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Author Archives: Jean-Pierre Galland

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Marche Mondiale & Appel du 18 : la longue marche 1 réponse L’idée d’une manifestation internationale pour la légalisation est attribuée à , suite à la session extraordinaire de l’Onu sur les drogues réunissant en 1998 à New York une flopée de chefs d’États, dont Jacques Chirac qui se lança dans un discours aussi musclé que creux : « L’histoire devra retenir que c’est d’ici, à New York, qu’est partie la grande croisade des Nations contre la drogue, une croisade qui ne devra plus cesser tant que nous n’en aurons pas fini avec ce cancer qui ronge nos sociétés. » C’est lors de cette session new-yorkaise que l’Onu se donna dix ans pour éradiquer les drogues de la planète terre, un projet aussi irréaliste qu’utopique contre lequel s’élevèrent un grand nombre DANA BEAL d’ONG et d’associations. Ce sont sans doute ces déclarations guerrières et fantaisistes contre le Dana Beal est un militant politique américain, qui a créé le Youth cannabis qui poussèrent Dana Beal (lire l’encadré) à organiser avec d‘autres organisations International Party (YIP) avec Jerry Rubin et Abbie Hoffman. Son internationales une journée mondiale de mobilisation afin que cesse la stigmatisation du cannabis combat pour réformer la loi sur les stupéfiants et les libertés civiles et de ses usagers. ne date pas d’hier. Il a fondé l’association Cures No War, qui milite Avant de s’exporter sur tout le continent américain, de à Buenos Aires, les premières pour l’accès au cannabis thérapeutique, et a beaucoup œuvré en manifestations de la Million March aussi appelée Global Marijuana March eurent lieu en faveur de l’ibogaïne comme traitement pour décrocher des opiacés. 1999 dans plusieurs villes des États-Unis. Mais aussi à Londres… où je me suis rendu à l’époque En 2011, Dana Beal a été condamné dans le Wisconsin à onze mois avec Farid Ghehiouèche dans le cadre de la campagne des élections européennes, si mes souvenirs de prison pour détention de marijuana. sont exacts. DES DÉBUTS DIFFICILES Selon le pays et la situation locale, la nomination change. En , c’est Farid, le représentant à travers Encod (The European Coalition for Just and Effective Drug Policies) de la cause cannabique à l’international, qui a lancé l’idée et organisé en 2001 une première manifestation, sous le nom de « Marche mondiale du cannabis » (MMC). Les débuts ont été difficiles. En 2002, à la veille du deuxième tour de l’élection présidentielle où toute manifestation politique était interdite, celles et ceux qui ont répondu à l’appel de Farid ont affronté les CRS et ont été contraints de battre en retraite. open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com l’appel de Farid ont affronté les CRS et ont été contraints de battre en retraite. Longtemps reléguée sur le terre-plein du boulevard Richard Lenoir par la préfecture de police, longtemps dédaignée par les associations de réduction des risques, la manifestation était soutenue par les Verts et du bout des lèvres par le Circ, suite à un texte imprudemment publié sur le site de la Marche par une militante aigrie accusant en termes très peu courtois l’association de vouloir récupérer l’événement alors que nous voulions seulement donner un coup de main à Farid. Cet épisode malheureux a freiné les ardeurs des militants du Circ durant de longues années, mais Farid Ghehiouèche n’a pas capitulé. Et, d’une année sur l’autre, a organisé avec plus ou moins de succès la Marche mondiale du cannabis.

LA MARCHE TRIOMPHANTE Mais tout change pour le dixième anniversaire de la Marche, en 2011. Les associations de réduction des risques, Asud en tête, mais aussi Aides, l’Afr, Act Up, Techno + et bien sûr le Circ montent au créneau… Nous imprimons un flyer. Au recto : « Dépénalisation, Autoproduction, Cannabis thérapeutique – une autre politique des drogues est possible ». Et au verso, une déclinaison de nos propositions en sept points. Vous vous souvenez peut-être, chers lecteurs, de la quatrième de couverture du numéro 46 du journal. Il s’agissait d’un texte sur la sécurité – un thème cher aux prohibitionnistes – démontrant de façon implacable que la légalisation milite pour la sécurité des usagers et des territoires, de la société et des familles, en lançant un appel à participer à la Marche mondiale. Nos efforts communs ont payé et pour la première fois, la Marche méritait son nom puisque nous avons défilé dans la bonne humeur de Bastille à Stalingrad.

open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com humeur de Bastille à Stalingrad.

open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com L’édition 2015 de la Marche mondiale parisienne a, semble-t-il, trouvé son public : des jeunes mais pas que, qui ont marché en musique et en grand nombre (1 500 personnes, je dirais) de Bastille à République avec, en vedette américaine, une intervention d’Esther Benbassa, la sénatrice qui a proposé à ses collègues de légaliser le cannabis. Les médias, beaucoup plus nombreux que les années précédentes, n’ont pas boudé leur plaisir, signe que si le débat n’est pas à l’ordre du jour au Parlement, il l’est dans la société. Preuve que le cannabis est intégré dans nos mœurs : l’entrée du mot beuh dans le Petit Robert. Si n’a pas le monopole de la Marche mondiale du cannabis, les événements organisés en régions, à l’exception de et , n’ont pas rencontré le succès escompté. À ce rythme, en APPEL DU 18 JOINT 2016, où une session extraordinaire de l’Onu sur la politique des drogues est prévue, et en 2017, De Figeac à Tahiti, de Lyon à Poitiers, en passant par Marseille et année de l’élection présidentielle, nous serons des dizaines de milliers à descendre dans la rue pour Paris, le Circ organisait cette année encore l’Appel du 18 joint. défendre la légalisation du cannabis. Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°57, et marquée avec Antiprohibition, Cannabis, Histoire, Politique, le 7 août 2015 par Jean-Pierre Galland.

open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Histoire, Politique, le 7 août 2015 par Jean-Pierre Galland.

De la difficulté de légiférer sur la conduite en état d’ivresse stupéfiante 2 réponses Retour sur la loi Marilou ou comment la mort tragique d’une petite fille a donné lieu à l’élaboration de l’arsenal législatif destiné à lutter contre l’usage de drogues au volant. En 1993, au nom de la sécurité routière, on nomme un comité chargé de rédiger un Livre blanc sur les effets des médicaments et des drogues au volant, un comité présidé par Georges Lagier, membre de l’Académie nationale de médecine et fervent prohibitionniste. Sorti en 1995, Sécurité routière, drogues licites ou illicites et médicaments souligne « la discordance entre la richesse des mesures législatives et réglementaires concernant l’alcool, et la quasi-absence de dispositions spécifiques concernant les médicaments et surtout les drogues illicites », et préconise de modifier la législation sur le code de la route afin de rendre possible la détection « d’une conduite sous l’influence de substances, illicites ou détournées de leur usage, capables de modifier l’aptitude à la conduite ». Et nos auteurs de suggérer d’effectuer des recherches seulement en cas d’accident corporel ou lors d’une infraction grave aux règles de la circulation. Mais à l’époque, la France ne dispose pas de test capable de détecter les principales drogues illicites, encore moins de définir un seuil au-delà duquel l’automobiliste est sous influence d’un stupéfiant. En 1996, Richard Dell’Agnola présente un projet de loi afin de dépister l’usage de stupéfiants au volant où il propose, en cas d’accident, de punir de deux ans de prison et 30 000 francs d’amende tout conducteur dont le test urinaire s’avérerait positif. Et Patrick Sansoy, président de la Dgldt (Délégation Générale à la Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie), de s’étonner que les neuroleptiques soient exclus de ces tests de dépistage ! C’est finalement le 18 juin 1999 qu’est votée la loi instituant un dépistage systématique de stupéfiants sur tout conducteur impliqué dans un accident mortel. Son décret d’application paraîtra en août 2001, au moment où le gouvernement lance une enquête épidémiologique relative à l’influence des substances stupéfiantes sur 10 000 conducteurs impliqués dans un accident mortel. UNE LOI DE CIRCONSTANCE Un fait divers tragique va précipiter les choses. La nuit du réveillon de l’an 2001, sur le coup de 4h00 du matin, la Scénic de la famille Poinsot est violemment percutée par une Renault 21. Marilou, 9 ans et demi, est tuée sur le coup. Le 25 avril 2002, ses parents fondent l’association Marilou : pour les routes de la vie, dont l’objectif est de renforcer les réglementations en vigueur mais aussi d’intervenir dans les médias et dans les écoles pour sensibiliser les ados sur les dangers de la drogue au volant.

open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com renforcer les réglementations en vigueur mais aussi d’intervenir dans les médias et dans les écoles pour sensibiliser les ados sur les dangers de la drogue au volant.

Aveuglée par la douleur et convaincue de défendre une juste cause, Nadine Poinsot interpelle nos députés et même Jacques Chirac. Invitée sur tous les plateaux télévisés où l’on disserte du « fléau » du cannabis, elle est d’une redoutable efficacité : punissant la conduite sous emprise stupéfiante, la proposition de loi déposée par l’inusable Richard Dell’Agnola sera votée en janvier 2003. Pour justifier de la nécessité d’une loi, le député s’appuie sur une étude de Patrick Mura (président de la mystérieuse Société française de toxicologie analytique) qui affirme que 20% des conducteurs de moins de 27 ans impliqués dans un accident étaient sous l’emprise du cannabis ! Une étude que le professeur Claude Got (expert en accidentologie) conteste : « Sur les huit études épidémiologiques menées dans le monde sur le sujet, écrit-il, une seule a pu mettre en évidence un lien entre consommation de cannabis et risque routier. » Pour ne prendre qu’un exemple, l’étude du Transport Research Laboratory australien, qui a fourni à quinze fumeurs aguerris des pétards de beuh californienne corsée avant de les mettre au volant, amène l’Australian Drugs Foundation à conclure que le cannabis diminuerait le risque d’accidents! En France, l’étude « Stupéfiants et accidents mortels de la circulation routière » (SAM) est quantitative. S’appuyant sur un échantillon de 7 458 conducteurs impliqués dans des accidents mortels répertoriés en France entre 2001 et 2003, elle a conclu que le nombre annuel de victimes imputables au cannabis sur les routes serait de 230. Il « tuerait » dix fois moins que l’alcool, d’où l’hésitation du gouvernement à publier les résultats de l’étude SAM. GARE AUX YEUX ROUGES Lors de la discussion à l’Assemblée nationale, la palme du ridicule qui ne tue pas pour autant revient à Jean-Claude Lemoine (UMP) qui affirme « qu’un joint équivaut à 0,80 gramme d’alcool dans le sang ». Les députés de droite votent le texte de loi à l’unanimité, suivis par les députés socialistes présents dans l’hémicycle. Quant aux Verts et aux communistes, ils votent contre. Si le test détecte aussi d’autres drogues, la cocaïne, l’héroïne, les amphétamines, la loi a oublié en cours de route (merci les lobbies pharmaceutiques) les médicaments psychotropes dont les Français sont si friands. Depuis 2003, donc, policiers et gendarmes doivent soumettre à un dépistage tout conducteur impliqué dans un accident mortel mais aussi, et c’est là que le bât blesse, « après une infraction au code de la route ou pour suspicion de conduite sous influence ». Gare aux yeux rouges ! Subsiste tout de même un gros problème : lors de la prise de sang qui suit l’analyse d’urine lorsqu’elle est positive, un seul nanogramme (neuf millièmes de milligramme) de THC détecté suffit à faire de vous un danger sur la route. D’où le nombre d’automobilistes testés positifs alors qu’ils avaient fumé la veille. En 2008, le test salivaire remplace le test urinaire, mais d’après une étude du professeur Patrick Mura relayée par l’Académie nationale, 10,1% des conducteurs contrôlés se sont révélés être des faux positif et 19% des faux négatifs ! « Ayons une pensée pour la jeune Marilou tuée par un chauffard sous l’emprise de stupéfiants », déclare Dominique Perben qui lui dédie cette nouvelle loi. Soutenue par toute l’arrière-garde prohibitionniste, parrainée par le Sénat, Nadine Poinsot a pesé de tout son poids pour que soit adoptée la loi contre la conduite en état d’ivresse stupéfiante… Et forte de ses soutiens politiques, l’association Marilou est aujourd’hui membre du Conseil national de la sécurité routière, agréée par l’Éducation nationale et autorisée à se porter partie civile dans les procès. Surfant sur la vague d’émotion suscitée par la mort tragique d’une petite fille, la loi, avec la complicité de politiciens manipulés et manipulateurs, a été adoptée dans la précipitation. Une première devenue une mauvaise habitude sous le règne de Nicolas Sarkozy, qui a fait adopté cinq lois dans la foulée de faits divers sordides.

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DES PEINES EXEMPLAIRES ! Sans que personne ne s’en émeuve, la présidente de l’association Marilou a aussi dépensé beaucoup d’énergie pour que le conducteur de la voiture ayant accidentellement tué sa fille soit condamné à une peine exemplaire. Âgé de 18 ans, conduisant sans permis avec un taux de 13,4 nanogrammes de THC par millilitre de sang, il a été condamné par le tribunal de Pontoise à une peine de trois ans d’emprisonnement, dont un ferme, une condamnation que la famille Poinsot a trouvé trop clémente. En 2004, sous prétexte qu’il ne respectait pas les obligations édictées par le tribunal, Nadine Poinsot poussera à la roue pour que le tribunal de Versailles fasse sauter le sursis du conducteur de la Renault 21. Elle s’est aussi acharnée sur les passagers exclus de la procédure judiciaire, en obtenant qu’ils soient reconnus coupables du délit de « complicité d’homicide involontaire ». Ils seront condamnés à un an de prison avec sursis et 600 euros d’amende. Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°56, et marquée avec Histoire, Loi / Justice, Politique, le 31 mars 2015 par Jean-Pierre Galland.

