Aude-Lucie Vial

La guerre civile et la légitimité du pouvoir impérial romain

Ier – IIIe siècles

Vol. 1

Mémoire de Diplôme d'Études Approfondies (D.E.A.) préparé sous la direction de M. le professeur Jean-Pierre MARTIN

Université Paris IV-Sorbonne

UFR d'Histoire

10 octobre 2005

1 Introduction

À lire les œuvres des historiens antiques, les guerres civiles jalonnaient l'histoire de la Rome antique. Ces luttes fratricides marquèrent les contemporains, les Romains vivaient dans la hantise de les voir ressurgir et élaborèrent ce qui devint un motif littéraire, celui de l'impiété de la guerre civile1. Impie tant sur le plan les dommages subis par les dieux que sur celui de la lutte entre concitoyens et parents elle donnait lieu à une manifestation de l'ira deorum. Ainsi l'expliquait Appien d'Alexandrie, « comme on peut s'y attendre lorsque tant de milliers d'hommes issus d'un même peuple marchent les uns contre les autres, bien des faits extraordinaires survenaient.2 »

Appien toujours, son spécialiste, distingue une gradation entre les simples luttes entre citoyens ou séditions, et les guerres (civiles) à proprement parler. Il en dégage les causes : « Jusqu'alors, massacres et séditions n'affectaient que des groupes de citoyens ; mais, par la suite, c'est avec de grandes armées, comme à la guerre, que les chefs de factions s'affrontèrent3 ». La guerre civile était une prolongation de la sédition, elle supposait la présence de deux armées et de personnages charismatiques ennemis. Elle se définissait tant sur le plan quantitatif – un grand nombre de citoyens devait être engagé – que qualitatif – il ne s'agissait plus de luttes entre chefs de bandes de citoyens, comme dans le cas des partisans de Clodius et de Milon, mais d’une guerre entre des armées dirigées par de véritables généraux. Les guerres serviles qui eurent lieu en Sicile en 135 et en 132 av. J.-C., en Campanie en 103

1 Nous avons traité (en partie) cet aspect dans notre mémoire de maîtrise. Vial (A.-L.), La place et le rôle de la religion dans les crises de succession sous l'Empire Romain. Ier-IIIe siècles, vol. 1, Mémoire de maîtrise, histoire, Paris, Université Paris IV-Sorbonne, p. 100-104. Ce topos est présent surtout dans les guerres civiles de la fin de la république et de 68-69 ap. J.-C., mais de manière ponctuelle pour celles suivant la mort de Commode et la crise du IIIe siècle. À ce propos nous pouvons remarquer que plus les auteurs sont proches chronologiquement des événements, moins les présages sont mentionnés. Ainsi, Dion Cassius mentionne plus de présages, manifestant l'ira deorum pour la période augustéenne que pour la période commodienne, empereur dont il était le contemporain. 2 B.C., II, 77 3 B.C., I, 55, cité par P. Jal, La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, PUF, 1963 (Publications de la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », t. VI), p. 8. 2 av. J.-C. n’étaient pas considérées comme des guerres civiles, un des camps étant composé de non citoyens ; il en va de même pour la guerre sociale, les rebelles de 91-98 av. J.-C. étaient citoyens latins.

Paul Jal définit la guerre civile comme une lutte entre citoyens4. Les guerres civiles de la fin de la république eurent un caractère original, enrichi d'une problématique unique et nouvelle : le choix du nouveau régime5. « Bref, écrit-il, il était pratiquement impossible de demeurer absolument neutre dans une lutte d’idées qui concernait de près ou de loin tout citoyen romain. La guerre civile est une guerre révolutionnaire ; en tant que telle, c’est un conflit moral et psychologique, tout autant que militaire et politique.6 » Les guerres civiles de 68-69 s'inséraient en partie dans cette définition : Vindex souhaita rétablir la liberté du peuple romain. Par le choix de Galba comme successeur, il définissait son action comme inséparable du cadre institutionnel du principat. Les monnaies représentant la libertas ne sont pas à analyser comme l’affirmation d’un désir de retour à la république mais comme un programme sénatorial. Le débat était sur la nature du principat, non du régime. Mis à part une dernière tentative d'affirmation sénatoriale avec l'élection de Pupien et Balbin, peut-être avec le choix de Marcus7, le parti sénatorial n'eut rapidement plus son mot à dire… si l'on considère que le respect du Sénat sous Octave-Auguste n'était pas une fiction. En effet, après sa marche sur Rome, il se fit donner le consulat en milieu d'année, alors qu'un consul était déjà en place8. Il n'avait que dix-neuf ans. Le sacramentum était la base du recrutement des armées, mais suffisait-il à rendre un pouvoir légitime ? Officiellement, le triumvirat dura jusqu’en 339 ; en 31, avant la bataille d’Actium, un serment fut prêté à Octavien10. En réalité, la question du

4 Jal (P.), La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, P.U.F., 1963, coll. Publications de la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI., p.14 5 Jal (P.), La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, P.U.F., 1963, coll. Publications de la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI., p. 14. 6 Jal (P.), La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, P.U.F., 1963, coll. Publications de la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI., p. 82. 7 Zon., XII, 18. En réalité ce Marcus pose problème : il n'est mentionné nulle part ailleurs. 8 Plut., Brut., 27, 1-3 (1-109) ; Liv., 119 (1-111) ; Aug., R.G., 1 (1-132). 9 Aug., R.G., 7. 10 Aug., R.G., 25 : « Iurauit in mea uerba tota Italia sponte sua et me be[lli], quo uici ad Actium, ducem depoposcit. Iurauerunt in eadem uer[ba proui]nciae Galliae, Hispaniae, Africa, Sicilia, Sardinia. Qui sub [signis meis tum] militauerint, fuerunt senatores plures quam DCC, in ii[s qui uel antea uel pos]tea consules 3 statut des militaires d'Octavien et de la régularité de leur engagement est loin d'être évidente. De même, lors des guerres civiles, la question de la régularité des armées se pose. Auguste écrivit qu' « à l'âge de dix-neuf ans, [il leva], par décision personnelle et à [s]es frais, une armée qui [lui] a permis de rendre la liberté à la République opprimée par une faction.11 » Quel que soit le résultat obtenu par cette armée, elle ne pouvait en aucun cas être régulière, cela à cause de la situation privée de son chef, due à son âge. Mais les militaires étaient pour la plupart les vétérans de César, installés sur des lots de terres12. Par conséquent, ils étaient entraînés et surtout devaient un appui à Octavien.

La guerre civile peut être comprise au sens strict, telle qu'elle a été définie par Paul Jal, ou bien au sens large, c'est-à-dire comme tout combat entre éléments d'un même peuple plus ou moins organisé. Cette double définition pose problème. Ce qui pourrait être compris comme une simple manifestation est défini par Hérodien comme une guerre civile (™mfÚlioj13). Il n'est pas sûr que tous les usurpateurs aient eu sous leur commandement des armées régulières, ou du moins constituées et professionnelles14. Selon Paul Jal, les conjurations étaient des « guerres civiles avortées15 ». Selon Plutarque, la guerre civile était un mouvement révolutionnaire doté d’un chef crédible16. L’étude de la conspiration et de sa répression permet de comprendre et de mettre en évidence les réponses du pouvoir impériales : elles étaient révélatrices de ses moyens d'action. Il avait un rôle dans le déclenchement des guerres civiles qu'il convient de préciser : le mécontentement créait les guerres civiles. Les auteurs chrétiens qualifiaient souvent les persécutions de guerres civiles,

facti sunt ad eum diem, quo scripta su[nt haec, LXXXIII, sacerdo]tes ci[rc]iter CLXX. » 11 Aug., R.G., 1 (1-132) 12 Octavien se rendit en Campanie, là où son père adoptif avait distribué des terres aux vétérans, afin de se faire reconnaître de sa clientèle (D.C., XLV, 12, 1-13, 5 = 1-098 ; N.Dam., Aug., 131 = 1-099. 13 Hdn., I, 12, 5-I, 13, 1 = 6-001, au sujet des citoyens demandant qu’on leur livre Cléandre. 14 Nous n’avons aucun renseignements sur les carrières de Taurinus, Ovinius Camillus, Titus, , Iotapianus, , Silbannacus, Sponsianus, Uranius Antoninus, Marcus, Cyriades, Mareades, , Antoninus, Septimius (ou Septiminus), Urbanus et Proculus. 15 La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, PUF, 1963 (Publications de la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI), p. 7 16 Galb., 29, 3 = 3-025. 4 sans doute pour accentuer l'horreur qu'était la lutte entre deux composantes d'un même peuple17. Nous avons choisi de présenter dans notre corpus tous les textes ayant trait aux guerres civiles au sens large, et d'en exclure les persécutions contre les Chrétiens : la guerre civile à Rome ne se définissait pas sur des critères religieux mais politiques, même si la religion était amenée à entrer dans la propagande. Étant donné la concision des sources pour l’époque post-sévérienne, il est parfois difficile de définir avec exactitude la nature des armées18. Nous avons choisi de tenir compte du fait que n'importe quelle usurpation ou tentative armée était un indice de la perception de l'empereur par les différents corps politiques, c'est-à-dire une manière de mesurer la santé du régime impérial. La définition du peuple romain n'est pas non plus chose acquise : l'Empire romain comprenait des territoires peuplés d'habitants qualifiés de barbares par les italiens. L'édit de Caracalla ne changea pas cette mentalité : il s'agissait plus d'un problème de culture, de paideia, qu'un problème juridique19. Ainsi, les guerres opposant les empereurs à l'Empire des Gaules ne sont jamais qualifiées de guerres civiles, même si ces territoires appartenaient à l'empire romain. Il en va de même pour le Royaume de Palmyre, mais le statut de la ville était différent 20. Nous avons cependant choisi de mentionner ces deux exemples car ils offrent une solution aux empereurs quant au problème des frontières, illustrent les difficultés de Rome face aux poussées barbares et leurs répercussions sur la solidité du régime.

Les bases du régime impérial, y compris celles concernant la légitimation de l'empereur romain, furent posées par Jules César. Il reçut plusieurs prérogatives inédites, qui ne furent pas moins importantes, en terme de résultat, que celles prises ensuite par Auguste. Mais ce dernier, voulant faire oublier le mauvais souvenir des guerres civiles, fut obligé de gérer son rapport avec son père adoptif. Dans un premier temps il revendiqua cette paternité, par exemple sur les monnaies où il mettait sa filiation divine en avant. Il ne se fit pas décerner

17 G. Synkellos, Ecloga Chronographica, 690 utilise le terme de « pÒlemoj ™mfÚlioj » au sujet des persécutions contre les chrétiens. 18 Tableau p. 73, chapitre 3 19 Voir l'insistance des auteurs sur le parler barbare de Maximin le Thrace, tout à fait assorti à son physique (il mesurait plus de huit pieds selon Jordanes). H.A., Maxim., 2, 1-7 ; 4, 4 ; 5, 1-7; Jord., Goth., XIV, 82-XV, 88 = 11-013 à 11-016. 20 Les Gaules faisaient partie de l’Empire Romain. Palmyre avait un statut de royaume vassal de Rome ; cela restait une guerre étrangère jusqu’à la conquête de l’Égypte. 5 les mêmes titres que lui. César pouvait constituer une sorte de contre exemple, sa mort sanctionnait son échec : il était allé trop loin. On tenta de couronner sa statue (c'est-à-dire lui par procuration) d'une « branche de laurier que nouait par devant une bandelette blanche », « allusion à la royauté » mais aussi à la divinité21. Cela, vraisemblablement avec son accord. Il projetait de se faire nommer roi, ce qui hâta la préparation de la conspiration22. Suétone lisait l'histoire de la fin de la république comme une suite d'exemples et de contre-exemples. Selon le récit du contemporain Titus Ampius, César aurait déclaré que « la république n' [était] qu'un vain mot, sans consistance ni réalité. – Sylla se conduisit comme un écolier quand il abdiqua la dictature.23 » Les leçons tirées de la crise de la république profitèrent à la définition du régime impérial.

Procéder à une étude traitant de l'affirmation de la légitimité du pouvoir impérial en temps de guerre civile en s'arrêtant à la mise en place du régime impérial avec Auguste équivaut à négliger une part considérable, sinon essentielle de l'objet même de l'étude et de la compréhension que nous pourrions en avoir. Il est vrai que la problématique de Paul Jal était – et s'affirmait – différente : il s'agissait une « étude littéraire et morale ». Or l'aspect moral de la guerre civile disparaît progressivement des sources24. Paul Jal explique que son but n'était pas de chercher les causes effectives des guerres civiles mais la manière dont les Romains les expliquaient25. Une étude historique vise aussi à rechercher les causes réelles des guerres

21 Les bandelettes décoraient les victimes sacrificielles, elles marquaient ce qui était réservé aux dieux. Tacite rapporte que lorsque Vespasien procéda à la consécration du nouveau temple du Capitole, le templum, c’est à dire l’espace qui devenait sacer, propriété de la divinité, fut ceint de bandelettes et de couronnes (Tac., H., IV, 53). 22 Suet., Caes., 79, 1-80, 1. 23 Suet., Caes., 77, 1. Titus Ampius, apparemment, s'attachait à écrire la vie des grand hommes immortalisés par leur courage. Il est mentionné par Caes., B.C., III, 105 et par une Cic., Epist., VI, 12. Il était donc, probablement, bien informé. P. Jal, La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, P.U.F., 1963, coll. Publications de la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI., p. 136-7 et note 1 p. 137 : La guerre civile de Marius et de Sylla, l'abdication de Sylla, les guerres entre César, Pompée et ses fils puis la mort de César sont qualifiées d' « essais manqués » de l'établissement du principat. 24 Cela est dû, en partie, à leur nature. Après la fin de l’Histoire romaine d’Hérodien et de Dion Cassius, nous n’avons conservé que des abrégés. 25 La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, PUF, 1963 (Publications de la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI), p. 360 6 civiles et à les comparer avec les causes littéraires ou historiographiques afin d’en tirer une interprétation.

La guerre civile au cours de l'histoire romaine n'était pas un concept unitaire. Il en existait plusieurs types. Les guerres civiles entre Antoine et Octave furent le résultat de l'écroulement de la République : César était allé tellement en avant dans l'établissement d'une monarchie, qu'il n'était plus possible de revenir en arrière. Un ordre nouveau était à fonder. Jusqu'en 68-69 ap. J.-C., le souvenir de la libertas resta vivace, mais il ne semble pas que Vindex et Galba aient souhaité un retour à la République26. La nomination de Pupien et de Balbin cent soixante dix ans plus tard doit était à voir comme une affirmation du Sénat face à l'empereur qui négligea la confirmation de ses pouvoirs lui, comme la manifestation d'une volonté de lutte efficace contre les dangers décuplés, et de peur27. Depuis le règne de Marc Aurèle, l'Empire était victime de poussées barbares sur les frontières. Les commandants des troupes des frontières prirent davantage d'autonomie, certains en profitèrent pour s’emparer de l'Empire. Pour les barbares, ce fut aussi un moyen direct de se ménager une entrée dans la politique romaine. La guerre civile pouvait naître d'une crise de succession (que celle-ci soit due à la mort d'un empereur sans héritier ou bien à l'assassinat d'un « mauvais » empereur) ou d'une usurpation. L'instauration de la Tétrarchie visait à remédier à la première cause. Dioclétien confia le soin de la partie Occidentale de l'Empire à Maximien et le nomma César, dans doute en 285, peu après la victoire sur Carin. Carausius, un militaire préposé à la lutte contre les pirates, usurpa l'empire, établit sa domination sur la Bretagne et sur les régions côtières de la Gaule quand Maximin voulut le relever de ses fonctions. Dioclétien, ayant conscience des dangers que pouvait entraîner une usurpation pour le pouvoir central, éleva Maximin à l'augustat. En 293, les Augustes s'adjoindrent deux Césars : Galère et Constance. Mais cette situation était artificielle. En effet, ils abdiquèrent pour laisser les Césars devenir Augustes. Pour la première fois dans l'empire romain, un empereur abdiquait et survivait en vivant en tant que priuatus.

26 La dernière tentative sérieuse de restauration de la République date de la mort de Caligula. Le Sénat se réunit à l'instigation des consuls mais ils furent devancés par les prétoriens qui acclamèrent Claude empereur (D.C., LX, 1). 27 Maximin était sur le point d’envahir l’Italie, Pupien fut envoyé contre lui tandis que Balbin devait faire régner l’ordre dans Rome. 7 La constitution d'un corpus de sources s'avérait nécessaire afin de mener à bien cette étude ; elle est traitée dans l'introduction l'accompagnant. Nous choisi de traiter de toutes les usurpations en tant que guerres civiles. Elles sont regroupées par périodes (entrecoupées de périodes de paix plus ou moins longues) mais aussi par causes semblables (les invasions du IIIe siècle peuvent être imputées aux invasions barbares). Nous avons choisi d'intégrer le Royaume de Palmyre et l'Empire des Gaules aux chapitres du corpus traitant des guerres civiles ; ils s’étendent sur plusieurs périodes étudiées. Cependant, une analyse séparée de ces deux sécessions était possible. Cela nous conduit à mettre en évidence dix-neuf "guerres civiles" de 44 av. J-C. à 284 ap. J.-C. :

1. Les guerres civiles de la fin de la République, César et Auguste (44-31 av. J.- C.)

2. L'usurpation de Furius Camillus Scribonianus sous le règne de Claude (52 ap. J.-C.)

3. La guerre civile de 68-69.

4. L'usurpation de Lucius Antonius Saturninus sous Domitien et l'échec de la conjuration de sénateurs.

5. L'usurpation d'Avidius Cassius sous le règne de Marc Aurèle (mai 175).

6. La guerre civile sous le règne de Commode : Maternus et la révolte de Rome.

7. De la mort de Commode à la défaite de Clodius Albinus (31 décembre 192-17- 19 janvier 197).

8. De l'assassinat de Caracalla à l'avènement d'Élagabal (8 avril 217-15 ou 16 mai 218)

9. Les usurpateurs sous Élagabal (Verus, Gellius Maximus, Marcellus, Sallustius, Uranius Antoninus, Seleucus et Taurinus).

10. Les usurpations sous le règne d'Alexandre Sévère (Ovinius Camillus, L. Seius Sallustius, ). Il semble, comme nous le verrons plus loin, que

8 Taurinus et Uranius Antoninus aient plutôt usurpé le pouvoir sous le règne d'Alexandre Sévère, voire même de Philippe pour Uranius Antoninus).

11. De l'usurpation de Maximin aux débuts du règne de Gordien III (18 mars 235- 25 février 244 ou mars 244).

12. L'usurpation de Sabinianus sous le règne de Gordien III (240).

13. De l'usurpation de Pacatianus à l'avenement de Trajan Dèce (1er avril 248-29 août 249)

14. Les usurpations sous le règne de Trajan Dèce (Iulius Valens Lucinianus et Lucius Priscus vers 250).

15. Les usurpations du règne de Trébonien Galle à celui de Valérien (15 août 251- 260).

16. Les usurpations sous le règne de Gallien (22 octobre ou entre septembre et octobre 253-22 mars 268)

17. Les usurpateurs sous Claude II et le règne de Quintille (septembre ou octobre 268- septembre 270).

18. Les usurpateurs sous Aurélien et la fin de l'Empire des Gaules (eptembre 270- septembre-octobre 275).

19. Du règne de Probus à l'avènement de Dioclétien (276-20 novembre 284)28.

En réalité, au cours de ces périodes, plusieurs guerres civiles sont parfois à distinguer. Tacite divisait la période allant de la mort de Néron à l’avènement de Vespasien en trois guerres civiles et un nombre non précisé de séditions29. Nous avons choisi de mettre en avant le caractère unitaire de ces trois guerres civiles.

La guerre civile pose plusieurs problèmes quant au régime impérial. Les modalités de la succession impériale n'ayant jamais été définis, le flou juridique s'exprimait dans la crise de succession et dans la guerre civile. La guerre civile devenait un catalyseur des pratiques

28 Pour une chronologie plus détaillée, voir l’annexe 1 – chronologie. 29 Tac., H., I, 2, 1. 9 politiques romaines. Lorsqu'une nouvelle légitimité est à reconstruire, la propagande entrait en jeu sous ses différentes formes. Transmise au plus grand nombre par le biais des monnaies, des inscriptions, des annonces des messagers, elle mettait en jeu la religion, les fictions dynastiques, la politique proprement dite, l'imaginaire politique. Et bien souvent, la guerre civile ne marquait pas qu'une crise politique : elle était la conséquence ou la cause d'une crise générale.

L'étude de la guerre civile et de ses rapports avec la légitimité (et la légitimation) du pouvoir impérial romain depuis l'époque de Jules César jusqu'à l'avènement de Dioclétien et l'établissement de la Tétrarchie présente plusieurs problématiques. Ces problématiques sont évidemment à inscrire dans la durée (trois siècles) ; des évolutions sont à dégager. En premier lieu, il convient de noter la chose la plus évidente. La guerre civile désigne le nouvel empereur et élimine les autres sur le plan militaire. Mais la guerre, s'il est l'élément le plus manifeste des périodes de crises et de guerres civiles, n'en est pas pour autant le seul. Quel était le véritable artisan de la nomination d'un empereur, entre les différents corps d'armée, le peuple (celui de Rome étant à considérer comme un élément à part), les chevaliers, les Sénateurs, la cour ? Cela n’était pas le fait d’un seul groupe : le nouvel empereur devait recueillir une certaine unanimité. Ces questions doivent être posées tant pour les périodes de paix que pour les périodes de guerres civiles. Les historiens de l’Antiquité laissaient entendre que les guerres civiles favorisent la montée en puissance d'un acteur politique unique : l'armée. L'armée romaine était composée de corps bien différents et d’autres acteurs apparaissent dans les sources. L’histoire de l’Empire romain n’est pas celle d’une décadence vers un irrémédiable pouvoir militaire30. Le futur princeps était d'abord acclamé imperator par les armées puis ses pouvoirs étaient confirmés par le Sénat. La lex de imperio Vespasiani témoigne du fait que le Sénat et les comices jouaient un rôle dans la confirmation des pouvoirs. Elle se présente sous la forme d’une loi votée par les comices et d’un sénatus- consulte. Selon Ulpien, l'empereur recevait le pouvoir de cette loi31. Mais aucune loi ou règle ne fixait les critères de choix de l'empereur : la légitimité – la succession impériale n'a pas de légalité – était quelque chose qui se gagnait. Le mauvais empereur, quels que soient les 30 Contrairement à ce qu’écrivaient Aurélius Victor (Caes., 24, 8-25, 2 = 11-007) et l’Histoire auguste (Alex. Sev., 1, 6-7 = 4-003). 31 Inst., I, 5: « Constitutio principis est quod imperator decreto uel edicto uel epistula constituit; nec umquam dubitatum est quin id legis uicem optineat, cum ipse imperator per legem imperium accipiat. » 10 critères de jugement, était chassé et tué : le princeps devait avant tout savoir répondre à des attentes. La guerre civile est toujours présentée comme nécessaire ; ses motivations réelles sont cachées. Octavien cacha son désir de pouvoir par la nécessité de la vengeance de César et par le bien que tireraient les citoyens de la restauration de la république. Il est le sauveur, le vengeur32, il est utile à tous. Néanmoins les causes réelles des guerres civiles transparaissent, que ce soit dans la propagande impériale ou dans des écrits plus ou moins critiques vis-à-vis du principat, il appartient à l'historien de les dégager.

Nous avons choisi la forme du plan chronologico-thématique afin de proposer ces problématiques et y apporter des éléments de réponse : il permet de mettre en valeur les éléments communs aux différentes guerres civiles mais aussi leurs différences. Le déroulement de la guerre civile est étudié de manière chronologique. Ce type de plan permet de mettre en évidence aspects communs à des guerres civiles d’époques différentes. L’historien doit tenir compte du fait que des faits survenus à des époques différentes ne peuvent pas être comparés, ou s’ils ne sont, ils doivent l’être en tenant compte de l’écart temporel et du contexte, mais aussi de la diversité des sources (chapitre 1). La guerre civile se préparait : une prise de pouvoir réussie sous-entendait une clientèle et des amis puissants, une armée obéissante (chapitre 2). Les personnes qui tentaient de prendre le pouvoir ne remportaient pas immédiatement le consensus universorum, leurs armées se rencontraient avec celles de l’empereur régnant et le conflit se dénouait au cours d’une guerre civile (chapitre 3). Lors de la guerre civile, l’empereur transmettait le programme politique qu’il souhaitait mettre en œuvre lors de la conclusion de la crise de succession (chapitre 4).

32 Aug., R.G., 1 = 1-132 ; RIC 476 (Auguste) = 1-188 ; D.C., XLIV, 4, 1-7, 3 = 1-019 ; Zon., X, 491-492, 12 = 1- 046 ; RIC 75a (Auguste) = 1-141 ; RIC 75b (Auguste) = 1-142 ; RIC 76a (Auguste) = 1-143 ; RIC 76b (Auguste) = 1-144 ; RIC 77a (Auguste) = 1-145 ; RIC 77b = 1-146 ; RIC 78 (Auguste) = 1-147 ; RIC 79a (Auguste) = 1-148 ; RIC 79b (Auguste) = 1-149 ; RIC 31 (Auguste) = 1-158 ; RIC 32 (Auguste) = 1-159 ; RIC 40a = 1-167 ; RIC 40b = 1-168. 11 Première partie : Méthodologie de l’étude des sources

12 I. La diversité des sources

A. Les sources littéraires

Devant la liste des sources littéraires disponibles en vue d’une étude sur la guerre civile et la légitimité du pouvoir impérial romain du Ier au IIIe siècle, un mot s'impose : la diversité. La numismatique et l'épigraphie apportent non seulement une aide mais parfois, elles sont les seules sources offrant une documentation sur un personnage33, elles permettent de mettre en valeur des aspects insoupçonnés par l’étude de la seule littérature : les monnaies étaient un vecteur direct de la propagande impériale et de manière générale, de l’idéologie du régime.

1. La diversité des genres littéraires

L’histoire de Rome de la dictature de César à l’avènement de Dioclétien est l’objet de textes appartenant à des genres littéraires variés. Chacun, de par ses caractéristiques et ses exigences propres, présente l’histoire d’une manière différente. À ces différences s’ajoutent celles crées par les personnalités différentes des auteurs et par leurs opinions sur l’histoire. Ces opinions dépendaient aussi de la place des événements dans la vie de l’auteur, elles étaient en partie déterminées par la contemporanéité. L’objet de cette partie n’est pas une étude détaillée des sources mais une rapide présentation afin d’en souligner les différences et les problématiques qui en découlent.

a. Les annales et les histoires

33 Par exemple, Tiberius Claudius Marinus Pacatianus n’est connu que par ses monnaies (RIC 1 et 3 = 13-010 et 13-011). 13 Chaque année depuis les origines de Rome, le grand pontife34 inscrivait sur un tableau les noms des magistrats et les événements remarquables. Ces annales se voulaient « objectives35 » et servaient la mémoire collective : elles étaient consultables par tous les Romains36. Tacite37 au contraire, dans ses Annales, exprimait clairement son avis ; son œuvre est très détaillée et précise. Dans les Histoires, composées avant, il se proposait d’étudier l’histoire contemporaine mais en fut écarté par l’avènement d’Hadrien38. Ammien Marcellin écrivit à la fin du IVe siècle les Rerum Gestarum ab excessu diui Neruae libri XXXI dont le début jusqu’à la dix-septième année de Constance est perdu. Il souhaitait que cette œuvre soit une continuation de Tacite ; elle nous intéresse par les retours en arrière que faisait l’auteur.

Tite Live (64 ou 59 av. J.-C.-17 ap. J.-C.) rédigea une Histoire romaine partant de l’arrivée d’Énée en Italie, allant jusqu’aux obsèques de Drusus, en 9 av. J.-C39. En rapportant l’arrivée des ancêtres des Romains, il faisait preuve d’une vision plus traditionnelle de l’annalistique que Tacite, qui réduisait l’histoire ancienne (mythique) à une phrase symbolique40. Velleius Paterculus (c. 20/19 av. J.-C.-ap. 30 ap. J.-C.) servit dans l’état-major de Tibère, en 12 il participa à son triomphe. Sa carrière fut accélérée grâce à la protection de

34 Selon Cic., De Or., 52. En réalité il semble que cet usage se mit en place plus tardivement, à la période républicaine. Dès les guerres puniques, les historiens Romains Fabius Pictor (v. 254- ap. 216 av. J.-C.) et Cincius Alimentus (fin du IIIe siècle av. J.-C.) utilisèrent le grec pour rédiger leurs Annales. L’historiographie romaine trouvait ses origines dans les chants. La tradition des carmina conuiualia et des carmina triumphalia se perpétuait dans le carmen de Livius Andronicus (240-207 av. J.-C.) célébrant la victoire du Métaure sur Hannibal (207 av. J.-C.). 35 Entre guillemets parce que le choix d’un événement, le jugement quant à son importance renvoie à la subjectivité de l’auteur. 36 Caton, Orig., 4, 1. 37 P. Cornelius Tacitus (av. 58-ap. 117) s’inscrit dans lignée des sénateurs historiens. Son oeuvre est très précise du point de vue des faits, mais il montre quelques partis pris à l’égard du peuple : la foule est incapable de mesure. Tacite fait dire à certaines personnes, lors de la mutinerie des armées de Germanie sous le commandent de Drusus, que « nihil in uulgo modicum ; terrere, ni paueant ; ubi pertimuerint, inpune contemni ; dum superstitio urgeat, adiciendos ex duce metus sublatis seditionis auctoribus » (An., I, 29, 3). Juvénal remarque que les plus hauts ordres de la société étaient imputables des mêmes critiques que la foule (Sat., XI, 177-179). 38 Les Annales vont de l’avènement de Tibère à la fin du règne de Néron à la mort de Thrasea en 65. Elles sont entrecoupées de deux lacunes : la fin du livre V et la plus grande partie du livre VI (de la fin de l’année 29 au début de l’année 31) et des livres VIII à X (c’est à dire du règne de Caligula à une date indéterminée du règne de Néron, 65 ou peut-être 68, probablement le 9 juin 68, date de la mort de Néron, ou les calendes de janvier 69, date de l’avènement de Galba. Les Histoires commencent le 1er janvier 69 au discours de Civilis (V, 26, 2). 39 Parce qu’il mourut en 17, alors qu’il était en train de rédiger. 14 cet empereur et des Vinicii (son Histoire romaine est dédiée au consul M. Vinicius, elle est en réalité la partie courte d’un opus iustum). Elle est organisée en deux livres : l’époque d’avant 146 – date de la destruction de Carthage – et l’histoire archaïque, de 146 à l’époque de Tibère.

Appien d’Alexandrie (IIe siècle) écrivit une Histoire romaine (`Rwmaik£) vers 160, commençant des origines jusqu’au règne de Trajan. Les livres XIII à XVII traitant de la guerre civile de la fin de la République n’ont pas été rédigées selon son plan « ethnique41 », mais selon un plan chronologique. Le reste est malheureusement perdu.

Dion Cassius écrivit une `Rwmaik¾ ƒstor…a ou `Rwmaik£ dont il ne nous reste que, nous concernant, les livres XLI à LIV, allant de la guerre entre César et Pompée, d’importants fragments des livres LV à LX allant de 9 av. J.-C. à 46 ap. J.-C. et une partie des livres LXXIX et LXXX pour la période allant de la mort de Caracalla au milieu du règne d’Élagabal. Le reste fut perdu lors de la réforme byzantine de l’écriture. Il nous est transmis par l’intermédiaire des Fragmenta parisiana, des morceaux de parchemin provenant d’un manuscrit du XIVe siècle ayant servi à réparer un manuscrit de Strabon, des Excepta constantiniana, c'est-à-dire des extraits rassemblés sur l’ordre de Constantin Porphyrogénète (905-959), des Excepta Valesiana, issus d’un recueil de quatorze auteurs, des Excepta Maiana, conservés dans un manuscrit du X-XIe siècle, des Excepta Ursiniana dont la date est inconnue. De plus, son œuvre fut utilisée par Jean Xiphilin et Jean Zonaras. Le premier abrégea les livres XXXVI à LXXX, il ne nous reste que les livres LXI à LXXX. Le deuxième intégra l’œuvre de Dion Cassius à une histoire du monde allant des origines à 1118, date de la mort d’Alexis Comnène. Xiphilin et Zonaras procédèrent à des retouches, des suppressions, des ajouts de commentaires. Les textes contenus dans les divers excepta étaient aussi remaniés, simplifiés42.

40 Tac., An., I, 1: « Urbem Romam a principio reges habuere ; libertatem et consulatum L. Brutus instituit. dictaturae ad tempus sumebantur ; neque decemuiralis potestas ultra biennium, neque tribunorum militum consulare ius diu ualuit. non Cinnae, non Sullae longa dominatio ; et Pompei Crassique potentia cito in Caesarem, Lepidi atque Antonii arma in Augustum cessere, qui cuncta discordiis ciuilibus fessa nomine principis sub imperium accepit. » 41 Appien envisageait les différents peuples, par rapport à la conquête romaine. Ainsi, le livre VI porte le titre d’Ibérie, le livre VII Hannibal, le livre VIII Carthage, le livre IX l’Illyrie, le livre XI la Syrie, le livre XII Mithridate. 15 L`Istor…a Nša de Zosime est bien différente. Rédigée entre 425 et 518, elle prenait pour modèle Polybe43, en inversant son but qui était de montrer comment Rome était devenue si puissante grâce à ses institutions. Il s’agissait de « condamner le régime qui répercute tragiquement le choix de quelques individus44 » : tous les malheurs de l’Empire avaient pour cause le christianisme.

Hérodien acheva son Histoire depuis la mort de Marc Aurèle (TÁj met¦ M£rkon basile…aj ƒstor…ai) vers 250. Né vers 177, il assista aux combats de Commode dans le cirque. Il assuma des fonctions impériales et publiques45, il était peut-être d’origine orientale. Son œuvre commence par la mort de Marc Aurèle et se termine par l’avènement de Gordien III. P. Herennius Dexippus, né à Athènes continua son œuvre dans ses Chroniques. Il était un témoin direct des événements rapportés dans les Scythica, une histoire des invasions Gothiques depuis 238 : sous son commandement, les Athéniens chassèrent les Goths d’Achaïe en 267. Il écrivit aussi des Res gestae. Il ne reste plus que quelques fragments de son œuvre, qui servit à la rédaction de l’Histoire auguste et de l’Histoire nouvelle de Zosime.

b. Abrégés et épitomés46

Florus naquit vers 78, il utilisa l’Ab Vrbe condita comme source principale pour son Abrégé de l’histoire des guerres du peuple romain. En réalité, son œuvre apporte peu d’informations sur les guerres civiles.

Quatre œuvres ont été attribuées à Sextus Aurelius Victor (av. 330-ap. 390) : les Historiae abbreuiatae ab Augusto Octauiano id est a fine Titii Livii usque ad consulatum

42 Par exemple, M.-P. Arnaud-Lindet, Histoire et politique à Rome. Les historiens romains du IIIe siècle av. J.- C.-Ve siècle ap. J.-C., Paris, Bréal, p. 290-291. 43 « Polub…ou g¦p Ópwj ™kt»santo `Rwma‹oi t¾n ¢rc¾n ™n ÑligJ crÒnJ diexelqÒntoj, Ópwj ™n oÙ pollù crÒnJ sfÍsin ¢tasqal…Vsin aÙt¾n dišfqeiran œrcomai lšxwn », Zos., I, 57. 44 F. Paschoud, « La digression antimonarchique du préambule de l’Histoire nouvelle », Cinq études sur Zosime, Paris, Les Belles Lettres, 1973, p. 23. 45 Hdn., I, 2, 5. 46 On appelle abrégé le résumé d’un ouvrage, épitomé un récit court élaboré à partir de plusieurs ouvrages. Tous deux ont pour but la simplification, accessoirement l’apprentissage. 16 decimum Constantii Augusti et Iuliani Caesaris tertium, la première partie de l’Origo gentis romanae, le Liber de uiris illustribus orbis Romae, et le Libellus de uita et moribus imperatorum ou Epitome de Caesaribus. Les trois premiers furent rassemblés par un compilateur. En réalité seule l’Histoire abrégée peut lui être attribuée. Cet Africain termina sa carrière comme préfet de la Ville en 389. L’Abrégé des Césars pourrait être attribué à un sénateur cultivé47. Eutrope (ap. 320-ap. 390) comme Festus, avait été magister memoriae de Valens ; sur sa demande il écrivit le Breviarium48. Festus bâti son plan en fonction de ce dont avait besoin l’empereur : son frère l’avait chargé de gouverner l’Orient, il s’attache à expliquer la formation des provinces, les rapports de Rome avec les Orientaux.

c. La biographie

Nicolas de Damas (v. 64 av. J.-C.-10 ap. J.-C.) fut précepteur des enfants d’Antoine et de Cléopâtre, après sa mort il devint conseiller d’Hérode et de son fils, accomplit plusieurs missions diplomatiques auprès d’Auguste. Il ne nous reste que des fragments de sa Vie d’Auguste49.

La Vie d’Apollonius de Tyane est une œuvre à part, consistant en la vie d’un « saint » homme, mais païen. Son auteur, Philostrate, avait écrit à la demande de Julia Domna, aux environs de 220. Il utilisa les Mémoires composées par son disciple Damis.

Plutarque (av. 50-ap. 120), un grec de Chéronée, rédigea les Vies parallèles dont cinq, celles d’Antoine, de César, de Brutus, de Galba et d’Othon nous intéressent directement pour l’étude des guerres civiles. Il cherchait non pas à faire un récit exhaustif, mais à rapporter les actes qui permettaient de saisir l’essentiel de la personnalité de son héros.

47 M.-P. Arnaud-Lindet, Histoire et politique à Rome. Les historiens romains du IIIe siècle av. J.-C.-Ve siècle ap. J.-C., Paris, Bréal, p. 324. 48 Il va depuis les origines de Rome jusqu’à la mort de Jovien (364). Il avait pour but d’instruire l’empereur, de faible culture. 49 Cette biographie est la plus contemporaine des faits et peut-être la mieux documentée, mais l’auteur se montre favorable à Octave-Auguste. Il écrivit aussi une histoire universelle en 114 livres, perdue. 17 C. Suetonius Tranquillus (v. 77-entre 140 et 160), un chevalier, composa un recueil de biographies, les Vies des douze Césars, formant une histoire continue depuis les guerres conduites par César – le début de sa Vie manque – jusqu’à l’assassinat de Domitien. Il ne les composait pas en suivant un ordre chronologique, à la différence de Plutarque, mais selon un plan thématique. Il ne portait généralement pas de jugements sur les empereurs, rapportait plusieurs interprétations quand cela était possible afin de laisser le choix au lecteur.

d. L’historiographie chrétienne et byzantine

Orose était un prêtre de Galice, il arriva en Afrique avant 414 après avoir fui les barbares. Il connaissait Saint Augustin, ce dernier lui demanda des conseils, se rendant compte de ses oublis après la publication des trois premiers livres de la Cité de Dieu : les Païens préparaient leur réponse50. Cette demande fut le point de départ d’une réflexion visant à démontrer que, plus l’Église enregistrait des progrès, plus les calamités diminuaient. Lactance, auteur du De mortibus persecutorum, cherchait quant à lui à démontrer que les mauvais empereurs avaient été victimes du châtiment divin. S’il parle de la période étudiée, il ne donne aucune information relative aux guerres civiles.

L’historiographie byzantine est très utile pour la connaissance de la période étudiée, surtout depuis la fin de l’Histoire romaine de Dion Cassius car aucun historien – du moins dont les œuvres ont été conservées – ne continua son œuvre. Dion Cassius fut abrégé et continué par J. Xiphilin et J. Zonaras (fin XIe-milieu XIIe siècle). Le premier était le neveu du patriarche homonyme de Constantinople ; il abrégea les livres XXXVI à LXXX de l’Histoire romaine en y rajoutant des commentaires personnels, seuls ses livres LXI à LXXX nous sont parvenus. Il vécut à Constantinople dans la dernière partie du XIe siècle et devint moine après avoir mené une carrière administrative. J. Zonaras écrivit un 'Epitom¾ ƒstoriîn depuis la création du monde jusqu’en 1118, date de la mort d’Alexis Comnène. Pour la partie allant jusqu’au règne de Nerva, il fit des emprunts à divers auteurs51 puis n’utilisa plus que le texte de Xiphilin. Son œuvre connut un grand succès : quarante-quatre manuscrits ont été conservés. Il avait été commandant de la garde personnelle d’Alexis Comnène puis premier

50 Oros., Hist., Prol., 9-10. 51 À Flavius Josèphe, Plutarque, Appien, Eusèbe et peut-être l’abrégé de Xiphilin. 18 secrétaire de la chancellerie impériale avant de devenir moine. Leurs œuvres se distinguent de l’apologétique chrétienne en se donnant un but uniquement historique, non polémique.

Quelques éléments traitant de la guerre civile et du pouvoir impérial sont présents dans les chroniques52 tardives. Q. Iulius Hilarianus, un évêque d’Afrique proconsulaire écrivit en 397 le De cursu temporum siue de Mundi duratione, un raisonnement à partir des dates clés de l’histoire visant à déterminer la fin du monde. Cette histoire est intéressante dans le sens où elle est un recueil des événements tenus pour significatifs par un chrétien du Bas-Empire. Sulpice Sévère (v. 363-ap. 422), d’abord avocat puis moine, écrivit une biographie de son contemporain Saint Martin de Tours et une Chronique universelle de la création du monde jusqu’à la mort de l’hérétique Priscillien (385). Prosper d’Aquitaine (Tiro Prosper, c. 390-ap. 455) fut d’abord laïc puis moine. Son Epitoma chronicorum consiste pour la première partie, jusqu’à 412, en un abrégé de Saint Jérôme et des autres chronique, pour la deuxième partie en une œuvre unique. J. Malalas (c. 491-578) est peut-être à identifier avec Jean III le Scholastique, patriarche de Constantinople de 565 à 577. Sa Chronographie, une histoire du monde depuis les origines jusqu’à son époque, nous a permis de conserver une partie de l’histoire de de Sardes (IVe siècle). Georges le Syncelle rédigea vers 800 un Choix de chronographie des origines à 284, continué par Théophane le Confesseur. Kedrenos écrivit une Synopsis d’histoire vers 1100, la Chronique d’Édesse et la Chronique d’Arbèles, écrites en syriaque et toutes deux anonymes, sont aussi porteuses de renseignements sur la période étudiée.

e. L’ histoire engagée

C. Iulius Caesar (101 ou 100-15 mars 4453) rédigea la Guerre civile (Bellum ciuile) en 47 av. J.-C., après la mort de Pompée. César raconte comment le Sénat, voulant lui retirer son commandement en Transalpine, il franchit le Rubicon et combattit. L’ouvrage se termine au milieu de la guerre d’Alexandrie. Il fut continué par un anonyme (Bellum Alexandrinum puis Bellum Africanum, Bellum Hispaniense). Il avait pour but d’excuser César : il se présente en

52 La chronique était un récit impersonnel des faits selon leur succession chronologique, au contraire des annales, le plan de l’œuvre n’était pas déterminé par les années. 53 Pour ce qui est de sa biographie, voir le chapitre 1 du corpus. 19 victime et tous ces actes sont expliqués par cette constatation. Il condamne les pratiques qu’il éprouva lui-même : la muselage du Sénat par la crainte des armées54. Il convient de faire preuve de discernement et de ne pas négliger la valeur historique unique de ce témoignage : César était un témoin direct.

f. Les laterculi

Un laterculus est tout simplement une liste. Polemius Silvius (Ve siècle, vers 448 probablement55) rédigea une « liste des empereurs Romains » dédiée à Eucherius, évèque de Lyon (434-450). Le Laterculus malalianus est l’œuvre d’un anonyme et consiste en liste des dates, durée de règnes et quelques événements marquants des règnes des empereurs, tirée de l’œuvre de J. Malalas. La Chronica Vrbis Romae a toutes les caractéristiques d’un laterculus, elle doit être un résumé d’une chronique plus vaste qui n’a pas été transmise, comme la Chronica gallica.

g. Les sources non historiques

Les faits historiques ne sont pas mentionnés uniquement chez les historiens. Nous trouvons des références à l’histoire de Rome dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien (C. Plinius Secundus, c. 23-79), composée de trente-sept livres et contenant l’histoire des animaux, des plantes et des minéraux, du ciel et la terre, de la médecine, du commerce, de la navigation, des arts libéraux et mécaniques, des origines des coutumes, de tous les arts humains. Pline interrompit sa carrière sous le règne de Néron afin de se consacrer à l’écriture

54 B.C., I, 2, 1, il décrit l’attitude de Scipion, dont le discours semblait sortir de la bouche de Pompée, alors proconsul d’Espagne (« ex ipsius ore Pompei mitti uidebatur »). Ibid., I, 2, 6-7, il décrit les pressions dont le Sénat était l’objet (« Sic uocibus consulis, terrore praesentis exercitus, minis amicorum Pompei plerique conpulsi, inuiti et coacti Scipionis sententiam sequuntur : uti ante certam diem Caesar exercitum dimittat ; si non faciat, eum aduersus rem publicam facturum uideri »). Les motions portées sont pleines de violence (« graues… acerbissime crudelissimeque »). 55 Smith (C. C.), « Book review: 'Laterculus Malalianus' and the School of Archbishop Theodore », Journal of Early Christian Studies, 5, 2, 1997, p. 294-296 20 puis fut rappelé par Vespasien, il mourut à Misène lors de l’éruption du Vésuve, voulant étudier le phénomène de plus près et secourir quelques-uns de ses amis. Il adopta son neveu Pline le Jeune (C. Caecilius Secondus, 62-113) qui suivit, entre autres, les leçons de Quintilien et de Musonius. Il fut consul en 100, et pour remercier l’empereur composa un panégyrique, puis il fut gouverneur de Bithynie en 111 et mourut peu après. Il publia dix livres de lettres datées de 97 à 108, le dixième livre étant composé des lettres qu’il écrivit dans son gouvernement.

h. Les sources perdues

Une analyse des sources perdues n’est pas l’objet de notre étude : elle vise à rapporter et analyser le plus de faits possibles quant au problème de la légitimation du pouvoir impérial et des guerres civiles56. Néanmoins, nous remarquons qu’un nombre important de sources cruciales n’ont pas été transmise jusqu’à nous. Ce problème ne concerne pas que les sources historiques : chaque année, des inscriptions sont retrouvées et publiées. Certaines restent inédites. La recherche historique se heurte aussi à de pseudos-historiens : les œuvres d’art volées alimentent des collections privées qu’il nous est impossible d’étudier. Lors du cambriolage du cabinet des médailles en 1831 disparurent un grand nombre de monnaies frappées par les empereurs gaulois.

