Bulletin De Documentation
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Grand-Duché de Luxembourg Ministère d'Etat Bulletin de documentation Service Information et Presse Luxembourg - 10, boulevard Roosevelt ••••I JANVIER-FÉVRIER-MARS-AVR1L 1978 SOMMAIRE La Visite officielle à Luxembourg du Premier Minis- tre de Grèce 3 La Visite à Luxembourg du Ministre de l'Aviation Civile de l'URSS 5 Le 25e anniversaire du Comité consultatif CECA à Luxembourg 6 Le Prix Joseph Bech 1978 9 Europa, Vision und Realität, par Gaston Thorn . 13 Monsieur Gaston Thorn à la Tribune de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe . 15 Luxembourg : si proche et si lointain . 19 Le Luxembourg, tremplin de l'Europe, par Gaston Thorn 25 Luxembourg, Centre international des euro-emprunts 26 Luxembourg, place-forte du circuit international de la finance, par Jacques F. Poos ..... 28 L'Economie luxembourgeoise en 1977 . 29 La Démographie du Luxembourg, passé, présent et avenir 31 Décès de Monsieur Eugène Schaus, ancien Vice-Pré- sident du Gouvernement 33 Messages de Nouvel An à Radio-Télé-Luxembourg . 35 Nouvelles diverses 37 Mémorial 40 Chambre des Députés 44 Ce Bulletin, qui n'engage que la responsabilité du Service Information et Presse, est destiné à fournir une documentation relative à l'activité politique, économique, sociale et culturelle au Grand-Duché de Luxembourg. Bulletin de documentation La Visite officielle à Luxembourg du Premier Ministre de Grèce Répondant à l'invitation de Monsieur Gaston que d'essayer de définir l'immense contribution de Thorn, Président du Gouvernement, Son Excellence la Grèce à la pensée, à la littérature, au théâtre, à la Monsieur Constantin Caramanlis, Premier Ministre science, à la sculpture de l'Occident, j'aimerais dire de Grèce, s'est rendu en visite officielle à Luxem- pourquoi l'histoire de la Grèce me paraît préfigurer bourg les 3 et 4 avril 1978. Monsieur Caramanlis l'histoire de l'Europe moderne dont elle constitue était accompagné de Monsieur Panayotis Papaligou- en quelque sorte le microcosme. C'est essentiellement ras, Ministre des Affaires Etrangères. pour trois raisons. A sa descente d'avion à l'aéroport du Findel, le En premier lieu, quand les diverses cités de Premier Ministre de Grèce fut accueilli par Mon- votre pays tellement divisé par la géographie s'unis- sieur Gaston Thorn, Président du Gouvernement, et saient dans un intérêt commun elles savaient accom- Monsieur Jean Hamilius, Ministre adjoint des Af- plir des prodiges. Qu'on se rappelle la force d'âme faires Etrangères. de ces cités en face du péril mortel que présentaient Après que la musique militaire eut interprété les les invasions des rois perses habitués à voir se plier hymnes nationaux, les deux chefs de gouvernement devant eux les peuples d'Asie. Et pourtant les héros ont passé en revue un détachement d'honneur de de Marathon, des Thermopyles, de Salamine quand l'armée. Athènes était déjà perdue, de Platée ont su arrêter les Le cortège officiel s'est rendu ensuite à Ehnen, armées innombrables de Darius et de Xerxès qu'Héro- où eut lieu un déjeuner privé. dote a évaluées à plus de deux millions d'hommes. En fin d'après-midi, Monsieur Constantin Cara- Voilà une première fois que la Grèce a sauvé le manlis, Premier Ministre de Grèce, et Monsieur monde occidental des invasions barbares. Et quand Gaston Thorn, Président du Gouvernement luxem- on se rappelle ces hauts faits ne conclut-on pas na- bourgeois, ont eu des entretiens politiques à la Pré- turellement que toute contribution de la Grèce à la sidence du Gouvernement. défense de l'Occident ne saurait être que précieuse ? Dans la soirée un dîner fut offert par le Gouver- Deuxièmement : L'idée de la liberté qui nous est nement luxembourgeois en l'honneur de Monsieur si chère est née en Grèce, mais cette liberté a tou- Constatin Caramanlis, Premier Ministre de Grèce, jours été menacée. Pour reprendre le fil de l'histoire : au Château de Senningen. A l'issue du dîner des dis- Après les guerres perses deux cités se sont disputé cours furent prononcés par Monsieur Gaston Thorn, l'hégémonie de la Grèce, à savoir Sparte et Athènes. Président du Gouvernement, et Monsieur Constantin Sparte préfigure l'Etat totalitaire et militariste mo- Caramanlis, Premier Ministre de Grèce. Nous repro- derne où l'individu est élevé dans l'idée du sacrifice duisons ci-après le texte de ces discours. à 'la collectivité qui opprime entièrement les intérêts des particuliers, où le guerrier seul jouit de la consi- dération, où la population laborieuse est dégradée à Discours de Monsieur Gaston Thorn, l'état d'hélotes. A Sparte s'oppose cette Athènes ray- Président du Gouvernement onnante et frivole en apparence qui suivant l'expres- sion célèbre rapportée par Thucydide aime le beau, Monsieur le Premier Ministre, mais sans faste, et cultive l'intelligence, mais sans J'ai le grand honneur de saluer en vous le premier mollesse. Au