs prestigieux ne se creuse encore davantage. Si chaque club pouvait vendre individuellement ses propres droits TV, il se créerait d’énormes disparités entre les clubs en fonction de leur popularité et de leur notoriété et l’impact sur l’équilibre de la compétition sportive serait très négatif.

Thèse X : Il faut adopter une vente centralisée des produits sous licence

En Amérique du Nord, un système de vente centralisée des produits sous licence a été mis en œuvre et produit d’excellents résultats. Il s’agit de créer une entité qui se charge de vendre les droits des clubs à des entreprises souhaitant associer les marques et logos d’une équipe à ses produits. Les recettes qui découlent de ces ventes sont ensuite redistribuées entre les différentes équipes de la ligue, selon une clé de répartition à définir.

Comme dans la vente centralisée des droits TV, une telle mutualisation des revenus est propice à améliorer sensiblement l’équilibre de la compétition sportive.

Thèse XI : Il faut obliger les clubs à partager les recettes découlant de la billetterie

Certaines ligues nord-américaines ont adopté une règle selon laquelle les recettes découlant des entrées au match sont réparties entre les deux clubs et ne reviennent pas uniquement à l’équipe recevante. Il va de soi que les recettes ne doivent pas être équitablement partagées mais il convient d’accorder un certain pourcentage à l’équipe visiteuse.

Cette mesure permet une nette amélioration de l’équilibre de la compétition sportive en contraignant les clubs les plus prestigieux à faire preuve d’une certaine solidarité, dans l’intérêt bien compris du sport en général.

Thèse XII : Il ne faut pas introduire un système de « draft »

De notre point de vue, le système de la « draft » est un outil propre au modèle sportif nord- américain et difficile à mettre en œuvre en Europe déjà pour des raisons culturelles. En outre, conformément à notre analyse juridique, un tel instrument se heurterait aux dispositions protégeant la libre circulation des personnes en Europe.

Pour toutes ces raisons, nous préconisons de ne pas adopter une telle mesure en Europe.

Thèse XIII : Il ne faut pas introduire un système de salary cap

Le salary cap occupe depuis quelques années une place importante dans le débat sur la stabilité financière des clubs en Europe. Il s’agit d’une mesure introduite relativement récemment en Amérique du Nord et qui fait l’objet d’une forte contestation, souvent sous la forme de grèves de la part des joueurs. 188

Nous sommes d’avis que cette mesure, qui force les clubs à limiter leurs dépenses salariales, peut certes avoir un impact très favorable sur leur stabilité mais elle ne constitue pas pour autant la panacée. Le salary cap ne peut pas à lui seul résoudre l’ensemble des difficultés financières des clubs européens et se focaliser sur cette seule règle constituerait une erreur, a fortiori qu’elle est, selon notre analyse juridique, contraire au droit européen de la concurrence et non susceptible de remplir les conditions prévues pour bénéficier d’une exemption.

Nous renonçons dès lors à inclure cette mesure dans le catalogue des exigences que les fédérations sportives européennes devraient mettre en œuvre.

Thèse XIV : Il ne faut pas empêcher les clubs de distribuer les bénéfices

De prime abord, l’interdiction pour les clubs de distribuer leurs bénéfices paraît séduisante dans une optique de stabilité financière. Toutefois, à y regarder de plus près, on s’aperçoit qu’elle n’est pas très réaliste ni même souhaitable, pour différentes raisons.

D’une part, la grande majorité des clubs faisant désormais partie de groupe de sociétés, cette interdiction pourrait aisément être contournée. Il suffirait que d’autres sociétés du groupe se voient appliquer le droit commun des sociétés commerciales pour qu’elles puissent reverser sans problème des dividendes à leurs actionnaires.

D’autre part, nous ne sommes pas convaincus que l’interdiction pure et simple de la distribution de dividendes aux actionnaires soit dans l’intérêt bien compris du sport en général. L’interdiction de reverser aux actionnaires des dividendes aura inévitablement pour conséquence un fort ralentissement des investissements dans le club. Il en résultera alors très probablement de fâcheuses répercussions pour les centres de formation des jeunes joueurs, tant il est vrai qu’il est plus aisé vis-à-vis des supporters de réduire les prestations des équipes juniors plutôt que celle de l’équipe fanion.

Nous considérons donc que l’interdiction de la distribution des bénéfices constitue une « fausse bonne idée » et que son application aux clubs sportifs professionnels européens n’est pas souhaitable.

Thèse XV : Il ne faut pas interdire une participation majoritaire d’investisseurs

L’interdiction d’une participation majoritaire de tiers permettrait aux clubs de « garder la main » et d’éviter qu’ils soient dilués au milieu d’autres investisseurs, ce qui aurait évidemment un effet bénéfique sur leur stabilité.

Une telle règle semble toutefois se heurter de manière frontale au droit européen, en particulier à la libre circulation des capitaux, et nous conseillons dès lors aux fédérations sportives de ne pas introduire une telle mesure.

Thèse XVI : Il ne faut pas interdire les clubs d’entrer en bourse

L’entrée en bourse engendre des coûts conséquents pour les clubs et l’expérience tend à démontrer que leur cotation a rarement eu les effets escomptés. Plusieurs clubs sont d’ailleurs 189 délibérément sortis de bourse et l’idée consisterait à prévenir les « erreurs » futures de club qui souhaiteraient s’y engager en interdisant purement et simplement leur cotation en bourse.

Nous nous opposons à une telle mesure. Tout d’abord, une interdiction généralisée priverait certains clubs, il en existe, d’une source de revenus. En outre, une telle mesure serait clairement contraire à la libre circulation des capitaux, ce qui a été confirmé lors d’une procédure en manquement à l’encontre de la France.

Dans ces conditions, nous préconisons de ne pas adopter une telle règle, beaucoup trop restrictive.

Thèse XVII : Il faut instaurer une formation pour les dirigeants de club

Il est dans l’intérêt du sport en général de disposer de personnes compétentes à la direction des clubs, ayant reçu une formation adaptée à leurs tâches quotidiennes. Un club dirigé de manière compétente et professionnelle verra en effet inévitablement croître sa stabilité.

Nous sommes donc très favorables à l’introduction d’une telle mesure, qui pourrait être incorporée comme une exigence supplémentaire 547 dans le système des licences aux clubs.