Nouvelle donne ! Laisser une réponse En 1992 est fondée une association dont l’objectif est de fédérer les usagers de drogues dures (pour reprendre la terminologie de l’époque) autour d’un journal. Il s’agit open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com En 1992 est fondée une association dont l’objectif est de fédérer les usagers de drogues dures (pour reprendre la terminologie de l’époque) autour d’un journal. Il s’agit bien entendu d’Asud, une association d’autosupport composée de tox, des vrais… Si nous avions en commun de consommer des drogues classées au Tableau A des stupéfiants, il n’était pas question de mettre sur le même plan l’innocent cannabis et la méchante héroïne, une opinion partagée par la grande majorité des cannabinophiles pour qui cette drogue représentait le diable en personne. Notre première rencontre avec les Asudiens date de 1993… Et il nous a fallu user beaucoup de salive pour que les militants de base du Circ admettent, qu’au regard de la loi, nous étions tantôt considérés comme des délinquants, tantôt comme des malades, jamais comme des citoyens à part entière. Pour sceller notre soutien aux acteurs de la réduction des risques, le Circ publie en 1994 un texte intitulé Haschich et héroïne vont en bateau, et participe au mois de juin aux États généraux Drogues et sida organisés par le collectif Limiter la casse au Palais des congrès. UN SEUL ET MÊME ENNEMI : LA PROHIBITION Entre le cannabis, une drogue populaire ne présentant pas de problèmes sanitaires majeurs, une drogue socialement acceptable, et les opiacés, qui sont d’autant plus dangereux pour la santé qu’ils sont consommés dans des conditions précaires, enjeux et stratégies différent. Et pendant que les politiques des gouvernements successifs, pressés par les acteurs de la réduction des risques, et uniquement à cause des dommages causés par le VIH et le VHC, évoluaient au fil des années, les activistes du cannabis présentés comme des clowns et suspectés de faire du prosélytisme pliaient sous les coups de boutoir de la brigade des stupéfiants. En 1998, les croisés de la prohibition ne s’en prennent plus uniquement au Circ, mais aussi aux associations qui soutiennent ses actions provocatrices et néanmoins salutaires. Et puis voilà que le président d’Act Up se retrouve devant la 16e chambre du tribunal de Paris, accusé de « présenter les stupéfiants sous un jour favorable » suite à la diffusion d’un flyer sobrement intitulé « J’aime l’ecstasy. Je suis pédé aussi ». Ce procès a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : militant dans leur coin et à leur manière pour limiter la casse ou pour imposer leurs arguments en faveur d’une légalisation du cannabis, les associations se rassemblent et fondent le Collectif pour l’abrogation de la loi de 1970 (Cal 70), un mouvement hétéroclite (Anit, Aides, Asud, Act Up, Circ, LDH, Limiter la casse, Médecins du monde, Syndicat de la magistrature, Techno +, MJS, Les Verts, les Jeunes Verts, les éditions du Lézard, l’Éléphant rose…) dont l’objectif était de dénoncer les multiples effets pervers de la prohibition et de proposer une alternative. En juin 1998, les organisations adhérentes du Cal 70 défilaient dans Paris pour demander l’abrogation de la loi de 1970 et réitéraient l’année suivante à Marseille. En 1999, après bien des « Le sida est plus grave que la toxicomanie : il vaut mieux être vivant tergiversations avec les militants du Circ, mais aussi avec les principaux acteurs de la réduction des que mort, il vaut mieux inhaler et fumer de l’héroïne que se risques, je suis candidat sur la liste des Verts pour les élections européennes et chargé de l’injecter, il vaut mieux prendre de la méthadone, travailler et avoir représenter l’antiprohibition. Une expérience enrichissante qui nous a convaincus de la primauté une famille, plutôt que se prostituer, attaquer les vieilles dames ou du débat si l’on veut persuader les sceptiques (et ils sont légion) des avantages que tirerait la mourir dans un squat. Il vaut mieux enfin renoncer à l’usage de société de la légalisation du cannabis, que ce soit sur le plan sanitaire ou économique. drogues. » DE DANGEREUX PROSÉLYTES « Entre guerre à la drogue et légalisation : la réduction des risques », Nous étions sur la même longueur d’ondes et pensions que, tous réunis sous la bannière de Anne Coppel, Libération (9 mars 1993) l’antiprohibition, nous obligerions le pouvoir à nous écouter mais surtout, à entendre nos arguments. L’arrivée surprise de la droite au pouvoir a brisé notre élan et modifié les stratégies des uns et des autres. Si les associations de « réduction des risques » ont obtenu en 2004 que ce concept soit enfin reconnu par la loi de santé publique, cette politique a montré ses limites. Au XXIe siècle, le consommateur d’opiacés est toujours considéré comme un malade, jamais comme un citoyen à part entière. Au pays de la tolérance zéro, celles et ceux qui militaient pour la légalisation du cannabis (qu’il soit thérapeutique ou récréatif) ont juste réussi à passer aux yeux de l’opinion publique sous-informée pour des nostalgiques de mai 68, des irresponsables ou les complices des trafiquants… Bref, de dangereux prosélytes. Il n’a fallu que quelques années, un rapport du Sénat dont l’intitulé – Drogue, l’autre cancer - était pour le moins stigmatisant et une campagne de prévention caricaturale à l’usage des ados relayée dans tous les médias pour que l’opinion publique panique. LE PRINTEMPS DU CANNABIS La gauche est de retour et immédiatement l’ambiance se détend, même si nous savons qu’il ne faut pas attendre grand-chose de ce nouveau gouvernement. Et voilà que quelques militants aguerris qui avaient patiemment préparé leur coup sortent du bois et lancent le (CSC). Frustrés sous l’ère Sarkozy, les médias relaient largement cette initiative. Mais nous ne sommes ni en Espagne ni en Belgique où l’usage du cannabis est dépénalisé, nous sommes en France où le débat est verrouillé pour cause de mauvaise foi (de mauvaise loi !) ou d’ignorance crasse des politiciens. Le peuple de l’herbe s’enthousiasme, les Cannabis Social Club fleurissent un peu partout, mais des dissensions apparaissent au sein du mouvement et lorsque Dominique Broc, l’instigateur du CSC en France, se retrouve en garde à vue, les structures censées se dénoncer ne jouent pas le jeu. Aujourd’hui, d’anciens chefs d’État de pays dévastés par des conflits entre gangs pour le partage de territoires, d’anciens hauts responsables d’instances chargées de mener une guerre impitoyable contre la drogue, et même deux prix Nobel de littérature demandent en chœur à l’Onu de « cesser de criminaliser l’usage et la possession de drogues » et de « traiter de force des personnes dont la seule infraction est l’usage ou la possession de drogues ». Une Commission au-dessus de tout soupçon qui recommande aussi « de permettre et d’appuyer les essais dans des marchés légalement réglementés de drogues actuellement interdites, en commençant, sans s’y limiter, par le cannabis ». NOUVELLE DONNE ET REBELOTE Au moment où des expériences lointaines valident notre combat contre l’obscurantisme et l’hypocrisie, les activistes du cannabis se chamaillent et se dispersent. Quant aux structures de réduction des risques, dépendantes en partie de subventions, elles colmatent les brèches et gèrent au jour le jour. En octobre dernier, l’AFR qui, comme open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com aux structures de réduction des risques, dépendantes en partie de subventions, elles colmatent les brèches et gèrent au jour le jour. En octobre dernier, l’AFR qui, comme chacun sait, est « un collectif d’acteurs engagés rassemblant des militants, des professionnels, des bénévoles, des usagers, des structures » dont le Circ, organisait ses rencontres annuelles : « Drogues, la sale guerre ». Et qu’il s’agisse des participants aux tables rondes ou des intervenants (à l’exception de la présidente de la Mildeca), tous ont souligné que le moment était venu pour les associations de se serrer les coudes et d’organiser des débats afin de dénoncer les catastrophes sanitaires et sociales engendrées par la prohibition. Un travail pédagogique à mener auprès des Français(e)s et des élu(e)s, comme le soulignait Marie Debrus, la présidente de l’AFR. Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°56, Vie Associative, et marquée avec Associations, Histoire, Politique, le 31 mars 2015 par Jean-Pierre Galland.

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open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Circ’Story – Épisode 6 1 réponse RÉSUMÉ DES ÉPISODES PRÉCÉDENTS Le rapport Henrion (février 1995) qui préconise à une courte majorité de dépénaliser l’usage du cannabis est très vite enterré par les parlementaires. En mai 1995, Jacques Chirac devient président de la République et le préfet de police interdit l’Appel du 18 joint parisien, mais le rassemblement au parc de La Villette est maintenu. Début juillet, les fonctionnaires de la brigade des stupéfiants en grande forme se déchaînent sur les responsables des associations ayant protesté contre l’interdiction de l’Appel du 18 joint 1995. JACQUES CHIRAC EST ALLERGIQUE AU CANNABIS « Les expériences étrangères montrent que la libéralisation fait augmenter la demande de drogues non seulement douces mais aussi dures » : ainsi s’exprime Jacques Chirac lors de la campagne présidentielle. À peine assis dans son fauteuil de président, il rend visite à son ami le roi du Maroc, le plus gros producteur mondial de résine de cannabis ! On attendait de notre président qu’il interpelle Hassan II, mais que nenni, sur les conseils du plus fidèle gardien de la prohibition, le célèbre docteur Nahas, il préfère s’en prendre sans ménagement à la politique tolérante des Pays-Bas en matière de cannabis. Quelques semaines après son arrivée au pouvoir, Jacques Chirac décide de rétablir les contrôles aux frontières et se lance dans un chantage : il n’acceptera de signer les accords de Schengen sur la libre circulation des personnes que si la Hollande renonce à ses coffeeshops. LA FRANCE DES RÉACS EN ACTION Débute alors un feuilleton à rebondissements, une période douloureuse pour les touristes français en goguette au pays des coffeeshops car, non seulement content de donner des leçons aux ministres bataves sur leur politique des drogues, Jacques Chirac a la bonne idée de relancer les essais nucléaires ! Dans son rapport annuel « La politique néerlandaise en matière de drogues, continuité et changement », le gouvernement précise qu’il n’est pas prés d’abandonner sa politique et, pour faire plaisir au président français, lui accorde une concession qui ne change rien : désormais, on ne pourra pas acheter plus de 5 grammes de cannabis dans les coffeeshops, contre 30 auparavant ! Jacques Chirac est soutenu dans sa croisade par quelques députés conservateurs, Christine Boutin bien entendu, mais aussi Paul Masson, sénateur RPR qui s’emporte : « Tant que ce pays de narcotrafiquants ne fera rien pour freiner les exportations de drogue, la France n’a pas le droit de baisser sa garde. » Le Figaro s’en mêle et donne la parole au docteur Nahas qui prédit que 60% de ceux qui fument du cannabis avant 15 ans s’adonneront plus tard à la cocaïne. Dans le rapport sur l’espace Schengen que Paul Masson remet au gouvernement, il assimile les Pays-Bas à un « narco-État », ce que le ministre des Affaires étrangères batave n’apprécie guère. « Avec le plus grand nombre de drogués et le plus grand nombre de maladies liées à la drogue…», la France est, selon lui, bien mal placée pour donner des leçons de morale. Quant au Premier ministre, il traite notre président d’obsédé ! Il a raison, Jacques Chirac persiste : le 25 mars 1996, il déclare « qu’avec la libre circulation, il suffit qu’un seul pays ait une législation laxiste pour que toute action soit affaiblie » et propose que les Quinze « s’engagent solennellement à interdire la production et le commerce de toutes les formes de drogues, sans aucune exception »… Trop c’est trop ! Hervé de Charrette, ministre des Affaires étrangères de l’époque, est obligé d’intervenir : « L’opinion de Paul Masson n’exprime aucunement l’opinion des autorités françaises. » LA SEULE POLITIQUE QUI VAILLE… On aurait pu en rester là, mais c’était sans compter sur Jacques Myard, bien connu pour ses idées réactionnaires, qui, avec 72 députés et sénateurs, appelle la population à boycotter les produits hollandais. Scandale ! Du Point à L’Express, du Courrier international au Nouvel Observateur, les magazines se penchent tour à tour sur la politique tolérante et pragmatique des Pays-Bas. Le Figaro ouvre ses colonnes à Bernard Kouchner, qui évoque les résultats positifs de la politique néerlandaise en matière de réduction des risques et invite Jacques Myard à s’attaquer au Maroc. Quant à l’Algemeen Dagblad, quotidien néerlandais, il se demande quelle serait notre réaction si les touristes hollandais décidaient d’aller dépenser leurs florins ailleurs que chez nous. Chargés par le ministère de la Santé d’une étude sur l’Europe et la toxicomanie, des chercheurs de l’université d’Amsterdam descendent la France : notre pays a grandement facilité la propagation du VIH et du VHC en retardant de plusieurs années la vente libre des seringues. Ce qui n’empêche pas Jacques Chirac d’affirmer quelques jours plus tard devant le Conseil européen que la seule politique des drogues tolérable, c’est la sienne.

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Et comme il faut bien en finir avec les querelles stériles, Le Monde nous apprend le jour où les Circ fêtent le vingtième anniversaire de l’Appel du 18 joint que Français et Hollandais se sont rabibochés après qu’une délégation d’élus du Nord en visite aux Pays-Bas a désavoué Paul Masson et ses honteuses propositions. LA VALSE DES PROCÈS En septembre 1993, le docteur Lebeau (Médecins du monde) publie un article dans le magazine Maintenant où il reproche à son confrère le docteur Nahas de « se réfugier derrière la science pour servir une doctrine défendue par un lobby politique au sein de l’Assemblée nationale ». Outré, ce dernier porte plainte pour diffamation contre Bertrand Lebeau et par ricochet contre Michka, la rédactrice en chef de ce numéro spécial, et Michel Sitbon, le directeur de publication. Le docteur Gabriel Nahas vient avec deux témoins, le fondateur de l’association Une France sans drogue, et Ernest Chénière, député RPR de l’Oise. Du côté des accusés, les témoins sont prestigieux : Léon Schwartzenberg, éphémère ministre de la Santé, Bernard Kouchner, ancien ministre de la Santé ou encore Jean-Pol Tassin, neurobiologiste. Gabriel Nahas a envoyé à ce dernier et à ses responsables hiérarchiques un courrier dans lequel il souligne son incompétence et le dissuade de venir témoigner sur les dangers réels du cannabis. Pour sa défense, Gabriel Nahas houspille ceux qui osent mettre en doute ses compétences scientifiques puis s’en prend à Michka, l’accusant d’être financée par des « marchands de drogue » bataves suite au lancement via Internet d’un appel à dons pour couvrir les frais du procès. Bertrand Lebeau a cherché des études démontrant les effets apocalyptiques du cannabis mais ne les a pas trouvées, et conclut son intervention en affirmant que « la principale toxicité du cannabis dans notre pays est qu’il puisse conduire en prison ». Un argument cher au Circ qui en avait fait un slogan. open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com puisse conduire en prison ». Un argument cher au Circ qui en avait fait un slogan. À l’issue du procès, Bertrand Lebeau est relaxé tandis que Michka comme Michel Sitbon sont condamnés à payer un franc symbolique à Gabriel Nahas. Le premier numéro de L’éléphant rose paraît en juin 1995, et voilà qu’un gendarme gersois tombe en arrêt sur la couverture du numéro 3 chez son marchand de journaux. Le magazine, qui n’a pas peur d’annoncer la couleur, propose à ses lecteurs de gagner une galette de marijuana. Ni une ni deux, le zélé gendarme en réfère à ses supérieurs qui consultent le procureur de Vic-Fezensac, lequel diligente vingt brigades de gendarmes pour visiter tous les kiosques du département et saisir le magazine licencieux. En mai 1996, Gérard Jubert, le directeur de L’éléphant rose, est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et 300 000 francs d’amende par le tribunal de Paris, la plus lourde peine jamais requise au nom du L630. Si la peine de prison est ramenée à dix mois avec sursis en appel, la faramineuse amende est maintenue, signant l’arrêt de mort du premier magazine français 100% cannabis. Dans le prochain épisode, vous croiserez des sportifs pris la main dans le pot de beuh et vous découvrirez avec le Circ les coulisses de l’opération « Chanvre des députés ». Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°56, et marquée avec Cannabis, Histoire, Politique, le 30 mars 2015 par Jean-Pierre Galland.

open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Bernard Rappaz… Pionnier ! Laisser une réponse Pêle-mêle, Bernard, le premier de l’école et champion d’athlétisme, crée dans les années 70 le Mouvement Valaisan d’actions non-violentes et écrit dans Combat non- violent. Il devient le promoteur de l’objection de conscience et participe à la création du WWF. Il contribue grandement à l’essor de l’agriculture biologique qu’il pratique dans sa ferme (l’Oasis) achetée en 1975 et il créé un syndicat agricole, l’Union des producteurs suisses. Il organise avec quelques amis un festival façon Woodstock et manage un groupe de rock helvétique. Mais sa renommée, la partie la plus développée de cette autobiographie qui débute par « la chronologie de ses différentes incarcérations et grèves de la faim », Bernard Rappaz la doit à sa passion pour le chanvre et à son acharnement pour défendre sa légalisation dans cet étrange pays où on a le droit d’en cultiver, à condition de ne pas le transformer en stupéfiant. DE LA PRISON AU CHANVRE La première fois qu’il se retrouve en prison, ce n’est pas à cause du chanvre, mais pour un casse de banque, pas une petite banque à la noix, mais une vraie banque à la Suisse. Il sera condamné à quarante mois de prison et entamera sa première grève de la faim, une méthode héritée du jeûne que Bernard, disciple de Gandhi, pratique… « Le jeûne, c’est la santé et une automédication efficace », écrit-il dans son livre. Grâce (ou à cause) de la prison, il ose se lancer dans la culture à risques du chanvre. En 1992, les policiers découvrent (suite à une dénonciation) 250 pieds de chanvre dans une tomatière, ce qui l’amène à s’intéresser de près à la loi suisse, puis à militer pour la légalisation du chanvre. Ponctuée de grèves de la faim, cette première peine sera suivie de nombreuses autres. Bernard Rappaz enchaîne avec la tisane de chanvre qu’il paie de quelques jours de prison, puis avec l’huile de chanvre riche en oméga 3. Il fonde la société Valchanvre et participe à la création des Amis suisses du chanvre (ASAC), qui deviendra célèbre en 1999 lorsque Bernard ouvre les portes de sa petite entreprise aux caméras de M6.