B. Les sources épigraphiques, numismatiques et papyrologiques

Les sources épigraphiques et papyrologiques ont une place moindre dans le corpus. Au contraire, les monnaies sont très présentes car elles offrent une documentation sur l’idéologie et la propagande impériale. Même si elles ont une importance moindre dans le corpus, ces

56 Pour une connaissance des sources perdues, consulter par exemple H. Bardon, La littérature latine inconnue, 2 vol., Paris, Klinksieck, 1952-1956, 382-338 p. 21 sources permettent de mettre en place la base du travail de l’historien : la chronologie, par les consuls en charge, les magistrats, les années de règne de l’empereur57. Il serait aussi très utile de procéder à une étude des sources iconographiques outre la monnaie, la peinture et surtout la sculpture.

57 D. Kienast, Römische Kaisertabelle, Grundzüge einer römischen Kaiserchronologie, Darmstadt, Wissenschaftlische Buchgesellschaft, 1996, introduction, p. I-XXVI explique de quelle manière il établit cette chronologie. 22 II. Analyse des sources

A. Nécessité de l’examen critique des sources

Toutes les sources nécessitent un examen critique. Les types de critiques varient selon la nature des sources, certaines critiques sont universelles. La narration d’un événement comporte des choix, en partie volontaires, en partie involontaires : l’auteur, surtout s’il n’avait pas vécu les événements qu’il rapportait, opérait un choix parmi les éléments arrivant à sa connaissance. Par conséquent, ce choix dépendait de ses prédécesseurs et du matériel que l’historien avait à sa disposition. Afin de reconstituer le déroulement des événements il convient de procéder à des recoupements entre les sources. Cela permet de compléter le récit d’un auteur, dans le cas d’un texte présentant des oublis, de comparer les textes des historiens de l’Antiquité afin de comprendre quelles étaient les idées de personnalités différentes ayant vécu à des époques différentes, sur un certain sujet. Il est possible de procéder à un recoupement entre plusieurs sources, qu’elles soient de première main ou non, afin de préciser un événement important, d’écrire une histoire continue, ou de présenter plusieurs hypothèses. L’historien moderne doit prendre tous ces éléments en considération lorsqu’il décide de procéder à un examen critique des sources. Zonaras qualifiait de Maximin de mauvais empereur parce que la tradition était unanime à ce sujet. Parfois, les idées d’un historien pouvaient s’expliquer par les sources dont ils s’est servi. Cela ne veut pas dire que les Anciens étaient incapables de discernement : pour les périodes antérieures, pour les événements dont ils étaient éloignés géographiquement, ils étaient obligés de travailler à partir de ce qu’ils lisaient. La constitution d’un corpus de sources, rassemblant toutes les sources à notre disposition concernant un même thème, nous a facilité la tâche.

23 B. Contre l’hyper criticisme

Un autre problème est celui de l’Histoire Auguste. Elle est une œuvre unique, celle d’un faussaire de génie qui voulait faire croire qu’il cherchait à se faire passer pour six auteurs différents. En réalité, il procédait à une sorte de jeu littéraire, compréhensible pour les personnages de son temps (aux environs de 400, probablement dans la dernière décennie du IVe siècle58). Les noms des personnages inventés rappellent des personnages de son temps, que l’on a pu retrouver grâce à la prosopographie59. Quant au problème de l’éventuel début perdu de l’Histoire Auguste, André Chastagnol nous conseillait de « prendre l’ouvrage tel qu’il est sans se poser de questions insolubles et, en conséquence, inutiles. » En effet, nous n’avons aucun moyen de contrôler les assertions de l’auteur : dans la Vie d’Aelius il affirme

58 Cette hypothèse soutenue par A. Chastagnol, Histoire Auguste. Les empereurs romains des IIe et IIIe siècles, Paris, Robert Laffont, 1994, introduction, p. XXXIV est soutenue par la majorité des historiens contemporains. J.-P. Callu, dans son introduction aux Vies d’Hadrien, d’Aelius et d’Antonin annonce qu’il a élaboré « un schéma dont les vues personnelles s’écartent donc parfois de l’opinio communis » (Histoire auguste, t. 1, 1, éd. et trad. par J.-P. Callu, A. Gaden et O. Desbordes, Paris, Les Belles Lettes, 1992, p. XIV note 2). En effet, il distingue quatre étapes dans la rédaction de l’Histoire Auguste. La première étape fut terminée après 390, d’après J.-P. Callu de par ses ressemblances avec Ausone qui vivait encore en 393 (ibid., p. XV-VI). La deuxième étape fut rédigée en 395/397 (ibid., p. XXII sqq.). L’auteur explique cette datation par des faits ayant trait à l’Histoire auguste elle-même. L’auteur aurait recherché dans la gestion de l’empire depuis la « dyarchie de Marc Aurèle et de Vérus » les éléments annonciateurs de la constitution bicéphale donnée à l’Empire en 395, en réponse aux usurpations. La troisième étape a comme terminus ante quem 305, J.-P Callu le justifie par une citation de l’auteur situant un événement « in his locis…in quibus thermae Diocletianae sunt exaedificatae, tam aeterni nominis quam sacrati » (Tyr. Trig., 21, 6 cité par J.-P. Callu, ibid., p. LVI). La quatrième étape fut le moment de l’editio définitive (J.-P. Callu, ibid., p. LIX) qui eut lieu peut-être vers 396 (J.-P. Callu rappelle qu’A. Chastagnol, « Le poète Claudien et l’Histoire auguste », Historia, 19, 1970, p. 444-463 avait déjà remarqué, à que l’auteur donnait pour père à l’empereur Maxime – H.A., Prob., 3, 2 – un nom porté par Petronius Maximus, né en 396. Au contraire, la majorité des historiens rejette l’hypothèse d’une rédaction en plusieurs étapes. 59 Pflaum (H. G.), « Les personnages nommément cités par la Vita Didi Iuliani de l'H.A. », BHAC, 1971, 1974, p. 139-156 ; id., « Les personnages nommément cités par la Vita Pertinacis de l'H.A. », BHAC, 1971, 1974, p. 113- 137 ; id., « Les personnages nommément cités par la Vita Veri de l'H. A. » BHAC, 1972-1974, 1976, p. 173-187, id., « Les personnages nommément cités par les Vitae Aelii et Avidii Cassii de l'H.A., BHAC, 1972-1974, 1976, p. 189-199 par exemple. 24 avoir rédigé les biographies des empereurs de César à Hadrien60 dans la tradition suétonienne61. Néanmoins elle s’appuie sur des sources dignes de foi. Flavius Vopiscus aurait eu une conversation avec le préfet de la Ville Junius Tiberianus. Ce dernier déplorait le manque d’intérêt que suscitait Aurélien chez les historiens et lui dit, après lui avoir demandé d’écrire sa vie : « Scribe, …ut libet. Securus, quod uelis, dices, habiturus mendaciorum comites, quos historicae eloquentiae miramur auctores62. » D’un autre côté, l’Histoire auguste fournit des « preuves » de l’existence des empereurs fictifs, qu’il appartient à l’historien de démasquer63. Des historiens furent victimes de ses inventions jusqu’à l’époque moderne : des fausses pièces furent fabriquées. G.F. Hill consacra un livre à « Becker the Counterfeiter64 » afin que les collectionneurs ne tombent pas dans le piège. H. Cohen mettait en garde les numismates des fausses monnaies et des faussaires65. L’Histoire auguste cite nombre de mosaïques, peintures et monuments n’ayant jamais existé66. Mais leur existence n’est pas toujours vérifiable.

C. Mises en gardes méthodologiques

60 Ael., 1, 1 et 7, 5. 61 H.A., Tyr., 1, 1-2. 62 H.A., Aur., 2, 2. 63 Trebellianus (Tyr., 26, 2), Victoria (Tyr., 31, 3) et Firmus (Tyr., 2, 1) auraient fait frapper des monnaies à leur effigie. 64 G.F. Hill, Becker the Counterfeiter, II, Londres, 1925, p. 18. Ce faussaire a imité de nombreux aurei des empereurs gaulois (n° 223-250), tous étaient des reproductions de monnaies authentiques, des associations originales des coins de droit et de revers ont été mélangées. 65 H. Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l’empire romain, t. VI, Paris, Rollin et Fenardent, 1888-1892 (2e éd.) p. 8 remarque ironiquement, à propos des monnaies de Pison, que « sauf Mezzarba et Bauduri, d’après lui, nul autre n’a cité des médailles de Pison que Tanini qui en décrit trois du cabinet Munter. Ce Munter a dû être un homme bien heureux pour posséder à lui seul des médailles de tant de princes qui ne se rencontrent nulle part, même dans les plus riches musées. » 66 Pour une analyse et un répertoire complet des sources archéologiques en question, voir R. Syme, « Fiction and Archaeology in the Fourth Century », Tardoantico e alto medioevo : la forma artistica nel paesaggio dall’Antichità al Medioevo, Accademia Nazionale dei Lincei, 105, 1968, p. 27-30 ; R. Turcan, « Les monuments figurés dans l’H.A. », BHAC, I, 1990, 1991, p. 287-309. 25 Paradoxalement, pourrions nous dire, les sources les plus importantes qualitativement et quantitativement ne dépassent pas les débuts du règne d’Alexandre Sévère. L’œuvre d’Hérodien et beaucoup moins détaillée que celle de Dion Cassius et l’Histoire auguste se montre souvent fantaisiste. Reconstruire un événement n’en est que plus difficile.

Les textes réellement explicatifs et précis concernant la légitimité impériale dans la guerre civile sont fragmentaires et épars dans le corpus des textes grecs et latins. L’historien moderne ne doit pas tomber dans le piège de la comparaison entre les différentes époques : la période étudiée couvre plus de trois siècles et il est impossible d’expliquer, à titre d’exemple, l’avènement de Dioclétien par des concepts datant de l’époque d’Auguste. Le régime ne changea pas de nom, officiellement il resta une res publica67 mais les historiens le définissaient par des mots différents : principat, dominat. Il appartient au rôle de l’historien de lier ces textes afin de dégager une évolution de l’Empire romain, non de les mettre côte à côte en oubliant le nombre d’années les séparant. Les Romains en effet ne rédigèrent jamais un livre de droit dans le sens où nous l’entendons ; cela ne répondait pas à leurs besoins et les empereurs et les empereurs ne souhaitaient pas révéler les « arcanes de leur pouvoir ». Le corpus de sources met des textes d’époques très éloignées écrits par des personnalités totalement différentes en contact, il est néanmoins utile car les historiens les plus tardifs se faisaient l’écho des sources disponibles à leur époque. X. Loriot remarquait, quant à l’étude du IIIe siècle, qu’ « il est presque superflu de rappeler que, dans l’état pitoyable de notre documentation, notre connaissance de la période envisagée repose pour une part plus large encore qu’à l’ordinaire sur les données fournies par les disciplines auxiliaires : constitutions impériales conservées au « Code Justinien », papyri et ostraca retrouvés en Égypte ou en Mésopotamie, monnaies, et surtout inscriptions, au nombre d’environ un millier… 68»

67 La république ne fut jamais abolie officiellement. 68 « Les premières années de la grande crise du IIIe siècle : De l’avènement de Maximin le Thrace (235) à la mort de Gordien III (244), ANRW II, 2, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1975, p. 663. 26 III. Élaboration du corpus de sources

La constitution d'un corpus de sources s'avérait nécessaire pour mener à bien cette étude. Une masse de documents est mise à notre disposition. Évidemment, pour traiter un tel sujet, les sources ne sont jamais suffisantes. Des questions restent en suspens. Quoiqu'il en soit, une mise en ordre de la documentation littéraire, numismatique et épigraphique paraissait nécessaire. La documentation papyrologique a été prise en compte dans l'établissement d'une chronologie69, elle ne fournit pas de renseignements directs sur les guerres civiles. Le but de l'historien est de reconstituer le déroulement exact des événements. Toutes les sources sont une aide précieuse mais aussi une source de complications : les auteurs antiques empruntaient les uns aux autres, sans citer leurs sources, parfois sans vérifier leur véracité, au nom d'une conception différente de l'histoire70. Ils nous a fallu choisir, organiser et traiter ces centaines de textes différents.

Nous avons dégagé dix-neuf périodes dans les guerres civiles71 et nous avons jugé utile de citer les textes traitant de la préparation de la guerre civile ainsi que de sa conclusion. La guerre civile ne comporte pas uniquement l’aspect militaire. Le corpus est organisé selon ces dix-neuf périodes : chaque période forme un chapitre. À l’intérieur de chaque chapitre, les textes sont classés par thèmes, à l’intérieur de chaque thème de manière chronologiques. Monnaies et inscriptions sont séparées des textes. Il aurait été tout aussi concevable d’intégrer les inscriptions et les monnaies aux textes afin de montrer ce qu’elles illustraient ou ce qu’elles ne mentionnaient pas. Nous avons toutefois essayé de rapprocher les différentes sources les unes des autres.

Les sources sont analysées rapidement par le biais d’un tableau mentionnant : 69 Notamment par le biais de deux ouvrages : 70 Les articles abondent sur le sujet. Consulter, à titre d'exemple, Arrighetti (G.), "Riflessione sulla letteratura e biogafia presso i Greci", La philologie grecque à l'époque hellénistique et romaine. Sept exposés suivis de discussions. 16-21 août 1993, Vandoeuvres-Genève, p. 211-262, coll. Entretiens sur l'Antiquité Classique, t. XI 71 Introduction, p. 11. 27 - le numéro fait référence au numéro donné à la source en question au sein du chapitre et du corpus. Il est formé du numéro de chapitre séparé par un tiret du numéro au sein du même chapitre.

- l’auteur

- la référence c'est-à-dire le corpus et le numéro de la source dans le cas d’une inscription ou d’une monnaie, le titre de l’œuvre et sa numérotation en chapitres, paragraphes dans le cas d’un texte littéraire.

- l’objet, la personne à laquelle il est fait allusion, ce qui n’est pas toujours évident dans le cas d’une monnaie en mauvais état ou d’une inscription martelée, par exemple

- la date à laquelle la monnaie a été frappée, à laquelle l’inscription a été gravée, à laquelle le texte fait référence.

- les éléments de datation, les éléments internes ou externes permettant de dater la source étudiée

- le lieu où se passe l’action, où la monnaie a été frappée et l’inscription rédigée

- le support, c'est-à-dire de quel type de texte, de quel type de monnaie il s’agit, de la taille de l’inscription accompagnée d’éventuels commentaires sur la forme.

28 Deuxième partie : Les causes de la guerre civile

29 Les guerres civiles sous l’Empire romain avaient des causes plus ou moins évidentes, souvent absentes des récits des historiens de l’Antiquité72. Les causes réelles sont à distinguer de celles données a posteriori par les historiens postérieurs aux faits. La guerre civile était une suite logique de la crise de succession : les modalités du choix de l’empereur ne furent jamais fixées formellement. Elle se déclenchait sous le règne d’un empereur, mettait à nu les faiblesses du régime impérial, les usurpateurs s’opposaient à ses efforts de propagande. L’empereur était censé être le premier, le princeps, au commandement de toutes les armées, il avait le monopole de la légitimité… l’usurpation réussie démontre que l’idéologie n’était pas la réalité.

72 Ainsi P. Jal, dans La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale de Cicéron à Tacite, Paris, PUF, 1963, p. 364 remarque que les causes politiques des guerres civiles de Sylla à Vespasien, le mauvais fonctionnement de la république ne sont que très superficiellement mentionnés. 30 I. La crise de succession

A. La nature du principat et les modalités de la succession

Les modalités de la succession impériale n’ont jamais été définies juridiquement. Reconnaître officiellement le caractère héréditaire du régime en aurait fait une royauté. C’est ce qu’il était dans les faits. La res publica ne fut jamais abolie – mais les auteurs grecs employaient les mots de basile…a et de monarc…a pour désigner le principat. Les auteurs latins employaient entre autres le mot principatus qui donnait l’idée d’une personne au premier plan mais différente du roi parce que pourvue uniquement de pouvoirs « légaux » d’origine républicaine : l’imperium, la puissance tribunicienne, le consulat…Le basileÚj était un souverain à la manière des rois orientaux pour Zosime, qui utilisait aussi ce mot pour qualifier le pouvoir impérial73. Dion Cassius rapporte que César fut tué pour avoir aspiré à la basile…a74. Appien n’avait aucune raison de critiquer l’empereur Hadrien : il reçut la citoyenneté romaine de lui. Mais il l’appelait basileÝj `AdrianÕj75. Le mot grec n’était pas tabou comme le mot rex latin. Il faut aussi tenir compte de la difficulté qu’avaient les historiens de langue grecque dans la traduction des concepts latins. La monarchie faisait peur76, rendait le peuple mécontent à la fin de la république77. Puis elle devint indispensable. Plutarque explique le revirement des Romains de la sorte : « OÙ m¾n ¢ll¦ kaˆ prÕj t¾n tÚchn toà ¢ndrÕj ™gkeklikÒtej, kaˆ dedegmšnoi tÕn calinÒn, kaˆ tîn ™mful…wn polšmwn kaˆ kakîn ¢napno¾n ¹goÚmenoi t¾n monarc…an, dikt£tora m•n aÙtÕn ¢pšdeixan di¦ b…ou: toàto

73 Zos., I, 5, 2-3 = 1-009 : « Kaˆ diab£ntej e„j t¾n 'As…an kaˆ prÕj toÝj ™n tù PÒntJ basile‹j kaˆ prÕj 'Ant… ocon polem»santej … tÁj basile…aj toÝj Órouj. » 74 LIII, 16 = 1-125. 75 B.C., II, 86 = 1-203. 76 « fÒbJ monarc…aj », Plut., Caes., 29, 1-7 = 1-011. 77 « ½dh d• kaˆ Ð dÁmoj ¢cqÒmenoj, 'Antwn…ou scedÕn e„j monarc…an kaqistamšnou, Broàton ™pÒqei... », Plut., Brut., 21, 1-4 = 1-013. 31 d' Ãn Ðmologoumšnh [mn] turann…j, tù ¢nupeuqÚnJ tÁj monarc…aj tÕ ¢kat£pauston proslaboÚshj...78 ». Les mots romains étaient formés sur ces mots définis par la philosophie grecque classique qui décrivait et analysait les institutions : mais à Rome, ils pouvaient appartenir à l’invective. Le terme monarchia était moins polémique que rex, il désignait simplement le gouvernement d’un seul79. Au IIIe siècle, elle était définie comme le régime créé par Auguste en 29, « ex eadem die summa rerum ac potestatum penes unum esse coepit et mansit ; quod Graeci monarchiam uocant80 ». La turann…j pouvait aussi désigner un pouvoir absolu en Grèce classique81, en plus de désigner le pouvoir d’un seul. Dans la Rome républicaine, on assista à un léger glissement de sens : elle devint la manière de désigner un pouvoir injuste82. Elle se rapprochait de la signification du mot rex : depuis la fin de la royauté, les Romains vivaient dans la hantise de voir se réinstaller un roi. César fut tué car il s’arrogeait des prérogatives royales83. La monarchie naquit des guerres civiles84 : elle ne pouvait pas être un régime idéal. Le principat était la réponse nécessaire à la crise de la république. Tacite remarquait que l’avènement d’Auguste marquait la fin d’une période pendant laquelle il n’y eut ni traditions ni droit85. Le vocabulaire qui auparavant appartenait à l’invective se banalisa et en tira une signification nouvelle.

78 Caes., 57, 1-3 = 1-044. 79 Du grec mÒnoj, seul et ¥rcein, gouverner. 80 Oros., VI, 20, 1-2 = 1-117. 81 Par exemple, dans Soph., Tr., 217 l’adjectif tÚrannoj est une épithète d’Arès, le tyran pouvait être un usurpateur en Grèce classique, par exemple, Plat., Gorg., 510b, ou simplement un monarque absolu comme dans Hdt., 3, 52. 82 Eutr., VI, 25 : « Agere insolentius coepit et contra consuetudinem Romanae libertatis. Cum ergo et honores ex sua uoluntate prestaret, qui a populo antea deferebantur, nec senatui ad se ueniendi adsurgeret aliaque regia et paene tyrannica facere… » 83 Selon Dion Cassius (qui est bien postérieur aux faits), XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028. 84 App., B.C., I, 5-6 = 1-056 : « ‘Wde m•n ™k st£sewn poik…lwn ¹ polite…a `Rwma…oij ™j ÐmÒnoian kaˆ monarc…an perišsth ». 85 Tac., An., III, 28, 1-2 : « exim continua per uiginti annos discordia, non mos non ius ; deteterrima quaeque impune ac multa honesta exitio fuere, sexto demum consulatu Caesar Augustus, potentiae securus, quae triumuiratu iusserat aboleuit deditque iura quis pace et principe uteremur. » 32 Le passage de la république à la monarchie, la course à la servitude dans laquelle se ruèrent les romains dès l’avènement de Tibère remontait en fait à celui d’Octave-Auguste86. C’était en partie une construction des historiens antiques ; elle fut reprise par les modernes. La perte de la libertas était dramatisée. Tacite mentionne les formes de gouvernement précédentes sans toutefois en conclure qu’elles sanctionnaient des modifications assez importantes pour être des régimes à part entière : il cite la royauté, la liberté et le consulat, la dictature, les décemvirs, la domination (dominatio) Cinna et de Sylla, la puissance (potestas) de Pompée et de Crassus, le regroupement des pouvoirs triumviraux dans les mains d’Auguste (« Lepidi atque Antonii arma in Augustum cessere87 »). L’histoire de Rome depuis l’instauration de la libertas ne serait que celle d’une longue décadence, d’une lutte pour la puissance qui prit fin avec le principat. Domitien tenta de se faire appeler dominus88 : cela fut refusé par les Romains. Depuis le règne de Septime Sévère, l’appellation était officialisée par les titulatures impériales89.

La désignation du successeur montrait la nature du régime impérial : c’était une monarchie héréditaire. Elle évolua continuellement, en fonction des circonstances, le changement étant facilité par l’absence de constitution écrite. La succession était faite grâce 86 Deux passages de Tacite, An., I, 1-2 et I, 7, 1 peuvent être rapprochés. En ce qui concerne l’arrivée au pouvoir d’Octave-Auguste, l’annaliste écrivit que « nullo aduersante, cum ferocissimi per acies aut proscriptione cecidissent, ceteri nobilium, quanto quis seruitio promptior, opibus et honoribus extollerentur ac nouis ex rebus aucti, tuta et praesentia quam uetera et periculosa mallent. » Puis, il écrit qu’après sa mort que « at Romae ruere in seruitium consules, patres, eques. » L’auteur savait ce qu’était le régime impérial. En critiquant Tibère, il critiquait indirectement Auguste. Le faire directement était impossible, car il était considéré comme un bon empereur, il était aussi le fondateur du régime impérial. Tacite considérait l’histoire de Rome comme linéraire, comme une succession de dominations (ibid., I, 1, 1-I, 2, 2). Á la différence de ses prédécesseurs, il mit en place une succession et se montra capable de faire face à toutes les éventualités : Marcellus qui avait épousé Julie, la fille d’Auguste, étant mort, Agrippa lui succéda, puis ce fut le tour de Tiberius Nero et de Claudius Drusus, ses deux beaux-fils ; puis aux fils d’Agrippa et de Julie, Caius et Lucius. Après la mort de ceux-ci, Auguste se résolut à choisir Tibère, qui n’avait aucun lien avec la famille impériale (il était le fils de Livie et de son premier mari). Ainsi, Auguste fit épouser Julie à Tibère et il l’adopta. Agrippa , le dernier fils d’Agrippa et de Julie, fut tué au début du règne de Tibère. 87 Tac., An., I, 1, 1. 88 Suet., Dom., 13, 4 : « Pari arrogantia, cum procuratorum suorum nomine formalem dictaret epistulam, sic coepit : « Dominus et deus noster hoc fieri iubet. » » 89 Par exemple, ILS 428. 33 au caractère extraconstitutionnel du princeps, qui n’avait pas de magistrature précise mais des pouvoirs, idée pratiquement inconcevable quelques années plus tôt90. Il avait en dernier lieu la possibilité de décider de tout : il était lui-même l’artisan perpétuel du nouveau régime.

La succession était un moyen de remédier aux guerres civiles : l’empereur faisait connaître son successeur à l’empire, il le préparait aux fonctions qu’il aurait à remplir. S’il gouvernait bien l’empire, aucune usurpation, aucune conjuration ne pouvaient avoir lieu. Plusieurs solutions étaient à disposition des empereurs. Jules César fut le fondateur de la succession impériale : il fit faire une bonne carrière à Octave. Il l’adopta par testament, il prit le cognomen de César qui par la suite fut donné aux successeurs. Zonaras remarque que ce nom fut usurpé avant l’adoption91. Il le présenta à la foule et l’associa à la victoire92 : l’empereur par la suite, comme les guerres étaient menées sous ses auspices, était toujours victorieux. Suétone rapporte que César désirait un fils mais qu’il ne réussit pas à en avoir un93 : le régime était déjà pensé comme une monarchie héréditaire. La parenté ne suffisait pas : Octave-Auguste s’en aperçut, il dut mener plusieurs années de guerres civiles. Auguste associa Tibère à l’exercice de la puissance tribunicienne94, mais les deux n’étaient pas sur un pied d’égalité : Auguste avait une plus grande auctoritas. Avec la tétrarchie, les modalités de la succession furent bouleversées. La succession de Constantin, en 337, marqua l’adaptation

90 Il est possible de voir l’origine de la séparation des pouvoirs et des magistratures (par exemple, Auguste avait la puissance tribunicienne mais n’était pas tribun de la plèbe, ou était investi de l’imperium sans être magistrat et en cumulant ces pouvoirs il avait une plus grande auctoritas que ses collègues dans les magistratures tout en n’ayant pas plus de potestas qu’eux – Aug., R.G., 34). Ce passage des Res gestae n’est pas simple à interpréter car il est flou : juridiquement, l’auctoritas n’a aucune signification. Le sens non institutionnel du mot est « ce qui s’impose » et il était déjà employé avant (Cic., Verr., 4, 19 cite l’ « existimatio atque auctoritas nominis populi Romani. » Sous l’Empire il prend le sens de « pouvoir de faire faire » ou d’imposer, il ne se définit toujours pas juridiquement mais il est utilisé par les juristes de l’époque des Sévères (Dig., 1, 2, 7 : « ex auctoritas principis respondere et Dig., 1, 7, 2 : « ex auctoritas principis adoptare »). L’empereur donnait le droit d’agir en vertu des capacités de jugement qu’il avait lui-même. 91 Zon., X, 499, 15 = 1-059. 92 N. Dam., Aug., 8, 17-18 = 1-060 93 Suet., Caes., 52 : « Heluius Cinna TR. PL. plerisque confessus est habuisse se scriptam paratamque legem, quam Caesar ferre iussisset cum ipse abesset, ut ei uxores liberorum quaerendorum causa quas et quot uellet ducere liceret. » 94 Tac., An., I, 3 = 1-190. 34 de cette réforme au principe dynastique : ses trois fils, anciens Césars, furent simultanément nommés Augustes.

Titus fut le premier empereur associé au trône. Auguste avait désigné Caius et Lucius Césars comme ses successeurs, il avaient tous deux été adoptés. Depuis 13 av. J.-C. il partageait la puissance tribunicienne avec Tibère, il en fit un collègue95. Les historiens mentionnent peu le rôle de Tibère depuis cette période jusqu’à la mort d’Auguste. Il réserva le cognomen de César à Caius et Lucius. Commode, Caracalla, Sévère Alexandre, les trois Gordiens, Maxime et Balbin, Émilien, , Aurélien et Florien ne désignèrent pas de successeurs. Tous furent assassinés ou tués au cours d’une guerre civile. Cela peut se comprendre dans le cas de Maxime et Balbin : ils étaient les empereurs du Sénat, hérauts de son idéologie, par conséquent ils remettaient le choix de leur(s) successeur(s) entre les mains de l’assemblée. Probablement, tous les empereurs avaient été tués trop tôt pour qu’ils aient eu le temps de penser à leur succession.

B. Les guerres civiles nées de la crise de succession : essai d’interprétation

La succession était idéalisée : en adoptant Pison dans les règles républicaines (lege curiata), Galba faisait ainsi entrer dans sa famille un « descendant de Cneus Pompée et de Marcus Crassus », choisi par une personne désignée par les dieux (« en fait l’accord unanime des dieux et des hommes m’ayant appelé à l’Empire, tes éminentes qualités et l’amour de la patrie m’ont décidé à t’offrir le principat »). Il copiait le « divin Auguste qui plaça au rang suprême, à son côté, le fils de sa sœur, Marcellus, puis son gendre Agrippa, ensuite ses petits- fils, enfin Tiberius Nero, son beau-fils. Mais Auguste a cherché un successeur dans sa famille, et moi, dans la république96 ». Galba surpassait Auguste. La succession permettait à 95 Tac., An., I, 3 = 1-190 : « filius, collega imperii, consors tribuniciae potestatis adsumitur omnisque per exercitus ostentatur, non obscuris, ut antea, matris artibus, sed palam hortatu. » 96 Tac., H., I, 15, 1-2. 35 l’empereur d’exprimer sa providentia ; cette qualité le rapprochait des dieux. Elle évitait les guerres civiles.

Aucun bon empereur ne mourut en fonctions sans avoir désigné d’héritiers : la prouidentia était une caractéristique du bon gouvernement ; pour ce qui est de la succession elle était essentielle car elle évitait à l’Empire de sombrer dans la guerre civile. Une idée prévalait : le successeur d’un bon empereur devait être bon lui aussi. Les Romains s’aperçurent avec l’avènement de Commode que ce n’était pas le cas. L’histoire auguste chercha toutes sortes d’explications au fait qu’un homme si parfait avait donné naissance à un tel monstre… pour en conclure qu’il n’était pas le fils de Marc Aurèle97.

97 H.A., Marc., 19, 1-7. 36 II. La cour et les complots sénatoriaux

A. Définition de la cour

Marc Aurèle donne une définition de la cour dans ses pensées : « AÙl¾ AÙgoÚstou, gun», qug£thr, œggonoi, prÒgonnoi, ¢delf», 'Agr…ppaj, suggene‹j, o„ke‹oi, f…loi, ”Areioj, Maik»naj, „atro…, qÚtai : Ólhj aÙlÁj q£naton98. » M. Pani lie la cour au concept de la domus républicaine, « un ambito di parentela più largo rispetto a quello agnatizio (linea maschile) della gens e della familia99. Elle comprenait le cercle restreint des familiares, le cercle plus large des amici et enfin celui de l’aristocratie100 ; elle fut progressivement institutionnalisée, c'est-à-dire que les membres de l’aristocratie devinrent pratiquement des membres de droit du cercle des amici principis : la définition de la cour était en constante évolution.

B. Les complots de sénateurs : essai d’analyse historique

1. Buts et nature des complots, leurs problématiques

Il est difficile de séparer les complots sénatoriaux des complots de cour par les protagonistes, en revanche il est facile de le faire par l’idéologie dont ils étaient porteurs. Le rôle d’amicus était désormais indépendant de la relation personnelle avec le princeps. Des contestataires pouvaient se retrouver à la cour et y tramer des complots contre l’empereur. Leur fidélité n’était plus garantie. Hadrien réagit à ce processus en créant le cercle des amicissimi, une sorte de cour dans la cour101. Les complots de sénateurs affirmaient un

98 Pensées, VIII, 31. 99 M. Pani, La corte dei Cesari fra Augusto e Nerone, Rome-Bari, Laterza, 2003, p. 18. 100 ibid., p. 8. 101 ibid., p. 9. 37 mécontentement face à la personne de l’empereur, souvent doublé d’une certaine nostalgie vis-à-vis de la république et de la libertas perdue par le Sénat. Cette dernière tendait au cours des siècles à devenir davantage un motif littéraire qu’une revendication réelle. En revanche, les complots des personnages de la cour – par exemple l’usurpation d’Avidius Cassius – n’étaient pas justifiés idéologiquement et visaient uniquement à prendre le pouvoir. Remarquons que les complots sénatoriaux sont rapportés par des historiens complaisants, au contraire des complots de la cour. Qui plus est, Avidius Cassius s’insurgea contre un empereur universellement considéré comme un modèle.

Les complots fréquents étaient menés par des personnages proches de l’empereur, c'est-à-dire de l’ordre sénatorial ou de l’ordre équestre102. Furius Camillus Scribonianus n’était pas isolé dans sa tentative d’usurpation contre Claude. Elle venait en réponse à la mort de Silanus103. Annius Vinicianus104 et quelques autres aidèrent le gouverneur de Dalmatie105. Suétone donne deux autres noms : Asinius Gallus et Statilius Corvinus106 ; selon Tacite, sa

102 Les deux ordres se confondaient quant à leurs idées. 103 Du mariage de Junius Silanus et d’Émilia Lepida, descendante directe d’Auguste par sa mère Julia, la petite fille d’Auguste, étaient nés cinq enfants dont trois fils. Les trois furent éliminés par Néron et Agrippine. Tibère exila son frère L. Iunius Silanus qui était marié avec la fille de Claude, Octavie. M. Iunius Silanus fut tué sur l’ordre d’Agrippine : elle redoutait qu’il venge la mort de son frère et qu’il puisse être un empereur plus expérimenté que Néron (Tac., An., XII, 1, 1-2). 104 L. Annius Vinicianus avait eu un rôle dans la conspiration contre Caligula. Il avait été l’ami de M. Aemilius Lepidus, tué par Caligula. Il eut un rôle important dans la conjuration de Cassius Chaerea. 105 D.C. , LX, 15, 1-16, 2 = 2-001. 106 Cl., 13 = 2-006. C. Asinius Gallus avait été un amicus d’Auguste puis de Tibère. Il avait épousé la fille d’Agrippa, de laquelle Tibère avait dû divorcer pour épouser Julia. Il était considéré plus ou moins comme un rebelle à l’époque de Tibère. Après la mort d’Auguste, Tibère se rendit au Sénat afin de se faire confirmer ses pouvoirs, et dit qu’il était inapte aux affaires publiques mais qu’il assumerait la charge qui lui serait confiée. Alors Asinius Gallus lui demanda quels pouvoirs il voulait se voir confiés. Tibère en fut déconcerté car « il ne convenait nullement à sa modestie de choisir ou d’écarter quelque élément dans un pouvoir qu’il préférait décliner en bloc. » (Tac., An., I, 12). Asinius Gallus se rattrapa en disant qu’il n’avait pas voulu l’amener à diviser ce qui était inséparable (« quae separari nequirent ») mais à reconnaître que l’État était un tout indivisible qui ne pouvait être gouverné par une seule personne. Selon M. Pani, La corte dei Cesari, Roma-Bari, Laterza, 2003, p. 95, il s’agissait d’une intervention qui aurait pu sembler « provocante ». Il eut un fils dont le praenomen est ignoré mais qui porte les mêmes nomen et cognomen. Ce dernier conspira avec Statilius Corvinus, un sénateur, petit fils de l’orateur Messala, deux fois consul. 38 mère Vibia aurait cherché à connaître la date de la mort de Claude afin que Scribonianus prépare sa conspiration à temps et son père l’aurait aidé en prenant les armes 107. Pline cite Paetus et Arria108. Sous le règne de Domitien, Arulenus Rusticus écrivit le panégyrique de Thrasea Paetus, il fut victime de la répression avec Herennius Senecio, qui avait écrit celui d’Helvedius Priscus, un philosophe stoïcien109. Les idées stoïciennes et sénatoriales de ces penseurs opposants se transmettaient. Tacite s’en montrait un grand admirateur. L’idéologie sénatoriale devint une sorte d’utopie en contradiction toujours plus grande par rapport au contexte. Au moment des invasions barbares, alors que le choix de l’empereur parmi les militaires répondait à une exigence d’efficacité, l’Histoire auguste déplorait la perte de la libertas. L’idéologie sénatoriale subsista vidée de son but : celui de proposer une alternative au principat. Elle devint un topos littéraires.

L’étouffement de la conspiration était le corollaire d’un régime fort. C’est ainsi que Tacite explique l’envoi de deux assassins au lieu de troupes : l’effet serait plus rapide (Claude

107 Tac., An., XII, 52, 1-6 = 2-008. 108 Ep., 16, 7 = 2-011. Caecina Paetus a été consul suffect en 37, il était le mari d’Arria Maior. Le gendre auquel Pline fait allusion était le sénateur P. Clodius Thrasea Paetus, qui avait été un ami de Vespasien avant qu’il arrive au pouvoir (Tac., H., IV, 7, 2) et qui fréquentait aussi le philosophe stoïcien Musonius Rufus. Il était considéré comme un révolté (Tac., An., XVI, 28, 1). Il eut aussi un rôle sous le règne de Néron. Celui-ci avait en effet des raisons de le détester : « il avait aussi des motifs particuliers contre Thrasea, parce que celui-ci était sorti du Sénat pendant la délibération sur la mort d’Agrippine, comme je l’ai rappelé, et parce que, au spectacle des Juvénales, il n’avait pas déployé un zèle assez voyant, et cette offense le blessait d’autant plus que le même Thrasea, se trouvant à Padoue, où il était né, aux jeux des cétacés, institués par le Troyen Anténor, avait chanté en costume tragique ; de plus, le jour où le préteur Antistius, coupable d’avoir composé des vers satiriques contre Néron, allait être condamné à mort, il émit et fit voter une motion moins rigoureuse ; enfin, alors qu’on décernait des honneurs divins à Poppée, il était volontairement absent, et il n’avait pas assisté aux funérailles. » Le comportement de Thrasea Petus ne touchait pas la politique générale de l’empereur mais sa personne, sa majesté : la divinité de la famille impériale (avec une allusion à la lex maiestatis), l’aspect visuel du programme de Néron. De même, il était accusé de refuser de prêter serment au début de l’année, de faire des vœux et des sacrifices pour l’empereur, d’absentéisme au Sénat – assemblée qui votait les honneurs aux empereurs (Tac., An., XVI, 21-22). Il fut accusé en même temps que Barea Soranus. Barea Soranus avait été mis en accusation au sortir de son proconsulat d’Asie pour avoir été ami de Rubellius Plautus, avoir tenté de rallier sa province à une révolution (spes noua) à laquelle aurait pu participer Corbulon (Tac., H., 23, 1-2) et note 14 p. 227. Il était le gendre d’Helvedius Priscus (Tac., An., XVI, 35, 1-4) qui avait été banni d’Italie sous le règne de Néron et se suicida et fit de son sang une libation à Jupiter Libérateur. 109 Tac., Agr., 2, 1. 39 comptait sur le fait que les troupes seraient désorientées après la mort de leur chef) et la discrétion maximale110. Claude montrait la faiblesse des conjurés contre lesquels il n’était pas nécessaire d’envoyer une armée. « Néron fut renversé par des messages et des rumeurs plutôt que par les armes111. » Claude, pour montrer la force de son armée, sa fidélité et pour éviter qu’un tel incident se reproduise, envoya deux légions en Mésie inférieure112.

Les complots étaient formés autour d’une continuité d’idées et de personnes. M. Pani explique la continuité des complots entre les règnes des trois empereurs par le « débat constitutionnel qui se déroula à Rome… surtout en référence à deux moment. Le premier coïncide évidemment avec la mort d’Auguste. Bien que les désirs d’Auguste eussent été clairs, il fallait affronter le problème de la première succession, et donc de fonder l’institution du principat. L’autre coïncide avec la mort violente et imprévue de Caligula, qui laissait l’empire sans successeur après la fin des Julio-Claudiens113. » Deux tendances s’opposaient : certains voulaient restaurer la République, d’autres créer le gouvernement d’un seul, d’autres encore une oligarchie. Le principat mit plusieurs décennies à être fondé. L’aspect formel fut réglé assez tôt : César puis Octave-Auguste décidèrent de ce qui fut les insignes impériaux ; César aspirait à la monarchie, Auguste corrigea cette tendance. Tel est le sens de l’intervention d’Asinius Gallus devant Tibère et le Sénat : il voulait faire avouer à l’empereur que le principat était réellement fondé et qu’il se définissait comme une monarchie. La demande concernant les pouvoirs insinuait que l’empereur se les choisissait. Les acteurs de ce débat étaient apparentés par des liens familiaux, par les liens de la clientèle et de l’amicitia. La transmission de la clientèle faisait partie de l’héritage. Ces liens impliquaient une identité des amitiés et des inimitiés : des partis se créaient. Orose parle d’une chaîne du crime unissant la noblesse114. Pour certains historiens, la république était lointaine115. Peut-être la constatation

110 Tac., H., II, 75, 1-3 = 2-010. 111 Tac., H., I, 89, 2 = 2-009. 112 D.C., LV, 23, 2-6 = 2-012 113 M. Pani, La corte dei cesari, Rome-Bari, Laterza, 2003, p. 90 (trad. personnelle). 114 Oros., VI, 17, 5-6 = 1-073 115 La dernière tentative de restauration de la république date de la mort de Caligula: le Sénat se réunit afin de débattre du type de régime à installer et de son éventuel chef. Les prétoriens prirent la situation en main et acclamèrent Claude empereur (D.C., LX, 1). Quant aux choix de Maxime et Balbin par le Sénat, sous certains aspect il pourrait sembler davantage guidé par des raisons pratiques (faire face à la fois à la lutte contre les barbares et à la prévention des insurrections à Rome). 40 de Tacite selon laquelle Nerva avait « combiné des régimes jadis incompatibles, le principat et la liberté116 » doit-elle être interprétée de la sorte : il s’agirait en fait de l’aveu des concessions accordées par le Sénat (ou plutôt extorquées au Sénat).