Thèse XVIII : Il est inutile d’introduire une « société sportive européenne »

Il nous semble irréaliste de mettre en place une structure de propriété particulière qui s’imposerait à toute l’Europe, telle une « société sportive européenne ». Dans la mesure où il n’existe aucun modèle de propriété spécifique qui l’emporte sur les autres, l’accent devrait plutôt être mis sur l’incitation à des principes de saine gestion financière et de transparence au sein des clubs, quelle que soit leur forme juridique.

Une harmonisation de l’imposition fiscale des clubs en Europe aurait en outre un impact beaucoup plus important sur la stabilité financière des clubs et l’équilibre de la compétition sportive qu’une simple harmonisation de l’ « habit juridique ». Il s’agit toutefois de considérations qui sortent du cadre de notre analyse mais qui mériteraient qu’on y prête la plus grande attention dans le futur.

Nous considérons dès lors que l’adoption d’une « société sportive européenne » serait inutile et renonçons ainsi à inclure une telle exigence dans le catalogue des mesures que les fédérations sportives devraient mettre en œuvre en Europe.

547 Il faut en effet relever que des critères relatifs à la formation de certaines personnes importantes au sein de l’organisation du club ont déjà été adoptés. Voir en particulier les art. 27 ss du Règlement sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier relatifs aux critères administratifs et liés au personnel, notamment l’art. 29 qui concerne le responsable financier du club. 190

Au vu de ce qui précède, nous suggérons que les fédérations sportives actives en Europe mettent en place, pour autant qu’elle ne l’aient pas encore fait, les dix mesures suivantes :

1) Un système de licences aux clubs

2) Des « fenêtres » pour les transferts de joueurs

3) Des indemnités de formation lors des transferts de joueurs

4) Des périodes contractuelles minimales lors des transferts de joueurs

5) Le concept de « joueurs formés localement »

6) Une limitation des effectifs des clubs

7) La vente centralisée des droits TV

8) La vente centralisée des produits sous licence

9) La répartition des recettes découlant de la billetterie

10) Une formation pour les dirigeants de club

Nous sommes convaincus que l’adoption de l’ensemble de ses mesures pourrait sensiblement améliorer la situation des clubs européens. Comme relevé en introduction, la solution « miracle » n’existe pas mais la conjonction de ses divers instruments, de notre point de vue tous conformes au droit, devrait assurer la viabilité de l’ensemble des sports collectifs européens.

191

ANNEXE

Extraits du Règlement de l’UEFA sur l’octroi des licences aux clubs et le fair-play financier (Edition 2010)

(…)

V. CRITÈRES FINANCIERS

Article 46 – Entité présentant les états financiers et périmètre de reporting

1 Le candidat à la licence doit fournir au bailleur de licence la structure juridique du groupe (par exemple, représentée sous la forme d’un organigramme) dûment approuvée par la direction.

2 Ce document doit inclure des informations sur toute filiale, toute entité associée et toute entité exerçant un contrôle, jusqu’au niveau de la société mère ultime et de la partie exerçant le contrôle ultime. Toutes les filiales et les entités associées de cette société mère ultime doivent également être mentionnées.

3 La structure juridique du groupe doit identifier clairement l’entité qui est membre de l’association membre de l’UEFA et mentionner également les informations suivantes pour chaque filiale du candidat à la licence : a) nom de l’entité juridique ; b) type d’entité juridique ; c) informations sur les activités principales et sur toutes les activités liées au football ; d) quote-part d’intérêt dans le capital (et, si celle-ci est différente, quote-part des droits de vote détenus) ; e) capital social ; f) total de l’actif ; g) total des revenus ; h) total des capitaux propres.

4 Le candidat à la licence détermine le périmètre de reporting, c’est-à-dire l’entité ou le regroupement d’entités pour laquelle/lesquelles les informations financières doivent être fournies (par exemple, pour une entité unique, états financiers consolidés ou cumulés) conformément à l’annexe VII, section B.

5 L’intégralité de la rémunération versée aux joueurs en vertu d’obligations contractuelles ou légales, l’ensemble des frais/produits résultant de l’acquisition/la sortie d’inscriptions de joueur et l’ensemble des revenus provenant des recettes de billetterie sont comptabilisés dans les livres d’une des entités incluses dans le périmètre de reporting.

Article 47 – Etats financiers annuels

1 Les états financiers annuels à la date de clôture statutaire précédant la date limite fixée pour la soumission de la candidature au bailleur de licence et la date limite de soumission à l’UEFA de la liste des décisions relatives à la licence doivent être préparés et soumis au bailleur de licence.

2 Les états financiers annuels doivent être audités par un auditeur indépendant tel que défini à l’annexe V.

3 Les états financiers annuels doivent comprendre : a) un bilan ; b) un compte de résultat ; 192 c) un tableau des flux de trésorerie ; d) une annexe aux états financiers annuels, comprenant un résumé des principales méthodes comptables ainsi que d’autres notes explicatives ; et e) un rapport financier de la direction.

4 Les états financiers annuels doivent satisfaire aux exigences minimales en matière de présentation mentionnées à l’annexe VI et aux principes comptables figurant à l’annexe VII. Les chiffres correspondants relatifs à la date de clôture statutaire précédente doivent être fournis.

5 Si les états financiers ne satisfont pas aux exigences minimales en termes de présentation et de principes comptables mentionnées à l’alinéa 4 ci-dessus, le candidat à la licence doit fournir des informations complémentaires en vue de satisfaire à ces exigences minimales, informations qui devront être évaluées par un auditeur indépendant tel que défini à l’annexe V.

Article 48 – Etats financiers pour la période intermédiaire

1 Si la date de clôture statutaire du candidat à la licence précède de plus de six mois la date limite fixée pour la soumission à l’UEFA de la liste des décisions relatives à la licence, le candidat à la licence doit établir et soumettre des états financiers supplémentaires, couvrant la période intermédiaire.

2 La période intermédiaire débute le lendemain de la date de clôture statutaire et s’achève à une date précédant de moins de six mois la date limite fixée pour la soumission à l'UEFA de la liste des décisions relatives à la licence.

3 Les états financiers intermédiaires doivent être soumis à un examen limité ou audités par un auditeur indépendant tel que défini à l’annexe V.