cours de la funeste guerre du Pélo- chef de gouvernement de ce pays prestigieux entre ponnèse qui oppose les deux protagonistes, Périclès tous qu'est la Grèce qui se rende en visite au Luxem- fait l'éloge des premiers morts athéniens et il défi- bourg. La Grèce a été le berceau de l'Occident dont nit comme suit l'enjeu de la lutte : « Parce que ©Ile fait tout naturellement partie intégrante. La ( notre constitution ) prend en considération non un prodigieuse expérience qu'on a pu appeler le miracle petit nombre mais la majorité elle a pour nom : grec a fait de l'homme la mesure de toute chose démocratie. A tous, les lois assurent les mêmes droits d'après la célèbre phrase de Protagoras. Mais plutôt dans la poursuite de leurs intérêts personnels . jamais l'obscurité de son rang n'a empêché de servir Certes, des questions assez importantes restent encore la cité d'indigent qui en est capable ... à tous, mal- ouvertes mais la volonté d'aboutir de la Communauté gré la diversité de leurs tâches, il incombe de partici- n'a-t-elle pas été soulignée au-delà de toute ambiguïté per pleinement à la vie politique : pour nous seuls par une prise de position du Conseil des Ministres à en effet l'individu qui refuse d'y prendre part n'est l'effet que les négociations avec la Grèce devront pas un citoyen de tout repos, mais simplement un pour l'essentiel être terminées avant la fin de cette inutile. Et c'est nous-mêmes qui prenons les déci- année ? La Grèce, semble-t-il, a donc une chance sé- sions . ceux qui se lancent dans l'action sont les rieuse de devenir à un moment pas trop éloigné le mêmes qui, au fond, délibèrent sur les actions qu'ils dixième Etat membre de la Communauté. vont entreprendre, alors que les autres puisent leur On a parfois relevé que l'élargissement de la Com- courage dans l'inconscience et que le raisonnement munauté peut compromettre son acquis existant et les fait fléchir. » menacer ses chances de développement futur. J'avou- Hélas ! Malgré l'optimisme de Périclès la liberté erai sans restriction que j'ai partagé cette préoccu- est fragile, et Athènes perdit la guerre du Pélopon- pation. Mais à y réfléchir j'en arrive à la conclusion nèse par sa propre insouciance. Mais l'idée de la que le nombre ne saurait constituer un obstacle si la liberté eut un retentissement immense en Occident et volonté et la sagesse politiques y sont. Et comment resta vivace en Grèce même après des siècles d'op- pourrais-je douter que vous-même, Monsieur le Pre- pression comme en témoigna la guerre d'indépen- mier Ministre, possédez ces qualités au plus haut dance grecque au siècle passé. Plus récemment l'héro- degré ? Vous en avez récemment fourni une nouvelle ïque comportement du peuple grec au cours de la preuve en acceptant de rencontrer le Premier Minis- deuxième guerre mondiale et pendant l'atroce guerre tre de Turquie pour avoir avec lui des conversations civile fomentée de l'extérieur souleva l'admiration utiles sur l'ensemble des problèmes existant entre du monde entier. Aussi est-il tout à fait naturel que vos deux pays. Voilà ce qui est caractéristique de la Grèce se soit récemment débarrassée d'un régime l'éminent homme d'Etat, voilà ce que j'appellerais d'oppression, qu'elle prenne sa place parmi ceux qui faire une contribution exceptionnelle à la stabilité de sont résolus à défendre la liberté. cette région si importante pour notre sécurité à nous Troisièmement : Le rayonnement de la Grèce an- tous, pays membres de l'Alliance Atlantique, qu'est tique fut extraordinaire. De bonne heure les cités la Méditerranée Orientale. L'Europe tout entière vous grecques établirent des colonies en Sicile mais il en est reconnaissante car elle ne peut se désintéresser fallait attendre Alexandre le Grand pour que ce qu'on de la région méditerranéenne qui constitue un pont a appelé l'hellénisme fasse la conquête de l'Asie mi- entre le vieux continent d'un côté, les pays arabes et neure et de l'Orient, pour que l'influence grecque africains auxquels nous lient des accords de coopéra- s'étende de l'Adriatique au bord du Gange. Les luttes tion de l'autre. Et où se tourneraient les pays médi- des Diadoques ruinèrent l'empire du grand roi mais terranéens dans leur désespoir si l'Europe, pourtant les idées grecques introduites en Orient par le glaive si prête à conclure toutes sortes d'accords avec le y restaient vivaces par leur force propre : La renom- Tiers Monde, repoussait les peuples qui font partie mée de la ville d'Alexandrie fut au plus haut quand de l'Occident ? La Méditerranée n'est-elle pas plus la Grèce avait perdu sa puissance politique au profit proche que l'Afrique, les Caraïbes, le Pacifique ? Et de Rome, quand le grec fut devenu la langue du quand retrouverions-nous la chance historique qui monde cultivé dans laquelle furent par ailleurs écrites s'offre maintenant ? Le défi est lancé : A nous de le la plupart des livres du Nouveau Testament chrétien.