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DU CHANVRE À LA PRISON En 1996, il est rattrapé par la justice pour ses activités chanvrières, et plus particulièrement la commercialisation de coussins thérapeutiques. Il sera condamné et entamera immédiatement une grève de la faim qui durera quarante-deux jours. C’est bien sûr dans la solitude de sa cellule que Bernard a écrit ses mémoires. Le livre raconte ses démêlés avec la justice valaisanne, un combat singulier entre de féroces magistrats soutenus par Le Nouvelliste, feuille de chou valaisanne, et une forte tête sûre de son bon droit qui se considère comme un prisonnier politique et qui jamais n’abandonne, comme le prouvent ses interminables grèves de la faim. Si voulez en savoir plus sur la politique suisse des drogues et sur le combat de Bernard Rappaz, lisez Pionnier ! Un cahier central, avec des photos du valaisan et des extraits de presse sur ses aventures, complète la lecture. Pionnier ! Bernard Rappaz Éditions Favre (18 euros)

open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Bernard Rappaz est aussi l’un des principaux protagonistes du documentaire Le chanvre en Suisse que vous pouvez voir ici. Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°56, Home, Notre Culture, et marquée avec Cannabis, Livre, Portrait, le 29 mars 2015 par Jean-Pierre Galland.

Quand les Verts font le joint 1 réponse Qu’ils soient de droite ou de gauche, nous les avons tous apostrophés lors des différentes échéances électorales. Ils nous ont parfois répondu, à droite, des fadaises, à gauche, des foutaises… Certains nous ont amusés avec la sempiternelle ouverture du débat sur les drogues… Mais en définitive, le seul parti à nous avoir soutenus indéfectiblement lors de nos démêlés avec la justice, le seul à avoir partagé des idées et proposé des actions, ce sont Les Verts. À peine avions-nous reçu le faire-part annonçant la naissance du Circ que nous prenions rendez-vous avec Jean-Luc Bennahmias, un des pionniers de la lutte pour la dépénalisation du cannabis, d’abord dans Antirouille (magazine de lycéens) puis dans la Gueule ouverte (journal écologique), mais aussi en tant que représentant des Verts Europe qui, en avril 1991, proposaient de mettre à l’étude « la dépénalisation complète, avec légalisation des produits ». open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Verts Europe qui, en avril 1991, proposaient de mettre à l’étude « la dépénalisation complète, avec légalisation des produits ». LES ANNÉES COMPLICES Dès 1995, alors que le préfet de police interdisait le rassemblement de l’Appel du 18 joint, Les Verts soutenaient le Circ, un soutien qui déboucha sur une garde à vue à la brigade des stups. Il n’en fallait pas plus pour nouer des liens qui se sont resserrés lorsque Jean-Luc Bennahmias devint Secrétaire national des Verts en 1997. Cette année- là, échaudés par les interdictions de l’Appel du 18 joint, les jeunes Verts se substituent au Circ pour la demande d’autorisation, mais essuient un refus du préfet de police d’autant moins compréhensible que Jean-Pierre Chevènement était le ministre de l’Intérieur du tout nouveau gouvernement socialiste et Dominique Voynet, sa ministre de l’Environnement. L’année suivante, Act Up est accusé d’avoir présenté les stupéfiants sous un jour favorable en distribuant un tract « J’aime l’Ectasy, je suis pédé aussi ». Quant au Circ, il est convoqué devant la 16e chambre correctionnelle pour avoir distribué des pétards à l’Assemblée nationale, et le lendemain, devant la même chambre mais en compagnie de l’Arev, d’Asud, de Chiche et des Verts, pour avoir bravé l’interdiction de l’Appel du 18 joint 1997. UNIS CONTRE LA LOI DE 70 C’en est trop ! Les Verts participent activement à la création du Collectif pour l’abrogation de la loi de 1970 (Cal 70), mouvement fourre-tout où se côtoyaient tous les acteurs antiprohibitionnistes. Pour fêter ça, leurs députés déposent un projet de loi afin d’abroger l’article L630 de la loi qui nuit gravement au débat sur les drogues, un projet identique sera initié par Jean-Pierre Michel, député du Mouvement des citoyens (MDC). « … Depuis longtemps nos travaux ont inspiré les Verts, surtout Chiche, au point qu’on ne sait plus bien aujourd’hui qui de Chiche, des Verts ou du Circ défend les propositions de l’autre… » : ainsi m’exprimai-je devant le Conseil national des Verts où je plaidais pour représenter la voix de l’antiprohibition lors de la campagne des Européennes. Dans le fascicule publié pour l’occasion, « Et si on légalisait les drogues ? », les Verts (et le Circ) proposaient d’abroger le L630, de décriminaliser l’usage de toutes les drogues, de retirer le cannabis du tableau des stupéfiants, de reconnaître l’autoproduction et de définir un cadre légal « pour sa production et sa distribution à des fins commerciales ». Concernant les autres drogues illicites, les Verts militaient pour l’ouverture d’un vrai débat au parlement sur l’accès légal, selon des modalités différenciées, aux produits actuellement classés au tableau des stupéfiants. Les Verts partageaient avec le Circ, les associations de réduction des risques ou encore la Ligue des droits de l’Homme, la même analyse critique de la prohibition et proposaient pour en sortir de légaliser le cannabis. Une position défendue avec fougue par Noël Mamère lors de la campagne présidentielle de 2002 dans laquelle le Circ s’est illustré en organisant l’opération « Sortez-les du placard ». LE BUG DE L’AN 2000 ? Alors qu’avec Jean-Luc Bennahmias nous étions sur la même longueur d’ondes, l’arrivée de Dominique Voynet à la tête des Verts en 2001, puis de Gilles Lemaire en 2003, a stoppé net une coopération fructueuse entre le parti et les associations représentant les usagers. Cependant, tout lien ne fut pas rompu et on se souvient de l’engagement d’Anne Coppel dans la campagne des Européennes de 2009. Après dix ans de silence radio, Esther Benbassa, sénatrice EELV, dépose (à la grande surprise des associations qui n’ont pas été consultées) une proposition de loi « autorisant l’usage contrôlé du cannabis », proposition qui a été saluée par tous comme une initiative courageuse et inédite. En effet, c’est la première fois qu’un parti politique propose de légaliser le cannabis, une proposition « bancale » pour les premiers concernés – les consommateurs – mais qui ne demande qu’à être améliorée si l’on veut satisfaire toutes les parties en jeu. Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°55, et marquée avec Antiprohibition, Cannabis, Histoire, Politique, le 24 octobre 2014 par Jean-Pierre Galland.

open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Le cannabis fait peur aux libraires 1 réponse Adoptée en 1970, la loi « relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic et de l’usage illicite de substances vénéneuses » se open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Adoptée en 1970, la loi « relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic et de l’usage illicite de substances vénéneuses » se singularise en punissant tant la « présentation sous un jour favorable » que « l’incitation ou la provocation à l’usage » de stupéfiants. Et marche allègrement sur les droits de l’Homme en mettant en péril la liberté d’expression. CACHEZ CES LIVRES QUE JE NE SAURAIS VOIR Dans les années 1990, de nombreuses associations voient le jour pour remédier au manque de courage politique du gouvernement Mitterrand sur les problèmes de société. C’est ainsi que, dans la foulée d’un livre, Fumée clandestine, sera créé le Circ (Collectif d’information et de recherche cannabique), association dont l’objectif est de collecter et de diffuser toute information liée à l’usage du cannabis. Cet ouvrage à vocation encyclopédique qui a fait les beaux jours des libraires est vite devenu le porte-drapeau des partisans du changement jusqu’à ce jour de 1997 où, sous le titre « Cannabis, savez-vous planter des joints ? », une journaliste de France Soir s’en prenait à la Fnac qui exposait, au su et au vu de tous, un livre (en l’occurrence, le second tome de Fumée clandestine) dans lequel étaient transmises des informations sur l’art de cultiver du cannabis chez soi. Comme on s’y attendait, une quinzaine de jours plus tard les fonctionnaires de la brigade des stups débarquaient à la Fnac Forum suite à une plainte déposée pour « présentation du cannabis sous un jour favorable », plainte qui n’eut jamais de suite. Mais le ver était dans le fruit et les livres qui présentaient la prohibition sous un jour défavorable passèrent des tables d’exposition aux étagères. LA DROITE EST DE RETOUR ET LES CENSEURS AVEC… Une coalition composée d’associations, de mouvements et de partis politiques fondent en 1998 le Collectif pour l’abrogation de la loi de 1970 (Cal 70). Leur première revendication : supprimer l’article L630 du code de la Santé publique, qui punit de cinq ans de prison et de 75 000 € d’amende le fait de présenter le cannabis sous un jour favorable. La nomination à la tête de la Mildt (Mission interministérielle de la lutte contre la drogue et la toxicomanie) de Nicole Maestracci est une bouffée d’air frais. Par hasard, deux éditeurs, le Lézard et Trouble-Fête, découvrent en septembre 2002 que des livres sur la cannabiculture ont disparu du site de Virgin, dont le PDG est par ailleurs un ardent défenseur de la légalisation. Ils s’en émeuvent. Le responsable du magasin de Toulon, apprennent-ils, a été mis en garde à vue. Pourquoi ? Parce que les policiers ont découvert, lors d’une perquisition chez un jardinier en herbe, des livres sur l’art de cultiver du chanvre achetés en toute légalité chez Virgin… Il faudra un article dans Libération pour que les livres incriminés soient remis en vente. En 2004, effet collatéral d’un retour en force de la morale à deux sous, la direction de la Fnac (encore elle) demande de « surseoir temporairement à la vente » de quatre livres sur le cannabis « suite à une enquête de la brigade des stupéfiants » dans l’un de ses magasins, sans pour autant en informer les éditeurs concernés… Des livres qui, à l’exception de Fumée clandestine, sont tous consacrés à la cannabiculture. UNE CENSURE QUI N’A JAMAIS OSE DIRE SON NOM ! Ne pouvant interdire des livres, les ennemis de la liberté d’expression portent plainte, et si les grandes enseignes (Fnac, Virgin, Cultura) sont les premières visées, les libraires indépendants ne sont pas à l’abri d’une descente de police dissuasive. Les livres incriminés ne font pas de prosélytisme pour le cannabis comme voudraient nous le faire croire les associations (familiales et catholiques) qui usent et abusent de l’article L3421-4 pour intimider, voire menacer, les libraires. Une manœuvre qui a fonctionné au-delà de toute espérance. J’en veux pour preuve la dernière production de Trouble-Fête, Cannabis, 40 ans de malentendus, un livre sur la petite et la grande histoire du cannabis boudé par les grandes enseignes et les libraires indépendants, de peur qu’une simple feuille de cannabis leur attire des ennuis. NOUS NE SOMMES PLUS AU TEMPS DE L’INQUISITION En 2011, la Global Commission on , qui réunit des personnalités au-dessus de tout soupçon comme l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, ou encore trois anciens présidents de la République et deux prix Nobel de littérature, publiait un rapport dénonçant une « guerre à la drogue » inutile et criminogène. En 2013, l’Uruguay, talonné de près par le Colorado, légalisait le cannabis. En France, entre une timide avancée sur le front du cannabis thérapeutique et une proposition de loi déposée au Sénat par une élue d’Europe Écologie-Les Verts, le débat est relancé… Et le triste temps où les fonctionnaires de la brigade des stups triaient les bons des mauvais livres sur les drogues dans les librairies est révolu. Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°55, Notre Culture, et marquée avec Cannabis, Histoire, Livre, le 23 octobre 2014 par Jean-Pierre Galland.

open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°55, Notre Culture, et marquée avec Cannabis, Histoire, Livre, le 23 octobre 2014 par Jean-Pierre Galland.