4 Les états financiers intermédiaires doivent comprendre : a) un bilan arrêté à la fin de la période intermédiaire et un bilan comparatif arrêté à la fin de l’exercice complet précédent ; b) un compte de résultat pour la période intermédiaire et un compte de résultat comparatif pour la même période de l’exercice précédent ; c) un tableau des flux de trésorerie pour la période intermédiaire, accompagné d’un état comparatif pour la même période de l’exercice précédent ; d) des notes explicatives spécifiques.

5 Si le candidat à la licence n’était pas tenu d’établir des états financiers intermédiaires pour la même période de l’exercice précédent, les chiffres correspondants peuvent se référer aux chiffres des états financiers de l’avant-dernier exercice complet.

6 Les états financiers intermédiaires doivent satisfaire aux exigences minimales en matière de présentation mentionnées à l’annexe VI. Des postes ou notes supplémentaires doivent être ajoutés au cas où leur omission rendrait trompeurs les états financiers intermédiaires.

7 Les états financiers intermédiaires doivent suivre les mêmes méthodes comptables que celles utilisées pour la préparation des états financiers annuels, sous réserve de changements de méthodes comptables intervenus après la date des derniers états financiers établis pour un exercice complet, lesquels s’appliqueront aux états financiers de l’exercice suivant. Dans ce cas, des informations à ce sujet doivent être communiquées dans les états financiers intermédiaires.

8 Si les états financiers intermédiaires ne satisfont pas aux exigences minimales en termes de présentation et de principes comptables telles que définies aux alinéas 6 et 7 ci-dessus, le candidat à la licence doit fournir des informations complémentaires en vue de satisfaire à ces exigences minimales, informations qui doivent être évaluées par un auditeur indépendant tel que défini à l’annexe V. 193

Article 49 – Absence d’arriérés de paiement envers des clubs de football

1 Le candidat à la licence doit apporter la preuve qu’au 31 mars précédant la saison de licence il n'a aucun arriéré de paiement (au sens de l'annexe VIII) résultant d’activités de transfert intervenues avant le 31 décembre de l’année précédente.

2 Les dettes sont les montants dus à des clubs de football résultant d'activités de transfert. Elles comprennent les indemnités de formation et les contributions de solidarité telles qu'elles sont définies par le Règlement du Statut et du Transfert des Joueurs de la FIFA ainsi que tout montant dû sous réserve de certaines conditions.

3 Le candidat à la licence doit préparer et soumettre au bailleur de licence un tableau des dettes de transfert, sauf si ces informations ont déjà été communiquées au bailleur de licence en vertu des règlements nationaux existants en matière de transferts (par exemple, le système national de compensation). Ce tableau doit être établi même si aucun transfert/prêt n’est intervenu durant la période correspondante.

4 Le candidat à la licence doit communiquer toutes les activités de transfert (y compris les prêts) entreprises jusqu’à la date du 31 décembre, indépendamment du fait qu’un montant reste dû ou non à cette date. En outre, il doit communiquer tous les transferts faisant l’objet d’une procédure auprès de l’autorité compétente conformément au droit national, auprès d’une instance nationale ou internationale du football ou devant un tribunal arbitral compétent.

5 Le tableau des dettes de transfert doit contenir les informations minimales suivantes concernant tout transfert de joueurs, y compris les prêts : a) joueur (identification à l’aide du nom ou du numéro) ; b) date du contrat de transfert/prêt ; c) nom du club de football qui détenait antérieurement l’inscription ; d) montant du transfert (ou du prêt) payé et/ou à payer (y compris les indemnités de formation et les contributions de solidarité) ; e) autres coûts directs relatifs à l’acquisition d’inscriptions de joueurs payés et/ou à payer ; f) montant réglé et date de paiement ; g) solde relatif à chaque transfert de joueur dû au 31 décembre, y compris l’échéance pour chaque élément non payé ; h) toute dette au 31 mars (mise à jour du solde du 31 décembre), y compris l'échéance pour chaque élément non payé, ainsi qu’un commentaire explicatif; et i) montants conditionnels (passifs éventuels) non encore intégrés au bilan au 31 décembre.

6 Le candidat à la licence doit réconcilier le solde débiteur total issu du tableau des dettes de transfert avec le chiffre figurant au bilan au poste «Dettes résultant de transferts de joueurs» (s’il y a lieu) ou des pièces comptables sous-jacentes. Il est tenu de mentionner sur ce tableau l'ensemble des éléments dus, même si le créancier n'en a pas réclamé le paiement.

7 Le tableau des dettes de transfert doit être approuvé par la direction, une brève déclaration signée au nom de l’organe exécutif du candidat à la licence devant attester cette approbation.

Article 50 – Absence d’arriérés de paiement envers le personnel et les administrations sociales ou fiscales

1 Le candidat à la licence doit apporter la preuve qu’au 31 mars précédant la saison de licence, il n’a aucun arriéré de paiement (au sens de l’annexe VIII) envers son personnel et les administrations sociales ou fiscales résultant d’obligations contractuelles ou légales envers son personnel antérieures au 31 décembre de l’année précédente. 194

2 Les dettes sont les montants dus au personnel et aux administrations sociales ou fiscales qui résultent d'obligations contractuelles ou légales envers le personnel. Les dettes envers des personnes qui, pour diverses raisons, ne sont plus employées par le candidat à la licence relèvent de ce critère et doivent être réglées au cours de la période prévue dans le contrat et/ou prescrite par la loi, quelle que soit la manière dont ces dettes sont comptabilisées dans les états financiers.

3 Le terme «personnel» comprend les personnes suivantes : a) tous les joueurs professionnels aux termes du Règlement du Statut et du Transfert des Joueurs de la FIFA applicable, et b) les employés dans les domaines administratif, technique, médical et de la sécurité mentionnés aux articles 28 à 33 et 35 à 39.

4 Le candidat à la licence doit établir un état recensant tout le personnel à un moment quelconque au cours de l’année close le 31 décembre précédant la saison de licence, et non pas uniquement celui restant employé à la fin de l’année. Cet état doit être soumis au bailleur de licence.

5 Pour chaque employé, les informations minimales suivantes doivent être données : a) nom de l’employé ; b) fonction de l’employé ; c) date d’arrivée ; d) date de départ (s’il y a lieu) ; e) solde dû au 31 décembre, y compris l’échéance pour chaque élément non payé ; et f) toute dette au 31 mars (mise à jour du solde du 31 décembre), y compris l'échéance pour chaque élément non payé, ainsi qu’un commentaire explicatif.