De même, il est capital de souligner que nous ne possédons que la vision de l’élite romaine, c'est-à-dire des sénateurs et des chevaliers. Ils ont tendance à se placer en hérauts du peuple romain. Tacite écrivait, à propos des autodafés, que sous le second triumvitat « apparemment on croyait étouffer par le feu la voix du peuple romain, le franc parler du Sénat et la conscience du genre humain117. »

Philostrate, dans son récit de la guerre civile de 68-69, fait allusion à Musonius (Rufus) qui avait été emprisonné et qui depuis sa prison avait eu un échange de correspondance avec Apollonius de Tyane. Damis avait même pensé que le gouverneur de la Bétique – c’est à dire Galba – et Apollonius avaient monté un complot contre Néron : en effet, ils s’étaient rencontrés à Gades. Ils étaient au courant de quelque chose concernant Vindex avant qu’il se révolte118. Tigellin le faisait espionner plus pour la conspiration que pour ses prédictions119. Philostrate insiste sur le rôle d’Apollonius de Tyane quant aux conseils de bon gouvernement et aux prédictions pour Vespasien, de telle sorte qu’on pourrait penser que la conspiration avait en premier lieu le but de remplacer Néron par Vespasien. Mais ce serait négliger l’idéal républicain (ou du moins sénatorial) qui animait Vindex et Galba. Vespasien n’accéda au pouvoir qu’après une guerre civile particulièrement sanglante et se légitima en se rattachant à Galba et à Auguste, symboles de cet idéal sénatorial. Une conspiration avait déjà eu lieu sous le règne de Néron, elle avait peut-être comme but de mettre Sénèque au pouvoir120.

116 Tac., Agr., 3, 1. 117 Tac., Agr., 2, 2 : « Scilicet illo igne uocem populi Romani et libertatem senatus et conscientiam generis humani aboleri arbitrabantur, explusis insuper sapientiae professoribus atque omni bona arte in exilium acta, ne quid usquam honestum occurreret. » 118 Philstr., V, 10 = 2-227. 119 Philstr., IV, 43 = 3-224. 120 Epictète, Entretiens, I, 1, 26-32; Tac., An., XV, 65. 41 2. Essai d’analyse historique et prosopographique

Galba était un parent éloigné de Catulus et de Livie ; elle l’aida à être élu consul après qu’il eût vécu au palais121. Il commença sa carrière sous Tibère122. Il dut son consulat, qu’il remplit en 33, à Livie123 : il avait été élevé au Palatium. À la mort de Caligula, certains de ses amis l’avaient poussé à prendre le titre impérial mais il préféra s’en abstenir124. Pourtant, tout jouait pour lui : issu d’une illustre famille, les dieux et Auguste lui-même lui fournirent des présages125. Puis, il fut accueilli à la cour de Claude126 : l’empereur avait compris qu’il fallait mieux l’avoir avec soi que contre soi : les amis auxquels Suétone fait allusion constituaient sans doute sa cohors amicorum, sa cour privée qui le suivait dans ses gouvernements et le conseillait ; qui était capable de remplacer celle de l’empereur en cas de changement de gouvernement. Malheureusement, nous n’avons pas de noms, mais il serait peut-être possible de reconstituer cet entourage à partir de ses partisans quand il fut nommé empereur. Dès que le pouvoir de Néron fut affaibli, Nymphidius Sabinus, le second préfet du prétoire (l’autre était Tigellin, le favori de Néron) paya les soldats afin qu’ils proclament Galba empereur, convaincu que Néron se préparait à fuir en Égypte127. Vindex, qui était propréteur de Gaule, lui envoya une lettre l’avisant de sa défection, ce qui montrait qu’ils avaient des rapports plutôt confiants128.

Othon aussi appartenait à la cour. Fils de chevalier, il devint sénateur grâce à la faveur de Livie dans la maison de laquelle il avait été élevé129. Tacite nomme dans son entourage « les affranchis et les esclaves », les « astrologues » (mathematici) qui agitaient aux yeux

121 Plut., Galb., 3, 1-5, 6 = 3-007. 122 Il avait été préteur sous Tibère puis gouverneur proprétorien de l’Aquitaine, élu consul en 33, légat de la Germanie Supérieure. 123 Plut., Galb., 3, 1-5, 6 = 3-007. 124 Suet., Galb., 7, 1 : « Caede Gai nuntiata multis ad occasionem stimulantibus quietem praetulit. » 125 Suet., Galb., 2-4. 126 Suet., Galb., 7, 1 : « Per hoc gratissimus Claudio receptusque in cohortem amicorum tantae dignationis est habitus, ut cum subita ei ualitudo nec adeo grauis incidisset, dilatus sit expeditionis Britanniae dies. » 127 Plut., Galb., 2, 1-2 = 3-170. 128 Plut., Galb., 3, 1-5, 6 = 3-007. 129 La maison de Livie se situe sur le Palatin, à l’Est de la maison d’Auguste. Suet., Otho., 1. 42 d’Othon les fastes qu’il avait connus à la cour de Néron130. Il avait avec lui l’ancienne cour (prona aula) et les soldats voyant en lui un nouveau Néron131. Apparemment, il était davantage assuré du pouvoir que Galba. Néron lui avait fait épouser Poppée, après l’avoir volée à son mari. Othon avait vis-à-vis d’elle un rôle de protecteur, mais malheureusement pour lui, il s’en éprit. Pour l’éloigner, Néron l’envoya en Lusitanie en tant que légat d’Auguste propréteur de rang prétorien. Apparemment, certains personnages de la cour le suivirent et sous le règne de Galba, lui faisaient miroiter la possibilité de lui succéder. Plutarque explique le soutien qu’Othon offrit à Galba aussi par le fait qu’il était son plus proche voisin : Galba avait été nommé par Néron gouverneur de la Tarraconnaise132. Othon fut acclamé empereur à Rome alors qu’il accompagnait Galba dans un sacrifice. Ce fut l’haruspice, Umbricius, produisit le signal, en « déclar[ant] que les entrailles des victimes [étaient] de funeste augure133 ». Ce signal fut utilisé par un de ses affranchis, Onomastus. Plutarque donne deux autres noms, « Veturius et Barbius, l'un optio et l'autre tesséraire (ainsi appelle-t-on ceux qui font office de messagers et d'observateurs)134 » et parle de la préparation qui eut lieu (par le biais de l’argent) au camp des prétoriens. Le récit de Plutarque pourrait faire douter davantage de l’honnêteté d’Umbricius135 et ouvrir une réflexion sur l’utilisation des signes divins au service de la légitimation des empereurs. La présence de la légion d’Illyrie qui « campait sous le portique dit de Vipsanius136 » et le meurtre de Galba et de Pison qui suivirent ces événements marquèrent le début de la guerre civile. La mise hors la loi de Galba dès qu’Othon fut acclamé par les prétoriens fut concrétisée par le cri unanime des cavaliers et des fantassins « Hors d'ici, ce citoyen !137 » Les militaires ne représentaient ni le peuple, ni le Sénat mais leur accord montrait la mise en place de deux légitimités différentes qui ne pouvaient se résoudre que dans la guerre civile, dans le cas de Galba par la continuité

130 Tac., H., I, 22, 1-23, 1 = 3-137. 131 Tac., H., I, 13, 4 = 3-139. 132 Plut., Galb., 20, 1-7 = 3-138. 133 Tac., H., I, 27, 1-2 = 3-119. 134 Plut., Galb., 24, 1-25, 4 = 3-120. 135 « Le sacrificateur Umbricius n'eut pas plus tôt pris en main les entrailles de la victime qu'il déclara sans ambages et très nettement voir les signes d'un grand bouleversement et d'une trahison qui mettait en danger la tête de l'empereur. » 136 Plut., Galb., 25, 7-9 = 3-121. 137 Plut., Galb., 6, 5 = 3-122. 43 avec un « successeur » ou une personne qui se désigna comme telle, Vitellius138 puis Vespasien. Tacite remarquait que tout cela n’était que fiction, un moyen de faire croire (« si placere…crederentur »139) aux Romains que Vitellius serait un aussi bon empereur que Galba.

Le grand père de Vitellius avait été procurateur d’Auguste. Le premier de ses quatre fils avait été consul en 42 avec Domitius Corbulon, père de Néron. Son autre fils Lucius avait été gouverneur de Syrie à la fin du règne de Néron ; il fut le premier à adorer Caligula comme un dieu140. Il fut trois fois consul et censeur. Son fils Lucius Vitellius vécut à la cour depuis son enfance.

Vespasien avait aussi appartenu à la cour. Son amante Caenis était secrétaire d’Antonia Minor. Il était un client de Lucius Vitellius141. M. Pani note un rapport entre la présence d’A. Plautius en Bretagne et l’acclamation de Vitellius : la famille des Plautii avait un rapport dans son accession à l’empire142. Et la femme d’un Plautius, Urgulania143, était amie de Livie. Vespasien fut acclamé empereur alors qu’il était à Alexandrie, envoyé par Néron pour terminer la guerre des juifs, à l’instigation de Mucien144.

Nous savons peu de choses sur l’usurpation de Lucius Antonius Saturninus sous le règne de Domitien. L’Histoire Auguste rapporte trois fois la même chose. Suétone écrit que Domitien en connut la nouvelle en avance grâce à des présages145 ; nous devrions plutôt y voir

138 Tac., H., III, 7, 3 = 3-146, RIC 9, 49, 69, 79, 104, 128 = 3-147 à 3-152. Vitellius se présente en tant qu’héritier du programme politique de Galba, en tant que restaurateur de la libertas c'est-à-dire des prérogatives sénatoriales oubliées sous Néron. 139 Tac., H., III, 7, 3 = 3-146. 140 Suet., Vit., 2, 5. 141 Tac., An., III, 66, 3. 142 M. Pani, La corte dei Cesari fra Augusto e Nerone, Rome-Bari, Laterza, 2003, p. 42. Suet., Vesp., 4 : « Claudio principe Narcissi gratia legatus legionis in Germaniam missus est ; inde in Brittaniam translatus tricies cum hoste conflixit. Duas ualidissimas gentes superque uiginti oppida et insulam Vectem Brittaniae proximam in dicionem redegit partim Auli Plauti legati consularis partim Claudii ipsius ductu. » 143 Tac., An., II, 34 et IV, 22. Elle était la femme de M. Plautius (généalogie dans PIR P 361). 144 D.C., LXIV, 8, 31- 9, 2 = 3-201. 145 Dom., IV, 43 = 4-005 44 l’œuvre d’un délateur. La conspiration était une excellente manière de se refaire une légitimité religieuse. Une conspiration sénatoriale eut aussi probablement lieu sous le règne de Domitien : il mit tous les coupables à mort. Suétone cite Civica Cerealis, Salvidienus Orfitus, Acilius Glabrio, Aelius Lamia, Salvidius Cocceianus, Sallustius Lucullus, Junius Rusticus, Helvidius le fils d’Helvedius Priscus, Flavius Sabinus146. Elle avait peut-être un rapport avec la conspiration de Saturninus. Il rapporte que Domitien fut « beaucoup plus féroce après la répression de la guerre civile » d’Antonius Saturninus, mais ne donne pas de noms147. Nous savons peu de choses quant à cette révolte, l’Histoire auguste rapporte trois fois la même chose mais ne nous apprend rien148.

146 Á cette époque, Civica Cerealis était proconsul d’Asie. Ser. Cornelius Scipio Salvidienus Orfitus était un consulaire et fut consul suffect à une date imprécise sous les Flaviens. Il prépara une conjuration en 93 et fut exilé sur une île (Philstr., Apol., VII, 8, 33) puis il fut tué en exil comme on l’accusait de préparer une révolution. Il était un ami du futur empereur Nerva et d’Apollonius de Tyane (PIR 2 C 1445). Acilius Glabrio fut exilé en 95 puis tué car il était accusé de conspiration contre Domitien (PIR A 67). L. Aelius Lamia Plautius Aelianus était le mari de la fille de Corbulon (mentionné dans Tac., H., II, 76, 1-77, 4 = 3-211), Domitia Longina. Il fut consul suffect en 80 (PIR A 205). Salvidienus Cocceianus était en réalité L. Salvius Otho Conneianus, frère d’Othon, qui était très jeune en 69 (Tac., H., II, 48) fut tué par Domitien car il célébrait le jour de l’anniversaire de son père (Suet., Dom., 10 ; PIR S 110). Les Romains fêtaient leur anniversaire mais le culte des morts était rendu le jour de la mort du défunt. Seul l’empereur divinisé recevait un culte le jour de son anniversaire : cela équivalait à dire qu’il n’était jamais mort. Cette pratique était hautement subversive : personne à part l’empereur ne pouvait être diuus. Sallustius Lucullus avait été légat d’Auguste propréteur de Bretagne sous Domitien (PIR S 63). Junius Rusticus (Iunius Arulenus Rusticus, PIR I 730) fut tribun de la plèbe en 66, préteur en 69, il était légat de Vitellius quand il fut blessé par les armées flaviennes. Il devint consul suffect en 92. Ce philosophe stoïcien publia des louanges de Paetus Thrasea et d’Helvedius Priscus (voir plus bas pour leurs biographies). C. Helvedius Priscus (le père d’Helvedius) avait été exilé en 66 pour cause d’entente avec Thrasea Paetus (Tac., H., IV, 6 ; An., XVI, 18, 33, 25 ; PIR H 59). Son fils avait épousé la fille de Thrasea et d’Arria, Fannia (Tac., H., IV, 5, 2 ; Plin., Epist., IX, 13, 3 ; PIR H 60). Il fut tué par Domitien parce qu’il avait écrit une pièce de théâtre critiquant à mots couverts son divorce. Il était aussi très ami de Pline (Epist., IV, 21, 3 ; III, 11, 3), qui composa un libelle sur sa mort (Epist., VII, 30, 4-5 ; IX, 13 ; IV, 21, 3). Flavius Sabinus était le fils du frère de Vespasien (PIR F 355), qui aida Domitien à s’enfuir lors de l’incendie de Rome, il fut consul ordinaire avec Domitien en 82, ce qui était une très grande marque de faveur. Suétone rapporte qu’il fut tué « parce que, le jour des élections où il fut désigné consul, le crieur se trompant de titre l’avait annoncé au peuple non comme consul, mais comme empereur », ce qui était un indice de conspiration. 147 Suet., Dom., 10, 4-8 = 4-006. 148 H.A., Tyr., 1, 1 = 4-002 ; Alex.Sev., 1, 6-7 = 4-003 ; Nig., 9, 1-3 = 4-004. 45 L’Histoire Auguste attribue un rôle à Faustine dans l’usurpation d’Avidius Cassius ; mais il ne s’accorde pas avec la manière dont Marc Aurèle en parle dans ses Pensées149. Avidius Cassius, « à ce que certains prétendent, se proclama empereur avec l'accord de Faustine qui considérait comme désespéré l'état de santé de son mari. Mais d'autres disent qu'il le fit après avoir propagé le bruit de la mort de Marc et l'avoir proclamé « divin150 ». Son fils, Maecianus, et la personne qu’il avait nommé préfet du prétoire, qui eurent sans doute un rôle dans la révolte, furent tués lors de la répression. Il « s'était montré un homme excellent, de la sorte ce ceux que l'on souhaitait avoir comme empereur, mis à part le fait qu'il était le fils d'un certain Héliodorus, qui avait été récompensé de son habileté oratoire par le gouvernement de l'Égypte151. » Les soldats de Pannonie l’acclamèrent tout de suite empereur, dès que la fausse nouvelle de la mort de Marc Aurèle fut arrivée : son acclamation avait été préparée, non seulement à la cour avec la complicité de Faustine mais aussi parmi les armées152.

Pertinax était un sénateur153. Il était présenté comme ayant un mode de vie traditionnel154. La première chose qu’il fit fut de se rendre au Sénat afin qu’il lui confirme son acclamation155 après avoir donné l’illusion d’un refus du pouvoir. Laetus et Eclectus lui offrirent le pouvoir « en raison de [s]a vertu et de [s]a dignité. » Le choix du Sénat semblait déterminant. Une fois Commode tué, Pertinax se rendit au camp et puis au Sénat et « il dit qu'en raison de son âge, de son incompétence et de la difficulté du gouvernement, il cédait l'empire. Mais comme il était loué et approuvé par le Sénat, il fut nommé empereur156. » En réalité, l’aval de l’armée avait tout conditionné. Les conjurés avaient été obligés de faire

149 I, 17 : « Avoir eu une femme comme la mienne, si obéissante, si tendre, si simple. » 150 H.A., Marc., 24, 5-25, 12 = 5-003. 151 D.C., LXXII, 21, 17-22, 24, 4 = 5-013. C. Avidius Heliodorus était un rhéteur originaire de Syrie (D.C., LXXI, 22, 2, PIR A 1405), il fut ab epistulis d’Hadrien, préfet d’Égypte. Il était un familier de l’empereur Hadrien. L’H.A. jugeait probablement une origine équestre insuffisante pour accéder au pouvoir. Avidius Cassius appartenait à l’ordre sénatorial. 152 Le rôle des armées de Pannonies citées par Hérodien de comprend. Avidius Cassius avait été chargé de combattre les Sarmates en 175. 153 Aur. Vict., 17, 10 = 7-014. Juste avant son acclamation il était préfet de la Ville. 154 D.C., LXXIII, 3, 1-4 = 7-015 155 Hdn., II, 3, 2-4 = 7-016. 156 Zon., XII, 601, 6 = 7-008 46 courir le bruit que Commode était mort de naturelle car les soldats n’auraient pas supporté la nouvelle de son assassinat157. L’accession à l’empire de Pertinax n’était pas si idéale qu’Hérodien la présente : il fut obliger d’acheter les soldats, il reconnaissait avoir été nommé d’abord par eux. Il entra au Sénat après et « il dit à l'improviste : « J'ai été nommé empereur par les soldats ; quoiqu'il en soit, je ne veux pas cet office et je dois le résigner aujourd'hui158… » » Les différents textes étaient sans doute issus de traditions différentes. Ce que voulaient les sénateurs se distinguait de la réalité. L’avènement de Pertinax fut préparé par Laetus et par Eclectus159. Eclectus était un affranchi de Lucius Verus d’origine égyptienne ; il avait été au service de M. Ummidius Quadratus160, le petit fils adoptif de la sœur cadette de Marc Aurèle, Annia Cornificina Faustina161. Par le biais du préfet du prétoire Tarrutenius Paternus, ils avaient avec eux la force armée162. L’exécution de Commode fut confiée à Claudius Pompeianus Quintianus, un parent du mari de Lucilla163. Leurs partisans aidèrent Pertinax à offrir de l’argent aux soldats164. Pertinax remplissait une magistrature importance : le préfet de la ville était proche de l’empereur mais ne commandait pas de légions. Le récit d’Aurelius Victor pourrait laisser penser à quelque chose de préparé quant au Sénat et au peuple165 : tout fut réglé rapidement, sans protestation aucune. Les historiens ne citent pas beaucoup de partisans de Pertinax : Ti. Claudius Pompeianus réintégra la vie

157 Hdn., II, 1, 3-4 = 7-009. 158 D.C., LXXIII , 1, 1-5 = 7-011. 159 H.A., Ver., 9, 5 et Hdn., I, 17, 6. 160 P.I.R. III, 603. Il est mentionné par Hdn., I, 8, 4 ; H.A., Commod., 4 ; D.C., LXXII, 4. 161 Elle avait épousé un sénateur homonyme, P.I.R. III, 601. 162 H.G. Pflaum, « La valeur de l’information historique de la uita Commodi à la lumière des personnages nommément cités par le biographe », BHAC 1970, 1972, p. 204 et id., Les carrières procuratoriennes équestres sous le Haut-Empire romain, t. 1, Paris, Librairie Orientaliste Paul Geuthner, 1960, n° 172, p. 420-422. Il ne nous est connu que par les sources littéraires ; la reconstruction de son cursus honorum est donc partielle. 163 P.I.R. II2, n° 975. Il était à la fois le mari de Lucilla, fille de Lucius Verus et de Lucilla, fille de Marc Aurèle et l’amant de la femme de Lucius Verus (D.C., LXXII, 4, 4). 164 D.C., LXXIII, 1, 1-5 = 7-011. 165 Aur., Vict., Caes., 17, 10 = 7-014 : « Quo cognito, senatus, qui ob festa Ianuariorum frequens primo luci conuenerat, simul plebes hostem deorum atque hominum radendumque nomen sanxere; confestimque praefecto Vrbi Aulo Heluio Pertinaci imperium defertur ». 47 politique qu’il avait volontairement quittée sous le règne de Commode166 et Acilius Glabrio167 rentra en grâce : Pertinax se rattachait au (bon) règne de Marc Aurèle.

L’Histoire auguste est la seule source rapportant que Didius Julianus fut élevé chez la mère de Marc Aurèle, Domitia Lucilla minor, qui était aussi la demi-sœur d’Hadrien168. Grâce à son appui, il devint uigintiuir et poursuivit une bonne carrière. Si réellement il avait bénéficié d’un appui à la cour, il était logique qu’il se pose en rival de Sulpicianus, le gendre de Pertinax. Il n’acheta pas l’empire sur un coup de folie comme l’affirmait Zosime, pas plus que sous pression de sa femme169. Il acheta les soldats, ses prédécesseurs n’en firent pas moins. T. Flavius Sulpicianus quant à lui n’avait pas plus de chances d’accéder au trône que les gendres de Marc Aurèle170. La bonne carrière qu’il avait mené grâce à de puissants soutiens lui avait fait penser à l’empire bien avant : Commode, au courant de ses menées, l’exila à Milan171. Clodius Albinus aussi bénéficiait de bons appuis : ses parents Lollius Serenus172, Baebius Maecianus173 et Ceionius Postumianus174 l’aidèrent à se faire connaître des

166 Le fait de s’écarter de la cour montrait sa défiance vis-à-vis du régime, cette action faisait entrer dans l’opposition. Ti. Claudius Pompeianus (PIR C 973) épousa Lucilla, la fille de Marc Aurèle, après la mort d’Avidius Cassius (début 169). Il fut consul ordinaire en 173, Marc Aurèle lui confia les guerres contre les barbares. 167 M. Acilius Glabrio (PIR A 69) fut consul ordinaire avec Commode en 186. Nous ne savons pas de quoi il fut accusé par Commode mais il entra en disgrâce. Il disait descendre d’Énée (Hdn., II, 3, 4). 168 H.A., Did., 1, 3-3, 9 = 7-031. L’Histoire auguste est la seule source à mentionner cela. 169 Zos., I, 7, 1-I, 8, 2 = 7-033. La folie devient un conseil chez Hérodien (II, 6, 4-12 = 7-034). 170 Ti. Claudius Pompeianus, le mari de Lucilla (qui avait d’abord épousé Lucius Verus – H.A., Marc., 9, 4) ne fut pas pressenti par Marc Aurèle pour la succession. Marc Aurèle savait que Commode lui succéderait et il le montra à l’empire en lui conférant des honneurs dès son plus jeune âge, il le fit participer à son triomphe sur les Parthes alors qu’il n’avait que cinq ans (H.A., Marc., 12, 10). En réalité, les gendres de Marc Aurèle étaient censés veiller sur Commode et le conseiller dans le cas où il aurait rêgné jeune (Hdn., II, 2, 2 ; H.A., Comm., 2, 6). Sulpicianus n’avait pas ce rôle, mais aucune source ne mentionne qu’il eut été choisi comme successeur par Pertinax. Il avait mené une bonne carrière dont seule la fin est connue : consulaire, frère arvale, proconsul d’Asie sous Marc Aurèle ou sous Commode, Pertinax le choisit comme préfet de la ville (D.C., LXXIII, 7, 7 et 11, 5). Il fut tué par Septime Sévère une fois qu’il eut vaincu Clodius Albinus (D.C., LXXV, 8, 4 ; H.A., Sev., 13, 3 : Claudius Sulpicianus sans doute, PIR F 373). 171 D.C., LXXIII, 11, 1-12, 4 = 7-037. Il était aussi originaire de Milan (D.C., LXXIII, 11, 2 ; Aur. Vict. (-Ps.), Caes., 19, 1 ; H.A., Albin., 1, 2). 172 « Suspectae fidei », car mentionné uniquement par l’ H.A., Albin., 6, 1-6 = 7-054. PIR L 325. 173 Connu uniquement par l’H.A. 174 « Suspectae fidei », lui aussi connu uniquement de l’H.A., PIR C 607. 48 Antonins. Il fit une bonne carrière. L’Histoire auguste rapporte qu’il fut nommé César par Commode et par Septime Sévère175. En réalité, il ne le fut que par Septime Sévère176. Quoiqu’il en soit, il est probable que, même si les motivations de l’Histoire auguste nous sont inconnues dans cette affirmation, Clodius Albinus tenta de reprendre l’idéologie herculéenne de Commode177. Cette explication pourrait concorder avec une autre affirmation de l’Histoire auguste soulignant le lien entre les familles de Clodius Albinus, qui était très ancienne, et celle de Commode178.

Septime Sévère poursuivit une bonne carrière : par une décision de Marc Aurèle, il devint tribun de la plèbe, puis Commode le choisit pour le consulat179. Il était allié de Nonius Murcus : tous deux, selon l’Histoire auguste, avaient en commun un fort dénigrement pour Clodius Albinus180. Les inimitiés, sous le principat, tissaient bien souvent des liens : l’Histoire auguste inventait des noms mais les phénomènes qu’elle décrivait étaient bien réels.

Macrin était originellement un affranchi impérial employé au Palais par Commode181. À la cour, il rencontra Plautien et les princesses Syriennes182. Ainsi, il devint préfet du prétoire183. Il sut s’entourer de partisans qui conspirèrent avec lui en vue du meurtre de Caracalla : Adventus, deux tribuns de la garde prétorienne, Nemesianus et Apollinaris, Julius Martialis184. Pour la première fois, une cause extérieure à l’empire était mentionnée dans l’avènement d’un empereur. Selon Hérodien, il fut choisi parce que l’empire ne pouvait pas

175 H.A., Albin., 1, 3-3, 5 = 7-057 ; 13, 3-14, 2 = 7-064 ; Nig., 4, 7 = 7-058 ; Hdn., II, 15, 1-6 = 7-059 ; Zon., XII, 604, 7 = 7-060. 176 Septime Sévère voulait se le concilier en attendant de vaincre Pescennius Niger (D.C., LXXV, 4, 1-5, 3 = 7- 065). ILS 414 = CIL 14, 6 ; ILS 415 = CIL 11, 3201. 177 RIC 21 = 7-063. 178 H.A., Albin., 7, 2-6 = 7-056. 179 H.A., Sev., , 1-3 ; 4, 2 et 4, 4 = 7-097. 180 H.A., Albin., 1, 3-3, 5 = 7-057. Nonius Murcus est inconnu par ailleurs (PIR N 147). 181 H.A., Macr., 4, 2-5 = 8-010. 182 D.C., LXXVII, 11, 1-3 = 8-014 ; Hdn., V, 3, 9-12 = 8-031. 183 H.A., Macr., 2, 1-4 = 8-035. 184 Hdn., III, 12, 1-13, 2 = 8-002 ; Zon., XII, 614, 12-13 = 8-003 ; D.C., LXXVIII, 5, 1-5 = 8-004. 49 rester sans chef, à la veille de l’attaque d’Artaban185. Adventus186 fut même pressenti en tant que militaire efficace, mais il était vieux, et n’avait sûrement pas tous les appuis que Macrin avait à la cour (les personnages influents étaient capables d’influencer les militaires). Dion Cassius mentionne un devin et Flavius Maternianus à qui il envoya sa prédiction concernant Macrin, en plus d’un Ulpius Julianus qui lui aussi reçut une lettre187.

Maximin fut favorisé dans sa carrière par Alexandre Sévère : au moment où il usurpa le trône, il était ainsi tribun de la quatrième légion188. Si l’on suit une des deux versions données par l’Histoire auguste quant à la mort d’Alexandre Sévère, Maximin avait su se concilier des tribuns barbares189 ; lui-même étant semi-barbare (semibarbarus), il ne pouvait pas avoir d’appuis sénatoriaux190. Les causes du meutre d’Alexandre Sévère et la guerre civile qui s’en suivit étaient clairement présentées comme liées aux invasions barbares : sa mère le poussait à mettre fin à la guerre germanique191.

Il était donc logique que les sénateurs se révoltent. La conspiration de Magnus trouvait plusieurs explications au sein de l’Histoire auguste : parce que Maximin était un barbare, parce que Magnus, réduit à la condition privée, craignait une mort violente ou agissait sous la

185 Hdn., IV, 14, 1-2 = 8-005. 186 PIR O 9. Il avait été préfet du prétoire avec M. Opellius Macrin, il accompagnait Caracalla dans son expédition contre les Parthes. Il avait commencé sa carrière en combattant parmi les speculatores, puis il fut centurio frumentarium, princeps castrorum peregrinarum, procurateur d’Auguste en Bretagne sous L. Alfenius Senecio. 187 D.C., LXXVIII, 4, 1-5, 1 = 8-006. Flavius Maternianus (PIR F 317) était considéré par Caracalla comme son ami le plus fidèle et la seule personne avec laquelle il pouvait partager ses secrets (Hdn., IV, 12, 4). Il commanda les cohortes urbaines (D.C., LXXVIII, 4, 2). Macrin le tua après l’épisode de la lettre (D.C., LXXVIII, 15, 3 ; Hdn., IV, 13, 1). Ulpius Julianus (PIR V 555) fut princeps peregrinorum sous Caracalla, a censibus, puis préfet du prétoire sous Macrin avec Iulianus Nestor (D.C., LXXVIII, 15) ; en 218 il resta fidèle à Macrin et fut tué pour cela. 188 H.A., Maxim., 5, 1-7 = 11-015 189 H.A., Maxim., 7, 4-8, 1 = 11-010 190 Jord., Goth., XIV, 82-XV, 88 = 11-016 191 H.A., Alex.Sev., 59, 2-8 = 11-008 ; 63, 5-64, 5 = 11-005. 50 pression de l’armée192. Hérodien cite parmi les conjurés le Sénat et plusieurs centurions193. Les sénateurs ne pouvaient pas être proche de cet empereur issu des humiliores et jamais présent à Rome. Magnus peut être identifié avec C. Petronius Magnus, l’un des chefs du parti sénatorial194. Quartinus, lui aussi consulaire, s’insurgea car il avait été chassé de l’armée par Maximin, en tant qu’ami d’Alexandre Sévère195. L’Histoire auguste révèle qu’ « on insinue toutefois que c'est lui qui aurait inventé ce complot afin de donner plus large prétexte à sa cruauté. Quoiqu'il en soit, il mit à mort tous les conjurés sans jugement, sans accusation, sans délateur, sans défenseur et confisqua les biens de tous ; il y eut plus de quatre mille victimes, ce qui ne suffit pas à le satisfaire196. » L’auteur, probablement issu du milieu sénatorial, était particulièrement hostile à Maximin. C’était une manière pour lui de l’accuser de cruauté. Mais ces répressions ont réellement eu lieu, en témoignent l’inscription mentionnant C. Petronius Magnus et le texte d’Hérodien197. De cette manière, Maximin se débarrassait d’une parti de l’opposition sénatoriale et asseyait son pouvoir. La théorie du complot peut être la seule explication avancée lorsqu’on manque d’indices.

L’incident de février 238 et ses conséquences – l’acclamation des deux premiers Gordiens, la révolte de l’Afrique puis la révolution – sont disproportionnés. X. Loriot se pose la question : « Comment se fait-il que les Patres n’aient pratiquement pas hésité à cautionner un soulèvement dont les chances de succès pouvaient à première vue sembler bien aléatoires ? Auraient-ils donc disposé sur l’état d’esprit des gouverneurs de provinces et des chefs militaires d’informations plus complètes que n’en pouvaient contenir les messages que leur avaient fait parvenir Gordien198 ? » P.W. Townsend remarque qu’un groupe de sénateurs influents étaient présents à Rome199. Mais aucune de nous sources ne fait allusion à une entente ou même à des contacts entre ces personnages. Zonaras écrit que les Gordiens ont été

192 H.A., Maxim., 10, 1-6 = 11-040 ; Tyr., 32, 1 = 11-041. Magnus (PIR M 100) est peut-être à identifier avec Petronius Magnus, préteur sous Caracalla. H.G. Pflaum, Marbre de Thorigny, Paris, Champion, 1948, p. 46. 193 Hdn., VII, 1, 5-8 = 11-042. 194 CIL 9, 338 n° 14 ; H.G. Pflaum, Le marbre de Thorigny, Paris, Champion, 1948, p. 37-49. 195 Hdn., VII, 1, 9-11. 196 H.A., Maxim., 10, 1-6 = 11-040 197 VII, 1, 5-8 = 11-042. 198 X. Loriot, « Les premières années de la grande crise du IIIe siècle : De l’avènement de Maximin le Thrace (235) à la mort de Gordien III (244) », ANRW II, 2, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1975, p. 691. 51 entraînés à la révolte contre leur gré200. Il s’agit probablement du traditionnel refus du pouvoir qui permettait de mobiliser un consensus. L’empereur, afin de montrer qu’il faisait l’unanimité, incitait ceux qui l’avaient acclamé, ainsi que d’autres, à le rappeler. Peut-être n’était-il plus compris à l’époque de l’historien. Zonaras mourut vers 1130. L’histoire auguste remarque que Maximin martyrisait soldats et sénateurs, ils préparèrent un complot. Ce complot se servit, et vice-versa, d’un événement survenu par hasard mais inspiré par le mécontentement général : des membres de la plèbe rural et quelques soldats tuèrent un procurateur du fisc201. Aurelius Victor rapporte que Gordien fut appelé en Afrique tamquam ea re creatus foret202, ce qui semble difficile car il y était déjà, étant gouverneur. Hérodien rapporte que cette révolte fut avant tout le fait de jeunes gens nobles 203 qui gagnèrent tous les mécontents à leur cause. Le choix de Gordien était naturel car il représentait la plus haute autorité dans la province et de plus il s’opposait plus ou moins ouvertement à Maximin. Sénateur, il ne pouvait être un partisan de Maximin. Selon H. Grégoire et P.W. Townsend, les chrétiens auraient soutenu les Gordiens contre Maximin qui les persécutaient204.

199 P.W. Townsend, « The Revolution of 238 : the Laeders and their Aims », Yale Classical studies, 14, 1955, p. 60 : Le Sénat était composé de quatre-vingt sénateurs d’origine africaine, c’est à dire 13%. Plusieurs ont occupé des charges importantes dans les années 235-238: C. Fulvius Pius, L. Domitius Gallicanus, L. Flavius Honoratus Lucilianus… C. Annius Annulinus Geminus Percennianus possédait des terres en Afrique, comme M. Asinius Sabinianus, C. Vettius Gratus Atticus Sabinianus. Le futur vigintivir L. Caesonius Lucillus (CIL 14, 3902 = InscrIt-04-01, 00104 = ILS 1186 = 11-073) y avait exercé des charges. Tous y avaient probablement des contacts. 200 Zon., XII, 621-622, 16 = 11-060. 201 H.A., Maxim., 13, 5-16, 7 = 11-061. 202 Aur. Vict., Caes., 26, 1-7 = 11-063. 203 En réalité les νεανίσκοι d’Hérodien étaient des iuuenes, membres de la iuuentus locale, c’est à dire une sorte de milice urbaine créée par les gens aisés (G. Picard, Civitas Mactaritana. Misson archéologique française en Tunisie, Paris, de Boccard, 1958, p. 77-95). Selon J. Gagé, « Les organisations de iuuenes en Italie et en Afrique au début du IIIe siècle au bellum Aquileiense », Historia, 19, 1970, p. 243, et d’après la Vita Gordiani, Gordien aurait organisé des iuuenalia. Cependant A. Chastagnol, « L'Histoire Auguste et les « douze Césars » de Suétone », BHAC 1970, Bonn, 1972, p. 118 démontre que ce passage est inspiré de la vie de Néron de Suétone. 204 P.W. Townsend, « The Revolution of 238 : the Laeders and their Aims », Yale Classical studies, 14, 1955, p. 60 et Les persécutions dans l’Empire romain, avec la collab. de Orgels (P.), Moreau (J.), Maricq (A.), Bruxelles, Palais des Académies, 1964, p. 40 52 Les Gordiens, magnifiés et devinrent les héros du Sénat. Ils descendaient des Gracques, de Trajan205, celui qui res olim dissociabilis miscuerit, principatum ac libertatem206. Le père du premier des Gordiens était Marcellus Marullus et lui-même avait été un consul très influent et très puissant : Gordien reçut des privilèges si importants qu’on peine à croire qu’ils étaient été vrais207. Selon l’Histoire auguste, l’empereur Maxime (Pupien) ne fut pas aidé par sa famille : son père était un forgeron ou un constructeur de chariots208. Au contraire, Balbin était de très noble naissance ; il descendait de Balbus Cornelius Théophrasnes qui reçut le droit de cité de Pompée209.

Notre connaissance de la cour et en général des liens tissés entre les personnages importants s’amenuise au fur et à mesure que nous avonçons dans le temps. Zonaras que « comme un autre méditait une défection en Bretagne, il devint magistrat suite à la recommandation d'un familier (òkeiwmšnoj) du Maure Victorinus210 ».

3. La place du Sénat dans le déclenchement des guerres civiles : entre idéologies et difficultés internes

205 H.A., Gord., 2, 2-4 = 11-046. Noms semblables à ceux des Gracques et Trajan. Peut-être que les Gordiens en ont profité de leur vivant mais dans l’état actuel des sources cela est impossible à vérifier. Balbin remplit une bonne carrière mentionnée par plusieurs inscriptions (PIR C 126). Il n’a aucun nom en commun avec Balbus Cornelius Théophrasnes. Ce dernier est inconnu. Les Cornelii Balbi sont connus (PIR C 1331) mais le cognomen Theophrasnes, d’origine grecque, n’est pas attesté (Teophanes est attesté, PIR T 124, 125). 206 Tac., Agr., 3, 1. 207 Parce qu’ils auraient été subversifs, H.A., Gord., 4, 1-6 = 11-048. 208 H.A., Max.Balb., 5, 1-11 = 11-074. Par ailleurs, le passage est contradictoire : il reçut un présage qui consista en une pièce de boeuf qui tomba dans son impluvium, or dans une maison modeste il n’y avait pas d’impluvium. Cette affirmation ne peut pas être totalement démentie pour cause d’absence d’autres sources avec lesquelles confronter l’H.A. (PIR C 1179). 209 H.A., Max.Balb., 7, 1-3 = 11-075. 210 Zon., XII, 637-638, 29 = 19-002. Littéralement, un qui partageait sa maison. Le texte n’est pas clair, il n’est pas évident de comprendre à qui se réfère “eteroj. Pour la période, nous n’avons pas relevé d’usurpateur en Bretagne. 53 En négatif du portrait du mauvais empereur se dégageait celui du bon empereur. Il fut concrétisé dans la nomination de Pupien et Balbin par le Sénat. En effet, les sénateurs leur donnèrent des titres identiques, y compris, et cela pour la première fois, le grand pontificat. Ils tentaient de renouer avec un des principes des magistratures républicaines : la collégialité. Ils freinaient l’évolution du principat vers la monarchie211, mais pas seulement : la nomination des deux empereurs était guidée par des considérations plus pratiques. L’empire devait faire face à une double menace : un des empereurs était chargé de rester à Rome et de veiller à ce que la capitale ne soit pas en proie à ses insurrections habituelles (et par là, c’était aussi reconnaître le pouvoir du peuple de Rome) tandis que l’autre était envoyé combattre. Ils étaient nommés parmi les vingt consulaires chargés de défendre les régions d’Italie212, une fonction à caractère militaire. Ils furent choisis parmi les sénateurs qui avaient l’expérience du commandement militaire213. Le Sénat semblait avoir su concilier son idéal avec l’efficacité. Ils avaient mené une bonne carrière militaire avant, celle de Pupien était davantage due à ses mérites, semble-t-il, que celle de Balbin214. Pupien fut chargé d’arrêter Maximin qui se déplaçait vers l’Italie, Balbin de rester à Rome à veiller à l’ordre public : les sénateurs avaient fait un choix conscient quant aux personnes et à leurs carrières. Tous deux commandèrent aussi bien des provinces impériales que des provinces « sénatoriales » mais l’Histoire auguste précise que Maxime « commanda de nombreuses unités », et Balbin « avait parfois commandé une armée, mais il était moins expert en matière militaire qu'en matière civile. » Dans ce cas aussi, le pouvoir était attribué au plus compétent sur le plan militaire, mais en s’ « s'enferm[ant] au Capitole dans le temple de Jupiter, qui domine sur toute la ville, afin d'avoir pour témoin et comme pour président le premier des dieux215 » les Sénateurs se protégeaient aussi au sein d’un templum, un espace sacré qui rendait la présence de tout arme impie. « Ils étaient fameux, l'un pour sa bonté, l'autre pour sa valeur et sa rigueur216 » ; les

211 Loriot (X.), « Les premières années de la grande crise du IIIe siècle de l'avènement de Maximin le Thrace (235) à la mort de Gordien III (244) », ARNW, II, 2, New York-Berlin, 1975, p. 703. 212 H.A., Gord., 10, 1-2 = 11-069. 213 Zos., I, 14, 1-2 = 11-069. 214 H.A., Max.Balb., 5, 1-11 = 11-074 ; 7, 1-3 = 11-075. 215 Hdn., VII, 10, 1-9 = 11-088. Selon l’H.A., Max.Balb., 1, 1-2 = 11-082 le 7 des ides de juin, le Sénat se réunit dans le temple de la Concorde, c’est à dire le 17 juin 238 pour élire les deux empereurs. 216 H.A., Max.Balb., 1, 1-2 = 11-082. Ou « l'un est si expert en art militaire qu'il a su relever la « nouveauté » de ses origines par l'éclat de ses mérites, l'autre est d'une noblesse si illustre qu'il s'est rendu indispensable à l'État 54 deux empereurs se complétaient, ce choix semblait idéalisé. Le Sénat procéda seul à ce choix, guidé par le dieu souverain, puis le peuple fut amené aux Rostres, lieu de mémoire de l’ancienne république217. Selon Hérodien, le peuple y alla spontanément218.

L’ordre sénatorial était devenu inutile, inadapté aux nouvelles contraintes de l’empire romain219. Depuis le règne de Marc Aurèle les barbares faisaient pression sur le Danube, l’empire avait besoin de techniciens, de professionnels de la guerre, ce que les sénateurs, du fait de leur cursus mais aussi peut-être d’un manque de volonté, n’étaient plus. Les empereurs avaient maintenu la fiction jusqu’à une époque tardive, en laissant les sénateurs poursuivre leur cursus honorum. Aurelius Victor place la rupture sous le règne de Gallien et en déplore les conséquences : « À partir de ce moment-là l’influence des soldats redevint prépondérante, le Sénat perdit le pouvoir et le droit de nommer le prince ; cela a duré jusqu’à nos jours, soit qu’il eût peur, soit qu’il eût pris en horreur les conflits intérieurs, on ne le sait. Car il aurait pu retrouver le droit de servir dans l’armée, droit qu’il avait perdu par l’édit de Gallien, au moment où, sous le règne de Tacite, les légions avaient la modération de s’incliner devant sa volonté ; Florianus n’aurait pas inconsidérément pris le pouvoir, et l’Empire n’aurait pas été donné, sur l’opinion de simples soldats, à n’importe qui, même honnête, si un ordre si grand et si considérable s’était trouvé présent dans les camps220. » Gallien, par un édit, avait écarté les sénateurs des commandements militaires et du gouvernement de leurs provinces. En réalité, cette évolution commença sous le règne de Marc Aurèle. En réponse aux invasions barbares, l’empereur avait eu besoin de confier la guerre à des militaires expérimentés. L’ordre sénatorial était toujours perçu comme le garant du bon gouvernement de l’empire. Les sénateurs ne voyaient pas les limites de cette affirmation : tous les empereurs nommés par le Sénat n’ont pas été si parfaits, et d’ailleurs, le Sénat ne faisait que ratifier le choix des armées, déjà depuis Auguste. Peut-être est-ce à cause de cet édit que Gallien fut tant détesté

grâce à l'aménité de son caractère et à la rectitude de sa vie qu'il a toujours consacrée depuis son plus jeune âge à l'étude et aux belles-lettres » (H.A., Max.Balb., 2, 1-8 = 11-083). 217 H.A. Max.Balb., 3, 3-5 = 11-084. 218 Hdn., VII, 10, 1-9 = 11-088. 219 Y. Roman, Empereurs et sénateurs. Une histoire politique de l’Empire romain, Ier-IVe siècles, Paris, Fayard, 2001, p. 411-419. 220 Caes., 37. 55 par l’ordo221. Vers la fin de la période étudiée, le respect du Sénat n’est plus présenté comme un critère définissant le bon empereur.

Les sénateurs étaient présents à la cour. De par son rôle, celle-ci était parfois présentée comme surpassant les sénateurs222 dans les conspirations ou dans la pratique du pouvoir. Les idées dans le but desquelles sont faites les conspirations en étaient modifiées.