Je fume, tu fumes, nous fumons… 1 réponse PLANTER LE DÉCOR Un couple, quadra pour Elle et quinqua pour Lui, et deux enfants âgés respectivement de 13 et 15 ans qui ne sont pas à Lui, mais à Elle. Une vie de patachon comme on dit, d’un emploi à l’autre pour Elle, le chômage mâtiné d’un brin de délinquance pour Lui… Bref, une famille ordinaire logeant dans un appartement trop petit pour eux dans un quartier populaire de Paris où les dealers stationnent à chaque coin de rue. Quand bien même ils l’auraient voulu, ils auraient eu beaucoup de mal à dissimuler leur consommation quotidienne de cannabis, des cigarettes qui dégagent une drôle d’odeur et se partagent entre amis, parfois s’échangent contre quelques billets de banque. Il a bien fallu dès leur plus jeune âge leur expliquer qu’il s’agissait d’une activité condamnée par la société pour des raisons diverses qu’ils comprendraient plus tard, des propos qui éveillent de la curiosité chez tout adolescent normalement constitué et qui précèdent le discours concernant les dangers du cannabis sur un cerveau malléable… Un discours préventif, tenu en l’élargissant à d’autres substances telles que l’alcool, une drogue en vente libre et dont les effets sont dévastateurs à long terme. Qu’ils touchent un jour ou l’autre et l’un ou l’autre à la « drogue », leurs parents s’y attendaient, espérant néanmoins que ce jour vienne le plus tard possible et que les enfants se tournent vers eux pour goûter au fruit défendu, l’occasion de les conseiller sur la manière de consommer propre (gare au tabac !) et sur les règles à respecter pour que le cannabis ne prenne pas trop de place dans leur vie.

open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Cet article a été publié dans le blog d’ASUD sur Rue 89 sous le titre Cannabis : elle et lui fument et soudain, leurs ados s’y mettent. NE JAMAIS FAIRE CONFIANCE À UN ADO Un matin, Elle reçoit un appel du collège où l’aîné de ses garçons poursuit des études chaotiques. Le proviseur, qui refuse de lui dire de quoi il s’agit, l’invite à venir d’urgence à son bureau. Craignant qu’il ne soit arrivé un malheur à son garçon, elle se précipite et apprend (ouf !) que ce dernier (aïe !) a trouvé le moyen de se distinguer en essayant de vendre la beuh qu’il leur avait subtilisée. Un coup de fil passé en douce du bureau du proviseur et voilà qu’Il panique et s’en va cacher ses provisions chez un ami. La mère n’a pas nié l’évidence devant le conseiller d’éducation : Elle et son compagnon consomment du cannabis pour des raisons qui les regardent. Leur grande faute – ou simple erreur, selon le point de vue qu’on adopte –, c’est de l’avoir laissé à portée de main des enfants, une erreur qui ne se reproduira plus. Il s’était déjà pris la tête avec Elle sur le thème : il ne faut jamais faire confiance à un ado. Qu’auriez-vous fait à la place des parents ? Si vous ignorez tout de cette plante, si vous puisez vos informations sur le site « Parents contre la drogue » et si, dans votre tête, cannabis rime avec schizophrénie, sans doute l’auriez-vous traîné de force chez un médecin spécialisé, un addictologue comme on dit maintenant. Peut-être auriez-vous fouillé sa chambre la peur au ventre, par crainte de dénicher une boulette… Eh bien ces parents-là n’ont même pas appelé « Drogues info service » dont on dit le plus grand bien, ils s’en sont pris à eux-mêmes et à leur manque de perspicacité. Quand le gamin (il avait 14 ans) est rentré tête basse, son beau-père l’a traité de petit con, lui a fait remarquer que sa conduite mettait en danger la cellule familiale, que plus jamais ils ne lui feraient confiance. Sa mère a abondé dans son sens et ils ont décidé que désormais, à titre exceptionnel, en tout cas jamais durant la semaine et s’il se comportait correctement, une petite tête d’herbe lui serait octroyée de temps à autre. Cette aventure les a refroidis et obligés à adopter des ruses de Sioux pour planquer (et parfois oublier à quel endroit) leur provision de beuh. Comme tous fumeurs sérieux, ils redoutaient la saison estivale et s’arrangeaient pour mettre de côté de quoi satisfaire (à raison de deux maigres pétards par jour) leur toxicomanie. Aussi sont-ils restés comme deux ronds de flanc le jour où ils ont extirpé la beuh de secours (une variété millésimée) de sa cache spéciale et constaté qu’il ne restait plus que quelques miettes au fond du sac. Pas besoin de mener une enquête pour trouver le voleur qui a tout avoué et s’est justifié en disant qu’il n’avait pas su résister à la tentation… Que c’était trop bon. Branle-bas de combat : cet ado, si l’on s’en tient aux critères en vigueur, a un problème avec le cannabis. Il lui arrive de fumer seul et il est capable, tout brave garçon qu’il soit par ailleurs, de dévaliser les précieuses réserves de ses parents. Une consultation dans un centre pour jeunes drogués en détresse s’imposait, non ? Ce n’est pas la solution que choisirent ses parents, réalisant que le cannabis l’aidait à calmer la détresse et la colère qui bouillonnaient en lui à la moindre contrariété. UN CANNABIS SOCIAL CLUB FAMILIAL ? Ils n’en pouvaient plus de vivre à l’étroit et déploraient que la chambre des enfants soit devenue un coffeeshop fréquenté par leurs copains, des fils de bobos susceptibles de leur attirer des ennuis. Mais ils préféraient les savoir se droguer à la maison plutôt que dans la rue à la merci du premier contrôle de police venu, ce qui n’a pas empêché sa mère d’aller un jour récupérer le cadet dans un lointain commissariat de banlieue. L’inspecteur de police a été contrarié quand elle a dit, sans larmoyer pour autant, qu’elle était au courant de la consommation de son fils alors âgé de seize ans. Elle aurait pu, dans la foulée, lui expliquer qu’elle préférerait ravitailler son fils en cannabis et lui éviter de fréquenter des cités où le shit est coupé avec des produits nocifs et où lui seront immanquablement proposées d’autres drogues illicites, mais elle s’est tue. Évidemment, chaque fois qu’ils le pouvaient, Elle et Lui rappelaient à tous ces ados que le cannabis n’est pas une drogue innocente, qu’il se marie très mal avec l’alcool, qu’il n’est guère compatible avec les études et qu’en le consommant, on risque de se retrouver avec un casier judiciaire, un handicap pour débuter une vie d’adulte. La famille a enfin trouvé un grand appartement avec une chambre d’amis et lorsque l’aîné des garçons qui allait sur ses dix-huit ans a manifesté le désir de cultiver en intérieur, Elle comme Lui ont cherché des raisons de lui interdire cette activité agricole. Mais ils n’ont rien trouvé de pertinent, aussi ont-il décidé de partager les frais d’installation de la chambre de culture et le fruit de la récolte en deux parts égales, une pour eux et une pour leurs enfants… Une chambre d’amis, mais aussi une terrasse assez vaste pour accueillir une dizaine de plantes à partager selon le même principe que précédemment. Ainsi, ils éviteraient les cités, ses prix prohibitifs et ses herbes de piètre qualité ! Les enfants ont grandi, ils sont tous les deux majeurs et vivent à temps partiel chez leurs parents. En quelques saisons, Elle comme Lui sont devenus des cannabiculteurs expérimentés, et cette année, ils ont l’intention de reconsidérer le deal passé avec les enfants. Parce que c’est un travail journalier et que rarement ils leur donnent un coup de main, parce qu’ils ont l’âge de travailler et que la vie au quotidien devient de plus en plus dure, Elle et Lui ont décidé de prélever une commission sur la prochaine récolte afin d’améliorer l’ordinaire. Mais aussi pour éviter, preuve que leurs enfants ont un usage récréatif, qu’ils vendent à un prix « commercial » une partie de leur part au lieu de chercher du boulot… Et au risque de se faire pècho en pleine transaction. open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com lieu de chercher du boulot… Et au risque de se faire pècho en pleine transaction. Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°55, La drogue racontée à nos enfants, et marquée avec Cannabis, Témoignage, le 14 octobre 2014 par Jean-Pierre Galland.

open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Faut-il dépénaliser le Cannabis ? 1 réponse Posez une question sujette à débat. Au hasard « Faut-il dépénaliser le cannabis ? ». Invitez une personnalité au-dessus de tout soupçon pour présenter l’état des lieux, mettez face à face des experts dont les idées sont diamétralement opposées et vous obtiendrez un livre polémique, un livre qui devrait, précise la quatrième de couverture, permettre de vous « forger votre propre opinion » sur la question posée. Saviez-vous que « les interpellations d’usagers de cannabis ont été multipliées par six entre 1990 et 2010 » ou qu’avec la loi de la prévention de la délinquance de mars 2005 et les fameux « stages de sensibilisation aux dangers des produits stupéfiants » qui s’ensuivirent, on a assisté à une « repénalisation de l’usage simple » ? C’est que nous rappelle opportunément Ivana Obradovic, chargée d’études à l’Ofdt et médiatrice de cet ouvrage. Si vous suivez un tant soit peu l’actualité cannabique, vous connaissez forcément Jean Costentin, ses métaphores à deux balles et son mépris pour celles et ceux qui ne partagent pas ses idées spécieuses. Et si vous lisez régulièrement Asud-Journal, vous connaissez forcément Laurent Appel, militant de la réduction des risques et auteur de nombreuses et passionnantes contributions. Ce sont les deux principaux débatteurs de ce duel où s’immisce aussi Alain Rigaud, président de Fédération française d’addictologie. Jean Costentin, membre de l’Académie de médecine, nous présente le cannabis comme « la drogue de la résignation, de l’indifférence, du rire bête, de la bêtise assumée, de la perte de l’estime de soi, de la sédation, du rêve éveillé (autant dire du délire) et de la faillite assurée ». Pêle-mêle, il nous assène « qu’un joint, c’est pour une semaine dans la tête » et déroule à l’envi les dangers du cannabis, de l’infarctus du myocarde au cancer des testicules. Il croit à la dépendance physique au cannabis et affirme qu’en abuser expose ses consommateurs à des crises de schizophrénie ou encore, que pour cause de récepteurs sensibles, le cannabis est l’antichambre de l’héroïne et qu’il tue. Évidemment, le chanvre n’a aucune valeur thérapeutique et « déguiser le cannabis en un médicament procède de la stratégie du cheval de Troie pour le faire entrer dans la cité sous les acclamations ». Le professeur Jean Costentin qui voudrait qu’on « invalide une performance artistique qui porterait la marque des drogues » méprise tous les scientifiques, et ils sont nombreux, qui ne partagent pas ses délires. Dans le chapitre intitulé « Pour une régulation du cannabis », Alain Rigaud et Laurent Appel font preuve de plus de discernement et démontrent que le problème n’est pas le cannabis, mais sa prohibition et ses multiples effets pervers. Alain Rigaud préconise une dépénalisation de l’usage simple, une mesurette déjà adoptée par une majorité de pays européens qui, non seulement « soulagerait le travail de la police et de la justice », mais aussi permettrait de mener une politique de prévention plus réaliste. Quant à Laurent Appel, il estime que la « dépénalisation ne suffirait pas à réguler le marché ni à financer une politique efficace de prévention ». Aussi milite-t-il pour la légalisation du cannabis avec un pari : « intégrer les populations vivant du deal dans un nouveau modèle de régulation ». Il appelle de ses vœux la création d’une Agence du cannabis chargée d’organiser tant sa production que sa distribution à travers les Cannabistrots créés sur le modèle de Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC)… Une mesure qui, en prime, rapporterait (soyons réalistes) beaucoup d’argent au gouvernement sous forme de taxes. En fin du livre et en quelques lignes, un droit de réponse est accordé aux contradicteurs. Jean Costentin, en mal d’arguments plausibles, s’en prend à Laurent Appel « chantre des drogues et des addictions », mais la bave du crapaud n’atteignant pas la blanche colombe, Laurent répond point par point aux élucubrations du docteur Folamour du cannabis. Entre le premier qui défend une application stricte de la loi de 1970, le second qui propose de dépénaliser l’usage, donc de maintenir un interdit social, et le troisième qui présente un « bon hybride de libéralisme et de cogestion, ni trop capitaliste, ni trop étatique, avec un contrôle direct des pouvoirs publics et des consommateurs », à vous de choisir ! open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com de choisir ! Vous pouvez même participer au débat en ligne organisé par l’éditeur. Faut-il dépénaliser le cannabis ? Jean Costentin, Alain Rigaud,Laurent Appel. Le Muscadier, 2014. Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°55, Notre Culture, et marquée avec Cannabis, Livre, Politique, le 3 octobre 2014 par Jean-Pierre Galland.

Circ’s story – épisode 5 2 réponses En 1995, le Circ n’est pas au mieux de sa forme. La brigade des stups a saisi une partie de son stock et poussé France Télécom à fermer les tuyaux du 36 15, sa principale source de revenus, mais il en RÉSUMÉ DES ÉPISODES PRÉCÉDENTS EN QUELQUES faut plus pour entamer le moral des troupes et nous choisissons d’investir toute l’énergie qu’il DATES nous reste dans un « Appel du 18 joint » furieusement festif et politique. 1994 « CANNABISTROT, MYTHE OU RÉALITÉ ? » Descente de police au local du Circ, Garde-à-vue musclé et procès en Hasard du calendrier, le18 juin tombe un dimanche et nous décidons de consacrer le week-end perspective. entier au cannabis. D’abord, en mettant à l’épreuve de la réalité notre concept de Cannabistrot, Suivie de près par les caméras de l’agence Capa, la fine équipe du ensuite en mettant l’accent sur les vertus du chanvre agricole, enfin en mettant le feu le 18 juin sur Circ participe à la première européenne. la grande pelouse du parc de La Villette. 1995 Pour mener à bien notre projet, nous soldons quasiment notre compte et louons pour deux Le 3 février, jour de la Saint-Blaise, je suis condamné au nom du Circ jours l’Espace Voltaire, une salle sise dans le onzième arrondissement de la capitale. à une amende et à une peine de prison avec sursis. Pas de problèmes pour trouver de la beuh. La culture indoor en étant à ses balbutiements, nous Le 1er avril, la « Société Nationale des Chemins de Fer » se avons dans nos relations quelques jardiniers en herbe généreux et prêts à céder une part de leur transforme en « Soutien National aux Cannabinophiles Français ». récolte pour alimenter un cannabistrot éphémère. Après de longs et tumultueux débats, nous optons pour une soirée payante sur réservation. Nous voulons donner du Circ une autre image que celle de clowns passant le plus clair de leur temps à tirer sur de gros pétards et éviter que la soirée soit squattée par des zonards.

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En moins de temps qu’il ne faut pour le concevoir, Phix nous pond un carton d’invitation : « Cannabistrot, mythe ou réalité » que nous imprimons et envoyons à des artistes, à des journalistes, à des personnalités politiques… Alors que l’un travaille sur la programmation musicale, qu’un autre se charge de la déco, voilà qu’un arrêté préfectoral du 9 juin interdit la soirée du 17 et dans l’élan le salon du chanvre prévu le lendemain. On avait évidemment envisagé l’interdiction, mais sans trop y croire. Pour le Circ, c’est une douche froide. Ne nous reste plus qu’à contacter les médias et souhaiter qu’ils nous soutiennent. RASSEMBLEMENT MAINTENU Nous sommes le 15 juin et il est environ 19 heures. Je suis encore au local lorsque deux personnes se présentent à mon domicile. Ma copine les reçoit, leur propose de m’attendre et les invite à partager un pétard qu’ils refusent poliment. Après avoir interdit nos manifestations du vendredi et du samedi, voilà que le préfet de police envoie ces sbires me signifier l’interdiction de l’Appel du 18 joint, manifestation qui selon lui « présente sous un jour favorable l’usage du cannabis ». Je le prends mal. nous avons distribué des milliers de tracts, collé des centaines de stickers, certains médias ont relayé l’événement. Le Circ n’a pas l’intention d’obéir aux ordres du préfet et maintient le rassemblement. Nous voilà 16 juin, une rangée de CRS protège l’entrée du cannabistrot et quelques dizaines de militants protestent, des jeunes écolos et des jeunes socialos, des militants de Limiter la Casse et d’Asud, les activistes du Circ et en vedette américaine, Jean-François Hory le président de Radical, mais aussi des responsables d’associations européennes venus soutenir leurs camarades français dans la mouise. Le lendemain, les militants du Circ et leurs amis européens se retrouvent aux Buttes-Chaumont, un lieu hautement symbolique puisque c’est là comme chacun sait que s’est déroulé l’Appel du 18 joint originel. On se détend échangeant des pétards et des idées. C’est dimanche. Sous un beau soleil et sous la surveillance discrète de la brigade des stups nous sommes un bon millier à revendiquer une autre politique pour le cannabis. Régulièrement, je rappelle par mégaphone que le rassemblement est interdit invitant sur un ton ironique celles et ceux qui sont là pour soutenir le Circ à quitter les lieux. Quant aux autres, que rien ne les empêche de s’informer sur notre stand et d’applaudir aux interventions dénonçant la politique de Jacques Chirac. notre nouveau Président de la république ! BIENVENUE EN CHIRAQUIE Le rassemblement de l’Appel du 18 joint (le premier à être interdit) s’étant déroulé en toute convivialité et en présence de médias plus ou moins acquis à notre cause, nous étions rassurés. Par pour longtemps car nous attendait une épreuve douloureuse qui allait gâcher nos vacances.