6 L’état relatif au personnel doit être approuvé par la direction, une brève déclaration signée au nom de l’organe exécutif du candidat à la licence devant attester cette approbation.

7 Le candidat à la licence doit réconcilier le solde débiteur total issu de l’état relatif au personnel avec le chiffre figurant au bilan au poste «Dettes envers les employés» (s’il y a lieu) ou des pièces comptables sous-jacentes.

8 Le candidat à la licence doit soumettre à l’auditeur et/ou au bailleur de licence les documents justificatifs nécessaires indiquant (s’il y a lieu) le montant des dettes aux administrations sociales ou fiscales compétentes au 31 décembre de l'année précédant la saison de licence en vertu de ses obligations contractuelles et légales à l’égard de son personnel, ainsi que tout élément dû au 31 mars (mise à jour du solde du 31 décembre).

Article 51 – Lettre d’affirmation préalable à la décision d’octroi de licence

1 Dans les sept jours précédant le début de la période au cours de laquelle la décision d’octroi de licence doit être prise par l’Organe de première instance, le candidat à la licence doit rédiger une lettre d’affirmation à l’attention du bailleur de licence.

2 La lettre d’affirmation doit préciser si des événements ou conditions de grande importance économique, susceptibles d’affecter négativement la situation financière du candidat à la licence, sont intervenus depuis la date de clôture des précédents états financiers audités ou des précédents états financiers intermédiaires soumis à un examen limité (s’il y a lieu).

3 Si des événements ou conditions de grande importance économique sont intervenus, la lettre d’affirmation de la direction doit comprendre une description de la nature de ces événements ou 195 conditions ainsi qu’une estimation de leurs incidences financières ou l’indication qu’une telle estimation ne peut être faite.

4 L’accord de la direction doit être attesté par une signature au nom de l’organe exécutif du candidat à la licence.

Article 52 – Informations financières prévisionnelles

1 Le candidat à la licence doit préparer et soumettre des informations financières prévisionnelles afin de démontrer au bailleur de licence sa capacité à poursuivre l’exploitation jusqu’à la fin de la saison de licence s’il a franchi l’un des indicateurs définis à l’alinéa 2 ci-dessous.

2 Si le candidat à la licence réalise l’une des conditions décrites par les indicateurs 1 et 2, il est réputé avoir franchi l'indicateur correspondant: a) Indicateur 1 : poursuite de l’exploitation

Le rapport de l’auditeur sur les états financiers annuels ou intermédiaires, soumis conformément aux articles 47 et 48, comporte un paragraphe d’observation ou exprime une opinion/conclusion avec réserve en ce qui concerne la capacité à poursuivre l’exploitation. b) Indicateur 2 : fonds propres négatifs

Les états financiers annuels (y compris, si nécessaire, les informations complémentaires) soumis conformément à l’article 47 révèlent la détérioration du passif net par rapport au chiffre correspondant figurant dans les états financiers de l’année précédente, ou les états financiers intermédiaires (y compris, si nécessaire, les informations complémentaires) soumis conformément à l’article 48 révèlent la détérioration du passif net par rapport au chiffre correspondant à la précédente date de clôture statutaire.

3 Les informations financières prévisionnelles doivent couvrir la période commençant immédiatement après la plus récente des deux dates suivantes : soit la date de clôture statutaire des états financiers annuels, soit, s’il y a lieu, la date de clôture des états financiers intermédiaires; les informations financières prévisionnelles doivent couvrir l’ensemble de la saison de licence.

4 Les informations financières prévisionnelles comprennent les éléments suivants : a) compte de résultat budgété et chiffres correspondants de l’exercice précédent et de la période intermédiaire (s’il y a lieu) ; b) tableau des flux de trésorerie budgété et chiffres correspondants de l’exercice précédent et de la période intermédiaire (s’il y a lieu) ; c) des notes explicatives, notamment une brève description de chacune des hypothèses significatives (avec référence aux aspects pertinents des informations financières historiques et autres) retenues pour la préparation du compte de résultat et du tableau des flux de trésorerie budgétés, ainsi qu’une brève description des principaux risques susceptibles d’affecter les résultats financiers futurs.

5 Les informations financières prévisionnelles doivent être préparées, au minimum, sur une base trimestrielle.

6 Les informations financières prévisionnelles doivent être préparées sur une base cohérente avec les états financiers annuels audités et suivre les mêmes méthodes comptables que celles utilisées pour la préparation des états financiers annuels, sous réserve de changements de méthodes comptables intervenus après la date des derniers états financiers établis pour un exercice complet, lesquels s’appliqueront aux états financiers de l’exercice suivant. Dans ce cas, des informations à ce sujet doivent être communiquées. 196

7 Les informations financières prévisionnelles doivent satisfaire aux exigences minimales en matière de présentation mentionnées à l’annexe VI. Des postes ou notes supplémentaires doivent être ajoutés s’ils apportent des clarifications ou si leur omission devait rendre les informations financières prévisionnelles trompeuses.

8 Les informations financières prévisionnelles, ainsi que les hypothèses sur lesquelles elles reposent, doivent être approuvées par la direction, une brève déclaration signée au nom de l’organe exécutif de l’entité présentant les états financiers devant attester cette approbation.

Section III. Surveillance des clubs

Chapitre 1: Droits, tâches et responsabilités de toutes les parties impliquées

Article 53 – Responsabilités du Panel de contrôle financier des clubs

1 Le Panel de contrôle financier des clubs : a) sélectionne, réalise et/ou décide de la réalisation des audits de conformité tels que définis à l’article 71 ; b) dirige la procédure de surveillance des clubs telle que définie à l’article 54 et évalue en particulier les informations préparées par le bénéficiaire de la licence et soumises au bailleur de licence, juge si elles sont appropriées, et détermine si toutes les exigences liées à la surveillance ont été remplies et, le cas échéant, quelles informations complémentaires sont nécessaires ; c) s’acquitte de toutes les autres tâches spécifiées dans les articles correspondants du Règlement d’organisation de l’UEFA .