C. Le rôle de la cour dans la transmission du pouvoir impérial

La succession au principat fut définie dès le départ comme une affaire de cour : avant d’être le compagnon de guerre de César, Octave l’accompagnait dans les théâtres et dans les banquets223. La cour se définissait aussi comme le partage d’un même genre de vie, de règles de sociabilité semblables. Elle était aussi une manière de se faire voir, que ce soit du reste de la cour comme du peuple. César était entouré d’honneurs qui rehaussaient son prestige, qui le plaçaient à part du reste des Romains sur le plan visuel. Ils rejaillissaient sur son neveu. En tant qu’accompagnateur de César, Octave était désigné bien avant la rédaction de son testament, comme son successeur224.

La guerre civile de 68-69 et son dénouement peut être expliquée par des intrigues de cour. En effet, les quatre prétendants au trône étaient en rapport avec la cour de Néron ; la

221 L’H.A., Tyr., 12, 1-2 et 11-2, le traite de femme. L’auteur inventa des usurpateurs sous son règne pour appuyer sa théorie selon laquelle l’empire partait en déliquescence par sa faute. 222 Lorsque nous parlons des sénateurs en général, nous entendons les sénateurs en tant que membres d’un ordre et garants des idéaux républicains, comme ils se présentaient eux-mêmes. Bien sûr, il y avait des individus au sein de cet ordre et tous n’étaient pas égaux. 223 N.Dam., Aug., 8, 17-18 = 1-160 ; Plut., Brut., 22, 1-23, 1 = 1-061. 224 En réalité, Octave était probablement désigné dès sa naissance en tant que plus proche parent de César, tant que l’absence d’héritier direct se confirmait. 56 cour eut aussi un rôle dans la chute de Néron. Une étude des rapports des quatre empereurs avec la cour peut nous aider à comprendre lequel.

D. Le rôle ambigu de la cour face au pouvoir impérial

La cour avait un rôle dans les complots car c’est sur elle en partie que reposait le principat : les magistrats, membres des deux ordres, les chefs d’armées, c'est-à-dire les personnages importants, en étaient issus. Les armées avaient un rôle dans le choix des empereurs. Les militaires avaient besoin de dirigeants. L’empereur octroyait charges et magistratures à ses familiers, à ses fidèles. R.P. Saller envisage les relations entre les imperatores de la fin de la République et leur continuation dans le personnage d’Octavien et les armées, les masses, les rois étrangers, les cités provinciales, les sénateurs et les chevaliers comme des rapports de patronage225. L’empire créa une clientèle universelle, néanmoins, certains éléments s’en détachaient.

Certains personnages jouaient un double rôle, en attendant que le déroulement des événements se confirme : tel était le cas de T. Iulius Alexander, préfet d’Égypte sous Néron depuis 66. Celui-ci prit les devants en publiant son édit avant que Galba le confirme dans ses fonctions226. Selon G. Chalon, « tout le langage de l’édit implique que son auteur demeurera au pouvoir… ne peut-on pas penser que, quoiqu’il n’eût pas encore reçu confirmation du nouvel empereur, le préfet avait, du fait de ses relations antérieures avec Galba, de bonnes

225 R.P. Saller, Personal patronage under the early empire, Cambridge University Press, 1982, p. 41. 226 En effet, Galba fut proclamé empereur par l’armée et par le Sénat le 8 juin, le 9, Néron se donnait la mort. Le 16 juin, Icelus parvint à Clunia pour annoncer la nouvelle à Galba, le 18, c’était au tour de Vinius. Il fallait au moins 17 jours pour que la nouvelle arrive de Clunia à Alexandrie (pour ce calcul, G. Chalon, L’édit de Tiberius Julius Alexander. Étude historique et exégétique, Lausanne, URS Graf-Verlag, 1964, p. 45-46 se base sur les chiffres indiqués par M.P. Charlesworth, Les routes et le trafic commercial dans l’Empire romain (trad. par G. Blumberg et P. Grimal), Paris, 1938). C’est à dire que seulement vingt jours séparaient la mort de Néron (9 juin) de la publication de l’édit (6 juillet) : la confirmation de Galba aurait dû arriver entre le 4 et le 5 juillet, ce qui ne lui laissait qu’un très bref délai pour rédiger un texte ayant très à des sujets très différents. 57 raisons d’admettre que la prorogation de ses fonctions était chose acquise ?227 » Il ne se rallia pas ouvertement à Galba, en effet, Néron songea à fuir en Égypte 228. Apparemment, il était habitué des actions en sous-main : l’année suivante, il reconnut officiellement Vitellius et trama l’avènement de Vespasien, sans que les bureaux d’Égypte en aient rien appris229. L’édit de T. Iulius Alexander ferait allusion à la propagande de Galba230 ; pour G. Chalon, le navire d’Alexandrie qui aborda à Dertosa chargé d’armes n’était pas un signe divin mais un « fait concret, plus ou moins déformé », un « indice d’un appui secrètement fourni par Ti. Alexander à Galba, en réponse à l’invitation qui lui avait été faite de contribuer au soulèvement231. »

Titus Vinius aida Galba, Vitellius et aussi Othon. Vinius persuada Galba d’envoyer Vitellius en Germanie, province à partir de laquelle, grâce à ses armées, il se révolta. Othon se lia d’abord avec Galba, puis avec Vinius qui essaya de persuader Galba de l’adopter232. Il en avait les moyens : Suétone rapporte que Galba « était gouverné par trois hommes qui

227 G. Chalon, L’édit de Tiberius Julius Alexander. Étude historique et exégétique, Lausanne, URS Graf-Verlag, 1964, p. 47-48. 228 Suet., Galb., 10. 229 C. Préaux, « Le règne de Vitellius en Égypte », Mélanges Georges Smets, Bruxelles, Éditions de la revue encyclopédique, 1952, p. 571-478 explique que l’ostrakon O. Bodl. Tait II 672 est daté du 16 juin 69, que Tiberius Iulius Alexander dut recevoir la nouvelle de l’avènement de Vitellius aux environs du 15 mai, étant partie de Rome le 25 avril au plus tard : le préfet d’Égypte se hâta de transmettre la nouvelle. Vespasien fut proclamé empereur le 1er juillet à Alexandrie, il faut de 10 à 15 jour pour se rendre de Judée à Alexandrie et il est probable que Vespasien et le préfet se soient entretenus avant le 1er juillet. C. Préaux en conclut donc (cité par G. Chalon, , L’édit de Tiberius Julius Alexander. Étude historique et exégétique, Lausanne, URS Graf-Verlag, 1964, p. 49) que « cette reconnaissance immédiate révèle la maîtrise de Tiberius Alexander dans l’art du coup d’État ». Les bureaux n’en savaient rien : à Thèbes, le 23 juillet, on datait encore par le règne de Vitellius (O. Bold. Tait II 1125) ; le 29, idem pour Edfou (O. Edfou 27). 230 La salus generis humani des monnaies de Galba (RIC 207, 209, 210, 211, 214), des inscriptions gravées au moment de sa révolte (CIL 13, 01589 = 3-159) rappellent la swthr…a toà pantÕj ¢nqrèpwn gšnouj de la l. 7 de l’édit. 231 G. Chalon, , L’édit de Tiberius Julius Alexander. Étude historique et exégétique, Lausanne, URS Graf-Verlag, 1964, p. 51. Suet., Galb., 10 = 3-117. Galba avait su se concilier le préfet d’Égypte car Clodius Macer s’était rebellé en Afrique, Rome risquait de ne plus être approvisionnée, ce qui aurait créé un fort mécontentement. 232 Plut., Galb., 21. 58 habitaient avec lui au Palatium233 », c'est-à-dire qui ne le quittaient pas : T. Vinius, Cornelius Laco, Icelus. En guise de récompense pour leurs services rendus dans l’avènement de Galba, T. Vinius devint son légat en Espagne, Cornelius Laco234 son préfet du prétoire et Icelus entra dans l’ordre équestre sous le nom de Marcianus et briguait la préfecture du prétoire. Ils étaient si influents que Galba les écoutait aveuglément, sans se rendre compte qu’ils menaient un double jeu. On peut se demander si, après le meurtre de Galba, Vinius et Laco furent réellement actifs235. Othon se lia aussi à Icelus236 et Asiaticus. La construction de ses amitiés est liée à l’achat des armées par Plutarque : il écrit que « toutes les fois qu'il recevait Galba à un repas, il donnait à chacun des soldats de la cohorte qui était de garde une pièce d'or, afin de se les attacher, ayant l'air d'honorer ainsi l'empereur, et usant de cette ruse pour se rendre populaire auprès des soldats237 ». Nous ne savons pas si Galba était au courant et quelles implications avaient exactement ces liens, ni de quel type ils étaient. Nous ne savons pas non plus s’il s’agissait d’une pratique « normale » c'est-à-dire ne visant pas à renverser le pouvoir mais entrant dans les liens habituels de la clientèle, si ces hommes cherchaient à se prémunir, bien informés qu’ils étaient, de toute éventualité quant au changement de pouvoir ou s’il s’agissait d’une trahison active. Plutarque rapporte qu’Othon était dans les bonnes grâces de Sénèque, à qui il devait sa fonction. Il se lia aussi avec le légat propréteur de Lusitanie précédent, avec T. Vinius238 et les affranchis Icelus et Asiaticus239. Logiquement, les éléments traitant des conspirations se présentent à l’historien de manière très fragmentaire : ce ne sont que des allusions littéraires, des inscriptions rapportent des carrières. Ces témoignages sont à recouper afin de dresser une étude complète des liens politiques, familiaux, de clientèles entre

233 Suet., Galb., 14. 234 La carrière de Cornelius Laco (PIR C 1374) n’est pas connue avant sa nomination comme préfet du prétoire par Galba. 235 Plut., Galb., 25, 7-9 = 3-121. 236 Icelus était un affranchi de Galba, c’est lui qui lui porta à Clunia la nouvelle de la mort de Néron. Le fait qu’Icelus trahisse Galba au profit d’Othon implique qu’il rompit les liens de fidélité qui liaient anciens patrons et affranchis. 237 Plut., Galb., 20, 1-7 = 3-138. 238 T. Vinius fut nommé proconsul de Gaule Narbonnaise sous Néron, puis légat en Hispanie (Suet., Galb., 14) et avait le commandement de deux légions. Il l’incita à suivre Vindex (Plut., Galb., 3, 1-5, 6 = 3-007), puis ce fut grâce à son appui que Vitellius fut envoyé en Basse-Germanie (Suet., Vit., 7). 239 Plut., Galb., 20, 1-7 = 3-138. 59 les protagonistes. Les conspirations touchaient tous les domaines, même la transmission des présages.

E. L’élaboration du portrait du « mauvais empereur » ou les causes littéraires des guerres civiles

Y. Roman a démontré dans une étude que la création du concept de « mauvais empereur » a été largement favorisée par l’historiographie antique, plus précisément originaire des milieux sénatorial et équestre.

S’attaquer ouvertement à l’empereur était impensable. Depuis la dictature de César le Sénat n’osa faire aucune critique ouvertement. Le seul moyen pour changer une situation était la conspiration suivie de la suppression de l’empereur. Brutus et Cassius, n’avaient rien prévu après le tyrannicide, parce qu’ils n’avaient pas osé espérer une réussite, mais aussi parce que leur action était essentielle, dans le sens où ils avaient supprimé la cause première de mécontentement. La haine de la tyrannie avait été cristallisée sur la personne de Jules César et ses héritiers240 avaient été négligés. Car César avait préparé sa succession, non seulement par son testament241 mais aussi par le droit de commendatio qu’il exerçait. Depuis 48, il présidait

240 Plus probablement Marc Antoine qu’Octave. En effet, Marc Antoine avait été nommé maître de cavalerie en 48 et César fut assassiné dans son cinquième consulat qu’il partageait avec Marc Antoine. C. Octavius était maître de cavalerie désigné en 44, comme Cn. Domitius Calvinus. Mais il était le plus proche parent de César : la mère d’Octave, Atia, était la fille de Marcus Atius Balbus et de Julie, la soeur de César. Après la mort de son mari C. Octavius, Atia se remaria avec Lucius Marcius Philippus et Octave fut élevé par sa grand mère Julia. Jules César soigna son éducation, lui fit apprendre la rhétorique et la philosophie, lui fit intégrer le collège des augures puis des pontifes, après sa campagne en Afrique il lui confia l’organisation des jeux en l’honneur de sa victoire. À partir de ce moment César l’emmena avec lui, il le rejoint en Espagne en 45. En septembre 45, quand il rédigea son testament, il l’institua son premier héritier. Puis il l’envoya en Macédoine afin qu’il prépare l’expédition contre les Parthes et qu’il perfectionne sa formation littéraire à Apollonie. 241 Selon R. Étienne, Jules César, Paris, Fayard, 1997, p. 159 « il fondait par là même une monarchie héréditaire qu’on ne pouvait comparer qu’aux monarchies orientales : on était encore plus loin des institutions républicaines. » César lui transmettait son nom, sa fortune, ses clients (les vétérans qu’il avait installés suite à sa 60 aux désignations des magistrats ; et seuls les candidats autorisés par lui s’étaient présentés. Après la bataille de Munda, un plébiscite lui donna le droit de recruter à toutes les magistratures ; il refusa cet honneur mais par contre, en 44, il laissa passer le plébiscite proposé par le tribun L. Antonius prévoyant la nomination des consuls et de la moitié des magistratures par César242. « Ainsi furent désignés par anticipation les consuls et les tribuns de 43 et 42, les préteurs, édiles, questeurs de 43 ; les autres étaient sans doute des candidats officieux243. » Il généralisa le consulat suffect244. Cet usage fut continué par Octave-Auguste. Il augmenta le nombre des magistrats245. Il fit rentrer ses partisans qui avaient été exilés par Pompée246, recomposa le Sénat247. Depuis 45 il pouvait créer des patriciens. Ainsi, il augmentait le nombre de ses partisans. Le corollaire de l’augmentation des magistrats en charge était une diminution de leurs pouvoirs. Les césaricides ne détruirent par le régime césarien ; mais deux héritiers s’opposèrent. Le vainqueur continua cette politique de paralysie des institutions. Elles n’avaient qu’une liberté apparente, elle était nécessaire à la fiction que l’empereur voulait donner248. Cela pour remarquer que, même si la cristallisation du mécontentement général sur la personne de l’empereur pourrait sembler contre-productive ; elle n’en est pas moins une constante du régime impérial. Dirigeant de tout, il en est le responsable. Ces pratiques continuèrent pendant tout le principat.

Les historiens présentent les guerres civiles comme l’opposition de plusieurs forces : l’empereur, les sénateurs et les chevaliers, les militaires et le peuple. Bien souvent, les sources ne nous transmettent aucune critique constructive, mais uniquement des critiques sur la loi agraire de 59 dans toute l’Italie) et ses alliances politiques (les populares et en général ceux qui avaient reçu une charge de sa part). 242 D.C., XLIII, 45, 2; 47 et 51 ; Suet., Caes., 74. 243 R. Étienne, Jules César, Paris, Fayard, 1997, p. 164. 244 D.C., XLII, 55, 4 et 33, 3 ; XLIII, 46, 2. 245 D.C., XLI, 43, 1. 246 D.C., XLI, 36, 2; App., B.C., II, 48, 198; Caes., B.C., III, 1, 4. 247 D.C., XLIII, 14, 4; Suet., Caes., 43. 248 « Annos undéviginti natus exercitum priváto consilio et privatá impensá / comparáui, * per quem rem publicam [á do]minatione factionis oppressam / in libertátem vindicá[ui », Aug., R.G., 1 = 1-132. Le régime augustéen a toutes les caractéristiques d’une faction qui opprime la république ; mais cette dernière existe toujours, elle ne fut abolie par aucune décision officielle parce que, formellement, les magistratures traditionnelles subsistaient. 61 personne de l’empereur ; l’accent est mis davantage sur son idéologie, le non respect du Sénat que sur sa politique personnelle. L’idéologie impériale était définie comme essentiellement anti-sénatoriale. Le respect de l’assemblée devient un critère de jugement.

Y. Roman voit la cause du noircissement des portraits d’empereurs dans « l’incapacité et l’indignité sénatoriales249 ». Élagabal aurait traité les sénateurs d’ « esclaves en toge250 ». En effet, le Sénat apparaissait parfois agir sous l’emprise de la peur, plus que de la raison et du bien de l’État251. Le Sénat de Rome se donnait un rôle théorisé par Cicéron et Polybe 252 : il était l’élément essentiel de la constitution mixte. L’appartenance au Sénat donnait aussi un rôle social, caractérisé par une morale, une philosophie, des pratiques sociales, un genre de vie communs. Mais le gouvernement du monde à partir d’une assemblée était impossible. L’Empire « ne pouvait que se heurter au refus obstiné d’une très large majorité de l’ordre sénatorial, attachée à ses idéaux, à l’usage de l’éloquence et à des systèmes de dons et contre dons253. » Ces portraits furent suivis et étudiés sans aucun recul par les historiens jusqu’à l’époque contemporaine. « Le temps passant, le XIXe puis le XXe siècle appelèrent la science médicale en renfort. Alors la folie expliqua presque tout, avant que l’importance des mariages consanguins n’éclairât tares, débauches et débordements. Il y avait naturellement là un écho assourdi d’importantes recherches en matière de génétique et d’hématologie. Il restait à la philosophie, avec Albert Camus, à s’emparer du personnage le plus complexe de cette série, Caligula, pour en faire un précurseur des angoisses existentielles d’une jeunesse d’après

249 Y. Roman, Empereurs et sénateurs. Une histoire politique de l’Empire romain. Ier-IVe siècle, Paris, Fayard, 2001 p. 99. Elle est dénoncée par Dion Cassius, LX, 15, 1-16, 2 = 2-001 par exemple. Lors de la conspiration visant à mettre Scribonianus sur le trône, à cause du mécontentement vis-à-vis de Claude, les sénateurs et chevaliers entrés par la suite dans la conspiration « soupçonnèrent qu'il y aurait une fois de plus des troubles et des luttes, et ne voulurent pas l'écouter plus longtemps ». 250 H.A., Elag., 20, 1. 251 Pupien et Balbin furent élus parmi les uigintiuiri, selon l’Histoire auguste, plus par peur que par désir de restaurer l’ancienne collégialité (Gord., 22, 1-3 = 11-086). Il ratifia aussi la nomination de Didius Julianus par les prétoriens, après qu’il les eût achetés, par peur (Zon., XII, 603, 7 = 7-038 et 7-039). En réalité le Sénat se retrouva plus souvent en situation d’infériorité militaire. 252 Cic., de Rep., III, 20 ; Pol., VI, 5, 11. 253 Y. Roman, Empereurs et sénateurs. Une histoire politique de l’Empire romain. Ier-IVe siècle, Paris, Fayard, 2001 p. 176. 62 guerre254. » Quelle que soit la justesse de l’interprétation d’Y. Roman, il cherche à nous mettre en garde du fait que l’historien est tributaire de son temps, et que les historiens anciens ne constituaient pas une exception à cette règle. La critique à peine voilée des empereurs répondaient à une demande. Historiens antiques écrivaient pour eux-même, c'est-à-dire pour les personnes qui avaient accès à la culture255.

Hérodien n’était pas un sénateur. Il avait été un fonctionnaire impérial de rang subalterne, originaire de l’Asie proconsulaire ou de la Bithynie ; il s’adressait à « la bourgeoisie cultivée des cités grecques ou hellénisées de l’Asie Mineure occidentale, dont il reflète généralement le point de vue et les préjugés256. » Y. Roman donne une explication quant à ses préjugés : « la folie des « mauvais empereurs » relève ainsi d’un comportement jugé choquant par les historiens contemporains, reprenant eux-mêmes les discours de ceux de l’Antiquité. Ce qui signifie simplement que leur comportement ne convenait pas à ses derniers, qui étaient, rappelons-le, sénateurs (Tacite, Dion Cassius, vraisemblablement l’auteur de l’Histoire auguste), chevaliers (Suétone), ou constituaient une cohorte d’admirateurs de l’ordre sénatorial (Hérodien) ou d’hommes influencés par la geste des grands (à l’exception, partielle, d’Aurelius Victor).257 » Cette remarque peut être étendue à toutes les caractéristiques des empereurs, elle ne concerne pas uniquement leur prétendue folie. Les historiens créèrent un topos du mauvais empereur ; il trouvait ses origines dans les œuvres de la fin de la république et du début du principat.

254 Y. Roman, Empereurs et sénateurs. Une histoire politique de l’Empire romain. Ier-IVe siècle, Paris, Fayard, 2001 p. 177. R.F. Martin, Les douze Césars. Du mythe à la réalité, Paris, Les Belles Lettres, 1991, p. 12-13 cite un passage de F. de Champagny, Les Césars, 1841 traitant du thème du « pouvoir qui rend fou ». Contre ces conclusions hâtives qui créèrent le « mythe » de la folie des Césars il prône une « étude précise des textes des auteurs anciens » (ibid., p. 15). Il se propose d’étudier les raisons de ces interprétations et le vrai visage des César suivant cette méthodologie. 255 L’historien Suétone est à inclure dans « les sénateurs », même s’il était chevalier et proche de l’empereur – il était ab epistulis d’Hadrien – car il faisait partie du cercle de Septicius Clarus. Ce dernier en avait hérité de Pline à sa mort (E. Cizek, Structures et idéologie dans les « Vies des douze Césars » de Suétone, Paris-Bucarest, 1977, p. 9. Ils avaient la même vision des choses et des hommes (ibid., p. 25). Il tomba en disgrâce parce qu’Hadrien, admirateur de la monarchie orientale, n’accepta pas le programme idéologique du groupe de Septicius Clarus. Il correspondait aux chevaliers et aux plus riches des sénateurs (ibid., p. 185). 256 X. Loriot, « Les premières années de la grande crise du IIIe siècle : De l’avènement de Maximin le Thrace (235) à la mort de Gordien III (244), ANRW II, 2, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1975, p. 660. 257 Empereurs et sénateurs, Paris, Fayard, 2001, p. 183. 63 En revanche, selon E. Cisek, Suétone « Suétone met en état ou renforce dans nombre de biographies la teinte fondamentale, les signes principaux du caractère et se donne la peine d'estomper, de voiler les autres. Si l'accent doit tomber sur le côté négatif du caractère, les débuts de la biographie le préparent d'ores et déjà et atténuent la signification de l'obligatoire côté « bon » du personnage258. » Il ne le faisait pas par manichéisme mais pensait que chaque détail était révélateur d’une personnalité, quitte à forcer légèrement la vérité de ses portraits. Son œuvre peut être lue thématiquement, en comparant chaque thème biographique entre les différents empereurs : apparaît un portrait du mauvais empereur et son opposé, celui du mauvais, tous deux idéalisés. Suétone prit soin d’ignorer la dynastie de l’empereur de son temps, Hadrien.

Ces pratiques des historiens ont comme conséquence une contradiction dans leurs œuvres. Vitellius est unanimement critiqué, pour diverses raisons dont les guerres civiles. Le rôle des armées de Vespasien dans l’incendie du Capitole est sous évalué. Dans l’étude des causes de la guerre civile, il convient donc de discerner les causes littéraires, stéréotypées, des causes réelles.

258 E. Cizek, Structures et idéologie dans les « Vies des douze Césars » de Suétone, Paris-Bucarest, 1977, p. 111. 64 III. Le peuple face au pouvoir impérial

A. La perception du peuple par les historiens de l’Antiquité

Le rôle du peuple était perçu comme négatif par les historiens de langue grecque et romaine. Il était considéré comme influençable, particulièrement réceptif à la propagande, interessé. Depuis la fin de la république, le citoyen soldat n’était plus qu’une utopie à Rome, dénuée de réalité. Les militaires étaient des professionnels, leurs intérêts se désolidarisèrent de ceux du peuple. Le mot populus ou δÁmoj représentait deux réalités chez les historiens antiques : les comices et le peuple en tant que foule ou masse indistincte. César, après la bataille de Munda, conféra les magistratures qui étaient auparavant données par le peuple259. Le peuple n’était jamais mentionné dans sa totalité (le peuple de l’empire romain) ; il l’était dans un rôle ou dans une région spécifique.

Le peuple était dénigré par l’aristocratie sénatoriale. Tacite critiquait sa superstition260 : il voulait tout interpréter comme un signe divin ; avide l’imagination, il semait les rumeurs261. Il choisit les empereurs pour leur beauté physique262. L’Histoire auguste rapporte que Maximin envoya une lettre au Sénat se justifiant quant à la nomination de son fils comme second Auguste : ainsi, le peuple et le Sénat pourraient voir combien le jeune Auguste était beau263. Cette stupidité a des conséquences sur la vie politique : pour lui plaire, Othon se fit appeler Néron264.

259 Eutr., VI, 25 = 1-040. 260 Tac., H., II, 91, 1 = 3-111. 261 Tac., H., II, 1, 2-5 = 3-220. 262 Tac., H., I, 7, 3 = 3-219, dans le cas de Néron, c’est pour cela qu’il détestait Galba. 263 H.A., Maxim., 29, 6-9 = 11-020. 264 Plut., Otho., 3, 1-2 = 3-140. 65 Il pouvait recevoir une considération venant des historiens quand il s’alliait avec le Sénat pour une cause juste, comme pour les célébrations de la victoire de Nauloque 265, lorsqu’il s’allia avec les cavaliers dans la révolte contre Commode, avec les sénateurs pour insulter Commode ou quand il sauta de joie suite à l’annonce de la fin de la tyrannie commodienne par les conjurés266. Hérodien et l’Histoire auguste voyaient d’un œil relativement bienveillant les manifestations populaires en faveur de Pescennius Niger. Dion Cassius en dressait un portrait assez flatteur, mis à part le fait qu’il avait mis trop de confiance dans ses armées267.

B. Le peuple, un objet de la propagande impériale

Ces termes ont deux significations différentes dans la propagande : les monnaies des partisans de Vindex portant la légende Libertas p(opuli) r(omani) restituta visaient probablement les comices. En effet, la libertas sous la République représentait le gouvernement du peuple en assemblée et du Sénat, par opposition au gouvernement tyrannique. Cela était très loin de la foule compacte et sans noms. La foule est toujours représentée de manière générique, les individualités n’en sortent que rarement. Cet aspect contribue à lui donner un caractère négatif : malléable, elle est prête à toute réaction irrationnelle. En réalité son rôle n’est pas facile à interpréter. Le peuple n’est pas souvent mentionné dans les sources ou l’est de façon imprécise : il est difficile de connaître son rôle. Hérodien présente le peuple comme le moteur de la rébellion contre Cléandre, il s’allia avec les soldats parce que, comme le remarque l’historien, le peuple sans armes était vulnérable268. Il ne s’attaquait pas à Commode car il lui était attaché, il demandait juste le renvoi du préfet du prétoire. Plus loin, le même historien écrivait que lorsque les conjurés lui annoncèrent la

265 App., B.C., V, 130-131 = 1-112. 266 Hdn., I, 12, 5-13, 1 (ce passage est contradictoire avec un autre du même auteur, I, 10, 1-4 = 6-002. mentionnant l’amour du peuple et des prétoriens pour Commode) ; Zon., XII, 601, 6 = 7-008 ; Hdn., II, 2, 1-5 = 7-010. 267 Hdn., II, 7, 4-8, 10 = 7-068 ; H.A., Nig., 2, 1-3, 1 = 7-067 ; D.C., LXXIV, 6, 1-2a = 7-070. 268 I, 12, 5-I, 13, 1 = 6-002. 66 mort de Commode, le peuple sauta de joie269. Cette contradiction apparente peut-être vue de plusieurs manières : ou le peuple haïssait Commode mais prenait soin de le lui cacher tant qu’il était au pouvoir, ou ses sentiments changèrent, ou bien encore Hérodien se contredit lui- même. Ce qui ne facilite pas sa compréhension.

Le plus souvent, le peuple n’avait aucun rôle actif dans la conjuration : il n’avait aucun rôle politique. Tout au plus est-il présenté comme la clientèle des conjurés. Cependant, son rôle est présenté comme capital dans la nomination de Gordien III : celui-ci fut nommé empereur sur son instigation270, cependant il est fort probable que les armées se soient assuré son soulèvement. Nous ne connaissons par les rapports des deux premiers Gordiens avec les armées, mis à par le fait que Gordien II était légat de son père en Afrique proconsulaire 271 et que Gordien I avait été légat d’Auguste propréteur en Bretagne sous le règne de Caracalla 272. Peut-être ces commandements et ceux qu’il y eut probablement entre les deux lui permirent- ils de se constituer une clientèle au sein des soldats mais cela n’est pas mentionné par les sources273 : elles présentent la proclamation des deux premiers Gordiens comme la rencontre par hasard entre le mécontentement des propriétaires terriens d’Afrique proconsulaire et celui du Sénat de Rome.

Le peuple de Rome était l’objet le plus visible de la propagande : il avait un rôle de figurant dans un spectacle destiné aux élites et aux empereurs274. Dans nous sources, le peuple apparaît davantage comme passif : il reçoit275. Auguste à la fin des guerres civiles acheta les

269 II, 2, 1-5 = 7-010. 270 Voir H.A., Max.Balb., 8, 1-3 = 11-085. Le peuple refusait la nomination de Maxime car il jugeait cet ancien préfet de la ville trop sévère. 271 H.A., Gord., 18, 4-6 = 11-050. 272 RIB 1049 = AE 1947, 130 = 11-053 et RIB 1279 = CIL 7, 1043 = 11-054. 273 Dans les sources, l’action des légions est relatée en termes assez vagues. Voir Zon., XII, 621-622, 16 = 11- 060 ; pour Aur. Vict., 26, 1-7 = 11-063, les deux premiers Gordiens furent faits empereurs par l’armée. 274 La propagande de l’empereur s’exerçait directement sur le peuple de Rome car il était en contact direct avec lui. Le peuple des provinces rencontrait l’empereur lors de ses voyages. Les élites étaient invitées aux grandes manifestations, leur étaient réservées des places de choix. 275 Deux déjeuners de la part de César (AE 1950, 936 = 1-047), de l’argent des mains d’Octavien (Plut., Brut., 22? 1-23, 1 = 1-061), des vivres alors qu’en même temps les soldats reçoivent de l’argent (Tac., An., I, 2, 1-2 = 67 différents corps de l’État avec des monnaies différentes : l’empereur devait s’adapter et prévoir les besoins ou désirs de chacun276. Mis à part la fois où Vespasien guérit deux personnes sortant de la foule277 le peuple n’est mentionné que comme une masse indistincte. Elle est une matière qui se travaille et le résultat final est homogène. Se travail se fait aussi par le biais du discours278.

Il pouvait se montrer en fervent défenseur de la liberté : le peuple de Rome regrettait Brutus, mécontent qu’Antoine s’arroge les droits d’un monarque279. Suite au suicide de Néron, il porta des bonnets d’affranchissement280.

Il pouvait aussi être l’acteur d’un présage281. Le peuple ne fut jamais l’auteur à part entière d’une élection à l’empire : Gordien III fut proclamé empereur par le peuple suite à l’instigation des armées282. Depuis longtemps, le peuple n’avait plus aucun pouvoir, même formel : César, après la bataille de Munda, conféra les magistratures qui auparavant l’étaient par le peuple283.

1-131 sous le règne d’Auguste). 276 Tac., An., I, 2, 1-2 = 1-131. 277 Tac., H., IV, 81, 1-82, 3 = 3-131. 278 En mars 44, Octave arriva à Rome où Cannutius avait déjà préparé le peuple en sa faveur, puis il fit un discours et accusa Antoine, puis demanda au peuple de le choisir comme chef d’état et de faire connaître cette décision au reste du monde (D.C., XLV, 12, 1-13, 5 = 1-098). 279 Plut., Brut., 21, 1-4 = 1-013. 280 Aur., Vict. (-Ps.), Caes., 5, 5-9 = 3-005 ; Suet., Ner., 57 = 3-006 ; Zon., XI, 570-571, 13 = 3-024. 281 Tac., H., IV, 81, 1-82, 3 = 3-131 ; D.C., LXXV, 4, 1-5, 3 = 7-065 ; peut-être aussi chez l’H.A., Alex., 60, 3-61, 1 = 11-011. 282 H.A., Maxim., 19, 1-20, 3 = 11-081 ; Max.Balb., 3, 3-5 = 11-084 ; 8, 1-3 = 11-085. 283 Eutr., VI, 25 = 1-040. 68 Troisième partie : La guerre civile, le moment de l’affirmation de la légitimité de l’empereur

69 I. La place et le rôle des armées dans les guerres civiles

A. Le rôle de l’armée dans la définition de la guerre civile

« En effet, écrit [Appien d’Alexandrie], jamais d'armées romaines aussi nombreuses, de ce genre, formées d'hommes non enrôlés selon une levée des citoyens mais choisis parmi les meilleurs, non pas inexpérimentés en matière de guerre mais pratiquant le métier depuis longtemps, qui combattaient entre eux au lieu de combattre les peuples barbares ou d'autre origine ne s'étaient rencontrées. Bien plus. Ils parlaient la même langue, connaissaient la même technique militaire, avaient suivi le même entraînement, et étaient pratiquement de force égale, il était difficile que les uns gagnent sur les autres. Jamais personne ne mit en évidence, pendant une guerre, une aussi grande concentration et un aussi grand courage, car en effet des concitoyens combattaient entre eux, ils étaient liés par des parentés et avaient aussi été camarades.284 » Pour les historiens de l’Antiquité, les guerres civiles étaient essentiellement un fait militaire : l’aspect moral, idéologique ne venait qu’après, il en était une conséquence. Cette définition résume assez bien tous les aspects des guerres civiles et l'élément qui en est le plus important : les armées. Mais elle souligne aussi ses problématiques. Cette définition est la seule à être aussi complète. Nous devons tenir compte du fait qu’elle traite des guerres civiles de la fin de la république et qu’elle a été élaborée par un historien du IIe siècle. La guerre civile est dévastatrice car les forces sont à peu près égales. Elle est destructrice de l’élément de base de la société romaine, la cellule familiale. Et les militaires différaient des soldats citoyens traditionnels de par leur recrutement : l’expérience était exigée.

284 B.C., IV, 137 = 1-058 70 La guerre civile avait un caractère ambigu : condamnée par l’historiographie comme impie, révélatrice et à la fois génératrice des vices humains, elle produisit aussi des exemples de vertus285. Cette constatation, qui pourrait sembler paradoxale, s’étendait aussi au pouvoir impérial. Le contexte de guerre civile faisait surgir les défauts d’un empereur (Vitellius était un sanguinaire, un nouveau Néron286), tandis que Vespasien ne fut jamais critiqué pour avoir tué des Romains : il régna par la suite, fut accepté et passa du stade d’usurpateur à celui d’empereur. La guerre civile renforçait le pouvoir qui lui résistait et installait celui qui gagnait par elle, elle éliminait celui qui était trop faible.

B. Le rôle effectif des armées dans l’obtention du pouvoir impérial

Les armées avaient un rôle capital dans les guerres civiles ; elles étaient présentées par les historiens comme prenant de plus en plus d’importance dans le choix des empereurs, elles avaient l’initiative du déclenchement de la guerre civile en supprimant l’empereur régnant ou en déclarant nulle sa légitimité. La réalité était plus complexe. Comme nous l’avons esquissé dans le chapitre précédent, l’élément militaire n’étaient pas l’unique dispensateur du pouvoir impérial. Des liens se tissaient entre les membres de l’aristocratie, des « partis » se constituaient. Les armées représentaient une force politique dans la mesure où elles étaient coalisées par des personnages importants. Tous les futurs empereurs exerçaient une magistrature ou une charge qui mettait des armées à leur disposition au moment où ils étaient acclamés, mis à part les successeurs désignés par leurs pères (adoptifs) auxquels était donnée une formation militaire parfois symbolique287 et certains cas particuliers. Maxime et Balbin avaient revêtu des fonctions militaires : les uigintiuiri étaient chargés de défendre les régions d’Italie288. Quoiqu’il en soit, ils furent les deux seuls empereurs appartenant à une nouvelle dynastie à ne pas se servir de l’intimidation militaire pour régner. Quant aux usurpateurs à partir du règne d’Élagabal, nous devons affronter les lacunes chroniques des sources : nous 285 Tac., H., I, 2, 1-3, 2. 286 Eutr., VII, 18, 1-19, 1 = 3-143 ; Tac., H., II, 87, 1-5 = 3-144 et II, 95, 1-5 = 3-145. 287 Marc Aurèle manquait de formation théorique (H.A., Marc., 2-6). 288 H.A., Gord., 10, 1-2 = 11-069. 71 n’avons aucun renseignements sur les carrières de Taurinus, Ovinius Camillus, Titus, Sabinianus, Iotapianus, Pacatianus, Silbannacus, Sponsianus, Uranius Antoninus, Marcus, Cyriades, Mareades, Celsus, Antoninus, Septimius (ou Septiminus), Urbanus et Proculus289. Mais toutes ses usurpations eurent lieu dans des régions au contact avec les Barbares et furent organisées par des personnes ayant mené une carrière militaire, même si au moment de l’usurpation ils n’étaient plus en charge. Nous avons procédé à un relevé des fonctions et magistratures remplies par les empereurs et les usurpateurs au moment où ils entrèrent dans la guerre civile : tous mis à part ces exceptions, dues en réalité au manque de renseignement, exerçaient des fonctions militaires.

289 Taurinus : Pol. Silv., 1, 30-31 = 9-012; son usurpation eut lieu sur l’Euphrate (Aur. Vict. (-Ps.), 24, 1-5 = 10- 001. Ovinius Camillus tenta d’usurper le pouvoir à Rome (H.A., Alex.Sev., 48, 1-5 = 10-003) mais cette affirmation de même que le récit lui-même semblent suspects. Il n’est mentionné par aucune autre source. Titus et Quartinus (Hdn., VII, I, 9-10 = 11-044 ; H.A., Maxim., 11, 1-4 = 11-045) semblent en réalité être une seule et même personne ; un certain Titus Quartinus, consulaire au commandement des archers osroéniens. Sabinianus (H.A., Gord., 23, 4 = 12-001) se révolta en Afrique. Iotapianus fut acclamé empereur en Orient par les troupes (Zos., I, 20, 2 = 13-003, Pol. Silv., 1, 37-38 = 13-004). Ses monnaies proviennent d’un atelier non déterminé en Orient (RIC 1, 2a-c = 13-005 à 13-008) selon le R.I.C. Pacatianus n’est connu que par des monnaies frappées à Viminacum (RIC 1 et 3 = 13-010, 13-011), une des monnaies à l’effigie de Silbannacus est réputée venir de Lorraine (RIC 1 = 13-014, voir aussi B.M. = 13-015). Les monnaies de Sponsianus sont d’origine inconnue (RIC 2 = 13-016). Uranius (Pol. Silv., 1, 30-31 = 9-012) mentionné sous le règne d’Élagabal est sûrement la même personne qu’Uranius mentionné par Sync., 674 = 10-004 sous le règne d’Alexandre Sévère. Voir aussi Pol. Silv., I, 30-31 = 9-012 . Les monnaies le mentionnent sous le nom d’Imperator Caesar Marcus Antoninus Augustus. Elles sont frappées à Tyr en Phénicie (BMC 396-403, 412 = 9-002 à 9-010). Un autre Uranius usurpa le pouvoir sous le règne de Volusien, ont été retrouvées des monnaies frappées à Émèse (RIC 1, 2, 8, 9, = 15-001 à 15-004). Il ne s’agit pas du même personnage, rien ne nous laisse penser qu’ils aient été parents mis à part un gentilice commun. Marcus est qualifié de « philosophe » (Zon., XII, 18 = 13-009), il fut choisi par le Sénat. Cyriades et Mareades s’allièrent avec les Perses (H.A., Tyr., 1, 1-3 = 15-025 ; Amm., XXIII, 5, 3 = 15-026 ; Mal., XII, O 390 (éd. Dindorf p. 295-296) = 15-027). Il s’agissait plus d’une trahison que d’une guerre civile. Le nom des deux personnages, sans doute le père et le fils, ne laisse pas supposer une origine romaine. Néanmoins, ces « personnage[s] bien né[s] » étaient sans doute membres de l’ordre sénatorial. Celsus (H.A., Tyr., 29, 1-2 = 16- 051) était un « un ancien tribun qui, installé en Afrique, vivait en simple particulier sur ses terres ». Antoninus fait partie des « beaucoup d’autres » qui se dressèrent contre Gallien (Zos., I, 38, 1-2 = 16-002). Septimius était peut-être un de ces « quelques sénateurs [qui] furent accusés d'avoir formé une conjuration contre l'empereur et punis de mort » (Zos., I, 49, 2 = 18-016 ; voir aussi Aur. Vict. (-Ps.), 35, 3-4 = 18-014 selon lequel Septimius aurait été proclamé empereur en Dalmatie. Urbanus est uniquement cité par Zos., I, 49, 2 = 18-016. Par ailleurs, Zosime rapporte qu’il ne fit qu’un projet de révolte. Quant à Proculus, il exerça des « postes militaires élevés » (H.A., Tyr., 13, 1-4) mais il fut acclamé empereur par le peuple de Lyonnaise. 72 1. Tableau : le rôle des armées et des magistratures dans l’acclamation des imperatores et des usurpateurs

acclamation fonction Nom Jules César Acclamations impératoriales Dictateur, consul, honneurs Octave-Auguste Acclamations impératoriales. Triumvir rei publicae constituendae, Séances du 13 et du 16 adopté par Jules César, vainqueur janvier 27 au Sénat. des guerres civiles. Tibère Tac., An., I, 7, 2 : « Sex. Dès la mort d’Auguste il agit en Pompeius et S. Apuleius vertu de la puissance tribunicienne consules primi in uerba qu’il lui avait conférée ((Tac., An., I, Tiberii Caesaris iurauere, 7, 2). apudque eos Seius Strabo et C. Turranius, ille praetoriarum cohortium praefectus, hic annonae, mox senatus milesque et populus. » Caligula Il accompagna son père Germanicus dans ses expéditions. Tibère le fait venir à Capri (Suet., Cal., 10). Claude Acclamé par les prétoriens Il commença sa carrière sous puis par le Sénat (Suet., Caligula (Suet., Claud., 7). Claud., 10). L. Arruntius Camillus Annius Vinicianus le sollicite Légat de Dalmatie sous Claude Scribonianus (D.C., LX, 15, 2). (Suet., Claud., 13 ; D.C., LX, 15, 2 ; Suet., Otho., 1 ; Tac., An., XV, 52 ; Pline, Ep., III, 16, 7 (en Illyrie) ; Epit., 4, 4). Néron Suet., Ner., 8 : « Prope Brillante carrière, adopté par Claude Palati gradibus imperator (Suet., Ner., 7). consalutatus lectica in castra et inde raptim appellatis militibus in curiam delatus est et discessitque iam uesperi, ex immensis, quibus cumulabatur, honoribus tantum « patris patriae » nomine recusato propter aetatem. » C. Nymphidianus préfet du prétoire avec Tigellin. 73 Sabinus Il persuada les soldats d’acclamer Galba (Plut., Galb., 2, 1-2). Tac., H., I, 5, 1-2 : « imperium sibi molientis agitatur ». Vindex Il n’a jamais été acclamé Légat propréteur de Gaule imperator. Lyonnaise sous le règne de Néron (Suet., Ner., 40, 1 ; Plut., Galb., 4 ; D.C., LXIII, 22, 12 ; Tac., H., I, 16, 2 (cum inermi prouincia). L. Clodius Macer On ne sait pas s’il a été Légat en Afrique (Tac., H., 4, 49 ; empereur Suet., Galb., 11). Plut., Galb., 6 : « Clodius, compromis autrefois dans des affaires de pillage et de meurtre, ne pouvait évidemment, à cause de sa cruauté et de son avidité, ni garder l’empire, s’il le prenait, ni l’abandonner ; et Verginius, placé à la tête des légions les plus fortes, qui souvent le proclamaient Empereur contre son gré, affirmait que lui- même n’accepterait pas le gouvernement et ne le laisserait pas remettre à un autre prétendant que le Sénat n’aurait pas choisi. ») Verginius Rufus Légions ? Plut., Galb., 6 Sabinus ? Chef des Lingons Galba Nymphidius Sabinus Gouverneur de l’Espagne persuade les soldats Tarraconnaise d’acclamer Galba du vivant de Néron (Plut., Galb., 2, 1- 2). Eutr., VII, 16 : « ab Hispanis et Gallis imperator electus, mox ab universo exercitu libenter acceptus ». Othon acclamé par les prétoriens Gouverneur de Lusitanie sous Néron (Tac., H., I, 36, 1) (PIR1 S 109) Vitellius salué le 2 janvier par Valens Galba le nomme à la tête des légions et le 3 par l’armée de de Germanie inférieure Germanie à Cologne (PIR1 V 499) Vespasien acclamé par l’armée d’Orient Envoyé par Néron pour terminer la et par le préfet d’Égypte Ti. guerre des Juifs. Iulius Alexander, l’armée de Judée lui prête serment (Suet., Vesp., 6, 3 ; Tac., H., 2, 74, 79-81 ; Ios., Bell. prooem. 23 ; 4, 616-618 ; 5, 74 46 ; D.C., LXV, 8, 4). Titus Fils de Vespasien. Dès son avènement il lui sert d’auxiliaire (Suet., Tit., 6, 1). Deux patriciens Suet., Tit., 9, 2 : « Duos patricii generis conuinctos in adfectatione imperii… » Domitien Fils de Vespasien. L. Antonius Saturninus Les militaires « superioris Germaniae praeside », légat de Germanie supérieure (Suet., Dom., 6 ; Caes., 11, 9) il se rebella contre Domitien avec deux légions. Nerva Conjurés puis le Sénat. Exilé volontaire sous le règne de A été menacé de mort sous Domitien (PIR2 C 1227). Domitien. Des astrologues pour le calomnier lui avaient prédit l’empire (D.C., LXVII, 15, 5-6). Fait empereur par le préfet du prétoire T. Petronius Secundus et par le cubicularius Parthenius (D.C., LXVIII, 1, 1 ; Eutr., VIII, 1, 1). Trajan Légat de Germanie supérieure. Adopté par Nerva. PIR1 V 0575. Hadrien Proclamé par les légions En 117, gouverneur de Syrie, chef d’Orient le lendemain de la des légions d’Orient. mort de Trajan avec la complicité de Plotine. PIR2 A 0184. Antonin le Pieux De 133 à 136, proconsul d’Asie. Adopté par Hadrien. PIR2 A 1513. Marc Aurèle Il manquait de formation théorique. Le 25/02/138 Hadrien demande à Antonin le Pieux de l’adopter avec Lucius Verus, il reçut la puissance tribunicienne et l’imperium proconsulaire en 147. César depuis 139. PIR2 A 0697. H.A., Marc., 5, 1- 2. Lucius Verus Adopté par Antonin quand il avait 7 ans. H.A., Marc., 5, 1-2. Avidius Cassius Rector totius Orientis (D.C., LXXI, 3, 1 ; Philostr., v. soph., 2, 1, 13). En 172 il combatit la révolte des Bucoli (D.C., LXXI, 4, H.A., Marc., 21, 2 ; H.A., Avid., 6, 7). 75 En 175, combattit les Sarmates (D.C., LXXI, 17, 22 ; 23-27 ; 29, 1- 2 ; 31, 1 ; H.A., Marc., 15, 6 ; 24, 6- 9 ; 25, 4 et 8 et 11 ; 26, 3 et 1 ; H.A., Avid., 7 sqq., H.A., Albin., 6, 2 ; 10, 9 et 10 ; 12, 10 ; H.A., Alex., 1, 7 ; Caes., 16, 11 ; Amm., XXI, 16, 11 ; D.C., LXXVII, 7, 4. Il se fit préfet du prétoire (H.A., Marc., 25, 4 ; H.A., Avid., 7, 4). Commode selon l’H.A., Avid., 13, 1-4 il Fils de Marc Aurèle. AE 1930, 61 : est nommé co-empereur sur particeps imperii sous le règne de la demande du Sénat Marc Aurèle. Pertinax Conspiration du chambellan Préfet de la Ville (H.A., Pert., 4, 3 ; de Commode et de son préfet Aur. Vict., Caes., 17 ; Caes., 18 ; du prétoire (Zon., XII, 601, Eutr., VIII, 16). Cos II ordinaire 6 ; Hdn., II, 1, 3-4 et II, 2, 1- avec Commode en 192 (P. Berol. 5 ; D.C., LXXIII , 1, 1-5 ; 6866 B). Caes., 18, 1). Il se rendit directement au camp puis fut nommé empereur par le Sénat.

