Studi Francesi Rivista Quadrimestrale Fondata Da Franco Simone
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Studi Francesi Rivista quadrimestrale fondata da Franco Simone 163 (LV | I) | 2011 Varia Anno LV - fascicolo I - gennaio-aprile 2011 Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/studifrancesi/5821 DOI : 10.4000/studifrancesi.5821 ISSN : 2421-5856 Éditeur Rosenberg & Sellier Édition imprimée Date de publication : 1 mai 2011 ISSN : 0039-2944 Référence électronique Studi Francesi, 163 (LV | I) | 2011 [En ligne], mis en ligne le 30 novembre 2015, consulté le 08 janvier 2021. URL : http://journals.openedition.org/studifrancesi/5821 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ studifrancesi.5821 Studi Francesi è distribuita con Licenza Creative Commons Attribuzione - Non commerciale - Non opere derivate 4.0 Internazionale. SOMMARIO Anno LV - fasc. I - gennaio-aprile 2011 ARTICOLI JEAN BALSAMO , Montaigne et quelques Italiens: la conversation dans la bibliothèque, p. 3. MARCO MENIN , La fine dell’innocenza: una lettura del “Lévite d’Éphraïm” di Jean- Jacques Rousseau, p. 16. FRANCIS CLAUDON , Beyle et Haydn, p. 34. MARCO NUTI , Hallucinations surréalistes: vagabondages de l’image chez Breton et Cahun, p. 46. TESTI INEDITI E DOCUMENTI RARI MARIA COLOM B O TIMELLI , Jean Miélot, “Les VII Sacremens de l’Eglise”, p. 61. ELEONORA BARRIA , La Biblioteca italiana de Haym: le guide d’acquisition de Montesquieu en Italie, p. 80. DISCUSSIONI E COMUNICAZIONI ANDREA SCHELLINO , «À coups de “mauvaises lectures”»: itinerari michelettiani e riscrittura in Arthur Rimbaud, p. 87. LAURA BRIGNOLI , Éric-Emmanuel Schmitt e il paradosso di Don Giovanni, p. 108. PAOLA CERUTTI , Crimini alla finestra: Proust e il clima ‘noir’ d’inizio secolo, p. 118. NOR B ERT GERMANAZ , Gracq et Buzzati: état de la question, p. 128. FRANCESCO FIORENTINO , In memoria di Francesco Orlando, p. 138. RASSEGNA BIBLIOGRAFICA Medioevo, a cura di G. M. Roccati, p. 141; Quattrocento, a cura di M. Colombo Timelli e P. Cifarelli, p. 148; Cinquecento, a cura di D. Cecchetti e M. Mastroianni, p. 155; Seicento, a cura di M. Pavesio e L. Rescia, p. 161; Settecento, a cura di F. Piva e V. Fortunati, p. 166; Ottocento: a) dal 1800 al 1850, a cura di A. Poli e L. Sabourin, p. 179; Ottocento: b) dal 1850 al 1900, a cura di I. Merello e M.E. Raffi, p. 198; Novecento, a cura di S. Genetti e F. Scotto, p. 206; Letterature francofone extraeuropee, a cura di C. Biondi e E. Pessini, p. 217; Opere generali, a cura di G. Bosco, p. 229. Finito di stampare nel mese di maggio 2011 sf163.indb 1 11-04-2011 12:52:56 sf163.indb 2 11-04-2011 12:52:56 ARTICOLI Montaigne et quelques Italiens: la conversation dans la bibliothèque La bibliothèque, telle que nous la connaissons, est un lieu de silence, d’où la conversation est bannie; c’est un lieu voué au travail, à la lecture silencieuse, et parfois au sommeil. Ce n’est que dans son acception élargie, dans les accès qui conduisent aux salles de lecture, qu’elle permet rencontres et conversations, dans le voisinage im- médiat des livres sinon au milieu d’eux. Au cours du XVI e siècle, la bibliothèque était un des lieux privilégiés des échanges savants et mondains, à travers les deux formes, érudite et princière, qui ont présidé à sa fondation. Dans un cas, la décision politique, en fait une forme d’évergétisme, a conduit à ouvrir des collections de manuscrits rares et d’imprimés à des lettrés désireux de poursuivre des travaux savants parfois sans lien avec la célébration princière; dans l’autre, une collection privée, un cabinet de- venu lieu de rencontre de savants et d’écrivains, la bibliothèque monastique étant une des variantes de cette catégorie1. Sous cette double forme, la bibliothèque a acquis un statut d’institution, dont le prestige et la notoriété ont fait d’elle un des plus recher- chés parmi les admiranda d’une ville ou d’une province. La visite de la «librairie», la rencontre avec le gardien, la conversation avec les lettrés qui la fréquentent devien- nent alors un des éléments topiques, au sens géographique et au sens rhétorique, à la fois du voyage, en Italie comme ailleurs en Europe, comme du récit du voyage, à mesure que se codifie ce genre littéraire, point de rencontre des différentes formes érudites. En 1617, dans la révision de la «Tabella delineans in peregrinationibus po- tissimum observanda» accompagnant son Itinerarium Germaniae, Galliae, Angliae, Italiae, Paul Hentzner indiquait précisément que le voyageur devait aussi visiter les «viros doctos et bibliothecas»2. Cette Tabella offrait un plan commode permettant non seulement de concevoir la disposition rhétorique d’un récit de voyage, mais aussi sa topique et son invention, en indiquant les choses à voir et l’ordre de leur description. En 1644, dans son Traité des plus