2 Dans le cadre de ses responsabilités, le Panel de contrôle financier des clubs assure l’égalité de traitement de tous les bénéficiaires de la licence et garantit le strict respect de la confidentialité concernant toutes les informations fournies.

3 Le Panel de contrôle financier des clubs doit constamment garder à l’esprit les objectifs généraux du présent règlement, en particulier afin de déjouer toute tentative visant à les contourner.

Article 54 – Procédure de surveillance

1 La procédure de surveillance commence au moment de la soumission par le bailleur de licence de la liste des décisions relatives à la licence à l’Administration de l’UEFA et s’achève à la fin de la saison de licence.

2 Cette procédure comprend au minimum les étapes clés suivantes : a) transmission de la documentation relative à la surveillance au bénéficiaire de la licence et au bailleur de licence ; b) renvoi par le bénéficiaire de la licence de la documentation relative à la surveillance dûment complétée au bailleur de licence ; c) évaluation et confirmation de l’exhaustivité des documents de chaque bénéficiaire de la licence par le bailleur de licence ; d) soumission de la documentation validée par le bailleur de licence au Panel de contrôle financier des clubs ; e) évaluation de la documentation par le Panel de contrôle financier des clubs ; f) si nécessaire, demande d’informations supplémentaires par le Panel de contrôle financier des clubs ; g) décision du Panel de contrôle financier des clubs comme prévu dans les dispositions correspondantes du Règlement d’organisation de l’UEFA .

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3 Les échéances pour chacune des étapes de la procédure ci-dessus sont communiquées aux bailleurs de licence en temps utile par l’Administration de l’UEFA.

Article 55 – Responsabilités du bailleur de licence

1 Le bailleur de licence doit : a) communiquer les délais de la procédure de surveillance au bénéficiaire de la licence ; b) collaborer avec le Panel de contrôle financier des clubs en relation avec ses demandes et ses questions ; c) garantir et confirmer, au minimum, au Panel de contrôle financier des clubs, conformément à l’annexe IX G, que toutes les informations relatives à l’équilibre financier soumises par le bénéficiaire de la licence sont complètes et correspondent aux informations soumises préalablement dans le cadre de la procédure d’octroi de licence ; d) évaluer et confirmer au Panel de contrôle financier des clubs que l’entité/les entités présentant les états financiers est/sont la/les même(s) que celle(s) qui a/ont rempli les critères d’octroi de licence et qu’elle(s) se prête(nt) à la surveillance des clubs ; e) communiquer au Panel de contrôle financier des clubs toute information pertinente soumise par le bénéficiaire de la licence en rapport avec les exigences liées à la surveillance des clubs et tout événement survenu après la décision d’octroi de licence qui représente un changement important par rapport aux informations communiquées antérieurement par le bénéficiaire de la licence.

2 Dans le cadre de ses responsabilités, le bailleur de licence assure l’égalité de traitement et garantit le strict respect de la confidentialité concernant toutes les informations fournies.

Article 56 – Responsabilités du bénéficiaire de la licence

Le bénéficiaire de la licence doit : a) collaborer avec le bailleur de licence et le Panel de contrôle financier des clubs en relation avec leurs demandes et leurs questions ; b) fournir au bailleur de licence et au Panel de contrôle financier des clubs toutes les informations nécessaires et/ou tous les documents pertinents afin de démontrer pleinement que les exigences liées à la surveillance sont remplies, ainsi que tout autre document requis et considéré comme pertinent pour la prise de décision en matière de surveillance des clubs (l’entité présentant les états financiers ou le regroupement d’entités pour laquelle/lequel des informations doivent sont requises doit être la/le même que pour l’octroi de licence aux clubs) ; c) informer par écrit dans les meilleurs délais le bailleur de licence de tout événement ultérieur qui représente un changement important par rapport aux informations qui lui ont été communiquées.

Chapitre 2: Exigences liées à la surveillance

Article 57 – Champ d’application et exemptions

1 Tous les bénéficiaires de la licence qui se sont qualifiés pour une compétition interclubs de l’UEFA doivent remplir les exigences liées à la surveillance, c’est-à- dire l’exigence relative à l’équilibre financier (articles 58 à 63) et les autres exigences liées à la surveillance (articles 64 à 68).

2 Les clubs suivants sont exemptés de l’exigence relative à l’équilibre financier : a) tout club qui se qualifie pour une compétition interclubs de l’UEFA sur la base de ses performances sportives et bénéficie d’une autorisation spéciale au sens de l’article 15 ; b) tout bénéficiaire de la licence qui apporte la preuve que ses revenus déterminants et ses dépenses déterminantes (au sens de l’article 58) sont inférieurs à EUR 5 millions pour chacune des deux périodes de reporting s’achevant lors des deux années précédant le début des compétitions interclubs 198 de l’UEFA. Ces exemptions sont prononcées par le Panel de contrôle financier des clubs et ont un caractère définitif.

3 Si les états financiers annuels d’un bénéficiaire de la licence sont libellés dans une monnaie autre que l’euro, la décision portant sur l’exemption ou non de l’exigence relative à l’équilibre financier sera prise sur la base de la conversion des montants correspondants en euros au taux de change moyen en vigueur lors de la période de reporting, tel que publié par la Banque centrale européenne.

4 Si la période de reporting des états financiers annuels est supérieure ou inférieure à 12 mois, le seuil de EUR 5 millions (revenus déterminants/dépenses déterminantes) est ajusté à la hausse ou à la baisse en fonction de la durée de la période concernée. Ce seuil adapté est ensuite comparé aux revenus déterminants et aux dépenses déterminantes du bénéficiaire de la licence.

I. EXIGENCE RELATIVE À L’ÉQUILIBRE FINANCIER

Article 58 – Notion de revenus déterminants et de dépenses déterminantes

1 Les revenus déterminants sont définis comme les revenus provenant des recettes de billetterie, des droits de diffusion, du sponsoring et de la publicité, des activités commerciales et des autres revenus d'exploitation, plus soit le profit soit les revenus résultant de la sortie d'inscriptions de joueurs, l’excédent résultant de la cession d’immobilisations corporelles et les revenus financiers. Ils ne comprennent pas les éléments non monétaires ni certains revenus provenant des opérations non footballistiques.