P. Helvius Pertinax César le 1er janvier 193 (fils de filius Pertinax). Appelé César sur une monnaie et une inscription. Didius Julianus Protégé de Marc Aurèle et de sa mère. En 192 il était proconsul d’Afrique. Les prétoriens lui vendirent l’empire aux enchères (Zos., I, 7, 1-I, 8, 2 ; Hdn., II, 6, 4- 12 ; Zos., I, 7, 2-3 ; H.A., Did., 2, 4- 7 ; D.C., LXXIII, 11, 1-12, 5 ; Zon., XII, 603, 7 et XII, 603, 7). Pescennius Niger Proclamé par les trois légions Gouverneur de Syrie en 191. PIR2 P d’Antioche. 0254. Clodius Albinus Proclamé empereur par les Commode l’envoya en Bretagne, il légions de Bretagne. commandait trois légions (H.A., Albin., 13, 4 ; Aur. Vict., Caes., 20, 9 ; D.C., LXXIII, 14, 3 ; Hdn., 2, 15, 1). En 193, Septime Sévère le fit César. Septime Sévère Proclamé empereur par les Légat de Pannonie (D.C., 73, 14 ; légions. Hdn., II, 9, 2 ; H.A., Sev., 4, 2). Il commandait trois légions (D.C., LXXIII, 14, 3) Caracalla Fils de Septime Sévère Geta Fils de Septime Sévère 76 Macrin Préfet du prétoire sous Caracalla (H.A., Carac., 8, 8 ; D.C., LXXVIII, 4, 1 et 11, 3 ; LXXVIII, 16, 3 ; Hdn., 4, 12, 1 ; H.A., Carac., 6, 6 ; H.A., Macr., 2, 1 ; 4, 7 ; 5, 3 ; Aur. Vict., Caes., 22, 1 ; Eutr., 8, 21. Diadumenianus ? Fils de Macrin Élagabal Acclamé par les soldats à Grand prêtre de Baal à Émèse. PIR1 Émèse après qu’il ait fait V 0184. croire qu’il était le fils de Caracalla (Hdn., V, 3, 9-12). Seleucus ? Légat de la province de Syrie-Coelé (P. Dura, 64 A 6. B 5.9.) Gellius Maximus ? Lieutenant de la IV légion Scythica (D.C., LXXIX, 7, 1-8, 1) Verus ? Commande la III légion Gallica (D.C., LXXIX, 7, 1-8, 1). Monnaies de Tyr, Phénicie (BMC 396-403 et 412). Marcellus Caesar ? = Alexandre Sévère ? (Pol. Silv., I, 30-31) L. Iulius Aurelius ? Il chassa les Perses : il avait un Sulpicius Uranius corps d’armée à sa disposition Antoninus (Sync., 674). Alexandre Sévère Cousin d’Élagabal qui l’adopte en 221. Taurinus ? ? L. Seius Sallustius Peut-être jamais proclamé Il se plaignit du traitement qu’on lui empereur faisait subir au camp des prétoriens (Hdn., VI, 1, 9-10). Ovinius Camillus Il est isolé. H.A., Alex.Sev., 48, 1-5. Maximin Tribun de la IV légion stationnée sur le Rhin sous Alexandre (H.A., Maxim., 5, 5). « praefectus tironibus in limine rhenano milites studio et audacia sibi asdcivit » (Hdn., VI, 8, 2). Titus L’armée. Tribun des Maures que Maximin fit retourner à la condition de simple particulier (H.A., Tyr., 32, 1). Quartinus Les soldats osroéniens (Hdn., Consulaire. VII, 1, 9). Magnus Conjuration du Sénat et des Patricien de rang consulaire. centurions (Hdn., VII, 1, 5-8). Gordien I Les Africains. Proconsul d’Afrique (H.A., Gord., 2, 2-4). Gordien II Légat de son père (H.A., Gord., 7, 2-

77 9, 1). Maxime (Pupien) Sénat Préfet de la ville (H.A., Max.Balb., 5, 10 ; 6, 5 ; 15, 2 ; H.A., Maxim., 20, 1 ; Hdn., VII, 10, 4 et VIII, 8, 4) Fait partie des uigintiuiri en 238 (H.A., Maxim., 32, 3 ; H.A., Gord., 10, 1-2 ; 14, 3-4 ; 22, 1 ; Zos., 1, 14, 2). Balbin Sénat consularis. Il a gouverné « un nombre infini de provinces » (H.A., Max.Balb., 7, 1-3). Gordien III Imposé par l’armée et le Il n’a que treize ans quand il est peuple (Zon., XII, 622, 17 ; proclamé empereur. XII, 622-623, 17 ; XII, 623, 18 ; H.A., Maxim., 19, 1-20, 3 ; H.A., Max.Balb., 1, 1-2 ; 2, 1-8 ; , 3, 3-5 ; 8, 1-3 ; Gord., 22, 1-3 ; Aur. Vict., Caes., 27, 1-28, 1 ; Hdn., VII, 10, 1-9). Sabinianus En Afrique (H.A., Gord., 23, ? 4). Philippe L’armée tue Gordien III puis Préfet du prétoire de Gordien III. le nomme empereur. PIR2 I 0461. Philippe II fils de Philippe. PIR2 I 0462. Iotapianus L’Orient (Zos., I, 20, 2). En ? Cappadoce (Pol.Silv., 1, 37- 38). Pacatianus ? Peut-être par les militaires ? d’après les légendes monétaires concordia militum et fides militum (RIC 1 et 3) Marin Corps de troupe de Mésie et Dux (Zon., XII, 624-625, 19) de Pannonie (Zos., I, 20, 2). Silbannacus Monnaies avec revers à ? caractère militaire (RIC 1, B.M.) Sponsianus Monnaies avec deux togati ? (RIC 2). Marcus Nommé empereur par le ? Sénat (Zon., XII, 18) Dèce Acclamé par les militaires, Envoyé contre les Goths dévastant la prend le pouvoir après le Mésie et la Thrace (Jord., Get., 16, meurtre des Philippes (Oros., 90), envoyé en Illyrie (Aur. Vict., VII, 21, 1 ; Aur. Vict., Caes., Caes., 29, 1). Monnaies représentant 28, 10-11 ; Zos., I, 21, 2-22, la Dacie et l’Illyrie (RIC 2a-b, 3a-b, 2). 5, 101a-f, 103, 104a-b, 105a-d, 12a- 78 b, 16b-c, 17a-b, 18, 20, 21a-b, 22- 26, 112a-f, 113a-d, 117a-e, 118a-c, 119a-b, 124a-d, 35a-c, 36a-b, 39a-b, 40, 41a-b). Iulius Valens ? oncle du Valens qui usurpa le Lucinianus pouvoir sous Gallien (H.A., Tyr., 20 et 31, 8). Lucius Priscus ? Commande la place de Philippopolis (Jord., Get., 18, 103) ? Fils de Trajan Dèce. Hostilianus Nommé empereur par le Fils de Trajan Dèce Sénat (Caes., 30, 1-31, 2) Trébonien Galle Proclamé par l’armée puis Gouverneur de la Mésie. PIR1 V par le Sénat 0403. Aemilius Après lui avoir été donné par Acclamé empereur par les soldats les armées, l’empire lui est alors qu’il combattait les Goths donné par le Sénat (Zon., XII, (Zos., I, 28, 1-2 ; Zon., Aur. Vict., 628-629, 22). Caes., 31, 1). Commandant des troupes de Pannonie (Zos., I, 28, 1-3). Préfet de la légion de Mésie (Zon., XII, 628, 21). Désigné par son père. Fils de Trébonien Galle. L. Iulius Aurelius Une monnaie porte la ? Sulpicius Uranius Victoria Augusti au revers Antoninus (RIC 9). Valérien Comme Aemilianus avait fait défection, il fut envoyé pour conduire les armées des Gaules et des Germanies en Italie (Zos., I, 28, 3). Cyriades Il a fait alliance avec les Perses (H.A., Tyr., 2, 1-2) Mareades Alliance avec les Perses fils de Cyriades (H.A., Tyr., 2, 1) (H.A., Tyr., XXIII, 5, 3). Gallien Proclamé César après l’avènement de son père puis peu après Auguste (Aur. Vict., Caes., 32, 3). Valérien Junior Fils de Gallien Salonin Fils de Gallien Macrianus Tribun sous Valérien (H.A., Tyr., 12, 10). Fils de Fulvius Macrianus (a rationibus en 259/260) et frère de T. Fulvius Iunius (Zos., II, 24 et H.A., Gall., 2, 7 ; H.A., Tyr., 12, 13 et 13, 13, 3). Macrianus Iunior Fils de Macrianus

79 Quietus Fils cadet de Fulvius Macrianus et frère de T. Fulvius Iunius Macrianus. Proclamé Auguste avec son frère après la capture de Valérien (Zon., XII, 24 ; H.A., Tyr., 12, 12 et 14, 1). Ballista Tue Quietus et s’empare du Praefectus sous Macrien (H.A., trône (H.A., Gall., 3, 2, 4 ; Gall., 3, 2 ; H.A., Tyr., 14, 1 et 18, H.A., Tyr., 15, 4 et 18). 13 ; Zon., XII, 24) Regilianus = Commandement militaire en Illyricum.

Ingenuus Proclamé empereur par les Gouverneur des Pannonies (Aur. légions de Mésie et de Vict., Caes., 33 ; H.A., Tyr., 9, 1). Pannonie. Calpurnius ? Piso Frugi Envoyé par Macrien pour tuer Valens (H.A., Tyr., 21, 1). Valens Prit le pouvoir en Illyricum Proconsul d’Achaïe (H.A., Gall., 2, (H.A., Tyr., 20, 2-3). 2 ; Tyr., 19, 1-3). Macrianus envoie Pison pour l’attaquer pendant que ses troupes le proclament empereur (H.A., Gall., 2, 3 ; H.A., Tyr., 19, 2 et 21, 1 ; Aur. Vict., Epit., 32, 4).

L. Mussius Aemilianus Acclamé par les légions en Préfet d’Égypte signo Aegippius Égypte selon l’Histoire Soutient Macrianus et Quietus auguste. Selon A. Stein, Die puisque leurs monnaies sont Präfekten von Ägypten in der frappées à Alexandrie (H.A., Gall., Römischen Kaiserzeit, Berne, 4, 1 et 5, 6 ; H.A., Tyr., 22, 4 ; A. Francke, p. 145, il a été Aur. Vict., Caes.., 32, 4). empereur peu de temps pour aider Gallien contre Macrien et Quietus. Aureolus Acclamé empereur par les Préfet de toute la cavalerie (Zos., I, armées. 40, 1 et Zon., XII, 24) Commandant des armées d’Illyricum (H.A., Gall., 3, 3 et 5, 6 ; H.A., Tyr., 11, 1) Envoyé garder les cols du nord de l’Italie contre Postumus (H.A., Gall., 4, 6 et 7, 1 ; H.A., Tyr., 11, 3 et Zos., I, 40, 1) à Milan. Commandant des légions de Rhétie (Aur. Vict., Caes., 33, 17). Memor Un Maure envoyé pour acheter des céréales qui se rebella sous Gallien en prenant l’Égypte (Petr. Patr. exc. 80 Vatic. editio Dionis 3, 742 n. 160 Boiss.) Zos., I, 38, 1 Celsus Acclamé sous l’impulsion du proconsul d’Afrique Vibius Passienus et du commandant des troupes de la frontière libyenne Fabius Pomponianus (H.A., Tyr., 29, 1-2). Trebellianus Isaurie « Ipsis Isauris sibi ducem quaerentibus… archipirata » (H.A., Tyr., 26, 2). Saturninus Dux (H.A., Tyr., 23, 1-2). Sénateur, parfait homme de guerre, « extra ordinem quoque legatione Persica functus » (H.A., Tyr., 33, 1- 2). Antoninus Claude II Après avoir assassiné Gallien Tribun servant à Ticinum (Aur. son état-major proclame Vict., Caes., 33, 28 et Zon., XII, 26). Claude II empereur. Quintille accord unanime des soldats, proclamé Auguste après la mort de son frère Claude (Eutr., IX, 12, 13-1). Aurélien Commandant de la cavalerie sous Claude (H.A., Aur., 18, 1). Comptable (Eutr., IX, 14). Faustinus Acclamé empereur à Trèves (Pol. Silv., I, 48-49). Septiminus = Zos., I, 49, 2. Septimius En Dalmatie (Caes., 35, 3). Urbanus Zos., I, 49, 2. Domitianus général d’Aureolus (H.A., Gall., 2, 5-6 ; H.A., Tyr., 12, 13-14). Firmus À cette époque il y avait trois Firmus : un préfet, d’Égypte, un commandant des troupes stationnées sur la frontière d’Afrique et de la proconsulaire ami et allié de Zénobie (H.A., Tyr., 3, 1). Il s’empare de l’Égypte (H.A., Quadr., 2, 1). Tacite Proclamé empereur par le « Princeps senatus et primae Sénat (H.A., Tac., 3-7 ; H.A., sententiae consularis » (H.A., Aur., Aur., 41, 15 ; H.A., Tac., 13, 41, 4 et H.A., Tac., 4, 1 ; 4, 3). « E

81 5 ; Caes., 36, 1 ; Aur. Vict., consularibus uir » ( Aur. Vict., Caes., 36, 1). Caes., 36, 1). Florien Proclamé empereur par le Préfet du prétoire de Tacite envoyé Sénat (Zon., XII, 637, 29). contre les Goths en Asie (Zos., I, 63 ; Zon., XII, 28), Proclamé empereur après la mort de Tacite (Zos., I, 64 ; Zon., XII, 29 ; H.A., Prob., 10, 1-8 ; 11, 3). Probus Acclamé en Orient par les Commandant en chef des armées soldats (Zon., XII, 637, 29). d’Orient, proclamé après la mort de Tacite. Saturninus H.A., Firmus, 7, 2 : commandant militaire de l’Est sous Aurélien. Bonosus Sur le Rhin H.A., Quadr., 14, 1 : « militauit primum inter ordinarios, deinde inter equites ; duxit ordines, tribunatus egit, dux limitis Retici fuit. » Proculus Notable d’Albenga, Alpes Maritimes (H.A., Quadr.,12, 1) Se dit descendre des Francs(H.A., Quadr., 13, 1 ) Proclamé empereur à Cologne sous Probus (H.A., Prob., 18, 5) Proclamé empereur par le peuple de Lyonnaise (H.A., Quadr., 13, 1).

Herenianus Fils de Proculus (H.A., Quadr., 12, 4). Carus Défense de l’Occident confiée par Probus. Préfet du prétoire sous Probus (H.A., Car., 5, 4). PIR2 A 1475. Carin Fils de Carus Proclamé César par son père en 282 (PIR2 A 1473). M. Aurelius Julianus Proclamé par les troupes en Préfet du prétoire (Zos., I, 73, 1-3). (Sabinus Iulianus) Italie après la mort de Monnaies (Cohen, 6(2), 410 sq. Numérien (Zos., I, 73, 3). Numérien Fils de Carus, proclamé César par son père en 282. Dioclétien Proclamé empereur par ses Commandant des protectores troupes Chef de l’armée des Mésies (Zon., XII, 640, 31) PIR2 A 1627

82 Tous les empereurs étaient nommés par les armées et cette nomination confirmée par le Sénat, mis à part les usurpateurs d’envergure provinciale. L’appui de certaines personnes importantes et de forces militaires était obligatoire pour recueillir les suffrages du Sénat. Le Sénat était sollicité pour répondre à une crise : Pupien et Balbin, Tacite furent nommés de la sorte. Dans le cas des premiers, il s’agissait de choisir deux hommes compétents capables de prendre en charge l’empire. Un seul ne suffisait pas étant donné la gravité de la situation et l’étendue du territoire à gouverner. Tacite fut nommé après l’interrègne suivant la mort d’Aurélien290.

2. Le rôle du serment dans la constitution des armées

Les armées et leurs chefs étaient étroitement liés par le biais du sacramentum. Le serment des armées faisait pendant à la reconnaissance de l’empereur par le Sénat : il était obligatoire, sans lui les armées n’avaient aucune obligation vis-à-vis de lui. Il avait lieu probablement au début du règne de chaque empereur, pour célébrer les événements importants demandant une confirmation de sa légitimité puis chaque année291. Avant la bataille d’Actium, les armées prêtèrent serment à Antoine et à Auguste292 : deux camps encore plus solides étaient constitués. Le serment était probablement fait sur une requête de l’imperator que spontanément.

Les armées représentaient une force que leurs chefs devaient se concilier, la victoire en dépendait. La propagande et les largesses faites aux soldats par les compétiteurs dans le but d’accroître leurs forces militaires avait pour but de renforcer cet élément décisif mais aussi de

290 H.A., Tac., 2, 1. Il aurait duré six mois. A. Chastagnol (Histoire auguste. Les empereurs romains des IIe et IIIe siècles, Paris, R. Lafont, p. 1028) le ramène à deux mois. 291 P. Herrmann, Der römische Kaisereid. Untersuchungen zu seiner Herkunft und Entwicklung, Göttingen, Van den Hoeck, 1968, p. 114 292 D.C., L, 6, 2-6 ; Aug., R.G., 25. 83 légitimer un pouvoir obtenu par des moyens considérés comme illégaux293. Elles sembalient être un outil entre les mains des empereurs : elles avaient un rôle institutionnel. La propagande du vainqueur cache ce presque équilibre des forces. Auguste, dans ses Res gestae, donnait la liste des provinces ayant prêté serment pour lui avant Actium. Il taisait soigneusement tout ce qui concerne ses ennemis jusqu'à leurs noms : Pompée devint un pirate294, Antoine un chef de faction295. La teneur du serment fait au même moment à Marc Antoine nous est rapportée par Dion Cassius296. Parfois, Octavien ne se montra pas très courageux : avant la bataille contre Cassius, son médecin lui conseilla de sortir du camp d'après le rêve prémonitoire qu'il avait fait297. Suétone se fait parfois l’écho de propagandes antagonistes, ainsi dans le récit des batailles contre les Césaricides298. Octavien avait des moyens financiers plus importants qu'Antoine : il pouvait distribuer de l'argent aux personnes qui étaient redevables de son père en échange d'un engagement militaire hérité de César299.

293 « Nous n’avons pas besoin de mentionner les cas d’émeute où l’imperium des consuls fut méconnu soit par la foule, soit même par les soldats. Ce sont des violences particulières qui n’ont rien de commun avec les principes du droit public romain », « Consul », in C. Daremberg, E. Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, t. 1, vol. 2, Graz, Autriche, Akademische Druck-u. Verlagsanstalt, 1969, p. 1461 294 R.G., 25. “Iurauit in mea uerba tota Italie sponte sua et me be[lli] quod uinci ad Actium ducem depoposcit. Iurauerunt in eadem uer[ba proui]nciae Galliae, Hispaniae, Africa, Sicilia, Sardinia. Qui sub [signis meis tum] militauerint fuerunt senatores plures quam DCC, in ii[s qui uel antea uel post]ea consules facti sunt ad eum diem quo scripta su[nt haec LX]X[XIII sacerdo]tes ci[rc]iter CLXX.” Dion Cassius y ajoute l'Illyrie et y retire les habitants de Cyrène et de ses environs. 295 Aug., R.G., 1. 296 D.C., L, 6, 2-6. Antoine s'était assuré le soutient de l'Asie continentale, de la Thrace, de la Grèce, de la Macédoine, de l'Égypte, de Cyrène, des territoires et îles alentours et des rois et potentats sur les bordures de ces régions. 297 Flor., O., II, 17 = 1-179 298 Aug., 10, 1-6 : “Priore Antonius fugisse eum scribit ac sine paludamento equoque post biduum demum apparuisse, sequenti satis constat non modo ducis, sed etiam militis functum munere atque in media dimicatione, aquilifero legionis suae graviter saucio, aquilam umeris subisse diuque portasse.” 299 D.C., XLV, 12, 1-13, 5 = 1-098 ; N. Dam, 131 = 1-099 84 C. Le rôle juridique des armées dans l’attribution du pouvoir impérial

La définition d’Appien fait allusion à la professionalisation de l’armée. Une armée crée de manière illégale – quand il arriva à Rome accompagné de ses légions pour recevoir son premier consulat, Octavien avait dix neuf ans – posait le problème de la légalité de celui qu’elle acclame. Elle posait celui de sa légitimité aux personnes attachées aux traditions. Les soldats ne pouvaient acclamer imperator qu’un magistrat cum imperio (un préteur ou un consul, la dictature et la fonction de maître de cavalerie ont été supprimées par Marc Antoine après la mort de César). Tous les empereurs exerçaient une charge au moment de leur acclamation mais toutes n’étaient pas cum imperio. Pertinax était préfet de la Ville quand il fut choisi par les conjurés. Il est probable que les charges et les honneurs aient comporté l’imperium quant l’Empire était transmis d’un père à un fils.

T. Mommsen pensait que tantôt les armées, tantôt le Sénat pouvaient inviter une personne à exercer l’imperium proconsulaire, c'est-à-dire l’essence même du principat300, le Sénat devait reconnaître l’imperator acclamé par les armées, et vice versa. Plus tard, Blanche Parsi démontra que de Tibère à Vitellius, le dies imperii était imputable au Sénat, par le vote des pouvoirs et titres composant le pouvoir impérial : « la proclamation d’un empereur par les soldats n’a qu’une valeur de fait. En droit, c’est encore le Sénat qui désigne l’empereur et donne l’investiture préalable avant l’investiture des comices ; le dies imperii est le jour du vote sénatorial301 ». Avec Vespasien, pour la première fois le dies imperii devenait le jour de l’acclamation militaire302, significativement après une guerre civile. Plutôt que d’y voir un problème juridique, nous pensons qu’il faut y voir un problème de rapports de force, ce que d’ailleurs, Tacite avait analysé : « Finis Neronis ut laetus primo gaudentium impetu fuerat, ita

300 T. Mommsen, Röm. Staatsrecht3, II, 2, 841 sq. F. Milazzo, Profili costituzionali del ruolo dei militari nella scelta del princeps. Dalla morte du Augusto all’avvento di Vespasiano, Naples, Edizioni Scientifiche Italiane, 1989, p. 10. 301 Parsi (B.), Désignation et investiture de l’empereur romain, Ier et IIe s. ap. J.-C., thèse de doctorat, droit, Paris, 1961, sous la dir. de Dumont (F.), Paris, Sirey, 1963, p. 161 302 ibid., p. 140. 85 uarios motus animorum non modo in urbe apud patres aut populum aut urbanum militem, sed omnis legiones ducesque conciuerat, euulgato imperii arcano posse principem alibi quam Romae fieri303 ». Avant, les prétoriens avaient la prérogative du choix de l’empereur. La guerre civile ne fut qu’un moyen pour lui de récupérer ce qui lui revenait de droit, ou ce qu’il pensait comme tel. La question de l’entrée dans la sphère publique des actes privés (le testament de César) a déjà été posée. Elle se résolvait dans la force militaire, dans les clientèles qui en étaient à la fois la cause et la conséquence. L’avènement de Claude fut perçue comme une crise de succession : en réalité, il était le dernier descendant de la famille des Julio-Claudiens, il avait commencé sa carrière sous son neveu Caligula304, c'est-à-dire qu’il n’avait été pressenti que très tard comme successeur potentiel. Ce dernier n’avait pas d’enfants. L’historiographie antique s’acharna sur cet empereur : Suétone le décrit comme un semi attardé. Parmi toutes ses tares, il avait aussi celle d’avoir été acclamé empereur par les prétoriens, qui plus est alors qu’il se cachait305. Le rôle des prétoriens sous les Julio-Claudiens pouvait s’expliquer par le fait que les prétendants au trône demeuraient à la cour et par conséquent, étaient souvent à Rome. Othon aussi avait fait partie de la cour, sous le règne de Néron, il fut acclamé par les prétoriens306. L’armée avait ce pouvoir dès les débuts du principat. Elle avait un rôle dans la mainmise des personnages importants sur les institutions au moins depuis les consulats de Marius307. Pour les historiens de l’Antiquité, la place et le rôle de l’armée dans la désignation des empereurs s’accrut jusqu’à son point culminant, la crise du IIIe siècle. En réalité, ils semblent plus condamner l’introduction des barbares dans le jeu politique romain. « Romanum statum quasi abrupto praecipitauere, immissique in imperium promiscue boni malique, nobiles atque ignobiles, ac barbariae multi308. » L’entrée des barbares était d’une part, la suite logique de la politique d’intégration romaine 309, d’autre part, une conséquence des invasions barbares sur les frontières. À l’œil du lecteur moderne,

303 H., I, 4, 2 = 3-268. 304 Il fut consul sous le règne de Caligula (Suet., Claud., 7). Auguste le jugeait incapable d’accéder au cursus honorum (Suet., Claud., 4). Tibère ne lui donna aucune charge effective (id., Claud., 5). 305 Aur. Vict., Caes., 3, 16 ; Suet., Claud., 10 ; Jos., B.J., II, 204-217. 306 Tac., H., I, 36, 1 = 3-194. 307 Il exerça six consulats successifs. Après la guerre contre Jugurtha (107) il célébra le triomphe le jour de son entrée en charge consulaire, siégea au Sénat en tenue triomphale. Suite à cela il fut élu consul jusqu’en 100. 308 Aur. Vict., Caes., 24, 8-25, 2 = 11-007 309 En 212, Carcalla promulga un édit conférant la citoyenneté Romaine à tous les habitants de l’Empire. Avant, elle était donnée aux auxiliaires, à la fin de leur service. 86 l’évolution du pouvoir impérial face à la guerre civile est due, en partie, à l’abandon de la guerre civile en tant que thème littéraire310 : il n’était pas favorisé par la nature des ouvrages (abrégés et épitomès) transmettant les guerres civiles d’après les Sévères. Mais si l’on compare les guerres civiles de la fin de la république et celles par exemple, précédant l’installation de la dynastie des Sévères ou Élagabal, on s’aperçoit que seules les premières correspondent parfaitement à ce que Paul Jal définit comme la guerre civile en tant que thème littéraire. Il est vrai que Dion Cassius était un contemporain de Sévère, un personnage important, et qu’il n’aurait pas été bon pour lui de rappeler les impiétés de l’empereur. Cela n’explique pas tout. Dion Cassius consacra beaucoup plus de place aux guerres civiles de la fin de la Républiques qu’à celles qui lui étaient contemporaines311 : ce qui est juste car elles avaient été beaucoup plus longues mais elles faisaient l’objet d’attentives recherches par les historiens postérieurs. Les présages, mêmes s’ils sont moins nombreux, ne disparaissent pas : la guerre civile avait toujours une forte connotation religieuse. Leur mention disparaît avec la fin de l’Histoire auguste et celle de l’Histoire romaine d’Hérodien. Ils n’étaient probablement pas jugés suffisament significatifs pour figurer dans un abrégé ou dans un épitomé.

310 En tant que thème littéraire défini par Paul Jal. Il choisit d’exclure de son étude, La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, PUF, 1963, p. 14 les guerres civiles de 68-69 car elles apparaissent plus comme des luttes entre civils armés qu'entre militaires de profession. Les guerres civiles de la fin de la république mettaient en jeu la conscience de chaque citoyen et le régime politique, cela était en partie vrai en 68, mais en partie faux aussi : il ne s'agissait plus que de changer d'empereur, l’empereur était choisi par les troupes et le peuple ne pouvait que rester indifférent. De fait, une partie de ce qui compose le thème littéraire des guerres civiles, le topos de la perte de la libertas, est absent des textes. La libertas, valeur républicaine, des monnaies était une manière de se concilier le Sénat. Tac., Agr., 3 écrit à propos de Trajan « Nunc demum redit animus ; sed quamquam primo statim beatissimi saeculi ortu Nerva Caesar res olim dissociabilis miscuerit, principatum ac libertatem, augeatque cotidie felicitatem temporum Nerva Traianus, nec spem modo ac notum securitas publica, sed ipsius uoti fiduciam ac robur adsumpserit, natura tamen infirmitatis humanae tardiora sunt remedia quam mala; et ut corpora nostra lente augescunt, cito extinguuntur, sic ingenia studiaque oppresseris facilius quam reuocaueris : subit quippe etiam ipsius inertiae dulcedo, et invisa primo desidia postremo amatu. » La libertas, la felicitas temporum et la securitas publica font penser à des revers monétaires. 311 Les guerres civiles de la fin de la Républiques sont étudiées par Dion Cassius des livres XLI (quand César franchit le Rubicon) à LIII (bataille d’Actium et installation du pouvoir d’Auguste). Le règne de Pertinax est rapporté dans le livre LXXIV, les débuts du règne de Septime Sévère dans le livre LXXVI. 87 II. Les qualités de l’empereur

A. Les qualités politiques de l’empereur

1. Les communications de l’empereur au cours de la guerre civile : entre programme politique et propagande

Par propagande, nous entendons tous les moyens mis en œuvre par une ou plusieurs personnes en vue de se gagner l’adhésion d’un public toujours plus grand, en jouant sur la psychologie collective et sur le comportement des masses. Elle sous entend des moyens de communications efficaces, comme la numismatique ou le discours, qui était transmis par le bouche à oreille312, l’épigraphie313… Les monnaies représentant parfois les armées, le peuple314 et le Sénat les impliquaient davantage dans la vie politique. Les thèmes et les moyens de la propagande étaient divers, selon qu’ils avaient des cibles différentes : aux soldats, on distribuait toujours de l’argent315, au peuple, des vivres et de l’argent, aux élites, des charges et des faveurs316. La propagande plaçait chaque corps de l’empire où devait être sa

312 Les offres d’argent se transmettaient par le bouche à oreille. Octavien, prévoyant les hostilités à venir contre Antoine, se rendit en Campanie, là où était stationnée la septième légion, et « quand cette colonie militaire se serait déclarée en sa faveur, beaucoup d'autres se seraient réunies » (N.Dam., Aug., 131 = 1-099). 313 Plin., Epist., VI, 10, 1-4 = 3-009. 314 Les monnaies représentant les congiaires par exemples, ne sont pas présentes dans le corpus. 315 À l’époque de César, on distribuait toujours des terres aux soldats, car ceux-ci en demandaient, sans doute prévalait encore l’idée du citoyen-soldat (Plut., Brut., 21, 1-4 = 1-013). L’argent était distribué avant la bataille, pour les convaincre de s’engager. Dion Cassius, XLV, 12, 1-13, 5 = 1-098 décrit une course aux distributions d’argent, une sorte de guerre entre les deux prétendus héritiers de César, Octavien et Antoine. Apparemment, les colonies paternelles ne fournissaient pas des partisans acquis : César se rendit en Campanie avec de l’argent. 316 Plut., Caes., 20, 1-3 = 1-010 écrivait que durant son séjour dans les environs du Rubicon, César « travaillait à se rendre populaire ». Il paya les dettes de certaines personnes ou leur donna de l’argent afin qu’ils puissent vivre selon leur rang (Plut., Caes., 29, 1-7 = 1-011 ; Suet., Caes., 27, 3 = 1-012). 88 place : l’empereur avait besoin d’une armée fidèle et disciplinée, d’un peuple docile et d’élites complaisantes. Dans le cas des légions, une sédition était très risquée : les legions devaient revenir sur leur serment, ce qui, en théorie, était impossible317. Le serment des armées faisait pendant à la reconnaissance de l’empereur par le Sénat : il était obligatoire, sans lui les armées n’avaient aucune obligation vis-à-vis de lui. Il serait faux de dire que le Sénat n’était pas une force réelle : nous avons esquissé, dans le chapitre précédent, une étude du rôle et des rapports entre les sénateurs – et les élites en général, appartenant plus ou moins à la cour318 – dans les complots contre le pouvoir impérial. Mais son rôle était tributaire de celui de l’armée et vice versa. Les deux étaient inséparables. La propagande impériale s'appuyait sur la force militaire, la constitution de clientèles avait pour but de constituer des armées. La propagande du vainqueur cache un presque équilibre des forces. Auguste, dans ses Res gestae, donnait la liste des provinces ayant prêté serment pour lui avant Actium. Il taisait soigneusement tout ce qui concerne ses ennemis jusqu'à leurs noms : Pompée devint un pirate319, Antoine un chef de faction320. La teneur du serment fait au même moment à Marc Antoine nous est rapportée par Dion Cassius321. Parfois, Octavien ne se montra pas très courageux : avant la bataille contre Cassius, son médecin lui conseilla de sortir du camp d'après le rêve prémonitoire qu'il avait fait322. Suétone se fait parfois l’écho de propagandes antagonistes, ainsi dans le récit des batailles contre les Césaricides323. Octavien avait des moyens financiers plus importants

317 Oros., VII, 6-7 = 2-004. 318 En réalité, ces remarques ont abouti à une problématique quant à la définition de la cour. Les personnes ayant accès à l’empereur et pouvant agir sur le pouvoir impérial semblent nombreuses, les sources ne s’attardent pas sur une étude de leurs fonctions et de leurs rapports exacts. 319 R.G., 25. “Iurauit in mea uerba tota Italie sponte sua et me be[lli] quod uinci ad Actium ducem depoposcit. Iurauerunt in eadem uer[ba proui]nciae Galliae, Hispaniae, Africa, Sicilia, Sardinia. Qui sub [signis meis tum] militauerint fuerunt senatores plures quam DCC, in ii[s qui uel antea uel post]ea consules facti sunt ad eum diem quo scripta su[nt haec LX]X[XIII sacerdo]tes ci[rc]iter CLXX.” Dion Cassius y ajoute l'Illyrie et y retire les habitants de Cyrène et de ses environs. 320 Aug., R.G., 1. 321 D.C., L, 6, 2-6. Antoine s'était assuré le soutient de l'Asie continentale, de la Thrace, de la Grèce, de la Macédoine, de l'Égypte, de Cyrène, des territoires et îles alentours et des rois et potentats sur les bordures de ces régions. 322 Flor., O., II, 17 = 1-179 323 Aug., 10, 1-6 : “Priore Antonius fugisse eum scribit ac sine paludamento equoque post biduum demum apparuisse, sequenti satis constat non modo ducis, sed etiam militis functum munere atque in media dimicatione, aquilifero legionis suae graviter saucio, aquilam umeris subisse diuque portasse.” 89 qu'Antoine : il pouvait distribuer de l'argent aux personnes qui étaient redevables de son père en échange d'un engagement militaire324.

La numismatique transmet immédiatement le programme politique de l’empereur ; les historiens de l’Antiquité s’en faisaient l’écho tout en le transformant. Une comparaison entre ces deux sources permet de mettre en valeur les modalités de la transmission de la propagande impériale et la manière dont elle était reçue. Tous les ateliers monétaires de l’empire ne frappaient pas les mêmes monnaies : droits et revers étaient différents. L’empereur envoyait probablement des modèles de revers monétaires sur support périssable. L’exécution de la monnaie était déférée aux ateliers provinciaux et de l’Italie. Il est fort probable que l’atelier impérial de Rome ait fait l’objets de plus de contrôles de la part de l’empereur, tant que celui- ci était à Rome325. Ces pratiques permettent aux numismates de distinguer plusieurs styles dans les monnaies, ils permettent, entres autres, de situer le lieu de frappe d’une monnaie sur laquelle les historiens ont des doutes326. Les empereurs tentaient de s’attirer la bienvaillance du Sénat par des revers monétaires d’inspiration républicaine327 : pourquoi l’auraient-ils fait si le Sénat avait vraiment été impuissant ? En effet, le rôle du Sénat est assez difficile à

324 D.C., XLV, 12, 1-13, 5 = 1-098 ; N. Dam., Aug., 31 = 1-099 325 Maximin ne se rendit jamais à Rome, ce qui par ailleurs irrita les membres du Sénat. Il fut tué au siège d’Aquilée alors qu’il se préparait à envahir l’Italie. 326 S. Estiot, « L'empereur Silbannacus : un second Antoninien », RN, 1996, 151, p. 109 explique le fait que le nom de l’usurpateur Silbannacus, présent sur une monnaie unique, avait été originellement Silvannacus voire Silvaniacus, puis avait été transformé en Silbannacus par un bétacisme dû au caractère hâtif de la frappe (les usurpateurs devaient rapidement assoir leur pouvoir en se faisant connaître, car ils étaient conscient du fait que leur pouvoir pouvait être éphémère) et à la transmission orale des consignes de frappes. Le bétacisme était une caractéristique du latin vulgaire. Une importante concentration de noms en –iacus ou –acus se rencontrait dans le milieu des militaires issus de la Gaule Cisalpine (ibid., p. 108). Cette monnaie a été trouvée il y a une quinzaine d’années, en surface, en région parisienne. Elle procède à une compaison entre les monnaies des différents usurpateurs et note qu’elles sont d’une exécution très maladroite (ibid., p. 114). 327 Les monnaies des partisans de Vindex nommaient la libertas populi romani restituta (RIC 24-28 = 3-010 à 3- 014). Le peuple de Rome, après la mort de Néron, se coiffa du bonnet d’affranchissement. Cet acte était tellement en syntonie avec la propagande de Galba et de Vindex que l’on peut se demander s’il avait été guidé ou si au contraire, tout l’empire se dressait d’une seule voix contre la tyrannie (Tac., An., XVI, 35, 1-4 = 3-003 ; Aur. Vict. (-Ps.), Caes., 5, 5-9 = 3-005). Même Élagabal, haï des sénateurs pour ce qu’il leur avait fait subir, fit frapper des monnaies portant la libertas au revers (RIC 105-114, 355-361 = 8-081 à 8-098). 90 déterminer : les sénateurs se lamentaient constament de leur perte d’influence mais d’autre part, leur accord vis-à-vis du nouveau pouvoir impérial était nécessaire.

Le programme polique de l’empereur romain, comme tout programme politique, était plus une manière de se concilier des partisans qu’une réelle déclaration d’intentions. Il se distinguait des frappes célébrant des événements comme par exemple, les vœux faits pour la santé de l’empereur. Le programme politique de l’empereur met en valeur une personnalité. Il le fait dans différentes mesures. Les empereurs « sénatoriaux » comme Galba ou Maxime et Balbin, choisis en réaction à un « tyran » mettent en évidence des thèmes chers au Sénat. Galba mettait en avant la libertas restituta qu’appoque son règne serait censé apporter328, la libertas publica329, ou populi romani330, puis l’empereur s’appropria cette valeur républicaine en faisant frapper des monnaies au revers libertas augusta331 qui devint la libertas Augusti332. En passant du nominatif au génitif, le sens changeait de l’épithète vers la propriété. L’empereur était le seul dispensateur de la libertas, elle lui appartenait. Il en dépouillait ainsi le Sénat. Galba s’éloignait de l’héritage de Vindex. Les monnayages militaires des partisans de Vindex mentionnaient la libertas populi romani restituta333, ou simplement la libertas restituta334.

Un écart de 170 ans rend impossible une comparaison entre les monnaies de Galba et des empereurs Pupien et Balbin. Ils le furent dans un contexte et dans une perspective totalement différente. Á l’époque de Galba, le souvenir de la République était encore vivace, même si personne ne lui avait survécu. Si la république s’éteinît « officiellement335 » avec le principat d’Auguste, dont la date est discutée, elle prit fin réellement bien avant l’instauration du second triumvirat rei publicae constituendae officialisé par la lex Titia du 27 novembre 43 328 RIC 7-9, 37-39 = 3-029 à 3-034 ; RIC 479 et 480 = 3-086 et 3-087. 329 RIC 237 = 3-035 ; RIC 275 = 3-036 ; RIC 68-75 = 3-078 à 3-085 ; RIC 158, 159, 136, 137 = 3-089-3-092. 330 RIC 157 = 3-088. 331 RIC 293-296 ; RIC 309, 310, 318, 327, 328, 346-349, RIC 363-367, 367, RIC 372, 388-391, 422-427 = 3-037 à 3-066. 332 RIC 436-443, 459-461, 333 RIC 24, 25 = 3-010 et 3-011. 334 RIC 26, 27 = 3-012 et 3-013. 335 Entre guillemets car elle ne fut jamais abolie. 91 av. J.-C. Pupien fit frapper une monnaie rappelant son élection par les patres senatus336. Le débat sur la restauration de la République n’était plus à l’ordre du jour depuis longtemps : les deux empereurs devaient rétablir l’ordre dans Rome et éviter une mutinerie des soldats présents, et se porter en Italie du Nord contre Maximin. Nous avons mentionné ces trois empereurs car leur choix était vraiment unique : ils furent choisis en réponse à une tyrannie, mais à deux époques différentes. Leurs monnaies ne sont pas significatives des changements qu’il y eut dans la reprise des thèmes républicains dans la pensée politique : le thème de la libertas ne fut jamais abandonné mais graduellement il se transforma en motif littéraire et cessa d’être un mot d’ordre.