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À peine élu président, Jacques Chirac s’en prend violemment à la politique des Pays-Bas en matière de cannabis, rétablit les contrôles aux frontières et avertit ses partenaires européens qu’il signera les accords de Schengen sur la libre circulation des personnes le jour où la Hollande renoncera à ses Coffee-shops. C’est le début d’un feuilleton sur lequel nous reviendrons plus longuement, un moment difficile pour les touristes Français à Amsterdam car à l’arrogance de Jacques Chirac sur la politique des drogues bataves, s’ajoutait la reprise des essais nucléaires ! La première visite de Jacques Chirac en tant que chef d’État fut pour son ami Hassan II. Nous espérions qu’après ses vitupérations sur la tolérance batave en matière de cannabis, notre président interpellerait le roi du Maroc sur ce qu’il compte entreprendre pour ne plus être le plus gros producteur de haschich au monde dont une grande partie nourrit le marché français, un sujet qui ne sera pas abordé officiellement. A VERY BAD TRIP Enhardi par l’arrivée de la droite au pouvoir, fort des positions intransigeantes sur le cannabis du nouveau président, l’inspecteur chargé de liquider le Circ se frotte les mains. Le moment est venu d’oublier ce jour cuisant de novembre où, à deux doigts de nous écraser, la sortie inopinée du rapport du Comité national d’Éthique a ruiné son projet. Tour à tour, il a convoqué Fabienne (présidente du Circ-Paris), Jean-René (président d’Asud) Stéphane (responsable d’Écolo-J) qui se fera accompagner par Dominique Voynet, Anne Coppel (présidente de Limiter la Casse) et moi-même. l’inspecteur a tenu aux uns et aux autres des propos empreints de racisme, de bonnes grosses blagues fleurant mauvais l’extrême droite… Je ne citerais qu’une seule de ses saillies à propos des membres composant le Comité d’éthique : « Le docteur Mengele aussi était un scientifique ». Ces propos et d’autres encore nous ont choqué. Nous sortions du cagibi exiguë où nous étions malmenés, incrédules et écœurés, ce qui nous a poussé, d’un commun accord, à tout déballer à un journaliste de Libération qui le 8 juillet publiait un article intitulé « Interrogatoires rugueux aux stups » où il dénonçait les odieux propos de l’inspecteur. Quelques jours plus tard, punition ou promotion, il était affecté à un autre service. LE CIRC A UN NOUVEL AMI 1995, c’est aussi l’année où Roger Henrion, profession gynécologue, accouche dans la douleur d’un rapport qui fera date. L’aventure mérite d’être brièvement conté. Après avoir lancé l’idée d’un grand débat sur la dépénalisation des drogues douces, Pasqua se défausse et renvoie la balle à Simone Veil, ministre de la santé, qui lance une commission composée de personnalités « d’origine très diverses », une commission qui devra rendre sa copie avant la fin de l’année et faire des propositions concrètes. Le candidats ne se bousculent pas au portillon pour prendre la tête de la Commission. Puis fin décembre, le ministre de l’Intérieur nous sort de son chapeau un président : Roger Henrion, gynécologue encarté au RPR. Le temps que soient nommés ses dix sept membres, dont Michel Bouchet, patron de la brigade des stups et Gilles Leclair, patron de l’Octris, nous sommes déjà en mars et le rapport doit être rendu en juin. Il faudra attendre que les membres de la commission avalent et digèrent un amas de textes, la plupart indigestes, pour que débutent le premier juillet les auditions. L’automne passe, l’hiver arrive et toujours rien. Le bruit court que les débats sont houleux, que le professeur Henrion, un honnête homme, a viré de bord, et milite pour la dépénalisation, une solution que combat l’équipe adverse emmené par Michel Bouchet. open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com dépénalisation, une solution que combat l’équipe adverse emmené par Michel Bouchet. Le rapport qui devait être rendu le 20 janvier 1995 (jour du procès du CIRC) sur le bureau de Simone Veil, le sera finalement le 3 février (jour où le CIRC est condamné)… Et très vite oublié par les députés. Par neuf voix contre huit, le rapport préconisait la dépénalisation du cannabis… et sa légalisation trois ans plus tard si tout se passait bien. Dans le prochain épisode, nous suivrons le match qui oppose la France et les Pays-Bas et nous nous intéresserons aux Circ qui fleurissent un peu partout en France. Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°54, Vie Associative, et marquée avec Associations, Cannabis, Histoire, le 9 janvier 2014 par Jean-Pierre Galland.

Georges Apap, un homme remarquable 2 réponses Georges Apap est décédé le 19 novembre 2013. Hommage à ce magistrat militant anti-prohibitionniste et humaniste de la 1ère heure. Georges Apap ne se doutait pas ce 8 janvier 1987 que sa vie prendrait un nouveau tour. Procureur de la République dans la Drôme, il était chargé de prononcer le traditionnel discours retraçant l’activité judiciaire de l’année précédente du tribunal de Valence. En choisissant de s’exprimer sur la toxicomanie, sujet périlleux, son but n’était pas de froisser ses auditeurs, ni de créer une polémique… Oui mais voilà, le discours pragmatique du procureur a soit disant choqué un député du coin, lequel quitte la salle, un député RPR qui s’était excusé auprès de Georges Apap de devoir partir avant la fin de son intervention , un député qui pour se faire mousser répond à un journaliste, que s’il s’est barré c’est parce qu’il a été scandalisé par les propos du procureur, des propos qu’il a immédiatement dénoncé à Albin Chalandon, le garde des Sceaux. MAIS QUELLE BOMBE A LANCÉ LE PROCUREUR DE VALENCE QUI MÉRITE QU’ON LE CLOUE AINSI AU PILORI ? Pour commencer sa démonstration, Georges Apap s’étonne que les termes employés dès qu’il s’agit de parler de drogues interdites soient « alarmistes » alors qu’entre les 120 morts par an d’overdose et les 80 000 victimes de l’alcoolisme, y a pas photo ! Néanmoins, tient-il à préciser qu’il « ne mène pas de croisade contre l’alcoolisme », mais ne fait que souligner « l’indifférence, voire la complaisance dont bénéficie ce dernier » . « Parlez d’un tel qui, hier, s’est copieusement enivré, vous ne susciterez autour de vous que réflexions amusées et sourires de connivence. Dites au contraire, devant le même auditoire et à propos du même personnage qu’on l’a surpris aujourd’hui s’adonnant à un dérivé du cannabis, du pavot ou de la coca, et vous verrez aussitôt les sourires se figer et les visages se fermer »,pourtant « la seule différence entre les deux phénomènes est celle de l’interdiction légale ». A propos de la loi de 1970, Georges Apap est obligé de constater que « depuis un siècle et demi d’interdiction et de répression, le phénomène ne cesse de s’étendre ». Non seulement ajoute-t-il, « l’interdiction ne sert à rien », mais elle a de nombreux effets pervers : « elle favorise le trafic » ou « incite à l’altération des produits, les rendant plus dangereux encore. » Pour appuyer sa démonstration, Georges Apap cite les effets délétères de la prohibition de l’alcool et propose de détourner la célèbre phrase de Cocteau : « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur » en « puisque ce phénomène nous dépasse, pourquoi ne pas l’organiser ? » Comme il le dit lors de son intervention, en se prononçant pour que cesse la répression « il a bien conscience que c’est un langage inattendu dans la bouche d’un procureur », mais il persiste et signe. Pour punir l’insolence du procureur de la Drôme, Albin Chalandon décide de le muter au tribunal de Bobigny, mais François Mitterrand refuse de signer le décret. Furax, le garde des Sceaux fait d’autres propositions à Georges Apap qui les dédaignent. Albin Chalandon saisit alors la Commission de discipline du Parquet qui examine son cas le 9 octobre 1987. Considérant que Georges Apap « a exprimé son opinion de citoyen sur un sujet dramatique, qu’il n’a pas contesté la loi, ni injurié le Garde des Sceaux, qu’il s‘est exprimé sur un ton ironique, que sa vision d’un monde où la drogue serait dépénalisée est utopiste et que là où il exerce les drogués remplissent les prisons », la Commission de discipline le relaxe. Une décision qui n’apprécie guère la chancellerie car « en se livrant publiquement à une critique de la loi » et « en mettant en cause l’action du gouvernement », Georges Apap s’est livré « à une démonstration de nature politique » et a manqué à ses obligations de procureur. Georges Apap était un homme d’une grande humanité et d’une simplicité désarmante. Suite cette aventure, il adhérera à la Coordination radicale anti-prohibitionniste (Cora), un groupe de pression créé par le Parti radical italien et en 1989, la Drug Policy Foundation (devenu depuis ), association américaine anti- prohibitionniste fondée par Milton Friedman, lui décernera un prix pour son engagement contre la guerre à la drogue. Dans un style limpide, Georges Apap a publié de nombreux articles et il est intervenu, sa voix était douce et persuasive, dans de non moins nombreux congrès. Il avait le cœur sur la main et il a accepté d’être le parrain du CIRC tout comme il a adhéré au Mouvement de Légalisation Contrôlé (MLC) de Francis Caballero. open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com cœur sur la main et il a accepté d’être le parrain du CIRC tout comme il a adhéré au Mouvement de Légalisation Contrôlé (MLC) de Francis Caballero.

Georges Apap a toujours milité. Dans sa jeunesse, pour les travaux d’intérêt général (une idée de Robert Badinter en 1983) et il n’y a pas si longtemps, il défendait encore les Sans Papiers aux prises avec l’administration. C’est à Georges Apap que l’on doit cette célèbre formule : « Les drogues ne sont pas interdites parce qu’elles sont dangereuses, elles sont dangereuses parce qu’elles sont interdites ». Et c’est aussi Georges Ap qui écrivait dans le Volume 5 de la revue Psychotropes : « Il faut être optimiste, car l’histoire démontre que les abolitionnistes ont toujours triomphé, et que chacun de ces triomphes a contribué, lentement mais concrètement open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com « Il faut être optimiste, car l’histoire démontre que les abolitionnistes ont toujours triomphé, et que chacun de ces triomphes a contribué, lentement mais concrètement au progrès de l’humanité. » Une petite dernière pour la route ? « Je m’indigne avec vous de la prétention de l’État à régir nos comportements individuels dès lors qu’ils ne portent tort à personne, et je considère qu’il y a dans cet empiétement sur nos libertés une atteinte intolérable aux droits de l’homme ».

Cette entrée a été publiée dans Actu, Non classé, et marquée avec Antiprohibition, Portrait, le 27 novembre 2013 par Jean-Pierre Galland.

open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Cannabis, 40 ans de malentendus (Volume 1 : 1970-1996) Laisser une réponse Coupures de presse, documents classés « secret défonce » par les activistes, dessins inédits d’artistes en herbe, photos souvenirs de manifestations cannabiques à l’appui, Jean-Pierre Galland vous invite à un voyage dans le monde du cannabis, un ouvrage férocement politique et furieusement militant. Parce que le sujet est en permanence d’actualité et l’iconographie foisonnante, pas moins de trois volumes seront nécessaires pour rendre compte des événements ayant marqué la petite comme la grande histoire du cannabis. Le premier volume de Cannabis, 40 ans de malentendus débute en 1970, l’année où a été votée la loi et s’interrompt en 1996, l’année où les activistes dans la ligne de mire de la justice préparent néanmoins une action explosive. En commande sur www.trouble-fete.com. Cette entrée a été publiée dans Notre Culture, et marquée avec Cannabis, Histoire, Livre, le 12 juin 2013 par Jean-Pierre Galland.