2 Les dépenses déterminantes sont définies comme les coûts de vente, les prestations en faveur du personnel et les autres frais d’exploitation, plus soit l’amortissement soit les coûts d’acquisition d’inscriptions de joueurs, les charges financières et les dividendes. Elles ne comprennent pas la dépréciation/perte de valeur des immobilisations corporelles, l’amortissement/la perte de valeur sur les immobilisations incorporelles (autres que les inscriptions de joueurs), les dépenses relatives à des activités de développement du secteur junior et de la collectivité, les autres éléments non monétaires, les charges financières directement attribuables à la construction d’immobilisations corporelles, les charges fiscales ni certaines dépenses liées aux opérations non footballistiques.

3 Les revenus déterminants et les dépenses déterminantes doivent être calculés et réconciliés par le bénéficiaire de la licence avec les états financiers annuels et/ou des pièces comptables sous-jacentes, c’est-à-dire des informations financières historiques, courantes ou prévisionnelles, selon le cas.

4 Les revenus déterminants et les dépenses déterminantes de parties liées doivent être ajustés afin de refléter la juste valeur des transactions correspondantes.

5 Les revenus déterminants et les dépenses déterminantes sont définis plus en détails dans l’annexe X.

Article 59 – Notion de période de surveillance

1 Une période de surveillance est la période au cours de laquelle un bénéficiaire de la licence est évalué dans le cadre de l’exigence relative à l’équilibre financier. En principe, elle couvre les trois périodes de reporting suivantes : a) la période de reporting s'achevant lors de l'année civile au cours de laquelle les compétitions interclubs de l'UEFA commencent (ci-après: «période de reporting T») ; b) la période de reporting s'achevant lors de l'année civile précédant celle au cours de laquelle la saison des compétitions interclubs de l'UEFA commence (ci-après: «période de reporting T-1»); et c) la période de reporting précédant la période de reporting T-1 (ci-après: « période de reporting T-2 »).

199

Par exemple, la période de surveillance évaluée lors de la saison de licence 2015/16 couvre les périodes de reporting s’achevant en 2015 (période de reporting T), en 2014 (période de reporting T-1) et en 2013 (période de reporting T-2).

2 A titre d’exception à ce principe, la première période de surveillance, évaluée lors de la saison de licence 2013/14, couvre uniquement deux périodes de reporting, celles s’achevant en 2013 (période de reporting T) et en 2012 (période de reporting T-1).

Article 60 – Notion de résultat relatif à l’équilibre financier

1 La différence entre les revenus déterminants et les dépenses déterminantes donne le résultat relatif à l’équilibre financier, qui doit être calculé conformément à l’annexe X pour chaque période de reporting.

2 Si les dépenses déterminantes d’un bénéficiaire de la licence sont inférieures à ses revenus déterminants pour une période de reporting donnée, le club dispose d’un résultat relatif à l’équilibre financier excédentaire. Au contraire, si les dépenses déterminantes d’un bénéficiaire de la licence sont supérieures à ses revenus déterminants pour une période de reporting donnée, le club dispose d’un résultat relatif à l’équilibre financier déficitaire.

3 Si les états financiers d’un bénéficiaire de la licence sont libellés dans une monnaie autre que l’euro, le résultat relatif à l’équilibre financier doit être converti en euros au taux de change moyen en vigueur lors de la période de reporting, tel que publié par la Banque centrale européenne.

4 Le résultat global relatif à l’équilibre financier est la somme des résultats de l’équilibre financier pour chaque période de reporting couverte par la période de surveillance (c.-à-d. les périodes de reporting T, T-1 et T-2).

5 Si le résultat global relatif à l’équilibre financier est positif (c’est-à-dire égal ou supérieur à zéro), le bénéficiaire de la licence présente un résultat global relatif à l’équilibre financier excédentaire pour la période de surveillance. Au contraire, si le résultat global relatif à l’équilibre financier est négatif (inférieur à zéro), le bénéficiaire de la licence présente un résultat global relatif à l’équilibre financier déficitaire pour la période de surveillance.

6 En cas de résultat global relatif à l’équilibre financier déficitaire pour la période de surveillance, le bénéficiaire de la licence peut prouver que le déficit global est réduit par un excédent (éventuel) résultant de la somme des résultats de l'équilibre financier des deux périodes de reporting précédant T- 2, à savoir T-3 et T-4.

Article 61 – Notion d’écart acceptable

1 L’écart acceptable est le résultat global relatif à l’équilibre financier déficitaire maximum qu’un club peut présenter sans violer l’exigence relative à l’équilibre financier définie à l’article 63.

2 Cet écart acceptable s'élève à EUR 5 millions. Il peut cependant dépasser ce seuil jusqu’à hauteur des montants suivants si ce dépassement est entièrement couvert par des contributions d’actionnaires et/ou de parties liées : a) EUR 45 millions pour la période de surveillance évaluée au cours des saisons de licence 2013/14 et 2014/15; b) EUR 30 millions pour la période de surveillance évaluée au cours des saisons de licence 2015/16, 2016/17 et 2017/18; c) un montant inférieur tel que décidé en temps utile par le Comité exécutif de l’UEFA pour les périodes de surveillance évaluées au cours des saisons de licence suivantes.

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3 Les contributions des actionnaires et/ou des parties liées (telles que spécifiées à l’annexe X, section D) sont prises en considération lors de la détermination de l’écart acceptable si elles ont été versées et enregistrées : a) dans les états financiers d’une des périodes de reporting T, T-1 ou T-2 ; ou b) dans les comptes annuels jusqu’au 31 décembre de l’année de la période de reporting T.

Il incombe au bénéficiaire de la licence de démontrer la nature de la transaction, qui doit avoir été entièrement réalisée et n’avoir été assortie d’aucune condition. Une déclaration d’intention ou l’engagement d’un propriétaire à verser une contribution ne suffit pas pour que celle-ci soit prise en considération.

4 Si les contributions des actionnaires et/ou des parties liées réalisées jusqu’au 31 décembre de l’année au cours de laquelle les compétitions de l’UEFA commencent sont enregistrées au cours de la période de reporting T+1 du club et ont été prises en compte pour déterminer l’écart acceptable pour la période de surveillance (périodes de reporting T-2, T-1 et T) évaluée au cours de la saison de licence commençant lors de cette même année civile, ces contributions seront considérées, pour les périodes de surveillance suivantes, comme ayant été enregistrées au cours de la période de reporting T.