2. La préparation de la succession et le rattachement aux familles impériales précédentes

L’installation d’une nouvelle dynastie était une garantie de paix, en évitant à l’empire de sombrer dans une guerre civile créée par une crise de succession. Le choix du nouvel empereur était basé en partie sur ces critères. La possibilité de la succession était mise en avant en tant qu’argument. Mucien énonçait les raisons qui le poussaient à demander à Vespasien de prendre en charge l’administration de l’Empire : il a été choisi par les dieux pour sauver la république (salutare rei publicae), ses compétiteurs « veulent […] souiller et […] perdre » la République, « la Judée, la Syrie et l'Égypte [lui] assur[aient] neuf légions intactes, que nulle bataille n'a épuisées, nulle mutinerie gâtée, armée aguerrie par l'exercice et victorieuse dans une guerre étrangère », il avait plus d’expérience que les autres prétendants – entre autres, Néron l’avait envoyé en Judée afin qu’il règle le problème de la guerre des Juifs – et, mais cela vient en dernier, sa maison avait « deux jeunes gens dont l'un est déjà capable de gouverner et que ses premières années de service ont rendu illustre dans les armées de Germanie337. » La possibilité de la succession venait après l’élément militaire et idéologique. Elle était une manière d’affermir le régime : Vitellius nomma César son fils âgé de six ans338.

336 RIC 11 = 11-089. 337 Tac., H., II, 76, 1-77, 4 = 3-211. 338 Zon., XI, 573, 16 = 3-234 ; Tac., H., , II, 59, 5-6 = 3-235 ; Mucien le fit mettre à mort par la suite (Tac., H., IV, 80, 1 = 3-236 car il était un seminum belli. 92 Galba voulait démontrer le caractère traditionnel du régime dans la continuité d’Auguste qu’il souhaitait instaurer en adoptant Pison. L’adoption venait par défaut, l’idéal étant républicain339. Galba pouvait faire ce choix, dans le cas de l’existence d’un successeur direct, l’empire lui serait revenu automatiquement. Elle lui permettait aussi d’agrandir sa clientèle : Pison était ami de Rubellius et de Cornelius Laco, ennemi de M. Salvius Othon, et de M. Aquilius Regulus. La succession renforçait un pouvoir faible. Lorsque les légions de Germanie supérieure commencèrent à demander un autre empereur, Galba projeta d’adopter Pison340.

Nous n’avons aucun exemple d’empereur ne désignant pas ses descendants directs comme successeurs. Selon Dion Cassius, Pertinax ne voulait pas nommer son fils César « parce qu'il n'avait pas encore affirmé son pouvoir ou parce qu'il ne voulait pas laisser son épouse qui n'était pas chaste porter le nom d'Augusta, ou permettre à son fils, qui était encore un enfant, d'être atteint par la magnificence et les perspectives contenues dans le titre de César avant qu'il ait reçu une éducation341. » Cependant, il fit frapper des monnaies à son effigie, de même qu’à sa femme342. Dion Cassius présente deux explications différentes appartenant respectivement le calcul politique et l’idéologie dont l’empereur voulait se parer. Pertinax 339 Tac., An., I, 16, 1 = 3-191 et 1, 15, 1-2. Tacite cite (et recompose) le discours de Galba lors de l’adoption de Pison : « Sed Augustus in domo successorem quaesiuit, ego in re publica. » 340 Tac., H., I, 12, 1-2 = 3-189 ; Plut., Galb., 18, 9-19, 1 = 3-190 ; Tac., H., I, 19, 2 = 3-192. L. Calpurnius Piso Frugi Licinianus était originaire d’une très importante famille de l’ordre sénatorial. Sa carrière n’est pas connue jusqu’à son sacerdoce et son adoption sous le règne de Galba. Un des membres de sa famille avait sans doute trempé dans une conspiration contre Néron (Suet., Ner., 36 = 3-103). Il était aussi choisi pour ses relations : il était ami de Rubellius Plautus (Tac., H., I, 14) et de Cornelius Laco, ennemi de M. Salvius Othon (Plut., Galb., 23), de Titus Vinius (Tac., H., I, 34) et de M. Aquilius Regulus (Tac., H., IV, 42 ; Plin., Epist., II, 20, 2). Rubellius Plautius (33 av. J.-C.-62 ap. J.-C.) était un parent de la famille julio-claudienne par sa mère. Cette dernière fut exécutée suite aux intrigues de Messaline qui voyait en lui un rival pour Britannicus. Rubellius Plautus fut tué en 62 par Néron ; puis en 66 ce fut au tour de sa femme et de ses enfants. Cornelius Laco aida Galba à arriver au pouvoir, il le récompensa en le nommant préfet du prétoire, puis il fut tué sur les ordres d’Othon. Titus Vinius fut consul en 69 avec Galba. Il fut tué en même temps que Pison et Galba. M. Aquilius Regulus a été prêtre sous Néron. Il mentionné par Pline pour être un chasseur de testaments (Pline, Epist, II, 20) et un délateur : il avait aidé à la condamnation d’Arulenus Rusticus. Tribun du peuple en 66, Lucius Iunius Arulenus Rusticus fit tout pour empêcher le sénat de voter la condamnation à mort de Paetus Thrasea, comme l'exigeait Néron. Ami de Pline le Jeune et de Tacite, il fut condamné à mort par Domitien en 93. 341 D.C., LXXIII, 7, 1-3 = 7-028. 93 était présenté par les sources comme un empereur du Sénat, choisi à l’unanimité en opposition à Commode. En réalité, son avènement et les suites de son règne laissent davantage penser à un calcul politique.

Tant que vivaient des descendants directs d’un empereur précédent ou d’un usurpateur, l’empereur en place ne pouvait pas être serein. Le fils de Vitellius fut tué par Mucien alors qu’il n’avait que six ans. Pison fut tué en même temps que Galba. Le fils de Pertinax ne fut pas tué : il devint flamine de son père343, puis consul suffect en 212 sous le règne de Caracalla344 : il n’était plus le successeur de Pertinax, c’était Septime Sévère.

Certains ancêtres pouvaient être embarassants : Octavien se servit de l’héritage de César, le revendiqua jusqu’au moment où il ne lui fut plus d’aucune utilité. César avait distribué des terres à ses vétérans : Octavien s’y rendit afin de s’y faire reconnaître. Dès avant que le Sénat reconnaisse son adoption, il usurpa le nom César345. Son adoption signifiait aussi celle d’un programme : « César l'avait adopté comme fils, comme celui qui était le seul à offrir la garantie de conserver l'empire dans son intégrité et l'honneur de la maison346. » Puis,

342 Il ne nous reste qu’une monnaie la représentant (C. 1) frappée à Alexandrie. Elle est en moyens bronze. Au droit, elle représente le buste de l’impératrice à droite accompagnée de la légende TITIANH CEBACTH, au revers, la Victoire marchant à gauche, tenant une grande couronne des deux mains. La légende est L A. Son fils, portant le même nom que l’empereur, est représenté sur la médaille C. 1, présentant le même revers que celle de sa mère, au droit, le buste nu du César drapé, à droite accompagné de la légende KAICAP ΠEPTIN. Il était aussi mentionné en tant que César sur une inscription découverte à Metz que nous ne sommes pas arrivés à trouver (Henry Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l'Empire Romain, Paris, 1883, t. III, page 397). Ces monnaies ont été frappées de l’initiative des ateliers locaux, non de l’empereur. Il était honoré en Égypte les jours de fête avec ses parents (BGU 2, 646), voir PIR H 74. 343 H.A., Pert., 15, 3. 344 H.A., Carac., 4, 8. Mais il fut tué sous le règne du même empereur, peut-être parce qu’il avait été ami de Geta (H.A., Carac., 4, 8-9t Get., 6, 7-8 ; Hdn., IV, 6, 3). 345 Zon., X, 499, 15 = 1-059 ; Plut., Brut., 22, 1-23, 1 = 1-061 dit que cela a été fait pour « commencer à capter la faveur du peuple », App., B.C., III, 11 = 1-064. 346 N. Dam., Aug., 30, 120 = 1-062, Vell., II, 60, 1-2 = 1-063, 94 plus aucune allusion fut faite à César : dans un document si important que ses Res Gestae, Auguste ne le désignait pas par son nom mais par la périphrase parentem meum347.

Le rattachement à une dynastie précédente avait pour but de se légitimer en se faisant passer comme le descendant direct de l’empereur et à se couler dans sa lignée politique. Septime Sévère fut appelé Pertinax par les soldats, comme si cela était une marque d’honneur348, alors que Pertinax fut tué par les militaires349. Ce n’était pas une adoption postume : Imperator Caesar Lucius Septimius Severus Pertinax Augustus prit le cognomen de Pertinax (et non le gentilice comme lors d’une adoption régulière). Il resta un cognomen dans sa titulature. Les soldats l’avaient appelé Pertinax et Auguste : les deux surnoms étaient sur le même plan, Pertinax était une sorte de mot d’ordre, les soldats avaient combattu pour le venger350. Le praenomen est Imperator, le nomen Caesar, les cognomina Septimius Severus Pertinax. Il garda son ancien praenomen Lucius, placé après le gentilice : la situation était extraordinaire et créait une titulature inhabituelle dans l’épigraphie351. Puis, il se rattacha à la famille de Marc Aurèle : La mention « frère du divin Commode » apparaît au plus tôt en 195352. S’il était fils de Marc Aurèle, un bon empereur, il était aussi frère du détesté Commode. Le rattachement à la nouvelle dynastie impliquait la mise à mort des conspirateurs contre son frère adoptif : Septime Sévère fit tuer Laetus, Marcia, Narcisse353, tous trois des personnages importants. Dion Cassius rapporte qu’il « il libéra trente-cinq prisonniers qui

347 Aug., R.G., 2. Le mot parens associé à la guerre civile donne l’idée que cette guerre est juste, légitime parce que preuve de piété filiale (« Qui parentem meum [necauer]un[t, eó]s in exilium expuli iudiciis legi/timís ultus eórum [fa]cin[us e]t posteá bellum interentís reí publicae / uíci b[is a]cie »). 348 Hdn., II, 10, 9 = 7-151. 349 Hdn., II, 5 et D.C., LXXIII, 9, 10. 350 Hdn., II, 10, 9 = 7-151. 351 Cele fut probablement fait en 193, date de la consecratio de Pertinax. Elle était représentée sur les monnaies: RIC 24a, RIC 24b, RIC 660B a, RIC 660 B b, RIC 660 B c, RIC 660C a = 7-159 à 7-164. Contrairement à sa titulature, les monnaies font allusion à une adoption (DIVVS PERT(INAX) PIVS PATER au droit). 352 R. Syme, "The Nomen Antoninorum", Papers, Oxford, 1983, p. 79. 353 D.C., LXXIII, 16, 5 = 7-165. Laetus était préfet du prétoire sous Commode, Marcia était une ancienne concubine de Commode, elle était bien placée pour avoir des contacts avec des personnages importants, comme le montre la réussite de la conspiration contre Commode. Narcisse était un affranchi impérial. La mise à mort de ces personnes avait aussi certainement une fonction dissuasive. Elle était nécessaire à la crédibilité de l’adoption posthume de Septime Sévère. 95 avaient été accusés d'avoir soutenu Albinus, et il se comporta à leur égard comme s'ils n'avaient jamais reçu de charges – ils étaient parmi les plus importants membres du Sénat – mais condamna à mort vingt-neuf autres hommes, parmi lesquels se trouvait naturellement Sulpicianus, beau-père de Pertinax354. » Le rattachement aux familles impériales précédentes était aussi un moyen de mettre en place sa propre succession et par là même de se projeter dans le futur en affirmant que Caracalla et Geta étaient dignes du nomen Antoninorum355.

B. Un empereur choisi par les dieux

1. Les présages impériaux

Les sources présentaient les présages impériaux comme s’ils étaient listés pendant toute la vie des futurs empereurs ; en réalité ils étaient créés lors de la guerre civile, peut-être même avant, lorsque le futur empereur commençait à rassembler un cercle de partisans autour de lui et à se gagner des soutiens.

Les présages impériaux étaient une création humaine. Il ne faut pas seulement y voir l’œuvre de la crédulité et du goût pour le surnaturel mais aussi un calcul politique. Ils sont créés selon un schéma précis, des éléments clés reviennent souvent afin d’en faire quelque chose d’interprétable pour la mentalité religieuse romaine. Les signes divins de l’Histoire auguste par exemple sont très différents de ceux présents chez les autres historiens, à tel point que l’on peut se demander dans quelle mesure l’auteur voulait-il donner l’illusion du vrai356. Puisque les présages étaient une création humaine intentionnée, il convient de se demander

354 D.C., LXXV, 7, 4-8, 4 = 7-167. 355 H.A., Sev., 10, 3-6 = 7-168. 356 La pourpre est un thème dominant des omina imperii dans l’Histoire auguste (Albin., 5, 1-9 = 7-052 ; Diad., 3, 4-5, 6 = 8-017 ; Maxim., 30, 1-4 = 11-037), elle n’apparaît pas en tant que présage chez les autres historiens. 96 dans quel but ils étaient créés et transmis, quelles étaient les modalités de leur transmission et ce qu’ils voulaient démontrer.

Tous les empereurs apparaissent prédestinés pour régner et la mort de tous était annoncée, il en allait de même pour tous les hommes : leur vie était constellée de signes divins. Ceux de l’empereur avaient une importance « mondiale » : ils prédisaient la durée ou la fin d’un règne. Les présages impériaux avaient la même signification que pour tout homme mais étaient visibles de tous. Zonaras rapporte qu’au début de la révolte juive, « la lune disparut deux fois, ce qui était plus que ce que l'on avait l'habitude de voir, le quatrième et le septième jour, elle fut obscurcie. En une seule fois, deux soleils furent aperçus, l'un vers le couchant, l'autre vers le levant ; le premier était faible et pâle, le deuxième brillant357 ». Plutarque écrit que « tout le monde vit une Victoire montée sur un char » lorsque Vespasien fut acclamé empereur. La statue de César se tourna de l’Occident vers l’Orient, signe qu’un empereur « oriental » allait prendre le pouvoir358. Le protagoniste s’identifiait physiquement abec l’objet qui le représentait, leurs sorts étaient liés. Les présages lors des guerres civiles prenaient une dimension nouvelle : ils n’étaient plus des admonestations de la divinité demandant une certaine conduite. Galba vit la Fortune en rêve qui lui dit qu’elle l’attendait devant sa porte. À son réveil, il transporta la statuette qu’il avait trouvée à Tusculum et lui voua un culte359. Les présages lors des guerres civiles étaient envoyés contre quelqu’un. Un prétendant au trône qui recevait des présages favorables était un danger pour l’empereur en place. Les présages mentionnant plusieurs destinataires étaient une spécificité des guerres civiles. Pour savoir lequel gouvernerait l’Empire entre Septime Sévère, Clodius Albinus et Pescennius Niger, on interrogea l’oracle de Delphes qui répondit : « Optimus est Fuscus, bonus Afer, pessimus Albus360 ».

La divinité faisait parfois allusion à l’idéologie. César et Octavien reçurent souvent les mêmes présages, ils « connurent le même aboutissement361 ». Octavien s’inscrivait dans la

357 XI, 574-575, 16 = 3-126. 358 Otho., 3, 7-10 = 3-128. 359 Suet., Galb., 4 = 3-112. 360 H.A., Nig., 8, 1-6 = 7-103. 361 App., B.C., III, 152 = 1-033. 97 continuité paternelle. Les omina imperii mettaient en scène l’idéologie du régime. Le jour de la bataille de Philippes, deux aigles combattirent au-dessus des armées, celui qui était du côté de Brutus perdit362. Les aigles étaient représentés en haut du manche des drapeaux des légions, ils étaient un symbole militaire. Ils étaient un symbole d’éternité : lors de la consécration d’un empereur, on lâchait un aigle au-dessus de son bûcher afin de le représenter montant au ciel parmi les dieux363. Plusieurs futurs empereurs furent les protagonistes de présages où un aigle était présent, ce qui signifiait que plus tard, ils auraient régné364. Septime Sévère rêva qu’il tétait les mamelles d’une louve, comme Romulus365. Le régime impérial se définissait donc comme une monarchie militaire.

L’annonce de la mort de l’empereur prenait un sens différent selon qu’il s’agissait d’un bon empereur ou d’un mauvais. Le bon était averti par les dieux, comme cela arrivait à tout homme à tout moment de sa vie. Pour ce qui est du mauvais, la divinité prenait une signification nouvelle : elle s’arrogeait la qualité de juge de ses actions, de sa politique. Il est évident que les présages impériaux étaient transmis par une propagande. Elle cherchait par tous les moyens à disposition des hommes du temps à démontrer quelque chose : les créateurs des présages, par le biais de la divinité, condamnaient eux-mêmes l’empereur.

Les étaient présentés comme ayant été transmis depuis la jeunesse des empereurs mais en réalité étaient créés et transmis au moment où la personne commençait à devenir un rival pour l’empereur régnant. Il est difficile de mesurer leur impact réel. Les sources tardives les rapportent de moins en moins mais cela ne tient pas au fait que les historiens soient devenus chrétiens. Zonaras rapportait des présages. Cela tient plus au type de source : les abrégés, les laterculi et les épitomés opèrent un choix et il se porte vers les événements strictement militaires jusqu’à devenir une simple liste.

362 Zon., X, 507, 20 = 1-069. 363 D.C., LXXIV, 4, 1-5, 5 = 7-157. 364 H.A., Diad., 3, 4-5, 6 = 8-017 ; Max.Balb., 5, 1-11 = 11-074 365 H.A., Sev., 1, 6-10 = 7-098. 98 Les présages impériaux peuvent être intégrés aux symboles de l’idéologie impériale ; la mort de César pourrait être attribuée à un échec de leur manipulation. Le fait que les listes de présages aient été créées et transmises a posteriori est évoqué chez les historiens, preuve qu’ils n’étaient pas dupes. E. Bertrand-Ecanvil analyse le passage de l’Histoire romaine de Dion Cassius rapportant les omina imperii d’Octavien366. Tout cela a commencé par une déclaration d’Atia (¹ 'Att…a deinîj „scur…zeto). Contrairement à ce qu’écrivait Nicolas de Damas, Atia poussa Octavien à combattre avec les césariens, elle ne fut pas une gêne pour lui367. Peut-être l’auteur cherchait-il à augmenter le mérite et la détermination d’Octavien. De plus, tous les présages cherchent à démontrer qu’il était destiné au pouvoir suprème (aÙtarc… a), à être un maître (despÒthj) pour les Romains. Despotes peut être entendu dans le même sens que Lucain, c'est-à-dire que le retour de la paix aurait été conditionné à l’avènement d’un dominus368. Ce qui peut aisément s’expliquer : pour la première fois un principat était mis en place, les prérogatives d’Octavien étaient organisées, définies par rapport à celles de César ; Octavien avait dépassé un stade dans la reconnaissance de la mise en place d’un nouveau régime par rapport à César et cela était à justifier. En réalité il serait interessant de savoir à quelle époque cette liste de présage fut élaborée et si tous les présages le furent en même temps. L’aÙtarc…a et le despÒthn contrastent avec l’affirmation de restauration de la république par Octavien-Auguste et s’inscrivent dans une tradition grecque. Le rêve d’Atia rappelle celui d’Olympias, mis à part le fait qu’Alexandre était considéré comme le fils de Zeus-Ammon369. La deuxième partie de la liste développe ses relations avec le dieu souverain, les présages sont de tradition romaine. Elle montre comment Octave tourna un présage défavorable en sa faveur. La phrase prononcée (« tÕ ¢x…wma tÕ bouleutikÕn p©n ØpÕ toÝj pÒdaj mou sc»sw ») définit le régime qui fut formé. C’était une royauté : Octavien reçut le même présage que Tarquin l’Ancien370. Il serait aussi utile de savoir si par le biais de la religion, Octavien envoyait des messages « subliminaux » aux Romains les incitant à lui décerner plus de pouvoirs, ou du moins à tolérer ce qui pouvait passer pour une révolution ou si au contraire ces présages avaient pour but de dénoncer les dernières transformations de la

366 XLV, 1, 2-2, 7 = 1-170, E. Bertrand-Ecanvil, « Présages et propagande idéologique : à propos d’une liste concernant Octavien-Auguste », MEFRA, 106, 1994, p. 488-498. 367 N.Dam., Aug., 131 = 1-099. 368 Lucain, Pharsale, 666-672 369 Plut., Alex., 2, 6-3, 4. 370 Liv., I, 34 . 99 république et étaient l’œuvre de la propagande adverse. Les présages prennent fin en 25. Ils avaient pour but de préparer l’installation du nouveau régime. Il est possible qu’ils aient été transmis par une autobiographie d’Auguste371.

2. Élaboration et transmission des présages impériaux

Antoine fit frapper un aureus le représentant, au droit, en tant que vainqueur naval et au revers, représentant un lion372. Le lion passait pour être le symbole des rois. De plus, il était un signe astrologique, mais ne pouvait être celui d’Antoine : né un 14 janvier373, il auraît dû être capricorne. Octavien était balance mais il changea ce signe pour le capricorne374. Peut- être avait-il fait cela pour suivre la théorie de certains astrologues qui privilégiant le signe de conception375 : dans la mythologie le Capricorne était Égipan, frère de lait de Jupiter, qui l’aida dans sa lutte contre les Titans en leur lançant des conques. En tant que signe du solstice d’hiver, il marquait le moment où le soleil reprenait sa course ascendante. Octave-Auguste a sans doute voulu accentuer son aspect solaire (il était aussi le fils d’Apollon) ; il était le maître du temps : en effet les monnaies représentent le Capricorne tenant un globe, symbole de l’orbis terrarum, entre ses pattes avant. De plus, le Capricorne est un symbole occidental, à

371 Tertullien, de An., 46, 7 : « Nouerunt et Romani ueritatis huiusmodi somnia. Reformatorem imperii, puerulum adhuc et priuati loci et Iulium Octauium tantum et sibi ignotum, Marcus Tullius iam et Augustum et ciuilium turbinum sepultorem de somnio norat. In uitae illius commentariis conditum est. » En effet son autobiographie s’arrêterait à la guerre des Cantabres de 25 (Suet., Aug., 85, 1). Probablement, note E. Bertrand- Ecanvil (ibid., p. 504) les présages, avant d’être intégrés à l’autobiographie, étaient diffusés par des billets, des libelles comme ce fut le cas lors de la « guerre de propagande » de 44 à 32 entre Antoine et Octavien. 372 Pérez (C.), « La symbolique de l’animal comme lieu et moyen d’expression de l’idéologie gentilice » in Homme et animal dans l’antiquité romaine. Actes du colloque de Nantes 1991, Tours, 1995, p. 280 fig. 7 373 F. Chamoux, Marc Antoine, Paris, 1986, p. 13 sq. 374 J. Bayet, « L’immortalité astrale d’Auguste, REL, 17, 1939, p. 141-171 ; G. Brugnoli, « Augusto e il capricorno », in L’astronomia a Roma nell’età Augustea, Galatina, 1989, p. 17-32 ; J.-H. Abry, « Auguste, la Balance et le Capricorne », REL, 66, 1988, p. 103-121 375 A. le Boeuffle, « Le pouvoir et la ‘rétro-prédestination’ ou l’art de la déformation…astrologique », in Pouvoir, divination, prédestination dans le monde antique, éd. par É. Smadja et É. Geny, Paris, PUFC, 1999, p. 278. 100 l’opposé du Lion376. Octave, dans sa propagande, mit en avant son caractère occidental, par opposition à Antoine l’oriental. De plus, le Capricorne avait une connotation guerrière et victorieuse. Les œuvres littéraires transmettant la propagande furent sûrement censurées par Octave-Auguste, les libelles ne furent pas conservées, les monnaies sont tout ce que nous avons conservé.

Une autre trace de propagande adverse est probablement visible à travers les présages s’adressant à plusieurs empereurs.

La guerre civile favorisait la création et la transmission des présages impériaux. Comme note Appien, « lorsque tant de milliers d'hommes issus d'un même peuple marchent les uns contre les autres, bien des faits extraordinaires survenaient377. » Les Romains s’y attendaient. À Pergame, avant la bataille de Pharsale, des sons furent entendus dans le temple de Dionysos378. Seuls les prêtres avaient le droit de rentrer dans l’adyton ; par conséquence, G.W. Bowersock en déduits qu’ils furent les auteurs de ce présage. En manipulant la crédulité des foules, ils créaient une pia fraus. Cela aurait été fait par l’intermédiaire de Mithridate, fils de Menodotus, de Pergame. Il aida César dans la guerre d’Alexandrie379. Il apparaît en tant que prêtre héréditaire de Dionysos Kaqhgemèn380. Le prêtre assura César de la fidélité de Pergame. En échange, il reçut une récompense : il fut nommé grand prêtre du royaume du Bosphore, tétrarque de Trocmi en Galatie, des privilèges spéciaux furent accordés à Pergame

376 Manil., 4, 791-793; Hor., O., II, 17, 19; Prop., IV, 1, 86. 377 B.C., II, 77. 378 G.W. Bowersock, « The Mechanics of Subversion in the Roman Provinces », Oppositions et résistances à l’Empire d’Auguste à Trajan, Genève, Fondation Hardt, 1987 (Entretiens sur l’Antiquité Classique, t. XXXIII, 25-30 août 1986), p. 294. César donne plus de précisions (Civ., III, 105, 5) : « Pergamique in occultis ac reconditis templi quo praeter sacerdotes adire fas non est – quae Graeci adyta appellant – tympana sonuerunt. » 379 Caes., Bell. Alex., 26, 1; Strab., XII, 4, 3 et Cic., Div., II, 79. 380 G. Bowerstock, « The Mechanics of Subversion in the Roman Provinces », Oppositions et résistances à l’Empire d’Auguste à Trajan, Genève, Fondation Hardt, 1987 (Entretiens sur l’Antiquité Classique, t. XXXIII, 25-30 août 1986), p. 294-295 cite M. Segre, Athenaeum, N.S., 16, 1938, p. 120 : les textes trouvés sur les deux bases de statues à Pergame peut être combiné pour produire l’inscription Ð dÁmoj ™t…mhsen / Miqrad£thn MhnodÒtou tÕn di¦ gšnouj ¢rcierš[a] / kaˆ ƒerša toà KaqhgemÒnoj DionÚsou di¦ gšno[uj]. 101 et à son territoire381. Les privilèges donnés par les triumvirs à Aphrodisias avaient peut-être la même origine. Un épiphanie de Zeus eut lieu dans le temple de Panamara382.

Vespasien, après avoir guéri deux malades, entra dans le Sérapeum d’Alexandrie où vit Basilides383. Ce prêtre avait déjà prédit l’empire à Vespasien384. « Alors il expliqua l'apparition comme un fait surnaturel et le nom de Basilides comme la réponse essentielle de l'oracle » : Basilides peut se rapprocher du grec basileÚj, roi. La guérison des deux malades est sans doute à rapprocher du fait que l’empereur, de par les présages qui lui était adressés, était entouré d’une aura divine et se rapprochait de la divinité. Galba reçut des présages à Clunia. Il fit frapper des monnaies les commémorant385. La Vie d’Apollonius de Tyane pourrait nous éclairer sur le rôle des temples dans la création et la transmission des présages impériaux. Apollonius de Tyane parlait devant de nombreux auditeurs386. Il était en contact avec Musonius dont nous avons exposé le rôle387, avec le gouverneur de la Bétique et connaissait l’existence de Vindex avant tout le monde388. Il est fort probable qu’à partir des personnes qui venaient l’écouter, il ait fait courir et ainsi encourager une conspiration contre Néron. Cependant, son rôle n’est détaillé que dans l’œuvre de Philostrate.

Dion Cassius écrivit un ouvrage sur les songes et présages advenus à Septime Sévère. « J'ai publié un livre des songes et des signes sur lesquels Sévère fonda l'espoir d'arriver à l'Empire, écrit-il, après l'avoir lu, Sévère, à qui je l'ai envoyé, me répondit en termes fort obligeants. Ayant reçu cette lettre sur le soir déjà, je m'endormis, et, pendant mon sommeil,

381 Caes., Bell. Alex., 78, 2; Strab., XIII, 4, 3; D.C., XLII, 48, 4; App., Mithr., 121, 596. 382 Sur le territoire de Stratonicea. C. Şahin, Die Inschriften von Stratonikeia, II, 5-7, cité par G.W. Bowersock, « The Mechanics of Subversion in the Roman Provinces », Oppositions et résistances à l’Empire d’Auguste à Trajan, Genève, Fondation Hardt, 1987 (Entretiens sur l’Antiquité Classique, t. XXXIII, 25-30 août 1986), p. 296 : « met¦ fw]tÕj flÒga poll¾n [a]Ùto‹j ™net…naxen ». 383 Tac., H., IV, 81, 1-82, 3. = 3-131. 384 Tac., H., II, 78, 1-79, 3 = 3-130. 385 RIC 469-473 = 3-179 à 3-183. Suet., Galb., 9 = 3-116. 386 Philstr., Apol., IV, 43 = 3-224. 387 Philstr., Apol., IV, 46 = 2-226. 388 Philstr., Apol., V, 10 = 2-227. 102 mon génie me commanda d'écrire l'histoire.389 ». Il n’a pas été conservé. Ce sénateur donne une des modalités de la transmission des présages. À propos de signes défavorables adressés à Caracalla, il écrivait que « la publication de ses réponses exposa plusieurs citoyens à des associations calomnieuses390 ». Lui-même avait écrit un opuscule relatant les signes divins adressés à Septime Sévère. Il était un témoin direct de cette époque. Consul suffect sous Septime Sévère, il était un proche de la famille impériale. Pratiquement, il avoue écrire une histoire dédiée à la gloire de la dynastie des Sévères : « J'ai publié un livre des songes et des signes sur lesquels Sévère fonda l'espoir d'arriver à l'Empire; après l'avoir lu, Sévère, à qui je l'ai envoyé, me répondit en termes fort obligeants. Ayant reçu cette lettre sur le soir déjà, je m'endormis, et, pendant mon sommeil, mon génie me commanda d'écrire l'histoire.391 ». Les présages recueillis dans cet ouvrage le furent donc de manière directe. Au contraire, les accumulations de présages présents dans l’œuvre de Suétone étaient composés dans une tout autre logique : Suétone les recueillit « avec un soin maniaque dans des sources sans doutes diverses… comme pour montrer que Galba a[vait] été, de sa naissance à sa mort, un jouet entre les mains des dieux…il n'est pas interdit de supposer que Suétone a[it] puisé [dans] des récits inspirés par des propagandes antagonistes: Galba et ses partisans avaient dû – comme plus tard Vespasien et ses alliés – multiplier les relations de présages destinés à démontrer le caractère sacré de la personne de Galba et à mieux asseoir la légitimité de ce parvenu; et inversement les partisans d'Othon avaient dû répandre en abondance des récits de présages pour prouver que les dieux avaient retiré leur appui à Galba392 ». Cette différence est due à la nature différente des deux œuvres : indubitablement, l’opuscule de Dion Cassius se faisait l’écho de la propagande sévérienne, ou la créait – cela dépend de la date à laquelle il fut écrit ; l’œuvre de Suétone distingue les bons des mauvais empereurs sans toutefois prendre clairement parti quant au meilleur. Cette différence est due aux distances différentes face aux événements auxquelles écrirent les deux auteurs. Quoiqu’il en soit, leurs œuvres démontrent deux manières et deux buts différents de traiter les présages impériaux, deux manières de pratiquer le métier d’historien. L’histoire pour Suétone et Dion Cassius n’était pas la recherche de la vérité.

389 LXXII, 23 = 5-014 et XLV, 9 = 3-059. 390 LXXVII, 15. 391 LXXII, 23 = 5-014 et XLV, 9 = 3-059. 392 J. Gascou, Suétone historien, Paris, 1984, p. 449-450 103 III. L’exaltation d’une individualité : vers l’héroïsation de l’empereur

La guerre civile est, en dernier lieu, le symbole d’une exaltation d’une individualité extraordinaire. Son engagement est la conséquence d’une crise, civile et morale. Civile, parce que l’empire est arrivé à un point critique : après la dictature de César, sans doute même avant, Rome ne pouvait plus aller en arrière et rétablir la République. Il fallait néanmoins sauter le pas psychologique qui la séparait de la monarchie. Morale, parce que le protagoniste, c'est-à-dire le prétendant au trône, vainquait sa propre crise morale en se jetant dans l’action. La cité, entrant dans une crise des valeurs, ne peut être sauvée que par une réforme de ses valeurs et de ses institutions. Velleius Paterculus dramatise le choix d’Octave : « aussi cette âme divine, méprisant les conseils humains, se proposa-t-elle de suivre la voie de la grandeur dans les dangers plutôt que celle de la médiocrité dans la sécurité ; il préféra se fier au jugement sur son propre compte d'un oncle tel que César qu'à celui de son beau-père, ne cessant de répéter qu'il n'avait pas le droit de se juger lui-même indigne d'un nom dont César l'avait jugé digne393. » Le juste prétendant au trône – c'est-à-dire celui qui y aspire, ayant de bonnes raisons, et qui par conséquence, parvient à ses fils – ne peut pas être indigne car les dieux l’ont choisi. Octave fut conçu de la même manière qu’Alexandre. Sa mère Atia tomba enceinte après s’être endormie dans un temple et avoir, au réveil, aperçu un serpent. Cette naissance miraculeuse fut attribuée à Apollon, alors qu’Olympias l’attribua à Zeus Ammon394. Mi-homme, mi-dieu, Octavien était par définition un héros. Il était destiné à accomplir des aventures extraordinaires. En effet, la vie des héros peut être analysée comme articulée autour de rites de passage : à la naissance, ils sont mis en contact avec le divin, un refus de leur part équivaut à un refus de leur nature. À partir de l’adolescence, ils sont mis à l’épreuve, doivent montrer leurs vertus militaire : la force, le courage, l’intelligence ou la ruse… Une autre caractéristique du héros est d’être un héros fondateur. Le culte du fondateur existait dans toutes les cités grecques dotées d’un fondateur héroïque. À Rome, sont aussi des héros les fondateurs des différents âges : Janus et Saturne à l’époque où l’homme était encore sauvage, 393 Vell., II, 60, 1-2 = 1-063. 394 Plut., Alex., 2, 6-3, 4. 104 Picus et Faunus (ce dernier était souvent confondu avec Hercule) quand il découvrit l’agriculture, Évandre quand il découvrit l’humanitas, la civilisation urbaine. Énée, l’ancêtre des Romains, fonda Lavinium puis fut divinisé en tant que Pater Indiges. Romulus fonda Rome et ses lois et la Ville devint une ciuitas. Servius Tullius organisa les institutions, mais il n’était pas considéré comme un héros, juste comme un fondateur. L’histoire romaine était conçue comme positive : la civilisation s’ajoutait graduellement à l’ « homme à l’état de nature ». Auguste devait amener l’âge d’or, le saeculum aureum. Il s’installait dans la continuité des rois légendaires de Rome Jaunus, Saturne, Picus, Faunus. Il amenait un degré ultime de civilisation en proclamant la fin des guerres civiles. Il reconstruisait Rome : il était un nouveau Romulus. De même, comme Romulus, Auguste reçut un culte à sa mort : il était ainsi légitimé en tant que héros.

Le héros est aussi un personnage sanglant : cet aspect est mis en valeur dès le meurtre de Remus395. En plus d’une violence, il s’agit d’une violence contre son frère, une des définitions de la guerre civile. Mais celle-ci était justifiée. En plus de fonder les institutions, Romulus choisit les insignes du pouvoir, promulga des lois. La guerre civile était un immense parricide : Valère Maxime rapporte une anecdote396 en rappelant étrangement une autre rapportée par Tacite397 au point où l’on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une forme de légende urbaine398.

395 B. Liou-Gille, Cultes « héroïques » romains. Les fondateurs, Paris, Les Belles Lettres, 1980, p. 170. 396 « Is namque in castris Cn. Pompei stipendia peragens, cum Sertorianum militem acrius sibi in acie instantem comminus interemisset, iacentemque spoliaret, ut fratrem germanum esse cognouit, multum ac diu conuicio deos ob donum impiae uictoriae insecutus, prope castra transtulit et pretiosa ueste opertum rogo inposuit. Ac deinde subiecta face protinus eodem gladio quo illum interemerat pectus suum transuerberauit seque super corpus fratris prostratum communibus flammis cremandum tradidit. » (V, 5, 4) 397 H., III, 25. 398 En effet, J.-B. Renard, dans Rumeurs et légendes urbaines, Paris, PUF, 1999, p. 4-5 définit les légendes urbaines ou « contemporaines » (dans le sens de contemporaines du narrateur) comme devant répondre à huit critères : « le récit est anonyme…, le récit qui paraît unique appartient en réalité à un ensemble de variantes attestées dans le temps et dans l’espace…il s’agit d’un récit bref…le contenu du récit est toujours surprenant…le récit est raconté comme vrai…les individus [d’un] groupe se sentent impliqués…une histoire paraît d’autant plus vraie et vivante qu’elle est récente… pour qu’une histoire nous intéresse, il faut qu’elle soit, selon l’expression de Véronique Campion-Vincent, une « histoire exemplaire », c'est-à-dire un récit qui possède un message implicite, une morale cachée à laquelle nous adhérons. ». J.-B. Renard, ibid., p. 7 semble classer les prodiges de 105 Cette nature entre l’humain et le divin définit l’empereur par rapport à son but. Les héros grecs vivaient d’extraordinaires aventures à la recherche de leur immortalité, c'est-à-dire dans le but de réaliser quelque chose qui était potentiellement en eux. La guerre civile était une manière, pour la personne prédestinée, d’exprimer sa vraie fonction au sein de l’Empire et du monde.

La louve était considérée comme un animal infernal. Le nourrissement par cet animal a peut-être une valeur analogue à celle de la catabase dans certains mythes héroïques grecques. Le contact avec le monde des morts est une épreuve qui apporte force et pouvoirs au héros. « C’est aussi un animal sauvage, qui représente, à ce titre, l’ordre primordial, celui qui prééxiste à l’apparition de l’homme…c’est aussi la prostituée, autre symbole de la licence et du désordre primordiaux399 ». Elle incarne « cette promiscuité sexuelle générale qui régnait dans la sauvagerie des temps primitifs400 ». Il n’est pas étonnant que la louve apparaisse dans certains présages impériaux. L’empereur avait le rôle d’ordonnateur du cahos de la guerre civile. Comme aux temps primitifs où l’homme ignorait les lois, dans la guerre civile les lois de l’État, les lois divines et humaines étaient négligées, les hommes étant entraînés dans une sorte de folie collective. Les présages faisaient voir l’empereur et la louve en relation avec cette fonction. La louve avait une valeur initiatique : son contact rendait immortel401. l’Antiquité dans parmi les rumeurs et légendes urbaines. De par la chronologie, Tacite pourrait avoir emprunté à Valère Maxime : ce dernier prétendait rédiger un recueil d’exempla à l’usage des orateurs. L’exemplum était pour eux une manière d’illustrer un concept compliqué par un exemple simple et concret. Il les recueillit dans les sources de première main ou postérieures. Ce qui nous fait pencher vers la légende urbaine est le fait que les deux histoires ne diffèrent que par les personnages, elles ont une morale identique. Peut-être Tacite l’a-t’il modifiée dans un souci de véracité. Une étude les légendes urbaines dans l’Antiquité pourrait renseigner sur la transmission des présages, ou comment les empereurs et les prétendants au trône utilisèrent le mécanisme de la légende urbaine pour transmettre une propagande. Évidemment, les anecdotes mettant en avant l’impiété de la guerre civile desservaient le pouvoir qui en était issu. Aussi serait-il intéressant (et utile) de comprendre par qui étaient transmises ces histoires et en général, les récits défavorables aux empereurs. 399 B. Liou-Gille, Cultes « héroïques » romains. Les fondateurs, Paris, Les Belles Lettres, 1980, p. 162-163. 400 J.-P. Vernant, Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, 1974, p. 150 cité par B. Liou-Gille, Cultes « héroïques » romains. Les fondateurs, Paris, Les Belles Lettres, 1980, p. 163. 401 C’est à dire que Romulus subit une sorte de rite initiatique, étant mis en contact avec le monde des morts (que les anciens situaient sous la terre). Ce contact en même temps lui révélait son caractère extraordinaire (le fait 106 d’être allaité par une louve constituait un présage mais ce n’était pas le premier. La naissance gémellaire était considérée comme une marque de choix divin, le père des jumeaux était Mars), en même temps il lui conférait l’immortalité : Romulus ne fuit pas devant la louve mais accepta de boire de son lait. Romulus fut divinisé et prit le nom de Quirinus. De la même manière, les empereurs romains étaient appelés à être divinisés après leur mort (en réalité aussi pendant leur vie, au départ officieusement) s’ils avaient mené une politique satisfaisante. 107 Quatrième partie : La guerre civile et les honneurs constitutifs du pouvoir

108 I. Le triomphe et ses substituts

La victoire dans la guerre civile comme dans toute guerre permettait de se légitimer, mais la guerre civile avait encore plus de pouvoir : Appien rapporte qu’après avoir calmé la mutinerie de Plaisance (49 av. J.-C.) César rentra à Rome et sa seule présence terrorisa le Sénat. César a montré l’exemple de ce qui arriverait aux mécontents. Les sénateurs étaient désormais prêts à lui conférer les honneurs qu’il souhaitait402. Appien donne l’idée d’un pouvoir basé sur la peur. La même idée se retrouve dans le récit d’Hérodien : Pupien et Balbin furent élus par un Sénat apeuré403. La dissuasion due à la guerre civile est perçue de manière beaucoup plus négative que celle venant d’un ennemi extérieur. Elle est d’autant plus efficace qu’elle est cultivée par la propagande. La notion de guerre civile à Rome, comme dans le reste de l’Antiquité, comporte un jugement « moral404 ».

A. L’absence de triomphe : une guerre impie

Valère Maxime affirme catégoriquement que jusqu’à son époque (le règne de Tibère) aucun triomphe ne fut célébré sur des guerres civiles405. Selon l’Histoire Auguste, dont l’auteur écrivait à la fin du quatrième siècle) il pouvait être célébré mais l’imperator était libre de le refuser : Septime Sévère refusa le triomphe sur Pescennius Niger en 195406. Cela, souligne J.B. Campbell, explique pourquoi il ne fit pas de triomphe, lui qui dépendait tant de

402 B.C., II, 48 = 1-034. Eutrope (VI, 20, 1) remarque que cela équivalait à “se nomm[er] lui-même dictateur”. 403 H.A., Gord., 22, 1-3 = 11-086 404 P. Jal, La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, PUF, 1963, 540 p. 405 II, 8, 7: « Verum quamuis quis praeclaras res maximeque utiles rei publicae ciuili bello gessisset, imperator tamen eo nomine appellatus non est neque ullae supplicationes decretae sunt, neque aut ouans aut curru triumphauit, quia, ut necessariae istae, ita lugubres semper existimatae sunt uictoriae, utpote non externo, sed domestico partae cruore. » 406 H.A., Sev., 9, 10-11. 109 l’appui de son armée407. Il pouvait toutefois être célébré de manière détournée : Sévère offrit des congiaires, des jeux et des spectacles408. Le fait que César ne triomphât pas de la bataille de Pharsale semblait dû à une décision personnelle, à un calcul politique plus qu’à une obligation409. Le préfet d’Égypte Mucien, instigateur de l’acclamation de Vespasien, reçut les ornements du triomphe ; ce qui valut un commentaire quelque peu sarcastique de Tacite : les dieux passaient après410. La guerre civile est un sujet tabou : l’empereur Claude voulait commencer son histoire à la mort de César mais on l’en empêcha : il n’était pas bon pour le principat de rappeler ses origines411.