belles bibliothèques, le P. Jacob donna une sorte de guide universel de ce lieu. La relation des conversations dans la bibliothèque est encore rare dans le Voyage d’Italie (1574-1578) de Nicolas Audebert, premier témoin et explorateur d’un genre inchoatif. Un quart de siècle plus tard, elle est devenue la norme dans le Voyage d’Al- lemagne de Jacques Esprinchard3. À Florence, Audebert notait simplement qu’il «ne (1) Sur l’histoire de cette institution, voir, outre (3) J. ES P RINCHARD , Journal des voyages en diver- A.R.A. HO B SON , Humanists and Bookbinders, Cam- ses contrées de l’Europe, La Rochelle, Bibliothèque bridge, University Press, 1989, Les Humanistes et municipale, ms 4 [rédigé avant 1604]; L. CHATENAY , leurs bibliothèques, éd. R. DE SMET , Louvain-Paris, Vie de Jacques Esprinchard Rochelais et Journal de Sterling, 2002. ses voyages au XVI e siècle, Paris, SEVPN, 1957; voir (2) P. HENTZNER , Itinerarium Germaniae, Gal- notre étude Jacques Esprinchard en Allemagne: aux liae, Angliae, Italiae [1592], Wroclaw, Perfert, origines du voyage savant (1597-1598), «Romanic 1617, f. [VIII]r. Review», 94, 2003, 1-2, pp. 26-42. sf163.indb 3 11-04-2011 12:52:56 4 Jean Balsamo fault oublier à veoir l’excellente bibliothèque», sans plus de détails. C’est au palais ducal en fait qu’il vit des livres, grâce à l’entremise de Pietro Vettori, et chez Vettori lui-même, qui lui fit les honneurs de sa «belle bibliothèque», où il lui montra: Un vieil contrat escript en escorce d’arbre, mais fort examiné d’ancienneté et lequel estoit d’une lettre antique fort difficile à lire4. C’est autour de cet objet que tourna la conversation, en forme d’expertise savante. À sa manière, dans le développement du lieu rhétorique de la bibliothèque, le livre «escript en escorce d’arbre», conjuguant l’objet de curiosité au prétexte érudit, allait jouer un rôle particulier. Au mois de février 1586, Arnold van Buchel, un étudiant originaire d’Utrecht, au cours de sa peregrinatio academica, visita la bibliothèque de l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris. Il fit de cette visite une relation détaillée dans son journal et nota en particulier des curiosités et quelques trésors au milieu de la saleté du lieu5. Il remarqua en particulier «un livre écrit sur bois ou sur une écorce très mince». Quelques semaines plus tôt, en compagnie de Louis Carrion, de Bru- ges, qui l’avait introduit dans les milieux lettrés de la capitale, il avait rendu visite à François de La Croix du Maine, «grand ami des lettres et grand chercheur de livres», qui reçut ses visiteurs dans sa bibliothèque, «riche en ouvrages de tout genre». Van Buchel donna un aperçu des livres, mais ne transcrivit pas les propos échangés, et il nous faut faire un effort d’imagination pour reconstituer cette conversation qui était un véritable rituel savant: le collectionneur donnant à voir des objets en les commen- tant, le visiteur prenant soin de noter dans sa mémoire ce qui lui était montré, afin de le retranscrire dans son journal. Cette conversation en fait était limitée à des objets et à un usage lettré. La visite que fit Montaigne, le 6 mars 1581, à la Bibliothèque Vaticane, et qu’il relata dans son journal, est sans doute la plus célèbre de ces visites et de ces «conver- sations dans la bibliothèque»6. D’une certaine manière, elle ordonne le récit en lui conférant son véritable climax. Le secrétaire, qui avait tenu la première partie du journal, avait noté les premières étapes de ce rituel savant, à Meaux, où Montaigne «fut visiter le Thresorier de l’Eglise Saint-Etienne, nommé Juste Terrelle […] qui lui montra sa librairie»7, à Neufchâteau, où il se rendit en l’église des Cordeliers pour voir «leur librairie où il y a force livres, mais rien de rare»8, à Bâle. La visite était alors liée à la notoriété d’un savant, elle était animée par une forme de curiosité pour la rareté, qui fera le fond de la conversation in situ. À Rome, Montaigne, qui avait donné congé à son secrétaire, fit lui-même le récit de sa visite. Il décrit le lieu avec précision, indique sa disposition, son ordonnance, la présentation des livres, et il dresse une sorte d’inventaire des curiosités les plus notables qui lui sont montrées, parmi lesquelles précisément «un livre de Chine, le caractère sauvage, les feuilles de certaine matière beaucoup plus tendre et pellucide que nostre papier», écrit sur «la (4) N. AUDE B ERT , Voyage d’Italie, éd. A. OLIVERO , Biblioteca Vaticana. Montaigne e l’Italia, éd. E. BAL - Rome, Lucarini Editore, 1981, I, p. 257. MAS , Genève, Slatkine, 1985, pp. 363-390, ainsi que (5) A. VAN BUCHEL , Commentarius rerum quoti- W. BOUTCHER , ‘Le moyen de voir ce Senecque escrit dianarum [1584-1585], Utrecht, Rijksuniversiteit, à la main’: Montaigne’s Journal de voyage and the Algemene Bibliothek, ms 798 (Hist.