Article 62 – Informations relatives à l’équilibre financier

1 Le bénéficiaire de la licence doit préparer et soumettre les informations suivantes dans le délai et sous la forme communiqués par l’Administration de l’UEFA : a) informations relatives à l’équilibre financier pour la période de reporting T-1 ; b) informations relatives à l’équilibre financier pour la période de reporting T-2, si elles n’ont pas déjà été soumises précédemment ; c) informations relatives à l’équilibre financier pour la période de reporting T si l’un des indicateurs définis à l’alinéa 3 a été franchi.

2 Les informations relatives à l’équilibre financier doivent : a) concerner la même entité présentant les états financiers que celle ayant suivi la procédure d’octroi de licence conformément à l’article 46 ; b) être approuvées par la direction, une brève déclaration confirmant l’exhaustivité et l’exactitude des informations transmises et signée au nom de l’organe exécutif du bénéficiaire de la licence devant attester cette approbation.

3 Si un bénéficiaire de la licence réalise l’une des conditions décrites par les indicateurs 1 à 4, il est réputé avoir franchi l'indicateur correspondant : i) Indicateur 1 : poursuite de l’exploitation

Le rapport de l’auditeur sur les états financiers annuels (c.-à-d. la période de reporting T-1) et/ou les états financiers intermédiaires (le cas échéant), soumis conformément aux articles 47 et 48, comportent un paragraphe d’observation ou exprime une opinion/conclusion avec réserve en ce qui concerne la capacité à poursuivre l’exploitation. ii) Indicateur 2 : fonds propres négatifs

Les états financiers annuels (c.-à-d. la période de reporting T-1) soumis conformément à l’article 47 révèlent une détérioration du passif net par rapport au chiffre correspondant figurant dans les états financiers de l’année précédente (c.-à-d. la période de reporting T-2), ou les états financiers intermédiaires soumis conformément à l’article 48 révèlent une détérioration du passif net par rapport au chiffre correspondant à la précédente date de clôture statutaire (c.-à-d. la période de reporting T-1). 201

iii) Indicateur 3 : résultat relatif à l’équilibre financier

Le bénéficiaire de la licence fait état d’un résultat relatif à l’équilibre financier déficitaire au sens de l’article 60 pour une ou deux des périodes de reporting T-1 et T-2. iv) Indicateur 4: arriérés de paiement

Le bénéficiaire de la licence présente des arriérés de paiement au 30 juin de l’année au cours de laquelle les compétitions interclubs de l’UEFA commencent, conformément aux articles 65 et 66.

4 En outre, le Panel de contrôle financier des clubs se réserve le droit de demander au bénéficiaire de la licence de préparer et de soumettre des informations complémentaires à tout moment, en particulier si les états financiers annuels montrent que : a) les prestations en faveur du personnel dépassent 70 % du total des revenus ; ou b) l’endettement net dépasse 100 % du total des revenus. Article 63 – Respect de l’exigence relative à l’équilibre financier

1 L’exigence relative à l’équilibre financier est remplie si aucun des indicateurs définis à l'article 62, alinéa 3 n'est franchi et si le bénéficiaire de la licence présente un résultat relatif à l’équilibre financier excédentaire pour les périodes de reporting T-2 et T-1.

2 L’exigence relative à l’équilibre financier est remplie, même lorsqu’un des indicateurs définis à l’article 62, alinéa 3 est franchi, si : a) le bénéficiaire de la licence présente un résultat global relatif à l’équilibre financier excédentaire pour les périodes de reporting T-2, T-1 et T ; ou b) le bénéficiaire de la licence présente un résultat global relatif à l’équilibre financier déficitaire pour les périodes de reporting T-2, T-1 et T qui se situe dans les limites de l’écart acceptable (tel que défini à l’article 61) après prise en compte de l’excédent éventuel pour les périodes de reporting T-3 et T-4 (comme prévu à l’article 60, alinéa 6).

3 L’exigence relative à l’équilibre financier n’est pas remplie si le bénéficiaire de la licence présente un résultat global relatif à l’équilibre financier déficitaire pour les périodes de reporting T-2, T-1 et T qui dépasse l’écart acceptable (tel que défini à l’article 61) après prise en compte de l’excédent éventuel pour les périodes de reporting T-3 et T-4 (comme prévu à l’article 60, alinéa 6).

4 Si l’exigence relative à l’équilibre financier n’est pas remplie après prise en compte des autres facteurs définis à l’annexe XI, le Panel de contrôle financier des clubs peut soumettre le cas aux organes de juridiction de l’UEFA, qui prendront sans délai les mesures appropriées conformément à la procédure définie dans le Règlement disciplinaire de l’UEFA pour les cas d’urgence.

II. AUTRES EXIGENCES LIÉES À LA SURVEILLANCE

Article 64 – Informations financières prévisionnelles (dispositions renforcées)

1 Le bénéficiaire de la licence doit préparer et soumettre les informations financières prévisionnelles complétées suivantes dans le délai et sous la forme communiqués par l’Administration de l’UEFA : a) une version actualisée des informations financières prévisionnelles déjà soumises au bailleur de licence conformément à l'article 52, s'il a franchi l'indicateur 1 et/ou l'indicateur 2 définis aux articles 52, alinéa 2 et 62, alinéa 3 ; b) de nouvelles informations financières prévisionnelles, s’il a franchi l’indicateur 3 et/ou l’indicateur 4 définis à l’article 62, alinéa 3. 202

2 Les informations financières prévisionnelles complétées doivent couvrir la période de 12 mois commençant immédiatement après la date de clôture statutaire de la période de reporting T (ci-après: «période de reporting T+1»).

3 Les informations financières prévisionnelles complétées doivent comprendre les éléments suivants : a) un compte de résultat budgété, avec les chiffres annuels comparatifs pour la période de reporting T, le cas échéant ; b) un tableau des flux de trésorerie budgété, avec les chiffres annuels comparatifs pour la période de reporting T, le cas échéant ; c) un bilan budgété, avec les chiffres annuels comparatifs pour la période de reporting T, le cas échéant ; d) des notes explicatives incluant des hypothèses réalistes, les risques et une comparaison entre le budget et les chiffres effectifs ; et e) un plan de conformité incluant le calcul relatif à l’équilibre financier pour la période de reporting T+1 basé sur le compte de résultat budgété, et incluant le cas échéant des ajustements pour le calcul des revenus déterminants et des dépenses déterminantes.