B. Le triomphe sur les nations étrangères, un substitut

César célébra un quadruple triomphe sur des nations étrangères dont l’Afrique des partisans de Scipion. Il fit ce qu’aucun empereur n’osa faire par la suite : il « se garda de mentionner, sur les inscriptions de son triomphe, ses victoires sur des Romains, considérant qu’il s’agissait de guerres civiles et que cela aurait été inconvenant pour lui et, pour ses compatriotes, humiliant et de mauvais augure : il fit néanmoins, en ces circonstances, figurer, sur des statues et sur divers tableaux, les mésaventures des vaincus et leurs héros, à l’exception du seul Pompée, qu’il se garda bien de montrer, vu le profond regret que tous avaient encore de lui.412 » Le triomphe était savament utilisé. Appien laisse entendre que si Pompée avait été unanimement détesté, César aurait pu en tirer une légitimité encore plus grande. L’art de la politique réside dans un savant dosage de la propagande et la guerre civile constitue une limite en la matière. Jusqu’à l’époque de Septime Sévère nous avons des témoignage de la circonspection avec laquelle les empereurs utilisaient le triomphe dans la

407 Campbell (J.B.), The Emperor and the Roman Army. 31 B.C.-A.D. 235, Oxford, Clarendon Press, 1984, p. 138. 408 D.C., LXXVI, 1, 1. 409 D.C., XLII, 18, 1-3 = 1-023 410 Tac., H., IV, 3, 5-4, 6. 411 Suet., Claud., 41, 4 : « Initium autem sumpsit historiae post caedem Caesaris dictatoris, sed et transiit ad inferiora tempora, coepitque a pace civili, cum sentiret neque libere neque uere sibi de superioribus tradendi potestam relictam, correptus saepe et a matre et ab auia. » 412 App., B.C., II, 101 = 1-037. 110 guerre civile. Au IVe siècle des interdits pesaient encore sur la guerre civile : elle était toujours considérée comme impie. Puis les sources deviennent moins précises.

Ces triomphes étaient extraordinaires par leur fréquence : César triompha cinq fois413. Ils l’étaient aussi par le cortège : lors de son triomphe sur la Gaule il monta à pied au Capitole entouré d’éléphants tenant des flambeaux, pour son triomphe sur le Pont il fit porter devant lui un écriteau inscrit « Veni, uidi, uici ». Il rompait avec les autres imperatores qui, en décrivant leur campagne dans les détails, la faisaient sembler beaucoup plus longue et difficile. En 45 il triompha pour la bataille de Munda. L’abrégé de Tite Live rapporte que cette guerre fut bien une guerre civile mais que César le célébra « sur l’Espagne414 ». Dion Cassius parle clairement de triomphe sur une guerre civile, célébré parce que le nombre d’ennemis minimum avait été atteint415.

Le triple triomphe d’Octavien est présenté par l’abréviateur de Tite Live comme un triomphe sur l’Illyrie, sur Actium et sur Cléopâtre ; selon Suétone sur la Dalmatie, sur Actium et sur Alexandrie416. Avant de triompher sur les guerres civiles l’empereur pouvait aussi attendre de vaincre dans une guerre extérieure, afin que le triomphe célébré ne semble pas impie417. Uranius Antoninus fut tué lors de la campagne d’Alexandre Sévère contre les Perses. Nous ne savons pas si c’était un prétexte ou si, comme Pescennius Niger, l’usurpateur s’était

413 Suet., Caes., 37, 1-2 = 1-041 ; Vell., I, 56, 1-3 = 1-042; App., II = 1-037, 101; Plut., Caes., 55, 1-56, 1 = 1- 038 ; Liv., 115-116 = 1-039. 414 Liv., 115-116 = 1-039. 415 D.C., XLIII, 41, 2-46, 1 = 111-028 : « t£ te g¦r ™pin…kia, ka…toi mhdenÕj ¢llotr…ou krat»saj ¢ll¦ kaˆ tosoàto plÁqoj politîn ¢polšsaj, oÙ mÒnon aÙtÕj œpemye, p£nta tÕn dÁmon ™n aÙto‹j æj kaˆ ™pˆ koino‹j tisin ¢gaqo‹j aâqij ˜sti£saj, ¢ll¦ kaˆ tù Fab…J tù te Ku•ntJ, ka…toi Øpostrathg»sasin aÙtù kaˆ mhd•n „d…v katorqèsasi, dieort£sai ™pštreye. kaˆ Ãn mšn pou gšlwj ™p… te toÚtJ, kaˆ Óti kaˆ xul…naij ¢ll' oÙk ™lefant… naij œrgwn ». 416 Liv., 133 = 1-116 ; D.C., XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028 et Oros., Hist., VI, 20, 1-2 = 1-117 ; Suet., Aug., 22 : “Curulis triumphos tris egit, Delmaticum, Actiacum, Alexandrinum”. L’erreur peut-être compréhensible, en 35 il fit une campagne contre la Dalmatie et contre l’Illyrie. Le triple triomphe avait eu lieu pendant plusieurs jours. 417 Flavius Josèphe (B.J., VII, 157-158) rapporte que le triomphe de Vespasien ne fut pas seulement celui de la guerre de Judée mais aussi celui de la guerre civile. La guerre civile prit fin le 20 décembre 69, avec la prise de Rome par Antonius Primus et la mort de Vitellius. Jérusalem fut prise en juillet 70. 111 allié des Perses418. En mettant en avant sa pietas, l’empereur n’en rappelait pas moins qu’il est un souverain militaire. Paradoxalement, un presque419 impie se présentait en protégé des dieux. La mise en scène extraordinaire420 du triomphe faisait ressentir aux Romains qu’il s’agissait de quelque chose de plus important qu’une guerre habituelle. En quelque sorte, le prestige perdu par le recours aux allusions à la guerre civile était récupéré par la magnificence du cortège, née à la fois de son caractère extraordinaire et de la répétition.

C. Problématiques autour de la notion de guerre civile

Aurélien amena Tetricus à son triomphe. La création de l’Empire des Gaules n’était pas perçue comme une guerre civile : l’empereur Claude dit à son sujet qu’il devait combattre la République des barbares, toÝj Barb£rouj ¹ polite…a421, même si la Gaule appartenait à l’Empire. Postumus « tenait les rênes du pouvoir comme un régent422 », aidait le jeune Salonin dans la tâche difficile que lui avait confiée son père. Mais cet « empire » changea de caractéristiques à une date incertaine. Il devint un État à part entière formé sur le modèle romain : leur armée avait une composition romaine (Postumus et Victorinus enrôlèrent des « contingents auxiliaires de Germains423 »), l’État avait ses propres consuls424, ses propres ateliers monétaires. L’empereur recevait une titulature calquée sur le modèle romain. Cela était-il une manière de montrer sa fidélité ou au contraire de se démarquer ? De même, la création du royaume de Palmyre ne fut pas considérée comme une guerre civile, même si Odenath avait été nomme dux des provinces orientales par Gallien425 et il avait la citoyenneté

418 Sync., 674 = 10-004. 419 Presque parce qu’évidemment, même si le terme d’impie ou d’impiété n’est jamais mentionné par les empereurs ou par la propagande officielle, qui au contraire fait tout pour écarter cette idée, les historiens le font comprendre au lecteur. 420 D.C., XLIII, 14, 1-7 = 1-026 ; XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028. 421 Mal., XII, 635, 26 = 16-001. 422 H.A., Tyr., 3, 1-5 = 16-012. 423 H.A., Tyr., 6, 1-3 = 17-002. 424 RIB, I, 2241 = 17-003. 425 Sync., 466 = 16-020. En ce sens il était un fonctionnaire romain. Son autorité s’exerçait sur un territoire romain (les provinces orientales). 112 romaine : Palmyre ne faisait pas partie de l’empire romain426. Mais la biographie de ses souverains comme de ceux de l’Empire des Gaules figurent dans l’Histoire auguste, dans le Laterculus de Polemius Silvius sous la rubrique « Nomina omnium principum romanorum ».

La guerre d’Aurélien contre Tetricus et Zénobie ne fut pas considéré comme une guerre civile – d’ailleurs, aucun historien n’emploie les mots bellum ciuilum, intestinum, domesticum, st£sij, pÒlemoj ™mfÚlioj... – il pouvait légalement et surtout sans choquer les présenter à son triomphe. Aurélien avait laissé faire tant que la situation dans ces provinces nécessitait d’être rétablie ; puis, reconnaissant le rôle qu’ils avaient eu, ils leur conféra charges et honneurs. Tetricus fut administrateur de la Lucanie, Zénobie épousa un sénateur427. Selon Orose, il vainquit sans combattre, par l’intimidation, par son autorité morale : il venait de vaincre les Goths et la perspective d’une telle défaite ne pouvait qu’épouvanter. En effet, le bon empereur menait le moins de guerres possibles, il les prévenait par l’idée qu’il donnait de son empire, celui d’un pouvoir fort. G. Syncelle quant à lui mentionne une guerre, Zénobie commandait même une « très grande armée », la victoire ne fut peut-être pas si facile. Les causes de ces usurpations étaient ambiguës, comme leur dénouement. Il est probable que le pouvoir impérial ait contribué au maintien de ce flou. Mais il est certain que le prestige d’Aurélien en fut renforcé. Juste après il reçut le titre de restitutor orbis428. Aucun historien ne critique cette victoire et ne l’appelle une guerre civile. Néanmoins la légalité de cette action peut nous faire douter. Elle pose une question historiographique : la guerre civile est-elle ce qui est défini comme tel par les anciens ou par l’historien moderne? Les historiens anciens décrétèrent qu’aucune guerre civile n’avait eu lieu, peut-être cela était-il une évidence pour

426 Originellement Palmyre était un royaume vassal dans la sphère d’influence perse. Sous le règne de Valérien le roi de Palmyre Odenath avait rejoint les forces romaines et repoussé les Perses parce que Shapur avait refusé son aide. Après sa seconde campagne contre les Perses, Gallien le nomma imperator. Puis, à l’image de ceux qui remettaient de l’ordre à l’Ouest (Pomponius Bassius avait été corrector totius Italiae) il fut nommé corrector totius Orientis. Désormais il supervisait l’administration du Nord du Taurus au Sud du Golfe d’Arabie, de la Cilicie, de la Syrie, de la Mésopotamie et de l’Arabie. Mais pour les Romains, ces concessions n’étaient que temporaires. Cela n’était pas compatible avec la qualité de royaume vassal. 427 Eutr., IX, 13, 2 = 18-024 ; Sync., 469-470 = 18-026 ; Oros., VII, 23, 3-5 = 18-025 ; Jord., 290-291 = 18-027. 428 G. Sotgiu, « Aureliano (1960-1972) », ANRW II, 2, p. 1043, note 24, énumère les titres qu’il reçut : pacator et restitutor orbis, conservator orbis, recuperator conseruator patriae, imperator orientis, perpetuus gloriosissimus indulgentissimus imp(erator), [Ðg]Á[j k]a[ˆ] qal£s[s]hj kaˆ p£[shj] o„koumš[nhj de]spÒthj. 113 eux. Aurélien n’avait que légitimité à gagner dans une guerre extérieure. Il a sans doute minimisé le caractère critiquable de cette guerre. Peut-être la Gaule, dans les mentalités des Romains, était-elle considérée comme ne faisant pas partie de l’Empire à part entière.

Lorsque les conditions étaient atteintes429, le général était salué imperator par ses armée et la cérémonie du triomphe était soumise à une approbation du Sénat. Sous l’Empire, l’empereur avait le monopole du triomphe : il obtenait celui de la légitimation religieuse et militaire, il était le seul digne de régner, le princeps. Le général victorieux montait au capitole, le visage peint en vermillon comme celui de la statue de Jupiter Capitolin, il était vêtu du manteau de pourpre, le paludamentum. Il déposait sa couronne de laurier, symbole de victoire, devant la statue du dieu. Symboliquement, il lui offrait cette victoire, le remerciait de son aide. Le fait que le princeps soit appelé imperator et ait pris ce titre comme praenomen laissait entendre qu’il était un des fondements du régime impérial. En effet, seul un magistrat cum imperio pouvait être acclamé imperator, et le princeps avait un imperium plus étendu que celui des magistrats430.

429 Le nombre des ennemis qu’il fallait avoir tués varie. Selon Valère Maxime, il s’agissait du nombre de 5000 et il l’expliquait de la sorte (II, 8, 1) : « Ob leuia proelia quidam imperatores triumphos sibi decerni desiderabant. Quibus ut occurreretur, lege cautum est ne quis triumpharet, nisi qui quinque milia hostium una acie cecidisset. Non enim numero sed gloria triumphorum excelsius urbis nostrae futurum decus maiores existimabant. »

430 AE 1996, 885, l. 35-37 : « … maius ei imperium / quam ei qui eam prouinciam proco(n)s(ule) optineret, esset, dum in omni re maius imperi/um Ti(berii) Caesari Aug(usto) quam Germanico Caesari esset, tamquam ipsius arbitri et potestatis omnia / esse deberent... » Le senatus consultum de Cneio Pisone patre atteste l’existence de gradations dans l’imperium, par ordre décroissant l’imperium de l’empereur, l’imperium maius de Germanicus César et l’imperium proconsulaire. Il fallait aussi compter l’imperium domi du magistrat. Cneius Pison fut accusé d’avoir empoisonné Germanicus César et de d’être comporté, alors qu’il était proconsul, comme s’il avait un imperium plus important que l’imperium maius de Germanicus César. 114 II. Les honneurs décernés aux empereurs suite aux guerres civiles

Les honneurs et les fonctions décernés pendant les périodes de crises et spécialement lors de celle qui fonda le régime impérial étaient très importants dans la définition du principat. Tacite écrit au sujet de la lex de imperio Vespasiani que « in senatu cuncta longis aliorum principatibus composita statim decernuntur431 », au Sénat ont été décernés à Vespasien les honneurs rassemblés au cours des principats antérieurs. Cette définition implique une possibilité d’évolution : d’une part elle va vers une précision dans la définition du pouvoir impérial, d’autre part vers une accentuation du caractère surhumain de l’empereur.

A. La titulature impériale

1. Les cognomina

L’acclamation impératoriale autorisait le triomphe, puis elle devint aussi un moyen de se faire attribuer un surcroît d’honneurs, de magistratures et de fonctions. Les honneurs ne s’ajoutaient pas juridiquement à la définition du principat mais ils contribuaient à former l’aura divine, le charisme conférait à l’imperator un surcroît de légitimité. Sur ce plan le principat était avant tout visuelle. L’imperator siégeait à la première place, se distinguait des Romains par son aspect, son image était sans cesse rappelée.

L’empereur recevait des cognomina rappelant ses victoires. Ils n’avaient aucun rôle dans la définition juridique du pouvoir impérial, mais précisaient le rôle de l’empereur selon

431 Tac., H., II, 55. 115 un imaginaire qu’il créait lui-même432. Vitellius après son acclamation par les armées de Germanie prit le cognomen de Germanicus. Il avait été envoyé en Germanie inférieure par Galba en tant que légat, il y prit le pouvoir. Il fit graver ce titre sur ses monnaies puis le donna à son fils. Il était encore enfant ; il devenait ainsi officiellement son successeur433. L’octroi de ce cognomen a une signification très différente de celui de Britannicus qui fut offert à Claude après l’achèvement de la conquête de la Bretagne : Vitellius n’avait pas encore combattu. Septime Sévère prit les cognomina d’Adiabenicus, Parthicus, Arabicus après sa victoire sur les partisans de Pescennius Niger434. Ce qu’explique l’Histoire auguste : « c'est pourquoi à son retour on lui décerna le triomphe en lui accordant les noms d'Arabique, d'Adiabénique [et] Parthique ; mais il refusa le triomphe pour ne pas paraître l'avoir obtenu grâce à une victoire remportée dans une guerre civile435 ». Hérodien l’expliquait même par la volonté de faire oublier les guerres civiles en remportant une victoire dans une guerre extérieure, et en même temps de se venger de celui qui avait aidé Pescennius Niger, le roi des Atréniens436. Un concurrent aidé par les Barbares il offrait une justification facile. Les cognomina étaient comme un triomphe en miniature, sans ostentation, bien qu’ils fussent frappés sur les monnaies437. Ils étaient plus discrets qu’une traversée de la Ville en cortège mais étaient quand même un objet de propagande.

2. Le titre de pater patriae

Ni César ni Auguste ne reçurent des titres de victoire. Par contre, ils furent appelés père de la patrie, César après la bataille de Munda (mars 45), Auguste une fois sa tâche terminée438 (en 2 av. J.-C.). Ils veillaient sur les citoyens comme le paterfamilias veillait sur sa

432 Cette pratique tirait ses origines de l’époque républicaine et n’avait aucun rapport avec la guerre civile. Après sa victoire à Zama, Scipion porta pour la première fois le titre d’imperator et reçut le cognomen d’Africanus. 433 Zon., XI, 753, 16 = 3-234 ; Tac., H., II, 59, 5-6 = 3-235 ; RIC 78, 100, 101, 120 = 3-238 à 241. 434 H.A., Sev., 8, 6-7 = 1-136 ; Fest., 21, 2 = 7-137 ; D.C., LXXV, 1, 1-2 = 7-138 ; Hdn., III, 9, 1 = 7-140. 435 H.A., Sev., 9, 9-11 = 7-139. 436 Selon D.C., LXXVIII, 31, 1, il s’agit d’un peuple d’Arabie. 437 RIC 55, RIC 690a, b ; RIC 690c ; RIC 58 ; RIC 62 ; RIC 63 ; RIC 63 A ; RIC 696 ; RIC 64 ; RIC 466 = 7-142 à 7-150. 438 Liv., 116-117 = 1-039. 116 famille. En même temps, ils étaient en quelque sorte les fondateurs du nouveau régime. Le genius du paterfamilias était honoré, comme sera celui d’Auguste. Le culte du genius Augusti n’était pas à mettre en relation avec les guerres civiles, il était lié surtout à sa nomination père de la patrie.

3. Le cognomen Augustus et le praenomen Imperator

Le cognomen d’Auguste est mis en relation avec les guerres civiles. « Ob uictoriam Augustus cognominatus est439 ». Ce nom rappelle l’auctoritas : elle est reconnue par le Sénat tout en n’étant pas une notion juridique440. Auguste l’expliquait lui-même dans le chapitre 34 de ses Res gestae : les promagistrats avaient un imperium égal au sien mais valable uniquement dans le cadre de leur province, tandis que le sien était illimité441. Octave prit le praenomen Imperator442 vers 40 av. J.-C. comme l’avait fait son père. L’imperium et l’auctoritas étaient deux des bases de son pouvoir443.

439 Aur. Vict. (-Ps.), Caes., 1, 1-2 = 1-118. Voir aussi Liv., 134 = 1-120 ; Pol. Silv., 2 = 1-121. Aur. Vict., Caes., 1, 1 remarque qu’il fut nommé Auguste « ob uictoriam partium placide exercitam ». Selon Florus, O., II, 34 = 1- 124, il s’agit d’un nom sacré et vénérable (« sanctius et reuerentius »). Selon Dion Cassius, LIII, 16 = 1-125, c’est un moyen de ne pas dévoiler son aspiration à la royauté (on avait proposé de le nommer Romulus) mais ce surnom marquait aussi sa qualité surhumaine, « p£nta g¦r t¦ ™ntimÒtata kaˆ t¦ ƒerètata aÜgousta prosagoreÚetai. » La preuve en est que cette nomination fut signalée par un prodige (Zon., X, 533, 33 = 111- 126). Suétone, Aug., 7 = 127 donne une étymologie qui était sans doute celle retenue à son époque (« ce terme dérivé soit d’ "auctus", soit de l’expression "avium gestus" ou "gustus", s’applique également aux lieux sanctifiés par la religion et dans lesquels on fait une consécration quelconque, après avoir pris les augures ») mais les modernes préfèrent y voir un mot de la même famille qu’auctoritas. 440 L’empereur Auguste s’appelait à l’origine Caius Octavius. Après son adoption par César, C. Iulius Caesar Octavianus. Lors de la séance du Sénat du 16 janvier 27 il devint Imperator Caesar diui filius Augustus. 441 M. Humbert, Institutions politiques et sociales de l’Antiquité, Paris, Dalloz, 1997 (6e éd.), p. 302. 442 RIC 270 (Auguste) = 1-138 et CIL 9, 5293 = AE 1949, 79 = AE 1950, 93 = InscrIt-13-01, 246 pour Jules César. 443 M. Humbert, Institutions politiques et sociales de l’Antiquité, Paris, Dalloz, 1997 (6e éd.), p. 300. 117 B. Le ius imaginum

Pour la première fois, à l’époque de Jules César le ius imaginum put s’appliquer à un vivant. Traditionnellement il représentait le droit qu’avaient les nobles – descendants des magistrats curules, qu’ils soient patriciens ou plébéiens – de porter les portraits de cire de leurs ancêtres dans les cortèges funéraires et le reste du temps de les conserver dans un na… dia444. Les Romains pratiquaient le culte des ancêtres, ils étaient vénérés avec les dieux Lares. César fut autorisé à faire frapper son portait sur les monnaies ; jusqu’alors cela était réservé aux ancêtres des magistrats en charge445. Cela accentuait son caractère surhumain : l’empereur était mis sur le même plan que les ancêtres qu’ils vénéraient. Il reçut des images le représentant en tant que sauveur de la patrie446 après les guerres civiles. Appien rapporte qu’il était entouré d’une « terreur et d’une considération que personne n’avait connues avant lui : la victoire dans la guerre civile était un moyen de pression. Zonaras rapporte que ces statues furent placées dans les temples de Rome et dans ceux de toutes les villes et que deux autres furent installées dans le tribunal447. C’était une manifestation de son contrôle sur la religion et la justice. En effet, depuis 73 il était pontife, depuis 63 grand pontife ; depuis 49 il fut régulièrement consul. Un temple de César et de la Clémence fût bâti : il était un dieu vivant, mis sur le même plan que la déesse448. L’abstraction divinisée le définissait, elle devenait une sorte d’épithète. Les prêtres et les vestales étaient chargés de l’honorer par des vœux quinquennaux.

C. Les nouveaux emblèmes du principat

444 Une sorte d’armoire spécifique à cet usage. C. Daremberg, E. Saglio, E. Pottier, Dictionnaires des antiquités grecques et romaines, Graz, Autriche, Akademische Druck-u. Verlagsanstalt, 1969, p. 413. 445 Zon., X, 491-492, 12 = 1-046. 446 App., B.C., II, 106-107 = 1-043. 447 Zon., X, 491-492, 12 = 1-046. 448 App., B.C., II, 106-107 = 1-043. 118 Lors des jeux, Jules César pouvait portait le manteau de pourpre et la couronne de laurier, emblème des triomphateurs449 ; puis il le fit en permanence et reçut le droit de s’asseoir sur un siège doré, plus haut que la chaise curule des magistrats450. Il était un éternel triomphateur, il devait ces victoires à Jupiter capitolin et à Venus genetrix. Ces dieux créaient son aura, son charisme. Il était au-dessus des magistrats par les pouvoirs qu’il exerçait, cette domination était concrétisée spatialement. Il reçut une garde composée de chevaliers et de sénateurs pour sa protection personnelle451 : il mettait ainsi à son service les deux composantes les plus importantes et les plus prestigieuses de l’État. En même temps il se distanciait des simples citoyens. Il était accompagné de vingt-quatre licteurs en tant que dictateur, les consuls en disposaient de douze chacun. Ils accompagnaient les magistrats et avaient aussi pour fonction d’éloigner ceux qui s’en approchaient trop. La garde de César impressionnait, par les armes autant que par le prestige. Mais elle révélait aussi les faiblesses du nouveau régime : tout reposait sur une unique personne qui craignait pour sa vie.

Certains honneurs offerts à César mentionnaient la royauté sans ambiguïté : il reçut le droit de porter le vêtement que portaient autrefois les rois452 et Dion Cassius écrit qu’ « il portait parfois des chaussures montantes et de couleur rouge, d'après le style des rois qui avaient jadis régné à Albe, car il disait qu'il était lié à eux par Iule453. » Nous ne savons pas s’il s’agit du même vêtement.

D. Le programme architectural

César eut le droit de créer une nouvelle curie Julienne. Dion Cassius mentionne le sénatus-consulte qui l’y autorisa – la curia Hostilia ayant été détruite – en même temps qu’un temple de la Felicitas454. Cette procédure est tout à fait normale et il était habituel de laisser

449 D.C., XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028. 450 Zon., X, 491-492, 12 = 1-046. 451 Zon., X, 491-492, 12 = 1-046. 452 Zon., X, 491-492, 12 = 1-046. 453 D.C., XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028. 119 son nom aux bâtiments publics construits. M. Bonnefond-Coudry455, remarque que la nouvelle curie était ouverte vers le forum Romain dont César fit rénover plusieurs bâtiments : il ne souhaitait pas qu’il change de fonction, contrairement à ce que voulut Pompée avec son complexe architectural. Il est aussi probable que le temple de la Felicitas, intégrée géographiquement dans un programme d’urbanisme républicain, ait été une réplique au complexe architectural de Pompée au champ de Mars456. Ainsi, « la conclusion qui se tire aisément de ces observations est le contraste entre l’audace innovatrice de Pompée et la prudence traditionaliste de César, attitude qui explique en grande partie pourquoi Auguste [tenait] à achever les travaux et à les inaugurer après sa victoire. » César était quand même attaché à certaines valeurs de la République, du moins formellement. Néanmoins, le 1er janvier 43, un sénatus-consulte transmis par Dion Cassius ordonne la construction d’une nouvelle curie afin de faire oublier ce qui rappelait César457. Ces ambitions monarchiques de César sont-elles l’invention d’une propagande adverse transmise par les sources, ou bien était- ce réellement le cas ? F. Coarelli voit dans la curie un simple appendice du forum Iulium alors que J.C. Anderson les présente comme un complexe unique458. La reconstruction matérielle du Capitole par Vespasien se doublait d’une reconstruction spirituelle, morale : la guerre civile avait été comme une lustratio de l’Empire459. Elle fut aussi politique et religieuse460. La reconstruction de l’Empire avait été ordonnée par les dieux à Septime Sévère461.

454 D.C., XLIV, 4, 1-7, 3 = 1-029 : « bouleut»riÒn tš ti kainÕn poiÁsai prosštaxan, ™peid¾ tÕ `Ost…lion ka… per ¢noikodomhq•n kaqVršqh, prÒfasin m•n toà naÕn EÙtuc…aj ™ntaàq' o„kodomhqÁnai, Ön kaˆ Ð Lšpidoj ƒpparc»saj ™xepo…hsen, œrgJ d• Ópwj m»te ™n ™ke…nJ tÕ toà SÚllou Ônoma sèzoito kaˆ ›teron ™k kainÁj kataskeuasq•n 'IoÚlion Ñnomasqe…h » 455 Le Sénat de la république romaine. De la guerre d’Hannibal à Auguste : pratiques délibératives et prise de décision, Paris, de Boccard, 1989, p. 168-172, et D.C., XLV, 17, 8. 456 Son théâtre était le premier de Rome (il s’était joué de l’interdiction censoriale de construire des théâtres en dur dans la Ville). Il était en connexion avec le temple, prolongé par des jardins bordés de portiques, s’y trouvait aussi une curie ; le tout était décoré d’œuvres d’art choisies par Atticus, l’ami de Cicéron. Le complexe sert la propagande pompéienne l’idéologie triomphale par le biais de Vénus Victrix. 457 D.C., XLV, 17, 8 : « tÒ te bouleut»rion tÕ `Ost…lion ¢noikodomhqÁnai...™yhf…sqh. » 458 F. Coarelli, Il foro romano. Periodo repubblicano e augusteo, Rome, Quasar, 236-237 et J.C. Anderson, An Historical topography of the Roman Fora, Bruxelles, Latomus, p. 50-51. 459 Tac., H., IV, 3 = 3-251. 460 Aur. Vict. (-Ps.), Caes., 8, 5-13 = 3-249 ; Tac., H., IV, 44, 1 = 3-250. 461 H.A., Sev., 3, 4-5 = 7-150. 120 Les énumérations des honneurs offerts à César commençaient pour les années 45-44 c'est-à-dire après la fin des guerres civiles462. La guerre civile était quelque chose de condamnable qui permettait de créer quelque chose de positif. César ne fit rien pour cacher les origines de ces distinctions et les historiens les mettaient en relation avec les victoires sur des Romains. Ils étaient avant tout visuels. Ils fondaient l’imaginaire et l’imagerie du principat. Le chef de l’État était entouré d’une aura divine permanente qui lui apportait la victoire et qui en même temps venait d’elle. Le nouveau régime se cherchait des symboles : le paludamentum, la couronne de laurier, la chaise curule, la couronne civique résumaient son idéologie et définissaient ce que devait être le souverain idéal : un patricien attaché aux magistratures traditionnelles donc à la République, un sauveur, un éternel vainqueur, un favori voire un parèdre des dieux. Ils étaient simples et rapides à comprendre et pouvaient être intégrés dans un programme iconographique. Le princeps était l’inspirateur d’un programme politique dont les œuvres édilitaires étaient un symbole. Pouvoir bâtir à Rome était une marque d’honneur, conférée après la victoire. Les symboles du nouveau régime le définissent aussi dans ce qu’il aspirait à être : une royauté. Ils sont beaucoup moins présents dans les textes traitant de la période triumvirale jusqu’au règne d’Auguste que dans ceux traitant de la dictature de César. Les historiens les ont présentés comme ce qui avait choqué le plus les romains, la cause des ides de mars463. Mais en réalité ils n’étaient que la pointe de l’iceberg, ils révélaient les pouvoirs réels de César. Le fait de ne pas s’être levé devant le Sénat et en général de manquer de respect vis-à-vis des magistratures traditionnelles traduisait un réel rapport de forces. Monarchie et royauté étaient deux termes différant par la symbolique : le terme royauté appartient au vocabulaire de l’invective et se rattache subjectivement à l’idée de tyrannie, tandis que celui de monarchie peut se concilier avec le respect des organes traditionnels de gouvernement et ainsi donner une teinte de liberté. Évidemment, nous sommes dans le domaine de l’imaginaire politique ; de par les pouvoirs absolus des triumvirs, le régime ressemblait davantage à une monarchie, il en va de même pour le régime augustéen,

462 Liv., 115-116 = 1-039 ; App., B.C., II, 106-107 = 1-043 ; Plut., Caes., 57, 1-3 = 1-044. 463 Liv., 115-116 = 1-039. L’abréviateur de Tite Live écrit que « suscitèrent de la haine contre lui le fait qu'il ne se leva pas quand il siégeait devant le temple de Vénus Génitrix, à l'arrivée des sénateurs qui lui décernaient ces honneurs, le fait qu'il replaça sur son siège le diadème que le consul Marc Antoine, son collègue, qui participait à la course des Luperques, avait posé sur sa tête, et qu'il fit abroger le pouvoir des tribuns de la plèbe Épidius Marullus et Caesetius Flavus < qui cherchaient à le rendre > impopulaire, sous prétexte qu'il visait le pouvoir royal. Ces raisons firent qu'une conjuration fut fomentée contre lui. 121 ce qu’Auguste laissait entendre dans ses Res gestae en écrivant que « in consulatu sexto et septimo, po[stquam b]ella [civil]ia exstinxeram per consensum universorum [potitus reru]m om[n]ium, rem publicam ex mea potestate in senat[us populique Rom]ani [a]rbitrium transtuli464 ». Or il écrivait plus bas que le consensus uniuersorum trouvait son origine dans le serment que lui prêtèrent l’Italie et les provinces occidentales avant la bataille d’Actium465 : les provinces confirmèrent à Octavien le pouvoir absolu de prendre en charge la res publica et de déléguer cette charge à qui lui en paraissait digne.

464 R.G., 34. 465 R.G., 25. 122 III. Fonctions, magistratures et sacerdoces

Jules César et les principes successifs reçurent des fonctions qui avaient un rôle dans la définition du pouvoir impérial romain. Le plus souvent il s’agissait de magistratures républicaines dont les pouvoirs étaient étendus dans les prérogatives et dans la durée. Elles donnaient une base légale à un pouvoir que l’imperator s’était octroyé. Car avant que le Sénat lui donne ces fonctions, il avait des pouvoirs illégaux qu’il était nécessaire de faire légitimer. Ces pouvoirs résultaient directement de la guerre civile, ils étaient extraordinaires car la survie de l’empire romain en dépendait466. Mais avec la guerre civile elle ne suffisait plus. Des forces bien supérieures se déchaînaient. Marius, Sylla et Pompée avaient préparé le terrain à César. Les personnages importants avaient besoin de plus d’honneurs. Octave-Auguste les justifiait par la nécessité de réorganisation de l’État.

A. Le cumul des magistratures : la méthode

César réussit à cumuler plusieurs magistratures qu’il aurait été impossible de cumuler quelques années plus tôt. Il développa une méthode qui au départ, ne le mettait pas absolument dans l’illégalité. Le fondement de sa domination était la dictature. Avant de la recevoir, après le passage du Rubicon, il détenait une autorité inconstitutionnelle basée sur ses forces militaires et sur la peur qu’il inspirait467. Cela lui permit de convoquer le Sénat. Il conféra un imperium proconsulaire à ses lieutenants (alors qu’Antoine par exemple était tribun de la plèbe468). Octave fit la même chose : dès qu’il eut appris la mort de César et qu’il eut constitué une armée, il se rendit au Sénat pour faire reconnaître son pouvoir. C’est ainsi

466 Sous la République, la dictature fut créée pour cette raison. 467 La lex Vatinia de 59 attribuait l’imperium proconsulaire à César sur la Gaule et sur l’Illyrie pour cinq ans ; son imperium fut prorogé pour cinq ans par la lex Pompeia Licinia de 55. César avait l’intention de se présenter au consulat en 48 (il avait déjà été consul dix ans plus tôt). En avril 49 César convoqua le Sénat hors de Rome car un proconsul le pouvait pas convoquer l’assemblée dans la ville dans déposer son imperium. 468 Cic., ad. Att., X, 8 ; Phil., II, 24, 58. 123 qu’il devint consul à dix-neuf ans. Le Sénat apparaissait comme un organe essentiel, car c’est à lui en premier lieu que les imperatores faisaient appel quand il s’agissait de légitimer leur pouvoir. Les sénateurs menacés n’avait pas le choix. Ils étaient les seuls capables de conférer les magistratures ; même si la procédure d’attribution et les moyens de pression étaient illégaux, elle devaient obligatoirement être ratifiées par lui. Les pouvoirs de tous les empereurs romains furent ratifiés par le Sénat, même ceux de Maximin469.

Quand César fut nommé dictateur pour la première fois470, il entra en fonctions sans nommer de maître de cavalerie. Appien rapporte que « terrorisé, le peuple le nomma dictateur, sans aucun vote du Sénat ni intervention d'un magistrat.471 » En réalité cette élection fut favorisée par le fait que ses partisans avaient le contrôle de Rome. Une fois qu’il avait franchi la limite de sa province, il ne pouvait plus avoir l’imperium proconsulaire ; néanmoins, il avait toujours ses armées. Cet événement montre de quelle manière les ambitieux se servaient de ce pouvoir pour commander des armées, mais aussi que les limites des magistratures ne constituaient pas un handicap : une fois la force de dissuasion atteinte, la magistrature n’avait plus aucune importance mis à part l’apparence républicaine qu’elle donnait.

Les imperatores s’attachaient les soldats par d’autres manières que la fidélité à la République et à ses magistrats. Le préteur Lépide créa César dictateur en décembre 49, il abdiqua au bout de onze jours après avoir accompli sa mission472. Comme le remarque F. Hurlet, « une abdication après un délai aussi bref (onze jours) ne peut se comprendre que dans le cadre d’une tâche limitée, en l’occurrence la présidence des élections dont César s’est effectivement acquitté473 ». Il devait réunir les comices afin de procéder aux élections. Cette nomination fut faite sous l’effet de la crainte : il venait de décimer les personnes arrêtées 469 Aur. Vict., Caes., 25, 1 = 11-005: « Namque Gaius Iulius Maximinus, praesidens Trebellicae, primus e militaribus, litterarum fere rudis potentiam cepit suffragiis legionum. Quod tamen etiam patres, dum periculosum existimant inermes armato resistere, approbauerunt ». 470 Plut., Caes., 35 471 B.C., II, 48 = 1-034. 472 Caes., B.C., II, 21, 5 ; III, 1, 1 et 2, 1 ; App., B.C., II, 48, 196 ; D.C., XLI, 36, 1-4 ; D.C., XLIII, 1, 1 ; Zon., X, 8 ; Plut., Caes., 37, 2. 473 F. Hurlet, La dictature de Sylla : monarchie ou magistrature républicaine. Essai d’histoire constitutionnelle, Bruxelles-Rome, Institut d’histoire Belge de Rome, 1993, p. 173 n. 9. 124 comme responsable de la mutinerie de quatre légions à Plaisance474. Robert Étienne date de 49 le moment depuis lequel « il n’a pas cessé d’être un magistrat régulièrement investi et [d’] inaugure[r] le cumul des mandats qui lui donn[ait] une force irrésistible475 ». Cependant, le régularité de son investiture peut être nuancée. Sa première dictature aurait dû durer jusqu’en mai 48. Le 1er janvier 48 il entra en charge comme consul – il avait été élu par les comices réunis en vertu de sa dictature476. Lors de ce consulat, il fut nommé dictateur II après la bataille de Pharsale c'est-à-dire en octobre 48. Dion Cassius et Plutarque rapportent que cette dictature dura un an477. Cette fois, c’était vraiment illégal. Le cumul des magistratures était interdit. En 46 il fut consul avec Aemilius Lepidus et dictateur III d’avril 46 à avril 45. Sous cette dictature il fut désigné dictateur IV puis dictateur pour dix ans. En 45 il fut consul sans collègue mais abdiqua en octobre. Sa quatrième dictature se prolongea jusqu’en janvier ou en février 44, date à laquelle il fut dictateur à vie478. Cette même année il était consul avec Marc Antoine.

Dans un premier temps César évita de cumuler le consulat et la dictature. Il se satisfaisait de cette alternance. La dictature lui donnait des pouvoirs qu’il ne pouvait pas obtenir avec le consulat. Le dictateur n’avait pas de collègue. Le maître de cavalerie était nommé par le dictateur, il était son allié politique, mais les deux n’étaient pas sur un pied d’égalité : le maître de cavalerie aidait le dictateur. Lors de sa première dictature il ne nomma

474 App., B.C., II, 48 = 1-034 et Eutr., VI, 20, 1 = 1-035. 475 Jules César, Paris, Fayard, 1997, p. 157. 476 C’était alors son deuxième consulat, il avait déjà été consul en 59 avec Bibulus. 477 D.C., XLII, 20, 3 ; Plut., Caes., 51, 1 et Ant., 8, 3. Mais selon F. de Martino, Storia della costituzione romana, vol. 3, Naples, Jovene, 1973, 2e éd., p. 232 cette dictature dura pour un temps indéterminé : « Tuttavia le monete recano per il 46 cos. tert. dict. iterum e poichè la terza dittatura non fu assunta prima dell’aprile 46, cosi’ bisogna pensare che almeno fino a questa data – il consolato era stato assunto ann’inizio del 46 – Cesare mantenne la seconda dittatura. Per conseguenza è ragionevole la congettura che la seconda dittatura fosse a tempo indeterminato ; cio’ spiegherebbe anche la necessità di una legge e l’opposizione degli Auguri, i quali obiettarono che il magister equitum non poteva essere nominato per oltre sei mesi. » Selon R. Étienne, en 47, lors de cette dictature, il n’y eut pas de magistrats en charge car en 48, l’absence du consul avait empêché les comices curiates de fonctionner. Seul gouvernait à Rome – César était en campagne – le maître de cavalerie assisté des tribuns et des édiles de la plèbe, les seuls magistrats qui pouvaient être attribuées en l’absence de César (R. Étienne, Jules César, Paris, Fayard, 1997, p. 163). 478 Ou dictateur perpétuel (Liv., 115-116 = 1-039 ; App., B.C., 106-107 = 1-043). 125 pas de maître de cavalerie : cela était inutile, sans soute parce qu’il avait une tâche de courte durée à régler, mais illégal. Puis il commença à cumuler les deux fonctions, suite à la bataille de Pharsale, il avait une légitimité suffisante. Les motivations de César n’étaient pas très claires à ce sujet. Il est évident que s’il cumulait ces deux fonctions, c’était parce que l’une et l’autre prises séparément ne lui accordaient pas tous les pouvoirs qu’il jugeait nécessaires à l’accomplissement de son œuvre. D’ailleurs, une ambiguïté demeure quant à la finalité de cette œuvre même479. Mais la nomination d’un dictateur entraînait la suspension des pouvoirs des magistrats ordinaires, non leur suppression. Pourquoi César voulait-il être consul s’il pouvait n’être que dictateur ? Le dictateur avait beaucoup plus de pouvoirs. Peut-être César voulait-il respecter – au début – son caractère extraordinaire de six mois. Les nominations à la dictature avaient toujours lieu après les élections au consulat, dans la deuxième partie de l’année jusqu’en 45. César était toujours consul ordinaire et se nommait lui-même dictateur : le dictateur était nommé par le Sénat, cette décision était exécutée par les consuls. Le ou les consuls avaient toujours le dernier mot. Une fois dictateur il abdiquait du consulat et nommait comme consul suffect un de ses partisans : il mettait la main sur toutes les institutions.

Sa troisième dictature durait depuis avril 46 quant il fut nommé consul unique. Ces années marquaient un tournant dans l’utilisation « habituelle » des magistratures. Une dictature d’un an, un consulat unique480, une dictature perpétuelle n’étaient pas des magistratures : les magistratures républicaines à Rome étaient annuelles et collégiales. Comme la république elle-même, elles ne devinrent plus que des vains mots vidés de leur sens.

479 Depuis l’antiquité les historiens se sont demandés quel régime César voulait établir. 480 Même si cette exception a déjà eu lieu en 52, quand Pompée fut nommé consul unique avec imperium proconsulaire afin de faire cesser la lutte entre les bandes rivales de Clodius et Milon Cette magistrature extraordinaire se justifie par les circonstances de quasi guerre civile. Pompée avait l’imperium domi du consul et l’imperium proconsulaire du proconsul ; il était un souverain presque absolu, juste en dessous d’un dictateur potentiel. Il avait les pouvoirs du roi, mis à part le fait qu’ils ne pouvaient durer qu’un an, le Sénat en avait décidé ainsi. 126 B. Le cumul des magistratures : essai d’explication

L’octroi de la dictature était lié aux guerres civiles. Sa première dictature lui a été offerte afin de remédier à une crise, puis leur octroi changea de nature. Il fut dictateur II après Pharsale, en octobre 48, dictateur III après les batailles de Thapsus et de Munda, en octobre 46. La dictature venait en guise d’honneur suite à une victoire. Une autre étape fut franchie : ses quatrième et cinquième dictatures n’étaient pas liées à des victoires. Les guerres civiles étaient terminées. César était à Rome et profitait de son pouvoir. Les magistrats sous tutelle faisaient preuve d’un zèle faussement volontaire car en réalité César commandait tout. Et sans doute, les honneurs à force d’être décernés se banalisaient-ils : César en redemandait toujours plus pour s’assurer sa position de « premier » au sein de l’État. Avant de se poser la question du type de régime que César voulait bâtir, rappelons-nous la phrase qu’il prononça. « On dit qu'en traversant les Alpes, il passa dans une petite ville occupée par des Barbares, et qui n'avait qu'un petit nombre de misérables habitants. Ses amis lui ayant demandé, en plaisantant, s'il croyait qu'il y eût dans cette ville des brigues pour les charges, des rivalités pour le premier rang, des jalousies entre les citoyens les plus puissants, César leur répondit très sérieusement qu'il aimerait mieux être le premier parmi ces Barbares que le second dans Rome481. » À sa manière, il voulait fonder un principat.

Selon F. Hurlet, la dictature légitimait le « coup d’État de 49 […] César pouvait invoquer le précédent syllanien et rétorquer que, comme Sylla, il n’avait été nommé dictateur que pour légiférer et réorganiser un État affaibli par les guerres civiles […] en revanche, la dictature de Sylla n’était pas, contrairement à ce qu’avait cru Appien, la préfiguration de l’expérience césarienne. Exercée à peine une trentaine d’année auparavant, elle appartenait à une autre époque et se rattachait clairement à la tradition républicaine482. » Mais Sylla lui en avait donné l’idée.