Cannabiculteurs en danger 1 réponse Une enquête diligentée en 2008 par l’OFDT estimait à 200 000 le nombre de cannabiculteurs pour une production avoisinant les 32 tonnes. 11,5% de l’herbe fumée serait française et son taux en THC ne dépasserait pas les 8%. Le « Plan gouvernemental 2008/2011 de lutte contre les drogues et les toxicomanies » préparé par la Mildt s’est focalisé sur l’autoproduction à des fins domestiques, « un phénomène favorisé par la libre circulation des graines et du matériel de production, ainsi que par la prolifération de magasins et de sites internet spécialisés dans la cannabiculture ». Et de promettre à la police « des moyens de détection innovants » pour lutter contre ce nouvel ennemi de l’intérieur ! UN EFFET COLLATÉRAL DE LA RÉPRESSION L’explosion de l’autoproduction au XXIe siècle est liée à la politique de la tolérance zéro pour le cannabis et à la répression qui s’ensuivit. Les amateurs de cannabis ont vite compris que pour échapper à la police et au haschich médiocre à prix prohibitif du marché noir, il leur suffisait de planter quelques pieds de chanvre sur un balcon, dans un placard ou en pleine terre. Conséquence directe, les cannabinophiles qui fumaient naguère de la résine marocaine ne jurent plus que par la beuh. Une étude instructive publiée en 2010 par l’ONDRP open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Conséquence directe, les cannabinophiles qui fumaient naguère de la résine marocaine ne jurent plus que par la beuh. Une étude instructive publiée en 2010 par l’ONDRP (Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales) confirme cette tendance : « L’herbe représente désormais 40% du marché français. Un usager sur deux (47,7%) estime consommer de l’herbe made in France, soit 12% du marché total du cannabis. » Comme le note l’ONDRP, les trois-quarts des planteurs cultivent uniquement pour leur usage personnel et celui de leurs amis. Et le quart restant ? Au fil des ans, les jardiniers en herbe sont de plus en plus nombreux à maîtriser parfaitement le sujet, à passer du stade de l’autoproduction à la culture artisanale pour le plus grand plaisir de consommateurs certains de trouver une herbe saine à un prix raisonnable. UNE PROFESSION EN PLEINE EXPANSION L’artisan cannabiculteur réside souvent à la campagne, pratique le cannabis depuis des lustres et produit des variétés qui feraient le bonheur des coffee shops. Il est « normal », prudent, a passé l’âge de se faire contrôler à tout bout de champ et tient à conserver un travail valorisant qui lui permet de fumer à l’œil toute l’année et aussi de mettre un peu de beurre dans les épinards. Combien sont-ils à vivre du commerce de l’herbe qu’ils ont plantée, récoltée, séchée, manucurée et emballée de préférence sous vide ? Des cannabiculteurs qui accepteraient par ailleurs (quitte à perdre une part de leur revenu) de vendre leur production à des coopératives ou à des organismes officiels après analyse des cannabinoïdes et contrôle phytosanitaire. Le jardinier du dimanche se distingue du cannabiculteur professionnel par la quantité d’herbe qu’il cultive à l’année. En plein champ, un jardinier expérimenté et vigilant produira en moyenne six cents grammes de fleurs sèches par plante. Après avoir déduit les frais qui vont des engrais aux petites mains rémunérées pour manucurer, il lui suffira d’en rétrocéder cinq kilos pour survivre toute l’année. Qui plus est, avec les petites feuilles récupérées, il produira du haschich maison à l’aide du Pollinator et de l’Ice-o-lator. S’il double sa production, augmentant sensiblement les risques, il gagnera bien sa vie et participera activement à la vie économique de sa région. Pour en avoir croisé partout lors de mes pérégrinations militantes, l’artisan cannabiculteur est généralement un honnête homme, un commerçant arrangeant qui n’exige pas toujours d’être payé de suite. Il s’est construit un réseau de personnes ordinaires avec qui il entretient des relations de confiance, des gens « qui n’ont pas la gueule à ça » trop contents de s’approvisionner directement à la ferme. PAS DE PITIÉ POUR LES CULTIVATEURS EN HERBE ! Nous avons rêvé d’un monde où le peuple de l’herbe formerait une tribu solidaire, où les cultivateurs échangeraient leur savoir comme leurs boutures et organiseraient pour de rire des Cannabis Cups, mais ce temps-là est bien fini. À cause des policiers qui traquent les parcelles en hélicoptère et des gendarmes qui promènent leurs chiens renifleurs dans les rues des villages ? À cause des ados qui profitent de la nuit pour dérober quelques plantes et en cas de problèmes avec la maréchaussée, dénoncer leur légitime propriétaire ? Non ! À cause des gangs qui s’intéressent désormais de près aux cultivateurs en herbe, une proie facile. Dans le grand Sud où la pègre est bien implantée, les braquages se multiplient, déclenchant un climat de suspicion et un vent de panique chez les cultivateurs de beuh, lesquels ont déjà fort à faire pour dissimuler leurs activités aux voisins curieux et aux policiers sur les dents. Qui informe les gangs ? Rémunèrent-ils des gamins pour sillonner la campagne à la recherche de plantations ? On m’a rapporté que si vous êtes dans une région connue pour être un grenier à beuh, que vous avez le look du fumeur et que votre maison est isolée, vous prenez le risque d’être méchamment agressé par des apprentis gangsters persuadés que vous plantez du cannabis. Mais le pire est à venir et je l’affirme en connaissance de cause. J’ai été, alors que je rendais visite à un jardinier de mes amis, le témoin oculaire d’un braquage dans les règles de l’art. Quand ils ont surgi de la nuit, portant cagoules et gants, brandissant qui un fusil à pompe, qui une arme automatique, nous avons cru que c’était les flics. Lorsqu’ils ont aboyé l’ordre de nous coucher face contre terre et frappé mon ami à coups de pieds et de crosse, nous en avons douté, mais la suspicion demeure. Ils étaient violents sans pour autant perdre leur sang-froid, avares en paroles mais bien renseignés sur la vie privée du principal intéressé. Avant de décamper, ils nous ont lié les mains dans le dos avec de la ficelle et confisqué nos téléphones. Nous les avons retrouvés le lendemain au fond de la poubelle. Ils sont partis avec la voiture du propriétaire débordante d’herbe en nous assurant que nous la retrouverions sur le parking d’un supermarché. Finalement, ils l’ont brûlée. Ces agressions sont traumatisantes pour des victimes se sentant totalement impuissantes. Le jardinier à qui l’on a posé un flingue sur la tempe ne porte pas plainte au commissariat, il se tait et rumine. Agriculteur compétent et commerçant honnête, il a tout perdu en quelques minutes. Il fallait s’y attendre, la prohibition est une aubaine pour les gangs, au détail l’herbe se négocie dans la rue entre dix et quinze euros. Il y a un marché à prendre, quitte à partager avec quelques agents de la force publique corrompus comme ce fut le cas aux États-Unis lors de la prohibition de l’alcool, comme c’est le cas de façon criante au Mexique et comme ce sera bientôt le cas chez nous, la preuve avec les agissements douteux de la BAC-Nord de Marseille. LES MAFIAS À LA MANŒUVRE ! La culture du cannabis à des fins lucratives est désormais une réalité et les gangs sont devenus les alliés involontaires des policiers dans leur traque aux cultivateurs, sauf que les voleurs ne détruisent pas la beuh mais la recyclent. Si les autorités en charge de la sécurité s’en lavent les mains du style « C’est bien fait pour eux, on ne va pas les plaindre », à la guerre pour le contrôle des quartiers dans les banlieues s’ajoutera la guerre pour contrôler la production locale d’herbe, un marché très juteux. Suite à une agression, les victimes des gangs réduisent considérablement, voire abandonnent, leur activité, un manque à gagner pour les mafias qui pourraient alors les contraindre à cultiver contre un pourcentage et une protection, ce qui nécessiterait en passant de corrompre des responsables de la répression. Mais la mafia sait se montrer généreuse et persuasive. Science-fiction ? Pas si sûr ! Au Canada, par exemple, ce sont les Hell’s Angels qui assurent, de la production à sa distribution, le commerce du cannabis. Et gare à ceux qui ne se plient pas à leur diktat ! Tout comme Stéphane Gatignon dénonce, dans son livre Pour en finir avec les dealers, la politique française en matière de drogues et met en garde contre les mafias open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Tout comme Stéphane Gatignon dénonce, dans son livre Pour en finir avec les dealers, la politique française en matière de drogues et met en garde contre les mafias prenant le pouvoir en banlieue, à mon tour d’attirer l’attention des autorités sur le statut du cannabiculteur, un acteur économique certes hors-la-loi, mais bien réel et fort utile pour les fumeurs qui refusent de cautionner le marché noir. Et lorsque les mafias hexagonales auront conquis par la force une part du gâteau, elles se feront la guerre pour le contrôle, à moins qu’elles préfèrent s’associer à la mafia vietnamienne récemment impliquée dans deux affaires : 750 plants saisis à La Courneuve et 3 000 dans une boulangerie abandonnée de l’Aube. Pour échapper à ce scénario du pire où nous compterons bientôt les morts, qu’on le veuille ou non, le gouvernement n’a pas d’autre solution qu’encadrer la production et la distribution du cannabis. Cette entrée a été publiée dans Actu, ASUD Journal N°51, et marquée avec Cannabis, Deal, le 4 février 2013 par Jean-Pierre Galland.

Apaire au pays des jardiniers en herbe Laisser une réponse Même si la plus grande partie de cette chronique est consacrée à la tentative de la Mildt de briser le moral des cultivateurs en herbe, entre deux saisies et trois interpellations, le reste de l’actualité cannabique joue en faveur des partisans du changement. Je veux évidemment parler de Pour en finir avec les dealers écrit par le maire de Sevran en collaboration avec un flic de terrain. Difficile de passer à côté des thèses déve­ loppées dans cet ouvrage tant il a été commenté dans les médias. Aux prises avec la réalité, les auteurs démontrent l’inefficacité de la prohibition et préconisent, au nom de la sécurité, de légaliser les drogues. Un autre livre, paru quelques semaines auparavant et écrit par un journaliste qui « ne se drogue pas », Drogues : Pourquoi la légalisation est inévitable, a, lui aussi, participé à mettre le sujet du cannabis. sur le devant de la scène Il y avait bien longtemps que les télévisions n’avaient pas consacré d’émission au cannabis, un sujet qu’ils abordaient volontiers naguère. Le jour du printemps, France 2 consacre un dossier à ce sujet sous le titre Et si on légalisait le cannabis ?, une question qui contient déjà la réponse. En envoyant ses journalistes enquêter en Californie, aux Pays-Bas et au Portugal, l’émission a démontré qu’il existe des alternatives fiables à notre politique du tout répressif. Tant mieux si des politiques relaient enfin ce que nous répétons depuis des années, mais voilà qu’Étienne Apaire est arrivé avec ses gros sabots. LA MILDT DÉCOUVRE LA CANNABICULTURE Alors qu’en quelques années, la politique de la matraque aidant, la culture du cannabis a fleuri partout en France, la Mildt – qui ne maîtrise pas le sujet – demandait en 2007 à l’Ofdt de se pencher sur « la part de la production domestique de cannabis en France ». En 2008, Jean-Michel Costes, feu le directeur de l’Ofdt, remet son rapport : les cannabiculteurs seraient 200 000 et produiraient 32 tonnes de beuh, 11,5% de l’herbe fumée serait locale et son taux en THC avoisinerait les 8 %… Bref, en France comme dans tous les pays d’Europe, force est de constater que la culture domestique du cannabis est en pleine expansion. La Mildt s’en émeut. Son président nous rassure, il prendra les mesures qui s’imposent dans le plan antidrogue qu’il nous concocte. Le Circ se fend alors d’une lettre à son président1 dans laquelle il souligne malicieusement que le succès de l’autoproduction est un des effets collatéraux de la politique répressive. Le cannabis étant trop souvent coupé avec des produits nocifs, le Circ relève également qu’en cultivant son jardin, l’amateur milite paradoxalement pour sa « bonne santé ». En cultivant son jardin, il coupe les ponts avec le marché noir où il risque non seulement de se voir proposer d’autres drogues, mais aussi de se faire alpaguer au détour d’une rue par des policiers contraints de faire du chiffre. Fort de ses arguments pragmatiques, le Circ invitait la Mildt à adopter une politique tolérant la culture de quelques pieds de chanvre dans son jardin, sur son balcon ou en « placard ». LA MILDT DÉCLARE LA GUERRE AUX CANNABICULTEURS… Dans son « Plan gouvernemental 2008/2011 de lutte contre les drogues et les toxicomanies », la Mildt ne tient pas compte de ces propositions sensées et promet de s’attaquer à ce « phénomène favorisé par la libre circulation des graines et du matériel de production, ainsi que par la prolifération de magasins et de sites Interrnet spécialisés dans la “cannabiculture” »… Pour éradiquer ce nouvel ennemi de l’intérieur, comme le qualifie Étienne Apaire, la Mildt décide de doter la police « de moyens de détection innovants » (appareils à infrarouge, détection aérienne, détecteurs de particules, amplificateurs de bruit…). open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com détection innovants » (appareils à infrarouge, détection aérienne, détecteurs de particules, amplificateurs de bruit…). …L’ONRDP EN RAJOUTE UNE COUCHE Quant â David Weinberger, il déduit de l’étude qu’il a menée pour le compte de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (Onrdp) que 80% de ceux qui cultivent du cannabis le font uniquement pour assurer leur consommation personnelle. 47% de la beuh fumée en France serait en outre produite sur le territoire. David Weinberger (comme la Mildt) remarque que cette activité qui se concentre en « zone périurbaine » est facilitée par la multiplication des sites Internet spécialisés et des boutiques. Il en dénombre 400 en France… À ce rythme nous assure le rapporteur, la beuh supplantera bientôt le shit dans le cœur des fumeurs. MILDT ATTACK Le 26 avril 2011, gendarmes et policiers encadrés par l’Octris passent â l’attaque et effectuent conjointement vingt-trois descentes sous l’autorité de dix-neuf parquets. Dix- huit personnes sont interpellées, dont quatorze se retrouvent en garde â vue. Ces descentes médiatisées, on les doit aux cyber policiers qui, durant de longs mois, ont espionné les cultivateurs en herbe via le site Cannaweed et réussi â en localiser certains, notamment grâce aux photos de leur jardin intime publiées sur le site. Efficaces les policiers du Net ? Pas vraiment puisque certaines personnes interpellées ne cultivaient plus depuis des années. Quant â l’opération elle-même, il n’y a pas de quoi pavoiser : cent pieds d’herbe saisis, soit une moyenne de cinq pieds par personne. Quatre kilos de beuh de « très grande qualité », dixit Le Figaro, ont été retrouvés, ce qui ne fait jamais que trois cents grammes par jardinier, de quoi assurer sa consommation estivale. Et dire que nos flics, qu’ils soient « cyber » ou pas, ont été formés par des policiers néerlandais. S’inspirant de leurs judicieux conseils, la Mildt vient d’ailleurs de publier un guide de cannabiculture réservé aux fins limiers chargés de repérer les cultures clandestines. Alors qu’elles s’étaient déroulées deux semaines auparavant, ces descentes orchestrées par la Mildt ont été jetées en pâture aux médias la veille de la dixième Marche mondiale du cannabis. Un méchant hasard ou un message codé â l’intention des jardiniers en herbe, des growshops, du Circ et de sa devise : « Contre la guerre à la drogue, cultivons notre jardin » ? Encore une fois, voulant montrer au bon peuple qu’elle ne lâche pas le morceau, la Mildt a consacré beaucoup de temps, d’énergie et d’argent â la seule fin de gâcher la vie de quelques passionnés de jardinage qui, pour se fournir, n’auront plus comme recours que le marché noir avec les multiples risques que cela comporte. Rien que le procédé – pister des jardiniers comme s’ils étaient des terroristes alors qu’ils ne présentent aucun danger pour la société – n’est pas très élégant. Étienne Apaire, qui dit craindre « que le crime organisé ne mette la main sur cette production nationale à l’image de ce qu’il se passe en Grande-Bretagne où les mafias vietnamiennes s’en sont emparées », se couvre non seulement de ridicule avec ses onze « armoires de culture » saisies, mais favorise aussi l’installation de ce qu’il voudrait combattre. Les autres arguments du patron de la Mildt pour justifier cette tentative de déstabilisation du peuple de l’herbe ne sont guère plus convaincants : le jardinier d’intérieur produisant une herbe très riche en THC (de 20 â 25 %) est souvent « victime » de surproduction, ce qui le pousserait â se lancer « dans un trafic local », nous dit-il en substance. En baptisant « Cannaweed » l’opération menée conjointement par la Mildt et l’Octris, le pouvoir cherche â semer la panique chez les utilisateurs du « portail francophone de la culture du cannabis » et â les priver d’une information précieuse et multiple car avant d’être un site d’échanges entre cannabiculteurs, Cannaweed est un site politique militant pour une consommation raisonnée et raisonnable. Lettre du Circ à Étienne Apaire Lettre d’Étienne Apaire au Circ Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°47, Etienne Apaire, le bad trip, et marquée avec Cannabis, MILDECA, le 5 juin 2011 par Jean-Pierre Galland.