4 Au surplus, les dispositions de l’article 52, alinéas 4 à 7, s’appliquent par analogie aux informations financières prévisionnelles complétées.

Article 65 – Absence d’arriérés de paiement envers des clubs de football (dispositions renforcées)

1 Le bénéficiaire de la licence doit apporter la preuve qu’au 30 juin de l’année au cours de laquelle la saison des compétitions interclubs de l’UEFA commence, il n’a aucun arriéré de paiement (au sens de l’annexe VIII) envers des clubs de football résultant d’activités de transfert intervenues jusqu’à cette date.

2 Les dettes sont les montants dus à des clubs de football résultant d'activités de transfert. Elles comprennent les indemnités de formation et les contributions de solidarité telles qu'elles sont définies par le Règlement du Statut et du Transfert des Joueurs de la FIFA ainsi que tout montant dont le paiement est soumis au respect de certaines conditions.

3 Le bénéficiaire de la licence doit préparer et soumettre un tableau des dettes de transfert dans le délai et sous la forme communiqués par l’Administration de l’UEFA, et ce même s’il n’y a pas eu de transferts/prêts pendant la période correspondante.

4 Le bénéficiaire de la licence doit communiquer toutes les activités de transfert (y compris les prêts) entreprises jusqu’à la date du 30 juin, indépendamment du fait qu’un montant reste dû ou non à cette date. En outre, il doit communiquer tous les transferts faisant l’objet d’une procédure juridique auprès d’une instance sportive nationale ou internationale, d’un tribunal arbitral ou d’un tribunal étatique.

5 Le tableau des dettes de transfert doit contenir les informations minimales suivantes concernant tout transfert de joueurs, y compris les prêts : a) joueur (identification à l’aide du nom ou du numéro) ; b) date du contrat de transfert/prêt ; c) nom du club de football qui détenait antérieurement l’inscription ; d) montant du transfert (ou du prêt) payé et/ou à payer (y compris les indemnités de formation et les contributions de solidarité) ; e) autres coûts directs relatifs à l’acquisition d’inscriptions de joueurs payés et/ou à payer ; f) montant réglé et date de paiement ; g) solde relatif à chaque transfert de joueur à payer au 30 juin ; 203 h) échéance(s) pour chaque élément non payé des dettes de transfert ; et i) montants conditionnels (passifs éventuels) non encore intégrés au bilan au 30 juin.

6 Le bénéficiaire de la licence doit réconcilier le solde débiteur total issu du tableau des dettes de transfert avec le chiffre figurant au bilan au poste «Dettes résultant de transferts de joueurs» (s’il y a lieu) ou avec les pièces comptables sous-jacentes. Il est tenu de mentionner sur ce tableau l'ensemble des dettes, même si le créancier n'en a pas réclamé le paiement.

7 Le tableau des dettes de transfert doit être approuvé par la direction, une brève déclaration signée au nom de l’organe exécutif du bénéficiaire de la licence devant attester cette approbation.

8 Si le bénéficiaire de la licence a franchi l’indicateur 4 défini à l’article 62, alinéa 3, il doit également apporter la preuve qu’il n’a aucun arriéré de paiement envers des clubs de football résultant d’activités de transfert intervenues jusqu’au 30 septembre. Les alinéas 2 à 7 ci-dessus s’appliquent par analogie.

Article 66 – Absence d’arriérés de paiement envers le personnel et les administrations sociales ou fiscales (dispositions renforcées)

1 Le bailleur de licence doit apporter la preuve qu’au 30 juin de l’année au cours de laquelle la saison des compétitions interclubs de l’UEFA commence, il n'a aucun arriéré de paiement (au sens de l'annexe VIII) antérieur à cette date envers son personnel et les administrations sociales ou fiscales au sens de l’article 50, alinéas 2 et 3.

2 Le bénéficiaire de la licence doit préparer et soumettre une déclaration confirmant l’absence ou l’existence d’arriérés de paiement envers son personnel et les administrations sociales ou fiscales dans le délai et sous la forme communiqués par l’Administration de l’UEFA.

3 Pour chaque arriéré de paiement envers le personnel, les informations minimales suivantes doivent être données, ainsi qu’un commentaire explicatif : a) nom de l’employé ; b) fonction de l’employé ; c) date d’arrivée ; d) date de départ (s’il y a lieu) ; et e) solde des arriérés au 30 juin, indiquant l'échéance de chaque élément non payé.

4 Pour chaque arriéré de paiement envers les administrations sociales ou fiscales, les informations minimales suivantes doivent être données, ainsi qu’un commentaire explicatif : a) nom du créancier ; b) solde des arriérés au 30 juin, indiquant l'échéance de chaque élément non payé.

5 La déclaration ci-dessus doit être approuvée par la direction, une brève déclaration signée au nom de l’organe exécutif du bénéficiaire de la licence devant attester cette approbation.

6 Si le bénéficiaire de la licence a franchi l’indicateur 4 défini à l’article 62, alinéa 3, il doit également apporter la preuve qu’au 30 septembre suivant, il n’a aucun arriéré de paiement (au sens de l’annexe VIII) antérieur au 30 septembre envers son personnel et les administrations sociales ou fiscales. Les alinéas 2 à 5 ci-dessus s’appliquent par analogie.

Article 67 – Obligation de notifier les événements postérieurs

1 Le bénéficiaire de la licence doit notifier au bailleur de licence, sans délai et par écrit, tout changement important, notamment tout événement postérieur de grande importance économique, jusqu’à la fin de la saison de licence. 204

2 Les informations préparées par la direction doivent comprendre une description de la nature de ces événements ou conditions ainsi qu’une estimation de leurs incidences financières ou l’indication (motivée) qu’une telle estimation ne peut être faite.

Article 68 – Dispositions communes

Si l’une des autres exigences liées à la surveillance définies aux articles 64 à 67 n’est pas remplie, le Panel de contrôle financier des clubs peut soumettre le cas aux organes de juridiction de l’UEFA, qui prendront sans délai les mesures appropriées conformément à la procédure définie dans le Règlement disciplinaire de l’UEFA pour les cas d’urgence.