481 Plut., Caes., 11-3-4. 482 F. Hurlet, La dictature de Sylla : monarchie ou magistrature républicaine ? Essai d’histoire constitutionnelle, Bruxelles, Rome, Institut Historique belge de Rome, 1993, p. 174. 127 Les dictatures de César pouvaient être interprétées comme des mesures visant à le remercier pour avoir mis fin aux guerres civiles. Sa quatrième dictature devait durer dix ans, mais elle fut remplacée avant ce terme par la dictature perpétuelle. César institua ce qui fit plus tard un des fondements du régime impérial : l’empereur était le meilleur dans tout ce qu’il entreprenait – ou dans ce qu’il n’entreprenait pas ; les généraux commandaient sous les auspices de l’empereur, s’ils remportaient une victoire, elle lui revenait de droit. L’empereur attendait à Rome que les honneurs lui parviennent. Sa charge était si prestigieuse qu’il était un vainqueur permanent. La dictature fut supprimée par le consul Marc Antoine après la mort de César : elle ne pouvait pas être une des bases du principat, mais le cumul des honneurs, oui.

Les consuls possédaient l’imperium consulaire, l’imperium royal divisé en deux et d’une durée d’un an. Depuis la réforme de Sylla, l’imperium militiae (ou proconsulaire) était réservé aux promagistrats ; les consuls possédaient l’imperium domi. À la différence de Pompée483, ni César ni Auguste ne furent nommés consuls uniques, même si César s’arrogea cette magistrature extraordinaire pendant quelques mois484. Le second consul était un ami, un allié ou un parent485 : la fiction demeurait. Pendant sa fonction le consul devait rendre des comptes au Sénat, cette obligation était plus morale que réelle : aucun organe n’était chargé de le contrôler spécifiquement. Nous ne savons pas si César était tenu de le faire. Elle manifestait aussi l’approbation divine : le jour de son entrée en charge le consul prenait les

483 Pompée fut consul unique en 52 en même temps que l’imperium proconsulaire. Il possédait alors théoriquement les mêmes pouvoirs que le roi, à la différence que son consulat ne dura qu’un an (car il était prévu ainsi) et il était redevable de rendre des comptes devant les assemblées. 484 En 45 il est consul sans collègue. Le consulat unique était octroyé de manière différente que le consulat habituel : il nécessitait l’accord du Sénat, tandis que les deux consuls étaient élus par les comices centuriates présidés par un consul, un dictateur ou l’interroi. César dictateur avait donc de très grand pouvoirs dans la nomination des magistrats vu qu’il présidait les comice centuriates. Remarquons qu’il était toujours dictateur dans la deuxième moitié de l’année, au moment où avaient lieu les élections aux magistratures. 485 Suétone (Caes., 20, 4) et Plutarque (Pomp., 48, 1) rapportent l’inaction qui fut imposée au consul Bibulus : César avait les moyens de paralyser son action ; il le fit par le biais de l’opposition du peuple lors de son premier consulat de 59. L’action de Bibulus représentait une opposition légale du parti du Sénat, le recours à la force était totalement illégal. En 46 il fut consul avec Lépide. En 45, César était consul pour la quatrième fois, il gouverna d’abord en tant que seul consul puis s’adjoint comme collègue d’abord Q. Fabius Maximus puis C. Caninius Rebilus et C. Trebonius. En 44 il fut consul avec Marc Antoine. Il ne put profiter des dix consulats qui lui avaient été décernés (App., B.C., II, 106-107 = 1-043) car il mourut le 15 mars 44. 128 auspices et était emmené en procession depuis sa demeure au temple de Jupiter capitolin. Il pouvait réunir le Sénat, les comices, gérer l’aerarium, recevoir les ambassades486… Le dictateur possédait un imperium royal c'est-à-dire domi et militiae, exactement double par rapport à celui du consul.

Il était plus indépendant que le consul par rapport au Sénat487. C’était une magistrature efficace, César le comprit très bien à partir de 49 ; et à partir de 46 elle fut privilégiée. Nous ne savons pas si la dictature perpétuelle était renouvelée chaque année ou si elle était conférée une fois pour toutes. Selon F. de Martino, la dictature servit à mettre en valeur le commandement militaire de César, ce qui fut concrétisé par l’octroi du praenomen Imperator488.

C. Le rôle de l’imperium dans la mise en place du nouveau régime

L’imperium jouait un rôle important parmi les pouvoirs de César, il lui était conféré par la dictature et par le consulat. Une fois qu’il eût abandonné le proconsulat des Gaules, César reçutde l’imperium proconsulaire avec la dictature. Auguste en fit une base de son pouvoir, il était détaché de la magistrature. Il lui fut d’abord décerné pour dix ans puis à vie. L’imperium proconsulaire permettait au princeps de gouverner les provinces. Il se transmettait, un détenteur de l’imperium pouvait le conférer à un autre, il était plus important que celui des magistrats489.

486 « Consul », in C. Daremberg, E. Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, t. 1, vol. 2, Graz, Autriche, Akademische Druck-u. Verlagsanstalt, 1969, p. 1455-1483. 487 Le consul avait besoin d’un sénatus-consulte pour déclarer la guerre alors que le dictateur était indépendant à ce niveau. Cependant il convient de noter que les faits rapportés par Polybe, III, 87, 8 sont beaucoup plus anciens que la dictature de César et que les institutions républicaines évoluèren très vite à cette époque. Par contre depuis la lex Valeria de 300 il est sujet à la prouocatio ad populum du tribun de la plèbe. 488 F. de Martino, Storia della costituzione romana, vol. 3, Naples, Jovène, 1973, 2e éd., p. 244. 489 La succession d’Agrippa est en relation directe avec les guerres civiles : il s’est illustré à Actium. Il fut logiquement le premier des successeurs avec Marcellus. Marcellus était le fils de la sœur d’Auguste, le fait de 129 Les historiens sont beaucoup plus discrets quant aux honneurs d’Auguste ; moins nombreux, ils ne sont plus présentés comme des honneurs exceptionnels. Après la guerre de Modène, opposant Hirtius, Pansa et Octave à Antoine, Octave, après avoir envoyé une ambassade de soldats, marcha sur Rome et reçut le consulat490, les ornements consulaires et le titre de sénateur selon l’abrégé de Tite Live491. Octavien, Antoine et Lépide devinrent assez puissants pour créer une magistrature qui était « une dynasteia, c’est-à-dire un pouvoir royal dénué de tout fondement légal qui portait atteinte, selon ses adversaires, à la liberté du Sénat et du peuple romain. Les triumvirs s’abstinrent de donner à cette charge d’un titre nouveau le nom de dictature, parce qu’elle avait été abolie et parce que cela aurait trop crûment rappelé la réalité aux Romains. C’est pourtant bien de cela qu’il s’agissait…492» Mis à part le fait que le triumvirat était une magistrature collégiale, à la différence de la dictature de César, il ne visait pas à créer une monarchie. Idéologiquement, d’un point de vue de la représentation du pouvoir, les triumvirs ne faisaient aucune allusion à la royauté. Il n’était pas perpétuel mais d’une durée de cinq ans, sanctionné par une loi, la lex Titia, et renouvelable. C’était une magistrature cum imperio qui donnait le droit de gouverner les provinces493. En réalité, il faire avancer sa carrière et de le choisir comme héritier dénote du caractère héréditaire – dans la mesure du possible – du principat. L’imperium fut octroyé à Agrippa dès 23 av. J.-C ; en 18 et en 13 il fut associé avec l’exercice de la puissance tribunicienne. Pour une analyse complète de l’imperium corégentiel, voir F. Hurlet, Les collègues du prince sous Auguste et Tibère. De la légalité républicaine à la légitimité dynastique, Paris, de Boccard, 1997, p. 237-319. Dans le corpus, voir Tac., An., I, 3 = 1-190 ; AE 1904, 98 = 1-191 ; RIC 154-160 = 1-192 à 1-198. 490 Suet., Aug., 26, 1-2 = 1-106. 491 Liv., 118 = 1-108. C'est-à-dire qu’Octave aurait reçu l’imperium proconsulaire – c’est ce qu’il fit ensuite, – qu’il avait le droit de parler devant le Sénat en tant que consul. Le titre de sénateur était obligatoire pour être consul. À cette époque l’ordre sénatorial et l’ordre équestre n’étaient pas encore séparés, un fils de sénateur était chevalier jusqu’à ce qu’il ait atteint la questure qui lui ouvrait l’accès au Sénat. 492 J.-M. Roddaz, « L’héritage », in Histoire romaine, t. 1, Des origines à Auguste, sous la dir. de F. Hinard, Paris, Fayard, 2000, p. 842. Ils se partagèrent les provinces, ce qui impliquait qu’ils avaient un imperium proconsulaire, de plus ils s’attribuaient toutes les prérogatives de l’imperium consulaire accompagnées de pouvoirs discrétionnaires qui n’entraient pas dans les prérogatives habituelles des consuls comme par exemple le fait de rédiger une liste de proscriptions. 493 Les triumvirs avaient le droit de nommer les magistrats, les gouverneurs de provinces et de gouverner l’Italie et les provinces sans consulter le Sénat et le peuple (D.C., XLIV, 55). Ils avaient reçu un pouvoir consulaire (App., B.C., 4, 2 et 4, 7). 130 semble qu’il ait duré plus de dix ans494. La domination des triumvirs était basée sur le même concept que la dictature de César : l’imperium.

La puissance tribunicienne venait après : César la reçut entre 45 et 44495 ; Octavien en 36, alors qu’il était revêtu du consulat chaque année depuis 31, date de sa victoire navale d’Actium. Après, il n’avait plus aucun pouvoir militaire. Il est probable que le triumvirat ait duré jusqu’en 31 ou en 32 si on considère que les serments prêté à Octavien et à Antoine avant Actium palliaient cette insuffisance et donnaient une nouvelle légitimité aux deux hommes.

D. La puissance tribunicienne

Jules César fut aussi décrété sacrosaint (« sacrosanctus496 ») après son cinquième triomphe. Toute atteinte à sa personne était considéré comme un sacrilège. Il ne pouvait pas être tribun de la plèbe car il était plébéien. Zonaras écrit qu’il reçut les privilèges des tribuns497, c’est-à-dire le droit de siéger au banc des tribuns et de s’associer à leurs actes dans les saepta Iulia qu’il avait fait construire pour les comices tributes. F. de Martino assimile cet honneur à l’octroi de la puissance tribunicienne498. De fait, il avait les pouvoirs d’un tribun, mais ces pouvoirs n’étaient pas formalisés comme ce fut le cas pour Auguste qui reçut la puissance tribunicienne détachée de la magistrature de tribun. Lui aussi était patricien. Aucun texte ne précise si elle était égale ou supérieure à celle des tribuns. La deuxième hypothèse est sûrement la bonne : elle devait l’être par l’auctoritas de l’empereur. À la différence des tribuns, il avait le droit de la conférer à d’autres personnes : Auguste s’en servit pour sa

494 Aucune abdication ne nous est signalée dans les sources. 495 App., II, 106-107 = 1-043 et Liv., 115-116 = 1-039, c'est-à-dire après la bataille de Munda (17 mars 45), la puissance tribunicienne est un récompense suite à cette victoire comme l’octroi de la dictature perpétuelle. 496 Liv., 115-116 = 1-039. 497 Zon., X, 491-492, 12 = 1-046. « œcein d kaˆ t¦ tîn dhm£rcwn pronÒmia ». 498 F. de Martino, Storia della constituzione romana, vol. 3, Naples, Jovene, 1973, 2e éd., p. 233. En réalité il ne mentionna jamais sa puissance tribunicienne, ni sur le peu d’inscriptions qui nous restent, ni sur ses monnaies. 131 succession499. Le 13 janvier 27 il rendit au Sénat les pouvoirs qu’il avait500. Ils étaient en grande partie symboliques : il était consul pour la septième fois mais il avait rétabli la paix dans le monde, fermé les portes du temple de Janus, il était « l’unique et indiscuté ‘seigneur’ de la res publica501 ». Ainsi, il rendait ce que le Sénat lui avait confié pour restaurer la république, son commandement sur les armées, le gouvernement de l’Italie et des provinces et toute forme de contrôle sur l’organisation de l’État. Il déposait sa potestas ; mais ne déposait ni le consulat ni ses honneurs (les titres d’imperator et de princeps senatus, le droit de siéger parmi les tribuns, la juridiction d’appel et le calculus Mineruae [dans tous les votes sa voix serait déterminante] 502 ».

E. La censure

César avait été censeur unique et perpétuel503, il pouvait procéder à la lectio senatus. Il avait le droit de commendatio à toutes les magistratures excepté le consulat, depuis la lex Antonia504. Il est difficile de mesurer dans quel mesure cette loi était contraignante pour les assemblées, mis à part peut-être par le biais d’une étude prosopographique. Octave-Auguste revêtit aussi la censure et vida le Sénat des éléments qui s’y étaient infiltrés à la faveur des guerres civiles505.

499 Tac., An., I, 3 = 1-190. 500 Aug., R.G., 34. 501 F. Guizzi, Il principato tra « res publica » e potere assoluto, Naples, Jovène, 1974, p. 132. 502 F. Guizzi, Il principato tra « res publica » e potere assoluto, Naples, Jovène, 1974, p. 134. 503 Zon., X, 491-492, 12 = 1-046 : « Timht»n te kaˆ di¦ b…ou kaˆ mÒnon aÙtÕn ™yhf…santo e•si. » 504 Eutr., VI, 25 y fait allusion : « Cum ergo et honores ex sua uoluntate prestaret, qui a populo antea deferebantur » et Suet., Iul., 51, 3 la précise : « Comitia cum populo pratitus est, ut exceptis consulatus competitoribus de cetero numero candidatorum pro parte dimida quos populus uellet ». 505 Aug., R.G., 8 : « patriciorum numerum auxi consul quintum iussu populi et senatus. senatum ter legi. et in consulatu sexto censum populi conlega M. Agrippa egi. lustrum post annum alterum et quadragensimum fec[i]. quo lustro civium Romanorum censa sunt capita quadragiens centum millia et sexag[i]nta tria millia. tum [iteru]m consulari cum imperio lustrum [s]olus feci C. Censorin[o et C.] Asinio cos., quo lustro censa sunt civium Romanorum [capita] quadragiens centum millia et ducenta triginta tria m[illia. et te]r]tium consulari cum imperio lustrum conlega Tib. Cae[sare filio] m[eo feci] Sex. Pompeio et Sex. Appuleio cos., quo lustro ce[nsa sunt] civ[ium Ro]manorum capitum quadragiens centum mill[ia et n]onge[nta tr]iginta et septem millia. 132 F. Bilan : essai de définition du nouveau régime créé par César et Auguste

César avait compris que l’armée pouvait être une force capable de pousser le Sénat à prendre des décisions. La victoire dans la guerre extérieure puis dans la guerre civile permettait à l’imperator de recevoir des charges définissant juridiquement le pouvoir impérial, en réalité les anciennes magistratures républicaines modifiées. Par exemple, après la défaite de Pompée (48 av. J.-C.), Jules César put être consul pendant cinq ans d’affilée, reçut la dictature pendant un an, même s’il n’était pas à Rome, la puissance tribunicienne pratiquement à vie et contrôla les élections506. La durée des magistratures était prolongée ; les pouvoirs détachés de leurs fonctions. Après la bataille de Thapsus (juillet 46 av. J.-C.) César célébra un triomphe hors norme, reçut des pouvoirs censoriaux et la dictature à vie507, il fut élu consul508. Le régime césarien resta lié à la république, comme celui d’Auguste ; officiellement il n’y eut pas de changement de régime : les mots pour le décrire étaient toujours ceux du droit républicain, même si César profita de sa dernière victoire – sur Pompée – pour faire des allusions à la royauté. C’est au même moment qu’il reçut le titre d’imperator comme praenomen qui devint héréditaire : le titre d’imperator pouvait être décerné selon l’ancienne coutume aux généraux victorieux et selon la nouvelle à Jules César seul. Les honneurs ne sont pas décernés simultanément mais par à coups ; après chaque victoire de nouveaux sont ajoutés et les anciens sont renforcés.

Lorsque les historiens commencèrent à utiliser le mot principatus, ils tenaient compte d’un fait accompli. Un changement trop brutal aurait heurté les Romains. C’est ce qui eut lieu

legibus novi[s] m[e auctore l]atis m[ulta e]xempla maiorum exolescentia iam ex nostro [saecul]o red[uxi et ipse] multarum rer[um exe]mpla imitanda pos[teris tradidi]. » 506 D.C., XLII, 20, 2-21, 1 = 1-025. 507 D.C., XLIII, 14, 1-7 = 1-026 508 Plut., Caes., 55, 1-56, 1 = 1-038, les fastes consulaires en témoignent. César fut élu consul à la place du consul précédent, en cours d’année. 133 aux ides de Mars 44. César venait de s’en prendre au prestige du Sénat509. Encore faut-il remarquer que César fut tué par des conjurés et qu’une partie du peuple lui était favorable ; et qu’il n’est pas facile de déterminer lequel de ces honneurs fut la cause de sa fin.

Quel que soit le nom qu’on lui donne, le nouveau régime était une royauté pour toute personne lucide. L’ancien régime tant haï a été restauré à la faveur des guerres civiles. Appien commence le récit des guerres civiles en remarquant que « depuis Jules César jusqu’à ce jour, la totalité du pouvoir reste entre les mains d’un seul homme. Ce maître suprême ne reçoit pas des Romains le nom de roi, par respect, je suppose, pour un serment prêté par leurs ancêtres ; il porte le nom d’imperator, nom qui se donnait autrefois aux généraux chargés d’une guerre, mais, en réalité, de quelques noms qu’on les considère, ce sont des rois510. »

Les organes traditionnels demeuraient mais étaient vidés de leur fonctions ; ils ne contrôlaient les pouvoirs de César que théoriquement. Le nouveau régime ne fut pas défini formellement, ce qui laissa un doute sur son caractère héréditaire, même si Octavien avait été adopté par César et que le caractère politique de cette adoption ne faisait pas de doute. Avec l’héritage Octavien reçut aussi les clients de César. Mais il dut mener pas moins de treize ans de guerres civiles pour s’imposer. Dion Cassius et Plutarque remarquaient un état de fait : grâce à tous les honneurs et fonctions qu’il avait reçus César pouvait contrôler la religion, la politique, l’armée, la société romaines. Et il était le seul. Dion Cassius remarque que si ces dernier honneurs étaient immodérés par rapport aux précédents ils n’en étaient pas pour autant antidémocratiques511 ; mais par la suite le Sénat le décréta monarque (™yhf…santo… mÒnarcon). L’historien ne précise pas si les honneurs énumérés par la suite constituent la définition de cette monarchie ; mais l’on peut penser qu’elle était définie par tous les honneurs qu’il avait reçus jusqu’à ce moment. Ils étaient à la fois politiques et religieux : contrôle des magistratures, consulat pour dix ans, lui seul peut avoir des soldats, peut administrer les fonds publics, une statue de lui et plus tard un char seront portés dans la procession des jeux – il est mis sur le même plan que les dieux – il reçut une statue dans le temple de Quirinus, une autre sur le Capitole parmi celles des rois de Rome et de Brutus. Eutrope remarque qu’après la fin 509 Liv., 115-116 = 1-039 et Eutr., VI, 25 = 1-040. 510 App., Préface, 7. 511 D.C., XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028. 134 des guerres civiles – c’est-à-dire après mars 45) il commença à se comporter « avec excès et d’une façon contraire aux usages de la liberté romaine.512 » Velleius Paterculus écrivait que son principat dura cinq mois513, c’est-à-dire qu’il commença vers octobre 45 (date de son triomphe sur la guerre d’Espagne) ; et selon Plutarque, le fait de le nommer dictateur à vie « était une tyrannie [monarc…a] avouée, puisque ce pouvoir absolu joignait à l'irresponsabilité la perpétuité.514 » La guerre civile avait permis de fonder le principat.

C’est ce contrôle qui était choquant, non les honneurs pris en détail. La définition du principat de fait progressivement, au rythme des victoires et des décrets honorifiques pris en leur honneur515. C’est ce que nous avons tenté de mettre en valeur dans le corpus. Cette remarque vaut pour tous les successeurs d’Octavien issus d’une guerre civile. Les historiens ne précisaient pas tous les honneurs qui leur étaient donnés, car c’était les mêmes, ils ne mentionnaient que les nouveaux. À partir de ce moment la libertas des Romains était définitivement confisquée : le Sénat possédait toujours un certain prestige, une autorité morale mais son rôle réel était peu important. Le nouveau régime n’était une monarchie que dans certaines limites : à la fin de sa vie Auguste nomma pratiquement Tibère co-régent.

Appien rapporte que « les magistrats, dès leur installation, juraient de ne s'opposer à aucune des mesures définies par César516. » Ce serment fut décidé probablement en 45 si l’on considère que tous les honneurs mentionnés sont contemporains. César était au faîte de son pouvoir, le serment ne faisait que sanctionner une situation de fait. D’ailleurs, César avait reçu des magistratures dont les pouvoirs se recoupaient. Ce serait dans le but, comme écrit Appien, de lui décerner « toutes sortes d'honneurs démesurés, au-delà de ceux qu'on décerne à un homme » et par là, d’en faire un dieu. Dion Cassius écrivait à ce sujet qu’à César « il était

512 Eutr., VI, 25 = 1-040. 513 Vell., I, 56, 1-3 = 1-042. 514 Plut., Caes, 57, 1-3 = 1-044 515 « Ainsi, cet ensemble des pouvoirs et honneurs impériaux dont chaque nouvel empereur se voit investi, ne s'est formé que petit à petit, au gré des circonstances. La puissance impériale lui est antérieure, étant primordiale et nécessaire, mais sa détermination juridique est empirique et progressive. » L. Lesuisse, « Tacite et la lex de imperio des premiers empereurs romains », Les études classiques, XXIX, 1961, p. 160. 516 B.C., II, 106-107 = 1-043. 135 indifférent de commander à des gens contre leur gré, d’exercer le pouvoir sur des gens qui le haïssaient, de se donner des honneurs à lui-même517 ». Octave-Auguste rationnalisa ces honneurs. César et Auguste fondèrent par le biais de la guerre civile ce qui sera la règle jusqu’à la tétrarchie. Dion Cassius écrit que Pertinax « obtint tous les titres habituels appartenant à cette fonction, et aussi un nouveau pour indiquer qu'il souhaitait être démocratique ; en effet, il fut nommé chef du Sénat, en accord avec l'ancienne coutume 518. » Et même en temps de paix, le principat restait marqué par le contexte de son origine : les guerres civiles.

517 D.C., XLI, 54, 1-2, cité par Histoire romaine, t. 1, Des Origines à Auguste, sous la dir. de F. Hinard, Paris, Fayard, p. 781. 518 D.C., LXXIII, 5, 1 = 7-017. « … kaˆ œlabe t£j te ¥llaj ™pikl»seij t¦j proshkoÚsaj kaˆ ˜tšran ™pˆ tù dhmotikÕj e•nai boÚlesqai: prÒkritoj g¦r tÁj gerous…aj kat¦ tÕ ¢rca‹on ™pwnom£sqh. » 136 Conclusion : Bilan et problématiques

L’étude des rapports des guerres civiles et du pouvoir impérial romain amène à une réflexion sur des aspects très divers du principat. L’avènement d’un nouvel empereur semble préparé à l’avance : des personnages influents, membres de l’ordre équestre et de l’ordre sénatorial, usaient de tous les moyens à leur disposition pour se gagner les éléments importants de l’État et l’accord du peuple. La guerre civile était un constat de leur échec. Elle prouvait qu’il restait toujours des opposants. Les revendications politiques et religieuses n’offraient qu’une légitimation. L’armée n’avait pas le rôle le plus important dans les guerres civiles : elle était une force que leurs chefs utilisaient. Les corps politiques non fédérés, comme le peuple ou une armée sans chef, étaient paralysés.

Il semble que le rôle de l’armée et son évolution soient à relativiser. Le Sénat garda un rôle formel. L’Histoire auguste affirmait que les pouvoirs de Maximin n’avaient jamais été confirmés par le Sénat sans doute pour le dénigrer519. M. Christol remarquait que les maux de l’empire romain commencèrent depuis 250-251 mais que les historiens anciens les présentaient comme accumulés entre 253 et 268, c'est-à-dire au cours des règnes de Valérien et de Gallien520. En réalité Gallien avait hérité d’une situation dont il n’était pas responsable. Cette remarque que M. Christol fit en introduction à son article devrait être le préalable méthodologique à toute étude historique : la vérification est toujours nécessaire. Le Sénat avait un rôle légal qui sanctionnait la légitimité acquise d’une autre manière. Il avait perdu de ses prérogatives dès la dictature de Jules César. Zosime rapporte qu’après l’assassinat de Pertinax, « comme le Sénat prolong[eait] ses délibérations pour savoir exactement à qui il conv[enait] de remettre le pouvoir, Sévère [fut] désigné empereur ; Albinus et Niger ayant tenté de s'emparer de cette même charge, de nombreuses guerres civiles s'allumèrent entre eux

519 « Sed occiso Alexandro Maximinus primum e corpore militari et nondum senator sine decreto senatus Augustus ab exercitu appellatus est filio sibimet in participatum dato ». (H.A., Maxim., 7,4-8, 1 = 11-010). 520 M. Christol, « Les règnes de Valérien et de Gallien (253-268) : travaux d’ensemble, questions chronologiques », ANRW II, 2, p. 803-804. 137 et les cités se divisèrent, chacune prenant parti pour l'un ou l'autre des adversaires521 ». Les conjurés, n’avaient rien prévu en cas d’échec de leur plan ; l’empire nécessitait une réponse rapide et adaptée. Le Sénat était incapable d’y parvenir. La guerre civile était une réponse aux manquements de l’acteur politique traditionnel. Les barbares jouèrent un grand rôle dans la politique romaine, dans le déclenchement de la guerre civile en permettant aux empereurs de nommer des chefs militaires avec pouvoirs importants sur les frontières, et dans son déroulement en combattant pour eux. Le rôle de l’armée était reconnu par les empereurs, sa contribution lors de la guerre civile était même souhaitée. Les monnaies appellent à la fides militum, à la concordia militum. En réalité il y avait un décalage entre les événements et la pensée des sénateurs qui continuaient à refuser le rôle croissant et inévitable des armées. Les causes du rôle croissant de l’armée peuvent être l’ambition croissante des préfets du prétoire et en général de ceux qui avaient des troupes sous leurs ordres. Le choix des armées manifestait aussi un certain patriotisme et une volonté de sauver l’Empire des invasions. Maximin le Thrace parlait de « défend[re] la majesté de Rome contre les Germains522 ». Elle s’adaptait aux nouvelles circonstances.

Les prises de pouvoir et usurpations se faisaient majoritairement sur les frontières. Cela s’explique selon R. Rémondon et L. de Blois par la « régionalisation » de l’armée romaine sous le règne de Gallien523. En effet, Gallien instaura des unités de cavalerie indépendantes. L. de Blois cite Aureolus524. Zonaras le mentionne en tant que commandant de toute la cavalerie (p£shj ¥rcwn tÁj †ppou), Aurelius Victor comme commandant des légions de Rhétie (« cum per Raetias legionibus praeesset ») ; l’Histoire auguste comme commandant des armées de l’Illyricum. Selon F. de Blois, Aurelius Victor voulait écrire qu’Aureolus était dux et qu’il se trouvait dans une ville d’Italie du Nord afin d’empêcher les

521 Zos., I, 7, 1-8, 2 = 7-033 : « TÁj d gerous…aj e„j tÕ diaskopÁsai t…ni dšoi paradoànai t¾n ¢rc¾n ¢naballomšnhj, SebÁroj ¢nade…knutai basileÚj: parelqÒntwn d e„j t¾n aÙt¾n ¢rc¾n 'Alb…nou kaˆ N…grou, pÒlemoi sunšsthsan aÙto‹j oÙk Ñl…goi prÕj ¢ll»louj ™mfÚlioi, kaˆ pÒleij dišsthsan, a‰ m•n tùde a‰ d• tùde prosqšmenai: ». 522 H.A., Gord., 14, 1-6 = 11-022 523 R. Rémondon, La crise de l’empire romain, Paris, PUF, 1970, p. 106 ; L. de Blois, The Policy of the Emperor , Leiden, E.J. Brill, 1976, p. 26 ss. 524 Zon., XII, 633, 25 = 16-029; Aur. Vict., Caes., 33, 17-19 = 16-030 ; H.A., Tyr. , 11, 1-2 = 15-025. 138 attaques des Alamans en Rhétie525. Il s’agissait probablement de Milan526. Il n’avait pas de position officiellement définie mais commandait les troupes à la place du gouverneur de la Rhétie. La nouvelle fonction crée sous le règne de Gallien semblait être un tremplin pour le pouvoir impérial. Avant, il était formé de la préfecture du prétoire. L’armée tenait toujours la plus haute place en ce qui concernait la nomination des empereurs mais elle changeait : il s’agissait désormais de l’armée des provinces et plus particulièrement de la lutte contre les barbares. R. Rémondon considère les usurpations de cette époque comme des « formes spontanées et anarchiques de décentralisation, des moyens de parer d’urgence à des dangers locaux aggravés527 ». L’importance nouvelle prise par les armées des provinces était critiquée par les milieux sénatoriaux, Maximin en devint l’archétype.

Les acteurs de la légitimité de l’empire sont présentés de manière discontinue par les historiens. Il est très difficile, par exemple, de lier les conspirations sénatoriales et la fabrication des présages. Musonius par exemple, était en contact avec Apollonius de Tyane 528 qui avait des visions sur le déroulement de la vie politique de l’Empire. Il serait peut-être possible de retracer la carrière du peu de prêtres que nous connaissons nominalement. Les informations sur les conjurations sénatoriales transmises par les historiens sont très lacunaires, mais néanmoins suffisantes. Les personnages chargés de transmettre la propagande impériale étaient pratiquement inconnus : nous n’avons révélé aucune allusion à un d’eux. La monnaie se transmettait d’elle-même, mais des aides étaient nécessaires pour transmettre les libelles. Les historiens rapportent les épisodes des guerres civiles comme si la légitimité de l’empereur se suffisait à elle-même, se transmettait par elle-même, par son aura.

525 L. de Blois, The Policy of the Emperor Gallienus, Leiden, E.J. Brill, 1976, p. 30-31. 526 Zon., XII, 633, 25 = 16-029 527 La crise de l’empire romain, Paris, PUF, 1970, p. 107. 528 Philstr., Apol., IV, 46 = 2-226. 139 Annexe 1 : Chronologie. Les empereurs et les usurpateurs

• Jules César († 15 mars 44 av. J.-C.) • Octave-Auguste (16 janvier 27 av. J.-C.-19 août 14 ap. J.-C.)

• Tibère (19 août 14-16 mars 37) • Caligula (18 mars 37-24 janvier 41)

• Claude (24 janvier 41-13 octobre 54) L. Arruntius Camillus Scribonianus (42 ap. J.-C., Illyrie, règne 5 jours)

• Néron (13 octobre 54-9 juin 68) C. Nymphidianus Sabinus (68) Vindex (9-12 mars 68, Gaule-mai 68) L. Clodius Macer (début 68, Afrique, il a peut-être pris le pouvoir en Sicile-printemps 68) • Sabinus • Galba (2-3 avril 68, Espagne-empereur du 11 juin 68 au 15 janvier 69) L. Calpurnius Piso Frugi Licianianus (César du 10 au 15 janvier 69, Rome) • Othon (15 janvier 69-16 avril 69) • Vitellius (salué le 2 janvier par Valens et le 3 par l'armée de Germanie à Cologne, règne du 16 avril 69 au 20 décembre 69) • Vespasien (dies imperii : 1er juillet 69, Alexandrie-24 juin 79)

• Titus (César en juillet ou août 60, empereur du 24 juin 79 au 13 septembre 81)

• Deux patriciens 140 • Domitien (14 septembre 81-18 septembre 96) L. Antonius Saturninus (Acclamé empereur 88 ou janvier 89, Mayence) "Complures senatores", Suet., Dom., 10, 2

• Nerva (18 septembre 96-27 ? Janvier 98) • Trajan (28 janvier 98-7 août 117) • Hadrien (11 août 117-10 juillet 138) • Antonin le Pieux (10 juillet 138-7 mars 161)

• Marc Aurèle (7 mars 161-17 mars 180) Avidius Cassius (début avril-mai 175, Orient-après la 28 juillet 175)

• Commode (César le 12 octobre 166, Auguste et coempereur en 177, il règne seul du 17 mars 180 au 31 décembre 192). • Pertinax (1er janvier 193-28 mars 193) P. Helvius Pertinax filius (César le 1er janvier 193-il meurt en 212). • Didius Julianus (28 mars 193-1er juin 193) • Pescennius Niger (début avril 193, Antioche- Automne 194 ou en 195) • Clodius Albinus (après le 9 avril 193 Septime Sévère le nomme César-19 février 197) • Septime Sévère (9 avril 193, Carnuntum-4 février 211)

• Caracalla (4 février 211-8 avril 217) • Geta (209-février 212)

• Macrin (11 avril 217- Fin juin ou juillet 218) • Diaduménien (César en avril 217, Auguste le 15 mai 218-il meurt le 8 juin 218)

• Élagabal (15 ou 16 mai 218-13 mars 222) Seleucus

141 Gellius Maximus (219) Verus (219) Marcellus Caesar Sallustius (probablement sous Alexandre Sévère) Uranius Antoninus Taurinus (probablement sous Alexandre Sévère)

• Alexandre Sévère Taurinus : selon Aur. Vict, -Ps., Caes., 24, 2, probablement le même que celui sous Élagabal. L. Seius Sallustius Ovinius Camillus (Rome)

• Maximin le Thrace (18 mars 235-24 juillet 238) Titus Quartinus (en réalité, il s'agit peut-être d'un Titus Quartinus) Magnus (sur le Rhin, † début 235).

• Gordien I et Gordien II (28 mars 238- entre avril et juillet 238) • Pupien / Maxime et Balbin (22 avril 238 ou début mai 238-23 ou 29 juillet 238) • Gordien III (23 ou 29 juillet 238-25 février 244 ou mars 244) Pompeianus Sabinianus (240, Afrique)

• Philippe (25 février ou mars 244-fin août 249) Iotapianus (248 ou 249, Syrie ou Cappadoce-jusqu'à la fin du règne de Philippe) Ti. Claudius Marinus Pacatianus (1er avril 248) Marin (248 ou 249 - ?). Silbannacus (sur le Rhin, 248-249) Sponsianus (248, Transsylvanie-249) Iulius Aurelius Sulpicius Uranius Antoninus (253-254) Marcus 142 Dèce (d'abord usurpateur sous Philippe)

• Trajan Dèce (29 août 249-première quinzaine d'août 251) Iulius Valens Lucinianus (Illyrie) Lucius Priscus (250)

• Herennius Etruscus (César en 250, co-empereur depuis mai 251, succède à son père le 15 août de la même année – début août 251) • Hostilien (César en 251, co-empereur le 15 août 251 – octobre 251) • Trébonien Galle (15 août 251 – début août 253)

• Aemilius Aemilianus (d'abord usurpateur – Mésie – puis empereur, juillet-août / septembre-octobre 253)

• Volusien (César en Juin 251, Auguste peut-être en octobre 251-début août 253) Uranius Antoninus (253, Syrie) • Valérien (d'abord usurpateur puis empereur. 22 octobre ou juin-août 253 avec Gallien co-empereur-260 ?) Cyriadès Le fils de Cyriadès. Mareades

• Gallien (22 octobre ou entre septembre et octobre 253-22 mars 268) • Valérien Junior (César en 255, empereur depuis 257, il meurt fin 257-début 258) • Salonin (César en 258, Auguste au printemps 260, il meurt peu après)

Empire des Gaules : Postumus (juillet-août 260, Gaule-mai-juin 269) Postumus Iunior = Lollianus (268, pendant le règne de Postumus)

Royaume de Palmyre : 143 (260-272, Palmyre) Herodes : co-empereur avec son père Odaenathus

Fulvius Macrianus (Septembre 260-printemps 261) Macrianus Iunior (Auguste le 17 septembre 260 - printemps 261) Quietus (Auguste le 17 septembre 260-printemps 261)

Ballista Regilianus (= P. C. Regalianus) (260, Illyrie) (260, Sirmium) Calpurnius ? Piso Frugi (261 ?, Thessalie) Valens (261, Macédoine) L. Mussius Aemilianus signo Aegippius (après le 30 octobre 261, Égypte-tué par Gallien) Aureolus, sur le Nestus (Acclamé vers 262, puis vers août-septembre 268-Septembre ? 268) Memor († 262). Herennianus (en 266 ou 267). Timolaus (placé en 266 ou 267 mais probablement inventé par l'Histoire Auguste) Celsus (probablement acclamé empereur entre 260 et 268)

Trebellianus Marinus Aemilianus Saturninus Censorinus (plus probablement sous Claude II). Antoninus Aelianus

• Claude II (septembre-octobre 268-septembre 270)

Empire des Gaules : Victorinus (printemps 269, Gaule-fin 269/milieu 270 ou début 271)

144 Laelianus (début 269, Gaule-mai-juin 269) Victorinus (printemps 269-fin 269 ou début 270) Marius (mai-juin 269-printemps 269)

Censorinus

• Quintille (septembre 270)

• Aurélien (septembre 270-septembre-octobre 275).

R oyaume de Palmyre : (début 272-fin de l'été 272, Palmyre) Zénobie (reine en 267, Augusta du début à la fin de l'été 272, Palmyre) Maeonius (Palmyre, 272 d'après l'H.A.) Antiochus (272, Palmyre) Empire des Gaules: (début 271-printemps 274) Tetricus II (273-printemps 273) => Faustinus (273, Gaule). Victoria (= Vitruvia) (en 271, elle prend le titre d'Augusta).

Felicissimus (270-271) Septiminius (=Septimius) (271-272, Dalmatie) Urbanus (271-272) Domitianus (vers 271-272, Illyrie ?) Firmus (273, Syrie)

• Tacite (fin 275-milieu 276)

• Florien (juillet ? 276-printemps 276) • Probus (juillet ? 276-septembre-octobre 282) Saturninus (280, Alexandrie) 145 Bonosus (Cologne) Proculus (280, Lyon- ?)

• Carus (septembre 282-mi-juillet 283) + Carin et Numérien Césars • Carin (décembre 282 ou janvier 283-printemps ou mi-juillet 285) M. Aurelius Iulianus • Numérien (18 ? mai 283-première quinzaine de novembre 284) • Dioclétien (20 novembre 284-313 ou 316)

146 Bibliographie

147 Sources

Textes littéraires

Abrégé des livres d’histoire romaine de Tite Live, tome XXXIV – vol. 2, "periochae" transmises par les manuscrits (periochae 70-142) et par le papyrus d’Oxyrhynchos, éd. et trad. par P. Jal, Les Belles Lettres, Paris, 1984, 2 vol., CXXIV-144, 174 p. (C.U.F.) Ammien Marcellin, Histoires, t. III, l. XX-XXII, éd. et trad. par Fontaine (J.), Frézouls (É.), Berger (J.-D.), Paris, Les Belles Lettres, 1996, 358 p., index., carte (C.U.F.) Appian's Roman History, trad. par Viereck (P.), éd. par H. White (H.), t. 3-4, Londres : William Heinemann LTD / Cambridge, Harvard University Press, (1913) 1961-1964, 684-367 p. index (coll. Loeb) Appiani bellorum ciuilium liber quartus, introduzione, testo, traduzione e commento a cura di Domenico Magnino, Como : Edizioni New Press, 1998, 270 p. index, biblio. (Biblioteca di Athenaeum 37) Appien, Les guerres civiles à Rome, Livre I, trad. par J.-I. Combes-Dounous, revue et annotée par C. Voisin, Introduction et bibliographie de P. Torrens, Paris : Les Belles Lettres, 1993, 217 p. (coll. La Roue à Livres) Appien, Les guerres civiles à Rome, livre II, trad. par J.-I. Combes-Dounous, introduction, révision et notes de P. Torrens, Paris : Les Belles Lettres, 1994, 202 p., biblio., index, cartes (coll. La roue à livres) Aurélius Victor, Livre des Césars, texte établi et traduit par P. Dufraigne, Paris, Les Belles Lettres, 1975-2003, 213 p. index (C.U.F.)

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Instruments de travail

Dictionnaires

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Études des sources papyrologiques

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163 Histoire de Rome

Ouvrages généraux

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Chronologie

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Ouvrages spécifiques à une période

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Ouvrages spécifiques à une personne

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Institutions romaines et pouvoir impérial

Institutions

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Pouvoir impérial

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Les mentalités politiques et les représentations du pouvoir

Ouvrages généraux

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L’idéologie sénatoriale

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Leur idéologie

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Le « parti » de l’empereur

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L’idéologie impériale et les moyens de la faire connaître : la propagande

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Les esclaves et les affranchis

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L’armée romaine

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Le rôle de l’armée face au pouvoir impérial

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192 Table des matières

Introduction ...... 1 I.La diversité des sources ...... 12 A.Les sources littéraires ...... 12 1.La diversité des genres littéraires ...... 12 a.Les annales et les histoires ...... 12 b.Abrégés et épitomés ...... 15 c.La biographie ...... 16 d.L’historiographie chrétienne et byzantine ...... 17 e.L’ histoire engagée ...... 18 f.Les laterculi ...... 19 g.Les sources non historiques ...... 19 h.Les sources perdues ...... 20 B.Les sources épigraphiques, numismatiques et papyrologiques ...... 21 II.Analyse des sources ...... 22 A.Nécessité de l’examen critique des sources ...... 22 B.Contre l’hyper criticisme ...... 23 C.Mises en gardes méthodologiques ...... 24 III.Élaboration du corpus de sources ...... 26 I.La crise de succession ...... 30 A.La nature du principat et les modalités de la succession ...... 30 B.Les guerres civiles nées de la crise de succession : essai d’interprétation ...... 34 II.La cour et les complots sénatoriaux ...... 36 A.Définition de la cour ...... 36 B.Les complots de sénateurs : essai d’analyse historique ...... 36 1.Buts et nature des complots, leurs problématiques ...... 36 2.Essai d’analyse historique et prosopographique ...... 41 3.La place du Sénat dans le déclenchement des guerres civiles : entre idéologies et difficultés internes ...... 52 C.Le rôle de la cour dans la transmission du pouvoir impérial ...... 55

193 D.Le rôle ambigu de la cour face au pouvoir impérial ...... 56 E.L’élaboration du portrait du « mauvais empereur » ou les causes littéraires des guerres civiles ...... 59 III.Le peuple face au pouvoir impérial ...... 64 A.La perception du peuple par les historiens de l’Antiquité ...... 64 B.Le peuple, un objet de la propagande impériale ...... 65 I.La place et le rôle des armées dans les guerres civiles ...... 69 A.Le rôle de l’armée dans la définition de la guerre civile ...... 69 B.Le rôle effectif des armées dans l’obtention du pouvoir impérial ...... 70 1.Tableau : le rôle des armées et des magistratures dans l’acclamation des imperatores et des usurpateurs ...... 72 2.Le rôle du serment dans la constitution des armées ...... 109 C.Le rôle juridique des armées dans l’attribution du pouvoir impérial ...... 111 II.Les qualités de l’empereur ...... 115 A.Les qualités politiques de l’empereur ...... 115 1.Les communications de l’empereur au cours de la guerre civile : entre programme politique et propagande ...... 115 2.La préparation de la succession et le rattachement aux familles impériales précédentes ...... 119 B.Un empereur choisi par les dieux ...... 123 1.Les présages impériaux ...... 123 2.Élaboration et transmission des présages impériaux ...... 127 III.L’exaltation d’une individualité : vers l’héroïsation de l’empereur ...... 131 I.Le triomphe et ses substituts ...... 136 A.L’absence de triomphe : une guerre impie ...... 136 B.Le triomphe sur les nations étrangères, un substitut ...... 137 C.Problématiques autour de la notion de guerre civile ...... 139 II.Les honneurs décernés aux empereurs suite aux guerres civiles ...... 142 A.La titulature impériale ...... 142 1.Les cognomina ...... 142 2.Le titre de pater patriae ...... 143 3.Le cognomen Augustus et le praenomen Imperator ...... 144

194 B.Le ius imaginum ...... 145 C.Les nouveaux emblèmes du principat ...... 145 D.Le programme architectural ...... 146 III.Fonctions, magistratures et sacerdoces ...... 150 A.Le cumul des magistratures : la méthode ...... 150 B.Le cumul des magistratures : essai d’explication ...... 154 C.Le rôle de l’imperium dans la mise en place du nouveau régime ...... 156 D.La puissance tribunicienne ...... 158 E.La censure ...... 159 F.Bilan : essai de définition du nouveau régime créé par César et Auguste ...... 160 Conclusion : Bilan et problématiques ...... 164

195