La croisade de l’ONU contre la drogue 1 réponse UN MONDE SANS DROGUE, C’EST POSSIBLE « Les drogues sont en train de déchirer nos sociétés, engendrant la criminalité, répandant des maladies comme le sida, détruisant notre jeunesse et notre avenir. On compte aujourd’hui environ 190 millions de toxicomanes dans le monde. Aucun pays n’est à l’abri… La mondialisation du commerce de la drogue exige une réaction open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com compte aujourd’hui environ 190 millions de toxicomanes dans le monde. Aucun pays n’est à l’abri… La mondialisation du commerce de la drogue exige une réaction internationale », déclarait en 1998 le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, en préambule de la session spéciale de l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Lors de cette grand-messe, les pays membres des Nations unies se donnèrent dix ans, d’une part pour éradiquer la culture du pavot, du cocaïer et du cannabis, et d’autre part pour réduire significativement l’offre et la demande de drogues illicites…« Un monde sans drogue, c’est possible », tel était leur slogan. Sous l’amicale pression des états-Unis, pour qui la prohibition est une aubaine (qui leur permet de régner par la force sur une partie du monde), les nations membres de l’ONU déclarèrent la « guerre à la drogue ». Et tout ce beau monde ( Jacques Chirac en était) de se donner rendez-vous à mi-parcours afin d’évaluer les effets positifs de la croisade lancée contre la drogue et les drogués. Nous voilà donc en 2003. L’absence de réunion préparatoire n’a pas facilité les débats lors de la 46e session de la Commission des stupéfiants. Faute de temps, mais surtout de bonne volonté, les délicates questions soulevées par les représentants de certains pays (Suisse, Hollande, Belgique…) sur le développement alternatif, le blanchiment de l’argent sale ou la réduction des risques, ont été évacuées. Dans le document final adopté par 140 délégations, les États membres commencent ainsi par se dire « gravement préoccupés par les politiques et activités en faveur de la légalisation des stupéfiants et des substances psychotropes illicites qui ne sont pas conformes aux traités internationaux relatifs au contrôle des drogues et qui risqueraient de compromettre le régime international de contrôle des drogues ». Puis, après s’être félicités des progrès accomplis dans leur lutte contre le trafic, ils réaffirment leur volonté d’éradiquer les plantes à drogues dans les cinq ans à venir. Une dangereuse utopie de la «guerre à la drogue » défendue par les États-Unis avec le soutien de nombreuses dictatures, dénoncée par une manifestation européenne – à laquelle participaient des activistes d’Asud et du Circ – qui part du centre de Vienne pour se terminer 7 kilomètres plus loin, devant le siège des Nations unies(1). UN BILAN DÉPLORABLE Dix ans plus tard – en 2008 – force est de constater que l’offre et la demande de drogues ont augmenté partout dans le monde, et que la politique de prohibition pure et dure est un échec. La « guerre à la drogue » n’est pas qu’un concept. C’est aussi une réalité qui engendre de nombreux conflits de toute nature où sont quotidiennement bafoués les droits de l’homme les plus élémentaires. En axant sa politique sur la répression et la stigmatisation des usagers, l’ONU a favorisé la diffusion du virus du sida. Mais les dégats ne sont pas que sanitaires, ils sont aussi sociaux : le crime organisé ne s’est jamais aussi bien porté. Au point, constatait benoîtement le directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime en décembre 2008, que les cartels de la drogue ont participé au renflouement en liquidités de certaines banques victimes de la crise financière. Ne pouvant – décence oblige – que constater les graves coûts humains et financiers de sa politique, la Commission des Nations unies sur les stupéfiants (CND) réunie à Vienne ne s’est pas avouée vaincue pour autant. Et Antonio Maria Costa, son porteparole, de déclarer que « le problème de la drogue au niveau mondial a été contenu, mais n’a pas été résolu»… L’année précédente, il annonçait même triomphalement que le « problème mondial des drogues était en train d’être endigué », tout en notant que la production d’opium afghan avait augmenté de 42% entre 2005 et 2006. Sa politique étant contestée par de nombreuses associations et par les délégations de plusieurs pays, l’ONU décide alors de s’accorder un an de réflexion pendant lequel ses différentes officines (2) se chargeront d’évaluer la pertinence des politiques menées depuis dix ans, en invitant la société civile à alimenter le débat. Évidemment, aucune évaluation sérieuse de la politique ONUsienne n’a été entreprise. Les technocrates se sont agités pour que la Déclaration politique soit acceptée par consensus, sans lire les contributions de la coordination mondiale des ONG qui propose une politique respectant les droits de l’homme, une politique de réduction des risques impliquant les usagers. LA MONTAGNE ACCOUCHE D’UNE SOURIS Le 11 mars 2009, plus de 1 400 responsables représentant 130 nations sont invités à la séance plénière du 54e sommet de l’ONU sur les drogues. Dans son discours inaugural, Antonio Maria Costa souhaite que « les États traitent la dépendance à la drogue comme une maladie et s’impliquent davantage dans la prévention, le traitement et la réduction des risques »… Une première, l’expression « réduction des risques » étant jusqu’alors bannie du vocabulaire des Nations unies. D’après le président de la CND, le trafic a pris des proportions que personne n’avait prévues. Une situation qui gangrène l’économie formelle et donne de l’eau au moulin des partisans (heureusement minoritaires) de la légalisation, et qui inquiète Antonio Maria Costa. Aussi, incite-t-il les États signataires des Conventions à lutter avec plus d’énergie encore contre le trafic, mais en aucun cas à mener une politique « en faveur des drogues ». De ce segment de haut niveau, les médias n’auront retenu que l’intervention d’Evo Morales demandant solennellement que la feuille de coca soit retirée du tableau des stupéfiants. « Si les effets étaient tels qu’on les décrits, affirme Evo Morales à la tribune, je ne serais jamais devenu président de la République. Si c’est une drogue, alors vous devez me mettre en prison.» Parallèlement à la séance plénière, plusieurs tables rondes étaient organisées, où technocrates et experts du monde entier ont pu échanger leurs points de vue sur les axes à privilégier dans la politique à venir. Quelques représentants des usagers invités par des délégations nationales ont essayé de défendre leurs arguments. Terminé fin 2008, le rapport de la Commission européenne sur « l’évolution du marché mondial des stupéfiants entre 1998 et 2007 » a été rendu public à quelques jours seulement de la réunion du CND… Et pour cause : composée d’experts internationaux indépendants, la commission démontre que la politique de l’ONU en matière de drogues est un échec sur toute la ligne. En témoignent les propos sans concession de Peter Reuter, son rapporteur : « La majorité des dommages observés proviennent des politiques menées plutôt que des drogues elles-mêmes » ou encore « la prohibition des drogues a provoqué des dégâts involontaires importants dont beaucoup étaient prévisibles. » Le 11 mars, à l’entrée du bâtiment de l’ONU, des militants représentant les usagers ont distribué des tracts et brandi des pancartes dénonçant la guerre à la drogue et aux drogués : « The war on drugs destroys lives – We are not collateral damage, we are people. » (3) Une motion déposée à la dernière minute par l’Allemagne et signée par 25 pays 4, pour demander que la réduction des risques fasse partie de la stratégie de l’ONU a open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Une motion déposée à la dernière minute par l’Allemagne et signée par 25 pays 4, pour demander que la réduction des risques fasse partie de la stratégie de l’ONU a provoqué l’ire de pays influents comme le Japon, la Russie, ou la Chine. Quant aux représentants de la délégation américaine, ils n’ont pas moufté, signe que la promesse de Barack Obama de privilégier la politique de réduction des risques fait son chemin (5). L’IMPOSSIBLE CONSENSUS Les résultats du débat de haut niveau de la CND sont un demi-échec pour les délégations et les associations qui espéraient que l’expression « réduction des risques » figurerait dans la Déclaration politique de cette 54e session. À l’expression « » sans doute trop réaliste, les technocrates préférèrent celle de « Services au soutien connexe » pour signifier timidement qu’ils vont désormais mener une politique de santé publique digne de ce nom. Négociée en coulisses tout au long de l’année 2008, la déclaration politique finale de l’ONU est comme d’habitude pétrie de grands principes dans un vocabulaire très diplomatique et tarabiscoté. Un exemple ? Après avoir noté «l’augmentation alarmante » des cas de sida chez les usagers de drogues par voie intraveineuse, « réaffirmons notre volonté d’oeuvrer vers l’objectif de l’accès universel aux programmes globaux de prévention de l’usage illicite de drogues et au service de traitement, de soins et de soutiens connexes dans le strict respect des Conventions internationales relatives au contrôle des drogues et conformément à la législation nationale, eu égard à toutes les résolutions pertinentes des Nations unies et, le cas échéant, au guide technique de l’OMS, de l’UNODC et d’ONUSIDA, et prions l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime de s’acquitter de son mandat en la matière »… Ouf ! Et les États membres de se donner rendezvous en 2019, « la date butoir pour éliminer ou réduire sensiblement et de façon mesurable : – La culture illicite du pavot à opium, du cocaïer et de la plante de cannabis ; – La demande illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, et les risques sanitaires et sociaux liés aux drogue ; – La production, la fabrication, la commercialisation, la distribution et le trafic illicites de substances psychotropes, notamment de drogues synthétiques ; – Le détournement et le trafic illicite de précurseurs ; – Le blanchiment d’argent lié aux drogues illicites. » Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°40, Guerre à la drogue, et marquée avec International, Politique, le 1 septembre 2009 par Jean-Pierre Galland.

Réduction des risques et prohibition : frères ennemis ou complices ? 3 réponses À quoi sert la politique de réduction des risques (RdR) ? À protéger la santé de ceux qui consomment des drogues, tout en étant utile à leur entourage. Mais pour les partisans de la guerre à la drogue, tout ce qui peut aider les usagers de drogues est suspect : nous serions des défaitistes dans la guerre, des traîtres ou, pire encore, des prodrogues ! Inacceptable, donc ! Certains antiprohibitionnistes s’étaient, de même, montrés méfiants dans un premier temps : assimilée à la médicalisation des toxicomanes inscrite dans la loi de 1970 comme alternative à l’incarcération, la RdR était une fausse bonne réponse. Pourtant, les premiers militants de la réduction des risques étaient souvent eux-mêmes des antiprohibitionnistes. En 1993, avec Bertrand Lebeau, Phong, la première présidente d’Asud, et quelques autres, nous avons participé à la création du Mouvement de légalisation contrôlée (MLC), la première association antiprohibitionniste française dont Me Caballero était le président. Mais nous nous sommes rapidement éloignés du MLC. Nous n’étions pas d’accord sur la dépénalisation de l’usage : alors que nos amis du MLC pensaient que ça ne changerait rien au problème de la drogue, pour nous, passer du statut de délinquant à celui de citoyen, ce n’est pas rien. Ce n’est pas qu’une question de principe, c’est aussi une question de santé car, comme l’a montré la lutte contre le sida, plus les gens ont des droits, plus ils sont en mesure de protéger leur santé. L’alliance avec les médecins s’est faite sur cette nouvelle conception de la santé publique qui reconnaît à chacun le droit de choisir comment protéger sa propre santé. RETOUR INSIDIEUX À LA RÉPRESSION open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com RETOUR INSIDIEUX À LA RÉPRESSION Nous nous sommes engagés dans la réduction des risques pour obtenir des changements dans l’immédiat, sans attendre un ultérieur changement radical et même, en ce qui me concerne, pour y contribuer. S’il devient chaque jour plus évident que la guerre à la drogue est un échec, nous ne sortirons pas de cette impasse par un coup de baguette magique. Il faut expérimenter de nouvelles façons de faire, de nouvelles façons de réguler à la fois les consommations et les produits. Telle est ma position, mais que s’est-il passé en réalité ? Peut-on dire que la réduction des risques a changé la politique française ? Le seul changement majeur issu de la RdR est l’introduction des traitements de substitution, mais comme certains le craignaient, cette médicalisation s’est accompagnée d’un renforcement de la prohibition. La réponse à l’usage est plus que jamais répressive. Cette évolution était-elle inévitable ? La RdR a-t-elle atteint ses limites ? Je ne le pense pas. Russie ou Thaïlande, États-Unis ou France, la RdR est une démarche qui peut s’inscrire dans n’importe quel système politique. C’est une de ses forces. Ses limites dépendent du contexte, du cadre légal et du rapport de forces. Or le moins que l’on puisse dire, c’est que le rapport de forces n’est pas favorable à la réduction des risques. Alors que nous étions parfaitement conscients qu’il ne pouvait y avoir de réelle avancée sans ce changement de la loi, nous n’avons pas réussi à obtenir la dépénalisation de l’usage. Distribuer des seringues et interdire de s’en servir est pourtant manifestement incohérent ! Le retour vers des réponses essentiellement répressives à l’usage a été insidieux. Compte tenu des résultats de la RdR, le gouvernement n’a pas pu la remettre en cause, du moins immédiatement. La loi de santé publique de 2004 a officialisé un dispositif institutionnel avec des objectifs purement médicaux : réduction des overdoses et lutte contre les maladies infectieuses. Mais la logique de la réduction des risques a été abandonnée : « La meilleure façon de protéger sa santé, c’est de ne pas consommer des drogues ! », dit-on désormais. Mais c’est bien sûr ! C’est même tellement évident qu’on se demande pourquoi nous n’y avons pas pensé plus tôt ! Sauf que ce raisonnement-là est précisément celui qui conduit à l’escalade de la guerre à la drogue. Ceux qui nous gouvernent savent très bien qu’on ne protège pas la santé des gens en les mettant en prison, mais ils sont convaincus que sanctionner quelques-uns fait peur au plus grand nombre. La peur du gendarme serait la meilleure des préventions. C’est ce raisonnement qui a conduit les Américains à incarcérer plus de 2 millions de personnes, sans supprimer pour autant ni la consommation de drogue ni le trafic. Nous faudra-t-il dix ans de répression, des centaines de milliers de vies détruites et un durcissement de la délinquance pour tirer le même bilan ? LE DÉSASTRE DE LA TOLÉRANCE ZÉRO Nous nous sommes arrêtés en chemin. Avec un dispositif institutionnel restreint à des objectifs purement médicaux pour les usagers en grande exclusion, les équipes n’ont plus les moyens d’aller au-devant des nouvelles générations. En milieu festif, les actions ont été limitées à l’information. Le testing, qui fait appel à la responsabilité, aurait permis d’entrer en relation avec des usagers qui n’avaient a priori aucune demande de soin. C’est précisément une des missions de la RdR, mais le testing a été interdit et il n’y a plus de nouvelles expérimentations. De plus, la RdR en France est limitée à la gestion des consommations. À l’exception des prescriptions médicales, il n’y a pas d’expérience portant sur la gestion des produits. En Europe, les salles de consommation imposent de penser la question de l’accès aux produits, chaque ville ayant sa propre méthode, négociée avec les usagers à Genève, avec une zone de tolérance pour la revente à Berne, et même avec des dealers dûment habilités à Rotterdam. Le cannabis a déjà donné lieu à quelques expérimentations qui répondent à une logique de réduction des risques, culture en Suisse, vente aux Pays-Bas, mais en France, le cannabis a été radicalement exclu de la logique de RdR. Résultat : nous avons connu la plus forte progression du nombre d’usagers de cannabis en Europe occidentale. Et pourtant, nous nous obstinons dans la répression ! Aujourd’hui, cette consommation se stabilise, une stabilisation que le gouvernement attribue malheureusement à la répression, alors qu’elle est tout simplement liée à l’expérience. Ce qui limite les consommations de drogues, cannabis ou alcool, ce n’est pas l’interdit, ce sont les effets qui sont ou non recherchés. Hier, j’espérais que l’Europe résisterait à la logique de guerre à la drogue à l’américaine. Mais aujourd’hui, le changement vient manifestement d’Amérique, au Nord comme au Sud (voir page suivante). Le problème, c’est que nombre de pays européens sont désormais tentés de reproduire le modèle de la tolérance zéro, à l’origine du désastre. La France fait figure de pionnière : interpellations massives, sanctions systématiques, casiers judiciaires, comparutions immédiates, peines planchers. Un modèle qui prétend prévenir la récidive, mais les casiers judiciaires démultiplient les obstacles : voilà qui ne peut qu’enfermer le plus grand nombre dans la délinquance. Les gangs américains sont issus de cette politique. Très récemment, Peter Reuter, un professeur de criminologie américain, en a fait la démonstration dans un rapport rendu à la Commission européenne (voir p. 18-19). Tout le problème est de savoir comment sortir de ce guêpier. CONVAINCRE LE PLUS GRAND NOMBRE Si au niveau international, la grande majorité des antiprohibitionnistes soutient la réduction des risques, c’est que les seuls changements de la politique des drogues sont jusqu’à présent dus à la réduction des risques. Un jour peut-être l’ONU se décidera-t-elle à changer les conventions internationales, mais un changement radical ne sera possible que lorsqu’il aura convaincu une part décisive de l’opinion. L’avantage des expérimentations qui sont menées dès à présent, c’est qu’elles peuvent convaincre, par leurs résultats, des hommes et des femmes de bonne volonté, même s’ils ont a priori peur de la légalisation des drogues. C’est d’autant plus nécessaire que si la vente contrôlée de cannabis est relativement aisée à imaginer, il n’y a pas de solution toute faite pour les autres drogues, par exemple pour la cocaïne. « Dans un premier temps, il y aurait sans doute une augmentation du nombre de consommateurs », reconnaissent généralement les antiprohibitionnistes. Voilà qui n’est guère rassurant ! La plupart des gens ont peur des drogues, et au-delà de la propagande (qui a d’ailleurs été la plus efficace des publicités !), ce sont effectivement des poisons dont il faut réduire les risques. Il est clair que ce marché devra être régulé, et s’il est régulé, il y aura nécessairement du trafic. Ce serait évidemment le cas si la culture de la coca ou celle de cannabis sont légalisées. Ces expérimentations ne répondent que partiellement aux différents problèmes qui se posent sur le terrain, mais répondre partiellement vaut mieux que l’escalade continue vers une impasse.. Cocteau disait de l’opium qu’il faut s’en approcher comme on s’approche des fauves, en restant constamment sur ses gardes. Les fauves sont là, tapis dans les fossés, et il est illusoire d’espérer les exterminer tous ! Il nous faut apprendre à coexister avec eux. Autant le faire sans ajouter open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com gardes. Les fauves sont là, tapis dans les fossés, et il est illusoire d’espérer les exterminer tous ! Il nous faut apprendre à coexister avec eux. Autant le faire sans ajouter notre sauvagerie à la leur ! Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°40, Guerre à la drogue, et marquée avec International, Politique, le 10 août 2009 par Jean-Pierre Galland.

Étienne Apaire n’en fait qu’à sa tête Laisser une réponse Alors que la politique de réduction des risques est inscrite dans la loi sur la santé publique depuis 2004, Étienne Apaire n’a pas soutenu à l’ONU la motion en faveur de la réduction des risques liés à l’usage de drogues. Lors du 54e sommet de l’ONU sur les drogues une motion a été déposée à la dernière minute par l’Allemagne et signée par 25 pays, pour demander que la réduction des risques fasse partie de la stratégie internationale sur les drogues comme le préconise le rapport de la commission européenne sur « l’évolution du marché mondial des stupéfiants entre 1998 et 2007″. Tandis que les représentants de la délégation américaine n’ont pas moufté, signe que la promesse de Barack Obama de privilégier la politique de réduction des risques fait son chemin, Étienne Apaire, lui, s’y opposait. Dans une interview accordée de Vienne, le président de la Mildt n’a que du mépris pour le rapport de la Commission européenne – « un rapport parmi d’autres » – et encense l’ONU, quitte à travestir la réalité : « Nous nous félicitons de l’action de l’ONU contre le crime et la drogue qui, si elle n’a pas éradiqué la coca et le pavot, a par son action évité le délabrement de certains États et participé à la baisse de la consommation de cannabis dans le monde. On peut se poser la question de savoir quelle serait la situation si l’action de l’ONU n’avait pas existé. » Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal N°40, Etienne Apaire, le bad trip, et marquée avec International, MILDECA, le 11 mars 2009 par Jean-Pierre Galland.

Fumer tue Laisser une réponse Dans la rubrique chats écrasés de l’hiver 2008, on a pu lire un fait divers que même un scénariste de série Z n’aurait pas osé livrer. Et pourtant… Dans la nuit du 1er au 2 février, vers 1 h 30, Le Petit Prince, un restaurant indien de Franconville (Val d’Oise), voudrait bien fermer. Parmi les derniers clients, 2 policiers finis­ sent leur repas arrosé. Deux chauffeurs qui sont en semaine au service de personnalités liées au ministère de l’Intérieur. L’un conduisant la voiture de Michel Delpuech (directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie), l’autre celle d’Étienne Apaire, le président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et les toxicomanies (Mildt). Ce dernier, passablement allumé, veut s’en griller une. « Désolé Monsieur, la loi, c’est la loi. Elle s’applique à tout le monde. Il est interdit de fumer à l’intérieur du restaurant », s’excuse le restaurateur. Mais le flic, bien décidé à fumer à l’intérieur, sort un… calibre et blesse très grièvement au cou l’ami du patron indien, venu à la rescousse. L’autre flic, pas fier, prend la poudre d’escampette, aggravant son cas (non-assistance à personne en danger). Le lundi suivant, gueule de bois Place Beauvau où Michèle Alliot-Marie dénonce « open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com poudre d’escampette, aggravant son cas (non-assistance à personne en danger). Le lundi suivant, gueule de bois Place Beauvau où Michèle Alliot-Marie dénonce « l’attitude irresponsable et indigne des deux fonctionnaires, totalement contraire à l’honneur, à l’éthique de la police nationale ». La ministre de l’Intérieur prononce la suspension administrative immédiate pour les 2 lascars. Rappelons que les fonctionnaires de la Mildt sont les artisans de la récente loi liberticide sur le tabac, et que ces policiers, chargés de la faire appliquer, étaient membres d’un corps d’élite, trié sur le volet. Nouveau dommage collatéral d’une loi difficile à avaler ? Arrogance des flics armés en dehors des heures de service ? Livrés à eux-mêmes les soirs de guinche, des cow-boys urbains circulent parmi nous avec leurs méthodes dissuasives. Ça vous donne pas envie d’arrêter ? Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal : tous les numéros, commandes et abonnement, ASUD Journal N°36, Etienne Apaire, le bad trip, et marquée avec MILDECA, Tabac, le 5 décembre 2008 par Jean-Pierre Galland. Des lois, encore des lois, toujours des lois Laisser une réponse Après la loi sur la prévention de la délinquance, ses injonctions thérapeutiques et ses stages payants, celle sur la récidive peut désormais mener en prison pour simple possession de quelques grammes de beuh. À défaut de réformer la loi de 70, le gouvernement se concentre donc avant tout sur la répression. Le cannabis, dont étaient si friands les médias, ne fait plus recette en 2008. S’il y a bien eu quelques frémissements, le dernier remonte à la nomination, en lieu et place de Didier Jayle, mal à l’aise dans ses pompes de docteur, d’Étienne Apaire, un des proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy au temps où il menait à la baguette le ministère de l’Intérieur. TOLÉRANCE ZÉRO Étienne Apaire est un des artisans de la « Loi sur la prévention de la délinquance » votée en mars 2007, la dixième loi pénale votée depuis que la droite a pris le pouvoir, une loi qui transforme les « maires » en flics, durcit les sanctions contre les mineurs, lesquels peuvent se retrouver en taule dès l’âge de 13 ans, une loi stigmatisante et très répressive, qui compte aussi nombre de « dispositions tendant à prévenir la toxicomanie et certaines pratiques addictives ». Des dispositions qui sont passées inaperçues. Parmi ces mesures, que Nicolas Sarkozy ose présenter comme une réforme de la loi de 1970, l’injonction thérapeutique est toujours la reine. « Aucune infraction dont l’auteur est identifié », précise Nicolas Sarkozy « ne doit rester sans réponse ». Et ce, même si la faute « peut apparaître vénielle ». Cette politique a un nom : la tolérance zéro. Pour atteindre son but, le ministre propose de généraliser les tests de détection du cannabis sur les routes comme dans les entreprises, et de se lancer dans la chasse aux consommateurs, en ajoutant à l’arsenal des peines existantes de nouvelles peines complémentaires. Déjà inscrite dans la « Loi sur la prévention de la délinquance », la seule mesure spectaculaire que le nouveau « Monsieur Drogue » ait annoncée lors de sa nomination est l’instauration de « stages de sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants »… Des stages payants par le contrevenant, qui devraient être effectifs à l’heure où je vous écris. Autre loi qui concerne les amateurs de drogues psychotropes : celle sur la récidive. Un texte voté le 10 août 2007, en dépit des réserves exprimées par une partie du monde judiciaire et par Maître Badinter, qui jugeait ce texte « inutile, implicitement vexant pour les magistrats et potentiellement dangereux » . Directement inspirée de la politique étasunienne qui a fait de l’industrie pénitentiaire un secteur d’activité florissant, cette loi oblige les juges à prononcer des peines d’au moins un tiers de la peine maximale encourue à l’encontre des récidivistes (cela concerne les crimes et délits passibles d’au moins 3 ans d’emprisonnement), et supprime l’article 4132-24 du code pénal qui garantissait l’individualisation des peines. Mais comme le permet le texte, un juge pourra toujours prendre une autre décision que celle imposée par la loi, à condition de la motiver spécialement. En cas de seconde récidive, ce sera plus compliqué, le condamné devant présenter des garanties « excep­ tionnelles » de réinsertion pour échapper à la prison. RASSURER LE BON PEUPLE Parions que de nombreux juges, par facilité ou par crainte de passer pour laxistes, se tairont, même s’ils pensent la peine disproportionnée avec l’acte commis… Souvenez- vous de Rachida Dati convoquant le vice procureur de Nancy qui avait refusé d’appliquer une peine plancher ! « J’ai vu en comparution immédiate un jeune homme de 20 ans qui a acquis 2 grammes de cannabis en récidive pour sa consommation personnelle. La peine plancher est de quatre ans ferme : c’est totalement disproportionné ! », s’exclame ainsi un magistrat dans les colonnes du journal Le Monde, qui consacrait un dossier à ce sujet. Ne doutons pas que la loi sera appliquée dans toute sa rigueur imbécile, avec pour conséquence de remplir un peu plus des prisons déjà surpeuplées. Les experts prévoient d’ailleurs que les peines planchers vont, en quelques années, envoyer 10 000 personnes en prison. En quatre ans, pas moins de trois lois ont été votées concernant la récidive. Des lois qui veulent rassurer le bon peuple au détriment de toute réflexion sur le sujet, car chacun sait que paradoxalement « la prison, parmi les premiers facteurs criminogènes, favorise bien davantage la récidive qu’elle ne la dissuade ». Concernant le cannabis, la seule politique du gouvernement, c’est la répression. Pas forcément une répression spectaculaire avec convocation des médias au petit matin dans une cité, mais une répression mesquine, discrète, répétitive, stigmatisante, dont le seul objectif est de pourrir la vie de l’amateur de cannabis en multipliant les contrôles, en se servant des outils juridiques à leur disposition, la comparution immédiate comme la composition pénale, pour dissuader le consommateur. DÉMONSTRATION Pour arrondir des fins de mois difficiles, Christophe monte une petite entreprise de vente de haschich… Par un malencontreux hasard, il se fait prendre. Or, la cession – que ce soit contre argent comptant ou à l’amiable – est punie par la loi de dix ans d’emprisonnement et 750 000 euros d’amende. C’est du passé tout ça. Christophe ne deale plus pour arrondir ses fins de mois. Il fume de temps en temps, c’est tout. Mais un jour qu’il revient de chez un pote, lequel lui a offert 1 ou 2 têtes de beuh, les pandores l’arrêtent et tombent sur le sachet qu’il n’avait même pas pris la peine de planquer. Comparution immédiate, déjà condamné pour trafic dont la peine maximale est de dix ans. Les deux tiers de dix, ça fait quoi ? Ça fait quatre ans de prison. Le tour est open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF API pdfcrowd.com Comparution immédiate, déjà condamné pour trafic dont la peine maximale est de dix ans. Les deux tiers de dix, ça fait quoi ? Ça fait quatre ans de prison. Le tour est joué. Pour quelques grammes de beuh, le voilà derrière les barreaux. Cette entrée a été publiée dans ASUD Journal : tous les numéros, commandes et abonnement, ASUD Journal N°36, Etienne Apaire, le bad trip, et marquée avec Cannabis, MILDECA, Politique, le 5 avril 2008 par Jean-Pierre Galland. Les anciens numéro d'ASUD Journal

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L'association ASUD (Auto-Support des Usagers de Drogues) a été créée en 1992 afin de : promouvoir la réduction des risques auprès des usagers et ex- usagers de drogues ASUD soutenir toute personne prise en charge par le système sanitaire et 32 rue Vitruve Tel: 01.43.15.04.00 social pour des questions relatives à son usage de drogues A ce titre ASUD est soutenue par les pouvoirs publics et des 75020 Paris [email protected] donateurs privés. ASUD Loiret ASUD Marseille ASUD Nîmes J’aime 737 personnes aiment ça. Inscription pour voir ce que vos amis aiment. Maison des Associations 52, rue du Coq 6, bis rue Notre Dame 46ter rue Ste Catherine 13001 Marseille 30000 Nîmes 45000 Orléans Tel: 04.91.68.87.06 Tel: 04.66.36.00.12 open in browser PRO version Are you a developer? Try out the HTML to PDF [email protected] [email protected] [email protected] pdfcrowd.com MENTIONS LÉGALES [email protected] [email protected] [email protected]

Les informations que nous diffusons s’inscrivent dans la politique ASUD Nantes ASUD 276 Haute de Santé Publique appelée Réduction des Risques pour usagers de Normandie drogues (Loi du 9 août 2004) et ne sont en aucun cas une incitation à la consommation de produits illicites. (Correspondant) 10, rue Chartraine Alain Termolle 27 000 EVREUX Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes Tel: 02.53.45.51.04 [email protected] de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France.

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